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UNIVERSITE PARIS VIn - SAINT-DENIS
Département d'Etudes Arabes
LES
REL A T ION S
ARABO-AFRICAINES
DE 1955 JUSQU'AUX ~rnEES SOIYJUiTE-DIX
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Thèse de 3e cycle en Etudes Arabes
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(Histoire contemporaine)
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soutenue par
Babacar SAMB
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r,rembres du Jury:
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Président:
M. J.E. BENCHEIKH
Rapporteur:
H. J. COULAI-rD
Mernbr-e s ;
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F. DEIHCHEL
M. J.
SURET-CANALE
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Paris, octobre 1983

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AUX MOUVEMENTS DE LIBERATION AFRICAIN ET ARABE.
AUX PEUPLES QUI LUTTENT POUR LA CONSOLIDATION
DE LEUR INDEPENDANCE ET CONTRE LE SOUS-DEVELOPPEMENT.
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REM E R CIE MEN T S
Nous tenons à remercier Messieurs les
Professeurs J.E. BENr.HEIKH et J. COULAND sous la
direction desquels ce travail a pu aboutir.
Nos remerciements vont aussi à :
Madame FARAcA
ZAHAWI, Directrice du Centre
de Documentation de la Ligue des Etats
Arabes à TUNIS,
Monsieur 1zZAT FAR BAT, Directeur du Service
.
Extérieur de Documentation de la B.A. D.E.A.
à ~AR~U~,
Marie-Thérèse LEBLANC,
Marie-Christine r.HEVALLI~R
et Lamine GASSAMA,
pour leur aide matérielle et morale qu'ils ont apportée à
la réalisation de cette thèse.
Que tous ceux qui ont contribué de façon direc-
te ou indirecte à l'aboutissement de ce travail. trouvent
ici l'expression de notre gratitude.

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TRANSLITTÉ~TION DES c;_:--,AC'- '"':; -,~3 t !:\\ABES
r, CONSO~"NES
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Çes tableaux représentent la translitération que nous avons employée
dans cette présente étude.

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rendu par le redoublement de la consonne
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(alif wasla")

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l N T R 0 DUC T ION
G E N E R ALE
Dans cette recherche, nous nous proposons de recons-
tituer et d'analyser l'évolution des relations arabo-africaines,
de 1955 à 1973 dans les domaines politique, économique et cul-
turel.
Avant de justifier le choix du sujet et de la période
et d'exposer notre a;Jproche méthodologique, nous ne pensons pas
inutile, pour une meilleure compréhension de notre démarche, de
rappeler brièvement quelques données de fait sur l'historique
des rapports arabo-africains.
Les contacts entre le monde arabe et l'Afrique Noire
sont très anciens. Cependant la rareté des sources historiques
rend difficile la reconstitution de l'histoire de ces contacts
avant le Ve siècle.
En revanche, il est établi de façon certaine qu'ils
remontent au moins, à la période ante-islamique. L'Empire d'Abys-
sinie (ou Royaume d'AXOUM) en pleine expansion étendait sa domi-
nation non seulement sur toute la corne de l'Afrique, mais aussi
sur l'ensemble du Yémen à la suite de nombreuses expéditions en
Arabie du Sud entre les Ille et VIe siècles (1).
(1) cf. UNESCO: Histoire Générale de l'Afrique. Vol. II, Ch. 14
et particulièrement dans le chapitre 22 de Abdul !'l. H. SHERIFF
"La Côte d'Afrique Orientale et dans le commerce maritime"
pp. 595 - 611.

2
"C'est probablement â partir de cette ipoque que com-
mencèrent les grandes imigrations des tribus arabes qui emprun-
tèrent le détroit de Bab El - Mandeb pour rejoindre l'Afrique
Orientale. C'est ce même chemin qui a été suivi en 515 de l'ère
chrétienne par les premiers disciples du prophète (Paix sur lui)
pour chercher asile auprès du Roi d'Abyssinie, le Négus" (1).
Les commerçants sud-arabiques vont s'installer dans
les villes côtières (KILWA, ZANZIBAR, PEMBA etc •.• ) â partir du
VIle siècle avant d'être contraints par les portugais au XVe siè-
cle de se replier à l'intérieur. D'où le métissage arabo-africain
des populations de cette région et la profonde interférence ethno-
culturelle de ses habitants.
De même la conquête de l'Egypte en 642 par les porteurs
du message du QUR'AN, ouvre l'expansion de l'Etat musulman au
Maghreb berbère avec la fondation de KAIROUAN en 670 et de là elle
s'étendra en Afrique Occidentale (BILAD al - SÜDAN). La conquête
arabo-berbère entre le Xe et XIe siècle mettra fin au vieux Ghana,
Empire dont l'influence couvrait la quasi totalité des régions
soudano-sahéliennes de l'Afrique de l'Ouest.
Malgré la fréquentation des commerçants arabes et les
échanges arabo-africains, à partir du XIIe siècle, l'Islam reste-
ra cloisonné dans les régions soudano-sahéliennes jusqu'au XIXe
siècle. Très longtemps, il restera principalement la religion de
la couche aristocratique (comme dans les Empires du Mali, de Gao
et de Kanem-Bournou).
Tombouctou était la seule cité rayonnante de la culture
arabo-islamique en Afrique Noire.
(1) in MAACEOU (A) : Les relations arabo-africaines et les pro-
blèmes de développement. p. 6.

Donc l'Islam n'a connu sa progression en Afrique qu'au
XIXe siècle,parce
que servant d'idéologie de résistance à la péné-
tration coloniale et d'idéologie de légitimation aux conquérants
africains désireux de fonder des royaumes/comme El-HADJI UMAR
(Soudan Occidental), Osman DAN FODIO (Nord du Nigéria) et le
Mahdi M. Ahmad dans le Soudan Nilotique.
Quant aux régions forestières de l'Afrique Centrale,
l'Islam y rencontre une résistance des religions traditionnelles
dites "animistes" et de la religion chrétienne,ainsi qu'à
Madagascar et dans le Sud du continent. Cet état de fait s'expli-
querait par la non pénétration significative des conquérants et
commerçants arabes dans les régions pendant la période pré-coloniale,
probablement à cause des raisons géographiques.
Ainsi, les relations arabo-africaines connurent dans leur
développement historique toutes les variations qui caractérisent
les rapports humains: affrontements, guerres, pillages, esclavage
avant que s'installent la confiance mutuelle, la cohabitation paci-
fique, les échanges économiques et culturels. Ces relations sécu-
laires vont être interrompues, d'une part avec la décadence du mon-
de arabe, dominé par l'Empire ottoman à partir du XVIe siècle, puis
soumis à la colonisation ou protectorat européen à la suite du ..
dépérissement de l'Empire ottoman, et d'autre part avec la coloni-
sation de l'Afrique Noire entre le XVIII et le XIXe siècle (1).
Familiarisé à la langue arabe dès notre jeune âge et issu
d'une société dans laquelle l'Islam joue un rôle prépcndérant dans
la vie politique et sociale, où la culture arabo-islamique jouit
d'une audience considérable, nous avons été amené à approfondir nos
connaissances de la langue et des sociétés arabes ; et ceci pour
mieux connaître notre propre société.
cf. it! QASU1 (G.Z) : al - USÜL al - TARÎ1,iÏYA LI- L- cALAQAT
al -
ARABÏYA al -IFRIQIYA.'
Signalons que la critique de ce livre a fait l'objet de notre
rapport de D.E.A. (voir la bibliographie).

4
C'est ainsi que nous nous sommes intéressé en tant
qu'arabisant et en tant qu'Africain à cette culture et à l'inter-
action des Etats arabes et africains depuis le rétablissement des
rapports entre le monde arabe et l'Afrique Noire dans les années
cinquante, pendant leurs luttes communes de libération nationale.
Telles sont les considérations qui ont guidé le choix de ce sujet
afin d'apprécier l'ection des pays arabes dans les domaines poli-
tique, économique et culturel en direction de l'Afrique Noire.
D'ailleurs il est malaisé d'établir une frontière entre
le monde arabe et l'Afrique tant les deux régions restent inter-
dépendantes, puisque contiguës, entrelacées géographiquement et
culturellement. Elles connaissent des conditions de développement
similaires léguées par l'héritage colonial et la domination impé-
rialiste qui s'en est suivie.
Les peuples arabes et africains participent aux mêmes
aspirations continentales, puisque 80 % des Arabes vivent en
Afrique et forment 28,57 % de la population globale du continent,
soit 120 millions sur 166 millions d'habitants que compte le mon-
de arabe. Tandis que 10 200 000 km2 sur les 13 700 000 km2 du mon-
de arabe se trouvent en Afrique, soit les 3/4 dispersés de l'Atlan-
tique à la Mer Rouge et jusqu'à l'Océan indien (1).
Si cette évidence est fondée, cela pourrait justifier le
fait que notre étude se soit portée essentiellement sur les pays
arabes d'Afrique. Telle n'était pas notre préoccupation initiale.
Mais il se trouve que ces derniers se sont révélés être les prin-
cipaux acteurs politiques dans les relations arabo-africaines
contemporaines.
Pourquoi avons nous choisi comme point de départ de cette
étude l'année 1955 ? C'est la date du rétablissement de ces rela-
tions par le canal de la première grande conférence afro-asiatique
tenue à Bandoeng, en dehors du parrainage des anciennes puissances
de tutelle, Bandoeng a été pour les Etats afro-asiatiques une
(1) Ces estimations datant de 1980, sont citées par MAACHOU (A)
:
op. cit. pp. 8 - 9.

5
occasion d'affirmer leur volonté de mettre fin à la domination
coloniale, à la discrimination raciale et de manifester leur atta-
chement à l'indépendance vis-à-vis des deux blocs, tant de l'Est
que de l'Ouest, et cela en dépit des divergences idéologiques des
Etats participants et de leurs conceptions différentes du neutra-
lisme et plus tard du non-alignement. C'est en ce sens que Bandoeng
marque un tournant décisif dans le processus de
libération
d'Afrique et d'Asie et dans la conjonction des luttes nationales
arabes et.africaines.
Notre seconde date repère est 1973. Elle a été choisie
comme date d'aboutissement de ce travail à cause de son double
intérêt pour les lutter.
de libération du Tiers-Monde, avec la te-
nue de la conférence des non-alignés d'Alger (en septembre) qui a
avancé pour la première fois la revendication d'un "Nouvel Ordre
Economique Mondial", et marqué la volonté des pays en voie de
développement de s'approprier leurs richesses nationales. Les pays
pétroliers arabes ne se contentant plus de dénoncer les termes de
l'échange}illustrent de façon mar~~~~te cette nouvelle volonté.
1973 est aussi l'année qui voit se concrétiser la soli-
darité effective entre le monde arabe et l'Afrique, à la suite de
la guerre d'octobre,affirmant respectivement leur soutien aux
droits du peuple palestinien et aux luttes des peuples d'Afrique
Australe. Il en résulte l'isolement d'Israël et des régimes
d'Afrique du Sud et de la Rhodésie. Cette solidarité se traduit sur
les plans politique
et économique par l'élargissement d'une coopé-
ration bilatérale jusque là insignifiante, à un niveau multilatéral
ouvrant l'une des plus intéressantes expériences de coopération
horizontale Sud-Sud,
Le champ de cette étude étant ainsi délimité, notre démar-
che consistera à reconstituer et à analyser l'évolution des rapports
arabo-africains. Nous insisterons sur les grands axes pour détermi-
ner le cadre au sein duquel ils ont évolué) sans négliger les fac-
teurs endogènes et exogènes qui ont directement ou non influé sur
leur développement, car on ne saurait isoler ces rapports de l'en-
semble des relations internationales, notamment des rapports Est-
Ouest et de la politique des grandes puissances dans le continent
africain, comme dans le monde arabe. Nous tenterons de saisir cela

à travers le politique, l'économique et le culturel et à travers
les trois grandes étapes : 1955 - 1960, pfriode de renouement des
rapports arabo-africains sur la base de la lutte commune des peu-
ples arabes du Maghreb et de l'Afrique Noire pour la libération
nationale. Du côté égyptien cette reprise de contact sera doublée
par la volonté de la propagation de l'Islam en Afrique au Sud du
Sahara et la volonté de conquérir le leadership de l'Afrique.
La seconde étape 1960 - 1967 fera apparaître les contra-
dictions idéologiques entre les Etats issus des indépendances des
années soixante. Joueront-elles en faveur du rapprochement arabo-
africain ? Quelles seront leurs conséquences sur le mouvement de
libération afro-arabe ? Les pays arabes parviendront-ils à convain-
cre de la nature "colonialiste" et "impérialiste" d'Israël? (qui
non seulement garde de solides relations avec les pays africains,
mais que ces derniers considèrent comme un modèle de d év e Loo'oemerrt ] ,!
!
Enfin la troisième étape : 1967 - 1973, sera marquée par
une grande offensive politico-religieuse des pays arabes en direc-
tion de l'Afrique pour l'amener à adopter une attitude favorable
aux pays arabes et aux droits du peuple palestinien dans le con-
flit qui les oppose à Israël.
Etant donné l'absence d'une politique arabe commune en
Afrique et considérant la diversité des objectifs qui y sont pour-
suivis par les uns et les autres, nous procéderons à l'analyse des
politiques africaines de certains pays arabes et tenterons d'éta-
blir le bilan de la coopération bilatérale et multilatérale arabo-
africaine dans les domaines économique et culturel.
Ces trois parties énoncées, recoupent la division chro-
nologique de notre plan de travail que nous avons agencé thémati-
quement.
Notre approche méthodologique pour reconstituer l'his-
toire des relations arabo-africaines contemporaines est une appro-
che inter~isciplinaire qui nous permet de saisir les implications
des Etats arabes et africains dans leurs problèmes respectifs
ainsi que les nombreux obstacles et contradictions qu'ils devront
surmonter.

7
Par exemple, nous nous appuierons sur les théories
des relations internationales pour mettre en évidence les enjeux
et tenter de saisir les forces internes et externes qui s'exer-
cent sur les acteurs internationaux (les Etats),et qui travaillent
pour atteindre certains objectifs à long ou moyen terme, dans les
domaines politique, économique et culturel, voire la diffusion
d'une idéologie d'Etat en vue de modifier le climat politique
existant en leur faveur (c'est le cas de la Libye et de l'Egypte
nassérienne).
Bien entendu, ces acteurs se situent parfois au "niveau
transnational" (sociétés multinationales, organismes divers) ou
au "niveau subnational" (partis politiques1universités ou asso-
ciations etc ••• ) qui ne sont pas étatiques, mais apportent leur
concours à l'accomplissement de la politique étrangère des Etats
dans un domaine précis. A cet effet la politique culturo-religieuse
du monde arabe ne cherche-t-elle pas en Afrique le renforcement
de la communauté de culture et de langue en octroyant des bourses,
en envoyant des enseignants et des prédicateurs pour atteindre ce
but. Car "l'expansion culturelle est d'abord une expansion lin-
guistique" (1).
De même les méthodes des relations internationales per-
mettent de comprendre la fonction de l'aide économique et finan-
cière des pays arabes à l'Afrioue et les objectifs qui lui sont
assignés. Ce puissant instrument de politique étrangère, les pays
pétroliers arabes s'en sont servi et même l'Egypte, pourtant pays
pauvre, pour se mesurer avec Israël en Afrique afin de se procu-
rer une allégeance politique (2).
Certes ces méthodes n'expliquent pas la réalité dans
toute sa complexité. Elles sont seulement "censées présenter un
schéma explicatif de ces relations, de leur structure, de leur
évolution et notamment de mettre à jour les facteurs déter-
minants" (3).
Dollot (Luis) Les relations culturelles internationales, p. 22.
à cet effet voir MENDE (TIBOR) De l'aide à la recolonisation,
Ch V : (qui aide qui et pourquoi ?" pp. 91 - 109.
Braillard (p) : Théorie des relations internationales, p. 17.

8
1
TellQest notre d~rnarche pour montrer pourquoi les rela-
tions afro-arabes revêtent un tel caractère dans une phase histo-
rique donnée et tel autre dans une autre phase.
Enfin nous n'avons pas négligé l'analyse de contenu
quand il s'agit de chercher à caractériser l'attitude du tenant
du discours face à son objet d'où notre référence fréquente aux
conditions de production du discours, c'est-à-dire "le plan ver-
tical", pour expliciter l'analyse du texte proprement dite: le ·plan
horizontal". Rappelons que cette dernière méthode "vise non pas
l'étude de la langue et du langage, mais la détermination, plus ou
moins partielle L:.~7
des conditions de production des textes qui
en sont l'objet" (1).
Concernant maintenant les difficultés de la réalisation
de ce projet, nous nous sommes confronté aux obstacles liés à la
documentation. En dehors des sources publiques : discours offi-
ciels, documents de conférence etc ••• , les sources documentaires
en provenance des gouvernements arabes et africains sont le plus
souvent inaccessibles, m~me pour les chercheurs nationaux confir-
més (2). Nous avons pu nous en rendre compte dans nos différents
séjours en Egypte, en Tunisie, au Sénégal, notre propre pays, et
au cours de nos tentatives infructueuses de nous rendre en Libye
en dépit des lettres de recommandation dont nous étions porteur).
Nos satisfactions ne sont pas à la mesure de nos espérances.
(1) Henry (p) et Moscovici "problèmes d'analyse de contenu"
in Langage, nO 11, 1968, p. 37.
(2) Dans sa communication au colloque organ~se au s~ege d'al-Abram
(en mai 1969) sur "La diplomatie égyptienne en Afrique"
cA. M. c AWDA déplorait le fait que sur tous les dossiers concer-
nant la politique africaine de l'Egypte il était "perpétuel-
lement inscrit "secret" ou "ultra secret" ". Voir WARAQAT al-CAMAI
n° 2, pp. 29 - 30.

9
Cependant, ces déplacements n'étaient pas sans intérêt.
Ne serait-ce, pour deux capitales (Le Caire et Tunis), du fait
qu'elles ont été les sièges successifs de la Ligue Arabe. Ils nons
ont permis de connaître l'existence de certains documents prec~eux
et dans la mesure du possible de pouvoir les localiser, grâce à
l'intérêt porté par des chercheurs nationaux à notre travail. Ils
nous ont surtout permis de travailler sur des ouvrages et sur la
presse en arabe, d'une valeur documentaire précieuse et que nous
n'avons pas eu le privilège de trouver en France. Car nou~avons
cru devoir privilégier -autant que possible- les sources arabes
sur les données d'autres provenances,pour cerner notre sujet et
suivre l'évolution des rapports arabo-africains en vue de la mise
au point d'une bibliographie conforme dans le cadre des études
arabes. Il faut tout de même souligner que les ouvrages abordant
ce sujet sont vraiment rarissimes. La dernière publication du
C.R.E.S.M. sur Le Maghreb et l'Afrique Subsaharienne (1) comble en
partie ce vide.
En outre, il faut signaler la rareté des documents d'ar-
chives dans la période allant de 1955 à 1967, si ce n'est les ra-
res publications d'accords de coopération entre pays arabes et
africains (exception faite de l'Egypte nassérienne, qui, pour des
besoins de propagande a rendu publics la plupart des accords con-
clus avec l'Afrique entre 1958 et 1973).
En revanche, les documents de la coopération multi-
latérale arabo-africaine sont dans le meilleur des cas accessi-
bles. Nous avons sélectionné dans nos annexes en arabe (et en
français pour nos lecteurs nonarabisants). farcequ'il nous ét~it
difficile de nous arrêter s 1973 co~me nous en aviaœ l'intention
initialement.
En effet, le choix de 1973 comme date marquant la fin
d'une période supuosait que nous apportions des éléments de contre-
preuve en présentant à gros traits un bilan de la coopération dé-
cidée cette année-là. Il couvre les années 1970, ce dont nous te-
nons compte dans l'intitulé de notre thèse, bien que la période
(1) Ed. du C.N.R.S, 1980.

::0
post- 1973 n'y fasse pas l'objet d'analyse aussi systématique
que les parties précédentes.
Enfin cet essai ne saur3it prétendre être une histoire
exhaustive des relations arabo-africaines contemporaines. Nous
avons pleinement conscience de ses limites et qu'il reste beau-
coup de zones d'ombre qui appellent un approfondissement. Il y a
suffisamment matière à reflexion dans les politiques africaines
de l'Egypte, de l'Algérie, de la Libye et de l'Arabie séoudite oui
méritent
chacune qu'on y consacre une étude.
A cet effet, souhaitcns que notre contribution -malgré
ses insuffisances- soit utile à ceux qui sont intéressés à l'ap-
profondissement de ce vaste thème.
Nous ne saurions terminer sans témoigner notre recon-
naissance et notre gratitude à M.J. Couland qui a bien voulu diri-
ger ce travail en suivant de bout en bout notre progression. Il
nous a finalement facilité notre tâche devant de nombreuses dif-
ficultés par ses suggestions et par ses critiques parfois sévères
mais combien constructives.

CHAPITRE
PRELIMINAIRE
Dans ce chapitre, il nous a paru nécessaire de cerner
l'évolution politique et celle du nationalisme dans le monde
arabe et en Afrique Noire, du début de ce siècle jusqu'aux an-
nées cinquante.
Evidemment, nous n'avons pas la prétention d'envisager
les nationalismes arabe et africain dans leurs divers aspects.
Nous entendons seulement en donner ici quelques éléments signi-
ficatifs pour une meilleure compréhension du contexte politique
et historique, pour mieux fixer le développement des relations
arabo-africaines dans la période historique postérieure à 1955.
C'est la date de départ de notre étude, année de l'émergence
d'anciennes colonies sur la scène internationale.
Dans cet esprit, nous aborderons successivement le
nationalisme dans le monde arabe et en Afrique Noire.

PREMIERE
PARTIE:
LE NATIONALIS~IE LliABE ET AFRICAIN FACE
======================================
A L.A DonNAT ION ETRnmERE
=========================
( 1955 - 1960 )

I2
l - SUR LE NATIONALIS~E ARABE
A - Contre la domination de l'Empire Ottoman
Depuis l'avènement de la NAH~A, la renaissance et l'essor
intellectuel du monde arabe au milieu du XIXe siècle, nombreux
sont les penseurs, les philosophes, les théoriciens et les
nationalistes, traditi~nalistes et modernistes qui se sont pen-
chés sur le passé, le présent, et l'avenir du monde arabe. Ceux-
ci ont mené une rigoureuse réflexion critique sur leur histoire
et leur société en vue de la reconquête de l'identité arabe; et
ceci selon les étapes historiques, les situations et exp~riences
nationales impulsées par des groupes de pression intérieurs et
extérieurs qui ont donné naissance au nationalisme arabe contem-
porain (1).
La première conséquence est l'émergence du nationalisme
arabe. Le triomphe de "la révolution jeune turque" en 1908 a per-
mis l'instauration d'un régime constitutionnel doté d'un parlement
dans l'Empire otto.man décadent. Les nationalistes arabes ont alors
saisi ce nouveau cadre juridique pour s'organiser et exprimer leur
opposition sinon leur désaccord avec la politique de centralisa-
tion du nouveau régime qui va, bien entendu à l'encontre des inté-
rêts nationaux des provinces arabes sous sa domination.
Donc, si l'identification commune aux valeurs de l'Islam
a permis aux CttGmans de régner sur le monde arabe depuis le XVIe
siècle, l'hostilité envers leur pouvoir décadent va accélérer cer-
taines revendications de type nationaliste portant sur l'identité
arabe propre
au Moyen-Orient, et particulièrement en Syrie.
-------------------------------------------------------------------
(1) pour les interférences et les contradiccions des différentes
écoles de pensées et des idéologies issues de la NAH~A, voir
NUSAYBAH (~. ZAKÏ) aL-QAWMîYA aL-cARABîYA, FIKRATU-HA
NASIATU-HA, TAîAW WURU-HA,TnSARAHA (A) DAGA~Î (M.B).
Voir également ABDEL-MF~EK (ANOUAR) : la pensée politique
arabe contemporaine.

"La Syrie qui fut le centre du premier Empire arabe,
qui est la région dont la population est la plus hétérogène mais
aussi la plus riche et la plus urbanisée, plus proche du centre
de l'Empire ottoman et plus ouverte par sa façade méditerranéenne
aux in~fluences européennes, sera le centre du nationalisme arabe
naissant à la fin du XIXe siècle. Ce nationalisme se développe à
la fois par imitation du nationalisme turc et en réaction contre
lui" (1).
Le nationalisme arabe de l'entre deux-guerres rompt
avec le cadre de pensée de GAMAL al-DÏN al-AFGANÏ (1839 - 1897)
qui cherchait les maux du monde arabe "dans l'abandon de la pure-
té religieuse du passé" selon Rodinson, qui poursuit : "A ce
nationalisme religieux musulman, s'accole parfois, et parfois
s'oppose, un nationalisme politique ottoman, un essai de susciter
un sentiment de fidélité dŒ type du nationalisme européen envers
le cadre politique existant, l'Empire otto~an" (2).
Mais au début de ce siècle, des organisations arabes
"se fondirent, avec un programme demandant surtout l'égalité des
droits des Arabes au sein de l'Empire, des assemblées locales,
l'emploi de l'arabe dans les régions de langue arabe pour l'admi-
nistration, l'éducation etc.~(3). L'administration turque n'a pas
voulu satisfaire les revendications minimâœ6de l'aristocratie et
de la bourgeoisie arabes qui visaient seulement à obtenir la décen-
tralisation, par crainte de mettre en cause sa domination quasi-
absolue dans l'Empire. L'échec du nationalisme arabe pensé dans
les cadres idéologiques anciens conduit ces organisations à adhé-
rer "à une idéologie nouvelle, le nationalisme arabe", dont le
théoricien est cAbdal-Ra~an al-Kawakibt (1849 - 1903).
(1 ) DERRIENNIC (J.p) : Le Moyen-Orient au XXe siècle, p. 21.
(2) RODINSCN (M) : Marxisme et Monde Musulman, p. 461.
(3) Ibid.
p.592.
-

14
La VDcance du pouvoir laissêe par la disparition de
l'Empire ottoman dont les armêes ont été écrasées par les Alliés
lors de la première guerre mondiale (1914 - 1918) va favoriser
au f';oyen-Orient la radicalisation du mouvement nationaliste arabe.
Car en Turquie même, la révolution de Mustapha KEMAL prononce l'a-
bolition du Califat.
Cependant les princes conservateurs hachémites entendent
jouer leurs cartes pour la dévolution du Califat en leur faveur et
cela avec le concours de la Grande-Bretagne et dans une certaine
mesure avec le soutien des sociétés secrètes nationalistes de la
Syrie et de l'Irak. Les multiples congrès islamiques tenus dans
l'entre- deux-guerres à Jérusalem, au Caire, à la Mekke visaient
principalement à règler la crise du Califat dans ce sens là sous
l'autorité des dirigeants traditionnels conservateurs inféodés aux
Anglais.
Si la principale conséquence de la première guerre mon-
diale pour le monde arabe est l'élimination de l'Empire ottoman
et l'ouverture de nouvelles perspectives pour le nationalisme arabe,
la France et l'Angleterre vont mettre à profit la période de l'entre-
deux-guerres pour le partage de la partie arabe naguère soumise à
la domination ottomane.
B - Contre la domination coloniale.
Ainsi, dès 1916 par les accords secrets SYKES-P1COT,
Français et Anglais se reconnaissent réciproquement des sphères
d'influence
dans la région du Moyen-Orient; ces accords sont le
prélude au mandat français sur la Syrie et le Liban et à l'adminis-
tration anglaise sur la Palestine en 1920 conformément aux accords
de Londres et de San-Remo.

I5
Par ce partage des mandats, les puissances préparent
l'exécution de la déclaration BALFOUR (1917) consistant à créer
"un Foyer Juif en Palestine".
Les réactions des Etats et des peuples arabes à l'encon-
tre de la domination franco-britannique ne se sont pas fait
at-
tendre. En effet, émeutes, révoltes et insurrections se sont suc-
cédées en Egypte (1919), en palestine (1920), en Syrie (1920-1927),
au Maroc (1921 - 1926).
La résistance nationale des peuples arabes inaugure une
nouvelle étape dans le processus de
prise de conscience des
nationalistes à l'égard de la domination étrangère, des dirigeants
arabes traditionnels et surtout de la colonisation sioniste. Cette
résistance presque dépourvue d'idéologie au départ va trouver ses
fondements idéologiques, va se référer aux structures sociales et
aux systèmes d'identification historique du passé arabe et aux va-
leurs religieuses que véhicule la notion de "QAWMIYA cAHAB!YA", et
non plus à la notion d' "UMMA", communauté musulmane, qui n'a mis
en question la domination ottomane que tardivement, au début de ce
siècle.
La "qawmlya Carablya" finit par se spécifier par rapport
à la notion générale de la "umI:la islamIya" et opposer "ce qui est
culturellement arabe à ce qui est turc. C'est aussi soutenir une
revendication politique d'autonomie arabe qui exprime la candida-
ture de "classes dirigeantes" arabes à l'administration du pays,
particulièrement de la péninsule arabique à la Syrie. Or cette op-
position met en question une souveraineté musulmane L:.~l
La primauté de ce qui est arabe, et donc politique, sur ce qui est
religieux sera longue à s'imposer" (1).
L'hostilité des nacionalistes envers l'Empire ottoman à
la veille de son effondrement va se transférer sur les occupants
français et anglais.
-------------------------------------------------------------------
(1) Voir mouvement ouvrier ••• l'article de Gallissot (René)
pp. 14- - 15.

16
Les influences de la r3volution socialiste en Russie
en 1917 contribuent grandemen~ à infléchir l'attitude de certains
éléments ouvriers et intellectuels qui oeuvrent à la constitution
d'un front anti-impérialiste dirigé aussi contre le "national-
réformisme" des classes dirigeantes collaborationnistes du monde
arabe.
Le soutien et la solidarité de l'internationale commu-
niste permet aux mouvements de libération nationale arabe de se
radicaliser dans les années trente.
Les groupements marxistes qui existaient en Egypte, en
Irak, en Syrie, au Liban, et en Palestine, se sont transformés en
partis communistes nationaux ainsi qu'au Maghreb (Algérie, Tunisie)
dans la période de l'entre-deux-guerres. Mais ceux-ci sont dépour-
vus de base sociale et par conséquent ils n'exercent pas une réelle
influence sur les masses populaires dont l'adhésion au panarabisme
est exploitée au mieux par les nationalistes petits-bourgeois po-
pulistes. Le c~p anti-fasciste créé en Orient sur l'impulsion de
l'internationale communiste et au Maghreb contre le fascisme colo-
nial, dans le cadre de la "stratégie anti-fasciste mondiale", s'est
révélé très actif contre la montée des pays de l'axe (Italie,
Allemagne et le Japon) à l'échelle internationale. Cependant, les
partis marxistes arabes ont une conception complexe, vis-à-vis du
panarabisme (que certains d'entre eux ont combattu). Il semble que
le parti communiste de Syrie/Liban, et de la Palestine étaient tout
de même favorables à l'unité arabe.
A la veille de la seconde guerre mondiale est apparue
une certaine sympathie pour les forces fascistes au Moyen-Orient (1)
malgré le grand déploiement anti-fasciste des partis communistes
arabes. Plusieurs raisons expliquent cette attitude.
Selon Maxime Rodinson : "dans le conflit qui éclate en 1939, l'opi-
nion arebe est attentiste plutôt sympathique à l'axe par hostilité
envers la Grande-Bretagne et la France" (2).
(1) Voir Gallissot:
op. cit. pp. 27 - 37.
(2) op. cit. p. 599.

17
L'explication donnée par Rodinson rejoint celle de
Jacques Couland concernant l'attitude du mouvement national
libano-syrien, 18rgeoent divisé au sujet du maintien ou non du
statu-quo imposé par les puissancermandataires, dans la perspec-
tive de l'indépendance de la Syrie et du Liban. J. Couland préci-
se : "les nationalistes sont les plus partagés. Assez généralement
la prépondérance de l'Angleterre qui vient de réprimer l'IRAQ ne
donne pas confiance. Nombreux sont ceux pour qui les premiers suc-
cès des Nazis en Union Soviétique représentent la certitude qu'ils
vaincront et~continuent à nourrir l'illusion que la cause nationale
arabe sortirait renforcée de cette victoire. Ils prêchent en faveur
de l'attentisme"
(1).
Bien que le P.C. libano-syrien se soit déclaré dans le
camp des Alliés, sa quatrième conférence nationale en 1941 est
convaincue, avec une certaine minorité de nationalistes, que le
"sort de la Syrie et du Liban est lié à celui de la guerre".
Sensible aux promesses d'autonomie contenues dans "la chart~
atlantique" (qui en fait "donnait au nationalisme l'aval des gran-
des puissances" S'elon M. HARBI(2)), il déclare dans son manifes-
te : "nous voulons contribuer à hâter cette défaite -du nazisme-
parce que nous voulons hâter l'heure de notre liberté" (3).
Cet attentisme semble expliquer la déclaration de guerre
tardive des Etats arabes aux forces fascistes et nazies (1945) à
la suite des changements survenus sur le terrain de la bataille en
faveur des Alliés. Ils ont obtenu alors le droit de participer à
la conférence des Alliés à San-Francisco.
Le front national syro-libanais a su profiter de l'af-
faiblissement de l'impérialisme colonialiste français (1941-1943)
pour proclamer l'indépendance du Liban et de la Syrie.
(1) Couland (J) : le Mouvement Syndical au Liban. p. 272.
(2) Aux origines du FLN, p. 16.
(3) Couland : idem.

'l8
La "France li:Jre" sera contrainte de les reconnaître
à la fin de la guerre. Eais les nationalistes syro-libanais ne
se sont pas opposés à la partition de la Syrie. Autrement dit,
ils n'ont pas remis en cause le partage colonial de celle-ci en
deux Etats distincts (Syrie et Liban) pour préserver le "préten-
du équilibre communautaire " (1).
C - Pour l'unité des Etats arabes
Le règlement du problème syro-libanais compromet alors
le projet de l'unité arabe étatique de NÜRI SA cID (2), président
du conseil irakien qui ambitionnait naguère la création d'un
grand royaume arabe comprenant entre autres le croissant fertile
(Syrie, Liban, Palestine), mais qui curieusement tenait à l'écart
l'Egypte, le plus peuplé des pays arabes et le plus riche en ex-
périences du mouvement nationaliste arabe ainsi que le Maghreb
sous la domination coloniale.
En définitive, le pacte créant la Ligue des Etats arabes
(L.E.A.) le 22 mars 1945 est fondamentalement différent du projet
initial de Bagdad soutenu par les Anglais (3).
(1) sur la naissance de la Syrie et du Liban- voir ZAYH (Z. NÜR
aL-DIN) : aL-SIRAcAaL-DUWALÏYA .•. WA WILADAT DAWLATAY SÜRIYA

WA LUBNAN.
(2) qui a adressé une note en janvier 1943 au ministre d'Etat
anglais au Moyen-Orient lui proposant wl'unification de la
Syrie, du Liban, de la Palestine et de la Transjordanie en
une grande Syrie qui formerait avec l'Iraq une ligue arabe
ouverte aux autres Etats désirant y adhérer. DERRIENNIC (J.P)
op. cit , p. 108.
(3) cf. Kalisky (R)
: Le Monde Arabe. p. 142.

j~
Tg
En effet rL~AS PACEA, chef du gouverneôent égyptien
réussit à démasquer la conception de l'héritage de la tradition
politique hachémite de l'unité arabe en dénonçant la collusion
irako-anglaise et à élargir la base de l'unité arabe envisagée.
Car d'après la charte, peut être membre de la Ligue
arabe tout Etat arabe ou arabisé indépendant et qui entend oeu-
vrer pour la libération des Etats arabes sous tutelle étrangèr~
et pour la préservation de l'indépendance des Etats membres (1).
La constitution de la L.2.A. ne peut que susciter des
espoirs chez les masses qui aspirent à une libération nationale)
d'autant plus que ses thèmes ont repris ceux du panarabisme mo-
derne. Mais les classes dirigeantes des Etats arabes et leurs
bourgeoisies nationales,liées avec l'impérialisme par des intérêts
de classes au détriment des masses déshéritées,étaient incapables
de traduire concrètement les aspirations de celles-ci. Au fond,
le panarabisme était, et reste, un moyen de mobilisation des mas-
ses arabes pour des objectifs qui ne sont pas toujours les leurs.
De toute façon, le panarabisme militant anti-impérialiste incarné
par des élements ouvriers et communistes trop faibles, ne pourra
réaliser concrètement l'unification étatique des pays arabes à
cause dèS tendances à l'autonomie au sein du mouvement nationaliste
arabe et des contradictions internes qui le caractérisent. Dès
lors l'impérialisme américain développe son influence au Moyen-
Orient, particulièrement en Arabie séoudite où ses intérêts écono-
miques deviennent prépondérants avec la création de l'ARABIAN OIL
COMPANY (A.R.A.M.C.O.) en 19~~, qui y détient le monopole de l'ex-
ploitation du pétrole. Quant à l'impérialisme anglais, dévoyant
le mouvement patriotique, il consolide sa mainmise économique sur
les autres parties du Moyen-Orient particulièrement en IRAQ et en
Egypte. Tandis qu'au Maghreb où la prise de l'arabisme a moins
d'impact qu'en Orient, les luttes contre le colonialisme français
continuent sous des formes assez différent~·
(1) les pays signataires étaient: l'Egypte, l'Irak, l'Arabie
Séoudite, la Syrie, le Liban et la Transjordanie.

20
Le déclenchement de la guerre de libération armée en
Algérie (le 1~novembre 195~) modifie de fond en comble la si-
tuation coloniale dans cette partie de l'Afrique. Le consensus
colonial se trouve subitement brisé dans les colonies françaises
en Afrique.
De ~ême les violentes man~festations anti-impérialistes
de 1951 - 1952 contre l'occupation militaire anglaise et sa main-
mise économique en Egypte (et ceci malgré une indépendance for-
melle acquise en 1922) conduisent au renversement de la monarchie
par les "officiers libres"
en 1952.
Cette révolution devait en tout cas susciter et nourrir
les espoirs des masses arabes non seulement
en Egypte mais aussi
dans le monde arabe.
Quant au nationalisme africain contemporain il s'est
aussi manifesté sous des formes de revendications culturelles
avant de revêtir un caractère politique et anti-colonialiste.

21
II - SUR LE NATIONALISME EN AFRIQUE NOIRE
A - Avant la seconde guerre mondiale.
Avant la seconde guerre mondiale de nombreuses révoltes
se sont produites en Afrique comme prolongement de la résistance
armée opposée au colonialisme depuis le XIXe siècle.
Ces révoltes violentes sont souvent accompagnées par des
actions traduisant le refus de composer avec les colons depuis le
partage et la conquête du continent (1882 - 1902). En Afrique de
l'Ouest francophone et musulmane le refus d'envoyer les enfants à
"l'école des blancs" est courant dans le but de sauvegarder les
valeurs culturelles nationales et religieuses. En Afrique Australe
et anglophone (où l'école missionnaire a eu un relatif succès), le
rejet de la domination s'est exprimé entre autres par la création
d'églises séparatistes africanisées.
Ces réactions de rejet sont en réalité des formes de
résistance politique à l'assimilation culturelle et religieuse.
Mais les colons perdaient de vue que les Africains, quand "ils
agissaient au nom de la religion, ils le faisaient tout autant
au nom de la politique. Il leur fallut attendre les années 60 pour
com~encer à comprendre que la distinction n'existait pas" (1).
Néanmoins on peut distinguer trois grandes tendances du
nationalisme africain de la première guerre mondiale jusqu'aux
années cinquante: le ·mouvement "Négritude", le panafricanisme et
le mouvement patriotique anti-impérialiste, que nous analysons très
brièvement c~-dessous.
-------------------------------------------------------------------
(1) DAVIDSON (B) : l'Afrique au XXe siècle, p. 155.

22
Créé dans les annees trente, ce mouvement défendait
essentiellement l'identité culturelle et l'ensemble des valeurs
nègres ou "négro-africaines".
Selon l'expression chère à L. S. Senghor (ancien
président du Sénégal), principal théoricien de la "Négritude huma-
niste" (1), la négritude n'est qu'une réaction contre le blanc do-
minateur qui nie et méprise la civilisation et les valeurs cultu-
relles du nègre colonisé et dominé. En ce sens, ce mouvement était
dirigé contre le Blanc. Ses revendications consistaient en la dé-
nonciation du non-respect des droits de l'homme dans les colonies.
Le tout est enrobé de poésie dont on ne conteste pas la
beauté, que ce soit dans les oeuvres de Senghor, du guyanais LEON
DAMAS ou du théoricien de la négritude révolutionnaire, le martini-
quais AIME CESAIRE (2) qui a toujours dénoncé les rapports de domi-
nation et de soumission liant le colonisateur et le colonisé.
Mais en. tant que mouvement la négritude ne s'est pas par-
ticulièrement distinguée dans la lutte anti-colonialiste et anti-
impérialiste avant les indépendances.
(1) Voir Senghor (L.S.) :
Négritude et humanisme
et ses autres
ouvrages.
(2) Le poète et homme politique martiniquais incarne la tendance
révolutionnaire de ce mouvement jusqu'aux années soixante.
Voir ses livres
Discours sur le colonialisme
une saison
au Congo , et la
Tragédie du roi Christophe •

23
L'ancien président sénégalais qualifie à plusieurs reprises
l'indépendance de "mythe à nourrir un nationalisme anarchique"
avant d'ajouter "la vraie indépendance est celle de la richesse
et de la culture et non l'indépendance politique" (1). C'est là
la vision purement culturaliste de la "négritude"."Depuis 1960,
elle est devenue un concept philosophique et idéologique servant
à immobiliser les masses et à entretenir l'obscurantisme
pour le maintien des régimes néo-coloniaux"(2) issus de la"décolo-
n i.s a t Lori';
Les thèmes de ce mouvement sont voisins de ceux de la
négritude. Son thème principal est la défense de "l'African perso-
nality". Il a été créé à la fin du XIXe siècle par les Noirs
d'Outre-Atlantique pour la "promotion des droits des Noirs" ou des
"peuples de couleur" (3).
Les manifestes de différents congrès tenus entre 1919
et 1945 portent essentiellement sur des revendications d'égalité
des droits entre Nègre et Blanc, la reconnaissance de la personna-
lité africaine, le droit à l'instruction sinon l'exaltation des
valeurs de la race noire comme le déclarait du Bois au congrès ma-
jeur du mouvement,à Manchester (Angleterre en 1945) : "Nous sommes
décidés à être libres. Nous voulons l'instruction, le droit à une
vie décente, le droit d'exprimer nos pensées et nos émotions et
d'adopter et de créer les formes de beauté que nous voulons, sinon
nous accepterons de mourir pour vivre" (4)·
-------------------------------------------------------------------
(1) de Senghor au Sénégal "Authenticité et retour aux sources",
de Mobutu au Zaïre et de Tombalbaye au Tchad etc •••
Pour la critique de la négritude voir ADOTEVI (Stanislas)
Négritude et négrologues, Union Générale d'Edition 1974
(coll. 10/18) et Ly(Abdoulaye):
Feu
~a Négritude •
Ed. XAMLE, 1982.
(2) cité par Cahiers de Lamine Senghor, nO 1, août 1980.
(3) principaux théoriciens d'Outre-Atlantique: S. Williams
W.E.B. du Bois et M.A. GARVEY.
(4) cité par Ly (Abdoulaye) : l'émergence du néo-colonialism y• p. 11.

24
Les panafricanistes se contentaient de déplorer l'es-
clavage, les corvées et les conditions malheureuses de l'homme
noir quand ils ne souhaitaient pas une "démocratie économique"
dans les colonies.
Pour la première fois, le congrès de Manchester met en
opposition le courant modéré de du Bois et le courant anti-
impérialiste incarné par le jeune africain Kwamé N'Krumah (1).
Dans un texte intitulé "Aux travailleurs coloniaux,
aux paysans et aux intellectuels de l'Afrique", N'Krumah avançait
une idée toute neuve pour le mouvement en déclarant : "La lutte
des peuples coloniaux pour le pouvoir politique est le premier
pas en avant et la condition nécessaire à l'émancipation complète,
sociale, économique et politique L:.~1 Aujourd'hui, il n'y a
qu'une seule voie qui mène à l'action efficace; l'indépendance
des masses (2). Pour la première fois, l'autonomie et l'indépen-
dance des colonies venaient d'être exigées par un membre de ce
mouvement.
La négritude comme le panafricanisme sont rest~s long-
temps l'affaire des intellectuels africains vivant dans les mé-
tropoles. Ils étaient donc dépourvus d'assise
populaire
au
moins jusqu'à la seconde guerre mondiale (3).
(1) qui va créer le panafricanisme proprement africain
(cf. Chap. 3, 1ère partie).
(2) Ibid. pp. 11 - 12.
(3) sur le panafricanisme noir LEGUM (Colin) : le Panafricanisme
à l'épreuve de l'indépendance et Decraene (Philippe) : le
Panafricanisme.

25
Ces nationalistes ont dès le début franchi la simple
prise de conscience, dans les années vingt. Ils ont mené en
métropole de véritables luttes anti-coloniales en proclamant que
la tâche historique des peuples colonisés est la conquête de l'in-
dépendance nationale.
Ces militants sont d'anciens "tirailleurs sénégalais",
des soldats africains recrutés de gré ou de force pour servir
dans les rangs de l'armée coloniale française pendant la guerre
de 191~ - 1918. Ils ont milité d'abord dans l'Union Inter-
coloniale, organisation proche du P.C.F., fondée en 1921 (re-
groupant les originaires de l'Empire colonial français d'Afrique
Noire, du Maghreb et de l'Asie), dans la Ligue Universelle de
Défense de la Race Noire (L.U.D.R.N.) fondée en 192~ par le
dahoméen K.'I'." Quenum et ensuite dans deux autres organisations
l'Union des Travailleurs Nègres dirigée par le sénégalais
Lamine Senghor (ne pas confondre avec L.S. Senghor, chantre de
la Négritude, cf. supra) et la "Ligue de défense de la race nègre"
animée par le soudanais (malien) Tiémoko Kouyaté (1).
Ces organisations ont véritablement contribué à la
prise de conscience politique et de classe des tirailleurs qu'
elles invitaient à la désobéissance vis-à-vis des autorités co-
loniales et à ne pas s'engager dans la guerre coloniale contre
la "République du Rif", de c Abd al-KarIm au Nar-o c , comme en
(1) les dénominations de ces organisations ont certes une conno-
tation de race, mais cela n'exprime que la spécificité et
l'appartenance continentale de leurs militants et la démarca-
tion par rapport aux colons car dans leurs organes y écrivaient
des militants anti-colonialistes français, marocains, algériens.
indo-chinois etc ••• tous unis par la "solidarité prolétarienne
entre Européens et Indigènes".

témoignent les nombreux meetings de solidarité à travers la
France en 1925 "pour exiger la paix avec les riffains et faire
lâcter prise aux impérialistes en Chine". En témoigne aussi
l'article (1) de Lamine Senghor intitulé: "Les Riffains ne sont
pas seuls, ils ont avec eux le monde des opprimés", dans lequel
il affirmait : "Le mouvement de libération que poursuit le peu-
ple riffain n'est pas un fait local. C'est un phénomène mondial
qui se manifeste en Chine comme au Maroc et se répercute sur tout
le monde des opprimés aussi bien à Shangaï qu'à Tétouan".
Donc l'opposition ne se situait pas entre Blancs et
Noirs mais bien en termes de classe, entre ceux qui étaient favo-
rables à la domination coloniale et ceux qui luttaient pour l'é-
mancipation des peuples opprimés ; ces derniers organisèrent une
grande manifestation de solidarité à Bruxelles (du 7 au 14 février
1927). Figuraient parmi les participants d'illustres militants
révolutionnaires mais aussi des Nord-Africains comme Messali Hadj,
fondateur de "l'étoile Nord-Africaine" (E.N.A.), et plus tard du
Parti du Peuple Algérien (P.P.A.), Néhru, Soekarno etc •••
Avant d'apporter le soutien du Comité de Défense de la
Race Nègre (C.D.R.N.) au peuple druze en lutte, L. Senghor, re-
présentant du comité, avait commencé par condamner vivement les
propos de Hafiz Ramadan Bey, représentant du Parti National
Egyptien (P.N.E.) qui tout en dénonçant la mainmise anglaise sur
son pays, déclarait que l'Egypte était libre; puis il déclarait
"On a fait tuer nos camarades pour la première guerre du Maroc,
avant la grande guerre, pendant la guerre de 14-18, après celle-
ci et encore aujourd'hui, on tue au Maroc, on a tué et on retue
dans le Rif et en Syrie /':.:,.7(2) puis il conclu~ : "Les Noirs ont
dormi pendant trop longtemps. f'Iais méfiez-vous, Europe ! Ceux qui
ont dormi pendant longtemps ne vont pas retourner dormir quand ils
se réveilleront. Aujourd'hui les Noirs se réveillent" (3).
------------------------------------------------------------------
(1) in nO 34 du PARIA (organe de l'Union Inter-coloniale) juin-
juillet 1925.
(2) cité par Tribune Africaine, nO 1, 1e Trimestre 1983. p. 11.
(3) cité par Suret-Canale: Afrique Noire Occidentale .. Tome II,
p. 562.

27
Les animateurs de ce mouvement internationaliste
étaient pour la plupart des mili~ants de la CGT, du PCF (1)
et de l'Internationale Communiste. Ils ont tenté alors d'appli-
quer les thèses de cette dernière organisation aux questions
coloniales et à la révolution mondiale dans les années vingt.
Raison pour laquelle Kouyaté était convaincu que
l'existence du nationalisme est justifiée seulement par l'exis-
tence de l'oppression et de l'exploitation politique et économi-
que des colon:isés. "Le colonialisme dit-il est condamné à mort.
Mais le nationalisme aussi" (2).
Les trois tendances du nationalisme africain ont un
dénominateur commun avant la seconde guerre mondiale: l'absence
d'une base porulaire en Afrique puisque les animateurs vivaient
dans la métropole. Le panafricanisme et la négritude ont eu des
prolongements apr~s la seconde guerre mais le premier rencontrera
une adhésion des masses africaines notamment dans les pays anglo-
phones (Ghana, Nigeria) et aura une grandeinfluence sur la jeu.
nesse africaine à partir des années cinquante parce qu'il était
devenu essentiellement politique alors que le mouvement de la
négritude se contentait des revendications culturelles. ~uant au
mouvement des nationalistes anti-impérialistes, il n'a pas pu
suivre à cause de la disparition hâtive de ses animateurs (3) et
de l'oppression policière dont il a été victime comme toutes les
autres organisations radicales des peuples opprimés, en France
dans les années vingt.
(1) L. Senghor a quitté le PCF en 1927 et T. Kouyaté en fut exclu
en 193~ à la suite des divergences sur la question coloniale.
(2) cité par DAVIDSON (E) : op.cit. p. 191.
(3) L.Senghor est mort en 1927 et Kouyaté est mort en résistant
en France occupée.

28
B - Le nationalisme africain après la seconde guerre mondiale
La victoire d83 Alli§s sur l'lt fascisme et le nazisme
éveille le sentiment national et suscite les espoirs des peuples
colonisés de pouvoir enfin jouir de la liberté conformément aux
promesses de la "Charte
Atlantique" de 1941. Celle-ci déclarait
que "tous les peuples devraient avoir le droit de choisir leur
forme de gouvernement une fois la guerre gagnée (1).
Les alliés entendaient ainsi rendre justice à tous ceux
qui avaient contribué au triomphe de la liberté, surtout en Afrique
où la mobilisation était massive, où l'effort de guerre, les sa-
crifices humains et l'exploitation économique étaient considérables.
Le père Van \\'1ing montre, à l'exemple du Congo Belge, que "pendant
cinq ans, nos populations furent soumises à un effort de guerre
extrêmement intense et varié. Toute la population noire a été mo-
bilisée pour produire le plus possible et le plus vite possible,
poursuit le père Wing, pour exporter ce que réclamaient les alliés
et pour fournir ce qui manquait à l'exportation" (2). Mais l'admi-
nistration coloniale revient sur ses promesses, ce qui a conduit
les combattants pour la libération de l'Europe, les syndicats de
masse à développer un mouvement revendicatif dans les colonies en
Afrique et en Asie pour la conquête de l'indépendance nationale.
Cette lutte sera bientôt récupérée par la classe poli-
tique traditionnelle qui va ouvrir des négociations avec les auto-
rités coloniales en vue de l'autonomie interne.
Constitué à Al~er en juin 194?, le Comité Français de
Libération Nationale (C.F.L.N.) se contente de la convocation de
le Conférence de Brazzaville en 1944 pour examiner les problèmes
des colonies en l'absence de toute représentation des intéressés,
les peuples colonisés.
(1) cité par DAVIDSON: op.cit. p. 203.
Il faut remarquer que la AFrance libre" n'était pas associée
à la signature de la Chart e •
(2) "La si')'~\\~>Ho/V' actuelle des populations congolaises" cité par
Davidson - Ibid pp. 201 - 202.

29
Le document final se bcrne à promettre l'étude des mo-
yens permettant "d'élever, sans fixer le sommet à son effort, le
niveau matériel, moral et intellectuel de l'Afxicain français"
(sic !). Ainsi De Gaulle et ses successeurs vont aôênager la poli-
tique d'assimilation politique et d'aliénation culturelle qui a
toujours caractérisé la politique coloniale française sous la
IVe République et celle de "l'Union Française" (1). La conception
de l'Union Française en 1946 quant à l'avenir et aux perspectives
politiques dans les colonies vaut la peine d'être citée: "Les fins
de l'oeuvre de civilisation accomplie par la Fr3nce dans les colo-
nies écartent toute idée d'autonomie, toute possibilité d'évolution
hors du bloc français de l'Empire. La constitution, même lointaine,
de self-government dans les colonies est à écarter" (2).
Car la France, dit le commissaire des colonies, Pleven,
entend conduire les peuples des colonies à la maturité politique.
Mais en aucun cas, ces derniers ne doivent "connaître d'autre
indépendance que celle de la France" (3).
Les partis d'Afrique francophone regroupés au sein du
Rassemblement DAmocratique Africain (R.D.A.) a;ors section de la
S.F.I.O (jusqu'à 1948) (4) sont persuadés que l'indépendance na-
tionale doit passer forcément par l'autonomie à l'exception toute-
fois de l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) qui a reven-
diqué "l'indépendance immédiate"
dès sa création en 1948.
-~----------------------------------------------------
- - -- -- --- -- -
(1) Elle prévoyait l'élection des représentants des colonies au
Palais Bourbon, la mise en place des "assemblées constituantes"
mais qui n'ont qu'un pouvoir consultatif. La France se réservait
le droit de contrôle de secteurs clefs: la défense, l'ensei-
gnement, la monnaie, la magistrature.
(2) cité par Ly (A)
: l'émergence du néo-colonialisme, LOP.cit ~ p.17.
(3) Ibid. PLEVEN déclarait en substance qu'on pouvait faire de
l'Africain francophone "psychologiquement, par étape un f'ran-
çais" •
(4) créé en 1946 à Bamako capitale du Soudan (Mali actuel).

L'élite politique membre du R.D.A. qui représente les
intérêts des colonies s'en tient alors au statu-guo de l'Union
Française : la charte
du rassemblement ne mentionnait pas le
mot "indépendance"
et même considérait la lutte pour l'indépen-
dance comme une "vue utopique" (1).
Toutes ses revendications consistaient donc en la défen-
se de "l'égalité des droits politiques et sociaux; liberté indi-
viduelle et culturelle ; assemblées locales démocratiques , union
librement consentie avec la France" (2).
Quant aux luttes anti-colonialistes, elles se sont mul-
tipliées depuis la seconde guerre mondiale à travers l'Afrique:
la révolte des l"lau-~1au au Kenya (1952 - 1956), de [\\'jadagascar
(1947), la grève des cheminots du Dakar-Niger (1947 - 1948), la
désobéissance civile en Côte-d'Or (Ghana) (1950 -1955) etc •.•
(voir plus loin).
Ces résistances sont le résultat de l'affaiblissement
grandissant de l'impérialisme colonial qui est entré dans sa pha-
se de désagrégation à partir de la seconde guerre mondiale, puis-
que, dit Suret-Canale: "la défaite du fascisme, c'est implicite-
ment la condamnation du colonialisme dont les principes politiques
sont au fond identiques : droit du plus fort à dominer le plus
faible" (3).
D'ailleurs l'incrédulité de la domination coloniale est
confirmée par la victoire des mouvements de libération nationale
chinois et vietnamien, respectivement en 1948 et 1954, phase déci-
sive pour les luttes des peuples opprimés d'Afrique et d'Asie.
------------------------------------------------------------------
(1) Suret-Canale: op.cit. Tome III, p. 63.
(2) Ibid. Le R.D.A. justifie son adhésion à l'Union Française au
nom "d'une vue réaliste des problèmes politiques". Nous re-
viendrons
sur cette question plus loin.
1
(3) Ibid. p. 9.
1

/
Les indépendances de l'Inde, de l'Indonésie (1947),
de la Birmanie, de Ceylan etc ••• (1948) font apparaître un cou-
rant neutraliste. Les puissances européennes et américaines de-
vront alors s'adapter à la nouvelle situation en Afrique et en
Asie.
Nous avons pu constater que si un courant indépendan-
tiste s'est dessiné au Moyen-Orient et au Maghreb dès l'entre-
deux-guerres, il n'en est pas de même en Afrique Noire où la
revendication de l'indépendance ne deviendra un mot d'ordre, un
slogan, que dans les années cinquante.
Nous allons nous intéresser dans le chapitre suivant
à l'analyse de la situation des pays arabes et de l'Afrique dans
cette période au point de vue des relations arabo-africaines.

32
CHAPITRE l
LUTTE CONTRE LA DOMINATION IMPERIALISTE AU
1"10YEN-ORIENT ET CONTRE LE COLONIALIS;:E EN AFRIQUE
i
1i
L'analyse des agissements impérialistes au Moyen-Orient,
en Asie du Sud-Est et les luttes anti-colonialistes pour l'éman-
1
1
cipation de l'Afrique nous permettent de mieux saisir le contexte
historique de la première rencontre arabo-africaine à Bandoeng.
1
Les rapports de force se trouvent modifiés par l'appa-
1
rition du camp socialiste en tant que puissance militaire, éco-
1
1
i
nomique et idéologique face à l'O.T.A.N. Crest là l'élément majeur,
fondamental à l'après-guerre qui a marqué la géo-politique inter-
i
nationale, en particulier l'apparition du mouvement de libération
nationale en Afrique et en Asie. Cette nouvelle situation impose
1
de sérieuses remises en cause aux intérêts des monopoles inter-
nationaux et renforce la détermination des peuples opprimés pour
la reconquête de l'indépendance nationale.
1
!
t!
Dès lors, le bloc de l'O.T.A.N. est amené à réaliser
1
ses méthodes de domination classique en proposant à ses alliés
traditionnels des pactes et des alliances militaires pour proté-
ger ses intérêts économiques et stratégiques/par le truchement des
régimes qui lu~ sont favorable~. Car le changement intervenu en
Egypte en 1952 n'est pas sans influencer l'empire colonial français
et anglais au Maghreb et en Afrique Noire.

33
SECTION l
IMPERIALISME ET COLONIALISME
A - Le Noyen-Orient: un enjeu de l'impérialisme
Avant la "Révolution de 1952" en Egypte, la lTrande-
Bretagne et la France n'avaient rien modirié de leurs politiques
traditionnelles au Moyen-Orient qui réduisaient les Etats indé-
pendants de la région en néo-colonies. Politiques basées sur
l'alliance de fait entre les classes dirigeantes ,l'oligarchie monar-
chique et la féodalité avec ces deux pUlssances traditionnelles
et bientôt avec les Etats-Unis qui vont tenter d'obtenir les pré-
rogatives analogues à celles dont bénéficiaient la France et
l'Angleterre. Car l'influence américaine était alors seulement
prépondérante en Arabie Séoudite.
~a concurrence inter-impérialiste sur les plans écono-
mique et militaire v~ renforcer l'emprise de l'Occident sur le
Moyen-Orient entre 1952 et 1~56 par le biais d'alliances et de
traités militaires.
Cependant le renversement de la monarchie en Egypte par
les "officiers libres" à la suite des révoltes anti-britanniques
(1951 - 1952) allait modifier les données géo-politiques dans la
région.
Les masses populaires arabes fondent leurs aspirations
sur le nouveau pouvoir en Egypte pour affranchir le
pays de la
tutelle étrangère et effacer l'humiliation subie par les armées
arabes de la part d'Israël en 1~48.
Le régime des "officiers libres" décevra les masses
égyptiennes par son manque de fermeté et de rigueur envers l'oc-
cupant britannique et la classe possédante, surtout pendant les
quatre premières années.

Car jusqu'ici il n'y a que de timides réformes agraires
et la signature des traités anglo-égyptiens portant sur l'évacuation
du Canal de Suez. Par exemple le traité signé le 19 octobre 195L~
ne sera définitivement exécuté que le 18 juin 1956, de plus ce
traité comporte une limitation de la souveraineté de l'Egypte,
puisque "la Grande Bretagne conserve le droit de réoccuper et d'u-
tiliser les bases de la zone du canal" (1).
Evidemment cette solution ne suscite guère l'adhésion
des masses et du courant patriotique qui redoublent d'efforts et
de vigilance pour amener le régime des Officiers libres à s'enga-
ger plus résolument dans la voie de la fermeté pour mettre fin à
la présence militaire anglaise, à l'emprise économique étrangère
et à la domination de la bourgeoisie locale.
Cependant, le reg~me réagit en proclamant la dissolu-
tion des organisations clandestines et des partis politiques.
Une brutale répression s'abat sur les communistes et les frères
musulmans entre 1953 et 1954, particulièrement à la suite de l'at-
tentat manqué contre c Abd al-Na~ir (26 octobre 1954) perpétré par
1
les Frères musulmans à Alexandrie. Ainsi, le "Conseil de la Révo-
lution" écarte Nagib du pouvoir et Gamal cAbd al-Na~ir, le vérita-
ble homme fort du conseil prend la direction du pays. Il réduit
1
complètement au silence ses opposants -du moins provisoirement-
en 1955 ; par son autoritarisme il supprime donc tout cadre d'ex-
pression démocratique en dehors du "Rassemblement de la Libération"
qui s'appellera l '''Union Nationale" en 1957.
1
t
Les difficultés des quatre premières années du régime et
les hésitations qui ont marqué sa politique int~rieure etexta-
rieure sont redevables en grande partie à l'absence d'une théorie
ou d'une idéologie révolutionnaire
pour l'orientation de sa poli-
tique socio-économique. C'est là nous semble-t-il, que réside la
,
faiblesse de la révolution de 1952.
1
------------------------.------------------------------------------
1
i
(1) DERRIENNIC (J.P.) : op.cit.p. 155.
!(

Toutefois, â partir de 1955 pouss~ par les complots
impérialistes au hoyen-Orient, terrain de dispute pour la re-
cherche de positions stratégiques, militaires et économiques,
le régime nassérien va essayer de redynamiser l'élan populaire
pour sauvegarder les acquis dans la voie de la lib~ration na-
tionale. Car l'exemple ~gyptien est un symbole encore unique
dans le monde arabe et particulièrement au Maghreb sous domina-
tion française (1).
La redynamisation se fait en appelant â l'unit~ du
monde arabe qui est profondément divis~ quant â l'attitude à
avoir envers les puissances occidentales.
Ainsi le pacte de Bagdad (2) signé le 24 février 1955
aggrave ces divisions, expose le Moyen-Orient aux menaces de
l'alliance atlantique et compromet la paix et la réalisation
de l'unité du monde arabe dont l'Egypte se veut le noyau central.
(1) car dès août 1954 le Caire accueillit un congrès secret du
"Comité de la Révolution du Maghreb" dont Ben Bella était
membre. Voir MANSOUR (ILHAM) - Thèse : La notion de libéra-
tion dans la pensée politique arabe, p. 138 et suivantes.
(2) Il regroupait au départ l'IRAQ et la Turquie auxquels s'ajou-
taient la Grande-Bretagne, le Pakistan et l'Iran.
Concernant la
Jordanie, il a fallu des pressions insistantes
des palestiniens pour qu'elle revienne sur sa décision d'y
adhérer en janvier 1956. Enfin le pacte prendra le nom de
C.E.N.T.O. avec le retrait de l'Iraq à la suite de la "Révo-
lution de 1958".
1
1

36
Le pacte initié par l'Angleterre a pour objectif: la
"consolidation de l'alliance atlantique face au pacte de Varsovie~
L'implication de la Turquie, de l'Iran et du Pakistan, pays au po-
tentiel stratégique et économique important, assure à l'O.T.A.N.,
l'exercice de sa domination dans la région, la possibilité d'étouf-
fer l'émergence des forces révolutionnaires et la matérialisation
d'une ligne de dissuasion aux frontières de l'Union Soviétique"(1).
De même la multiplication des traités d'alliance en Asie
tel
que le S.E.A.T.O. O~ l'O.T.A.S.E. (2) s'inscrit dans la même
logique pour "circonscrire la propagation du communisme dans le
continent asiatique".
En réaction aux tentatives de vassalisation des Etats
arabes et asiatiques, le Caire cherche des alliances militaires
et de défense commune interarabe pour se soustraire à l'influence
occidentale et oeuvrer à l'unité stratégique des Etats arabes (3).
Mais la domination impérialiste au Moyen-Orient est prépondérante
à telle enseigne que les Etats-Unis vont y défier la France et
l'Angleterre à la suite de l'échec de l'agression tripartite de
Suez en 1956.
(1) IBRAHIM (c ABD al_CAL), RIFACT (cA.c A) : DIRASAT FÏ-l-SARQ
al~AWSAT. p. 280.
(2) Le conseil de l'organisation du traité de l'Asie du Sud-Est
est signé à Manille en septembre 1954. Il regroupait la France,
l'Angleterre, le Pakistan, la ~ïlande, les Philippines,
l'Australie et la Nouvelle Zélande.
(3) Voir BUîR~S-GALÏ (B), ~AYRÏ cÏSA (M) : al-MAD HAL FI c1LM
al- SIYASIYA. p. 390.
L'Egypte a signé des traités avec la Syrie (26/10/1955),
l'Arabie Séoudite (27/10/1955) et une alliance tripartite
(02/04/1956) regroupant Egypte, Arabie Séoudite et la Jordanie
qui y adhère en octobre de la même année.

37
En prenant le relais de ces dernières puissances les
~méricains espéraient pouvoir parer l'influence encore très re-
cente de l'U.R.S.S. au Proche-Orient. Par la réalisation de cet
objectif, les Etats-Unis proposent un plan en quatre points (1)
dit "Doctrine EISENHOWER" et qui sera accepté en principe par
neuf Etats arabes en 1957.
Seules l'Egypte et la Syrie ont repoussé catégorique-
ment les dispositions alléchantes du plan pour la sauvegarde de
leur souveraineté et de leur indépendance nationale respectives.
t,
En Afrique aussi l'impérialisme colonial affaibli est
1
amene à avoir recours à ~'autres méthodes de domination.
1
B -
Le continent africain
bastion du colonialisme
1
1
Depuis le seconde guerre mondiale la Libye, le Maroc
et la Tunisie ont pu arracher leur indépendance respective. A
1
la fin de 1956 seule l'Algérie est donc sous la domination colo-
!
niale au Maghreb alors qu'en Afrique Noire il n'y avait que deux
1
Etats indépendants: l'Ethiopie et le Libéria (Afrique du Sud
exclue). L'Afrique francophone n'a pas connu de profondes muta-
tions politiques en dehors de celles que nous avons évoquées plus
haut concernant les assemblées territoriales instituées par la
constitution de "l'Union Française". En Afrique anglophone seuls
la Cate d'Or (Ghana) et le Nigeria ont obtenu le "self-government"
respectivement en 1951 et 1952.
(1) dans lesquels les U.S.A. s'engagent à assurer:
1. L'assistance " à tous les rays du Proche-Orient pour y for-
tifier la puissance économique et l'indépendance nationale" ,
2. l'assistance économique à tous les Etats qui le sollici-
tent ;
3. l'aide de ses forces armées à "tout pays menacé par le com-
munisme international" ;
~. le Président des Etats-Unis est autorisé pour ces fins à
employer les "fonds disponibles dans le cadre de la loi de
sécurité mutuelle de 195~'1.
in GUITARD(Odette) : Bandoeng et le r§veil des peuples colo-
nisés, p. 53.

38
Qu~"t aux colonies portugaises, elles ont subi les pires
formes de domination. Aucun droit nouveau ne leur a été accordé
par Lisbonne.
En 1956 quand les révoltes se sont développées en
Afrique eu Nord, au l"laroc, en Tunisie et surtout avec l'éclatement
de la guerre d'Algérie en 1954, la France est contrainte de lâcher
le Maroc et la Tunisie pour mieux concentrer ses forces contre le
Front de Libération Nationale (F.L.N.) en Algérie. En même temps
elle institue la "loi-cadre" ou "loi Deffel"re" (1) dans ses colonies
africaines. Cet assouplissement vise à contenir la montée irrésis-
tible des luttes pour l'indépendance.
Car les députés siègeant au Palais Bourbon au nom des
colonies n'avancent que des projets d'intégration de celles-ci
dans une fédération dont le contrôle reviendra à la France.
Senghor est le plus zelé défenseur de ces projets (2).
Le R.D.A. a, dans l'ensemble de ses composante~ (à l'ex-
ception de l'U.P.C. qui en 9st exclu en 1955) approuve la loi-
cadre. D'ailleurs Houphouët-Boigny est alors le plus fervent dé-
fenseur de cette loi. C'est dire que la nature réformiste du R.D.A.
(1) du 23 juin 1956 concernant les 12 territoires des deux fédéra-
tions coloniales d'Afrique Occidentale Française (A.O.F.) et
d'Afrique Equatoriale Française (A.E.F.). Chacun de ces terri-
toires est doté d'une assemblée territoriale et d'un conseil
exécutif ayant des compétences locales. Toutefois, les mêmes
secteurs vitaux que nous avons mentionnés concernant l'''Union
Française" relèvent de la compétence de l'Etat colonial. A la
tête de l'A.O.F. et de l'A.E.F. est nommé un haut commissaire
de la République Française, et aucune instance locale n'a le
droit de regard sur son action. Voir le nO spécial sur l'Afrique
de Démocratie Nouvelle, nO 6, juin 1958, p. 16.
(2) Voir CORNEVIN (M)
: Histoire de l'Afrique contemporaine.
pp. 187 - 190.

s'est confirmée davantage dans les annees cinquante. Et pourtant
l'actuel président de la Côte d'Ivoire écrivait ces lignes dans
la revue du P.C.F.
Démocratie Nouvelle,(1) en 1947 ; "accepter
de constituer une classe intermédiaire entre les exploités et les
exploitants Lëolons-colonisé 27, ce serait non seulement nous faire
les valets de l'impérialisme, mais encore et surtout retarder l'é-
mancipation de cette masse". Mais ce temps est bien révolu où le
R.D.A. se faisait reprocher d'être d'obédience communiste par les
milieux coloniaux et féodaux.
Faisant son autocritique)Sékou Touré, président du Parti
Démocratique de Guinée (P.D.G.) affilié au R.D.A. écrit que cette
organisation était "incapable de conduire LIes masse 27 au-delà du
cadre étroit de l'association avec la puissance occupante. En réa-
lité, poursuit-il, le R.D.A. n'appartenait pas au peuple: le peu-
ple lui servait d'instrument" (2).
Dès lors on comprend pourquoi l'U.P.C. s'est_désolidarisée
de la centrale des partis d'Afrique française" et s'est transfor-
mée en 1955 en mouvement de libération armé
contre l'ordre colo-
nial (3).
De même dans les colonies anglaises, les autonomies du
1
Ghana et du Nigeria ont eu de profondes répercussions sur les au-
1
tres territoires anglais d'Afrique de l'Est. l'''Indirect rule" y
sera généralisé pour apaiser les révoltes qui s'y développent depuis
1950.
l
(1) de février 1947.
1
(2) l'Afrique et la Révolution, p. 45.
(3) à la suite de la répression sur les dirigeants de ce mouvement,
ces derniers ont soit pris le chemin de l'exil comme Félix
Moumié établi au Caire à partir de 1956, ou le maquis tel
Um NYOBE le fondateur de l'U.P.C. tué dans les zones libérées
en 1958. Voir DAVIDSON: op.cit. p. 264.

40
Sur le plan syndical, les travailleurs des colonies en-
trent dans une phase i'autonowisation de leurs luttes par rapport
aux centrales parisiennes dont leurs organisations n'étaient que
les sections territoriales, tout comme le R.D.A. n'était que la
section africaine de la S.F.I.O. La majeure partie des syndicats
étaient affiliés à la Confédération Syndicale i-londi e Le (C.S.M.)
sous "le parrainage" de la C.G.T. et une petite minorité à la
C.I.S.L. "parrainée igalement, par la C.F.T.C. et F.O.
Les contradictions et les différences d'appréciation en-
tre les centrales de la métropole et les syndicats africains sur
les questions coloniales et les revendications professionnelles se
sont développées dans les années cinquante et, aboutissent à la
désaffiliation de ces derniers en 1956. D'où la naissance de l'Union
Générale des Travailleurs d'Afrique Noire (U.G.T.A.N.) en janvier
1957.
En tout cas Sékou Touré, formé par la C.G.T explique cet-
te autonomisation qui a conduit à la rupture, par le manque de con-
certation de la part des centrales métropolitaines qu'il a accusées
de "vouloir mener une action du sommet à la base" (1).
L'autonomisation des syndicats africains s'est d'ailleurs
manifestée d'abord dans les grèves des cheminots de Dakar-Niger
(1947 - 1948) auxquelles Suret-Canale a consacré
une admirable
étude (2).
(1) Touré (S) : op.cit. pp. 308 - 309.
(2) " la grève des cheminots africains d'A.O.F. (1947 - 1948)"
in
cahiers d'histoire~de l'Institut Maurice Thorz nO 28 - 4e trim.
1978, pp. 82 - 122. Sembène Ousman en a fait une vivante des-
cription dans son roman célèbre : Les bouts de bois de Dieu.
Paris, l'Harmattan, 1960.

41
Les nombreuses luttes des tr'vailleurs des colonies ont perrris
d'arracher ~ l'odŒinistration coloniale l'application du code du
travail voté en 1952 dans les colonies de façon échelonné9o en fonc-
tion de la mobilisation des travailleurs dans chaque territoire (1).
Cette mobilisation des masses a amené le pouvoir colonial
a concéder quelques droits supplémentaires aux colonies en changeant
de mode d'administration par l'institution de la loi-cadre qui lui
permet de passer de l'administration directe i
l'administration in-
directe)ébauchée déjà par l'Union Française de 1946.
f
~,
i
Cependant cet aménagement ne profite qu'à la classe poli-
tique africaine, puisque la loi-cadre conSDcre la"balkanisation"et
f
le morcellement des territoires français en micro-Etats dans les li-
mites des frontières arbitrairement découpées par la puissance de tu-
telle. Ce processus conduit inévitablement au néo-colonialisme qui
1
sera réaménagé en 1958 avec la création de la "communauté franco-
t
1
africaine" que nous aborderons plus loin.
1
1
t
Dans la section suivante nous replacerons d'abord l'Afrique
et le monde arabe dans un ensemble plus vaste, celui des "nouveaux
Etats" qui, depuis Bandoeng sont ~ la recherche de la paix, de la jus-
tice et d'un nouvel équilibre mondial.
~i
1
(1) sur le syndicalisme africain en général voir 1"lEYNAUD (J) et
SALAH-BEY (A) le syndicalisme africain, (l'un des rares 0uvrages
en la matière).
1
,
i
1
ii!i!

42
S:SCTIGN II
LÀ CON:2'ERENCE DE BA@CENG (18-24 avril 1955) ET L'El"lER-
GEIJCE DU l':CUVEÏ',ENT DE LI BERjl'rl ON NAnONALE
La tenue de cette conférence marque un tournant décisif
dans l'histoire des pays afro-asiatiques et constitue un catalyseur
de la lutte des mouvements de libération nationale.
Jusqu'en 1955 certes de nombreuses tentatives de regrou-
pement
des peuples de ces peys ont eu lieu, mais il s'agissait des
conférences régionales n'ayant qu'une portée limitée comme les con-
grès islamiques des Etats arabes panafricains, congrès des peuples
noirs ect •.•
Il Y a aussi des congrès au caractère spécifiquement poli-
tique pour exprimer la solidarité internationale des peuples oppri-
més. Le premier est la "conférence internationale de la paix" à
Bierville en 1926 qui dénonça "l'Union de toutes les puissances euro-
péennes pour l'exploitation des peuples nouveaux"
(1), terme dési-
gnant a Lo.r s le "Tiers-Monde". La deuxième rencontre importante est
le "Congrès des peuples opprimés" de Bruxelles en 1927 (cf. supra,
chap. préliminaire).
L'Inde qui était à l'origine de cés deux rencontres va ini-
tier dès son indépendance d'autres conférences régionales, mais cette
fois neutralistes, à NEW-DELHI. Il s'agit de la "Conférence des rela-
tions asiatiques" en 1947 et celles des "Gouvernements afro-
asiatiques" en 1949. La première recommande la "transition d'une éco-
nomie coloniale à une économie nationale" et la seconde fut l'occa-
sion de la première rencontre de sept pays arabes (2) avec l'unique
(1) Jeune Afrigue, nO 747 du 2 mai 1975 : "18-24 avril 1955 Bandoeng",
p. 29.
;
(2) Arabie séoudite, Egypte, Irak, Liban, Syrie et Yamen.

43
représentant de l'Afrique, l'Ethiopie (1).
C'est ainsi que le "groupe arabo-asiatique" constitué à
l'O.N.U. en 1948 -comprenant outre les Etats arabes (cités en note)
l'Afghanistan, la Birmanie, l'Inde, le Pakistan, l'Indonésie et
l'Iran- est devenu en 1':;>50 le "groupe afro-asiatique".
A - Le contexte international de Bandoeng
La conjoncture internationale est explosive en Asie,
menaçante au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
D'une part l'Indonésie est en conflit ouverc avec la Hollande au su-
jet de la Nouvelle Guinée, les U.S.A. à propos des régimes dissidents
de Formose et la Corée dite du Sud. Cette situation est aggravée par
la multiplication des pactes d'
alliances militaires de l'Occident
en Asie comme nous l'avons vu.
D'autre part, le Moyen-Orient est le théâtre du déploiement straté-
gique de l'impérialisme dans le cadre du pacte de Bagdad et de grou-
pes de pression s'exerçant sur l'Egypte pour susciter son adhésion
à ce pacte et pour qu'elle mette fin à son aide di~ecte aux peuples
d'Afrique du Nord en lutte, particulièrement à l'Algérie où la guer-
re est en cours.
A cela~ il faut ajouter la volonté des deux blocs politico-
militaires antagonistes, l'OTAN et le pacte de Varsovie, d'étendre
leur influence en dehors de leur cadre régional et continental.
c'est dans ce climat bipolaire de la politique des blocs
f que les Etets afro-asiatiques vont affirmer leur détermination d'oeu-
vrer pour la sauvegarde de leur indépendance nationale et de mettre
---------------------------------------------------------------------
(1) voir de longs extraits des documents des deux conférences
in QUEUILlE (p) : Histoire de l'Afro-Asiatisme, pp. 304 - 306.
1
li
1
1
\\

fin à la do~ination étransère quel~u'en soit la forme (1).
B - Les réunions préparstoires
Ce bref rappel du contexte international montre que la
tenue de la conférence de Bandoeng est loin d'ê~re le produit de la
spontanéi~é. Elle est au contraire dictée par les conséquences di-
rectes et indirectes de la politique de blocs et ses répercussions
sur la paix et la détente à travers le monde.
C'est l'une des raisons qui a motivé le "groupe de Colombo":
l'Inde, l'Indonésie, la Birmanie, Ceylan et le Pakistan à initier
cette rencontre ; elle fut marquée par de nombreuses péripéties pour
la désignation des Etats participants à cause des conflits asiatiques
de l'époque et des positions idéologiques parfois antagonistes au
sein du groupe sur lesquelles nous n'allons pas nous attarder (2).
Toutefois il faut noter que l'Union Sud-Africaine et Israêl
n'ont pas été conviés bien que la mise à l'écart de ce dernier n'a
été obtenue que d'extrême justesse et pour prévenir un éventuel boy-
cott des Etats arabes.
En tout cas, les réunions préparatoires ont finalement
réussi à Colombo (avril 1954) et à Bogor (décembre 1954) à résoudre
les questions les plus controversées en recommandant l'invitation de
~
la Chine et du Vietnam (mais pas celle de l'U.R.S.S).
f
(1) cf. PETROVIC (R)
: "le non-alignement dans la situation inter-
nationale actuelle"
in cahiers de Belgrade, 1968, p. 3.
1
i
(2) cf. QUEUILLE (P) : op.cit. pp. 269 - 299. et Guittard : op.cit.
1
pp. 22 - 26.
1
1
1

Les 29 Etats conVles (1) par le groupe à prendre part à la
conférence doivent débattre les thèmes arrêtés à Colombo à savoir :
le colonialisme, le racisme, le développement économique et industriel,
le neutralisme et la paix mondiale (2).
C - Les courants idéologigues et les grandes guestions
La composition des Etats afro-asiatiques dévoile le plura-
lisme et le caractère contradictoire des options politiques des uns
et des autres.
Boutros-Ghali les classe en trois courants de pensée dis-
tincts
1°. Les Etats communistes
Chine et Vietnam
2°. Les Etats anti-communistes partisans de l'alignement sur
l'Occident: Turquie, Pakistan, Iraq, Iran, Philippines,
Ceylan etc ••• ;
3°. Les Etats neutralistes, plutôt hostiles à l'Occident
l'Egypte, l'Inde, l'Indonésie et la Birmanie (3).
Naturellement chaque groupe expose et défend sa conception
compte tenu des débats politiques et des enjeux idéologiques inter-
nationaux que représente l'afro-asiatisme et le rôle du neutralisme
en politique internationale en tant que différenciation idéologique
et stratégique par rapport à la division du monde en blocs.
(1) dont 5 observateurs. Il s'agit des territoires dont l'indépendance
est imminente: la Côte d'Or (Ghana), le Soudan, le Maroc, la
Tunisie et l'Algérie.
(2) Boutros Ghali (B)
le Mouvement afro-asiatique, p. 56.
(3) Boutros Ghali (B) : on.cit. pp. 56 - 57.

46
Mais l'hétérogénéité du ~ouvement n'a pas permis de dégager des po-
sitions communes sur les grandes questions.
Cependant, grâce au res~ect de la devise de cette rencon-
tre hiscorique "l'unité dans la diversité", un communiqué final a
été unanimement signé.
Abordons pour commencer,les objectifs de chaque groupe
d'Etats et ensuite les divergences de fond et de forme sur deux ques-
tions fondamentales.
Par exemple la Chine et le Vietnam ont cherché à jouer
pleinement leur rôle sur la scène internationale en vue de la recon-
naissance de leur souveraineté totale sur l'ensemble de leurs terri-
toires pour faire admettre leur représentativité à l'O.N.U. et rom-
pre l'isolement diplomatique dans lequel ils étaient enfermés.
Les pays dont les indépendances sont récentes ou imminen-
tes: Soudan, Tunisie, Maroc, Côte d'Or, Cambodge, Laos (et Algérie)
ont tenté aussi de s'affirmer sur le plan international et fait la
démonstration de leur volonté de sauvegarder leur indépendance na-
tionale.
Le groupe des Etats arabes a centré ses interventions sur
la situation en Afrique du Nord, la dénonciation de la "politique
d'agression d'Israël" et la défense des droits du peuple palestinien.
Enfin le courant neutraliste, principalement l'Inde et
l'Indonésie avait
comme obj ectif essentiel : faire entériner

- - -
- - - - - - - - - - - - -
47
le "PANCR Shila (1) comme principe général de conduite internationale
et unique base pour l'établissement de la paix mondiale" (2).
C'est pourquoi l'adoption à l'unan~mité des dix principes
de Bandoeng ne peut manquer de mettre à nu les profondes divergences
idéologiques des trois courants, au moins sur deux questions fonda-
mentales : la définition et la condamnation du colonialisme et les
moyens d'assurer la défense nationale.
(1)
ou "Pancha Sila". C'est à l'origine cinq principes moraux du
Boudhisme : "ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas
s'enivrer, ne pas se débaucher". Par extension l'Indonésie de
Soékarno en a fait la base de sa politique en 1945 : "nationa-
lisme, internationalisme, démocratie et gouvernement représen-
tatif, société juste et prospire, crédo-monothéisme". Repris et
reformulé par l'Inde, le Pane ha Sila indien a servi de base de
règlement du conflit frontalier indo-chinois au sujet du Tibet
en 1954. Il est ainsi formulé : "respect mutuel
de.. l ' intégrité
territoriale et de la souveraineté, abstention de tout acte of-
fensif, non intervention dans les affaires intérieures d'un au-
tre pays, égalité des droits et entraide mutuelle" in Queuille :
op.cit. p.
303.
(2) BERG (E) : Non alignement et nouvel ordre mondial, p. 21.
Voir de longs extraits des interventions et des détails du dé-
roulement de la conférence in Conte (A)
: Bandoeng tournant de
l'histoire.

4-8
Le courant pro-occidental considère que le communisme est
une nouvelle forme de colonialisme. Par exemple le Pa~istan et Ceylan
défendent la thèse selon laquelle il y a un "colonialisme ancien et
un colonialisme nouveau". Par conséquent ils suggèrent la condamna-
tion du "colonialisme dans toutes ses f'o r-r.e a !", Cette formulation est
rejetée à la fois par le courant socialiste et le courant neutralis-
/
te estimant qu'il n'y a qu'un seul colonialisme. D'où un compromis
apparent condamnant "le colonialisme dans toutes Ses manifestations".
Eugène Berg montre la subtilité et l'enjeu idéologique de
ces deux formulations : "le te!'me
"manifestation" suggérant un
objet considéré sous ses nombreux aspects, le terme "forme" impli-
quent différents objets d'un m&me genre"
(1)_
La deuxième question porte sur la défense : "le droit pour
tous les pays de se défendre individuellement et collectivement".
Le terme "individuellement"
excluerait peut-on supposer
le droit d'alliance, même régionale alors que le terme "collective-
ment", légaliserait IPSO FACTO les alliances politico-militaires de
caractère impérialiste,préexistantes ou futures. Ce qui contredirait
l'esprit du neutralisme dont se réclament les participants de la con-
férence de Bandoeng.
Au demeurant, "l'esprit de Bandoeng" ne s'oppose pas en
principe aux alliances politico-militaires entre Etats indépendants,
à condition qu'elles soient limitées dans un espace régional locali-
sé. Ainsi, le mouvement afro-asiatique ne condamne pas le "pacte de
sécurité des Etats arabes" de 1946 et ne met en cause ni la légiti-
mité de l' UrAN ni celle du pacte de Varsovie tant qu'ils restent
(1) Ibidem.

r~gionalement localis~s. C'est la raison pour laquelle la conf~rence
retient alors les deux termes "Lnd.i.vi.due H e." et "co Ll e c t i.ve ";
Mais si les deux parties sont satisfaites, l'ambiguité
n'est pas pour autant r~solue.
Avec l' "amendemerrt égyptien" (1) le terme "collective"
est rendu plus restrictif par la juxtaposition des points 5 et 6.
Puisque ce dernier exclut toutes les "alliances pouvant servir les
intérêts particuliers des grandes puissances" (2).
1
f
!f
1
1
--------------------------------------------------------------------
(1) Queuille (P) : op.cit. p. 294.
(2) voir point 5 et 6 infra.

50
SECTION III
Les conclusions de Bandoeng sur le plan international
A - "L'esprit de Bandoeng".
Les sept principes du Pancha Sila amendés sont énoncés en
dix points dans le communiqué final (1)
Ils devaient servir de règle de conduite aux pays afro~
asiatiques en matière de relations extérieures, basées sur le prin-
cipe de la coexistence pacifique.
Résumons-les
1°. Respect des droits fondamentaux de l'homme
2°. Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tou-
tes les nations ;
3°. Reconnaissance de l'égalité des races et des nations
4-0. Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures
dès autres pays ;
5°. Respect du droit de chaque nation de se défendre individuelle-
ment et collectivement
6°. Refus de recourir à des alliances pouvant servir les intérêts
particuliers des grandes puissances ;
7°. Abstention de menace d'agression contre l'indépendance d'un au-
tre pays ;
8°. Règlement des conflits internationaux par des moyens pacifiques
(1) texte complet in Art. et Doc. nO 200, 28 avril 1955.

5I
9°. Encouragement de la coopération basée sur les intérêts mutuels
10°. Respect de la justice et des obligations internationales.
La déclaration de Bandoeng est modér~.aussi bien dans le
fond que dans la forme.
Sur la question coloniale, elle ne condamne nommément au-
cune puissance et ne dénonce non plus aucun pacte impérialiste.
Cela est aussi la résultante de la pluralité des courants
idéologiques soucieux de s8uvegarder avant tout la cohésion du grou-
pe afro-asiatique.
y sont affirmés les droits des peuples colonisés à l'auto-
d~termination et le colonialisme est considéré "dans toutes ses mani-
festations comme un fléau et il faut en finir au plus tôt" (1).
Les représentants de l'Afrique du Nord ont abouti à l'inter-
nationalisation du problème algérien dont l'inscription dans le cadre
des débats de l'O.N.U. continuait de se heurter à l'opposition de la
France colonialiste contrairement aux problèmes marocains et t~~isiens
qui y sont déjà posés.
1
!
La stratégie des délégués d'Afrique du Nord (2) et des
i
pays arabes a eu une influence positive sur la déclaration de
,
Bandoeng concernant le Maghreb et la Palestine dont les droits à
l'autodétermination y ont été cités à plusieurs reprises.
---------------------------------------------------------------------- 1
(1 ) cf. point D du communiqué final.
-
(2) M.YAZID ; H. A. A~MAD (Algérie)
S.B. Yüsuf ; T.B.A. SALIM
1
(Tunisie) et c ALLAL al-FASI, B. GALLÜN (Maroc).
~1i1,
1

52
c'est là une grande victoire de la diplomatie arabe en
conflit ouvert avec la ?rance et le début de l'isolement d'Israël
sur le plan international ainsi que ie l'Union Sud-Africaine en rai-
son de sa politique de discrimin~ticn r~ciale.
Le fait principal de cette conférence est l'amorce de l'é-
mancipation des Etats afro-asiatiques qui affirment leur volonté de
se tenir à l'écart de la guerre froide résultant de la concurrence
des grandes puissanceset en même temps, de refuser de se constituer
en troisième bloc dans le souci d'atténuer les risques de guerre et
de promouvoir la paix à l'échelle internationale. En ce sens la con-
férence est une contribution fondamentale à la justice et à la pro-
motion de la paix au moment où les traités et les pactes impérialis-
tes se multiplient au Moyen-Orient et en Asie, au moment où le
continent africain connait les plus odieuses dominations coloniales.
L'opposition à la politique de blocs et l'adoption du neu-
tralisme (1) traduisent la volonté des peuples afro-asiatiques
d'oeuvrer pour la sauvegarde de l'indépendance nationale et des ac-
quis du mouvement de libération. C'est le moins qu'on puisse dire
puisque Bandoeng n'a pas vraiment déclaré la guerre à l'impérialis-
me. Si le premier ministre chinois, Chou En Lai était "venu à Ban-
doeng pour rassurer, apaiser, séduire" d'après Guittard (2) afin de
favoriser l'ouverture de la Chine sur l'extérieur, c Abd al-Na~ir y
cherchait à étayer une autorité internationale qui lui faisait dé-
faut jusque là et à préciser sa philosophie politique en matière de
(1) il faut distinguer la "neutralité" du "neutralisme". Le neutra-
!1
lisme lutte pour la paix alors que la neutralité se tient à l'é-.
1
cart de la guerre. Le neutralisme est idéologique et doctrinaire,
{
la neutralité est empirique et pratique. "le neutralisme est une
1
doctrine collective, la neutralité est une attitude individuelle rr •• ,.
Autrement dit la première notion est passive (type de neutralité
_
de la Suisse) et la seconde est active, type des pays afro-
,1-
asiatiques et non alignés. cf. Bridel (R) : Neutralité: une voie
1
pour le Tiers-~onde. p. 85 et suivantes.
!
. f
(2) op.cit. p. 3
1
.
;
!

53
relations internationales à la fois vis-à-vis des menees impéria-
listes au l':oyen-Orient et vis-à-vis de ses ambitions politiques
pour le leadership des pays arabes et du continent africain.
B - L'Egypte et la conquête du leadership africain
A son retour de Bandoeng où c Abd al-Na~rr avait conduit
la plus forte délégation de la conférence (1), celui-ci s'est aper-
çu que son pays pouvait prétendre à un rôle dirigeant dans le con-
tinent africain où, à part l'Egypte, seuls le Libéria , la Libye et
l'Ethiopie sont indépendants, un rôle comparable à ceux de Nehru et
de Chou EN Laï en Asie, deux hommes qui l'ont profondément influen-
cé.
Certes, le leader égyptien avait dès 1954 analysé l'impor-
tance de l'Afrique Noire dans la stratégie globale de l'Egypte en
particulier et des pays arabes en général (2) mais l'Egypte était
dépourvue d'une philosophie de politique intérieure et extérieure.
Bandoeng lui a per~is de discerner clairement l'importance d'une
politique neutraliste pour se situer à l'équidistance entre
l'Occident et l'Est dans l'intérêt national de l'Egypte.
Comme c Abd al-Nasir l'a déclaré dans son discours annon-
çant la nationalisation du canal de Suez (le 26 juillet 1956) :
"l'Egypte est prête à faire la paix avec tous, mais la politique
égyptienne sera pensée et élaborée en Egypte. Elle ne sera dictée ni
par Londres, ni par Washington, ni par ~oscou. Nous SOtlmes prêts à
(1) voir TIBI (Bas sam ) : "l'Egypte en Afrique" in Probl. pol. et
sociaux, n° 139-140 du 25 août - 1e septembre 1972. p. 17.
(2) comme l'atteste son livre FALSAFAT al-TAWRA (cf. infra).
=

54
coopérer avec tous mais pas au détriment de notre dignité et de
notre indépendance"
(1).
-"- -
Le "neutralisme positif" Lal RIYAD al-IGAB!7 sera désor-
mais le fondement de la politique extérieure égyptienne non seule-
ment en direction des pays afro-asiatiques mais aussi en direction
de l'Occident et des "pays socialistes". Cependant l'Afrique Noire
sera le principal centre d'intérêt égyptien à partir de 1956, an-
née pendant laquelle a commencé l'affluence des dirigeants des mou-
vements de libération africains au Caire (cf. infra).
Eais que signifie le "neutralisme positif" ? L'un des spécialistes
de la politique du régime nassérien ANWAR c AMI R définit cette notion
comme suit
"le neutralisme positif", dit-il, signifie la "partici-
pation active dans les affaires internationales sur la base du droit,
de la justice et de la morale ; appuyer les causes justes pour la li-
bération et l'indépendance, combattre le colonialisme et le néo-
colonialisme sous toutes ses manifestations ; soutenir les causes jus-
tes dans les conflits internationaux sans discrimination idéologique
encourager tous les efforts en faveur du désarmement et de la paix
mondiale" (2).
De son côté Clovis MAQSUD (3) analyse cette notion du point
de vue des relations internationales des pays arabes en la considé-
rant comme étant une philosophie transitoire pour établir des rapports
internationaux confiants sur la base du respect mutuel des Etats.
---------------------------------------------------------------------
(1) in al-MURAMAT, al-Qahira, 1971 (no spécial consacré au
leader
égyptien) p. 98. Voir cet important discours pp. 95.112.
(2) Rukm cAbd al-Nasir. pp. 336-337.
(3) Ma c na al-Riyad al-IGABÏ, p. 113. Tr. de Ariouar
Abdel
Malek
La pensée ••
(op.cit.) p. 111.

55
"Le neutralisme positif, dit-il, constitue la forme que
prennent les relations internationales des pays arabes au cours de
l'étape actuelle, il prendra fin une fois que les besoins et les
causes qui l'ont suscité ne seront plus. Quand la coexistence paci-
.
,
/-
7
.
flque sera complete _ •• ~ , quand la confiance se sera instaurée et
aura pris la place de la suspicion, de la méfiance et de la peur,
quand les rênes du pouvoir politique dans le monde auront été ar-
rachées des mains des marchands de guerre, des monopolistes et des
exploitants alors, le besoin du neutralisme ne se fera plus sentir".
C'est au nom de cette nouvelle doctrine que le régime
nassérien va durcir son attitude à l'égard des puissances occiden-
tales (1), d'une part, pour remettre en cause leurs intérêts d'en-
semble en Egypte et faire face aux pressions des Etats-Unis qui re-
fusent le crédit promis pour le financement du barrage d'Assouan
(si l'Egypte ne donnait pas son accord d'adhésion au pacte de Bagdad)
et d'autre part, aux enchères de la France, qui pose comme condition
aux fournitures d'armes à l'Egypte la cessation de toute aide aux
"rebelles algériens".
C'est alors que le leader égyptien, po~rtant anti-
communiste, cherche à se rapprocher des "pays socialistes". Cette
ouverture lui a permis de conclure un important contrat d'armement
avec la Tchécoslovaquie (2) à des conditions moins astreignantes et
(1) Depuis la révolution de 1952, le régime oscillait entre les Amé-
ricains et les Européens. c Abd al-Nasir aurait même confié à un

ambassadeur occidentalàsozr.retour de Bandoeng: "J·étais jusqu'
,
.
au mois dernier, vous le savez, un ami sincère de l'Occident, dé-
sormais ne comptez plus sur moi" cité par Lacouture (J et S).
l'Egypte en mouvement. p. 193.
(2) Les premières livraisons d'armes sont généralement attribuées à
ce pays par les spécialistes
des questions égyptiennes. Pourtant,
dans son discours du 26 juillet 1956, le président égyptien a
formellement nié cette provenance en déclarant notamment : "Nous
avons obtenu des armes en Union Soviétique, oui en Union Sovié-
tique, pas en Tchécoslovaqui~~avant d'ajouter que l'U.R.S.S a
offert son assistance à l'Egypte "dans tous les domaines ainsi
que des crédits à long terme sans condition" in al-MUHAIvLAT,
op.cit. p. 99.

56
de se soustraire au blocus économico-militaire qui lui a été imposé
de la part de l'Occident.
Raison pour laquelle les sp~cialistes du Moyen-Orient pen-
sent généralement que l'U.R.S.S. a fait son e~trée dans cette région
grâce aux aides économico-militaires à l'Egypte et à la Syrie à par-
tir du renversement de KUWATLI (août 1957) par un groupe d'officiers
progressistes.
Quoi qu'il en soit, en 1956, c Abd al-Na~ir s'est radicali-
sé vis-à-vis de l'Occident, a affirmé avec plus de détermination sa
volonté de veiller sur les intérêts nationaux égyptiens après g'être
attribué les pleins pouvoirs.
Une grande campagne propagandiste commence alors pour la
légitimation idéologique du "neutralisme positif" avec comme corol-
laires, le panarabisme en direction du monde arabe et le panafrica-
nisme en direction de l'Afrique Subsaharienne.
Elu président de la République le 26 juin 1956 par la. voie
référendaire, le 26 juillet le chef de la révolution annonce la
nationalisation du canal de Suez devant une foule enthousiaste pour
"rétablir la dignité et la grandeur de l'Egypte et de la Nation
Arabe". Nationalisation qui aura pour conséquence directe la "Batail-
le de Suez", l'agression tripartite (Angleterre, France et Israël)
en octobre sur l'Egypte pour garantir "la libre navigation" dans le
canal, assurer leur approvisionement en pétrole et prévenir le blo-
cus maritime d'Israël.
L'échec de cette expédition suivie de l'évacuation des
forces occupantes est un triomphe personnel du leader égyptien qui
impose le respect et l'admiration.

57
cAbd a~Nasir s'impose alors comme le chef de file du nationalisme
arabe et cherche la conquête du leadership du continent africain.
Il renforce l'aide matérielle de l'Egypte aux mouvements de libéra-
tion africains, particulièrement à l'Al[~rie (1).
Ainsi tous les spécialistes de la politique étrangère du
régime nassérien semblent être unanimes sur le fait que les années
1955 - 1956 marquent un tournant décisif dans l'élaboration de sa
politique panarabe et panafricaine.
Car c'est la période de la consolidation de son pouvoir
personnel en Egypte et de la consolidation de sa mainmise sur l'ap-
pareil d'Etat après l'adoption de la nouvelle constitution de 1956
visant, selon c Abd al~Nasir à la "démocratisation du pouvoir" •

"Aujourd'hui dit-il, la période transitoire est terminée, le pays et
le peuple ont beaucoup réalisé. Le peuple a enregistré des victoires
au cours de ces trois dernières années. Il a vaincu la réaction, le
féodalisme, le colonialisme, l'asservissement et l'exploitation" (2).
Evidemment cette affirmation est à relativiser bien qu'on
ne puisse nier certaines réalisations positives du régime dans ces
domaines, même si ce fut quelque/fois au prix de méthodes peu démo-
(1) Guy J'iollet disait en 1956 au sujet de cette aide: "La chute de
Nasser terminerait la guerre en Algérie en vingt quatre heures,
et nous croyons que s'il n'y avait pas Abd~ Nasser, nous n'au-
rions pas été obligés de donner au Maroc son indépendance, ni
non plus à la Tunisie la sienne"
cité par MANSOUR (~lham).
Thèse: op.cit. p. 138.
(2) voir son discours prononcé à l'occasion de la proclamation de la
constitution in al-!"iUHAMAT,
(op. cit.) p. 75.
1
\\l

58
cratiques concernant les opposants politiques (1).
Une fois que les problèmes intérieurs sont règlGs, le ré-
gime nassérien concentre ses efforts sur l'Afrique subsaharienne ;
le centre de gravité de sa politique extérieure africaine se déplace
du Soudan, après l'échec des tentatives d'union égypte-soudanaise,
vers les colonies françaises et anglaises en Afrique.
La politique africaine qui sera élaborée à partir de 1956
a fait l'objet d'une véritable planification qui a nécessité la mise
en place d'organismes gouvernementaux et officieux pour le déploie-
ment de la diplomatie égyptienne en Afrique.
-------------------------------------------------------------------
(1) sur la politique intérieure de l'Egypte de 1952 à 1960 voir
aussi
Abou al FATH
l'Affaire Nasser.
Ali SABER
Nasser en procès, pp. 20 - 45.
Abdel MALEK
l'Egypte, société militaire.
RODINSON (M)
: ,op.cit. pp. 603 -665.
RIAD (Hassan)
l'Egypte nassérienne.
1
l

59

CHAPITRE II
L'EGYFTE A LA RECHERCHE D'UNE POLITIQUE AFRICAINE
L'intérêt égyptien pour l'Afrique a ouvert la voie a un
élargissement des initiatives du régime nassérien en direction de
l'extérieur. Nous allons essayer de saisir dans ce chapitre la ma-
nière dont il s'est employé entre 1956 et 1960 â assurer son déploie-
ment en Afrique pour accomplir la mission qu'il s'est fixée dans un
continent qui ne connait d'autres relations hors de ses frontières
qu'avec les métropoles dans la grande majorité des cas.
En abordant leur politique africaine les Egyptiens se sont
fixés comme objectifs dans les années cinquante : la liquidation du
colonialisme et la recherche de zones d'influence dans ces pays sous
tutelle coloniale. Par la générosité du Caire â l'égard des mouve-
ments de libération africains qui y affluent, cAbd al-Nasir pensait
.
prendre de l'influence sur les futurs Etats indépendants ou du moins
avoir des relations privilégiées avec les Etats dont les dirigeants
étaient autref~is accueillis au Caire. Enfin le dernier objectif non
moins important est de favoriser la diffusion de l'Islam et de la
langue arabe dans le continent "vierge".
Les réformes de l'université d'al-Azhar en 1958, 1960 et
196~ pour l'adapter â la nouvelle politique de l'Etat en matière de
propagande religieuse en direction de l'étranger en général et de
l'Afrique en particulier en sont un exemple vivant.

60
SECTION l
OUVERTURE SUR L'AFRIQUE
L'intérêt égyptien pour l'Afrique subsaharienne n'est pas
un fait nouveau. Déjà à la fin du XIXe siècle le Khedive ISMA cil
avait envoyé des expéditions "scientifique et militaire" dans les
zones alentour de la vallée du Nil (Afrique Orientale et Centrale)
en vue de leur occupation tout comme en avait l'intention le fonda-
deur de l'Egypte moderne Mu~ammad cAli dont la politique dans cette
région n'a été interrompue que par la conquêt~'coloniale (1).
A - L'Afrique dans FALSAFAT al-TAWRA
=
Gamal cAbd al-Na~ir a reformulé de nouveau dans son livre
philosophie de la révolution en 195~ le rôle que peut et doit jouer
l'Egypte en Afrique Noire et montré l'importance particulière de la
Vallée du Nil dans la stratégie géo-politique égyptienne tout en at-
tirant l'attention de son peuple sur la situation d'oppression, de
domination et de ségrégation que vivent les peuples noirs. C'est
pourquoi, estime le leader égyptien, son pays a le devoir moral et
l'obligation d'assumer ses responsabilités "d'aide et d'assistance"
à ce continent ; puis il poursuit : "Nous ne pouvons en aucun cas
rester en marge de l'horrible et sanglante lutte qui se déroule au
coeur de l'Afrique entre 5 millions de blancs et 200 millions de
noirs. Nous ne le pouvons pas, par le fait que nous sommes en Afrique.
Tous les peuples du continent feront converger leurs regards vers
nous, gardiens de la porte septentrionale de ce continent, et son
trait d'union avec le monde extérieur" (2).
--------------------------------------------------------------------
(1) voir sur cette période cAWDA (c Abd al-MALIK) : FIKRAT al WAHDA
al-IFRIQIYA (3e partie) et notre rapport de D.E.A. Chap. IV.
(2) FALSAFAT .. p. 59.

61
L'auteur affirme ici avec force le rôle guide de son
pays dans la lutte de libération africaine en développant un en-
semble d'arguments et de justifications d'ordre politique, écono-
mique, stratégique et cu.l ture -religieux qui confère à l'Egypte
ce rôle prééminent qui lui paraît naturel.
Mais la conception de ce rôle est pensée dans une réfle-
xion plus large, les "trois cercles concentriques" comprenant par
ordre d'importance ascendante "le monde arabe, l'Afrique et la com-
munauté musulmane" et dans ces trois cercles l'hégémonie de l'Egypte
est textuellement prononcée (1).
L'analyse fait implicitement appel à la création d'un
troisième bloc puissant économiquement qui comprendrait le plus de
pays musulmans possible afin de pouvoir se mesurer avec les deux
blocs existants. C'est une véritable stratégie "tiers-mondist-e"en vœ
de modifier les rapports de force issus de la seconde guerre mon-
diale.
L'analyse fondée d'emblée sur les notions de fraternité,
de solidarité et d'universalité islamiq~est censée justifier, dans
la conscience de l'auteur, le ralliement des musulmans qui doivent
théoriquement se reconnaître dans l' "UMl"iA", communauté de croyants
qui est au dessus des considérations ethniques, raciales et nationa-
1
les. "Cette solidarité, dit-il, serait sans aucun doute, l'édifice
gigantesque de notre puissance" (2) à condition toutefois d'adapter
1
certaines p~atiques rituelles de l'Islam aux exigences et au servi-
1
ce de cette puissance.
r
1
Le pélerinage à la Mekke, suggère l'auteur, "ne doit plus
f
!
,
être un billet d'entrée au paradis, ni une tentative ingénue pour
!
l'achat du pardon divin L:.~7 mais un congrès politique périodique
-------------------------------------------------------------------
(1) pour une analyse plus ~austive des trois cercles, cf. in notre
Mémoire de Maîtrise à Paris VIII: L'Egypte Nassérienne et
l'Afrique à travers les textes. pp. 8 - 15.
f!
(2) Ibid. p. 61.

62
qui chaque année réunirait les dirigeants des Etats islamiques, les
hommes d'opinion, les ulémas, les écrivains, les négociants, les
industriels, ainsi que la jeunesse en vue d'étudier les grandes li-
gnes d'une politique commune à toutes les nations musulmanes" (1).
Si l'analyse du cercle de la communauté musulmane nous
parait subjective, voire utopique, en revanche, l'analyse des cer-
cles du monde arabe et africain est étayée par une série d'arguments
et de justifications solvables.
Brièvement, pour le monde arabe l'auteur évoque le voisi-
nage des Etats, les attaches culturelles et religieuses, l'héritage
historique et enfin son poids économique notamment le pétrole dont
il démontre l'extrême importance dans la stratégie de développement
de l'économie mondiale et de la "puissance des nations" avant de con-
clure : "Nous sommes donc forts non pas en faisant retentir nos do-
léances ou nos cris d'alarme, mais plutôt en mesurant avec calme, à
la clarté des chiffres, la portéQ de notre potentiel commun" (2).
S'agissant de l'Afrique Noire dans la représentation de
l'analyse des trois cercles, elle n'est pas en fait une force en soi,
mais sert de point d'appui -si l'on peut dire- dans la stratégie
politico-économique du monde arabe dont le noyau central, selon l'a_
nalyse, est l'Egypte "carrefour des trois continents" si l'on tient
compte de sa jonction à l'Europe par la Méditerranée. A ce titre,
écrit l'auteur "dans cette région où nous vivons il y a un rôle éga-
ré qui attend son héros L:.~7 et nous invite à nous mouvoir pour
l'assumer" (3), car "c'est nous, et nous seuls qui sommes appelés à
le tenir" (4).
---------------------------------------------------------------------
(1 ) Ibid. p. 60.
(2) Ibid. pp. 58 - 59.
0) Ibid. p. 47.
(4) Ibid. p. 61.

Enfin si c Abd al-Nasir invoque le devoir "d'aide et d'as-
sistance au continent africain" pour y assurer le "bien être des
peuples de ce continent", les supports de légitimation de l'action
égyptienne sont la liquidation du colonialisme et de la ségrégation
raciale. Telles sont les motivations déclarées.
Quant aux objectifs recherchés, ils sont de trois ordres
que nous pouvons résumer de la façon suivante :
1°. Préserver les débits du Nil "artère vitale de notre patrie" qui
prend sa source en Afrique Orientale et Centrale (d'où les expé-
ditions égyptiennes dans ces régions que nous avons mention-
nées) ;
2°. Diffuser la civilisation arabe "même jusqu'au coeur de la forêt
vierge du continent"
3°. Garantir la sécurité et l'intégralité territoriale de l'Egypte,
d'où l'importance d'avoir le contrôle sur le Soudan nilotique
dont le régime égyptien considérait les frontières avec l'Afrique
Noire comme des "zones névralgiques du centre du continent" (1).
1
1
1
!
-------------------------------------------------------------------
(1) Ibid. p. 59.

64
B - L'Egypte et le Soudan
Nous avons signalé que les officiers libres n'avaient
pas un programme ou une ligne politique bien définie quand ils se
sont emparé du pouvoir en 1952. Néanmoins, ils s'étaient fixés qua-
tre objectifs prioritaires pa.rmi lesquels "la négociation de la
question soudanaise" (1). Ce qui montre l'importance de cette ques-
tion pour les nouvelles autorités égyptiennes tout comme pour
Mu~ammad cAli et ses successeurs tous très attachés au mythe de
l'''Unité de la Vallée du Nil" (Egypte, Soudan, Ethiopie, Ouganda,
Kenya) pour préserver les débits du Nil "artère vitale de notre Pa-
trie et dont les sources sont au centre de l'Afrique" comme l'a
écrit c Abd al-Na~ir (2). (Voir la carte ci-après montrant le Soudan
dans le projet de la Vallée du Nil).
Depuis la conquête du Soudan par Mu~ammad cAli au cours
de sa campagne dans ce pays, 1820 - 1823, le principal objectif
était: contr8ler le "cours supérieur du Nil, les relais de cara-
it
vanes en provenance de l'Afrique Centrale" (3). Ces caravanes rame-
!
naient de l'or et des esclaves acheminés vers les centres du monde
arabe (1+).
1
En outre, le Soudan a été toujours un sujet conflictuel
1
entre l'Egypte et l'Angleterre depuis la signature du condominium
!!
en 1899 reconnaissant leur souveraineté commune sur ce pays.
!
(1) les autres points sont: bâtir une armée solide, négociation de
l'évacuation des forces britanniques de la zone du canal de Suez,
1
réformes sociale. et agraire.
!
(2) Ibid. p. 59.
t
,
(3) Tomiche (Nada) : l'EgyPte Moderne, p. 13.
1:!
(~)
1
cf. cAWDA (cA. M.) : op.cit. (3e partie).
1
i
1
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2
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1
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65
NA~AS Pacha, leader du parti nationaliste, le WAFD avait saisi
l'occasion des émeutes anti-britanniques de 1951 - 1952 pour dénon-
cer le traité de 1936, confirmant entre autres la souveraineté
égypto-anglaise sur le Soudan. Le roi FÀRÙQ s'était alors fièrement
proclamé "Roi d'Egypte et du Soudan".
Dès 1953, les "Officiers libres" signent avec les Bl:.'itan-
niques un accord portant sur le retrait de leurs forces armées res-
pectives du Soudan qui doit jouir d'une "autonomie complète" dans
les trois ans à venir. Alors le peuple soudanais pourra décider sou-
verainement son avenir (1).
Or les forces politiques soudanaises sont profondément
divisées sur l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Egypte qui, dès
1953 développe une vaste campagne de presse et de radio (2) exaltant
les liens séculaires entre les peuples égyptien et soudanais, mettant
l'accent sur les intérêts mutuels pouvant résulter de l'union proje-
tée. Au Soudan, les unionistes sont appuyés par la secte religieuse
1
~ATM!YA tandis que les partis hostiles bénéficient du soutien de la
secte des AN9AR (Mahdistes). Politiquement parlant, deux fronts se
!
sont constitués, reflétant respectivement ces deux courants :
1
ASlQQA (dirigé par lsma cri al- Azhari) et mInA (dirigé par SAYYlD
1
cA. r1URGANI) •
f:

(1) al-AHR~j, du 13 février 1953 teXte en français de l'accord in
1
Problèmes politiques et sociaux, nO 67, du 7 février 1971.
Le programme de la radio du Caire destiné au Soudan fut augmen-
té et en 1955, un studio de cette radio fut construit à HARTÜM.
.. .
voir al~ TAWRA al- MlSRÏYA FÏ-TALAT SANAWAT (la révolution égyp-
»

_ .
tienne en 3 ans). pp. 195 - 196.
~-j-.-

66
Le régime du Caire avait abondamment commenté la victoire
des unionistes (favorables à l'Egypte) aux élections de "l'Assemblée
Constituante" de novembre 1953. La presse égyptienne la présentait
comme le résultat logique de la considérable influence égyptienne
"non seulement au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique Méridionale,
voire de l'Ouest" (1).
L'impact de cette influence n'était-elle pas exageree
par les médias du Caire. Car au Soudan même, l'hostilité envers les
ingérences du "Conseil de la Révolution" dans les affaires intérieu.,.
res soudanaises devenait de plus en plus manifeste. Ainsi la délé-
gation égypti~nne venue assister aux cérémonies de l'ouverture du
premier parlement soudanais (1e m~s 1954) avait été accueillie par
les AN9AR armés de lances et d'étendards et qui jetaient des projec-
tiles divers contre la délégation du Caire, ce qui devait entraver
la tenue de la séance prGvue. Mais al-Ahram d~ 2 mars estime que
"les. auteurs des troubles n'étaient pas des Soudanais mais des Nigé-
rians déportés par l'Angleterre dans des ~ermes de l'île "Abat" ;
--------------------------------------------------------------------
(1) al-ABRAM du 1e janvier 1954 (installation au gouvernement de
1. al- AzharL)
1
1
f
l

67
donc les incidents n'étaient qu'un complot monté de toutes pleces
par les Anglais" (1). La presse cairote négligeait complètement
ces incidents qui ont marqué un tournant décisif dans la détério-
ration des rapports des deux pays malgré les efforts du major SALIR
SALÏrv; chargé des "Affaires soudanaises" (2) au début de 1954.
-------------------------------------------------------------------
(1) En effet, la politique coloniale anglaise dans la perspective
de l'indépendance au Soudan visait un double objectif selon
W. Wassef : "empêcher le nationalisme du Nord, importé du Caire,
de contaminer le Sud et les autres possessions britanniques en
Afrique d'une part, en vue de les intégrer dans une grande fédé-
ration Est-africaine sous contrôle britannique d'autre part".
D'où l'expulsion des arabophones musulmans du Sud et l'institu-
tion de "districts fermés" et d'un système de permis rigoureux
entre les deux régions pour encourager le christianisme et l'uti-
lisation de l'anglais dans le Sud.
"Au lendemain de l'indépendance, une arabisation systématique
qui prend l'allure d'une véritable colonisation est entreprise
1
~
dans le Sud où les Noirs sont écartés des postes de responsabi-
;
lité, l'arabe imposé dans l'enseignement et l'administration,
f
les écoles missionnaires chrétiennes nationalisées et les prê-
1
!
tres étrangers expulsés". c'est là deux des facteurs fondamen-
taux de la guerre civile entre le Nord et le Sud qui durera
17 ans (1955 - 1972).
1
Wissa WASSEF (C)
: "Le Soudan: vingt ans d'indépendance".
in ~ag-Mac, nO 73 ; 3e trimestre 1976 - pp. 31 - 38.
1
f
1
i
(2) Le major SALIR, ministre de l'Orientation Nationale et de l'In-
. .
!
formation a joué un rôle déterminant dans la propagande égyp-
!
tienne au Soudan. Voir al-Abram de novembre 1953 à la fin mars
1954 qui a pratiquement titré tous les jours "à la une" sur le
Soudan.
1
,
ir
~
t1
•!r

','
68
Cette détérioration n'est pas sans lien avec l'~viction du général
NAGIB, une semaine plus tôt. Cet élément modérateur dont la mère
était soudanaise jouissait d'une grande considération chez les
Soudanais.
Au cours de 1955 pour sauvegarder l'unité nationale, les
AN9AR partisans de "l'autonomie immédiate" et la majorité parlemen-
taire pro-égyptienne se sont rapprochés pour aplanir leurs diver-
gences.
Ainsi le Soudan a unilatéralement proclamé en décembre de
la même année son indépendance qui sera célébrée le 1e jan-
vi er 1956 (1).
Dans son discours du 26 juillet 1956 c Abd al-Na~ir s'ex-
pliquant sur la question soudanaise et sur sa politique de la Vallée
du Nil impute la responsabilité de "l'hostilité créée entre l'Egyp-
te et le Soudan" aux menées destabilisatrices de l'Angleterre et
des Etats-Unis.
"Il Gst évident, dit-il, que les Anglais tentent de nour-
rir la haine et l'aversion chez nos frères soudanais" (2). Il accu-
se les Britanniques d'avoir orchestré une campagne de presse et de
radio BBC pour empêcher les deux voisins du Nil de résoudre leurs
différends.
------------------------------------------------------------------
(1) sur la résistance des Soudanais contre la domination égypto-
anglaise voir SABÏK (l'ïakkr) : ['lUQAWANAT al- SÜDAN al- ~ADÏ'~'
(2) in al-f'llUHAMÂT, (op.cit~ p. 103.
,

Quant aux Etats-Unis, il les accuse de "provoquer un
sentiment de répulsion de la part de l'Ethiopie et de l'Ouganda
parce que leurs objectifs consistent à opérer la diversion entre
les Etats afin que nous ayons recours à leur aide, ce qui leur per-
mettrait de maintenir leur do~ination dans cette région"
(1).
Le leader égyptien rejette alors toutes les médiations
de ces puissances pour "garantir les intérêts communs soudano-
égyptiens parce que l'Egypte et le Soudan sont restés liés depuis
i
t
toujours" (2). Raison pour laquelle "nous leur avons dit que nous
!
!
n'avons pas besoin de leur médiation pour nous entendre avec nos
i
1
frères soudanais (3).
I-
l
Isma Cil al-AZHARI §tait prêt pour s'entendre avec nous
ainsi que MIRGANÏ ~AMZA. Il n'y avait aucune confrontation, ni di-
1
vergence ..
1
1
i1
Toujours est-il que la proclamation de l'indépendance du
1
!
Soudan amène le régime du Caire à un amer constat: l'échec de son
!1
projet de "1 "un.i.t
de la Vallée du Nil" qui dans un premier temps
è
devait regrouper l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie dans une "Union
confédérale" à défaut.
de promouvoir une étroite coopération afin
d'avoir un contrôle effectif sur la région du Nil et de l'Océan
!!
Indien. "Un tel contrôle serait de nature à favoriser une coopéra-
tion directe de la région du Nil et de celle de la péninsule ara-
bique"
(4).
1
(1) Ibid. p. 104.
1
(2) Ibid. p. 105.
(3) il fait allusion aux différends égypto-soudanais portant sur
les revendications égyptiennes sur deux enclaves de la Mer
Rouge et du Nil.
J
(4) K~jAL cA. HAMïD (M)
al- SAHQ al- AWSAT fI-l-f'IIzAN
1
[
pp. 354 - 355.
!
f
l

70
La politique soudanaise de l'Egypte nassérienne était
caractérisée par de profondes contradictions : vouloir oeuvrer
d'une part pour la libération du Soudan de la domination anglaise
et chercher d'autre part à le placer sous son administration indi-
recte, dans une pseudo-union dont les objectifs et les finalités
sont A PRIORI mal définis.
Même les Unionistes soudanais ne semblaient pas être
prêts à épouser la logique du Caire. Dès 19~6, al-Azhari, qui re-
présentait Son pays aux né~ociations du Caire pour la révision du
traité de 1936, avait déclaré : "Il ne saurait être question de dé-
cider du sort soudanais sans lui iIe peuple soudanaiê7".
Le Soudan, dit-il, "devra être évacué par les troupes
étrangères, tant égyptiennes que britanniques. Ainsi, soustrait à
toute influence extérieure, le Soudan envisagera les modalités é-
ventuelles d'une union avec l'Egypte" (1).
Enfin, un an après l'indépendance du Soudan, le ministre
égyptien des Affaires étrangères M. FAWZI reconnaissait devant
l'Assemblée Nationale (02/09/1957) cette évidence: "La seule issue
1
pour mettre fin à cette crise bourrée de contradictions était la
l,
reconnaissance par l'Egypte au Soudan de ce qu'elle a exigé pour la
1
1
Palestine, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Indonésie et pour
1
tous les pays du monde: le droit à l'auto-détermination" (2).
r
1
Désormais, le droit à l'indépendance sera l'un des prin-
cipes fondamentaux de la politique africaine de l'Egypte dont les
ambitions de puissance ne sauraient pourtant être masquées par le
1
verbe révolutionnaire. Il suffit d'observer les moyens mis en pla-
ce pour les besoins de cette politique.
-------------------------------------------------------------------- !
(1 ) Déclaration à : Le Monde 13/04/1946 - cité par TOMICHE (N)
1
~
in : "Le Soudan, son évolution jusqu'à 1958".
f,
Notes et Etudes documentaires nO 2 493 du 20 décembre 1958, p·7.
(2) cité par CAWDA (c A.M.) ,
"al DIBLU,1JIsIYA al- MIBRIn fi IFRIQIYA",
J
p. 6.

7I
SECTION II
rHSE EN PLACE D' ORGANISHES GOUVERNEI'~ENTAUX POUR
L'AFRIQUE
La marche inéluctable de l'Afrique vers l'indépendance
amène le régime du Caire à reconsidérer sa politique étrangère à
la suite de l'échec du Soudan et du recouvrement par la Tunisie
et le Maroc de leur souveraineté nationale en 1956.
Promouvoir une politique africaine dans un continent sous
domination étrangère pose quelques problèmes, si on veut éviter
de se heurter directement aux puissances coloniales de tutelle, en
l'occurrence la Grande-Bretagne et la France. Le gouvernement égyp-
tien va mettre sur pied de nouveaux cadres permettant d'entretenir
des rapports d'Etat à Etat, donc officiels et d'autres organismes
semi-officiels.
La planification de la politique africaine égyptienne de
1956 - 1960 permet la répartition des fonctions de ses agents dans
des organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux au service
1
de sa politique africaine placée sous la direction de hautes per-
.
sonnalités politiques et des intellectuels intéressés aux questions

africaines.
Commençons par les services gouvernementaux :
A - Bureau des Affaires Africaines
Le bureau est l'un des plus anciens services compétents
pour les affaires africaines. Il est créé dès 1954 à la présidence
du "conseil de révolution". cAbd al- NaEjir veille personnellement
à son meilleur ~qnctionnement.

72
Ses compétences sont centrées au départ sur les problèmes
du Soudan et de l'Afrique Orientale. Celles-ci sont élargies après
la conférence de Bandoe~g pour couvrir toute l'Af~iaue au Sud du
Sahara. Sa mission consiste en l'8tude, l'analyse et la synthèse du
1
~
développement économique, social et militaire des Etats africains
en vue d'élaborer et d'affermir les liens entre l'Egypte et le con-
1
tinent africain dans la perspective des indépendances futures (1).
r
r
1
B - Haute Commission pour les Affaires Africaines
1
[
Travaillant directement avec le premier bureau sus-
nommé, la commission a pour fonction de définir lès grandes lignes,
principes et modalités en vue de l'application de la politique afri-
caine de l'Egypte dans ses différentes phases et questions politi-
que, économique, sociale et religieuse (2).
La commission énonce que cette politique est strictement
1
basée sur le principe de "l'Afrique aux Africains ll • Son objectif
1
est la libération de l'Afrique de toute domination étrangère (3).
Si l'on observe la composition de cette commission, on est frappé
1
par le rang des personnalités, qui en sont membres: les ministres
des finances et de l'intérieur, l'ambassadeur de l'Egypte au Soudan
et de nombreux hauts-fonctionnaires.
Cependant il convient de noter ici qu'avec la consolida-
tion des liens avec les mouvements afro-asiatiques, l'Egypte mettra
--------------------------------------------------------------------
al-Qura ci (Ahmad YÜSUF) : Thèse : TAWRAT 23 YÜLIYÜ WA TASFIYAT
al~isti'mar
j
ff If~iqiya al-BurtugaliYa, p. 39.
cité par al-QURA cI (A.Y.) Thèse op.cit. p. ~O.

sur pied en 1959 le "Bureau des Affaires afro-asiatiques" qui as-
sumera les compétences de ces deux organismes (1).
C - Section Africaine au ~inistère des Affaires Etrangères
Ce département est créé en 1955 alors que le continent
africain ne compte pas plus de quatre Etats indépendants. Jusqu'
ici, il y avait seulement au ministère une section soudanaise et
arabe. Nais avec l'accession à l'indépendance en 1956 de trois pays
africains et futurs membres de la Ligue Arabe : Tunisie, Maroc et
Soudan, une section arabe et une section de l'Afrique Noire sont
mises en place.
Cette réforme est l'expression de l'intérêt grandissant
de l'Egypte pour les problèmes des colonies et des luttes nationa-
listes à travers l'Afrique Noire. En 1959 vu les indépendances de
la Guinée et du Ghana, vu les perspectives d'indépendance de
plus d'une vingtaine de pays en 1960, la diplomatie égyptienne s'a-
daptera à nouveau aux réalités nouvelles de ces jeunes Etats (2).
(1) en 1964, dans une autre étape de la politique africaine du ré-
gime nassérien, ce dernier bureau est supplanté dans son tra-
vail par "al- MUl}abarat al_cAmma" iRenseignements Généra~7,
rattaché directement à la présidence de la République. A ce pro-
pos voir NASR (SALAH) : RARB al~AQL WA-L-MA cRI FA, al-WATAN
c
- ' -
.
.

al- ARABI. iLa guerre de l'intelligence et de la science, le
l'ilonde Arab~7 pp. 477.
(2) voir al-QURA ci (A. Y.) : "al- t ahar-r-uk al- diblümasi al- mi~ri
fi Ifriqiya iL'action diplomatique de l'Egypte en Afriqu~7.
Magallat al-Siyasa al-Duwaliya, nO 13 - Janvier 1973, pp. 167 -
.168.

74
D - Programmes d'information et de propagande
(SAWT IFRÏQÏYA UN AL- QAHIRA )
.
1
1
Dès 1953, les programmes destinés à l'étranger commen-
f
cent à fonctionner. Leur devise : SALAMUN bayn al-Umam wa Istiqlalun
"
Karimun li-l-Gami'(1). L'Afrique Orientale occupe dans la première
1
phase (1953 - 1960) une place prédominante compte-tenu des priori-
f
tés égyptiennes de l'époque et des multiples luttes anti-coloniales
"
t
t
qui s'y déroulent, comme nous l'avons vu.
~1r
r~
1
"S;AWT IFRÏQÏYA i"liN AL-QAHIRA" (2) diffuse alors des pro-
grammes à l'intention des peuples de cette partie de l'Afrique
dans les langues nationales: Swahili (1954), Amharique (1955),
Somali (1957).
L'Afrique indépendante en grande partie, le développement
des luttes du mouvement de libération nationale et
l'implication
directe de l'Egypte dans les problèmes politiques africains amènent
les autorités à élaborer d'autres programmes pour tout le reste du
continent africain à partir de 1961 (3). La campagne de propagande
de la radio du Caire destinée à l'Afrique est devenue en 1965 la
plus importante du monde.
(1) LPaix entre les nations et noble indépendance pour tou~7.
(2) LLa voix de l'Afrique du Cair~7. Au même moment, la radio dif-
fusait les célèbres émissions de "SAWT AL-cARAB min al-QAHIRA"
à l'intention des pays arabes et européens, qui ont joué un rô-
le non négligeable pour la vulgariation de la cause algérienne
pendant la guerre d'Algérie.
!
(3) Voir Mu~ammad Mahdi (F) : al-i~a cat al-Ifrigiya al-muwaggaha
min Mi~r LIe programme de radio-diffusion de l'Egypte destiné
l,.
à l'Afriqu~7.
(

7'5
Sa puissance en ondes courtes et moyennes est aussi la
plus importante du monde, 250 kilowattstandis qu'aucune des radios
de [Vjoscou, de Londr-es et même de la "voix d'Amérique" émettant pour
l'étranger n'avait d'émetteur de plus de 200 kilowatts (1).
Quant au contenu de ces programmes de "qawt IfrIqIya
min al-Qahira", ils ont selon al-Qura cI comme objectifs: "sou-
!
!
tien aux mouvements de libération nationale, faire connaître la
société égyptienne, la civilisation arabo-islamique et la civili-
sation africaine" (2). Il faut y ajouter la propagande anti-
1
israélienne et contre les gouvernements néo-coloniaux à partir de
1961.
1
!
1
L'animation est assurée par des officiers égyptiens, des
1
représentants des mouvements de libération et des opposants (aux
1
régimes qualifiés de "réactionnaires" par le Caire) qui trouvent
asile dans la capitale égyptienne, là où ils ont la seule et uni-
que possibilité (à l'exception de radio Accra) de faire passer des
messages à leur peuple.
C'est pourquoi, force est de reconnaître que malgré les
aspects propagandistes, les programmes de "9awt al-IfrIqIya" ont
positivement et efficacement contribué à la lutte des peuples afri-
cains contre le colonialisme et l'impérialisme.
(1) De même la radio du Caire passe entre 1952 et 1965 de 72 à
~ 000 kilowattssoit une ~uissance 55,5 fois plus importante.
Les heures d'émission pour l'étranger passent de 15 à 150 heu-
res en 1965 et 28 langues étrangères y sont parlées.
Voir al-Tawra fI 12 c~, pp. 85 - 86.
(2) al-Qura cI~
thèse op. cit. p. ~2.
1
f
!l

76
SEGTION III
ORGANISMES NON GOUV~RNEMENTAUX
Ces organismes comprennent des organisations politiques,
culturelles et sociales dont les activités sont complémentaires
de celles des organismes gouvernementaux. On y trouve de hautes
personnalités de l'Etat mais en théorie, leur compétence ne relève
pas du pouvoir. Les spécialistes égyptiens des quesbions africai-
nes les appellent le plus souvent : "al-Aghiza al-sa Cbiya"
("appareils populaires") désignation qui nous semble inexacte car
elle laisse croire qu'ils appartiennent ou émanent du peuple. En
réalité, cette distinction gouvernementale et non-gouvernementale
est purement fictive. Nous nous contenterons ici de parler des plus
importants :
A - al-RABITA al-IFRIQIYA
,
A l'origine le Bureau de liaison africaine est créé en
1956 par des intellectuels s'intéressant aux problèmes africains
et à l'histoire des rapports égypto-afric~ins, sur l'initiative
de Mu~ammad cAbd al-cAziz IS?AQ, ancien conseiller des affaires
soudanaises au ministère des Affaires Etrangères, ancien chargé
d'affaires du gouvernement égyptien auprès du gouvernement Congo-
lais de LUMUMBA et ancien directeur de la revue de cet organisme :
NAHDAT IFRIQIYA.
Le bureau se fixe les objectifs suivants :
- propager la conscience africaine chez les Egyptiens (comme l'a-
vait souhaité Nasser dans Philosophie de la Révolution) ;
- promouvoir des liens d'amitié et de fraternité entre Arabes et
1
Africains ;
1
- accueillir, orienter les étudiants et les aider à résoudre leurs
difficultés matérielles et morales.
i

77
Après la tenue de la conférence afro-asiatique du Caire
en 1957 les activités de cet organisme se sont étendue~aux mouve-
ments de libération nationale dont l'influence est considérable.
Le bureau a publié de nombreuses brochures d'information sur l'A-
frique et le mensuel NAH~AT IFRÏQIYA jusqu'à 1966.
Rédigés en arabe les articles sont résumés en français et en
anglais. Ils portent sur des sujets aussi divers que la culture,
la politique, la religion et l'anti-colonialisme. Ses colonnes
sont ouvertes aux étudiants et représentants des mouvements de
libération africains établis au Caire (1).
B - Commission égyptienne de solidarité afro-asiatique
1
t
Resserrer les liens d'amitié, manifester la solidarité
entre les peuples d'Afrique et d'Asie pour la mobilisation des for-
ces populaires en vue de la libération des peuples de l'Empire co-
lonialiste et pour la sauvegarde de l'indépendance des peuples
afro-asiatiques, tels sont les objectifs des commissions de soli-
darité (2).
La commission égyptienne est créée en octobre 1957 à la
veille de la première conférence de l'O.S.P.A.A. du Caire (cf. in-
fra). Une importante assistance matérielle est accordée aux mouve-
ments de libération ~ar le canal de cette commission qui s'est
(1) voir IS?AQ (M. cA. cAziz) - NAHDAT IFRÏQIYA.
Voir également le rapport inédit du secrétaire général de la
RABIrA al-IFRIQIYA au séminaire des Africains au Caire (mars
1972).
(2) Elles sont mises en place dans la plupart des Etats engagés
dans l'Afro-asiatisme conformément à la demande du "Congrès
de la Paix" de Stockholm (1954) et de la conférence de New-
Delhi (1955). De ces commissions est née l'O.S.P.A.A.
Boutros GHALI : Le mouvement •.. op.cit. p. 108.
l

78
chargée de la coordination de l'effort égyptien dans ce domaine
avec les autres organisQes y afférent(1). La commission réussit
t
à poser le problème de la décolonisation de l'Afrique comme l'une
des grandes priorités du ~ouvement afro-asiatique. le romancier
Yüsuf SIBAcI, son secrétaire général, y a joué un rôle de propa-
gande consid~rable de 1957 jusqu'à sa mort (2) ainsi que de nom-
1
breux in~ellectuels et politiciens dont Anwar al-Sadate
,.,
t!\\
C - Les formations politiques
le comité de libération (1953 - 57), l'Union Nationale
(1957 - 62), l'Union Socialiste Arabe (1962 - 75) ont tous joué
un rôle à des degrés différents dans les rapports égypto-africains
le premier surtout dans les rapports égypto-soudanais ; le deuxiè-
me dans les conférences panafricaines et les questions de décolo-
nisation enfin le troisième dans les conférences de l'O.U.A. et les
congrès de partis progressistes africains.
L'Union Nationale et l'Union Socialiste arabe ont beau-
coup contribué à le sensibilisation de l'opinion égyptienne aux
questions africeines psrticulièrement à l'occasion de la célébra-
tion de "la Journée de l'Afrique"
(3).
--------------------------------------------------------------------
(1) voir ANIS (Mupammad) : al-mu'tamar al-asyawl al-ifrIgI
LLa conférence afro-asiatiqu~7, p. ~02 et suivantes.
(2) assassiné en 1977 à Chypre.
(3) la "Journée de l'Afrique" du 15 avril commémorant la première
conférence des Etats Africains Indépendants à Accra a été rem-
placée par le 25 mai, date de la création de l'organisation de
l'Unité AfricQine (O.U.A.).
1
J
rl

70
Cette journée permettait aux responsables égyptiens non
seulement de vulgariser la cause du mouvement de libération contre
le colonialisme et le racisme mais aussi d'exalter le rôle diri-
geant de l'Egypte en Afrique constamment souligné avec beaucoup de
fierté et d'orgueil.
D - L'Université al-AZHAR
Dans le cadre du déploiement égyptien en Afrique, l'Uni-
versité est devenue en 1958 un véritable instrument de propagande
de l'Egypte. Elle est directement rattachée à la présidence de la
République et ses structures sont modernisées pour un accueil des
étudiants étrangers.
L'affluence des étudiants africains au Caire à partir
de 1957, qui n'ont souvent reçu qu'une formation minimum de base
dans les écoles coraniques de leur
pays, conduit les autorités à
développer un programme intensif de formation en arabe pour entrer
au "Ma chad al-Buhiit al-islamlya". Un centre de formation d'ensei-
. -
gnants et prédicateurs islamiques est mis sur pied en 1959.
Ces derniers sont affectés aussitôt en Afrique et dans
d'autres pays musulmans (1).
Ainsi le culturel et le religieux sont désormais au ser-
vice du politique dans les perspectives nouvelles offertes par
l'Afrique. La multiplicité et la pluralité des organism$montrent
combien le régime nassérien s'est attaché à promouvoir sa politi-
que africaine notamment par le biais du panafricanisme et de -
l'afro-asiatisme.
--------------------------------------------------------------------
(1) Voir TAREG (Y. Ismael) : TheUar in Africa, Egypt's policy
under Nasser, p. 204 et suivantes.
1
Nous reviendrons sur les aspects culturels (chapitre III. 3e
,
partieo.
l

80
CHAPI'rRE III
CADRE DES RAPPORTS ARABO-AFRICAINS
AFRO-A3IAnSl'lE OU PAi."1"AFRICANISI'IE ?
t1
En réalité cette question n'a rien d'abstrait, au con-
i,
traire, elle s'est véritablement posée dans la perspective des
l
premiers contacts arabo-africains (1957 - 62).
1
La question fondamentale est de savoir dans quel cadre
vont se faire l'émancipation internationale des peuples africains
t
et le rapprochement des Etats arabes et africains. Quelle straté-
gie de lutte commune adopter contre l'impérialisme colonial, le
1
racisme et le néo-colonialisme ?
r
En effet, dès l'indépendance du Ghana (1957), le leader-
ship du Caire se trouve résolument concurrencé par Accra. Cette
rivalité acharnée n'est pas réduite seulement à GAbd al-Nasir et
N'Krumah mais elle implique l'afro-asiatisme et le panafricanisme.
En témoignent les initiatives prises de part et d'autre
et parfois simultanément pour réunir des conférences internationa-
les dans les deux capitales.
En décembre 1957, Nasser convoque la première conféren-
ce de solidarité des peuples afro-asiatiques; N'Krumah n'y assis-
ta pas. De même en avril 1958, ce dernier organise la première con-
férence des Etats africains indépendants et Nasser s'excuse à son
tour.
l

81
La rivalité entre l'afro-asiatisme et le panafricanisme
atteint son point culminant lorsque l'importante conférence écono-
mique des Etats afro-asiatiques est convoquée par le Caire pour la
première fois (8 - 11 décembre 1958) tandis qu'une autre importan-
te conférence des peuples africains se tient à Accra (6 décembre
de la même année).
Dans les différentes rencontres panafricaines et afro-
asiatiques entre 1957 et 1961, les mouvements de libérûtion
nationale, les s.yndicats et les forces d'opposition des régimes
néo-coloniaux africains ont pris part activement.
Les questions algérienne et palestinienne et celle de
la coopération israélo-africaine soulevée par les Etats arabes se-
ront toujours au coeur des débats au même titre que l'impérialis-
me et le colonialisme.
SECTION 1
LES CONFERENCES AFRO-ASIATIQUES
Nous nous contenterons ici d'analyser les deux plus
importantes rencontres afro-asiatiques : la conférence de solida-
rité et la conférence économique auxquelles nous avons fait allu-
sion. Dans le point 3, nous indiquerons les autres conférences
qui ne sont pas, certes, de moindre importance compte tenu des
conditions objectives et historiques de leur organisation et de
leurs résolutions, mais elles ne présentent pas en tout cas les
~
mêmes enjeux quant à l'avenir des continents africain et asiati-
,.
que d'une part, quant aux problèmatiques des rapports arabo-
.
africains d'autre part.

82
A - Conférence de solidarité afro-asiatigue
(Le Caire, 26 décembre 1957 - 1e janvier 1958).
Sans pour autant complètement renoncer à la politique
d'équilibre entre les gr2ndes puissances poursuivie jusque là par
les officiers libres, le rapprochement de l'Egypte avec le bloc
oriental, amorcé depuis 1955 offre à l'U.R.S.S. de nouvelles possi-
bilités de réaffirmer concrêtement sa solidarité avec la cause
arabe. D'importantes aides et assistances économico-militaires
sont accordées à l'Egypte et à la Syrie en 1957. L'U.R.S.S. fait
ainsi son entrée au Noyen-Orient, mettant fin à la suprématie ab-
solue de l'Occident, surtout britannique dans la région.
Ceci étant, l'Egypte cherche à renforcer son rôle de
guide de la renaissance arabe et de champion de l'émancipation du
continent africain en faisant de la confarence du Caire le symbo-
le de la véritable
solidarité des peuples afro-asiatiques.
C'est pourquoi cette rencontre n'a pas revêtu un caractère officiel
bien que les commissions de solidarité -qui sont à l'origine de
cette rencontre- soient étroitement liées au pouvoir dans certains
pays (1). Mais la volonté com~une déclarée de combattre le colonia-
lisme et l'impérialisme institue l'organisation de solidarité des
peuples d'Asie et d'Afrique.
Certes, la conférence du Caire n'a pas eu la même au-
dience que celle de Bandoeng, mais par le nombre des délégations
présentes (45 contre 29 à Bandoeng), par la fermeté de ses résolu-
tions concernant le colonialisme et l'impérialisme, enfin par son
dévouement à la cause du mouvement de libération nationale, elle
est à ce titre, nous semble-t-il, l~plus grande conférence afro-
asiatique.
------------------------------------------------------------------
(1) Guitard
(0)
: op.cit. pp. 67.
,11il

83
Si Bandoeng a ét~ une "victoire de l'esprit de n~gocia­
tion, de la volontê d'entente" (1), la rencontre du Caire exprime
la volonté des peuples afro-asiatiques de mettre fin à la domina-
tion étrangère et de prendre en main leur propre avenir et leurs
propres richesses, contrairement à l'affirmetion de Jargy. Ce der-
nier écrit, comparant Bandoeng et le Caire: "La première avait
résisté à leur tentation de rompre avec l'Occident et de prendre
définitivement parti contre lui ; la seconde paraît au contraire
avoir consommé cette rupture" (2). Or, les résolutions de cette
conférence doivent être considérées du point de vue de la lutte de
libération des peuples opprimés contre la domination.
Avec clarté, la déclaration finale insiste sur le fait
que la coopération avec quelque pays que ce soit doit être basée
sur la sauvegarde desintérêts mutuels et du respect de la souverai-
neté d'autrui.
D'ailleurs Anwar al-Sadat, dans son discours inaugural
exprime au nom du gouvernement égyptien -attaché au principe du
neutralisme positif- l'état d'esprit dans lequel cette conférence
était convoquée: éloigner le "spectre de la guerre", travailler
au "rapprochement des deux blocs" ; créer une "vaste zone de paix"
et se tenir à l'écart des blocs internationaux tout en faisant des
---------------------------------------------------------------------
(1) SALINI (Laurent) : "A Bandoeng "les muets du monde" ont parlé"
in Démocratie Nouvelle, juin 1955, p. 336.
(2) Jargy (Simon) : "de Bandoeng au Caire : la conférence de soli-
darité des peuples afro-asiatiques" in Orient, nO 5, 1e trime
1958, pp. 59 - 71.
1

84
efforts pour les rapprocher"
(1).
A notre avis, la différence fondamentale entre la confé-
rence du Caire et celle de Bandoeng réside dans leurs attitudes
respectives vis-à-vis de la question coloniale. Au Caire, le colo-
nialisme a été vigoureusement condamné et nommément la politique
française en Algérie. De même les droits du peuple pRlestinien
ont été affirmés avec force en préconisant "son r-et our- dans sa pa-
trie" avant de déclarer que "l'Etat d'Israël est une b::<se de l'im-
périalisme, menaçant le progrès et la sécurité du Moyen-Orient".
Par conséquent, la conf0rence condamne les bases mili-
taires dans les territoires des pays afro-asiatiques. Elle dénon-
ce très vigoureusement tout pacte ou traité avec l'impérialisme
susceptible d'empiéter sur la souveraineté nationale ou de favori-
ser l'exploitation économique (pacte de Bagdad, doctrine Eisenho~er
et Marché Commun Européen).
En outre, la confrontation des expériences vivantes des
mouveDents de libération des deux continents permet d'exprimer
dans les résolutions une farouche volonté d'instaurer une coopé-
ration plus étroite dans la solidarité militante afin de liquider
le colonialisme et le racisme dans ses différentes formes.
(1) voir le numéro spécial de la Gazette égyptienne, du 1e janvier
1958. Mais les spéculateurs n'ont pas cessé pour autant de qua-
lifier la conférence du Caire de "pro-communiste" du fait .de
la présence d'une délégation de l'U.R.S.S. participant au même
titre que les autres délégations afro-asiatiques au niveau non-
gouvernemental.

85
Ainsi les nombreux représentants africains (Cameroun,
Togo, Somalie, Ouganda, Kenya et ~adagascar) ont pu vulgariser
les causes de leurs peuples et obtenir un soutien agissant de 70 %
de la population du globe (1) repr~senté psr l'Afrique et l'Asie
à l'époque. En effet des résolutions sp~ciales ont été votées les
concernant; d'autant plus que le Caire devient le siège ou le
lieu d'exil de la plupart des combattants de la liberté et des
leaders opposés aux dirigeants locaux des colonies françaises et
anglaises entréœ dans le processus d'intégration de la C.E.E. et
du Commonwealth.
L'activité égyptienne visait à juste titre à prévenir
les conséquences d'une telle intégration pour les peuples afri-
cains dont l'indépendance était proche.
A cet effet, le Caire propose la tenue d'une conférence
économique pour étudier les possibilités de création d'un marché
commun afro-asiatique en espérant une participation plus grande
de l'Afrique Noire. Mais l'initiative égyptienne coincide avec la
convocation de l'importante conférence des Peuples Africains à
Accra (cf. infra.).
B - Conférence économigue afro-asiatigue (Le Caire décembre 1958)
L'Egypte devenue la "République Arabe-Unie" (R.A.U.) à
la suite de l'union organique syro-égyptienne (1e février 1958)
soulève un grand enthousiasme des peuples arabes qui y voient la
réalisation d'une premlere étape dans la voie de l'unité arabe
tant souhaitée et qui "fit croire aux idéologues du nationalisme
------------------------------------------------------------------
(1) Guitard
(0): Bandoeng et le réveil. •• Cop.cit.)p. 67.
voir l'ensemble des résolutions in Orient nO 5 - op.cit.
pp. 1 '+9 - 170.

86
arabe que ce développement ne pouvait que s'accélerer. Cet espoir
se révéla très vite une illusion" (1). En outre, cAbd al-Na~ir
place son espoir dans le nouveau régime irakien amené au pouvoir
par la révolution du 14 juillet 1958 sous la direction de Qasim.
Ces deux évènements ne sont-ils pas de nature à encoura-
ger l'Egypte, leader du panarabisme à essayer de conquérir le
leadership du panafricanisme et de l'afro-asiatisme ?
Ainsi "du 8 au 11 décembre 1958, 194 organisations éco-
nomiques appartenant à 101 pays, Etats indépendants, protectorats,
émirats d'Afrique et d'Asie, se réunissent au Caire" (2).
Cette rencontre s'inscrit aussi dans la logique de Bandoeng. Une
fois de plus, le rôle de l'Union Soviétique dans l'organisation
de cette conférence est amplement souligné par les spécialistes
des questions afro-asiatiques.
Ils font &tat de graves divergences et d'une farouche
opposition de certains pays participants aux visées soviétiques
sur le mouvement lors de cette rencontre et sur la dèt e rm.i.na'ti.on
égyptienne de grignoter l'influence indienne en Asie et ghanéenne
en Afrique.
Quoi qu'il en soit, les officiers égyptiens ont mis
l'accent sur leur volonté d'engager les deux continents dans la
lutte commune pour une indépendance politique et économique vis-
à-vis des deux blocs. Le ministre des affaires économiques égyp-
tien a développé ce point de vue lors de la séance inaugurale en
(1) Rodinson (M) : Marxisme et monde musulman. op.cit. p. 601.
Nous reviep.:drons. sur cette question dans la deuxième partie.
(2) Guitard
(0): op.cit. p. 99.
1
i
1
.l

87
insistant sur "l'autonomie économique et l'aptitude ides pays
afro-asiatiques_7 à gérer eux-mêmes leurs affaires" (1).
Le président de la d81égation de la R.A.U. Muhammad
v
_
RUSDI propose un thème de réflexion en cinq points dans lesquels
il définit les moyens, les modalités, les objectifs et voies de
financement d'un "marché commun" afro-asiatique capable de faire
face à tous les problèmes qui découlent de sa réalisation. Sa
proposition est adoptée et la conférence met sur Pied un "Comité
central de coordination économique" dont l'union des chacbr-es de
commerce de la R.A.U. avancerait les sommes constituant le budget
du comité.
La recommndation finale propose la mise sur pied d'une
organisation afro-asiatique de coopération économique
(A.Jf.R.A.S.E.C.) qui devrait étudier les perspectives de lutte
contre les blocages au développement imposés par l'impérialisme
et instaurer une véritable coopération économique entre les pays
des deux continents.
L'U.R.S.S. s'est engagée à les aider dans ce sens comme
elle l'avait déjà proposé à la rencontre de l'année précédente (1).
Quant à la participation africaine, elle était très faible si l'on
considère que seuls la Guinée et le Ghana étaient représentés par
des délégations officielles. Les autres pays étaient représentés
par des mouvements de libération, des partis d'opposition ou des
syndicats qui n'avaient pas les moyens d'engager leurs pays dans
un quelconque projet. Car les territoires dépendants de la France,
de l'Italie et de la Belgique sont déjà liées au traité de Rome
(1957) signé entre les six du Marché Commun Européen (2).
------------------------------------------------------------------
(1) Guitard
(0): op.cit. p. 71.
(2) Allemagne Fédérale, Belgique, Italie, France, Pays-Bas et
Luxembourg.

88
C'est pourquoi la conférence condamne vigoureusement
la C.E.E. comme étant "un véritable défi aux pays afro-
asiatiques" (1).
Malgré les importantes décisions de cette rencontre, les
médias occidentaux détournent l'attention internationale vers la
capitale ghanéenne, Accra, où se tient la conférence des peuples
africains. Le projet économique du Caire, considéré par ces mêmes
médias comme étant "imaginaire", "irréalisable" et "hasardeux"
semblait être l'axe des solutions les plus viables à l'époque
pour les pays afro-asiatiques pour se soustraire à la domination
impérialiste, à la dépendance économique et pour l'exploitation
des immenses ressources économiques et humaines des jeunes Etats
indépendants ou sur le point de le devenir.
Pour illustrer les nombreux objectifs soulevés par le
projet, citons l'un des grands orientalistes belges, spécialiste
du monde arabe contemporain, A. Abel : "le marché commun afro-
asiatique, qui se propose de renverser le courant et les cours
d'échange d'une série de matières premières, de créer par voie de
décret des ressources et des marchés, de faire du monde afro-
asiatique une forteresse économique perpétuellement assiégée et
assiégeante, paraît une des entreprises les plus hasardeuses que
jamais l'esprit d'un conquérant ait conçue. Or dans ce domaine,
-----------------------------------------------------------------
(1) Le Monde, 13 décembre 1958.

89
on ne peut se permettre de dangereuses expériences" (1).
Manifestement, Abel se livre volontairement à la défor-
mation du contenu et des objectifs du projet. Par conséquent, il
loue le "bon sens"
qui a prâvalu, dit-il, à la conférence arabe
sur le pétrole (2) où la collaboration avec les seuls interlocu-
teurs valables ientendez impérialiste~7 a été retenue". Abel, en
bon conseiller presse alors les pays de coopérer avec l'Occident
sur la base d'une "confiance mutuelle" au lieu de s'aventurer
dans "des luttes sans lendemain", conclut-il.
Mais les acquis des luttes des peuples afro-asiatiques ont depuis
éclairé la subjectivité de cette analyse.
(1) Abel (Armand) : "un marché commun afro-asiatique, essai d'in-
terprétation" in Correspondance d'Orient nO 1 - 1960 - p. 30 -
32.
Ce nO spécial sur le marché commun afro-asiatique contient
les actes du colloque organisé sur ce thème, qui s'est propo-
sé de définir "le cadre géographique, économique, socialiste
et éthique" avec la participation d'universitaires et hommes
politiques d'horizons différents de 3 continents notamment du
monde arabe, et de l'Egypte en particulier.
(2) Il s'agit de la proposition égyptienne à cette conférence en
1959 visant à faire entériner le projet du "marché commun" en
question.

90
C - Les autres confêrences afro-asiatigues
Il nous serait difficile d'aborder dans le cadre de
cette étude toutes les rencontres afro-asiatiques qui ont eu
lieu depuis 1955. Des conférences et des rencontres d'écrivains,
d'artistes, de la jeunesse afro-asiatique etc •.• se sont tenues
dans les différents pays membres, particulièrement à New Delhi
et au Caire qui en ont abrité environ les deux tiers.
La seconde conférence de solidarité afro-asiatique est
accueillie par un Etat d'Afrique Noire, la Guinée (11 - 14 avril
1960 à Conakry).
La particularité de la Guinée à l'époque est qu'elle
était le seul pays africain francophone qui avait osê dire non à
la communauté française de 1958 (cf. infra), devenant donc après
le Ghana, le premier Etat indépendant d'Afrique Noire depuis la
seconde guerre mondiale. Il a opté pour un mode de développement
non-capitaliste. Ce qui lui a valu le qualificatif de "révolution-
naire".
Cette manifestation a été boycottée par les territoires
sous domination française ainsi que par l'Ethiopie et le Libéria.
Vu les conditions de son accession à l'indépendance, la Guinée
était boycottée par les puissances occidentales. Elle était con-
trainte alors plus que l'Egypte d'entretenir des relations écono-
miques exclusivement avec les "pays socialistes". D'où la présen-
ce à cette conférence de l'U.R.S.S., de la R.D.A. et de la
Yougoslavie.
(

?I
F. Fanon, l'idéologue r8volutionnaire du F.L.N. algé-
rien et du Tiers Monde y tient un rôle de premier pl~. La guerre
d'Alg§rie et l'~nfiltration du sionisme israélien en Afrique Noi-
re ont fait l'objet de résolutions favorables aux Etats Ara-
bes (1).
La troisième est organisée au Tangan~a (Moshi - 4 -11
février 1963). Ce pays d'Afrique Orientale est le plus progres-
siste des Etats anglophones, le principal
soutien des mouvements
anti-racistes d'Afrique Australe et des mouvements de libération
dans les territoires portugais notamment en Angola et au Mozambi-
que. Il est aussi le seul qui soit proche idéologiquement de la
R.A.U. et de l'Algérie.
Cela explique là aussi l'absence de délégations offi-
cielles des territoires intégrés dans le système capitaliste euro-
péen.
En revanche, le héros de la révolution cubaine, Fidel
Castro et des délégations d'Amérique Latine ont a3sisté à cette
conférence pour la première fois. Fidel Castro lança alors l'idée
d'une rencontre tricontinentale à la Havane alors que Cuba est
constamment menacé par les Etats-Unis et que la situation reste
tendue entre la Chine et l'U.R.S.S. d'une part, et la Chine et
l'Inde d'autre part. Ces divergences des Grands marquent le début
de la crise de l'afro-asiatisme.
Enfin, il faut signaler que malgré une étroite coopéra-
tion tarizano-israélienne, l'Etat sioniste fut qualifié sur la pro-
position des Etats arabes "d'instrument d'infiltration du néo-
colonialisme" dans les pays du Tiers-Monde (2).
-------------------------------------------------------------------
(1) voir Guitard
(0)
op.cit. p. 105
106.
(2) voir Guitard
(0)
op.cit. p. 115 - 116.

92
Parmi les organisations afro-asiatiques , seule la Confé-
rence de Solidarité Afro-asiatique a survécu jusqu'à 1977. Quant
à l'A.F.R.A.S.E.C., elle a tenu trois autres conférences au Caire
(avril 1960), à New Delhi (décembre 1963) et à Karachi (déc. 1964).
Peu d'Etats africains ont rejoint cette organisation:
Kenya, Niger, Nigéria et Sénégal (Ghana et Guinée sont membres
fondateurs). Depuis sa création, il faut noter que cette organi-
sation n'a enregistré aucune réalisation économique.
D - L'auto-dissolution de l'Afro-asiatisme
De façon générale, l'afro-asiatisme connaît son déclin
avec la création du mouvement des non-alignés (Belgrade 1961) et
l'Egypte perd son influence sur le mouvement tandis que les pays
africains s'en désintéressent à partir de la création de
l'O.U.A. (1963).
L'Afro-asiatisme a connu son auto-dissolution à Alger
en 1965 où on tentait de relancer le mouvement en organisant un
"second Bandoeng". L'échec du somnet d'Alger est généralement at-
tribué à la contestation par certains Etats de la participation
J,
soviétique. En outre, les profondes et graves divergences idéolo-
1
giques entre la Chine et l'U.R.S.S. ont eu des répercussions né-
~
fastes sur le mouvement, leur rivalité pour s'assurer l'hégémonie
1
sur celui-ci étant devenue très intense. De surcroît, l'organisa-
1
teur de ce "second Bandoeng", Ben Bella, fut renversé quelques
1
jours avant l'ouverture de la conférence prévue le 25 juin 1965.
1
1
)
1
\\

93
"Nâ â Bandoeng, mGri â Belgrade et au Caire, l'Afro-
asiatisme devait mourir â Alger de n'avoir pas su ou voulu choi-
sir entre ~oscou et Fékid'(1).
En dernière analyse, on peut dire que l'Afro-asiatisme
est un mouvement pour la paix, mais la "réalité politique et his-
torique a fait que la lutte pour la paix était avant tout la lut-
te contre le colonialisme et l'impérialisme, contre toutes les
formes de répression du mouvement de lib6ration nationale"
(2).
Nous retrouverons également cet esprit dans le mouve-
ment panafricaniste.
SECTION II - LES CONFERENCES PMfAFRICAINES
Le panafricanisme a acquis sa dimension véritablement
politique dans les années cinquante grâce â la personnalité de
N'Krumah et â l'adh6sion des pays d'Afrique du Nord.
En effet, â l'occasion de la premlere conférence des
Etats indépendants d'Afrique â Accra en 1958, la conscience du
destin commun des peuples africains a pr6valu sur la défense,
l'unité et la promotion de la race noire. L'indentification â
la couleur de la peau n'6tait qu'un aspect de la r6action contre
les oppresseurs blancs. Les théoriciens du panafricanisme se sont
vite aperçu que "le lien de la couleur existait bel et bien entre
les peuples autrefois colonisés" (3). C'est pourquoi, l'adhésion
(1 ) Boutros GHALI (B)
: l'louvement .. (op s ci t c p , 86.
ï
(2) DZASSOKHOV (A)
: "Le mouvement de sol;idarité afro-asiatique
pour l'indépendance nationale et la paix". p. 165.
Revue Sciences de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S.
n° 2/1977.
(3) LEGUM (Colin)
l

94
des Etats arabes d'Afrique démontre que "ni l'islam ni le Sahara
ne constituaient une barrière insurmontable" (1) comme aimaient
à le repéter c Abd al-Nâslr et N'Krumah.
Et puis Arabes et Africains éprouvaient le besoin d'élar-
gir leurs alliances dans la perspective de leur lutte commune con-
tre la domination colonialiste en Afrique notamment en Algérie,et
contre le sionisme en Palestine.
Ces questions seront abondamment évoquées dans les ren-
contres panafricaines. Nous avons choisi d'illustrer les premiers
contacts arabo-africains dans le cadre du panafricanisme par les
deux plus importantes conférences qui ont eu lieu à Accra en 1958
en commençant par celle des chefs d'Etat.
A - La conférence des Etats d'Afrique à Accra (12
22/04/58)
Lors de la célébration de l'indépendance du Ghana au
mois de mars 1957, N'Krumah et BÛRQiBA (tous deux hostiles à l'hé-
gémonie égyptienne) avaient semble-t-il arrêté le principe de cet-
te conférence (2). Cinq Etats arabes et trois Etats africains in-
dépendants y prennent part (3). Etant la première rencontre des
Etats afrïcains indépendants, cette réunion revêt à ce titre une
grande importance. Ce qui explique les intenses contacts entre les
capitales candidates et son organisation (Rabat,
le Caire et
Accra) d'une part, et les nombreux échanges de vue entre les Etats
arabes, en tête desquels l'Egypte, afin de définir une stratégie
------------------------------------------------------------------
(1) Ibid.
(2) Gud t az-d ', (0)
: op.cit. p. 81.
Le président tunisien a fait alors une visite officielle au
Ghana (nous y reviendrons dans la 3e partie).
(3) Les premiers sont: Egypte, Libye, Maroc, Tunisie (et Soudan).
les seconds sont : Ghana, Ethiopie et Libéria. Y assistent en
qualité d'observateurs le F.L.N. algérien, l'U.P.C. du Cameroun
et le Juvento du Togo.

95
commune concernant les questions algérienne et palestinienne, cet-
te dernière liée à la présence israélienne en Afrique d'autre
part (1).
L"'Afrique aux Africains"
c'est la devise de cette con-
férence. Lancée par N'Krumah, soutenue par le Caire, cette devise
semble avoir pour objet la denonciation de l'institution de la
"loi cadre" et de l'intégration des colonies françaises dans le
marché capitaliste européen, la C.E.E.
Non seulement, la "loi cadre" est en vigueur, mais le
"programme minimum" adopté par les partis politiques de l'A.O.F.
et de l'A.E.F. en 1958, engage
les territoires concernés dans
une "unité organique" avec l'Etat colonial français. Cette "poli-
tique fédéraliste" va accélérer le processus de mise en place du
néo-colonialisme.
L'Afrique chasse gardée du néo-colonialisme français
allait devenir alors "chasse gardée de l'Europe" (2), projet qui
commençait à prendre corps avec l'idée de l'''Eurafrique''. On com-
prend dès lors les efforts conjugués de l'Egypte et du F.L.N. pour
faire passer la question algérienne au centre des débats bien
qu'elle ne soit pas inscrite à l'ordre du jour.
A cet effet DECRAENE, GUI TARD et LEGUM pensent que ce
sont les pressions des Etats arabes qui ont fait placer la ques-
tion algérienne au premier plan des discussions. De même le repré-
sentant égyptien M. FAWZI s'est employé à démasquer Israël qu'il
a assimilé au colonialisme (3), argument peu crédible à l'époque
------------------------------------------------------------------
(1) Le Monde, du 15 avril 1958.
(2) voir FANON (FRANTZ) : Pour la révolution africaine. p. 112.
(3) Ghana, Libéria, Ethiopie entretenaient des relations multi-
formes avec Israël.

96
/
aux yeux des Etats africains (1). L. FAWZI s'est donc trouvé con-
traint de retirer la motion qu'il avait introduite pour la condam-
nation d'Israël pour préserver la cohésion et la solidarité des
Etats participants.
Parmi les cinq résolutions (2), celle relative à l'Algé-
rie a suscité le plus de débats.C'est grâce aux efforts conjugués
des délégations marocaine, soudanaise et de N'Krumah lui-même
que le texte a été finalement adopté après de larges atténuations
de formes (3). Résolution assez m~dérée mais qui satisfait les
Etats arabes (4), elle appelle la France à reconnaître au "peuple
(1) Les Etats africains sont restés indifférents ou neutralistes
quant à la question palestinienne. Ils n'ont pris de position
implicite ni dans le cadre de l'O.N.U. ni dans le cadre des con-
férences panafricaines.
c
Voir <AWDA (A.r'!.) "al-duwal al-:-Jfri:qi:xa_wa-l- Qa~Rya al:-_ Ar§lbi:ya"
in al-CAlaqat al-carabi:ya al-ifri:gi:ya Dirasa ii ... p. 310.
(2) attachement aux principes de Bandoeng et regret de la politique
de blocs ; condamnation de la politique française raciale en
particulier en Afrique du Sud et Australe ; nécessité de fixer
une date limite pour l'indépendance de l'Afrique.
(3) DECRAENE (p)
: Le panafricanisme, p. 41.
(4) voir
-
MA&~LIHI
op.cit. pp. 33 - 34.

Ci7
algérien le droit à l'auto-détermination et à l'indépendance L:.~7,
la conférence affirme sa détermination à
faire tous ses efforts
pour aider le peuple algérien dans sa lutte pour l'indépendance".
La quasi totalité de la presse française à l'époque dé-
nature et ~inimise la véritable portée de cette résolution en pré-
férant spéculer
sur les différends arabo-africains.
Marchés tropicaux du monde (1) écrit: "le F.L.N. intro-
duit comme observateur a imposé ses vues", ou encore "les observa-
teurs ont constaté que les Noirs ne faisaient pas le poids en face
des Africains du Nord".
Ces commentaires posant le problème en termes de défen-
se d'une "politique panafricaine" et d'une "politique panarabe"
comme le fait Decraene (2) ou de "tendance panafricaine" et de ten-
dance panislamique (3) ne traduisent pas tout à fait la réalité.
En effet, l'U.P.C., le Juvento du Togo et le F.L.N. ont été assu-
rés sans discrimination du soutien des Etats africains.
Ce n'est pas tout à fait exact non plus de prêter à
N'Krumah l'intention de viser au rétablissement du "géant empire
du Ghana d'antan" (4) (N, XIe siècles).
Certes la rivalité entre le panafricanisme de N'Krumah
et l'afro-asiatisme de-cAbd al-Na~ir est un fait dans les années
cinquante, mais la solidarité anti-impérialiste a toujours préva-
lu sur les considérations idéologiques et les rivalités entre les
'deux leaders.
-------------------------------------------------------------------
(1) n065ü du 26 avril 1958 - p. 114.
(2) op.cit. p. 41.
(3) Ibid. p. 115.
(4) Démocratie nouvelle - juin 1958 - p. 24.

98
Il nous semble que l'opposition de l'Egypte et de l'Al-
gêrie au panafricanisme est strictesent limit~e à sa vision spéci-
fiquement africaine et à sa nature purement culturaliste, tel que
cela ressortait à l'époque de l'idéologie mystificatrice de la
"négritude" de Senghor.
En réalité, à la conférence d'Acqra l'unité a pris le des-
sus sur les particularités nationales, régionales et. ethniques,
comme l'a déclaré N'Krumah dans son discours de clôture: "les an-
ci enrie s puissances impérialistes , dit-il, aimaient à parler d'une
Afrique Noire, d'une Afrique Islamique et d'une Afrique non-
islamique. C'étaient là des divisions artificielles L:.~7. Aujour-
d'hui, le Sahara est un pont les unissant" (1). A la conférence
des peuples africains en décembre 1958, le même débat va s'imposer
sur la question algérienne et sur Israël.
~ais avant d'aborder cette dernière rencontre voyons l'évolution
des territoires français.
B - L'évolution des colonies françaises
Entre les deux rencontres d'avril et de décembre à
Accra, le continent africain connaît des changements non négli-
geables dans son évolution politique. Dans les colonies françaises,
De Gaulle
rappelé au pouvoir à la suite
du putsh militaire d'Al-
ger,la fameuse "communauté franco-africaine" (2) devait accorder
une autonomie interne aux colonies d'A.O.F. et d'A.E.F. remplacées
------------------------------------------------------------------
(1) Gui/tard (0) : Bandoeng ••(op.cJt.) p. 89 - 90.
(2) un référendum est organisé dans les territoires français pour
se prononcer sur le projet de la communauté. "Les résultats
autonomes du scrutin devaient être comptabilisés par territoi-
re et ceux qui auraient une majorité de non s'excluraient,
IPSO-FACTO de la communauté". Voir: KI-ZERBO : Histoire de
l'Afrique Noire, p. 511.

99
par des "Républiques autonomes" empêchant ainsi l'accession de
ces colonies à l'indépendance, dans le cadre des deux grands en-
sembles (1).
L'impérialisme français parachève avec ce projet les
dispositions néo-coloniales de la loi cadre de 1956. Les forma-
tions ont des attitudes divergentes par rapport à l'adhésion à
une communauté dans laquelle la France a le contrôle de tous les
secteurs vitaux (diplomatie, défense, monnaie, enseignement supé-
rieur et magistrature)(2).
Le Gouvernement provisoire de la République algérienne
(G.P.R.A.) constitué au Caire le 19 septembre 1958 suivit avec
beaucoup d'intérêt l'évolution politique des territoires français.
Car le F.L.N. algérien a constamment lié le triomphe de sa lutte
avec l'essor des forces progressistes dans les colonies. Son orga-
ne El-Moudjahid consacre de nombreux articles à cet effet, mettant
en garde les peuples africains contre les dangers du néo-
colonialisme par le truchement de la "communauté franco-africaine".
Ceux qui la vot~ront dit-il "man~esteront une grande incompré-
hension des problèmes de la décolonisation et une ignorance crimi-
nelle des aspirations nationales des peuples africains".
(1)
ce qui porte atteinte à l'idée: "des Etats-Unis d'Afrique"
lancée par N'Krumah à
laquelle adhéraient les masses afri-
caines.
(2) Le R.D.A., le plus puissant parti africain approuve
le projet néo-colonial, alors que les partis en désaccord
avec lui tiennent un congrès constitutif du parti du regrou-
pement africain (P.R.A.) à Cotonou (25 - 27 juillet 1958).
Malgré ses propositions contradictoires faisant état d'une
"nation fédérale africaine, confédération multinationale avec
la France et les Etats-Unis d'Afrique", le congrès lance le
mot d'ordre d'''indépendance immédiate". Il s'agit là d'une dé-
cision historique dans les colonies françaises. cf. LY (A) :
l'émergence. pp. 35 - 37.

IOG
"En réalité, poursuit-il, chaque Africain qui votera a
l'occasion du r8férendum, enchaînera un peu plus son peuple et son
pays au colonialisme français" (1).
Seule la Guinée a pu arracher son indépendance en votant
massivement "non" à la communauté néo-coloniale en dépit des mena-
ces de représailles économiques envisagées par la France (2). Le
secrétaire Général du P.D.G. (Parti démocratique Guinéen) Sékou
Touré répondait à De Gaulle en ces termes "nous préférons la pau-
vreté dans la liberté à la richesse dans l'esclavage".
A l'exception donc de la Guinée, le néo-colonialisme
est devenu officiellement institutionalisé dans les colonies fran-
çaises et leurs économies intégrées au marché capitaliste européen,
la C.E.E.
Bien qu'étant hostile dès le départ au principe même du
scrutin, le F.L.N. salue la décision historique de ce pays.
El !"Ioud.jahid (3) écrit à ce propos : "c'est de la Guinée, tête de
pont
de la liberté, que partiront toutes les vagues qui anéanti-
ront la domination française en Afrique Noire".
(1) El Moudjahid, nO 29 du 17 septembre 1958, Texte inédit.
t
FRANTZ Fanon: pour la révolution africaine, pp. 135 - 137.
{
(2) Répondant aux spéculations sur l'avenir de la Guinée que tente
d'isoler l'impéri~lisme Sékou Touré déclare: "l'Afrique, mil-
1
~
lénaire a vécu sans l'apport de la France, aujourd'hui elle
,
!
veut l'apport de la France, mais si la France le lui refuse,
i
elle pourra vivre comme par le passé, dans la dignité et dans
1
la liberté. De toutes les manières jamais plus dans l'histoire
1
la Guinée ne sera colonisée". Cité par Marchés Tropicaux et Mé-
diterranées, nO 679, du 15 novembre 1958, pp. 27 - 28.
f
. ,,
(3) nO 30 du 10 octobre 1958.
f
1

lOI
Désignant l'Algérie comme "tête de pont du colonialis-
me occidental en Afrique" et de "territoire guide" dans la lutte
anti-coloniale, l'organe du F.L.N. expose dans deux importants
articles (1) l'interdépendance du sort des peuples africains avec
celui du peuple algérien. El Moudjahid ';crit à ce propos : "Jeu-
nesse des pays coloniaux, il faut que vous sachiez que l'avenir
de votre existence nationale, la cause de la liberté et de votre
indépendance se trouvent en jeu actuellement en Algérie i:.~7
nous devons tous ensemble, creuser la tombe où s'enlisera défini-
tivement le colonialisme" (2).
A la conférence des peuples africains (non-
gouvernementale) les efforts conjugués du F.L.N et de la R.A.U.
placeront la question algérienne au coeur des débats (bien qu'
elle n'était pas inscrite à l'ordre du jour), un débat de fond
encore plus passionnant que celui soulevé par la conférence
d'Israël.
C - La conférence des peuples africains
(Accra 6 - 13 décembre 1958)
Sur l'initiative du Rassemblement du Parti Populaire
(C.P.P.)de N'Krumah, de nombreuses délégations venant d'Afrique
Noire, de l'Afrique du Nord, des Etats-Unis et d'Europe de l'Est
ont participé à la plus importante manifestation panafricaine non-
gouvernementale.
(1) El Noudjahid, n° 29 du 17 septembre, 1958 : "Appel aux Afri-
cains" et le n° 24- du 29 mai 1958 : "Lettre à la jeunesse
africaine". Articles dans lesquels le F.L.N. invite les Afri-
cains (y compris ceux qui combattent dans l'armée coloniale
contre les Algériens) à souteni~ efficacement la cause algé-
rienne.
(2) nO 24 op.cit.

I02
Deux thèmes centraux dominent le débat, la liquidation
du colonialisme et de la ségrégation raciale, la solidarité et
la coordination des luttes des peuples opprimés.
Dès l'inauguration le président du Ghana dénonce vigou-
reusement les "frontières artificielles" imposées parle colonia-
lisme avant de poursuivre: "cette décennie est celle de l'indé-
pendance. En avant pour l'indépendance immédiate et demain les
Etats-Unis d'Afrique" (1).
Mais il fallait d'abord s'entendre sur les moyens de
la libération du continent. Attaché à la philosophie de la "non-
violence gandhienne" , N'Krumah déclare à la séance inaugurale que
son pays est déterminé à "soutenir toutes les formes d'action
non-violentes que nos frères africains des territoires coloniaux
peuvent juger bon d'utiliser dans leur lutte pour leurs droi"tE et
leurs aspirations légitimes"
(2).
La position du père du panafricanisme africain, devait
susciter un passionnant débat sur la légitimité ou non de l'em-
ploi de la violence en tant que moyen de conquête de la souverai-
neté nationale.
(1) Le Monde, du 10 décembre 1958. A la conférence des chefs
d'Etat en avril N'Krumah n'a fait aucune allusion aux "Etats-
Unis d'Afrique". Le Ghana et la Guinée ont décidé de sceller
une "union totale" le 23 novembre 1958" soit après la consti-
tution de la R.A.U. La presse égyptienne avait chaleureusement
salué cette initiative comme un premier pas vers l'unité de
l'Afrique.
(2) cité par Guitard
op.cit. p. 95.

','1
,
Les délégués du F.L.N./Boumadel et Fanon, de l'V.P.C.,
_
u
_
F. Houm.iè , de l'Egypte, FU_'J.D GALAL, du P.R.A., Sénégal et Niger
ont énergiquement réagi à ses propos en démontrant avec clarté
que le colonialisme et l'imp~rialisme sont des mdthodes de domi-
nation violente et que les rapports colonisateurs-colonisés sont
basés sur la violence et le rapport de force. Autrement dit, la
dialectique colonisation-décolonisation se pose objectivement en
terme de violence. Sans nier "l'efficacité des moyens pacifiques"
les délégués les plus radicaux semblaient être convaincus que la
violence était le seul langage par lequel les peuples opprimés
pouvaient se faire entendre auprès de leurs dominateurs (1).
c'est là l'une des thèses centrales de Franz Fanon
qui était convaincu que "le colonialisme n'est pas un corps doué
de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'in-
cliner que devant une plus grande violence" (2).
A cette controverse sur la violence, une formulation
de compromis a été finalement trouvée pour la résolution sur la
question. Elle déclarait entre autres que les Etats indépendants
de l'Afrique doivent "apporter leur plein appui à tous ceux qui
combattent pour la libération de l'Afrique, à tous ceux qui re-
courent à des moyens pacifiques de non-violence, -aussi bien qu'à
ceux qui sont contraints de riposter à la violence par la vio-
lence".
De même une résolution demande "la révision des frcn-
tières artificielles créées par les découpages coloniaux" et
recommande les regroupements régionaux des Etats indépendants
-----------------------------------------------------------------
(1) vo~r El Moudjahid, nO 34 du 24 décembre 1958.
(2) in les damnés de la terre. pp. 24 - 25. Voir aussi ENGELS
Théorie de la violence présentée par G. Mury -Paris, V.G.E.,
1973 (10/18).

I04
du continent comGe premlere étape dans le processus de la créa-
tion des "Etats-Unis d'Afrique" (1).
L'organe du F.L.N. paraît absolument satisfait des
conclusions de la rencontre panafricaine qui a permis, selon lui,
l'expression d'une solidarité agissante avec la cause algérienne
sur les plans africain et international. L'éditorialiste ajou-
te : "aucune alliance ne sera reje/tée, .l'aven~r du colonialisme
n'a jamais été aussi sombre qu'au lendemain de la conférence
d'Accra" car dit-il la solidarité des peuples africains s'est
concrétisée à Accra "avec la lutte du peuple algérien, ses mé-
thodes, ses objectifs"
(2).
Quant à l'Egypte, elle est le seul pays arabe à repo-
ser la question de la présence d'Israël en Afrique en l'assimi-
lant à l'impérialisme, le qualifiant de "satellite" de la domina-
tion étrangère dans le continent. Toutefois aucune motion n'a
été demandée contre l'Etat hébreu.
r·iais la délégation égyptienne n'en fut pas moins acti-
Ve
Ahmad al-QURA cI (3) va jusqu'à dire qu'elle s'était battue
.
sur toutes les questions soulevées "au point d'avoir failli dé-
border par ses agissements la délégation ghanéenne-même". Ce com-
portement explique al QURA cï était dicté par le souci d'écarter
d'une part l'influence de l'Occident qui planait sur la conféren-
ce et d'autre part de faire prévaloir le rôle de guide et
(1) pour plus de détails voir f':liSLIHT : oo s c i.t , pp. 38 - 39, et
ALL AFRICAN PEOFLES CONFERENCE Accra, 1958.
(2) El Moudjahid, (op.cit.).
(3) TAWRAT 23 YüLIYü WA TASFIYAT al-ISTI cMAR, p. 57.

r05
la réputation de leader de Gamal c Abd al-Nasir (1).
D - Les autres conférences panafricaines
Ici nous nous limitons à une présentation sommaire de
quelques conférences importantes jusqu'à 1963, date de la création
de l'O.U.A.
Pour l'essentiel la question algérienne y occupe une
place de choix à coté des thêmes traditionnels du panafricanisme
politique: l'anti-colonialisme, l'anti-impérialisme, l'unité afri-
caine etc. (2).
Dans toutes les conférences le G.P.R.A. va tenter de
faire accepter sa démarche dans la lutte de libération et de se
faire reconnaître comme un gouvernement légal au même titre que
les autres Etats indépendants d'Afrique.
(1) Ibid. Ceci est à lier avec la rivalité de N'Krumah et de
c Abd al-Na~ir pour le leadership du continent. Le chef de la
délégation égyptienne déclarait au New York Times qu'il avait
l'impression que "tout était fait à Accra pour limiter sa par-
ticipation dans les débats au minimum" cité par al QURA cI
Ibid.
(2) Il faut signaler entre autres parmi les conférences que nous
n'abordons pas celle des étudiants (Tunis, août 1959), celle
des femmes d'origine africaine (Accra, juillet 1960) et le con-
grès des centrales s.yndicales d'Afrique (Casablanca, mai 1960).

r06
A la seconde conférence des Etats indépendants africains
tenue à Monrovia (août 1959) le G.P.R.A. réussit à se faire recon-
naître comme une délégation à part entière tandisque les autres
mouvements de libération se contentent d'un statut d'observateur.
Mieux, le Ghana et la Guinée qui l'oiltreconnu conformément à une
résolution de la conférence d'Accra (en décembre 58) d0cident
l'établissement avec lui des relations diplomatiques (1). C'est
là, une première victoire du G.P.R.A. sur le plan africain d'au-
tant plus que les résolutions condamnent très énergiquement la
France à cause des essais nucléaires au Sahara algérien sur lequel
elle lui contestait en plus toute
souveraineté. Les Etats afri-
cains indépendants votent également un projet d'aide matérielle
au G.P.R.A. Proposition déjà faite par le délégué égyptien en
avril 1958 (2).
La troisième conférence s'est tenue à Addis-Abeba (juin
1960). La révolution algérienne y confirme son audience africaine.
Une résolution invite tous les Etats africains non seulement à re-
connaître le G.P.R.A. mais à le soutenir diplomatiquement et maté-
riellement et reconnaître la création d'un fonds spécial pour lui
venir en aide ainsi qu'à tous les combattants contre le colonia-
lisme et le racisme en union Sud-africaine ; et pour la première
fois invite les Etats arabes à cesser toute vente de pétrole à des-
tination de ce pays.
La seconde conférence des peuples africains (Tunis, jan-
vier 1960), ordonne l'inscription d'une contribution au finance-
ment du "corps de volontaires" au budget des Etats africains et le
retrait des troupes africaines opérant dans l'armée coloniale
-------------------------------------------------------------------
(1) voir Chikh (Sliman) : "l'Algérie et l'Afrique (1954 - 1962)"
in R.A.S.J.E., p. 718.
(2) le Gpana qui avait repoussé la proposition égyptienne en 1958.
décide à la "conférence de l'action positive" à Accra, avril
19601a création d'un "corps de volontaires africains" destiné
à l'Algérie.

Tü7
française en Algérie, conformément à la demande insistante du
F.L.N. (1).
Quant à la troisième conférence (Le Caire, mai
1961),
elle votera les résolutions les plus radicales en faveu~ de l'Al-
gérie, des mouvements de libération africains et même des partis
d'opposition intérieure (P.R.A., Sén2gal, Swaba, Niger etc ••• )
aux régimes néo-coloniaux issus des indépendances de 1960. Répli-
quant de façon explicite à la philosophie de non-violence de
lT'Krumah, les conférenciers approuveront "le recours à la force
et à la violence pour liquider l'impérialisme" (2).
Ainsi le G.P.R.A. a conquis un capital de sympathie sur
les plans africain et international qui lui a permis de jouir d'
une "existence autonome" parmi les Etats africains avant le recou-
vrement de sen d.ndé pendanc e nationale. Cependant ce succès est à
relativiser, car les colonies françaises devenues indépendantes
en 1960 adopteront une attitude différente
({~celle de la Guinée,
du Ghana et du Mali au sujet du problème algérien (3).
(1) voir El lVioud,jahid, n ?
29 (op.cit.) concernant la demande du
F.L.N. pour le retrait des troupes sénégalaises d'Algérie se
reporter au "compte-rendu d'entretien à Tunis entre Mamadou
Dia Lpremier ministre sénégalai~7 et Abdelhamid Hehr-L" en oc-
tobre 1960 in HARBI (M) : Les archives de la révolution algé-
rienne, pp. 463 - 467.
(2) Nous reviendrons sur cette dernière conférence dans la Ile par-
tie.
(3) Nous reviendrons sur l'attitude des Etats africains vis-à-vis
du problème algérien (Ile partie, Chap. II in section 1).

108
CONCLUSION
DE
LA
le
PARTIE
Faire l'évaluation des rapports arabo-africains entre
1955 et 1960, c'est chercher à établir les efforts conjoints des
peuples du continent contre la domination impérialiste et pour la
liquidation dù colonialisme et de la discrimination raciale. C'est
aussi appréhender les changements irréversibles qui ont favorisé
la reprise des relations entre le ~jaghreb et l'Afrique Noire.
L'adhésion des pays arabes au panafricanisme a abouti
nécessairement à donner à ce mouvement une dimension continentale et
à le marquer d'unfPeau plus politique, méprisant ainsi les notions
de l'Afrique Blanche ,. et de l'" Afrique Noire" dans l'acception co-
lonialiste du terme.
Evidemment,
les rapports entre ces deux régions sont
restés essentiellement politiques à cause des limites imposées
par la domination coloniale, mais ils ont perfuis de sceller la
solidarité politique, d'accélérer le processus de "décolonisa-
tion" et de hâter l'indépendance de dix-neuf territoires d'Afri-
que Noire et de deux maghrébins entre 1955 et 1960. Cette soli-
darité politique s'est aussi manifestée dans un cadre plus large,
celui de l'afro-asiatisme, premier cadre de l'expression de la so-
lidarité du mouvement de libération de l'Afrique et de l'Asie pour
la définition d'une stratégie d'action internationale des pays du
'I'Ler s -Honde ,

Comme nous avons pu le constôter l'Alg&rie et l'Egypte
sont les deux parties arabes les plus impliquées dans les ques-
tions africaines. ElIas ont tissé dans cet~e période de solides
liens avec les mouvecents de lib§ration d'Afrique et avec le
Ghana et la Guinée, tandis Clue le Faroc et larunisie ont envisagé
leur rapprochement de l'Afrique avec prudence.
En
t
fait,
l'Algérie était consciente que son sort était
!
irréversiblement lié à celui des colonies françaises d'Afrique
t
comme l'affirmait l'fi. YAZID à la "j ournée africaine" de Tunis en
1959 :
"la lutte du peuple algérien pour son indépendance fait
1
partie du torrent irréversible qui est le mouvement de libération
africaine" (1). Alors, la politique extérieure du G.P.R.A. en di-
rection de l'Afrique vise à garantir "le droit ~ une existence
1
autonome et opêre par là-mime une "extériorisation de l'entité
nationale et son émergence sur la scène internationale" (2), puis-
que pour la conquite de l'indépendance "la distinction entre "in-
térieur" et "extérieur" devient de ce fait et dans cette perspec-
tive sans objet"
(3).
Nous allons voir dans les chapitres suivants que l'ac-
tion de l'Algérie en direction de l'Afrique n'est pas motivée
essentiellement par la nécessité d'un soutien diplomatique, mais
que la recherche de l'unité d'action est précisément une permanen-
ce dans sa politique africaine.
(1) in La Révolution algérienne par les textes: présentés par
Mandouze (A)
: p. 64.
(2) Chikh (Slimane)
: La Révolution algérienne
pro,jet et action
1954 - 1962. (thèse)
III. p. 663.
(3) Ibid. Concernant l'Algérie et l'Afrique voir particulièrement
,
pp. 722 -
737.
:
r1i1
(
!,

Tm
Quant à l'Egypte, elle a joué un rôle de tout premier
plan dans le développeôent du mouvement de libération africain,
lui apportant un soutien constant sur les plans matériel et moral.
Si elle est le premier pays arabe à dénoncer et à combattre la pré-
sence d'Isra~l en Afrique, elle n'a pas su faire partager ses vues
aux Etats africains dans cette première période (1).
Dans sa volonté_de conquerlr le leadership du continent,
l'Egypte a toujours eu le souci de présenter son expérience comme
un modèle de développement pour les futurs Etats indépendants d'
Afrique. De même ses efforœ pour diffuser l'Islam et la culture
arabo-ielemique convergent avec la "mission civilisatrice"
assi-
gnee par l'influent c Ab d al-Nasir à son pays dans le continent
.
"vierge" comme i l lIa explicitement écrit dans FALSAFAT al- TAWRA.
:a
Les autres pays arabes d'Afrique se sont montrés très
discrets sur l'ensemble de ces questions. Leur attitude nuancée
se précisera-t-elle vis-à-vis du problème palestinien et de la
coopération israélo-africaine ? Comment les nouveaux Etats afri-
cains qui ont consenti au "transfert des compétences administra-
tives"
de 1960 vont-ils réagir à l'égard des pays arabes et des
questions algérienne et palestinienne ?
C'est ce que nous allons voir dans la Ile partie.
(1) bien qu'lsra~l se&dt systématiquement opposé avec les puis-
sances colonialistes à la satisfaction des revendications
africaines pendant cette période. Il suffit d'en juger de par
~attitude négative au sujet de la question camerounaise à
l'O.N.U. (1956), des essais nucléaires français au Sahara,
de l'indépendance de l'Algérie, du Tanganyika, du Burundi, du
'"
-
- -
Ruanda etc ••• cf. stl'un FILASTINIYA, nO 47,
juin 1975, p. 161.

DEUXIEME
PARTIE
ET PREMISSE D'UNE COOPERATION ARABO-AFRICAINE
=============================================
(1960-1967)

I~I
l N 1 R 0 DUC T ION
A
L A
Ile
FAR T l
E
Le monde arabe et l'Afrique ont connu de profondes mo-
difications dans leurs réalités-historiques,
géographiques, éco-
nomiques et culturelles depuis la domination de l'impérialisme
colonial sur ces deux régions.
Ils ont vécu des conditions internes dissemblables,la
reg10n arabe bénéficiant d'une indépermance plus ancienne étant
~ieux dotée0sr conséquent que l'Afrique sur le plan des structu-
res de développement économico-social.
Les rapports entre les deux r8g10ns qui vont se déve-
lopper à p~tir des années soixante permettront-ils des échanges
économiques et culturels entre elles ? Leurs peuples profiteront-
ils des fruits de la réalisation des indépendances nationales ?
En tout cas dans la plupart des nouveaux Etats africains
et dans la grande majorité des pays arabes, les bourgeoisies na-
tionales au 'pouvoir n'ont entrepris que des réformes limitées à
leurs intérêts de classe, mais présentées comme étant démocrati-
ques.
Four entraver la consolidation des indépendances
nationales, dans les pays arabes l'impérialisme a joué principa-
lement sur les classes sociales ; puisque les bourgeoisies
na-
tionales y sont plus structurées et plus anciennes,
et la diver-
sité ethnico-religieuse y est moins importante qu'en Afrique.

, !
II2
Par contre les tentatives de destabilisation du n&o-colonialisme
en Afrique Noire, consistent principalement à amplifier les dif-
férences tribales, linguistiques, religieuses voire l'antagonisme
idéologique des régimes, pour y dévoyer le mouvement de libération
nationale.
Il n'en demeure pas moins que les relations arabo-
africaines sont placées dans cette phase sous l'angle de la lutte
pour la consolidation des indépendances nationales.
Certains de ces Etats semblent oeuvrer pour mettre fin
à la domination étrangère et pour promouvoir la culture nationale
en opérant des changements notables dans le processus de libéra-
tion nationale; en dépit des incohérences et des contradictions
qui ont caractérisé cette phase transitoire, marquée par des ten-
tatives de passage d'une économie dominée à une économie nationa-
le • Ce sont les Etats "progressistes" ou de "démocratie nationa-
le" (1) selon la caractérisation de l'Union Soviétique en 1960
complétée par le concept de "pays engagés dans la voie non-
capitaliste de développement", d'après la formulation du XXlle
congrès du P.C.U.C. en novembre 1961 (2).
Ce concept désigne donc les Etats non soumis à la domi-
nation impérialiste. En aucun cas, on ne peut les assimiler aux
reglmes de "démocraties populaires". Ils sont "progressistes" par
rapport aux "Etats néo-coloniaux" ouvertement dominés par le pacte
(1) Algérie, R.A.U., Ghana, Guinée, Congo-L8opoldville de
LUMU1'lÉA, Ouganda, Tanzanie, 1"aroc (1960-1961) et Congo-
Brazzaville (à partir de 1964-). Ils sont appelés aussi "Etats
révolutionnaires" ou "Etats rJJ1icaux". Nous les désignerons
par "Etats progressistes". Nous expliquerons pourquoi plus
loin.
(2) voir LAID (ZAKI)
Les grandes puissances et l'Afrigue,
pp. 1 3 et 105.

II)
néo-colonial (1).
Nous verrons dans cette partie que les relations arabo-
africaines sont dominées par l'antagonisme des positions défen-
dues par les deux groupes d'Etats au sujet de la guerre d'Algérie,
du conflit congolais, du différend mauritanien et au sujet de
l'unité africaine; positions profondément contradictoires voire
inconciliables, au moins jusqu'à la conférence constitutive de
l'O.U.A. ( 1963). Certes, les divergences idéologiques ne seront
pas résolues, mais le désir d'entente sur une base minimum d'uni-
té, favorisera des actions conjointes au sein du comité de libéra-
tion de l'O.U.A. pour affranchir l'Afrique du joug colonial.
Les Etats arabes d'Afrique prendront une part très ac-
tive sur l'échiquier politique africain pour promouvoir les cau-
ses algérienne et palestinienne chez les Africains et par une
campagne de propagande et.d'agitation pour dénoncer ce qu'ils appe-
laient "l'infiltration d'Israël en ""-frique".
Cela ne signifie pas pour autant que les pays arabes
vont avoir une politique africaine uniforme sur l'ensemble des
questions délicates auxquelles se heurteront les rapports arabo-
africains jusqu'à 1967.
(1) Les meilleurs exemples en sont Sénégal, Côte d'Ivoire, Tunisie,
Kenya, Zaïre etc ••• Ces Etats que nous désignons de "néo-
coloniaux" sont appelés en termes pudiques "Etats modérés"
ou "sages".

T:!:4
CHAPITRE l
LES CONFLH3 INTERAFRICAINS DArTS LES RELATIONS
ARABO-AFRICAINES
Dans ce chapitre nous analyserons les positions des
Etats arabes et africains à l'égard des conflits congolais,
maroco-mauritanien et à l'égard du différend frontalier maroco-
algérien.
Ces conflits sont la résultante de la "balkanisation"
du continent africain et du morcellement des territoires arbi-
trairement tracés, par l'administration coloniale ou de la volon-
té de l'impérialisme d'exercer sa mainmise sur les anciennes colo-
nies (la guerre du Congo).
Nous avons choisi parmi
les nombreux conflits inter-
africains ceux qui ont directement influé sur les rapports arabo-
africains dans cette période et qui ont créé ou éveillé des anta-
gonismes idéologiques entre les régimes africains. De ce fait ces
derniers seront amen$à se positionner, selon leurs propres analy-
ses, face à ces conflits.
La "guerre civile" du Congo en est l'une des meilleures
illustrations.

SECTIeN l
LE CONFLIT DU CONGO
UNE ATTEINTE A LA SOUVERAINETE
DE L'AFRIQUE
A - La situation politigue du Congo
Depuis l'annexion du Congo en 1908, le colonialisme
belge y a pratiqué un autoritarisme politique absolu. En vertu
de sa philosophie coloniale "pas d'élites, pasd~nnuis" la Belgique
a maintenu le peuple congolais, dans une ignorance et un analpha-
bétisme quasi-absolus, durant toute la période de sa domination.
Le peuple congolais a subi, pendant près d'un siècle des formes
d'oppression et de ségrégation raciale comparables à celles prati-
quées en Afrique du Sud (1).
Ces pratiques expliquent entre autres, la tardive éman-
cipation politique des Congolais. En effet, les premiers partis
politiques n'y voient le jour qu'en 1958 (alors qu'ils existaient
dans les colonies françaises et anglaises, selon les régions, de-
puis la fin de la première guerre mondiale). Ce sont l'ABAKO (2)
(1) L'interdiction était faite aux Koirs de se déplacer hors
de leur région d'origine sans autorisation, de circuler dans
les quartiers européens après le coucher du soleil, de s'as-
seoir près des Blancs dans les transports et lieux publics etc. 1
Voir Le Clerq (Claude) : l'O.N.U. et l'Afrique au Congo,
pp. 11 - 13.
(2) l'Association des originaires du Bas-congo. Celle-ci existait
avant 1958 sous forme d'association -comme son nom l'indique-
étbnique et régionale, revendiquant seulement l'égalité des
droits entre les Blancs et les Noirs congolais, et la recons-
titution de l'ancieL Empire du Congo.

T"T",~
___ 0
de KASAVUBU et le M.N.C. (1) de Patrice Lumumba. A son retour de
la confarence des peuples africains d'Accra en 1958 (cf. supra),
Lumumba fait adopter à son parti le mot d'ordre "d'indépendance
immédiate" repris à son compte l'ann~e suivante par l'ABAKO. De-
vant l'influence grandissante de.ces deux. formations politiques
sur les populations, le colonialisme belge encourage ~lorse Tshombé
à la constitution d'une force politique rivale en 1959 : le
CONAKAT, parti scissionniste du Katanga. Ce dernier est favorable
à l,uindépendance immédiate" mais à condition que les ressources
minières de la plus riche province du Congo, le Katanga, lui ga-
rantissent son autonomie politique et économique et que la "gé-
ra,nce des pouvoirs soit entre les mains des Katangais (2). Tel
est le plan de déstabilisation mis sur pied par les Belges de con-
nivence avec le CONAKAT avant l'acceptation de la "table ronde"
de Bruxelles, (février 1960), qui débouchera sur l'arrêt de la
date de l'indépendance du Congo (le 30 juin 1960), à la surprise
générale des observateurs (3). Mais les conditions de l'accession
du Congo à l'indépendance faisaient planer sur le pays de graves
incertitudes politiques et de sérieuses menaces de scission sciem-
ment orchestrées par l'impérialisme international, belge et
(1) Mouvement National Congolais, c'est le premier véritable par-
ti politique congolais, nationaliste certes, mais anti-
tribaliste et anti-impérialiste également.
(2) Le Clercq (Claude) op.cit. p. 16.
(3) Cornevin (M) : Histoire de l'Afrique de la deuxième guerre
mondiale jusqu'à nos jours (op.cit.), p. 227.
Cette indépendance est conquise de haute lutte par le peuple
congolais victime de nombreuses répressions coloniales san- .
glantes pour briser la volonté des nationaux congolais, dont
le dirigeant le plus radical, Lumumba disait en 1958 : "Le
souffle libér3teur qui traverse actuellement l'Afrique ne
laisse pas le peuple congolais indifférent". Cité par
DEVOS (Pierre) : Vie et mort de Lumumba. p. 70.

.,.,'7
' - . -
r
américain en particulier (1).
B - L'O.N.U. et le conflit congolais
Les Nations-Unies ont joué un rôle majeur dans le con-
flit qui éclate à l'accession même du Congo-Léopoldville à l'in-
dépendance. D'Abord une crise constitutionnelle oppose KASAVUBU,
chef de l'ABAKO devenu président de la République, et Lumumba
dirigeant du [.j.N.C., élu premier ministre. Ensuite koïse Tschombé,
déclare la sécession du Katanga dès le 11 juillet et forme un au~
tre gouvernement soutenu en cela matériellement et surtout mili-
taire~ent par la Belgique et les ~tats-Unis. Ce fut l'éclatement
de la "guerre civile au Congo" qui se prolongera jusqu'en 1965.
La justification publique de la sécession consistait
à dire que le gouvernement de Lumumba était "d'obédience commu-
niste". Ce qui masquait mal les visées non avouées de l'homme de
confiance de l'impérialisme américain et belge (2).
(1) Four comprendre les enjeux du Katanga "royaume du cuivre"
dans l'échiquier politique congolais et pour l'impérialisme
international, voir l'importante étude de LASZLO NAGY:
"le
poids du Katanga dans la République du Congo". in Revue Fran-
çaise d'études Politiques Africaines/(R.F.~.P.A.) n° 4,
avril 1966, pp. 57 - 73.
(2) D'autant plus que la Belgique avait ordonné au lendemain de
la sécession à "dix mille fonctionnaires blancs du Congo de
rejoindre la Belgique, sauf ceux du Katanga requis sur place
sous peine de sanction". cf. in Cornevin : op.cit. pp. 305 -
306.

HG
Ainsi le secr~taire g&n~ral de l'O.N.U. DAG HAMMARKS JDLD redou-
tait une issue dramatique de l'affaire congolaise quand il adres-
sa un meSS8[C aux dirigeants congolais à la veille de l'indépen-
dance, dans lequel il exprimait son souhait de voir "les
représentants de toutes les rGgions collaborer efficace:nent à la
mise en place des diff&rents rouages d'un gouvernement solide et
stable" (1).
Ce message inhabituel 8?t dicté par l'inquiétude nee
devant les affrontements de clëns, de tribus et même de partis
politiques (pr-ovo quav-. la :"o,-~t ds dizaines de personnes) qui ont
précédé la proclamation de l'indépendance du Congo.
Cependant, les affrontements ne sont que le résultat
des manipulations de l'impérialisme belge qui avait ainsi soi-
gneusement préparé son plan d'invasion du Congo.
Conscient des menaces qui pèsent sur lui, et sur son
reglme, Patrice Lumumba-qui venait de se réconcilier avec
KASAVUBU-entreprit un périple africain (2), sollicitant l'aide
des "Etats frères" pour faire face à la situation dramatique du
Congo ; tout en accéd~nt à sa demande, ceux-ci, y compris la
R.A.U., lui conseillent de saisir le "conseil de sécurité"
qui,
à l'issue d'une session d'urgence, met en place les effectifs
de l'O.N.U.C. (Opérat~on des Nations Unies au Congo) (3). Celle-
ci a comme mission selon une brochure de l'O.N.U.
- d'aider le gouvernement (central de Lumumba) à
établir et à
(1) Cité par Le Clerq (C) : op.cit. p. 37.
(2) qui le conduit au Ghana, en Guinée, en Tunisie et au j'liaroc.
(3) arrivée le 15 juillet composée dans un premier temps unique-
ment de "casques bleus" africains (Ghana, Guinée, l'laroe et
Ethiopie). Pour éviter l'internationalisation du conflit.
Voir Cornevin (Robert)
: "La politique extérieure du Congo
Léopoldville de 1960 à 1966"
in R.F.E.P.A. (op.cit) pp. 37 -
56.

maintenir l'unité et l'intégrité territoriale du Congo
- de défendre le pays contre l'ing&rence étrangère
- d'aider le gouvernement à assurer et à maintenir le fonctionne-
ment des services publics essentiels (1).
Or, non seulement l'O.N.U. n'a pas honoré ses engage-
ments vis-à-vis du gouvernement qui lui avait demandé son assis-
tance (le 27 juillet 1960),mais elle ne fait pas respecter ses
propres résolutions sur le Congo (notamment celles du 14 juillet
ordonnant le retrait des troupes belges). En outre, son "compor-
tement passif" devant la scission du Katanga épaulée par les for-
ces belges et les mercenaires payés par l'impérialisme internatio-
nal, concourt sciemment ou non à la liquidation des éléments
révolutionnaires et à accréditer le pouvoir de fait installé au
Katanga et au Kasaï.
En dépit des mises en garde répétées de l'U.R.S.S. et
ses alliés, et des Etats progressistes africains (qui menaçaient
de retirer leurs contingents de l'O.N.U. (2), si celle-ci ne res-
pectait pas sa mission) l'organisation internationale persistait
dans une attitude plus hostile au gouvernement de Lumumba et mul-
tipliait des actions dont l'objectif était la désintégration de
l'armée nationale congolaise. La réorganisation de celle-ci était
confiée par l'O.N.U.C. au général marocain Kattani qui "fut insti-
gateur du coup de force de ~obutu, et responsable, indirect de
(1) voir l'O.N.U. et le Congo, quelques faits essentiels. pp. 3-4.
(2) Il s'agit des Etats cités pr8cédemnent, qui sont renforcés vu
l'aggravation de la situation, par d'autres troupes du t·:ali,
du Soudan, du Libéria, de la R.A.U., du Pakistan, de l'Indoné-
sie, de l'Irlande, du Canada et de la Suède.
Voir CORNEVIN (5) : "art.cit." p. 40.

"1:20
l'éviction de Lumumba (1).
Après la destitution
réciproque de Lumumba et de
KASAVUBU (20 septembre 1S6C), l'éclatement du gouvernement mettait
à nu les profondes divergences idéologiques des deux hommes. Le
deuxième "voulait un Congo fédéral à prédominance Mu-Kongo, Lumumba
ne pensait qu'en nationaliste anti-tribaliste ; "Le Roi Kasa" était
l ' homme du compromis" le leader du l':.N. C. voulait une indépendance
réelle, affranchie de la tutelle du capital ét~anger et surtout,
facteur essentiel de l'hostilité que lui voueront la plupart des
dirigeants africains, in§o-coloniau~7, il se révéla un adversaire
farouche de la collusion entre la nouvelle bourgeoisie au pouvoir
et les grandes societés qui géraient l'économie nationale" (2).
Ainsi malgré le soutien de ul'Afrique révolutionnaire"
en tête de laquelle, la R.A.U., le G.P.R.A., le Ghana, le Mali et
la Guinée, le représentant de l'O.N.U. au Congo, A. CORDIER (Améri-
cain) oeuvrait pour la déstabilisatioil des nationalistes congolais.
C'est lui qui a ordonné au nom de "l'organisation uni-
verselle" la fermeture de l'aéroport national et de la radiodiffu-
sion nationale, privant ainsi Lumumba de tout contact direct avec
le peuple congolais et de toute aide militaire.
Pendant ce temps, Kasavubu pouvait passer de nombreuses
heuresd'~mission à destination de son pays à partir de la radio du
Congo-Brazzaville gouverné
alors par F. Youlou
(3) "le modéré".
(1) Voir VERBEEK (R.Y.) : "Le Congo Léopoldville et l'ancienne
Afrique française" in R.F.E.P.A. (op.cit.) pp 83 - 84.
Et BOUZIDI (M) : "Le t'laroc et l'Afrique Sud-Saharienne" in A.A.N.
1978.
(2) VERBEEK (R.Y.) "art.cit. p. 82.
(3) Voir l'importante étude de H.F. JACKSON
"La politique étran-
gère des Etats-Unis, du Congo (Zaïre) à SOWETO".
in Afrique conter.moraine, n" 99, septembre, octobre 1978.

I2I
C'est donc grâce aux actions conjuguées de l'impérialisme et de
l'O.N.U. (1) que l'armée nationale congolaise sera complètement
défaite et que Lumumba lui-même sera arrêté, torturé et assassiné
en janvier 1961, dans des conditions qui restent aujourd'hui à
éclairer.
Mais quel a été le comportement de l'Afrique dans ce conflit?
c - Les Etats africains et la crise du Congo
Fendant cette crise, les Etats arabes africains se sont
vivement intéressés. à l'évolution de la situation militaire sur le
terrain et à l'évolution politique interne, particulièrement la
R.A.U., le Maroc et l'Algérie.
La presse égyptienne de l'époque relate amplement la guer-
re et les événements du Congo dénonçant très violemment l'attitude
de l'O.N.U., de la Belgique et des Etats-Unis à l'égard du gouver-
nement légal de Lumumba.
Du haut de la tribune de l'Assemblée Générale des Nations
Unies (septembre 1960), ~amâl c Abd al-Nasir fait l'analogie de la
.
situation congolaise avec celle de la Palestine et de l'Algerie en
rs?nelant les responsabilités historiques de la Société des Nations
(S.D.N.) concernant la création d'une "base impérialisten , l'Etat
--------------------------------------------------------------------
(1) sur les motivations, les mécanismes et la justification avancés
par l'O.N.U. pour légitimer son intervention sur le plan juri-
dique, voir GENDEBIEN (P.H.)
: L'intervention des Nation t~ies
au Congo, 1960 - 1964.
Paris, La Haye, ~outon, 1967.

I22
d'Israël au sein du monde arabe. De même, estirce Nasser, l'O.N.U.
et l'impérialisme sont sur le point de favoriser "la répétition
de l'histoire" du Congo; d'où son appel pressant à l'organisation
intern2tionale en tant qu'''instrument de paix et de justice" pour
qu'elle s'impose dans le conflit (1).
Mais la position égyptienne est infiniment plus explici-
te si llon~uge par la réponse de Nasser à un télégramme de
Tschombé(2) dans laquelle il déclare no-camment : "nous sommes pour
l'existence d'un seul Etat en République du Congo L:.~7. La désin-
tégration de la République du Congo ne profitera jamais à son peu-
ple, mais à l'impérialisme, qui ~uette
ambitieusement les riches-
ses de votre pays" (3).
Far ailleurs, sur l'initiative de la R.A.U. (4), une
conf~rence de solidarité panafricaine s'est tenue à Léopoldville
en août 1960 en guise de soutien à Lumumba (5). Contrairement à
l'attente du gouvernement légal, la majorité des conférenciers
avait rejeté l'idée d'une "intervention directe des Etats africains'
dans le conflit pour ne pas compromettre l'action de l'O.N.U. qu'
ils pensaient pouvoir infléchir.
(1) voir Magmu c a t Hutub wa Tasrlhat li-l-Ra~Is ~amal c Abd al-Nasir
T.
-.
II pp. 228 - 243.
.'
.
(2) celui-ci profitant de la "crise constitutionnelle" du gouverne-
ment central tenta de légitimer la sécession du Katanga, adres-
sa des télégrammes aux gouvernements africains pour sa recon-
naissarice en tant qu'entité autonome.
in MAGMÜ c AT - HUTUB .•.. (op.cit.) voir télégramme du 8/8/1960.
»

.
MA~ALLAT al~ULÜM al-SIYAs!YA, juin 1964. p. 133.
Sur les treize Etats présents, six étaient ~:r'abes
Algérie,
ft,aroc, 'runisie, R.A.U., Libye et Soudan.

~uelques semaines plus tard, après les prises de posi-
tion officielles Je l'U.a.S.s. et de la Chine, la R.A.U. dbcide de
mettre les aéroports égyptiens et soudanais (à la suite des consul-
tations avec le maréchal cAEBÜD) à le disposition de l'U. R.S.:J_.
pour acheminer les munitions vers Léopoldville (1).
Ceci est l'aboutisseŒent logique des offres égyptiennes
réitérées plus d'une fois par cAbd al-Na~ir dans de nombreuses dé-
clarations publiques
"Nous sommes prêts à apporter au peuple congolais notre
aide quelle qu'en soit la nature. Nous sommes disposés à envoyer
des armes si le gouvernement congolais le souhaite" (2).
Immédiatement après la sécession, l'Egypte a mis à la dis-
position du Ghana des avions pour transporter ses troupes au Congo
en vue d'assurer la mission de l/O.N.U. (3). A ce sujet al-Ahram
précisait que la démarche égyptienne avait pour objectif la mise
sur pied rapide de la force africaine pour intervenir directement
dans le cas où l'O.N.U.C. n'aurait pas honoré ses engagements (4).
Cependant il n'en a rien été malgré la défaillance des "casques
bleus".
(1) Tareq (y.I.): TheU,kR·in Arrica. p. 206.
(2) voir le discours d'Alexandrie, 27 juillet 1960. La R.A.U. ne
limitait plus son assistance à l'envoi de techniciens, de per-
·sonnel médical et para-médical etc ••• comme cela a été le cas
jusqu'ici.
(3) Tareq Ibid. p. 204.
(4) al-Ahram, du 11 août 1960.

En 1961 lorsque le gouvernement de Gizanga -successeur de
Lumunba- sollicitait l'intervention directe des pays progressistes
pour sauver son gouvernement, ces derniers n'ont pas répondu favora-
blement à la sollicitation des révolutionnaires congolais à cause
semble-t-il de l'opposition du Ghana de "retirer ses troupes du
corps expéditionnaire de l'O.N.U. (1).
Très rapidement, le gouvernement de Stanleyville sera éli-
miné definitivement en 1964, lors de l'opération aéroportée des Bel-
ges et des Américains dans cette ville sous prétexte de sauver la
vie de leurs nationaux qui y étaient assiégés.
2°. L'attitude des Etats néo-coloniaux
----------------------------------
A l'opposé, les Etats "modérés" d'Afrique préconisaient
pendant la durée du conflit la concertation entre les parties inté-
ressées et "une franche et loyale coop~ration entre l'O.N.U. et le
Congo" (2).
Colin Legum met le doigt sur la plaie en affirmant que
"dans l'affaire du Congo belge, les pays qui avaient bénéficié de
la décolonisation française avaient sous la conduite du Congo-
Brazzaville travaillé au grand jour contre LUMUMBA, pour aider M.
Tschombé et le président Kasavubu" (3).
--------------------------------------------------------------------
(1) LEGUM op.cit. p. 76.
(2) cf. Cornevin (R)
: "art.cit" p.60.
0) Legum
op.cit. pp. 72 - 73.

'.,
I25
,/
En 1964 quand l'homme du ~atanga est devenu premier mi-
nistre du Congo, les pays néo-coloniaux n'ont pas réagi contre les
menées subversit./r;;·
de l'impérialisme sous le couvert de ne pas
s'immiscer dans les "affaires intérieures" d'un autre pays.
Quant aux Etats progressistes, ils ont refusé de recon-
naître un régime et un homme "imposé de l'étranger par l'impéria-
lisme" selon l'expression de Ben Bella qui estimait que "ce n'est
plus le Katanga qui menace l'unité du Congo, c'est l'ensemble du
Congo qui est devenu le Katanc.:a de l'Afrique" (1).
Ces derniers ont beaucou~ contribué à l'isolement du
gouvernement impopulaire de ~schombé sur le plan africain.
Le premier ministre Congolais s'est vu refuser de pren-
dre pert au sommet des non-alignés du Caire en 196~. Les autorités
égyptiennes ont alors procédé à son
ürrestation à l'aéroport du
Caire et à sa séquestration avant de le refouler. Ce qui provoqua
une vive protestation des Etats néo-coloniaux qui reconnaissaient
la légalité de son régime.
Par ailleurs, renversé par Mobutu en 1965, l'avion de ~schombé a
été détourné sur Alger en 1967 dans des conditions restées encore
mystérieuses. Il fut arrêté et séquestré par les officiels algé-
riens jusqu'à sa mort en janvier 1970 (2).
(1) voir son discours au sommet de l'O.U.A. du Caire en 1964
v
c
al-SA
B, du 26 novembre 196~.
(2) sur la politique alg2rienne vis-à-vis du Congo, voir MORTIMER
(R) FOREIGN POLICY
its Role in nation - Building in Algeria.
pp. 239 - 265.

T") r-
_'.L. 0
Le rôle jOU3 par les Etats arabes dans le conflit congo-
lais est un rôle de pre2ier plan. La Tunisie se distingue par ses
initiatives à l'O.N.U. au nom lu groupe africain (1), le Lar-ee sur
le terrain par le biais du général KattanI, responsable de l'orga-
nisation de l'Armée Nationale Congolaise, l'Algérie et l'Egypte sur
le plan diplomatique africain pour appuyer Lumumba (2).
L'ancien ·attaché culturel de la R.A.U. au Congo,
cA. ISHAQ rédacteur en chef de la revue NAHDAT IFRIQIYA, fut chargé


p2r~b~Niiraprès l'assassinat du leader congolais de ramener ses
.
enfants et leur mère au Caire, de s'occuper de leur hébergement et
de l'éducation de ceux-ci (3) qui y sont restés de nombreuses an-
nées.
L'action de la R.A.U. au Congo est la plus déterminante
parmi celles des Etats arabes. Cependant, la politique de c Abd al-
Nasir dans ce pays était dictée certes~par son engagement anti-

colonialiste mais aussi par des considérations de sécurité et de
stratégie selon ses propres explications: "Si aujourd'hui, disait-
il, nous nous occupons de ce qui se passe au Congo, ce n'est pas
par sympathie pour le peuple héroïque congolais seulement, mais
également pour une réalité géographique. Car les frontières du Con-
go touchent celles du Soudan" (4-), voisin de la R.A.U.
( 1) cf. TAREQ (Y.Ismaël):op.cit. p. 200 - 210.
( 2) ce qui leur a valu la fermeture de leurs représentations di-
plomatiques au Congo après l'éviction de celui-ci.
voir la préface de cA.M.ocAwda à l'ouvrage de IS?AQ
NAHDAT

IFRIQIyA. (cp s c t ) ,
â
(4-) cité par al-Qura CI (A.Y.)
Tawrat 23 YûliyU (op.cit) p. 27.

T.27
Cette th~e est longuement analysée par ? HAYKAL (1),
justifiant l'engagement de la R.A.U. au Congo comme une question
de principe pour la garantie de la sécurité du territoire égyptien
et pour enrayer l'influence de l'impérialisme en Afrique.
Nous pensons avec Fanon que le mouvement de libération
africain a commis deux graves erreurs : d'abord Lumumba lui-même
en sollicitant l'intervention de l'O.N.U. et ensuite les dirigeants
africains en plaçant une confiance excessive dans cette institution
alors que sur le terrain leurs troupes étaient en position de for-
ce favoreble.
Il fallait comprendre que "l'O.N.U. n'a jamais été capa-
ble de régler valablement un seul des problêmes posés â la cons-
cience de l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est
intervenue c'était pour venir concrêtement au secours de la puis-
sance colonialiste du pays oppresseur" (2). Cette affirmation est
bien sar â relativiser. ~ais l'attitude de l'O.N.U. dans les con-
flits de Corée, du Vietnam et Israélo-arabe en sont des exemples
vivants.
A cela il faut ajouter l'inexpérience du mouvement de li-
bération africain três jeune
L
n
insuffisamment mar"idéologiquement
et or-gand s at.Lonn e L'l ernen t ,
L'échec du mouvement révolutionnaire congolais s'expli-
que surtout par "une confiance exagérée dans le peuple, ce peuple
pour lui, non seulement ne pouvait se tromper, mais ne pouvait
être trompé" (3) com:ne le pensait Lumumba.
(1 ) voir Mul~aq al-Ahram, du 24 décembre 1965.
(2) Fanon
pour la révolution africaine, pp. 191 - 192.
0) Ibid.

I28
SECTION II
LES REVENDICATIONS lERRITORIALES MAROCAINES ET LEURS
CONSEQUENCES SUR LES RELATIONS ARABO-AFRICAINES
Les prétentions marocaines sur la ~auritanie, le Sahara
dit "espagnol" ou "occidental" et sur une partie du Sud algérien
ont eu des incidences sérieuses sur les rapports arabo-africains
en général et maroco-africairoen particulier au début des années
soixante. Et ceci dès l'indépendance de la Mauritanie que le Maroc
considérait comme les autres territoires en litige comme "partie
intégrante de son territoire" (1).
Le leader de l'Istiqlal cAllal al-Fasi non seulement
contestait l'autorité administrative coloniale franco-espagnole
sur l'ensemble de ces territoires mais revendiquait leur retour
à la "mère patrie" qui n'est autre que le Maroc. La !'lauritanie par
_
v
exemple est désignée par "Allal al-Fasi par le terme "Sinqr~"(2) pour
recuser l'appelation française.
(1) voir Gaudio (Attilio) : Allal al Fasi ou l'histoire de l'
Istiglal. Chap. V. pp. 195 et suivantes.
(2) "ce mot désigne en effet la Hauritanie dans l'Orient musulman
depuis une époque assez reculée où la ville de Shingiti avait
joué un rôle primordial dans la vie culturelle et économique
du pays, au point que les pélerins venant de toutes les régions
s'y rassemblaient avant d'aller à la r-jecque". De Kayes et de
Tombouctou jusqu'au cap Juby à l'Ouest jusqu'aux confins maro-
cains et au Nord jusqu'au Sud algérien: voir Miské (Ahmed-
"
Baba) : al-WASIT. Tableau de la Mauritanie au début du xxe siè-
cle. pp. 13 - 14-.

129
..,
Mais le SINQIT et la Mauritanie n'étaient pas des termes
.
connus par la majorité des habitants de ce vaste pays comme dési-
<J
gnant une entité géographique. Par contre le terme de sinqi~ comme
nom d'une ville du No r-d du pays était familier à tous. "Pour la
majorité d'entre eux, leur pays c' était lew"i'RXB al-BI~A;:J", terre
des Maures, expression équivalant, selon Miské, à peu pr~s à celle
de Eauritanie" (1).
v
_
Historiquement il semble donc que le :3inqit comprenait
.
la ;'lauritanie et le "Sahara Cccidental~ deux territoires divisés
arbitrairement en zones de dc::-ination espagnole sur le Sahara et
française sur la ;',auritanie par la convention du 27 juin 1900.
Quoi qu'il en soit les revendications marocaines sur ces
deux territoires sont sans ambigu'ité ainsi que sur le Sud algérien
et elles seront l'objet de conflits ouverts avec la Haur-r t an.i,e et
l'Algérie d'une part dans les années soixante
et avec le Front
Polisario depuis les années soixante-dix (dont la guerre en cours).
Les Etats d'Afrique Noire seront amenés à prendre posi-
tion individuellement et collectivement dans ces différents con-
flits qui ont menacé et menacent encore l'unité des pays africains
et de l'organisation transcontinentale de l'O.U.A., et ont soulevé
de très vives controverses entre le Maroc et les Etats africains
d'une part et les groupes idéologiques, progressiste et néo-
colonial comme nous allons le voir plus loin.
(1) Ibid.

no
A - Origine des revendications marocaines sur le Sahara et la
Mauritanie
Dès l'indépendance du l'laroc en 1956, "des philosophes et
des historiens, et parmi eux ~Allal al-FAST, leader du parti de
l'Istiqlal, ren~~rent d'emblée avec les thèses unificatrices des
grandes dynasties ct.érifiennes en réclamant le retour du "Grand
Lar-oc " co npr-enarrt le Sahara sous contrôle espagnol, la r·jauri tanie
et le Sud-Ouest de l'Algérie u(1), c'est-à-dire les oasis de la
Saoura, le Tou3t et le Gourara.
Les revendications marocaines comprenaient aussi, selon
la carte du "Grand r'iaroc", le Nord du Soudan (Eali) et du Sénégal
(2) (Voir carte ci-après).
L'ensemble des revendications marocaines ont été formu-
lées et conceptualisées par cAllal al-FASI en 1955, alors qu'il
était établi au Caire. Il considérait que l'indépendance du ~aroc
~
ne serait pas complète aussi longtemps que le Sahara et le Sinqi~
(la l"lauritanie) ne seraient pas restitués au royaume du l'laroc pour
qu'il retrouve ses "frontières naturelles et historiques".
(1) REZETTE (Robert) : Le Sahara Occidental et les frontières maro-
caines, p. 93.
(2) in BARBIER (Maurice) : Le conflit du Sahara Occidental, p. 76.
L'une des meilleures études sur la question, du point de vue
de l'exhaustivité et de la critique historique objective sur
le développement du problème du Sahara en général depuis la
période coloniale.

':31
Cette idée a été plusieurs fois reprise par le leader
de l'Istiqlal, notamment dans les discours prononcés à son retour
d'exil (18 mars 1956) et devant le conseil national de l'Istiqlal
(22 aoat 1956), dans lesquels il a fait appel aux Marocains pour
témoigner leur "fidélité au Roi", pour oeuvrer à "l'unité de la
nation et de l'intégrité du territoire marocain" en dénonçant les
"frontières artificielles" imposées par le colonialisme.
C'est dans son discours au stade municipal de Rabat
(30 septembre) que cAllal al-FAS! a clairement exposé sen point de
vue sur la qùestion faisant comprendre aux i,:arocains que l'unité
nationale et l'indépendance ne sont pas achevées. Puis il a préci-
sé la notion géographique de la patrii :
"Quand nous parlons de la patrie nous voulons désigner
le Har-oc dans toutes ses parties celle qui est libérée et celle
qui reste à libérer. Cette dernière est encore remplie d'armées
y
étrangères. C'est le vaste territoire du SINQIT, de Kenadsa
-
.
~
LOuest algérien7 jusqu 'à SnT~IT, /Mauritanie7. Toutes ces zones
sont à nous, c~est notre pays, 'c'~st une pa;'{ie de notre terri-
toire" (1).
Ces revendications sont explicitées dans la carte du
"Grand !'laroc", établie par c Abd al-r:8:hir al-FasI, pub.I i.ée.pour- la
(1) Texte arabe da discours du 30 septembre in TANMJI (H)
: Analy-
se lexicale et conceptuelle du discours politique (Maroc 1956).
Maîtrise soutenue au Département d'Arabe. Paris VIII 1978
(voir annexe pp. 161 - 170). Notre citation, p. 165.


la pre~lere fois par al-cAlam (1), acc6mpagnée d'un article du
leader de l'Isqtiqlâl étayant les arguments et les justifications
des prétentions marocaines sur les territoires de ses voisins (2).
De toute évidence, la carte ne traduit réellement les limites d'
aucune des dynasties marocaines, ni celle d'Idris le (788 - 79~),
ni celle d'Idris II (~ort en /28) et encore moins celle des Almo-
ravides.
En deuxième analyse, il semblerait que l'origine des re-
vendications portant sur les "droits historiques"
marocains se re-
fère aux territoires conquis par le sultan Saadien, Ahmad al-Mansür
.
.
!
al-dahabi pendant son règne (1578 - 1603). Car celui-ci avait éten-
f-
-
v
I
du son royaume sur l'ense~ble du SINQÏT, y compris le Gourara et
1

!
le Touat et même sur le puissant empire de Songhaï dans le Bilâd
al-Südân (Afrique Occidentale) en 1591 avec l'aide de mercenaires
espagnols (3).
1
1
1
(1) du 5 juillet 1956 : voir les articles de c
-
-
~
Allal al-Fasl parus
dans a1 2Alam de février et mars 1956.
1
v
(2) cf. Qâsim (G.Z.) al-Usül al-Târi~iya, p. 190 et suivantes.
(3) A la lumière de l'analyse comparative des discours de cAllâl
al-Fâsi et du roi .Ben Yusuf (H. Tanani : op.cit. p. 117),
il semble oue le roi se soit contenté entre 1955 et 1956 d~
transfèrts des pouvoirs législatifs et exécutifs, qui avaient
été effectu~par les occupants espagnols et français.
Contrairement à al-Fâsi, il estimait que le reste pourrait
être obtenu par des négociations. C'est pourquoi les revendi-
cations territoriales ne constituaient pas un thème central
dans ses discours pendant cette période.
Il ne prendra donc une position officielle en leur faveur qui
en 1958 (cf. infra).
'....

T~4
-J
2°. L'adhésion des forces Dolitioues et morales à la thèse
---------------------_._---_._------------------------
du "Grand I,;aroc"
Le parti Istiqlil a adoptê cette thèse depuis aoat 1956
la ~ropagande aidant, toutes les formations politiques marocaines
vont rallier la thèse d'Al FAsI entre 1957 et 1958.
Le gouvernement marocain a ainsi pris position sur ces
revendications dès 1957. Son chef Embarek Békkai en fait une af-
faire d'Etat
en créant une "direction des affaires sahariennes"
dans son t;quipe, confiée à 'Abd.ah!,'. FAS! (1).
Quant au roi Mu~ammad VJil a
solennellement pris posi-
tion dans cette affaire en f§vrier 1958 dans son discours à M.
Harnid où il a dê c Lar-è notamment ; "Nous proclamons solennellement,
que nous poursuivrons notre action pour le retour de notre Sahara
dans le cadre du respect de nos droits historiques et conformément
à la volonté de ses habitants (2).
Le Roi reprend ici à son compte les revendications sans
toutefois mentionner des territoires précis. Cette prise de posi-
tion est la conséquence de l'opération hispano-française, bapti-
sée
Il
Ecouvillon l1 à partir de la l'-'lauritanie et du Sud algérien
contre les pressions de l'A.L.M. sur le Sud du Sahara. Ce qui en-
traine alors une adhésion quasi-totale du peuple marocains et cel-
le des partis politiques.
(1) Barbier: op.cit. p. 79.
(2) cité par Gaudio (A)
: Les dossiers du Sahara Occidental.
p. 16LJ..

Ahmad-Baba !'Iiské explique "l'union sacrée" des partis
autour du roi "comme une bouée de sauveta~e. Il lIe Ro!? leur don-
t
nait l'occasion de se manifester enfin, d'exister. En répondant
avec empressement, poursuit-il, ils contribuèrent au succès de la
manoeuvre: le roi n'était plus cet homme seul traqué dans les pa-
lais, mais guide d'une nation unie, prête à se battre pour une
"cause sacrée" (1).
Ce faisant, les partis pouvaient profiter de l'aubaine
pour faire reconnaître leur légalité en acceptant d'abord la léga-
lité de la monarchie chi~ifienne.
Ainsi Ben Barka (2) devait accepter en 1958 la présiden-
ce de la "commission consultative, chargée d'étudier les problèmes
des frontières. Cependant Bouzidi(3) signale qu'un certain nombre
de dirigeants de la gauche de l'Istiqlal "se firent les porte-
parole de la position favorable à l'indépendance de la Mauritanie".
De toute évidence, on ne peut pas dire qu'il y ait eu
une ferme opposition d'une fraction de ~a classe politique maro-
caine aux ambitions territoriales du royaume chérifien.
Si les affrontements armés qui eurent lieu entre
l'
A.L.M. et les Français et les Espagnols en 1957 et 1958 à Ifni
et la mobilisation marocaine ont amené Madrid à rétrocéder au
Maroc la région de Tarfaya, ils ont aussi accéléré la
------------------------------------------------------------------
(1) voir son livre: Front Polisario l'âme d'un peuple, p. 3~.
(2) Leader de l'U.N.F.P. issue de la scission de l'Istiqlal sur-
venue en 1959 qui~ne se désolidarisera des revendications ma-
rocaines qu'en 1963, lors du conflit frontalier maroco-
algérien.
(3) "art.cit" in A.A.N., 1978 (Ibid).

136
:.:oL.:iqU8 e spagno Le de "Frovincialisation du Sahara " mais n' ont
en rie~ r~solu les questions de frontières litigieuses notamment
la question mauritanienne.
B - Conséquences de la question mauritanienne sur les rapports
arabo-africains
A l'exception de la Tunisie, tous les Etats arabes ont
soutenu au début des années soixante les prétentions marocaines
sur le Sahara et sur la Mauritanie.
Ainsi les ministres des Affaires ~trangères de la Ligue
Arabe réunis à Chtaura en 1960 (1) déclaraient dans leurs résolu-
tions politiques :
"Le comité politique considère la l'J]auritanie comme fai-
sant partie intégrante du l"laroc". Elle est donc à leurs yeux "un
Etat artificiel" disloquant "l'unité territoriale du ~laroc" (2).
Par conséquent, le comité décide:
1) "d'approuver les revendications du Maroc concernant le retour
de la Mauritanie ~
sa mère patrie et dénonce toute action ten-
dant à séparer cette partie intégrante du territoire marocain" ;
(1) au Liban du 22 au 28 août 1960.
(2) voir ORIENT, n° 15 - 3e trimestre, 1960 -pp. 190 - 191.

137
2) "d'appuyer la demande du Lar-ee relative à l'inscription de cet-
te affaire à la prochaine session de l'O.N.D."
;
3) de déployer les efforts appropriâs pour aider le Maroc à re-
faire sen unité territoriale (1).
Le soutien dps Etats arabes au Maroc ne pouvait que se
heurter aux positions de l'Afrique Noire sur cette question.
2°. Les Dositions des Etats africains
---_._---------------------------
Quant aux Etats d'Afrique Noire, ils ont dans leur
grande majorité soutenu l'indépendance de la Mauritanie. Cependant,
les Etats progressistes (2) sont-ils tombés dans le piège du ro-
yaume marocain ? Celui-ci en mettant en avant son "aide désinté-
ressée" à la résistance algérienne présente alors cette question
comme "un complot dirigé contre les véritables mouvements de libé-
ration, avec le colonialisme. En conséquence, la stratégie adoptée
par le Maroc afin d'expliquer sa position consista à présenter
l'action du Maroc comme un acte politique anti-colonialiste et
anti-impérialiste. En agissant ainsi, poursuit Bouzidi, le gouver-
nement marocain trouva un allié idéal chez les leaders de l'Afri-
que révolutionnaire" (3).
Cette alliance éphémère, conjonct~lle et stratégique
ne semblait avoir pour objet que de faire entériner la thèse
(1) Ibid. se référer à la résolution de la Ligue Arabe.
(2) Il s'agit de la Guinée, du ~lali et du Ghana qui ont signé
des résolutions confirmant les droits du Maroc sur la Mauri-
tanie avec les autres pays arabes dans le cadre du groupe de
Casablance (cf. infra).
(3) Bouzidi (M) : "art.cit" p. 97.

138
marocaine par ces derniers Etats qui le feront, à notre avis,
plutôt par solidarité idéologique que par conviction de la jus-
tesse de la cause marocaine.
En 1960, le i-iar-o c avait tenté de nombreuses fois d'in-
ternationaliser la question mauritanienne notamment dans le cadre
de l'O.N.U. de la L.E.A. et des réunions panafricaines.
A la 20e session de l'Assemblée Générale de l'O.N.U.,
en septembre 1960 la candidature de la Mauritanie pour son admis-
sion à cette organisation a été rejetée grâce non seulement, au
soutien des pays arabes mais aussi au veto de l'U.R.S.S. (1).
Quoi qu'il en soit, l'Afrique progressiste votera en
1961 pour l'admission de la Mauritanie et l'Union Soviétique se
contentera de l'abstention pour permettre la double entrée de la
Hongolie et de la Hauritanie à l'O.N.U.
3°. Le fait accomnli mauritanien
----------------------------
Dès lors, le Earoc se trouvait chaque jour devant le
"fait accompli de l'indépendance de la JI':auritanie" et ses réper-
cussions sur ses rapports avec les Etats africains. Car la légi-
timité de cet Etat est reconnue en 1961 par l'ensemble de l'Afri-
que Noire et la R.A.U. a fait de même en 1964, lors du premier
(1) Voir BALAN (J.L.) : "La Hauritanie entre deux mondes" in
Revue Française d'Etudes Politiques Africaines (R.F.E.P.A.)
nO 113, mai 1975 - p. 55 et Bouzidi "art.cit." p. 99.
En outre, il semble que le veto soviétique était une réplique
au veto de l'Occident contre l'entrée de la if;ongolie à l'
O.N.U.

139
sommet de l'O.U.A. De son côté, l'Algérie s'est désolidarisée
des revendications marocaines pendant le conflit maro~o-algérien
en 1963 (cf. infra). Mais la disparition du roi fluhammad V n'a
.
pas pour autant atténué l'intransigeance de son héritier Hassan II
jusqu'à 1969 (1).
En effet, il a fallu attendre le sommet islamique de
Rabat (lié à l'incendie de la mosquée al-Aq~a) pour voir un pre-
mier geste positif sur la question. Bien qu'il n'y ait pas eu
une reconnaissance officielle, l'invitation adressée par le ro-
yaume à la Mauritanie pour assister à ce sommet équivaut dit
BALAN, à "une reconnaissance solennelle" de la part de Rabat (2).
En définitive, les deux pays ont signé cette même an-
1
nee un "traité de bon voisinage" selon Rezette.
La Mauritanie bénéficie alors non seulement de la re-
connaissance de tous les pays arabes mais sa qualité d'Etat arabe
est admise par ces derniers (3) qui n'avaient pas réussi à dis-
suader le Maroc et l'Algérie de recourir à la force pour règler
leur différend frontalier en 1963.
(1) Il faut souligner ici les contradictions des déclarations du
Prince en 1960, soutenant le "droit de la Mauritanie à l'auto-
détermination" (Le Monde, 10 juin) d'une part et la politique
qu'il a poursuivie en tant que roi jusqu'à 1969 concernant la
I·jauritanie d'autre part • .En plus, il déclare dans une confé-
rence de presse (le 25 novembre 1975) "qu'il n'avait jamais
défendu l'idée de l'annexion de la Hau'ri t anLe au ('laroc" -
voir Bouzidi un : "art.cit." p. 96.
(2) BALAN (J. L.)
: "art. ci t ." p. 52.
(3) La Mauritanie est devenue membre de la L.B.A. en novembre 73.

HO
',)
;
C - Le diff§rend frontalier maroco-al~~rien
En 1845, soit 15 ans après la colonisation de l'Algérie
le Maroc et la France ont signé des accords délimit~!lt les fron-
tières algéro-marocaines et consacré leur souveraineté respective
sur les "sujets du Sahara" (1).
Ces accords concernaient les zones situées entre Béchar
et Tindouf. Le 21
juillet 1901, le 20 avril 1902 et le 4 mars 1910,
d'autres accords ont été signés pour fixer la frontière. Celle-ci
"reposait pour l'essentiel sur la ligne Varnier de 1912 et la li-
gne Trinquet de 1938, ce qui expliquait les revendications terri-
toriales du l'laroc" (2) qui ne tardait pas à dénoncer les protoco-
les franco-marocains qui ne portaient, selon lui, que sur des
"frontières administratives et douanières entre les deux pays".
A son indépendance en 1956, le Maroc considérait les frontières
léguées par le colonialisme comme de simples "lignes de démarcation
administratives" (3).
D' autant plus que le ~'laroc accusait la France d'avoir
6tendu progressivement son autorité dans la partie Sud-Ouest du
Sahara, Touat et Tindouf dont les sols renferment d'importantes et
riches réserves minières (4).
(1 ) Bu~rus-GALI
: al-CAlagat •••
(op.cit) p. 245.
( 2) BARBIER: op.cit. pp. 82 - 83.
(3) GAUDIO (A)
:
"Sahara Espagnol", fin d'un mythe, p. 224 •
Butrus .- ...
( 4)
Gal~
Ibid.p. 246 •


I4I
Contrairement au Maroc, l'Alg~rie sous domination colo-
niale reconnaissait ces dites frontières. Leur maintien est une
garantie pour elle d'avoir un accès sur la côte atlantique. Car
les gisements de fer, découverts en 1952 au Sud de Tindouf était
sous la souveraineté algérienne, l'exportation de ces ressources
minières, pour être rentables devraient l'être par la voie mari-
time la plus proche.
c'est pourquoi l'Algérie s'est toujours intéressée à
la décolonisation du Sahara et est restée vigilante face aux re-
vendications du Maroc mais de façon discrète pour s'assurer de la
solidarité et de l'aide matérielle et morale de son voisin.
Dans un document de 1958, le F.L.N. relate les ambitions
territoriales marocaines et commente le discours de cAllâl al-FAsI
(20 décembre 1957) dans lequel il a exposé de nouveau son point de
vue sur le "Grand Maroc" s'~tendant jusqu'à "Saint-Louis du
Sénégal". Et le F.L.N. de déclarer: "Il en résulte que Colomb-
Béchar et Kénadsa entrent dans l'intégrité de notre territoire"
(1). Ce document a été rédigé au moment où les relations entre le
.-
F.L.N. et le Maroc s'étaient sérieusement déteriorées. Puisque le
F.L.N. accusait son voisin de servir de "base arrière française".
La France, dit-il, utilise "le sol marocain comme base
d'agression contre l'Algérie, pour tenter ce que jamais il ne sau-
rait réussir "Etouffer la révolution algérienne".
(1) Document n° 93 du 1e octobre 1958 in Harbi : op.cit.
pp. 4-29 - 4-4-5.

142
La d~terioration des relations entre le Maroc et le
G.P.R.A. les amêne â signer un protocole d'accord (le 30 et 31 mai
1(60) (1) en vue de fixer les modalités de coopération entre les
deux parties dans les domaines politique et juridique. Le gouver-
nement de sa Gajesté s'engageait avec d~termination â aider maté-
riellement et moraleœent le G.P.R.A. pour la libération de l'Algé-
rie. Le G.F.R.A. lui renouvelait â son tour "son soutien en vue de
la consolidation de l'indépendance du royaume".
Ce protocole visait
entre autres "d'une part à sauvegarder l'autorité et l'unité neces-
saire du G.P.R.A. en vue d'assurer la participation efficace de la
collectivité algérienne, et d'autre part à prévenir et â neutrali-
ser les entreprises de la France au Earoc, visant â affaiblir ou à
isoler l'Algérie combattante (2).
Au demeurant ce document n'a fait aucune allusion au
différend frontalier parce que le haroc "avait unilatéralement
rompu les négociations maroco-françaises depuis 1956 pour fixer
les frontiêre~quandle G.P.R.A. s'est constitué en 1958~ (3) en
considérant ce dernier comme étant le seul interlocuteur valable.
1
Ainsi
Hassan II et le G.P.R.A. ont signé (le 6 juillet 1961) un ac- f
cord prévoyant un rêglement pacifique du différend frontalier

"dans un esprit de fraternité et d'unité maghrébine" (4).
,!
1
(1 ) Document n° 96 in HARBI : Ibid. pp. 458 - 461.
- -
1
(2) Ibid. p. 459.
1
1
1
,
(3) BUTRUS GAL! : op.cit. p. 247.

î
(4) Rezette
op.cit. p. 117 (texte intégPal en note).

143
Cet engagement poli tique et mo r a I des "deux "pays frères"
n'a pas suffi pour éviter l'éclatenent d'un conflit armé, la "guer-
re des sables" en octobre et novembre 1963 pour faire prévaloir
leurs revendications respectives (1).
Dès le début des hostilités, de nombreux pays arabes ont
aussitôt offert leur médiation, mais en vain (Iraq, Syrie, R.A.U,
Tunisie). Même la commission de médiation mise en place par les
Etats de la Ligue Arabe n'a pas obtenu davantage de succès.
En revanche, les deux belligérants ont accepté la média-
tion des pays africains. Le l'iali et l'Ethiopie ont réussi à con-
vaincre Hassan II et Ben Bella de se rendre à Bamako (capitale du
Mali) pour y rencontrer Modibo Keit~ et H' Sélassié. Rencontre au
terme de la quelle un accord de cessez-le-feu a été signé pour
chercher un "règlement pacifique des différends" comme le préconi-
se la charte de l'O.U.A. (2).
(1) sur les sui tes du conflit et son enj eu cf. FLORY
(M) : "chro-
nique diplomatique" A.A.N., Tome 2, 1963, pp. 355 - 339.
MAGHREB, mars-avril 1964, voir "Le différend frontalier entre
le Maroc et l'Algérie" pp. 34 - 38. HERIC (E) "Le conflit
algéro-marocain" in R.F.S.P. nO 15, août 1965, pp. 743 - 752.
(2) les belligérants acceptent le retrait de leurs troupes des zo-
nes occupées où une force d'interposition'malienne et éthio-
pienne avait
pris place conformément aux accords de Bamako
(30 octobre 1963). Texte de l'accord in r'laghreb, janvier -
février 1964, pp. 13 - 14.

144
c'est donc individuellement et collectiveTlent que les Etats afri-
cains ont positiverent contribui au relâche~e~t de la tension entre
le i~aroc et l'Alg~rie, bien que le royaume chêrifien persistât â
r~clamer les zones contest~es de l'Alg&rie et la tetalitê de la ~au­
ritanie et du Sahara.
c'est pourquoi, le gouverne!ê.ent marocain (qui
n'avait pas envoyé de délêgation officielle à la conférence consti-
i
tutive de l'O.U.A., â cause de la présence de la Eauritanie) a émis
quand il a signé la charte de l'O.U.A. des réserves importantes,
1
concernant d'une part, le principe de "règlement pacifique des dif-
férends" et d'autre part, celui de l'''intangibilité des frontières"
1
héritées de la colonisation.
1
En effet le gouvernement marocain avait fait savoir que
1
sa signature de la charte "ne saurait aucunement être interprétée
comme une reconnaissance expresse ou implicite des, faits accomplis
1
jusqu'ici refusés comme tels par le Laroc, ni comme une renoncia-
tion â la poursuite de la réalisation de nos droits par les moyens
légitimes â notre disposition" (2). Les intentions marocaines sont
alors exposées avec clarté.
(1) décidée par le conseil des ministres d'Addis Abéba (15 - 18
novembre). La commission était composée du Mali, de l'Ethiopie,
de la Côte d'Ivoire, du Soudan, du Sénégal et du Tanganjka
(Tanzanie).
(2) cité par Rezette
Ibid. p. 118.

Etant donné que le conflit frontalier était doublê "d'
une rivalité idéologique entrp. le régime marocain, fondé sur la
monarchie et le libéralisme économique et le régime algérien, qui
s'efforcait de construire le socialisme" (1), l'O.U.A. et la L.E.A.
ne pouvaient -devant la complexité du problème- que renvoyer les
deux protagonistes dos à dos. Ainsi en 1965, la commission de l'
O.U.A. suggérera de maintenir le "statu quo" jusqu'à l'entente di-
recte entre l'Algérie et le royaume conservateur chérifien pour
"l'exploitation commune des richesses sahariennes" (2). En défini-
tive,en dépit des efforts de la L.E.A. et de l'O.U.A., c'est cette
entente directe qui allait l'emporter sur leurs bons offices.
A cet effet, un "traité de fraternité et de bon voisi-
nage et de coopération" sera signé le 15 janvier 1969 à Ifrane
(3), prélude de la rencontre Bümadyan - Hassan II à Tlemcen (27
mai 1970) et lors de la conférence de l'O.U.A. à Rabat en juin 72·
Cette importante conférence a été marquée par la recon-
ciliation publique d'une part entre le roi Hassan II et Mokhtar
Ould Daddah, et d'autre part avec Bûmadyan
sous les applaudis-
sements des chefs d'Etat africains qui espéraient voir clos le dos-
sier des conflits opposant le l'laroc à ses voisins, la Hauri tanie
et l'Algérie.
Dans son discours d' ouverture, le Roi du La.roc met l'ac-
cent sur la réconciliation et exprime sa volonté de trouver une
solution compréhensive pour toutes les parties en conflit. Il va
(1) Barbier: op.cit. p. 95.
(2) Gaudio : Allal Fasi ••Cop. ci t .) p.
201.
(3) Texte de l'accord in l':aghreb, n° 32, mars-avril, 1969,
pp. 42 - 43.

146
/ mame jusqu'à annoncer qu'il n'y avait plus de diff~rends entre le
laroc, l'Algcirie e c la ;.auritanie. Il d.èc Lar-e à CG sujet:
"nous
sommes heureux de vous annoncer solennellement que ce conflit,
non seulement est âteint, mais que nous demandons à l'O.U.A. de
le retirer difinitivement de ses archives,
et non seulement nous
retirons ce dossier négatif et douloureux~mais enccre
enjambons
un pas vers l'avenir et ouvrons-nous une ère de coop~ration qui
nous l'espérons ne s'étendra pas seulement à nos deux pays [Maroc
Alg§ri~7 mais encore à la rêgion et ainsi nous aurons participé
à la naissance de l'idée de la régionalité après avoir été les dé-
fenseurs étroits des nationalités"
(1).
r
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'O.U.A. ont dans
l'enthousiasme voté des chaleureuses félicitations et rendu un vi-
1
brant hommage aux dirigeants alEérien et marocain qui pendant le
i
sommet ont signé une "convention définissant la frontière algéro-
marocaine" et décidé d'''établir une paix permanente pour les siè-
1
,
,!
cles à venir, susciter l'avènement d'une ère de concorde et de
l'
coopération pour les générations futures"
(2).
Ensuite, le Maroc prendra l'initiative d'inviter les
présidents de l'Algérie et de la Mauritanie à une rencontre tri-
partite à Agadir (23 - 24 juillet 1973) qui a officiellement mis
fin au double conflit entre le Maroc et ses voisins. Abandonnant
~
-
définitivement ses revendications sur le SIN(IT et sur les régions
- .
de Bechar et de Tindouf, au Sud algérien.
Mais si le sommet d'Agadir a pu surmonter les diffici-
les obstacles à l'entente depuis 1956, les trois pays semblaient
avoir des points de vue disco~'rdants quant à l'avenir du peuple
du Sahara sous domination espagnole.
(1) cité par Le Monde, du 14 juin, 1972.
(2) voir la déclaration algéro-marocaine de Rabat, 15 juin 1972.

147
Le Maroc et la Mauritanie revendiquaient une souveraineté
partiel18 (r:auritanie) ou totale (Naroc) sur le territoire sahraoui
alors que l'Alg~rie soutenait le principe de l'autodétermination
des peuples.
En tout cas l'avenir du Sahara Occidental n'a pas été
clairement abordé par les trois chefs d'Etat au sommet d'Agadir qui
s'est abstenu d'une référence à "l'indépendance" mais se contente
de parler du droit du peuple sahraoui à l'''autodétermination''.
L'interprétation donnée par la suite à ce terme par le haroc sera
l'une des sources du conflit qui l'oppose à l'Algérie et à la Libye
qui soutiennent la lutte du peuple sahraoui pour l'indépendance (2).
-------------------------------------------------------------------
(1) Particulièrement depuis l'accord de Madrid du 1~ novembre
1975
ent~e l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie qui laissaient pen-
ser~ne entente des deux derniers pays pour le partage du Saha-
ra Occidental après le retrait de l'Espagne.

J:48
CE:LŒITRE II
L'UNITE li.FRICAHTE ~lYI'HE OU REALITE ?
Dans les ann8es cinquante l'uniti des peuples africains
était un thème privilégié du mouv ement panafricain. r:ais les bases,
les modalités, les moyens, voire les objectifs n'avaient pas été
rigoureuserr.ent théorisés, même si les grandes lignes du projet des
"Etats-Unis d'Afrique" de N'Krumah étaient connues.
L'unité anti-impérialiste et anti-colonialiste conduit
les Etats progressistes à accorder davantage d'intérêt à cette
question dans les rencontres panafricaines. D'autant plus qu'une
unité partielle du continent africain avait été réalisée entre la
Guinée, le Ghana et le !"lali (1). Du côté des pays arabes la maté-
rialisation de la R.A.U. s'inscrivait dans le processus de l"'uni-
té totale /8:1- WAHDA al- SAhILA7 de la nation arabe à laquelle plus
- .
-
d'un Arabe croyait lors de la proclamation de la R.A.U. Quant aux
Etats africains néo-coloniaux issus des indépendances formelles
des années soixante, et intégrés dans le système de développement
capitaliste européen, ils se contentaient de réclamer l'''unité cul-
turelle" des Etats et futurs Etats indépendants d'Afrique. Senghor
et H. Boigny étaient les plus ardents défenseurs de cette concep-
tion.
La question de l'unité était perçue par les peuples afri-
cains et les dirigeants politiques, quelle que soit leur obédience
co-
lonial et à la balkanisation du continent. C'est pourquoi dès 1960,
la question de l'unité a largement préoccupé les dirigeants politi-
l
ques pour répondre aux souhaits ardemment manifestés par les masses. 1
--------------------------------------------------------------------1!
(1 ) en décembre 1958. Le Mali s'est joint aux deux pays en 1961
après l'éclatement de la Fédération du l'-Jali (Sénégal, Soudan
français) en août 1960.

149
hais la réalisation des indépendances et la logique de construc-
tion des Etats-nations ont contrarié ce processus unitaire engagé
avant 1960.
Quatre questions fondamentales divisent les Etats afri-
cains, en plus de leurs orientations idéologiques contradictoires
- la question mauritanienne
- la guerre d'Algérie
- le conflit du Congo ;
- la conception même de "l'unité africaine".
Nous verrons plus loin que les divergences sont telles
que l'absence d'une base minimum d'entente provoquera la formation
de deux regroupements distincts : le "Groupe de Casablanca" et le
"Groupe de Monrovia".
En analysant leurs positions respectives sur les ques-
tions sus-mentionnées, les conditions historiques qui ont favori-
sé la création de l'O.U.A. et les contradictions internes de cha-
que groupe nous pourrons mieux saisir l'évolution des rapports
arabo-africains par la suite. Enfin nous nous demanderons si l'uni-
té arabo-africaine est un objectif réalisable.

I50
SECTION l
LE GROUPE DE CASABLANCA (1)
La constitution de ce groupe est dictée par de multiples
facteurs. Nous en retenons les trois qui nous semblent les plus
déterminants :
1. La nécessité de coordination de la politique des Etats progres-
sistes sur les questions de décoloni/sation du continent et de
la lutte contre l'intagration économique des néo-colonies dans
le marché capitaliste européen
2. les prises de position du groupe de Brazzaville (2) sur les ques-
tions africaines notamment celle de la ~auritanie ;
3. la consolidation du mouvement de libération africain.
Le groupe s'est réuni à Casablanca (3 - 7 janvier 1961)
à l'initiative du roi Muhammad V qui cherchait des appuis diplomati-
.
ques et des alliés concernant ses revendications sur la l'lauritanie.
La "charte de Casablanca" (3) publiée à l'issue de cette
rencontre ne pouvait que creuser les clivages idéologiques entre les
"modérés" et les "progresssistes". Nous allons en examiner les réso-
lutions les plus importantes.
(1) Il comprend.le ~aroc, le Ghana, la Guinée, le Mali, la R.A.U.
et le G.P.R.A.
(Algérie). La libye et Ceylan étaient observa-
teurs.
(2) composés de 12 pays de l'Union Africaine et nalgache (U.A.M.)
le Congo, la République Centrafricaine, le sénégal, le Tchad,
le Dahomey, le Cameroun,
le Haute-Volta, le Niger et Madagascar.
Tous sont associés au marché commun ainsi que le Togo qui était
absent. Réuni à Brazzaville (15 - 19 décembre 1960), ce groupe
défendait les points de vue exposés dans la section suivante.
(3) in al-ISTIQLAL, 1~ janvier 1961.

=51
A - Les conclusions sur les problèmes du continent
Le groupe a réaffirmé sa reconnaissance d'un gouverne-
ment unique au Congo, et du par-Lenerrt proclamé le 30 juin 1960,
a sommé très vigoureusement "les Nations-Unies d'agir immédiate-
ment en vue de désarmer et de dissoudre les bandes illégales de
r-obut u pour sauvegarder l'indépendance du Congo, conformément aux
décisions du Conseil de sécurité". En outre, il n'en a pas moins
recommandé le retrait des troupes africaines et "autres personnels
militaires placés sous le commandement opérationnel des Nations-
Unies au Congo".
Nous avons ~J dans la section concernant cette question
que le Ghana était le seul pays africain à avoir maintenu son con-
tingent au sein de l'O.N.U.C., et que le Maroc avait joué un rôle
ambigu dans les agissements de l'O.N.U. en outrepassant
parfois
les limite& de ses responsabilités. Nous nous contenterons donc
ici de rappeler que le dénouement du conflit démentira l'optimisme
de N'Krumah et confirmera la justesse de la solution d'interven-
tion directe" que préconisaient la Guinée, le G.P.R.A. et la R.A.U.
pour sauvegarder et consolider le mouvement révolutionnaire Congo-
lais.
Sans équivoque la conférence a exprimé l'sa détermination
de soutenir par tous les moyens le peuple algérien et le G.P.R.A.
dans sa lutte pour l'indépendance" et invité tous les gouvernements
à reconnaître ce dernier et à retirer immédiatement les soldats
africains dans l'armée coloniale française en Algérie. Elle a

152
condamné très vigoureusement le "gouvernement français et l'assis-
tance de l'O.T.A.N. à la Fronce pour la r~pression des populations
alg2riennes".
L'immense succès enregistré par le G.F.R.A. à Cas a.rb Lanc a
est l'aboutissement de sa diplomatie poursuivie depuis sa création
pour l'extériorisation de l'entité nationale algérienne, surtout
auprès des pays afro-asiatiques et ceux du pacte de Varsovie, en
vue d'isoler la France et ses alliés sur le plan international. Four
ce faireJl'Algérie cherchait en priorité l'appui de l'Afrique Noire
qu'elle considérait comme faisant partie de ses "alliances immédia-
tes". Fourtant jusqu'à la libération le G.F.R.A. n'était représenté
que dans trois capitales africaines (1). C'est pourquoi il demandait
dès 1959 le "regroupecent sur la question algérienne des pays d'
Afrique d'abord et de l'Afrique et de l'Asie ensuite" ; simultané-
ment le G.F.R.A. recherchait la tenue d'une "conférence spéciale
algérienne" et d'une autre dans le monde arabe par la L.E.A. (2).
A défaut de la réalisation de cette stratégie FAR~AT
cABBAS s'adressant à Casablanca aux chefs d'Etats arabo-africains
déclarait : "sur le plan politique, l'Algérie attend de vous, i'les-
sieurs, qu'en toute circonstance vous agissiez efficacement pour
détruire le mythe de l'Algérie française et faire admettre par tous
l'Algérie africaine, maghrébine et arabe (3).
Le président du G.F.R.A. demandait à ses pairs de pren-
dre des mesures concrètes pour que son gouvernement soit reconnu
par les Etats "modérés" puis.--que, dit-il, "les intentions pieuses
ne suffisent pas. Des actes sont nécessaires" (4-).
(1) Accra (F. FAnON), Conakry (O.Oussedik) et Bamako (B. Oussedik).
(2) voir document n° 77 du 18 janvier 1959 in HAREI : op.cit.
pp. 381 - 383.
(3) in document n° 99 portant sur la conférence de Casablanca.
Ibid. pp. 4-71 - 476.
(4-) Ibid. p. 4-72.

.1
Les dix points (1) soumis par la délégation algérienne ont été
adoptàs dans leur grande cajorité. C'est le plus éclatant succês
africain que le G.P.R.À. ait jamais réalisé, mais il lui restait à
convaincre l'autre groupe, celui de ~onrovia, alors que la cause
marocaine concernant la l'Iauri tanie quant à elle n'était pas gagnée
d'avance au sein même du groupe de Casablanca.
C'est la question qui a posé le plus de difficultés en
vue d'un consensus entre les Etats arabes et africains si l'on en
juge par les débats entre l'Jultammad V et N'Krumah d'une part et
Modibo Keït~ de l'autre (2).
La résolution sur la Haur-L tanie donne finalement entière
satisfaction au Maroc~alors que la Guinée et le Mali la reconnais-
sent déjà officiellement avant la tenue de cette conférence. C'est
grâce à la volonté de sauvegarder la cohésion et la solidarité
(1) Ibid. p. 472 - 473.
(2) ces derniers avaient émis beaucoup de réserves au projet de
résolution présenté par le Maroc tant sur la forme que sur le
fond. Ils étaient pour la reconnaissance de l'indépendance de
la r'lauritanie. Pendant les débats Hodibo Keita déclarait à cet
effet "d'autre part, je pense qu'il ne faut pas condamner le
peuple et le gouvernement mauritanien. Personne ne sait mieux
que nous où est son intérêt. Pourquoi ne pas le laisser exercer
son droit à l'autodétermination". Et le roi de rétorquer: "N'
abusons pas maintenant de l'autodétermination, arme redoutable,
qui risque un jour de se retourner contre l'unité des Etats".
voir HARBI : op.cit. Document n° 100, pp. 479 - 480.

idâologique àu groupe que les r.3solutions sur la l,:auritanie et
sur le question palestinienne ont âtê votâes (puisque la Guin~e,
le Ghana et le iià
entretenaient de bonnes relations avec
L i .
L s r - a ë
L )
,
Hous avons VI.)
que l'une des motivations majeures du
~aroc en rejoignant les ~tats progressistes êtait la recherche
d'appuis diplomatiques. nouzidi (1) montre à ce sujet que l'évolu-
tion du Earoc depuis l'indépendance le poussait "à se ranger dans
le camp de Senghor et de Boigny plutôt que du côt§ de Nasser et
1:'Krumah. l·jais la question de la Laur-à t an i e va modi f i.e'r cette équa-
tion et conduire à une alliance surprenante entre le G.aroc et l'A-
frique "révolutionnaire" dans le cadre du groupe de Casablanca".
Ce n'était là donc qu'une "alliance conjoncturelle" et contre na-
ture.
La légitimation des revendications du l'laroc était fondée
sur l'assimilation avec les questions algérienne, palestinienne et
congolaise. Dans son discours inaugural (2), le roi du !"1aroc dé-
clarait : "notre pays a subi le partage de son territoire par la
tentative d'amputation de la région mauritanienne qui constitue sa
partie méridionale", avant d'ajouter que son pays poursuivra "le
combat pour défendre nos droits jusqu'à la réalisation totale de
l'unité marocaine".
Cette thèse a étê adoptée par le groupe qui déclare
que: "la création d'un Etat factice dit Mauritanie !.-:.~7 consti-
tue une violation des traités et accords internationaux !.-:.~7.
L'êrection de la [·jauritanie en Etat n'est qu'un moyen pour la Fran-
ce d'encercler les pays africains,
d'assurer des bases de repli
et de multiplier le nombre des satellites".
------------------------------------------------------------------
(1) "le Maroc et l'Afrique Sud-Saharienne" (op.cit.) p. 91.
(2) voir texte intégral in al~lSTlQLAL, 7 janvier 1961.

155
Par c ons querrt la conférence "d3clare s'opposer par tous les mo-
è
yens Èicotice t ent a t i.ve de division et de satellisation du continent
africain. La conférence approuve toute action menée par le Maroc
en Mauritanie pour y recouvrer ses droits légitimes"
(1).
Cette résolution sans appel est le prix de la solidari-
té idéologique payé par les Etats africains. Malgré la fermeté des
termes aucun Etat du groupe ne manifestera le soutien agissant que
le Maroc était en droit d'attendre (2).
Dans les chapitres précédents, nous avons, à plusieurs
reprises fait allusion aux obstacles que représente la coopération
isra~lo-africaine dans les relations arabo-africaines surtout dans
le cadre des conférences panafricaines et afro-asiatiques. Les ef-
forts égyptiens visant à "démystifier l'Etat sioniste en Afrique"
et à l'assimiler à l'impérialisme n'ont pas, jusqu'ici, convaincu.
A casablanca il n'y a pas eu un changement d'attitude de la part
des Etats. africains à l'égard d'Isra~l. Les motifs évoqués au su-
jet de la Mauritanie expliquent probablement leur attitude.
(1) al ~STIQLAL, 1~ janvier 1961.
(2) la Guinée, le r;ali et le Ghana se sont empressés sitôt la con-
férence close de se ra-:-procher de la l';auri tanie. N r {Crumah mê-
8e s'est rendu dans ce pays après le sommet. En outre ces Etats
ont voté pour son ad~ission possible grâce à l'abstention de
l'U.R.S.S. qui avait usé de son droit de veto contre son admis-
sion en 1960.
cf. BALAN (J.L.)
: "La l'lauritanie entre deux mondes".
R.A.B.P.A. nO 113, Qai 1975.

06
Cette fois la question palestinienne n'a pas ét& simple-
ment esquivée comme dans les rencontres précedentes.
En effet, la c on f'è r-eric e s'est d.è c Lar-é e "préoccupée par
la situation créée en Palestine par suite de la privation des Ara-
bes de Palestine de leurs droits légitimes" et constaté avec indi-
gnation qu' "Ts r-aë L s'est toujours rangé aux côtés des impérialistes
et chaque fois qu'il s'agit de prendre position sur les problèmes
vitaux de l'Afrique notamment l'Algérie, le Congo, les essais nu-
cléaires en Afrique et dénonce en conséquence IsraÉll comDe instru-
ment au service de l'Impérialisme et du néo-colonialisme non seule-
ment au l'·:oyen-Orient meis aussi en Afrigue" (1).
Ainsi le groupe de Casablanca inscrit la question pales-
tinienne au programme de lutte du mouvement de libérAtion africain
et IsraÉll est assimilé à l'impérialisme par les Etats africains.
Autrement dit, le groupe a entéri{l.é implicitement l "'africanisation ft
du conflit israélo-arabe tant recherchée par l'Egypte (2).
B - Concention du groupe de l'unité africaine et de la coopération
La charte n'a pas entériné la notion d'''abandon de la
souveraineté nationale", de l'" union politique" ou des "Etats-Unis
d'Afrique" comme le demandaient N'Krumah et Sékou Touré.
--------------------------------------------------------------------
(1) Souligné par nous.
(2) pour l'ensemble des résolutions et de la charte.
voir a~ISTIQLAL (op.cit.) et ART. et DOC-nO 1048,21 janvier
1961.
Nous reviendrons sur la question israélienne à la fin de cette
présente partie dans la Ille.

T57
De son c5t~ al-Istiqlal (1) §crivait que les progressis-
tes ',t",ient "pe r-s uecre s cl 'avoir 0. o:i."frontel' des pays co Lon i.a La st e s
tels que la l"rance qu i
sera repr.5sent.;e par 13 voix" (ellusion aux
membres de l'U.A.I~.). D'autant plus que les questions algérienne
et mauritanienne ne figuraient oas â l'ordre du jour et encore
ffioins la question palestinienne, principaux sujets de préoccupation
des pays arabes.
Au demeurant, la Tunisie tenait à soulever la question
algérienne sans pour autant réussir à convaincre ses partenaires
idéologiques d'adopter une résolutian favorable au G.P.R.A. qui
n'2tait reconnu par aucun Etat d'Afrique Noire du groupe. FAR~AT
c ABBA;3 disait au sommet de Casablanca "Si les camarades de l' Afri-
que dite de langue française étaient ici dans cette salle, je leur
dirais sans doute, que la guerre d'Algérie a précipité l'évolution
de la loi-cadre et l'avènement de l'indépendance de leurs pays"
(2). Eais cette vérité historique n'était pas comprise de la même
façon par les deux groupes.
c - Conception politicue de l'unité africaine
Les leaders les plus "modérés", Senghor, H Boigny et BürqIba
sont les plus ardents défenseurs de l'''unité culturelle" de la coo-
pération économique régionale des pays francophones et de leur in-
tégration économique avec l'ancienne métro~ole (3).
(1) du 13 mai 1961.
(2) voir HARBI op.cit. Document nO 99 (op.cit.) p. 473.
(3) cf. Ille ch. S.I.3.

I58
Le président du Ghana était revenu sur cette question à la séance
de clôture en déclarant avec amertume: "Il vient, pour chaque peu-
ple un temps où sonne l'heure de l'action politique. C'est aujourd'
hui qu'il faut agir. Demain, il sera peut-être trop tard" (1).
Si l'union politique n'a pas été textuellement mention-
née dans la charte, le principe d'intégration politique, économique
et militaire a été en revanche retenu. Cela ne compense pas entière-
ment l'''unité immédiate" réclamée par les présidents ghanéen et
guinéen, mais les chefs d'Etats ont arrêté les dispositions néces-
saires en vue de réaliser progressivement l'unité:
1) "La création dès que les conditons seront réunies d'une assem-
blée consultative africaine" ;
2) la création de quatre comités :
- "comité politique africain" (chefs d'Etat ou leurs repre-
sentants)
- "comité économique" (ministres de tutelle)
- "comité culturel"
(ministres de tutelle) ;
- "haut commandement africain des chefs d'état major" en vue
d'assurer la défense commune de l'Âfrique et la sauvegarde
de l'indépendance du continent contre les agressions exté-
rieures.
3) la "création d'un bureau de liaison destiné à assurer la coordi-
nation efficace de ces différents organismes".
--------------------------------------------------------------------
(1) cité par Légum;op.cit. p. 93 - 94. cf. section 111.3.

Enfin des r~ncontres périodiques 3taient Dr~vues pour la
m~térialisation de ce Drojet d'unification (1).
Aprês l'examen du groupe de Monrovia, nous confronterons
les divergences idéologiques des deux groupes.
-------------------------------------------------------------------
(1) Les réunions suivantes ont sté tenues en 1961

comité économique
17 -
24 juillet (Conakry) 26 mars (Le Caire) •
comité culturel
1 - 13 août (Tanger)
j
comité politique
août (Le Caire)
haut commandement
avril (Accra)
j
juillet 1961 et
décembre 1962 (Le Caire).
Le siège du bureau de coordination était fixé à BAMAKO •
.
cf. BUTRUS. G.
op.cit. pp 22 -
26 •


I60
SECTION I I
LE GROUPE DE ~ONROVIA (1)
La formation du groupe (8 - 12 mai 1961 à l'ionrovia) est
la consequence directe de celle du groupe de Casablanca. Le groupe
de Brazzaville était composé uniqueoent d'anciennes colonies fran-
çaises alors que la réunion de Monrovia visait à rassembler tous
les Etats indépendants ~'Afrique.
A - La nature du groupe
Le groupe de Casablanca a boycotté la rencontre afin de
ne pas se trouver obligé d'entériner les décisions politiques qui
ne correspondraient pas avec leur orientation idéologique. En tout
cas tel est le prétexte avancé par les uns et les autres pour jus-
tifier leur absence. Parce que malgré la diversité de la composi-
tion du groupe de Monrovia~tous les Etats ont une caractéristique
commun~à savoir leur intégration plus ou moins dans le système ca-
pitaliste. L'Evening News du Ghana écrivait à ce sujet : "les impé-

rialistes ont choisi Monrovia parce qu'ils croyaient que le Liberia
était encore, sur le plan économique accroché aux jupes du capita-
1
lisme" (2).
1
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
(1) Il comprend les douze Etats de Brazzaville (mentionnés plus
haut), le Liberia, la Sierra-~éone, la Somalie, le Togo,
l'Ethiopie, l~ Libye et la Tunisie.
Le Soudan est le seul Etat africain qui n'appartenait ni à l'
un ni à l'autre groupe. Remarquons que la Tunisie expliquait
son absence à Casablanca par l'insuffisance de la préparation
et par le souci d'éviter les "divisions", Afrigue Action,
9 janvier 1961.
(2) cité par Legum : op.cit. p. 81.

I6I
Le communiqué final en six points donne un aperçu signi-
ficatif de la conception de l'unité par le groupe de Monrovia:
1) "Egalité absolue des Etats africains et malgache quelle que
soit la densité de leur population et le volume de leurs riches-
ses"
2) "non lngerence dans les affaires intérieures des Etats"
3) "respect de la souveraineté de chaque Etat et de son droit oà
l'existence" ;
4) "instauration d'une coopération établie aux dimensions de l'
Afrique et basée sur la tolérance, la solidarité, les rapports
de bon voisinage, des échanges de vue périodiques et le refus
de tout leadership"
5) "la coopération économique entre Etats souverains"
;
6) "l'unité visée en ce moment,. n'est pas l'intégration politique,
mais l'unité des aspirations et des actions considérées du point
de vue de l'identité de la solidarité sociale et politique (1).
A la lumière du "communiqué final" du groupe de l'Ionrovia
on s t aps i-cc I t
qu'il est éloigné des options fondamentales du grou-
pe de Casablanca qui visait à oeuvrer pour la remise en cause des
"frontières artificielles"
héritées du colonialisme et pour la re-
mise en question des choix politiques, économiques et culturels
qui favorisent l'exploitation et le pillage des néo-colonies euro-
péennes en Afrique (2). Les contextes et les buts des deux regrou-
pements politiques méritent d'être confrontés pour éclairer leurs
principales divergences sur les questions que nous venous d'exposer.
(1) souligné par nous. Voir le communiqué in ART. et DOC, nO 1102,
du 6 juin 1961.
(2) N'Krumah a rigoureusement analysé, preuves chiffrées à l'appui,
les mécanismes de domination, d'exploitation et de l'instaura-
tion du néo-colonialisme dans son livre : Le néo-colonialisme
dernier stade de l'impérialisme.

162
s - Analyse comparative des deux groupes
Nous venons de voir qu'en réalité les deux regroupements
n'ont pas beaucoup de points communs.
Les reg1mes néocoloniaux que l'Occident appelle tantôt
"les modérés" tantôt les "sages" ont eu des positions négatives
sur les grandes questions africaines de l'époque: les conflits
congolais et algérien. Sur le conflit congolais, le groupe de Mon-
rovia se tait sur les ingérences impérialistes, surIes manoeuvres
subversives aboutissant à l'usurpation du pouvoir du gouvernement
de Lumumba démocratiquement élu, et sur l'assassinat du leader na-
tionaliste africain.
Tout en n'ignorant pas le rôle de l'O.N.U.
dans le sabotage de l'indépendance du Congo-Léopoldville, le groupe
n'en a pas moins apporté son soutien au gouvernement pro-américain
de Kasavubu en réaffirman t sa "confiance dans l'Organisation des
Nations Unies qui, reconnaît-il, en dépit de ses faiblesses du pas-
sé ou des erreurs, est la seule organisation en mes~ de trouver
la solution du problème congolais". Puis, il conseille aux Etats
africains de "s'abstenir de prendre partie pour des groupes
rivaux"
(1).
Ainsi, contrairement au groupe de Casablanca, Monrovia
ne reconnaît plus le parlement et le gouvernement congolais lors
de la proclamation de l'indépendance; il le considère comme fai-
sant partie "des groupes rivaux" rebelles. Alors que C:asablanca
formule de violentes critiques contre l'action de l'O.N.U. au Congo
et contre les "bandes illégales de !I[obutu manipulées par l'impéria-
lisme américain".
C:oncernant l'Algérie, l'ionrovia joue la carte du "neutra-
lisme" en se plaçant - peut-on dire - hors des problèmes africains.
En effet, le groupe se "félicite de la situation en Algérie" dans
la perspective de négociations franco-algériennes, "lance un appel
(1) voir communiqué final ART. et Don.(op.cit) et "Le Congo Léopold-
ville
et l'ancienne Afrigue Française" de R.Y. VEBEEK in
R.F.E.P.A. n04 avril 66 (op.cit) p. 74 - 92.

à la France et au G.P.R A. (qu'il n'a pas reconnu) pour conclure
dans les meilleurs délais un accord mettant fin à la guerre et
menant l'Algérie à l'indépendance et à son intégrité territoriale~
Ce qQi constitue néanmoins une position nouvelle et positive par
rapport aux positions antérieures de la majorité des Etats de ce
groupe. Mais cela ne traduit pas pour autant un soutien à l'Algé-
rie et moins encore une condamnation de la guerre coloniale que
la France y mène. Ces hésitations ~u groupe de Monrovia au sujet
de l'Algérie reflètent bien son ambivalence entre la volonté de
ne pas s'opposer à la France et la crainte d'être dénoncé comme
porte parole du colonialisme français.
De même, contrairement aux Etats progressistes, Monrovié
ne condamne guère les essais atomiques français dans "Le Sahara
algérien" mais enregistre avec satisfaction les "assurances fran-
çaises sur la prochaine interruption des expériences au Sahara ll •
Un autre sujet de divergences est la question mauritanienne. Si
Casablanca a témoigné au Roi Muhammad V sa profonde solidarité

sans grande conviction, le groupe de rlonrovia a adopté une posi-
t
tion juste. selon notre point de vue. sur la question mauritanien- 1
1
ne en appuyant l'indépendance totale de la Mauritanie.
!1f
Quant à la questionœ l'Unité Africaine. la "Charte de
i
Casablanca ll insiste davantage sur la nécessité de la lutte anti-
r
impérialiste pour le renforcement du mouvement de libération
africain. pour la consolidation de l'indépendance nationale et
1
pour l'unité africaine. Par contre, l'unité du groupe de Monrovia 1
jette d'abord des garde-fous pour préserver la souveraineté et
!
l'intégrité des territoires des Etats et affirme fermement
'l'existence autonome de "chaque Etat et de sa personnalité pro-
pre". Monrovia opte donc pour cette conception plate et étroite
d'unité basée sur la coopération économique à l'européenne
(point six du communiqué).
A l'opposé, le secrétaire général de la ~harte de
~asablanca affirme qu'en mettant en oeuvre les différents orga-
nismes cités : IIl es chefs d'Etat membres de la Charte de
Casablanca visaient la concrétisation de l'Unité africaine sur

I64
tous les plans"
(1). Cette conception Si oppos e naturellement à
la coopération fonctionnelle et régionale préconisée par Monrovia.
Par ailleurs, les progressistes expriment leur attache-
ment aux principes de Bandoeng et au non-alignement comme règle
de conduite internationale et se prononcent contre la présence
de bases militaires étrangères sur le sol africain ; tandis que
~onrovia omet volontairement ces trois questions capitales à
quelques mois seulement de la première conférence des Non-Alignés
à Belgrade (septembre 1961) à laquelle seules la Somalie et
l'Ethiopie assisteront parmi les vingt Etats du groupe de Monrovia.
Le seul point de concordance entre les deux groupes
porte sur la décolonisation du continent, excepté naturellement
leur position sur la guerre d'Algérie. Les positions sont simi-
laires à des nuances de formulation près. Ils sont unanimes à
soutenir matériellement les mouvements de libération nationale,
à combattre la discrimination raciale en Afrique du Sud, et à
boycotter celle-ci et le Portugal à cause de leur politique racis-
te et de leurs méthodes de domination qui violent les droits élé-
mentaires des populations africaines qu'ils dominent. En défini-
tive, les Etats progressistes déclarent leur volonté de lutter
contre l'emprise duoapitalisme par le biais du néocolonialisme,
travaillent pour la consolidation des indépendances nationales et
en faveur d'une union visant l'intégration étatique dans les do-
maines politique, économique, militaire et culturel. r.oncernant
les Etats néocoloniaux réformistes, leur conception idéologique
tend à la sauvegarde de la souveraineté des Etats approuvant ainsi
consciemment ou non le morcellement et la balkanisation de l'Afri-
que. Mais, en définitive, dans chacun desdeux groupes, c'est la
nécessité de maintenir et de renforcer la construction des Etats
nations qui l'a emporté sur les projets d'unification des Etats
d'Afrique.
Les profondes divergences que nous venons d'évoquer
entraîneront logiquement une rupture idéologique inéluctable entre
------------------------------------------------------
- -- ----- --~ --
(1) Thami Ouzzam : "La r.harte de Casablanca vise l'unification
sur tous les plans" Le l'Ïonde diplomatique, déc. 1962 p. 9.

':65
ces deux groupes. ~ais les tentatives d'union ne sont pas pour
autant abandonnées.
SECTION III
LA CONFERENCE CONSTITUTIVE DE
DEVENIR DU CONTINENT AFRlr,AIN
A - Contexte international
Entre 1961 et 1963, de nombreux évènements ont secoué
le monde. L'affaire du "mur de Berlin", "l'affaire des fusées"
cubaines, deux évènements dans lesquels sont impliquées les deux
grandes puissances: les Etats-Unis et l'Union Soviétique. Ce qui
ne manque pas de réanimer la guerre froide qui semblait être aban-
donnée à la suite de la nouvelle orientation de l'Union Soviétique
consécutive au XXII ème Congrès du P.C.U.S. en 1961, optant pour
une politique de "coexistence pacifique". En tout cas, ces deux
affaires ont fait peser de graves menaces sur la paix mondiale et
sur les rapports entre l'Est et l'Ouest.
Cette situation conflictuelle entre les deux blocs
politico-militaires et la crise que traverse le mouvement afro-
asiatique, dicte aux Etats hors bloc la recherche d'une autre al-
ternative, ce qui a donné naissance au mouvement de non-alignement
c'est-à-dire au neutralisme positif vis-à-vis des deux blocs. r,e
mouvement est plus vaste que l'Afro-asiatisme puisqu'il regroupe
en plus l'Amérique Latine et certains Etats d'Europe. C'est d'ail-
leurs à Belgrade que s'est tenue la première conférence des non-
alignés (1er - 6 septembre 1961) avec la présence de 25 Etats
(1).
Si le non-alignement guide l'action politique extérieure
(1) Le Vlème sommet du mouvement à la Havane (3 - 10 septembre 79)
regroupait 97 Etats. Il devient ainsi la deuxième organisa-
tion mondiale (du point de vue du nombre de ses membres)
après l'O.H.U.

T56
de ses membres, ceux-ci sont loin d'être idéologiquement homo-
gènes (1). Mais le mérite du premier sommet de Belgrade est de :
"confirmer deux axes qui s'étaient dégagés durant la phase de
gestation: anticolonialisme actif, action pour la paix et le
désarmement"
(2).
D'une part, de graves divergences politiques et idéolo-
giques surgissent entre la Chine populaire et l'Union Sovi;'tique
,
i
à propos du fameux concept de "coexistence pacifique". L'U.R.S.S.
•1
considérait que la "coexistence pacifique entre Etats à système
~
social et politique différent est l'arme la plus efficace, en ce
!
moment historique, dans le combat contre le système capitalis-
!;
;
te"
(3).
1
i
Mais la Chine persistait à penser que la lutte contre
i
le système capitaliste mondial ne devait pas connaître de répit,
1
puisque la nature agressive de l'impérialisme n'a pas changé.
Cependant, "le mouvement communiste et révolutionnaire mondial
doit bannir à jamais les risques de guerre"
(4).
1
(1) C'est pourquoi la Guinée "a refusé avec véhémence, au nom de
la pureté du non-alignement l'admission des Etats africains
modérés à la conférence de Belgrade."
Boutros-Ghali:
Le mouvement afro-asiatique.
(op.cit.) p. 65.
(2) Voir l'importante analyse de VERLET O,'jartin) "Perspectives et
dimensions du non-alignement" La Pensée, nO 212, mai 1980·
(3) MENDEZ (Joao) : La Révolution en Afrique, problèmes et pers-
pectives, p. 194.
(4) Se reporter à l'ouvrage: "Débat sur la ligne générale du
Mouvement Communiste International (19,63-64), pékin - Les
Editions en langues étrangères, 1965 - Réédition en fac -
similé, Paris Ed. Varlin 1977 cf p. 271 - 313.

Ces différends entraîneront pour une longue période
la rupture politique totale entre la Chine et l'U.R.S.S. en
1963,
(1) et le conflit entre l'Inde et la Chine n'arrangera
point la chose.
Le mouvement~ro-asiatique connaît sa plus sérieuse
crise depuis 1955, pendant la guerre éclair entre les deux plus
grands membres fondateurs qui contestaient mutuellement leurs
frontières (ligne Mac-Mahon). En dépit de la médiation de six
pays afro-asiatiques dont la R.A.U. et la Ghana, pour une solu-
tion pacifique du conflit, l'impérialisme tentait d'aviver le
conflit en prenant parti pour l'Inde. Le fait que Khrouchtchev
ait pris parti pour l'Inde n'était de nature ni à rapprocher
pékin et Moscou, ni à favoriser l'harmonisation du mouvement ré-
volutionnaire mondial sur lequel l'influence de la Chine et de
l'U.R.S.S. est alors considérable.
L'ensemble de ces facteurs ne manqueront pas d'avoir
de sérieuses répercussions négatives sur le mouvement de libéra-
tion en général et africain en particulier.
(1) Voir CARRERE D'ENCAUSSE (H), snHR~I (S.R.) :
"L'U.R.S.S. et la nhine devant les révolutions dans les so-
ciétés industrielles". Paris, Armand Colin, 1971 - p. 79·
Fou~ ce qui se rapporte aux différends des deux "Etats rela-
tifs à l'avenir du Tiers-Monde et à l'origine du conflit,
voir ZAGORIA (D.S) : "The sino-sovietic conf1ict"- 1956-1960.
Princetown University Press 1962-

I68
B -
Contexte africain
Entre 1961 et 1963, les peuples de Sierra-Léone, du
Tanganyika et de Zanzibar (Tanzanie en 1964), du Ruanda, du
Burundi, de l'Ouganda et d'Algérie ont arraché leursindépendances
nationales.
C'est l'épOQue où prend fin la plus longue, la plus
cruelle guerre que le colonialisme français ait jamais menée en
Afrique
la guerre d'Algérie.
L'indépendance de l'Algérie (3 juillet 1962) a été
vécue par les peuples arabes et africains et particulièrement le
mouvement de libération africain comme leur propre victoire, puis-
que cette indépendance représente un ressourcement moral pour
tous les peuples en lutte contre la domination portugaise en
Angola, au Nozambique, en Guinée-Bissau et dans les Iles du Cap -
Vert, et contre l'oppression dela minorité blanche en Afrique du
Sud, en Namibie et en Rhodésie.
C'est la période de l'intensification des luttes anti-
coloniales et de la consolidation des indépendances en Afrique et
aussi au Moyen-Orient.
La dissolution de la R.A.U. (Union égypto-syrienne) en
septembre 1961 conduit le leader égyptien à tirer les conséquen-
ces de l'échec de la première expérience sérieuse des peuples
arabes en vue de la création d'un "Etat unitaire".
La proclamation du "MIÛiq al~ Amal al-Watani" Charte
-
.
d'Action Nationale Egyptienne (30 juin 1962), constitue un es-
poir immense pour la démocratisation du régime et pour une nou-
velle orientation politique plus progressiste avec la création
de : l'Union Socialiste Arabe", al-Hizb al-IS'tirakI al-cArabf
.
(7 décembre 1962). D'autant plus que la Charte se proposait

169
d'as?urer une plus grande participation des ouvriers et des pay-
sans à la mise en oeuvre de la nouvelle politique "socialiste".
Orientation qui justifiait les espoirs lêgitimes des masses et
des intellectuels progressistes fondês sur les dispositions thêo-
riqmes du Mi!aq (1)-
La confêrence de Lagos (25 - 30 janvier 1962) est la
plus importante des tentatives avant 1963. Tenue sur l'initiati-
ve des "modêrés", elle avait pour ambition de regrouper sans dis-
crimination idêologique tous les Etats. Mais les dirigeants anti-
impêrialistes renoncent à participer finalement en invoquant
deux motifs :
- la non-invitation de l'Algêrie.
- l'insuffisance du travail de pr-épar-at Lon et l' êlabo-
ration de l'ordre du jour.
Les Etats arabes prêsents (Libye, Tunisie et Soudan)
ont dû retirer leurs dêlêgations devant le refus des Etats de
l'U.A.M. de reconnaître la représentation du G.P.R.A. (2) En ce
sens Lagos a êtê un êchec. L'Ethiopie, le seul Etat africain
épargnê par la colonisation (si ce n'est la brève pêriode d'oc-
cupation italienne deI 'Empire d'Abyssinie entre 1936 et 1941)
rêunit" la quasi totalitê des Etats indêpendants du continent
africain en mai 1963, à Addis-Abêba.
----------------------------------------------------------------_.
(1) cf infra. Ch. III S.I
(2) qui dans cette pêriode tentait de mener une "politique dyna-
mique et conséquente" avec ces Etats pour avoir une"repré-
sentation valable" permettant d'''enregistrer des succès
durables". Document nO 86 (1961) in BARRI: op.cit. p. 400.
\\

" '~
!70
30US-8.sCTION l
:
LES PROJ~TS DE CHARTE DE L'UNITE AFRICAIN~
La conférence constitutive de l'organisation de l'unité
africaine a eu donc lieu dans le contexte africain international
que mus avons tenté d'esquisser.
Naturellement, les divisions idéologiques quant au pro-
jet de l'Unité africaine allaient se préciser à Addis-Abéba. Les
divergences se manifestent d'abord sur la conception de l'unité
et ensuite sur la mise en forme de la structure de l'organisation
et lES obj ectifs qui lui seront assignés.
A cet effet, deux projets de charte reflètent grosso-
modo les deux grandes tendances des €';roupes
"modéré " et "progres-
siste". Tous les chefs d'Etats africains indépendants (1) ont pris
position en fonction de leur conviction idéologique propre mais
aussi en fonction soit dela charte éthiopienne, soit de la charte
ghanéenne.
A - Quelle unité pour l'Afrique?
Celui-ci recommande le développement de la coopération
écomomique, culturelle, tec~~ique et en matière de défense entre
tous les Etats africains indépendants qui garderont leur totale
(1) sauf celui du Togo qui n'a pas été admis puisqu'il venait de
renverser l'ex-régime de S.Olympio assaSSlne par lesputschis-
tes; et le roi du Maroc qui s'est abstenu de se rendre à
Addis-Abéba pour protester contre l'admission de la Mauritanie
dont le Maroc ignorait totalement la souveraineté nationale.
(cf. supra).
1
1
\\

I7!
$ouveraineté- Le projet éthiopien prévoit la création d'une assem-
blée des chefs d'Etat et de gouvernement. des conseils de minis-
tres et de plusieurs commissions spécialisées dans les domaines
de coopération les plus divers- Il retient les principes du res-
pect de l'intangibilité des frontières héritées de la domination
coloniale. de non-ingérence dans les affaires intérieures des
autres Etats et deI 'intégrité territoriale de chaque Etat. Ce pro-
jet de charte est soutenu par tous les Etats'IDodérésV particuliè-
rement les Etats néocoloniaux
(1).
Ce projet invite tous les Etats du continent africain à
souscrire à l'idée de création d'un gouvernement central africain
unique, dans lequel l'égalité absolue des~oits sera garantie pour
tous les Etats membres. Toutefois, le prise de décisions importan-
tes au niveau du continent relèverait de la compétence du dit
gouvernement.
En outre, i l y aurait une défense commune, une politique
(
,
étrangère commune, une seule et unique monnaie, enfin tout le con-
t
tinent aurait un plan de planification économique et industriel
commun. Dans cette perspective, le projet recommande la liquidation 1
des "frontières artificielles"
et la dissolution des regroupements
t
de coopération régionale
dominés par les puissances colo-
1
niales
(2).
t!
Nous retrouvons ici les conceptions d'unité des groupes
de Monrovia et de Casablanca sous des formes plus élaborées, plus
développées et plus argumentées.
1
____
i
~
~ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
1
~
(1) car la charte éthiopienne reprenait les grandes lignes de la
1
1
0harte de Lagos en 1962, qui n'avait pas été rendue publique
r
à l'époque.
(2) voir le résumé des deux projets in Afrique contemporaine, nO 8
juillet - août 1963.

B - Discussions sur l'Unité
/
L'idée d'un "gouvernement central africain" devant abou-
tir à la liquidation des frontières artificielles et des regroupe-
ments néo-coloniaux a été globalement rejetée par les "modérés"
en arguant des difficultés
politiques, économiques, linguistiques
et socio-culturelles résultant d'un~unification politique immédia-
te du continent africain. Ils persistaient à penser que le main-
tien des regroupements économiques régionaux constituait une pre-
mière étape vers une unité plus large. Les chefs de file des Etats
néo-coloniaux (Senghor et Boigny) étaient~s plus ardents défen-
seurs de telles associations néo-coloniales.
L'ancien président sénégalais déclare qu'il faut d'abord
harmoniser les diversités culturelles, prendre en compte "notre
communauté culturelle, ( ••• ) notre africanité". "C'est là, ajoute-
t-il, un préalable à tout progrès dans la voie de l'unité", dont
le but, selon lui, est la "valorisation de chaque Africain et de
tous les Africains ensemble, il s'agit de l'homme"
(1).
Senghor ne voit la chance de réalisation de l'unité que
dans l'harmonisation des cultures africaines et le maintien des
groupements régionaux dont le président de la Côte d'Ivoire
(H. Boigny) pense qu'ils sont des "formes transitoires de l'Unité".
Puisque "l'unité recherchée ne peut être confondue avec l'unifor-
mité", a-t-il ajouté, avant de dénoncer "ces soi-disant révolu-
tions", dont les propagandistes nourrissent des "rêves d'hégémonie~
Le président centrafricain (Dacko) est encore plus explicite quant
aux accords néocoloniaux préexistants :
"Nous ne saurions les dénoncer du jour au lendemain sans
(1) Voir son discours in "Conférence au sommet des pays indépen-
dants africains", Addis-Abéba, mai 1963.
Tous~s discours prononcés à cette occasion y sont réunis.
Donc les citations de discours qui suivent sont extraites de
ce livre.

exposer l'Afrique à une crise générale". Le président Tsiranana
(l:;adagascar) déclarait à son tour: "il s'est donc institué de
gré ou de force des groupements qui sont stabilisés. Il ne me
semble pas acceptable. poursuivait-il, que les unités ainsi
créées puissent être remises en question ".
Enfin, BurqIba (Tunisie) s'oppose également à ceux
qui récusent la coopération néocoloniale. nette attitude, admet-
il, "ne peut se justifier sur le plan du sentiment ou de la lo-
gique pure". mais ajoute-t-il, "la coopération avec les pays
industrialisés riches en capitaux, en cadres et en expérience
technique, est non seulement souhaitable mais inévitable ( ••. ).
Il n'y a pas d'alternative".
Voilà la meilleure approche de l'unité africaine selon
la conception des régimes "modérés".
!
Dans son intervention, N'Krumah réfute tous les obsta-
~1
cles soulevés ci-dessus en y opposant une série d'arguments am-
!
plement développés ailleurs (1).11 admet que la construction des
1
t
"Etats Unis d'Afrique" serait certes difficile. Mais tous les
1
obstacles dans cette voie sont tout à fait surmontables comme en
U.R.S.S. et aux U.S.A. Il rejette l'idée selon laquelle "l'Afri-
r
que ne peut pas s'unir parce qu'elle n'a pas les trois communau-
[
tés indispensables pour cela : communauté de race, de culture et
de langue. Je suis persuadé, ajoute-t-il, que les forces qui
1
nous unissent font plus que contrebalancer celles qui nous divi-
sent"
1
Cette conviction du leader ghanéen est la résultante
1
de son analyse donnant le primat au politique, qui selon lui,
li
détermine l'économique (à contrario des modérés).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
(1) particulièrement in "l'Afrique doit s'unir" Chap. XV et XXI
(2) Ibid p. 159'

T74
"L'unité africaine, a-t-il dit à Addis-Abéba, est avant
tout un royaume poli tique ; l'inverse n'est pas vr-ai, ( ••• ). Aucun
Etat indépendant d'Afrique UG peut isolément poursuivre un déve-
loppement économique indépendant et beaucoup d'entre nous qui ont
essayé, se sont presque ruinés ou ont dû retourner dans le giron
de leurs anciens mà!tres colonialistes".
De même, N'Krumah, comme les autres dirigeants progres-
.
sistes laisse les arguments d'ordre culturel de côté en insistant
sur les profits économiques que tireraient les peuples africains
de la mise en commun des ressources du continent au service d'un
gouvernement central". Par conséquent, il conclut en dernière
analyse: "Pour nous l'Afrique est une, îles comprises. Nous re-
jetons l'idée de toute séparation. Du Cap à Tanger ou du Caire
au Cap GuardaFui
et aux îles du Cap Vert, l'Afrique est une et
indivisible"
(1),
Bref, l'unité apparaît dans l'oeuvre de N'Krumah comme
"synonyme de liberté et d'indépendance" et de lutte contre le néo-
colonialisme
(2).
Mais cette conception de l'unité est-elle partagée par
les autres Etats progressistes ? Cela ne semble pas évident si
l'on en juge par leur silence sur la structure même de l'organi-
sation envisagée. Aucun des dirigeants de ces Etats n'était aussi
enthousiaste que le dirigeant ghanéen.
Nasser, Ben Bella, Sekou Touré, Nyéréré et Oboté (3)
ont préféré insister sur les problèmes de la libération de
(1) Ibidp. 249.
(2) se reporter à son livre: "Le néocolonialisme" (op.cit.), voir
aussi BENOT(Yves)
Indépendances africaines, idéologie et
réalité • T.1 p. 81 et suivantes.
(3) Les présidents du Tanganyika et de l'Ouganda qui rejoignent
les progressistes après l'indépendance de leur pays respecti-
vement en 1961 et 1962.

175
de l'Afrique du colonialisme et du racisme en dénonçant d'une
part la mainmise du néocolonialisme sur certains Etats et les
divisions du continent en "Afrique Blanche et Afrique Noire"
Cette attitude ne traduit-elle pas l'embarras des dirigeants pro-
gressistes de se prononcer sur le principe de l'unification éta-
tique de l'Afrique? Nasser semblait même indifférent quant à la
structure de l'organisation. Il se contentait de déclarer:
"créons donc une ligue africaine. Elaborons une charte africaine.
Faisons quelque chose" (1). Ben Bella et sékou Touré proposent
comme Nasser une unité anti-impérialiste. Le premier annonce que
"dix mille volontaires algériens attendent la possibilité d'aller
porter aide à leurs frères combattants (africains)" et propose
la "création d'une banque du sang" pour ces derniers. Et, le pré-
sident guinéen de demander à la conférence de"fixer de manière
impérative la date limite à la domination étrangère en Afrique,
date au delà de laquelle nos forces devront intervenir directe-
ment dans le cadre de la légitime défense du continent africain
contre ses agresseurs".
Modibo Keita (Mali) était le seul à mettre en question
directement le projet ghanéen. Sa conception de l'unité était
d'ailleurs assez proche de celle des "modérés"."Le système colo-
nial, dit-il. a permis à des nations de naître" qui ont une cer-
taine réalité de fait, donc il faudra respecter "les choix poli-
tiques des Etats" avant de conclure que gommer les réalités,
c'est "préparer l'Afrique à des lendemains difficiles".
A la .lumière de ce débat, on peut affirmer que la con-
ception fondamentale de l'unité chez les "maximalistes" privilé-
gie la prépondérance du politique sur l'économique et, à fortiori
sur le culturel
(2). Tandis· que les "minimalistes" privilégient
la prépondérance de l'économique puisque "la souveraineté des
;
-------------------------------------------------------------------1
(1) Voir notre mémoire de maîtrise
L'Egypte Nassérienne dans
lequel nous avons amplement analysé son discours à Addis-
Abéba, p. 78 - 85.
(2) HARTIN (D)) YANNOPOULOS (T) : "L'unité africaine face au pou-
--
-- _.
-~-'-~
voir blanc" - l'Univers politique,\\Relations internationales)
1970 p. 274,

176
Etats entraînerait l'intangibilité des frontières et l'érection
graduelle d'une organisation souple d'où le politigQe serait
autant que possible exclu" (1).
C'est donc cetteœrnière théorie qui a triomphé à
Addis-Abéba. sur la base du respect de l'Etat national et sou-
verain. Cependant, le compromis d'Addis-Abéba n'aurait pu être
acquis sans "la pression irrésistible des masses africaines et
de l'opinion mondiale" (2)~
La signature de la Charte de l'O.U.A. est donc une som-
me de concessions réciproques entre "modérés" et "progressistes".
En effet, si les principes de "respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale de chaque Etat" et "la non-ingérence
dans les affaires intérieures des Etats" sont retenus, en revan-
che , les progressistes ont réussi à faire figurer dans la Char-
te les principes de "non-alignement à l'égard de tous les blocs
en politique extérieure et rfl'élimination du colonialisme sous
toutes ses formes"(3), principes approuvés seulement par ces
derniers jusqu'ici.
Enfin, sans discuter pour le moment, Ifefficacité ou
la compétence de l'organisation panafricaine, on peut dire que
la conférence de l'O.U.A. a réalisé deux grands objectifs sur
les questions du mouvement de libération nationale :
(1) "Ibid ".
(2) TOLEM (Aaron)"Addis-Abéb~
: un diagnostic, deux thérapeuti-
ques" in Présence Africaine 1er trimestre 1964 p.46·
(3) Au demeurant, la Charte n'a nullement défini l'accep.".~ion
de ces deux principes, alors "toutes les interprétations sont
possibles" et ils n'obligent nullement les Etats membres à
remettre en cause les accords néocoloniaux conclus avec les
Etats impérialistes .cf Bu~rus Ci- aIl
: al-Calagat al-duwalIya
fi ital.' munazzamat al-wahdê al-ifrIgIya pp. 167 - 169-
.. ..
.

I77
a) en initiant une résolution recommandant à tous ies
Etats épris de paix et de liberté, de rompre toutes relations
diplomatiques et consulaires avec le Portugal et l'Afrique du
Sud et d'observer un boycottage économique effectif de ces deux
Etats.
b) en créant un "comité de libération" (1) pou:t' les
mouvements de libération africains, doté d'un "fonds spécial des-
tiné à fournir l'aide matérielle et financière des différents
mouvements", qui a favorisé la constitution d'un front commun
de la lutte anti-colonialiste
(2).
sacrawi voit dans ces résolutions une prem1ere étape
vers la formationœun front anti-colonialiste et anti-impéria-
liste plus large avec le mouvement révolutionnaire arabe et mon-
dial qui va se concrétiser à la "conférence tricontinentale" de
La Havane (janvier 1966)
(3).
De son côté, A~ad estime que la création de l'O.U.A.
ouvre de plus larges perspectives de contacts et de coopération
entre les Etats arabes et africains, non seulement au niveau bi-
latéral ::ais aussi régional (O.U.A., Ligue Arabe) et mondial
(O.N.U., Mouvement des non-alignés) (4). etc •.•
Mais avant d'aborder l'amorce de la coopération arabo-
africaine. il nous semble utile d'analyser cocment les Etats
arabes d'Afrique justifient et conçoivent leur double loyalisme
au panarabisme et au panafricanisme_
(1) qui fut composé derept puis de neuf pays dont l'Algérie et
la R.A.U. : son alè ge est à Dar es-Salam (':ranzanie)
(2) voir l'ensemble des résolutions in LE SCRIBE, Vol. VI, nO 5
juin 1963.
(J)~acrawi : trQirnta Gadlda Li.l-Waqa.'ic al-Alaqa.t Bayna
~arak~tay al-Ta~arrur al-cArabi al-Ifrrq~' aL-Nustaqbal al-
eAraài,. nO' 15,. mai 19(:)0, pp. bd _ 0-9.
(4)
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al- Alaqat al-.Lfriqiya a - Arabiya"in
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-
Qa~aya
- Arabiya, juin .L980 pp. 102 - 103-

T78
,/
SECTION IV
L'mnrE ,ŒABO-AFRICAHTE E2T-3LL3P.EA!~-r:~L'c:SI!:';
'?
La double adhésion des Etats arabes d'Afrique au pana-
rabisme et au panafricanisme est toujours affirmée avec force
par leurs dirigeants. particulièrement ceux de la R.A.U., de
l'Algérie et de la Tunisie. Les liens séculaires très étendus
entre l'Afrique au Sud du Sahara et l'Afrique arabe
dans la
période précoloniale sont souvent invoqués ainsi que les liens
spirituels existant entre les musulmans de ces deux parties de
l'Afrique (cf: Culture et religion, infra III ème partie).
Au-delà de la culture et de lareligion, l'ensemble du
monde arabe et l'Afrique Noire connaissent des conditions socio-
économiques similaires (comme tout le Tiers-Monde) issues de la
domination coloniale. Donc leur sort est un, d'où la nécessité
de coopération des deux parties vu leur contiguïté géographique
et l'héritage socio-économique et socio-culturel communs. Tels
sont les arguments souvent développés par les pays arabes, par-
ticulièrement l'Egypte et l'Algérie.
A - La Vocation africaine
L'affirmation de leur "vocation africaine" n'a jamais
fait défaut (nous l'avons vu dans les différentes rencontres et
questions africaines depuis 1955).
Les vecteurs arabes. maghrébins et africains conver-
gent vers l'unité arabe et l'unité africaine à la fois. Ceci
est implicite dans la "Charte de Tripoli" de l'Algérie en juin
1962, dans la "Charte Nationale" de la R.A.U. la même année et
enfin dans la constitution tunisienne (1959) dans lesquelles
l'identification à la "nation arabe" est prioritairement affir-
mée et l'identification au continent africain secondairement
rappelée.

Ces pays
ne conçoivent pas un développement et un
avenir autonomes en dehors de l'AfriquA
(1).
C8tte idée est exprimée par Ben Bella, de retour
d'Addis-Abéba devant l'Assemblée Nationale algérienne: " De
par sa vocation africaine et cette bivalence historique, notre
pays se doit d'être un facteur de cohésion entre les pays
arabes et africains qu'unissent en fait et au-delà des particu-
larités culturelles les mêmes conditions de vie et les mêmes
aspirations"
(2).
Les Etats arabes observent une extrême prudence quand
il s'agit de l'unité africaine selon la conception de N'Krumah
du terme : gouvernement supranational.
L'unité anti-impérialiste, voilà ~e que semblerait
rechercher l'Algérie et l'Egypte.
Pour l'Algérie, sa politique dans ce domaine consiste
en la réalisation de 1 '''unité négative" et de l"'unité positive".
Selon Slimane Chikh (3) : la première implique la rupture avec
le colonialisme et l'impérialisme et une démarcation sans équi-
voque à leur égard; la deuxième inaugurée par le G.P.R.A.,
poursuivie par Ben Bella et Bu Madyan consiste à apporter aides
et assistances accrues et une offensive intense en direction des
mouvements de libération nationale africains. En tout cas, c'est
cette option qui ressort constamment des différents textes
d'El Mouljahid et des Discours de Ben Bella.
C'est pourquoi même "si dans la hiérarchie des alli-
ances, lestextes du F.L.N. placent l'Afrique en troisième rang
après le Maghreb et le monde arabe, il n'en va pas de même dans
(1) cf. infra politique africaine de certains Etats arabes,
(2) voir Les discours du président Ben Bella, 1963 1er Trim.1964
p. 14.
(3) voir Thèse: La Révolution Algérienne ••• 'p. 22 - 733"

180
la pratique diplomatique de l'Al~érie indépendante", (1) puisque,
située entre deux Etats arabes dont les économies sont dominées
par l'impérialisme, l'Algérie ne peut chercher des alliés anti-
impérialistes que chez des Etats africains progressistes. Hais
cela ne lui fait pas confondre les fondements de sa double iden-
tification qui sont différents, dans la mesure où l'unité arabe
et l'unité maghrébine comportent une charge subjective par la
référence à une communauté de religion, delangue et de culturell.
liEn revanche, écrit ChikH, l'unité africaine est appréhendée
dans une acception principalement politique en terme de solida-
rité anti-colonialiste et de lutte contre toute forme d'exploi-
tation et de dépendance"
(2)-
c'est là, pensons nous, la conception unitaire de la
politique extérieure del'Algérie en direction du monde arabe et
de l'Afrique subsaharienne dans la dialectique de l'unité arabo-
africaine, de Ben Bella à Bu Madyan.
B - La double adhésion (panarabisme ~t panafricanisme)
S'agissant de l'unité arabe proprement dite, cAbd al-
Na~ir affirme dans MI;!;aq al- cAmal al-1.'Ja~anI
Il
que la nation
arabe n'a pas besoin de justifier les fondements de l'unité
des peuples arabes" (3). Le leader égyptien se comporte exac-
tement comme N'Krumah quand il s'agit de l'unité africaine. Il
rejette comme lui tout obstacle entravant la réalisation de
l'unité arabe. Car pour lui, cette unité existe depuis toujours
dans la conscience des peuples arabes. Il estime alors que
"ceux qui tentent de discréditer les fondements de l'idée de
l'unité arabe, arguant des divergences entre les gouvernements
arabes ne considèrent que des .aspects théoriques et superfi_
ciels ll
(4)"
-----------------------------------------------------------------
(1) Chikh (Slimane)IILa Pol:Lt;:hque Africaine de l'A!.Kérie; A.A.N.
1978 (op.cit.) p. 3-
(2) l'Ibid"
c
-
(3) Chap , IX"al-wahda al- arabiya" p. 1'10
(4)" Ibid '~

IBI
C'est pourqnoi cAbd al-Nasir était fermement convaincu
de l'inéluctabilité de l'unité des Etats et penples arabes.
Cependant. l'expérience de l'union égyptienne (1958 -1961) a mis
à nu les contradictions de h lutte des classes dans la R.A.D.
D'abord contradiction entre la bourgeoisie égyptienne et la
bourgeoisie syrienne et ensuite entre le régime nassérien et le
régime baassiste. Tout cela a développé le "processus anti-
unitaire qui a abouti à la scission de 1961 ù (1)'
~ette unité construite sans les peuples syriens et
égyptien a donné les résultats qu'on connaît: d'une part, la
répression des forces patriotiques notamment les communistes
qui ont été les principales victimes (2) de l'oppression par la
bourgeoisie égyptienne
de la Syrie, et d'autre part, la trans-
formation de la classe dirigeante égyptienne en "bourgeoisie
d'Etat" pourS3.uvegarder ses intérêts de classe au détriment de
la "féodalité" mais aussi et surtout des masses populaires
(3)'
Comme l'a dit J. Couland "la conception nassérienne de l'unité
arabe ne serait alors qu'un
mot d'ordre pour mobiliser les
masses au service de l'Etat"
(4).
L'idéologie de l'Etat unitaire développée par le lea-
der égyptien ne manque pas par ailleurs ae rencontrer de vives
oppositions chez les dirigeants conservateurs arabes comme
Bürqiba et Faysal entre 1961 et 1967 et de nombreuses réserves
,
chez les Etats arabes progressistes.
L'Algérie, par exemple, pose quelques conditions qui
1
ne sont pas les moindres au début des années soixante pour la
1
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - .
1,
(~) Rodinson ( M) : Marxisme et Monde Musulman, voir p.287 - 290
et SABER (Ali) : op.cit p. 87 - 96.
(2) voir Couland (Jacques) "Syrie opprimée" in Démocratie Nou-
velle, juillet 1961 pp. 64 - 68
(3) voir HUSSEIN Mahmoud L'EgyPte, lutte des classes et libéra-
tion nationale, pp. 137 - 176 (T 1)'
(4) Couland (J) : "art.cit",

182
matérialisation de l'unité. L'organisation du F.N.L. considère
que l'unité doit s'appuyer sur les "principes de la révolution
elle ne sera durable que lorsque chacun des pays (arabes) en
fonction de ses structures propres, aura accompli sa révolu-
tion"
(1). Le F.L,N. écrit par ailleurs, qu'il faut d'abord
réaliser ''l'unité maghrébine" avant de se pencher sur celle du
monde arabe. Bourguiba a aussi défendu la même thèse tirant les
leçons de l'union hâtive et seulement étatique entre l'Egypte et
la Syrie. El Moud.jahid s'attelle à fixer les objectifs et sin-
gulièrement les limites d'une probable unité arabe heurtant
aussi bien les conceptions unitaires des leaders ghanéens qu'
égyptiens. "L'unité à laquelle nous aspirons comme tous les peu-
plus arabes, poursuit El Moudjahid, ne si~ifie ni uniformité
ni l'unification centralisatrice. nette unité est un objectif
lointain"
(2).
Cela confirme la thèse de Rodinson dans un article
qui aurait été écrit en 1961 (3) et dans lequel il affirmait
ceci : "les nationalistes usent de la solidarité arabe et sont
conscients de la force, limitée mais réelle, de ce sentiment.
-----------------------------------------------------------------
(1) El Moud.jahid,no 89 du 16 janvier 1962 in Mandouze (A) :
La révolution algérienne par les textes. (op.cit.) pp. 218·
(2) Ibid, voir sur ce thème (unité arabe) les numéros d'El
219
Moud.jahid suivants : 27 "la révolution arabe", 28 "sur la
voie de IJunité", 29 "Demain la nation arabe" et 35 "l'évo-
lution de la société musulmane et l'expérience algérienne"
o~ encore "le programme de Tripoli", la "charte d'Alger"
et
la "charte nationale".
(3) l>jarxi sme et monde musulman (op. ci t .) pp. 53? - 560.

-:0"""
_.u)
Il est probable que, s'ils ob0iennent la victoire, ils se
lieront par quelques liens assez relâchés au reste du monde
arabe. Il est tout à fait certain qu'ils ne livreront pas
l'Etat qu'ils veulent créer à un Etat arabe centralisé et tou-
tes leurs positions sont contraires à une attitude S3mblable" (1).
Quant à
c Abd al-Nasir, il préconise dans la charte
.
-
d'action nationale "al-wa~da al-sâmila" (l'unité totale) de
tous les peuples arabes
(2), Les nombreuses tentatives dans ce
sens de 1955 à 1963 avec d'autres Etats arabes, notamment
l'union égypto-syrienne et l'union avortée égypto-irako-syrienne
en 1963, traduisent la profonde conviction de cAbd al-Na~ir de
la possibilité d'une telle unité liant le "destin commun de la
nation arabe"
(3)-
La double adhésion au panarabisme et au panafricanis-
me des pays arabes d'Afrique fut à maintes reprises dénoncée
par les Etats africains néocoloniaux.
Lors de la III ème rencontre mondiale des journalistes
au r.aire (octobre 1963 ), un journaliste africain pose au pré-
si?-ent égyptien cette question-piège: "la R.A.D. oeuvre-t-elle
pour l'unité des Arabes ou pour l'unité des Africains ?"
"Je ne vois aucune contradiction, répond
Nasser, entre l'unité
arabe et l'unité africaine" et le leader égyptien d'exposer sa
conception de l'unité africaine: 81'unité peut être l'unité
des objectifs comme elle peut être une unité constitutionnelle
je ne considère pas comme probable qu'une unité puisse être
établie aujourd'hui entre les pays africains. nes pays doivent
apprendre à se connaître". Ensuite le leader égyptien revient
au coeur du problème: "je considère par ailleurs que l'unité
!
----------------------------------------------------------------- !
(1) ~ p. 551.
(2) a1:-Mi"Ma!l.. (op.cit.) p. 112.
(3) ~.p. 226.

I84
arabe ne s'oppose pas à l'unité africaine. Je parle en tant
qu'Arabe et en même temps en ma qualité d'Africain"
(1). En
1961, avant la création del'O.U.A., Nasser avait émis les mêmes
réserves devant les caméras de la télévision allemande (Hambourg:
mais surtout en ne s'impliquan~u tout dans les tentatives
unitaires d'Afrique, avant de conclure: "de toute façon, la
réalisation de la solidarité est une grande victoire"
(2).
La politique dela R.A.U. dans ce domaine consiste en
la recherche de l'unité des objectifs" en vue dela réalisation
de la solidarité arabo-africaine.
C - Spécifi2ité culturelle
De même, ~ourguiba qui n'a jamais manifesté un enthou-
siasme délirant ni pour l'unité arabe, ni pour l'unité africaine
déclarait à Addis-Abéba qu'il n'était pas pour les "unions pré-
cipitées".
S'adressant à ses pairs africains et arabes, il con-
seille la prudence. "Nous nous connaissons à peine et nous
n'avons guère le temps de faire l'inventaire dece qui nous rap-
proche et de ce qui nous divise ( ••• ) ; une ser~euse prépara-
tion psychologique est nécessaire"
(3). Par ailleurs, dans une
conférence de presse, le président tunisien définit mieux sa
conception du panafricanisme en critiquant ce mouvement qui a
connu un échec parce qu'il n'avait pas des "conceptions réalis-
tes, qui tiennent mieux compte des divergences et des différen-
ces que des siècles de servitude et de colonialisme ont créées
en Afrique"
(4-).. En fin de compt e, il arrive à la même conclu....
sion que son "copain" Senghor : instituer une "communauté cul-
turelle franco-africaine"
(5)·
----------------------------------------------------------------
(1) in I.e SCRIBE Vol. VII, N°3, novembre 1963, p.4-0.
(2) MaP;mü c a t hutub..(op.cit) Tome III p. 485.
{3)in Conférence au sommet d'Addis-Abéba (op.cit.)
(4-) voir sa conférence.de presse du 24- rmrs 1966, in "Annuaire
de l'Afrique du Nord, Vol. V, 1966, p. 719.
(5) Annuaire (op.cit.) p. 721.

;,·1
,
Du point de vue africain, on trouve beaucoup plus de réserves
chez les dirigeants néocoloniaux. Leur chef de file rappelle
dans son discours prononcé à l'université du Caire (16 février
1967), qu'il faut résoudre "deux clivages, deux difficultés"
pour la mise en place de l'unité africaine au sens large (enten-
dez arabo-africaine) : le clivage entre francophones et anglo-
phones, le clivage entre arabo-berbères et négro-africains"
(1).
En revanche, l'ancien leader progressiste, Tome MBOYA
a un point de vue positif com~e les autres leaders radicaux
africains, quant à la double loyauté arabe au panafricanisme et
au panarabisme. Néanmoins, il précise lesdoUTcs qui subsistent
dans l'esprit de beaucoup d'nrricains qui n~essent de lui po-
ser des questions comme celles-ci: " comment situer les Arabes
d'Afrique du Nord? Sont-ils Africains à vos yeux? Se tiennent-
ils eux-mêmes pour tels ?" puis, plus loin, l'auteur admet qu'à
la lumière de conférences panafricaines "nous avons accepté et
reconnu les Arabes". l"Iais tout en désirant faire "cause commune
avec l'Afrique, les Arabes font preuve de loyalisme à l'égard
du panarabisme ( ••• ). Ces deux loyalismes peuvent poser un pro-
blème, mais il n'est pas nécessaire qu'il y ait conflit"
(2).
Naturellement. il n'y a jamais eu de conflit ouvert sur cette
double adhésion, bien que des propos anti-arabes aient été for-
mulés à l'égard des populations de "l'Afrique "Rlanche", dans
certains milieux dirigeants africains, et gonflés par les nostal-
giques de l'ordre colonial cherchant à semer la mésentente et
la discorde entre1es mouvements de libération arabes et afri-
cains. Si antagonisme il y a, c'est entre le panarabisme et la
négritude: le premier ne s'adresse qu'aux Arabes et le deuxiè-
me qu'au monde noir. r.ependant, il faut souligner que ce der-
nier est différent du panafricanisme politique contemporain,
institutionalisé à Addis-Abéba, qui ne retient pas la notion
(1) S:E1'JGHOR (L.S.)
'Les fondements de l'africanité ou négritude
et arabité , p. 103·
(2) MBOYA (Ton;e)L'indépendan~e~rès
•••

de race o~ de comr-unaut
linguistique, comme le panarabisme.
é
mais seulement la notion d'esnace géographique: le continent
africain
(1). Alors qu~L.E~À- ne retient pas cette notion
d'espace mais plutôt des critères de langue et de culture. Par
conséquent, ne peuvent y être admis que des Etats arabes ou
arabisés
(2).
Il Y a donc certes quelques contradictions entre le
panarabisme et la négritude (d'ailleurs très marginale en
Afriaue) qui font appel tous les deux à la notion de race. Si
contradiction il y a entre ~a L.E-A. et l'O.U.A. ce sont des
contradictions d'intérêts comme celles qui existent entre la
r..E.B. et l'O.E.A. Ellesne sont pas d'ordre ethno-culturel
mais géo-politico-militaire et politico-idéologique.
Le panarabisme et le panafricanisme
'reflètent un
fonds c~mmun des convergences culturelles des sociétés arabes
et africaines dont les grands traits socio-culturels d'identi-
fication sont similaires à bien des égards. En réalité, les
spécificités culturelles sont souvent exagérément amplifiées
pour masquer les véritables contradictions politico-idéologiques
entre régimes progressistes et néocoloniaux quels qu'ils soient,
arabes ou africains et vice versa.
f
Si l'unité des Etats africains apparaissait dans les
t
années soixante comme un mythe auquel croyaient les masses, la
f
non réalisation de ce mythe par les Etats-nations était donc
1
avant tout dictée par des considérations idéologiques.
i
---------------------------------------------------------------- 1
(1) sur cette question, voir Ranjena (R) Unité arabe et unité
r1
africaine (mémoire) pp. 23 - 24.
i
{
(2) La Somalie, la Mauritanie et Djibouti entrent dans cette
',
dernière catégorie parce qu'ils sont islamisés à 100 •
approximativement bien qu'ils n'adoptent pas tous l'arabe
comme langue officielle.

'.87
CHAPI~RS III
~IORCE DE LA COOPERATION ARABO-AFRICAINE
Une ère nouvelle est inaugurée dans les rapports
arabo-africains après la création de l'O.U.A.
L'ancien président de la R.A.U. cAlI sabrf, déclare

"la conférence nous a permis de nouer des rapports personnels
et fructueux avec les délégations africaines et nous en attendons
des perspectives de renforcement de nos liens avec les Etats
africains dans les domaines politique, économique et social" (1
Dès lors, la R.A.U. esquisse un rapprochement avec
les Etats néocoloniaux qu'elle combattait jusqu'ici tout en
resserrant ses liens avec ses alliés traditionnels. De même,
la Tunisie renforce ses relations avec les anciennes colonies
françaises alors que l'Algérie montre peu de souplesse envers
ces dernières, longtemps hostiles ou "neutralistes" à l'égard
de la cause algérienne.
SECTION l - OUVERTURE DU MONDE ARABE SUR L'AFRIQUE
A - Rapprochement de la R.A.U. avec les Etats néocoloniaux Afri-
cains
Ce rapprochement est ébauché par la visite effectuée
par le président du Cameroun Ahmad Ahidjo en R.A.U. en octobre
1962.
Cette visite marque une importante étape dans le
changement d'attitude du régime nassérien envers les régimes
néocoloniaux qu'il combattait par l'intérmédiaire des médias
-~~---------------------------------------------------
---- ----- -
(1) al-Ahram , du 27 juin 1963·

188
ou des mouvements et par~is politiques intérieurs opposés à
ces régimes
(1).
Ce~te ouverture de la R.A.U. est confirmée par les
visi tes officielles de H. Dio:!:i (Niger) et H. Boigny (Côte d' Ivoi-
re) en juillet 1963. Les communiqués conjoints publiés à l'is-
sue de ces visites omettent volontairement tout ce qui divise
notamment la question israélo-arabe mais tout en renouvelant les
principes de lutte anti-colonialiste e~ anti-impériaiiste
(2).
Cette attitude nouvelle de la R.A.U. conduit les au-
torités égyptiennes à retirer leur soutien aux partis et mou-
vements politiques d'opposition intérieure aux régimes néocolo-
niaux comme l'U.P.C. du Cameroun et SW aba du Niger. L'Egypte
sacrifie la'solidarité idéologique avec ces partis pour sauve-
garder ses intérêts politiques et économiques avec ces pays,
traités hier de"réactionnaires" par la presse cairote.
c Abd al-Na~ir lui-même, inaugurant la conférence des peuples
(1 ) A titre d'exemple, la conférence du Conseil de solidarité
Afro-asiatique du Caire (21 - 22 janvier 1961) qualifiait
1
(
l'U.A.M. d'instrument de sabotage et de répression contre
les pays africains notamment au Cameroun, en Algérie et au
Il
Congo. Plus loin, la résolution dénonce nommémeItt' "l'usur-
1
pation des libertés démocratiques dans les pays de la Commu- r
nauté et l'adoption d'une politique fasciste au Sénégal".
1
La résolution dénonce vivement l'emprisonnement du leader
!
du Parti Africain de l'Indépendance (P.A.I.) et renouvelle
1
son soutien à la lutte légitime de l'U.P.C. jusqu'à l'in-
l,.
dépendance totale du Cameroun.

Voir ORIENT 2ème semestre 1961, p. 219'
1
~
Des résolutions semblables sont votées à la conférence des
Peuples Africains au Caire (25 - 30 mai 1961) à l'encontre
1
des régimes néocoloniaux.
1
Voir ORIENT 2ème semestre, 1962 pp. 221 - 224.
,
(2) in LE SCRIBE, Vol. VII, N° 1 septembre 1963 pp. 29 - 30·

-r8g
'africains (Le Caire, mars 1961) s'adressait à ces reglmes en
ces termes: "si l'impérialisme trouve parmi les Africains des
âmes faibles prêtes à vendre leurs peuples, rappelons-nous que
cet état de chose est indéniablement la conséquence du colo-
nialisme ( ••• ). Si l'imparialisme mondial trouve en Afrique
une clique d'agents (de l'impérialisme), la résistance africai-
ne a déjà prouvé son aptitude à sensibiliser la conscience des
masses à travers le monde" (1).
Ceci est une allusion à peine déguisée aux Etats néo-
coloniaux qui s'apprêtaient à signer la convention de Yaoundé
(1962) les liant aux six européens dans le cadre de la C.E.E.
Donc l'affermissement des rapports égypto- africains
vise à empêcher que ces néo-colonies "ne deviennent ainsi un
marché libre pour Isra§l qui y faisait cavalier seul"
(2)-
L'ouverture de la R.A.U. sur l'Afrique néo coloniale se produit
au moment o~ le hoyen-Orient connait une crise dans les rap-
ports inter-arabes (l'Egypte est en divorce avec la Syrie,
engagée aux côtés du yénen républicain contre les royalistes
soutenus par l'Arabie Saoudite) et dans les rapports arabo-
israéliens (détournement des eaux du Jourdain). Elle se produit
au moment o~ le régime égyptien, tirant les leçons de ses ten-
tatives unitaires, publie laNcharte d'Action Nationale"qui est
venue "théoriser l'expérience nassérienne. Autrement dit, la
théorisation est née de la pratique", (3)) puisque la révolution
de 1952 n'avait pas été régie par une théorie, ni par une idéo-
logie préexistante
Le "Socialisme arabe" désigne les cibles internes
(bourgeoisie et "féodalité") et extérieures (l'impérialisme et
le colonialisme).
(1) Magmü<at Hutub (op-cit.) Tome III p. 428.
(2) (;HAFFART ëG~orges) "L'Egypte esquisse un rapprochement avec
les Etats africains de Brazzaville" in Le Monde Di.J)lomati
gue'" Décembre 1962.
(,) ILHM1 (Mansour) : thèse: La notion de libération dans la
pensee politique arabe contemporaine. p. 140'

Le régime nassérien charge l'union socialiste d'exécu-
ter les nouvelles orien:;ations de la "seconde révolution" ou de
la "révolution sociale"
qui promet que les conseils populaires
élus doivent toujours avoir une suprématie sur les organes
exécutifs de l'Etat."Cet ordre naturel, dit la nharte, devra
garantir la souveraineté du peuple qui devra diriger en perma-
nence l'action nationale"
(1).
Mais le "socialisme" sans luttes de classes (2) selon
1'1. Hussein qui identifiait l'accroissement du rôle de "l'Etat"
à la cause du "peuple", est l'expression idéologique de la vi-
sion de classe de la bourgeoisie d'Etat"
(3).Celle-ci s'est
substituée à la bourgeoisie traditionnelle qui a perdu entre
1961 et 1964 les moyens de pression sur la bourgeoisie d'Etat.
Le contrôle des grands moyens de production nationalisés par
cette dernière n'a pas mis fin à l'exploitation capitaliste
des classes laborieuses au service desquelles le "socialisme
nassérien se proclamait"(4).
(1 ) al-Mitag •• (op.cit.) p. 55'
(2) Puisque la charte désigne nommément : les paysans, ouvriers, 1
militaires, intellectuels et le capitalisme national comme
1
les "forces représentatives du peuple".
1
(3) HUSSEIN (M) : l'~gypte, lutte de classes et libération
1f
nationale. Tome l, p. 122.
:
(4) Cette période est amplement étudiée et analysée par des
i
spécialistes de l'Egypte. Il serait long de mentionner même
1
les principaux ouvrages sur l'Egypte nassérienne. Retenons
toutefois :
Abd El-Malek (A) : EgyPte, société militaire.
Q-Kosheri CM) : Socialisme et Pouvoir en EgyPte.
Rodinson (M) : Marxisme et monde musulman.
Balta(P), Roulleau (C)
: (textes rassemblés et présentés
par :) La Vision Nassérienne.
et les nombreux textes de c Abd al-Nasir lui-même.

L'ouverture de la R.A.D. sur l'Afrique au moment où
relle est confrontée à d'énormes difficultés pour la mise en
application du "socialisme scientique" semble marquer une vo-
lonté d'exporter le modèle égyptien en Afrique et d'imposer le
blocus à 1sraêl qui avait déjà conquis une bonne part du
mar-
ché
africain.
Les spécialisteségyptiens des questions africaines
n'ont pas manqué de critiquer constructivement l'orientation de
la politique africaine de l'Egypte qui est restée très sélective
et peu souple jusqu'en 1967, malgré l'ouverture timide en di-
rection des "modérés" à partir de 1963. "La politique basée
essentiellement sur les affinités idéologiques ne tenait pas
suffisamment compte des rectifications théoriques et idéologi-
ques qui s'imposaient à la suite de la création de l'O.n.A.n(1).
Ces critiques incitaient ~udéveloppement des échanges économi-
ques, techniques et culturels avec l'Afrique et encourageaient
la mise en place des "marchés socialistes" indépendants de l'Est!
et de l'Ouest européens
(2). Autrement dit, les dirigeants
,
1
égyptiens ont été invités à adopter une "politique plus prag-
matique envers les différents régimes africains" afin de les
1
aider à so rtir de leur "complexe de dépendance" selon l' expres-
·1·
v
-v
sion de Ya:çtya GAiVIS
(3) •
"1
La nouvelle politique africaine adoptée par la suite
a permis la conclusion des accords bilatéraux entre la R.A.U.
(1) c Awda (CA ['1) : "Aghizatuna al-Ifriqiya wa mustawâ al-Al?-da:~"
al-Abram al-1qtisadf,n'" 193, 1er septembre 1963 pp. 14- - 15·
(2) ~amza
(s M) : "Ifriqiya wa-l-aswaq al- r1u~taraka", al-Abram
a~qti~àdr, nO 194-, 15 septembre 1963, pp. 12 - 14-·
(3) Voir son article '''Uqdat al-Tabac Ïya", al-Abram al-1qti~âdIJ
nO 214-, 15 juillet 1964-, p. 19·

et certains ..::tats africains (1) sur le plan d r'échanges commer-
ciaux. Les autorités ég:;rptiennes nourrissaient d ' ambitieux pro-
jets pour l'expansion économique et cultureile de la R.A.li. sur
le continent africain. La soci&té import-export al-NASR était
.
présente dans 18 Etats africains. Elle se chargeait de l'expor-
tation de produits égyptiens et arabes vers le continent afri-
cain et de l'importation de matières premières africaines vers
l'Egypte, les pays arabes et même vers l'Europe. L'exportation
par cette société du bois ghanéen vers l'Italie en est l'exem-
ple type.
Cette société avait également l'ambition d'investir
pour le financement de gr-ande proj ets dans le secteur de l' agri-
culture et de l'élevage pour assurer l'autosuffisance alimen-
taire de la R.A.li. Il était même question de la mise sur pj~d
d'unités de production indu~trielle de transformation des ma-
tières premières africaines et de création de "sociétés mixtes
égypto-africaines" et de "banques arabo-africaines" dès 1964 (2)
Il est inutile de souligner que les nombreux projets égyptiens
sont restés lettre morte. Mais le 6 février 1965, la R.A.li
annoncera la création de la première "banque arabo-africaine"
dont le capital était souscrit en association avec le Koweit,
50 % chacun.
Si l'on observe les ambitions de la R.A.li. en Afrique,
force est de constater qu'elle entendait y mener une politique
de puissance au-dessus de ses moyens pour soigner son image de
pays développé, telle qu'elle se présentait en accordant des
crédits à des taux d'intérêts extrêmement bas (1 à 2,5 %) pour
(1 ) Guinée, Ghana, Mali, Somalie, Cameroun, Niger, Nigéria,
Mauritanie, Kenya, Congo-Brazzaville, Libéria, Sénégal,
Togo, Tangan~a ont signé entre 1960 et 1967 des accords
commerciaux, de financement techniques ou culturels avec la
R.A.li. Voir
Naggar ( Abd~1-kader A) : Les échanges com-
merciaux entre l'Egypte et les Etats africains d'expression
française. (Thèse) p. 118 et suivantes
(2) al-Abram al-IqtisadI, nO 204, 15 février 1964, pp. 28 - 37
.

~ne durée de 5 à 10 ans. Par exemple, la Guinée a reçu en 1965
aux mêmes conditions six millions de L.E. comme le Ghana, le
j.Jali, etc ••• (1)·
c Abd al-Na~ir expliquant l'origine des fonds destinés
au développement de l'Afrique déclarait devant l'Assemblée
Nationale (en liant la générosité égyptienne à la politique
d'Israël) : "Quand notre pays contracte un prêt de 200, 300, 4-00
millions, rien ne l'empêche d'en accorder 20, 30, 4-0 millions
aux Etats africains. Il a le droit de les utiliser non seule-
ment pour son d~veloppement national, mais aussi pour celui
des autres pays moins fortunés que lui" (2).
Quant aux autres pays d'Afrique du Nord, ils ont
poursuivi une politique moins ambitieuse.
----------------------------------------------------------------
(1 ) al-Abram al-Igtisadi, nO 227 février 1965
(2) in Bayan al-ra/I~ ~.cAbd
" .
al-Nasir fi Iftitah Magl~s al-Umma.
»
12 novembre 1964-, p. 7.

:;:94
B - L'Algérie prend le relais de la R.A.D.
Nous avons dans les chapitres précédents analysé le
rôle de l'Algérie dans les questions africaines, son rôle pré-
pondérant dans les luttes anti-coloniales et anti-impérialistes
ainsi que sa conception de l'unité africaine et de l'unité
arabe.
A présent, nous allons esquisser l'ouverture de
l'Algérie et des autres Etats du Maghreb sur l'Afrique Noire.
L'orientation de la politique étrangère de l'Algérie
envers l'Afrique est la résultante de huit ans de lutte armée
dont l'issue victorieuse a influencé positivement le mouvement
de libération africain.
Contrairement au Maroc et à la Tunisie, l'amorce de
l'ouverture algérienne sur l'Afrique est essentiellement por-
tée sur la consolidation des luttes des peuples africains.
i
Ainsi, Alger est devenu sous Ben Bella un "véritable vivier du
1
mouvement révolutionnaire" africain selon l'expression d'Hubert 1
Michel (1). En effet, après la normalisation de la R.A.D. avec
r
les régimes néo-coloniaux, plusieurs partis et mouvements d'op- 1
position (2) intérieure à ces régimes sont contraints de quit-
1
ter le Caire - qui reconnaît désormais la légitimité de ces
1
régimes - pour s'installer à Alger où ils bénéficient comme
!
les autres mouvements de libération d'un soutien diplomatique
1
militaire et fiancier.
Alger développe donc avec ces mouvements et les
Etats progressistes des_liens privilégiés. Sa sympathie et sa
solidarité avec le mouvement révolutionnaire africain provoque
(1) "La politique africaine des Etats du Haghreb" R.F.E.P.A.)
nO 27 - mars 1968 - p. 145-
(2) D.P.C. SANWI (Côte d'Ivoire), SWABA (Niger) etc •••

:;:95
une grande affluence des dirigeants des mouvements révolution-
naires des colonies portugaises (1) à partir de 1963.
Zn ce sens Alger supplante le ~aire dans son rôle
d'accueil de ces mouvements car elle est plus proche des
fronts de lutte et pose moins de contraintes pour les combat-
tants sur les plans politique, militaire et militant.
Cela explique naturellement l'affermissement des
liens privilégiés entre l'Algérie et les dirigeants progres-
sistes. Ben Bella, en recevant le premier président africain
en la personne de J. Nyérer~ (Tanzanie) a voulu montrer la
détermination de son pays à s'engager dans le soutien actif
qu'il entendait apporter à la cause de la révolution africaine.
D'ailleurs, les nombreuses visites du président algérien en
Afrique entre 1962 et 1965 ont été effectuées exclusivement
dans les Etats progressistes, notamment en Guinée, au Mali,
et au Ghana.
Mais quelques diri~eants néo-coloniaux sont aussi
reçusà Alger en l'occu~ence Senghor, H. Boigny et H. Diori
1
dUNiger. Au demeurant, cette ouverture n'altère en rien les
i
options fondamentales et la vision critique de l'Algérie vis-
f1
à-vis des Etats néo-coloniaux et non plus vis-à-vis de son
soutien aux partis et mouvements d'opposition à l'intérieur
de ces Etats, ce qui ne risquait guère d'aggraver les accusa-
i
tions portées contre elle d'immixlon dans les affaires inté-
!
rieures des autres Etats (accusations formulées par ailleurs
contre la Guinée, le Ghana et la H.A.U.)
1
,
La grande offensive de Ben Bella à l'encontre de
l'impérialisme et des dirigeants africains modérés, notamment
du Congo et sa plaidoirie pour la cause des mouvements de li-
!
bération au sommet de l'O.U.A. au Caire en 1964, confirme
f
i
---------------------------------------------------------------j,
(1) l'jP.L.A. de Ma~io de Andrade, G.R.A.E. (Gouvernement révo- i
. .
i
lutionnaire angcJcùs en exil) de R. Holden, P.A.I-G.C.
r
\\
(Parti Africain de l'Indépendance de la Guinée Bissau et
i
des Iles du Cap Vert), FRELIMO (Mozambique), d'autres mou-
vements d'Afrique du Sud et les partisans de Lumumba du
Congo-Léopoldvil~e.

196
'l'Alg&rie dans son rôle prépondérant comme (1) étant dés or-
n;ais la première capitale de la liberté en Afrique au détri-
ment du Caire.
n'est pourquoi de pombreux auteurs ont qualifié la
politique africaine de Ben Bella de "romantisme révolution-
naire" (2), l'accusant de vouloir exporter le "modèle algé-
rien" ou de s'atteler à la "conquête du leadership" en Afri-
que (3) ambition attribuée par ailleurs à la R.A.U. et au
Ghana.
L'éviction de Ben Bella par le colonel Bü Nadyan
certes, n'a pas fondamentalement modifié le choix de politique
africaine du premier gouvernement de l'Algérie indépendante
mais "le dernier a amené un profond changement de style sinon
d'orientation à la politique extérieure de l'Algérie, au
grand soulagement de "l'Afrique modérée" et à la déception
de "l'Afrique progressiste" (4-).
En effet, Bù Nadyan privilégie comme Ben Bella les
rapports de l'Algérie avec le mouvement de libération natio-
nale africain et des pays anti-impérialistes. nependant con-
trairement à Ben Bella, il a articulé la libération politique
avec la libération économique, non seulement du continent
africain mais du Tiers-~onde
(5).
Au demeurant, cette vision plus large du mouvement
de libération nationale ne diminue en rien l'aide privilégiée
(1) Voir al-Sacb,
26 novembre 1964-·
(2) MORTINER (R)
Foreign Policy (op.cit.) pp. 226 - 2)1-
(3) HICHEL (H)
: "art. cit." p. 4-6·
(4-) MICHEL (H) : Ibid, p. 4-8.
(5) Voir son discours du 1er novembre 1965 in Hutub al-ra is
- -
BÜIDadyan, 19 guwân 1965 - 19 guwan 1970. Tome l pp. 10-11'

I97
â la cause des mouvements r~volutionnaires africains et pa-
lestiniens
(1)'.ii.utrement dit, le réalisme de Bü l'iadyan l'em-
porte larg,::ment sur "le romantisme révolutionnaire" de Ben
Bella qui, comme N'Krumah, Fanon et Sékou Touré ont semblé
surestimer les potentialités et la spontanéité révolutionnai-
re des masses et élites africaines. !1ais leur action a permis
de consolider les forces anti-impérialistes et anti-colonia-
listes â travers les frontières africaines.
Quant au niveau des relations bilatérales inter-
Etats, les échanges avec les autres pays africains sont très
faibles. E1;l 1967, l'Algérie n'en importe que 1 % et "n'y di-
rige que 5 % de ses exportations" (2).
La Tunisie et le l-ia.r-oc ont, quant
leurs rapports
à
respectifs avec l'Afrique une vision différente de celle de
l'Algérie et de la R.A.U.
c - La Tunisie renforce les Etats néocoloniaux
L'intérêt porté par la Tunisie â l'Afrique subsaha-
rienne est essentiellement guidé par le souci de maintien
du
statut néocolonial des Etats africains, particulièrement.
francophones. De ce fait, elle est l'interlocuteur arabe pri-
vilégié de ces pays avec lesquels elle a d'ailleurs des con-
ceptions identiques sinon similaires sur les questions afri-
caines, comme nous l'avons vu dans les regroupements afri-
cains et sur les conflits maroco-mauritanien et maroco-algé-
rien, sur la crise congolaise
etc •••
L'ouverture de la ~unisie sur l'Afrique est conçue
"au sein de certaines entités qui lui sont "concentriques",
(1) Voir son discours â l'occasion de la sortie de la première
promotion de cadres de combattants palestiniens et afri-
cains de l'Académie des Officiers le 26 avril 1966.
Ibid pp. 289 - 291·
(2) rUCHEL (H)
: "art s c i t ;" p. 4-8.

ISS
dont elle ~ente de r~duire les contradictions et d'ap9rofon-
dir les effets : le substrat arabo-islamique, la solidarité
g~ogr8phique afric~_ne, la ~ouvance de l'esprit europeen et
9articuli~re~ent de la culture française
(1).
Dans son p~riple africain en 1965
(?lj
Rürqiba
a lancé sa fameuse idée de la "fronc ophond.e " à Dakar. la qua-
lifiant de dénominateur cor:wun de l'''univers culturel" des
ex-colonies françaises. :Fartant de cette idée maîtresse. le
président tunisien propose l'établissement d'une sorte de
"Commonwealth" africain avec l'ex-puissance coloniale.
noncr~tement, il visait l'accélération de l'intégration des
Etats néocoloniaux dans le marché capitaliste français et
européen. nar la coopération euro-africaine tient une place
prépondérante dans la cinquantaine de discours prononcés par
Bourguiba au cours de ce périple (~), pendant lequel il a vi-
vement dénoncé
"l' Lr-r-é a Li.soe "; " l'orthodoxie", "1 ' agitation
désordonnée, l'impatience, l'improvisation et l'hégémonisme
du révolutionnarisme " des Etats progressistes africains
avant de prodiguer des conseils aux Etats néocoloniaux, de
résister à la tentation "des slogans faciles et du verbalis-
me". Sn un mot, à la tentative de faire de nl'omniprésent
impérialisme un bouc émissaire".
Frésentant la Tunisie comme "un Etat pilote" et le
"Bourguibisme" qui n'est que la "substitution du socialisme
tunisien", le président tunisien invite ses pairs à emprun-
ter la doctrine du socialisme basée sur un capitalisme d'Etat
libéral qui tient compte de la "voie spècd r i.que " de chaque
(1) MICHF.L (H) : "art.cit." p.52.
(2) 15 novembre - 15 décembre pennant leque~ il a invité 8
Etats dont 7 néocoloniaux : Mauritanie, Sénégal, Niger,
Côte d'Ivoire, Cameroun, Centrafrique, Libéria et un pro-
gressiste, le Mali.
0) voir ZIYARAT al- Ra' Is Bürqiba ila IfriqIya al- garbiya
( 8 livrets ).

T9?
pays (1) selon son expression. Evidemment, la vision tuni-
sienne de la coopér3tion inter-africaine et euro-africaine
est favorablement accueillie voire partagée par les diri-
geants néocoloniaux. Le communiqua commun signé à Dakar (2)
note que la coopération est plus que jamais renforcée, par-
ticulièrement avec les ex-puissances dominatrices. "Cela,
ajoute-t-il, est l'un des aspects correspondant en même temps
avec leurs intérêts réciproques".
Le resserrement des relations entre la Tunisie et
l'Afrique coïncide avec la volonté déclArée de EürqIba de
se rapprocher de la r..E.E., particulièrement de la France (3)~
Le périple africain, en tout cas, à permis la conclusion de
nombreux accords de coopération économique, technique et cul-
turelle (4) malgré la faiblesse des rapports bilatéraux
arabo-africains dans les années soixante. Les échanges entre
la Tunisie et l'Afrique subsaharienne sont en 1967 aussi
faibles que ceux de l'Algérie avec cette partie du continent.
Ils ne représentent que 1 % de ses importations et 5 % de
ses exportations (5).
(1) Ibid (livret 3 pp. 53-54) Il n'est donc pas surprenant de
voir naître à Tunis en 1980 "l'Internationale Socialiste
Africaine" (avec le soutien actif de Senghor) qui prône la
pluralité des voies menant au socialisme, en fait anti
marxiste.
(2) 26.11.1965 Ibid p. 48.
(3)~tions peu chaleureuses depuis les massacres de Sa~at
Sidi Yùsuf (en Tunisie) en 1961 par l'armée française
pendant la guerre d'Algérie. Voir PAUTARD (A) "Le Naghreb
et les Etats d'Afrique Noire", R.F.Z.P.A. nO 27 (op.cit.)
(4) Voir Ziyarat al ra,is (op.cit.) (les 8 livrets).
p. 72·
(5) lGCHEL (H) : "art.cit." p. 51·

200
Dans la prochaine section, nous aborderons les
positions minoritaires défe~dues par Bürqlba dans le cadre
de la diplomatie communautaire sur les questions de la lutte
contre l'Etat raciste d'Afrique du Sud et contre l'~tat sio-
niste. Fuisqu'il refusait toute rupture diplomatique avec
les puissances qui soutenaient le premier Etat et préconi-
sait la reconnaissance d'Israël par les Etats arabes.
D - Le Maroc : ouverture sélective
Comme nous l'avons dit l'apparition de la question
mauritanienne sur le plan international en 1960 a favorisé
l'ouverture du l'laroc sur l'Afrique Noire, d'abord une ouver-
ture sélective envers les Etats susceptibles de soutenir
ses revendications sur la rtépublique Islamique de Î'Iauritanie.
En tout cas, telle était la politique poursuivie par le roi
l-ruhammad V, principal protagoniste de la conférence de
Casablanca.
Cependant, l'alliance conjoncturelle tissée avec
les Etats progressistes va se défaire aussitôt que Hassan II
aura hérité du trône après la disparition subite du roi Ben
Yüsuf en 1961. Dès lors, le nouveau roi cherche à se rappro-
cher de l' Afrique ~odér~el( par-t LcuLf.è r-emerrt le Sénégal et la
Côte d'Ivoire, en dépit de leur hostilité ouverte aux pré-
tentions marocaines sur son voisin du Sud. Visée expansion-
niste mise à part, l'ouverture du [·:aroc sur l'Afrique semble
être motivée par deux préoccupations majeures :
- la rivalité d'influence avec l'Algérie (bien que
leurs cibles et objectifs soient diamétralement opposés)
- la conquête du marché de l'Afrique de l'Ouest,
en particulier celui du Sénégal, en faveur des entreprises
et de la bourgeoisie marchande marocaine fortement présente
au Sénégal où une bonne partie de l'industrie textile maro-
caine est encore écoulée. C' est c er-t a.Ln et.en t l'une des

201
r2isc~s qui B ~o~ivé le choix du Sénégal pour la première
visi~e de Hassan II en Afrique de l'Ouest en 1964.
Les accords ~conoD:iques et juridiques conclus à
l'issue de ce voyage renforcent particulièrement la pénétra-
tion de la bourgeoisie marocaine dans l'économie de ce pays,
notamment dans l'industrie et le commerce dakarois"(1966) (1)-
Farmi ces accords, on peut citer
- la possibilité pour les citoyens de chaque pays
d'accéder à la fonction publique dans l'autre pays" (art 1)
- "l'égalité eri ce qui concerne l'établissement
de sociétés industrielles agricoles ou commerciales" (art 2)
- "l'égalité vis-à-vis du code de Travail et de
la sécurité sociale"
(art 5)
- "l'égalité vis-à-vis du système fiscal"
(art 8)
(2) •
Enfin le royaume chérifien et le Sénégal vont si-
gner en 1966 un accord portant sur la libre circulation des
produits, lors du second voyage de Senghor au Maroc, dans
le cadre de sa campagne conjointe avec Bürqiba sur la fran-
cophonie. Si les relations politiques maroco-africaines
n'ont pas atteint le niveau des
rapports entretenus par
'l'Algérie et larunisie avec l'Afrique Noire, en revanche
au niveau des échanges économiques, le Laroc est, jusqu'à
1967. l'Etat maghrébin "dont le commerce africain est le
plus développé. représentant 3 % de ses importations et
8 % de ses exportations"
(3). Sur le plan culturel. c'est
le royaume chérifien qui a accueilli le plus grand nombre
(1) IvJICHEL (H) : "art.cit" p. 50-
(2) in Bulletin Officiel du Royaume du Maroc, 22.12.65 - cité
par Bouzidi (M) : "Le l'jaroc et l'Afrique subsaharienne"
~. 1978 (op.cit.) p. 105-
(3) I\\ICHEL (H)
: "Ibidem"·
,.
1

202
d'2tudiants africains après l'~gypte. Il en est de même
pour l'envoi de professeurs d'arabe en Afrique du Sud du
Sahara, particulièrecent au 3~n~gal, et toujours après
l'~gypte.
Car les accords culturels conclus dans ce domai-
ne en 196~ avec le Sénégal sont régulièrement reconduits.
En outre, la construction de la grande mosquée de Dakar
inaugurée par Hassan 1= en 1964, avec le concours technique
et financier du Maroc symbolise le caractère religieux que
le souverain voulait donner aux rela~ions culturelles
maroco-africaines.
D'ailleurs Hassan II était reçu au Sénégal plus
en sa qualité de chef religieux qu'en sa qualité de chef
d'Etat, vu les rapports spirituels très importants entre
les communautés "Tiganiya" (secte sunnite fondée à Fez en
1815) et maroco-sénégalaises
(1).
------------------------------------------------------------_.
(1) Le pélerinage à Fez réunit chaque année des milliers
d'Africains.

203
SEC'I'ION II
FOSE'ION DES E!l' liTS llr<_,BES ET D'ISRAEL
EN AFRIQUE A LA VEILI·E DE 1967
L'analyse que nous venons de faire sur l'ouverture
des Etats arabes d'Afrique montre que les objectifs des uns
et des autres sont sensiblement différents. Naturellement,
la politique extérieure de chaque pays reflète relativement
la nature du régime et ses orientations envers le monde arabe
et l'occident en général.
Cn ne peut donc pas parler dans cette période d'une
uniformisation de la politique africaine des Etats arabes,
bien que leurs actions en Afrique présentent quelques traits
similaires notamment dans le domaine des relations bilatéra-
les.
Au-delà des objectifs poursuivis par chaque pays
arabe, un objectif commun semble faire l'unanimité: imposer
un blocus économique et l'isolement politique de l'Etat sio-
niste dans le continent africain comme au Moyen-Orient. Hais
cet objectif n'est pas intériorisé de la même façon et au
rr.ême degré par les pays arabes. La même remarque s'applique
aussi aux pays africains concernant le problème de l'Afrique
du Sud. Leur attitude est largement dictée par la nature des
régimes auxquels ils s'adressent.

204
;1
-
La diplomatie arabe et la question palestinienne
}ar exemple, lors de son p0riple africain (1),
le prssident égyptien a longue~ent et vivement dénoncé la
politique israélienne en Falestine et son action en .c\\.frique
dans le pays de Sékou rouré. Le communiqué comrrun publié â
l'issue de cette visite condamne en termes très vigoureux
la politique israélienne en Afrique et apporte un soutien
inconditionnel â la cause palestinienne.
En revanche, c Abd al- Na~ir a usé dl un langage bien
Iilodéré concernant cette question au Ghana et au hali (qui
entretenaient d'étroites relations avec Israël) ; les commu-
niqués publiés dans ces deux pays sont également très modé-
rés (2) sur la question d'Israël. La m@me attitude peut
@tre notée chez Ben Bella dans ses différentes visites dans
ces trois pays sus-cités. Quant â Bürqlba, il a pratiquement
omis cette question dans son périple africain (cf Infra)-
sauf au j',ali, seul Et at parmi les huit visités qui est sensé
@tre favorable â la cause palestinienne. De m@me Hassan II
n'en a pas fait mention lors de son voyage au Sénégal en
1964.
Cependant sur le plan de la diplomation co~munau­
taire, les pays arabes n'ont pas assisté â une rencontre
afro-arabe, soit dans le cadre de l'O.U.A., des conférences
panafricaines, de l' o. N•U., ou du non a Ld.gn eraerrt sans dé-
noncer l'inflitration israélienne en Afrique
(2). Les pays
arabes
ont obtenu pour la nremïère fois l'invitation du
président du comité exécutif de l'O.L.F •• "_J:1mad 3uqayrL
(1 ) Voir Mulhag al-lillram du'5 et du 12 Novembre 1965·

(2) Voir discours du président algérien au sommet des non-
alignés au Caire (novembre 1964) in al-SacB, du 26.11.64·

?05
au somset de l'O.U.A. (Addis-ccbéba 1966) pour plaider la
cause du peuple palestinien
(1).t.ais le conflit israélo-
arabe est soigneusement 8cart2 de l'ordre du jour des con-
férences de l'O.U.A. jusqu'en 1967. En 1964, préoccupée
par l'influence grandissante d'Israël en Afrique, en même
temps que la~aiblesse des échanges arabo-africains. En
conséquence, la L.E.A. décide, au sommet arabe d'Alexandrie
(septembre 1964) "de créer une banque arabe destinée au fi-
nancement
des projets de d êve Loppemerrt , à l'accroissement
des échanges commerciaux avec l'Afrique, à l'aide économique
et technique" - (2)- Fais cette mesure est restée sans effet.
En outre, la représentation diplomatique des
pays arabes en Afrique reste également très faible si com-
paraison est faite avec celle d'Israël.
De 1958 jusqu'à 1966/67, l'ensemble des missions
diplomatiques arabes s'élevait seulement à 56 dans les 32
pays africains indépendants (Etats arabes exclus) (3)
(1) cf III ème Partie Chap. Premier Sec. l
(2) VERJvION (R) "TJe IJioyen-Orient et_ l'Afrique" in Problèmes
politiques et sociaux,n '0 139-140, Août-Septembre 72 p.8-
(3) voir tableau in Masü~i (A.S) : al-Tagalgyl al-Isra'ili Fi
- ...
IfriqJ.ya·p.484·
Nous avons supprimé du tableau trois pays (Ile Maurice,
Guinée Equatoriale et Swaziland) qui ne seront indépen-
dants qu'en 1968. Nous avons par conséquent apporté les
corrections qui s'imposaient.
Remarquons que la représentation du Liban ne s'explique
pas par son intérêt pour les relations arabo-africaines
mais par la présence d'une forte colonie affairiste
libanaise dans les pays en question.

206
alors que leur nombre s'élève à ~63 à travers le monde (voir
tableau nO 1 ci-contre). Ma~G~r souligne l'incohérence de
la représentation de ces missions, l'absence d'une politique
concertée. Car le Ghana et le Nigéria en abritaient chacun
huit; en même temps, on pourrait const2ter l'absence totale
d'une représentation arabe dans neuf Etats africains.
Il faut souligner qu'aucun Etat arabe ainsi
qu'Israël n'avaient de relations officielles avec l'Afrique
du Sud
(1) ..
------------------------------------------------------
- - - - -- -- ~
(1) Mais certains pays arabes avaient des relations économi-
ques indirectes avec le régime raciste ainsi que l'Etat
sioniste, dont l'alliance avec ce régime n'a jamais été
un secret pour personne. (cf IIIème partie Cha. II,
Sect. IV).

..l..' '..JJ.JJJ.'.J.l1.U
.L't
<:!.U"(
(1)
Représentation Diplomatique des
Etats Arabes en AFRIQUE NOIRE
1966 / 1967
llission des Etats
Pays Africains
Niveau de
arabes accrédités
Représentation
Pays africains
Mission des Etats 1
Nive,~u de
arabes accr~dités Représentation
1
Bo t swuna
JI1~nnt
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(-1)
Isruël GOVE.:-,:nment Iear Book.1SG6/1967 cité par r'lh:;üHJT.üp.cit. PP. 4-7S - l~n'
IsréJël [ÜnÜ:cry IeDr Book for Foreign Affairs .196'? ~
-~._'-"'.~~'-"'-"""'-"'
__""__"'_''C>'''',""" .,.~" ......,.- ...,,~, •. ,
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....,..~,-..."..,.."

3 -
La question de l'Afrique du Sud
Les EtDts arabes ont eu plus de compréhension à
l'agard de la question de l ' ,ifrique du Sud que ceux d'Afrique
à l'égard de la question palestinienne.
En effet, conformément aux recommandations de
l'O.U.A. en 1963, les dirigeants arabes qui y ont pris part,
ont respecté l'embargo total décidé à l'époque contre" l'Afrique
du :3ud et le Fortugal, pour sanct ionner leur politique de
discrimination raciale en ).frique australe et colonialiste
dans les colonies portugaires.
Lorsque l Smith à la tête de la minorité blanche
proclame unilatéralement l'indépendance de la Rhodésie
(11 novembre 1965),le conseil des ministres de l'O.U.A. lance
un "ultimatum" à la Grande u,retagne pour qu'elle mette fin
rapidement au régime de 1. Smith. Dans le cas contraire, l'or-
ganisation panafricaine s'était engagée à rompre toutes les
relations diplomatiques et consulaires avec le Royaume Uni
et toute puissance qui reconnaîtrait la légitimité de cette
indépendance. Au demeurant, une minorité de pays seulement
(1) a mis en application cette décision.
Slimane (;hikh, comme ButrusGaYi:, considère que "la
.
dérobade des autres pays africains a sérieusement entamé la
crédibilité de l'O.U.A. qui a d'ailleurs adopté une position
---------------------------------------------------------------
(1) Il s'agit du Congo-Brazzaville, du Ghana, de la Guinée,
de la Tanzanie, de la R.A.U., de l'Algérie, de la Mauri-
tanie et du Soudan. Les Etats arabes cités ont joué un
rôle très actif dans la vulgarisation de la cause. voir
VIERA (Justin) "Pitié pour un ultimatum" Jeune Afrigue,
nO 261 du 26 décembre 1965-

lU9
modérée lors de la session ordinaire du Conseil des minis-
tres"
(1).Cela renforce le camp
des Et at s opposés à la
rupture avec la Grande-Bretagne. r,'est ceux-là même
qui
vont appeler au début des ann8es soixante-dix à ouvrir un
"dialogue" avec les 2tats racistes d'Afrique du Sud et de la
Rhodésie
H. Boigny (Côte d'Ivoire) W. Tolbert (Libéria),
etc •••
Parmi les leaders arabes, seul BürqIba est favora-
ble à un tel "dialogue" mais par
le truchement du Royaume
Uni. Dès 1965, il déclarait: "f·Talheureusement, les Etats
africains se sont emballés et en ont fait une question d'amour
propre. Je crois que c'est une erreur ( ••• ). Il est inutile
d'agiter contre la Grande-Bretagne la menace de la rupture
diplomatique"
(2).
La prise de position du président tunisien n'est
pas surprenante parce qu'il soutenait au même moment un point
de vue semblable sur la question palestinienne.
(1) Réuni à Addis-Abéba (28 février - 5 mars 1966) cf : in
Chikh : "la PolitiquA africaine de l'Algérie"
(op.cit.)
p. 6. La crise de l'O.U.A. était aggravée d'une part
par
le boycott du sommet d'Accra (Octobre 1965) de la part
des Etats néocoloniaux en signe de protestation, disaient-
ils contre les immi~ons de N'Krumah dans leurs affaires
intérieures et, d'autre part, par l'admission d'une délé-
gation du régime militaire-qui venait de renverser le lea-
der ghanéen-au sommet d'Addis-Abéba (5-9 novembre 1966).
c Abd al-Na~ir, Bümadyan et autres leaders progressistes
quittèrent la conférence en guise de protestation contre
l'orientation de l'O.U.A. par solidarité avec N'Krumah.
cf Butrus Gali : al-CAlagat al-DuwalIya ••• (op.cit.)
pp. 531 - 533·
(2) Voir conférence de presse du 24 mars 1966 in A.A.N., 1966
p. 24.

C. LU
3n effet, dans son discours à ARÏ~A (Jéricho) en
Cisjordanie (1) Bûrqiba préconisait l'ouverture d'un dialogue
israélo-arabe. Il déclarait à ce sujet : "Quant à la politique
du "tout ou rien", elle nous a mené en Palestine à la défaite
et nous a réduit à la situation où~ nous débattons aujour-
d'hui". Les Arabes, expliquait-il, avaient rejeté "toutes
les solutions de compromis" : "le partage et les clauses du
livre blanc. Ils le rejettèrent ensuite". C'est pourquoi,
concluait-il "nous n'aurons pas à passer dix sept ou vingt
annees encore à nous lamenter vainement sur "la patrie perdue".
La prise de position du leader tunisien avait alors
provoqué de très vives réactions négatives, dans le monde
arabe, particulièrement au Caire et dans les milieux pales-
tiniens.
Cependant, les dirigeants de l'Afrique franco-
phone "modérée" approuvaient cette prise de position qui re-
flétait leur point de vue sur la question palestinienne. Ainsi
lors du périple africain de Burqiba en 1965, le président
nigérien, H. Diori, saluait son "courage" qui lui a valu, dit-
il "la colère populaire des pays arabes"
(2)-
De nombreux Etats de l'''Afrique modérée" adoptaient
aussi la même position conciliante à l'égard de l'Afrique
du Sud et de la Rhodésie; c'est-à-dire la reconnaissance
de leur légitimité. C'est pourquoi c Abd al-Nasir avait orga-

(1) in Les Temps Modernes~ n° 253 bis, 2ème trimestre, 1961
pp. 971 - 983-
(2) voir Ziyarat al-ra'is.livret 2, p. 13.

zrr
nis2 un mini SObbet (1) au Caire (~ avril 1967) pour examiner
la stratégie de lutte à adopter face aux puissances qui coo-
pèrent avec ces reglmes racistes, donner un nouveau souffle
et une nouvelle dynamique aux 3tats pro~ressistes, consolider
l'O.U.A. et apporter un soucien efficace a~Douvements de
lib~ration africains en lutte pour l'indépendance.
En tout cas, c'est le sens que le leader égyptien
avait donné à ce sOffiwet dans son discours de clôture : "la
signification majeure de cette réunion réside dans le fait
qu'une voix s'est élevée pour (dire) la vérité au moment où
on voulait voir l'Afrique se taire. ne~te conférence a été un
pas en avant au moment où on souhaitait voir l'Afrique se
retrancher sur des positions défensives ( ••• ) quand l'alliance
impérialiste raciste et réactionnaire, ennemie de l'Afrique
y lance ses plus véhémentes attaques contre ses peuples com-
battants"
(2).
Comme on pouvait s'y attendre, les groupes de pres-
sion africaine et internationale n'ont pas réussi à infléchir
la politique de discrimination du régime de l'apartheid et
de la Rhodésie à l'égard de la majorité de la population noire
tout comme celle d'Israël vis-à-vis des palestiniens.
auquel avaient assisté Bu madyan, Ould Daddah, Nyéréré,
et le président hôte. La Guinée, le Congo et le l'Lali
n'étaient représentés que par des ministres puisque leurs
leaders étaient "empêchés" selon la presse cairote.
(2) Discours in Wata 1Ig c Abd al-Nasir (op.cit.) Tome 1/
..
pp. 1 37 - 1 38 •

2I2
C - La position d'Israël en Afri~ue
Ici, nous n'entendons ni analyser la politique
3fricaine d'Israël ni aborder dans le fond sa coopération
avec l'Afrique Noire. Notre objectif est de rendre compte
de l'étendue de son influence dans cette partie du continent
par rapport à celle des Etats arabes. Ce faisant, nous ne
reviendrons pas sur le bilan global de la coopération israélo-
africaine.
La présence de l'Etat sioniste y remonte à la pé-
riode coloniale. Dès 1956, parrainé par l'impérialisme colo-
nial, il a réussi à conclure d'importants accords économi-
ques, commerciaux et techniques avec un bon nombre de terri-
toiresnotamment avec la Côte d'Or (le Ghana) avant leur
émancipation internationale.
Ainsi, en 1958/59, Golda Meir, alors ministre des
Affaires Etrangères effectue un périple africain qui la con-
duit entre autres, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Nigé-
ria (1)
etc •••
Il est évident que ce voyage n'aurait pu avoir
lieu sans l'aval de l'impérialisme colonial français et an-
glais qui ont ouvert au marché israélien étranglé par le
blocus des pays arabes, au l;loyen-Orient, de nouveaux débou-
chés en Afrique Noire pour l'écoulement de ses produits et
l'exportation de son savoir-faire.
f,tt
-------------------------------------------------------------- !
(1) A cette occasion le président du conseil fédéral du Ni-
géria du Nord (majorité musulmane) lui avait signifié
son refus de la recevoir lors de son transit par la ré-
tion Nord du rTigéria et son "refus de reconnaître tout
traité de coopération entre Israël et le Nigéria". Voir
Benabdallah (A) :
Thèse:
-Processus du succès et de
l'échec politigue israélien en Afrique Noire (1963-1973)•
....
-
Voir aussi SARIF (K) : al-l'iugamara al-isra'ilI ya f-
i
Ifriqiya.p. 26

Les facilités accordées par les puissances colonia-
les à Israël en Afrique montrent leur "volonté d'imposer
Israël aux futurs
Etats africains indépendants" (1). Ce qui
explique les bonnes relations qu'il a eues avec la quasi tota-
lité des Etats de l'Afrique Noire. De surcroît, les dirigeants
sionistes ne lésinaient pas sur les moyens de propagande pour
gagner l'amitié et la confiance des Africains. Propagande me-
née avec beaucoup de dynamisme, mais faite aussi de calomnie
et de dénigrement contre les Arabes qualifiés d'''anciens co-
lonialistes" et "esclavagistes"
et l'arabisme étant assimilé
à un "mouvement raciste". Nombreux sont les articles de déni-
grement des Arabes publiés dans la presse africaine dans les
années cinquante et soixante qui étaient en fait signés sous
un pseudonyme (local) par le personnel de l'ambassade israé-
lienne
(2).
Par contre, Israël s'est toujours présenté comme
"un petit pays pauvre", blanchi de tout passé colonial, en fai-
sant l'amalgame des souffrance infligées aux juifs par le
nazisme et de l'oPEresion coloniale subie par les Africains.
Par ailleurs, Israël se livrait en Afrique dans les années
soixante à une compétition très serrée avec l'impérialisme
comme le laisse entendre l'interview accordée par Golda Neir,
alors ministre des Affaires Etrangères au quotidien LE ~ONDE
(1) Benabdallah : lhèse op.cit. p. 165 Four les échanges
israélo-arabes dans cette période~ voir Statistical
Abstract of Israël, nO 7, 1955 - 56.
"
(2)
-
SARIF : op.cit. p. 59. Concernant les articles hostiles
aux Arabes voir Monteil (V) : l'Islam Noir, p. 350 et sui-
vantes et FROELICH (J.C.) : "L'Ep-;:Tpte et les peupl!,!s noirs
in ORIENT,no 32/33 4ème Trim., 1965 pp , 13 - 2b.

214
en 1S6~ (1). Ella d~cl~rait nO~2Dment pour expliquer la
"préférence" des Etats africains pour Israël un "Et a t neuf
petit"
; "nous SOQQes nous-c@Qes en voie de dâveloppement
et avons
eu à affronter les mêmes problàmes qu'eux. Nous
en avons r9s01u quelques-uns. Quant aux autres. nous savons
en tout cas comment il convient de nous a~teler à la tAche.
iour ces raisons, nous sommes plus proches que les grandes
puissances des pays en voie de développerGent".
Incontestablement, le modâle de développement
israélien a rencontré un grand succès chez de nombreux pays
africains. Au demeurant, il convient de s'interroger sur les
moyens financiers, matériels et humains considérables qui
on~ permis à ce "petit Etat neuf" d'atteindre l'ampleur de
la coopération israélo-africaine et la propagande qui a
abouti à ce succès. Quelques auteurs arabes l'ont fait et
sont parvenus à la conclusion qu'Israël ne serait qu'un"sous-
impérialisme américain et européen en Afrique" (2).
La position "neutraliste", voire parfois hostile
des pays africains au sujet de la Palestine au sein de
l'O.U.A. et de l'O.N.U. (3) montre l'âtendue de l'influence
(1 ) Interview réalisée par VInHNIAn (1) sous le titre "r-'lme
Golda Meir expose l'esprit et l'ampleur de la coopéra-
tion technique entre Israël et l'Afrique" in Le l'londe du
20 mars 1963.
1
( 2) se reporter particulièrement à 3ARÏF (K) op.cit. pp. 59,
1
c
150 -156, 204- 207 et RABÏ
(H.A.) Dirasat filastlnIya,
1
. c - - ' " ...
nO 72 : "Falsafat al-D~ Aya al-Isra'~l~ya"
ONUn DOC A 6115, A/.'3pn/L 116 du 17 novembre 1965, préco-
1
nisant à l~ 20ème session de l'A.G. de l'O.N.U. de sau-
1
,
vegarder les "biens et des revenus (des palestiniens)
provenant de leurs biens conformément aux principes de
la justi~e et de l'équité"
(Préambule). ne document de-
mandait simplement que soi-':; nommé un "curateur" de l'ONU
,
i
chargé de protéger et d'administrer les biens des popula- t
tions des territoires occupés. Hais le proj et a été rej eté !1
grAce au vote négatif de 9 Etats africains. Seules la
1
Guinée, la Mauritanie etla Somalie ont voté pour,et les
1
autres pays se sont abstenus.
1
}

215
israélienne en Afrique. r.ar l'aide d'Israël s'âtend dans bien
des domaines de d0veloppement : agriculture, développement
comnunaut a i r-e ;' encadrement de la jeunesse, des arn:ées et des
polices africaines, médecine et santé, hôtellerie
etc •••
Sur le plan des échanges commerciaux, il faut re-
marquer que la valeur des exportations d'Israël vers l'Afrique
ne dépassait guère 2 millions de dollars en 1957 mais atteint
24 millions en 1967. Dans la même période, ses importations
en provenance de l'Afrique se chiffraient à 27 millions de
dollars selon MasüQi (1).
Quant à l'assistance technique et la contribution
d'Israël à la formation des Africains, il y avait "entre 1958
et 1969, 2 234 experts israéliens" travaillél/: r:-
en Afrique,
"soit 34,5 % du nombre total (3.500) des experts israéliens
à l'étranger". Durant la même période, 6 272 stagiaires et
étudiants africains ont effectué des séjours d'études en Is-
raël, soit 48 % du nombre des étrangers (13 025) qui sont
principalement accueillis à l'Institut afro-asiatique
de la
Histadrouth à Tel-Aviv; et plusieurs milliers d'Africains
ont été formés dans le cadre des cours itinérants de forma-
tion sur place
(2). L'aide israélienne dépassait de loin
l'ensemble de l'aide arabe pour l'Afrique dans cette période.
Si l'on examine attentivement le comportement
d'Israël en Afrique, une conclusion paraît s'imposer: d'une
part, il a entretenu de bonnes relations aussi bien avec les
Etats modérés qu'avec les Etats progressistes. Les dirigeants
(1) Thèse: op.cit. p. 363.
(2) Ganor (M.Z):Les rapports entre l'Etat d'Israël et l'Afri-
que Noire Indépendante.pp. 4 - 6 et annexe IX et XI~
pp. 323 - 324.

2I6
israéliens n'ont nu~lement tenu compte de la nature des ré-
gillies africains et de leur système politique. Israël s'est
tenu à l'écart des débats idéologiques, des divergences poli-
tiques entre pays africains et s'est gardé de se m@ler ouver-
tement aux "affaires intsrieures" de ces derniers contraire-
ment à la R.A.D. et de l'~lgérie (dans une moindre mesure).
Ce faisant, il a su exploiter les contradictions
internes et externes des pays arabes pour consolider, étendre
ses intér@ts à travers le continent et renforcer ses repré-
sentations diplomatiques. Il était présent en 1967 dans 31
des 35 pays africains indépendants (Voir ~ableau nO 2 ci-
contre).
En fait, c'est en exploitant les "erreurs" et le
manque de dynamisme des pays arabes en dfrique qu'Israël a
réussi à réaliser "une partie de ses r@ves", selon Euhammad

Haykal, à savoir échapper au blocus que ces derniers ont ten-
té de lui imposer et "la participation au pillage systémati-
que auquel se livrent les grandes puissances impérialistes tI (1),
(1)
Voir son article "Isra/il Fi Ifriqiya" al-Ahrâm du
24 août 1964.

'l',YL,~liU n? 2
(1)
LES POSTES DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES ISRAELIENS EN AFRIQUE NOIRE
(1954
1968)

1) BOTSWANA - Ambassadeur non résident (Dakar) - 22.5.67
16) LIBERIA - Consul honoraire
- 12~54
2) BURUNDI _ Ambassadeur non résident (Kampala)- 7.2~64
- Ambassadeur non résident
- 10.10.57
_ chargé d'affaire (Lusaka)
- 10.9.65
Ambassadeur
- 30.7~5B
J) CAMEROUN - Ambassadeur
- 19.4.62
17) Madagascar - Ambassadeur
- 24.8.60
4) CONGO (Brazza) - Ambassadeur
- 24.3.60
1B) MALAWI - Consul Général non résiden'!;- 1.11 ~56
5) CONGO (Kinohasa) - Envoyé spécial
- 4.1.60
- A!nbossadeur
.. B. 10~64
- Ambassadeur
- 21.7.60
19) MALI _ Consul, Gén!':,ral non ,:ésidF.lIrt
- 1.2~60
6) COTE D'IVOIRE - Amhaas adeuz-
- 19.3.61
- Amt~saade'Jr
- 20.6~60
7) DAHOMEY ~ Ambassadeur non résiden·l;
- 5.6.61
20) NIGER - Ambélssade'jr non :,:'f;sid8ir~
-
4~5~61
~ Ambassadeur
~ 10.11.66
Ambassadeur
- 10.12.64
6) ETHIOPIE - Consul, GénÉral
- 3~5.:JC
21) NJ.LE~IIl. - r;ollsulat r,F;IlF:ca.1.
'0
13~6~60
_ Chargé d'Affairos
- 27.5.f?
.." fl..ï'!;Lnssade:,G;:-
c. 2!ï~ 1.(,1
_ Ambassadeu~
~ 2B.11 .62
22) OllGAI\\!J.l\\ - lhcIJ.·gé diA ffaë.:;:8:;
15.9.62
.C>
Arr,b;jsSdde:.c:,
~) GABON - Ambassadeur
- 5.6.~5
~g10of;?
10) GAMBIE - COIi'oIÜ non résidelr;;
- 28.9.61
2:"j) R.l)[oP..o -
A!lL:':lss~\\èeLl2
~ 2'3. l' ~6i
~ AmbassadA:J1' non résident (Dakar)
- 30 0".65
2/i) R':A!\\JDA - A"'baSbade',X' nor: :::és:i.+';r':
11) GHANA ~ Consulat Général
- 15.1 .:ii;
(:<d~lpcÙ'; )
~ L3~1~~6J
- CllargFi d' A.ffaires
-
=
~9 0-' .5)
Chal.'gé r1!A.fl'Cll.:;:"::; (";;.J".1::.) ~ 22."( ~h.5
_ Ambassadeur
- 15.9.~7
2':) SENECAL - ~nb8ssari.'u~
~ S8fJtl %0
12) GUINEE - Ambassadeul.:'
6~8'~59 - 6.67
J,t:)
SIEP'~.~. LF.OIII[ ." ~:Ci,::'J1 r,é~l~::al
-
7.6.6n
1 J) HAUTE VOLTA - Amhaeaadeuz- non a.és i.deut;
- 1.5.61
~ A:T,t~a[j~~dB'j:""
2"o4~G1
-
Charqé d'Affaires
- B.12.hl
?ï') SwA.n:.A.Ni! ~ Missio,l diplom-3tiqlll-J
1968
- Ambassadeur
~ 15.10.64
2e) TANZANIE - Ambassadeu~
- ;0.12.61
'11)
KENYA - Cons,Jl honoraire
- 1952
.... [Ofl:3U.l
{Z~..lzitla:})
- fin 1963
- Chargé d'Affaires
- 15.9.6?
29) TUA.D = L'VH'gé dl At f'",j.X'f-l--;
- 1J ~ 8.1962
Ambassadeur
~ 12.12.63
-
Ambassade!û.'
- 22.12~64
15) LESOTHO - Ambassadeur non résident
3D) TOGO - Amba5sade'J~
- 8~9~1960
(Blantyre)
~ 24.5.(,7
31) ZAMBIE - Consul Général n~l ré5j,d81l~:;- 1. 11 ~56
- Ctlargé d i Af f ab.'w1
- 28~1~64
- Ambassadeur
- 6.3~65
Source Ganor M Zivi (Thèse) p. 334·
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,Iii
~te:u 'a:ua::.z:_..a::::~~"'., =
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CC1TCLUSIOlT Tl:; LeL II ème pA.arrE
Les problèmes qui ont engendré les conflits, les
débats id&ologiques, les luctes des mouvements de lib8ration
nationale, l'orientation de certains Etats africains et arabes
dans la voie de la consolidation de leur indépendance natio-
nale, et d'autres dans le processus d'intégration dans le
système capitaliste international sont évidemment la résul-
tante de l'environnement historique et politique et des expé-
riences historiques vécues dans la période qui a précédé les
indépendances nationales dans le continent. Au demeurant, les
conceptions politiques élaborées par les différents dirigeants
de ces Etats africains et arabes ont dans une large mesure
une influence déterminante sur leurs évolutions postérieures
aux indépendances formelles.
Ainsi, les Etats néocoloniaux ont accéléré leur
intégration dans le système capitaliste mondial dans la dé-
cennie des années soixante, par l'intermédiaire des organis-
mes régionaux (1) au service des intérêts du monopole capi-
taliste et des bourgeoisies nationales africaines.
D'un autre côté, on peut aisément remarquer que les
idéologies d'essence nationaliste qui ont prévalu dans les
Etats progressistes ont graduellement contribué à la consoli-
dation du mouvement de libération nationale et à la lutte
des peuples arabes et africains contre la domination néocolo-
niale et impérialiste.
Mais si le panarabisme et le panafricanisme sous
leurs diverses variantes ont permis des mobilisations de messe ir
---------------------------------------------------------------1
(1) Comme l'UM1 qui a pris tour à tour les sigles de l'DAMCE
1
(Union Africaine et Malgache de Coopération Economique) et 1
de l'OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache). La 1
dernière formulation tient compte de l'adhésion de l'Ile
Haur-Lce , D'autres organismes de coopération ont été mis
sur pied comme le C.E.A.O., l'D.D.E.A.O.
etc ••• ainsi
que d' autres organismes dépendants du Corsmoriwe a Lt h dans
les Etats africains anglophones • .

2':9
pour les objectifs politiques, êconomiques et sociaux de ces
Etats qui se sont proclamés "socialistes", force est de
reconnaître qu'ils n'ont pas apportê de changements fondamen-
taux et irrêversibles à leurs structures sociales et n'ont
pas rêussi à opêrer, dans leur grande majoritê, de rêalisa-
tions sociales: déterminantes pour amè Ld.or a; :Les conditions
de vie précaires de ces masses. L'Algérie en est l'une des
expêriences les plus réussies.
Car comme Yves BENOT l'a dit, "indêpendance, impê-
rialisme, socialisme, unité
etc ••. ces mots-clefs ( ••• )
fonctionnent comme slogans et non comme concepts" (1) dans
i
les pays.
Si des "rêvolutions nac Lona.Les " ont
t
réalisêes
é
é
i[,
en Algérie, en Egypte, au Ghana, en Guinêe
etc...
force
!
est de constater l'absence d'une "avant-garde disrosant d'une
1
idéologie capable de donner un contenu social rêvolutionnaire
f
à l'indépendance" (2).
C'est là,la faiblesse des régimes progressistes,
notamment celui d'Algérie.
En R.A.U. par exemple, l'orientation politique de
1962 est certes un progrès par rapport à la voie suivie jus-
i
que là par le régime nassêrien. Cependant, l'Union Socialiste
Arabe (Parti-Ltat) n'a pas rempli la mission que lui avait
assignêe la "f-;Itaq al-cAmaI al-WatanI"à savoir, donner aux
.
"conseils populaires êlus la suprêmatie sur les organes exê-
cutifs de l'Etat" afin d'exercer sa "souveraineté" et de
"diriger en permanence l'action nationale" (3)·
f
1
-------------------------------------------------------------_. !
(1) Indépendances africaines ••• (op.cit.) Tome l p. 41·
r
(2) CHALLÎAND (G)
: r'lythes rêvolutionnaires du Tiers-f'londe.
p. 106. Voir êgalement son livre: l'Algérie est-elle
socialiste? Faris, Maspéro 1964 et
êtude de HARBI (M)
Aux origines du FLN : populisme révolutionnai~e en Al-
gérie. Paris C. Bourgeois, 1975 et Le FLN : f'iirage et
Réalitê, Paris J.A. 1920.
(3) al-~rtiq
9. 55-

"
220
~videmment, les concradictions de la bourgeoisie d'Etat et
de la bourgeoisie traditionnelle d'une part et les contradic-
tions entre les int~rêts de celles-ci et ceux des masses
d'autre part, è t a i.ent; s uf f i aammerrt antagonistes pour que le
r§gime nassérien concentre davantage la centralisation des
décisions politiques.
Far conséquent, le "socialisme arabe"
et le "mou-
vernerrt populaire pror-;ressiste arabe" dont c Abd al- Na~ir avait
foi en leur triomphe dans le monde arabe dans les étapes à
venir, n'avaient plus d'existence réelle en ~gypte et l'idéo-
logie nassérienne rencontrera l'hostilité déclarée des pays
arabes conservateurs, notamment l'Arabie Saoudite, ceci sans
compter ses insuffisances th.3oriques et la fragilité de ses
supports idéologiques. De cette idéologie, ii;arlène Abou Chdid
affirme qu'elle ''essaie d'articuler et de transr.Jettre les
aspiractions, les tensions et l'univers symbolique d'une
levée en masse des peuples arabes comme acteur historique
autonome"(1).
En fait, à la veille de 1967, l'échec de la politi-
que intérieure et inter-arabe de la R.A.U. (engagée militai-
rement au Yemen) dû à des pertes colossales, avait plongé
l'économie égyptienne dans une situation difficile et l'ame-
nait à se désintéresser peu à peu de l'action de la rt-A.U.
(1) Abou Chdid (HarLène ) : L'idéologie nationele arabe dans
les discours de c Abd al-Nasir - 195~ - 1970
(Thèse)
Par ailleurs, l'auteur montre que le discours du leader
égyptien "seveut nettement plus affirmatif que démons-
tratif" (et n'est pas celui) d'un "théoricien ou d'un
idéologue préoccupé d'abord de la cohérence, de la ri-
gueur ou de l'exhaustivité". n'est pourquoi "il avait
fermement foi en l'imminence d'une révolution inélucta-
ble dans le monde arabe sans suffisamment tenir compte
de la faiblesse et de la fragilité du mouvement popu-
laire arabe".

221
en Afrique Noire où les r2gimes progressistes sont de ulus
en plus isolés après la destitution de N'Krumah en 1966, et
de l'lodibo Keita deux ans plus tard.
'nIln, il n'en reste pas moins que la constitution
de l'O.U.A. a favorisé les possibilités de coopération bi-
latérale et communautaire entre pays arabes et africains.
r,'est alors que l'influence grandissante d'Israël en Afrique
amène les pays arabes à développer une grande offensive
diplomatique mais peu cohérente, en direction de l'Afrique,
comme nous l'avons dit, pour y enrayer cette influence.
NOUS
avons pu constater dans ce qui précède que
jusqu'à 1967, les autres :çays du l':oyen-Orient ont accordé
peu d'intérêt_à l'Afrique !Toire, pas davantage que la Libye
jusqu'à 1971, ou le Soudan (bien que ce dernier ait une for-
te minorité de population noire) jusqu'au développement ré-
cent des rapports arabo-africains. nette politique africai-
ne du Soudan en retrait est certaine~ent dictée par le souci
du pouvoir central de Khartoum d'éviter un rapprochement et
la réalisation de la solidarité de la province du Sud en
rébellion avec le reste de l'Afrique Noire.
Encore une fois, si le conflit israélo-arabe est
demeuré aux yeux des Africains une question externe à leur
préoccupation, jusqu'à 1967, c'est parce qu'il n'a pas été
posé dans les meilleurs termes par les pays arabes. Car les
Africains ne savaient précisément s'il s'agissait d'un con-
flit islamb-judaïque, arabo-juif, arabo-israélien ou pales-
tino-israélien. La confusion des arguments de la propagande
arabe anti-israélienne.et l'antagonisme des positions de
Bürqiba et de c Abd al-Na~ir par exemple sur la question pa-
lestinienne n'étaient pas de nature à susciter l'adhésion
de l'Afrique à la cause arabe. L'Afrique a gardé autant que
possible une attitude de meutralité individuellement et col-
lectivement vis-à-vis des belligérants.

222
Nous verrons dans la III ème partie que la ques-
tion palestinienne sera posée dans d'autres termes par les
pays arabes, en développant de solides arguments qui de-
viendront de plus en plus crédibles après l'agression israé-
lienne en 1967 sur l'Egypte et la Syrie principalement.
\\

TROI3IELE P/\\.RTIE
ALli :30LID.iiRITE ARABO -
AFRICAINE (1967-1973)
=============================================

223
l N f R C D U ~ ~ ION
A
Lfi
Ille
PAR T l E
La constitution de l'O.U.A. en 196) est l'aboutis-
sement de la longue recherche des modalités de l'unité des
Etats d'Afrique. Le respect de la souverainet8 et de l'inté-
grité territoriale des Etats était devenu la base des rela-
tions d'Etat à Etat. Nous avons vu que la formation de l'
O.U.A. n'a pas pour autant résolu les contradictions politi-
que et idéologique entre les groupes "modéré " et "progres-
siste ".
Dans cette présente partie, les rapports arabo-
africains ne vont plus se limiter entre l'Afrique du Nord
et
l'Afrique au 3ud du Sahara. Car la guerre de juin 1967 entre
les pays a~abes et Israël sera le catalyseur non pas de nou-
veaux rapports mais, de l'élargissement du cadre de la solida-
rité arabo-africaine. La Libye, l'Arabie Saoudite et d'autres
pays arabes vont tenter de consolider leurs positions respec-
tives en Afrique et de prendre part à la campagne anti- isra-
élienne, dans le continent et de promouvoir la cause palesti-
nienne. Les relations arabo-africaines seront donc dominées
par le conflit israélo-arabe qui en sera la toile de fond •
Nous nous attacherons dans cette partie à l'analyse
de l'évolution de la situation au l'Joyen-Orient, des attitudes
des pays arabes face aux initiatives de paix en vue d'une so-
lution pacifique du conflit. De même, l'évolution des attitu-
des des pays africains face au conflit en général et à la
cause palestinienne en particulier.
De nombreux facteurs contribueront au changement
d'attitude des pays arabes à l'égard de la question de
l'Afrique du Sud d'une part, et celle des pays africains à
l'égard d'Israël d'autre part, entre 1967 et 197?
Nous en
tiendrons compte pour montrer l'aboutissement de l'offensive

224
politico-reli~ieuse des pays arabes en direction de l'Afrique
dans les cadres de la L.E.A., de la conférence islamique, de
l'O.U.A. et de l'O.N.U.
La finalit~ recherc~e3era bien entendu de créer
un front de lutte contre la politique sioniste d'Israêl et
contre le régime raciste de l'apartheid.
Enfin, nous tenterons d'établir un essai de bilan
des relations bilatérales et multilatérales entre le monde
arabe et l'Afrique dans les domaines politique, économique
et culturel.
,
rii

CHAFIl'illi l
LA GU-~:;;RC:; D33 SIX JOURS D~ JUIN
1967 EI'
SES I~FLIr,ATION8 FOLIIIQUES
LE r,ONTEXTE DE LA GUERRE DES SIX JOURS
3n dépit de nombreuses difficultés rencontrées par
la R.A.U. dans la construction de l'unité arabe à l'extérieur,
de son "socialisme" arabe" à l'intérieur, l'Egypte continuait
à jouir d'une position prééminente d~s le monde arabe, et
son leader, de la sympathie des masses populaires arabes.
Les orientations progressistes de la R.A.U. de 1962
inquiétaient naturellement les dirigeants arabes "modérés"
particulièrement Bürqiba et Fayqal Ibn SacÛd d'Arabie qui
n'ont cessé de dénoncer respectivement "1 'hégémonisme" , le
"socialisme", voire "le communisme" de c Abd al-Nasir.
La rivalité de ce dernier avec le président tunisien
était moins intense que celle qui l'opposait au monarque séou-
dien, particulière~ent depuis l'éclatement de la guerre du
Yemen (1962-1967).
A - Le conflit du yémen et la rivalité Faysal - c Abd al·Nasir
En 1962, un coup d'état militaire renverse l'Iman
Badr. Aussitôt, les officiers proclament la république sous
la direction de c Abd al~Lah Sallal (officier profondément
influencé par l'idéologie nassérienne). Devant les assauts des
maquisards royalistes, les républicains font appel à la puis-
sante armée égyptienne pour faire face aux pressions militaires
des royalistes, soutenus, "financés et armés par l'Arabie
séoudite qui s'estime menacée dans son principe de gouverne-
ment par le coup d'Etat, et dans sa sécurité stratégique

226
par une pre s enc e :ililitair-e "C"T tienne i:;;-cortante sur sa fron-
tière" (1).
La ,~. ~c. U. a dû s'engager :::ili tairer:ent au Y';men plus
qu'elle ne s'y attendait au d,jl)Srt. En 1S65, la r:lOitié de ses
effectifs s 'y t rcuva i t soit 100 OCI hornrne s avec du mat .u-Le L
lourd et cême une bonne partie de l'aviation (2).
Le régime républicain de 9anca devait donc sa survie
à l'assistance militaire, technique et financière de l'~gypte,
dont il dépendait politiquement. Les dirigeants séoudien et
égyptien ont alors traduit la lutte idéologique les opposant
en lutte :r:ili taire à outrance au yémen voulant "chacun redorer
son prestige et regagner son autorité dans le monde arabe" (3).
L'engagement égyptien au Yémen ainsi que celui de
"l'arabisme ne prendront fin qu'après la défaite des armées ara-
bes en 1967 à l'issue de la réconciliation FAYSAL - c ilBD al-
NASIR au sommet arabe de Hi~Rrm: en septembre 1967. Un précé-
.
. .
dent accord de désengagement signé par les deux hommes d'3tat
en 1965 était resté sans effet (~). on peut aisément s'imaginer
les désastreuses conséquences de la campagne du Y&men sur la
croissance économique de la H.A.U., ses effets n&gatifs sur
les projets socio-économiques en voie de réalisation et
(1) Derriennic (J.F.) : Le Moyen-Orient aux ZXème sièèle
(op.cH.) p. 177·
(2) Ces effectifs seront réduits de moitié en 1967 au moment
de l'éclatement de la guerre des six jours. cf Saber (Ali)
Nasser en procès p. 110.
(:3) Ibid p. 106. Cette concurrence pour le leadership avait
conduit Fay~al en 1965 à la recherche d'une "alliance is-
lamique" (al- gilf al-Islami), projet auquel étaient favo-
rables le Fakistan
et l'Iran. nelle-ci visait "à la mise
sur pied d'une sorte d'alliance permanence sous forme d'or-
ganisation régionale". cf Salâma (G) : al-Siyas8 al-Bari
"li -
c -
Giya al-Su ·Udiya. p. 207 et suivantes.
(~) Voir le texte in AHT. et DOC. n° 17~1.
\\

227
surtout sur les relations inter-arabes a la '.Bille du conflit
de 1967 (1).
A ces difficultâs, il faut ajouter le boycott du r~­
gime ne s sè r-i.en par les pays occidentaux no t ammerrt les U.5 .•\\.
en lui suspendant tout crèdit et aide â partir de 1965 pour
l'isoler com~e cela avait ~té le cas â la veille de l'agres-
sion tripartite, perpétrée contre l'Egypte en 1956. L'Egypte
se trouve contrainte de nouveau â se rapprocher encore plus
de l'Union Soviétique pour assurer ses approvisionnements en
armes et en crédits, pour pallier le déficit dû à l'attitude
des pays occidentaux (2).
B - La d~~adation de la situation
au Moyen-Orient
De la fin de 1966 jusqu'en mai 1967, la situation
est très tendue aux frontières israélo-syriennes â la suite
des agressions répétées de l'Etat sioniste contre la Syrie.
Celles-ci sont en liaison directe avec l'application du plan
arabe, mis surpied par le sommet d'Alexandrie de septembre
196~, en faveur de la Jordanie, du Liban et de la Syrie en
!
vue de l'exploitation des énergies hydrauliques du Jourdain (3). !
Parmi ces pays de la "confrontation" seule la Sy-
rie avait entamé la mise en application du plan â proximit~
de ses frontières avec l'Etat hébreu. Les deux autres ont dû
y renoncer à cause des pressions de l'administration am~ri­
caine. La dégradation de la situation au ~oyen-Orient ~ène
la Syrie à se lier avec la R.A.U. par un pacte de défense com-
mune en novembre 1966 ; elle est en effet l'objet de menaces
----------------------------------------------------------------t
(1) Cf : Saber : Op.cit. pp. 11~ - 12~
,
(2) Voir particulièrement gafi~ (I:) :Tstirati5Iya
al- garb Fi-l- !
Watan al-Carab! et RifacI (A), Ibrahim (A) : Dirâsat Fi-l-
Watan al-carabi. (op.cit.)
(3) Afin de faire ~chec au plan américano-sioniste de 1961
visant à détourner les affluents du Jourdain.

228
permanentes (1). Israël ~tant rest3 insensible aux résolutions
de l'O.P.U. l'invitant à cesser ses incursions dans les ter-
ritoires arabes et à respecter les droits élémentaires des
Falestiniens dans les territoires occupés. Ainsi, la détério-
ration des rapports arabo-israéliens et l'escalade de la crise
favorisent les conditions de la guerre dans la reglon.
c'est pourquoi "tout en s'engageant auprès de
U.Thant (alors secrétaire général de l'O.N.U.) à ne pas dé-
clencher le premier les hostilités, le président Nasser n'en-
visage pas moins la possibilité de la guerre. Des accords de
ddfense sont signés le 30 (mai 1967) avec la Jordanie, le 4
juin avec l'Iraq. Four éviter l'intrusion directe des impé-
rialistes et tenter de limiter le conflit, s'il éclatait au
Froche-Orient, une conférence arabe des pétroles envisage des
mesures de rétorsion sur le plan 8cono8ique"(2). Encore une
fois, les Etats arabes n'auront pas recours à ce moyen de
pression.
~uoiqu'il en soit, l'absence d'une solution pacifi-
que conduit le leader égyptien à ordonner la fermeture du
Golfe d,CAqaba dans lequel Israël revendiquait "le libre pas-
sage" de ses na"ires. Revendication soutenue par les pays oc-
cidentaux notamment les U•.:3.1C. qui préconisaient "l'interna-
tionnalisation" d'une partie des eaux territoriales égyptien-
nes, notamment le Canal de Suez. C'était la position même qui
avait motivé l'agression tripartite. La fermeture du Golfe
d 'CAqaba estcle nature à bloquer le port d'Eilat qui assure le
1
ravitaillement d'Israël en pétrole en provenance de l'allié
!
des Américains, l'Iran. Au même moment, "les officines
de
!
.
1
---------------------~----------------------------------------- 1
(1) Cf
Couland (J) : Israël et le froche-Orient arabe,
1
pp. 97 - 98·
(2) Ibidem·

229
propagande imp~rialiste et sioniste multiplient leurs efforts
pour mettre en condition l'opinion occidentale "(1).
C'est dans ce contexte qu'Israël a déclenché la
guerre de Juin 1967, qui devenait incontournable, occupant
ainsi le Sinaï, les Plateaux du Golan syrien et une bonnA
partie du territoire palestinien. Ce fut la déroute des ar-
mées arabes et le triomphe des plans impérialo-sionistes mis
au point de longue date (2).
(1) Ibidem,p. 100.
(2) Voir par-ti cu l Lèr-ement le "document secret" publié par un
journaliste indien, Karan Giya (R.K.) en 1957 qui affir-
me l'avoir trouvé au siège du Pacte de Bagdad, traduit de
v_
-
_
v
-
l'anglais par Gabir
(i-iar1l1an) sous le titre : Hangar Isr...s
'li. Bayrüt,Dar al-Malayin, 1958. L'auteur dévoile non
seulement les plans d'agression tripartite de 1956 du
détournœment des eaux du Jourdain - qui ne se.produira
qu'en 196? - (voir pp. 12 - 14) mais plus étonnant encore
il a exposé clairement la stratégie à adopter par Israël
et~s U.S.A. sur le plan diplomatique en cas de conflit
armée israélo-arabe : "L'O.N.U. n'ordonnera jamais le
cessez-le-feu, dit le document, sauf si l'avantage tourne
en faveur des Arabes ou si Israël occupe suffisamment de
territoires arabes (p. 44). Pendant ce temps, (le reste
de) l'occident restera neutre tant que ses approvisionne-
ments en pétrole ne seront pas menacés, ( ••• ) et les
Etats-Unis tenteront de jouer la médiation" (Ibid).
Enfin, les stratèges israélo-américains prévoyaient qu'en
cas de guerre "nous devrons attaquer les bases égyptien-
nes", pays arabe le plus plissant militairement, ci té par
l'auteur (p. 58). Cela expliquerait l'éclatement de la
guerre sur lefront du Sinaï alors qu'il 6tait plus plau-
sible du côté des frontières syriennes avec Israël. L'é-
trange ressemblance du scénario dévoilé par Karan giya
avec le déroulement de la guerre de 1967 et de ses suites
diplomatiques confirme l'authenticité de ce document.

230
C - La d~faite des ar~~es arabes et ses cons.~guences
Des années cinquante jusqu'à la moiGi~ des annees soi-
xante, l'offensive des mouvements de libération a fait considéra-
blement reculer le colonialisme et l'impfrialisme en Afrique, en
Asie, et dans le monde arabe. ~ais la seconde moitiâ des années
soixante marque l'éssouflement de cet ~lan notamment en Afrique
et au ['-.oyen-Orient.
Dans le monde arabe, l'agression de 1967 aura été l'un
des facteurs essentiels de l'bmergence du mouvement révolution-
naire palestinien qui ne tardera p~s à apparaitre comme force po-
litique et militaire cutonome (CF plus loin). La defaite de 1967
est celle de la bourgeoisie ~rabe et des classes dirigeantes qui
ont longtemps abreuv3 les palestiniens de discours de bonnes in-
tentions ne relevant le plus souvent que de la rhétorique.
Seules la Syrie et l'Egypte opposaient quelque résis-
tance à l'emprise de l'impérialisme au Moyen-Orient. Et la défai-
te de 1967 jette le discrédit sur la capacité politique et mili-
~aire de ces deux pays face aux pressions politiques et économi-
ques de l'Occident, et militaires d'Israël.
Ainsi la débacle de 1967 entame la crédibilité de la
R.A.U et le prestige personnel de c Ab d al-Na~ir. En reconnaissant
"les graves revers subis", celui-ci considérait qu'il se devait
d'offrir sa d~mission au peuple égyptien. En effet dans l'allocu-
tion prononcée le soir du 9 juillet, le président égyptien décla-
ra : "Je suis prat à endosser toute la responsabilité lae la d&-
fait~7. J'ai pris une décision, je vous prie de m'8ider à son
application. J'ai décidé, poursuit-il, de me désister complètement
et définitivement de toute fonction officielle, et de tout rôle
politique, pour rejoindre les masses populaires afin d'accomplir
mon devoir avec elles comme tout autre citoyen. Parce que les
forces de l'impérialis~e s'imaginent que leur ennemi c'est
vGamal c Abd al-Na~ir" (1). Avant de terminer, il désigne l'un
(1) Ln
. . . I·r
.
t~"
,a_a lq "c (~al-Na-s;r
op.
pp.
H
. . .
(
i
C t.)
l .
r • 1
.)'7
,_C:
:)"8
-_,~

-

231
-
des vice-j;'r';sident Zakariya [.u!lyi al-Din (1) pour lui succeder
à la tête de l'Etat.
Cependant le peuple égyptien est aussitôt descendu dans
la rue non seulement pour exiger du leader égyptien qu'il revien-
ne sur sa décision, mais surtout pour manifester son refus de la
capitulation et sa détermination de faire face à la situation
quels que dussent être les sacrifices pour la libération des ter-
ritoires arabes occupes.
-
Z. M. al-Din fait diffuser alors un communiqué dans
lequel il déclare: "En ce qui me concerne, je n'accepterai pas
-comme les masses de la nation n'accepteront pas- une autre
direction que celle de vGamal c Abd al-Nasir" (2).
Ce dernier revient donc sur sa dGcision.
_
Réconcilié publiquJment avec Fay?al, au somset arabe
de HnRTUr. (septembre 1967), le leader égyptien s'est déclaré fa-
vorable à une solution négociée du conflit israélo-arabe. Ce qui
heurtait les sensibilités politiques de la Syrie et de l'Algérie
opposees alors à une telle solution (3).
Répondant aux reproches qui lui étëient faits, le pre-
sident égyptien rétorque pour sa défense à l'occasion de ce som-
met : "Il est faux que je. veuille capituler, comme certains le
laissent entendre ; mais je ne pourrais continuer la lutte que si
les pays arabes acceptent de mettre leurs ressources en commun
pour cette entreprise
puisque vous n'êtes pas prêts à le faire,
i l faut nous résoudre à une solution pacifique".
Au nom de
(1) Dans la lettre de démission adressie à Anwar al-Sâdat alors
président de l'Assemblée Nationale, c Abd al-Na~ir lâche une affir-
mation dans laquelle il faut peut-être comprendre une autocritique,
même involontaire de son propre culte de la personnalité : "Le
peuple, dit-il, est le seul guide, le seul ma î t ne et·l 'éternel
à jamais". in Wata'iq .. p. 232.
-
(2) Voir texte Ibidem.
(3) Les présidents de ces deux pays n'ont pas pris part au
sommet.

l'"lgérie, Boutdflika réfuta l'argument égyptien en ces termes:
"Une guerre de libération n'est pDS une promenade. En .Hgérie [:.:.~
nous avons pay~ très chèrement notre indépendance. Pour la Pales-
tine, il fuut ~galement être prêt â mourir. Mais cela dèpend
évidemment de vous" (1).
Bref la résolution 242 (du 22 nove~bre 1967) du Conseil
de Sécurit~ de l'O.N.U. servira désormais de référence et de ba-
se de négociation pour le règlement du conflit israalo-arabe ; et
cela malgr~ ses insuffisances concernant les droits du peuple
nalestinien â l'autodétermination.
La défaite de 1967 et ses cons~quence3 montre le fait
suivant : "Le sentiment national arabe populaire, immensément
blessè se raccroche alors â la résistance palestinienne. Nasser
apparait comme le cher' du principal Etat vaincu non plus comme le
leader de la nation arabe entière" (2).
D - L'essor du mouvement national palestinien
A partir de 1967, le mouvement national palestinien
va évoluer hors du cadre des Etats arabes, prendre en main la
lutte a rmé e pour réaliser ses objectifs propres,
savoir "le ré-
à
tablissement de la palestine dans les frontières de l'ancien
mandat britannique" (3). l'iais il devait sur-monc e r les divergen-
ces entre les nombreuses organisations rivales dans lesquelles
on trouve "â côt~ de militants honnêtes et courageux nombre de
réactionnaires et d'aventuriers" (4).
(1) Cité par Jeune Afrique,n O 348, 10/9/1967 p. 11.
(2) CA&~E(O) : Le mouvement national palestinien. p. 149·
(3) Couland op.cit. p. 130.
(4) Ibid pp. 131. Sur l'évolution du mouvement palestinien après
1967 voir pp. 129-135.

Dan.; une pub Li c a t Lon el-vGabha al-VSaCBIya Li-.i:ahrIr
-
.
Filastine l-Front Fopulaire da Lib~ration de la Paledtine
(F.f'.L.F.27 a exhuscivecent anolysé la crise du mouvement pales-
tinien. Il a affie::é que cette crise "n' e.:,tp[ls s euLement le ré-
3ultat des insufÎisances idéologiques, stratégiques et organi-
sationnelles"
qui lui sont imposees par le fai~ d'être longtemps
subordonne à des régimes arabes peu disposé:3 à la lutte de libé-
ration et au renÎorcement de la révolution palestinienne. A la
Lurs.i.èr e de cela le F.f.L.P. conclut
: "La résistance considérée
comme un combat contre Israël, le sionisme, l'impérialisme et
la réaction arabe, la stracégie de la libération de la palesti-
ne exige une option révolutionnaire palestinienne en correspon-
dance avec la stratégie révolutionnaire arabe"
(1).
Quoi qu'il en soit, la résistance palestinienne n'a
cessé de montrer depuis 1967 son rejet de toute sorte de compro-
mission avec la bourgeoisie arabe r'3actionnéJire en ce qui con-
cerne les solutions tendant à maintenir L'Etat de "ni guerre ni
paix" •
Ainsi la résistance palestinienne s'est démarquée de
la conception de lib2ration de la petite bourgeoisie arabe pour
une "solution pacifique" tout en oeuvrant pour se lier davantage
avec les larges masses populaires et la classe ouvrière en vue
de constituer "un large front national anti impérialiste" tra-
vaillant étroitement avec le mouvement de libération arabe (2).
La r;sistance se pr~sente donc comme un mouvement
national progressiste contre le sionisme, l'impérialisme et la
réaction arabe. "Son but est la creation d'un Etat national dé-
mocratique en Falestine dans lequel Arabes et Juifs pourront vi-
vre en ~galité de droits et de devoirs dans la paix et pour le
progrès" (3).
(1) in al-ISTmÂTT~vGIy.A al-SIY.~SÏYA WA -L- l'ANZnUYA. pp. 72-73.
(2) Ibidem. Voir pp. 88-92.
(3) Ibidem. pp. 118-119'

éontrairement aux propagandes sionistes et impéria-
listes : "Le mcuv e.r.errt de la libéracion palestinienne n'est pas
un mouvement raciste dirigé contre les Juifs. Sa cible n'est
pas les Juifs, son objectif est L' èc r-as emen't de l'Etat d'Israël
en tant qu'entit~ militaire, politique, ~conomique éri~~e sur
l'agression, l'expanssion et la liaison organique av~c les in-
térêts de l'impérialisme dans notre territoire. Il est contre
le sionisme en tant que mouvement raciste et agressif lié avec
l'impérialis~e" (1).
L'essor du mouvement national révolutionnaire pales-
tinien est en définitive la r~ponse conséquente de la déroute
des armées arabes en 1967. Désormais toute stratégie d'ensemble
dans le monde arabe devra prsndre en considération les aspira-
tions de ce mouvement engagé dans la lutte populaire prolongée
pour garantir son droit à un "Etat indépendant démocratique et
populaire". Cette orientation prise en 1968 lors de la tenue
du 4-e Conseil National Palestinien (10-17 juillet 1968) a per-
mis aux organisations de la résistance de prendre le contrôle
du dit conseil, de contraindre Ahmad Suqayri (2) à la "Charte
Nationale Palestinienne" dans une optique plus révolutionnaire
conformément à la conjoncture de l'époque.
En fait depuis sa création le 28 mai 1964- à J~rusalem
(favorisé par le deuxième sommet d'Alexandrie en septembre de
la mIDe année), l'OLP n'était jusqu'à 1967 qu'une officine bureau-
cratique dépendant des différents régimes arabes particulière-
ment de celui du Caire.
(1) Ibidem.
(2) Ancien dirigeant de l'OLF dont J. Couland pense qu'il était
"un ultra de droite ancien diplomate séoudien d'origine
palestinienne, mais très prisé par Pékin pour sa phrase gau-
chiste" ! in Israël et Proche Orient- (9p.cit.) p. 90.

?~5
~)
L'organisation ralestinienne était subordonnée à ces
régir:::es "idéologiquement, financièrement, militairement voire
politiquement. Les structures de l'CLP se r~duisaient à un
parle=ent composé de notables palestiniens traditionnels qui
comportaient tous les défauts d'ambassades arabes: caracté-
ristiques bureaucratiques, nombre impressionnant
de fonction-
na ires dispersés à travers le ~onde arabe, l'armée LA.L.P~7
était de type classique, intégrée aux armées arabes" (1).
Cette sujétion n'était plus possible après la dérou-
te de ses protecteurs en 1967 face à Israël. De profondes mu-
tations vont apparaitre au sein de la résistance. Le 21 mars
1968, l'Ar~ée de Libération de la Palestine (A.L.P.) mène sa
première op~ration spectaculaire à KARM1A
(Transjordanie), en
repoussant aux cô tés de l' ar-màe jordanienne un "raid punitif"
d'Israël contre cette localité de r~fugi~s de la première vague
(19~8), déjà harcelée par des bombardements israéliens en fé-
vrier 1968.
En tous cas, la remise en cause de l ' anc i enn e direc-
tion de l'CLP aboutit à l'évincement d'A~~ad VSuqayrI et à
l'élection de Yasir cArafat comme président du conseil Exécutif
de l'CLP au Ve Conseil National Palestinien en février 1969.
La nouvelle direction adopte une stratégie alliant
la lutte armée et l'offensive diplomatique sur les plans arabe
et international.
Cependant la radicalisation et l'autonoffiisation du
monde pslestinien soulève des contradictions internes voire
des rivalités au sein de la résistance.
(1) CEDETI~j : Palestine. Approche historigue. p. 93.

236
Ces rivalités sont exploi~~es par les r~giii.es arabes
pour leurs besoins de propag2nde, tant sur le plan int~rieur
qu'extérieur (1), pour mettre à profit en leur faveur la modifi-
cation du r-appor-t de force survenue au Hoyen -CœLerrt après 1967.
L'unifica:ion des diverses corrpo s ant e s de 110LP (après
les tentatives en septembre 1970) per~et à son XIIe CN? (1-8 juin
1974)d'exprimer avec force son rejet de toul;e solu~ion de paix
ne tenant pas compte des points de vue des représentants légi-
times du peuple palestinien et d'adopter une nouvelle stratâgie
politique autonome qui ne s "o ppo se plus à des solutions partiel-
les. Ainsi la résolution 242 du conseil de sécurit~ n l8tait plus
rejetée globalement mais sa révision est deiandée afin qu'elle
mentionne les "droits nationaux des Palestiniens à un Etat na-
tional indépendant". Le passage princip31 de ce XIIe eNF décla-
re que l'OL? est prête à "édifier l'autorité nationale indépen-
dante et combattante du peuple sur toute partie du territoire
palestinien qui sera libèré" (2). Il n'était donc plus question
de retrouver les frontières de l'ancien mandat britannique.
Cette nouvelle orientation ferme et soup18 à la fois
a été réafirmée par Yasir cArafat à la tribune des Nations Unies
(13 novembre 1974) en déclarant notamment : "Je suis venu ici
tenant d'une main le rameau d'olivier et, de l'autre mon fusil
de r'volutionnaire. Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber
de ma main"
(3).
Abordons à présent l'attitude de l'Afrique face au
conflit israélo-arabe dont le problème~palestinien est la ques-
tion centrale (4).
(1) CF Carré: on.cit. p. 149 et suivantes.
(2) in Textes de la Révolution Palestinienne. 1965/I974 présen
tés et traduits p~r Khade~ (B et N) P~. 122 - 128.
(3) Ibid p. 152
(4) Sur l'évolution de l'O.L.P., se reporter ~ son organe
"'il as~in al-~a'irra à partir de 1972 ; Ita.wrénf (F8.y~al)
21.-
Fikr al-Siys.sI al Fih'l.3tini (1964-1974) ; G3.A.P.:?,
Beè:'que (J), Couland (J)"et autres: Les f.l8.1estiniens et la
.crise israélo-arabe (1967-1973)

237
SEC'rION II
LES E;l'AlS AF:iICAINS :t:T LE CONfLIT 18R.I-I.ELO-AnABE
Comme nous l'avons vu dans les deux parties précédentes
les états africains n'ont pas voulu prendre position ni individuel-
lement ni collective~ent (1) sur le conflit avant 1967.
CependanG une rapide évolution en faveur de l'Egypte,
et des droits palestiniens va se dessiner entre 1967 et 1973 du
fait de l'intransigance d'Israël à l'égard des résolutions de
l'ONU, de l'OUA etc ••• l'invitant à se retirer des territoires
,
arabes occupes.
Cette évolution est perceptible dans leurs votes à l'ONU
relatifs au conflit et dans les résolutions de l'OUA concernant
le Moyen-Orient dans cette période. Car jusqu'ici seules les con-
férences non gouvernementales (conférence des peuples africains,
conférence Afro-Asiatique ou des Partis et Mouvements) ont pris
des positions sans ambiguité en faveur des droits du peuple pales-
tinien et contre l'occupation sioniste.
Nous avons expliqué ce fait par les excellentes rela-
tions israélo-africaines depuis la fin des années cinquante (2).
A - L'attitude des états africains face au conflit israélo-arabe
avant 1967 à l'ONU
Le comportement des
Etats africains face au problème du
hoyen-Orient à l'ONU depuis sa cI'8Bc:ion en 1945 nous permettra de
mieux apprécier leurs votes dans cette instance au lendemain de
l'agression israélienne de 1967.
-
----------------------------------------------------------------
(1) excepté le groupe de Casabanca dont trois Etats africains
non arabes seulement faisaient partie (CF. Supra chap II,
ne partie).
(2) CF. Supra (chap III, section II de la Ile partie).

238
Lorsque l' Ass eub l
G~nérale CA. G.) de l'ONU a adopté
ê -
le projet de partage de la Falestine et la cr~acion de l'état
l'Israël en 1947, seuls trois Etats africains .{ caient indépendants ..
l'Ethiopie, le Lib~ria et l'Egypte.
Le pre~ier s'est content~ de l'abstention, le deuxiême a vot& pour
avec la majorit~ des puissances europSennes, les Etats-Unis et
l'Union soviétique, alors que l'Egypte et les autres états arabes,
la furquie et la Grêce ~taient contre le partage de la Palestine (1)
Le 11 d~cerr;bre 1948, l'Ethiopie et; le Libaria ont voté
l'internationalisation de la ville de Jérusalem contre l'opposi-
tion des pays arabes.
(1) Voté par l'ONU le 29 novembre 1947 qui stipulait que "deux
Etats ind~pendants, l'un juif, l'autre arabe seront créés;
chacun d'eux se trouve divisé en trois tronçons reliés entre
eux par des couloirs communs ; une zone placée sous "régime
international particulier" est délimitée autour de Jérusalem
et Bethléem; une union 5conomique est prévue à l'échelle de
l'ancienne Palestine".
Couland (J)
: op. cit. pp. 67 CF. pp. 57-65.
Ce partage "consacrant ainsi 54% de l'étendue du pays (Pales-
tine) à Israël bien que .les Juifs n'en possédaient alors que
109:;", "en 1917, les Arabes de Palestine po s s éda.ierrt 97,5% du
sol Palestinien tandis que les Juifs, y compris les nouveaux
imrigrés, ne possédaient que 2,5% de ce sol" lors de l'entrée
des forces britunniques en Palestine cette année. D'autre part,
la population arabe y représentait 90% "alors qu'il n'y avait
que 56 000 Juifs". Ces chiffres sont tirés (selon l'auteur,
Ahmad Shukairy : hémoradum présenté par l'ancien président du
Comité Exécutif de l'OLP à la confJrence d' Addis-Abéba en
1966) des ~rapports officiels du gouvernement mandataire bri-
tannique en Palestine". Voir pp. 1 et 2.

?'\\o
-
-
"
le 11 mai 1949 le Li o r-i a es t favorable à l'adris:3ion
é
d'Israël à l'(;I~U (1) tandis que l'Ethiopie vote ndgativement avec
les pays arabe0.
Concernant l'agressL:n iupérialo-sioniste de 1956, les
deux Etats d' rlfrique Noire ont s ou r enu les positions égyptiennes
à l'GNU lors des votes du 2 et du 7 novembre ds la marne ann~e, de-
r.anden t le cessez-le-feu et le r e t r-a.it
d'Israël, de la Eranc e et
de la Grande-Bretagne des territoires égyptiens occupés.
En 1960, avec la montée des luttes du mouvement delibé-
ration africain et le déclin du colonialisme il y avait dans le
continent africain 25 Etats indépendants dont 4 seulement arabes
l'Egypte et les autres Etats arabes attendaient de cette émanci-
pation une solidarité agissante pour le soutien de la cause arabe
et palestinienne sur le plan diplomatique, particulièrement dans
le cadre des instances internationales. Cela explique le grand
enjeu que constituait l'Afrique pour les Etats arabes et pour Israël
qui cherchait à sortir du
blocus économique et de l'isolement po-
litique que lui imposaient les Etats arabes au hoyen-Orient vu sa
position géographique particulière.
Bien sûr, cet ènjeu prenait de l'importance au fur et à
mesure que les Etats africains devenaient plus nombreux.
Ainsi en 1967, il y avaient 32 pays africains noirs in-
dépendants, no~bre qui va atteindre 35 lors de la guerre du Ramadan
de 1973 et 41 en 1975 d'où la convoitise dont ils étaient l'objet,
en raison du poids de ces pays lors des votes à l'ONU et de ses
(1) Il faut souligner ici que l'indépendance d'Israël en 1948 a été
"obtenue avec l'aide des pays socialistes. Des armes tchèques
y ont contribué, un discours de Gromyko à l'ONU (souvent cité)
a été le prélude à la transformation d'une partie de la Pales-
tine en Etat juif et l'U.~.S.S. a été la première à reconnaitre
cet Etat
in Rodinson (M) : Peuple juif ou problème juif ?
pp. 159-160.

240
organismes connexes (1).
Pendant la p~riode d'avanc 1967, nous pouvons remarquer
que les Etats africains n'ont nullement exprim~ une solidarité
que l'~gypte était en droit d'attendre.
La neutralité était restée la r~gle du jeu pour la grande majorité
d'entre eux. D'autant plus que les contradictions des régi8es ara-
bes concernant la solution du probl~me palestinien n'étaient pas
de nature à susci~er une position uni~aire et cohirente de l'Afri-
que Noire et du groupe afro-asiatique entre 1965 et 1967.
Ce qui précede, nous éclairera-t-il qur les causes de
la morosité de la réaction des Etats d'~,frique Noire face à l'agres-
sion israélienne de 1967 et de leur vote à l'O.N.U. relatif au
confli t du ;'loyen-Orient ?
B -
Comportement des Etats d'Afrique Noire face à la guerre
des six .iours
Nous avons vu dans la section précédente dans quel con-
texte arabe et international la guerre de 1967 avait éclaté et
les conséquences qu'elle a engendrées sur le plan des relations
interarabes ; à savoir le déclin des pays progressistes du
hoyen-Orient, Egypte et Syrie, et l'essor du mouvement Palestinien
en tant que mouvement révolutionnaire politiquel.ent autonome.
L'attitude des pays d'Afrique Noire par rapport au con-
flit israélo-arabe avant 1967 que nous venons d'analyser va se
confirmer lors de la guerre des six jours.
(1) Voir c Awda (CA.M.) : " a l - cluwa l al-ifrlqIya wa-l-q~Vya:.
al-carablya" in al-élH:.gat al-Carabiya al-ifrIqIya.
(op cit), pp. 334-335.

24I
1° • Les réactions
1
Fermi les 32 Etats d'Afrique Noire indépendants alors,
seule la Guinée a apporcé son soutien total à la R.A.U. Non seu-
lement elle condamné "l'agression israélienne", mais elle a aussi
ordonné la fermeture de l'ambassade de l'état sioniste et expul-
sé tous les ressortissants israéliens de son territoire.
La l.auritanie qui n'a jamais entretenu de relations di-
plomatiques avec Israël -qu'elle n'a d'ailleurs jamais reconnu-
av~it rompu comme les autres Etats arabes avec les Etat-Unis
pour protester contre l'aide Dili~aire, économique et financière
qu'ils lui apportaient. Cette réaction est fort compréhensible de
la part d'un pays se trouvant géographiquement et culturellement
à cheval entre le monde arabe et l'Afrique Noire. Le président
Ould Daddah, déclarait le 26 mai, alors que la guerre était im-
minente : "Nous considérons,nous mauritaniens qu'Israël est un
poignard planté au coeur du monde arabe par le colonialisme, et
nous pensons que tous les peuples épris de liberté et particuliè-
rement ceux du l'iers-honde ne peuvent qu 1 être contre le cheval de
Troie du colonialisme et de l'impérialisme"
(1).
Au nom du !'iali, le ministre des Affaires Etrangères,
Ousman Bâ a exprimé "un soutien résolu" de son gouvernement "à la
République Arabe Unie et aux pays arabes dans leur lutte pour
la défence de leurs droits légitimes" (2).
Seuls les présidents Micombéro (Burundi), Nyéréré
(Tanzani), Sékou Touré (Guinée), et Ould Daddah (Mauritanie) ont,
à cette occasion, adressé des messages de soutien au leeder égyp-
tien. L'unique pays appuyant publiquement l'Etat
sioniste sera
le Dahomey (Benin) (3).
(1) cité par Comte (G)
: "Israël et l'Afrique" in Afrique con-
temporaine, nO 33, sep-oct, 1967, p.5.
(2) "Ibidem"
(3) "Ibidem"
et Le Monde (op.cit.)

242
Quand aux autres pays africains ils "se sont employé à
adopter une neu~ralite qui dans l'imm~di8t, leur perœet~ait de ne
déplaire ni aux Arabes ni aux Israeliens" (1).
Ces molles réactions s'expliquent par la prétendue
neutralité des régimes "mod~r(,s" et peut-être par l'incor;;préhen-
sion de la véritable nature du conflit israélo-arabe.
2° • ~~_~2!~_~~_1~~fEi3~~_~2iE~_~_1~_~:_~~~~i2g_~~!E~2E~i~~iE~
~~_1~~~9~_~~_1~Q~B~2~ (juin-juillet 1967)
Le comporterrent des Etats africains â l'O.N.U. concer-
nent les trois projets de résolution (2) présentés respectivement
par l'Albanie,
la Yougoslavie et les Etats latino-am~ricains
(tableau n03 ci-après), était contraire aux attentes des pays
arabes et particulièrement de l'Egypte.
L'Afrique a repouss~ d'abord le projet albanais soute-
nu par les pays -arabes et les E~ats de l'Est européen. Ce projet
de résolution a le mieux expriœé la condamnation de l'"agression
armée" impérialo-sioniste sur le norid e arabe et exigeait "le re-
trait imm2diat sans condition" d'Israël des territoires occupés
tout en lui demandont "la réparacion complè~e et immédiate de
tous les dommages causés par son agression". Seule la Mauritanie
a voté le texte albanais avec les Etats arabes (20 juin).
Ensuite le projet yougoslave, scutenu p~r les non-ali-
gnés parmi lesquels huit Etats africains a été également rejeté
en raison du vote négatif des Africains (3 juillet). Celui-ci
nia recueilli que 1~ votes positifs de la part de ces derniers.
Pourtant ce projet ne demande dans le fond que le res-
pect par Israël des dispositions de la charte de l'O.N.U.
(1) Vieyra (J)
"Le silence de l'Afrique Noire" Jeune Afrique,
nO 339,du 9 juillet 1967, p. 30.
(2) in Problèmes politiques et sociaux, nO 139-1~0, (op.cit)
pp. 57-58.

243
Non seulement il s'abstient de d5noncer ouvertement l'Etat sio-
niste mais il observe aussi le silence sur le libre passage des
voies maritimes de Suez et du golfe de CAqaba con~rairement aux
projets albanais et latino-américain (1).
Patronné par les Etats-Unis et soutenu par les autres
puissances occidentales le projet latino-américain a cherché et
obtenu l'internationalisation des voies maritimes de la reg~on
ainsi que de la ville de Jérusalem en renvoyant l'~tude à la pro-
chaine session de l'Assemblée.
Finalement cette résolution a pu atteindre le quorum
grâce au soutien africain (17 voix pour -voir tableau ci-après).
On peut constater que les Etes "modérés" l'ont majoritai-
rement votée. Encore une fois les pays progressistes ont par con-
tre adopté une position proche de celle des Etats arabes.
M. c Awd a (2) montre que les votes africains ont été dé-
terminés par les pressions des Etats-Unis, de la France et de la
Grande-Bretagne.
Quoi qu'il en soit, l'évolution ~e l'attitude de l'Afri-
que face au conflit israélo-arabe n'est pas sans lien avec celle
de la France et de la Grande-Bretagne à l'égard d'Israël et celle
du groupe des non-alignés à l'O.N.U.
(1) Le texte albanais stipule dans son point 5 qu'il appartient
au gouvernement de la R.A.U. "et à lui seul de décider s'il
peut permettre ou non le passage des navires des agresseurs
israéliens à travers le canal de Suez et le détroit de Tiran".
(2) " al-cUdwan al-Isra '1 II Wa Ma'.vqif al-Duwal al-Ifriqiya", in
Navgal lat al-Siyasa al-l),uwaliva, août-sept, 1967, pp. 4-6-54-.
Sur le vote africain voir Akerman (y) : Le vote des Etats
d'Afrique Noire dans le conflit du Moyen-Orient ••• (thèse).

Tableau nO 3
244
Les suffrages exprimés par les Etats
Africains sur les résolutions albanaise,
yougoslave et latino-américaine.
f,
,------------------------------------------------------ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - î~
Résolutions
:--------------------------------------------------------
Pays
\\
Albanaise
Yougoslave
: Latino-américain< t
(1 )
(2)
·
:
0)
1
._-----------------:-------------------:------------------:------------------ ,
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·

1 oui

14 oui
17 oui
·

·
16 non

8 non
·
10 non



·
15 abst.
10 abst.
:
5 abst.
·
·
·
·•
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._---------------------------------------------------------------------------;r
(1)
AIL
52'1.
(2) AIL
522
(~) AIL
52?

245
SECTICN III
LES E'rJt~S AFRICAINS E'r LA CCNFE1E,NCE ISL1ÜiIQUE
A - Perception de la culture arabo-musulmane en Afrique
L'Islam est vecu en Afrique -comme dans le monde
arabo-musulman en général- comme une foi mcois aussi comme une cul-
ture dans les pays où il est la religion dominante.
Naguère il a servi de facteur de mobilisation et d'idéo-
logie de résistance à la pénétracion coloniale particulièrement
dans la frange sahélo-soudanienne de l'Afrique Noire,du Tchad jus-
qu'au Sénégal
e
(18 et 1g
siècle). Les énormes succés enregistrés
par l'Islam dans le continent au détriment du christanisme et des
religions traditionnelles africaines, font qu'il s'est vite imposé
dans beaucoup de sociétés africaines comme la première religion
en : Somalie, Djiboutie, Sénégal, Guin6e, Niger, Mali Tchad etc •••
Aujourd'hui, on assiste dans certains de ces pays à
une sacralisation de la langue arabe, lan~ue du Qur'an, qui est
le plus souvent confondue avec l'Islam m8meo&uisque l'arabe n'est
pas considéré comme l'expression propre seulement aux Arabes mais
aussi cornee celle de tous les musulmans. D'ailleurs "la culture
arabe est en lJ.frique Noire un idéal de référence et un instrument
de prestige social pour ceux qui n'en détiennent ne serait-ce que
des rudi~ents. Le peuple arabe est lui aussi valorisé, non en tant
que "peuple élu"
mais comoe détenteur originel du message divin
et du savoir suprème" (1). Il va sans dire que le poids financier
des pays arabes renforce l'image et le prestige des ~rabes en
Afrique.
De façon informelle, les contacts arabo-africains
-interrompus par la nuit coloniale- se sont renou2s par le truche-
ment des facultés de théologie d'al-Azhar, au Caire, de Zaytüna
à Tunis, de Fès et de Marakech au Maroc.
(1) Constantin (F) et Coulon (C) "Espace islaülique et espace poli-
tique" in Le l',aghreb et l'Afrique Sud-Saharienne p. 174-.

246
Avec l'Indépendance de la majorité des pays africains
et l'étoblissement des rapports bilatéraux de ceux-ci avec les
pays arabes, le nombre des étudiants africains -souvent boursiers
dans les pays d'accueil- ne fait que s'accroître à travers le mon-
de arabe. Cela est da à un important effort déployS par les
arabes pour la propagation de l'Islam et pour le rayonnement de la
culture arabo-islamique en Afrique Noire où la "fraternité" de la
communauté islamique internationale a tout son poids chez les
musulmans.
De même le nombre considérable de p~lerins africains
aux lieux saints de l'Islam constitue une ouverture indéniable des
musulmans africains sur la communauté islamique mondiale et arabe
en particulier.
!
C'est pourquoi "l'incendie (1) criminel"
du troisiême
1
lieu saint,
"masVgid al-Aq~â" de Jérusalem est ressenti par les
1
musulmans africans avec une intense émotion que vont exploiter les
pays arabes (principalement l'Arabie Séoudite et le Maroc) contre
1
f
l'Etat sioniste et pour les besoins de leurs politiques interara-
i
!
bes, en appelant au sommet islamique de Rabat (22-25 sept. 1969).
,
,
1
i
B - Naissance de la conférence Islamiaue ou solidarité du monde
1
musulman avec le monde arabe
L'annexion de Jérusalem puis l'incendie de la mosquée
1
al-Àq~a par Israël a provoqué l'indignation unanime de la commu-
1
nauté musulmane ~ondiale voire de toutes les religions monothéis-
tes et des démocrates.
1
Les Etats arabes en tête desquels l'Arabie
Séoudite
!
et le l';aroc ont convié l'Afrique musulmane à prendre part à cette
1
rencontre. Sur les 13 pays invités 5 seulement sont pr6sents à
i
Rabat (2). Néanmoins la tenue de cette conférence est un succés
I-
personnel des rois ~asan II et Fay~al Ibn c a bd al-cAziz. C'est_à_
I
dire un succés des forces conservatrices du monde arabe qui ont
,
1
-------------------------------------------------------------------- "
(1) Le 22 Ao~t 1969.
(2 ) Sur les 35 invités. Dans l'ensemble une
1
dizaine de pays Se
sont récusés parmi lesquels la Syrie et l'Irak.

par lâ savamment exploitâ l'§v~nement et la modification du rap-
port de force intervenue au Loyen-Crient â la suite de la défaite
des ar~àes arabes en 1S67.
Le roi du Earoc réussit une opération de politique inté-
rieure et le monarque séoudien concr3tise son vieux projet de som-
mee islamique lancé en décembre 1965 â Téhéran pour résister aux
"id~ologies matérialistes" dans le monde musulman et pour retrou-
ver l'authenticité islamique (CF infra).
Cette rencontre s'est tenue 3U moment où la R.A.li. cher-
chait en vain â convoquer un sommet arabe pour étudier les moyens
de renforcer la résistance palestinienne et de faire face au dé-
veloppement du conflit israélo-arabe. Cela expliquerait-il l'ab-
scence d'~bdal-Na~ir et le boycott de la Syrie et de l'Irak?
La conclusion de la ccnférence de Rabat ordonne aux musulmans de
tout faire pour "lib~rer les lieux saints des mains des sionis-
tes" (1).
Réunis â Djeddah (23-25 mars 1970), les ministres des
Affaires Etrangères des pays islamiques décident de se doter d'un
"secrétariat permanent". C'est lâ le début de l'institutionalisa-
tion de la conférence. Parmi les seuls pays africains présents,
au nombre de six (2), le représentant du Sénégal est élu rappor-
teur, puis secrétaire permanent. La faible représentation de
l'Afrique s'inscrit dans la logique des hésitations de lépoque
à témoigner un soutien résolu à la cause palestinienne et arabe.
Néanmoins, les Etats africains se sont associés aux
résolutions condamnant le "sacrilège comn.is contre la mosquée
d' ,ü-Aq~a 1..: .:.7 les actes de destruction et de profanation de la
ville sainte" par Israël. Ils se sone associés également au tex-
te qui demande aux pays musulmans de "faciliter l'établissement
(1) Le Monde, du 26 septembre 1969.
1
(2) Il s'agit de la Guinée, du Sénégal du Niger, du Cameroun (en
!
qualité d'observateur), de la Somalie et de la Mauritanie.
1

2'18
1
!
i
[
de la repràsentation du ~ouvement de Libération Palestinien dans
1
1
1
les pays musu Lmans " et ont dénoncé le "mouvement sioniste en tant
f,1
que mouverr:ent raciste, agressif et expansioniste" (1).
,
La conférence de Djeddah demande également aux Etats
musulmans de "renforcer leur soutien aux gouvernements et aux
peuples arabes dans leur lutte peur obtenir l'évacuation israé-
lienne de leurs territoires et, la restitution aux Pales0iniens
de leurs droits usurpés" (2). Elle décide enfin de célébrer an-
nuellement le 21 août (date de l'incendie de la mosquée al-Aq~a)
comme journée de solidarité avec la lutte du peuple palesti-
nien" (3).
Les autorités séoudiennes ont multiplié entre 1969 et
1973 les initiatives diplomatiques en direction de l'Afrique et
du monde musulman pour réaliser leur solidarité autour du conflit
israélo-arabe : nombreuses conférences et rencontres islamiques,
visite de Fay~al dans cinq pays africains (4).
Ainsi en JUln 1971 est signé à Djeddah le "l'li~aq al-
ta~amun al-islarni", charte de solidarité islamique (5), est créé
la "Habita al- cÂlam al-Islaml" (6) et, de nouveau, les ministres
des Affaires Etrangères des pays islamiques se réunissent à
Djeddah (1-5 mars 1972) pour doter la Conférence Islamique de ses
structures
Agence de Presse, Fonds de Solidarité Islamique etc ••
Celle-ci sera d~sormais dénommée l'''Organisation de Conférence
Islamique" •
. ~-----------~----~----~---------------------------~-- - - -- - - - -
(I) Voir le "communiqué de Djeddah" in Docu..'llents of'ficiels,
n? 24-24 (4-17 juin 1970) pp. 205-208.
(2) Ibid p. 207
(3) Le quotidient libyen al-Tawra du 5 novembre 1971.
(4) en novembre 1972. Il s'agit de l'Ouganda, du Tchad, du Sénégal,
de la Eauritanie et du Niger (CF. infra).
(5) Voir al-Yamama nO 159 du 25 juin I?7I
(6) Voir al-RiYad, 25-30 novembre 1972.

!,
1

Inaugurant ses assises, Faysal, roi d'Arabie insiste
encore une fois
sur l'unité et la solidarité du monde mu-
sulman, le respect des enseignements et des principes mo-
raux de l'Islam pour "relever le défi des plans sionistes"
et parer les objectifs des ennemis de la religion révélée
à la lI'Iekke. Et il ajoute: " Cette cause n'est pas seule-
ment arabe, mais elle intéresse au premier plan tous les mu-
sulmans et les gens épris
de paix et de liberté" ( l
).
Le royaume séoudien s'est habilement servi de la Con-
férence Islamique pour sceller autour de lui la solidarité
des Etats.musulmans. La diplomatie séoudienne envers ces Etats
est véhiculée par un type de discours religieux classique,
pronant le retour au ressourcement de l'Islam authentiqu., à
la solidarité de la "Umma"pour justifier son leadership au
sein de la Conférence Islamique.
C'est là " une dimension propre à renforcer le paniS!-
lamisme politique tel que l'Arabie Saoudite
s'efforce depuis
1965 de la promouvoir" selon Jacques Couland ~ 2 ) •
Salama Gassan ( 3 ) montre que les tentatives de l'Arabie
dans ce domaine ne sont que le prolongement de sa politique
des années vingt pour restaurer le califat et dans les années
1964-65 pour nouer la fameuse " Alliance islamique". l'incendie.,
du Masgid al- aq~a est donc la troisième tentative de l'Arabie
pour légitimer ses pouvoirs sacramentels de gardienne des lieux
-----------------------------------------------------------
( l
) Cf in discours de FAYSAL in al-yamama, n0192 du
3/3/72 pp 4-5.
'
( 2)
Voir son article : " Islam et Politique, essai
d'approche" in la Pensée nO 229 Sept-Oct, 1982, p.47. Dans
ce nO, un dossier spécial sur" l'Js1am , Soeiété e~ Politique"
Voir aussi ·SOU9 la; direction de CARRE To) ~ l'Islam et -
l'Etat dans le Monde d'aujourd'hui.
( )
)
al- Siyasa &1- su 'üdiya.
( op. ci t.) pp. 640-649.

~ 50
saints de l'Islam. A ce titre, elle estime qu'il lui re-
vient de présider la destinée de la communauté musulmane.
FAYSAL s'est
tourné dans les années soixante-dix vers
.
l'Afrique pour ravir le leadership au détriment
de l'E-
gypte " en jouant sur les contradictions entre la notion
arabe et la communauté musulmane" ( l
) • tel est l'un
des fondements essentiels de la politique étrangère de
l'Arabie en direction des
pays musulmans. Cette politi-
que a nourri, sous le roi FAYSAL l'ambition, ou plut6t

le rêve de constituer à partir des 42 Etats ( 22 arabes,
12
africains, et 8 asiatiques) de l'Organisation Islami-
que, une " troisième puissance mondiale" dont le r61e hé-
gémonique reviendrait de droit au monarque saoudien. ( 2 ).
Enfin, si les Etats africains membres de l'Organi-
sation ont verbalement pris fait et cause pour les Etats
arabes et le peuple palestinien dans le cadre de la Confé-
rence islamique depuis 1969, il n'en a pas été de même
quand il s'est agi de faire prévaloir des actes
concrets
et ce , pour l'écrasante majorité des Etats de l'OUA avant
le tournant de 1973.
1
{
Après les ruptures en série avec l'Etat sioniste
à l'issue de la guerre d'Octobre 1973 ( que nous verrons
plus loin) 12 Etats africains non membres de la Ligue des
Etats arabes prendront part au sommet de Lahore(3)ea Février
1974 • Ceux-ci ont unanimement condamné" la politique ex-
pansioniste d' Israrn" et manifesté avec les autres pays
musulmans leur solidarité avec la cause arabe et palesti-
1
1
-----------------------------------------------------------
1
(1)
Ibid·
(2)
CTËditorial d'al-Yamamadu 20 Déc 1974 : "FAYSAL
wa-l-quwa al-taii ta ".
.
()
Il s'agit des·pays suivants: sénégal, Cameroun Comores
Gabon, Gambie, Guinée, Guinée~Bissau, Haute Volta,
'
1
Mali, Niger, Ouganda et Tchad. Il faut signaler ici
!
l'absence du Nigéria pour des raisons de politique
1
intérieure, d'une part, et que la Conférence de Rabat
1
en 1969 avait retenu comme critère
les pays dont
la
1
population musulmane attein~ au minimum 20% de la po-
pulation globale alors que l'Albanie avec ses 60% de
musulmans en est écartée, d'autre part. Pourtant au som-
met de Lahore( 1974) et de Ta'if( 1981), le Gabon
et
l'Ouganda dont la population musulmane
ne représente
respectivement que 7 % et 5% environ~ y ont pris part.
Voir Jeune Afripe nO ...687 du 9 Mars 1974.

25I
nienne ( l
) • A cet effet, la Conférence de ~a'if de
Janvier 1981 considère la question palestinienne comme
étant la " cal,lse première de la nation islamique".
Par conséquent elle appelle les musulmans à se livrer
.. -
au " Gihad" , guerre sainte, pour libérer le troisième
lieu saint de l'Islam, Jérusalem et la Palestine de
l'occupation sioniste. Quelle que soit la signification
linguis tique, poli tique ou religieuse ( " al-gih8d al-
kablr") , l'effort pour la maîtrise de soi-m8me ou
"al-gihad al-sagir", la guerre sainte) une telle décla-

ration initiée par les Etats conservateurs ne relève que
de " l'utopie islamiste" selon l'expression d'Olivier
Carré et de M. Seurat ( 2 ).
Quoi qu'il en soit, le peuple palestinien est
conscient que sa libération sera accomplie avant tout par
lui m@me comme le disait Yasir cARAFAT à la Conférence
Islamique de Djeddah en 1970 en citant Mao Tsé Toung :
" Le pouvoir politique sort du canon et du fusil" (,3)
non de la phraséologie facile.
------------------------------------------------
(1)
Al-yamima
nO 289 et 290, Mars 1974 respectivement
pp. 8-9 et 3-6.
(2 )
l'Islam et l'Etat ( op cit.
) p. 13 .
(3 )
Cité par le Monde
22 Mars 1970.

252
SECTION IV
L'EVOLUTION DE L'O.U.A. FACE AU CONFLIT
ISRAELO-ARA3E (1967 - 1972)
Les pr-as es de position des Etats africains membres
de la Conférence Islamique en faveur du monde arabe n'ont pas
jusqu'ici compromis les relations qu'ils entretiennent avec
l'Etat sioniste et n'a
pas non plus remis en cauSe l'attitude
"de neutralité" observée par l'O.U.A.
Le contenu et les formulations des résolutions de
l'O.U.A. dans la période considérée sont assez révélateurs,
comme nous le verrons. Son évolution 9rogressive face au con-
flit est liée à celle de l'O.N.U. et de la communauté interna-
tionale à l'égard de l'attitude positive de l'Egypte en vue
d'une "solution pacifique et équitable" du conflit et au refus
d'Israël de souscrire aux tentatives de paix pour l'€vacuation
des territoires arabes occupés.
A l'éclatement du conflit,
t
l'O.U.A. avait estimé que seules les Nations-Unies étaient en
mesure de trouver une solution juste et durable au conflit du
1
1
Doyen-Orient (1).
A - Soutien à l'Egvute (en tant eue na"s africain)
1
1
i
Ainsi, l'O.U.A.
a rejeté en 1967 une requête de la
!
:::a~~:s::~a:::n:i~:S~;::ec:~::r~:é:n~:ns:::::~::i::i;;~c::- 1
Orient. Cette attitude expliquerait-elle la déclaration conci-
1
()
Il.,
se et ambigüë des chefs d'Etats
2
africains à la conférence

ordinaire de l'O.U.A. à Kinshasa (11-14 septembre 1967) au
---------------------------------------------------------------r
(1) Voir Afrique Contemporaine, nO 90, mors-avril 1977-
1
(2) I7 seulement des 38 chefs d'Etat étaient présents: absen-
ce significative de tous les dirigeants ar-abes , 'Abd al-
Nâ~ir, Bü l'Iadyan, Bürqlba et Hassan II et d'autres leaders
africains progressistes et "modérés" Sekou Touré, lIyéréré,
Senghor, H. Boigny etc ••.
i
\\

253
sujet du conflit israélo-ar8be. Celle-ci s'est bornée à ex-
',riMer l' intl',:,iétude de l' or-gan t sa.t Lon »ariafr-Lca Lne quant à la
"situation qui règne en ~,épublicue Ar ab e TJnie, Davs africain
dont le ter1'i.toire est Dartieller::tent occUDé Dar une Duissance
étrangere J:cl. L' O.U. A. SI enç;2.ge alors à t.ouf -"ettre en oeuvre
dans le cadre de l'O.M.U. pour obtenir l'évacuation des terri-
toires occupés (2). Par contre, la conférence a clairement
pris position sur deux autres conflits qui déc~iraient le con-
tinent
africain, celui du Congo et celui du Nigéria (3).
En 1968, Alger accueilJ.e le sixième sommet de l'O.U
(13-15 septembre). Le dynamisme de la di~lomatie algérienne
et le véritable paâ.d oye r de Bu r·Ta.dyan à la séance Lnaugur-aLe
nour l'unité et la coopérstion interafricaine sur tous les
p18ns pour démasquer les "ennemis de l'Afrique" (4) pouvaient
laisser penser qu'une résolution engageant l'O.U.A. à apporter
un soutien concrèt aux Arabes serait votée. Il n'en fut rien.
La conférence s'est contentée de renouveler Sa nrise de posi-
tion de l'année précédente à I=inshasa tout en réaffirmant son
adhésion à la résolution 242 du conseil de sécurité du 22
novembre 1967, mais en invit8.nt les membres de l'O.U.A. à
"user de leur influence afin d'assurer l'application totale
(1) Souligné par nous. Remarque: le nom de l'agresseur n'est
pas mentionné.
(2) Voir résolution O.U.A. AMG/R3S 57 (VI).
(3) Sur le '9remier elle "condamne énergiquement l'a.gression
des mercenaires (de Tshombé contre Mobutu), exige qu'ils
"quittent immédiatement le Congo". Sur le second, elle re-
nou\\Telle "sa foi et Sa confiance au gou\\Ternement fédéral
du Nigéria" dirigé par Y. Gowon. Voir AFR.CONT, nO 33,
septembre-octobre 1967, p. 8·
(4) Voir InT~UB al~ra'is H. BÜ madyan. (op.cit.) Tome II-
- .
pp. 295 - 306·

/
de cette r-és o urt t on en. Ce'iendémt, la solidarité avec la
~.A.~. est sans équivo~ue affirmée (2).
c Abd 2.1"'I'Tasir s t e s't t ou t de mâne f'é Lf.c Lt
du sou-
é

tien et de la solidarité des Etats africains et des non-ali-
gnés qui ne cessent "de s'accroître jour après jour" (3).
Cegendellt les dirigeants ég7ptiens espéraient avoir une soli-
darité plus agissante. C'est pourquoi MuJ;aIDI:lad FA'IQ, ministre
de l'orientation nationale demandait au conseil des ministres
de l'O.U.A. réuni au C8.ire (sent"'mbre 1969) de soutenir con-
crètement l'EE;Y9te d ans sa lutte contre Israël" (4).
En outre, plusieurs pays africains ont env ové des
délégations à la "conférence de solidarité avec les peuples
arabes" (5) à la.quelle 400 personnalités de 74 pays ont assis-
té. Tous ces facteurs et l'incendie de la mœquée d'al-Aq~a
en Août 1969 conduisent le septième sommet de l'O.IT.A. (Addis-
Abé ba,
6 _ 10 septembre 1969) à exprimer fOrmellement "son ap-
pui total à la République Ara.be Unie" et à inviter les forces
israéliennes à se retirer "immédiatement" des territoires
---------------------------------------------------------------
(I) Voir résolution OUA AMG!RES/63 (VII).
(2) Parmi les pays pro-israéliens, la c8te d'Ivoire, le Gabon
et le Zaïre crut émis des réserves à cette résolution.
(3) Dans ses discours du 17 et 18è anniversaire de la Révolu-
tion, il s'est effectivement réjoui de l'évolution de
l'attitude de l'Afrique Noire. Voir WATA'IQ cAbd al-Nasir
(on.cit.) Tome II p. 181 et p. 485 •
....
(4) cité par al-Namis (Gilnar) : "Nunazzamat al-\\'lahda al-
c
Ifriqiya Wa-l-Niza
al-cArabî al-i~~â'ili", Su'un Filasti
,
..
niya, nO 103, juillet 1980, p. 196.
(5) Tenue au Caire du 25 au 27 janvier 1969 sur le thème
"Paix et justice au Hoyen-Orient" voir al-Ahram, 25-26
janvier de la même année.

occupés (1). Comm.e pendant la tenue de cet-te réunion, Israël
avait une fois de plus commis une agression sur l'3g"pte,
l'O.U.A. avait alors décidé (le 9 septembre) d'adresser pour
la première fois, un message de solidarité au leader égyptien
à la suite "de l'agression commise aujourd'hui par Israël,
contre le territoire de la Ré pub l t.que Arabe Unie" (2).
L'O.U.A s'était contentée jusqu'ici d'un soutien
verbal mais les termes des résolutions vont devenir de plus en
plus ex~licites. Ainsi, au huitième so~~et de l'O.U.~. (Addis-
Abéba, septembre 1970) la résolution sur le conflit du Proche
Orient réaffirme les positions antérieures de l'organisation.
L ' intitulé même est significatif : "?ésolution sur- l'agression
continue contre la Ré pubLd.que Arabe Unie". Elle témoigne à
l'Eg;'Tpte sa solidarité et "son soutien effectif dans son com-
bat légitime Dour recouvrer en totalité et Dar tous les mo-
'Tens son intégrité territoriale" (3). La r'csolution appuie
donc pleinement le droit de l'SgY"9te de reconquérir, !Olême par
la guerre, ses territoires occu"l)és. Encore une fois, la Côte
d'Ivoire et le Gabon
ont émis des "réserves expresses" à
cette nouvelle attitude de l'O.U.A. qui, au demeurant, ne men-
tionne pas encore les droits des Palestiniens. Tout de même,
la neutralité "91US ou moins rigoureuse vient d'être remise
en cause. Cela se précisera au som!Olet de l'année suivante,
toujours à Addis-Abéba (juin 1971). Car la mission du "repré-
sentant spécial" de l' O.N. U., Gunar Jarring était tombée dans
l'impasse comLle de nombreuses autres tentatives de médiation(4;
--------------------------------------------------------------- !
(1) al- Nanis (Cr)~ I11ide~.
!i
(2) AF?.Cont, nO 45 PJ. 16 - 17-
i
(3) souligné par nous. Cité p9.r Ahinsaynya "art.cit" p. 23
1
i
(4) notamment celle du secrétaire d'Etat américain SISCO, puis
1
celle de Rogers. Puisque le "mémorandum" présent3 par le
!
médiateur de l'O.N.U. le 8 février 1971, à l'Egypte et à
!
,
Israël est rejeté par ce dernier. Le "mémorandum" cherChait!
par des négociations in~1r3ctes à fixer des "frontières
l
sûres et reconnues" entre les deux pays.
!
1

25 :J
du f~üt 0.1.1 r'?fl'-s d' Isr2.ël d' évacue r les territoires ar-ab es
et de se c onf orme r' à 12. résolution 242 du Conseil de S'§curité
CommE: les puf.s san ce s n' avr Lerrt plus rien de cr9él.ible à pr-opo-s
ser Dour le rè~le;nent du conflit, l'O.U.Â. décide en IS71,
lors du sommet cité ci-dessus, de créer une cO%'lission de
l!l2diation.
B - La médiation de l'O.U.À. entre l'Egypte et ~sraël
Sur une proposition du Ssnég::ü, le sommet de l'O.U.A.
sus-cité décide de saluer les "eT'forts constructifs de l'Egyn-
te" et son "attitude positive envers l'initiative de Gunar
Jarring pour le r9tablissement de la paix au Moyen-Orient.
Par contre, elle exige d'Israël de se retirer des "trois pays
arabes
(Jordanie, Syrie et Bgypte) parmi lesouels un Etat mem_
bre de l'O.U~A." (1).
(1) '3oul!igné pET nous. Ces è"eux pays ar-ab es non "'fric8.ins sont
cette fois implicitement inclus dans la résolution. En ou-
tre,
la conférence de Solidarité Afro-Asiati~ue (juin 71)
avait dénoncé dans les ternes plus d ur-s "le despotisme
d'Israël dans la région" et S2, "noliticme de destruction
des villages et des habitations civiles"
in al-Tawara, 25
juin 71. Les Etats du pacte de Varsovie (nui ont rompu
avec Isr8,ël d e ou i.s 67) ava.Lerrt apporté d ans leur communi-
qué de Berlin (2/12/70) leur soutien à la R.A.U. et aux
eutres Ete.ts et aux mouvement de libération arabes. Voir
communiqué in DOCU:::=;Nrr3 O'S'''<'TC13L:3, nO 16, 15 avril 71, pp.
193-195. Enfin, l'A.G. de l'ONU (I3/I2/71) prendra aussi
"note av e c satisfaction de la réponse positive donnée par
l'Eg:rpte à l'initiative prise par le représentant s péc Le.L
pour instaurer une pai.x au Moyen-Orient" tout en sommant
"Israël de répondre favorablement à cette initiative" in
DOCUlTENTS nFFICIELS,no 4, du 22-28 j anv i.er- 1971, pp. 53 -
54. Cela ne pouvalt
Qu'encourager l'évolution de l'8.tti-
tude de l'O.U.A. à l'é"'''r0. de la c au s e arabe.

257
L'O.U.A. ne s'est ~~s contentée seulement de cette
r2soJ_ution maLs décide sur une proposition du leader zambien
KA;ro}m~, (alors président en exercice de l'organisation) de
former une commission de médiation entre Israël et l' ?g'Tpte
comnosée de dix membres (1), ~ui, à leur tour, désigneront une
sous-commission de auatre membres (2) devant favoriser la ré-
ouverture des négociat ions indirectes en vue d'une "soluti on
de paix juste et é~uitable de la crise du Noyen-Orient". Le
principal objectif déclaré de l'O.U.A. était d'aider à la
relance de la mission Jarring à laouelle, d é e Lar-e le "mémoran-
dum",les "sages" n'entendaient pas se substituer (3). Le
"mémorandum" est accepté par l'Egypte oui l'a signé le 21
novembre 1971 tandis qu~1sraël n'a rendu Sa réponse que le
28 du même mois (4) sans toutefoiS souscrire ni au "principe
(1) Il s'agit des présidents des pa ys suâvant a ; Cameroun,
Libéria, Côte d'Ivoire, Kenya, Nigéria, Sénégal, Ethiopie,
Mauritanie, Tanzanie et Zaïre.
(2) Senghor (Sénégal)
(Président des "Sages"), Ahidjo (Came-
roun), Gowon (Nigéria), et Mobutu (Zaïre).
(3) Voir annexe: le mémorandum, les réponses du Caire et de
Jérusalem in Le Nouvel Observateur du 17 janvier 1972,
pp. 53 - 54.
(4) accompagnée d'une propagande de presse mettant en cause la
bonne foi de trois des quatre pays (Sénégal, Cameroun,
Nigéria) considérés comme pro-arabes puis~u'ils ont une
majorité mulsulmane et ~u' ils ont soutenu les pays arabes
à l'O.N.U. ; donc leur mission ne peut pas être impartiale.
v
Voir Gilnar
Namis; "art.cit." p. 98 et Daniel (Jean) :
"Juifs et Arabes: l'arbitrage des Noirs" Nouvel Observa-
teur (Op.cit.) p. 51-

258
de non annexion" ni au "retrait inconditionnel" des territoi-
res arabes comme le deI:landait l'O.U.A. et comme l'exigeait
al-Sadat pour l'ouverture de toute négociation (I). Ainsi, la
médiation de l'O.U.A. n'a pas abouti à cause de l'intransi-
geance d'Israël sur ces deux points (2). Le sommet de Rabat
en I972 lui attribuera clairement la responsabilité de
l'échec de l~ mission de l'O.U.A.
C - Conférence de Rabat
la sommation contre Israël
En effet, la conférence de Rabat Sera le premier
tournant déterminant quant à l'appréciation par l'O.U.A. du
conflit israélo-arabe. Cette réunion avait suscité un intérêt
majeur èhez les dirigeants africains, compte tenu des trois
facteurs suivants : la réconciliation du Maroc avec la Mauri-
tanie et avec l'Algérie; le débat sur le rapport de la Com-
mission des "Sages" et enfin, les questions du mouvement de
libération nationale (3) en Afrique Australe et dans les ter-
ritoires dominés par le PortuGal.
C'est pourquoi, malgré l'absence d'al-Sadat et d'al-
Qaddafi,
jamais une conférence de l'O.U.A. n'avait réuni au-
tant de chefs d'Etat.
Aurès avoir arrêté des meSures pour le renforcement
des mouvements de libération nationale armés, l'O.U.A. a réaf-
firmé son opposition au dialogue avec l'AfriQue du Sud, en
r-appe Lan t que le seul dialogue acceptable doit Se faire entre
Prétoria et les victimes de l'Apartheid.
---------------------------------------------------------------
(I) voir Le Nouvel Observateur (op.cit.) p. 54 les réponses
du Caire et d'Israël (en annexe)
(2) Voir la
déclaration de Senghor, nrésident de la commis-
sion des "Sages"
in Le Monde,I6 juin 1972.
(3) Pour la première fois, les représentants de ce mouvement
sont admis à sièger à l'O.U.A. pour les questions le con-
cernant.
,
:
1

259
Concernant le _;o:Ten-Orient, la lente
évo Lut ion ébau-
chée en IS67, connaît à ~abat son nreoier aboutissement (I).
La résolution en 9 points n'a pas eu de nrécédent. Elle "dé-
nlore la nosition négative et d'obstruction adoptée Dar Israël
nui empêche la reprise de la rn ss Lon Jarr:i_ng ( ••. ) , invite
Israël à décl2-rer publiquement son adhésion au princine de non
annexion de territoires par la force
( •.. ),
à se retirer immé-
d Lat emen t de tous 'les territoires occupés
jusqu'aux lignes
d'avant
juin I~67'1 (2).
L'organisation panafricaine ne se contente Dlus
d'exnrimer sa solidarité avec l'Egynte et les pays ar-abee mais
se déclare sans é<luivoque prête à apporter "toute aide à
l'Eg"nte, d emand e <lue tous les Etats membres de l'Organisation
des Natïons-Unies s'abstiennent de fournir à Israël toute arme,
tout é<luipement militaire ou soutien Doral susceptible de lui
permettre de renforcer son dispositif militaire et de perpé-
tuer son occunat 10n des territoires arabes et africa1ns"
(3).
Les Etats africains prennent alors fait et cause
pour le monde arabe. Le fait de mettre sur le même vlan
"territoires arabes et africains" contrairement aux formula-
tions précédentes traduit leur degré d'implication dans ce
---------------------------------------------------------------
(I) a cause de l'attitude d'Israël vis-à-vis de la mission de
l'O.U.A. Le 9.I2.7I, l'ambassadeur israélien révèle à
l'Otm la teneur du rapport des "s9,ges" et la réponse de
son pays sans consultation préalable avec l'OUA. Ce fut
l'indignation unanime des délégations africaines <lui accu-
sèrent Israël de saboter leur médiation.
(2) Le Monde du I6 Juin I972·
(3) Souligné par nous.
. l

260
,
.<' 1
'';'
COU...i.._l'J.
'/8. è.::,ns 18 '10me s eris ,
18. dénonciation de la "Dosition
nsP'ative et ct' obstruction" d' Isr2.ël ?:: une solution de paix,
d t au t ant
nLus aue d an s la r-é s oLu't on de 1 067;
l'O.U.A. 'ParJEit
â
seulement 0. 'une ":r:missance étr8.ngère". Enf Ln , i l est intéres-
s ant de souligner ici que le projet de cette "résolution a
été avancé 1]2.r 12. Côte d'Ivoire 'Peut-être l'Et2.t af r i c af.n le
nl.ue pro-isr8.élien" selon Akinsanya (1).
Ce chan0ement d'attitude est donc directement lié
~ l'échec de la médiation africaine et de la mission Jarring
amput é
~ l'Ets.t sioniste et à sa po La t Loue annexionniste. La
c ampagrie de propagande et d' exp l Lc e.t t on des Et8.ts arabes en
direction de l'Afrique confondant les mouvements de libération
africains et palestiniens d'une part, et l'Etat sioniste et
l'Afrique du Sud, d'autre :9art, n'est pas étrangère â cette
pcs t.t ion.
Quoiau ' i l en soit,
le monde arabe n'a pas réussi
en 1972
c onvad.nc r-e l'Afrique Noire de rompre avec Tel -
à
Aviv (2).
(1) Rap:gelons-nous qu'à deux reprises, la Côte d'Ivoire s'est
abstenue de voter ou de faire des réserves expresses aux
résolutions non favorables à Israël.
(2) Avaient déjà rompu avec elle: la Guinée (1967), l'Ouganda,
le Tchad, le Congo -
Brazzaville en 1972.

.l
2G:!:
L'évolution des '98."s
afr-Lo aLn s D8.r ran"ort au con-
flit israélo-arabe va trouver s.a confirmation au courDnt de
l'année 1973. En effet, cinq facteurs principaux vont modifier
les rapports exas t ant entre l'Afrique Noire et les pays arabes
d'une part, et avec l'Etat sioniste, d'autre part. Autrement
dit, le rapprochement arabo-africain se traduira concrètement
par la manifestation d'une solidarité politique pour le sou-
tien du peuple palestinien et du mouvement de libération afri-
cain. Ceci au détriment d'Israël, de l'Afrique du Sud et du
colonialisme portugais.
Les cinq facteurs sont :
l - le changement de l'attitude de l'O.U.A. en faveur des
droits palestiniens ;
2 - l'influence de la "charte des non-alignés" d'Alger en
septembre
3
la guerre d'octobre entre Israël et les pays arabes;
4
les importantes décisions du Conseil des rUnistres de
l'O.U.A. à l'égard du conflit du Moyen-Orient en novembre
5
iesommet arabe d'Alger en novembre également qui a pris
. les mesures concrètes pour l'amorce de la coopération
multilatérale arabo-africaine. (Nous y reviendrons plus
loin) •
Il faut aussi $ouligner qu'à la disparition de
GcAbd a~Nasir (en septembre 1970), l'intérêt de l'Egypte

pour l'Afrique Noire a progressivement diminué pour se porter
essentiellement sur le Soudan. L'Arabie Séoudite et la nou-
velle Libye vont tenter de jouer les premiers r$les en

262
~fri~ue en déclenchant une vaste ca~~agne de propagande en
faveur des droits du peuple palestinien et en 'nle de satis-
fai:::-e leurs obj8ctifs 9roDres. :S'Arabie s'anDuie sur la soli-
darité Ls Larm.ou e essentiellement pour son offensive no Ld t Lc c--
religieuse,
t.and Ls (lue la Libye de Qa~g.âfi met en avant un
islamisme militant,
l'anti-impérialisme et l'anti-colonialis-
me.
Le troisi~me acteur important des nays arabes, l'Algérie;
mise sur la consolide.tion des mouvements de libération et
des régimes et forces politiQugs anti-im~érialistes africains.
Mais son offensive diplomatiQue ne s'arr8te Dlus à Ces forces
(comme dans les années soixante)
; elle vise aussi les régimes
"modérés" pour faire valoir la jus tesse de la cause des peu-
ples arabes.
Les autres pavs arabes deviendront nrogressivement
acteurs de la solidarité afro-arabe à l'exception, curieuse-
ment, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie (pourtant pre-
miers pays intéressés nar le conflit israélo-arabe). En tout
cas,
les paya arabes vont tenter de convaincre les Africains
de leur communauté d'intérêt et de destin.

263
~Ln.jlTIF"8S'rAT ION D3 LP. :: CLID.AR rTE :?OLTC: TOUS
A - Au niveau bi l 2.téral
En dépit de la fermeté des résolutions entre 197I
et 1972 à l'égard d'Israël, les droits du neu~le ~alestinien
ne sont toujours ':laS reconnus of f Lc LeLl.emerrt IJ2T l'O.U.A.
nais une ,:::,-rande offensive politique et religieuse est entre-
or-Ls e en direction de l' Afrioye par' les Etats Arabes parti-
culièrement la Lf.by e , l'Algérie et l'Arabie séoudite. L'inten-
sité des échanges de "visites d'amitié et de travail" et des
accords de coopération entre l'Afrique et le monde arabe de
1972 à 1974 est fort impressionllEmte (I). Ils c1.4D8.SSent 18.r-
gement, à notre avis, la dimension des rap~orts ordinaires
d'Etat à Etat (voir tableaux nO I3 et I4 III ème chapitre,
Sect. III). Il est intéressant de noterQue la solidarité re-
cherchée ne s'adresse pas aux seuls Etats musulmans, et
qu'elle ne s'arrête plus aux affinités idéologiques comme dans
les années soixante. En novembre I972, le roi FaY9al entre-
nrend un périple africain qui le conduit successivement en
Ouga.nda, au Tchad, au Sénégal, en I·:aurite.nie et au Niger,
pour mieux agir sur les sentiments musulm8ns, hâter l'isole-
ment d'Israël et promouvoir la caUSe palestinienne. Le monar-
que y recevra un accueil po pu Le.Lr-e enthousiaste. L'hommage
qui lui est rendu est dû davantage 3. sa qualité de gardian
des lieux saints qu'à son statut de chef d'Etat. Partout, il
a rappelé la solidarité et l'unité des musulmans, avant de
dénoncer "les comnlots destructeurs et gauchistes du sionisme
---------------------------------------------------------------
(I) se reporter à la "chronique diplomatique" de J.' A.A.H.
I97I-I974 à la ~resse séoudienne, libyenne, algérienne
pour se rendre compte de leur régularité.

264
:Lnterns'tion2.l"
(1). Cn t r-ouv e d ans les nombreuses allocutions
e
"u'il a nrononcées ce f'ameux verset d'cl-Qu:r'2n
:"T'!8
T2.simu
~. -- "h l' ~ - -, . ~
.. c
l~ '1' ~
- n
-·l
1::a.U
l - .!..J-,L:2...n a
'.1"grll
an ,-ra
a rar ar r-aqu io
Si lIon examine les com~uni~u3s conjoints ~ubliés
d8ns les cinq pays ,
on observe le c one t arrt s out.Len aux droits
du geu~le palestinien dans sa lutte 90ur recouvrer son in-
dspendance. En revanche,
la dénonciation d'Israël est nlus
nuancée dans les cOD~uni~ués de Dakar (2) de Fort ~amy (3)
et de Niamey (4).
Quoiqu'.il
en soit,
le roi d'Arabie a réussi à
é18rgir le cercle de la solidarité arabo-africaine autour de
la cause pe.lestinienne gr âc e à son a ppe L constant à la "cons-
cience de tous les 'Peu:~Jles cr oyant , en Dieu, 8. s' o ppœ er avec
détermination à tous les régimes destructeurs et despotes" (5)
Israël, Afrioue du Sud et Rhodésie. La rupture du Tchad et
du Niger avec Israël après le péri~le de Fay~al_a été attri-
buée par- la nr-e s s e séoudienne au "mérite,
2. la lucidité, à
l'habilité et au prestige personnel" du monarque,
présenté
comme le leader incontesté du monde arabe et musulman (6).
Car depuis la modification des rapnorts de force en 1967,
l'Arabie avait acquis une audience grandissante non seulement
sur le plan arabe mais aussi sur le plan international.
-------------------------------------------------------------
(1) Voir al-Riya~, 22 novembre 1972. Signalons que le chef
spirituel séoudien a rencontré de nombreux chefs reli-
gieux et des associations musulmanes en faveur desquels
i l n'a pas lésiné sur les moyens financiers pour la cons-
truction des écoles coraniques, des mosquées etdes insti-
tuts islamiques (dons à titre personnel).
al~ Riyad 25. II. 72 •

al-Riyad 21/11/72 •

al-Bilad 30/11/72.
al-Riyad 20/II/72 •

Voir al-Yamama nO 230 et 231, décembre 1972.

255
La libye djçue }2r les minces résultats de sa no-
litique d'unité arabe (1959-1973) au Ilaer-Lq Fédération tri-
par-t Lte : Eg:'pte, Libye,J oudan (4 - 8 novembre 1e'70 au
C:?ire). Libye, Eg:'pte, Syrie (1er aout 1(72), fusion binar-
tite : Eg:'pte. Libye (2 aout 1973), s'intéresse ô é s or-ma Ls à.
l'Afrique No i.r e , L'échec des tentatives d'unité au
J':oyen-
Orient pour la renaissance des peuples arabes et pour la'li-
quidation du sionisme et de l'impérialisme conduit Qa~~afï
à lancer 18 révolution :populaire et à chercher d'autres al-
liés en Afrique (1).
Depuis 1970. de nombreuses missions iSlamiques et
de délégations gouvernementales libje~~es ont sillonné le
continent africain pour Y promouvoir la politique lib:Tenne
et 18, cause ar-abe (2). Qa2-~afi' lui-m.~me visitera le Tchad.
le Niger, l'Ouganda et la Centrafrique. Certes, la Libye
joue sur l'idéologie panislamique c omme l ' Ar8.bie, mais le
discours libyen a un contenu anti-impérialiste et anti-colo-
nialiste qui rencontre plus de s ympath t e au sein de la jeu-
nesse africalne et des milieux progressistes. Les autres pays
arabes pétroliers du Golfe ont par contre fait preuve de gé-
nérosité envers les pays africains pour infléchir leur atti-
tude vis-à-vis d'Israël. Telles sont les ~randes tendances
de la diplomatie arabe au niveau bilatéral. Nous aborderons
l'action de l'Algérie plus loin.
--------------------------------------------------------------
(1)
f
L
l ' '
1 1 ' "
t
t
t"
"t' (c 'Cl .", C' P ,
C
:
8, J 1 0y e nouve
.e.·,u"J ure e
con l.nu" e
.J
• .c~.~ •• )
.~ .• 1
pp. 101 - 131
(2) La visite du nO 2 lybien Basir Hawadi à l'époque dans
cinq pays: Sénég::ü. Haute-Volta. 1I1ali. Hauritanie et
~ogo s' inscrivarl..t dans cette stratégie. Voir al- Fa.gr al-
.. -
Gadid, 1er octobre 1972.

266
~~a solidarité s'est :'1onif8stée d an s le c ad r e de la
conf r-enc e :::s12ol:lique
(c omne n cue l'avons vu) !:'ais aus e L par
é
l'affluence des c ao i t aux ar abe s en Afrinue cu mornent
0'\\ les
calamités naturelles et la faillite des régi~es néocoloniaux
les conduisaient à pr~ter ~lus d'attention et d'intérêt à
d'autres sources et à demander à la France la révision des ac-
cords de coopération entre :::971 et 1972 (1).
l~ scène mondi2.1e.Ds ce f'ait , le dvn amLerne diplomatique de
certains leaders ar-ab e s trouve un écho favorable au-près
d'~tats soucieux de se démarquer de leurs partenaires occi-
dentaux traditionnels" (2).
Les efforts individuels ou combi-
nés des p8.=-'S arabes en direction de l'Afrique ont eu pour
effet une meilleure compréhension du 9roblème palestinien, p8X
conséquent de la mandf ee t a't Lon de la solidarité arabo-afri-
caine. Certains Et?ts ont !'1ê!'le 8.utorisé l'ouverture d'une
mf.s s Lon palestinienne dans leurs cnpitales avan t la guerre
d'octotrre. Il s'agit de Dakar- C::énr§S8.1), COll9.kry (i'+uinée)
Eiamey(l'i&,er) Fort-Lamy (Tchad) et ~~8.mpala (Ouganda) (3).
(1) C'est 8. partir de ce moment que l'Afrique "rnod r-é e " a com-
é
mencé à he.rmon i.s ez- sa politiC'ue vis-à-vis du conflit du
r:oyen-Orient et vis-à-vis de l'3urope en leur urésentant
des doléances collectives. C'est ce ]TOCeSSus oui va con-
duire aux accords de Lomé 1 en 1[:75. Cf in C!!T.BTrS (E.r.)
:
Arab dollars for Africa,pp. 25 - 26
(2) CŒTST1I.l'TTIN (F) et COULON (C)
: "Le développement des re-
lations entre l'Afrique Noire et le monde arabe en 1972"
in L'année
politi~ue africaine, 1972, p. 282
(3) al-NamiS (G)
: "art.cit." p. r05

~" n'en de~8uTe uns ~oins des hés~tations et des réticences
d0 la D2Tt de nombreux D8.VS.
I:ous avons pu constater dans le chapitre précédent
oue le
terme "Palestine" ou le qualificatif "palestinien"
n'ont nas été mentionnés par les résolutions de l'O.U._"-- Cela
tient aux attitudes hétérogènes des pavs af'r-Lc axna , 8. l'égard
des parties impliquées dans le conflit. A la veille de la
conférence de l'O.U.A. à Addis-Abéba (27-29 mai 1973) nous
"louvons classer les att i tudes de ces oavs en cinq groupes
(coa~e ci-descous).
A - Classification des attitudes des ~tats africains vis-à-
vis du conflit israélo-ar8,be (1)
1°. Des Et9.tS néocoloniaux pro-israéliens n t avarrt cu t une fai-
ble minorité musulmane et qui entretiennent une étroite
coo pér-a.t Lon avec l'Et8.t sioniste : II21avli, Bot swana , Gabon
Dahomey, Ile I-laurice, 8'\\'laz:iland et Côte d'Ivoire.
2 0. Des Et8,ts hésitant à prendre position mais appr-ouvant of-
ficieusement le :point de vue d'Israël avec lequel ils sont
liés par une étroite coopération et qui n'ont que très
peu de rapports avec les pays arabes (à l'exception toute-
fois de l'3thiopie) : Sierra Léone, l=enva, Ethiopie,
Zaïre.
3°. Des Etats progressistes en principe favorables à la cause
arabe, qui ont néanmoins des relations non négligeables
avec le gouvernement sioniste: Guinée (avant 1967),
Congo-Brazzaville, Zambie, Burundi, Ougnnd a (avant 1972),
Tanzanie, Ghana (sous NY..rumah), HalL

258
,;.0.
Des Etats ayant dl excellentes relations avec le" monde
arabe et une écrasante majorité musulmane, d'où une poli-
tique officielle plutôt favorable à ce dernier. Cependant
l'influence d'Israël n'y est pas absente: Sénégal, Niger
Eaut e-V olt a, Hal i , Tchad.
5°. Des Etats se r-é c Lamant de l'origine et de l'identité
arabes qui n'ont jamais reconnu l'Etat juif: ].'Iauritanie,
Somalie, et l'Etat Nord de la Fédération du Nigeria.
Toutefois, ce classement sera remis en cause dès
le mois de mai I973, au Sommet de l'O.U.A. Car l'ensemble des
pays africains évolueront vers une attitude unitaire. Cela
est"le fruit d'une intense ac t tv Lt é dé-rJloyée par la diploma-
tie arabe aussi bien à l'O.U.A. Qu'au sein d'autres instances
régionales" Cr:) et surtout des pressions lybiennes à la veil-
le
de la conférence sommant l'Afrique Noire de rompre avec
Israël et de se Drononcer sans équivoque Dour le sry~tien aux
droits du peuDle palestinien. Le contenu du mémorandum li-
byen est rédigé dans ce sens.
----------------------------------------------------------------
(I) Bourgi (A) : Ibidem

269
-
Le ;.Té"'.or8nd"LLTJ. lib,ten et le chan-"e"'.ent d'8.ttitude de
}?::->T
ce mério r-andum en, le T,ibye a lancé un vérita-
ble ultimatum aux ",8.:'S 8~fr1c2.ins enc or-e f'av or ab Lea à Israël,
particulièrement l'.2thiopie. Le texte du téJ.égra.mme d2C l. 2T C :
":l.'TO'.lS ne participerons DaS 3. la conférence si les Etats afri-
cains n'arrêtent pas leur position à l'égard de l'ennemi sio-
niste conformément 8. notre position à l'égard
des causes·
8.fricaines" .
En :oouss?nt l'analyse un peu loin, à notre avis,
BL3tTCHOT écrit que ce mémor-andum adressé aux chefs d'Etats
Africains "n'était pas seule!!J.ent un ap:oel au boycott du som-
met de l'O.U.A." mais a.ussi "une menace (voilée) de sabotage
c onrol e t
de l'O.U.A. par- l'ensemble des pavs arabes si les
Africains ne faisaient pas quelque concession"
(2). Or, le
texte ne mentionne pas les pays arabes, mais la Libye "appel-
le tous SeS amis dans le continent à adopter la même position"
Qaddafi trouvait inacceptable nue les Africains ne
--
-
....
réagissent pas plus fermement au défi lancé par Israël qui
occupait une partie de le. J..A.~~. et cui avaLt "une ambassade
au coeur d' Addis-Abéba, siège de l ' Organisat ion de l'Unité
Africaine". C'est le pr-em i.e r- des cinq a.rguments du pr-é s Ld en t
1ibyen. Le second montre le com~ortement des présidents afri-
cains contradictoire avec l'esprit d'unité, de solidarité et
d'indépendance de l'Afrique "contre tout d anger' menaçant l'une
de ses parties". Le troisième insiste sur l'engagement et la
---------------------------------------------------------------
(1) Publié le 30/4/1973 in al - 8igill al aawmI Tomme 4,
pp. 725 -
728'
(2) Voir son article
"La politique africaine de la Libye"
in A.A.N., 1978 p. 63·

270
conviction de la Ré pub Lâ.que Ar ab e :',ihyenne ouarrt 2~ son S01).-
tipn ~ l~ bItte de libération en Afri~up. "La ~.A.L., 90ur-
suj:t-il,
est considérée CO;1'19 l? source 9rinci·"2.le de finance-
ment de tous les mouvements de libération africains en armes,
en argent et en hommes ; et de surcroît,
elle a. nr oc Lané qu'
I1U' elle
était prête 2. envoyer son e.rmée pour- lutter 8.UX côtés
des nouve-ient s de libéra.tion dans n'imnorte quel endroit en
Afrique, conformément à sa c onvi c t t.on de 18. souveraineté du
continent et de sa foi en l'unité de son destin
( ... ). La
B..L.L.
é t r.rrt
l'3tat cui a s s ur e la 1]l1.1.s grpnde con tr-Lbut t on au
finacement de la 3anoue Africaine (de déveloDDement)".
Pour
toutes ces raisons,
elle décide de :
I) ne 1Jas participer ~ la conférence ;
2) appeller tous ses amis dans le continent à adopter la même
position
3) proposer le transfert du siège de l'O.U.A. au Caire, comme
Addis-Abéba continue à soutenir l'ennemi sioniste.(I).
Si aucun pays arabe n'a soutenu la proposition li-
byenne visant le transfert du siège de l'O.U.A.,
en guise de
représailles contre l'Ethiopie,
par contre, tous les gouverne-
ments arabes membres de l'O.U.A. ont oeuvré avec la Libye dans
le sens d'amener l'Afrique Noire ~ reconna:ître les droits du
peuple palestinien et à rompre avec Israël. D'ailleurs, BÜ
Madyan
sera à Addis-Abéba le défenseur zélé de la thèse libyen
ne mais avec unstyle plus diplomatique ( c f :
infra).
---------------------~---------------------------------
------
(I) Ce transfert est justifié par cinq raisons parmi lesquelles
" facilité de communicat ion", "climat agréable",
"mettre
fin aux divisiona de l'impérialisme entre l'Afrique du Nord
et au Sud du Sahara".

27I
Quoiqu'il en soit, l'initiative libyenne est jugée
comme une immixtion dans 13S "afÎ"'ires intérieures" des autres
pays pe.r quelques dirigeants africains. Ceux du monde arabe la.
trouvaient seulement "malhabile".
Un quotidien libanais s'attendait à ce que la "bombe
libyenne
..
en Afriaue"
.
-'-
(1) provoque des incidents sans nrécédent
au sein de l'O.U.A. et nuise à la cause a.rabe.
C - Pas de naix sans le ~eunle nalestinien
Le Némorandtun libyen et l'imposante plaideirie de
B~ Madyan n'ont nas été sans influence sur la nrise de posi-
tion de l'O.U.A. En effet, le président algérien a défendu
C
d ans son discours une thèse semblable à celle de 1-lU Ammar al-
Qaq.~afi à Addis-Abéba. Il est "inconcevable, déclare-t-il, que
nous a.doptions une a.ttitude ferme vis-à-vis de l'Afrique du
Sud et une autre attitude totalement différente vis-à-vis du
colonialisme sioniste" (2). Avant de ooursuivre dans ces ter-
mes : "I,e combat qui se déroule d ans l'Orient arabe
est par-
tie Lrrt gz-arrt e de notre lutt e commune. C'est ce qui conf8re
é
a.u problème du Eoyen-Orient sa véritable dimension africaine".
Bü Nadye.n fait l'amalgame de la sécurité de l'Afrique et du
Moyen-Orient d'une part, et du sionisme et de l'apa.rtheid,
d'autre part. Avant de conclure: "la lutte contre J.e colonia.-
lisme et la d isarimi na tion rac iale ne peut en aucune fa.ç on ~tre
. dissociée de la lutte contre le sionisme et la domination" (3).
----------------------------------------------------------------
(I) al-Haya t:, 30 avril 1973
(2) in Discours du ~résident BOUID2dienne (5 mai T97?
19 juin
~) Tome IV p. 258·
(3) Ibid p. 259. Voir l'analyse intéressante de al-Nim8S
(~ilnir) l'art.cit~'~ p. r03

272
C;;n effot, 1~.
rléc",':'.:,~t:'.on (le l,'G.TT .J\\.. >'. l'occasion de
son 0:!..xiè:n..e annj.ve:,:,s2ir'? (I),
So,)l.irme ou.e les Et"ts af:':'ica:!..ns
s orrt "cJnfront8s ".ux c ont r-ad i.c t Lons :l~ieures r su Lt ann des
é
séquelles de la ,;,?riode o o Lon i.aLe , crux rcan o euvr-e s néo-colonia-
les et aux obstacles rue ~.'impé:,:,ialisrne s'évertue h dresser
cont:':'e nos Etats"
(2).
Ens u i.t e I.a è.éclaration La,e la "situation 2.1a.:':'!7'.8nte
8.1.1 r·:oyen-Orient" 0. la géopolitiClue de l'Africue. Elle la
c on
.
sa d'ere c omm e 't
e ant " une ::cenac e s '
e r .
a eus ,
e
l"
".. a.nd'e pend anc e,
à 12. sécurité et à l'unité du continent africain"
(3). '3 i
l'O.U.A. s'est alors engagée à "ap.9orter un soutien efficace
à 12 "lutte légitime ( ..• ) de l'EgT9te et des autres pays
ar-abe
jusqu'à la Lf.bé r-e.t Lon totale de leurs territoires occu-
pés",
elle a par contre, énergiquement condamné l"'attitude
né g s.t âv e " d' Isr9ël vis-à-vis de s inj.tiatives de pa i x ,
Far conséquent, 12. résolution r e Lat Lve au r·Ioyen-
Orient, votée à l'unaniBité, invite les Etats africains indé-
pendants à "prendre des mesures individuelles ou collectives,
politiClues et économiçues à l'égard d'Israël si ce dernier
persiste dans son refus d'évacuer les pays victt;ines de son
agression". Pour la première fois,
l'O.U.A. 1')rend une lJosition
précise et mentionne le "peuple po.lestinien" textuellement :
"Le ~esDect des droits inaliénables du neu~le nalestinien est
un élément essentiel de toute solution juste et écuitable de
même (1u'il est un facteur indis")ensable de l'ét8.blissement
d'une naix durable dans la ré~ion"
(4).
(1) in Documents d'actualité internationale,no 32 du 12 Août
I972, 9p. 5I4 -
518.
(2) 9. 5I5·
(3) Ibidem.
(4) Souligné 9ar nous ; texte complet de la résolution in
Révolution Africaine, dl'. -r- r-r j'clin I973, p. 37·

273
~ reconn~issance de ces droits c~nstitue un v~rita-
'ole trior'pl'.e pcur
la di'ilons-e:!.e ar-abe en Afrinue et un cuisant
échec du~ouvernement de Golda iieir qui ne consir1.ère les com-
b8,ttr'nts ua12f:ti.niens 'lue COJ"l'Ile "une bande de terroristes".
D'ailleurs nous verrons ulus loin ~ue l'O.L.P. sera
reconnue par l'O.U.A. au Som'llet de l'Iogadiscio (Somalie) en
juin 1974, comme l'unique r e pr-é a errt anf légitime du peuple pa-
lestüüen et aue son orésident Ya,sir cJl."JtAFAT sera invité à
")l,?,ider 12 caue e de son »eu o.Le dev arrt les chefs d'Et2t et de
gouvernement africains à Kampa La (Ougarid a ,
juin lC\\75)
(1).
Pour le moment, p our-eu tv one l ' ana.Lys s des facteurs
endogènes et exogènes qui ont about. i
à ce succès total.
----------------------------------------------------------------
(1) c f : Ramlawi (N)
:"Filast:LnFi-l-Qimma al-Ifriqiya", in
...
-
- -
Su' Un Filastiniya, nO 49, septembre 1975

274
SECTION III
RUPTURE DES ETATS AFRICAINS AVEC
ISRAEL ET DEMYSTIFICATION DE L'ALLIANCE ISRAELO-
SUD-AFRICAINE.
A -
LA CONFERENCE DES NON-ALIGNES ( ALGER 5-9 Septembre 1973)
Trois thèmes principaux ont dominé les débats de l'une des
plus importantes conférences des mouvements non-alignés :
10)
Solidarité des pays en voie de développement pour réa-
liser l'appropriation des moyens de production et la
maîtrise de leurs matières premières. Le point
8 de
la déclaration politique préconise l'élimination des
" monopoles étrangers et en prenant en main les richesses
nationales et leur exploitation au bénéfice des peuples~
décide" d'affermir leur indépendance par l'exercice ef-
fectif de la .ouveraineté nationale contre toute hégé-
monie ( ••• ) toute ingérence et toute pression qu'elles
soient politique, économique,eu militaire ".
20)
Développer une étroite coopération économique culturelle,
et technique entre pays non-alignés en vue de mettre
fin à la dépendance et à la subordination.
Dans ces premiers points, les pays du Tiers Monde se
sont montrés déterminés à oeuvrer pour la suppressioA
de "l'_exploi tation et du pillage économique" et à promou-
voir la paix qui 1 déclarent-ils sera" limitée dans
son principe et sa portée" tant que " les guerres .e18-
niales, l'apartheid, les agressions impérialistes, la
domination et l'occupation étrangère" persisteront.
Pour la " Charte d'Alger" (1), la paix n'est pas l'éli-
(1)
un Doc. Act. INT. , nos 45-46 du Il Novembre 1973
pp. 718-745.

275
mination seulement de la tension dans certaines
régions. Elle est un tout qui englobe
la justi-
ce sociale, la liberté des peuples de disposer de
leurs biens. " La paix, dit-elle est indivisible.
Elle ne saurait se réduire à un simple déplacement
de la confrontation d'une région à une autre".
Ainsi la charte condamne en fait la logique des
deux grands blocs qui se disputent les territoires
stratégiques et ceux disposant de matières premiè-
res importantes pour leur propre développement.
Autrement dit, la Charte s'oppose à la militarisa-
tion des rapports internationaux de la part des su-
peI'-puissances.
Les 90 Etats non alignés n'ont jamais pris des déci-
sions aussi importantes que celles contenues dans
les déclarations politiques, économiques, et dans le
programme d'actions pour la coopération économique (1).
La conférence semble renforcer les thèses toujours
défendues par l'Algérie depuis • la Conférence des 77"
à Alger en 1967 (2) et surtout sur le plan africain
depuis la nationalisation des hydrocarbures français
en 1971.
Mais ce qui nous intéresse
directement ici, c'est le
soutien aux mouvements de libération qui est le troi-
sième point.
3°)
Solidarité avec les peuples en lutte contre le
colonialisme, l'apartheid et le sionisme.
-(1) Ibidem pp. 718-747-
(2)
Cf in Hutub al-ra' 1s Bü-madyan ( op. ci t , ) .
pp. 69-77.

276
La victoire de ~~ diplomatie arabe à la conférence
d'Addis Abéba de 1973 a été amplifiée par la mise
en parallèle de l'équation" colonialisme = apartheid=
sionisme" par les non alignés.
La crédibilité de cette équation devenait de plus en
plus fondée aux yeux des Africains. A Alger, ils ont
reconnu l'O.L.P. comme "unique représentant du peuple
palestinien" et accordé"
\\Ua ferme
soutien au peuple
palestinien; aide à l'Egypte, à la Syrie et la Jorda-
nie par tous les moyens à libérer leurs territoires
occupés". Les USA et les autres puissances occidenta-
les ont été expressément invités à cesser "de fournir
à Isra~l des armes ou tout appui politique, économi-
que et financier luipermettant de poursuivre sa poli-
tique aggressive et expansioniste".
De m@me, la collusion
iaraélo- sud-africaine a été
l'objet de dénonciations très fermes par les déléga-
tions arabes et africaines ( 1 ). La déclaration poli-
tique considère à cet effet que " le combat du peuple
palestinien pour recouvrer sa terre usurpée fait par-
tie intégrante de la lutte des peuples pour l'autodé-
termination , contre le colonialisme et la discrimina-
tion raciale". D'où l'appel au boycott diplomatique
économique, culturel et militaire recommandé par les
non -alignés contre ces deux pays.
Il va sans dire que l'offensive politico-économique
des pays arabes en Afrique et leur campagne d'explica-
(1)
Voir al-Ba~b
6-10 Septembre 1973.

277
tion à l'intention des non-alignés a grandement
contribué à une meilleure compréhension du sens
de la lutte du peuple palestinien.
Ainsi Fidel Castro a annoncé de façon spectaculai-
re à Alger la rupture entre la Havanne et Tel-Aviv.
Les Présidents Mobutu et Bongo, pourtant pro-is-
ra81iens, se sont rendus à l'issue de la Conféren-
ce à Tripoli avec le jeune révolutionnaire libyen,
al-Qaddafi ( l
) •
--
Signalons enfin qu'avant la guerre d'Octobre, quatre
autres pays africains avaient rompu avec Isra81 :
Mali,
Burundi, Togo et Zaïre. Au total, huit pays
avaient donc rompu avec l'Etat hébreu entre la guer-
re de 1967 et 1973.
B -
LA GUERRE D'OCTOBRE ET L'ECHEC D'ISRAEL EN
AFRIQUE
Les réactions africaines en faveur du monde arabe
ne se sont pas faites attendre à l'éclatement de
la guerre
en contraste avec la neutralité affichée
en 1967.
18 autres Etats africains ont immédiatement
rompu avec Tel-Aviv. A la fin de Novembre 1973, l'Etat
hebre~ .'en~etenait plus de relations dip~omatiques
qu'avec l'Afrique du Sud, la Rhodésie et les Etats
qui y sont enclavés, Lesotho, Malawi et Swaziland
( Voir tableau ci-après).
( l
) De son retour de Tripoli, le Président gabonnais
embrasse l'Islam le 29 Septembre ( alors que son~p~1s
compte moins de 7% de musulmans)et ~rend le nom de OMAR
BONGO. Cf le quotidien libyen al-FAGR al:GADîD~du 30
Sept. qui en a fait un grand thème de propagande pour
la Lybie, pour l'Islam contre la "religion des colonialis-
tes", le christianisme.

278
TABLEAU N° 4
CHRONOLOGIE DES RUPTURES DIPLOMATIQUES ENTRE
LES PAYS AFRICAINS ET ISRAEL
Date de rupture diplomatique
PAYS
( 1 )
avec IsralH
Somalie
.
seuls pays africains non membres
de la Ligue des Etats arabes qui
n'ont jamais eu de relations
Mauri tani e •.•...••••.• , .••..•.••
diplomatiques avec IsraHl.
Guinée . . . . . . . . . . . • . . • . • . • . . . . • .
6 Juin 1967
Ouganda •••••••••••••••••••••••
30 Mars 1972
Tchad
•..••..•...••......•.•••
28 Novembre 1972
Congo( Brazza) . . . • . . • . • • . . . . . . .
5 Décembre 1972
Niger
.
5 Janvier 1973
r~ali •••••••••••••••••••••••••
5 Janvier 1973
Burundi •...••...•••..•...•••..
16 filai 1973
Togo
••...•...••.•.•..••..•..
21 Septembre 1973
Zarre
•...•.•..•••••••..•.•••
4 Octoqre 1973
Dahomey ••••••••••••••••••••••
6 Octobre 1973
Rwanda
•••••••••••••••••••••••
9 Octobre 1973
Haute Volta •.••.••••••••••••.•
10 Octobre 1973
Cameroun. ••••••••••••••••••••••
13 Octobre 1973
Guinée Equatoriale ••••••••••••
15 Octobrer1973
Tanzanie
.
18 Octobre 1973
Madagascar ••••••••••••••••••.••
20 Octobre 1973
République Centrafricaine ••••••
21 Ootobre 1973
Ethiapi..e •••••.•
. ..••..••.....
23 Octobre 1973
Nig~ria
•••••••••••••••.•••••
25 Octobre 1973
Zambie
••••••••••••••••••••.
26 Octobre 1973
Gambie
•••••.•••••.•••••..••
26 Octobre 1973
Ghana
•....••••...•.•••....
28 Octobre 1973
Sénégal
••••...••••.•....•.
28 Octobre 1973
Gabon
•.••..•......•••••••
29 Octobre 1973
Sierra Leone
••••••••••••••
29 Octobre 1973
Kenya
• • . • • • . . • . . • . . . . . . . .
1 Novembre 1973
Libér-La
••••••••••••••••••••
2 Novembre 1973
COte d'Ivoire •••••••••••••••
8 Novembre 1973
Botswana
•••••....•.••.••.•.
16 Novembre 1973
( 1)
Parmi les pays africains indépendants, seuls Lesotho,
Swaziland et
Malawi ( satellites d'Afrique du Sud),
ainsi que l'Ile Maurice n'ont pas rompu avec IsraHl
L'Etat hébreu était présent en 1974 en Afrique du Sud
en Rhodésie et dans les colonies portugaises ( Angola
Guinée Bissau et Mozambique.
. .

279
Le rapprochement arabo-africain et la manifes-
tation de la solidarité agissante se sont faits
sous le double signe de la lutte commune contre
le colonialisme et la discrimination raciale d'une
part et la lutte contre l'impérialisme
et le sio-
nisme d'autre part ( l
) • C'est là la réalisation
d'un premier objectif: l'isolement de l'Etat sio-
niste en Afrique. Cela a été obtenu grâce à une
remarquable dynamique de la politique de soutien
concret des pays arabes pour le mouvement de libé-
ration africain et en raison de l'intransigeance
d'Isra~l sur les territoires arabes occupés depuis
1967. Quoiqu'il en soit, la presse arabe a commenté
abondamment avec enthousiasme la décision historique
des pay& africains.
Quant aux dirigeants arabes, ils s'empressaient à
chaque rupture a!moncée d'envoyer des télégrammes de
remerciement et de félicitations à leurs. hemologues
africains et des délégations ne tardaient pas à se
rendre dans ces pays en proposant des aides et des
dons pour " combler le vide" laissé par Isra~n.
Telle était la stratégie adoptée essentiellement par
la libye et l'Arabie Saoudite depuis 1972.
L'évolution àe l'attitude des Etats
africains qui a
conduit aux ruptures ne s'explique pas par les liens
spirituels qui existent entre l'Afrique musulmane et
le monde arabe cOIi~e certains veulent le faire croire.
Il suffirait de se reporter aux votes des Etats afri-
cains sur le conflit du Moyen Orient depuis 1967.
La Gambie et le Niger qui ont une écrasante majorité
musulmande ont le plus souvent soutenu les thèses is-
raéliennes avant
1972. La Tanzanie et le Congo -Braz-
zaville qui ont une petite minorité musulmane et de so-
(1) BALTA (p) : " L'Afrique et la guerre d'Octobre"
in MAG.MAC nO 64 Juillet-Aodt 1974 pp. 15-18.

280
lides liens avec Isra~l ont toujours soutenu le
point de vue des pays arabes. Enfin, la Gambie
et le Sénégal, membres de la conférence islamique
font partie des derniers pays à rompre avec Isra~l
alors que l'Ouganda et le Congo avaient rompu
avec Isra~l depuis 1972.
La solidarité idéologique semble être le critère
le plus déterminant si l'on considère la permanence
des votes des pays progressistes en faveur du monde
arabe à l'ONU et si l'on prend en compte aussi que
parmi les sept premiers pays ayant rompu avec l'E-
tat sioniste deux seulement sont considérés comme
" modérés", le Tchad et le Niger. liIais ceci c'est
qu'une hypothèse; c'est l'ensemble des facteurs
psycho-politiques et économice-1déologiques qu'il
faut prendre en considération pour expliquer le di-
vorce entre Isra~l et l'Afrique où certains ont vou-
lu voir principalement la conséquence des multiples
dons et aides arabes à l'Afrique; alors que ces ai-
des étaient insignifiantes avant 1974. Et comment
expliquer donc la rupture de la Guinée ( 1967) et du
Congo ( 1972) qui n'ont pas bénéficié de l'assistan-
ce avant 1973 ? En réalité l'Afrique s'est éclairée
de la nature d'Isra~l ( voir ci-dessous) comme l'ea-
p'rait cAbd al-Nà~ir à la conférence constitutive de
l'OUA en 1963 quand il déclara: " Même le problème
que nous plaçons en tête de nos graves préoccupations
à savoir celui d'Isra~l, que les Etats du groupe de
Casablanca ont justement considéré comme "instrument
d'infiltration colonialiste et l'une des bases de
l'impérialisme " dans le continent, ne sera pas sou-
levé par nous dans cette conférence. Ce faisant, nous
sommes convaincus que le progrès de l'action africai-
ne libre ne tardera pas à dévoiler la vérité à travers
l'expérience progressive et pourra ainsi présenter
cette vérité dénuée de tout artifice devant l'opinion
africaine".

281
/
C - L'ALLIANCE DU SIONISME ET DE L'APARTHEID
La collusion incontestable entre l'Etat
sioniste et l'Etat raciste d'Afrique du Sud pen-
dant la guerre d'Octobre avait creusé davan~age
le fossé israélo-africain et peut même nous éclai-
rer sur les ruptures dont nous avons parlées à
l'instant. Selon les révélations faites par le
DAILY TELEGRAPH de Londres ( l
) des " aviateurs
volontaires sud~africains ont effectivement pris
part à la guerre " d'Octobre dans les rangs de
l'armée israélienne. Un avion abattu au dessus du
canal de Suez a été identifié comme étant sud-afri-
cain. Cette nouvelle avait indigné l'opinion inter-
nationale et africaine en particulier.
Dans une excellente étude Wafiq Abu ~usayn ( 2 ) é-
tablit l'étroite coopération stratégique, politique,
économique et militaire entre Prétoria et Tel- Aviv
en se référant essentiellement à des sources biblio-
graphiques israéliennes et sud-africaines.
L'auteur affirme que " près de 1500 sud-africains
ont été acheminés en Isra~l
pour participer aux ef-
forts militaires et para-militaires de la guerre d'Oc-
tobre " ( 3 )-
( 1) du 30/10/ 1973 cité par al-Nadwa 1/11/73
( 2)
" al-takamul al-istiratil1;i bayna Isra'il wa
gunüb al-Ifriqiya" in su 'ün Filastiniya nO 114
Mai 1981 pp. 7-94
Ibidem Cf pp. 70-94-

282
"3n éch::.nge (des s ez-vLces rendus) Israël avait envoyé un
officer avec r-anz de c oLon e L (2. l'~t8t r-ac t.e t e ) ]Jour l'ins-
tr~ction de ses forces rénressives contre l~ ré81isation des
combattants africains'l(I).
Cherchent à T"SO_'veer sa collaboration avec Pretoria,
rr e l-Av:i_v n' avai t qu'une dé lé gat i on en Afrique du Sud jus-
qu'en 1973, année 0,'.1 "l'entité sioniste" ay ant perdu toute
illusion en Afr-Lque , avait décidé d'élever sa représentat ion
au p Lus haut n i.v e au , Deux ans plus t:rd, l'Afrique du Sud
ouvrira son amb ae s ad e , 8.:L:el-Aviv (2).
:Sn 1976, 18 '"l,:,enier ministre raciste de la minorité
b l.e.nc he af f e oc ue une visite officielle en Israël. IJa visite
de Voster avait provoqué l'indignation et la condamnation
unanime de l'opinion et de la presse mondiales. "C .,était la
plus insolente injure aux ho~~es épris de paix et de justice
en général, et aux peuples africain et arabe, en particu-
lier" (3).
IJes relations entre les deux régimes sont fondées
sur leurs "affinités idéologiques et justifient - si besoin
en était - la vieille alliance sacrée entre les colons juifs
en Pa.Lee t Lne et les colons boers en Afrique australe" (4).
C'est pcur-qu od , pour- la »r em i.è r e fois, le "conseil
--------------------------------------------------------------
(1) Ibid. p. 82
-
(2 ) Ibid. "p. 92
(3 ) Il:;J id. p. 91
(4 ) Se r2?Pporter à Benabdallah (Abdelkader) : L'Alliance ra-
ciste israélo-sud-africaine,et au S~~90sium de l'Organi-
sation Internationale pour l'élimination de toutes les f
formes de discrimination raciale tenu à Tripoli (Libye)
sur le thème: Sionisme et Racisme,Paris, le Sycomore, 79
Voir l'intéressant article de CAcuti" (Y) "al-tawra 801-
-
.
Filas~InIya 1'1"80-1- j;mrra al-IfriqIya" in 8.1-Ahràm al-loti
1atisâdI, nO 439, 1/12/73, pp. 16 - 17 .


283
des ministres extraordinaire" de l'OUA tenu
à Addis Abéba { 19-22 Novembre 1973) à la suite
de la guerre d'Octobre a arrêté une position
commune face à la " politique expansioniste
d' Isra~n" sur la demande de l'Algérie avec le
soutien de la Tanzanie et de la Zambie.
c'est à cette occasion décisive que les tentati-
ves répétées des pays arabes depuis les années
cinquante vont aboutir. Il s'agissait de faire
admettre aux africains l'assimilation du sionis-
me avec l'apartheid, le colonialisme et l'~mpéria­
lisme.
C'est en ce sens que cette conférence peut être
qualifiée selon l'expression de Bouteflika
de
" tournant historique dans les relations entre le
monde arabe et le continent africain " ( l
) •
En effet , la résolution sur
le Moyen Orient a
formellement confondu ces quatre termes. Elle ré-
affirmait notamment la volonté des peuples arabes
et africains ., de se libérer du joug colonial là
où il existe, de liquider l'apartheid et le sionis-
me" avant de dénoncer en ces termes : " la collusion
flagrante sur-le plan militaire entre les Etats Unis
le Portugal, l'Afrique du Sud, la Rhodésie et Isra~l
durant la récente guerre du Moyen Orient est venue
confirmer de nouveau la légitimité des préoccupations
des pays africains et arabes en même temps qu'elle
a renforcé leur conviction dafis la nécessité de la
lutte commune" • ( 2 ) En outre l'OUA appelle les
pays amis à " imposer un embargo total , en particulier
( l
) Cité par Balta ( p) : "la.pctlitique africaine
de l'Algérie" in R.F.E.P.A. nO 132 ( op. cit.)
p. 65'
( 2 ) Ibidem·

284
un embargo sur le pétrole" contre ces pays.
C'est ainsi qu'un front commun arabo-africain
est né, du moins sur le plan de la solidarité
politique. Comme la solidarité politique ne
suffit pas à nouer durablement l'alliance ara-
bo-africaine , le
conseil de l'OUA a décidé
la constitution d'un comité de sept membres ( Bots-
wana, Cameroun, Ghana, Mali, Soudan, Tanzanie et
Zaïre) chargé de prendre contact avec la Ligue Ara-
be et d'étudier entre autres les conséquences de
l'embargo. Ce comité reçoit Il la mission de recher-
cher les modalités de coopération permanente en par-
ticulier dans le domaine économique entre les deux
organisations " ( l
) •
Car depuis la réunion de l'OPEP à Koweit ( Octobre
1973) qui avait arrêté les premières mesures d'embar-
go
et de relèvement des prix du pétrole, les écono-
mies des pays africains non producteurs de pétrole
en avaient terriblement souffert autant que l'Occi-
dent, étant donné que le pétrole qu'ils consomment
est entièrement importé par les sociétés multinatio-
nales occidentales.
Pour toutes ces raison, le sommet des chefs d'Etat et
rois arabes à Alger répondra positivement aux requ8-
tes du " comité des sept" •
( 1 )
Santucci ( R) : " La ligue Arabe et l'Afrique
au Sud du Sahara" in Mémoire du Cermaa
nO l
( op. cit) p. 2~

285
SECTION IV
DE LA SOLIDARITE POLITIQUE A LA
COOPERATION MULTILATEHALE
Avant d'analyser le document de la conférence
au ••_e1;
des rois et chefs d' Eta ts arabes
d'A}ger, jetant les premières bases de la coopération
multilatérale arabo-africaine, nous allons évaluer
l'action de la Ligue des Etats Arabes en faveur de
l'émancipation de l'Afrique Noire.
A - LA LIGUE DES ETATS ARABES ET L'E1UŒCIPATION
DE L'AFRIQUE
Comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents,
seuls quelques pays arabes se sont véritablement im-
pli~ués dans les luttes des peuples d'Afrique avant
le rapprochement arabo-africain à partir de 1971. il
s'agit bien sar de l'Algérie et de l'Egypte.
En dépit des multiples liens géographiques, histori-
ques, culturels et de la similitude des situa'ions
socio-économiques
héritées, en partie, de la dépendan-
ce coloniale et de la domination.impérialiste, ces
deux régions ont trop longtemps ignoré les luttes ré-
ciproques de leurs peuples.
Tous ceux qui ont tenté d'analyser l'action de la
~.E.A. en Afri~ue ( l ) se ~ont bornés à énumérer quel-
ques résolutions éparses de l'organisation panarabe,
relatives à la décolonisation de l'Afrique et à la con-
damnation de la discrimination raciale en Afrique Aus-
trale. Rares sont les initiàtives prises par la Ligue
en faveur des mouvements de libération africains avant
1971.
( l
)

285
Toutefois 1abib ( l
) affirme que l'Arabie Saoudite
avait déposé ( en 1953 lors des massacres des Mau-
Mau au Kenya) un "mémorandum"au conseil de la Ligue
Arabe lui demandant de soulever la question à l'As-
semblée Générale de l'ONU. Ce qui fut fait à l'époque.
De mime
pensait Labib, la L.E.A.
est opposée à
la partition des régions Nord et Sud du Cameroun sous
mandat
et s'est prononcée pour le maintien de " son
intégrité territoriale" conformément au souhait des
Camerounais ( 2 ) •
En outre, la L.E.A. s'est engagée en 1960 lors des
indépendances formelles de nombreuses colonies en Afri-
que à oeuvrer pour la consolidation de la souveraine-
té de ces nombreux Etats , à " soutenir leur candida-
ture à l'ONU ", à instaurer une "coopération totale"
avec oes derniers dans tous les domaines en vue de ga-
rantir les intérêts communs" arabo-africains.
A cet effet, la Ligue souhaitait que l'Union des Cham-
bres de Commerce arabes y envoie des " mission écono-
miques , des hommes d'affaires pour y nouer les contacts
nécessaires en vue d'une coopération entre les Etats
africains et arabes" ( 3 ) •
Concernant la guerre du Congo entre 1960 et 1965, au-
cune prise de position officielle de l'organisation
panarabe n'a été annoncée. Sinon, une déclaration en
1963 ( alors que le Congo était entré dans la normali-
sation désirée par l'impérialisme) approuvant "l'inter-
vention des casques bleus" pour rétablir l'ordre.
( l
) Voir/art. cit." , p. 353·
( 2 )"Ibidem".
( 3 ) Voir sa résolution 1702/ d 33/ J4-28/8/1960·

287
Sur la situation de l'Afrique Australe, la L.E.A.
s'est élevée contre la proclamation de la République
Sud-africaine en 1961 en recommandant à ses membres
de ne pas reconnaître cet Etat tant qu'il érigerait
"la discrimination raciale en système politique" ( 1).
Sous l'impulsion du leader égyptien, le conseil de
la Ligue a pour la première fois très vigoureusement
dénoncé la ségrégation raciale en Afrique du Sud lors
de la Conférence d'Alexandrie de Septembre 1964 où
la L.E.A. avait comparé la domination de la minorité
blanche avec l'occupation sioniste en Palestine.
Par conséquent, le Conseil appelait tous les Etats mem-
bres liés au régime raciste" à rompre toute' relation
diplomatique consulaire et économique" ( 2 ) • Ces me-
sures seront par ailleurs réaffirmées l'année suivante
au sornmet de Rabat.
Quand l'A.G. de l'ONU a adopté la convention interna-
tionale pour l'élimination de la discrimination et de
la ségrégation raciale ( Déc. 1965), certes les Etats
arabes l'ont votée ausa~ mais la L.E.A. ne la ratifie-
ra qu'en 1967.
La Ligue, en tant qu'organisme cOffi@unautaire, n'a pas
porté plus d'intérêt à l'Afrique jusqu'en 1973 en dé-
pit des perspectives de coopération offertes par l'O.U.A.
Le sommet d'Alger va jeter les bases d'une coopération
à une " dimension globale et bicontinentale" ( 3 ).
-----------------------------------------------------
( l
) Résolution Q 1787 / d 36/ J2-19/9/61·
( 2 ) Labib "art. cit." p. 364·
( 3 ) Boutros-Gali " art. Cit." p. 175 .

288
/
B -
LE SOMMET AHÀBE D'ALGER ( 26-28 NOVEMBRE 1973)
ET L'INSTITUTIONALISATION DE LA COOPERATION
~IDLTINATIONALE
ARABO-AFRICAINE
La courte victoire dur Isra~l en 1973, le suc-
cès de la li guer-r-e du pétrole" et le triomphe de la
diplomatie du monde arabe ont fait de 1973 " l'année
des Arabes" d'après l'expression de Paul Balta ( 1)
puisque les succés qu'ils ont remportés étaient à la
fois politiques, économiques, militaires et diploma-
tiques.
ff
_
" L'esprit d'Octobre" selon l'éditorial d'al-ahram
al-iqtisâdi ( 2 ) a été exploité par le sommet d'Alger
dans la perspective du renforcement de la solidarité
arabe, de la souveraineté nationale pour une meilleure
revalorisation des matières premières et aussi
pour
le triomphe de la cause arabo-palestinienne.
Les pays producteurs de pétrole ont fait la démonstra-
tion de leur souveraineté sur leurs ressources énergé-
tiques et l'usage politique de l'arme du pétrole, une
politique qui a durablement destabilisé les économies
des pays capitalistes qui avaient le privilège de fi-
xer jusque là le prix du brut par des négociations iné-
gales. La décision des pays arabes a inspiré le respect
des Etats en voie de développement en général et afri-
( l
) " L'A~r~que ,et la ~erre d:Octobre" ( op. Cit.)p. 15.
( 2 ) du 1/12/I973 (op.cit.)

289
cains en particulier.
Le Président Bu
Madyan avait parfaitement compris
combien il était urgent pour le monde arabe d'af-
firmer davantage son indépendance et de montrer ~ue
le Tiers Monde n'est pas un simple" réservoir d'é-
nergie" et de matières premières au service du capi-
talisme.
Dans son discoura inaugural, le Président algéri"en
avait souligné avec force" l'importance de poten-

tialités humaines et matérielles" de la nation arabe
et le rôle ~ui lui revient désormais dans la conduite
des affaires internationales. Car, poursuivait-il:
" La bataille a démontré ( ••• ) que notre force a
son p~ids dans la balance mondiale et que le dernier
mot reviendra dans cette bataille aux Arabes" ( l
)~
Dans cette perspective" la déclaration de politique
générale du sommet d'Alger" ( 2 ) affirme avec convic-
tion : " Les peuples arabes et leurs gou"ernements ont
acquis~dans ce combat une conscience ai gUe de leurs
moyens matériels et humains. Cette prise de conscience
s'est traduite par une solidarité pr~t{q~~ qui a don-
né la preuve de son efficacité et ~ui constitue une di-
mension nouvelle dans le processus de libération ara-
be" ( 3 ) •
( l
) Cité par le Monde du 28 Novembre 1973.
( 2 ) " Bayan mu' tamar al-qimma al~arabl bi-l-Gaza.'ir
( 3 ) Bayan
p. 18

290
~n_dépit de l'appui économique, technologique,
j t1na••ier et militaire des pays capitalistes, en
t~te desquels les Etats Unis
à Isra~l et en dé_
pit de " son recours massif à des mercenaires spé-
cialisés d'Afrique du Sud, les chefs d'Etat arabes
réconfortés par la"solidarité spontanée" des pays
africains rejettent avec assurance l'idée qu'une.
puissance quelconque puisse "imposer à la nation
arabe une solution qui ne corresponde pas à ses ob-
jectifs" ( l
) •
La fermeté dont le monde arabe a fait preuve pen-
dant cette guerre, avait suscité l'engouement des
Etats africains.
Par enthousiasme, le Général Mobutu, l'un des diri-
geants africains les plus pro-israéliens était venu
à Alger ainsi que le Président Nyéréré pour exprimer
au nom de l'Afrique, leur solidarité avec les peuples
arabes ( 2 ) •
Le Président tanzanien était venu au nom des 14 Etats
d'Afrique Centrale et orientale réunis le 24 Novembre
à Dar Es-Salam. Ces derniers avaient dénoncé "l'allian-
ce impie" entre Isra~l, l'Afrique du Sud, la Rhodésie,
et le Portugal ( 3 ) •
Cependant les Etats africains demandaient par la m~­
me occasion qu'une solidarité politique et économique
plus agissante se manifeste au niveau de la L.E.A.
Ainsi le secrétaire général de rOUA, Nzo Ekangaki, tout
en indiquant que " l'axe Lisbonne-Prétoria-Salisbury
( l
) Bayan p. 17 ( Voir annexe)-
( 2 ) al-yamâma,30/11/1973 p. 9 Le Monde 28 /11/1973·
( 3 ) Le Monde, 27/11/1973,

29I
passe désormais par Tel-Aviv", accusait certains
régimes arabes d'avoir livré du pétrole à ces Etats
racistes et colonialistes. Concernant le Portugal,
il déclarait
, preuve à l'appui, que" 39% du pé-
trole utilisé par le Portugal vient d'Irak, 25%
de l'Arabie Saoudite, 11% d'Abou-Dhabi ,6% d'Iran"
et le reste de sa colonie angolaise et de sources
diverses" ( l
) •
Les Chefs d'Etats et Rois arabes devaient répondre
à cette interpellation, de même qu'aux demandes afri-
caines relatives
à la crise du pétrole et ses consé-
quences sur leurs économies.
( l
) Cité par le Monde20/11/1973
En outre Ekangaki précisait que 90% du pétrole
consommé en Afrique du Sud était importé du Golfe per-
sique. De 1964 à 1970, 14 Millions de tonnes ont été
importés d'Iran. et 32 Millions des pays arabes ( notam-
ment d'Irak et de Qatar) • t'lais les pays concernés n'a-
vai€nt
pas réagi contre les accusations sinon pour
nier
d'avoir livré directement du pétrole à ces régimes.

292
Sur les quinze recommandations des ministres des
Affaires étrangères aux Chefs d'Etat et rois arabes,
six étaient en faveur de l'Afrique Noire. Elles vi-
saient au renforcement de la coopération arabo-
africaine, à la création de fonds arabes de contri-
bution au développement de l'Afrique, à l'accroisse-
ment de l'aide matérielle et diplomatique aux mouve-
ments de libération.
Tenant compte de ces recommandations et de la déclara-
tion du conseil extraordianire de l'OUA, le document
II de la conférence: " A l'attention de l'Afrique"
non seulement
s'est félicité du "vaste lJlouvement de
solidarité qui s'est manifesté de la part des pays
frères d'Afrique en faTeur
de la juste cause des peu-
ples arabes en lutte pour la libération de leurs terri-
toires occupés etla restauration du peuple palestinien
dans ses droits nationaux" mais considère aussi que
" la solidarité arabo-africaine doit s'exprimer concrè-
tement dans" tous les
domaines ( ••• ) afin de renfor-
cer leurs indépendances nationales et de promouvoir
leur développement" ( l
).
Répondant au souhait du conseil des ministres de l'O.U.A.,
les rois et chefs d'Etat arabes, se sont félicités de
la constitution du " comité des sept" puis ont annoncé
les importantes mesures suivantes :
a) " Développement de la coopération arabo-africaine
( l
) Bayan,.;
( op. ci t. ) .
.

2()3
par la consolidation
de la représentation diplo-
matique arabe en Afrique.
b) " Rupture par les pays arabes qui ne l'ont pas
encore fait de toute relation diplomatique consulai-
re , culturelle, et autres avec l'Afrique du Sud,
le Portugal et la Rhodésie.
c) " Application d'un embargo strict en matière de
livraison de pétrole arabe à ces pays.
d) " Elaboration de dispositions particulières en
vue de maintenir l'approvisionnement normal des pays
africains frères en pétrole arabe.
e) " ( ••• ) Coopération économique financière et cul-
turelle avec les pays africains frères tant au niveau
bilatéral qu'au niveau des institutions de coopéra-
tion régionale ( ••• ).
f) " Création d'un fonds arabe destiné à contribuer
au développement économique et social des pays africains
et à leur accorder une assistance tecPnique.
g) " Assistance immédiate aux pays africains victimes
des catastrophes naturelles et en particulier de la
sécheresse.
h ) " Soutien accru sur
le plan diplomatique et maté-
riel aux mouvements de libération nationale en Afrique.
Enfin, le secrétaire général de la L.E.A.étaitmandaté pour
"prendre les mesures pratiques et entrer en contact avec
le secrétaire général administratif
de l'OUA et le
comité des sept" afin de " hâter la mise en oeuvre de
oes décisions".

294
C'est là l'amorce de longues tractations et de
négociations entre le monde arabe et l'Afrique
Noire par le biais de la L.E.A. et de l'O.U.A.
pour la mise sur pied de multiples institutions
spécialisées en vue d'aboutir à des échanges in-
tenses dans les domaines économique, culturel,
technique, de presse etc •• Mais cette coopération
s'est surtout manifestée dans les domaines de fi-
nancement et d'investissement des Etats arabes mem-
bres de l'OPAEP en Afri~ue.
Toutefois le démarrage effectif des aides arabes en
faveur de l'Afrique sera assez long du fait de la len-
teur et du chevauchement des multiples institutions
bureaucratiques par lesquelles doivent transiter les
prêts et assistances arabes.
Devant cette lenteur, l'Afrique ne dissimulait point
son impatience, voire sa déception quant à la mise en
pratique du "programme d'action d'Alger" complété par
le document du sommet de Rabat ( 26-29 Octobre 1974)
resté secret ( l
) •
Quoiqu'il en soit, le démarrage de cette "coopération
horizontale" avait rencontré beaucoup de difficultés
que uous allons examiner dans le chapitre suivant.
( l
) A deux reprises le secrétariat de la L.E.A.
nous a fait savoir par écrit que ce document
était "ultra secret".

SECTION V
LE TRIOMPHE DE LA CAUSE PALESTINIENNE
On a pu voir comment les pays africains
oat
progressivement
évolué
vis à vis de la cause pa-
lestinienne et en sont arrivés à prendre position en
faveur des droits nationaux du peuple palestinien
au grand détriment d'Isra~l.
Ainsi l'OUA
invitera une représenta.'. de l'O.L~P.
à assister au sommet de Mogadiscio ( 12 -14 Juin 1974)
en Somalie, à l'issue duquel une " résolution spécia-
le" sur le Moyen Orient sera votée. Elle énonçait
qu'une solution de paix devrait tenir compte des con-
ditions suivantes:
l
) " Retrait total d'Isra~l des territoires occupés
depuis 1967.
2) " Libération de la ville arabe de Jérusalem
3 ) " Exercice du peuple palestinien de son droit à
l'autodétermination.
4 ) " Appui total à l'Organisation de Libération de
la Palestine en tant que l'Unique représentant légi-
time du peuple palestinien et de sa lutte héroïque con-
tre le raaïsme et sionisme " ( l
) •
Seul le Malawi avait rejeté en bloc la résolution et
le Nigéria avait émis des réserves sur le quatrième
point
( l
) Souligné par nous. Voir Guatron ( J.C.) : " Les
organisations régionales africaines in Année
Africaine
,1974, p. 165 et al- Nimas ( G) ;
Il
art. cit.
Il
p.
107.

296
Il est important de noter que trois éléments sont
nouveaux .dans la prise de position de l'Organisation
la libération de Jérusalem
adjoint du qualificatif
" arabe", la reconnaissance de l'OLP comme" l'unique
représentant du peuple palestinien" etl'assimilation
du sionisme au racisme. Car la déclaration du Conseil
de l'OUA en 1973 avait seulement mis ces deux termes
en parallèle. C'est là le fruit de la conjonction
plutôt de l'interférence des différentes initiatives
diplomatiques
arabes notamment palestinien ( l
)
en Afrique •
Pour la première fois, la question palestinienne sera
inscrite
en 1975 à l'ordre du jour de la conférence
du sommet de l'OUA en Ouganda ( Kampala 28 Juillet -
1er Aoat ), qui consacre le triomphe de la cause pales-
tinienne avec l'invitation de Y'~rafat, Président du
.
C.E. de l'OLP comme nousl'avions annoncé plus haut.
La dénonciation et la condamnation d'Isra~l est s~~s
appel en raison de sa "politique d'agression, d'expan-
Bion et d'annexion par la force des territoire arabes"
selon l'expression m~me de la résolution nO 76 ( 2 1.
\\1
( l
) Voir al-Namis ( G ) : " I~una~~amat al-wahda •• "
( op cit) p. 108 Il fait état d'un péripie du n02
de l'OLP, FarUq QaddümI en Janvier 1974 en Ougan-
da, en Ethiopie et en Zambie.
( 2 ) AHG/RES 76-XII, in Doc ~ Act. Int. N° 41, 1975
pp. 807-809, Voir également en annexe •

a )
Sur Jérusalem : la résolution dénonce les
mesures prises par Israël en vue de modifier les
aspects humains ~ géographiques et culturels des
territoires arabes en vue de la judaîsation de
la ville de Jérusalem et d'autres régions arabes
occupées " ( l
) •
b) Sur les pays soutenant militairement Israël:
Les Chefs d'Etat
africains déclarent qu'ils ont
pour objectif de"l'implanter en tant que bastion
avancé du colonialisme et du racisme au coeur du
monde arabe de l'Afrique et du Tiers Monde"
( 2).
Ce passage ne traduit-il pas presque textuellement
des propos tenus naguère par les leaders arabes les
plus acharnés dans la lutte contre l'Etat sioniste,
tels que 'Abd al-Nasir, Bû Madyan et Qaddafî.
.
--
l'Afrique semble dàs lors convaincue de l'argument
arabe selon lequel Israël n'est pas seulement un dan-
ger et une menace pour la paix, la sécurité et le
progrès au Moyen Orient ~ais aussi pour l'Afrique
le Tiers Monde et le mouvement de Libération nationale.
c ) Sur la campagne contre le sionisme
Par conséquent, l'OUA ne se contente pas de cette con-
damnation et de cette dénonciation , mieux, elle " con-
sidère le sionisme comme une menace directe pour la paix
mondiale et décide d'organiser une campagne d'informa-
tion en vue de démasquer d'une manière continue et ra-
tionnelle la nature raciste et agressive du sionisme,
d'affronter et de réfuter la campagne de propagande
( 1)
Ibid. p. 807'
( 2 ) Souligné par nous Ibid. p. 808.

298
fallacieuse entreprise par les sionistes dans le but
de susciter l'hostilité contre le monde arabe et
africain ( l
) •
c'est incontestablement la Il résolution nO 77 sur
la Palestine" 'lui a usé des termes les plus inaccou-
tumés à l'égard d'Isra~l. L'OUA prend ici à son compte
l'assimilation de l'Etat hébreu avec l'Afri'lue du Sud
d'une part et du mouvement de libération palestinien
et africain d'autre part : " considérant que le régime
raciste ( ISRAEL) en Palestine occupée et les régimes
racistes au Zimbabwe \\ ancienne Rhodésie) et en Afrique
du Sud ont une origine impérialiste commune , consti-
tuent un tout, ont la même structure raciste et sont
organiquement liés dans leur politique telldant à porter
atteinte à la dignité de l'être humain".
Après avoi. apporté son appui sans réserve aux revendica-
tions du peuple palestinien et à son "droit à établir
son pouvoir national, indépendant" les chefs d'Etat et
de gouvernement proposent une unité d'action: " Que le
comité de Libération de l'OUA et l'organisation de libé
ration de la Palestine devront établir ensemble une stra-
tégie pour libérer la Palestine étant entendu gue la cau-
se palestinienne est une cause africaine.
Demande
à tous les Etats membres de soutenir par tous les
moyens le peuple palestinien dans sa lutte contre le co-
lonialisme sioniste et raciste en vue de la restauration.
intégrale de ses droits nationaux ( 2 ).
( l
)Ibid. pp. 808-809-
( 2 ) Souligné par nous ( Voir annexe)

299
Sont donc démasquées et mises sur le m@me plan les
idéologies d'Etat raciste : sionisme et apartheid
en insitant fortement sur"leur origine impérialiste
commune" considérée du point de vue des conditions
historiques de leur implantation. C'est dans ce sens
que l"'Africanisation" du conflit constituait a
priori
une victoire politique du mouvement de libé-
ration arabe et africain alors que la solidarité arab~­
africaine réalisée en 1973 était avant tout la consé-
cration des efforts de la diplomatie des Etats arabes
en direction de l'Afrique.
Cette victoire, les régimes arabes aussi bien qu'afri -
cains n'ont pas manqué
de l'utiliser pour des opéra-
tions de politique intérieure ou extérieure.

C'lAPITRE III
EVALUATION ET ESSAI DE BILAN DE LA
COOPERATION fu~ABO-AFRTcAIlm
Dans ce chapitre nous allons évaluer l'action des
pays arabes en Afrique et établir un bilan de la coopération
arabo-africaine - bilan qui ne peut être encore que partiel -
sur quelques aspects économiques et culturels. Nous les res-
tituerons d~ns le contexte des différents objectifs recher-
chés par les pays arabes en Afrique.
Nous analyserons les difficlutés de la mise en
oeuvre du programme de coopération du sixième sommet arabe
d'Alger et les réactions africaines et arabes qu'elle a
suscitées. ~ous établirons ensuite une nomenclature des
organsimes arabes spécialisés dans le financement et l'in-
vestissement en Afrique.
Etant donné que seuls les Etats arabes situés en
Afrique ont eu des rapports permanents au niveau bilatéral
avec les Etats africains avant I9'{3, notre choix d'analyse
de la coopération bilatérale portera donc sur ces derniers.
Nous terminerons enfin sur la coopération multi-
latérale dont les Etats arabes et africains sont partie
prenante pour la réalisation de la solidarité horizontale
en vue du "co-développement", selon la terminologie de la
BADEA.

30r
SECTION r
LES DIFFICULTES DE LA MISE EN OEUVRE DE LA
COOPERA~ION ECONOMIQUE tIDLTILAfERALE
ARABO-AFRICATNE
Les dirigeants de l'Afrique Noire attendaient l'ap-
plication immédiate des mesures prises par les sommets ara-
bes d'Alger et de Rabat. Mais le monde arabe souhaitait met-
tre en place d'abord des structures appropriées pour une vas-
te coopération entre les deux régions. Ce qui n'a pas manqué
de cr~er ce que 13outros-Ghali a appelé la "premiere crise
des rapports afro-arabes" lI), voire la déception des atten-
tes africaines d'une solidarité agissante .de la part des
"frères arabes".
A - Les raisons de la déception des Etats africains
Confrontés aux hausses successives du prix du pé-
trole, les dirigeants africains avaient insisté auprès de
la L.E.A.
et auprès des pays arabes producteurs, par le
biais du "comité des sept" pour obtenir ·un prix préféren-
tiel" de ces derniers, mais en vain (2).
1'out en rejetant la demande africaine, les pays
de l'O.P.A.E.P avaient proposé une importante compensation
financière qui était loin de satisfaire les besoins afri-
cains. Car "selon les évaluations des institutions interna-
tionales, l'accroissement de la facture pétrolière de l'Afri-
que pour 1974 se serait élevée à bOO millions de dollars. Or
le Fonds Arabe Spécial pour l'Afrique, créé tout particuliè-
rement pour financer les importations de pétrole des pays
--------------------------------------------------------------
(1)"Les relations entre la Ligue Ar abe e t l'O.U .A." (Op.cit.)
p. lTi
(2)
al Asfahanl (~) : al-Tadamun al-cArabi al·lfrigi

pp. 25 - 26

702
africains n'a mis que êOO millions de dollars à la disposi-
tion de ces derniers, ce qui a suscité un certain méconten-
tement dans les milieux dirigeants africains" (1).
La répartition de cette somme entre les pays afri-
cains a posé certains problèmes entre l'O.U.A. et la L.E.A.
D'une part,l'O.U.A. voulait la répartir selon ses critères
propres et demandait que ce fonds soit transféré "à la banque
Africaine de Développement (D.A.D.) dont le siège se trouve
à Abidjan. La ligue Arabe, au contraire, en quête d'un regain
d'activité, se propose de distribuer elle-même les deux cent
millions de dollars à partir du Caire. ~lle rejette à son
tour sur l'organisation africaine la responsabilité du retard
apport.é à la mise en oeuvre de l'assistance arabe, aux pays
africains" (2).
Les premiers pays bénéficiaires de ce fonds sont
ceux du ~ahel, victimes de la sécheresse et ceux dépourvue
d'accès à la mer ()) à des conditions de crédit très souples,
(I %d'intérêt saulement) sans compter l'élément de don re-
lativement important. Quoiqu'il en soit, 32 pays africains
ont bénéficié des premières assistances arabes entre 1974
et 1975 (voir tableau ci-contre).
--------------------------------------------------------------
(1) Constantin Cd et Coulon (C) : Solidarité horizontale
et dépendance", R.F.E.P.A. nO 130, octobre I976, P. 4·(.
11 faut souligner aussi que l'effet des hausses des prix
du pétrole importé sur le déficit de la balance commer-
ciale des ~tats africains en 1974 s'élevait à 3 138 Mil-
lions de dollars, alors qu'il n'était que de 700 millions
c
c
environ en I9'/2. Voir al- Alâqat al- Arabi:la • EIayri:
(Op.cit.) p. 269.
(2) B. Ghali :l'Ibidem'l
(3) On les appelle les pays africains mn-arabes les moins
avancés (P.L.M.A.) selon le vocabulaire de la B.A.D.E.A.
Ils sont I9.

TABLEAU N° 5
'.
LISTE DES ETATS BENEFICIAIRES DES FACILITES
DU FONDS ARABE SPECIAL POUR L'AFRIQUE
Montant
Date
Date
des allo-
·1
d'accord
d'accord
Observa-
Etats
cations
j
sur la 1ère sur la 2éme
tions
en mil-
tranche
tranche
lions de $
1
Botswana
. . . .
2, 7
1. 2.1975
27. 2.1975
2
Curundi........
1
3.12.1974
29. 4.1975
3
Cameroun......
2,85
Ligne de
crédit à la
BAD
Abidjan
19. 2.1975
4
Côte d'Ivoire
.
3, 6
«
((
f(
5
Bénin
.
1, 2
17.12.1974
6
Ethiopie
.
7, 1
25. 1.1975
1. 2.1975
7
Gambie
.
0,35
24.10.1974
11. 6.1975
8
Ghana
.
4, 4
Ligne de
crédit à la
,
BAD
i
·
Abidjan
27. 5.1975
,
9
Guinée
.
0, 8
«
c.
«
·
10
Guinée Bissau ..
0,25
2.121975
Ligne de
1

crédit à la
;
BAD
~
Abidjan
~
11
Guinée
i
Equatoriale ."
0,25
10.11.1974
25. 2.1975
12
Haute Volta ... "
2, 7
Ligne de
9. 2.1975
s
crédit à la
BAD
Abidjan
13
Ile Maurice
.
1.35
15. 4.1975
18.3.1975
14
Kenya
.
1, 8
23. 1.1975
11. 2.1975
15
Lesotho
.
1. 4
16.12.1974
24. 5,1975
16
Libérla
.
1, 8
17.10.1974
1. 4.1975
17
V1adagascar
.
2,4
18.11.1974
11. 9.1975
18
Malawi
.
3.75
1411.1974
Crédit
annulé
19
Mali
.
3, 9
25.10.1974
14. 5.1975
20
Niger
.
2. 7
Ligne de
crédit à la
BAD
Abidjan
30. 1.1975
21
Ouganda
.
5.65
13.10.1974
20. 1.1975
22
Rwanda
.
l, 0
3.11.1974
11. 2.1975
23
R, Centrafricaine
l, 2
21.11.1974
29. 1.1975
24
Sénégal ...
3,75
15. 1.1975
13. 3.1975
25
Sierra Leone
.
r. 8
7.12.1974
12.2.1975
26
Swaziland
.
2. 1
27. 1.1975
25. 5.1975
27
Tanzanie
.
7. 1
15.10.1975
17.10.1975
2B
Tchad
.
4,4
5.11.1974
1. 2.1975
29
Togo
, ..
0, 9
Ligne de
créait à la
BAD
Abidjan
30
Zambie
.
6.35
28.12.1974
la. 3.1975
31
Zaire
.
6, 2
8. 6.1975
8, 6.1975
32
Sao Tome et
Principe ... " .
O. 5
31. 8.1975
TOTAL DES PRETS AUX PAYS AFRiCAINS ..........•.•..•
163.750.000
PRET CONSENTIS A LA SOMALIE
.
7.500.000
TOTAL GENERAL
..
171.250.000
Juree B.A.D.E.A. : Essai de nomenelatur
~_
e
P. '1I
_______________====!tZlll:.:.:.uz=!s_'WjtiÇ$.cl",,"~ .......:ea:j.!tJ:!!i~.......il"'/ "

'1
('
304
Mais cela n'a pas apaisé les critiques des Africains
quant au manque de solidarite agissante des pays arabes pé-
troliers. L'Afrique s'était donc estimée lésée vu les impor-
tants fonds dont bénéficiaient les pays arabes non-pétroliers.
Comme le montre Pierre Péan (1) "l'aide bilatérale a
été affectée pour 89 % aux pays arabes, essentiellement aux
trois pays qui bordent Israël: Egypte, Syrie et Jordanie.
L'Afrique non-arabe, pendant cette même période ne recevait
pas I, 4 %des aides de l'O.P.E.P., soit 63 millions de dol-
lars ; cinq pays seulement recevaient plus d'un million de
dollars: Madagascar t~0,3), l'Ouganda (19), le Sénégal (11,3)
le tchad (d) et le Mali tI,I). Quant à l'aide multilatérale
t2,6 milliars décaissés) elle allait à hauteur de 92 % vers
les institutions internationales et retombait donc partielle-
ment vers l'Afrique"(2). Cela d'autant plus que les pays
qu'on peut nommer afro-arabes (Soudan, Mauritanie, Somalie,
membres de la L.E.A., les deux derniers respectivement depuis
1973 et 1977) étaient privilégiés par l'aide arabe.
Cette localisation de l'aide agaçait même les diri-
geants africains les plus chauds partisans de la solidarité
arabo-africaine. Car l'apport financier arabe - bien que non
négligeable - était "en deçà des promesses faites à l'origine"
tI) in "La coopération économique arabo-africaine : un serpent
de mer" in R.F.E.P.A. (op.cit.) p. 3 (
t2) L'aide de l'OPEP au Tiers-Monde est plus importante que
celle des pays du CAD, de l'URSS, de l'Europe Occidentale
ou celle de la Chine, si on tient compte de leurs pourcen-
tages du PNB accordés au Tiers-Monde entre 1972 et 1975.
1
Ces derniers n'avaient consacre que 1,05 environ en 1975
tl'aide du CAD à l'ADP) alors que l'aide du PNB de l'OPEP
était à la même année de 2,94 pour atteindre en 1977 5 %
du PNB des pays de l'OPEP. Cf in : Rapport annuel du Comi-
té au Développement de l'OCDE, de novembre 19'(6.

305
co:~e l'a souligné A. Bourgi.
C'est pourquoi l'ancien
nrésident ougandais Idi Amin Dada préconisait la vente directe
du brut arabe aux pays africains sans passer par les compagnies
occidentales. Nyéréré, le leader tanzanien (dont le pays fait
partie de ceux qui ont le plus souffert de la crise pétrolière)
n'avait-il pas adressé à plusieurs reprises aux pays arabes
"des mises en garde contre leur manque de générosité à l'égard
des pays africains".
Certains autres dirigeants accusaient les Arabes de
promettre beaucoup et d'agir très peu, de refuser des "prix
préférentiels aux pays frères africains", de placer leurs pé-
trodollars dans les banques européennes et américaines au lieu
de les investir dans les pays qui en ont le plus besoin, en
l'occurence les pays africains. C'est dans ce sens que le pré-"
sident somalien Siad
Barré déclarait en 1974 à l'issue de la
conférence de l'O.U.A. à Mogadiscio : "nos frères des pays
arabes préfèrent déposer leur argent dans les banques du diable
hostiles aux Arabes" (1).
Ces manifestationsde mécontentement concernant l'as-
sistance économique arabe se doublent dans certains cas sur le
plan politique de la désapprobation de l'immixion de certains
pays arabes dans les "affaires intérieures" des pays africains.
Ce qui vise notamment la Libye, ensuite le Soudan et l'Egypte
---------------------------------------------------------------_.
(1) cité par Péan "art.cit." p. 40'
En effet, il faut souligner ici la contradiction de la po-
litique de certains pays arabes de l'OPEP en l'occurence
l'Arabie Séoudite, le Koweit
etc ... Cette contradiction
réside dans le fait d'employer l'arme du pétrole pour faire
pression sur les pays
occidentaux hostiles à la cause ara-
be et de financer le déficit des balances
de paiement de
ces derniers, à des taux d'intérêt très avantageux (5 %)
et de refuser ce même service aux pays africains qui de-
vaient recourir à des prêts de l'Euro-dollar à des taux
d'intérêt élevés (15 - 20 %). Cf : CHIBWE : Arab dollars
pp. 42 - 50.

, l
'306
",
dans la "guez-r-e civile" au 'l'chad et la Libye encore dans de
nombreux pays africains néocoloniaux (Higer, Gentrafrique,
Sénégal, etc ... ). Des régimes arabes sont aussi accusés de
vendre des armes et du pétrole à la Rhodésie (1) par le biais
du régime honni d'Afrique du Sud, malgré la décision du Som-
met arabe d'Alger. Le soutien apporté par l'Arabie Séoudite,
la Libye, l'Irak, la ~yrie aux différentes factions des mouve-
ments de libération érythréen contre l'Ethiopie sera un obs-
tacle supplémentaire aux relations arabo-africaines.
Mais voyons à présent comment les pays arabes réagis-
sent aux critiques et aux manifestations de mauvaise humeur
des Africains.
B - Les réactions arabes
DU cÔté arabe,
on faisait remarquer aux "frères afri-
cains" - parfois avec peu de courtoisie - que les pays arabes
ne sont pas simplement des "bailleurs de fonds" et qu'ils ne
se reconnaissent pas responsables des difficultés économiques
que connaissait l'Afrique Noire. Par conséquent, ils tentaient
de faire comprendre qu'ils s'étaient engagés seulement à aider
les pays africains à faire face aux questions de développement
et à palier les difficultés économiques conjoncturelles entraî-
nées par les hauases du prix du pétrole. En réalité, les reven-
dications des Etats africains apparaissaient comme une dîme
que devaient leur payer les Etats arabes pour la solidarité
qu'ils avaient manifestée avec la cauSe arabe et palestinienne
en rompant avec Israël. Le monde arabe de son c8té semblait
vouloir compenser cette solidarité par une importante assistan-
ce financière, tout en condamnant l'attitude de certains pays
----------------------------------------------------------------
(1) notamment la Jordanie cf Sammy Kum Bwo " rrhe illusion of the
Arab african solidarity" in Africa -L-1.eport, sep - oct 1975.

"':01
2Îricains qui malgré 18. r-nptur-e avec Israël, continuaient
d'entretenir des rapports co~~erciaux avec lui. ïel était le
cas du Zaïre, de la Gâte d'ivoire, etc ••.
En tout cas, ces deux conceptions de départ des rela-
tions arabo-africaines n'auraient pas été possibles sans ce
vide philosophique stratégique et idéologique qui les caracté-
risait avant le premier Sommet arabo-africain au Caire en 1977
et auquel la déclaration politique a tenté de remédier. (Voir
annexe). D'ailleurs, dans une très intéressante brochure (1)
Sa~iliCAyyari, Président de la banque Arabe pour le Développe-
ment Bconomique en Afrique (B.A.D.E.A.), créée en 1974, mettait
très sévèrement en garde les Arabes de n'avoir qu' "une vue
d'ensemble de la coopération arabo-africaine". Il critiquait ces
derniers de concevoir cette coopération comme étant simplement
"une reconnaissance à leurs frères africains, au lendemain de
leur appui, à la cause palestinienne qui est en fait une cause
arabe et africaine à la fois"
(~).
S' adressant aux Afrie-ains, c Ayyari poursuit: "Les
Arabes ne sont redevables à quiconque, ne sont responsables de
l'oppression d'un peuple quelconque, ni de la crise d'aucun
système économique ou monétaire dans le monde, ni de la crise
de la famine et de la
sécheresse en Afrique et moins encore
du déficit de balances de paiement des pays pauvres, quelque
soit leur situation géographique"
(3).
Le président de la B.A.D.E.A. rejette donc avec la
dernière énergie les critiques consistant à mettre .au passif
des pays pétroliers en général et des pays arabes en particu-
lier, les difficultés économioues mondiales. En effet,
---------------------------------------------------------------_.
,
__ -
c-
..
- -
intitu.1e Ai!'AQ a~ 'l'A AHUn
al cAHABÏ
al-IFRIQI .
..b12il p. ci.
Ibidem •


l'O.?E.P. et l'O.P.A.~.2. ont été les boucs émissaires de la
crise structurelle des pays capitalistes depuis les années
soixante dix. Nombreux sont les Etats africains qui n'ont pas
compris ou n'ont pas voulu comprendre que: "Les Arabes eux-
mêmes ont été confrontés et sont encore confrontés à l'exploi-
tation de leurs richesses et de leurs biens, à la domination
des grandes sociétés étrangères sur leurs revenus et leurs res-
sources" conclut cAyyari (1).
Abondant dans le même sens, l'Algérie qui intègre la
solidarité arabo-africaine dans la stratégie globale du Tiers-
Monde pour la maîtrise des ressources nationales éclairait, par
la voix de BÜ Madyan à la session extraordinaire de l'O.N.U.
(avril 1974) sa conception quant aux demandes africaines rela-
tives au "prix pz-é f'é r-errt Le.La" :"Le problème n'est pas de faire
baisser le prix du pétrole mais d'aider les pays producteurs
de cuivre, de fer et d'autresmatières premières à s'unir pour
revaloriser leurs produits comme l'a précisé le "sommet" des
non alignés ( .•• ). D'autre part, nous avons dit que le pétrole
est un produit international qui ne peut avoir deux prix, mais
nous avons souligné que des accords bilatéraux étaient possibles
dans le domaine pétrolier et nous en_avons conclu avec des
pays qui risquent d' être en difficulté" (2).
A notre avis, CAyyàri et Bu Madyan ont posé la véri-
table problèmatique et la stratégie sur lesquelles devaient
reposer la coopération arabo-africaine dont nous allons analy-
ser quelques-uns de ses aspects bilatéraux.
-----------------------------------------------------------------
(1) EbLd em-
(~) cité par BALTA (p)
"art. cit." in f'.tA.G MAC,no 64 p. Itl.

309
G - Les Organismes de Coopération arabes avec l'Afrique
Noire (.i)
Le concours financier et techniQue arabe en AfriQue
passe par des institutions multilatérales et bilatérales
spécialisées dans la coopération arabo-africaine (BADEA,
F'ASA, FATA
etc ••• ). Dl autres institutions sont créées, com-
me celles Que nous venons de mentionner depuis 1973, à l'is-
sue de la réalisation effective de la solidarité arabo-
africaine. Mais elles ne sont pas spécialisées. Cependant,
il faut noter Que d'autres encore à caractère bilatéral
multilatéral dont l'existence est antérieure à 1973 vont
étendre leurs activités entre 1973 et 1975 pour couvrir
l'Afrique Noire. Ge sont des banQues nationales ou multina-
tionales arabes obéissant aux conditions du marché capitalis-
te, en ce Qui concerne les taux d'intérêts, la durée d'amor-
tissement
etc .••
Quant aux deux prem~eres catégories d'institutions
sus-citées, elles pratiQuent des taux d'intérêt extrêmement
bas, entre l à 5 % avec des délais de gr~ce allant de 3 à
10 ans pour une durée d'amortissement allant de 12 à 25 ans.
L'élément de don varie entre 13 à 50 % en moyenne selon les
situations économiQues des pays bénéficiaires de certains
fonds arabes (~).
---------------------------------------------------------------
(1) La présentation est extraite essentiellement d'une
brochure de la BADEA : Essai de Nomenclature des Institu-
tions arabes de financement bilatérales et multilatérales
(2) voir annexe

IO. Les Institutions arabes de financement multilatérales
a) Le Fonds Arabe de Développement Economique et SOèial
(F.A.D.E.S.)
Siège:
KlJWAYT·
Créé en Mai I968 à la suite de la décision prise par le
Sommet arabe de ~AR~UM en septembre I967 avec un capital ini-
tial de 347 millions de dollars.
Attributions : f'Lnanc emerrt 'td e s projets intéressant plus d'un
pays arabe" : transports maritimes, routes, hydrauliques
etc •.•
Pays Contributeurs
Etats membres de la L.E.A.
b)
La Banque Arabe pour le Développement Economique en
Africue (B.A.D.E.A.)
Siege : HARTUl1.
L'idée de sa création est décidée par le 6ème sommet
arabe d'Alger en I973, ratifiée par le 7ème sommet arabe de
RABA~ en I974. El~ est devenue opératoire en I975. Son capi-
tal initial est de 23I millions de dollars.
Attributions : ll r enforcer la coopération économique, finan-
cière et technique entre pays africains et ar-abe a'", Elle gère
aussi les llfonds spéciaux d'assistance aux pays africains
non-membres de la L.E.A.".
Pays Contributeurs : tous les membres de la L.E.A. à l' exe op-
tion de la Somalie.
c) La Banque Islamique de Développement (B.I.D.)
Siège : GIDDA·
Création
décidée par le Sommet Islamique de Lahore en
février I974. Son capital initial est de 2;4 milliards de
dollars.
Attributions : ll c ontribuer au développement économique des
pays membres. Mais son statut élargit ses activités aux pays

":":TT"
, .'_'.
non-membres abritant des communautés musulmanes".
Pays Contributeurs : 24 pays
arabo-islamiques dont 4 afri-
cains (Guinée, Mali, Niger et Sénégal) (1).
d) Le Comité Snécial de l'O.P.A.E.P. (C.S. OPAEP)
Siège: IaJ1IIAYT·
Il est créé en 1974 avec un capital de da millions de dol-
lars.
Attributions
fournir une aide d'urgence aux pays arabes non-
producteurs de pétrole (prêts sans intérêts).
Pays Contributeurs : les la membres des l'O.P.A.E.P.
e) Fonds Arabe Snécial pour l'Afrique (FASA)
Siège : HARTm1.
- .
C'est le comité pétrolier de l'O.U.A. et les ministres des
Affaires Etrangères de l'OPAEP qui ont décidé sa mise en pla-
ce en janvier 19'14 avec un capital de 200 millions de dol-
lars.
Attributions : "faciliter le financement des achats de pétro-
le des pays africains et développer les ressources pétrolières
en Afrique".
Pays Contributeurs : Les membres de l'OPAEP
f) Fonds d'Ass~ance technique Arabo-africain (FATA)
Siège: al -Qahira (Le Caire).
Le Conseil Economique de la L.E.A. a décidé sa création en
décembre 1973, décision approuvée par le sommet de Rabat en
1974. Son capital initial est de 25 millions de dollars.
Attributions : Favoriser la coopération et le développement
technique entre les Etats arabes et afrieains. Coordonner
---------------------------------------------------------------
(1) Remarque : 1 autres pays africains ont rejoint l'Organisa-
tion de la Conférence Islamique depuis 1974. Ils sont donc
vraisemblablement contributeu~ à cette banque financée
pour l'essentiel par l'Arabie Séoudite.

leurs efforts "pour l'évolution scientifique et technique;
orienter les capitaux arabes vers des projets arabo-africains
dans ce domaine".
Pays Contributeurs
Les membres de la L.E.A.
2°. Institutions arabes de financement bilatérales:
a) t'onds Koweitien pour le développement Economique Arabe
(F.K.D.E.A.)
Créé en décembre 1961 avec un capital de bdO millions de
dollars.
Attributions : "aider les Etats arabes à développer leurs éco-
nomies". En 19'(4, le gouvernement koweitien décide d'étendre
le champ de ses opérations aux pays en voie de développement
(PVD) non-arabes particulièrement en Afrique.
b) Fonds d'ABU DHABI pour le dévelopnement économiaue Arabe
(F.A.D.E.A.)
Créé en juillet 1971, ce fonds disposait d'un capital de
126 millions (quadruplé en 1974 : 500 millions de dollars)
Attributions : accorder une aide économique aux pays arabes,
soit sous forme de prêts à des intérêts réduits, soit sous for-
me de participation en capital à leurs projets économiques.
En 1975, le fonds étend ses activités aux P.V.D. non arabes
de l'Afrique et de l'Asie.
c) Fonds Séoudien pour le développement (F8D).
Gréé avec un capital de ~45 millions de dollars en 1974, le
capital
est de 2, 8 milliards de dollars en 1976.
Attributimns
accorder des prêts pour financer des projets
dans les PVD arabes et non arabes

d ) Fonds Irakien pour le Déveloupement Extérieur (F.I.D.3.)
/
Création en juin I~ 14. Capital initial de 500 Millions de
dollars.
Attributions
Les mêmes que le F.S.D.
3°. Institutions financières arabes soumises aux conditions
de marché
Celles-ci sont relativement nombreuses. Ce sont des
multinationales qui regroupent des intérêts arabes gouverne-
mentaux ou privés mais aussi etrangers notamment africains
dans des cas rares. i:JouS en énumerons quelques-unes dont les
activités couvrent entièrement ou partiellement le continent
afric am.
a) Banque Arabo-Africaine tB.A.A.)
Siège : al-Qahira·
Elle est créée en février 1964 lors du sommet arabe
avec un capital
de ~O millions de dollars.
Attributions: Financement"des opérations de commerce exté-
rieur dans les pays africains et arabes"
Actionnaires: Koweit t42,4 %) Egypte t42,4 %) Irak tIO %)
intdrêts privés tI,'? %). Le reste va à l'Algérie, Jordanie
et Qatar.
b) Banaue Internationale Arabe pour le Commerce Extérieur
et le Développement tB.A.A.C.Z.D.)
Siège. al-Qahira.
Créée en 1973, son capital est de
5 millions de
dollars.
Attributions
étendues aux F.V.D. non arabes.
Actionnaires
Libye, Egypte, Koweit et Oman.

314
c) Union des Bangues Arabo-française (U.B.A.F.)
Siège: Paris·
Creation en février 1970 avec un capital de 110 millions
de F.F.
Attributions : Financement du commerce extérieur et des pro-
jets de développement économique en général. Ses activités
sont étendues en Afrique depuis janvier 1973.
Actionnaires: Crédit Lyonnais (31,90 %) Banque Française du
Commerce Extérieur (8,00 %), 24 banques arabes (60,02 %).
d) Banaue Sénégalo-Koweitienne
d'Investissement (B.S.K.I.)
Siège ; Dakar.
Création en 1974 avec un capital de 4 millions de dollars.
Attributions : "Contribuer au développement économique du
Sénégal et consolider la coopération arabo-africaine".
Actionnaires: La KPîCI Koweit (?O %), le gouvernement séné-
galais (2? %) et des intérêts privés sénégalais (25 %) (1).
e) Société Afro-arabe d'Investissement et de Commerce Inter-
national (A.~.A.R.C.O.)
Siège : Rîyad .

~réée en juillet 1972 avec un capital initial de 6,6 mil-
lions de dollars.
Attributions : Qcontribuer à la coopération économique arabo-
africaine".
Actionnaires
le K.F.T.C.I.C. (60 %), la Banque Arabo-
africaine (25 %), la ~anque MISR (Liban) I2,? % et divers
intérêts arabes (2,5 %).
--------------------------------------------------------------
(1) Il Y a aussi d'autres banques mixtes de ce·type comme ~.
Banque ~oweto-liambienne, la Banque Nigéro-Arabe Libyenne
la Danque Tchado-Libyenne
etc, .•

315
~nfin,
nous ne tenons pas compte des nombreuses
sociétés mixtes créées principalement par l'Algérie et la
Lybie dans les pays africains et dans les domaines les plus
divers: pêche, transport,
industrie,
etc ...
Nous en évoquerons quelques-unes dans les pages
suivantes-

'H6
SECtION II
LA COOPBRA1'ION BILA'1ERALE
A - La portée des relations bilatérales arabo-africaines
Analyser ces relations dans leur ensemble n'est pas
une tâche facile. Cela exigerait de longs développements pour
des résultats assez minces, dûs au fait que les échanges com-
merciaux d'un grand nombre de pays arabes avec l'Afrique ne
datent que de 1974/1975. Car les exportations de l'Afrique vers
le Noyen-Orient ne représentaient dans son commerce internatio~
nal que 1,4 % en 1963-68, 0,9 % en 1970 et 1,0 % en 1973. La
moyenne se situe donc à 0,9 % entre 1969-74 (1). Dans le sens
inverse, elles représentaient 3,4 % en 1963-68, 2,9 % en 1971
et 2,2 en 1973, soit une moyenne de 2,3 entre 1969-74 (2).
Nous avons donc choisi de nous intéresser aux seuls
pays arabes d'Afrique qui ont eu des liens multiformes avec
l'Afrique Noire depuis 195e. Il s'agit de l'Egypte, de l'Algé-
rie, du Maroc
de la Tunisie et de la Libye (à partir de
1971). Au demeurant, les échanges de ces derniers avec l'Afri-
que sont très faibles. C'est la conséquence de la domination
néocoloniale-et de la non diversification des sources d'import-
export des pays arabes et africains. Les premiers effectuent
)0 à 55 %de leur commerce international avec les anciennes
puissances coloniales et les seconds b5 àt5 %.
Même avec le développement des rapports arabo-afri-
cains depuis I973 l'ensemble de la valeur des échanges arabo-
africains ne dépasse guère 5 % en 19dO de leurs échanges glo-
(1) Rapport de la Banque Mondia2de 1975 cité par Afrique
Noyen-Orient, supplément de Jeune Afrigue,1976/TI p. 27.
(2) Ibidem. Remarquons que les échanges inter-arabes se situent
seulement entre 7 à 15 % de leur commerce international en
dépit de la création du Conseil de l'Union ~conomique Arabe
en 1962, prolongé par le Marché Commun Arabe en 1964 et le
~omité Maghrébin consultatif Permanent.

317
>".UX
(1) qui se situent entre 2)0 à .500 millions de dollars
par an entre 1975 Gt I9b1.
Si les pays arabes renferment près ·de deux-tiers
des réserves mondiales de pétrole, les pays africains détien-
nent de nombreuses matières premières stratégiques indispen-
sables pour l'~conomie mondiale: 97 %des réserves mondiales
connues pour le chrome, 73 % pour l'uranium, 73 % pour le
nickel, 64 % pour le platine etc .•. (2).
Ce qui précède montre l'importance géopolitique et
économique de l'Afrique et du monde arabe et les grandes pos-
sibilités de coopération arabo-africaine, pour peu que
soit mise en oeuvre une stratégie de dévelop~ement visant à
mettre un terme à l'exploitation de l'ensemble arabo-africain
et à sa dépendance du système capitaliste.
En dépit de ces grandes possibilités de coopération
les échanges bilatéraux entre l'Afrique et le monde arabe
n'ont atteint entre 1960 et 19~0 que 158 millions de dollars
sur un volume global de 23,3 millia:rds de dollars avec le
monde entier (3).
Sur le plan culturel, il est difficile aussi d'éva-
luer les relations bilatérales à cause de l'absence de don-
nées publiées par les gouvernements intéressés (comme nous
l'avons souligné dans notre introduction). L'analyse des rap-
ports culturels n'est pas une tâche facile d'autant plus
---------------------------------------------------------------
v
selon al-Sarg al·Awsat du 7.10.1980
.
voir l'importante étude comparative des économies arabes
et africaines et leurs places dans l'économie mondiale
d,cA.cAziz (Hustafa)
: "al-TacAwun al-IfrlqL •• " in Hayrl:
.
-
al- c Alagat •• pp. rn - L45.
cAl8:qat
voir Hama (A) : "al-
al-1qtisadIya al-CArabiya al-
.
.
.
IfrIqIya" in Samid al-1qtisadi, mai 1980 p. 122.
i


3I8
ou'ils ne sont pas toujours la manifestation d'accords cul-
turels et techniques officiels entre Etats et que la dis-
tinction entre le culturel et le religieux n'est pas chose
aisée, car l'action culturo-religieuse est intimement liée
aux thèmes de la négation du sionisme du colonialisme et du
racisme dans la politique africaine de certains pays arRbes
comme nous allons le voir.

~Ta
,
._'
1
B - Eggpte -
Arriaue
ID. Sur le plan économlaue
----------------------
En examinant les nombreuses visites de chefs d'Etat
africains aux Caire et les séries d'accords culturels, tech-
niques et économiques signés avec ces derniers,
on doit se
demander pourquoi l'Egypte n'a pas réussi à convaincre ses
partenaires de rompre avec Israël, de faire prévaloir Sa
ligne politique et son modèle de développement. Cela s'ex-
plique
entre autres par le style même d'agitation et de pro-
pagande qu'elle amenées en direction de l'Afrique mais sur-
tout par l'absence de moyens de pression économique. Par
contre, c Abd al-Na~ir a reussi à renforcer son prestige per-
sonnel et la position influente de l'Egypte sur un certain
nombre d'Etats africains et arabes.
Cependant, elle n'a eu de rapports privilégiés
qu'avec les pays progressistes (Guinée, Ghana, Mali, Tanza-
nie, Congo-Brazzaville etc .•• ) ce qui
a négativement com-
promis les échanges égypto-aÏricains sur le plan économique
bien que ceS échanges soient par ailleurs les plus importants
qu'un pays arabe ait entretenus avec l'Afrique avant 1973
(I).
La société import-export al-NASR lsociété d'Etat

égyptienne) était la seule compagnie arabe qui assurait des
transactions avec les pays aÏricains. En 196I, trois filia-
les africailliS ont été inaugurées en Guinée, au Ghana et au
Nigéria. En 196b, ce nombre a été porté à 19 en Afrique au
Sud du Sahara l2).
--------------------------------------------------------------
. - -
c -
voir l'étude decAwda (c A• r.r. ) : "al Ittlfaqat a~Ma quda
Bayna l-Iil?r Wa·l-Duwal al- Ifriqiya" in gayrI lM) al-cAlaaat
(op.cit.) pp. 547 - 5(0-
(2)
Abdelkâder (EI-Naggar)
: Les Echanges commerciaux entre
l'Egypte et les Etats aÏricains d'expression francaise
p.IIO et suivantes dans lesquelles l'auteur donne un bi-
lan assez décaillé des échanges égypto-aÏricains.

320
Comme nous ~_'~.vons déjà dit, l'intérêt manifesté par
1'"6gypte pour l'AÏrique sous domination coloniale ~tait essen-
tiellement politique et culturel. Après la constitution de
ftl'O.U.A.
en 1963, cet int~rêt est devenu politique, économi-
que et culturel à la fois.C'est dans ce cadre que s'inscrivent
ses tentntives dans les années cinquante et soixante pour la
création d'un marché commun africain ou afro-asiatique en
vue de défaire les organismes de coopération régionale domi-
nés par le capitalisme européen tels que l'O.C.A.M, le CEDEAO
etc
L'échec de ces tentatives a conduit l'Egypte à nouer
des relations d'Etat à Etat avec les pays africains "modérés".
Bref, les importations égyptiennes d'Afrique sont passées de
4,~ millions de livres égyptiennes ~MLE ) en 1960 à 14,1 en
1965 pour retomber à 13,5 en 1970, alors que ses importations
de tous pays étaient respectivement aux mêmes dates, de
225 000, 405 800 et 342 000 en MLE.
Quant à ses exportations vers l'Afrique Noire, elles
sont passées dans la même période de ?,~ ~I960) à 9,0 ~I966)
et 20,2
~I970) en MLE. Les exportations de tous pays représen-
taient respectivement 191 600, 262 500 et 331 200 en MLE (1).
C'est la société al-NASR qui a couvert la quasi-totalité de

l'activité commerciale de la R.A.U.
en Afrique. Les opérations
d'import-export de l'Egypte ont atteint 113 MLE de 1961 à
1970 dont 15 MLE en opérations commerciales internationales (2).
Dès 1957, l'Egypte a élaboré une politique africaine
dont l'élément culturel et religieux est un facteur essentiel.
Les nombreuses mesures prises
en 1958, 1961 et 1964 pour
adapter l'université théologique d'al-Azhar
aux exigences
(1) in Annuaire statistique de la C.E.A. de l'ONU 1962·
(1ère partie)
(2) al-MasUhi
op cit pp. 461.462-

~?T
et aux ambitions de c l o d al-Na~ir (1) montrent - si besoin
eD était -
à quel point elle était devenue un instrument pri-
vilégié pour l ' ac t ion d e I ' Egypt e en direct ion de 11 Afrique
au Sud du Sahara. Les enseignants dl ar-abe qui y travaillaient
étaient l
041 en 1965 alors que leur nombre ne dépassait guè-
re 44 en 1954 (2). En 1953, 9/9 ~tudiants africains en pro-
venance de 21 pays poursuivaient des études en Egypte. Ce
nombre atteint 30 000 (étudiants maghrébins compris) en 1964.
Enfin,
en 1961, 3 OSi bourses ont été offertes aux ressor-
tissants africains auxquelles s'ajoutent l
640 autres en
1969 -
1970 (3).
La culture arabe et la religion étaient donc au
centre des rapports entres l'Egypte et l'Afrique Noire. Car,
comme le dit Bernardini : "L'Islam peut être utilisé sur le
continent africain,
par les pays arabes, soit aux fins de
propagation de la foi,
soit comme s~ support d'une poli-
tique",
(4).
al-Azhar avait la vocation de remplir ces deux rôles
sous l'Egypte nassérienne dont le dynamisme politique était
accompagné d'un immense déploiement culturel et religieux en
direction des pays africains où la promotion de la langue
arabe dans les ann~es soixante tentait de suppléer les lan-
gues imposées par la domination coloniale.
huhamad Saltüt, alors recteur de cette université
résumait bien le rôle que l'Egypte assignait à la première
(1) cf
II ème partie Chap. II
(2) cf
TAREQ:
op.cit. pp. 137 -
139-
(3) Ibidem.
(4) voir :"Les relations arabo-africaines avant la Conféren-
ce du Caire" in lI'IAG-MAC·,no 76 2éme trim. 1977 p. 75-

322
institution culturo-rp}_::'gieuse du monde arabe et musulman:
"lutter contre }.' z.c t Lon politique et économique d'Israël
- "faire admettre que l'Egypte est le représentant naturel
de toute l'Afrique sur la
scène internationale
- "dévelop'ler l'influence politique et culturelle de l'Eg"pte
aur- 18S pays du '~aut Nil et en Afri.que orientale ;
- "évincer l'occident afin d'améliorer les positions égyp-
tiennes"
;
- "neutraliser l'avance du christianisme en montrant que celui-
ci n'est qu'une religion occidentale liée à l'impérialisme
tandis que l'Islam est une religion d'émancipation dont les
enseignements coïncident avec les exigences du nationalis-
me africain"
t I)·
En effet, le conseiller de Nasser dans ce domaine
estimait comme beaucoup de spécialistes égyptiens qu'il était
possible de convaincre les Africains d'adopter l'arabe comme
une langue transnationale du continent sans rencontrer l'hos-
tilite du nationalisme africain puisque, dit-il, "l'arabe
est la plus ancienne langue vivante du continent africain" (2).
Ce qui explique selon Is~aq que de nombreux dialectes soient
dérivés de l'arabe, à 70 % comme le Swahili ou à 3Q % comme
le Haoussa. A ce titre, estime l'auteur, l'arabe "ne peut ,être
considéré comme une langue étrangère" par les Africains.
Si les considérations de l'auteur sont partiellement
fondées comme le montre l'étude de P. Alexandre (3), rien ne
justifie par contre, la substitution des langues et cultures
coloniales par une autre influence, fût-elle celle des pays
---------------------------------------------------------------
tI) cité par FROELICH (tT.C.) "Islam et culture arabe en Afrique
au Sud du Sahara" Le ~lois en Afrique, nO I,
janvier I966"
p. 64·
(2) Is~âq (c~)
Nahdat IfriqIya (op.cit.) p. I49·
t3) "Langue arabe et langue africaine' in r-rémoire du CERJl1AA, nOI
(op.cit.) pp. 20 - 28 •

arabes, au moment où la lutte était dirigée contre l'aliéna-
tion et l'assimilation culturelle, subies nendant la période
coloniale (1).
L'action culturelle et religieuse de la R.A.D.
jusqu'à 1967 est de loin la plus importante qu'un pays arabe
n'ait jamais tenté avant la Libye de
Qa~~af! dont la démar-
che dans ce domaine est nous semble-t-il, le prolongement
naturel de l'action de l'Egypte.
-------------------------------------------------------------
(1) selon les types de colonisation: les Espagnols et les
Portugais ont prati~ué : l'assimilation au plus haut de-
gré". Partout où ils sont passés, les langues maternelles
ont laissé souvent place à un "langage hy-bride" : Angola,
Mozambique, Ile du Cap-Vert, Amérique
Latine etc •••
Quant à la France, elle pratiquait une ~ducation fonction-
nelle, une assimilation sélective de l'élite scolarisée
pour les besoins de son administration coloniale, alors
que les Anglais ont souvent favorisé l'enseignement des
langues locales dans leurs colonies pour mieux jouer sur
les clivages tribaux. Enfin, les Italiens, bien qu'ayant
pratiqué essentiellement la colonie de peuplement dans
leurs colonies, ·leur influenc e linguist ique et culturelle
est restée incertaine. Voir l:3AHOKEN : "Problèmes de lan-
gue de communication et de personnalité culturelle" in
ETHNO-PSYCHOLOGIE, nO 2/3 1973, pp. 89-90 et CALVET (L.J.)
Linguistique et colonialisme.

324
c - Li"bve - Afri nué
1°. Cadre Général des relations bilatérales
--------------------~~------------------
Après avoir essuyé des déboires dans ses tentati-
ves de fusion avec les pays de la "confrontation"y Egypte
3yrie, la Libye de Qa~dafi s'est tournée en vain vers le
S oudan, la Tunisie et l'Algérie avant' de s'intéresser au
Tchad, à l'Ouganda, au Niger puis au reste de l'Afrique
Noire.
"Très vite, la Libye entreprend donc de d'velopper
son implantation diplomatique au Sud du Sahara, y portant
en quelques mois de sept à trente le nombre de Ses ambassa-
des. Parallèlement, elle s'attache à tisser patiemment un
réseau d'accords de toutes natures dont la densité n'appa-
rattra que quelques années plus tard : une quarantaine de
sociétés mixtes, une dizaine de banques et plus de dix~sept
centres culturels, tous inaugurés avant l'année 1974" (1).
Cette action sans commune mesure est soutenue par une impor-
tante. assistance financière et un soutien accru aux mouve-
ments de libération africains.
c
-
- -
Quand Mu Ammar Qag~afi a pris le pouvoir (le l er
septembre 1969) il a tout de suite affirmé sa volonté d'adop-
ter une ligne politique anti-impérialiste et anti-colonialis-
te en matière de politique étrangère en général, à c$té des
thèmes inspirés de l'Union SociRliste Arabe de l'Egypte nas-
sérienne : socialiscre, Unité et progrès, thèmes auxquels la
-------------------------------------------------------------
(1) OTAYEK (R) : "La libye et l'Afrique, assistance finan-
cière et stratégie de puissance" in Politique Africaine,
nO 2, mai 1981, p. 79 dont sontextraits les tableaux b,
7, e et 9 et suivants.

Lybie a ajouté l'Islam pOUr sa politique intérieure et inter-
arabe. Telle a été la démarche poursuivie jusqu'à 1973. Dans
son célèbre discours de ZU~fuqA (1) Qa~~afr dénonce la dicta-
ture du Conseil
du Commandement de la Révolution (CCR)
sur
les masseS et annoncel'avénement du pouvoir des masseS et
l'établissement d'un véritable socialisme en annonçant le
déclenchement de la "révolution populaire" et la constitution
des "comités populaires". Dans ce discours, Qag.g.af:L réfute
toute idéologie qui n'exprime pas "l'authenticité arabe,
l'Islam véritable dans son essence, tel qu'il a été révélé
par Dieu", condamœ toutes les "idées de désorientation de
l'Occident et de l'Est", invite le peuple à "déchirer tous
les livres importés qui ne valorisent pas l'arabité (a~Urüba)
l'Islam r le socialisme et le progres". Par conséquent, le com-
munisme et le capitalisme sont globalement combattus et le
christianisme est assimilé au colonialisme (2).
C'est cette nouvelle orientation qui va servir de
support à l'action libyenne en Afrique à partir de 1973 en
mettant fortement en avant les themes de lutte anti-colonia-
liste, anti-imperialiste,
anti-apartheid et anti-sioniste.
Cette démarche ressemble fort à celle de l'Egypte nassérienne
Mais l'originalité de l'idéologie libyenne réside dans sa
réhabilitation de l'Islam authentique repensé dans une concep-
tion en apparence révolutionnaire, qui se traduit par des
actions concrètes envers les mouvements de libération afri-
cains et par une assistance financiere oonsidérable à telle
enseigne que les gouvernements "modérés" n'ont pu résister aux
affres généreuses libyennes.
---------------------------------------------------------------
v
(1) in al-FaU al-Gadld, II avril 1973·
..
y -
(2 ) voir al-Fagr al-Qadid, 30 septembre 1973 •

~26
.1
1e ~ouvernement de Tripoli ne s'adresse pas seule-
TJent aux autorités officielles, mais aussi aux associations
culturelles islamiques et aux chefs musulmans traditionnels
locaux, pa.rticulierement en Afrique de l'Ouest. On peut appré-
cier l'impact de l'action libyenne en constatant le nombre
impressionnant de délégations gouvernementales et non-gouver-
nementales qui se sont succédées à Tripoli depuis 19'(2 pour
y solliciter des aides de tout ordre.
Les immenses moyens mis en oeuvre par la Libye au
service de son "activisme diplomatique" expliqueraient les
raisons de son succès en Afrique, là où l'Egypte nassérienne
n'a pu susciter qu'une adhésion idéologique limitée à la di-
mension négative de l'impérialisme et du sionisme. Enfin, la
politique africaine de la Libye sera repensée et le ton du
discours remodulé entre 1975 et 1977 en fonction de son rap-
prochement avec l'U.R.S.S. et de la proclamation de la
"troisième voie universelle" (1).
2°. Coopération économiqu_e et assistance financiere
-----------------------------------------------
La libye est le pays arabe qui a le plus recyclé
ses surplus de pétrodollars en Afrique dans le cadre des rela-
tions bilatérales. Les accords signés avec l'Afrique sont très
variés. Ils concernent le financement des projets de dévelop-
pement:économique : la création de sociétés et de banques
mixtes, de transport, de pêche etc
(voir tableau nO 6,
ci-après).
Les dons, les prêts et les accords bilatéraux s'ins-
crivent soit dans la stratégie qui vise à favoriser son influ-
ence idéologique et à promouvoir la solidarité avec les pays
---------------------------------------------------------------
(1) cf : Qa~~afI (M) : al- KHab al- ahdar t 3 volumes) et dans
les études de BLEUCHOT tH) et de MAYER (A.E.) in MAG-MAC~
n? 93, 3ème Trim· 1981-

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TABLEAU

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ACCORDS L1BYO-AFRICAINS. 1970-1~80
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Sao-Tomé
1
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Sénéllal
1
1
1
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Sierra-Leone
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1
1
1
4
Somalie
x
Tanzanie
1
1
2
4
Tchad
x
TOlo
x
folal
3
4
6
9
2
3
1
4 (Il) 43}
x : Nombre d'accords non précisé.
Les chiffres entre parenthèses sont provisoires.
86

.,,28
progressistes comme la Zambie, l'Angola, etc ••• soit dans la
perspective de raffermir la solidarité islamique avec les pays
Où la communauté musulmane est majoritaire et encourager l'ac-
cession au pouvoir d'éléments radicaux. Pour atteindre ce der-
nier objectif, Tripoli a parfois recours à des "menées subver-
sives" comme au Niger (Cf infra) et au Tchad ainsi que dans de
nombreux autres pays africains "modérés" notamment au Sénégal,
avec lequel elle a eu des relations aSSez perturbées (I).
L'importante assistance économique libyenne à
l'Afrique (voir tableaux nO 7) permet à Qa~~afi d'exercer une
certaine influence dans les domaines que nous venons d'évoquer
sur les pays r-éc Lpd end af.r-e sj-c ar' comme le dit OTAYEK
"La Libye
comme toute puissance nourrit une méfiance profonde à l'égard
du multilatéralisme, qui répartit certes les responsabilités,
mais minimise considérablement les gains politiques envisagea-
bles dans une relation bilatérale" (2).
C'est pourquoi la Libye est l'un des rares pays
arabes à opter pour accorder son assistance bilatérale à des
conditions de faveur. L'élément-don y est très appréciable, il
varie de I8 à 25 %du total de ses engagements souscrits jus- .
qu'à I974 (3) ; c'est-à-dire avant la mise en place définitive
des institutions financières arabes multilatérales.
Cependant, bien que chaud partisan de la coopéra-
tion bilatérale, le régime libyen n'a pas pour autant négligé
le multilatéralisme puisque si on analyse sa contribution aux
différents fonds arabes, notamment ceux de la B.A.D.E.A., on
s'aperçoit qu'il est le deuxième contributeur après l'Arabie
Séoudite et avant le Koweit (voir annexe).
(I) Tripoli et Dakar ont rompu leurs relations diplomatiques
depuis I982·
(2)"Ibide~'p. 90·
(3 ) -r b id em-"·

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La chiffres ent~ pa"'nthbes som des eslimations.
Source: Afria: Re:u!Qrch Bulielin, 1970-1980.
84

Quant aux échanges commerciaux avec l'Afrique, ils
sont assez modestes. Ils ne représentent en 1972 que 37,300
mLLl.Lons' de dollars en importations,
soit 3,57 % du total de
ses importations. En 1976, elles étaient de 35,500 millions
soit 1,10 % du total de ses importations.
Pendant cette même période, Ses exportations vers
l'Afrique étaient en 1972 de 1,288 millions de dollars, soit
0,04 % du totaL,de l'ensemble de ses exportations. En 1976, ses
exportations vers l'Afrique Noire atteindront 20,788 millions
de dollars soit 0,21 %du total de Ses exportations internatio-
nales (1).
Les principaux partenaires africains sont le Tchad,
le Mali, le Ghana, le Nigéria, la côte d'Ivoire,
le Togo, et
le Kenya (2). La faiblesse des échanges Lf.bvo-eaf'r-Lc a.Lna est dûe
certainement au fait que le pétrole et ses dérivés constituent
99,4 %des exportations de la Libye et que ses échanges se font
à plus de '(0 % avec l'Occident. Au demeurant, les échanges
libyo-africains accusent une nette progression depuis 1974
(voir tableau nO 8 ci-après). En outre, 29 sociétés mixtes ont
été mises sur nied (tablc2u nO 9 ci-après) qui assurent à la
Libye une présence économ~que réelle en Afrique.
Enfin,
pour vulgariser "l'activisme diplomatique"
libyen selon l'expression d'OTAl~K, examinons un cas significa-
t i f : le cas du Niger (moins connu que celui du Tchad) auquel
J.Marc BELLOT a consacré une intéressante étude (3).
----------------------------------------------------------------
(1) cf : ONU YEAR BOOK OF INTERNATIONAL TRADE STATISTICS,p. 600
(2) voir la part de chacun de ceS pays in BLEUCHOT
(H)
:
"art.cit." pp. 66-67.
(3) "La politique africaine de la Libye: le cas du Niger"
in R.E.P.E.A. n? 1'76-177, août-septembre 1:9bO p.2I - 36
dont sont extraits les tableaux 10,
II et 12 suivants.

ç
-:
TABLEAU 6: ÉCHANGES COMMERCIAUX LIBYENS AVEC L'AfRIQUE SUBSAHARIENNE :
1970-1976
(en millions de S)
Importations
Exportations
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1970
1971
1972
1973
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Nigeria
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0,3
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0,1
10:
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0,3
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0,1
0,1
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30,0
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Source : FMI, Direction du commerce, rapport annuel, 1970-1976.
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TABLEAU

9
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Haute-Volta
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Rép. Centnfricaine
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1
1
1
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Rwanda
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1
1
1
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Total
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2
1
1
1
1 i 1
7
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société pour l'exploitation des métaux précieux associant la Libye
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1

. . -

' j
/
Il nous permet d'avoir un aperçu global des objectifs
Que le colonel Qaddafi semble chercher à atteindre dans cer-
-
--
tains pays du Sahel musulman.

D - Le Cas du Niger
Des différends frontaliers opnosent la Libye au Niger
d'une part et au Tchad de l'autre depuis l'accession de ces
derniers à l'indépendance en 1960. Les revendications libyen-
nes trouvent leur origine historique et culturelle dans
l'expansion de la SANÜSÏYA au début du XX ème siècle jusqu'au
Lac Tchad. Ces différends ont fait l'objet de nombreux ac~
cords et traités entre les puissances coloniales concernées
La France et l'Italie, entre 1899 et 1951 et entre la France
et la monarchie libyenne en 1955 (1). Se référant à "ses
droits", le r~gime lybien occupe la bande d'Aouzou, une zone
de l 000 kilomètres en territoire tchadien depuis 1973. Et
cela a été suivi par ses interventions directes dans la
"guerre civile
du Tchad en cours" (2). Au
Niger, ses ambi-
tions portent également sur ce qu'on appelle la "bande utile"
(terres cultivable~ qui regroupent un tiers de la population
de ce pays, musulman à 90%).
Les agissements de Tripoli dans ce pays se sont in-
tensifiés avec la visite de Qa~~afi en février 1974 au COurs
de laquelle une convention de coopération culturelle et tech-
nique a été signée par les deux pays. Elle prévoyait d'''intro-
duire dans les programmes de l'enseignement du Niger, la lan-
gue arabe, langue du Coran" (3). En outre, la Libye s'enga-
geait à "fournir les livres scolaires et à imprimer les pro-
grammes conçus par le gouvernement du Niger, à apporter son
aide en personnel enséignant, en crédit de construction et à
couvrir les frais de fonctionnement des écoles à créâr, enfin
à financer la construction d'unestation de radio-diffusion
--------------------------------------------------------------
(1) cf : LANNE (E) : Tchad et Libye. la querelle des fron-
tières'
(2) ~.cf Ch XIII p. 221 et suivantes. Voir Michel VALLET :
"Les deux conflits" Le Nonde du 24 Août 1983'
(3) cité par BELLOT "art.cit."
p. 23-

)7:5
au Higer qui portera le nom de la "Voix de l'Islam" dans le
b~t de diffuser l'Islam en Afrique (1). Cette prise eu charge
à 100 % par la Libye ne se justifie point par le fait que le
Niger est l'un des 25 pays les plus pauvres de la planète.
La générosité libyenne ne peut pas dissimuler les objectifs
déclarés ou non pour l'arabisation de ce pays dont les popu-
lations du Nord s'identifient plutôt à la culture arabe comme
dans le nord du Tchad, du Nigéria et du Mali.
La signature de cette convention est immédiatement
suivie par un vaste mouvement de révolte des étudiants et
des enseignants contre l'arabisation forcée amorcée à partir
de 1972. En plus, pendant cette même visite de Qa~~afI est
signé un traité "de défense et de sécurit~" dans lequel
"chacune des deux parties s'engage à défendre l'autre en cas
d'agression directe ou indirecte. Les deux parties s'engagent
en outre à fournir l'une ou l'autre toute aide nécessaire au
cas où la sécurité intérieure ou extérieure de l'une d'elles
serait menancée" (2). Par ailleurs, le gouvernement libyen
devait apporter au Niger "toute aide nécessaire à la formation
et à l'équipement de ses forces armées et de sa sécurité".
En 1974, donc la tutelle libyenne Sur le gouvernement
de H. Diori était en train de Se réaliser dans tous les domai-
nes.
Cette main mise a d'ailleurs indirectement provoqué le
renversement de Diori un mois après la visite de Qaddafl par
~
~
le lieutenant colonel Seyni Kountché, le 15 a~ril 1974. Au
soir même du coup d'Etat, le numéro 2 libyen, le commandant
GallÜd a tenté d'attérir inopinément à l'aéroport de Niamey
pour rétablir la situation, mais en vain. Même si la normali-
sation entre Tripoli et Niamey s'est effecutée dans de bonnes
conditions, il n'en reste pas moins que la réalisation des
objectifs libyens dans ce pays voisin rencontre beaucoup
(1) Le Temps du Niger,
II mars
1973, cité par Bellot,"Ibidenl
(2) Le Temps du Niger, 24 mars 1974, cité par Bellot, ~bidem '!

d'obstacles et les zoneS d'ombre sont présentes
aussi bien
au Niger qu t au Tchad. La réalisation des "Etats-Unis du S3.hel"
dont on at t r Lbu e l'idée 3. :~i8.~g,2.fi (1) <lui a.jus<lu'ici.essuyé
beaucoup çi'échecs en Ai.xi<lue·oomme au Noyen-Orient.
Enfin les tableaux suivants montrent par l'exemnle
du Niger l'importance de l'assistance économique et financière
libyenne à l'Afri<lue et la place reservée à la propagande
en vue de l'expansion de l'Islam et de la langue arabe dans
l'aide libyenne (voir tableau
nO 10 ci-après). Jean-Marc
BELLOT écrit à. ce propos: "Si on analyse dans le détail ces
c:'Jiffres,
on s'aperçoit <lue durant la période I9"!I - 1973,
30 % des investissements avaient comme but l'aménagement
agricole et 20,6 % concernaient la propagation de l'Islam" (2)
alors Clue dans la période de 197'7 - 1978, 13 % seulement sont
consacrés à la propagation religieuse.
Cependant il convient de souligner <lue 80 % des moS-
<luées bénéficiant des subventions libyennes, se trouvent
curieusement dans ladite "bande utile".
De toute façon, le reglme nigerlen (comme le régime
tchadien) ne peut pas actuellement se passer de l'aide libyen-
ne. Mais il~end seS distances vis-à-vis de Tripoli espérant
<lue la coopération multilatérale
arabe pourra le délivrer de
son voisin trop exigeant. Par conséquent, la
présence algé-
rienne plus discrète semble mieux appréciée par le Niger.
--------------------------------------------------------------
(1) voir Jeune Afriaue,n o l 046 du 21 janvier 1981, pp. I8-3L
(2) }IIbidem~ p. 30

\\
'l'A5LEAU NaTO
1
qllt~:§tjr~;'i:'"-:·~-.l··-Yl -1,,
2. Une aide financière .. tous azimuts ".
- . : , - , : , .","- : . '
~.
< . -
Tableau 2 : Proqramme d'assistance libyenne au Niger, sltuatlon
au 31 janvier 1973 (en Francs CFA) :
-
- -
-
Somme
Somme
Dépenses
Somme
diponible
Projet
prévue
effectuées
restante
marchés non
contractés
Santé publique ......
81.000.000
79.340.320
1.659.680
OPVN
..............
46.000.000
46.179.453
terminé
Jeunesse-Sports
.....
60.000.000
-
GO.OOO.OOO
60.000.000
Véhicules
...........
38.000.000
38.968.720
terminé
Enseignement arabe ..
77.000.000
77.285.100
tenniné
Mosquée ............
93.000.000
-
93.000.000
93.000.000
~éroport Tahoua .....
77.000.000
5.000.000
72.000.000
72.000.000
Frigo Tahoua ... , ....
77.000.000
-
77.000.000
77.000.000
Aménag. agricole
Saadla ............
85.000.000
59.446.299
25.553.701
Barrage Keita ........
85.000.000
84.999.242
terminé
Puits ............••..
77.000.000
26.806.068
50.193.914
29.619.758
Informatton .· .... ··0.
12.000.000
12.236.878
terminé
Energie solaire ......
15.000.000
15.000.000
terminé
Divers ..............
2.000.000
330.607
TOTAL ........
825.000.000
445.262.098
379.737.902
.
-
-
(28) Sabry (O.).: Evolution de la condition économique et sociale des tribus
putorales en A!rIque Centrale et Occll1entaJ.e. B~lorme IIQTllire 2. 1972, p. 52 - 61.

338
28
Revue d'étud .. politiques et économique. africaine.
Tableau 3: Assistance libyenne au Niger (en CFA) - assistance
technique :
~
~
Projet
1971
1972
1973
1974
Total
-
2 experts dans les do-
malnes de la Jeunesse
lt Sports et de l'ële-
vage ................ 2.952.300
6,559.800 6.559.800 6.559.800 22.631.700
-
7 enseignants dans les
écoles d'enseignement
arabe
...............
1.420.000 4260.000
4.260.000
9.940.000
-
20 boursiers ........
2.092,000
7,600.000110.900.000 11.700,000 32.292.000
TOTAL
., . . . . . . . . . 5.044.300 15,579.000 ~1.719.000 22.519.000 64.863.700
Tableau 4: Assistance libyenne du Niger - interventions diver-
ses:
Valeur
Sujet d'intervention
(F CFA)
Lutte contre le Choléra (janvier· mai 1971) .. ,', .. ,
26.000.000
Camion 10 tonnes OPVN ,.,...... .
,
,.
4.000.000
Ambulance Hôpital Zinder
, .. , .. ,
.
1.833.500
Radios • Clubs
,
,
.
150.000
Aide consentie lors de la foire internationale de Tripoli
560.000
Matériel direction Jeunesse et Sports "
, . , .
84.780
Emissions religieuses ORTN ."
,.,
.
1.545.905
Mosquée Niamey
,.,
,
.
514.000
Mosquée Say
,
".,
,.,
,.
510.000
Mosquée Zinder
, . , , ,
,
.
950.811
Mosquée Tahoua
,', .. ,
,"',
", ..
950.811
Mosquée Agadez
, .. , ..
950.811
Mosquée Gouré
,
,
, .. ".,
500.000
Mosquée Dogondoutchi
,
,
,."
.
500.000
Mosquée Maradi
',.'
.
1.997.449
Mosquée Guéchémé
,
, , . ,
.
500.000
Mosquée Tounfalis • Filingué
,
.
450.000
Mosq'4ée Gaya
,."
,',
.
408.110
Médersa de Niamey
"
.
15.000
Médersa d'Agadez
,
,.,
,.
33.330
Assistance aux diverses médersa
,.',.,
.
2.200.000
TOTAL
.
44.654.807

'.c'ABL3AU li. 0
I2
-
LE MOIS EN AFRIQUE
29
Tableau 5: Assistance libyenne - récapitulation (F CFA] :
Période
Période
1
1
Projet
1971-1972
1973-1974
Total
1
Grande subvention ..
445.262.098
379.737.902
325.000.000
Institut islamique ...
275.000.000
275.000.000
Assitance technique .
20.642.100
44.239.600
64.868.700
Divers
44.654.807
i
44.654.807
1
roÎ'Ài....:.::' :1510.541.005 698.977.502 1 1.202.518.507
Aide sécheresse '" .
11.346.318.507
-
-
Tableau 6: Assitance libyenne - période 1977-1978:
1) Investissements
Sommes
Date
Projets
affectées
en francs CFA
03/02/77
Grande mosquée de Niamey
.
375.000.0001
01/07/77
Barrage Birni N'Konm et aménagement
de Lassa
.
1.400.000.0001
30/01/78
Barrage de la Tapoa
.
34.500.000'
Banque nigéro-arabe-Iibyenne
.
250.000.000
20/03/78
• Projets divers •....................
500.000.000
TOTAL
2.805.500.000
2) Dons
09/08/77
6 camions 10 tonnes
.
24.000.000
4 Land Rover ambulance
.
7.600.000
19/12/77
Reconstitution du cheptel
.
61.250.000
27/12/77
Association des femmes du Niger
.
818.000
31/01/78
Croix-Rouge nigérienne
.
2.000.000
39 camions chargés de vivres
.
156.000.000
07/04/78
Mosquée de Dosso
.
20.000.000
08/04/78
Mosquée de Dogondoutchi
.
5.000.000
Mosquée de 8irnl N'Konnl
.
8.000.000
06/07/78
Matériel pour l'assainissement de la ville
de Niamey
.
90.000.000
01/09/78
4 camions Berliet
.
16.000.000
TOTAL
.
390668.000
TOTAL POUR LA PERIODE
.
3.196.168.000
N.B. : Les tableaux 2. 3. 4: et 5 eant extralta du c Temps du Nlpr ., llvt'11llon
du 7 mars 1974 -
Le tableau 6 a ét6 compoeë d'après le Quotidien • Le Sahel •.
Lee dates tndiQuent le Jour ou le journal • rAit éut des flnancements.

"40
SOUS-SECTION
r
ALG-3J.:;:E - AFR.r,UE
A -
Le cadre général
Parmi les pays arabes, l'Algérie est celui qui a le
plus affirmé sa vocation africaine, non pas Dar le discours,
mais surtout par les actes, dans le cadre de sa stratégie
tiers-"londiste (c omme nous le verrons p Lu s loin).
Nous avons pu apprécier sa profonde implication dans
les luttes de libération d'Afrique tout au long de notre
d~veloppement, soit pendant la gQerre d'Algérie ou dans la
période post-independance. L'action de l'Algerie en direction
de l'Afrique est basée essentiellement sur la recherche de la
constitution d'un front commun anti-impérialiste pour achever
la liberation politique, économique et culturelle des peuples
arabes et africains. Sa diplomatie envers les autres pays du
Tiers-Monde s'inscrit dans cette perspective. Après LE CAIRE
ALGER est la capitable arabe qui a le plus contribué à l'es-
sor du mouvement de libération africain,
jusqu'à 1973, dans
les domaines de la formation politique, militaire, des aides
matérielles et financières etc ••. Seulement nous regrettons
avec Slimane
Chikh (1) que le gouvernement algérien n'ait
pas pu rendre public son bilan dans ce domaine.
Contrairerent à l'Egypte, à la Libye et à l'Arabie
Séoudite, la référence à l'Islam est quasi
absente dans
l'action algérienne en direction de l'Afrique Noire. Schéma-
tiquement, la politique africaine de l'Algerie s'est constam-
ment appuyée sur ce que S. Chikh appelle la "dialectique
interne", c'est-à-dire "les contradictions internes de l'Afri-
que", les clivages politiques, les rivalités, les conflits
,
--------------------------------------------------------------.
(1) "La politique africaine de l'Algérie"
(op.cit.) pp. 16-22.

34I
internes en vue de favoriser une "dynamique interne", d'une
part et sur "la dialectique ex-cerne" c'est-à-dire "le domaine
de l'opposition à l'ennemi extérieur" : colonialisme, néo-
colonialisme et impérialisme pour aboutir d'autre paxt à la
"notion cardinale d'indépendance-libération, objectif poursui-
vi avec constance et constamment proclamé par la diplomatie
algérienne" (1). La manifestation de cette politique est plus
perceptible envers le T~ers-Monde en géLéral et envers l'Afri-
que en particulier depuis la nationalisation des hydrocarbu-
res français en Algérie. Le théme de la nécessité pour les
peuples africains d'exercer de façon souveraine toute leur
autorité sur les richesses nationales à l'instar de l'exemple
algérien est mis en avant.
Des lors, on peut comprendre les attaques virulentes
contre l'Algérie comme celles d'un René VIGAL (2), alors haut
;fonctionnaire au "Centre d' Anal;,'se et de prévision" du r-linis-
tère des Affaires Etrangères. Le spécialiste giscardien accu-
sait l'Algérie de mener "un double jeu", consistant à lutter
contre l"'ordre économique mondial dominé par les· Etats-Unis"
alors qu'elle est en état de "dépendance objective" envers les
Américains (3). On peut voir là une contradiction flagrante
avec d'autres aspects du discours de VIGAL, Où il accuse les
Algériens d'avoir "une tendance qui est très maoïste". Com-
ment peut-on parler de "dépendance objective" envers les Amé-
ricains et d'une tendance "maoïste" alors que l'un des princi-
pes fondamentaux de Mao Tsé Toung est d'eXClure la dépendance
pour "compter sur ses propres forces". L'autre contradiction
de VIGAL est d'admettre qu'Alger est la "capitale du Tiers-
Monde" et de qualifier la politique algérienne comme "profon-
dément fondée sur une analyse des réalités égoïstes de l'Al-
(1)" Ibidem"p. 4
(2) Voir Cahier du CHEAM nor, 1915 consacré à "l'Algérie de
Doumédienne" l'article de Vigal "Alger capitale du 'l' i er s -
!VIom e" pp. 1 -
15·
(3)"lbidem"p. 13

gérie". Ces
allégations sont évidemElent destinées à déconsi-
dérer son action dans le 'l'iers-ï·;onde et particulièrement
dans les néocolonies françaises en Afrique.
B - Coopération bilatérale
La coopération algéro-africaine s'inscrit dans les
tentatives d'Alger de casser les liaisons verticales Nord-
Sud imposées par les pays capitalistes, de développer les
réseaux routiers pour contribuer au désenclavement du conti-
nent africain,
"en vue d'instaurer une vaste coopération
inter-africaine dans les différents domaines, économique,
culturel, technique, social, scientifique, politique et juri-
dique", comme le souhaitait BÜ f:ladyan dans son discours au
5ème sommet de l'O.U.A. à Alger en 1961::3 (1). "Car ajoutait-il
seule cette politique nous ~ermettra de mettre définitivement
un terme aux activités extérieures à notre continent qui
font subir à nos peuples toute sorte de monopole et d'exploi-
tation" (2).
C'est le même langage que l'Algérie avait tenu à la
"conférence des 7'(" dans sa capitale en octobre 1977, devant
les délégués du Tiers-Honde, ceux des pays dits "développés"
et des organisations internationales (3). Il Y a donc une
suite logique dans l'action diplomatique algérienne. Elle sera
à la base des décisions importantes de la conférencè des non -
alignés et du 6 ème sommet
arabe à Alger en 1973, aut.vf.ee de-
puis par la volonté de beaucoup de pays du îiers-Monde, notam-
ment les pays ar-ab es product eurs de pétrole, d'affirmer leur
souveraineté surleurs richesses nationales et par la ~rise de
conscience de certains pays africains "modérés" des illusions
(I) Hutub al-RaIls •• (op.cit.) T.2 p. 305·
(2) Ibidem.
(3) ~. pp. 63-'(3

de leur
économie
de dé~endance dominée
par l'Occident.
Hais l'Algérie n' éch2-t'pe pas à la règle générale des pays
du Tiers-Monde quant à la faiblesse de ses échanges bilaté-
raux. 60 à 75 % de ses opérations d'import-export se font
avec les pays capitalistes dont près de 50 % avec la France.
En 1975, 13, 7 %de ses importations venaient du Tiers- Monde
dont 0,5 ;~ de l'Afrique.Les exportations ne représentaient eue
7 % dont 2,3 % en direction de l'Africue (I). De Ig'(O à 19'(4
la part de l'Afrique représentait en moyenne l à 2 % de ces
exportations et les imDortations entre 0,7 et l % (2). En don-
nees chiffrées, les importations d'Afrique étaient en 1970
de 55 206 millions de D.A.)en 1972 de 60 600 et en 1966 de
20b 2d9 alors que ses exportations s'élevaient pour ces mêmes
années, respectivement à
99 622, 58 929 et 238 I09.
En analysant les tableaux fournis par Slimane Chikh(3)
on s'aperçoit
que le volume du commerce algéro-africain a
suivi la tendance du commerce
arabo-africain en général
une légère augmentation après 1975 mais qui ne dépasse pas
l %du commerce mondial algérien. Les principaux partenaires
commerciaux de l'Algérie sont la Côte d'Ivoire, le Gabon, le
Cameroun, le Bénin, le Niger, le Hali, et r';adagascar. Ce qui
est loin de coïncider avec ses smis politiques. Le réalisme
économique l'emporte.
En revanche, on peut considérer que la politique
économique algérienne est axée principalement sur les pays
voisins, Niger et Hali, et sur les paya progressistes quand
--------------------------------------------------------------
(I) Blin (Louis) "Algerie et route transaharienne" MAG-lIlAC,
nO 82, 3ème Trim. 1978, p. 48
(2) Chiffresdu ministere du plan et des statistiques d'Algérie
citéS par Etienne (E)
: l'Algérie culture et révolution
p. 254·
(3) "art.cit"
pp. 36 - )0.

è_l s ' agit d' invest issement. Ainsi, comme la Libye, l'Algérie
9articipe à certaines sociétés mixtes africaines depuis I973
en Guinée, elle participe au capital de la IUFERGUI-NHTBA,
créée en I913 pour l'exploitation du minerai de fer;
en Mau~
ritanie, deux sociétés mixtes algéro-mauritaniennes sont
créées en I974 : CALtL~P (Compagnie de Pêche) et COp~UNAM
(Compagnie de navigation maritime). Au Bénin, est créé aussi
en I974 le même type de societé de navigation, la CODANAM.
En Guinee-Bissau, une autre société mixte de pêche, GUIAL
est mise en place en 1975, et au Mali, la société africaine
de transport, SAT, appelée à prolonger la liaison routière
transsaharienne. En I976, ont été créées deux sociétés mixtes
algéro-nigérienne et algero-béninoise de cOIIlIIlercialisation.
Ces différentes sociétés fonctionnent selon le principe d'une
participation au capital de 49 %pour l'Algerie et de 5I %
pour le pays africain abritant le si~ge de la société (I).
Etant entendu que c'est l'Algérie qui contribue le plus lar-
gement (lors de la creation de telles sociétés) au plan fi-
nancier (sous forme de dons ou de prêts) et à la maintenance
de l'assistance technique et de la formation du personnel (2).
L'Algérie semble donc mener une politique économique secto-
rielle basée sur les accords bilatéraux avec la perspective
de s'ouvrir à d'autres pays au Sud du Saha ra. C'est l'objet
des projets de liaison routière entre le Nord et le Sud du
continent dont le gouvernement algérien est le principal
promoteur.
-------------------------------------------------------------_.
(I) Chikh (S) : "Ibid" p. 40
(2) ''Ibidem''

2°. Le dévelopnement des moyens de communication avec
-------------------------------------------------
l'Afrique
Dès l'indépendance, le gouvernement algérien a re-
lancé le projet de liaison entre le Nord et l'Ouest du conti-
nent
africain (les autoritéS coloniales voulaient construire
une voie ferrée pour améliorer les échanges et favoriser la
circulation entre l'Afrique du Nord et l'Afrique au Sud du
Sahara. En mai 1964, onze pays africains se sont réunis à
Alger, sous l'égide de la Commission Economique pour l'Afri-
que ~C.E.A.) de l'O.N.U., afin d'étudier les moyens techni-
ques et financiers de la réalisation de la "route transaha-
rienne" , reliant Alger à Gao (rl[ali) et à Arlit (Niger). Mais
le gouvernement algérien n'a pas attendu les longues études
de la C.E.A. et des fonds de l'O.N.U. pour s'atteler à la
construction du tronçon algérien long de l 900 kilomètres
(El Goléa-In Salah-Tamanrasset). L'armée populaire a achevé
le premier tronçon El Goléa - In Salah (337 km) qui est inau-
guré le 26 avril 1973 par Bû Nadyan en présence des présidents
malien, nigérien et mauritanien. La route transaharienne
était à cette occasion baptisée "Route de l'Unité africaine".
En juin 1978, Alger est reliée à Tamanrasset. Le coût de cet-
te route aura été d'environ 420 millions de D.A. (1). Bien
sûr cette réalisation profite avant tout à l'Algérie dont
les richesses minières dans le sud sont désormais exploita-
bles et lui permet d'avoir un certain contr81e sur les popu-
lations nomades de cette région.
Cependant, au-delà de la conquête de marchés exté-
rieurs pour les produits manufacturés et agricoles algériens,
les pays africains en tête desquels le Niger et le Mali,
pays
enclavés, seront en mesure de développer des échanges
--------------------------------------------------------------
(I) Blin (L) "art.cit." pp. 42 43. D'après Le Bonde du 22 juin
19'(8, le coût total est de 350 millions F.F.

II. -
LIAISONS ROUTIÈRES TRANSAFRICAINES:
PROJETS EN COURS DE RÉALISATION·
DITERRANEE
o
A T L A N T I Q U E
Tl"'onaar,..icajne fat.Ou."
...,"',.........,.
( pot' ," A,'......u. d ......... )
":':-onuahor-jenn. Central.
(.....o".,.••MaI._ ., N~)
=
~l Liai.on. parla 1.lbye
T
_ 1 Tran.EatAfricoin.
{lE CAlAE.GAaEROMU l
_ _ _ 1:l"'Qd d. kJ bronche O",••t
_ _ _ Trcrn.Ou ••rA'ricorn.
(O ......A ...o.JAMENA)
_
LioilOn Ndjomtf'lo .. Mg'loOo...oh
Lioison OU.,,, Arricaine du Iirtorol
( NOUAIiliCHOTT _ LAGCI& J ",. D&ICAIt
Tt"O"aofricoi".
- (MOM...,.....LAGO.)
• Carte ["du.uri': et Tra.UŒUZ d"Outn..Mn", janvier lm.

non seulerre nt entre le li oz-d et le uud mais entr!" pava afri-
cains eux-mêmes dont le commerce est actuellement extrêmement
faible.
Au sommet arabo-africain du Caire (mars 19'(7); les
pays arabes pétroliers se sont engagés à accorder l 32'( mil-
lions de dollars à la réalisation du prolongement de la route
de "l'unité africaine" de Tamanrasset à Gao et à Agadès au
Niger et pour la c-ons t ruc t Lon partielle de plusieurs routes
"transahariennes centrales" (voir la carte suivante) Lagos-
(Nigéria) Î'Iombassa (Y.:eny'l); "transafricaines" Dakar-(Sénégal)
N':;)jaména (Tchad)
j
"transouest africaine" Nouakchott -
(Hauritanie) Lagos et enfin de la route Le Caire (Egypte) -
Gabérones (Botswana). Et les pays arabes sont disDosés à
souscrire à la construction de 82 routes secondaires en
Afrique
(1) •
3°. L'aide financière à l'Afrioue
-----------------------------
Quant à l'aide bilatérale algérienne, elle est et
de loin, moins importante Que celle de la Libye. Il est vrai
que la Libye et l'Algérie n'ont ni les mêmes moyens économi-
Ques ni les mêmes objectifs. La totalité de l'aide bilatérale
aux pays africains se situe entre 115 et 135 millions de dol-
lars selon Blin (2), "Les principaux bénéficiaires sont le
1'Iali depuis 19'10 (4 millions de dollars fin 1974, plus un
prêt sans intérêt de 5 millions de dinars algériens en 1974) ;
le Gabon (4 millions de dollars plus un Drojet d'aide de 60
millions de dollars pour le· chemin de fer transgabonais)
le 'l'chad (1 million de dollars) j
le Niger (1 million de d 01-
lar) , puis le Sénégal, Madagascar et la Mauritanie".
(1) O'Cornesse (D)
: "Les documents du Sommet du Caire" in
~~G·j~~C nO 76, 2eme Trim. 1977, p. 18-
(2) "art.cit"
p. 49·

":47
Concernant les r81ations culturelles, les Algériens
ont
joué un rôle déterminant dans le débat entre la "négri-
tude" et l"'arabité" dans les années soixante.
C -
Coopération culturelle
De 1963 à 1976, le gouvernement algérien a signé
s e Lz e accords (reconduits ou non) dans ce d oma i.ne avec 14
pays africains (lui s ont tous franconhones
(sauf le '0; oudan ) ,
Le ch~mp d'application couvre les do~aines scientifique,
technique,
sportif, artistique, de la formation,
de l'ensei-
gnement, de la presse et de l'information (1).
Pendant les annees universitaires 1975-1976, i l Y
avait 572 étudiants africains boursiers. En 1976-1977, 725
et en 1977 - 1910 918, venant de 21 pays africains dont deux
arabophones
: l'lauritanie et Soudan. Il faut remarquer ici
que le nombre d'étudiants et stagiaires africains dans les
pays du Maghreb a considérablement augmenté depuis la ruptu-
re des Etats africains avec Israël qui en accus .i l.Lad.t en per-
manence près de cinq mille.
Comme nous l'avons dit,
l'action politique et cul-
turelle de l'Algérie ne s'inscrit pas dans la propagande re-
ligieuse ou de diffusion des valeurs culturelles arabo-musul-
manes en Afrique. En revanche, les Algériens se sont toujours
montrés hostiles comme beaucoup de pays africains progressis-
tes, aux divisions entretenues par la domination coloniale
et impérialiste entre l'Afrique du Nord et l'Afrique au Sud
du Sahara d'une part,
et entre la "civilisation négro-afri-
caine" et la eivilisation"arabo-berbère" d'autre part.
-------------------------------------------------------------
(1) Cf : Chikh "art.cit" pp. 27 - 28 •

En 1965, elle s'est vivement opnosée à la concep-
tion des "chartes de la négritude" et de l'universalité de
la culture nègre à laquelle Senghor a tenté dedonner une di-
. mension universelle en organisant le Dremier "Festival cultu-
rel panafricain des Arts Nègres". Ce qui objectivement, ex-
cluait les Arabes du Continent. Par opposition à la division
du continent en des aires culturelles distinctes basées Sur
la no.tion de la race et de l'ethnie, comme la''négritude'' et
"l'arabité", le gouvernement algérien a organisé à son tour
le premier symposium du "Festival culturel vanafricain" à
Alger (21 juillet -1er Août 1969). Le "Hanifeste Culturel
Panafricain" (1) rejette les deux conceptions précédentes et
adopte le concept de l'Africanité dans lequel Arabes et Afri-
cains se reconnaissent.
Le Manifeste déclare à ce propos : "La culture afri-
caine, l'art, la science quelle qu'en soit la diversité des
expressions, ne reposent sur aucune différence d'essence. Ce
ne sont que des expressions singulières d'une même universa-
lité. Au-delà des similitudes et des convergences de forme de
pensée, au delà du fond commun, l'Africanité est faite de la
double source de nos héritages communs et de notre développe-
ment historique" (2). Le Nanifeste présente "la culture, créa-
i
tion du peuple" comme une arme de lutte mais qui peut être
confisquée par une cla_sse dominante et utilisée pour la réa-
lisation de ses objectifs de classe. D'où la vigilance néces-
saire des peuples pour s'en servir commed'uninstrument de lut-
te de libération contre l'exploitation qu'en fait l'impéria-
lisme pour falsifier l'histoire authentique des valeurs mora-
les et religieuses des peuples dominés. "Le front de la cul-
ture) affirme le Manifeste, doit donc succéder au front de la
---------------------------------------------------------------
(1) in A.A.N. 1969 pp. 1041 - 1048-
(2) Ibidem. p. 1042-

349
résistance, car la culture reste la force vive essentielle de
la nation, la sauvegarde de notre existence et l'ultime réser-
ve de notre lutte"
(1).
Mettant en garde contre les normes, les modèles et
les schémas étrangers et l'exploitation de la division des peu-
ples du continent par l'impérialisme et les classes dominantes
africaines, le Manifeste attribue à la culture son véritable
rôle:
"la culture est un moyen dynamique d'édification de la
nation au-dessus des divisions tribales ou ethniques de l'uni-
té africaine,
au-dessus de tout chauvinisme"
(2). Le Hanifeste
ne nie donc pas la diversité des expressions culturelles,
arabes et africaines mais insiste surtout sur leur fond commun.
Dans Ses recommandations,
i l encourage à "promouvoir l'utilisa-
tion et l'enseignement des langues nationales nécessaires à
l'expression authentique de la culture africaine comme outil
populaire
de la diffusion de la science et de la technique"(3)
Cette stratégie s'inscrit dans la
lutte contre la
domination culturelle comme le F.L.N. l ' a affirmé dès 1962,
dans le programme de la "charte de Tripoli"
: "la culture al-
gérienne sera nationale, révolutionnaire et scientifique,
écrivait-il. Son rôle de culture nati_onale consistera en prè-
mier lieu à rendre à la langue arabe, l'expression même des· va-
leurs culturelles de notre pays, sa dignité et son efficacité
en tant que langue de civilisation"
(4), car l'Algérie a com-
pris que la libération culturelle et la préservation des va-
leurs authentiques des peuples arabes et africains ne seront
assurées ni par les négrophiles ni parles francophiles, mais
par ceux qui sont convaincus que la langue arabe et les lan-
gues africaines sont aptes aussi à la diffusion de la science
et des techniques.
---------------------------------------------------------------
(1) Ibidem p. 1044'
(2) Ibjdem p. 1042'
(3) Ibid p. 1047'
(4) in A.A.N. 1962, pp. 683 - 704·

350
'o;OUS-SECTI01'T II: COOPERATION BILATERALE ENTRE LE T1AROC. LA
TUNIS 1E ET T,' AFR TQUE NOIRE
Ces deux pays ont apuorté un soutien de principe
à la cause des mouvements de libération dans les conférences
panafricaines, mais leur action en direction de l'Afrique ne
montre guère un intérêt particulier dans les domaines d'in-
tervention des autres pays arabes que nous venons d'étudier.
Néanmoins, la politique africaine de chacun de ces
deux pays est caractérisée par un aspect spécifique au moins.
Dans le cas du r-laroc, des relations conflictuelles marquent
son action qu'il s'agisse des questions mauritaniennes
(1960
1973), algérienne - conflit de frontières - (1963 - 1973) et
sahraouie depuis 1975. S'agissant de la Tunisie, elle a tou-
jours prôné le respect des choix politiques de tous les régi-
mes, le maintien des organismes de coopération régionale,
hérités ou non de la domination coloniale et oeuvré pour l'i-
dentité culturelle arabo-africaine au sein de la "communauté
culturelle franco-africaine". La caractéristique commune des
deux pays c'est d'avoir. privilégié des rapports avec les an-
ciennes colonies françaises. D8 façon générale, leu.r coonéra-
tion ~conomique avec le reste de l'Afrique Noire est insigni-
fiante.
A - Maroc - Afrique
De 1960 à 1963, quand le Haroc faisait partie du
groupe des pays progressist.es, de nombreux accords de coopéra-
tion ont été signés avec le r·lali et la Guinée en vue de raf-
fermir les liens d "ami tié et d'alliance pour les besoins de
ses revendications sur la Mauritanie, soutenues par le groupe
de Casablanca co~me nous l'avons dit par solidarité idéologi-
que. Les échanges les plus importants se faisaient alors avec
la Guinée. Au demeurant, ils sont trèS modestes. Ils ne

représentaient en importations de la Guinée que 0,689 en 1960
2,020 en 1962 et 2,920 en 1963 ( en millions de Dirhams mero-
cains) tandis que les exportations dans le sens inverse re~ré­
sentaient dans la même période respectivement 13,795, 12,705
et 5,471 D.M.
(I). A partir de 1962, le Senégal et la Côte
d'Ivoire étaient devenus ses principaux partenaires commer-
ciaux en Afrio_ue.
"Ainsi,
en 1966, 4I,6 % des importations
marocaines d'Afrique venaient de la Côte d'Ivoire,
tandis que
les exportations vers la Côte d'Ivoire représentaient 3I,8 %
de la totalité des exportations marocaines vers l'Afrique"
(2).
Sur le plan politique, les rapports entre le Maroc
et un bon nombre des pays africains - même modérés -
se sont
considérablement dégradés, depuis la proclamation de la Répu-
blique Arabe Sahraouie Démocratique
(R.A.S.D.) en février
1976, rapports conflictuels aggravés par l'admission de la
R.A.S.D. à l'O.U.A., lors du conseil des ministres
tenu à
Addis-Abéba en février 1982
(3). La victoire enregistrée par
la R.A.S.D.
en Afrique grâce au soutien des pays progressistes
du continent contraint le Maroc à s'allier de plus en plus
avec les regimes néocoloniaux les plus impopulaires notamment
avec le Zaïre et le Gabon.
Quant à la coopération culturelle, les sources d'in-
formation fiables nous font défaut.
---------------------------------------------------------------
(I) in Bouzidi : "Le lVLaroc et l'Afrique sub-saharienne"
(op.cit.)
p.
IO~
(2)"Ibidem"pp. 107 -
lOS·
(3) A cause de l'admiSsion de la R.A.S.D. le sommet annuel de
l'O.U.A. n'a p&S été tenu en Libye comme prévu, faute de
quorum malgré trois tentatives infructueuses. Par compro-
mis, le 18 ème sommet de l'O.U.A. s'est finalement r~uni
à Addis-Abéba en Ju~n 1983 sans pour autant apporter une
solution à la question Qe la représentativité de la RASD
contestee par le royaume marocain. Attitude qui menace
l'éclatement de l'O.U.A. en permanence.

352
/
30uzidi (1) donne néonI:1oins un indicateur de tendance. Il
montre nue le nOQbre d'étudiants africains a tendance à dé-
croître. Par exemule, les étudiants sénégalais poursuivant
des études au Maroc atteignaient le nombre de 200 en 1973 et
il n'est plus que de 32 en 1977 - 1978 alors que c'est avec le
. Sénégal que le royaume marocain entretient les relations cul-
turelles les plus étroites en Afrique.
B - Tunisie - Afriaue
La Tunisie a toujours affirmé sa vocation africaine
comme nous l'avons vu, dans la II ème partie de cette présente
étude. Elle a porté plus d'intérêt que le Maroc aux problèmes
dé l'Afrique Noire et particulièrement avec les Etats néocolo-
niaux avec lesquels elle a de larges convergences idéologiques. 1
Car la Tunisie est pour le développement des liens privi~égiés
avec les anciennes métropoles. BÜrqïba est avec l'ancien chef
d'Etat sénégalais le meilleur défenseur de la "communauté
culturelle franco-africaine". Leurs efforts se sont traduits
par la, création de l'Agence de Coopération Culturelle et Tech-
nique (A.C.C.T.) et d'autres organisations de cette nature)
dominées par la France, le Canada et la Belgique.
"Cette conception en fait, récupère l'entreprise
coloniale et ne fait qu'en réinventer les prémices: la mis-
sion civilisatrice de l'occident. Elle lui confère une finalité
A POSTER10R1;la présence coloniale a créé les conditions ob-
jectives du rapurochement entre le Nord et le Sud du Sahara
ainsi que les limites de son expansion" (2). La Tunisie a donc
--------------------------------------------------------------
( 1) "art. c it" p. 106·
(2) Toumi O'i) : "La politique africaine de la Tunisie"
(op.cit.) p. 118

bA:ti sa politique af r Lce.Ln e SUl' ]_es "convergences culturelles"
favorisées par la coJonisation française. C'est -pourquoi poli-
tiquement, Bürqiba n'a ja~ais été un militant du panarabisme
dont il n'a cessé de dénoncer les "tendances hégémoniques" de
ses leaders c Abd al-llac,::',-::- et Qagç;aff. Politiquement, il a eu
des rapports très difficiles avec les régimes progressistes
dans les années soixante, qu'ils soient arabes ou africains,
à cause de ses positions concernant le règlemen~ de la q~es­
tion palestinienne ou du problème de l'Afrique du Sud entre
autres lcf : Chanitre III de la I I ème partie).
Sur le plan des échanges économiques bilatéraux
tuniso-africains, ceux-ci sont extrêmement faibles, en compa-
raison avec les autres pays arabes d'Afrique. Ceci, du fait que 1
la Tunisie entretient principalement des rapports politiques
et culturels avec l'Afrique l~oire.
Pourtpnt dès 1957, revenant du Ghana 011 il avait
-,ris part à la célébration
de son indépendance, Bürqiha,
enthousiaste, déclarait devant la foule qui l'acclamait
"nous allons pouvoir maintenant développer nos échanges avec
le Ghana et bientôt avec les autres pays africains dont l'indé-
pendance est -proche" (1). Et il encourageait à cet effet, les
commerçants, les artisans, etc ••. à s'y installer comne la
communauté libano-syrienne qui, dit-il, contrôle une grande
partie du commerce d'import-export.
ConC9ril~nt les relations culturelles (bien eue les
ch Lf fr-es offidels nous fassent défaut comme dans J.e domaine
des échanges économiques) notre observation personnelle sur
ulace nous autorise à affirmer que la Tunisie est le pays du
---------------------------------------------------------------
lI) in HUTUB al-ra'is BÜrgiba, Tome 4, Voir pp. 61 ~ 73
- .

354
:·:aghreb qui accueille le plus â.mpor t arrt nombre d' et ud i.arrt s et
st2giaires africains II 500 environ y ~oursuivent en permanen-
ce des études dans les domaines du tourisme, de l'agronomie,
de l'animation, de la for~ation en enseignement
arabe,
etc ••. ). Selon l'Ambassade du Sénégal à Tunis, depuis I965
une trente.ine d'étudiants sénégalais en moyenne chaque année,
sont envoyés à Tunis pour une durée d'étude de un à cinq ans.
Et nombreux sont les Etats francopbones a.tr-Lca.ï.ns qui y en-
voient annuellement une dizaine d'etudiants. En outre, plu-
sieurs centaines d'enseignants tunisiens travaillent en t~nt
C'.-'" coopérants en Afrique. En 1913, il Y avait T 052 coopé-
rants tunisiens en Afrique selon LE MOrillE (1). Depuis le rap-
procherœ nt arabo-africain, la I'un i a La joue un rôle de premier
plan dans la coopération culturelle multinationale arabo-
africaine au sein de l'ALESCO ll'UNESCO des pays arabes) dont
le si~ge se trouve à Tunis (2).
En revanche, vu ses moyens économiques et financiers
limités, la Tunisie n'est pas un acteur principal dans la coo-
pération économico-financière des pays arabes en directbn de
l'Afrique. Cependant, elle a le privilège d'abriter les sièges
de plusieurs organismes inter-arabes parm~
\\J _ leSQuels
_
_ la
L.E.A
dont le secrétaire général est tunisien, Sagli Qlibi. Et deux
autres tunisiens sont à la tête des deux plus puissants ins-
,
v .
C
- -
truments de la cooperation arabo-africaine : S~LI AYYARI
'"
-
lB.A.D.E.A.) et ~. SA~~I lOrganisation de la Conférence Isla-
mique). A ce titre, la Tunisie peut jouer un rôle prépondérant
dans la coopération horizontale Sud-Sud qui tend à devenir une
réalité si l'on en juga au bilan de la coopération économique
multilatérale arabo-africaine que nous allons analyser dans
la section suivante.
(1) du 21 février 1973·
(2) Nous avons eu le privilège d'assister à Tunis le 12 Septem-
bre 1981 à un colloque organisé par l'ALESCO intitulé:
"r·lultaqa I·:udarrisi al-cAre.b:Lya li Gayri al-Na1;;iqin Bi-Ha"
(Colloque des enseignants d'arabe aux non-arabophones). La
majorité des enseignants travaillant en Afrique pour le
compte de l'ALESCO sont tunisiens.

TABLEAU

13
TABLEAU
N° 14
5:
Revue française d'éludes politiques africaines
AFRfQUE NOIRE, AFRIQUE BLANCHE (II)
53
ANNEXE 1
ANNEXE Il - TABLEAU DES ACCORDS DE COOPERATION
ENTRE ETATS ARABES ET ETATS AFRICAINS
Intensité des relations politiqueR de l'Afrique noire
avec 19 monde arabe et l'Iran
(1972-1974)
(1972-1974)
ECO
COM
CU
MI
TR
D
COOP Tot.
ALGERlE
10
5
5
3
9
2
34
Legende;
ARABIE S.
6
2
7
-
15

Relations très fréouentes.
BAHREIN
-
-
---_.-'--~...
EMIRATS A. U.
5
1
1
2
1
10
:z: Relations assez fréquentes.
EGYPTE
5
2
4
1
1
14
".......
c--j<I"lofIl'''1
l!l Relations peu fréquentes.
IRAK
4
2
1
1
1
9
I~~~~-:+;~~
• R '
• • • • • 1.
• o Aucune relation recencée
JORDANIE
1
1
2
".~II'"
pour la période étudiée.
KOWEIT
12
13
LIBAN
2
2
-
-
4
,
• • • • • • • • It
LIBYE
25
9
3
7
1
45
."
. . . .
. ".1*
.......
MAROC
3
3
2
7
-
15
: : *
OMAN
-
-
-
-, :
:*
QATAR
1
2
-
4
SYRIE
1
....
-.".i-;....I:

"'.l~.~*
* * ...
TUNISIE
3
7

••

YEMEN N.

• •
YEMEN S.
\\•
Légende:
_ . • • It
ECO: accords économiques. financiers ou techniques.
-1-+-1-1TI;+-++- 1 1 1 1 1 1 I-
CO: accords commerciaux.
CU: accords culturels.
-
MI: accords militaires.
- 1.::

TR: accords de transports.
D: dons divers (surtout aux victimes de la sécheresse et pour
JIU"\\,
am
.
-
1 1 1
/----l--1--
la construction de mosquées).

COOP: accords de coopération dont la nature n'est pas précisée.

.~,••• d --1--1 ,. 1
••,,~;.::f++.-r-I 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
:::~~~,...-I+H+I 1 1 1 1 1 1 1 1 1+H-1
(1) les données pour
la Guinée Bissau sont purement Indicatives.
,~~
Des relations assez étendues avalent été établies avec les capitales
U1
.0 ource ;( .l:'. JI
arabes (Alger notamment) avant la reconnaissance par le Portugal de
,1:', A •
nO IL), mai 19'[5
\\..il
son Indépendance (accords d'Alger d'août 1974).
___,_."> ....--.~ 0- .~_,._••~_=_> ~_"'<.~ _,_. ,~_.~ _~ __ '~_"'~'
~~"' _ _ '_''''''''_~r.~~>_'.~_'
'
"
'_.__._____
_
_

Pour la c ont r-a.but t.on des autres StD.ts arobes, à
la coopération ar-ab o-carr-Lc a Lne , nous r-env ovons aux deux ta-
bleaux suLvan't s qui permettent au raoLns de mesurer l'intensité
des relations politiques et la nature et le nombre des accords
de cooperation.
SECTION IV: ESSAI DE BILAN DE L'AIDE ~IDLTTLATERALE ARABE
A L'AFRIQUE
(T973 - JUIN 1982)
Nous avons montré au début de ce cha.pitre les dif-
ficultés de l'amorce de la coopération arabo-africaine et not~
que les nombreuses institutions et fonds de financement spé-
cialisés ne sont devenus opérationnels qu'à partir de 1975.
Nais dans l'ensemble, aucune stratégie précise n"était mise
en oeuvre ni du côté arabe ni du côté africain pour asseGir
cette coopération.
Cependant, une série de rencontres entre la L.E.A.
et l'O.U.A. à tous les niveaux (1) va permettre de résoudre
les difÏicultés. Ainsi, la premiere réunion historique des
ministres des Affaires Etrangères arabes et africains s'est
tenue 8.1.1 Sénégal (Dakar, 19 - 22 avril 1976) ; elle a examiné
un "programme d'action élaboré par les deux parties et défini
seS modalités, ses moyens d'action et son contenu pour l'ins-
tauration de la coo~ération arabo-africaine.
C'est la conférence au sommet sans précédent'de la
L.E.A et de l'O.U.A au Caire (7 - 9 mars 1977), réunissant 14
chefs d'Etat arabes, 16 Africains, b vice-présidents, ~ chefs
de gouvernement et 16 ministres des Affaires Etrangères qui
--------------------------------------------------------------
(1) voir BADEA: al"'marâlJ.il al~·ammafi.~nasiratal tacawun ah
arabi al-ifriql. Cette brochure récapitule les réunions et
décisions arabo-africaines relatives à la mise en place
de la coopération entre le3 d8llx pa.rties du 19 novembre
1973 au 15 septembre 1980.

357
a élaboré un programme d'action globale à long terme, dans les
domaines "politique, économique, financier, commercial, cul-
turel, scientifique, technique et de l'information" en quatre
documents fonda.mentaux dont nous donnons le résumé dans le
noint suivant.
A - Contenu de la "Déclaration du Caire"
Les 60 Etats arabo-africains et la Palestine repré-
sentés par l'O.L.P. ont consigné les quatre textes fondamen-
taux (1) suivants:
Celle-ci préconise en 13 points le renforcement de
la lutte contre l'impérialisme, le soutien actif aux luttes
des peuples palestiniens, du Zimbabwé, d'Afrique du SUD, du
Territoire français des AFars et des Issars (T.F.A.I.) et des
Comores, réaffirme l'attachement des participants aux princi-
pes du non-alignement, de la coexistence pacifique et de
l'instauration d'un nouvel ordre économique international basé
sur la justice et l'équilibre:
2°. "La coopération économique et financière afro-arabe"
---------------------------------------------------
Il insiste en onze points sur la nécessité de l'ac-
croissement des ressources financières des organismes natio-
naux et multilatéraux arabes, le dévelo~pement des relations
commerciales arabo-africaines, l'augmentation des aides bila-
térales des fonds nationaux arabes à l'Afrique etc •••
---------------------------------------------------------------
(1) Voir Annexe ,

Joulignons à cet effet,
Clue l'.\\r8bie T:oudite
avait annoncé de façon spectaculaire nendant la conférence,
qu'elle était prête à accorder un milliard de dollars pour
soutenir l'ap]ort financier arabe à l'Afrique. Elle était
suivie du Koweit, des Emirats Arabes Unis et du Qatar qui à
leur tJ'J.r avançaient une contribution de 450 millions cIe dol-
lars (1) soit un milliard 450 m.d.
3°. "La déclaration sur le programme d'action et de la coopé-
-------------------------------------------------------
ration arabo-africaine"
Elle porte Sur les domaines d'application de ce
programme:
politique, diplomatique, économique, social, cul-
turel, scientifique et technique.
Signalons encore que les recommandations générales
parlent seulement de missions culturelles, d'échanges de bour-
ses d'études, de collaboration des agences de presse et de la
cr~ation d'instituts spécialisés dans les domaines de la for-
mation et des ~tudes socio-culturelles et historiques. Mais
comme le souligne Boutros-Gha.li : "les véritables problèmes
de la coopération socio-culturelle afro-arabe sont passés sous
silence, à savoir la
diffusion de la langue arabe en Afrique,
le rayonnement de l'Islam et la présence culturelle, scienti-
fique et technique europ~enne tant en Afrique que dans le
monde arabe"
(2).
40. "L'organisation et les procédures de mise en oeuvre de
------------------------------------------------------
la coopération arabo-africaine"
------~---------------------------
Ce document concerne l'organigramme régissant la
coopération et les aménagements institutionnels parmi lesquels~
.
.
------------------------------------------~~~----------------- -
(1) Désormais nous écrivons millions de dollars comme suit
:
ms d ,
(2) "Les relations entre la Ligue arabe et l'O.U.A."
(op.cit.)
p. 1132

création des groupes de travail, groupes spécialisés, comité
de coordination, cour de conciliation et d'arbitrage, une
o omm i.s s Lor; permanente composée de 12 ministres arabes et de
12 autres arricains.
En principe, le sommet arabo-africain a lieu tous
les trois ans. Cependant, le second n'a toujo~rs pas eu lieu
depuis 19'('(. CES docu.menis constituent la stratégie d'ensemble
de la L.E.A. et de l'O.U.A. qui a été depuis affinée
nar les
groupes de travail spécialisés.
B -
~~~!~~~!~~_~~_~~E~~!!~!~~_~~_!~~!~~_~~!~!!~~~~~!~
~~~~~ (1)
Les données chif:t"rées sont en général "des engage-
ment formels et définitifs souscrits par les pays arabes en
faveur de l'AÎrique" comme le précise une bI'Dchure de la
B.A.D.E.A. (2) à laquelle nous nous sommes principalement ré-
féré • Elles ne prennent en compte que de façon exceptionnel-
le les autres contributions arabes aux organismes internatio-
naux de financement et de développement au pr-of Lt de l'ensem-
ble du Tiers-I:onde tels que le F .11. 1. et agences spécialisées
telles que le P.N.U.D., l'O.M.S. etc •.•
--------------------------------------------------------------
(1) nous avons appelé cette aide ainsi parce qu'elle transite
par les organismes dont nous avons fait la nomenclature au
début de ce chapitre. Il Y a l)2.rmi eux des organismes na-
tionaux mais leur action s'inscrit dans la stratégie commu-
ne des pays arabes dont la BAD3A est l'institution centra-
lisatrice.
...
v
c-
lC
)
A
b7
(2
Barnamag al- Ta awun • a -
ra ~ ••

"')60
L'ens8oble
de l'aide arabe à l'Afrique de I973 à la
fin de juin 1981 s'élève à 6.669,,9 millions de dollars (m.d.)
lies pr mc Lnaux oorrt r-Lbut eur-s sont les pays arabes de l 'OP3P
(4 5b3,9 m.d.), la 3ADEA (459,7 D.d.), la FA3AA (214 m.d.)
(le fonds de cette dernière est incorporé dans celui de la
BADEA en 1977), du FODI et de la BID (voir tableau nO 15 ci-
après). Les principaux benéficiaires des apports financiers
arabes sont les pays classés du Sahel et des PLr1A (Pays Afri-
cains non-arabes les moins avancés) comme le montrent les ta-
bleaux nO 16 et 17. On peut remarquer que les pays arabes ont
appliqué les mêmes critères de priorité retenus par l'aide
internationale. Globalement, il appara1t à la lumière de la
répartition que les critères religieux que certains veulent
,
voir ne sont pas fondés; car la majorité de ces pays ont une
infime minorité de musulmans. Seule la Banque Islamique de
Développement - comme son nom l'indique - retient dans une cer-
taine mesure de te~s critères.
En revanche, il est perceptible que la répartition
régionale montre la concentration de l'aide en Afrique de
l'Ouest dans la période considérée. Sur les 6 669, 0 m.d.,
l'Afrique de l'Ouest bénéficie de 57,2 % du total, alors que
l'Afrique de l'Est n'en reçoit que 37 %, le reste allant aux
organisme régionaux, soit 5,8 % (1). Cet état de chose semble
s'expliquer par le fait que la première région contient un nom-
bre plus important d'Etats. Quoi qu'il en soit, la B.A.D.E.A.
déclare dans son Rapnort Annuel (2) de 1981 qu'elle s'emploie
à rétablir l'équilibre financier des deux régions.
La progression annuelle des engagements globaux des
pays arabes en Afrique a enregistré dans la période considérée
une évolution qui s'établit comme suit (en millions de dollars):
---------------------------------------------------------------
(1) Barnamag.. (op.cit.) pp. 8 -
9 , al-Tamwil al-Nustarak •••
pp. 15 - 16·
(2) Voir aon annexe V p. 63-

H
\\.0
trI
TAB1JE~U N°l 5
TAIlI.EI\\U 1.
f:NCAGf:t1ENTS
foN AfRIQIlF. nI':S
l'AYS
ARABES nONATEURS ET "RS 1 N5TlTIlTIONS DE
"F:VI~LOPPE!'F.NT PR1Ne1PALEMF.NT FI NANCEf.S P~R CF.'1X-CI (J 973-1(81)
(EN $ H.)
PAYS
1
l'971 1
1974 1
197')
'976 1
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SF.M~:STRE lq81
Source
: 13,A. D. l~. A. Aperçu du PT ogr8.ml,le ...

362
~ES ENGAGEMENTS DE LA BADEA EN A:?-IGUE
(1975-1981 )
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- 1
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1
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TOGO
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- 1 - 1 - 1 - !
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1
- 1
- 1 4,400 1
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- 110,000
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ZAMBIE
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1
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161,9 166,24
167,8 70 14/•• 07
171,95
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l,
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.~k~\\ ~,5';~
j
(1)
CES DONNEES SONT RE~ATIVES AU SEU~ PREMIER SE~ŒSTRE 1981
(2)
~ES PAYS AFRICAINS NON-ARABES ~ES MOINS AVANCES (PL:~)
SONT AU NOMBRE DE 19 sr CROUPEr:! TOUS LES PAïS PU 5.".:-:::1.. ri L'EXC"'PTIC.; [;.; 5ENEG
Juree: B.A.D.E.A. ADe~cu du P-rogr9.mme ••7. _

'CASLEAl'
III.
-
L!!:S E:NCAC!::'lE:~TS ::>U f'ASAA EN AfRIQUE (197t...1977)
(E~~ SIl.)
PAYS BENEFlCIAIRE
1
t974 1
1975 1
1976 1 1977 ITOTAL
1
1
1
1
1
PAYS DU SAHEL
1
1
1
1
1
CAP VERT
1
1 (l,SOO
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C:A~'B1E
1 0,700 1
- 1 - 1 - , 0,700
HAl!Tf:-VOLT"
-
1
1 2,700 1
- 1 - 1 2,700
~IALI
1 7,800 1
- 1 - , - 1 7,800
NIC:ER
-
1
1 2,700
1
- 1 - 1 2,700 ,
S!t\\!CAL
1
- 1 7,SOO 1 - 1 - 1 7,500
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1 8,800 1
- 1 - 1
- 1 8,800
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1
1
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TOTAL
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1
1
1
140.700
A~'nES l'U1A (t)
1
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2.400 1
- 1 - 1 . - 2,400
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1
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1
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-
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2.:')00 1
- 1 -
- 2,000
1
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- 1
- 2,400
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C:WClRES
-
- ' 10,500
- 10,500
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1
- '1 4,2t'l0 1
- 1
- 14,200
Gt'I~F:E-BISSAU
,;~ 2~O 1
- 1 - 1 - 0,250
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1
2,80C 1
- 1
- 1 - 2,800
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'11,300 1
- 1 - 1 - 11,300
RWANDA
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- 1 - 1 - 2,000
TANZANIE
114,200 1
- 1 - 1 - 14,200
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1
1
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TOTAL
1
1
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,
TClTA:' PI.'1A
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1
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,,~'!RES PAYS
1
1
1
1
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ANGOLA
1
- 1 - , - 113.244 113,244
CA~IEROUN
- 1 2,B50
- 1
- 1 2,850
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GHANA
1
- , 4,40C'l 1
- 1
- 1 4,40C'
:'1'1 'lEI:: i-:QUATOfltAL.1'
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1
,
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3,600 1
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1
- 1 3,600
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1
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1
- 1 2,700 1 - 1
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1
- 1 1,000 126,000 1
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SAO TOME ~ PRINCIPE
1
- 1 0, SOC 110,000 1 - 110,SOO
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179.850 \\64.650 156.500 113.244 1214.244
(l)LES PAYS AFRICAINS NON-ARABES LES MOINS AVANCES (PLMA) SONT Al!
~OMBRE DE 19 ET GROUPENT TOUS LES PAYS DU SAHEL A L'~XCEPTION DU
SENEGAL.
-
8
Source
B.A.D.E.A. Ap8rcu du nrograrrL"ne

364
1973
149, 6
I C174
549, 2
1975
9'(3, 5
1976
958, 6
1977
578, 6
1978
644, 6
I979
532, 2
1980
r 48I, 4
juin 1981
t$02, 2
TOTAL . . . . . . . .. . . 6 669, 9
--------
--------
L'accroissement des engagements s'est don~ poursuivi
jusqu'à 19'76 puis ils ont fléchi entre 1977 et 1979, pour
remonter à partir de 1980. La moyenne annuelle de l'aide arabe
à l'Afrique est de '(40 m.d., Somme qu'on doit reconsidérer en
tenant compte de la variabilité de la valeur courante de la
monnaie américaine dans cette période.
Si en 19ï6, II pays seulement ont pu bénéficier de
l'aide, celle-ci couvrira en 1981 les 41 pays indépendants de
l'Afrique Noire (I). Cependant, "selon les données recueillies
par la B.A.D.E.A., 70 %de l'ensemble des transferts financierE
souscrits par les pays arabes entre 1973 et 1980 ont bénéficié
aux 24 pays africains les plus gravement touchés, 43 % ont
été dirigés vers les pays africains les rao Lne avancés. et 26 %
vers les pays du Sahel" (2): (Voir les tableaux nO 18 et 19).
---------------------------------------------------------------
(I) Le!'Ialawi et le Swaziland malgré leur attitude négative à
la cause arabe ont reçu l'aide des pays arabes, mais celle-
ci est désormais suspendue. De même le Zaïre qui a repris
,
)
des relations diplomatiques avec Israël (Juin 198I) con-
nait le même sort.
(2) Rauuort Annuel, 1981 (op.cit), p. 8

T ABTJEAU
N 0
18
TABLEAU
VII
TOTAL DES ENGAGEMENTS ARABES AUX PAYS AFRICAINS LES MOINS AVANCES (1973··mi 1981)
($ H.)
PAYS
1
1
Rli
1
1973-ml 19811TOTAL
1973 ~, 1974
1975 1
1976
1977
1978
1979
1980 1
1981 ICondl- ICondl- 1
BENEFICIARE
1
1
1
Itlons
Itlons
IGENERAL
1
1
1
Ide
Idu
1
1
1
1
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- - - - - - - - - 7 - - - - : '...........'
1
1
1
1
BENIN
3,7
8,0
3,0
8,2
16,4
4,5
4,5
8,7
48,4
8,6"1
57,0
BOTSWANA
-
5,4
-
-
6,5
2,2
2,0
26,5
4,0
46,6
46,6
BURUNDI
3,4
4,0
2,6
8,0
6,3
26,3
4,5
19,8
-
71,0
3,9
74,9
CAP VERT
-
-
0,7
22,6
0,5
3,7
4,4
17,2
1,0
50,1
50,1
R.CENTRAFRICAINE
-
5,6
2,8
3,"
0,7
0,7
3,9
-
6,5
15,7
7,6
23,3
COMORES
-
-
-
31,5
1,6
14,7
24,7
20,7
1,0
94,2
94,2
Q\\
ETHIOPIE
-
15,7
1,6
4,8
-
0,5
4,8
-
-
26,5
0,9
27,4
GAMBIE
-
1,9
0,6
15,7
18,3
5,0
15,9
25,0
5,0
87,0
0,4
87, l,
GUINEE
1,2
43,9
7,7
65,6
18,4
76,0
20,9
370,9
-
519,5
85,1
604,6
GUINEE-BISSAU
-
2,3
8,9
3,3
8,6
9,4
14,6
14,9
6,5
68,5
68,5
HAUTE-VOLTA
0,1
8,8
2,6
22,3
42,4
10,6
4,9
19,7
10,0
121,4
121,4
LESOTHO
-
2.8
-
1,9
0,8
11,4
11,4
1,5
2,5
32,3
J2,3
MALAWI
-
-
2,9
1 ,6
1 ,8
-
-
-
-
1 ,8 1
4, 5
6,3
MALI
2,2
29,8
34,1
106.6
27,9
25,7
50,2
52,5
16.5
321,1 1
24,4
345,5
NIGER
2.5
6.8
28,0
12,0
23,5
40,5
53,4
80,9
39,1
273,8 1
12,9
286,7
OUGANDA
7,4
38,7
145,0
9.9
28,7
50,3
10,4
14.5
40.0
253,6 1
91.3
341. ,9
RWANDA
-
2.1
18.8
11,7
8.8
-
38,6
7,1
-
85.7 1
1,4
87,1
TANZANIE
-
48.4
56,7
5.5
10,0
5.1
30,0
81,0
38.4
202,0 1
n , l
275,1
TCHAD
39.6
17,4
15.3
13.2
32,2
32.7
-
-
-
125.1 1
25,)
150,4
1
1
,.A
Source : B.A.D.E.A. Anercu du programme
o~
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.....
. . J
TABI.EAU
VIII
TOTAL DES ENGAGEMENTS ARABES AUX PAYS DU SAliE!.
( 1973 - .t-1981)
i
($ tl.)
PAYS
1
1973 1
1974 1
1975 1
1976 1
1977 1
1978 1
1979 1
1980 1 mI-
l
1973-1981 1
BENEFICIAIRE
1
1
1
1
1
1
1
1
1 1981 ICondl- ICondl- 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Irtons
1t Ions
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Ide
Idu
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Ifaveur Imarch~ 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1 .
1
\\TOTAL
-
AGENCES REGIONALES
1
- 1 0,1 1 1, 1 1 14,9 1 15,0 1 0,4 1 4,0 1 274,5 1 294,3 1 604,3 1
- 1 604,3
00
CAP VERT
1
- 1
- 1 0,7 1 22,6 1 0,5 1 3,7 1 4,4 1 17,2 1 1,0 1 50,1 1
- 1 50,1
GAHBIE
1
- 1
1,9 1
0,6 1
15,7 1
18,3 1
5,0 1
15,9 1
25,0 1
5,0 1 87,0 1
0,4 1 87,4
HAUTE-VOLTA
1
0,1 1
8,8 1
2,6 1
22,3 1 42,4 1 10,6 1
4,9 1 19,7 1 10,0 1 121,4 1
- 1 121,4
HALl
1
2,2 1
29,8 1
34,6 \\ 106,6 1
27,9 1
25,7 1
50,2 1
52,5 1
16,5 1 321,1 1
24,4 1 345,5
NIGER
1
2,5 1
6,8 1
28,0 1
12,0 1
23,5 1
40,5 1 53,4 1
80,9 1 39,1 1 273,8 1 12,9 1 286,7
SEHEGAL
1
0,7 1
86,6 1 102,1 1
30,9 1
16,9 1
12,7 1
12,1 1
76,9 1
74,4 1 351,5 1
61,8 1 413,3
TCHAD
1 39,6 1 17,4 1 15,3 1 13,2 1 32,2 1 32,7 1
-
1
-
1
-
1125,11
25,l 1 150,4
1
1
1
1
1
1
1

. 1
1
\\
\\
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
TOTAL
1
45.1 \\ 151,4 \\184.5 1 238.2 1176.71131.31144.91546.71435.311934.3 \\ 124,8 12059,1
Source: IJ.A.D.1LA. Aper(lU du ProPT8mlM
•••
,JI
en
0'\\

367
La ventilation sectorielle de/l'assistance arabe
privilégie également les secteurs de dévelonpement principaux:
les infrastructures de transport et de communicat ion 17, 6 %,
et l'agriculture 17, 2 %, mais aussi le soutien des balances
de naiement (que la B.A.D.~.A. s'est refuSée à financer en
donnant la priorité aux infrastructures, agriculture, énergie
et industrie)
(1),
la construction de barrages, et de ponts
etc •••
(Voir tableau nO 20 ci-dessous).
Enfin, signalons que l'O.C.D.E. a calculé la propo-
sition de l'aide bilatérale et multilatérale des sept pays
arabes de l'O.P.E.P. au bénéfice du TierS-Monde qui s'élève
à 39. 315 m.d.
(soit 4,- % de leur P.N.B. entre ~975 et ISbO).
La part de l'Afrique est de 3 510 m.d. en engagements bilaté-
raux, soit 13 % de l'aide arabe au Tiers-Monde, dont près de
45 % vont aux pays arabes non producteurs de pétrole, essen-
tiellement à ceux frontaliers d'Israël (Egypte, Syrie, et
Jordanie). L'Arabie Séoudite, le Koweit,
la Libye et les au-
tres pays du Golfe sont les principaux bailleurs de fonds ara-
bes. D'ailleurs, leurs contributions au capital de la BADEA
sont les plus importantes.
c - Avantage et préjudice de l'aide arabe
Incontestablement l'aide arabe à l'Afrique est accor-
dée à des conditions de faveur extrêmement avantageuses, avec
des facilités qui n'ont pas de commune mesure avec le loyer
d'argent pratiqué par les institutions fiancières occidentales.
D'après l'organisme centralisateur des opérations
arabes en Afrique, la BADEA
"les moyennes pondérées sont en
taux d'intérêt: 4,5 % ; en durées de remboursement
18,3 anS
en délais de grâce: 4, 3 ans,
enfin, l'élément-don ou degré
---------------------------------------------------------------
(1) Voir RAPPORT (op.cit.) p. 68
(2) Voir annexe

TABLEAU
IX.
VENTILATION PAR SECTEUR DES ENGAGEMENTS
ARABES EN AFRIQUE (1973-mi 1981)
SECTEUR
1MONTANT EN $ M.
1
.",.
L
1
1
1
TRANSPORTS ET COMMUNICATIONS
1
1170,8
17,6
1
BALANCE DE PAIEMENTS
1
1161,3
17,4
1
IAGR r CU LTURE
1
1149,9
17,2
1
CONSTRUCTION
1
545,3
1
8,2
PROGRAMME D'AIDE
1
469,7
1
7,0
..
SERVICES SOCIAUX
1
439,6
1
6,6
ENERGIE
1
435,8
.1
6,5
TOURISME ET COMMERCE
1
413,7
1
6,2
INDUSTRIES EXTRACTIVES
1
292,5
1
4,4
INSTITUTIONS FINANCIERES
1
275,6
1
4, 1
INDUSTRIES MANUFACTURIERES
245,4
1
1
3,7
COOPERATION TECHNIQUE
1
70,3
1
1, 1
1
1
TOT A L
1
6669,9
1 100
- --- .
~
.. ---
Source
B.A.D.E.A. Anercu du ProgrQnm9 ...

de libéralité de l'ensemble des prêts y représente 34 % (1).
Dans certaines aides et prêts aux pays du Sahel et aux PUlA
l'élément-don varie entre 59 et 100 % (voir annexe).
Que représecl.te"l'élément-don" dans l'enseJ!lble de
l'aide arabe à l'Afrieue
(1973 -
juin 1981) ? Quelle est sa
signification réelle ? D' après les statistiques de la BADEA,
dans les 6,7 milliards de dollars alloués à l'Afrique "plus
des quatre cinquièmes de ces capitaux ont été accordés à des
conditions de faveur, avec un élément-don tournant autour de
80 %. Cet élément-don, poursuit-elle, on le sait, constitue
un transfert de revenus réel des prêteurs aux emprunteurs" (2),
Enfin, sur le total de 6.669,9 m.d., 81, 9 % ont été consentis
à des conditions de faveur et 18, 1 % seulement soumis aUX
conditions du marché (3).
Les capitaux arabes sont donc accessibles pour les
pays africains à des conditions peu contraignantes par rapport
à ceux des pays industrialisés car "l'autre caractéristique
de l'aide arabe est sa déliaison de toute obligation ou enga-
gement de caractère politique ou économique pour les emprun-
teurs. Rompant avec cette pratique fort courante qui veut que
chaque dollar alloué au titre de l'aide revienne à son lieu
d'origine (crédits fournisseurs, achat de biens et services
etc •.• ), les transferts financiers arabes sont définitifs et
constituent de réelles pertes d'actifs" (4).
Il faut cependant relativiser cette affirmation car,
comme nous l'avons dit, certains pays arabes sont à la recher-
che de gains politiques et religieux; par conséquent, leurs
investissements sont dirigés dans un nombre de pays spécifi-
ques. Cela est vrai pour la Libye et l'Arabie Séoudite .•
--------------------------------------------------------------
(1) in BADEA al- Tagrir al-Sanaw'i , 1981 p. 7.
(2) Ibidem p. la·
(3) Aperçu :(op.cit.) p. 14·
(4) Ibidem p. 20.

370
La monarchie sJolldienne ne se sert-elle uas des
fonds du Comité de Solidarité Islamique (C.S.I.) et de la
Banoue Islamique de Develop'Jement
(3.I.D.) -cour enrayer toutes
les tentatives du Communisme et du Jocialisme en ~frique et
dans le monde arabe? D'ailleurs, l'assistance financière de
ces deux fonds est liée à des critères religieux : seuls peu-
vent en bénéficier les pays membres ou ayant une communauté
musulmane comme le stipulent ses statuts. l·lais cela ne remet
pas en cause globalement l'originalité de l'aide arabe à
l'Afrique.
Le bilan global de la coopération arabo-africaine
est donc le fruit de la solidarité effective entre le Nonde
arabe et l'Afrique. Nais le véritable problème qui se pose
dans l'étape présente est l'instauration d'une coopération
horizontale, sud-sud au niveau bilatéral et communautaire.
Les pays arabes et africains ont des potentialités économiques
culturelles et humaines Le ur- "permettant de déuasser le ste.de
actuel de leur coopération. Cependant tant que celle-ci est
restée limitée au placement et au recyclage des pétro-dollars
on peut Se contenter de parler de rapports entre créanciers
et emprunteurs qui dans leur étape actuelle ne profitent
qu'aux classes~dominantes du monde arabe et de l'Afrique.
Enfin, nous nous demandons si cette aide arabe ne
serait "qu'une rallonge à l'aide occidentale". Ne contribue -
t-elle pas au maintien "des liens de dépendance néocoloniaux
qui font de l'Afrique une gigantesque réserve minière et hu-
maine du capitalisme" ? (1). Car cette coopération est dou-
blée par le "dialogue euro-arabe" lancé par le quotidien
LE
fIONDE en novembre 1973, qui organisait alors une conférence
de presse, à laquelle avaient pris part le colonel Qa~~afi,
--------------------------------------------------------------
(1) comme se le d emand e Duhamel (B)
: La coouération trilaté-
rale p. 59.

37I
des Denseurs, des écriv8ins
et des
journalistes arabes et
européens.
Cet apnel a été lcucé au moment où les Etats ara-
bes bénéficiaient d'un meilleur rapport de force vis-à-vis
de l'Occident. C'est pourquoi le s omne t
ar-abe d'Alger en 1973
se déclgrait favorable à un tel dialogue, mais i l exigeait,
en revanche, dans le document "à l'intention de l'Europe
occidentale" la suppression de l'aide militaire et économique
de cette dernière à Israël et de mettre fin à ~l'embargo sur
l'exportation des armes aux pays arabes"
(1)·
En même temps,
la C.3.3. a mis en oeuvre une politi-
que globale de coopération à l'échelle mondiale avec les pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (A.C.P.)
; coopération
-
.
instituée par la convention de Lomé l
(2) et reconduite par
Lomé II. Notons que trois Etats arabes (Algérie, Maroc et
Nauritanie)
participent au "dialogue nord-sud" et quatre
autres méditerranéens (Egypte, Syrie, Liban et Jordanie)
noursuivent le dialogue avec la C.E.E. Le dialogue est une
coopération triangulaire C.B.E -
Pays Arabes - A.C.P. qui
s'instaUre peu à peu et aboutit plus ou moins au schéma
'~echnologie européenne- capitaux arabes - main d'oeuvre afri-
caine"
(3).
--------------------------------------------------------------
(1) De nombreuses rencontres entre la C.E.E et la L.B.A. ont
eu lieu pour déterminer les conditions et les modalités
du dialogue. MaiS le problème palestinien ecnstitue encore
la pierre d'achoppement de ce rapprochement malgré le
changement d'attitude certes positif
de l'Europe e~ fa-
veur de la cause palestinienne, mais insuffisant aux yeux
des pays arabes. Cf al-DagânI (A.S.)
al-Hiwar al-cArabI
al-UrübI pp. 135 - I5b et en annexe de ce livre.
(2) signé le 28 février 1975. Cf : Notes et Etudes Documentai-
~ du 20 septembre 1976
(3) Voir Le Flohic (F) : "Coopération C.E.E. - Afrique: Bilan
et perspectives" in Aujourd'hui l'Afrique, nO 16, 1979,
p. 15.

En tout cas, c'est ce que semblait désigner l'ancien
président français Giscard d'Estaing par le fameux "trilogue"
en février 1979. En instituant "la conférence au sommet franoQ-
africain", cette même année, la France et la C.E.E. enten-
daient parrainer la coopération arabo-africaine par ce "trilo-
gue" en associant "les capitaux excédentaires des pays arabes
exportateurs de pétrole, le matériel e~ les techniques d'appli-
cation des pays industrialisés (en plus de leurs concours fi-
nanciers) et le potentiel de développement du Tiers-reTonde",
selon l'étude de Scharf pour le "Centre de Développement de
l'O.C.D.E." (I). La trilarité semble donc viser l'intégration
des pays arabes et africains dans la stratégie de développe-
ment d'ensemble de l'Europe occidentale et favorise les riva-
lités inter-impérialistes plus particulièrement dans les deux
régions riches en matières premières.
Le président de la B.A.D~E.A. CAyyari est très ex -
plicite. Il déclarait dès 1975 qu'''actuellement deux pouvoirs
et une aptitude sont en présence: le pouvoir d'acheter appar-
tient aux Arabes, le pouvoir technologique aux pays indus-
triels et l'aptitude à investir se trouve en Afrique. Il faut
-
.
que ces· trois composantes soient syncrétisées, ( ••• ) il faut
travailler à trois"
(2) •
La coopération trilatérale prend aujourd'hui essen-
tiellement deux formes
"co-financement de projets de déve-
---------------------------------------------------------------
(I) Coopération trilatérale. Volume l, Les bangues et les
fonds arabes de développement : différentes formes de coo-
pération trilatérale,p. 7.
(2) Voir "Un banquier arabe .et africain pour l'Afrique" in
Jeune Afrique, nO 14I, 21 mars 1975, p. 21

Loooern en t du secteur ~~-,iolic, résultant de décisions ponctuel-
les", "la deuxième forme représente une approche plus inté-
grée (1) visant à promouvoir le dévelopDement d'une zone géo-
graphiaue ou d'un secteur économique ou à mettre en oeuvre
ëles urop:rammeS intéressant !Jlusieurs uays,une région ou une
sous-région du Tiers-l'londe avec le concours de pays arabes
exporta.teurs de pétrole" (2).
En tout cas dans sa vision actuelle "l'aide arabe
uourrait bien n'être que l'instrument secondaire de l'affron-
tement dea centres à la périphérie, le développement de
l'Afrique y étant en tout état de c aus e subordonné " (3). De
telles craintes nous semblent fort
justifiées surtout quand
on sait que des Etats comme l'Arabie Séoudite, le Koweit, les
Emirats Arabes Unis qui ont résolument choisi "la voie du
capitalisme dépendant" selon la terminologie de Jacques
Couland (4) fournissent près de 50 % de l'aide arabe à l'Afri-
que j
surtout qU2nd on sait que les grands projets de dével-
loppement financés par les pays arabes en Afrique,
les tra-
vaux d'exécution et même les études préalables sont confiés
aux grandes sociétés occidentales au détriment des petites
entreprises locales ou ar-ab es , c omrae le souligne ~:!illiad
JOHNSON (5) j c'est dire que les capitaux arabes profitent
avant tout aux multinationales capitalistes.
----------------------------------------------------------
- ~---
(1) Souligné par l'auteur.
(2) Scharf (T):
op.cit.
p. 12. Voir en annexe les projets
cofinancés par les pays arabes, la C.E.E et d'autres orga-
nismes nationaux et internationaux.
(3) Ibidem p. 60
(4) Séminaire du 28 mars 1983 sur "quelques problèmes de mé-
thodologie pour l'analyse du conflit israélo-arabe".
(5) "art.cit" in Qa.cl8.V8. cLr2.blva n ? 6, 1980. Voir pp. 178-179'

C' est pour quo i, la "s t r at ég te économique commune
arabo-africaine" adoptée à ~1Lq~lnI (mars 198I et avril I982)
tente de remédier à cette situation notamment dans les domai-
nes de la coopération technologique, scientifique et cultu-
relle"
(I).
---------------------------------------------------------------
c
(I) Voir la publication de la L.E.A.
: al-Igtima
al-~amis Li·
c
. LAgna al-Tansla
•.• mars I98I et al-Ihima
al Sanawi al-
Tamin Li-Maglis (BADEA) Hartüm, avril I982
-
.

CON C L U 3 ION
G E N E ~ ALE
=============================~

CONCLUSION GZNE~ALE
Nous voici au terme de notre recherche sur
les
relations arabo-africaines. Nous avons tenté dans cette étude
de reconstituer leur évolution et d'analyser l'interaction des
Etats arabes et africains de 1955 à 1978.
Le débordement du cadre chronologique initial est la
conséquence logique du développement de ces relations à la sui-
te de la réalisation de la solidarité arabo-africaine autour
du problème palestinien en 1973. Il nous a paru pendant nos
recherches et notre rédaction qu'il était difficile de ne pas
aborder l'étude de la période post 1973. Celle-ci permet en
effet de mieux saisir les résultats concrèts de l'intervention
massive des pays arabes en Afrique après cette date, à laquelle
de nombreuses études ont été consacrées.
En revanche, la période historique que nous avons
étudiée n'a p~s fait l'objet d'investigations et de recherches
systématiques suivies. C'est pourquoi nous avons tenté d'éclai-
rer quelques zones d'ombre qui subsistaient en suivant de près
les principaux évènements et faits historiques dans lesquels
les Etats arabes et africains sont directement impliqués ainsi
que les discours des acteurs arabes relatifs aux relations
arabo-africaines tout en les replaçant dans leur contexte his-
rique. Et, cela au risque de ne pas avoir suffisamment abordé
l'évolution des rapports inter-arabes, les conflits, les ten-
tatives d'unité qui sont la corrélation même de ceux de l'Afri-
que avec le monde arabe.
Malheureusement, l'absence d'interaction entre la
L.E.A. et l'O.U.A. avant 1973, ne nous a pas facilité la tâche

376
de saisir globalement le degré d'implication de tous les Etats
arabes dans les questions africaines et vice versa ; cela mal-
gré nos efforts de dépouillement de la presse arabe (d'ailleurs
très :incomplète dans les centres de recherche à Paris.
Nous pensons, en dépit de ces difficultés et des la-
cunes éventuelles de notre démarche méthodologique, apporter
une modeste contribution à l'étude d'un domaine mal exploré
surtout pour la période qui fait l'objet de cette urésente
thèse. Cependant, il convient de nous interroger sur la vali-
dité de notre approche méthodologiQue. Est-elle justifiée par
la na.ture du sujet ? Avons-nous raison de mettre l'accent
sur les aspects politiques et idéologiques, au détriment d'une
analyse socio-culturelle ou socio-ethno-religieuse (comme c'est
la tendance aujourd'hui pour expliquer l'expansion de l'Islam
en AfriQue Noire) ? Et notre péFiodisation est-elle fondée?
A ces interrogations nous pouvons apnorter quelques
éléments de réponse. Nous pensons que cette étude ne se prê-
tait pas à une apuroche ethno-culturelle, parce que nous avons
voulu établir l'évolution des relations politiques, économiques
et culturelles entre le monde arabe et l'Afrique mais vues
sous l'angle du mouvement de libération des deux régions contre
la domination, l'exploitation, et la dépendance. Ces relations
ne pouvaient être envisagées que dans le cadre des rapuorts
d'Etat à Etat et de groupe d'Etat à groupe d'Etat, si l'on vou-
lait ap~récier les actions individuelles et conjointes des
pays arabes en direction de l'Afrique au Sud du Sahara.
Dans la campagne d'information et d'explication des
pays arabes, ce sont les arguments politiques qui priment, le
culturel n'intervient que de façon informelle et secondaire.
Sinon comment expliquer la rupture avec Israël de 29 Etats sur
32, compte tenu que 6 d'entre eux (non. membres de la L.E.A)

e euLemen t ont une majoriti musulmane (Sénégal, 1(8.1i, C'·uinée,
",cha.dt'- Hé'."ute-Volta et Eiger). D'ailleurs l'action des nav s
arabes en Afri~ue le confirme. SIle embrasse tous les na'8
2.fricains ;'T c ovnr Ls ceux qui n'ont pas rompu avec Israël
(Ile I·Iaurice, l'lalawi, Bot swana ) ,
Par notre approche, nous avons voulu d~passer le sta-
de des stéréotypes, des a-nr;ori et des préjugés sur "l'Afrique
Blanche" et l'Afrique au ;'Jud du Sahara pour procéder 8. une
analyse plus objective des causes et des faits historiques
précis dans leurs dimensions politiques, économiques et cul-
turelles.
Quant à la périodisation, nous avons le sentiment
qu'elle est juste. Elle recoupe effectivement les grandes éta-
pes de l'histoire de l'interférence des Etats arabes et afri-
cains. Dans chacune d'elle, nous avons montré les thèmes domi-
nants et les objectifs de chacun des acteurs arabes.

Tl:;:; PA S lL"?A:BEG
A -
Les objectifs coa~uns
1°. L'isoleoent d'Israël et la promotion de la cauSe palesti-
--------------------------------------------------------
nienne
Le lectelŒ aura observé avec nous que la ~résence
d'Israël en Afrique et la question palestinienne constituent
un élément permanent de contentieux dans les rapports arabo-
africains. D'où notre insistance sur les nombreuses tentatives
du monde arabe pour amener l'Afrique à Se positionner favora-
blement à leur cauSe.
L'isolement d'Israël est donc un objectif commun du
discours légitimateur des pays arabes qu'ils SOient révolu-
tionnaires, conservateurs ou réformistes. ~vide~~ent, ce dis-
cours n'est pas uniformisé et il est modulé selon les circons-
tances et selon les périodes. L'Egypte nassérienne et l'Algé-
rie sont les nionniers de la cause palestinienne en Afrique
jusqu'à 1969, date à laquelle la Libye et l'Arabie Séoudite
vont progressivement s'affirmer Sur la soène politique afri-
caine. La vaste offensive diplomatique et politico-religieuse
des deux derniers pays cités ne Se base plus sur le neutralisme
positif, le non-alignement et la présentation de l'Etat sio-
niste comme l'''instrument de l'impérialisme" maiR sur la dé-
nonciation de "l'axe Prétoria-Tel-Aviv-Lisbonne" (comme l'Al-
gérie) ét singulièrement SlŒ "la solidarité islamique" (pour Ia
Lïbé'e et l'Arabie Séoudite). Thèmes mobilisateurs qui ont eu
un certain impact auprès des masses et des Etats africains
qu'ils soient progressistes, néocoloniaux ou "modérés". Cette
stratégie a permis la réalisation du nremier objectif commun :
l'isolement d'Israël et la promotion de la cause palestinienne
en Afrique depuis 1973.

379
1
2°. L'exnansion de l'Islam et de la culture arabo-islamiaue
----~--------------------------------------------------
Considérant les visions différentes qu'ont les pavs
arabes concernant cet aspect de leur
nolitiGue
africaine,
il convient de relativiser le terme "objectif", voire de lui
substituer le terme "souhait", car nous avons montré CJ.ue
l'élément culturo-religieux est quasi absent dans le discours
et l'action algériens. Le Yoweit et les ~mirats Arabes ne
sont plus de gr9nds promoteurs de l'Islam et de la culture
arabe en AfriCJ.ue.
lIê'~e si c et aspect n'est pas un élément important
dans les discours officiels de la Tunisie et du HeToc, il n'en
demeure pas moins que ceS deux Etats ont des centaines d'en-
seignants d'arabe en Afrique, comme beaucoup d'autres pays
arabes, soit, affectés au terme d'accords bilatéraux, soit mis
à la disposition d'associations culturelles musulmanes ou en-
core au service de grands notables religieux.
Prenons un seul exemple: l'Institut al-AZHAR dont
le siège se trouve à Ndame (Sénégal), fondé par le fils cadet
d'Ahmadou Bamba , chef spirituel du "mouridisme"."L'institut
compte 30 000 étudiants répartis dans 500 classes à travers
le Sénégal et 500 enseignants dont une vingtaine d'assistants
égyptiens d'El AZHAR du Caire y dispensent des cours" (1).
Cela n'est pas un cas isolé. Des institu~ islamiques sembla-
bles à Touba, à Tivaouane à Kaolack, à Coki etc ••• bénéfi-
cient de toutES sor t es d'assistances directes de certains pays
arabes,
pas seulement au Sénégal, mais aussi au Nigéria, au
Mali, au Niger etc ••• Cette aide extérieure,en principe à
l'enseignement de l'arabe,revient en fait à renforcer le pou-
voir des notables religieux qu'on peut qualifier ~d'Etat dans
l'Etat", de "contre-pouvoir" en interférence avec le pouvoir
---------------------------------------------------------------
(1) Voir Le S oleU, . 18 juillet 1983·

380
légal, comme c'est le C:.8 n ot ammerrt au Sénégal (1). Depuis
1972, l'action de la Libye et de l'Arabie Séoudite se tra-
duit par la construction de mosquées, de centres d'enseigne-
ment arabe gérés par ces associations et notables d'une part,
et par la subvention de l'enseignement arabe inclu dans les
programmes scolaires officiels de nombreux pays africains
(Sénégal, Niger, Nigéria du Hord, Tchad, Guinée, Haute-Volta
etc •.• ) d'autre part. La politique ou la pratique culturelle
arabe se'heurte parfois aux opuositions des Etats africains
dont la laïcisation de l'enseignement et des irn titutions est
le principal garant de l'équilibre des groupes ethno-religio-
culturels. Elle rencontre également l'hostilité des élites
nationalistes - même muau Lmane s - soucieuses de préserver
l'identité culturelle africaine de l'influence aliénatrice
de l'Occident comme de l'Orient. Cela pose donc problème à
moyen ou à long terme.
--------------------------------------------------------------
(1) Voir Coulon (C)
: Le maraboutet le urinee hSlam et pou-
voir au Sénégal). Paris, Pédone 1981. Voir aussi:
Copans (Jean) : Les marabouts de l'arachide. La confrérie
mouside et les paysans au Sénégal. Paris, le Sycomore,
1980.

381
II - LES T3lIDANCES
TA "POL TTIQUE AYR. TC\\.IH"E miS ETATS
AJ.ABES
Chaque pays a sa pr-opr-e démarche dans le cadre des
rapnorts bilatéraux et noursuit donc des objectifs particu-
liers à côté des objectifs que nous avons qualifiés de com-
muns.
La diversité des supnorts idéologiaues et politiques
résulte des contradictions d'intérêts et des clivages qui
caractérisent les rapports interarabes eux-mêmes. Les politi-
ques africaines des Etats arabes ne sont en fait,
que le re-
flet de ces contradictions. D'où. naissent les rivalités et
l'antagonisme de leurs politiques dans le monde arabe comne
en Afrique.
De cela, cinq tendances s'en dégagent:
1°. Celle des Etats dont la volonté de diffusion de l'Islam
et de la culture arabo-islamique est apparemment perceptible.
Cette tendance panislamique se divise en deux courants :
conservateur et réformiste.
a) Le courant conservateur: l'Arabie Séoudite.
Celui-ci prêche l'Islam orthodoxe et la
solidarité du monde islamique.
Il semble chercher à boucher
toutes les voies du communisme et dn socielisme non seulement
dans le monde arr:tbe mo.is aussi en Afrique. I l est aussi animé
par- la volonté de faire barrage à l'expansion de l'Union So-
viétique,
et ce par tous les moyens.(Rappelons que l'Arabie
n'a pas de relations diplomatiques avec l'U.3.3.S.). Cela ex-
plique l'implication du royaume séoudien dans les conflits de
l'Afrique orientale,
où. i l soutient d'une part, la Somalie
contre le régime "marxiste" éthiopien et d'autre part, appuie
les combattants du F.L.E.C.R (éléments musulmans) en Erythrée
contre son rival marxiste le F.P.L.E.
(qui bénéficiait du
soutien de l'Egypte nassérienne et Ceux de la Libye et de

-;82
l' Tnak 2V2,nt
le renvers ement deI' empereur H. Sé 12.8s ié en
1(74). Pourtant ces deux mouvements de Li.bé r-a't Lon luttent
Dour 1 ' autonomie de ]., 3r:;cthrée, cons idéré e par l'Sthiopie
COlTI-me l'une de seS 'provinces. Lais la politique séoudienne
dans cette région, est subordonnée d ane une large mesure aux
rivalités des deux superpuiss8nces dans cette partie straté-
gique de l'Afri~ue~
b) Le courant réformiste et progressiste
nassérienne et la Libye
Ce courant s'adresse aux communautés mu-
sulmanes, particulièrement aux associations musulmanes réfor-
mistes et à la jeunesse par voie de presse et de radio et,
par-
l'offre de centaines de bour-s ea et de livres, que ce soit
par l'intermédiaire des gouvernements ou par les voies non-
officielles. Mais leurs campagn$politico-religieuses sont
doublées par' un discours et des actions anti-colonialistes et
anti-impérialistes. Le but recherché consiste à promouvoir
la culture arabo-islamique et 9. exporter leur "Révolution"
respective dans les pays africains.
2°. La tendance anti-imnérialiste
-------------------~---------
Nous y retrouvons aussi la Libye et l'Egypte nassé-
rienne~ Mais l'Algérie se singularise par l'absence de l'élé-
ment religieux dans sa politique en direction de l'Afrique
contrairement au courant précédent. L'action de cette tendan-
ce est basée principalement sur la consolidation des indépen-
dances, le non-alignement et oeuvre pour le renforcement des
mouvements de libération nationale africaine. Elle cherche
à réaliser la solidarité africaine et la négation de la domi-
nation impérialiste et dénonce la ségrégation raciale et tou-
tes les formes du néocolonialisme.

rr °
12. tendance exnansioniste et interventioniste : Le :':o.roc
et la 1ib~,'e
-----------
Le cas du Maroc
: revendications territoriales
accompagnées de conflits armés : maroco-fr~:~.1ç?,i8 8.U sujet de
la Eauritanie, maroco-algérien (1963), mar-oc o-œahr-aou.L (en
cours)
et intervention militaire dans l'affaire du Shaba au
Zaïre.
Le cas de la Libye: revendictions territoriales et
intervention directe d ane La't'guer-r-e civile du Tchàd~ et impli-
cation directe ou indirecte dans les renve~sements ou tentati-
ves de renversement de plusieurs régimes africains au Niger,
au Tchad, en Haute Volta etc •••
Cette tendance entretient des relations conflictuel-
les avec les Etats africains.
Sa politique africaine est basée sur le respect des
principes de l'intangibilité des frontières et des choix po-
litiques d'autrui. Elle est le principal défenseur de la
francophonie.
5°. La tendance rentière: le Koweit et les Emirats arabes
------------------------------------------------------
Ils sont devenus acteurs sur la scène politique
arabo-africaine après 1973. Leurs actions semblent être gui-
dées principalement par des préoccupations de rentabilité éco-
nomique,
investissement de leurs pétro-dollars et création
de sociétés financières.
Ils mènent en Afrique une politique
de type capitaliste.

384
III -
A:'PR.:3CIATION DE LA COOPJRA"ION CUI,TU-r::SLLB ET ECONOHTQUE
A - CooDér~tion culturelle
La démarche poursuivie
par-les pays arabes dans ce
domaine jusqu'à présent n'est pas de nature à favoriser
l'éta-
blissement de véritables échanges mutuellement enrichissants
pour les sociét~arabes et africaines.
En effet,
i l serait souhaitable que cette coopération
revête une autre dimension plus ouv8rte. Il faudrait mettre en
place des institutions spécialisées
au niveau des centres de
recherche et d'études universitaires pour approfondir l'histoi-
re et le patrimoine arabo-africain, étudier et analyser les pro-
blèmes socio-culturels auxquels sont confrontées les sociétés
arabe et africaine aujourd'hui et les perspectives de demain.
Car, comme le souligne M.S. ~ABT\\, directeur de
l'ALESCO CI) "le plus grave danger que nous a fait subir le co-
lonialisme c'est son agression sur cette culture (arabo-africai-
ne). Si le colonialisme ne Douvait pas nous prendre nos forêts,
nos terres et nos fleuves,
i l a -
malheureusement - réussi à
nous dépœséder de notre réalité culturelle,
à nous persuader
que nous n'avions pas de passé et que nous n'aurons pas d'autre
perspective de civilisation et de culture autres que les sien-
nes"
(2).Après avoir souligné que l'arabe est la plus ancienne
langue (ceci est discutable) et la plus r-é pandue du continent,
N. Z3ABIR souligne cette triste réalité:
"Elle est ainsi l'uni-
que langue africaine officielle internationale", car une seule
langue africaine a été adoptée comme langue offictelle : le
swahili,
en Tanzanie.
~-----------------------------------------------------
- - -- ---- -_ .
(I)"al-Huna~~ama al-CArabiya li-l-Tarbiya wa.l-Taqafa wa-l-cUlü~'
-
(2) in I~imac al-Ramis •• (op.cit.) p. 23.

Cet
t a t de f:üt n'est que la
conséquence logique
é
de 12. d om i.n a't Lon né oc oLond.a Le ou e subit l'Afrique NoLr e , l·lais
l'orientntion de la 901iti~ue culturelle de la L.E.A. en
Africue n'est n2.S de riat ur-e à favoriser l'enrich:issement réci-
»r-oque des cultures ar-abe et africaine, mais cherche une in-
fluence unilatérale. Ainsi, faisant le bilan de son action à
1", tête de la mission de la L.E.A. à Dakar, Ahmad Ben cAmàr
admet que "la diffusion de la langue arabe constitue un impor-
tant volet de la mission de la Ligue Arabe,
je me suis beau-
coup intéressé à la question et j'ai été très favorablement
impressionné au cours de mes nombreuses visites à l'intérieur
du pays, par la prolifération des écoles argbes qui eXistent
dans tous les villages. Je n'oublie pas l'enseignement arabe
dispensé dans les établissements publics". Puis il conclut
"je pense
que ce domaine, Clui constitue l'un des éléments' les
plus importants de l'unité africaine,doit bénéficier de toute
la sollicitude des pays arabes" (1).
Quant à nous, nous pensons que les relations cultu-
relles doivent avoir pour objectif de sauvegarder les patrinoi-
nes culturels, de f2.voriser 12. r-en o.i.ss anc e et le d é ve Loppem srrt
des cultures nationales arabe et africaine. La '9ropos i tion de .
la L.E.A. visant "la création d'un centre arabo-8.fricain de
recherches et d'études" (2) s'inscrit heureusement d8ns cette
perspective. Enfin, force est de constater Clue l'échange entre
le monde arabe et l'Afrique Noire, est un échange inégal, aus-
si bien sur le plan culturel que sur le plan éoonomj.oue ,
B - Coonération économiaue
Depuis la multilatérisation de la coopération entre
les deux régions, l'affluence des capitaux arabes en Afrique
est absolument impressionnante. Ces capitaux sont octroyés,
----------------------------------------------------------------
(1) voir son interview in Le Soleil, 5 Juillet 1983, p. 14·
c
(2) Document in al-1gtima
•• (op.cit.) p. 35

386
S'lit
sous
:orme de dons, soit sous forme de prêts d e s t i.né s 2.U
financement de ~rojets de dévelo~pement les plus divers (voir
annexe). En dénit des aSD8cts nositifs que nous avons souli-
gnés a.illeurs,
i l convient de s'interroger sur l'avenir de la
cOOpér8":i.':;.", '~or-i_zonté!.le "3ud-Sud", par opo os ft Lon il la coopé-
ration "Nurd-Sud". En tout cas,
elle ne Se concrétise pour le
moment ,que dans le d omai.n e du financement. Conune ni les Etats
arabes dispenseurs d'aides, ni ceux d'Afrique
n'ont la naî-
trise
de la haute technologie, ils font apDel à l'assistance
d'un tiers, les pays industrialisés,
pour fournir leur savoir-
f2ire et parfois leurs capitaux en vue de l'exécution et du
co-financement des grands projets. Cette coopération associe
donc les capitaux arabes, la technologie occidentale et la
main-d'oeuvre et les matériaux africains. C'est le fameux
"trilogue"
ou la coopération trilatérale. L'Occident a alors
plus qu'un droit de regard.
Ceci ne contribue-t-il pas à moyen terme à accentuer
la dépendance, voire la subordination du développement afro-
arabe au système capitaliste et aux intérêts rivaux des pays
capitalistes? C'est à craindre, d'autant plus que les princi-
paux pays contributeurs arabes suivent "la voie du capitalisme
dépendant". L'aide arabe serait-elle alors une nouvelle forme
de "néo-impérialisme" au lieu de favoriser la complémentarité
de l'ensemble arabo-africain pour un développement autonome au
service des masseS ?
"s. cA. MUSTAFA écrit à cet effet: "la plupart des
des Etats de l'ensemble afro-arabe sont considérés conune des
pays
(qui)
produisent ce qu'ils ne consomment pas,
et consom-
ment ce qu'ils ne produisent pas"
(1).
--------------------------------------------------------------_.
(1) voir son étude in Hayrl:
op.cit.
p.
193.
r:

ë87
Cette phrase l~Stune bien à notre avis l'orientation
et les structures de nombreuses économies des pays arabo-
africains.
L'orientation actuelle de cette coopération Sud-Sud
souffre, nous semble-t-il, de l'absence d'imagination, d'in-
novation, d'une volonté politi~ue et d'une stratégie économi-
~ue rénondant aux aspirations des peuples arabe
et africain.
Enfin, nous avons cru devoir insister dans notre
conclusion sur ces points pour souligner combien l'histoire
des relations arabo-africaines mérite d'être encore approfon-
die.
-:-:-:-:-:-:-:-

B l B LlO G R A PHI E

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(1) Cette revue s'appelle àussi: Revue d'Etudes Politiques et Eco-
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II - Réponses du Caire et d'Israël
III - Déclaration du 30ffiflet arabe d'Alger
26 -
28 nove~bre 1973 (en arg~e)
A. Déclaration de politique générale
B. A l'intention de l'3urope Occidentale
C. A l'intention des Fays Socialistes
D. Al' intention de l'Afrique -
E. A l'intention des Pays non-alignés
IV - Oonférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l'O.U.A.
(:Kampala, 28 juillet -
1er Août 1975)
A. Résolution nO 76
sur le Noyen-Orient
et les
Territoires occupés
B. Résolution nO 77 sur la Palestine
V
L.E.A. O.U.A. Conférence au Sommet arabo-africaine
Le Caire 7 -
9 Mars I9ï7 (en arabe)
A. La Déclaration politique
B. La Déclaration sur la coopération économique et
financière
C. La Déclaration sur le Programme d'Action de la coopé-
ration arabo-africaine
VI -
L.E.A. Projet de Création d'un Centre arabo-africain
d'Etudes et de Recherches
VII - Tableaux sur la coopération multilatérale arabo-
africaine
A. Onze tableaux en arabe
B. Onze tableaux en français

~ Ta
<.t- ~;..J
'I..~!~~l.f'
"
.~~\\'if~;~
<~
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Mémorandum de la commission des dix
de l'Organisation de l'Unite africaine
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1. M. Moluar 01114 DodlÛJh, pr~l;dr'" d. la République i$/amique d. Mdli-
président d. tG République du K.tfytl, reprl,.,.ré /NU M. Dani.l A,.., Moi,
rit.,.i., prbidenl rtt rnf'Cic. d. rO.U,A. ; 2. s.. Mdi"'; ;mpù;al. Hait;
vlce-présld.,,, d. la République du 1C'lr'Yd; 9. Félix HOllplrollit-Soj"."
Sll4uii r-. •rrr,",nr d'Ethlopir .. 3. M. Uopold Sldtlr S.n,hor, prind.ttt
pris/d.", de la Ripubllqw# de C6tHllloi,#. ,.pn,#"tl pm M. Al'2ine U,h#,
,J.. 111 Républiqlle du Sénégal .. 4. M. El Htul; Ahmadou Ahid;o, p,étident de
Âuowan. rrrittill'# da A/Ja/,e, itranli,#, d# C6tMfIIlDi,. : 10. M. /wliw,
'" Ripwblique /édéral# du CamrrowlI . 5. M. 1# li#utelltll" ,éniral /O$#ph-
Je. Nylriri. pn,iuIIl de la IUpwbllqw d. TQltzlUlie. tll"~1Il et ncwl.
..,
EAcellelKC!,
férentl enppmealt à prcD'Jre pat le:. ~ ~
aUA Drioritis 'lui doivent être accordées IUA di -
- iitodaIIdI ......... dei
0CCIIp&
1. L'upiraûoa pntfoodc des pcuplC! d'Afrique,
...... par-
. . . . d6lel . . ra:cord
.....
qui viancnt, da.nI leur ....ade ma.jorilt, d'KâdCS'
ties pour l'application de La risolulioa 242.
n Accepeadoll.
lieu
p-
..
à l'iadfpcncLance ct à la souvcniDCt4: internatio-
8. LC! propositions de M. Janin. représca-
,.dr le . . . . - . .
Il d6o-
! ."'.
..... est la. paiA, qui demeure la condition pee-
leaC une couttibution polilive Il la mile ee œuvre
traM...
nru, II.
_ _
l
a...
...;
rn:i6n de leur d4:velappement.
des dispositionl de Ladile résoloulion. donl l'acceP'"
d-Che6Jt". de tra.,. ..k ••de.....
..
2, C'est pourquoi les Etals africains le JOni
tation a tl4: rélfrit'rMe par les dcUA panic! à la
14. Les chell d'Btar de la Commiaion
de
',.
U1ajoun senti., plus dircetan.cal que
d'lUlres,
5OUI-COmmiuion des qualre.
l'O.U.A. penlent que ces lu . . . .ionl cont:Uienl1..
.:!:
COIICeI'na par le doulourcul. connit isra4:lo-anbt.
.
poinlt euc:ntiell des positkJns respectives des par-
'.>;
9. C'Clt dans le cadre d'un
appuI lolal aUA
tia en p~
J, Trop de !l;imilitudes e~cat catre 1.. Etal'
efforts de M. J urina. en we de la mile en
.
du Moyea.()ricnt et les jCUDCS Btats africaiaa pour
œuvre de la risolutioa 242, que la cooflreaca au
15'; III .com~lent lUI leur acœptaœ:n par les
\\
q.. la lauioa isrKlo-anbe. qui peniste, ne leUl
sommet de l'Orpaisation de l'Unil4: africaiae.
~uCOl1t&. laraéhenna et pli I~ aulOnl6s t~
.,
rappel•• pat sa coull6queoca pouiblcs. les me-
Ion de Il JeSlioa de juin 1911, 1 d61ipt une
Iiennea. dont la \\t01~li de p&I1, • touta eleuA,
~,'
nacesauaquclla ces jeuna Etait peuven'. demain.
commission de diA chels d'Etat pout aider à Il
leur est IppaNe dananent.
iIft tl.posês.
recherche d'Une JOlulion.
16. III lanccal un prasant appel au pR:sidenl
rt~
4, Au demcuraaL par-delà la paiA à rétablir I.U
..~~
\\'
10. La
miuion
q1M '·Afrique.
unaoime.
1
d~ I.a R4:publ~que ~be d'BlYpte et lU Premier
MoyaoOrieac, leur 5O\\lCi permanent est que Il
confiée • la commiuion des dix, qui 1 dailOé
mlftilt~ de 1Etat d.t~ pour raervcr à lilIS 1
)
pail ..·it. . tur taule 1. !Uttace de la terre, afin
a_
la sout<Ommiuion d.. quatte. -al une mission
luaatlo~ ~n accu~1 qUI petmette dll: repnmdn:
..:!:.
'Ide l'AfrtqUi puipe mieuA
10ft
propre
de peiA. Pour ces mesa .... de l'Afrique., il t'Ip.
les. Maociatlons .J~a, et ,'!"- parv~lIlr, dlns Il
dévldoppemenl et apporter SI conlribution à I·tla·
non
pu de
ranplacer
M.
Janin, dans
10ft
réJ101', • une pail. JUlie, qu III IOUhlltcnt durable
.,
banliotl d'w nouvel hWlWlilme dana le monde
raie de m~iateur. et cocore moins le eoa.til de
parce qlMl traleJ'DeJle.
entier.
Skurili, mail de l'aider à faire appliquer la ré·
Les c.heû d·Etat de la conuniuion de l'O.U.A.
J, Leur souci majeur. aujourd'hui, est de !IlC-.
JOlucion 242.
saisissent l'occuion qui leur· est offene pour u.pri-
coader l'action de
l'Orpnisalion des Nation&
unieI pour panenit • un ,qtement pKifique du
II. La entretiens uploralOUa quo la JOUI-
mer • ~ Excellences
.
coam. sur la bue de la râolution 242, VOlte, le
commiuÎOn da qUltre a NI respecl:ivement avec
-
MonltCUl' .Amuar
El. Sadate.
président
U fIO\\'CftIbre 1961, par le COIIICil de Skuritt,
les aUlorit&. iaraéllemlies la J 4 cl J novembre
de la Rtpubbque arabe d 1!cYpte.
qui cOIUialt, en.re autres, les dilpoaitionl sui-
1911, et .vcc les autorit. tarPtiClllloOl. les 6 et 1
~ MacI~ .901dl Meir. Pmnier ministre de
yaalell :
nO\\'embre 1911, oat 4:li euc:aliellnlC'Dt auid" par
JEtaI d lanël.
.• inadmilSibiliré de "acquisi'ion de territoire
Il ~~he d'un terrain- d'enlnle pouible _qut
leun _ntimcnts de lm haule considération
r-r La IUtrn ,,;
permettrail aua panies de surmoater ta obtlacles
l'opposanl à la conclusion d'uD accord de paia .
. . . . . . DIol. ,,,"')01111
.- • nécessili d'œuvrer pour une paiA jUile et
...
",..... ,'Ou....
_
...... u _ _ 1''''_ _ ".. .. , ..........
durable pcnnettant • cMque Etat de la Rpon
12. La positioas rec:pccljYa des deux parties.
•Je vj're en xcur:ili • ;
telles qu'elles lOIIt apparues .. La lOUI-COIRmiaion
//?i;)
• retrait des forces iJn'lieDDa da wrilOi-
des quatre., pourraient tue ainsi raurn&s :
""~~:"<6....ot
_

m occupa Ion du riccat cODfIil .:
~
" ......." . . .·ET ...OI'.I:
13. C. .ple . . . ft rappar'I ... la ~
....-_
. - • ClS!:l.Uoa de toUICI auerlÎOns de belli.-
---..
~ _ . ~
rance ou de tous élats de belli....ace a :
.._
__ e : -••'...... I·O'U ...
.............. _ _
db
ru.U..\\.
.. _
I • • . . . . . . - . . .I:OIIiQ,I,L.
-- • rapa:t et rtlC'Cll2lnai:llaDce de la JOuvG'IÏ-
_
. . . Ieu
~_:
.... de l'intépi.~ IaTitoriale cl de l'iaIUpcndaoce
.)A......-,... doa
_
.
( '
JVi
IOIOWl_foKID.IO
. . . -. . . . . . . _ _ .. _
••1.
politique de cboq.. Eloi de 1. ri..... ;
cIn
. . . . . . - _ _ r
...
-
rapect _\\lUi • de leur droil da Yiwe en pail;
"U"_II
I\\I.I
_
lorioola_
U~
i. l"inlbieur de flOllli«a tûres "
re:coaaua., à
242 _ _tlrl
.....
l'abri de meuca ou d'aetq de force .:
-
prIIIlie de • l'inviolabiliœ laTiloriaJe • et
bl A " " " - , . .. doa
..
__..J_ _.<I'l'C1
"'_.I..__ u.."
de • l'indépendaace poliliqu. de CMq1M Elu de
~ .... a:cord
r
...
• n6poa. par
... ft c...a cie s.a
a_a
__ ..
.... _
_ N._
des mesura comprenant la craliaD
_
do maes d&nilitarWa .;
.,,_..
.) A..--, ,.
-..
-
• libent de Daviplion lur les vota d'eau
ÎllternalioftaJa de la répon . ;
..
-
• juste ri'~1 du problàne des Mlu-
.....
~ . . d . . . -
d
.....
..................
dl
, .
_
.....
6. La espoin de pair. que la Etats africains
Iodo . . . . , ...._
_
_
pu1Ipat avec la commuaaut4: interuliODlJe te
.........
roedeat, lIi1S pr~t. !Ut l'lCc:cpIation par
:
l'J!moe et pot lnil de 10 réooIutioll 242-
-
. . . . . . . .&des.N
,
-
. . la c:n.dDa
_
. - . '
;
-
. . , .
dm
.
lIItIW
l"EIat d'1anS t_
7. Cal pourquoi ils oot salr,M: riaitiatiYe priIc
por M. /eni.a. le 3
1971. pour _ .
. . cataIw
...._
et
la
Rfpublique
arabe
'P,...
( .
.IA..-.....,. .. _
_ ..
_.,-
J........ Il
.
...
- "
J"Evpt.. les diftr)eDCa da points de ~ qUIDI
Le Nouve'! Observat'eur du.17· Janvier 1972
,uree

:....
.':.'i(
...,,- ....~

,,,!,
420
Réponse du Caire
,.
,.
.;
A SOft Ercwllwllu Moruiwur lw Prisidw,.,
8 finier 1971. La réllolulioa réilà'e la solidarité
Le présidcnl de la République arabe d'EIYPIe
);.
Liopo/fI 5w"por,
des chefs d·Etai africains avec l'2Jyple ct rend
a soulip, Ion de ln eDtreliens au Caire aVec la
pris;'""' d~ la R./pMbliqJUdM Sin/6QI.
hommaae 1100 altitude poailive tcUc qu'cUe a élé
SOUI-Commisaion des qualrc chefs d"EIat, que
''.1
Le ea;... 1. 6 S1ulwal 1J91 do l'JUairo
exprimée danI la riponae ll l'initiativc du RP~
1'ElYPte élail ealikemeDl dispot6e ll appliquer
'.
d
~'~
1!Jlœl_
Le 2J DGTcmbte 1971.
seaUI spkial d.. MlCl'itaiR: pnéral de l'O.N.U.
inléaralemeDt la RsoIuliOa 241 du CODRiI de S6-
- ,
le 15 fivricr I,:JI. La réaolulion de l'O.U.A. d6-
eurit6, el qu'elle acceptait l'initiative enueprise
;:;;:
En riponse lia daDaDdc formuUc par la aoœ-
ooacc le d6fi lue:' ll celle initiatiYc par l.Inil ct
par M. Jarrins. tclle que fonnul6e danI JOD mé-
commÏllÎOft da quatte chetl d'I!&at" je me rail
demande l ce dcmia' de donner iDllamment. l
morudum du 8 f"ria" 1971.
!t
ua. pl. . . de vous rcmcIttc ~ mimarudlllD 'e..
)'iDll&l' de l''EIIYJU, uae répollJC positive au mé·
Eu ripo_ lia . . . . . . . . la lOa.coaI....
joint, PrKiunl Il paeition de la Ripublique arabe
monQdum de l'ambauadour Jarrins.
do .. la IUpaIoUq.. aroIIo d'Eup"
'" _
d'EJYPIIi cu éprd aux enU'âicaa qui le IOD' d6-
Le R'pubUque arabe d'Eafple. exprimc sa le-
éclalrcillemnll ..m.a q'"
ft.
rouWs avec la aous-commiaion au Caire. ct en
metcietnellii au p~denl en exercice de l'Orp-
ce qui CODCa.t les poüdI .,..éI •• COIn ...
ce qui coœa'QI les poinLl souleva au coun de
nilalion de l'Uni" africaine ~insÎ qu'au mem·
en. . . . . :
I . A . . . , . .
_
bra de la cOmm~ion da dix pour les efforts
...-
Je tieDa l
1
i
VOUi exprimer • DOUvau mes raDer-
qu'ils oa.t dlployél en vue de la mise eu appUc:a.
r........ Mo J
_
d'............ la
c:iemea1:l. M. le Praident, et ll Inven vous lUX
Iioa de la tisoIulion de l'O.U.A.. r&olulion aux
__.UZ"'C_"'_' __
rnembra de la IOUI-COmmiuion. pour les effona
la'mes da laquel" le prisident en eaerciee a é..
que v~ avez cWployé dam le bul de meltn eo
charaé d"eDtrcprmdre des coosultations avec les
:i
-..........--
r . . . - J....... .....
108 ......-
_ _
....
_
applicatioa. la rDolulioa du eo....il de S6curi16
chefs d'Etai ct de JOUYcmement atricainl afin
, ......... *poIL
du 22 novanbre 1967 ct afin d'aider le rep~
d'Uler de leur iDtluatce pour Ulurer l'applica·
1- L'E&JpIo ... .....- ,
..._ _ la
~WlI du secli:l&.ire pMnl da NationI uniea
tioD locale de ladilc r&olulioa.
.....

eDli
• la no..aRn do c.
~-v; damlamillion.
L'ElYple, soucieuse d'inaaurer l1M paix. dW'a-
. . . . Sua
nntnlt
....
,,,
Jc prie Votre ExceI1aIce d·...- 1"&II&IrUICe de
ble au Moyeo..oricnl. a fail preuve de lOG entière
''!j,
que
, . COIIIfonaé
tir
_
10 . . -
ma profoa.de atime ct de .". ris Mule conJi..
c:oop4ralioa avec: la ~iuioft, • IDUlcI la
* la 1Upo1IIIq1oo __
.~
d
oUraboIL
étapa de ... travaux. convaincue que le mcds
dIacoan cl. 11
1971, et ft, • ~
Avec mes meilteun YœwL
de CCI travauz serail de Mlure l UlUla" l'appl''
,~:
Anouar El SadaIe
cation de la riIoIuliœ 242 du Cooseil de $ku·
4
ri~ et • tirw la million de l'ambaaadeur Janin.
qu-
),N
np.da
-
. . - -
* Mo J....... da 8 _
1971.
..
MEMORANDVM
de r1lD~ cré6c par le refUl d'lInII de répoo-
La R6pobllquo aroIIo d'EIYP" _ _ 1. - .
cire poAIivcmeat ll I0Il mémoruadum.
-
-
\\aœrplrioo- .......... * pals
YeIIU8

la commÎIIiOQ da chefs d1!Iat abi--
Au coun cIII maaioaa leQua au Cain...I&.aoœ-
.............
ru... _
,........ro.
.......... _
' _ .
e:au. • .-prime ... i....-cicmeDtl pour 1. d'tOlU
commillioa a af.firm6.·qœ la mtaioa c:olllillah
quo. d6pkM ea . . d". . . . . la mile ea œuvre
l la m_ ea application de la rDolutioa 24Z du
do la
pal'
l'OI'pa_ do
CoaIei1 de ~. coaICIf1Mmeal • la tisoIulioa
1"U,,;t6 _ _ , Addio-Aboba, 10 2J juIa \\971.
de loo.UA !lie a maoifes&6 lOG plei.a appui ll
..__-*----
..... . , . . _.... MoJ
.......
............
.. lIipuIul 10 ....... _ , doa 1 _ ioné-
.... . . - - ... l'Eupto.
le l'DiaioD de l'ambuNdeur Jurina. donl le _
_ _ _... ~ ... d.... panJos 10 8 1 _
A...,....__
4.
*paIs _ -
_..-
_ •
tiama •
rous ' - IcrrilDirea anbca aux li....
da S juIa 1967. c:oaI
, la _ _ 241
,''tait pc-' COIIlIM bul la mise ea œuY1"e de la
_ _ pal' 10CooooU
S6curiti .. n
"'"
r&oIutioa da ConooiI de _ " - Le ...........
1967. La . - . . . de ro.U.A. . .prime.
.......
miaioa. a pr*=iI6 •
oulre qu'elle n'ealleddait pu
rappui -.1 _
pal' la o:hala d'Elal _ _

subllituer • J'ambauadcur JUTtas. mail qu'au
_;
- G. . . . . . . . N
i
-
Cr4aIIB •
.......... _·aMen
et
-....,............
"ft.'"
.... poüdI"
contraire •
miuion colllillaii • aider le
rJ ,...
rep~
.... -
d6pIoya pal' 1. ,.....,..... tp6ciaI
s. L'E&JpIo _
.. . . -
_
... - . . ...... ""OO.H.U. . . . . . do_'
de la
da
ln . .
ConalI
appIlcadœ la _ _ d. eœ.I ... S6-
'_I·...,._
....... d a - . . . . . . . . de _ . confor·
......da
a-.~
.....
.. _
_ _ Io
*nru.
....... , _
iDlIialMo , ... iprd.
dII'id •
DDIaIDIDIDt IOD ioitialm de paix du
Réponse d'Israël
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siDd:nI • d6Yaua que vous 'avez faitI U'" de
ca.InYe et .. ftIIIIlId •
I"accerd ... la c.
Pamctta-moi., Moillieur le Pr6ddcnt, de VOUi
praIIDU'fOir la pUa au Procbe-OrieDl plU' la ~
s-.
rip6ter ll 'quel point .QOUI avOGl 611 beurewt de
priII .... D6p:Jc:iatioaL
c)
, . . . . . . . Il r-.
YO\\II
accueillir. VOID ct vos 4mineall coIlqua.
,,!:.:. ~4~ ~vo:: ~ _
46Iw: ' 5
pM' . . . ai,
1 aloi_
., Jhuaalem et d'avoir awc voua da .tretieDi
. . . . . . . q.- je voua ai
onIemena et
et ......,..,.. . . I"accerd •
franc:a ct pr*:ÏI dut ua. esprit d'amitMi et de
Ida q.'i11 ~ au
de
Id-
q.............. de 1. pm.
. . . . . . V. . ~ . . 'Yu. du ..,.....,...
tI)
_
. . . ' " la ~
J. VOID prie d'apW. MOftlIÎIW' le PNsideDt,
..... d'1InIl MIl' . . . ......-- ~ da.-
. , . . . . .
r - . . et ...........
CIl mime taftpa qUCI ma aJ.,,1adaoa ponoaDellea
te......
.. lD6manDdual •
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les plue chaleunu.:a.rapraeioa lÎDCà'e •
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24 ......... 1971.
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Documents d'Actualité Internationale
ORGANISATION DE L'UNITE AFRICAINE (O.U.A.)
Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement
(Kampala. 28 juillet- 1et" ao üt 1975)
143. Résolution numéro 76 sur le Moyen-orient et les territoires arabes occupés
(Source
Secrëianat âe /'0 U.A AHG/Res 76-XII)_,
La Conférence des chili d'Etat et de gouvernement, réunie en sa 12e ses-
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sion ordinaire à Kampala. Ouganda, du 28 juillet au.I er août 1975,
Ayant écouté les déclarations faites au cours de la session par les représen-
tants de l'Égypte, de l'OL.P. et d'autres délégations ;
Ayant été saisie du rapport du secrétaire général administratif de l'O.U.A.
(CM/660 et 600 Add. 1) (XXV) ;
Rappelant les résolutions (AHG/Res.6i IX),(A..':.fG/R:es.iO x),(CHlRes. 332
XXUn, (CM/Res. 393 XXIV), ainsi que la déclaration sur la Palestine et le
Moyen-Orient (CM/ST 14 XXIV) ;
Guidée par les principes et les objectifs des Chartes de l'O.UA. et des Na-
tions Unies, par la destinée commune des peuples arabes et africains et par leur
lutte continue pour l'exercice de leurs droits ainsi que pour la liberté. la paix et
l'indépendance ;
Observant avec une profonde inquiétude la détérioration de la situation au
Moyen-Orient qui résulte de la politique agressive persistante d'Israël, de son re-
fus d'appliquer les résolutions des Nations Unies, de ses agressions continues con-
tre le peuple arabe à l'intérieur et hors des territoires arabes occupés, et des
obstacles qu'il ne cesse de dresser devant tout effort déployé en vue de parvenir
à une paix juste et durable, dans le but de gagner du temps et d'imposer le fait
accompli afin de consacrer l'agression et l'occupation;
Affirmant qu'une paix Juste et durable en Palestine et au Moyen-Orient ne
peut être réalisée que sur la base. d'un retrait israélien total de l'ensemble des
territoires arabes occupés et par l'exercice des droits nationaux du peuple pales-
tinien à la souveraineté, à l'indépendance nationale et à l'autodétermination ;
Affirmant que le maintien par Israël de l'occupation par la force des terri-
toires arabes occupés et la violation des droits nationaux du peuple palestinien
constituent en eux-mêmes une agression permanente et une lourde menace pour
la sécurité, l'Intégrité et la souveraineté des Etats et des peuples arabes;
Profondément préoccupée par le fait que les mesures prises par Israël en
vue de modifier les aspects humains, géographiques et culturels des territoires ara-
bes occupés en vue de la judarsation de la Ville Sainte de Jérusalem et d'autres
régions des territoires arabes occupés, sont illégitimes, nulles et non avenues;
Convaincue que le moment est venu d'appliquer les sanctions prévues par la
Charte des Nations Unies à l'encontre d'Israël qui continue de violer les princi-
07
pes de la Charte et poursuit son agression contre les pays arabes et le peuple pa-
lestinien ;

432
.....
Convaincue en outre de la nécessité qu'il y a pour 1'0 U A d'adopter des
mesures pratiques et efficaces pour faire face à la poursuite, par l'ennemi siorn«
te, de ses actes d 'agression et de violation ;
1. Réaffirme son appui total et efficace aux pays du champ de bataille et
au peuple palestinien dans leur lutte légitime en vue de récupérer par tous les
moyens l'ensemble des territoires occupés et des droits spoliés;
2. Condamne Israël pour sa politique persistante d'agression, d'expansion
et d'annexion par la force de territoires arabes, de même que pour ses tentauves
de modifier le caractère démographique, géographique, économique et culturel
de ces territoires ;
3. Condamne Israël pour son refus permanent de se conformer aux résolu-
tions de rO.N.U, pour ses tentatives délibérées en vue d'entraver par tous les
moyens possibles tout effort déployé en vue de rétablir une paix juste et dura-
ble dans la région ;
4. Condamne également la politique persistante d'oppression pratiquée par
les autorités d'occupation israélienne contre les habitants arabes des territoires
occupés, la violation incessante de tous leurs drotts humains ainsi que des Con-
ventions de Genève de 1949, et notamment la quatrième concernant la protee-
tion des habitants, des villes et villages, les attaques et les raids barbares d'Israel
contre les camps des réfugiés et le bombardement d'objectifs civils dans les vil-
les et villages du Sud Liban, en violation de tous les principes du droit interna-
tional et des normes humaines ;
5. Condamne vigoureusement l'attitude des pays qui fournissent à Israël
assistance, armes et moyens de destruction et considère que le but réel de la
fourniture 'massive d'armements à Israël est de l'implanter en tant que bastion
avancé du colonialisme et du racisme au cœur du monde arabe, de l'Afrique et
du Tiers-Monde, et estime que toute aide ou soutien accordé à Israël constitue
en fait un encouragement et une participation à la consolidation de l'occupation
israélienne et à la perpétration de l'agression ;
6. Réaffirme une fois de plus la résolution CM/Res 20 de la ge session ex-
traordinaire ;
7. Invite tous les pays africains à accorder aux pays arabes du champ de
bataille tous les moyens possibles dont dispose l'Afrique, afin de renforcer la h.:
te de ces pays contre l'agression sioniste;
8. Demande à tous les Etats membres de 1'0 U A de prendre les mesures le"
plus adéquates pour renforcer les pressions exercées sur Israël à fO.N U et dan,
les autres Institutions, y compns la possibilité de le priver, éventuellement, ce sa
qualité de membre de ces Institutions ;
9. Considère le sionisme comme une menace directe pour la paix mondiale
et décide d'organiser une campagne d'information, en vue de démasquer, d'une
manière continue et rationnelle, la nature raciste et agressive du sionisme, d'af-
fronter et de réfuter les campagnes de propagande fallacieuses entreprises par les
808
sionistes dans le but de susciter l'hostilité contre les mondes arabe et afncain ;

Documents d'Actualité Internationale
10. Demande au secrétaire général administratif de l'O.U.A. de suivre de
près l'évolution de la situation au Moyen-Orient et de faire rapport à la 26e ses-
sion du Conseil des ministres et décide de maintenir la situation au Moyen-Orient
comme l'un des points prioritaires inscrits à l'ordre du jour de la prochaine ses-
sion du Conseil des ministres de l'O.U.A.
144. Résolution numéro 77 sur la Palestine
(Source: Secrëzanas de l'O. u.A. AEG!Res. ï7 - XlI).
La Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de
l'unité africaine, réunie en sa Ile session ordinaire, à Kampala, du 28 juillet au
1er août 1975,
Rappelant la résolution adoptée par le Conseil des ministres de l'O.U.A. en
sa 24e session ordinaire, tenue à Addis-Abéba, du 13 au 21 février 1975 ;
S'inspirant des principes et des dispositions des Chartes de l'O.U.A. et des
Nations Unies et appreciant les sacrifices consentis par le peuple palestinien face
à l'agression sioniste pour la libération de la Palestine ;
.
Ayant examiné les développements de la cause palestinienne et la grave si-
tuation découlant du maintien par Israël de l'occupation des territoires arabes,
son usurpation des droits légitimes du peuple palestinien, son refus de se confor-
mer, à cet égard, aux résolutions des Nations Unies, notamment celle de l'Assem-
blée générale de l'O.N.U. no 3236 (1) adoptée lors de sa 2ge session, son refus
de reconnaître les droits légitimes nationaux du peuple palestinien sur la Palesti-
ne, y compris son retour dans sa patrie, la récupération de ses biens ainsi que
son droit à l'autodétermination, sans ingérence extérieure, et l'exercice de son
pouvoir et de sa souveraineté nationale sur son territoire; ayant également noté
l'usurpation continuelle par Israël des territoires de la Palestine et la dispersion
de son peuple;
Considérant qu'une telle situation constitue une violation flagrante de la
Charte des Nations Unies et de ses résolutions, de la Déclaration universelle sur
les droits de l'homme, et que le maintien de cette situation constitue une grave
menace pour la paix et la sécurité internationales ;
Considérant que la question palestinienne est la cause fondamentale de la
lutte contre l'ennemi sioniste ;
Affirmant une fois de plus la légitimité de la lutte du peuple palestinien
pour larécupération totale de tous ses droits nationaux;
Considérant que le régime raciste en Palestine occupée et les régimes racis-
tes au Zirnbabwé et en Afrique du Sud ont une origine impérialiste commune,
(1) Voir Documents d'Actualité Interrultionale numéros }-2, 7-14 ;anvier 1975.

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constituent un tout, ont la même structure raciste et sont organiquement liés
dans leur politique tendant à porter atteinte à la dignité et à l'intégrité de I~
humain ;
Considérant que l'appui des Etats membres de l'O.U.A. à la lutte menée
par le peuple frère de Palestine pour la récupération de ses droits nationaux Cil
Palestine, et son droit à l'autodétermination constituent un devoir exigé par la
solidarité afro-arabe ;
Exprimant sa conviction que le soutien militaire, économique, politique Ci
moral accordé à Israël P2r certains Etats, et notamment par les Etats-Unis. l'aide
à poursuivre sa politique d'agression, à consolider son usurpation de la Palestine
et son occupation des territoires arabes;
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Considérant que le maintien de relations avec Israël dans les domaines poh-
tique, économique, commercial, des transports et autres, l'aide à consolider 50:1
usurpation de la Palestine et à poursuivre sa politique expansionniste et agressi-
ve ;
Considéra.nt que le maintien d'Israël comme membre de l'O.N.U. est incom-
patible avec les principes et la Charte des Nations Unies, et constitue un encou-
ragement à défier les résolutions des Nations Unies et une marque de complici-
té avec le régime raciste, expansionniste et agressif.
1. Décide:
a) De réaffumer son soutien total et effectif au peuple palestinien dans' la
lutte légitime qu'il mène pour recouvrer ses droits, y compris:
" son droit à retourner dans sa patrie, la Palesti..ne, et à recouvrer ses biens.
- son droit à I~utodéte'rmination sans aucune ingérence étrangère,
- son droit à la souveraineté sur son territoire,
- son droit à établir son pouvoir national indépendant.
b) D'œuvrer dans tous les domàines afin de parvenir à concrétiser la recon-
naissance de ces droits et à les faire respecter. Les Etats membres de l'OU.A
s'engagent également à prendre les mesures nécessaires en vue d'atteindre ce but
c) Que le Comité de libération de l'O.U.A. et l'Organisation de la libération
de la Palestine devront élaborer ensemble une stratégie pour libérer la Palestine
étant entendu que la cause palestinienne est une cause africaine.
2. Demande à tous les pays membres de soutenir, par tous les moyens, je
peuple palestinien dans sa lutte contre le colonialisme sioniste et raciste, en YUl'
de la restauration intégrale de ses droits nationaux. Les Etats membres affirrnv;'.
d'autre part que le recouvrement de ses droits est la condition sine qua non peur
l'instauration d'une paix juste et durable au Moyen-Orient.
3. Demande aux Nations Unies d'œuvrer en vue d'obtenir l'application de
la résolution de l'Assemblée générale no 3236 prise au cours de sa 2ge session-
810

43)"
1éro 41 . 1975
Documents d'Actualité Internationale
4. Réaffirme que l'Organisation de la libération de la Palestine est le seul
représentant légitime du peuple palestinien et de sa lutte légitime.
5. Demancie aux pays membres de mettre en application les resolutions per-
tinentes des précédentes conférences de ro.u.A. au sommet et de celles des mi-
nistres des Affaires étrangères concernant la cause palestinienne, et cela dans les
plus brefs délais.
6. Réitère qu'il est souhaitable pour assuret le succès de l'O.L.P. dans sa
lutte pour concrétiser l'avenir de l'Etat du peuple palestinien de lui fournir tou-
tes les possibilités et occasions d'accroître ses contacts avec les gouvernements
des pays membres.
7. Condamne les violations par Israel des droits de l'homme dans les terri-
toires arabes occupés et son refus d'appliquer les conventions de Genève de
1949, concernant la protection des civils en temps de guerre, et sa politique sio-
niste pratiquée dans les territoires occupés en vue de modifier leur nature et leur
personnalité intellectuelle, et considère que ces actes et pratiques constituent des
crimes de guerre- et un défi lancé à l'ensemble de l'humanité.
8. Considère toutes les dispositions prises par Israël dans les territoires ara-
bes occupés pour modifier leur càractère humain, géographique, social, culturel
et économique, y compris celles visant à la judaîsation de la Ville Sainte de Jé-
rusalem, comme nulles et non avenues et comme inacceptable. la reconnaissance
de leurs résultats.
9. Condamne tous les pays qui accordent à Israël une aide militaire, écono-
mique et humaine et leur demande d'y mettre immédiatement fin.
10. Demande à tous les pays qui n'ont pas encore rompu les relations poli-
tique, culturelle et économique avec Israël de le faire.
.
Il. Demande à tous les Etats membres de l'O.U.A. de prendre les mesures
les plus adéquates pour renforcer les pressions exercées sur Israel à l'O.N.U. et
dans les autres Institutions, y compris la possibilité de le priver, éventuellement,
de sa qualité de membre de ces Institutions.
12. Décide d'inscrire la question palestinienne à l'ordre du jour de la 26e
session du Conseil
13 Demande au secrétaire général de présenter à la prochaine session un
rapport sur l'évolution de la question palestinienne.
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opendice 1
CONCOURS DE LA BADEA AUX PAYS AFRICAINS
(1975 - 1981)
(en $ m.)
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Prèts de la BADEA
Prêts du
'
r
1 bénéficiaire
FASAA (1)
Total
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1975-77
1978
1979
1980
1981
Total
1974-77
général
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1 du Sahel;
1:
Ven
-
0,964
2,400
-
-
3,364
10,500
13,864
hie
3,300
0,598
5,200
-
-
9,098
0,700
9,798
l
Ie-Volla
4,500
1,879
-
-
-
6,379
2,700
9,079
20,000
1,860
10,000
-
-
31,860
7,800
39,660
f
,
Ir
7,000
8,868
-
-
5,000
20,888 ,
2,700
23,568
L
19a1
8,800
0,927
-
10,000
0,046
19,773,
7,500
27,273
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Id
-
9,702
-
-
-
9,702
8,800
18,502
t
venti1é{SahéI)
-
-
-
-
0,280
0,280
-
0,280
l '
~" -.
I-Iotal
43,600
24,798
17,600
10,000
5,326
101,324
40,700
142,024
r, .:
..,
'es PLMA:
~
1'2}
r..
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ln
8,000
4,600
-
-
2,700
15,300
2,400
17,700
IWUI&
-
2,200
-
7,250
-
9,450
5,400
14,850
b
lIIdi
4,000
6,000
-
10,000
-
20,000
2,000
22,000
j;:";
aalrique
-
-
-
-
5,000
5,000
2,400
7,400
LOreS
-
-
1,570
8,000
-
9,570
10,500
20,070
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opie
-
0,540
-
-
-
0,540
14,200
14,740
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Ilie
4,840
1,029
6,000
-
-
Il,869
-
Il,869
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Ilie-BilSau
-
1,116
-
-
-
1,118
0,280
1,366
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ltho
-
6,000
3,900
-
-
9,900
2,800
12,700
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anda
-
4,880
-
-
-
4,880
Il,300
16,150
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1Ida
Il,000
-
-
-
-
Il,000
2,000
13,000
wùe
15,000
-
-
8,000
-
23,000
14,200
37,200
Ir
.. total
77,640
80,206
29,070
33,250
12,980
203,148
100,650
303,796
L
:es pays africain4
.
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018
-
-
10,000
-
10,000
20,000
13,244
33,244
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20,000
-
-
9,000
-
29,000
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31,650
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11'0
10,000
-
-
-
10,000
20,000
-
20,000
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t-d'Ivoire
3,330
-
-
-
-
3,330
-
3,330
!Ill
18,330
-
-
-
-
18,330
4,400
22,730
lée Equatoriale
-
-
-
-
-
-
0,500
0,500
,.
8,000
-
5,000
-
-
10,000
3,600
13,800
ria
3,200
3,920
-
-
-
7,120
3,600
10,720
IlI&SCU
18,000
1,908
-
-
s.œo
24,908
4,800
29,708
lunee
10,000
-
-
-
-
10,000
2,700
12,700
unhique
-
-
-
10,000
-
10,000
27,000
37,000
romé-el-Principe
-
-
-
-
5,000
5,000
10,500
15,500
belles
-
-
-
1,200
-
1,200
-
1,200
a Leone
5,000
-
-
B,500
-
13,500
3,800
17,100
ziland
-
.-
-
-
-
-
4,200
4,200
1
3,340
-
-
-
-
3,340
-
3,340
1
10,000
4,400
-
-
10,000
24.400
12,400
36,800
)ie
10,000
-
-
-
10,000
20,000
12,700
32,700
ehwe
-
-
-
-
10,000
10,000
-
10,000
ventilil (Afrique)
0,100
6,809
-
-
-
8,609
-
6,809
199,740
67,B70
44,070
71,980
76,026
459,658
214,244
673,900
peUeraque le Fonds AraheSpécial d'Aide à l'Afrique (FASAA), dont le capital 1 élé incorporé dans celui de la BADEA en
,ccanmencé ..s opérations en 1914.
ys africains non azahesles moins avancés (PLMA) sonl au nombre de 19 el groupenllousles pays du Sahel à l'e:rception du
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S~œ 8/tÛE11; ~ffc~rflQ1Yl--u-d/I!lj'/ 69

1+83 ..
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. Appendice II
TOTAL DES ENGAGEMENTS BILATERAUX ET MULTILATERAUX
D'AIDE ARABE EN FAVEUR DES PAYS AFRICAINS (l973-1980)
(en$ m.)
f
1973 • 1980
aWl
aWl
, Pays
conditions
conditions
~
bénéficiaire
1973
1974
1975
1976
1977
1976
. 1979
1960
de faveur
du marché
Total
l
~ Angola
-
-
-
-
13,2
-
10,6
3,0
36,8
-
38,8
Béllill
-
3,7
8,0
3,0
8,2
16,4
4,5
4,5
42,4
5,9
48,3
~
Botswana
-
5,4
-
-
6,5
2,2
3,0
26,5
42,6
-
42,6
~.
Burutldi
3,4
4,0
2,6
8,0
6,3
36,3
4,5
19,8
71,0
3,9
74,9
r
Cameroun
-
8,4
40,4
63,2
34,1
16,7
27,7
12,5
154,2
48,8
303,0
~
Cap Vert
-
-
0',7
33,6
0,5
3,7
4,4
17,2
49,1
-
49,1
Centrafrique
-
5,6
3,8
3,1
0,7
0,7
3,9
-
9,2
7,8
18,8
l
Comores
-
-
-
31,S
1,6
14,7
24,7
30,7
93,2
-
93,3
~
Congo
-
-
36,7
24,4
1,5
17,5
-
18,4
97,0
1,5
98,S
"
~
Côte-d'Ivoire
-
13,5
7,4
36,1
i.o
-
-
-
6,0
52,0
58,0
Ethiopie
-
15,7
1,6
4,8
-
0,5
4,8
-
36,5
0,9
27,4
f.
Gabon
38,7
10,1
16,9
22,7
31,3
31,5
-
-
82,S
58,7
141,3
~'
Gambie
-
1,9
0,8
15,7
18,3
s,o
15,9
25,0
83,0
0,4
83,4
Ghana
-
4,4
61,6
57,3
49,3
-
3,7
7,5
106,5
77,2
183,7
~ Guinée 1,3 43,9 7,7 65,6 18,4 78,0 20,9 370,9 519,5 85,1 604,6
Guinée-Bissau
-
3,3
8,9
3,3
8,6
9,4
14,6
14,9
62,0
-
62,0
Guinée
Equatoriale
-
16,7
-
-
0,5
-
1,0
-
18,2
-
18,3
HaUle-VOlta
0,1
8,8
2,6
22,3
42,4
10,8
4,9
19,7
1ll,4
-
1ll,4
Kenya
-
43,6
36,7
15,1
34,8
5,4
7,3
197,8
353,8
85,8
339,6
~ Lesotho
-
3,8
-
1,9
0,8
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1,5
39,8
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Appendice II (suite)
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(en $ m.)
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1973 • 1980
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1974
1975
1978
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1978
1979
1980
de flveur
du marché t
Total
:
,
loibéria
-
5,6
-
-
24,5
15,0
-
5,0
44,1
6,0
50,1
Madagascar
-
17,8
25,2
3,1
35,3
18,6
40,8
12,6
129,0
22,4
151,4
Malawi
-
-
2,9
1,6
1,8
-
-
-
1,8
4,5
6,3
Mali
2,2
29,8
34,1
106,8
27,9
25,7
50,2
52,S
304,6
24,4
329,0
I. Maurice
-
2,7
-
10,0
0,1
0,1
12,3
7,7
32,9
-
32,9
Mozambique
-
-
1,0
32,7
0,1
6,0
11,8
13,5
55,1
10,0
65,1
Niger
2,5
8,8
28,0
12,0
23,5
40,S
53,4
80,9
234,7
12,9
247,6
Nigéria
-
-
-
0,1
2,0
-
-
-
0,1
2,0
2,1
Ouganda
7,4
38,7
145,0
9,9
28,7
50,3
10,4
14,5
213,6
91,3
304,9
Rwanda
-
2,1
18,8
11,7
8,8
-
38,6
7,1
85,7
1,4
87,1
SioTomé-
et-Principe
-
-
1,2
10,0
0,4
-
-
-
11,6
-
11,8
Sénégal
0,7
66,6
102,1
30,9
18,9
12,7
12,1
76,9
277,1
61,8 ,
338,9
Seychelllli
-
-
-
-
0,6
0,5
2,8
20,9,
22,5
2,3 '
24,8
5iena Leone
-
8,8
0,7
28,3
2,1
-
4,0
12,0
49,4
6,5
55,9
Souazilanà
-
4,2
-
-
-
-
-
-
4,2
-
4,2
Tanzanie
-
48,4
56,7
5,5
10,0
5,1
30,0
81,0
163,6
73,1
236,7
Tchld
39,8
17,4
15,3
13,2
32,2
32,7
-
-
125,1
25,3
150,4
Togo
-
1,7
6,2
4,0
-
2,5
19,0
0,5
28,2
5,7
33,9
Zaïre
50,0
38,4
217,1
47,5
-
76,6
4,8
-
296,5
137,9
434,4
Zambie
0,3
13,7
24,1
123,6
0,3
0,1
70,8
61,9
159,9
0,5
134~ i 294,8
Zimbabwe
-
-
-
-
-
-
0,5
274~
0,5
Montantl
non ventilé 1
3,8
36,7
59,9
107,3
96,5
112,2
4,0
f
560,2
133,4
693,6 -
Tolal
149,8
549,2
973,5
958,8
578,8
844,8
532,2
1481,4 j
4884,1
,
1183,q
5897,7
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Appendice III
SITUATION ET EVOLUTION DE LA POPULATION, DU PNB, DU
PNB PER CAPITA ET DE L'INFLATIONDANS LES PA YS ELIGIBLES A L'AIDE
DE LA BANQUE
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.
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~
1979 (1)
Tawo:annuel
Croissance
'i
moyen de
annuelle
~f
croisBancll de
moyenne du PNB
Tawo:annuel
,1
Pays
Population
PNB per
PNB
la population
par capita
moyen d'infiation
ri
1(enmillion)
capita
(en $ m)
(en 'fo)
(en'fo)
(en 'fo)
ri
(en $)
1 1970-1978 (1)
1960-1979 (2)
1970-1979 (2)
I--'~
, 1
Angola
~j
6,905
440
3060
2.4
- 2,1
-
,-'
Bénin
3,427
250
860
i
21,6
, '
1
2,9
0,6
9,2
r}
j
tA
Botswana
0,773
720
560
2,0
9,1
-
t~ Burundi
,
4,022
180
720
2,2
2,1
Il,2
~3
Cameroun
8,248
560
4610
2,2
2,5
10,3
~. Cap Vert
0,306
270
80
1,9
-
-
Rf Centrafricaine
1,954
290
560
2,2
0,7
9,1
~
Comores
0,398
210
90
4,0
-
-
t
Congo
1,498
630
950
2,5
0,9
10,9
CôtEHi'lvoire
8,076
1060
8560
5,8
2,4
13,5
Etlùopie
31,799
130
3980
2,5
1,3
4,3
~ Gabon
0,645
3280
2110
1,1
6,1
-
Gambie
0,586
260
ISO
3,1
2,6
-
Ghana
Il ,327
400
4540
3,1
- 0,8
32,4
Guinée
5,269
270
1470
2,9
0,3
4,4
~ Guinée-Bissau
0,779
170
140
1,6
-
-
Guinée Equatoriale
0,354
-
-
2,2
-
-
Haute-Volta
5,642
180
1000
1,6
0,3
9,8
Kenya
15,307
380
5820
3,4
2,7
Il,1
t,
Lesotho
1,309
340
440
2,4
6,0
Il,6
Libéria
1,802
490
890
3,4
1,6
9,4
, Madagascar
8,513
290
2490
2,5
• 0,4
10,1
Malawi
5,852
200
1170
2,9
2,9
9,1
Mali
6,469
140
930
2,5
1,1
9,7
L Maurice
0,936
1040
970
1,3
2,3
-
~
Mozambique
10,203
250
2600
2,5
• 0,1
Il,0
Niger
5,155,
270
1410
2,8
• 1,3
'lO,6
"
Nigéria
82,503
670
55310
2,5
3,7
19,0
1
Ouganda
12,797
290
3700
3,0
'i
- 0,2
28,3
Rwanda
4,651
210
970
2,9
1,5
14,6
t;~ Sio Tomé-et-Principe
0,110
450
52
l!
-
-
-
Sénégal
5,525
430
2370
2,6
- 0,2
7,6
'i)
Seychelles
0,065
1400
90
2,6
-
-
f,1
Sierra Leone
3,383
250
840
'2,5
0,4
Il,3
~~
Souaziland
0,540
650
350
2,5
7,2
-
,:1
Tanzanie
17,538
270
4700
3,4
2,3
13,0
Tchad
4,416
110
490
2,2
,- 1,4
7,9
1
;
Togo
2,494
340
860
2,6
3,6
10,3
r
Zaïre
27,535
260
7020
2,7
0,7
31,4
"
zambie
5,468
510
2790
3,1
0,8
6,8
\\'é".;
Zimbabwe
7,147
470
3370
3,3
0,8
8,4
r i
:;
Total
322,311
413 '
133072
1,8 ,[
10,:
fI
J
2,5 '\\
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. ··'"'l··Nii!'ê+t<..-
' "

(1)
Source: Atlas de la Banque Mondiale, 1980.
(2)
Source: Rapport sur le développement dans le monde, 1981, BIRO.
(-)
: Non connu.
(')
: Moyenne ponderée.
B;;/LIi,' J b/lY
70
72
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"
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486
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Appendice IV
STRUCTURE DE LA PRODUCTION DE 3S PAYS
AFRICAINS ELIGIBLES A L'AIDE DE LA BANQUE
1
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1 •
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1.
Répartition du produit intérieur brut en ("10)
f·>
Pays
PIS en$ m.
Agriculture
Industrie
Services
k .
, .
:
1960
1979
1960
1979
1960
1979
1960
1979
~
.
l '
Anqola
690
2490
50
46
6
23
42
29

Bénin
160
850
55
43
B
12
37
45
!..
, .
Botswana
38
410
54
21
Il
30
34
49

Burundi
~ 190
730
-
55
-
15
-
30
ll.. "
cameroun
550
5330
-
32
-
16
-
52
'.;.'.
R. Centrafricaine
110
640
SI
37
10
16
39
45
Conqo
130
1120
23
13
17
36
60
SI
Côte-c1'lvoire
570
9130
43
26
14
23
43
SI
EtNopie
900
3630
85
46
12
15
23
39
Cabon
167
2966
33
6
34
65
34
29
Gambie
20
100
43
46
16
9
40
46
Ohana
1220
10160
41
66
-
21
-
13
Guinée
370
1540
-
41
-
26
-
33
Haute-Volta
200
660
62
36
14
20
24
42
Kenya
730
5260
36
34
18
21
44
45
Lesotho
30
240
73
36
-
15
-
49
Libéri.a
220
940
-
35
-
26
-
39
Madsqascar
540
2810
37
34
10
20
53
46
Malawi
170
1220
56
43
Il
20
31
37
Mali
270
1220
55
42
10
Il
35
47
1. Maurice
143
916
22
25
27
26
SI
47
Mozambique
B30
2360
55
44
9
16
36
40
Niqer
250
1710
69
44
9
32
22
24
Niqéria
3150
75170
63
22
Il
45
26
33
Ouqanda
540
6410
52
55
13
7
35
36
Rwanda
120
660
61
42
7
21
12
37
Sénéqal
610
2460
24
29
17
24
59
47
Sierra Leone
-
790
-
36
-
23
-
41
Souaziland
34
243
31
-
23
-
46
-
Tanzanie
550
4130
57
54
Il
13
32
33
Tchac1
180
570
52
70
12
Il
36
19
Toqo
120
1000
55
25
16
23
29
52
Zalre
130
6020
30
33
27
24
43
43
Zambie
660
3240
Il
15
63
41
28
44
Zimbabwe
760
3640
18
12
35
39
47
49
..
..
i
l.
.~.
-
.
,._-,_.,,_.
.
Source: Rappon sur le développement dans le monde, 1981, BIRD.
( - ):
Non connu.
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73
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487
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!/~J~~fr:~-r/~~' 1~'1 Annexe 1
;" 1~!/M1·~~J,tDfCJ:;fSJ ETAT DES SOUSCRIPTIONS AU CAPITAL ET DROIT
DE VOTE DES ETATS MEMBRES DE LA BADEA
û
~ VoiJ: attribuée.
NomI>ra
de yoiJ: ,
en'~
. ,
(en unité)
du total
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..

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1,98
1100
10,01
215
1,98
262,5
2,39
i l
500
4,55
~ j
2000
18,21
: !
215
1,98
210
1,98
n
1250
11,38
"
: i
310
2,82
215
.'
1.98
f- i
800
7,28
!:J
1300
11,84
250
2,28
1400
12,75
1~
215
1,98
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2,82
H
_ _";"
.jo
_
~-ii""_""';"_"';"
- i ~
215
1,98
If TOIa""
7382,5
100.00
10982,5
100,00
n
le
C'd
Annexe II
RESSOURCES EN CAPITAL ET LIBERATION DU CAPITAL
AU 31 DECEMBRE 1981
(en $)
il
Moutal\\t de.
Valeur de.
Monut. da.
~l PlY' meaù>re.
lOuBcription.
aetiona
au 31.XU,I981
ou 31.XI1.l981
libér... au
31.XU.l981
ri
Royo..... lIacl*nite de Jordonie
1.500.000
1.500.000,00
:.",
Etat de. Emirat. ARbe. Uni.
90.000.000
90.000.000 ,00
,i
.,
Elalde _eln
1.500.000
1.500.000,00
,)
République TunilielUWl
6.250.000
8.250.000,00
d
République Allléria_
H
Démocra~ et Populoire
30.000.000
30.000.000,00
'1
Royoume d' hable 500udlle
180.000 .000
180.000.000,00
èl
République Démocratique du Soudan
1.500.000
1.500.000,00
q
République ARbe SyrielUWl
1.000.000
1.000.000,00
0;'"
République InkieIUWl
105.000.000
105.000.000.00
~~
SuilOnll d'Omln
11.000.000
9.000.000.00
2.000.000,00
Pale.tille
1.500.000
1.500.000 ,00
H Elal de Ootar
60.000.000
80.000.000,00
11
Etal du Itoweil
110.000.000
110.000.000,00
République LibaJIolIe
5.000.000
5.0IXI.000,00
,~
Jamohiriyo ARbe Libye_
J
Populaire el Sociolllle
120.000.000
120.000.000,00
~1
République ARbe d'EllYPle
1.500.000
1.166.667,00
333.333,00
N Royoume du Maroc:
u.œo.œo
11.000.000 ,00
Répul:llique II10mique de Mauritanie
1.500.000
1.067.507,53
432.492,47
~1 Totauz
738.250.000
738.484.174,53
.2.785.828,47
L
-
'~·l~.l"~'"
....
. .....
58

4-88
_
"'
't
)0.$
. ft' ta" .eM
't't'
'RH
ft'
let
Annexe III
ETAT DES PRETS AYANT FAIT L'OBJET D'APPROBATION,
DE SIGNATURE ET D'ENTREE EN VIGUEUR
(AU 31 DECEMBRE 1981) (I)
Date
Date
MenlUll
d'entrée
Po)'ll
Projet
d'appro-
Date et lieu de
dei prit.
en vigueur
Décailsementl
il'..rlciaire
balion
signature
(en $ m.l
de l'accord
(en $)(2)
TUIWIie
Maïl
2S'11115
10/4178
lDIanoum
5,000
&'10118
3.097.583,78
Sé"gal
Elevage
2&'11118
2318178
181~78
Dakar
1,800
2818177
221.184,74
Zalre
Adduction d'eau
2S'11I75
31&'78
Kinohaa
10,000
1~8178
10.000.000,00
ConllO
Voie ferrée
2S'11I75
&'S'78
Brazzaville
10,000
22111118
9.988.190,88
Ghana
Cacao
2&111115
27/&'78
J. Maurice
5,000
2S19178
3.894.841,57
Niger
Route
2S'11I75
2S'8178
I. Maurice
7,000
3111177
8.073.459,84
Madaga.car
Route
2S'11I75
281&'76
Tananarive
5,000
1918178
2.645.521,78
Bénin
Cimenlerie
2S'11I75
20/10/78
lDIanoum
8,000
~8177
8.000.000,00
Csmetoun
Pon de Douala
2S'11I75
2311177
lDIanoum
10,000
218178
10.000.000,00
Ghana·To;o-
ClI1e-d1voire
Cimenterie (CIMAO)
2S'11I78
171~77
lDIanoum
10,000
171&'78
10.000.000,00
Osmlrie
Dheloppement rura1
2313178
2S'7178
lDIanoum
3,300
~8177
1.825.887,80
ltenya
Dévelop_ent rura1
2313178
1&'9178
lDIanoum
5,000
1 =
1.502.144,91
Mali
llaaa;e de SéUn;u*
2313178
1S'10/78
lDIanoum
18,000
&18177
13.040.360,03
Rwanda
Dhelo_enl rura1
2313178
231&178
7/~77
lDIanoum
5,000
317/78
3.781.104,59
SIun. Leone
Energie *Iectrlque
2313178
23110/77
lDIanoum
5,000
1&'~78
2.800.282,83
Zsmllie
RoUle
2313178
S'~78
lDIanoum
10,000
2&'11178
9.250.000,00
lIaul.Volla
Dheloppemenl rura1
231S'78
S'8I76 lDIanoum
'4,500
2111177
4.500.000,00
Barundi
AlaaiNlsement
231S'78
27110/77
lDIanoum
4,000
2S'9I78
570.628,78
I. Maurica
Centrale llydro*l8Cllique
231S'78
211&'80 lDIanoum
10,000
291S'81
2.143.700,73
Ghana
1laaall8 de Itpong
1S'3177
10/~77
lDIanoum
10,000
2~8177
10.000.000,00
SéMgal
Pon de peche
1&13177
211S'77
lDIanoum
7,200
20/3178
7.103.448,88
Mali
Dévelop_enl rura1
1&'3177
121S'77
lDIanoum
5,000
121S'78
940.991,85
Rwanda
Energie électrique
1317/77
W7m
lDIanoum
6,()I)()
&'3178
5.052.231,27
OulMe
Cimenterie
1317177
1&'11177
lDIanoum
4.840
2S'&'78
4.588.201,87
1'anIanie
Malliriauz de COllllIUCtion
1317177
J(VI2I77
lDIanoum
10,000
1114178
7.917.316,34
Mada;ucu
Centrale Ilydroéleclrique
311J(V77
30/~78
lDIanoum
10,000
231&'79
7.504.880.37
Comeroun
Uaine de pàle à papier
31110/77
J(V&78
lDIanoum
10,000
1&'11178
10.000.000,00
LiIMria
Zone !ranche indullrieUe
31110/77
1-41&78
Monrovia
3,200
20/11178
2.914.830,02
LiIMria
Centrale hydro6leclrique
S'3178
W&78
Monrovia
3,920
1211179
3.108.248,55
Burundi
Route
S'3178
211S'78
lDIanoum
8,000
7/10118
6.000.000,00
PANAFTEL
Etude .ur le.
lé1écunmunications
&3178
2S'9I78
Genève
1,000
don
550.000,00
Ou;anda
bu:\\ustrle teÎllile
&3178
2&'11178
lDIanoum
4,700
2713179
103.313.25
Ou;anda
Etude sur l'aviculture
S'3178
2&'11178
lDIanoum
0,150
don
100.000,00
11 PoY. el 3
organiations
Pro;ramme d'aide d'urgence.
291&78
1717178
lDIanoum
15,000
1717176
7.444.848,00
Bénin
Port de Cotonou
291&78
1&&78
Khartoum
4,600
191111'79
4.800.000,00
Zsfre
Palmier à Iluile
291&78
30/111'78
lDIanoum
4,400
1213181
-
BOEAC
Ligne de créclil
291&78
31&79
lDIanoum
5,000
1915'79
-
G_BI.au
Etude .ur le lucre
291&'78
-
-
0,100
don
49.916,00
Bolswana
Protection de l'élevllle
2S'11I78
1114178
lDIanoum
2,200
1917179
399.820,00
Niger
Ener;le électrique
2S'11178
317179
lDIanoum
7,000
7/&'80
7.000.000,00
;
Guinée
Roule
2&'8179
21&79
Khartoum
8,000
3111180
3.074.842,09
An;ola
Voie ferrée
2112179
~3180
Khartoum
10,000
23112181
-
Gombie
Aéroport
2112179
~3180
Khartoum
5,200
219180
5.200.000,00
Canare.
Télécommunications
2112179
S'3180
Khartoum
1,570
2~~80
-
Lesotho
Route
2112179
&3180
Khartoum
3,900
&'7/81
\\
-
Mali
Roûte
2112179
2~3180
Khartoum
10,000
917161
-
Itenya
Ligne de créclil
2112179
231~80
lDIanoum
5,000
10/S'81
-
Seychalle.
Centrale *I8Cl1ique
213160
2&~80
Khartoum
1,200
2S'7/80
549.182,80
Mozambique
Fabrique de bois
213180
1IS'80 Khartoum
10,000
111&'91
-
Botswana
Aéroport
213180
291111'60
Khartoum
7,250
91&81
-
SIe... Leone
Développemenl rura1
2&'&80
4111180
Khartoum
6,500
1719181
400.010,00
Sénégal
Etude sur l'élevage
~2I91
-
-
0,046
don
13.800,00
PoY. do Soha1
Etude sur l'aide orabe
~2I81
-
-
0,280
don
248.558,21
Tolal de. ver.....nI. au 31 décembre 1881
188.184.208,14
-
,'-
""-lOj
, •• o6'G..:"
..... ~"""~.>'
.•, L
1. prêt. n,..figurant pa. au lableau n'ont pas encore lait l'objet de ratification et, pour eertains, de .ignature.
)n compri.le. décai••ement. effectué. au titre de. prêt. du FASAA (313.244.000 doUar.).
f.·
~.
59
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.
. Annexe IV
ETAT DES PRETS APPROUVES AU 31 DECEMBRE 1981
PaYI ~"'Uciair.
Oa1e
MonllU\\t
Taux
Durlle
DIlIai
Elément
• J
.1 proj.t
d'appro-
du prit
d'lnlllrit
d'amortis-
d. grlle.
don
i '
;.1
bation
(en f m)
(en 'l,)
sement
(.n anné.)
(en '/t}
(en année)
: i
il,-~
~ i
----------1:-----------------
oANOOLA
......
· A.icW d'urgence
101311977
13,244
1
25
10
71,3
1.j
- Voie r..... d. LobilO
211211979
10,000
4
15
5
34,4
- Il6bablliladOll d. ponl d. pêche
2WI0I1981
10.000
8
18
5
23,0
il 08ENIN
.. Aide d'urgence
1711211874
2,400
1
25
10
71.3
• Cimenterie do CoIOllOU
2lVllII975
8,000
6
25
5
27,6
11
..EnenaioD du. port de Ca10nou
2lVlVI978
4,600
6
13
3
16,7
- Ac1lIlyomonl d. 1'.Il.noiOll du pan de CotOllOu
2lVlVI961
2,700
8
13
3
19,6
oBOTSWANA
• Aide d'urq.nc.
17/211975
5,400
1
25
10
71,3
.. Protection de 1''11.0'
2lVllII978
2,200
2
10
3
38,8
- Ailropon d. GobotODO
21311980
7,250
5
15
3
26,2
08URUNDI
.. Aide d'urgence
311211974
2,000
1
26
10
71,3
.. AsAW.&ftD'L8m de Bujumbura
231lV1976
4,000
2
25
5
57,3
- RoUI. 8uj1llllbura-eibitoke-Rugombo
lV3I1976
6,000
2
20
5
53,1
- Cœnplu. oucrior d. MOloo
2lVlVI960
10,000
5
17
4
29,6
oCAMEBOUN
.. Aide d'urgence
IW2I1975
2,880
1
25
10
71,3
• Pon de Douola
2lVllII975
10,000
4
25
5
42,3
-UoiDO d. p.il. l papier CoIIucam
31/1011977
10,000
7
11
3
13,4
- RoUI. Douala-Yaoundll
2WIOII980
9,000
6
15
3
21,2
oCAP VERT
- Aide d'urgence
IlVllI1975
0,500
1
25
10
71,3
• Aide d'urgence
4/1/1976
10,000
1
25
10
71,3
- lnigalion (2)
2WlVI978
0,964
1
25
10
71,3
• DIlyoloppomonl do la pèche
7/311979
2,400
4
15
3
32,5
oR. CENTRAFRICAINE
.. Aide d'urgence
lVllII974
2,400
1
25
10
71,3
• RoUI. Bo. . .nbll~oua-Boulal
2lVlV1981
5,000
4
15
3
32,5
oOOMORES
- Aldo d'urg.nc.
1711/1976
0,500
1
25
10
71,3
- Aide d'urg.nco
31/7/1978
10.000
1
25
10
71,3
- Tllùicommunicallona
211211979
1,570
2
20
5
53,1
- Pon d. MUIADludu
2lVlV1980
6,000
5
20
5
32,6
oOOHOO
• Voie len" HoUe- Dolieio (CrOO)
2lV III 1978
10,000
4
25
5
42,3
- Ailropon d. a..-vill.
51211981
10,000
7
15
3
15,6
oCOTE-D'1V01RE
• Cimenlerie CIMAO (1)
2lVllII978
3,330
6
15
5
22,9
oETHIOPIE
• Aide d'urqenc.
2lVI/1978
14,200
26
10
71,3
• ProtoclioD dOl ricollal (2)
2lVlVI978
0,540
25
10
71,3
oGAM8Œ
- Aldo d'urgence
24/1011974
0,700
1
26
10
71,3
- Déy.loppomonl l1IIlI1
231311976
3,300
2
25
5
57,8
- lnigadon .1 élovaqa (2)
2WlV1978
0,598
1
25
10
71,3
• Ailropon do Yund.... (3ème phaM)
211211979
5.200
5
15
2
25,5
oGIlANA
- Alde d'urg.nce
271511975
4,400
1
25
10
71,3
- R.YilalialioD d.1 cecaoÛ"" d'AobaDû
2lVllII975
5,000
4
25
5
42,7
- Cim.nterie CIMAO (1)
2lVllIl975
3,330
8
15
5
22,9
- 8arraq. hydzolll.cmquo do B:pang
IlV3I1877
10,000
6
17
5
24,3
[t-i:'if,·'",,'.'"..
t \\ ;;;,-' .--,~"= 1i~ ...·l!..p-r+-'·"'re'n"·"
:a':::L
-r"'Vrsço-J"
60

t..; 3[/
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~" ,
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1- . . . .'tHe
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innexe IV (suite)
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L\\ '
'c
0
,
.Y' "''''lIciair.
,
Dol.
Montant
TalUt
Durée
Délai
Elém.nl
t proj.'
d'appro-
du prél
d'inléré'
d'amortis-
de grâce
don
t
betion
(.n Sm,)
<en '/0)
sem.nt
(on anné.)
(en '10)
t:
(.n anné.)
f
UINEE
L
Broyoq. do c1inkor do Conakry
1317/1977
4,840
5
17
8
30,3
Hydroullquo rurale (3)
W8I1979
1,039
1
25
la
71,3
"
P r _ . d. réhabUitallon routl ....
381811979
8,000
4
30
4
37,9
L
U!NEE·BISSAU
L
Aldo d'urg.nc.
lL'1lL'1974
0,350
1
35
la
71,3
1
Bonillcatlon do rizièr•• (3)
391811978
1,018
1
35
la
71,3
,.
,
Etude d'un compl.xe .uener
391811978
0,100
don (3)
100,0
~...,
IU1NEE EOUA'I'OJtIALE
t-:
Aldo d'urgel\\CO
10011111974
0,500
38
la
71,3
F
AUTE·VOLTA
j '
Aldo d'urg.nce
~' .'
91lL'1975
3,700
1
35
,
la
71,3
!:
Programme d. développem.nt rural
23'811978
4,500
3
35
5
56,9
~-,.
. ~~'.
Prot.ction dOl récolle' (3)
391811979
1,979
1
35
la
71,3
l
ENYA
Aldo d'urgence
33'111975
3,800
1
35
la
71,3
~ ,
Développement agricole in"gré
33'3'1978
5,000
4
38
5
41,1
1';'
Ligne do crédit à la BOl
lL'1lL'1979
5,000
7
13
3
13,8
r "
';.
>-',:':,':
ESOTIIO
t "
Aldo d'urgence
1811lL'1974
3,800
1
38
la
71,3
Aè'opon do Ma....
81311978
8,000
4
18
3
34,8
ft>
Ront. Mat.t.ng·Mohaloo-lIoecIl:
lL'1lL'1979
3,900
4
30
5
39,3
~',.,' .',
l", '
lBEIUA
1
Aldo d'urgene.
17110011974
3,800
1
35
la
71,3
:: ",
Zono !ranche indUitrioDe do Monrovia
31110011977
3,300
5
14
4
37,3
['
Controle énergétique do Bulilrod
813'1979
3,930
7
13
3
14,5
r
lADAGASCAR
r '
Ald. d'urg.l\\CO
I8IIlL'1974
4,800
1
35
la
71,3
Rout. TliroaI1omIJIdidy-_ _
3811111975
5,000
3
35
5
50,1
"~..
Controle hydrou1iquo do l'Andokaloka
31110011977
10,000
4
30
5
39,4
' ' < '
f·'
lnigotlon ., prol.ction dOl récolt•• (3)
391811979
1,908
1
35
5
71,3
t-. '.
Dév.lop_nt lor.llier d. Mangoro (pho. . Dl
W8I1981
8,000
8
15
5
33,0
"
!i
!ALI
\\'."
Aide d'urgence
111111974
7,800
1
35
la
71,3
Barrag. do SélingU
f
33'3'1978
15,000
3
35
5
56,3
,f~"
Production rurale; MalI-Sud
17/3'1977
5,000
3
35
5
56,9
lnigotlon ., prot.ction d •• récolle' (3)
391811978
1,860
1
35
la
71,3

.~...
Rout. Savar,Hl..o
lL'1lL'1979
10,000
4
30,
5
38,2
V
MAURICE
Aldo d'urg.nc.
I5IlL'1975
3,700
1
38
la
71,3
Controle hydroéloctrique do CIIom_
331811978
10,000
4
:15
5
33,9
t:,.~.
"
IOZAMBIOUE
~~-
,
Aldo d'urgence
811111978
1,000
1
35
la
71,3
v.,
Aldo d'urg.nc.
371811978
8,000
1
35
la
71,3
Aldo d'urg.nc.
1(l/9/1978
30,000
1
38
la
71,3
f'
Complexe .ciorio-labriquo d. baio
lL'3'1980
10,000
8
13
3
18,7
"
r,'
lGE1l
r
Aldo d'urg.nc.
3001111975
3,700
1
35
la
71,3
te:
,.
RoUie Zindor·/rondè. du Nlgéria
WIII1978
7,000
3
35
5
58,9
:
,
InIgation ., prot.ction do. récolt•• (3)
391811978
1,989
1
38
la
71,3
;i
Controle thoaniquo SONiCHAB
3811111979
7,000
7
15
3
15,3
~:
Hydroullquo vülagooi. . .t pa.toro1o
39110011981
5,000
5
15
4
39,1
i
'UGANDA
t
Aid. d'urgenc.
13'10011974
11,300
1
38
la
71,3
1."
RadreI..-neDt du ..eteUl testil.
813'1978
4,700
4
15
3
33,5
.'
Etude .ur l'aviculture .t la pèche
813'1978
0,150
don (3)
100,0
r
WANDA
f
Aldo d'urgenc.
3'1111974
3,000
1
38
la
71,3
' ('"
Dévelop_nl agro-putoro1 do Buge....
33'3'1978
5,000
3
35
8
56,9
"..
y;
Controle hydroélectrique d. Mul<ungwa
13'711977
8,000
4
30
5
39,4
~ ,
. ••""\\~ , '.L•
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··f


4-91
n
ft
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Annexe IV (suite)
J
PaY' bénéficiairo
Date
Montant
Tauz
Dur_
Délai
Elémont
li et proiet
d'appro-
du pré'
d'Înulré,
d'amorti ..
de grâce
don
bation
(on S ml
(enlf.)
sement
(en annéo)
(on'A1)
: 1
(on annéo)
'f
j
oSAo-TOME·ET-PRlNClPE
U
~i
• Aido d'urgonce
311&'1915
0,500
1
25
10
11,3
~_i
• Aide d'urgence
~&'1918
10,000
1
25
10
11,3
fI
- Energie 1. . piloN
2911B'1981
5,000
5
15
4
28,1
ft
oSEllEGAL
,1
• Aide d'urgence
151111915
1,500
1
25
10
11,3
il
• Ele ..ge
211'1111918
1,800
2
28
5
89,8
ri •Pon do pêcllodo Dolw
111311911
1,200
5
20
5
32,5
• !lrigotiœ (2)
291&'1918
0,921
1
25
10
11,3
- Uoino d'engroi. (I.C.s,)
2&'&'1980
10,000
8
15
5
10,8
t
• Etude .ur l'éloVlge
1.'511981
0,048
don (3)
100,0
!
oSEYCHELLES
i,
- E1octrillation de Praolin
1.':111980
1,200
5
12
2
22,1
i
oSŒRllA LEONE
r
• Aide d'urgence
1111.'1914
3,800
1
28
10
11,3

• Conlrllo électrique
2:11:111918
5,000
4
15
5
21,8
r •Développementagricolo in'égré
2li1li11980
8,500
5
20
5
32,8
oSOUAZILAND
• Aide d'urgence
211111918
4,200
25
10
11,3
"
f.
eTANZANIE
r -Aldod'urgence
IlIIB'1914
14,200
1
28
10
11,3
- Culture du mal.
2&'1111915
5,000
2
20
5
63,0
if
· Fabrication d. matériau de con.1I'Uction
l:lt111917
10,000
1
15
3
15,9
~ -RouteBukolnIM>-llIka
2911B'1980
8,000
8
20
4
31,8
oTCHAD
• Aido d'urgence
liIIII 1914
8,500
1
28
10
11,3
(,
• Sonté animaIo (2)
291li11918
1,902
1
25
10
11,3
il
f1
• Aménagement du polder du MamdI
291li11918
1.800
3
20
5
48,8
eTOGO
• CimoIltorie,· CIMAO (1)
2li1 III 1915
3,340
8
15
5
22,9
[1 oZAIRE
- Aide d'urgence
liIliII915
12,400
1
25
10
11,3
f'
• Adduction d'. .u
2&'1111915
10,000
4
25
5
42,3
Il
• Culture du pù1lior é huile
291li11918
4,400
1
15
5
15,8
• Madomiarion du trIIl8pOrI (ONATRAJ
51211981
10,000
8
10
3
8,1
tJ oZAMllŒ
· Aid. d'urgence
2&'1211914
12,100
1
25
10
11,3
d
- Route Ndola-ltilWe
2:11:111918
10,000
4
25
5
42,5
'~ !
• Ligne de crédit é la BOZ
2&'&'1981
10,000
8
12
3
8,9
f'~ eZIMBABWE
• Route NU1ài-Rupioi
2&'liI1981
10,000
5
18
5
29,2
t~;
oNON·VENTlLES (AFRIQUE)
d
- Séminolro
:'1
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12
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291li11918
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• Protection de l'environnement (OCLALAVJ (2)
291li11918
0,300
don
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- Protection do l'environnement (OICMA,) (2)
291li11918
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du prognommo opêciol (2)
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- Etude .ur l'aiclo arabe pour
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(") La montion "Aide d'urgence" cenceme ies concours consentis au pays africain. par le FAllAA de 1974 à 1977.
(1) n s'agit du projet multinational "ClMAO".
(2) n s'agit des projets du Programme Spécial approuvé en 1978.
(3) Ce concours actuellement sous 10mle de don, se résoudra en avance sur prêt dans l'éventualité d'une participation de la BADEA au
lÎI1ancement de la réalisation ultérieure de l'investissement.
62
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Annexe V
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COFINANCEMENTS DE LA BADEA AVEC LES INSTITUTIONS
DE DEVEWPPEMENT NATIONALES ET REGIONALES ARABES ET A CAPITAL
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Angola
Pêche
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10,0
12,0
22,0
79
Botswana
Aéroport
48,7
7,25
10,87
7,25
25,37
52
Bunmdi
Assainissement
14,6
4,0
3,0
7,0
48
Bunmdi
CompleJ:e suerier
70,3
10,0
8,8
7,0
22,5
32
Cameroun
Pite" papier
235,0
10,0
10,53
20,53
9
Cameroun
Roule
27,8
9,0
6,0
15,0
54
Cap Vert
Pêche
6,0
2,4
2,8
1,0
6,0
100
Cœnorea
Por1
45,0
8,0
10,0
10,0
5,4
4,0
37,4
83
Comorel
TélécCIl1ITIunicationl
8,4
l,57
3,5
5,Q7
60
Congo
Voie ferrée
343,2
10,0
49,0
38,8
10,0
8,2
6,34
130,34
38
Gambie
Aéroport
13,0·
5,2
2,0
1,6
3,0
Il,7
90
GI1ana
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250,1
10,0
34,5
45,6
90,1
36
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Guinée
Cimenlerie
16,6
4,84
4,0
4,68
13,52
81
Lesotho
Aéroport
46,38
6,0
4,5
1,0
u
3,0
18,7
34
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Libéria
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Energie
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10,0
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6,8
42,7
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j
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Mali
Barrage de Sélingué
142,0
15,0
20,0
17,1
4,0
4,0
60,1
42
Milli
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10,0
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8,0
14,05
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1. Maurice
Energie
54,6
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5,7
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17,7
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Energie
100,0
7,0
17,25
8,1
9,3
41,65
42
Niger
Hydraulique
villageoise
~
et pastorale
12,5
5,0
5,0
10,0
60
,
Ouganda
Industrie textile
19,5
4,7
6,3
Il,0
66
Rwanda
Energie
34,3
6,0
2,36
8,35
24
l
Sénégiù
Elevage
12,5
1,6
4,1
5,7
46
Sénégiù
Industrie chimique
210,0
10,0
14,0
Il,32
35,32
17
Seychelles
Energie
3,6
1,2
0,96
1,0
3,06
85
Tchad
Agriculture
22,7
7,8
4,85
8,1
18,78
83
PANAf"l'EL
Séminaire
0,15
0,1
0,05
0,15
100
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195,5
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66,00
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178,48
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Annexe/VI
COFINANCEMENTS DE LA BADEA AVEC LES ORGANISMES
D'AIDE NATIONAUX ET INTERNATIONAUX NON ARABES (1)
AU 31 - 12 - 1981 (2)
(en $ m)
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Cea.nIe «» Cooptndoa ECOftCmique;ACDI: Aouce CaDldJenu da D41n&oPP4lMDt IAtemationa.l; ASCI: AgeDC8 S'*ioi_ de o."IoPPtlMllI International; S1F1DA: SocMI'
lN. .ôoaIlIe ~ pogr 1e.1D. .llÙaNlMlal' elle Dt"Pl*UDl en Afrique; FAC: Fandli d'Aide.' da CoopeadoD; OW: B&nqQe A1Iem&nd. de 1lecoallrUCdaa.
(ErMttaulalt tir WMdera~; DEG: Sod'I' A1ItmaDda d.e o...IoPS*HDI; PNUD: Prognau d•• Nad.aAI UIÛlt. pour le DiMIoPS*HDt.
(1) e.u&Ds ~ ... 1081pu el\\ClQft cl'lbUItftIMDI CCItI'D\\4l•• Le. engag.uatl eoUKril.daAl1IM~autre que le doUu 0Il' fait l'objet d'UM convc8aDe.do1IU'
lUS: WL:I pU...... ni' le IaU'Cbt ea date da l'.~.
(3) ComplO d'Acliao Ss*:iù (CEE;)
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(4) L'~DI da FEDD'. pu a.cora ... ccmfIaa4I.
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Annexe X
VENTILATION DES ENGAGEMENTS DE LA
BADEA PAR SECTEUR (1975-1981)
(en $ m)
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1978
1977
1978
1979
1980
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.AU EOY::m_O?:BNT ET COlJTR~ LE Co:r,OT'TTALTS-
I:Œ 3N .A.FJ. Tl.UE
32
Section l
: Impérialisme et colonialisme
33
A
Le noyen-Orient: un enjeu de l'impérialisme 33
B : Le continent africain : bastion du colonia-
lisme
37
Section II : La conférence de Bandoeng (18 - 24
avril 1955) et l'émergence du mouve-
ment de libération nationale
42
A
Le contexte international de Bandoeng
43
B : Les réunions préparatoires
44
C
Les courants idéologiques et les grandes
questions
45
Section III : Les conclusions de Banoeng sur le
plan international
50
A
L'esprit de Bandoeng
50
B
L'Egypte et la conquête du ~adership
africain
53
.CHAPITRE II : L'EGYPTE A LA RECHERCHE D'UNE
POLITIQUE AFRICAINE
59
Section l
: Ouverture sur l'Afrique
60
A : L'Afrique dans FALSAFAT AL - TAWRA
60
B : L'Egypte et le Soudan
-
64
Section II : Mise en place d'organismes gouverne-
mentaux pour l'Afrique
71
A
Bureau des Affaires africaines
71
B
Haute Commission pour les affaires
africaines
72
C : Section africaine au ,ünistère des Affaires
Etr2~gères
73
D
Programme d'information et de propagande
74

496
Section IïI
: Organismes non-gol~Ternementaux
76
il
.A.L -
RABITA AL I:?3.IQI···'~!1.
76
::3
Oonrnission ég-yptierll1e d e solidarité afro-
asiatiaue
'(7
C
Les f or-mst Lorrs poli tic~ues
'18
J
L'université al -
AZ=ILc\\
79
CAJJ~E nn? RApT'ORTS ~t!'1':~\\00-AFRICA~IT8
:
.IÙ"::1O-A8IA'~·:·S="1i\\ OU P..',.lL\\.::::lICAFI~;E:S ?
80
Section l
Les conférences afro-8.si2.tiq'LèeS
81
Conf8rence de s o Ltdar-Lt
afro-o.siatiaue
é
82
Conférence
c on omdqu s afro-s.si2.ticme '
é
05
C
Les autres conférences afro-sas at Lcue s
90
D
L' au t r e d Ls ao Lu t Lon de J.' 8.fro-"si8.tisr::e
?2
Sect~on II : Les conférences panafric8ines
93
A
La conférence des Etats d'Afriaue à Accra
94
B
l'évolution des colonies frlli1câises
98
C
Le. conférence des ;)e').,)les e.frlcains
101
D
Les 2utres conférences panafricaines
105
CONCLUSION DE LA ?TSI!iI=~:r8 :!?AC'TlE
D~1JXI3?,m
PÂ..-ltTIE
:
C CESOLID A.'~~OH D3 ~ 1 ~ITI'l "sF''?lTT)~J\\TaE
rLlC:=QIL\\~3 l'?.O''I:S=·LûJ~IQUB D"S "S'TJF TT12J
A?~=CAllm ( 1960 - 1967)
III
T:3S COlT'1'<'L ï'TS
HTT{?A?P.IGAINS D' rr:3
F~S

RELAri'I alTS t"'1ABO-A~~.:~ _~_C A~I:TES
II4
Section ï
:
:Le conflit du Congo: une atteinte
à la souveraineté de J. 1 Afriaue
1I5
A
La situation politi~ue du Congo
II5
B
L'0.0.U.
et le conflit congolais
In
C
Les 3tats africains et la crise du Congo
12I
Section II
: Les revendications territoriales
marocaines et Leur s conséauences
sur les rel~tions arabo-africaines
128
A
Orig:i.ne des revendicat ions mar-oca.i.n es sur
le c:C'~ara et La IIauritC'nie
130
B
C0nséq'L'.ences de 12 G'èest~.on è'auritanienne
sur les ra~~orts araGo-africains
n6
c
Le différend frontalier maroco-algérien
HO
148
8ection ï
:
Te grou~e de Casablanca
l'50
A
:"es conclusions sur- les -oroblèmes rJu con-
tinent
151
B
ConceèJtion du groupe de l'Unité af r i.c e.Lne
et de la coouération
156
C
Conception ;)()J.:i.t :i."ue de 1 "uni,té af'r-Lc af.n a
157

4-97
I60
:!:60
':62
:~ ~~ilf~~errce co~stit11tive de
i
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e.Jc le d ev eni r j_~,_~_ cO~'ltinellt
9.f2:'i -; 8,j.il
IS5
C0ntexte intJrnational
155
Conte::te
" .
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2,= 2."' le 22.:;'1
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jOtcS-0ec'cion l
: Les nrojets de ch2.::cte de
l'unité africeine
no
A
Quelle unité /é)œ:' l ' Af"~ioue ?
no
3
::JiSCll..3Sion
3~;_r l'll.11ité
172
3ection nT
I "un i, té 2.T8.JO-2.iric,?ine est-elle
r-e a.La s ao.Le
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178
~ v0c~.tion africaine
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180
S"lécificité cultu::celle
I84
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G',~; ':)(1_
_!Jo.-:~l ~~C)...i.l'J.=i
r87
Section T : Cuv er-t ur-e du monde arabe S1.IT l'Afri-
oue
187
A
Rapprochement de J.2:L~',.'(T. 2.vec les Etats
né oco Lon Laux ? f r i.c aLns
l87
B
L'Algérie "lrend le relais de la 2.A.U.
I?4
C
L2 Tunisie renforce les 3tats néo-coloni~lx I97
D
Le Naroc
:
ouverture sélective
200
";ect:i.an Ii: : Po s ition des E't a t s ar ab e s et
d'I3ra~1 en Afrirue à la veille de
1967
203
A
La d i.p Loraet Le ar ab e et la question 'Dales-
':;inienne
204
B
La qu.e s t f.on de l ' l~.f-ciql.le du ~3ud
208
C
La posi tian d' Isr'?~l en Afrirue
212
2!.8
r?.. O!3I3i·IE E_l\\.RTTIJ : D:S ~J.\\. LT~UT _AT~IT= A?~~'rJ_~::::I\\~] _'1. lA
':) CL :::J~\\? ITB _~~~~~BO-A?J~7C A!ru
(1967 -
1'-::73)
1NT"'.C'JUCTIGN A 'LA T:?,OI~;I'::::n
PARTI=:
223
• CT.r~t\\.PITRB l
LA GiJ3-:1"QS D:SS :3 TX JOm~"3 1)~ JT.T!rT rOS?
~
(~-J~~
! }~PT-llCATTONC)
PO:: T~:~ l'~;TJ!'~S
2~ 6
Jecti.on l
TJ8
contexte de la guerre des six
jours
225
-,

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225
B
1'.0
d~F.::r~d~<.tion de 1,::: sj.t~:_2.tj_on
21..1
j;~olTen-
Orü;nt
227
T:a déf~.ite des ~r~~~es 2rp.bes et s~s consé-
,c'uences
230
D
L'essor du no~ve~ent national palestinien
232
~ection II : Les 3tats africains et le conflit
:;:sraélo-ar:~.be
237
A L ' attitude des :3te.ts Africains face au
confJ.it israélo-ar?be avant -r:S67 à l'O.F.U. 237
B
C oD')orte:nen t des ~t2tS d' Africue Noire face
b. 12 gue r r e è.92 six ji)'_'rS
240
~ection III : Les 3t?ts africains et la conféren-
ce Ls Lam.Lc ue
245
A
Percent ion de le. cu Ltu::e ar-abo-cnusu Lmane
en AfriC"ue
245
B
N9.issC'nce de 1". c orif'é r-enc e Ls Lcmf.cue ou
soliè.e.Tité du rnond e nu suLman avec le monde
arabe
24&
'::ection TV : L'évolution de l'O.U.A. face au con-
flit Lar-aé Lo-ear-ab e (1967-1972)
252
li.
S out ien 8. l ' Eg:'ut e
(en tant Que pays 8.fri-
cain)
252
B
L8. mé d Lt at Lon de l'O.U.i~. entre l'Egypte
et Isra~l
256
C
Conférence de ctabat : la sommation contre
Israël
268
• CHAPITRE TI
: IOV
: UN TOU'='.NANT D3CF;TF DANS r,BS
RAFPCR1S AI-(ABO-AFPJ: CA i NS
26 r

4-99
~a 8)n~3rence des non-alignés
(A1,'~e:r 5-~' S 21!t eribr e -:"\\7''!;~)
274
.,.,
)
.L'2, ~.er~e d'C~to1.;re
et l',~cllec d r I s Y'71.ë l
en Afri~ue
277
~'alJ_i2nce du sionisna et de l'ft.D2~theid
~C31
Section IV
: De 1::1. s o Lf.d ar vt
»o Ltt tcue à 12
é
-
-
co 0 ~é ra.t i on ''1J,lU LLr te:1'2 le
285
A
T,a ligue des 3tats arabes
et l'émanci~a-
tion de l ' Af r Lr-u e
- _
285
B
T:e30fléet a'C's,be d'
A1g el? (26 -
2S,nbVe"1bre
19(3)
et
]. 'i nat Lt u t Lona.LLsrrt-ron os La co-
o oé ra't i.cn T'1ultin2tion81e a1'?bd:":,?fric~:ü~1e
,288
2~5
• C~-!A"PIfTl-")3 IIT
: E'Ti:~LL-;-ArpIOT;r ':~T E'~.:~,_':-T D3 BT~I~~n DB T~,tl.
:j OC F3? .~\\_.-~~ -.- CN A.:?- _'.~ 3 0- ~L?-:~~ C~":.I ~{S
:"00
:-ject~_on l
:
Les di~:ficultès de 1'0 ""ise en o euvr e
de 18 coo oé r-at t on économique "1.ulti13.-
terale arabo-africaine
301
Les r~isons de la déception des Etats
Afr Lc ai.n s
;01
Les réactions ar('bes
3C6
C
Les organis:_es de c oo pé r-at i.on ar-abe avec
l'Ai'riCiue lToire
309
Section IT : La coo]érstion bilatérale
3I&
A
La portée des relations bilatérales arabo-
af'r-Lc a.i.n e s
316
B
Egypte-Afrique
319
C
Libye-Afrique
324
D
Le cas du Eiger
334
Sous-Section l
: Algérie-Afrioue
340
A
Le cadre général
340
B : Coopération bilatérale
342
C : Coonér~tion culturelle
:;47
30us-Section II : Coo~ér~tibn bilatér~le entre
le ~aroc, la Tunisie et
l ' _'-f::-iC'ue floir e
350
A : Llaroc-Afric~ue
350
B : Tunisie-Afrique
352
Section IV
: Essai de bilan de l'a,ide multinatio-
l
- ,
' 1 l ' ~,
( T C 73
J '
na e araoe a _ "\\.Irlque
_..'
-
Uln
1982 )
356
A
Contenu de "Dé c Lar at t.on du 'Jaire"
357
B
Evaluation et ré':8rtition de l'aide
mu Lt Ll.a't
"i59
é r-a.Le
ar ab e
C
Av arrt r.g e et nr:.~c'_:'=-C3 de l'aide ar-abe
361
concms ION GEN~')_U~
375
Bibliographie
'388
Liste des Annexes
4I8