UNIVERSITE DE PARIS X
U.E.R
DE PSYCHOLOGIE
L'EVOLUTION DES MODELES ET ROLES FEMININS
DANS LA SOCIETE CONGOLAISE ACTUELLE
THESE
PRESENTEE EN VUE DE L'OBTENTION
DU DOCTORAT DE 3e CYCLE
PAR
Jeanne ~ANITELAMIO
SOUS LA DIRECTION DE
MONSIEUR LE PROFESSEUR JEAN MAISONNEUVE
1982

A La mémoire de mon père, MALONGA Romain
A ma mère,
MALANDA Françoise
A mes soeurs,
et à mon frère
A tous ceux que j'aime.

Je tiens
à
remercier monsieur Maisonneuve d'avoir accepté
de diriger cette thèse, et de m'avoir apporté tout au long de ce
travail,
ces
"impul sions
pos i t ives"
qu i
m'ont
aidées
à
mener
celui-ci jusqu'au bout.

SOM MAI R E
INTRODUCTION
a)- Position du p r o b l è m e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
b)- Données géographiques et démographiques............
7
c)- Dimension historique
1)- Quelques données historiques générales
12
2)- "La femme dans l'histoire"
29
CHAPITRE l
- CADRE SOCIOLOGIQUE DU STATUT FEMININ
A- Aspect sociologique
1)- Données sociologiques générales
35
2)- Le clan et le lignage
36
3)- Le système de parenté
40
4)- Les statuts féminins
43
5)- La famille clanique
45
6)- Le mariage
54
B- Aspect économique
1)- Rôle économique de la femme dans la société
tradi tionnelle .. :
64
2)- Rôle économique dans la société coloniale . . . . .
65
3)- Situation actuelle
66

CHAPITRE II - L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE
A- Les modèles·
1)- L'éducation traditionnelle
70
2)- Modèle féminin traditionnel
76
3)- Rôles traditionnels
79
B- Spécificité du contexte
1)- Essai de description du contexte actuel
81
2)- Le phénomène urbain -
La ville dans ce
q li ' e I l e est ru raI e . , , , , , , , , , " , , , , , , , " " , , , , " , ""
8 4
-
La ville dans ce
qu'elle est ville" , , , , " , , , , , ,
88
l , "
,
,
,
,
,
"
,
,
,
,
,
,
,
" "
3)- Environnement culturel et politique
89
4)- Esquisse des rôles actuels
92
5)- Vers de nouveaux modèles ?
94
CHAPITRE III - METHODOLOGIE
A- Hypothèses. , , , , " , " " " , , " , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ""
9'7
B- Cadre conceptuel. , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,,101
c- Recueil des données
1)- Méthode d'approche
108
2)- Les cadres thématiques
109
D- Procédures d'analyse des données et mise en oeuvre
a)- Organisation de ,l'analyse
114
b)- Les catégories -
grilles d'analyse -
les
indicateurs" , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .116
c)- Les grilles
117
cl)- La population. , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .130

CHAPITRE IV - TRAITEMENT DES DONNEES ET RESULTATS
A- Résultats groupe par groupe . . . . . . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . 133
Synthèse
154
B- Analyse hors grilles
199
C- Une image des réunions discussions
206
CHAPITRE V - ANALYSE DES RESULTATS
1)- Analyse en fonction des hypothèses
210
2)- Interprétation
224
CX>NCLUSION
257
BIBLIOGR.APHIE
259
ANNEXE -
1) Grilles d'analyse de l'individualisation des
conduites
265
2) Un protocole d'entretien
283

-1-
INTBODOCTION
A)-POSITION DU PROBLEME
Cette
recherche
est
l'approche
psychosociologique
d'un
problème qui n'est pas spécifique au contexte considéré; mais qui
recouvre ici des réalités différentes: celui de l'évolution des
modèles et rôles féminins. On assiste en effet depuis un certain
nombre d'années à une remise en cause des modèles traditionnels
féminins un peu partout dans le monde.
Nous savons que les bouleversements technologiques,
socio-
économiques , ainsi que la participation de plus en plus grande
des femmes à la vie active ont amené à des remises en cause de
plusieurs modèles traditionnels, et parmi ceux-ci, les modèles
traditionnels féminins. Ces remises en cause ont eues en Europe
et en Amérique des aspects spectaculaires avec les activités et
revendications des mouvements féministes.
Si
à
l ' heure
actuelle,
la
"fièvre"
revendicatrice
s'est
quelque peu calmée; il reste néanmoins que dans la vie courante,
les
modèles
et
rôles
féminins
se
sont
de
plus
en
plus
diversifiés, et qu'on assiste ici et là, à une modification plus
ou
moins
lente,
plus
ou
moins
profonde
selon
les
cas
de
la
condition de la femme dans la société, et partant, à la tentative
d'une redéfinition du rôle de
la femme dans la société et dans
la famille.
Dans l'étude qui suit, nous avons essayé de voir en quelque
sorte pour le cas considéré autour de quels éléments particuliers
s'organisent
les
modi fications
en
cours
des
modèles
et
rôles
féminins traditionnels.
Il s'agissait ici en fait,
pour le contexte considéré:
la
société Congolaise actuelle,
par une enquête pSyc~osociologique
menée à Brazzaville et dans une zone rurale proche
,d'avoir un
aperçu de l'évolution des rôles féminins.
Pourquoi les modèles et rôles féminins? Parceque c'était
d'une part le sujet qui nous
était le plus proche,
et d'autre
part parcequ'il nous permettait de retrouver d'autres problèmes;
les modèles
sociaux
renvoyant
inévitablement
à
l'organisation
sociale
de
base,
au
système
de
parenté
,
et
aux
autres
partenaires engagés dans les actions en rôles.
I-Village de NGUELA situé à 70 km environ de BRAZZAVILLE.

-2-
l ' objecti f
princ ipal
était
toutefois
de
répondre
à
deux
questions
Quelle
était
la
distance
des
jeunes
femmes
scolarisées et urbanisées par rapport aux modèles traditionnels
de base ?
En
quoi,
et
comment
celles-ci
étaient-elles
différentes des femmes proches du modèle traditionnel?
D'où l'intitulé de ce travail qui se propose d'étudier:
"l'évolution
des
modèles
et
rôles
féminins
dans
la
Société
Congolaise actuelle". Nous allons nous arrêter un instant sur ce
t i tre avant de présenter l'articulation des différents chapitres.
Nous avons préféré parler d'une évolution plutôt que d'une
transformation,
ou d'un
changement,
car nous
pensons
que
les
transformations en cours n'ont pas encore donné
lieu à
quelque
chose de structuré, de "f ini", nous avons en fai t tenté de sais ir
une transformation en train de se faire.
N'ayant
pas
effectué
une
étude
diachronique,
nous
nous
sommes donné un point de repère à partir duquel on pouvait saisir
les évolutions en cours, et la recherche n'aura été qu'un moment
de celles-ci.
Pourquoi le recours au modèle ? Parceque nous avions besoin
de
retrouver
les
valeurs
dominantes
autour
desquelles
s'organisaient les
rôles
féminins
traditionnels,
l'idée
sous-
jacente étant qu'il y
avait auparavant un système traditionnel
relativement
stable,
le
modèle
traditionnel
en
étant
un
des
éléments qui pouvait se retrouver dans les survivances actuelles
et servir de
point de
référence.
Les
rôles quant
à
eux
étant
l' actual isation au ni veau des conduites concrètes du modèle, nous
permettaient de saisir d'une manière concrète les modifications
intervenues.
Nous
avons
donc
posé
au
départ
l'existence
d'un
modèle
traditionnel, et partant des rôles traditionnels; il nous fallait
toutefois
chercher,
comment
saisir
l'évolution
du
modèle.
En
partant de l'hypothèse que les zones rurales dans
le contexte
considéré
sont
les
"lieux"
traditionnels,
et
en
faisant
une
comparaison entre femmes évoluant dans deux milieux différents,
respectivement la zone rurale et urbaine, nous pensions être en
mesure
de
pouvoir
dégager
une
évolution
,
ou
du
moins
une
distance de certaines femmes par rapport au modèle traditionnel.

-3-
Le travail s'inscrit ainsi dans deux axes qui se rejoignent
et s'entremêlent:
le passé
et
le présent.
Le
présent dans
ce
qu'il est nouveau. Nous nous sommes tourné vers le passé dans un
premier temps pour retrouver le modèle traditionnel, car rien ne
nous indiquait à priori que les éléments observés n'étaient pas
récents, et d'autre part pour mieux comprendre le présent qui est
la
société Congolaise
actuelle,
que
nous
allons
si tuer
comme
étant: une ancienne colonie et un pays en voie de développement,
et
ceci
constitue
principalement
ce
que
nous
appelons
la
"spécificité" du contexte.
Nous nous intéresserons donc particulièrelfent à la si tuation
coloniale dans la mesure où nous pensons que
:
"Les structures,
les contextes culturels, les genres
de
vie
et
les
modes
de
pensée
résultant
de
l'action
coloniale
restent
fortement
enracinés
dans
la
chair
et
l'esprit des pays Africains, même après l'indépendance".
Ausfi nous nous interesserons à la situation coloniale en
tant que
:
"Conjoncture
particul ière
imposant
une
certaine
orientation aux agents et processus de changement."
Et ensui te aux conséquences de celle-ci, ce qui nous amènera
à
la
situation
actuelle,
qui
est
une
étape
que
l'on
pourra
appeler
transitoire,

l'on
assiste
à
des
mutations,
à
des
changements,
à
des modifications dans
plusieurs domaines.
Car
pour qu'éclairante qu'elle soit la situation coloniale renvoie
plutôt à un passé proche,
la situation actuelle
se rattachant
plus, à celle d'un pays en voie de développement que GUY ROCHER
présente en ces termes 4 :
"Il s'agirait de société
dont on peut dire
qu'elles
sont dans une période de transition rapide et parfois
brutale, dans laquelle le type de société que l'on a
appelé traditionnelle se désorganise, se transforme ou
s'adapte, sous l'impact de l'industrialisation et des
implications socio-culturelles qui en découlent".
2_G. BALANDIER
"Sociologie actuelle de l'Afrique NOire"
P .1
3_ G. BALANDIER j op déjà cité P.13 .
4_ G. ROCHER : "Introduction à la sociologie générale
le
changement social" P.
193 .

-4-
Ainsi
on
assiste
dans
ce
contexte
à
des
transformations
économiques,
sociales
, culturelles.
L'auteur dresse un modèle
général
de
cette
transition,
modèle
valable
dans
ses
grandes
lignes ici, nous citerons parmi les transformations sociales qui
nous interessent : le phénomène urbain j la mobil i té géographique,
des modifications au niveau du système de parenté, de la famille,
transformation du statut de la femme, des jeunes, pour ne citer
que les aspects qui touchent de près notre recherche.
c'est
dans
cette
perspective
que
nous
essaierons
de
comprendre le problème du changement et de ces conséquences, car
il nous semble en effet que la spécificité du contexte donne un
tour particulier aux changement en cours.
Nous
allons
présenter
brièvement
quelques
notions
et
concepts
qui
consti tueront
l'arrière
plan
théorique
de
notre
travail.
Le
propos
de
départ
est
de
comprendre
les
transformations en cours au niveau du modèle traditionnel et des
rôles qui en découlent, nous savons par ailleurs que l'éyolution
des rôles est étroitement liée aux changements sociaux
:
" L'évolution des rôles se
rattache étroitement
aux
changements
sociaux,
ceux-ci
créent
des
situations
nouvelles et déterminent le surgissement de certains
besoins,
qui
ne
peuvent
être
satisfaits
que
par
l'intermédiaire de rôles nouveaux."
L'auteur précise en outre que:
"Parmi les facteurs modélant le rôle, nous trouvons au
premier plan des conditions économiques, qui modifient
le genre de vie des
individus et par là,
l'équilibre
du système de rôles".
L'une
des
particularités
du
contexte
c'est
qu'il
y
a
coexistence
de
deux
systèmes
,
l'un
traditionnel,
l'autre
moderne, d'où l'intérêt de comparer des femmes évoluant dans des
modes de production différents.
- Le cadre coneptuel sera présenté de façon plus détaillé
dans le troisième chapitre.
6_ A.M. ROCHEBLAVE-5PENLE: "la notion de rôle en psychologie
sociale P.
197 .

-5-
Nous
faisons
remarquer
par
ailleurs,
qu'il
nous
est
difficile de dégager des variables prépondérantes, car il s'agit
d'une étude exploratoire et tâtonnante, d'autre part nous avons
une
mul tiplici té
7de
variables,
car
comme
le
souligne
A. M.
ROCHEBLA VE-SPENLE
:
"De toute façon,
il n'existe pas au niveau des rôles,
de
causalité
linéaire,
mais
tout
un
enchevêtrement
d'indéterminations, une causalité pendulaire, faisant
retentir
l'un
sur
l'autre
les
facteurs
situés
à
différents niveaux de profondeur".
Sur
le
plan
général
la
recherche
se
situe
dans
la
problématique du changement,
avec
comme concept clé,
celui
de
régulation,
le
cadre conceptuel
inclura des notions
empruntés
autant
à
la
psychologie
sociale,
qu'à
la
sociologie
ou
à
l'anthropologie.
Le concept de rôle sera utilisé
ici comme un
concept opératoire,
l'accent étant mis sur l'aspect descriptif
du concept.
Nous
ne
pensons
pas
que
notre
travail
puisse
avoir
une
portée
théorique
quelconque.
En
fait
de
préoccupations
théoriques, il s'agissait de construire un cadre cohérent, nous
permettant
une
lecture
et
une
interprétation
fructueuse
des
résultats de la recherhe.
Les préoccupations auront été plutôt pratiques: essayer de
comprendre et de pointer ça et là les urgences dans la mesure où
celles-ci
sont décelables.
Nous allons conclure ce passage par la présentation de la
manière dont s'articulent les différentes parties de ce travail.
Nous avons pensé utile de prolonger la partie qui précède par
quelques
données
introductives;
ce
seront
les
données
géographiques
et
démographiques.
Viendront
ensuite
quelques
données historiques permettant de donner un certain contenu, au
"passé" auquel il est fait fréquemment recours tout au long des
lignes qui suivent.
Le
chapitre
l
a
pour
but
de
poser
les
fondements
sociologiques et économiques du modèle et des rôles étudiés. Le
chapi tre II
s'attachera à
décrire
le contexte
actuel
en
tant
qu'il est un contexte en mutation. C'est dans le chapitre III que
seront
présentés
,
le
cadre. conceptuel,
les
hypothèses,
les
procédures d'analyse, ainsi que la présentation de la population.
Le chapitre IV quant à lui, concernera le traitement des données
et la présentation des résultats.
Quant au chapitre V, qui est
aussi
le
dernier
chapitre,
il
comprendra
l'analyse
et
l'interprétation des
ré sul tats.
Ainsi
que
la
conclusion dans
laquelle nous verrons entre autre si nous avons atteint quelques
uns de nos objectifs de départ.
7-A. M. ROCHEBLAVE-SPENLE, op déjà cité P.197 .

b)- DONNEES GEOGRAPHIQUES ET DEMOGRAPHIQUES

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I.
t
Le Congo en Afrique centrale
1
Référence: H. BERTRAND "Le CONGO formation sociale et mode
de développement économique" p.
42

-7-
bl- DONNEES GEOGRAPHIQUES ET DEMOGRAPHIQUES
En
fai t
de
données
géographiques,
il
s'agira
de
si tuer
brièvement le CONGO,
nous nous arrêterons plus
sur les données
démographiques,
car nous pourrons y souligner certains aspects
qui nous interesse particulièrement.
La
républ ique
populai re
du
CONGO
est
un
état
d'Afrique
Equatoriale de
342.000
KM2,
au
sud
et
à
l'est
le
pays
a
des
frontières communes avec le ZAIRE, au sud-ouest avec le CABINDA,
au
nord
avec
la
républ ique
CENTRAFRICAINE
et
le
CAMEROUN,
à
l'ouest avec le GABON. Dans sa partie Sud-Ouest, elle possède 170
km de côtes sur l'océan Atlantique.
DONNEES DEMOGRAPHIQUES
La population actuelle est estimée à 1.500.00p habitants
, en 1974 la population se répartissait comme suit
Population
% de la
Totale
Dont
population
Totale
Urbaine
Rurale
Urbaine
Rurale
1.300.000
491.600
805.500
37,8
62,2
La
population
de
la
capitale
BRAZZAVILLE
est
estimée
actuellement
à
300.000
habi tants
environ,
la
deuxième
ville
POINTE-NOIRE compte environ 150.000 habitants. En 1974 selon les
estimations du service national de statistiques, il y a 37,8% de
la
population
en
zone
urbaine,
et
62,2%
à
la
campagne,
ces
pourcentages ont évolué,
en fait la population des villes s'est
accrue depuis un certain nombre d'années.
8-Annuaire statistique p.14 et 18 (si l'on tient compte de
l'augmentation
de
2,4%
par
an
environ,
les
données
les
plus
récentes que nous avons pu recueillir sur place datent de 1974).
9-Annuaire statistique,
déjà cité.

-8-
Hugues
BERTRAND 10
illustre par un tableau
l'évolution de
la
population
Congolaise
de
1920
à
1972,
si
ces
chiffres
diffèrent quelque peu de ceux cités plus haut,
ils n'en donnent
pas moins une
idée de l'accroissement rapide de
la population
urbaine.
EVOLUTION DE LA POPULATION CONGOLAISE DEPUIS 1920
Popu~a-
1920
1930
1940
1950
1956
1960
1972
tion
Rurale
1440
480
1
1
550
600
615
580
610
1 97,8%
96%
1 91,7%
85,7%
82%
74,4%
57,4%
,
Urbaine
110
20
50
100
135
200
455
1
2,2%
4%
8,3%
14,3%
18%
25,6%
1
42,6%
1
1
1
1 TOTAL
: 450
500
600
i 700
750
780
1065
1
!
L'auteur souligne que 12:
"Alors
que
la
population
rurale
restait
stable
en
valeur absolue, la population urbaine était multipliée
par cinq pendant cette période, passant de 10% à plus
de 40X de la
population totale.
En d'autres
termes,
les villes
ont
absorbé
systématiquement
le
surcroît
démographique, laissant en quelque sorte les campagnes
inchangées en apparence".
Et ceci est intéressant à noter:
"Ainsi peut-on opposer l'étonnante stabilité apparente
globale,
des
campagnes,
au
développement
champignonesque
des
villes,
la permanence
apparente
des formes d'habitat et d'organisation de la société
rurale au mouvement BROWNIEN, à l'extension anarchique
et
démesurée,
à
l'explosion
sociale,
économique
et
démographique des centres urbains."
Ainsi,
la population d'essentiellement
rurale
il
y
a
une
cinquantaine d'années est devenu à
près de
40% urbaine et
60%
rurale,
ceci
étant
important
à
souligner
car
cela
met
en
évidence,
l'importance du phénomène urbain.
IO_H.
BERTRAND
"Le Congo,
formation
sociale et
mode
de
développement économique" p.
146
11_ en milliers.
12_H.
BERTRAND
"Le
CONGO
formation
sociale
et
mode
de
développement économique" p.
146.

-9-
Si nous nous interessons maintenant à une donnée qui aura
son importance par la suite,
la sex-ratio nous constatons qu'en
1974,
pour
l'ensemble
de
la
population,
on
compte
632.000
personnes
de
sexe
masculin
pour
667.800
personnes
de
sexe
féminin.
Par
contre
si
l'on
considère
les
deux
villes
les
plus
importantes. En ce qui concerne la deuxième ville (POINTE NOIRE)
nous avons pour 141.700 habitants à la même époque 72.900 hommes
contre 68.800 femmes, quant à BRAZZAVILLE, nous avons pour 1974,
289.700 habitants dont 146.300 hommes contre 143.000 femmes.
Une
ét~~e de
la
structure
démographique
de
BRAZZAVILLE
indique que
:
"Pour une population de
298.967,
on trouve
50,3% de
personnes de sexe masculin et 49,7% de sexe féminin le
rapport de masculinité est donc de 101,3 hommes pour
100 femmes- pour l'ensemble de la population, mais il
vaire de 97,1 pour les moins de 15 ans, à
105,7 pour
la classe d'âge 15-55,8 pour les plus de 60 ans. A la
naissance il est de 101,3".
Nous
pouvons
souligner
qu'on
a
assisté
depuis
une
cinquantaine d'années à un fort accroissement de la population
urbaine.
On
peut noter aussi
que par
rapport
à
la
population
globale le taux de masculinité est plus faible,
il est plus élevé
dans les deux principales villes du pays.
Il
est à noter enfin
qu'en moyenne la densité de population est faible,
et que c'est
la
partie
Sud,
Sud-Ouest
du
pays
qui
regroupe
70%
de
la
population totale.
13-Annuaire statistique
op. déjà cité.

C-DIMENSION HISTORIQUE

A N Z I K A
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J(OHGO
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~
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CaTte du royaume de Congo, reprise de rouvrage de Mgr J. CnLLIER et du
O1anoine L JM>IS, L'Ancien Cmrgo. D'après les archifJes romaines 11518-16+0).
Bruxell~ 1954.
Référence :
WILLY BAL "Description du royaume de CONGO et
des contrées environnantes".

-12-
C-DIHENSION HISTORIQUE
Les données historiques de ce passage sont pour nous plus
que des données introductives, car elles ont en plus entre autres
objectif, de poser les fondements historiques de notre travail,
et de nous permettre ainsi d'avoir une vision d'ensemble de la
société traditionnelle pré-coloniale. C'est aussi à partir des
données historiques qu nous avons construi t le cadre sociologique
et économique du statut féminin traditionnel.
Les données historiques et les périodes qu'elles recouvrent
consti tueront
ce
que
nous
appelerons
à
plusieurs
reprises
le
passé.
Nous avons subdivisé ce passage en deux
parties,
l'une
concernant des données générales, essayant de faire une synthèse
(pour ce qui nous intéresse) des données que nous possedons sur
la période pré-coloniale et coloniale. Dans la deuxième partie
nous
avons
essayé
de
retrouver
la
femme
telle
qu'elle
a
été
décrite, et de dégager une "figure historique".
1- DONNEES HISTORIQUES GENERALES
Ce
passage
parlera
principalement
de
l'histoire
des
BAKONGOS, la population sur laquelle porte l'étude faisant partie
de ce groupe. Pour présenter brièvement ce groupe, disons que lfs
BAKONGOS du CONGO BRAZZAVILLE,
sont comme l'écrit BALANDIER
.
" Les groupes ethniques qui au CONGO-BRAZZAVILLE,
se
considèrent
comme
ayant
leur
origine
à
KONGO-DIA-
NTOTILA, c'est à dire SAN SALVADOR, représentent les
éléments
les
plus
avancés
des
populations
ayant
constitué à partir du
XVIe siècle,
les provinces
de
l'ancien royaume chrétien ... ".
C'est
de
l'histoire
de
l'ancien
royaume
de
KONGO
que
nous
partirons, avant d'arriver à la période coloniale,
et au CONGO
comtemporain
avec
ses
frontières
actuelles,
issues
de
la
colonisation, et le regroupement des di fférents groupes ethniques
qui s'y trouvent aujourd'hui.
14_ G. BALANDIER
"Sociologie actuelle de l'Afrique Noire"
P.287.

-13-
a)- La période pré-coloniale
Le navigateur portugais DIEGO CAO découvre l'embouchure du
fleuve CONGO en 1482, s'ouvre à partir de là entre les Portugais
et par la suite les Hollandais,
et les Italiens des contacts et
des relations entre le royaume de KONGO et les Européens.
Quel type de société les Européens rencontrent-ils? C'est
ce que nous verrons d'abord au travers des relations,
récits de
voyages
et
~escriptions,
nous
pensons
ici
notamment
respectivement
: à
la "D~~CRIPTION DU ROYAUME DE CONCfO ET DES
CONTREES
ENVIRONNANTES"
,au
DIAIRE
CONGOLAIS
1,
et
à
d'autres plus contemporaines synthétisant en que l q ue sorte toutes
1
les informations connues sur l'ancien royaume
.
En ce qui concerne les deux premières relations; nous savons
que celles-ci
sont une
vision
fai te à
travers
un faisceau
de
préjugés,
d'à
priori,
et
de
certitudes
de
la
part
des
observateurs, mais une fois écarté ou nuancé les commentaires et
jugements péremptoires de telle ou telle coutume "barbare" ?f a
pu dégager des constantes.
Comme le souligne W.G.L.
RANDLES
:
"En
vertu
de
quels
critères
déceler
la
réalité
dérrière la dénonciation de non conformité? Pourquoi
pas par l'étonnement et le scandale que suscite en ces
esprits chrétiens le spectacle de moeurs inouïes? Car
le constat de scandale n'est-il pas le plus sûr indice
que
de
vieilles
manières
perdurent
malgré
les
mutations
opérées
par
les
protagonistes
de
la
voie
Européenne?"
15_ POur
différencier
l'ancien
royaume
de
KONGO
de
la
république actuelle nous l'écrirons soit avec K ou C selon que
l'on renvoie à l'ancien royaume.
16_FILIPPO PIGAFETTA
&
DUARTE
LOPES
(1591)
tradui te
de
l'italien et annotée par WILLY BAL.
17_ F . BONTINCK: "Diaire C~ngolais (1690-1701) de FRA LUCA DA
CALTANISETTAj
traduit du manuscrit Italien inédit et annoté.
18_W. G. L . RANDLES:
"L'ancien royaume du KONGO des origines
à la fin du XIXe siècle.
-G.
BALANDIER
"La
vie
quotidienne
au
royaume
du
KONGO" .
19_ op déjà cité P.9.

-14-
Nous nou~ interesserons à cette période d'une part
parceque
:
"Le
vocabulaire
de
la
parenté
et
la
mécanique
clanique,
les
préeminences
liées
à
la
séniorité,
l'organisation de la vie matérielle et la répartition
du
travail
obéissent
à
des
règles
qui
restent
efficaces malgré le cours des siècles".
Et aussi parceque:
"pour
tout
MUKONGO
même
celui
des
provinces
périphériques, KONGO DIA NTOTILA (l'ancienne capitale)
subsiste
sous
l'aspect
d'une
ville
somptueuse

chacun peut trouver la parenté qui l'accueillera et le
chargera de
cadeaux.
Le royaume
aboli devient
ainsi
celui que tout homme bâtit avec ses rêves".
Précisons en outre que l'ancien royaume de KONGO 21:
"Déjà
disloqué
au
XVIIIe
siècle
s'est
trouvé
définitivement brisé et dominé au moment des partages
coloniaux
à
la
fin
du
XIXe
siècle.
Les
provinces
principales restent à l'ANGOLA, l'une d'elles -MPEMBA-
portant
les
ruines
de
MBANZA
KONGO,
le
centre
de
fondation de l'état célèbre durant un temps sous
le
nom
de
SAN
SALVADOR.
Les
deux
CONGOS
modernes,
constitués de part et d'autre du fleuve,
incorporent
les provinces périphériques et des royaumes maintenant
détruits qui avaient connus la domination KONGO."
Nous passerons rapidement sur les dates pour arriver à
ce
qui nous
intéresse
principalement
ici,
le type
d'organisation
sociale,
le type de contacts ayant eu lieu entre les Européens
de l'époque et les KONGOLAIS ainsi que les conséquences en ayant
découlées.
LES GRANDES DATES
Nous ne nous étendrons pas outre mesure sur la querelle des
dates qui situe selon certains la fondation du royaume de KONGO
pour
certains
vers
1275,
pour
d'autres
entre
1430
et
1465,
toutefois tous les historiens concernés ici s'accordent sur le
fai t qu'en 1543 environ, le royaume comprenai t déjà tout l'ANGOLA
actuel,
une
bonne partie du
ZAIRE
et
une
petite
partie,
des
confins sud du CONGO actuel.
'
20_ G. BALANDIER: op déjà citéP. 10,
Il.
21_ G• BALANDIER op. déjà c i t é , p.181.

-15-
c'est à partir de 1568 que commence le déclin du royaume:
guerres intestines, révol tes des provinces vassales, et invasions
extérieures. Au XVIIIe siècle celui-ci est complètement émietté,
resteront les mythes,
et dans
la tradition orale
des BAKONGOS
dispersés le souvenir des
"splendeurs" de l'ancien royaume,
et
de sa capitale MBANZA KONGO ou SAN SALVADOR.
LA SOCIETE KONGOLAISE
L'organisation sociale de base est le clan, on compte douze
clans initiaux dans l'ancien
royaume,
ces clans se
retrouvent
encore à l'heure actuelle. Celui-ci est
constitué par tous les
descendants
par
filiation
utérine
d'une
aïeule
commune,
il
comprend tous
les
individus
des
deux sexes,
qu'ils
vivent
en
dessus ou au dessous. C'est l'appartenance au clan qui garantit
la qualité d'homme libre, autrement on est esclave. Le clan a un
nom honorifique, et un nom ésotérique, ainsi qu'une devise connue
par les membres du clan.
Il
semble
même
qu'à
l ' orig ine
,
les
cl~ys aient eu des
spécialisations dans des métiers particuliers
.
En outre ,
le
clan
" •• représenté et géré par un chef choisi de préférence
dans la lignée la plus proche du fondateur,
régit la
plupart des rapports
sociaux.
Il
trace la
frontière
des rapports sexuels et incestueux, car la communauté
de sang interdit les relations entre un homme et une
femme qui portent le même nom clanique.
Il confère le
statut d'homme libre, car l'esclave est toujours situé
hors des clans .. ".
Ainsi quand un clan se déplace vers d'autres terres,
vers
une autre région dans les poussées d'expansion, il ne se déplace
pas seul, se déplacent toujours den" couples" de clans en vue des
mariages éventuels. D'autre part
:
" l'appartenance à un clan garantissait l'accès à la
terre
clanique
-dant
les
ancêtres
restent
les
"propriétaires"-
elle
crée
les
conditions
d'une
sécurité et solidarité, et implique de tout membre, le
respect des
règles et tabous
spécifiques des
clans,
l'assistance
militaire,
la
participation
aux
funérailles".
22_ G. BALANDIER ci tant J. V. WING
"A KONGO dès l'origine,
chaque clan avait son métier"- La vie qutoidienne au royaume de
KONGO P. 181
.
23_ G. BALANDIERj op. déjà cité P.181.

-16-
Il Y a donc les hommes libres, et les esclaves,
(pour ceux
qui sont assez puissants pour en posseder), ceux-ci sont employés
aux travaux agricoles,
aux tâches de construction, aux corvées.
l'esclavage a ses raisons économiques là comme ailleurs.
" Le portage et la caravane h'Waine humaine sont le seul moyen
de transport utilisé à KONGO".
D'autre part ce qui compte c'est la richesse en hommes, d'où
l'intérêt
des
femmes
esclaves,
qui
donnent
à
l'homme
une
descendance qui demeure dans son clan. En outre
"Le chef ne doit pas manquer d'hommes,
il en est de
même
pour
les
femmes
de
condition,
membres
de
la
famille
royale,
et
dotée
de
fiefs,
ou
épouses
principales de
hauts
notables,
des
esclaves
sont
à
leur
service
et
au
service
du
cérémonial
qui
entretient leur autorité en exaltant leur "grandesse",
en certaines circonstances, l'esclave permet au maître
d'échapper à la rigueur des lois, et de ne pas perdre
la face ou la vie,
il est donné en compensation
lorsqu'un
homme
est
demandé
en
dédommagement
d'un
"crime" engageant la responsabilité de son maître , il
sert de substitut pour l'épreuve du poison,
il sert de
bouc émissaire dans les circonstances graves menaçant
la cohésion de la communauté clanique".
Au
sein des
clans
il
est
des
relations privilégiées
du
membre du clan avec certains parents. Les relations sociales de
tous
les
jours,
et
en
toutes
circonstances
sont
codifiées,
respect et déférence envers les anciens, les notables, les aînés.
N'importe
qui
n'a pas
le
droi t
de
dire
n'importe 25quoi
et
à
n'importe quel moment; aussi BALANDIER remarque que
"La civilisation KONGO peut être vu comme un système
de convention et de convenances"
24_ G. BALANDIER
"La vie quotidienne au royaume de KONGO"
, P.
191.
25_ G. BALANDIER
op cité P.
191.

-17-
Les relations sociales sont très hierarchisées et nuancées
en fonction des statuts des
individus les uns par ailleurs aux
autres. Un des aspects de l'organisation familiale sur lequel les
premier~ 2fbservateurs
se
sont
abondamment
étendus
est
la
polygaml.e
:
"
Un
autre
mal
est
la
coutume
d'avoir
plusieurs
femmes,
elle est universelle
dans tout le Congo,
on
n'en ressent pas la moindre honte, et elle est suivie
même par les hommes mariés religieusement, celui qui
possède le plus grand nombre de femmes est tenu pour
le plus grand et le plus puissant seigneur."
Quant à la société, elle est basée sur la complémentarité
des pôles,
il y a un monde féminin et un monde masculin,
il y a
différenciation des tâches et métiers selon le sexe,
l'un des
seul domaine où il y ait eu semble-t-il indifféremment des hommes
et des
femmes,
est celuh de
la médecine traditionnelle;
et le
domaine magico-religieux
.
Pour
nous
résumer
nous
dirons
donc
que
dans
la
société
tradi tionnelle pré-coloniale l'organisation sociale de base c'est
le clan,
que la famille est souvent polygamique,
que la parenté
tient une place essentielle dans
la vie de l'individu,
et que
dans ce
système de parenté,
la femme
a un
rôle
important
car
l'appartenance à un clan se fait par elle.
Les
rapports
entre
générations
sont
des
rapports
de
préeminence
de
la
génération
plus
âgée.
Dans
cette
société
l'uni té
résidentielle
est
le
village,
ou
le
regroupement
de
plusieurs villages.
26_ FRA LUCA DA CALTANISETTA : "Diaire Congolais", P. 75 •
27 -Nous
n'ignorons
pas
qu'il
y
a
des
ri tes
typiquement
mascul ins
ou
féminins,
notre
propos
ici
était
tout
juste
de
pointer en passant que le sexe ne semblait pas constituer une
entrave pour être guérisseuse, prêtesse d'un culte etc ••.

-18-
Certes MBANZA KONGO est un grand centre bien avant l'arrivée
des
Européens,
mais
on
ne
peut
pas
dire
qu'il
Y ait
eu
à
proprement parlé
(du
moins
en
ce
qui
concerne
le
royaume
de
KONGO)
de
civilisation urbaine
comme
dans
certaines
contrées
d'Afrique. Les regroupements se faisant en fonction des affinités
claniques,
et
ayant
un
caractère
PfSécaire,
c'est
ainsi
que
BALANDIER parle de "villes fragiles"
:
"Les cités et plus encore les villages, du pays KONGO
sont vulnérables. Moins édifiés pour faire corps avec
le
sol,
que
pour
laisser
aux
hommes
une
certaine
mobilité.
Les
chefs
lieux
des
provinces
changent
d'emplacement
( ... ),
à
la
sui te
des
guerres
entre
prétendants
au
trône,
la
capitale
elle-même
est
abandonnée vers la fin du XVIIe siècle, elle retrouve
une existence sans grandeur parmi ses ruines, au début
des années 1700, avec la restauration de PEDRO IV.
Quant aux villages, désignés par le terme général de
"divata"
leur
instabilité
parait
extrème.
Tout
y
concourt:
les
méthodes
agricoles,
les
luttes
de
factions,
les
croyances
qui
imposent
de
ne
plus
résider là où le chef vient de mourir.
La précarité
des
habitations
provoque
et
permet
ce
mouvement
incessant
des
groupements
humains
ce
qui
incite
PIGAFETTA à affirmer que
"ces gens construisent à
la
façon des bergers"".
L' habi tation est
précaire,
et
est
conçue
de
telle
sorte
qu'elle puisse s'édifier le plus rapidement possible. Elle dénote
d'autre part d'une conception particulière de l'habitation,
on
ne vit pas souvent "dans la maison".
Celles-ci
s~rt entourées
d'enceintes ou de haies vives; quant à leur forme
:
"Les maisons sont généralement de plan rectangulaire,
petites basses, à une seule ouverture étroite assurant
l'accès
et
l'entrée
de
la
lumière
lorsqu'elles
appartiennent à des gens du commun."
Toutes les techniques et les formes décrites depuis cette
époque ont subsisté et subsistent encore,
notamment le système
de torchis sur clayonnage,
utilisé encore actuellement, et les
toits en chaume.
2S_ G. BALANDIER, op cité p. 134.
ag-Go BALANDIER op cité. p.134
.

-19-
LES PREMIERS CONTACTS
Le
royaume de KONGO
s'est ouvert
facilement
aux
contacts
avec
les
Européens.
L'un
des
premiers
soucis
des
rois
et
notables,
semble avoir été de s'instruire auprès d'eux.
D'où selon
les
relations historiques,
échange
d'ambassadeurs,
christiannisation superficielle peut être mais rapide du roi et
des
notables,
avec
adoption
de
noms
chrétiens,
création
de
quelques écoles.
Quelques Kongolais
de la noblesse parlent
et
écrivent le portugais, et s'instruisent des usages des étrangers.
Mais il faut toutefois noter que les premiers contacts ont
lieu surtout avec une minorité de la classe dirigeante, aussi les
influences possible de la
civilisation étrangère ne se
feront
sentir
que
dans
ces
cercles.
D'autre
part
l'adoption
du
christiannisme, ne détruira en rien les anciennes croyances, on
peut même parler à ce propos de l'assimilation par les croyances
locales
d'une
partie
de
la
symbolique
religieuse
chrétienne,
"fétichisation" de la croix par exemple,
syncrétisme etc ...
L'un
des
apports
Européens
de
cet te
époque
qui
jusqu'à
présent a
une place primordiale dans
la vie de tous
les
jours
c'est un apport qui a
modifié le régime alimentaire;
il s'agit
ici
de
l'introduction
du
manioc,
celui-ci
apporté
par
les
Européens d'Amérique ainsi que
le maïs a
en effet
remplacé le
graminée util isé jusque là pour devenir ensui te et rester la base
de l'alimentation.
Pour le
reste on peut conclure que l'influence Européenne
du début a
été pour ainsi dire superficielle et
limitée à
une
petite élite
aux convictions plus
ou moins
circonstancielles.
L'essentiel
des
croyances
et
des
modes
de
vie
de
la
majeure
partie de la population ne s'est pas profondément modifié.
Il n'est pour s'en convaincre que de se reporter aux propos
désabusés du frère LUCA DA CALTANISETTA, devant ce qu'il qualifie
"d'indignités" et de "pratiques du démon"; la polygamie, et les
ri te!b
tradi tionnels,
même
chez
les
gens
baptisés.
Ainsi,
il
note
;
" •.. J'arrivai
dans
la
Libata31
du
marquis
de
WEMBO
dans le territoire de bula, je l'obligeai à se marier,
et à promettre de se séparer de ses concubines qu'il
entretenait, mais i l ne tint pas sa promesse; c'est de
cette
manière
qu'ordinairement
se
conduisent
ces
misérables créatures."
3°-FRA LUCA DA CALTANISETTA : "Diaire Congolais" P.45 et 51.
31_LIBATA ou DIVATA : village.

-20-
Plus loin nous relevons:
"J'assistai à quatre mariages; ces mariages furent par
des gens du CONGO ceux de KIOVA ne voulaient pas se
marier,
ils
déclaraient
que
le
mariage
était
une
nouvelle loi que
je voulais
introduire,
c'était une
coutume des MESSIKONGOS
dont
eux ne
voulaient pas,
pour eux , le baptême suffisait, ils voulaient mourir
comme l'avaient fait leurs ancêtres et ne pas être les
premiers à introduire cette coutume du mariage."
Les pratiques religieuses chrétiennes sont mises sur le même
plan
que
les
pratiques
tradi tionnelles;
LUCA DA
CALTANISSETA
rapporte les propos indignés de femmes
lorsqu'il détruisait un
a~tel32 où
des
idoles
de
ceux
qu'il
appelait
les
prêtres
du
demon
.
"Quelques
femmes
se
lamentaient
de
ce
que
je
détruisais ces objets, elles me dirent: " le père n'a-
t-il pas aussi ses pratiques quand il dit
la messe?
Alors de notre côté nous avons les nôtres".
Enfin pour finir voici
deux passages qui
illustrent
bien
notre
propos;
le
religieux
ayant
brûlé
encore
une
fois
des
"idoles";
"Quelques hommes et femmes dirent à l'interprète que
j'agissais mal en me montrant ennemi des féticheurs et
en
brûlant
leurs
idoles,
ils
ajoutèrent
qu'ils
ne
pouvaient abandonner les coutumes de leur pays, étant
chrétiens, ils avaient d'abord eu recours à Dieu pour
la guérison de ce malade, ne l'ayant pas obtenue, ils
s'étaient
adréssés
aux
féticheurs
afin
que
ceux-ci
l'obtiennent du démon, honoré dans ces idoles.
Cette
réponse, montre les dispositions profondes de tous les
habitants de ce malheureux royaume de KONGO."
32_ et suite FRA LUCA DA CALTANISETA, op cité, Pages; 56, 69,
79.

-21-
Quant à la conception du baptême, elle amène cette remarque:
"On peut se faire une idée du peu de cas qu'ils font
des choses de l'âme, aussi bien du baptême, que de la
sainte
confession -je
dis
du
baptême,
car
s ' i l
est
vrai
que
les
habitants
de
ce
royaume
se
font
volontiers
baptiser,
ils
le
font
uniquement
pour
pouvoir s'appeler DON et pour ne pas être tenus pour
des païens, pourtant ils désirent recevoir le baptême
sans se donner trop de peine et que le prêtre vienne
le leur administrer dans leur libata".
Tout
ceci
illustre
bien
nous
semble-t-il
concernant
la
christianisation
surtout
à
quel
ni veau
celle-ci
s'est
faite,
l'adhésion
était
plus
symbol ique
que
réelle,
et
les
nouveaux
baptisés
ou
chrétiens
ne
se
croyaient
pas
tenus
par
les
obligations qu'impliquaient l'adhésion à la foi chrétienne.
IAussi pour l'essentiel, malgré le passage des missionnaires, les
Igens
continuent
de
se
marier,
de
vivre,
de
mourir
selon
les
~outumes du
pays.
Ceci
nous
fait
entrevoir
le
type
de
bouleversements apportés pendant la période coloniale proprement
Idite .

-22-
-LA PERIODE COLONIALE
Celle-ci va environ de 1880 à 1960,
rappelons que lorsque
les premières missions exploratrices arrivent dans la région, les
anciens
royaumes
sont
pratiquement
inexistants
restent
les
chefferies,
les
populations
dispersées.
La
progression
des
habi tants
de
l'ancien
royaume
s'est
stabilisée
autour de
son
implantation actuelle, en ce qui concerne le CONGO BRAZZAVILLE.
LES DATES
- Septembre 1880 convention
entre BRAZZA et HAKOKO 33
-
Mars
18~r' le
lieutenant
de vaisseau
CORDIER
signe avec
le
HALOANGO
un
traité
par
lequel
celui-ci
reconnait
la
suzeraineté de la FRANCE.
Ainsi 35;
" Un monde vient de prendre fin, le congo des ethnies
va en
80 ans
devenir
la République
du CONGO qui
se
fera
petit
à
petit
sa
place
dans
le
monde
dit
moderne ... ".
Et dans ce CONGO moderne l'ensemble des populations issues
du royaume de KONGO et de LOANGO est de près de la moitié de la
population.
Nous
précisons
que
nous
ne
considérons
pas
cette
société traditionnelle comme étant statique, tout au plus dirons-
nous qu'elle avait sa propre évolution liée à son histoire,
et
aux divers contacts et évènements historiques.
nous avons voulu seulement souligner avant de poursuivre,
que les premiers types de contact n'avaient pas
fait perdre au
système sa cohérence. D'autre part que les rapports avaient été
assez circoncris pour être assimilés.
Il n'en sera plus de même
pendant la période coloniale et la période actuelle,
la période
coloniale va accélérer une évolution autrefois plus lente, plus
"confortable"
, plus contrôlable en quelque sorte.
33
Le
HAKOKO est
le descendant
des rois
TEKE du
royaume
BATEKE, connu aussi sous le nom de royaume TIO, voisin du royaume
de KONGO.
34 -HALOANGO descendant des rois de LOANGO, royaume autrefois
vassal du royaume du KONGO,
puis souverain,
ayant
de nombreux
points communs avec ce dernier.
35 -H. SORET:
"Histoire du CONGO" p. 168.

-23-
En effet, la période coloniale sera une prise de possession
directe
réelle,
d'un
pays
aux
frontières
définies,
non comme
auparavant
sur
des
critères
ethniques,
mais
sur
d'autres
cri tères.
Ainsi
se
trouvent
rassemblés
dans
ces
frontières,
certes
des
ethnies
qui
se
connai ssent,
et
qui
ont
eues
des
relations commerciales
dans
le
passé
et des
échanges
plus
ou
moins pacifiques, mais qui ne se sont jamais considéré jusque là
comme faisant partie d'un seul pays.
Il Y a donc mise en place de nouvelles frontières,
et de
nouvelles
structures
administratives;
non
contrôlées
par
les
populations
concernées;
changement
des
pôles
d' autori té,
les
autorités coloniales ne se sont appuyés sur certaines autorités
locales
que
pour
mieux
les
contrôler,
et
aussi
par
souci
de
commodité.
Il
Y
a
aussi
la
mise
en
place
de
circui ts
économiques
différents,
ce
qui
opère
un
changement
dans
la
répartition
traditionnelle
des
activités.
Mise
en
place
d'un
système
d'éducation, d'enseignement religieux et laïc, qui se superpose
à
l'éducation
traditionnelle,
ce
qui
amène
un
changement
du
contenu du savoir.
Il y a création des villes, et accroissement
de celles-ci.
Ainsi on
peut
dire
que
la colonisation
fait
éclater
les
structures traditionnelles, et l'organisation sociale de base.
Elle
introdui t
aussi
entre
autres
la
monnaie
et
change
la
répartition traditionnelle des activités économiques.
Elle met
d'autre part en place un mode de production, des modes de pensée,
et de vivre différents de la vie traditionnelle.
"
L'évolution
fût
surtout
sensible à
partir
de
la
première guerre mondiale et accélérée par la deuxième.
Une
des
causes
premières
fut
l'obligation de
payer
l'impôt en espèces ce qui contribue à la diffusion de
la
monnaie
et
par
là,
à
saper
la
cohésion
traditionnelle.
Les
sociétés
concessionnaires
en
imposant la récolte de caoutchouc, des noix de palme,
bouleversent
la
répartition
traditionnelle
des
acti vi tés,
ce
qui
e~rraîne une
augmentation
de
la
mortalité masculine."
36_ M. SORET; op cité, P.
131 et 132.

-24-
L'auteur poursuit
et
résume
ainsi
la transformation
des
sociétes traditionnelles:
.. Il est à peu près certain que la population du CONGO
n'a guère variée au cours des siècles qui ont précédé
la pénétration par suite des famines, des guerres, des
endemies et
surtout,
de la mortalité
infantile •.• La
paix et l'action sociale du service de santé modifient
cet équilibre comme la paix encore et le développement
économique
vont
favoriser
les
migrations,
les
regroupements de population dans les régions "les plus
favorisées et les centres urbains. Les sociétés ainsi
transformées,
l'économie permettra aux jeunes de
se
libérer
des
autorités
coutumières,
notamment
en
rejoignant
les
villes

se
multiplient
les
détribalisés( .. ).
Ces
masses
délaissent
aussi
de
plus
en
plus
la
tradition et notamment les religions traditionnelles -
l'islam
ne
franchissant
pas
la
forêt,
ce
sera
le
christiannisme
qui
apportera
les
structures
de
remplacement,
mais
l'assimilation
incomplète de ces
doctrines aboutit souvent à des syncrétismes entre les
nouvelles et anciennes
religions( .. ) Enfin
en dépit
d'une résistance passive très nette de la population
l'enseignement
de
type
occidental
progresse
assez
rapidement. Entièrement religieux à son origine, il se
laïcisera peu à peu.
A la veille de
l'indépendance,
80~ de la population scolarisable seront touchés et le
français deviendra
la langue de communication entre
les ethnies ne possédant pas de langue véhiculaire en
commun."
Nous pensons
avoir
posé
grâce
à
la
longue
ci tation
qui
précède,
d'une
manière
générale
les
éléments mis
en
place
au
cours de la si tuat ion coloniale. Essayons d'examiner de pl us près
ce que celle-ci impliquait, c'est le propos du passage qui suit.

-25-
LA SITUATION COLONIALE
Nous avons parlé dès le début de
la situation coloniale,
comme d'une période particulière ayant donné un tour particulier
aux changements en cours, il s'agit dans ce passage de la définir
et d'en dégager
les caractéristiques
principales en utilisant
d'abord la définition qu'en donne G. BALANDIER et en dégageant
ensui te quelques traits du modèle général de la société colonisée
de G. ROCHER.
G.
BALANDIER 37 caractérise la situation coloniale comme:
"La domination
imposée
par une
minorité
étrangère,
racialement et culturellement différente, au nom d'une
supériorité
sociale
affirmée,
à
une
majorité
autochtone
matériellement
di fférente,
au
nom
d'une
supériorité
sociale
(ou
ethnique)
et
culturelle
dogmatiquement
affirmée,
à
une
majorité
autochtone
matériellement
inférieure,
la
mise
en
rapport
de
civilisations
hétérogènes:
une
civilisation
à
machinisme,
à
économie à
rythme
rapide et
d'origine
chrétienne
s'imposant
à
des
civilisations
sans
techniques complexes,
à
économie retardée,
à
rythme
lent
et
radicalement
non
chrétienne;
le
caractère
antagoniste des relations
intervenant entre les deux
sociétés
qui
s'explique
par
le
rôle
d'instrument
auquel est condamnée ensuite la société dominée;
la
nécessité pour maintenir
la domination,
de
recourir
non seulement à la force,
mais encore à un ensemble de
pseudo-justi fications
et
de
comportements
stéréotypés ... "
Entre autres caractéristiques de la soc~été colonisée, nous
avons,
l'exploitation économique étrangère
:
"Par
les
techniques
nouvelles
qu'il
importe,
par
l'usage de la monnaie et du crédit qu'il introduit ou
qu'il étend, par les valeurs et modèles qu'il apporte
avec
lui,
le
colonisateur
est
nécessairement
un
novateur,
un
agent
du
changement
social.
Il
vient
perturber
une
évolution
en
cours ••• Bref
la
colonisation
a
provoqué
dans
bien
des
sociétés
traditionnelles les premiers remous du développement
économique."
37_Sociologie actuelle de l'Afrique Noire, p.
34 et 35.
38_ G. ROCHER: "Le changement social" p.225 .

-26-
Nous relevons aussi que la situation coloniale comprend la
dépendance
politique,
les
barrières
sociales
et
raciales,
illustrées
notamment
par
le
cl i vage
existant
dans
les
villes
coloniales,
nous
reviendrons
sur
ce
point par
la
sui te.
Nous
passons sur l'atomisation sociale, le système de juntifications,
pour nous
intéresser plus
particulièrement
aux
"Points
de
contacts entre colonisateurs et colonisés", surtout pour pointer
les transformations
introduites
pendant la période
coloniale,
dans le système traditionnel.
" Le pouvoir politique de
la société traditionnelle
persiste
dans
la
situation
coloniale,
on
retrouve
généralement en place les
mêmes chefs,
et les mêmes
organismes d'autorité.
Hais le pouvoir politique est
redéfini
et
réorienté
ce
n'est
plus
une
autorité
autonome,
mais
une
autorité
déléguée,
servant
d'intermédiaire
entre
la
population
et
l ' autori té
coloniale."
Le système d'enseignement mis
en place aura pour mission
première de
créer une
él i té
évoluée qui
composera les
cadres
administratifs
et
techniques
requis
par
le
gouvernement,
les
entreprises,
les
services
publics.
Les
nouveaux
milieux
de
travai 1 imposent également d'autres atti tudes, motivations et des
conduites
différentes
des
conduites
ancestrales.
Quant
aux
églises:
"Que ce soit par les conversions religieuses qu'elles
opèrent ou les services qu'elles assurent, les églises
jouent elles aussi
le rôle
d'agents
socialisateurs.
Elles
contribuent
à
l'intériorisation
de
nouvelles
conduites,
non
seulement
morales
mais
aussi
sanitaires, économiques, etc ...
Elles
transmettent
des
connaissances,
des
valeurs,
elles permettent un certain mode d'identification au
régime colonial,
mais d'une manière en quelque sorte
tangentielle:
par
les
fonctions
auxquelles
elles
permettent d'accéder dans l'église et par les rapports
qu'elles établissent entre les personnes appartenant
aux deux sous-systèmes."
39_ G. ROCHER op. cité, p.231, 234, 235.

-27-
L'auteur
souligne
en
outre,
en parlant
des
associations
volontaires que celles-ci:
"Form~es sur
le
modêle
d'associations
volontaires
semblables
dans
la
soci~t~
colonisatrice,
elles
prennent dans
la
sociét~ colonis~e une
fonction
de
socialisation plus accentuée.
Il se dégage finalement
de
ce
tableau
que
partout

les
sous-systêmes
se
touchent, le sous-systême colonisateur cherche à faire
l'éducation
du
sous-systême
colonis~. mais
ce
qui
singularise cette forme de socialisation c'est qu'elle
fait pén~trer les socialis~s dans une culture et une
société qui leur restent toujours ~trangêres. Aussi n-
at-elle
pas
finalement
pour
effet
de
socialiser
à
égalité
mais
plutôt
à
la
dépendance.
C'est
une
socialisation qui
contribue
à
faire
reconnaître
et
accepter l'autre sous-systême, celui du colonisateur,
non seulement comme diff~rent du sien mais aussi comme
supérieur.
Il en résulte une importance cons~quence.
Les
points
de
contacts
finissent
par
devenir
des
points de soudure
entre les
deux sous-systêmes.
Par
les
rapports
socialisants
que
le
colonisateur
entretient avec
les
colonisés dans
le gouvernement,
l'école,
le
travail
les
~glises,
le
sous-systême
colonisateur s'attache
le
sous-systême
colonisé,
le
transforme partiellement,
sans l'int~grer totalement
( ••. )
ce
qui
amène
à
la
dépersonnalisation
de
la
collectivit~.
Celle-ci
se
vide
de
son
identité
propre."
Nous pensons dans ce
passage,
grâce aux nombreux
recours
faits au modèle de la société colonisée avoir pu caractériser la
période
coloniale,
ceci
permettant
de
mieux
appr~hender la
situation actuelle qui est celle de la période post-coloniale.

-28-
cl-LA PERIODE POST-COLONIALE
Dans le deuxième chapitre, nous présenterons de façon plus
détaillée cette période qui est la période actuelle. En effet le
CONGO comme nombre
d'anciennes colonies
Françaises est
devenu
indépendant en 1960.
Qu'est ce qui caractérise ces 22 ans d'indépendance? Les
frontières
héritées
de
la
période
coloniale
demeurent,
les
structures aussi. Nous pouvons dire que nous sommes dans un pays
jeune,
sous-développé,
dans
lequel
se
pose
des
problèmes
de
réorganisation, de structuration à tous les ni veaux, dans un pays
à la recherche d'une cohérence.
Aussi ce qui caractérise la période actuelle c'est qu'elle
est une période transitoire, où l'on assiste à la coexistence de
deux systèmes,
le système traditionnel,
ou du moins ce qu'il en
reste,
et
le
sous-système
mis
en
place
pendant
la
période
coloniale, aussi assiste-t-on au développment des transformations
ayant débutées pendant la période coloniale.

-29-
2-LA FEMME DANS L'HISTOIRE
Ce passage a pour objet, d'essayer de nous éclairer sur la
place réelle que la femme KONGO, a pu avoir à certaines époques.
En effet le système de parenté KONGO, est un système matriarcal,
en ce
qui
concerne
surtout
la
dévolution des
biens,
et
des
pouvoirs, cela signifie-t-il que cela découle d'une époque où la
femme
aurait-eue
une
influence
plus
prépondérante
dans
la
société?
Les éléments dont nous disposons ne nous ont pas permis de
répondre à
cet te question,
nous
avons tout
au
plus essayé de
retrouver
une
certaine
image
de
la
femme
à
travers
les
descriptions
anciennes,
nous
nous
sommes
ensui te
arrêtée
au
passage sur une personnalité féminine ayant marquée son époque,
pour clore le chapitre par ce qu'avait pu être la situation de
la femme en général.
Nous commencerons par quelques observations éparses relevées
à propos des
femmes dans la description de PIGAFETTA et DU1~TE
LaPES, présentant celles-ci dans une activité particulière
:
"Cette ile est la mine de la monnaie qu'utilisent le
roi de CONGO et les peuples des régions environnantes.
C'est pourquoi, sur ces plages, des femmes plongeant
par des fonds de deux brasses et plus, remplissent des
paniers
de
sable
puis
en
retirent
de
petits
coquillages,
elles
prennent
soin de
distinguer
les
mâles des femelles,
qui sont plus fines et appréciées
pour
leur
couleur
claire,
brillante
et
agréable
à
voir."
Un autre passage nous décrit le costume féminin de l'époque
(nous avons pensé interessant de le noter, car il se rapporche
du costume traditionnel actuel; mis à part le fait que les tissus
ne sont plus les mêmes):
"Les
femmes
se
couvrent
le
bas
du
corps
de
trois
bandes
d'étoffe,
l'une
d'elle
longue,
descendant
jusqu'aux talons,
la seconde plus courte encore( ••• )
chacune d'elle étant drapée en largeur et s'ouvrant à
l'avant elles se couvrent la poitrine d'un corsage qui
descend jusqu'à la ceinture,
ces vêtements sont fait
en tissu de palmes."
40_ p . PIGAFETTA et DUARTE LaPES:
"Description du royaume du
CONGO et des contrées environnantes" P.
25 .

-30-
Nous relevons aussi au passage cette réaction des femmes à
propos
de
la volonté
de
suppression de
la polygamie
par
les
prêtres:
"Les
femmes
qui
se
voyaient
séparées
de
leurs
seigneurs
en vertu de
la
loi
chrétienne
prennaient
cela pour une injurnet un affront et maudissaient la
nouvelle religion."
Un autre
passage met
en
évidence l'un
des
aspects de
la
société
KONGO,
basée
sur
la
complémentarité
de
deux
pôles
considérés
comme
distincts,
mais
qui
lors
des
cérémonies
rituelles sont toujours associés:
le pôle féminin et mascu1tn,
l'auteur rapporte à propos de la construction d'une église
:
" Le royaume étant pacifié et toutes affaires réglées,
le
roi
AFONSO
donna
l'ordre
de
bâtir
l'église
principale, appelée Sainte Croix à cause de la croix
érigée en cet endroit, comme on l'a dit plus haut et
parcequ'on en posa la première pierre à la fête de la
sainte
croix.
Il
commanda,
en
outre,
aux
hommes
d'apporter
les
pierres,
aux
femmes
d'apporter
le
sable,
qu'on alla
tirer
à
la rivière.
Le
roi
voulu
être le premier porteur,
i l chargea sur ces
épaules
une
corbeille
de
pierres
qu'il
jeta
dans
les
fondations, la reine en fit autant avec une corbeille
de
sable.
Les
souverains
voulaient
ainsi
donner
l'exemple aux seigneurs et aux dames de la cour pour
qu'ils
agissent
de
la même
façon,
et
encourager
le
peuple dans cette oeuvre sainte."
Plus fructueuse
a été pour nous ce qu'on pourrait appeler
un compte rendu de mission du capucin FRA LUCA DA CALTANISATTA,
il
s'agit
du
Diaire
Congolais.
Au
cours
de
ses
missions,
ce
religieux
s'est
trouvé
confronté
quotidiennement
avec
des
personnages différents,
et tout au long de ces descriptions on
trouve
des
informations
intéressantes
sur
les
coutumes
de
l'époque, dont certaines d'ailleurs perdurent.
Il relate aussi
ses démêlés avec ceux qu'il
nomme les "prêtres et prêtesses du
démon" .
41_ p . PIGAFETTA et DUARTE LOPES; op. déjà cité P.
119.
42_ p • PIGAFETTA et DUARTE LOPES op cité p.
96.

-31-
Selon ces descriptions en effet,
l'un des
domaines où la
mixité des fonctions semble avoir été totale c'est
le domaine
magico-religieux; aUffi c'est le plus naturellement du monde que
la
reine
Donna ANNA
,
et
la
duchesse
de
MBATA,
demandent
au
frère de baiser la patène:
"
Au
cours
de
ce
voyage,
je
passai
à
BONGA
ou
demeurait Donna ANNA, la vielle reine de CONGO,
elle
prétendait baiser la patène, recevoir la paix, avec ou
sans
l a
patène,
prendre
l a
puri f icat i on au
cal ice ,
baiser
le
livre à
l'évangile.
La duchesse
de MBATA
avait revendiquée les mêmes faveurs dans son duché.
Mais
comme
cette
démarche
venait
de
femmes
,
je
m'excusais en disant que
l'église ne permet pas aux
femmes, d'intervenir dans ces cérémonies, je concédais
seulement qu'on lise l'évangile au dessus de leur tête
à la fin de la messe."
Notons que parmi l'une des coutumes ayant le plus choqué le
missionnaire se trouve la polygamie,
et ausfli ce
que celui-ci
appelle les "cultes du démon", On note ainsi
:
" Je pris une féticheuse par hasard celle-ci passa à
grand bruit, avec ses instruments devant la case qu'on
m' avai t
assigné
comme
logement.
Je
la
fis
prendre,
mais il s'avéra qu'elle était une Manceba (concubine)
du Mani et qu'elle était païenne, le Mani me pria de
la lui
restituer,
j'acquiescai à
condition qu'il
la
fit baptiser, et c'est ce qu'il fit."
Et à propos de l'autorité que pouvait avoir la femme d'une
autorité:
" Le Mani étant absent,
il était allé à MBANZA ZOMBO,
la nuit sa concubine principale,
que ces misérables
gens appelaient Mani BANDA, fit proclamer que personne
ne pouvait se faire baptiser par moi,
en outre elle
permit aux féticheurs de
faire beaucoup de bruit et
ceux-ci se mirent à chanter. Je n'y restai donc qu'un
seul jour."
43_ 11 est fait mention de cette reine à plusieurs reprises
tout au
long des
descriptions,
on dit d'elle P.
18 du Diaire
Congolais:
"Donna ANNA fut
l'épouse du roi AFONSO
(1667-1669),
le père LUCA la visite à MUKONDO en 1707, cette reine est pleine
de
dévouement
pour
les
missionnaires,
par
un
privilège
particulier, elle porte l'habit des capucins .• ,".
H- FRA LUCA DA CALTANISETTA ; op cité .

-32-
c'est un an après la mort de FRA LUCA (celui-ci meurt en
1702), que naît le mouvement de KIMPA VITA,
en 1703, celle qui
sera appelée
la
"Jeanne
D'ARC"
Congolaise par
la
suite,
sera
brûlée vive à 24 ans, condamnée comme hérétique et intrigante par
des missionnaires. Ancienne prêtresse du culte de MARIMBA, elle
était d'origine noble.
Le contexte:- La capitale de l'ancien royaume KONGO, MBANZA
KONGO est en ruine depuis 1678, vers 1703 en différents endroits
les précurseurs du mouvement des Antoniens,
se disent
inspirés
par la mère de Dieu ou par Saint Antoine
,
et prophétisent le
châtiment divin si le roi ne
fait pas bientôt son entrée à
SAO
SALVADOR.
Une
prêtresse
nommée
MAFUTA,
organisa
une
campagne
de
prières pour détourner le châtiment et intervint auprès du roi
pour qu'il obéisse à l'ordre de dieu. En 1704 âgée de 22 ans,
KIMPA VITA,
baptisée DONA BEATRICE, rep~!nd les prédictions de
MAFUTA. Dans le livre qui
relate sa vie,
l'auteur résume son
action comme suit:
"- Elle
entreprit une intense
propagande en
faisant
détruire
les
fétiches,
et
abattre
les
croix;
elle
voulait lutter contre le désordre moral, les vulgaires
persécutions, les "féticheries". Elle mit en cause les
prêtres étrangers, elle les accusa d'avoir monopolisé
la révélation et le secret des richesses qui lui est
associé.
L'austérité
morale
qu'elle
exigeait
des
KONGOS,
se
justifie par
sa volonté de
restaurer
le
royaume dans sa grandeur,
puis d'édifier une société
sans mal
et
sans
misère,
semblable à
celle
que
les
ancêtres ont construite
en dessous.En moins de
deux
ans,
elle
parvient
à
élaborer
un
dogme
et
un
enseignement,
à
mettre
en
place
une
église
à
promouvoir
un
renouveau
poli tique.
L'action
de
la
prophétesse noire ne pouvait laisser indifférents les
missionnaires Européens
de plus en plus nombreux au
KONGO, aussi formèrent-ils une cabale à laquelle ils
associent PEDRO IV, le faible roi du KONGO fit arrêter
DONA
BEATRICE,
elle
est
jugée
par
un
tribunal
écclésiastique,
reconnue
hérétique
et
condamnée
au
bûcher
( •. )
Les
héritiers
mystiques
de
l'ancienne
prêtresse
de
HARIMBA,
reprirent
le
chemin
devant
conduire
au
royaume
idéal
de
la
liberté
et
de
la
plénitude de vivre. A cet égard on peut ~j,re que DONA
BEATRICE annonçait déjà SIMON KIMBANGOU
".
45_IBRAHIMA
BABA
KAKE:
"nONA
BEATRICE
la
Jeanne
D'ARC
CONGOLAISE"
, p.8 et 10 .
46-Initiateur d'un mouvement méssianique pendant la période
coloniale.

-33-
Pour conclure,
on peut dire que la situation de la femme
étai t
sensiblement
différente,
selon
qu'elle
était
d'origine
noble,
épouse
principale
d'un
chef,
prince,
et
ayant
à
sa
disposi tion des
esclaves.
A ce
ni veau elle
pouvait
avoir une
influence indirecte ou directe en fonction de son habileté et de
sa personnali té propre, sur les autori tés existantes, comme étant
le pôle féminin du pouvoir.
Dans toutes les cérémonies rituelles, officielles, magico-
religieuses,
l ' homme
et
la
femme
sont
associés.
Parlant
des
cérémonies
précédant
les
travaux
agricoles,
G.
BALANDIER
se
referrant
au
père
Laurent
de
LUCQUES
remarque
que
l'une
des
ceremonies
:
" Associe
le
chef et
son homologue féminin,
les
aînées représentant les femmes et les souches des lign~fs, les
notables, symbolisant les clans et lignages concernés."
A propos des femmes de noble condition, on peut noter48 :
"
Dans
le
royaume
de
LOANGO,
les
princesses
choisissent elles-mêmes
leur époux
et
le
répudie
à
leur gré,
elles peuvent lui imposer la monogamie,
et
ont le pouvoir de le faire punir demort lorsqu'il leur
cause quelque sujet de jalousie -Le missionnaire J.J.
DESCOUVRIERES
qui
rapporte
le
fait,
ajoute:
-les
hommes ne peuvent refuser ces alliances qui leur sont
honorables,
mais
incommodes.
Ce
retournement
de
situation qui donne à la femme de parenté royale une
autorité et une liberté que l'homme commun ne possède
à l'égard de ses épouses, avait déjà été remarqué par
O. DAPPER il l'interprète en affirmant que la mère et
les soeurs du souverain peuvent coucher avec
autant
d'hommes
qu'elles
veulent;
c'est
la
solution
permettant d' évi ter le
risque
de
l'inceste
au
sein
d'une
aristocratie
supérieure,
réduite,
tout
en
affectant
pas
le
statut
des
"princesses",
qu'un
mariage
banal
soumettrait
à
la
loi
d'un
époux
de
condition inférieure."
Si nous quittons les femmes de "noble condition", qui ont
un statut particulier, nous voyons que pour le commun des femmes,
il y
a des
acti vi tés
féminines
bien spécifiques:
agriculture,
ménage,
puériculture,
poterie,
etc ...
La
femme
fait
montre
d'autre part dans la vie quotidienne d'une activité intense.
47 -G. BALANDIER
"L avie quotidienne au royaume de KONGO"
p. 172 .
48 -G. BALANDIER
"La vie quotidienne au royaume de KONGO"
p. 172.

-34-
Nous avons déjà souligné que dans le domaine de la médecine
traditionnelle, ou dans le domaine des cultes traditionnels,
il
y a mixité,
nous entendons par là que le sexe ne constitue pas
un
barrage
pour
être
guerisseuse,
prêtresse
d'un
culte,
initiatrice à certains rites etc ...
Autrement il y a un monde féminin et un monde masculin.
La
femme a un rôle important dans le système de parenté. Elle est
aussi
pourvoyeuse
d' hommes,
et
à
ce
titre
par
la
polygamie
devient symbole
de prospérité,
l'accumulation de
femmes
étant
signe
de
richesse
et
de
puissance.
Aussi
nous
conclurons
ce
passage en disant qu'en fai t: "La femme objectivement brimée dans
les rapports de produ~~ion est amplement valorisée sur le plan
des représentations."
Ayant
précisé
dans
ce
qui
précède
quelques
contours
historiques de
la situation
de
la femme
dans
la société pré-
coloniale, nous pouvons maintenant nous intéresser à sa situation
objective et réelle,
dans
l'organisation sociale,
et dans
les
rapports de production, c'est ce qui va être l'objet du chapitre
suivant.
49_ H. NSlKA NKAYA:
"Etude exploratoire de
l ' identi té dans
une population de jeunes lycéens Congolais". P. 69 .

CHAPITRE l
CADRE SOCIOLOGIQUE ET ECONOMIQUE DU STATUT FEMININ

-35-
CHAPITRE l
CADRE SOCIOLOGIQUE ET ECONOMIQUE DU STATUT FEMININ
Ce
chapitre
a
pour
objecti f,
la
présentation
du
cadre
sociologique des rôles étudiés. Cette présentation nous a semblé
indispensable car elle nous permettra de situer le système social
dans lequel s'inscrit et s'inscrivait les rôles dans la société
traditionnelle.
La notion de système est
employée à dessein
ici,
car nous
pensons que
la société
traditionnelle avait
une cohérence
qui
permet
de
l'envisager
comme
un
tout.
Aussi
pour
essayer
de
comprendre les
évolutions en cours
actuellement,
nous
verrons
dans un premier temps comment celui-ci s'articulait,
et quelles
étaien~ ses fonctions au plan individuel et au plan social.
Nous
parlerons
ainsi:
de
l'organisation
sociale
de
base
qu'était le clan,
du système de
parenté, du
statut de la femme
dans ce système de parenté, de ce que nous appelerons la famille
clanique.
Nous
concluerons
enfin
le
chapitre
en
parlant
du
mariage et de sa signification dans le cadre précis de la société
tradi tionnelle,
avant
de
voir
les
tendances
qui
se
dessine
actuellement.
A -ASPECT SOCIOLOGIQUE
1- Données sociologiques générales
Il
est
courant
s'agissant
de
l'organisation
sociale
de
certains groupes ethniques Africains,
de les voir classés comme
des
soc iétés
patriarcales,
ou
matriarcales,
ceux-ci
peuvent
d'ailleurs
coexister
dans
un
même
pays.
Ainsi
au
CONGO
des
groupes ethniques
à
tendances patriarcales
voisinent avec
des
groupes à tendances matriarcales.
Précisons toutefois que ces "labels" recouvrent selon chaque
cas des
réalités différentes.
Pour situer le problème
dans
un
cadre plus général, nous dirons que le groupe étudié fait partie
des
groupes
ethniques
ayant
un
système
de
descendance
matrilinéaire, l ' individu s' inscri vant dans le système de parenté
par la mère et non par le père.
La dévolution des biens et des
fonctions s'effectuent par la même voie.
Nous pensons toutefois
que le
terme
de
système
semi-matriarcal qui
leur
est
souvent
appliqué est
plus adapté
au système,
car
i l ne
s'agit pas
de
matriarcat au sens plein du terme comme nous allons le voir.

-36-
Nous dirons en guise de préambule,
que ce
système donne à
la femme un statut particulier dans le système de parenté. Nous
ajouterons à cela que ce système défini un réseau de
relations
parentales spécifiques et ces relations s'inscrivent dans le clan
qui constitue dans la société traditionnelle le cadre principal
de la vie et de la mort de l'individu.
En effet si
l'individu a
conscience de
faire
partie d'un
groupe de clans affiliés qui constituent la tribu,
la structure
de
base
qu'il
apprendra
à
connaître
et
dans
laquelle
va
s'inscrire toute
sa vie,
c'est le
clan,
c'est le
clan qui
le
défini t
et
le si tue
socialement
dans et
en
dehors du
groupe.
C'est pour cela que nous pensons utile de nous attarder dans ce
chapi tre
sur
des
notions
telles
que
clan,
lignage,
famille
clanique,
sur ce qu'elles recouvrent,
et sur leur fonctions.
Il
s'agira
en
fait
d'examiner
l'organisation
sociale
traditionnelle, telle qu'elle a pu être reconstituer grâce à des
données historiques,
orales
et telle
qu'elle
subsiste
encore.
C'est en fonction de toutes ces données que nous choisirons les
rôles autour desquels se centrera notre étude,
ces données nous
permettant de Justifier la pertinence du choix de tel rôle plutôt
que tel
autre.
Nous partons du passé,
car nous
pensons qu'ici
plus qu'ailleurs
le présent,
l'actuel
serait inintelligible et
incompréhensible sans l'éclairage du passé.
2- LE CLAN
Selon les documents historiques et les traditions orales,
les groupements BACONGOS établ is au CONGO-BRAZZAVI LLE se di visent
en douze clans principaux.
L'origine de ces clans comme tout ce
qui concerne les BACONGOS renvoie à l'ancien royaume du CONGO et
à sa capitale historique SAN-SALVADOR.
Qu'est ce que le clan? c'est
" .• La
collectivité
de
tous
les
descendants
par
filiation
utérine,
d'une
aïeule
commune,
et
qui
portent le nom de cette collectivité. Il comprend tous
les individus des deux sexes, qu'ils vivent en dessous
ou
au
d~sus
de
la
terre.
Les
défunts
et
les
vivants."
50_ G. BALANDIER ;" Sociologie actuelle de l'Afrique Noire",
P.20, la définition cité est de VAN WING.

-37-
Dans la société KONGO,
le clan est l'unité sociale de base
et le mieux différencié.
Il porte trois noms:
l'un ésotérique,
l'autre
honorifique,
le
dernier
évoquant
le
fondateur
et
formulant une devise spécifique.
Tout ceci n'est pas théorique
et formel mais s'actualise dans la vie courante. Aussi l'une des
premières
choses
qu'une
mère
avisée
devait
apprendre
à
ses
enfants était la devise du clan,
celle permettant
notamment à
deux
membres
du
même
clan
ne
se
connaissant
pas,
de
se
reconnaître.
Car
La
devise
se
dit,
se
rappelle
dans
les
moments
importants,
comme
dans la vie
de tous
les
jours à
l'occasion
d'une chute,
ou
d'une
glissade
etc ...
Mais
l'exemple
le
plus
patent qui
étai t
donné
pour
illustrer l ' utili té
de
la devise
clanique.
C'est
le
cas
ou
celle-ci
empêche
le
mariage
ou
la
liaison incestueuse,
entre
deux
jeunes
qui grâce
à
la devise
clanique, s'aperçoivent avant que "l'irréparable" ne soit commis
qu'ils
sont
du
même
clan,
c'est
à
dire
dans
la
conception
traditionnelle frère et soeur.
Car
l'appartenance
au
même
clan
impose
entre
autre
l'exogamie,
rég i t
la
consti tution
des
groupes
résidentiels.
L'appartenance
à
un
clan
implique
des
devoirs;
et
aussi
des
avantages. Commençons par les devoirs et les obligations:
Devoirs et obligations envers le clan
- Respect des règles et de tabous spécifiques du clan
- Assistance militaire (autrefois),
actuellement
assistance et entraide.
-
La participation aux rites des funérailles d'un
membre du clan et la participation au retrait de
deuil.
-
En fait
en général une solidarité affective et
effective.
Les avantages
Le clan constitue un cadre où l'individu est assuré
de trouver une assistance, non seulement matérielle
mais aussi spirituelle et morale.
-
L'appartenance au clan crée les conditions d'une
solidarité et d'une sécurité effective.
-
Le clan crée un champ de "forces" où l'individu
trouve les ressources morales,
spirituelles, et
psychologiques qu'il lui faut pour vivre.
- Le clan garantit aussi l'accès à la terre clanique.

-38-
Toute la vie sociale du MU-KONGO s'inscrit
dans le clan,
l'une
des
croyances
traditionnelles
est
que
hors
du
clan
l'individu ne peut trouver ni équilibre ni santé. Au plan social,
le clan dans sa
composition
la plus
large
constitue le
cadre
social de base. Au plan du groupe, toute vie groupale s'y inscrit
et y commence, même si elle ne s'y limite pas. Aussi,
le groupe
c'est le clan,
et le clan le groupe.
Au plan individuel,
l'individu s'exprime dans le clan,
un
comportement individuel en dehors du clan ne se conçoit pas. Dès
l'enfance,
l ' indi vidual isme
est
assimilé
à
l'égoïsme
et
sévèrement réprimé.
Toute
réussite,
toute
réalisation même
si
elle est au départ individuelle intéresse le clan, et est assumé
par le groupe.
Tout problème, et tout echec aussi. Aucun acte n'est en fait
individuel,
car tout ce que
l'individu peut
faire
implique le
groupe. Ceci est d'autant plus empreint de signification et de
gravité que le groupe inclut les vivants et les morts.
Le clan au sens large a une perénnité dans le temps s ' i l est
fort,
et s ' i l a
la vigueur nécessaire.
Ceci étant
fonction du
nombre des membres du clan, d'où dans ce système l'intérêt d'une
descendance nombreuse pour agrandir le clan,
le renforcer,
lui
donner une vigueur plus grande et partant la puissance.
Ce qui est le plus prisé dans le système,
ce n'est pas la
richesse matérielle, mais la richesse en hommes.
L'homme est en
quelque
sorte,
le
bien
le
pl us
précieux.
Partant,
l'une
des
sanctions lesçè plus dissuasi ves était dans le temps, l'exclusion
du groupe, du clan. D'être vendu comme esclave,
et de perdre sa
plénitude d'homme;
d'être éloigné du clan pour se retrouver en
situation d'infériorité dans un autre clan.
Le clan selon sa taille,
son histoire,
peut se disperser,
se subdiviser en lignages reconnaissant leurs liens.
Précisons
toutefois que si
le clan peut avoir une dimension très étendue
dans laquelle les liens reliant les différents membres peuvent
être plus ou moins distendus,
au sein du lignage les
relations
sont plus étroites.

-39-
Pour
f5fire
une
distinction
entre
clan
et
1 ignage,
nous
dirons que
:
"La distinction entre clan et lignage est que dans un
lignage chaque membre
peut
réellement,
ou du
moins
théoriquement,
tracer
sa
relation généalogique
avec
n'importe quel
autre
membre descendant
d'un ancêtre
commun, tandis que dans un clan qui est généralement
un groupe plus large, cela n'est pas possible •• ".
Ce
qui
a
été
dit
plus
haut
à
propos
du
clan
s'applique
encore mieux au lignage. Les
relations au sein du lignage sont
plus étroites, en effet si le clan concerne une communauté plus
large que les membres définissent comme une parenté générale; au
sein du lignage les relations parentales y sont autrement plus
précises avec
un contenu
bien
défini,
et
impliquant
pour
les
individus concernés des comportements déterminés.
Pour récapi tuler ce qui précède, nous utiliserons le tableau
suivant que nous empruntons à G. BALANRIER et qui nous permet de
situer le clan par rapport au lignage
GROUPES
LOCALISATION
NOMS en KIKONGO
TRIBU
PROVINCE
LUVILA
groupes de clans
1
affiliés
1
1
CLAN
TERRITOIRE CLANIQUE
KANDA
LIGNAGE
VILLAGE OU SECTEUR
NGUDI
(ou) MOYO
1
1
DE VILLAGE
1
50_RADCLIFFE
BROWN:
"African
systems
of
kinship
and
marriage"
, P. 39.
51_ G. BALANDIER: "La vie quotidienne au royaume du KONGO, du
IGe au 18e siècle. P.
181 .
Le clan renvoit en fait à un niveau plus abstrait,
tandis
que le lignage renvoit à un niveau concret.

-40-
3 - SYSTEME DE PARENTE
Nous allons au cours de
ce
passage décrire
les
relations
parentales au sein du système de parenté. c'est la manière dont
l'individu s'inscrit dans le clan, dans le système de parenté qui
défini son statut social.
Par le clan et le lignage,
l'individu
s'inscrit dans un réseau de
relations qui
vont être capitales
pour
lui
de
sa
naissance
à
sa
mort
"physique".
Il
est
donc
important dans
le passage qui suit d'examiner attentivement ce
que recouvre les relations parentales principales; nous verrons
ainsi:
L'enfant et sa mère (il est plus approprié de dire,
l'enfant et le clan de sa mère).
L'enfant et son père
-
L'oncle et le neveu
-
Le frère et la soeur
-
La fraternité
et les relations de séniorité qu'elle
implique.
L'enfant et sa mère
Nous sommes dans un système, où la croyance est que le sang
passe par la mère, et le sang représente la vie. C'est la mère
qui donne la vie à
l'enfant,
l'expression est on ne peut plus
appropriée
ici.
C'est donc par la mère
que l'enfant
s'inscrit
dans un réseau de relations complexes qui associent dans un flux
ininterrompu,
les vivants et les morts, c'est dans
le clan que
se situeront les relations parentales les plus étroites.
Toutes
les
soeurs
et
cousines
maternelles
seront
des
"mères",
et
formeront la classe des mères. Dans leur appellation courante il
les appellera de la même manière que sa vraie mère.
La conception des cousins à
l'occidentale du moins pour ce
qui concerne
le
matri-clan
est
nouvelle,
tous
les
enfants
de
toutes
les
mères
sont
frères
et
soeurs
dans
la
vie,
et
se
comportent comme
tels.
La relation la plus étroite après celle
de
mère-enfant
est
celle
qui
lie
l'oncle
et
le
neveu.
Sans
vouloir établir de comparaison, ici, l'oncle est en quelque sorte
l'équivalent du père dans la société patriarcale.
La
femme
est
d'abord
mère
dans
la
société,
la
relation
mere/enfant est
très
étroite
et
très chaleureuse.
La mère
en
général
jouit
d'un
profond
respect,
a
une
influence
morale,
spi ri tuelle très
forte
sur
ses
enfants,
car
c'est
d'elle
que
vient une partie de la force de vie de l'individu.

-41-
L'enfant et son père
G.
BALANDIER
dans
sa
remarquable
t:tude
des
changements
sociaux des BAKONGOS du CONGO BRAZZAVILLE 2, souligne justement:
"Qu'alors
que
par
le
truchement
de
sa
parenté
maternf.llle,
le
jeune
enfant acquiert
la
qualité
de
"musi"
,
qui l'inscrit
dans un ensemble de
lignages
et
dans
le
clan,
il
ne
se
trouve
par
la
parenté
paternelle "lié"
qu'à un groul>..ement
restreint où
il
s'insère en qualité de "mwana"'4".
Ce passage illustre tout à
fait notre propos.
par le clan
de la mère
l'enfant est
"musi"
membre,
partie d'un seul corps
homogène le clan de la mère. Par le père il n'est que lié au clan
paternel, mais n'en fait pas partie.
Du côté de la parenté paternelle, la relation principale est
la relation avec le père,
dont l'enfant est censé recevoir une
partie du sang donc de la vie.
Il est
"mwana" par rapport à la
classe des pères: le père géniteur,
les frères et les soeurs de
celui-ci, qui sont appelés pères par l'enfant en ce qui concerne
les hommes;
et "père féminin" en qui concerne les femmes.
si
l'enfant
entretient
des
relations
affectives
très
chaleureuses avec le père,
il
n'en reste pas moins que dans ce
système le père ne peut pas avoir un contrôle et une autorité
absolue sur
sa femme
et
sur ses
enfants.
L'enfant en
dernier
ressort dépend du clan maternel.
Un
enfant
récalcitrant
peut
être
renvoyé
à
son
oncle
maternel par son père, d'autre part l'enfant à sa majorité (pour
les garçons) devait aller auprès de son oncle. Toutefois Le père
avait l'obligation d'élever et d'établir l'enfant avant qu'il ne
rejoigne
son
clan
maternel.
Pour
les
filles,
l'établissement
consistait à être mariées.
52_ G. BALANDIER
"Sociologie actuelle de l'Afrique Noire";
P.
308.
53-Membre de.
S. -Enfant.

-42-
L'oncle et le neveu
Pour l'enfant en dehors de la mère, l'un des parents le plus
proche
par
le
sang
n'est
pas
le
père
mais
l'oncle
maternel.
traditionnellement c'est le neveu qui est l'héritier légal de son
oncle, il n'hérite pas de son père qui a lui même pour héritier
le fils de sa soeur, car le neveu hérite non seulement des biens
mais aussi des fonctions de son oncle et des pouvoirs de celui-
ci. De plus l'oncle est le principal répondant du neveu.
Les frères et les soeurs
La fraternité s'établit non seulement entre frères et soeurs
utérins comme nous l'avons déjà dit plus haut, mais aussi entre
cousins maternels,
qui se comportent entre eux comme frères
et
soeurs. La fraternité instaure des liens très chaleureux, et une
soilidarité
effective,
matérielle
et
morale.
La
fraternité
instaure aussi des relations de séniorité. Les rapports entre les
aînés et les plus petits sont empreints d'affection mais aussi
d'un grand respect,
et sont très hierarchisés.
Un grand respect est exigé du plus petit envers le grand,
d'autre part le
plus petit doit
céder en tout
le pas au
plus
grand à qui il doit obéissance. Les relations de séniorité ne se
retrouvent pas
seulement
au
ni veau
de
la
fraterni té,
mais
se
retrouvent aussi à un niveau plus général, dans les relations que
l'individu doit avoir avec les autres.
A ce
ni veau
se
prépare
déjà
l'obéissance
aux
autori tés
constitués dans la société traditionnelle par les anciens, et les
alnes.
Aussi
entre
les
frères
et
les
soeurs
s'instaure
dès
l'enfance des relations qui préparent déjà le rôle que le frère
aura a tenir auprès de sa soeur,
ce qui préfigure déjà le rôle
qu'il aura plus tard.

-43-
4 - LES STATUTS FEMININS
Partant du statut de la femme dans le système de parenté.
nous essaierons dans ce passage de voir quelques uns des statuts
féminins dans la société traditionnelle. Nous employons ici le
terme de statut dans sa tonalité descriptive, les définitions et
les acceptions du concept variant selon l'auteur et l'utilisation
qu'on en
fait.
Nous
avons
choisi
de
l ' util iser
dans
un
sens
descriptif, aussi entendonsSpous par statut l'une des acceptions
proposés par J. MAISONNEUVE
"Dans un système culturel ou dans un groupe donné, le
statut désigne
l'ensemble
des
attributs
liés,
à
la
position d'un
individu
dans
ce
système
et
certains
comportements auxquels son détenteur peut légitimement
s'attendre de la part des autres .•. ".
Le
concept
de
statut
est
relationnel,
et
implique
un
ensemble
de
droits
et
d'obI i gat ions,
ce
sont
ces
droits
et
obligations que nous allons essayer de passer en revue,
parlant
des différents statuts féminins que nous allons présenter.
Dans
le
système
de
parenté
la
femme
est
principalement
~énitrice;
et
membre
d'un
clan,
et
au
niveau
du
système
traditionnel elle est épouse pour être mère.
Nous verrons donc
successivement l'ensemble des droits et ob'aligations liés aux
différents statuts de la femme dans le système de parenté d'une
part.
et
dans
la
relation
conjugale
d'autre
part.
Ceci
nous
permettant d'avoir une vue générale des statuts fémnins dans le
système traditionnel.
Statuts de la femme dans le système de parenté
Dans le système de parenté,
la femme est:
- Membre d'un clan
- Génitrice
Et dans la société à un niveau plus général. deux statuts
émergent ceux de:
- Mère et d'épouse.
55_ J •
MAISONNEUVE:
"Introduction
à
la
psychosociologie",
P.89.

-44-
La femme est membre d'un clan
Obligations
respect
et
obéissance
aux
parents
et
aux
autorités
claniques.
Respect
des
interdits
du
clan,
accomplissement des devoirs de membre du clan.
Droits
protection,
assistance
du
clan
en
toutes
circonstances.
La femme est génitrice
Obligations: Elle est source de vie, et elle a l'obligation
de
"produire"
le
plus
d'individus
possible
pour
renforcer
le
clan.
Droits
respect et considération et protection.
La femme est mère
Obligations
:
une partie de
l'obligation alimentaire
lui
incombe en tant que mère,
responsable en partie de
l'éducation
de ses enfants,
de leur santé morale et physique.
Droits: Obéissance et respect des enfants,
soutien et aide
en retour.
La femme est épouse
Obligations: obéissance au mari, dans les limites définies
par la coutume:
soumission
et déférence à
l'homme.
Obligation
alimentaire et ménagère vis à vis du mari et des enfants.
Dro i ts
respect et
coopération juste du mar i,
logement,
mise à sa disposition par le mari de champs cultivables.
Rappelons que la petite liste des statuts énumérés n'est pas
exhaustive,
et n'épuise pas
tous
les statuts existant.
Disons
qu'à côté de ces statuts que nous pourrons appeler des statuts
assignés, il y a les statuts acquis. Aussi trouvait-on des femmes
dans
le
domaine
religieux
(prêtresse
d'un
culte),
dans
les
domaines concernant la santé: 'guérisseuse; ou dans l'artisanat.

-45-
Mais il faut tout de même remarquer que si dans le système
de parenté le statut de la femme est très élevé,
l'appartenance
à un clan relevant d'elle, au niveau de la société globale, cette
posi tion pri vilégiée au sein du système de parenté n'entraîne pas
l'exercice
d'un
pouvoir
réel,
qui
reste
entre
les
mains
des
hommes.
De plus le contrôle de la circ~ation des femmes dépend des
hommes.
Comme le remarque BALANDIER
:
"Le statut relativement élevé de la femme BAKONGO est
cependant limité par son rôle producteur des hommes et
des biens de consommation.
La circulation des
femmes
est
précisément
contrôlé
parcequ'elle
fonde
les
groupements et conditionne les rapports mutuels qu'ils
entretiennent: la femme est acquise en tant que source
de vie (trop âgée elle peut être renvoyée à sa famille
et échangée)
instrument d'alliance et éventuellement
gage de paix entre groupes affrontés . . . ".
D'autre part,
l'auteur souligne que:
"L'accumulation des femmes demeure jusqu'à une époque
récente,
une
des
rares
formes
d'accumulation
des
richesses,
le
nombre
de
femmes
est
le
critérium de
richesse . . . ".
Ceci est à situer dans la société traditionnelle rappelons le.
5 - LA FAMILLE CLANIQUE
Ce passage
a
pour
objectif
d'illustrer à
l'aide
de
deux
évènements
précis:
le
mariage
et
la
mort,
la
manière
dont
s'actualisent les relations parentales à l'occasion de ces deux
évènements importants. Il s'agit de voir comment "fonctionne" la
famille clanique,
et d'illustrer l'importance de cette dernière
pour l'individu.
56_ op cité p. 339, 340 .

-46-
1 -
La famille clanique et le mariage
Dans sa conception traditionnelle,
le mariage est plus une
alliance de deux clans, de deux familles claniques, plutôt qu'une
alliance de deux
individus. A tel point que dans sa conception
traditionnelle, le mariage,
pouvait valablement être conclu par
deux clans sans que les futurs époux n'y soient associés.
Comme le soul igne A.
GABOU57
" .. c'était bien une alliance entre familles-clans, les
époux n'en étant que les agents d'exécution".
Ceci pour introduire l'idée que rien même ce qui à prem~ere
vue est censé concerner l'individu au premier chef ne se fait en
dehors
du
clan.
Pour
citer
l'auteur
que
nous
venons
de
mentionner:
"La situation de
la
femme
suceptible d'être
mariée
découle
de
l'obligation
qui
incombe
à
son
père,
de
l'établir en la mariant puisqu'il s'agit d'une fille,
de
son
appartenance
à
une
famille-
clan,
dont
son
oncle maternel est en principe le chef immédiat pour
elle et de la règle selon laquelle la femme quel que
soi t
son
âge et même
si elle
a
déJà été mariée,
ne
peut par l'effet
de son
seul consentement
s'engager
valablement dans les liens du mariage, mais doit être
mariée par la famille clan de son père ••• et surtout
par sa propre famille-clan".
Dans la même perspecti ve,
la vie commune d'un homme et d'une
femme ne constitue qu'un concubinage, si l'homme ne s'est jamais
présenté aux parents et devant
témoins pour demander
sa main.
D'autre part,
à cette demande
doit nécessairement
correspondre
le consentement des parents.
57 -GABOU ALEXIS:
" Le mariage CONGOLAIS LADI
et KOUKOUYA"
P.8, l'auteur sera abondamment cité, car son ouvrage a été l'une
des base de reférence concernant le mariage, le divorce,
la mort
etc ...

-47-
Le cérémonial du mariage proprement dit se déroule en trois
phases ,qui mènent la famille-clan du futur mari successivement,
auprès de la famille-clan du père de la future épouse et auprès
de la famille de cette dernière (sa famille clan-maternelle). Les
trois phases du cérémonial sont:
1- La cérémonie du premier vin58
2- La cérémonie du deuxième vin
3- La cérémonie du troisième vin
La phase la plus importante du cérémonial est la cérémonie
du troisième vin qui établit
véritablement le
mariage,
qui ne
peut être régulier sans son accomplissement.
On se marie ainsi en deux phases distinctes, auprès du clan
du père de la future épouse, et auprès de son propre clan, toutes
les
phases
sont
nécéssaires
et
complémentaires.
En
voici
le
déroulement sommaire:
-Le prétendant présente la demande de la main de la future
épouse au père, soit par un envoyé,
soit par une lettre (procédé
moderne) .
-c'est
une
demande
officieuse
dont
le
père
est
tenu
d'informer
immédiatement
l'oncle
maternel
de
sa
fille,
par
l'intermédiaire de sa femme.
Viennent
ensui te
après
tous
ces
préalables,
les
autres
phases du cérémonial.
Pour résumer, disons que:
-
La cérémonie du premier vin est celle de l'échange des
consentements presque définitifs au mariage.
- Que la cérémonie du
troisième vin consacre le mariage.
C'est au cours de cette phase que sont consacrés les liens
d'alliance entre les différents clans concernés.
Rappelons aussi que toutes les cérémonies précités se font
successivement auprès
des
deux
clans.
La femme
ne
rejoint
le
domicile conjugal selon la
coutume qu'après la célébration au
sens strict du mariage, au cours de la cérémonie du troisième vin
qui se déroule devant son oncle maternel.
58-Cérémonie du premier vin:
cette appelation est rattachée
au vin de palme qui a une valeur rituelle, et que le prétendant
est tenu d'offrir à ses futurs beaux-parents.

-48-
2 - La famille clanique et la mort
Les cérémonies ayant lieu à
l'occasion d'un mariage ou de
la mort
d'un individu ont
été et
continuent
d'être parmi
les
évènements
sociaux
les
plus
importants.
Un
décès,
selon
la
personne
décédée,
et
les
liens
du
défunt
et
des
survivants
comporte toute une série d'obligations codifiées, auxquelles on
ne dérogent pas sous peine de sanctions morales implicites mais
très dissuasives.
D'autre
part c'est
à
cette
occasion que
s'éprouvent
les
alliances crées à l'occasion des mariages,
car les obligations
concernant la participation aux rites de décès ne concerne pas
l'individu seul mais aussi sa famille-clan. La mort d'un conjoint
par exemple, implique un changement qui comporte des obligations
et des interdits pour certaines lourdes à assumer.
c'est pour cela que nous avons pensé utile au cours de ce
passage, après un bref aperçu sur les obligations d'un individu
et
de
sa
famille-clan
lors
du décès
d'une
personne,
de
nous
attarder beaucoup plus sur
le
statut du
veuvage,
et enfin de
parler du retrait de deuil qui clos la période de deuil qui peut
être longue. Cette dernière cérémonie marque la reprise normale
des activités sociales.
Les cérémonies liées à la mort peuvent se scinder en trois
parties:
1- Les rites concernant la mort et l'inhumation
proprement dite.
2- Le port du deuil et tout ce que cela implique
3- Le retrait de deuil,
consacrant la reprise des
activités normales.
Toutes ces cérémonies continuent de régler la vie sociale
actuelle. Si quelques aménagements y ont été apportés en ville,
et
si
certains
aspects
se
sont
modernisés,
elles
constituent
encore les évènements les plus
importants dans
la vie sociale
actuelle.

-49-
Pour clore cette introduction nous dirons avec
A.
GABO~9
que:
"Dans
les
sociétés
LADI 6D
et
KOUKOUYA
les
rites
mortuaires sont parmi les plus grandes manifestations
publiques.
Ils
donnent
l'occasion
de
mesurer
et
de
renforcer le réseau de liens de parenté, d'alliance et
d'amitié noué au sein de la société par ceux qui les
célèbrent.
Ils
entraînent
une
forte
consommation de
richesses,
qui
rend
nécessaire
la
participation
patrimoniale des parents, alliés et amis."
Les
coutumes
règlementent
cette
solidarité
matérielle
notamment pour les époux.
La famille-clan et le décès
De même que le clan est étroitement associé au déroulement
du mariage,
il l'est de la même manière en ce qui concerne les
ri tes
mortuaires.
La mort
d'un
parent
(parent
du
couple
par
exemple),
implique
chez
l' homme
ou
la
femme,
selon
l'un
ou
l'autre
cas
non
seulement
une
présence,
mais
aussi
une
participation
matérielle
des
conjoints,
et
aussi
de
leurs
familles-clan respectives.
Généralement,
un
décès
implique
une
période
de
quelques
jours durant laquelle le corps du défunt est veillé jour et nuit
par les parents, amis et alliés.
En fait avec l'instauration de
la morgue,
la
veillée du
mort dure
une nuit;
mais
la
veillée
continue
des
jours
durant
jusqu'à
sa
levée,
qui
commence
la
période du port du deuil.
59_ Le mariage Congolais LADI et KOUKOUYA .
SD- LADI
ou
LARI:
sont
des
KONGOS
,
qui
sont
surtout
agriculteurs sédentaires ayant une forte implantation urbaine à
BRAZZAVILLE notamment.

-50-
La participation ne serait-ce qu'une fois à
la veillée de
parents,
alliés
et
amis
a
un
caractère
obligatoire.
Si
la
personne est dans l'impossibilité de s'y rendre,
elle est tenue
de se faire
représenter par un des membres de sa famille-clan.
Pour les parents et alliés il faut être là jusqu'à la clôture de
la période
suivant
l'inhumation.
Voici
le
résumé
succint
du
déroulement des rites mortuaires:
I-Veillée du corps par les parents alliés et amis
2-Préparation de la dépouille mortuaire
3-La conduite de la dépouille en procession jusqu'au
lieu d'enterrement et son inhumation
4-Le paiement des participations qui ne portent pas sur
les objets entrant dans la préparation du corps pour
l'enterrement
5-Une période d'inactivité générale d'une semaine à un
mois, au cours de laquelle a lieu chaque soir une
veillée avec chants funèbres et consommation de
boissons, et qui
s'achève avec la cérémonie qui
marque la reprise de leur activités normales par les
parents et alliés du défunt.
Il est
ainsi exigé
comme
nous l'avons
vu
plus haut,
une
participation
non
seulement
morahe
mais
aussi
matérielle.
Toutefois comme le précise A. GABOU
:
"En
droit
traditionnel
LAD!,
l'obligation
de
participation patrimoniale de chaque époux aux rites
de décès
d'un parent
quelconque
de
son conjoint
ne
devient, exigible qu'après l'inhumation, jamais avant.
e' est qu'il est interdit aux époux de fournir les
objets qui entrent dans la préparation de la dépouille
mortelle d'un parent de leur conjoint en vue de son
enterrement: les linceuils et le cerceuil. Et si pour
une raison quelconque,
le mari,
ou la femme paie en
totalité ou en partie les dépenses qui se rapportent
à la préparation de la dépouille mortuaire d'un parent
d'un conjoint en vue
de
son
inhumation,
les
sommes
payées doivent lui être restituées intégralement par
la famille-clan du défunt ••• ".
51_ A • GABOU; op cité, p.59.

-51-
En
fait
la
participation
matérielle
qui
est
exigée
est
payable le plus souvent en nature,
boissons à consommer lors de
la veillée par exemple.
Nous
venons
de
voir
ce
qui
se
passe
lors
du
décès
d'un
individu, par le biais des obligations qui pèsent sur les époux
lors de la mort d'un de leur parent. Nous allons maintenant voir
ce qu'il advient lors de la mort de l'un ou l'autre conjoint, les
obligations qui
en découlent
ainsi
que le
staut
qui
leur
est
attribué.
Les obligations de la veuve et du veuvage
Au cours de nos entretiens et de nos conversations (ceci dit
sans vouloir anticiper sur
les chapitres suivants),
parmi
les
conditions les plus pesantes et les plus difficiles à vivre pour
les plus jeunes; ont été citées les conditions que la tradition
réserve à la veuve et à ses enfants.
Ce qui suit nous permettra de saisir à quel point le statut
de
veuve,
met
la
femme
(et
l'homme)
dans
un
réseau
de
contraintes, qui ne cessent qu'après une période assez
longue.
C'est pour cette raison que nous attarderons quelque peu sur ce
point.
Dès le décès du conjoint,
l'époux survivant est placé sous
le statut du veuvage.
Il est dès cet instant frappé de plusieurs
interdi ts,
justi fiés
par
l'idée
générale,
qu'à
la
sui te
d'un
décès, et notamment celui du conjoint,
le survivant ne doit pas
se comporter comme d'habitude.
Aussi,
il lui est interdit de :
-
D'avoir des relations sexuelles
-
De converser avec des personnes du sexe opposé
-
De fumer
- De boire des boissons alcoolisées
- De parler fort ou normalement
-
De rire
-
De danser

-52-
-
D'emprunter les moyens de locomotion modernes (en
ville par exemple marcher à pied au lieu d'emprunter
le bus .. )
-
D'être élégant, de se maquiller ...
Les veuves ou les veufs doivent se reconnaître, ils ont des
habi ts
de
deuil
particuliers.
la
ceremonie
de
reprise
des
activités économiques et sociales est ainsi très importante pour
le
conjoint
survivant
car
elle
marque
le
début
du
port
ostentatoire
du deuil.
Elle
rend
obligatoire,
la
levée d'une
partie des
interdits rendant
possible une vie sociale
presque
normale.
Les obligations du veuf
Si les obligations cités plus haut sont théoriquement les
mêmes pour l'homme et pour la femme. Il faut souligner que leur
observation est plus rigoureuse en ce qui concerne la femme. En
effet, même la cérémonie de reprise des activités normales,
ne
signifie pas le retour à
la vie normale.
Car,
durant toute la
période du port du deuil qui
peut aller
à
un an et
plus,
une
attitude éffacée est de mise.
Il est toujours
interdit d'être
élégant,etc ... Ce n'est qu'après la fête de retrait de deuil que
la vie sociale normale reprend pour l'homme et pour la femme.
Le retrait de deuil
C'est
une
insti tut ion
en
soi;
car
elle
crée
une
série
d'obligations qui entrent directement dans la série d'obI igations
des
époux
entre
eux.
C'est
aussi
l'évènement
social
par
excellence.
C'est
une
fête
au
cours
de
laquelle
on
retire
solennellement le deuil,
où l'on prouve à tous que la tristesse
causée par la perte d'un parent est oublié et que l'on revit,
qu'on a retrouvé le sourire,
qu'on peut à
nouveau danser,
être
élégant. C'est vraiment la reprise réelle de la vie normale.

-53-
Les personnes qui doivent prendre le deuil à la mort d'une
personne sont désignées d'avance par la tradition.
La cérémonie
de retrait de deuil interesse un nombre élevé de personnes,
et
consomme beaucoup de biens;
car l'organisation en est coûteuse.
Renter dans
les détails de
l'organisation proprement dite
ici serait non seulement fastidieux mais aussi hors PfioPos. Pour
ce qui nous concerne nous indiquerons seulement que
:
"Le
rapport
d'obI igations
patrimoniales
est
en
principe établi seulement entre les familles-clans, la
famille-clan qui a porté le deuil et qui organise la
cérémonie est créancière tandis que les familles clans
alliées sont
débitrices.
En principe,
les
familles-
clans
ne
portent
que
le
deuil
de
leurs
membres
prédécédés et des personnes qui ont des liens avec des
familles-clans en qualité d'ascendant ou de descendant
de l'un de leur membre.
la paternité, et la filiation
paternelle
sont
typiques
de
ces
derniers
liens,
la
parenté
par
la
mère
faisant
entrer
dans
la
même
famille-clan. On trouve ainsi
comme créancière de la
famille-clan d'origine de l'un des époux qui a
porté
le
deuil
de
l'un
de
ses
membres
décédé
comme
débitrices,
les
deux
familles-calns
d'origine
du
conjoint.
Si par exemple
la famille-clan du mari
ou
celle de son père organise le retrait de deuil,
elle
est
créancière
des
obligations
de
participation
patrimoniale qui pèsent respectivement sur la famille-
clan de
l'épouse
et
sur
la famille-clan
du
père
de
celle-ci •. ".
En dépit des longueurs ou des redondances que peut contenir
ce
chapitre,
nous
espérons
avoir
réussi
à
montrer
grâce
aux
évènements choisis:
le mariage et le décès;
et
tout
ce qu'ils
impliquent, l'imbrication intime de la famille-clan à toutes les
étapes de la vie de l'individu,
et à sa mort.
Il n'était pas possible d'évoquer tous
les problèmes
liés
au décès d'un individu, car parlant du veuvage par exemple,
nous
n'avons pas parlé des problèmes qui en découlent.
Nous faisons
allusion ici aux problèmes matériels; au sort réservé aux enfants
pour ne citer que ces deux exemples.
Nous avons préféré lier ces
problèmes
plus
spécialement
au
mariage,
à
sa
rupture
et
aux
conséquences
de
celle-ci.
ce
qui
faire
l'objet
du
passage
suivant.
62_ A. GABOU; op cité.

-54-
6 - LE MARIAGE
Nous rappelons qu'il s'a~it du mariage dans sa conception
traditionnelle,
car celui-ci.
les obligations
et droits
qu'il
comporte
sont
nettement
définis
par
la
tradition.
C'est
en
partant de cette dernière que nous verrons les modifications en
cours. Nous parlerons tour à tour :
-
De la conception du mariage dans la société
traditionnelle, du régime qui le régit,
de la polygamie.
-
De ce que représente
l'institution famille-clan,
par
rapport à la famille-foyer.
Des diverses obligations de la femme dans le mariage,
ainsi que de ses droits. Des droits et devoirs de l'homme.
Nous concluerons
par
l'examen
de
ce qui
arrive
quand
le
maria~e se
dissout,
par
la
volonté
de
l'un
ou
l'autre
des
conjoints. Nous parlerons ainsi du divorce. de ces causes et de
ces
conséquences
pour
la
femme
et
les
enfants.
Enfin
nous
parlerons
aussi
des
conséquences
de
la
rupture
du
lien
matrimonial à la suite d'un décès.
Conception du mariage traditionnel
Dans la société traditionnelle, le mariage est conçu non pas
comme une union entre deux
individus,
mais une
alliance entre
familles-clans. Nous avons déjà dit dans les passages précédents
qu'un individu seul ne peut pas s'engager valablement
dans le
mariage. Si actuellement le consentement des futurs conjoints est
requis, il n'en reste pas moins que même pour les intéressés, un
maria~e n'est considéré comme étant viable et durable que si les
parents s'entendent: ce sont deux familles qui s'épousent.
Dans la société considérée ces relations sont loin d'être
purement formelles.
Elles impliquent des droits et des devoirs
réciproques,
pour les deux
familles engagées dans
la
relation
d'alliance, comme nous l'avons vu dans le passage concernant les
rites mortuaires,
et le retrait de deuil.
Nous verrons par la
suite
en
parlant
du
lévirat,
que
ces
relations
d'alliance
pouvaient survivre à
la mort de l'époux ou de l'épouse. Car le
mariage
traditionnel
est
principalement
l'alliance
de
deux
familles-clans: la famille-clan du mari (celle de sa mère) et la
famille-clan de la femme (celle de sa mère également).

-55-
Le
mariage
traditionnel
est
dans
la
plupart
du
temps
polygamique,
le mariage monogamique existe aussi quoique
plus
rare .
Toutefois,
Il faut
souligner que le mariage polygamique
n'est pas une union collective.
l'union ~rnjugale de l'époux à
chaque femme est individualisée. A. GABOU remarque que le droit
commun
relevant
des
coutumes,
ne
règlemente
que
le
mariage
polygamique.
Et
il
souligne
à
ce
propos
que
le
mariage
polygamique
est
le
droit
commun Congolais,
celui-ci
ayant
le
droi t
de
s'engager
avec
plus ieurs
épouses dans
les
liens
du
mariage.
rien en droit coutumier ne limite le nombre d'épouses
potentielles du mari.
L'auteur
souligne
également
que
le
mariage
monogamique
existe en droit Congolais, mais que celui-ci est une création du
droit colonial, et l'auteur d'ajouter que:
"L'administration
coloniale
croyait
qu'il
était
souhaitable pour la société Congolaise,
d'adopter le
mariage
monogamique.
Au
lieu
d'imposer
d'autorité
cette
nouvelle
man1ere
de
vivre,
l'administration
préférait que les Congolais adoptassent volontairement
la
monogamie.
le
droit
colonial
a
donc
créé
l ' insti tution
de
renonciation
solennelle
à
la
polygamie devant l'officier de l'état civil. C'est une
institution
qui
joue
lorsque
le
mariage
célébré
normalement selon la loi coutumière par les familles-
clans est déclaré à l'état civil. Elle donne au mari
la
faculté
de
renoncer
à
la
polygamie
par
une
déclaration
unilatérale,
publique,
reçue
par
l'officier
d'état
civil
et
mentionnée
dans
les
stipulations particulières de l'acte de déclaration du
mariage. Dès la déclaration, l'union conjugale devient
une union monogamique, et prive le mari, tant que dure
le mariage,
du droit
qu'il
tient de
la coutume,
de
s'engager
dans
d'autres
unions
conjugales
en
même
temps."
L'auteur conclut en soulignant que:
"Le
droit
CONGOLAIS
connaît
donc
deux
sortes
de
mariage:
le
mariage
polygamique
de
droit
commun,
institué par les coutumes,
et le mariage d'exception
établi par l'état."
53_ Le mariage Congolais LAD! et KOUKOUYA.

-56-
La famille-foyer et la famille-clan
Dans
le
système
traditionnel,
la
famille-foyer
est
une
institution secondaire par rapport
à
la famille-clan,
car
les
conjoints continuent d'appartenir à
leurs clans respectifs.
le
régime en vigueur est le régime de séparation des biens qui tend
à
sauvegarder
les
intérêts
de
chacun des
groupes
liés par
le
mariage.
Comme le souligne A. GABOU parlant des deux systèmes LADI
et KOUKOUYA~:
"Les deux systèmes LADI ET KOUKOUYA instituent chacun
un régime matrimonial, unique et légal,
le régime de
la séparation des biens, exclusif de l'idée même de la
possibilité d'adopter un autre régime matrimonial. Les
deux systèmes juridiques règlementent la contribution
de chaque époux aux charges du foyer conjugal et les
prestations qu'en dehors de cette contribution chaque
époux peut fournir
gratuitement au
conjoint et
dont
celui-ci peut bénéficier à titre définitif, ou dont il
peut détenir les résultats à titre de propriétaire."
L'auteur fait remarquer égalament que
"dans le système traditionnel,
le régime matrimonial
légal et unique établi par chacune des coutumes LADI
et KOUKOUYA institue une séparation nette et stricte
des patrimoines
des
époux.
Une
situation différente
est considérée comme anormale,
et ne saurait en tout
cas
affecter
l'ensemble
des
patrimoines
des
époux.
Cependant
cette
réglementation
a
subi
des
modifications,
qui
font
apparaître
des
aspects
communautaires dans les deux régimes séparatistes."
64_KOUKOUYA : groupe ethnique CONGOLAIS,
dans son ouvrage,
déjà
cité,
l'auteur
compare
les
deux
systèmes;
le
système
KOUKOUYA
étant patrilinéaire.

-57-
L'union conjugale en droit commun LADI n'a pas pour effet
de créer une famille dont feraient partie les époux.
La famille
c'est d'abord la famille-clan dont font partie les enfants en ce
qui concerne la femme.
Dans ce contexte, le foyer conjugal dans
le système traditionnel; à la différence de la famille-clan, n'a
pas
de
personnal i té
juridique
ni
de
patrimoine.
Chaque
époux
étan!
~~ître de ses revenus
en
nature
et
en argent.
Dans
ce
systeme
:
"
Aucun
époux
ne
peut
prétendre
à
un
droit
de
possession
de
jouissance;
d'administration
ou
de
disposition sur les biens et revenus de son conjoint;
quelle
que
soi t
leur
source,
ni
à
fortiori
sur
la
personne même du conjoint. Aucune incapacité ne pesant
sur la
femme
en droit
traditionnel,
sauf
en
ce
qui
concerne
le
consentement
au
mariage,
l'égal i té
et
l'indépendance
en
droit
les
plus
complètes
règnent
entre les époux,
dans l'ordre économique,
l'autorité
du mari, comme chef du foyer conjugal,
n'en existe pas
moins."
Ainsi,
en principe du moins,
la séparation des
biens est
draconnienne. L'épouse par exemple est la seule propriétaire des
produits des champs établis sur les terres de son mari. D'autre
part,
le
mari
ne peut
utiliser les
revenus de
sa femme
qu'en
vertu d'un contrat de prêt et à charge de remboursement dans les
délais convenus.
La famille-clan
renforce
l'indépendance économique
de
la
femme, de plus, l'oncle ou le frère de la femme veillent à ce que
la femme ne soit pas spoliée par le mari.
Ils sont souvent les
déposi taires
des
revenus
que
la
femme
ne
garde
pas.
Il
faut
préciser qu'évidemment chaque époux répond de ses dettes,
et que
seule la famille-clan de l'intéressé peut en répondre
en dehors
de lui.
Pour conclure nous dirons que du fait de l'existence de la
famille-clan comme insti tution principale avant la famille-foyer.
La famille-clan en instituant la séparation des biens, crée les
condi tions d'une indépendance économique potentielle de la femme,
que celle-ci peut l'utiliser en fonction de ses possibilités pour
accroître
ses
biens,
ses
revenus,
et
ceux
de
son
clan
qui
continue d'être la cellule sociale de base et le recours naturel
en cas de conflit au foyer conjugal.
65_ A. Gabou; op cité.

-58-
Dans le système, les obligations étaient précisément définis
et envisageaient à peu près tous les problèmes posés par la vie
conjugale. L'individu selon l'éducation reçue sachant exactement
ce qu'il avait à faire dans telle ou telle circonstance. En quoi
consistait pour l'essentiel ces droits et obligations?
a - Obligations de la femme au foyer conjugal
Dans
un
premier
temps,
nous
parlerons
du
type
de
contribution de la femme dans
la société traditionnelle, et du
type de contribution de la femme dans
la période actuelle.
En
effet, les nouvelles conditions de vie crée par la colonisation,
l'urbanisation, et au
fait que
les hommes ont été les premiers
à avoir accès aux emplois salariés, ont amené un remaniement des
coutumes anciennes en fonction de ces nouveaux éléments.
Parlons d'abord du type de contribution de la femme dans sa
conception
traditionnelle.
la
femme
est
l'agent
principal
de
l'économie
vivrière,
tous
les
besoins
alimentaires
de
base
reposent sur elle, l'apport de l'homme à ce niveau n'étant qu'un
apport d'appoint. Dans l'optique traditionnelle, la contribution
de la femme au foyer conjugal est déterminée en fonction du fait
que la femme est principalement:
-
Mère ,ménagère,
et en plus
l'agent principal de
l'économie vivrière.
La satisfaction des besoins du foyer conjugal suivant repose
sur elle à titre principal;
il s'agit notamment:
- Des soins ménagers
- Des aliments (fourniture et préparation)
- De la puériculture
- De l'éducation des filles

-59-
Les soins ménagers
Concernent
les
soins
de
propreté
et
d' hygiène
de
l'habitation du mari,
la corvée d'eau, et de bois de chauffe.
Les aliments
L'obligation de pourvoir en aliments de base le foyer (Ceci
est une hypothèse toute personnelle). se comprend mieux dans une
société

le
mariage
polygamique
est
de
règle,
et

la
descendance
attaché
à
un
seul
homme
est
d'un
nombre
souvent
considérable.
l'obligation
fai te
à
la
femme
de
pourvoir
aux
nécessi tés
al imentaires
de
base
évite
dans
ces
conditions
à
l'homme de travailler pour nourir une quinzaine ou une trentaine
d'enfants.
Il s'agit d'aliments de ceuillette d'une part, de
légumes
provenant du jardin potager de la femme , et surtout du "pain de
manioc" dont la préparation est assez fastidieuse,
elle prend à
la femme généralement toute une journée de travail sans compter
les travaux préparatoires au conditionnement du produit.
La puériculture
Les enfants étaient attachés
à
la mère autrefois
jusqu'à
sept ans environ,
ensuite les
filles
restaient auprès
de leur
mère, tandis que les garçons complétaient leur éducation auprès
de leur père.
L'éducation des filles
Quant à l'éducation des filles celle-ci reposai t entièrement
sur la mère, à qui il revenait d'en faire une future mère, et une
ménagère
accomplie.
C'est
la
mère
qui
en
premier
répond
de
l'éducation des filles.

-60-
Obligations de la femme selon la coutume moderne
Alexis GABOU note dans le "mariage LADI et KOUKOUYA" que:
" Avec les coutumes modernes, la règle,
formulée dans
toute sa pureté dans les villes est que la femme est
dispensée
de
sa
contribution
aux
charges
du
foyer
conjugal.
Excepté pour tout ce qui
se
rattache à
sa
qualité de mère et de ménagère, la puériculture et les
soins ménagers
et culinaires.
Le
foyer conjugal
qui
est règlementée ainsi est celui où, la femme demeurant
au foyer,
seul le mari dispose des revenus monétaires
susceptibles de permettre la satisfaction des autres
besoins du foyer conjugal tels qu'ils sont retenus par
la coutume ancienne, le principe de la contribution de
la femme est payée en nature est maintenu."
Ceci est nouveau et il convient de souligner que cette règle
fait de la femme dans cette perspective, et si on se refère à la
tradition, une femme "entretenue" par le mari. Le concept de la
femme
au
foyer;
celle
"qui ne
fai t
rien"
ceci
toujours
si
on
prend pour point de référence le système traditionnel est récent
et lié directement au fait colonial et à l'urbanisation, car dans
le système traditionnel,
la participation de
tous est requise.
Tout
individu susceptible de
travailler devait le
faire;
cela
était
plus
vrai
pour
la
femme
car
l'alimentation
de
base
dépendant d'elle cette nécessité était impérieuse.
La règle citée plus haut
instituée au début de la période
coloniale,

seuls
les
hommes
avaient
accès
aux
emplois
salariés 1
s'est
maintenue
jusqu'à
l ' heure
actuelle.
Même
si
depuis
lors,
avec
le
développement
de
la
scolarisation
des
filles,
elles se sont mises à exercer des emplois salariés,
et
des
activités
commerciales
ou
artisanales
lucratives
pour
certaines.
Il peut ainsi paraître à
certains égards que cette règle,
si elle s'applique strictement profite à la femme dans le cas où
celle-ci exerce une acti vi té salariée ou une acti vi té commerciale
fructueuse.
En
fait,
généralement
dans
les
cas

la
femme
dispose de
revenus monétaires,
elle participe aux paiement des
services visés par la contribution traditionnelle de la femme,
elle paie souvent le
personnel
chargé des travaux
domestiques
qu'elle est censé
faire,
et parfois aussi pour le gardiennage
des enfants. Mais il faut rappeler que la femme n'est pas tenue
de
le
faire,
et
qu'en
cas
de
refus
elle
n'encourt
aucune
sanction.

-61-
b - Obligations du mari
Selon la
tradition,
sont à
la charge
du mari
au sein
du
foyer:
Le complément alimentaire nécessaire aux aliments fournis
par la femme
-
L'éducation des garçons,
de la seconde enfance à la
majorité. Cette obligation pouvait s'interrompre dans
trois cas:
-
rupture du lien conjugal
-
Enfant caractériel renvoyé à son oncle,
ou
- appelé à rejoindre son clan à la demande de
celui-ci.
-
L'obligation de fournir le logement ~61a
femme et aux enfants pèse sur l'homme
.
-
Incombe aussi principalement à
l'homme;
l'habillement de la femme et des enfants.En ce qui
concerne la femme cette dernière obligation selon la
générosité avec laquelle elle est accomplie, est l'une des
manifestations de la sollicitude du mari à son égard
ainsi que l'un des signes d'aisance de celui-ci.
-
Les besoins de santé normaux 67 de
la femme
et des enfants sont en partie à la charge
du mari.
Obligations du mari selon la coutume moderne
Nous
avons
déjà
parlé
de
la
nouvelle
règle
issue
des
conditions modernes, où dans les villes par exemple, il est très
diificile à la femme n'exerçant pas de métier de pouvoir disposer
de champs et de pourvoir ainsi le foyer en aliments de base. Dans
ce cas à chaque fois que la satisfaction d'un besoin au foyer ne
peut être satisfait qu'à prix d'argent,
la charge de ce besoin
revient à l'homme.
66-Traditionnellemnt l'homme ne cohabite pas avec la femme,
le principe des habitations séparées est absolu.
61-Maladie attribué à des causes naturelles et non occultes,
car dans ce dernier cas, l'enfant ou la femme peuvent être remis
à leur clan.

-62-
On
peut
dire
ainsi
qu'une
partie
de
la
contribution
traditionnelle de
la femme
se déplace
sur l'homme qui
en plus
doit
continuer
d'assumer
sa
propre
participation.
Ceci
est
surtout valable pour les foyers urbains où la plupart des besoins
se satisfont à prix d'argent.
A côté de ceux-ci, il y a ceux qui continuent de vivre selon
les principes
traditionnels,
mais avec cette
fois une
tendance
inverse selon nous comme nous le verrons par la suite.
Dans ces
cas
là,
dans
les
villages
une
partie
de
la
contribution
de
l'homme s'est déplacée
sur la femme.
Mais nous reviendrons sur
ce point par la suite.
c - Dissolution du mariage
1- Le divorce
L'autorité clanique agit toujours en matière de rupture du
lien conjugal
quelqu'en soit
la cause.
Si
aucun mariage n'est
valable en dehors du clan
,
il en est de même pour le divorce.
Voici quelques causes traditionnelles de divorce; la liste n'est
pas exhaustive:
Les décès répétés des enfants issus du mariage et
attribués à des causes occultes
-
Le détournement de la femme d'un tiers,
qui la prend
en mariage après avoir réparé le préjudice causé au mari.
-
L'inconduite réciproque des époux
-
L'abandon du foyer conjugal par la femme et le
refus
répété de reintégrer celui-ci
-
Les violences exercées par le mari sur la femme
-
La stérilité de
la femme ou la stérilité du mari,
l'impuissance de ce dernier
Les dettes du mari vis à vis du clan de sa femme

-63-
En fait les causes du divorce sont diverses et dépendent de
leur ~ravité prouvée par le conjoint demandant la séparation.
L'adultère ne constitue pas une cause de divorce en soi,
qu'il
soit du fait de l'homme ou de la femme.
Il donne lieu en général
au paiement de dommages par l'amant de la femme.
Le sort des enfants: En général,
quelle que soit la faute de la
mère,
la garde les enfants en bas âge lui est toujours confié,
en raison de l'intérêt affectif de l'enfant.
2 -
Le décès
Dans la perspective traditionnelle, le décès, s ' i l romp le
lien individuel, ne romp pas l'alliance des deux familles-clans.
En effet,
l'institution du lévirat qui permet de
substituer à
l'époux prédécédé l'un des membres de sa famille-clan, permettait
la continuation du lien conjugal préétabli. On peut dire ainsi
que le décès d'un des époux n'impliquait pas toujours la rupture
du lien conjugal,
et la fift de
l'alliance entre les familles-
clans alliés par le mariage
.
Toutefois actuellement surtout dans les villes, et chez les
jeunes, l'institution du lévirat s'applique de moins en moins.
En fait on assiste de plus en plus au retour de la femme et des
enfants dans leur famille-clan. Ce qui selon Alexis GABOU est une
transgression de
l'obligation traditionnelle qui est fait à
la
famille clan du père lorsque
celui-ci est
décédé,
d'élever et
d'établir
les
enfants
,jusqu'à
leur majori té,
moment
de
leur
départ auprès du clan de leur mère.
Mais de plus en plus la réalité est toute autre,
et nous
touchons là un point essentiel des problèmes posés par le veuvage
à l'heure actuelle chez la femme.
Car,
celle-ci devant quitter
le foyer conjugal, de plus en plus les héritiers traditionnels
du mari, ses neveux ou ses frères, s'accaparent des biens laissés
par le
défunt,
et
se
déchargent de
l'obligation d'élever les
enfants sur la veuve,
et sur sa famille-clan. D'où le souci pour
la femme de se garantir des points de replis en cas de décès du
mari, ou de divorce.
68_ IL y a une exception à la règle, c'est le cas notamment
de la femme qui survivait à trois maris successifs dans le même
clan, celle-ci n'était lus épousable.

-64-
B - ASPECT ECONOMIQUE
1 - Rôle économique dans la société traditionnelle
C'est
la
femme
qui
avai t
la
charge
de
toute
l'économie
vivrière.
Il lui
revenait la charge de labourer,
de
semer,
de
récolter et de pourvoir en nourriture son mari et les enfants.
C'est
d'ailleurs
ce
qui
a
amené
de
nombreux
observateurs
à
souligner la
discordance existant entre
d'une part
l'activité
féminine,
et
l'apparente
oisiveté
des
hommes.
Certains
observateurs allant jusqu'à dire que:
"Les hommes restaient des journées,fntières assis les
jambes allongées à ne rien faire".
Ce point de vue nous semble exagéré toutefois. En effet, si
la femme effectue la plupart des travaux des champs; ceux-ci sont
préparés par les hommes,
qui effectuent:
l'abattage des arbres,
le défrichage,
l'enlèvement des
souches.
Dans la société pré-
coloniale, la division du travail réservait en outre aux hommes,
les tâches mil i taires, et art isanales (vannerie, tissage, forge),
les travaux de constructions des cases, la chasse et la pêche au
gros.
Autre
activité masculine:
l'entretien
des palmeraies
et
l'extraction du vin de palme.
L'agriculture pré-coloniale surtout de subsistance, visant
à la consommation courante,
repose sur la femme.
Elle doit non
seulement cultiver le manioc,
mais aussi le rendre propre à
la
consommation.
Cela
implique
entre
autre:
le
rouissage
des
tubercules dans l'eau pendant quelques jours;
le défibrage,
et
pétrissage avant la cuisson proprement dite qui
est aussi très
longue. C'est aussi à la femme de pourvoir le ménage en légumes.
Elle peut
selon le cas aussi avoir une petite basse cour,
des
poulets surtout,
et parfois quelques cabris.
Nous dirons pour conclure que dans la société précoloniale,
si les rôles économiques sont distribués en fonction du sexe, les
activités dévolues aux femmes sont celles qui exigent un travatl
continu; suivi tandis que celles revenant aux hommes peuvent être
épisodiques: chasse,
pêche etc . . .
La colonisation en ayant modifié en partie les structures
économiques traditionnelles, modifiera également la distribution
de
la
répartition
des
tâches.
les
changements
seront
plus
importants pour les hommes; mais ils ne seront pas négligeables
pour la femme,
quoique
revêtant d'autres aspects.
Voyons
donc
quel
a
pu
être
le
rôle
de
la
femme
dans
les
structures
économiques implantées par le système colonial,
avant de faire
le point sur les données actuelles.
69 - PIGAFETTA; op cité.

-65-
2 - Rôle économique dans la société coloniale
De même que les hommes,
les femmes contribueront au temps
du règne des sociétés
concessionnaires
implantées à partir
de
1899, à la collecte de gomme de caoutchouc, et de palmiste avec
les hommes.
Mais
c'est
surtout
l ' acti vi té des
femmes
dans
le
domaine des cultures vivrières qui se développe.
La
création
des
grands
chantiers,
entre
autre
la
construction de la voie ferrée BRAZZAVILLE-POINTE NOIRE ( dont
les travaux commencent en 1921, pour se terminer en 1934), avec
une main d'oeuvre salariée éloigné de leur lieu d'origine en est
la cause en partie. Car il ne s'agit plus seulement de produire
pour nourir sa famille,
mais aussi les travailleurs isolés sur
les
chantiers.
Dans
les
chantiers,
dans
les
villes
et
ports
naissants;
l'essor
des
villes
est
l'autre
cause
de
la
forte
demande en produits vivriers.
Les
villes
sont
récentes 70 et
sont
liées
directement
au
phénomène colonial. H.
BERTRAND
note que:
"BRAZZAVILLE
passe
d'environ
17000
âmes
en
1930
à
45000 en 1945; puis 100.000 en 1958".
L'auteur note également que pendant la période s'étendant
de 1946 à 1959, un certain nombre d'infrastructures ne font pas
appel à la main d'oeuvre féminine,
mais l'approvisionnement de
BRAZAVILLE en manioc surtout et en légumes est principalemnt le
fait de femmes. Il se crée ainsi un circuit commercial entre les
femmes
qui
fabriquent
les
pains
de
manioc
et
celles
qui
les
commercialisent en ville.
Au
début
du
développement
des
villes,
les
femmes
nouvellement arrivées du village continuaient quand cela était
possible d'avoir des champs
à
la périphérie
des
villes,
et
à
commercialiser
elles-mêmes
leurs
produits
vivriers.
L'agrandissement des villes rejetant de plus en
plus
loin les
terres cultivables et disponibles; les anciennes productrices de
produits se sont reconverties.
Certaines se sont établies dans le petit commerce de détail.
La
ville
poussant
à
des
adaptations
successives:
ventes
de
denrées
alimentaires;
de
produits
d'utilisation
courante,
de
tissus. ..
Le
type
de
marchandise
se
diversifiant
selon
la
conjoncture.
70-"Le
CONGO
formation
sociale
et
mode
de
développement
économique" p. 81.

-66-
On
peut
dire
que
c'est
à
cette
époque
que
l'activité
féminine devient source de revenus. Si la colonisation a entraîné
la salarisation de la main d'oeuvre masculine dans les secteurs
industriels naissants; dans les emplois du secteur privé, ou dans
le secteur administratif.
Dans les zO~rs urbaines, la population féminine devient soit
"femme au foyer"
,
soit se reconvertie dans le petit commerce,
ou continue même d'avoir des champs.
Dans les zones rurales,
le
type
d'activité
reste
le
même;
celle-ci
gagne
seulement
en
intensité.
Les activités féminines se diversifieront plus tard.
Avec
le développement de la scolarisation, les femmes commenceront à
exercer des emplois surtout dans l'éducation, la santé, et dans
le secteur
privé et
étatique.
Ceci
nous
amène
à
la
situation
actuelle.
3 -
La situation actuelle
La période actuelle a vu dans de biens moindres proportions
que s'agissant des hommes,
l'accroissement du nombre de femmes
exerçant un emploi salarié. Toutefois 1fs résul tats d'une enquête
sur le taux d'activité à BRAZZAVILLE
montrent que:
"La contribution des
femmes
à
l ' acti vi té
économique
est encore très faible:
si 25X des femmes exercent un
métier,
4X
seulement
ont
pu
accéder
à
un
emploi
salarié,
les autres se
livrant à
des occupations de
type traditionnel dont la rentabilité est généralement
très
faible.
L'ouverture
des
emplois
salariées
aux
femmes
surtout
dans
l'administration
et
les
entreprises nationales,
est un phénomène récent mais
la demande d'emplois salariés tend à s'aacroître à un
rythme extrèmement rapide avec le développement de la
scolarité".
71_ Ceci est tout à fait nouveau, car traditionnellement la
femme
a une contribution bien définie au sein du ménage comme
nous l'avons vu dans les données sociologiques.
72_ Enquête taux d'activité à BRAZZAVILLE; direction de la
statistique et de la comptabilité économiqe,
p.27.

-67-
Selon cette enquête,
l'acitivité des
femmes de
15 ans et plus
~ans l'agglomération de BRAZZAVILLE se distribuait ainsi en 1972
ACTIVITE
effectif
%
ACTIVES
Activfis à temps
plein
10.200
16.5%
Actives à temps
partiel
55.000
8,9%
~
1
1
Ensemble des
1
actives
! 15.700
1
25,4%
~ NON ACTIVES
1
1
femmes cherchant
1
1
1 du travail
1
5.200
1
8,4%
~
1
1
1
~
,
1
1
eleves et
étudiantes
7.000
11,2%
ménagères
34.000
55%
ENSEMBLE DES
INACTIVES
46.200
74,6%
A un niveau plus global on remarque pour BRAZZAVILLE 15:
"L'importance du
secteur
tertiaire à
BRAZZAVILLE et
plus particulièrement de l'appareil administratif et
militaire qui regoupe 29% de la population active."
13_ L'étude la plus récente dont nous avons pu disposer sur
place date de 1974, les travaux les plus récents étaient en cours
d'édition.
H_ Les actives à temps plein regroupent 4,2% de salariées,
1,9% d'artisanes et d'agricultrices, et 10,3% de commerçantes.
15_ p . 29, enquête taux d'activité.

-6S-
Cette même enquête souligne que:
"Si la participation des femmes s'accroît rapidement
(2500 salariées en 1972 contre 400 en 1961) elle tend
à s'accroître dans l'administration mais demeure très
faible pour l'ensemble du secteur secondaire."
Nous avons ainsi la distribution suivante:
, SECTEUR
HOMMES
FEMMES
ENSEMBLE
%
fem
1 effectif
~
%
1 effect.
%
effect.
%
.
primaire
1300
3,5
700
12
2000
4,5
35
1
Il second.
1 9500
1 25
15
1
900
1
1 10400
1
23,7
9
1 27100
1 71,5
14400
73
1 31500
1 71, S
14
1 tertiai-
1
1
1
ij re
1
1
1
1
1
ij
1
1
1
1
i
1
1
1
1
dont:
1
trans-
1 3300
9
1
3300
7,5
1
1
port
1
1
adminis-
6500
17
1500
25
Isooo
1S,2
19
tration
1
1
4700
12
1 4700
10,7
1
1
armée
1
1
1
1
Ces
chi ffres
sont
à
surévaluer
bien
entendu
à
l ' heure
actuelle,
car
déjà
en
1974,
une
enquête
fai sant
partie
du
recencement de 1974, évalue à 33,2%, l'activité féminine dans la
commune de BRAZZAVILLE. Celle-ci s'est accrue, même si faute de
données récentes,
nous ne pouvons en donner l'estimation.
Il y
a aussi depuis quelques années des femmes dans l'armée.

-69-
Ainsi
l ' acti vi té
féminine
reste
prédominante
dans
deux
secteurs dont l'un est traditionnel:
l'agriculture, et l'autne
l'est devenu par la force des choses, c'est le petit commerce.
On remarque toutefois une salarisation accrue des femmes,
et un accroissement de femmes artisans dans les zones urbaines;
des
couturières
principalement.
On
note
d'autre
part,
une
évolution
dans
les
attitudes
masculines
quant
aux
acti vi tés
autrefois essentiellement féminines.
Certaines
cultures
sont
ainsi
devenues
des
cultures
masculines,
comme la culture de l'ananas,
qui
est une culture
d'un bon rapport qui peut procurer des revenus réguliers tout en
nécessitant peu d'entretien.
L'activité
féminine
reste
donc
pour la plupart
dans
les
sphères traditionnelles d'activité. Le domaine agricole dans les
zones
rurales,
et
le
petit
commerce
surtout
pour
les
zones
urbaines.
Certaines femmes
sont
dans le transport,
elles
sont
propriétaires de taxis ou d'autocars.
La différence avec la situation de la femme dans la société
traditionnelle, c'est que ses activités actuelles lui permettent
en disposant de ressources monétaires personnelles, de se donner
les moyens d'une indépendance
financière.
Cela n'est pas
sans
influer sur ses relations avec sa famille, son mari et ses autres
partenaires sociaux.
76_ Les
marchés
notamment
ont
une
population
à
majorité
féminine:
66,57%
de
marchands
sont
des
femmes.
La
commercialisation
des
produi ts
agricoles
est
essentiellement
assurée par les femmes.

CHAPITRE
II
L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE

-70-
CHAPITRE
II
L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE
A - Les modèles
Nous
avons
voulu
dans
ce
passage,
poser
les
éléments
introductifs au modèle traditionnel.
En effet,
nous savons que
le modèle renvoie à un système éducatif, et partant à un système
de valeurs
données.
Nous
avons
ainsi voulu
inscrire
en guise
d'introduction le
modèle dans
le
cadre plus
large
du
système
éducatif
tradi tionnel
en
examinant
dans
un
premier
temps
sa
conception d'ensemble 1
et
les
valeurs
de base
que
ce
système
cherchait à transmettre.
Nous
nous
intéresserons
ensui te
à
ce
qu'étai t
dans
ce
système, l'éducation de la jeune fille et celle du garçon. Nous
nous attacherons à retrouver la conception de "l'amour" dans la
société traditionnelle,
pour finir par
l'examen des
conduites
sexuelles.
1 -
L'éducation traditionnelle
L'éducation traditionnelle KONGO était étroitement aSSOC1ee
à la vie pratique, et à la vie du groupe. Elle s'inscrivait dans
la vie quotidienne. Il n'y avait pas d'école à proprement parlé.
L'éducation se faisait
progressivement en
fonction de
classes
d'âge
définies.
Celle-ci
était
conçue
comme
commençant
à
la
naissance et
ne s'achevant
qu'à
la mort
de
l ' indi vidu.
On ne
finit pas d'apprendre tout au long de la vie, et le stade le plus
achevé était la vieillesse, où l'on était détenteur du savoir,
de l'expérience, et de la sagesse.
D'autre part, l'éducation n'étai t pas uniquement assumée par
les parents mais par le groupe tout entier.
L'un des objectifs
de
base
étai t
d'inculquer
à
l'enfant
un
"savoi r
être"
et
un
"savoir vivre".
D'inculquer:
l'obéissance,
la
solidarité,
le
courage,
la
perspicacité,
l'endurance,
et
le
sentiment
de
l'honneur du groupe, de former un individu utile au groupe.

-71-
l'éducation traditionnelle était conçue comme une formation
globale;
formation morale et formation physique,
développement
du
corps,
éducation esthétique
chez
la
fille.
Ceci
pour
les
valeurs
d'ensemble.
L'apprentissage
spécialisée
artisanale
ou
autre, se fait auprès de ceux possédant le métier. Une éducation
spécifique était donnée aux filles et aux garçons à partir de la
deuxième classe d'âge,
on peut en distinguer trois:
-
La
première va de
la naissance
à
six
ou huit
ans
environ.
Pendant
cette période,
c'était
la mère
qui
avait principalement la charge des enfants aussi bien
garçons que filles.
C'est de
la mère que les enfants
apprendront la langue,
les principes moraux de base;
les interdits et les croyances fondamentales.
- La deuxième classe qui va de six à dix ans,
voit la
séparation des garçons et filles. Les garçons relevant
désormais du père,
les filles de la mère.
- La troisième classe d'âge constitue la période avant
le mariage.
Elle va de dix à
quinze ans environ,
et
voit les enfants s'intégrer peu à peu au monde adulte;
monde
adulte
mascul in
pour
les
garçons,
et
féminin
pour les filles.
L'éducation est conçue comme visant à donner progressivement
à l'enfant une autonomie et une responsabilité de
plus en plus
grande: responsabilité par rapport aux autres, et par rapport à
soi.
1.a- L'éducation du garçon
Nous avons déjà vu que dès
la deuxième classe d'âge,
les
garçons relèvent des pères. C'est à ce moment que commence d'une
manière plus intensive l'apprentissage des activités masculines:
chasse, pêche, vannerie,
bijouterie,
travail du cuir etc ...

-72-
Résu~ant
l'éducation
traditionnelle
du
garçon
G.
BALANDIER
remarque que :
"( .•. )Le garçon découvre três vite la supériorité et
les
avantages
de
la condition masculine.
Il
vit
le
plus possible dans la compagnie de son pêre.
Il fait
son apprentissage d'homme, s'exerçant à la fabrication
des instruments de chasse
et de pêche,
au maniement
des outils agricoles, aidant au défrichage des champs.
Il
organise
progressivement
ses
relations
avec
la
nature; la recherche des endroits de pêche et la pose
des engins, la chasse et la mise en place des piêges
sont autant de choses
suivis avec passion.
Enfin le
père inculque à son fils
le code des convenances,
le
sens des interdits et des symboles qui les concernent
tous
les
deux.
La
pédagogie
traditionnelle
dont
un
sociologue HUKONGO rend compte
a du se maintenir au
cours
des
siècles:
Dans
cette
éducation,
l'observation de l'enfant est mesuré,
contrôlé,
puis
développé par questions et réponses,
et même souvent
aussi
par
des
attrapes,
des
paradoxes,
des
cas
concrets. Sans avoir l ' a i r de rien,
le pêre invitera
l'enfant à répondre à tel problème, bénin d'importance
mais dont la solution requerra l'expérience du pêre.
Selon
ses
réussites,
l'enfant
recevra
un
surnom
agréable ou désagréable,
i l sera préféré à ses pairs
pour exécuter certaines
missions ou accompagner
les
grands dans leurs voyages."
D'autre
part
le
garçon
participera
progressivement
aux
., affaires"
publiques.
Il prend
part
aux débats
ou
du moins
y
assiste, avant d'y prendre part activement, quand il sera reconnu
comme un homme à part entière
(une fois marié et père).
Il y a
aussi une certaine exaltation de la masculinité,
à
travers des
qualités dites masculines: le courage, la témérité, la vaillance,
la force etc ...
11_ La vie quotidienne au Royaume de KONGOj p.
167-168.

-73-
l.b - L'éducation de la fille
Nous ne attarderons pas sur l'éducation de la jeune fille,
car
nous
l'évoquons
plus
loin
dans
le
passage
concernant
le
modèle tradi tionnel. Nous dirons tout au plus que celle-ci dépend
entièrement de la mère qui est chargée d'en faire une bonne mère,
une bonne ménagère et une bonne épouse.
2.a- L'amour dans la société traditionnelle
Le
concept
existe,
le
terme
désigne
autant
à
un
niveau
général:
l'amour
maternel,
fil ial
et
aussi
l'amour
entre
un
garçon et une fille.
Mais
il n'est pas la condition nécessaire
pour un mariage.
Il faut
remarquer que souvent le garçon comme
la fille n'ont pas toujours le pouvoir de choisir leur conjoint.
S'ils se
plaisent tant
mieux,
sinon tant
pis.
Le mariage
est
conçu comme quelque chose qui
se construit, en ce qui concerne
l'amour conjugal tout au moins.
Les contes et légendes, de même que les histoires plus ou
moins
romancées
d'autre
part
mettent
en
garde
contre
les
emballements qui poussent à des imprudences.
l'exemple type de
ces contes est le suivant:
-
Une fille
rencontre un beau jeune homme au marché
(lieu de rencontre traditionnel). Ils se plaisent, et
la jeune fille contre l'avis de ses parents part avec
lui,
pour
se
rendre compte
peu de
temps
après
que
celui-ci n'est qu'un monstre ou un "diable".
la jeune
fille comprend alors sa bêtise et invoque sa grand-
mère (défunte dont l'esprit sera assez puissant pour
la tirer du mauvais pas dans lequel elle se trouve).
Celle-ci après l'avoir laissée souffir pour l'exemple,
vient enfin la sauver et la ramène chez elle où cette
dernière jure de ne plus désobéir à ses parents, et de
ne pas
contester
le
choix du conjoint qui
lui
sera
proposé.

-74-
L'amour
entre
les
époux
est
souhaité
comme
un
élément
positifi mais on ne l'estime pas indispensable. c'est ainsi que
BALANDIER
souligne
à
propos
de
l'amour
dans
la
période
précoloniale que
:
"
Les
rapports
acheminant
vers
le mariage
font
une
large
part
à
l'amour,
bien
que
les
raisons
de
stratégie
familiale
et
les
interdits
prohibant
l'inceste (qui exclut l'union entre personnes du même
sang)
limitent
le choix.
Le marché est
généralement
l'occasion de la première rencontre,
les jeunes gens
s'y observent, y commencent leur cour,
y échangent de
menus
cadeaux
après
avoir
acquis
la
certitude
que
leurs parents sont consentants.
L'affection subsiste
après le mariage,
mais
elle demeure contenue:
si
la
jalousie
est
estimée
nécessaire,
elle
provoque
rarement des emportements.
les drames viennent moins
de l'amour déçu que d'un manquement aux
obligations
réciproques
liant
les
époux
( ••• )
Les
relations
du
couple reposent autant sur le respect d'une sorte de
contrat
tacite
que
sur
l'inclination
mutuelle.
Dès
l'instant

la
méfiance
s'établit,
le
divorce
menace."
Rappelons aussi que l'amour n'est pas envisagé en dehors du
mariage.
Si
l ' homme
a
la
poss ibil i té
grâce
à
la
polygamie
d'épouser
une
femme
qu'il
aime
comme
deuxième
ou
troisième
épouse,
il n'en est pas de même pour la femme.
L'adultère est
sévèrement sanctionné, surtout quand il relève de la femme. Que
pouvaient dans ces conditions
les conduites sexuelles dans
la
société traditionnelle?
2b- Les conduites sexuelles dans la société traditionnelle
La
soc iété
KONGO
est
une
société
aux
moeurs
sexuelles
rigoureuses. Il n'y a pas de liberté sexuelle avant le mariage.
On se marie d'ailleurs très tôt, à partir de douze ans pour les
filles,
ou
dès
qu'elles
ont
leur menstruation,
on
les
estime
prêtes au mariage.
Pour les garçons.
l'âge du mariage se situe
autour de quatorze, quinze ans et plus.
78_ op , cité, p. 169.

-75-
Les relations entre garçons et
filles
sont
régis par une
grande
pudeur.
L' activi té
sexuelle
a
pour
fonction
la
procréation, cela n'implique pas que la notion de plaisir n'y est
pas associé. Mais l'objectif prEffier est de "faire des enfants".
Le viol est sévèrement réprimé
:
" Les enfants connaissent très tSt,
selon la formule
de J.
VAN WING,
les mystères de
la génération;
mais
leur adolescence n'en est pas pour autant abandonnée
à
la
liberté du
désir.
Les
rencontres
entre
jeunes
gens
de
sexe
différent
subissent
un
contrôle
qui
n'exclut
pas
toujours
l'expérience,
mais
qui
sanctionne
le
dévergondage
par
des
châtiments
physiques,
puis
la
mise
en
esclavage.
Les
bonnes
fortunes
recherchées
auprès
des
femmes
rentrant
du
travail, ou se trouvant au bain, comportant les mêmes
risques; parfois un risque plus grand si la tentative
est considérée comme équivalent à un viol
C••• )
Pour
les
gens
de
KONGO,
le
vice
solitaire
n'est
pas
un
vice,
mais
l ' homosexual i té
doit
être
réprouvé
avec
vigueur."
Quant aux hommes célibataires,
ils ont des ressources très
limitées en ce domaine:
" Les ,jeux amoureux des hommes célibataires se situent
à distance de ces frontières redoutables,
ils peuvent
tenter
leur chance
auprès
des
filles,
anticiper
le
mariage
durant
la
longue
période
de
fiançailles,
profiter
de
la
complaisance
de
certains
notables
possesseurs de nonbreuses femmes esclaves.
Ils n'ont
guère la commodité de s'adresser aux femmes de moeurs
libres,
sauf
dans
les
quelques
cités

l'établissement des étrangers a fait apparître,
selon
la formule de l'HISTORIA -
une vie licencieuse."
Nous concluerons ce passage
en soulignant que la société
tradi tionnelle se caractérise par un rigorisme des moeurs, et une
grande réserve dans les relations entre les deux sexes.
19_ G. BALANDIER, op cité P. 167-168.

-76
2- MODELE FEMININ TRADITIONNEL
Ce
passage
a
pour
objet
de
dégager
un
modèle
féminin
traditionnel, et partant de décrire quelques rôles traditonnels
fondamentaux. Tout au long de notre travail,
nous avons utilisé
à plusieurs reprises les notions de société traditionnelle,
de
modèle traditionnel.
Sans revenir sur les données sociologiques
dont nous avons déjà parlé,
il
est
important de souligner que
nous situons d'abord tout ce qui est traditionnel dans la s~fiété
pré-coloniale; car comme le fait remarquer W.G.L.
RANDLES
:
"
L'Histoire du CONGO a le privilège rare en AFRIQUE
NOIRE
de
bénéficier
d'une
documentation
écrite
remontant à plus de quatre siècles, encore que, comme
nous
l'avons
remarqué.
elle
n'éclaire
que
du
dehors ••. "
En effet,
si nous supposons que les premiers contacts ont
été
dans
leur
ensemble
superficiels,
et
que
l'influence
Européenne n'a pas modifié les conduites comme cela
va l'être
durant
la
période
coloniale.
Nous
pouvions
donc,
partant
des
données de la période pré-coloniale essayer de dégager un modèle
féminin tradi tionnel, qu'on ne puisse suspecter d'avoir subi t des
modifications profondes pouvant être imputables à une influence
étrangère.
IL est un autre fait intéressant à souligner,
c'est que ce
modèle est
encore très
actuel.
Si
le
contexte
a
changé,
nous
retrouvons le modèle dans ces grandes lignes. Celui-ci subsiste
tant bien que mal, et continue d'être transmis avec plus ou moins
de réussite. C'est ce qui nous a poussé à subdiviser ce passage
de sorte qu'il ait deux parties; une présentant le modèle féminin
dans la société pré-coloniale, une deuxième partie présentant le
modèle tel qu'il subsiste.
80_ W. G• RANDLES " L'ancien royaume de CONGO, des origines à
la fin du 1ge siècle".
Nous nous
reférons en outre aux descriptions déjà citées
dans la partie historique,
et
bien entendu
aussi à:
"
la vie
quotidienne
au
royaume
de
KONGO
du
16e au
18e
siècle de
G.
BALANDIER,
déjà cité par ailleurs,
et dont
la description des
cadres sociaux de l'époque,
étonne encore par leur actualité."

-77-
No~s rappelons que nous emploierons la notion de modèle dans
le sens
:
" D'un
type
de
conduite,
de pensée ou de
sentiment
commun dans un groupe donné, transmis par l'éducation,
ou acquis par une appartenance prolongée à ce groupe
et reconnu généralement comme valable."
Nous parlerons dans un premier temps, du modèle tel qu'il
a subsisté, et continue d'être transmis.
MODELE FEMININ TRADITIONNEL
Rien ne saurait mieux illustrer notre propos que ce passage
de BALANDIER,
p~flant de l'éducation des filles dans l'ancien
royaume du KONGO
:
"( ... ) La fille poursuit
son éducation auprès de
sa
mère,
elle
doit
se
préparer
à
devenir
habile
aux
travaux domestiques,
et aux travaux des champs;
elle
doit apprendre
progressivement le rôle
de
l'épouse,
elle doit
faire
très
tôt
la preuve des
talents
qui
attireront
des
jeunes
hommes.
Le
mariage
et
la
maternité exaltés par certaines oeuvres des sculpteurs
KONGOS,
sont les conditions de son insertion dans la
société,
de
son
accession
à
la
plénitude
sociale.
Garçons et filles reçoivent par ailleurs, l'éducation
di ffuse
que
le
clan
tout
entier
s' éfforce
de
leur
donner:
celle
des
anciens,
les
BA-MBUTA
celle
des
oncles
maternels
et
des
frères
aînés
qui
imposent
efficacement leur autorité ... "
Le modèle prévalant dans le système traditionnel est celui
de la mère
et
de
l'épouse,
La
femme se doit
d'être
mère,
la
maternité est la condition de sa reconnaissance sociale dans une
société où
la
richesse
est
représentée
par
l'accumulation en
"hommes", Elle est mère, et partant épouse. Le modèle s'inscrit
dans trois axes principaux:
* Le clan
* La maternité
* Le mariage
81_ J • MAISONNEUVE:
"Introduction à la psychosciologie" j
P.
57.
82_op . cité P, 57.

-78
- La femme est mère: une mère sur qui repose entièrement les
besoins alimentaires des enfants et du mari,
et sur qui repose
entièrement l'éducation des filles.
-
La
femme
est
épouse:
une
épouse
soumise,
prévenante,
consciente de ses devoirs et de ses droits.
-
Elle est
surtout avant
tout membre
d'un clan;
et à
ce
titre
obéissante
aux
autorités
claniques,
et
aux
devoirs
claniques.
Ajoutons à
cela qu'une
grande réserve
régit les
rapports
entre les deux sexes.
La mixité dans les activités sociales est
rare, on peut parler d'un monde féminin et d'un monde masculin.
Il n'y avait pas de liberté sexuelle avant le mariage.
Le
modèle
s'inscrivait
en
outre
dans
un
contexte

l'influence étrangère était peu marquée, où l'unité résidentielle
principale est le village. Nous rappelons aussi que selon tous
les documents auxquels nous avons eu recours,
la "femme libre"
n'existait pas dans la société traditionnelle.
l'expression est
peut être impropre, mais nous entendons ici par "femme libre" une
personne
vivant
de
ses
charmes,
l' appari tion
de
celle-ci
est
directement liée à la présence Européenne, et à l'urbanisation.
LE MODELE TEL QU'IL SUBSISTE
Les cadres de vie ont changés depuis cette période,
il y a
eu
depuis:
la
christiannisation
des
populations,
la
scolarisation,
l'urbanisation
et
l'éclatement
des
structures
traditionnelles du pouvoir.
L'on peut dire sans exagération que
même les villages les plus
reculés n'ont pas été à
l'écart de
l'influence étrangère. Mais le modèle a subsisté dans ses grandes
lignes.
Dans
les villages,
et
dans la
société
en général,
le
modèle le plus gratifiant continue d'être celui de la mère,
de
l'épouse soumise, sinon discrète et réservée devant les hommes.
Dans les villes bien que
le milieu soit différent et les
sollicitations diverses, celui~ci voisine tant bien que mal avec
d'autres modèles. Le modèle transmis par les mères à leurs filles
est demeuré:
celui de la mère dévouée,
de l'épouse exemplaire,
discrète, et de la femme obéissante. En effet, une femme quelque
soi t
sa
réussi te
au
plan
matériel
ou
d'une
carrière
professionnelle n'est reconnue comme ayant "réussie" que si elle
a été mariée à défaut de l'être restée, et si elle a des enfants.
Des pressions sociales très fortes poussant dans ce se

-79-
3 - ROLES FEMININS TRADITIONNEL~
Partant du modèle traditionnel nous avons ainsi relevé les
rôles que nous pensons fondamentaux, l'objectif de notre travail
étant d'essayer de comprendre en quoi ces rôles ont évolués. Dans
la société traditionnelle la femme est pour résumer et ceci par
ordre de préeminence:
1 - Menbre d'un clan
2 - Mère
3
et enfin épouse
1- Elle est membre d'un clan
La cellule sociale de base n'est pas le couple mais le clan.
La famille foyer n'est comme nous l'avons vu qu'une institution
sécondaire, et le mariage, la création du couple n'atténue,
ni
même ne romp l'appartenance du mari d'une part,
de l'épouse et
des enfants d'autre part à leur familles-clans respectives.
Ainsi l'individu vit par et pour le clan, il a entre autres
devoirs d'obéir
au clan;
de
ne
rien
faire
qui
puisse aller
à
l'encontre
des
intérêts
du
clan.
En
retour,
il
peut
tout
en
attendre, La femme en tant que membre de clan a deux relations
privilégiées:
celle de l'oncle maternel,
et du
frère.
le futur
mari ne viendra qu'après eux.
En
tant
que
membre
d'un
clan
elle
se
doit
aussi
de
connaître: toutes les lignées, les traditions, les interdits, et
les consignes fondamentales; ainsi que les croyances essentielles
afin de pouvoir les transmettre aux enfants.
2 - Elle est mère
Ses enfants
relèvent
d' e.lle
et de son
clan,
ceux-c i
lui
doivent l'apprentissage de la langue, des interdits fondamentaux.
elle se doit d'être une mère avisée, dévouée sachant élever ses
enfants, et les protéger au besoin.

-80-
3 - Elle est épouse
A ce titre elle sera prévenante.
soumise,
bonne ménagère,
travailleuse infatigable.
Les
rôles
traditionnels
ainsi
posés,
avant
de
faire
l'esquisse des rôles actuels,
nous pensons qu'il est éclairant
de
décrire
au
préalable;
le
contexte
dans
lequel
ceux-ci
s'inscrivent.

-81-
B - SPECIFICITE DU CONTEXTE
1- Essai de description du contexte actuel
Ce
chapitre
a
pour
souci
d'une
part
de
clarifier
l'express ion
"contexte
actuel",
et
le
sens
dans
lequel
nous
l'employons,
et
d'autre
part
de
montrer
sa
spécificité.
Ces
précisons nous ont parus nécessaires, car pour qui ne connaît pas
le
contexte
dans
lequel
se
situe
le
problème
étudié,
la
complexité des problèmes qui
s'y posent ne peut
qu'être toute
théorique,
ou se limiter à des généralités.
Nous nous efforcerons donc en prenant la ville comme "lieu
moderne"
par
excellence,
de
présenter
plus
concrètement
ce
contexte.
Nous
dirons
aussi
en
quoi
le
contexte
nous
paraît
spécifique, et comment cette spécificité donne aux problèmes liés
au changement, à
ces dérégulations et aux structurations qui y
sont liés un tour particulier.
Le contexte actuel est celui d'un pays dit sous-développé,
une ancienne colonie Française pour le cas qui nous
interesse.
Dans ce contexte coexistent des modèles qui
sont la survivance
de
modèles,
que
ce
soit
des
modèles
économiques ,
culturels,
sociaux,
et
des
modèles
di fférents,
issus
des
contacts
avec
d'autres
cul tures,
de
la
si tuation
coloniale
et
de
tout
ce
qu'elle a pu impliquer comme rapports nouveaux et comme facteurs
de dérégulations.
Ce sont ces éléments qui
vont constituer la
trame de ce passage, et qui seront pour nous les clés permettant
de décortiquer quelques uns des problèmes rencontrés.
Nous pensons dans les passages précédents, avoir dessiné les
contours
de
la
société
tradi tionnelle.
Au
passage
selon
le
problème envisagé,
nous avons parlé de ce que sont devenus en
partie quelques unes des structures considérées.
Il s'agit
ici
de
nous
appesantir
sur
le
contexte
actuel
en
tant
qu'il
est
moderne et différent.
Toutefois,
si
la société
traditionnelle
nous a paru cohérente,
structurée, et finie. Il n'en est pas de
même
du
contexte
actuel

rien
ne
semble
encore
stabil isé,
"fini".

-82-
Il nous a
semblé aussi
que rien n'était plus moderne dans
la société considérée que la ville. En effet, l'un des phénomènes
les
plus
radicalement
nouveaux
par
rapport
à
la
société
traditionnelle,
est le phénomène urbain.
Les villes,
en ce qui
concerne le CONGO sont des créat ions coloniales. Certes, d'autres
contrées Africaines ont vues
fleurir bien avant
l'arrivée
des
Européens,
des villes
importantes,
nous pensons entre autre
à
TOMBOUCTOU,
et DJENNE, pour ne citer que les plus célèbres.
Toutefois,
pour ce qui concerne le CONGO même au temps de
la "splendeur"
du
royaume
du
KONGO,
les
villes
sont
décri tes
comme étant plus des regroupements de plusieurs vi~lages que des
grandes cités.
Nous dirons donc avec G. BALANDIER
:
" .. Ici, la civilisation urbaine reste plus potentielle
que réalisée".
En effet,
les cités de
l'é~oque malgré le nombre élevé de
personnes qu'elles
regroupaient 4,
demeuraient
des villages
en
raison des structures matérielles qui s'y maintenaient.
Nous pouvons dire à propos des villes qu'elles naissent et
croissent avec
la colonisation.
La ville va constituer un lieu
d'innova t ion,
de
rencontre
et
d'échange.
Dans
les
villes
non
seulement la
culture
traditionnelle
rencontre
la
civilisation
occidentale,
mais
a
lieu
également
la
rencontre
des
autres
cultures
traditionnelles
entre
elles.
Rencontre
d'ethnies
différentes
aux
traditions
parfois
opposées
ou
du
moins
différentes:
voisinage
du
système
patriarcal,
et
du
système
matriacal en ce qui concerne les systèmes de parenté par exemple,
ou encore une ethnie aux moeurs plutôt
libérales
cotoyant une
autre aux moeurs plus sévères.
La ville est le lieu du changement par excellence, c'est la
vitrine d'un autre monde,
avec des modes de vie différents.
les
dépaysements
causés
par
l'urbanisme
sont
variables,
selon
la
taille de la ville.
La ville ici étant moyenne, les conflits, et
les problèmes seront à son échelle.
Il faut noter cependant,
et
cela sera l'objet de ce qui
va suivre,
que la coupure entre la
ville et le monde
rural
n'est pas à
première vue aussi
grande
pour toute la population.
83_ op . cité.
84 -La population
de
l'ancienne
capitale
a
été
estimée
à
30.000 habitants environ.

-83-
En ce qui concerne les populations BAKONGOS;
dont la région
constitue l'arrière pays de BRAZZAVILLE,
il se
fait une espèce
d'adaptation
à
la
ville.
On
peut
dire
qu'à
certains
égards,
l'organisation de la ville fait que dans une certaine mesure la
vie
rurale
se
maintient
en
ville.
Il
Y
a
un
courant
continu
d'échanges
permettant de
recvoir
la ville d'une
manière
moins
85
brutale, et dans ce cas nous ne dirons pas comme KI-ZERBO
que:
" Un vieillard qui
fait
parfois cinquante
kilomètres
de
piste
en
brousse
pour
arriver
dans
une
ville
Africaine,
parcourt
non
seulement
un
espace
géographique,
mais
auss i
un
espace
hi stor ique.
Il
parcourt ains i parfois plus ieurs s ièc les d' évolut ion. "
Cette distance est moins grande pour le cas considéré.
85 -KI -ZERBO
in
"
Sciences
humaines
et
philosophie
en
Afrique" p.
12.

-84-
2 - Le phénomène urbain
a) - La ville dans ce qu'elle a de rural
La plupart des villes Africaines avant les
indépendances,
étaient subdivisées en deux cités,
Il y avait d'une part ce qui
était communément appelé la cité Africaine, divisée en plusieurs
quartiers, et la cité Européenne proprement dite.
Dans la cité
Africaine,
les
gens
se
regroupaient
en
fonction
du
critère
ethnique et
régional.
D'autres quartiers regroupaient des gens
d'origine diverse.
L'on
peut
dire
pour
résumer
qu'il
y
avait
le
quartier
Européen;
micro-reproduction
d'une
ville
Européenne,
et
les
quartiers noirs. Après les indépendances, la ci té Européenne aura
une population plus diversifiée. Mais quand bien même la "ville"
était en partie investie par une minorité de CONGOLAIS, c'était
déjà ceux
vivant
plus
ou
moins
à
"l'européenne".
La distance
sociale s'est maintenue, cet aspect des choses est illustré par
l'expréssion locale consistant à
dire,
pour les habitants
des
autres quartiers:
"Je vais en ville", en parlant de l'ancienne
cité Européenne, et marquant ainsi la différence entre les deux
cités.
La cité Africaine n'a pas la même fonction que l'autre, l'on
y vit différemment. Essayons de saisir cet aspect rural de la vie
en zone urbaine,
en voyant
dans quelle
mesure
le
mode de
vie
traditionnel
arrive
à
s'y
maintenir.
En
effet,
la
société
traditionnelle
étant
principalement
agraire,
ayant
un
mode
d'habitation et de loisirs définis.
Nous pensons à l'examen de
ces différents points, et à la manière dont nous les retrouvons
dans la cité Africaine, pouvoir souligner cet aspect rural de la
ville.
Nous avons choisi pour l'exemple un quartier homogène.
Il
s'agi t du quartier de MAKELEKELE de BRAZZAVILLE. Nous nous basons
ici pour présenter ce quartier sur l'étude de Maurice JEANNIN.
Dans ce quartier,
le groupe ethnique BACONGO
comptait en 1970
88,2%
de
la
population.
Actuellement
encore
le
groupe
y
est
largement majoritaire.
86_ M.
JEANNIN
"Un
quartier
récent
de
BRAZZAVILLE;
MAKELEKELE
ses
activités
économiques
traditionnelles.
Travail
d'études et de recherche,
1969/1970; Université de BORDEAUX.

-85-
Dans ce quartier comme dans les autres d'ailleurs,
chaque
groupe
famil ial
posssède
une
parcelle
plus
ou
moins
grande.
Plusieurs parcelles constituant des blocs séparés entre eux par
des
rues
non
bitumées.
Le
type
d' habi tation
varie
selon
les
revenus
de
chaque
groupe
familial,
mais
elle
va
de
la
case
traditionnelle en pisé ou en brique de terre,
jusqu'à la villa
moderne.
Il Y a une dizaine d'années chaque bloc de quartier était
pourvu d'une fontaine publ ique. L'eau courante n'étant distri buée
que dans de rares parcelles, à ceux ayant les moyens de payer les
frais
d'installation.
Les
bornes fontaines
ont été
supprimées
depuis
et
l'eau
est
distribuée
à
peu
près
dans
toutes
les
parcelles.
La vie du quartier s' or~anise actuellement autour du marché,
et de la paroisse pour les chrétiens. Chaque parcelle (dimension
moyenne 20m/20m
) contient en plus de la famille nucléaire, des
parents. Le nombre d'habitants varie au gré des allées et venues
des parents du village, car il y a un courant continu d'échanges
entre la ville et la campagne.
Quels types d'activités peuvent avoir les habitants de ces
quartiers Sf L'étude de M. JEANNIN souligne que dans ce quartier
(en 1970)
"
Les
femmes
sont
principalement
ménagères,
62%
activités couvrant aussi des activités agricoles,
ou
commerçantes
22%,
quelquefois
jardinières
ou
cultivatrices 7%.
Plus
rares sont les fonctionnaires
et les artisanes 3 et 4% seulement".
Nous avons déjà dit que l'éconmie vivrière reposait sur la
femme. Aussi avant l'accroissement quelque peu anarchique de la
ville,
il
y
avai t
encore
beaucoup
de
champs
et
de
jardins
potagers, non seulement à la périphérie de la ville, mais aussi
en pleine ville dans des sortes de zones tampons entre la cité
Européenne et la cité Africaine.
S7_ M. JEANNIN; op cité P.
49.

-86-
Il Y avait aussi dans les concessions un endroit où la femme
plantait et plante encore8fur quelques mètres,
quelques plantes
et des condiments de base
.
" Les femmes cherchent dans les quartiers voisins des
terres propices à la culture sur le domaine municipal,
avec tous les aléas que cela comporte. c'est ainsi que
les
sites
les
plus
divers
offrent
aux
femmes
entreprenantes
des
possibilités
de
culture.
D'une
décharge
publique
de
BACONGO
au
polygone
de
sustentation de l'antenne de l'émetteur de télévision
de la R.T.C,
de la bande non revêtue parallèle à
la
route du DJOUE et à la route du stade ... ".
Ainsi, une femme peut résidder à la cité et avoir à peu près
le même type d'activités que dans les villages.
AGE des femmes participant aux travaux agricoles89
Femmes ayant
Tranches d'âge
1
une activité
agricole
- de
20 à
30 à
40 à
50 à
+ de
20
30
40
50
60
60
seulement au
10,7
32, 1
34
16,1
7,1
0
100
1
1
il
1
1
1
1
village
1
1
1
1
1
1
1
1 en
ville et
14,8 140,4
1 22,8
1 12
6,4
2,8
100
1
,8
~ au village
1
i
Actuellement,
les
champs
ou
les
zones
cul ti vables
sont
repoussés
de
plus
en
plus
loin
de
la
ville.
Toutefois
la
difficulté est tourné par la femme, soit en s'absentant quelques
mois
dans
l'année
pour
aller
cul tiver
les
champs
dans
son
village;
soit
en
commercial isant
les
produits
que
lui
font
parvenir des parents restés au village.
Un
aménagement
à
ce
propos
est
intéressant
à
soul igner.
c'est
celui
concernant
la
fabrication
du
pain
de
manioc.
La
préparation des
tubercules
étant pratiquement
irréalisable
en
ville; les femmes qui font le manioc soit, achètent
, soit font
venir
du
village
les
tubercules
déjà
rouis
et
préparés
grossièrement.
Pour
terminer
le
condi tionnement
sur place
et
commercialiser le produit.
88 - M. JEANNIN, op cité, p.84.
89_ Tiré de M. JEANNIN. op. cité, p. 84.

-87-
On peut dire ainsi que 90
:
" Ce n'est donc pas parceque HAKELEKELE 1 comme BACONGO
ci té
solidement
organisée
a
su
conserver
quelques
paysans pour la
nourir,
que
la culture
y
garde
une
grande importance.
Mais
c'est bien parcequ'avec
les
ruraux;
la vie rurale s'insinue en ville et que là
,
la femme assume toujours
les fonctions qui
lui
sont
dévolues dans les villages
de brousse;
c'est à
dire
essentiellement la production
et la préparation des
vivres. Ainsi donc HAKELEKELE est comme son aînée une
cité rurale dans une proportion non négligeable."
Voyons dans quelle mesure les activités traditionnelles se
maintiennent
en
ce
qui
concerne
la
population
mascul ine.
On
relève
comme
activité
masculine
traditionnelle
ou
s'en
rapprochant dans le quartier:
-
L'artisanat
tradi tionnel:
sculpture
sur
corne,
poterie
d'art, vannerie,
pressage de canne en sucre et d'ananas.
-
La récolte du vin de palme
-
La pêche (le fleuve CONGO est tout proche)
-
La chasse (dans les environs proches)
-
La médecine traditionnelle.
On
peut
ainsi
habi ter
la
ville
et
avoir
des
activités
proches des acti vi tés tradi tionnelles. Tout comme on peut habi ter
la ville et n'avoir
jamais été au cinéma,
avoir mis
les pieds
dans un bar,
et ne
faire
que des
incursions
brèves en
"ville"
accompagné de qulqu'un qui parle français pour arriver à se faire
comprendre dans
ce qui
est un monde différent,
celui
considéré
comme étant celui des Européens.
Car pour les personnes
non alphabétisées,
non scolarisées
et d'un certain âge,
il manque les "clés"
pour vivre la ville,
et les activités qu'elle
propose.
Les activités
sociales
vers
lesquelles se tournent les intérêts principaux continuent d'être
Is veillées concernant les rites de décès, les retraits de deuil,
les activités religieuses.
90_ p . VENNETIER
"Banlieue Noire de BRAZZAVILLE" P.
154.

-88-
Nous pouvons dire ainsi que pour les personnes considérées,
la cité constitue en quelque sorte "l'antichambre" de la ville.
Elle
constitue
aussi,
une
zone

les
innovations
les
plus
brutales
peuvent
être
tempérées,
réinterprêter
et
les
chocs
amortis.
Si ceci est valable pour une partie de la population,
il
n'en
est
pas
de
même
pour
tout
le
monde.
Même
à
la ci té
coexistent ceux qui mènent un mode de vie plus traditionnel,
et
ceux qui mènent un mode de vie diamétralement opposé; qui vivent
et utilisent la ville différemment.
b- La ville dans ce qu'elle est ville
L'intitulé de ce passage n'est pas très habile certes, mais
en fait nous voulons souli~ner ici, en quoi le type d'activité,
le
mode
de
vie,
les
modes,
peuvent
différer
du
mode
de
vie
traditonnel et être quelque chose de tout à fait nouveau. La cité
est ville dans ce sens qu'elle est lieu de rencontres. Rencontres
d'ethnies diverses,
avec des modèles différents qui circulent,
et
qui
sont
proposés
par
les
médias:
radio,
télévisi ,on,
journaux.
La ville
est
le
lieu
d'un mode
d' acti vi té
di fférent,
de
métiers divers. La ville permet aussi la coupure avec le village,
et d'échapper ainsi à son contrôle. La ville permet la naissance
de l'individualisme.
La ville a aussi sa vie propre,
car elle a
sa
propre
histoire,
et
a
secrété
une
ou
deux
générations
de
citadins
n'ayant
des
rapports
que
très
épisodiques
avec
le
village ou n'ayant jamais vécu de vie rurale à proprement parlé.
La ville est enfin lieu d'innovations et d'audace; avec ses
modes, c'est le lieu où l'on ose être différent,
et où l'on ose
braver les tabous et les
interdits traditionnels.
la ville est
aussi une
porte
ouverte
sur
le monde
(voie
de
communication,
aéroport etc ... ),
elle est lieu d'exposition et d'échanges avec
d'autres
pays,
elle
est
d'autre
part
un
lieu
culturel
et
politique.

-89-
3- ENVIRONNEMENT CULTUREL ET POLITIQUE
Que
propose
la
ville
comme
activités
culturelles
et
politiques
?
L'éventail
est
large;
il
va
des
activités
artistiques variées aux activités sportives, cinéma (surtout des
films de troisième catégorie). Cette activité culmine en période
de
fête.
La
pratique
religieuse
est
intense
surtout
pour
les
générations plus âgées.
la
ville
voit
fleurir
aussi
actuellement
à
côté
des
organisations officielles où l'adhésion est fortement conseillé
sinon obligatoire,(ces
organisations
modernes
sont
surtout
le
fait de femmes ayant des activités modernes),
des organisations
féminines où l'adhésion est volontaire. ce sont des organisations
d'entraide prénommés
"MOSIKIS".
Certaines de
ces
associations
sont de type religieux,
d'autres profanes où l'adhésion se fait
en fonction du métier, ou de l'appartenance à un quartier et ceci
toutes ethnies confondues.
Ceci
est assez
important pour
être
souligné.
Ces
organisations
n'ont
pas
de
mot
d'ordre,
ni
de
revendications politiques.
Selon les
femmes
en faisant
partie,
elles ont
pour
but
uniquement
l'aide et
l'assistance
à
leurs
adhérants.
ces associations aux
buts pourtant louables sont
à
peine
tolérés
par
les
hommes,
certains
y
sont
franchement
hostiles. la raison invoquée étant qu'elles entêtent les femmes.
Autre lieu de distraction, les "bars-dancing", qui sont des
lieux de distractions modernes.
Une des
femmes
que
nous avons
interviewée contatait toutefois que les:
" bars se sont vidés au
prof i t des ég lises". Messes di verses, réunions de prières surtout
pour les anciennes élèves des écoles religieuses.
Il circule d'autre part des chansons en langue vernaculaire,
où le discours est sentimental,
et ressemble à
sy méprendre au
contenu des chansonnettes que
serinnent à
longueur de
journées
certaines stations de radio d'Europe;
avec une profusion de "je
t'aime" et des "je ne t'oublierai jamais". Ces discours sont en
opposition parfois flagrante avec le réalisme dans les relations
sentimentales courantes.
Nous ferons
une parenthèse sur les romans-photos, qui est
le genre de lecture le plus répandu chez les femmes. leur lecture
avai t é t é
interdi te
à
une
époque
(vers
les
années
60)
à
la
demande des parents,
car on leur attribuait
la
croissance des
suicides chez les jeunes filles pour des déceptions amoureuses.
Chose aberrante pour
les générations
plus âgées.
L'engouement
pour
les
romans-photos
s'est
tassé
mais
ceux-ci
restent
très
prisés
par
les
femmes.
En
général,
les
gens
lisent
peu.
Par
contre, on écoute beaucoup la radio et on regarde la télévision,
pour
ceux
qui
disposent
d'un
poste.
les
émissions
les
plus
suivies sont les variétés locales.

-90-
Nous avons parlé d'environnement culturel et politique, car
dans le contexte étudié,
le discours politique,
pour n'être que
théorique
est
présent
et
crée
l'illusion
d'un
environnement
politique pafjticulier. En effet,
le CONGO est comme le souligne
H.
BERTRAND
:
"
La républ ique populaire du CONGO est le
seul pays
d'AFRIQUE dans lequel
le
parti unique au pouvoir
se
réclame
du
marxisme
léninisme,
et
du
socialisme
scientifique."
Un soulèvement populaire a renversé le pouvoir en 1963, le
soulèvement
est
devenu
la
révolution
Congolaise,
le
discours
politique de dirigeants marxistes a fait le reste. Les femmes par
exemple
ont
une
organisation
officielle
qui
est
"
l'Union
Révolutionnaire des femmes Congolaises" ou U.R.F.C.
Il faut toutefois noter que cette époque est un tournant en
ce qui concerne la femme, car à partir de cette période, on note
une
introduction
massive
de
femmes
principalement
des
jeunes
femmes dans le monde politique. Les femmes participent aux divers
meetings, et organisations de masse. Les femmes font leur entrée
dans l'armée,
et dans la défense civile.
Le président de l'époque soul igne92 :
"Le mythe de l'infériorité de la femme a été détruit,
la militante Congolaise porte
le fusil
et
sait
s'en
servir avec la même assurance révolutionnaire que son
compagnon."
A partir de 1965, toutes les écoles, collèges et lycées sont
nat ional isés.
L' ense ignement
à
maj ori té
rel ig ieuse
jusque

devient laïque.
Plus tard,
suivra la mixité absolue dans toutes
les écoles.
La mixité est à
partir de cette période de plus en
plus
grande
dans
les
activités
courantes
et
celle-ci
est
largement encouragée par les
dirigeants
surtout au
niveau
des
jeunes. On assiste à une remise en cause de l'autorité parentale
sur leurs enfants,
notamment celle des mères sur les filles,
le
contrôle ne pouvant plus s'effectuer aussi efficacement.
91_ op . cité.
92_MASSAMBA
DEBAT:
"Femme
Congolaise
interesse
toi
à
ta
production" P.
17.

-91-
Par ailleurs,
après
l'indépendance,
la
scolarisation des
filles fait des progès très importants ce qui repousse l'âge du
mariage.
les
femmes
ont
dès
cette
époque
une
or~anisation
officielle, mais sans vouloir être trop sévère, on peut dire que
celle-ci
n'a
pas
de
pouvoir
réel.
Elle
compte
à
son
actif
quelques
réalisations
artisanales,
et
quelques
réalisations
sociales. En dehors de cela,
son rôle est plutôt "décoratif", et
représentatif lors des défilés et des parades.
La plupart des projets proposés par cette organisation n'ont
vu
aucun
aboutissement i
notamment
le
projet
sur
une
réforme
complète du code de la famille.
Projet "saboté" par les hommes
selon les femmes
auteurs du projet.
Il y a donc en principe un
encadrement politique, avec une volonté d'éducation marxiste, une
organisation
d'opérations
sporadiques
de
travaux
collectifs
etc ...
On peut dire toutefois que les aléas de
la vie politique
font
que
les
gens
participent
d'une
manlere
formelle
aux
activités proposées.
Hormis une minorité d'enthousiastes,
plus
ou moins sincères; on peut dire sans exagérer que la vie sociale
se passe ailleurs.
On se prête
à
la vie
politique;
on vit
on
s'implique ailleurs.
Le
contexte
ainsi
posé,
que
deviennent
dans
cet
environnement le modèle et les rôles traditionnels? C'est à cette
question que nous allons tenter de répondre en faisant l'esquisse
des rôles actuels.

-92-
4- ESQUISSE DES ROLES ACTUELS
Il n'est pas question dans
ce passage d'anticiper ici
sur
les conclusions de notre travail;
mais d'essayer de brosser en
quelque
sorte
l'arrière
plan
sur
lequel
s'appuiera
nos
hypothèses. C'est ce qui nous a amené à reprendre les rôles déjà
décrits pour voir ce qu'ils deviennent dans le contexte actuel.
a) - La femme est membre d'un clan
Elle le reste,
l'unité sociale de base reste le clan, mais
l'obéissance à celui-ci n'est plus aussi aveugle. Concernant le
mariage notamment,
la femme choisit,
ou revendique
le choix du
conjoint. Toutefois un mariage non approuvé par les familles est
toujours considéré comme non viable, y compris par les intéressés
eux-mêmes.
L' évol ut ion
soc io-économique
fai t
également
que
si
théoriquement la femme peut tout attendre de son clan; la réalité
est plus nuancée à l'heure actuelle. En effet, s ' i l est toujours
courant de voir
la femme
repartir chez
ses parents
en cas
de
veuvage, de divorce, ou de conflit conjugal;
il y a une tendance
chez
la
femme
à
se
substituer
au
clan
en
se
garantissant
matériellement
contre
les
aléas
de
la
vie
actuelle,
en
construisant une maison personnelle par exemple.
b)- Elle est mère
La
maternité
continue
par
être
perçue
comme
étant
la
vocation
premlere
de
la
femme;
autrement
elle
n'est
pas
véritablement "femme". Les enfants relèvent toujours de la femme
dans
la
plupart
des
cas,
mais
le
mari
s'associe
plus
à
leur
éducation.
Elle
n' y
subvient
plus
seule
,
car
à
côté
de
son
éducation à elle, il y a d'autres instances éducatives autrement
plus
importantes
,
notamment
l'école
et
les
mouvements
de
jeunesse.
Il y
a d'autre part
la montée du droit paternel qui
tend de plus en plus à diminuer l'emprise de
la mère et de
son
clan sur les enfants, au profit du père.

-93-
c)- Elle est épouse
Nous avons vu précedemment
comment la contribution de
la
femme
au
foyer
conjugal
comment
celle-ci
a
évolué
dans
le
contexte
actuel.
Disons
seulement
que
selon
les
doléances
masculines, la femme est une épouse moins soumise qu'autrefois.
D'autre part, la tentative d'établissement du couple monogamique
ne se fait pas sans mal.
Le modèle
tradi tionnel
et
les
rôles qui
en
découlent
se
retrouvent dans leurs grandes lignes dans les zones rurales.
Il
est encore très vivace dans les zones urbaines et l'éducation des
fami Iles
est
encore
en
grande
part ie
basée
sur
ce
modèle.
Toutefois
la
transmission du
modèle
ne
se
fai t
plus dans
une
so~iété stable, mais en ce qui concerne les zones urbaines et les
zones
proches
des
villes
dans
un
environnement
mouvant 1

émergent des modèles féminins
différents, certains tout à
fait
nOljVeaux.
Le modèle traditionnel apparaft aux jeunes comme étant hors
contexte,
contraignant,
l'obligation
de
soumission
et
d'obéissance étant vécue de manière très négative. dans les zones
urbaines,
on
peut
dire
qu'il
y
a
éclatement
du
modèle
tradi tionnel
On
assiste
à
l ' appari tion
de
types
féminins
nouveaux que nous allons passer en revue.

-94-
VERS DE NOUVEAUX MODELES ?
Avant d' arri ver aux types
féminins,
il
conv ient de
faire
quelques
remarques
préliminaires.
nous
avons
déjà
dans
la
présentation
du
contexte
actuel,
parlé
de
quelques
faits
importants
introduits
à
partir
de
1963:
mixité
dans
l'enseignement, introduction de la femme dans plusieurs domaines
d'activité où traditionnellement elle n'était pas.
Il
y
une volonté
manifeste
de
la
part
des dirigeants
de
l'époque, d'essayer de
susciter un modèle plus ou moins défini
de la femme Congolaise "moderne".
Nous lisons dans le fascicule
déjà cité"J ces propos nouveaux:
" L'infériorité de la femme n'est que fictive,
c'est
plus une pénalisation sociale vieille comme le monde,
qu'une
réalité
irréversible.
L'infériorité
n'est
à
tous
points
de
vue
qu'apparente.
C'est
un
mythe
à
détruire. En effet,
sur le plan intellectuel rien ne
limite les possibilités spirituelles de la femme, elle
peut
faire
des
études
et
les
réussir,
autant
que
l'homme. L'obtention des diplômes les plus difficiles
par la femme le prouve à suffisance ... Aucun mythe ne
doit être entretenu sur l'infériorité et la faiblesse
de la faiblesse de la femme.
la révolution a pour but
de briser tous les carcans qui maintiennent des êtres
dans des
interdits inexplicables.
la femme
peut et a
le droit de se servir de tous les outils qu'utilisent
l'homme,
elle
peut
conduire
tous
les
véhicules
accessi bles à
ses
talents
et
à
sa
force,
elle
peut
occuper tous les emplois de son choix si elle en a les
compétences. Il y a aussi le mythe de la crédulité de
la femme,
on dit qu'elle croit à tout. Mais pourtant,
s ' i l y a une créature qui ne se laisse pas séduire par
le premier venu c'est bien elle. En tout cas ce n'est
pas
elle,
par exemple
au
CONGO,
qui
a
permis
à
la
civil isation Européenne
de
pénétrer plus
rapidement
dans notre pays. Au contraire c'est l'homme qui a cru
à
tout
et
qui
s'est
montré
plus
perméable
à
cet te
civilisation au point de singer l'Européen en tout et
pour
tout.
la
femme
Congolaise
est moins
colonisée
mentalement que l ' homme. \\,
93_MASSAMBAT
DEBAT:
"Femme
Congol iase
interesse
toi
à
ta
production";
P.20-21.

-95-
Il
faut
souligner
que
ces
propos
ne
sont
pas
restés
au
niveau des intentions et des discours. On assiste effectivement
à
l'époque comme nous
l'avons déjà dit à
l'introduction de
la
femme dans des domaines nouveaux.
Comme rôles essentiels de la
femme
l'auteur
que
nous
venons
de
citer
en
dégage
trois
fondamentaux:
-
La femme est épouse
" Le rôle premier que la société reconnaît à la femme
est
celui
d'épouse,
la
femme
ne
saurait
jouir
pleinement
de
son existence
en dehors
de
ces
liens
sentimentaux et affectifs qui l'attachent à
l'homme.
De son côté, celui-ci n'a la vie pleinement remplie et
équilibré qu'en s'appuyant sur une compagne dévouée et
affectueuse •. "
-La femme est mère
"
Dans
la
situation
actuelle
de
notre
société
la
procréation
n'est
pas
seulement
un
besoin,
ni
une
conséquence inévitable des
rapports entre époux mais
un devoir national.
nous ne sommes pas dans un
pays
peuplé

le
contrôle
des
naissances
doi t
être
de
rigueur,
nous sommes au
contraire dans un pays
sous
peuplé et sous développé qui a besoin de bras pour se
construire et se développer.
La femme mariée ne doit
donc pas éviter de concevoir, surtout elle ne doit pas
utiliser
de
pratiques
anticonceptionnelles
ou
abortives
qui
d'ailleurs
peuvent
avoir
des
conséquences
extrêmement
fâcheuses
et
même
fatales
pour sa santé."
-La femme
est enfin citoyenne,
l'auteur conclut en disant
que:
" la révolution doit donc faire de la femme Congolaise
une ménagère nouvelle,
complètement transformée dans
sa
mentalité,
dans
son
comportement
et
dans
la
condui te
du
ménage,
elle
doit
en
faire
aussi
une
artiste
de
la
nouvelle
vague,
une
épouse
d'une
nouvelle essence,
une mère d'un
esprit nouveau,
une
militante éclairée et un~ citoyenne accomplie."
(La
hierarchie
des
rôles
féminins
proposée
est
inverse
par
rapport aux priorités traditionnelles)

-96-
Ces
ci tations
appellent
plusieurs
remarques,
nous
n'en
ferons
que
trois:
la première est que
tous
les
types
féminins
actuels s'y retrouvent à
l'exception des
types "marginaux".
La
seconde remarque est que depuis un certain nombre d'années,
on
remarque
un
accroissement
de
la
prosti tution
dans
les
zones
urbaines,
de
la
délinquance,
il
y a
aussi
l'apparition
de
quelques drogués.
le phénomène n'est pas très
important,
mais
il n'en existe pas moins.
On assiste également à quelques abandons d'enfants et à des
infanticides, de la part de jeunes filles.
Il
y a également un
accroissement
de
filles
mères.
les
méthodes
contraceptives
n'étant pas répandues,
en raison de l'idée qu'il faut
"peupler
le CONGO", l'avortement est pratiqué très souvent avec des moyens
de fortune,
et est cause de mortalité parmi les jeunes filles.
La troisième remarque concernera ce que nous pouvons appeler
un
changement
d' atti tudes
concerant
les
conduites
sexuelles
devenus monnayables. Pour la plupart des femmes, y compris celles
qui sont mariées, et à l'utilisation de l'homme comme d'un moyen.
Il
s'établi t
ainsi
une
relation
"instrumentale"
et
une
mercantil isation des condui tes sexuelles et des rapports courants
entre les
deux
sexes,
que
nous essaierons
de
comprendre
plus
loin.
Disons qu'en fait, la femme de par l'utilisation différente
qu'elle peut faire de son corps, s'estime avantagée par rapport
à l'homme, car elle estime avoir des atouts en plus. c'est ainsi
que dans sa thèse sur l'identité dans une population de
jeunes
lycéens, H. NSIKA NKAYA,
parle à propos des
jeunes filles
d'un
véritable "pouvoir féminin".
Celles-ci d'autre part,
n'ont pas
de problèmes d'identité aigu.
Nous reviendrons sur tous ces aspects, pour l'instant, nous
allons
nous
intéresser
aux
moyens
utilisés
pour
étudier
le
probème. Aussi allons nous passer au chapitre suivant
,consacré
aux hypothèses et procédures d'analyse,
avant de
voir si
nous
retrouvons les aspects esquissés et de les expliquer.

-97-
METHODOLOGIE
A -
HYPOTHESES
Nous
savions
que
nous
faisions
une
recherche
plutôt
tàtonnante,
il
nous
étai t
difficile
dans
cette
persepective
d'avoir
une
ou
des
hypothèses
précises,
organisées
autour de
variables définies.
Nous avons tout au plus tenté de formaliser
nos intérrogations autour de quatre hypothèses.
La
première
renvoit
à
un
niveau
général,
les
autres
s' at tachant à explorer des aspects part icul iers du problème. Nous
avons voulu dans une certaine mesure mettre en
parallèle deux
milieux:
le milieu rural et
le milieu urbain;
des âges et des
niveaux
scolaires
différents,
aussi
avons
nous
émis
comme
première hypothèse que :
1. La proximité au modèle traditionnel variera selon le milieu.
l'âge. et le niveau scolaire.
Cette première hypothèse a pour nous l'avantage de regrouper
en quelque
sorte
toutes
les
variables étudiées
d'une
part
et
d'autre
part
de
nous
permettre
de
voir
les
nuances
pouvant
exister dans
cette
proximité
au
modèle,
dans
le
mil ieu
rural
notamment.
Nous
justifions
la
pertinence du
choix
des
trois
variables ainsi :
-
Le
milie~
car nous posons
au départ
le milieu
rural
comme "lieu traditionnel", le milieu urbain comme "lieu moderne",
-
L'âge
car nous présupposons que
les générations plus
jeunes quel que soit le milieu, seront plus sensibles à certaines
contraintes du modèle traditionnel,
- Le niveau scolaire: car celui-ci, selon qu'il est faible,
moyen,
ou élevé,
détermine le type d'activité de la femme,
et
l'introduit dans un mode de p~nsée, et de production différent.

-98-
Nous avons pensé par ailleurs nécessaire, pour mieux cerner
les modifications en cours
d'étudier ceux-ci autour de
points
précis. L'étude du cadre sociologique nous a permis de comprendre
que le modèle traditionnel féminin
s'organisait principalement
autour de trois rôles "clés", qui sont respectivement: les rôles
de membre d'un lignage, de mère et d'épouse.
Nous rappeleons en effet, que dans le contexte traditionnel,
la femme est avant tout membre d'un lignage,
qu'elle était mère
pour agrandir celui-ci et le renforcer, et qu'elle était épouse
pour
être
mère.
Aussi,
nous
pensons
que
l'étude
de
la
modification
de
ces
rôles
peut
nous
permettre
de
saisir
l'évolution du modèle lui-même, d'où la deuxième hypothèse selon
laquelle :
2. Les modifications seront plus sensibles autour de trois rôles
clés: ceux de membre de lignage. de mère. d'épouse.
Ceci parceque c' étai t principalement par ces trois rôles que
la femme
s'inscrivait dans la société traditionnelle, avec des
prescriptions
préalablement
établies,
et
liées
les
unes
aux
autres,
et aussi parceque nous pensons que le milieu actuel de
par les nouvelles structures économiques,
sociales,
politiques
et culturelles,
entraîne une modification très sensible de ces
rôles.
Nous allons nous intéresser particulièrement à la manlere
dont
la coneption
et
l'actualisation
des
rôles
de
membre
de
lignage, de mère et d'épouse,
s'écartent, ou se rapprochent de
la coneption traditionnelle.
Nous avons d'autre part pensé utile, de voir comment sont
vécues certaines de ces modifications, en cherchant notamment à
relever
pour
chaque
groupe
considéré
les
types
de
conflits
susci tés
par
l'éclatement
des
rôles.
I l s ' ag i t
ic i
du
rôle
d'épouse (épouse, ou compagne,
toutes les relations de "couple"
sont prises en compte).
Les confli ts étudiés seront ceux existant actuellement dans,
et autour de la relation de couple, nous nous interesserons aux
types de conflits,
à
leur intensité,
et à
leurs conséquences.
Ceci nous permettant de mettre en évidence le coût psychologique
des modifications en cours.

-99-
Nous pensons en effet, que la femme en milieu urbain, mais
proche des modèles traditionnels s'adapte au contexte moderne à
un coût affectif moindre, l'utilisation du contexte traditionnel
comme cadre
de
référence
lui
permet
une
interprétation
plus
économique des modifications survenues.
Aussi, cette troisième hypothèse se propose de vérifier si
certains groupes de la population étudiée (nous pensons ici aux
femmes
scolarisées
et
ayant
une
acti vi té
moderne),
ont
des
tensions plus nombreuses dans leur relation de
couple que les
autres, d'où la troisième hypothèse qui stipule que:
3. La femme en milieu urbain mais dont l'activité est proche des
activités traditionnelles.
utilise à
un coût affectif moindre,
le contexte moderne, que la femme dont l'activité est proche des
activités modernes.
Ceci
pésuppose
que
c'est
dans
\\t relation "couple" que
s'expriment
le
plus
de
conflits

Nous
essaierons
de
comprendre ces
tensions
et
conflits
comme
consécutifs
à
une
incohérence de rôles,
et comme dûs à un ébranlement des pôles
traditionnels d'autorité, dans cette relation notamment.
Enfin, il nous fallait trouver un moyen nous permettant de
saisir
autour
de
quels
éléments
principaux
s'organisent
actuellement, les restructurations en cours. Nous nous sommes en
effet,
demandé ce que la société actuelle
avait de réellement
nouveau par rapport au
système traditionnel,
nous avons
pensé
pouvoir
retenir
deux
éléments
l'individualisation
des
conduites, et l'élargissement du cadre de la vie sociale.
D'où
cette dernière hypothèse qui stipule que :
4.
Les
restructurations
en
cours
voient
l'émergence
de
l'individu. et l'élargissement du cadre de sa vie sociale.
Par cette dernière hypothèse,
nous nous proposons de voir
comment s'individualisent les rôles,
et comment l'émergence de
l'individu dans la conception et l'actualisation des rôles clés,
modifient ceux-ci.
94_ Ceci ne signifie nullment qu'il n'y ait pas de conflits
autour des autres relations, mais nous verrons plus tard qu'il
est ici plus "périlleux" de s'opposer à son propre lignage, qu'à
une personne qui traditionnellement reste un étranger: le mari
ou le concubin.

-100-
Nous pensons pouvoir confirmer ou infirmer nos hypothèses
grâce
à
l'analyse des
données
recueillies,
aussi
nous
allons
présenter dans les passages qui viennent,
les
moyens que nous
nous sommes donnés pour tenter de répondre à
nos objectifs de
départ.
Il s'agira respectivement,
de la présentation du cadre
conceptuel,
du recueil des données,
et de la présentation des
procédures d'analyse.

-101-
B - CADRE CONCEPTUEL
La constitution du cadre conceptuel a tenté de répondre à
deux
soucis
d'abord
celui
de
nous
donner
des
concepts
et
notions nous permettant par
l'usage descriptif de ceux-ci,
de
mieux cerner les contours du problème; et d'autre part de nous
munir d'une grille conceptuelle permettant une lecture fructueuse
des données
recueillies,
et
un cadre explicatif cohérent
pour
l'analyse et l'interprétation des résultats obtenus.
Précisons d'emblée que nous
situons notre travail sur
le
plan
général
dans
la
problématique
du
changement.
Celle-ci
constituera le fil conducteur de ce cadre conceptuel. En effet,
le
contexte
qui
nous
interesse
est
celui
d'une
société
en
transition,
en rupture d'équilibre.
Nous pensons pouvoir dire qu'ici plus qu'ailleurs,
il y a
eu
rupture
entre
la
société
traditionnelle
et
la
société
actuelle, et que nous sommes en présence d'un système en train
de changer. Nous essaierons dans un premier temps de comprendre
les
ruptures
d'équilibre
au
niveau
du
système,
et
dans
un
deuxième temps de saisir les ruptures au niveau des éléments du
système.
Nous entendons ici le changement comme 95:
" ••. La
transformation
plus
ou
moins
brusque
et
profonde, d'un certain système d'équilibre,
donc une
phase de
rupture
jusqu'à l'instauration d'un
nouvel
équilibre.
Ce
processus
s'accompagne
d'un
état
de
tension
psychologique,
de
sentiments
vécus
souvent
confus

se
mêlent
une
anxiété
et
une
certaine
nostalgie
vis
à
vis
de
l'ordre
passé,
la
pression
d'une urgence ou même d'une contrainte, mais souvent
aussi le sel de
l'aventure.
Tous nos changements de
conduite, depuis la rupture d'une habitude domestique
jusqu'aux
grandes
crises
politiques
enveloppent
l'ensemble
de
ces
aspects
fonctionnels
et
émotionnels."
Est associé étroitement au problème du changement la notion
95_ Jean MAISONNEUVE
"Introduction à la psychosociologie",
P.
228

-102-
de régulation qui nous interesse ici parcequ'elle 96:
" Implique les idées de systême et d'équilibre lorsque
l'état
initial
est
perturbé.
Ainsi
s'agit-il
d'un
concept corrélatif
à
celui de
changement,
puisqu'il
concerne
des
sytêmes
possédant
la
propriété
de
rétablir ou de transformer leur équilibre."
Il
n'y a
de changement qu'à partir d'une
modification et
même rupture d'un processus systémique auparavant répétitif. Ceci
implique que le systême est composé de structures et d'éléments,
et qui
dit changement,
dit
éléments qui changent à
l'intérieur
du
système.
Nous
posons
ici
le
systême
comme
renvoyant
à
un
ensemble plus
vaste,
et
les
structures comme
des
éléments
du
système.
La notion de structure est entendue ici comme 91:
" Un ensemble d'éléments entre lesquels existent des
relations et telle que toute modification des autres
éléments en relation."
Nous
poserons
donc
la
soc iété
traditionnelle
comme
une
structure constituée d'éléments liés entre eux.
Pour nous donner dans le temps,
un point de repère quant à
ce qu'on pourra appeler une phase de rupture, nous nous proposons
de situer celle-ci au moment du choc entre la société coloniale
et la société traditionnelle, avec comme notion descriptive celle
de
"situation
coloniale",
qui
a
impliqué la
mise
en place
de
nouvelles structures.
Ceci nous permettra de comprendre ce qui dans la situation
coloniale a
impliqué la mise en place de
nouvelles
structures
économiques, administratives, et culturelles. Cette mise en place
a rencontré des structures déjà existantes. Nous nous attacherons
à
comprendre
les
problèmes
de
contacts
entre
les
nouvelles
structures
et
les
anciennes,
comme
des
problèmes
liés
aux
dérégulations d'un système auparavant cohérent.
Nous essaierons de comprendre la période actuelle comme une
96_ Jean MAISONNEUVE,
op déjà cité, P.
236.
91
J.
VIET
:
"Methodes structuralistes dans
les sciences
sociales".

-103-
Nous essaierons de comprendre la période actuelle comme une
période
transitoire
visant
à
l'instauration
d'un
nouvel
équilibre, comme
le passage d'états de dérégulations à un état
d'équilibre.
Il
s'agira
en
fait
plutôt
de
l'analyse
des
dérégulations existantes,
car nous ne pensons pas qu'à l'heure
actuelle
on
puisse
parler d'un
état 98d' équilibre,
mais
plutôt
d'une période transitoire,
comme une
:
" Une période cruciale qui révèle une phase négative
et une phase positive, un mouvement de structuration,
de désorganisation et de réorganisation".
Ceci nous renverra à la notion de mutation sociale.
Nous
tenterons
d'autre
part
de
comprendre
la
période
actuelle comme une période de transculturation,
permettant peut
être l'apparition d'une culture moderne,
intégrant des valeurs
de cultures anciennes ou d'apports étrangers.
Nous
pensons en effet,
que le concept d'acculturation ne
correspond plus exactement au contexte actuel
et qu'il
renvoie
plutôt
19 la
notion
d'assimilation
ainsi
que
le
souligne
G.
DORMEAU
" Le terme d'acculturation pour désigner le processus
par lequel des
individus ou
des groupes
d'individus
recevaient
et
assimilaient
des
apports
culturels
provenant dans les pays en voie de développement des
cul tures
étrangères.
A
son
stade
le
plus
concret,
cette acculturation aurait eu son aboutissement dans
une
"assimilation
totale",
la
notion
de
transculturation paraît plus adéquat pour désigner les
acquits provenant d'une autre culture."
Nous pensons avec elle que
:
" Cette notion rend mieux compte de l'aspect dynamique
du changement culturel, et ne suggère aucune hypothèse
implicite d'un achèvement conçu comme l'assimilation
totale
(processus
normal
dans
l'acculturation
de
l'individu
à
son
propre
univers
culturel).
Au
contraire,
i l
laisse, place
à
l ' hypothèse
de
l'apparition d'une culture moderne originale, dans les
sociétés en transition intégrant des valeurs provenant
de cultures anciennes ou d'apports étrangers."
98_ G. BALANDIER "Sociologie actuelle de l'Afrique Noire",
P.
52.
99_ " Traité de psychologie appliqué T. X.

-104-
Il
est
toutefois
évident
qu'il
n'était
pas
possible
d'analyser des transformations survenues à un ni veau aussi vaste,
car
nous
aurions
du
mal
à
spécifier
l'objet
précis
de
la
recherche. Si nous revenons à notre système traditionnel, il nous
fallait trouver un axe ou des éléments du système autour duquel
il fallait centrer l'étude des modifications et des évolutions
en cours.
c'est ainsi que nous avons choisi d'étudier les "ruptures
d'équilibre" au niveau du système de rôles,
plus précisément des
rôles féminins.
C'est
ici
que
nous retrouvons
les
notions
de
modèles de statut, que nous associerons au conept de rôle.
Nous entendons le modèle comme étant un 100:
" ... type de conduite, de pensée ou de sentiment commun
dans un groupe donné,
transmis
par une
appartenance
prolongée à ce groupe et
reconnu généralement comme
valable."
La notion de modèle nous intéressait dans la mesure où elle
nous
permettait
en
ce
qui
concerne
le
modèle
traditionnel
féminin,
de poser les valeurs prépondérantes du modèle;
lequel
modèle s'actualisait dans des rôles précis. Elle nous intéressait
également comme
nous
permettant
de
poser le
modèle
comme
une
structure auparavant stable,
qu'on pouvait
retrouve
dans
ses
ro1
survivances actuelles dans la mesure où les modèles
:
"
Restent
davantage
collés
au
passé
et
dans
une
société mobile, ils représentent une étape d'évolution
déjà dépassée par les conduites réelles."
Cette notion nous permettait d'autre part de fair
un va et
ro2
vient entre le modèle traditionnel et les rôles. Car
:
" IL se produit donc un mouvement rec1proque entre les
modèles
et
les
rôles.
les
modèles
incarnent
les
valeurs
sociales,
et
se manifestent dans
les
rôles
théoriquement prescrits, mais subissent le contrecoup
des rôles réellement joués , ils se modifient lorsque
ceux-ci ont réussi à s'imposer sur une large échelle
( ..• ) Le modèle ne constitue donc pas en lui même un
concept
dynamique
et
relationnel,
mais
par
son
intermédiaire, les valeurs et les normes de la société
s'incarnent dans des valeurs vivantes et les conduites
en rôles réciproques de ses membres."
100_ J.
MAISONNEUVE; op déjà cité P. 57.
101
A.M.
ROCHEBLAVE-SPENLE
"
La
notion
de
rôle
en
psychologie sociale" P.
117.
102_ A.M.
ROCHEBLAVE-SPENLE; op. déjà cité.

-105-
103.
Nous avons d'autre part recours à la notion de statut
" Dans un système culturel ou dans un groupe donné, le
statut
désigne
l'ensemble
des
attributs
liés
à
la
position
d'un
individu
dans
ce
système
et
certains
comportements auxquels son détenteur peut légitimement
s'attendre de la part des autres."
Nous arrivons ainsi au rôle qui est entendu ici comme
" L'ensemble des conduites requises pour un individu
possédant tel statut".
(J.
MAISONNEUVE 1973)
Si nous posons l'une des fonctions du rôle celle d' être 104 :
"
( ••• )
à
la
fois
une
fonction
de
régulation
des
rapports sociaux, et une fonction d'intégeration de la
personnal i té" .
Nous pensons que l'étude du
rôle peut
être
révélateur du
type de dérégulations des rapports sociaux actuels, du moins de
certains d'entre eux. L'étude du rôle renverra ici respectivement
au niveau social et familial.
Nous tenterons de comprendre certains rôles leur usure, et
la modification du
système
des
urgences,
étant
entendu
que
l'évolution
des
rôles
est
liée
aux
changements
techniques,
économiques, et culturels. et que:
"
Toute
évolution
,
en
modifiant
le
système
des
urgences et des attentes suscite l'usure de certains
rôles, et l'apparition des rôles nouveaux,
et par la
suite
à
un
ébranlement
plus
ou
moins
grave
de
l'équilbre des positions sociales".(J. MAISONNEUVE)
Nous essaierons enfin de lire les conflits actuels au sein
des
relations
de
"couple",
comme
une
conséquence
de
la
désorganistion sociale,
et une
incohérence des
rôles.
dans
un
premier temps,
nous nous attacherons à souligner les conditions
qui ne sont plus remplies dans le contexte actuel pour qu'il
y
ait équilibre des rôles.
103_ J. MAISONNEUVE;
op déjà ci té.
104 - J.
MAI SONNEUVE; op. dé,j à cité P.
73,
81,
89.

-106-
en effet,
nous relevons sept condi tions auxquelles les 105
" •• RaIes sociaux doivent ob'ir à plusieurs conditions
que
nous
trouvons
effectivement
dans
les
soci't's
stables et 'quilibr'es."
Nous chercherons dans le contexte consid'ré les conditions
qui ne sont plus remplies pour qu'il y ait cohérence entre les
rôles féminins et masculins. Nous analyserons enfin l'ébranlement
des
relations
traditionnelles
d' autori té
dans
les
relations
conjugales, comme la tentative d'une redistribution de pouvoir,
et
comme
le
refus
chez
certaines
femmes
"
d'une
relation
de
stricte dépendance,
le d'sir de modifier un ' t a t v'cu comme une
certaine aliénation."
(J. MAISONNEUVE 1973)
105_ A.M.
ROCHEBLAVE-SPENLE,
op.
déjà cité,
P.
343 à
345.
"1.
A chaque statut doit
~tre attaché un rôle,
et
un seul,
de
sorte
que
chaque
individu
occupant
ce
statut
sache
automatiquement
quel
rôle
il
doit
jouer.
Ainsi
si
nous
considérons
le
statut
de
la
femme
(KOMAROVSKY
1946),
la
coexistence
de
deux
rôles,
un
rôle
traditionnel
et
un
rôle
moderne,
constitue
une
source
d'incertitude,
et
de
conflits,
aussi bien intersubjectifs qu' intrasubjecti fs. Ce double rôle est
d'ailleurs lié à l'évolution rapide de la société qui multiplie
les

rôles
et
par conséquent
également
les
conf1i ts
survenant
entre eux ( ... ) les anciens rôles s'effondrent et les nouveaux
ne sont pas encore pleinement établis . . .
2. La défini tion du rôle doi t ~·tre claire, fixée par le consensus
et ne permettre aucune équivoque.
3. Les différents rôles apparaissant dans une société déterminée
doivent se limiter chacun à un domaine circonscrit et ne pas se
regrouper.
4. Un même rôle ne doi
t pas contenir des exigences incompatibles,
et
toutes les actions prescrites par lui
doivent
tendre à une
m~me fin,
l'accomplissement d'une fonction sociale.
5.
La
société
doit
limiter
à
des
statuts
compatibles
ceux
auxquels peut accéder simultanément un individu.
6. La proportion entre les rôles choisis et les rôles prescrits
doit favoriser ces derniers, la société comportera alors plus de

stabilité et l'individu sera soumis à moins de conflits.
7. Les rôles doivent être constants dans le temps, autrement dit,
une
"séquence
de
rôles"
ne
doi t
comporter
que
des
rôles
compatibles entre eux."

-107-
Ceci nous amènera à poser les conflits et tensions en termes
de relation de pouvoir, à lire les réactions de certaines femmes
comme dûes à la réduction de leur zone d'incerr~tude par rapport
aux hommes.
Le pouvoir est entendu ici comme
:
" .•• La capacité qu'à une personne A d'obtenir d'une
personne B de faire ce qu'elle lui demande, c'est une
relation d'échange, dans laquelle deux personnes sont
engagées. C'est une relation déséquilibrée :
si A et
B
disposent
des
mêmes
atouts,
il
n' y
a
plus
de
relation
de
pouvoir
entre
eux,
car
aucun
ne
peut
obliger l'autre à faire quelque chose.
Mais ceci est
une relation réciproque; pour accepter de faire ce qui
lui est demandé, B doit y trouver son intérêt, il faut
donc que A fasse quelque chose en échange.
Ainsi le
pouvoir est un rapport de force dont l'un peut retirer
davantage que
l'autre,
mais où,
également,
l'un est
totalement démuni face à l'autre."
Nous complétons cette définition du pouvoir en y associant
la notion de zone d'incertitude du même auteur:
"Le
pouvoir
d'un
individu
est
aussi
fonction
de
l'importance
de
la
zone
d'incertitude
qu'il
sera
capable de contrôler face à ses partenaires. Mais le
contrôle
d'une
zone
d'incertitude
ne
suffit
pas,
encore
faut-il
que
celle-ci
soit
pertinente
par
rapport aux partenaires engagés dans une relation de
pouvoir c'est à
dire
qu'elle
les affecte
dans
leur
capacité de poursuivre leurs objectifs propres".
Nous expliquerons d'autre part les différences des tensions,
et des conséquences de
celles-ci selon les groupes
considérés
comme correspondant à des stratégies différentes. Nous concluons
ce cadre coneptuel, en espérant qu'il nous permettra de répondre
en partie du moins aux objectifs que nous nous sommes fixés.
106
ERHARD
FRIEDBERG
"L'analyse
sociologique
des
organisations";
in la revue POUR P.
39, 40.

-108-
C - RECUEIL DES DONNEES
1. Méthode d'approche
Le caractère exploratoire de notre recherche rendait très
di fficile l ' util isation d'une méthode de type expérimentale. Nous
avons
choisi
comme
méthode
d'investigation,
l'en~ête
psychosociologique, celle-ci étant entendue ici comme une
:
"( ... )Recherche
d'informations
ou
de
quête
d'informations. Mais à cela s'ajoute deux idées: d'une
part, l'idée que cette recherche est méthodique, donc
doi t
satisfaire
à
certaines
exigences
de
rigueur,
permettant d'aboutir à
des résultats "quantifiables"
c'est à dire traduisibles en chiffres ( ... ) et d'autre
part
l'idée
que
cette
recherche
s'applique
à
une
réalité tout à fait particulière; la vie psychologique
d'un groupe social, ses comportements, ses goûts, ses
opinions,
ses
besoins,
ses
attentes,
ses
raisons
d'agir
et
de
réagir,
ses
manières
de
vivre,
de
travailler, de se distraire
( ••. ) ses changements et
les influences auxquelles il est sensible."
L'enquête psychosociologique menée ici, aura principalement
consistée
au
recueil
d'informations
permet tant
de
si tuer
le
problème étudié dans son contexte, et à une quête d'informations
concernant plus précisément l'objet de la recherche.
Comme techniques de recueil de données,
nous avons choisi
de
faire
des
entretiens
de
type
conversationnel,
et
des
discussions de groupe centrées autour de quelques thèmes.
Nous
aurions pu utiliser un questionnaire comme nous l'avions pensé
au début,
mais nous nous sommes rendus compte
lors de la pré-
enquête,
que
si
l'emploi
du
questionnaire
pouvait
à
certains
égards
être
familière
à
une
population
jeune,
scolarisée,
et
urbanisée; pour les générations plus âgées, le mode de passation
du questionnaire, nous a paru trop rigide pour le type d'approche
que nous avons voulu avoir.
L'entretien
de
type
conversationnel
orientée
autour
de
thèmes, ainsi que des discussions de groupe semi-orientés nous
ont paru plus souples,
quoique plus difficiles à
manier.
Nous
pensons ainsi
avoir gagné
en
signification ce
que
nous
avons
perdu en systématisation.
ID?
R.
MUCCHIELLI:
"
Le
questionnaire
dans
l'enquête
psychosociale"; P.
5 .

-109-
2. Les cadres thématiques
Notre propos de départ était de comparer deux milieux, des
tranches d'âge et des niveaux scolaires différents. Mais en fait
pratiquement, nous comparons des discours différents et c'est à
travers l'analyse de ceux-ci que nous essaierons de
mettre en
évidence, les différences constatées ou non. Il fallait également
que
les
discours
recueillis
cernent
autant
que
possible
les
aspects étudiés, d'où le choix des thèmes suivants comme thèmes
inducteurs:
1.
La famille (le lignage)
2.
Le travail
3.
Les enfants
4.
Le veuvage
5 .
Le mariage
6 .
La polygamie
7 "
L'amour
8 .
Les conduites sexuelles
9.
La délinquance
10. Les activités sociales
La
pré-enquête
nous
avai t
déjà
permis
de
délimi ter
un
certain nombre de thèmes. Au cours de l'enquête sur le terrain,
nous avons ajouté trois thèmes qui lors de la pré-enquête ne nous
avait pas parus significatifs. Ceci a porté le nombre de thèmes
de sept à dix.
En effet pour des raisons d'ordre matériel,
la
pré-enquête
s'est
déroulé
surtout
auprès
d'une
population
de
Congolais
en
séjour
en
France
depuis
quelques
années
pour
certains. Ce qui explique que tous les thèmes n'aient pas eu la
même
actual i té
pour
les
uns' et
pour
les
autres.
Les
thèmes
ajoutés
sont
rerspectivementi
les
conduites
sexuelles,
la
délinquance, et les activités sociales.

-110-
Justification du choix des thèmes
Nous allons nous arrêter au passage sur chaque thème choisi,
d'une part pour justifier la pertinence du choix
effectué,
et
surtout pour pointer au passage ce que nous avons en fait voulu
cerner autour de ces thèmes.
1. La famille-clan (ou le lignage)
Nous savons déjà que dans la société traditionnelle,
la vie
de l'individu s'inscrivait dans le lignage de sa naissance à sa
mort.
Le
sentiment de ne
faire
qu'un avec le lignage est donc
préeminent dans
le système traditionnel.
A travers le thème du
lignage,
il
était
intéressant
de
voir,
si
le
sentiment
d'appartenir à un lignage se modifie, si les contours de celui-ci
sont toujours
aussi précis.
et
si dans
le
contexte actuel
la
famille
reste toujours le lignage,
si avec la montée du droit
paternel, le mari est-il toujours considéré comme faisant partie
de son lignage? Trois autres aspects nous intéressaient ici les
aspects
:
-
L'attachement au lignage
- L'obéissance à celui-ci
- L'aide et la solidarité
2.
Le travail
Dans la société traditionnelle,
tout
individu valide sauf
s'il
avai t u n e
posi tion
d' autori té
devait
apporter
sa
contribution. Nous savons aussi qu'il y avait une répartition des
activités.
Mais
cette
répartition
exigeait
de
la
femme,
une
ardeur
au
travail
qui
étai t
très
valorisée.
Certaines
femmes
étaient épousées surtout et appréciées sur ce critère. Cet aspect
va nous intéresser avec ces déterminants.
La femme dans la société traditionnelle travaillait d'abord
pour ses enfants qui appartiennent à son lignage, et pour nourrir
le
mari,
mais
principalement
pour
les
enfants.
Il
était
intéressant de
voir si
les
r,aisons qui
poussent
les femmes
à
travailler sont toujours les mêmes, ou si elles sont différentes
à l'heure actuelle,
selon le milieu considéré.

-111-
3. Les enfants
Dans une société où il est important que la femme soit mère,
autant
pour
le
l igange
que
pour
la
femme
elle-même,
n'étant
reconnue
socialement
que
par
la
maternité.
Le
thème
sur
les
enfants,
la
maternité,
le
rôle
de
mère
de
ses
relations
actuelles avec
ses enfants,
s'imposai t,
et nous permettai t
de
voir en
quoi
être mère
dans
le
système
tradi tionnel,
pouvait
différer,
du fait d'être mère actuellement.
4.
Le veuvage
Ce thème est celui qui illustre le mieux à l ' heure actuelle,
le
côté
précaire
des
mariages
actuels,
et
des
couples
modernes. Car
les
inst i tutions
du
veuval;e
tradi t ionnel
ayant
disparus en partie, ceci laisse la femme surtout mal protégée et
démunie en cas
de décès du
mari;
si elle
même ou ses
parents
surtout en milieu urbain n'ont pas les moyens de l'assister ou
de l'accueillir.
Car selon la séparation des biens en vigueur dans la société
traditionnelle et qui continue à l'être actuellement,
la femme
et les enfants sont souvent dépossédés en cas de décès du mari.
Et
à
cela
aucune
loi
cohérente
n'apporte
une
solution
qui
permettrait une protection de la veuve et des enfants. Ceci pose
le problème de
la communauté ou non des biens dans la relation
conjugale; dans la zone urbaine notamment, c'est l'un des thèmes
forts,
c'est
également un des
thèmes autour
duquel
il
y a
un
consensus sur le caractère pénible du veuvage.
5. Le mariage
Par ce thème nous avons cherché à savoir ce que devenait le
mariage, notamment à travers le problème du choix des conjoints,
et de la manière dont les époux doivent vivre, ou vivent.
6. La polygamie
Comment était accepté la polygamie,
étaient-elles pour ou
contre, et pour quelles raisons ? Nous sommes dans un pays où
l'homme officiellement a
le
droit d'épouser quatre femmes,
le
régime polygamique comme régime matrimonial suscite toujours des
débats
passionnés.
Il
y
a
eu
(émanant
de
l'organisation
des
IfemmeS) des projets de demande de suppression de la polygamie,
Ion est pour ou contre. Les hommes et les femmes pour des raisons
différentes.

-112-
Il était intéressant de voir réellement ce qu'en pensaient
les femmes. Autant celles qui vivaient dans un ménage polygame
que les autres. cette opposition et les raisons de celles-ci, ou
l'acceptation de ce régime,
étant révélateur, d'une tentative à
vouloir
construire
les
relations
de
couple
autour
d'éléments
nouveaux.
7. L'amour
Quelle
conception
de
l'amour
les
personnes
intérrogées
avaient-elles? Etait-ce par exemple un élément déterminant pour
fonder un foyer? Qu'est ce que "l'amour" dans le contexte,

les relations hommes femmes ont pris une tournure particulière?
En fait nous avons voulu savoir dans quel sens les générations
scolarisées
et
influencées
par
l'éducation
et
les
modèles
étrangers, concevait celui-ci.
8. Les conduites sexuelles
Celles-ci étaient étroitement liées à la maternité dans le
système tradi tionnel. Avaient-elles changées? Si oui, qu'étaient
elles en train de devenir? De quelle manière cela modifiait-il
la conception et l'utilisation que les femmes
avaient de leur
corps,
et de quelle
manière cela modifiait-il leurs
relations
avec leurs partenaires masculins ?
9. La délinquance
L'un
des
modes
de
dérégulations
les
plus
visibles,
la
prostitution, la drogue, nous
intéressait ici,
la manière dont
celle-ci était perçue.
10. Les activités sociales
Il nous a paru important de savoir si le cadre des activités
sociales s'étai t élargi; et si .ceci amenait à une reconsidération
du rôle de la femme à un niveau global, si ceci amenait notamment
par exemple
l'émergence
d'un
rôle
social
débordant
le
cadre
clanique.

-113-
Les réunions discussions n'ont pas été centrés suu tous les
thèmes, mais quelques thèmes "forts": le travail, le mariage, les
condui tes sexuelles, la délinquance, les relations hommes/femmes.
Pour le
recueil
des
données,
nous avons
lors
du
premier
séjour pris des notes et effectué quelques enregistrements quand
les personnes étaient disposées à
le faire.
Nous en avions en
fait
réalisé
très
peu.
L'essentiel
du
recueil
des
données
a
consisté
à
prendre des
notes
mais
ce
procédé
ne
nous
a
paru
satisfaisant.
Au cours du deuxième séjour,
nous avons
pu bénéficier de
l'aide d'un personne qui notait en sténo les entretiens; ce qui
nous
laissait
une
liberté
de
manoeuvre
plus
grande,
tout
en
prenant dans
la mesure

le déroulement de
l'entretien n'en
souffrait pas, des notes. Le procédé s'est révelé intéressant.
Les
entretiens
et
réunions
discussions
sont
d'une
durée
inégale,
celle-ci a variée de quarante minutes à une heure et
demie.
certaines
personnes
ont
été
revues,
pour
compléter
certains
aspects
qui
n'avaient
pas
été
abordés
au
cours
des
premiers
entretiens
Ceci
dépendant
bien
entendu,
de
leur
disponibilité et de la nôtre.

-114-
D- PROCEDURES D'ANALYSE DES DONNEES ET MISE EN OEUVRE
a)- ORGANISATION DE L'ANALYSE
La constitution du cadre d'analyse a
tenté de
répondre à
deux soucis. le premier est celui de nous donner les éléments de
réponse à
nos
intérrogations
de
départ,
à
nos
hypothèses,
le
deuxième celui d'utiliser, et d'exploiter au mieux les discours
recueillis. L'analyse donnera l'impression de partir dans tous
les sens. Elle sera dans une certaine mesure quantitative, nous
avons quelques résultats quantitatifs, et aussi qualitative.
Pour
l'analyse
proprement
dite
seront
considérés
la
dimension longitudinale
et horizontale,
nous
pouvons dire
que
cette analyse est un croisement de plusieurs types d'approches;
croisement

à
la nécessi té
de
ne
pas
évacuer un
aspect
du
contenu pouvant être significatif.
Voyons donc un peu
plus en
détail, comment nous avons tenté d'organiser l'analyse, et lui
donner une certaine cohérence.
Notre
objecti f
principal
étai t
pour
nous
de
comprendre
autour
de
quels
éléments
se
modi fie
actuellement
le
modèle
traditionnel
féminin,
en étudiant notamment
l'évolution de
la
conception de trois rôles clés et ceci en comparant des discours
de
sujets
étant
d'un
milieu,
d'âge
et
de
milieu
scolaire
différent.
Nous avons choisi de faire une analyse de contenu thématique
des données recueillies. Nous rappelons que les entretiens étant
semi-orientés, nous avons au départ des thèmes inducteurs. Nous
nous intéresserons donc aux assertions suscités par ces thè'fis.
Le thème est entendu ici comme "une assertion sur un sujet"
.
Nous
nous
sommes
intéressés
aux
assertions
et
aux
orientations concernant
le modèle et
les rôles
traditionnels.
L'unité d'enregistrement sera le thème,
ou plutôt ce qui est dit
autour des
thèmes
évoqués.
Nous
avons
d'autre
part
tenté
de
dénombrer le type d'orientation de chaque uni té d'enregistrement.
Pour ce qui concerne le modèle traditionnel, ont été relevé le
nombre d'approbations,
de critiques
ou de rejet des
conduites
-valorisées dans le modèle; ce qui permettait de dégager quelques
chiffres utilisées ici à titr~ indicatif.
108_ "In other words, a theme is an assertion about a subject
matter". BERELSON : "content analysis in communication research"
P.138.

-115-
Le choix de la fréquence comme règle d'énumération repose:
"Sur
le
présupposé
implicite
suivant:
l'apparition
d'un item de sens
ou d'expression est d'autant
plus
significative par
rapport
à
ce
que
l'on
cherche
à
atteindre dans la description ou l'interprétation de
la réalité visée que cette f~parition est répété avec
une plus grande fréquence".
En ce qui concerne l'analyse du modèle traditionnel et des
rôles, nos grilles ont été construites en tenant compte de tous
les éléments évoqués plus haut.
Restait à
trouver des grilles
d'analyse
pour
les
deux
dernières
hypothèses.
Il
fallait
construire une grille permettant de mettre en évidence le coût
psychologique d'une part et une autre permettant de
mettre en
évidence l'émergence de l'individualisation.
En ce qui concerne le coût psychologique,
la fréquence des
conflits exprimés pouvait être intéressante,
mais l'acuité des
problèmes, la saisie du vécu exprimé ne nous suffisait pas car
nou intéressait à ce niveau, "l'acuité" des problèmes, la saisie
du vécu
exprimé,
nous
avons
donc pensé
pour cette
hypothèse,
faire une analyse qualitative des conflits exprimés.
Nous nous
sommes
intéréssé
à
l'objet de
ces
conflits,
à
leurs causes,
à
la manière dont ceux ci étaient vécus, à
leurs
issues, en essayant arbitrairement et d'une manière empirique de
caractériser les situations les plus coûteuses.
Quand
à
la
mise
en
évidence
de
l'émergence
de
l'individualisation des conduites, elle sera faite grâce à une
autre grille.
Celle-ci essaiera de dégager les relations entre
certains thèmes définis au préalable, et dont nous justifierons
le
choix.
Nous
reviendrons
sur
tous
ces
points
lors
de
la
présentation des grilles d'analyse.
Nous nous résumons en précisant donc que
dans un premier
temps nous avons des grilles d'analyse correspondant aux quatre
présupposés. pour "remplir" ces grilles, nous avons considéré la
dimension
longitudinale
de
chaque
entretien,
en essayant
d' y
retrouver tout au long, les assertions qui nous interessai t. Mais
nous_ne pouvons pas dire dans ce cas que nous utilisons tout le
contenu. Le deuxième temps va tenter de tenir compte de tout le
contenu de chaque entretien.
109_ L BARDIN: l'analyse de contenu; P.
111.

-116-
Aussi, nous nous proposons de faire une analyse thème par
thème avec pour objectif final de tenter de donner un profil des
discours
de
chaque
groupe
considéré.
Nous
aurons
ainsi
par
exemple, le discours des femmes de 20/25 ans urbaines etc ... Ceci
permettant ensuite de
comparer les
entretiens,
les
différents
discours ceci nou permettant d'autre part de tenir compte de tous
les discours recueillis quelle que soit leur étendue.
b) -
Les catégories- Les grilles d'analyse- Les indicateurs
Les
catégories
sont
relatives
à
ce
qui
est
dit.
Elles
concernent l'approbation,
la critique ou le rejet des conduites
valorisées dans le modèle. Il nous interessait ici, par ce biais
de voir,
l'approbation,
la
cri tique,
ou le
rejet
des
valeurs
prépondérantes du modèle traditionnel.
les catégories de
la grille
d'analyse des
rôles
ont été
élaborées
avec
pour
objectif
de
faire
référence
aux
rôles
proprement dit. Celle du modèle
renvoyant à
des valeurs,
celle
de rôle aux valeurs
actualisées dans des conduites
concrètes.
c'est
ce
qui
nous
a
amené
à
introduire
une
rubrique
intermédiaire, qui sera conçu comme étant médiane.
En effet,
les conduites considérées,
sont celles qui sont
valorisées dans le modèle tradi tionnel, celui-ci étant un système
admettant peu d'écarts par rapport à la norme. Les deux rubriques
principales ne permettaient pas de tenir compte des condui tes qui
tout en étant valorisées,
pouvaient être tolérées, en fonction
du contexte actuel.
Les
deux
premières
grilles
sont
construites
de
la
même
manière, elles renvoient soit à des approbations, critiques, ou
rejets
des
valeurs,
soit
à
des
approbations,
tolérance,
désaprobations
des
conduites
réelles.
l'avantage
de
cette
deuxième grille pour nous c'est d'arriver à
étudier
les trois
rôles parallèlement .

-117-
La constitution des catégories des deux dernières grilles
a été ardue. Nous avons tenté de contourner la difficul té en n?lVs
referrant à un autre système qui nous a paru plus adapté ici
:
"Un
autre
système
peut
être
utilisé:
l'emploi
systématique
des
conjonctions:
où,
quand,
comment, qui, combien,
avec
qui
,
pourquoi?
Ce
schéma
utilisable dans l'analyse de contenu l'est aussi pour
l'enquête sur les comportements."
Nous
nous
intéresserons
ici
aux
conjonctions
car,
nous
cherchons à voir avec qui il y a conflit, et pourquoi? Ceci nous
permettant
de
déterminer
le
type
de
conflit.
Nous
nous
intéresserons aussi aux modes de résolution de ces conflits.
Quant
à
la
mise
en
évidence
de
l'individualisation
des
conduites, nous proposons une grille qui a pour but de rechercher
le
type
de
liens,
les
déterminants
de
quatre
conduites;
le
travail,
le mariage, et le divorce, ou la résignation (dans la
relation conjugale),
ceci en répondant à la question,
pourquoi
travai 11er,
dicorcer etc...
La grille
d'analyse des
act i vi tés
sociales et des loisirs est indicative et complète la quatrième
grille.
Ce qui nous donne repectivement cinq grilles d'analyse.
c- Les grilles
1- GRILLE D'ANALYSE DU MODELE TRADITIONNEL
Pour cette grille, nous avons six rubriques: chaque rubrique
renvoyant à une valeur donnée, dans chaque rubrique les conduites
valorisées
dans
le
modèle.
Aussi
avons
nous
comme
valeurs
prépondérantes:
llOJ. HAISONNENUVE et J. MARGOT DUCLOT: Les techniques de la
psychosociologie
sociale,
l'analyse
de
contenu,
in
bull.
de
psychologie n·
231, P. 1053.

-118-
1- L'attachement au lignage
L'organisation
sociale
de
base
dans
la
société
tradi tionnelle
c'est
le
lignage.
la
vie
de
l'individu y
est
inscrit, et en dépend, au sens propre comme au sens figuré.
Il
est
presque
superflu
d'ins~rter
sur
l'importance
de
cet
at tachement.
Auusi
P.
ERNY
souligne
à
propos
du
lignage
qu'au:
"sein d'une structure construite et cimentée de cette
manière, soumission et obéissance des descendants aux
ascendants
sont
les
seules
attitudes
pensables
et
socialement possibles".
Aussi ici l'attachement implique:
- La soumission au lignage
- L'effacement de l'individu au profit du lignage
- Participation active à
tout évènement important du
lignage.
2- L'obéissance
Dans la société traditionnelle,
obéir au clan,
n'équivaut
pas
à
obéir
au
mari,
cette
obéissance ci
est
prônée
mais
ne
recouvre pas les mêmes réalités. d'où la nécessité de dissocier
l'aspect
soumission
au
lignage,
de
l'obéissance
au
mari.
la
soumission et l'obéissance au lignage ne souffre en fait d'aucune
dérogation.
Tandis que l'obéissance au mari est conditionnelle et liée
à un ensemble d'obligations réciproques.
On obéit au mari dans
la mesure où ses prétentions sont légitimes, ce point était assez
important à souligner,
pour que cet aspect fasse l'objet d'une
catégorie précise.
lll_ p . ERNY:
L'enfant et son milieu en Afrique Noire, essai
sur l'éducation traditionnelle. P.
56.

-119-
3- L'ardeur au travail
Dans le système traditionnel, n'est pas obI igation seulement
le fait de travailler, mais aussi l'ardeur au travail. les femmes
travailleuses
étaient
très
appréciées.
Plusieurs
de
nos
interlocutrices parmi
les "50
ans
et plus",
nous
ont dit
que
c'était souvent l'une des raisons prépondérantes dans le choix
ou l'appréciation d'une épouse; d'où cette rubrique qui renvoit
respectivement à:
-
L'assiduité
- Courage au travail
- Entrain
4- La fécondité
La femme était et est dans le système productrice de vivres,
mais surtout génitrice.
Elle se devait d'être mère,
et devait
faire autant d'enfants qu'elle pouvait.
5- La réserve
Cette
valeur
correspond
à
des
attitudes
précises:
pas
d'exhibitionnisme,
se mettre en
retrait,
surtout en public
et
devant les hommes.
Il n'était pas bien vu de regarder un homme
en face, ni même de le regarder. L'attitude requise était d'avoir
les yeux baissés, une réserve de ton, ne pas parler fort, réserve
d'attitude,
réserve et modestie,
et surtout mettre l'homme
en
avant en toutes choses. Nous avons retenu pour cette rubrique:
-
La réserve et retenue en public
-
l'éffacement devant les hommes.
6- Le respect et la déférence
Cette catégorie est d'une certaine manière le pendant de la
précédente. Nous avons associé
le respect et la déférence pour
ce qui concerne les aînés en général, hommes ou femmes. Quoique
pour ce qui concerne les hommes,
il ne faut pas seulement être
respectueuse,
mais
aussi
déférente.
La
déférence
en
ce
qui
concerne
les
membres
d'un
même
lignage
est
tempérée
par
l'affection, et est moins rigide.

-120-
D'autre part en général, la déférence est exigée envers les
hommes, le mari et les autres.
En ce qui concerne le mari, ceci
consiste par exemple à le servir en premier, à ne lui parler que
sur un ton déférent,
ne pas le pointer du doigt,
ou lui parler
en ayant les mains sur les hanches etc ..•
Il faut l'appeler lui et ceux qui lui
sont équivalents en
commençant son nom par le même qualificatif que celui qui précède
celui d'un aîné ou d'une aînée. La femme doit être déférente; par
contre, le respect doit être réciproque. Nous avons donc retenu:
-
La déférence et le respect vis à vis des aînés
-
La déférence vis à vis des hommes
-
Le respect vis à vis des hommes
Ce qui pour le modèle traditionnel,
les valeurs suivantes:
VALEURS PRIVILEGIEES DANS LE MODELE
1- L'attachement au clan
2- L'obéissance
3- L'ardeur au travail
4- La fécondité
5- La réserve
6- Le respect et la déférence

-121-
Correspondant respectivement à:
1- L'attachement au clan
* Soumission au clan
* Effacement de l'individu au profit du groupe
* Participation active à tout évènement clanique important
2- L'obéissance
* obéir au mari
3- L'ardeur au travail
* Assiduité au travail
* Courage au travail
* Entrain au travail
4- La fécondité
* "Produire" le plus d'enfants possibles
5- La réserve
* Réserve et retenue en public
* Effacement devant les hommes
6- Le respect et la déférence
* Déférence et respect vis à vis des aînés
.
* Déférence vis à vis des hommes
* Respect vis à vis des hommes

-122-
Nous allons présenter successivement les grilles d'analyse dans
les pages suivantes.
I- GRILLE D'ANALYSE DU MODELE TRADITIONNEL
Conduites valorisées
Approbat.
Critiques
Rejets
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
* soumision au lignage
* effacement de
l'individu au profit du
groupe
* participation active à
tout évènement important
du lignage
* obéissance au mari
* entrain
)
courage
)au travail
assiduité
)
* fécondité
* réserve et retenue en
public
* effacement devant les
hommes
* déférence et respect
vis à vis des aînés
* déférence vis à vis
des hommes
* respect vis à vis des
hommes
Indicateur de la proximité au modèle traditionnel: Approbation,
critique,
ou rejet des conduites valorisées dans le modèle.

-123-
11- LA GRILLE D'ANALYSE DES ROLES
Nous
avons
voulu
que
cette
grille
corresponde
à
des
conduites concrètes. Nous avons regroupé autour de chaque rôle;
les condui tes valorisées dans le modèle tradi tionnel. Ce qui nous
intéressait, c'était l'approbation des conduites valorisées dans
le
modèle,
l'approbation
des
condui tes
dévalorisées,
ou
des
conduites tolérées.
Nous avons comme indicateur de l'évolution
des rôles: le nombre d'approbation des conduites valorisées dans
le modèle;
le nombre d'approbations des conduites tolérées,
et
le nombre d'approbation des conduites dévalorisées.
11- GRILLE D'ANALYSE DES ROLES
ROLES
Conduites
Conduites
Conduites
valorisées
tolérées
dévalorisées
nombre
nombre
nombre
MEMBRE
être soumise
selon les cir-
ne pas être
DE
au lignage
constances
soumise
LIGNAGE
être attachée
prendre ses
être
au lignage
distances
individualiste
aider,assister
selon les
être égoïste
être solidaire
circonstances
mettre en
aux membres du
avant ses
lignage
1 intérêts
participer
participation
non participa
activement aux
plus ou moins
tion aux
évènements
régulière selon
évènements
intéressant
les occupations
concernant le
le lignage
individuelle
lignage

-124-
1
1
1
; ROLES
1 conduites
condui tes
1 condui tes
1
1 valorisées
1
1 tolérées
1 dévalorisées
nombre
i
nombre
i
nombre
MERE
dévouée
1 attendre du père
1 négliger ses
1 qu'il s'occupe de
1 enfants
I l ' enfant autant
que la mère
travailler pour
1 exiger
du père
1 ne
rien faire
ses enfants
qu'il s'en occupe
1 pour s'en occu-
matériellement la
1
per matérielle-
1
mère ne faisant
1 ment
qu'aider
1
faire passer
1 rompre si la
les abandonner
intérêts de
relation n'est
au père pour
l'enfant avant
plus viable pour
une caHre
les siens dans
la mère
futile
,ne
la relation
pas
conjugale
supporter pour
eux les mésen-
tentes conjuga-
être une mère
attendre du père
dégourdie
l'initiative en
I les
être
avisée
ce qui concerne
insousciante et
les intérêts de
négliger les
1
l'enfant
intérêts de
l'enfant
l12- Dans la conception traditionnelle; quitter par exemple
le mari à
la suite d'une scène de jalousie (de la femme envers
le mari), est une raison futile.

-125-
1
ROLES
1 conduites
conduites
conduites
1 valorisées
tolérées
dévalorisées
nombre
nombre
nombre
EPOUSE
être déferente
estimer que la
ne pas être
envers le mari
déférence est
déférente
caduque
respecter le
le respecter
être irrespec-
1 mari
seulement s ' i l
tueuse,
inso-
1
l Ia respectes
lent
1 être
soumise
1 vouloir une rel-
ne pas être
tion d'échange
soumise
ne se soumettre
1
1
que si c'est
1
,justifié
1
1 être
fidèle
l'être seulement
1 être
infidèle
si l'homme l'est
être critique
ne pas se ré-
1 être
résignée
signer contes-
1
ter,
réagir
1
1

-126-
111- GRILLE D'ANALYSE DU COUT PSYCHOLOGIQUE
Nous ne nous attacherons pas à dégager des fréquences, d'une
part parceque ce n'est pas
l'aspect premier qui nous préoccupe
ici, et d'autre
part,
parceque nous aurons un nombre limité de
personnes ayant exprimés des confl i ts notables. Cela n'aurai t pas
eu de
sens dans
ces
conditions de
dégager
des
fréquences
qui
n'auraient
eues
en
fait
pas
de
portée
pour
l'ensemble
de
la
population.
Cette
grille
a
été
construite
pour
voir
qui
avait
des
conflits?
Avec
qui?
Pourquoi?
Et
quels
sont
les
modes
de
résolution
de
ces
conflits.
c'est
grâce
aux
expressions,
aux
termes
utilisés
pour
caractériser
ces
conflits,
et
à
leurs
conséquences, que nous pensons pouvoir mettre en évidence qu'il
en coûte plus à certaines personnes intérrogées d'être résignées,
qu'à d'autres, et dans cet ordre d'idée,
nous nous intéresserons
aux ruptures et aux conduites compensatoires.
conflits
avec qui?
pourquoi?
Modes de
âge et
résolution
activité
Indicateur
du
coût
psychologique,
la
manière
dont
les
personnes supportent et résolvent leurs conflits,
ou tensions.

-127-
IV- INDIVIDUALISATION DES CONDUITES
Nous avons retenu quatre
conduites,
et nous verrons
pour
chaque groupe les déterminants de ces conduites,
en cherchant à
voir notamment pourquoi les personnes
intérrogées travaillent-
elles
?
pourquoi
se
marient-elles
?
(pour
celles
qui
ont
la
possibilité
de
choisir
leur
conjoint,
il
s'agira
de
voir
l'intérêt du mariage pour elles). Nous avons cherché aussi
les
raisons alléguées par celles qui ont divorcées.
Nous avons pensé intéressant d'évoquer les raisons qu'ont
certaines femmes de se résigner, car les raisons avancées par les
unes et les autres sont significatives. Nous essaierons de voir
comment toutes ces conduites s'individualisent, en cherchant la
mise ou non en avant des besoins individuels pour chaque conduite
considérée.
Déterminants
pourquoi?
pour qui?
Conduites
1 Travailler
,
Se marier
1
Divorcer
1
1 Se
résigner
1

-128-
V- LA GRILLE D'ANALYSE DE L'ACTIVITE SOCIALE ET DES LOISIRS
Cette grille est plutôt indicative,
nous l'avons utilisée
pour voir pour chaque groupe considéré si les activités sociales
principales se décentrent du
lignage.
Cette grille se
propose
d'autre part de donner une vision d'ensemble et comparative des
activités sociales et des loisirs,
en partant du fait que dans
le système traditionnel. c'est un devoir social qui appelle le
loisir. Aussi la comparaison des différentes activités sociales,
et
des
loisirs
(dans
leur
conception
moderne
cette
fois),
constituait ici un indicateur de l'élargissement du cadre de la
vie sociale.
1- ACTIVITES CENTREES SUR LE CLAN
- Mariages
- Veillées mortuaires
- Enterrements
- Retraits de deuil
- Visites et réunions familiales (ayant un caractère
obligatoire)
2- ACTIVITES POUVANT ETRE EXTRA CLANIQUES
- Mariage
- Veillées
- Enterrements
-
retraits de deuil
- Réunions poli tiques 113
-
Fraternités, mosikis
- Manifestations officielles ayant un caractère
obligatoire (défilés, travaux collectifs)
3- LOISIRS
- Cinéma
- Danse
- Sports
- Excursion
- Promenade
Visite des amis
113_ Associations d'entraide à
forte prédominance féminine,
à caractère religieux ou profane.

-129-
4- DETERMINANTS DES ACTIVITES ET DES LOISIRS
- Devoir familial
- Devoir amical
- Choix collectif
- Choix du couple
- Choix individuel
V- GRILLE D'ANALYSE DE L'ACTIVITE SOCIALE ET DES LOISIRS
Activités centrées sur le lignage
nbre
Déterminants
mariage
Veillées mortuaires
Enterrements
Retraits de deuil
Réunions concernant le lignage
ACTIVITES POUVANT ETRE
EXTRA
1 nbre
Déterminants
1
LIGNAGERES
1
i
mariage
Veillées mortuaires
1
!Enterrements
Retraits de deuil
1
Réunions politiques
Fraternités Mosikis
1
LOISIRS
nbre
Déterminants
i
,
1
C1nema
Danse
Sports (pratiquer,ou assister)
Excursion
Promenade
Visite des amis
NBRE: pour chaque groupe considéré,
nombre de personnes disant
avoir telle activité ou tel loisir.

-130-
E- LA POPULATION
Ayant comme objecti f de départ, la mise en parallèle de deux
milieux, des âges, et des niveaux scolaires différents.
L'idéal
aurai t é t é
d'avoir
sensi blement
le
même
nombre
de
personnes
intérrogées, vivant en zone urbaine, et rurale. mais cela n'a pas
été possible pour deux raisons
:
La premièr~lrst que nous nous
sommes
attardé
lors
de
nos
deux
séjours
,
dans
la
zone
urbaine.
C'est donc en zone urbaine que nous avons
réalisé le
plus d'entretiens.
le séjour en milieu rural a été plus bref.
Les femmes intérro~ées en milieu rural devait surtout nous
servir
à
retrouver
le
modèle
traditionnel;
tel
qu'il
s '·est
maintenu. Ce groupe étai t toutes proportions gardées notre groupe
témoin. Toutefois, l'enquête sur le terrain nous a fait entrevoir
en
fonction
de
l'âge,
quelques
écarts
sur
lesquels
nous
reviendrons par ailleurs,
lors de l'analyse des données.
D'autre part quand bien même nous aurions pu séjourner plus
longtemps
en
milieu
rural,
il
était
difficile
de
pouvoir
articuler les mêmes variables dans les deux milieux, la variable
scolarisation par exemple. Il nous a été difficile de rencontrer
des
jeunes
femmes
scolarisées
en
zone
rurale.
la
plupart
de
celles ayant un niveau minimum
(certificat d'études primaires)
ont
plus
d' ambi tions;
et
vont
en
ville
pour
éventuellement
exercer un emploi salarié.
De même dans la zone urbaine,
nous n'avons pas pu trouver
des femmes de cinquante ans et plus
scolarisées,
aussi
n'avons
nous
tenu
compte
dans
ce
sous
groupe,
que
des
femmes
non
scolarisées.
Nous
n'avons
d'autre
part
qu'un
très
faible
échantillon masculin urbain dont les discours servent en quelque
sorte de contrepoint aux opinions des
femmes intérrogées.
Nous
n'avons pas pu avoir
(faute de
temps)
des entretiens avec des
hommes en zone rurale.
114
Séjours d'un mois et demi chacun.
La pré-enquête s'est
déroulée
pour
des
raisons
de
temps
et
d'ordre
matériel
( impossibil i té à séjourner plus
longtemps sur le terrain),
en
FRANCE auprès de ressortissants CONGOLAIS des deux sexes.

-131-
Les Niveaux scolaires:
Trois niveaux ont été retenus respectivement :C.E.P, B.E.PC,
et le niveau BAC. En précisant que dans le groupe A,
les 20/25
ont toutes le niveau du BAC,
les 30/35 le niveau du B.E.P.C, et
les 40/45 le niveau de C.E.P • Tous les niveaux nous ont semblé
significatifs, nous
nuancerons les résultats en fonction de la
différence des niveaux s ' i l y a lieu de le faire.
Les activités:
-
Activités
proches
des
activités
traditionnelles:
petit
commerce,
couture, coiffure.
-
Activités
proches
des activités
modernes:
sécrétariat.
emploi
de
bureau,
santé
(aide
soignante,
inf irmière
etc . . . ),
enseignement.

-132-
La population se distribue comme suit:
1- POPULATION FEMININE
ZONE URBAINE
âge
20/25
30/35
40/45
50 et
1
Groupe
i
Niveau
Plus
A
1 Scolarisées
5
1
1
5
5
B
1
N I '
,
1
onsco arlsees
1
5
1
5
5
5
'1
ZONE RURALE
Groupe
âge
1
1
20/25
1
30/35
50 ans et
! Niveau
1
1
plus
1
Groupe C
1 non
scolarisées
5
5
5
Tallie de la populatlon femlnlne:
10
2- LES HOMMES
Groupe
âge
20/25
30/35
40/45
Niveau
D
Scolarisé
5
3
2
La population
est disparate certes,
mais cette
disparité
nous a paru intéressante ici,
dans la mesure où elle permettait
d'avoir un aperçu plus varié des
opinions recueillies,
(plutôt
que d'avoir une population type,
les jeunes par exemple,
ou les
plus
âgées
etc ... ).
Nous
allons
voir
dans
le
cahapi tre
IV
consacré au traitement des données recueillies et aux résultats
si cet objectif est atteint.

CHAPITRE IV
TRAITEMENT DES DONNEES ET RESULTATS

-133-
TRAITEMENT DES DONNEES ET RESULTATS
L'organisation et le volume de ce chapitre, correspond au
souci de donner une image aussi fine et fidèle que possible des
résul tats obtenus.
En effet,
la
fai blesse de
la
taille de
la
population et le type d'analyse effectué nous a amené à "coller"
davantage aux contenus
recueillis,
et à
nous
attarder sur les
détails,
les nuances,
et bien entendu sur les différences,
car
c'est
sur
tous
ces
points
que
sera
basé
l'argumentation
du
cinquième chapitre.
Il
était donc
important pour nous, pour la
clarté
des
explications
et
des
interprétations
à
venir
de
présenter ceux-ci.
Comment suivre les résultats
présentés? Dans un
premier
temps, seront présentés les résultats groupe par groupe du modèle
traditionnel et des rôles.
cette présentation sera suivie d'une
première synthèse. viendrons ensuite les résultats de l'analyse
du coût psychologique, et de l'individualisation des conduites,
suivront quelques pages permettant de récapituler les résultats
de l'analyse
hors grilles,
et
enfin un
aperçu
du contenu
des
réunions discussions effectuées.
Comment lire les résultats? Pour les grilles analysant le
modèle et les rôles: chaque grille récapitule groupe par groupe,
les réponses approuvant,
critiquant,
ou rejetant les conduites
valorisées
dans
le
modèle.
Et
pour
les
rôles,
pour
chaque
condui te
considérée,
le
nombre
d'approbations
des
conduites
valorisées,
tolérées
ou
dévalorisées
dans
les
rôles
traditionnels.
Les autres grilles
se lisent différemment,
nous
verrons comment lorsque nous y arriverons.

-134-
A- RESULTATS GROUPE PAR GROUPE
LE GROUPE A
-Le modèle et les rôles chez les 20/25, urbaines et
scolarisées
i
!
!
1
. ,
CONDUITES VALORISEES
, approb.
. crl. tl.que
1
rejet
(dans le modèle>
nombre
i nombre
!
\\
nombre
1
1
1
~ soumission au lignage
1
1
1
4
ij
~ effacement de l'individu au
1
1
P
l.
rof't d
0
1
i
~
U
gr upe
2
3
participation active à tout
évènement important du ligna
5
ge
obéissance au mari
5
entrain, courage, assiduité
3
2
au travail
fécondité
1
4
réserve et retenue en public
5
effacement devant les hommes
déférence et respect vis à
5
vis des aînés
déférence vis à vis des
hommes
5
respect vis à vis des hommes
5
TOTAL des réponses
14
19
17
Nous
avons
pensé
utile
de
conserver
les
grilles,
pour
présenter les
résultats,
principalement
pour le modèle et
les
rôles,
car
celles-ci
permettent
notamment
d' avo i r
une
idée
d'ensemble. de voir les nuances selon les conduites,
les rejets
ou critiques étant aussi significatifs que les approbations.
Nous avons pour le modèle dix items et cinq personnes par
sous-groupe.
Nous
obtenons
respectivement
sur
l'ensemble
des
réponses:
-
14 approbations des conduites valorisées
-
19 critiques des conduites valorisées
-
17 rejets des conduites valorisées

-135-
LES ROLES POUR LES 20/25 URBAINES SCOLARISEES
-
Les rôles pour les 20/25 urbaines scolarisées
ROLES
cond. tol 115
cond. toI
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
2
3
-être attachée au lignage
5
-aider assister les mem-
bres du lignage
3
2
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
4
1
MERE
une mère dévouée
5
travailler pour enfants
1
4
privilégier intérêts enf.
1
4
mère dégourdie avisée
5
EPOUSE
être déférente
5
être respectueuse
4
1
être soumise
2
3
être fidèle
5
être résignée
5
TOTAL DES REPONSES iiO
26
15
2
Pour des
raisons d'ordre
pratique
(manque d'espace),
nous
présentons les résultats des
rôles sans toutes
les
rubriques.
Nous avons ici
(voir tableau
2) dans l'ensemble
65 réponses en
tout.
Sur ces réponses nous avons respectivement:
-
26 approbations des conduites valorisées
-
24 approbations des conduites dévalorisées
-
15 approbations des conduites tolérées
Nous remarquerons au passage,
que dans ce groupe,
ce sont
les conduites valorisées dans, le
rôle de membre de lignage qui
recueillent le plus d'approbations.
1!5-Condui tes valor. = Condui tes valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées

-136-
-Le modèle et les rôles chez les 30/35 urbaines et
scolarisées
LE MODELE
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
3
2
effacement de l'individu au
profit du groupe
3
2
participation active à tout
évènement important du ligna
ge
5
obéissance au mari
5
entrain, courage, assiduité
5
au travail
fécondité
5
effacement devant les hommes
5
déférence et respect vis à
vis des aînés
5
déférence vis a vis des
hommes
5
respect vis à vis des hommes
5
TOTAL des réponses
15
21
14
Toutes les
femmes
de
ce
sous-groupe,
à
la
di fférence
du
premier
sont,
ou
ont
été
dan
une
relation
de
couple.
Les
cri tiques
tant
pour
le
modèle
que
pour
les
rôles
sont
pour
l'ensemble plus élevées.
Nous
avons pour ce groupe,
en ce qui
concerne le modèle traditionnel:
-15 approbations des conduites valorisées
-21 critiques des conduites valorisées
-14 rejets des conduites, valorisées

-137-
-
Les rôles pour
les 30/35 urbaines scolarisées
ROLES
cond.tol ll1
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
4
1
-être attachée au lignage
5
-aider assister les mem-
bres du lignage
5
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
5
MERE
une mère dévouée
5
travailler pour enfants
5
privilégier intérêts enf.
1
1
3
mère dégourdie avisée
5
EPOUSE
être déférente
5
être respectueuse
2
3
être soumise
1
4
être fidèle
5
être résignée
5
TOTAL DES REPONSES I18
28
19
18
Nous relevons deux éléments dans ce groupe: Le premier est
que comme dans
le premier sous
groupe,
c'est le rôle de membre
de lignage qui
recueille le
plus d'approbations;
le second est
que
c'est
par
contre
le
rôle
d'épouse
recueille
le
plus
d'approbations
des
conduites
dévalorisées
dans
les
rôles
traditionnels.
Nous obtenons pour ce groupe:
-
28 approbations des conduites valorisées
-
19 approbations des conduites tolérées
-
18 approbations des conduites dévalorisées
1I7-Condui tes valor. = Condui tes valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
lIB-Nombre d'approbations.

-138-
-Le modèle et les rôles chez les 40/45 urbaines et
scolarisées
LE MODELE
1
CONDUITES VALORISEES
approb.
1 cri tique
rejet
(dans le modèle)
nombre
1 nombre
nombre
!
1
soumission au lignage
3
2
1
effacement de l'individu au
1
profit du groupe
3
2
1
participation active à tout
evènement important du ligna
ge
5
obéissance au mari
1
4
entrain,
courage,
assiduité
4
1
au travail
fécondité
2
3
effacement devant les hommes
1
1
3
déférence et respect vis à
vis des aînés
5
déférence vis à vis des
hommes
3
2
respect vis à vis des hommes
5
TOTAL des réponses
24
21
5
Dans ce dernier sous-groupe des urbaines scolarisées.
les
approbations
sont plus élevées et
les
rejets
plus
faibles.
le
nombre de critiques par contre est notable.
Nous avons dans l'ensemble:
-
24 réponses approuvant les conduites valorisées
-
21 réponses critiquant les conduites valorisées
5 réponses rejetant les conduites valorisées.

-139-
-
Les rôles les 40/45 urbaines scolarisées
ROLES
cond.tol l19
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
3
2
-être attachée au lignage
5
-aider assister les mem-
bres du lignage
5
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
5
MERE
une mère dévouée
5
travailler pour enfants
5
, privilégier intérêts enf.
3
2
3
mère dégourdie avisée
5
EPOUSE
être déférente
2
1
2
être respectueuse
2
1
2
être soumise
3
2
être fidèle
1
3
1
être résignée
4
1
TOTAL DES REPONSESl20
43
16
6
.La tendance relevé pour ce groupe, approbations élevé des
conduites valorisées dans le modèle,
se confirme ici.
Le nombre
élevé des approbations,
des conduites valorisées dans les raIes
traditionnels,
et
le
peu
d'approbations
des
conduites
dévalorisées.
Nous avons repectivement:
-
43 approbations des conduites valorisées
-
16 approbations des conduites tolérées
6 approbations des conduites dévalorisées.
llQ
"-Conduites valor.= Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
pc
·)-Nombre d'approbations.

-140-
LE GROUPE B
-
Le modèle et les rôles chez les 20/25 urbaines et
non-scolarisées
LES 20/25
CONDUITES VALORISEES
approb.
i critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
2
3
effacement de l'individu au
profit du ~roupe
~
1
l
participation active à tout
évènement important du ligna
li ge
::>
obéissance au mari
5
entrain, courage,
assiduité
2
3
au travail
fécondité
3
2
réserve et retenue en public
effacement devant les hommes
4
1
déférence et respect vis à
vis des ainés
5
déférence vis à vis des
hommes
3
2
respect vis à vis des hommes
3
2
:i TOTAL des
réponses
23
G1
6
Nous
relevons
ici
une
forte
proportion
de
critiques
par
rapport à
l'ensemble des
réponses.
Dans ce premier sous-groupe
du groupe B,
par contre les rejets sont faibles.
Ce qui nous donne:
-
23 approbations des conduites valorisées dans le modèle
-
21 critiques des conduites valorisées dans le modèle
-
6 rejets des conduites valorisées dans le modèle.

-141-
-
Les rôles
pour les 20/25 urbaines non scolarisées
ROLES
cond.tol 121
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
3
1
1
-être attachée au lignage
5
-aider assister les mem-
bres du lignage
5
-participer act~vement
aux évènements interes-
sant le lignage
5
MERE
une mère dévouée
5
travailler pour enfants
1
4
privilégier intérêts enÏ.
:2
J
mère dégourdie avisée
;)
EPOUSE
être déférente
3
être respectueuse
3
2
être soumise
2
2
1
être fidèle
1
4
être résignée
2
1
2
")')
TOTAL DES REPONSES l ".
42
1 ï
6
Si
le
rôle
de
membre
de
lignage
continue
comme
dans
les
autres ~roupes ~ recueillir le plus d'approbations. Il n'est pas
le seul, suivent les autres, d'abord le rôle de mère (si on tient
compte
du
nombre
d'items),
et
le
rôle
d'épouse.
A
noter
toutefois,
que
le
rôle
le
plus
nuancé
est
justement
le
rôle
d'épouse.
Nous obtenons ainsi:
-
42 approbations des conduites valorisées
-
lÎ approbations des conduites tolérées
-
6 approbations des conduites dévalorisées.
121-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées

-
Le modèle et
les rôles chez les 30/35 urbaines
et
non-scolarisées
LE MODELE
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèlel
nombre
nombre
! nombre
soumission au lignage
5
effacement de l'individu au
profit du 2'roupe
participation actIve à
tout
é·.-ènem:='r'i r
-]1[
li:r:::-l~'2
'i
obeIssance au mari
1
l
entrain.
coura~p. assiduite
Il
a li
t r a Val L
fécondité
4:
1
'i effacement
devant
les hommes
-J.
l
déférence et
respect vis à
vis des aînés
déférence vis à vis des
hommes
j
1
1
respect vis à
vis des hommes
2
3
TOTAL des réponses
36
12
2
l'.ous
not.ons
un
nombre
d'approbations
plus
elevé
Que
les
c ~ j L ;.. q li e s '~L
l e c3
r e ,j ~~ t s.
t r e s
fa i b les.
Le
no ID br e
d'approbations
se rjemarque nettement des critiques et re,iets, ce qUI nous donne:
-

reponses aEPs_ollvant
les conduites valorisêes
-
12 r'~ponses critiquant les conduites valorisées
-
:2
réponses
rejetant
les conduites valorisées.

-143-
-
Les rôles POlIr les 30/35 urbaines non scolarisées
ROLES
cond. tol 123
cond. toI
cond.dév.
~EMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au li~na~e
:J
-etre attachee au ll~nage
;)
-aider assister les mem-
,
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
'-'
MERE
une mère dévouée
5
travailler pour enfants
.)
.J
2
privilé~ier intérêts enf.
4
1
mère dégourdie avisée
4
1
EPOUSE
être déférente
4
1
être respectueuse
4
l
être soumise
2
3
être fidèle
2
2
1
être rési~née
4
1
124
TOTAL DES REPONSES
52
~
4
A noter, la confirmation de la tendance déjà relevé à propos
du modèle lui-même:
qui se traduit par le nombre
très élevé des
approbations
par
rapport
à
l'ensemble
des
réponses.
C'est
principalement le ràle de membre de lignage qui fait le "plein"
des réponses approbatives,
suivi du
ràle de mère,
où l'on note
tout de même quelques nuances,
et le ràle d'épouse qui recueille
encore une fois mais très faiblement ici quelques nuances.
Nous
avons dans ce sous-groupe rdspectivement:
52 réponses approuvant les conduites valorisées
9 réponses approuvant
les conduites valorisées
4 réponses approuvant les conduites dévalorisées.
123-Condui tes valor. = Condui tes valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées

-144-
-Le modèle et les rôles chez les 40/45 urbaines
non-scolarisées
LE MODELE
!
CONDUITES VALORISEES
1 approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
3
2
-
effacement de l'individu au
, profit du groupe
4
1
-
participation active à tout
évènement du lignage
5
-
-
1
1
1
~ b"
ij 0
e1ssance au mari
-
5
-
1
1
1
i entrain, courage, assiduité
5
-
-
1
au travail
1
!
1
1
1
fécondité
5
-
-
1
1
1
!
1
réserve et retenue en public
1
i
effacement devant les hommes
i
5
1
-
i
-
1
i
1
déférence
vis à
i
!
et respect
1
1
vis des aînés
5
1
-
-
déférence vis à vis des
1
1
hommes
5
-
-
1
respect vis à vis des hommes
5
-
-
1
1
,
TOTAL des réponses
40
10
o
Les tendances sont plus nettes encore dans ce sous-groupe
que
dans
le
précédent.
Un
nombre
très
élevé
de
réponses
approbatives, quelques critiques, et pas de rejets. On note une
progression. nous obtenons ici respectivement:
- 40 réponses approuvant les conduites valorisées dans le
modèle
-
10 critiques des conduites valorisées dans le modèle

-145-.
- Les rôles pour
les 40/45 urbaines non scolarisées
1
ROLES
1 cond. tol 125
cond.tol
1
cond. dév.
1
1
MEMBRE DE LIGNAGE
1
-être soumise au lignage
3
1
2
-
i -être attachée
lignage
1
4
1
1
au
-
1
-aider assister les
1
i
mem-
1
1
bres du lignage
4
1
-
1
-participer activement
1
aux évènements interes-
i sant le lignage
4
1
-
1
1
i
MERE
1
1
une mère dévouée
1
5
-
1
-
travailler pour enfants
1
5
-
-
privilégier intérêts en!.
1
4
1
ij"
i
-
il mère dégourdie avisée
5
-
-
1
1
i
1
EPOUSE
1.
1
1
1
être
-
-
1
déférente
1
5
1
1
1
être respectueuse
1
5
1
-
-
être soumise
1
-
5
-
i
1
!I être
fidèle
4
1
-
1
1
i être résignée
!
3
1
1
1
:
i
1
TOTAL DES REPONSES 126
51
13
1
1
1
1
1
Nous relevons dans ce
sous-groupe deux points
en plus de
ceux que nous avons déjà souligné dans les autres groupes.
C'est
le rôle de mère qui
ici
recueille
le plus d'approbations.
Des
nuances sont
à
noter
respec t i verne nt
pour deux
rôles:
le
rôle
d'épouse et de membre de lignage,
moins notable dans les autres
sous-goupes du groupe B, des nuances au niveau du rôle de membre
de lignage. Nous reviendrons sur ce point au moment de l'analyse
des données.
Nous avons dans ce sous-groupe:
-
51 réponses approuvant les conduites valorisées
-
13 réponses approuvant les conduites tolérées
1 réponse approuvant les conduites dévalorisées.
125-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
126-NOmbre d'approbations.

-146-
-Le modèle et les rôles chez les 50 ans et plus urbaines
LE MODELE
1
l,
1
CONDUITES VALORISEES
1 approb.
critique
1
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
1 nombre
soumission au lignage
4
1
-
effacement de l'individu au
1
profit du groupe
5
-
-
i participation active à
tout
évènement du lignage
5
-
-
U
1
1
1
,
~
1
obéissance au mari
5
-
-
1
1
1
I!
.
1
1
ij entral.n,
courage, assiduité
-
-
1
5
1
i au travail
1
1
!
~
fécondité
1
5
i
-
-
i réserve et retenue en public
:
1
1
effacement devant les hommes
i
5
1
-
-
déférence et respect vis à
1
1
1
vis des aînés
5
-
1
1
-
1
déférence vis à vis des
1
-
-
! hommes
5
respect vis à vis des hommes
1
4
1
-
1
1
TOTAL des réponses
48
2
0
1
i
C'est dans ce groupe que nous relèvons dans l'ensemble, pour
la population urbaine
,le plus d'approbations,
nous ne relevons
pas de rejet.
Nous avons respectivement:
-
48 approbations des conduites valorisées
2 critiques.

-147-
-
Les rôles chez les 50 ans et plus urbaines
ROLES
1 cond. tol 121
cond.tol
cond.dév.
1
,
:
MEMBRE
1
DE LIGNAGE
1
-être soumise au lignage
4
1
-
-être attachée au lignage
5
-
-
-aider assister les mem-
bres du lignage
5
-
-
-participer activement
1
1
aux évènements interes-
1
1 sant le lignage
!
5
-
-
l
MERE
1
1
une mère dévouée
5
1
-
-
travailler pour enfants
5
-
-
1
1
privilégier intérêts enf.
5
-
-
1
mère dégourdie avisée
5
-
-
1
1
1
1
EPOUSE
i
1
1
être déférente
5
-
-
1
1
1
être respectueuse
5
-
-
d être soumise
1
3
2
-
1
1
~
1
être fidèle
5
-
-
être résignée
3
1
2
-
:
TOTAL DES REPONSES 128
60
5
-
Nous relevons
ici
un
point
déjà souligné
dans
le
groupe
précédent;
le
fait
que c'est
le
rôle de mère qui
recueille le
plus d'approbations.
Dans l'ensemble nous avons:
-
60 approbations des conduites valorisées dans le modèle
traditionnel
-
5 approbations des conduites tolérées.
Nous ne relevons dans ce sous-groupe aucune approbation des
conduites dévalorisées dans les rôles traditionnels.
121-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
US-NOmbre d'approbations.

-148-
-LE MODELE ET LES ROLES CHEZ LES RURALES
LE GROUPE C
LE MODELE POUR LES 20/25
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
1
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
1
soumission au lignage
1
5
-
-
effacement de l'individu au
j
profit du groupe
5
-
1
-
,
participation active à tout
évènement du lignage
5
-
-
1
1
!
,
1
1
!
1
1 obéissance
au mari
-
1
3
1
2
ij
1
1
entrain, courage, assiduité
5
-
1
i
-
1
au travail
i
i
1
1
1
fécondité
1
5
-
-
1
1
1
:
réserve et retenue en public
1
i
1
effacement devant les hommes
1
1
i
4
-
1
:
déférence et respect vis à
1
1
vis des aînés
,
5
;
-
-
1
1
déférence vis à vis des
1
i hommes
4
1
-
respect vis à vis des hommes
-
5
-
1
1
TOTAL des réponses
38
12
1
1
1
0
Nous ne
ferons pas de remarques particulières ici,
hormis
le fait que l'on relève tout de même une proportion notable de
réponses critiquant les conduites valorisées dans le modèle.
Il
n'est pas relevé de rejet.
Nous avons respectivement:
-
38 réponses approuvant les conduites valoriées
12 réponses critiquant les conduites valorisées.

-149-
-
Les rôles chez les 20/25
1
1 cond. tol 129
1
ROLES
cond.tol
cond.dév.
1
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
5
-
-
-être attachée au lignage
5
-
-
-aider assister les mem-
bres du lignage
5
-
-
i -participer activement
i aux évènements interes-
sant le lignage
5
-
-
1
MERE
une mère dévouée
5
-
-
travailler pour enfants
5
-
-
privilégier intérêts enf.
5
-
-
mère dégourdie avisée
5
-
-
,
EPOUSE
être déférente
4
1
-
et
~
r e r e s pect u euse
1
4
1
1
1
-
"t
1
4
-
~ e re soum1se
1
1
être fidèle
3
2
-
être résignée
2
1
3
-
TOTAL DES REPONSES 13O
54
1
11
-
Ce qui nous donne respectivement:
-
54 réponses approbatives
-
11 réponses approuvant les conduites tolérées
Il n'y a pas d'approbations des conduites dévalorisées dans
les rôles traditionnels.
129-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
13°-NOmbre d'approbations.

-150-
- LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES 30/35 RURALES
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
5
-
-
effacement de l'individu au
profit du groupe
5
-
-
participation active à tout
évènement du lignage
,
5
,
-
-
1
1
obéissance au mari
-
1
1
4
1
1
entrain, courage, assiduité
5
i
-
-
au travail
1
1
,
1
fécondité
5
-
-
1
ii réserve et retenue en public
effacement devant les hommes
1
2
3
-
déférence et respect vis à
vis des aînés
5
-
-
déférence vis à vis des
hommes
4
1
-
respect vis à vis des hommes
4
1
-
1
TOTAL des réponses
,
41
1
9
0
Nous obtenons ainsi respectivement
-
41 réponses approbatives
9 critiques
Nous ne relevons
pas de rejets.

-151-
-
Les rôles pour les 30/35 rurales
ROLES
131
cond. tol
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
5
-
-
-être attachée au lignage
5
-
-
-aider assister les mem-
1
bres du lignage
5
-
-
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
5
-
-
MERE
une mère dévouée
5
1
-
-
travailler pour enfants
j
5
-
-
privilégier intérêts enf.
5
-
-
1
mère dégourdie avisée
5
-
-
1
EPOUSE
être déférente
1
4
1
-
1
être respectueuse
4
1
1
-
être soumise
-
5
-
être fidèle
2
3
-
être résignée
-
5
-
TOTAL DES REPONSES 132
50
15
-
Nous avons respectivement:
-
50 réponses approbatives
15 réponses approuvant les conduites tolérées.
131-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
132-NOmbre d'approbations.

-152-
-LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES 50 ANS ET PLUS RURALES
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
4
-
-
effacement de l'individu au
profit du groupe
4
-
-
participation active à tout
évènement du lignage
5
-
-
1
1
1
obéissance au mari
i
3
2
-
1
1
entrain, courage, assiduité
5
-
-
1
1
au travail
1
1
fécondité
5
-
-
1
i
1
réserve et retenue en public
effacement devant les hommes
5
-
-
1
1
déférence et respect vis à
vis des aînés
5
-
-
déférence vis à vis des
1
hommes
5
-
-
respect vis à vis des hommes
5
-
-
1
1
1
TOTAL des réponses
46
4
0
1
soit:
-
46 réponses approbatives
- On note 8 réponses critiques.
Nous ne relevons pas non plus de rejets.

-153-
-
Les rôles chez les 50 ANS et plus rurales
ROLES
cond. tol 133
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
5
-
-
-être attachée au lignage
5
-
-
-aider assister les mem-
!
bres du lignage
5
-
-
1
1
-participer activement
,
1
aux évènements interes-
i sant le lignage
5
-
-
1
MERE
une mère dévouée
1
5
1
-
-
travailler pour enfants
1
5
1
-
-
privilégier intérêts enf.
5
-
-
1
1
mère dégourdie avisée
5
-
-
1
1
1
EPOUSE
1
1
être déférente
-
-
1
5
1
1
être respectueuse
5
-
-
être soumise
2
-
-
1
être fidèle
5
3
-
i
être résignée
2
3
-
1
TOTAL DES REPONSES l34
59
6
-
1
Soit
-
59 réponses approuvant les conduites valorisées
dans les rôles traditionnels.
-
6 réponses approuvant les conduites tolérées
133-Condui tes valor. = Condui tes valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées

-154-
PREMIERE SYNTHESE
1- Le modèle traditionnel pour les urbaines scolarisées
Pour
avoir
une
image
d'ensemble
selon
les
groupes,
nous
avons pour le groupe des femmes urbaines et scolarisées, beaucoup
plus de critiques du modèle traditionnel; 61 réponses approuvant
les conduites valorisées dans le modèle. Nous avons 36 réponses
rejetant
les
conduites
valorisées.
Parmi
les
conduites
recueillant le plus d'approbations nous avons respectivement:
1)- Participation active à tout évènement clanique
important
-
15 réponses
2)- Déférence et respect envers les aînés
-
15 réponses
3)- L'ardeur au travail
-
12 réponses
Parmi les conduites les plus critiquées:
1)- Respect envers les hommes (en général)
15 réponses
2)- L'obéissance au mari
-
14 réponses
3) -
La fécondité 135
-
12 réponses
Parmi celles qui sont rejetés:
1)- La réserve et la retenue en public devant les
hommes
-
15 réponses
2)- La déférence envers les hommes
-
12'réponses
A propos de la soumission au lignage, et de l'éffacement de
l'individu au profit du lignage,
nous avons pour la soumission
dans
l'ensemble:
5
réponses
cri tiques
et
6
rejets.
Et
pour
l'effacement au profit du lignage
7 réponses critiques et cinq
rejets.
135_ Nous preC1sons bien qu'est nuance 1ci, non pas le fait
d'être mère mais le fait de faire le plus d'enfants possibles.

-155-
-
LE MODELE TRADITIONNEL POUR LES URBAINES SCOLARISEES
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
3
6
6
effacement de l'individu au
profit du groupe
3
7
5
participation active à tout
évènement du lignage
15
-
-
1
1
1
1
obéissance au mari
-
1
1
i
14
1
1
1
entrain, courage,
assiduité
12
3
-
1
i au travail
!
1
i
fécondité
3
12
-
1
1
1 réserve
et retenue en public
:
i
1
1
effacement devant les hommes
1
1
1
1
1
13
1
1
déférence et respect vis à
vis des aînés
15
-
-
1 déférence vis à vis des
hommes
-
3
12
respect vis à vis des hommes
-
15
-
TOTAL des réponses
53
61
36
1
1
Nous avons pour l'ensemble des urbaines scolarisées:
53 réponses approbatives
-
61 réponses critiques
-
36 réponses de rejets

-156-
LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES
Les
conduites
valorisées
dans
le
modèle
traditionnel
recueillent dans l'ensemble plus d'approbations. Dans le tableau
suivant
,
97
réponses
approuvant les conduites valorisées,
50
réponses
approuvent
les
conduites
tolérées,
et
48
réponses
approuvent
les
conduites
désaprouvées
dans
le
modèle
traditionnel. Nous avons si nous récapitulons les approbations
rôle par rôle:
Membre de lignage
1)- être attachée au lignage
- 15 réponses
2)- Participer à tout évènement important du
lignage
- 14 réponses
3)- Aider, assister,
et être solidaire des membres
du lignage
- 13 réponses
1)- Une mère dévouée pour ses enfants
- 15 réponses
2)- être une mère dégourdie et avisée
- 15 réponses
Epouse
1)- être respectueuse
8 réponses
2)- être résignée
4 réponses
Les conduites les plus critiquées sont:
- En ce qui concerne le rôle de membre de lignage
* La soumission au lignage - 8 réponses approuvant
des écarts de conduites par rapport aux conduites
valorisées dans le modèle.
- Pour le rôle de mère
* Le fait de travailler pour ses enfants - 11 réponses
-
Pour le rôle d'épouse
* Etre fidèle - 13 réponses

-157-
Les
approbations
des
conduites
rejetées
dans
les
rôles
traditionnels concernent:
* La soumission au lignage
- 4 réponses
* Faire passer les intérêts de l'enfant avant les siens
dans la relation conjugale -
7 réponses
c'est le rôle d'épouse qui recueille le plus de rejets:
* être déférente
-
12 réponses
* être résignée
-
11 réponses
* être soumise
7 réponses

-158-
- LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES
ROLES
cond. tol 136
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
1
-être soumise au lignage
3
8
4
! -être attachée au lignage
15
-
-
i -aider assister les mem-
bres du lignage
13
2
-
1 -participer
activement
1
aux évènements interes-
1
sant le lignage
14
1
-
1
MERE
1
1
une mère dévouée
1
15
-
-
Il travailler pour enfants
1
-
11
4
H privilégier intérêts enf.
1
4
4
7
1
1mère dégourdie avisée
15
-
-
1
~
EPOUSE
1
1
!~tre déférente
1
2
1
1
12
etre respectueuse
1
8
1
5
2
1
être soumise
3
5
7
être fidèle
1
13
1
être résignée
4
1
-
11
TOTAL DES REPONSES137
97
50
48
Nous avons pour l'ensemble des urbaines scolarisées:
-
97 approbations des conduites valorisées
-
50 approbations des conduites tolérées
-
48 approbations des conduites dévalorisées
Puis pour le rôle d'épouse qui recueille le plus de rejets
respectivement:
-
être déférente
12 réponses
-
être résignée
11 réponses
être soumise
7 réponses
136-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
137 -NOmbre d'approbations.

-159-
-
LE MODELE TRADITIONNEL POUR LES NON SCOLARISEES URBAINES
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
10
5
-
effacement de l'individu au
profi t
du groupe
11
3
1
participation active à tout
1
évènement du lignage
15
-
-
,
1
1
obéissance au mari
1
1
1
13
i entrain, courage, assiduité
:
1
10
5
,
-
1
au travail
1
1
!
fécondité
1
1
12
3
-
1
1
i
Il réserve et retenue en public
1
1
1
1
1
1
déférence et respect vis à
1
1
,
vis des aînés
15
1
-
-
déférence vis à vis des
1
1
i hommes
10
2
3
1
respect vis à vis des hommes
6
7
2
1
TOTAL des réponses
99
43
8
1
1
1
Pour l'ensemble des urbaines non scolarisées:
-
99 réponses approuvant les conduites valorisées
- 43 réponses critiques
8 réponses de rejets

-160-
LE MODELE CHEZ LES NON SCOLARISEES URBAINES
Dans
ce
groupe,
les
réponses
approuvant
les
conduites
valorisées dans le modèle sont
les plus fortes
99 contre,
43
critiques et 8 rejets. Parmi
les conduites les plus approuvées
nous avons :
1)- Participation active à tout évènement clanique important
-
15 réponses
2)- La déférence et le respect envers les aînés
15 réponses
3)- La fécondité
-
12 réponses
4)- L'éffacement de l'individu au profit du lignage
-
11 réponses
5)- La soumission au lignage,
l'ardeur au travail, la
déférence envers les hommes.
-
10 réponses
Parmi les conduites les plus critiquées nous avons:
1)- L'obéissance au mari
-
13 réponses
2)- Le respect envers les hommes -
7 réponses
Puis viennent:
respectivement :
3)- La soumission au lignage, l'ardeur au travail,
réserve
et retenue en public devant les hommes.
-
5 réponses
Les rejets sont faibles:
1)- Déférence envers les hommes -
3 réponses
2)- Respect envers les hommes
-
2 réponses
3)- Obéissance au mari
1 réponse
4)- Effacement de l'individu
-
1 réponse

-161-
- LES ROLES CHEZ LES NON SCOLARISEES URBAINES
ROLES
cond. tol 138
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
11
3
1
! -être attachée au lignage
14
1
-
-aider assister les mem-
bres du lignage
14
1
-
-participer activement
aux évènements interes-
1
k sant le lignage
14
1
-
1
MERE
1
1
1
1
une mère dévouée
1
15
j
-
1
-
ij travailler pour enfants
i
9
i
6
-
~ privilégier intérêts enf. 1 10
4
1
1
mère dégourdie avisée
14
1
-
1
1
EPOUSE
1
1
1
être déférente
12
-
1
3
1 être respectueuse
12
3
-
être soumise
4
10
1
être fidèle
7
7
1
1
être résignée
9
2
4
1
TOTAL DES REPONSES 139
145
39
11
1
Pour l'ensemble des non scolarisées urbaines nous avons en
ce qui concerne les rôles:
-
145 approbations des conduites valorisées
39 approbations des conduites tolérées
11 approbations des conduites dévalorisées
138-Condui tes valor. = Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
I39-NOmbre d'approbations.

-162-
Ici comme pour le
modèle,
les approbations des
conduites
valorisées
dans
le
modèle
sont
plus
nombreuses.
parmi
les
conduites les plus approuvées :
Membre de lignage
1)- être attaché au lignage
-
14 réponses
2)- aider, assister
-
14 réponses
3)- Participer activement
-
14 réponses
4)- être soumise au lignage
-
11 réponses
1)- être une mère dévouée
15 réponses
2)- être une mère dégourdie
14 réponses
3)- faire passer les intérêts
de l'enfant avant les siens
-
10 réponses
4)- Travailler pour ses enfants
9 réponses
Epouse
1)- être déférente
-
12 réponses
2)- être respectueuse
-
12 réponses
3)- être résignée
9 réponses
Quant aux conduites tolérées, le nombre de réponses le plus
élevé concerne les conduites renvoyant au rôle d'épouse:
1)- être soumise
10 réponses
2)- être fidèle
7 réponses
Dans le rôle de mère on relève:
1)- Travailler pour ses enfants
-
6 réponses
Parmi les conduites dévalorisées approuvées,
nous trouvons
dans le rôle d'épouse:
1)- être résignée
- 4 réponses
2)- être déférente
-
3 réponses

-163-
- LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES RURALES
(LES 20/25 ET 30/35)
i CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
1
nombre
1 soumission au lignage
10
-
-
effacement de l'individu au
profit du groupe
10
-
-
! participation active à tout
II évènement du lignage
10
-
-
!
1
obéissance au mari
4
6
-
1
1
i entrain, courage, assiduité
10
-
-
1
1
au travail
i
fécondité
10
-
-
réserve et retenue en public
effacement devant les hommes
3
7
-
1
déférence et respect vis à
vis des aînés
10
-
-
déférence vis à vis des
hommes
8
2
-
1 respect vis a vis des hommes
4
6
-
1
TOTAL des réponses
79
21
0
1
1
1
Approbations :79 réponses sur l'ensemble
critiques
:21 réponses sur l'ensemble
LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES RURALES
Nous avons
ici
79
approbations,
21
cri tiques,
et
pas
de
rejets des conduites valorisées dans le modèle. les conduites Les
plus approuvées, ce sont pratiquement 6 sur les 10 conduites de
l'ensemble. Sont nuancées ou critiquées:
l'obéïssance au mari
-
6 réponses critiques
-
La réserve
7 réponses critiques
-
Le respect envers les hommes
-
6 réponses critiques
-
La déférence
-
2 réponses critiques

-164-
-
LES ROLES POUR LES RURALES
RûLES
1 cond. tol 140
1 cond. tol
cond.dév.
l
,
MEMBRE DE LIGNAGE
1
1
-être soumise au lignage
1
10
i
-
-
-être attachée au lignage
10
-
-
i
i -aider assister les mem-
1
1
bres du lignage
10
-
-
1
1 -participer activement
i
1
aux évènements interes-
sant le lignage
10
-
-
1
1
1
i
MERE
1
1
i une mère dévouée
10
-
-
1
travailler pour enfants
10
-
-
1
il privilégier intérêts enf.
10
-
-
1
~I mère dégourdie avisée
i
10
-
-
1
~
EPOUSE
i
1
~ être déférente
1
8
1
2
1
-
être respectueuse
1
8
1
2
1
-
~ -
1
etre soumlse
1
1
9
1
-
être fidèle
5
5
~ être reslgnée
2
8
1
1
104
1
26
Nous avons respectivement: - 104 approbations des conduites
valorisées
- 26 approbations des conduites
tolérées
LES RûLES CHEZ LES RURALES
Les réponses concernant les
rôles de membre de lignage et
de
mère,
approuvent
toutes
les
conduites
valorisées
dans
les
rôles traditionnels. Sont nuancées,
les conduites concernant le
rôle d'épouse:
- être déférente
-
8 approbations et 2 critiques
- être resepctueuse
-
8 approbations et 2 critiques
être soumise
~ 1 approbation et 9 critiques
- être fidèle
-
5 approbations et 5 critiques
- être résignée
-
2 approbations et 8 critiques
HO-Conduites valor.= Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
Hl-NOmbre d'approbations.

-165-
- LES HOMMES ET LE MODELE TRADITIONNEL FEMININ
( LES 20/25 URBAINS)
CONDUITES VALORISEES
approb.
critique
rejet
(dans le modèle)
nombre
nombre
nombre
soumission au lignage
-
2
3
effacement de l'individu au
1
profi t
du groupe
-
5
-
1
participation active à tout
i évènement du lignage
4
1
-
1
1
1
1
1
obéissance au mari
5
-
-
1
1
1
1
entrain, courage, assiduité
5
-
-
1
au travail
fécondité
-
5
-
réserve et retenue en public
1
1
effacement devant les hommes
-
,
-
1
5
1 déférence et respect vis à
vis des aînés
4
1
-
déférence vis à vis des
hommes
2
1
2
respect vis à vis des hommes
2
2
1
i
~ TOTAL des réponses
!
22
!
16
12
1
1
Nous avons
-22 approbations des conduites valorisées dans
le modèle
-
16 critiques des ocnduites valorisées dans
le modèle
-
12 rejets

-166-
LES HOMMES ET LE MODELE TRADITIONNEL FEMININ
Il
étai t
intéressant
de
voir
ce
que
pensai t
les
jeunes
hommes de 20/25 ans urbanisés et scolarisés du· modèle féminin
traditionnel.
22
réponses
approuvent les
conduites
valorisées
dans le modèle, 16 réponses critiques et 12 rejets. Les conduites
les plus approuvées dans le modèle sont respectivement:
L'obéïssance au mari
5 réponses
L'ardeur au travail
- 5 réponses
- Participation active ..
-
4 réponses
Déférence envers les aînés
- 4 réponses
Parmi les conduites les plus critiqués nous avons:
L'éffacement de l'individu
5 réponses
- La fécondité
-
5 réponses
Sont rejetés:
- La réserve
5 réponses
-
La soumission au lignage
3 réponses
- La déférence envers les hommes -
2 réponses

-167-
-
LES HOMMES ET LES ROLES FEMININS
ROLES
cond.tol 142
cond.tol
cond.dév.
MEMBRE DE LIGNAGE
-être soumise au lignage
-
4
1
-être attachée au lignage
5
-
-
-aider assister les mem-
bres du lignage
4
1
-
1
-participer activement
aux évènements interes-
sant le lignage
5
-
-
MERE
une mère dévouée
5
-
-
1
travailler pour enfants
2
3
-
privilégier intérêts enf.
5
-
-
mère dégourdie avisée
5
-
-
EPOUSE
être déférente
1
1
2
2
être respectueuse
1
1
4
-
être soumise
5
-
-
1
être fidèle
5
-
-
être résignée
1
4
-
1 TOTAL
DES REPONSES 143
44
18
3
1
Soit
- 44 approbations des conduites valorisées dans les
rôles.
- 18 approbations des conduites valorisées dans les
rôles.
3 approbations des conduites valorisées dans les
rôles.
142-Conduites valor.= Conduites valorisées
Conduites deval.= Conduites dévalorisées
Conduites toI.
= Conduites tolérées
143-NOmbre d'approbations.

-168-
LES ROLES FEMININS CHEZ LES HOMMES
sont approuvés pour le rôle de:
Membre de lignage
Membre de lignage
5 réponses
La participation
5 réponses
L'assistance et l'aide aux membres
4 réponses
Mère dévouée
5 réponses
-
Faire passer les intérêts de l'enfant ..
5 réponses
- être une mère dégourdie
-
5 réponses
Epouse
-
La soumission
5 réponses
-
La fidélité
-
5 réponses
Sont nuancés:
-
La soumission au lignage
Travailler pour ses enfants (
les jeunes
hommes estime que ce rôle revient au père
la mère ne faisant qu'aider)
-
Le respect (il doit être réciproque)
-
La résignation
Sont rejetés:
-
La soumission au lignage
1 rejet
-
La déférence
-
2 rejets

-169-
LES CONFLITS OU TENSIONS GROUPE PAR GROUPE
Nous
avons
déjà
soul igné
dans
le
passage
précédant
la
présentation des résultats au modèle et rôles traditionnels,
la
nécessité que nous avions eu à
»coller» au contenu, et ceci va
être illustré ici par la présentation des conflits ou tensions
évoqués,
présentation à partir de laquelle sera dégagé
ce que
nous appelons le coût psychologique.
Nous interessait,
non seulement le type de conflits,
mais
également, la manière, le ton, l'intensité des propos receuillis.
Aussi
avons-nous
pensé
plus
significatif
de
présenter
des
fragments de discours caractérisant les tensions ou confli ts dans
chaque groupe,
car c'est précisément sur ceux-ci
que nous nous
baserons pour étayer nos explications.
Nous nous proposons dans cette grille de voir dans quelle
relation se
si tuent les
confl i ts
ou tensions,
avec
qui
?
les
raisons de ceux-ci, et enfin les issues de ces tensions,
et leur
mode de résolution.
Comment lire cette grille? Les chiffres qui
sont à
gauche
( 1, 2 ... ) correspondent respect i vement aux personnes intérrogées.
Dans chaque groupe,
l'étendue des grilles dépendra d'autre part
du
volume
des
contenus
de
chaque
fragment
considéré.
Les
activités seront précisées dans
les sous-groupes où les
femmes
exercent
une
activité;
qu'elles
soient
modernes
ou
tradi tionnelles. Quand bien même peu de confli ts étaient évoqués,
nous avons jugé utile de les relever.
Seront présenté successivement:
-
Les 20/25 attribuent
les conflits à,
et les situent au
niveau du .. ( Ce premier intitulé s'explique par le fait que la
plupart
des
membres
de
ce
sous-groupe
ne
vi vent
pas
encore
réellement les conflits évoqués).
- Puis viendra les 30/35 et les conflits, les 40/45 etc ...
- Nous intéresserons ensuite aux conflits des non
scolarisées urbaines,
pour finir par les rurales.

-170-
LES URBAINES ET LES CONFLITS OU TENSIONS
LES 20/25 attribuent leurs conflits à ...
et les situent au niveau de ...
1
1 tensions
avec qui?
1 pourquoi?
mode de résolution
i âge
activité
1
i
ii
! ~
1
epoux
-pas de respect mutuel.
de part
1
-Infidélité
!
-La femme manifeste le
et d'autre dû à l'in-
1
désir d'être au même
satisfaction ou à la
1
1 pied
d'égalité que son
curiosité.
1
époux,
surtout si elle
-Instabilité, divorce
1
1
travaille.
1
1
1
l
conjoint
~h·
1
2
1 -
ncompre enS10n des
-Instabilité divorce
1
1
Il
1
i deux conjoints.
1
1
1 -Man q ue
de considéra-
i
1 t·10n e t
d e respec t
~
i
1
1
~
3
couples
(-Dégradation de la si-
l
1
~
1 actuels
tuation économique qui
1
ij
1
1
pousse les hommes à se
~
1
marier avec desl.femmes
1
~
1
1
qui travaillent
1
1
1
1
4
-Avec la
-Désir de contrôler
de la femme
1
I-Réaction
famille du
leur membre, de con-
1
1 en
accord avec le
i mari
1 trôler surtout
ses
1 conjoint
vis à vis de
1
1
biens, ce qui va à
la famille.
Affirma-
I
1
l'encontre des intérêts
tion du couple comme
1
1
1
~
!
! des
conjoints.
1 uni té
i
1
i
i!
i
1
-Les uns se marient par 1
~
5
1
les cou-
1
1 pIes
! intérêt, les autres par
1
1 actuels
ne lIa coni1rainte des pa-
sont pas
rents.
1 bien
1
143_ Certains hommes divorcent pour épouser des
femmes qui
travaillent.
144_ Le mariage par intérêt est entendu ici comme un mariage
qui ne
repose pas sur
l'amour,
mais
sur l'intérêt
soit de
la
femme qui veut épouser un homme ayant une bonne
situation,
ou
l'homme voulant épouser une femme ayant de bons revenus.

-171-
Pour ce premier groupe,
les 20/25.
il s'agissait plutôt de savoir à
quoi les personnes intérrogées attribuaient les tensions dans les couples
actuellement.
Quatre des personnes
de ce sous-groupe
sont
célibataires,
elles sont cependant toutes fiancées.
la seule personne
mariée
l'est
depui s
peu,
et
n'a
pas
évoquée
de
confli ts notables
avec le
conjoint,
mais plutôt
avec
la belle
famille.
Aussi
pouvons
nous
dire
qu'ici,
les
confl i ts
ont
lieu
surtout
avec
le
conjoint, (compagnon, fiancé) ou ont lieu dans les couples, que les raisons
de ces conflits ou tensions sont respectivement:
- Le manque de respect mutuel
- Le désir d'indépendance de la femme qui travaille
- Le mariage par intérêt ou par contrainte
- L'incompréhension des deux conjoints
Le désir de la belle famille de contrôler les biens du mari

-172-
LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES ET LEURS CONFLITS
!
tensions
1 avec
qui?
pourquoi?
mode de
âge
résolution
1
acti vi té
1
1)31 ans
Iles
la femme est en
"J'ai été mariée
sécrétaire
' hom~es
ce moment l'objet
une 1ere fois,
divorcée
( marlOU
de l'homme qui en
j'en avais tel-
fait ce qu'il
lement assez que
1 TOKOBE
veut.
je suis partie,
Il y a l e désir
il ne voulai t
1
de l'homme de con
,pas dépenser,
trôler les biens
plus le reste!
!
l'argent de sa
l Après, j'ai
1
femme.
vécue avec un
il ne veut rendre
1 autre TOKOBE 5
1
aucun compte de
ses sorties à sa
qui vient chez
femme c'est in jus
moi de temps en
te!
temps.
Je ne
il est infidèle
pense pas encore
peu compréhensif.
aller m'embêter
il ne s'occupe
chez un homme.
pas des enfants.
s ' i l veut,
il
les hommes n'ont
vient chez moi
1 aucun
tact.
de temps en
temps à partir
du moment où il
1 ne me contrôle
pas,
ça va.
1
1) 31 ans (suite)
' 1
l s
~ f'
pre erent
I entretenir des
1
femmes en dehors
du foyer plutôt
1
que de s'ocuuper
de sa femme.
L'homme n'a pas
changé sinon en
1 pire,
et de plus
1 il
ne fait aucun
effort pour
changer.
145_
TOKOBE:
traduit
du
LARI,
signifie
"restons
ensemble"
mais avec une idée renvoyant à une relation temporaire, c'est en
quelque sorte l'équivalent du concubin. Le terme est nouveau, ou
du
moins
le
type
de
relation
qu'il
sous
entend,
"restons
ensemble, le temps que cela dure", étant entendu qu'il n'y a pas
d'engagement de
part
et
d'autre,
et que
les
deux
partenaires
peuvent cesser la relation quand ils le souhaitent.

-173-
LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES (suite)
tensions
avec qui?
pourquoi?
mode de
âge
résolution
activité
2)30 ans
les cou-
il y a infidélité
Je suis partie
1
sécrétaire
pIes sont
des deux côtés
après avoir su
mariée
en crise
surtout des hom
que mon mari en-
très peu
mes qui ont peu
1 tretenait
large-
sont équi
de respect pour
ment sa maîtres-
librés le
leurs femmes et
se et après des
reste en
n'ont plus aucun
scènes publiques
crise!
sens moral.
avec celle-ci.
1
Les hommes n'ont
Il est venu par
plus qu'un seul
la suite me de-
I
souci dominer é-
mander de reven-
1 craser leurs fem-
nir.
Je suis re-
1
1
l
mes faire voir
venue mais bien
qu'ils sont les
décidée à ne pas
maîtres sur tous
me laisser fai-
1
les plans
!
re.
1
i
1
De plus ils pro-
Quand je peux
1
fitent de l'ar-
j'ai aussi des
gent de la femme
aventures en ce
1
pour le dilapider
moment je cons-
avec d'autres.
truis ma maison
1
1
Ils n'ont plus
et je prépare
aucun sens des
ma retraite
1
1
responsabilités.
au cas où
1
1
,j'aurais envie
i
1
1 Ils
sont égoïstes
de repartir ce
sur tous les
sera pour de bon
1
1
1
1
plans y
compris
cette fois!
1
1 sur
le plan se-
1
1
Je suis revenue
I
1 xuel
1
1
i
1 surtout à cause
i
de la pression
1
des parents et
aussi parceque
mon mari a chan-
gé d'attitude.
Autrement dit
il ne faut pas
se laisser faire

-174-
LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES (suite)
tensions
avec qui?
pourquoi?
mode de
âge
résolution
activité
1
1
1) 33 ans
1 les
cou-
parcequ'il y a
Je n'ai pas
sécrétaire
le problème de la
encore de
1 pIes
célibatai-
transition entre
problèmes parti-
1
~ re
la tradition et
culiers n'étant
la modernité.
pas encore
1
1
~
1
1 mariée.
1
i
1
i
\\
1
4)34 ans
M . ,
, .
il·
1 les
cou-
1 Il
n' y a pas de
01
Je n al pas
institu-
1 pIes
sont
cohésion chacun
1 de
problèmes
i trice
1 en
crise
pour soi ou pour
~
1 vraiment
graves
mariée
sa famille.
mais je fais
tout pour avoir
1
1
il
1
1 ma
maison ma
Il
1
: voi ture après
~
1
1
tout l'important
maintenant c'est
1
1
1
1
d'avoir été ma
1
riée et d'avoir
1
,des enfants
1
après la femme
1
1
1
se repose et mè-
1
i
ne la Vle qu'el
1
le veut.

-175-
Il 5)
35 ans
Surtout
l'homme a des
j'estime avoir
il jardinière
les
maîtresses et les
de la chance car
Il (garderie
couples
femmes suivent ce
j'ai une rela-
~I.
~
d'enfant)
qui est récent du
tion qui me
~ TOKOBE
fait de la femme.
laisse beaucoup
~
il
La femme est de
de liberté je
il
moins en moins
~
m'estime avanta-
Il
ij
il
femme au foyer.
gée par rapport
Il
Il
Les femmes bou-
à certaines fem-
ii
'1
gent elles re-
mes.
li
:1
cherchent l'auto-
Il
Il
Il
Il
nomie elles sont
:1
li
actives elles
il
Il
réagissent.
il
Il
Il y en a qui
Il
li
il
~
exagèrent qui
Il
il
pensent trop à
'1
1
elles.
elles de-
II
li
;1
i vraient
tenir
Il
compte des en-
II
,1
Il
ii
fants et s'occu-
Il
'1
per de leur ména-
il
ge
!
'i
II
Il
Il,1
1
REMARQUES:
Dans
ce
groupe,
une
personne
est
célibataire.
Il
faut
souligner en passant que si on se refère à la tradition, ou même
au contexte actuel cette
personne n'est pas célibataire,
mais
seulement une
personne qui
n'a pas encore
eu
la
chance de
se
marier.
Une
autre
des
personnes
de
ce
sous-groupe
vi t u n e
relation de type "TOKOBE"
(voir note). Deux sont mariées et une
divorcée.
Elles
ont
toutes
sauf
la
célibataire,
vécues
les
problèmes exprimés.

-176-
Il
a
semblé
intéressant
de
regrouper
les
réponses
similaires sous une sorte de rubrique permettant de récapituler
toutes
les
réponses.
Les
réponses
brutes
nous
semblant
plus
s igni f ica t ives. Les termes caractérisant les conf lits ne sont pas
de nous mais des personnes intérrogées.
1) Conflits avec qui?
-
Avec les hommes que ce soit le mari,
ou le concubin.
-
Dans les couples -
entre conjoints.
2) Conflits pourquoi?
-
Désir de l'homme de vouloir "contrôler" sa femme de
régner en maître.
-
Désir de
l'homme de vouloir contrôler les biens de sa
femme.
-
Infidélité et inconduite des hommes
-
Incompréhension des hommes
-
Désintérêt des hommes pour leurs enfants
-
Recherche d'autonomie de la femme
-
Excès chez
certaines femmes et négligence de leurs
devoirs.
3) Modes de résolution
-
Divorce
-
Rupture ou séparation momentanée
-
Relation de couple vécue sur le mode intérimaire.
Nous relevons si nous interessons au pourquoi des conflits
ou tensions,
le désir de l'homme de vouloir contrôler la femme,
ou
les
gains
de
celle-ci.
Vient
ensuite
l'infidélité
et
l ' incondui te des hommes, l'incompréhension. Il n' y a qu'une seule
personne qui
estime que les hommes ne
s'occupent pas assez de
leurs enfants.
Nous
pouvons
donc
dire
ici
que
les
causes
de
confli ts
renvoient respectivement au désir d'indépendance de la femme,
à
une revendication au niveau d'un vécu de couple différent,
une
revendication
au
niveau
des
loisirs,
et
à
une
conception
différente de la sexualité conçue non seulement comme un devoir
mais comme un plaisir.

-17ï-
Les conflits, les tensions sont plus centrés dans ce groupe
sur les besoins,
et désirs de
la femme en tant qu'individu.
Les
doléances concernant les hommes sont longues. Une seule personne
parmi
les
personnes
intérrogées
estime
que
certaines
femmes
exagèrent,
et
c'est
celle
qui
est
engagée
elle-même
dans
une
relation qu'elle estime satisfaisante.
D'autre part,
pour
ce sous-groupe
l'inconduite
masculine
est presque lIn fait exprès:
"Les hommes n'ont pas changés sinon
en pire!
et de plus,
i l ne
font pas d'efforts pour changer
!".
l~' est
auss i
dans
ce
sous-groupe
qu' apparaî t
l'opinion
selon
laquelle.
de
toute
les
facons:
"L'essentiel
est
d'avoir
été
mariée et d'avoir eu des enfants
".
Est
souligné
aussi
le
désir
et
la
volonté
chez
la
femme
salariée
de
~érer
ses
gains,
notamment
pour
construire
une
maison.
acheter une voiture
ou avoir d'autres
biens.
Celle
qui
estime pouvoir subvenir à
ses
besoins n'hésite pas à divorcer.
Quant aux issues
des tensions,
on ne se
"résigne pas",
ou
si on le
fait,
on
"s'arrange pour se
rattraper",
soit en étant
aussi
infidèle,
soit
en
se
garantissant
les
moyens
de
pouvoir
réag i r.
Sou li !Snons
auss i
que
les
femmes
prennent
ic i
pl us
l'initiative.
là où
la
femme
proche
des
modèles
traditionnels
di rai t
: "Je donne l'argent à mon frère pour qu'il construise une
maison pour
la
famille"
celles-ci
disent
"Je
construis ma
maison
etc .•. ".
Soul is!"nons
auss i
que
beaucoup des
raisons
évoquées
comme
(,:-luse
de
conf l i t S
s' é loi g"ne nt
ou
s'opposent
à
la
concept ion
tradItionnelle
des
rôles
concernes.
Désir
d'indépendance
notamment.
infidélité
de
13.
femme
désir
d'un
vécu
de
"couple"
différent.

-lï8-
LES CONFLITS CHEZ LES 40/45 URBAINES SCOLARISEES
tensions
Avec
Pourquoi?
réso-
âge
qui '?
lution
activité
1) 45 ans
dans
Manque de participation.
divorce
employee de
le
Les hommes ne laissent pas
i
bureau
couple
les femmes prendre l'initia-
tive.
Le désir pour la femme
1 mariée
qui travaille d'être
!
indépendante d'une façon qui
n'est pas avantageuse pour
l'homme.
D'autres femmes ne reconnais
1
sent plus que l'homme est le
chef de famille.
1
; Il Y a des femmes qui ne peu
vent pas tolérer que leur
mari rentre à cinq heures du
matin.Il y
a aussi des fem
1 mes
qui négligent leur ména
ge elles sont souvent en
train de faire n'importe
1
quoi et quand le mari rentre
rien n'est fait
il y a fau-
te de part et d'autre.
1
1) 45 ans
!
couple
Il :v a des hommes qui ne
\\ suite)
voient pas dormir leurs
enfants il y en a me me
qui ne savent pas comment
s'appellent certains ils
ne les voient jamais

-179-
LES CONFLITS CHEZ LES 40/45
(suite)
tensions
avec
Pourquoi?
mode de résolu-
age
qui?
tion
activité
2) 43 ans
les
les hommes se condui-
On s'efforce de
femme au
maris
sent mal leur compor
supporter des
foyer
tement n'est pas cor-
fois
il ne faut
rect si l'homme sort
pas contrôler
la femme sort aussi
l'homme donne lui
pour se venger.
seulement à man-
Certains hommes ne
ger au lieu de
veulent pas que leurs
s'occuper de sa
femmes travaillent de
vie privée.
peur qu'elles ne par-
Les femmes les né
tent du foyer ou bien
gligées préfèrent
qu'elle ne s'entête
aussi avoir un
ou ne se vante.
copain à coté
D'autres entretien-
1 pour
se rattraper
nent des maîtresses
: il y a beaucoup
i il
y en a meme qui se
i de divorces chez
croient obligés d'en
i les jeunes.
avoir pour faire corn
i
me les copains
!
1
3) 41 ans
les
! les
hommes préfèrent
j'ai un TOKOBE
veuve
cou-
vivre avec leurs maî-
comme .ie suis
1
empl.
de
ples
tresses qu'avec leurs
chez moi et que
bureau
femmes lé~itimes qui
~e travaille j'ai
sont négligées.
de
moins de problème
1
!
plus celles-ci ne
que celles qui
sont pas libres les
1
sont au f o'~re r.
hommes les piétinent!

-180-
LES CONFLITS CHEZ LES 40/45 (suite)
Il
1
1
1
Il tensions
i avec qui?
1 pourquoi?
1 résolution
1
!. àge
i
1
1
~
i
acti vi té
1
1
i 4)
42 ans
mari
il n'y a plus de
i J'ai été obligée
1
1 femme
au
sérieux!
Les hom-
de supporter mê-
i
1
foyer
mes cherchent à
me une rivale a-
i
1
i
étouffer leur fem
il
1
près avoir réa-
il
il
me quand elle es-
gie .je suis obli
1
,1
1
saie de faire
gée de supporter
1
1
~
Il
1
quelque chose.Il
pour les enfants
!i
1
1\\
la persuade qu'el
et surtout parce
!
:1
le est bête.
Ils
que je ne
sont infidèles in
travaille pas.
1
:1
constants peu res
!
pectueux.
:1
1
- ,
1
1
,
1
bl
41 ans
les hom-
~ls veulent etouf
Je me su~s
salariée
mes
fer leurs femmes
résignée pour
aide
ils sont fumistes
les enfants
soignante
1 quand elles tra-
après être par-
1 vaillent ils veu-
tie plusieurs
1 lent contrôler
fois.
Depuis .je
t
leurs gains.
Ils
m'efforce de
i sont jaloux de
maintenir une
i leur réussite ils
atmosphère
i font des comple-
agréable mais
: xes.
Ils ne res
c'est dur;
il
i pectent
pas leur
i faut
pouvoir
femme,
ne sont
supporter'
Il le
pas discrets et
faut surtout
sont bêtement
i pour
les
.ialoux.
enfants.
1

-181-
Dans ce groupe, toutes les femmes sont marlees ou l'ont été
à un moment ou à un autre. Si nous reprenons nos rubriques nous
trouvons:
1) Conflits avec qui?
-
Dans le couple (ou)
-
Surtout avec les hommes
2) Pourquoi?
-
Désir des hommes "d'étouffer" leurs femmes
-
Désir de l'homme de contrôler sa femme
Volonté de l'homme de ne rendre aucun compte à sa femme
-
Inconduite,
et infidélité masculine
-
Manque de respect
- Négligence par la femme de ses devoirs
- Contestation par la femme de l ' autori té du chef de famille
3) Hode de résolution
-
Divorce -
Séparations temporaires
-
Résignations
Nous relevons ici comme causes de frictions:
le désir des
hommes "d'étouffer" leurs femmes, une cause renvoyant à un désir
d'autonomie,
les griefs à l'encontre des hommes
sont à
quelque
chose près
identiques à
ceux du sous-groupe précédent;
seules
diffèrent les issues.
Il y
a
un peu
plus de
"résignées" dans
ce groupe,
elles
soulignent aussi en général que la résignation leur est pénible
et que les plus jeunes supportent moins.
Les
raisons données à
l'acceptation de la situation 'sont principalement: les enfants,
et aussi les moyens matériels insuffisants.
Il
y a
aussi le désir d'une participation plus grande de
l'homme
au
niveau
de
l'éducation
des
enfants,
et
une
revendication par rapport aux loisirs. A noter aussi, le fait que
deux personnes
intérrogées et
qui
font
partie des
"résignées"
soulignent
que
les
fraternités
(regroupements
à
caractère
religieux) ont exercées une action apaisante sur elles.

-182-
Depuis qu'elles prient ont-elles affirmé,
elles se disent
plus calmes, supportent mieux les comportements de leurs maris:
"Il Y a beaucoup de changement, beaucoup de foyers ont
la paix actuellement à
cause des conseils qu'on nous
donne.
D'autres
femmes
étaient
têtues,
n'arrivaient
pas à supporter le comportement des hommes, si l'homme
sort, la femme sort aussi pour se venger.
Or si elle
prie, elle peut s'en passer."

-183-
LES 20/25 NON SCOLARISEES URBAINES ET LEURS CONFLITS
tensions
avec qui?
pourquoi?
résolution
âge
activité
li 24 ans
surtout
Ce sont les
Il vaut mhfux être
petit com-
pour les
femmes qui sont
le bureau
de
1 merce
femmes
à l'extérieur
quelqu'un vous e-
TÛKûBE
1 mariées
qui profitent
tes reconnue quand
du mari au fond
même
mais vous ê-
i
mais pas la
tes libre de vos
1
femme de la
mouvements.
maison.
Le TÛKûBE ne peut
1
!
pas vous embêter
et comme vous n'ê-
tes pas chez lui
il n'est pas sûr
de lui.
Il fai t
donc des efforts
pour vous garder
sinon on souffre
surtout maintenant
1
21
23 ans
i couples
1 ~
d
1 a
cause
u man-
Séparations
1 femme
au
que de sérieux
répétées avec le
foyer
des hommes et
mari.
1
1
1
mariée
de leur manque
1
1
1
1 de
compréhen-
1
1 sion.
1

1
1 ,
.
,
Ü 3)
25 ans
1 marIS
ou
, Les hommes ne
1 SeparatIon
recente
ij coiffeuse
1 TOKûBE
1 sont
plus
avec le TOKOBE
~ TOKOBE
1 sérIeux
on ne
seule pour le
1
1
1 sai t
vraiment
. moment.
plus ce qu'ils
1
1
1 veulent
eux mê-
1
mes ne le sa-
vent pas.
Ils ne veulent
plus dépenser.
41
25 ans
couples
instabilité in-
Résignation
femme au
actuels
fidélité pro-
foyer
blèmes multi-
mariée
ples.
5) 21 ans
surtout
mauvaise
Pour le moment pas
1
sans acti-
dans les
conduite des
de conflits
vité
couples
hommes et de la
notables.
réaction des
femmes.
146_ Equivalent de maîtresse établie.

-184-
REMARQUES:
A noter dans ce groupe,
le nombre élevé de personnes vivant
en concubinage par rapport aux autres groupes. Les conflits sont
surtout situés dans les couples, et les causes à ces conflits ou
tensions
sont
l'inconduite
masculine
et
leur
manque
de
compréhension.
Quant
aux
issues,
il
y
en
a
deux
principalement:
la
séparation ou la résignation,
surtout pour celles qui n'ont pas
d'activité. Celles qui peuvent subvenir à leurs besoins ont des
relations qui
leur permet d'avoir une liberté de mouvement.
On
retrouve dans ce groupe le désir d'autonomie mais celui-ci n'est
pas exprimé explicitement comme dans
les autres groupes. On ne
retrouve plus ici la revendication par rapport aux loisirs ou au
désir de vivre différemment la relation homme/femme.

-185-
LES 30/35 URBAINES NON SCOLARISEES ET LEURS CONFLITS
Tensions
1 avec
qui?
pourquoi?
reso l
.
utlon
'1
'
1
, âge
1
activité
1
1
1134 ans
1
jeunes
Ils ne sont pas
commerce
! couples
équilibrés ils
1
mariée
font n'importe
quoi l'homme ne
1
1
respecte pas la
femme,
la femme
1
1
non plus,
il n'y a
1
plus de respect de
discretion.
1
elle même
1
La femme est obli-
avec mari
1
gée d'être le père
1
1 tension
et la mère l'hom-
plutôt
me ne veut pas se
préoccuper de
l'enfant.
Travailler dur et
assumer ce que le
père devrait as-
sumer,
supporter
pour les enfants
pour leur bien
2)35 ans
mari
désintérêt pour sa
1 Résignation
pour
commerce
1
famille pour ses
les enfants, pour
l,
mariée
: enfants.
Incons-
I, eux surtout il
1
1 tance, mais sur-
1
faut tout faire
1
I tout le fait qu'il
pour qu'ils
1
1
1
laisse la char~e
1 soient bien, et
1 matérielle
des-en-
1 ne
pas s'occuper
1
fants à la femme.
1 de ce que fait
1
le mari.
1
1
1

3)33 ans
1 marl
et
Supporte mal la
Adultères "sanc-
coutu-
1 co-épouse
polygamie et sa
"tions" envers
rière
1
co-épouse,
et
1 le mari,
sépara-
mariée
s'estime lésée au
tions fréquentes
profit de cette
suivies de récon-
dernière.
ciliations.
4)34 ans
il faut
désintérêt de
Se résigner sup-
commerce
éviter
l'homme pour ses
porter,
tout fai-
les con-
enfants, c'est la
re pour maintenir
flits,
il
femme qui est
une bonne ambi-
y a des
obligée de
ance familiale,
problèmes
"trimer", de souf-
être diplomate,
plutôt.
frir pour les en-
supporter pour
fants.
les enfants.

-186-
!
5)32 ans
1
t"
- t
b"
1 peu
de
1 es
lme e re
len
attitude correcte
mariée
tombée. Mari sé-
déférente,
sou-
1 conflits
au foyer
1 rieux et
responsa-
mise.( un regret
ble.
ne pas avoir été
1 à l'école et ne
1 pas
travailler).
REMARQUES:
Toutes les personnes de ce sous groupe sont mariées, une est
dans un ménage polygame, les quatre autres dans des ménages (plus
ou moins) monogames.
1)- Avec qui y a t-il conflit et pourquoi?
-Ceux-ci
sont si tués dans
les couples plus
jeunes.
Elles
mèmes préfèrent parler de problèmes,
plutôt que de conflits.
-
Ici
la
raison
principale
des problèmes
évoqués
est
le
désintérêt de l'homme pour ses enfants.
2)- Issues
- Supporter,
se résigner à assumer ce que
le père ne veut
pas
faire.
Il
y
a
dans
ce
groupe,
un
souci
d' évi ter
les
confrontations et les conflits avec le mari. le souci premier est
de tout faire pour que malgré tout il y ait une bonne entente en
général. A relever ici comme autre point important le fait que
la doléance principale concerne les enfants. Une seule s'estime
lésée par rapport à sa co-épouse.

-187-
LES 40/45 NON SCOLARISEES URBAINES ET LES CONFLITS
!
1
Tensions
1 avec
qui?
1 pourquoi?
1
résolution
âge
i
activité
1
1
1
1
1) 41 ans
1 ce
sont
Ils n'ont plus
1 divorce
pour
commerce
, surtout
1 de
respect entre
pré-
divorcée
les jeu-
eux,
plus de dis-
server la santé
nes qui
crétion.
des enfants qui
ont
restaient et sa
beaucoup
propre santé.
de pro-
Actuellement
blèmes.
elle
est dans une
mari
1 parceque
le mari
1 relation
de type
était "responsa-
ble" de la mort
TOKOBE et estime
des deux enfants
cette situation
du couple.
satisfaisante.
1
2)44 ans
Les jeu-
1
couturière
nes ont
1
1
1
divorcée
beaucoup
1
de
A préféré partir
Il
1
problèmes
du foyer malgré
1
Elle même
1 A
été prise en
le pardon du
cause di-
flagrant délit
mari n'a jamais
vorce.
d'adultère.
voulue expliquer
I~
il
1
les raisons de
1
1
1
son départ.
i
3)42 ans
Mari
Problèmes
Travailler, elle
commerce
matériels,
dés in-
a trouvée une
térêt pour les
occupation qui
enfants et pour
lui permet en
elle.
Polygamie
partei de
"fumi,sterie" du
résoudre les
mari.
problèmes maté-
riels.
pour le reste on
se résigne et on
supporte en
s'efforçant au-
1
tant que possi-
ble d'éviter les
problèmes.

-188-
~ 4 )44ans
Iles
Pas de respect
i commerce
jeunes
ils se trompent
mariée
1 surtout
mutuellement ce
1
qui entraîne des
1
divorces.
1 elle même
ne s'occupe pas
avec mari
matériellement
Supporter pour
1
,
des enfants
les enfants tra-
vailler dur et
1
maintenir de
1
1 bonnes
relations
1
1
avec tous autant
que possible.
1
:
5)43
!
ans
avec mari
Ne s'interesse
On supporte pour
1
1 commerce
pas au devenir
les enfants on
mariée
des enfants, à
est obligée de
i
leur scolarité se
supporter car
1
1
décharge de tou-
les enfants sans
1
tes les dépenses
I la mère ne sont
1
sur la mère, ce
pas bien.
Il
qui n'est pas
faut s'occuper
1
juste.Ils préfè-
des enfants.
i
rent s'occuper de
leurs neveux plu-
1
tôt que leurs en-
fants.
LES 40/45 NON SCOLARISEES ET LES CONFLITS (suite)
1
1
1
1 tensions
avec
1
1 pourquoi?
1 résolution
âge
: qui?
activité
i
!
1
5 ) ( sui te )
1
! parfois même
à
cause de la gros-
i
1 sesse de la fille
1
dont le père rend
la mère responsa-
1
ble,
la mère est
mise à la porte.
1

-189-
LES 40/45 NON SCOLARISEES URBAINES ET LES CONFLITS
Deux
personnes
de
ce
groupe
sont
divorcées
et
ont
des
concubins, trois sont mariées, elles ont toutes des activités se
rapprochant
des
acti vi tés
tradi tionnelles:
peti t
commerce
de
détail;
une est couturière.
1) Conflits avec qui? (on peut dire aussi ici,
qui a des
conflits?)
Ce sont les jeunes qui
ont des conflits,
elles ont des
problèmes.
Leurs problèmes, elles les ont surtout avec le mari.
2) Pourquoi?
- Les jeunes? : Manque de respect entre eux, de discrétion,
et infidélité.
- Elles ?
"- Cause "occulte"
- Problèmes matériels surtout, et désintérêt
matériel de l'homme vis à vis des enfants.
3) Résolution
Divorce pour raisons "graves"
- Ou résignation, acceptation de la situation,
en assumant
les obligations devant revenir au père.

-190-
LES 50 ANS ET PLUS ET LES TENSIONS OU CONFLITS
1 tensions
1 avec
pourquoi?
résolu-
âge
1 qui?
tion
111a soi-
, non
il fallai t
suivre la rè-
xantaine
igIe,
avoir un bon compor-
1 veuve
l
·
tement,
être obéissante,
respectueuse des normes
1
1
1
et des lois. Toutes ces
~
1
Il
conditions remplies,
on
1
!
avait pas de conflits.
:f---------'i----------=---------------t-------..,/
il 21 La cin-
1 peu de
1 se conduit comme il se
~ quantaine
1 confli ts
1 doi t,
divorcée parceque
il divorcée
1
1
stérile. A tout fait pour
I~I
l i s e soigner,
s'est rema-
i
riée et à divorcé de nou-
1
i
veau pour les mêmes rai-
l
l i s o n s .
Vit une relation de
i
i type TOKOBE.
3lLa soi-
1 non
1 a
tout fait pour éviter
li xantaine
1
1 les problèmes.
mariée
!
i
4lSoixan-
Il ignage
1 tens ions
problèmes de
taine
1
1 santé,
de sorcellerie.
mariée
1
1
i 5lSoixan-
: mari et
: problèmes de sorcellerie
Id·
1 1 vorce
taine.
1 belle
: famille
LES 50 ANS ET PLUS
Même
si
dans
ce
groupe,
il
ne
fallait
pas
s'attendre
à
trouver des conflits identiques à ceux exprimés dans les autres
groupes, nous avons tout de même tenté de voir si elles avaient
eues
elles
aussi
des
tensions
et
quel
type
de
tension
ou
problème ?
Nous relevons peu de conflits, ou alors ce sont des conflits
de type "classique"; si on se refère à la société traditonnelle.
Sinon dans l'ensemble, il n'y a pas de conflits notables, car il
fallait suivre la règle.
Tous
les évoqués avaient et ont leurs
solutions dans le système tradi tionnel: problèmes de sorcellerie,
ou stérilité.
Ces causes sont si
l'on se place dans
l'optique
traditionnelle des raisons de force majeure.

-191-
LES 20/25 RURALES ET LES CONFLITS
!
1
tensions
1 avec
pourquoi?
1
résolution
âge
! qui?
1
1) 22ans
1 peu
de
Se préoccupe surtout du
mariée
1 tensions
devenir des enfants, de
son travail, des revenus
qu'elle peut retirer des
ventes du manioc. S'il y
a un problème, et si elle
estime avoir raison elle
l réplique sinon elle se
tait.
1
1
~
1
2) 25 ans
1 tres
peu
1 Elle
sui te la règle et
mariée
1
s'arrange pour ne pas ê-
1
tre dans son tort de ma-
1
1
nière à être soutenue
1
Is'il y a un problème effi
1
cacement par sa famille.
3)
22
l , .
d'
l
i
ans
peu
1
SOUC1S
prlmor laux:
es
1
Il mariée
enfants,
le travail, ne
1
1
pas avoir d'histoires un
1
i
1
1 seul
regret,
ne pas avoir
1
i
été à l'école pour avoir
1
1
1
une activité différenté.
!
1 r - - - - - - - + - - - - - - + - - - - - - - - - - - - - - + - - - - - - - t I
1
4) 24 ans
1 peu
Elle se rend en charge
1
1
1
ainsi que ses enfants
d
puisqu'elle a conscience
~
de travailler pour elle,
i
l'avenir des enfants
étant le sien. Avec le
mari on fait tout pour
s'entendre à condition
que celui-ci n'outrepas-
se pas ses droits.
5)23 ans
très peu
préoccupations principa-
mariée
les:
les enfants, le tra-
vail,
l'avenir, et la
santé.

-192-
LES 30/35 RURALES ET LES CONFLITS
tensions
avec qui?
pourquoi?
résolution
âge
1)33ans
mari
problèmes occultes,
le
divorce
divorcée
mari lui avrit proposé
de "manger"
un des en-
fants.
Elle même n'é-
tait pas non plus en
1
1
bonne santé.
1
1
i
i
i
1
1
, 2 ) 31 ans
mari
voulait prendre une
1
refus caté-
1
mariée
1
troisième épouse parce-
1 gorique
le
1
que la deuxième était
mari s'est
1
malade.
1 plié
à sa
1
Il
décision.
1
'!
1
, 3 ) 33 ans
peu
1
1 Se
préoccupe surtout de
1
1
1
l'avenir des enfants,
i
1
1 avec
le mari s'efforce
1
i
à maintenir l'entente.
1
1
1
4)
ans
1
35
1
t
-
1
res peu
i il faut éviter les pro-
blèmes,
et même s ' i l y
1
1 en
a i l faut s'arranger
1
pour être dans ses
1
1
droits.
1
1
5 ) 30 ans
très peu
surtout
1
1
se préoccupe
de
1
1
il mariée
1
1 l'avenir
des enfants.
1
LES 50 ANS ET PLUS RURALES ET LES CONFLITS
tensions
avec
Pourquoi?
résolution
âge
qui?
65 ans
mari
Ne voulait plus vivre
divorce
divorcée
avec son mari (n'a pas
expliquée pourquoi),
mais elle n'est pas
revenue sur sa décision
malgré, les interventions
des frères et les tenta-
tives d'intimidation du
mari. (menace du mari de
lui faire supprimer la
communion par le prêtre
etc . . . )
Dans
ce
sous-groupe,
nous
n'avons
relevé
qu'un
confl i t
notable.

-193-
LES HOMMES ATTRIBUENT LES CONFLITS A, et LES SITUENT AU NIVEAU
DE •••
Il était intéressant de voir du côté masculin,
les causes
des tensions actuelles. Non seulement parcequ'ils sont concernés
en tant que partenaires, que la plupart des raisons évoquées par
les femmes ayant des tensions notables les mettent en cause, mais
aussi, parceque la mise en parallèle des raisons évoquées par les
unes et les uns pouvait être révélateur de points de discordance
et de friction.
D'où les pages qui suivent présentant pour tous
les hommes intérrogés ici,
les causes de tensions,
ou conflits,
les points
de
vue
sur
la conduite
ou
"l'inconduite
féminine"
actuellement.
il Tensions
1
avec qui?
pourquoi?
resol.
1
âge
1
1) 23 anrb
couples
Instabilité,
ils ne sont
célibat.
pas formés par amour, mais
par intérêt.
2 ) 22 ans
couples
instabilité,
infidélité
celibat.
surtout
légèreté.
Il n'y a pas d'a
mour,
les épouses sont o-
bligées de se soumettre à
leur mari parceque n'ayant
1
pas de revenus.
Dans les
1
1
foyers,
chacun vole en es-
sayant de faire semblant
1
1
Id'être.
1
1
3 ) 21 ans
jeunes
1 pas
de stabilité généra-
I
1
celibat.
1 couples
Ilement,
les mariages se
1
1
1
1 font
tambour battant mais
!
1
1 après,
c'est la monotonie
la désillusion,
car les
1
1
jeunes ne sont pas prépa-
rés au mariage.
4 ) 24 ans
jeunes
surtout pour des problèmes
celibat
couples
matériels.
5 ) 23 ans
les jeunes
les couples ne sont pas
célibat.
formés par amour mais par
intérêt.
147_ céli bataire.

-194-
LES HOMMES ATTRIBUENT LES CONFLITS A (suite) LES 30/35
!
Tensions
1 avec
qui?
1
Pourquoi?
resol
âge
,
!
1) 30 ans
1 Les
celibat.
1 filles
1
2)
35
ans
i celibat.
i
3) 33 ans
éclatement de plusieurs
divorce
1 couples
valeurs,
il y a un désé-
unions
quilibre,
infidélité de
libres
l'homme et de la femme.
!
désinvolture vis à vis des
1
valeurs essentielles.
Pro-
1
blèmes matériels et
1
1 psychologiques,
infidélité
1
1
et revendication de la
1
1
l femme par rapport au plai-
1
II
i
sir et au loisir.
i
1
LES 40/45
Tensions
avec qui?
Pourquoi?
resol.
âge
1)
43 ans
dans le
le couple est vécu d'une
marié
couple
façon très temporaire,
la
femme est plus attachée à
sa famille qu'à son mari.
Il y a aussi le problème
des biens communs.
la
femme Congolaise a mal
compris ce qu'est l'éga-
lité entre l'homme et la
femme.

-195-
LES 40/45 ans (suite)
,
Tensions
1 avec
qui?
1 Pourquoi?
1 resol.
âge
1
1 ) 44 ans
les
La femme Congolaise n'est
marié
femmes
plus mère,
ni épouse elle
,
vit et cherche à vivre
pour elle même,
elle ne
i
supporte plus ce que les
i
1
1 autres
supportaient pour
les enfants,
elle n'a
1
,
1
1
plus le sens de ses
1
i
responsabilités et elle
1
1
abandonne même ses en-
fants en bas âge au père.
A partir du moment où la
1
i
1
femme a une activité et
1
1 une
indépendance
1
1
1 financière,
elle est
1 moins
soumise.
la femme
1
i
qui a de l'argent a
1
1 conscience qu'elle peut
1.
1
1
faire tout ce que peut
faire le mari,
et les
hommes en général.

-196-
LES HOMMES ET LES CONFLITS. QUELQUES REMARQUES:
Ceux-ci
sont
toujours
situés
surtout
dans
la
relation
conjugale,
ou
dans
les
relations
entre
hommes
et
femmes
en
général. A noter aussi que les propos du premier groupe peuvent
être mis
en parallèle
avec
ceux des
jeunes
filles
du
premier
groupe urbain;
les
20/25.
Les
jeunes hommes du
premier groupe
sont tous célibataires,
ils ne vivent pas les tensions évoqués,
les causes attribués sont plus générales:
-
Manque d'amour
-
Problèmes matériels
Par contre,
les "partenaires" éventuels des 30/35 urbaines
du
groupe
équivalent,
ou
les
40/45
sont
plus
précis
sur
les
causes des tensions. Les propos et jugements sur le comportement
féminins sont aussi plus "durs".
Les causes de conflits dans ces deux groupes?
-
Le manque de sérieux en général de la femme
- L'intérêt exégéré qu'elles ont pour l'argent
-
L'utilisation instrumentale qu'elles veulent faire
de l'homme
-
L'infidélité des femmes
-
La désinvolture vis à vis des valeurs essentielles
-
Le fait qu'elles sont moins résignées; moins soumises,
surtout quand elles ont l'indépendance financière
- Leur volonté de vouloir récupérer le rôle joué par l'homme
- Et enfin,
le fait qu'elles sont plus attachées à leur
lignage qu'à leur foyer.
Nous reviendrons sur tou~ ces points plus loin, en montrant
en quoi ils sont causes de conflits ou tensions entre certains
hommes et femmes.

-197-
ANALYSE DE L'INDIVIDUALISATION DES CONDUITES
Notre propos était de
cerner pour les conduites
retenues
ici,
respectivement:
le travail,
le mariage,
le divorce,
et
la
résignation (dans la relation conjugale) autour de quels éléments
celles-ci s'organisaient.
Nous
intéressait
ici
précisément
la
mise ou non en avant de raisons concernant l'individu ou autrui.
Pour
le
détail,
des
grilles
de
grilles
on
se
reportera
à
la
partie annexe
de
ce
travail.
Sont présentés
ici,
des
résumés
succints.
LE GROUPE A:
Les urbaines scolarisées et le travail,
le divorce,
et la résignation
Les 20/25 -
Travailleront d'abord pour elles mêmes,
pour le
futur couple, ou la famille-foyer,
pour aider
les parents, et pour la société.
-
Elles se marieront pour vivre avec quelqu'un
qu'elles aiment,
pour fonder un foyer,
et avoir
des enfants.
-
Quant au divorce,
les raisons déterminantes
pour celui-ci seront:
l'infidélité,
l'a-
dultère,
l'incompréhension,
et le manque
d'amour.
LE GROUPE A:
Les urbaines scolarisées et le travail,
le divorce,
et la résignation
I!
i Les 30/35 - Travaillent pour elles, pour leur indépendance
par rapport au mari,
et pour régler leurs
problèmes,
et ceux de leur famille,
et aussi
pour la société.
-
Les raisons ayant déterminées le mariage,
sont
"flottantes" en raison des tensions actuelles.
Elles s'étaient mariées "en principe pour vivre
avec quelqu'un avec qui on s'entend".
Une autre
raison avancée est le désir d'avoir un statut
des enfants et de fonder un foyer.
-
Les raisons avancées pour le divorce relèvent
principalement des deux conjoints:
infidélité
désir d'indépendance de la femme,
incompréhen-
sion.
- On se résigne moins dans ce groupe.
LES 40/45 -
Travaillent aussi pour elles,
pour être indépen-
dantes,
elles associent étroitement les enfants
et le lignage dans les raisons qu'elles ont de
travailler (pour les aider).
-
Elles se sont mariées pour fonder un foyer,
avoir des enfants.
Elles soulignent aussi pour
la plupart avoir été mariées.

-198-
LES 40/45 (suite)- Si les raisons du divorce mettent tou-
jours en avant des raisons relevant des deux
conjoints, pointent aussi déjà,
des raisons se
rapportant aux intérêts des enfants,
les raisons
de se résigner aussi.
LE GROUPE B:
Les urbaines non-scolarisées,
et le travail,
le mariage,
le divorce,
et la résignation
LES 20/25 -
Travaillent pour elle même,
pour aider les
parents,
et les enfants.
-
Le mariage est déterminé par le désir de fonder
famille,
d'avoir des enfants,
un statut.
-
Les raisons du divorce relèvent aussi principa-
lement des deux conjoints,
incompréhension,
mésentente profonde.
LES 30/35 ET LES 40/45:
sont regroupés car les raisons
évoquées sont sensiblement les mêmes dans les
deux sous-groupes.
-
Ici c'est la mère qui travaille pour sa
subsistance,
celle des enfants, de leur bien
être, et pour aider les parents.
-
Le mariage a pour raison principale la procréa-
tion,
le désir de fonder une famille vient en
second.
-
Les raisons déterminant le divorce concernent
les enfants ou leur santé,
les raisons de se
résigner aussi.
Les raisons évoqués dans
l'ensemble pour les autres
sous-
groupes,
les
50
ans
et
plus
urbaines,
et
les
rurales
sont
semblables à celles de ce groupe;
ce serait nous répéter que de
les relever.
POUR LES HOMMES (LES 20/25):
-
La femme doit travailler pour aider le mari,
pour
contribuer aux charges du ménage.
Ils se marieront pour fonder un fonder,
pour vivre
avec une personne qu'ils aiment.
-
Les raisons du divorce seront relatives aux deux
conjoints.

-199-
ANALYSE HORS GRILLES
1)- Le discours des 20/25
'7
La famille ?
C'est
la
famille
au
sens
large,
parents
enfants toute la famille paternelle et
la famille maternelle, au sens Congolais
pas le mari.
-
La femme dans
la société ?
elle devrait occuper une place plus satis
faisante que celle qu'elle a actuellement.
-
l'amour?
C'est un attachement qu'on porte à une per-
sonne,
c'est le désir de vivre ensemble.
- La polygamie ?
C'est un phénomène néfaste,
elle pousse à
"partager" son compagnon.
- Contribution de
la femme dans le
ménage ?
Une partie de son salaire,
participation au
budget,
mais pas de communauté de biens.
- Contribution
de l'homme?
C'est à l ' homme d'assurer la charge principa-
le du foyer.
De la femme et des enfants.
-
Loisirs communs
pour l'homme et
la femme ?
Oui le plus souvent possible.
-
La femme avant/
la femme main-
tenant ?
Avant la femme travaillait pour l'homme, les
hommes utilisaient les femmes, maintenant ça
a changé, surtout pour celles qui ont un bon
niveau
intellectuel
et
qui
travaillent
en
ville.
-
Les femmes âgées
et les plus jeunes ?Les mamans plus soumises, plus résignées, les
jeunes plus revendicatrices, moins soumises
et moins résignées.
C'est à dessein que nous avons choisi le style télégraphique
pour résumer les propos de chaque groupe autour des thèmes que
nous ne pensons pas avoir abordés d'une manière directe dans ce
qui vient de précèder, ceci est comme un complément de l'analyse
précédente.

-200-
2)- Le discours des 30/35 scolarisées
-
La famille ?
Ce sont d'abord les parents maternels,
les
enfants,
et
la famille
paternelle ensuite.
Le côté maternel est plus fort dans les re-
présentations, le côté paternel plus faible.
-
La femme dans
la société ?
Elle devrait avoir une place plus importante
que celle qu'elle a actuellement.
- L'amour?
C'est l'entente,
la compréhension.
-
La polygamie ?
Contre la polygamie,
on ne peut aimer deux
êtres à la fois.
C'est l'un des exemples de
soumission et de servitude de la femme à l ' é-
gard de l'homme.
- Contibution de
la femme ?
Une
partie
de
son
salaire,
mais
pas
de
communauté de biens.
- Contribution de
l'homme?
Il devrait subvenir principalement aux
besoins du foyer,
et participer plus à
la vie du foyer.
-
Loisirs communs ?
Pour le couple,
de temps en temps seulement
pas tout le temps,
l'homme doit laisser la
femme avoir les siens.
-
La femme avant/
maintenant ?
La femme a changé mais pas l'homme.
-
Femmes âgées/
femmes jeunes ?
Les
,jeunes
moins
soumises,
plus
revendi-
catrices que les plus âgées. Elles se lais-
sent moins faire.
3)- Les 40/45 scolarisées
-
La famille ?
C'est d'abord la famille maternelle, les en-
fants, et la famille paternelle. Le mari fait
partie de sa famille.
-
La femme dans
la société ?
Certaines sont bien par rapport à d'autres
et par rapport à
la situation de la
femme
avant.

-201-
- L'amour?
C'est d'abord l'entente,
la compréhension.
- La polygamie ?
Contre car elle crée trop de problèmes.
- Contribution de
la femme ?
Une partie de son salaire, pas de commu-
nauté de biens.
- Contribution de
l'homme?
Contribution principale. s'occuper aussi en
principe moralment et matériellement de son
foyer.
- Des loisirs
communs ?
De temps en temps oui. mais pas tout le temps
L' homme
doit
laisser
la
femme
avoir
les
siens.
-
Femmes âgées/
femmes jeunes ?
Les mamans plus sereines, plus réservées plus
respectueuses
de
l'homme,
les
plus
jeunes
sont moins soumises. mais aussi moins respec-
tueuses des valeurs
fondamentales.
D'où la
délinquance,
la prostitution.
4) Le discours des 20/25 non scolarisées urbaines
-
La famille ?
La
famille
maternelle,
les
enfants
et
la
famille paternelle.
- La femme dans
la société ?
Il Y en a qui sont bien, celles qui ont une
bonne situation, ou des affaires qui mar-
chent.
- L'amour?
L'entente,
la compréhension.
La polygamie ?
Oui si on ne vit pas sous le même toît, et
si le mar~ s'occupe équitablement des deux
femmes.
- Contribution
de la femme ?
Si elle travaille, participer au budget, mais
pas de communauté de biens.
- Contribution
de l'homme?
subvenir principalement
aux
besoins
de
la
femme et des enfants.

-202-
Loisirs communs? Pas toujours, de temps en temps oui.
-
Femmes âgées/
femmes jeunes ?
Les
mères
plus
soumises,
les
jeunes
se
laissent moins faire.
5) Le discours des 30/35 non scolarisées urbaines
- La famille ?
La
famille
maternelle,
les
enfants,
la
famille paternelle.
- La femme dans
la société ?
Certaines ont des places enviables
celles qui ont de l'argent.
- L'amour?
L'entente,
la
compréhension,
surtout
l'entente.
- La polygamie ?
Contre car il y a beaucoup de problèmes
de jalousie, mais ce n'est pas la femme
qui décide de l'être mais l'homme. De-
vant le fait accompli on accepte souvent
pour les enfants.
- Contribution
de la femme ?
Nous sommes obligés de tout
faire car nous
sommes obligés d'être à la fois le père et
la mère puisque la part de l'homme est très
faible sinon inexistante.
- Contribution
de l'homme?
En principe, particper et s'occuper
de ses enfants et de sa femme.
-
Loisirs communs ? Pas forcément
.
- Femmes avant/
maintenant ?
Certaines sont plus libres, ont de l'argent
partant
une
position
différenté
dans
la
société.
- Femmes âgées/
plus jeunes ?
Il y a surtout une différence entre celles
qui vi vent
à
"l'Européenne" et
les
autres
celles qui ne sont pas instruites, en géné-
ral, nous les femmes plus âgées avons plus
de respect, et nous supportons plus de choses
que les jeunes.

-203-
6)- Le discours des 40/45 non-scolarisées urbaines
-
La famille 1
La famille maternelle,
les enfants qui font
partie du clan de la mère,
et la famille
paternelle.
-
La place de la
femme dans la
société?
Actuellement dans la société, si la femme a
de l'argent, il n'y a pas de problèmes; elle
a plus d'assurance au niveau social, et elle
fait peur aux hommes.
-
L'amour 1
c'est d'abord l'entente.
-
La polygamie 1
Contre car elle amène trop de problèmes.
- Contribution de
la femme ?
Participer en partie pour les enfants pour
la nourri ture, mais le mari doit aussi donner
quelque chose.
- Contribution de
l'homme?
En principe s'occuper des enfants, et de sa
femme.
-
Loisirs communs? "Pourquoi faire 1"
non,
c'est bon pour les
jeunes !
-
Femmes âgées/
femmes jeunes ?
Les jeunes manquent de respect,
de
discrétion.
Elles ne supportent plus ce
que nous on supportait pour les enfants.
Elles
n'ont
plus
de
moralité,
plus
de
conscience.
Nous sommes plus calmes,
plus
responsables.
7- Le discours des 50 ans et plus zone urbaine (quelques thèmes)
-
La polygamie 1
Les hommes épousaient plusieurs femmes pour
des raisons économiques,
il n'y avait pas à
être jalouse,
les femmes jalouses n'étaient
pas appréciées.
- Contribution
de la femme ?
Les femmes travaillaient plus que les hommes
elles travaillaient aux champs,
plantaient
et
fabriquaient
le
manioc.
Les
acti vi tés
étaient séparés,
il y avait le travail des
femmes et celui des hommes.

-204-
- Contribution
de l'homme?
C' étai t l ' homme qui habillai t la femme et les
enfants.
l ' homme
chassait,
et
pêchait,
et
après avoir chassé ou acheté de la viande,
il distribuait à chaque femme.
- Les générations
plus igées/jeunes ?Avant,
les
"bandits"
étaient
vendus
au
marché.
or
actuellement,
une
femme
ou
un
homme, abandonne son mari pour aller chercher
un autre.
Les femmes lorsque le mari leur
donne de
l'argent,
elles cherchent à
avoir
plus. Ceci les poussent à se prostituer.
~
toutes les façons,
les hommes et les femmes
sont pareils
!
Le "banditisme" provient des
jeunes eux mêmes, et cela provient aussi de
l'école, de l'argent, car tout le monde veut
faire n'importe quoi pour être bien. L'école
est bien, mais ce sont les jeunes qui n' arri-
vent pas à bien suivre, car après les cours
les jeunes filles vont avec
les hommes,
et
elles ont des grossesses. Si elles suivaient
normalement ce serait bien car cela permet-
trait à l'heure actuelle de bien vivre.
- Contribution de
l'homme?
c'est le chef de famille,
c'est à
lui que
revient la charge principale du foyer.
-
Loisirs communs ?
Oui mais pas toujours.
-
La femme avant/
maintenant ?
La
situation
de
la
femme
a
évolué,
elle
accède maintenant à des postes de responsa-
bilités,
son rôle ne se limite plus au mé-
nage comme avant.
Il
y a
aussi
la prosti-
tution,
et le désintérêt des jeunes femmes
pour les travaux des champs.

-205-
8)- Le discours des 20/25 et 30/35 rurales
-
La famille ?
c'est d'abord la famille de la mère,
les
enfants qui appartiennent au clan de la mère,
et la famille paternelle, le mari ne fait pas
partie de la famille de la femme, mais de sa
famille à lui.
L'amour?
L'entente,
bien vivre ensemble.
-
La polygamie
Au
village
les
femmes
sont
obligées
de
s'entendre,
car elles n'ont pas d'intérêt
particuliers à sauvegarder comme en ville
elles acceptent de souffrir ensemble. D'au-
tre part ce n'est pas bien vu de vouloir
s'approprier du mari
surtout la famille de
ce dernier.
-
Les femmes avant/
maintenant ?
Du temps des mamans, on ne pouvait même pas
regarder les
hommes,
ni
leur
parler,
pour
évi ter le concubinage. tandis que maintenant,
on peut avoir des aventures,
prendre de la
bière
dans
un
bar
avec
des
hommes,
c'est
mieux. On peut vivre avec quelqu'un sans ê-
tre dotée du temps des mamans c'était trop
strict, il fallai t être dotée pour vivre avec
quelqu'un.
9- Le discours des 20/25 scolarisés urbains (hommes)
-
La famille ?
c'est la famille au sens large, les cousins,
les oncles,
les tantes ...
-
La femme dans la
société ?
La femme se doit d'être mère, épouse, éduca-
trice,
et
enfin
un
"travailleur"
pour
seconder l'homme, et participer à l'édifica-
tion de la
nouvelle société,
aux côtés
de
l'homme.
-
L'amour?
Attachement
que
l'on
ressent,
sentiment
d'amitié et de tendresse.
-
La polygamie ?
Contre,
c6mment
aimer deux femmes
en même
temps ?
- Contribution de
la femme ?
Une part de son salaire,
la communauté est
à
souhaiter
mais
elle
est
difficle
à
réaliser,
étant donné les "réalités Congo-
laises".

-206-
C- UNE IMAGE DES REUNIONS -DISCUSSIONS
Cinq réunions discussions ont été effectuées en tout: avec
des hommes
uniquement,
une
avec
des
femmes,
les
trois
autres
regroupant des
hommes et des
femmes.
Le nombre de participants
a varié de quatre à
six personnes.
Les deux premières ont eues
lieu avec des hommes et des femmes de 30/35 ans, les autres avec
les 20/25,
et les 40/45.
Les thèmes abordés ont été successivement:
-
L'évolution des rapports dans
les couples,
et entre les
hommes et les femmes en général
Les problèmes posée par "l'émancipation féminine"
- Le problème des biens au sein du ménage, communauté ou non
des biens
-
Les problèmes posés par le veuvage
- La délinquance
- La prostitution
Les conclusions et
remarques
tirées de celles-ci ont
été
prises en
compte
dans
l'analyse
des données.
Mais
nous
avons
choisi de présenter un
résumé d'une
réunion discussion;
celle
réalisée avec des
jeunes de
20/25
ans;
quatre
jeunes gens,
et
deux jeunes
filles;
réunion discussion qui illustre le type de
"dialogue" actuel entre hommes et femmes.
La consigne
"Dans
le cadre
d'une
recherche que
j'effectue
actuellement,
je
m'intéresse
à
l'évolution des
rôles
dans
la
société Congolaise.
Vous mêmes
avez dû
remarquer en
regardant
autour
de
vous
des
différences
de
comportements;
par
exemple
entre
les
femmes
d'un
certain
âge
et
les
plus
jeunes;
entre
personnes (hommes ou femmes) vivant au village et ceux vivant en
ville. Aussi je vous propose que l'on parle de l'évolution des
rôles
féminins et masculins,
en partant d'abord de
la période
coloniale (de ce que vous en savez), pour arriver à la période
actuelle."

-207-
RESUME DE LA REUNION DISCUSSION
Le thème :
Situation de la femme avant la période coloniale
J.G. 148
-
Avant
la femme
était considérée comme une esclave,
mais avec le contact de l'européen,
sa situation a
changée,
surtout
en
ville.
Au
village,
la
femme
le
reste même actuellement.
J.G.
- Avant la femme étai t soumise, mais actuellement selon
son niveau scolaire et ses activités, elle l'est moins.
J.F.
-
Avant la femme était esclave, et soumise, elle
travaillai t pour l ' homme, la femme et les enfants cons-
tituaient une main d'oeuvre gratuite.
Ils avaient le
même statut, ils étaient faibles par rapport à l ' homme,
l'homme donnait une impression d'inactivité.
J.G.
- Il Y avai t une distribution des tâches, l ' homme étant
guerrier,
et la femme ayant des activités vivrières.
De plus
il était
difficile d'évaluer
le travail
que
faisait le mari, car l'homme incarnait la puissance et
la sécurité.
J.F.
-
Est ce que le problème de sécurité ne se pose plus
maintenant? C'est un faux problème!
J.G.
- Je ne suis pas d'accord avec le terme esclave, il est
à mettre entre guillements,
par rapport à notre train
de vie. Les conduites à l'époque étaient conditionnées
par une certaine
culture qui
définissait des
règles
sociales.
J.F.
- Oui mais c'était l'homme qui avait fixé les règles,
et il avait fait celles-ci à son avantage!
La situation actuelle
J.F.
- Avant la femme travaillait pour l'homme,
il y avait
une exploitation de la femme par l'homme.
maintenant
cela a changé, surtout pour les femmes gui travaillent.
Mais l'homme freine l'évolution de la femme parcequ'il
a peur de perdre ses prérogatives.
J.G. mis pour jeunes gens; et J.F. pour jeunes fills.

-208-
J.G.
- C'est la femme qui se freine elle-même,
et l'homme
maintient cet état de
choses,
il donne
seulement
le
coup de grâce.
J.G.
- L'homme a perdu certains droits qu'il avait dans le
temps.
J.G.
-
La
femme
est
encore
soumise
inconsciemment et
son
évolution est freinée par les hommes qui ne peuvent pas
tolérer
que
la
femme
évolue.
Car
pour
les
hommes,
l'évolution de la femme entraîne son entêtement. L' hom-
me a peur de l'esprit de vengeance qu'elle peut avoir.
Il
a
peur que cela ne devienne comme
le problème de
NOIR par rapport au BLANC.
J.G.
-
Nous
voulons bien de
l'évolution de
la femme,
mais
elle doit savoir gérer la liberté qu'on lui donne.
.]. G.
- Nous voulons bien que la femme progresse mais nous
avons peur qu'elle ne puisse se révolter!
J.G.
- La femme peut évoluer,
mais cette évolution doit ê-
tre freinée c'est à dire être modérée car les hommes
sentent un danger de vengeance.
Les rapports hommes/femmes
J.G.
-
Les
hommes
et
les
femmes
n'ont
pas
l'habitude
de
discuter à cause du décalage culturel, et les gens ne
peuvent pas comprendre qu'il peut y avoir des relations
amicales entre hommes et femmes sans relation sexuelle.

-209-
La prostitution
J.G.
-Chez
nous,
la
prostitution
est
une
conséquence
de
l'évolution, on ne peut pas tellement la condamner, car
elle a un caractère économique.
Il y a plus de femmes
que
d' hommes . de
Rf fait elles sont obI igées de se
vendre pour V1vre
.
J.F.
-
La
femme
n' évi te
pas
la
dépendance
vis
à
vis
de
l'homme,
il y
a chez
certaines femmes
un problème de
mentalité matérialiste.
J.G.
- L' homme travaille maintenant pour la femme, certaines
femmes
pensent
qu'en
ruinant
les
hommes,
elles
rattrapent le retard.
C'est par cet aperçu sur les réunions-discussions que nous
allons clore
ce
chapitre,
pour
passer au
prochain
et
dernier
chapitre qui
s'attachera à
analyser,
expliquer,
et
interprêter
les données présentées.
149
Cette idée qu'il y a plus de femmes que d'hommes,
qui
ne
recouvre
pas
une
réalité
si
on
se
reporte
aux
données
démographiques,
est
fortement
ancrée
chez
les
hommes
et
les
femmes.
Elle sert pêle mêle à
justifier la polygamie ("il
faut
bien que toutes les femmes se marient! l'homme effectue un devoir
social, et démographique, en le faisant" point de vue masculin).
Elle justifie aussi la prostitution etc . . .

CHAPITRE V
ANALYSE DES DONNES ET INTERPRETATION EN FONCTION DES HYPOTHESES

-210-
ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION EN FONCTION DES HYPOTHESES
1- ANALYSE EN FONCTION DES HYPOTHESES
Ce passage se propose,
de lire d'une manlere significative
les
résultats
obtenus.
L'analyse,
comme
l'ensemble du
travail
avait des objectifs précis.
Nous avions organisé ces objectifs
autour d'hypothèses,
ce sont ces dernières qui
vont nous
aider
à comprendre
les résultats obtenus dans un premier temps.
ceci
nous amènera à nous demander si nous pensons pouvoir dire que nos
hypothèses sont confirmés ou infirmés par les résultats obtenus.
1)- LA PROXIMITE AU MODELE VARIERA SELON LE MILIEU,
L'AGE.
LE
NIVEAU SCOLAIRE
-
La proximité variera selon le milieu
Dans l'ensemble,
les personnes vivant en zone rurale sont
plus proches du modèle traditionnel que les personnes vivant en
zone urbaine. la proximi té au modèle, varie donc selon le mil ieu.
-
La proximité au modèle traditionnel variera selon l'âge
La proximi té au modèle varie selon l'âge, les personnes plus
jeunes
sont
moins
proches
du
modèle
traditionnel
que
les
personnes plus âgées,
et ceci quel que soit le milieu.
-
La proximité au modèle variera selon le niveau scolaire
Nous constatons en effet
dans
l'ensemble,
que
les
femmes
scolarisées sont moins proches du modèle que les personnes non
scolari sées.
Nous
sommes
dans
un premier
temps
au ni veau
du
constat,
nous
nous
réservons
dans
le
passage
concernant
l'interprétation
des
résultats,
de
tenter
d' expl iquer
cet te
proximité ou non au modèle traditionnel.

-211-
1)- LA PROXIMITE AU MODELE VARIERA SELON LE MILIEU.
L'AGE.
LE
NIVEAU SCOLAIRE
Nous disons au préalable, que les résultats sont à nuancer
fortement.
Il
s'agit
ici
plus
de
données
indicatives,
d'approximations, que de chiffres rigoureux. Rappelons aussi que
la
taille
des
échantillons
comparés
n'est
pas
la
même:
30
personnes pour la population urbaine;
les 20/25,
les 30/35,
et
les 40/45 (Les 50 ans et plus,
urbaines et rurales, étant plutôt
un
groupe
de
référence);
et
10
personnes
dqns
la
population
rurale,
les 20/25 et les 30/35.
Nous avons pour la population urbaine 50,6% d'approbations
des conduites valorisées dans le modèle traditionnel,
34,6% de
critiques et 14,6% de rejets,
contre 79% d'approbations dans le
second groupe et 21% de critiques.
Aucun rejet
n'étant
relevé
dans ce groupe. Pour schématiser ceci nous allons le représenter
comme suit:
Eloignement
Proximité au modèle
50 ,6% Z. U.150
79%
Z.R.
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Modèle
Tradi tionnel
(Approbations)
Nous
tiendrons
compte
dans
un
premier
temps
du
taux
d'aprobations
des
conduites
valorisées
dans
le
modèle
traditionnel.
disons donc toutes proportions gardées qu'il y a
une variation, et dans l'ensemble, les personnes vivant en milieu
rural sont plus proches, plus favorables aux condui tes valorisées
dans le modèle traditionnel,
que les personnes vivant en milieu
urbain.
La proximité au modèle variera donc selon le milieu.
150
Z.U. mis pour zone urbaine.
Z.R.
zone rurale.

-212-
B- LA PROXIMITE AU MODELE TRADITIONNEL VARIERA SELON L'AGE
Dans
le
milieu
urbain
que
constatons
nous
?
Y a t - i l
notamment des
différences
notables
de
la proximité
ou
non
au
modèle selon les différentes tranches d'âge?
GROUPE A- Les scolarisées urbaines
LES 20/25
28,6%
Modèle
- - - - - - - ' L . . - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - > T r a d i t ionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
28,6% d'approbations des conduites valorisées dans le modèle.
LES 30/35
30%
Modèle
---~-----l.-----~--------------->Tradi
tionne l
10
20
30
40
50
60
70
80
90
30% d'approbations des conduites valorisées dans le modèle.
LES 40/45
48%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - . . L - - - - - - - - - - - - - - - > T r a d i t ionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
48% d'approbations des conduites valorisées dans le modèle.

-213-
Que constatons-nous pour les non scolarisées urbaines?
GROUPE B- Les non-scolarisées urbaines
LES 20/25
46%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - - - l . - - - - - - - - - - - - - - - > T r a d i tionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
LES 30/35
72%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - J L - - - - - - - > T r a d i tionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
LES 40/45
80%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - " " - - - - - > T r a d i tionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Nous constatons
une
variation dans
le groupe
B;
Les
non
scolarisées urbaines. L'écart est plus accentué entre les 20/25
et les 30/35 et 40/45 d'une part,
que dans le groupe A.
Quant aux 50 ans et plus nous avons:
LES 50 ans et plus urbaines
96%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . I - - - > T r a d i t ionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
LES 50 et plus rurales
92%
Modèle
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -..........--->Tradi t ionnel
10
20
30
40
50
60
70
80
90
La proximité au modèle variera selon l'âge. Les personnes
plus jeunes sont moins proches du modèle
traditionnel que les
personnes plus
âgées,
et
cec i
quel
que
soit
le mil ieu.
Nous
pensons donc pouvoir dire que le premier présupposé se confirme.
Nous passons pour l'instant à la lecture du deuxième présupposé:

-214-
B- LES MODIFICATIONS SERONT PLUS SENSIBLES AUTOUR DES TROIS ROLES
CLES : CEUX DE MEMBRE DE LIGNAGE, MERE ET EPOUSE
LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES
GROUPE A
Conduites val. l5!
1 Conduites
tolérées
conduites
,
1
deval.
Membre
soumise
3
selon les circons-
insoumise 4
de
tances
8
lignage
attachée
prendre dis-
individua-
!
au . . .
15
tances
-
liste
-
aider, as-
selon circons-
sistée
13
1
tances
2
égoïste
-
1
Participer 14
plus ou moins
1
non partici-
pation
-
i
Nombre
45
nombre
I l
nombre
4
1
1
%
23,07
%
5,64
%
2,05
1
\\
Mère
1
dévouée
15
1
attendre du père
négliger
~
-
en-
travailler
attendre et exiger
1
1
fants
pour
1
enfants -
1
du père qu'il s'en
ne rien
privilégier
occupe
11
faire ..
4
intérêts enf.4
rompre . . .
4
les aban-
1
dégourdie
15
attendre que le
donner
7
1
1
père ...
-
être in-
i
1
sousciante -
nombre
34
nombre
15
nombre
I l
%
17,43
%
7,69
1
%
5,64
1
! déférente
2
déférence caduque 1
non déféren-
~ Epouse 1 respecter
respect
1
condition-
te
12
Il
i mari
8
1
nel
5
irrspectue-
~
1 soumise
3
1
relation d'échan-
se
2
Il
fidèle
1
ge
5
insoumise 7
1
résignée
4
fidélité condi-
infidèle
1
1
1
tionnelle
13
non rési-
1
être critique
-
gnée
I l
Nombre
18
Nombre
24
Nombre
48
%
9,23
%
12,30
%
16,92
TOTAL
97
0
TOTAL
50
TOTAL
48
%
49,74
%
25,64
%
24,61
1
15l_ Pour le détail des rubriques, voir les grilles complètes.
Les pourcentages sont calculés sur le total de l'ensemble
des réponses de la grille.

-215-
Plutôt
qu'un
schéma,
nous
reproduisons
ici,
la
grille
permettant
de
récapituler
les
résultats
des
trois
groupes
considérés;
le
groupe
A,
B
et
C,.
Afin
d'avoir
une
vision
d'ensemble groupe par groupe.
LES ROLES CHEZ LES URBAINES NON-SCOLARISEES
GROUPE B
!
.
Conduites val. 152
!

1 Condu1 tes
tolérées
1 condu1 tes
deval.
Membre
soumise
11
selon les circons-
insoumise 1
, de
tances
3
lignage
attachée
prendre dis-
individua-
au . ..
14
tances
1
liste
-
aider,
as-
selon circons-
sistée
14
tances
1
égoïste
-
Participer 14
plus ou moins
1
non partici-
i
1
ii
pation
-
1
1
~
Nombre
53
nombre
6
nombre
1
%
27,17
%
3,07
%
0,5
1
i
'i
-
1
~ Mere
dévouée
15
1
attendre du père -
négliger en-
travailler
1
attendre et exiger
fants
-
1
pour enfants 9
i
1
du père qu'il s'en
1
ne rien
privilégier
1
occupe
6
fai re ..
-
intérêts E.
10
rompre
...
4
les aban-
il
dégourdie
14
1 attendre
que le
donner
1
il
1
père ...
1
1
être in-
Il
1
i
sousciante -
1
1
nombre
48
1
nombre
11
nombre
1
%
24,61
i
%
5,64
%
0,5
i1
1
~ Epouse
déférente
12
déférence caduque -1 non déféren-
i
respecter
respect condition-
te
3
~
mari
12
. nel
3
irrspectue-
soumise
4
1
relation d' échan-
se
-
fidèle
7
ge
10
insoumise
1
résignée
9
1 fidélité
condi-
infidèle
1
1 tionnelle
7
non rési-
1
être critique
2
gnée
4
1
1
Nombre
44
Nombre
22
Nombre
9
%
22,56
%
11,28
%
4,6
TOTAL
145
TOTAL
39
TOTAL
11
%
74,35
%
20
%
5,64
152_ Pour le détail des rubriques, voir les grilles complètes.

-216-
LES ROLES CHEZ LES RURALES
GROUPE C
Conduites val. 153
Conduites tolérées
conduites
deval.
Membre
soumise
10
selon les circons-
insoumise
1
de
tances
-
lignage
attachée
prendre dis-
individua-
au ...
I l
tances
-
liste
-
aider, as-
selon circons-
égoïste
-
sistée
10
tances
-
non partici-
Participer 10
plus ou moins
-
pation
-
1
Nombre
40
1
%
30,76
i
! d
1
~
~
Mère
!
1
evouee
10
1 attendre
du père -
~ l'
neg 1ger en-
1
travailler
attendre et exiger
1
fants
1
. pour enf.
10
1
du père qu'il s'en
1
ne rien
l
privilégier
occupe
-
1 faire ..
int.enf.
10
rompre...
-
I
1
1
dégourdie
10
attendre que le
1
les aban-
père. . .
-
1
donner
1
1
1
être in-
1
1
sousciante -
nombre
40
%
30.76
1
Epouse
1
déférente
8
1
déférence caduque 2
non déféren-
1
1 respecter
1 respect
condi tion-
te
i mari
1
8
nel
2
irrspectue-
1
soumise
1
1
relation d'échan-
se
1
!
1
i
fidèle
5
i ge
9
insoumise
1
2
fidélité condi-
infidèle
1
1
résignée
tionnelle
5
non rési-
i
être critique
8
gnée
Nombre
24
Nombre
26
%
18,46
%
20
TOTAL
104
TOTAL
26
%
80
%
20
1
1
153_Pour le détail des rubriques, voir les grilles complètes.

-217-
B- LES MODIFICATIONS SERONT PLUS SENSIBLES AUTOUR DES TROIS ROLES
CLES
:
CEUX DE MEMBRE DE LIGNAGE, MERE ET EPOUSE
Si
nous
examinons
les
ré sul tats
d'ensemble
pour
chaque
groupe considéré.
Nous constatons que pour tous les groupes le
rôle qui recueille le plus d'approbations dans l'ensemble est le
rôle de membre de lignage,
c'est également celui qui
recueille
le
moins
d'approbations
des
conduites
dévalorisées
dans
le
modèle.
Nous ne
pouvons pas
dire au
vu de ces
ré sul tats que
les
modifications au niveau du rôle de membre de lignage soit par
exemple plus sensible qu'au niveau des autres rôles. Il est même
à
souligner
que pour
tous
les groupes,
ce
sont les
conduites
valorisées dans le rôle de membre de lignage qui
recueille le
plus d'approbations.
La modification est plus sensible au niveau de la soumission
au
lignage,
qui
est
nuancée,
cri tiquée
ou
rejetée
chez
les
urbaines.
Tandis que celle-ci semble ne pas
"bouger",
chez les
femmes
du
groupe
C.
Les
modifications
sont
par
contre
plus
sensibles au niveau des autres rôles.
Les modifications seront plus sensibles autour du rôle de mère
-
Pour le groupe A,
si le fait d'être une mère dévouée et
dégourdie reste très valorisé. Il y a par contre une modification
notable
en
ce
qui
concerne
le
fait
de
travailler
pour
ses
enfants, pour assurer leur subsistance, rôle qui, dans la société
tradi tionnelle
reste
dévolue
à
la
femme
à
la
mère,
le
père
apportant une contribution complémentaire.
Ici,
c'est
plutôt
un
renversement
de
rôle,
ou
plutôt
d'obligations car la plupart
des
femmes urbaines estiment
que
c'est
le
père
qui
doit
principalement
travailler
pour
les
enfnatsj
la mère ne
faisant
qu'aider.
Cette aide
pouvant être
facultative.
c'est un point sur lequel nous allons revenir
Un autre point à relever dans le groupe A,
c'est le nombre
de personnes qui estiment que les intérêts de l'enfant ne passe
plus avant tout. Ces deux points seront développés par la suite.
Ils constituent en effet quelques uns des
points de
frictions
avec les autres partenaires,
notamment avec les hommes.
A
noter
également,
le
fait
que
pour
le
groupe
B,
les
modifications sont notables mais plus faibles que pour le premier
groupej
tandis
que
pour
le
groupe
C,
il
n'y
a
pas
de
modifications notables pour le rôle de mère.
Nous pensons donc
pouvoir dire que les modifications sont plus sensibles au niveau
du rôle de mère, mais surtout pour le groupe A, un peu moins pour
le groupe B, et nettement moins sensibles pour le groupe C.

-218-
Les modifications seront plus sensibles autour du rôle d'épouse
Pour le
groupe A,
il
y a
des
modi fications notables,
au
niveau du rôle d'épouse,
la fidélité est en perte de vitesse,
vient ensuite la déférence envers le mari,
la soumission et la
résignation.
Pour le groupe
B,
les approbations des
conduites
valorisées sont plus fortes que celles du groupe A. Elles sont
même
plus
fortes
que
celles
du
groupe
C,
toutes
proportions
gardées.
Il
semblerait
ainsi
que
les
non
scolarisées
urbaines
feraient
des
épouses
plus
soumises
que
les
rurales,
nous
reviendrons
sur
cet
aspect
pour
tenter
d'y
trouver
une
explication cohérente.
Dans le groupe B, la déférence et le respect du mari restent
de mise, ainsi que la résignation.
Le sont moins la soumission
incondi tionnelle,
ainsi
que
la
fidéli té.
Dans le
groupe
C la
déférence
et
le
respect
le
sont
aussi,
la
soumission
et
la
résignation nettement moins. A noter aussi le nombre notable de
réponses concernant la relation d'échange, la critique, et aussi
la fidélité.
Les modifications seront-elles plus sensibles autour du rôle
d'épouse
?
Nous
pouvons
répondre
par
l'affirmative
pour
l'ensemble
des
trois
groupes,
mais
avec
une
tendance
très
accentuée en ce qui concerne le groupe A, et des tendances plus
faibles concerant les groupes B et C.
Aussi dirons nous qu'en
fai t
les modifications
sont
surtout
sensibles
autour de
deux
rôles: ceux de mère et d'épouse, et ceci beaucoup plus pour l'un
des groupes;
le groupe A.

-219-
La femme en milieu urbain mais dont l'activité est proche des
activités traditionnelles.
utilise
(notamment dans la relation
de couple) à
un coût affectif moindre. le contexte moderne gue
la femme dont l'activité est proche des activités modernes.
Ceci
présupposai t
que
c'est
dans
le
groupe
A
que
nous
devions rencontrer
le
plus
de
confl i ts.
Hormis
le
groupe des
20/25 scolarisées, non engagé pour la plupart dans une relation
de
couple.
les
30/35
et
les
40/45
avaient
ou
étaient
encore
engagées dans
une
relation
de
couple quelle
qu'elle
soit.
La
plupart des conflits sont situés dans les couples,
ou dans les
relations hommes/femmes en général. Le groupe A a-t-il plus de
conflits,
plus de tensions dans la relation conjugale
que les
autres groupes? Que constatons nous en fait?
Nous relevons
que la
liste
des causes
de
tensions ou de
conflits est plus longue dans
le groupe A que dans
les autres
groupes;
notamment
les 30/35
et
les 40/45.
C'est
à
dire
pour
celles qui ont un travail salarié qui sont , ou ont été engagées
dans une relation conjugale, et que dans les causes de conflits,
la volonté
ou
le
désir
de
l ' homme
de
vouloir
"contrôler"
ou
dominer la
femme est
mis
en avant,
comme
l'une des
premières
causes de tension. Tandis que dans les autres groupes, sont mis
en avant le désintérêt des hommes pour leurs enfants.
Quant
aux
issues
de
ces
conflits,
l'instabilité,
les
ruptures
ou
divorces
sont
plus
fréquents
dans
le
groupe
A,
notamment pour les 30/35.
Pour les 40/45 nous relevons un peu
plus de
résignées.
les
conflits
ou tensions
sont
un peu
plus
atténués. C'est dans ce groupe qu'il y a aussi évoqué comme cause
de conflit,
non seulement des causes relevant des hommes,
mais
aussi des femmes.
Les causes de séparations sont révélatrices. Dans le groupe
A, on se sépare pour être libre, parcequ'on ne supporte plus pour
soi (les 30/35), un peu moins pour les 40/45. Tandis que dans le
groupe B, on se sépare lorsque l'intérêt des enfants est en jeu.
Nous
relevons
d'autre
part
comme
autre
cause
de
conflits
immédiatement après, le désir de contrôler les gains de la femme
par l'homme.
Rappelons que dans la plupart des cas, les non-scolarisées
urbaines du
moins
celles
dont
faisaient partie
le
groupe
des
personnes
intérrogées
ici,
sont
mar1ees
à
des
hommes
peu
scolarisés, ou bien qui ne le sont pas, et qui pour la plupart,
continuent de
se conduire
à
"l'ancienne",
vis
à
vis de
leurs
enfants,
à
l'égard
desquels
ils
font
montre
d'un
"manque
d'intérêt" ,
qui
n'est
pas
surprenant
dans
le
système
tradi tionnel,
et
aussi
dans
leur couple où
la
séparation des
biens reste de rigueur.

-220-
La femme qui exerce une acti vi té lucrative, en prenant comme
référence la tradition, arrive à disposer de ses biens sans trop
de conflits
avec
le
conjoint.
Cela d'autant
plus
que dans
la
plupart des cas, c'est elle qui a la charge presqu'exclusive des
enfants.
Ceci
amène
la
femme
dans
ces
groupes
à
disposer
de
revenus monétaires qui s ' i l s sont" confortables", leur permettent
de réaliser sans fracas certaines choses qu'elles n'auraient pas
pu
faire
autrement:
construction
de
maison,
petites
affaires
procurant des revenus,
trasport,
taxis etc ...
Dans une certaine mesure,
nous
pouvons donc dire que le
contexte urbain est utilisé à un coût affectif moindre, au niveau
de la relation conjugale, car la transposition du obligations du
"couple"
traditionnel
dans
le
contexte
urbain,
a
poussé
les
femmes à avoir une acti vi té proche des acti vi tés tradi tionnelles,
mais différente car procurant des revenus.
l'obligation alimentaire tradi tionnelle transposée en milieu
urbain,
a
poussée
et motivée
les
femmes
du groupe
B vers
les
activités qui
permettent de
remplir leurs obligations de
base,
leur permettent de disposer parfois de plus de revenus que leurs
conjoints.
D'autre part,
le type de conflits ou de causes de tensions
évoqués
dans
ce
sous-groupe
ne
pose
pas
de
problèmes
insurmontables, dans
la mesure où la femme dans ce sous-groupe
continue de penser que les enfants appartiennent à son lignage
et qu'en travaillant pour eux,
elle travaille pour elle, tout au
plus on reproche au père, de ne
pas tenir compte du coût de la
vie actuelle, et de ne pas tenir compte du fait que la "mère ne
peut pas tout
faire".
On peut souligner en passant que dans ce
groupe,
les
enfants
"suffisent"
à
la
mère
dans
la
relation
conjugale,
nous reviendrons sur ces points par ailleurs.
Mais nous pensons pouvoir dire
ici
que dans
le groupe B,
surtout pour
les
30/35
et
les
40/45,
le
contexte moderne
est
utilisé à un coût affectif moindre que les 30/35 du groupe A. En
effet,
dans
ce
dernier
groupe,
la
plupart
des
personnes
auxquelles
nous
nous
référons
sont
ou
ont
été
mariées
à
des
hommes scolarisés.
Les
problèmes
se
posent différemment.
Nous
chercherons à expliquer pourquoi plus loin.
_Nous pointons
tout simplement au passage,
qu'on note ici
des tentatives de semi-communauté de biens plus ou moins réussie.
et surtout un désir apparent de l'homme de chercher non seulement
à contrôler les gains de la femme, mais aussi leur utilisation,
et leur destination.

-221-
Dans ce groupe également, les hommes s'occupent en principe
matériellement plus de leurs enfants. Les problèmes n'ont plus
pour
cadre
de
référence
la
société
traditionnelle;
mais
des
règles moins précises, et plus ou moins reconnues. la plupart des
femmes de ce groupe estiment qu'elle peuvent seulement "si elles
veulent",
aider
le
mari,
ce
dernier
étant
le
principal
responsable au point de vue matériel, de la femme et des enfants.
La femme
de ce
groupe
estime d'autre
part
qu'elle a
des
intérêts qui
ne sont pas les mêmes que ceux du mari.
Celui-ci
partant ne doit pas avoir un droit de regard sur ce que la femme
doit faire,
ou
ne pas faire
avec
son argent.
Le point de
vue
masculin étant le contraire .11 y a semble t-il selon les femmes
une contradiction chez les hommes, entre leur désir de contrôler
leurs femmes, et leur volonté de ne pas se faire contrôler.
le fai t
que dans
la
relation conjugale
les
femmes ne
se
posent plus
comme
mères,
mais
comme partenaires,
amène
à
des
exigences
au
ni veau
de
la
relation
de
couple,
qui
semblent
inconciliables, avec les exigences masculines.
Nous relevons au
passage quelques unes des causes auxquels les hommes en milieu
urbain,
attribuent
les
conflits
actuels
dans
les
couples,
examinons les donc,
pour éclairer nos propos:
Les 20/25
Les 30/35
Les 40/45
1- Manque d'amour
1- Crise morale
1- Infidélité réci-
dans les couples
2- Utilisation ins-
proque
2- Problèmes maté-
mentale de l'homme
2- Revendication de
riels, mauvais com-
qui est devenu un
la femme par rapport
portement de la
moyen d'avoir de
au plaisir et au loi-
femme qui tra-
l'argent.
sir.
vaille.
3- Volonté de la
3- La femme est plus
femme à vouloir
attachée à sa famille
récupérer le rôle
qu'à son mari.
Elle
précedemment joué
vit le couple d'une
par l'homme, et
façon temporaire.
l'homme n'accepte
4- Il y a l e problè-
pas cela.
Il y a
me de la communauté
ambivalence des
ou non des biens.
rôles.
5- Elle a mal com-
4- Les femmes ne
pris ce que c'est
sont plu~ sérieu-
que l'égalité entre
ses, elles veulent
l'homme et la femme.
bêtement imiter les
6- Elle n'est plus
blanches, elles
mère, elle n'est
veulent l'égalité
plus épouse, elle
mai ne savent pas
vit et cherche à
ce c'est.
à vivre pour elle
même, et ne sup-
porte plus ce que
les autres suppor-
taient pour les en-
fants.

-222-
7- La femme qui a de
l'argent est moins
soumise.
Ainsi nous notons pour les 30/35 et les 40/45 qui sont les
principaux partenaires du groupe A,
nous notons comme causes de
tensions:
l'utilisation instrumentale de
l'homme,
le manque de
"sérieux", mais surtout l'opinion selon laquelle les hommes ici
estiment qu'il y a une volonté chez la femme à vouloir récupérer
le rôle joué par l'homme d'une part. Il y a aussi à souligner la
revendication de la femme par rapport au plaisir, et au loisir.
les hommes reprochent aussi aux femmes de ne plus être mère et
épouse,
mais de chercher à être "elles-mêmes".
Plus que toute autre cause, c'est le désir d'indépendance
et d'autonomie de la femme qui fait problème. Ce désir est plus
net dans le groupe A,
celui des
femmes scolarisées,
urbanisées
et salariées, qui conçoivent leurs rôles différemment, notamment
dans la relation conjugale.
les partenaires concernés estiment
que la femme veut empiéter sur les "prérogatives" masculines, on
en arrive à des tensions plus nombreuses dans ces relations que
dans d'autres.
Nous pensons pouvoir dire par conséquent, que la femme dont
l'activité est proche des activtés modernes, utilise le contexte
moderne à un coût affectif plus élevé. Nous concluons en disant
que nous pensons pouvoir dire que notre troisième présupposé se
confirme d'une certaine manière.
Les restructurations en cours voient l'émergence de l'individu
et l'élargissement du cadre de sa vie sociale
Nous
partirons
du
groupe
le
plus
proche
du
modèle
traditionnel,
pour
voir autour de
quels éléments
s'organisent
leur travail, leur mariage, et leur divorce. Pour cerner ensuite
autour de quoi s'organisent ces mêmes conduites actuellement dans
les
autres
groupes.
ceci
nous
amène
notamment
à
voir
si
effectivement les
restructurations actuelles s'organisent bien
autour
des
deux
éléments
retenus:
l'individualisation,
et
l'élargissement du cadre de la vie sociale.

-223-
Nous savons que dans la société traditionnelle,
le travail
est lié à
la subsistance quotidienne.
La femme
travaillait et
devait travailler afin de nourir ses enfants,
son mari,
et se
nourrir elle-même. les déterminants du travail chez les proches
du modèle
traditionnel
restent
les
mêmes.
Pour
les
50 ans
et
plus, et pour les femmes en milieu rural, le travail continue de
s'inscrire dans la conception traditionnelle. Quant au mariage,
son objecti f
premier est
le
fait de
faire
des enfants.
Cette
conception se retrouve chez les proches du modèle.
Quant au divorce,
celui-ci est lié dans ce groupe soit au
désir de préserver la vie des enfants,
soit celle de la mère. A
moins qu'il ne soit dû à la stérilité, ou à la sorcellerie. Les
acti vi tés soc iales principales restent pour les proches du modèle
centrées sur les activtés lignagères.
Ce que
nous venons
de
dire est
valable
dans les
grandes
lignes pour celles que nous appelons les proches du modèle, c'est
à
dire
essentiellement
le
groupe
B et
C.
Il
Y a
toutefois
quelques
nuances
pour
les
urbaines
du
groupe
B
ici
principalement:
les 30/35 et les 40/45.
Les nuances ?
- L'idée du travail reste aSSOC1ee étroitement aux enfants.
Mais
en
zone
urbaine
même
si
la
femme
continue
d'assumer
ce
qu'elle
estime
être
une
partie
de
ses
obligations,
la
contribution de l'homme est exigée avec plus de force. On assiste
aussi
à
une
indi vidual isation
des
gains
de
la
femme,
de
ses
acquits: maison etc ... Toutefois,
la femme dans ce groupe reste
pricipalement épouse dans la relation conjugale.
Que
constatons-nous
dans
le
groupe

il
y a l e
plus
"d'effervescence";
le
groupe
A
?
Ici
on
travai Ile
pour
être
autonome,
ou
indépendante.
L'objectif
du
mariage
n'est
plus
seulement
de
faire
des
enfants,
mais
auss i
de
vivre
"avec
quelqu'un",
de fonder un foyer.
la femme dans ce groupe que ce
soit dans le travail,
le mariage,
ou le divorce,
essaie d'être
un individu avec ses désirs,
et ses besoins propres.
Aussi pouvons nous dire que dans ce groupe l'émergence de
l'individu est très nette, et que la mise en avant des intérêts
individuels, montrent bien que-les restructurations en cours ici
plus qu'ailleurs, s'organisent autour de l'individualisation des
conduites.
C'est
aussi
dans
ce
groupe
que
l'on
note
un
élargissement du cadre de la vie sociale.
Nous reviendrons sur
ce
point
par
la
sui te.
Pour
clore
ce
passage,
nous
pensons
pouvoir affirmer que notre quatrième hypothèse se confirme. ceci
nous amène à l'interprétation des résultats.

-224-
2- INTERPRETATION
Nous avons pensé pour donner une certaine
cohérence à ce
passage,
de
l'organiser
dans
un
premier
temps
autour
de
l'explication des résultats
obtenus et
autour des
hypothèses.
Aussi,
celui-ci
sera dans une certaine mesure,
un va et vient
entre les résultats et le cadre théorique.
La
proximité
ou
non
au
modèle
traditionnel,
comme
une
approbation,
une
critique,
ou
une
contestation
de
certaines
valeurs.
Qui est plus proche du modèle et pourquoi ? Nous savons que
ce sont surtout les femmes en milieu rural et les femmes les plus
âgées quel que soit le milieu qui sont les plus proches du modèle
traditionnel. En milieu urbain, sont plus proches du modèle, les
femmes
ayant
des
acti vi tés
très
proches
des
acti vi tés
traditionnelles. Ce sont surtout les femmes non scolarisées, qui
sont dans la tranche d'âge des
30/35 et 40/45.
La coupure est
plus nette entre les femmes scolarisées et urbanisées,
et entre
les
femmes
plus
jeunes
dans
le
groupe
des
urbaines
non
scolarisées.
Si nous essayons d'expliquer pourquoi les femmes en milieu
rural sont plus proches du modèle traditionnel;
nous dirons tout
simplement
que
dans
la
zone
rurale,
l'essentiel
du
modèle
tradi tionnel
s'est
maintenu.
la
vie
continue
de
s'inscrire à
quelque chose près dans les mêmes structures. Les activités sont
à peu près les mêmes,
l'éducation reste traditionnelle.
Dans la
mesure où la plupart des personnes intérrogées n'ont pas été à
l'école,
les valeurs prépondérantes restent celles qui ont été
apprises dans le groupe,
et transmis par les parents.
Ici, l'essentiel du mode de vie reste cohérent, les ruptures
sont moins sensibles. Il y a d'ailleurs très peu de contestation
des valeurs du modèle. Concernant l'attachement au clan, ou le
rôle mère, les nuances qui se font sentir ont trait aux rapports
entre les deux sexes. Dans le ménage la femme estime que si elle
a raison:
"Il n'est pas question qu'elle se laisse faire".
Quant aux revenus qu'elles tirent des surplus de vente du
pain
de
manioc
par
exemple, .les
plus
jeunes
disent
qu'elles
remettent quelque chose au mari seulement si celui-ci est correct
avec elles. Sinon elles gardent leurs gains pour leurs besoins
et
ceux
des
enfants.
Tandis
que
les
plus
âgées
disent
qu'en
principe
elles
remettent
l'argent
à
leur
frère;
afin
que
ce
dernier s'en serve pour les besoins de la famille.

-225-
Nous notons aussi l'apparition d'une certaine mixité dans
les
relations
entre
hommes
et
femmes;
ainsi
que
certaines
activités
nouvelles
dans
le
domaine
des
loisirs
notamment:
"Prendre de
la bière dans un bar avec des hommes".
Les
jeunes
reconnaissent
être
plus
libres.
Elles
peuvent
causer
plus
librement
avec
les
hommes:
"tandis
qu'avnt
ce
n'était
pas
possible".
Il y a aussi l'apparition d'unions libres.
Disons que s ' i l est vrai que les femmes en milieu rural sont
très proches du modèle traditionnel,
on constate que parmi
les
plus
jeunes,
il
y a l e
contrecoup
des
changements
en
milieu
urbain.
En milieu
rural,
ceux-ci
arrivent
lentement mais
sont
cependant
notables.
préc i sons
aussi
que
la
zone
rurale
dans
laquelle
s'est
déroulée
l'enquête,
est
si tuée
à
environ
70
Kilomètres de la capitale.
Il y a un courant d'échange entre la
ville et
la zone
rurale.
Courant
auquel
est
plus
sensible
la
fran~e la plus jeune de la population.
Nous avons noté également l ' appari tion d'une certaine mixi té
dans la vie courante (précisons que du fait de l'organisation des
activités, celle-ci est très rare).
Il y a d'autre part certaines
mesures officielles qui obligent les hommes à travailler avec les
femmes. Certains hommes le font surtout pour certaines cultures
qui sont rentables.
Ainsi,
on voit actuellement en milieu rural
certains
hommes
travailler
aux
champs
avec
leurs
femmes.
Et
certaines
femmes
faire
des
cul tures
autrefois
réservées
aux
hommes
(culture de tabac par exemple).
La tendance est
faible,
mais elle n'en existe
pas moins,
nous pensons sans surestimer ceci, qu'il ya là des élements qui
sont
en
train
de
modifier
et
qui
modifieront
à
l'avenir,
de
manière moins brutale qu'en milieu urbain les rapports entre les
hommes et les femmes.
Soulignons
toutefois
qu'ici
l'organisation
lignagère
se
maintient dans ses grandes lignes; que l'économie vivrière repose
toujours essent iellement
sur la femme.
Le modèle
tradi tionnel
continue d'être le cadre dans
lequel continue de s'inscrire la
vie
courante.
Aussi
nous
expl iquerons
la
proximité
au
modèle
traditionnel
de
la
population
rurale,
par
la
très
forte
survivance du modèle en milieu rural; l'essentiel du modèle s'y
étant maintenu.
.
Ici la femme reste principalement membre d'un lignage, elle
continue d'être épouse pour être mère.
Si
la ville est proche
avec la vie diversifiée qu'elle propose, elle n'en est pas moins
lointaine en même
temps.
Le passage du milieu urbain au milieu
rural
donne
réellement
l'impression
de
passer
d'un
monde
à
l'autre. Cette impression recoupe des réalités, des modes de vie
différents qui sont parallèles,
et qui s'influencent mais d'une
manière moins brutale en milieu rural.

-226-
Qui
est
proche
du
modèle
traditionnel
en
milieu
urbain
et
pourquoi ?
Nous avons d~ià souli~n~ qu'en zone urbaine, nous avons une
d~marcation nette entre les ~l~ments scolaris~s de la population
et les autres;
notamment les 30/35 et les 40/45. Nous tenterons
d'expliquer cette démarcation par
le
fait
que quoiqu'~tant en
ville,
les ~léments non scolarisés de la population continuent
d'avoir
comme
cadre
de
référence
le
modèle,
et
le
système
traditionnel qui s'est maintenu tant bien bien que mal.
Nous avons déjà soulign~, en d~crivant le contexte, que la
viII'? est même temps
"ville"
et qu'elle est aussi
"rurale".
l'organisation et
la structure de
la ville
a
permis
à
la
vie
traditionnelle de s'y maintenir. Il manque d'une part aux femmes
concern~es ici, les "clés" et l'envie de vivre la "ville".
Les
cl~s
?
Une
activit~
professionnelle
de
type
moderne,
l '~larg i ssement du cadre de la v ie soc iale que celle-c i entraîne,
le fait que la vie sociale se déroule dans d'autres sphères.
les centres d'intérêts continuent de se rattacher fortement à la
vie traditionnelle.
Il Y a une nuance entre les 40/45, qui sont plus proches du
modèle
que
les
30/35.
Mais
globalement,
la
proximité
et
l'adhésion au modèle traditionnel reste très forte.
Nous
précisons
que
certaines
femmes
ont
essayé
de
vivre
différemment, notamment en ce qui concerne les contributions au
sein du ménage. La plupart sont arrivés à la conclusion que dans
tous les cas,
il valait mieux que la femme fasse quelque chose,
sinon elle était très d~pendante du mari.
Nous expliquons la proximité au modèle de ce groupe, d'une
part parcequ'elles n'ont pas été scolarisées, et que partant, la
seule éducation reçue
a
~t~
l'~ducation traditionnelle.
Cette
dernière qui a ~t~ la transmission à peu près intacte du modèle
traditionnel
féminin.
Ce modè+e consiste pour les
femmes
à
se
marier,
faire
des
enfants
pour
agrandir
le
lignage,
et
à
travailler pour les enfants.
S'il est vrai que la ville propose d'autres modèles ceux-ci
sont
consid~rés comme
ne
leur
convenant
pas.
Elles
font
une
diff~rence entre elles mêmes, qui n'ont "pas été à l'école, et
qui souffrent pour gagner un peu d'argent" ; et les autres plus
jeunes, qui sont scolaris~es et qui vivent comme des
"blancs",
C'est le constat d'une différence crée par l'école.

-227-
Nous expl iquons la proximi té au modèle des urbaines ici, par
le fait que le modèle traditionnel. de par la structuration même
de
la
vil~~
a
pu
se
maintenir
et
S'y
maintenir
et
s'y
transmet t re'" .
Si
le
mode
de
production
s'est
adapté
aux
conditions
nouvelles.
la vie
continue de
s'inscrire dans
u~
lignage même
ré du i t. et les r61es prépondérants reconnus à la femme continuent
d',;tre ~es ~61es d'pouse et de mère.
.-\\'l"3:,i
rl'-:and
bien
m":'me
les
activités
de
ces
femmes
sont
source de
revenus parfois confortables,
l'éducation reçue
fait
que
la ville est utilisée différemment.
L'adhésion aux valeurs
pré~)cndérantes reste
très
forte
même
si
dans
les
condui tes
réelles il y a des nuances importantes avec les femmes vivant en
zone rurale par exemple.
\\ous concluerons
en disant
que pour les femmes
urbanisées
et non scolarisées, le maintien d'une bonne partie des structures
traditionnelles a
constitué une
base ayant
permis d'adapter et
d'interpréter la ville sans un bouleversement notable et profond
de leur vie,
Ici les structures ont été adaptés. les changements
adoptés avec prudence,
les chocs ont pu être amortis.
Reste à expliquer la démarcation entre les plus jeunes, les
20/25 et les autres.
Pour éclairer nos propos,
nous allons nous
reporter à la ~rille analysant le modèle traditionnel chez
les
20/25 et les autres pour comprendre autour de quelles valeurs se
sitlient les démarcations.
Nous relevons chez les .ieunes une critique notable d'abord
do?
l'obéissance
au
mari,
mais
ceci
n'est
pas
surprenant,
car
r:' est une condui te très nuancée et condi tionnelle à peu près chez
toutes les femmes;
quoique recouvrant sensiblement des réalités
différentes.
Intéressons nous aux conduites valorisées dans le modèle et
cri tiqués par les plus .ieunes.
Il s'agi t
surtout
de la réserve
devant les hommes.
Il est évident que pour des jeunes femmes nées
et ayant grandies en ville,
dans
un milieu où les brassages et
les relations entre hommes et femmes n'ont plus les barrières de
la société traditionnelle,
les attitudes seront différentes.
La démarcation s'explique
ici,
par le
fait
que
le milieu
familial a pu de moins en moins tenir les
filles en ville.
Les
attitudes traditonnelles exigées des filles envers les hommes ne
pouvait plus avoir tout simplement cours, rien ne favorisant leur
maintien.
i 54 - Nous soulignons cet aspect au deuxième chapitre, dans
le passage:
"La ville dans ce qu'elle est rurale".

-228-
La
démarcation
a
lieu
aussi
au
niveau
de
l'ardeur
au
travail.
Il
est
vrai
que
la
plupart
des
femmes
estiment
nécessaire de travailler dans ce groupe. Mais l'obligation de la
contribution masculine
aux
besoins
de
l'enfant
et
de
la
femme
devient impérative dans ce groupe.
Qui est distante du modèle traditionnel et pourquoi?
Nous
savons
que
c'est
surtout
la
femme
scolarisée
et
exerçant un emploi;
c'est à dire ayant
une activité
"moderne".
\\j 0 1; 2
pen son s den c que l 9. seo l a ris a t i ') n est l ' u. n des fa ete urs qui
peut expliquer la démarcation entre les éléments scolarissés de
1 Et population :~,t les autres.
Dans
l a
mesure

l'on peut
dire
a';ec G.
ROCHER"'"
que:
"Dans
les
pays
en
voie
de
développement,

l'analphabétisme
est
le
lot
de
la
majori té
de
la
population,
l'instruction est
assurément
un puissant
agent de
transformation
culturelle et
mentale.
Elle
ini tie
à
de
nouveaux
modes
de
pensée,
élargit
la
perception
du
monde,
démythifie
l'environnement
physique,
développe
la
rationalité
dans
la
connaissance
et
l'action,
socialise
à
des
normes
universalistes
et
spécifiques
de
jugements
et
de
rapports sociaux".
~ous ne souscrivons pas entièrement aux avantages attribués
pA r I ' aIl teur à l ' i ns truc t ion, mai s si nous retenons par exemple,
l'as pee t
"ini t iation
à
de
nouveaux
modes
de
pensée",
cet te
initiation doit être associée au fait que la scolarisation était
lié à un projet précis: celui de l'occidentalisation des élèves,
et
qu'elle
était
basée,
sur
le
postulat
que
l'éducation
t.radi t ionnelle
n'étai t
qu'un
assemblage,
une
transmission
de
traits négatifs dont il fallait se débarasser. L'école était une
coupure entre d'une
part un monde
traditionnel
déprécié
et un
nouveau système de valeurs amplement valorisé.
155
Guy ROCHER:
"Introduction à la sociologie générale - Le
changement social,
P.207.

-229-
S'ajoute à
cela le fait
que la plupart des
établissements
étaient
réligieux.
L'éducation
s'est doublée
d'une
très
forte
action complémentaire,
religieuse et
morale,
et
de
la mise en
place de
structures para-scolaires:
organisations
religieuses,
permettant
le
renforcement
des
valeurs
inculqués
au
cour
de
l'enseignement général.
Il n'est pas question de faire l'historique de l'éducation
chr~tienne. nous voulons tout au plus souligner que c'est surtout
a li n ive au
cl e
l a
fa mi Il e
que
s ' ex e r c e ra l e
g.r 0 s
d e I ' e f for t
de
C'~tt"" édllrat;0n et Qn pel.Jt riire e!1 effet !lU;,"ê:
"La
mission
catho lique
tout
comme
l'administration
coloniale
a
introduit
en
Afrique
une
conception
du
mariage
totalement
différente
de
la
conception
Africaine.
En effet,
la conception Africaine de la
f~mil]e ne consiste pas essentiellement en l'union de
deux personnes de façon
à
former
une entité nouvelle
et autonome.
Ici,
la famille
a pour but de maintenir
et d'accroître le groupe.
( . . . ) La famille Chrétienne
est le contraire de tout
cela,
ici
l'union des
époux
passe au premier plan,
il
n'est permis à personne de
la
rompre
même pas à
l'église.
( ... )De
son côté,
le
missionnaire dans son catéchisme, leur inculquait les
notions de mariage chrétien avec
les exigences qu'il
comporte:
* Unité et indissolubilité du mariage
* Liberté du choix et du consentement des époux
* Le rf'!spect mutuel des époux
* Dignité et égalité de la femme devant dieu et
devant la loi.
"C'est là il notre avis que la conception Africaine de
]a femme au foyer a été ébranlé à jamais. En effet lui
ensei~ner ces notions
d'indissolubilité
de
l'union,
d'une
union

jusqu'à
lors,
elle
n' avai t
pas
la
moindre
sécurité,
d'une
liberté
de
choix
et
de
consentement du mariage,
de
son égalité avec
l'homme
devant dieu et devant la loi, c'était lui révéler des
principes
qui
allaient
à
l'encontre
des
formes
sociales qui l'assujetissaient à son groupe d'origine,
à
son
mari,
et
la
soumettaient
à
un
conformisme
absolu".
Société Africaine
de
Culture:
"Civilisation
Noire
et
église catholique";
p.98.

Et
nous
a.iouterons
pour
notre
part.
que
c' étai t
aussi
sllsciter
une
nouvelle
manlere
de
vouloir
vivre
la
relation
con.iugale ainsi créee.
Il y
a aussi dans
cette perspective une
très
forte
cri tique
de
la
poly~amie, et
l'encouragement
à
la
monogamie
comme
seul
régime
matrimonial
valable.
Devient
prépondérante
l'idée
qu'il
faut
se marier par amour et que
la
famille-foyer peut avoir une existence autonome.
Certaines des
valeurs
prônées
par
l'éducation
religieuse
sont l'antithèse des valeurs prônées dans le modèle traditionnel
féminin.
l'intégration de ces nouvelles valeurs dans un contexte
o~ le modèle traditionnel était présenté de manière négative et
commençai t
déjà
à
perdre
sa
cohérence,
ne
pouvai t
pas
ne
pas
susci ter des
remises
en cause;
ou même
des
rejets
de
la
part
d'élements de la population à qui était proposé des modèles plus
s~duisants à première vue.
c'est ainsi que sont mis en place les éléments des premiers
déséquilibres et
les facteurs créateurs de conflits,
car si
en
théorie
la
monogamie
est
séduisante.
et
si
effectivement
le
souhai t de la plupart des .ieunes femmes scolarisées est de vivre
différemment aussi dans la vie courante.
La confrontation entre
les
aspirations
nées de
nouvelles
valeurs
et
la
réalité
ne
se
fera pas sans mal,
d'autant plus que celle-ci aura lieu dans un
contexte
qui
n'a
,pas
encore
proposé
de
modèles
définis,
stL~turés,__ qu L_puLsent_,~mett re
d~_fonder
des
conduites
çgJ:L~r_en.t~~.
Ainsi,
la scolarisation a été
et est
un facteur
important
de modification de valeurs.
Et de plus elle ouvre l'accès à des
activités
qui
n'ont
plus
comme
fonction
la
subsistance
.iournalière, mais qui procurent un salaire, et qui ont une action
pt
une
fonction
sociale
plus
large.
Elles
introduisent
par
ajlJellrs
la
femme
à
des
relations
diversifées,
et
la
font
se
mO'I\\'oi r
dans
un monde di fférent,
où les
acti vi tés sont
mixtes,
et les rapports entre hommes et femmes nouveaux.
D'autre part, ces activités ne les occupent plus autant que
Je travail des
champs.
Ici,
non seulement la
femme a un emploi
valorisant
et
valorisé,
mais
elle peut
en outre
se
procurer à
prix d'argent tout
ce que
l'autre peine à
obtenir.
L'accès des
femmes aux emplois salariés bouleverse la répartition
des activités autrefois distinctes,
et égalisent leurs rapports
avec
les
hommes.
En
effet.
l'égalisation
des
fonctions
à
ce
niveau
ne
pouvait pas
ne
pas
amener à
une
reconsidération des
rapports entre hommes et femmes.

-231-
Par ailleurs,
les femmes urbanisées et scolarisées,
ont un
travail qui leur laisse une certaine vacuité, du temps libre,
ce
qui pose le probl~me des loisirs. Elles ont en plus les clés pour
pouvoir
"vivre la
ville"
différemment,
et utiliser
l'éventail
d'activités ou de distractions que celle-ci propose.
Nous avons
posé ainsi tous
les facteurs
qui expliquent la distance que ce
groupe a par rapport au mod~le traditionnel:
- Le mode de production s'inscrit dans d'autres structures.
-
les modes
de pensée auxquels
elles ont eues
acc~s ont
suscité une remise en cause du mod~le traditionnel ou de
ses survivances, et suscite des besoins et des aspirations
nouvelles qui
s'~loignent des besoins et aspirations
traditionnels,
quand ils ne sont pas à l'opposé.
Nous expliquons les diff~rences constat~es selon l 'â~e, pour
les 20/25 par le fait que la plupart ne sont pas encore engagés
d~ns une relation conjugale ou dans la vie active. Elles n'ont
pas pour la plupart ét~ confronté aux réalités du couple.
Quan t allX 40145 1 a pl upart ont so i t
résolues leurs tens ions,
soit
choisi
des
modes
de
résolution qui
leur ont
permis
l'âge
aidant
de
ponderer,
et
de
faire
en quelque
sorte une
synth~se
ayant
eue
pour cons~quence d'émousser la force
des
réactions.
c'est
le
groupe
des
30/35
qui
est
le
plus
"compétitif"
par
rapport aux hommes.
2- MODIFICATION DES ROLES COMME UNE MODIFICATION DU SYSTEME DES
URGENCES
Nous allons essayer de comprendre la modification des rôles
cl~s comme tIrle modification du système des tlrgences~ et comme llne
usure de certains rôles.
Nous étions parti de trois rôles clés:
le rôle de membre d'un lignage,
celui de m~re et d'épouse.
Le rôle qui a
le moins
"bougé" par rapport aux autres dans
l'ensemble
est
celui
de
membre
de
lignage,
ne
serait
ce qu'au
niveau des affirmat.ions.
Il est vrai que les limites du lignage
sont de moins en moins précis pour les plus jeunes; mais il reste
l'idée que la famille,
c'est
la famille au sens large.
On
peut
dire
dans
une, certaine
mesure
que
la
famille
lignagère m~me réduite quant à ces dimensions en milieu urbain,
continue d'être
l'organisation
sociale dans
laquelle
s'inscrit
la vie de la plupart des éléments de la population.

-232-
La
famille-foyer
est
toujours
secondaire,
elle
l'est
d'autant plus
que
les
tensions
qui
y
ont
lieu
accentuent
et
soulignent sa précarité. Ce qui tend à renforcer les liens avec
certains membres proches du lignage, car celui constitue un lieu
refuge, dont on ne veut pas être coupé.
L' at tachement
au
lignage
reste
très
fort,
se
modi fie
au
ni veau
des
membres
la
soumission
et
l'obéissance
incondi tionnelle,
se
modi f ie
également
l'organisation
et
la
répartition des responsabilités.
La femme qui travaille ou qui
a une activité qui lui procure des revenus récupère une partie
du rôle que jouait le frère ou l'oncle.
Il Y a
l'amorce
d'un déplacement de responsabilités
chez
certaines femmes,
qui ne pose pas ici de problèmes semblables à
ceux qui se posent au sein du couple. En effet, dans une certaine
mesure,
le
fait
pour
un
frère
d'avoir
des
soeurs
qui
"s'assument",
lui
réduit
une
partie
de
ses
responsabil i tés
familiales.
Il Y a d'autre part un début d'appropriation individuelle
des
biens,
même
si
ce
que
la
femme
réalise
ne
lui
est
pas
uniquement destiné. Dans une certaine mesure,
ici l'affirmation
de l'individu dans la mesure ou l'attachement comme urgence se
maintient,
ainsi
que
l'assistance
et
l'aide
aux
membres
du
groupe, ne pose pas le même type de problèmes et n'use pas ce
rôle de la même manière que les autres.
la soumission et l'obéissance sont devenues une rencontre
entre les désirs de l'individu et ceux du groupe. L'exigence des
parents ou des autorités lignagères en ce qui concerne ces deux
points a fait place à un souci de compromis, en ce qui concerne
le choix du conjoint par exemple.
L'individu continue d'avoir
besoin du
lignage comme
d'un
élémenn7 de stabilité, le lignage continue d'être un lieu
refuge
,
on
peut
dire
que
quelques
unes
des
urgences
fondamentales
ici se maintiennent.
Aussi
le rôle de
membre de
lignage semble être celui qui
est le moins usé par rapport aux
autres rôles clés.
C'était le rôle le moins fragile,
car c'est
de lui que découle, et que s'expliquent les autres rôles.
157_ Nous ne voulons pas dire qu'il n' y ai t
pas de conflits
entre l ' individu et le
lignage.
Hais ceux ci sont
d'un
autre
ordre, qui n'était pas notre propos ici.

-233-
Si on constate ici que l'individu reste membre d'un lignage,
les liens et le type de relations existant entre les trois rôles
ne sont plus les mêmes.
Les
rôles pour certains éléments de la
population ne se
"tiennent plus"
ce qui expose certains à des
bouleversements plus accentués, ceux-ci étant isolés ou éloignés
de la structure qui ustifiait leur fonction,
sont devenus plus
vulnérables.
Les modifications sont plus sensibles au niveau du rôle de
mère,
notamment
pour
le
groupe
A.
Voyons
quelles
sont
les
urgences
qui
se
modi fient
chez
les
unes
et
les
autres.
Nous
notons chez les urbaines scolarisées, le fait de travailler pour
les enfants, et de faire passer les intérêts de l'enfant avant
tout dans la relation conjugale; surtout chez les 30/35, ce n'est
plus une urgence.
Le mariage ici n'avait pas comme seul objectif de faire des
enfants, mais aussi le désir de vivre avec quelqu'un,
de fonder
un foyer
( si on se marie par amour, si on ne s'aime plus,
on a
plus de raison de rester ensemble -
les 20/25
-
même pour les
enfants), les enfants ne constituent plus le seul pôle affectif
de la relation conjugale.
L'amour de la mère pour ses enfants ne
lui suffit plus ici. Il y a l'exigence et la volonté d'un certain
vécu de couple qui est recherché,
le désir d'autre chose.
Pour certaines
femmes,
l'absence de satisfaction de
l'une
des
justifications de la relation suffit à
la rompre.
Le fait
d'être mère reste fondamental, les points d'usure sont plus nets
là où la rencontre avec le rôle du père est plus étroite.
Là où
seule la
mère
est
concernée
avec
l'enfant,
l'usure
est
moins
sensible.
Aussi pouvons nous dire, que plus que le rôle de mère, c'est
le
rôle
de
la
MERE-EPOUSE
qui
s'est
modifié
le
plus.
Ceci
expl ique
que
pour
certaines
femmes
actuellement,
l'essentiel
n'est plus
d'être
épouse
mais
d'avoir été
épouse,
et
surtout
mère, ou de n'être plus que mère, et d'avoir des relations plus
ou moins
lâches
avec
un partenaire,
un père
qui
serait à
la
périphérie de la relation plus étroite existant entre la mère et
l'enfant. Nous reviendrons sur ce point plus loin.
Au niveau du rôle d'épouse,
se sont modifiés surtout pour
le groupe A: les conduites déférentes, soumises et résignées, et
la fidélité.
Nous avons déjà souligné à propos de la proximité
au modèle traditionnel;
que les femmes qui s'en éloignent sont
celles dont les conditions actuelles de vie, et de travail
ont
subies une certaine égalisation par rapport aux hommes.

-234-
Ceci
entraîne
dans
leurs
relations
et
leurs
rapports
quotidiens une modification d'attitude et dans ce contexte,
la
déférence devient suranné et ne se justifie plus, de même que la
soumission,
et
encore
moins
la
résignation,
car
toutes
les
attitudes qu'elles supposent
renvoient au modèle traditionnel,
et
sont
parmi
les
aspects
les
plus
rejetés
ou
cri tiqués
du
modèle.
Quant à la fidélité,
sa justification pour la femme
seule
est ressentie comme une injustice.
S'ajoute à ceci
le fait que
l'on est dans un pays où la polygamie est officielle:
"
Une
personne
se
trouvant
dans
les
liens
d'un
précédent mariage peut toutefois contracter un autre
mariage (cas prévu pour l'homme seulement) à condition
~u' elle
0btienne
l'accord
express
de
sa
première
l58
epouse"
.
Plus loin, on trouve aussi:
"
Le
mari
et
la
femme
ont
les
mêmes
droits
et
devoirs".
En fait, officiellement l'homme a le droit de convoler avec
quatre femmes. La polygamie est très critiquée par les femmes du
groupe A,
comme un
déséquil i bre
au profi t
de
l ' homme,
et
une
excessive
indulgence
envers
ce
qui
devient
ici:
"inconduite
masculine".
Il y a par ailleurs une modification d'attitude par rapport
aux
relations
sexuelles
qui
n'ont
plus
comme
objectif,
la
procréation mais aussi la recherche du plaisir, et eventuellement
source de revenus.
Comme nous le verrons plus loin,
en tentant
d' expl iquer
la
mercantilisation
de
plus
en
plus
grande
des
conduites sexuelles actuelles.
La soumission et la résignation des générations plus âgées
sont
devenus
chez
les
plus
jeunes
les
reliquats
de
la
"domination" masculine. Car pour les plus jeunes la situation de
la femme dans la société est assimilée à celle d'une esclave
"elle travaillait pour l'homme !", et elle était "obligée de se
soumettre !", "les mamans étaient et sont plus résignées, et sous
prettexte qu'il
Y a
des
enfants,
elles acceptaient
n'importe
quoi!". Aussi
quand la femme peut se matériellement se suffire
à elle-même dans ce groupe tout
au moins, elle se soumet ou se
résigne plus difficilement.
158_ Extrait du certificat de coutume délivré par l'ambassade
au ressortissants CONGOLAIS en FRANCE.

-235-
Aussi pouvons nous dire que pour ces femmes, l'urgence n'est
plus de rester épouse même pour les enfants,
mais de se donner
les moyens de ne plus l'être.
Nous examinerons plus en détail
autour de quoi
s'organise la soumission et la
résignation des
autres, car certaines femmes ayant des activités traditionnelles
ont aussi les moyens de ne plus être résignées, mais continuent
à
l'être;
nous
tenterons
d' expl iquer
pourquoi,
en
examinant
notamment le type de tensions que les unes et les autres ont, ce
qui permettra de souligner les différences de réactions des unes
et des autres.
Nous pensons pouvoir dire que
la situation actuelle de la
femme proche du modèle traditionnel peut encore se résumer en ces
quelqHfs
lignes
de
P.
ERNY
caractérisant
la
femme
en
milieu
KONGO
:
" .•• Les conjoints sont moins liés affectivement l'un
à
l'autre,
on
pourrait
dire
"moins
mariés"
qu'en
régime monogame.
De ce
fait,
le lien vertical
femme
enfant va
gagner
en
intensité
par
rapport
au
lien
horizontal
femme
mari,
et
la
mère
l'emporte
sur
l'épouse.
M. T.
KNAPEN
a
pu
écrire
de
la
femme
en
milieu KONGO -
" comme affectivement elle n'est guère
ou seulement dans une
faible mesure portée vers
son
mari, son attention est réservée sans partage à
l'enfant. Il ne suffit pas de dire qu'elle l'aime, on
peut dire dans un certain sens, elle a
besoin de cet
enfant comme d'un être à qui elle peut se donner avec
toute sa puissance affective.
La vie amoureuse de la
femme
passe
alors
par
des
phases
alternées:
tantôt
elle est plus passive et orientée vers le mari, tantôt
plus
active,
dans
la
mesure

durant
de
longues
périodes
elle
se
centre
exclusivement
sur
l'enfant. ( ... )
Le
contrat
par
lequel
l'épouse
est
prêtée au clan du mari contre certaines compensations
porte comme disent les BAKONGOS sur le "corps" de la
femme mais il n'a rien d'absolu,
ni de sacré,
ni de
définitif.
La suite de la vie conjugale dépend de la
manière dont les clauses seront respectées et dont les
exigences
des
deux
parties
en
présence
seront
satisfaites. Il n'y a nulle recherche en commun d'une
certaine éternité celle-ci
ne peut
pas être
trouvée
que dans la survie à l'intérieur du système clanique.
L'union est conclue d'abord et avant tout en veu de la
procréation
et
vise
à
'apporter
à
la
collectivité
familiale cette richesse humaine que sont les enfants.
Il
est
donc
normal
qu'elle
soit
placée
sous
une
constante
surveillance
de
la
part
du
groupe
dans
l'intérêt duquel elle a été décidée et qui dénie à ses
membres, le droit à l'intimité, à une liberté et à une
destinée individuelle.
la desnsité sociale est telle
qu'elle interdit tout isolement."
159_ P. ERNY: "Lenfant et son milieu en Afrique Noire" P. 60,
61.

-236-
Ainsi
la
femme
proche
du
modèle
traditionnel
dans
la
relation conjugale est d'abord mère, et elle est là pour et par
les enfants. Tandis que celle proche des nouveaux modèles devient
un individu associé ou lié à un autre individu.
L'individualisation
de
la
relation
conjugale
suscite
d'autres besoins,
d'autres exigences affectives.
Il n'y à qu'à
penser pour illustrer ceci à la perplexité des femmes plus âgées
devant le manque de ~sérénité" des jeunes à qui le fait pour le
mari de s'occuper matériellement de
la femme ou des enfants ne
suffit:
" on
se demande
vraiment
ce que
vous
cherchez,
que
voulez-vous de plus?,
ou
"On se demande vraiment
ce
que c'est
que cet
"amour"
qui vous
conduite à
tant
d'excès !"
Car pour les femmes plus âgées
"si
tu
es
mariée
,
si
le
mari
sort,
si
tu
as
des
enfants et que le mari s'occupe matériellement de toi
et des enfants, que chercher de plus?"
Ceci permet de caractériser les différences dans la manière
dont les unes et les autres situent "l'essentiel", qui n'a plus
le même contenu pour les unes et pour les autres.
3- Les conflits et tensions dans la relation conjugale comme une
incohérence de rôle et
un ébranlement des pôles
traditionnels
d'autorité
Nous pouvons dire que dans la société traditionnelle,
les
rôles
jouaient
leur
rôle
de
régulation des
rapports
sociaux.
L'ensemble des obligations des droits et devoirs étant définis
et distincts.
Il n'en est plus de même dans un contexte où les
ruptures entraînent un déséquilibre
et une confusion dans
les
rôles,
ceux-ci ne régulant
plus d'une manière harmonieuse
les
rapports sociaux, du moins pour les groupes considérés.
Pour
celles
qui
continuent
de
se
reférer
au
modèle
tradi tionnel, les perscriptions continuent de constituer un cadre
de référence qui permet de vivre les tensions au moindre coût.
pour celles
dont
les
conduites
débordent
largement
le
cadre
traditionnel et n'ont plus de cadre cohérent, cette fonction ne
joue plus.
Pour elles
,
les conditions
d'équilibre
des
rôles
manquent.
Les
femmes
concernées
se
trouvent face
à
des
rôles
renvoyant
les
uns
aux
rôles
traditionnels,
et
à
des
rôles
nouveaux, ainsi à chaque statut n'est plus attaché un seul rôle
mais plusieurs rôles.

-237-
D'autre part,
il n'y a pas une définition claire des rôles
actuels; il n'y a pas de consensus non plus ne serait ce qu'entre
les hommes et les femmes engagés dans une relation de couple. Les
uns se
reférant largement à
un cadre
que
les autres
estiment
dépassé. Le hommes continuant de se reférer largement au système
traditionnel,
les
femmes
estimant
qu'une
redéfinition
est
nécessaire.
Il y a également un déséquilibre entre la
proportion des
rôles prescrits et les rôles choisis notamment dans la relation
conjugale, la zone urbaine propose plusieurs types de relations
entre hommes et femmes. Ces relations n'ont plus lieu seulement
dans la
relation
de
couple
ou conjugale
classique,
il
existe
parallèle~~nt d'autres relations occasionnelles, différentes et
nouvelles
.
Ces
relations
n'obéissent
plus
toutes
au
schéma
tradi tionnel
de
préeminence
de
l ' autori té
de
l ' homme,
et
de
l'acceptation de cette autorité.
Nous
n'avons
fait
que
relever
ici
quelques
unes
des
conditions qui expliquent l'incohérence actuelle des rôles,
en
guise d'introduction à
l'explication des
conflits et
tensions
entre hommes et femmes,
comme consécutifs à ce déséquilibre au
niveau du système de rôles.
Si l'on
s'attarde un
peu
sur les
causes
de conflits,
on
constate qu'elles sont d'abord
individuelles pour le groupe A,
et
qu'elles
changent
pour
les
autres
groupes.
Les
issues
dépendent également de tous ces éléments. La femme qui s'estime
" écrasée ", et "étouffée" rompra plus facilement que celle qui
n'a comme cause de tension que le désintérêt de l'homme pour ses
enfants.
Dans
le
premier
cas,
elle
ne
voudra
pas
se
laisser
"écraser". Dans le deuxième cas le mode de résolution se trouve
dans le système traditionnel.
En effet, à
partir du moment où
la
femme
se
situe
avant
tout
comme
mère
dans
la
relation
conjugale et qu'elle sait que les enfants relève d'elle et de son
lignage,
il est presque logique en se reférant à
la tradition
qu'elle travaille pour ses enfants.
Ce qui
l'amène à
rejoindre
une
des
obligations
principales
de
la
mère
dans
le
système
traditionnel.
160
Concubinage,
relations
extra-maritales
durables
ou
éphémères.

-238-
Il Y a aussi un autre élément qui explique la "diplomatie"
des femmes proches du modèle traditionnel. Quand bien même elles
ont les
moyens matériel s
de
ne pl us
se résigner;
le souci
de
maintenir une bonne relation avec le père correspond à des soucis
"stratég iques", surtout pour la santé des enfantitr
En effet, ici
le père reste le garant de la santé de l'enfant
:
" ••• Le fait que les pères soient toujours extrêmement
préoccupés
de
la
santé
de
leurs
enfants
et
mettent
tout en route s ' i l s
tombent malades P~n peur d'être
accusées de leur avoir "mangé" le coeur
,montre que
c'est
à
eux
que
revient
cet
aspect
essentiel
de
l'éducation qui est
la sauvegarde,
la protection de
l'être
même
des
petits
contre
toute
action
malveillante."
D'autre part:
" Le père est le canal par lequel la force vitale qui
est à l'origine de toute chose, parvient au fils,
il
est
le
chaînon
intermédiaire
qui
rel ie
l'enfant
à
dieu,
il
est
lui
même
doué d'une
force
vi tale
plus
grande parcequ'il est plus proche des sources de vie.
Etre père c'est non seulement engendrer mais continuer
à
vivifier,
à
féconder
à
pousser vers la plénitude,
c'est transmettre de manière ontologique non seulement
vis
à
vis
de
Dieu,
mais
aussi
de
tous
les
intermédiaires
au
travers
lesquels
la
vie
se
communique de lui aux hommes".
Aussi,
dans cette perspective:
"
Les
descendants
d'un
meme
aïeul
mythique
fonctionnent comme autant de condensateurs sur un même
circuit d'énergie. Mais exceptionnellement ils peuvent
aussi
jouer
le
rôle
de
commutateur
et
couper
le
passage du courant,
c'est ce qui s'opère dans le cas
de la malédiction."
161_ P. ERNY:
"L'enfant et son milieu en Afrique Noire" P.
71 et 112.
162_ Ensorcelé.

-239-
D'où le souci des femmes proches du modèle de tout faire
pour que le père "ne parle pas mal",
car disent-elles:
"si la
femme
s'entête,
prend
les
enfants
et
s'en va,
la
santé
des
enfants est
en
jeu"
Ici
la
soumission des
femmes
ou
leur
apparente soumission, leur stratégie renvoie aux fondements mêmes
d'une conception de la vie,
de l'ordre du monde,
qui renvoit à
un autre
système de
pensée,
la fonction
de
père reste
sacrée
tandis que celle-ci se désacralise chez les autres.
L'insistance des femmes plus âgées auprès des plus jeunes
sur la nécessité de reconnaître la préeminence de l'homme,
sur
le fait que la "force de la femme c'est l'homme", qu'une femme
quelle que soit sa réussite doit mettre l'homme en al~nt, est
directement l'écho de la pensée BANTOUE selon laquelle
:
"
Les
créatures
gardent
entre
elles
un
lien
de
causali té
qui
relie
la
créature
au
créateur
( ••• )
L'enfant
même
adulte,
demeurera
toujours
pour
les
BANTOUS, un homme, une force, une dépendance causale,
une subordination ontologique des forces qui sont père
et
mère.
la
force
aînée
domine
toujours
la
force
puinée,
elle continue à
exercer sa force vitale
sur
elle.
c'est
ce
rapport
au
niveau
de
l'être
qui
explique
l'extrême
importance
psychologique
de
la
personne et de l'iamge du père."
La force
aînée est
celle
de l ' homme,
et
la force
puinée
celle
de
la
femme.
C'est
dans
cette
perspective
qu'il
faut
comprendre
la
subordination
des
femmes
proches
du
modèle
traditionnel. La désacralisation de l'image et de la fonction du
père explique aussi en partie chez les plus jeunes et chez les
femmes scolarisées, la contestation et la remise en cause de ce
qui constituait les fondements
de l'autorité masculine,
et
sa
préeminence sur la femme dans la société traditionnelle.
c'est ici que les propos de l'une de nos interlocutrices du
groupe
B
prennent
tout
leur
sens.
En
effet,
celle-ci
pour
caractériser les différences existant entre elle et les femmes
_ du groupe A précisait que ce sont:
"les femmes qui prennent le
risque d'être des hommes tout en étant des femmes." Nous pensons
pouvoLr éclairer ces propos quelque peu ambigus en précisant que
pour-· notre
interlocutrice,
ici
la
femme
étant
une
force
"inférieure", prend le "risque" d'assumer des responsabilités que
sa "force" ne lui permettra peut être pas d'assumer.
163_ p . ERNY, op déjà cité P.112.

-240-
Les
conflits
comme
un
ébranlement
des
pôles
traditionnels
d'autorité
On pourrait s'étonner que nous posions ici le problème des
conflits dans les relations hommes et femmes comme des relations
de
pouvoir,
comme
un
ébranlement
des
pôles
traditionnels
d'autorité
détenus
autrefois
par
les
uns
,
contestés
par
d'autres; avec chez les premiers une résistance à la tentative
de
renversement
des
rôles
chez
les
uns,
et
le
refus
d'une
relation de dépendance et de subordination. Nous avions dans un
premier temps pensé expliquer les tensions comme un manque de
complémentarité de rôle, ceci est vrai mais n'explique pas tout.
D'autre part ce sont
les propos de personnes
intérrogées
elles-mêmes
qui
nous
ont amené
à
poser
les
problèmes
en
ces
termes:
en
terme
de
pouvoir.
Les femmes
attendent
des
hommes
d'être plus "libéraux", plus compréhensifs, de créer une relation
de
coopération
et
non
de
domination/soumission.
Les
hommes
estiment
que
les
femmes
doivent
continuer
à
respecter
la
préeminence de l'homme,
les ajustements en cours ne
devant en
rien être un renversement de rôles,
ou une contestation du rôle
de "guide" ou de l'autorité de l'homme.
On assiste chez la femme à la volonté de vouloir changer les
rapports
existants,
et
chez
l ' homme
à
une
résistance,
et
la
"peur" d'un renversement de rôles, qui se traduit par des phrases
de ce type chez les jeunes gens et les hommes plus âgés:
" Nous voulons bien que la femme évolue mais pas trop,
de peur qu'elle ne s'entête".
Ou bien:
" Nous avons peur que la femme ne se révolte et que
cela devienne comme le problème du NOIR par rapport au
BLANC."
Le problème est posé parfois de manière plus explicite:
"
La
femme
veut
récuperer
le
rôle
précédemment
joué par l ' homme,
et
l'homme
n'est pas d'accord".
,
__Dù côté des femmes on relève comme causes de conflits:
" Le désir de l'homme de vouloir contrôler sa femme,
de régner en maître,
la volonté de vouloir étouffer,
écraser la femme."

-241-
En fait
toutes les tensions actuelles entre les hommes et
les
femmes,
ne
sont
que
l'exaspération des
tendances
que
G.
BALANDIER relevait dans les BRAZZAVILLES NOIRES:
" En obtenant des ressources
personnelles,
la
femme
ci tadine
coupe
les
racines
de
l'aliénation que
lui
imposait souvent le milieu coutumier,
elle gagne
sa
liberté ( ••• ). Il est incontestable qu'un grand nombre
d'évolués éduqués souhaitent avoir une femme dont le
degré d'évolution leur soit adapté, mais leur désir ne
manque pas d'apparaître ambigu: ils ne voudraient pas
que toutes les femmes fussent ainsi éduquéses car ils
ont besoin à
leurs foyers de femmes qui
restent des
"servantes"".
La remarque qui nous intéresse plus particulièrement ici16ist
celle qui suit car elle introduit la suite de notre passage
:
" Il est apparent que le phénomène auquel l'Africain,
même
citadin
est
mal
préparé
est
celui
de
l'émancipation féminine.
Il ne voit guère en la femme
une partenaire,
plutôt un sujet, ce qui n'exclut pas
l'affection mais implique un certain type de relations
sociales.
Quelques
uns
n' hési tent
pas
à
protester
contre l'égalité entre sexes affirmée par la nouvelle
législation,
la
plupart
réagissent
contre
les
avantages
que
les
femmes
peuvent
prendre
à
leur
dépens."
Le
problème
continue
de
se
poser dans
les
mêmes
termes
actuellement, en termes plus aigus, car depuis lors, de plus en
plus de filles ont eues accès à une scolarisation assez poussée,
et partant eues accès à des emplois salariés,
et sont dans une
certaine mesure
devenues compétitives socialement
parlant.
On
peut dire que pour certaines
femmes,
la "zone d J incerti tude"
contrôlée par les hommes s'est réduite.
Si nous
nous
réferons
à
la définition du
pouvoir retenu
ici 165.
"
La
capacité
d'une
personne
A
d'obtenir
d'une
__p'èrsonne B de
faire
ce
qu'elle lui de.ande" ,
et si
nous savons que:
" C'est une relation déséquilibrée:
si A et B disposent des mê.es atouts il n'y a plus de
relation de pouvoir entre eux,
car aucun des deux ne
peut obliger l'autre à faire quelque chose."
164_ G.BALANDIER : op. déjà cité, p.146.
165
ERHARD
FRIEDBERG
"L'analyse
sociologique
des
organisations", revue POUR, N·
28,
spécial Sociologie.

-242-
On peut dire que certaines femmes
ici
,~timent avoir les
mêmes
atouts
que
les
hommes
sinon
plus
,
l'argent,
la
situation.
Nous
retrouvons
ceci
dans
la
phrase
d'un
de
nos
interlocuteur masculin: "La femae qui a de l'argent a conscience
qu'elle peut faire tout ce que peut faire le mari, les hommes".
Ou
chez
l'une
de
nos
interlocutrices
proches
du
modèle
tradi tionnel:
"Actuellement
une
femme
qui
a
de
l'argent
est
"bien", elle fait peur aux hommes".
Ainsi
nous
pouvons
dire
que
la
zone
d' incerti tude
que
certains hommes peuvent contrôler par rapport à certaines femmes
s'est réduite. Il y a non seulement la possibilité matérielle de
la femme de s'assumer, l'accès au même niveau d'instruction, mais
aussi
la
modification
de
la
distribution
traditionnelle
de
l'autorité.
Le contenu des conflits est différent ici. Il ne s'agit plus
d'être
diplomate,
mais
de
réagir,
d'affronter
de
ne
plus
se
laisser faire,
d'où le manque de sérénité par rapport à celles
qui s'accomodent des anciennes relations.
Chez les autres il y
a action et réaction des femmes; réaction et résistance chez les
hommes:
" Les hommes ne vont plus changer sinon en pire, et de
plus
il
ne
font
aucun
effort pour
changer
!"
(Une
femme du groupe A).
Ceci explique peut être en partie le manque de "discrétion"
de "l'inconduite" tant masculine que féminine,
devenu moyens de
manifester de part et d'autre une certaine "indépendance".
~
-.
.~.
166
Car
elles
peuvent
"tirer
avantage"
de
leur
corps,
contrairement à l'homme.

-243-
4-L'élargissement du cadre
de la vie sociale
L'élargissement
du
cadre
de
la vie
sociale
est
surtout
notable chez les plus jeunes urbaines et pour le groupe A.
En
effet on peut encore dire que pour la femme proche des anciens
modes de vie;
le loisir dans sa conception moderne n'existe pas
en tant que tel.
Il n'existe pas pour lui même,
par contre un
devoir social peut éventuellement appeler un loisir.
Les
activités
sociales
principales
contineunt
d'être
centrées sur le lignage. Elles ont d'autre part des activités qui
leur laissent peu de temps libre par rapport aux autres.
Quand
bien
même
elles
l'ont,
elles
le
passent
à
accomplir
des
obligations
"utiles"
(visites
d'amis,
réunions
à
caract~re
religieux ... ).
Essayons de voir ce que font les autres de leur temps libre.
En dehors des activités ou manifestations officeilles ayant un
caractère obligatoire auxquelles toute femme ayant une activité
moderne ne peut se soustraire facilement,
il y a depusi un peu
plus
d'une
dizaine
d'années,
une
floraison
d'associations
volontaires à
carctère
religieux
ou
profane,
qui
est
un
fait
typiquement féminin.
Ceci nous
a amené
à
penser que
dans
une certaine mesure
comme l'a si bien dit une de nos
interlocutrice:
"Les bars se
sont vidés au profit des églises". C'est un
jugement peut être
rapide, mais en nous interessant de plus près à ses accsociations
, à leurs fonctions avouées ou non savoir si cette affirmation
se confirme.

-244-
5- LES ASSOCIATIONS VOLONTAIRES.
PRETEXTES.
ALIBIS.
ou VALEURS
REFUGES
Le succès de ces associations est en quelque sorte dû selon
les personnes
intérrogées
aux
insuffisances
des
organisations
officielles. Nous avons déjà relevé dans le passage concernant
le contexte :"La ville dans ce qu'elle est ville"; qu'ici, on se
prête à la politique et on s'implique ailleurs.
Les associations
féminines
sont
ces
lieux
d' impl ication ayant
des
cadres
peu
"suspects" vis à vis des hommes du moins en ce qui concerne les
associations à caractère religeux.
Une des adhérantes soulignait entre autres bienfaits de ces
associations celui d'avoir apporté la paix dans les ménages, car:
"Avant
par exemple
quand
l ' homme
sortait,
la
femme
sortai t
aussi,
mais
il
y
en a
qui
se
sont
rendues
compte que cela valait mieux de prier que de traîner
dans les bars. Les bénéfices de la prière ne se voient
pas tout de suite, mais ils sont bien là."
Il Y a
un engouement très net de la plupart des citadines
et notamment les femmes du groupe A, pour ces associations qui
ont
pour
buts
premiers:
l'entraide,
l'assistance
en
cas
de
maladie, chômage,
deuil ou pour un évènement heureux,
mariage,
baptême. Elles sont basées soit sur des associations d'anciennes
élèves d'écoles religieuses ou sur d'autres critères.
Celles qui ont un caractère religeux ont une discipline plus
stricte. Leurs adhérantes après les réunions ou séances de prière
ne doivent pas être vues dans un bar.
Si elles ont un conflit
avec
leur conjoint
et
si
elles
ont
tort,
elles
peuvent
être
exclues. L'adhésion est volontaire, il y a un certain rituel, les
membres d'une
fraternité
par exemple
s'appellent soeurs
entre
elles, et ont une façon particulière de se saluer.
les femmes disent retrouver dans ces associations, outre la
-·-solidarité et l'assistance:
"le plaisir d'être ensemble". Selon
elles, les activités proposées dans ces associations permettent
d'oublier leurs problèmes, ou 'de mieux supporter les incartades
du mari
(surtout les 40/45).
Les loisirs prennet lieu dans ce
cadre,
ainsi
que les
invitations
à des
mariages
ou tout
aure
évènement
concerant
un
des
membres,

l'on est
tenu par
le
règlement d'assister.

-245-
Toutes les précautions sont prises pour ne pas "éffaroucher"
le
conjoint.
On
requiert
son
autorisation
pour
que
la
femme
adhère, ou assiste aux réunions. L'association intervient en cas
de différend entre le membre et son conjoint ou sa belle famille.
En fait
il
y
a
la mise en
place
de
structures
remplaçant
en
quelque
sorte
le
rôle
joué
autrefois
par
le
lignage
pour
l'individu dans la société traditionnelle.
Ces associations sont très hierarchisées,
avec une "mère"
ou
présidente
de
l'association.
Pour
ce
qui
concerne
les
associations
religieuses nous
pouvons dire que celles-ci
sont
surtout pour les 40/45 urbanisées et scolarisées, des "lieux de
recherche
d'équilibre",
et
de
recherche de
soutien moral,
et
psychologique, en raison des vertus attribuées à la prière.
Ainsi certaines femmes semblent ainsi avoir résolue ou en
voie de le faire le problème de l'organisation de leurs loisirs;
qui ne peuvent avoir un sens pour elles que dans la mesure où
ceux-ci remplissent d'autres focntions. Ce cadre n'est plus aussi
étroit que celui du lignage,
il rassemble des femmes d'origine
ethnique parfois différente, d'âge aussi.
Il nous manqué du temps pour voir ce qui se passait en plus
"autour" de ces associations, nous nous justifions ici en disant
que ce n'était pas notre objectif. disons seulement pour conclure
que ces assocaitions permettent aux femmes d'être entre elles.
Il est vrai que la mixité est de plus en plus grande dans
la vie courante, cependant pour les 40/45 surtout et aussi pour
les autres,
"l'être ensemble" des hommes et des femmes continue
de se faire
autour de la relation sexuelle.
Aussi,
autant les
hommes
aiment
se
retrouver
entre
hommes,
autant
les
femmes
continuent d'aimer se retrouver entre elles.
Les MOSIKIS
ont
un
caractère
plus profane,
ce
sont
des
associations
d'entraide
et
de
soutien
mais
il
leur
manque
l'arrière plan spirituel qui donne sa cohérence, et son "sérieux"
aux fraternités.
Il y a des MOZIKIS de quartier, d'autres basé
sur la profession. Les buts et les fonctions sont les mêmes,
il
leur manque seulement l'assise religieuse.
,
__Lès associations volontaires, prétextes, alibis ou lieu de
recherche
d'équilibre
?
En
fait
cela
dépend
de
la
personne
concernée. On peut dire que pour certaines ce sont des lieux où
elles retrouvent une certaine "sérénité". Pour d'autres ce sont
des occasions de sorties pouvant être le départ par ce qui se
passe autour,
ou après les réunions de prétextes
ou d'alibis.
Elles
peuvent
être
tout
cela
à
la
fois.
Ceci
nous
amène
à
examiner certaines conduites actuelles des hommes et des femmes
en zone urbaine.

-246-
STRATEGIES FEMININES /
REACTIONS MASCULINES
a)- Mercantilisation des relations
sexuelles
(le point de vue
féminin)
C'est
l'un des
aspects
les
plus
frappants
des
relations
entre hommes et femmes dans le contexte actuel.
Nous ne parlons
pas
de
prostitution,
mais
des
relations
dans
l'ensemble.
En
effet, ici on ne "fait pas l'amour pour rien". Nous avions déjà
souligné que même pour les
femmes mariées ayant
des relations
extra-conjugales,
celles-ci doivent
associer le
plaisir et
le
profit. Cette tendance qui s'est accélérée n'est pas récente en
milieu urbain,
si elle est radicalement nouvelle par rapport à
la société traditionnelle.
En milieu urbain les relations sexuelles sont devenues très
tôt monnayables
et
G.
BALANDIER note
dans
les
BRAZZAVILLES
NOIRES que:
" .•• Certaines femmes qui pratiquent un concubinage de
courte durée très proche de la prostitution n'hésitent
plus à en appeler au tribunal coutumier pour obtenir
le prix des services sexuels, 4 cas furent examinés et
le bon droit des plaignantes a
été
reconnu
sous
la
nyrme d'indemnité fixées de 4000, à 1000 francs C.F.A

Ainsi
la
mercantilisation
des
rapports
entre
sexes
reçoit-elle
une
sorte
de
légitimation,
c'est
montrer à
quel
point
elle
s'est
inscrite
dans
les
moeurs."
La tendance
s'est
accéléré.
Quand
on demande
aux
femmes
pourquoi les hommes doivent-ils payer,
la plupart des
réponses
tournent autour de l'idée:
"qu'il n'est pas question de faire
cela pour rien!", "qu'il faut que cela serve à quelque chose".
Ceci renvoie à une utilisation instrumentale de l'homme qui
est devenu un moyen d'avoir de l'argent.
Aussi certains hommes
estiment qu'actuellemnt,
ce sont les femmes qui exploitent les
hommes. Selon d'autres,
les
femmes pensent:
"qu'en ruinant les
hODUDes, elles rattrapent le retard".
En fait ce que nous pouvons dire ici c'est que les conduites
sexue}Jes détachées de leurs fonctions procréatrices deviennent
des conduites stratégiques où se confrontent encore une fois les
hommes et les femmes. les femmes estiment avoir un atout en plus.
La découverte
d'une
utilisation différente
de
leur
corps
par
rapport aux hommes devient un atout,
une arme à
utiliser pour
obtenir quelque chose. l'homme est devenu un "moyen" d'avoir de
l'argent, d'en avoir plus quand on a déjà.
167_ de 80 à 20 FF.

-247-
Nous allons essayer de comprendre ceci non seulement en nous
basant sur le fait que la société urbaine crée des besoins de
plus
en
plus
grands,
que
la
recherche
d'argent
devient
une
préoccupation essentielle, et tous les moyens sont utilisés pour
obtenir celui-ci.
Mais si
nous examinons la mercantilisation des
conduites
chez
les
autres,
qui
peuvent
se
suffire
à
elles-mêmes;
que
constatons-nous? Cette utilisation devient un moyen d'accroître
ses revenus, son standing.
Il faut ajouter à ceci que rien n'a
préparé les hommes et les femmes à avoir des rapports autres que
ceux-ci.
En effet,
nous savons que dans la société traditionnelle,
la
femme
conçoit
les
relations
conjugales
en
termes
de
"bénéfice", la seule" joie" la seule justification et le bénéfice
du mariage sont les enfants, ou du moins c'était les enfants. Si
on transpose
ceci
dans
une
société
urbaine
déséquilibrée
la
nature des bénéfices change, car les relations et les individus,
étant libérés en partie des assises traditionnelles; les rapports
changent, les "bénéfices" changent aussi.
Il
ne
s'agit
plus
seulement
d'avoir comme
bénéfice d'un
homme des enfants; mais aussi de l'argent qui est devenu l'autre
élément de reichesse. Il
faut
ajouter à cela le fait que chez
certaines
femmes,
ceci
est
ressenti
comme un
retournement
de
situation par rapport à la société traditionnelle:
"A la ville,
la femme est là elle attend, c'est l'homme qui apporte l'argent,
à la campagne, c'est différent".
Enfin
ajoutons
à
ceci
qu'il
y
a
des
justifications
économiques
à
la
prostitution,
qui
est
devenu
moyen
de
subsistance, avec une tolérance très grande:
" Il est difficile de condamner car elle a des raisons
économiques".
C'est
le
point
de
vue
des
jeunes,
et
de
certains
moins
jeunes. Si les générations plus âgées sont plus severes,
leurs
propos
révèelent
leur
impuissance
à
avoir
une
influence
quelconque,
aussi
il
y
a d ' une
part
la mercantil isation
des
~--conduites sexuelles à un niveau général, et la prostitution qui
est excusée et justifiée comme un moyen de subsistance.

-248-
LES REACTIONS MASCULINES
Celles-ci seront à peine esquissées, car le peu d'entretiens
d' hommes
réal isés
ne
nous
permet
pas
de
disposer
d'éléments
solides
pour
étayer
notre
argumentation.
Nous
allons
nous
intéresser aux moyens utilisés par la population masculine pour
résister aux tentatives de renversement de rôles par certaines
femmes.
En
effet,
s ' i l
est
certain
que
les
conduites
les
plus
contestées sont les conduites féminines, les doléances masculines
reprochant à la femme d'avoir:
"mal compris l'évolution", et de
ne pas respecter l'essentiel des valeurs traditionnelles.
Il faut souligner qu'il ya chez les hommes en milieu urbain
une utilisation et une
interprétation de la
tradition qui
est
ambigue, ce qui donne lieu à des affirmations du genre:
" L'Africain a besoin de la polygamie, il ne peut pas
s'en
passer".
Ou
bien:
tt
En
restant
fidèle
à
la
polygamie le CONGOLAIS respecte ses coutumes et reste
fidèle à ses ancêtres."
En
fait
on
peut
dire
que
les
conduites
masculines
correspondent à un souci d'affirmer une différence entre ce que:
tt
Ce que l'homme a le droit de faire,
et ce que la femme n'a pas
le droit de faire". Ainsi la polygamie et son substitut devient
un moyen de réequilibrer les relations actuelles, elle devient
prétexte. Nous pensons pouvoir dire que les réactions masculines
s'organisent principalemnt autour de la volonté du maintien de
la préeminence de l'homme sur la femme, et de l'accentuation de
la dépendance de celle-ci.
Les relations de concubinage et leurs justifications
Il nous a semblé que ce sont les relations qui arrangent le
mieux la femme disposant de revenus lui permettant de subvenir

ses
besoins,
car
elles
permettent
à
celle-ci
d'avoir
une
certaine liberté de manoeuvre. l'idéal recherché ici est d'avoir
une relation avec un homme eng~gé par ailleurs dans une relation
conjùgale par exemple, ce qui ne permet pas la présence continue
de celui-ci
près
de
la
femme,
et
lui
laisse
une
autonomie.
D'autre part, l'avantage selon les femmes engagées dans ce type
de relations:

-249-
"
A partir du
moment

l'on est pas
chez
lui,

l'homme
ne
vous
domine
pas
entièrement,
celui-ci
s'oblige à vous faire plaisir, car il sait bien que ce
n'est pas lui qui vous fait marcher, mais vous."
Les problèmes sont posés dans ces termes;
d'où
l'écho de
cette tendance selon laquelle en ce moment il vaut mieux être le
"bureau" de quelqu'un plutôt que d'être sa femme.
On assiste à
l'acroissement de
ces relations,
et
à
une
remise
en cause du
mariage,
tel qu'il est actuellement et qui n'est plus pour ces
femmes indispensable.
DEGAGEMENT DES TYPES FEMININS ET EVOLUTION DES MODELES
TYPES FEMININS
1)- LA FEMME AU FOYER
Ce sont parmi les plus résignées,
traditionnellement elles
sont
"entretenues"
par
le
mari.
la
plupart
soulignent
leur
dépendance matérielle et le
fait
qu'elles sont
obligées de se
soumettre, car elles n'ont pas les moyens matériels de subvenir
à leurs besoins.
Il est en effet vivement conseillé à la femme d'avoir une
actiivté quelconque, de ne pas attendre que le mari donne tout.
Pour
les
femmes
non
scolarisées
et
urbaines,
il
y
a
ici
déplacement des obligations reposant autrefois sur la femme, chez
l'homme,
notamment l'obligation alimentaire.
Car on attend ici
de l'homme qu'il subvienne à tous les besoins alors que dans la
répartition traditionnelle des contributions,
celle-ci revient
à la femme.
les conflits existent aussi dans ce groupe, mais on
se résigne.
2) -
LA
FEMME
MARIEE
exerçant
une acti vi té
se
rapprochant
des
-activités traditionnelles
C~est dans ces
types
f~minins qu'il y a l e moins de
confl-! ts, nous avons déjà soul igné à plusieurs reprises, qu'elles
ont des activités qui leur procurent des revenus. En plus du fait
qu'elles leurs permettent de remplir leur obligation
traditionnelle.
Le cadre de référence reste le système traditionnel ce qui
leur donne une apparente stabilité tout en leur permettant d'une
manière plus stratégique de
"grignoter" quelques uns des rôles
autrefois assumés par les hommes (le frère, ou l'oncle) sans trop
d'éclats.

-250-
Ce sont également les plus diplomates; elles ne s'opposent
pas au conjoint mais ont une démarche prudente,
qui consiste à
contourner à éviter les conflits, et à se garantir les moyens de
sortir
d'une
situation
conflictuelle
en
ayant
le
confort
psychologique de l'approbation des autres.
La même
démarche se
retrouve
au ni veau
des
biens et
des
revenus. Ainsi la femme de ce type en milieu urbain, se donne les
moyens d'interpréter
certains
éléments du
modèle
traditionnel
concernant les biens par exemple à son avantage.
contrairement
aux
autres,
elles
se
garantissent
les
moyens
de
changer,
ou
d'évoluer à un moindre coût.
3)- LA FEMME exerçant un emploi salarié, mais restant soumise
S'il est vrai que la plupart des femmes mariées ayant des
emplois salariés ont des conflits,
ou des
tensions avec leurs
conjoints. Il n'en est pas ainsi de toutes:
il reste des femmes
mariées,
salariées
et
soumises;
du
moins
ayant
des
attitudes
"accomodantes" par rapport à leur conjoint.
Nous dirons qu'ici elles le restent d'autant plus facilement
que
le
conjoint
leur
garantit
d'une
certaine
manlere,
une
"assurance avenir". s ' i l comprend (qu'elle cherche à garantir son
avenir en
achetant une
maison
ou autre ... )
ou
qu'il l'aide
à
acquérir une maison, où elle pourra effectivement se retirer en
cas de veuvage. Ceci bien entendu pour les couples qui espèrent
durer.
Quand la femme est sécurisée quand à
son avenir matériel,
il lui est plus facile de "faire des efforts pour rester mariée",
et en général elle le reste plus longtemps ici que d'autres. Ce
sont
également
celles-ci
qui
ne
mettent
pas
en
question
la
préeminence de
l'homme sur
la
femme.
Et
qui
sont attachées
à
l'idée
que
le
fait
d'être
mariée
donne
plus
de
"poids"
à
la
femme, lui confère un statut plus "lourd" que celui qu'elle peut
acquérir par la situation ou l'argent.
Il va s'en dire que c'est le type le plus valorisé par les
hommes, et par les générations plus âgées; c'est celle qui a su
faire selon eux:
" Une synth~se intelligente entre la tradition
et la modernité."

-251-
4)- LA FEMME MARIEE (très "mouvement de libération de la femme")
Elle est caractérisée en quelques mots comme
"celle qui
veut faire tout ce que l ' homme fai t" (elle ne reste pas longtemps
mariée en général), C'est parmi elles que nous avons celles que
nous appelons les "has been".
Ici,
l'important
est
d'avoir
été
mariée,
d'avoir
eu
des
enfants.
Après
"on
se
repose
et
on
vit";
ce
sont
en
général
celles qui ne reconnaissent plus la préeminence masculine, ou la
conteste, en estimant qu'il devrait y avoir une réciprocité entre
les devoirs des uns et des autres,
des hommes et des femmes.
Pour certaines
ici,
le mariage est devenu un dû social à
payer un certain temps,
et dont on se libère dès que l'on peut.
Elles deviennent soit des maîtresses établies et reconnues. soit
ont des
relations
occasionnelles
et
dont la durée
dépend
des
avantages psycholog iques ou
matériel s
qu'elles
y trouvent.
Il
faut souligner,
toutefois que ce ne sont pas les seules femmes
qui choisissent ce type de relations.
La relation de concubinage qui
est moins valorisée que la
relation conjugale,
mais n'est pas
franchement dévalorisée non
plus,
fait aussi
"l'affaire" des femmes du groupe
B qui ont dû
divorcer. Elle leur permet d'être plus maîtresse d'elle même, de
pouvoir
contrôler
leurs
gains,
d'être
plus
autonome
et
de
continuer
d'avoir
des
enfants
dans
une
relation
à
peu
près
admise.
Soulignons que
l'idéal pour les femmes dans
ces cas là
n'est
pas
de
vivre
ensemble,
mais
que
le
compagnon
vienne
occasionnellement.
5)- LA MAITRESSE ETABLIE OU BUREAU
Elle
jouit
d'une
considération
moindre
mais
n'a
pas
un
statut dévalorisé, elle est plus ou moins reconnue par la ou les
femmes légitimes. Elle est en quelque sorte le substitut de la
deuxième ou troisième épouse ou de la énième épouse des ménages
polygames.
De
plus
cette
relation
est
choisie
par
plusieurs
femmes
qu'elles soient "has been" ou non, car non seulement elle laisse
beaucoup d'autonomie à la femme,
mais surtout elle permet pour
certaines de bénéficier des
largesses de l'homme pour qui ces
relations sont
un
moyen
de
mani fester son
prestige,
car
dans
cette deuxième conception
du phénomène
"bureau",
l'homme
doit
dépenser et entretenir la femme.

-252-
6)- LA PROSTITUEE
La prostitution en zone urbaine
a
subie
une évolution qui
l ' a
fai t
passer
d'une
prost i tut ion
ayant
un
aspect
"presque
convenable", et discrète, s'apparentant plus à des relations très
courtes
de
concubinage,
sans
manifestation
publique
notable
(elles ne faisaient pas le trottoir comme on dit vulgairement),
qui avait presque réussie à s'adapter au contexte.
c'est
ainsi
qu'il
est
fait
une
distinction
entre
les
prostituées de ce type qui coexistent encore avec celles qui ont
tendance
à
s'apparenter
un
peu
plus
avec
la
"prostitution
modernei'.s
C'est
le
cas
des
filles
faisant
du
raccolage
en
"ville" ~
et
qui
sont
caractérisées
avec
une
nuance
de
xénophobie
et
de
mépris,
comme
étant
des
filles
qui:
"vont
attendre
les
blancs
en ville."
Dans
l'ensemble,
c'est
le
type
féminin le plus dévalorisé.
168_
Le
terme
"ville dans
le
langage courant,
continue
de
désigner l'ancienne ci té Européenne. Nous avons souligné ce point
dans
le deuxième
chapitre,
dans
le
passage:
"la ville dans
ce
qu'ellE' est ville".

-253-
EVOLUTION DES MODELES
MODELE TRADITIONNEL
MODELES EN COURS
- Préeminence du groupe sur
- Tentative d'affirmation de
Il
l'individu
l'individu
i _ Système de descendance
- Montée du droit paternel
1
matrilinéaire
i
i - Mariage polygamique
- Tentative d'établissement
1
d'un mariage monogamique
Il - Régime matrimonial de sépa-
Essai de régime semi-com-
il
tion absolu des biens
munautaire
il
Droits et obligations pré-
Glissement de certaines
Il
cis et différents au sein
obligations de la femme
:1
du couple
sur l'homme
- Séparation des sexes:
un
- Mixité de plus en plus
:1
i
monde féminin/un monde mas- 1
grande dans la vie couran-
i!
culin
1
te
Séparation des tâches
l -
Mixité de plus en plus
!-
grande des emplois et des
I
activités
1 -
:1
-
Rigorisme des moeurs
Libération des moeurs
1
[1
1

-254-
EVOLUTION DES MODELES
Le propos des lignes qui vont suivre, va être de retrouver
autour de quoi s'organise actuellement les nouveaux modèles. Dans
le tableau ci-dessus mettant en parallèle le modèle traditionnel
et les modèles en cours, nous avons pu caractériser ceux-ci comme
s'organisant
principalement
autour
des
points
relevés
comme
caractérisant les modèles en cours à savoir:
1- La tentative d'affirmation de l'individu
2- La montée du droit paternel
:3- La tentative d'établissemnt d'un mariage monogamique
4- L'essai d'un régime semi commuanutaire
5- Glissement de certaines obligations de la femme sur
l'homme, et de l'homme sur la femme
6- La mixité de plu en plus grande dans la vie courante
7- La mixité de plus en plus grande des emplois et des
activités
8- La libération des moeurs
Si
nous
reprenons tous ces aspects point
par point,
nous
pouvons dire que:
1- LA TENTATIVE D'AFFIRMATION DE L'INDIVIDU
Est
réelle,
mais elle est plus nette dans
la relation de
cOllple.
Si
elle
est
notable
au
niveau
du
lignage,
elle
est
atténué par le fait que l'individu continue de se sentir très lié
et très dépendant d'un lignage même réduit.
Sa vie quotidienne
continue de s'inscrire dans un groupe qui peut être le
lignage
ou d'autres groupes. Il faut ajouter à cela le fait qu'il y a une
appropriation individuelle des acquits pour la femme et l'homme.
Soulignons toutefois
que
si
l'appropriation
est
individuelle,
l'utilisation des acquits continue d'être collective.
2- LA MONTEE DU DROIT PATERNEL
L'éclatement
de
l'organisation
tradi tionnelle
a
entraîné
surtout
en
ville
pour
les
sociétés
matrilinéaires
avec
une
érosion de
la
prépondérance
de
l ' autori té de
l'oncle
sur
les
neveux. Elle a entraîné le renforcement des liens père/enfant,
notamme~t chez
les
jeunes
parents
qui
revendiquent
le
droi t
d'avoir
leurs
enfants.
la
relation
oncle/neveu
n'est
plus
la
seule privilégiée.
Il
y a
d'autre part chez les plus jeunes et
les scolarisés, une participation plus grande à l'éducation des
enfants.

-256-
5- GLISSEMENT DE CERTAINES OBLIGATIONS DE LA FEMME SUR
L'HOMME
Il s'agit en milieu urbain de la règle qui fait reposer sur
l'homme
les charges principales du
foyer.
Règle
qui
a
aboutit
chez les femmes au fait que c'est l'homme qui doit principalement
subvenir aux besoins de la femme et des enfants,
ce qui déplace
l'obligation alimentaire qui incombait autrefois à la femme sur
l'homme.
Glissement de certaines obligations de
l'homme sur la
femme,
en effet,
au sein du
lignage,
il y a des femmes
qui par
les
moyens
dont
elles
disposent,
arrivent
à
être
"chef"
de
famille,
rôle autrefois assumé par les frères,
ou les oncles.
6- MIXITE DE PLUS EN PLUS GRANDE DANS LA VIE COURANTE
Oui,
mais celle-ci est à
nuancer,
en disant
qu'il reste à
créer une
mixi té
réelle,
"l'être
ensemble"
des
hommes
et
des
femmes continuant d'être centré sur les relations sexuelles.
7- MIXITE DE PLUS EN PLUS GRANDE DES EMPLOIS ET DES
ACTIVITES
Oui, et cette tendance s'observe aussi en zone rurale.
8- LIBERATION DES MOEURS
Oui,
avec
comme
point
saillant
la
mercantilisation
des
relations sexuelles,
devenus monnayables à tous les niveaux.

-257-
CONCLUSION
Nous conclurons en disant qu'il y a une évolution, ou plutôt
un éclatement du modèle
traditionnel,
en des modèles
féminins
diversifiés.
Que
de
ceux-ci
découlent
des
rôles
différents,
qu'ils passent pour une certaine partie de femmes. de rôles vécus
sur le mode de subordination, à des rôles qui seront peut être
organisé autour de relations plus égalitaires.
Cette évolution voit l'émergence du rôle social de la femme,
et de l'élargissement de sa sphère d'activité. Cette évolution
bouleverse non seulement la hierarchie traditionnelle, mais tend
à
donner
à
la
femme
qui
a
une
indépendance
matérielle,
une
autonomie et une plus grande assise sociale.
Nous pensons quant à nous que les éléments de
l'autonomie
de la
femme ne
se
trouvent pas
uniquement
dans les
nouvelles
valeurs introduites mais aussi dans la société traditionnelle,
aussi curieux que puissse paraître cette affirmation. En effet,
la répartition traditionnelle des activités exigeait de la femme
de l'ardeur au travail,
ceci
réclamait chez
ces dernières une
"énergie"
qui
transposée
en
mil ieu
urbain,
dans
une
société
monétarisée,
pouvait
lui
permettre
d'avoir
des
activités
lucratives.
L'autre point important à soul igner selon nous est le régime
de séparation de biens en cours dans la société traditionnelle,
qui permet à
la femme de gérer ses biens.
Nous pensons que ces
deux points expliquent aussi l'évolution actuelle des rôles.
Il nous a
fallu pour étudier le problème
focaliser notre
attention sur des aspects particuliers. Il est utile de replacer
celui-ci dans un contexte plus général, celui d'une société en
mutation,
et
d'une
problématique,
celle
du
changement.
L'évolution des modèles et des rôles féminins ne prend tout son
sens
que
restituée
dans
un
plan
d'ensemble.
les
ruptures
d'équilibres ont lieu à tous les niveaux, et ne sont pas visibles
uniquement au niveau du système de rôles,
mais
touchent toute
l'organisation sociale et la bouleverse.
Nous avons en fait choisi Je "confort" d'une étude basée sur
une
partie
de
la
population
qui
était
susceptible
d'avoir
intégrée un minimum de valeurs de base. Cela leur permet d'être
moins démunies devant les déséquilibres actuels comme le sont les
générations
plus
jeunes,
avec
comme
conséquences
de
ces
désquilibres, et désadaptations: la toxicomanie, l'accroissement
des filles-mères,
des infanticides . . .

-258-
Ainsi si tout changement implique la transformation plus ou
moins brusque d'un certain système d'équilibre, la régulation ou
la réequilibration se fait de manière inégale. Il y a des "ilbts"
de restauration d'équilibre où n'ont accès que ceux, et celles
qui ont
des atouts
pour le
faire,
ceux et
celles qui
peuvent
faire une synthèse de par la connaissance qu'ils ont du système
traditionnel,
et ses recours possibles.
Pour
les
autres,
on
assiste
à
une
accélération
des
déséquil ibres, les tendances" s'exaspèrent" . Certaines augmentent
leur
autonomie,
tandis
que
les
autres
accroissent
leur
dépendance. la société elle-même en plein bouleversement, ne peut
proposer aucune réponse cohérente.
Avons nous remplis nos objecti fs de départ? Nous pensons les
avoir approchés
tout
au
moins.
Nous conclurons
en disant
que
cette recherche hormis le fait qu'elle nous a permis "d'éprouver"
sur le terrain une formation théorique au contact d'une réalité
concrète, nous aura permis en plus si besoin était de justifier
notre propre devenir professionnel.
Il est en effet encore courant de s'entendre
demander la
plupart du temps soit par des Européens, des Africains, et des
Congolais instruits:
"Mais au fait, avons-nous (ou pour les premiers, avez-
vous) besoin de psychologues en ce moment en AFRIQUE?"
Etant entendu que la question de savoir si on a besoin de
médecins
ou
d'enseignants,
ne
se
pose
pas
tant
leur
utilité
paraît évidente.
Ce travail était une approche, un débrousaillage,
le terme
est on ne peut plus adapté ici. Reste à approfondir le sujet ou
les problèmes, à réfléchir, et à proposer d'une manière pratique
les moyens de parer aux "urgences" relevées ici et là; mais ce
n'était pas le propos de cette étude.

B l B LlO G R A PHI E

-259-
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2.

ANNEXE

-265-
POURQUOI TRAVAILLER. SE MARIER , DIVORCER ?....
LES 20/25 SCOLARISEES , URBANISEES
Pourquoi (comptent-elles) travailler?
Pour qui ?
1)- Pour subvenir à ses besoins
-
pour soi
- Pour aider ses parents
- Parents
- Pour la bonne marche du foyer
-
foyer
- Pour servir la société
- Société
2)- Pour avoir une indépendance
- Pour soi
- Pour pouvoir affronter tous les
- Pour les
problèmes qui se posent dans la famille
besoins de la
famille
(lignage)
3)- Pour aider le mari à subvenir aux besoins
-
Famille-foyer
de la famille
4)- Pour la simple raison que la femme est un
- Soi
individu à part entière qui a
nécessairement droit au travail.
- Il ne peut pas y avoir d'émancipation
- Société
sans la participation de la femme à la vie
économique, sociale, et même politique.
1_ Comment
lire
cette
grille
?
Les différents
1,
2 etc •••
renvoient
respectivement
aux
personnes
intérrogées.
par· sous-
groupe, nous en avons 5, ce sont les cinq réponses qui se succèdent
à chaque fois.

-266-
5)- Avec le coût actuel de la vie,
i l est
-
Famille foyer
indispensable que la femme travaille
Pourquoi se marier ?
1)- Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime
-
Couple
2 conjoints
- Pour fonder une famille
-
Foyer/enfants
2)- Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime
-Couple, conjoint
- Pour fonder une famille
-foyer/enfants
3)- Pour être ensemble, pour s'entraider
-
Couple
- Pour fonder une famille
-Famille/foyer
4)- Vivre et partager avec son compagnon ses
-
Couple
joies,
ses pensées et ses sentiments, pour
atteindre les mêmes buts ensemble
5)- Pour vivre ensemble avec quelqu'un qu'on
-
Couple
aime
- Pour fonder un foyer
-Famille/enfants
Pourquoi divorceront-elles ?
Pour des raisons
concernant :

-267-
~ 1)- Infidélité, incompréhension
-
Les deux
1
conjoints
- stérilité
1
2
l-
1
~
- Jalousie du mari plus forte que celle de
I - Les 2
i
1
la femme
1
• •
1 conJo~nts
i
1
1
2)- Mésentente, adultère
-
Les 2
conjoints
- Manque de responsabilité de l'homme par
-
Le foyer/
rapport à sa famille
femme enfants
3)- Incompréhension, manque de resepct
-
Les 2
réciproque
conjoints
- L'intervention de la famille qui ne veut
1 -
La famille
1
plus du mari ou de la femme
1 (lignage)
-
Infidélité, polygamie
-
2 conjoints
- Lorsque le mari ne s'occupe pas de sa
-
famille/foyer
famille
.......
2_ La stérilité étant une raison "classique" de divorce, quand
on se refère à
la société traditionnelle et actuelle, nous ne la
relevons pas à chaque fois que nous la rencontrerons car ce n'est
pas
une
"nouvelle
cause
de
divorce.
Nous
intéresse
ici',
principalement les raisons qui tranchent et qui changent avec les:";
anciennes.

-268-
~ 4 )-_ Incompréhension des deux conjoints
I~ 2 conjoints
1
Manque de considération et de respect
2 conjoints
pour son conjoint
5\\- Abandon du foyer conjugal
-
Famille/foyer
- Refus de procréation
-
Famille/foyer
-
refus répété de l'acte sexuel
-
Famille/foyer

-269-
LES 30/35 SCOLARISEES URBAINES
Pourquoi travaillent-elles ?
1)- Pour subvenir à mes besoins, pour
être indépendante.
2)- Pour son indépendance financière,
pour gagner sa vie la femme doit
absolument travailler.
3)- Pour avoir une indépendance
financière pour subvenir à ses besoins.
4)- Pour assurer son indépendance et être
autonome.
-
Soi
-
Pour résoudre ses problèmes familiaux 1 -
La famille
1
5)- Non seulement en travaillant, elle
1 -
Soi
acquiert une certaine indépendance, mais
le travail constitue un véritable
épanouissement pour la femme,
aussi bien
-
Société
psychologiquement que sur le plan social.

-270-
Pourquoi se sont-elles mariées ?
1 Pour qui?
1)- Pour avoir un statut,
fonder une
-
Famille/foyer,
famille.
société
- Vivre avec quelqu'un avec qui on
s'entend.
-
2 conjoints
2)- En principe pour vivre avec quelqu'un I- 2 conjoints ?
I
avec qui on s'entend, mais ce n'est plus
1
,
indispensable.
1
3)- Pour avoir un statut, c'est une
1 -
Société (statut,
formalité de passage,
l'important c'est
1 devoir)
d'avoir été mariée, d'avoir des enfants.
- Enfants
4)- Ce n'est pas une nécessité
actutellement, vivre avec quelqu'un avec
qui on s'entend suffit.
5)- Pour vivre éventuellement avec
1 -
2 conjoints
1
quelqu'un avec qui on s'entend pour
1
fonder une famille.
1 -
Enfants/foyer
Pourquoi divorcer? (Pourquoi ont-elles
Pour des raisons
divorcées ou pourquoi divorceront-elles?)
concernant:
1)- Infidélité
-
2 conjoints
- Désir d'indépendance de la femme;
- La femme
,
.
pour-ne pas se laisser écraser
-
Problèmes matériels
-
2 conjoints

-271-
2)- Infidélité
- 2 conjoints
- Des problèmes financiers, désir de
- La femme
l'homme de contrôler les biens de la
femme.
1
- Désir d'indépendance de la femme
- La femme
1
1
3)- Pour être, pour vivre sa vie
- Soi
,
- Infidélité, incompréhension
- Les deux conjoints
- Problèmes matériels
- Les deux conjoints
4)- Parceque les femmes recherchent
- La femme
l'autonomie
5)- Mésentente,
incompréhension
- 2 conjoints

-272-
LES 40/45 URBAINES SCOLARISEES
Pourquoi travaillent-elles ?
Pour qui ?
1)- Pour avoir son indépendance par
1- Soi
rapport au mari.
1
- Pour pouvoir aider sa famille. ses
I- Le lignage
1enfants.
1 (famille),
enfants
2)- Pour son indépendance vis à vis de
- Soi
l'homme. pour subvenir à ses besoins.
1
- Pour aider sa famille
1- Famille
\\
!
3)- Pour avoir une autonomie vis à vis du 1 -
Soi
mari.
1
- Pour pouvoir aider ses parents, et
1- Famille, enfants
ses enfants.
1
1
4)- Le travail est plus important que le
- Soi
1
, mariage, pour son indépendance
matérielle,
pour ne pas dépendre du mari.
5 ) - Pour gagner sa vie
- Soi
- Pour subvenir à ses besoins, aider la - Famille
.
'-
famille.
Pourquoi se sont-elles mariées ?
Pour qui ?

-273-
1)- Je ne me suis pas mariée, on "m'a
1- FamHle/foyer,
mariée",
l'intérêt du mariage ? Fonder
1 enfants
1
une famille,
être mère.
1
!
1
2)- Pour fonder un foyer, pour être mère
l - Foyer/enfants
I
1
3)- Pour fonder un foyer,
pour être mère
i- Foyer/enfants
l
4)- Pour avoir un statut social
1- Société
- Pour être mère fonder un foyer
/- Enfants/foyer
i
5)- Ce n'est pas une nécessité, avoir 'e t'e 1 - Société (devoir)
mariée suffit, et être mère.
t- Enfants

-274-
LES 50 ANS ET PLUS URBAINES
Pourquoi travailler ?
Pour qui ?
1)- Pour aider la famille,
pour préparer 1- Lignage
l'avenir, celui de la femme et de son
1
lignage.
1
!
2)- Pour subvenir à ses besoins, à ceux
l- Soi/enfants/mari
,
1
des enfants et du mari.
1
3)- Pour assurer sa subsistance et celle
-
Soi/enfants/mari
des enfants et du mari,
les femmes
paresseuses n'étaient pas appréciées
jadis.
4)- Pour assurer sa subsistance et celle I- Soi/enfants
I
des enfants, pour aider la famille.
I- Lignage
I
5)- Pour subsister, pour assurer la
1- Enfants/soi/mari
subsistance des enfants et du mari,
avant si tu ne travaillais pas,
tu ne
mangeais pas.
Se marier ?
Pour qui ?
1) La~situation privilégiée de la femme
- Statut
c'est le mariage et la maternité.
social/enfants
2)- On vous mariait très jeune,
le but
- Enfants
du mariage était de faire des enfants.

-275-
3)- Une femme devait être mariée, et
1 -
Enfants
être mère.
1
4)- "On était mariée",
le but du mariage 1 -
Enfants
était de faire des enfants.
1
. 51- On était mariée très jeune, le but
- Enfants/lignage
1 du mariage était de faire des enfants
pour arranger la famille,
le lignage.
Pourquoi divorcer?
Pour des raisons
concernant ...
1)- Il faut chercher à se maintenir dans 1
le mariage,
sinon il faut chercher un
divorce raisonnable et honorable.
21- Il fallait suivre la règle,
sinon il
y
avait des sanctions très dures,
il
fallait bien se comporter.
3)- Peut être pour les problèmes de
santé, dans tous les cas il faut tout
fai~e~pour avoir raison.

-276-
4)- C'était difficile de divorcer, non
seulement parcequ'il y avait des
sanctions très dures, mais en plus
parcequ'on avait pas de moyens à
l'époque (pas d'argent comme
maintenant) .
5)- C'était difficile de divorcer de son
1
propre chef à cause de la pression des
frères,
et du manque de moyens pour
s'assumer.

-277-
LES 20/25 RURALES
Pourquoi travailler ?
Pour qui ?
1)- A la campagne si tu ne travailles
-
Soi/enfants/mari
pas,tu ne manges pas,
il faut travailler
d'abord pour se nourrir, pour nourrir
ses enfants et le mari.
-
Il faut même beaucoup travailler si
on veut avoir un surplus à vendre pour
avoir un peu d'argent et pouvoir faire
face à certaines dépenses en cas de
besoin.
2)- Pour manger, pour elle même et les
-
Soi/enfants/mari
enfants, et le mari.
- Pour avoir un peu d'argent pour
- Soi/enfants
elles mêmes, et les enfants.
3)- Le travail est une nécessité, pour
1 _
Soi/enfants/mari
assurer sa subsistance, et celle des
enfants et du mari.
- Pour prendre en charge les besoins
-
Soi/enfants
des enfants et les siens.
4)- A la campagne si on est paresseuse,
- Soi/enfants
on souffre,
i l faut travailler pour
vivre, pour ses enfants, pour pouvoir
ganger un peu d'argent.

-278-
5)- Pour vivre, pour se nourrir pour
- Soi, subsistance
avoir quelques revenus.
Se marier ?
Pour qui ?
1)- J'ai été mariée, l'intérêt du
1- Enfants
mariage ce sont les enfants
1
i
2)- On m'a mariée, l'intérêt du mariage
- Enfants
1
,
1
ce sont les enfants
3)- On a été mariée de gré ou de force.
- Enfants
1
que le mari plaise ou non.
le but du
mariage pour une femme ce sont les
,
enfants, avec le mari on finit par
s'habituer.
4)- L'intérêt du mariage ? Les enfants.
1- Enfants
!
5)- Moi j'ai été mariée par mon père, on 1 -
Enfants
1
ne m'a pas demandée mon avis.
On ne peut 11
1
pas faire autrement qu'accepter,
sinon
ton père peut te maudire.
Le bénéfice du
mariage ce sont les enfants.
Divorcer ?
Pour des raisons ...
1 )---Cela dépend des problèmes,
mais si
j'ai raison,
je ne me laisserai pas
faire.

-279-
2)- Pour mésentente profonde, manque de
-
2 conjoints
respect.
-
Problèmes de sorcellerie concernant
-
Soi/enfants
les enfants ou moi même.
3)- Si les intérêts des enfants sont en
-
Enfants
jeu, pour les problèmes de famille.
1
4)- Pour des raisons graves,
sinon il
1 -
Enfants/soi
faut travailler dur et prendre en charge 1
ses enfants et leur avenir. Mais si on a
i
1
1
raison,
il ne faut pas se laisser faire.
1
1
5)- Oui pour des problèmes de stérilité,
ou s ' i l y a incompréhension,
cela dépend
des cas.
LES 30/35 RURALES:
Les opinions de ce sous-groupe sont tellement
proches du sous groupe précédent que ce serait nous répéter, et charger
encore plus le passage, que de présenter à nouveau les raisons qu'ont
les 30/35 de travailler,
se marier, etc ...
Aussi passons nous directement pour clore ce passage aux opinions
d'un
sous-goupe
masculin
assez
homogène
pour
y
voir,
et
ceci
en
,
parallèle avec le sous-groupe féminin correspondant, les raisons qu'ont
les femmes de travailler, de se marier, ou de divorcer (ou les raisons
qu'eux auraient de se marier, de divorcer ... ) C'est le groupe des 20/25
hommes scolarisés et urbains.

-280-
LES 20/25 URBANISES SCOLARISES (les hommes)
Pourquoi la femme doit-elle travailler?
Pour qui ?
1)- Il est indispensable que la femme
1 -
Aider "l'homme"
travaille parceque eut égard au coût de
1
la vie actuelle,
l'homme seul ne peut
1
1
plus faire valablement face aux
1
1
i
problèmes sociaux.
1
1
!
1
,2)- Oui pour sa personnalité,
pour se
! - Elle même
1
dégager du mythe de l'emprise masculine. 1
- Pour subvenir aux besoins de la
1- Famille/foyer
1
famille au même titre que le mari.
1
3)- Dans la société moderne le travail
1 -
Soc iété et pour la
l
pour une femme est un devoir.
la
I
1
femme elle même.
i
Congolaise ne peut trouver son salut que 1
1
dans le travail.
1
1
1
- Elle doit apporter sa part
1
-
Famille/foyer
contributive dans le ménage.
1
Il
4)- Il est indispensable que la femme
i - Famille/foyer
travaille pour départager les dépenses
dans ~e ménage.
5)- Oui on ne peut plus limiter la part
-
Société, elle même.
contributive d'une femme au ménage,
puisque ses facultés sont les mêmes que
'el.LeS
I)i'
L'HoMMe

-281-
Se marier ?
1
Pour qui ?
1
1)- Pour vivre
h
.
.
1
avec une personne c OlSle
-
2 conjoints
1
1
2)- Pour vivre avec une personne qu'on
i- 2 conjoints
aime
1
~
1
~
1
- Pour fonder un foyer
1- Famille/foyer
1
!
d 3)- Pour fonder une famille,
un foyer
1- Famille/foyer
~
i
1
4)-
fonder
foyer
Famille/foyer
~
Pour
un
I-
I
~ - Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime 1 - 2 conjoints
1
1
~
i
j
5)- Pour vivre avec une personne qu'on
I- 2 conjoints
.
ij
I
~ aime.
1
,
i
~ - Pour fonder un foyer.
- Foyer
1
i
1
~ Pourquoi divorcer ?
1 Pour
des raisons . . .
~
1
1)- Infidélité du partenaire
I - Les deux conjoints
ij
1
d
- Refus de pardonner une faute
I- Les deux conjoints
1
1
1
- Le désir de toujours régner en
j -
Les deux conjoints
~
i
maître
1
1
1
- La négligence permanente affichée à
- Les
1
deux conjoints
1
1
l'endroit du partenaire
1

-282-
2)- Infidélité (surtout féminine)
-
Les deux conjoints
-
Stérilité dans les deux cas
Incompréhension
-
Les deux conjoints
- Alcoolisme du mari
-
sorcellerie de la part des familles
-
Familles
des deux conjoints.
3)- L'infidélité
-
Les deux conjoints
-
Le manque d'harmonie et son
corollaire,
l'incompréhension totale.
- Les deux con~ioints
1
Incompréhension
I- Les deux conjoints
1
Mariage par intérêt
I- Les deux conjoints
1
La sorcellerie
i- Familles
l1
- L'infidélité
,- Les deux conjoints
1
-
Le mauvais comportement de la femme
- Les deux conjoints
qui travaille.
5)- La stérilité
-
L'insatisfaction de l'homme et la
-
Les deux conjoints
femme en ce qui concerne les rapports
sexuels.

-283-
UN ENTRETIEN TYPE
La personne intérrogée:
Une femme de
35 ans,
ayant comme activité le
petit commerce au marché (vente de poisson salé et séché). Mariée, et
mère de quatre enfants.
L'entretien:
" Les enfants appartiennent au clan de la mère,
ils font partie
du clan de la mère,
il y a donc nécessité de travailler pour la mère,
même si
le mari travaille,
car il n'y a
pas de partage de
biens.
Ce
sont les
mères qui
s'occupent
des enfants,
si
on
aide les
enfants,
l'argent de ceux-ci revient à la mère.
Le mari ne s'intéresse aux enfants que quand ceux-ci sont grands,
sinon,
il s'en désintéresse totalement.
Le mien par exemple,
lorsque
mon fils est parti à Cuba,
il fallait lui acheter son trousseau,
sais-
tu combien il a donné à son fils (200 frs CFA). Que peut-on faire avec
cela à
l'heure actuelle? C'est pareil quand il
faut
aller parler à
l'école, ou quand l'enfant est malade,
il ne connaît pas la valeur de
la scolarité,
toutes les dépenses reposent sur la mère,
ce qui
n'est
pas ,juste.

-284-
Le mariage est important et son intérêt ce sont les enfants pour
arranger la famille-clan.
La joie du mariage ce sont
les enfants;
si
le
mari
se
désintéresse
des
enfants,
c'est
la
mère
qui
doit
tout
supporter; quant au choix du mari,
ce sont les parents qui ont choisi,
si les parents choisissent, on ne peut pas dire non.
La mère
doi t
être
vaillante,
travailler
pour
que
les
enfants
soient .. bien", le père on ne le vo i t pas, la mère a les responsabil i tés
entières. Les hommes ne sont pas bien, ils préfèrent s'occuper de leurs
neveux plutôt que leurs propres enfants surtout les hommes qui ne sont
pas instruits, ils sont impossibles! La mère doit être courageuse,
si
les enfants sont orphelins,
ils dégénèrent,
d'où
l'importance de
la
mère pour les enfants.
Les hommes ne sont pas bien,
il y a beaucoup de divorces à cause
des grossesses des
filles,
si la fille est enceinte,
la mère parfois
est mise à
la porte.
Quant
à divorcer,
c'est
difficile à
cause
des
enfants, on est obliger de supporter,
et les enfants en cas de divorce
restent avec leur père, on supporte pour les enfants, il faut s'occuper
des enfants.
La mère est "le père et la mère".
Les autres qui vivent
à l'européenne avec leurs maris cela peut aller, les autres, les nôtres
sont impossibles!
(est ce que tu écris? il faut écrire cela aussi!
3 ) •
-
à nous.

-285-
Le fait que l'enfant doit rester avec le père,
ceci a été amené
par l'Européen.
La femme est obligée de tout faire,
se nourrir,
tout,
il
faut
de
l'ardeur
au
travail,
à
cause
des
problèmes
et
des
souffrances;
sinon les enfants ne sont pas
bien.
C'est pourquoi les
mères poussent les enfants à travailler, parceque si la mère n'est pas
là,
il Y a des problèmes.
Dans les villages c'est encore pire, le mari ne donne rien,
c'est
la
femme
qui
supporte
tout,
il
ne
donne
rien,
et
il
uti lise
mal
l'argent
que
la
femme
lui
donne.
Ce
n'est
pas
bon de
prendre
les
enfants
et
de
partir
à
cause
du
Kindoki
4, c'est pour cela qu'on
supporte.
pour la santé des enfants.
Les débuts du commerce ont été rendus possibles grâce à un prêt
effectué auprès du père,
il ne faut pas prendre le fonds de commerce
chez le mari sinon, en cas de problème , il se vante, et il rend la vie
impossible aux enfants et à la femme. Il faut faire de telle sorte que
le mari et sa famille ne dise rien de mal à l'encontre des enfants, le
foyer n'est pas divisé,
il faut
maintenir la bonne ambiance,
et être
discret.
- Sorcellerie (traduit du Lari,
l'entretien s'est déroulé en
Lari,
l'expression a été gardée car elle est courante).

-286-
Les
jeunes
manquent
de
discrétion,
dans
les
couples modernes,
l'homme et la femme sont adultères, et ils manquent de dsicrétion,
les
jeunes femmes ne supportent pas, et elles partent. Les hommes âgés sont
discrets,
ils respectent la femme qui est à la maison.
La polygamie entraîne la jalousie, si il y a une deuxième ou une
troisième femme, il y a jalousie pour des raisons affectives, dans tous
les cas, avec ou sans l'accord de la femme,
le mari fait tout pour que
cela
se
réalise,
en
utilisant
des
intremédiares,
ses
soeurs
par
exemple.
Les distractions ? On a pas le temps de se distraire,
le soir on
se dépêche quand on rentre de finir le travail de la maison, puis on
cause avec les enfants et le mari.
Dans
la
société,
si
la
femme
a
de
l'argent,
il
n'y
pas
de
problèmes.
Une
femme qui a
réussie,
c'est une femme
qui
a
beaucoup
d'argent, au niveau social,
elle a plus d'assurance,
au niveau de ses
relations avec les hommes,
elles sont différentes.
Les hommes envient
les femmes qui ont de l'argent et qui sont à l'aise,
ils ne sont pas
contents de l'autonomie financière de la femme.

-287-
En ville,
avant quand l'homme travaillait,
la femme
restait au
foyer, elle souffrait beaucoup, elle devait tout attendre du mari, d'où
la jalousie et l'envie, le mari étant sûr de sa force.
Les femmes sont
plus avisées actuellement, celles qui ne se débrouUl. ent pas et qui ne
travaillent pas sont bêtes !".