UNIVERSITE DE GASCOGNE
BORDEAUX III
INSTITUT DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
(lSIC)
.« DE LA TSF COLONIALE A L'ORTS:
EVOLUTION DE LA PLACE ET DU ROLE
DE LA RADIODIFFUSION AU SENEGAL»
(1911 . 1986)
par
Saïdou DIA
THESE DE DOCTORAT DE TROISIEME CYCLE
EN SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
TOME 1
Sous la direction de :
Monsieur le Professeur André·Jean TUDESO.
Professeur d'Histoire, Institut d'Histoire
Université de BORDEAUX III
-400'7

1
- B -
1
f1
1
1
1
Je dédie ce travail :
1
A feu mon pèr~,
r
A m~ mère,
A tous mes frères et sœurs,
A mon Pflouee,
\\
Et ~ me9 enfants Ousmane et Marmouna.
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1
1
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!

- J -
REM E R CIE MEN T S
***********=*************
Nous remercions bien vivement :
- Monsieur le Professeur André-Jean TUDESQ
* Professeur d'Histoire
* Directeur du Centre d'Etude de Presse (CEP) et du
Laboratoire Associé des Sciences de l'Information et de la Communication
(LASIC)
* Responsable du Troisième Cycle de Sciences de l'Information
et de la Communication de l'Université de BORDEAUX III,
pour avoir bien voulu accept~ de diriger ce travail,
- L'ensemble de nos professeurs de l'IUT "B" (Carrières de
l'Information) et de l'Institut des Sciences de l'Information et de la
Communication (ISIC) de l'Université de BORDEAUX III,
pour leurs encouragements à poursuivre nos études en
"Information-Communication".
Nous sommes reconnaissAnt
- A Monsieur Saliou MBAYE, Directeur Iles Archives NAtionales
Ilu Sénégal et ~ l'ensemhle Ile ses collahorateurs,

- 4 -
- Aux documentalistes de l'Institut Fondamental de l'Afrique
Noire (IFAN) "Cheikh Anta DIOP" et de la Bibliothèque Universitaire de
Dakar,
pour l'aide précieuse et les facilités de toutes sortes qu'ils
nous ont apportées tout au long de nos recherches.
,
Nous savons gré a :
Madame Annette MBAYE d'ERNEVILLE
Messieurs Mamadou TALLA, Doudou Diop Diégo, THIAM Bouba
NDIAYE, "feu" Chérif FALL et à tous les "pionnierg!l de la radio au
S~négal,
pour leurs témoignages précieux sur les débuts de la radio au
Sénégal.
Nous remercions également les responsables de l'Officp. de
Radiodiffusion-Télévision du Sé~égal (ORTS), en particulier MM. Guila
THIAM, Directeur Technique de l'ORTS et Abdoub~
NDONGO, journaliste-
réalisateur, dont l'aide amic~le nons a facilit~ l'acc~s aux données
techniques et aux éléments de programme sur la radiodiffusion au Sénégal.
Bernard SCHOEFFER, responsable de la Coop~rAtion ~ na~io-FrRnce
Internationale (RFI) pour son dpvoUf~ment à notre égard.

- 4 -
_ Aux documentalistes de l'Institut Fondamental de l'Afrique
Noire (IFAN) "Cheikh Anta DIOP" et de la Bibliothèque Universitaire de
Dakar,
pour l'aide précieuse et les facilités de toutes sortes qu'ils
nous ont apportées tout au long de nos recherches.
,
Nous savons gré a :
- Madame Annette MBAYE d'ERNEVILLE
t>1essieurs Mamadou TALLA, Doudou Diop Diégo,THIAM Bouba
NDIAYE, "feu" Chérif FALL et à tous les "pionnier!';" ne la ranio au
Sénégal,
pour leurs témoignages prpcieux sur les débuts de la radio au
Sénégal.
Nous remercions pgalement les responsables de 1 '.Q!!..L~
Radiodiffusion-Télévision du Sénégal (ORTS), en particulier MM. Guila
THIAM, Directeur Technique de l'ORTS et Abdouba
NDONGO, journaliste-
r~alisateur, dont l'aide amtcqle nous a facilité l'acc~s aux données
techniques et aux éléments de programme sur la radiodiffusion au Sénégal.
Notre gratitufl(' va (:l!illf'mf'nt;1 notre ancj"n collègup et [lmi
Bernard SCHOEFFER, responsahle ne la Coon~ration à TIaflio-France
Internationale (RFI) pour son dpvollement à notre égard.

- 5 -
Nous remercions bien sincèrement nos collègues et amis rle
toujours : El Hadj Salif DIOP, Mattre-Assistant au D6partement de
Géographie, Momar Coumba DIOP, Mattre-Assistant au Département de
Philosophie et OUmar DIAGNE, Maitre-Assistant au CESTI, Université ne
Dakar, pour leur appui moral et leurs conseils amicaux, tout au long
ne nos recherches.
Enfin, nous savons gr6, à notre ami Edouard DIOP, pour avoir
assuré, avec patience et efficacité, la réalisation finale de ce
travail, ainsi qu'à notre cousine Fatoumata SAKILIRA pour sa collabo-
ration.
*
*
*

- 6 -
AVANT-PROPOS
++++++++++++
Comme l'indique son intitulé, cette thèse est, ~our l'es-
sentiel, une étude historique.
En effet, de toutes les a~~roches ~ossibles suggér~es ~ar
notre sujet, seule une chronologie commentée nous semble ~lus conforme
à notre intention : ap~récier l'évolution de la ~lace et ~u rôle ~e
la radiodiffusion au Sénégal, de~uis la mise en ~lace du réseau radio-
télégra~hi9ue de l'AOF en 1911, jusqu'à nos jours.
De surcrolt, seul c~ choix méthodolo«ique se révèle sufffsam-
ment nertinent aux différents outils et sources ~ocumentaire8 dont
nous avons pu disposer dans le ca~re de nos recherches: éléments
d'archives, coupures de ~re8se d'é~oQue, témoignages divers, ~our l'es-
sentiel.
L'évolution de la radio au Sénégal reste à l'image de
l'histoire coloniale et politique du Sénégal dont elle reflète les
caractéristiques aajeures :
• "Tête de ~ont" de lR ~énétr~tion coloniale frRnçaise en Afrique
subsaharienne, le Sénégal a connu rles contacts précoces avec la
Métro~ole.
. ..1....

- 7 -
Il n'est donc pas étonnant que la radio -d'abord sous sa
forme de liaisons télégraphiques, puis sous son aspect "~honique"
.oderne- ait puy apparaftre beaucoup plus tôt que dans les autres ~
territoires d'Afrique d'expression française.
* Jadis chef-lieu fédéral de l'Afrique Occidentale Fran~aise (AOF) ,
aujourd'hui capitale administrative et politique du Sénégal indépen-
dant, Dakar a bénéficié, en priorité, des grands investissements en
matière d'infrastructures, initip.s par l'administration coloniale.
Ce qui justifie, dans une large mesure, le développement
~articulier qu'y a connu la radiodiffusion.
* Enfin, au Sénégal, alors colonie à fort peunlement européen, la
radio a été, d'abord et pendant trè"s longtemps, le fait quasi-exclusif
des Européens et très peu celui des Sénégalais eux-mêmes.
Cette thèsese pro~ose, précisément, de rendre compte de cet
ensemble de particularismes socio-historiques auxquels la radiodiffusion
a essayé de "coller", tout RU long de son évolution au Sénégal.
Toutefois, m~me si notre périodisation remonte aux débuts de
la radio au Sénégal -en particulier l'~poque de la TSF coloniale des
années 1911- nous restons conscient de n'avoir ~as tout dit sur
l'histoire de ce "medium", tant notre champ d'intérit est vaste.
Mais une thèse saurait-elle valablement prétendre épuiser
son sujet ?

- 8 -
Nous lo. .es, en toute honn~teté, persuadé du contraire.
Ce travail n'est qu'un modeste jalon supplémentaire -et
certaineaent pas le dernier- d'une réflexion qui nous a passionné
tout au long de nos études de Journalisme et que nous nous ~ngageons
à poursuivre et approfondir dans le cadre de recherches ultérieures.
Car l'histoire de la radio au Sénégal ne s'arrête pas -loin
s'en faut- à l'Office de Radiodiffusion Télévision du Séné~al (ORTS).
Déjà, au moment où nous finalisons cette thèse, de nouveaux
défis interpellent la radio-télévision sénégalaise :
- consolider les acquis de la jeune expérience politique de
"démocratie pluripartisane"
- parachever le développement économique, social et culturel national,
- s'adapter aux nouvelles con~itions de transmi~sion de l'infor-
mation et de la culture, générées par les "nouvelles technologies
de la communication."
Autant de données qui soulignent, encore une fois, la place
résolument centrale que la radiodiffusion occupe dans la vie sociale,
nolitique et culturelle au Séné~al.

- 9 -
Autant de preuves, "a posteriori" de la pertinenee de notre
eonvietion 1 malgré la trentaine de journaux que compte aujourd'hui
le Sénégal et en dépit de la percée spectaeu1aire de la jeune télé-
vision nationale, la radio reste, encore, pour la majorité des
Sénégalais, le principal moyen d'information, d'éducation et de distraction •
..
..
..

- 10 -
INTRODUCTION
........................
1. La rBdio au Sénégal.
Bien de partieularismes caractérisent le ~hénomèn~ ra~io~ho-
nique au Sénégal.
M~.e si ses débuts ~euvent ~tre situ~s en 1911 avec la er~ation
du réseau radiotélégraphique de l'AOF, la radio n'est pas -loin s'en
faut- le ~re.ier .oyen d'information moderne (au sens chronologique du
Depuis 1855(1) déjà,
le Journal officiel du Sénégal
lê Petit S~n~galais
Ife S8int-
Louis (1906) et l'AOF (1907)-
En outre, s'Il a fallu attendre la fin de la Ifeuxième ~uerrê
monlflftlê pour a8sister à la diffusion de8 premiers bulletins radio, dès
19JJ, le mensuel It'informations ~~n~rales Paris-Dakar -anc~trp. Itn nnotiltlen
national
Le Soleil- parai8sait de manière régulière.
Toutefois, mal~rl cette lenteur relative au nlan rle s~ mise
en nlace et de son fonctionnement, la radio va connaître, par la suite,
-------- ------------
(1' Date de création à Saint-Louis -~ l'époque capitale du Sénégal et de
la Mauritanie- de l'Imprimerie de l'AOF, par le Gouverneur Louis Faidherbe.
(2) c.f. Nomenclature de la Presse écrite au Sénégal de 1855 ft 1971 in
Annexes.

-
11 -
un essor spectaculaire.
(1)
Une en~u~te IFOP r~alis~e en 196~
r~Tèle que pour la ,.;rande
(2)
.ajorit~ des S~négalais -des ruraux pour la plupart
et anall'habètes
à près de 8~ la radio constitue "le canal d'informBtion priTil~~il,
celui qui donne les nouTelles les plus co.plètes et les l'lus l'récise8."(~'
D'après cette étude, 77% de Dakarois et presqu'autant (80%) de
Sén~l[alaie des zonee rurales déclarent apl'rendre les nouTell es pri nci nale-
ment par la radio.
(1) Les Moyens d'information en Afrique: synthèse des résultats,
Enou~te IFOP, Paris, 1964 réalisée dans 5 paye ~'Afrioup noirp : Cameroun,
Côte d'Ivoire, Ghana, Sén~l[Bl et To,.;o.
(2) Le S~né,.;al, territoire de 196 722 km2 compte 6 600 000 habitants
dont ~~ de citadins et 70% de ruraux.
(~) Enqu~te IFOP d~jà cit~e, p.4
(4) Source: Etude IFOP, 1964, p.4

-
12 -
Cela .ë.e si 1~ de villageois et 11~ de eitadins reeonnaissent
volontiers s'informer ~galement ~ar le eanal traditionnel d~ la eoDTer-
sation.
Quant aux journaux, leur "elientèle" reste exelusivement
urbaine (1~~ à Dakar et 8~ dans les autres villes).
On le Toit,bien qu'~tant apparue beaueou~ plus tard que le
journal, la radio a su n~an"'oins "eonqu~rir" le publie s~n.çJ:alai8, auprès
duquel elle b~n~ficie·d'une po~ularit~ eertaine.
Un ensemble de faeteurs expliquent eette situation:
a) Au plan ~cono.ique, moins coûteux que l'aehat régulier du journal,
le r.çcepteur radio se révèle larJ:ement à la ~ort~e du S~n.çga18is moyen.(1)
Des statistiques cOmMereiales font état d'une eroissanee
rapide du nombre de r~eept~urs-radio.
Estimé à 1 925 postes en 1938, le pare des récepteurs est
~assé B 125 000 en 1960 (soit 47 postes ~our 1 000 habitants).(2l
(1l Le prix de revient moyen d'un poste radio varie dans une fourchette
de 40 OOOF CFA à 10 OOOF CFA (soit 800FF à 200FF). Mieux, le transistor
qui coûte entre 3 OOOF CFA et 5 OOOF CFA (60FF et 100FF) renforce, par
son coût moindre, eette tendance.
"Si le paysan n'aehète pas chaque jour un journal, c'est d'abérd
parce qu'il ne lit pas, ensuite parcequ'il n'en aurait pa8 toujours les
moyens! Par contre il peut, a~rès la commercialisation de 8a r~colte
acheter un poste r~cepteur R transistor à un prix très abordable "observent
BOKOUM ,(T.) et DEM (1), "Les moyens d'infonlation au S~nlgal", Paris
1973 {M~.oire IFPl, p.215
(2' C.f. Tableau nO 2 supra.

- 13 -
En 1984, enTiron 420 000(1' ~ostes-r~ee~teurs ont ~tl dlno.brls
sur l'ensemble du territoire s~n~galais.
* Tableau nO 2 : ETolution du ~are des rleepteurs radio au S~nlgal.
>-
Année
!
Nombre de réeeuteurs
>-_.
!
1938
1 925
!
1939
!
1 961
'--
!
1960
125 000
!
!
1964
180 000
~
!
1965
200 000
!
f
1967
262 000
!
f - -
f
1968
265 000
!
!
1969
267 000
f
f
1972
280 000
!
f
1975
286 000
f
!
1976
290 000
!
!
1977
295 000
_..
!
~
1984
420 000
f
Souret's
ArehiTes nationales, Mini. stère de l' Infor.ation, UNESCO, ORTS, TDF.
(2)
Par ailleurs, des 8onrla~~s
r~vèlent ~ue 85% de Dakarois et
6J~ dt' ruraux possèdent ~ersonnellem~nt leur post~.
(1l CeR ehiffres ne tiennent ~as eo.~te des transistors l baR ~rix dont
le Tolu.e n'eRt paR ehiffré. A vrai dire en .atière de statistiques, il
eRt diffieile d'être prleis, les ehiffres "offieiels" ~tant rare.ent eon-
fOnleR l la rlalitl. Ainai, au eours de la Reule annle 1984, la Direction>
Nationale des StatiRtiques du S~négal a enregistré l'entr~e de 145 873
rJeepteurs radio.
(2) Tableau n~_l : "Possession d'un poste"

- 14 -
Aujourd'hui, selon les sourees de l'ORTS(l) 7 foyers sur 10
dis~osent d'un poste radio.
* Tableau nO 3 : "Possession d'un poste de radio."
(sur 100 auditeurs'.
(
DRkar
:
Autres vi Iles
:
Brousse
(%)
:
(%)
:
(%'
:
:
._.
:
:
· Oui
85% :
86%
:
6~%
Non
14% :
13%
:
36%
·
:
:
- -
:
Sans r~l'onse
1%
1%
:
1%
·
:
:
100
100
100
• Source: EnQu~te IFOP, 1964, p.36.
b' Au plan socio-culturel~ la radio est devenue au Sén~~al, un
"gadget" haute.ent socialisé qui renvoie l'i.age -~articulière.ent signi-
ficative- de l'intégration réussie d'une teehnologie occidentale dans
une société traditionnelle africaine.
Fait notable: il n'est ~as rare de voir la radio-ealsette figurer
en bonne place -à côté de la montre-bracelet, de la machine à coudre,
des noix de eola et de la dot sy.bolique- parmi les présents exigés par
la future mariée à son fiancé ...
C'est que, l'lus qu'un simple moyen d'information, la radio
eonstitue aujourd'hui une véritable com~osante du patrimoine familial au
Sénégal.
(1' D'anrès une enQu~te ORTS/ "Le Soleil" de Juillet 1984. Cf. infrR.

- 15 -
L@8 S~n~galais qui, dans l@ur grande .ajorit~ n@ sav@nt ~as
encor@ lire ou parler @n français, s@ s@nt@nt b@aucoup plus ~roch@s d@
c@ "medium" qui s'adr@ss@ ft @ux dans leurs langues national@s, leur
tient com~agnie dans la journ~e au cha.~ ou sous l'arbre A ~alabre, ou
le soir dans l@urs foyers •••
Ri@n d'~tonnant,
dès lors, ft ce ~ue ce
su~oort d'information/ co.munication oarticulièrement resoectueux rle
leurs "habitus" socio-culturels soit vite adopt~'
Malgr~ cet @ngou@ment soectaculaire suscit~ par la rarliodif-
fusion auprès des populations sénégalaises, on ne ~ouvait pourtant pas
-jus~u'en 1955- parler de radio v~ritablement s~n~galaise.
Tant les programmes ~rooosp.s restaient fran~ais, ft la fois
dans leur conce~tion et leur contenu. Elabor~es d@puis Paris(1), les
~missions de Radio-Dakar n'~taient rien moins ~ue des re~rises de
Radio-Paris à destination des colonies.
Le ~ublic-cible,
on se doute, p.tant composp. ~rseQu'exclusive-
ment d'Euro~~ens vivant au Sén~gal et de quelques rares privil~~j~s
s~n~galais possesseurs de ~ostes de TSF.(2)
L'avènement de la loi-cadre de 1956 introduit des chan~ements
notables à la situation.
- - - - -----------------
(1) "En relais avec Paris, la station rlakaroise
assurait la rliffusion
quotidienne d'un bulletin co.~l@t d'information outre-mer à destination
de l'Afrique, l'Indochine, Brazzaville et Madagascar" t~moigne Mamadou
TALLA un d@8 tout premiers reporters-journalistes sén~galais for.~s à
la SORAPOM.
(2) Il .'agit principalement des eh@fs de canton (c.f. infra).

- 16 -
Le plus siraificatif ~tant, sans doute, l'africanisation
prolressive du personnel de production radiophonique et une s~n~galisation
subs~quente des programmes.
*
*
*
En raison de certains atouts -grande accessibilit~ aux ~o~ula-
tions, facilit~ d'adaptation au contexte socio-culturel africain- la
radio apparaît, à l'évidence, comme le moyen d'information privil~gi~ au
S~n~gal.
Comme telle, elle va retenir l'int~r~t particulier des gouver-
nants, aussi bien en période coloniale qu'au moment de ItInd~~endance.
* Instrument strat~gique et politique sous l'administration coloniale,
Radio-Dakar assure des liaisons d'ordre militaire durant la Deuxième
Guerre mondiale.
A la lib~ration, la station dakaroise sert de relais entre
Paris et la colonie du Sén~~al.
"11 s'agissait alors de sensibiliser les .étro~olitains vis-à-vis
des r~81isations dans les colonies" font remarquer certains t~moins d~
Ce raIe politique(1) -du reste classique et conforme à la
vocation des stations de radiodiffusion dans les colonies françaises- va
(1' Ce rôle est contemporain de la découverte et de l'utilisation massive
des "ondes courtes".

- t7 -
se renforcer tout au lon~ des ~ta~es de l'Histoire Dolitique du S~n~gal.
* A l'Ind~~endance des ann~es 1960, une i~ulsion nouvelle est
·
é
t
1
. : 1 '
(t)
t
Malgr
un foisonnement assez s~ec acu a1re oe Journaux
e
l'aDuaritton d'autres "m~dias"(2',
• Radio-S~n~gal constitue, B l'Indépendance, "le ~lus im~ortant des ser-
vices du ministère de l'Infor.ation"(3).
A ce titre, une diversit~ de ".issions" lui sont assignées.
- A l'image des autres radiodiffusions nationales africaines, la
radio s~négalaise est investie d'une mission classique d'~ducation des
"masses".
Il s'agit ~our elle "de catalyser le dpvelo~Dement social et
acc~l~rer le processus de modernisation de la jeune formation sociale
s~n~~alaise."(4)
(t) Dans son ~tude intitul~p ~ "Une eX1'~rience africAine~ I@ ministèrf" dp
l'Information, de la Radiodiffusion et de la Pressf" de la R~~ublique du
S~né,al", Paris, 1962, D~.5t-88, Jacques JANVIER note ~ "Dès 1958, un@
ptude faisait état de l'existence au S~nlgal de to uubIications d'informa-
tions ~pn~rales, 5 Dublications louverneméntales ou uara,ouvf"rnempntales,
6 or~Anps de ~artis Doliti"ups, 5 bulletins 9yndicAu~, 7 bulletins ~'asso­
ciations urivles, 15 ~ublicAtions confessionnelles pt 7 journAux d'pntrp-
nrise. Beaucou~ de ces Dublications avaient une influencp qui d~Dassatt
largempnt le territoire".
(2) Le 30 juin 1959 est crl~e l'Agence de Presse du S~nl!al (APS)
(3' Ré~ublique du S~n~gal, Ministère de l'Information, de la Radiodiffusion
et le la Presse, "Ra
ort
~n~ral Dour la r~union d'ex erts sur le d~ve­
lo~~e.ent d~~ .oyens d'information en Afrigue", Paris, t9 2, u.3.
(4' Rapport d~jà cit~ p.i

- 18 -
Par ailleurs, pour les autorit~s gouvernementales, "les
~o~ulatfons s~n~galaises, pr~~ar~es ~r'ce k la tradition orale k recevoir
la radio, d~tiennent k travers celle-ci, un v~hicule culturel pour
l'exvresBion et la .iee en valeur des fOnles artistiques et culturelles
de la nation"(1)
L'a.pleur du discours ~olitique sur la ~lace d~sormais centrale
de la radio au S~n~gal et l'im~ortance des missions qui lui sont ainsi
dévolues, s'accompagnent d'un élar~iB8ement subséquent du l'are émetteur
et d'une extension ~quivalente du r~seau de diffusion.
Ainsi, avec ses 2 stBtions dakaroises (Cha~~~_!n!~nationale
""t ~harne Nationale), ses" chal'nes ré~ionales (Saint-Louis, Kaolack,
Tambacounda, Ziguinchor), ses 3 centres de reémission (Lin~uère, Matam
et Podor) et ses 1"5 centres d'écoute collective réuartis sur l'ensemble
du territoire, la radiodiffusion séné~alaise s'a'Plluie sur une infrastruc-
tur"" • la dé~entralisation remar~u8ble.(2)
De surcrol't, les 11 émetteurs en ondes moyennes, les ,. émetteurs
en ondes courtes et l"metteur dakarois en modulation de fréquen~e
assurent une couverture territoriale radiophonique assez excentionnelle
,
en Afrique noire.(3)
(1' ibidem 'P. 3
(2) c.f. Carte hertzienne p.
(3) Avec une puissance totale installée de ,.60kw, la radiodiffusion séné-
galaise occupe un des tout premiers ran~s en Afrique occidentale (Source :
UNESCO, 1976).

- 19 -
t:
o
il ~
~o-o
z
~iuo
-
CARTE HERTZIENNE DU SENEGAL -
(1)
(1) Source: NDONGO (A~douba), Les stations régionales du
Sénégal, Mémoire de Stage A:P'), lNA, Paris, 19'76.

- 20 -
2. Notre problématique.
Technologie de communication totalement étrangère à l'Afrique,
la radio s'est néan.oins assez rauidement intégrée à la société séné-
galaise où elle occupe une place de choix au sein du système d'information.
*
'.,
(1'
Plus d'un de.i-siècle
après son apparition
au Séné~al, ce
"medium" -essentiellement européen au départ- a-t-il évolué de manière
significative, à la fois ~ans ses structures comme ~an8 sa vocation?
* Quels types de rapports la radio sénégalaise entretient-elle
aujourd'hui avec son public .. t les différents pouvoirs?
~ÎéAiv:-/,~
* Par quels mécanismes s'adapte-t-e~!~~~rentesmutations
sociales, politiques et cul ture Iles qu ~'~ ~/6.è~e!!.leé,!:~gal, au cours de
, h
ces dernières décennies?
;
$'
,
"
~
"-
'c'
' .
"v"l
, '> rrlent
C'est autour de ces Questions centrales oue s'articule notre
llrobl~mA.tique.
1. Problèmes méthodologiques.
Phase ultime ~e nos recherches ~e 3e cycle universitaire, ce
travail s'inscrit, pour l'essentiel, ~ans une rlpmarche rle vprification
(1) Co. .e nous l'avons indiqué c.f~ supra, note périodisation remonte
à 1911, date de création du réseau radiotélégraphique de l'A.O.F.

- 2t -
et d'actualisation des donn~es tb~oriques et statistiques que nous
avions d~jà con8i.n~es dans notre ra~~ort de synthèse de D.E.A.(tl
Mettant à ~rofit notre retour d~finitif au S~n~~al, nous
avons orient~ nos investi.ations ~rinci~alement vers les c@ntres d@
documentation suivants: les Archives Nationales du S~np.Jal, la Biblio-
thèque Universitaire de Dakar, la Bibliothèque de l'Institut Fondamental
d'Afrique Noire (IFAN)(2) et le Service d'Etude de Recherche et de
Documentation (SERD) de l'Office de Radiodiffusion et Tél~vision du
Slnlgal (ORTS).
Mal~ré le dp.vouement exemnlaire des diffprents archivistes et
~ocumentalistes dont nous avons Rollicitp. les services, nos attentes
ont pt~, dans l'ensemble d~cue8 :
* D'abord et ~aradoxale~ent, en dp.~it de sa lon«ue et fort ancienne
imnlantation au Sén~gal, 18 Ta~io sp~ble n'avoir suscit~ Qu'un intp.r~t
relRtif au~rès des chercheurs.
Au contraire de la nreARe pcrite, .très neu d'~crits ou de
t~.oiJna~es sont dis~onibles sur ce "medium".
Les rares éléments nertinents et di~nes d'int~r~t (ra~"orts
(t) "Radiodiffusion et systèmes culturels", (Mémoire de D.E.A. en
Sciences de l'Information et de la Communication), UPTEC, Universitp. de
BORDEAUX III, 1979, 210 ~a«es.
(2) Devenu depuis f~vrier t986, Institut Fondamental d'Afrique Noire
Cheikh Anta DIOP.

- 22 -
,~riodi~ues coloniaux, journaux officiels de l'AOF, tP.%te! or.aniques
de la radiodiffusion et de l'QRTS, rap~orts du Conseil national de
l'Audio-visuel, etc ••• ) se sont, ~ar moments, révélés lacunaire!
-voire trop superficiels- pour autoriser une exploitation cohérente et
significative.
* Ensuite, malgré notre persévérance, nous n'avons pu accéder aux
sources sonores ni disposer de sondages d'écoute récents suffisamment
révélateurs de l'impact véritable de la radiodiffusion au Séné~al.
Ces quelques indications donnent une idée de la nature et
de l'ampleur des difficultés auxquelles nous nous sommes heurté dans
la collecte des matériau% nécessaires. la finalisation de ce travail.
a) ~e Pare récepteur-radio.
AucUDe statistiaue officf~lle ne recense rle mani.re ri20ur~use
l~s r&centeurs-radio en USA~~ AU S&n&~Al.
Ici, comme dans la ~lnuart des autres usys d'Afriqu~ les
uostes-récepteurs échappent,le ulus souvent,au contrÔlp. des s~rvic~s
.ouverne.entaux.
P8r8rlo~e SlJnr~m~ : l~~ mArch&s de "~ros" ou ~~ "rl&t~il" ~~
SandA~a et de ColobAne(t) r~~or~ent de réce~tenr8 -narfofs trps sonhis-
tiQu&~ vofr~ rlu "rlernier cri"- nenrlant que les autorités of'ici~Tl~8
avouent leur ignorance totale quant ft leur ~rovenance.
(t) Marchés populaires de Dakar.

- 23 -
G~n~ralement, ees artieles
sont introduits au Sén~~al ~ar
le biais de eireuits vari~s, le plus souvent offieieux voire elandestins.
Les filières les mieux or~anisées sont les voya~eurs en
provenanee de l'étranger (travailleurs émigrés d'Europe ou de Libye)
et les filières gambienne (via Kaolaek) et espa~nole (Las Palmas via
la Mauritanie).(1)
Par eons~quent, les ebiffres que nous utilisons dans notre"
travail ne sont que purement indieatifs de l'évolution du "pare
offieiel" de r~eepteurs et ne doivent être eonsid~rés que eomme tels.
b) Le publie de la radio au Sénégal.
Contrairement aux soeiétés industrielles d'Europe ou
d'Amérique du Nord, le publie de la radio est diffieile à appréhender,
au Séné~al eomme ailleurs en Afrique.
* D'une part, les eritères méthodologiques habituellement en
vi~eur dans les instituts de sondage d'opinion Ge révèlent parfaitement
inopérants ici.
C'est que l'enquête sociolo~ique elassique par questionnaire
est loin d'être anerée dans les moeurs africaines(2) et séné~alaise8
(1) Ce sont le filières frauduleuses partieulièrement dynamiques.
(2) A ee propos Guy Breton note: "Il n'est pas démontr~ que l'appliea-
tion, san8 une longue et attentive ada~tation, des méthodes mises au
voint dans les pays industrialisés, donne toujours des résultats eon-
vaineants en Af~ique, en partieulier hors des eentres uTb8fn8.~~~ in
Contribution à la reeherehe d'une me~11eure connaissanep. de l~anditoire,
Paris, Radio-Franee Internationale, p.2

- 24 -
en particulier.
Par ailleurs, la sinc~rit~ des "enquêtés" n'est pas toujours
~vidente.Bon nombre de biais entachent les informations ainsi recueillies.
Une étude d'auditeurs effectuée à Dakar(t) est ~Artienlière-
.ent ~difiante à cet égard :
"Les fe••ea refusent souvent répondre à nos questions quand leur
mari n'est pas là. Par contre, lorsque ce dernier était là, c'était
bien souvent lui qui répondait aux questions pos~es••• "(2), témoignent
certains enquêteurs.
* D'Autre ~art, il est difficile -voire parfois impossible-
d'obtenir un échantillon suffisamment re.résentatif de la nonulation
nationale.
C'est donc dire que les quelques sondages d'écoute que nous
BTons ~u exploiter dans le cadre de notre travail restent assez
sectoriels et ne sauraient, ~ar eons~quent, donner lieu à quelqu'extra-
~olatiou significative que ce soit.
c) Les sources sonores et grilles de programme.
Elaborer une thèse universitaire sur la rafliofliffus;on sans
se référer aux sources sonores ou aux grilles de programmes parait, à
(t' Etude d'auditeurs, Dakar, Juillet t972, Seer~tariat général de la
Pr~sidence, Bureau Organisation et Méthode, Ministère de l'Education
nationale, Univer8it~ de Dakar, IUT, ef. infra.
(2) Etude d'auditeurs déjà cité ~.

- 25 -
cou~ sûr, diffieileaent coneevable. Nous en sommes persuad~.
Toutefois, rassembler un corpus cohérent d'émissions radio ou,
à défaut, de grilles de programmes, n'a pas été pour nous, une tAche
facile.
A cela plusieurs raisons :
* Les diffieultés d'accès aux sources sonores de l'ORTS.
Accéder au patrimoine sonore de l'ORTS tient quasiment de la
gageure, un véritable "secret d'Etat" entourant celui-ci.
A cette contrainte ~olitique -suffisamment connuerét aisément
com~réhensible- vient se ~reffer un obstacle purement technique : les
différentes é.issions archivées sont le plus souvent conservées sur
des bandes professionnelles ouvertes.
Ce Qui n'en facilite ni la lecture (difficilement envisa~eable
ailleurs que dans les sturlios mêmes de l'ORTS) ni, "a fortiori", le
re~iqua~e (opération qui nécessite, on s'en doute, le recours à des
équipements spéciaux dont l'ORTS est, pour le moment, rlé~onrTU).
Autre contrainte d'ordre pratique: eu ~~ard à notre ~ériodf­
sation, il est quasi-impossible de rlis~oser à l'ORTS rle documents
sonores d'époque de bonne Qualité. En particulier sur la période
d'avant la deuxième Guerre Mondiale.
Cette dernière contrainte subsiste, en dépit des r~els
efforts -assez honorables il faut le souligner- des responsables de

- 26 -
l'ORTS ~our une bonne conservation des archives sonores.
* L'in.tabilit~ de la programNation.
Contraire.ent ft la tradition en vigueur dans les services
de ~ro~ra. .e. radio, la ~ro~ramNation ft l'ORTS -aussi bien en radio
ou'~n t~lévision- est loin ~'p.tre un~ ~onnée stable et r~~ulière dans
le tem~s.
Très souvent celle-ci est modifiée au Br~ des im~~ratifs de
llaetualit~.
En effet, il n'est ~as rare que, bon nombre d'~missions
pourtant annonc~es, soient ~urement et sim~lement su~prim~es, en raison
d'un "événeMent exee~tionnel"(l' (politique le plus souvent, par
exemple la retransMission inté~rAle -en"direet" ou en "diff~r~"- de
discours officiel. du Chef de l'EtAt'.
Cette ultra-flexibilit~ ~e la ~rille ~ps nro~rAmmes n'Autorise
«uère, COMMe on le constate, la possibilit~ d'une ~tude suivie de
l'~volution des ~rograMMes radio sur une période si«nificative.
d) Les sources doeumentaire&.
Pour réunir les matp.riaux thporiques de notre travail, nous
nous sommes référ~ ft 6 eat~Jories de sources :
(1) C'est l'explication habituelle.ent avane~e par les responsables
des programmes.

- 27 -
* Docu.ents d'archives sur la ra~iodiffusion.
Il s'agit:
,..
_ Des rapports périodiques du Gouvernement Général de ItAOF, des
administrateurs et chefs des services territoriaux du Sénégal(1) et
Journau~ of1iciels de l'AOF ~e 1910 l 1958.
- A cette série,il convient d'ajouter la série des ra~~orts annuels
d'activité sur le fonctionnement du réseau radiotélégra~bique de l'AOP
(de 1920 à 1939), du service fédéral de l'Information et de la Radio~if­
fusion (1960) et du ministère de l'Inforw.ation, de la Radiodiffusion et
de la Presse du Sénégal (1960 R 1962).(2)
En dénit ~e la Qualité incontestable ~eR in10r~~tion8
-"",r10;s con1identielles- Qu'ils fournissent, Et la 10is sur If> ré8P"u
r8~iotélégr8~bique de l'AOF et sur la ra~iodif1usion sénpgalaise À ses
débuts, ces différents documents "~chent ce~endant nar leurs caractères
~iscontinu et lacunaire.
D'une ~art, les ran~orts sont littéralement muets sur la
~prio~e 1939-1952.
Les conséquences ~e la ~euriè.e guerre mondiale et les symna-
thi~s "vichystp.s" du Gouvl'l"netll" G~n~rRl ~P. l'AOf' Atl courR ~f' Cf't,tp
nério~p(;) er~liQuent 8ans doute cela.
(1' Ces ral'l'orts sont rassemblés sous les codes 0 et 2G aurArcbives
Nationales du Séné~al.
(2) C.f. infra.

- 28 -
D'autre part, au-delA de 1962, il nous a été quasiment impos-
sible d'accéder aux documents d'archives concernant la pl.riode post-
Ind'pendance.
"Nous n'avons pas Ip- droit de communiquer au uublie ces
docump-nts avant un certain d~lai"
nous a expli"u~ le rp-sponsables des
Archives Nationales.
Dans ces conditions, toute exnloitation eohérentp- et signifi-
cative de données historiques sur la radio au Sénégal s'avérait difficile.
Ce qui, en soi, constitue un handicap majeur.
* Travaux universitaires sur la radio au Sénégal.
Les travaux universitaires consacrés spécifiquement A la
radio au Sénégal sont très peu l~~ion.
Néanmoins, nous avons nu tirer parti d'une des rares études
recensées dans ce domaine.
Il s'agit de l'étude intitul~e : les MOlens d'information au
au S&.n&.~al r&.alis~e par Tamimou BOKOUM et Ibrahima DEM dans le cadre
~'un m&moire À l'IFP de P~Tis(1'.
dans son approche trop ~én~ralp- du sujet,davanta~e centrée sur la presse
écrite et la politique gouvernementale sénégalaise en matière d'information.
(1) Paris, 1973, 75 pages. C.f. Bibli~graphie.

- 29 -
Seules quelques allusions ~~n~ra1e. y sont faites l la
radiodiffusion.
* Sondages d'éeoute.
travaillé à partir des études suivantes :
-"Les morens d'information en Afrique
synthèse des résultatsr
Enquête IFOP(1l, Paris, 1964.
-"L'étude de la radiodiffusion nationale: étude d'auditeurs(2)~
Enquête Projet PNUD/ONU/ Séné~al 24, Dakar, 1972, 161 feuillets daety-
lo~ral)hiés•
-"L'opération "Vax se xalaat"(3): Enquête RFI (Bureau des Missions
de Pro~rammes), ORTS (SERD), Dakar, 1976, 88 l)a.es daetylo.ral)hfées.
A ees études, il eonvient d'ajouter qupIQUP~ ~lé~ent8 du
sondage ORTS/ Le Soleil r~a1isé au Séné(tal les 21 et 22 juillet 1984. (4)
(1' Enquête réalisée dans 5 l)ays d'Afrique noire: Camproun, Côte d'Ivoire,
Ghana, Séné,al et TO(to.
(2) Etude faite ~ Dakar en Juillet 1972. Ont eollahor~ ~ CP travail:
la Présidenee de la Rél)uhli~ue et le Bureau OrŒani~ation et Méthode (BOM),
le Ministère de l'Edueation nationale, l'Université t'fe Dakl'\\r, et
l'Institut Universitaire de Teehnolo~ie (IUT).
(3) Terme wolof signifiant étYlllolo(tiquelllent : "Dis ee "ue tu penses."
(4) Quelques extraits des eonelusions de ee sondage ont été l)ubliés
dans "Faites eonnaissance avee l'ORTS (plaquette réalisée l)ar l'ORTS en
nove.'bre 19851.

- 30 -
Malrr~ leur int~rat ~vi~ent, ces dif1~rente8 ~tudes ~r~Ben-
tent, 10US certains aspects, des limites r~ellel.
L'enqu&te IFOP et l'Etude d'auditeurs en particulier, ont ~t~
r~ali8~es alors que la t~l~vision n'existait pas en~ore au S~n~«al.
Par consp.~uent, l~tJrs conclusions n'autorisent guère une
analyse cOIiParp.e de l'o'Pinion des ~oltulations s~n~gal!\\i I!"~S sur l'ensem-
ble des "lledia" (uresse ~crit~, ra~io et tp.lévision'.
(~ifficulté d'obtenir un êchantillon suffisammp.nt re~résentatif, uro-
blèmes de compr~hension de certains concepts liés au faible niveau
d'instruction des populations) certains de ces sondages sont sujets À
r~serves,au plan de leur inter~rétation globale.
C'est le cas de l'Etude d'auditeurs de 1972 et du sondage ORTSI
Le Soleil de 198~,qui n'ont touché qu'une population déterminp.e.(l)
En d~finitive, seule l'Opération "Wax se ~alaat" s'est
révél~e être l'~tude d'opinion la plus significative JUSQu'alors réalisp.p.
au S~négal.
Son intérêt se situe à plusieurs niveaux
- Réalisée en 1976, cette enquête s'est déroulp.e ~ un moment o~ la
--------------'-----,-------
(1) l'Etude d'auditeurs n'a concern~ que les habitants de certains quar-
tiers de Dakar. D'autre part, de l'avis .ême des res~onsables de l'en-
quête, "le rapport hoaaes/fe ••es (2/' d'hommes et 1/3 de femmes) ntest
pas non plus repr~sentatif de la ~opulation de Dakar."
Quant au sondage ORTS/Le Soleil, il n'a conBidp.ré 'lue 500 auditeurs et
tél~spectateurs repr~sentant ceux qui ont bien voulu retourner leurs
questionnaires dGment remplis.

- 31 -
télévision s6négalaise existe de~uis 4 années.
De ce point de vue, ses r~sultats sont révélateurs de
l'opinion générale des Sénégalais sur les deux "media" audio-visuels:
la radiodiffusion et la t~l~vision.
- Elle a d'autre part concerné 2 régions différentes du Sénégal
(le Cap-Vert et le Fleuve) et touché par conséquent 2 caté~ories de
populations (rurales et urbaines) significatives ~es caractéristiques
de la société sénégalaise.
Ainsi, à défaut d'nne ima~e nationale, l'opération donne -à tout
le moins-
une physionomie d'ensemble assez repr~sentative de l'opinion
qu'ont les sénégalais de leur radio et de leur tél~vision.
- Au plan méthodologique enfin, l'opération
Wax se xalaat a utilisé
une nouvelle approche des ~o"ulations diff~rente des dispositifs socio-
lo~i~ups traditionnels :
• Une méthode d'approche basée essentielle.ent sur les "media"
nationaux (radio et télévision).(l)
• Une orientation qualitative de la recherche,au lieu d'un sondage
quantitatif, par la mise en place de structures sociales représentatives
(1) L'opération a été précédée d'une préparation minutieuse: des
tournées d'enregistrement ont été or~anisées dans les ré~ion8-test8 et
de. 'missions d'incitation ("flashes" de lancement en radio et télévi-
sion) ont été réalisées et diffusées en français et en wolof.

- - - - - - - - - - - - -
-
- -
- ;2 -
de la ,opulation s~n~galaise : les grou,es d'~coutes volontaires.(1l
Sondage de type nouveau et profond~.ent original car
ro.,ant avec les outils d'enquête classiques, l'op~ration War se ::r:alaat
a su ainsi d~.ontrer la fiabilit~ du système mis au ,oint dans une
étude d'auditoire.
Pour les responsables de l'ORTS "les indications ainsi
recuêillies ont ,ermis, entre autres, aur communicateurs ~e l'ORTS de
se faire une id~e de la structure de l'auditoire, de ses tendances
générales et surtout d'a~~récier à sa juste valeur les réactions susci-
tées ~ar l'au~arition de la télévision ••• l'inconnue inté~rale••• "(2l
Aussi avons nous ~rivélé~ié l'er~loitation des résultats ~e
cette enquête dans l'étude de l'auditoire de la radio au Sén~~al, dans
la cadre de ce travail.
("5'
* T~moignages divers •.
Pour ,allier certaines lacunes que nous avons décel~es au
(1l L'enqu~te s'est d~roulée à partir de grou,es d'écoutes volontaires
répartis géogra~bi~uement dans 2 ré~ions-témoins : Cap-Vert (Sicap,
Fass, Plateau) et Fleuve (Podor, Ndioum, Ourossogui, Da~ana, Matam,
Aéré-Lao, Cascas'. Leurs opinions, critiques et su~~estion8 concernant
tous les as~ects des ~ro~rammes radio et t~l~vision (horaires, formes,
sujets, ~ualité, etc ••• l &taient sollicitées in~ivi~upllemp"t (enrp~i~­
trements d'entretiens semi-directifs ou lettres individuelles' et col-
lectivement (ra"orts d'~coute'.
(2) Mamour DIOUM,"La recberche pour une a.~lioration de la connaissanCe
.de l 'audi toire", cOllllunicat:f on de l ' ORTS fi la XIX session de l'Assembl&e
gén~rale de l'URTNA, Dakar, ;1 janvier - 7 février 1979, pn. 9-1t.
(;\\ Pour la liste des t~moins c.f. Anne:r:~s.

- ~; -
niveau des docu.ents d'archives mais surtout, afin ~e resneeter le
caractère historique de notre d~marche, nous nous sommes apnuy~s ~~a-
le.ent sur divers t~.oigna~es :
- T~.oignages de "pionniers"(1) de la radio au S~n~gal : journalistes,
ayant, à des titres divers, occupé des fonctions précises à la Radio-
diffusion s~n~galaise, aussi bien sous la Colonisation qu'après celle-ci.
- Témoignages de simples citoyens sén~galais contemporains de
Radio-Dakar et Radio Inter AOF ou ayant connu la radio au~ tout ~&buts
* Ouvrages sur l'histoire politique du S&n!,al.
L'&volution de la nlace et ~u r61e de la ra~iodiffusion au
S&n&~al est, comme nous l'avons in~iQuP dans notre avant-nronoR, à
l'i.are ~e l'histoire politique du S&n&ral elle-m~me.
Il était donc indis~ensable pour nous, de nous r~f&rer à des
&tudes historiques Qui rendent eomnte des ~tapes majeures ~e la formation
de l'Etat 8~n~~alais.
Ruiv~nt~
- de BENOIST (Joseph Rorer), La Balkanisation de l'Afrique Occiden-
tale Fran~i8e, Dakftr, Abidjan, Lom&, Les Nouvelles
Editions Africaines, 1979, 284 pares.
(1l ParMi ceux-ci nous avons pu rencontrer quelques aŒents (journalistes-
renorters, animateurs de prorrammes, etc ••• ) formps À la SORAFOM à
uartir de 1955.

- ~4 -
- de BENOIST (Joseph Roger), l'Afrique Occidentale Française de
19"" à 1960, Dakar, Abid.1an, Lomé, les Nouvelles Editions
Africaines, 198;, 619 ~a~es.
- DIA (MawIf,dou), Mémoire'!. d'un ltIili.tant du ~ier,,-Mondp., Paris,
Editions PubH.sud, 1986, 2"5lJ.
- NDHYE (Guetlpl), L'Rchp~_~~"!.~t:,(fl,(rA.tiontl11 MRli, nRkRr, nitl.îA.n,
Lomé, Les Nouvelles Editions Africaines, 1980, 190 ~a~es.
- LO (Magatte), L'heu~e ~u choix, Paris, Editions l'Harmattan
(Collection Mémoires africaines), 1986, 107 oa,e8.
Les deux ouvra,es du rév~rend ~ère de BENOIST nous ont fourni
(la "halkanisation", les "~uerelles fédéralistes" dans lA. 8ous-ré~ion
ouest-africaine) et de la mise en ~lace des structures ~olitico-adminis-
tratives du futur Sénégal indénendant.
Quantà Guédel NnJA.YR, MalZ'l\\tt.e LO pt MllmA.lf011 nu., Cf>S troi 8
auteurs a~~ortent, chacun pn Cf> ~ui le concerne, 11n 'clA.irI\\Œe sin«ulif>r
sur deux moments décisifs et ~articulière"'ent controversés de l'histoire
Séné~al et le Soudan,et le COUlJ d'Etat du 17 décembrf> tq62 de l'ancien
"résident du Conseil du G011Vf>rnempnt sénéŒalais Maml\\tlon nIA.
L'intér~t de ces différents travaux réBifle, aVl\\nt t011t,
dans leur caractère de traité de 8oeiolo~ie ~olitiQue -jusou'alors
inéditf>- sur le Séné«al.

- 35 -
De 8urerott, ils ~r~sentent l'avantage de d@voiler assez
elaireM~nt,le earaet~re d'enjeu ~olltique et strat@~ique que la radio-
diffusion a revêtu,dès le lendemain de la Deuxième guerre mondiale
et au eours des premières ann'es de souverainet~ politique du S~n~~al.
Un certain nombre de .iournBU'l1' d'époque (ollot,;.He1\\s, hebdomadBi-
r~8 et mensuels d'information' nous ont ~~alem@nt fourni de nrlcieuses
donn~e8 sur la radiodiffusion au S~n~,al.
Parmi ces u'riodiQues il convi~nt df> citpr : les "uotidiens
Da1<ar-Matin{t), Le Monde, l 'hebdomfld'lire Afrique Nouvelle, n011r l'essentiel.
A cps n~riodi~up~ d'information générflle, il faut fljonter
certaineB publications spécialisées: le mensuel tl'oninio1\\ Le Mflli (2'
et la revue Multiplex
(recueil de notes professionnelle~ r~ali8P nar
Radio-Frflnce Internfltionale ~VPC Ip concours rlP~ RRdiodiffusio"~
d'Afrinue et de l'Océan Indien).
q. Les grandes articulations de notre travail.
- - - - - _ .
(1) Dakar-Matin, devenu depuis Mai 1971 Le Soleil (Quotidien nfltiona1
d'informat:fon du S@négal) fl lui -même sucë1dé il Pari s-Dakar (premier
hebdOMadaire d'information du Spn~gal cr~é en 1933 ~ar le groupe DE
BRE'f'lUIL) •
{21 Organe central du Parti Fédéral Africain (PFA'
principale formation
politique de la F~d6ration du MflIi, aujourd'hui disparu en m~me temps
qu~ la F~dération.

- )6 -
cbacune, à trois aoments particulièrement si~nificatifs ~~ l'~volution
de la radiodiffusion au Séné~al :
- Notre ~re~ière ~artie intitulée: "Naissance ~t croissanc~ de la
radio au Sénégal" va de 1911 à 1957.
Comm~ on le CO"'~tAt~. notre u';riorlilH,tion rpIllont." ?l. lQll.
date de création du réseau radiotélégrapbique de l'AOF.
Nous voulons ainsi souli~ner le fait Qu'au Sén~~al, comme
ailleurs dans l~ monde, la ra~iotélé~ranbie ft précédé la ra~ionbonie.
Or les historiens situent -~ tort selon nous- 1~8 déhuts de
la radio au Sénégal en 1939 avec la création de la station Radio-DRka~,
ouhliant ainsi qu'à Dakar et même à Rufisque, i l existait, hi~n avant
la nremière guerre mondial~, des nostes émetteurs-réc~nteurs aunartenant
au rés~au de radiotélé~rauhip de l'AOF et ~ui ont nr8tiQuem~nt ipt~
les haRf>S de la Tadiodiffu~ion coloniale ~ui fonctionnPT~ nltlri"urempnt.
Rapveler cette "uréhistoire" de la rR~io au SénéŒ8l c'est,
à notre avis, contribuer à la co",uréhension m~1fte df> l'bistoirf> ~f> Cf>
"me~ium" au Sénégal et du r31e Qu'il y jouera nlus t8r~.
Car commp 1~ fHit ohH~rvpr Alhprt AYCART
"l'histoire de~ d~hut~ de lA radiodiffusion en Afri"up reste ~
~eriTP. Elle n'est pRB spnarahle de l 'histoire de la radio~iffusion dans
le mon~e, et l'gn s'a~ercevra sans ~oute, qu'en ce domaine comme en
beaucoup d'autres, un mouvement pen~ulaire s'est instauré entre le

- 17 -
lieu de l'im~ulsion initiale et le terrain où les théories ont ~ris
"(1'
eor~s •••
Par ailleurs, l'am~litude de la période eon8id~rée (1911-
1957l, soit ~6 ans, réflète suffisamment bien le rythme relativement
lent et chaotique de la mise en place et de la croissance de la radio
au S~n~gal : les ~éripéties de la deuxième ~uerre mondiale ont freiné
le d~velo~pement de l'embryon d'infrastructure de radiodiffusion Qui
existait à Dakar à ~artir de 19;2.(2l
Plus tard, la Libération et la découverte, durant la guerre,
du ~ouvoir des ondes courtes, vont donner une impulldon nouvelle à cet
instrument politico-administratif efficace qu'est la radiodiffusion.
Cette im~ulsion, du reste, se ~oursuivra en s'amplifiant, à
l'avènement de la "loi-cadre" de lQ56,voire au-delÀ.
Sénégal" s'étend, pour sa Dart, sur une période de 15 ans (1957-1970).
Cet intervalle, beaucouD nlus court que le Dr~cédent,
symbolise néanmoins le rythme de croissance particulièrement rapide
ou'a connu
la radio au S~np~ld, ~Oll~ la pres~don d'~vénemf'nt!; vnrio!,!
(1) Albert AYCART dans la préface de l'ouvrap;e de Guy ROBERT: La produc-
tion radiophonique: voie~i~~es, méthod~, Paris, RFI, 1977.

- 18 -
* d'un cat', la loi-cadre de 1956 qui a g~n'r' un ~ns~mbl~ d~
mutations ~olitiqnes de grande port~e dans les ancienn~s colonies
françaises d'outre-mer.
A l'instar des autres territoires coloniaux, le S'né~al
s'acheminera ainsi vers l'ind'~endance ;
* de l'autre, la création de la Société de Radiodiffusion de la
France d'outre-mer (SORAFOM) et la mise en oeuvre de sa politique de
formation des premiers a~ents de radio africains, qui acc~l~rent le pro-
cessus d'émancipation culturelle des diverses stations territoriales.
Bénéficiaire de cett~ situation, la ra~iodiffu8ion séné~a­
laise connait un ensemble de mutations significatives au plan ~es infras-
tructures d'émission.
Ainsi, cette deuxième partie de notre travail
rend compte
des diverses luttes politiques et culturelles auxquelles IR ~oci~t~
s~n~~alRise a servi de cadre ~ partir de 1957 et dans lesquelles la
radio ft joué un raIe de prota~oniste actif.
Pour la radiodiffusion sénégalaise, cette p~riode 1957-1970
a con8titu~ le véritable "&Œe d'or".
En effet, ~ partir de 1960, la radio est perçue par les auto-
social ~t culturel du Séné~al indépendant.

-')9 -
-
Notre troisième et dernière partie est intitultte : "De la
Radiodiffusion du Sénégal à l'office de Radiodiffusion et T~1~vi8ion
du Sénégal (Q!!~) : ~970-1986".
Il s'agira, pour l'~8sentiel, d'y fair~ le point sur
l'~volution de la radiodiffusion au S~n~gal au cours des 16 ~erni~res
années et,
Ce, dans un contexte socio-politique cftractéris~ par:
* l'avènement de nouveauX "medias" dont la t~l~vision, denuis
1973,
* J'instauration, depuis 1981, d'un nouvel ordre politique national
de "d~mocratie multipartisan~."
Nous essayerons, à cet é~arrl, d'analyser )a percention
qu'ont les Sénégalais, aujourd'hui, de la radio -simple instrument
de transmission militaire et administratif au d~part, devenu par la
suite, moyen d'information privilé~i~ des populations et véritable ins-
titut,ion au,;ourd'hui- par rall\\lOrt f\\l1X <lllt,rf>S ttme1iias" (journaux,
télévision).
Nous tenterons é~aleMent ~e vérifier si la radio sén~~alaise
a réussi dans les diverses missions de promotion de la culture
nationalp et d'~mancipation ~nriAlp ~t ~~nnomi~tlP ~PS nnpulAtinns dont
elle ft &t~ r~~uli~rement investie RU cours rle sa lon~up histoire.
On le voit, à travers ses principales articulations, notre
travail s'apparente davantage à une analyse chronolo~ique de la place
et du rôle de la radio au Sénégal qu'à une étude syst~matique de ce

"mediua" comme telle.
Une telle option méthodologique nous a été imposée par
les circonstances particuli~res qui ont entouré nos recherches : les
nombreuses contraintes de toutes sortes auxquelles nous nous sommes
heurté et qui nous ont obli~p à restreindre notre chamn rl'intérët,
en évoluant dans le cadre strict d'une analyse historique.
*
*
*

PREMIERE
PARTIE
NAISSANCE ET CROISSANCE DE LA RADIO AU
--------------------------------------
SENEGAL

- 42 -
Chapitre I :
LA "PREHISTOIRE" DE LA RADIO AU SENEGAL : LA RADIOTELEGRAPHIE
COLONIALE (1911-19~2)
Au S~n~~ftl,
les rl&butR
de la rarlio sp confondent
avec la
mise en place, en 1911, du réseau radiotélégra~hique de l'Afrique
C'est donc dire qu'au Séné~al, comme ailleurs dans le monde,
l'histoire de la radiodiffusion sonore est inséparable de l'étape de la
rftdiotélégra~bie qui en a jeté les fondements.
1) La TSF coloniale.
1°) Le réseau radiotp.légra~higue de l'AOF (1911)
Créé ~ar arrêté du Gouverneur Général de l'AOF le 12 juillet
1911(1) t
le réseau radiot~I&Œra~hi~ue oe l'AOF comprend un cha~plet d~
stations de T.S.F. -au nombre desouell~s figurent les stations de Dakar-
Ouakam et Rufisque au Sénégal- disséminées sur toute la côte ouest-
africaine.(2)
(1) Arr~té nO 712 bis or~anisant le service radiotél&~raDhiQuP rle l"OF
in Journal officiel de l'AOF, 18 novembre 1911, 0.746
(2) Outre les stations de Dakar-Ouakam et Rufisque, le réseau comprenait
les stations de Port-Etienne, Conakry, Monrovia, Bassam, Tabou et
Cotonou.

-
41 -
Certes,
à propos oe ces stations, il est oifficile oe
parler de syst~mes de oiffusion oe "masse".
Celles-ci, ~ l'im8~e Ou r~seau de raoiot~l~~raphie sans fil,
dont elles font partie, ne sont rien moins oue rle simples oispositifs
de t~l~~raphie sans fil,
~ ugage strictement administrAtif et militaire.
Parmi les fonctions attribuées au réseau on note
:
"la correspondance publique g~n~rale entre la C8te et les navires ~n mer
oe toutes nationalit~s et l'acheminement de leurs messages sur tous
pays: La corresponoance publioue g~n~rale entre les stations ra~iotél~-
graphi~ues ; l'envoi ~e signaux horaires aux navires en mer, pour les
besoins de la navi~ation ; l'envoi de signaux sp~ciaux pour la rl&termi-
nation des longitudes et les besoins du service g~ographioue."(l)
Il reste, cependant, qu'avec l'existence rlès 1911 sur son
territoire de stations rle TSF,
le S~n~gal faisait Rsse7 t3t ses nremiers
pas dans l'ère de la r~rliodiffusion.
Ce qui,
seulement 8 annpes apr~s la r&alisation par le
commandant Ferrié de la première station française oe TSF(2),
constitue,
(1) Journal officiel rlp l'\\OF,
18 novemhre 1Q11, ".746.
(2) En 1903 ~ partir de la Tour Eiffel. A ce nronos Bernard POU70LS
note: "En 1901, la Tour Fiffel, vieille oe seulement 14
ans,
suscite
beaucoup de critiques des Parisiens qui
la jugent inesth&tioue ••• Pour
sauver son œuvre, Eiffel
a l'iope, fort ingpnieuse, Oe la mettre R la
rlispoeition des militaires pour les besoins de la TSF. Le ministère de
la Guerre accepte cette offre et confie au commandant Ferri& le soin de
r~aliser ce Qui allait rlevenir la première grande station française
d'émission". in LorSQue la rAdio s'appelait TSF, PAris, Fditio~s Fric
Baschet, 1982, p.27.

- 44 -
Si si~nificativ~ soit-~ll~, c~tte entr~e rRni~e ~u S~n~~al
dans l'histoire de la ra~io~iffusion se comprend aisément, ~ans le
contexte historique et politique de l'époque:
* Dakar, capitale de l'AOF ~epuis 1904, constitue une hase mili-
taire importante.
En outre,
sa position ~~ographique favorable et son port en
eau profonde lui confèrent l~ rôle ~e carrefour maritime important.
"Au point de vue trafic, Dakar est le poste le plus important du
réseau"(1) notent les rapports administratifs de l'~poque.
* Par ailleurs, la première ~uerre mondiale est proche et le
Séné~al, à l'instar des autres territoires de l'AOF, constitue un point
précieux de ravitaillement en vivres et en troupes.
"Nos possessions d'outre-mer fournissent en ahondance des matières
premières stratégiques, des produits alimentaires. Elles sont aussi
une réserve de troupes fratches et très combatives. Par voie de mer,
le temps d'acheminement des ordres est 8ensihl~ment le m~me Que celui
n'cessaire au transport des troupes et des marchandises vers la
métrooole. Si les ordres sont transmis par radio,
on ~a~ne plusieurs
s~mainp~••• " constate Bernarrl Pouzol~.(2)
On le voit, dans un contexte dominé par les nécessités du
(1' ~O.F'1 Réseau~radiotélé!TaohtQu~,Rapport d'~n8emble 1925, p.6.
(2' Rern~T~ Pou~ols, OnUs ~éj~ cité, 0.11

- 45 -
dl~loip~ent de l'admini8tration coloniale et les prp-paratifs de la
première guerre mondiale, le réseau radiotélégraphique de l'AOF
demeure, pour l'essentiel, un moyen de communication rapide et efficace
entre la France et ses colonies d'outre-mer.
A l'int~rieur ~e ce T~seau, l'importance de la station de
Dakar se confirme au cours des années suivantes et se traduit par une
série de transformations significatives.
Ainsi, en 1928, le poste de Dakar devient centre radiotélé-
graphique.
2°) Le centre radiotélégraphique de Dakar (1Q28)
Au lendemain de la oremi~re ~uerre monrliale, Dakar est au
centre d'un trafic important.
Son poste de TSF,
e~nloit& nrincinalpment n"r "du nersonnel
européen fourni par la Marine de l'Etat"(1) assure les services tradi-
tionnelle.ent dévolus aU8 stations radiotélégraphi~u@s(2) mai8 aussi
des liaisons p08tales.(3)
(1) A.D.F., R&seau radiotpl&~Tanhique, Rapport ~'pnsemble ~~j~ cité, n.6
(2) Ce sont les liaisons côtières avec les navires et la communication
de signaux horaires et métp-o aux avions.
(3) A cet effet, un opérateur mis à la disposition du reeeveur des PTT
de Dakar e8t chargé d'acheminer rapidement des radiogrammes au domicile
des différents abonnés.

- 46 -
Assez vite cependant, le matériel de la station, v~tuste
et obsol~te, pose des probl~.es de fonctionnement.
"Les moteurs thermiques, les amplificateurs et hétérodynes s'usent
rapideMent. Sous l'action de l'humidité les bobines de self et les
tr~nsformateurs s'oxydent pt se counent ••• Les haubans connaissent
des ruptures fréquentes tandis que les antennes ~ fils b{-metal1i~ues
donnent de mauvais rendements" souli~nent les rapports de l'~noQue.(1)
outre l'usure du mat~riel, les relations de la station
dAkAroise avec les PTT ne se rp.vèlent nas non nlus satisfaisa~tp.s.
"L'~chan~e de communication n'est nas aussi ranide ou'il devrait
l'~trp. Ainsi nour DAkAr et Rufisoup,
le retard Rnuort& uar le~ for~a-
litps d'acheminement iles radiol!rAmmes 'Peut atteindrp 24 heurp!'t"
(2'
constatpnt les m~mes rapports.
Ponr la station dakaroise, un allè~pmpnt dps RPrvice~
s'imnose, de m~me Qu'une am~lioration de la qualit~ dps ~ouipempnts.
et 'Place de l'ancien poste devenu dpsormais peu fonctionnel.
Unit~ imnortantp de liaison radiot~lpl!ranhioup, 10 centre de
Dakar s'annuie sur 2 élp.m~nts aux fonctions hien nrpcisp~
(1) R811port d'ensemble_s.!!r-l.e. fonctionnement du réseRu rRdiotpl,{g!:.aPl1.!.-
que de l'AOF, 1924, p.1
(2) Rapnort déjà cité ,.4

- 47 -
al Le poste de Dakar Côtier.(l)
COlllme l'indiQue Ron nom, CP noste ~met, essentiellement ft
destination des navires en mer et assure une veille ~ermanente.
Ce poste assure des liaisons radiotp-lp-~ranhi~uP8 lnter-AOF
(ltvec 'ps autres "ostes de l'AOF) et internationales (avec Ip Maroc
en nartieulïer
soit en direct via Casablanca ou en retransmis via
Chin~uetti)•
En outre, le nostp ~e Dakar Intp.rieur rpcpntionne le tr~fic
pmis nAr la station service ~p Bor~ea"~ - Croix d'Hins.(1'
On le voit, la transformation du noste dp Dakar en cpntrp
rAdiotpl&granhi~ue se traduit nar une
am'lioration sensiblp dp la
ficative de la vocation de la station dakaroise.
(1) Ce ~oste eOlllnrend une baraqn~ d'émission situpe route de Lazaret et
un centre de réce~tion et de maninulation situé au dessus de la Poste
nrinèinale. Ces deux plpmpnt~ ~ont rplips nar des li~nes de maninulatton
et de rêce~tion qui suivent 18 Corni~hp.
(2) Au "oste de Dakar Intprieur nput ~trp rattaché le centre radio ins-
tal1p À la ~rande noste de Daknr, char~p d'assurer la liaison entre les
postes radio, d'une part, les services de PTT et le service des cAbles
d'autre part.
(3) Il s'agit de l'écoute journalière des signaux horaires diffusés deux
fois par jours (à 8 heures et 20 heures' sur l'émetteur ondes lon~ués
de la station Croix d'HinB (Bordeaux).

- - - - - - - - - - - - - - - -
- 48 -
M~me si les liaisons c3ti~r~8 et a~ri~nnps se noursuiv~nt,
la ~alllllle des services désorlllaifil assur~s par la station 8'''lar~it, ~t
se diversifie.
* Dor~navant le trafic av~c la m~tronole, jusQu'ftlors con~l1 fie
fftçon strictement unilatpra1~(1' oeut ~tre envis8~t rlAns 1eR rlpux sens.
* De même, les liaisons entre le S"né~al et les autres territoires
de ItlOF voire les autres colonies frftnçaises voisines -en nftrticulier
le Maroc- peu importantes jus~ut~ maintenant sont devenues relativeMent
linsi, avec la crtation du centre radiot"lp~rftnhioue de
Dftkar, ~ la s~h~re dtpmission p1ar~i~ et aux moyens techniqueR
de dif-
imoortante de son ~volution vers la radiodiffusion sonore.
du noste de TSF intercolonial de Dakar.
rr'
Le "oste TSF interc01onia1
de Dakar (1932'.
- - - - - - - - - - - - - - -----~---
(1) Le ra~port dtensemble sur le fonctionnement du rpseau radiot~l~­
~rauhiQue de ItlOF, 1925 est explicite ~ cet "~ard : "Lft liaison unila-
térale dans le sens Métropole-lOF réalisable partout, presque sans
frais, eet pratiquement en service pour les postes de Dakar, Conftkry,
Baseam et Cotonou. On peut envis8~er dès maintenant ltéventualit" de la
liaison directe dans les deux sens des principales colonieA du ~rouoe
avec la Mptrooole •.• " 0.9.

- 49 -
postes de l'AOF et les autres colonies françaises voisines, de m~me
la p08sibilit6 d'~tablir d~sormais une liai80n ~ double sen8 entre
Paris et Dakar -grâce au centre radiot61égraphique de Dakar- ouvrent,
l
~artir de 1932, de réelles ~ers~ectives pour une exploitation
radiophonique au Sénégal.
C'est qu'aux plans technique et financier,
les conditions
~our une telle exploitation sont réunies.
"On peut envisager dès maintenant l'éventualité de la liaison
directe dans les deux sens des principales colonies du ~rou~e avec
la Métro~ole. Les frais d'installation pour un poste destiné à émettre
de Bassam à Paris ne sont ~as'beaucou~ plus élevés que ceux exi~~s
nour l'~tablissement d'un poste Qui devrait porter de Bassam ~ Bamako.
Le mime modèle de poste assurerait d'ailleurs la liaison directe de
Dakar avec les chefs-lieux des colonies du grou~e. Cette liaison
~ourrait m~me, si on le désire ~tre radio~honiQue" indi~ue un ranport
officiel de 1925.(1)
Ainsi, en 1932, les travaux de montage du poste de TSF inter-
colonial de Dakar s'achèvent et le 25 janvier de la même annpe,
ce
~oste est mis en service.
C'est le réseau radiot&l&~ranhique dp l'AOF Qui
~ rol'ahor&
à la mi8e au point de ce postp(2) dont la mise en service apporte des
(1) AOF, Rése~radiotél~granhi9ue,
Rapnort ~activité nn. Q-l0.
(2' Le poste intercolonial de Dakar relève, en effet, de l'Administration
Métropolitaine des PTT l
Ift~uplle il a ~té remi~, le 1er avril 1912,
une fois le montage termin~ et 18 vérification faite dp son hon fonc-
tionnement.

- 50 -
amp.liorations significativeB aux communicationB directeB, bilatp.raleB
(1)
entr~ le Sénégal et la France.
C'eBt Que le ~oste intercolonial de Dakar ~oBB~de 3 or«anes
iti sH nctB :
* le pOBte ~metteur (8itu~ ~ Dakar-M~dina'
* le ~oBte réce~teur (inBtall~ an km 2,500 de la route de Ouakam)
* le bureau central radio (installé à l'bate1 des PosteB il Dakar'.
Au ~lan infraBtructures d'émission, le ~oste de Uakar est
nourvu de deux émetteurB nouvant convrir 15 à 70m (dont un tmetteur
nrinciflal d'une 'OuiBBancf' dl' 12 kw et un pmetteur de secours d'une
nuissance de 5 kw). (2'
De surcrott, tous les ~l~mentB importants comnortent un
(1'
douhle ou un "secourB".
(1) En uartfculier ~r~ce au~ nostes ~mptteurs dl' Bordp8u~ Croi~ rl'Hin~,
Pontoise et le 'Ooste récenteur NOISEAU.
(2) L'&metteur 'Orincinal ~ot& rl'un di~nositif de BtAhilip~tion rlp 1~
fT~"UpnCp émise est ~Quin& Avec unp lAmne d~montahle (et n~r suite re-
~tn~r~hle l volont&) sfl~eiRlpment :tu~i:p nour le sPTvicp ~n~ Colonies.
QUAnt ~ l'pmetteur de secours, il utilise 2 lamflPs de verre en montAŒe
sym&tri"ue.
(1) "L'installation est concue de telle sorte Qu'un 8rr~t ~e fonctionne-
ment dp Quelque durée est imnosBihle. C'est ainsi ou'un Œroune &lpctro-
.,;ènp semi-Dip.se1 il huile lourde permet de reml'llacer le spctenr de Dakar
en cas de ~anne ••• La s6ret' de l'prnloftation est donc mA~imum"
Bouliltnent les !!,,!n~~_tsrltpnBemhle de 1932, P"O.8-9.

- 51 -
Ainsi conçu, le ~oAt~ int~rcolonial ~p TSF ~p Dakar,
commença à fonctionner de manière ré~ulière.
Toutefois, le ~OBte ~e Dakar n"tait ou'une Atation ~'essai
~ont les ~missions -assez r~~uli~res- Avaient eSRentiellement nour
hut ~p ~&tprminer les caract~risti"ups ~u Boste ~~finitif rlp rArliorlif-
fusion de Dakar, dont la construction ~tait ur~~le nour ~nelones
ann~es glus tard.
Le but recberch~ ayant ~té atteint(I', les ~missions ont ~té
susuendues, uar mesure d'~conomie, fin juillet lq12.
Ainsi, avec la mise en nlace ~u poste rle TSF inteTcolonial
~p DakAr, une ~tape significativp pst franchie dans la gestRtion rle la
radiorliffusion sonore au Sp.np.gal.
* Désormais, des communications rlirectes, bilatprales À longue
nort&p ~t~i~nt nos~ibles entre Ip 56n6gal, les Al1tr 0 s tprritoires
coloniaux français et la M~trouolp.
* De m~me, • partir de 19'2, la réception rles informations rle nresse(2l
(1\\ Au COUTS des tourn~es ~'Insnpction pffpctu~ps pn 19~2, l'JnAnpcteur
~u R&9PRU a nu S~ renrlre comnte nup les ~mission~ r~~uli~rp~ rlp l~
st~tion de Dakar étaient entendues rlans toutes les colonips rln ŒroUne,
A~SP~ fortement en ~p.ntral mais nuP la morlulRtion n'~tait nR~ tOlljours
parfaite Dar suite de l'insuffisance du mat~riel rle fortune utili~é
Dour les essais.
(2' Il s'a~issait de la r'ceution dp la preS8e française ~e 11 heures
(~our tout~s les station~ ~u rés~Au' et de lA r~cp~tfon ~u hullptin
RAVAS par Dakar. A partir de 1932, les inforMations de uressp du poste
colonial ~e Radiodiffusion de PONTOISE, ~taient p~alempnt reçues.

- 52 -
faisait dor~navant partie des services assur~s par le r~seau de radio-
tPlp,,;rauhie de l'AOF.
A la vp.rité, la mis~ en service du ~oste de TSF intprcolonia1
d~ Dakar se rattache l un ensemhle de circonstances historiQues et
nolitiQues im~ortantes de l'&nooue
* Tout d'abord, la ru~ture du câble de Brest(1) (2'3 Janvier -
20 mars 19'32) a accélérp l'ahontis~ement du ~rojet de crpation du noste
de Dakar.
* Mais surtout, l'inaulluration une année plus tôt du ,"oste de TSF
colonial de Pontoise(2), ~ l'occasion de l'exposition coloniale du
Bois de Vincennes de Paris.
Comme on le voit,
~ nartir de 19'32, les conditions pour une
exploitation radiophonique existent au Sénégal.
N~anmoins, on ne neut n~r1pr v~rit8blem~nt de TadiodiffuRion
car le r~seau radiot~l~grapbiQue de l'AOF assure pour l'essentiel des
services traditionnellement dpvolus ~ toute station de TSF.
(1) Cet accident a beaucoun Rffect& 1eR liaisons rRdiot&l&~rRnhi"ue~
entre Dakar et la M~tTopo1p (via les ~tRtions de RordpAU~ Croi~ d'Rins,
Pontoise et Noiseau).
(2) "Le plan Ferrip prpvoit la crpation près de Paris,
À Pontoise, d'un
Ilroune d'~metteurs à ondes courtes destinps à ~orter la voix de la France
R l'autre bout du monde et en narticulier dans nos lointaines colonies •••
En 1931, à l'occasion de l'ExlJosition colonial du Rofs de Vincennes
est
inaullur~ le Poste ColoniAl nUl allait devenir Paris-Mondial pt de nos
jours, Radio-France International" note Bernard Ponzol .. , onus d,c,jÀ ettp,
p.102.

- 5~ -
111/
PLACE ET ROLE DE LA RADIOTELEGRAPHIE AU SENEGAL (1q~2-19~8)
Si à partir de 1932, la radio traverse au Sénégal une phase
i1l'll'ortante de son ~volution avp-c la création du l'ostf! de TSF intp-r-
colonial de Dakar, on ne l'eut encore ~arler de diffusion radiophonique
Malgré les résultats satisfaisants de la 1I'Iisp- en service de
la station d'essai de Dakar, celle-ci ré~ond avant tout au profil et
à la vocation classiques de station de TSF.
* Ainsi entre 1932 et 1938, les ~ivers services (~ermanents et
occasionnels) assur~s par le poste de Dakar sont de nature essentiel-
lement administrative et militaire.
* Par ailleurs, si à OBrtir ~e 1918, les raoports officiels font
ptat de quelques utilisations nrivpes ~e rpcepteurs radio, celles-ci
restent le fait ~'une ~oi~nfe d'Rm~tpurs, euroo~ens, nour l'p~spntiel.
1°) Rôle de la radiotélé~raTlhie au Sénégal (1912-1<li8)
Les services Œtntr~l~ment ~ssurts nRr le eentr~ ~~ rR~io­
t~l~ŒrRnhip de Dakar entre lQ12 et 1q)R ~ont ~~ troi~ tvnps ~
~) ServiceH administratifs
Il s'agit essentiellement de l'écoute quoti~ienne des
P.m'~s~ons du ~oste Colonial de radiodiffusion de Pontoise, et ~e l'écoute

-
54 -
de certaines informations ra~iotp.lp.~raphiques françaises(l) ou
étrangères(2), pour les besoins ~u Gouvernement G~n~ral ~e l'AOF ou
en vue de renseigner l'Administration métropolitaine.
"Ces différentes informations,transmises par morse~ ét~ient le plus
souvent décodées et interprétées par un spécialiste des transmissions"
précisent certains témoins de l'époque.
b) Services militaires.
C'est la deuxi~me caté~orie de services a8SUrp.s par la
station radiotélégraphique de Dakar.
Ces services, nombreux et variés,
touchent aussi bien la
protection radio aérienne(3), que la défense militaire territoriale
Classique(4) et les besoins de la navi~ation maritime.(S)
(1) Il s'agit de la "presse française" et du bulletin Havas parfois
retransmis depuis Dakar à toutes les stations de l'AOF. La diffusion
des nouvelles Havas a lieu À 17 heures GMT à parti~ de la station de
Dakar-intérieur. En 1934, 14 000 mots ont été retransmis. Quant À la
"presse française" elle est
transmise depuis la station métropolitaine
de la Croix d'Hins.
(2) Le Gouvernement Général
reçoit la presse atlantique, les presses
d'Indochine et d'Extrême Orient.
Source : !a~rt d'ensemble, 1914, pp.25.
()' Ecoute de spcurit~ de~ avion~ militaires et rai~s rl'avions. 4 partir
de 1914, le service radio a~rien oui a nris une ~rande extension (par
~uite rle la création dp la ligne Alger-Brazzaville pt l'auŒmpntation rlu
nombre de voya~es ap.riens militaires) est venu s'ajouter À ces services
de protection aérienne.
(4) Participation aux essais de transmission par TSF et-Téléphone Bans fil
de l'Autorité Militaire ~our les besoins de la D~fense de Dakar et ~u 6e
Rp.~i.ent d'Artillerie Coloniale (6e RAC). Ecoute spéciale de sécurité
Bur ondes longues (Croix d'Hins) et ondes courtes (Pontoise).
(S) A partir de 1932, émission rl'avis ur~ents aux naviuateurs, écoutes
journalières (de I1heures À 12 heures) ~u poste ~e Nantes ~e la Marine
nationale, p.missions de bulletins météo,
etc •••

- 55 -
En clair,
i l s'a~it des services habituell~ment d.çvolus à
toute station radiotélé~ra~hique.
c) Contrôle des postes ~rivps de TSF et de radiodiffusion.
Outre les service~ de nature a~mini~trAtive et mi'it~ire, le
contrôle des ~ostes privés de TSF et de radiodiffusion fait é~alement
partie des préro~atives assi~n~es à la station radio ~e Dakar, ~ ~artir
de 1933 essentiellement.
C'est que,
par suite du d&velo~pement deR l\\~ne~ APriennes
(t)
lignes transsahariennes depuis ~eu
, l e nombre de nostes
de TSF nrivés émetteurs et rpc~nteurs augmente de manière sensible.
D'autre part, le nombre de postes de radiodiffusion croit
Plal~ment ass~z rnnid"m(nt. ~ la fin de 1934, les déclarntions faites
nar les ~osgesseurs de tels annAreils attei~nAipnt le nomhre de 177.(2)
Un contrôle ~tait devenu ainsi nécessair~, tâche dpvolue à
l'Insnecteur du r~seau radiotéllgraohique de l'AOF, char~t de la cen-
tr~'isation des renseignements relatif", au contrôle des "ostes nriv~8
de TSF pt de radiodiffusion.
(1) Il s'a~it en ~articu1ipr des nombreux déplacements apriens d'avions
militaires occasionnés par la liaison Avec le Sud marocain AU cours de
l'hiver 1934-1935.
(2' Source: AOF, RpseAu radiot,p1 6 j!Tllnl'i'llw, Hfllloort, d'p"Af'mhll' 1Cn /i.

-
56 -
En 1934, celles-ci ont ~tteint 9 600 franeR.(i'
• Quant aux ~ostes ~riv~s rle Tarliodiffusion, aucune taxe ~our
l'usager, "une taxe de 3 francs est ~eTçue, ~ titre de statistique"
~T~cisent les documents officiels.(2)
Malgr~ les nombreux et divers l1sa~es allxqul>ls .. 11". se nrête
au S~6~2al entre 1932 et 1938, la radiot6léŒranhie OCCUne une nlace
relativement limitée auprès des nopulations sénéŒalaisee.
• Système de transmission essentiellement militaire et moyen d'in-
formation strictement admini~tratif, le poste de TSF de nRkar pst
exnloitp par un nersonnel militaire d'oriŒine euronppnne(1) ~rineinalement.
Ainsi sur les 20 aŒents de la station radiotélpŒranhique du
Sénégal recensés en 1937, seuls 7 sont africains.
(1) Sources: AOF, R6seau radiotéléŒTanhique,
d~J!!_~!t~, n.27
(2) A.O.F., Rpseau radiot~légranhioue, ibidem ~.27
(1' C.t. Tableaux nO 4 et 5 Etat eiPT~fil du ~f>Ts()nnf>l d1\\n8 18 "tRtion
radiot~l~!ra~hiQue du Sén~~~ (1937-1938) infra n.57

- 57 -
* TRblpau nO % t Etat ~ofil ~u personnel ~e la station ra~io­
télégra~hi~ue du Sénégal (1937)*
!Personnel
!
Personnel
!
'Personnel
~ Total
!militaire
~
---civi 1
!
auxiliaire
!
---"
!
~
!
!
,
,
Euro~éens !
2
11
!
0
11
!
!
!
Africains !
0
~
1
!
6
!
7
!
!
!
!
Total
!
2
!
12
!
6
!
20
Etat et nrofil du nersonnel ~e IR At~tion ra~io-
-_.- _.-
- ---- - - - - - - - ---------
---------- __--
..
!
!
!
Personnel
Personnel
Personnel
Total
!
!
! - -
mili faire
civil
auxiliaire
!
-~-
!
!
,
!
!
Euronéens !
2
16
!
0
!
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o\\friCRins
f)
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Tot~l
2
16
q
!
27
--".. _.--
!
!
* Nous avons établi ces t.ableaux ~ partir ~e!'l ""Etats nominatif!! itll
personnel de la station radiotélégraphique du Sé.~égal {1917-19381 in
Annexes.

- 58 -
En 1938, mal~r~ un~ ~u~m~ntation sensible ~u u~rsonnel ~~
la station, celui-ci n~ comnrend ~u~ 9 africains -contre 18 euronéens-
occuuant nour l'essentiel, des fonctions subalternes : on~rateurs
auxiliaires, nlantons,
secr~taires, etc •••
insu~ct~ur de rlse~u, chef de station, che' on~rateur, ~hef ~~S services
techniQues, commis nrincinal, etc •••
* Par ailleurs, mal~rp une croissanc~ sensible ~u nombre ~e postes
L'utilisation ~p la ra~io rpste encore le fait ~'un ~roune
(1'
restrpint d'amAteurs
,
"mor~us ~e rarliot~lp~r8nhie ~nnt la TSF pst
(2'
le violon d'In~res"

(1' "Fnfin tQ17, une autorisRtion d'installation d~ noste ~mettpur
(t watt, 21m) a ~t~ accord~e ~ un Amateur ~ Saint-Louis" note le
CRnibdnp MAYEL,
Tnsp p et."lIr
riu
r"~s!'R\\l (1;~ radiot,q~!!rallhil' dans son
rBnnort ~n 1938, n.ll.
(2' BOKOUM (T.', DEM (1.), Les moyens ~'information au Sénpj[al, d"';à
dt@ t ".26

- 59 -
* Tableau nO 68: Croi99aneerluno~bre de p09tes-~rlvtA rle TSF
et de rarlloitif-:;:~ion (193,.,-1938,(1.1
Anntes
!
1934
!
1935
1936
!
1918
!
!
!
!
!
!
Nombre
177
,
52<)
!
808
!
,
1<}2')
!
!
En concluAion ~ CP chA~itrPt on neut ~irp nup lA TSF Colo-
niale a jet~, ~ uartir de 1<}11, les jalons de la earliorliffusion au
Dakar et Rufisque constituent des postes imllortantR rln
la première Guerre mondiale.
Dakar, en particulier, b~n~ficie assez ra~irlement deR
efforts d'~Quipement et d'am"ioration de la Qualit' des infr8Rtruc-
tures d'~mission radiot~l~~ranhin"p, en rapport avec son imnortance
nolitico-arlministrative de canitale rle "AOF, denui~ lQ04.
(1) Sources: !Q!, Rlseau rarliotél~gra~hi9ue, Ra~ports d'ensemble
(t~)~-1<};81, Archives Nationale!'! rln Stnt~al.

- 60 -
Mpm~ si en 1932, ~es essais ont permis de tester, avec
succ~s, les premi~re8 ex~'riences radiodiffus~es A lon~ue distance,
B partir du poste de TSF intercolonial de Dakar, la radio reste encore,
au Spnp~ftl, un simple disoositif ~e TSF, à usage strictement militaire
et administratif.
Enfin, malgré un accroissement assez 8i~nifieRtif rln nomhr~
de oostes de TSF et de rarliodiffusion entre 1934 et 1938, on ne peut
guère parler encore de radiodiffusion de "masse" au Spnp.~8l.
*
*
*

- 61 -
CHAPITRE II
DE LA TSF COLONIALE A "RADIO-DAKAR" (1938-1939)
Au Sénégal, la naissance de la radio -au sens mode~ne du
terMe- se situe véritablement ~ la veille de la deuxi~me ~nerre
flIondiale avec la création, en 19j9, de III station "RatHo-Dak8r".
C'est ~ue la mobilisation est imminente et la stlltion
dakaroise doit jouer le rôle de centre d'écoutes s~écillles nour les
besoins de ]a défense nationale.
ri "R4DIO-DAKAR" ET L' "EFFORT" DE 1,4 GUERRE 1919-1945.
A nartir ~p 1919, le statut pt le rôle de la ~~rlio &volnpnt
au S&ri&t!:lll comme un "'Peu nart.ont, ~ tr,.ve~s le monrll".
Le m~me effort serA consenti nrpsqup simnlt.an&mpnt nonr Ips
tprritoires du SourlBn frRnçais,
rlp
la Guin~p françaisl" et du Dahomey.(1)
(1) Des émetteurs seront installp8 ~ Bamako (1er octohre 1919),
Conakry (5 novembre 1939) et Cotonou (rlpcembre 1939).

- 62 -
Dans l'ensemble, ces diverses installations ne donnent lieu
ft aucune remarque ~articulière.
"Bien conçus, ces émetteurs semblent convenir ~ux con~itions
d'emnloi de la Colonie" notent les rannorts officiels de Ité~oque.(1)
D'autres travaux et installations niverses(2' complètent
l'infrastructure d'ensemble et il la fin de l'année 19;9, le centre
d'émission de Ouakam -~rès ~e Dakar- est o~érationnel, de mÂme que la
partie réservée il la protection ap.rienne.
Une nouvelle liaison r8~iotél~gra~hique est inaugurp.e
quelques mois auparavant -le 1er mars 19;9- entre Dakar et Bathurst;
Cet événement qui fait suite il une convention entre
le
Gouvernement Général de l'AOF et le Gouvernement de la Gambie anglaise,
marque un jalon im~ortant dans l'évolution de la radio comme système
~e ~i~fusion.
Grâce ft cette nouvelle liaison, Dakar bénéficie des services
du centre émetteur d'une nuissance ~e 25 kw(;) mis en nlace par le
(2' C'est le cas en particulipr ~p IR construction ~u
bRtimpnt rl'~mi8­
sion rie Ouakal1l liont les traV'lllX avaient f,t,f, !':usnpnous ,",uelqups mois
nlu8 t&t. Seuls restaient ~ effectuer les travaux ~'am~na~ement
sn~ciaux ~ la radiodiffusion nour les'lupls man'luaient les dessins pt
documents de la Société Française de Radiotélé~raphie (SFR). Ces travaux
ont étl commencp.s en 1940
(1' Source: TUDESQ (A. J.), La rAdio en AfriQ~ !!.0LT'!.' Paris, Pedone,
198;, n.<).

- 61 -
service impérial de la BBC en 1931.
Ce centre qui émet en ondes courtes sur une Quinzaine de
longueurs d'ondes différentes autorise des relais de diffusion dans
d'excellentes conditions.
--~
"Radio-Dakar" devient ainsi un v~ritable centre émetteur ~ large
rayon de diffusion, dont une centaine d'agents civils et militaires
hors cadre assurent le fonctionnement.(t)
---- ---------.,..--------- ---
Profil
1------- -------- ---- --~'---
- Personnel civil
69
eurolJéen
~ Personnel civil
auxiliaire
73
------------ - -----_._-------'._------
Personnel militaire
bors cadre
TOTAL
t51
Il est du reste si~nificAtif de relever ~u'À l'~Do~ue,
nersonnel civil et militaiTe A pt~ mAintenu dans son em~loi", notent
les rA~norts offi~ielA.(1'
(1) C.f. Tableau nO 6 infra p.
(2) Source: !QE, Réseau radiotélégranhique, Rapport d'ensemble, 1939
(3) A.O.F., Réseau radiotélé~ralJhique, rapport déjà cité p.,2.

- 64 -
On le voit, les ~ré~aratifs de la deuxi~.e guerre mondiale
ont contribu~ A consolider le syst~me radiophonique au Sénégal et
assign~ A la station dakaroise une vocation particulière.
Jusqu' alors instrulIll~nt de l ' Admini stration coloniale,
"Radio-Dakar", sous la pre~sion des événements de 1939 renforce son
rôle de moyen strat~gique.
GrAce à une politique d'équi~ement hardie, les autorités
coloniales dotent la station dakaroise de moyens d'p.mfssion accrus et
mettent en place un personnel technique assez important.
Ainsi, à la veille de la deuxième guerre mondiale, à la TSF
coloniale des débuts, se substitue, de manière ~rogressive, une
station de radiodiffusion disposant de Moyens techniques et humains
à la Mesure des impératifs de l'p.poque ; les prénarBtifs de la ~uerre
1939-1945.
11/ PLACE.ET ROLE DE LA RADI~ AU SENEGAL DANS L'ENTRE-DF,UX-G~ES
(1919-1939)
La création de la ~tAtfon Radio-Dakar en 1939 -p.tane im-
portante de l'évolution de la radio au Séné~al- a coincid~ Avec nne
phase tout aussi importante de l'évolution sociale et "oliti~ue du

- 65 -
1°) Situation sociale et politique du Sénégal dans l'entre
deux-guerres.
Au lendemain de la ~remière guerre mondiale, un ensemble
de mesures constitutionnelles ont modifié de manière significative le
statut de la Colonie du Séné~al et de ses habitants et ouvert de
nouvelles ~erspectives politiques:
* au ~lan institutionnel, des communes mixtes sont créées en
1920.(1)
Dorénavant, les habitants du Séné~al se distiD~uent en
"citoyens,,(2) et en "sujets", l'une et l'autre caté~ories nouvant
élire leurs re~résentant8 au Conseil colonial(3).
* au ~lan politique, Blaise DIAGNE -~remier dé~uté noir du Séné~al
à l'Assemblée nationale française- se fait reélire au détriment de
son rival -Galandou DIOUF- et reçoit le portefeuille de SOuR-RP~rétaire
n'Etat aux colonies en 1931.
C'est là une première quand on sait que jusqu'alors c'est le
metis de Saint-Louis -François CARPOT- qui a toujours repr~sent~ le
Séné~al au Palais Bourbon.
(1' Gr~cp en particulier RU~ rl&crets nll 15 mAi 1Q1Q pt nu 4 novembre
1920.
(2) En 1921, le Séné~al comptait 25 000 citoyens et 10 000 électeurs.
(J) Par décret du 4 décembre 1920 portant réor~ani8ntion administra-
tive de l'AOF, le Conseil Général du Sénégal s'est transformé en
Conseil colonial.

- 66 -
*enfin au plan social, les pro~rès de l'enseignement colonial P.t
la .ise en ~lace d'infrastructures modernes liées au dévelo~pement de
la culture de l'arachide favorisent l'émergence d'une nouvelle couehe
sociale : les "évolués".
Véritable force politique, ces évolup.s vont contribuer à
l'éclosion d'une vie politique moderne au Sénégal.(1)
Ainsi, par suite de réformes institutionnelles successives,
une conscience politique nouvelle se crée chez le"citoyen sp.né~alais",
au lendemain de la première guerre.
Par ailleurs et pour la première fois dans les colonips
françaises d'Afrique subsaharienne, une ~lite locale h~ritp rlp pr~ro~a-
tives politiques rp.elles, tandis que se met en place un cadre de lutteA
pour le pouvoir.
Ces mutations 80cialps et nolitiques qui s'on~rent ainsi au
Sénégal revêtent un cachet as~z original.
Comme Ip notent certains analystes de l'&noqup
"le dp.veloppement des plites du type moderne est l'asnect essentiel
du processus de changement social an S~n~g81. ~t Ipllr pr0sAinn pst de
(1) Les "évolué!l' constituent l'plite 8pnp.~alllise Ile l'épofluf>. Il!'!
comprenaient les traitants -en nombre sans cesse croissant ~râce à la
manne arachidière- les premières promotions de fonctionnaires subalter-
nes, les employps
de commerce, les cheminots du nAkar-Ni~er. A CP
noy~'\\1 i.nitial sont venus se ~reffer les anciens combattants IIp tqt4-
1918 "porteurs d'idées nouvelles".

- 67 -
plus en plùs forte sur les organisations politico-sociales en vue
d'atteindre le raIe dirigeant auquel elles s'estiment destin~es".(I)
C'est dans un tel contexte social et politique que la
radio franchit, avec la création rle la station "Rarlio-Dakar" en 1939,
une 6ta~e importante de son ~volution comme moyen rl'information, au
2°) Radio-Dakar et la vie sociale et poli~ique sénégalaise
dans l'entre-deux-guerres.
Malgré l'ampleur rles transformations sociales et politiques
Qui marquent la vie au S6n~~al ~ntre 1919 et 1939, la radio, pararlo-
xalement n'a été, à aucun moment ét6 associée à ces événements.
Seuls les journaux, rlont le foisonnement est remarquable à
l'p~oque(2) semblent s'être rlavantagp f~it }'pcho n~g rlivpr~ mouvements oui
agitaient les milieux sociaux at politiques sénégalais au cours de
.,
cette période.
(t' TRAORE (n.), Les forces l'aHtiques en Afri-.!l.ue noire, PAriS, PUF,
1966, nu.l0-11.
(2) La presse a, très tat, joué un rôle important rlans la vie sociale
et nolitiQue de la colonie rlu Séné~al,
airlée en cela l'ar la crtation
dès 1855 par le Gouverneur Fairlherbe rle la prp-mière imprimerie à Saint-
Louis. Entre 1855 et 1960, près de 259 journaux, de formats et de
qualité variables ont été édit6s au S~négal. Entre 1919 et 1919 plus
d'une dizaine de titres ont été dénombrés.
Voir NOlllencla~ure de la presse au Sé,!ég~l rle 1955 fi 1971 in Annexes.

- 68 -
C~s journaux se sont r~vp.lés comme des su~ports ~articu-
lièrement efficaces de ~énétration de nouvelles idées, mais aussi,
co.me moyens im~ortant8 de ~ro~agande et de ~o~ularis8tion des ~ro­
grammes électoraux, jouant ~arfois -pour certains-(t) le rôle de
contre-~ouvoir ~articulièrement efficace.
Les ~ublications qui ont joué un rôle déterminant dans la
vie sociale et politique au Séné~al,dans l'entre-deux-~uerres,se
distinguent en trois catégories :
a) La pres~d' information.
Elle est re~résentée par l'hebdomadaire "Paris-Dakar" créée
en 1933 par le grou~e de Breteuil, cette publication inau~ure l'ère
des journaux d'information À périodicité stable.
"P~ris-Dakar" va donner par la suite naissance À "Dakar-Matin"
1 'An~~tl''' de l'actuel quotidien national du Sénéll;al : "~Soleil".
b) La presse d'opinion conservatrice.
Elle est symboli!'lPP 'lt1 Sénp!!1l1 nar 1,,8 puhli~ntion8 l'rOCheR
de Blaise DIAGNE telles qu~ l"'Ol'nl'e" et la "France Coloniale".
(1~ C'est le cas en particulier du "Petit Sénégalais" créé en 1885.
Publication "~ sensation", le "Petit Sénégalais" dénonçait déjÀ À
l'~~oque les divers scandales administratifs et autres abus de ~OUVoir
des ~ouverneurs ~énéraux du Sént/lal.

- 69 -
En ce qui concerne la "France Coloniale" c'est Blaise DIAGNE
qui en p.tait le Directeur ~olitique.(1)
Outre ces deux titres, la presse d'opinion conservatrice
Sp.n~lI;alaise com~renait é~alemPnt le P~ri~~ope Arr{ cain, fonrlé en
192Q et qui s'est illustrp avant tout comme un journal proche des posi-
tions du successeur de Blaise DIAGNE : le député rufisquois Galandou
DIOUF. (2)
c) La presse de l'opposition.
Elle est re~résent~e essentiellement par 1'"AOF~.
Crp?e pn 1907 À Dakar, cette publication s'imposera jusqu'à
l'Inrlépendance en 1960, comme principal journal rl'oninion dans la
colonie rlu Séné~al.
~ia~niste",
en raison rlp ~ps nrises rle ~osition violentes contre le
(1) A propos de Blaise DIAGNE, le~ observateurs pol;tiflue~ fie l'épOfll1P
font remarquer que le rl~put~ du Spné~at "n'~prouve pas le besoin rle
cr~er un parti. Comme instruments de propagandp il a ses lieutenants
qui font fonction de "~rands électeurs". Au surplus, il défenrl Bes
positions dans les journaux l'Ordre et la France coloniale.
Il n'n pas la moind~e idpp dl' contester le-système colonial ••• " in
Traoré BaKary, opus déjà cltp, n.12.
(2) Curieusement Galandou DIOUF a dû faire face en 1936 à une campagne
hostile menée par l'"!QE", journal utilisé en la circonstance par
Mattre Lamine GUEYE et ses amis rle la SFIO locale.

- 70 -
d~put~ Blaise DIAGNE.(1)
*
*
*
Ainsi, Malgré 8a création en 1939, Radio-Dakar ~à la diffé-
rence de la presse politique et d'information- n'occu~e ~as de ~lace
significative dans la vie sociale
et ~olitique sén~~alaise au cours
de la p~riode de l'entre-deux-~uerre.
C'est qu'au Séné~al, lB radio est encore tributaire d'un
ensemble d'handicaps :
* d'abord les circonstances historiques de sa cr~ation.
Mise en ~lace ~ la veille de la deuxi~me ~uerre mondiale,
Ra~lo-Dakar reste avant tout un instrument de défens!'! nationale.
Les im~ératifs de la guerre lui assi~nent des fonctions
~r~cises : ~coutes s~~ciales (pmi8sion et réce~tion de si~n~ux horaires,
veilles de sécurité, ~rotection des lignes aériennes et détention des
raids occasionnels) et rien ~'autre.
* les condi tions parti cul ière!._d!..-r~ce~tion dNI pmi ssi ons.
{l' ~ "~lection de Blaise DIAGNE en 1924 avec 6 ljj voix contre 1891
à son unique concurrent l'avocat dakarois Paul DEFFERRE, l'AOF du
21 février 1924 note: "la masse indi~ène s'est li~up.e pour faire
triompher le repr~scntant ~p sa race. Elle a donn~ sa voix non ~ J'homme
malS à l'épiderme ••• "

- 71 -
ComMe conséquence de la vocation initiale de Radio-Dakar,
un contrôle très Btrict(1) entoure le marché des r~ce~teurB de
radio Bur l'ensemble du territoire du Sénégal.
Du reste, jusqu'en 1954, les lieences de fabrication de
postes-récepteurs sont quasi-inexistantes au S~négal.
* enfin l'absence d'un statut africain de la radio.
Jusou'en 19'39, la rA~io "lU ~énégal n'est rien moins Qu'une
radio coloniale française, R la fois instrument de l'administration
et outil de défense nationale.
Bien plus, les colonies rlevenant sous peu un enjeu nolitieo-
stratégique important au cours de la deuxième guerre monrliale, le
rôle stratégique et politiQue rle Radio-Dakar ne pouvait que se ren-
forcer.
En conclusion R ce chapitre, on peut souligner l'~tape
significative franchie par la rarlio au Sénégal aveC la cr~ation en
193Q de la station Rarlio-DRkar.
Même si c~t ~vpnement coïncide avec une phase de mutations
(1) Il est du reste significatif rle noter que le contrôle des ~o8tes
privés de TSF et de radiodiffusion figure au nombre des nrérogatives
rltvolues • Radio-Dakar ~ ~R crtation.

- 72 -
socfal~8 et ~olitiques importantes au S~né~al, ]a radio n'occup~ pas
une ~lace conséquente dans 1~ système d'information s~né~alais de
l'é~oque.
Seuls les journaux -d'o~inion eS8entiell~ment- jouent un
rôle si~nificRtif comme BU""Orts rl'pxpression ~ps rliverses luttps
politiqnes et sociales dont le SlnéRa] sert de cadre au cours de la
~ériod~ de l'entre-deux-guerres.
Créée à la veille de la deuxième guerre mon~iale, la station
dakaroise reste confinée dans un strict rôle d'instrument de dlfense
nationale.
Par ailleurs, ]a r~ce"tion de "masse" des émissions est
entravée ~ar le contrôle particulièrement ri~oureux qùi entoure
l'usa~e des ~ostes-réce~teurB destin~s à des fins strictement militaires.
Ainsi, m~me si IR rarliorliffusion moderne existe au S&n&~al
à ~artir de 1939, elle ne connaît "as encore véritablement unp
im~lantation populaire.

- 7"1 -
CHAPITRE III:
LES DEBUTS DE LA RAl!IODIFFUSION MODERNE AU SENEGAL
(1946-1Q54'
Si les ~réparatif8 de la deuxième guerre mondiale ont
contribué à la création de Radio-Dakar en 1939, la radiodiffision
mo~erne ne débute au Séné~al que beaucoun plus tard.
Il fallait auparavant :
* améliorer les infrastructures existantes et aména~er à la radio
un statut cohérent
* instaurer les conditions o~timales de réception deR pmissions,
en libéralisant le marché des postes-récepteurs.
Autant de préalables qui seront graduellement satisfaits entre
1946 et 1954.
1) DE L!."TELEGRAPHIE SANS-FIL" A LA RADIODIFFUSION MODERNE (1Q46-1950'.
La dpuxièm~ guerre mondiale et les p~rinéties de la ~uerre
deR ondes ont révélé et accru un neu partout l'efficacité de la radio-
diffu8ion comme moyen d'jn~f'\\rm!\\t.ion rd r1 " ~f'\\hilis<ltion.
des différents pro~rammes de développement des infrastructures d'émis-
sion qui se sont déployés sur le continent africain au cours de cette
nériode.

- 74 -
En raison de l'all~geance vicbyste du Gouvernement général
de l'AOF de l'époque(l), Radio-Dakar n'a pas bénéficié des mêmes
avantages -accroissement de la puissance de diffusion, diversifica-
tion des programmes- que Radio-Brazzaville qui était devenue la "voix
de la France Combattante" pendant l'Occupation.
Au cours de cette période et jusqu'à la Libération, la
station dakaroise était restée un simple poste de TSF, servant de lien
entre le Gouvernement Général et les administrateurs des territoires
coloniaux du groupe AOF.
La réception des émissions était assur~e par des postes
assez rudimentaires(2), distribu~s en nombre limité.
"Ces postes étaient vendus en priorité aux chefs de provinces(3)
(11 Le gouverneur général de l'~noque BOISSON (lq40-1q4~)
&tait connu
pour sa fidélité au Maréchal Pétain.
(2) Ces récepteurs faisaient environ 1,50 m de largeur et étaient ali-
mentés par de grosses batteries. Ces postes-récepteurs fonctionnaient
en moyenne tous les 3 mois.
(3) Ces chefs de province, super chefs de canton, jouaient le raIe de
Conseillers privés du Gouverneur avec lequel ils entretenaient des
rapports privilégiés. Autochtones pour la plupart, ces chefs de pro-
vince ont été investis d'un pouvoir administratif et politiQue important
sous la Colonisation en récomnense
de ~prvices rendus au colonisateur.
Dans la hiérarchie administrative et territoriale coloniale le chef de
province coiffe tous les chefs de canton sur 2 ou 3 c~rcles et précè-
dent le Commandant de cercle dans l'or~anigramme administratif et ter-
ritorial. Il est si~nificRtif ~p con~t~tpT les fils dp. chef~ ~p provinc p
sont devenus les premiers chefs d'arrondissement du S~np.gal À l'Indé-
pendance. Les chefs de province constituaient les principales sources
d'information des chefs de canton ~e l'époque. D'où leur rôle de
"leader d'opinion" assez re_arquable déjà à l'époque.
An Séné~al on comptait an lendemain d~ la guerre 1939-1945 environ 6
chefferies de province: Cascas (dont l'autorité rayonnait ~ la fois
sur la vallée du fleuve Séné~al
et la
Mauritaniel, Kanel, Nioro, Thiès,
Tonbaconta, Tambaconnda.

- 75 -
et aux gouverneurs de colonies et seulement plus tard aux
Commandants de cercle" précise Mamadou Talla un des premiers journa-
listes-reporters sénégalais foraés à la SORAFOM.
C'est qu'au cours de cette période, l'importance de la radio
reste encore d'ordre straté~ique.
A la fois instrument d'appui logistique du Gouvernement
colonial et moyen ~'exéeution de la politique métropolitaine en oi-
rection des colonies, la radio n'était rien moins qu'un instrument
d'information unidirectionnelle et tuttlaire.
"Il n'était nullement 'luestion ~e communi cati on mais pl utôt
~'information au sens de transmission unilatérale de rlirectives de
Paris en direction
de l'Administration coloniale: territoires
coloniaux d'Indochine, Mada~ascar, Brazzaville, etc ••• via les
Gouverneurs Généraux. Ce Qui était avant tout recherché c'est l'effica-
cit~ et la rapiditf d'ex~cution des ordr0s ••• " ajoute ~RmR~o" Talla.
A la Libération, Radio-Dakar tire parti d'un ensemble de
circonstances favorables au rl~veloppempnt de la radiodiffusion.
* la cr~ation h Paris, au len~emain ~e la deuxi~me ~uerre, du
Bureau
d'Informations Outre-Mer du Minist~re rlp~ rolonies.
Désormais 5 bulletins d'informations sont rliffusps'
quotidiennement l partir de la r~rlaction de ce bureau d'information

- 76 -
et diffusés régulièrement à ~8rtir de l'émetteur d'ALLOUIS(1) en
direction des stations de radio d'outre-mer.
L'intérêt de ce bureau réside ~rincipalement dans l'utili-
sation des ondes courtes(2) dans la diffusion des émissions.
Déjà révélé au cours de la guerre mondiale le pouvoir
des ondes courtes(3) va ainsi ~ermettre à la station dakaroise
de franchir une étape décisive de son évolution vers la radiodiffu-
eion moderne.
Ainsi Radio-Dakar devenait le relais nécessaire de Radio-
Paris en assurant, en liai~on avec Paris, la diffusion quotidienne
d'un bulletin complet d'informations outre-mer.(4)
On le voit, au lendemain de la deuxième ~ueTre moridiale la
radio francbit, au Sénégal, une éta~e majeure de son évolution.
(1) Localité située à SOkm de Paris.
(2) L'émetteur d'ALLOUIS émet en onrl~s courtes sur 25 mètres
(3) Les ondee courtes dont la découverte et la maîtrise vont Tévolu-
tionner la diffusion radio~honiquc ont 1* particu~ rit~ f1'être inau-
diblps flans un rayon illlmédi at f1(' ~5km (zone de "facHnll") ml\\il'! rl'êtTP
partienlièrement ~erfor1llantes SUT 2000 ou 3000 km.
(4) Ce bulletin était en fait rlestiné à la fois à l'Afri~lJp. Occirlen-
tale française, Brazzavil1~, l'Inrlochin~ et Mafll\\llal'!C~T. "A l'tvirlence
ces bulletins d'information sur mesure étaient orientés essentielle-
ment vers le renforcement de l'Em~ire français" affirment certaine
témoins de l'é~oque.

- 77 -
La découverte et la maitrise des ondes courtes ~ermettent
à la station dakaroise de passer du stade de poste de TSF à celui
de véritable station de radiodiffusion assurant quotidiennement des
émissions d'information.
Par ailleurs
une libérAlisation du marché ries postes-
1
recepteurs garantit désormais des conditions de récel'tion et dtécoute
ol'tillales.
On ~eut donc dire qu'à partir de 19~6, les jalons d'une
radiodiffusion moderne sont jetées au Sénégal.
II) LES DEBUTS DE L'INFORMATION RADIODIFFUSEE AU 8.ENEGAL (1950-1954).
Les débuts de l'information rarliodiffusée an Séné~al se
situent autour des années 1950.
......~.'
On l'a vu, grâce au bureau d'informations outre-mer du
ministère des Colonies, Radio-Dakar l'ouvait diffuser, en relais avec
Paris, rles bulletins rl'informations quotirliens, celA, au lenrlemain
de la Libération.
Cette "première" en mllti ère rie rarliorliffllsion conrluit les
.
autorités territoriales rle la colonie du Sénégal 8 crpeT en 1<)52, à
Saint-Louis(l) , un servi CP ri'informat.ion (' t. un ("entT'" ri l' Tarlioriifft1!'lion.
(1) Saint-Louis était à l'époque chef-lieu de la Colonie du Séné~al.

- 78 -
Le studio de ce centre, situé dans les bureaux du serviee
d'infor_ation est relié à Radio-Dakar ~ar une ligne de .odulation.
Une unit6 rl'enreRistrement, rle retransftlssion et de radio-
re~ortage en constituent l'essentiel des structures.
Au cours de la même année Saint-Louis se dote d'un émetteur
d'1 kw ondes moyennes.(1)
Dès lors, l'évolution de la radiodiffusion de la Métropole
est venue s'ajouter une chronique -le Carnet Saint-Louisien- r~rliŒ~e
par le service d'information.
Outre les informations "~e service" (vols ~PS nvions, ~~narts
et arrivées de l'autorail Saint-Louis-Dakar, etc ••• ), cette chroni~ue(2)
consi~ne les événements de la vie politique et sociale ~u chef-lieu
de la colonie.
On le voit, les ~éhuts rle l'information à la radio au
Séné~81 aboutit à la mise en place d'une deuxième station émettrice.
A côté de !!adio-Da1!.llr, le chef-lieu de la colonie rlu Séné~al
se dote ~ son tonr d'un ce-ntrp de rArlio"'itfusion ~iHnoRant ~p véritahles
ftoyens de production :
---- -._--. ------ ._------
(2) Cette chroni~ue était aSRur~e par le journaliste S~né~alais SY Papa
Abdoul Qui devien~ra pAr la suite le directeur de la station
Radio-Saint-Loui~ en 1q~4.

- 79 -
* Tableau nO ( : ~uelques pionniers de Radio-Saint-Louis (1954).(1)
t-------..- -..-. ------------------
Attributions
pt Fonct,ion~
!
Journaliste
!
- Claude ERNOULT
!
- Directeur de la station
\\--------- --
!
!
- Ingénieur
- Gu~tavp. DUROT
!
- Directeur Technique
!
Claude ERNOULT
!
Journalistes
!
- Mme JUMAGLINI
!
Animateurs
!
llolyvalents
Nathalie KOWALSKI
!,
- Henri METRO
!
Djibril Racine KANE
Journal Parlê et
!
Programmes
- SY Papa Abdoul
!
!
!
j"1
(1) Sources: Archives ORTS.

- SO -
* Dès 1954, le centre de radiodiffusion de Saint-Louis s'appuie
sur une véritable équipe POlyvalente(1) (animateurs-journalistes) au
sein de laquelle figurent quelques agents sénégalais.(2)
* Par ailleurs même si la très grande majorité des émissions pro-
grammées proviennent de pA.ris(3), la station de SAint-Louis diffuse un
certain nombre de productions locales. Les plus significatives sont
Saint-Louis Midi(4), le Carnet Saint-Louisien et le Disque des Auditeurs.(6)
A ces émissions réalisées par l'équipe permanente de la

station, il convient d'ajouter quelques productions animées et présentées
par des collaborateurs extérieurs: Evocations historiques(7) et
Rendez-vous avec l'IFAN.(S)
*
(1) C.f. Tableau nO 7:quel~~onniers_~!-Radio-Saint-Louis
(1954)
supra p.79.
(2) On peut citer: SY Papa Abdoul et Djibril Racine KANE.
(3) L'essentiel de la programmation était alimenté par Radio-Paris.
Radio Saint-Louis diffusant beaucoup d'émissions du genre: Menu pl~isir
{sélection de musique légère diffusée à 13 heures 15), Anatomie et
phYSiolo,ie de la chanson (émission récréative consacréë aux chanteurs
français , Les martres du my~t_ère (dramatique radiophoniQue), ~éc.!:.a!!.
invisible, etc •••
(4) Magazine d'information quotidien de 45 minutes prpsentp pAr Henri
METRO.
(5) InformAtions services et panaroma oe la vie po1itiqu~. ~ocinle.
économique et culturelle de ln capitale Saint-Louis, prpsentée pAr SY
P." n-'
'hrl "" 1
(6) Animation musicale à 2 voix par Madame JUMAGLINI et SY Papa Abdoul.
(7) Evocation de figures historiques sénégalaises (Blaise Dia~ne,
Galandou Diouf, etc ••• ) présentée par Birahim Gallo FALL.
(8) Magazine historique portant sur les recherches de l'Institut Français
de l'Afrique Noire (IFAN), présenté par l'écrivain-dramaturge sf.négalais
Abdou Ante KA.

-
81 -
Ainsi à partir de 1952 et avec l'~~parition des premières
produetions radiophoniques -en partieulier celles du centre de radio-
diffusion de Saint-Louis- la radiodiffusion moderne traverse une
phase significative de son évolution.
La TSF coloniale a assez rapidement c~rl~ la place ~ une
radiodiffusion moderne dotée de moyens de production ""sui ~eneri
même si cette radio reste encore - et pour l'essentiel- le fait de
. journalistes et animateurs français.
Cette ~hase de l'~volution de la radio au S~néŒal, loin
d'~tre fortuite, traduit au contraire un changement significatif de
l'attitude de la France vis-à-vis de ses colonies d'outre-mer au len-
demain de la deuxième guerre mondiale.
Elle préfi~ure p~alement les différents enjeux que mobilise
la radio dans le processus d'émancipation sociale et politi~ue ~ui
s'amorcera au SénJ~al ct ~Ans l"M t~rritoires coloniaux ~ntrp 1q46 pt
1955.
Au Séné~al,
les rlp.buts rle ln radiodiffusion morlerne inter-
mer, au lendemain de la deuxième ~uerre mondiale.

- 82 -
Pour la France il s'a~it de mettre en place un vaste
ensemble politique solidaire entre ses colonies et elle-même et
d'évoluer de 1'"Empire français" vers l'"Union Française."
Dans la réalisation de cet objectif la radio~iffusion cons-
titue un des moyens privil~~i~s.
Au Sénégal en particulier, une mission spécifique incombe
à la radio: promouvoir l'inté~ration a~ministrative ~e la colonie.
1°) De l'"Empir-!.-.!.ral!.~ais"
à l"'Union française".
La Conférence Africaine Française de Brazzaville(l) a
reconnu aux anciennes possessions d'Afrique leur place à part entière
~ans l'Empire français, et affirmé la volonté de Paris d'acc~lérer
leur évolution vers "un statut nouveau dans la future constitution
françaiRe."(2)
Dans son discours d'ouverture, le Général de GAULLE précise,
du reste, les contouTs et axes majeurs ~e la nouvelle politique
métropolitaine.
----_.-- - - -------------
(1) 30 janvier - 8 f~vrier lQ~~.
(2\\ RapDort d~ Pierre Olivipr T,APTE sur un projpt rle constitution d'une
dération de~ nO'l!lI'!l,,-iOnR fr~n~l'li"-l>,,- ~'n,yt.rl'-m"r. nr.("'''nt,{ 1" 1~ ;~".-
1.)1 1 '.
)
\\':j~1
,i
·~'d,'\\( 1 ~ <l, li \\'
l.
j'O'\\ i .:Jd i l \\
1\\
_\\ ~ ~\\'1' t
L I L,'·
par
seph-Roger de BENOIST, ~~frique occidentale française de 19~~ à 1960,
DAlrA?, Lomé, Abidjan, NEA,
1982, p.2~.

- 83 -
•••• Il Y a dlsormais entre la Mltropole et son Empire un lien
dlfinitif ••• En Afrique française il n'y aurait aucun progrès si les
bommes, sur leur terre natale, n'en profitaient pas moralement et
matlriellement, s'ils ne pouvaient sllever peu l peu au niveau où
ils seront capables de participer cbez eux l la gestion de leurs
propres affaires."(1)
Parmi les moyens d'~.ancipation et de partici~ation l la vie
de l'"Empire", figure la radiodiffusion, question sur laquelle s'est
pencble l plusieurs reprises l'Assemblle de l'Union française, au
sein de laquelle siègent depuis la Constituante de 19%6, plusieurs
élus des territoires coloniaux d'Afrique noire.(2)
Qualques années plus tard, au terme d'un lon~ processus
parlementaire, une commission interministérielle -l laquelle avait
été associl le dlputé du S@négal Léopold Sédar SENGHOR- conclue l la
nécessité de "permettre aux territoires d'outre-mer d'avoir une
exacte connai.sance de l'opinion et de la vie métropolitaine dans ses
multiples aspects et vice-versa ••• "(3)
ComNe on le voit, dans le contexte de la nouvelle politique
de la Mltropole française vis-à-vis de ses colonies, la radio fait
(2) LI" C!'~négéll~tajt, rp,.rps,'ntr THIl' \\f:11tri" T,ami'~"
r;T~i"YI7,..' T~onol<l
Sédar SENGHOR qui devaient être régulièrement r~élus par la suite.
(3' Rapport de la Commission d'étude des problèmes de radio intéressant
l'outre-mer du 25 avril 1950, cité par André-Jean Tudesq, opu!._~!.J!
cité, p.27

- 84 -
figure de lage politique d'ouverture de Paris vers ses colonies
d'outre-mer et r~ciproquement.
Aussi la cr~ation du centre de radiodiffusion de Saint-
Louis fut-elle accueillie avec une satisfaction bien com~rphensible
à Paris, comme le notent les rapports officiels de l'éuoque :
"On ~eut attendre de cette réalisation, une participation plus
active du Sénégal et en particulier de Saint-Louis, à la vie de la
Fédération".(l)
Ainsi, l'engagement de la Radio-Télévision Fran~aise
"à recevoir chaque mois des radio-reportages réalises au Sénégal et
destinés à présenter aux auditeurs européens de la RTF des reportages
d'actualité et documentaires sur la vie sénégalaise"(2) se comprend
facilement.
La présence significative d'un certain nombre de productions
radiophoniques locales parmi les émissions diffusées par Radio-Saint-
Louis dès 1954, reste révélatrice à cet égard.(J)
2° Radiodiffusion et intégration administrative au Sénp~al.
Si la création du centre de radiodiffusion de Saint-Louis et
l'échange subséquent d'informations qu'elle autorise désormais entre
(1) AOF, Sénégal, Rapport d'ensemble sur les services de radiodf.ffusion,
1952, p.ll
(2) AOF, Sénégal, Rapport d'ensemble déjà cité p.12.
(J) C.f. supra p.

- 85 -
Paris et le Sénégal syabolise en soi un événement politique Majeur
dans le8 rapports entre la Métropole française et 8es colonies, au
plan local, cet événement entralne des retombées administratives et
.
techniques autrement significatives.
* au ~lan administratif, la crp.ation du service d'information
radiodiffusée au Sénégal
constitue un jalon supplémentaire dans la
.ise en place des infrastructures fédérales de l'AOF.
Ainsi, au .~.e moment où se crée à Saint-Louis le service
d'information, un accord est signé entre les territoires du Sénégal
et de la Mauritanie.
Dicté par un souci d,p.conomie, cet accord prp.voit la mise
en co. .un de crédits des deux territoires, pour une ex~loitation
conjointe du service d'information.
Selon les terme8 de la convention, la Mauritanie(1) inter-
viendrait pour un tier8 dans les dp.~enses commune8.
* au plan technique, l'ouverture d'une liaison directe, «rAce à une
ligne de modulation, entre Dakar et Saint-Louis, marque une étape
importante dans la mattri8e des infra8tructures de radiodiffu8ion.
Pour les autorité. fédérales, ce système de liaison directe
constitue à la fois "un pro~rès incontestable ponr la rapidit~ de
(1) Territoire .ilitaire, devenu ci~il en 1904, situé au Nord du Sé~élal,
la Mauritanie avait établi sa capitale à Saint-Louis en 1919. Par la
suite, la Mauritanie a été éri~p.e en colonie le 1er janvier 1920 par
un décret du 4 décembre 1919.

- 86 -
l'infor_ation et une ~conomie eonsid~rable dans les eorres~oftdanees
t~l~graphiques et t~I~PhOniqUes".(1)
IV} L'IMPACT DE LA RADIO AU SENEGAL AU LENDEMAIN DE LA DEUXIEME G~R~
MONDIALE
A partir de 1952 la radiodiffusion entre au S~négal, dans
une phase d'évolution assez remarquable.
A côté de Radio-Dakar une deuxième station est créée à
Saint-Louis, tandis qu'un système d'échange d'informations s'instaure
entre Paris et la colonie du Sénégal.
Mais, pour siŒnificative que soit son évolution au cours de
cette période, l'impact de la radio reste, à bien des éŒards, assez
localisé au Sénégal.
* Au niveau du contenu de ses ~missions d'abord, la radio aUPftratt,
~our J'essentiel, comme une ra~io française.
* Au plan de l'audience ensuite, la radio connart une implantation
relativement faible auprès des populations.
t 0) Les premières émissi.ons radiophoniques au _S~néŒaL
Environ 90 À QS% rlp-s ~misRions diffusées à la rarlio au
(Il AOF, Sénégal, rapport déj~ cit~, P.tt

- 87 -
l la fois dans leur conception et à travers leurs thèmes, contenus
et fo~es de diffusion.
Certes, au cours des premières ann~es qui ont suivi le
d~but de l'information radiodiffusée on pouvait entendre un certain
nombre ~e progrAmmes lOCAUX -~vocAtion~ historiques notAmment-Ct) ~e
m~me que des bulletins d'information en langues vernaculaires s~néga­
laises (vOlof(2)j peul(3), soninké) africaines (mossi(4) et
bambara(5)).
Il reste que l'essentiel des programmes diffusés par
Radio-Dakar(6) et Radio-Saint-Louis étaient d'inspiration métropelitaine
(con~us et diffusés depuis Paris ou réalisés sur place par ~es
journalistes ou animateurs français).
(t) C.f. supra, p.
(2) Parmi les premiers chroniqueurs en langue volof on peut citer:
Mady DIALLO (Radio-Saint-Louis), Adama DIAKHATE et Doudou Diop DIEGO
(Ra~io-Dakar)- ou encore les instituteurs Abdoulaye SADJI (Radio-Dakar)
et Alioune Diop "Addis" (Radio Saint-Louis).
(3) Les informations en langue peul étaient présentées par SY Papa Abdoul
et Djibril Racine KANE (Radio Saint-Louis).
(4) C'est le chercheur voltaique Joseph OUEDRAOGO alors en poste à
l'IFAN à Dakar qui assurait la diffusion des émissions en mossi.
(5) Quant au bambara, cette langue était utilisée "depuis 1950 déjà
sur 1 r>!,\\ Antennf's ~(' n,,(li ()-n~k!\\r" "lI' 1 )"
,-l(~R fpmoi n~ rl~ l ' ~TlI"l111P.
(6) C.f. Tableau nO 8 : quelques émissions pionnières sur Radio-Dakar
1952-1954} infra, p.

- BB -
* tableau nO 8 1
Quelques ~.issions pionnières(1) sur Radio-Dakar
(1952 - 19511)
,
,
!
TITRES
NATURE
REALISATEUR
PARTICULARITE
!
!
!
- "Paris YOUS parle ••• "
~Inforlllation~ Pierre DESGRAUPES!
et Roland DHORDAIlf
!
!
!
- "La chronique de Jean-
Chronique quo-
!Information! Jean-Paul DAVID
!
Paul DAVID"
,
tidienne de 5nm
t
t
,
t
t
- "Les grands concerts"
! Vari~t~1I
!
! Diffusées 3fois
t
t
!
llar
!
!
! semai.ne
- "Chansons françaises"
!
-"-
!
!
,
,
!
,
!
!
- "Musique légère"
!
-"-
!
!
!
!
!
!
!
!
- "Sport et Musique"
! Sport
! Georges BRIQUET
!
!
!
!
.-_-----_., -'
!
!
"Renflez-vous à 5 heures" ! Culture
! Suzy JACQUET
!
!
!
!
!
!
! Emmissions
- "Jazz session"
! Jazz
! Sim COPPANS
! "en direct"
!
!
!
!
!
t
- "Soir~e th~Atrale"
!DramatiQue ! François BILLEDOUX
!
!
!
(1) SouTce
_ _--
Archives ORTS
.....

- 89 -
Au total, comme le montre le tableau nO 8, c'est toute une
typolo«ie d'émissions variées (informations, variétés ausicales,
chroniqtes politiques, émissions sportives, magazines culturels, etc ••• )
diffusées (en direct ou en rlifféré de Paris) qui sont proposées par
la radie sénégalaise au tout rlébut rle la Libération.
Ainsi, m3.e si au parlement français, l'on se préoccupe de
plus en plus d'éviter aux ra.Hos d'outre-mer le sort de "radios de
clocher d'audience presqu'exclusivement européenne,,(1) la radio, an
cours de cette période, conserve au Sénégal, un cachet matropolitafn.
D'autant plus que "ces émissions sont presqu'exclusivement
écoutées par des Européens(2) et une très petite minorité rl'évolué~,
comme le soulignent les rapports de l'époque.(3)
La persistance du caractère métropolitain de la rarlio au
Sénégal au cours de cette période s'explique sans doute par le fait
que par.i les objectifs majeurs assi~nés jusqu'ici aux radios rl'ontre-
aer, la connaissance de la vie et de l'opinion de la Métropole, d'une
(1) Rap~ort JUNILLON, Annexe nO 98, séance du 17 mars 1955, Journal
officiel, Documents Assemblée de l'Union française, 1955, Pp.tOt-108,
cité par
André-Jean Tudesq, ~llUS cité p.27.
(2) A Rarlio-Dakar,. le chef du garage du Gouvernement Général, un
mlcanicien français réalisait assez réguli~rement une émission rle musique
cla8si~ue d'une durée d'unp h~ur~ ~t diffusée 4 fois llar ~p.maine. On
rapllorte l'anecdote suivante: l'épouse d'un ~ouvprnpur 2énéral de
l'AnF dl" l'~noque obtpn'it !>ll1Jv!'nt 1·\\ rnonification 0/'11'\\ nrogrammat,ion
selon ses humeurs ou pour plaire à ses invités du jour •••
(3) Circulaire du 19 février 1953 du ministère JACQUINOT, citée par
André-Jean TUDESQ !!!!. p.27.

- 90 -
,art, le d'velo~pement de "l'esprit communautaire" d'autre part,
"~riment sur l"closion et le perfectionnement des civilisations et
cultures 10cales".(1)
Le rôle de l'Agen~~ France Presse (AFP) auprès des
stations de radio d'outre-mer est significatif à cet égard.
Société nationale d'information française (autrefois ap~elée
Agence Bavas jusqu'à la Libp.ration), l'Agence France Presse a cons-
titué pour la radio au Sénégal, la source unique des informations.
Outre cette fonction de collecte et distribution des in-
formations, l'Agence Bavas constituait en même temps une a~enee
d'appui des entreprises coloniales(2).
La présence de correspondants de l'AFP comme membres du
cabinet du Gouverneur(J) est révélatrice du rôle majeur jouP. par
cette a~ence dans les stations de radios coloniales d'outre-mer au
cours de cette période.
(1) Rapport de la commission d'étude des problèmes de la rAdiodiffu-
sion concernant l'outre-mer d~jà cité.
En ce qui concerne les civilisations et cultures locales, le folklore
séné~alais était utilisé à la radio dans de rares circonstances : à
l'occasion de tou~n~es du ~ouverneur comme fond sonore exclusivement.
(2) C'est l'A~ence Havas qui en plus ~e la Publicit6, ~~ l'6~ition de
.iournaux a contr'ibu"
p1dS
tard
il lA I:r'~.d,ion (l'agenc,'~ (~(' il1'''S5P ~ans
les anciennes colonies à l'Ind~pendance.
(1) Selon le témoignage de certains contemporains de 1'6ponue.

- 91 -
2°)
Le niveau d'implantation de la radio au Sénégal (19%6-1954).
Malgré les efforts de l'administration coloniale au lende-
main de la guerre(1), la radio reRte encore inRuffisamment im~lantée
au~rè8 de la majorité deR Sénégalais, entre 19%6 et 195%.
C'est que l'électricité
ne touch~nt pas encore l'ensemble
du territoire et le tranRiRtor n'existant pas encore, le pORte-radio
reste, pour l'essentiel, un objet de ville.
Par ailleurs, faute de licences d'im~ortation(2), les
réce~teurs-radio mis en vente sont en nombre limité et, de surcrott,
concentrés principalement à Dakar.
Ainsi entre 1952 et 1953, sur les 32 maisons de vente de
postes-radio recensées sur le territoire du Sénégal, 27 sont localis~es
dans la seule ville de Dakar (contre 3 à Saint-Louis et seulement 2 A
Thiès)(3'.
Dakar apparaft dès lors comme le ~rinci~al pôle de dévelop-
~ement de l'écoute radiophonique.
(1) C.f. infra. p.
(2) Au Sénégal comme dans l'ensemble fédéral de l'AOF, l'importation
de r~cepteurs-radio bon marchp avait ~t~ T~fusf aux commerçant~ locau~
par le Gouvernement Général.
Pendant très longtemps le marché de récepteurs-radio est resté un mono-
pole de l'industrie française.
(3) Source: A. J. TUDESQ, opus cité.

- 92 -
Ce Qui. à l'évidence. souligne une disproportion significative
dans la répartition du parc récepteurs à l'échelle territoriale du
Sénégal.
*
*
*
Les conséquences de la Conférence de Brazzaville et la
réorientation subséquente de la politique coloniale de la France au
lendemain de la deuxième guerre mondiale confèrent à la radiodiffusion
d'outre-mer un statut nouveau dans les rapports entre Paris et ses
colonies d'Afrique o
Le Sénégal bénéficie de cette évolution d'ensemble et dès
1951, la radio y connaft une phase de croissance assez remarquable o
Désormais. ce sont 2 stations de radio -au lieu d'une seule
comme à la veille de la guerre- qui existent au Sénégal o
Au plan technique, une étape est franchie dans la mattrtse
des infrastructures d'émission avec la mise en place entre Saint-Louis
(chef lieu territorial) et Dakar (capitale fédérale de l'AOF) d'une
liaison radiophonique directe.

- 93 -
Les premières émissions radio sont diffu8p.es à la fois sur
le8 antennes de Radio-Dakar et à partir du centre de radiodiffusion de
Saint-Louis.
M~me si ces émissions restent Mp.tropolitaines dans leur
conception et dan8 leur contenu on peut néanmoins dire ou'à partir de
1951, les structures d'une radiodiffusion Moderne existent au Sénégal.

- 9 4 -
CHAPITRE IV:
LA SORAFOM ET LA MISE EN PLACE DE LA CHAINE FEDERALE
RADIO-INTER-A.O.F. (1955-1957)
Si entre 1946 et 1952 la radio connatt au Séné.al une phase
de mutations significatives -.râce en ~articulier B lA mise en place
d'un service d'information radiodiffusée en 1952- le niveau d'équi~e­
ment d'ensemble des stations de Dakar et Saint-Louis n'est, en revanehe,
nullement à la mesure des ~révi8ions o~timistes du pro.ramme de
dévelon~ement de la radiodiffusion initié au lendemain de la Conférence
de Brazzaville.
* Malgré l'existence de la deuxième station -de Saint-Louis- la
radio est assez faiblement im~lantée au~rès du public séné~alai8.
* L'insuffisance d'un ~ersonnel technique et de production et
l'absence d'un statut cohérent rendent aléatoire toute nro~rammation
-originale et sénégalaise- en dehors du cadre strict du service de
radiodiffusion de la Franc~ d'outre-mer auquel la radio sénégalaise
est rattachée depuis 1952.
Jusqu'en 1955, la radiodiffusion présente, au Sénégal
-comme dans la plupart des colonies françaises d'outre-mer- un niveau
de développement ~récaire et nettement en retard sur les stations des
territoires coloniaux anglais.
Or, au même moment,
à Paris, parlementaires et autorités
gouvernementales se ~réoccupent fortement de connaftre "l'opinion des

- 95 -
population, autochtones"(1) et se soucient d'assurer autant que
1
1
possible leur information.
1
'/JI
Parallèlement les représentants africains -de plus en plus
!
:
,
nombreux à l'Assemblée de l'Union française et dans le ~ouvp.rnement
français, entre 1953 et 1955- accélèrent par leurs pressions, la
prise en considération par Paris, de l'importance que revAt pour
lévolution des peuples coloniaux français d'Afrique, le développement
de la radiodiffusion.
En 1955, la Société de Radiodiffusion de la France d'outre-
mer (SORAFOM) est créée et prend p.n char~e la tAche d'or~anisation et
de développement des infrastructures de radiodiffusion dans les ter-
ritoires d'outre-mer.
* Pour 18 ra~io~iffusion sénégalaise, lp. programme d'éQui-
pement mis en oeuvre par la SORAFOM entratne d'importantes mutations
de structures
inaugurant pour le Sénégal, une longue suprématie sous-
t
régionale en matière de radiodiffusion.(2)
* Pour les autorités françaises
le SORAFOM
qui succ0rle
t
t
ainsi au Service de Radiodiffusion ~'outre-mer, apparatt, ft bien
rles é~arrls, comme la solution ~pfinitive ~ l'épineuse prohlème ~p la
radio~iffusion d'outre-mer
- - ------------
- - - - - - - - - ------- -
(1) Au cours du vote à l'Assemblée ~e la loi du 2; juin 1956 relative ~
l'évolution des territoires d'outre-mer, Gaston DEFFERRE s'inquiète
"qu'il règne dans les territoires outre-mer un calme qui risque de
n'être quapparent"
cité par André-Jean Tudesq opus cit~ p.28
(2) C'est ainsi que gr&ce ~ la SORAFOM, Radio-Dakar bénéficip.ra, en
priorité, des services et é~uipements en matières de rR~;o~iffuRion.

- 96 -
1/
LA SORAPOM ET LA QUESTION DE LA RADIODIFFUSION DANS LES COLONIES
FRANCAISES
Si au lendemain de la Libération la nécessité de créer
et dévelo~~er un réseau de radiodiffusion dans les colonies est
ressentie ~ar les nouvelles autorités de Paris, un ensemble de diffi-
cuItés en retardent l'échéance.
En 1946 déjà, un fonds spp.cial(1) est voté et mis en place,
aux fins du financement d'un ~rojet de développement des stations
de radiodiffusion dans les colonies.
Mais l'absence d'un statut cob6rent de la radiodiffusion en
France de moyens techniques et financière(2) -mal~ré l'existence
du Fonds d'Investissement pour le Développement Economique et Social
(FIDES){3)- entravent l'exécution correete du projet.
Pourtant au même moment, l'importance du rôle de la
radiodiffusion dans l'édification et la consolidation de l'Empire
français est soulignée- dans les milieux politiques français.
(1) Loi du JO août 1946 portant or~~nisation sp6ci~le pour le finan-
cement et l'exécution des ~lans d~ dp.veloppement d~s territoires
d'ontre-mer.
(2) Pour des raisons financières, les ~missions de la Radiodiffusion
Télévision Française (RTF) à destination des territoires d'outre-mer
avaient du être interrompues.
(3) Un volet de ce fonds devait servir à financer l'équipement des
stations de radiodiffusion d'outre-mer.

- 97 -
De nombreux rapports const~tent l'i~a~~p~~t!on~es postes
~.etteurs existants(1) et concluent à la nécessité de donner aux
.tations coloniales une i.pulsion nouvelle.
"C'est d'abord pour les Masses autochtones que doit p.Mettre
la radiodiffusion de l'Union française ••• pas seuleMent les autoch-
tones cultivés mais la grosse masse de la population qui vit dans les
villages de la brousse et qui n'a pas besoin d'un rudiment d'ins-
truction pour être mise en mesure de bénéficier de la radio" indique
le rapport de la Commission inter-ministérielle du 1~ mars 1951.(2)
En clair, il s'agissait, pour les autorités françaises
d'élaborer une nouvelle politique en Matière de radiodiffusion outre-
mer autour des axes suivants :
* dp.velopper les émetteurs de radiodiffusion (ou en installer, au
besoin, là où ils font défaut),
* concevoir des programmes ada~tés aux besoins des ~0~ulation8
autochtones
* ~rollouvoir l'écoute ~o~ulaire, en mettant au ~oint des réce~-
(t' Lp. rllPoort Luci en JUNIIJLON (tp~osP 1p. 17 mars 1955 constl\\te en lllir-
ticulier : "Bien souvent, une absence totale de radio eût été préféra-
ble à des postes donnant tous les mauvais exemples : fonctionnement
technique défectueux, discothèque restreinte enchaînant les mêmes ren-
gaines dans un style publicitaire, bul1teins d'informtations enprunt~s
aux journaux locaux", rapport déjà cité pp. 101-166.
(2) Rapport ~ar André-Jean-Tudesq, ibid p.27

- 98 -
' (1)
t.ur. bon marche.
Devant les~limites ~videntes de la Soci't~ Financi~re
de Radiodiffusion (SOFIRAD) dans ce domaine(2), l'exp.cution ~e ce
programme a été confi~e à la SORAFOM Qui se rév~le assez vite,
comme l'instrument a~~ro~r:ié t'lI' la poliHqlll' métropolitaine en
mati~re de radiodiffusion outre-mer.
C'est Que, bén~ficiant de moyens plus importants(3) oue
les organismes qui l'ont ~récédée et nettement mieux adaptée aux
"réalités de la colonie", la SORAFOM a réussi l~ o~ ]a SOFIRAD, trop
m~tronolltaine a échoué:
* d'une part mettre en nlace t'l~ns l~s colonies n'outre-mer un
système radiophonique opérfttionnl'l et conforme BU souhait nes
nouvelles autorités françai ses au l ennl'mai n de la t'leuxi ème I!lH~rre
mondiale.
~ n'autre pArt, combler le Tetnrn consinérahle accu8~ n~r les
colonies françaises par rapport aux possessions an~laises, t'lans le
(1' En ce domaine, les autorités françaises se sont inspirées de
l'expérience t'les "radio-casseroles", initiée depuis lon~temps da~s les
territoires an~lophonps. Au Sénégal, le problème t'le poste-récepteur
se posait en termes ne monicit0 nu coût, apnrovisionnement ~n énergie
facilement disponible en milieu rnrFll, fiabilité t'le ln maintenance
(problème de pièces inchangeahles), simplicité nu maniement. Les
récepteurs t'l'alors ("La Voix ne son ml'lltre") étaient assez frusteR
posteR ~ lAmpes Rlim~ntés pAr ~~
grnsRPs hatteries ne ~kp
(2) T,a SOFIRAD a été le premi er orgnni sme pressenti 'Pour exécuter
ce prOJl:ramme.
(3) Créée par décret du minist~re de la France d'Outre-mer, le 18 janvier
1956, la SORAFOM était dotée d'une autonomie financi~re plus marqupe
que la SOFIRAD. Véritable centre nerveux du réseau radiophonique
d'outre-mer, la SORAFOM s'appuyait sur un système particulièrement
fonctionnel comprenant une Direction Technique, une Direction t'les
Pro~ramme8, une Direction du Personn~l et une Direction ne Formntion
du Pereonnel.

- 99 -
domaine des émetteurs et des réce~teurs.
* enfin et surtout, satisfaire à moindre coat(ll Iss exigences
centralisatrices de la politique Boloniales de Paris et réaliser
le vieux rêve métro~olitain : l'établissement d'un véritable r~seau
de radiodiffusion de la France d'@utre-mer.
A l'intérieur de ce réseau, en ~articuli~r ~our l'ensemble
fédéral ouest-africain, Radio-Dakar ioue un rôle important.
D'oà l'intér~t singulier manifesté ~ar la SORAFOM à
l'égard de la station dakaroise Qui,
à l'instar de la radiodiffnsion
au Sénégal, va connattre, au cours de cette ~ériode, un ensemble
de mutations significatives.
II/
LES RETOMBEES DE LA CREATION DE LA SORAFOM SUR LA RADIODIFFUSION
AU SfJ,NEG.U
A~rès la création de la SORAFOM, l'évolution de la radio-
diffusion s'accélère au SénPŒal.
Entre t954 et lQ55, Radio-Dakar et Radio Saint-Louis vont
-- - - - - - - - - - -
(t) En matière de réseau de radiodiffusion d'outre-mer, la nhiloso~hie
des resl)onsables français était la suivante: un seul èr,,;anisme devait
~lanifier et concevoir les radios et leurs programmes l)our toute
l'Afrique noire, même si ces ~rogrammes devaient être ada~tés au niveau
des territoires. De surcroit, la SORAFOM héritait de l'ensemble des
installations ultérieurement mises en ~lace par le service de radiodif-
fusion d'outre-mer.

-
100 -
disposer de moyens de pro~uction et ~~ diffusion accrus, tandis
qu'un ensemble de transformations de structures modifient le
physionomie d'ensemble de la radiodiffusion au Séné~al.
10 ) Le déve~~~ement des infrast~~ctures d'émission.
A partir de 1954, Radio-Dakar se dote d'un vpritable rpseau
d'ém~tteurs(1) : un émetteur rle 25kw ondes court~s d'une nort~e rle
'3 000 km, relayé par une autre de 4kw ondes moyennes d'une llortée de
500 km. (2)
Un troisième émptt~ur dp 10kw ondes moyennes de 150 km
-destiné plus spécifiquem~nt ~ la r&gion de Dakar- comlll~te l~ di8-
positif et renforce la puissance d'émission de Radio-Dakar.
Mais Dakar n'est "as la seule région concernée llRr 1'ins-
Kaolack, Tambacounda et Ziguinchor sont également
bénéficiaires du programme d'énuillement ainsi réalisé.
(2' Cpt &mettpur dessert, en narticulier, la zone de silence de
l'~metteur de 25 kw (ondes court~s).

- 101 -
* Tableau nO 9 1 Le pare émetteur radio au Sénégal (1952-1954).(1)
Sites
Annh
!
Puissance
!
Caractéristiques
t
d'implantation
t
t
!
!
!
1952
lkw OM
GA.TES
!
SJtint-Louil'!
!
!
!
!
25kw OC
!
THOMSON
!
Rufisque
,
!
!
!
1954
4kw OM
!
TRT
!
Rufi8~ne
!
!
!
, 10kY OM !
RCA
!
Rufisnu",
,
!
!
,
4kw OM
!
!
TRT
Kllolaclc
!
!
!
,
4kw OC
!
TRT
!
Ta",hl\\cou1Ϋla
,
!
!
!
4kY OC
!
TRT
!
7.i~uincbor
!
!
!
(1) Source 1 Direction Technique ORTS, Dakar.

-
102 -
Au total, 6 ~.etteurs de ~uis8ance et caractéristiques
variable.(1) sont installés un ~eu ~artout à trav~rs le ~ays.
L'ann~e 195~ constitue ainsi ~our le S~n~gal une ~~riode
particulièrement faste maroupe à la fois par le d~but d'une
décentralisation ~es infrastructures d'émission radiophonique et
par l'amorce de la mise en place d'une des couvertures hertziennes
les ~lus denses de l'AOF pour l'~~oque.
2°)
La formation des premiers agents de radio s~né~alais.
La création de la SORAFOM a coincidé avec le recrutement
et la formation des premiers a~ents de production et techniciens de
radio sénégalais.
A partir de 1955(1), deux catégories d'a~ents ont été
recrutés et envoyés en formation à Paris, au studio-~cole des Maisons-
Laffite :
(1) C.f. Tableau nO 9 déjà cité
(2) C'est entre Juin et Juillet 1955 que le Séné~al a recruté ses
premiers hommes de radio. Parmi ces "pionniers" on peut citer Alioune
FALL (futur Directeur Général de la Radiodiffusion nationale du
Séné~al) Mamadou TALLA (futur Directeur de Radio-Mali conseiller du
président malien Modibo KEITA) tous deux journalistes, Annette MRAYE
d'ERNEVILLE (ancienne Directrice des Programmes de Radio-Sénégal)
réalisatrice, Mamadou NDIAYE (technicien radio) aujourd'hui décédé.
Outre ces agents sénégalais, d'autres africains ont également été
formés au cours de la même p~riode : Emile TOUMPAPA, Papa THIAM et
Alassane DIOP (Guinée) et Amadou THIAM (Cate d'Ivoire).

- 101 -
* des animateurs locaux.
Recrutés en Afrique même a~rès un concours(l) organisé
par les autorités administratives locales, ces alents suivaient une
formation d'une durée de 6 mois.
* des reporters-journalistes!.
Cette deuxième catégorie d'agents, également recrutés sur
concours, suivaient une formation d'une ~lus lon~ue durée -12 'mois-
et caractérisée par une certaine polyvalence.
En effet recrutés le plus souvent au niveau du Brevet
Elémentaire de l'époque, les futurs resporters-journalistes rece-
.
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ques de base en reportage et ~résentation du journal ~arlé, mais de
surcroit, l'accent était également mis sur l'acquisition des
techniques en réalisation radio (animation, théâtre, musique, etc •• ).
(1' Parmi les ~remiers animateurs locaux, beaucoup d'a~ents ~es
services administratifs et territoriaux ont été recrutés et envoyés
en formation. D'où la répartition de "~rotégés des Gouverneurs" qui
a pendant 10ngtem~s été faite à cette catégorie d'a~ents ~e rA~io.
(2) De l'avis de certains "pionniers" de la radio sénégalaise, au
cours de leur formation l'accent était mis à la fois sur la formation
th~orique _ais aussi sur le travail de terrain. "Sur les 12 mois,
5 jours étaient consacrés 8 la consi~n8tion, une journée au reporta~e
et une autre au terrain."

- 104 -
3°) LeI premières pro~u~~i~~!-~ad1ophoniquesen langues africaines.
Le recrutement et la formation des premiers a~ents de
radio sénégalais a coincidé avec la programmation et la diffusion
des premières productions en "lan~ues vernaculaires".
Jusqu'alors, l'utilisation de cee. langues à la radio au
Sénégal, se bornait, pour l'essentiel, à la diffusion des ~rincipaux
bulletins d'information~(l)
A partir de 1955, de véritables productions en lan~ues
vernaculaires font leur ap~arition sur les antennes de Radio-Dakar
surtout.
C'est le cas en particulier de "la radio parle au paysan",
émission entièrement africaine à la fois dans son contenu, 8R
structure et sa forme de diffusion.
"La radio parle au paysan~, pr'cur,eur de "D11ssoo par la
Radio Educative Rurale" des années 1968, était entièrement réalisées
et diffusée en langue wolof.
(1) C.f. Chapitre II : Les débuts dp. la radiodiffusion moderne au
Sénégal, 8upra

- 105 -
(1)
(2)
Illustrée par un "back"
. de Falang
,cette émission
éducative était assurée à ~artir de 1955 par les célèbres animateurs
radio en langue wolof Adama DIAKHATE, Marianne SECK et Doudou DIOP
"L'aveugle".
Avec "la rAd; 0 pRrle RU paysa,!", RacHo-Dakar inaullure
ainsi, à partir de 1955, l'ère de la radiodiffusion en langues
nationales et la série des émissions éducatives de "masse".
L'importance que ~renaient ainsi les émissions en langues
vernaculàires au Sénégal à partir de 1955, reflète, sans doute, par
l'intprêt marqué, au cours de cette période, par les autorités
métropolitaines, pour les populations indigènes.
La mise en place de la SORAFOM et sa politique de formation
des premiers agents de rarlio sénégalais apparaissent, dès lors, comme
moyens de matérialisation rle cet intérêt à travers la radiodiffusion
au S'~négal.
40 )
De Radio-Dakar à Radio Inter-AOF.
L~ cré~tion de lA SORAFOM a Pllalement eu pour consé~u~nce
-- - ------------------- .._--
(1) Le "back" est une chanson rituelle des lutteurs trRditionnels
sénégalais avant le combat. C'est un poème chanté composé et inter-
prété par le champion lui-même.
(2) Falang était le pseudonyme d'Abdourahmane NDIAYE, paysan
.aratcher de Diender -local située à quelques kilomètres de Dakar-
et réputé comme bel athlète, lutteur intrépide et auteur de "backs"
célèbres.

- 106 -
un ehangement de tutelle et de statut de la radio au Sénégal.
Ainsi, à partir du 1er Août 1955. le service des PTT du
Sénégal qui jusqu'alors avait eu le monopole de l'exploitation
radiophonique cède la place à un serviee fédéral de radiodiffusion.(l)
Ce transfert de compétenee entre ~es PTT du Sénégal
et la SORAFOM s'acco.pagne d'une réorientation subséquente de la
vocation de la station dakaroise.
Radio-Dakar devient Radio Inter-AOF et acquiert une vocation
fédérale.(2)
Désormais Radio-Dakar dessert l'ensemble de la zone impartie
à l'AOF dans le réseau général de la SORAFOM.(j)
Quant à la station Radio-Saint-Louis, celle-ci devient
statf on territoriale SOU8 l' appe lati on de !':.~dio-Sén~gA..l pt Assure la
couverture des territoires séné~alai8 et ma~itanien•
..
*
*
*
(1) Ce service, placé SOU8 l'autorité de la SORAFOM, commence aussitôt
à fonctionner dans un immeuble administratif sis au bou~evard de la
République à Dakar.
(2) La présence de nombreux africains non séné~alai8 dans le personnel
de Radio-Inter AOF souligne, À l'époque, la vocation fédérale de la
station. C'est le eas d'Alassane DIOP, alors chef des services techni-
ques de Radio-Inter-AOF et futur ministre guinéen des Postes et Télé-
eo. .unications, de Godefried EKUE, de nationalité togolaise, animateur
de programmee, de Joseph OUEDRAOGO (futur homme d'Etat voltafque' alors
chroni~ueur en langue Mossi et à l'époque chercheur à l'IFAN de Dakar.

-
107 -
COMMe on le Toit, avec la SORAFOM, la radio, entre au
S~n~gal, dans une phase de mutations majeures.
Il
Son statut se pr~cise tandis que son exploitation devient
le fait de véritables agents de ~roduction au profil professionnel
~lus marqué.
Mais surtout, le Sénégal disuose désormais, d'une station
Radio-Intér-AOF qui, grAce à une vocation et des moyens de diffusion
exceptionnels va jouer un rôle de tout premier ~lan dans l'ensemble
fédéral ouest-africain.
III/
LES ENJEUX DE LA CREATION DE RADIO-INTER-AOF.
De l'action de h. SORAFO~f, 1 e Sp.négal a béri. t~ une supTé-
matie sous-régionale en matière de r~~iodiffusion.
Grâce à la SORAFOM, Radio-Dakar, It,Lparticulier, est
devenue "la station la plus im~ortante de l'AOF" indique Pierre MIQUEL(l).
Mais cette 8u~r~matie, si réelle soit-elle, obéit pour
l'essentiel, à un ensemble d'exi~ences ~olitiques de la Métrouole
que Rarlio-Inter-AOF s'efforcerA de concrétiser, tout au lon~ de son
évolution.
:
---------_...- ... - ._._----- ------
(1) Pierre MIQUEL opus cité, p.186.

- 108 -
* d'une part, la création de Radio-Inter-AOF répond à la
nécessité de la mise en place d'un "réseau français de radiodiffusion"
en Afrique noire.
* d'autre part, Radio-Inter-AOF MPtrialise la volonté de la
Métropole de renforcer le f6déralisme ~olitico-administratifdans
l'ensemble ouest-africain.
1°) Radio-Inter-AOF et le r~seau français de radiodiffusion en
Afrique noire.
En matière de radiodiffusion, le Sénégal n'a ~as échappé à
la conception générale qui a prévalu dans l'installation des infras-
tructures émettrices en Afrique noire française.
A propos de Radio-Inter-AOF on ne pel1;t pas parler de
véritables service national mais plutôt de réseAU.
Depuis, Dakar, la station Radio-Inter-AOF dessert la
Fédération ouest-africaine et nropose aux stations territoriales du
Soudan, de Côte d'Ivoire, de Guinée Française, du Dahomey, de la
Haute-Volta, du Niger, du To~o, de même qu'au Séné~al et à la
Mauritanie -par Radio-Séné~al internosée- des pro~rammes dits
"de prestige".
Ceux-ci, choisis le plus souvent par la SORAFOM sont réalisés
en français et destinés à un public déjà alphabétisé.

- t09 -
Par ailleurs, des liaisons régulières permettent à la
station dakaroise de présenter, dans les,diverses éditions de son
journal parlé, des nouvelles en provenanee de ebaeun des territoires
de la Fédération de ltAOF.
Sous ee rapport, Radio-Inter-AOF eorrespond parfaitement
à la eoneeption que Paris avait de la radio, en l'oeeurenee "un
ensemble eobérent susceptible de servir de lien entre les 'Pays où
elle s'implantait et la Métropoleo"(t)
Autrement dit, pour les autorités métropolitaines le
dévelop~ement dela radio dans les pays d'outre-mer ne se conçoit
qu'en terme de "réseau" ou de "syst~me".
Conce~tion à laauelle, Ra~io-Inter-AOF ~ar sa vocation
comme par son profil répond à bien des~égards.
2°)
Radio-Inter-AOF et les exigences duf'déralisme ouest-africain.
Par-delà la conception de la radiodiffusion outre-mer
qu'elle symbolise, la création de Radio-Inter-AOF obéit é~alement
à la nécessité de la mise en 'Place ~~ chaînes fédérales, beaucoup
plus commodes et davanta~e adaotées à la politique àes "~rands
ensembles territoriaux" initiée par Paris eu lendemain de la deuxième
~uerre mondiale.
(t) BEBEY (F.), La radiodiffusion en Afrique noire, Paris, Editions
Saint-Paul, t963~16.

- 110 -
Déjà à la Conférence de BrazBaville la constitution d'une
ré~ublique fédérale française avait été préconisée.
Selon cette formule, "les colonies, devenues territoires
ou états, auraient des liens directs avec la Métro~ole".(l)
Mais une telle conce~tion, trop lourde au plan administratif
et politique, fut vite dépassée.
En 1955, un fédéralisme sous -régional est à son tour
envisagé comme ~hase de transition des colonies d'Afrique noire vers
une plus grande décentralisation ~e leurs rapports avec Paris.
Pour y parvenir, il fallait renforcer le pouvoir des
capitales fédérales et mettre en ~lace des servicea fldéraux.
C'est dans un tel contexte qu'ont été créées les
stations de Dakar et de Brazzaville, respectivement pour l'AOF et
.~' ..:
l'AEF.
"La èapitale française n'avait, en Afrique noire, que deux
princi~ales succursales: Dakar et Brzzaville dont l'importance gran-
dissait sans cesse, sans qu'un intér~t semblable fat accordé aux
autres capitales africaines" note Francis BEBEy.(2)
(1) DE BENOIST (J.R.), La balkanisation de l'Afrigue Occidentale
française, Dakar, Abidjan, Lomé, NEA, 1979, p.135.
(2) François BEBEY, ~us cité p.17

- 111 -
Si, au plan politique, la création de Radio-Inter-AOF
sr-bolise le renforceaent du pouvoir fédéral ouest-africain, le
fonctionnement de la station dakaroise -ultra centralisé- se trouve,
paradoxalement, en contradiction avec l'idée d'autonomie sous-
.
(1)
jacente A l'option fédéraliste de l'époque •
.,
Aucune décision concernant Radio~Inter-AOF ne pouvait être
envisagée sans en inférer, au préalable à Paris.
C'est que, pour les autorités françaises, la formule la
mieux indiquée en mati~re de radiodiffusion outre-mer est celle qui
"concilie les principes de décentralisation politique et les n~ces-
sités d'une coordination professionnelle inhérentes à la technique
radiO~honiqUe."(2)
En d'autre termes, il fallait mettre en place, non pas des
stations territoriales n'ayant aucun lien entre elles, mais plutôt
un réseau de stations rli8s~minpes sur l'ense~bie du "territoire
français" d'Afrique et fonctionnan~ grâce à une coordination assurée
par un échelon central situé à Paris, si~ge de la SORAFOM."(3)
(1) Le statut des Territoires d'outre-mer (TOM) ~tait un compromis
entre l'Assimilation (int~~ration à l'ordre juridique métropolitain'
et l'autonomie (organisation fédérale). Lorsqu'il reçut le porte-
feuille de la France d'outre-mer (FOM' dans le ~ouvernement Edgard
FAURE le 23 février 1955, Pierre Henri TEITGEN ne cacha pas ses objectifs
"A la phase de décentralisation administrative devait succ~der le
parach~vement politique qui serait une structure de type fédéral" in
Joseph-Roger DE BENOIST, opus cité p.160.
(2) Francis BEBEY, Jb~d. p.30
(3) ibid. p.3!.

- 112 -
En clair, en renforçant le raIe de Radio-Inter-AOF la
SORAFOM ne faisait que renforcer le pouvoir de Paris.
Preuve que la station dakaroise jouait déj~ ~ Itépoque
un rôle politique certain.
Ce rôle n'allait cesser de s'acc~ortre tout au long de
l'évolution des territoires coloniaux de ItAOF au cours des années
suivantes.
*
*
*

- 113 -
CON C LUS ION
===================
En conclusion à cette pre.i~re partie de notre Itude,
on peut dire que les débuts de la radio au Sénégal sont à l'image de
l'histoire de la radiodiffusion dans les colonies françaises d'Ontre-
mer.
Mise en place très tôt, en 1911, la radio au Sénégal, se
confond, au départ, avec la radiotélégraphie coloniale.
Autrement dit et pour l'essentiel, c'est un système de
transmission de message codés à usage exclusivement administratif et
militaire.
De ce point de vue, la radio, répond, à l'origine, au
profil de technelogie étrangère au Sénégal et à ses habitants.
Cettp c~raetéri8tique majeure se ~onforme, rll1 reste, par
l'évolution ultérieure de ce "med{~.
* De 1928 à 1957, en effet, les étapes de l'évolution de la radio,
depuis la station de TSF inte~colonial JUSQu'à Radio-Jnter-AOF,
épousent les contours de l'histoire politique ~p. la colonie du Séné~al
dout les diverses phases constituent autant de jalons si~nificatifs
de sn croissance.
* En 1939, l'imminence de la deuxième guerre mondiale met en
relief le caractère d'enjeu stratégique de Radio-Dakar dans les luttes

-
114 -
d'influence que se livrent alors le gouvernement ~p. Vichy et la
"France Combattante".
* Entre 1955 et 1957, les npcessitp.s de la consolidation du
fpdéralisme ouest-africain transforment Radi~-Dakar et lui confèrent
le raIe de station la nlus importante de l'Afrique noire tant au
vlan de la vocation qu'à celui des infrastructures.
Toutefois, malgr~ le pro~ramme hardi de dp.veloppement
radiophonique initié dans le cadre de la SORAFOM et en dépit des
déclarations officielles ~'intention faites çà et là, la radio est
loin d'occuper au Sp.négal, la place à la mesure de l'importance de son
évolution comme moyen d'inform~tion.
Car jusqu'en 1957 et malgré l'existence de quelques rares
productions en langues "vernaculaires", on ne peut pas, parler de
ralH 0 v(,ri t~1J1 ement sénégalai SP..
* En effet, Radio-Inter-AOF êomme Il.aoio-Sai nt-Louf 8 se contentent
de relayer les dép~ches de l'Agence France Presse (AFP) ou les
émissions de Radio-Paris.
* nt> Sllr~ro i t 1p s Il i ff,{rpnt.~ nrf\\!"r~m"," s, ~1l ('ont.p"11 t.ron m,{f.roTlo-
litain, refl~tent tr~s peu les or~occllnations "locales".

-1.1.5 -
* Enfin, le mode de fonctionnement des stations de Dakar et de
Saint-Louis, trop centralisé vis-à-vis de Paris, n'autorise guère
une gestion véritablement endogène.
A partir de 1.958, une nouvelle phase s'amorce dans
l'évolution de la radiodiffusion au Sénégal, en accord avec l'évolution
sodo-poli tique de ce terri toi re.

DEUXIEME
PARTIE
DE RADIO-INTER
AOF A LA
------------------------
RADIODIFFUSION NATIONALE DU SENEGAL
(1957-1970)

- 117 -
CHAPITRE V 1
"DE RADIO-INTER-AOF" A "RADIO-INTER" (1957-1959)
A partir de 1957 la radiodiffusion connaft au S~n~gal une
i.~ulBion nouvelle.
* Au plan des structures, le urogramme d'équi~ement initié ~ar
la SORAFOM se poursuit et s'amplifie.
"Radio-Inter-AOF" comme "Radio-Sénégal" -qui entre-tem~B
av.tt été transférée ~ Dakar- augmentent leur capacité de diffusion
et bén~ficient de moyens de productions accrus.(1)
Au cours du deuxième semestre de 1957, la station de Saint-
Louis -devenue "Radio-Mauritanie"- démarre ses émissions.
Son niveau d'équipement lui permet dasormais d'exploiter
"les éléments culturels spécifiquement maures(2), comme le souligne
Francis BEBEY.
(1l "Radio-Inter-AOF" disposait de 1 studios d'enregistrement ~lus un
"relais" pour Saint-Louis (ce relais était appel' couramment "Studio-
Mauritanie").
A ces unités d'enregistrement s'ajoutaient; unités de monta~e,
d'écoute, de reportage. On notait aussi la présence d'UMDiscothèque,
d'uneFilmothèque et d'un studio d'enregistrement folklorique.
La station disposait enfin de ; émetteurs: 25kw (ondes courtesl
4kw (ondes tropicales) et 10kw (ondes moyennes).
"Radio-Sénégal" bien que moins nantie que la station fédérale
s'appuyait n6anmoins sur 2 studios d'enregistrement et 2 'metteurs de
puissance variables: 1 émetteur (ondes moyennes) de 8kw et 1 émetteur
(ondes tropicales) 4kw.
Source: Séminaire international sur la radio et la télévision au
service de l'éducation et de l'information, déjà cité, PP.; et 4.
(2) Bebey (F.), opus cité, pp.41-44

- 118 -
Par ailleurs le centr~ ~m~tteur de Yeumbeul(f) sur lenuel
elle s'a~puie, dispose d'un ~metteur d'une puissance de 4kw (en ondes
eourtes).
* Au plan des textes organisant les struetures et le fonctionnement
de la radio ~galement, des changements assez significatifs interviennent.
Le statut jusqu'alors essentiellement m~tro~olitain de la
radiodiffusion est progressiTement remis en question ~ar les nouTelles
autorit~s territoriales du S~n~gal issues de la "loi-eadre"(2) de
1956.
Ainsi la dimension d'instrument d'affirmation de la person-
nalit~ politique africaine de la radio commence à se r~v~ler, à partir
de 1957. Cette dimension se confirmera, du reste, tout au long de
l'~volution politique ultérieure du S~n~gal et de l'eGae.ble f~d~ral
ouest-africain, de 1956 à 1960.
Il LA RADIODIFFUSION ET L'"EBAUCHE" D'UNE POLITIQUE D'INFORMATION
AU SENEGAL (1957-1958)
En mai 1957, un Conseil rle gouvernement territorial est mis
en place au Sénégal, à l'instar des 7 autres territoires rle l'AfriQue
(1) Localit~ situ~e dans la banlieue de Dakar.
(2) C.f. supra.

- 119
Occidentale Française (A.O.F.).
(1)
Issu de la "loi cadre"
du 23 juin 1956, ce gouverne-
aent est investi de la aission d'assurer la bonne marche des
"affaires locales".
Avec la "loi-cadre", c'est un véritable exécutif territortâl,
nanti de prérogatives adainistratives et politiques importantes,
qui préside désormais aux destinées du Sénégal.
Une des tâches immédiates du nouvel exécutif local consiste
à définir une politique d'information à l'usage de la jeune entité
terri toriale.
Pour cela, il fallait d'abord dégager le cadre juridique
organisant les structures et le fonctionnement du service d'informa-
tion, mis en place au Sénégal quelques annéesplus tôt.(2)
~.
C'pst ~jn8i Qu'en mai 1957, un arr~t~(3' rl&l~~ue ~u ministre
(ll Le 21 juin 1956, le parlement français votait une "lot-CAdre".
Oeuvre du ministre français de la FOM de l'~pooue G. Defferre, cette loi
Autorisait le ~ouvernement À mettre en oeuvre les r~formp~ et ~ nrendrp
lps mpsures n~cessAires ~ QSRUrpr l'&volution des TOM ver~ nnp ~pgtion
nlue autonome de leurs int&rpts. L'&l&ment de hase &tait le territoire
et ch~"up territoire &tait dot& de la nersonnalit& civile et de l'auto-
nomie financi~re. La cr6ation la nlus importante &tait celle d'un conseil
de ~ouvernement À l'int&ripur de chaque territoire. Gr~ce ~ CP v&ritahle
e~&cutif territorial les autochtones pouvaient enfin nrendre nArt aux
resnoneabi1it~s de l'action politique dans les territorre~. Avec la
"loi-cadre" l'id&e d'"autonomie" était acceptée et la politiQue de d~­
cent~alisation et d'assimilation" en vi~ueur jusqu'ici abandonnée.
(2l C.f. infra.
(1l ~rrêt& nO 3780 du 24 mai 1957 modifi~ par l'arrpt& nO 4020 du 4 juin
1957 in "Ranport sur 1 'activit& ~pn&rale du Conseil de Gouvernement et
sur la marche des services nublies territoriaux", rAnnort n&riodioue
2G58 Ji n.7.

-
120 -
certains organismes territoriaux dont le service ~e l'inforMation du
Quant à l'organisation des structures et ~u fonctionneMent
du service,
les textes en vigueur s'appuient encore sur 1eR arrêt~s
(2)
locaux d'août 19~8 et d'aTril 19~9.
Cela, en attendant "la mise au point et l'adontion défini-
tive d'un projet d'arrêt~ par le Conseil de Gouvernement ll .(3'
Outre l'~dition d'un bulletin quotidien d'information et
la création d'une "section Cinéma", le service d'information terri-
torial ~u S~n~ga1 se fixa deux objectifs majeurs:
* d'une part l'ouverture de bureaux ~'information à ThièR,
Kaolack, Ziguinchor et Matam.
* mais surtout la modification de la Convention tprritoirej SERAFOM,
relative au "fonctionnement des stations de radiodiffusion imnlantées
(2) Arrêtés du 28 août 1948 pt nO 1867/C du 28 avril 1949. in "Ranport
rlu ConRPil général du Gouvprnempnt" d&jR cité, ~.15.
(;) ibid. ~.15
(~, ibid. p.16.

- 121 -
Du reste, la conf~rence des ministres cbar~~s d~ l'infor-
mation r~unie les 14, 15 et 16 décembre 1957 A Dakar s'~tait d~jA
~enchée 8ur les ra~~ort8 entre les nouvelle8 autorit~s locales
africaines et la SORAFOM.
Les reco••andations de ces assises avaient ~ermis A la
Conf~rence des Présidents et Vice-nr~sidents de Conseils de Gouverne-
.ents(1) de ~rendre la décision d'~largir l'inter~r~tation des
conventions qui lient les territoires et la SORAFOM, A deux niveaux:
* d'une part, la tutelle des "comités supérieurs des urogrammes"
* d'autre part, le mode de dési~nation des chefs de stations et
des res~onsables des "journaux parlés".
En ce qui concerne les "Comit~s supérieurs d~s nrogrammes",
la conférence de Paris avait confirmé la nécessité de les ~lacer,
à l'instar des services d'information, sous la présidence exclusive
des ministres locaux de l'information (ou de leurs re~r~sentants'.
Leur composition, en revaucbe, devait continuer A être
fixée de "gré à gré", entre la SORAFOM et le chef de territoire du
Conseil de Gouvernement.
Quant aux chefs de stations et responsables des "journaux
paTJ~8", leur d~si~n8tion dpVTRit d~soTmais s'~ff~etupr "sur prono-
sition de la SORAFOM, après agrément donné par le Conseil de GouveTnement"{2)
(1) Paris, du 10 au 12 février 1958.
(2) Rauuort cité,
ibid, p.17.

-
122 -
On le voit, la nouvelle politique d'information ainsi
que ses objeetif. d'finis par les autorités territoriales séné~a­
laises h partir de 1957, apparaissent, sous bien d'aspeets, eomme
autant de moments signifieatifs de l'évolution de la plaee et du
rôle de la radio au Sénégal, au eours de eette période.
* La bataille juridique autour des textes réglementant l'organi-
sation et le fonetionnement du service d'information territorial
est révélatriee de la volonté politique des nouvelles autorités
sénégalaises d'oetroyer h l'information et aux "medias" un statut
afrieain.
Lad~rioneiation de la tutelle de la SORAFOM -devenue pesante-
est signifieative h eet égard.(l)
* L'ouverture de bureaux d'information h Thiès, Kaolack,
Ziguinehor et Mata. préfigure une déeentralisation des struetures
et une amélioration de l'audience de la radiodiffusion au S~né~al.
* L'édition de bulletins d'information quotidiens et la nomination
de responsables des "journaux parl~s" soulignent enfin l'importanee
que revêt désormais l'information -quotidienne et régulière- eomme
besoin social des nouveaux citoyens séné~alais.
On peut donc dire que la politique d'information ébauchée
(1) Un des objeetifs définis par le Conseil de Gouvernement du Séné~al
pour 1958-1959 prévoit en partieulier : "la poursuite de l'aetion
eng~~ée auprès de la SORAFOM pour le développement de "Radio-Sénégal",
dans le Bens des revendieations formulées par le Conseil de Gouverne-
ment du Sénégal". in "Rapport déjh eité p.18.

- 121 -
~ partir de 1957 par les nouTelles autorit~s territoriales sén~galai.es
reflète chez celles-ci l'affiraation d'une per.onnalit~ politique
spécifique, au lendeaain de l'application de la "loi-cadre" et du
principe d'auto-détermination qui la Bous-tend.
Bien plus, cette politique apparatt comme la reconnaissance
implicite du rôle de l'information comme moyen efficace de consolida-
tion de la nouvelle entité politique .~négalaise en formation et de la
nécessité d'une gestion autonome et endogène des organismes chargés
de la diffusion de l'information.
11°/
"RADIO-INTER-AOF" ET LES QUERELLES "FEDERALISTES" ET
"COMMUNAUTAIRES" (1959-1960)
Au moment de l'application de la "loi-cadre" et au cours
de la mise en place des différents exécutifs territoriaux dans
l'ensemble fédéral ouest-africain, "Radio-Inter-AOF" devient l'enjeu
de luttes politiques entre tenants de la thè8e favorable au maintien
de la Fédération et partisansdu courant "territoriali8te".
Le débat autour du poste fédéral sera ~ nouveau relancé
en 1959 à l'avènement de la Communauté franco-africaine.
1°) "Radio-lnter-AOF" et la querelle pour le maintien de la
Fédération oue*t-africain.
Au cours des débat8 Aur le8 décrets d'a~nltcation d~ la

-
t2~ -
"loi-cadre", "Radio-Inter-AOF", à l'instar des différents serTiees
publics de la Fédération, retient l'attention des élus et reeponsa-
bles des territoires d'Afrique noire.
Dans une motion adressée au ministre de la France d'outre-
mer, le Grand Conseil de l'AOF{t), au sein duquel siè~ent de nombreux
élus faTorables au maintien du caractère unitaire de la Fédération
de l'AOF -parai ces élus on notait les conseillers sénégalais-
demande que soient définis les services dont la gestion restera
co.mune -donc aS8urée- à l'échelon des groupes territoriaux.
Cela même si, dans le même texte, les conseillers souhaitent
une "décentralisation au maximum de la ~estion des services publics
au profit des territoires"(2), tout en réaffirmant le "caractère
fédéral du groupe de territoires de l'AOF".(3)
Au nombre de ces services figure "Radio-Inter-AOF", vestige
de l'ancienne fédération implantée à Dakar.
(t) Lé~islatif fédéral organisé par la loi du 29 août t9~7, le Grand
Conseil'de l'AOF regroupe les parlementaires des 7 territoires de l'AOF
(5 membres par territoire). Son rôle essentiel est le vote du bud~et
~~néral de l'AOF. Mais son pouvoir s'étend é~alement au contrôle et à
la ~estion de tous les services publics de la Fédération. Sa composition
n'ayant pas été fondamentalement modifiée par la "loi-cadre", le Grand
Conseil continuait à gérer les intérêts communs aus territoires. Toute-
fois il ne pouvait désormais faire que des "recommandations" au Haut-
Commissaire et aux territoires.
(2) Délibération nO 690 GC/56, Bulletin du Grand Conseil de l'AOF,
nO 2t, p.938, cité par de Benoist, J. R., opus cité p.30~

- 125 -
Au cours des discussions ~ l'Assemblée nationale française
~ortant sur la r'partition des servioes publics(1), le député
Sen«hor essaya -sans succès- de rattacher la radiodiffusion au%
services fédéraux, et de "laisser au% territoires la propriété des
immeubles affectés au% services civils de l'Etat".(2)
C'est que pour le député du Séné«al, comme pour les
leaders africains favorables au% thèses de maintien de la Fédération,
"Radio-Inter-AOF" constitue ~ la fois un acquis "fédéraliste" et
une garantie contre le danger de "balkanisation" que la "loi-cadre"
entrainait pour l'unité de l'Afrique noire.(3)
En dépit de l'échec relatif de la requête de8 fédéralistes,
la question de "Radio-Inter-AOF" sera de nouveau évoquée.
En particulier dans le cadre des négociations pour la
mise en place des institutions de la "Communauté franco-africnine"
en 1959.
(1) S~ance du 31 janvier 1957.
(2) de Benoist, J.R. ibid. p.;l?
(3) Les "fédéralistes" n'ont jamais caché leur hostilité ~ la "loi-
cadre" dans laquelle ils voyaient "les germes de dislocation et la
rlésinté~ration de la Fé~érRtion d'AOF, la suppression de l'eA~rit de
solidarité fédérale, l'asphy%ie des territoires déshérftésj etc ••• "
A l'oPP08é, les fédéralistes préconisent le maintien des fédérations
e%istantes et un renforcement des organes fédérau%, par la création
de v~ritables exécutifs fédéraux.

- 126 -
20)
"L'affaire Radio-Inter"
Après la"loi-cadre", l'évolution politique des territoires
de l'ancienne AOF s'accélère.
(1)
Le référendum constitutionnel de Septembre 1958
~araehèTe
la "territorialisation" de l'ensemble fédéral ouest-africain dont
les différents états ~A l'exce~tion de la Guinée{2) se retrouTent au
sein de la Communauté franco-africaine(3), nouveau cadre d'expression
de leur jeune personnalité politique.
Le Sénégal et le Soudan, tout en étant membres de la
Communauté, restent cependant fidèles à leur conviction "fédéraliste"
et constituent en avril 1959, la Fédération du Mali.(4)
(1) En juin 1958, le général de Gaulle, nouveau ~r~sirlent du Conseil
de la Ve république annonce son intention de mettr~ ~n place de nou-
velles institutions et d'établir des liens de ty~e fédéral entre la
France et ses anciennes possessions.
L'aTant projet constitutionnel élaboré par le Gouvernement de la Ve
république retenait l'idée d'une "fédération franco-africaine" mais
excluait tout droit A l'Indé~endance. Les seules ~ossibilités offertes
aux TOM étaient le maintien de la loi-cadre (article 66, alinéa 2), ou
la départementalisation (article 66, alinéa 2) ou la fédération
(artféle 67 et suiTants).
Tout refus d'adoption du texte constitutionnel lors du r~f~rendum de
se~tembre 1958, entrainant imm~diatement l'indépendance pour le
territoire concerné.
(2) La Guinée ayant rejeté les ~ro~ositions françaises est devenue
indé~endante le 28 septembre 1958 a~r~s son "non" historique.
(3) Le terme "communauté" a été ~référé ·à celui tro~ "strict" de
"fédération".
(4) Outre le Sénégal et le Soudan, la Fédération du Mftli regroupait
également la Haute-Volta et le Dahomey, avant que ces deux territoires
ne se retirent peu après.

-
127 -
Devenue "Radio-Inter" après le r~1~rendum de 1958,
"Radio-Inter-AOF" est revendiquée par les nouvelles autorités
1édérales du Mali.(1)
Mais Paris et les autres territoires de la Communauté
franco-a1ricaine -en particulier la Haute-Volta et le Dahomey qui,
entre-temps, avaient décidé de rejoindre la Côte d'Ivoire a1in de
former le Conseil de l'Entente(2)- contestent ~goureusement au
Mali, le droit de s'approprier l'ancien poste fédéral.
Entre la Communauté et le Mali s'installe un différend
-l'"affaire Radio-Inter"- qui culmine le 20 avril 1959 lorsque, sur
décision conjointe du Haut-commissaire général à Dakar -R l'époque
Pierre:Messmer- et du ministre fédéral malien de l'Information,
le poste de Dakar cesse ses émissions, pendant que de~ scellés sont
appos~s à l'entrée des studios.
Quelques semaines plus tôt,
les 10 et 15 avril 1959,
autorités fédérales du Mali et responsables de Radiodiffusion de la
(l'A CP nropos le Monde nps 26 pt 27 avril 1959 notp : "Commp ils
s'&t~ient appronri& les loc~ux ~p l'ancien Grann Conspil ~p l'AOF, les
niriŒeants du Mali entennaipnt ~'assurpr ~p l'installation ne "Radio-
Inter".
(2' "Le Conseil ne l'Entente" -autrefois "Union-B~nin-Sahel"-a ~t~
officiellement cr~~ le 29 mai 1959 • Abidjan, entre la Catp d'Ivoire,
la Haute-Volta, le Dahomey et le Ni~er.
Structure particulièrement sounle, le Conseil de l'Entente ne comportait
aucune institution de type fpdéral superpos~e ~ celles des Etats membres,
ni aucune rppartition des comp&tences politiques entre l'association et
les pays qui la composent.
ILe Conseil de l'entente apnaraissait navantage comme une structure de ren-
~orcement de la solidarit& entre nays voisins, plutôt ~u'une "antf-
Fédération du Mali" comme on 8 pu le penser à l'époque

-
128 -
France d'outre-aer avaient, sana succès,
essay~ de d~nouer le
conflit.(l)
Le samedi 25 avril s'ouvre à Paris la r~union des ministres
de l'information et des délégués des gouvernements de la Communauté.
A cette r~union, à laquelle ~articipent MM. Emile Badiane,
secrétaire d'Etat à la Présidence, chargé de l'Information du
Sén~gal et Madeira Kefta, ministre de l'Intérieur du Soudan, la
la Question des anciens postes fédéraux ("Radio-Inter-AOF" et "Radio-
Inter-AEF") est évoquée, en même temps que le problème de l'"organisa-
tion et la gestion des postes de radiodiffusion locaux".(2)
Les ministres n'ayant pu se mettre d'accord sur le "sort
de Radio-Inter"(3),
la question est renvoyée à la réunion du Conseil
Exécutif de la Communauté des 4 et 5 mai 1959 à Paris.
(1) "Sur convocation téléphonhue de M. Tidjani Traor~, Ministre de
l'Information de la Fédération du Mali, Monsieur Robert Pontillon,
Directeur général de la Radiodiffusion
de la France d'Outre-mer (SORAFOM)
est arrivé à Dakar venant de Paris,
le 9-4-59 en vp,e de mettre rapidement
au point les aodalités de transfert de"Radio-Inter"à la Fédération du
Mali. Une première rencontre eut lieu le 10.4.59 ( ••• , . Aucun accord
n'étant intervenu, à l'issue de cette rencontre, un Recond rendez-vous
fut fixé au mercredi 15 avril 1959 ( ••• ) M. Pontillon était norteur
d'un projet de Convention Que la délé~ation gouvernementale malienne
rejeta en entier ( ••• ). Finalement un protocole d'accord fut rédi~é •••
Son contenu fut cenendant remis en cause par le Directeur ~énéral de 18
SORAFOM ••• Le dimanche 19 avril, i l fut décidé que "Radio-Inter" cesse-
rait nrovisoirement toute émission sur le territoire de la Fédération
du Mali,
à compter du lundi 20 avril à zéro heure." in Communiqué de
presse de M. Tidjani Traoré, ministre de l'Information du Mali, Afrique
Nouvelle nO 611,24 avril 1959.
(2) "Afrigue nouvelle" nO 612,
le mai 1959.
(3) ibid.

- 129 -
Un ".odus vivendi" provisoire est adopt' avec l'accord des
représentants de tous les états intéress's -y compris le Sénégal e~
le Soudan- "en attendant qu'une Commission de dévolution des biens qui
doit réunir en juin, ne règle d~finitivement la question de "Radio-
Inter"".(1)
Un "comité de programme de Radio-Inter-AOF" est constitué(2)
et prend des ae.ures afin que les émissions de la station dakaroiee
reprennent.
Malgr' l'abstention des délégués soudanais et sénégalais,
"Radio-Inter" reprend ses émissions le 15 mai 1959 à 12h GMT.(3)
Ainsi, l'"affaire Radio-Inter" qui a dur~ 25 jours, s'achève
sur un compromis "heureux", même si celui-ci est loin d'être partagé
pa; les autorités maliennes.(4)
(1) Afrique nouvelle nO 613, 8 mai 1959
(2) Ce comité a été constitué en application de la décision prise par le
Conseil Exécutif de la Communauté (4 et 5 mai 1959, Paris'. Il comnrend
un représentant de chacun des Etats de l'ancienne AOF ayant opt~ pour la
Communauté. Sa composition était la suivante s MM Achaume (Niger), Ciré
Bâ (Haute-Volta), Ould Che$uir (Mauritanie), Ndiaye (Soudan), Lamine
Diakhaté (Sénégal), Elsha (Dahomey) et l'Inspecteur Brasseur (France).
(3) "Afrique Nouvelle" nO 615, du 22 mai publie le communiqu~ final des
travaux du Comité des Programmes: "Le Conseil des pro~rammes de "Radio-
Inter" s'est réuni les 13 et 14 mai 1959. Après une lar~e échan~e de vues
~ans la journ 6 p du 1~, le Conseil a adoptf le 14 Mai, ~ l'unanimit~ des
six MeMbres présents, les décisions qu'il lui appartenait de prendre pour
assurer la reprise du fonctionnement de "Radio-Inter" dont le silence a
créé un certain malaise dans l'ensemble des populations des Etats d'Afrique
occidentale •••• "
(4) Les délégués 80udanais et sénégalais objectent que la Fédération du
Mali ne saurait être "liée par des décisioDs' prisMau cours d'une réunion
au cours de laquelle ils ne disposent pas d'une "représentation spéciale",
te Monde 26 et 27 avril 1959.

- 1~O -
Mais, ~ar-delà ses ~éri~étie8, ce conflit est révélateur
des a.bi(Uités qui carctérisent les rannorts entre la France et la
Féd~ration du Mali, en particulier dans le cadre du transfert des
comp~tences entre Paris et les nouvelles autorités mAliennes.
Par ailleurs,
l'"affaire Radio-Inter" ravive la vieille
Querelle entre "fédéralistes" et "territorialistes", ~ourtant re~roupé.
dans le .êMe ensemble politique: la Communauté franco-africaine.
al "Radio-Inter" et le différend Fédération du Mali/Communauté.
Le conflit Qui a onnos~ les autorités du Mali ~ la France
-par SOR~FOM internosée- met en relief la complexit~ du processus de
.
transf~rt des compétences entre Paris et Dakar, au moment de la mise
en place des institutions de la ~ommunAuté, comnle~it~ accrue par
la situation particulière de la station fédérale "Radio-Inter".
C'est Que la radio ne fi~urait pas au nombre ~e8 comn~tences
communes énumérées à l'article 76 de la Constitution de la Vé r~nubliQue.
En l'absence de textes clairs et pertinents, les nouvoirs
exercps en ce domaine par les Haut-Commissaires ont ttt tr~nsfpr~R
aux ~ouvernements des Etats africains et mal~ache oui ont nri8 en
char~e les stations locales. (1)
(1) "La radiodiffusion n'étant nas du domaine de la Communaut~, chaQue
~tat lèrera son ~oste local, étant entendu qu'il nassera une convention
d'assistance technique avec la RépubliQue française."
AfriQue nouvelle nO 612, 1e mai
1q55.

-
111 -
Les responsables maliens en firent autant,
intervr~tant ainsi
les dispositions constitutionnelles en vi~ueur.(ll
En revanche, Paris ne concevait guère le fonctionne~ent
de "Radio-Inter" en dehors ~u c~dre strictement communautaire.
Comme telle, la station f~d~rale de l'AOF -comme, du reste
la station locale "Radio-Sénégal" devait nécessairement consacrer aux
états de la Communauté, beaucou~ nlus d'heures d'émissions Qu'elle ne
le faisait jUSQU'ici.(2)
L'argument des resnonsables français est d'ordre purement
financier.
Selon eux,
"Radio-In~er" -à l'instar de "Radio-Inter-

Eguatorial"-
fonctionne grâce à un bud~et alimenté ess~ntiellement
par d~s canitaux d'origine métronolit~ine.(')
(1) Dès le 6 avril 1959, le décret nO 3 du gouvernement du Mali si~né
nar M. Tidjani Traor6, ministre de l'information proclamait Que "Radio-
Inter" devenait "Radio-Mali". Pour les autorités maliennes "Radio-Inter
AOF" était perçue comme une station locale (au même titre que les stations
SOUdanaise
et sén~galaise'.
(2' "Si l'on se réf~re aux "scrints" de l'&mission : "Le Sén~gal vous
~arle" -é~uivalent de notre "Journal narl~"- diffusée n~r "Radio-Sénégal",
on y constate avec surprise Que ~eux minutes d'émission Bont ~énéralement
consacr6es aux Etats de la Communauté contre dix huit au reste ~u mon~e-
à l'ensemhle du Continent noir notamment". note le journ~liBte Philinne
Decraene dans le Monde des 26-27 avril 1959.
(3' JUSQu'au 30 juin 1959, l'éQuinement des stations de radio dénendant
des ~ouvernements africains est assuré par des crédits FIDES (tranche
1958-1959). Pour l'exercice 1959, le bud~et de fonctionnement de cps
stations demeure, à concurrence de 80% -soit 1 300 millions- à la char~e
du bud~et métropolitain". Le Monde, déjà cité.

- 112 -
En clair, le confHt "Radio-Inter"/ Comllunaut~ franeo-afri-
caine soulève un problème pol i tique ma.ieur :
la n&.cessi t~ d'instaurer
des rapports de coop~ration plus équilibr~s, en matière de radiodif-
fusion, entre la France et ses nouveaux partenaires.
L'"affaire Radio-Inter"
met é~alement en lumière l'ur~ene@,
"our Paris, d'~laborer une 'Politique d'ex'Ploitation radiophonique
"lus conforme aux int~rêts de la C011lIlUnaut~.
Cela d'autant plus Que la SORAFOM elle-même,
jusqu'alors
seul or~anisme investi de la tâche d'~Qui"ement et de dévelo'Puement de
la r~diodiffusion dans les territoires d'outre-mer, traverse depuis
1957, une crise de "vocation".(l)
b' "Radio-Inter" et l'anta~oni8me Mali/Entente.
L'"affaire Radio-Inter", bien Que relevRnt du problème Œénéral
et cOllmun à la gestion des anciens postes f~déraux d'Afrioue noire,
8e l'ose en AOF en des terMes différents Qu'en AEF.
Autant les quatre ~t~ts de l'ancienne féd~ration énuatoriale
s'~tRient s~'Par's sans probl~me mRjeur, apr~8 le r~férendum constitu-
-----------_._--------. ,-._,_._---- -- ---
(1' PendRnt qu"clate l'"affRirp. Radio-Inter", une certaine effervescence
se dévelonpe parmi le 'Personnel de la SORAFOM à Paris, Qui s'inQuiète
du sort qui lui sera réservé et 'Proteste contre le fait que le Conseil
d'Administration de la société ne s'est 'Pas réuni depuis 1957. Le Monde
26-27 avril 1955.
(2) Le Congo, le Gabon,
l'Oubangui-Chari et le Tchad.

- 111 -
tionnel de Se~te.bre 1958, admettant sans difficult~ un@ ~estion
co••une de "Radio-Inter-AEF", autant en AOF, les diff~rents nrota~onistes
restaient divisés sur la question de "Radio-Inter-AOF".
Le S~n~gal et le Soudan, membres de la Fp.d~ration du Mali
"réclament" ~urement et sim~lement les installations de l'ancien
~oste féd~ral, tandis que les autres territoires revendi~uent nlutôt
une gestion strictement communautaire de "Radio-Inter-AOF".(l'
A la v~rité, ~ar-delA cette bataille de ~rocédure, l'"affaire
Radio-Inter", sous bien des aspects, traduit l'antagonisme Fédération
du Mali/ Conseil de l'Entente, nrolon~ement de la vieille Querelle
entre "fédéralistes" et "territorialistes".
Symbole
de souverainet~ politique et moyen de consolidation
du nouvoir et du nrestige extp.rieur nour les uns(2), "Radio-Inter"
(1) Pour la Côte d'Ivoire,
la Haute-Volta, le Dahomey,
le Ni~er et la
Mauritanie, la ~estion de "Radio-Inter-AOF" ne devait revenir au Soudan
et au S~n~gal que pour "deux 8entièmeA".
Le Monde, 26, 27 avril 1955.
(2) Dans sa conf~rence de nress~ du 21 avril 1959, le ministre f&d&ral
malien de l'information devait indiouer Que la station "Radio-Mali"
"sera un foyer de rayonnement et de la culture franco-africaine et fera
connaître le Mali au-delà de8 frontières".
in Afrique Nouvelle nO 611,
24 avril 1959.

a'DlUlrai ssai t aux autres comme un instrument de 'DrOlla,r:ande (Ii r:f~~
contre eux.(1)
*
*
*
On peut dire qu'A 'Partir de 1959, le rôle central de la
radio dans l'~volution sociale et uolitique du S~n~,r:al s'affirme et
se llr~ci8e.
Le 'Parach~vement de l'autonomie interne des territoires
français d'Afrique noire et les nérin~ties de la mise en ulace rles
insti tuti ons de la communauté franco-afri"aine mettent en re l i ei' la
dimension 'Dolitique de "Radio-Inter-AOF".
Les Querelles "f~~éralistes" autour du noste "Radio-Inter",
de m~m~que le diff4rend juridioue Qui R oupos~ les diri,r:eants du Mali
aux res'Donsables de la SORAFOM tendent à urouver que la radiodiffusion
est devenue beaucou'D 'Dlus ou'une sim'Dle "technolo,r:ie de diffusion".
D~sormais, le prohlème de l'exnloitation radionhoniQue se nose
en mime temns, en termes de Contr31e nolitique eff~ctif.
(1) Les ptats membres du Conseil rle l'Entente re~outaient Que la station
féd~rale (la mieux équiupe et lA nlus 'Duissante de IR ré~ion) ne se
rév~le ulus efficace que leuTs stations dans la véritable ",r:uerre des
ondes" d~clench~e par les resnonsables maliens contre les "dissidents" du
Mali (Haute-Volta et Dahomey). A ce nronos, sur uro'Dosition rlu lea(ler
voltafque, le Conseil Ex~cutif (le la Communaut~ a ado'Dt~ une recommanda-
tion invitant "chaque ~tat de la Communauté à veiller A ce que ses ~mis-
sions de radiodiffusion rev~tent le cRrnctère de l'ohjectivité et de IR
tolérance, notamment à l'é,r:Rrd des Rutres". in de BENOIST, JR. opus cité p.466.

- 1;5 -
CHAPITRE VI:
DE "RADIO-INTER" A "RADIO-MALI"
(1959-1960).
A la lumi~re des polémiques qu'elle a suscitées, la radio-
diffusion -en particulier la station "Radio-Inter"- a donné la mesure
de son importance dans l'édification d'une nouvelle société politique
africaine.
A partir de 1959, la radio va révéler, assez vite sa
dimension d'instrument de propagande, au cours de la phase de mise en
place et de consolidation de l'Etat fédéral du Mali.
Parallèlement, à l'échelon territorial sénégalais, les
nouvelles autorités affinent les contour. d'une politique d'informa-
tion, au sein de laquelle la radiodiffusion occupe une place de choix.
Enfin, les péripéties qui conduisent à l'"éclatement" de la
Fédération du Mali, confèrent un relief particulier à la dimension
politique de la radio, en révélant ses attributs de moyen de prise de
conscience d'un véritable "nationalisme conquérant".
1°/
Radiodiffusion et "mystique du Mali".
Après l'"affair~ Rarlio-Inter", une convention provisoire
franco-malienne est signée le 27 juin à Paris.(t)
(1) La veille, la France et le Mali signent une conv~ntion d'assis-
tance judiciaire qui marque la rentrée officielle de la Fédération
du Mali dans la Communaute.

- 116 -
Pre.ière phase d'une série de négociations
entre autorités
françaises et responsables de la Fédération du Mali, cette convention
per.et l'inauguration officielle de la station fédérale "Radio-Mali",
le 1er juillet 1959.
Pour les autorités .aliennes cet événeaent symbolise une
une victoire politique qu'il fallait consolider et à laquelle il
fallait conférer une" ceTtaine légitimité.
Dans la politique d'orientation générale élaborée par le
gouverneaent fédéral,
l'information devient le moyen privilégié pour
"asse?ir la mystique du Mali,
support de l'action de la Fédération".(l)
De même, au sein ~u service fédéral de l'information, la
radio occupe une place centrale.
* Au plan intérieur comme "moyen de mobilisation ~e~ ~n~r~ieB ~t
~.
.
des conSCIences autour de la Fé~ération naissante ~t rl~s divers
actes Qui concrétisent son existence"{2)
* Au plan extérieur, comme instrument de propagand~ ~t d'''~nto­
défens~".(3)
(1) Fédération du Mali, Service fédéral de l'Information et d~ la
Radiodiffusion, Rapport d'~ctivité, Dossier d'archiv~~ 2G 60 21, p.l.
(2) id. p.l
(;) Dans l'orientation générale consignée à la radio,
les responsables
maliens sont du reste assez explicites à ce propos: "L'atmosphère dans
laquelle notre Fédération vit le jour et se développe devait nOU8
conduire au même moment où nous forgions la mystique du Mali,
à adopter
une position d'auto-défense vis-à-vis de l'extérieur." Rapport déjà
cité, p.2.

- 137 -
Pour atteindre les objectifs définis, les autorités
fédérales initient un pro~ramme d'éQui~ement et d'extension des
infrastructures de la station fédérale.
Parallèlement, cet effort d'équipement est complété par la
mise en oeuvre d'une véritable politique d'"ouverture" de la station
fédérale sur l'extérieur.
1°)
Le système fédéral de radiodiffusion.
Au plan des infrastructures, le programme d'équipement
dont bénéficie "Radio-Mali" est à la mesure des ambitions des responsa-
bles de la Fédération.
Outre les infrastructures et le personnel de "Radio-Inter-
AOF"dont elle bérite(1), "Radio-Mali" se voit doter de moyens techniQues
nouveaux.
En 1959, le gouvernement fédéral acquiert un ~08te émetteur
d'une nuissance de 100 kw (en ondeR courtes).
Cet effort d'pouinement ~gsez excentionnel ob~it, nour
l'essentiel, au souci d'améliorer la réception de la station fédérale
sur le territoire du Sourlan.(2)
(1) C.f. infra.
(2) Du temps de "Radio-Inter-AOF",
les émissions ra~ionboniques prove-
nant de Dakar étaient plus ou moins bien reçues par les auditeurs souda-
nais.

- t18 -
Cet accroissement de la ~uis8anee émettriee de "Radio-Mali"
traduit aussi la volont6 des autorit~s de Dakar, de con1érer à la
station 1édérale un rayonnement international.
C'est cette volont~ qui, du reste, 8ous-tend la ~olitique
d'"ouverture" initiée par les res~onsables des programmes de "Radio-
2°)
Politique des programmes et coopération internationale.
L'objecti1 majeur des autorit6s 1éd~rales du Mali a 6t~ de
faire de "Radio-Mali"
une station 11. vocation mondiale.
Selon elles, la mission 8sBi~née à la radio consiste non
seulement à "informer, édu~uer et distraire le ~ublic, mais aussi à
~r~ciser au .onde notre o~tion, les réalités de notre uays et la
volont~ de nos ~o~ulations ~'811er ~e l'avant". (1'
•Assez rapidement cette vocation mondiale de "Radio-~ali" se
traduit ~8r la r~ali8ation, AU cours du uremier semestre de 1960, de
175 duulex avec des stations de radiodiffusion nationales africaines
(2)
et f'urol)~ennes.
(1) Rau~ort, ibid. p.6.
(2' Du 1er janvier au 31 mai 1960, 175 du~lex ont été échang~s entre
"Radio-Mali" et Paris, Washin~ton, Berlin, Tunis, Conakry, Tananarive,
Abidjan, Londres et Genève.
Souree : Rapport d'activité d~jà cit~ ~.7.

- 1~9 -
Par ailleurs, de nombreux corres~ondants de stations
am@ricaines et euro~éennes collaborent ~ la vie de la station f@d~rale.
La nature de cette collaboration varie entre l'envoi
d'Informations sur l'actualit~ mon~iale ("Voix de l'Am@rigue"l et
lt~change de bandes d'actualités entre "Radio-Mali" et la "Radio des
Nations Unies", la RTF ou la BBC.(ll
Ce souci d'accroissement de l'audience de la station
fédérale du Mali se concrétise enfin ~ar une réforme des ~ro~rammes
caract~risée ~ la fois par une au~mentation du volume horaire(21 des
,{missions et l'instauration d'une collaboration entre "Ra~io-Mali" et
l'Université de Dakar avec la crpation de l'émission :
"Univer8it~
rarllonhOniqUe".(j)
Grâce À. cette- émission, "Radio-Mali" inaup;ure l'"ère" de la
ra~iorliffusion au service de l'E~ucation, marouant ainsi un jalon
imnortant dans l'évolution de la nlace de la radio aunrès de son
auditoire au Séné~al.
*
*
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(1) "C'est le commentaire de "RaiHo-Mali" Qui a pt~ rends nar toutes
les a~ences internationales sur l'ex~cution de Caryl Chessmann"
pvoQuent avec fiertp les resnonsahles maliens.
Source:
ihid.
(2) Un nro~ramme continu (de 6 heures À. z~ro heure) est institup tandis
Que les deux bulletins d'information Quotidiens sont accrus.
(3' Cette émission qui fi~ure encore dans la ~rille des nro~rammeR
de "Radio-Sénégal" a été initi~e, À. ses débuts, nar une ~ouine de nro-
fess~ur8 dn lycée Technique Maurice Delafosse de DaKar.

-
t40 -
Dans la .ise en ~laee du nouvel ~tat f~déral, les
au~rit~s du Mali,!n~su trouver dans la radiodiffusion, un des
·iio
"
s!~l)frts,\\'Ssentiels de leur action.
p'
\\
.L
" .
Conçue ~la fois comm~ moyen de mobilisation ~o~ulaire
et instrument de p~pagande, "Radio-Mali" bén~ficie de moyens
techniques nouveaux et performants, A la mesure de l'audienee
.~~
internationale reebe
~ar les dirigeants de la Féd~ration.
L'exl)~rienc
"Radio-Mali" révèle deux données majeures:
_ nart,
la nouvelle classe nolitiQue africaine d~couvre
nolitiQue et id~olo~ioue de la radiodiffusion et nrend
..
dans l'~dificaiion de la nouvelle soci~t~
Le discours ~olitioue des diri~eants maliens sur la radio
est édifiant ~ cnt ~g~rd.
elon Doudou Gu(ye, directeur de l'Information de la
cours
\\'
, t
niècp
~se,de l'information dl' nos jours. Fllp nermpt dl'
",'
s'adresser directement aux Tlonulations et dans leurs lan~ues. Elle

con~titnp un moy~n important pt efficace d'~ducatio~ de nrona~ande,
j,....'.....,}

-
141 -
(t)
de mobilisation des masses" •

d'~û~re part, on a.siste pro~ressivement à l'éMer~ence d'une
"'-
,i"
vérit~ble "doctrine de l'information" en Afrique, dont la oarti-
cularfté réside d~ns son contenu et Bes orientations onuosées • la
*' ~\\,
Conceution coloniale de l'information •

Autant cell~-ci a visé pour l'essentiel à "consolider les
privilèges inhérents a~ régime colonial, les mesures discriminatoires,
. f '
à détruire la personna~~té de notre culture, de nos collectivités,
(2)
,.'
de nos hommes"
,auta~t la concention des autorités du Mali tend à
i
faire de l'Information le ~yen de "créer les conditions PByeholo~iques
et uop~laires favorables à l'édification d~ la Nation né~ro­
africaine". (j)
A l'évidence, ces faits attestent de l'évolution sensible
~e la place et du raIe de la radio~iffusion au S~né~al à partir de
195q dans le cadre de l'exptrience politioue de la F~dérAtion du Mali,~
Plus qu'un instrument d'affirmation de la nerBonnalité
politique sénégalaise et africaine, la radio devient désormais et en
mpme temps un élément de cette personnalit~ politioue.
(1) Doudou Guèye "Information et action" in "Séminaire organisé ~
l'occludon du Con rès de l'Union nAtionale de 1ft Jeun"",~ .. du Mftli",
Dakar, 1 -19 mai 1959.

-
142 -
11/
RADIODIFFUSION ET POLITIQUE DE L'INFORMATION AU SENEGAL
(1959-1Q60)
Tandis qu'à l'échêllê férléralê, "Radio-Mali" achêvait sa
misê ên ~lacê, au plan têrritorial du Sénégal, la rarliorliffusion
poursuit son im",lantation ll1ftorc~e !té,jà au lendel1lRin rle ]a "loi-ca!tre"
de 1956.(1)
Deux faits Majeurs caract'risent son évolution au cours !te
* d'une part, un ensêmble rlê !t'crets précisent rlésormais le statut
et l'orp:anisation rle la rar1io!ti.ffusion au S~nép:al.
Celle-ci francfiit ainsi une 'tape importante rle son Ivolu-
tion en tant Qu'institution
* rl'autre part, une véritable politique d'information sous-ten!t
l'action du gouvernement et rléfinit les grandes orientations aS8ign~es
à la radiodiffusion au Sénégal.
1°) La radiodiffusi.on au Sénégal
statut et organisation.
A partir de lQ5Q, la r~rliodiffusion s'n&p:alaiRP devient un
v&ritRble service public rattach&, URr décret(2', à IR Direction rlp
(1) C.f. infra.
(2) Déeret nO 59.012 du 1 juin 1959.

- 1.41 -
l'Information, elle-même ~lacée 80U8 la tutelle rlu Secrétariat
(1)
d'Etat h l'Information h la Radiodiffusion et ~ la Presse.
Cette structure, uarticulièrement hiérarchisée traduit
toute l'ill~ortance qu'accordent les autorités ~ouvernemf"utl\\lf"R rlu
S~négal à la radiodiffusion.
Elle reflète également la volonté de contrôle du nouveau
uouvoir politique sur les i1ifférents secteurs de l'Information.
Mise en ~lace ~ar dpcision du Conseil des ministres, la
Direction de l'Information possède, entre autres rôles celui i1e
"transmettre, assorties de rlirectives d'a~~lication, les instructions
du secrptaire d'Etat et d'assurer leur imuulsion et leur contrôle
aux ulans technique et administratif". (2)
On ueut donc dire QU'~ nartir i1e 1Q5Q, la rarliorliffusion
spnPllalaise, ulus qu'un simnle "mf"dium", est deVf"nllP une v6ritahle
insti tution.
(1) Le spcrétariat d'Etat à l'Information,
à la Radiodiffusion et à
la Presse a succédé au ministprf" de l'Intérieur et df" l'Information du
nr&c&dpnt Conseil de Gouvernpmpnt du Séné~al.
Désormaf8 l'Information est un déuartement distinct confi~ ~ un
secr6taire d'Etat directement rattaché R la Présidence du Conspil de
Gouvernement territorial.
(2) BADIANE (E.), "Les prohlèmes de l'information au Spn~llal", in
"Le Mali" nO 5, janvier 1960, uu.42-41.

- 145 -
Ainsi, une information objective et suffisante sera donn~e
sur les divers Etats de la Communauté"(l), tandis que s~organisent
des ~changes de programaes avec d.'autres Etats africains.
- Quant aux progra.aes destinés aux auditeurs s~n~galais, les
émission8 éducative8 80nt conservées et améliorée8.
"Il s'agit de permettre à "Radio-Sénégal" d'aider à l'éducation
des masses et d'aaener ces derniere8 à participer consciemment au
d~veloppement du paY8".(2)
*
*
*
Dans 8e8 grande8 ligne8, l'évolution de la radiodiffusion
8énégalai8e 8'e8t effectuée à nartir de 1959 de mani~re similaire à
celle de la 8tation fédérale "Radio-Mali".
D'un c8té, à l'image de la doctrine malienne en mati~re
d'information, la politique d'information de8 nouvelles autorités
8énégalaises assigne à la radio, le rôle e8sentiel dans le sY8t~me
d'inforaation.
A l'in8tar de "Radio-Mali" -dans le sY8t~me fédéral de l'In-
formation- "Radio-Sénégal" constitue le nrincipal moyen de réalisation
(1) Badiane Emile, ibid.

- 146 -
des objectifs de la ~olitique d'information au Sénégal.
De l'autre, à côté de fonctions d'information et de for. .-
tion des populations locales, la radiodiffusion sénégalaise dé~loie
à l'extérieur une action spécifique.
C'eat que, loyen de consolidation d'une"conscienee nationale"
à l'intérieur, la radiodiffusion constitue en même temps "un instru-
ment de défense et d'illustration de la nolitiQue nationale"(I' ~
III(
"RADIO-MALI" ET LES "EVENEMENTS" DE DAKAR (19-20 ~OUT 1960,(2'
Proclam~e officiellement innpnendante Ip 20 juin 1960, la
Féd~ration du Mali éclate dpux mois nIus tard, le 20 août 1960, min~e
~ar les contradictions doctrinRles et les ouerelles de "leader shiu"
(1) FISCHER (H.) "Les émissions de radio et télévision vers l'étran~er",
in "Cahiers de l'ISEA", Séries ES, nO 1, PP.945-946.
(2) Il ne .'agit pa. ici d'une relation exhaustive et factuelle des
~éripéties qui ont abouti à l'"éclatement" de la Fédération du Mali:
A ce propos, les ouvrages suivants: NDIAYE (G.), nL'~clatement de la
Fédération du Mali", Dakar, Abidjan, Lomé, NEA, 1980 et MILCENT (E.),
"Au carrefour des options africaines: le Sénégal", Paris, E~itions du
Centurion, 1965, sont tout à fait indiQués.
Nous nous bornerons de montr~r en quoi la station f~rl6rale "Radio-Mali"
a constitué un enjeu déte~minant dans ce dénouement ne la crise polifi-
que qui a opposé dirigeants soudanais et sénégalais au cours des derniers
jours de l'existence du "~".

- 1117 -
Qui ont 0~~08é dirigeants soudanais et 8én~galais.
Au cour. des péripéties qui ont abouti à l' "échec" de
l'expérience de la "Fédération du Mali", la radiodiffusion, pour la
première fois dan8 80n histoire au Séné~al, a donné la preuve de
son efficacité C~"è instrument de contre-pouvoir politique.
t
' :
~.
Les "événement.- ~u 19-20 août 1960.
; , t
Le 19 août 19î1: 1. ch.r d. l~lIx~.utlr r~d~ral du Mali,
le soudanais Modibo Kert~( à l'issue d'un conseil extraordianire Iles
'.'
ministres fédéraux,
•.
dest~~e de ses fonctions de ministre de la
Défense le ,énégalais Mamadou Dia et proclame l'état d'ur~ence sur
l'étendue de la Fédération. ,
A l'.rlgln. d. c.tt. JlCISI.n. d•• Fu••ur. faisant état
d....uv....ut. d. "."ulatl.ns 'énég~la_.#"Dakar et venant mani-
fester leur hostilité à la Fédération du Mali.
L'ordre fut aus8~tôt donne au Chef d'Etat major des forces
armées fédérales de faire surveiller les établissements publics de la
Fédération parmi lesquels le centre émetteur de Rufisque et leI'!
b&timentl'! de "Radio-Mali".
Qualifié de "coup de force injustifi~" par les 8éné~alais,
et de "décision de circonstance parfaitement conforme aux nécessités

- 148 -
de fonctionnement des institutions fédérales"(1) ~ar le leader
i
.
sou,nais Modibo Kerta, .et a.te polit1que e ••eptiounel allait
~ré . piter les événements et hâter le d~oue.ent de la erise
PO\\~ti1re(2l qui opposait depuis de lon~s mois déjà partenaires
sénégatis et
,
soudanais de la Fédération •

A 22h 15~.ofli. bo Ketta s'adresse, en sa qualité de
de la Féd'at
Mali, aux po~ulations maliennes, sur
les antennes de
"
Dans son alloeution, le ehef de l'Exéeutif fédéral ex~lique
:_~-J
les raisons de sa déeision, dieVe selon lui par la "néeessité de
maintenir l'intégrité du t.rrit~1re national". (3)
En réaetion, les séné
ais proelament leur dissidenee
vis-à-vis de la Fédération, fon
arrêter le ehef d'Etat major
féMra ... tandis que les forces armées sénégalaises ~rocèdent à la
et au remplacement des troupes militaires de la Fédération.
\\,
(1' Modibo Keita, eité ~ar NDIAYE(G.), oous cité, 0.154.
(2) " ••• 11 Y eut conflit, dès Que fut reconnue l 'indéDend~nce de la
F~d~r8.tion. Dès ee moment, il anDarut Que les deux nartenaires se
faisaient une idée différente deR structures de l'Etat,
de l'or~ani8a­
tion de la Fédération,
du raIe du Darti et concevaient différemment
la Do1itiQue africaine et internationale ••• " note MILCENT (E.l,
"Au
carrefour des ootions africaines:
le Sénégal", ~ariR, Eiditions du
Centurion, 1965, p.63
(3) Modib. Keita, eité par NDIAYE (G.)
ibid., n.1')'L
~....~
'.~

-
149 -
Les ~rinci~aux bAtiments ~ub1ics de Dakar occun~s ~ar la
Gendarmerie sén~galaise qui investit en même tem~s l'~metteur de
Rufisaue et interrom~t l'~mission de "Radio-Mali" Qui devient "Radio-
S~n~gal".
L'é~reuve de force s'achève dans la nuit avec l'ftrrestation
des ministres f~déraux d'origine soudanaise qui sont assiJn~s en
r~sidence surveillée.
S'adressant,
'"
successivement; en langue "wolof" et en français,
sur les antennes de "Radio-S~n~gal" aux "citoyens séné,r;alai s" (1) et
IlUX "militants de l'UPS"(2),
les res~onsables sénégalais invitent
leurs comnatriotes à venir "défendre leur indépendance ll .(3)
La r~8ction fut immédi~e. Une foule nombreuse, comnosée
de sympathisants de l'UPS à laQu*lle s'étaient joints des habitants
de la brousse, accourent,
dans la nuit,
à Dakar,
"~ l'aunel du
secrétaire gén~ral et du Bureau n'ltional des Jeune~ rle l'UPS". (4)
,
Le lendemain, 20 Iloût, la Ft~ération du Mali AVilit vecu.
Le 21 oadt, les dirigeants soudanais et leurs collaborateurs sont
conduits hors du territoire sénégalais.
(1) Mamarlou DIA, cité ~ar Nrliaye (G.), ibid. ~.137.
(2' Léouold Sédar Senghor, cité uar Ndiaye (G.) ihid. n.138
(3) ibid. ~.lj8.
(4) ibid. ~.140.

-
150 -
20)
Place et raIe de la radiodiffusion dans l'"~chec" de la
F~dération du Mali.
La radiodiffusion -en narticulier "Radio-Mali" ~ev~nue ~ar
la Buite "Radio-Sénégal"- a joué un raIe déterminant dans la crise
nolitiQue du Mali en permettant un ~énoueMent favorable aux diri~eantB
sénégalais.
Sous ce ra~port, la r~iodiffuBion est apparue comme un
moyen rapide et efficace de mobilisa~ton ~o~ulaire.
Toutefois,soudanai5 et sénégalais ont tiré ~iff~remment
nartie d~ la radiodiffusion, au cours des "'vénements" du 19-20 ao6t.
* Pour les soudanais, "Radio-Mali" ~tait avant tout un instrument
d'affirmation et de lé~itimation du pouvoir exécutif f~d~ral.
D'o~ la bri~vet~ et la concision de l'allocution ~p Modibo
Keita,et le ton légaliste de ce dernier.(l)
* A l'opposé, côt~ sénégalais, la radio était davant~ge nprçu~
co.me moyen d'affirmation du nationalisme séné~alais et instrument
de contre-pouvoir.
(1) "Maliens, vous avez en mémoire le serment solennel du 17 janvier
1959, prp.té par les constituants. Par delà ce serment que nOU8 nous
so••es librement donné et Que nous avons réédité en juin dernier, il
est fait obligation au gouvernement de maintenir l'inté~rité du terri-
toire national. Ce serment, nous le tiendrons envers et contrp tous.
Vive le Mali
!" Modibo Keita, cité par Ndiaye G., ibid. n.l11.

-
151 -
A cet effet, les diri~eBnts s~négalais ont eu recours
à divers procédés :
- D'un côté, un choix intelligent de th~.es pro'Pres à ~alvani8er
l'orgueil légendaire et le uatriotisme du sénégalais.(l'
- De l'autre, le recours onnortun ~ la langue nationale "wolof"
~ftns la diffusion des messages à la population.
S'adressant tantôt
"
aux "citoyens et citoyennes ~u Sénégal",
tantôt aux "militants de l'UPS" et usant volontiers ~e la lan~ue
"wolof" -com'Prise et narlée exclusivement par les nonulations séné,a-
laises- les dirigeants s'négalais ont incontestablement réussi ~ cr~er
cb~z leurs compatriotes, un nTofonrl sentiment "anti-sourlanais".
- Enfin, les responsables séné~alais ont su, rl~ mani~re habile,
récunérer la station 'mettrice "Radio-Mali"-
rebantisée en la CiT-
constance "Ra~io-Sénéltal", symbole rl'une 8ouverainet~ retrouvée •
.'
C'est sur les onrles de "Radio-Sénégal" que les lead~Ts
s~né~alais se sont adressé
~ leurs c~mpatriotes au COUTS de cette nuit
du 19 au 20 ao6t 1960, "la nlus longue nuit~de l'histoire du
Sénégal n .(2)
"*
(1' C.f. Messages radiodiffusés rl~ Mamadou DIA et Lponold Sérlar Sen~hor
in A'iiiï;ie s.

-
152 -
Si la radiodiffusion en Afrique a été très vite investie
par la nouvelle classe dirigeante d'une mission politique, cette
notion, jusqu'alors était restée à l'état de simple théorie.
Au Sénégal, cependant, l'expérience de la Fédération du Mali
a conféré à la dimension politique de la radio, une si~nification
concrète.
Les "événements de Dak'ar" qui ont abouti à l'échec de la
Fédération Soudan/Sénégal, dans la nuit du 19 au 20 'août 1960, ont
démontré la puissance évocatrice de la radio et sa capacité de mobili-
sation populai re autour d' ob.fecti fs prée! s.
C'est la preuve désormais établie que la radiodiffusion,
par-delà sa nature de technique de diffusion de masse, a acquis au
Sénégal, la dimension de véritable élément de pouvoir politique.

- 151 -
CHAPITRE VII s
LA "RADIODIFFUSION DU SENEGAL" (1960-196~).
Les événements du 19-20 août 1960 ont mis en relief le
rôle stratégique de la radio au Sénégal.
Du même coup, des mutations au niveau même des structures
de l'Information héritées de l'AOF et de la Fédération du Mali étaient
devenues nécessaires.
Pour les autorités sénégalaises, il fallait "unifier
l'Information et donner un c~dre nouveau aux actions du ministère".(1)
Entre 1960 et 1964, Radio-Sénégal
disposera de moyens
accrus, à la mesure de l'importance politique que lui reeonnaissent
désormais les autorités •

Il L'HERITAGE DE L'ANCIEN SYST~ME D'INFORMATION.
Entre août 1960 et décembre 1961, Radio-Sénégal subit au
plan de ses structures un ensemble de mutations particulièrement si~ni-
ficatives.
(1) République du Sénégal, Ministère de l'Information, de la Radio~if­
fusion et de la Presse, Rapport annuel d'activités, mars 1Q60 - mars
1961, p.1.

- 154 -
D'une part, on assiste à une intégration progressive de.
structures administratives héritées du système lédéral.
D'autre part, la signature d'une convention franeo-sénégalaise
met à la disposition de la station nationale d'importants moyens
en matière de développement et d'exploitation radio~honiques.
1°)
L'intégration administrative et technique.
La rupture de la Fédération du Mali a eu comme conséquence
significative pour la radio $éné~alaise, une inté~ration des structures
administratives et techniques.
* Dès janvier 1961, la distinction entre les services administratifs
de "RadiO-Sénégal" et celui de la station fédérale "Radio-Mali"
dispara!t.
'
La fusion des deux stations -en septembre 1960- entraîne
la création d'un service commun de deux "chaînes".

- 155 -
Toutefois, les budKets séparés{t) sont maintenus,
tandis que le personnel de chaque "chafne" conserve Bon statut propre.
* Au plan des infrastructures techniques, "Radio-Sén~gal" h~rite
de moyens accrus.
Dès la fin du mois d'août t960, la station nationale prend
en charge les installations techniques de "Radio-Mali".(2)
La mise en commun des services techniques permet éKalement
à "Radio-Sénégal" de disposer d'un ~ersonnel technique en nombre
suffisant et assez performant.{j)
(t) "Radio-Sénégal" bénéficiait d'un bud~et autonome et d'une ~estion
mixte SORAFOM-"Radio-Sénégal" avec un fondé de pouvoir. Le personnel de
la station était réparti en corps principal avec statut SORAFOM et en
corps complémentaire rattaché R la Convention Collective du Commerce.
Quant à "Radio-Mali" son bud~et qui lui était propre ~tait géré par
un ~estionnaire, tandis que les rè~lements étaient effectup.~ par un
sous-ordonnateur des Finances. Celui-ci était soit un a~ent décisionnaire
de la Fonction Publique du Mali, soit un fonctionnaire
du ministère
fédéral de l'Information. Cela, en attendant l'adoption d'un statut
propre à la radiodiffusion (en cours de discussion au moment de
l'éclatement de la Fédération).
Source. Rapport annuel d'activité déjà cité, pn.13-14.
(2) Il s'aJit des 4 studios basse fréquence (situés Boulevard de la
République) et des 4 émetteurs haute fréquence (100kw ondes courtes,
25kw ondes tropicales, 10kw ondes moyennes et 4kw ondes tropicales).
Ces installations viennent s'ajouter au "patrimoine" technique de
"Radio-Sénégal" comprenant déjà: les 2 studios basse fréquence {de la
rue Parent} et les 2 émetteurs haute fréquence (4kw ondes tropicales
et 8kw ondes moyennes) implantfs h Rufisque.
{3' C.f. Tableau nO 5 : Répartition du personnel technique de la
Radiodiffusion du Sénégal, c.f. infra.

- 156 -
Aprèa refonte des structures, "Radio-S~n~gal" diapoae donc
d'une v~ritable Direction technique s'articulant autour des serTices
auivants s
- un service d'Exploitation, responsable du fonctionnement des
studios de reportage, des liaisons "duplex", o~ sont regroup~s les
op~rateurs.
- un service Maintenance chargé de l'entretien et du d~pannage
du mat~riel technique.
- un service Equipement qui organise et prévoit tout achat de
mat~riel nouveau et effectue les travaux neufs.
Au total, les mutations subies par Radio-S~n~gal entre
1960 et 1961 se traduisent par un renforcement de ses structures admi-
nistratives et techniques et un accroissement de sa capacité d'émission.
D'autre travaux d'extension ou d'installation ultérieure
d'infrastructures d'émission, complètent, entre d~cembre 1960 et
mai
1961(1), le dispositif technique de la radiodiffusion sén~galaise.
(1) Ainsi,
fin 1960 s'ach~v~nt les travaux d'installation rle 2 ant~nnes
dirigées vers la Casamance et l'extension des travaux du studio de la
rue Parent. En mars 1961, 150 centres d'écoutes collectives sont instal-
lés au S~négal et le 4 avril 1961 est inaugurée la station r~gionale
de Ziguinchor.
Enfin, en mai 1961, "Radio Saint-Louis" est restituée au S~n~gal et dès
juin COMmence la diffusion de ses ~missions.

- 157 -
* TABLEAU N° 10 1 R~partition du personnel technique de la
Radiodiffusion du S~négal (mars 1960-mars 1961)(1)
(1) Source t Rapport annuel d'activités (mars 1960 - mars 1961)
Dossier d'archives 2G 60 24.

- 158 -
Ces mutations l'acco.pagnent de la signature d'une
ConTention d'aide et de Coop'ration entre la France et le S~n~gal,
pour l'exploitation et le déTeloppement de la radiodiffusion.
20 )
La ConTention SORAFOM/ "Radio-Sénégal".
Vers la fin de 1960, une ConTention d'aide et de coopération
en matière d'exploitation des services publics de radiodiffusion inter-
Tient entre la France (par l'interm'diaire de la SORAFOM) et le
~
gouvernement sénégalais.
Cet accord de coopération bilatérale prévoit auesi bien
des prestations en nature (telles Que pro~rammes enre~i8trés,
documents,
ouvrages, disques, notices techniques d'exploitation ou de maintenance
de matériel, conseils en matière d'exploitation et d'administration deB
fréquences) qu'un programme d'assitance en personnel (1) et en formation
du personnel.
La Convention SORAFOM/"Radio-Sénégal" qui
entre en vi~ueur
le 1er janTier 1961, rend ainBi caduque la Convention antérieure du
18 juillet 1959, relative au concours apport' par la France au
(1) La SORAFüM pourra ainsi mettre ~ la disposition du S~né~al des
"agents de son corps principal" pour contribuer au fonctionnement de la
radiodiffusion du Sénégal (Article 8 de la Convention).

- 159 -
fculctionne.~nt et au développeJllentde la radio au Sénégal".<1)
Par-delà ses dis~ositions relative.ent avantageuses pour
la radiodiffusion sénégalaise(2), cette Convention revêt ce~endant
une double signification ~olitique":
* D'une part, elle mapque un retour en force -~articulièrement
_arqué- de la SORAFOM au Séné~al.
Dénoncées quelques mois plus tôt, l'aide et la eoo~ération
de la SORAFOM sont à nouveau ju~ées indispensables par les responsables
1!16négalais.
* D'autre part, cette convention consacre et légitime surtout
l'exclusivité de la coopéra'ion françail!le, en matière d'exploitation
radiophonique au Sénégal.
L'article 3 de la Convention est suffisamment ~xplicite
à cet égard :
(1) C.f. Article la de la Convention.
(2) L'Article 7 de la Convention stipule : "La SORAFO~ mettra sa com~é­
tence professionnelle au service de la République du Séné~al, pour la
mise en oeuvre de crédits appartenant l cette r~publique••• Elle ~ourra
notamment réaliser pour le compte du S~né~al des émissions culturelles
(recréatives, éducatives ou d'information), faire éditer des disques ou
dei ouvragel, approvisionner des pièces de rechan~e de matériels,
procéder à des dépannages de matériels, organiser des stages s~éciaux
en dehors des sessions normales du studio-école".

- 160 -
"La R~publique française sera re~résentée, pour l'exercice de
cette mission d'aide et de coo~ération par la SORAFOM ou tout autre
organisme d'intér3t public que la République française lui substi-
tuerait. Au cas où la République du Sénégal enTisa~erait de demander
l'aide et la coopération radiophonique à d'autres que la République
française ou ses représentants désignés, elle s'en~a~e à n'y ~rocéder
qu'après consultation de la République française".(1)
Cette exclusivité de la coopération française et de la
SORAFOM s'étend également aux projets {à court et à lon~ termes'
envisa~és par le Sénégal.
Ce que souligne l'article 4 de la Convention:
"Dans la mesure où elle n'y procéderait pas par ses propres services
techniques, la République du Séné~al chargera la SORAFOM de préférence
,
{2'
à tout autre ingénieur, bureau d'études, mandataire, etc...
,de
l'éturle et de la réalisation de ses plans et de ses projets d'équine-
ment de radiodiffusion, de télévision, de télédiffusion, etc •• ".
On neut donc dire nue la nlriorle 1960-1Q61 R ~t& p~Tticuli~re-
ment faste pour la radiodiffusion séné~alaise.
Une refonte des structures met à sa disposition un ensemble
rle moyens techniques et humains considérables.
(1) Ces passages soulignés le sont par nous

-
161 -
Par ailleurs, des perspectives nouvelles s'ouvrent devant
elle, grlce à une Convention franco-sénégalaise de coopération en
.ati~re radiophonique.
Mais la période 1960-1964 va également marquer pour la
radio sénégalaise, une période d'affirmation de son importance politique.
11/
IMPORTANCE POLITIQUE DE LA RADIO AU SENEGAL. (1960-1964)
Déjà révélée au cours deR péripéties de l'éclatement de lB
Fédération du Mali, l'importance politique de la radio se confirme au
Sénégal, au cours de la période 1960-1964.
* D'un côté, le statut iuridiQue du département de tutelle
-le secrétariat d'Etat à l'Information, à la Radiodiffusion et à la
Presse- évolue et se transform~.
* De l'autre, dans la répartition globale du budget d'équipement
et dans le plan quadriennal de développement (1961-1964), la priorité
est accordée à la radiodiffusion.
1°) Evolution du statut juridiQue de la radio au Séné~al(1960-1964'.
A partir de 1960, le statut juridique de la radiodiffusion
sénégalaise et de son départem~nt de tutelle évolue de manière si_ni-
ficative.

- 162 -
En effet, le 1er .ars 1960, le secrétariat d'Etat à l'Infor-
.ation, à la Radiodiffusion et à la Presse cré' par décret(1) en
1959, se transforme en ministère et s'organise avec des moyens accrus.
Dès le 1er septeabre 1960, un décret(2) transfère au nouveau
département(3) l'ensemble des directions et services de l'ancien
.inistère fédéral de l'Information.
Ainsi, jusqu'en décembre 1960, l'amélioration de Radio-
Sénégal va retenir l'essentiel des efforts de la Direction de l'Infor-
mation, de la Radiodiffusion et de la Presse nouvellement créée.
Cette mutation au plan du statut marque pour la radio
sénégalai se un moment assurément" important de l' évo luti on de sa place
et de son rôle comme insti tution~~'informati on au Sénégal.
fi'
~~
En effet jusq~'en 1960 et hormis l'intermède de la
Fédération
du Mali(4), la radiodiffusion et son département de tutelle n'étaient
(1) Décret du 5 avril 1959.
(2) Décret nO 60-296 du 1er septembre 1960.
(;) Ministère de l'Intérieur et de la Radiodiffusion crpp le 1er mars
1960 dont le titulaire ~tait Ob~ye DIOP.
(4) Il existait au cours de cette période un v~ritable minist~re
fédéral de l'Information et de la Séeurité dirigé par le soudanais
Tidjani TRAORE (c.l. "Premier gouvernement fédéral" (4 avril 1959-
19 août 1960) in Annexes).

- 16') -
rien .oins que des a~pendices d'autree d~partement8 miniet~riele
plue ou Moins stables.(t)
Désorlllais, à partir de t960, l'Information et la RalliodH-
fusion disposent au S~n~~al d'une véritable autonomie .iuridique et Il
d'une nersonnalité allministrBtive réelle, à la mesure Ile l'importance
politique qui leur est dorénavant reconnue.(2)
2°' L'iMportance de la radio dans le prelllier plan Quadriennal
L'importance poli tique' Ile la radiodiffusion au Sénél[al,
au cours de la période 1960-1964, est él[alement attestée par la nriorité
accordé~ à ce secteur, par les autorités, dans la répartition du
bud~et j'équipement et dans le nremier plan quallriennal de d~velopne-
ment du nays.
(1' C.f. Tableau nO 11 :
ministé-
riel de l'Information au
(2' Cette importance nolitioue e~t Attestée par l'e~tr~me mouvance ~e
statut Ilu département de l'Information entre lq57 et 1864.
Ainsi au cours de cette nériolle, le Ilépartement Ile l'Information
a connu une Iliversité Il'anne1lations : minist~re rle l'Intérieur et rle
l ' Inform'lti on,
Sf'CrétRri at il ''RtRt Il l ' Informati on,
i'l 1:'l Rarliorli ffu8i on
et à la Presse, ministère rlf' l'Intérieur et ile la Railioiliffnsion,
mini ~t~·,.." 0,(1 ~fT1J'~ i'I 1;\\ rr'~,; _,l"lH.' ,l,! r:otl!"pj l
ehiire-,Ç ,.1"
l ' Tnfornpdi on
pi
des Télpcommunications, Commissariat nrovisoire à l'Information f't auy
téléCOMmunications, etc ••• C.f. Tableau nO lt supra ll.
Cette mouvance réflète les rliverses ptrip~tie8 de l'histoire noli-
tique nationale séné~alaise particulièrement mouvante au cours de cette
périoile.

- 164 -
* TABLEAU N° 11 s Evolution du statut du département de l'Information
(il
au Sénégal de 1957 A 1964.
:
:
STATUT
:
ANNEE
:
TITULAIRE
:
r
Ministère de l'Intérieur et de
·• 18 _ai 1957 au : Valdiodio
l'Infor_ation
: 5 avril 1959
: NDIAYE
s
:
:
r
Secrétariat d'Etat A l'Information
s 5 avril 1959 au
: Emile
:
à la Radiodiffusion et A la Presse
r 1er _ars 1960
BADIANE
:
:
:
r
:
:
Ministère de l'Intérieur et de la
1er mars 1960 au
Obèye
:
:
Radiodi ffuBion
12 novembre 1962
DIOP
:
:
:
Mini.stère délégué A la Présid.:nce
: 12 novembre 1962
Lamine
du Conseil chargé de l'Information
:
au
DIAKHATE
et des Télécommunications.
18 décembre 1962
·
:
:
:
(*)Commissariat provisoIre à l'In-
18 déc. 1962 au
: Lamine
for_ation et aux Télécommunications
: 19 décembre 1962
DIAKHATE
:
:
:
Ministère de l'Information, des
19 déc. 1962 au
: Lamine
Télécommunications et Tourisme
: 24 mai 1964
: DIAKHATE
r
:
:
:
:
Co••lssariat à l'Information, à la
29 mai 1964 au
: Pascal Antoine
Radiodiffusion et au Tourisme
: 18 _ars 1965
SANE
:
:
--_._------
(1) Source r Direction générale ORTS, 1986.
* Décision nO 4 du 18 décembre 1962.

- 165 -
En effet, sur les ~50 millions de francs CFA affect~s au
secteur de l'Info~ation dans la r~~artition des investissements
publics du plan quadriennal de développement(1), la radiodiffusion
bénéficie de la part de subvention la plus élevée : 335 000 000 de F
CFA (soit les 3/~ de la somme totale répartie).
D'autre part, sur les 52 millions CFA allou~s au cha~itre
Equivement dans le cadre du Budget de 1961(2), 30 millions sont affectés
à l'installation de la station de Saint-Louis, au renouvellement du
or'
mat'riel et à l'aménagement aes locaux de la radiodiffusion nationale.
Par ailleurs, il est significatif de constater Que sur les
Quatre années (1961, 1962, 1963 et 196~', la r'vartition globale du
budget d'Equipement alloué R l'Information et à la Radiodiffusion,
connatt une évolution sensible et régulière.(3)
On le voi~, à partir de 1960, la radiodiffusion sénégalaise
connait, au plan de son statut, un ensemble de mutations et bénéficie,
dans la r~~artition du budget d'équipement 1961-196~ d'un véritable
régime de faveur.
(1) C.f. Tableau nO 12 supra Tl. 166
(2' C.f. Tableau nO n SUf}rfi Il. 1(;"1
"Budget d',';lluin~lnent 1961 (~
millions de F CFA)".
(3' C.f. Tableau nO 13 ibid. p.167

- 166 -
* !ABLEAU N° 12 1 Plan quadriennal de Développe.ent du Sénélal
(1961-1964).
A. Répartition des investisse.ents publics (en millions de F. CPA)
Infor.ation••••••••••••••••••••••••••••••• 450
B. Détail
* Radiodiffusion•••••••••••••••••••••••••••• 112
• Installationd'u~ émetteur ondes
moyennes 200 kw••••••••••••••••••••••••• 150
• Matériel de reportage et d'émission ••••• 100
.~
• Antennes à longue portée pour
émetteur ondes courte •••••••••••••••••••
35
• Poste régional Saint-Louis ••••••••••••••
10
• Aménagement des in~tallations
de la radiodiffusiO;'
....!!Q.
~"~i: .
~:-
* Cinéma et Presse ••••••••••••••••••••••••••
40
,
,1:
• Sub"f'entio~~,à la création de
l' Office 'd~ Cinéma......................
15
• Matériel de presse et nhoto •••••••••••••
15
• Télescripteur relié à l'agence
Reuter •••• ~ •••••••••••••••••••••••••••••
10
* Centres régionaux d'Information ••••••••••• 75
• Installation et équipement de
28 eentres ••••••••••••••••••••••••••••••
63
• Achat de 6 camions cinéma •••••••••••••••
12
-----------
* Source t Rapport annuel d'activités (mars 1960-mars 1961) p.31.

- 167 -
* TABLEAU N° l' a Budget d'~guipe.ent 1961(1)(en .illions de F CFA)
• Inltallation de Radio Saint-Louil.........
5
• Renouvelle.ent du .at~riel radio •••••••••• 20
• A.~na«e.ent des locaux de la radio ••••••••
5
• Mat~riel de presse •••••••••••••••••••••••• 0,5
• Mat~riel de photo ••••••••••••••••••••••••• 0,5
• Centres R~gionaux d'Infor.ation ••••••••••• 11
(Mat~rielB, v~hicules, ca.ion.-cin~.a)(dont 1 sur ivestis-
.ement humain et 1
sur taxes r~gionales)
• Fonds de concours du budget d'équipe-
ment pour la construction de Centres
Régionaux d '-Information
* à la région de Thiès •••••••••••• 5
* à la région de Kaolack •••••••••• 5
52
* R~partition par année :
1961 = 52 million.
196' = 1'2 millions
1962 = 128 millions
196~ = 1'6 millions
(1) Source: Rapport annuel d'activités (mars 1960-mars 1961) p.,O

- 168 -
L'i.portance ainsi accordée ~ la radio au Sénégal entre
1960 et 196%, loin d'3tre fortuite, proc~de, au contraire, d'un
choix politique fondamental.
* D'une part, "instrument privilégié d'animation des masses
rurales et urbaines"(1), RadiO-Sénégal constitue, pour les res~on-
sables sénér;alais "le plus important des services dont le .ini8t~re
de l'Information ait la charge".(2)
\\
Ce qui, pour la radiodiffus:l\\tn nationale se traduit ~ar
un ensemble de transformations de gra~ae ampleur.
~
* Mais pour la classe politique sénégalaise aussi, Radio-Sénégal
symbolise un instrument de pouv~~•
.'i~.;.
Les péripéties de .l'éclatement de la Fédération du Mali
l'avaient révélé.
Les "événements du 17 décembre 1962" vont confirmer eette
dimension assez singulière de la radio au Sénégal.
(1) Ré~ublique du Séné~al, Ministère de l'Information, de la
Radiodiffusion et de la Presse, Rapport général pour la réunion
_~'~XJ!~TtR RUT le "'Pv.:~J.!lllT'~'!1(>nt "'''s. moye~~~_~..:L~.~Trnat~;on "n Afrique t
Paris, 1962, p.l0.
(2) Rap~ort annuel d'aetivités, 1962, p.13.

- 169 -
III/
"RADIO-SENEGAL" ET LES "EVENEMENTS DU 17 DECEMBRE 1962".
coup d'Etat fomenté par son premier chef du gouvernement Mamadou DIA.
Cet événement qui survient seulem~nt 2 années a~r~s
l'éclatement de la Fédération du Mali, conatftuait ainei la première
Les "événements du 17 déce.bre 1962" qu'on a surtout inter-
prétés comme le dénouement d'une lutte ,feu'r~e pour le "leadership"
au sein de la classe politique sénégalaise de l'é~oque, ont eu ~our
conséquence la définition
d'une nouvelle conception de la vie
institutionnelle au Sénégal ,vec l'instauration d'un "Exécutif
aonocéphale".(1)
Au cours de cet é~isode important de l'histoire politiQue
du Sénégal, la radiodiffusion va jouer un rôle décisif, confirmant
ainsi à nouveau, son importance ~olitique•
.~ .
..
(1) C'est le terme utilisé par le Président Senghor dans l'allocution
officielle de préaentation de son ~re.ier gouvernement devant l'Assemblée
nationale le 19 décembre 1962.

.,'
- 170 -
1°) L'opposition SENGHOR!DIA
En d~pit,de leurs retomb~es politico-institutionnelles
ult~rieures, multiples et prOfJdes, les n~v~ne.ents du 17 d~cembre
1962,,(1l ont ~t' essentielleme
ramen'. ~ \\a dimension d'un anta-
gonisme foncier entre deux for
s pe ,onnalit's+politiques sén~ga-
laises 1 L'opo14 S'dar SENGHOR et Ma
DIA.(2)
!.~
,
d.rtes,
l~int,rprtt tion de faits politiques aussi
. "..-;
importants que sont les,.~v',Jlê.ent• •e 1962" ,~. une simple oppoUtioB
''W:
, .r
de personnes pourrait susci ter, ~ jÛ~ r.l'~;, bien de. r~serves.
,:
Î'
(~. ,'~." '
'l;
l,
'
"
..
'
,
'"
'
Toutefois, dans le
historique
lais de l'~poque,~e telle
reste ~alableo
:;",.,.
~

!
En effet, :dans le
9
1
l
d••... e
' n i
..•..•.: .. t
;W.. 1 60- 9 6 ' ,
" vie
politique nationale gravite
r dt"i
. . , . ,
t Dia, v
. ables
.','
"
'.}"
~;~''rT~·'·
" .
.\\
...
,
(1) Il ne s'agira pas pour no
~~fair"""'""une ."lation factuelle et
exhaustive de ces 'v'nements o ' ' ; o u v r
s i " , rtants y sont consa-
crés s LO (Magatte), S~n~ga1 s
r e " , cho'. ,,' Paris, Editions
L'Harmattan, 1986, 106po et, MILC
,~Erne;.t,
: carrefour des 0 tions
africaines s le s~nég.l"P~'s,
' ons du Cen';turion, 19 5, PP.7~-98.
Nous nous bornero:i. à '
~con',' e as.ez sommaire des ~v~nements
pour une meilleure cO".',.·.r'l1e. ion d e ' njeti( de la crise et du rôle qu'y
a jou~ la radiodiffu1.~ na. onale :.<
é.,;a1ii se 0
'(2) A CP "'TOpOS Ma«at~;'Lô, .~ us ci t';
ancien ministre h 1 'rpOllue et,
protagoniste acti/~·;~e. ·;~]~vén.aent',"t,.oigne : "le 17 décembre 1962,
peu de temps après '-.nla.'pfbldan"
le S~nÛal connalt un coup dt Etat
manqué qui met ~ nu·'ie.~\\
..,..1.cJe~...J...enc1 . è.ntre d~x gr?des figures de l'époques
le Pr4hident de la R'pu .. "u:l L~o"td S~dar\\Senghor, et le Chef du
gouvernement, Mamadou Di ......
' r ,
'lIi
"

- 171 -
syaboles d'un nationali.ae sénégalais réhabilité après l'éehee de
De surcrott, ces deulf~"lead.s" politiques, chacun en ce
,
qui le eoncerne, représentent assez fidèlement la jeune nation
sénégalaise dans sa diversité sociale et cultur.lle.
"En 1960, les deux hommes semblaient se compléter pour
e~rcer haraonieusemen~ le pouvoir =: l'u,n était catholi~ue, l'autre
"!tj'
auaulsan ; l'un savait "contourner" J.~8 pres8ions de l'e%-aétrol»ole,
et~l'autre se montrait i'ntr~nsi~eant,~,.'~es '''éfaits colo!\\.aux" ,
!,.
observe Magatte'LO.(I)
\\-;~', :
p~delà
Mai.
cet
les d.uttt.~ders"
politiques de la j~une
le8 éVénem~t8~'':i} 17 décembre
.lit-
1962 se présentent davantage'l co,•.,
'1;,'11,
,~
:'.
- la fragilité et les limité
système:ae p;o'tlverniiÎlent hérité
de la colonisation.
,.'.
(1l ibide••

- 172 -
a) L'opposition Senghor/Dia 1 un antaconi ••e doctrinal.
Si Sen,hor et Dia ont symboli.' avant IIInd'pendance du
Sén'gal -en particulier au cours de 'l'épisode de la Fédération du
Mali- l'idée d'un certain "consensus" national sénégalais, la phase
de construction de la nation sénégalaise a tiès'vite mis en lumière
l'incompatibilité des 2 conceptions politiques auxquelles l'un et
l'autre s'identifiaiènt.
Certes tous se réclamaient d'un socialisme africain, comme
seule option possible pour le Séné~al.
Toutefois les moyens pour y parvenir différaient dane leurs
visions respectives: d'un côté il s'agit de mettre en oeuvre un 80cialisme
orthodoxe et de l'autre seul un socialisme humaniste restait l'option indinuée
Cet antallonisme doctrinal, Ernest MILCENT If! résume ainsi
"M. Dia qui s'était fait un nom en ~roposant au pays un socialieme
pur et dur continue d'inquiéter le sect,ur privé, les traitants et
même le8 chefs relillieux. Assez ~aradoxalement ceux-ci ont ~lu8
confiance en M. Senghor qui étant catholique, ne pourra jamais proposer
une réforme des structures oe l'Islam au Sénégal, qu'en M. Dia,
musulman convaincu mais trop moderniste à leurs yeuxll.(t)
- - - - - - - - - - - - - - - ---,--_.__._----_._----
(1) Ernest Milcent, opus cité, p.78.

- 173 -
b) L'opposition Senghor/Dia 1 un~lit de compétence.
L'anta,oni.ae Senghor/Dia a égaleaent mis en relief un
Conflit de coapétence entre deux représentants d'un Exécutif
bicéphale.
Par là a3.e, les événements du 17 décembre 1962 ont surtout
mis en lu.ière le. li.ites évidentes d'un système d'exercice du
pouvoir hérité de la Colonisation.
Selon Magatte Lô, "Mamadou Dia était emporté par son désir
ardent, sa passion de réali8er une indépendance économique immédiate
du Séné~al. Son tort a été de s'identifier et tout 8eul à la nation
tout entière ••• de n'~oir
pas compris que la politique c'est
"l'art du co.promiB ••• Il avait oublié qu'il devait compter sur ceux
t
qui l'avaient toujours soutenu dans le8 moments difficiles, ceux qui
devaient exécuter 80n programme et qu'il devait se mettre à la
hautéur de 80n peuPle ••• ,,(l)
Pour sa part, Ernest MILCENT âbonde dans la même analyse
du conflit de coapétence au sein de l'Exécutif sénégalais lorsqu'il
observe que: "le conflit de pouvoir et de personnes devient ainsi
peu à peu un véritable conflit politique ••• Depuis 1962, to~~ le8
éléments d'une crise sont réunis. Elle aurait pu être évitée si
M. nT~ était demeuré sur le t~rrain on
(1l Magatte Lô, opus cité, p.88

- t74. -
n'6taient pas r6elleaent discut6es : le terrain 6conomique. Son
erreur fut de se croire ~lus fort qu'il ne l'était en réalité et
d'essayer de s'opposer au Président Senghor sur le plan politique ••• n(t)
Ce conflit de Compétence devait ainsi donner lieu à une
véritable épreuTe de force, chacun des 2 re~résentant8 de l'Exécutif
se dis~utant les forces TiTes de la nation s6négalaise : cadres
du parti, députés, chefs religieux, officiers de l'arm6e et de la
gendarmerie.
2 0 ) Rôle de la ra
odiffusion dans 1'0
Dans le déroulement dp. la crise qui a secoué les milip.ux
politiques sén~~alais au cours des "événements du t7 d~cembre 1962",
la radiodiffusion natio~le a joué un rôle particulier.
Investie du rôle d'intp.rmédiaire entre l'opinion publique
et la cla88e poli tiq-'\\ durant les péripéties de la cri se, Radio-Sénégal
a incarné, sous des for.,,~et .odalités diverses, les principaux
enjeux que cette crise po~q~e:a mobi)isés au Cours de ces
circonstances excePtionnell~
.'
Plus qu'un aimple moyen d'information des populations, la
radiodiffusion nationâle s'est navantage révélée comme:
(t' Ernp-st Mtlcent, ibidem p.77

..
- 175 -~
- instrument d'affirmation d'unê certaine It.gitilllitt. 1)olitiQue
- 18ais aussi moyen de justification et de légitimation du
pouvoir d'Etat.
a) "Radio-Sénégal" : instrument d'affirmation d'une légitimité
politique.
Au cours des"~v~ne.ents de décembre 1962", la radiodif-
>
fusion nationale a été lurtout perçue, par les deux parties en
;
conflit, comme une arme stratégique, indispensable à l'affirmation
d'une certaine légitimité politique.
..,.Ii.'
D'un côté, Léopold Sédar Sen~hor et la Ip~alité consti-
tutionne11e que lui confère sa fonction de Président de la République.
De l'autre, Mamadou Dia et la lé~itimité politique êt ~ouvernementale
que lui attribuent ses char~es de premier ministre et chef de
Ilouvernement.
Ce processus d'affirmation de légitimité politique s'est
manifesté sous plusieurs formes, par radiodiffusion nationale inter-
posée :
* d'abord une rétention subtile de l'information destinée au
nublie.
Le conflit qui oppose les deux responsablês de l'Exécutif
sénégalais est porté devant l'Assemblée nationale, le 17 décembre 1962.

. •CC·,
'*'1'+
'"'Jf
Un
~."~~.'~.....:.
"!""~ '-'
décide de
se préciPite~~~:t conduis~ssez
~,."
par-
s''iNfasse
"medias"
-sans co~.entaire-du
", Ernest Milcent
d'iIr:norer les, événements. A m\\t1i'~mte,
.'
\\
(1) Aucune mention ne fut faite des tl
.....bb.ats pa..rlellen.taires ni dans les
journaux parlés de 20h, 22h30 du 17 welllbre ni dans celu,:l du lende-
lIain ~ 7b 15.
La .~.e consigne sera ~espect'e p~le8 ~roniqueUrs en langues
vernaculaires.

F.. ·f~
....•......
Jf'.".! '~
- 177 -
dmplement que la conférence. des présidente s'était réunie à
l'Assemblée. A 13 heures, au lieu du bulletin habituel, les audi-
teurs durent se contenter de musique enregistrée tandis qu'un
speaker annonçait périodiquement que les nouvelles seraient
diffusées dans quelques instants. Enfin, à 13 heures 45, le
ministre de l'Information prenait la parole et annonçait que les
signataires de la motion de censure ••• avaient tenté un coup de
force ayant oonsisté en une re'bellion contre les décisions du parti
et del'A. .e~blée••• "(î) ,-
On le voit, après une pbase plus ou moins longue de
rétention volontaire de l'information destinée au public, une des
parties en conflit -celle favor~ble au premier ministre- utilise les
antennes de la radio nationale pour s'adresser à la population.
L'information ainsi diffusée présente -cela va de soi-
une version tendant à. lé~itimer l'action politico-institutionnelle du
groupe favorable au premier ministre.
Le ministre de l'Information, M. Obèy~ DIOP, qui appartient
à ce groupe, a pu ainsi facilement justifier son intervention radio-
diffusée en sa qualité de responsable lé~al des "medias" d'Etat.
~. ensui te une lutte feutrée pour accéder aux studi 08 et ~metteurs
de la radiodiffusion nationale.
1
(1l Ernest Milcent, ibidem
1l.Q2.

- 178 -
Y.
L'affirmation de la l~giti.ité politique des deux
parties en conflits a également consisté dans le recours ~ une
série d'astuces pour accéder aux centres de diffusion (studios
et émetteurs de Radio-Sénégal).
Cela par forces de l'orrlre et messages contradictoires
inteJ"l)osés.
En effet, sur ordre du président Senghor les parachutistes
s~né,alais encerclent l'immeuble de Radio-Sénégal o~ ils se heurtent
aux gendarmes favorables au chef du gouvernement.
"Les gendarmes occupaient l'immeuble de la radiodiffusion
depuis la fin de la matinée. Ils se refusèrent à laisser la place
aux paras. Mais leur permirent d'entrer avec eux dans l'immeuble ••• "
indique Ernest Milcent.(1)
Ainsi, la radio était devenue un véritable point,straté~iQue,
investi par les forces de l'ordre.
Cela se comprend aisément quand on sait Que pour les deux
parties, l'issue du conflit dénenrl, à n'en pas douter, de leur apti-
tude à informer les plus rapidement possible les populations, selon
"leur" version.
(1) ibidem, p.95

- 179 -
nA l'heure du journal parlé, c'est à dire à 20 heures,
on assilta de ce fait à un curieux ballet. Chacun de son côté,
le ~résident de la République et le président du Conseil, avaient
enregistré un .essage à la nation. Un membre du cabinet de M.
Sen«hor tenta d'abord de faire diffuser le texte de son ~atron.
Mais lor.q~ les gendarmes se rendirent compte de ce qui
le palsait, ill kidnappèrent la bande ••• et l'émission fut interrompue.
Elle reprenait quelques minutes plus tard avec la diffu-
sion du texte de M.D.ia. Ce fut au tour des paracbuti stes d' inter-
venir. Et RadiG-Sénégal se tut jusqu'à minuit. A cette heure tardive,
les paras s'étant assuré le contrôle des émetteurs de la station,
situés à quelques kilomètres de Dakar, le messa~e du présid~nt de la
0,,,,
République pouvait être diffusé sans interruption une partie de la
,
1
nuit ••• " rapporte Ernest Milcent.(1)
\\
1
La radio sénégalaise démontre ainsi son caractère d'ins-
.
~
'.
trument stratégique au cours de ces circonstances pol{tiqu~s parti-
1
culières.
1
1
Magatte Lô, autre témoin et ~rotagoniste actif des
l
"événements du 17 décembre 1962" souligne cette dimension q.e l'une
1
et l'autre parties du conflit reconnaissent à la radiodiffusion
nationale en ces circonstances exceptionnelles.
1
(1) ibidem, p.95

-
180 -
"Ltiameuble de la radio était investi par deux forces o~pos~es
qui se neutralisaient mutuellement: d'nIe part, les Gendarmes,
partisans du pr'sident du Conseil, et d'autre part, les paras,
demettrés loyalistes. Les premiers bénéficiaient de la complicité
du Directeur de la Radio, Abdoulaye Diack et de son technicien de
service, ce jour-là, Samba Bâ. Ils pensaient pouvoir disposer
de cet incomparable instrument en pareil cas, pour s'en servir
et soulever le peuple contre Senghor et ses amis".(l)
Cette capacité de mobilisation rapide et efficaee de
l'opinion publique ainsi révélée par "Radio-Sénégal" va prendre un
relief singulier au cours des péripéties ultérieures du conflit.
En effet, à défaut de s'assurer les services de la
radiodiffusion nationale -investie et contrôlée depuis Quelques
heures par les partisans de Senghor- Mamadou DIA eut recours au
réseau de radio des commandants de cercle.
Grâce à ce moyen de transmission spécial, le C~ef du
Gouvernement tenta une dernière fois d'entrer rapidement en contact
à la fois avec les gardes républicains mais aussi les ~utorités
administratives territoriales et l'opinion publiQue d~8 ré~ions.
"Vers 21 heures, le pr~sident DIA qui ~tait in8tal1~ depuis
le déhut de la matinée rlans son bureau, au ge éta~p rlu buil~in~
(1) Magatte Lô, ibidem, p.74.

-
:181 -
adainistratif (et dont il ne ~ouvait plus sortir, les parachutistes
bloquant toutea les isaues) donna ordre aux gardes r~publicainl
de l'int~rieur regroup~s A Thiès(1) de descendre sur Dakar et de
prendre le palaia pr~.identiel. Il le fit par messa~e chiffré en
utilisant le r~seau radio des commandants de cercle. Le message fut
déchiffr~, par le service français du chiffre qui en transmit
auasitat le texte A l'armée s~n~galaise••• " pr~cise Ernest MILCENT.(2)
Ce téaoignage est confirmé par Magatte La : "Vers
21 heures, le Chef d'Etat-Major de l'Armée apprenait au Président
de la R~~ublique que le grou~e Mamadou DIA .'~tait servi du r~seau
RAC()' du ministère de l'Intérieur pour demander aux Gouverneurs des
ré~ions de mobiliser l'opinion publique en sa faveur ••• ,,(4'
Ainsi, au cours des "événements du 17 décembre 1962", la
radio sénégalaise a symbolisé un enjeu politique décisif : celui de
l'affirmation, pour l'une et l'autre parties en conflit, rl'un~
certaine légitimité politiQue.
Mais dans la phase ultérieure du conflit, Radio-Sp.négal
va symboliser un autre enjeu autrement significatif : la justification
et la lé~itimation du pouvoir rl'Etat. ~

(1' Vi'1~-cR8prnp situPP ~ 7O~m ~p n~k~r.
(2) Ernest Milcent, ibidem, n.q6.
(1' Ré~iment d'Artillerie Coloniale
(4) Magatte La, ibidem p.75.

4, ......
- 182 -
bl "Radio-S~négal" t moyen de justification et l~giti.ation
du pouvoir d'Etat.
Après le flou relatif qui a entouré sa ~remière phase,
le conflit Senghor/Dia éTo1ue assez Tite en faveur du président
Léopold Senghor.
En effet malgr~ l'obstination des forces de l'ordre, les
députés, réunis pour la circonstance au domici1e(ll du Président
de l'Assemblée nationale Lamine Guèye, parviennent finalement l Toter
à une très forte majorité, la loi destituant le ~ouvernement Dia.
Aussitôt après, le Président Senghor, conformément aux
textes, met en place un Pouvoir de Salut Pub1ic.(2)
Pour Senghor, la ~artie était gagn~e a~plan constitution-
nel. Il lui restait à assurer les assises de son'~ouvoir et en
justifier la légalité face à l'o~inion publique et aux forces de
l'otdre.
(1) "auarante sept députés, u~ ~izaine de journalistes et une cen-
taine de ministres, de militants et d'amis s'entassaient dans le
~rano Ralon du doyen des hommes d'Etat africains. Il ré«nait une
chaleur étouffante. Dehors, une poignée de soldats, mitraillette au
poing, contenait une foulr ~e rnilli~r~ rle ner~nnnes .•• " t~moi«ne
Ernest Milcent, opus cité déjà p.94.
(2) Ce Pou.oir était composé de MM. Doudou THIAM, commissaire l
l'Intérieur, La.ine DIAKHATE, commissaire à l'Information, Gabriel
d'ARBOUSSIER, commissaire à la Justice.

-
181 -
Seule une action radiophonique de "masse" semblait
indiquée. Cela d'autant plus que des rumeurs persistantes de
mouvements de troupes restées loyales au premier ministre en
direction de la capitale avaient jeté quelqu'émoi dans la population
massée devant le palàis présidentiel.
Mais l'accès aux studios de Radio-Sénégal était difficile
en raison de la présence dans le bâtiment de gendarmes loyaux au
premier ministre.
Magatte Lô, qui quelques beures plus tôt avait été chargé
de s'occuper "tout particulièrement et personnellement de la radio-
diffusionJ1~ans le Pouvoir de Salut Public témoigne :
"A mon retour au Palais, j'ai trouvé tous les camarades regroupés
autour du Président, discutant de la gravité de la situation et des
moyens d'y faire face. Une seule solution
paraissait susce~tible
de renverser le cours des choses : ex~loiter la n08sibilité qui nous
était donnée de faire diffuser le message du Présid~nt Senghor par
la radio, à partir de la station du centre émetteur de Rufisque ••• ,,(2)
tentée et le peuple sénégalais put ainsi entendre, le 17 décembre
1962 à minuit, le messa~e du chef de l'Etat.
(1) Magatte Lô, opus déjà cité p.75
(2) Magatte Lô, ibidem p.76
,
f1
11it

~--~
- - -
. _ - - ~ - - -- - . . . . , . . , . . ~ - - : - - - - - -
- 184 -
Acte ultime du conflit Senghor/Dia, le message radiodif-
fus~ du Chef de l'Etat devait nécessairement être conçu comme un
véritable moyen de juetification et de légitimation du pouvoir
d'Etat et perçu comme tel par l'opinion.
Pour cela, le recours à un certain nombre d.e mécanismes
Ipéciaux a été néoeeeaire 1
* d'abord une exploitation habile des circonstances exceptionnelles
pour rendre Traieemblable la diffusion du message depuis les studios
mêmes de "Radio-Sénégal" symbole de la légitimité du pouvoir du chef
de l'Etat.
"Tout en faisant croire ~ux auditeurs oue je me trouvais
dans les locaux de la radio à Dakar, je lus le messa~e à deux
reprises" explique Magatte Lô.(l)
* puis le choix judicieux de la lan~ue wolof dans la diffusion
du message.
"Pour permettre à toute la population d'en comprendre
clairement le sens, je traduisis le texte en wolof" précllse le même
1
,
Malatte Lô 1(2)
_ _ _ _ _ _ _ _ _ •
0
_
1
l
!
(1) Magatte Lô, ibidem, p.77
(2) ibidem. p.77
1·1
1
1

- 185 -
* enfin une référence systématique et délibérée à la Constitu-
~ion et à la "tradition sénégalaise de D'.ocratie".(1)
En effet dans le discours(2) du chef de l'Etat, les cons-
tantes références aux valeurs juridiques ont, à coup sûr, contribué
à convaincre l'opinion de la lé~itimité du pouvoir d'Etat.
Un extrait de ce discours reste significatif à cet égard :
"... Aujourd'hui la situation est grave. Sur ordre du Président
du Conseil, le Palais de 11Assemblée nationale a été cerné par une
Compagnie de Gendarmerie. Les représentants de la Nation ont été
expulsés de leur lieu habituel de réunion et plusieurs d'entre eux,
ont été arrêtés.
Voilà les faits. Ils n~ s'inscrivent ni dans la tradition
s~négalaise de démocratie, Que beaucoun de nays nous enviaient, ni
surtout dans le cadre de l'article 31 de notre Loi fondamentale •••
.,
Il s'agit véritablement d'une violation délibérée de 'a Constitution
de la Ré'Publique. Or l'article 24 de la Constitution me fait un
devoir d'assurer le fonctionnement réjr;ulier des Institutions. C'est
pourQuoi, j'ai reQuisitionn~ les forces militaires, car la dernière
parole doit rester à la Constitution et ~ la Loi ••• "(~)
t
(1' ;hirl~m. p.78
(2' C.f. Discours du chef de l'Btat à la nation (17 ~~cemhre 1962) in
Annexes.
(3' Discours cit~ par MaeBtte La, onue cftl d~ià, ~.7A.
,
..
\\
\\

- 186 -
Après la lecture du message, la r'action des ~o~ulations
"Malgré l'heure tardive, tout le Sénégal était à l'écoute. Dès
que j'eus terminé de lire le messa~e du Président à la ra~io, les
foules déferlèrent dans les rues de la capitale, comme dans les
~lus ~etits Tillages de la êampagne, pour acclamer le nom de SENGHOR",
ex~lique Magatte Lô.(l)
\\
Ainsi l'antagonisme Senghor/Dia connut Bon é~ilogne. Le
~ouvoir d'Etat, désormais incarn~ et symbolisé ~ar le chef de
l'Etat ~tait ainsi réhabilité, et ce, pour lon~temn8.
f1
\\
*
*
1
En conclusion on n@ut dire Qu'au cours rles "événements

du 17 décembre 1962", la radiodiffusion sénégalaise a donné la
nreuve de son importan~e politique incontestable.
Cela, dans la mesure où l'action de "Radio-Séné~al" a, dans
\\
des circonstances politiques excentionnelles, permis la lé~jtimation
d'un certain pouvoir d'Etat -symbolisé au plan constitutionnel nar
le Président de la RépubliQue- et facilité l'obtention ~'un v'ritable
tf,
\\
(1) Magatte Lô, ibid. p.79
f
f
t

-
187 -
consensus national autour de ce nouToir et de son représentant.
Ainsi, 2 ann'es après les péripéties de l'éclatement
de la Fédération du Mali, le rôle nolitique de la radiodiffusion
Tiênt à nouveau d'~tre mis en relief.~
Toutefois, si dans la nuit du 19-20 août 1960 l'enjeu
était relativement simple s défendre et légitimer un certain natio-
nalis.e d'Etat face à des non-Sénégalais, dans le contexte des
"éTénements du 17 décembre 1962" les données du nroblème sont
différentes.
Il s'agit d'une crise interne à la classe politiQue séné-
galaise entre 2 "leaders-symboles" du nationalisme sénégalais et
investis, l'un et l'autre, d'une certaine légitimité: constttution-
nelle-et/ ou gouvernementale.
Auta~t la radio, au moment de l'éclatement de la Fédération
du Mali, avait joué dans le sens de la justification d'un nationalisme
conQuérant, autant au cours des "événements du 17 rl~cembre 1962",
Radio-Sénégal a essentiellement fonctionné en véritable instrument
~p légitimation du pouvoir rllEtatej
f
\\~

- 188 -
Cela, e~parfaite conformité avec une certaine tradition
politique occidentale de défense de la Constitution et des Institutions.
Ainsi, pour la première fois, une radio africaine jouait un
r81e inédit de défense d'institutions politiques.
Ce r81e, Radio-Sénégal allait le perpétuer tout au long de
l'histoire politique du Sénégal.(l)
!
1
r
1
1
. _ - - - - -
(1) ~u cours des événements de Mai 1968, Radia-Sénégal fi joué un rôle
,.
similaire comme le reeonnatt de manière explicite le président
t
Léopold Sérlar SENGHOR lui-même: " ••• Vous vous rappelez 1968, quand des
1
voyous se sont mis à briser les vitres, à piller les magasins, à
attaquer sauvagement des hommes et des femmes. J'ai fait, alors, annoncer
à la radio, qu'au bout d'une heure, l'Armée tirerait à vue sur les
pillards. L'avertissement a eu un effet immédiat" in "Le Soleil" du 4
\\
et 5 juillet 1981.
r

- 189 -
CHAPITRE VIII:
RADIODIFFUSION ET POLITIQUE DES PROGRAMMES AU
SENEGAL (1962 - 1968)
Au sein d'un ministère de l'Information restruetur&' all
lendemain des "'v~nements du 17 d'bembre 1962", la radi.odiffusion
nationale conserve, au Séné~al, sa olace de service le olus imoor-
tant et dispose de moyens tecbniques, bumains et financiers à la
.. aesure de cette i.port~ce.
* La fusion des structures administratives et techniques, de
même Que la mise en commun des ressonrces humaines ooérées Quelques
années auoaravant entre Radio-Sénégal et l'ancienne chaine fédérale
Radio-Mali ont rendu urgentes l'élaboration et l'exécution n'une
nouvelle ~olitiQue en matière de nro~rammes.
t
Il fallait tout à la fois assigner aux nouvelles infras-
1
tructures de diffusion des orientations nrécises et ont{m~liser les
aeauis 16gués oar l'ancien syst~me d'information, en te~ant comnte
des nouvelles données socio-oolitiques de l'Indénendanee.
* Au olan des structures, la nolitiQue -antérieure~ de n;ffé-

renciation et snécialisation en "chaînes" a été maintenue et renforc~e.
Cela même si, au olan administratif les autorités spmhlent
1j
\\
1

- 190 -
(1'
.'Atre davantage orient'e. vers une unification des directiuns.
* En .atière de progra..e. 'gale.ent, 1•• différentes '_i.sions
8'ins~irent de cette ~olitique de différenciation et de s~écialisa-
ti~ dont elles vont rendre comnte de l'originalité profonde.
Il "RADIO-SENEGAL": L'ERE DES TRANSFORMATIONS.
A partir de 1962, la radiodiffusion séné~alaise entre
dans une ~ha8e de transform~tions de ~rande ampleur ~ui renforcent
ses moyens (humains et techniQues) et lui ~ermettent de consolider
S8 ~18ce à l'intérieur du système ~'information national •
.,
* Au ~lan politique et institutionnel d'abord un remBniement
. . t L • 1( 2)
t "
h
t
t . . 2 · . t
3
"'lnls erH~.
en raIne un c an~emen
au pos e fJe mInI!!! re ne
l'Information.
Le portefeuille est confi~ à l'ancien ~irecteur de "Radio-
Spn~9:al", Lamine DIAKHATE.(3'
1

(1) Cprtains services commune ~taient org:anisé!!! entre la "Chaine
nationale" et la "Chaine internationale". C'Ç,tait le ca8 de la
BandothèQue, de la Discothèque, rle8 Speakers et animateurs.
D'autre part, l'harmoni!!!ation rle certaines Ç,mis!!!ions -"Informa-
1
1
tion!!!" pt "v8ri~tis"- ft &t& noursuivir. Cela rlans un souci rl'économip
et pour ~viter des "doublons".
(2' Remaniement ainistériel du 19 décembre 1962.
(3) Lamine Diakhaté, ancien directeur de "Radio-Séné~al" est nOl1lm~
ministre de l'Information, des Télécommunication!!! et rlu Tourisme.
\\t1i
\\

-
191 -
Quelques jours a~rèB Ba nomination, le nouveau lIiniBtre
de l'Information annonce, dans une conférence de ~reSBe sa volonté
"d'organiser une bonne radiodiffusion n .(1)
*"Au ~lan des programmes, la JEriIle antérieure est modifiée
et r~nov~e, tandis que .le nombre d'heures d'antenne nasse de 72 heures
Ji 103 beures.(2'
Ces transformations -~olitico-institutionnel1eset au
niveau des ~rogrammes- seront suivies d'une série de mutations nui
se manifestent aux ~lans administratif et juridique et au nIaD technique.
1°)
Au plan administratif et juridique.
Au plan administratif et juridique, Radio-Sénégal conserve
1
son statut de service d'Etat.
Comme tel, il est doté d'un bud~et(;) autonome et extérieur
à la Fonction Publique.
(1) Communication du dt16~u6 du S6nt~alt
d~jà cit6 p.4
1
(3) Le budget approximatif de fonctionnement -e~timé en 1962 à environ
300 millions de F CFA- est couvert par une subvention ~ouvernementale.
\\
J
fi
\\)

- 192 -
Cela a~.e si une ~artie assez importante de son ~ersonnel(l)
en dépend encore.
Toutefois, le reste des agents -exception faite des
1
coopfrants(2)- sont régis par la Conveiltilon Collective du Commerce.
Quant aux recettes proçurées par la publicité elles sont
encore très aodestes(3) et gérées ~ar une société extérieure à la
radiodiffusion nationale.(4)
Ainsi à partir de 1962, le statut de Radio-Sénégal se pr~cise
de m~me que celui de son personnel.
Celui-ci , en nombre croissant, est désormai~ régi par un
régime s~écial.
Quant à Radio-Sénéjlal il coneerve et renforce fion statut rle
.. service d'Etat et bénéficie, comme tel, d'un budget d'Etat •

(1) C.f. Tableau nO 14 s Effectif en Dersonnel de "Radio-S~n~glll"
(1962) ci-Joint.
(2) En 1962 les coo~érants -français essentiellement- p.t~ient au nombre
de 8.
(3) M~me si depuis 1961 Radio-Sp.négàl rliffuse des émissions nublicitllires,
Ron statut rle service nublic ne lui nermet DIlR rlp r~~li8pr rles recettes
nubl i ciüd res.
(4' Toute la pub1icit~ de Rlulio-SénégRl est faite Dour le compte de
l'Agence HAVAS-AFRIQUE, ~rincipal orjlanisme de ~ublicité radiophoniQue.
\\r1

- 19~ -
* !ABLEAU nO 14 s Effectif en personnel de Radio-S~n~gal (1962,.(1'
"
station
Effectif
1
!

1
t
Dakar
:
\\
:
("Chatnes" Nationale
•.
250
et Internationale)
:
:
:
\\f
Saint-Louis
t
1
("Sénégal II")
20
!
f
Ziguinchor
:
("S~négal IV")
f
15
:
TOTAL
:
\\
285
:
{~,1
1
\\
1
i,
\\f.-
(t) Source 1 Radiodiffusion du Sénégal.

- 194 -
2°)
Au plan technigue.
Au plan des infrastructures d'émission, la radiodiffusion
nationale dispose A partir de 1~62, de moyens techniques im~ortants.
Le nombre d'émetteurs et la puissance de stations
aug.entent(1), tandis que les centres régionaux d'information (CRIl
se dotent d'émetteurs de liaison pour duplex avec la station-mère.
A partir de 1962, les conditions d'une croissance de la
radiodiffusion sont donc réalisées.
Au lendemain des "évpnements rlu 17 décembre 1962", la
rarliodiffusion nationale séné~alaise amorce une ~hase im~ortante de
son évolution.
Radio-Sénégal s'or~anise avec des moyens nouveaux tandis
qu'un effort de décentralisation se rléploie en direction rles ré~ions
avec la mise en place de Centres ré~ionaux d'information (CRI).
II/
UNE POLITIQUE DE "CHAINES".
A partir de 1962 la politique ~ouvernementale en matière
~)
de radiodiffusion se pose en terme de "chaines".
(1l c/r. Tableau nO 15 : Nombre d'émetteurs et puissances par stations
(19621 infra. ~.195.

- 195 -
'.
(1' Source s Radiodiffusion nationale du Sénégal
1

- 196 -
Autrement dit en termes d'unités autonomes de produetion
radiophonique destinées à des public-cibles différents aux centres
d'intér@ts nettement spécifiés.
Ainsi Radio-Sénégal se différencie en 2 "charnes" •

* la chatne internationale (ou chafne "Inter") qui succède à
l'ancienne "chatne nationale" de "Radio-Sénégal".
* la "chafne nationale", héritière de l'ancienne chatne régionale
de "Radio-Sénégal".
1°) La "chatne internationale" (ou "chaIne Inter")
La "Chatne Internationale" de Radio-Sénégal (encore appelée
"Chatne Inter") résulte de la mise en commun des équi~e.ents et du
personnel des anciennes stations Radio-Sénégal et Radio-Mali.
Les autorités politiques lui assignent les objectifs suivants :
"représenter le Sénégal face au reste de l'Afrique, mais aus.i
l'Afrique, surtout dans ses aspects culturels, face au monde ••• "(1)
(1) République du Sénégal, ~~tère de l'Information, de la Radio-
diffusion et de la Presse, "Communication du d'légu~ du S'n'gal à la
Conférence des ministres de l'Information", Paris, Janvier 1962.

- 197 -
1
1
1
On le voit, la "chaine int~rnationale" se définit avant
t
tout oomme "chaine de prestige".
1
1
I
Cette caractéristique se réflète, à la fois, dans le
style dtanimation radiophonique -caractérisé par t'usage exclusif
1
du français coame langue de diffusion- et dans le pourcentage important
1
dté.i ••ions aux th~.e. et oontenus nettement occidentalisés.(1)
Par ailleurs, afin de bien marquer sa vocation internationale,
la "Chaine Inter" a également recours, outre le français, ~ It anglai8,
à Itarabe et au portugais comme langues d'animation.
\\
\\
2°)
La "Cbatne nationale".
,
La "Cbatnenationale" ré8ulte de la transformafîon -en 8ep-
tembre 1960- de la "chatne" rép:ionale de "Radio-Sénp.gaP dont elle
hérite, à la fois, des équi~ernents et de la vocation.
Toutefois, la .ise en·plae. a été précédé~ d'un ensembl~
de chanp;ements.
En particulier, le transfert des studios de la rue Parent
au boulevard de la République à Dakar.
{il C.f. Typologie des programmes de "Radio-Sénégal':, infra

-
198 -
nC~at~.~ ~ducative ~ar vocation et tournée essentiellement
"vers le8 .a8ses rurale. et urbaines du Sénégal"(1); la "charne"
nationale définit a81ez vite, 8e8 objectifs et se dote de structures
et de moyens de diffusion adaptés à cette vocation.
"Touchant un vaste public non scolarisé et ni scolarisable",
la"charne" nationale doit 8~efforcer dfa~porter, gr&ce à se8
émissions des conseils précis, clairement édictés, à fournir aux
cellules de base du développement, le minimum d'éducation indispensable
à une action solide n(2) 9 expliquent les responsables gouvernementaux
sénégalais.
Outre cette mission d'information et d'éducation, il s'agit
pour la "charrie" nationale de Radio-Sénégal de promouvoir l'intégra-
tion socio-culturelle nationale, "en oeuvrant pour le partage d'une
seule culture par les différents groupes de populations, par le
truchement des ressources culturelles des diverses régions du Sénégal".(3)
A cette fin, la nirection des programmes de la "chatne
nationale"
met en place une section "Folklore" et crée deux émissions
(1) Communication du délégué du Séné~al, 0EuS déjà cit~ p.3o
(2) Ibidem
,
po)
(3) Communication du délégué du Séné~al, ibidem, p o 4.
\\
\\
!
.

-
-
-
- - - - - - - - - -
- 199 -
publigue.(1) pour jeune. et adultes.
Assez rapideaent, les émissions envoyée. depuis paril(2),'
sont progressivement remplacées ~ar des productions nettement
l'lUI ada~tée8.
efest le cal de lt"Eeole à la radio", lt"Eeole et la
famille", le "R8le de la femme dana le développement national", ~
Voix dea coopérateurs:, "Hommes et initiatives", etc ••• (3)
La particularité de ces différents productions ~roductions
réside dans l'utilisation du wolof comme langue de diffusion et du
raie central· joué dans la conce~tion et la diffusion de ces émissions
~ar des producteurs-réalisateurs tous sénégalais(4).
1
Enfin, pour s'ada~ter aux réalités locales, la chatne
nationale s'appuie sur des postes d'écoutes collec~ive8 et des
équipes ~olyvalentes de moniteurs d'écoute.
(ll Il sla~it des productions "Emission Publique" (~mis8ion-concours
destinée aux adultes) et "L'Antenne aux jeunes" (aujourcl'hui "L'Antenne
est à nous ••• ") spécialement conçue pour les enfants.
(2) Aucune section folklorique n'existant plus depuis la rupture MALI/
SORAFOM (31 décembre 1959), la fusion des stations Radio-Séné~al et
Ra~io-Mali a entratn~ la reprise des relations avee la SORAFOM et"l'envoi
de bandes et disques par la Radiodiffusion-Télévision Française (RTF).
(3) C.f. Typologie des programmes infra
(4) ibidem.
1~,;,
\\i

- 200 -
Mettre en place deux "charnes" aux vocation et moyens de
diffusion nettement différenciés 2 telle est la philosophie des
responsables sénégalais en .ati~re de dével
t d
1
oppemen
e
a radiodif_
fusion A partir de 1960-1961.
Désormais une "charne" internationale et une "charne"
nationale s'adressent à deux catégories de publics-cibles différents.
tes types d'émissions, de m3.e que les contenus et formes
rev'tus par les différentes productions proposées par ces deux
"charnes", donnent la mesure de l'originalité de cette politique.
III/
PROGRAMMES RADIOPHONIQUES ET POLITIQUE CULTURELLE AU
SENEGAL.
Les diverses émissions ~roposées, entre 1960 et 1968, par
les "chalnes" nationale et internationale de Radio-S~négal
r~'l~tent,
à travers leurs formes et oontenus, les caractéristiques et parti~
cularismes de leurs publics-cibles respectifs: publie national. et
public étranger •.
Par ailleurs, leur r~partition Quantitative met p-n relief
les grandes orientations de la politique culturelle en matière d~
radiodiffusion, initi~e par IP-A responsables séné~alais au lendemain
oe l'Ind~pendance
nationale.
J ~------------------

1
- 201 -
* au plan extérieur promouvoir une ouverture culturelle du
Sénégal A un "humanisme universel n .(1)
* au plan intérieur consolider l'intégration nationale et susciter,
1
par l'information/ éducation/ distraction, une "prise en char,;e
. \\,
consciente et organisée, par toutes les cellules du pays, du plan
i
de développement".(2)
\\
f
1°)
Le triptyque t informer/éduquer/distraire.
Les priorités définies par les responsables séné~alais
\\
assignent à la radiodiffusion nationale des missions précises :
,
informer, éduquer (tout en cultivant) et distraire.
\\
..
La conception des différents programmes -tant de la "cbatne"
1
nationale que de la "chatne" internationale- s'inspire de ce triptyque.
Ainsi "Radio-Sénégal" proposera une série d'émis~ions qui
peuvent ~tre regroupées en 1 ~rands types(3) :
..
,
(1) Communication du délégué du Sénégal, déjà cité ~413.
j!i
(2) ibidem. p.1
(3) Dans cette typologie nous avons volontairement écarté les émissions
religieuses (catholiques, protestantes et musulmanes) qui occupent 1%
environ du temps d'antenne et l~s sports (2%).

- 202 -
* des émiaaiona dites d'information
* des émissiona ~ducatives-culturelles
* des ~mi8sion8 récréatives.
Chaque type d'émission occupe à l!intérieur de la grille
des programmes un volume conséquent à la mesure des priorités
d'finiea par les responsables gouvernementaux.
a) Les émissions dites d l lnformation.(1)
De 1960 à 1968, les informations représentaient environ
3~(2) de la masse globale hebdomadaire des émissions diffusées ~ar
"Radio-Sénégal" (toutes chatnes confondues).
A bien des égards, les "informations" constituent la
catéJorie d'émission la plus Ai~nificative de la politique sén~galaise
en matière de radiodiffusion et de ses caractéristiques profondes 1
\\
* au plan quantitatif, les informations occupent le volùme
1
l
horaire le plus important, aussi bien pour la "chatne" nationale que
1
pour la "chatne" internationale.
\\ri

(t) C~tb> c:!.t.,Ç/!:orie rcaroupp l'enRp.m1J1e <Jill' journaux llarl~s y compris
les bulletins d'information en lanlues nationales et internationales
(an.lais, arabe et portugais).
(2) C.f. tableaurno 16 et 17. Supra.

- 203 -
* TABLEAU nO 16 , Répartition globale des émissions ~e la "Chafne"
Internationale de Ra~io-Sénégal (1960-1968,(1)
j
1
t
Genres
!
1!
t
r
!
Informations ••••••••••••••••••• ~ ••••
!
!
- Emissions Educatives et culturelles ••
!,
- Emissions•Religieuses ••••••••••••••••
!
1
f
- Emissions Sportives ••••••••••••••••••
!
f
- Variétés musicales é~ Animation ••••••
!
f
1f
- Musique classique et Jazz. o ••••••••••
?
f
,
t
- Variétés à caractère éducatif ••••••••
t
15%
[
!
f
- Th'Atre ••••••••••••••••••••••••••••••
!
\\
TOTAL
100%
J
J
(1) Source, Radiodiffusion du Sénégal 1965.
\\
f
1
i
\\

- 204 -
* TABLEAU nO 17 1 R'partition globale des éaissioDs de la "chaIne"
nationale de Radio-Sén'gal (1960-1968)(1)
t
t
{
Genres
t
r
J'
!
;
!
Iuf oraati ons ••••.••••••••••••.••• "• •••••
31%
t
Eaissions Educatives culturelles et de
t
. ' \\
t
17%
\\
servIce ••••••••••••••••••••••••••••••••
!
li·
t
l
Religieuses ••••••••••••••••••••••••••••
30h
!
t
sports ••.••••••••••••••••••••••••••••••
3°h
!
!
Variétés musicales et animation ••••••••
19%
\\
t
t
Folklore ••••••.•••.•.•...•.••••••••••••
10%
t
t
Histoire nationale ••••••.••••••••••••••
10%
1
t
Th~Atre••••••••••••••••••••••••••••••••
!
7%
,
TOTAL
100%
4" ..
"
.j~
\\fr;

1
- 205 -
1~
En effet pas moins de 10 bulletins dtinformation en
français(1) sont diffusés quotidiennement, en
synchronisation sur les
2 "chalnes", auxquels il faut ajouter les 8 bulletins quotidiens
en langues nationales et les informations en arabe, an~lais et pDrtu~ais.
1
,\\
L t importance·' ainsi accord~e à la rubrique des informations
f1
traduit un choix politique majeur: privilégier Itlnformation radio-
diffusée et par coniéquent eonfirmer l'importance du premier volet
du triptyque.
* au plan qualitatif, les formes de diffusion des informations
1
elles-m~mes, traduisent également une des originalités de la poliiique
d'information au Sénégal : le recours, à cSté du français, aux
lan~ues nationales et étran~ères.
- AitlBi, la "Chafne Inter" diffuse en an~lais, en arabe et
..
en nortu~ais les résumés des principaux bullètins de la ~ourn'eo
- De son cSté, la "Chafne" nationale opte r'solument nour
les informations en langues nationales en diffusant, de manitre
quotidienne, 8 bulletins(2) dans les principaux dtalectes du "Days •
. .~
(1) Ce sont les 4 bulletins complets (du matin, de la mi-~ournpe, du
8 0 i r
et de la soir~f»
ainsi OUf> les 6 "brèves" (11'8:.' ,lu matin, 1(>~ 2
de la mi-journée et les 2 de la soirée).
(2) Il Bra~it des 2 bulletins en wolof, les bulletins en bambara,
sarakollé, manding, toucouleur, diola et sérère.
\\1
f
\\1

- 206 -
Outre lei principaux bulletins d'information quotidiennes
en français et en langues nationales et étrangères, Radio-Sénégal
diffule également à partir de 1960 en particulier, une série d'émh-
'.
sions spécialel sur les antennes de la "Charne" nationale s il
s'agit des magazines "S~négal An In et "Sénégal Oriental".
Si la programmation de "Sénésal An 1"
-magazine d'infor-
mation et d'éduoation civique par définition- se justifie par le
souci de créer au niveau de chaque citoyen sénégalais une conscience
nationale, la diffusion de l'émission "Sénégal Oriental" obeit, en
revanche, à des raisons politico-straté~iquesévidentes.
1
f
Cela eu à l'histoire politique récente: l'éclatement de la
Fédépation du Mali et ses retombées politiques.
Or z~ne géopolitique névralgique, car frontalière a~ec le
f;
Soudan avec lequel elle partage les mêmes groupes
1
ethni~ues et les
m~mes dialectes, le Sénégal oriental, on se doute, polarise d'une
manière ~articulière l'attention des responsables sénégalais à la
recherche d'un certain consensus national.
Enfin, autre originalité de la "Charne" nationale : la
diffusion des actualités régionales -en duplex ou par écrit- ft ~artir
des centres régionaux d'information (CRI).
\\
\\

- 207 -
;
,
bl
Les émls.Ions éducatiTes-culturelles.
\\~f
Entre 1960 et 1968, les émissions éducatives-culturelles
r
1
représentaient environ 16,5% du volume horaire hebdomadaire de
\\
Loin d'Stre nniforae et homogène, cette rubrique présente
de. di.~arité. en fonction des 2 "charnes" s
\\!\\
* La "Charne" internationale (16%), m3me si elle propose une
série d'émissions éducatives et culturelles -remarquables par leur
\\t
diversité- semble toutefois mettre davantage l'accent sur le
"culturel" au détriment de l'''éducatif''.
Les thèmes généralement' traités, touchent l'Europe et la
France, pour l'essentiel, et accessoirement l'Afrique.
,,'
Les émissions sont diffusées BOUS forme de chr~iques,
magazines, tables-rondes ou documentaires, entièrement conçus et
réalisés en français.(l)
"" la "Chafne" nationale, "Charne" prlucative par excellence, semble
avoir mis pour sa part, un accent particulier sur les émissions
éducatives-culturelles et de "servicp.'t, avec une importanoe éQuivalente
------- ------"'--,-_.__._--
(1) Typologie des émiuions de "Radio-Sénégal lt in Annexes.

- 208 -
accordées auz diverses oatégories.
Les émissions ~ducatives-culturelleset de service program"
m~es par la "charne nationale" de Radio-S~n~ga1 peuvent se subdiviser
en 2 jl;enres f
- des ~.ission. éduoatives(1) et de service(2) au contenu
"
didactiq_e civique et utilitaire précis.
- des ~missions culturelles au sens courant constituées ~ar des
documentaires radiophOniques(~) qui s'attachent à faire connattre
aux S~né~a1ais les principaux aspects socio-culturels des différentes
réll;ions du pays.
La diversité des formes et la variété des "cibles" visées
1
1
sont assez remarquables.
1
Allant des émissions de vulll:arisation a~x ma~aziftes culturels,
\\
les productions éducatives et culturelles de la "Chatne" nationale
vise aussi bien le paysan Que la ména~ère des villes, lt~eolier Que
1
ses parents.
(1) Emissions de vulgarisation destinées AUX paysans et émissions
rlt~dueation civique destinées AUX jeunes.
(2) Emissions de service et d 1 éducati6n m~nagère destinées aux femmes.
(:~) C.f. Typologie des émissions de "Radio-Sénégal" in Annexes.
\\

- 209 -
A cette catégorie d'éllisdons, il convient de rattacher
les évocations" historiques (10%), le théltre national (1%) et les
é.issioDS folkloriques (l~).
En effet, malgré leurs spécifités respectives, ces
divers genres participent également dans une certaine mesure à
l'éducation des auditeurs de la "Charne" nationale de "Radio-Sénégal".
Les émissions théltrales mettent en scène des thèmes
éducatifs d'actualité.(l)
De leur cSté les évocations historiques rapportées par
des historiens -traditionnalistes sénégalais répondent é~alement au
genre culturel, en ce qu'elles permettent aux Séné~alais de se
familiariser avec leur passé.(2)
Il en va de m~me pour les émissions folkloriQues(3) qui
permettent de faire connartre aux auditeurs de "!adio-Sén~at" de
(1)"Les devoirs de l'Indépendance ••• ", "La Conscience professionnelle"
"La polygamie" "L'enfance délinquante", etc ••• sont quelques thèmes de
pièces interprétées par la section dramatique de "RadiorSénégal"
-la troulte "YEWOU"- dans les années 1960-1965. (C.f. Tyltologie des pro-
grammes de Radio-Sénégal, in Annexe).
c
(2) C'est le cas de 2 émissions historiques : "Histo~iens et chanteurs
t
sénégalais d'Assane Marokhaya Samb et "Regard sur le Sén~gal d'Autrefois
f
d'Alassane Ndiaye ALLOU.
Ces 2 émissions sont diffusées en langue wolof.
(J) C'est le cas de "Promenade folklorique" d'Ousseynou Diagne Clédor 1
introduction commentée du folklor des principaux grOUltes ethniques du
Sénégal.
1
f;
\\1

- 210 -
nombreux aspects de leur ~atrimoine culturel traditionnel.
1[
Au total une diversité d'émissions 'ducatives-culturelles
et de service ont été programmées ~ar la "chatne" nationale de
Radio-Sénégal, entre 1960 et 1968.
1
f~1
La quasi-totalité de ces ~roductions est assurée ~ar des
8énélala~8.
\\
La langue nationale wolof constitue, ~ar ailleurs, le
su~~ort ~rivilégié
1
d'animation m~me si, ~ar momente, l'on a é~alement
[
.
(1)
recours au f rançals.
c)
Les émissions récréatives.
Dernier volet du trintynue, les émissions r&cr&atives
occunent une imnortance sensiblement ~"uivalente • celle des émissions
éducatives-culturelles.
Toutes "Charnes" confonflues. Radio-Sénégal consacre environ
16,5"~ de ses ~rop;rammes aux diverses émissions récréatives (Ilnimlltion
mUI'.lÎcl\\le. musiGue classique, jA.7,7., jeux radionhoniQues. émlssions
\\f
enfantines, etc ••• )
(1l C'est le C8S entre autres de "Continent noir" (mise en onde de
contes et légendes africains. réalisée ni en français ni en wolof).
\\1;
1

- 211 -
Toutefois, la "cbatne inter" avec 3%%(1) du temus d'antenne,
sèmble consacrer la tranche la ~lus importante ~ ce genre radiophoni-
que (contre 19% ~ la~harne" nationale).
Le "Disque des Auditeurs" sur la chafne nationale et le
1
J
"Pont d'or" -émission récréative ~ublique réalisée en direct chaque
di_anche matin- oonstituent les "émissions-phares" de cet~ rubrique.
\\
*
t
!
1
f
*
*
\\f
Informer/ éduquer/ et distraire les auditeurs, telle
semble ~tre la s~écifité ma~Quante de la ~olitiQue s~négalaise en
1
matière ne radiodiffusion au lendemain de l'Indéuendance.
1
Sous ce rapport, Radio-Sénégal res~ecte une "tradition" des
f1
radiodiffusions nationales africaines, elles-m~me8 finèl~8 k ce
1
trintyoue.
Toutefois, dans le cadre du Sénégal, si le vèlet t1informa-
tions" occuue une importance sensiblement équivalente sur,les deux
"chatnes" de Radio-Sénégal, la réuartition des deux autres volets
du trintyoue met en relief bien de uarttcularismes selon outil s'agit
de la "chatne" nationale ou de la "chatne" internationale.
,
La uremière semble accorder la ~riorité aux émissions·
,ducatives et de service, au contraire de la deuxième, davantage
ourn~e vers le "culturel" et le "récréatif".
1

-
212 -
* C'est que "chaIne" ~ducative ~ar excellence, la "ohalne"
nationale .,.boli.e, pour les res~onsables s~n~ga1ais, l'instrument
~rivil~gi' de l'int~gration nationale.
* Quant à la "chaIne" inter, chaîne de presti"e tourn~e vers
l'ext~rieur, elle illustre une certaine ~olitique d'ouverture cultu-
relIe du S~n~gal sur le monde.
2 0 )
La radio 1 instrument d'intégration nationale.
Un des grands axes de la ~olitique culturelle en matière
de radiodiffusion initiée ~ar les responsables séné~alais au lendemain
de l'Indéuendance a consisté à assi~ner à la radiodiffusion nationale
le rôle d'instrument d'inté~ration nationale.
En raison de sa vocation, de ses moyens d'action ~t de son
~ublic, c'est à la "chaîne» nationale qu'incombe ce rôle.
Pour les responsables Œouvernementaux le rôle d'inté~ration
nationale de la chaIne nationale de "Radio-S~négal"
doit s'exercer
amr "lans l>olitioue, économil'Juf", culturel et social.
a'
Au ~lan politique.
Il s'a~ira ~our la "chafn~" nationale d'"exu1iQuer et
\\
commenter -~atiemment et constamment- le "lan de dévelonnement en
f

- 213 -
(1'
mettant en relief le8 objectifs ~olitiQues du moment".
b)
Au plan 'aono.igue.
La "charne" dationale doit "faire connattre ft l'ensemble du
~ays le travail accompli dans chaque secteur territorial ou
(2)
~rofessionnel".
\\
1
c'
Au plan culturel.
\\
La "chatne" nationale doit "oeuvrer ~our le narta~e d'une
ï
seule culture ~ar les différents ~roupes de ~o~ulations••• Elle doit
é«alement associer, dans ses ~rogramme8, les ressources culturelles des
f
diver.e. rlgion. du SlnlgaI".(3)
1
1
f
d'
Au plan social.
Il s'agira pour la "charne" nationale de "fournir,·~rAce
à ses émissions, des conseils ~rpcis, clairement édictés, aux cellules
1
de base du dpvelo~~ement le minimum d'pducation indispen8a~le à une
1
ac t ·Ion so l·~
l~e " • (4'
l
1
(t) Communication du délégué du Sénégal, déjà citp Pot.
(2) ibidem. p.i
(3' ibidem. p.i
\\
(4'
!1
ri
,
\\

- 21~ -
Afin d'adhérer étroitement à ces divers objectifs d'inté-
gration nationale, la "chafne" nationale de "Radio-Sénégal" s'a~~uiera
sur un ensemble de moyens s~écifiques 1
,1
* Une politique systématique d'informations en languée nationales
\\
~
et la réalisation de magazzines d'informations spéciaux.
;
En effet afin d'assurer aux principales émissions d'infor-
\\{
mation radiodiffusées l'impact le ~lu8 large auprès des ~onulations
l
"
sénégalaises, la "chafne" nationale diffu8e dans les .
nrincinales
\\
langues nationales du ~aYI des résumés quotidiens.
t
Quand on sait que le S~né~al eomnte près d'une dizaine rle
groupes ethniques et presqu'autant de dialectes, la mise en oeuvre
d'une telle nolitique se eomDrend facilement.
D'autre Dart, la pro~rammation d'émissions snpciales
("S~n~gal An 1", "Sénégal oriental", "Sénégal en marche", etc ••• l
obéissent également ~ la volonté des res~on8ables des nro~ramme8
1y
de la chaine nationale de ~romouvoir ube certaine int~~rAtion noli-
!
tique nationale.
* R~Alisation et diffusion de programmes culturels sDPcifiques.
C'est le cas des rliverses émissions culturel1~s, hi~toriQues,
th~ltr&les, aux thème8 et contenus plus ou moins en~a~és.

- 21; -
* R~alisation et diffusion de programmes ~ducatif. sp~cifigue•. :
Il s'agit de. documentaires de vulgarisation destinés aux
populations adultes rurales (hommes et fe ••es), des magazines
éducatifs destin~s aux populations urbaines alphabétisées (éducati~n
ciTiQue, économie familiale, etc ••• ).
Comme on ~e voit, la "cha!ne" nationale de "Ra~io-Sén~gBI",
~rtce à des moyens s~écifiQues s'efforce de répon~re à sa vocation
d'instrument d'inté~ration nationale.
Cela aussi bien au plan politi~ue, qu'aux plans tconomiQue,
social et culturel.
3°)
Radiodiffusion et ouverture culturelle au Sp.n~gal.
-..
i
,
A côté de son rôle n'instrument d'inté~ration national~
\\
Radio-S~négal est également investi d'une autre mission f celle de
i
!
llromouvoir une certaine "ouverture culturelle" du Séné~al sur
..
~
l'ext~rieur.
1
C'est l la "chaIne" internationale Qu'incombe cette mission.
\\~
Il s'a~ira pour l'essentiel
* ~e "représenter le Spn~~al face au reste de l'AfriQue"(1'
(11 Commu~ication du délégué du Stnégal déjà cité~1l.2.
1\\!

- 216 -
\\
* de "repr4senter 1 t AfriQue, surtout dans ses asnects culturels
face au Monde".(t)
A cette fin, les resuonsab1es des ~rograMmes de la "chatne"
internationale mettent un accent ~articulier sur les émissions dites
"cu1turelles".(2)
\\
Par ailleurs, "Sl.né~a1 Inter" se dote de moyens ~e production
~
adaptés à cette volonté d'ouverture culturelle.
1\\
!
\\~
a)
Priorité aux programmes dits "culturels".
Dans la répartition globale des ~ro~rammes hebdomarlaires
de la "chatne" internationale de Radio-Sénégal, les émissions à
\\
caractèrè culturel occu~ent la part la plus im~ortante.
On l'a vu(3), les ~m{ssions culturelles, les va:iPtps
l
l
musicales, le théltre, les pro~r~mmes de musique classique et de jazz
tt
renrésentent environ 53% du volume horaire hebdomadaire total.
\\
Ainsi un peu plus rle la moitié des programmes de "Sépégal

inter" est consacrée aux diverses uroductions culturelles, pnti~rement
(1' ibi~em, u.2
(2) C.f. Tableau nO 16 supra
(3) C.f. Tableau nO 16 déjà citp.

- 217 -
réalisées et diffusées en français.
b)
Des moyens de production spécifiques.
Outre la priorité accordp.e aux émissions à caractère cul tu-
rel, la "chaIne" internationale de Radio-Sénégal, dans 8a mis8ion
d'ouverture culturelle, s'appuie é~alement sur des moyens de ~roduetion
s-,Jécifiques.
En effet en dehors du journal parlé et de certaines
,
(1)
~roductions locales
,les sources d'alimentation enpro~rammes de la
"chaIne" internationale sont, pour l'essentiel, extp.rieures au
Deux grande8 caté~ories de sources alimentent les ~ro~rammes
~e "Séné~al Inter" t les productions OCORA-ORTF et l~s productions
~es ambassades accréditées au Sén~~al.
..
(1) Il s'agit de la Division culturel.!! de "Sénégal Inter" qui réalise
q émissions hebdomadaires ("l'Universitp. radiophonique", "Connaissance
~e l'AfriQue", "Visages de la Po~sie", "Un livre Dar semaine", "Samedi
Soir", "Toute la ville en parle", etc ••• ' couvrant 5 heures Dar Remaine
et r~alisées ~ar des animateurs locaux. Outre les production~ ~e la
nivision culturelle, il convient éŒalement de mentionner le~ nro~uctinnR
ïocal~B-(r~alis4eB-paroes animateurs locaux ou par nes nronucteurs
extérieurs) telles que t "Loisirs et philatélie", "Tribune de l'écran",
et le "Théltre technique du monde" {émissions d'étude et de vul~arisation'.
1

- 218 -
* Les productions OCORA/ORTF.
Ces productions com~rennent les diverses émissions
réalisées depuis Paris et destin~es ~ux stations frftnco~hones de
(1)
l'ex-AOF et AEF
., mais aussi d'autres éléments pré~arés sur
conducteur par Paris et réalisés sur ~lace par des animateurs locaux(2).
Au nombre des productions OCORA/ORTF diffusées par
nSéné~al Inter" figurent également les différentes émissions
tbéAtrales, les concerts classiques, les émissions ~olicières, les
.a~azines scientifiques, etc ••••
Q
Autrement dit, toute cette cftté~orie de pro~uctions
"spéciftles" qui, faute de moyens techniques appro~riés, ne peuvent
@tre réalisées sur place.
* les productions des ambassades et organismes étrangers accrédités
à Dakar.
A côté des productions OCORA/ORTF, la "charnel! internationale
ex~loite é~alement les diverses possihilités d'échan~e8 d~ mfttière
radionhonique Qui existent entre le Séné~al et les différentes missions
diplomatiques accréditées à Dftkar.
(1) On peut citer "Contact magazine" et "Le match des Incollables"
toutes deux réftlisées avec la collahoration de la Communautt F,conomi~ue
Européenne (CEE).
(2) Il s'alit essentiellement de : "Ephémérides" et "Des exnloits et
des hommes".

- 219 -
A titre indicatif on ~eut citer le8 ~missions telles que 1
"Refrain d'Israel", "Reflets des Pays-Bas", "Faisons connais&ance
avec l'URSS", "A l'~coute de la Yougoslavie", régulièrement ~ro~ram-
m~es de 1960-1968.
Par ailleurs et en fonction des envois et besoins ~onctuels,
sont ~gale.ent progra. .ées des émissions musicales ou culturelles
en provenance d'Allemagne Fédérale, d'Alle.agne Démocratique, de la
BBC, de la "Voix de l'AmériQue", des Nations Unies et de l'UNESCO.
*
)
*
Ainsi en optant délibérément pour la pro~ram.~tion
~'émissions "culturelles" -au détriment d'autres ~enres radio~honioues-
et en s'auDuyant, uour l'essentiel, sur des sources d'a~urovisionnement
en pro~rammes extérieures, "Sénégal Inter" confirme SB vocation ~e
"charne de ~restige", tournée vers l'extérieur.
La "chatne" internationale de Radio-Sénégal illustre
é~alement un des axes majeurs de la ~olitique ~ouvernement~le s~np-
~alaise en mati~re de radiodiffusion 1 une certaine "ouvertur~ ~u
S~n~~al l l'humanisme universel".(l)
- - - - ._--_.--_
_-----
.._..•.. -.._-_ ...
(1' "Communication du déHgué du Sénégal", déjà citée p.2

.
1
1
,
1
- 220 -
t,1(
Toutefois si significative soit-elle, cette ouverture
culturelle semble s'opérer de manière paradoxale.
1
,
* D'une part, parmi les programmes ~roposés par la "cha!ne"
internationale de Radio-Sénégal très ~eu sont réalisés par des
\\
réalisateurs-producteurs sénégalais.
* D'autre part, les diverses émisiions culturelles ainsi
\\
produites réflètent très peu -tant par leur contenu Que ~ar leurs
thèmes- les valeurs culturelles africaines et sénégalaises.
1}
Tout se passe comme si l'ouverture culturelle du Séné~al
à l'Afrique et au monde extérieur se bornait, ~our l'essentiel, à
la diffusion sur les ondes de "Sénégal Inter" d'éléments culturels
exclusivement étrangers et français (surtout), à la fois dans leur
conee~tion et leurs contenus.

Les responsables gouvernementaux sénégalais semblent, du
reste, conscients de ce ~aradoxe, lorSQu'ils reconnaissent volontiers
Que: "Dans la réalisation des uro~rammeA, il s'eRt avpr~ Qne ~our
1
f
r
la "chaIne inter" -chaIne à vocation internationale- la m~rque
africaine ~tait ~luB donnpe nar le choix des th~mes oue nar la
\\
(1)
recherche d'un style".
1
h
1
f
f
,
\\
it
(1) Communica~on du délé~ué du Séné~al dpjà citœ p.J.
1
i

- 221 -
Il reste que ce paradoxe met en relief le8 limites
~videntes d'une certaine politi~ue "d'ouverture culturelle" en
.ati~re de radiodiffusion initiée par les responsables gouvernemen-
taux sén~~alais au lendemain de l'Indépendance de 1960.
D'où la validité de la revendication formulp.e ~ar ces
"'lIles responsables autour des année. 1965 pour.une·ftradio v&rf.table..
ment africaine n .(l)
\\tf
*
!
\\t
*
:
\\t
En conclusion l~ce cha~itre on ~eut constater qut~ partir
i
de 1962, Radio-Sénégal traver8e une pha8e importante de son évolu-
1
tion comme institution de diffusion rle l'information.
l
\\
Au sortir de circonstances nolitiques assez exceptionnelles
-en .articulier la tentative de coup d'Etat de décembre 1962- la
" .
e.
rarliodiffusion nationale consolirle SR nlace de "merlium" le pIus
important et bénéficie des nombreuses retomb~e8 d'une 8érie de mutation@
de structures.
Mais surtout, une nolitioue de nro~rammes hRrdie ~arRct~ri-
(1) C01DJllunication du déléjtup du S~n~!!:al, ibidem, ll.3.
1
t

~.
- 222 -
~erœet A Radio-S6n6gal d'entrer de m8ni~re r6solue dans un v~ritable
"age d'or".
D6sormais di116renci6 en 2 chatnes ("nationale" et
'.; "internationale") s'\\appuyant l'une et l'autre sur des 'Poli tiques
de programmes sp6ci1iques, Radio-S6n6gal devient ainsi, 8 la fois,
instruMent d'une int6gration nationale (politique, économiQue, sociale
et culturelle) et support d'une certaine tlouvertu..e
culturelle tl du
Sén6gal vers l'ext6rieur.
Ce r8le, Radio-S6n6gal continuera de le jouer au cours
des annp.es suivantes, en servant ne support à diverses actions de
développement en direction des populations s6n6galaises.
*
*
*
....

- 223 -
CHAPITRE IX s
RADIODIFFUSION"ET DEVELOPPEMENT NATIONAL AU SENEGAL.
(19'1j, - 1970)
"Radio-Sénégal", on l'a vu, est devenu, à ~artir de 1962,
le service le plus important du ministère de l'Inforlllation du Séné-.:ah
A ce titre, la radiodiffusion nationale bénéficie de
moyens techniques et financiers à la mesure de cette importance
politique.
Par ailleurs, une enQu@te réalisée en 1961j,(1) révèle que
la radio est, de tous les "medias", celui qui bénéficie de l'impact
t
le plus important auprès des populations.
1
C'est pourquoi, entre 1962 et 1970, "Radio-Sénégal" sert
1
de support privilégié à divers pro~rammes de dévelo~pement :
* en direction des populations féminines (rurales et urbai ne,s ),
la radiodiffusion nationale met au point, entre 1962 et 1968, une
,
8prie d'émissions éducatives ;
* dans le domaine agricole, l'pmission "Diissoo par la Radio-
1~
Educative Rurale"
des années 1968 va symboliser une expéri~nce assez
Î
"
~
t
(1) EnquSteIFOP! Marcomer in "Les moyens d'information en Afrique 1
étude du Sénégal", Tome 1, Parh, IFOP, 1961j,.
\\

- 224 -
ori~inale d'action radiophonique en milieu paysan
* enfin, à partir de 1969, ~ ra~iodiffusion nationale, à
travers la méthode ~
"Pour parler français", va servir de su~~ort
au développement de l'apprentissa~e rle la langue française auprès
des écoliers sénégalais.
C'est que pour le jeune état du Sénégal, le développement
social, économique et culturel constitue à la fois un enjeu majeur
et une priorité politique de l'Indépendance.
Il PLACE DE LA RADIO AUPRES DES SENEGALAIS.
Entre 1962 et 1964, la r~rlio bpnéficie auprès des po~ulations
spnp~alaises d'une implantation assez remarquable •
.li-
n'une l'art, selon une enou~te IFOp/MARCOMER r~l\\l iRP'e fm 1964 (1) ,
pour la ~rande majorité des séné~alai8 -80% de ruraux et presqu'autant
~e cita~in8- la radio reste "le premier moyen d'Information, celui

(2)
qui rlonne les nouvelles les plus com~lètes et les plus précises".
(1) EnQu~te mpnée par l'IFOP avec ]a collaboration rle M~RCO~mR S.~.
entre m~rs et juin 1964 sur un pch~ntil1on de 2053 personnes ~es
~a~~~;: ::~;:n~~ ~l~:k:; (~0~~~~e~::n~::)n~::1::t;::i:i~~::r(;;~Pp~;8onne8)\\i
la brousse (509 ~ersonnesL Soit au total la capitale, 10 vil bs et
109 villa~es assez représentatifs de la population 8~np~alaise.
(2) C.f. Tableau nO 1
8u~ra,
t
introrluction.
,
1,

- 225 -
Elle ~récède ainsi la conversation (18% de ruraux et
11~ de citadins) et les journaux -exclusivement lus en ville-
(21% de S~négalais).(1)
t
*
\\
D'autre part, le m@me son~age r~vèle que l'écoute -tant
i
Quotidienne que collective- reste ~articulièrement élevée.
, * Enfin, quelques années ~lus t8t, une enqu@te menle aupr~8 des
~oste8 d'écoutes collectives a ~ermis de déterminer l1im~aet de la
radio séné~alai8e aupr~s de ses auditeurs, en identifiant leurs
divers centres d'intér3t et hesoins en matière de ~rogrammes.
1°)
L'Ecoute radiophonigue au S~négal.
t
Selon l'enquête IFOP!MARCOMER .enée en 1964 au~rè8 de
2051 s4néŒalais, il ressort nue nres~ue tous les cita~ins et les
,',
3!~ de8 habitants de la brousse déclarent écouter la r8~io "au moins
(2)
de tell~8 en tetl~8".
1
,.
1~[
,,
(1) !bide".
\\
(2) C.f. Tableau nO 18
"Eeoute radiophonique au Sénégal" infra.
f
1
f
~
,i!
l'
f
tl1

- 226 -
* TABLEAU nO 18 s Ecoute radiophonique au Sénégal.(1)
t Autres
t
Total
!
Dakar
Brousse !
Total
! Villes
t Urbains t
! S~négal
t
t
!
!
,
t
t
t
,
• Ecoutent tous les
!
t
!
,
,
Jours ••••••••••••••
124 000
140 000
264 000 ! 440 000 t 664 000
t
t
t
t
,
t
!
!
,
,
,
!
• -Ecoutent plusieurs
,
,
!
t
10i. par semaine •••
150 000 , 168 000
'318 000
600 000 , 918 000
!
!
,
,
!
t
,
,
,
,
,
,
!
!
,
,
TOTAL AUDITEURS
16'3 000 ! 184 000
'347 000
780 000 1 027 000
Comme on le constate ~rèB de 65% de Séné~alais écoutent
tous les •jours la radio (soit 664 000 sur 1 027 000) et ~rès de 90%
l'~coutent,
au moins, ~lusieurs fois ~ar semaine.
Cet indice d'écoute assez remarquable est à rattacher aux
conditions ~articulièrement favorables dont bénéficie la radiodiffusion
"
8pné~alaise, à ~artir de 1962.
* Dtune ~art on note une ext~nsion 8iŒnificativ~ duer~seau de
diffusion ~rAce, en particulier, à la mise en service d'un pmetteur
de 200kw de couverture radio~b1)nique com~lète et cohtTfl'ntp Il,. l'ensemble
(1) loure~ s Enquête IFOP, Dpcembre 1964, ~.6

- 227 -
du territoire.
(1)
Par ce moyen, les ré~ions les ~lus excentrées du Séné~al
,
b~néficient de meilleures conditions de réception possibles. Cela
"sans g~ner pour autant les pays voisins".(2)
* Parallèlement à l'extension du réseau de diffusion, on observe
é~ale.ent un accroissement du nombre de récepteurs-radios.
Estimé en 1960 à 125 000 ~ostes, le parc de récepteurs
~asse au Sénégal à 180 000, en 1964.(3)
Cet accroissement du nombre de récepteurs est dû, en
~rande ~artie, à la suppression de la taxe radiophonique à ~artir de
1962.
1
1
1
'* Enfin, l' pcollte ranionhonione,btntficie surtont nf> 1 fi mi !H'
en place, à partir de 1962! de plus de 130 postes d'~coute8 collectives
dans les 7 ré~ions du Séné~al.
(1) Il s'a~it principalement de la rtgion du SénéRal oriental fronta-
lière du Mali et de la Casamance, PArticulièrement excentrées par
rapport à Dakar.
'-
(2) Intervention du délé~ué du Séné«al, déjà cité, p.2.
(3) Soit 44 000 postes à Dakar, 38 000 dans les autres villes et
105 000 en brousse (Source s IFOP, 1964).
\\l

- 228
"Instruments d'animation et d'éducation des ~o~ulations"(l)J
les oostes d'écoutes collectives symbolisent une forme ori~inale
de décentralisation de l'écoute radio~honique(2) au Séné~al.
Le but recherché est la mise en ~lace de l'infrastructure
nécessaire à l'organisation -ultérieure- d'une tribune radiophonique
rurale.
2°)
Lee postes d'écoutes collectives(3) au Sénégal.
Dans son souci d'améliorer les conditions rle réce~tion
radio~honique et dans le cadre de son ~ro«ramme d'information et
d'éducation des ~opulations rurales, le «ouvernement du Séné«al décide
la mise en olace d'un système d'écoute collective de la radiodiffudion
nationale.
-il
En janvier 1962, }q5 po!tes d'écoutes collectives !ont instal-
lé! à travers les 7 régions(q) du ~ays : Cap-Vert (~O', Thiès (41)
(1) Interventio~ du délé~up rlu Séné~al déjà cité, n.2
(2) Ces oostes d'écoutes collectives sont placées sous l~ resnonsabilitp
~'éouille8 de volontaires: l'inRtituteur ou l'infirmier, l'~nimateur
rural voire l'ancien militaire du villa«e.
(;) C.f. : Carte: La radio~iffûBion au Sénég~l : ext~nsion ~p.s moyens
d'émission et réseau d'écoutes collectives, infra.
(II' C~8 nOf'ltes rl'(cont,ps coll"'cHvPR sont ÏlI,d'l".~' ,1:on.'· 1p!" chpr~­
lieux de cercles et d'arrondissement aux frais du budKet commun~l). Dan!
quelques villages (en ~articulier ceux de la ré~ion de Thiès) l'instal-
lation est prise en charge par le bud~et régional.
\\
t,
!
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--

- -
- ---~--------------------
- 230 -
Diourbel (23), Fleuve (13), Sine-Saloum (22), Sén~p:al oriental (13),
Casa.ance (23).
L'originalité de ce système d'écoute radio~honique réside
dans ses modes d'organisation et de fonctionnement:
* Chaque poste d'écoute collective comporte un récepteur de type
commercial renforcé par un amplificateur et d'un ou deux hautl-
parleurs. (1)
L'alimentation est Ilectrique ou assurée par des batteries
fournies par le go~~ernement.
1
* Chaque poste est confié El un 'responsable. Celui-ci, est le plus
l
10uTent, un fonctionnaire choisi en liaison avec les autorit~s locales,
1
f.
nar le responsable régional local de l'Information.
Chaque responsable constitue autour de lui un comité
\\1
d'écoute.
f
f
f
Ce comité comprend les responsables deI diffl~ents sêrvices
\\
techni~ues 3dministratifs (ou nriv~s'.
li
1
!,
f
(1) Ces postes d'écoutes collectives sont installés dans les chefs-lieux
ri .. C.. rclPCl
pt t'I'HrronrliFl'lPfTlf"nt"
~1I" fr~i" nl1 11111'19'''+ n~tionA' (pt if.'lnq
certaineH communes aux frais ou huilllet communal). Danf! Quelques villages
(en ~&rticulier ceux de la rp.gion de Thi~s) l'installation e8t prise en
\\
charlle "Par le budget rlgional.
\\
(2) Les hauts-parleurs sont plaels aux endroits publics (place publique,
1
place du marché, etc ••• ) tan~is Que les amplificateurs et le ~~cepteur
1
sont plac~s dans un b&timent voisin afin de ne pas souffrir deR intemp~rie8.
\\
\\1,

t
1
-
2'H -
!
Cela, "afin de mener les discussions avec les villageois
~
(1)
1
et de r~pondre à leurs questions".
1
!
l'!
Les responsables sont b~névoles et l'entretien et la
répartition ~ventuelle incombent à 3 équipes techniques bBsées à
Zi~uinchor, Saint-Louis et Dakar.
Erpérience d'écoute radio~honique assez originale, le
système d'~coute collective a eu à coup s~r, un écho certain auprès
)JI
des populations sénégalaises.
"L'accueil de la population fut enthousiaste et les demandes
d'implantBtion de nôuveaux uostes affluent au ministère de l'Information"
mentionnent certains rapports officiels.(2)
Son intérêt réside cependant dans la somm@ d'informations
Que cette exp~rience a ~ermi8 de recueillir auprès des ~opulations
slné~alaises, sur l'action de la radiodiffusion nationale, autorisant
Binsi une étude d'impact assez 8i~nificative.
3 0 ) Impact de la rBdio BU Sénégal.
,
6 t
Une enqu6te rPA l j spp iln 10 au 18 decembre 1 q 1 BU pr~!l nes
1
(1) Intervention du délé~ué du S~né~al, ibidem, p.2.
\\!
(2) Interv@ntion du délp~up nu Sp.né~al, ibidem, p.2.
!
~
!
\\
1

- 232 -
radio aupr~s des populations séné.alaises •
.
~ (1)
t
t
Les conclusions de cette enquete
donnen, en e11e
un cettain no.bre d'indications à la fois sur les meilleures heures
d'écoutes mais aussi sur l'intér~t des 8éné~a16is nour les ~i1férentes
émissions.
Par ailleurs, cette enqu6te a permis de cerner de manière
8i~nificative les besoins, attentes et critiques des auditeurs de
"Radio-Sénégal" et d'apprécier dans une certaine mesure le8 chanŒe-
ments d'attitudes et comportements des populations sous l'action des
diverses émissions éducatives.
al
L'enquête proprement dite.
Il s'a~it d'une enqu~te par Questionnaire.
Le principe est le suivant : le questionnaire qui comporte
2 parties(2l, doit ~tre rempli par le comité d'écoute.après consultation
..
de la population.
1
1
"~~
\\
(t'En raison du nombre assez réouit oe réponses (seuls 55 question-
~
,
naires remplis ont été exploitéA' il est impossible oe tirer ~e~ con-
clu~ion~ rl~finitives. Les n6trps OP seront ~ar cons~ouent Que partielles.
1l
(2l C.f. Partie lénérale du guestionnaire et Partie quotidienne du
questionnaire infra
1,"
1

- 231 -
·;;;1
1
Au 10 janvier 1962, 55 questionnaires dûment remplis sont
reveRul à Dakar.
Les 55 postes(1) ayant répondu étaient répartis comme suit:
* Région du Fleuve : 10 (Dagana, Podor, Matam)
* Région du Sine Saloum •. 7 (Kaolack, Nioro, Fatick)
* Région du Sénégal oriental : 4 (Kédougou)
* Région de Diourbel : 8 (dont 8 danll le lIeul cercle de Bambey)
"*Région de Thiès : 18 (Thiès, Tivaouane, Mbour)
* Rép;ion de Casamance: 8 (Oussouye, Bignona, Sédhiou, Kolda).
b)
Les comités d'ésoutes.
* Sur les 55 postes d'écoutes collectives Qui ont répondu
aux questionnaires, 48 d'entre eux ont un comité d'écoute (dont
7, principalement dans la rép;ion du Fleuve, n'en possèdent pail).
"Z.
* L'âge moyen des responsables d'écoute est d'une personge
inférieur à moins de 33 ans.(2)
.-
(1) Hormis le cercle de Kolda, c'est dans les cercles o~ des centres
d'information fonctionne,t effectivement et où il y a un aIent du
minist,ère QllP 1ft 11l11l\\êlrt (lp8 rPtl~pignpm"nt8 ont (':t,~ r<'curdllis : Por1or,
Matam, iédougou, Fatick, Mbour, Bambey.
(2) Le plus âgé: le chef de village de Thiès (70 ans) et le plus
.1eune : un infirmier de 18 ans, du cercle de Mbour.

- 214 -
* Questionnaire d'enquête auprès des postes d'écoute collective au
Sénégal
(10-18 décembre 1961)
Partie Générale
Nom du village :
Nombre d'habitants:
Nom du responsable :
A~e et profession :
Nom et profession des membres du comité d'écoute :
- A quels moments préférez-vous écouter la radio ?
y a-t-il des heures où vous voudriez écouter la radio
mais où il
n'y a pas de programmes?
y a-t-il des émissions que vous aimeriez écouter à d'autres heures?
D'autres jours?
Quelles
.'
sont les 3 émissions de la semaine qui vous ont le plus
intéreBSé ?
Voudriez-vous entendre tous' les jours "L'Ecole à la radio"
en
français ? A quelle heure ?
tl~ Avez-vous déjà chan~é quelque chose dans votre villa~e après une
émission radio ?
- Posez-vous des questions après les pmissions ?
Qui répond à ces questions ?
y a-t-il des sujets d'émissions qui vous intéresseraient? Lesquels?
Quelles critiques avez-vous à faire à la radio?
- Les femmes écoutent-elles la radio?
- Participent-elles aux discussions ?
Observations diverses . .
.
·
.

"
• • • • • • • • • • • • • • • • •
Il
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
·
.
\\1

- 235 -
* Questionnaire d'enquête auprès des postes d'écoute collective au
Sénégal
(10-18 décembre 1961)
Partie quotidienne. (lundi 11 décembre 1961) :
Heures d'écoute
:
Matin
Midi
Soir
Nombre d'auditeurs:
Matin
, Midi
Soir
- Avez-vous écouté: "Entretien avec Monsieur X••• " ?
oui
Non
"La Bonne ména~ère" ?
Oui
Non
fMettez une croix
"Le journal narlé de la mi-.journée" ?
x) devant l'émis-
Oui
Non
sion qui vous a le
"Information et radio service en toucouleur" ?
plus intéressé).
Oui
Non
"Information et radio service en sarakollé" ?
Oui
Non
"Information et radio service en wolof" ?
Oui
Non
"Information et radio service en sérère" ?
Oui
Non
"Information et radio service en d'ioIa" ?
Oui
Non
"Information et radio service en mandinp:" ?
Oui
Non
"L'Ecole li la radio" ?
Oui
Non
"Le Saviez-vous" ?
Oui
Non
"Visa~es rlu S~nlgaI" ?

Oui
Non
"Le journal parI~ du soir" ?
Oui
Non
- De quoi parlait la radio-service d'aujourd'hui?
Vous a-t-elle allpri;,; quelqu(' chose ,lp liUI1VI'all ,
- Quell~'est la principale nouvelle du jour?
_ Avez-vous écouté Radio Saint-Louis ? Radio-Ziguinchor?

- 216 -
* La ré~artition professionnel1e(1) des res~onsables
d'écoutes est assez variée: on note cenendant un nombre élevé
d'instituteurs (19 au total).
* Certains comités d'écoutes sont pléthoriques: c'est le
cas, en narticu1ier, de Matam OÙ existent 2 comités (l'un à
20 membres et l'autre à 22 membres).
Parfois, ces comités d'éd6utes ne sont pas très équilibrés
quant à leur com~osition mais forment assez facilement des équines
polyvalentes: c'est le cas en particulier de Ndoffane (dans le
cercle de Nioro, région de Sine-Saloum) où on
trouve un secr~taire
d'arrondissR~ent, un instituteur, des a~ents de conditionnement,
des a~ents de la coopération, des a~ents des eaux et forêts, des
techniciens de la santé et l' infirmier-vétérinaire. (2)
~. c) Les conclusions de l' enauête.
Cette enqu~te fournit de précieuses indications sur les
heures d'écoutes et l'intérêt des auditeurs pour les différents pro-
~rammes de Radio-S~n~~.
(1) C.f. Tableau n~ • Répartition professionnelle des resnonsables
(li ,( C 011 t P. '" coll" ct i .,11".
-'1 n r rt. ~).
----_._------_.
(2) Source: Mini.~;·1de l'Information. de la Radiodiffusion ~t de
la Presse du Sénég
.J 962.

- 237 -
* TABLEAU .0 19 : Répartition professionnelle des responsables
d'écoutes collectives(1).
~;;' Profes.ion
Nombre
Directeur d'école et Instituteur ............ ·... 19
Chef d'arroDdi ••e.ent ••••••••••••••••••••••••
·... 6
Secrétaire du chef d'arrondissement ••••••••••
·... 5
Chef de vi Hage .............................
• •••
COllDlerçaDt ••••••••••••••••••••••••••••••••••
·...
l'information ......................
3
Infirmier ................................... ·...
3
Cultivat~ur ••••••••••••••••••••••••••••••••••
2
·...
Receveur des P.T.T ..........................
2
·...
Dactylographe ...............................
1
Chef de chantier ............................
1
·...
Employé de commerce .........................
1
·...
't
MOD1teur d'agriculture
·... 1
- Sans renseignement .......................... • •••
3
TOTAL
• ,55
(1) Source: Ministère de l'Information, de la Radioniffusion et ne
la Presse du Sénégal, 1962.

- 238
* Heures d'écoute.
Selon les conclusions de l'enquête, les meilleures heures
d'écou~ de la radio nationale restent par ordre d'im~ortance
croissante :
la tranche matinale de 7 heures à 8 heures
la tranche de la mi-journée 12h 30 -
14 heures
mais surtout la tranche de la soirée (17h 30 à 22 heures).
L'importance de c~tte tranche s'ex~lique ~ar le fait que
c'est entre 17h 30 et 22 heures que les auditeurs sont les ~lus
nombreux dans l'ensemble des ~ostes d'écoutes.
C'est également le soir, le plus souvent, que lès comités
demandent le passa~e à l'antenne de certaines émissions telles :
"La Bonne
é
'
"(1)
m,nagere •
De l'avis de nombreux auditeurs, cette émission, normale-
ment vro~rammpe le matin de7 heures à 7 heures 30, "passe trop tôt
pour Que les femmes puissent en profiter ••• "(2)

1
(1) C.f. Intérêt pour les émissions infra
j
(2) Intervention du délégué du Sénégal, déjà citée ~.6.
1
1
1
{
f
1
\\
1

-
239 -
Outre la tranche de la soirée, les samedis a~rès-midi
et les dimanches (matin et a~rès-midi) sont également très ~risés.
"Les ~missions les plus côt~es sont demandées le ~lus
souvent le dimanche" indiquent les resvonsables de Radio-Séné~al.
Enfin de nombreux instituteurs r~clament la ~ro~rammation
des ~mi.sioDs dans l'après-midi du jeudi (jour de con~é des
~coliers)•
On le voit, c'est ~rincipalement dans la soirée (entre
17h 30 et 22 heures) que la radio bénéficie de l'indice d'écoute
le ~lus significatif.
Cela se com~rend aisément, dans la mesure où cette jranche
horaire corres~ond aux ~ériodes de plus grande dis~onibilité des
populations, essentiellement rurales dans le Cas
du Sénéa:al.
D'autre ~art, c'est le créneau le ~lus favorable à cette
écoute collective, si typiQu~ en zone rurale au Sénéa:al.
* L'intérêt pour les émissions.
"
1
1
Les populations sénéa:alaises affichent leur préference
j
nonr lpR &missions suivaniPR pt par ordre d'importance décroissant
r
,
1
i
f
j
1
t~~,
î
1
J

- 2"0 -
1. "Regard sur le S~n~gal d'Autrefois"
2. "L~~voix des coop~rateurs"
3. "Les émissions religieuses musulmanes"
~. "La bonne m~nag~re"
5. "Le ,journal parlé"

6. "L'Ecole à la radio"
7. "Usagers de la route attention"
8. "Jeunesse, Espoir du monde ••• "
9. "L'Ecole et la Famille"
10. "La femme dans la voie du développement"
Ainsi une ~mis8ion historique "Regard sur le Sénégal
d'Autrefois ••• " (évocation en lan/!ue wolof des grandes figures de
l'Histoire du Sénégal) et une émission de vul~arisation agricole et de
service "La voix des coopérateurs" semblent recueillir une faveur
particulière auprès des auditeurs sénégalais.
Cet en/!ouement pour ces dp.ux genres radionhoniques s'explique
par l'intérêt tout particulier qu'attachent les S~n~galai8 -nouvellement
indépendants- à l'évocation de certains héros nationaux.
Le contexte de l'Ind~pendance et les ppripéties de
l'éclatement récent de la Fénération du Mali ayant suscité un regain
de nationalisme chez les SénéŒalais.
Par ailleurs,
le choix de la langue de diffusion explique
~galement la préférence particulière des populations sénégalaises
\\
1

-
241 -
-rurales et aialphabètes pour la plupart- pour ces émissions.
Diffusées toutes deux en langue wolof, "Bagard sur le
Sénégal d'Autre1ois" et "la Voix des coopérateurs" semblent ainsi
ce
réconcIlier les auditeurs sénégalais -dont très peu parlent et
comprennent français- avec un su~~ort d'expression qui leur est
1amilier.(1)
C'est an autre facteur culturel -la religion- qui explique
aussi la ~opularité des émissions religieuses musulmanes auprès
des Sénégalais (islamisés à près ~e 8mb).
Quant au journal parlé, sa place relativement secon~aire
dans cette enquête se justifie par le fait que certains comités
d'fcoutes ne l'ont pas inclus dans la catégorie des tl~missionstl.
En(fffet, beaucoup conBidèrent le journal parlé comme
"la b8s~ même de l'int~r@t de la radio tl .(2)
* L'intérêt pour les informations.
Les Sénégalais touchés par l'enqu@te marquent une nette
préférence ~our les informations régionales d'abord, puis les
(1) A ce propos, il est si~nificatif de relever Que la critique e~sen­
tielle faite par les auditeurs sénégalais au cours de l'enquête
concerne précisément "la trop large place faite au français par la
radio". D'où une de leurs revendications majeure pour "~avantage
d'émissions en langues n8tionales ••• tl~
(2) C.f. Ennu~te auprè~ rles nostes rl'pcoutes collectives.

-
2'-2 -
informations nationales ensuite.
Cet ordre de préférence semble dicté ~ar un certain
pragmatisme car les informations locales à caractère économique
(prix des produits de base, date d'ouverture de la traite arachi-
dière, etc ••• ) bénéficient d'un intérêt tout particulier auprès des
auditeurs.
Selon ceux-ci, des ruraux essentiellement, "ces nouvelles
intéressent tout le monde au villa~e".
Quant aux nouvelles nationales, les auditeurs semblent
faire difficilement la distinction entre l'actualité nationale et
le8 événements africains et internationaux évoqués à la radio.
En effet l'enquête a p~rmis d'identifier la "situation
au Con2o-Léo~oldville"(t) comm~ l~ nouvelle Qui
l~
ft
plus retenu
l'intérêt des auditeurs.
Toutefois, cett~ nouv~lle nrend un relief sin2ulier par
if,
le sil'llple fait que "la radi 0 donne la posi tion du Séné~al À. l' érard
du prohlème".
On retrouve d,onc ici la confi rmation !le la llerc"..pti on
(t) Il s'al[it des péripéties !le ] "'affa.ire Patrice Lumumha" {t96t-'962~

- 24j -
porte-parole officiel du pays et de ses dirigeants.
Comme tel, Radio-Sénégal se confond, dans l'opinion
publique, avec l'identification à un certain nationalisme •
.'
*
*
*
Outre la préférence nettement différenciée des populations
pour les divers types d'émissions et les informations, l'enquête
a é~alement parmis de cerner les besoins et attentes des auditeurs
Pour l'essentiel, ceux-ci ~ravitent autour de la création
d'émissions nouvelles : or~anisation des coopératives, conseils
pratiques sur les méthodes culturales, conseils sur l'hy~i~ne et la
santé, etc"•••
Les auditeurs séné~alais souhaitent ~~alement voir attri-
buer l l'émission "l'Ecole l la radio" -émission d'apnrenti8sa~e
deRtjn~e aux adultes- une fr~quence quotidienne.
\\
1

- 244 -
d) RadiodiffusioB et changements d'attitudes et de comporte-
ments des populations au Sénégal.
A la question : "Avez-vous déjà changé quelque chose nans
votre village après une émission radio ?,,(1), l'BnQuête a permis
de recueillir une diversité de réponses.
* ~ur les 55 répoBses recueillies, 5 seulement déclarent n'avoir
rien changé dans leur village depuis l'arrivée de la radio.
* Une quinzaine restent dans la vaJue de la phraséologie :
"'veil national", "prise de conscience des populations" etc •••
* Les autres donnent une série de faits précis tournant autour
de 3 thèmes majeurs :
l'hygiène-
- l'éducation des enfants
l'investiSl!lement humain et éducation civiou!'!.
Ainsi "certaines m~res ont appris à se laver les seius
avant de donneor à tèier à leurs enfants", "les commeTGantR ne vol ent
plus les paysans car chacun entend les prix fix~s", "le villa~e
connait un peu mieux les activités du gouvernement", "en liaison
avec l'Animation rurale, nous avons fait de l'investisseMent humain
(1) C.f. Questionnaire d'enquête auprès des postes d'écoute collective
au Sp.np(61 (10-18 décembre 1961), Partie générale supra.

- 21t1t -
d) Radiodiffusion et changements d'attitudes et de comporte-
ments des populations au SIn6gal.
A la question : "Avez-vous d'jà ohang6 quelque chose dans
votre village après une émission radio 1,,(1), l'Bnquête apermh
de recueillir une di.er
';;::'~
* ~ur les 55 répo.ses recueill'1es, 5 seulement déclarent .raYoir
rieu changé dans leur village depuis l'arriv'e de la radio.
* Une quinzaine restent dans la va~ue de la phraséologie l
"éveil national", "prise de conscience des populations" etc •••
* Les autres do..ent une série de faits précis tournant autour
de 3 thèmes majeurs :
l ' hygi ène;'"
- l'éducation deR enfants
- l'investissement humain et éducation civioup..
,
Ainsi "certaines mères ont all'Pris à 8e teTer le8 8eiRs
/
avant d. donner à tèt.r à l.ur• •nfant.... "10. comm.rçanh n. vo~
plus le B 'Paysans car chacun en.tenrl les "prix fixél'ltl, "1,. vi llap:e /
~
connait un "peu mieux les acti vi té III du p;ouvernement tl , "l'n 1i ai l'lO~+~,
, -
-
~/'Ol
Is
avec l'Animation rurale, nous avons fait de l'invp.atisseRent hum~~
''-'-j'
1
'- >.?'I
,-...!
(1) C.f. questionnaire d'enquête aUllrès 'des postes d'écoute coll f'Cuv~'/
au Sp.n~~al (10-18 décembre 1961), Partie générale 8U'Pra.
-...,;

- 21i5 -
pour construire la mai80n de l'animation et Bettoyer le vil1a.e",
"on note ulle augmeÎlteJltion notable de la scolarisation", "le8
adhérent8 à la coopérative sont ~lu. no.breux", "B08 enfants on~
une meilleure éducatio.", "on constate une modération sensible de
la dot", "lee rapports entre parents et mattres sont meilleurs"
....•,-,
"ou 011 a :q,ne Ile i llellre
rapport~"'~Tec 1 f Admini stra-
!~/:
'.
ion accrue des centres médicaux, des
Tisite8~'Prénatales et une lIei1le'tlre hYli~Jle dans les maisons", "on
lutte mieux contre le gaspi llal:e et les usuriers"', "on uti lise
beaucoup plus rationnellement les instruments agricoles et les
en«rais", "on a c16turé l'école et la mosquée", "on a cr6' une
troupe théâtrale au villa~e" etc ••••
On le voit, l'impact de la radio varie d'un cBmité d'écoute
à l'autre car les changellents ol)érés dans la vie villal[eoise p:râce
.···i',';
aux émissions éducatives ne sont pas id~lltiq~to\\lt•
••
C'est que si significative qu'elle soit, la participation
à l'écoute collective varie elle même en . .~tion des p:roupes
d'individus et des caractériRtiques des lieux dlenQu~te.
* Participation à l'êcoute collective.
L'enqu~te a permis de mettre en évidence 1e fai~ aue
l'écoute collective est particulièrement vivante dans les villa"es
dont la pOl)ulation ne dépasse p:uère le millier d'habitants.
J
j,
'.
ê t .
W'

- 246 -
En effet pour cette catégorie de ~llages, ~ltéooute
. collective constitue le seul sujet d t iDtérltn .(1)
~f
.
Dès qU'OD arrive au petit bourg -plusieurs allliers
d'àabitants- l'iDtérlt je dilue.
-
,_.
-_.',-
* Les femaes et l'écoute collective.
Si d'une manière générale les feames sénégalaises touchées
~ar l'enquête semblent partout écouter la radio
elles partici~ent
de manières diverses aux discussions :
- Dans 15 villages elles ne partici~ent pas aux discussions
- Dans ) villages, elles y ~artici~e.* parfois.
- Dans 2 villages enfia,
Tantat "très longuement" (dans un village) tant3t "en cas
de nécessité absolue" (dans un autre).
La participation des populations féminines est surtout
suscitée par des catégorf., précises d'émissions aux thèmes
(i) Enqu3te déjà citée, p.6.
(2) C.t. Enquête, p.6.

- 2"7 -
.,'oifi'• • Eduoation domestique et fa.iliale ("La bG. .e ménagère a ),
fh'ltre populaire en langues nationales ("sketches" traitant de
probl~mes conjugaux • rapports entre 'poux, polYlaai"
question de.la
dot, etc.~.) Raissiona sportives (Luttes sénégalaises essentiellement).
*
*
*
OR le voit, l'enquête men~e auprès des postes d'écoutes
collectives du Sénégal met en relief la place centrale occupée ~ar
'1,/
la radio comme principal moyen d'information et d'éducation des
populations sénégalaises.
Par delà les nombreuses indications qu'elle fournit sur
l'écoute -individuelle et collective- de la ~~ffusion nationale
~ar les Séaégalais, ainai que' sur le.8 goûts:·' attentes et bf!!'IoinB des
po~ulations en matière de ~rogrammes radio, cette enQuêtp. a nermis
~«alement d'identifier la nature et les modalités ~es chan~ements
opérés par la radiodiffusion nationale sur les attitudes ~t comnorte-
ments dea populations.
Ce ~ouvoir d'influerice -ainsi avér'- de la r~rlio sur les
ponulations va dèa lora autori ser les responsabl es llollvernementaux
séné~alai8 à aSBi~ner à la rarliodiffuBion nationale une mission
d'éducation en direction des no~ulations -rurales et urbaines- du
SénéJal.

- 2fta -
RADIODIFFUSION ET EDUCATION DES ADULTES AU SENEGAL
(1965 - 196a\\
.';;<.•
.Eutre 1965 et 1968, Radio-Sénégal met au point un ensemble
de prograames éducatifs en direction des populations adultes du
"J,_
'Paye r feJQlesdes zOD.s;~!,,,.les ou urbaines lIlais~l8si agriculteurs,
~;~\\
''r'';,~
-pl
et:}pasteurs.
C'est que ~our le jeune état sénégalais, l'éducation
fonctionnelle des adultes -ruraux et analphabètes "pour la n1unart-
constitue à la fois une dee priorités de l'Indépendance et un
préalable majeur à tout "pro«ramM9 de développement n~tional.
1 0 ) L'Alphabétisation fonctionnelle de. adultes sénégalais
en,j eu de l' Indépendancé;:!~*~y
; .
. .
En 1960 au moment rle l'Indépendance, 79~ de Séné~alais(l)
de plus de 14 ans et plus ne comurennent pas le français.
Pour les fiemmes, ce taux atteint 98%. De surcrott ur~s
rle 70% de Sénégalais vivent dans les zones rurales(2) où 8Pvi~gent
.,
(1) Source: Annuaire statistique du Sénégal 1978.
(2) C.f'. Tableau nO 21 : "Importance de la population urbaine par
rapport à la population totale du S'né gal " infra.'
d

- 2"9 -
les taux d'a.alphabétiaae les ~lu. élevéa.
Ea d'autres teraes, 7 S'a'ialais aur 10 viTe.t à la
ca.palae et 8 lur 10 ae parleat pas françaia.
dt le développe
aational paa~~ Bécessairement par
l '
;c. de ces po~ulations ~rales, véritables "martres d "oeuvre"
des différeats programmes de développeaeat économique.
Au Sénégal comme ailleurs, la philosophie de l'al~habétisa-
tion fonctionnelle des adultes est la même : "Il s'a_it d'inculquer aux
auditeurs dei schémas de comnortement qui aboutiront ~ en faire dê8
citoyens modernes. Santé mieux prot~~ée, productivjt~ nIu8 Intense,
conditions d'existen~es améliorées, meilleure intéaration ~ la vie
(1)
moderne" •
La radio, moyen d'information populaire au Séné~al. va
servir de support privilégié dans l'exécution de ce nro.ramme.
Cela sous deux formes spécifiques :
• par la mise au point etjla diffusion de pro~rammes 6ducatjf~
destinés aux femmes (rurales et urbaines)
_------_
---------~-_._._-_
. . . . .
... ----------_._---
(1) ROBERT (G.), La production radiophonigue, Paris, RFI, 1977, n.50.

- 250 -
_,;.~r'.·'
l
,~,
·r~7:({;~'i:t;';t,.:;.;~'':
i"*';ibtEAU DO 20 1 Répartition régionale de la population
.éa'salaise. (1960-1976)(1)
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Eaqufte
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RéC io, .
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Rêèéns~ment
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1976
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19S:;61
1,970-1971
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t
t
t
'-,
t
t
~~3 560
698 947
!
984 660
t
t
t
t
t
t
t
Casamance
529 860
t
618 682
t
7;6 527
t
t
t,
t
!
t
Diourbel
50; 040
t
635 205
t,
~25 113
t
t
!
!
!
,
t
FleUTe
;~5 400
389 091
t,
417 137
t
!
t
t
t
t
t
Sénégal Oriental
151 180
t
245 148
286 148
t ~,
!
t
t
!
t
t
Sine-Saloum
727 100
t
813 512
!
1 007 736
t
t
t
t
t
":ij,~
~~:}::':A-'
!
,
t
Thiès
, 409 660
t
556 0;1
698 994
t
t
!
!
t
!
!
t
Ensemble du
Sénégal
3 109 800
t
3 956 616
t
5 085 388
j
t
!
,.
(1) Source 1 Direction Nationale de la Statistique du Sénégal.

:
'
f
«
...

- 251 -
__~
~_2~1 1
Iaporteace de la populatio. urbain' Jar rapport
~ 1. p0p!latioD totale du sénégal.(t'·
.
.
-
. ;
1 194 381
, 1 505 274
,
...
,
.1
,
r
2 225 193
r, 3 580 114
t
f
5 085 388
!
t
!
t,
29,6~
t
t,
(1) Source: Direction Nationale de la Stati.tique du S'négal.
. 1

- 252 -
1 f expériellce "Diheoo par la Radio Educative Rurale"
initile en directioa des agriculteur., ,3cbeurs.et pasteurs du
sr.,
fe ••e. au
al. (1963-1968).
'.
"Eatre 1963 et 1968, le miaistère de l'Information et la
, .<~~'f,;~:
Radiodiffusion nationale du Sénégal enti-epre. . . .tiif' direction des
populations fémiaines du ,ays un ensemble d'actions radiopboniques
* D~abora'a'.lls le cadre du Premier Plan Quadriennal de Développe-
ment Economique et So~ -1961-1964- "Radio-Séné••l" met en oeuvre
et poursuit la conce,tion et la diffusion, .~r une lonl(ue -période,
p;ue nationale
wolof Qu'en français.
C'est le cas d'émisiions telles que: "L'Ecole et la
Famille", "Contes et Légendes d'Afrigue noire", "L'Ecole l la radio"
(1
et "Keur Noflaye.
).
Diffusées principalem.Jût 8ur la "chaîne" nationale de
Rarlio-S~néltal, ces émissions, selon de nombreux observateurs, ont,
..... _._------
(1) C.f. Typologie des programmes de la "cbatne" Nationale in Annere ••
• rh

- 253 -
divers "joué un rôle éducateur i.ooRtea'*ble".(t)
rigueur les et'fets.
l'Office
l la diffusion d'une .érte
de chroniques et magazines féminijc., ~~al,f,.~. e~;~éseutés en wolof.
,j
Ai.si plusieurs séries, aux thèmes et contenu. variés,
ont Hé diffusées, a'Près ••9ir faï t l'objet d'un te.t auprès des
~;-~?J.*-
femmes du oelltre social de BO'Pp(2) à Dakar.
a) Les chronigues et magazines féminillt'i'"
thèmes et contenu. li'
:Ii
";
Cinq types de chroniques et majl;azines radiophoniques
étaient régulière.eat proposées aux audi t~ioes de Radio-Sénélal, il' ,
llllrtir de 196J.
(1) FOUGEYROLLAS (P.), SOW (F.l, VALLADON (F.), L'Education des
adul tes' au Sénégal, Pari s, UNESCO/lIPE, 1967, p .28,.
(2) Centre social d'entraide œucuménique situé dans un quartier
populaire de Dakar.

- 25" -
't-
public-cible était co.poe' principalement d•• ~poueee,
.ères, le. .ee seulee, jaunes fillee des villes et villages aéné_alaie.
- Les thème., variée, abordent Itensemble des questione touchant
vie de la te.mes séRé~alaise t
1s0Jl :
Soue ce titre ~tai ent ab6r",f• • !':~.a~~e de thème B
\\ "'"
.
'.' ,-,.' : '"
.
.-;'-
.'," . ,-
.~."
'
domeBtiques : "la bonne ménagère", "le rangement", "lee femmes qui
ne B'occupent p~. de leur intérieur", etc •••
* L~Eo~.omie domestigue.
Cette rubrteue traitait des sujetB Buiftnts : "l'achat à
crp-dit", "la provision du bois et la corvée d'eau", "l'amélioration

rle la case", etc •••
l'.
* L'Alimentation de l'enfant.
Dispensée dans le cadre de la campagne ~our la ~rotection
maternelle et ~nfantile, cette chronique était réaliB~e et programmée
-.'<~';
autour d'un eneemble de conBeilA sanitaires et diét~tiqueA concernant
les enfants en bas-âge.
Chaque tranche d'âge, entre la premi~re semaine etl le Quin-
,.
mois rle la vie de l'enfant, faisait l'objet d'une ~mi88ion.
;~,.,
...
:.
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",'i"::"J
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.,
'b
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'
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q

- 255 -
.."
* L'Ed,cation de l'enfant.
Uae certaine diveraité caractérieaitles thèmes d'éids-
- " ' ' ' : ; ; : ' - ; : ' '
sioRs diffusées dans le cadre de cette chronique : "la aendiei té
. '~"'.
.
.~
et l'~cole coranique", "le daager de confier l'~ducation d'une
ondi tiona .atériel1es_ 'Psychologiques
'.
, "l'tatellf,••ce et le choix d'un
"."
.
• étier", "l"oole de 1955 et en. 1963 dans la région du Fleuve", etc •••
";,.~'
* L'Education civigue.
La chronique a't4ucation civique se ra~ort&Dt aux sujets
. "'i9''''
suiTa.ta t "la ooopérative", "le mariage". "le baptème", etc •••

A travers leurs titres et sous les formes les plus rliverses,
les chroniques et magasines de Radto-Sénégal ont ~r~'Posé ~ partit
de 1963 aux auditrices 8éné~alaises -des villes mais a.ssi des
villages- ua en8emble de thèmes éducatifs a'sez orip;inaux •
.)~~
Réalisées sous 1. forme de causeries associant sp~cialistes
mais aussi invités ordinaires et diffuÂ~es dans les lanp;ues nationale8
-en parti~ulier en wolof- ces différentes émissions ~nt eu un ~cho
certain auprès du public-cible concerné.
i
if

- 256 -
..
Mai. quel impact v~ritab1e oel pre.ra. .e. radiophoniquê~
4taJ,••t_c~.·ti.ées ?
. "':i'~·· ,
.." ,1'"
Autrement dit les divers

chroniques et magazines sanitaires,
le
es populatie.s sén&galaises ? Ont-ils
.c-'~~_"
traDsforaé ou amélioré d~ .anière~~lnificative leurs conditions
.~;.
d'existence?
A défaut de~ so.dales précis et en l'absence d'@léments
de co~~arai.on, il apparaît difficile d'aupréeier de manière ri~ou­
...~
reuse les effets véritables de cee différentes émissions ~ducative!
sur leurs destinatai •• s.
En revanche " i l aU'Par8.tt certain qu-(iHII'.rers les divers
.
. ... ,
"
.,-",
' "
pro~ramme8 ~ducatif8 diffusls en lantues nationales, en ra+son des
contenus et thèmes traités qui recoupent bon nombre d'aspects et
'Préoceu'PatioDs de la vie quotidienne des populations locales, la
radio séné~aldse semble avoir incité
celles-ci à une r~flexion
collective sur "les problèmes sociaux les \\lIus diverfl.
De surcroit, le chor'!: de l'heure de diffusion -le8 émissions
étaient programmées entre 21 heures et 22 heuree- a contribué, nans
une larle mesure, ~ renforcer l'innice d'écoute, constitUAnt sans
doute un des facteurs de popularité de ces é.ls8ions auprès des
populations féminines.
ft
t'Ît

'.
- 257 -
Il r.~te que la d'cieion d.s reap••sables s'_'«alail
d. faire appel . . ooacours de-la radio da.s l'éducation des popu-
1••1on.J t'aininea procède, pour l ••••••Uel, d11 soUci d"largir
et d'améliorer l'impact d'un processus de. diffusion "de .asse".
'*
de aea attributs sp'cifi-
cl Place .~ rôle de "Radio-S&négal" dans l'éducation des fem••••
Par leurs objectifs, les émissions féminines de Radio-
S&négal so.t~~es ~rogrammes à vocation éducative.
Or en matière d'éducation, la r,.io a su donner les preuves
."-. \\;of';
de so~ efficacité co~ moyen de transmi. .
Et Radio-Sénégal joue un rôle particulier auprès des
pOl'ulatio.af.inines Qui, on l'a vu dans le cadre de l'enquêtl'!
aUllrès des p•• tes d'écoutes collectives, écoutent assez r~p:ul1èrement
les émiasions et rlagissent facilement, 1I0ur peu qu'on aborde des
sujets Qui les touchent plus ~irectement.
Toutefois, pour éducatiTe qu'elle soit, une émission rarlio-
phonique s'accomorle mal d'une forme rigide.

t

- 258 -
Co. .e le toat observer les responsables louverne.efttaus
séaélalaie "l,- auditeurs se méfient "a priori" d'un ton ~rop
.'~."ié1lZ., se veulaBt absolument didaotique". (1)
le plus sil.~ticatif~au~rès des popu-
1.'~Cibl.s, .....--.,;.-..~o.;;;.;-.;_:'~teat orteBté vera des choix culturela
,
·'.".'-A
'-".>,",
précis :
:. * UB ch.;i~ de formes de ifi1fllaion adéguatea.
·'4,
Dana la diffusion des é.issions féminiaes éducatives de
Radio-Sêllégal! deux
forlles de productions ont été miaea au noint
- le magazine s
.:j~~~~~
D'une duré~':>.oyenne de 30 à 1t5 minute 8 ,~le ma,,;azine s'est
r'vll' comme la formule la plus commode.
1
s.~ \\ntér~t réBide dans le fait que le ma~azine "~ermet
de traiter plusieurs su,jets par émi ssion pour donner aux auditeurs
un éventail plus lar~e de. questions féminines les concernant".(2)
(i) "La radio et la télévision au service de l'éducation et de 1'in-
form~tion", S~minaire int~rnAtion~l, tR juin - 15 jnillet 1q6~,
BérIin, Rapport présenté par le délégué du Sénégal, p.ll.
(2) Rapp~rt déjà cité p.ii.

- 259 -
Autr. &v&.tage de la foraule magasine 1 les ~o ••ibilit's
qu'elle offre de faire varier les voix en faisant intervenir plusieu_
pa~tioi~t. et uae diversit' dec~,re. radiopho.i.... (interTfev,
r.~Drtage, etc••• ).
'.
D'une durée 1t;renne de ~0'c~ 7~inutes, les chroniques
féminines apparaissent 'âomme une méthodè dht.C)tt~e efficace grlce
~ laquelle un seul sujet peut ~tre abordé et traité de la manière
la plus exhau.tive possible.
.~
* une alternance émisdoDs éducatives/émis.ioae ludiques.
Outre les chroniques et Illagazinlf.a"t$ducatifs classiques,
·.{~~lf_t~,
Radio-S.'Mlal a su égftement tirer 'Parti'tfIf"'théât"è radio'Phonique
'Pour toucher les 'Populations féminines.
Le f~'lilleton "Makhourédia Guèye, chauffeur de taxi,,(l)
de la série "Keur Noflaye" est si,;uificatif à cet égard.
(11 "Au hasard de ses courses, ~ travers les coups de klaxon, les coups
de freins, les déra'Pages et les jurons, Makhourédia va 'Partout, voit
tout et reacoatre une humanité vRriée : gens riches, fonctionnaires,
Commerçants, villageois qui vienlent chercher fortune à la ville,
voyous, coquettes, écoliers, etc ••• L'ensemble donne lip-tl à une galerie
de~ortraitB brossés avec un humour incisif 'Par le héros du feuilleton.
Aua1l1l trait de comportellent ne lui échall'Pe ••• " Le Soleil, }10 se'Pte.bre
197q. Ce feuilleton réalisé par le sénégalais Ibrahima Mbengue connut
uu franc .ucc~s. A preuve après une courte interruption, la série
reprit en 1968. En 197q, elle fut à nouveau programmée sur les antennes
de Radio-Séaélal avant d'ftre interrompue en 1976.

- 260 -
Ce feuilletoa hebdo.adaire en laalUe wolof diffusé
habi tuelleae.t .•'Pr~B le bulbtin co.plet d' i.for_ation du loir de
Radio-S'a',al rallie, depuis la cr&atioD e. 196~ to•• les Buffral••
.:J.:
" -,,~',.,;
..'.
. ,.j'
de popularité, en particulier au~r~8 des population féminines.
L'intérlt
'cr.,;~ette émission réeide eiaentie1lement dans
':4~:.
sses pour faire passer des thè_es
',,:,t~~ti•• de;ituattoDs
loclo-éducatifs. ( )
'"
'
.
'i'~~
';',-,-'<
Outre le feuilleton "Makhourédia Guère, chauffeur de taxi",
les émissions théâtrales hebdomadaires de Radio-Sp,négal ont é.alement
.1eué ua rôle déterminant dans l'éducation des ~o'Pu\\ations féminines
A partir de 1963, le réalisateur-producteur séné.alais
Ous_ane Cissé Madamel(~: pro~ose assez ré~~~"~t dans la série
"Thé&tre N~tional" sur la "ChaIne" riationale des 'Pi~ces internr~t~es
'Par la troupe Yewou -étymologiquement "Réveil"- sur des thèmes édu-
catifs.
Ceux-ci -le plus souTent d'actualité- sont mis en sc~ne à
l'intention des llo~ulations analnhabètes 8éné~alaises et concernent
(1) A ce propos, le. quotidien national sénégalais note: "Grâce à ce
m'lan~e de réalité et de fiction, les auditeurs vivent pendant 15 minutes
chaque semaine, avec 1e chauffe11r oe taxi, des dém~l és Q11' eux-m~mes
connaisaent et observent quotidiennement. Et c'est sans dou~ la prin-
cillale ratsoll du succès de l'émission. Des personna«es ~ leur ima«.
racontent leur vie et leurs 'Problèmes, relatent le8 menU8 faits qu'eux-
mêmes viTellt ••• ". Le Soleil du 10 sellt••bre 1974.
(2) OU8mane Cissé Madame1 fut directeur de la Tt'-lévision National~ de
1985 l 1986.
,.
ft

- 261 -
les sujets les plus divers s "la dili.qua.ce juv~nile", "le mariage",
"la dot", "la po1,.g.ale", "le8 fiangera de la bolBBon a1eollis'e",
"1~ oo••oieace profenionnelle", ~~ "le8 devoira cf. 1 tlnd''l)endaD.'~~';c,
Ai.si grâce à une alternance émiBsions éducatives/ émi.sion8
";"';;" "\\~~;",;F
,. ";;~L,
1udiqueB, "Badio-Sl.,ga~~~~efforeed'atteindre I~B 'l)opulatioaB
fl.~~a a~c l'efficacit~~imale.danB~la mi8e en oeuvre de 80n
pro«ramme d'éducatio. Itr la radia,
:i!
* un choix 1ingui8tigue pertinent aux populations-cibles.
Afin d'assurer également aux émis8ions ~ducatives la com-
préhension optimale auprès des l)ol)ulations, Radi.~Sénégal opte
délibérément pour l'utilisation des langues nationales.
\\,;+>~~;,
En particuHér le wolof, compris et 'Parlé 'Par la quasi-
totalité des Séné~alaises.
:~l,1i
C'eat là à coup sûr un choix lillguietique pertinent, dans
la meBure où trèB peu alphabétisées en françalB, les pO'PulationB
féminines du S~négal s'appuient encore sur les dialectes locaux comme
supports de communication.
outre le wolof, les différents magazines et chroniques
r~minin8 sont ~galement diffusés dans les autres dialectes du ~pné~al
le lér~re, le toucouleur, le diola, le Boninké, et le manding.
*
*
*
..
\\
t
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- 262 -
'.~ ,
Ain.i ~ travers une .érie d'éai.sion. éducatives aux forae.,
th~.es et conteau. varié., Radio-Sénégal a joué à nartir de 1963
,,11D. raIe eiPifi",,,,,~I'f dans la 'Pro.oti~)J1 sociale de.~opulations adultt,
;~.;~.
"i fé.inines du Séllégal.
. }~~~.'\\:,.;:: '
Mais les vert'ni
catives de la radiodiffusion nationale
".
'.'.'~• •e;.t été également __ ploitées da.s un autre dOllahle : dans
le secteur du développe~nt agricol.~ ~adio~SéDégal, à travers
l'ernérïence "DHuoo par la Radio Educative Rurale", s'est révélé
comme un instrument efficace de mobilisation des nO'J)ulations naysannes.
3°) "Diiuoo pa!;' la Radio-Educative Rurale" au Sénégal (1968).
A travers l'er'J)érience "Diissoo par la Radio Educative
Rurale", la radiodiffusion nationale 8énégalat~~~u 'Prouver qu'elle
. '':~:2l::'~
.. 'J
-"'<;";
était If! "medium" le nlus adéQuat l'our re.ioindre le monlte rurRl.
i
* Sa vocati~.Jlde "radio tournée essentiellement vers les naysans
-i
". !,;-tl (1)
et le monde rural"
dans un 'J)ays il très fort~ cOllnosante rurale
et naysaD~e, ju.tifie en grande nartie son succè. populaire.
* De même, les techniques radiophoniques snécifiQup.s et le8
formes ori~inales de relations Qu'elle a su instaurer entre le
rl.centeur et son auditoire ont, nar ailleurs, contribué à renforcer
(1) Tel est le label officiel annliqué à "Ditssoo" 'J)ar les re.nonsables
~ouverne.entaur sénégalais.
(2) Etymologiquement le terme "Diissoo" si.nifip ~n vnl~~ : "~11\\'0~lP
Rutour ~'un sujet d'int'r~t commun" •
. '.'

-- 263 -
l'i.,act populaire de l'exp~rience.
* Si 188 d(bat. officiels de "Uitssoo" reaontei'lt à 1968, bien."
aYaBt l'I.d'peBdance déjà URe série d'exp~rieBces similaires
d'utilieatioB de la radio en direction du monde paysan l'aTaient
~;~~~+:~;,-.
précédée.
"DBssoo pouI,la Radio-h«\\c~ti.... Rurale", dans sa démarcbe,
intègre en les amélioraDt, les acquis de ce • •x~ériences antérieures
dont elle s'i ••pire de la ~hilo8o~hie s asaurer la ~romotion et 1.
déTelo~~e.ent des populations rurales du Sénégal.
]~
a) De "la radio parle au paysan" au projet-pilote de l'UNESCO.
Radio-Educative Rurale", une série d' émiss·ions de vulgarisation
agricole destinées au monde paysan étaient régulièrement ~rogrammées s
sur les ant.~ de "Radio-S~négal".
* Autour dei anaées 1955, peu avant la fusion avec Radio-Sal"-Louis,
l~ chaine régionale de Radio-Sén~gal diffusait déjR l'pmission :
,
-
"La radio parle au paysan".
Prpsentée onT le~ ~r~mier~ a~imateur~ 8én~~a'~i8 rlp
l",oque -Adama Diakhaté, Marianne Seck et Doudou Diop Die«o- cette
ft
"
'

- 26% -
lal •• ioa quotidieaBe(1) ~tait b&tie esseatielleaent autour de
cOB.eil. pratiques sous forme de monoloKme., et portant sur des
S~j.t.~~~aotuel•• (2)
Les différents sujets ou thèmes de l'~.ission étaient
~~'ü;
. -. - -)~:;Y;:.;~
conçus eBseatielleaeat
des "serTices d'intervention"
'.
(AI~~~tur., Elevage et
"Ceux-ci TeBaient avec un message technique qu'ils liTraient
aux auditeurs. D'abord diffusés en français, ces différents messages
étateat eDsuite repris d.~ autant de lallpes Ternaculaires utilhées
.4
à l'él)Oque au Sénégal" précise Doudou Diop Diégo, un des animateurs de
l'émission à l'é~oque.
* La loi-cadre de 1956 entratne au Séu!gal la création du service
de la Coopération et ~a mise en ~lace, d~~~~~re, rle coopératives
a~ricole8, surtout dans le b~s8in arachidier.
La _ e année, l'émission "La voix du coopérateur" succède
~ "la radio ~arle au paysan".
(~, "La radio parle au paysan" ptait pro~rammpe tOUA les soirs À
partir (le 19h, llr~cpdpe par un "lH\\ck" rle Falallg comme in r1 icnt.jf.
L"~ission durait 5 à 6 minutes en tout.
(2) A l'époque la "peste bovine" était un des th~mes d'actualité.

- 265 -
D'aae périodioité hébdomadaire, "la voix du eoopérateu~ft(1)
a une plus lonaue durée de\\programmation -'0 minutes- et est
cl:l.ffùah le aoir à 20b '0, préoéd'~,par UA "takhouralle"(2) co_e
i.aicatif sonore.
:%
L'émissioa
dialogues entre
èadr.;4u serviee de
tion("
et animateurs de la radiodif-
,.' - _o. ~..,.._
_.
fusio~ nationale.(%)
Ceux-9i ap~ortent surtout leur ex~ertise dans le domaine
de l'élaboration des mes8al8s et leur ada~tation radio~honiQue.
".
Parallèle.ent il "la voix du coopérateur", il convient
également de mentionfter l'émission "Baatou Ndjerno" -étymologiquement
"La voix de l'éleveur"- conçue et diffus'. par Doudou DioTl
"l'avea,le" avec la collaboration de deux,."~ftt~' de Radio-Sénégal
à l'éuoque : Aldemba Seck et Mas8aër Boye.
Entr'i'1960 et 1965 la politique gouvernementale séné,;alaise
en matière de dévelo~pement a~ricole met l'ae~~nt sur un Tlro~ramme
(1) "En 2 ans !, cette émission a fait naître 1482 coonpratives chez
l@s pavsans" précisent les responsables de la radiodiffusion nationale
{G,f. ~apport présenté par le d~l~~ué du S~n~~al, rl~j~ cit~, Tl.8.
(~) Air folklorique populaire au Sénp«al.
(3) Parai ceux-ci on peut citer s Mansour Bouna Ndiaye, Massène Niang
et Allane Guèye.
de
(~) Comme ~riucipaux animateurs/cette émission il convient de citer t
Adama Diakbaté et Doudou Diop l'aveUlIe.

- 266 -
d'ani.ation et d'expa•• ion en direction de. populationa ruralea.
'Uae ••t'Iori. de cadre.·.•,.ter.édiaire. -l•• aaimateura
et cOllllun':.,fateura ruraux(1)- se met en place, tandis que ae créent
dea cellule.
(CAR), des cellules d'ex~ansion
rurale (CQ~
~rale ~olyvalentes.
La radiodiff~ioD nat{:~~e a été ainsi conduite à ae
dé~lacer vers les différentes cellule:'''':d'~i~;:~et d'ex~ansion,
afin de discut~r avec les ~rinci~aux animateurs des problèmes de
dévelo~llement.

A.illl!li l".ission "l'Animation dans le développement" est
créée, servant de cadre à une collaboration entre les services du
Développement Rural (2\\ et la Radi odi ffusfctJl nationale.
i!-h
D'une pp.riodicit~ hebdoma~air~. l'~mission "L'Animation
dans le développement" se faisait, chaque semaine et llendant 30 lIlinutœ ,
i
l'écho des discussions "à la base" entre cadres intermédiaires et
.1
populations rurales autour de Questions diverses: tests et vul~ari-
sation de nouvelles méthodes culturales"tulgarisation d'instruMents
aratoires, etc •••
(1) Cette catéKorie était con~titupe principalement nar ~es a~ents
de l'Etat ea fonction dans les villa~es : infirmiers d'Etat, techni-
ciens aErieoles, etc •••
(2) Le Directeur du service du Développement Rural de l'époque,
M. Ren Madi CISSE a joué un raIe déterainant dans cette collabo~ation.
,

!
.-J

- 267 -
.-
L'émission "L'Animation dans le d'Telop~e.ent a symboli.é
une forme de collaboration originale entre les services techniques
-'.-'
du DéTe IO'Ppeaeat Rural et la radiodl·ffusiol1
nationale, autour de.
an.ées 1960 et 1965.
La boutade : "Il.c!,.,~s anillaient ,et nous les informions"
't~!~\\
ré.u.,dè manière significative; la complémentarité des actions
menées ~ar les deux sel"\\t~ces nationàll~.
* A "l'Animation dans le d'velonpement" succède le projet-pilote
de l'UNESCO mené en collaboration avec lee ministère. séné«alais
de l'InforMation, de l'Education nationale et du Dévelop~ement rural.
Entré dans sa phase de réalisation active en 196;, le
projet s'est achevé en 1970.
Le pro.jet-pilote vi sai t, noul''''' l' essenti el, à "or/tani ser
une radio éducative rurale avec écoute collective et feed-back vers
la station".(1)
Les éaissions ont débuté le 18 décembre 1968 avec la
iliffusion,sur la "chaine" na,*,ional~ de Radio-Sénép;Rl !l'nne émission
8n~ciale ré.lisée conjointement par les direcèeurs ~e la radio~iffu8ion,
de l'Animation rurale et du projet-pilote.
(1) Boubacar SOCK, "La radio au service du dévelop~ement en Afrique",
in Direct nO 10, p.34.

----------------
--~ - - - -_. -
- 268 -
.,
.~.
..-
Apr~. cette phase expérimentale, le8 pro~ramme. normau%
d~butent en jaRvier 1969.
u. public-cible de 800 000 ruraux
vivant dan. la
du Siae-Saloua et de DiO~~' a été chotsi.
",'-
.
Quant à la ~4ception de'. éaissiolls, elle a été stimulée
grâce à UR lot de 180 récepteurs, don de la Radio Suisse Romande.
b) "DU.BOO par la Radio-Educative Rurale" : de la nhase
exnérimentale à l'institutionnalisation.
En 1971, le ~rojet-pilote de l'UNESCO s'achève et le
Sénégal reprend à 80n cOlllnte
le nrojet et •••.4"'..'H~rience de radio-
éducative rurale et l'étend pro~rêsgivement à d'autres ré~ions
administratives du pays.
Inté~rée désormais à la Radiodift8~ion Nationale du
sénégal(1), la Radio-Educative Rurale utilisera les émetteur8 des
stations ré~ionale8 de Saint-Louis, 7,ip:uinchor, Kaolack et Tambacounda,
ainsi Que les centres de réémission de LinŒuère, Podor et Matam.
(1) Par décret nO 68/226 du 10 juin 1968 la Radio Educative Rurale est
instituée en service de la Radio-Educative Rurale, 8ervice snécialisé
de la Radiodiffusion Nationale du Sénégal.
15

- 269 -
Aujourd 'hui ,illa "adio-Educative Rurale qui ell,plo1e
6 agenta permanenta -aniaateurs de ~rogra. .e. de l'ORTS ~our la
1
})lupart-:",:t J collahorateura extérieura ( ) iaterne.;t ~rinci~a1eJB.nt
daa. deux secteurs s
* dans le ucteur'i_.tâ coonératlon et le dével4)ppement ap;ricole (2) •
* dans le secteur del/'encadre.~~t et de l'éducation des ~o~u­
lations f~.inines.(3)
Une diversité des aujets intéressant tous les secteurs
de la vie rurale sont ainei abordée et traités p.r~ia Radio-Educative-
Rurale.
Ce qui autoriae un de se8 ~remiera res~on8ables à
con1ier que s "La radio-éducative-rurale au Sé1Ï~éta.it destinée
au monde rural et devait 'Permettre de faire "passer" un ensemble
de thèmes portant sur l'agriculture, la pêche, l'élevage, donnant
(1) Parmi céux-oi, on note la pr~sence d'un agent de IR Coopération tle
l'ex-ONCAD (Office Nationa1l!'de Cooppration et d'Assistance au B~velop­
pement) et un agent de la SODEVA (Sociétp de Développement et rle
Vulgarisation Agricole).
(2) En collaboration avec le Ministère du Déve10ppemfllnt Rural et l'en-
semble des services et organismes intéressés au rléveloppement en milieu
paysan tels: Direction de l'Environnement et de la Protection de la
Nature, Secrétariat d'Etat aux RfI!ssourcea Animales, lfpx-ONCAD, la
SODEVA, la SmUVAC (Sociptp rle ~:ise en valeur de la Casamance), la SA.lL
SAED ~Société d'Aména,ement et d'Exploitation du Delta), la SODAGRI
(SooHté de DéveloP'Pellent Agricole), la SISMAR (SooitHp. Intlustrielle
Sénégalaise de Machinisme Agrioole et Rural), etc •••
(3) Cela de~ui. la création du Département de la Promotion Humaine
(devenu aujourd'hui le ministère du Déyeloppement Soci~l) anci~nnement
Secrétariat d'Etat à la Condition F~minine•
.r

- 270 -
des CODsignes pour le"évelop~e.ent agricole. Cteet dt.tlleure
.··pou~.quoi l'OD&fChoisi le titre de radio rurale et non ~as radto
>~.~~COle".(1)
c) Les 'Ilisdort' è~t-.
"~,:;
Radio-EducattTe Rurale".
' .
. ".~
A l'origine "DHssoo pa.rcla.Radio-Educative" com~renait
';'~,.' ,
3 ~miuions hebdomadaires, diffuêees l:""ilôtf i~tf~~ 21 heures.
* Les deux ~re.ières émissions sont assez brèves et remplissent
aurtout une fonction éducative.
..
~ -
* La troisième, lHtaucoup plus lonp;ue -'Près cle: '2 heure s- sert
à "l'évaluation, au dialogue, aux rl~onse8 et aux questions des
<;:'Y'--:
'Pays a..." • ( 2 )
'~13iii''''i
·'~Z'';.~':
Diffusée sous forme de magazine radio'Phonique, cette émis-
8ioD rep;rou'Pe les demandes formulées par les paysans et les rl'Ponses
des différents services administratifs conce~.
L'pmil!lsion majl;azin:e est ili"ffusée en liolof Rur 1/\\ Chl\\fne
nation/\\le de Radio-Sénégal.
(1) SOCK (B.), article déjà cité 'P.J2, in Direct nO 10.
(2) Boubacar SOCK, ~. p.31

- 271 -
diff're. .ent selon le. caract'ristiques des régions, et diffusées
4. .s les prino~pales zones d'i.pl~~ation des .tâ't~ns régional.~.
Une dizaine d'ann~~. après son démarrage, les thèmes
de "Dii•• o." se .uî~~~~
De même, ses.ecteur• •~i!~terTelltion s"élargissent et .e
"" \\if4f;;"
diTersifient.
* Ainsi outre ses partenaires traditionnels -les ministères
du DiTeloll'Pement ,rural et social- "DiiBSoo"cofiibore également
depuis.e dizaine d'années déjà aTec les différents serTices du
minis;ère de la Santé, apportant ainsi son concotirs dans l'exécution
desdiTers programmes d'information et d'éducation sanitaires des
'Popul\\tions sénégalaises.
* La fréquence initiale de 3 émissions hebdomadaires est passée,
au cours de ces dernières années à 6 émis.ions par semaine.
De plus, certaines émissions éducatl.es comme "Keur
Noflaye", "L'Education sanitaire", "UsaŒers de la route attention"
etc ••• , ont pté reŒroupées et sont diffusées dans le cadre de
"Diissoo", aux fins d'un é.]arl!i8!'l~ment ne l'audience Ile la Rl'ldio-
; ' ,
:'> '~~~~~~t',':,:-:·,
_
_
~------_ {_
..:.,~.""'.-tj,.">'""._~--_
__:.....--_~_
~.~",--~--~.

- 272 -
* Enfin, ua iaportaBt effort publicitaire a ~tê consenti
~ar~la Direction des programmes de la Radiodiffusion Nationale
-du SIn'gal, à l'e.droit de la Radio Educative a ch.ue émiuion
'~~',
"DU88oo" est préc'dée d'un court commWliqu' dans le bulletin
4'i.fora.tioR de la mi-journée.
~~;:;,C'_j
~~
dl Les "leçons" de "DH.soo pit., la Radio-Educative Rurale".
Depuis sa phase initiale de ~rojet~pilote de l'UNESCO
.iusQu'à sa,form. institutionnelle actuelle, "Diissoo par la Radio-
Educative Rurale"
s'est assp.z vite imposée 00_8 eX'Pprience originale
et positive d'utilisation de la radio "dans un milieu traditionnel,
non urbanisé et à forte dominante rurale".(1)
<'::"~~<,.~
Les leçons de "Diissoo" sont multilJleif":'~t variées et à
c~~~'1i"'
la melmre des nombreuses retomhées QU,-F,cette expprience radiollhonique
d'un genre nouveau a générées au Sénégal, tant au plan llolitico-
'coRomiQue, qu'au niveau même de la 'Politique d'animation radio'PhoniQue.
Il reste que Bon succès auprès des populations paysannes
du S~né~al est le résultat d'une nolitique d'animation collective
élargie s'appuyant sur un pnsemble de techniques radiollhonioup.s
ori~inalp.s.
(1) "Les moyens d'information dans un contexte africain: évaluation
d.u llro.1et-pilote du Sénégal" in Etude. et Documents d'Information
nO 69, Paris, UNESCO, 1974, p.l.
'f
..
t*

- 27'3 -
* La politique d'ani.a~ion de "Diissoo".
,.E
Partir des besoins populaires et choisir un public-cible,
résu.e la atraté_ie adoptée et mise6a pratique par la Radio';;'
Educative Rurale au Sinégal.
- Les besoins populairl.,..
..~•...
Le priacipe de "Diiuoo p.ar la Radio-Educative Rurale"
.' ~ês;.;
renose sur l'évaluation des besoins exnrimée ~ar le8 paysans-
auditeurs.
Chaque jour, en effet, les services dé la Radio-Educative
Rurale reçoivent en moyenne une dizaine rle lettres.
Parfois dans un français approxi~~tif mais le nlus
souvent en caractère "wolofal" (1', les audJ.~eurs y font part de
leurs avis et su~~estions, en formul~mt.",les p:riefs à l'encontre nes
ri~ueurs du système coopératif (cherté des engrais, inà~aptation
de méthodes culturales, impertinence rles a~ents de la Coonp-ration,
etc ••• ' .
Sur la base de ces données, et avec le concours des
diffprents services officiels concernés nar le dévelopuement en
(ll Le "wolofal" est ua mode de transcriptio. de la lan~ue wolof
par les caract~res arabes.

- 27" -
.ilieu paysall, la bUo Ec1ucatiTe Rurale bltit un l)rogram.e d'ani-
a.tion.
Celui-ci, pour l'essentiel, consiste à al)~orter des
rlponses aux dif1~rents''Probl'''s soulevés par les ~o'Pulations.
C'~~'~istoire
#!,?t!,',
de "Diissoo" est diffi-
cileai1rt dissociable de la réali"*du monde Bural séné.alais et,
.'
;:?'~';;.
.
en ~articulier du "aa1aise" pays~n d~··lâ'd.".i'r.j;':a.écelllliequi
dans une certaine aesure, semble avoir servi de "catalyseur" à
l'exl)érience.
En 1968-1969, le Séné~al, l)ays sahélien peuplé à près de
70% d'éleveurs et de paysans et cinquième produc~.Ur mondial d'ara-
cbide vit une sécheresse persistante, en .&a. temps qu'il subit
les coutre-coups de la baisse des cours .o~dt~l'aracbide et
des oléa,fReux.
Les retombées de ces diTers aléas affectent en ~rofondeur
les 'DO'Pulation'a rurales, en particulier celles'!Au bassin arachicHer.
Préssés de surcrot~ par les iMpératifs du ~V8tème coopéra-
tif et accablés de dettes qu'ils ne sont pas en mesure de rembourser,
les paysans sont au bord du mécontentement.
Dans un volumineux courrier -près de 500 lettres ont été
recensées à l'époque- les populations sinistrées exposent leurs
:If
"

'1rrm

- 275 -
doléances l la Radio EducatiTe Rurale.
Aba. . . .nant leur fJtudio.!,,\\•• animateurs' 'de "Diinoo" . .
promenèrent parmi les paysans afin de recueillir leurs impressions
et aTi., "doJlJlant ai"I~i aux utiliaâteurs le sentiment d'écouter
une 'missi •• qui l;~;~l~c
~e8tinée (1)
·Y,,;, .
Très vite, l'opératio~j~~~tit à la satisfaction des
',),,"
;4~-
nombreuses revendications paysannes • des 1"0, ~ne aide exception-
.,
nelle de l'Etat fut consentie au monde rural, tandis que le ~ou~r-
nement s'engagent à étudier un projet de réforme du système coopp.ratif.
L'année suivante, l'Etat Béné~alai8 décide d'épon«er une
part importante des dettes pour l'équipement contractées par les
paYlans et fixe un prix à la production.
..
Ce rappel historique permet de situer les conditions parti-
culières dont a bénéficié la Radio Educative Rurale à ses débuts.
ri met aUBsi en relief la ~rande soupleese de la radio
qui a su 8e mettre à l'éeonte du 'Public-cible que constituent les
paysans, en leur donnant la p08sibilit~ d'exprimer lf'!11TS doléances
en I[roupe.
(1) Boubacar SOCK, déjà cité, p.31.
f'
's.
el"
l
.
1
, ..,Ï,..... _

- 276 -
"
Cela oonfora'aeat aux habitudes d'expression africaiDe
de la "palabre".
A ce Diveau, la radio, iL traver8 "Diissoo" 8'est r~v'l'e
QP. .e moren efficace de cons~r~t'on des habitudes sociales et
culturelles
Ce qui, eu. 80i, cODsti t.,>;uD autre facteur de populari t '
de "Diissoo".
- Le choix d-fin public-cible.
Le succè8 de "Diiesoo" réside également dans la forme
d'p.coute Qu'elle a 8U priTil~~ier
: l'~coute coilp.ctive.
Boubacar SOCK, ancien res'Ponsable "de:0~;.soo" témoil;ne l'
"Réunir le soir allrès une lon,.;ue .lournée de travl\\il des milliers
d'auditeurs concernés et attentifs, prouve déjà la valeur de la
déaarche. Faire que ces payaans, respectueux d'une tradition soeial~
ancestrale, choisissent une forme d'~coute collective, nermet de
conclure 8. l'int',,;ration du "medium" dans la société rurale.
Obtenir une particination intensive manifestée par des
discussions, des lettres et des actions
concr~tes, si~nifie
~..!

'~I _".,.-
,
- 277
be.oinset les probl~.es au Public-cible".(t}
aussi et surtout un ense.ble de métbodes et techniques d'animation
particulières.
":f"~
* Les techniques d' aBi.ation'.< "DU.soo".
~#--
Le succès de "Diiuoo" provient é.alement des métbodes et
tecbniques d'aDi~tion assez originales qu'il a su utiliser:
- D'une ~.rt en recherchant un lan«a«e approprié, nécessaire
90ur se faire comprendre de son auilitoire.
En effet les émissions "Diiuoo" ' ; : i l ' t e s diffusées
dans les Toix princi9ales lan«ues nationales du St.né«al, ~ont le
wolof langue dominante.~
De t'aTis de!! resllonsables de la Radio Educative un tel cboix
"-;-~-,~'; -
.:.:-""... '
obpit au souci d'assurer Ulle bonne compréhenafoa"des th~mes proposés
aux auditeurs et d'améliorer, par ce moyen, l'imnact ppda~o«iQue des
différentes émissions.
(1) Boubacar SOCK, ibidem, tl.3i.
't
*
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"ft
i1
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M'p'
)
~) i

- 278 -
En outre, daas un ~ay. comme le SéRégal où beaucoup
Be eaTent pas ••core lire, ~crire ou parler français, le recours
ey.t'aatie' aux laagues locales sullci te et eJlcouraae 1 t expreuiOll
et la participation du plus grand nombre.
.e
Cela dans la
li.luiè~ique confère
aux dt~fére.t•• émissions
Dtenue cerrespondant ~ des
~:4;':
beeoins clairemeat exprimée.
- Autre particularité de "Diissoo" : les genres d'émis.ions
qu'elle a su mettre au point et les types de relation ~m~tteur/
récellteur qu'elle a instaurés dans le cadre de son action éilucl\\tiTe.
C'est la foraule reporta~e~ma~azine qui a conféré à la
Radio-Educative Rurale son cachet orij(inal.
L'intérêt d'une telle formule est double: d'une nart,
elle associe de manière étroite le llublic ~ la concelltion et ~ la
réalis~tion des différentes émissions.
"Les prolJos recu~illi8 aUllrèB des paysans serVfl!nt à
identifier les llroblèmes Qui se llosent au monde rural et llermettent
n
I l
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'l
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1~7 "
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. .
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'rM't"1

- 279 -
D'autre part, UDé-aufmati" ad'quate encourage les
pay.a•• à discuter l'éaission.
"Les paysans y signalent par lettres lues sur les ondes
ou danl!l des entrevues recueil1tes 'Par lel!l équipes itinérantes de
la radio, les problè..;:t'?€'M\\,les
déception. qu'ile~"t rel!ll!lenties".(1)
e) Les retombées de "Diisl!loo".
L'iapa~t pédagogique de la radio est, d'une manière générale,
li~ aux conditions de diffu8ion et de réce'Ption dû messa~e.
A cet égard, l'ex'Périence de "Diissoo"pa~ la Radio
Educative du Siu'gal est remarquable du point de vue de la parti ci-
~atioB du 'Public à l'action radiophonique.
Gr&ce à "Dii8soo" on peut, avec certitude, affirmer qu'il
existe au Sénégal une radio qui ap'Partient au monde paysan.
Cela parce que cette expérience radio'Phonique d'un ~enre
nouveau a su utiliser des m4thoop.8 de communication arlantées k la
situation s'Pécifique du monde rural 8éné~alais et parce qu'elle a
$
, .
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Il
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lUW
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- 280 -
Mais au-del~ de SOD impact p~dal.lique, "Dii.soo" a
aueei en~eRdré ua. série de retombées dont la diTersité indique
la aesure exacte de la place et d~ rôle de la radt. au Sénégal.1
* au pla.
En matière de com1lun:i.ê~tion radiophonique "Diissoo par
la Radio Educative Rurale" innove ;1~è.~.H.r. fo~entale :
S-'·;':;'-.:'~·>"- , <" -:~-;~ ,
-.,?, .','
- En optant délibérément pour une politique d'animation col-
lective élargie et en recherchant un lan~age radi~~honique approprié
nécessaire pour se faire comprendre de son auditoire, "Diissoo"
semble s'être engagée dans la voie d'une radio de type nouveau.
La place centrale occupée par l.il~~s nationales
dans see programmes est si.nificative à cet égard.
Du- re.te, ua de. objectifs assigaés ~ la Radio-EducattTe
Rurale du S~.'lal consiste précie~aent ~ wfa4iliter l'utili.ation
effeotiTe et rationnelle des langues nationales dan. le cadre d'un
proceesus d'affirmation de la personnalité culturelle sén~lalai.e
pour un déTeloppe.ent national".(t)

- 281 -
- D•••••••• do. . . .t •••• '.1 ••10•• d•• eo.t••u. eorr••-
.p••a••t • d••••••1•• elalr•••nt .zprl.'•• -DII ••oo" ro.pt • la
fol. a'Y.e . . . eortaln. eo.e.ptloa.ullatf.al• •al."'.u.d un.
tràdltioa 'lltl.t• •n .atl~r. d'anl.atl •• radiophonique.
-Un. d•• ..a,'.~~ee. de lt.zp4rlo••• WDtl ••oo" aura
.!"'.a•• _ t . ' . ' 4• • • plu.
"mt,
jourJlàll.t• •n 1"111• • •atlonal.'.",,_.a• • •!~...rodul t. d. la
radio • •ai. co••• d. . . . .nt. co. .e l • • •âtr••••.;ll'n. un d••
r ••po••abl•• d. "DII ••00".(1)
* au pl!lpolltlco-éco.o.Igue.
"Dit'_oo" a 'té 1. point de départ d'une .érie d. réfor.e.
audaei ••••• (2) .n dir.etlon du .onde rural .é.~I., jouant al••i
un raIe d. rectification et d. r@aju.te••nt de la politique économi-
que du
gOU'Y.rn•••nt 8@négalai ••
En .ff.t, grAce A la Radio-EducatiTe Rurale de no.breuz
a.pect. du ".alal•• pay.an" ont été Id.ntlfl'• •t corrilé ••
(ll DIOP (Doudou F. Diégo), L'~Tolution de la "Radio-EducatiTe Rurale"
au Sénégal, M@moire de fin d'4tude8 au CIERRO, OuaKadou«ou, 1980, p.15.
(2' Au nombre de celles-ci on note:
Ip versement de ristournes excep-
i
tionnell.a aux paY8an8 (le J1 .ai 1970, 59~ .illion8 de francs CFA ont
i
"
' t ' 'Y.r.'. aux pay.a•• ), la réfora. radical. d•• coop'rati'Yes et
l'annulatton de. arriéré. de d.tte. contracté•• par le8 pay.ans.
" ','nI'

- 282 -
S.lon ua d•• r.spon.ablos d. "Dit ••oo", "la . .aio-Eduoative
Baral. a Itl tout d'abord ua cri dtangoi ••• , l.rpr.ssion dtua ••nti-
. .nt dt.~plottatloa . t d. fru.tration ••• L•• a.tort". ont fait d.
'!
....
1t'
"'~"'c>.:
.rud. efforts p.ur rlpoadro au~ dollanco. ou corrigor leur. ill)J.r-
f.otions. En •••• tOIlpS, elle.oat utilid la radio pour faire coan&!-
t.s nouT.lles
.j••oaco.>.t 1•• aouT.au~
t le. ta.i1iari.er aT'C l'utilisatioa
d. It':~iP••ent agricolo et les iD~.tution. rarales".(t)
'~J~
Maie ce rai. de rectification et de rlajuste.ent de la
politique éconoai,uo de. autoritls sénégalai.e. ainsi induit par
"Rfls-"'", ., double égale.ent d'une fonction -.trl/ctell.nt poli tique-
de contrai, et auto-contraI, dee actions du gouTernellent en ne d'une
.oralisation de. "in.titutions 10cale8".
Co. .e le eouligne Michel Bourgeoi. t '~~t un responeable
de cooplrative, "la radio éduque le paysan lIaia en 1I~lIe temps oriente
l'encadre.ent".(2)
En effet, "Diiaeoo" a l'ends "de contraler la ..iae en oeuvre
des différente ••• sure. gouoq.rnellentales au nina.villageoia,
exercer la surveillance permanente de la qualité, de l'efficacité et
(1) Doudou F. Diégo Diop, opus déjà cité. p.~3.
(2) Michel BOURGEOIS, "Attitudes et co.porte.ent8 de la population
rurale .Ia'ialai.e Tis-~-Tis dea lIoyen8 audio-vieuels de foraation" in
Rene du 'i.r.-Monde, nO 70, p.~95.

- 28' -
•• Itho. .' t . t ' d•• a,.nt. . . . .llari.ation, ••• e.ployl. de coop4-
rativ., d•• ,ouvera.ur., de. pr'fet. et de. fonctionnair•• du
,arti,,(1) .0uHp. 1Ul de. re.pon.a1tI~. de la Radio-II,cativ. B.1lral••
f9~;
Co. . . ".'dtateur" "Dii...." a perai. au~ population. pay.ana••
t..:; '<
de nouer le dialogue avec lee r.pr'e.ntas
r.tee. nationaux
Cette lettre de payean lue ~ l'antenne de "Diieeoo" e.t
.i. .lficative l cet 'lard 1
"Nou. re•• rcion. notre mtni.tre du D'veloppe.ent Rural. Nou. lui
~-;:~
fahona .avoir qu'on a reçu notre ri.tourne exceptionnelle 1l la date
/"'~
•.
.....•
~~,~:;.,;~~
.t ~ l'beure fix'.a par lui. Qu'il sache que tout le .onde eet eontent.
Vous de la Radio-Educative Rurale nOU$ n'ignorons pas que c'e.t grAee
à voue que noua avons .u tout ce qui était d«.,,(2)
Mai. au•• i, gr&ce aux ondes, des relationa nouvelles
et
$urtout·,
un. certaine ce.munauté d'int'r3ts s'in.taurent
r8pid~ment entre le. populations paysannes, pourtant ~éographiquement
éloign4•• 1•• unea de. autree.
(1) Doudou Diop P. Dtélo, ibide. p.~5
(2) Cité. par Michel B.urleoi., article déjà cité p.'90.
, dM ("
tlita

- 284 -
Par e. biai., la Ra4io-EducatiT' aurale .e r'T~le eo. .e
un i ••tru.ent d'ideatification .oeio-politi,•• jouaat ain.i . .
. rllo 4e coh••io. et ..l,' i.t'.rati••••tio.ale••
)-~"
. ~~";«.
Ce. t'aoi. ..,e. de pa'.&a. .ont r'T'lateur. l ce propo..
w"'ai e.tead. que le
compte 10 000 ot quelqu•• Tilla,e. et
j~~.a dirait q.'il .'1' a q.'.n
Tillalo. tout ça l cau.e de TO'
cf·
,.i••io•••••"(t)
Ou eaoore 1 "Nou. remercion. le. pay.an. de Mback'-Baol
et ceux de Thiou.b~ pour ce qu'il. ont dit le dimanche 28 .epte.bre.
Ll. ont pari' pour l'eneemble de. pay.ans, pour noùe auesi au Si.e-
, y
(~)
Saloua".
*
1,'
*
*
Ain.i "baromètre" du monde rural et révélateur dee dol'ancee
pay.anne., "Dii ••oo par la Radio-Educative Rurale a ~ermi. un dialolUe
entre le monde ~ay.an .'n'«alai. et les autorités louvernementalee.
"Ce qu'aucun .ervice administratif ou technique n'est en
.'.ure d'obtenir" comme le eoulilne Michel BOurgeois.(3)
(1) Mich.l Bour,eoi., ibidea, p.390
(2) .ll!!. p.39t.
(3) !!!!. p.390.
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- 285 -
Par aill••r ••••••rTant 4. r.lai • • •tr. pa,.••••••x.......
"Dit ••oo" a p.r8i. l o.ux-ci a. pr.ndr. pro,r•••iT.ment oo••oienoe
ae la .plelfié'U ".0.4. raral· .....alai••t a.a'couTrir
"l'iaent€t,a.
l ••r. point. a. vue".(t}
L~~~Iri.ne. a. ~di.-Ed.oatiT. Baral••Inl.alai.e
~,;ç
...
aODDo~.{a.i la ••••r. a• •on o*'1..inalit' profond••
Mai. a•••i . t .urtout, "1•• pa,..a• • •Inl.alai. re~oiT.nt
ain.i la conti~ati.n oonorète que le mot "Dii.soo" qui signifie en
en yolof aialo'" et oonfi~o• •utuelle, n'aTait , .. It' cboisi sans
raiaonoo. . . titre de l'I.i •• ion de la Radio-BducatiTe Burale ft (2)
co••e le note un re.pon.able de "Dii.soo".
*
*
*
,
L'.ti lisation du aupport radiophonique à dea tins plda«o-
....~
giquea au Sl~'.al ne .'e.t pas seulement born'e à la diffusion des
chroniqu• • •t_la_in.s f'.inins ou à l'.xp,r.ionce "DUs.oo par la
Raêio-EducatiTe Burale".
(1l Micb.l BourlBois. ibidem, p.'91.
(2) Doudou Diop P. Dil,o, ibidea, ~.~~.
r

- 286 -
Le. Tertu. did.otique. de "dio-S••" . l .e .o.t ' ••t ••••t
r'''l'e. d.na le do••i •• d. l'e••• ilB••••t.
~'.rp'rteao. CLAn d'
la. .u. ~!ançai•• par la radio.
j
,.
,i
111/
RADIODIFFUSION ft ALPRABETISAtIOK'l1SEnCUL
Un d•• noabr.ux .x.aple. d'utili.ation de la radio au
4f Séné,al, a ét' 1. r.oour. aux techniques r.diopl~nique. A de. fins
péda,o,ique ••
Un d•• t ••p. fort. d. ce proce ••~. reste l"laboration, .n
1969, par le Centre d. linlUistiqu. Appliquéè~~tUniTer.it'de
Dakar (CLAD), de la _'thode "Pour parler français".
Volet majeur d'une politique hardie d'alphabétiaation
-,'-
-.
fonctionnelle, la a~thode CLAD ob~ilsait, ~ l'oriltne, aux n~cessttési
d'une r~noTation du .yst~. . pédalolique .t .oolaire du Séné,al.
D'autre part, la _ise en pratique s'appuyait sur un ensemble
de principes méthodologiques dont l'originalité réside dans l'utili-
sation dp la radio "qui plonge quoti~ipnnp.ment le~ pl~ve. dans un
.1
\\
1

- 287 -
. (1)
bai~>:,~110r~ ~~_. f~a~ça~s ~,~, ,~~ur1~i~:~~;')~~!:JI~~,èlesà, t.~'~~~l .• t co_e
les initiateurs de la méthode.
,t;
1°) DB ""L'BCOLE A LA RADIO" A LA MftBODI CLAD':"POUR PARLER
!'JII!ÇAIS· •
• erYalt de .uppert A une expérie"~ didaott,ue.
Avant la .éthode CLAD, l'é.i•• ion "L'loole A la radio"
initiait déjA 1•• population• • énégalaises A l'apprenti ••a,e de
diver~•• laague. ,tranlères(2) -dont le françai.-.~u cours des
'. ;~(
Mai. oette é.is.ion quotidienne de , minutes{') d'élabora-
.ajoritédes adultes.
En revanche, la .éthode CLAn s'e.t a••ez vite révélée
co_e un olltil;pédalolique nouveau et a .u bénéficier d'un i.,.act
signifioatif.
(1) "La méthode CLAD d'enseignement du français" in Direct nO 10,
197", ,.28.
(2) Outre le français, le. auditeurs de Radio-Sénégal pouvaient élale-
Ment s'initier à la langue an~lRi8e (le Mardi) grlee ~ l'~mi~8ion de
la BDC "L'anglais à la radio" ainsi qu'à l'arabe (le8 mercredi et ven-
dredi). L'ani.ation de ce. différente. é.i.sion. adoptait le principe
du dialo~e.
(,) C.l.!
010 te de.
ro ra•••• de la Chaine Nationale de Radio-
Sénécal (19
t. Annexe.
rtt"g:
W··' .

- 288 -
* D'_e dur'e 'beaucoup plu. lonpo -90 .tnute.- et
atffu.'e. quatre jour. par .e.atne .ur le. antea.a.es de la "Chain."
aatioaal. de aadio-S'n',al, le. '-it.ton. CLAn toue'_nt un pu'blie
,.~..1
'.. a••ur'_nt plu. jeun: et nette••nt;;~. t.portaat. (1) ;
'~".'..
* De .urcr.r'''~;f.\\ 'c.pttoa fi t .tbl1ll'. par 2 500 r'cep-
,t.ur.(2\\~et ,rI•• l 1~ oollabo\\,.ion 'troit~ de. chercheur.,
p'da,ope. et linpi.te. d. l'Uni. . . .ité d. Dakar, la .'thod. "l!!t
parler franeais" entre a••••' rapid•••nt dan. la tradition scolaire
du S'a',al.
2 0 ) PLACE DE LA METHODE CLAD DANS LA POLITIQUE,SCOLAIRE AU
SENEGAL.
,~'*~,
L'in.taurationde la méthode CLAD reste ~troite.ent 801i-
daire de la politique scolaire du Sénégal.
Sa at.e en oeu'Yre sJ1lboU.e la volonté des autorit'.
sénégalaises d.: d)'lla.i.er If école sénégalaise, au lendemain de l' In-
"
dépendance, par l'aa'lioratioa de la pratique de la langue française
dans les cl•• se. primaire ••
(1) Les émissions CLAD concernaient les élèves ries 4 flremu'res annpes
du cycle pri.aire et touchaient' 900 cla.ses r'partiel lur 1 265
école. (soit un effectif total de 212 000 él~'Yes).
(2) Source 1 ~, Uni'Yer.ité de Dakar.
e
., ib-;! 'r'. i :( .
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1

- 289 -
BD effet, e. 1960 le SInl,al acc~ae l l'Indlpendance e~
adopte le fr. .~at. oo. .e laDlUe officielle d'e••• I,n••ent.
Cepe.aaat, a~ec la w.lnl,ali.att••w pr.,r."I~e du corp'
~•••i,...t et le dlpart de. i ••tltuteur. françail qui ont .ul~i,
... certatn . . .bre a.
le .)".tè•• Iducatif
r.ation.t. paril01lli~"'.ent
prl••fre 1
.~"
diti.naellel d'apprentl'Ia,e du françai. jUlqu'alorl en ~ilUeur
danl le. petite. cla••e ••
* Par ailleur., l'en.eflne.ent du françail -et par ~oie de
cODelqueDce, l'acqui.ttlon dei habitude. 4e lan«age tncoabaient
dl.oraail à de • •0Diteurl.(1)
B&ti~eaent forale, ceux-ci mattrieent encore mal la langue
françaiee.
Le Ce.tre de Ltnruiltique Appliqule de l'V.i~erett' de
Dakar (CLAD) futalorl chari' d'Ilaborer et de .ettre en application
une .~thode de rlnovation d@ l'enseignement du français.
En 1969, la méthode "Pour parler français" est mise au point
et Ion elllnloi s'est r8'Pidelllent g~n~ralh~ ~ l'ense1llblp rlll lIlyst?~1Ile
(1) Lee eD.etIRant. le. plus qualifié. furent affect~s danl le
aecondaire (1)"01•• et collè,es d'en.aigne.ont _,_'rai).
} ...
;-,
..".,
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- 290 -
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Je) LA UftODE ·POtJll PAlLE! FRANCAIS· 1 PRIRCIPES MftRODOLO§I9tJES,
. ,~~:;~~~~~~:;~f:t, ":,'-;
Ltorilinalité de~.~thoae -Peur parler francai." r'.iae
't'en oeJâ",t elle oeabin~ lIA en.eab" a t él'_nt. péaalogique. litapport
'~',;(
.. ::.<,
techaologiflue de la ra.io.iffudon';
a) Le. Principe. pI.agogiquesae la aéthode "Pour parler
franÇais",
La aéthoaeCLAP "Pour parler fr,nçai.".e définit co_e
"une .'thoae de lanpe .'inlpirant de la p'4a,olie aoderne des
lanru.'. vivante.II,(t)
Co. .e telle, elle a'appuie aur des principes aéthodologiquea
qui accora.nt la priaaut' au français parlé sur le français écrit,
_.'-
Ainsi, 1•• différentes leçons loat o•••truites autour ae
dialogue. Tivants, eux-a'aea li~s à de8 situations familières à l'éleve.
(1) Uenri COPIN, "La radio scolaire: bilan et perspectives" in
Réalités africaines et langue française nO 9, t979, p.~8.
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- 291 -
Pour 1•• r ••po••a\\l••-proaot••r. a. la _'thode CLAD,
"la laagu, o•••ttt•• un v'ritabl• •y.t~_e".
ll) Le....
i .... de la _,
ode CLAD
"~:t~
i';.~;_er fra.o.l.....
1
,l;"f':
Ua de. trait. caract'ri.~A~.s de la _'thode
"Pour parl.r
fraacai." r'.ide daa. l'utill.ation ~": 1.' ..ad.~.<{1l;qllt founit 1.s
All r~cepteur-radto sont as.ociés un tableau de feutre et
des firurtnes(2) qui peraettent au _attre d'~voquer devant ses
'lèves les scène. et 1•• personnales de la situation p'dalo«iqUe.(~l
*
*
*
(il Pour de. rai •••• d'efficaott' P'dalo«ique et de coa.odité
d'eaplot, le r'cepteur radio CLAD a subi de l"ère • •odificatione
par rapport au r'oepteur noraal. Ces .odifieations ont été aieee au
point sur un pro60tfPe r~alisé par le. techniciens du CLAD et .ont'
en série par une firae fr8Dçaise.
(2) Le fond du tableau est en flannlle et le. figurine. en bristol
et coll'e. sur du pa,ier bUTard pour une _eilleure adhérance au support.
(3) De. fichee techniques destin'e. aux enseilnants accompalnent le.
diff'rentes '_t.sions.

- 292 -
Un. '_i ••ion CLAD co.port. d'ordiaaire 3 partie. 1
* 1lDe pha•• d. pr'••ntation a1l,cour. de laqu.I!. un dialop.
':··';~~"':'i_';,<~
eat pr'.ent' -troi. foi. pour c01l1lleneeret deu foh l la fin de
1"million- pendant que la mat\\re anime le. fiprinell lIur le
tableau de feutre.
* une pha.e de d'coupa,e lui"ccède, au cour. de laquelle le
dialogue est disdqu', phra.e par phr••• ,' ta'I'Îat.'que le. 'U'Ye.
r'pètent le .od~le.
*' ~ cette pha~. fait 8uite l'p.tape "d'ide.tt~teation des difli-
cult'II phonltique •• (1) et l'exercice Ile termine par qualques exercices
d'applications pratiques.
Chaque 'mission dure en moyenne 15'~s et lIix '.is.ions
hebdomadaires sont diffusées pour chaque niveau d'enseignement.(2)
L.s différentes 'missions sont diffus'es sur la "Chafne"
nationale de Radio-S'négal.
Toutefois, c'est au CLAD qu'fncombe la prise en charge
de la conception et de la réalisation des divers ~l@ments de diffusion.
(1) Direct nO 10, 1974, p.28.
(2) Pour l'ensemble des 5 nouveaux d'enseignement scolaire du S'n'«al,
le volu•• total de diffusion repr'eente 7 heures 30 ainutes par
.emaine.

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- 293 -
,.} BILU DB Li ME!IIODE CLAD "POUR PARLB! FRANCAIS.,
Sou. certailll a.pect., la,.~thoc1e a.dioTt.uelle "Pour
--
",',.",.
parler francaia" a .arqu~ Ithhtoire de' l 'Ecole S~n~lala1.e.1
'::~:~~,,::.,
* Portell.e d 'eapoir,'tt"il~rience CLiD a lonltespl illcara' aux
~
.
.,~~
yeux"•• aut.rit~1 dn'Ialaieea"l'auxiliaire p~da«olique le l'lue
approprié pour uae alphab'tilat1o~î.pti.aledel jeun.e 'colier. du
S~n'gal(1), condition illdiepenlable ~Ud~T~i~p,e:entnational.
*' Jt autre part, Iraee • la llIéthode CLAD, "1' 'e~lier dn'ltalaia
.éâl'prenai t d'.orut. la langue eecondaire dan. d•• condi ti on. proches
'
de celles où il ayatt al'prte la langue maternelle ff .(2)
.,
Toutefoie, .8.e el à l'inetar du S'n'gal d'autre. 1 ) a y . :
::~
afrieainl confroat~1 aux s.ses contraintes Icolatre. ont, à leur t o u r , )
tenté de l'adopter(J), la mptbode CLAD "Pour parler françai8" elt
Iota de IUlciter l'unanisit~ auprès des Sénégalail.
(1) En 1960, seule 11~ de garçon8 et seulesent 1% de filles 8'nécalai.
layaient lire et écrire le français. C.t. Tableau nO 22 f Connais8ance
du françail (1960). infra. p.29q.
(2) Henri Copin, article déjà cité, p.50
(3) Ce 80nt le Call1eroun, la Haute-Volta (aujourd'hui ,~ Burkina-Faeo),
la République Centrafricaine, le To~o et le Zaïre.
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- 29"" -
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(1) Source 1 Annuaire Statistique du Sénécal ('960)
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- 295 -
Apr~1 une d'CODD10 d'.xp'rl••ntatio• •t .al,rl Ion
orili••lit' profond., la .'thode CLAD elt aujourd'hui au C.ntr.
d. ri'Ye. pol'.l.u•• et .e heurte '""".pui ......t .0'Q.'YeciI••t d'oppodÜ•••
. '
"~'j,..
- Lei .nl.ilBantl, princf~â'Q.X uttltlat.ura de la méthode
~"...,
1..1 reprochent .on car'~~Ii'.de "_'thod. 'laber'e lans concertation
~".e
1
1••',,,,ratbtl••1 d. l' 'dUc:~{••" ( ) et e~i,ent •••• la lupprel-
.ion p1l~••t Ii.ple. ( 2 ) "
- Pour de Do.br.ux parents, égal•••nt, l'.xpérience CLAD a
entrafn' 'Q.ne d'Iradation do. acquis des él~vel et porte la responla-
biut' du taux d'écbecs élevé aux différents examenl d'entrée en
"Noe enfant• •ont devenua de véri table'\\';,etits perroquets
•...~~.
tncapablel d'écrir. la lan,ue qu'tls apprenaient A p.rler" a-t-on
eonttnu@ d'entendre dans les fa.illea.
*
*
*
(1) Direct nO 8, 1976, pp.27-28.
(2' Lore «~8 rlcents "Etats ~~n~raux de l'Education BU S~n~~al" (Dakar,
janvier 1981), le Syndtcat Unique et démocratique deI Ense~Anantl du
Séné,al (SUDES) a préconi.é et obtenu la suppre.ston ~ure et siMple
de la .éthode CLAD et sUlgéré le retour A la méthode traditionnelle
d'enlef,ne.ent du français (av.c introduction progressh°e' des langues
nationales) •
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!


- 296 -
Si la aéthode CLAD est décriée a.ee autant de vigueur,
il est en revaaehe simifieatif de rele.er que le support radiopho-
"Le choiz .'est porté sur la radio, précisé.ent en raieon de
';':~?f{~(
.es caractéristiques aè'étfriel eimple et bOB aarché correspondant
1: auz po••f.biUt'. flnancUres dllpa,s et &11 niveau de qual:Uication
technique des utilisateurs" préeis~~ lee responaablee du CLAD.
A la li.ite objecte-t-on, l propos de 18 m@thode "~
parler françaie", "une utilisation non rationnelle dee media" 1(1)
C'e.t dire combien, par-dell I.e récrimination8 for.ul~e8
9a et lA, dea atoute certaine eont reconnue au "medium" radio •
.:,~>iÉ~'~~,.,
Car "~ Dakar et à Ziguinchor, l Kaolack et à Saint-Louie,
le mattre recevait la même aide p'dagogique et 1"l~ve apprenait le
mê.e français à partir d'un modèle sonore identique".(2)
En v~rité, à trave~s 8a miee en ap~lication au S~nég81,
la m'thode CLAD .oulève avant tout la question centrale d'un néces-
saire équilibre linguistique.
(1) Direct,.o8,dé.1à cité, p.28
(2) Direct, ibidem, p.28
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n \\ li
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k \\
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- 297 -
Cela danl un co.texte loclo-culturel aarqul ~ la foil
par une forte pr'l.n~e dei languel nationalel et une revendieatlon
de l'lUI en plui perdltante ae l'iD"~.ductio. de ceÜe.-ci dUI
>I;~!;, .
le IYlt~•• Icolalre du paYI.
>,YC~bfi"
,
Or pour l'entant ••~é,alail, It'o~le, dlj~ Iynonyae
'\\~"'.
~~d'éoartileaent eDtre deux univera locio-oulturell diltinctl Il,nlfle
',aleaent prOC.IIUI de r'ajulte••nt penanententre deux IYtlt~a.s
".,
,;~':~~
" ' ,
d'exprelsion Ipécifiques 1
" Il parle wolof, vit ~ 1'africaine avec ses pa,~.nta et parle
~,ançail ~ l'école ••• Ce qui le pouele ~ cO.ltituer sa vie en
cloilons étanches ••• " louli~ne le Profelseur Mouhamadou Kane.(t)
1
. i
Danl cel conditions, avec la métbode CLAD d6j~ "trop
directive et qui valorile l'expreslion. ~arlée au détriment de l'ex-
,>,j
1
l'reui on écrite"( 2) l ,'élève l!Iéné~alah n'est-il l'al!l tenté d'apprendre
à raisonner et à s'expri.er davantage selon des catégories culturelles
Hrangères ?
Le riaque de renforCer la vie de "déraciné" ne devient-il
(1' Mouh~madou KANE, "La place des cultures africaines daDR l'ensei-
gnement au Sénégal", in Problèmes et perspectivel!l de l'~dueation dana
un &.tllt du Tiers-Monde 1 le cal du SdR3gal,hrdeaux, CEAN, 197t,p.59.
(2' Direct, déj~ cité ~.27
,"
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- 298 -
Co. .e le fait oba.rTer Jacquea Blonae 1 "Il no" e'alit
plua aujoura'hui~d. "fraBoiaer" l'Afrique et la langue fran,aiae,
ai .lle a toujoura un rate i.portant à jouer ai p••tplue e'i.poa.!..
.
au 4Itri•••t a.a réalitéa culturellu etlinl'lietiquea a'rleain••".h)
_.,,~j;:i~~~
C'eet aaa.r'•••'
_,tour de cette réfl.xion que eeable
}a'artio.a.r laprobl'aatique ae l'utilt.atton de la radto dane tout
procee.ue a'apprentieaa.e du fran9âi. au Séné,al.
·~t~"
*
*
*
En conclusion à ce cha~itr~, on peut dire qu'entre 1962
et 1970, la .ra4iodiffuaion, "llediull" le plue populaire au l'Illn de
ij
son ill~act, occu~e une place centrale dans la .t~~n oeuvre du
prolra••e de développe.ent national du gouvernement sén'galaie.
"Instru•••t d'intervention maeaive"(2) et Noyen privil~gté d'édu-
cation ~opulaire. Radio-Sénégal a servi de aupport à une série
d'action. éducatly.a en direction des populations alnégalai.es.
(1' Jacqu.es BLONDP., "L' l'nepi ~n"m".nt ~u français ,.t l' i nt.ronuction des
langues nationales à l'éeole" in R~alités africaines et langue francaise
nO 9, 1979. p.24.
(2) L'expression est de Michel BOURGEOIS.
r
l
if
p
mn:

."
..
- 299 -
* A l'int.ntion d•• t._•••1.I,alai•••• la radi.dUfudon
Batt••ale. e. eollaboration avec l'OCOBA, propo.e entre 196' et
1969. un• •Irte 4'I.i ••ton. 'duoat~~es en laDaue• •àtionales centr'••
sur les p~'.ccupations .,'cttiques des ,.pulattons t'aintne. des
zone. urbaines . t rurales du S'.',al.
* A partir de 1968, l'ex~rte.c. "Diis.oo par la Radio-Bduoativ.
Rurale OUTre la voie à une radio a.type nouveau, tourn'e euentiel-
:~'
le.ent verl le monde paysan s'n',alail.
"Diissoo" prolon,. ainsi la tradition d'une radio d'~duca­
tJon et de TUl,arieation a,ricole inaugurée quelques anu'ee plu. tôt
..'t~
par clel éahaton. telles que l "La radio parle au paysan", "La voix .
du coopérateur" des'auées 1955-1956 ou encore "L'aniMation dans le
développe.ent (1960-1961).
* Dans le secteur de l'enseignement, la méthode CLAD "~
parler fran,ais" et avant elle "l'Ecole à la radio" ont mis en relief
l'efficacité de la radio dans l'apprenti.sage des langues vivantes.
Si ori,inale loit-elle. l'utilisation ~e la radio à des
fins de développement au S'négal reste cependant classique :
* D'abord, à l'instar de la plupart des P.Y8 en voie de
t
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c.
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- 302 -
* 8n organi.ant un .Y8t~.e de contrlle de l'~coute.rlce l
un di.posi~if peraanent de r~tro-action dODDant ain,i l la radio , ltÎ'
'{;1f/l'$;~:~,_ .
.\\~
po••ibilit~ de r~ori8nter et réadapte.'"fle .anière répUècre les pro-
,/."
.,,,'
,ra••es, en fonction de. opinions et a.pirations de son auditoire.
*
*
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- '0' -
CONCLUSION
...................
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La ,'riode 1960-1970 .arque ,..r la radio s'n',alai.e
.,.~
*,.u C01l..,. de cette dlceJlJlle la radiodiftudop-devient le
service le plus i.portant du ainifJ'tère de ItIntormatiou.
Cette importance est
atte.t'e~ par des transtoraations
de grande ampleur au plan des infrastructures d'~.issionet par une
sl ..ie,•• textes qui pr4~isent'et renforcent la pl~...e centrale de
Radio-S~n~saldans la ml~. en oeuvre du, programme de d'~;~pement ~
national, au lende. .111 de l' Indp.pendance.
:':1
',J
".'\\.J
.. C'est au cours de cette 1IIême p~riode QU;;;', raal~ se r~vèl~'
'1
11
C01llme le moyen d'information le nlus l'0'P1I,1ai re au Sénl,«a.i/ 'au '"l~n"':, ",
"i
de son ill'Paot.
.
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\\,
Cette p0'Pulari t~ est eYlllboli sée 'Par la mise en. pIllee de
:57l-';
près de 150 poste. d"coutes collectives dans le. 7 principales
* Entre 1960 et 1970, Radto-Senégal confirme S8 place centrale
dans l'ex~cution du program1lle national de déve\\ppp~ment en servant
de support à une diverlité d' actio~8 éducative. en direction d,es
populations rurales et urbaines du Sénég~J.
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304 -
A partir de 1970, une DouTelle ~reco. .eDce p~ur la
radl.dlffualo• • •tio.a1e s'D'.alalse.
modifie et tr...t.~e ItenTiro. . . .ent tradltioDAel de :la radio-
.'
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"
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Quelle incideDce la créatt'~.'de'(l.'~1fG'Tl8:lona~t-elle t:ft'r'
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la place et le raIe de la radio au S'n'.al ?
Par quels moye,ns la radfodi ffusion natiollale, ~ ~'ada"te-t-elle
~»,.,
,'.~i~
f{;èê;tte BOuTelle sltuatioD ?
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.. ' .•..
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C'e.t l ces questions que DOUS allons essayer de répondre
dans la trolsi~me partie de notre étude.
""'tif""i
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