UNIVERSITË DE DROIT, D'EcONOMIE ET DE SCiENCES SOCIALES DE PARIS
(PARIS II)
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CONSEIL A;:mC/IJN I:T MA!.G.e\\CHE)
POUR l'ENSr;:GN[MC:\\J1 C,5 P)[":0IEun
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Arriv~e ..2.9. MA.l.l~y5 GGOU .
1Enregistré sous n° 11. a .. ..... 1
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ESSAIS POUR LES FüUDEfv1EIHS ANALYTIQUES D'UNE POLITIOUE
MO~ETAIRE EN AFRIOUE DE L'OUEST: POLITIOUE DES TAUX
D'INTERET OU POLITIQUE DES AGREGATS MONETAIRES?
PRËSENTËEET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE

2
-
- -
1
i
1
L'Université de Droit, d'Economie et de Sciences
Î
l
1
,
Sociales de PARIS n'entend donner aucune approbation ni im-
1
probation aux opinions émises dans les .thêses ; ces opinions
doivent être considérées comme propres
1
à leurs auteurs.

~3-
Je remercie l'ensemble du corps p,rofessoral du D.E.A. de
Théorie et Politiques Monétaires de l'Université de
Paris II en particulier Mme
De Mourgues et ~r
Christian De Boissieu, ma dette intellectuelle à leur
égard Est certaine.
Je remercie êgalement la Direction des Etudes de la
~
B.C.E.A.O. et La Direction de la Banque Nationale de·
Développement du Sénégal qui n'ont ménagé aucun effort
--pour mettre à ma disposition la documentation dont
j'avais besoin.

-4-
l N T R 0 DUC T ION

-5-
l
POSITION DU PROBLEME
La recrudescence du monétarisme (1) ces dernières
années a fait dire à F. MODIGLIANI (2) que "nous étions tous
des monétaristes" en réponse a M. FRIEDMAN qui avait déclaré
"Nous sommes tous des keynêsiens maintenant".
L'enchevêtrement des théories keynésienne
et monéta-
riste sur le plan analytique peut paraître paradoxal quand
on sait que du point de vue des politiques de stabilisation
les keynésiens proposent des politiques interventionnistes
de la part de l'Etat alors que les monétaristes s'opposent à
t 0 utep 0 1i t i que des ta bi lis a t ion car pou r e u'~ l a pol i t i que
desta bil i s a tic n pe r t ur be plu s -, q.~ '_ e 11 e ne r edr e s sel 'é con 0 mie
(1) Michelle de MOURGUES: "Oui à la politique monétaire, non au monéta-
risme" "Le Monde de l'Economie" 27 Sept. 1978.
(2) Franco MODIGLIANI: "The t~onetarist Controversy or, Should \\','e for-
sake Stabilization Policies" ? - American Economic Review ~ars 1977.
(3) John Maynard KEYNES: "La théorie générale de l'emploi, de l'inté-
rêt et de la monnai~" - Petite E~tliothèque Fayot 1976.

-5-
1
POSITION DU PROBLEME
La recrudescence du monétarisme (l) ces dernières
ann~es a fait dire à F. MODIGLIANI (2) que "nous étions tous
des monétaristes" en rêponse a M. FRIEDMAN qui avait dêclarê
"Nous sommes tous des keyn~siens maintenant".
L'enchevêtrement des théories keynésienne
et monéta-
riste sur le plan analytique peut paraître paradoxal quand
on sait que du point de vue des politiques de stabilisation
les keynésiens proposent des politiques interventionnistes
de la part de l'Etat alors que les monétaristes s'opposent à
toute po i i t i que de s ta bili sa t i on car pour e u'~ 1a pol i t i que
desta b; 1i s atic n pe r t ur be plu s ',9-~. '. e 11e ne r e dr e s sel 'é con 0 mie .
..
{l} Michelle de ~lOURGUES : "Oui à la politique monétaire, non au lilonéta-
risme" "Le Monde de l'Economie" 27 Sept. 1978.
(2) Franco MOD1GLIANI : "The Monetarist Controversy or, Should \\i,oe for-
sake Stabi1ization Policies" ? - American Economie Review Mars 19ii.
(3 ) John Maynard KEYNES: "La thêorie gênérale de l'emploi, de l'inté-
rêt et de la monnai~" - Petite Eibliothêque Fayot 1976.

-6-
C'est pourquoi le rappel des bases analytiques de
ces deux thêories nous semble nêcessaire pour resituer le
dêbat.
i
1
1
Ecrivant dans la sombre période des années 30, John
,
1
M. KEYNES (1) va rompre avec les automatismes autorégulateurs
1
i
des économistes classiques (RICARDO, J.S. MILL) et néo-clas-
1
1
siques (WALRAS, PIGOU, MARSHALL).
1
)
Têmoin de la crise de 1929, il pense que les mécanis-
mes de marché laissés à eux seuls aggravent le chômage et la
!
récession. Pour l'auteur de la Thêorie Génêrale. l'interven-
tion de l'Etat est une nécessitê pour retrouver les êquili-
1
i
1
bres économiques qui ont nom.plein-emploi, stabilité des
, 1
, 1
prix, équilibre extérieur, croissance stable et durable,
,
etc ••.
1
En outre des observations empiriques lui montrent que
la constance de la propension marginale à consommer était
1
synonyme de stabilité de la fonction de consommation de biens
1
et servic~s, ce qui l'amenait à conclure que pour relancer
l'économie, l'Etat devait accro1tre la demande effective par
le canal des investissements ou de la consommation car la' de-
'.
.
mande effective est fluctuante parce que anticipée.
(1) J.M. KEYNES
"La Théorie Générale de l'emploi, de l'intérêt et de
la monnaie" - Petite Bibliothèque Payot 1976.

-7-
Dans la thêo~ie nêo-monêtariste incarnêe par son chef
de file .Milton FRIEDMAN, ce qui est stable ce n'est pas la
fonction de consommation mais la fonction de demande de mon-
1
naie My = -ty, formulation quantitative originelle ou plus
1
exactement sa formulation friedmanienne tenant compte de va-
1
riables patrimoniales.
En effet, FRIEDMAN (1) introduit le patrimoine comme
moyen de résoudre le problème posé par la contradiction,
apparu dans les résultats de l'étude de la relation monnaie-
.
revenu dans la courte et la longue période: stable en longue
période, la relation monnaie-revenu l'est beaucoup moins en
courte pêriode, le revenu variant à des taux parfois triples
de ceux des variations de la quantité de monnaie.
Pour FRIEDMAN, l'agent ajuste ses encaisses non à son
revenu actuel "constaté", mais à son revenu de longue pério-
de qu'il appelle "revenu permanent", revenu considéré comme
le flux normal de revenu que l'agent espère de la possession
d'un patrimoine qui est le patrimoine total qulil s'attend à
posséder au cours de sa vie.
Ce patrimoine comporte des actifs physiques, financiers et
humains.
(1) M. FRIEDMAN: IIThe demand formoney, sorne theoritical and empirical
Results" - Journal of Political Economy - AoOt 1959

i'
!
-8·-
1
f
l
Le débat auquel nous essayons de participer aujourd'hui
1
!
i
porte donc sur la stabilité ou l'instabilité des fonctions
de consommation et de demande de monnaie et ses conséquences
1
1
pour les Etats de l'Afrique de l'Ouest.
il
En effet, si dans cette partie du monde, "structura-
listes" et "néo-libéraux" essaient de faire prévaloir leurs
thèses, ce ne sont pas là des théories fondamentalement nou-
velles de l'analyse économique, mais bien des théories ins-
pirées des courants originels que sont les analyses keyné-
siennes et monétaristes.
Néanmoins, si dans l'essence les structural istes sem-
blent rejoindre des positions keynésiennes dans leur politi-
que pendant que les néo-libéraux s'allient aux solutions mo-
nétaristes, leur démarche, leurs hypothèses de départ, en
somme leur méthodologie diffèrent de celles des keynésiens
et des monétaristes.
Du côté des structuralistes, on évoque des déficiences
structurelles liées au marché international :
- les règles du commerce international impliquent pour les
....
pays sous-développés des
termes de l'échange sans cesse
. .
décroissants.
le rôle des pays sous-développés se réduit a l'exportation
de matières premières, activité ~ont les structuralistes
contestent l'impact dans le développement socio-économique.

-..9-
Cette constatation amène des auteurs comme R. PREBISCH
et CHENERY à préconiser de la part de l'Etat, non pas des po-
litiques monétaires, mais des politiques de substitution aux
importations.
Il s'agirait pour les pays sous-développés d'accro~tre
leur industrialisation sur le plan local pour absorber le dé-
ficit de leurs balances de paiement.
Samir AMIN (1) va plus loin. Expliquant dans son ouvrage que
le sous-développement avait pour origine la colonisation, il
estime que la rupture avec le commerce international est une
condition nécessaire au développement.
La thèse néo-libérale elle, est une analyse monétaire.
Constatant grâce à l'effet "conduit", qu'il n'y a pas de sub-
st,tut~ possible à l'actif monnaie,
SKINNON (2) pense que
dans les pays sous-développés l'accroissement d'encaisses
est synonyme d'accroissement de l'investissement (contraire-
ment à l'analyse néo-classique).
"'~ -
Aux yeux dl"'S néo-libéraux, l'inefficacité de la poli-
t i que mon é ta ire dan s 1es pay s sou s - ci é vel 0 p'p é ses t dû e à l' in-
tervervention de l'Etat dans ce secteur.
(1) Samir AMIN: "L'accumulation à l'éche11e mondiale - Crit1c;ue de la
Théorie du Sous-Développement" l.F.A.N. Dakar - Editions Anthrcpos
Paris 1970.
(2) R.I. MCKINt.;QN : "Monev and Capital ;r, Economie Developr:-:ent" - The
Brooking Institution 1973.

-10-
La 'r épre s s ion fin a nc i ère" de l ' Eta t, i l lus t rée par l a
création excessive de monnaie et l'octroi sélectif de crédit
au profit de l'agriculture accentue les déficiences structu-
relles inhérentes aux pays sous-développés.
1
"
1
II/
OBJET
de
L'ETUDE
1
1
La t
ous assignons est, du point de vue
méthodologi
r des modèles originels que sont
les modèles
monétariste.
Car, à notre avis, les deux théories des pays sous-
développés excluent les comportements des agents économiques
(autres que l'Etat et l'Extérieur) dans leurs analyses.
Lié~ude de ces comporte~ents que nous tenterons grâce
."
aux fonctions de consommation et des demande~de monnaie est
plus que nécessaire .


-11-
Il ne suffit pas en effet, à la Banque Centrale. d'u-
tiliser la monnaie ou le taux d'intérêt comme indicateurs de
la politique monétaire.
Les autorités monétaires ont aussi besoin de savoir
comment réagissent les agents économiques face à une impu1-
sion de monnaie dans l'économie.
La connaissance de la stabilité ou de l'instabilité
de ces comportements vis-a-vis de la demande de monnaie cu
de la consommation des biens et services est un atout majeur
dans la- décision des resporlsables de la politique monétaire.
C'est pourquoi nous essayons dans ce travail de trouver les
fondements analytiques de ce qui pourrait être une politique
monétaire en Afrique de l'Ouest.
Malgré les difficultés à retrouver les données rela-
tives à la consommation ou aux variables explicatives de la
demande de monnaie pour des pays dont les services statisti-
ques sont encore peu fonctionnels, l'intérêt de la question
valait bien notre acharnement à découvrir la réponse à la
question que nous nous posons
En se fiant aux comporter.ents
d!:~~,=-~~=--~~no_m_~q~es,_ qu~e_.e s t _l~_po]. i tique me néta; re 1a
plu sad équa t e dan s 1e spa ys de liA f r i que del.,' 0uest ?
_ . _ _ _ _
_ _
_ _
_
••
_ 0 .
"
_
_
_ .
_ _
• _ _ ••

~
_ _ ~

-12-
Cependant, des raisons matérielles font que dans un
premier temps nous "excluonsll de l'Afrique de l'Ouest les
pays anglophones comme le Libéria, la Sierra Leone et le Ghana,
pays dont les statistiques ne nous sont pas disponibles, en
espérant remédier â cette lacune dans des travaux ultérieurs.
En fait, pour des raisons techniques, nous limiterons
notre travail aux pays francophones comme le Mali, la Mauri-
tanie et surtout aux six membres de la Banque Centrale de .
l'Afrique de l'Ouest (B.C.E.A.O.), organisme public interna-
tional assurant la gestion de la monnaie commune du Bénin,
de la Côte d'Ivoire, de la Haute Volta, du Nig~r, du Sénégal
et du Togo). Cette monnaie est le franc C.F.A. (Communauté
Financière Africaine).
Grâce aux procédés de la statistique et de l'économé-
trie, nous nous sommes attachés à retrouver les variables
explicatives des fonctions de demande de monnaie et de consom-
mation de biens et services dans les pays sous-développés de
l'Afrique de l'Ouest. Si pour l'essentiel ces variables sont
celles de théories originelles du monde développé, il est in-
téressant de noter que pour aucune de ces fonctions, les es-
timateurs .des varia~les explicatives ne sont constants. Au
.
fil des années ces variables évoluent et selon les pays consi-

......

-1·3.-
'dérês, il Y a une différence assez sensible dans les valeurs
absolues de ces variables.
Ces remarques préliminaires appellent déjà quelques
réflexions: dans des pays dits "en retard" (1). 00 par consé-
quent les mécanismes de mârché sent embryonnaires, peut-on
faire prévaloir une politique libérale. surtout dans un do-
maine aussi vital que celui des mécanismes monétaires et fi-
nanciers ? Cette remarque en appelle une autre: S'il est vrai
que les automatismes de marché n'existent pas. dans quelle
mesure la "main- invisible" dont parlait A. SMITH peut-elle
réguler l'économie monétaire des pays de 1 IAfrique de l'Ouest 7
L'intervention de l'Etat peut-elle se faire dans le
secteur monétaire ou doit-elle plutôt se faire dans les autres
s"ecteurs de l'économie comr.1e le suggèrent les structuralis-
tes;
doit-elle plutôt disparaftre pour que cesse la "ré-
pression financière" qui inquiète les néo-libéraux?
Il apparaît en filigrane que le débat entre néo-libé-
raux et structuralistes conduit aisément au débat entre moné-
taristes et keynésiens.
(1) ROSTOW : "Les Etapes de la Croissance Economique" - Cambridge 1960.

-14-
Les structuralistes préconisent avec l'intervention
de l'Etat, des méthodes keynésiennes. Il est intéressant de
noter à ce propos que si pour les pays sous-développés les
structuralistes pensent que l'action de l'Etat devrait por-
ter davantage sur les politiques d'industrialisation permet-
tant leur substitution aux importations, KEYNES (1), aussi
dans la théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la
monnaie, doutait de l'efficacité de l'arme que constitue la
monnaie en écrivant
"Pour notre part, nous sommes aujour~
d'hui assez sceptique sur les chances de succès d'une poli-
tique purement monétaire destinée à agir sur le taux de l'in-
térêt. Nous nous attendons à voir l'Etat, qui est en mesure
de calculer 1 'efficacitê marginale des biens capitaux avec
des vues lointaines et sur la base de l'intérêt général de la
1
!
communauté, prendre une responsabilité sans cesse croissante
1
;
dans l'organisation directe de l'investissement".
1
1
1
1
Pour les néo-libéraux, la "parenté" avec les monéta-
1
ristes est plus facile à découvrir, comme ces derniers, ils
j
font confiance aux mécanismes de marché et préconisent une
1
,
progression constante de la masse monétaire.
1
1
.'~'
1
~'.. '.
t;!~
Dès 1t> r s, l'e pro b1ème à rés 0 udr e r evie nt à s e deman - .
l:i,
;-..<;'
.-'1::
(1) J.M. KEYNES: IIThéorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie" - Petite Bibliothèque Payot, page 176 Chap. 12.

-
-15-
der quel est l'instrument adéquat pour une politique moné-
taire en Afrique de l'Ouest: est-ce le taux de l'intérêt,
comme le pensent les keynésiens ou est-ce une politique de
fixation des normes de croissance des agrégats monétaires,
a la manière des monétaristes 7
Si dans notre étude économétrique, nous avions une sta-
bilité de la propension marginale a consommer et une insta-
bilité de la demande de monnaie, le débat pourrait être clos
d'emblée, donnant raison aux thèses de KEYNES.
Si par contre l'inverse s'était produit, les monéta-
ristes - et avec eux les néo-libéraux - verraient leur point
de vue justifié et leur proposition adoptée. Mais dans ce cas
présent, une attitude éclectique s'impose, en effet, au lieu
d'uneinstabi1ité de l'une des fonctions, nous avens une re-
lative instabilité des deux fonctions.
Ce résultat fait aussitôt penser aux travaux de POOLE(:
et A ceux de MODIGLIANI.
En effet pour POOLE, l'instabilité des deux fonctions
doit dicter une politique â la fois des taux d'intérêt et des
agrégats monétaires. Lorsqu'en 1975, le Feàera1 Reserve Bank
(1) W. POOLE: "Optimal Choice of Monetary Policy Instru~ents in a Sirrple
Stachastic Macro Model" Quartely Journal of Economies, May 1970.

--16-
des U.S.A. s'assigna des fourchettes de croissance pour Ml'
M , M et le taux
2
3
d'int~rêt de l'argent au jour le jour,
1 'on crut assez ~apidement que cette méthode du "target" per-
mettrait d'endiguer l'inflation et de retrouver le plein-
emploi et une croissance plus soutenue.
Hélas, l'administration CARTER est en train de battre
un record d'inflation (14 %), quatre années après la mesure
du Fed.
Dans son article, MODIGLIANI (1) a montré que contrai-
rement aux propos des monétaristes, entre 1947 et il les pé-
riodes de déséquilibres aux U.S.A. coincidaient avec une rela-
tive stabilité de la croissance monétaire; à son avis, plus
que l'action de l'Etat, clest les "chocs" en provenance de
l'Offre et non de la demande qui étaient à 1 'origine des dé-
séquilibres économiques; toujours selon cet auteur, ces chocs
"exogènes" échappaient généralement aux prévisions des res-
ponsables de la politique économique et expliquaient les dif-
ficultés qu'ont ces derniers à r~guler l'économie. Mais peut-
on expliq~er toutes les difficultés de l'économie internatio-
nale grâce aux problèmes énergétiques?
Il appar~it d'ores et déjà qu'il serait fallacieux de
.,
~
.(1) F. MODIGLIANI: "The Monet~rist
Controversy or, Should We Forsake
Stabilization Polic~es" ? - American Economie Review Mars 1977 .
1


• -17-
préconiser pour l'Afrique de l'Ouest une politique monétaire
combinant le taux de l'intérêt et les agrégats monétaires
sans tenir compte des problèmes (contraintes 7) additionnels
spécifiques aux pays de cette partie du monde.
f
En effet, si les difficultés d'approvisionnement en
pétrole sont un des facteurs exogènes évoqués par MODIGLIANI,
la détérioration des termes de l'échange, consécutive à une
instabilité des cours des matières premières pendant qu'aug-
mentent les prix des produits importés, cette détérioration
donc entraîne une ponction de plus en plus importante sur les
réserves en devises des pays de cette zone.
En plus de ces goulots d'étranglement d'origine exter-
ne, l'inefficience sur le plan institutionnel demeure une
tare dans les mécanismes financiers et monétaires en Afrique
de l'Ouest. Dans l'ensemble de ces pays, il n'existe qu'un
seul marché financier situé en Côte d'Ivoire, et le caractère
expérimental de ce marché crée il y a trois ans et à peine
fonctionnel, fait que dans ce domaine tout reste à faire en
ft.frique.
Or, si avec GURLEY et SHAW (1), on retient que: "Un
système financier qui manque de maturité est par lui-même un
(1) GURLEY et LS.
P,,ô.\\-::
"La· ~lonr,êie dans une théorie des Actifs
FinHciers". Cu as 1974.

-18-
1
obstacle au progrès économique", il apparaît clairement que
1
!
la politique monétaire en Afrique de 1 'Ouest, qu'elle privi-
1
légie le taux d'intérêt ou les agrégats monétaires, doit,
1
ç
d'a b0 r d êt r e une pol i t i qu·e qui f av0 ris e l ' i mpla nt at ion et l a
diversification du système financier et partant, le dévelop-
pement de l'intermédiation financière.
Si des pays comme la Côte d'Ivoire ou Le Sénégal comp-
tent un grand nombre de banques commerciales, on s'interroge
à juste raison sur leur action dans le développement socio-
économique de ces pays.
Durant la période coloniale, la finalité et l'organi-
sation des banques répondaient d'abord au besoin de finance-
ment des exportations de matière première et des produits de
l'agriculture vers les métropoles. Ce ·système était donc peu
enclin à s'intéresser aux circuits financiers et monétaires
de l'économie traditionnelle à dominance rurale. Si l'acces-
sion à l'indépendance politique a mis fin à cette politique
explicite, l'étanche cloisonnement subsiste, entre d'une
part un système bancaire urbain organisé pour répondre au fi-
1
nancement des secteurs modernes, et d'autre part des systè-
ii'1
mes de crédit jnformels largement implantés auprès des popu-
...
1
1
,
.' 1atic ns r u-r ale s .
1
i

, .
-ï9-
Si les structures africaines et occidentales sont dif-
férentes du point de vue de la perfection et de l'organisation,
1 'homo-économicus africain raisonne et réagit comme 1 'occiden-
tal quant à la recherche de la rentabilitê cu simplement de
l'intérêt dans ses décisions économiques. Cet argument à lui
seul commande l'action de l'Etat dans 1e secteur financier et
monétaire peur son organisation et son imp1antation dans 1es
secteurs vitaux de l'économie, notamment 1e monde rura1.
La tache des autorités monétaires en Afrique de
1 'Ouest est comp1exe : i1 faudra assurer 1a gestion de la
monnaie commune en uti1isant 1es agrégats monétaires et/ou
1es taux d'intérêt; ce qui amène dans un pays où les méca-
nismes de marché sent rigides à fixer ou 1'une ou l'autre de
ces deux variables étant donnée 1a situation de déséqui1ibre.
Et puis, quel que soit 1'instrument, i1 est condamné â terme
s'il nlentra~ne pas une dynamique des institutions monétaires
et financières.
Dès lors, notre question se précise
- Comment utili-
ser simu1tanément les agrégats monétaires et le taux de 1'in-
térêt dans une politique monétaire devant favoriser le déve-
loppement des marchés monétaires et financiers, et ce1a dans
une situation de d€séquilibre
?

-20-
Pour répondre A c~
/
\\
. '
d'interroger les com~or.
=:1
:"D
aspect économêtriqUt~:t
litique monétaire te\\~
ces comportements.
,,,
~ -
'<';'.(".
,"
~fi_ \\-
PLAN
de
la
THESE
La thèse comprend trois parties.
Dans une première partie
nous interpréterons les faits
t
et les résultats empiriques.
Après une justification des fonctions de demande de
consommation et de monnaie
nous estimerons les coefficients
t
de corrélation. A ce niveau et sans négliger les hypothèses
économétriques fondamentales
nous mettrons surtout l'accent
t
sur les variations de ces coefficients
car notre probléma-
t
tique est de savoir si les fonctions sont stables ou insta-
bles, phénomène que nous vérifierons grâce A la constance ou
A la variabilité des estimateurs (les tests de DUBIN WATSON t
.
-
s'i·Js .renseigtlent sur le degré de confiance des estimateurs •


\\
- 21".
,
n'influent pas a proprement parler sur notre analyse qui
a pour objet de comparer l'évolution des estimateurs dans le
temps) •
Les conclusions de cette première partie seront donc fonda-
mentales quant aux positions que nous prendrcns dans le dé-
bat théorique qui sera l'objet de notre deuxième partie.
A ce niveau, nous rappellerons les thèses quantitati-
vistes. monétariste et néo-libérale en montrant ce qui les
oppose aux théories keynésiennes et structuralistes en matiè-
re de politique de stabilisation et canaux de transmission
d'une impulsion monétaire dans l'économie.
La troisième partie sera consacrée à la politique mo-
nétaire.
Mais nous estimons qu'on ne peut pas prÉconiser une politi-
que sans la situer par rapport à son cadre juridique. écono-
mique et politique.
Cette remarque nous amènera à présenter une variante
du structuralisme, celle-là liée à la nature juridique des
institutions monétaires des Etats de l'Afrique de 1 'Ouest et
aux relations qui unis'sent ces Etats à la République Fran-
çaise.

-22-
En analysant ensuite la politique actuelle de l'Union
Monétaire Ouest Africaine, nous nous attacherons à montrer la
nécessité de l'intervention de l'Etat dans le domaine moné-
taire pour les pays sous-développés en général, pour l'Afri-
que de l'Ouest francophone en particulier •
.,.
. .
..
..
'

-23::-
PR Ef~ 1ER E
PARTIE

-24-
EiUDE SUR LES COMPORTEMENTS ECONOMIQUES
L'INSTABILITE des fONCTIONS de DEMANDE
de MONNAIE et des fONCTIONS de CONSOMMATION.
· ..
J
1

-25-
Cette première partie a un rôle fondamental dans
notre travail. C'est grâce aux propriétés économétriques des
fonctions que nous argumenterons sur le plan théorique.
Néanmoins il demeure évident que nous nous attarderons
peu sur certains détails théoriques de l'économétrie: notre
but étant la vérification de la stabilité ou de l'instabilité
des fonctions de demande de monnaie et de consommation, il
nous suffira de trouver les coefficients de corrélation entre
variables explicatives et variables expliquées et de voir si
dans le temps ces coefficients sont constants ou variables.
En outre, la théorie économique nous a enseigné plu-
sieurs types de fonctions dè demande de monnaie: des foncticr:~

-20-
keynésiennes - faisant dépendre la demande de monnaie du re-
venu et du taux d'intérêt - des fonctions néo-keynésiennes
introduisant la sélection de portefeuille (TOBIN) (1), des
fonctions quantitativistes ou néo-monétaristes, avec la syn-
thèse de M. FRIEDMAN.
Etant donné la nature de notre question qui porte sur
la vérification des thèses monétaristes ou keynésiennes. il
va de soi que la fonction de demande de monnaie. que nous·
étudierons sera une fonction monétariste pour au moins deux
raisons: d'abord il nous faut savoir si c'est la demande de
monnaie qui est stable et la propension à consommer variable
et puis le mérite de M. FRIEDMAN réside dans le caractère
synthétique de la fonction de demande de monnaie qui inclue à
la fois les apports des auteurs "classiques'I et ceux de KEYNES.
Notre première partie comprendra donc deux chapitres.
Le premier sera consacré à la demande de monnaie. De
la théorie quantitativiste à la fonction de FRIEDMAN, nous
ferons une synthèse des thêories de la demande de monnaie
avant de consacrer la deuxième section de ce chapitre aux
résultats empiriques. Nous y incluerons également les théories
.de la demendi de monnaie relatives aux pays sous-développés
(1) J. TOBIN
"The Interest Elasticity of Transactions Demand for Cash"
Review of Economies and Statistics - Août 1956.

;;,27-
avec notamment les thèses du nigérian ADELUNKE.
Dans le deuxième chapitre. neus ferons le tour sur
les théories relatives a la fonction de consommation. avec
notamment les travaux d'ANDO et MODIGLIANI. de DUESENBERY.
de FRIEDMAN, etc ... essayant de justifier pourquoi finalement
la fonction keynésienne de consommation nous semble préféra-
b 1e .
La aussi. la deuxième section de ce chapitre IImettre
â 1 1 êpreuve ll la théorie économique grSce aux vérifications
empiriques dans les pays de i 'Afrique de l'Ouest.

..
-28-
CHAPITRE l
L'INSTABILITE DES FONCTIONS DE DEMANDE DE
~10 NNA l E•
SECTION 1
LES THEORIES SUR LA DEMANDE DE MONNAIE.
On y distingue, selon la présentation de PATINKIN (1),
une version des encaisses et une version des transactions .

La première versio-n associée essentiellement aux noms de
~! ALRAS, ~1 A.RSHAL L., W1C1(SEL L, s upp 0 s e que 1e sin div i dus dés ire nt
.
. ..
(1)
Do.n PATINKINI
. 0
_
"La Monnaie. l'intérêt et les prix"
,tfCl'i<'
. P.U:~.·
,•.:..-,.

~29-
détenir, pour leur commodité, une certaine proportion K du
volume réel de leurs transactions T, sous la forme d'encais-
ses monétaires réelles.
La demande de ces encaisses correspond alors à KT, ou PKT,
si nous l'exprimons sous la forme nominale, P étant le ni-
veau des prix des marchandises négociées. L'égalitê entre
cette demande de monnaie et l'offre de monnaie forme l'équa-
tion de Cambridge M = KPT.
La version des transactions est·elle essentiellement
associée aux noms de NEWCOMB et FISHER (1).
Le rapport K y est remplacé par son inverse V, vitesse
de circulation de la monnaie, ce qui nous donne MV = PT .

Selon cette équation, la valeur totale des achats
permise par la monnaie est égale
â la valeur totale des
biens achetés. "Nous serions bien entendu en présence d'une
tautologie ou même d'une redondance, si cette relation comp-
table n'était transformée en relation causale, par
introduc-
tion d'un certain nombre d'hypothèses" (2)
La quantité de biens est donnée de façon exogène, la prc-
duction ne dépendant que de la quantité de facteurs combi-
(1) FISHER 1. : "The Purchêsing F'O\\·,'er of ~~oneyll
New York 1913.
(2) Michelle de MOURGUES: "Econcrr.ie Monétaire
II Thforie et Politiclie monétaire$" deuxièrr,e édition
Calloz 1976 p. 15.
.

~30-
née par les entrepreneurs.
- V, coefficient technique ne dépend que du type et de la
lt~
périodicité des paiements.
1
1
La quantité de monnaie est exogène.
1
1
!!,
Il en découle que le niveau général des prix dépend
t
1
uniquement du volume de monnaie en circulation.
~
1rt
Si le raisonnement déductif de FISHER est sans faille,
1
~
il n'en demeure pas moins qu'il reste simplifié.
"Si toutes les variables d'un modèle sauf une sont indépen-
dantes, l'existence d'une relation exige que la dernière va-
riable soit dépendante et que par elles s'opèrent les ajuste-
ments nécessaires" (1).
Pour confirmer les conclusions essentielles de l'ana-
j
1
lyse classique, WALRAS postula qu'un système de prix relatifs
assurant l'équilibre sur tous les marchés existait, il le fit
1
1
grâce à sa loi selon laquelle la somme des demandes excéden-
taires sur l'ensemble des marchés est nulle. Seulement les
1
conséquences de cette loi renforcent la dichotomie entre sec-
1
teurs réel ·et monétaire et en plus, il est contradictoire
1
avec i"effet d'ençaiss~ réelle de PIGOU.
j
!
(1) Michelle de MOURGUES: déjà cité page 28.
\\
1
1 .
1
1 .

~31-
titative de la dichotomie à la neutra-
-------------------------------------
1i té.
Avec PIGOU, la théorie quantitative appara~t pour la
première fois sous une véritable forme de demande de monnaie,
c'est-a-dire, un certain comportement monétaire des agents
économiques.
L'équation devient
M
= ky
P
Avec l'effet d'encaisse réelle. une hausse accidentelle des
prix, non accompagnêe d'un accroissement de monnaie est im-
possible; de même un accroissement de la quantité de mon-
naie en circulation réagit sur le niveau général des prix.
L'inflation est donc là un phénomène mon~taire, une
"e nfl ure !Tt 0 né t air e" (1) ; 1es a jus t emen t s par l.e s pr i x sen t
-;~~i~~
1es se u1s qui soi en t po s si b1es: 1a mon na; e e--s t;~:.f!e-u t r e, e 11 e
:.+.
(1) Pierre 8IACABE : "Analyses contemporaines de l'inflaticn~ - Paris
Sirey - 1962.
."
",,'

~32-
n'influence ni les goQts ni les préférences des consommateurs,
ni la valeur relative des différents biens offerts.
Avec PIGOU, une conclusion essentielle appara~t : le
. prix de la monnaie est, de par les propensions psychologiques
des agents à détenir de la monnaie, rigoureusement dépendant
de sa quantité alors qu'avec la loi de WALRAS, si nous fai-
sions du marché de la monnaie le nième marché, son prix était
indéterminé.
Puisque avec PIGOU, un accroissement de la quantité
de monnaie se traduit par un accroissement des dépenses des
agents, ce qui accro~t les prix jusqu'à ce que le rapport
M
P
soit celui désiré, la relation causale entre la monnaie et
les prix n'est plus du tout une relation mécanique, mais bien
au contraire, la conséquence économique de l'effet préalable
des variations de la quantité de monnaie sur la demande des
marchandises.
Ainsi PATINKIN a-t-il raison de dire que la variation
de la q~antité de monnaie n'avait pas toujours des effets neu-
tres.
..
En p1us d'~vbir fait "sauter" la dichotomie et certains
.
.

-33--
aspects de la neutralités PATINKIN souligne que s par opposi-
tion aux théories néo-classiques, aucune des premières théo-
ries quantitatives ne peut être considérée comme ayant reconnu
l'effet d'encaisse réelle dans son sens plein; car aucune
d'entre elles ne mit en évidence le stade intermédiaire fonda-
mental selon lequel les individus accroissent leur flux de
dépenses parce qu'ils ont le sentiment que leur stock de mon-
naie est trop grand par rapport a leurs besoins.
PATINKIN estime que ces formulations s comme celles de
KEYNES reliaient plus ou moins àirectement l'accroissement
des flux de dépenses monétaires à l'accroissement des flux
de recettes monétaires.

-34-
Paragraphe 3
1°) - L'apport de KEYNES
Deux incitations nettement différenciées déterminent
le besoin d'encaisses monétaires.
Une partie du besoin monétaire découle de la nécessité d'opé-
rer des transactions auxquelles elle est techniquement liée
d'une façon stable.
L'autre partie du besoin correspond au désir de déte-
nir de la monnaie. Cette encaisse qui est celle de thésauri-
sation est liée au taux d'intérêt de la période et aux pré-
visions sur la variation de ce taux en situation d'incerti-
tude, ce qui confère à la demande globale de monnaie son ca-
ractère instable.

-35-
A) LES ENCAISSESiLIEES AU REVENU
Elle assure les paiements de la période et ~ventuelle­
ment ceux du futur. Pour l'auteur de la Thêorie Gén~rale,
l'encaisse de transaction et l'encaisse de précaution sont
directement liées au revenu de la période.
- L'encaisse de transaction correspond au motif de revenu
(pour les m~nages) et au motif d'entreprise. Entre deux en-
caissements de revenus, elle permet aux ménages de faire fa-
ce â leurs paiements et aux entreprises d'honorer leurs en-
gagements entre les frais de production et la vente des
produits.
Dans 1 'a~alyse classique, seule cette encaisse
faisait
l'objet des études.
- L'encaisse de précaution n'est pas très détaillée dans la
Théorie Générale, mais elle correspond à l'encaisse que les
agents gardent par devers eux pour faire face à des dépenses
inoppinées. Cette ferme d'encaisse aura une place de choix
dans la théorie du portefeuille.
Notons cependant qu'il n'existe pas un cloisonnement étanche
entre l'encaisse de transaction et l'encaisse de précaution.
/

-36-
B) L'ENCAISSE LIEE AUX TAUX D'INTERET
LA TH ESAUR l SATION.
Son rôle est essentiel, Grâce à la thésaurisation les
effets d'une variation de la quantité de monnaie sont trans-
mis au revenu. L'encaisse thêsaurisée détruit ainsi "le sché-
ma soigneusement élaboré par les classiques et plus particu-
lièrement le principe de la neutralité de la monnaie ll (1).
La thésaurisation est liée à la spéculation qui est
"la prévision de l'état psychologique du marché" (1),
Pour KEYNES, spéculer consiste à faire des prévisions
sur la hausse ou la baisse, du taux d'intérêt (taux des actifs
financiers). La spéculation conduit les agents à substituer
la monnaie aux titres ou les titres ~ la monnaie.
Malgré son aspect individuel, la prévision est régie par des
rêgles "conventionnelles",
En effet, l'auteur de la Théorie Générale pense qu là
chaque moment, il existe un taux de longue période considé-
ré comme normal. Les agents comparent ce taux normal au taux
actuel et déterminent leurs placements en conséquence. Cela
(1) J.M. KEYNES-; l'Théorie Générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
Monnaie~ --Petite Bibliothèque Payot 1976.
Cet ouvtâ~e est la traduction française de :
"The General Theory of Employment, Interest and Money"
Matmillan ST Martinlls Press February 1936.

-37-
explique peut-être la grande élasticité de la fonction de li-
quidité. Une variation légère du taux par rapport à la normale
pouvant amener de fortes variations de la demande de monnaie.
En résumé la fonction keynésienne se présente ainsi
Md
besoin total de monnaie
Ml
encaisse liée au revenu (transaction et précaution)
M
thésaurisation.
2
2C ) - Les néo-keynésiens
BAU l,' 0Let T0Bl N (1), son t 1e s plu s c i tés dan s cet t e
formulation de la demande de monnaie; l'accent étant mis
sur la liquidité et l'analyse du portefeuille. L'apport es-
sentiel de KEYNES dans la théorie de la demande de monnaie
aura été l'idée selon laquelle, la monnaie n'est pas désirée
uniquement à cause des biens qu'elle sert à acquérir, mais
aussi pour elle-même. C'est cette idée qui sera intégrée et
approfondie dans une analyse des choix financiers.
( 1) W.
BALI r~ al:
"Th e T ra nS â C t i on s De lT,a n d for Câ S h.
An Inventory Theoritic Approach"
Quarte1y Journal of Economies Novembre 1952
J JOB If~
:
" l i qui dit Y Fr e fer e n ce a b eh a vi 0 r t 0 v,' â rd 5
Risk" Review of Econorr,ic Studies Fév 1958

-
-38-
A)
LA SUPERIORITE DE LA LIQUIDITE
A cause de sa négociabilité indéterminée, de son
coût de transaction exprimable en frais de courtages
ou d'honoraires, la fonction transactionnelle de la
monnaie demeure prépondérante par rapport aux autres
biens.
La monnaie est le seul lien qui assure contre l'in-
solvabilité dans une économie où les paiements s'é-
chelonnent sur plusieurs périodes.
La monnaie conserve sa valeur réelle en cas de bais-
se des prix, cas hélas devenu rare aujourd'hui.
Néanmoins, la monnaie. par la supériorité qui lui assure la
liquidité parfaite qu'elle seule possède, a une valeur impor-
tante et fait l'objet d'une demande propre et surtout d'une
détention par chaque agent.
B)
LA SELECTION DE PORTEFEUILLE
Selon que les agents aiment le risque ou aient une
aversion po~~ le risque, l'analyse établit la structure de
.. ..
..'

-39-
leurs portefeuilles en situation d'incertitude •
. Le portefeuille des agents sera diversifiê pour les
assurer contre le risque
il comportera monnaie,
actifs financiers(titres) avec des êchéances variées
allant des dépôts à terme (liquiditê quasi absolue)
aux rentes perpétuelles (liquidité nulle) .
• Le rendement du patrimoine sera dêterminé par le ren-
dement monétaire de chaque actif (taux d'intérêt) et
le rendement non pécuniaire (degré de liquiditê).
l'agent égalise les utilités marginales procurées par
les différents actifs. les quantités de tous les actifs ne
peuvent excéder le point où la somme du rendement marginal pé-
cuniaire et non pêcuniaire qu'ils procurent est égal au taux
d'intérêt des rentes perpétuelles (taux constant et égal à
..
son utilité marginale).
Gr~ce à cette analyse, nous avons une explication de
la structure des taux d'intérët à court, moyen et long terme,
par le différentiel de liquidité procuré par ces différents
actifs.

-40-
3°) - La fonction néo-classique de la demande de mon-
naie : La synthèse de Milton FRIEDMAN.
Nous empruntons ici à PATINKIN (1) sa définition du
courant néo-classique: ilLe terme "néo-c1assique" est utilisé
pour désigner de façon abrégée le courant de pensée, pendant
longtemps très largement accepté, qui organisait la théorie
monétaire autour d'une équation de type équations de transac-
tions ou équations d'encaisses et qui utilisait ces équations
pour démontrer la validité de la théorie quantitative c1assi-
que de la monnaie".
A la manière wal rassienne, l'analyse sera donc une
analyse de l'équilibre général; l'objectif étant d'inclure
la monnaie dans la fonction d'utilité des agents pour en
faire un bien doté d'un rôle spécifique objet d'une offre et
d'une demande sur un marché.
Avec la notion d'encaisse réelle, PIGOU a mis en évi-
dence le fait que les biens et la monnaie sont substituab1es
dès que l'encaisse réelle nlest plus a son niveau d'équili-
br.e .
.
. .
(1) OON PATH~KIN: "La monnaie. llintérêt et les prix" - P.U.c. - 1972
Pages 100-103 .


-41-
Une variation de cette encaisse se traduit par un excès
d'offre ou un excès de demande sur le marché des biens, ce
qui entra~ne un mouvement à la baisse ou à la hausse des prix.
Avec la fonction de spéculation de KEYNES et la théorie de
la valeur de HICKS, il apparaît que la substitution s'étend
aux titres et que chaque niveau du taux d'intérêt induit une
nouvelle demande de monnaie.
Lorsque PATINKIN met en évidence le service rendu par
la monnaie, il le présente comme le pouvoir d'achat qu'elle
représente, c'est-à-dire la valeur de la monnaie face aux ti-
tres et biens qu'elle permet d'acquérir.
Il apparaît alors que
- Lès prix des biens et les taux d'intérêt des titres,
- La quantité des biens et celles des titres,
- Les goûts et propensions psychologiques des agents économi-
ques jouent tour à tour ou simultanément un rôle dans la
fonction de demande de monnaie.
FRIEDMAN a eu le mérite de regrouper toutes ces propriétés
et ces apports en privilégiant la variable patrimoine ou son
expression périodique, le revenu permanent. La valeur synthé-
tique de la fonction friecmannienne est donc certaine (1)
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1)
Cf à
ce sujet l'ênalyse de r~. de Mourgues (déjà cité)

-42-
A)
L'INFLUENCE DES TAUX D'INTERET
Le niveau absolu des taux de rémunération des actions
et des obligations
et les variations anticipées de
ces taux donnent le rendement total de ces actifs.
Les placements étant les emplois les plus immédiats de la mon-
naie, leurs rendements influent sur la demande de monnaie.
Pour tenir compte des goûts et préférence des
agents, FRIED-
HAN inclue le coefficient u, le coefficient w tenant compte
de la structure du patrimoine (actifs humains et non humains).
B) LIINFLUENCE DES PRIX
Elle apparaît à deux niveaux
Le Niveau général des prix
P
traduit le pouvoir d'achat
de la monnaie, c'est-à-dire son rendement.
La quantité de monnaie désirée en vue des transac-
..
tions dépend de l~'valeur des marchandises qu'elle permet
• d' a.cquéri r ..
Un accroissement des prix doit se traduire par un

-43-
accroissement de la demande d'encaisses.
- La dérivée logarithmique du Niveau général des prix
Elle a une valeur prévisionnelle.
Suivant la valeur attendue, les agents économiques substi-
tuent des actifs physiques à la monnaie ou inversement.
La formulation de cette variation des prix dans le
temps e s t ' J
d P
P
d t
C)
LE ROLE DU PATRIMOINE
L'étude de la relation monnaie-revenu renferme une
contradiction: alors que la relation est stable en longue
pér~~de, le revenu croit ou dêcroft parfois à des rythmes
trois fois plus élevés que ceux de la monnaie dans la courte
période.
FR J E0MAt, end é ct ui t que lia 9e nt a jus tes e sen cais ses
non pas à la valeur de son revenu actuel, mais à celles de
son revenu de longue période appelé "revenu permanent" et
considéré comme le flux normal de revenu que l'agent espère
de la ·possession d'un patrimoine qui n'est pas le patrimoine

- 4'4-
possédé actuellement mais celui que l'agent s'attend à pos-
séder durant sa vie. Ce patrimoine comprend des actifs finan·
ciers, physiques (immeubles, équipements) et humains (force
de travail).
Si West ce patrimoine et r son taux de rendement moyen r W
correspond au revenu permanent.
Etant donné que ces grandeurs ne sont pas observées, r sera
approximé au taux d'intérêt des actifs financiers, y revenu
permanent sera obtenu grâce à un traitement de y revenu ob-
servé et le patrimoine devient fonction de ces deux varià-
bles
W = y
r
Au total la fonction friedmanienne devient
M = f (l, rb, re, P, 1
Q. u. w)
r
P
dt
0)
ANALYSE DE LA FONCTION DE FRIEDMAN
Les variations de revenu ne modifient pas la demande
de mon na i e selon FR l ED~1 AN; de mêni e lia bsen ce d 1 i l lus ion m0 -
nétaire fa1t que par rapport au prix, la demande de monnaie
est une f 0 nc t ion.•~ om 0 9è ne de de gré zé r 0 •
.',
. ..
..
. .
. ~"'. '.

- 45-
- Ces deux hypothèses permettent à FRIEDMAN d'écrire
M = f (!, re, rb, 1
dP, w, u),
P P P
dt
fonction qui rappelle l'encaisse réelle de PIGOU.
- en multipliant par
1
y
r,~ - f (1:, rb, re, 1
dP, w, u)
y
y
P
dt
et
y = f (1, rb, re, 1
~, w, u)
P
P
dt
Equation signifiant que toutes choses égales par ailleurs,
le revenu monétaire Y (et donc P car Y = Py) est une fonc-
tion de la quantité de monnaie.
C'est là une variante de la théorie quantitative in-
cluant le temps et 1 'hypothèse d'avenir incertain, caractéri-
sée par la prise en compte de rb, re, w et u. Si l'offre de
monnaie n'était pas exogène dans la théorie néo-classique,
les grandeurs telles que le revenu et le taux d'intérêt qui
déterminent la demande de monnaie seraient elles-mêrr.es déter-
m5 nÉes grâce à l'offre de monna i e.
Lie x0 gé né, -.:: de 1a : ~ .:;- { . d' 0 f f r e ex c1ut ce cas que ne usd i s-

-46-
cuterons plus amplement dans la conception de la politique
monétaire •
Retenons d'ores et déjà que les variables déterminan-
tes de la demande de monnaie sont:
- le revenu représentant à la fois la fortune et la dépense
de l'agent.
le taux d'intérêt représentant le coût de détention de la
monnaie.
- les prix et leurs variations avec effet positif de la haus-
se (accroissement de l'encaisse de transaction) et négatif
des anticipations à la hausse (substitutions d'actifs phy-
siques aux encaisses thésaurisées).
Dans sa comparaison des fonctions de demande de mon-
naie dans les pays industriels et les pays en voie de déve-
loppement. le nigérian ADELUNKE (1) a conservé à juste raison
les trois variables explicatives puisque économétriquement
les tests de DUBIN-WATSON lui ont donné raison. Les variables
revenu, tâUX d1intérêt de prix sont significatives dans
l'explication de la demande de monnaie dans les pays sous-
développés.
..
Notons cependant qu'i~ niveau des prix, il n'a retenu
~~e le rapport
~. variation des prix dans le temps.
dt
. .
(1) Joseph O. ADELUNKE : Thèse de Doctorat University of Wisconsin.
August 1967 publiée dans le STAFF PAPERS de Juillet 1968 sous le
titre : "The Demand for Money : Evidence from Deve10ped and Less
Developed Economics".

-47-
ADELUNKE qui a travaillé sur dix huit pays, a classê
ceux-ci en trois groupes :
- Les pays industriels comme la France, le Canada, les Etats-
Unis, la Grande-Bretagne, le Danemark, les Pays-Bas, la
Suède, la Suisse, la Norvège.
- Les pays développés comme l'Australie, la Nouvelle Zélande,
l'Afrique du Sud et la Turquie.
- Dans le groupe des pays moins-développés, AOELUNKE a choisi,
la Thaïlande, la République de Chine, Costa Rica, l'Inde et
le Hexique.
Il est dommage qu'il
niait pas introduit dans son étude,
des pays beaucoup moins nantis, comme ceux de l'Afrique de
l'Ouest, la diversité de l'échantillon aurait davantage enri-
chi son êtude.
La conclusion essentielle de AOELUNKE est que les
prévisions relatives au revenu et au taux de variation des
prix s'effectuent d'autant plus rapidement que 1 'écono~ie
est moins développée, d'autre part l'élasticité des prévisions
en matière de revenu était proche ,de l'unité. Alors que les
substitutions entre encaisses monétaires et a~oirs réels sont

-48-
faibles dans les pays industriels, l'effet de substitution
semble important dans les pays moins développés.
Cependant, si nous partageons la démarche de ADELUNKE quant
au choix des variables explicatives de la demande de monnaie,
nous nous démarquons de lui dès son introduction.
En effet, ADELUNKE suppose acquis ce que nous, nous
voulons démontrer. Pour lui il est IId'évidence que les rela-
tions dans le secteur monétaire (dont la demande de monnaie)
sont stables et prévisibles"
Dès lors, grâce à des modèles dynamiques il s'attèle
à des prévisions alors que notre souci premier est l'explica-
tion des relations, la structure de ces relations, ce que nous
ferons grâce à des données observées et non comme ADELUNKE,
grâce à des données attendues.
.~-,
'.

-49-
SECTION II
LES ESTIMATEURS DE LA FONCTION DE
DEMANDE DE MONNAIE.
Paragraphe 1 - Justifications théorioues et économé-
---------------------~--------------
Dans son étude ADELUNKE a montré que s'il y avait une
différence dans les fonctions de demande de monnaie entre les
pays industriels et les pays moins développés, cette diffé-
rence se situait plus dans les êlasticités (élasticités revenu
plus grande pour les pays moins développés) et les anticipa-
tions (prévisions sur les prix plus rapide pour 1es pays moins
développés) que sur les variables explicatives.
En définitive, il avait retenu une fonction assez sem-
blable à la fonction de demande de monnaie de FRIEDMAN et les

-'50-
tests économétriques lui ont donné raison (ou ne lui ont pas
donné tort).
Dans notre étude, aussi, nous retiendrons comme varia-
. bles explicatives de la demande de monnaie dans les pays de
(
i
l'Afrique de l'Ouest, le revenu, le taux d'intérêt et les
t
!
variations du niveau des prix dans le temps.
1
•1
1
1
,- 1
Cela nous amène sur le plan économétrique â faire quel-
.~
ques rappels sur le calcul des estimations dans le cas d'une
1
!
régression multiple, puisque notre fonction de demande de mon-
1
naie est expliquée grâce à 3 variables (revenu, taux d'inté-
rêt, prix)
Md = f (R, r, P).
Nous sommes donc en présence d'un modèle linéaire
Xl = R = revenu
X2 = r = taux d'intérêt
X =
3
P = niveau des prix.
00 y est ~a variable â expliquer, centrée.
Xl' X2, X3 .sont les variables explicatives centrées.

Etant donné que nous travaillons sur des grandeurs observées,
t ,l'erreur aléatoire est négligeable et nous n'en tien-
drons pas compte dans nos calculs.
Les quantités Y, Xl' X2, X3 sont des vecteurs à
.',
Composantes suivant 1 'échantillon que nous fixerons.
Par exemple, pour quatre années, nous pouvons écrire:
1
,1
Xl
i Revenu en 1960
XII
)Z:.
Revenu en 1961
=
Xl"
Revenu en 1962
Xl" l,
Revenu en 1964
1
Les vecteurs Y, Xl, X2, X3 sont connus.
R~50udre le modèle consiste à estimer les paramètres al' 3"",
L
a 3 qui eux,sont inconnus et font l'objet de notre étude.
le modèle peut alor's s'écrire ..
YI
,
xII
i x21
x31
Y2
xl2
i
x""2
, x
'
L
32
i
=a 1
+a 2!
+a 3\\
Y3
x13
[ x23
\\ x33
1\\
\\
Y4
xl4
\\x 24
\\x 34
;...

-52-
En utilisant la notation matricielle, nous pouvons
écrire
YI
xlI
x21
x31
al
Y2
xl2
x22
x32
a 2
Y3
xl3
x23
x33
a
Y4
xl4
x24
x34
3
, ~'.
w
. l
Si nous notons
1
î·
~:
;
!
YI
xII
x21 x31
a,
Y2
xl2 x22 x32
...
y =
X
=
A =
Y3
xl3 x23 x33
a 2
Y4
x14 x24 x
a.,
34
""
Nous avons l'équation matricielle
~-------------------
y
=
X
A
(4,1)
(4,3)
(3,1)
-Dan~ toute notre étude, nous choisirons des regroupe-
ments de 'quatre années successives, ce qui nous donnera des
mat r i c e~ c:! e di men s ion (4, 3), Le chi f f r e 3 qui cor r e s po nd au
,
.
"
nombre de ~~riables explicatives de notre modèle (revenu,
....•
"

"..
~
.
.' ," •
, i

~53-
taux d'intérêt, prix) est le rang de la matrice.
Ce choix nous permet d'éviter deux "écueils" économé-
triques. En effet pour pouvoir appliquer la méthode des moin-
dres carrés il nous faut deux hypothèses
- 1°) Le nombre des composantes doit être plus grand que le
nombre de variables explicatives.
- 2°) La matrice X de format (4,3)) doit être de rang 3, c'est-
à-dire qu'aucune variable explicative n'est linéairement
dépendante des autres.
Pour le cas où le rang serait inférieur à 3, le procédé d'es-
timation serait défaillant. En effet le rang de la matrice
X'X où X' estla transposée de X serait alors inférieure à 3
et la matrice (X ' X)-l matrice inverse de (X'X) n'existerait
pas.
Les autres hypothèses pour la possibilité d'utilisa-
tion de la méthode des moindres carrés concernent l'erreur
aléatoire
E qui est négligeable dans notre étude étant donné
la nature de nos données, qui sont des données observées
aprês le travail de ADELUNKE, ce chapitre a pour objet une
vérification empirique des hypothèses du Nigérian.

-54-
Paragraphe 2
Nous reprenons ici la démonstration mathématique de
la formule:
A = (XIX)-l Xly
1l
en nous situant dans le cas générai.
Soit le modèle Y = XA + E

2 est une quantité
aléatoire inconnue.
~
Soit
A
le vecteur estimé de A.
A
1\\
Le modèle calculé est alors
Y = XA
Si e désigne le résidu entre la valeur réelle de Y
1'\\
et sa valeur calculée Y, on peut écrire:
..,
e
= Y - Y
,,'\\
e
= Y - XA
Selon le principe des moindres carrés, la somme des
carrés des rêsidu~ ~'écrit
r
~
2
-;'
f
e i
=
e
• e
. ~: !
. .
a·v e·c e .'. .1 a. val e ur,; 1i gnet r ans p0 sée de e.

-55-
Il en découle que
n 2
r-
~'-,
~Y - XA i •
~i = ~
i=l
,..
......,
.
p - "-:
r
J
,A
iL Y -
XA_
= Y' - '...x Aj

= y'
.:..,{?.'. =. Y· - A· X 1
or
ï ;-. ~
.,...
Car i XA'
.. ...
= A' X'
n 2
,..
.,...
~,.
"'...,
d'oO
"'\\"ei =ly. - A· X':
{y - XA r

i=l
n 2
~ei =
.
~
i=l
Les termes de cette somme sont de matrice de format
(l,1), donc ce sont des scalaires. Or 1a transposée d'un SCâ-
laire est ce même scalaire.
/ \\
Ainsi
YI X A
= yi XA
...
( 1 ~ n)
( n , k )
( k ,1)
( 1 ,1 )
.',-
~....
Or
; yi
X A
= AI X 1 (Y , )
= A' XI Y
La somme des carrés des résidus s'écrit finalement
.. - - n - ..
E=
..,
\\
/ '
Y'Y - 2 A' (X ' Y) + AI (X'X) A
;=1

-56-
n
Le second terme est une forme linéaire en AI
le troi-
sième est une forme quadratique en A.
La matrice XIX est une matrice de format (k,k) symé-
trique.
n
2
Pour déterminer le minimum de~ei(mOindre carré),
1=.
décrivons cette quantité par rapport au paramètre à estimer
-'"
+ En étudiant la forme linêaire AI (X'V) on constate que:
Le vecteur AI est un vecteur ligne (ltk) : (a, a Z'"
ab) .
La matrice XIV est de format (k,n) (n,l) = (k,l).
c'est donc un vecteur colonne, d'éléments représentés
par x, ... xk'
Nous avons alors
'-À 1 (X 1 Y) = â l x + â 2 xZ + .••• ~k xk
Calculons les dérivées partielles successives par rap-
port aux éléments de A :
- . .
A '
t'lA 1 (X 1 Y) = x l
~
-'
.' .a.!
...-.,(~ A1 (.~ 1 Y) = x2
~.-
- - -
. ~.'

.

'~.

-57-
....... ,'\\
r
AI (XIY) = xk
-:J~ a k
' ' ;
En notant vectoriellement ou a
1
/ \\
~, A (XIY) = XIY
(l)
--.- 'À
\\:
"
.,
+ En étudiant la forme quadratique~AI (X'X)/A nous notons
que :
La matrice XIX est symétrique. Pour simplifier, po-
.,r'
.....
Le produit AI (X'X)"'A s'écrit alors:
\\.
\\.
A'
l al
(X 'X) 'À = ('1" .. 'k) :::: 11 •••••;:lk
.-
-~;
1\\
;': 1 k
_..,:: k k /,
\\\\
/
soit, en développant
,.-
".."
,.-,
--,',
, -\\.
4't
~\\
- '
at
,<--:
al a,
,.
1
al ak
+ 2 ....
..,
13
+ . . .+ 2; "';lk
,
- - - - - - -

-58-
Calculons les dérivées partielles successives par rap-
port aux éléments de A :
--
,
..
.,.e-/\\
.. ,
..
"
(
:1 .''
A
il.
/ \\
)
~- A'
(X'X) A = 2 (
al +
a
"
:
k
,2k
k +
+ /-J
a
kk
k
-.. ......'1..
(
a k
1
Ce que peut écrire sous la forme matricielle
1
1
1
!
,
..
~--
'\\
( AI (XIX) A = 2 AI (XIX)
( 2 )
1
,
.
1
"':.' A'
i
,
En utilisant les équations (r:;) et (2), la dérivée de
la somme des carrés des résidus devient:
III
------. ~ e i 2
C~
.~.
i =1
= a - 2 (X 1 y) + 2 (X 1 X) 'A:
~A
c A
Egalons à zéro, (condition nécessaire pour obtenir le
minimum de notre fonction)
/"
Il en dé,coule': (XIX) A = Xly
Ainsi si la matrice est de rang k, la matrice inverse
.
(X'X)-l. existe, alors ~ peut être trouvé grâce à la formule:
, -
(1) La démonstration de cette formule a été empruntée à Christian
LABROUSSE : "Introduction à l'économétrie" - Dunod 1972.
On peut aussi consulter :
VANGREVELINGHE, G.,: IIEconométrie" - Hermann 1973.
KANE, E-J., : "Statistique économique et éconolT",étrie" A. Colin 1971.

-59-
Paragraphe 2
La formule êconométrique ~ = (X'Xr1 X'y que nous ve-
nons de retrouver nous servira dans nos calculs pour estimer
les paramètres al' a 2, a3 de notre modèle.
De 1965 à 19ï3, nous calculerons les estimateurs grâce
aux données de la Comptabilité Nationale Ivoirienne, à celles
de la Banque Centrale des Etats de llAfrique de l'Ouest
(B.C.E.A.O.) et du Fonds Monétaire International.
A cause des contraintes êconornétriques relatives au
ran~ des matrices, nous découperons notre analyse en séries
de quatre années et cela aussi bien pour le SENEGAL que la
COTE D'IVOIRE.
Pour l'étude de la demande de monnaie, nous sommes
contraints de limiter notre étude à ces deux pays parce que
d'abord les données dont nous avons besoin y sont disponi-
bles et ensuite elles sont comparables avec les chiffres du
~ ."
Fonds Monétaire International.

-60-
A)
PRESENTATION DE QUELQUES DONNEES STATISTIQUES DE
LA REPUBLIQUE DE COTE D1IVOIRE.
Données relatives à la monnaie, au revenu du taux
d'intérêt et aux prix.
Sources
+ 1es c om pte s de 1a Nat ion, 1965, 70, 75 ..
+ B.C.E.A.O. Rapports d'activité: de 64 à 78.
+ International Financial Statistics : de
1971 à 1979.
La quantité de monnaie et le revenu sont exprimés en
milliards de francs C.F.A.
1 F.F. = 50 F.
C.F.A.
Taux
Niveau des
Variô- 1
Années
~1anna i e
Revenu
d'intérêt
prix
tian des
prix
1966
44,96
198,241
3,5
81,7
1967
49,35
210,190
3,5
83,3
1,8 %
1968
57,90
248,428
3,5
87,5
5,4 %
1969
68,29
275,194
3,5
91,4
4,2 %
1970
81,67
307,990
3,5
100
10
%
1971
89,76
405,595
3,5
98,5
- 1,5 %
.
1972
100.46
437,100
3,5
98,8
0,3 01/0
1973
1~4,15
528,616
5,50
109,7
10
%
1
1
. ~,.

-61-"
Gr~ce à ce tableau récapitulatif, nous nous apercevons
que le revenu et la quantité de monnaie n'ont cessé de croi-
tre depuis 1966.
Le revenu national passant de 198,241 milliards de
1956 à 523,616 milliards en 1973. Le revenu national
a donc
plus que doublé en sept ans.
La masse monétaire a suivi l'évolution du revenu pas-
sant de 44,96 milliards, à 114,15 milliards.
Les chiffres relatifs au revenu comme à la mcnnaie
restent cependant très modestes, quand on les cempare à ceux
de la France par exemple.
En 1975 le P.I.B. de la Côte d'Ivoire était de 834,5
milliards de francs C.F.A. alors que celui ce la France s'é-
levait A 71 950 milliards de F.
C.F.A., soit 80 fois celui de
la Côte d'Ivoire.
En général l'accroissement du revenu ivoirien siest
fait A un taux annuel de 5 ~, sauf pour l'année exceptionnelle~
i970-1971 où le revenu est passé de 3D7,990 milliards C.F.A.
4;.

à 405,595 soit un accroissement de 30 %. Remarquons que cet
accroissement exceptionnel n'a pas entra1né un accroissement
de la quantité de monnaie du même ordre, puisque celle-ci
est passée de 81,67 milliards à 89,76, c'est-à-dire à son
rythme habituel d'environ 10 %.
Pour la Côte d'Ivoire, comme pour le Sénégal, nous
avons retenu comme taux d'intérêt, le taux d'escompte de la
Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest.
Depuis la création de la B.C.E.A.O., ce taux est res-
té à 3,5 et cela jusqu'en 1972, date à laquelle le taux d'es-
compte a été élevé à 5,50 %.
En fait il existe plusieurs taux d'escompte dans les
opérations de la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (B.C.
E.A.O.'. comme le F.M.I., nous avons retenu le taux d'escompte
j '
préférentiel (T.E.P.) car il s'applique à un éventail d'ac-
tivités économiques plus large (campagne agricole, logements,
équipements) ; ~ependant dans la partie réservée a la poli-
tique économique nous serons amenés à discuter les décisions
des Conseils d'Administration des 19 Juin 1975 et 25 Août
1975, décisions relatives à cette différentiation des taux

-63-
d'escompte en T.E.P. (préférentiel) T.E.N. (Taux d'escompte
normal) égal à 8 % et en taux divers (Avances sur titres ad-
mis en garantie) qui eux sont fixés a 9,6 %.
Concernant les prix, il faut noter qu'en Afrique Noi-
re, les statisticiens nationaux divisent les marchés en deux
ensembles:
Un marché européen qui du fait de la forte présence des
coopérant~ étrangers correspond ~ un marché de "luxe", 00
les prix sont souvent élevés et les produits importés pour
la plupart.
A côté de ces marchés européens, existe le marché africain
où produits locaux et produits importés font bon ménage et
l'indice des prix du marché africain est le plus signifi-
catif parce que portant sur un échantillon plus grand de
produits locaux et importés, il explique mieux le cempor-
tement des agents économiques des pays africains.
Sur la base 100 en 1970, cet indice est allée en crois-
sant jusqu'en 1973, avec cependant un phénomène de plus en
plus rare dans le monde actuel; en effet en 1971, les prix
ont baissé d'environ 2 %.

-64'::
B)
LES RESULTATS EMPIRIQUES
Partant de la formule ~~ = (X'X)-l XIV, nous avons
calculé les estimateurs de la fonction de demande de mon-
naie
Md = f (R, r, dP) en utilisant les données de notre
or
tableau.
:;/
p
Pour vérifier la sta~ilité ou l'instabilité de nos
paramètres, nous avons choisi deux périodes: 1 'une va de
1956 à 1969 et l'autre de 1970 à 1973.
Dans toute notre étude nous adopterons la notation
j:.'
suivante
y : pour la quantité de monnaie.
Notons à ce niveau une hypothèse théorique; pour le
calcul des estimateurs, nous raisonnons à l'équilibre
ce qui nous amène à poser l'égalité entre l'offre de
monnaie et la demande de monnaie.
X
désignera la matrice à 3 colonnes où
la première colonne sera réservée aux revenus des
différentes années étudiées

".
. .
".

-65-
- la deuxième colonne représente les taux d'intérêt
des différentes années retenues.
la troisième sera réservée aux variations relatives
du niveau général des prix dans le temps.
1 /
LES ESTIMATIONS DE 1966 à 1959.
Revenu
Intérêt
dP
y = 44,96
198,241
3 ,5
otO,04
49,35
X =
210,190
3 ,5
0,02
57,90
248,428
3 ,5
0,05
68,29
275,194
3,5
0,04_
-
-
XI = 198,241
210,190
248,428
275,194
3,5
3,5
3,5
0,04
0,02
0,05
0,04
(X'X)=
.220 928,08
3 262,185
35,56
3 262,185
49
0,525
35,56
0,525
0,0061

..
-66-
j'<
La matrice des cofacteurs de (X 1 X) est
/
,
,
49
0,525
32,62! 0,525
J 3 262,185
49
\\
1
,-
1
i\\
1
0,525 0,0051
35,56 0,0051
i
35,56
0,525.
11
!
'"
.)
262,185 35,56 220928,08 35,56
220 928,08
3 262,185
0,525 0,0061
35,56 0,0061 1
35,56
0,525
3 262,185 35,56 220 928,08 35,56,220 928,08
3 262,185.
49
0,525·
3 262,185 0,525;3 262,185,49
Ce qui correspond à :
0,023
1,23
20,793 \\
-
-
,
\\
1,23
83,147
15,05
=
Mcof (XIX)
,-29,793
16,05
183625
!
/
L'inverse de XIX est (X'X)-1
'-
=
1
x transposée de la matrice
déterminant de
des cofacteurs de (XIX)
XIX)
=
(M C0 f
X 1 X) t..,
~f -
détermi nànt X:".x
t· :.
".

-67-
, 0,023
- 1 ,23
- 29,793
(
=
1
x'
1,23
83,147
16,05
G
' ....t
- J
~- ..;,..
j
>29,793
16,05
183625
0,02
0,1302
3,166
\\
!
\\1
=
0,13 °
8,838
1,705
r
,
3,166
1 ,705
19513,815 1
(X'X)-l XI
- 0,130
- 3,166
=1
0,002
1
i_
0,130
8,838
1,705'x
'X'
'- 3,166
l,70S
19515,815
0,002
0,130
- 3,166
198,241
210,90
248,428
275,195
= - 0,130
8,838
1,705x
3,5
3,5
3,5
3 ,5
- 3,166
1,705 19515,815
0,04
0,02
0,5
0,04
-
12,35
=
10.837
- 753,804
~ "."
.

-68-
Nous noterons ce signe déroutant pour l'élasticité
revenu qui n'est pas sans rap~eler les résultats de ADELUNKE,
résultats pour lesquels 3 sur les 4 pays semi-développés
avaient une élasticité revenu dont le signe était conforme
à l'enseignement de la théorie économique.
2/
LES ESTIMATIONS DE 1970 ô 1973
Revenu
Intérêt
dP
81,67
307,990
3 ,5
10 0110
89,76
40,5,595
3,5
- 15 01/0
\\:~ -
y
.'
-
=
100,46
437,100
3,5
0,4 %
114,15
528,616
5,5
10 0/JO
'307,990
405,595
437,100
528,616
X' =
3,5
3,5
3,5
5,5
0,1
- 0,015
0,04
0,1
729 856,42
6 934,80
95,05
6 934,80
67
0,987
95,05
0,987
0,021
.-
. '""

-69-
La matrice des
cofacteurs de (XIX) est
0,433
- 51,82
476,297
1- 51,82
6 292,482 - 61 215,64
1
476,297 -61 215,54
808 929
'
(X'X)-l =
0,00022
0,0267
0,2457
J
0,0267
3,246
31,578
/
0,2457
- 32,578
417,296
0,009
- 0,007
0,013
0,004
0,016
0,061
- 1,573
0,329
6,87
-17,123
13,56
- 2,079
81 ,67
(X IX)-l XI y = (X'X)-l X x 89,76
=
- 116,31
100,46
114,15
149,44
dans cette
section, les signes élasticités sont les signes
traditionnels, si , 'on suppose que pour les prix l'effet
transaction (positif) est supérieur à , 'effet anticipation
(négatif) •


1
-70-
1
Néanmoins, les valeurs absolues des estimateurs
- 12,35
10,83
pour 1967-1970 sont différentes de celles de la
- 753, B
période 70-73 ce qui nous amène à penser que pour la COte
d'Ivoire de 1966 à 1974 lâ demande de monnaie n'a pas été
stable, résultat très important dans notre analyse et dont
nous discuterons les conséquences, après l'étude du cas sé-
négalais.
Paragraphe 3
Dans ce paragraphe, nous procèderons de la même ma-
nière que pour le cas de la Côte d'Ivoire. Après une pré-
sentôtion des données relatives au revenu, à 1 'offre de mon-
naie (l 'hypothèse d'équilibre permettant l'assimilation de
cette grandeur à la demande de monnaie), au taux d'intérêt
et au prix, nous calculerons les estimateurs de la demande
de monnaie de 1963 à 1970.
La période 1971-1974 correspondant aux sévissements
les plus durs' de 1a sécheresse a connu en 1973 une chute


- 71
-
exceptionnelle de la production au Sénégal; volontairement
nous excluons cette période "exceptionnelle" 00 des analyses
des
trends
pourraient être biaisées.
A)
ANALYSE DES DONNEES STATISTIOUES
DONNEES RELATIVES A LA MONNAIE, AU REVENU, AU TAUX
D'INTERET ET AU NIVEAU DES PRIX.
Sources
+ Les Comptes Economiques du Sénégal 1965 à 75.
+ B.C.E.A.O. : Rapports d'Activité de 1964 à 78.
+ International
Financial Statistics de 1971 à 1:,
La quantité de monnaie et le revenu sont exprimés en mil-
liards de F. C.F.A.
1 F.F. = 50 F. C.F.A.
· .. / ...

-7.2-
- -- - -
Années
~1on na i e
Revenu
Taux
Niveau
Variation
d'intérêt des prix
des prix
1963
31,04
151,94
3,50
100
,
1964
29,81
163,41
3,50
104
4 %
1965
28,57
167,10
3,50
106
1,90 DI10
1966
28,70
179,05
3,50
110
3,70 %
1967
27,97
174,87
3,50
108
- 1,08 %
1968
31
190,51
3,50
108
0
1969
29,88
191,85
3,50
lOS
0
1970
36,55
210,27
3,50
113
4,60 %
1971
36,90
214,32
3,50
109
- 3,50 01'"
1
1
Ces chiffres appellent plusieurs remarques:
- Alors que en Côte d'Ivoire la monnaie comme le revenu
ont connu une progression continue pendant notre période d'é-
tude, au Sénégal nous constatons une baisse de la quantité
de monnaie de 1964 (29,81 milliards contre 31 milliards l'an-
née précédente), à 1967.
ï."
Si v~.rs .1~62 ces ti.SS~S pouvaient s'expliquer par
l'éclatement de la Fédér~tion" du ~1ali, qui regroupait les
r .
"'0 '.
....:,
~
j:\\~" •.
,: ",','
. ~~-
·1,-'

-73-
Etats Sénégalais et Malien, il faut plutôt chercher l'expli-
cation pour les dernières années dans le fléchissement de
l'activité économique lié en partie aux aléas climatiques.
Alors que le taux d'escompte de la B.e.E.A.O. est resté
constant et égal à 3,50 % jusqu'en 1972, l'évolution de l'in-
dice ~africain" des prix appelle plusieurs objections.
Notons d'abord que son évolution est très irrégulière.
Si de 1963 à 1966 les prix ont constamment augmenté, nous
observons une baisse de 2 % en 1967, baisse suivie d'une sta-
bilité de 2 ans avant qu'en 1970, le processus d'inflation
ne reprenne, suivie aussitôt d'une baisse de 3,5 %.
B)·
LES RESULTATS EMPIRIQUES
~
Partant de la formule-A = (X·X)-l XIY nous allons
calculer les estimateurs de la fonction de demande de mon-
naie Md = f (R, r, dP) en utilisant les données de notre ta-
ct
bleau.
Pour vérifier la stôbilité ou l'instabilité de nos pa-

:74-
ramètres, nous avons choisi là aussi deux périodes 1964-1967
et 1967-1970.
Notons que la période 1971-1974 qui correspond à la
sécheresse sera néanmoins étudiée, malgré les réserves émises
sur la signification des données relatives à cette période.
Nous conservons notre notation avec
y
quantité de monnaie.
X
pour la matrice à 3 colonnes et 4 lignes.
Les 3 colonnes représentant respectivement le revenu,
le taux d'intérêt et l'évolution des prix dans le temps.
1)
LES ESTIMATIONS DE 1964 A 1967-
29,81
153,41
3,50
0,04
28,57
167,10
3,50
0,02
Y = 28,70
X =
169,15
3,50
0,04
27 ,97_
174,87
3,50
- 0,02
163,41
167,10
179,05
174,87
,-
XI:
3,50
3,50
3,50
3,50
0,04
0,02
0,(14
- 0,02
k
.
.. ,
..
, .

-75-
117 263,65
2 395,565
13,54 -'~
(X IX):
2 395,505
49
0,28 :
13,54
0,28
0,0040
-!
1
La matrice des cofacteurs de (XIX) est
1
t
. l
~-
0,118
5,79
7,28
\\
-
J
)
- 5,79
285,75
- 398,68 1
!
7,28
398,68
i 474,6 ,
(X·X)-l = l/Déterminant de (XIX) x transposée de la matrice
des cofacteurs de (X ' X)-l
Matrice adjointe= transposée matrice des cofacteurs =
0,118
- 5,79
7,28
5,79
285,75
398,68
7,28
- 398,68
7 474,60
(X'X)-l =
1
x
matrice ac;ljointe
~ XIX
\\
=
0,006
- 0,307
0,387 \\
- 0,307
15,199
- 21,206
0,387
21,206
397,58
i,

-76-
\\"""
--1
(X'X)-l XI
=
! 0 ~013
0,025
0,013
0,032
1
1
1
i( 2,182
1,477
- 2,612
- 0.064(
.~_ 4,898
1,604
10,949
14,498,
--
A = (X'X)-l X'y
=
\\
0,013
0,025
0,013
0,032 \\
!
29,81
\\
.2,182
1,477
2,162
0,064 ;
28,57
-
1
-
: 4,898
1,604
10,949
- 14,498
27,97
0,941
- 30,295
8,901
Concernant l'élasticité revenu, nous retrouvons pour
le Sénégal
le résultat de AOELUNKE (1) selon lequel
l'élas-
ticité revenu dans les pays en développement avoisinait l'u-
nité.
Pour les prix, l'effet transaction l'emporte sur l'ef-
fet anticipation, d'où la valeur position du coefficient d'é-
lasticité
(1) Joseph O. ADELUNKE
déjà cité.
I~ i [

- 77,.-
2)
CALCUL DES ESTIMATEURS DE 1967 à 1970
-
27,97
174,87
3,50
- 0,02
31
; 190,51
3,50
0
Y
=
29,88
X
= : 191,85
3,50
0
1
36,55
210,27
3,50
0,05 ..l
174,87
140,51
191,85
210,27
X'
=
3,50
3,50
3,50
3,50
- 0,02
o
o
0,05
147 893,46
2 687,44
7,02
(X'X) =
2 687,44
49
0,105
7,02
0,105
0,0029
t/,atrice des cofacteurs de (X'X)
=
0,1311
- 7,056
- 61,799
- 7,056
378,72
3 337,015
- 61,799
3 337,015
24 445,8
0,0145
0,784
6,866
(X'X)-l=
0,784
- 42,08
- 3,70
6,866
3,70
- 2 716,2
\\

,.. 1
1
-78-
i
i
1
f,ij
-,
0,Oï11
0,0183
0,0183
0,0384 :
1tt
!
1
(X'X)-l X' =- 2,782
2,0798
3,1158
- 0,4284/
1
i!!
1
-40,0186
12,4484
19,866
2,70
i
1
1
~~ = (X'X)-l X' y =
1,864
1
62,918
i
1
248,98 -
Alors que l'élasticité revenu a doublé, l'effet tran-
1
1
saction cède le pas à l'effet anticipation· des prix et cela
1
1-
se traduit par un signe négatif de l'élasticité prix.
f
1
1
l
l'
k
i
!
Par contre l'élasticité intérêt appelle des réserves
pour ~ la fois son signe et sa valeur.
Mais le résultat principal dans le cadre de notre ana-
lyse demeure que pour le Sénégal aussi, il n'y a pas constan-
te des paramètres. Les coefficients de corrélation entre va-
riables explicatives (revenu, intérêt, prix) et variables
expliquée (demande de monnaie) varient dans le temps et nous
confirment l'instabilité de la demande de monnaie au Sénégal
comme en Côte d'Ivoire.
"
.
~ .
F'i

-79-
CHAPITRE II
L'INSTABILITE DE LA PROPENSION MARGINALE
A CONSOMMER.
A la page 131 de la Théorie Générale, KEY~ES définit
la propension marginale a consommer comme "le rapport entre
l'accroissement du revenu et l'accroissement corrélatif de la
consommation, les deux quantités étant mesurées en unités de
salaires".
L'étude de la propension marginale à consommer est
denc liée à l'étude de la fonction de consommation, fonction
à laquelle KEYNES a été le premier à s'intéresser de façon
approfondie, en le décrivant comme une relation stable entre

-80-
la consommation des ménages et le revenu global.
Pour KEYNES, le revenu de l'emploi, contrairement à
ce que pensa1ent"ses prédécesseurs, pouvait s'écarter dura-
blement du plein-emploi. Etant donné qulà court terme les in-
vestissements et les dépenses publiques peuvent être consi-
dérées en première approximation comme exogènes la consomma-
tion des ménages a une action déterminant sur le niveau de
la production.
Il Récemment'~ de
nouvel les théories àe 1a consommation
ont fait irruption dans l'analyse écûnomique, théories liées
aux noms d,ANDO et de MODIGLIANI, de DUESENBERY, de M. FRIED-
~l AN. Ces thé 0 rie s che r che nt pou r lie s sen t i e 1 à exp 1i que r 1e s
différences observées entre propensions marginales à consom-
mer et propensio~ moyennes à consommer.
Grace à de nouvelles variables (revenu moyen, revenu
relatif, revenu permanent) ces théories récentes ont enrichi
l'analyse économique et l'étude de la fonction de consomma-
tion.
Mais'i1 reste que sur le plan de la mesure de ces
.grandeurs, de leur quantification, ces théories restent infé-
.~ ~ '.

-81-
rieures à ce qu'on peut appeler la th~orie originelle de la
fonction de consommation, c'est-à-dire celle de KEYNES.
C'est pourquoi dans ce Chapitre, nous étudierons d'a-
bord les théories récentes afin de voir quel est leur apport
à la science économique.
Nous terminerons par la fonction de consommation keynésienne
C = a R + b en discutant son applicabilité aux vérificaticns
empiriques avant de nous en servir pour estimer les propensions
marginales à consommer au Sénégal et en Côte d'Ivoire.
De la stabilité ou de 1 'instabilité de ces coefficients,
nous tirerons un deuxième élément
dans le cadre de l'argu-
mentation pour une politique ~onétaire en Afrique de l 'Ouest.
SECTION 1
LES THEORIES RECENTES SUR LA FONCTION
DE LA CONSOMMATION
Paragraphe 1
La constance du taux d'intérêt et l'homogénéité de la
fonction d'utilité nous permettent le développement de cette
(1) A. t-NDO et F. ~1ODIGLIp,NI : "The Life Cycle r.ypothesis of Saving :
Aggregate Implications and Tests" - Arrierican Economic Review March
1963

-32-
AN DO et MODIGLIANI veulent estimer les revenus futurs
en considérant le revenu du travail (YL) et le revenu du ca-
pit?l (YK), la consommation étant une fraction de la somme
de ces deux revenus.
T
YL
T
YK
!
-.i-~
t
~
t
C~ =
k
\\
+
1
,J
,
0;:;
é"'J"_'
-...
r-o
t 1
(l+r)t
- t:o
t:o (1+5) _'
Si l'on suppose l'existence d'une valeur boursière du
capital, on peut considérer ê.
comme la valeur actualisée
des actifs boursiers.
Ce qui nous 'permet d'écrire
T
y L
~
t
C
=
k
Yo
+
+
k
a
~
::
.-
" ' -
(l+r)t
"
t=l
-
ANDO et MODIGLIANI tentent ensuite de substituer des
valeurs connues
à cette grandeur difficilement mesurable
qu'est le revenu du travail dans le temps.
Ils supposent alors que chaque individu a un revenu moyen
. anticipé dans le futur· tel ~ue
T
yL
.

__
t
. "Y
=
revenu moyen anticipé
.' .
o
=
1
'
,. t;l (l+r)t
T - 1
...

. -83-
T
- \\
(T - 1) =
t=l (l+r)t
Ils supposent aussi que le revenu moyen anticipé est fonc-
tion du revenu de la période actuelle ce qui donne
= B Y t
C
A des données inobservables, ANDO et MODIGLIANI sub-
stituent des données observables (Vo revenu de la période).
Leur fonction de consommation s'écrit alors
Co = k
1 + B (T-1)
Vo
+
k Co
La consommation est donc fonction du revenu (KEYNES)
mais à cela ANDO et MODIGLIANI ajoutent une dépendance au
revenu du capital.
Le terme Kao fait que la fonction ne passe pas forcément par
l'origine .
. Si kao est constant, OID 0
une analogie avec la fo~ction
originelle keynésienne C = a R + b •
• Si Kao est variable, de période en période on a des fonc-
tions de conso~maticn différentes, de telle sorte qu'on peut
en déduire une fonction de"consommatJon de lonsue période

·-84-
passant par ~ 'origine.
Ce qui fait que si à court terme, il y avait différen-
ce entre propension marginale et propension moyenne à consom-
mer, cela ne se retrouvait plus à long terme.
Paragraphe 2
Notons que là aussi la démarche relève de ia microé-
conomie. La fraction du revenu individuel affectée à la con-
sommation est déterminée, selon DUESENBERY, "par la position
relative qu'occupe l'individu (ou la famille) considéré dans
la pyramide des revenus et non par le montant du revenu dont
il dispose" (1).
Si sen revenu s'accroft alors que sa position relati-
ve par rapport aux autres agents est inchangée, sa propen-
sion moyenne à consommer ne varie pas.
Plusieurs hypothèses sont à la base de ~on modèle:
- 1°) : La consommation étant un moyen de situer socialement
(1) J.S. DU~~ENBERY : "1ncone, Saving and the theory of consumer Behavior ll
Cambridge, Mach 1949 .
..


-85-
l'individu; la satisfaction sera une fonction crois-
sante de sa fonction de consommation mais aussi une
fonction décroissante de la consommation d'autrui.
Un agent détenteur d'un revenu inférieur A la moyenne
aura une propension moyenne A consommer supérieure
à
la moyenne.
La consommation présente dépend à la fois du revenu
actuel et du niveau antérieur du revenu
Si le revenu présent baisse, l'individu conserve son
niveau de vie antérieur ce qui correspond à une hausse de la
propension moyenne à conso~mer ; en cas de hausse du reven~,
la propension moyenne a consommer baisse.
Ces hypothèses permettent à DUESENBERY d'expliquer la décrcis-
sance de la propension moyenne à consommer dans les analyses
sur. coupes longitudinales (séries chronologiques) de courte
période.
Pour le tenant de la théorie du revenu relatif, la re-
lation première qui existe entre l~ variation de la consom-
mation et la variation du revenu est une relation de propor-
tionnalité. A long terme, la consommation varie proportion-
nellement au revenu et la propension moyenne à consommer est
constante, par contre à court terme, du fait de la rigidité

-8~
des principes de consommation basés sur le rang social, la
propension moyenne varie pour que soit maintenu le rythme de
consommation.
'1
1
Paragraphe 3
1
1
·1.f
Le revenu permanent est le flux périodique constant
dans le temps des revenus qui donneraient la même valeur ac-
tualisée que les flux variables des revenus anticipés par
l'agent pour un horizon donné (par exemple la durée de vie).
On dit aussi que clest le revenu qu'on peut dépenser
sans s'appauvrir. Pour FRIEDMAN, le taux d'intérêt, la fonc-
tion d'utilité et ce revenu par moment détermine la consomma-
tian
Co
= K (r, u) YP
- Pour FRIEDMAN, l 'homogénéité de degré 1 de la fonction d'u-
tilité intertemporelle et l'identité des préférences des
individus vis-à-vis du temps font que la propension moyenne -
à consommer le revenu permanent est la même pour tous les
individus~
(1) M. FRIEDMAN : lIA theory of the consumption function" - Prineeton
University Press, Princeton 1957.
.1

"
-87-
i désigne une catégorie
Cpi = K YP,-
donnée des revenus.
- Le revenu observé est la somme algébrique du revenu perma-
nent et du revenu transitoire
avec Covariance (Yp, Yt) = 0
c'est-à-dire qu'il n'y a aucun lien entre revenu
transitoire et revenu permanent.
- La consommation observée est la somme algébrique d'une com-
posante permanente et d'une composante transitoire
C = Cp + Ct
avec
Cov (Cp, Ct)
= 0
Il n'existe aucune corrélation entre les deux compo-
santes de la consommation observée.
- Enfin
Covariance
(Ct, Yt)
= 0
c'est-~-dire qu'une brutale augmentation éu revenu n1in-
flue nullement sur la ccnsommation présente.
Si
Yp
Y, 1 lagent emprunte ou décaisse mais ne
modifie pas sa consommation.
Si
Yp
Y, l'agent épargne pour'les consommations
futures.
La relaticn fondamental~ est donc celle qui lie la consomma-
tion au revenu permanent, malheureusement une telle relation

-88::.
n'est pas observable statistiquement et pire encore des appro-
ximations peuvent nous cunduire à des conclusions erronées.
Cette réflexion est valable pour les trois types de
fonction de consommation que nous venons de rappeler (ANDD-
MODIGLIp.NI, DUESENBERY, M. FRIEDMAN), mais aussi pour les
dernières théories sur la consommation (théorie d'ajustement
de stock, variables IIceteris paribus ll ). En fonction de la ri-
chesse, des taux d'intérêt et des autres prix, de variables
sociologiques, des différences régionales ou internationales,
des plans d'achat, d'effets d'entrafnement et de démcnstra-
tion, le IIsurveyll de FERBER (1) nous montre que les derniè-
res contributions sur l'étude de la fonction de consorr:mation
ne nous permettent pas de progresser au niveau de la quantifi-
cation.
Ceci nous amène à retourner a la fonction de KEYNES.
SECTION II
LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE.
La fonction de consommation trouve ses racines dans la
..
loi psychologique de KEYNES, loi selon laquelle IIl es hommes
sont déterminés en moyenne à accroître leur consommation
(1) Robert FERBER' ".. IIConsumer Economies, A. Surveyll
Journal of Economic Litterature 1975 .
...~

-89- ..
lorsque leur revenu s'élève, mais pas autant que l'augmenta-
tion de leur revenu" (1).
Cette présentation s'inspire de l'ouvrage de ALPHANDERY (2).
Paragraphe 1
Même si la loi psychologique est d'inspiration micro-
économique, la fonction de consommation keynésienne est
une fonction macro économique; base de la théorie keyné-
sienne, elle se rapporte à la courte période.
La consommation des ménages est une fonction STABLE du
revenu global
C =
f
(Y).
- ~a propension marginale à consommer, dérivée de la con-
sommation par rapport au revenu est positive et inférieure
à un :
dC
= f'y
a < f IY <.. 1
dY
Dans la fonction liné~ire
C = a Y + b
a propension marginale à consommer est inférieure
à 1.
(1) J.H. KEYNES, déjà cité.
(2) E. ALPHANDERY : cours d'analyse macre économique - Economica 1977.

-90~
La propension marginale à consommer est inférieure à la
propension moyenne.
Quand le revenu s'élève, la propension marginale à consom-
......
mer diminue.
- Le niveau de vie étant plus flexible à long terme
l'ac-
t
croissement de consommation s'adapte plus facilement à
long terme et ceia explique une propension marginale à
consommer plus petite dans le court terme que dans le
long terme.
Paragraphe 2
L'économie est fermée, c'est-à-dire que les échanges
internationaux ne sont pas pris en compte.
A court terme, l'exogénéité des dépenses publiques et àe l'in-
vestissement nous permet de formuler l'équilibre entre offre
et demande globales sous la forme
Y.-
C+I+G
C
= a Y + b
relation stable.
Le montant de même que l~~variation du revenu induits par
~fr. ",
;..:•.
"
..

-91-
une variation des dépenses autonomes peuvent être déduits de
notre formule.
Pour des investissements constants
y
:
1 + G + b
:1 y
...
=
1
1 - a
L G
l-a
1
est le multiplicateur de revenu.
l-a
Le processus du multiplicateur appara~t si la fonction
de consommation est stable, c'est-à-dire quand notre prcpen-
sion marginale ~ consommer est constante.
Dans l'analyse keynésienne la propension à consommer
et ses propriétés (constônte et inférieure à un) jouent un
rôle clé.
Dans l'analyse de la propension marginale des pays
de l'Afrique de l'Ouest, nous allons voir dans quelle mesure
le
modèle- keynésien, y est-
valable ou, à défaut, dans
quelle mesure les recommanàations de KEYNES peuvent-elles
être retenues, même sans la vérification de certaines des
propriétés de la fonction de consommation.

. \\
.-
-92-
SEC Tl 01-1 II l
LE CALCUL DES PROPENSIONS MARGINALES
A CONSOm1ER.
~·1arc GUILLAUtlE (1), note dans "~lodëles économiques"
que "tant que dans un ensemble de relations, une variable
endogène ne réapparaît pas comme variable exogène, il n'y a
aucun nouveau problème d'estimation et les relations peuvent
/
être estimées les unes après les autres.
Si notre modèle était de la forme
-
-"
C
=
aY t + b
Yt
= Ct
+
It
,',.
avec Yt variable aléatoire, les remarques
de Mar c GUI LLAU ~1 Ede vrai e nt n0 usa men e r à cal cul e r "a" s e _
lon le principe de l'identification, c'est-à-dire grâce à la
résolution du système d'équations.
Mais dans notre modèle y n'est pas une variable alé-
atoire, il correspond à un revenu observé.
:1
1.···
(1) ~1arc GUILLt-.UME : "Modèl~s Economiques:
~iéthodologie des Modèles et Techniques Macro économétriques"
Presses Universitaires de France 1971.

- 9 3-
Nous appliquerons donc la méthode des régressions sim-
ples dont nous rappelons ici le principe général de calcul.
Nous pouvons écrire notre fonction de consommation
y
=
. + ~ X avec
Y consommation
X le revenu
~ la prcpension marginale à conso~mer
le niveau incompressible de consommaticn~
En rappelant Y notre consommation estimée, nous
pouvons noter l'écart entre Y et Y observée par E.
'.
e
= y - y
La somme des erreurs dans le calcul des consommations
n
n
de toutes les années sera
-
e
=-
=
(y-y)
i=1
i=l
Pour éviter les problèmes de signe. prenons la somme
n
2
des carrés des erreurs -- ei
-
i=l
Le problème de "économètre sera de minimiser la
somme des carrés des erreurs (d'~Ù le nom de moindre car-
rés).
n
2
min S.C.E.
= min -- ei
i=1

-94-
n
2
-~
2
....-
-'-. ei
=
..(
(~ -'='\\ -
u: x)
;=1
1
,: 1
,.,
.,..-
/ \\
........
0 SCE = - 2
(y
,~I
v " ,
:' -
,J
x) = 0
',,\\ ,..>,
i:
-<
Q\\
..,.-
\\
"
,r,
-,
SCE
,
= - 2
x (y -
L.-
'" - ~'''- x) = 0
I
\\
" "
,
-'
-.J
i
__ .r\\
~
".
or
(Y)
.......
+
~
= n '- ,
:'"'
X
( 1 )
-
,"-
,
=
-.
0<
-
,...
2
(XY)
X
:~
-.;-
""'-.
+
:'"",
x
( 2)
.L..
..'.)
En posant 1ll on a
"
y = ,,'
...... ~ "-
+ .'
',...
X
la droite estimée passe
n
donc par la moyenne
(Y
X)
t
, !
!
(Y
y)
=
;7:; (X - X)
;.
.,." - /'
en posant Y-y = y et X - X = X
....:-
/ '
o'n peut écrire
0;:
Y
=
i'-
X
1
.....
fi = y-y = y -
,..--x
1
A
Cl
~
~
.:22
min SCE devient
J..
\\"
~
(y-
J. (y -2
x + -x )
-
2
-
= - y
-2·'b
xy
...-
-.
x2
--- SCE
2 ..!.. xy
2 ...:. ~
0
= -
+
-<-
= 0
- -
- -
~......,
~--
2
-
~
..
..::..
-
"
-
~
xy = - "'- x
~""----~--- .
\\
.........
=. ~
xy
--'. x2
t
:1
i
i
1
,iIlll'

-95-
Clest cette formule que nous utiliserons pour calcu-
ler les propensions à consommer du Sénégal et de la Côte
d'Ivoire et cela dans un premier temps seulement.
En effet, l'enseignement de la théorie économique
1
keynésienne nous a appris que la propension marginale A
consommer correspond au rapport entre la variation de la
1
consommation des ménages et la variation de revenu pour une
1
!
période donnée. Aussi pour rester plus fidèle à la défini-·
f
tion keynésienne, nous appliquerons dans un deuxième temps
t
la méthode traditionnelle du calcul de la propension rr-argi-
\\
{
nale à consommer pour vérifier la stabilité ou l 'instatiiité de
l~
ce paramètre ce qui nous permettra de donner un jugement sur
i
la fiabilit~ des deux méthodes de calcul et partant, sur la
signification économique des résultats obtenus.

- 9 6- "
Paragraphe 1
1) Les données statistiques
Sources - Les comptes de la Nation de 1965 à 76.
- B.C.E.A.O. Rapports d'Activité de 1965
à 1978.
- International Financial Statistics de
1970 à 1980.
ANNEES
REVENU
CON S0~f ~1 p., TION
1965
181,358
163,230
1966
198,241
174,038
1967
210,190
190,390
1968
248,42
214,725
1969
275,194
230,501
1970
307,990
262,518
1971
405,595
385,759
h;
1972
1 437,100
305,510
'2<'""'-'....
1973
·528,616
364,226
.
1974
688,505
456,315
..
1975
767,309
557,267
\\
j
.
.'
!iiI

- 97- "
Ces chiffres, exprimés en milliards de francs C.F.A.
(1 F.F. = 50 F. C.F.A.) n1appellent de commentaires particu-
liers dans l'optique keynésienne de côlcul de la propension
môrginale à consommer, du moins à priori. En effet de 1965
1
à 1975, le revenu et la consommation ivoiriennes sont allés
f
en croissant hormis la baisse de consomiiiation en 72. Dans quel rapport,
1
sommes nous tentés de demander? Pour répondre à cette question appliquons
la méthode des régressions simples grâce à notre formule.
2)
LE CALCUL DE "LAI! PROPENSION t'Î,o.RGINALE GRACE A LA ~iETHO­
DE DES REGRESSIONS SIMPLES.
2
1 A;,NEES 1 Revenu
.
,
,
. R
Consommati on Cl
C x R (l)i R
(2)
1
..
t'
1
1
1
1965
181,358
163,230
29 603,07
32 890,7210,90
1
.
1
1966
148,241
1
1
174,038
34 501,47
39 299,49 , 0,87
1967
210,190
190,390
40 018,07
44 179:8310,90
1
1968
248,42
214,725
153 341,98
61 712,491°,86
1
1969
275,144
230,51
63 432,49
75 731, 737i 0,84
1
,
1
;
1970
307,990
262,518
18C 852,918
94 857, 737j 0,85
i
1
1971
405,595
385,759
156 456,35
164 507,30
0,95
1972
437,100
305,510
133 534,10
191 056,41
0,69
1973
528,616
364,225
1192 535,69
279 434,87
0,68
1
1974
688,505
456,315
1314 175,15
477 039,13
0,66 1
1
l c-c;
J/ ....
767,309
557,267
1
1427 595,98
1588 763, 1°1 0 ,72
!
!
1
.~..

-98
La première remarque est qu'en 1972, le signe de la
propension marginale à consommer est pour le moins étonnant.
En effet cette année, une baisse de la consommation a accom-
pagné une hausse du revenu, ce qui en toute logique devrait
se traduire par une pente négative ; or notre paramètre est
de 0,69.
Cette remarque préliminaire nous permet déjà d'émettre des
réserves sur cette première méthode d'estimation de la pro-
pension à consommer.
Cependant, nous notons que tout au long de cette
décennie 65-75, la propension marginale à consommer, a varié,
allant de 0,66 à 0,90.
En 1965 et en 1967, la valeur 0,90 a été obtenue,
mais à aucun autre moment, il n'y a eu identité dans les
coefficients trouvés.
Notons cependant, qu'après 1971, la propension margi-
nale siest quelque peu "stabilisée" autour de 0,70.
Avant d'utiliser la méthode traditionnelle de calcul
de la propension marginale à consommer, nous allons appliquer
cette méthùde des régressions simples au Sénégal.

-99 ...
Paragraphe 2
1°) LES DONNEES STATISTIOUES :
Sources: Comptes Economiques du Sénégal 1960 à 1971.
B.C.E.A.O. Rapports d'Activités: 1963 à 78.
International Financial Statistics : 1970
à 1980.
Les chiffres sont exprimés en milliards de francs
C.F.A.
1 F.F. = 50 F. C.F.A.
ANNEES
REVENU
CON S0f" f'l ATION
r
1959
120,65
100,72
1960
125,19
103,27
1961
130,39
110,58
1962
137,69
113,44
1963
151 ,94
139,79
1964
163,41
142,26
1965
167,10
142,98
1966
179,05
140,70
1967
174,87
134,52
1968
190,51
153,25
1969
19·1 ,85
~64,63
1970 .
210,27
'175,41
""
w_
. .
.
..

-10C::-
Si peur la Côte d'Ivoire, les données semblaient
" correctes" dans leur ensemble, pour le Sénégal la lectu-
re du tableau ne peut qu'étonner.
En sept ans 1967-1974, le revenu a baissé deux fois
d'abord en 1967 où il ô chuté jusqul~ 174,87 contre 179,05
l'année précédente et puis en 1973 où il n'était plus que de
199,99 contre 261,08 milliards en 1972.
Si pour la deuxième baisse, on peut évoquer la période
de sÉcheresse qui a sévi au Sahel pendant cette époque, il
est difficile d'expliquer la baisse de 1967 par la seule dé-
térioration des termes de l'échange.
La consommation a commencé sa chute avant ceile du
revenu puisque déjà en 1966 elle n'était que de 140,70 mil-
liards, ce qui correspond à une baisse en valeur absolue de
2,28 milliards par rapport à l'année précédante.
Cette baisse de la consommation se poursuivra en 1968
avec le niveau record de 134,52 milliards, c'est-ê-dire moins
que son niveau d'il y a quatre ans.
Si au début de l'indépendance, les économistes expli-
quaient la baisse de l'activité économique par l'éclatement

-101-
de la Fédération du Mali, après 1965 le cas du Sénégal se
classe surtout dans les pays à faible ressource et dépendants
exclusivement d'une ou de deux (arachide, phosphates) ri-
chesses dont la fluctuation des cours sur le marché interna-
tional entrave gravement l'activité économique.
2) LE CALCUL DE LA PROPENSION MARGINALE A CONSOMMER PAR LA
METHODE DES REGRESSIONS SIMPLES.
CR
ANNEES
REVENU R
CON S0r·1 ~I ATION C
C x R
a=
R
1
RL
1
,
1959
120,65
100,72
14 556,42
0,83
1960
125,19
103,27
15 672,53
0,82
1961
130,39
110,58
17 001,55
0,84
1962
137,69
113,44
18 958,54
0,82
1963
151,94
139,79
23 085,76
0,92
1.964
163,41
142,26
26 702,83
0,87
1965
167,10
142,98
27 922,41
0,85
1
1966
179,05
140,70
32 058,90
0,78
1
1
1967
174,87
134,52
30 579,52
0,83
,
1968
190,51
153,25
36 294,06
0,80
1969
191,85
164,63
36 806,42
0,86
1970
210,27
175,41
44 213,472
0,83
Nous constatons pour le Sénégal une marge beaucoup
J>
plus restreinte q~ant ~ux ~carts existant entr~lespropen-
sions marginales.

-la 2-
Alors qulen Côte d'Ivoire, nos paramètres se situaient
entre 0,6
et 0,9 , au Sénégal, sur une période de douze
année, nos paramètres oscillent autour de 0,8.
Le nombre 0,83 est répété 3 fois, le nombre 0,82 se
retrouve deux fois et puis exception faite pour 1966, les au-
tres propensions se situent entre 0,84 et 0,92.
Même si on ne peut pas parler de stabilitê, il est a
noter que la propension marginale à consommer est moins ins-
table au Sénégal qu'en Côte d'Ivoire.
Seulement au point de vue de la méthode, les réserves
émises sur le cas Ivoirien restent valables pour la situation
sénégalaise.
En effet en 1966, à une hausse survenue correspondait
une baisse de la consommation, donc logiquement la propension
à consommer devrait être négative, résultat qui
est anti-
keynésien comme est anti-keynésien le principe même d'une
baisse de consommation après un accroissement de revenu.
~
i'i:.
..(
Cet ensemble de remarq[es nous conduit a retourner à
1a mé t h0 de t rad i t ion ne 11e de ~a 1cul-. de 1a pro pen s ion mar gin ale
'%-
"à ~onsommer et celà sous forml de rapport entre les varia-
.~~.
tians de consommation et de r"èhu pendant une période donnée.
~.:::-

-103-
Paragraphe 3
1)
LE CAS IVOIRIEN
,.
ANNEES
REVENU R
L
CON S0
C
H~' ATION C
R
).
C
= a
i...
-
-
LR
1965
181,358
163,230
1
1
1
1966
198,241
174,038
16,883
10,808 i
0,64
1967
210,190
190,390
11 ,949
16.352
1,36
1968
248,42
214,725
38,23
24,335
0,63
1
1
1
1969
275,194
230,501
26,774
15,n6
0,58
1
1970
307,990
262,518
32,796
32,017
0,97
1971
405,595
385,759
97,605
123.241
1,26
1
1972
437,100
305,510
31,505
- 80,249, - 2,54
1973
528,616
364,226
91,516
58,716
0,64
1974
688,505
456,315
159,89
92,089
0,575
1975
767,309
557,267
78,795
100,92
1,28
1
A trois reprises, des rêsultats "anormaux" par rapport
à l'enseignement, de la science ~conomique, apparaissent. Par -
deux fois, la propension marginale est supêrieure à 1 (1967
et 1975), en 1972 elle est même nêgative !

-104-
La conclusion essentielle demeure que l'épargne inté-
rieure est faible et que toute proposition de politique doit
être incitatrice pour l'épargne.
20
LE CAS SENEGALAIS
Années
Revenu R Consommation C
l, R
Il c a =L c
-
4 R
1959
120,65
100,72
1960
125,19
103,27
4,54
2,55
0,56
1961
130,39
110,58
5,2
7,31
1,405
1962
137,69
113,44
7,3
2,86
0,39
1963
151,94
139,79
14,25
26,35
1,84
1964
163,41
142,26
11 ,47
2,47
0,215
1965
167,10
142,98
3,69
0,72
0,195
1966
179,05
140,70
11 ,95
- 2,28
- 0,19
1957
174,87
134,52
- 4,18
- 6,18
1,47
1968
190,51
153,25
15,64
18,71
1,19
1969
191,85
164,63
1,34
11 ,38
8,49
1970
210,27
175,41
18,42
10,78
0,585
1
1
Là encore, au moins dans leurs valeurs absolues, les
propensions marginales calculées appellent beaucoup d'inter-
rogations.


-105':':
Keynes pense que "la loi spychologique fondamentale,
~ laquelle nous pouvons faire toute confiance, à la fois a
priori en raison de notre connaissance de la nature humaine
et a posteriori en raison des enseignements détaillés de
l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les
hommes tendent â accroître leur consommation à mesure que
leur revenu croit, mais non d'une quantité aussi grande que
l'auamentation du revenu ... ".
"'
L'augmentation de la consommation d'une quantité infé-
rieure à celle de l'augmentation du revenu explique des pro-
pensions marginales à consommer inférieures à l'unité.
Mais l'auteur de la Théorie Générale dit bien en
"moyenne et la plupart du temps". Cette nuance explique-t-
elle des propensions quelques fois supérieures à un, même si
la plupart du temps elles sont comprises entre zéro et l'u-
nité?
Si oui, comment s'explique alors la baisse de la consommation
quand le revenu augmente?
Si la somme des propensions marginales à épargner et
à consommer est ~gale à l 'unité. com~ent s'expliquerait au
Sénégal une propension ~ épargner supérieure à l'unité en
1972, dans un pays où la déficience en capitaux est une donnée
structurelle?

-105-
Cette première partie nous apprend déjà trois choses
- Les fonctions de demande de monnaie en Afrique de l'Ouest
(du moins au SéQégal et en Côte d'Ivoire), contrairement à
l'affirmation de ADELUNKE. ne sont pas des fonctions sta-
bles, puisque les estimateurs varient dans le temps.
- Les fonctions de consommation elles aussi sont instables.
mais leur instabilité est moindre que celle des fonctions
de demande de monnaie.
- Le niveau de l'épargne intérieur, si nous nous fions à la
propension à épargner, reste à un niveau très faible.
Dores et déjà, nous pouvons avancer que, quelle que soit la
politique adoptée (taux d'intérêt ou agrégat monétaire), si
celle-ci ne favorise pas un accroissement de l'épargne, elle
ne répond pas aux besoins des pays ouest-africains.
On comprend aisément que les vérifications et calculs,
auxquels nous nous sommes attachés ne visaient qu'un but:
dégager la sig~ificatlon économique des fonctions pour les
confronter aux théories monétaires afin de voir ce qui pour-
rait être une politique monétaire en Afrique de l'Ouest.

-107-
-1 l e P ART lE

".&
-108~
LA PLACE DU COMPORTEMENT DES AGENTS ECONOMIQUES
DANS LA THEORIE MONETAIRE
Avant de proposer une politique monétaire ouest-afri-
caine dictée par le comportement des agents économiques, il
nous semble nécessaire de voir quelle est la place que la thé-
orie monétaire réserve au comportement de ces agents écono-
miques.
La comptabilité nationale distingue 5 agents économi-
ques, qui sont: les entreprises non financières, les ména-
ges, l'Etat, les institutions financières et l'Extérieur.

-109-"
Or, dans la thêorie monétaire relative aux pays sous-
développés, qu'elle soit structuraliste ou néo-libérale, on
ne met l'accent que sur deux de ces agents.
Les structuralistes condamnent le caractère inégal
du commerce international et veulent que l'Etat s'attèle à
une politique de substitution aux importations pour combat-
tre les inégalités dans la répartition du revenu.
Leur analyse se base donc sur les rapports entre
l'Etat et l'Extérieur.
Les néo-l ibéraux condamnent les relations entre l'Etat
e t 1esin s t i tut ion s fin a nc i ère s rel a t i ~n i qui, à 1eur avis ,
correspondent à une répression financière.
Mais dans aucune de ces théories, 1 laccent n'est mis
sur le comportement des ménages ou des entreprises vis-à-vis
de l'encaisse monétaire. Même si les néo-libéraux postulent
sans le démontrer, la compatibilité entre détention d'encaisse
et investissement,ils ne nous éclairent pas sur la stabilité
ou l'instabilité de ce comportement dans le temps .
.l.r
' i
.
-..
; . , - . . .
'-~,:."~::..
Cette observation nous amène à divi~t~ notre deuxième
- - .~;-
partie en deux chapitres.
, ,

-110-
Le premier chapitre nous permettra de discuter les
thèsps structuralist~s et néo-libérales, thèses qui relè-
guent au second plan le problème des comportements comme si
l 'homo-économicus dans les pays sous-développés ne peut que
------ ----....__ . -- --~--- .~-_._.,- --,------~------- - - - - - - -
- - - - - - - - .
s~~.~!__1..~__p~~_5tiq~_e monétaire, ou si les autorités monétaires
ne peuvent pas infléchir ces comportements.
_.. --- ---
- -- - --_._....- ... ,._---.------
'.-
-
--,----,_., -----
- , '
-'-
_.._- ._..,~-
Le second chapitre
consacré aux modèles origi-
nels de la politique monétaire nous ramène au débat entre
monétaristes et keynésiens sur les canaux de transmission de
la politique monétaire avec une tentative de synthèse des
économistes de l 'O.C.O.E., synthèse que nous discuterons
dans l'optique d'une politique monétaire dans un pays sous-
développé, en intégrant notamment l'hypothèse de l'insta-
bil i té e n pro ven ance de l' 0f f r e (t~ 0Dl GLI AN 1.) e t lIe f f e t
d'annonce réinterprété par Christian de BOISSIEU.

-111-
CHAPITRE l
LES THEORIES MONETAIRES DA~S LES PAYS
SOUS-DEVELOPPES.
Dans les pays sous-développés, il existe deux théo-
ries, dans le domaine monétaire: la théorie structuraliste
et la théorie néo-libérale.
Ces deux courants de pensée s lappuient sur le fait q~e
les économies, de l'Amérique Latine et d'une manière générale
les économies sous-développées sont morcelées. Il en découle
que le rend~ment des divers facteurs de production (capital,
travail, terre) ainsi que les coOts des produits peuvent va-
rier considérablement. Ces défauts-de mêrché sont à llorigine
d'une mauvaise utilisation des ressources disponibles.

-112-
Ces économies dualistes, c'est-~-dire dans lesquelles
coex1stent des techniques anciennes et des techniques moder-
nes, connaissent un autre mal: le manque de formation de la
main-d'oeuvre.
'
En dehors de ces hypothèses de base, les thêories struc·
turalistes et néo-libérales, divergent nettement dans leurs
recommandations pratiques, du fait de leur cadre analytique
différent.
SOUS-CHAPITRE l
LA THEORIE STRUCTURALISTE.
La théorie structuraliste est une analyse globale de
la théorie et de la politique du développement.
Ce caractère global de l'analyse est un mérite certain, il
permet d'étudier les problèmes économiques dans leur ensem-
ble, essayant de réussir simultanément les grands équilibres
économiques que sont la stabilité des prix, une croissance
durable, une balance des paiements excédentaire sinon équili-
brée, un plein emploi des facteurs de production, une répar-
tition meilleure du revenu national ...


-113-
Nous devons cette théorie en grande partie à des éco-
nomistes américains et latino-américains comme H. CHENERY (1),
W.A. LEWIS (2), Raül PREBISCH (3), H.W. SINGER (4), mais
aussi à un économiste d'origine êgyptienne, Samir AMIN (5)
dont la particularité des thèses nous amène à discuter ses
idées à la fin de ce sous-chapitre.
Ces auteurs qui s'interrogeaient sur les économies
latino-américaines sont partis de constatations sur les
structures des économies sous-développées pour répondre aux
problèmes de croissance posé~s par ces économies.
SECTION l
LES CAUSES DU SOUS-DEVELOPPEMENT.
- ~elon les structuralistes, le mal des pays sous-développés
provient du caractère inégal dans les échanges internatio-
naux.
Certes, soutiennent les tenants de cette théorie, il y a une
inélasticité de l'offre et de la demande sur les rr.archés in-
térieurs, mais cette inélasticité est encore plus criante
(1) H. CHENERY, ed. : "Studies in Development Planning" - Cambridge,
March 1971._~.~,:·.
.'
(2) W.A. LEWIS: "Economic Develcpment with Unlimif6è Supplies of lfbor"
Manchester School, May 1954.
. . . ' "':,j;." . . '

(3) Raül PREBISCH : "Commercial Pelicy in the Under~'ëtôîièd Countnes"
American Economic Review Process ~~ay 195~.:.;;,::
(4) H.W. SINGER: "The Distribution of .. Gai'Qs·Eetwee~ri\\i~sting
and Bor-
rowing ÛJuntries" - I,merican Economic R.p.-eay 1950.
t
(5) Samir AMIN: "L 'Accumulation ~ l'Echelle ~'ondialec"': Critique de la
Théorie du sous-développement" IFAN
Dakar -,Editions Anthro-
pos - Paris 1970.

-114-
dans les échanges commerciaux avec le reste du monde. Les éco-
nomistes latina-américains (RaUl PREBISCH) soulignent la vul-
nérabilité des économies liées à un petit nombre de produits
primaires et à la dé~rioration des termes de l'échange, phé-
nomène se caractérisant par une hausse des prix à l'importa-
tion pendant que fluctue le prix des produits primaires sur
le marché international.
Il est intéressant de constater qu'en Afrique de l 'Ouest, 1es
constatations des structuralistes sur le marché international
se vérifient.
En effet, le Bénin, le Togo, la Haute-Volta, le Séné-
gal et la Côte-d'Ivoire tirent leurs recettes d'exportation
dans la production de l'arachide et de ses dérivées (huiles),
dans la production du cacao, du café et du coton.
Or l'évolution des cours moyens de ces produits a
connu des fortunes diverses.
Si pour l 'huile la moyenne était de 886 dollars par
tonne métr1que en décembre 78 contre 539 dollars par tonne
métrique en décembre 197ï, la moyenne mensuelle du prix du ca-
fé n'était plus que de 132 U.S. cents par livre poids contre
186 en décembre 1977 .


-
115 -
Ces exemples que l'on pourrait multiplier montrent
assez que, si parfois les constatations des structuralistes
se vérifient, il serait hasardeux d'en faire une règle d'or,
car certains produits dans les pays sous-développés, peut-
être à cause de leur rareté sur le marché international et
aussi à cause de leur nécessité dans les pays développés.
certains produits donc connaissent des cours stables à défaut
d'une hausse régulière comme dans le cas du pétrole.
Les structuralistes pensent qu'une politique purement moné-
taire ne peut rien contre ces phénomènes exogènes car si cet-
te pOlitique est déflationniste, elle entraîne une baisse
des revenus liée a la diminution des exportations, ce qui
revient à accepter la rÉcession au lieu de la combattre.
Par contre une politique inflationniste dûe par exem-
ple à un accroissement du crédit intérieur au lieu de com-
penser l'insuffisance de la demande risque d'accentuer le
d~ficit de la balance commerciale, les importations s'accé-
lérant au rythme de la demande intérieure.
Si les hypothèses de base de la théorie structuraliste
notamment la structure du commerce international et la mau-
vaise répartition du revenu national sont justifiées, on peut
s'étonner de voir que leurs recommandations en matière de po-
litique économique sont "a-monétaires".
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'-'::;',/
.'
"-116-
i ' ~
r
,
Leur insuffisance fondamentale est de ne s'être pas
interrogés sur les structures des marchés financiers et mo-
n~taires des pays sous-développés, ou alors de minimiser l'im-
pact de la monnaie'dans ces économies en donnant trop la pri-
orité aux échanges internationaux, ce qui fait que leurs re-
commandations en matière de politiques économiques, si elles
sont justes n'en seront pas moins incomplètes parce qu'ampu-
tées du facteur essentiel qu'est la monnaie.
SECTION II
LA POLITIQUE ECONOMIQUE STRUCTURALISTE.
Parce que selon eux le mal vient de l'extérieur, les
structuralistes préconisent une politique économique tendant
à rendre les pays sous-développés moins dépendants du marché
international.
Pour protéger: les économies sous-développées contre
les chocs exogènes, à court terme et pour réaliser à long ter-
me l'équilibre de la balance des paiements, les économistes
comme PREBISCH (Op. cité) prop~sent une politique de substi-
tution aux importations. Les économies sous-développées doi-
vent développer une.industrialisation conforme à leurs capa-

-117-
cités humaines et technologiques afin de satisfaire elles-
mêmes leur demande intérieure, réduisant leurs importations
- aux seuls biens d'équipement nécessaires à leur développe-
ment.
et dont ils sont encore incapables de se pourvoir dans
leurs usines aujourd'hui, faute de capitaux et de niveau
technologiques suffisants.
Sur le plan interne, l'Etat doit se préoccuper de réa-
lisations sociales pour combattre les inégalités.
Hais l'inflation Ildes groupes d'intérêt ll , source d'inégalités
sociales que dénoncent les structuralistes peut-elle être
atténuée par une action croissante de l'Etat; si on se rap-
pelle que l'utilisation de la planche à billets peut entrai-
ner une infiaticn ?
Ces remarques nous amènent à retenir que si ies hypo-
thèses et les propositions, structuralistes sont pertinentes,
elles n'en sont pas moins insuffisantes pour une théorie glo-
bale du développement: en évacuant mécanismes et politiques
monétaires dans leurs propositions, quant à une croissance
des pays·sous-développés, ils font penser à des soldats dépour-
Pi··
vus de munition.
S'ils ne nient pas le caractê~e monétaire des éconc-
.~~
. ...r,
...,

-118-
mies sous-développées malgré leur analyse dualiste, ils ont
eu tort de ne s'être pas interrogés sur l'impact des taux
d'intérêt, l'évolution des agrégats monétaires ou la struc-
ture des marchês'IDonétaires et financiers.
Car slil est vrai que le solde de la balance des paie-
ments se répercute sur le bilan de la Banque Centrale, il
n'en est pas moins vrai qu'une politique monétaire axée sur
une meilleure utilisation du crédit à l'économie et une inci-
tation à l'épargne peut modifier le processus de production
et de demande, ce qui est une manière plus réaliste d'agir
sur l'évolution de la balance des paiements.
Bien sûr à ce niveau, on peut se demander ce que peut
l'Etat contre la contrainte internationale dans le domaine
monétaire et financier.
A ce niveau, une autre remarque apparaît: les phéno-
mènes monétaire et financier ne sont-ils pas la résultante
des échanges commerciaux sur le marché mondial?
L'analys.e des composantes de la balance des paiements
nous donne une réponse partielle; en effet la balance commer-
ciale qui inventorip la position de la notion vis-à-vis de
ses échanges commerciaux avec l'Extérieur nous éclaire sur
e.
1
1

-119-
1 'êvolution des avoirs extérieurs des institutions finan-
cières.
Raül PREBISCH estime que le caractère inégal des échan-
ges internationaux doit â~ener les pays sous-développés a
opter pour une politique de substitution aux importations.
Samir AMIN ira plus loin. Il argue que les flux de
capitaux étrangers qui devraient équilibrer la balance des·
paiements sont contrebalancés par le reflux de capitaux vers
les pays développés, reflux correspondant au rappatriement
de bé né fic es; l 1 au te ur de Il l 1 A,: c umLi 1a t i on à liE: c he 11 e t'10 n-
diale"pense qt.:e le retrait du commerce international est une
condition première pour le développement des pays sous-
développés. Ce sont ces deux thèses que nous présenterons
pour terminer l'étude des théories structuralistes.
Les auteurs structuralistes ont en commun le rejet de
la théorie de ROSTOW.
En effet, ROSTOW est un "étapiste" qui décrit la croissance
des nations en cinq étapes :
- la société traditionnelle, inorganisée quant à la mise en
oeuvre d'activité de production à l'écheYle globale.
-
- la société des précondit1cns du développement où un embryon
d'activité productive prend forme.
- la période de décollage qui correspond au cas de pays comme

-120-
la Côte d'Ivoire.
- la période de maturité.
- la période de consommation de masse.
Les pays qui ne sont pas aujourd'hui dans la période de
consommation de masse verront leur retard comblé au fil des
décennies et ce grâce à une croissance accrue favorisée par
le développement des moyens de production.
Les structural istes estiment que llanalyse de ROSTOV!
omet un facteur essentiel : si on peut comparer la situation
de certains pays sous-développés à celle des pays occidentaux
lors du siècle dernier; rien n'indique à priori que ce re-
tard sera comblé un siècle plus tard, car les pays aujour-
d'hui développés nlont pas connu la domination extérieure
que connaissent aujourd'hui les pays sous-développés.
Malgré cette unanimité dans la condamnation des rè-
gles du commerce international, nous allons voir dans les
sections suivantes, que le courant de pensée structuraliste
n'p.st pas pour autant homogène.

- 121-
SECTION III
LA CONTROVERSE PREBISCH-AMIN.
Au niveau terminologique, PREBISCH (1) appelle "centre"
le monde développé.
Les pays sous-développés constituent la "périphérie".
L'objet de son étude est d'expliquer le déficit chro-
nique des pays sous-développés au XXe siècle.
Pour ce faire, il analyse les rapports commerciaux du
XIXe siècle et ceux du XXe siècle.
Au XIXe siècle, le "centre" du monde, c'était la
Grande-Bretagne, tandis qu'aujourd'hui les U.S.A. sont le
"centre" du monde.
Pour PREBISCH, il y avait une symétrie dans les échan-
ges commerciaux du siècle dernier. La Grande-Bretagne qui
avait une activité économique supérieure à celle de la péri-
phérie avait un gain en or en période de récession.
Par con t r e, en pério de d' exp a.n-s ion ~e~~iïtrr\\por t atic r. s
~"
'"\\i""
S 1 ace roi s s ~ i en t con s i dé rab 1emen t et' en t r a 'i'i;:ri·~.~i un f 1ux d' 0 r
(1) a.N.U.
The economic development of Latin Pmer;ca and its pro-
blems, chap. 4 cité par AMIN.

"
-122-
vers la "pêriphérie", mais A la fin du cycle, la balance
était en équilibre.
Mais au XXe siècle, le phénomène a perdu sa suprématie
parce que les U.S.A., nouveau "centre" du monde ont une pro-
pension à importer sans cesse décroissante alors que la pro-
pension à importer de la Grande-Bretagne restait stable.
En conclusion, PREBISCH pense que, pour que la symé-
trie demeurât, il aurait fallu que le quotient
fluctuation du "centre"
croisse régu1ière-
fluctuation de la "périphérie"
ment (étant donné la baisse de la propension à importer du
"centre)", ce qui nlest pas le cas présent, caractérisé par
une importante fluctuation de la "périphérie", fluctuation
qui abaisse la valeur absolue du rapport ..
Le reproche fondamental que AMIN fait a PREBISCH clest
de vouloir expliquer le déficit chronique de la balance des
pays sous-développés au seul travers de la propension à im-
porter du "centre" et des fluctuations.
AMIN (1) défend son point de vue dans un exemple
"Supposons le monde entier divisé en deux pays: le
(1) AMIN déjà cité, pages 567-569.

,
i
-123-
t!
1
"centre" développé et la "périphêrie" sous-développée.
i
Supposons les fluctuations plus amples au "centre".
1
ï
En période de dépression les importations du centre baissent
de 50 %. celles de la périphérie (qui sont les exportations
1
du centre) de 10 % par exemple. La balance se détériore pour
i
la périphérie, s'améliore pour le centre. Il en est inverse-
ment en période de prospérité. Sur un cycle entier la balance
extérieure reste équilibrée. On aurait pu supposer l'inverse,
c'est-à-dire les fluctuations plus amples A la périphérie,-ou
également amples.
Le résultat eut été le même. L'ampleur relative des f1uctua-
tions explique qui profite de la prospérité, le centre ou la
périphérie et qui souffre de la dépression.
Elle ne saurait expliquer une quelconque asymétrie dans la
balance, un déficit chronique -pour l'un des deux pèrlemen-
taires.
Quant aux propensions à importer, elles expliquent
l'ampleur relative des fluctuations".
"Introduisons un mouvement de la propension A impor-
ter du centre. Lors de la dépression les importations du cen-
tre, dont les fluctuations sont supposées plus amples par
exemples, baissent de 50 %, celles de la périphérie de 10 %.

':';124-
Le centre a un excédent dans sa balance, la périphérie un
déficit. Vient la prospéritê. Entre temps la propension à
;~~orter du centre ayant décru, au lieu d'augmenter de 50 %
les importations"du centre n'augmentent que de 20 %. Celles
de la périphérie de 10 %. La balance de la périphérie est excé-
dentaire mais moins qu'elle ne fut déficitaire lors de la
dépression. Il y a déficit chronique ll •
Samir AMIN conclut qu'on peut accepter ou refuser les
hypothèses de PREBISCH (fluctuations plus amples du centre,
au Ige siècle, baisse de la propension ~ importer des Etats-
Unis), son raisonnement est juste: pour que le phénomène res-
te symétrique, le rapport
fluctuation du centre
doit
fluctuation de la périphérie
croTtre dans la proportion où décroTt la propension marginale
~ importer.
AMIN réfute plusieurs des hypothèses de PREBISCH
Au XIXe siècle, soutient-il les fluctuations étaient
équivalentes au II cen tre ll et à la II périphérie ll •
• Au XXe siècle les fluctuations sont plus grandes dans les
.
pays sous-développés, ce qui accro~t les conséquences de la
baisse de la propension à importer des Etats-Unis.
Ce qu'il faut considérer, ce nlest pas la baisse de la

propension marginale·à importer
des Etats-Unis (passée de
•..

.. -125-
5,9 % en 1919 à 3,0 % en 1978), mais l'évolution de la pro-
pension des pays développés pris globalement à importer
des pays sous-développés pris également de manière globale.
La
propension à importer des pays développés s'accroît
régulièrement ~ cause du commerce grandissant entre eux, de
même la propension des pays sous-développés à importer des
pays développés s'accroit régulièrement étant donné que le
commerce entre pays sous-développés est très faible.
Selon AMIN le rapport
propension des pays développés à importer de la périphérie
propension de la périphérie à importer des pays développés
serait voisin de 25 % aujourd'hui, alors qu'au départ le rap-
port était proche de l'unité.
Samin AMIN soutient que :
" .•• le développement du centre est fondé sur le mar-
ché intérieur (celui de l'ensemble des pays développés) tan-
dis que celui de la périphérie est fondé sur le marché ex-
térieur (cel.ui des pays développés). C'est cette asymétrie de
structure fcndame~tale qui explique 1 'éY9lution du rapport
--- -- ---
.,'.. t.
~ ...
.
...-
~'t.
......~~~.
des pre pen s ion s à i mp0 rte r ".
-..c· ;:~._ ~~~,:.,.:~1'
Samir AMIN insiste ensuite sur le fait que ce phêno-

-126-
m~ne n'est pas propre au XXe siècle, mais permanent depuis
l'intégration de la périphérie au marché mondial, et si on
semble ne s'en apercevoir qu'au XXe siêcle, c'est parce que
rREBISCn néglige da~ son analyse les Butres postes de la ba-
lance des paiements; en effet estime l'auteur de 'Ill'Accumu-
l ;1 t ion à l' Eche 11e l"~ 0 ndia 1e ",le s mou vemen t s de cap i tau x ver s
les pays sous-développés compensaient les déficits commer-
ciaux. Au XIXe siêcle. les mouvements de capitaux vers les
r~Ys sous-développés étaient plus forts que les reflux de .
capitaux dûs au rappatriement de profits, aujourd'hui, les
reflux de capitaux l'emportent et leur addition à la détério-
ration des termes de l'échange accentue le déficit de la ba-
lance des paiements dans les pays sous-développés.
Samir AMIN dénonce le caractère "extraverti" des économies
sous-développées et estime que la rupture avec le marché mon-
dial est une condition nécessaire pour un développement "auto-
centré".
\\i.

-127-
SECTION IV
LES CONDITIONS DU DEVELOPPEMENT SELON
AI·i! N. (1)
1°)
L'impossibilité d'une politique monétaire
efficace.
Pour AMIN, la dépendance commerciale des pays sous-
développés vis-à-vis du marché mendial entra~ne une dépen-
dance monétaire et financière. Les pays sous-développés sont
sous l'influence de leurs anciens colonisateurs (zone franc,
zone sterling) ou de nouveaux protecteurs (voir l'Amérique
Latine et les U.S.A.), la dépendance commerciale ôte aux ban-
ques centrales et aux autorités toute possibilité àe politique
monétaire d'autant plus que les exigences des zones monétai-
res ne servent que les intérêts des pays dominants.
Les entreprises installées dans les pays sous-dévelop-
pés sont des filiales de multinationales et trouvent des li-
quidités sur le marché international ce qui ôte toute sa si-
gnification aux politiques nationales de crédit.
Les"excédents de liquidités dès pays sous-développés
(1) Samir ArvlIN
op. cité
pages 39 à 45.

"-128-
sont toujours placés sur les marchés financiers du centre or,
du fait de l'existence de zones monétaires, on ne peut refu-
ser aux détenteurs de fonds le libre transfert de liquiditês.
Les paysans de la périphérie qui demandent du crédit
(d'ailleurs chez un usurier) ne le font pas pour étendre leur
activitê, mais c'est parce qu'ils se trouvent dêj! en situa-
tian de ruine.
Pour toutes ces "raisons", S. AMIN pense que 1I1 a rupture
avec le marché mondial est la condition première du dévelop-
pement" car poursuit-il, l'échec des planifications s'expli-
que par le fait que la "périphérie ll est restée dans le mar-
ché mondial.
Il déplore ensuite
IILes "théories" du développement formulées par les
économistes libfraux de l'Ouest (B.I.R.D. O.C.O.E. etc ... )
et ceux de l'école russe se rejoignent sur ce point essen-
tiel : le refus de rupture avec le marché mondial".
Pour AMIN, le développement suppose: une économie nationale
"homogène", des activités industrfelles complémentaires, un
dynamisme propre.

.. -129-
2°)
Les exigences d'une politique de développement.
Une planification du développement doit inspirer
trois objectifs :
- L' "homogénéité ll de l'économie nationale. c'est-à-dire
1
l'organisation du transfert progressif de la population
î
i
active des secteurs à faible productivité vers les sec-
teurs à forte productivité.
11 faut que la main-d'oeuvre quitte l'agriculture dé
subsistance pour l'industrie.
Parallèlement. la productivité de l'agriculture tradition-
nelle doit être améliorée. ce qui nécessite des transfor-
mations "soc iales. de mode de vie et de culture".
- Le développement de la "périphérie" dépendant aujourd'hui
du marché mondial. il faut combattre ce caractère t1 ex tra-
verti" en liant activité agricole. industries lêgêres de
consommation. industrie de base (énergie. sidérurgie et
mécanique, chimie).
- Un dynamisme propre.
Le moins que l'on puisse reprocher à la thêse de Samir AMIN
c'est son surprenant manque de réalisme.
Lac art e 9é 0 - poli t i que du ~ ~~~~~~~~ ,l, pe r met de for-
muler à cet, égard deux remarquest':·!~;~{·,·.~::~:·

..
-130-
_ l'une licClllomique, l'autre politique, les deux étant
d'ailleurs dialectiquement liées.
Sur le plan ~~onomique, la proposition structuraliste
de pol itique de substitution aux importations (malgré ses
faiblesses que nous évoquerons) est nettement supérieure.
Les relati0ns internationales, tissées par des liens séculai-
res sont aujourd'hui une donnée pour toutes les économies du
monde.
On peut regretter, dénoncer et tenter de remédier aux
insuffisances de ses règles et à son caractère inégal, il
apparaftra comme un suicide que de proposer aux pays sous-
développés leur retrait du marché ~ondial.
Qu'un paysan, par habitude ou par nature se confie
plus aisément à un usurier qu'à une banque, cela ne pourrait
justifier l'abandon de politique monétaire dès l'instant où
on se rappelle que la politique monétaire peut être incita-
tive et amener l'agent économique à changer de comportement
pour peu qu'on veuille l'initier à l'intermédiation finan-
c1ère, surtout si celle-ci renferme un caractère social. Sur
le plari politique, la thêse de;S. AMIN n'est pas sans rappe-
,i
r~

}~r celle du "compter sur ses ~ropres forces" qui fut si chère
-
aux Chinois.

:;'131-
Or, depuis la mort de MAO, les nouveaux dirigeants,
en "ouvrant leurs frontières" au Reste du Monde reconnaissent
implicitement l'erreur que comportait leur ligne politique
après la révolution de 1948.
Récemment encore, les Khmers Rouges, sous prétexte
d'une "révolution nationale" avaient embarqué le peuple Carn-
bodgien dans les campagnes, vidant les villes: le refus des
Cambodgiens à l'égard de cet aventurisme pclitico-économique
nous amène à nous demander si AMIN aurait encore ~cr;t la
même chose en 1980.
" .:
_S:ii.~·.·.~.~.:;.

.,--.---
. . .
;-
r-~~~'
..
f.,
- 132-
1
SOUS-CHAPITRE II
LA THEORIE NEO-LIBERALE.
Les études relatives ~ la création de la monnaie et au
rôle des systèmes bancaires et financiers dans les pays en
voie de développement sont récentes car à l'exception de pu-
blications du Fonds Monétaire International, les contributions
académiques dans le processus d'accumulation du capital ne
datent guère de plus d'une décennie.
Pendant longtemps, l'analyse néo-classique, théorie
dominante a inspiré les recommandations en matière de politi-
que monétaire.
C'est pourquoi les néo-libéraux, premiers économistes
à s'être occupés des mécanismes monétaires et financiers

"
-133-
dans les pays en voie de développement ont retenu comme norme
de référence le cadre conceptuel néo-classique.
Mc KINNON (1), que lion pourrait appeler le chef de
file de ce courant néo-libéral est parti de la critique de
1 'hypothèse néo-classique de la substituabilitê entre encais-
ses monétaires et investissement pour bâtir sa théorie de la
complémentaritê, théorie selon laquelle, il y a une corréla-
tion positive entre encaisses monétaires et investissement·
car estime-t-il dans les pays en voie de développement, la
monnaie est quasiment l'unique actif disponible.
SECTION l
LE POINT DE DEPART :
LE MODELE NEC-CLASSIQUE DE CROISSANCE.
Dans son étude sur l'inflation, l'épargne et la crcis-
sance dans les pays en voie de développement, A.P.THIRWALL(2)
aboutit à la conclusion suivante
"Pour élever le taux d'investissement productif
qui commande le processus de croissance, les
politiques tendant â l'augmentation de la deman-
de d'encaisses réelles sont a écarter".
------------------..·_.-:.r-....;....·-··--------
(1) R.I. t-'iC KINNON Edit. : "Money and Finante in.:Economic Growth and
Deve 1opment. Es says in Honor of fdllia rd S. SH.A.W" Bu s \\ nes s Ec onomi cs
and Finance Vol. 8 1976.
R.I. MC KINNON : "~~oney and Capital in Economic Development" - The
Erocking Institution 1973.
(2) A.P. THIRW,A.LL : "Inflation, Savings and Growth in Developing
Economies" - Mc Mi1lan 1974.

-134-
En effet, la théorie néo-classique du portefeuille,
en ne dissociant plu~ ~~~orie monétaire et théorie de la va-
~~~ des biens conduit à la parfaite substituabilité entre
l'actif monêtdire et ~ - ou les - actifs physiques ou fi-
nanciers : la structure optimale du patrimoine étant atteinte
quand les taux de rendement marginaux des différents actifs
s'égalisent.
La demande d'encaisses réelles est alors une fonction
croissante du revenu réel et du taux de rendement réel margi-
nal de la monnaie (taux qui dépend de la préférence pour la
liquidité et/ou une rémunération pécuniaire des encaisses) ;
par contre cette demande d'encaisses réelles est une fonction
décroissante des taux de rendement marginaux des actifs phy-
siques et financiers: il y a donc dans cette analyse une
substituabilité entre le capital et le stock réel de monnaie.
Ainsi le revenu disponible aura deux composantes
le
revenu r~el et la variation du stock réel de monnaie.
Soit YD = revenu disponible
y
revenu réel
et
1\\ (M)
~
~
La variation du stock réelle de
monnaie.
~t

-135-
Il en découle que
L
Y
(M)
D = Y +
( L~1
Y
-
1: P) M
'tr
=
+
-
Lt
M
M
P
~
= y +
( ~i - P) M
-P
La fonction d'investissement dans le modèle néo-
classique de croissance équilibrée s'écrit alors
\\
~K
=
Revenu - Dépense
=
y - cyd
c = propension marginale à COli-
sommer.
= y - ( 1 - s) )td S = propension marginale à épar-
gner.
C = 1 - s
~
Puisque Y
=
o
y + (M - P)
M
p
avec s - 1,,'0
,




M -
P > 0
C. K = ~ y + (s - 1) (M - P) M
;\\ t
,.-
P
avec K capital
M s toc k nom i na1 de miP na,i e.
•fi, accroissement du ~ck nominal de monnaie par
suite de temps.
P niveau agrégé des' prix.

~.
t .~J'
,
-136-
De cettf' présentation il résulte que la .demande réel-
le de monnaie M se soustrait du volume d'épargne réelle S y
p
en conséquence si ! est donné un
accroissement du taux de
rendement pécuniaire de la monnaie se traduit par une demande
supplémentaire de monnaie, demande que l'on ne peut satis-
faire qu'en transformant l'épargne réelle en monnaie.
L'accumulation d'actifs monétaires se fait au détri-
ment d'autres formes d'épargne.
En conclusion, il faut abaisser le taux de rendement
de la monnaie pour accro'tre le taux de croissance du capi-
ta l .
Notons aussi que dans l'analyse néo-classique, l'aug-
mentation du stock d'encaisses réelles ne peut accro,tre la
propension à épargner puisque l 'hypothèse de perfectibilité
des marchés de capitaux assure un ajustement direct
par un taux d'intérêt d'équilibre unique et sans coût
es
capacités de financement des agents à exc~dent au besoin de
financement des agents à déficit; si on n'y nie pas tout
processus d'intermédiation par la monnaie, le taux d'intérêt
représente le prix du capital (fonds prêtables).
Mais MC KINNDN pour développer sa thêorie néo-libérale
s'attaquera surtout à l 'hypothèse de substituabilité entre



-13 7-
encaisses monétaires et placement.
SECTION Il
L'EVOLUTION DES CONCEPTIONS
LA THESE NEO-L!BERALE.
Des êtudes de E.S. SHAW (1) et de MC KINNON, il res-
sort qu'au moins en quatre points, la situation des pays en
voie de développement ne se prête pas à l'application du mo-
dèle néo-classique de croissance.
a)
L'indivisibilité des investissements ne permet pas
l'emploi de l'analyse marginale et de la loi des rendements
décroissants qui en découle.
Dans les pays en voie de développement, l'investis-
sement correspond en général à la mise en oeuvre d'une tech-
nologie nouvelle (engrais, mécanisation du monde rural), ce
qui se traduit par une discontinuité dans les rendements et
l'obtention d'une meilleure rentabilité par rapport à l'éta-
pe initiale: donc l'accumulation du capital n'est pas auto-
matiquement synonyme d'une baisse du rendement moyen de
celui-ci.
..
. ~~~.
~
;.....,
(;'
1 i.~j
..
(1) E. S~AW, "Financial Oeepening in Econo~iÎc Developmènt" -
The Erooking Institution, Wôshington D.C. 1973.

··,·r-.······~I.••·~
.
,:
~
,
f
,
1
,r
:138-
b)
Le caractère emtryonn~~re ou dêficient de la struc-
ture financière des pays en voie de développement entraîne
la quasi-inexistence des actifs financiers rencontrés dans
les pays développês .......
Malgré les incertitudes quant à sa valeur future liée
aux tendances inflationnistes, la monnaie constitue l'actif
financier fondamental comme en témoigne la nette prééminence
des banques de dépôts au sein des institutions financièresr
c)
Parce que l~s marchês sont fragmentês dans les pays
en voie de développement, la comparaison néo-classique des
rendements des divers actifs nlest pas aisée.
d)
En raison des difficultés d'accès au crédit, dûes no-
tamment à la répression financière, le système productif
fait de l'auto financement un préalable indispensable dans
son activité et l'accumulation d'épargne monétaire va alors
entra~ner un accroissement du capital.
MC KINNON, dont le souci est la condition de financement de
la croissance déduira de ces constatations que:
"La monnaie est la canalisation obligatoire pour
l'accumulation du capital".
Il insiste sur la complémentarité nécessaire entre la demande
d'encaisses réelles (actif financier unique) et la demande

de capital.

-139-
Le motif d'investissement devient donc un nouvel argu-
ment de la fonction de demande d'encaisses réelles qui s'ex-
primera ainsi
M = f (Y, d - pa, rm)
p
y:le revenu réel
d : le rendement nominal de la monnaie déterminé par
la préférence pour la liquidité et pour une rému-
nération pécuniaire des encaisses.
pa = variation anticipée du niveau ôgrégé des prix
rm = l e rendement moyen du capital physique
1\\
\\
}.
avec
- f , 0
i..-
f
" 0
c-. f
"-
0
,

...
{
L (d _pa
."
i-Y
"
[.;..
rm
La fonction d'Investissement sera donc:
• a
l
= F
(rm, d - P )
Y
Cette nouvelle furmulation de la fonction d'investis-
sement confère à celle-ci les propriétés suivantes:
- a) "L'effet conduit" qu'exerce la monnaie se décrit selon
un nouveau mécanisme: une élévation du taux de ren-

dement réel de la monnaie d- pa augmente le niveau
d'encaisses désiré, cette augmentation d'encaisses per-
met la réalisation d'investissement.

-·140-
A l'inverse de l'analyse néo-classique, l'amélioration
du rendement de l'actif monnaie, non seulement ne dimi-
nue pas l'accumulation du capital, mais encore accro~t
la propensi~n à épargner.
- b) L'augmentation du rendement de la monnaie accroît le
coût d'opportunité de la détention d'autres actifs pa-
tri mon i au'x, c' est - à - dire en f ait d' actif sim pro duc tif s
(parures etc ... ) étant donné la quasi-inexistence des'
autres actifs dans les pays en voie de développement.
L'accroissement du niveau d'encaisses a donc un rôle
bénéfique sur la qualité du capital physique formé dans
l'économie en augmentant la part des investissements
productifs.
- c) Une baisse du niveau anticipé des prix ou une hausse du
rendement
de la monnaie permet, ainsi à l'Etat d'ac-
croître l'investissement.
- d) Cependant, conclut MC KINNON, la complémentarité entre
encaisses réelles et investissement n'exclut pas llin-
.
tervention possible de l'effet de substitution néo-clas-
sique. En effet si le taux de rendement réel de la monnaie
est si éle~é qu'il dépasse le rendement de toutes les

.:; 141-
occasions d'investissement. l'effet de substitution pré-
vaut. C'est là un point crucial sur lequel nous revien-
drons en expliquant ce que doit être l'action de l'Etat
dans la politique des taux d'intérêt.
Cependant, pour les néo-libéraux, la "rêpression financière"
de l'Etat ne facilite pas l'adoption de techniques efficaces,
car à l'indivisibilité des biens d'équipement vient s'ajouter
l'impossibilité pour d'éventuels petits entrepreneurs d'ob~
tenir des prêts pour financer leurs investissements.
Ils estiment que dans bon nombre de pays en voie de
développement, le gouvernement est intervenu massivement sur
les marchés financiers, mais au lieu d'apporter une améliora-
tion, leurs interventions ont généralement perturbé le marché
en tant qu'indice de valeurs relatives.
La proposition néo-libérale est donc que les gouverne-
ments devraient renoncer à intervenir, notamment en matière
financière, ce qui permettrait la création et le développement
d'institutions financières.
Dans le domaine de la pol!~iq~e monétaire. les écono-
..
mistes néo-libéraux préconisenti;sen1iellemeri~
;,~ .~
.

-142-
- L'élaboration d'une politique monétaire prudente et·
non inflationniste.
- Un assouplissement des taux d'intérêt permettant
1 'adaptatièn aux forces du marché, c'est-à-dire une
politique des taux d'intérêt réels élevés ou du moins
positifs.
Cette proposition néo-libérale est plus qu'inquiétante. Peut-
on dans un pays sous-développé qui par définition manque de
capitaux, développer une infrastructure monétaire et finan-
cière en déchargeant l'Etat de ses responsabilités, surtout
dans un domaine aussi vital que celui de la monnaie?
Si cela est possible, la réalisation de cette entreprise si-
gnifie la mainmise du capital extérieur sur toute l'économie.
Or si avec le Général "De Gaulle, on retient qu' "une
nation n'a pas d'amis, elle n'a que des intérëts", dans quelle
mesure 1 'intérët de ce capital étranger sera-t-il compatible
avec l'intérêt du pays sous-développé?
L'exemple français est à ce niveau révélateur: la
B.N.P., la Société Générale et le Crédit Lyonnais, qui effec-
tuent l'essentiel des opérations monétaires et financières
sont tous nationalisés: la monnaie est de plus en plus sous
le contrôle étatique.

"-143-
En outre, 1es néo- 1i bêraux, s' ils réfutent l' hypothèse
néo-classique de substitualité n'en ont pas moins une démar-
che néo-classique en recherchant l'égalisation des taux de
rendement, des salaires et des prix par les mécanismes de
marché. Cette optique est difficilement acceptable dans un
pays où les mécanismes de marché fonctionnent imparfaitement.
D'autre part, expliquer l'inflation par une croissance
de la m2sse monétaire n'est pas incompatible avec 1 'hypothèse
structuraliste selon laquelle inégalités sociales et facteurs
pol itiques sont à 1 'origine de l'inflation (1).
Cependant, il est indéniable que l'analyse néo-libérale
présente un progrès sur le structuralisme dans le domaine fi-
nancier.
La création d'un marché monétaire aiderait grandement
les pays en voie de développement face aux fluctuations de
leurs recettes d'exportation, car ces derniers pourraient y
accumuler des réserves et y puiser pendant les périodes de
difficultés.
Mais cela ne les dispensera guêre de ~epenser leurs
activités de production et à ce niveau le rôle de l'autorité
monétaire est capital
Que faut-il financer pour permettre
le développement?
(1) G,t..L5IS V. : "5tructuralis;;;e et libérat"ion Finar,cière" - Fir.ances
et Développe~ent - Volume 13 - N° 2 - Juin lS76.

-144-
Devant cette question, la tentation est presque natu-
relle de fixer des priorités, d'avoir une politique de crédit
sélective.
Or dans le modèle néo-libéral où il faut contrôler
l'évolution de la masse monétaire, cette contrainte addition-
nelle de fixation des priorités nous ramène dans les réflexes
de l'encadrement du crédit.
Les méfaits de l'encadrement du crédit sent très con-
nus
la rareté de la monnaie est un coût additionnel pour
les entreprises, comme pour les ménages, les premières réper-
cuteront ce coat dans le prix de leurs produits et il devient
difficile de vaincre l'inflation que veulent combattre les
néo-libéraux.
En fait, le taux requis de rendement mis au point par
TOBIN et ses associés qui est aussi valable quand les taux
d'intérêt sont librement ajustables, que lorsqu'ils sont iné-
lastiques ou que le crédit est alloué de maniêre empirique
devrilit être un guide déterminant de l'action de l'autorité
monétaire; une politique des taux d'intérêt différenciée,
peut permettre d'aider un secteur vital de l'économie davan-
tage q~e ne le pourrait une politique des agrégats.

- 145
Car à notre avis. on ne fait pas suffisamment la dif-
férence dans les pays sous-développés entre un secteur prio-
ritaire et un secteur moteur.
Dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. l'activité éco-
nomique repose essentiellement sur la production agricole
qui assure jusqu'a 80 % des recettes d'exportation.
Ce secteur moteur devrait être prioritaire dans la
recherche d'une structure dynamique. dans le marché monétaire
et financier car le système monétaire et financier existant
aujourd'hui dans les pays en voie de développement et notam-
ment en Afrique de l'Ouest est un legs de la colonisation, or
pendant la période coloniale l'installation du système ban-
caire avait pour but de financer les exportations de produits
primaires et de matières premières vers la métropole; et si
l'indépendance politique a mis fin ~ cette politique expli-
cite. DERREUMAUX et PELTIER (1) notent avec raison que:
IIDans la grande majorité des pays en voie de dé-
veloppement subsiste un cloisonnement rigide
entre. d'une part un système bancaire urbain
organisé pour répondre au financement des sec-
teurs modernes et. d'autre part. des systèmes
de crédit informels, largement implantés auprès
des populations rurales,".
Les banques commerciales en Afrique de l'Ouest sont
pour la plupart des banques françaises, succursales des trois
grandes naticnalisées (S.N.P .• Crédit Lyonnais. Société Gén€-
~
rale).
(1) Revue Banque N° 382 ~ars 1979 - "Monnaie, Intermédiaticn Financière
et Dêve10p~ement Ecc~o~i~ue".

"r--
.-...~ •",.,...'" ;j.!..••.,~lirj'(j
i
,
l
-146-
r
!
A cause de leur
nature
juridique en Afrique. elles
se soucient d'abord d'opérations et d'innovations
rentables
pour elles.
Cette raison déconseille un désengagement de l'Etat
et des nationaux dans le domaine monétaire et financier, com-
me le veulent les néo-libéraux
il appartient à l'Etat d'or-
ganiser le marché monétaire et financier et d'inciter l'épar-
gne du monde rural des commerçants et des fonctionnaires.
L'intervention croissante de l'Etat dans le domaine
monétaire est devenue une réalité quel que soit le système
politico-économique considéré.
La thèse libérale dans des économies au stade de 1 'or-
ganisation ne peut être acceptée.
La répression financière qui implique un octroi sélec-
tif du crédit en faveur du monde rural entraine selon
MC KINNDN (1) le recours à l'autofinancement. ce qu'il illus-
tre à ia page 62 de sen ouvrage:
(1) R.I. MCKINNDN
"Money and Capital in Economic Develcpment"
The Brooking Institution 1973 page 62.
o.

-147-
Rapport auto-
financement-Revenu
effet substitution
(-- ----- - -- ------ -- -- -- ---
effet
conduit
>
A
B
taux de renàement
réel de.la monnaie
ci - P (4:)
L'axe des abscisses mesure le taux de rendement réel
de la monnaie.
Celle des ordonnées nous donne l'évolution àu rapport
auto-financement-revenu.
Au maximum de la courbe. l'effet néo-classique de sub-
stitution se substitue à l'effet conduit de MCKINNDN
car à ce niveau le taux ci _~ P (4~ atteint un niveau

(1) R.I. MCKINt\\ON : 'l~oney and Capital in Econoo,ic Development"
The Brooking Institution 1973 page 62

-148-
positif tel qu'il dépasse le rendement de toutes les
occasions d'investissement offertes dans l'économie:
En reconnais~ant qu'il existe un seuil au-delà duquel,
le mécanisme néo-classique de substitution réapparaît,
MCKINNON devrait préciser au moins une chose:
- Etant donné l'inexistence d'autres formes d'actifs (justifi-
cation de l'effet conduit) que fait le détenteur de monnaie?
Doit-il alors se livrer à des dépenses improductives?
Qui doit modifier la tendance à la baisse du rapport Inves-
tissement-revenu, sinon l'Etat?
Si on se rappelle que le chef de file de la pensée économi-
que libérale M. FRIEDMAN est un de ceux qui ont défendu le
système du 100 % monnaie, systè~e qui voulait rendre à l'Etat
le monopole de la création monétaire, on ne s'étonnera que
plus encore des propositions néo-libérales dans les pays
sous-développés.
Car ce qui explique l'autofinancement dans les pays
sous-développés, c'est, à notre avis, moins la répression fi-
nancière que les bas salaires et les Codes des Investissements
qui assurent aux entreprises des exonérations fiscales sub-
stancielles, se traduisant par une relative aisance de tré-
sorerie.
,-"
,

-149-
Il nous faut maintenant aborder la controverse entre
monétaristes et keynésiens en ce qui concerne les politiques
de stabilisation. en comptant-revenir plus en détail sur les
variables explicatives de l'investissement dans notre troi-
sième partie.
Retenons d'ores et déjà que la répression financière
n'explique pas l'autofinôncement. cet autofinancEment est de
à un Code des Investissements (exonération fiscale)
largement
favorable et à des salaires très bas.
l:
,
1

"150-
CHAPITRE II
COMPORTEMENTS ECONOMIQUES ET POLITIQUE
DE STABILISATION.
La récession de ces dernières années a relance dans
les pays développés la controverse entre "monétaristes" et
keynésiens; pour certains économiste:la différence entre
les deux courants de pensée réside fondamentalement dans le
fait que les keynésiens privilégient les variables budgétai-
res et les monétaristesl 'offre de monnaie quant au choix des
déterminants majeurs des agrégats économiques .
.' ;.
Or si par "monétarisme" en entend que le stock de
• 1
,
,
monnaie joue un rôle majeur dans la détermination du revenu
. .


.,-151-
global et du niveau général des prix, les conceptions moné-
taristes et keynésiennes ne présentent pas de désaccords
analytiques fondamentaux et MODIGLIANI a eu raison, en para-
phrasant FRIEDMAN, de déclarer que "nous étions tous des mo-
nétaristes ll (1).
En réalité, la distinction réside dans le rôle que
l'on assigne aux politiques de stabilisation dans l'activité
économique,
En effet, si les non-monétaristes retie~nent le messa-
ge de la théorie générale selon lequel une économie de marché
a besoin d'être stabilisée par des politiques monétaires et
budgétaires appropriées, les monétaristes estiment qulil n'y a
pas nécessité impérieuse d'utiliser une politique de stabili-
sation d'autant que celle-ci déstabilise plus qu'elle ne
stabilise l'économie.
Dans le cadre de ce chapitre, nous étudierons tour
à tour les arguments keynésiens et monétaristes qui souten-
dent leurs recommandations en matière de politique de stabi-
+- •
Sâ ... lon.
"
Surtout, nous essaierons de dépasser la controverse
(1) F. ~~ODIGLIANI : "The Monetarist ConttovEI'SY or, Shculd We Forsôke
Stabilization Policies" ? - f..merican Economie Review ~~ars 197i,

-:153-
SOUS-CHAPIïRE 1
LA PROBLEMATIQUE DE LA FONCTION LA
PLUS STABLE.
SECTION 1
LE CAS KEYNESIEN
Nous avons vu que pour les non-monétaristes, la fonction
de consommation est la fonction la plus stable, du fait de
la constance de la progression ~arginale ~ conso~mer.
Chey KEYNES, la nécessité de la politique de stabili-
sation découle de deux éléments:
- la préférence pour la liquidité liée aux spécificités du
bien monnaie incite les agents 4conomiqu~s ~ garder par
~:~;~~~~:.
.;~....

-154-
eux ou à placer Je ,~ monnaie.
- la rigidité à la baisse des salaires - qui contredit 1 'hy-
pothèse classique et néo-classique de flexibilité à la
hausse et à la ba1~se des prix - fait que les ajustements
entre offre et demande ne sont plus mécaniques -
Modigliani (Op. cité) distingue plusieurs cas
Sous-section 1
Cas de préférence pour la liquidité
avec flexibilité des salaires:
La variation de la demande globale entraîne une varia-
tien de la demande réeile de monnaie ou de la vitesse de cir-
culation de la monnaie et donc une modification du stock de
monnaie désirée dans une situation de plein emploi.
Tant qu'il y a flexibilité des salaires (même avec
une offre de monnaie constante)l le plein-emploi pourrait
être maintenu grâce à une variation des salaires et des prix
qui se traduit par une variation correspondante de l'offre
réelle de monnaie.
L'intervention de l'Etat correspond ici à une politi-
que m~n€taire contra-cyclique.

-155-
Sous-section 2
Le cas de la pr~fêrence pour la li-
quidité avec rigidité des salaires.
MODIGLIANI (1) pense que dans ce cas. le m~can;sme
classique d'ajustement par les prix ne peut se faire que
grâce à l'accroissement de la demande effective.
S'il Y a augmentation de la demande effective. la ri-
gidité des salaires empêchera l'augmentation nécessaire de
l'offre réelle de monnaie et la diminution concomittante né-
cessaire des taux d'intérêt.
Donc si l'offre nominale de monnaie est constante de
l'équilibre initial on doit passer à un nouvel équilibre ca-
ractérisé par un revenu plus bas et une réduction ";nvolcn-
tatre" de l'emploi; involontaire parce qu'elle ne provient
pas d'une variation notionnelle de la demande et de l'offre
établie en termes de salaires réels, mais seulement d'une
insuffisante offre réelle de monnaie. C'est cet équilibre
que décrit HICKS dans son schéma IS-LM.
Cette analyse implique qu'une offre de monnaie do~née,
au lieu d'assurer une ~tabilité relative des prix et des re-
venus, ccmme l'affirme le courant néo-classique, cenduirait
(1) MODIGLIANI F.
Article déj~ cité.

.~
...~
r
.;~ ~".
~
"
"-156-
à une instabilité caractérisée par une alternance de sous-
emploi, de stagnation et d'inflation.
Le degré d~instabilité dépend alors des perturbations
exogènes sur la demande.
"Plus l'élasticité intérêt de la demande de monnaie
est grande, plus la réaction de la demande globale à ce taux
d'intérêt est faible, et moins stable sera l'économie"
(1).
Ainsi, un multiplicateur variable est un facteur dé-
stabilisant par le fait qu'il entra~ne un déplacement de la
courbe IS.
Ce~endant, cette instabilité peut être combattue soit
par une politique monétaire, soit par une politique budgétai-
re.
Une politique monétaire ferait varier 1 'offre nominale
de monnaie au niveau correspondant à la variation de la de-
mande réelle. La politique budgétaire, par le biais des im-
pôts et des dépenses gouvernementales neutralisent les chocs
et rend compatible l loffre nominale initiale et le niveau de
revenu dléquilibre.
(1) F. MODIGLIANI
Article déjà cité.
.~
.' .

-157-
En général ces deux politiques peuvent être combinées.
Mais comme il y a une incertitude quant A la réaction
de la demande face aux variations des taux d'intérêt et parce
que les variations des taux d'intérêt au travers d'une poli-
tique monétaire peuvent rencontrer des difficultés et des re-
tards importants dûs notamment à la trappe pour la liquidité
(élasticité élevée des taux d'intérêt par rapport à la dernan-
de de monnaie du fait de 1eur faible niveau)
; le courant key-
nésien est davantage favorable à une politique budgétaire."
Sous-section 3
La courbe de PHILLIPS.
Après la parution de la Théorie Générale de l'emploi,
de l'intérêt et de la monnaie, plusieurs économistes ont
tenté de "dynamiser" le modèle keynésien.
Des études économétriques sur les dépenses publiques
et le multiplicateur ont établi une relation "stable ll entre
le taux de variation des salaires et le taux de chômage, re-
lation communém"ent appelée courbe de Phillips (1).
Cette relation et sa généralisation plr lIPS[Y pour mieux
cerner les causes de l'inflation fut une grande contribution
(1) A.W. PHILLIPS : "The Relation Bet\\<:ee 'unemploymeflt and the Rate of
Change of ~oney Wage Rates in the Un-ited Kingdom, 1867-195ï",
Economica, ~cvembre 1958 .
__
_._---_._-_._--~---_
.
. . -
--_ ..
.._----------_._"--~--------

.,. 158-
dans la controverse lIinflation par les coOts ll ,
lIinflation
par la demande ll •
Par la suit~, PHELPS va étudier les fondements théori-
ques de la courbe de PHILLIPS. Sa démarche lui permit d'é-
clairer la nature du problème du chômage en mettant l'accent
sur le temps passé à la recherche d'un emploi, plutôt que sur
la durée du chômage.
En un sens, tout chômage devient frictionne' dans les écono-
mies développées.
Retenir cet élément, c'est apporter des modifications
dans l'analyse de KEYNES.
Les monétaristes soutiennent que le concept de chômage fric-
tionnel est en contradiction avec l'analyse de KEYNES: en
effet si le taux de variation des salaires diminuait propor-
tionnellement au taux de chômage, il n'y aurait pas un plein-
emploi unique, mais une multitude de points à'équilibre pos-
sibles, chacun de ces points d'équilibre étant lié à un taux
d'inflation différent; la notion d'équilibre de sous-emploi
stable perdrait son sens.
Une diminution de la demande peut toujours entra1ner
une montée du chômage, mais cette montée en réduisant la

~159-
hausse des salaires, relève éventuellement l'offre réelle de
monneie et tend à inverser le chômage vers un taux d'équili-
bre compatible avec un taux donné de croissance de la masse
monétaire.
Alors que. comme nous le montrions dans la première
partie, l'analyse keynésienne, partant de la constante de la
propension à cor.som~er et donc de la stabilité de la fonction
de consommation, recommande davantage une politique budgétai-
re, du fait des aléas liés à la politique monétaire (élasti-
cité intérêt de la demande de monnaie), les monétaristes re-
jettent certaines formulations de la pensée de KEYNES pour
établir leur théorie.
SECTION II
Le cas mor.étariste.
L'analyse monétariste a été dirigée dès le début, non
pas contre le fond de l'analyse keynésienne. mais plutôt
contre le fait qu'elle avait pour conséquence la mise en ap-
plication de politique~de stabilisation.
Il demeure une différence ~adicale dans les valeurs
des paramètres de base qui déterm~'nent la force stabilisa-

::'160-
tric€
du mécanisme HICKSIEN et aussi une différence dans l'am-
plr~r et la durêe de réaction des variables, pour une offre
d(' r' C' r. naie s ta bl e don née .
Pour les monétaristes, ces différences justifient la
lin,ite de la signification pratique de l'analyse keynésienne
pal" r ê ppo r t
~ s a val i dit é a na l y t i que .
Si la préférence pour la liquidité
a été une belle con-
tri~uticn à la théorie monétaire, dans les faits. l'élasticité
intérêt de la demande de monnaie. contrairement à ce qu'on
pOli \\' ait es pêr e r a une f a i bleva leu r est i me FRIE DM AN (1)
En outre l'effet des taux d'intérêt ne se limite pas
A l'investissement. mais touche toutes les composantes de la
demande globale.
De plus. les nouvelles fonctions de consommation (FRIED-
MAN. ANDO et MODIGLIANI. DUESENBERY)
réduisent la portée et
la valeur du multiplicateur en impliquant une propension mar-
ginale à épargner élevée dans le court terme.
Ces constatations amènent les monétaristes aux remar-
ques suivantes :
(1) ~1. FRIEDMAN et A. SCHWARTZ: liA Monetary History of U.S.A.
1867-
1960" Princeton University Press 1963.

-161-
- Au travers de 1a demande, 1es déséqui1 i bres pourra i ent qua 11-
tativement se manifester dans les grandes lignes décrites
par KEYNES.
- Mais les actions de la politique budgétaire, comme la varia-
tion des composantes de la demande globale ont des effets
mineurs et transitoires sur la demande globale, tandis que
la politique monétaire produisait des effets importants et
durables sur le revenu Gonétaire.
- Car en définitive, l'instabilité observée de l'économie des
Etats-Unis, après la seconde guerre mondiale, résulte d'une
instabilité du taux de croissance de la masse monétaire.
SOUS-SECTION 1
la critique monétariste de la courbe
de PHILlIPS et 1 'hYEothèse d'antici-
pations rationnelles.
Pou r M. FR l E0r~ AN, i 1 Y a à t 0 ut m0 men t dà ns l' é con 0 mie
un taux unique de plein-emploi appelé "taux naturel".
Une baisse de la demande effective peut amener les
entreprises à modifier les prix, la production et partant
l'emploi, dans le court terme; â moins que les salaires no-
minaux diminuent en même temps que les prix.

-::162-
L'offre de travail se trouve donc réduite car les travail-
leurs considèrent qulil y a réduction des salaires réels
la
production diminue à cause de cette réduction volontaire de
l'offre de travail ......Mais cette baisse de l'emploi ne peut être
que temporaire, car des ajustements se feront dans le temps
par les anticipations sans qu'il y ait besoin d'intervention
des autorités.
Le modèle de FRIEDMAN correspond à une sorte de rela-
tion de PHILLIP5 entre l'inflation actuelle, l'emploi, et le
taux d'inflation passé, avec un coefficient d'anticipation
des prix égal à l'unité, ce qui signifie une courbe de PHIL-
LIP5 verticale à iong terme.
FRIEDMAN ajoute qu'avec la flexibilité des salaires à
long terme, le mécanisme IS-LM joue forteme"t, ce qui a pour
conséquence, une instabilité de 15 et donc un faible impact
des politiques de stabilisation.
L'hypothèse monétariste de non illusion monétaire con-
duit à celle des anticipations rationnelles selon laquelle le
coefficient d'anticipation des prix est égal à l'unité (les
agents utiliseraient l'information passée de la manière la
plus efficiente).

-163-
Ainsi il ne peut pas y avoir un taux de sous-emploi
permanent au-dessus du taux naturel d'emploi, parce que cela
impliquerait une forte corrélation des erreurs successives
d'anticipations, ce qui est incompatible avec 1 'hypothèse
d'anticipation rationnelle.
Les politiques de stabilisation sont inefficaces car leurs
effets sont affaiblis par les anticipations rationnelles.
En outre, faute d'informations suffisantes, les pouvoirs pu-
blics ne peuvent mener à bien une politique de stabilisatièn.
SECTION II
La condition de validité de l'analyse
monétariste.
Il faut à ce niveau faire la différence entre le mo-
dèle néo-classique en tànt que tel et l'application de ce mo-
dèle dans le cas de la courbe de PHILLIPS à long terme, c'est-
~-dire une courbe verticale, qui traduit la neutralité de la
monnaie en longue pértode, d'après l'interprétation FRIEDKA-
NIENNE basée sur les anticipations rationnelles.
Dans le mQdêle nêo-classique de comportement de sa-
laire et de prix, la proposition~selon laquelle toute chose
{;

··-164-
égale par ailleurs, l'économie s'ajuste à toute variation du
stock de monnaie est une vérité économique n'ayant pas besoin
du cadre exclusif de l'analyse monétariste.
'.
Il
Ce qui est inacceptable, parce qu'incompatible à la
fois avec la microéconomie et la macroéconomie, c'est le mo-
dèle monétariste d'anticipations rationnelles et son implica-
tion selon laquelle tout chômage est voiontaire.
Con c 1us ion 0 n ne peu t plu s hâ t ive .Il
(
~'i 0Dl GLIA NI)
Au niveau institutionnel, Stanley FISCHER a montré que
le seul fait de reconnaître l'existence de contrats à long
terme suffit pour impliquer la rigidité des salaires et la
nécessité des politiques de stabilisation.
Le modèle macroéconomique d'anticipatioŒ rationnelles
comprend une autre faiblesse: s'il est valable, les écarts
entre taux de chômage effectif et taux naturel devraient être
faibles et de courte durée.
Seulement T. SARGENT pense que ces écarts étaient plu-
tôt dûs à des variations du taux naturel lui-même, comme si
le chômage aux U.S.A. dans les années trente relevait de la
paresse congénitale, ce qui amène MODIGLIANI à se demander:

-165-
"Serait-ce tenté d'expliquer l'économie par la
psychologie"
?
En outre MODIGLIANI émet a juste raison beaucoup de
réserves sur
la présentation FRIEDMANIENNE du marché du tra-
vail comme un marché de concurrence avec:
- le taux de salaire réel, qui est égal à la productivité
physique marginaie du travail à court terme.
- le bien travail, qui est homogi;ne et vendu comme aux enchè-
res, ce qui signifie qu'il n'y a pas d'exci;s de demande de
la part des entreprises et il n'y a pas non plus d'excès
d'offre de la part des travailleurs.
- le chômage apparaît comme une réduction volontaire d'offre
d'emploi; ne serait-ce qu'à cause des licenciements peur
raison économique, cette conclusion ne peut être acceptée.
Cependant les études économétriques d'auteurs améri-
cains néo-classiques ont beaucoup apporté dans l'étude de la
science économique. Ces auteurs ont vérifié que
Même sans grande flexibilité des salaires, la réponse du
système à un choc initial provoqué par la demande est fai-
ble et de courte durée.
L'élasticité intérêt de la demande de monnaie a une valeur
modeste d'environ 1/3.

-166-
- La dépendance de la consommation de longue période de varia-
bles telles que la durée de vie, la richesse, le revenu per-
manent, les taux marginaux d'impôts, les fuites liÉes aux
importations, cette dépendance donc entra1ne un multipli-
'cateur de revenu peu ~levé.
- Le modèle M.P.S. (Massachussets Instity of Technology -
Pensylvany Social Science Research) montre qu'une variation
du stock de monnaie (à la suite d'une modification des taux
d'intérêt) entraîne une variation dans la valeur de tous
les titres et donc une réaction de la consommation.
Mais si l'ensemble de ces résultats statistiques n'est
pas celui d'une économie hautement instable où la politique
budgétaire â des effets puissants et éternels, il n'est pas
non plus l'apanage d'une économie stable où la politique bud-
gétaire n'aurait pas sa raison d'être.
La différence dans les méthodologies conduit monéta-
ristes et keynésiens à des vues différentes, quant au chemin
qu'emprunte l'impulsion d'une quantité de monnaie pour modi-
fier les variables économiques.
Avant.·oe voir ce que doit être une politique monétaire
pour un pays sous-d~veloppê, il nous semble utile de rappeler
les grandes lignes de la controverse monétaristes-keynésiens
~
sur les .canaux ~e transmission de la politique monétaire.

-167-
SOUS-CHAPITRE II
lES CANAUX DE TRANSMISSION DE lA
POLITIQUE MONETAIRE.
Dans ~Principes de Politique Economique", le prcfes-
seur DE BOISSIEU nous rappelle que:
"les canaux de transmission de la politique moné-
taire désignent les voies par lesquelles les ins-
truments monétaires influent sur l'offre et la
demande globales, et par là sur les objectifs
finals, de la politique êconomique".
l'étude des canaux de transmission est souvent syno-
nyme d'étude d' "effets" (effet prix, effet quantité et par-
mi les quantités effet flux ou effet stock).

-168-
On note que III a paternité exacte de ces effets, dans
l 'histoire de la pensée économique demeure moins importante
que la détermination de leur rôle dans la compréhension des
phénom è ne s mon é ta 1'r es. Il
(
de BOl SSlE U)
Dans le modèle rS-LH (qui d'ailleurs et nous le ver-
rons, n'est pas aussi keynésien que le laisse entendre la
controverse), la transmission est réalisée par le taux d'in-
térêt.
Ainsi, quand la quantité de monnaie augmente, lô de-
mande de monnaie étant inférieure à l'offre, le taux de l'in-
térêt baisse, cela stimule la demande globale, essentielle-
ment par les investissements.
Ce mécanisme de transmission est fondée sur la seule
substitution entre les encaisses monétaires et les actifs
financiers.
Un tel mécanisme minimise évidemment l'impact de la
.
politique monétaire si les investissements sont inélastiques
au taux de l'intérêt, en particulier si leur majeure partie
est autofinancée.plCKINNON).

-169-
Dans le modèle néo-quantitativiste, un accroissement
du stock de monnaie engendre directement une poussée de la
demande de tous les biens (actifs physiques et financiers).
On assiste alors, selon l'élasticité de la production
à la répartition de cet effet en une croissance des prix et
une augmentation des quantités productives.
Pour les keynésiens, la monnaie est un actif qui pré-
sente la particularité d'être plus liquide que les autres;
sa prime de liquidité qu'offre son degré de sécurité et de com-
modité, son coat, de conservation peu élevé sont deux fac-
teurs qui rendent plus forte la préférence peur la liquidité.
Pour les wonétaristes, la monnaie qui est le seul ac-
tif' servant de moyen d'échange, est par là même très diffê-
rent des autres actifs. La variable décisive est non pas le
taux d'intérêt, mais le niveau général des prix.
~,
, ,ji···.·
~~;

-170-
SECTION l
LA PORTEE DE LA CONTROVERSE.
Les recherches empiriques sur la relation entre la
demande de monnaie et le taux d'intérêt aboutissent à déter-
miner des valeurs du coefficient d'élasticité, telles que
malgré les difficultés d'estimation, tenant au fait que les
résultats diffèrent selon que Ml ou M2 est pris en considéra-
tion, les thèses extrémistes doivent être abandonnées.
Il est faux que l'élasticité-intérêt de la demande de
monnaie soit quasi-nulle, de sorte qu'une variation de la mas-
se monétaire agirait uniquement sur le revenu monétaire sans
affecter les taux d'intérêt; la thèse monétariste extrème
s'avère inacceptable.
Si l'élasticité est négative, sa valeur absolue est.
bien trop limitée pour qu'il soit possible de prétendre à' la
manière du rapport Radcliffe que les variations de la quantité
d~ monnaie n'influent que faiblement sur les taux d'intérêt.
C'est peut-être ce qui a amené GOODHART ,(1) à souli-
gner la nécessité de cette double exclusive en délimitant
(1) A. GOODHART : "The importance of Money" - Bank of England Quartely
Bulletin 1970.
"
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';f~
.".' - ~
""j~"

-171-
six points sur lesquels un accord semble raisonnable.
1. -
Le premier impact de la politique monétaire s'exerce
sur les intermédiaires financiers.
C'est peut-être un "truisme", mais il est utile de dire
selon GOODHART, que les effets initiaux de la politique mo-
nétaire se ressentent d'abord dans les conditions de fonc-
tion~ement des marchés monétaires et financiers.
2. -
Il n'est pas exact que la modification du stock de
monnaie ne produit qu'une faible variation des taux d'in-
térêt, mais la vitesse de circulation de la monnaie ne varie
pas non plus sans limite.
3. -
Pour déclencher le processus d'ajuste~ent des porte-
feuilles, il faut que les taux de rendement relatifs des
divers actifs soient modifiés:
"La politique monétaire est toujours transmisE via
les taux d'intérêt".
4. -
L'effet initial de la politique monétaire sur les taux
d'intérêt nominaux tend à s'inverser au bout d'un temps.
Ai nsi. une-a~\\t;iO~,.JX~~>i.Mrt~t~Jaitd'a bord
ba i sser 1es -taux, provoquen't- e-n~uft;~, 1eur t'el èvement grâce à
-

~.-.'-'--""-"'"
f
..
1
-172-
deux phénomènes: les emprunts additionnels font augmenter
le coOt des crédits, la hausse du revenu national accro1t
la demande d'encaisses monétaires.
Si l'inflation se déclenche, ou s'accélère, le niveau
d'équilibre des taux nominaux s'accélère encore. Il est
intéressant de noter à ce niveau que si la proposition n° 3
de GOODHART peut prêter à discussion dans les pays sous-
développés 00 la monnaie est le principal actif, la prepo-
sition 4 semble valable quelque soit la structure ou le ni-
veau de développement du pays étudié.
5. -
L'efficacité de la politique monétaire dépend princi-
palement de l'ampleur des REACTIONS DES AGENTS ECONONIQUES
à l'écart qui vient à se manifester entre les taux de ren-
dement des actifs financiers (y compris la monnaie) et ceux
des actifs réels.
Cette proposition 5 nous semble fondamentale. En fai-
sant dépendre
l'efficacité de la politique monétaire de
l'ampleur de la réaction des agents économiques, GOODHART
rappelle une vérité éco_n~~i~~. qui hélas. n'app~-!-~p_~~B.-s_
les théories monétaires traditionnel les deLJl~YL~_O_u__s-~_déveJ_cp--
----- ---.-.. -. __
_
._-.
..
- . __ .- _._~_.~-_.- •.-_._-------_ .. --_ .. - - - - - - -
pés.
L'écart entre le taux de rendement des actifs finan-
ciers modifie le comportement des agents, et nous ajouterons

-173-
même que dans le cas d 'un actif unique (monnaie), la modi-
fication du taux de rendement de la monnaie suffit a modifier
le comportement des agents: ce point capital sera êtudié en
détail dans le cadre de la pol itique monétaire de l'Afrique
de l'Ouest.
Les études statistiques montrent que les dêpenses en
biens réels sont sensibles aux niveaux des taux d'intérêt
nominaux, mais dans des proportions faibles et avec des re-
tards importants.
GOODHART avance ces propositions avec réserve car esti-
me-t-il, les anticipations et les difficultés d'évaluation
des taux de rendement compliquent encore davantage l'étude
du processus de transmission.
Malgré ce problème de régularisation Économique en ter-
me d'incertitude, la controverse continue.
Les keynésiens retiennent comme indicateur (variable
dont les mouvements permettent de prédire ceux des objectifs
généraux) le taux d'intérêt ou plus généralement les condi-
tions prévalant sur le marché du crédit, leur objectif in-
._~
~
~
termédiaire -étant la liqu;'V!ité de."S ~&flques .
- ,
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• • •
-174-
Les monétaristes ont pour indicateur le stock moné-
taire, la base monétaire étant leur objectif intermédiaire.
Les monétàTistes considèrent que les taux d'intérêt
mesurent de manière trompeuse le sens et l'intensité de l'ac-
tion exercée, pour la politique monétaire, car ils peuvent
être influencés d'abord par les variations de la demande de
monnaie. En période d'expansion, cette demande augmente, ce
qui fait monter les taux d'intérêt si la Banque Centrale dé-
termine sa politique d'après cet indicateur, elle aura ten-
dance à injecter davantage de monnaie dans l'économie, alors
qu'il faudrait en freiner la demande.
Symétriquement, en période de récession, la baisse des
taux peut ne refléter que la réduction des besoins d'encaisses
et faire apparaître la politique monétaire comme stimulante
alors qu'elle ne l'est pas, ou ne l'est pas assez.
Si les agents économiques anticipent sur l'inflation,
les taux nominaux incluent alors une prime pour les protéger
contre la hausse des prix; la politique monétaire apparaît
alors comme restrictive, alors qu'elle ne 1 'est pas suffi-
samment, malgré l'élévation (apparente" des taux d'intérêt
nominaux.

,;; 175-
Pour les monétaristes. il faut donc se référer aux
informations données par les variations du stock monétaire.
Mais les keynésiens arguent avec raison que les varia-
tions des taux d'intérêt sont plus rapide~ent perceptibles
que celles des agrégats monétaires, sans parler de l'incerti-
tude dans le choix des agrégats (~11' M2·•· Mi).
HELLER siest demandé:
"Je ne sais absolument pas comment il est possi-
ble dlévaluer la rareté d'un bien quelconque
sans, pour ce faire. se référer à son prix ou
plus particuliêrenent, comment il peut être pos-
sible d'estimer la rareté de la monnaie sans
faire réfêrence au taux d'int~rêt" ?
Ce à quoi FRIEDMAN répond: "le prix à considérer est
le niveau général des prix".
A ce niveau Paul COULBOIS (1) a raison de se demander si le
chef de file de l'école de Chicago n'élude pas la question.
Car peut-on dire que le nivEau général des prix est
le prix de la monnaie? Que le niveau de la quantitê de mon-
na i e i nf 1ue sur 1e s pr i X"~ soi t. ma15 q!te l' é vol ut ion de l a
..\\ .. :
quantité de.monnaie s'e-~lique. eifc."lus"iverrent au travers du
(1) Paul COULBors
"La P.olitique Conjoncturelle" - Cujas 1971.

~..
r-'~--'·
t!
"-176-
niveau général des prix, il y aurait là un "os" dans le rai-
sonnement monétariste, sans l'hypothèse de
l'illusion
monétairetJ
L'imperfection de notre connaissance des mécanismes
de transmission de la politique monétaire, l'incertitude
quant aux prévisions futures, les comportements d'anticipa-
tion font qu'aujourd'hui, les canaux de transmission s'étu-
dient davantage grâce aux structures propres à chaque pays·
que par l'intermédiaire de la controverse.
Les effets quantités et/ou les effets prix que nous
évoquions au début de ce chapitre ont amené les experts de
1 'O.C.D.E. (1) à distinguer trois principaux canaux:
- l'effet coOt du capital.
- l'effet de variation de l'offre du crédit.
- l'effet richesse.
Il faut préciser que les économistes de 1 'O.C.D.E.
ont dans leur étude décomposer La Demande Finale en investis-
sements productifs, formation de stock, construction de loge-
ment, consommation privée de maniêre à voir quelle est la com--
posante de la demande finale q~i réagit à la variation de
l'offre de monnaie dans l'économie.
(1) O.C.D.E. : ilLe rôle de la politique ~onétaire dans la régulation
de la demande" - 1975

-177-
SECTION II
LES CANAUX DE TRANSMISSION OBSERVES.
SOUS-SECTION l - L'effet ceût du capi:al.
Pour que ce mêcanisme de transmission fonctionne, il
faut que sur le marchê monétaire et sur le marché financier,
les prix, c'est-à-dire les taux d'intérêt des éléments d'ac-
tifs et de pass;~ nêgociables s'ajustent très rapidement
quand la demande ou l'offre se modifient.
Puisqu'au départ le rende~ent escomptê d'une unitê de
capital physique est stable, la hausse des taux d'intérêt
des actifs financiers et du coût des fonds d'emprunt incitera
à acheter des actifs financiers existants et à réduire le re-
cours à des emprunts monétaires pour financer l'acquisition
du capital physique.
De ce fait, le prix des unités de capital physique
existantes baissera par rapport au coût de production de nou-
velles unités, et tout écart initial entre le stock de capi-
tal désiré et le stock souhaité diminuera, voire même changera
de sens, ce qui conduit à un ralentissement de la production
de nouveaux -"biens de capital".
l

-178-
Ce mécanisme peut agir sur les demandes de "biens de
capital" émanant tant des entreprises que des ménages (notam-
ment installations et outillages, logements, biens de con-
sommation durables}~
Grâce aux travaux de l'D.C.D.L, on a noté qu'aux
Etats-Unis, en Allemagne Fédérale, l'effet coût du capital
prédominàit dans le secteur de l'investissement productif.
Il va de soi que cet effet, coat du capital qui suppo-
se le fonctionnement des mécanismes de marché, serait diffi-
cilement envisageable dans les pays africains, où, en plus de
la non diversification des actifs, l'inélasticité de l'offre
et de la demande dans les divers marchés ne permettrait pas
le fonctionnement d'un tel mécanisme.
SOUS-SECTION II - Effet de variation de l'offre de
crédit.
Cet effet suppose l'existence de dispositions insti-
tutionnelles rigides empêchant les prix de s'ajuster après
une modification des quantités, comme le mécanisme décrit au-
dessus.

-179-
Les niveaux de taux d'intêrêt ne sont pas a l'inter-
section des courbes d'offre et de demande: la demande de
crédit sera limitêe non pas par la disposition des emprun-
teurs a demander du crêdit au taux en vigueur, mais par la
disposition des banques a prêter à ces taux.
Dès lors la politique monétaire influera sur les dé-
penses par le biais de son incidence sur la capacité cu la
disposition des banques corr,merciales à consentir des crédits,
même si les restrictions sur l'offre de monnaie ne modifient
pas le taux d'intérêt ou si la demande globale est inélasti-
que à ce taux d'intérêt.
Les effets de rationnement du crédit (acte êconornique
qui diffÈre de l'encadrement du crédit qui lui a une nature
juridique) sur les catégories de dépense peuvent être plus
ou moins importants selon la part que représentent les em-
prunts dans le financement de l'économie.
Cet effet de variation de l'offre de crédits se retrouve dans
l'étude du crédit à la consommation privée française et an-
glaise, ainsi qu'au Japon.
Cet effet qui résulte de dispositions institutionnel-
les se retrouve dans .presque tous les pays sous-développés
dès l'instant où le souci de sélectivité dans l'octroi de

::'180-
crédit pour encourager tel ou tel secteur amène les respon-
sables de la politique monétaire à prendre des dispositions
orientant le crédit bancaire dans un secteur dit prioritaire.
Seulement les possibilités des banques a contourner
1 'esprit de ces mesures amène rapidement la Banque Centrale â
verser dans l'encadrement du crédit, mesure qui en plus de son
impopularité présente des carences certaines dans l'effica-
cité de la lutte contre l'inflation et donc de la lutte con-
tre le d~ficit commercial comme en témoigne le cas français.
Il est intéressant de noter à ce niveau que la théorie
et même la pratique en postulant que les taux d'intérêts ne jouent
pas un rôle dans le marché financier des pays en voie de
développement, décrit un cadre analytique de déséquilibre qui
pourrait amener à penser que la solution réside dans l'enca-
drement du crédit, proposition qui renferme une contradiction
interne dans le contexte d'un pays en voie àe développement,
où il s'agit non pas d'assécher la Trésorerie des entreprises
mais de trouver des méthodes mais aussi des moyens de finan-
cement, grSce à l'incitation.
:-

,.
-181-
SOUS-SECTION III - L'EFFET RICHESSE OU EFFET-METZLER.
Du point de vue de la théorie économique. on retrouve
dans ce mécanisme. les propriétés de l'effet d'encaisses réel-
les et de l'effet titre de KEYNES.
Il est surtout intéressant de noter que l'effet ri-
chesse peut se retrouver en même temps que l'un des deux ef-
fets décrits ci-dessus.
Une politique de restriction monétaire a pour effet
d'augmenter les taux de capitalisation utilisés pour évaluer
les flux de revenus escomptés et de rééuire la valeur de mar-
ché des obligations en circulation. de biens réels et des ti-
tres de propriété sur ces biens matérialis~s en actions.
La diminution de la valeur de marché des actifs des
sociétés peut exercer des effets déflationnistes sur les ir.-
vestissements des entreprises. renforçant ainsi l'incidence
des ajustements du portefeuille résultant des effets de coût
du capital.
En outre. dans .une
détiennent
des obligations et d'autris act
de la valeur

~
.. ,
r
>.
,1
-182-
de ces actifs peut exercer un effet de freinage sur la con-
sommation.
' ......
Mais en plus des avoirs détenus par les ménages, l'im-
portance de ces effets dépend aussi de l 'horizon en fonction
desquels ces ménages déterminent leur consommation.
Ainsi, si une hausse des rendements des obligations se
traduit dans l'immédiat par des moins-values en capital, les
porteurs d'obligations verront dans l'avenir leurs revenus
augmenter lorsqu'ils réinvestiront leurs capitaux à des taux
plus rémunérateurs : ce calcul peut les amener à ne pas modi-
fier leur dépense actuelle.
On pourrait d'ailleurs tenir le même raisonnement avec
l 'hypothèse d'une baisse des cours des actions: en poursui-
vant leurs placements financiers, les ménages peuvent désor-
mais acheter des actions pour un prix moindre par unité de
dividende et dès lors, ils peuvent réduire leur taux d'épar-
gne au lieu de l'augmenter.
En réexaminant la controverse entre monétaristes et
ke~nésiens au sujet de la stabilité de la fonction de demande
de monnaie et de consommation, mais aussi au niveau des ca-
naux de transmission, on perçoit une sorte de ~ossé, entre

-183-
des théoriciens s'êvertuant a justifier leurs arguments et
les praticiens de la politique monétaire qui en plus d'un
certain pragmatisme, combinent tant bien que mal les argu-
mentations théoriques des deux écoles pour utiliser à la
fois les agrégats monétaires et les taux d'intêrêt dans leur
oeuvre de régulation économique.
C'est pourquoi dans ce chapitre nous termi~Erons notre
étude en voyant pourquoi il est nécessaire de dépasser le
débat en terme de fonction la plus stable avant de voir com-
ment on peut combiner le taux d'intérêt et les agrégats mo-
nétaires grâce à l'expérience américaine de fixation des
normes de croissance des agrégats monétaires, en discutant
les chances et les conditions de réussite d'une telle poli-
tique en Afrique de l'Ouest.
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1
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~184-
SOUS-CHAPITRE
LA SYNTHESE DE POOLE ET LE TARGET AUX U.S.A.
Les travaux de FRIEDMAN et de A. SCHWARTZ nous ensei-
gnent que la demande effective n'a pas été stable aux U.S.A.
et que la propension, marginale, à consommer a varié au cours
du temps (1).
Seulement des observations récentes ont aussi montré
l'instabilité de la demande de monnaie aux U.S.A. (2).
Or, W. POOLE (3) a proposé justement une politique
de stabilisation en tenant compte de l'instabilité de IS
et de LM.
POOLE a montré que si
IS était instable et LM stable, il est plus judicieux pour
atteindre le plein-emploi d'avoir comme instrument la masse
monétaire (graphique 1).
Car dans ce cas présent, llécart entre le revenu de
plein-emploi et l~ revenu observé est moins important pour
..
un taux d'intérêt d'équilibre r+
donné .
(1) Op. ci té.
( 2) MODIGLIANI, Op. cité.
(3) W. POOLE: 1I0ptimal Choice of Monetary Poliey Instruments in a
Simple Stoehastic Macre Model ll • - Quartely Journal of Economies,
May 1970.
.

.. - 185-
Taux d'intérêt
LM
.,/'".-.
f"
r'
Yo
Yl
Re ven U
En effet nous voyons sur le graphique 1 que pour un
revenu de plein-emploi Ypt la courbe LM détermine un inter-
valle de revenu (Y 1 - Y2) moins grand que l'intervalle (Yo t
Y ) que délimitent les variations de 15.
3
A cause de 1 'instabil ité de I5 • il Y a II sau t Il de
cette courbe de 15 1 à IS 2 ; tandis que du fait de 1a cons-
tance des paramètres qui la déterminent. la courbe U1 est
stable et la recherche du plein-empioi entra1ne un déplace-
ment le long de la courbe LM.
- Si LM était instable face à une stabilité de IS. la poli-
tique monétaire deYa'~i-t employer le taux d'intérêt pour
a t te i ndrelié qui ri ~~ de pl e; n- em pr~
't.'-
,..
...

~
f--
1
-186-
Taux d'intérêt
IS
..,
1
..
---,._-------_._--
~
"
................
/ , '
'>,:-
Yo
Revenu
En effet, l'écart Yo-Y3 défini par les variations de
LM est trop élevé par rapport à la marge de variation Y1-Y2
qui correspond au déplacement le long de la courbe IS.
Par contre, en cas d'instabilité
conjuguée des courbes
IS et LM, la politique monétaire devait se servir à la fois
des taux d'intérêt et des agrégats monétaires.
Comme dans le cas des Etats-Unis, il n'y a pas eu stabilité
exclusive de l'une des deux courbes, mais une relative insta-
bilité de la fonction de demande de monnaie et àe la fonction
de consommation, le Federal Reserve System a jugé bon à par-
tir àe 1975 àe tenter l'expérience de fixation des normes
.,de aroissance des agrégats monétaires.
Lt ~énomination de la politique peut faire penser a
une politique purement monétariste, mais dans la réalité, les

-187-
autorités monétaires américaines ont une attitude très
éclectique:
En effet, slil s'agit de fixer des taux de variation
pour les agrégats monétaires Ml' H2, M3 , "bank credit proxy",
le Federal Open Market Committee, par ses opérations d'open-
market tente d'atteindre ces objectifs en utilisant le taux
de l'argent au jour le jour et les réserves des banques.
Ce modèle décisionnel de politique monétaire peut être
ainsi résumé:
variable opérationnelles -vvariables intermédiaires~objectifsgénéraux
- réser~e des banques
stabilité des
prix
- taux d'intérêt au
- plein-emploi
jour le jour
- croissance
stabl e
- band credit proxy
- équilibre exté-
rieur.
En principe, et selon les espoirs du Fed, la manipu-
lation des réserves et du taux de 1 largent au jour le jour
doit modifier l'évolution des agrégats ,et la croissance des
agrégats mo..~~taire~~.ans
les ,marge~.~~xées. doit per~ettre
d'atteindre -,es Ob1~,:~fS de. la ,~.~l itiq.ue économiqu.e,' ,: c lest
là le principe de '~'9litique des cibles dénommé, "target".

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.N.,
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"':.;

~"._"",
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\\
!
-188-
Seulement l'efficacité d'une politique s'apprécie
dans les résultats observés. or force est de reconnaître que
l'administration CARTER a battu les records à la fois dans
la hausse des prix~t dans le chômage avec 14 % d'inflation
en 1979 et plus de 7 % de taux de chômage.
Il est vrai qu'à cause de la nature du modèle, il y a
plusieurs difficultés auxquelles sont confrontées les auto-
rités de la politique monétaire américaine:
- difficultés à fixer les objectifs du fait de l'incompati-
bilité de certaines politiques: car si la croissance est
souvent source d'emploi, elle est généralement accompagnée
d'inflation, donc de baisse de compétitivité des produits
nationaux sur le marché extérieur.
- difficultés à atteindre les objectifs car les comportements
d'anticipation rendent difficiles le contrôle des agrégats
monétaires.
difficultés à préciser les véritables relations entre va-
riables opérationnelles et variables intermédiaires.
Mais, aujourd'hui le problème fondamental demeure qu'il
faut sortir;des recommandations mécanistes en matière de po-
litique monétaire en limitant l'impact du débat MV - C + l
...
...... ~:'~. -
et en essayant de trouver d'autres éléments d'explication
.'
"',
.

pour comprendre le pourquoi des instabilités économique~ con-
temporaines.

-189-
SECTION III
LIMITES DU DEBAT ET HYPOTHESE NOUVELLES.
SOUS-SECïION l
Limites inhérentes au cadre analy-
tique.
Les limites liées au cadre analytique sont de deux
ordres
- La construction des courbes IS-LM par HICKSET HANSEN
ne traduit pas fidèlement la pensée keynésienne.
- Les propriétés de IS-LM dans le dêbat rendent la détermi-
nation àe ces courbes aléatoires et ne concentrent les
études que sur l'écart entre le P.N.B. de plein-emploi et
le P.N.B. potentiel .
.
.. -
~
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..~~

~
. . . . .-
r--~"
tt
-190-
1)
LA CONSTRUCTION DE IS-LM.
Le mérite de HICKS et HANSEN aura été de montrer, gra-
phiquement, contrai~ment aux automatismes classiques, que
le revenu d'équilibre qui assure l'égalisation de l'offre et
de la demande sur le marché des biens et des titres, de l'em-
ploi et de la monnaie pouvait avoir des valeurs différentes.
Autrement dit, ces équilibres sur les différents marchés
étaient inconciliables.
Car si l'offre et la demande de travail déterminaient
le niveau d'emploi compatible avec le revenu Y sur le marché
des biens, ce revenu Y correspond à un taux d'intérêt ra
qui est différent du taux d'intérêt r
résultant de l'inter-
1
section des courbes IS-LM dans le marché des titres et de la
monnaie.
Si ro.est inférieur à rI' l'autorité monétaire serait
tenté d'accro1tre la quantité de monnaie pour abaisser r 1
jusqu'à ro, mais la trappe monétaire fait qu'en deçà d'un
certain seuil l'inélasticité de la monnaie au taux d'intérêt
rend impossible cette politique.
Néanmoi-ns, dans la présentation de HICKS, le fait que
l 'encaisse d~ transaction ne soit que partiellement influen-

-191-
cée par la baisse du taux d'intérêt interdit à celui-ci d'at-
teindre des niveaux très faibles.
Il en résulte que LM se situe dans une zone élevée de
l'espace défini par les coordonnées Y et
Le taux d'intérêt joue davantage sur l'alternative
placement-monnaie que sur l'alternative placement-thésauri-
sation. Le taux de l'intérêt est alors soutenu par l'ex;s-
tence de titres anciens et par les opérations sur ces titres
ce qui amoindrit l'impact d'une baisse des taux d'intérêt
sur la substitution placements-thésaurisation.
En outre, et c'est là un aspect fondamental, nous re-
tiendrons avec le Professeur M. DE MOURGUES que:
"la faiblesse de l'analyse de HICKS HANSEN a consisté
à surestimer l'importance des réactions monétaires des agents
(c'est le terme de demande de monnaie "infinie" qui est en
lui-même trompeur. La thésaurisation est finie, sa iimite est
l'épargne formée au cours de la période). et à oublier la re-
lation directe établie par KEYNES entre
-
Monnaie
--
fltonnaie
(1) Michelle DE MOURGUES: "Economie r'ionétaire
II. Théorie et Politi~ues Monétaires" - Deuxiê~e Edition.
Dalloz 19if, page 48.

~192-
consacrer leur critique de l'analyse keynésienne sur la se-
conde relation.
Or pour l~ pays en voie de développement caractérisés
par une imperfection dans l 'intermédiation financière
il
t
sera utile d'explorer et d'exploiter la relation monnaie-
demande revenu en recherchant dans notre troisième partie
dans quelle mesure il est possible d'activer la demande pour
développer l 'intermédiation financière dans ce groupe de pays.
2)
L'IMPACT DE LA STABILITE DES FONCTIONS SUR LA PLACE ET
LA NATURE DE LA POLITIQUE MONETAIRE.
Au niveau de la place de la politique monétaire le dé-
bat MV contre (C + 1) a au moins trois torts
- Le terrain inadéquat sur lequel il ramène la controverse
marque la primauté des règles et des critères de l'écono-
métrie sur ceux de l'analyse économique.
- Le débat (MV) contre (C + 1) relègue au second plan et
cela à tort la complémentarité entre politique monétaire
et politique budg~taire.
L'attention que lui, ont porté bon nombre d'économistes, a
..
réduit les recherches dans des voies no~velles..
.
.~
"
. ,

"-193-
Concernant la nature de la politique monétaire, beaucoup de
problèmes surgissent
a) L'économie est représentée dans la structure IS-LM sur
laquelle nous émettions des réserves plus haut.
En plus remarque le Professeur DE BOISSIEU (1)
"Les courbes rs et LM ne sont plus parfaitement dé-
terminées, mais elles deviennent alternativement
ou conjointement aléatoires. Cela peut résulter
de l'instabi1ité intrinsèque de certaines fonc-
tions de comportement cu de l'incertitude du dé-
cideur public au sujet de leur nature exacte".
b) la politique monétaire a pour but alors de rapprocher l'é-
conomie du P.N.B. de plein-emploi, le
rôle
des autorités
se résumant à la minimisation de l'écart quadratique pou-
vant exister entre le P.N.B. potentiel et le P.N.B. effec-
tif.
c) Dans la recherche de cet objectif, la contrainte devient
la non surdétermination du système monétaire.
'1t~:i
,~.,:j::
Les a u t 0 rit és'O nt le choix e ~ ~~f i ; è'r le taux d' i n t é -
rêt et laisser var;~ le stock de mQnnl~e suivant les plans
.....
~,;~
(1) Ch. DE BOISSIEU : J1~incipe de Politique Economique" -
Econord ca 1978~'

~.-""""-'..
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1
!
:194-
des agents économiques ou alors l'inverse, c'est-à-dire sur-
veiller le stock de monnaie pendant que fluctue le taux d'in-
térêt.
Or, sans vouloir verser dans une analyse structura-
liste, il convient de noter que si l'hypothèse de linon surdé-
termination" correspond au cas anglosaxon, sa vérification
s'annonce difficile sinon simplement impossible dans une con-
joncture où en plus de l'encadrement du crédit, mesure jurî-
dique décidée d'autorité, les institutions financières appli-
quent le rationnement du crédit; car il y a dans ce cas "con -
jugaison" (voir DE SOISSIEU) dans le contrôle du taux d'inté-
rêt et des agrégats monétaires.
SOUS-SECTION II
Limites dûes à des hypothèses nou-
velles.
- Parmi les canaux de transmission possibles, le professeur
DE BOISSIEU·comp1:e l'effet d'annonces.
Cet effet suppose la modification des anticipations des agents
: (
économiques, les àutorités monétaires "annonçant" aux agents

"-195-
leurs intentions actuelles ou l'inflexion future de leur
action.
Le message ainsi crée et transmis est susceptible,
avant tout effet "mêcanique" de modifier l'anticipation sur
les prix et les taux d'intérêt, par conséquent cet effet
d'annonce joue un rôle dans le comportement des agents éco-
nomiques.
Cette "information" sur les intentions des autorités retien-
dra forcément notre attention dans l'esquisse d'une politi-
que en Afrique de l'Ouest, où au niveau de l' "éducation l1 du
monde rural, vers un comportement d'intermédiation financière
tout reste ~ faire.
2)
L'EFFET CONDUIT:
Concernant particulièrement les pays en voie de développement,
MCKINNON a montré que "l'effet conduit" qui caractérise la
complémentarité entre encaisse monétaire et investissement
est l'effet qui prévaut.
A supposer qu'il ait raison, son tort demeure le fait
qu' i 1 ne mont r e pas ~ton peu~ accé1ér e r l a fi na nci al i -
sation des êconomiese~ voie de développement gr~ce A l'effet
conduit.
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-196-
Qu'aujourd'hui il n'ait pas de substitution possible
d'autres actifs à la monnaie, c'est possible mais bâtir une
thé 0 ri e con tre 1a "r é pre s s ion fin an ci ère" en Il 1i bé r al i san t Il
1e secteur monéta ire par 1e désengagement de l' Eta t, ne nous
semble guère une politique profitable à ces pays, car la
structure financière et monétaire actuelle de l'intermédia-
tion nous semble une "anomalie ll ou une lacune et il est du
devoir des Etats concernés de rompre avec cet état de fait en
provoquant, en incitant, la diversification des actifs par -le
processus que nous comptons développer dans la troisième par-
tie et cela conformément aux caractéristiques du comportement
des agents que nous avons étudiées dans la première partie.
3)
l'INSTABILITE ISSUE DE l'OFFRE.
MODIGLIANI (1) a montré dans son article relatif aux
politiques de stabilisation, que l'instabilité des systèmes
économiques contemporains avait désormais son origine dans les
variations de l'offre et res'0:~l iquait plus exclusivement au
travers de la demande.
MODIGLIANI est parti
de trois périodes
(1) MODIGLIANI déjà cité.

~197-
1953-1957
période de stabilité de la croissance de la
monnaie.
Fin 1957-1970
période d'instabilité de la croissance moné-
taire.
,
1971-1975
période de stabilité.
La première période fut marquée par une instabilité
moyenne avec la récession de 1954, l'expansion de 1955 et la
nouvelle récession de 57-58. Donc la stabilité de la crois-
sance monétaire n'a pas entra~né une stabilité de l'éccnc-
mie.
Depuis 1975, c'est-à-dire même après la période d'ana-
lyse de MODIGLIANI, (l'expérience américaine de fixaticn de
normes de croissance des agrégats monétaires+ qui parvient à
maintenir M2 et M3 dans les marges fixées ne résoud ni le
problème du chômage (7 %), ni le déficit commercial (20 mil-
liards de dollars en fin 78), ni l'inflation (13 %).
De cette constatation empirique, nous pouvons tirer
deux enseignements:
- Il n'y a pas de vérification pour la suggestion monétariste
selon laquelle l'instabilité d'\\P.rès-guerre n'est que le re-
~
ï"~
flet de l 'instabilité monêtaire~7t
'"
..:.'

~
. . . "
l'
'
\\
1
.. -198-
Cette remarque est valable aussi pour émettre des
rêserves sur la proposition néo-libérale de croissance "mo-
dérée" de la monnaie dans les pays en voié de dêveloppement.
- La stabilité de l'offre de monnaie nlest pas une condition
suffisante pour nous donner une économie stable.
Des auteurs comme PAPADEMOS ont montré que la stabi-
lité àe la croissance de 1 'offre de monnaie n'était suffisan-
te comme condition à la stabilité économique que si toutes
les autres sources majeures de perturbation comme les dépenses
publiques étaient éliminées.
MODIGLIANI, témoin de la crise énergétique, estime que dans
la dépression des années 73-74, la raison n'est pas du type
p~rturbation par la demande, mais une perturbation d'offre
et de prix qui provient de causes cumulées (sécheresse, cri-
se du pétrole, etc ..• ).
Or, si dans un cas de perturba ti on par. 1a demande il
existe une politique évitant les coüts sociaux et qui peut
stabiliser l'emploi et les prix, dans le cas de perturbation
",
en provenance de l'offre, il n'y a pas de recette automatique
~u miraculeuse. MODIGLIANI ajoute:
"Dans ce CBS, pour maintenir des prix stables,

..
-199-
il faut que lorsque les prix extérieurs augmen-
tent, l'on puisse réduire les prix intérieurs,
mais, ceci est quasiment impossible à cause des
salaires qui sont rigides à la baisse ll •
Lorsque ces perturbations persistent, les prix vont
augmenter pendant que se poursuit la détérioration des termes
de l'échange.
Cette hypothèse sur les perturbations du côté de
l'offre est capitale dans l'étude de l'économie des pays en
voie de développement, notamment les pays ouest-africains.
En effet, ces économies sont largement tributaires de
la production agricole et des ressources de leur sous-sol.
Or, les aléas climatiques tels que la sécheresse plon-
gent ces pays dans une incertitude chronique quant à leurs
revenus futurs.
Sur le marché international, la détérioration des ter-
mes de l'échange caractérisée par une hausse des produits ma-
nufacturés qu'ils importent et une fluctuation incessante des
cours mondiaux des prod~its primaires constitue une con-
trainte a~ditionnell~.dans la fonct~on objectif des respcnsa-
.
,~.
bles de la pol;tique;~Gonomique.
.~ ..~
,~'-

~.
1
'-.
;
-200-
Aux économistes des pays sous-développés, on demande
souvent le lien entre les théories qu'enseigne la science
économique et leurs propositions en matière de politique éco-
.........
nomique tant il est vrai qu'ils ne peuvent préconiser ces po-
litiques sans présenter les théories économiques.
Dans le cadre de ce travail, il apparaît un paradoxe:
nous ne pouvons accepter les théories propres aux pays sous-
développés et sommes obligés de revenir sur les théories ori-
ginelles,
En effet la théorie structuraliste s'exclue d'elle-
même en n'ayant pas une politique monétaire,
La théorie néo-libérale ne peut nous satisfaire en
préconisant le dêsengagement de l'Etat dans un domaine aussi
important que celui des problèmes monétaires et financiers,
même si nous partageons l'analyse de ~1CKINNON sur l'effet
conduit,
De l'étude des théories originelles, nous avons rete-
nu :
.- la méthodo.,'ogie dans la controverse sur la fonction la plus
•..
'.
stable, ce qui nous a am.ené A étudier économétriquement la
fonction keynésienne de consommation et la fonction fried-

manienne de démande de monnaie,


.. -201-
Cette démarche nous a appris que la fonction de de-
mande de monnaie était plus instable que la fonction de con-
sommation et que le niveau de l'épargne était faible dans les
pays ouest-africains.
- La nécessité de dépasser le cadre analytique de la contro-
vers~ en raison des limites de ce cadre (construction IS-LM)
et de l'apparition d'hypothèses nouvelles (instabilité liée
à l'offre, effet d'annonce).
Mais ce dépassement du cadre analytique ne peut signifier
l'application pure et simple des hypothèses nouvelles au
cas des pays ouest-africains, car ces hypothèses répondaient
à des problèmes précis des pays développés.
c'est pourquoi nous pensons qu'à cette étape de notre
analyse et en empruntant la terminologie de la programmation
linéaire, nous avons:
+
une fonction objectif qui est d'élever le degré d'inter-
médiation financière des économies ouest-africaines.
+
les contraintes étant l'instabilité du comportement des
agents économiques (demande de monnaie et de consommation)
et 1 'instabil ité décou1ant de l'offre (détérioration des
termes de l'échange, sécheresse, crise énergétique).


. " :--.
r-r-,3-;
l i
-202-
II le
PARTIE
."
..


-203-
PROPOSITIO~S POUR UNE POLITIOUE MONETAIRE
TENANT COMPTE DES COMPORTEMENTS ECONOMIQUES
Cette
dernière partie a pour objet. après l'étude sur
l'instabilité des comportements et la place de ces comporte-
ments dans la théorie monétaire. d'analyser les structures
économiques et financières, ainsi que la politique monétaire
actuelle de l'Afrique de l'Ouest pour dégager les limites de
cette politique quant a notre objectif qui est d'accroftre
1 'intermédiat1on financière basé2 sur une épargne plus êle-
vée.

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f
..-
!
1
i
-204-
Le premier chapitre essaie d'expliquer pourquoi à
l'exception de la Côte d'Ivoire et maintenant du Niger
les struc-'
tures de produc~ion font que
la plupart des pays ouest-
africains subissent une perte permanente d'avoirs extérieurs,
perte liée à un déficit commercial chronique.
Le second chapitre qui analyse la politique monétaire
actuelle des pays de l'Afrique de l'ouest tente de montrer
qu'une politique monétaire privilégiant les agrégats se ré-
duit à une gestion de monnaie commune et ne donne pas A là
politique monétaire le rôle qui devrait en faire un vérita-
ble instrument du développement économique .
.,
.. '
"

-205-
CHAPITRE l
SITUATION ECONOMIQUE DE L'AFRIQUE DE
L'OUEST EN 1980.
Ce chapitre analyse deux volets distincts.
Si les deux premiers sous-chapitres se consacrent
a l'étude de structure (potentiel productif et nature juri-
dique des institutions financières), le troisième sous-
chapitre se présente comme une conséquence des deux premiers
en traitant de l'instabilité dans la croissance des agrégats
économiques, et sans vouloir tomber dans le piège de la for-
mule: "Post hoc, ergo propter hoc", il serait difficile
d'expliquer l'instabilité de la demande de monnaie et de la
propension marginale à consommer ~ excluant l'instabilité
dans l'évolution des agrégats économiques.

-206-
SOUS-CHAPITRE l
LE POTENTIEL PRODUCTIF EN AFRIQUE
de l'OUEST.
SECTION l
L'agriculture. secteur moteur.
Avant la colonisation les pays africains ont longtemps
vécu à 1 1 ère des économies de subsistance.
Vi van t dan s des ré 9ion s 1\\ cou Pée s 1\\ duR est e du 1,10 nde. 1e s
Africains s'adonnaient aux cultures vivrières et complétaient
leurs besoins alimentaires grâce à la pêche. à la chasse et
à la cueillette.
Avant l'infiltration arabe vers le Xe siècle, les
échanges commerciaux furent basés sur le troc.
La pénétration de l'Islam ne modifia pas fondamentale-
ment le schéma au Sud du Sahara puisque contre leurs faïences
ou leur sel. les Africains fournissaient aux Berbères almora-
vi des captifs et denrées alimentaires.

-207-
En réalité, la monêtisation de l'Afrique commença
sous l'ère coloniale occidentale (l) et répondait a deux
objectifs :
la collecte de l'impôt était exigée en espèces
- l'introduction des produits manufacturés en Afrique
et la demande de la métropole en produits primaires
modifièrent les habitudes de production, la recon-
version des paysans vers de nouvelles cultures était
entamée.
Ce fut alors la mise en valeur de l'économie africaine
avec la construction de chemins de fer et de routes qui bien-
tôt sillonnèrent tous les centres urbains pour le transport
des récoltes ou l'extraction des mines.
S'il est vrai que concernant l'arachide, c'est vers
1840 que le chimiste ROUSSEAU découvrit les propriétés hui-
leuses de ce produit, la rapide mise en valeur et la priorité
donnée aux cultures d'exportation font qu'en 1980, les éco-
nomies des pays ouest-africains restent largement tributai-
res de ces cultures.
(1) C. COQUERY-VlDROVITCH, H. MONlOT : "L'Afrique Noire de 1800 à nos
jours" - P.U.F. 1974 pages 194-195.

~
..•" .
1
. '
!
-208-
,
!
Avant la sécheresse, plus des 3/4 des recettes d'ex-
portation sénégalaises provenaient de l'arachide.
Même en 1976, c'est-â-dire trois années après la dure pério-
de 1972-1973, 62,680 millions de francs C.F.A. provenaient
des recettes de l'arachide sur un total de recettes d'expor-
tations évaluées à 115 925 millions de F. C.F.A.
En Haute-Volta près de 9 000 millions de F. C.F.A.
provenaient du coton et de la viande sur un total de 13 614
millions de recettes d'exportations pendant la même période.
En Côte d'Ivoire, sur un total de recettes d'expor-
tations de 529 212 millions de F. C.F.A. en 1977, seuls 111
millions provenaient du sous-sol (diamant).
L'essentiel découle en effet du cacao et de ses déri-
vés, du café et du bois qui totalisent près de 400 000 mil-
lions de F. C.F.A.
En 1977, sur un total de recettes d'exportation togo-
laises de 39 115, le cacao en fèves et les phosphates inter-
viennent pour 29 139 millïons de F. C.F.A.
i
Plusieurs remarques apparaissent
1
• ..

-209-
En théorie, les états africains ne manquent de moyens ni
pour se pourvoir en réserves, ni dans une certaine limite
pour le financement de leurs budgets.
- En pratique, ils ne contrôlent aucun de ces moyens dès
l'instant où l'on pense aux aléas climatiques ou à la détÉ-
rioration des termes de l'échange.
- Une troisième remarque concerne l'absence de complémenta-
rité voire la concurrence qui existe dans les schémas de
production, ce qui ne peut que nuire aux échanges intra-
communautaires.
Car en Afrique de l'Ouest, il existe quatre grands
produits d'exportation si on se réfère aux rapports de la
B.C.E.A.O. : l'arachide, le café, le cacao et le coton.
Or tous les pays ouest-africains produisent du coton
graine comme nous le montre ce tableèu extrait du rapport
de la B.C.E.A.O. en 1978 :

-210-
1974-1975
1975-1976
1976-1977
1977-1978
BENIN
.....
30,9
20,1
19,5
13,9
COTE-D'IVOIRE
59,9
65,1
75,4
102,9
HAUTE-VOLTA
30,6
50,7
55,2
38,0
NIGER
7,9
11 ,1
7 ,2
3,8
SENEGAL
42,1
39,0
45,2
37,1
TOGO
10,7
9,7
7,0
4,5
Ces grandeurs sont exprimées en milliers de tonnes.
Sources: B.C.E.A.O. 1978 page 16.
D'autre part, le BENIN, la COTE D1IVOIRE et le TOGO
sont en concurrence dans la production du café et du cacao
tandis que sur"le terrain de l'arachide" on retrouve le
Sénégal, le Bénin, la Haute-Volta et le Niger.
v
Toutefois, avant l 'intêgration économique par les pra-
dui t s, les aut 0 rit é s dev rai e nt pen s e r à l 1 i nt é 9rat ion par ., es
productions.
Seulement l'industrialisation ouest-africaine est axée
sur les complexes agro-industriels.
C'est à partir de prodJctions agricoles nationales que
les responsables de la politique économique b~tissent des
1
1

-211-
schémas industriels traitant de produits semi-finis comme
dans le secteur de l'huilerie et de l'arachide; et si l'on
constate que les pays ouest-africains pris isolément ne sont
pas des nations économiques viables (étroitesse des marchés
face aux économies d'échelle), on constate avec amertume
que les politiques d'intégration régionale risquent de demeu-
rer trop longtemps au stade des déclarations d'intention.
"

~'
r!
- 212-
SOUS-SECTION II
LA IIPAUVRETE II DU SOUS-SOL.
Des six pays membres de la B.C.E.A.O. (BENIN, COTE
D1IVOIRE, NIGER, HAUTE-VOLTA, SENEGAL, TOGO) seuls le TOGO
et le NIGER ont des recettes d'exportation largement tribu-
taires de leurs sous-sol.
Pour le TOGO, 19 039 millions de F. C.F.A. provenaient
des phosphates sur un total de 39 115 en 1977.
L1uraniurn du NIGER produisait à cette même date
20 476 millions de F. C.F.A. sur un total de 31 979 millions
soit près des 2/3.
Le Sênêgal complète la liste avec des recettes d'ex-
po r t a t ion de ph os phate s
de l ' 0 rd r e deI 5 aaa mil l ion s de F.
C.F.A. pour une production évaluée à 1 600 000 tonnes en
1976.
En 1980,
les gisements de fer découverts au
SÉnégal et les puits de pétrole du SENEGAL et de la COTE

_" .• _ ,

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7 ........' " ' ' " _ ~
_ _

-213-
D'IVOIRE ne sont pas encore exploitês.
Face à cette limite dans les sources d'approvisionne-
ment en devises, il est contradictoire d'observer que les
pays africains, pourtant prédisposés à l'agriculture, impor-
tent la plupart de leurs produits vivriers.
En effet, tous ces pays importent des produits lai-
tiers, des céréales, des sucres et sucierles, des farines·
et gruaux ...

-214-
........
SOUS-CHAPITRE II
STRUCTURES MONETAIRES ET FINANCIERES.·
Nous estimons que pour préconiser une politique moné-
taire, il est nécessaire de décrire le cadre dans lequel
s'applique cette politique.
Pour les pays ouest-africains deux spécificités sont
à signaler :
- d'une part les rapports entre la Banque Centrale de l'Union
monétaire et le Trésor Public français dans la gestion des
réserves en devises de 1 'Union monétaire Ouest-africaine.
- d'autre part la nature juridique des banques commerciales
ins~alJées dans l'Union, banques dans lesquelles la parti-
. cipation de capitaux étrangers est déterminante, ce qui
pose des problèmes de rentabilité dans l'octroi de créàit
dans l'implantation géographique et dans le placement des

- 215-
liquiditês sur le marché international.
Ces deux remarques nous amènent a diviser ce sous-chapitre
en deux sections; la première sera consacrêe à la Convention
du Compte d'Opérations qui régit les modalit~s de gestion
des réserves en devises ouest-africaines par le Trésor Public
de la République Française, la seconde section étudie les
problfmes que posent la nature juridique des banques commer-
ciales.
SECTION l
LA CONVENTION DE COMPTE D'OPERATIONS.
Le 4 Dfcembre 1973. ~ Dakar, le Ministre de l'Economie
et des Finënces de la République Française et le Président
du Conseil des Ministres de l'Union Monétaire Ouest-Africaine
signaient la Convention de Compte d'Opérations qui. dans son
article 11 abrogeait la Convention de Compte d'Opérations
du 20 Mars 1963, telle que modifiée par avenants du 2 Juin
1967 et du 4 décembre 1969.
l'article premier de cette n'ouvelle convention sti-
pule
"Il est Ouvert, dans les écritures du Trésor Français.

::'216-
au nom de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
un compte courant dénomé "Compte d'Opérations" Il
Dans l'article 2, on peut noter:
IILa Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest versera au Compte
dlOpérations les disponibilités qu'elle/f~u~rtnstituer en de-
hors de sa zone d'émission, exception faite
1°)
des sommes nécessaires pour sa trésorerie cou-
rante ;
2°) - des sommes nécessaires à l'excécution des obli-
gations contractées par les Etats de llUnion
Monétaire à l'égard du Fonds Monétaire Interna-
tional et qu'elle aurait pris charge d'assurer
dans les conditions fixées par conventions con-
clues avec ces Etats et approuvées par le Conseil
des Ministres de l'Union;
3°) - des sommes que le Conseil d'Administration de la
Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest àécide-
rait de déposer en Comptes
courants libellés
en devises auprès de la Banque des Règlements
Internationaux ou des instituts d'émission étran-
gers, ou d'employer à la souscription des bons
négociables, à deux ans, au plus d'échéance,
libellés en monnaie convertibies, Émis par les
institutions financières internationales, dont

"-217-
la vocation dépasse le cadre géographique de
1 'Union Monétaire Ouest Africaine et auxquelles
participent les Etats membres de cette derni~-
re ; le montant cumulé des sommes ainsi déposées
en devises ou employées à la souscription de bons
libellés en devises autres que le franc français
ne pourra excéder 35 % des avoirs extérieurs
nets de la Banque Centrale, à l'exclusion de la
position tranche or du Fonds Monétaire Interna~
tional des Etats membres de l'Union Monétaire et
des droits de tirage spéciaux détenus par eux
qu'elle serait autorisée à compte. parmi ses avoirs
extérieurs en application des conventions prévues
au paragraphe 2 du présent article".
Cela signifie que, exception faite des obligations vis-
A-vis du Fonds Monétaire International et des obligations de
sa trésorerie courante, au moins 65 % des avoirs extérieurs,
de l'Union Monétaire Ouest Africaine, doivent être déposés
au compte opérations, compte dont les modalités de fonction-
nement sont précisées dans l'article 7 de la convention signée
en 1973 :

..
t
';:,
,
1
1
- 218-
Article 7 : Lorsque le solde du compte d'opérations sera dé-
biteur, la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest règlera
sur ce solde des intérêts dont le taux sera fixé de la ma-
nière suivante : '
- sur la tranche de 0 à 5 millions de francs: 1 %.
- sur la tranche de 5 à 10 millions de francs: 2 X.
- au-dessus de 10 millions de francs: taux égal à celui
fixé à l'alinéa ci-après.
Lorsque ~ solde sera créditeur, le montant moyen des
fonds en dépôt au cours de chaque trimestre sera assorti
d'un taux d'intérêt égal à la moyenne arithmétique des taux
d'intervention de la Banque de France sur effets publics au
plus court terme pendant le trimestre consiàéré.
Si la Convention de 1973 a apporté des retouches dans
la gestion par la B.C.E.A.O. d'une partie de ses avoirs exté-
rieurs, les accords de coopération relatifs à la libre conver-
tibilité conclus entre la France et l'Union ~1onétaire Ouest
Africaine intervenus le 12 Mai 1962 et approuvés en France
par la loi du 5 Mars 1963 sont toujours en vigueur.
Ces accords assurent la libre convertibilité en francs fran-
çais du franc de la Communauté Financière Africaine (F.
C.F.A.) émis par la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest,
banque Centr&l~ de 1 'Union Monétaire Ouest Africaine.

.. -219-
Du point de vue des opérations de change, l'ensemble de ces
accords signifie que :
- Si les membres de l'Union exportent hors àe la zone franc
les devises qu'ils se procurent sont cédées contre des
francs français a la France.
En revanche, pour le règlement de leurs achats à l'étranger
la France leur fournit. contre francs. sans limite, les devi-
ses dont ils ont besoin.
Et si le compte est débiteur, le Trésor Français perçoit un
intérêt dont le taux est plus que favorable aux Etats bénéfi-
ciaires puisque sur la tranche allant de 0 à 5 millions. la
France ne perçoit qu'un intérêt de 1 X. ce taux étant de 2 %
pour la tranche allant de 5 à 10 millions et correspondant
à une moyenne arithmétique des taux d'interventicn de la Ban-
que de France sur effets publics comme le stipule l'article 7
déjà cité de la Convention de 1973.
Seulement il est bon de noter à ce niveau que le
compte d'opêrations est un compte "communautaire" c'est-à-
dire que les déficits des uns sont compensés par les excé-
dents des autres et que le compte depuis son ouverture n'a
j amai s été dÉ: b; te ur a u li ive aÙ 9 lob al t"'..Ce qui fa i t que l'a r -
ticle 7 des accords de cooPérat;on-è\\tre la République Fran-
p--
l

r-"
f
·
-220-
çaise et les Etats de l'Union, article qui fixe les dispo-
sitions restrictives à prendre au cas où le compte viendrait
à être débiteur pendant six décades consécutives n'a jamais
été appliqué.
'
Son application est d'autant plus improbable que dès
l'instant où le rapport avoirs extérieurs et engagements à
vue est inférieur à 20 % pendant 3 décades, le Conseil d'Ad-
ministration de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l 'Ouest est incité à prendre toutes les décisions appropriées.
On peut dès lors se demander quels sont les avantages
d'un tel accord?
A) - Les avantages de~ Accords de Coopération et la Conven-
tion de Compte d'Opérations.
Au niveau des opérations de change, l'avantage est
double pour la France: d'abord il y a avantage dans les é-
changes entre la France et les pays signataires des accords
et puis dans les échanges que ces pays effectuent avec des

-221-
partenaires non membres de la zone franc.
Dans ses ~changes avec les pays membres de l'Union,
si les exportations françaises sont inf~rieures aux exporta-
tions ouest-africaines vers la France, la France n'a pas de
cessions de devises immédiates à effectuer comme ce serait
le cas avec les Etats-Unis par exemple. Grace à une écriture
comptable sur le compte d'opêrations, elle crédite le
compte de la Banque Centrale et la Banque de France ne peut
être génée dans la gestion de ses devises, du moins dans
l'immédiat.
D'autre part, lorsque les exportations de l'Union
ouest-africaine procurent à celle-ci des devises, elles bé-
néficient à la France parce que grâce à la Convention de
Compte d'Opérations, au moins 65 % des devises extérieures
de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
doivent être déposés au Trésor Français.
G~néralement les auteurs (1) classent ces avantages
en trois catégories
(1) D!ARRA Mamadou : "les Etats Africains et la Garant~e ~1onétaire de
la France" - Nouvelles Editions Afrkaines Dakar 1972.

r--..
!
-222-
i
,
- Sur le plan des opérations de change, on estime qu'il y a
la possibilité pour les états ouest-africains de s'approvi-
sionner sans limite à l'étranger et cela au-delà de leurs
possibilités propre~ en devises. Nous avons vu que si cet
argument pouvait être valable pour un pays et dans un temps
donné, cette éventualité est quasi-impossible peur l'ensemble
de l 'Union si on se réfère aux conditions d'évolution du rap-
port avoirs extérieurs-engagements à court terme, rapport
qui ne peut être inférieur à 20 % (c'est-à-dire avant les
conditions d'application de la garantie française) sans que
le Conseil d'Administration de la Banque Centrale ne prenne
les mesures appropriées.
Seulement, s l il n'y a pas là IIfacilité ll pour l'Union
toute entière, il va de soi que pour des états à déficit com-
mercial IIpermanentll, la règle de la solidarité constitue une
roue de secours qui masque les difficultés nationales.
- Sur le plan monétaire, certains auteurs estiment non sans
raison que le franc C.F.A. bénéficie indirectement de la
même garantie que le franc français dont la couverture est
assurée par l'ensemble des devises et de l'or centralisé par
le II poo lll de la zone franc.
Oes tr..ois arguments en faveur de l'avantage, c'est
assurément ce second qui est le plus fondé parce que le troi-
sième avantage a trait à l'investissement.

- A ce niveau. les partisans des Accords estiment que la ga-
rantie monétaire rassure les investisseurs et les incite a
placer leurs capitaux dans les investissements nécessaires
au développement de l'Union.
Cet argument est simpliste.
Il va de soi que la libre convertibilité et la garantie sont
des arguments de poids dans la commodité des opérations éco-
nomiques. qu'elles soient commerciales ou financières, mais
il est illusoire de penser que les entrepreneurs français
vont se hasarder à investir dans les Etats de 1 'l;nion sans
être certains auparavant qu'il y a là une efficacité margi-
nale du capital suffisamment attirante.
Depuis 1962. le taux d'escompte de la Banque Centra-
le des Etats de l'Afrique de l'Ouest a peu varié: fixé à
3,5 jusqu'en 1972, il a été relevé à 5,0 en 1973 et est au-
jourd'hui de 7,5 %.
Pourtant la première décennie des indépendances a
connu une croissance économique certaine dans tous les pays
africains grâce à des investissements étrangers plus soucieux
de la rentabilité de leur capital que des problèmes de conver-
tibilité ou de taux d'intérêt.

~."'
..
' "
f . "
1
-224-
Nous verrons en terminant ce chapitre sur la struc-
ture des économies ouest-africaines, les avantages du Code
des Investissements établis par les gouvernements africains
pour attirer les""'tapitaux, avantages qui à notre avis sont
l'explication
première des investissements en Afrique Occi-
dentale, contrairement a ce que pense MCKINNON.
M. Jacques RUEFF qui visait les possesseurs de baian-
ces dollars, se demandait dans »Le Monde» du 14 Février
1970 :
"
quelle liberté de décision peut être celle
d'un pays dont les réserves monétaires-instruments
et oonditions de la convertibilité de sa monnaie
sont en dépôts à l'étranger" ?
mais si on considère les réserves de change de l'Union Moné-
taire comme des balances francs, sa remarque s'applique bel
et bien au cas des pays ouest-africains.
B)
Les inconvénients de la convention de compte d'opérations.
Nous avons vu que la garantie monétaire de la France
a travers le compte d'opérations est plus théorique qu'effec-
tive, le cas d'intervention des autorités françaises n'ayant
que peu de chance de se réaliser.
;
".

·
-225-
En effet, étant entendu que la france n'interviendra
qu'au cas où le compte communautaire dans son ensemble est
dêficitaire -cas jamais vu depuis 1962- on se demande à quoi,
sinon à qui sert cette garantie. d'autant plus qu'à cause du
d~pôt des réserves au Trésor Public français, les Trésors
Publics ouest-africains se trouvent privés d'un moyen sub-
stanciel de financement de leurs économies.
L'erreur serait de croire qu'il n'y a qu'une alterna-
tive : garantie totale de la France ou émission de monnaies
nationales.
Nous estimons que l'exemple des pays maghrébens (Maroc
Tunisie. Algérie) devrait amener les autorités ouest-africai-
nes à réfléchir sur l'opportunité de leur choix.
En effet, ces pays bien qu'ayant quitté la zone franc
continuent à avoir une garantie partielle de la France gr~ce
aux comptes d'avances ouverts à leurs noms et qui leur per-
met de s'alimenter en devises. à concurrence de 50 millions
de francs français.
Le Compte Opérations .. ~n maintenant les relations
"facilitées" avec la france principal client et principal
fournisseur des pays ouest-africains se traduit par une stag-

~
l
~226-
nation des échanges entre pays ouest-africains au moment où
les politiques d'intégration économiques devraient se tra-
duire par une solidarité et un dynamisme effectifs à l'éche-
lon régional.
Pour avoir une idée de la faiblesse des échanges in-
tracommunautaires. rappelons qu'en 1970, au niveau de la
Communauté Economique Européenne, les exportations intracom-
munautaires s'élevaient à 43 300 millions de dollars, c'est-
à-dire que les échanges entre pays membres de l'association
représentaient plus de 55 % des exportations, alors qu'en
1970, pour des exportations totales de 2 377 millions de dol-
lars. les exportations de la C.E.D.E.A.O. (1) vers les pays
de la C.E.O.E.A.O. ne représentaient que 145 millions de 001-
lars, c'est-à-dire moins de 7 % des exportations totales
alors que les exportations de la C.E.O.E.A.O. vers la C.E.E.
se chiffraient à 46 % des exportations totales de cette or-
ganisation régionale africaine créee en 1975 et qui regroupe
en plus des six membres de l'Union Monétaire, la Mauritanie,
le Mali, le Nigéria, le Ghana. le Sierra Leone, la Guinée,
la Guinée Bissau, la Gambie et le Libéria.
L'autre inconvénient du compte d'opérations est la
"discipline monétaire ' qu'il implique, discipline se manifes-
!
tant ~ deux niveaux au moins
(1) La Chambre de Compensation de l'Afrique de l'Ouest: "Une exper1ence
de coopération monétaire en Afrique de l'Ouest" - fascicule publié
à Freetown en Juin 1976.

-227-
- La parité fixe de l'unité monétaire (1 f. C.f.A. • 0,02 f.
f.) peut ne pas refléter la situation économique des Etats
membres de l'Union Monétaire Ouest-AfricainS:.
En effet, les pays â excédent commercial comme la Côte
d'Ivoire ou Le Niger, ne peuvent voir leurs résultats se
refléter dans leurs relations économiques avec la France
tant il est vrai que leur monnaie nationale est comme un
sous-multiple du franc français.
A l'inverse des pays comme le Sénégal, la Haute-Volta ou
le Togo trouvent là une protection qui leur évite l'effort
économique qu'implique l'indépendance.
- En empruntant la terminologie de la programmation linéaire,
la fonction objectif de la B.C.E.A.O. se réduit à une sur-
veillance du rapport avoirs extérieurs-engagements à vue
(stratégie du maxi-mini). ce-;qui amène les autorités moné-
taires à une règlementation uniforme de la distribution
du crédit qui devient une politique de contrôle de la crois-
sance des agrégats dans les normes préétablies alors que
les besoins et la situation ne sont pas forcément identi-
ques d'un pays à l'autre, surtout si l'on se réfère à
BATHIA (1) qui a montré dans sen article l'existence d'é-
carts três marqué~~ntre les valeurs moyennes des multipli-
..
cateurs et des flu~~ations annu~lles de 1a monnaie. ce qui
"~::...,
-;
semble :indiquer 9ue la mise en oeuvre d'une politique moné-

-228-
taire unique, applicable à tous les Etats de l'Union Moné-
taire se heurterait non seulement a des difficultés, mais
aurait des bases analytiques contestables.
Nous ne pourrons terminer l'analyse du compte opérations
sans comparer l'évolution des taux de change des Etats de
l'Union avec l'évolution des taux de change des Etats du
Maghreb ayant adopté le compte avance afin de voir dans
quelle mesure ces derniers ma1trisent-ils les termes de l'é-
change.
C)
Etude comparative des taux de change du Maghreb et des
Etats de llll,frique de l'Ouest.
c
.
1

1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
-
ALGERIE
4,9371 4,9371 4,9371 5,0420 4,9465 5,0486 4,8937 4,8290 5,0644 4,9014 4,9956 4,9472
Dinards
algériens
pour lOTS
MAROC
5,0743 5,0640 5,0288 4,7600 4,6657 4,2899 4,1548 4,1836 4,4843 4,3270 3,8865 3,7388
~bre de
dirhams
,
. 1
pour 1 dol-
N '
lar u.s.
l''''
\\0
1
TUNISIE
0,5208 0,5208 0,5208 0,4807 0,4840 0,4451 0,4065 0,4353 0,4309 0,4121 0,4034 0,3959
Nbre de
dinars
pour 1
dollar US
ETATS de
L'UNION
247,40 277,90
276,00 261':1 256'15 235,40 222,22 224,2j 248,49 235'15 209,00 201,00
F. C.F.A.
pour 1 dol-
lar U.S.
1
Source: International Financial Statistics •
~
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i'''!~kij,'t#
,'t"!"'~-7~':'~"O--,,?,i"'/'N="""-~~~~

r--;...'.;.'.
-230-
Nous observons qu'aujourd'hui le taux de change algé-
rien (4,9472) s'est relativement stabilisé par rapport à
l'année 1968, 00 il était de 4,9371 dinards pour un D.T.S.
Ce taux de change, s'est même amêlioré pour le Maroc et la
Tunisie qui donnent aussi moins de leurs monnaies pour acqué-
rir un dollar des U.S.A.
Mais cette amélioration des taux
de changes est beaucoup plus nette pour les Etats de l'Union.
Le franc BARRE, synonyme de solidité s'est en effet
consolidé par rapport au dollar, ce qui fait que les Etats'
de l'Union donnent aujourd'hui les 4/5 de ce qui leur était
nécessaire en 1968 pour obtenir un dollar américain.
Cette remarque fait qu'on ne peut pas compter pour
rien les avantages de la stabilité des changes à l'égard
de la zone européenne et la solidarité avec le franc fran-
çais en période de crise du dollar.
Au niveau des relations entre les pays africains et
les anciennes métropoles (Grande-Bretagne, France), les
discussions versent hélas trop rapidement dans l'argumenta-
tion passionnelle.
La réalité politique et économique (besoin des métro-
·poles en matières premièreS, besoin des capitaux en Afrique,
langues communes) devrait dicter un réalisme politique.
.~;
'll....•......-.....,.. "' .
.'"<:
~
..-~,
-'
:".>C' / ..,.

-231-
Ce réalisme est de constater qu'aujourd'hui, et cela
malgrê les thêses de S. AMIN, le monde se divise en zones
- une zone yen, grace au dynamisme économique du Japon.
- une zone dollar regroupant les Etats-Unis et les pays de
l'Amérique Latine qui ont tissé entre eux des relations
commerciales et économiques privilégiées.
une zone "ECU" regroupant les membres de la C.E.E. qui
grace à leur politique d'intégration économique font de
l'Europe un membre de plus en plus dynamique dans le ccrr,-
merce international.
- une zone de 11 Europe de 11 Est qui est intégrée dans le
Comecon et dont l'U.R.S.S., pays leader, entretient des
relations commerciales avec les U.S.A., leader de l'Occi-
dent, notamment en matiêre alimentaire.
- La Chine, pays-continent, patrie du "compter sur ses pro-
~res forces", qui pour parachever son ouverture à l'Occ;-
dent vient d'être admise au Fonds Monétaire International
(17 Avril 1980) et à la B.I.R.O. (15 Mai 1980~.
- Un monde arabe ayant pour dénominateur commun 1 'Islam et/ou
le pétrole et dont les décisions sont de plus en plus
décisives dans le fonctionnement de la communauté interna-
\\
tionale.
L'Afrique."zone ll la moins homogène parmi celles que nous
venons de citer.
l'Afrique ayant
c~lonisateurs (Anglais. Por-

~.
r
.
1
,
.. -232-
tugais, Français, Allemands, Belges), la balkanisation a été
une donnée politique depuis la Confêrence de Berlin •
.....
Mais est-ce que reprocher à l'ancien colonisateur
ses actions passées ou dénoncer aujourd'hui le caractère
inégal des échanges internationaux doit entraîner la rupture
avec le marché internat10nal (S. AMIN) au moment 00 la carte
économique du monde indique une tendance à l'ouverture mal-
gré les inquiétudes politiques Que nous connaissons depuis·
le début de l'année?
Pour notre part, nous pensons que le retrait du com-
merce international serait suicidaire pour tous les Etats,
qu'ils soient du "centre" ou de la "périphérie ll •
1
En fait l'Afrique n'est pas une zone à proprement par-
ler, ses Etats ayant maintenu les relations qui les unis-
saient à leurs anciennes métropoles.
Ces relations, dénoncées par la plupart des Etats,
ont connu plusieurs modifications sur le plan commercial.
Au dêbut des indépendances, les accords commerciaux
privilégiés liaient la France et ses anciennes colonies
.
.
(Yaoundé 1 et Yaoundé 2) tandis que le Commonwealth liait
l'Angleterre aux Etats Africains Anglophones.
..-.'
; '.:
." .
.'.~
••
l<'~,Tt-i•.......:;,'",.,'-~,;:}J{:C/<

-233-
Depuis les accords de Lomé en 1975. les Etats A.C.P.
(Afrique. Caratbes. Pacifiques) sont liés aux Etats de la
C.E.E. par le traité du même non.
- Ces accords de Lomé 1 (1975 à Lomé) et de Lomé II (1980
à Bruxelles) sont, selon les signataires conçus dans l'op-
tique d'un nouvel ordre économique mondial, c'est-A-dire
une économie mondiale conçue sur des bases plus égalitai-
res.
Par rapport à Yaoundé. les accords de Lomé comprennent
trois innovations:
- Les exportations A.C.P. qu'elles soient des exportations
de produits primaires (95 %) ou de produits manufactu-
rés. sont affranchies de droits de douanes sur les ports
de la C.E.E •• sans qu'il y ait obligation de réciprocité
pour ce qui est des exportations de la C.E.E. vers les
pays A.C.P.
- La C.E.E. s'engage à importer 1.3 million de tonnes de
sucre en provenance des pays A.C.P. et cela aux prix ga-
rantis aux producteurs européens.
- Enfin. par le mécanisme du STABEX. la C.E.E. tente de
garantir la stabilité des recettes d'exportation prove-
nant d'une trentaine de produits primaires. En effet, si
les recettes d'exportation provenant d'un produit "sta-
bexable" étaient inférieu~s à la moyenne arithmétique
des recettes d'exportation de ce' produit pendant les
quatre derniêres ~nnées.Je pays producteur se verrait
dédommagé à concurrence de ce "déficit".

~... '
t
""

!
-234-
;
Bien sOr, on remarque tout de suite que le principe
du STABEX exclut d'office certains pays ne produisant pas de
produit "stabexable" ; on remarque par la même occasion que
les accords C.E.E~-A.C.P. font des pays A.C.P. des fournis-
seurs "sQrs lf et des marchés privilégiés.
Les inconvénients de ces accords sont donc réels:
le traité garantit la stabilité relative de recettes d'exporta-
tion provenant d'un produit et non les recettes d'exportation
d'un pays, en outre ce traité n'ôide pas dans le développement
des échanges entre les pays en voie de développement ce qui
nuit aux politiques d'intégration régionale.
Cependant le mérite de ce traité est certain sur le
plan politique: il rappelle que désormais seuls des rapports
égalitaires peuvent assurer le maintien des relations inter-
nationales, qu'elles soient économiques, politiques ou cul-
turelles.

.,- 2 35-
SECTION II
UN SECTEUR BANCAIRE DYNAMIQUE MAIS
MAL ADAPTE.
S'il Y a encore un domaine où la présence étrangère
est inévitable, sinon nécessaire, c'est bien celui du sec-
teur bancôire. Démunis de capitaux. il serait suicidaire
pour les Etats de l'Union de se priver du concours de l'ex'"
térieur dans le financement de l'économie.
Le compte consolidé des profits des banques commercia-
les de l'Union Monétaire ouest-africain-nous montre que
l'année 1973-1974 ont eu les opérations suivantes:
Profit des Bangues en millions de F. C.F.A.
(1 ) Intérêts et commissions reçus
22 941
( 2) Intérêts versés
10 676
(3 ) Résultats de 1a gestion des
capitaux
12 265 (1)-(2)
(4) Produits des prestations de
service
3 324
( 5) Production marchande (3+4)
15 589
(6 ) Consommations intermédiaires
3 354
(7) Valeur ajoutée ( 5-,,6)
12 235

"-236-
(8) Autres produits
1 203
(9) Frais de personnel, charges
diverses, amortissements,
provisions, impôts
10 941
(10) Bénéfices à ré~rtir
2 497
(7+8-9)
Comme en 1971-1972, ces bénéfices étaient de 1 476
millions de francs C.F.A., on constate que le secteur bancaire
qui réussit à doubler ses bénéfices, en trois ans témoigne
d'un dynamisme certain.
Dans le cadre d'une ncuvelle politique monétaire en
Afrique de l'Ouest, il nous semble utile de revenir sur la
manière d'opérer des banques commerciales, ce que nous ferons
en rappelant les participants au capital des banques et l'im-
plantation géographique de ces banques.
Nous terminerons cette section en montrant pourquoi la "poli-
tique" des banques commerciales nous semble inadaptée dans une
optique d'accroissement de la collecte de l'épargne.
;,
1

-237~
A)
La nature juridique des ban~ues
l'internationalisation
du capital.
Au niveau des banques commerciales, on peut prêter le
qualificatif de "ma1tresd'oeuvre" aux trois grandes banques
nationalisées de la France.
En effet, dans l'Union monétaire, la B.N.P., le Crédit
Lyonnais et la Sotiété Générale, associées à des partenaires
allemands, américains, italiens ou suisses, contrôlent l'es-
senti el des activités.
Ainsi le Crédit Lyonnais s'est associé à trois banques
étrangères: la Banca Commerciale italiana (Italie), la
Deutsche Bank (Allemagne) et la Morgan Guaranty International
Banking Corporation (U.S.A.).
La Société Générale est associée à la Banca Nazionale
del lavoro (Italie), â la Bayerische Vereinsbank (R.F.A.),
au Crédit Sùisse et a la Bankens International Corporation
qui est américaine.
La formule Ja plus élaborée revient à là B.N.P. qui,
-
avec l~ Banque Lambert de Bruxelles et la Barik of America ont
.,'
4
_

crée depuis 1961 la Société Financière pour les~pays d'Outre-
-,.

-238-
Mer (S.F.C.M.), sociêté qui a pour objectif de "faciliter l'é-
tablissement de relations régulières entre banques travaillant
dans des pays africains appartenant à des zones politiques ou
économiques différen~es", à ce niveau nous vous renvoyons aux
"Notes d'informations et statistiques" de la B.C.E.A.O. de
Novembre 1963.
Le Capital de la S.F.C.M. est de 50 millions de francs
suisses dont 34,65 % reviennent à la B.N.P.
ce même pourcen-
t
tage est détenu par la Bank of America tandis que la Banque
Lambert et la Dresdner Bank (R.F.A.) dêtiennent chacune 15 %.
La S.F.O.M. octroie des crédits consertiaux à moyen terme,
prend des participations dans àes banques africaines pour per-
mettre aux groupes qui y sont associés de s'implanter en
Afrique.
Mais tout le capital des banques commerciales ne pre-
vient pas de l'Extérieur.
En effet, après le choix de leurs partenaires étran-
gers, les trois nationalisées (B.N.P., Société Générale, Cré-
dit Lyonnais) s'associent aux Etats Africains et à des natio-
naux pour la constitution définitive de leur capital, comme le
montrent les tableaux ci-après

FILIALES
DU
CREDIT
LYONNAIS
Répartition du capital en pourcentage
Raisons
Capital
; Participation
Crédit
Banca C.
Oeutsche
soda 1es
F. C.F.A.
des Etats de
Morgan
Lyonnais
italiana
Bank
l'Union
Union s~nê-
Etat séné-
galais
gala1se de
2 000 millions
75,6
18,7
1,9
1,9
1,9
. banque USB
Société Ivoi
Etat
-
l,
N
rienne de
1 500 mi 11 ions
W
32,S
31,S
12
12
12
lO
,
banque SIB
, ' \\
j
. . .
Union Togo-
Pouvoirs pu-
1 .\\
laise de
600 mi 11 ions
blics :
35
35
12
18
-
Banque
. '
;J;. 2-Gi:5E;§=tt=ii~ili§llit2::==;=:t=~=:~::::~:::~:~:::::~~:~:~:~:::::
$

r;
i
Répartiti on
du
capital en pourcentage
Raisons
Capital
Participations
Soci été
Bankers
Banca IBayerisch Crédit Autres
sociales
en F. CFA
locales
Générale Trust
del La\\Oro Bank
Suisse Parte-
naires
-
Soc i été· Géné-
Etat : 10,5
rale de Ban-
2 400
que de Côte
mi1lion~
37,2
9,5
7,3
3,6
13,6
4,4(1)
privés: 23,9
d'Ivoire
1
N
Société Géné-
.p-
o
rale de Ban-
1
990 mi 11 i one privés: 27,9
42,5
8,3
8,3
4,2
4,6
4,2(2)
que au S~né-
gal
---
(1) Crédit Industriel et Commercial (C.I.C.) et banque de l'Indochine.
(2) Société Gênêrale de Banques - Bruxelles.
----,
..-r-"-'.'''-"
. .
" ,• •
c
1

.
FILIALES DE LA B.N.P.
Raisons
Capital
Répartition du capital en pourcentage
sociales
F. C.F.A.
Participation locale
B.N.P.
S.F.O.M.
1
,
Banque Inter-
nationale
Etat : 42
pour le com-
1 200 mi 111 ons
22,3
27,7
merce et l'ln-
privés
· 8
·
dustrie. du Sé-
néga 1 B. 1. C•i. S
1
1
N
~
B. L,C.!. Côte
1-'
1 500 mi 11 ions
Etat : 41
21
28
1
d' Ivoire
privés
: 10
B.I.C.!.
150 millions
Etat : 51
22
23
Haute-Volta
privés
· 4
·
B.I.C.!. Togo
300 mi 11 ions
Hat : 35
32
33
1
ai:: .
"",k1"O"''',",-
'"'10%
ci i::=::::::::::~=:':"r.:'fji~'""!'.4:;;;;@;Z;M;4.a
" , < i U 4tMOMo;;t;;;,;Q;
..iI "q;, .lM>! )$1 i t, 'M, ik ' • •r.lllliUlil& iluZJil)U;S;;iâiiii;d;:;:::=iitiiL.iü; f i li:;
4. 4 .,

-....'..
1
"
1
-242-
La participation des Etats dans le capital des banques est plus
qu'encourageante.
Avec 51 % de participation dans le capital de la
B.I.C.I., la Côtèd'lvoire détient la majorité dans son asso-
ciation avec la B.N.P., deuxième banque ~ Abidjan puisque le
capital total s'élève à 1 500 millions de F. C.F.A.
contre
2 400 millions pour la Société Générale.
De son côté, le Sénégal détient 50 % de parts dans
son association~ avec la B.N.P. et 75,6 % du capital dans son
association avec le Crédit Lyonnais.
Mais les banques commerciales en Afrique de l'Ouest
ont été créees pendant la période coloniale et avaient pour
rôle le financement des crédits de campagne pendant les récol-
tes des cultures d'exportation et le financement des activités
minières.
Si les indépendances ont mis fin à cette vocation,
dans la réalité, l'activité bancaire ne siest guère reconver-
tie aux impératifs du développement, peut-être parce que les
structures de production elles-mêmes nlont guère varié, comme
'en têmoigne l'implantation géographique des ~u;chets de ban-
.
"
ques à travers les Etats africains, implantation que nous ten~-­
tons d'analyse~ dans le cas précis du Sénégal .
.'

.2
7
r zr
-243-
B)
L'implantation des guichets et la collecte de l'épargne
Le cas sénégalais en 1975
A
guichets permanents.
B
guichets périodiques.
NA
guichets autorisés non ouverts.
P
guichets en projet.
RAISONS SOCIALES DES BANQUES
Nombre de
VILLES
guichets par
S.I.A.O. B.I.C.I.S. S.G.B.S. U.S.B. B.N.D.S. B.S.J<.
ville
DAKAR et
banl ieu -
4 A
5 A, B
7 A
5 A
A
A
24
DIOURBEL
A
A
2
FATICK
B
1
KAOLACK
A
A
NA
A
4
KOLDA
A
1
LOUGA
B
1
M' BACKE
A
1
M'BOUR
B
1
RICHARD-
i
TOLL
A
1
RUFISQUE
A
1
SAINT-
LOUIS
A
A
2
TAMBACOUN
DA
1
A
A
2
THIES
A
A
2
VELINGARA
P
1
ZIGUIN-
CHOR
A
_.~ A
A
3
".-
,
TOTAL
:':~;<:9!:
.
des
""!,~......
-guichets
pennanents 8
9
9.
8
7
1
total des
- ,.
guichets
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
-guichets
47
périodi-
.;.-
ques
3
1
<~

-244-
Nous constatons que tous les guichets sont des centres urbains.
Dakar, la Capitale, avec 24 guichets habrite la moitié de l'en-
semble des agences ouvertes dans le pays .
......
Le reste des guichets est concentré dans le bassin arachidier
(Kaolack, Fatick, Diourbel, M'Backê, Louga, Thiès et M'Bour).
Saint-Louis, l'ancienne capitale et Ziguinchor, capi-
tale régionale du Sud du pays (Casamance) constituent les excep-
tions qui confirment la règle'selon laquelle les guichets sent
ouverts là où existent déjà des possibilités d'épargne (bassin
arachidier et zones industrielle, commerciale ou administra-
tive).
Alors que la politique monétaire devrait tenter d'aug-
menter les capacités d'épargne du monde agricole pour le finan-
cement de l'économie, cette politique se trouve bloquée par les
structures de production existantes, structures qui ne mettent
l'accent que sur les cultures d'exportation, au détriment des
cultures vivrières, cultures vivrières qui devraient permettre
d'amêliorer le déficit aJimentaire et partant le déficit com-
mercial. Alors que tout le monde s'accorde à reconna1tre que la
Casamance (dont la capitale est Ziguinchor) et la région du
Fleuve (Saint-Louis) sont les .'~greniers àu Sénégal", il est
î
dommage de noter que ces deux~régions sont mal desservies tant
en ce qui cdncerne l'octroi d,crédit peur financer leur déve-
'.".::'"
~~~'.'~
1."
".'cj;
,:...\\:'

·.-245-
loppement que dans la collecte de l'épargne .
. S'il est vrai que pour des raisons de coat, les ban-
ques commerciales ne peuvent ouvrir des guichets partout au
Sénégal, on remarque quand même que le circuit des Ch~ques
Postaux n'incite pas à l'épargne.
Alors qu'en France, le livret A de la Caisse d'Epargne
rapporte annuellement 7,5 % d'intérêt â ses propriétaires, au
Sénégal un compte de Chèques Postaux de 20 000 F. C.F.A., dé-
bité à 3 reprises pour un même montant de 5 OCO F. C.F.A.,
n'indique plus 5 000 F. C.F.A. à son crédit, mais seulement
4 850 F. C.F.A. du fait des frais d'inscription et de tenue
,-'
de compte alors qu'en France ces frais ne sont pas â la charge
i
du déposant.
Il v; de soi qu'il nlest pas du ressort des banques
commerciales d'inciter une politique dlépargne qui peut se tra-
duire par des charges supplémentaires (accroissement des taux
d'intérêt débiteurs).
Respectant les recommandations de la Banque Centrale
,
qui,' du fait de compte d'opérations (qui n'est p~ut-être pas
le seul motif) applique une discipline monétaire se traduisant
par un contrOle quantitatif dans l'octroi du crédit. les ban-

~246-
ques commerciales cherchent à gérer au mieux leurs capitaux.
Mais l'analyse des taux servis que nous ferons dans
,
le paragraphe suivant montre que le niveau peu élevé des taux
nominaux, qui a pour corollaire des taux d'intérêt réels né-
gatifs, demeure un goulot d'étranglement dans la politique mo-
nétaire ouest-africaine.

-247-
C)
La réglementation des dépôts et les taux créditeurs des
banques.
Il est heureux de constater que malgré leur niveau re-
lativement peu faible, les banques commerciales appliquent des
taux d'intérêt différenciés qui leur permet de donner la prio-
rité aux crédits de campagne et aux crédits à la construction
des premières résidences comme en témoignent le tableau ci-
dessous :
NATURE DU CREDIT
TAUX VERSES AUX BANQUES
Opérations de crédit
ENTRE
ET
à court terme
- Crédit de campagne
4,50
5,25
Opérations de crédit à moyen
terme
- Entreprises à régime privilégié
et crédit à la construction
5,25
5,75
- Crédits commerciaux et indus-
triels
5,25
6,00
- Autres crédits immobiliers
7,00
7,50
La critique qu'on peut faire à ce niveau est que dans
la rubrique crédit de campagne, il faudrait mettre l'accent
sur les crédits· pour les cultures vivriêres, seul moyen de ré-
sorber le déficit alimentaire, phénomêne presque anormal dans
des pays à vocation agricole.
tr
J

.. -248-
La réglementation distingue deux sortes de dépôts
.......
des dépôts à vue.
des dépôts à terme.
L'originalité réside dans le fait que sous certaines
conditions les dépôts à vue sont rémunérés comme nous le montre
le tableau ci-dessus:
Dépôts à vue (ou à moins de 6 mois
Taux servis par les banques
- jusqu'à 200 000 F. C.F.A.
NEANT
de 200 001 F. C.F.A. ~. 500 000 F.C.F.A
1,0 % l'an
de 500 001 F. C.F.A. à 1000.000 F CFA
1,50 % l'an
- de 1 000 001 F. CFA à 5 aaa aaOF. CFA
2 % lia n
- au-dessus de 5 000 000 F. C.F.A.
2,50 %
Dépôts à terme (au-delà de 6 mois et quelle qu'en soit l'éché-
ance).
- jusqu'à 200 000 F. C.F.A.
NEANT
- de 200 001 F. CFP. à 5 000 000 F. CFA
3,50 %
- au - de·s sus de 5 000 000 F. CFA
4,50 % l'a n
... . ..
-'ôépôt P1 ~
...epa rgT1'e .'
3,25 01/0 l'a n.

-249-
Le tableau est ~loquent en lui-même et r~vêle la fai-
blesse de la politique des taux d'intérêt dans les Etats de
l'Union Monétaire Ouest-Africain.
Quand on sait que le livret A de la Caisse d'Epargne
en France offre un taux de 7,5 % aux déposants et que le taux
d'inflation est sensiblement le même en Afrique de l'Ouest et
en France, on ne peut que retenir le caractère "irrationnel"
de la politique des taux d'int~rêt en Afrique de l'Ouest comme
le montraient déjà en 1973 les études de la B.I.R.D. et du
F.M.I. publiées par ... la B.C.E.A.O. en Février 1973.
Car le maintien des taux d'intérêt à des niveaux faibles, no-
tamment les taux versés aux épargnants comprend au moins qua-
tre inconvénients :
- Il n'encourage pas l'arrivée denouveaux épargnants.
- Il prive les épargnants de la part qui leur revient
équitablement dans la répartition du profit des in-
vestissements dont ils ont assuré le financement.
- Le plafonnement autoritaire des taux, en détournant
des circuits financiers une part substancielle de
l'épargne. favorise le dfveloppement des marchés
inorganisés" (usuriers. prêteurs a gage) et n'aide
pas à la disparition des dépenses improductives
(dots excessives, baptèmes fastueux, décorations
irrationnelles de maisons, parures luxueuses, voire
folkloriques).
- Enfin le ta~x d~int~rêt est un prix, il ne peut res-


-.a.
r
-.
-250-
~
ter constant pendant qu'augmentent les autres prix
sinon les relations entre agents économiques sont
faussées et la propension marginale à épargner va en
baissant.
Au lieu de p(omouvoir et d'encourager la collecte de
l'épargne, la politique monétaire ouest-africaine, ainsi que
nous le verrons dans le prochain chapitre, est une politique
quantitative du Crédit, alors que notre première partie indi-
que qu'il y a une instabilité de la demande de monnaie plus
marquée que 1 linstabilité de la propension marginale à consom-
mer.
Autant dire gue s'il doit y avoir une politique des
agrégats monétaires en Afrique de 1 'Ouest, elle doit se faire
pour compléter une politique des taux plus audacieu~e que celle
que pratique aujourd'hui l'Union Monétaire Ouest-Africaine.
Seulement, en montrant que les agrégats monétaires
ouest-africains, ainsi que les multiplicateurs de crédit avaient
des taux de variation différents, BHATIA (1) nous met en garde
contre une politique monétaire unique et uniforme pour tous les
Etats de 1 'Union, car il redoute que les structures économiques·
différentes n'entraînent des distorsions ou des inadaptations
dans certains de ces pays.
(1) RATTAN J.
BHft.TIA
"factors Influencing Money Supply in S.C.E.A.O.
Countries" - International ~ionetary Fund Staff Papers July 1971.

-251-
Aussi, malgré l'ancienneté de son article, il nous
semble utile d'étudier l'évolution des principaux agrégats
économiques (P.I.B., importations, exportations, masse moné-
taire, multiplicateurs de crédit) des différents Etats de
1' Uni on avant de v0 i r que 11 e- est 1a pol i t i que act ue11 e de
l'Union Monétaire Ouest-Africaine .
--
.
. '
'>

•..............
, '
.. -252-
1
r
SOUS-CHAPITRE III
L'INSTABILITE DANS LA CROISSANCE DES
AGREGATS ECONOMIQUES.
Ce sous-chapitre sur l'évolution économique et finan-
cière des Etats de l'Union Monétaire Ouest-Africaine est une
étude détaillée pays par pays.
Néanmoins, nous remarquons que les facteurs qui ex-
pliquent 1 'accroi~sement ou la baisse de ces agrégats sont pra-
tiquement les mêmes pour tous les six' pays de l'Union.
En effet, l'économie ouest-africaine reste une écono-
mi e où le secteur moteur est l' agri cul ture .
. La production industrielle étant une activité de transformation
des' produits agricoles, elle augmente ou marque le pas suivant
les résultats de la campagne agricole.
itli·..

-253-
Sur le plan du crédit et de la monnaie, une bonne ré-
colte se traduit par une augmentation de l'octroi de crédit et
une hausse sensible de la croissance des agrégats monétaires.
à l'inverse, dès que les aléas' climatiques sont défavorables.
quelle que soit la situation- des cours mondiaux des produits
primaires, l'activité économique des Etats connaft une réces-
sion.
L'incapacité des Etats à ma'triser les revenus prove-
nant de l'agriculture. principale richesse de l'économie. en-
tra'ne une inconstance de la base monétaire. une instabilité
du multiplicateur dans les différents pays. ce qui pose déjà
deux problèmes: le caractère discutable d'une politique moné-
taire commune a toute l'union et l'objectif qui est le maintien
d'une croissance stable de la masse monétaire .
....~

'" -254-
SECTION I
L'EVOLUTION ECONOMIQUE ET FINANCIERE
DU BENIN.
SOUS-SECTION I
Les conditions gênérales de produc-
tion en 1978.
Dans la République Populaire du Bénin - ex République
du Dahomey - la sécheresse a sévi depuis 1975, réduisant nette-
ment la production agricole.
Or selon les estimations de l'Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique, la production agricole
représentait 42,6 % du P.I.B. en 1977, alors que pour la même
année l'Industrie et la Construction avaient une part de Il %
seulement dans le P.I.B.
Comme le montre le tableau ci-dessous, l'activité agricole a
connu une chute sérieuse :
.../ ...
".

.. -255-
BENIN
Commercialisation des principaux
en milliers de
produits
tonnes
1974-75
1975-76
1976-77
1977-1978
Arachides décortiquées
4,8
7,0
7,9
2,7
Karité
0,4
12,4
2,9
8,3
Café
0,6
0,1
0,8
0,4
Coton graine
30,9
20,1
17,5
13,9
Sources
Société Nationale pour la Production Agricole
(SONAGRA) .
Société Nationale pour l'Industrie des Corps
Gras (SONICOG).
On remarque qu'entre 1974 et 1978, la commercialisa-
tion de l'arachide a baissé de moitié; de même entre 1975 et
1978 le Karité a connu une chute d'un tiers dans sa commercia-
lisation tandis que le coton graine n'était écoulé qu'à raison
de 13 900 tonnes en 1978 contre 30 900 tonnes en 1975.
L'huile de palme, poumon de l'activité industrielle
a connu le même sort, la production d'huile de palmiste tom-
bant à 5 000 tonnes en 1978 contre 2/200 tonnes en 1975 .
..
't

l

~ -
t
..
,
· -256-
[
t
SOUS-SECTION II : Les finances publiaues .
......
L'exercice 1977 a fait apparaître un rendement assez
ppréciable des recettes fiscales notamment douanières qui ont
tteint 11.5 milliards âe F. C.F.A. du fait de l'accroissement
es importations.
A ce niveau. il nous faut
noter un problème assez dé-
Hcat pour les pays ouest-africains. S'il est vrai que l'augmen-
tation des importations favorise le déficit de la balance com-
,erciale. on s'aperçoit aussi que l'un des moyens de finance-
~ents les plus importants pour les budgets nationaux demeurent
les recettes provenant des droits de douanes.
Est-ce à dire que l'importation est un mal nécessaire?
Pour 1e Bénin. nous reti endrons surtout "1 1 effort
d'assainissement entrepris par les autorités dans la
gestion des sociétés d'Etat et des entreprises publi-
ques". effort qui s'est traduit par un excédent budgé-
taire depuis 1975 et ce malgré la sécheresse.
"",".

"-257-
BUDGET NATIONAL+
1975
1976
1977
1978
(prévisions)
milliards de f. C.f.A.
RECETIES
13,1
18,7
19,7
23,2
+ recettes fiscales
10,7
18,0
19,1
droi t douanes
7,8
10,2
11 ,5
10,4
+ Autres recettes
2,4
0,7
4,1
+ financements extérieurs
DEPENSES
12,6
13,0
19,2
23,2
+ Budget de fonctionnement
12,6
13,0
19,2
23,2
+ Budget d'équipement
EXCEDENT
+ 0,5
+ 5,7
+ 0,7
Source : Servîces du Trésor béninois.
Mais n'est-il pas plus facile d'équilibrer un budget sans dé-
pense d'équipement ?
..

:,..
r-':,.
!
-258-
!
SOUS-SECTION III
La conjoncture préc~demment décrite fait que les agré-
gats monétaires ont connu des évolutions diverses
détériora-
tion de la situation en devises, amélioration de la position
nette du Gouvernement, faible expansion du crédit, relative
stagnation de la masse monétaire.
SITUATION MONETAIRE INTEGREE du BENIN
SEPTENBRE
1975
1976
1977
1978
Millions de francs C.F.A.
Avoirs extérieurs nets
3 9:,4
4 529
2 017
725
- Banque Centrale
3 537
2 529
1 017
525
- Banques
417
2 000
1 000
200
CREDIT INTERIEUR
20 679
27 221
31 790
34 686
- Gouvernement (net)
- 3 510 - 4 279 - 5 210
- 8 820
- Crédit à l'économie
24 189
31 500
37 000
43 500
Masse monétaire
25 306
31 422
34 275
34 684
Autres éléments nets
673
328
468
729
Source : Banqu~ Centrale des Etats de l'Afrique de 1'Ouest.
Rapport d'activité 1978.

:;'259-
Nous remarquons que la position des institutions financières
vis-à-vis de l'extérieur est devenue négative (0,7 milliard)
en 1978, dloù une situation d~favorable en matière de devises.
Entre 1977 et 1978, le Crédit Intérieur a augmenté à
un taux de 9,1 %, contre 16,9 % l'année précédente. Puisque la
croissance du crédit ~ l'économie s'est faite au même rythme
qu'en 1976, cette décélération est imputable au renforcement de
la position créditrice du gouvernement.
Les appels du Trésor Public aux facilités statutaires
de la Banque Centrale ont d'ailleurs fléchi de 850 millions A
400 millions.
L'analyse sectorielle de l'octroi du crédit montre que la dis-
tribution du crédit a profité à l'agriculture d'exportation,à
1 ' indu st rie des cor ps 9ra s (q ui est 1i é _à lia 9r i cul tu r e d' exp or-
tation) et au textile.
La relative constance de la masse monétaire et la con-
traction de la base monétaire (dÛ?;à ure-réduction de la circula-
tion fiduciaire de 900 millions de.F. C.F.A.) ont entra~né une
évolution du multiplicateur en ~ent de scie.
1975
1976
1977
1978
Base monétaire
7 533
9 260
10 560
10 138
....
Masse monétaire (H )
25 306
31 422
34 275
34 684
2
. Multiplicateur (J-1 )
2
3,36
3,39
3',24
3,42
m

,
.. .
. .
. . .'.
...>--
1
.
':'260-
!
La base monétaire et la masse monétaire
sont ici exprimées en millions de F. C.F.A.
Source
B• C• E• A ."0 •
1978.
Cependant, il est intêressant de noter qu'au BENIN.
les parts respectives de la circulation fiduciaire et des dif-
férents dépôts sont restées stables dans le temps.
Environ 27 % des encaisses correspondent à la monnaie
fiduciaire. 6 % sont des dépôts en comptes chèques postaux
tandis que 67 % sont déposés en banque.
SECTION II
L'EVOLUTION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE
LA COTE D'IVOIRE.
Les aléas climatiques n'ont pas épargné la puissance
économique de l'Union Monétaire Ouest-Africaine.
Alors qu'en 1976 la production intérieure brute de la COte
d'Ivoire s'était accrue de 34,9 %, en 1977. le taux de crois-
sance de la P.I.B. n'êtait "que" de 8,5 %.
Même si c~ taux Est honorable. nous notons encore
l'instabilité trap fortê dans la croissance économique des

pays ouest-africains.'
-~;:.+
..;;~
. -~~

-261-
SOUS-SECTION 1
Parmi les Etats de 1 'U.M.O.A., celui qui présente la
politique agricole la plus incitative est assurément la Côte
d'Ivoire. Cette politique se caractérise par un encouragement
des cultivateurs grâce à un prix au producteur très élevé si
on le compare aux autres Etats de l'Union.
Le prix du kilogramme de café est de 250 F. C.F.A. en
Côte d'Ivoire, contre 135 F. C.F.A. au Bénin, et 145 F. C.F.A.
au Togo.
Grâce à cette politique et en dépit des aléas climati-
ques, la commercialisation des principaux produits n'a pas con-
nu de sérieuses difficultés.
COMMERCIALISATION DES PRODUITS D'EXPORTATION.
1974-1975
1975-1976
1976-1977
1977-78
Millions de tonnes
Cacao
245,0
234,4
235,8
306,0
,
Café vért
271,0
307,8
291 ,:3
196,2
Coton graine
59,9
65 ;-1
75 ~ 4 ~.
102,9
~
..
):~
Sourcè : Caisse de stabilisation et d~ soutien des
prix des productions agricoles .

1

":262-
Cette bonne santé de l'économie agraire ivoirienne
explique des livraisons aux industries toujours plus importan-
tes, livraisons qui se sont accrues de 34 % en 1978 •
.....
Depuis 1978, l'accent a surtout été mis sur la réorga-
nisation des sociétés d'Etat.
Ain sil ô SODE PAL ~l nes' 0 c cu pe ra plu s que del' e ncact r e -
ment de la culture du palmier et du cocotier tandis que la PAL-
MINDUSïRIE étend son activité aux produits oléagineux.
Puisque le gouvernement ivoirien a confié ~ la Caisse
de Stabilisation toutes les opérations de commercialisation
des huiles et dérivés, cette institution contrôle désormais la
quasi-totalité des exportations agricoles de la Côte d'Ivoire.
Seulement, la politique économique ivoirienne connait
deux faiblesses structurelles:
- Avec l'opération test de Ferkessedougou tendant à acc~oitre
l'industrie du sucre, la Côte d'Ivoire accentue son manque
de complémentarité avec les autres économies ouest-africaines
notamment le Sénégal ou la Mauritanie qui eux, "aussi tentent d'ac-
croître'leur production sucrière.
- L~s cultures vivrières continuent à être délaissées.
. .
. ,

--
,.~,..., ..
-
-263-
En effet, si nous nous rêférons au rapport de la B.C.E.A.O.
en 1978 :
"Les productions vivrières consommées exclusive-
ment sur le marchê local n'ont pas connu le dé-
veloppement des cultures industrielles".
Si à ce mal on joint les difficultés récemment apparues dans
l'exploitation forestière et le secteur de la pêche plutôt sta-
tionnaires, il appara1t qu'en Côte d'Ivoire aussi les problèmes
des responsables de la politique économique restent nombreux .
.
". •
..
...~

~264-
SOUS-SECTION
Les finances publiques
L'analyse du budget national appelle quelques remarques:
- Co~me au BENIN, les recettes fiscales proviennent en grande
partie des droits et taxes sur les importations.
- L'exécution de la loi de finances en 1977 s'est traduite par
un excédent budgétaire de 59,7 milliards de F. C.F.A., ce qui
est remarquable.
- Enfin, la Côte d'Ivoire peut se vanter d'être, enAfrique, l'un
des rares pays 00 le Gouvernement présente
un budget
prévisionnel de 510,9 milliards dans lequel, budget de
fonctionnement et budget d'équipement se voient octroyés la
même somme.

-265-
COTE D'IVOIRE
-
BUDGET NATIONAL*
1975
1976**
1977**
1978
1
!
Réa lisations
Prévisions
Milliards de francs c f.a
Recettes
189,4
231,6
438,6
510,9
- Recettes fiscales
155,7
196,6
266,1
279,2
\\
Autres recettes
0,3
3,2
120,1
149,0
-
Financements extérieurs
33,4
31.8
52,4
82,7
Dépenses
176,4
226,6
378,9
510,9
1
1
;
Budget de fonctionnement
127,7
155,5
201,2
~53
')
7
1
Budget d'équipement
48,7
71 , 1
177,7
2572
Déficit ( -
) ou excédent ( + )
+
13,0
+
5,0
+ 59,7
Apports des correspondants
3,5
10,2
4,1
Autres opérations du Trésor
et solde de la CA ,A (a)
-
29,2
3,9
32,8
Variation des avoirs nets
auprès du système bancaire lb;
-
12,7
+
3,7
+ 60,7
J
Ji(
xercice:
1·' janvÎer - 31 décembre
-
.)j.*PrQVISOlre
(al . Décal<lge de trésorerie, blJ~gets annexes et ccm;Jtes socc:aux
(b) Le s:gne + mdlque un accrOiSSen1ê''1t des cre;:lnces nette:s Ou une reulIctlon des. engagements ne.s
Source
Sennces du Trésor et CaiSSE: A.;lonorne d"AmortlsSemE'nt
SOUS-SECTION III
Monnaie et crédit.
Les recettes d'exportation ivoiriennes dépendent essentiellement
de l'activité du secteur primaire.
Or'nous avons vu qu'en 1977-1978, le cacao a connu une hausse
tandis que le coton grain, malgrê" les aléas clim~ti.queSavait
a us s.i con nu une ha us s e dè' '-p r è s de. 3b ~L
'.
_. '"

-266::'
Malgré cette activité, les avoirs extérieurs nets ont
marqué une fluctuation entre 1977 et 1978, fluctuation soldée
par une diminution des avoirs extérieurs pour un montant de
18,3 milliards, alors,que entre septembre 76 et septembre 77
ces avoirs extérieurs s'étaient accrus de 73,4 milliards.
Pour la B.C.E.A.O., IICette détérioration de la position
extérieure nette des institutions monétaires peut être attri-
buée à la contraction de l'excédent de la balance ccmmerciale"
résultant dlun accroissement des impcrtations, notamment de biens
d'équipement combiné avec une stabilité des recettes procurées
par les exportations de produits agricoles ll •
La Banque Centrale de l'Union Monétaire Ouest-Africaine
met ainsi en lumière la vulnérabilité des économies sous-déve-
loppées qui, malgré des exportations plus importantes en volu-
me, subissent la détérioration des termes de l'échange, carac-
térisée par des importations plus chÈres et des recettes d'ex-
portation quasi-stables.
Cependant, la position créditrice du Gouvernement a
fait que l'a.ccroissement dans l'octroi de crédit est largement
imputable à .la demande de crédit à l'économie.
Ces œédits sont passés de 498,5 milliards à 614,4 mil-


-267-
liards, soit un accroissement de 23,3 %, accroissement qui mal-
gré son importance, ne représente que la moitié (45 %) du taux
de croissance de cet agrégat au cours de l'exercice précédent.
Nous apercevons la aussi une instabilité dans le taux de crois-
sance des différents agrégats économiques. ce qui se répercute
naturellement dans le taux de croissance de l'économie elle-
même
Cette instabilité dans le taux de croissance des agré~
gats, nous la retrouvons aussi dans l'étude de l'évolution de
la masse monétaire.
Au cours de l'année 1976-1977, la masse monétaire avait
connu un taux de croissance de 50 %, or pour la période compri-
se entre septembre 1977 et septembre 1978.
,Ce taux n'était plus que de 15,2 %.
Si, du point de'vue de la politique économique, il est plus sa-
tisfaisant, de constater un taux de croissance de la masse moné-
taire "raisonnable ll , il s'avère que pour la prévision, la tâ-
che des techniciens de l'Afrique de l'Ouest s'avère très diffi-
cil e •
E~ tout c~s, l'instabilité dans la croissance;des agré-
gats monétaires incite a des réserves sérieuses, quant a la

-268-
politique néo-libérale qui préconise un taux de croissance sta-
ble de la masse monétaire.
Au niveau du partage des encaisses, nous constatons que
la circulation fiduciaire perd de l'importance au cours du
temps, et ce au profit des dépôts en banques.
Alors qu'en 1975, 30 % des encaisses étaient constituées
par la circulation fiduciaire, celle-ci ne représente plus que
24 % en 1978.
Les dépôts en C.C.P. sont pratiquement négligeables,
puisque la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de 1 'Ouest les
évalue à environ 0,4 % du total des encaisses.
:

.

,.. .

'·-269-
COTE D'IVOIRE - EVOLUTION DE LA BASE MONETAIRE.
1975
1976
1977
1978
Sept.
Sept.
Sept.
Déc.
Mars
Juin
Sept.
Millions de F. C.F.fl..
BASE MONETAIRE(BM)
75 741 98 735 128 796 16ï 378 220 051 172 590 143 028
-Circulation fidu-
ci ai re
66 708 79 748
93 222 137 268 145 985 130 379 120 270
-Réserves des
banques
8 970 18 960 35 390
30 045
73 607
41 950
22 640
-Autres dépôts
63
27
84
65
459
261
118
CONTREPARTIE
de la Base monétaire
75 741 98 735 128 796 16ï 378 220 051 172 590 143 028
-Avoirs extérieurs
nets
- 14 709
1 877
63 701
32 789
98 171
87 515
50 735
-Posi ti on du Gouver-
nenlent
2 998 12 793
42 332
33155
32 093
50 532
62 561
-
-Concours aux ban-
ques et aux éta-
blissements finan-
ciers
87 582 84 175 107 428 169 557 153 997 135 544 154 990
- Autres éléments nets
- 130
- 110
1 - 1 813
- 24
37
- 136
~iASSE ~10NETAIRE (H2)
215 977 288 326 432 040 524 485 596 520 535 877 497 811
Multiplicateur (M2)
2,85
2,92
3,35
3,09
2'~ 71
3,10
3,48
.
BM
~artage des encaisses
....
.~ circulation fidu-
ci ai re
30,9
27,7-
21,6
26,1
24,4
. 24,3'
24,Q
i.
- Dépôts en C.C.P.
0,7
1,3
0,5
0,4
0,4
0,3
0,4
-Dépôts en banque .
68,4
71,0.
77 ,9
73,5
75,2
75,4
75,6
,.
• .... ."
,

Coefficients de ré-
serves (a)
61
9,3
10,5
7,8
16,4
10,3
5,9
:
a) Rapport des r.éserves des banques aux dépôts dans les banques

-270-
!l.\\
SECTION III - ~OLUTION ECONOMIQUE ET FI~ANCIERE DE LA
REPUBLIQUE DE HAUTE VOLTA.
SOUS-SECTION 1
~onditions générales de production.
L'activité économique a été marquée par la faible plu-
viométrie ; d'ailleurs l'enveloppe financière du plan quinquen-
nal doit être abaissé:d'environ 100 milliards pour être ramenée
à 300 milliards.
Si la commercialisation dlamandes de karité est passée
de 22 400 tonnes à 56 700 tonnes, la production d'arachides a
connu une baisse de plus de 80 % entre 1974 (18 100 tonnes) et
1978 (1 800).
~

Dans le secteur vivrier, la B.C.E.A.O. indique le défi-
cit vivrier
s:~value a 176 COO tonnes. La Haute-Volta a dO
•.... ..
.'


faire appel au financement extérieur et les dons sous forme de
céréales slélevaient en 1978 à 35 000 tonnes.
Dans le domaine industriel, si llextension du complexe
. agrc-industriel de la Société Sucriêre de Haute-Volta, et llim-
plantation d'une usine de concentré de tomates peuvent diminuer
les importations de biens alimentaires, elles montrent aussi que
les schémas de dévelnppement de; pays ouest-africains sont plus
concurrentiels que complémentaires car on retrouve les mêmes ty-
pes d'activités dans presque tous les pays.
SOUS-SECTION II
Il Y a en Haute-Volta une relative stabilité du taux
de croissance des masses budgétaires.
Le budget 1978 prévoyait la mise en place de dispositions per-
mettant d1accroître les ressources du Trésor Public.
Mais nous constatons que les excé~ents de 1975 et 1976, de même
que les équilibres budgétaires prévus en 1977 ont été possibles
g~âce aux financements extérieurs~

.~

1
-272-
SECTION III
MONNAIE ET CREDIT.
Le déficit vivrier et la lenteur de l'écoulement de co-
ton sur le marché international ont marqué l'évolution monétaire
de ces dernières annfes
évolution qui se traduit par une dété-
t
riation de la position extérieure des institutions monétaires,
une croissance du crédit intérieur (49 7 % en 1978), une expan-
t
sion de la masse monétaire de l'ordre de 30 % en 1978.
HAUTE-VOLTA
SITUATION MONETAIRE INTEGREE.
- - - - - - - - - - - _ . _ - - - - - - - - -
SEPTH1B RE
1975
1976
1977
1978
Millions de F. C.F.A.
Avoirs extérieurs nets
7 429
8 609
3 864
6 715
- Banque Centrale
12 112
13 835
14 297
4 630
- Trésor
5
5
5
5
Banques
-4 688
-5 231
-10 438
-11 350
Crédit intérieur
14 840
20 818
-31 081
46 466
- Gouvernement(net)
-3 849
-6 754
- 7 654
-3 238
- Créd~ts à l'économie
18 689
27 672
38 735
49 694
t·lasse monétaire
20 646
27 754
31 420
39 813
,
Autres éiéments nets
1 623
1 773
3 525
- 62
Source B.C.E.A.O~
..
!IO:
•.-

-273-
SECTION IV
-
L'EVOLUTION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DU NIGER Ei DU
TOGO.
Depuis le début de ce chapitre consacré aux économies
ouest-africaines cas par cas, nous n'avons étudié que des pays
où le secteur moteur était l'agriculture.
Dans cette section, nous regroupons les deux Etats de
lIU.M.O.A. qui ont une richesse minière déterminante dans leurs
relations commerciales avec le Reste du Monde.
Si nous regroupons ces pays, clest pour tenter de répon-
dre à deux questions :
- Du fait de leurs produits d'exportations différents, le NIGER
(production d'uranium) et le TOGO (phosphates) connaissent-
ils des particularités dans l'évolution de leurs revenus et
de leurs agrégats monétaires?
Il
S-inon suivent-ils la même évolution que le-s pays lI agr icoles
·.~,
avec une instabilité dans la êroissance des agrégats monétai-
res et
un multiplicateur
qui varie dans le te'mps'.{·

-274-
SOUS-SECTION l
~ONDITIONSGENERALES DE PRODUCTION.
....
A) LE NIGER
L'uranium continue d'imprimer son évolution à l'ensem-
ble de l'activité économique de la République du Niger, grâce à
l'exploitation des mines de l'Air et d'Akouta.
PRODUCTIO~ ET VENTES D'URANIUM
1975
1976
1977
1978
TONNES DE CONCENTRE D1URANIUM
- - - - - - _ . _ - - -
- - - _ . _ - - - - - - - -
Producti on
1 305
1 459
1 416
2 109
Ventes
1 400
1 500
1 466
2 249
Mill ion s de F. C. F. A.
Valeur des ventes 13 990
21 005
28 320
52 352
Sources
B.C.E.A.O.
-
Rapport d'activité 1978.
L'urani-um étant un produit dont la demande est forte
.. sur le marché international! nous assistons à des ventes supé-
rieures aux productions ùnnuelles, phénomène que l'on peut ex-
pliquer grâce à l'existence de stocks.

-275 -
La valeur des ventes est croissante
depuis 1975, elle
a même triplé.
Malheureusement, ce produit du fait des difficultés
technologiques est un produit exporté et la production indus-
trielle nigérienne repose encore sur le traitement des dérivés
de l'arachide et du coton, cultures
en nette baisse puisque
en 1974 le Niger avait produit 90 000 tonnes d'arachides et 7 900 tonnes
de coton graine alors qu'en 1977-78, ces productions n'étaient-
plus que de 14 600 tonnes pour l'arachide et 3 800 tonnes pour
le coton.
La B.C.E.A.~estime
dans son rapport que "cette chute de la
production a été le résultat non seulement d'un certain dévelop-
pement du parasitisme, mais aussi de l'extension des cultures
vivrières. Les cours élevés des céréales sur les marchés parallè-
les ont incité les paysans à développer cette culture aux dépens
du coton dont le prix n'a pas été révisé avant les semis H •
B)
LE TOGO
L'activité économique togolaise a connu deux événements
ces dernières années.
Prenant conscience de l'impact de l'exportation des phosphates
sur l'économie, les autol~ités ont maintenu le taux de croissan-
"'~
~

~
"'~
..
~
.. .
-270-
f
ce de leur production minière pour se pourvoir en devises ex-
térieures, ce qui au niveau des échanges internationaux, cor-
respond à une politique d'équilibre de la balance commerciale.
- En encourageant la culture vivrière, les autorités ont détour-
né les paysans des activités traditionnelles comme la culture
du coton qui, entre 1974 et 1978 a baissé de moitié, passant
de 10 700 tonnes à 4 500 tonnes; on
notera aussi que la
commercialisation des palmistes est tombé pendant la même
période de 7 700 tonnes à 800 tonnes.
SOUS-SECTION Il
Ces efforts de l'Etat togolais se retrouvent aussi dans
le budget général qui en 1978 prévoyait des dépenses d'équipement
de 15,6 milliards soit le quart du budget; si dans les exerci-
ces antérieurs, on peut noter un déficit de 6 milliards en
moyenne, il est louable de constater aussi que les recettes bud-
gétaires ne comprenaient aucun financement extérieur.
LIEtat Nigérien a connu des excédents faibles certes
(2 ~il1iards en moyenne), mais cet effort budgétaire nia pas
nécessité de concours extérieurs après 1975.
-.. ,"

- 2..7 7-
'GO
-
BUDGET GÉNÉRAL'
1975
1976"
1977"
197R
Rl'slisations
Prpvisioll'5
- - - - - - - - - - - - - - - - ----
- - - - - - - - - - - - - - - - -
Mdl'ilrcts or IrOincs cla.
- - - - - - ---~- ._-~ -- --- ----
ieceltes
27.7
35.1
42.5
60.6
- - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - -
-
-
Rpcellcs lisc;lles
17.2
32.4
~O.5
1', '!
----------~.
Aul res recettes
10.5
2.7
20
1,1 7
Financements extérieurs
Jépenses
32.2
42.0
49.8
60,6
- p - - - - - - - -
- ~ - ~ - -
1
Budget de fonctlonnement_
22.6
24 6
4l1,2
,)50
- - - - - - - - - - - - - - -
/:
Buctget d'équipement
9,6
17.4
9.6
15.6
- - - - - _ . _ - -
:!
:1
ii
Déficit f - ) ou excédent ( + )
4.5
-
'6,9
7.3 .
- - - - ' - - - - - -
' - - - _..- -----
II
"Drurts des correspondilnts
+
3.1
+ 5.0
+
5.7
1
,1
:\\utres operations du Trésor (0)
-----=2~5-------=.-~-------- -- ---
i!
" 7
.
Ii
. ,mations des avoirs nets
l'
---l'
',Jpres du sYsteme bAncil;re Ihl
3-9
5.0
06
;1
------'----
il
~ Exen:il:e: ,., janvier-31 ne.cftmbre .. "'·ÇhIHrpc; pru .... I!'{II!.-~{Jrn'nJJPlqlll ..o;; l1iH 1"';;: ALJlOfilror; tolln!.JlSp.~
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'1
- - _ . ~ - - - - -- - - - - - - . . ---- ~------ -
----
'l
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l1HF1LliS
~,:i
------- --- ------ -------
Mrll"Hc1, 0" fr.1nc<; Cl;)
-~--- ---------~-----'-----~--.------- -------------- - --_._----
<;cettes
22.7
30.5
43.8
58.4
----------------~--------_.----- - ---~ --- - ..
Rp.cettes I,<;cillcs
15.6
23,1
303
38.8
~~-_._-- ----- --------- --~--~-- ------ -------_._-----
Autreqecelles
6.3
7.4
1 J ! i '
1'JG
Ftnanrpmnn,c: ,.., .... t é -----=----
n p . u r s ·
-----~---
. 0.8
. - - - - - - - - - - - - - - - -
--~._-----
-!penses
._-------------- -- ------ ._--~
19.9
28.6
41.8
55.9
-----,,- -~ -- -
- - - - - - - ------- - - -
- - - -- ~
BurJqrt de f'Jnctronnement
18 a
. ;> &. 0
35.~)
d ~. cl
---------
.- -
-~----'----~ - --
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dont
Tr,1Ilsfeas,.7ubudqcrd'equlpemPllf
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+
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+
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() 4 - -
- -+-
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0 5
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- - - - - - - - - - - - - -
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- - - - . _ - - - - - - - - -----*
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1
-278-
1
f
SOUS-SECTION III
:
~~Q~~i~_~t_~r~9i!.
"
A) Le cas nigérien
l'effort d'industrialisation dans les grandes sociétés
minières combinée à la baisse de la commercialisation des pro-
duits agricoles d'exportation a été déterminante dans i 'évolu-
tion récente de la situation monétaire.
Cette tendance a été marquée par une perte en avoirs
extérieurs se chiffrant à le milliards de F. C.F.A. ~ un très
fort développement du crédit intérieur qui a plus que doublé
tandis que la masse monétaire s lest accrue de 36~7 % en 1977
contre 19~5 % en 1976.
le multiplicateur de crédit semble moins instable avec
une oscillation entre 2~05 et 2~48 pendant la période 1975-
1978.
A part cette remarque~ les caractéristiques des pays
agr
lI
icoles ll se retrouvent au NIGER avec une instabilité des
agrégats économiques et un taux de croissance très élevé de la
masse monétaire •
.,
•,
• ....•,.
!
1


-278-
B) Le cas togolais
Au TOGO, l'amélioration des avoirs extérieurs, si elle
nia pas atteint le...5 niveaux pl~écédents, a quand même été positive
puisque ces avoirs connaissaient une aug~entation de 1 163 mil-
lions de F. C.F.A.
Le crédit siest accru de 40 ~ alors que la création mo-
nétaire se chiffrait 8 42,4 %. L'augmentation des réserves des.
banques (1 milliarc) et de la circulation fiduciaire s'est tra-
duite par une augmentation de 6,4 milliards de la baisse moné-
taire.
1
t;
i
Mais,comme au NIGER, le multiplicateur de crédit nlest
pas hautement instable, puisque les écarts se situent entre
2,27 et 2,68 pendant la période 1975-1978.
La stabilité rela-
f
tive des revenus d'expoftation de ces pays serait-elle â l'origine
de ce phénomène ?
On ne peut se hâter de conclure car la Côte d'Ivoire,
tout étant un pays où l'agriculture est le secteur moteur, a
des reverius· d'exp~itation assez stables, or son multiplicateur
.
pendànt cette période varie 2,7 et 3,5.
.,
..; ,

••
f • • -

- 2.7 9-
Ce serait difficile d'invoquer le solde de la balance commer-
ciale car le Togo, pays minier a une balance commerciale défi-
citaire alors que la Côte d'Ivoire, pays de cultures d'exporta-
tion par excellence a un solde commercial excédentaire
On ne peut tenter une conclusion à ce niveau avant
d'étudier un cas particulier dans le cadre de cette comparai-
son, celui du SENEGAL qui produit des phosphates comme le TOGO
mais aussi qui est un pays agricole car l lactivité économique
sénégalaise reste dominée par la campagne agricole.
NIGER
-
SITUATION MONÉTAIRE INTEGREE
-.fJq:g-
S'lptp.mhroe
1
1
1!175
1'376
1q77
1 '1 7'1
I~-- ----- ----
1------- '-'-'-_--
._- _ . - -
. _ ..
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-1
l
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Millrùns dl' frallcs cl il.
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, -
Banque cpntra le
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_ 8997
17266
23504
/5591
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1
-
Banques
.
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-
565
- '
757
. -
2300
-
4.103
1-·· - . -- -----".--.---
.. _
.
.
.
_
lC,ed,trnteriflUr

'18344
13790
'6873
lB ')80
_..._-
~------~---------~
-
-~-
-
-
Gouvernement (net)

_
-
7,942'
- 17 !,3U

-
15 5 Il
-1;:7(;2
- - . - - - . - - - - - - - - - - - . ~ -
- _ _
0
_
• •
_ _
_
_ _

_
-
Crédits;j l'économie
-26286·

26320
32184' .
51 34)
---------------_.~----- -~
-
-
--
--
---. -- ---~---_. -------~- --
Masse monetaire
22959'
. . 271)01
. 32734
44 7.10
-_.
- - - - .
-----.-_. -------- ---- --- . _ - - - - - -
--
_._----~--
Autres r'iements nets
3817
4 ,ta7
5343
5 1 <'U
---------~-
---~-
50')lc,
BeE A 0
-- c--·--_·----~
'",_ t'Ç( ,"2 _
~
-
~
TOGO "-
SITUATION MONÉTAIRE INTEGREE
, . -
- -
-
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-
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_
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Septurnbre
~_.__.~
-- -
-
---~-~---. -.~-- _. -
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1
1975'
'97G
1977
1"Î8
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2 487- . - - - - 1 0·1 1

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-280-
--~.~
SECTION 5 : ~'EVOLUTION ECONOMIQUE ET FINANCIERE
DU SENEGAL.
SOUS-SECTION - h€~_f2~9i!iQ~ê_9~~€r~1~~_9~_QrQ9~f!iQ~.
Il est difficile depuis 1970, de consulter les sta-
tistiques sénégalaises sans un pince~ent au coeur.
Longtemps considéré comme un modèle de réussite écono-
mique après l'indépendance, le SénégQl a passé le témoin
à la
Côte d'Ivoire et ses résultats écono~iques inquiètent tous ceux
qui, de près ou de loin, s'intéressent à l'activité économique
de l'Afrique de l'Ouest.
Alors qu'en 1978, le NIGER a connu un taux de 20 %
dans l'accroissement de son P.I.B., la Haute-Volta & un taux de
8 %, pendant que la Côte d'Ivoire pour la période 1976-1978,
réalisait successivement 36 %, 43 % et 8 % dans l'accroissement
annuel de son P. LB., l'économie sénégalaise stagne.
"
>'
Le Produit Intérie~~ Brut de la R~~ublique du Sénégal.
n'a progressé que ~e 1,4 % en 1978 contre 2,5 % en 1977.
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"lt"
,:,f

-'281-
En effet~ l'activité économique sénégalaise connaît une chute
de production tant en ce qui concerne les cultures d'exporta-
tion que les cultures vivrières.
Les publications de la Direction de la Statistique
montrent que 30 % du P.I.B. dépend du secteur primaire car
l'agriculture, par l'importance des revenus issus de la com-
mercialisation agricole~ mais aussi par l'importance de j'ara-
chide dans l'industrie de transformation~
constitue le secteur.
moteur de l'économie, or il faut reconnaître que les aléas cli-
matiques n'ont guère été favorables au Sénégal ces dernières
années.
Mais â côté de ce facteur qui est souvent pris pour bouc
émissaire (ainsi que la détérioration des termes de l 'échange)~
for,ce est de reconnaître que les prix au producteur~
â l'in-
verse de la Côte d'Ivotre, ne sont guère incitatifs car depuis
une décennie, quels que soient les cours mondiaux de l'arachide,
les prix au producteur plafonnent autour de 41 F. C.F.A. le
kg d'arac~ide en coque.
La 'combinaison de ces facteurs (bas prix â la production, séche-
resse~ échange inégal ~ très défectueux circutt de commerciali-
\\
~~
.
s a t i on'; ae n t rai né une bai s sep r 0 9r es s ive de l" a c t i vit é .a gr i cole
-~
comme en témoigne le tableau ci-dessous.

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-282-
1
Commercialisation des pr~n~ipèux produits et prix à l a
producti on.
Produits
1974-75
1975-76
1976-77
1977-78
---'~
"'-
Mi 11 iers
de
tonnes
Arachides en coque
- d'huilerie'
768,2
1 177,8
956,9
436,3
- débouché
17,6
21,8
11 ,5
Coton graine
42,1
39,0
45,2
37,1
Prix arachides d'huile-
ri e en coque
41,5
41,5
41,5
41,5
Prix coton graine
47
47
49
49
Sources
Office ~ational de Coopération et d'As-
sistance pour le Développement.
Société de Développement des Fibres TEX-
tiles.
Journaux Officiels de 1a République du
Sénégal.
Il faut surtout voir que même quand les cours mondiaux
sont favorables, une politique agricole non incitative à 1a ma-
nière ivoirienne se traduit par un détournement des agricultu-
res vis-à-vis de la cu1ture de l'arachide et du coton et dans
son rapport de 1978, la B.C.E.A.O. a raison de souligner que:

·"283-
"Malgré la bonne tenue des cours mondiaux de l'hui-
le d'arachide, le Sénégal a été fortement pénalisé
dans ses exportations par la faiblesse de sa ré-
colte d'arachide. C'est ainsi que les recettes
au tii:re de l'arachide ont été estimées à 24 mil-
liards par la campagne 1977-1978 contre 65 mil-
liards de f. C.F.A. en 1976-1977, accusant une
baisse de 63 %"
La faiblesse de la politique agricole ne se situe pas seule-
ment au niveau de la politique des prix payés au producteur:
la lourdeur et l'inefficacité de l'organisme chargé de la com-
mercialisation est dénoncée à la fois par les paysans et les au-
torités pub1iques puisque M. le Premier Ministre annonce que
cet organisme
" va conna'tre une réforme profonde en dehors même
des impératifs ~'amé1ioration de la gestion. Cer-
taines activités ont été ou vont être transférées
à des structures plus aptes à les maîtriser, aux
...
coopératives ou au secteur privé" •
Cet extrait du discours prononcé devant 1'Assemblée
Nationale le 19 Décembre 1979 montre que les autorités ont
conscience qu'on ne peut pas toujours expliquer les résultats
économiques par la détérioration des termes de l'échange.
La production sénégalaise de phosphates de calcium, a atteint
1 555 800 tonnes, mais la baisse des cours mondiaux (- 26 %) a
entra1né une baisse-de vente de 3 % et les recettes n'ont été
que de 13,3 milliards en 1978 contre 14 milliards en 1977.
Suivant la campagne agricole; la production industrielle a baissé
de 12 %.
li1L
iJ

,..,
-284-
Les finances publiques.
SOUS-SECTION II
Souvent marquée par des dépenses de prestige, le bud-
get sénégalais a été conçu ces dernières années »dans une opti-
que réaliste» comme le remarql.1e si justement le rapport de la
B.C.E.A.O. en 1978.
Nous retiendrons l'effort méritoire de trésorerie qui'
s'est traduite par un excédent de 4,6 milliards de F. C.F.A.
en 1977-78, mais aussi le volume de l'enveloppe consacrée aux
dépenses d'équipement, dépens~s qui ont quadruplé en un an dans
le budget prévisionnel de 1978-1979.
SÉNÉGAL -
BUDGET GÉNÉRAL·
---_
r
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1975·1976
1976·1977
1977·1978
1978197'1
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.--R;\\;'i~~~~~!\\-.--···---··--.--=·!~é_Vir,iOI,S
Milll:nds dl' frnncs c f il
1 Recettes
85.2
86~O--" ---'O·1~4----1-36.5
- - - _ . _ - - _ . __.
--
----_._-----
- - ~ -
--
-
Receltesf,scilles
75,4
fll,6
94.6
107.0
. --------
-
Autres recettes
-
5.1
4.4
- 4,0
1.5
~Recett~sexlraordtn;J,TP.s
4,7
-
2,8
--'--3~0-'--
-----_.
--
Dépenses
90.8
101.7
96,8
136.5
-
--------_.__.-
-
Budget de fonctionnemenl
74.6
81.6
88.5'
100 5
-
Budget d'éqUipement
~6,2
261
8.3
350
---- - - - -----
._---- - --- ---_._-. - -----------
Déficit(- louellcédent! + 1
-
5,6
-
21.7
+
4.6
.. _-
~_.
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--._-----
. -----_.
1 Apports des correspondants
1 ,~_.:.. __-_-__4_,_6
._ _4_~
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rAutresopérillron'sduTrésor(a,
0.9
10.0
4.9
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---
1 VfHiation des aVOIrs riets
-
-
i.~'~~èsdl;~;:::'e~~,b;~r-n·lre_r~_ =-~_ =-=--= :u._~~_~. -71=.=-=--5.0 ~~_~.~=.::
• Elet'Ctce . ,-' tUlnet 30 ju.n
t;:'Il OI.'C.,I.HI(''- d,' ""C:"P', 'it l''/fjlp'l''' .!n'W".·r; ,., (l'II'P'''II", "r""CliltlL
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1 Sllure r'
S"'V"'''' rJ~1 Tt"loOr c;r'lU'q;II... ,\\

-285-
SOUS-SECTION
III
Monnaie et crêdit.
-----------------
Au niveau de la croissance des agrêgats monêtaires, le
Sénégal ne fait pas exception à la règle.
Le taux de croissance des différents agrégats est ins-
table. Ainsi, la position extérieure des institutions monêtai-
res s'est encore dégradée.
Combinant un déficit commercial permanent, une mauvaise campagne
agricole et des cours mondiaux défavorables pour le phosphate.
les avoirs extêrieurs de la Banque Centrale se chiffrent à un
solde négatif de 22 372 millions de F. C.F.A., tandis que le
déficit des banques était de 14 937 millions de F. C.F.A. en
1978.
La sécheresse ayant contractê les crédits de campagne,
le crédit intérieur doit son accroissement de 17 ?~ à l'augmen-
tation des crédits ordinaires.
La masse monétaire a progressê de 14,5 milliards, ce
qui .l'établit à 140,8 milliards C.F.A. en 1978, soit un accrois-
sement de 11,g % contre_ 17,} % l'année précédente •
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La faible progression de la circulation fiduciaire dDe
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-286-
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à la baisse
des revenus uu monde rural ainsi que la baisse des
réserves des banques ont entraîné une quasi-stagnation de la ba-
:c r!C~Et?1re pûisque cet agrégat était de 39,0 en 1978 contre
39,9 milliards en 19.]7, le multiplicateur de crédit s'est donc
accru.
Notons qu'au Sénégal aussi
le multiplicateur n'est pas
un modèle de stabilité, comparé à celui du Niger ou du Togo.
Au niveau du partage des encaisses, la baisse des reve-
nus agricoles peut expliquer la baisse de la circulation fidu-
ciaire qui ne représente plus que 24 ~ des encaisses contre
2J % en 1975, tandis que malgré une faible progression des
C.C.P., les dépôts en banque constituent les 3/4 des encaisses
monétaires.
..

-287-
"
SENEGAL
~VOLUTION DE LA. BASE MONÉTAIRE
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1975
1976
1977
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1079

-289-
\\~
CHAPITRE II
LA POLITIQUE MONETAIRE ACTUELLE DE L'U.M.O.A.
Ce chapitre est d'un intérêt double.
- Il nous permet de présenter le cadre organisationnel dans 1e-
quel nous préconisons notre politique de développement de
1 1 intermédiation financière, politique axée sur une meilleure
~
collecte de 1 1 épârgne au service d'un développement communau-
;.1:
ta ire.
Il nous permet aussi, en présentant la politique monétaire
•.
actuelle de l'Union, de discuter de son opportunité et de ses
limites pour résoudre les problèmes structurels des Etats que
nous évoquions dans le précédent chapitre.

-290-
Clest pourquoi ce chapitre comprendra quatre parties.
~r~mière sera une brève présentation de la carte d'identité
r
. l'Union.
_~ ~econde expliquera pourquoi nous partageons l'essentiel de

~olitique de 1 '~nion Monétaire quant à ses objectifs à long
te rr;;e.
_2
troisiême tente de montrer les limites de la politique con-
:cncturelle de l 'U~ion, politi~ue de contrôle des agrégats et
('octroi II s électif ll du crédit.
:ëns la dernière partie, nous ~ontrerons pourquoi une politique
:e taux d'intérêt est souhaitable et possible pour accroître
1:: collecte de l'épargne des petits commerçants et agriculteurs
e: cela en donnant à la Banque Ouest Africaine de Développement
(t.G.A.D.) les moyens qu'exige sa mission, dans l'esprit d'une
J2nque mutuelle, à l'exemple du Crédit Agricole en France.

-291-
SOUS-CHAPITRE l
"LA CARTE D'IDENTITE" de l'UNION.
Clest à Saint-Louis~ ancienne capitale du Sénégâl
que
fut fondée le 21 Décembre 1853 la Banque du Sénêgal. Saint-Louis,
qui était aussi la capitale de l'Afrique Occidentale Française,
vOYâit ainsi la naissance de la première banque en Afrique de
l'Ouest.
En effet~ avec l'âbolition de l'esclavage, il fallait
payer la main-d'oeuvre, ce qui modifiait l'activité des colons.
Cette banque, qui est à la fois banque d'émission et
banque primaire (prêt et escompte) fonctionnera jusqu'en 1901.
Mais, l~ 29 Juin 1901, la Banque du Sênégal est relayée
par la B.A~O. (Banque de l'Afrique Occidentale) qui a une nature
juridique différen~e, puisqu'elle est mixte alors que la Banque
du Sénégal était la propriété d'anciens ma,tres d'esclaves.
~:
En 1945, le franc de la Communauté Financiêre Afri-
caine CF. C~F.A.) est crée et le siège de la B.A.O. est trans-
.
féré:de Saint-Lo~is du Sénégal à Paris.
Dix années plus tard, l'Institut d'émission A.O.F.

-292-
est crée pour remplacer la Banque de l'Afrique de l'Ouest.

l
~ 0
t~ ais cet l ns t i tut nef 0 nc t ion ne r a que q u2. t r e an née s
· ~:~que le 4 Avril
1959~ la B.C.E.A.O. ~ Banque Centrale de l'U-
~onétaire Ouest-Africaine est créée~avec son siège~ qui

~ - r
- '
_ t· r ê
Paris jusqu'en 1978~ date a laquelle
la Banque Centrale est
:rënsférée à Dakar.
Il est intéressant de noter que~ même si l'Union a exis-
:f
de fait~ depuis les indépendances et cela grâce à la coopéra-
:~cn avec la France~ l'organisation actuelle de l'Union est ré-
Ct~te~ puisque la signature du Traité Constitutif de l'Union
i
'·:~étaire Ouest-Africaine a eu lieu le 14 Novembre 1973.
1
I-
En effet~ sous la haute autorité de la Conférence ces
[refs d'Etât~ ~. Le Ministre des Finances de la Haute-Volta pré-
I
~icait le Comité chargé des aménagements nécessaires aux institu-
tions monétaires ouest-africaines~ et cela avec deux objectifs
f
- proposer des institutions nouvelles qui répondent mieux aux
\\
aspirations des Etats et à la nécessité de raire assumer aux
Africains la gestion de leur institut d'émission~ ce qui pas-
s~it par la création de l'Union Monétaire.
- définir une nouvelle politique monétaire et du Crédit politi-
tique q~e n60~ di~~uterons dans les prochains sous-chapitres(l) .

-
{t,
~----~------------------
0) Dani"el CABOu._: "La nouvelle politique monétaire et du Crédit des Etats
de l'U.~1.0 •.A.. Il - Thèse de Doctorat - Paris 1975.

- 2 9 3'~
Pour le moment, nous présentons brièvement l'organi-
gramme de l'Union ~;onétaire Ouest-Africaine, pour mettre en re-
lief les niveaux où se décide la politique monétaire.
L'Union Monétaire, rappelons-le, regroupe six Etats indépen-
dants de l'Afrique de l'Ouest: le Bénin, la Côte d'Ivoire,
la Haute-Volta
~ le Niger, le Sénégal et le Togo, ce qui
correspond à une population de 26 millions d'habitants.
L'instance suprême est la Conférence des Chefs d'Etat, clest
à
ce stade que sont traités les problèmes d'adhésion, de re-
trait cu d'exclusion des membres de l'Union .
. Sous la haute autorité de la Conférence des Chefs d'Etat, le
Conseil des Ministres assure la direction effective de
l'Union Monétaire.
Le Conseil des Ministres décide àe la pelitique monétaire, de
l'organisation et du fonctionnement de l'Union.
L'Union a deux organismes distincts:
- La Banque Ouest-Africaine pour le Développement
(B.O.A.D.), chargée du financement du développement
et sur laquelle nous reviendrons dans le cadre de
la politique monétaire.
~.
La B.C~E.A.O., banque centr~le de l'Union avec à sa

tête un gouverneur nommé 'pour un mandat non renou-
velable de six ans.

....'."' .., .....
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.....'•:....".
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".'-.,>.
-'294-
L~ conseil d'Administration de la Banque Centrale comprend deux
::rinistrateurs par état membre et deux administrateurs représen-
" r "
la République Française. Présidé par 1e~ouverneur, le Con-
. ,
~
~2i1 d'Administration se réunit au moins quatre fois l'année,
. ~is le gouverneur ne participe pas au vote du Conseil d'Admi-
."c~ration. Le Conseil d'Administration nomme le vice-aouverneur .
. ~ ..
"'"
Il est aussi de son rôle d'approuver les conventions
~a~s les accords internationaux, de prendre des participations
Co.l.
capital de la B.O.A.O., ou au capital d'entreprises d'intérêt
~i:r.éra1, de fixer 1a,date d'arrêté des comptes de la Banque
=t: nt r ale, de pro p0 s e r a u Con sei l des r~ i ni s t r e~ lIa nnul a t ion 0 Li 1e
retrait de billets et monnaie, d'acquérir ou de céder des immeu-
:les, de créer des sous-agences de la Banque.
Ccnpétence au niveau de la politique monétaire
Le Conseil d'Administration joue un rôle essentiel:
- Il arrêt. le montant global des crédits susceptibles d'être
accordés par la Banqu~ Centrale pour le firlôncement de l'ac-
tivité économique de chacun des états.
- Il détermine le volume et les modalités des concours de la
Banque Centrale que les comités nationaux de crédit peuvent
.
consentir pour la promoti~n ri'entreprises nationales.
-·11 précise et fixe les opérations et taux d'escompte de la
Banque Cent-ra1e.
Il autürise ia Banque Centrale à demander cession à son profit
des disponibilités extérieures dans les conditions prévues par
les statuts de la Banque.

-295-
SOUS-CHAPITRE II
LA JUSTESSE DES OBJECTIFS A LONG
TERME DE LIU.M.O.A.
Grace à sa Banque Centrale (B.C.E.A.O.) et sa banque
de développement (B.O.A.D.), l'Union Monétaire Ouest-Africaine
siest fixée deux objectifs à moyen et long terme:
- promouvoil" l'africanisation des économies de llUnion.
- favoriser le dévelbppement et l'intégration des états membres
de llUnion du fait de leurs modestes dimensions économiques
et géographiques.
Pour réaliser le premier objectif, les Comités Nationaux de
Crédit doivent,
autant que faire se peut, favoriser la gestion
de l'économie pêr les nationaux, par les Etats ou les collecti-
vités publiques et cela en :
• facilitant llaccès des africains au Crédit.
facilitant le rachat des participations par cession
ou augmentation du capital des entreprises étrangè-
res par des nationaux ou des entreprises appartenant
à
des nationaux.
~
. facilita~t la promotion dlhommés d'affaires nationaux
ou d'entreprises nationales:
"
!Ii
facilitant l'accès des nationaux à la propriété immo-
·1
bil i è re.
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J
"
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.
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-290-
Dans le second objectif la politique de llUnion est
\\rCo re plus
louable.
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autorités monétaires ouest-africaines ont conscience que les
- ~ ~
. ~2ts pris individuellement, ne sont pas des nations économiquement
~,I-es - insuffisance de ressources, étroitesse de marché,
.. (. ~. .
....
. ~ -
'est çourquoi nous osons
espérérque l'article 2 des statuts de
~ S.O.A.D. nia pas seulement pour souci une clêuse de style
L.:;nd il stipule que:
"La Banque a pour objet de promouvoir le dévelop-
pement équilibré des états membres et de réali-
ser 11 intégration économique de l'Afrique de
l'Ouest.
En effet, en regardant le Reste du Monde, nous nous
~~ercevons que les intégrations économiques ne sont pas une spé-
cificité africaine; nous retrouvons des communautés économiques
~ussi bien dans les pays développés que dans les pays sous-
céveloppés et cela quelle que soit la nature politique des régi~es.
Ainsi, nous retrouvons le BENELUX, association économi-
~ (; e' aUse i n de 1a C. E. E., 1e C0t·1 ECO N en Eur 0 pe de liE st, le r'l a r-
C~É Commun des pays andins et le marché commun Latino-Américain
('r,
Ar;,érique Latine, l'Union Douanière dlAsie du Sud-Est, etc .••
Il
résulte de toutes ces observations que le commerce
1r' tCî liational
devra désormais s'analyser en terme de marché de

-297-
concurrence oligopolistique, entre ensembles supranationaux plu-
tôt que comme un marché de concurrence imparfaite
entre un nom-
bre élevé de pays avec des poids économiques différents.
Cela ne signifie pas pour autant que ce marché sera,
même relativement un marché assez équilibrê.
Nous en voulons pour preuve, les exemples suivants
Population
S
f··
Revenu Revenu Exporta-
Importa-
uper lCles D
·t-
.".
F.O.B.
tiens CÀF
millions
·lt i
d
enSl e ml
1011) par
ml
ons
e
de dol
tête
d'hab.
Km

millions de dollars
C.E.E.
187
1 117
160
427 244 2 282
75 690
75 580
C.E.A.O.
23,2
4 330
5
3 1ï4
137
720
717
FRANCE
51
547
92
140 051 2 783
14.8.76
17 819
Sources : Financial Statistical Economics
Novembre-Décembre 1974.
Rappelons que la Communauté Economique de l'Afrique de
l'Ouest regr0l.!,pe les six états de l'Union, à. l'exception du Bé-
nin et du TogQ •
..
'.
Par contre la Mauritanie et le Mali qui ne font plus
partie de 1 'Union Monétaire, sont membres de la C.E.A.O.
-}~.:~
1
Il apparait ainsi que le poids économiqué" de l'Afrique
de l'Ouest reste faible.

- 2.98-
Si on se réfère au fascicule de La Chambre de Compensa-
::cr. de l'Afrique de l'Ouest, fascicule
publié en Juin 1976, le
,
t:'au
des échanges commerciaux entre pays africains est très
.)
~ . il est estimé en~re 5 et 10 pour cent du commerce extérieur
.... -
,
~ continent, commerce essentiellement tournê vers les anciennes
:ropoles.
Toujours selon ce rappol"t, " une autre tendance inquié-
::r.te est que les échanges intra-régionaux ont décliné ces der~
r~tres années alors que le commerce extérieur des pays afri-
:~~!"s s'accroissait légèrerr:ent".
S'il est vrai que la promotion d'un commerce intra-
rfçional, constitue un facteur de développement, cette promotion
:(vrait être une priorité, pour tenter de renverser les tendan-
CéS
des échanges intra-régionaux, car en consultant les tableaux
Suivants, on s'aperçoit qu'en dehors de la Haute-Volta (24,3 %
:'importation, intra-régionales contre 48,6 d'exportation), les
:ays africains entretiennent de modestes relations commerciales.
Il est surtout intéressant de se demander quelle est la
~olitique monétaire conjoncturelle de la B.C.E.A.O. face à cet
Objectif d'intégration économique et d'africanisation de l'éco-
no roi; e '. ce que nous étudions maintenant dans notre prochain cha-
Pitre.

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IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS INTRA·REGIONALES
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DES PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
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Commerce
Commerce
Part reiative
avec l'extérieur
avec l'Ouel1 africain
du commerce
intrareglonal
1969-1973
1969-1973
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Import,

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Import, i :::xport,
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(1)
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(2)
13)
(4)
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Sénégal
1 289
872
18
37
1,4
4,2
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J
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CÔte d'Ivoire
2286
2845
85
168
3,7
5,9
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Haute-Volta
296
1
111
72
54
24,3
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i
48.6
1
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Bénin
393
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191
24
15
6,1
7,9
Togo
408
283
25
7
6,1
2,5
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Niger
268
203
30
26
11,2
12,8
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ii
Mali
246
107
46
1
26
18,7
24,3
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Gambie
115
92
3
E
2,6
.
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Sierra Leone
622
556
28
5
4,5
0,9
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Ghana
1903
2127
71
15
3,7
0,7
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Nigeria
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Libéria
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799
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Source: D,rection of Trade: F.M.!. et B.I.R.D. - Annuaire 1969 - 1973.
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TAUX DE CHANGE OFFICIELS ET COURS EFFECTIFS DES MONNAIES
DES PAYS MEMBRES DE LA CHAMBRE DE COMPENSATION DE L'AFRIQUE DE L'OUEST (a)
à différentes périodes 1971 - 1974
TAUX OFFICIELS
COURS AU COMPTANT
Villou.
- - - - - _ . _ - - - -
- -
Début
d'un U,S Dollar en ;
Arrés le
13 "oùt
Fin fevrier
Février
Novembre
Avril
Fevrl"r
18 décembre
décembre
1971
1973
1974
1972
1973
1974
1971
1971
- -
Bénin IF, c.f.a.)
277,710
255,790
230,210
240,810
255,785
244,500
220,000
241,000
COte d'Ivoire (F, c,f.a,)
277,710
255,790
230,210
240,810
255,785
244,500
220,000
241, 000
Gambie (Dalasis)
2,083
2,083
lb-<:) 2,000
1,724
Ghana (Nouv, Cédis)
1,020
1,974
1,149
1.140
1,282
1,400
1,600
1,250
"
G
Libéria IL, Dollars)
1,000
1,000
1,000
1,000
1,000
1,000
1,000
1,000
Mali (F. maliens)
555,419
511,570
460.410
481,620
1
o
Niger (F.c.f.a,)
277,710
255,790
230,210
240,810
255,785
244,500
220,000
241,000
o
r '
~ '
.C"")
.
Nigeria (Nairas)
0,357
0,357
(d) 0,329
0,329
0,327
0,360
0,329
0.370
1
Sénégal (F.c.f.a,)
277,710
255,790
230,210
240,810
255,785
244,500
220,000
24' 000
~/
Sierra Leone (Loones)
0,833
0,768
Ib-c) 0,806
0,869
Togo IF.c.f.a.)
277,710
255,790
230,210
240,810
255, l85
244.500
220,000
241,000
"
Haute-Volta (F, c,!.a.)
277,710
255,790
230,210
240,810
255,785
244,500
220,000
24\\ 000
Source: FMI, International Financial Slatistics.
"'1/1'
. ~ .
il : Tirés des cours de vente hebdomadaires de The Foreign Commerce Bank, Inc" à Zurich et Genève, Suisse, et des informations _
de International Fonancial Statistics (F,M.I.).
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b ; Flottant.
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\\
c ; Taux ,ésult,"'t des taux sterling - dollar à Londres.
,
d ; La Naira a remplacé la Livre du Nigeria en janvier 1973 (sa valeur est de iN 0,5),
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III
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- 30 1'~
A
,.
u
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SOUS-CHAPITRE III
L'INCOMPATIBILITE ENTRE LE CONTROLE
DES AGREGATS ET L'INCITATION A L1IN-
MEDIATION FINANCIERE.
Si nous nous référons à la programmation linéaire, il
nous est possible de représenter la fonction objectif
de la
B.C.E.A.O. comme la tentative de maximiser les réserves en or
devises en contrôlant l'octroi de crédit sous la contrainte
d'une économie largement ouverte sur l'extérieur et dont le
développement de l'intermédiaticn financière est faible.
Pour mener à bien la politique de protection des fonds,
les autorités monétaires ouest-africaines ont défini, par la
réforme de 1975, une politique quantitative et sélective du cré-
dit dont le principe est le suivant
.' ,
.'

..
- 30 2-
LE REGLAGE QUANTITATIF DE LA LIQUIDITE.
=Tl Oh
-
Les autorit~s monétaires disposent de trois moyens
_~rS' le contrôle quantitatif: l'évolution de la conjoncture
. ::~oGique~ les taux de réserves obligatoires et la procédure
:(5
autorisations préalables:
_ 'Ë-\\'olution de la conjoncture
Comme dans toutes les banques centrales, la détermina-
:ion du concours global tient compte :
- dE la projection du Produit Intérieur Brut et des prix inté-
rieurs dans chaque état membre.
- de la projection du solde net des opérations du Trésor.
- de l'évolution de la Balance commerciale.
- de la projection de la situation monétaire des institutions
monétaires.
de l'accroisseme~t maximum désirable du crédit intérieur qui
regroupe les .concours au Trésor et les crédits à l'Economie.
~
~.
~
Ce principe de base de la pblitique de toute banque cen-_ t

trale nous semb\\e légitim~, les déficiences ne peuvent appara~­
:'>
tre que dans la mise en application.
~

~~
~= --;:
- 3D 3-
Les réserves obligatoires
Il
ne s'agit pas la encore d'une nouveauté ou même d'une
anomalie: responsable.
de la politique monétaire et de l'évolu-
tion des agrégats, la B.C.E.A.O. impose à juste titre aux ban-
ques commerciales de maintenir en compte un certain pourcentage
des dépôts de leurs clientèles ainsi qu'une pôrt du volume de
crédits que ces banques octroient à la clientèle.
Si cette mesure peut avoir un impact dans l'évolution
souhaitée des agrégats monétaires, c'est bien dans le cas d'une
politique quantitativiste qui, par définition, a pour principal
souci le respect des normes de croissance imposées aux agrégats.
La procédure des autorisations préalables
Grâce a cette procédure. les autori~és monétaires fixent
le seuil à partir duquel tout crédit octroyé par une banque à
un même client doit être soumis à une autorisation préalable.
Cette autre mesure quantitativiste1permet le blocage
des crédits \\tour favoriser:"l'équilibre monétaire et la stabi-
.; ..
'.
lité des prix''':
• ."

.- 304-
~
SECTION II
LE REGLAGE SELECTIF.
Que l'on soit de tendance keynésienne, monétariste ou
rêçmatique", la responsabilité de la politique monétaire im-
; :se une surveillance de l'évolution des agrégats.
Il faut vouloir une crise pour suggérer une poiitique
-ciétaire non contrôlable, surtout dans une économie où les méca-
r~smes de marché ne fonctionnent pas parfaitement, du fait du
cloisonnement des différents marchés.
La question que l'on se pose est alors
où va le
crédit?
tr. plus de
la procédure d'autorisation préalable, le recyclaSe
sÉlectif se fait en fonction
- du secteur d'activité;
- de la catégorie du bénéficiaire.
~insi la prjorité doit être donnée selon la réforme, aux petites
Et mOyennes entreprises
nationales pour leur création ou leur
EYtens;on.
~

- 30 5-
A vrai dire, il est difficile d'étudier la réforme de
1975 sans se demander ce qui est advenu des principes élaborés
dans le rapport de la B.C.E.A.O. en 1975, rapport dans lequel
on peut lire
.-
IIL 1 épargne nationale était trop faible pour con-
tribuer d'une manière appréciable àU financement
de l'économie, et, en tout état de cause, son dé-
veloppement et sa mobilisation n'étaient guère
influencés par les taux d'intérêt servis aux
dépôts ll •
Or cette politique des taux incitant à l'épargne a été
des plus timides comme en témoigne lé tableau suivant:
FRANCE
B.C.E.A.O.
- - - - - - -
- - -
Q~s~_§Z_~~~!_Z~_~2~~~Z~_!~Z1
!~~g
~Q_!2Z~
!~Z?
Taux d' es-~ .
compte .•••
3,5
5,75
7,5
13
3,5
5,50
7,5
Taux d'inté-
rêt des
compte d'épar-
gne :
3,0
4,00
4,75
3,25
3,25
4,75
Itant donné le libre transfert des fonds entre la France
et les membres de· l~ zone franc, la disparité des taux d'escompte
entre la France et les Etats de l'Union se traduit soit vers un
,-

'li
i
1
!
-306-
déplacement des Fonds de l'Union vers la France, soit l'inverse,
ce qui constitue une contrainte additionnelle dans la politique
de gestion des Fonds de l'Union.
Au niveau des taux rémunérateurs de l'épargne, alors
qu'aujourd'hui le livre A est doté d'un taux rémunérateur de l'é-
pargne égal à 7,5 %, la politique ouest-africaine d'incitation
à l'épargne a consisté à relâcher la liaison établie entre le
taux d'escompte de la B.C.E.A.O. et les taux débiteurs appliqués
par les banques, les nouveaux taux étant déterminés en ajoutant
un certain nombre de points ou de fractions de points à un taux
de base des intérêts débiteurs (T.B.D.) fixé par le Conseil
d'Administration de la Banque Centrale.
On perçoit comme une incompatibilité entre la gestion
des réserves et l'incitation à l'épargne.

.~"'~
~,.,;":::,,."",-,,'.:t"""'~
-307-
SECTION III
LES LIMITES DU MARCHE MONETAIRE ET DE LA
REGLEMENTATION SUR LA GESTION DES LIQUI-
DITES.
Crée il Y a 5 ans
le marché monétaire
suivant son
t
t
développement pourrait voir la Banque Centrale accepter des dé-
pôts et consentir des avances pour des durées plus longues.
Seulement si le marché monétaire est un instrument de
choix pour le refinance~ent des banques, il est
à noter
que l'admission des Trésors Publics nlest envisagée
que si ceux-ci sont prêteurs.
Le contrôle des agrégats impose une austérité budgétaire
que l'on peut regretter dans des pay.s où l'intervention de 11 Etat
doit être fondamentale.
- Cependant
en décidant que
grâce à la réglementation de la
t
t
·g·e·stion des licjuidités:··Oto·utes les ba_nques devront désormais re-
,.
cycler leurs liquidités dans llUnion sous peine de sanctions

-308-
.',bt de liquidités à
la Banque Centrale sans paiement ou, si
_ l

. ~ cépôt tarde à se faire, paief!]ent dlun intél"êt moratoire), la
'. ,r::;ue Centrale tente à juste raison, de remédier aux "fuites"
'_ capitaux vers des ~archès plus rémunérateurs.
On se demande alors pourquoi ne pas élever les taux
I~r.térët ?
Cette question se pose d'autant plus qUE l'effet de la
-<:enentation peut nlavoir d'impact qu'à court terme. Car, avec
~ :ode des Investissements existant dans les pays de l'Union,
_ :e qui
permet aux entreprises de rappatrier leurs profits sans
r~~:rictior.s dès l'instant où elles sont agréees, la réglementa-
:':~ a un effet relativement faible.
$i seulement le but des autorités - protéger les réser-
·~s - était atteint, on pourrait sans trop de mal épouser leurs
-t:hodes.
Mais nous avons vu en étudiant l'évolution des Etats
( .... ~
par cas, que même les pays à excédent commercial perdaient
: t:. !
réserves en devises en 1978.
Alors, quelle politiqu~'?
.
~
..
Priorité aux agrégats ou aux taux d'intérêt?

:-
..,(~
../'\\""'.'~.;."""
-309-
Nous retrouvons ainsi la problématique déjà étudiée de
pOOLE. Seulement, tandis que POOLE raisonnait dans une économie
fermée, J. MELITZ (1) a tenté la même analyse dans une économie
ouverte avec les hypothèses suivantes
Une parfaite mobilité des capitaux, c'est-à-dire une parfaite
substituabilité entre titres libellés en monnaie nationale et
en monnaie étrangère.
Les agents n'anticipent pas de variation du taux de change
en vigueur.
MCKINNON, avec son effet conduit nous a montré qu'il n'y avait
qu'un actif dans les pays sous-développés; la monnaie et qu'il
y avait une complémentarité entre l'accroissement d'encaisses
et l'accroissement d'investissement.
Si à cette hypothèse on ajoute la convertibilité garantie par
les accords de la zone franc et la parité fixe entre le franc
français et le franc C.F.A., le modèle de MELITZ s'applique bien
aux relations entre l'Union et la France, quand on sait que
la France est le principal partenaire de l'Union à l'importation
comme à l'exportation.
Dans
. le
. mod~le
. :
de POOLE, nous avions:. ry revenu
r
taux d'intérêt
M
masse monétaire
.."
y = a
+ al" r
o
.
M = b0 + bI- _y. + b2 r
:.
.
(1) J. MELITZ : "Usage Optimal des Instruments t'lonétaires en Régime de Changes
Flexibles" - Revue Economique Vol. 30 N° 5 Septembre 1979.

-310-
Les autorités devaient choisir entre le taux d'intérêt
et la masse monétaire suivent la stabilité ou l'instabilité des
,ol,ctions de demande de monnaie et de consommation •
.....
Dans le modèle de MELITZ,
"Les autorités r:1Onétaires ne peuvent pas fixer le
taux d'intérêt interne à un niveau différent du
taux d'intérêt mondial.
Tous leurs efforts pour réduire le taux d'intérêt
....",
interne, par exemple conduisent simplement à des
?l
n
sorties de capitaux, et donc à une dépréc~ation de
f. i
li
la parité (ou à un affaiblissement de l'économie
l~
en cas de parité fixe)".
h
,;.~- ~
h
, ii ~
l .
'l'
-.,
MELITZ poursuit en montrant que les autorités ont donc
'-1
..';,~ '~--.:'
t
le choix entre le contr5le monétaire et le contrôle du taux de
,&i
change et non plus entre le contrôle monétaire et celui du taux
de l'intérêt.
'-~' .
:;,~
1
Nous savons qu'une parité fixe lie le Franc Français au Franc
, >
,
' ... -..JI
..
i,.
C.F.A., et que par rapport à ses autres partenaires
le marché
international, le principe de la flexibilité des changes est de-
venu üne règle d'or; ce qui fait qu'en réalité les autorités
monétaires ouest-africaines ne pouvaient tenter de contrôler ~ue
l'évOlution de lelJrs:ag'rtgats monétaires .


-311-
~1 ais a l 0 r s pou r quo ion t - ils fa i t ce ch 0 i ~ a van t d' é~-
1er le taux d'escompte de la B.C.E.A.O., aux taux prévalant sur
le marché ~onétaire et financier francais ?
Du modèle de MELITZ, nous retiendrons deux conclusions
- La considération de la masse monétaire comme instrument de
f-~·
contrôle est particulièrement gênante dans un cadre d'analyse
où la distinction entre le systématique et l'aléatoire est
;_.
critique.
Tout contrôle direct des taux versés par les banques à leur
clientèle ou inversement versés par là clientèle aux banques,
influe sur le degré de cloisonne~ent
lui-même. Si par cloison-
nement on entend la coexistence d'un système bancaire dévelop-
pé avec un système decrédit informel, nous pensons dire la même
chose que MELITZ en estimant que dans une économie où le dé-
veloppement de l 'intermédiation financière est peu développée,
toute politique visant- à remédier à cette lacune doit être une
pulitique incitative; or, la politique de contrôle des agré-
gats par définition n'est ni incitative pour l'octroi de cré-
di t, n i i nci sa' t ive 'p 0 url e dép ô t d' é par gne .
...

Puisque l'épargne interne est faible et que le déficit alimentai-
~
re est ~tructurel, il faut, par les taux d'intérêt, inciter les
pay~ans à la culture vivrière et promouvoir une politique d'épar-
~
gne pour aider au financement de l'activité économique.

-312-
.....
SOUS-CHAPITRE IV
P0 URQUO l Ur~ E PaLI TlQ~ 0EST AUX ~I NTER ET
EST POSSIBLE.
SECTION l
LE TAUX D'INTERET NE DETERMINE PAS LI INVESTIS-
SEMENT.
Pour discuter de l'efficacité dlune politi~ue des taux
d'intérêt en Afrique de l'Ouest, il faut avoir à l'esprit un
facteur essentiel: c'est que, plus que nulle part ailleurs,
c'est dans l'activité d'investissement que le concept de cloi-
sonnement a un rôle essentiel.
En effet, comme dans tous les pays en voie de' développelT:ent,
qui par définition manquent de capitaux, l'investisserTlEnt en Afri-
que dè l'Ouest est dOe aux capitaux étrangers •
.'
Pour attirer les "gros" investissements, les responsa-
bles de la politique économique n'ont pas misé sur les taux
d'intérêt ou une autre politique monétaire.

-313-
Ils ont mis sur pied un Code des Investissements qui
accorde, aux "gros" investisseurs des allègements fiscaux qui,
combinés aux faibles salaires des pays africains rendent très
élevée l lefficacité~marginale du capital, clest-à-dire que le
taux de rendement du capital est élevé par rapport à son coût.
n
~ lest ce facteur qui explique la hausse des investisse-
ments, et non l'évolution des taux d'intérêt appli~ués par la
Banque Centrale, car, en nous référant aux tableaux suivants,
nous constatons que le taux d'escompte de la Banque Centrale,
inchangé pendant plus d'une décennie, nia pas freiné les inves-
tissements.
SENEGAL
1959 1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968 1969 1970
Formation
brute de
capital
fixe
.15,96 15,05 15,10 15,43 21,43 28,02 23,87 28,88 32,53 26,09 28,63 2~4~
Taux dles-
compte de
la BCEAO •
.
3,50
3,50
3,50
3,50
3,50
3,50
3,50
3,50 3~C
-
Sources
Comptes Economiques du Sénégal
Juin 1971
Décembre 1972
Direction de la Statistique du Sénégal.
r

-314-
COTE D'IVOIRE
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
Forma-
tion
brute
de ca-
pital
fixe
43,641 44,641 45,857 54,024 61,837 74,256 92,364
94,250 121,960 143,655 18~946
Taux
de
crois-
sance
annue l
2 %
2,7 % 17 % 14 %
28 %
24 %
1,9 %
30 %
17 ;~
28 5~
Taux
d'es-
compte
de la
BCEp.O.
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
5,5
5,5
8
-
SourC6'S
Les Comptes de la Nation
Années: 1969, 1970, 1975.
. .
..
11
1
.. ...
~'
'.";'
.
.\\
.~ ,:.~,"
\\
..~-
..
.~.

~_315 -
SECTION II
LES FACTEURS EXPLICATIFS DES "GROS" INVESTIS-
SE~lEN TS.
La rentabilité des "gros" investissements a deux expli-
cations :
- des salaires d'employés peu élevés.
Un Coàe des Investissements favorable à l'attraction de capi--
taux étrangers.
SOUS-SECTION l
Les salaires.
Grâce à ce tableau, nous voyons qu'en 1978 le salaire
horaire était d'environ 1 F. français dans tous les pays de l 'U-
nion, except5 le Sénégal (2 F. français) et la Côte d'Ivoire
(près de 3 F. français). Les charges salariales sont donc peu
élevées en Afrique de l 'Ouest, le S.M.I.C. ouest-africain étant
10 fois plus f~ible que le S.M.I.C. français
. Voir tableau page 316:
,

.. .
-

-316-
'RPROFESS!ON"JEL5 GI\\HANTI5
!\\'; ':...11 ~ r
Sél'e()"1
-r 1 ~(1 0
'.?'l'nil1
C.,te dïvuire
~"Ull' Volt"
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101
,1,
. ' " ::'.i'
IT1:,'-'"I'"
,
"
"
SOUS-SECTION II : les facilités du Code des Investisse~ents.
les Etats de l'Union ont des Codes des Investissements
propres~ mais tous ces codes ont un dénominateur commun
attirer
les capitaux étrangers grâce aux avantages fiscaux comme le montre
l'étude ci-dessous 'du Code des Investissements de la République
du Sénégal.

-317-
La Loi na 78-20 du 29 Janvier 1978 portant Code des Investisse-
ments abroge du même coup les lois n° 44 du 2 Juin 1972 et celle
n° 61-33 du 22 Mars 1962.
Cette loi de Janvier lS78 distingue deux sortes d'entreprises
Les entreprises prioritaires, qui doivent investir au moins
deux cent:(2CO) millions de F. C.F.A. (4 millions de F. F.)
en trois ans et créer cinquante (50) emplois.
Les entreprises conventionnées àont ll~nvestissement minimum
doit être de 1 milliard de F. C.F.A. (20 millions de F. F.).
Les entreprises conventionnées nlont pas de charges fis-
cales.
Les entreprises prioritaires sont exonérées
· pendant trois ans des droits et taxes perçus sur les matériels
importés.
pendant cinq ans des droits et taxes sur les pièces de rechange.
• des taxes sur le chiffre d1affaires.
· des droits de mutation ,sur les acquisitions' de terrains.
et bâtiments nécessaires à la réalisation dft leur projet.
• des ~roits~fFappant les actes constatant l"a constitution des
·soc~étés •
• j

~.

. ' ' Î t '
' .
-318-
rticle 5 du Titre II re1atif aux Garanties Générales stipule
"Le droit au tr-ansfert des capitaux et de leurs revenus
est garanti aux personnes physiques ou morales étran-
gères qui effectuent au Sénégal un investissement fi-
nancé par un apport de devises convertibles. Les per-
sonnes étrangères qui auront procédé a ces investis-
sements auront le droit, sous réserve de vérification
par l'autorité cOlT.pétente en matière de contrôle des
changes, de transférer librement dans le pays où elles
ont leur résidence ou leur siège social, et dans la
devise apportée au moment de la constitution de l'in-
vestissement, les dividendes et procuits de la liqui-
dation ou de la réalisation de leurs avoirs".
Il apparaît, à travers l'étude des salaires et du Code
- Investissements, que les "gros" investisseurs ont des charges
u élevées,
ce qui, du point de vue monétaire signifie deux
Uses :
hu moment d'investir, les responsables du projet se soucient
davantage des facteurs (salaires, Code des Investissements)
c;ui élèvent la rentabilité de leur projet que du taux d'escompte
ce la Banque Centrale.

..
-319-
En cours d'exercice
ces allègements àes charges entraînent une
t
aisance de trésorerie qui les Iidispense ll de recourir à l'emprunt
de crédit.
SECTION III
QUELLE POLITI~UE DES TAUX D'INTERET?
La B.C.E.A.O. applique certes une politique des taux
d'intérêt
mais les limites àe cette politique pour un développe-
t
ment de l'épargne sont c~rtaines.
En effet, la BanquE Centrale opère avec
- Un T.E.P. : taux d'escompte préférentiel de 5,50 % applicables
exclusivement au crédit pour la construction de la première ha-
bitation et au crédit de campagne.
- Toutes les autres formes de crédit sont réescomptées au T.E.N.,
taux d'escompte normal qui s'élève à 8 % depuis 1976.
Si l'écart (2 5D %) entre le T.E.N. et le T.E.P. existe
il reste
t
t
insuffisant pour les banques commerciales
car les risques d'in-
t
.
.
solv~bilitê liés au crédit de campagne sont importants.
..
..
J
En outre
le crédit de campagne vise essentiellement la
t
commercialisation et l'exportation des cultures de rente.
..

~rmf
-320-
Or, si la B.C.E.A.O. se fixe comme objectif la protec-
r
de ses réserves, elle doit tenir co~pte des causes r des per-
de devises que nous évoquions dans l'étude séparée des Etats
'-
l'Union.
Ces causes sont doubles :
2~e en cas d'excédent commercial dC a une bonne récolte, les
~jS voient leurs avoirs en réserves se dégrader, par rapport
leur situation antérieure car pour une fTlême recette d1expor-
ation, il faut désormais davantage de tonnes de produits agri-
cl es.
8US
les pays de l'Union sont en déficit vivrier; en analysant
a balance des paiements, on s'aperçoit qu'il y a une pefte ccn-
:inuelle de devises au niveau du secteur vivrier.
Le taux d'escompte préférentiei doit non seulement bais-
mais le caractère sélectif de l'octroi du crédit ne justifie
sentement que s'il vise en priorité le secteur vivrier.
.,
5'il est difficile de ne pas reconnaître la bonne gestion
': é ta ire de
l' U. ~1. O. P,., for cee s t der e con na it r e son i nad a pta t ion
-nt au développement de l 'intermédiation financière .
• J
Il va de soi que certaines de ces conditions relèvent
autorités politiques et gouverne~entales.

.. -321-
Car l'intermédiation financière suppose pour son déve-
loppement des revenus plus substanciels et des taux d'intérêt
plus rémunérateurs, c'est pourquoi nous espérons qu'il ne s'agit
pas seulement d'une déclaration d'intention quand M. Le Premier
Ministre du Sénégal dans son discours du 19 Décembre 1979 devant
l'Assemblée ~ationale déclare:
"Il s'agit de déterminer des prix agricoles plus
rémunérateurs et de per~ettre
à nos entreprises de
gérer lorsque leur productivité est satisfaisante,
des marges incitatrices aux réinvestissements ll •
Il poursuit
"
Le Gouvernement va renforcer l'incitation à
l'épargne par le relève-ment des taux d'intérêt et
l 'organisation d'un marché financier aussi bien
·1
en milieu urbain ql.ie dans le monde rural".
A Da ka r, t'1. J a cque s de LAROS l ERE (1), Dire c te ur Gé né r a l
du F.M.I. avait raison en déclarant lors du Symposium sur la
théorie et la politique monétaires en Afrique
Il
le maintien artificiel des taux à un faible
Li
h
. ; lJ ~ ve a uri s que de pro v
1
0 que r
des s 0 r·t i e s de cap i tau x
li'1
privÉ~ e,t le crédit doit alors être resserre- d'une
j
J

Il
manière ou d'une autre.
-------
(1) BCEAO Note d'information N° 281 Mars 1980

....... -
-322-
Il
à mon avis, on ne peut guère douter que, dans
l'actuel contexte inflationniste, la balance pen-
che en faveur des taux d'intérêt élevés ll •
"
Si la politique de contrôle des agrégats de la B.C.E.
'1
s'était soldée par une protection des avoirs extérieurs on
0manderait pourquoi la nécessité d'une politique des taux
tÉ rê t,
mai s lié t li de des a v0 i r s ex té rie urs de 1ê 3a nque ali
"5
du dernier trimestre de 1979 ne semble pas militer en faveur
cette option puisque les publications de la B.e.E.A.O.
(1) re-
'-(lissent que
ilLe rapport entre ces réserves et les engager:ents
monétaires à vue siest abaissé de 41~7 C"
:::;
':' 1')
.c::
c' 11
j J
0.
""" t:. ,.".)
,J
Nous soml:ies donc à 12 points au-cesslls du seuil d'aler-
statutaire comme en témoigne le tableau ci-après
:) 8.e.E.A.O. - Note d'information ~o 281 - Mars 1980.
.,

-323-
TOTAL
187,9
167,8
138,4
164,4
118,0
120,8
Sources : Notes et Information
B.C.E.A.O.
Mars 1980.
Les avoirs nets en devises eux aussi se sont dégradés
puisque la mê~e publication de la Banque reconnaît que:
".. . les avoirs extérieurs nets de l~.Banque Cen-
.
trale sint passés de 92,4 milliards de F: C.F.A .
. ~ 60,O'milliards soit une baisse de 32,4 milliards".

t
-324-
1'f't'?,
Et pourtant cette baisse est largement imputable aux
deux lI pu issances Il économiques de l'Union puisque le solde des rè-
glements extérieurs de la Côte d'Ivoire est passée de - 17,7 mil-
liards â - 46,6 milliards de F. C.F.A. tandis que celui du Séné-
gal passait de - 14,5 milliards
i
à
-
20,1 milliaràs de F. C.F.A.
Le rapport de la Banque poursuit:
IIL'aggravation du déséquilibre observé en Côte d'l-
voire peut être attribuée pour une larçe part a
l'accentuation cu déficit de la balance courante
consécutive à l'accroissement des trans7erts avec
l'extérieur et à une quasi-stagnation des recet-
tes d'exportation ll •
Cette juste réflexion révèle une vérité: On ne peut pas nier à
la Banque Centrale l'effort _d'appliquer une politique monétaire
saine, seulement cet effort ne suffit pas si on ne veut pas su-
.r
bir la conjoncture. L'effort de la Banque ne peut être couronné
de succès que s'il est transformateur de structures économiques
et de comportenents.
A notre avis ce succès passe par la politique des taux d'intérêt.
Cette politique des taux doit être différenciée

- 32 5-
- En élevant le taux d'escompte normal de la Banque Centrale au
niveau des taux internationaux, la B.C.E.A.O. empêchera les
fuites auxquelles faisait allusion M. Le Directeur Général du
F.M.!.
- En abaissant (même d'un demi point) le taux d'escompte sur les
crédits à la culture vivrière, la B.C.E.A.O. entamera un pro-
cessus qui permet à terme de résoudre le problème du déficit
alimentaire. Car, des pays comme la Côte d'Ivoire perdent leurs
recettes d'exportation parce qu'ils restent largement tribu-
taires de leurs importations alimentaires.
En augmentant les taux versés aux déposants d'épargne, "l'épar-
9ne en na tu r e" don t par lai t ~1. LeP rem; e r ~1 i n i s t re duS é né gal
devrait normalement être monétisée.
Le troisième volet de cette politique des taux doit es-
sentiellement viser l'épargne des fonctionnaires, des commerçants,
des gros producteurs agricoles (marabouts) mais aussi des paysans
(à condition que le relèvement des prix agricoles,soit une réa-
lité).
A ce niveau, la Banque Ouest Africaine pour le Dévelop-
pement (B.O.A.D.1 a" ~n rôle capital.
La B.O.A.D. est l'instrument de financement du dévelop-
pement de l'Union t1onétaire. Son capital qui s'élève à deux mil-

- 32.6-
liards quatre cents millions de F. C.F.A. est la résultante de
deuX souscriptions égales:
_ celle des Etats de l'Union.
_ et celle de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest.
Si on se réfère à l'article 2 de ses statuts, la B.a.
A. D. a pour objet
La collecte des di~ponibilités intérieures.
- La recherche de capitaux extêrieurs par emprunts ou obtention
de fonds de concours non renboursables.
- Le financement (par participation au capital, prêts, avals).
des investissements ou activités suivants:
construction ou amélioration d'infrastructures néces-
saires au développement;
l'amélioration des conditions et moyens de production.
Dans la collecte de l'épargne pour le financement des
développements, la B.O.A.O. peut jouer le rôle du Crédit Agri-
cole à ses débuts, c'est-à-dire une institution mutualiste donc
d'assistance et de solidarité; cette fonction pourrait susciter
des réticences si l'article la des Statuts de la B.O.A.O. ne'
stipulait pas
"La Banque peut établir une agence dans chacun des
--.
Etats membres de l'Union Monétaire Ouest Afri-
cê:.ine".
1
1
1_

-327-
Le II peu t li doit être remplacé par un IIdoit ll , car l'ancien
Président du Conseil Français Jules Méline notait en 1892
r
1111
répugne à l'homme de la campagne d'aller demander
de l'argent à une grande banque de la ville •.• Si VOl!S
voulez que l'agriculteur s'adresse aux sociétés de
crédit, il faut que ces sociétés puissent être consi-
dérées comme son oeuvre ~ lui; il faut qu'il puisse
dire: IICette banque est la mienne, l'argent qui s'y
trouve est à moi et c'est dans ma propre bourse que je
viens puiser ll •
!
Les agences nationales de la B.O.A.O. doivent supervi-
ser, cooràonner et diriger la collecte de l'épargne des petits
1t
industriels, des petits commerçants, des paysans dans un esprit
mutualiste qui j.usqu'à présent fait défaut dans les circuits
IItraditionnels" comme celui des C.C.P.
Si nous préférons la S.O.A.O., organisme supranational
aux circuits nationaux de collecte d'épargne, c'est pour trois
raisons
- On ne peut pas ~enser que le circuit du .rré~or Public serajt
..
défavorisé si la perte en liquidité dûe"Q 1'installation de
.:...
cette no~velle ferme de collecte d'épargne est compensée par
un relèvement des concours au Trésor.
,
Le taux actuel des concours au Trésor (15 % des recet-
,
tes) nous semble d'ailleurs peu élevé.

- 32 3-
L'effet d'annonce dûe à une institution nouvelle et des avan-
tages substanciels (dépôts à "vue" rémunérés comme dans le
principe du Livret A) incitera, nous en sommes persuadés, un
développement de l'épargne des petits commerçants, des paysans
et des fonctionnaires qui hélas continuent à effectuer des cé-
penses improductives parce que dans les institutions monétaires
leur argent n'est que conservé, il ne produit pas.
Si la création de la Cha~bre de Compensation de l'Afrique est
un heureux évênement parce que permettant le développement des
échanges commerciaux entre pays africains, le problème africain
est plus délicat. Avant de tenter l'intégration économique par
les pro du i t s (é cha nses co fi! r,l e r c i a ux), i l fa ut pal lie r l' a bsen cede
complémentarité de ces économies: l'intégration par les pro-
ductions doit primer sur l'intégration par les produits.
Pour ce faire, la B.O.A.D., institution conmunautaire
au service du développement, en plus de son rôle de développer
la collecte de l'épargne, doit oeuvrer pour des projets d'in-
vestissement de grande échelle capables d'alimenter le marché
ouest-africain dans so~nsemEJ~, au lieu d'assister impuis-
samment au développement d'indus~ries africaines concurrentes
COmme dans le cas du sucre 00 Sénégalais et Ivoiriens se lan-
cent s~parément dans des projets dont la rentabilité à terme
est douteuse.
'~,l'"
"
'
~::
l~

·..
31Va3N39
NOrSnlJNOJ
-6ZZ-
,

. • k.> ,..
....."
';" 3 30-
,-
A ce stade de notre étude, il nous apparaît plusieurs
',s;nerr:en ts :
~emande de monnaie est non seuiement instable, mais encore
degré d'instabilité est plus élevé que celui de la propen-
:n marginale a consommer dans les Etats Ouest-Africains que
s avons étudiés.
La signification économique de cette instabilité est que
es agents économiques nIent pas toujours le même comportenent
~-à-vis des modifications du taux d'intérêt, du revenu et des
~x : lEur propension a consomœer varie dans le temps, mais les _
?sticités (intérêt, prix, revenu) de leur demande de monnaie
rient encore plus.
, 1
Oans la problématiqu~ de POOLE, cela signifie que la
- ation économique grâce a~x aarégats monétaires nlest pas le
..
t
1

....~
0':"'331-
moyen le plus approprié, conclusion à laquelle nous avons abouti
en empruntant la méthodologie de MELITZ, c'est-à-dire le cadre
analytique de POOLE ouvert au commerce extérieur.
- L'intermédiation financière connaît en Afrique de 1 'Ouest une
activité peu développée ce qui est un "obstacle au développement
écon 0 mi que Il (G URL EY e t SHA\\'i ) •
En insistant sur les limites du cadre analytique de la
controverSE au sujet de la fonction la plus stable (IS-LM), nous
avons voulu proposer une politique monétaire adaptée aux carac-
téristiq~es des pays en voie de développement et dans cet esprit
nous pensons que l'apport des hypothèses de MODIGLIANI (instabi-
lité issue de l'offre), de ~1CKINîWN
(effet conduit), mais aussi
l'effet d'annonce (non pas la formulation originelle de LINDAL
avec deux messages contraires, mais celle de De BOISSIEU), cet
apport donc peut enrichir le point de vue que nous. défendons:
oui à la politique monétaire grâce à l'utilisation par l'Etat de
l'arme que constitue le taux d'intérêt.
0'
Contrairement a la thèse structuraliste, nous pensons
qu' une .p;o ] i t i que mon é t air e est p0 s s i bl e dan s les pays sou s -
, ".
dé ve l 0 pp"é s '.
" "
."
."
",
Seulement, cette politique monétaire ne peut être au
service du développement économique que si elle est transforma-
trice des structures économiques et financières.

'-332-
Or, les structures économiques et financières ne peu-
ftre modifiées que grace a une politique des taux d'intérêt
itique de contrêle des agrégats n'ayant empêché ni le dé-
vivrier, ni le niveau ~eu élevé de 1 'intermédiation finan-
en Afrique de l'Ouest, ce second phénomène étant dO essen-
2fient à l'absence d'une politic;ue qui
incite à l'épargne.
Au niveau des structures productives, nous avons vu en
~nt séparéŒent les économies des Etats de l'U.N.D.A. que
s-ci connaissent toutes un déficit vivrier, phénomène anormal
Jn pays à vocation agricole: en baissant le taux d'escompte
:s crédits cestinés à la culture vivrière, la B.C.E.A.O.
~~orcer le processus contraire à la perte des rÉserves en or
vises que connaissent les Etats de 1 'Union.
L'élév&tion des taux d'intérêt versés aux déposants est
:ondition nécessaire au développement économique, car elle
t
d'une part de ~ra'ner l'épargne vers une utilisation pro-
ve, d'autre part les déposants profiteront de cette forme
distribution du revenu.
A ce stade crucial ce l'organisation des institutions
.air e s e-t fin a nc i' ère s, vou loi r c 0 mm E:: 1e s néo - lib é r a ux 1e
.9âge men t ci e lIE t a t ..dans uri sec te ur a us s i vit a 1 ne n0 us sem -
a sun e man i ère d l 'a lié r' ver s , 1F. dé ve l 0 ppe r. e nt, . s i par dé ve l 0 P-
t;
on e~iend.
non pas'une simple croissance des agrégats
'.-
('.

-333-
économiques~ mais une croissance qui amène une amélioration du
niveau de vie de toute la collectivité.
Au niveau régional ~ la politique dfintégration écono-
rnique doit se concevoir davantage sur le plan des stratégies in-
dustrielles que sur le plan des échanges commerciaux: l'intégra-
tion par les productions doit être prioritaire.
Les cultures d'exportation (café~ arachide, coton)
fournissant aux Etats les nécessaires devises, il devrait s'agir
pour la B.O.A.O. de tenter des politiques supranationales d'in-
dustrialisation (complexes agro-industriels à l 'échelle ouest-
africaine par exemple) afin de vaincre les déséconomies d'échel-
le liées à l 'étroitesse des marchés des Etats africains pris sé-
parément.
La politique d'épargne nationale que nous préconisons~
si elle est soutenue par un concours financier Extérieur direc-
tement contracté par la Banque Ouest Africaine de Développement
(B.O.A.D.) peut servir de moyen de financement d'un véritable
déve}oppem~~t intégr~ ~ un emprunt extérieur directement contrac-
té par la B.O.A.D~ pour financer un ~rojet communautaire précis
..
no us' se mb l ë P. ~~ f ~r ab1eau x a cc 0 rd s bi lat é r: a ux qui sou ven t s a uven t
une situation~~inancière délicate mais ne soionent pas le mal
, . .
.
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à la racine.
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-"

-334-
Notre politique comprend alors trois axes
La promotion de l'épargne grâce à des taux d1intérêt plus rému-
né rat e li r s pOLI r t 0 us .-1 e s dép 0 san t s (c 0 nme r ça n t s, f 0 nc t ion nair es,
paysans).
- La lutte contre le déficit ccmmercial en ~énêral,
le déficit
vivrier, en particulier et cela en favorisant l'octroi de cré-
dit aux cultures vivrières.
Le fin2ncement supranational du développement grace a la
B.O.P..D.
Cependant, ces propositions nfcessiteront une volonté
politique qui implique une perte de souverainetê nationale et une
volonté de redistribution du revenu au niveau national, mais nous
sommes convaincus que ce sont là des conditions nécessaires au
développer:1ent de l'Afrique de l'Ouest .
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-340-
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1979.
~~~..
1
1
.
. t... ,•....
'

-
- 341-
r..
PUBLICATIONS OFFICIELLES
" " ;
1 - Bulletin du Fonds Monétaire International - 15 Janvier 1979
Ce bulletin montre une amélioration des ternes de l'échange
de pays producteurs de matières premières.
2 - Pour les calculs et commentaires de l'évolution des agrégats
économiques, nous avons utilisé les chiffres des publications
suivantes:
Comptes Economiques du Sénégal"
1963,1970 •
. Les Comptes de la Nation ll
République de Côte d'Ivoire: 1968, 1971, 1975.
"International Financial Statistics fl -
F.M.I. : de 1970 à 1980 .
. Les rapports d'Activité de la B.C.E.A.O., notamment ceux
de 1965, 1976, 1977, 1978.
1
t,
1
~

-
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3111\\1130
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.
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",
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.. ~. -. :'.'
~
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.. ..

~
-343-
- INTRODUCTION
- TITRE 1
ETUDE DES COMPORTEMENTS ECONOMIQUES: L'INSTABILITE
DES FONCTIONS DE DEMANDE DE MONNAIE ET DES FONCTIONS
DE CONSOMMATION.
- CHAPITRE 1
L'INSTABILITE DES FONCTIONS DE DEMANDE DE MONNAIE.
SECTION 1 - LES THEORIES SUR LA DEfiANDE DE r~Or'mAIE
- La théorie quantitative originelle.
- La reformulation de la théorie quantitative
de 1a
dichotomie à la neutralité.
- L'approfondissement de la théorie sur la demônde
de monnaie :
L'nVPvl~ ue K[YN[5. L€s
néo-k€yn€sl€ns_
• La synthêse de FRIEDMAN.
<:~r-TnN
____ 1._ .. ,
j i
.....
LES ESTIMATEUPS Dt LA rnf..! ""TTJ"'\\~1
1 V .. ,\\".'\\
~Ul'
Dt: DENANDf DE
f~ONN AIE.
,
~ Ji.i5tification~ théoriques et €con'Ométriques
de notre
....
modèle.
A
- Estirr:ation des composan1:es du vecteur _A.

.. -344- .
- Le cas de la Côte d'Ivoire
• Présentation des données. Résultats des
calculs.
- Le cas du Sénégal •
• Analyse des données et résultats empiriques.
CHAPITRE II
LIIt~STA8ILITE DE LA PFOPENSIO~<
~1,l1.RGH;ALE
A CONSOHI·:ER.
SECTION 1 - LES THEORIES POST-KEYNESIENNES SUR LA FONCTION
DE CONSOr·'~lATIO~';.
- La théorie du cycle vital d'A~DO et MODIGLIA~I.
- DUESENBERY et le revenu relatif.
- FRIEDMAN et le revenu permanent.
SECTION II : LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE
Propriété - Portée.
~i[T1DN 111 -
tE C~lCUL DES fJr_OrENSiON~,
f~1Ar:GINALES
/:. ClJN-
S0 1·11·1 ER.
Le cas Ivoi)'ien
calcul par la régression simple.
- le cas S~négalais : calcul par la régression simple.
- Le calcul IItraditionnel ll de la propension margi-
nale à consommer en Côte d'Ivoire et au Séné9al.
~ ,
1

-345-
- PROPOS D'ETf,PE
- TITRE TI
__.
~
h._
\\
LA PLACE DES COMPORTEMENTS ECONOMIQUES DANS LA
THEORIE MONETAIRE.
-------- ----_. --. ---- _..-- _._ --- .------- ------ -- - _.---------
..-
- CHAPITRE 1
LES THEORIES MONETAIRES DANS LES PAYS SOUS-DEVELOPPES.
SOUS-CHAPITRE 1 - LA THEORIE STRUCTURALISTE.
- Les causes du sous-développement.
- La politique économique structuraliste.
- La controverse PREBISCH-AMIN.
SOUS-CHAPITRE II - LA THEORIE NEO-LIBERALE.
La critique du modèle néo-classique de croissance
L'effet conduit ou la complémentarité entre encais-.
SES monétaires Et InvEstissEment: llapport de MCKIN-
i,~î; .
CHAP1TRE J]
COMPDRTEMENTS ECONOMIQUES fT PDLITIQUE DE STA-
"
• B1"L l SAT ION.
SOUS-CHAPITRE l ; LA PROBLEMATIQUE DE LA FONCTION LA PLUS
STABLE.
Set::i.iUTI
l
:
Le c'a~ Key nfs i e~:.
Préférence pour la liquidit~ et flexibilité des
salaires.

-346-
Préférence pour la liquidité et rigidité des
sa lai re s .
. La courbe de Phillips .
. ~.
Section II : Le cas monétariste .
. La critique de la courbe de Phillips et l 'hypo-
thèse d'anticipation rationnelle.
La condition de validité de l 'analyse monét~­
riste.
SOUS-CHAPITRE II : LES CANAUX DE TRANSMISSION.
Section 1 : Portée de la controverse.
Section 2 : Les canaux observés.
SOUS-CHAPITRE III : LA NECESSITE DE DEPASSER LA CONTROVERSE.
--------_._---------
Section 1 : La Synthèse de POOLE et le Target aux USA.
SectiOtl 2 : Limit.es
cu débat et hypothèses nouvEll€s.
- Limite~ du cadr~ Gnalytiqu€
(Construction I5-LM, impact de la fonction la
plus stable).
- Limites dûes aux hypothèses nouvelles •
. L'effet d'annûnce.
L • € f f € tee ri d i.i i t .
• l'instabilitÉ
iSSl!E
de J'offre.

- 347-
- TITRE III
~PROPOSITr-6NS-'POÙR'U-NÉ'P'OLfT'ioUE MONETAIRE TENANT
COMPTE DE L'INSTABILITE DES COMPORTEMENTS ECONOMIQUES.i
- '-----_._-----~-----
- CHAPITRE l
SITUATION ECONOMIQUE DE L'AFRIQUE qE L'OUEST
EN 1980.
SOUS-CHAPITRE l : LE POTENTIEL PRODUCTIF.
· L'agriculture, secteur moteur.
· La pauvreté du sous-sol.
SOUS-CHAPITRE II : STRUCTURES MONETAIRES ET FINANCIERES.
· La convention du Compte d'Opération.
• Un secteur bancaire dynamique mais mal adapté.
SOUS-CHAPITRE III
L'INSTABILITE DANS LA CROISSANCE DES
AGRE{;/HS.
- EVûlütion économiquE et financière du
• Bénin
• de la Côte d'Ivcire
• G€
lô Hôtite-Vùlta.
du 10go et du Niger
du Sénégal.
>
\\ . • •
- ~ :..

...

-348-
~APITRE II
LA POLITIQUE MONETAIRE ACTUELLE DE L'UNION.
SOUS- CHAP ITRE 1 : L"P., CARTE 0 1 1DENT 1TE DE L' urn ON.
SOUS-CHAPITRE II : LA JUSTESSE DES OBJECTIFS A LONG TERME.
SOUS-CHAPITRE III : INCONPATIBILITE ENTRE LE CONTROLE DES
AGREGATS ET L'INCITATION A L'INTERMEDIA-
TION FINANCIERE.
- Réglage quantitatif.
- Réglage sélectif.
SOU S- CHA PIT REl V : POLI RQli 0 1 UNE POLI Tl QUE r. EST AU>: D1 1~n ERET
EST POSSIBLE.
SECTION l
Le taux d'intérêt ne détermine pas les
" Gr 0 sIn vest i s sem e n t s Il •
SECTION 2
Les facteurs explicatifs de l'Investissemen~
- Le Code des Investisse~ents
- Les bas salaires.
SECTION 3
Ouelle politique des taux d'intérêt?
- CONCLUSION GENERALE •
..,.
,
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.' -;'
.'
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. ~ '",
".
"

'Ot-i
,
.. -349-
"
VU
:
le Président du Jury
',,-
~,
/
VU
:
les suffrageants
t"~l.
7 ~-\\
t : i t - - ~/
t
-- c"" al (
.
'
~
IfJ::
(
CL.
, '
t\\, 1 ...._ ~
, cP {)
VU et permis d'imprimer
le Présîdent de 1 'Univ~rsi'té de Droit,
d'Economie et de Sciences 'Sociales de
PARIS.
1~