{
UNIVERSITE
DE
LIMOGES
PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT
.
,
DES ACTIVITES DU SECTEUR PRIMAIRE
DANS LA BANLIEUE DE DAKAR
THE S E
PRESENTEE POUR LE DOCTORAT
DE 3ème CYCLE DE GEOGRAPHIE
pal· ~~~;E,~~~~f~ M~G~~~E
POUR L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 1
C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGOU
Arrivée .1./J. M~/''l....... ;
Enregistré sous n° -#
.l.4 L j
Sous la directio
--
-- pM;I'IER
LIMOGES
-
DECEMBRE 1986
..

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A mee parents,
le résultat de vossacrifioes.

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PR·O 1'0 S
- - - - - - - - - - -
Ce n'est pas un hasard si la plupart des oritères du sous-
développement rép'ertoriés:par les éoonomistes conoernent le secteur
primaire. Qu,'il s'agisse de famin~, de santé; de consommation, ~ous
ces ,problèmes ne peuvent être étudiés qu'à l'aide de statistiques tou-
~ohant l'agriculture, l'élevage, la pêche et les activités qui leur sont
.--
-
annexes~ CT est la raison pour laquelle nous avons délibérément orienté
notre travail. sur le développement de ces secteurs économiques. Si nous
-avons choisi la région de Dakar, c'est parce qu'elle constitu~ un ter-
rain 'qui nous est très familier, mais aussi parce qu'elle est la région
·la plus importante, voire la plus dynamique de notre pays.
Les pages qui suivent ont pour but de traduire les recherches
effectuées sur le secteur primaire dans la banlieue de DAKAR au cours
des dernières années, d'en présenter et dten critiquer les résultats
et d'essayer d'apporter ainsi une contribution à la lutte engagée pour
le développement du monde rural. Cette étude est donc à la fois un bi-
lan et un programme. Elle mesure le chemin parcouru, dégage les ensei-
gnements qui découlent de la rencontre des premiers obstaoles, trace
les grandes lignes de ce que pourrait être l'action future. A ces so-
lutions, nous aurions voulu trouver un point d'appui théorique. Les au-
teurs consultés nous ont certes fourni une foison de directions de re-
cherche, mais aucun ou très peu d'élément de solution satisfaisant et
positif. En effet, bien des études ont examiné des questions abordées
dans cette analyse et risquent d'amoindrir la valeur et le mérite de
notre travail. Pourtant nulle part, aucun d'entre. eux ne rencontrait
exactement nos préoccupations; nulle part aussi les problèmes que nous
aborderons ne sont traités ensemble. Tous ces auteurs, ou presque tous,
étudient le secteur primaire en fonction d'une préoccupation déterminée,
généralement descriptive, alors que pour nous, il s'agissait de trouver
les voies et moyens par lesquels des aménagements dans le milieu humain
et / ou physique pouvaient susciter et développer oes activités. Il n'est
donc pas question ici d'apporter des éléments supplémentaires permet-
tant d'effectuer un constat froid des contraintes concernant le monde
rura,l de la région dakaroise.

- 2 -
!fous devOns to~tetois pr'ois.r que le temps et parfois le
Dumqu,e de d:omu~es' ne nous ont pas permis d' aborder o~rtail1S 'l'ments
!i~n' moins' impoi'tànts .de~·probt~mes'de la piohe,. du mm:dohage et de
l'élevage. Aussi. n' est~1l pas exolu qlle des insuffisanoes soient trou-
vées dans notre analysè.~les sont inévitables dans oe genrè de re-
cherche. C'est à l'intérieur de oes limites que'nous demandons à nos
leo'teurs de la oompr,endre et de la juger.
Il ne nous a pas paru possibl e d'exposer 1 es réaul tats de
nos travaux sans indique:r.-, aU"préalable, quelques uns des pl"oblèmes
théoriques auxquels nous nous sommes heurté en cours de reoherohe.
-
Nous aurions préféré les passer sous silenoe oar ils sont le i9t de
tous oeux qui nous ont préoédé dans oette voie et plusieurs fois mis
en évidenoe dans des travaux analogues.
Ainsi, nous prétendlons étudier toutes les aotivités du
secteur primaire; nous avons très vite oonstaté què oelles-ci tour-
naient essentiellement autour de la pêOhe et du maratohage. Les aoti-
vi tés d'élevage (mise à part l' avioul ture qui oonnatt un oertain
essor) demeurent stagnantes, d'un rendement faible, livrées à la
"boomanie" relative des pasteurs. Dès cet instant, se posait pour
nous la question de savoir s'il fallait les inclure dans le travail
au risque de oréer des déséquilibres dans le plan et des inoohéren-
oes dans le texte. Pour oombler le tout, les statistiques étaient
rares ou globales. Mais en fait, que représentent même les statis-
tiques au Sénégal ? La réponse est éloquemment fournie par Mme NGUYEN
VAN - CHI (I) " ••• la géographie quantitative, dans un milieu dépour-
vu de moyens statistiques ou armé de statistiques fausses, est inu-
tile et dérisoire. Auoun ohiffre, y compris au Sénégal où le Servioe
de la Statistique est peuplé pourtant de spéoialistes oompétents,
n'est totalement orédible."
Quelques exemples, pris dans le domaine de la pêohe arti-
sanale, nous en convaincront. Il est aisé, pour qui parcourt les cen-
(I)NGUYEN VAN - CHI
B.
(I67). Page II

- 3 -
"
tre~de, dt$barquement de la, pAohe artisanale, d;.e remarquer qU~ l '.valua-
t10n ~~ poidsd,'Un tas de poissoi:1s dt$barqut$ par 1U1e piJ:Oguevarie avec
.....:\\=:::;o:°:1:::::~:· :::a::t~~::~:o~~·~v::~1~ ~:l~:;.
du poids r'·~l «2J ~ Il en est dem8me' pour la proportion ,dès ésp~oes dans
~ lot :donné. "Des 'faotélirspsychologiques peuvent ~ussi interVenir pour
fausser les oh:1ftres publiés. Ainsi, un fonotionnaire aura tendanoe à
surestim~r inconsoiemment la production du seoteur sous sa juridiction,
si oela lui senible devoir revaloriser son secteur, ou simplement mbe
son propre travail.
'Dans oes oonditions, il serait hasardeux de tirer des ,conolu-
sions nett-es de l'analyse, des statistiques qui vont@tre mentionnées.
Tout au plus indiquent-elles des tendanoes qui demandent énco~e à. être
m,eux ~~éoiséeB. L~chercheu.r, quoi qu'il en ait, ne peut échapper au
dilemme!' il s'agit 'de faire des oourbes justes aveo des chiffrea faux.
l
'
Malgr; notre répugnanoe et notre méfiance de données chiffrées qui sont
ainsi fortement sujettes à caution, nous en utiliserons beaucoup dans
ce travail et le reoonnaissons oomme une faiblesse.
Très méfiant à l'égard de la littérature ,sur la question et
des statistiques, oe travail s'est donc surtout anoré dans l'observation
des faits. En oe qui concerne les enquêtes sur le terrain, le fait que
les questions et les réponses ne passaient pas par l'intermédiaire d'un
interprète était pour nous un avantage certain. Mais, si les réponses
nous avaient été données plus ou moins facilement, il faut noter qu'une
certaine méfiance s'y dessinait, surtout au niveau des grossistes. Par
contre, les producteurs et les détaillants répondaient faoilement à nos
questions et étaient très ouverts à nos discussions,oroyant sans doute
que nos enquêtes leur apporteraient quelque avantage immédiat sur leur
situation sociale. Partout, on a voulu nous aider et cette hospitalité
spontanée mais très sincère nous a fait davantage aimer le monde rural
et le cadre de travail des vendeuses dakaroises. Tous nous ont fait aimer
profondément
le travail de terrain et c'est avec une réelle gratitude
que nous les remercions.
------
(2) Plan d'action de la pêohe sénégalaise. (r08). Page r24.

- 4 -
La m4thodeutilia4. lors 4e oes-enquêtes 'tait tr~s simple.
'l'ous avons reoouru à des questionnaires qui', nous ,ont donn' une vue
:,g'n'raie à.~ 'difrioult's ,des pro4uote:urs, oommer9~ts et oonsommateurs
urbains. J4ais il est 'vident qu'on ne pe~~ ~aisir toute la v'rit'par
l,aseulever'tu (tes questions ou des oonversations" si 'tendues qu'elles
. soient. Il nous est arriv' très fréquèmment d'~bserver, ohez une même
personne interrogée, des variations très sensibles surlam~e question.
C'est dire oombien nous furent préoieux les conseils de
:Madame GnmI'TE PALLIER qui a bi-en 'voUlu dirig~ notre reoherohe, nous
,
,
'
consaorer beauooup de son temps malgr~ees multiples oeoupations. Nous
'n'aurions jamais pu oo~rdonner notre approche qUi. 'englobe plusieurs
domaines' dessoienoes humaines, sans Itaidede son oonoours effioaoe
~t franc. Qu'elle aooepte, ioi, l'expression de notre très sinoère
. reconnaissanoe.
Nous tenons également à remeroier nos e~seignants de l'uni-
.' versi té de Dakar qui ont guidé nos premiers pas dans oette passionnante
branohe. Puisse oette thèse être un hommage à leur dévouement et à la
consoience avec laquelle ils se oonsaorent à l'enseignement de la
géographie.
Nous ne saurions terminer sans remercier les nombreuses per-
sonnes qui ont, de près ou de loin, oontribué à la réalisation de oet
ouvrage. Nous ne :saurions les oiter nommément sans risquer d'être long
ou de faire des jaloux en en oubliant. Qu'il nous soit oependant permis
de simplifier en offrant la palme d'or de notre reoonnaissanoe à notre
onol e ALIOUNE MSODJI DIONE dont 1a bonté n'a d'égal que l'intérêt tout
partioulier qu'il aooorde à tout oe qui touohe à nos études.


5-

I.NTRODUCTION

- 6 -
~ .-
l N T R 0 DUO TI OH
Oette êtude consacrêe aux problèmes:de développement deà ac-
tivitês du s-ec~eur primaire oonoerne l'agglomération dakaroise, "terme
- entendu au sens large d'un ensemble groupant non seulement la partie
matériellement agglomérée (la ville), mais aussi toutès les looalités
suburbaines dont elle influence direotement le rythme de vie." (I)
(Fig. I).
1
La regJ.on de DAKAR (ou région du 01.P-VERT) a 'té dêfinie par
la loi NO 60.015 du, 13 Janvier 1960 portant réforme administrative.
,Elle a pour limite orientale ùne ligne conventionnelle l-~ssant à
l'Oues_t TOUBAB DIALAO, SEBIKOTANE et DENI BIRAM NDAO. Cette limite ad-
ministrative e$t tout à fait fantaisiste. Du point de vue physique, la
région de, DAKAR -s'étend jusqu'au lao TANMA au Nord-Est, à la falaise de
TRIES à l'Est et à la SOMONE au Sud-Est. Du point de vue humain, sa
zone diinfluenoe s'étend de KAYAR à JOAL. Cependant, par souci de oommodi-
,
té, nous limiterons oette étude à la région administrative qui oorres-
pond à la zone où presque tout l'ensemble de la produotion est destinée
au marché dakarois. Au-delà (o'est-à-dire dans la marge de la région du
CAP-VERT la plus éloignée de DAKAR), les relations de la ville et de la
campagne se. manifestent autrement. Les banlieues dakaroises forment un
ensemble hétérogène. ASSANE SECK les a définies essentiellement du cri-
tère de relation avec la capitale (2). Nous nous intéresserons dans ce
travail aux banlieues villageoises dont la vocation est d'approvisionner
quotidiennement la métropole en poissons, fruits, légumes et produits
de l'élevage.
Les besoins alimentaires considérables induits par la rapide
oroissanoe démographique de DAKAR ont engendré une situation originale
sur le plan du ravitaillement de la capitale. Cette situation a fait
apparaître/tout autour de la ville/de nouvelles formes de production
(I) SECK A. (I05) page 173 note I.
(2) SECK A. idem.

ECHELLE r/200 000
LEGENDE
Limite de la région du CAP-VERT
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Limi te de la zone des tHAYES
Vill~es
Routes et Pistes
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Présentation
de
la
région de
Dakar.
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- 8 -
dont l'avioulture et le maratohage sont, sans doute, le8 aspeots les'
plus remarquables. La pAche oooupai t les LEBOU de "longue date. Le .
'.poisson ~tait'éohangé~oont'r~les -p~odtlits agrioolès sans "hiatus et
'. intermédiaires". Ma.i~ la prox1mi té de la "nouvelle ville", les bonnes
.
-
liaisons routières aveC? oel1e-ci et avec les oentres les ,plus peuplés
des régions de f'intérieur, ont déterminé son essor et l'ont rendue
spéoulative.
Alors que dans l'intérieur du Sénégal, les villageois sont
- inaotifs pendant les neuf mois de la' saison sèohe, les habi t'ants de la
. banlieue de DAKAR ne oonnaissent pas de repos pendant toute l'année.
La pêohe et le maraîohage oooupent hommes, femmes, enfants, durant toùte
. là saison sèohe. Les oultures oommeroiales (araohide) et vivrières (mil,
,mats) d'hivernage, absorbent de Juin à Ootobre la totalité du travail
familial.
Ces aotivités, stimulées par les possibilités de débouohés
proohes, ont bénéfioié de oonditions physiques exoeptionnelles. Si les
préoipi tations rendent l' agrioul ture pluviale aléatoire, la fraîoheur,
1 'humidi té de l'air de Déoembre à Mai, et la présenoe de la nappe à
faible profondeur sont très favorables, par oontre, à la produotion de
légumes tempérés et de oertaines espèoes fruitières. Les eaux du litto~
raI dakarois reoèlent une faune très abondante. Cette riohesse iohtyo-
logique est due au phénomène d'upwelling. L'alternanoe des régimes oli-
matiques explique la variété et l'abondanoe des poissons au niveau des
oStes sénégalaises ainsi que les migrations des populations de pêoheurs.
Par ailleurs, la pêohe artisanale connaît depuis les années
1950 un grand essor grâce à la volonté de modernisation. La motorisation
des grandes pirogues et l'emploi de la senne tournante coulissante ont
ainsi fait doubler les captures de la pêche artisanale entre 1964 et
1980, et avec les cordiers, on peut désormais parler d'une "pAche arti-
sanale moderne". L'ouverture au progrès teohnologique des populations
de pêcheurs fait de la pêche artisanale un seoteur dynamique ou "dyna-
misable" à moindre coût.

- 9 -
Des relatioJlS oonstantes enstent ~ntre,Daka.r et les villages
,suburbains qui lui fourDissant l'es.entiel des produits dont elle a
bèsoinpour 'so:naÜ.ménta-tion." -La p'r~nni té et la, puissan~e de _c~s liBi-
sons çontribuent de façon déterminante àacoélérer l'intésration par
la yill~ des,comm~autés villageoises traditionnelle~ ét le développe-
mEmt vertigineux de l' éoonomie 'demarohé.
J
Sioes relations sont bénéfiques pour les ruraux qui profi-
1
tent ainsi~e l'éoonomie monétaire, elles passent par un oirouit d'in-
termédiaires _pour atteindre le oi tadln oonsommateur. Oep~ndant" là. vente
des produits n-e-:met en évidenoe aucune organisatio~ moderne. S'une ma-
nière générale, les produotions de la banlieue de Dakar n'ont- d1éooule-
ment qu' anarohi que , -éparpillé à l' extr~mè. Les seuls oircui ta- or-gani-
,
,
sés et contrSles au Sénégal sont oeux de l'omniprésente arachide qui
est entourée-de toute là sollioitude gouvern-ementale. Le p~oduoteur de
graine oléagineuse est assuré de vendre sa réool te à des prix garantis.
Les' produi ts de la mer, du maraîohage et de l'élevage représe,ntent pour-
tant, dans l'-éoonomie nationale, le fondement des éohanges. Au premier
rang des éohanges intérieurs, la pAohe artisanale débarqué bon an mal
an plus de 100.000 tonnes et emploie directement et indireot~ent 15~
le la population aoti ve. Quant aux légumes et produits aviooles, dont
la oonsommation s'acoroît sans oesse dans 'les villes, leur importanoe
sur le marché n'est plus à démontrer.
La oommeroialisation de la produotion issue des villages de
la banlieue de Dakar est monopolisée par les "bana- bana", petits re-
vendeurs astuoieux mais sans envergure, ne disposant que de faibles
moyens. Oertes ces vendeurs réalisent de gros bénéfices aux dépens du
produoteur et du consommateur, mais les gains sont ocoasionnels et ap-
paraissent oomme le fait, non pas de spéoialistes, mais de personnes
avisées, prêtes à saisir toutes les ohanoes, quelles qu'elles soient.
Ce oommeroe diffus ne laisse plaoe, au moins aotuellement, à " auoune
forme de oonoentration oapitaliste" 0) bien que son volume total soit
(3) NGUYEN V - C. B. (95) page II.

- 10 -
en v-.leur oroissante et que son raTOn d,iaotioll soit de plus en plus
.' ~.' ~'te-nd~:v_ers l'intérieùr dU pa1lJ. Dans quelle mesure les ruraux sont-d:ls'
trib~taires' de oè àyst~e de oommerOià1isation ? .11 ya là unprob1~me
oomp1exeque nous .essayerons d'exp1ique~.
Une foi s oes immenses quanti tés de nourri ture entrées dans la
ville, 11 faut les redistribuer~ A l'échelon de la vente aux consomma-
teurs, la transmission se fait dans une foule de marohés de détail où
pullulent une masse de détaillants. L'encombrement du commeroe de détail
-au S.énéga1 comme partout ailleurs en Afrique n'est, en fait ,qu'un indice
de·sous-emp1oiperman.ent. Dans ce contexte, nous aocorderons une grande
.
.
attention aux femmes qui forment, dans la plupart des cas, la majorité
dès oo~er9tmts au détail sur les marchéâ.
C'est sous ces différEmts aspects que nous aurons à considérer
les activités du secteur primaire dans la banlieue de Dakar. L'intér~t
de. cette étude vient, sans doute, de ce que la pêche, le mara!chage et
l'élevage ne sont pas seulement des activités auxquelles se consacre une
partie de la population mais constituent des secteurs économiques, sour-
l
oes de revenua et de b1en-
collectivité. La raison du choix
~.
>';\\
'de.oe thème d'étude s'ex
e par n tr~.prise de oonscience des entraves
f
.~
. ",
qui se posent à ces aoti . t & ettMdent
solutions ne peuvent être envi-
"I~-'~
sagées que dans le cadre~' echerche i. é1iminaires. La oomp1exi té m~me
des problèmes fait que nou;';'~I'
g " ement la prétention de présenter
1
""'-'.'rnorno\\
un travail exhaustif. Beaucoù$de
cunes vont certainement subsister,
mais il oonvient de reoonna!tre qu'il n'est pas possible, dans une étude
aussi brève, de couvrir l'ensemble d'un sujet auasi vaste. Notre espoir,
c'est que tous ceux qui s'intéressent au développement du monde rural,
voudront bien apporter leur pierre et donner à l'ouvrage une cohérence
qui fera oublier le caractère très incomplet de tout matériau de sou-
bassement.

- 11 -
PREMIERE
PARTIE
CONDITIONS GENERALES DE LA PRODUCTION
]
1

-12 -
.................. -
... - --
LA
BA1lLIEUE
DE
DAKAR
l - SITUATION ET SITE -
Une fois passé les frontières de la MAURITUIE et se dirigeant
-vers DAKAR, )e voyageur qui a longé le littoral a:fr10ain depuis le
l4AliOC, ~st généralement surpris de voir apparaftre sous aes yeux un
pfitoresquepaysage de verdure bordée d'un haut cordon de dunes faites
de sable fin et b~ano. Il n 1 est pas d'ailleurs le se:ul à déoQuvrir
l'agrément irrésistlble de la presqu'rIe d'\\l CAP-VERTl les premiers
1
- llavigateurs EtmOPEENS il 'abordaient avec une joie sans mélange etoette
végétation, même brüiée par le soleil, les avait inspirés, d'où le nom
de CAP-VERT donné à la pointe du SENEGAL.
La presqu'rIe du CAP-VERT apparatt, en définitive, plus fa-
vorisée que l'intérieur du Sénégal.
D'~e part, elle s'ouvre sur le bassin oriental de l'ATLAN-
TIQUE tropioal dont la richesse iohtyologique du plateau continental
est bien connue. En effet, l'océan ATLANTIQUE constitue, biologiquement,
un milieu très féoond car ses eaux de surface sont fréquemment enrichies
par les remontées d'eaux plus froides. Ce renouvellement constant des
eaux en matières nutritives explique l'exceptionnelle fertilité du pla-
teau continental sénégalaiS. Durant toute la période froide qui va de
Déoembre à Juin, les plages de la banlieue dakaroise vivent à l'heure
de la pêche et des activités qui lui sont annexes.
Ensuite, par sa situation privilégiée en bordure de la fertile
région des NIAYES, la presqu'île du CAP-VERT est, par exoellenoe, un
domaine propice au maraîohage et à l' arboricul ture fruitière. Les NIAYES
sont ces"dépressions interdunaires, plus ou moins inondées, qui s'éten-
dent en chapelets derrière le oDrdon des dunes littorales, depuis DAKAR
jùsqu'à l'embouohure du Sénégal Il (1)
(fig. 2). Très riches en humus
et cultivables toute la saison sèche, les NIAYES sont partiellement
inondées et alimentées par une nappe phréatique se trouvant en moyenne
(1) MICHEL P.
9) page l.

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- 14 -
l un mitre des sols. Leur rtSgime __ hydrologique est li' au rtSgime d'ali-
.IIlentatioD des nappes et varie avec la suooession tes ann'e. s'ohes- et
-humides. -
1
Le _olimat, dont le _oourant des Açores iabaisse la temp.sratilre -
de 7 à IOo par rapport aux régions de l'intérieur, apporte sa note per-
sonnelle au oharme de la r~g1on.
Finistère ouèst-africain, "figure de proue grossièrement
triangulaire avancée en éperon dans 1. 'Atlantique i, (2), la région de
DAKAR s'étend vers l'Est jUsqu'au-delà du méridien de SElUKOTA,NE, au-
-
- -
trement dit sur la presque tot-alité de la presqu'fle du CAP-VERT.
Le relief compartimenté et très particulier de cette pres-
qu 'rIe constitue, en réa~ité, un monde original au SétuSgal.. Un rapide
coup d'oeil sur la oarte topographique au I/50.000 dressée par A.SEOIC
(3) permet de distinguer 3 parties dans cette région ainsi délimitée
(fig. 3).
- L'Est de la presqu'rIe, qui constitue un bloc assez élevé dont
les altitudes dépassent souvent IOO mètres, n'est cependant pas uni-
forme. Sa partie située à l'Est d'une ligne joignant YENNE-sur-DR à
SEBIKOTANE est la plus élévéel o'est le massif de N'DIASS que l'érosion
a découpé en de nombreux petits plateaux recouverts par une ouirasse
ferralitique massive, associée à des matériaux sablo-argileux résiduels
hérités de paléosols. A l'Ouest de ce secteur élevé, aux formes raides,
entre YENNE, RUF1SQUE et le lac TANMA, l'ensemble oriental est consti-
tué de bas plateaux et de collines dont les altitudes ne dépassent
guère 50 mètres.
- L'extrémité occidentale, appelée tête de la presqu'rIe, oonsti-
tue un autre ensemble assez élevé. Le trapèze BEL AIR - YOFF - POINTE
des ALMADIES - CAP MANUEL - BEL AIR est un buttoir rooheux protégeant
le 001 de la presqu'île contre la rage de la houle du large. Les nom-
breux oaps, anses et îlots de YOFF à la pointe de BEL AIR témoignent,
par ailleurs, de la brutalité de l'attaque de la mer.
(!) DUBRESSON A. (63) page 9.
(3) SECK A. (I04).

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Dunes continentales fixées
EEiE Dunes littorales vives et semi-fixée~
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Reliefs volcuniques
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Poillt l:oté en mètres
Limite des diff~rents secteurs

- 16
. - Entre oes deux parties rooheuses s'élend un troisi~me domaine
'_re~iant les ènsembl,s précédents. -Il est oonst! tué d'une va~te plaine;
~ . .
au relief mSlgré t.out oontrasté. - De l'analyse de sa topographie et de-
son hydrographie, trois parties peuv~nt 8tre distinguées 1
• d 1 abord le centre avec son relief de dunes fixées ou groupées,
souvent entourées de bas-fonds d'où se dessine un certain écoulement
~ la fois vers le Nord et vers le Sud;
• Ensui te, au Nord,' uri important oordon de dunes. vives, orienté
dans le sens S 0 - S E avec des ~ltitudes dépassant quelques fois 30
mitres, forme une barrière nette pour lès marigots venant du oentre
et isole tout un ensemble de lacs allongés' dans le m~me sens que les
dunes 1 lacs OUROUAYE, YOUI, MBEUBEU~SE,RETBA,
• enfin, la bordure Sud qui regroupe également un oordon de dunes
vives, oertes moins puissant que le précédent, mais suffisamment impor-
tant pour constituer un barrage efficaoe que les marigots venus du cen-
tre ne peuvent percer.
La banlieue de Dakar se trouve ainsi dans un espace favorable
à l'établissement humain (4) et ses habitants, tout en tirant des sols
des produits dont la vente apporte sotivent des gains substantiels, ex-
ploitent les produits de la mer qui viennent enrichir considérablement
1 eur nourri tur e.
La convergence vers Dakar de la quasi totalité du système
des communioations du Sénégal (mis à part le trafio fluvial) (voir fig.4
devait permettre à la production régionale de oonquérir non seulement
l'important marché dakarois, mais également celui, non moins important,
du centre-ouest du Sénégal où sont concentrés plus des 2/3 de la popu-
lation sénégalaise (fig.4). Le faisceau de routes qui part de la région
(4) Les très nombreux gisements préhistoriques qui parsèment la presqu'
île du Cap-Vert, surtout dans les environs immédiats de DAKAR et
RUFISQUE, prouvent que l'homme a, de longue date, habité le pays.
Il avait, à sa portée, les ressources de la mer, de l'agriculture
t
et de la chasse, l'eau potable et ses outils étaient fabriqués par
une pierre d'excellente qualité (basalte de DAKAR, calcaire de
J
RUFISQUE).

-17-
LE: RESEA,U ROU'l'IF.R SENEGALAIS
-_'--_ Rou tes principales
-I~I~I~I_VOIF.S FFoRRRES
o
100 km
DEHSITES (HABITANTS PAR KM2)
c::J Moins de ID
~ De 10 à 20
§
De 20 à 50
[[l]] De 50 à 100
~ Plus de 100

Plus de 1000
\\
1
1
1
_
, _ 1
-'-'-~-_-_------"""-~;:-;'"
......- -"'--
Fig. 4.
Voies de communication
et concentration humaine au Sénégal.

- 18 -
4e Dakar et qui oondui t aux villes lelil plus peuplées de 1 '-.1ntc§rieur,
,
permèt aux villages 48 la banlieué de Iran tailler quotidiennementd8s
.
-
- .
-
.
\\
~
- -
Vilies oomme TRIES, BAlcmE!, DIOURBEL, FATICIC, KAOLACK,- etc •• .-au terme
de trajets qui ne durent jamais plus de quatre heures.
Pendant longtemps, ce capital de potentialités n'a été que
très faiblement exploité. Certains villages, enclavés ou perdus dans
les dunes, n'étaient reliés à DAKAR que par de très mauvaises pistes
et restaient ainsi inaooessibles aux voitures des commerçants. Leurs
produot1ons en poissons, fruits et légumes en souffraient oonsidéra-
bl~ment.
Cependant, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, avec
le-développement vertigineux de Dakar, l'accroissement du réseau rou-
tier, tous les avantages de site et situation, prennent leurs vérita-
bles dimensions éoonomiques et le milieu physique de la banlieue daka-
roise révèle ~e façon éolatante toutes ses riohesses.
La présenoe d'une métropole retentit inévitablement, à un
titre ou à un autre, sur son environnement villageois. De quels points
de vue et selon quels processus la ville modifie-t-elle cet environne-
ment? Jusqu'où se fait ressentir l'influence de ~akar et quelles rela-
tions entretient-elle avec sa banlieue? Peut-on dresser une typologie
de banlieues dans la région de Dakar ? Ce sont là nécessairement des
interrogations fondamentales pour le thème des relations ville-eampagne
que nous allons tenter de développer dans les pages qui suivent.
II - LES SECTEURS DE LA BANLIEUE DAKAROISE -
L'agglomération dakaroise s'étale actuellement sur presque
toute la presqu'île du Cap-vert, alors que cet ensemble ne comptait
que quelques hameaux de paillottes lors de la découverte de l'îlot de
GOREE par les navigateurs Portugais en 1444. Cette croissance spatiale
de Dakar a engendré une couronne suburbaine où l'influence de la ville
se manifeste par certains faits caractéristiques de banlieue
- d'abord le grignotage des terrains ruraux par la mise en place
d'annexes urbaines 1 dans le prolongement de l'ancienne zone industrielle,
les terrains qui longent RANH en direction de RUFISQUE ont affirmé leur

- 19 -
vooation éoonomique en reoevant la plupart d8B établissements industriels
~réés d~pu18 l'i~dépendanoe, surola.partie. ouest de la presqu'!le, oe sont
les installations ia11i taires de OU.AK.AM, :1' aéroport et ses bâtiments teoh-'
niques qui attirent l'attention,
- ensuite l'existenoe de véritables banlieues résidentiellesl oer-
tains grànds servioes ont réalisé à NOOR, YOFF, sur la route de RUFISQUE
desoi tés résidentielles pour loger leurs employés. Cependant les. es-
paoes qu'elles oooupent dans le paysage sont très restreints et n'abri-
tent qu'une
faible putie de la population banlieusarde, en oomparai-
.son avec les zones résidentielles populairesorééeBdans les années 1950
-
-
.
~
-
. pour loger les déguerpis de Dakar. Ainsi deux "villes" nouvelles sont
sorties de terre, PIK1NE et GRAND YOFF qui ne sont en réalité que des
"COLOBANE" et des "GRAND~. DAKAR" (bidonvilles déguerpis) plus éloignées.
A oes banlieues résidentielles, il oonvient d'adjoindre toute
'une série de pet! ts ensembles de diverses origines : anoiens villages,
c~ps militaires, eto ••• dont les oaraotères sont moins nettement définis;
- enfin les populations, à prédominanoe OUOLOF et LEBOU qui réser-
vent le plus gros de leur temps au mara!ohage, à 1 'arborioul ture frui-
tière et à la pêohe, vivent dans des villages devenus, 4e nos jours,
de véritables banlieues à vooation rurale prédominante et qui entre-
tiennent avec DAKAR des relations quotidiennes étroites d'approvision-
nement à double sens facilitées par l'existenoe d'un réseau routier
aooessible à tous les types de véhioules et en toute saison' approvi-
sionnement de Dakar en poissons, légumes, truits et produits de l'éle-
vage, et ravitaillement des villages en marohandises de toutes sortes;
entretien de relation de travail. oontinuité de l'habitat.
Tous oes faits sont oaraotéristiques des banlieues qui sont
des lieux où s'observe oonorètement le phénomène d'interaotion et de
renoontre
d'influenoes (influences urbaines et influenoes rurales) et
leur analyse permet de déterminer des secteurs de banlieue en rapport
avec les fonotions remplies à l'intérieur de l'agglomération et le degré
d'intégration urbaine.
L'éloignement de la ville proprement di te ne peut dono en au-
oune façon oonstituer à lui seul le oritère qui permettrait de réaliser

- 20 -
oe 4400upage en seoteurs. S'il est bien vra14u'i1 existe une 'sone de
proohe liIanlieue vivant au mIme rT'hme: que ~ar, il fau"~ r~quer tou-
.
o . .
:
! .
0
- 0




0
tetais. qu'elle -oomprend des parties très diff'rentes -qu'il faut n'oes-
o
_
sairement isol~r. Le d'ooupage de la banlieue de Dakar en seoteurs de-
vra ~ono être opér' avec adresse en s'attaohant à d'gager, ~ori pas un
c1ass.ement- artifioiei, mais des uni tés Vi. vantes, coh'rentes et bien per-
sonna1is'es.
Nous distinguerons essentiellement deux secteurs de banlieues:
(I) (voir fig. 5)
. - une banlieue .gcci dentale , _
- et une banlieue orientale.
IO - La banlieue ocoidentale.
--.....-
-
Dans son important ouvrage consaoré à Dakar, ASSANE SECK déli-
mitait une banlieue occidentale, 'troite zone en forme de triangle dont
le sommet est la pointe des ALMADIES et la base une ligne imaginaire qui
relie les villages de OUAKAM et de YOFF.
Ce secteur occitenta1
di tionne1s (NOOR, YOn, OUAL~F--~.lMJ'"8"i~
modernes de grand standing
classe aisée à la recherche
et
bruyant de DAKAR
zone encore
relativement
dériv's.
l'aotivité se partage entre l'a-
gricu1ture
si-
tuation en instance. En
dite
nombreuses annexes urbaines in-
fluencent très fortement ces activités. La situation de ces villages
sun' la partie rocheuse de la presqu'île du Cap-vert, où la quasi totalité
des sols est très médiocre et la nappe phréatique profonde, limite les
activités aux cultures sous pluie (condiments divers, mil, un peu d'a-
rachide). Les produits de cette agriculture, qui ne font pas l'objet
d'un circuit oommercial, sont presque totalement destinés à la oonsom-
mation looale et ne dispensent pas, par ailleurs, les villageois d'aohe-
(I) Nous empruntons cette division (en y apportant quelques modifications)
à ASSANE SECK (I04) pp 180 - 185.

Fig. 5 .
Les
secteurs de la banlieue dakaroise.
Deni Bi
o
5
10 km
•ram Hàao
.-:..
.......
Gouye-Guéwel
~~~~::::::..
Route .bit\\llIiée
... ..
~.:.:
.:::::=::.,
..
.
/
Voie ferrée
Ouaya Mbam
t'"'I
: , / '
-+++-
niag·~:·"

- 4 Gorom
e
.~
I.gsn y
Bambilor
1
1-4
C\\I
o
1
Thiaroye-
sur-mc!"
Air
LEGENDE
Limite des banlieues
Limite des secteurs
o "Ptche
o
Soumbédioune
GOré~
Mara! chage
•() Mara1chage (activité secondaire)
Cul tures fruitières
• Aviculture
e
~
Elevages laitier et bovin
,
6
Activités de type urbain
Â
Touché par le tourisme
_
Touché par l'industrie
Toubab
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'.O"'''''''AL*'''),

- 22 -
ter "es 'Vivres. La pGohe est surtout une aotlV1 t ' sa1sonr:d~re, cle D'oem.-
bre, A Juill, du fait de la fr'quenoe' des grosses mers mais ~urtoutde la
remont'e vers le Nord du oourant frotd poissonneux des CANARIES. Les pro-
dm ts de la. pêohe sont venllus aux f_es des p60heurs sur la plage qui '
vont-les revendre au détail sur' les marohés de la oapitale.
La proximité de DAKAR et la facilité des moyens de transport,
les installations modernes environnantes, la réductio~ très sensible des
terrains ruraux, la sco~ar~sation de ~lus en plus poussée détournant les
jeunes générations des métiers traditionnels, orientent davantage
beau~
ooup d'actifs v:ers des 009\\lpations plus modernes (maçons, chauffeurs, mé-
'oaniciEms, petj,ts :ro~ctionnai.res, eic.... ).· La pAohe, qui est de loin l'ac-
. tivi té la plus dynamique, est elle~8me de moins en moins hermétique
aux inflùenoes modernes. Les ressourcesfinanoiàrel!J substantielles qu'elle
procure sont le plus souvent investies dans la modernisation des moyens
de produotion (utilisation de màteurs, de filets plus solides, eto ••• )
et dans la oonstruotion de maisons en dur ~ui donnent aux villages de
cette banlieue oooidentale leur aspeot oaraotéristique de type
rurbai n.
Cependant sur les trois villages du seoteur ouest, l'influenoe
, urbaine se fait sentir à des degrés divers: très forte à OUAlCAM et à
NGOR, pratiquement oollés à la zone bâtie oontinue de DAKAR, l'intégra-
tion de YOFF dans l'orbite de la grande agglomération est moins intense
et il y a peu enoore, sa survie dépendait d'un partage équilibré entre
les aotivités de pêohe et de oulture.
En définitive, oette banlieue ouest se oaraotérise par l'exis-
tenoe, dans ses aotivités oomme dans ses paysages, d'éléments modernes
partioulièrement importants à oôté d'éléments traditionnels oependant
enoore vivaoes.
Ces oaraotéristiques de la banlieue oocidentale peuvent ~tre
appliquées au village de HANN qu'il faut désormais inolure dans oette
première oeinture péri-urbaine dont la frontière géographique nous pa-
ratt, de nos jours, trop restriotive. Village nullement autoohtone, créé
par les besoins des oolonisateurs, HANN s'est spéoialisé dans les aotivi-

- 23 -
t'a 4. paohe dont les produits sont dest1nês~au marohê 4e oonsommateurs
o . '
]
.
' .
.
'
~OXS (2) •. D~s le prolongement ~e la zone portuaire, il' E!!l1ï situê
au bord de la route de RUFISQUE, l 'art~re' industrielleJ . ~on rSlé eèt .
d~sormais d'acoueillir les travailleurs de la capitale.- L'implantation
de nombreuses conserveries 'de poisson à HANN en fai~ ,autant un village
de pêoheurs qu'une oi té ouvrière. Il n'est pas rare de voir un pêoheur
travailler à temps perdu à l'usine ou une ouvrière partioiper de temps
à autre au,oommerce du poisson, tandis qu'à cSté des baraquements de
p80heurs se dressent des villas et que des bateaux de plaisance anorent
à quelques mêtres des bonnes vieilles pirogues traditionnelles. Les bi-
donvilles'déguerpis qui, oo-oupaient la plage prouvent nettement que.oe
village, de la mAme façon .que les quartiers centraux populaires de Dakar,
a lui aussi à faire faoe à des problèmes spécifiquement urbains.
20 - La banlieue orientale.
La banlieue orientale présente des aspeots encore plus variés.
Bien que située entièrement dans la fertile région des NIAlES qui offre
des conditions très favorables à l'agrioulture, oelle-oi oependant n'y
intéresse pas tous les villages.
Suivant leurs principales activités, on peut y distinguer 3
secteurs :
a
- un secteur Nord au caraotère rural très marqué et qui regroupe
les villages de IŒUR MASSAR, MALlKA, YEUMBEUL, THIAROYE GARE et CAMBERENE
L'existence des NIAYES aux sols riches, la rareté d'installations urbaine
par conséquent la possibilité de disposer d'importants terrains de cultur
et m@me de paroours, offrent des oonditions particulièrement intéressan-
tes à l'agrioulture (cultures pluviales sur les dunes et cultures de sai
son sèche dans les bas-fonds que représentent les niayes). Par ailleurs
si la route bitumée de CAMBERENE date de 1936, celle dite des NIAYES n'a
été achevée qu'en 196I, ce qui peut expliquer, en partie, la lenteur du
processus d'absorption dans le tissu urbain. Cependant, ces villages ne
sont pas complètement fermés à la vie moderne: il y existe quelques ar-
tisans, salariés formant, il est bien vrai, une proportion de la populat"
- - -
(2) VERNIERE M. (I26) page 32.

- 24 -
ao~1ve moins importante que oelle de la,'banlieue ooo14,ent&1e.])a plus, 111
f'aut remarquer que .1,s- cultures -mara!chltres, f'Z'Q.itilt~e8et l 'av1cUlture
'
~ Y' s'ont tr.s actives', s~nt 'com~H~tement ori~n-t'es ve;sl'immense
maroh~ de ~ar, ce qu1 prooure des gains assez considérables et ~li­
que la, f'aibleattirancequ'ont les ~l-1ageois pour le t~avà:il salarié.
b - Un seoteur de la banlieue Sud qui subit d'une t'açon tr.s sen-
sible l'influenoe de DAKAR. C'est la partie de la banlieue de DAKAR la
plus en oontact avec les établissemepts industriels) en effet, après
la petite interruption de HAHN, les établissements industriels réappa~
raissent, p01,1.r _se suivre pratiquement tout le long de la route de RUFISQUE.
Cep~ndant, ~es villages qui oomposent oe secteur (THIAROYE-sur-uR et
MBAO essentieliement) ont bien des activités traditionnelles axées sur
la pêohe et 1 'agricul ture en grande pal:'tie tenues par des personnes âgées
de plus de quarante ans. La pêohe est ioi très étroitement liée à la ou1-
~e et oes villages sont les prinoipaux fournisseurs de fUmier de pois-
son dans 1& banlieue dakaroise.
En gros, oe seoteur, par la présenoe de la zone industrielle
tend à devenir une véritable banlieue ouvrière tout en maintenant oe-
pendant, grâoe aux adu1 tes et aux vieux, d'importantes aotivi tés tradi-
tionnelles. Il n'est pas sans parenté aveo la banlieue Ouest.
o - Un seoteur oentral oooupé essentiellement par les villages de
déguerpis: GRAND MEDINE, GRAND YOFF, PIKINE, eto ••• Ces déguerpis, qui
sont généralement des oitadins installés en oampagne,oooupent des lieux
qui ont un aspeot urbain oaraotéristique. Ils sont situés sur des lo-
tissements préparés d'avanoe, si bien qu'ils ont des rues bien traoées,
oe qui les distingue, du premier ooup d'oeil, des villages traditionnels
lébou. La faiblesse du nombre des aotifs du seoteur primaire est tout à
fai t remarquable. A DAGOUDANE PIKINE, la répartition sooio-profession-
nelle oonstatée par L. THORE est la suivante (3)
(3) THORE L. (121).

- 25 -
TABLEAU l 1 R~parti ..ion· sooio-profe8Bionnelle l P.:tXI1lE.
-----~---------
'---------.-----~--~~--------------.
---.---
J
Sans
cCultivateursc Artis~ns : Ouvriers: Maftrise cFonotionnaires :
· profession
C

_ _•

C I
1
r . _ - . ; .
,.;;..-
_~
• 4,3<>% -
I,7CY1o
15,IO%
---------------------- --- --------------------
Notons enfin que la plupart des habitants de ce secteur travail-
lent à DAKAR et ces "villages" de déguerpis apparaissent ai-nsi comme de
véri tables banlieues-dortoirs.
C'est cet ensemble ville-banlieue vivant à peu près au même rythme
qui .const.! tue l'agglomération dakaroise. Les deux secteurs de la banlieue
qui la composent vivent en étroite symbiose avec Dakar. Au-delà de ces li-
mites, pour des raisons de distance ou d'organisation des transports, les
relations directes de la ville et qe la campagne sont moins étroites du
fait de l'existence de centres polarisateurs secondaires (TRIES surtout
et dans une moindre mesure RUFISQUE) qui "pompent" une partie de ces rela-
tions.

- 26 -
1
o H API T 1 E II-!
•••=
.
LES
FAcTEURS
PHYSIQUES
DE
LA-
PRODUCTION
.-
-
l .. APPROCHE DU MILIEU PHYSIQUE DES NIA!ES
Située dans la partie Nord-OUest du Sénégal, la région des
NIAYES développe sur une longueur de :):80 kms, d'impo.rtants systèmes
dunaires. Cette vaste région comprise entre DAKAR et SAINT-LOUIS est un
ensemble physique caractérisé par son aspect floristique très parti~ulier.
Cette physionomie particulière est due à l'affle~rement d'une
nappe phréàtique permanente. L~ présence de cette eau libre toute l'année
s, en effet, permis le développement et la survi vanoe d'une végétation
forestière très exoeptionnelle pour la région. Les espèoes guinéennes y
sont très nombreuses et bien oonservées, en particulier le palmier à
huile (Elaeis guineensis) qui donnent aux NIAYES leur aspeot floristique
si oaraotéristique, d'où la première définition strictement botanique
donnée au terme "niaye".
Cependant, le facteur dominant étant la présenoe de la nappe
phréatique permànente et plus ou moins affleurante - qui du reste expli-
que la végétation - la définition du mot s'est élargie (1). Selon Pierre
Michel (2), elle désigne les dépressions plus ou moins inondées qui s'é-
tendent derrière le cordon des dunes littorales depuis DAKAR jusqu'à
l'embouchure du fleuve SENEGAL.
A - Le relief.
L'étude du relief des NIAYES est intéressante à plus d'un titre.
Elle fait apparaftre l'existence de plusieurs dépots de sable:
(1) Le vocable "niaye", d'origine OUOLOF, est employé pour désigner :
- les boqueteaux de palmier à huile (c'est d'ailleurs la signification
étymologique du mot),
- l'ensemble de la dépression et de sa végétation,
- les lieux des cultures mararohères et fruitières.
(2) MICHEL P (9).

- 27 -
les sables dunaires de l ' ogolien,
les sables argileux et humifères de It:Ouldji1ien,
et les sab1esdunai:I~J~s du flandrien. ,
Cette nappe des sables, dont la' largeur est obmprise entre
IO etI5 kms selon les endroits, est en rapide évolution, soit grâce à
des- facteurs anthropi~ueB qui interviennent quand le défrichement est
important ou par l'action des animaux dépradateurs, soit grâce à des
facteurs naturels (alizés sur dunes vives blanches).
D'une manière générale, toute la région est recouverte par
- des sables quaternaires formant un manteau qui résulte de la juxtaposi-
tion de trois cordons dunaires. De la côte vers l'intérieur des terres,
on rencontre 3 types de reli ef. (voir fi g. 6).
- Les dunes vives blanches. Communément appelées dunes littorales ou
dunes externes, elles sont situées en arrière de la plage et s'étendent
entre YOFF et SAINT-LOUIS avec une-largeur moyenne de 800 mètres dans
la région du CAP-VERT. Elles sont foxmées de matériaux récents assez
grossiers. Mises en place aU sub-actuel et à l'actuel, elles sont orien-
tées dans le sens des vents soufflants et ensevelissent souvent les
niayes dans leur avancée.
- Les dunes jaunes s'étendent également entre YOFF et SAINT-LOUIS. In-
terrompues localement par les lacs MBEUBEUSSE, OUROUAYE et RETBA, elles
forment la charnière entre les dunes littorale~ et les dunes rouges con-
tinentales et portent une végétation steppique.
- Les dunes internes ou dunes rouges constituent le système dunaire le
plus important tant sur le plan de la végétation que sur celui des cu-
vettes qu'elles déterminent et qui constituent les niayes.
La presqu'île du CAP-VERT possède donc un relief très jeune
dont l'évolution se poursuit actuellement. Mais le trait dominant est
la grande fragilité de ce milieu morphologique, en particulier sous
un climat à saisons très contrastées.
D'après les t§moignages concordants des habitants, les mouve-
ments de sable ont com~encé depuis une soixantaine d'années. La dune
littorale, haute de 4 ù 5 mètres, ét~it assez bien fixée par une végé-
tation buissonnante et herbacée et protégeait l'arrière pays. Iflais ce
couvert végétal fragile a été détrui t progressivement p8,r les troupeccux
et les hommes. Avant leur envahissement partiel par les sables,les lacs
YOUI et MBEUBEUSSE étaient beaucoup plus étendus et n'étaient séparés

-26-
Cordon dunaire
Sables rouges
littoral
Dunes ·semi-fixép.s
Dior
Dépressions interdunaires
Nj.aye
perchée
11appes dunaires
Front d'eau salée
Nappe du Continentnl TerminRl
Fig. S.
Géomorphologie schématisée des Niayes.

- 29
que de quelques oentaines de matres. Il sembie en tous oas, vu leur
configuratioD'aotuelleque les laos OUROUAYE,YOUI et KBEUBEUSSE ne
-
"
faisaient qu'un seul grand lac parallèle à la oSte mais qui a été·pro-
gressivement envahi par les sables, moroelé, oomblé.
Par ailleurs, la toponymie looale fait allusion à des points
d'eau, des galeries forestières hantées (TOKHAM NDOKH, NIAKOUL MBONAT,
eto ••• ) n'existant plus de nos jours.
Tousoes indioes prouvent de façon irréfutable l'.avanoée des
sables depuis plusieurs années et la perte immense de terres de oultures,
de points d'eau douce qui· en est résultée.
Selon des études réalisées dans la région du CAP-VERT, la sur-
faoe stérilisée et perdue pour la oulture et m~me pour le pâturage peut
être estimée à 3.000 ha. Une surfaoe égale sera sans doute perdue défi-
nitivement avant la fin du sièole si l'on ne prend pas des mesures sé-
rieuses pour assurer la fixation des sables.
Sous l'influenoe des vents soufflant du NORD pendant la sai-
son sèohe,le système dunaire avanoe souvent par vagues suooessives de
10 à 15 m~tres par an, recouvrant des terrains à vocations agricole'~'
et pastorale, atteignant et comblant les laos littoraux au bord des-
quels on pouvait aisément établir de riches cultures maraîchères. Les
terrains de culture, jadis situés à l'Est du lac YOUI, n'existent plus
de nos jours et les premiers filaos plantés en 1925 au bord du cours
d'eau par le Servioe de l'Agriculture, sont presque complètement ense-
velis. A partir de 1948, devant la rapide progression des dunes, le
Service des Eaux et Forêts entreprit leur fixation par un peuplement
dense de filaos (Casuarina equisetifolia), espèoe bien adaptée aux con-
ditions difficiles du littoral. Les différentes campagnes de reboise-
ment entreprises depuis l'indépendance ont freiné d'une manière assez
sensible l'avanoée des sables, sans cependant l'arrêter complètement.
B - Le olimat.
l - Les méoanismes -
--------
Par sa situation en bordure du littoral océanique, la région
des NIAYES bénéficie, dans son ensemble, d'un climat partioulier très

- 30 -
.
., différent du reste du Sénégal à la mAme lati tûde. Oeolimat a été qua-
.. lit1éde "suboana.rienlt (I). mais. cette é1>i th~te est _to~t à fait impropre,
p:rino1palement parce que -les: Iles OANARIÈS, éloignées de 'Dlus de I.500 kmè
.
1
.Ollt. ~ olimat de type tempéré avec saison froide et prêoipitations\\ d'M-
've~. La grande cOte possède, au contraire, un olimat de type tropioal
d'a.:lizé maritime, comme les Iles du OAP-VERT, situées au large du Séné-
gaÜ l'appellation de climat "cap ve!'dien" est ainsi plus appropriée.
La presqu'île du OAP-VERT, ~veo 14°40 de latitude NORD et 17°
de 16ngitudéOuest, jouit d'un olimat tropical maritime marqué par l'al-
. ternance -d'une longue saison sèche, de Novembre â -Juin, qui est plus
agréable et d'une courte saison de pluies de mi-Juin à Octobre ou hiver-
:nage (2).
Oette succession, due à l'alternance des masses d'air d'ori-
gine et de Oaraotères différents qui est liée à la migration planétaire
dèS centres d'action, se réalise lians entrave du fait de la monotonie
. d'ensemble et de la faible altitude du relief. (voir fig. 7).
La position de finistère occidental du continent afrioain
plaoe le Sénégal à la frontière d'un milieu océanique et d'un milieu
oontinental.
Le milieu océanique se manifeste par la présence quasi perma-
nente, au Nord-Ouest du pays, de l'anticyclone des Açores qui est le
moteur de la circulation d'alizé maritime. Les alizés maritimes, vents
frais et humides, soufflent en saison sèche, balayant le long de la côte
une étroite bande d'une dizaine de kilomètres de large. Ils provoquent
ainsi un abaissement de la température et atténuent le déficit hygromé-
trique. Les alizés maritimes empêchent l'harmattan, vent chaud et sec
de secteur Nord et Nord-Est lié à la masse continentale de l'Afrique
Occidentale, de se faire sentir. En effet, au niveau de la côte. l'har-
mattan subit un mouvement ascendant et passe par-dessus
l'alizé. Il
arrive cependant que l'harmattan parvienne à souffler jusque dans les
(I) HUBERT H. (7)
(2) Le terme"hivernage" prête souvent à confusion pour qui n'est pas habitu
à l'Afrique Occidentale. Il désigne, dans cette région, la saison pluvieuse
d'été. Selon ASSANE SEOK, il aurait été introduit en Afrique Oooidentale
par les Portugais assimilant notre saison des pluies à la leur qui se si-
tue en. hiver.

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Centres d~action et circulation en .Janvier et .Juillet (en surface J•
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LIGNE ISOBARE (presdon en mb AU ni VPflU (Ip ] Tl mp.r)
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TRAJECTOI RE DES HA S~P.S
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ALIZE MARITIME
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MOUSSON

- 32 -
JTIJ.lES, vers la fin de la saison sllohe, lorsqQ.e se produit un affaiblis-
. ~èntou ~e interrUption passagàre de l'alizé. Il en résulte générale-
.
.
ment un saut brutal de température et du· déficit d 'humidi té.
Mais sous l'effet du réchauffement progressif du continent et
dono du oreusement de la dépression thermique continentale, la circula-
tion d'harmattan S'estompe! peu à peu pour disparartre finalement vers
. Mai - Juin. p()ur l'ensemble du Sénégal, la principale souroe de vapeur
d'eau et de précipitations est alors la mousson. Cette mousson. en réa-
lité, n'est que l'alizé du Sud-Ouest 1ssudel'anticyclone· de SAINTE -
HELENE, homologue de l' anticyolone des Açores tet qui, après la traversée
de l'équateur géographique, s'oriente normalement du Sud-Ouest vers le
Nord-Est.
L'air de la mousson présente deux particularités essentielles.
O'est d'abord un air chaud. En effet, issu des régions subtropicales
du Sud, l'air de la mousson s'échauffe en traversant les régions tropi-
oales et arrive au Sénégal avec une température de 25 à 270 , qui est
généralement la moyenne des régions traversées entre Février et Mai (3).
L'air de la mousson est aussi très humide ayant parcouru un long trajet
maritime. Dans sa progression à l'intérieur des régions tropicales, la
mousson, tout en éliminant les vents continentaux, augmente considéra-
blement l'humidité de l'atmosphère. Or l'humidité de l'air a une action
certaine sur la température par sa capacité d'absorber certaines radia-
tions calorifiques. C'est ce qui explique à l'intérieur l'arrAt de l'é-
lévation de température avec l'établissement de la mousson.
Ainsi, suivant les saisons et la position relative par rapport
à la côte se font sentir, avec plus ou moins d'intensité, des influences
climatiques différentes (océanique, continentale) et c'est leur interfé-
rence qui donne son originalité au climat de la presqu'île du CAP - VERT
dont voici quelques éléments caractéristiques.
Si dans le domaine des précipitations, le CAP - VERT ne s'in-
dividualise pas par r~pport au reste du Sénégal, il n'en est pas de même
(3) SECK A. (105), page 250.

TABLEAU II : ~r~~~~_~~~~~~!!~~_~~~~~!g~~~_i~~_~~~~~~).
Source :
NIANG M'B.D.
(98) page 2Io
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- 34 ..
tans oelui des temp'ratures. La oomparaison de-s oourbes moyennes men-
'eu~ll.es 4e ~R,THIES et SAINT-LOurS est,- à 'cet 6gard, sign11'icàt.ive
(voir1 Tableau II et-fig. 8).
Le olimat de la presqu'rIe est plus frais que oelui de l'inté-
rieur. La oourbe de D.AXAR comporte un seul minimum en Février et un seul
maximum en Septembre - Ootobre. Elle a donc une allure inverse de celle
oonnue à l'intérieur du pays à la mAme latitude. Dans oes stations, il
y a .deux maxima et deux nrl.nima par an .qui se si tuent, pour les premiers,
en Mai et Oc~obrè, et poUr les seoonds en Août et Janvier.· n A la saison
frarch~ de Dakar et Saint-Louis, répondent les fortes ohaleursde BAMBEY,
-TRIES et LINGuERE. Inv~rsement, quand oes dernières looal! tés jouissent
d'une relat~ve fraîoheur en Août- Septembre, la température des o1t's
o6tiè~es passe pàr un maximum." (4)
Cette"anomalie" olimatique est liée au rôle modérateur des ali-
zés auquel s'ajoute l'à,otion du oourant froid des CANARIES qui longe la
oSte.
Les températures sont, par ailleurs, beauooup plus régulières
, et l'amplitude annuelle est moins forte que dans l'intérieur. La moyenne
annuelle varie dails les N'lAYES du CAP - VERT autour de 25°. Si l'on sait
que les oonditions thermiques optima pour la oulture des produits ma-
raîchers européens sont oomprises de 5 à 25°, on oomprend mieux, dès
lors, la vooation maraîchère de la banlieue de DAKAR. Ce climat "tempéré"
permettra de trouver, durant toute la saison froide et sèohe, la plupart
des légumes européens et afrioains.
3 - Les vents.
Trois types de vents balaient la presqu'île du CAP - VERT pen-
dant l'année. Mais l'action des alizés nord-atlantiques est la plus
remarquable: orientés Nord - Nord-Est à Sud - Sud-OUest, ils refoulent
à la fois vers le Sud et vers le large les eaux oôtières de surfaoe;
ils poussent les sables littoraux, les aooumulent, oontribuant ainsi à
l'édifioation des cordons dunaires; ils emportent le sable des dunes
vives vers l'intérieur. Les alizés ont dono une influenoe direote sur la
(4) JAEGER P. (8), page 11.

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Moyenne minimale
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Le régime thermique de Dakar. Thiès et St Louis.
(Moyenne 1960-1984)

- 36 -
morphologie -générale des NIAYES. L'aotion des Tenta est néfaste pour 1 '-a-
~iou1ture oar-elle prooèdeau oomblement et à la stérilisation des ou-
vettes. Leurpe:tmanenceèt le~ v1t~s-sé (5 à 10 mIs) ont néoessité des
mesures de proteotion des sols.
4 - ~~ pluviométrie.
Les précipitations augmentent de façon importante de la c6te
vers les régions intérieures, plus préQisément vers le Sud-Est _par où
pénetre la mousson. Celle-oi envahit progressivement le Sénégal de Mai
à Juillet. Dans la presqu'rIe du CAP - VERT, les précipitations sont-très
looalisées dans le temps; elles se produisent de Juillet à Ootobre. Du-
rant ces trois mois d'hivernage inten~:!if, il tombe rentre 85 et 99% de
l'ensemble des précipitations annuelles de la région. Généralement, c'est
en Août qu'il pleut le plus (environ la moitié des quantités préoipitées)
(voir tableau III). Les NIAYES sont ainsi exposées aux inoonvénients de
cette concentration de pluies dans le temps. Les préoipitations relati-
vement abondantes d'Août à Ootobre provoquent l'inondation des périmitres
de dépressions et entravent par asphyxie le développement des légumes.
Les bas-fonds mal drainés par sui te de la faiblesse ou de l' inexistenoe
,
de techniques adéquates ne peuvent plus servir de support aux cultures
maraîohères lorsque les pluies de mousson s'installent. Aussi les plants
pourrissent-ils rapidement. D'une manière générale, la production mara!-
chère de la région subit une baisse assez importante pendant tout l'hi-
vernage.
La répartition des pluies dans le temps est aUBsi très irrégu-
lière. La saison humide est très souvent entrecoupée de périodes sèohes
pouvant durer plusieurs semaines.
A ces précipitations d'été s'ajoutent parfois des pluies d'hi-
ver (vers Déoembre, Janvier). Elles sont, en fait, dues à des dépressions
passagères. On parle alors de "pluies de mangues", ou "HEUG". Ce sont des
pluies fines, rappelant le orachin breton, mais avec beaucoup moins de
fréquence et de durée. Les quantités d'eau tombées sont généralement très
faibles.

TABLEAU III
~~~~=~_E!~!!~~~~~!9~=~-i~~~~!~~-~~~~-=-!~!!)
Sources :~SONED _ AFRIQUE, BCEOM (II5) page 75
-~-----
_Recherches personnelles (pour la période allant de I98I à I98 5
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... 40 -
Depuis 1970, la tendanoe du olimat dans la r6gion du CAP-VERT
est à l'aridité. Les tot~uxpluvi.om~hriquesenregistrés àDak:~r, à l'ex-
oeption de 1975 et I985, sont inférieurs (et d~-ioin) à la moyenne an-
nuelle. La.presqu'île du Cap-Vert est normalement oomprise entre les
isohyètes 500 et 600 mm, mais la répartition inter-annuelle est carao-
térisée par une grande irrégularité (voir fig. 9). Les préoipitations
peuvent considérablement varier d'une année à l'autre (I958 : 822,4 mm;
1959 1 273 mm; 1984 : 234,4 mm, 1985 : 507,2 mm). Il y a donc de vérita-
bles oycles d'années sèches et d'~ées humides. Cette pluviométrie ir-
régulière a une grande influence sur les variations du niveau de la
nappe phréatique et fait peser sur l' agricul ture dans les NIAYES une
part d'incertitude.
Les expérienoes.menées par le Centre de Développement Horti-
cole (C.D.H.) dans certains secteurs des Niayes ont prouvé que le ma-
raichage ne peut être effectué avec garantie qu'à oondition de disposer
d'un débit d'eau permanent de 80 m3 par jour et par hectare pendant tou-
te l~ période culturale. Le déficit hydrique actuel a entrainé le dé-
placement de nombreuses zones maraîchères et, globalement, une certaine
régression des surfaces cultivées. Les teohniques d'approohe d'eau étant
en général très frustes et datant surtout de l'époque où la nappe était
atteinte à un mètre, on assiste de plus en plus, au creusement de puits
de plus de vingt mètres.
1
Les répercussions de la sécheresse sont catastrophiques pour
la production des NIAYES du CAP-VERT. Jusqu'au début des années 1970,
la région de Dakar était considérée comme le premier producteur de lé-
gumes du Sénégal. Désormais, elle ne s'inscrit qu'en troisième position
derrière MEOUANE et PAMBAL avec 19,40% de la production régionale. Cette
place est due à la régression des surfaces cultivées de la région de
DENI BIRAM NllAO et de KüUNOUNE, notamment, où la sécheresse et l'effet
combiné de pompages en profondeur par des moyens mécaniques trop puis-
sants, ont stérilisé des périmètres de culture par assèchement.
Le déficit hydrique s'est traduit, en outre par un appauvris-
sement des stocks d'eau accumulés sous les sables dunaires qui deviennent

-41-
-Hauteur en mm.
j~
600
500
400
-
300
100
1910 1I
72
T~
74
75
76
71
78
79
80
81
82
83
84
85
Fig. 9. Variations des précipitations. Station de Cakar_Yoff.

- 42 -
par la suite plUs difficiles à attein4re. Ainsi la nappe d'eau salée,
alimentée par le biseau salé de la mer, est montée en surf'aoepour im-
·biber les "céaues", bas-fonds' et pui ts rendant leurs eaux presque im-
.
.
propres à la culture. La persistance de la sécheresse pourrait se tra-
duire à terme, si les nappes ne sont pas oorrectement réapprovisionnées
par une véritable pollution des eaux, ce qui limiterait à la fois les
emblavures et les légumes susceptibles d'être cultivés avec quelque
chance de succès.
1a faiblesse d'ensemble de la pluviosité est compensée par
l'abondance, dans la presqu'île du CAP-VERT, des précipitations occultes.
1a rosée, particulièrement abondante dans leè NIAYES, est par-
mi les facteurs les plus favorables pour leur mise en valeur par culture
désaisonnée. Eau de condensation non enregistrable aU pluviomètre, elle
présente néanmoins une grande importance dans les NIAYES surtout en sai-
son sècle qui est la période de grande production maraîchère et en même
temps celle où les plantes, altérées par la ohaleur et la sécheresse du
jour, ont le plus besoin d'eau.
Selon M. ARNAUD (5), la rosée représenterait IOmm de pluie
par an. Ce chiffre serait sous-estimé, car il ne tient pas compte de la
condensation produite sur la végétation. On estime que 20 millions de
litres d'eau peuvent se condenser en une nuit dans la partie de la pres-
qu'île située à l'Ouest du méridien de Rufisque.
Le brouillard est aussi un phénomène assez courant dans la ré-
gion de Dakar et ne se dissipe qu'après les premières heures du matin.
Les NIAYES oonnaissent deux types de brouillards : " celui qui se dépose
dans la première partie de la nuit, fin, et qui convient aux fruits et
légumes; le brouillard de 5 - 6 heures du matin, dense, lent à s'évaporer.
Or, le déficit d'évaporation brusque provoqué par l'intensité solaire
peut faner les légumes." (6)
(5) ARNAUD J.O. (20) page 18.
(6) DIARRA B. (45) page 18.
1
,j

- 43 -
Ces préoipitations oooultes aocroissent l'humidité relative de
.l'air. L 'htimidi té atmosphérique décrott régulièrement de la. cSte vers
l'intérieur comme le montre le tableau suivant •
1
.
.1 DAKAR
IOFF
.1
TRIES
TAMBACOUBDA

-------+.--~-------++-

Sur la côte, l'air est toujours chargé de vapeur d'eau, même
en saison sèche. L'humidité relative, minimum en Janvier, croît progres-
sivement pour atteindre son maximum en Août - Septembre - Octobre.
Le climat de la presqu'île du CAP-VERT, malgré la faiblesse de
ses précipitations, est ainsi assez propice aux spéculations maraîchères
et fruitières pendant la saison sèche à condition que l'eau soit disponi-
ble pour l'irrigation.
C - Les ressources en eau.
Dans toute la presqu'tle du Cap-Vert, l'écoulement superficiel
est réduit à peu de choses, sauf pendant l'hivernage. Mais l'hydrologie
souterraine vient combler largement cette insuffisance.
Ce qui fait l'importance des NIAYES, c'est la possibilité de
trouver de l'eau à faible profondeur. D'ailleurs leur existence est liée
à leur alimentation en eau par la nappe des sables dunaires. Devant l'ab-
sence quasi totale de précipitations pendant huit mois secs, la nappe
phréatique joue un rôle fondamental pour la culture des légumes de saison
sèche.
L'alimentation de la nappe est étroitement liée aux précipita-
tions d'hivernage et sa puissance varie au cours de l'année. En année de
bonne pluviométrie, la nappe peut être atteinte à très faible profondeur.
Des études faites par la Société de
lliveloppement des NilYES (SODENIA) en

- 44 -
. 1966 à NIAGA et à NIACOULRAP ont permis de oonstater que le niveau mini-
"mum de la nappe e·st atteint tout à la fin de la. saisonsèohë(fin Juin,
d~but Juillet),- alors que ie maximum int-ervient en Septembre- Ootobre
(fin de la saison humide). Ce qui signifie, pour oe dernieroas, que les
eaux de la nappe réagissent à la pluviométrie aveo un retard de ~eUx mois.
Le niveau de la nappe varie également d'une année à l'autre,
en fonotion de l'importanoe des préoipitations (Voir fig. IO). L'ampli-
tude de oes variatio~s peut osoiller d~ quelques dizaines de oentimètres
en saison sèohe à quelques mètres en année pluvieuse.
L'implantation .de stations de pompage par la Sooiété Nationale
d'Exploi tation des Eaux du Sénégal (SONEES) dans les Niayes du CAP-VERT
a entrarné aussi un abaissement sensible de la nappe phréatique. Plusieurs
dizaines de milliers de mètres oubes d'eau sont pompés par jour dans la
presqu'rIe pour le ravitaillement de la oapitale. Si l'on ajoute l'eau
utilisée par les mararohers ou par diverses entreprises et les effets né-
fastes de la séoheresse, on arrive à une situation tout à fait alarmante.
Depuis I968, dans le seoteur septentrional des NIAYES, la nappe est des-
oendue jusqu'à un niveau inaooessible par les puits habituels (I5 à 20 ml.
D'autre part, l' ab ai ssement de la nappe a entraîné la remontée de l'eau
salée sous-jaoente et l'abandon
de vastes superfioies de bas-fonds jus-
que là réputées fertiles. Dans la partie oooidentaie de la presqu'rIe du
CAP-VERT, la nappe déjà surexploitée ne présente plus de possibilités
nouvelles. Par endroits, des remontées de sel se manifestent et une ex-
ploitation plus intense pourrait aboutir à la stérilisation de la région
(fig. II).
Par ailleurs, la position avanoée de la presqu'rIe dans l'ooéan
entrarne des problèmes de oontaot entre l'eau salée de la mer et l'eau
douoe de la nappe phréatique. La prospeotion éleotrique a mis en évidenoe
diverses zones à eau salée et a permis de fixer approximativement la li-
mite d'extension des sables â eau salée en profondeur. (fig. I2).
Il ressort de tout oela que la nappe phréatique, même si elle
se présente enoore dans oertains endroits en quantité suffisante, est gra-
vement menaoée; et partant, o'est l'importanoe éoonomique des NIAYES, vérit
bles jardins de DAKAR, qui est en oause.

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1983
Fig. 10. Fluctuations de la nappe phréatique
dans les Niayes.
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-46-
FiS(. ~. Lecantaet. de la nappe phréatique avec I-eau marine.
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f - - - - - - - EAU SALEE
Croquis d'après David K. Todd
(cité par Nguyen V-Co B. (9S) pST)
REMARQUE : Quand on effectue un pompage
dans la nappe d'eau douce, l'interface émet ver-
ticalement un cOne d'eau salée. D'où le danger de
salure de l'eau du puits si le pompage est abusif.

,mm ~nes inexploitables: eaux entièrement ou presqu1entièrement salées
Zones douteuses: eaux douces d'épaisseur en général inférieure
o
à 20m, reposant sur des eaux salées
,[ZJ Il
eaux douces surexploitées
"
Il
'Il
eaux plus ou moins
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saum~tres en surface
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F-a. ~2. Les possibilités d~utiiisat:iDn de la nappe des sables.
('dl après
Etude, hydrologique des Niayes du Cap-Vert. 1963)
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- 48 -
D - Les sols.
Plusieurs études entreprises par l'ORSTOM et la SCET Interna-
tionàl sur les ressouroes en sols dans l,es NIAYES et leuré' ,apti tudeB. cul-
turales ont permis de distinguer essentiellement deux ,types dé sols:.
- les sols ferrugineux tropioaux sans conorétion (ou sols dior),
- et les sols organiques (ou sols de niaye).
Bien qu'ils soient de fertilité très différente, les uns et les
autres peuvent être oultivés indifféremment.
Les'sols dior • ~'origine réoente, ces sols se sont développés sur
-
-
-
'
les dunes rouges. Ce sont des sols médioores et uniformément pauvres en
potasse et en acide phosphorique, mais leurs potentialités sont .inoontes-
tables. " Quand il,y a de l'eau en suffisance ( ••• ) et apport d'engrais,
ils peuvent porter aussi bien des cultures mara!chères que des oultures
t'hivernage." (I) Cependant, 'dans la banlieue de DAKAR, ils sont généra-
lement réservés aux traditionnelles cultures d'hivernage: araohide, mil,
"niébé" (harioot seo), etc ••• Leur teneur en argile est assez faible, d'où
~eurs immenses besoins en eau. Quand arrive la saison des pluies, les sols
dior S'imprègnent et "l'eau météorique, percolant à travers la dune, arrive
à entratner et à déposer vers le niveau hydrostatique, une quantité d'élé-
ments meubles suffisants pour former un horizon assez riche en argile et
en limonite, ainsi qu'en produits de déoomposition. L'horizon, enriohi du
haut vers le bas, se trouve mis à découvert par la sui te, par sui te du
oheminement du sable sus-jacent" (2).
Les sols de .~aye • Constitués d'une très forte proportion de sable
fin, humidifiés en permanence du fait de la présence de l'eau à faible
profondeur, riohes en acide phosphorique, les sols de niaye sont de loin
les plus fertiles de la région du Cap-Vert.
Une topographie irrégulière - oomme le cas d'une niaye - en-
traine une grande hétérogénéité des sols comme le montre la figure 13.
La zonation des sols organiques se fera donc en fonction du relief et de
la plus ou moins grande proximité de la nappe phréatique.
(I) NGUYEN V - C.B. (95) page 53.
(2) GORODISKI A. (6)

, Fig. 13 .
Représentation schématique
de la série des sols d·une niaye.
(ci'après Gaucher G.
(5) p5I)
Sol dior
B
"
1
0\\
~
1
Sol de
iérengal~ntermédiaire
5
1entre 5 et 7
Intermédi_
. re entre
3 et 5
1Sol
Sol
~ARQUE : Les niayes typiques étant des
d~pressions fermées, l~eaulibre occup~ le
centre et les types de 801 ~e répartissent
autou~ soUs fo rme d" àuréoles concentriques •
.. ~_..
"~:"""""""_<l8!.;&
. ,",.~$.
,M"'_"'''3''}'~'i""''',·--.··"œ--'''''''''·-·~·~~''~~'c'l;'~·'~'i;,;;r--,-'"?·'T~':;"~"-'~=-'::"~;'~"'~'~~

- 50 -
Dans les zones les plus basses, sur, les sols organique. ressuyés,
"t8ient pratiquées les cultures marafoh're. diverses de déorue sans lrr1-
gtdion. èe' s~'nt gé~éraiemen1;des lépes gàrges,' d'eau, de q\\l~li.té médioore•.
Puis à un niveau supérieur, s'tF sols plus ou moins inondables humifêres,
, mais où la n~ppe était plus pro~n4e en saison sêohe, l'·irrigation deve-
nait nécessaire. Les légumes produits sont alors dé meilleure qualité.
Sur les sols de bas-fonds non inondables assez humifêres, avec une nappe
se situant d'un à deux mètres de profondeur, étaient pratiquées souvent
des oUltures marafohères en toute saison, mais l'irrigation en était di~­
ficile. Leur mise en valeur restait limftée du fait des frais de ouI tures
élevés qu'ils nécessitaient.
Depuis le début des années 1970, du fait de l'impaot de la s~­
cheresse, la vooation et les mises en valeur "olassiques" des différentes
parties des sols organiques tendent à dispara!tre. La nappe phréatique
s'enfonçant très sensiblement, même les sols maréoageux à hydromorphie
permanente d'antan, nécessitent de nos jours un arrosage quasi permanent.
14. FALL résume bien la situation. " ••• dans une aotuelle paroelle maraf-
ohère, où était produit du riz en 1971 et où les enfants du village pê-
chaient des silures, il a fallu en 1979 oreuser une oéane de 4m de profon-
deur pour pouvoir y produire des pommes de terre (normalement oulture de
sol à hydromorphie de profondeur) et des ohoux (normalement oulture ne née es-
si tant pas d'arrosage oar s. aooommodant/'ll 'un excês d 'humidi té) " (3).
Le calendrier agrioole tend également à disparaftre tans le
CAP-VERT. Si en 1969, les opérations culturales commençaient dès la baisse
des eaux, à partir de Novembre en année moyenne (4), aujourd'hui ohaque
produoteur sème 'quand bon lui semble. D'une maniêre générale, la s~ohe­
resse a, pour ainsi dire, libéré le marafcher cap-verdien de sa dépendance
vis-à-vis de la nappe et des sols, et permis une nouvelle répartition sai-
sonnière du travail.
L'observateur non averti ne peut que se reJouir de la richesse
des sols des N1AYES. En fait, il ne faut pas surestimer leur richesse
oar ils sont souvent pauvres en potasse et en acide phosphorique. La ma-
tière organique n'est abondante que dans les bas-fonds. Enfin, étant donné
(3) FALL X.J4. (66) page 82
(4) ARNAUD J.C. (20)

- 51 -
leur pauvreté en réserves ohimiques, des apporfs d'éléments minéraux sur-
t01,1t. potàssiqu~s sont plus' .01.1 ,moins néoessaires' et peJ;'Dlettent tPaugmenter
tr"s: sensiblement le potentiel agronomique de.oes sols. C'epÊmdant, la grande
variabilité des sols des BIAYES dOit,inQiter dans toutes oes.aotions à des
mesures de, prudence. Des observations faites sur les essais' d'engrais en
ou1ture maraîohère dans certaines niayes ont amené certains spécialistes
à oonc1ure qu'il est néoessaire, étant donné la grande variabilité des
sols, d'établir pour chaque niaye une carte pédo10gique aussi détaillée
que possible et d'éviter à tout prix l'emploi de la formule "engrais passe
partout". Il faUdra donc rechercher pour chaque uni té pédo10giqtie et pour
chaque culture les form'ules et les doses les plus rentables. En
outre,
la présence des sols halomorphes nécessite des aménagements plus ou moins
importants suivant le degré de salinité et la texture du matériau.
Malgr~ ces inconvénients, les sols de la presqu'r1e constituent
un milieu acceptable pour les cultures maratchères. Dans ce domaine, comme
dans celui du climat et des ressources en eau, se note la situation privi-
légiée des NIAYES dans le oontexte sénégalais. La présence des sols humi-
fères, de mise en valeur faoile, a certainement joué le même rôle que le
littoral dans le développement de la banlieue dakaroise.
II - LE LITTORAL SENEGALAIS
Le Sénégal présente une façade maritime de 240 milles (1) de
latitude orientée Nord-Sud mais qui, de l'embouchure du Sénégal à JOAL,
s'enfonce comme un coin dans l'océan pour se terminer par la presqu'r1e
duCAP-VERT. La côte basse et bordée en général d'un cordon dunaire sableux
et rectiligne se poursuit par un plateau continental peu accidenté. La
superficie de cette plate-forme est résumée dans le tableau suivant. (2)
----,------------
:
Fonds de
z 0 - IOm
10 - 50m
50 - 200m
TOTAL
Surface (km2)z
4.100
14.200
9.800
28.100
-----------------
(1) Rappelons que le mille marin vaut 1.852 mètres.
(2) REBERT J.P. (12) page 14.

- 52 -
Par rapport au oontour de la oôte, 18" profil du plateau oonti-
J;lental est o~i~enté dans le sens Nor4-Sud. En effet, si tué à 27 milles au
-
..
-
,
-
tàrge deSAINT;..r.OutS, l'isobath.e 20bm se rapproohe doucement de la c6te
vers le Sud. Il s'élargit ensuite assez rapidement au Sud de la presqu'
rle dU. .Cap-Vertpour atteindre une largeur de 54m1lles à la latitude
12°45 et 68 milles au large de la. GUINEE BISSAU.
Les fonds sont entaillés au Nord du CAP-VERT par un canyon sous-
. marin qui traverse la plate-forme sur toute sa largeur, la fosse de CAYAR.
1
.
' .
A partir de cet endroit jusqu'au CAP-VERT, le plateau continental devient
~rès étroit. L'isobathe IOOm.n'est plus qu'à 5 ou 6 kms de la côte. Du
.
.
CAP. TIMERIS au CAP-VERT, de nombreux autres canyons de moindre importance
. entaillent le rebord du plateau continental. Les plus importants sont
situés à 16°30' N et 16°50' N.
Aux fonds uniformément sableux du plateau au NORD, s'opposent
ceux beauooup plus variés de la zone Sud. Au Nord, au droit de l'embou-
chure du Sénégal, les sables sont mAlés à des particules limoneuses trans-
portées par le fleuve lors de ses crues d'été. Ces fonds sablo-vaseux sont
exoellents pour la pêohe.
Les voyageurs ont toujours été frappés par l'extr~me richesse
de la faune marine du Sénégal. ADANSO parlait déjà de "banos de poissons
si serrés qu'ils roulaient au-dessus les uns des autres." (3) Cette fer-
t{lité remarquable des eaux s'explique par les conditions hydrologiques
particulières qui règnent dans les eaux ootières sénégalaises.
L'Atlantique tropical oriental constitue, de la MAURITANIE à
l'ANGOLA, un milieu d'une homogénéité remarquable. Les courants contri-
buent au renouvellement continu des eaux chaudes de surface par les eaux
froides profondes plus riches en sels nutritifs. Ce renouvellement cons-
tant est à la base d'une grande richesse biologique: les mélanges d'eaux
de température, salinité et densités différentes déclenchent d'actifs
processus générateurs de vie. Grâoe à la remontée des sels et l'intense
lumière tropicale, les organismes du phytoplancton se reproduisent très
--,------
(3) ADANSO, correspondant de l'Aoadémie des Sciences au milieu du XVIIIe
siècle, cité par SY E (119) page 349.

- 53 -
rapidement par photosynthèse de la matière ~rganique. Le Sénégal occupe
une place privilégiée car il vot t ses eaux renouvelé~~ et eIigraissées
c
neuf mois sur douze. Cet engraissement est à l'origine d'une immense
richesse ichtyologique qui attire les flottes de pêch~ étrangères en
m@me temps qu'elle permet de vivre à une nombreuse population de pê-
cheurs autoohtones équipés de modestes embarcations.
La circulation des masses d'eau dans l'Atlantique tropical
oriental permet de comprendre l'existence de véritables saisons hydro-
logiques au large des côtes sénégalaises.
De_M~~-!_Nov~~~ : Lorsque les alizés cessent de souffler,
les eaux accQmulées par le contre-courant équatorial dans le GOLFE de
GUINEE se mettent à dériver vers le Nord et en surface. C'est pendant
cette période que le réchau~fement des eaux atteint son maximum avec une
température de surface comprise entre 26 et 29°. La salinité reste é-
levée, elle est supérieure à 35%0. L'arrivée de ces eaux chaudes et
salées se produit généralement dans la seconde quinzaine de Mai. La tem-
pérature augmente alors rapidement (de 5 à 6°, du fond à la surface)
et la transition est brutale.
Au niveau de la Petite Côte, ce courant est écarté du litto-
ral par le phénomène des upwellings et dévié vers l'ouest en raison de
la topographie de la presqu'île du CAP-VERT qui infléchit le courant.
Au Nord du CAP-VERT, ces "eaux guinéennes" chaudes s'insi-
nuent entre la côte et les eaux plus froides du large. D'où l'alternan-
ce d'une saison chaude et salée de fin 1Iai à Août et d'une saison chaude
et dessalée d'Août à Novembre.
(La dessalure des eaux est due aux pré-
cipitations abondantes d'hivernage).
~~_~~!~~~re à_lli~, les eaux chaudes et légères de surface
sont écartées du littoral par les alizés et les eaux froides remontent
des profondeurs. C'est l'upwelling côtier. Ces eQUX riches en sels nu-
tritifs sont favorables à une croissance rapide du phytoplancton qui
entraîne de fortes concentrations de poissons. Ces eaux froides et sa-
lées progressent peu à peu vers le Sud, sous l'action des vents pendant
toute la saison sèche.

1
- 54 -
!Am,EAU IV - Da.rie moyenne cles saisons 4e l'up1tel11ng le long
cle là ô8te Nord-Ouest afrioaine (4"' apr~s SCBEMAIJ'Dl:
~~
.
i
et flEHB!No, oi:t ti par TEISSON' C. (15 ) page 8 ') •
.1
ZONE
ILATITUDE
1 Période d'upwelling.=
Durée moyenne de la
1
saison d'upwelling.
1
:
1
1
:
._,------ -- ------------------- -
. - - -
.1
1
CAP JUBY
1 Toute l'année, maxi-
I2 mois
'
1
1
1 ·mUID de Juin à Oct.
1
----------,--
...._---------------.;.
.1 BAIE de GOBEE 1
Toute '1' année
:
I2 mois
, 1
......._--,
: 1
1
. .1
1
1
CAP BLANC
Toute l'année
I2 mois
1
1
:
:
...,------,-----......._--
-----------,-----
.1
1
1
:
1
NOUACICCHOTT
Octobre à Juin
9 mois
î,
1
1
.1
--.------
_!..._-------------~..:.
.1
.1
1
.1
CAP - VERT
I4°40 li .1 Fin l'ov. à mi-mai
5 mois et I/2
L -
...;;,.'
._:....I
_
1
:
----------------
,1
1
:
CAP - ROXO
1
Fin Déc. à mi-mars
1
2 mois et I/2
,1
.1
1
:
--- ----,---_._-......,;"
1
CAP VERGA
1
IOO li
1
Février
1
l mois
1
:----,----
1
1
-----
:
De la saison chaude et dessalée à la saison froide et salée,
"la transition se fait par sautes brutales de tempér.ture et de salinité,
comme si les deux masses d'eau se disputaient le plateau continental.
Après quelques jours d'alizé, la température peut tomber de plusieurs de-
grés et la salinité prendre sa valeur hivernale. Finalement, en Janvier,
il ne subsiste plus rien des eaux chaudes et dessalées." (I). La tempé-
rature de surface est comprise entre I6 et 24° et la salinité, en surface,
varie de 35,30 à 36 %0. Généralement les températures les plus basses
se situent en Février.
Le littoral sénégalais peut être divisé en deux grands domai-
nes hydrologiques, délimités par la presqu'rle du CAP-VERT.
(I) BERRIT G.R. (2) page 747.

- 55 -
Au Sud, où s' étent· un littoral 'bàs, entreooupé ..seulement cle
quelques estuaires vaseùx (SAlDUM, G.üœIE, OAS.AlWfOE), aooiclent' parfois
.
.
..... pointements .rooheux etete falaises) le ]ilateâ,uoontinéntal offre aux
aotivi tés de pAohe un milieu privilégié, ~n raison de oondi tions hydrolo-
gi~ues partioulièrèment favorables. Dans oe.seoteur se produisent, sans
.
.
.
interruption toute l'année,des upwellings qui amènent en surfaoe des eaux
plus froides et plus riohement minéralisées des profondeurs, engendrant
un renouvellement constant des eaux superficielles, 40nc une remarquable
abondance plançtonique et une grande richesse iohtyologique. D'autre part,
sur les ~onds vaseux qui s'étendent en faoe de l'embouchure des fleuves,
la.: richesse végétale et animale est grande grâce à l'abond.ance ies pro-
~
.
.
.
luits orgàniques transportés par ies eàux oontinentales. Le plateau de
JOAL ·est particUlièrement favorisé: il oonstitue une frayère très peuplée
ou les alevins de diverses espèoes accomplissent leur premier oycle de
\\
oroissance (2). La pêche, dans ces conditions, peut &tre pratiquée en
toutes saisons sur la Petite C6te.
Par contre, la Grande CSte paraît molbns favorisée que le secteur
li ttoral au Sud de la presqu 'tle du CAP-VERT. Mis à part l'estuaire du
Sénégal, cette partie des eStes sénégalaises est dépourvue de tout débou-
-ché fluvial et ses fonds cStiers, sableux, sont ainsi moins riches en ma-
1
tiè~es organiques fertilisantes •. La pAche s'y interrompt presque totale-
ment durant les mois d'hivernage: en l'absenoe d'upwellings, les eaux cS-
tières, médiocrement fertiles, se dépeuplent. C'est avec l'arrivée des
eaux oanariennes, en Décembre, que les bancs de poissons migrateurs ar-
rivent par masses importantes sur la Grande CSte qu'ils désertent non
moins massivement à partir de Juin.
Le pmisson est le derrder maillon d'une ohaîne alimentaire
complexe et la riohesse des eaux marines dépend en dernière analyse de
la quanti té de sels minéraux dissous assimilés par le phytoplanoton qui
se forme à la surface de la mer. Une faible partie du phytoplancton est
absorbée par oertains types de poissons (olupéidés) mais il est surtout
connu oomme aliment du zooplancton. (fig. 14). Ainsi une partie de l'ooéan
(2) NGUYEN V-C.B. (96) pp 740 - 742.

,Fig. 14 .
Schéma de la chaîne' 'alimentaire.'
(Croquis d'après Bineta IPDiaye Diop (56)
Lumière
i
î
Î
p~che
Phytoplancton
~
Zooplancton
Poi ~;nons
-
Broutaee
1 rédation
j
Prédation
Upwelling
Mort, déeradation et dépOt
des 0 rganismes vivants.
~els nutritifs
j

- 57 -
sera d'autant plus riche en poissons que les sels Minéraux dissous y se-
ront présents.en-grànde quantité et o~ntinuellement renouvelés.
Le plateau oontinental sénégalais abrite une faune subtropioale
qui rappelle par sesesp~oes de fond . (pagres , mérous, etc••• ) oertains
traits des espèoes de mers tempérées et, par sa faune de surface (tasser-
gal, olupéidés, etc ••• ) les oaraotères des mers ohaudes. La presqu'fIe
du CAP-VERT sert de limite à oes deux aires de peuplement distinct.
Le Sud du CAP-VERT, aux fonds riches, est le domaine des espèces
de mers chaudes, c'est-à-dire les espèces de surface, mais on y pratique
également la pêohe à la ligne de fond. Au oours de l'année, se suooèdent
. ainsi deux saisons t
- De Décembre à Avril se déroule la grande campagne de saison sèohe.
Les prinoipales espèces pêchées sont, par ordre d'importance, le "thiof"
ou fausse morue, le "rour" ou mérou gris, le "diarègne" ou daurade, le
"ouaraye" ou pagre, le "yewal" ou vomer, etc •••
1
- D'Avril à Novembre, les poissons de surface abondent sur toute
1
~'étendue du plateau continental et, pendant huit mois, ils constituent
~
i
le gros des captures. La pêche des espèces de surface donne lieu à une
1
oampagne d'hivernage lorsque la pêche sur la Grande CSte est totalement
terminée. Les sardinelles entrent pour une part notable dans la gerbe
1
des captures. Ces poissons séjournent par masses très denses sur la Petite
CSte de Mars à fin Septembre. C'est dans la baie de GOREE, pendant la
1
période des upwellings que les sardinelles accomplissent leur premier
1
cycle de croissance. Puis de Mars à Novembre, elles se succèdent en vé-
~.~
ritables bancs au Sud du Cap-vert et séjournent aux embouchures des fleu-
i
ves et surtout sur le plateau de JOAL qui constitue une importante fra-
~
yère.(3)
La Petite Côte dispose dono de ressources abondantes, variées
et surtout permanentes qui permettent à une nombreuse population côtière
1
de vivre sans aucun problème de soudure.
1
1
Au Nord de la presqu'rIe du Cap-vert dominent les espèces de
fond. Les fonds, sableux, sont oertes pauvres, mais les eaux sont peu-
(3) NGUYEN V-e.B. (95) page 34.

- 58 -
plées de bancs de poissons de mers tempérées qui viennent dans le Nord
.en~mêmë temps que lès ea~ hivernales, au début de l'upwelling. Dentés
et tal1lserga1s forment l'essentiel des prises effectuées par les pêcheurs
de Décembre à Mai. En plus de ces espèces migratrices, le plateau oonti-
nental ~e la Grande Côte héberge des espèces de foni sédentaires, telles
que mérous, pagres et daurades.
D - ~~!!..E~!!!~~èn~s m1gr~toires d!!_~pulat~!!_~-Eêcheurs s~_le
li ttora1.
1
La présence des bancs de poissons au large du littoral sénéga-
lais étant saisonnière, les hommes, s'ils veulent pratiquer la pêche
f,
toute l'année, doivent effeotuer des migrations vers les centres mari ti-

mes près desquels se trouvent les gîtes les plus poissonneux. Pour ces
travailleurs saisonniers, deuX points de forte attraction a l'un sur la
Grande CeSte: CAYAR qui est le haut lieu de la migration pendant la saison
sèche et l'autre au Sud de Dakar avec MBOUR, JOAL, etc ••• , points de
1
ralliement pendant l'hivernage.
1
;
1
C'est à partir de la mi-janvier que les pêcheurs saisonniers
epèrent leurs migrations annuelles vers la Grande Côte. Ce secteur du
f
littoral constitue alors un foyer d'attrait puissant pour les pêcheurs
de tous les centres maritimes. CAYAR qui demeure le principal point de
1
pêche de la Grande Côte apparaît, pendant quelques mois, comme le centre
maritime le plus actif du pays. On rencontre, au large du village, plus
!
de IO.OOO pêcheurs (I) venus de tout le littoral qui s'étend entre NDIAGO
sur la frontière mauritanienne et MEOUR, au Sud, au coeur de la Petite
Côte.
1
Tous ces "étrangers" venus avec épouses, fils, frères et soeurs,
demeurent sur la Grande Côte jusqu'en Juin qui marque la fin de la cam-
1
pagne. Les eaux côtières, durant ces mois de la saison sèche, abritent
f
successivement ou simultanément des bancs qui s'offrent aux captures
des pêcheurs. La campagne d'activité intense ne commence vraiment qu'avec
l'arrivée des saisonniers de GUET NDAR.(2). Ce sont les plus nombreux.
Par exemple, durant la campagne de 1964-1965 à CAYAR, "avec leurs 333 piro-
gues, ils l'emportaient de beaucoup non seulement sur les pêcheurs Caya-
rois (75 pirogues), mais sur la totalité des autres saisonniers (79 embar-
1
(I) ~O~CE 1 Plan d'action de la pêche sénégalaise (I08).
l
(2) GUET NDAR: faubourg où vivent les pêcheurs à Saint-Louis.
1

- 59 -
.. oatione) et repr'sentaient teuxfois et demi plus de travailleurs que
les uns. et les .autres ensemble~. (3) Leurs migrations sur les villages
.
.
d~'pêche de la ~rande Côte 'sont tr~s anoiennes mais à l'origine, e~les'
n'avaient auoun lien avec des reoherohes de revenus s1léohants puisq~e
1 •. quasi totali té de oes point s de' pêche étai ent enolav's par une "mu-
raille n de dunes diff'ici~ement franchissables pour les camions des com-
merçants. Mais lorsque l'ali~é souffle, de Janvier à Avril, l'océan est
très houleux devant l'embouchure du Sénégal. La navigation présentait
1
de tels dangers pour les "frêles embarcations que sont les pirogues, que
l·es pêcheurs devaient' s"abstenir pendant des jours et des jours de toute
1
sortie en mer. Sur le reste de la Grande Côte, par contre, l'accès de la
j
plage est assez aisé même par forte tempête et la pêche peut donc s'y
effectuer dans des conditions de sécurit' relativement satisfaisantes.
De Janvier à Avril, la pêohe sur cette partie du littors1 est
très fructueuse. C'est la saison où abondent fausse morue, tassergal,
daurade, poissons à chair fine très app~éciés des consommateurs sénéga-
lais. Sous l'influence de la dérive oanarienne, ces poissons se déplacent
du Nord vers le Sucl, jusqu'aux environs de lOFF. "Toutes ces migrations, et
surtout l'approche côtière, paraissent liées essentiellement à un tropis-
me n~tritionnel et corncident aveo le début du réchauffement deB eaux.
Les bancs sont attirés vers les eaux riches en clupéidés (ohinohards, an-
chois, sardinelles), dont la présence est elle-même liée, sans doute, aux
premiers réchauffements." (4).
A partir de Juin, une diminution sensible du volume des mises
à terre s'observe dans tous les villages compris entre YOFF et CAYAR et
dès Juillet, la saison de la grande pêohe s'achève. Si pendant la saison
1
des pluies la pêohe ne s'interrompt pas, les sorties en mer deviennent
r
rares et les apports très réduits. Les pêcheurs plient alors bagages et
,
regagnent leurs villages d'origine ou les eaux plus poissonneuses de la
Peti te CeSte.
La re~on qui s'étend au Sud de DAKAR, entre YENNE et JOAL cons-
titue
donc, pendant tout l'hivernage, le point de ralliement des pêcheurs
(3) NGUYEN V-G.B. (95) page 121
1
(4) NGUYEN V-G.B. op. oit., page 38.
1
1

- 60 -
venus de t0u.t le littoral séZ),égambienpour la pêohe au tiret .des. olupéidés.
Ainsi Grande COte, et Petite· C6te, loin de se ooncurrenoer, se oompl~ent
harmoni eusement au oours de i.' année.
Alors qu'ils séjournent sur la Grande Cate avec femmes, filles
et soeurs qui s 'oooupent de la vente et de la transformation des produits
de la mer, les pêoheurs saisonniers oonstituent sur la Petite C6te un uni-
vers purement masoulin. Il en ré sul te que leUrs migrations au Sud de la
. presqu'fIe du Cap-Vert- sont plus instables que dans les villages de la
Grande Côte où existe un véritable habitat pour les saisonniers qui oon-
serve une oertaine permanenoe de site alors qu'il n'y a aucun oampement
1
l
pour les "navêtanett (5) à. YENNE,MBOUR ou JOll.
Si les migrations saisonnières sur la Petite Cate ne revêtent
pas l'ampleur qu'elles présentent au Nord de la presqu'fIe du Cap- Vert,
elles ont constitué cependant un puissant facteur de développement dans
une région dont les potentialités sont très grandes.
Par les oaraotères de son terroir autant que la richesse de ses
~aux, la banlieue de DAKAR met à. la disposition des hommes des facilités
d'activités diverses. Celles-oi ont connu un développement puissant. Ce
phénomène peut être lié à. des raisons humaines, économiques et historiques
variées. Dans quel cadre social s'effectuent les activités du secteur pri-
maire dans la banlieue de DAKAR ? C'est ce que le chapitre suivant s'ef-
force de mettre en lumière.
(5) Navêtane
nom donné aux pêcheurs saisonniers.

- 61 -
C B API T R E
III
...............1:1..... _
LES CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION
--_._----------._--------
l - LA SOCIETE VILLAGEOISE -
A • Partioularisme de l'ethnie Lébou.
l
La banlieue de DAKAR constitue une région dont la population
l
sédentaire appartient à plusieurs ethnies: LEBOU, OUOLOF, S~, PEUL,
TOUCOULEUR, MAURE, etcu.; mais numériquement c'est l'élément OUOLOF qui
·l'emporte. Ces gens duCAYOR ont fui leur pays depuis plusieurs généra-
1
tions pour des raisons diversesl destruotions dues à la longue résistance
1
que .firent les DAMELS (rois) du CAYOR, pendant plus de vingt ans, aux
1
tentatives de pénétration française; insécurité résultant des troubles;
famines nombreuses dans les dernières décennies du XIXe siècle. La pres-
qu'fIe du Cap-Vert a ainsi servi de refuge aux exilés de toutes sortes,
de même qu'elle a accueilli de nombreux SERERE émigrés du SINE SALOUM pour
des raisons identiques. A tous oes réfugiés, prosorits, fuyards, le Cap-
Vert offrait les immenses ressouroes de ses riches terres et de lamer et
1
des oonditions de vie moins précaires et pénibles que oelles qui régnaient
dans les terres ingrates de l'intérieur.
1
Pourtant, en dépit de l'avantage numérique que détiennent les
1
OUOLOF, les villages de la banlieue de Dakar conservent leur caractère
,
de village typiquement LEBOU. Les LEBOU jouent un rôle de tout premier
plan dans la vie villageoise. Desoendants du noyau de populations des
1
origines, martres du terroir, propriété collective de l'ethnie et le oon-
1
cédant à leur guise aux individus des autres groupes ethniques, ils dis-
posent par là, matériellement et moralement d'un puissant moyen d'inter-
1
vention et d'influence.
,
1
Les LEBOU proviennent de différents points du pays, à la suite
de migrations qui ont débuté depuis le XIVe siècle des rives du fleuve
1
Sénégal et qui, à travers le DJOLOF et le CAYOR avaient abouti à l'extré-
{,
1
mité OUèst du pays au XVIIe siècle. Jusqu'à la fin du XVIIIe sièole; les
<Ji
!

- 62 -
LEBOU firent partie du royaume du CAYOR et se seumirent à l'autori,té du
DAUEL. Mais oelui--oiles traitant 'oomme des sujets corvaables l merci, ils
, seoo~~r~nt le 'joug sous l~ oondui te de' Dll 'DIOP qui pro~lama l'indépen-
clance de la République LEBOU et lui donna une organisation originale, re-
posant sur le principe de l~ démocratie et de l'élection. De cette tradi-
tion d'indépendance, la communauté Lébou actuelle a hérité une grande
fierté et un comportement fortement individualiste.
En dehors du DIANDERet de la presqu' rle du CAP-VERT, le petit
peuple des LEBOU égrène ses villages ve;s le Sud, au long de ce qù'il est
convenu li' appeler la Peti te Côte. Sûr ce front de mer d'étendue restreinte
,- mais parti culi ~rement ri che en poïssons, l è Lébou est mdtr'e chez- lui, sou-
,cieux de maintenir un particularisme dans son organisation communautaire
dont il s'enorgueillit. loi, l'ensemble des manifestations villageoisea
est 'commandé par le chef de. village. En dépit d'un affaiblissement de plus
en plus marqué de la coutume, son rôle, à la tête de la communauté, demeure
encore très grand. Chef religieux et politique, il exerce un droit plus ou
moins absolu sur son terroir. D'une façon générale, le droit coutumier
persiste encore dans les villages Lébou pour tout oe qui touche,de près
ou de loin, aux intérêts matériels du groupe et des individus. La méfiance
ies Lébou est totale à l'égari de tout oe qui émane de l'administration
et oet esprit de défianoe peut expliquer,en partie, l'échec de toutes les
tentatives d'organisation coopérative parmi les paysans et les pêcheurs.
B • S!:!elque~onnées sur la population rurale.
Il est impossible ie donner la valeur précise des effectifs de
la population de la banlieue de Dakar, du fait notamment de la mobilité
saisonnière qui s' y effectue. Il est plus que probable que la population
au Sénégal soit surestimée dans les villes et sous estimée en campagne, en
raison du mouvement des ruraux vers les centres urbains. Les statistiques
démographiques sont très rares et quand elles existent, elles sont le plus
souvent défectueuses. Les registres d'imposition tenus par les autorités
locales portent en elles-mêmes leur faiblesse et ne donnent, en outre, que
des approximations.

- 63 -
'TABLEAU
lEZ
V -
Evolution
;
_
~e la population _
j
~
rurale tu OAP -·VERT
i.
'4e I~ni: ,6." 1981.
~our~ ,1 Etuie du plan direoteur d'urbanisme de Dakar. 'l'oJDe 3.
{II5) page 81.
l
-----------------_._------_._--_.-------------
1
1
ANNEE
1
POPULATION
1
---..-~,-----------,---,-----
1
1
1
1
1971

115.000
~

1
------,-----_.....
1
------_._----_.....
f
1
1
î
1972
120.390
1
1
,-----------,---------------'..
1
1
l
1973
124.945
- - - - - - - - - . . ; . - .
1
- -
1
1
1
1
1974
129.657
1
l
--------------'---------------
1
1975
134.530
1
-,_._~-----------~---------------
1
1
1
1976
139.570
1
1
1
----,--------------
1
1
---------1
1977
144.779
1
1
1
-,---
1
--------,-----------------
1
1
f
1978
150.166
1
-------......
1
--------------------
1
1
1979
155.733
1
1 :
:
1
-----------_._----_._--------
1
1
1
1980
161.486
1
1
---,---------------
1
1
1981
167.427
-------------------------
r
f
f
Le tableau V nous renseigne sur l'évolution de la population
r
rurale du CAP-VERT de 1971 à 1981. Etant donné l'imprécision régnant
f
sur l'évaluation 'de la population, ces chiffres ne doivent être consi-
r
dérés que comme des ordres de grandeur. En effet, ils sont - surtout
1
i
pour la période allant de 1971 à 1975 - le résultat de oomptages avec
tous les risques d'erreur et d'imprécision que des recensements non
1
f
j
f
organisés oomportent.
4
~j
l.,'1ij
1

1
- 64 -
ft
- Ainai, 4e I97I à I98I, la population rurale du CAP-VERT a
augmen~' de 52.427 pers0ll:!1es. !ien que 'Ces éval\\1ations Boient très
s~jettes à -oaution, oet_-assés faible àooroissement-ne semble pas 4.e-
1
,
voir être mis en doute. La proximité immédiate de la oap! tale entrdne
un impor~an:t exode des jeunes qui trouvent trop dangereux et peu lucra-
tifs les méti~rs Ide pêoheur et de mara!oher. Ils pensent ainsi pouvoir
échapper à une e~priBe familiale oontraignante et à des aotivités
qu'ils oonsidèrent comme dégradantes. L'on serait tertté de penser que
oes départs devraient être oompensés largement par les vagues d'arrivée,
-dans_ la banlieue, des aotifs de régions de- l'intérieur. Mais tel ne
semble pas être le oas. La baisse de l-a nappe, l'erlgUrté des terres
et les dures oonditions de travail en milieu rural qui se posent aux
jeunes résidents et justifient leur départ sont bien oonnues des nou-
veaux arrivante qui sui vent le même mouvement, ou font un séjour bien
~im1té dans le temps (la durée d'une oampagne de pêohe (6 mois) ou
d'uneoampagne maraîohèrè (8 mois)).
Les enquêtes que nous avons menées dans trois villages de
pêoheurs et quatre villages de maraîohers nous ont permis de oonstater
que la majorité des aotifs se trouve dans des tranohes d'âge assez
élevées. Ainsi 1
- 15% des pêoheurs et maraîohers ont moins de 35 ans;
1
- 48% ont entre 35 et 45 ans;
1
- 27% ont entre 45 et 55 ans;
- et 10% plus de 55 ans.(I)
1
1
La population rurale de DAKAR (relevant du seoteur primaire)
1
est donc adulte. Mais cet âge relativement élevé des individus présen-
j
te d'intéressantes oaractéristiques. La notabilité dans les villages
se mesure au nombre de femmes, à la maison en dur, au faste des bap-
fi
têmes, des mariages, au titre de pèlerin. Nous touohons là le problème
1
l
(1) Les enqu~teB d'un ohercheur Sénégalais en 1972 dans la seule région
des N1AYES avaient donné les résultats suivants:
5,98% des marafohers ont moins de 30 ans,
8,97% ont de 30 à 34 ans,
l
- 26,91% ont de 35 à 44 ans,
- 24,58% ont de 45 à 55 ans,
f
- 33,55% ont 55 ans et plus.
DIA T. (44) page 112.
f1
1

- 65 -
des dépenses improductives qui n'est pas conforme à l ' esprl t de
l'épargnant. oapi tal1ste.- Les dépenses improducti.ves sont tellemen;t
·importantes que -les ruraux,_ malgr·é des revenus . relativement élevés,
1
sont toujours endetté8~
1
Dans l'ensemble de la banlieue de Dakar, les activités vil-
lageoises se répartissent essentiellement entre la pêche, le marafchage
et le petit élevage. Les hommes sont soit pêcheurs, soit cultivateurs
ou les deux ~imultanément.
L'activité mé.ra!chère est plus importante chez les personnes
âgées que chez les jeunes. Quand le pêcheur franchit le cap des 45 ans,
il songe à se retirer de ce dur métier qui demande beaucoup de muscle,
pour s'occuper désormais de jardinage et de oultures d'hivernaae.
Les jeunes/qui n'ont pas le plus souvent de terres à culti-
ver, pratiquent plutôt la pêche et ne font du maraîchage qu'une acti-
1
1
vité secondaire. Cependant, la pêche n'est pas leur principale acti-
i
,
vité. Certes de Décembre à Juin, elle est leur unique occupation, mais
f
1
dès qu'arrive la saison des pluies, les pêcheurs s'emploient dans les
[
champs où ils cultivent mil, arachide et maïs.
1
En dehors de la main d'oeuvre familiale, les villageois
font très souvent appel à une main-d'oeuvre locale et étrangère. Ce-
pendant, cette dernière est la plus répandue. Chaque année, durant la
saison sèche, la banlieue de DAKAR attire une foule de travailleurs
saisonniers qui sont presque tous d'origine extérieure à la presqu'
1
t
île. La population de certains villages, pendant cette période, s'en
trouve au moins doublée.
1
f
Ces saisonniers sont en premier lieu des paysans du bassin
arachidier, qui abandonnent leur village dès la fin de la récolte des
arachides pour offrir leurs services aux maraîchers. Il est très dif-
ficile d'évaluer leur nombre car ils constituent une population très
flottante. Appelés généralement "sourgha", on peut les classer en
trois catégories 1
1
1
1

- 66 -
- la main-d'oeuvre permanente employée-surtout tans les grandes
exploi tations frui ti~res,
- les ouvriers agriooles temporaires tr~s sollioités en cultures
mara!ohères~Cettemain-d'oeuvre est employée de Novembre à Kai, en
pleine période de production légumière;
i
i
- les tâcherons utilisés comme main-d'oeuvre d'appoint pendant
les périodes de grands travaux: creusement des puits, defriohage,
labour, réco~te.
Les autres travailleurs saisonniers sont essentiellement
des pêcheurs qui vi-enn~nt de différents points -de la oôte sénégalaise.
Comme le premier groupe, ce sont surtout de jeunes ruraux qui viennent
s'employer aux diverses aotivités que fait naître la pêohe. En outre,
à partir de MAI, les villages de la banlieue de Dakar constituent des
foyers d'attrait puissant
pour les p~oheurs du Nori qui opèrent leurs
migrations annuelles. Aujourd'hui, pour tous ces pêcheurs saisonniers,
le mobile prinoipal de la migration, o'est la recherohe de gains qu'on
peut avoir ioi plus que partout ailleurs au Sénégal. Les villages sont
favorisés par leur position exceptionnelle, à portée immédiate4e la
oapitale et des principales villes du oentre-0uest: quel que soit le
tonnage pêché, le poisson est assuré de 4ébouchés. D'autre part, cet
argent gagné échappe généralement à la ponction familiale.
La proportion importante de ruraux Cap-Verdiens ayant adopté
une autre activité tout en conservant leurs terres ou leurs pirogues,
a beaucoup favorisé l'arrivée massive de ces travailleurs saisonniers
étrangers. A oela, il oonvient d'ajouter le départ vers Dakar des jeu-
nes qui trouvent peu lucratifs les métiers de pêoheur et de maraîoher.
La proximité de Dakar et son extension ont entraîné une di-
versification des activités rurales en offrant de nouvelles possibili-
tés de travail. La baisse en vingt ans de la part de l'agriculture
dans les activités villageoises à YOFF est tout à fait notable: 30%
en I948; II,50% en I969. Dans le même temps, les activités nouvelles
nées du développement de la métropole passaient de 26 à 6I%.
1
1

- 67 -
Le sondage effeotué au 1/50e de lâ populationaotive de
. "OAlœEREBE par .K.• ~EYE, .oon~rine enoore l·.a.tt:rai~q~·exeroentlespro-
tessions urbainesc1ans la sooiété Villageoise {tableau VI)
Tableau VI - ~~artition sooio-professionn!~le à CAMBERENE •
Source l' BEIE M. (28) page 88.
--
,----------------------------
1
Aotivi tés sooio-professionnelles ..1
Nombre
1
Pouro ent age
1
1
J
1
1
----
,1
t-
Maçons
1
1
25
22,72
1
1
1
1
-
1
Menuisiers
1
23
1
20,90
1
..
1
1
1
- - -
--_--:.-_-
ri
1
Chauffeurs
1:
21
1
19,09
1
1
1
t
-----
----------------
---_.
1:
1:
.1
Eleotrioiens-méoanioiens
14
12,72
·•
,1
1:
1:
1:
- - - -
,
!

a-
Commer9ants
1
12
1:
10,90
I
1
1:
~
. -
- - - - -
-'--
1
1
'1

Fonotionnai res
10
9,09
·
1
1
1
1
-
o'
Cultivateurs-éleveurs
1
1
3
2,72
1
.
1
1
:

- - - - - - - - - - -
- - - -
1
:
:
Artisans
1
2
1,81
.
1

1
----
-
Le phénomène de transformations aotuelles de la société vil-
lageoise s'est manifesté depuis quelques déoemnies sous l'influence de
faoteurs extérieurs au monde villageOis.
Il s'agit essentiellement de l'attrait de professions urbaines
qui réduisent les aotivités traditionnelles au rang d'activités secon-
daires. Nos enquêtes dans la région de YEUMBEUL - MALlKA - KEUR JrlASSAR
nous ont permis de oonstater que près de 35% des mararohers exer9ant

- 68· -
une profession urbaine, oontinuent à exp10ïter leurs jardins à l'aide
d. t ouvriers- agriooles (I).
Généralement modestes, les emplois occupés par les villa-
geois allant travailler à Dakar, sont cependant sdrSt en effet,les
ruraux ne consentent à faire passer leurs activités traditionnelles
au rang d'aotivités seoondaires que s'ils parviennent à trouver un
emploi bien stable.
Les transformations de la société villageoise se manifes-
tent également par le détournement des jeunes vis-à~vis des activités
villageoises traditionnelles. Les raisons essentielles de Oe phénomène
sont à trouver dans le soolarisation. Il est très fréquent de voir en
mi l i eu rural un jeune ayant fréquenté l' éoo1 e, refuser de participer
à toute
activité
traditionnelle
qu'il considère oomme dégradante.
L~ remarque de la Grande Royale trouve ici toute sa pertinenoe. llL'éco1e
où je pousse nos enfants tuera en eux oe qu'aujourd'hui nous aimons et
conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir 1ui-m&me
mourra-t-il en eux. Quand ils nous reviendront de l'éoo1e, il en est
qui ne nous reconnaîtront pas." (2) Ce dédain qu'éprouvent les
diplômés
si modestes soient-ils, pour le travail manuel, est le fruit d'un véri-
table "enseignement du mépri Sil (3), inadapté aux néoessi tés profondes
d'un pays en développement. L'enseignement dispensé dans les écoles,
coupé de la oulture nationale, fabrique par oonséquent des diplômés
déraoinés qui se sentent perdus au milieu des leurs. Ils demeurent to-
talement à l'écart, en tout état de cause, de la production. Une siné-
cure de planton dans un ministère est de beaucoup préférable à l'état
de pêcheur ou de maraîcher, même si ce poste procure des revenus net-
tement inférieurs. Devant le nombre pléthorique des effectifs de l'ad-
ministration, ces "intellectuels" aigris vivent aux crochets de leurs
parents en attendant de trouver un emploi digne d'eux. Un enfant sco-
larisé est ainsi, dans la majeure partie des cas, un travailleur de
moins dans la famille d'un villageois. Nous pensons que l'homme que
(r) Selon M. ARNbUD, le pourcentage des exploitants ugricoles ayant
une autre profession, serait de I5% à YEUMBEUL, 7% à MALIK! et 13%
à KEUR MASSAR. ARNAUD J. C. (20) page 248.
En I6 ans, les pourcentages qu'il publiait ont plus que doublé.
KANE C.R. (I57) page 57
BELLONCLE G. (134) page 30.

- 69 -
l'éduaation doit réaliser, ae n'est pas l'h~~e abstrait, idéal, une
perfeotion humaine vue à travers une philosophie éternelle, oomme le
disait. DURKHEIM, mais a' est l 'homme tel que la soaiété veut qu'il
soit et elle le veut tel que le réolame son éoonomie intérieure.
II. - L'EVOLUTION HISTORIQUE DES ACTIVITES DU SECTEUR PRIMAIRE DANS
-------------------------------------------------------------
LA BANLIEUE DAKAROISE -
Dans les NIAYES, l'exploitation des palmiers à huile est
sans doute le mode le plus ancien d'utilisation des terres agricoles
(I). C'était une éoonomie de cueillette qui fournissait en petites quan-
tités fruits, vin et produits pour la vannerie! Il faudra attendre les
premières vagues d'émigration LEBOU et SERERE pour assister à l'avène-
ment d'une véritable agriculture sédentaire.
Basée sur la oulture itinérante sur brûlis, cette colonisa-
tion agricole sur un milieu hostile avait entraîné de VQstes défores-
tations. Les espèces les plus touchées étsient surtout le groupement
du pseudo-climax à Accacia seyal. Avec ce système, la totalité des
terres se trouvait sous un régime de propriété collective avec cepen-
dant droit d'usufruit aux cultivateurs individuels.
Dans ces économies plus ou moins autarciques où la préoocu-
pation essentielle était de s'alimenter et de se vêtir, les plantes
cultivées jusqu'&U début du XIXe siècle étaient: le voarzou (Voand-
zeia subterranea), sorte d'arachide, mais dont les graines sont très
riches en protéines; le sésame (Sesasum indicum) qui est une pédalia-
cée annuelle fournissant des graines qui, légèrement grillées, étaient
consommées directement; le béref, sorte de melon rustique de grosse
1
taille; le manioc et le coton qui connaissaient dans toutes les N1AYES
une grande vogue.
L'introduction et le développement de la culture de l'ara-
chide
étaient liés
~u double effet du déclin
du commerce
tri an-
(I) SOW A. (116) page 18.

- 70 -
guiaire et à la pénurie des oléagineux dans-les grandes Villes fran-
..·98.!seâ. :N,s 1867, les Français riégooiai~nt .leur impfantatibndéfini- .
tive hors d~ GOREE, s~ le oontinent. La zone ;urale· du CAP-VERT allait
i
alors évoluer dans le sens. général de l'éoonomie de traite dù Sénégal.
Les mutations vont Atre, dès oet instant, très rapides. Le déséquilibre
1
entre denrées alimentaires et araohide naissait puis s'amplifiait. Dans
le système préoolonial basé sur l'assooiation harmonieuse céréales-
ooton, les travaux agricoles concernant les céréales s'effectuaient
sans entrave _de Mai à Octobre dans l,e cal endri er cultural. Avec l'appa-
rition de l'arachiàe, le paysan devait exécuter simultanément les mises
en culture et l'entretien des ohamps d'araohide, de ooton et de oéréales.
Dès lorsapparaissai t un déséquilibre entre les oapaoi tés du paysan et
la somme de travail à effectuer. En plus, la banlieue dakaroise était
oubliée dans la diffusion des nouvelles teohniques de produotion et
toutes les expériences de recherches de variétés d'araohides, mieux
adaptées au Sénégal, étaient oonçues exolusivement pour les terres
neuves oolonisées dans le SINE, -Le SALOUM, le CAYOR et le BAOL qui
forment encore de nos jours le "Bassin Arachidier". La crise de la
graine oléagineuse s'ouvrait alors dans le CAP-VERT. Malgré tout, la
produotion continuait mais oe sera pour y occuper un rang de plus en
plus marginal en valeur absolue et en surface. Très vite, on se rendait
compte, dans la presqu'île; des dangers écologiques que présentait une
telle agriculture. Les possibilités agrologiques de la région répon-
daient mal à l'arachide et à la déforestation qui en étàit le corol-
laire. Uhe véritable campagne de reboisement et de protection forestière
était alors entreprise. L'avanoée des dunes était oombattue par la créa-
tion dans la zone septentrionale de périmètres de reboisement.
Comprenant enfin que la vocation agricole du CAP-VERT se trou-
vait dans le maraîchage et les cultures fruitières, on créa à SANGALKA11
un jardin d'essai orienté vers la recherche et la sélection des espèces
les plus adaptées au climat et aux sols des NIAYES. Le cycle de l'ara-
chide qui se fermait ainsi ouvrait celui des spéculations maraîchères
et fruitières. Cette nouvelle orientation était rendue plus nécessaire
par le gigantisme de Dakar dont la population avait des besoins sans
oesse croissants pour ces produits.

- 7I -
Les premiers essais d'introduction des cultures légumières
ont eu lieu dans la presqu'!le dès la-première moitié d.u XIX. siècle.
En effet, dès. avant .1837,· certains Européens_,s6ucieUx de:reoréer sur
.
.
la terre africaine leur genre d'alimentation, ~vaient aménagé des jar-
dins dans l'!lot de GOREE où poussaient à. meIWe:t.lle les arbres fruitiers
des ANTILLES et la quasi totalité des légumes d'Europe. Cependant l'es-
sor du maraîchage ne commença qu'à. partir de 1878 avec le développement
de la ville qui voyait sa population passer de 8.937 habitants en 1891
à 18.447 en 1909, dont 2.000 Européens.
L'introduction et le développement des cultures maraîchères
dans les NIAYES étaient surtout l'oeuvre des femmes. Il semble, ~ effet
qué leurs contacts avec les familles européennes chez qui elles tra-
vaillaient pendant la morte saison agrioole, leur permettaient d'appré-
cier leurs besoins en légumes, difficilement satisfaits par les impor-
tations en provenance de France, des Iles CANARIES et du Portugal.
Les différentes variétés légumières d'Europe, jusque là accli-
matées de façon plus ou moins empirique, firent désormais l'objet d'ex-
,
périmentationsp1us ':poussées et, en 1911, un ouvrage de vulgarisation,
encore d'aotualité, fut publié.
Cependant, ce sont surtout les difficultés engendrées par la
première guerre mondiale qui seront à la base du développement des cul-
tures maraîchères au CAP-VERT. L'approvisionnement par les importations
devenait alors très difficile. En 1920, le gouverneur PONZIO, dans le
but d'encourager le maraîchage, dégrevait d'impôts les exploitations
et en 1921 était créée la première association des maraîchers qui témoi-
gne d'une prise de oonsoience dans la presqu'!le du problème maraîcher.
En 1937, un plan de peuplement des NIAYES était élaboré: il devait faci-
liter une politique de transfert de paysans du bassin arachidier, où la
pression démographique était forte, vers les NIAYES.
La deuxième guerre mondiale allait marquer un second tour-
nant dans le développement du mara!chage dans las NIAYES. Devant les
difficultés de s'approvisionner en riz, les Dakarois se mettaient peu
à peu à consommer des légumes européens. La demande devenait pressante,
les prix augmentaient. Autant de facteurs ne pouvaient que stimuler la
production et le oultivateur voyait sa récolte littéralement enlevée

- 72 -
.~s son appui tion sur le ~arohé, 4akarois. Les villages te la banlieue
1
4e Dakar se couvraient dej~rd1ns et .les- oultures mar-aroh'res. oonnais-
1
saient alors un grand essor. La -pr-oduôtion àtteignai t -I.500' to~es sur
.j
1
un millier d'heotares.
1
Mais oette importante produotion était non seulement de qua-
lité médioore
mais se situait généralement entre Janvier et Avril, si
1
bien qu'en 1953, devant des marohés saturés, les oultivateurs ne trou-
.)
1
y~rent le plaoement de leur produot~on qu'à des prix dérisoires. En
1955, les surfaoes oultivées diminu~rent oonsidérablement sans qu'il
en résultât une amélioràtion de l'éooulement.
Devant cette anarohie de la produotion et de la
oommeroiali-
sation, les villageois oomprirent que les époques de faoilité étaient
terminées et que s'ils voulaient se tirer d'affaire, ils ne devaient
oompter que sur eux-mêmes. En 1956, oonseillés par M. Miohel, chef du
Servioe de 1 'Agriculture, ils se group~rent en un syndioat, le SlNJAR-
MAR (Syndioat des Jardiniers et Maraîohers de la Presqu'île du Cap-Vert)
en vue de s'unir pour la défense de leurs intérêts, améliorer la quali-
té de leur produotion et oheroher de nouveaux débouohés. L'objeotif du
syndioat était simple~ rétablir une situation qui devenait désastreuse
d'année en année. Il atteignait oe but et se langait dans une rationa-
lisation et une amélioration de la produotion maraîoh~re. C'était le
point de départ d'une aotion qui, par la suite, s'est améliorée et ré-
vélée partioulièrement oonstruotive et payante. Aotuellement, l'exten-
sion du maraîohage dépasse la banlieue de DAKAR et s'étend sur toute
la région des NIAYES.
La brutale baisse des préoipitations qui débuta au début des
années 1970
entraîna
une remarquable
évolution des aotivités agri-
ooles dans la banlieue de Dakar. Partout dans les NIAYES, les eaux su-
perfioielles tarissent (les marigots et les dépressions en eau toute
l'année) et la nappe phréatique aoouse une baisse importante. Les par-
ties hautes du terroir (les sols dior) deviennent dès lors improduoti-
ves et sont vendues par leurs propriétaires résidents aux Dakarois. Ce-
!1
pendant, il faut noter que cette "intrusion" des citadins est beauooup
t
plus anoienne que le début de la séoheresse. L'extension de l'arbori-
,!.îi
j
l
•1,

- 13 -
oulture fruitière est leur oeuVTe. Mais, jU8Q.ue vers les ann4es 1970,
leur mainmise sur l'axe RUFISQUE - CAYAR, s'était faite de manière ti-
înille.
L'aooentuation du. déficit pluviométrique, en augmentant le
oo4t de mise en valeur des sols dior et même des terres de niaye, a
donc entraîné la vente en masse par les villageois de leurs paroelles
et la présenoe consécutive des citadins. Les Dakarois seront eux aussi
touchés par la secheresse, et à partir de 1975, il leur devenait de
plus en plus difficile d'amortir les investissements, en oontinuelle
augmentation, que nécessitent les cultures fruitières. Beauooup d'entre_
eux se recyolent dans l'avioulture. Cette reoonversion a surtout ét~
faoilitée par la proximité de Dakar et l'aooroissement des besoins de
-cet immense marohé. D'autre part, la brutale hausse des prix du trans-
port aérien en 1913, rendait peu rentable l'importation des oeufs et
poulets de ohair. Il apparaît donc que l'évolution des activités agri-
coles dans les NIAYES du CAP-VERT, n'est pas à proprement parler une
suite ie transformations graduelles, plus ou moins lentes, dans le même
sens, mais plutôt une adoption de nouvelles formes d'aotivités rurales
aux dépens des aotivités traditionnelles.
Les premières desoriptions des pirogues de mer par les Portu-
gais
nous présentent des embaroations monoxyles, sans bordées et sans
voiles (1). L'inexistenoe des voiles j~squ'à la fin
du XVe siècle
serai
due.à l'interdiotion fai té aux Portugais par leur roi de vendre des ar-
mes, des gréements et des voiles aux
Afrioains (2). Si les informations
sur la forme exaote des pirogues sont rares, nous savons par contre que
leur taille variait oonsidérablement d'une zone à l'autre: elles étaient
(1) Plusieurs desoriptions de la pirogue sénégalaise ont été faites.
Nous renvoyons le leoteur aux études publiées par :
-
BALANDIER
G. 1 MERCIER
p. (25) P 161-175.
- DIOP B. (55)
- GRUVEL A.
(73)
- LECA N. (83)
- NGUYEN v-e. B. (97).
(2) CHAUVEAU J.P. (32) page 28.
1

- 74 -
beauooup plus grandes dans la rC§gion tu OAP;'VERT et sur la Petite Oô te
q~e dans la. région du Fleuve Sén6g~. Mais, quelle que, t'Q.t leur lon-
gUeur, oes -pirogues monoxyles ne 's'aventuraient qu'exoeptionnellement
au-~elà te quelques milles de la côte, en raison de leur mode àe pro-
pulsion.
La pêche en mer a toujours été générale sur le littoral oom-
pris entre le Cap-Vert et la Petite Côte. Contrairement à l'embouohure
du Sénégal où la barre est forte, l~ sécurité qu'offre oette vaste baie
~timulait le oabotage entre les nombreux villages et une exploitation
plus intense des richesses halieutiques. Les oontaots avec la naviga-
tion européenne par l'esolavage, le oommeroe et la colonisation, ont
été à l'origine des diverses mutations technologiques telles que l'usage
de la voile, de gréements plus complexes ou le renforoement des pirogues
\\
par des bordées en planche qui ont très sensiblement aocru l'autonomie
1
des embarcations. Ces dernières améliorations ont elles-mêmes engendré
d'autres effets bénéfiques, telle l'augmentation de la produotion qui
fut à l'origine du développement du oommeroe intérieur du poisson, avec
le double avantage de l'alimentation en protéines de populations éloi-
gnées et la oréation de oirouits d'éohanges oommeroiaux avec tous leurs
effets connexes. Les ports de traite se multipliaien~ dès lors entre
le CAP-VERT et la Petite CeSte. Les prinoipauz: étaient: BEN, RUFISQUE,
GIMIHERI, PUNTO, PORTO d'ALE, PORTO-NOVO, PUNTO SERENO, PUNTO LUGA'R, JOALA -
PALMERINHA. Mais, o'est dans la région de RUFISQUE que la pêohe maritime
semblait être la plus aotive. Elle a été déorite par les témoins Euro-
péens oomme une aotivité luorative qui amenait les populations de oette
looalité à pêoher de nuit et loin des côtes. Son oommeroe avec l'inté-
rieur connaissait également un grand essor puisque des oaravanes maures
venaient s' y approvisionner.
Le développement de la produotion entraina l'aooroissement
tes activités de transformation du poisson, telles que le séohage, le
fumage et plus tari le salage, lesquels facilitèrent le transport vers
l'intérieur et contribuèrent à réduire les difficultés de oonservation
issues de la brusque augmentation de la production. Enfin, les pêcheurs
Lébou et Saint-Louisiens commencèrent, vers la fin du XIXe siècle, à
entreprendre des migrations durant la saison sèohe jusqu'en CASAMANCE.
1

- 75 -
On entrevoit déjà les aspects contemporains de la p&che piroguière sé-
négalaise.
D'aotivité domestique de subsistance, ia pêohe ~evenait pro-
.gressivement une aotivité luora~ive. Ce prooessus sera accéléré pàr la
cqlonisation grâoe à la mise en.plaoe de réseaux routi~rs et ~erroviai­
res, facilitant aisément l'approvisionnement des marchés éloignés des
côt.es.
Ces deux dernières décennies, avec la multiplication tous
azimuts des programmes de coopération Nord~ud, la pêche artisanale
est entrée dans .une phase capi tale de son développement: celle de la
motorisation des pixogues, suivie de l'introduction de nouveaux engins
de p~che plus performants, comme la senne tournante, et de nouvelles
techniques, comme les cordiers, permettant une p~che plus lointaine et
plus rentabie (3).
Cette approohe de l'histoire de la pêche artisanale maritime,
même présentée à grands traits, permet de montrer combien la préconcep-
tion souvent attachée à la p~che piroguière d'être un secteur "tradi-
tionnel", "informel", "non structuré", volontiers taxé d'immobilisme
par les "experts en développement" et les chercheurs, rend mal compte
,
des réalités sociologiques de cette activité. Or, quel projet de déve-
loppement ne suppose-t-il pas, plus ou moins explicitement, que la p~­
che piroguière doit nécessairement, pour s'adapter aux conditions écono-
miques modernes, subir une importante réformation technologique impul-
sée de l'étranger? Pourtant, il ne fait aucun doute que la pêche arti-
sanale a évolué à la fois par un dynamisme interne et par une adapta-
tion plus ou moins rapide aux apports technologiques extérieurs, ce qui
lui a permis une intégration croissante à l'ensemble d'un système éco-
nomique et social, tout en bénéficiant de l'aide apportée dans le cadre
de programme de développement.
Ainsi s'impose la nécessité de comprendre le mode de fonc-
tionnement historique de ce secteur avant de penser à le transformer
dans son intimité, pour les seuls besoins alimentaires de la population
dakaroise.
(3) Nous reviendrons, au cours de la deuxième partie, sur les transfor-
mations et l'évolution récentes de la pêche artisanale maritime.

- 76 -
III ~ LES CONDI'l'IOlfS DU MARCHE DAKARO!!
A • ~a POEulaticm d.akaro!.!! •
L'a8g1omération dakaroise regr~upe, d'après les résultats
tu recensement de 1976, près tu cinquième de la population, autant
t'habitants que le reste des villes du Sénégal, presque deux fois plus
-que l'ensemble des capitales régionales~ (I)
DAKAR, qui n'avait pas 20~000 habitants au début de ce siècle,
en compte de nos jours près de 800.000 pour la ville proprement di te,
qui s'étend. sur un-e surface vingt fois supérieure à oelle du début du
si~cle (fig. 15).
Le gigantisme actuel de la capitale sénégalaise s'explique
essentiellement par l'histoire et les mouvements de population.
Le 25 Mai 1857, le capitaine PROTET; oommandant supérieur de
GOREE, prenait possession du territoire de DaKAR et y hissait le dra-
peau trioolore sur un fort qu'il avait fait oltir. La fondation de la
grande métropole ouest-africaine commença, et la fortune de ce minus-
cule village lébou semblait ne faire de doute pour personne. C'est par
la création de grands équipements de base d'envergure internationale
que les autorités
ont
ainsi pu donner
à Dakar son rayonnement de
ville carrefour. Equipée comme un grand port d'Europe, dotée d'un très
vaste hinterland, Dakar va vite supplanter toutes ses rivales sénéga-
laises. Auoune ville n'est en mesure de la concurrenoer ni au niveau
de la population, ni pour les équipements et les servioes publios. La
oapi tale sénégalaise se présente aujourd'hui comme une ville mocierne,
une "ville-phare" qui exerce sur les masses rurales un attrait irré-
sistible (Fig. 16). Elle crée autour d'elle un désert urbain (2) et va
devoir subir dans son étroit cadre spatial la grande concentration des
hommes dont elle est le mirage.
(1 ) Le développement de Dakar - prem~ere ville du Sénégal - se détache
nettement de la seconde dès 1956. Cette cassure témoigne d'une hié-
rarchie peu harmonieuse dominée par la capitale.
- En 1926, DAKAR était 2,4 fois plus peuplé que KAOLACK.
- En 1936,
"
"
2,4
"
"
"
n
SAINT-LOUIS.
- En 1946,
"
"
2,9
"
"
"
" SAINT-LOUIS.
1
- En 1956,
"
"
5,4
"
"
"
" KAOLACK.
- En 1966,
"
"
5,9
"
If
"
If
KAOLACK.
1
- En 1976,
"
"
7
"
"
"
" TRIES.
(2) On peut désormais parler de "Dakar et le désert sénégalais" •

Fig. 15. Historique du développement spatial de
Cakar.
(D'~près Etude du Plan Directeur d'Urbanisme de Dakar (1I5)
V
~
~

@
'-~L-J"
1
T
t-
t-
1
@!
LEGEI;DE
_
Avant 1923
_
De 1924 b. 1953
_
De 1954 à 1967
.ECHELLE : 1/50 000
§
De 1968 à 1976
.- ... -....
.
'- _.~
. O·
2 km
- ,
,
G\\
~ A partir de 1977

__"_. . • • •
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ll!'."'~·""'~~'"\\'t~,""~~""'~""""~"""'~"'*""""~

-76-
-
.. Fig .. 16. Principaux mouvements migratoires.
( D'·ap·rès Soumah M. (195) p. ?9· )
FI euv e
\\,
,
1...,
J
'"
Sén~gal 0 dentAl
,
-
-'"
-~ .... --,- ...._, -
Casamance
---,
...... '"
l.,...;-'
~.,.- - - - - , '
'"
-)-,
--~ ....
",.---
"'-,."..,,""'"
....
ECHELLE : 1/4 000 000
o
50
100 km
MigrRtions intérieureA vers Ip Cap-Vert
l
mm = 10% des migrAnts Rrrivp.s à DRkAr.
Limite des régions

- 79 -
Depuis 1960 et surtout 1968, s'il arrive que 1 es ruraux sub-
::; ,.ergent saisonnillrement la ville, ils ne la or'ent ,lus et Dakar aurait
,
o
, •.tteint oe seoont stacle où "la: vili-. Si a!:f1rme oollÎme ,villé" et où ,le
oroft naturel des oitadins vient relayer, ,puis supplanter, oomme moteur
, '41êmographiql1e 4e la oroissanoe urbaine, Happort des migrants. (3)
(1955
_
- 1965
_ _
-id5: 1976) (4)
..
. 1-
,1
- -
1
--- 1
ANNEES
NAISSANCES
DECE:)
EXCEDENTS
1
1
1
1
1
--
1
1
1955
12.867
1
4.800
1
8.067
·•
'.
1
1
1
, ' - - - -
1
1
1965
25.385
1
7.797
1
17.588
1
.~
:1,
.
l
i
1
1
.'
-
·
1
1
1
1

1976
40.203
9.497
30.706
·
1
1
1
1
---;..
------
Le tableau VII nous permet de oonstater que le mouvement na-
turel d'aocroissement joue un rôle de plus en plus important depuis
4eux déoennies. Il faudrait trouver oomme explioation à oela la hausse
de la natalité et la réduotion sensible de la mortalité infantile grâoe
à l'amélioration des étuipements de santé et d'hygiène.
Même si les exoédents, oaloulés d'après les déolarations de l'é-
tat oivil, ne rendent pas oompte du mouvement réel avec une totale exac-
titude, il est vrai que la part de l'accroissement naturel amoroé depuis
les années 1960, l'emporte de beauooup sur oelle de l'apport par immigra-
tion. Par oonséquent, on a donc là "un renversement caraotérisé de la
tendanoe observable dans les cinq années préoédant l'indépendance, où
l'apport de l'immigration l'emportait au oontraire sur l'aocroissement
naturel". (5)
(3) NGUYEN V-e.B. (I61) page 233.
(4) CAMPAL A. (30) page 26.
f
i
(5) NGUYEN V-e.B. op. oit. page 235.
r
1
Jl'j

- 80-
Lea apports migratoires massifs et-oontinus, renforoés par un
!!,o~roiss~entilàture1 de- p~l1àen _pl,:!s important, no~:dssent iono èn
premier ohefie~sme dàkarois, au point de faire de la oapitale
sénégalaise "une métropole monstrue~e d.ont la oroissanoe aooé1érée
iésespère statis;tioiens et urbanistes. Il (6) Mais oe développement ra-
pide ne pose pas que des problèmes d'urbanisme; il pose aussi oeux ie
l'équilibre entre-les hommes et le milieu susoeptib1e de les faire vivre.
Le~ besoins en produits vivriers de DAKAR ont oonnu le m8me aooroisse-
ment que oelUi de la population.
Avant de devenir cette grande métropole oosmopolite qu'elle
est aujourd'hui, Dakar étaî t jadis un petit village de paysans-pGoheurs
LEl30U. Le prinoipe de l'alimentation de oes populations était simple.
En gros, le paysan Lébou faisait deux repas à base de mil.
Le premier, vers 13 heures, était oonstitué par une boUillie
épaisse de farine de mil, le "LAKH", oonsommée avec du lait oai11é et
souvent avec du lait végétal de pulpe de "pain de singell (I) ou avec la
..
pulpe dorée des gousses de "néré" (Parkia biglobosa) quand le pain de
singe se faisait rare. Le seoond repas était oonstitué par un plat de
oousoous préparé à partir d'une semoule de mil, souvent aooompagné d'une
sauce de poisson seo; mais o'est généralement le couscous aux haricots
qui revenait le plus sur la natte. De temps en temps, le paysan oonsom-
mait du "mboume", sorte de plat d'épinards constitué par des feUilles
diverses.
La consommation de viande était rare, en raison du faible ren-
dement de l'élevage. Mal nourris et peu soignés, les animaux étaient
1
concentrés, en outre, entre les mains des PEUL. Or, le Peul ne veut se
~
séparer de son troupeau, ni pour le vendre, ni pour le manger. Le boeuf
devient souvent pour lui un ami connu, ayant un nom, seule présence vi-
vante dans les campements isolés, le soir, dans la paix de la nuit qui
tombe. C'est aussi un bien que le Peul accumule, la taille du troupeau
étant un gage de rang social. Dans un tel système, la consommation de
(6) DRESH J. cité dans DAKAR en devenir. (72) page 79.
(I) Pain de singe: poudre blanche contenue dans le fruit du baobab.

- 81 -
vianie 'tait très insuffisante, mais le Pa.y&eJl disposait 4. 'une grande
,abQnà.anoe 4e poissons et "emaurai t "ainsi l l'abri 48 la sous-alimenta-
tion•.
Sur ce vieux foni cl'habi tudes alimentaires sont 'venus se
~effer·bien d'autres régimes alimentaires étrangers donnant à l'ali-
mentation des populations dakaroises un aspeot partioulier.
r
Au repas de midi, le riz au poisson s'est substitué, en grande,
1
partie, à la bouillie de farine de II1;il (2). Par goût et par néoessi té
qui résulte te la médiocrité aotuelle cle l'élevage sénégalais , l e poisson
1
entre d.ans la plupart' des mets sénégalais et 0 'est- dans sa préparàtion
que la Sénégalaise fait preuve de toutes ses faoultés oréatrioes. Il est
oonsommé frais ou séché.
Dans la préparation du repas de midi, entrent également beau-
ooup te légumes qui, depui s quelques années, jouent un grand raI e dans
l'alimentation de la population dakaroise.
D'une manière générale, le régime alimentaire trad! tionnel
basé sur le mil a changé sous l'influence de plusieurs faoteurs.
- D'abord. le dévolu des oi tadins sur le riz qui rel'gue le mil au
seoond plan. Sa consommation a acoompli des progrès énormes depuis la
fin de la seoonde guerre mondiale, dans toutes les régions. C'est le
développement de la traite araohidière qui a entra!né l'aooroissement
de la oonsommation de riz. Pour étendre au maximum la oul ture de l'ara-
ohide, base de l'éoonomie monétaire, on a beauooup sacrifié la oulture
des céréales traditionnelles et, pour se nourrir, on a importé du riz.
Cette céréale est, par la suite, entrée très vite dans les goûts.
- Ensuite l'augmentation oertaine du niveau de vie qui se traduit
par une diversifioation des produits alimentaires à consommer.
~ Enfin et surtout, l'action du milieu urbain qui a perturbé les ha-
bitudes traditionnelles qui se sont peu à peu urbanisées et adaptées.
L'influenoe la plus forte subie par l'alimentation des Sénégalais a été,
sans doute, celle des Occidentaux. On la trouve aussi bien dans les pro-
dui ts oonsommés que dans la manière de préparer certains repas, m~me
traditionnels. L'importanoe de oette influenoe ocoidentale se comprend
(2) Le riz au poisson - ou thiébou dieune - est le plat national du
Sénégal.

- 82 -
aisément quant on sait que les Europ6ena on~ une alimentation très
" ~ohe en légume•• Dl 81lleurs, leur présenoe dans le Cap-fert explique
" "le lév'eloppement du mararchage dans les NrAYES.
Il ne faut cependant pas croire que 1& population dakaroise
est arrivée à équilibrer son régime alimentaire. La oonsommation de
légumes, bien qu'en net progrès, reste insuffisante et les oéréales,
oomme dans la quasi totalité des pays sous-développés, oonstituent en-
oore l'essentiel 4e la nourriture. Malgr~ une assez forte augmentation
de la consommation de légumès èes dérnières années, les b.esoins théori-
ques sont loin d'6tre atteints. En 1965, la oonsommation de produits
"maraîohers à Dakar était estimée à 39,20 kgè lHir personne et par an,
alors qu'elle était de 5I,26 kgs en I980, d'où"une augmentation de plus
de 76% en I5 ans (ou 5% par an, ce qui correspond à un aocroissement de
2,50 kgs par personne et par an). Les besoins théoriques en légumes d'un
atiul te sont de I04 kgs par an. Si le rythme actuel de l'augmentation de
la oonsommation de produits maraîchers se maintient à Dakar, oet équi-
libre ne sera atteint qu'en 200I.
Cette insuffisance de la oonsommation ie produits mara!ohers
s'explique par la faiblesse générale des niveaux de vie. Avec un pouvoir
d'achat très réduit, il va de soi que la ménagère préfèrera aoheter un
kilo
de riz qui lui fournit 3.400 calories, plut8t qu'un kilo
de ca-
rottes d'un prix nettement supérieur et qui ne lui apporte que 430 ca-
lories.
La consommation optimum de légumes n'est atteinte que chez
les Dakarois à hauts revenus qui ont adopté un mode de vie européen.
Cela correspond à la loi inéluctable selon laquelle, l'élévation du ni-
veau de vie entra!ne une modifioation des habitudes alimentaires. Nous
savons que la consommation de céréales passe par un maximum lorsque la
ration calorique est assurée, et décrort ensuite quand le niveau de vie
s'élève. (3) La consommation de légumes présente un phénomène assez
analogue qui se traduit au début par une augmentation brute, en poids
si l'on préfère; puis lorsque le maximum est atteint, l'augmentation
se poursuit, mais seulement sur la valeur des produits.
(3) BEROOUNIOU J.L. (27).
1

- 83 -
Si le S'n'galaf8 u' est pas grant oônsotmnateur "e l'Bt1Dles, son
'. _:atimen'tatfon est par oontr~ riohe en poi,sson. En ][960, 86.000 tonnesc1.e
poissons de ~er et 20.000 t~nnes de poissons 4'eau douoe ont ~té éoou-
).6.es sur l,~ marohé national, oe qui si tuai t le Sénégal, aveo 25 kgs par
personne
et
par
an en ~oyenne, au 4e rang de la oonsommation 'mon-
diale par tate d'habitants (4).
S'il est vrai que le poisson fournit à l'homme moins de oalo-
ries que la viande (5), Bon importan?e nutritive n'est pas cependant à
reohercher dans les oalories. C'est qu'en effet, le poisson est un ali-
ment Ae premier ordre -dont la valeur nutritive soutient une oomparaison
bien des fois avantageuse 'aveola viande. (TABLEAUX VIII et IX). La mal-
nutrition peut trouver sa solution dans l'exploitation rationnelle des
produi ts halieutiques, oar le poisson, oQmme la viande, fournit des
protéines de haute qualité, des vitamines, des sels minéraux et des oli-
go-mdnéraux. C'est l'équilibre oonYenable de oes divers oonstituants dans
la ration alimentaire qui oondi tionne tous les prooessus physiologiques
normaux et pathologiques.
TABLEAU VlIII!en!ur en vitam1~~ poisson frai~ (6)
,1
VITAJ4INES
HOLE
1
1---------------- 1--·_..----- ----------
A (Poissons marins)
Aotion sur la vision
1
1
:
A2 (Poissons d'eau douoe)
Cioatrisation des plaies •
.1
. _ - - - - _ : _ - - - - - - - - - - - _ .
- - - 1
:
Pyridosoine ou B6
Vi tal dans le métabolisme des
:
graisses.
1
,f
-------_._-------,:
Cyanooobalamine ou B 12
Faoteur anti-anémique.
1:
1 _ _
Ryboflavine ou B 2
1
Anti-dermatose.
..

1:----
- - - - - - - - - - : - - - - - - - - - - ' - - - - - - - :
1
Aoide asoorbique ou C
Transporteur d'hydrogène.
,:
--------------
--------------,
Choléoaloiférol ou D ,
Vi tamine anti-raohi tique.
1
- - - - - - -
._1
- - - - - - - - - :
Niacine ou PP
Son absence entraîne la pellagre :
:---------------:---
F et K
l
Acides gras indispensables à la
i
1
. _ _
..
1
coagul~o~n;.;..;....
,
!
(4) NGUYEN V-c.B. (97) page 25
1
(5) Pour IOO grs d'aliments comestibles, le poisson apporte 150 calo-
i
ries et.la viande de boucherie 206.
(6) DIOP o. (58) page 39.
1

TABLEAU
IX
Compositions comparées du poisson frais et de1aviande.(7)
-~----------------------------------------------------
----------------~-------------------------------------
-----------------------------------------
1
·
POISSON .FRAIS
VIANDE
:------~------~----~--~--------------------:---------- ----------------------------------------+
70 à 80%
EAU
65 à 70%
1
1
1
var:te à l'inverse du taux lipidi,que
varie à l'inverse du taux lipidique.






----------~----~-------------------------------------- ----------------------------------------
1

moins de glucogène que dans la viandeGLU6IDES
I% de glugène musculaire trans~ormé en
·
·1
1
acide lactique lors de la maturation.
: :
----------------------------------------------------------------------------------------------
:
:
I6 à 24%
I.5 à 20%
"=t
PROTEINES b
'
. i d ' d
D'
.
(()
1
bon équilibre des amino-acides,
on eqU11 bre
es amino-ac1 es.
1gestibil1- •
riohesse en lysine, digestibilité et
té et valeur biologique parfois in~érieures
·
1
1
valeur biologique élevées, teneur no-
à celles du poisson. Teneur plus ~aible en
·•
1
••
table en azote non protéique.
azote non protéique.
·

---------------------~--------------------------------
l'
.
1
----------------------------------------
,
.
:
"
,
taux lipidique tres variable selon
LIPIDES
Taux variable selon l'espèce, l'état de
1
1
1a saison et l'état'sexuel: 0,5 à
l'animal et le morceau: 2 à 2.5%. Digestibi-
·
:
I5%. Digestibil'ité élévée.
lité plus faible pour les graisses à point


1
de fusion supérieure à la température du
corps.
:
1
,
.
,
.
.
:
--~----------~-~----~---------------~--~------------------------------------------------------
1
·
TAUX calorifique (pour IOO grammes)
:
"1
. Poisson 'lIlaigre ,:
79, à 80 cal,ories.
:
viande: 206 calories.
:
1;
Poisson mi-gras: :r60 à I80 c.alories.

Poisson très gras: ,300 calories •.
·
foie gras: 380 calories.
.
..
.
.
· -~~\\--------------...------------------------------------------------.---;,;.::~ ....=47--------....~~,77--:t=)-;;,....tA4~~~
( 7
.
nT{\\'D
{\\
1 a:::.A \\
'l~
. . . . •
M i _
.m"""",•• q U '
Xl
"

- 85 -
-t.. ..
Il_ :eeste que l'alimentation de la popul-ation dakaroise pour-
rait atre se~Biblement améliorée,.en quanti té et .en qualJ,té, par une
- -utilisation plus -raÙonnelle des ;eàsouroes. -Cet effort est t'àutant
,
!
plus aisé à réaliser que le milieu physique de la région de Dakar pré-
'sente des atouts à maints éga~ds- favorables au dével-oppement du maraf-
ohage , de l'arboriculture fruitière et de la pêohe.
Il apparaît clair que l'économie rurale est fortement influ-
1
i
l
encée par le phénomène suburbain, car Dakar avec ses besoins chaqu~ jour
,-
-oroissants invite les paysans de sa banlieue -à produire davantage. Le
résUltat est que la pêche, le maraîchage, l'arboriculture et l'avicul-
ture ont pris une importance considérable. Le paysan ne produit pas
seulemerit pour sa nourriture dès lors qu'il y a près d'un million de
consommateurs_ à la portée de sa main. Le circuit monétaire issu de
cette économie rurale a pénétré la campagne, et les activités du sec-
teur primaire dans la banlieue de Dakar sont devenues à tous les niveaux
des occupations spéculatives, de marché.
Dans quelles conditions ces activités s'y déroulent-elles?
Quelles sont les principales entraves qui s'opposent à leur développe-
ment? C'est ce que notre deuxième partie se propose d'éclaircir.

- 86 -
1
i
1
DEUXIEME
PARTIE
1
====================
lll
LES ACTIVITES DU SECTEUR PRIMAIRE :
- - - - - - - - - - - - - - -
LE BTIAN·DE LA PRODUCTION
--_._----
1
1
tir1
~
1

- 87 -
CH API T R E
IV
........... .....
~.~
L'AORIcULTURE DANS LES BIAYES
Les N'lAYES du CAP-VERT oomprennent deux domaines bien dis-
tinots. Dans les zones basses et les plus riohes, aux sols organiques
ou-humifères, se pratiquent les oultures maraîohères qui oooupent -les
villageois durant toute la saison sèohe. Les parties plus hautes, oor-
respondant aux sols tior, sont consacrées ~ux traditionnelles cultures
d'hivernage. Mais ces dernières, qui constituent l'aotivité dominante
dans les régions situées à l'intérieur, jouent dans la banlieue daka-
roiee un raIe de moindre importance.
TABLEAU X - !!és~tsde~O~!~~ I98!.::!983 (CAP-VERT et SINE SALO~)
(~mil1ier~ d!-~~).
~~~! ISituation économique du Sénégal. 1983 (164) p. 213.
--------------
----------------
: CAP-VERT
lmil-sorgho 1 N'iébé
: Manioo : Arachide
1
Mars
=======D
d'huilerie
1
1
1
:
1
..
_1.-
..
---,----
1
1981 - 82
•.
0,735
1
0,040
1
0,052
1
1,95
1
1
1
1
--------,-----------------
1982 - 83
0,620
1
: 0,120
1
:
1,465
:
:
.
1
1 :
:=
- - - ---------,-----------...;.
-
----------------,---------
: Sl!NE SALOUM lmil-sorgho : Niébé
: Mars
Manioo : Arachide
========1::1:=
d'huilerie
:----
:
1
:
:
:
--------------------,----------.;..
:__ 1981 - 82
_
:
_
466,793
:_ 1,392

: 27,213
, _ , _
••
: n'
:
356,199
_
:
1
1982 - 83
: 220,182:
: 29,311 :
:
5°2,910
:
:
:
.
1
:
--------------- ,---,
l - LES CULTURES TRADITIONNELLES D'HIVERNAGE -
L'agriculture demeure une activité primordiale dans les vil-
lages Lébou. Les paysans sont encore très attachés aux cultures tradi-
tionnelles d'hivernage, surtout à celle de l'arachide. D'ailleurs, celles
ci ont toujours gardé leur importance dans les NIAYES, même après l'a-
vènement du maraîchage. Pendant longtemps ce dernier a été considéré
comme un palliatif à la culture de l'arachide en saison sèohe, appor-

- 88 -
tant des gains 8uppltSmentaires dans les vilJ:à.ges où la paohe tStai t ab-
. '. sente•. Les o~tUres 'de ,saison hwrldeapparaissent oomme une survivanoe
'. d~ pà.ss'et de l'anoienne 'éoonomie de subsiatanoe. Le~ r81e d~s l'éoo~ ,
nomierégionale .est .certes moins important que dans la plupart des ré-
gi'ons ~ubassin .araohidier, mais elles donnent aux villages de la, ban-
. lieue un aspeot oaraotéristique en hivernage et font vivre une bonne
partie de la population. Depuis des générations, les oultures d'hivernage
oonsti tuent , avec la pêohe, la base de l'éoonomie villageoise et justi-
fient largement la qualifioation de .1Ipaysans-pêoheursll attribuée aux
LEBOU.
Araohide et mil sont oultivésexolusivement sur les sols dior
1
des dunes rouges et sont souvent assooiés au mani-oo.
1
Malgré la proximité de DAKAR, l' agrioul ture Lébou a, dans de
très larges mesures, oonservé ses méthodes traditionnelles. Les paysans
utilisent les m@mes instruments que oeux auxquels ont reoours les ruraux
de tout le oentre-ouest. (I)
La dégradation très avanoée du oouve~t végétal spontané
fait
de la préparation des ohamps une opération peu exigeante en travail et
rapidement oondui te. Le paysan ne lui oonsaore que quelques jours et il
est rare qu'il l'entreprenne avant la fin de la saison mara!ohère située
en début Juin.
L'araohide et le mil, oomme dans le reste du Sénégal, sont
semés fin Juin - début Juillet, à l'arrivée des premières pluies. Les
réooltes s'éohelonnent, selon la date du semis et les variétés oulti-
vées, de la fin Septembre à la mi-ootobre, à l'issue d'un oyole végéta-
tif de oent jours en moyenne. C'est un travail que le oultivateur aooom-
plit dans un empressement fébrile, pressé par la hantise d'une interrup-
tion prématurée des préoipitations. Les irrégularités de la pluviomé-
trie sont responsables, d'une année à l'autre, des importantes fluotua-
tions de réool te. Les oul tures étant pratiquées sous pluie, sans maîtrisi
de l'eau, la campagne agricole est transformée en loterie dans tous les
villages.
(I) Pour plus de détails sur l'agrioulture d'hiverna~e, nous renvoyons
le leoteur à l'exoellente thèse de PELISSIER P. {I7I).
1
1

- 89 -
Le 8Y8t~me agrioole le plus généraÎement utilis6 est un as-
'salement biennalmil-araohi4e. Cette pr~t~que, déjàtrès'anoienne dans
.
_ . -
~
la région, permet au paysan' 'de faire chaque année une réool"te de mil
pour sa nourriture et une -récolte d'araohide commeroialisée.
D'une manière générale, les cultures d'hivernage dans l'en-
semble des NIAYES du CAP-VERT ne sont pas· particulièrement riohes. Elles
sont maintenues par tradition,bien qu'apportant des revenus inférieurs
à ceux assuré~ par le maratohage.
II - LES CULTURES M.ARA'ICHERES ET FRUITIERE2 - (I)
Les NIAYES constituent le domaine par excellence du maratchage.
Grâce à leur situation géographique privilégiée, elles sont la princi-
pale région productrice de légumes au Sénégal, avec 96% de la product'ion
maratchère nationale (voir fig. 17 et 18; tableau XI).
TABLEAU XI
~~Ee~ficies cultivées en lé~es-!!!~-!!!-Eégions.
~~IDIONE D. (5I) page 58.
----------------,-----------
1
:
RIDIONS
,1
Superfici es consacrées au maratchage
i _ _ _ _ _ _ _ _ _..J.___
_
_
CAP - VERT
3.400 Ha
-------,------
CASAMANCE
IIO Ha
:------- '----T:'-----'
DIOURBEL
200 Ha
.
1
.
--------------_._---------
---_.
FLEUVE
1
550 Ha
----_._--_._-------
1
LOUGA
150 Ha
1------- ----,.--.-------.--------.--------
SINE SALOUM
70 Ha
1
----*"---,----
1
TRIES
I.400 Ha
1
--,-------------- ._------- ------,
1
TOTAL
5.880 Ha
:
---------------------
-------
(I) Dans ce sous-ohapitre, il sera davantage question de cultures maraî-
chères que de cultures fruitières car d'une part, le meratchage cons-
titue l'activité dominante dans les Niayes, et d'autre part
même
dans les exploitations dont la vooation essentielle est l'arborioul-
ture, on trouve généralement des oul tures maratchères interoalaires.
Dans l'ensemble des NIAYES, les vergers n'oocupent que 950 ha sur une
superfioie oul tivée évaluée à
3.400IHa.
Maratchage et arboriculture fruitière seront donc confondus dans
cette étude.

-90-
Fig. 17.· Aptitude. des terres au maraîchage:
Saint-LouiF1
• l,ougs·
.Kébémer
.• Diourbel
\\ ,
1
,,,
~
.,
ECIIF.:LL E :
o
50
LF.GENDF.:
_
Régions écologiquement favorabl('~ ""l mnrn"ch~p,'''
~
Régions d'intér~t secondnire
Limite approximative des effets néfnste~ de 1 'h~rmnttnn

-91-
Fig-. 18.
Production
maraTchère
dans
les
Niayes.
( -en. rDilli e rs de tonn~s )
~
~
D
H TO,l
4,'lIi
o
RRO
S~CTEUR DE RAO :"17,6
-0
12 km
_ _ - / or- -0 SakRl
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~FCTF:llR DR f~.A1( "1.
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8,9
TO',RI
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SECTEUR Dr. MBOUANF.
46,4
A
5,3
SECTF.UR DF. PAMBAL
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A
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[

92 -
Les.oultures mara1oh~res et fru1tt~res oonstituent un seateur
dt-aotivit'. très or1g1naldans 'un:pays o~[le 'bin6me arach1:"e~l clemeure
la. base de'l'économie 'rural.'- D'ailleurs la produotion région81e a oon-
nu une lente évolution due au fait de la priori té jusque là aèoordée
aUX cul t~es,industrie,lles (arachi(e et ootan essentiellement) et dans
une moindre mesure aux céréal es.
L'importanoe du maraîohage et de l' arboricul ture dans la ban-
lieue dakaroise est à lier aux conditions naturelles à maints égards
favorables à ces activités.'
1 .'
Les cultures maratchères sont généralement 100aliSées dans
les dépressions, surtout nombreuses dans la partie occidentale d'une
ligne allant de NIAGA à DAO. La mise en valeur de toutes les surfaces
cultivables, sans grands investissements, n'est réalisable que dans ces
villages.
La partie orientale de la presqu'île est,par contre,le domaine
de l'arboriculture. Cependant, l'implantation des vergers est moins dé-
pendante des conditions naturelles que celle des cultures maraîohères.
La proxi.mi té d'une voie de communication semble expliquer la localisa-
tion des cultures fruitières, d'ailleurs les fremiers vergers turent ins-
tallés entre THIAROYE et MBAO, le long de la I.oute de RUFISQUE.
L'agriculture maraîchère et fruitière s'est oaractérisée
jusqu'en I972 par une large prédominance de l'exploitation familiale.
La modernisation de l'activité maraîchère dans les NIAYES ne débuta
qu'avec la oréation, au début des années I970, de la société agro-indus-
trielle BUD-SENEGALI o'est la naissance du maraîchage "industriel", avec
la mise en plaoe d'un système d'exploitation capitaliste. Après sa dis-
soluti~n, la gestion de ses périmètres fut confiée à la Direotion Géné-
rale de la Produotion Agricole (D.G.P.A.) en I979 sous forme d'enoadre-
ment paysannal. C'est le début du mode d'exploitation ooopératif.
L'évolution du maraîohage semble marquée par ces trois prin-
cipales étapes que nous allons étudier dans les lignes qui suivent.

- 93 -
L' agi'1cul ture mara! ohltre dans l es NIAlÈS -du -cAP-VERT se oarao-
;-t'rise par la prédominanoede 1 'exploi taUon familiale de type trad! Uon-
-nel représentant près de 65~ des exploitants, à oôté de laquelle se trou-
vent desexploi tations familiales dites de "transition" qui emploient de
la main~d'oeùvre salariée temporaire (près de 30% des exploitants) et un
p~tit nombr~ d'exploitations que l'on peut qualifier de semi-eapiialistes.
Les dimensions des exploitations -varient de quelques ares à
--une dizaine d'h,ectares che-z les exploitants oitadins.Il s'agit donc
d 'exploi tations très erlgu.~s dans leur ensemble. Les investissements
sont limités au minimum, c'est.-à-dire pratiquement au renouvellement des
points d'eau ( "oéanes" oreusées à m~me le sol du bas-fond sans aménage-
ment particulier). Les techniques oulturales et d'irrigation les plus
_répandues sont oaractéristiques d'un faible niveau d'intensificationl
auto-production de semenoes, f'umure insuffisante, eto ••• Le verger est
enoore plus rarement soigné et irrigué. La baisse oontinue de la nappe
a d'ailleurs provoqué la disparition de nombreux arbres des bords des
- bas-fonds.
Cependant, il n'existe pas de oommune mesure entre les diffé-
rents systèmes de production. Les dissemblanoes sont souvent remarquables
et se notent au niveau des tailles ~ais aussi et surtout au niveau des
moyens mis en applioation pour la mise en valeur de l'exploitation.
l • ~~~_~yst~~ de E!.~duction.
a) Les !~~!.!~~~_~il!!le!!.
Les exploitations marafohères familiales se oaraotérisent sur-
tout par leur exiguIté. Ce sont, généralement, de minusoules périmètres
dont la surfaoe est, à plus de 95%, inférieure à un heotare; très souvent
même, de petites dépressions d'une dizaine d'ares sont mises en valeur.
D'autre part, oes exploitations se singularisent par leur ex-
trême vulnérabilité vis-à-vis des faoteurs hydrologiques, pédologiques,
mais aussi des ravages provoqués par les parasites et les maladies oryp-
togamiques, oar elles sont exploitées par des paysans dépourvus de moyens
pouvant enrayer les oontraintes qui se posent souvent dans le milieu.

- 94 -
b) ~_e:Rl~!tations mararoh~res de "traÎlsition".
Elles- se différenoient ,des préoédentes par 1
- une taille nettement plus grande et Par oonséquent· une produ~­
tion akéliorée,
des rapports de marohé plus développés,
- l'utilisation d'une main.d'oeuvre salariée temporaire,
- une aooumulation. plus importante de oapital en vue d'un élargis-
sement de la produotion.
Comme 'dans les exploitations ,familiales, l'auto-oonsommation
est ioi assez élevée, mais la part de la produotion est néoessairement ao-
orue pour faire faoe aux oharges(salaires'des ouvriers sUrtout), et assu-
1
rer un revenu monétaire substantiel à la famille.
Ce type d'exploitation, auparavant faiblement représenté dans
, les NIAYES, s'est développé oes dernières années grâoe à la loi de 1964
sur le Domaine National (loi qui a permis aux oitadins d'acheter la terre
aux propriétaires fonoiers coutumiers), et à l'effet de démonstration de
la BUD - SENEGAL.
La principale caractéristique de ce système de production est
la séparation radicale entre la propriété de la terre et des moyens de
production, et de l'exploitation. Le propriétaire exeroe généralement
une profession non agricole à plein temps (fonctionnaires, militaires,
1
diplomates, etc••• ). Ces "patrons" ou"mararchers du dimanche" ou aussi
"paysans au col blanc" viennent le plus souvent de Dakar et ont acquis
la terre à de modiques sommes. Dans les régions de SANGALKAM, NIAGA,
KEUR MASSAR, BAMBlLOR où ils sont particulièrement nombreux, ils se sont
taillé d'immenses champs qui leur servent parfois de résidences seoon-
daires. L'exploitant, lui, est salarié. Il est logé et nourri gratuite-
ment.
Les exploitations semi-capitalistes, du fait qu'elles sont les
propriétés de personnes relativement aisées, disposent de tout l'équipe-

95
ment néoessa;1;~pour une mise en v.aleur' rentablè au plus haa-t degré.C'est
,par elles que's'opêre la modernisation des'NIAYESdu OAP'-VERT~ p~ ai),.-
l~s, l'eXploitation semi-eapitaÜ.ste est souvent oonduite en poly-
oulture (oul tures ,frui tiêres et maratohêres, avioul tureetm8me éle-
vages bovin èt porcin).
L'observateur qui parcourt les exploitations des NIAYES est
aussit5t frappé par le oaractère rudimentaire du potentiel instrumen-
tal dont disposent les 'mararchers. Les techniques oul turales demeurent
frustes. Auoun ou très peu d'outillage mécanique, ni charrue, ni cul-
ture attelée. Tout se fait pratiquement à la main, avec les instruments
-tradi tionnels.
La caractéristique essentielle est donc l'absence de gros
matériel et la large diffusion du petit matériel. Les outils les plus
utilisés et qui constituent la base de l'équipement de la quasi tota-
lité des maratchers, sont les m6mes que ceux utilisés dans les régions
du bassin arachidi-er. Il s'agit essentiellement de l"'tler" (2) et de
la "daba".
L'outil par excellence du maraîcher des NIAYES est l'îler,
instrument aratoire manuel, au fer arrondi, plus large que long, en
bout d'un long manche. Il est utilisé en poussée et convient parfaite-
ment à l'ameublissement et au sarclage des sols légers ou lourds de la
région. Presque tous les exploitants (95~) possèdent chacun àe 2 à 6
exemplaires de cet instrument. Appareil polyvalent, il a pour le maraî-
cher la même utilité que trois outils européens: b6che, binette et
pioche. L'îler présente, par ailleurs, l'avantage d'être utilisé pres-
que partout au Sénégal et ne pose donc pas aux travailleurs saisonniers
et aux maraîohers des difficultés d'adaptation.
(2) îler et non "hilaire", instrument qui, d'après ceux qui adoptent
cette orthographe, aurait été introduit au Sénégal par HILAIRE
MAUREL, co-fondateur avec H. PROM de la firme d'import-export "So-
oiété MAUREL et PROM". Or, oet outil est bien un instrument de pro-
duotion traditionnel, o'est-à-dire préoolonial. DESOHAMPS H. (I43)
page 46.

- 96 -
, "
La daba est une sorte ete pioohe, utilisée pour la préparation
,4es sols de bas-fond 'et pour le oreusement des "oéanea".
Un autre outil, typiquement àfrioain et fortement apprécié
. par· les maratohers est le"ngés ngos" ~ Il se présente sous la forme d'une
'minoe barre de fer dont le bout est courbé et sert à remuer la terre
afin que l'eau 'la pénètre convenablement.
Le coupe-coupe est aussi couramment utilisé par le maraîcher
. pour les travaux de défrichement des bas-fonds, notamment pour couper
les.. Typhaaustralis avant les grandes opérations culturales. Il est- aus-
si. employ~ pour couper les branches d'arbres servant pour la fabrioation
. des brise-vents.
A côté de ces instruments fabriqués par l'artisanat looal et
présents sur toutes les exploitations., les mara!chers utilisent aussi
des équipêments de type européen: la pelle (pour le oreusement et le cu-
rage des céanes) et l'arrosoir, constituent les outils les plus employés
dans les NIAYES. Il serait très avantageux que les artisans fournissent
aux maraîchers oe type de matériel dont les prix élevés limitent une plus
large diffuaion.
Le gros matériel est très faiblement utilisé dans les exploi-
tations traditionnelles, à cause de son oo~t élevé qui est hors de por-
tée des possibilités d'achat du maraîcher.
Le matériel utilisant la traction animale est limité aux
charrettes. Leur multiplication depuis quelques décennies constitue,
1
dans les NIAYES comme dans tout le monde rural sénégalais, l'un des phé-
,jl'l
i
nomènes qui ont le plus révolutionné le transport en campagne. Les pay-
sans peuvent se les procurer, à crédit, auprès de leur coopérative. La
charrette est tirée par un cheval ou un âne (la :traction bovine n'est ja-
mais utilisée dans la banlieue de Dakar) et sert à transporter le petit
matériel, la fumure, la récolte. Dans les endroits enclavés ou mal des-
servis, elle est utilisée par le commerçant pour l'évacuation des pro-
duits jusqu'aux points de ramassage.
1
j
l1
1

- 97 -
Il est probable qu'aveole désenolavement de oertaines NIAYES,
ce phénomène :(3) prendra. 'une ~pleùr beal100up plus gr8:ll4e encore que"
celle qu'il revêt en oe. moment. Mais oet engouement général des ruraux
pour les oharrettes pose le délica~ problème des animaux de trait qui
sont en nombre insuffisant. Le Sénégal possède en effet quelques
_200.000 ânes et 200.000 chevaux. La faiblesse des effeotifs disponi-
bles constituera
à brève échéanoe une importante entrave à ce mode de
transport. (4)
Les engins mécaniques (tracteurs, motoculteurs) sont faible-
ment utilisés dans les NIAYES.La méoanisation touche surtout quelques
gros exploitants, citadins pour la plupart. Cependant, il a été établi
que dans le contexte de mise en valeur de l'exploitation, l'acquisition
de tracteurs et appareils de pulvérisation permet de rentabiliser au
mieux le maraîchage. Un autre avantage de la mécanisation est qu'elle
fait gagner du temps et débarrasse le maratcher des travaux pénibles
de labour, pulvérisation, hersage, etc •••
Cependant, le petit matériel, si précaire ou fruste soit-il,
semble mieux adapté aux conditions des NIAYES que le gros matériel et
la culture mécanisée. D'une manière générale, la question de la méca-
nisation ne se pose pas de façon pressante, du fait de l'étroitesse des
parcelles et de la fragilité des sols. D'autre part, les cultures de
légumes sont plus difficilement mécanisables que les autres types de
cultures (arachides, céréales). Par ailleurs, le climat impose des
condi tions de travail difficiles aux tracteurs par exemple. En terrain
sec, ils se meuvent dans un nuage de poussière. Les moteurs sont rapi-
dement encrassés. Toutes les pièces tournantes des machines s'usent ra-
pidement avec la "potée d'émeri" que forment le sable fin et la graisse
ou l'huile. En terrain mOuillé, les engins lourds s'enfoncent, patinent,
(3) Mme NGUYEN V-c.B. parle "d'une révolution de la charrette" au Sé-
négal. (I65) page I09.
(4) L'insuffisance numérique du cheptel équin se pose déjà dans le bas-
sin arachidier en ce qui concerne la traction des semoirs et la
plupart des ruraux louent à titre très onéreux le cheval du voisin.
1
1
1
r
t
1
1.

- 98 -
les moteurs.ohauffent et' les piêoes oassent. Cette m'oan1sation qui
~'o'essite 4·im:portantsinveBtiss~entBne donne pas toUjO~B des résul- .
. -
- - ~
- .
-
,
tata tr~s probants. Mécaniser l'exploitation agrioole, o'es~ acoro:ttre
là produétiVité' des agrioul teurs e-n leur permettant de travailler plus
vite. Ce n'est pas foroénien"t accro:ttre le rendement du sol. L'emploi
des engrais, une meilleure séleotion des semenoes,une transformationde8
comportements par l'animation rurale, ont plus d'importanoe dans l'ac-
oroissement des rendements, qu'une mécanisation forcenée. Cette distinc-
tion n'èst malheureusement pas oomprise. Lorsqu'~n veut éviter un exode
.
.
rural massif, il vaut mieux ralentir le processus de mécanisation. (5)
"Moins d '·hommes et pas toujours les mêmes, telle est la conséquence
inévi table de la;mécanisation. ( ••• ) Davantage de houes et de bêchesJ
pas encore de charrue; à fortiori point de motoculteur." (6)
La généralisation de la mécanisation susciterait, en outre,
la naissance d'un certain nombre d'emplois para-agricoles pour l'entre-
tien et la réparation du matériel, emplois auxquels les ruraux s~adap­
teraient difficilement, car n'étant pas familiarisés aveo le machinis-
me agricole.
Si pauvre qu'il paraisse, l'outillage mis en oeuvre par le
monde rural sénégalais répond aux leçons d'une riche expérienoe et
comporte une panoplie de solutions finement ajustées aux exigences des
données naturelles.
Cependant si ces techniques restent fidèles au passé, le
recours aux engrais et fumures est fréquent dans la région bien que
les résultats soient fort inégaux d'un producteur à l'autre.
Elles sont essentielles dans les NIAYES étant donné le carac-
tère épuisant des cultures maratchères et surtout la pauvreté de la ma-
(5) ALBERTINI J.~. (130) P.P.220-22I.
(6) LABASSE J. (I58) page 99.

- 99 -
jorité des :sols (Uor notamment). L'emploi cle f"umures et d'engrais est
aln~i trè-s -répandu d~ns le mlieu des mar~roherB.
Toute plante a besoin, pour sa oroissanoe, de trois éléments
fondamentaux: l'azote, l'acide phosphorique et la potasse. Un engrais
n'est oomplet que lorsqu'il renferme oes trois corps. Il existe de nom-
breuses qualités d'engrais complets, puisqu'il y a possibilité de va-
rier chacun des éléments entrant dans leur composition.
Il est frappant, pour qui parcourt les jardins des NIAYES du
OAP-VERT, de -_ oonstater ra grande vogue que connaissent les engrais chi-
miques. Les efforts conjugués du Service de l 'Agricul ture et du SYNJAR-
MAR ont abouti à leur utilisation en grand nombre. Selon les estimations
de la D.G.P.A., 8.000 tonnes d'engrais chimiques sont annuellement utili-
séés par le secteur maraîcher. La formule la plus utilisée est l' en-
grais 10 - IO - 20 qui conti ent :
- IO% d'acide phosphorique,
- IO% d'azote dont 5~ sous forme de nitrate de potassium,
- 20% de potasse sous forme de nitrate de potassium (à I6,8~) et
de chlorure de potassium (à 3,2~).
Initialement importé de France, oet engrais est de nos jours
fabriqué par les Industries Ohimiques du Sénégal (I.e.S. - MBAO) au
coeur des NIAYES et dans une moindre mesure par la Société Sénégalaise
des Engrais et Produits Chimiques (S.S.E.P.C.). Il a été introduit au
Sénégal pour améliorer les rendements de la pomme de terre, culture
pour laquelle il était bien adapté de par sa composition. Désormais,
cet engrais est étendu à tous les autres légumes bien qu'ils n'aient pas
toujours les mêmes exigences que la pomme de terre. Des études systé-
matiques sont nécessaires afin
que
soit établi pour chaque type de
culture l'engrais chimique correspondant. L'emploi de la formule "en-
grais passe-partout" est à éviter, car la part des principaux éléments
dont a besoin un légume à tubercule, cmmme la pomme de terre, n'est
pas la même que pour un légume à bulbe (oignon) ou à feuille (salade,
chou).
Les besoins des maraîchers en matière organique rendent ur-
gente l'utilisation des composts qui doivent être associés à l'engrais

-IOO
ohimique. Le oompost, bien que d'assez faible teneur en matière orga-
-
.
,
-
.
-
>
. nique, . peut
être d'une grande. utili té dans 1·' amélio~ation.cies sols.~
Sa forte oapaoité de rétention de l'eaù lui permet de stabiliser le
'. terrain et d'empêoher l'érosion" éolienne. B:hologiquement, il rend.
-.
.
-
.
'assimilables les éléments minéraux par sa flore microbienne et aug-
mente ainsi l'efficacité des engrais chimiques.
Le compost.fabriqué à partir des ordures ménagères a rencon-
tré, malgr~ tous les .avantages qu'il présente, un écho peu favorable
du côté des mararchers. Il serait nécessaire que les servioes compé-
tents de l'économie rurale multiplient leurs efforts pour une large
vulgarisation de oe fertilisant très.peu utilisé dans les villages.
En dehors.des engrais, le paysan oap-verdien utilise des
techniques de fertilisation traditionnelles: fUmier des animaux,
ooques d'arachide, débris de poisson.
Malgr~ la présence d'un assez important cheptel bovin dans la
presqu'île, la fumure est assez rare et très peu utilisée par les ma-
raîchers. En effet, l'élevage dans la région de DAKAR est en grande
partie nomade. Il n'existe que peu d'étables et les troupeaux vivent
en liberté permanente. Dans oes conditions, il est tout à fait diffi-
cile d'avoir une production de fumier. En outre, beaucoup de marar-
chers redoutent l'utilisation prolongée de la fUmure animale car elle
est la cause, selon eux, de la pourriture de certaines cultures avec
la prolifération des parasites.
Le système de fumure à la terre d'arachide rencontre, par
contre, un grand succès auprès des maraîchers qui reconnaissent sa
richesse en éléments minéraux. Pour un kilo
de poussière d'arachide,
on obtient:
- 24,5 grammes de potasses,
- 17, 7 grammes de chaux,
- 15 grammes d'azote,
- 6,5 grammes d'acide phosphorique.

- 101 -
_.
Ayant une fonotion analogue à oelle du oompost, les ooques
-d'araohide ont' une influenoe plusdireotesUI' ie dévelopP8lnent des
- plantes oar, plus fines ,- elles se désagrègent plus' vi te.
In! tialement oédée gratuitement par lEts -huileries PETERSEN
et LESlEUR pour s'en débarrasser, la coque -d'arachide est de nos jours
vendue du fait d'une demande de plus en plus croissante. La charge de
camion revient, tous frais compris, entre 5.000 et 8.000F CFA. (1)
Ce fertilisant est donc utilisé avec d'autant plus d'intensité que
l'on est près de DAKAR.
Les déchets de poisson, consti tués des têtes et des viscères,
sont un excellent engrais, surtout en cultures d'oignon et de chou.
Cette forme d'engrais connart une grande vogue dans les villages, mais
elle présente l'inconvénient d'attirer des oiseaux destructeurs comme
ies charognards qui dévastent les récoltes.
En dehors des terrains privilégiés que constituent les bas-
fonds, le problème_de ~'utilisation de l'eau demeure fondamental dans
les NIAYES du CAP-VERT: les oUltures mararchères et fruitières sur
sols dior nécessitent une irrigation constante à partir du mois de
MARS.
Selon des études effectuées dans les NIAYEside TRIES, les
besoins théoriques des sols en eau, sont de l'ordre de 45 m3 par jour
et par hectare durant toute la saison sèche (8). Les doses d'arrosage
l
(1) 1 franc CFA a 0,02 franc français.
1
(8) La dose d'arrosage qu'un sol peut recevoir est liée à l'évapotrans-
piration potentielle à laquelle on applique les coefficients 1,2
pour tenir compte des pertes d'eau d'irrigation par percolation,
et 0,6 qui est le coefficient K de la méthode de BLANEY et CRIDDLE.
Besoins en eau = ETP X 1,2 X 0,6
~~~~~ : DIA T. (44) page 103.
1
l
(
l

... 102 -
.. var1ent en fonotion de la nature des solsl oêu.x-ci exigent d~s arrosages
.. ~'autant plus fréquent,squ 'ils sont pauvres 'en ma.tière organique. (9)'
....--~~--,--_.----------~-_..._--
...*. Type de sol 1 Matière
1
Humidité
1
Dose
Intervalle
organique ,. équivalerite 1
d'arrosage
théorique
,.
1
1
entre cieux
,1
_____
'
!--
.!.-
' __ar_r_~_s,_a.:g_e_s_.. _
,. BIAYE
35~
24,5%
1
600 m3/ha 1
I3 jours
I-;IERENGAL '1-I5~
- - - ,-··-I·~ -----'-270 m3/h-;-;--6jours
I
l
------- .;...--------_._.._---,------------,--_._--....;.---,----
DIOR
5~
95 m3/ha
2 jours
----------------,--- ------....._--------
L'eau nécessaire à l'irrigation des cultures de saison sèche
est obtenue essentiellementl
- Jlar le phénomène de capillarité sur sols de niaye à nappe af-
fleurante,
- par ,oaptage de la nappe sous-jacente à l'aide de puits,
-exceptionnellement par distribution d'eau sous pression.
La profondeur de la nappe est fonction de la topographie. On
-
peut distinguer comme types de pui ts :
les oéanes (simples excavations sans soutènement) localisées dans
les bas-fonds avec une profondeur se situant entre I,5 et 6 mètres.
Elles sont particulièrement nombreuses dans la proche banlieue
(THIAROYE, YEUMBEUL, MBAO et MALIKA);
- les puits situés sur sols dior, se retrouvent surtout à KEUR
MASSAR, NIAKOUL-RAP, NIAGA, etc ••• Ils sont différemment construits'
• puits busés en ciment, plus ou moins armés, durables lors-
qu'ils sont bien faits,
• puits fascinés de branchage d'épineux, exploitables 2 à 3
ans maximum avant effondrement.
(9) ARNAUD J.C. (20) page 152.
1
J,!

- 103 -
TABLEAU XII - Caraoi!Ei st!9.~8 d!_~~u1pement ~~u1t!l.
So~ 1 Développement' des' ouI tures mara!oh~res dans la -
région des _,NIA YES (Li ttoral Nord). Inventaire. (II8) p.34.
-------------.--------~----------,----
IPouroentag~ de pu! ts
1 Puits/ha c i e '
1 %des besoins :
_______ - - --
S.A.U. oultivés(IO) en eau satiB-
____
_:BU~!~~Fa~~iné~~~~_!!_~___
Ifaits_~!l--
:
1
:
1
1 :
1
1 CAP-VERT.
IO
1
90
6
33
~-~------------
-------,---, ------,-
Ensemble 1
1 :
1 :
ae~_NIAYES 31 1
26
1
43
t
7,5
1
20
-~------------~-------------------.;.----------
En rapport avec le peu de moyens dont dispose la majorité
des maraîohers, il semble que l'apport d'eau se fait surtout à partir
des oéanes, trous creusés après le retrait des eaux, sans aménagements
particuliers. La céane est une des constantes du paysage des jardins
de la banlieue de Dakar. L'irrigation à partir de ces puits rudimentai-
res est des plus simples, mais absorbe la plus grande part des besoins
en main-d'oeuvre. L'arrosage effeotué le matin et en fin d'après-midi
au moyen d'arrosoirs, peut représenter à lui seul, 60% du temps de tra-
vail évalué à 450 jours de travail à l'hectare, pour un cyole végéta-
tif de trois mois. Les oéanes sont particulièrement nombreuses dans la
proche banlieue de Dakar qui correspond à la zone où prédominent les
petites exploitations. Or, pour gagner du temps en effeotuant l'arro-
sage, le maraîcher est obligé de creuser plusieurs céanes dans son
exploitation. Il est indéniable que la surface occupée par les céanes
oonstitue une oonsidérable perte de terrain et que leur rentabilité
est donc douteuse.
D'autre part, la céane a l'inconvénient d'être tributaire
de la nappe phréatique, oar lorsque celle-ci descend à une certaine
profondeur, elle n'est plus exploitable, ce qui se traduit par une
réduction très importante des superficies emblavées.
(IO) S.A.U. cultivées = S.A.U. - friches.
N.B. : La S.A.U. (surface agricole utile) désigne la surface cul-
tivable nette: cultures en place, jachère, friche.
La friche est l'état d'inculture prolongé d'une terre pour dif-
férentes causes. Dans les NIAYES, les surfaces maraîchères aban-
données à la friche sont généralement privées d'eau.
(II) Pouroentage de maraîchers ayant déclaré leurs ressouroes en eau
satisfai tes.

104 -
Il est ainsiurg-ent que les mara!ôhers se tournent vers de
.iiouve11es.forniesci'lr:dg~tion,no-tamment lés puits oimenlésqtP. pré-
'sentent l·,'a~antage d'une plus grande profondeur atteinte et d'un gain
'. de plaoe considérable. Mais oontrai.rament à la oéanequi. néoessi te un
très ~aible investissement,! 'usage des puits maçonnés 'ris~ued'8tre
limi té en raison de leur prix de revient élevé oomme le montre le ta-
bleau suivant.
.
-
-
-
-----------_...._--------------------~-~----
,1
TRAVAUX
FRAIS
TOTAL
1
1
------.;.-.~_...-.,
1
----------_._--
Creusement
7m à 5.000 FIe mètre
35.000 F
1
1 - - - - - - : - , - - - - - - - - - - - -
- - - - 1 - - - - - 1
1
8 Bacs deoiment à 2.000 F le ~ao
16.000 F
:
1
j
MATERIEL
----------------', -
.1
1 5 barres de fer à I.200 F la barre
6.000 F
._------
main-d'oeuvrel
6.000 F
1
1
1
------- ----
------------,------,
Prix de revient
1
63.000 F
--------------------,---_.
Cependant, l'irrigation à partir de oes puits rudimentaires,
qui est de loin le système le plus utilisé par les produoteurs, ne doit
pas nous faire oublier qu'on assiste, de plus en plus à un début de
modernisation de la maîtrise de l'eau. L'aspect le plus speotaoulaire
en est donné par oes grandes exploitations utilisant des robinets
branohés sur le réseau de la SONEES. Mais si l'eau est bon marohé
(37,74 F le m3), le branchement reste très élevé (200.000 F). L'irri-
gation à partir des robinets se trouve exolusivement dans les vergers
appartenant aux citadins qui, seuls, peuvent se permettre de telles
dépenses.
Le paysage des NIAYES restera ainsi longtemps tributaire
des oéanes en liaison avec l'insuffisanoe des moyens finanoiers dont
dispose la majorité des petits exploitants.
d) Les teohniques de oultures.
-----------
~~_~!~hn~~~!_~!~ural~sdans ~~~~oi~~tions maraîohères.
Les opérations oulturales oommencent vers la mi-ovtobre
dès que oessent les pluies. Les bas-fonds sont enoore sous l'eau, mais

- 105 -
le maI'aïoheroommenoe à oul t1ver clans les --pârties non submergées, puis
la, culture gagne peu à peu-toute la dépression à mesure que pro~esse
la déorue. Dans la dépression enoore inondée, le paysan entame le dé-
sherbage à l'aide de la daba et du ooupe-ooupe. Les herbes aquatiques
sont ooupées et laissées sur plaoe. En pourrissant, elles oonstituent
un exoellent engrais vert. Les premiers labours sont alors effeotués :
la terre est pioohée sur une profondeur de 35 oentimetres aveo la houe
ou l'fIer. Pendant dix jours, le paysan laisse le sol ressuyer avant de
démarrer le second. labour qui lui permet de briser les mottes et d' ameu-
-
'.
blir le sol. Il affecte
ensuite à ohaque type de légUme une partie de
la paroelle et le déooupage se fait en tenant oompte des exigenoes cul-
turales. Les parcelles font l'objet, à leur tour, d'un découpage en
planohes qui constituent des uni tés d'arrosage. La oons-truction des
pl-anohes sefai t à l' rler; la terre est relevée tout autour pour per-
mettre à l'eau de s'infiltrer sur place. Leurs dimensions sont relati-
vement standardisées de l'ordre de O,50m X l,lOm à 0,8Om X l,6Om.
Une fois tous oes travaux effectués, le mararcher étale sa
oouohe de fumure et procède au semis ou au repiquage dans les parties
de l'exploitation bien dégagées de l'eau des inondations d'hivernage. La
teohnique du repiquage est très largement utilisée par les paysans. Par
elle, les produoteurs entendent se protéger dudéfioit semenoier dont ils
sont souvent viotimes. On arrose abondamment pendant la première semaine
qui suit le repiquage. Quelques jours après, la fumure est répandue au
pied des plants. A partir de oe moment, des arrosages bi-quotidiens
sont néoessaires le matin de 7h à 10 h et en fin d'après-midi.
1,
La première réoolte a d'habitude lieu deux à trois mois après
1
les semis. Généralement, les mararchers éohelonnent les repiquages de
sorte que la réoolte soit ininterrompue pendant toute la saison maraî-
chère. Dès que la planche est libre de culture, le produoteur la laisse
en jaohère pendant une semaine à dix jours, puis laboure et sème à nou-
veau.
Le calendrier agricole est tel que, de Novembre à Juillet, la
terre porte incessamment des cultures. L'essentiel à retenir ioi est le

~ Io6
oaraotère saisonnier de la produotion. Les légumes sont produits géné-
ralement ent"re la mi-Février et la mi-Juin. Il est quaai impossible -
" dù moins à bon marohé- d'en trouver entre 1a mi...Juiilet: et Dééembr-e",
en gros" durant tout l'hivernage. Cette baisse des apports de produits
maratohers peut être assooiée à. trois Oauses prinoipales :
- Les oonditions olimatiques très rudes de l'hivernage. La tempé-
rature et l'humidité qui règnent durant la saison humide ne sont pas
favorables à un- développement normal de la plupart des légumes. Par-
tant de oet état de fait, de nombreux maratohers abandonnent le maraî-
ohage pour s'adonner aux traditionnelles oul tures d 'hivernage.
- La submersion des NIAYES qui prive les marafohers d'une grande
partie de leurs terrains.
- Le manque de main-d' oe.uvre durant toute la saison des pluies.
L'arborioulture fruitière offre des aspeots originaux
dans les NIAYES de par leur assooiation très fréquente aveo les oul-
tures marafohères. Elle se présente sous deux formes: oultures frui-
tières traditionnelles aux abords des villages ou intégrées dans le
oadre des jardins
et
vergers
modernes le long des voies de oommu-
nioation.
Les oultures traditionnelles oonnaissent une extension trop
limitée et servent plutôt à l'auto-oonsommation dans la majorité des
oas. Les plantations présentent plus l'aspeot de bois que de vergers
et ne bénéfioient d'auoun soin. Quand elles se trouvent interoalées
entre les oultures marafohères
dans les jardins, les oultures frui-
tières bénéfioient généralement des m6mes entretiens que les plants de
légumes, aussi les réooltes sont-elles médioores.
A la répartition plus ou moins désordonnée des arbres aux
alentours des villages et dans les jardins, s'opposent les plantations
ordonnées et espacées dans les vergers. Ceux-ci, en raison des inves-
tissements nécessaires, sont exclusivement la propriété de la bourgeoi-

- 107 -
8ie urbaine. En effet, l'exploitation d'ùn v~rger exige une 1mmobi11sa-
~. t~on de fonts importante; sans ~spoir de prot.1ts pendant plusieurs
.annc§es.L'entretien.d'unverger demande· une parfaite ·mBitr1sedel'·eau.
Pour tous les jeunes arbres, une irrigation permanente est néoessaire.
L'utilisation d'engrais est aussi très développée •. Comme enoul tlU'es
mara!ohères, la variété utilisée est le la - la - 20. Les traitements
fongioides et les inseotioides sont également répandus.
Les techniques de produotion apparaissent .dans là banlieue
de Dakar comme un mélange d'arohaIsme et de motternité. Le trait domi-
nant est sans-doute l'opposition entre l'utilisation de techniques mo-
dernes (inseoticides, distribution d'eau sous pression) et l'insuffi-
sanoe du potentièlinstru.mental. C'est cette contradiction que devait
éliminer le maratchage industriel avec la naissance de BUD-SENEGAL. Se-
lon les promoteurs du projet, BUD devait "s'inscrire dans le cadre d'un
programme général d'amélioration des conditions de production et de
commercialisation des pr~duits mara!chers au Sénégal, qui jusque-là
étaient artisanales et constituaient un obstacle à l'épanouissement
du mara!chage." (I2)
B - La modernisation de l'activité maratchère dans les NIAYES.
I • Le cas avorté de BUD - SEBEGAL.
Le décret N° 72 - 138 du 21 - 2 - 1972 qui créa la So-
ciété BUD ~ Sénégal, entratna par la même occasion la naissance du ma-
ratchage industriel au Sénégal. BUD - SENEGAL était une filiale de la
Bud ANTLE INC. de SALINAS en CALlroBNIE, l'un des plus gros producteurs
de légumes du monde. Le projet devrait permettre la création au Sénégal
des cultures mara!chères à un niveau industriel pour les besoins de
l'exportation, l'assistance et la vulgarisation de méthodes nouvelles
dans les exploitations traditionnelles.
Pour démarrer ses activités, la Société BUD a eu, de la part
de l'Etat sénégalais
des faveurs exceptionnelles. La loi sur le Domai-
ne National, qui fait de l'Etat le propriétaire de la terre, permet en
(I2) Archives N° 1255 - DAKAR - SENEGAL.

- 108 -
,outre la réoupération de toute terre pour insuffisanoe de mise en va-
•leur ,ou pour des. mOtifsd'intér3t g~néral. C'ési d'8.111eursau 'nom 'Cie
-
-
- ~
oet intér3t général que beauo'oup de propriétaires ont été expropriés'
sans auoun dédommagement. Le domaine de la Sooiété était ainsi ,oonstitué
par un ensemble de bloos fonoiers- oouvrant une superfioie oul tivable
cle 5.922,80 heotares (I).Toutefois, BUD n'exploita que deux fermes
situées à 40 kms de DAKAR, en pleine zone des NIAYES. Les exploita-
tions de KIRENE et BAOBAB couvraient une superfioie d'environ 550 ha.
Les sols des deux fermes de BUD, argileux et diffioiles li.
travailler néoessi taient l'utilisation du gros matériell traoteurs
lourds pour les travaux de préparation du terrain; semoirs pneumosènes
pour les semis; grader, exoavateur, buldozer pour le planage; le tout
entretenu par une régie méoanique. Le traitement phitosanit~ire des
espèoes était rigoureux. ~outes les soles de oultures étaient soigneuse-
ment engraissées (Taux moyen: une tonne par heotare) et lès paroelles
.
.
journellement irriguées. Des teohniques très sophistiquées comme le
goutte à goutte, l'aspersion et la méthode gravitaire étaient égale-
ment utilisées.
Les installations de BUD, difficiles à énumérer, étaient
imposantes. Outre oe matériel agricole très moderne, la Société dis-
posait d'un important paro automobile, de magasins de,conditionnement,
de réservoirs gas-oil et même d'une piste d'atterrissage à BAOBAB pour
les avions qui devaient assurer les traitements phytosanitaires, et
d'une station météorologique. Le personnel permanent d'encadrement
était composé de 32 expatriés et de citadins originaires de DAKAR.
Par contre les travailleurs temporaires venaient sur un large rayon
atteignant même la région de TRIES.
Le principal objectif de l'entreprise était la produotion
maratchère pour l'exportation sur les marchés européens. La sooiété
prodUiSait beaucoup de variétés de primeurs dont le choix était fonc-
tion du cycle végétatif désiré suivant les meilleures dates de commer-
(I) SOW A. (II6) page 78.

- 109 -
r
oial1sation sur ~es,maroh6sleurop4§ens. Près ~d.e 6~ 4e la produotion
4§taient' absorbés parl 'exportation. La réool te 4§tai t gén4§ralement 4§ta-
lée sur Ulie' grande péri'od~'pour miniD11.s'er les problèmes ,très délioats
de la oonservation de oesspéoulations agriooles. L' entrep6t de DAKAR-
YOFF, qui est la prinoipal e installation. frigi>rifique sp4§oialisée dans
oe domaine, ne peut oontenir plus de 150 tonnes, oe qui est très insuf-
fisant par rapport à la. oapaoi té de produotion de l'entreprise. Un ser-
vice de oonditionnement fonotionnait dono en permanenoe aveo des femmes
,réparties en auatre brigades de 72 ~ 125 personnes travaillant par sé-
'. quenoes de hui t heures par jour. Ainsi, quotidiennement, des oentaines
de tonnes de fruits et légumes étaient expédiées dan~ des avions-cargOs
que le servioe de oommeroialisati~n avait déjà affrJtés. Ce servioe,
en oonstante relation télex aveo des antennes basées à AMSTERDAM, ooor-
donnait ohaque jour les vols des avions, les réooltes oonditionnées
et les marohés à ravitailler.
Les horaires extraits d'un reportage sur la BUD montrent le
degré d'organisation de la réoolte et de l'éooulement.
"3 heures de l'après-midi: SEB1KOTANE, SENEGAL , on plaoe les der-
niers poivrons verts tout frais oueillis dans des emballages de oarton
marqués BUD-SENEGAL et on les oharge 4a.ns des oamions pour être trans-
portés jusqu'à l'aéroport distant de 35 kms.
4 heures de l'après-midi: Aéroport international de DAKAR. La
queue du gros porteur s'ouvre et les oartons de poivrons, de melons
et de fraises s'engouffrent là, hissés par une bande transporteuse
sur laquelle des ouvriers les ont ooltinés depuis un hangar frigori-
fique.
7 heures du soir: l'avion s'envole vers AMSTERDAM portant dans
ses flanos des tonnes de produits agriooles oueillis le jour même.
3 heures du matin, le lendemain: Aéroport International de
SCH1PHOL. Le jet atterrit:fruits et légumes sont immédiatement trans-
portés aux halles oentrales.
7 heures ce soir là: les ménagères hollandaises servent à leur
famille des légumes oueillis la veille à quelque 4.700 kms, au Sé-
négal." ( 2 )
(2) Tiré de TOPIC N° 79 oité par HADJ A. (76) page 56.
1

- 110 -
Dans de telles Qonditions de comm~rcialisation, l'avion
reste le.mo7ende tr~sport le plus opérationnel.Oepend~t,la voie
m8crltime a-âr:Nrai t60% .du:' tr~f1c.La Sooiété s' adrèssai t. à laoompagnie
FABRE, à l~ SITRAM et à la compagnie DELMAS VIELJEUX pour le transport
des toma.tes ~t des lloivrons.Le reooursà leur servioe permettait des
réductions notables du ool1t du transport normal comme l'indique le
tableau suivant.
,
TABLEAU XIV -'~i! pratiques Ear le f~!.
l~
Source 1 NIANG lŒ. D. '( 98) page 9I.
1
-------
---
.a
Nature des
' Fret maritime
Fret aérien
:Quantité (en T.):
,'
Erodui,_t...
s
.
_
minimum
1
1
Tomate
30 F/kg
I.OOO
_ _,.;.1
,'
1
:
! _ - - -
,-~------
,1
.
1
Poivrons
35 F/kg
I.OOO
1
1
1
,--,-------------,--------------
1 Harioots verts
I30 F/kg
'de I.500 à 2.500:
,I
--.!.
-=-
_
1
,1
Melons
,1
I20 F/kg
Ide 2.500 à 3.500:
1
1
1
--;.....-----------
1
Une parfaite ooordination de oet ensemble commeroial était
nécessaire. Dans le cas de fret à perte (la looation étant faite et
le conditionnement restant en retard) le produit était généralement
bradé sur le marché intérieur. Celui-ci absorbait néanmoins 40% de la
production. La commercialisation à l'intérieur s'effeotuait par le
biais de stands que la Société avait installés le long des grands axes
de communication et de quelques magasins et épiceries de DAKAR. Le
reste de la production non vendue était destiné
à la conserverie. Le
tableau XV retrace l'évolution de la production et de la commercia-
lisation.

- III -
TABLnUxv. - ~olution i! ,la Erociuot~ et .de la oomm!!:oialisation
~!-!UD ÈmEe 1.972 et I97~ (:3)
Source INIANG MB.D. op. oit. 'page 89.
"----------- --------------~----------------,
1
1
Produotion oommercialisée (en tonnes)
Production:
- - - -
-
. - - - - -
- -
totale (en
: ABNEES
'EXPORTEE 1 Vendue au marché 1 Vendue à l a I tonnes).
:
,
:
:
local
conserverie
1
- - - - - - - - - - - - -
------------
.
.
:
.
,1
I972-73
2.200
894 '
1
1.I36
4.230
_ _
I
..!.-
,
_
,1 _ _..;;..._--,.;,.1_-
,1
I973-74 ,1
2.590
840
2.466
1
1
1
------------------'....._~-
---,~---,
1 I974-75:
4.6I6
2.46I
2.864
9.94I
-----,
I
1 ------------
-------
:
,
I975-76 ,1
8.I40
2.956
2.750
13.846
1
:
1
:
- - - - - - - - - - - -
---------,
b) Les raisons de l'échec de la Société BUD-SENEGAL.
-----------------------------
Alors que les premières di ffi cul tés de BUD commençai ent à
apparaître, les experts chargés de la "mission diagnostic" de la so-
oiété éorivaient en Avril I978 " Les fondateurs de la BUD ont cru pou-
voir transporter au CAP-VERT des méthodes ouI turales américaines mal
assimilées, et cela dans un contexte oomplètement différent, d'où l'ob-
tention de rendements exportables lamentables." L'entreprise portait
donc, dès sa création, les germes de sa propre destruction. Les dé-
faillances étaient cependant de diverses natures.
Elles constituent les facteurs les plus importants dans l'échec
de la société. Les sols de la ferme de BAOBAB, argileux et difficiles
à travailler, ne convenaient pas au maraîchage. Les promoteurs de BUD,
escomptant sur les techniques modernes qu'ils avaient inaugurées,
oubliaient certainement qu'on n'installe pas une entreprise agricole
comme on monte une usine clé en main.
i
La lutte contre les parasites et les maladies cryptogamiques,
et l'utilisation des engrais constituaient d'autres tares pour BUD.
1i
(3) Nous avons complété la part vendue à la conserverie. La oase cor-
J
respondante était laissée vide dans le travail de Mr NIANG. Ces
i
chiffres sont donc à prendre aveo beaucoup de réserves.
1

- 112
Maisl'obstaole majeur auquel allaient se -heurter les responsables
de :BUD- ét8.!-t If u tilisation de i' eau. L' eau néoessaire à l-'irrigatton
-provenai t de_- deux points -r -
--le point ''K" rattaohé au réseau de la SONEES qui approVisionne
.Dakar et sa hanli~ue,
- le point "R" relié à un réseau fourni par la SODES à partir
d'un forage à BEER THIALENE.
Le branc_h~ent sur le ré.seauurbain perturba la consommation
domestique d'eau de DAKAR. L'efficacité du système n'était maximale
que la nuit. Par ailleurs, l'eau du forage de BEER THIALEr{E, riohe en
sel de fer, ne répondait pas à l'application adéquate du goutte à gout-
te. De telles diffioultés engendraient une chute régulière des rende-
ments.
tion.
Il
Il ne suffit pas de produire haricots, tomates, poivrons et
melons entre Décembre et Mai, encore faut-il les transporter jusqu'
aUX marchés européens et les y vendre" écri vai t Christophe BETSCH. (4)
L'évacuation des produits vers les marchés extérieurs a toujours cons-
titué une entrave à la bonne marche des activités de BUD-SENEGAL. Les
contrats conclus avec les compagnies aériennes et maritimes étaient
rarement respectés, d'un côté et de l'autre. Le coût élevé du trans-
port aérien limitait le tonnage des produits qu'il était rentable
d'exporter par avion et nuisait à leur compétitivité par rapport à des
produits similaires que d'autres pays plus proches (ceux du MAGHREB.)
arrivaient à livrer par bateau.
• ~~!.~~uf!!.~~~~~~~~ti~!l.
BUD a également connu des difficultés liées à la mauvaise gestion
de la société. Devant l'absence totale de contrôle, les dirigeants
se livraient à une comptabilité malsaine dont ils étaient les seuls
bénéficiaires. Après quatre années d'existence, l'entreprise eut un
déficit de plus de 700 millions de francs. Devant le refus des action-
(4) BETSCH C. (I80)
t
1

- 113
naires privés d'engager de nouveaux oapitâux, l'Etat sénégalais dé-
oida de prendre la .direotion d~ l~ sooiété -et 'ses' aotions passèrent
de' 48 à 6I~ du oapital de BUD.
La "sénégaltsation" fut amoroée mais .la nouvelle équipe
manquait d'expérienoe et, pour la plupart, ne oonnaissait rien des
oultures maraîohères. Malgr~ les efforts entrepris (lioenoiement de
19 expatriés, austérité, eto ••• ) la orise persista. Les diffioultés
héritées de l'anoienne direotion étaient trop profondes pour que la
sooiété parviennè à équilibrer ses oomptes.
Faoe àla généralisation du marasme, le gouvernement se
résout à la failli te le 3 Septembre 1979. Un pari vi ent d'être perdu
pour le Sénégal: oelui d'être au premier rang des exportateurs de lé-
gumes de contre-saieon des pays A.C.P. (Afrique - CARAIBES - Pacifique)
Après la disparition de BUD-Sénégal, l'effort de modernisa-
tion de l'activité maraîohère devait se poursuivre avec la naissance
d'un système d'exploitation coopératif sur de grands périmètres ir-
rigués.
Après la dissolution de BUD, l'Etat sénégalais, dans sa
recherche d'une formule de remplacement, a actuellement adopté celle
consistant (après rachat du patrimoine de la Société) à rétrocéder
aux paysans une partie des anciens terrains de l'ex-entreprise et à
la faire enoadrer par d'anciens technioiens de cette dernière, eux-
mêmes placés sous la responsabilité d'un fonctionnaire du U~nistère
du Développement rural.
Le but visé par le gouvernement sénégalais, dans la créa-
tion de ces périmètres maraîchers, était d'encadrer à terme 925 fa-
milles sur une superficie de 461 hectares dont: 300 ha à BAOBAB, 150
à KIRENE et II à TIVAOUANE PEUL ou S 1 bis (5).
1
(5) NIANG ME.D. op. CIT. P.P. 103 - 104.
1
j

- 114 -
Le périm3'tre de BAOBAB, qui fut l"'une des plus grandes exploi-
tations de :SUD, est si tué à .40 DS à l'Est de Dakar_, ~nze groupes de
maraiéhers réunissant trois oents famille"s y soni; enoadrés pour la pro-
duotion de harioots verts, de ohoux, d~cmelonset de tomates.
KIRENE, situé dans la région de THIES, enoadre trois oents
paysans
.
venus des villages environnants:
.
NDIASS, KIRENE et BANDIA pour
la produotion de harioots verts, de melons, de pommes de terre et de
tomates.
Situé non loin de DAKAR, en pleine zone des NIAYES, le pér~­
mêtr~ de S Ibis (TIVAOUANE PEUL) ~'est surtout spéoialisé dans la pro-
duction du'haricot vert et du poivron pour l'exportation. La Route des
NIAYES, à laquelle il est relié par une piste de 3 kms, lui permet
d'approvisionner le marché dakarois en tomate et piment.
Mais au-delà de l'objectif visé par les autorités sénéga-
laises, l'ambition est axée essentiellement sur:
- la di versification des cultures qui est devenue presque un slo-
gan dans les milieux gouvernementaux,
- la promotion de l'exportation de façon générale;
- le développement des cultures de légumes faisant l'objet d'im-
portations massives : pommes de terre et tomates;
l'amélioration du standing de vie des producteurs et un frein
à l'exode rural des jeunes vers DAKAR.
L'organisation des périmëtres maraîchers repose sur un mode
de production de type coopératif sur la base d'une utilisation collec-
tive des moyens de production. Les paysans sont regroupés dans des
coopératives au sein desquelles ils travaillent, selon leur sympathie
ou leurs liens de parenté, en petits groupes de dix ou vingt producteurs.
Les exploitations sont dirigées par des chefs de périmètre aidés par
des encadreurs qui sont généralement les anciens employés de BUD-S~J~GAL.
Chaque encadreur prend en charge 40 à 60 familles 8e partageant une su-
perficie de 20 à 30 ha, ce qui équivaut à une moyenne de 0,5 ha par
famille.
!
1
1

- 115 -
Les infrastruotures et les équipêmentsdes producteurs pro-
viennent essenUëllement .es moyens Té gués par :BUD- et l-es biensaoquis
sUr fondsF~E.D. (Fonds- ~àpéen de dév'eloppement). Ceux~ci varient
d'un périmètre à l'autre et se présentent généralement en bon état. Le
fait caractéristique est la-large diffusion du gros matériel. Le mou-
vement coopératif semble s'orienter vers la fourniture de tracteurs,
de semoirs et de motopompes. A KIRENE, les fonds F E D ont permis
1
d'acquérir
- 3 tracteurs lourds po_ur les.travaux de labour,
1
- 5 tracteurs légers pour les travaux d'entretien,
I semoir avec système de ventilation,
- I réservoir de gas-oil avec pompe,
2 forages de 250 m3/h, chacun équipé de pompes,
- I magasin de conditionnement et I atelier de mécanique.
Après des débuts difficiles liés au scepticisme des paysans,
les périmètre,s maraîchers ont connu des ré sul tats d'ensemble assez
satisfaisants 1 le nombre de familles encadrées passait de 358 à 625 en-
tre 1980 et 1983, et les superficies cultivées de 181 à 3I1 ha pendant
la même période.
L'expérience du mode d'exploitation coopératif a montré que
les maraîchers sont ouverts aux techniques modernes de production. A
terme, les périmètres pourront se développer et s'étendre sur une très
grande partie des NIAYES, pourvu que la productivité qui y est encore
faible soit améliorée et que la restructuration des coopératives
existantes soit effective ce qui les rendrait plus dynamiques et aptes
à répondre aux besoins des paysans.

_ - 116 -
III - FACTEURS D'EVOLUTION DE LA PRODUCTION-REGIONALE-
---...
~--
-
l • Les oontraintes naturelles.
a) La~~~~~~ (voirs ta pluviom~trie, Iere partie). -
b) Le~~~!!~~~~~!~~!~~_~loi
tati~!!~_2~~_à la~ésta;­
~~!~~~!~~~~~es (voir: Le relief, Iere partie).
2 • Les oontraintes d'ordre technique.
---"------_.
--,--------
Les magasins qui assurent la ~ente de oes semences se sou-
oient peu des variétés adaptées aux oonditions des NIAYES. Généralement,
ils vendent soit des produits semenoiers d'hivernage lorsque o'est la
saison sèche au Sénégal, soit des produits de saison sèohe lorsque
c'est l'hivernage. C'est à croire que ces magasins importent les pro-
dui ts non vendus.
Il est nécessaire de mettre à la disposition des marafchers
des semences sélectionnées plus adaptées et plus productives. La qua-
lité des semenoes est d'une grande importance car elle permet d'ob-
tenir des rendements élevés. Après une expérience de plus d'un demi-
sièole dansl'agrioulture marafchère, le Sénégal est toujours dépen-
dant de l'étranger pour son ravitaillement en semences marafchères,
alors que le KENYA dispose d'un service semencier dans ce domaine.
Les responsables de la D.G.P.A. semblent ignorer que l'amélioration
de la production dépend essentiellement du choix des espèces et des
variétés.
b) L'insuffisanoe des infrastruotures routières.
----------------
---------
Du point de vue routier, la région du CAP-VERT semble bien
desservie:
- par le gr<:md axe DAKAR-RUFISQUE,
par une route seoondaire partant de PIKINE, suivant à peu
près la oonfiguration de la presqu'île (la route des NIAYES),
par la route RUFISQUE - SANGALKAM - BAMBILOR,

- 117 -
- par un oertain nombre de pistes et bretelles, raccordées aux
artères oi-dessus, et desservant une grande pàrtie des villa-
i
ges.
1
Ces voies de communication sont goudronnées et aocessibles
1
à tous les véhicules et en toutes saisons.
1
Cependant, dans le cadre d'une région maraîchère, où les
~
i
produits sont périssables et nécessitent par conséquent une évacuation
rapide, beaucoup de choses restent' encore à faire. Les zones de pro-
1
duction proohes du lao RETBA par exemple sont fortement enclavées, ce
qui rend difficile les conditions d'évacuation des produits vers les
1
zones de consommation.
1
3 • Les contraintes socio-économiques.
----------'- - - - - - - -
Le régime foncier traditionnel a engendré une série de pro-
blèmes susceptibles d'avoir des effets limitants pour une mise en va-
leur intensive des NIAYES. Il s'agit du système des prêts de champ à
titre temporaire ou de longue durée, effectué par les héritiers des
f1LAMANES" CI) aux immigrants, et la location de la terre.
Nos enquêtes menées dans quelques villages de la presqu'île
du CAP-VERT nous ont permis de constater que seulement 60% des exploi-
tants sont propriétaires des terrains qu'ils oultivent.
VILLAGES
: Nombre d' exploi- : %en faire-va-
: %en faire.va-
tations enquêtées
loir direct.
loir indirect.
:
:
:
-------------------------------------------:-----------------
: YEUMBEUL
36
55
.
45
.
-------------------------------------------------------
:KEUR MASSAR :
45
6 8 :
32
:------------:-----------------:-----------------:---------------
MBAO
28
64
36
·
.
.
.
-------------------------------------------------------------------
: SANGALKAM
34
69
31
-------------------------------~------------------------------
·
GOROM·
40
4 5
.
·
55
:-----------.----------------:--- ------------~:-----------------
183
60,20
39,80
:
:
-----------------------,----------------,
CI) LAMANE : chef coutumier de la terre.
1


- 118 -
Lès prêts de terre sont faits sur le domaine de la proprié-
té coutumière. Le requérant s'engage à mettre en valeur la paroelle
. qui lui est allouée. Les terres sont attribuées. aux ohefs de ménage
<
sans rétribution en contrepartie. Théoriquement, elles sont reprises
en oas d'abandon par l'exploitant, mais en réalité les exploitants
disposent des terres comme s'ils en étaient les véritables proprié-
taires et les oultivent toute leur vie.
La location de la terre, particulièrement répandue dans
les NIAYES, s'adresse surtout aux étrangers, alors que les pr~ts de
champs sont accordés aux villageois.
Dans la méthode du faire-valoir indirect, quel que soit le
système utilisé, le résultat est le même: c'est l'exigUÏté extr~me
des parcelles. Pour plus de 9~ des exploitations alla.rit de THIAROYE
à KEUR MASSAR, la superficie ne dépasse guère 0,50 ha.
Il apparaît très clair que le manque d'initiati~e que l'on
note ohez presque tous les petits exploitants, est imputable en pre-
mier lieu au régime foncier et il est certain que les cultures maraî-
chères ne deviendront intensives que le jour où les terres seront
mises en appropriation individuelle. Les usufruitiers d'exploitations
détenant un droit révocable sur la terre qu'ils cultivent sont détour-
nés de toute idée d'aménagement en vue d'une plus grande productivité.
La mise en valeur dans les NIAYES se fait donc dans un esprit qui
n'est pas très éloigné de celui du paysan cultivant dans un coin de
brousse qui sera abandonné après quelques années, une fois la terre
épuisée.
\\'1
1
Elles sont nées de la création, de l'interprétation et de
l'application de la Loi 64 - 46 du 17 Juin 1964 relative au Domaine
National.
1
,Tl1S0U' en 19t;4, 1 e
réP1!'1e fO'1ci e1' ~-,-." ,'li ti 0'1:1 el étr'l t bR.sé
sur le système des prêts de champ effectué par les héritiers des
1
Lamane aux immigrants. Cette forme déguisée de location des terres
1

- 119 -
entrafnait souvent des tensions, voire des-oonflits entre détenteurs
de terre et immdgrés tenanoiers.
Pour mettre fin à oette situation, l'Etat sénégalàis avait
jugé néoessaire de mettra sur pied une loi qui se veut le début d'une
véri table réforme a.graire. " Consti tuent de plein droit le domaine
na.tional,_ toutes les terres non classées dans le domaine publio, non
immatrioulées et dont la propriété n'a pas été transcrite à la con-
1
servation des hypothèques à la dat~ d'entrée en vigueur de la présente
loi. Ne font pas partie du domaine- national les terres qui,à cette même
date, font l'objet d'une prooédure d'immatriculation au nom d'une per-
sonne autre que l'Etat." (2) "Les personnes occupant et exploitant
personnellemen~ des terres du domaine national à la date d'entrée en
vigueur de la présente loi continueront à les occuper et à lesexploi-
ter" (3) à titre personnel et non transmissible, en attendant la for-
mation de communautés rurales à qui ces terrains seront attribués. En
théorie, personne ne peut acheter des terres du domaine national. Cette
loi a ainsi pour but de permettre aux communautés villageoises de con-
server leurs terrains de culture, en en interdisant la vente.
Au début, tout portait à croire que la promulgation de cette
loi apporterait des mutations profondes dans l'économie ruxale. Bien
au contraire, l'interprétation et surtout l'application qui en ont
suivi se sont traduites par des formes insidieuses de spoliation fon-
cière aux conséquences très fâcheuses. Cette situation que l'on juge
mineure, est en train de prendre des proportions alarmantes dans les
N1AYES
et si une nouvelle politique n'est pas dégagée, les citadins
accapareurs de terre, car bien protégés par une mauvaise interpréta-
tion des textes vont devenir, selon l'expression consacrée, des
"Lamane modernes" aux dépens du paysannat démuni, ce qui n'est pas
sans incidences confliotuelles.
(2) Article l de la loi sur le domaine national.
(3) Article 15 de la loi sur le domaine national.
t
1

- 120 -
TABLEAU XVII - Si~~~~!.2~..!!_1'oc~u~~~!.~eâ terrains ê. SANGALICAll-
BAMl3ILOR.
~~~ : KANE A. (77) page II2.
------~----_--:---..-----.-'
-----"-~'-----------
',:Ca{égories socio- ,: Réparti tion des occupants et des superficies
:~rofessionnelles
occupées selon la C.S - P
. (C.S - P.)
:-iombrë---'---;-----Supërfrcies-~---
,:
: d t :

:

:
YD
_______~~~~E!:~!!--
~upe~es;;....
_
:
. :
Oultivateurs
I.433
70,66· I.798,94
29,43
,: ------
.
-.:--~----:-~---,--:---------:-.- - - - - :
Fonotionnaires
-: et assimilés.
:
418
20,61
:
20,07
·I--...,-·-.-:---·'-....-----.I-----~: - - '----r---'--r-----:
Secteur privé
154
7,59
2.964,43
48,50
.t_~_~
~_~
:
~
:
__!
-.: - Marabouts
4
0,20
19
0,31
------------------------_._--
:
,:
: :
6
-Indéterminés
19
0,94
103,32
l, 9
:-------------+------------.--------.--------+------:
ETAT
795,32
:
:
-----------------------------
:
--- ---------
TOTAL
2.028
100
6.907,72
100
--_.------------
de résidence.
Source
KANE A. idem.
: Répartition ~es occupants et des superficies occu-
pées selon le lieu de résidence.
Résidence
:
:
----------------------------------------.
:
Nombré
:
%
Superficie:
%
-------------------
-----------
:
: Résidents
:
I.433
:
70,66
I.798,94
29,43
:
:
----------------------------------
:Non résidents :
595
29,34
4.313,46
70,57
-----------------------------------------------
:
TOTAL
2.028
100
: 6.112,40
100
I------------~-----------r__-------__y_-------:
ETAT:


- - - - - - - -

- L - -
795 , 3 2 .
- L -
_ :
.
, .
t1

- 121 -
La politique d'urbanisation jusqu'alors adoptée semblait te-
t '
nir oompte de la vocation 'maraiohèredes NIAYES du CAP-VERT~ Cependant;
les NIAYES , jadis déolaréeszones linon edifioandi" , disparaissent au-
1
jourd'hui sous la poussée anarchique de l'urbanisme. ,
Né à cause de la ville, le ma,raîohage a subi ses effets et
a reoulé au fur et à mesure de la croissanoe demesurée de ~~R (dans
,une progression linéaire vers le Nord~Est, donc vers les NIAYES, en
raison de l'étroitesse du cadre géographique) pour occuper des terres
" <ti.sponi bles de pl us en plus lointaines. ,Les si tes d'eau .et de verdure
disparaissent pour céder la plaoe à la rigueur des pierres. Parmi les
'niayes remblayées pour des raisons d'habitation ou autres, on peut oi-
\\
ter 1
1
- une pe,rtie de la zone franche industrielle,
- les cuvettes de GUEDJAWAYE,
- la zone artisanale de PIKINE (terminus TALLY-BOUBES),
- les quartiers CFA et l:IEDINA GOUNASS,
- les qUê.rtiers groupés FATOU MAlGA et périphérie,
- le C.E.S. et l'école primaire 10 de PIKINE,
- les PARCELLES ASSAINIES,
- le cimetière catholique,
la F.I. nAK (Foire Internationale de DAKAR),
- quelques cuvettes de YEU1IDEUL, de THIAROYB-KAW, GUEDJAWAYE et
THIAROYE - sur - MER.
Les niayes épargnées par les constructions constituent le
plus souvent des dépotoirs d'ordures ménagères qui vont polluer, à
ooup sûr, les nappes des zones environnantes.
Par ailleurs, "l'axe DAKAR-THIES correspond à une zone dont
l'industrialis~tion et l'urbanisation constituent les vocations
domi-
1
1
1
i
1

- I22 -
nantes ". (4)
. De nos jours, il semble de plus en plus oertain que l'em-
prise urbaine fera dispara~tre, à plus ou moins brève éohéanoe, toute
aétivité mara!ohère dans l'Ouest de la presqu'île durement touohé
par l'urbanisation. Cela posera le problème très aigu de la reoonver-
sion des villages maraîchers. Il est donc opportun, pendant qu'il est
encore temps, d'étudier la question de façon plus approfondie avant
qu'il ne soit trop tard.
d) Le~~~~raintes l~ées~
__~~~~de distribution. (voir 3e
partie).
Toutes ces oontraintes sont liées à l'inexistenoe d'une vé-
ritable politique m~raîohère. Les cultures légumières ne doivent plus
être oonsidérées comme un palliatif à la traditionnelle culture de l'a-
raohide en saison sèche. Leur importance éoonomique se oonfirme d'an-
née en année face à la dépréoiation des oultures d'hivernage. Il est
temps d'organiser oe seoteur d'autant plus qu'il reoèle les meilleurs
atouts dans la politique de diversifioation des cultures, l'améliora-
tion de la balance commerciale, l'aooroissement du niveau de vie du
monde rural et l'autosuffisanoe alimentaire.
L'étude qui porte sur les ohoix d'une organisation ration-
nelle de l'espaoe agricole de la région de DAKAR, a pour ambition de
jeter les bases d'une série de réflexions que l'état des NIAYES exige
pour sa mise en valeur au mieux possible. Pour ~tre effioaoe, tout
projet d'aménagement des NIAYES devra résoudre une série de problèmes
dont les plus préoccupants, à notre avis, semblent être:
l • ~~dé s ~~!.~!~!!!~!_de~~!:ta~!!~_~!:!ie~~~_!!.!..~.
Le développement du maraîchage dans la banlieue de
DAKAR ne peut s'effectuer sans une politique visant le désenclavement.
Malgré l'existence de la route des Niayes, la région connaît encore
(4) Atlas pour l'aménagement du territoire (I92) page 7.
f
1

- 123 -
4ss problàms& d' enolav8Jll.enta enolavements ~ographique et éoonomique.
La diffioUlté de mettre en valeur oertains sites potentiellement pro-
-metteurs tient surtout à l'absenoe ou à la défeotuositédes voies de-
oommunioati on. L'améli~ration des infrastruotures routiàres (pistes
.de oolleote) faoiliterait l'éooulement des produits mara!ohers et au-
tresproduits agriooles vers les grands centres urbains que sont DAKAR
et RUFISQUE. Le prolongement de la Route des NIAYES semble être, de
nos jours, une nécessité impérieuse. L'exploitation rationnelle du
gisement coquillier de la terrasse du nouatchottien pourrait apporter
- '
-
une amélioration très sensible des pistes déjà -en place.
Des espoirs de désenolavement s'ouvrent aujourd'hui avec le
projet d'exploitation de la tourbe dans les NIAYES de la région de
MBORO. Les bonnes voies de oommunication qui seront créées à cet effet
permettront l'installation de réseauX de distribution électrique qui
faciliteront les implantations pour l'établissement de stations de pom-
page.
2 • La nécessité de fixation des dunes.
1
Tous les pays qui ont des cates sableuses se sont atte-
lés à la fixation des dunes avant la mise en valeur de l'arrière.pays.
L'avancée des sables devient une préoccupation journalière des ruraux
et des ci tadins:
- niayes envahies par une mince pellicule sableuse et stérile;
- plants "bombardés" par les grains de sable;
- routes envahies et à demi-recouvertes par la masse arénacée;
- constructions sapées à la base par le départ de ce sable encore
mobilisé par le vent.
Dès lors, toute mise en valeur de la région devra forcément
rester conditionnée par sa protection permanente dans laquelle l'arbre
jouera un raIe primordial. Il s'avère ainsi indispensable de procéder
à la réalisation d'une "muraille verte" de protection, de façon à as-
surer la stabilité des terres de culture.

- 124 -
- L'espèoe utilisée devra 8tre oapable de pousser A proximité
- . de la mer, sur un sol sablonneUx très pauvre e~ ~ans oOhésion, -desup-
porter les effets de vents violents ohargés d'embruns, et de résister
- A un ensablement partiel. Ces oonditions partioulièmement hostiles sont
-préoisément oellesdans lesquelles prospère le filao ( Casuarina equi-
setifolia) en Malaisie d'où il est originaire. Son utilisation était
donc teohniquement justifiée en 1908 dans les NIAYES, et il fut large-
mBnt employé oomme essenoe de reboisement. Cependant le filao présente
l'inoonvénient d'être p~u longévif (il ne dépasse guère une cinquantaine
d'années), de ne pas se régénérer naturellement sous le climat des
NIAYES et de mal rejeter de souche. Il apparaissait dès lors urgent Ae
trouver d'autres espèces aussi frugales et résistantes, et des essais
systématiques furent entrepris à partir de-I950. Aucun des types d'ar-
bres testés ne donna de résultats intéressants. _Il n'existe donc ac-
- tuellement aucune espèce susoeptible de remplaoer le filao pour la
fixation des dunes situées immédiatement en bordure de mer.
De DAKAR à SAINT-LOurS, sur les quelques 220 kms de la Grande
Côte, agronomes, ingénieurs des eaux et forêts et maraîohers ont enga-
gé la bataille contre le désert. Dans la région de KEBEMER, à une cen-
taine de kilomEttres au Sud de 9AINT-LOurS, une équipe financée par le
Programme des Nations-Unies pour le Développement (P.N.U.D.) a entre-
pris depuis 1975 un reboisement systématique des dunes. "Si l'on n'a-
vait pas commencé à fixer oes dunes, des villages entiers auraient
disparu et leurs habitants seraient partis à DAKAR ou ailleurs! Il ex-
plique l'un des responsables du projet. Dans la région de KEBEMER,
1.311 heotares ont été plantés en neuf ans sur la dune maritime et 624
sur la dune continentale. Le projet mené par le P.N.U.D. est évalué à
953.000 dollars amérioains.
Au Sud de la Grande Côte, près de la presqu'fIe du CAP-VERT,
l'Agence Internationale d'Aide et de Développement des Etats-Unis
(U.S.A.I.D.) finanoe un projet de même type, pour un montant de 3,7
millions de dollars; tandis qu'au Nord, près de SAINT-LOUIS, c'est
l'Agence Canadienne de Coopération et de Développement International

- 125 -
(A. C.D.I.) qui mène le reboisement pour un projet évalué à 642.000
dollars.
Le long de la mer, sur une largeur de 200 mètres,oes
différents projets ont fait jonction et une étroite bande de coni-
fères jalonne aujourd'hui la Grande Côte. Mais derrière ce premier
front, la bataille contre la désértification est loin d'être gagnée. Il
nous semble primordial que d'autres_plants soient installés derrière
l'écran protecteur des premières r.angées de filaos. Certains essais,
avec le cocotier notamIilent, mériteraient d'être repri-s. Les arbres
ohoisis devront être des essences de production lign~use et frUitière
pour permettre auX populations d'améliorer leur cadre de vie -(bois
de chauffage) et d'avoir de nouveaux débouchés commerciaux.
Depuis I~nO, la tendance du climat dans les NIAYES
(oomme partout ailleurs au Sénégal) est à l'aridité. A l'exception
de 1975 et de 1985, la hauteur d'eau enregistrée à la station de
DAKAR-YOFF est de loin inférieure à la moyenne 550 mm par an.
Ce déficit se traduit par un appauvrissement des réserves
d'eau souterraines qui deviennent en outre plus difficiles à attein-
dre, et par une disparition lente des eaux de surface (1).
Cette situation déjà précaire est aggravée par:
- des besoins en eau pour la population dakaroise qui dépassent
largement la capacité de la nappe. De 1975 à 1982, le volume
d'eau prélevé dans les nappes de la région du CAP-VERT est
passé de 91.000 à 142.000 m3 (2).
(1) Dans la région du CAP-VERT, existent beaucoup de lacs et de mari-
gots relativement importants. Il s'agit surtout: du lac OUROUAYE
(18 ha), du lac YOUI (36ha), du lac MBEUBEUSSE (125 ha), du lac
HETBA (407 ha, mais son eau est salée), du marigot de MJ3AO (6ha).
Comme marais, nous avons: le THIOUR01~E, le KHEUREUP-KEUR, le
DEKH GOU MAK, le KRAM GOU MAK, le DEGUE :.J3AO. Tous ces marais sont
si tués dans 1 e tri angl e 11ALIKA - NIA GA - 1.;:]1>.0. Ce sont des eaux
stagnantes qui disparaissent après l'hivernage. A sec, ils sont
utilisés pour le maraîchage de décrue, à Cause de l'humidité des
sols. NDOUR K (93) page 10.
(2) DIOP M.A. (57) page 66.

- 126 -
- une aotivité mararch~re en plein essor et grandé oonsommatrioe
d'èau,
- un reboisement de plus en plus intensif qui augmente la charge
de la nappe phréatique.
Toute politique d'aménagement des NIAYES doit viser en prio-
ri té 1 e réamoroement du cycl e de l'eau par des améliorations qui doi-
vent se porter sur :
-Les_~,!:!~~~~~~~_nap~. Toutes les eaux libres sont
aujourd'hui menacées de disparaître à cause de la progression du sys-
tème dunaire. Il est donc urgent d' entreprendre des àctions de reboi-
sement. Cependant, pour ne pas occasionner une crise plus aiguë de
l'écosystème, les opérations devront être menées minutieusement.
D'autre part, la configuration du relief du CAP-VERT, sensi-
blement incliné vers l'océan, peut être utilisée pour la construotion
de barrages de retenue d'eau de ruissellement qui se perd en quantités
inestimables dans l'océan. L'objectif à atteindre consiste à alimenter
au maximum la nappe par une infiltration des eaux vers les couches pro-
fondes pour limiter les effets de l'évaporation. La récupération des
eaux usées domestiques doit aussi être envisagêe pour le rechargement
des nappes. Selon les estimations du VIe plan du CAP-VERT, il est
possible de reconditionner tous les ans 20.000 m) d'eaux usées. Celles-
ci pourraient être acheminées par les canalisations en direction des
NIAYES.
Par ailleurs, un système d'exhaure de l'eau plus efficace
et économique doit être recherché en fonction de la capacité de re-
chargement de la nappe phréatique avant d'être vulgarisé:
- exhaure manuelle: pompes manuelles et éoliennes,
- pompes solaires,
.. traction animale (exemple: noria).
~~~~~~~~ti~~. Il semble reconnu, selon des études qui se re-
coupent, que l'aménagement des cités urbaines empêche une bonne par-
tie des eaux de pluie de s'infiltrer dans le sable dunaire. Par ailleurs

- 127 -
l'aplanissement des dunes quilrésulte de l'installation des oonstruc-
tion~, entra!neune àugmentation des pert~s au niveau dé la nappe phré-
~
<

atique par évaporation. 'L'urbanisation apparaît ainsi oomme un faoteur
Ü.mitant. et les NIAYES, à notre avis, doivent rester une zone "non
edificandi".
4 . L'intégration maraîchage - élevage.
- - - - - - - - - - - _......_- -
-
Dans les NIAYES il y a, d'une manière générale, une sé-
paration nette entre les activités des éleveurs et des agriculteurs
qui ont des modes de vie dissemblables et appartiennent à des ethnies
~ différentes.
L'introduction de l'animal dans l'exploitation s'avère oppor-
11
tune dans le processus de développement du maraîchage qui, du re~te,
souffre tant de l'absence de la traction animale. L'association doit
être perçue dans son aspect de complémentarité par une meilleure pro-
ductivité des sols qui trouvent, à travers la fumure organique, un fer-
tilisant de première importanc& L'apport de matière organique, à par-
tir des déjections,reste déterminant si l'on sait que le maraîchage
est très exigeant en débris organiques. Les sous-produits du maraîchage,
en apportant une alimentation variée et de qualité à l'élevage, met-
traient celui-ci dans des conditions optimales de production. Le maraî-
chage garantirait ainsi au bétail la force nécessaire pour les travaux
de labour et le transport des produits récoltés jusqu'aux lieux de vente.
Cependant, cette association ne manquera pas de soulever des
problèmes nombreux et d'ordre très divers: elle implique une réorgani-
sation du travail, la construction de nouveaux locaux, des problèmes
agronomiques (équilibre bétail - surface cultivée, assolement et rota-
tion, etc ••• ). Il faut souligner par ailleurs, que seules les exploi-
tations ayant la possibilité d'accroître leurs superficies cultivées
peuvent envisager de telles améliorations. Economiquement, l'utilisa-
tion: du cheptel n'est valable que si les solutions adoptées sont peu
coûteuses et si toutes les possibilités d'intensification de l'agri-
culture par l'élevage sont exploitées: utilisation du fumier, traction
animale, vente des animaux, etc •••

- 128 -
1
Le développement du mardchagel d~s les NIAlES clu CAP-VERT
-
' .

-
.
. et au SénégaJ, d 'une man1~-re générale est un lies faoteurs les plus im-
portants 'd'un développement rural équi1i br-' oar il représente Unê d1~
versifi oation_ des spéoulations et la possibilité d'uti1isér la main-
d'oeuvre -famiiiaie pendant -la saison sèohe. L'aotivité maratohère
permet en outre aux paysans qui s'y adonnent, d'augmenter leurs res-
souroes finanoières, favorise une amélioration de l'alimentation de
l'ensemble de la ~opu1ation et, en tant que grosse utilisatrioe de
main-d'oeuvre, ralentit l'exode rural en assurant un emploi aux jeunes.
On a longtemps pensé que le Sénégal agricole ne pouvai.t
fournir qu'un seul produit exportable. Les résultats speotaoulaires
obtenus depuis I957 par les maraîohers de la presqu'île du CAP-VERT
prouvent que du oôté primeurs, des horizons nouveaux sont ouverts au
Sénégal et oe que l'on oonsidérait en I950 oomme une utopie est devenu
une réalité, puisque depuis le début des années I960, des quantités
importantes de légum'es sont exportées. Grâoe aux timides efforts des
servioes gouvernementaux et aux initiatives effioaoes de la boUrgeoi-
sie urbaine, le prooessus de développement est bien 1anoé. Aujourd'hui,
le maraîohage est oonsidéré oomme une alternative à la oulture araohi-
1
dière. L'effort en vue de son amélioration doit tendre davantage à la
résolution des différentes entraves que nous avons soulignées et au
respeot du paysan. Le maraîoher, en tant que premier intéressé, doit
être avisé et éoouté. Toute solution qui le tiendrait pour élément à ne
pas oonoerter risque de demeurer ineffioaoe.

- 129 -
CHA PIT R E
V.
LA PECHE ARTISANALE
La pAche maritime au Sénégal prend place au troisième rang
des activités du pays (après l'arachide et les phosphates) et fournit
à la population sénégalaise, aussi bien au niveau des côtes que dans
les régions de l'intérieur,. l~ quasi totalité des protéines nécessaires
à la ration quotidienne.
Avec un volume de captures atteignant 230.000 tonnes, le
Sénégal se place au premier rang des producteurs d'Afrique Noire. Le
poisson tient une place essentielle dans le commerce intérieur du pays
qui absorbe plus de 90% de la production totale de marée fraîche. Le
secteur artisanal, avec plus de 190.000 tonnes en 1980, fournissait
plus des 2/3 des mises à terre. Ceci montre lrimportance nationale de
la pêche artisanale.
Tandis que l'élevage reste stagnant et d'un rendement plutôt
médiocre, les activités maritimes ne cessent de se développer à mesure
que progressent les transports routiers et qu'augmente le "parc" piro-
guier. Le quadruplement de la production dans les vingt-cinq dernières
années traduit la capacité de modernisation de la pêche artisanale qui
réagit avec une surprenante vitesse aux innovations. Si la modernisa-
tion a débuté en 1953, elle n'est devenue réellement possible qu'en
1966 avec la vente hors-taxe des moteurs et du carburant aux pêcheurs.
De nos jours, la motorisation a atteint plus de 6~ des embarcations.
L'armement piroguier traditionnel est de loin le plus impor-
tant pour le pays, car il fournit, à faible prix de revient, une pro-
duction abondante, parfaitement adaptée au pouvoir d'achat limité des
consommateurs nationaux dans leur ensemble.
,
l
- LA PECHE ARTISA~JALE TRADITIONNELLE -
----------------------------------
Il s'agit d'une pêche mettant en oeuvre des moyens de pro-
1
1
duction traditionnels: pirogues de diverses dimensions, motorisées ou

- 130 -
non, et utilisant des teohniques également traditionnelles. oorde,
filet.maillant, tr8l?ail ~petite senne,eto•••
Trois critères définissent cette activité:
son caractère quotidien: courte durée des sorties (allant de
quelques heures à une journée);
la zone dans laquelle s'exercent ces activités (zone côtière
très proche du point de débarquement);
" .
la forme de p!opriété des moyens de production: individuelle
ou colleotive, mais sans jamais avoir recours aux fo~es de so-
ciété modernes.
l • L'armement traditionnel.
La première difficulté rencontrée par la pêche maritime de
type traditionnel sur les rivages sénégalais a été sans aucun doute
oelle de franchissement de la barre. La solution à ce problème a été
trouvée dans la mise au point de types d'embarcations légères pouvant
être facilement tirées sur le sable. La pirogue sénégalaise représente
le modèle d'embarcation le plus évolué sur la côte ouest-africaine.
Grâce à sa conformation et à la finesse de ses lignes, elle traverse
allègrement la barre. Cette embarcation, qui présente de grandes va-
riations dans ses dimensions, est un véritable ouvrage d'art par sa
construction et sa décoration.
La pirogue sénégalaise actuelle est le terme ultime d'une
évolution qui date de la nuit des temps. A l'origine, on avait tout
simplement la pirogue monoxyle à fond plat, oreusée dans un tronc
d'arbre du pays, que l'on trouve encore chez les SERERE. C'est une
pirogue peu profonde qui a été rendue progressivement plus maniable
par l'addition de bordées en planches larges et épaisses, et d'éperons

- 131 -
en proue et en poupe, qui prolongent le trono évidé à see deux extré-
inités. Le Oorps de l' emb~~oa.tion ~st -généralement -fai t d 'un ~ro,no
de
"bent~gne" (fromager: Bombu- aostatiun-)ou de'ikhay" (oarlcédrat.-
_Khaya seneg?-lensis) ou de "kadd" (Faidherbiaalbi,da) que les picheurs
font venir de CASAMANCE ou de l ' enolave ~biermei. Le fromager ët le
kadd aux bois tendres donnent à l'embaroation cette grande légèreté
qui est sa qualité principale et présentent l'avantage de flotter
lorsque la pirogue ohavire. Les éperons dont la base est trapézordale
~ontribuentà donner à la pirogue ~énégalaise sa belle oonformation.
Le bordage est oonstitué de planohes longitudinalessuperposéea laté-
xalemént. Aveo ses bordées, la pirogue a une profondeùr de 0,60 mètre
et une largèurde l,70 m. L'étanchéité de l'embarcation est assurée
par la mise en plaoé de toile forte et de goudron entre les différen-
tes planohes qui composent le bordage. Ces trois éléments de base
peuvent présenter des variantes dans leurs proportions d'un secteur
littoral à l'autre et selon les ethnies. Les différences sont infimes
en réalité et sur toutes les côtes, c'est le même frêle esquif qui
affronte les flots, franchit la barre avec une aisance et une souplesse
qu'aucun autre bâtiment de pêche classique ne peut égaler. La pirogue
sénégalaise est particulièrement bien adaptée aux villages de p~cheurs
ne disposant d'aucune infrastructure portuaire. Sa technique de cons-
truction exPlique la faible largeur par rapport à la longueur et aussi
l'insignifiante résistance à l'avancement. Ce facteur a toute son im-
portanoe quand on utilise comme source d'énergie la foroe musculaire
ou le vent, et qu'en outre, il faut atteindre une vertaine vitesse
pour traverser la barre sans grands périls entre les séries de gros
rouleaux.
Les limites évidentes d'une telle embarcation ont poussé la
Direction des Pêches du Sénégal à rechercher les voies et moyens d'une
modernisation de la pirogue traditionnelle oompatibles avec les carao-
tères techniques et économiques de la pêche artisanale. Au départ, l'o-
pinion générale était que les pêcheurs répugneraient à une modernisa-
tion risquant de perturber leurs habitudes ancestrales. Contre toute
1
attente, ils ont adopté aussitôt le perfectionnement proposé par les
1

1
services de pêohe et se sont adaptés très vite à une motorisation qui
î
~
1
i~'Jj
1

- 132
ne modifiait rien, en réalité, aux teohniqûes traditionnelles de pro-
duotion.
C'est en 1953 que remontent les premières tentatives de mo-
torisation au Sénégal dans les secteurs de SAINT-LOurS, CAYAR, DAKAR,
JŒOUR et JOAL, sous l'égide du Service de l'Océanographie et des P@-
chesMaritimes.E11es ont été vraisemblablement inspirées par une ex-
périence similaire tentée par la F.A.O. dans l'Ooéan Indien.
La motorisation a consisté à doter les pirogues de moteur
hors-bord, comme moyen de propulsion. La forme de l'embaroation est
demeurée la même. On a simplement ménagé, au niveau du quart arrière,
dans le fond, une cavi té quadrangulair~ de 30 cm de côté aU maximum,
par où l'on introduit l'arbre du moteur. Au début de l'expérience,
les moteurs utilisés étaient soit des EVINRUDE et JOHNSON (de marque
américaine), soit des GOIOT (de marque française) de 5 à 18 cv. Le
moteur était fourni aux pêcheurs par la coopérative de pêche, à un
prix légèrement inférieur à celui pratiqué dans le commerce, et pou-
vait être payé à tempérament, en deux ou trois ans, par versements
hebdomadaires. Dans ces conditions, tous les pêcheurs purent l'acqué-
rir, mais l'opération connut très vite ses limites dans la mesure où
la perception du solde du prix des moteurs se heurta à l'incapacité
de la majorité des pêcheurs à se plier à la discipline des rembourse-
ments échelonnés. Les pêcheurs, habitués traditionnellement à vivre
par eux-mêmes, s'accoutumèrent difficilement aux sujétions du crédit.
De nos jours, la motorisation a atteint plus de 60% des em-
barcations. Désormais le moteur est si bien entré dans les habitudes
qu'il est devenu un élément inséparable de la pirogue et de la vie
professionnelle des pêcheurs.
Par la modernisation de la flotille traditionnelle, les
autorités sénégalaises visaient principalement:
- l'agrandissement des pirogues afin de les rendre aptes à l'uti'"
lisation d'engins tels que les sennes tournantes et coulissan-

- 133 -
tes et de leur permettre d'aooueillir un ooffre l
glace iso~
therme ou un oontainer qui assure la oonservationdu poisson;
la possibilité de sUiVre" faoilement le poisson en se libérant de
la contrainte ~ermanente que constituent les alizés, oe qui a
permi s 1.' aocès à de no.uveaux fonds de pêohe et l' exploi tation
de secteurs naguère difficilement accessibles;
- une plus grande mobili té qui permet au producteur d~ rentrer
au moment le pluS opportun sur le plan commercial (vers I6 h)
pour vendre sa marée. (Autrement, tributaire de. la voile, il
revenait tard et bradait souvent sa prise, faute d'acheteur);
l'augmentation plus ou moins régulière "des apports qui prouve
que l'efficacité globale des pirogues a plus que doublé (fig. I9).;
Cet avantage s'explique en partie par le fait que la distance
moyenne parcourue à chaque sOrtie est de I7 kms pour une piro-
gue motorisée pour seulement 9,5 pour une pirogue à voile;
l'accroissement du revenu net des pêcheurs malgré les cotlts
additionnels dus au moteur;
- une revalorisation du métier, un attrait supplémentaire pour
les jeunes, une ouverture. vers une technologie intermédiaire;
en un mot une amélioration des conditions de vie du pêcheur
qui produit davantage avec un effort moindre et dans un laps
de temps plus court.
La motorisation des pirogues a engendré une importante trans-
formation socio-économique; elle a insufflé une nouvelle vigueur à la
p~che traditionnelle qui connaît désormais un épanouissement continu.
Les pirogues sénégalaises ont été adaptées au moteur sans
modification majeure, par adjonction d'un puits de fixation à l'arrière
de l'embarcation. Oependant, quelle que soit leur marque, les moteurs
hors-bord , quoique puissants et légers, sont mieux adaptés à la na-
vigation de plaisance qu'aux embarcations travaillant quotidi ennement
en mer pendant huit heures d'affilée. On impose donc à la mécanique
assez délicate qu'est un moteur marin, un forcing qui détermine une
usure rapide et rend néoessaires de fréquentes réparations. Celles-ci
provoquent bien entendu l'immobilisation plus ou loins longue de l'em-
barcation. Cependant, pour la p~che piroguière, le moteur hors-bord

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Introduction de
senne tournan te
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140 000
1
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1er projet "cordiers"
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20 000
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1,950
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54
56
58"
60
62
64
66
68
70
72
74
76
78
80
82
Fig. '19 .
Evolution de la
production
nationale
'de pêche
artisanale
depuis la motorisation
des
pirogues.
_ _ _ _ _ _•
"'~_?!'l'.~:..,<;,~~.:'~'_~!"d ...,....4lW
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- 135 -
est ~e plus en plus oonsidér6 oomme une étape de transition dans le
proo.essus d.~ DÎodermsat1on de l'équipement du p~che~., étape d,evimt
éventuellement débouchè~ sur 1 'introduotion d'un enginplti.s robuste,
de plus longue durée et plus éoonomique dJopération.
Sila modernisation des pirogues a eu une inoidenoe oertaine
sur la production, elle n'a oependant pas ohangégrand-ehose aux tech-
niques de pêche qui demeurent, dans l'ensemble, assez frustes.
2 • Les techniq~~e pê~.
Nous entendons par là aussi bien les instruments de capture
que les méthodes utilisées par les pêcheurs.
a) La pêche à la ligne de fond.
- - - - - - - - - - - - - - -
Malgré une utilisation croissante des filets, la pêche à la
ligne garde enoore toute sa valeur chez les Lébou. Chaque fois qu'un
pêcheur va en mer, il emporte avec lui ses lignes. Si l'utilisation
du filet est très rentable quand la mer devient poissonneuse, elle
l'est moins au moment où le poisson n'est pas abondant. Aussi, au
cours des périodes où la mer n'est pas très riche, les pêcheurs pra-
tiquent-ils la pêche à la ligne.
La ligne de fond est un long fil de roo à 300 m, en fibre
synthétique, munie d'un à cinq avançons portant des hameçons de diver-
ses grosseurs suivant l'espèce recherchée. On distingue:
le "golé": plusieurs hameçons sont attachés sur une même ligne.
C'est une technique utilisée pour la pêche au petit poisson.
Seuls certains p~cheurs qui ont oertaines aptitudes physiques
peuvent pratiquer le golé dans la pêohe au gros poisson;
- la ligne avec un seul hameçon: elle est généralement destinée
à la pêche au gros poisson.
Autrefois la ligne était une corde en fibre d'écorce de
baobab ou en feuille de palmier. Ensuite les pêcheurs ont adopté une

- 136 -
lign~ en ootonnade tr~ssolide qu'ils enduisaient ~e goudron pour lui
donner Un~ plus grande réeis1;anoe. Les- hameç0I:ls étaient fab~1,qués par
les forgerons. Les hameçons importés d'Europe, plus nombreux sur le
marohé et surtout moins chers, ont entra!né la suppression de la fa-
brioation locale. La ligne en cotonnade a connu le même déclin avec
l'introduction de la ligne en nylon ou en matière synthétique. Plus
légers et beaucoup plus résistants que le coton, les fils de nylon
ou en matière synthétique ont/en outre/l'avantage d'être invisibles
dans l'eau et imputresciples. Au temps où le fil de coton était seul
utilisé, il fallaïtséoher chaque jour les lignes.
Le fil est lesté en bout de quelques moroeaux de plomb;
l'appât
le plus courant est la sardinelle fraîche coupée en moroeaux.
La ligne de fond sert à pêcher)avant tout,les gros poissons, abondants
dans les eaux de la Grande Côte de Décembre à Juin. Les prinoipales
espèces capturées sont, par ordre d'importance décroissante: les
tassergals, les pageots, les chinchards et les mérous.
D'après les estimations du Centre de Recherches Océanogra-
phiques de DAKAR - THIAROYE (C.R.O.D.T.), la pêche à la ligne repré-
senterait près de 18% des tonnages débarqués au Sénégal.
Pratiquée en hivernage, elle fait appel à plusieurs techni-
1
ques •
- Les filets maillants dormants de fond.
i
------------------,~-.;;;.
...
Les filets maillants typiques pour les gros poissons
de type oapi taine "travaillent" en général sur les fonds sableux peu
profonds (8 à IOm). Habituellement ils sont mouillés pour des durées
allant jusqu'à 24 heures (d'où l'épithète "dormant") sauf durant la
saison où les eaux sont plus chaudes.
- Les filets maillants encerclants.
------------------------------
Ces engins sont utilisés pour encGrcler les bancs de
poissons, essentiellement les petits pélagiques. Ce sont des engins
à grand rendement, permettant des captures très abondantes en peu de
temps, dono à caractère destruoteur de la ressource, si leur usage
n'est pas striotement réglementé.

- 137 -
Les maillages utilisée sont de. 60' mm pour les sardinelles
et 80 mm pour les: ethmaloses.. Les longueUrs varient entre 250 et 450 m
pour une chute ·de 10 à 12 m.
La technique de capture est assez.simple: lorsqu'un banc de
poissons est aperçu, on jette à l'eau une bouée attaohée à une extré-
mité de filet. Au furet à mesure que la pirogue tourne autour du bano,
deux ou trois p~oheurs larguent le filet; il faut que la pirogue at-
~eigne ensuite la bouée afin que l~ oerole soit refermé. On laisse
alors aux po~ssons le temps de se prendre dans les mailles. Une piro-
gue équipée d'un ·filet maillant encerclant peut capturer environ 80
tonnes par an.
1!
- Les sennes tournantes.
-------------
Ces engins ont été adaptés et développés par un projet
F.A.O. à partir de 1969. Dès 1972, les résultats obtenus s'étaient
déjà montré satisfaisants; en 1977 environ 120 sennes ont permis de
oapturer plus de 70.000 tonnes de pélagiques.
La senne tournante tYJlique mesure 250 à 300 m. pour une ohute
de 40 m. La.pêche se pratique de plus en plus avec deux pirogues. La
plus petite, de 12 à 15 m, porte le filet. Elle encerole le banc de
poissons en le doublant dans la direction où il se déplace, puis ma-
noeuvre la coulisse de manière à réduire et fermer le filet en forme
de poohe par la partie inférieure. Le poisson est alors éoopé à l'aide
de grandes épuisettes par les nombreux hommes à bord de la deuxième
pirogue qui est la plus grande (20 mètres) et dont le chargement peut
aller jusqu'à plusieurs tonnes de sardinelles.
La senne de plage est un vaste filet rectangulaire
formant poche dans sa partie centrale et mesurant en moyenne 300 à
400m.; les plus grandes peuvent atteindre 1,5 km. La chute du filet
est de 10 à 20 m dans la partie centrale. Ce grand filet est en coton
et ce sont les hommes qui le confectionnent. La senne de plage est
1
le plus souvent la propriété commune d'une équipe, parfois du village

tout entier.
r
fl(
1

- 138 -
La pAohe à la eenne de plage oompôrte -diverses phases ainsi
qu'une mul t1 tude de tâoh-es -diverses quiendé_o~lent. La manipulation
-du filet dure plusieurs heu.:res et- implique un groupe de pêoheurs so~­
vent très nombreux (fig. 20).
La journée du travail oommencetôt le matin (7h.) et finit
tard l'aprèa~idi (r7 h.). La pose du filet est effeotuée en général
yar une douzaine de personnes et néoessite25 à 30 minutes. rI faut
que le filet touche le fond, pour q~e les poissons retenus ne puissent
-échapper par le dessous de la senne, lors de l'opération de ramenée à
terre. La pose du filet est faite, au fur et à mesure que l'enoerole-
ment s'effectue, par deux ou trois p~oheurs debout, tandis que les au-
_tres, assis, continuent à pagayer. Le halage du filet sur la plage
exige la participation de la totalité de l'équipage. Oelui-ci se di-
vise en deux groupes d'une vingtaine de personnes chacun.
Lors du lancement de la pirogue, un des bouts de la senne
est laissé au premier groupe qui commence à tirer dès le début de
l'immersion du filet. Une fois le banc de poissons encerclé, la piro-
gue aocoste à un autre point de la plage (room. plus loin) et ses occu-
pants viennent se joindre aux sept ou huit autres pêoheurs restants
avec qui ils constituent le second groupe de halage de la senne. Ces
deux groupes tirent le filet l'un en direction de l'autre et effectuent
progressivement leur jonction.
Au oours de ce retrait, plusieurs tonnes de poissons (en
moyenne deux tonnes) essentiellement des espèces de petites tailles
(75 à 90% de petits pélagiques et des juvéniles d'espèces de fond) peu-
vent être ainsi oapturées en quelques heures. Cette technique de pêche
est très prisée des pêcheurs car elle permet, sans fatigue excessive,
des prises importantes.
~ cet arsenal d'engins très réduit, on peut ajouter ~~_E~~he
~_~té~~~ très répandue sur les côtes de la presqu'île du CAP-VERT.
L'épervier est un filet individuel d'importation européenne qui a la
forme d'un parasol de deux mètres de longueur environ. Naguère en coton,
l'épervier est aujourd'hui en nylon et permet de capturer sans diffi-
culté et sans gros effort les poissons nécessaires à la consommation

-1,39-
-
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, ,Fig. 20.
Pose de la senne de plage.
1. PO SE DE LAS F:tHIE !JE PL AG E
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Trajet de la pirogue; pose du filet
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20~hommes
20~homm0S
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Croquis d'Après Nguyen V-Co B.
(95) p. 161
1
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- 140 -
familiale 'ou destinés à la fourniture d' appAts aux _ploheurs à la ligne.
D'Un_~aniement faoi],.e, .1' éperVier-est surtout utilisê par les vi eux_
-
.
ma.rins retraitês que l'on peut voir-, en toutes saisons, entrer- dans
l'eau jusqu'aux genoux et lanoer d'un geste large le filet oonique
.qui s'àbat sur la surface de l'ooéan.
Les ~ngins de pêche sont d'un intérêt considérable pour tous
- ceux qui s'intéressent à .1 'économie maritime. En premier lieu, leur
diversité et leur spécificité cond~sent à se poser la question des
raisons qui président au choix de l'un d'entre-eux à l'intérieur d'une
mArne catégorie. -En second lieu, les engins de pêche posent un grand
nombre de questions relatives à la propriété, à la coopération, aux
typ'es de partage du produi t. Ce sont, en partie, ces questions -que
nous traiterons dans les pages qui suivent.
1
l • Les résultats.
[
f
En vue de faire une analyse économique de l'ensemble des
techniques de pêche, il semble utile d'établir les principaux coûts
d'investissements et d'exploitation. Les statistiques utilisées n'ont
rien d'absolu, il convient de les considérer comme des ordres de gran-
deur. Il s'agit de chiffres moyens rassemblés de différentes sources
par les responsables du S.E.P.M., du C.R.O.D.T., du Centre d'Assistance
à la Motorisation des Pirogues (C.A.M.P.), du projet F.A.O. - P.N.U.D.,
et appliqués à l'ensemble du secteur de la pêche artisanale de façon
à permettre les comparaisons.
~~~2-agE~ - Les plus petites peuvent encore s'acheter à 75.000 FCFA,
mais il faut pratiquement compter un minimum de IOO.OOO F pour celle
1
qu'on utilise pour la pêche à la ligne ou au filet dormant. Pour la
.,•.•
pêche avec le filet maillant encerclant, les prix de la pirogue clas-
sique de 8 mètres s'élèvent à 200.000 F; pour les grandes pirogues
utilisées avec la senne tournante, l'étude du C.R.O.D.T. propose le
chiffre de 200.000 F, les technioiens du C.A.M.P. parlent de 400.000 F
et le projet F A 0 - P N U D donne 700.000 F. Les enquêtes que nous

- 141 -
avons·menées à RANN età YOFF nous ont donné 850.000 F. Ces divergen-
oesdÇl.ns les estimations illustrent bien les diffioul.tés.d' évaluation
économique du secteur.
MOTEURS - Le C.A.M.P. distribue, h.ors taxe, les moteurs JOHNSON
-----
et plus réoemment YAMAHA. Les prix approximatifs au pêoheur sont de
150.000 F pour les petits (6 à 8 CV), 250.000 F pour les 20 ou 25 CV
et 450.000 F pour les puissants moteurs (48 CV) utilisés sur les pi-
rogues de senne tournante.
~Q~~~.pêche -Le filet dormant coûte environ 200.000 F et
les sennes tournantes entre !,5 et I,8 million.
~~!!_~él~:!._!!!ole~~'am~~entpour les différents équipements
sont évalués à :
- Moteurs
6 et 8 cv : 2 ans I/2

25 CV et plus : 3 ans
Pirogues; 6 à 8 ans
- Filets dormants : 2 ans
- Sennes tournantes
3 ans
- Filets mai11ants encerclants : 4 ans
1
Fr~~:!.-~:~pl~~~ - En plus de la consommation d'essence, les
frais d'exploitation comprennent la nourriture de l'équipage, les ré-
parations diverses du moteur, de la pirogue et des engins, l'achat des
appâts pour la pêche à la ligne. Une étude du C.R.O.D.T. a calculé
les frais totaux par rapport au volume des débarquements et en a dé-
duit qu'ils représentent 26% des apports pour la senne tournante et
environ 50% pour les autres types de pêche.
L'étude de la production valorisée (I) nous permet de cons-
tater que des engins de pêche en mer avec équipage, la senne tourn~nte
_.-------
Revenu net d'exploitation
(1) Production valorisée =
Produi t brut
1
J

TABLEAU XIX -
~2~~~_~~~~E!2!~~~!2~_E~!_ÊlE~_~~~~~!~_~~_E~~~~_~E~!~~~!~.
~~~E~~ : Plan d'action de la pêche sénégalaise (I081 page I66.
:---Lrgnës-----~:-FlIcts-------:-Flïëts-------:-Sënnës-------:--Sëüüës-----:
:
de fond
:
dormants: encerclants
:
tournroltes:
de p1ag e l
----------------------------------------------------------------------------
INVESTISSEMENTS
1
:
1
:
·
---------..-------
1

IOO .000 F :
200.000 FI
IOO.OOO F:
Pirogue
IOO.OOO F·
700.000 F



I50.000 F·
250.000 F·
750.000 F
I50.000 F:
Moteur
·
I50.000 F 1

~.ngins de p~che
·
30.000 F 1
I70.000 FI
·
200.000 F·
I.700.000 F
500.000 F:
.
:
:
:
:
:
1
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
·

·

1
·

· Produit brut annue1
·
·

"

·
-------------------

1
:
:
·
;


·
II6 T
1
:Tonnage aQnue1 moyen
I6,6 T
IJ,6 T
80 T
460 T


:
·
:
1
.,
·
·
·
.:::r :Prix moyen de vente
· I03.000 FIT
86.000 FIT
25.000 FIT
30.000 FIT:
30.000F/~
.
:
·
:
1
·
·
'" : Produit brut.
I.7IO.000 F
I.I70.000 F
2.000.000 F
: I3 .tWO .000 F
3.480.000 F
:
:
·
:
:
·
-T--------~---------------------i----~----------:----- ---------ï--------------:--------------~--------------1
!!~!~-~~!~!~!~~~!~~
1
·
:
:
1
: Carburant
•· 325.000 F
·
350.000 F:
520.000 F
975.000 ji':
I50.000 F:
Entretien, réparation moteur
40.000 F:
1
40.000 F
:
65.000 F
200.000 F:
20.000 F:
Dépenses diverses (nourriture
:
485.000 F
:
95.000 F:
4I5.000 F
3.825.000 F:
I30.000 FI
équipage ,répara tion pirogue et.
·•
·
·
1
engins de. pêche (:fi1e t)

·
·
:
I. 000.
·
Frais d t exp1oitation hors
:
850.000 F
525.000 F:
OOOp"
5.000.000 F:
300.000 FI
amortissement.
:
:
:
:
:
-----------·----------------------:--~-~----------i--------------!--------------:--------------~--------------z
Revenu brut d'eXploitation
860.000 F
6L~5 .000 F:
I.OOO.OOOF
8.tWO.000 F:
3 .I80 .000 F:
1
:
"
._-~----------~------------------------------~--------
.
--------------------------------------------------------
\\
~'l'")~'._.;~"'~~~
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_...~ __..~lII''''.Y1';._.,~~'; w~
_ _ _ _ _ _ _ _"_"_ _
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~~~~~_~~~~E!~!~~~!~~_E~~_!rE!_~~!~~!~_~=_E~~~=_~~~!~~~!=_(suite)
----------------------------------------------------------------------
: Lignes
: Filets
: Filets
:
Sennes
:
Sennes
:
de fond
:
dormants
:
encerclants:
tournantes
de plage :
._----------------------------------------------------------------------
·
.
.
.
..
.
..
AMORTISSEMENT
·
80.000 F :
I50.000 F :
I65.000 F:
920.000 F:
2JO .000 F :
-------------

:
dont:
:
:
:
:
·
:
"

- pirogue (7ans)
·
I5.000 F :
I5.000 F :
30.000 F:
·
I5.000 F :
·

I05.000 F"
·
.
:
:
:
:
:

~I1loteur (Jans)
50.000 F .
50.000 F .
85.000 F
.
.
250.000 F
.
·
50.000 F

:
:


·
·
-engins (2 - 4ans )
:
I5.000 F :
85.000 F :
50.000 F:
565.000 F:
I65.000 F :
·
,:--------------------------------------"'-------------+-------------"'-------------"'-------------",-------------~
.
.
~
W1:
Revenu net d'exploitation.
:
780.000 F :
495.000 F :
835.000 F:
7.880.000 F: 2.950.000 F :
~:---------------~---------------------------------------------------------------------------------------------
"
!&l~ .)4. MJUlA ...,,;~~l!'.'!l{.:;ub!\\L~"~~Y'1"""'.....,...;.I"·"..'-7a + .."A>?
""",,,t,J
~A.~~~"'--~ hl$."
',"jlI~...~~~- ...~...'''l''~~"',, ;;L_~
11
f'~ffli'

- 144 -
est l'engin de pêche le plus rémunérateur alors que les autres sont
au mbeniveau de rentabHi té finanoière.
TABLEAU XX - Pr~uctio~~~sée par~té de Eêche ~!!~.
So~~ : Plan d'actiondelapAche sénégalaise. (108),
page 167.
Revenus nets
Produi t brut
Production
d' exploi tation
I( en F. CFA)
: valorisée
: (en F. CFA)
:
:
~:
-------------------
---------------------------------------
.1
:
1
1"
Senne tournante
7.880.000
I3.800.ooo
..
0,57
~
. .
:
.
.
-
--------....--------------------- ---.--------------
111 gne de fond
780.000
I. 7IO.OOO
1
0,46
1
:l'----------------..------------'----t------.------.f---------:
filet maillant
830.000
2.000.000
0,42
1 .
.1
.•.... encerclant·
+------------------.---------------.--------------+------------:
filet maillant
490.000
I.I70.000
0,42
1
dormant
l
La disproportion de taille et d'investissement entre engins
de pêche ne permet pas de mesurer directement la rentabilité sociale
de chaque engin de pêche que nous allons étudier maintenant.
L'équipage d'une pirogue forme une unité de production où,
dans les travaux et les gains, les travailleurs sont à égalité. Il ne
constitue pas, cependant,
une coopérative: les instruments de travail
sont en effet oonsidérés comme un capital privé.
Un équipage piroguier n'est donc ni une entreprise capita-
liste ni un groupement d'artisans volontairement associés. C'est une
cellule de travail qui échappe à toute définition et se révèle très ori-
ginale dans son fonctionnement. C'est le capitaine piroguier qui recru-
te son équipe et dirige seul, en véritable patron, son entreprise. Ce-
pendant, il convient de se ga.rder de parler de "salariat", de "travail
salarié"; autant de termes impropres employés dans beaucoup d'études
sur la pêche artisanale. Toute rémunération n'a pas les caractères d'un
salaire. Celui-ci suppose, en effet, la fixité relative de la paye, la
limitation des prestations à la fourniture d'un travail contre rémuné-
1
1
1

145 -
ration. Dans la pêche, ce n'est pas le travail mais son résultat qui
est payé. La rémunération est donc soumise aux aléas de la production
par le- système des tlparts, fai t -selon -- des modes de calcul souvent com-
_pliqués, mais d'après le principe simplifié suivant: du revenu brut, on
déduit tous les frais d'opération communs: essence, vivres, réparations,
appâts, etc •.• pour obtenir le revenu net. Ce dernier est divisé en au-
tant de parts qu'il y a de pêcheurs dans l'équipe, plus une part pour
le propriétaire de la pirogue, une pour le propriétaire du moteur et
une pour celui du filet. Four la pêche à la ligne, chacun est proprié-
taire de ses lignes, qui ne représentent d'ailleurs pas un gros inves~
tissement. La senne tournante étant un engin qui coûte très cher, son
propriétaire s'attribue, selon la coutume maintenant bien établie, le
1/3 des revenus nets.
1
La région du CAP-VERT, grâce à la configuration de ses côtes,
constitue dans son domaine maritime, une zone de pêche fort intéressan-
1
te: la production régionale a atteint, en 1983, 27.336 tonnes, ce qui
la place en seconde position derrière la région de TRIES.
Toutes les populations installées le long du littoral s'adon-
nant peu ou prou à la pêche. Les risques et dangers que comporte la pro-
fession de marin, le succès des cultures marafchères et fruitières dans
1
les riches terres voisines des NIAYES, l'importance gréndissante de
l'aviculture et l'attrait irrésistible des activités urbaines entrent
en jeu très souvent pour limiter le nombre des professionnels.
La pêche artisanale, au Cap-Vert, est pratiquée en de nom-
breux centres. De CAlffiERENE à DENI BIRAM NDAO, la côte ne comporte au-
cun point de débarquement, quoique cette zone soit fréquemment exploi-
tée. Les apports proviennent des trois circonscriptions urbaines de la
région qui comportent chacune des centres reliés aux marchés de l'ag-
glomération par un réseau routier assez dense. Le tableau XXII laisse
apparaître la prédominance de la proche banlieue de Dakar (première
circonscription urbaine essentiellement). Selon l'Inspection Régio-
nale des Pêèhes et de l'Océanographie du Cap-Vert, ce secteur assu-
rerait près de 80% de la production régionale. HAI{N- est le lieu de dé-
f
barquement de nombreux centres qui lui sont proches (TRIAROYE, RUFISQUE,
1
1

;_"'lQ'iIltM'O\\!lt'~';''I:
·.'-"~~ili·'M Aé
V,'6li·N"IiôIi'jil'Q~IMtt'.We""~,_~~,iI'i'à"'f..1h"<{·lii
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_.
:,,~"'...;~'"'ihIiiI;~~ ..:~""''''~~;:.~~~
... ~'''• ...,.;;.,
TABLEAU XXI ~ Résultats généraux de la pêche artisanale maritime sénégalaise.
---------------------------------------------------------------
i~~~~_~~~~)
~~~~~! : Résultats généraux de la pêche maritime sénégalaise (IIO) p.I
---------~--------------------------------------------
-----------------------------------------------------
IPêche ar'tisanale: Nombre de
: Nombre de pirogues
: N
b
d
i
:
Valeur commerciale :
re
mise à terre
traditionnelle
points de
actives et non actives
êomh
e

estimée
l
,
:
d'b
t:
: p c eurs
en tormes
·
·
e arque men
------------------------
,
(IOJ F. CFA)
,
à
recenses
1
:
:
à voile
:
moteur:
:
:
·
I----------------~-------------·------------~----------~-----------~----------------~---------------------:



.

6 .I.54, 8

FLEUVE
I.5
.59
I.08J
II.2.55
770.277
.


.
•.

:
1

·
I----------------:-------------i------------i----------i-----------ï----------------:---------------------i
\\0
~
CAP _ VERT
I.5
I96
I.I42
7.080
27.JJ6,I
J.74I.228
r-I
1
:
1
:
:
:
:
:
I----------------~-------------i------------~----------~-----------~----------------~---------------------~
1
THIES
:
I.5
1
I4.5
:
I.67I
:
8 . I 4 5 :
87.822,J:
.5.572.408
:
~-------~-----------------------------------------~-------------------------------------------------------
l '

1


1


CASAJ.fANCE·
72
2 . 0 . 5 0 ·
J.52

5.778
IO.642,I·
2.0J8.9JJ

. 1
:
:
:
1
:
:
:
: -------~-------------------'--------------------------
:
:
:
-----------------------------------------------------
1
:
:
:
SINE SALOUM
.56
760
I.OJ.5
8.078
IO.5J2,I
840.JIJ
.
:
.•'•
.
•.

:
·
1 -----~------------------------------------------------------------~----------------~----------------------
:
l
' 1
:


:
LOUGA
2
I6
I7
I64
69J
6I.J44
1
:
1
:
:
:
:
:
,
,
1 -------~--~------------------~------------------------
1
1 · · . :
----------------------------------------------------
:
1
:
:
TOTAL
I7.5
J.226
.5.JOO
40 •.500
I4J.I80
IJ.024 •.50J
l
"
:
:
:
:
:
:
:
-----~-~----------~-------~------------------_._------ -----------------------------------------------------

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _""'?_ _"!"'_ _
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.....<~,-\\'~ ..';o•.Q;;t..,'..,J;j~....l............"""',....,;......~;o...
.
.~
TABLEAU .XXII
La p~che artisanale traditionnelle au CAP_VERT.
-----------------------------------------------
~~~~~~~=~~_~~~~~~!_~_~~~_:2~~·
Source
Résultats généraux de la p~che maritime sénégalaise. Op. cit.
page 22.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
: Circonscriptions
: Points de
z Nombre de
1
Sennes
z Sennes
: Filets
. Lignes
Divers
·
urbaines
d~oarquements
p8cheurs
tournantes
de plage
dormants
·
:
.
z
.
.
:
.
.
:

·
--~--------------------------------------------------------------------------------------_.~~... _------------
:
HANN
:
I3II
:
30
:
5
:
7
:
5I
:
:
---------~-------------------------------------------- --------------------------------
:
: BEL _ AIR
:
3IO
:
I :
I
:
18
:
6
·
·
----------'----------------------------------------------------------------------------
Première
·
: SOUMBEDIOUNE
:
770
:
3 :
I
:
25
:
792
z
·
·
------------------------------------------------------
·
--~-----------------------------
circonscription
·
: ANSE BERNARD
:
68
:
_ :
I
:
37
:
I 4 2 :
:
·
-----------------------~--------------------------------------------------------------
t-
·
: YOFF
:
I238
:
I2
:
I4
:
6
:
1 9 4 0 :
:
urbaine
----~---------------------------------------------------------------------------------
~
:
: NGOR
:
280
:
_ :
4
:
_
:
7 8 0 :
:
~
1
·
------------~----------------------------------------- --------------------------------
·
: OUAKAM
:
220
:
- :
_
:
_
:
7 8 0 :
:
:
:-------TOTAL------~---4Ï97-----~------46----~----26----~----9J----~--449Ï---~--------~
=======~===;=========:====,=========================== =====================================;===============
z
Deuxième
: THIAROYE
:
279
:
6 :
4
:
265
:
_
:
I9
:
---------------,-----------------------------------------------------------------------
: circonscription
: MBAO
:
I30
:
_ :
4
:
200
:
_
:
8
:
.
--------------------------------------------------------------------------------------
z
urbaine
z
. TOTAL
:
409
:
6 :
8
:
465
:
-
:
27
:
===========================;==============================================================================
z
: RUFISQUE
:
420
:
J :
6
:
2
:
558
:
I7
:
-----------------.---------------------------------------------------------------------
:
: BARGNY
:
I285
:
I6
z
I5
1
_
:
I 0 5 :
:
Troisième
----------~-----'------------------------------------- ---------------------------------
:
: SINDOU
z
34
:
- :
-
:
-
:
4 5 :
:
--------------------------------------------------------------------------------------
circonscription
: YENNE
. :
360
:
2 :
3
:
-
:
7 6 :
:
-~---------------------------------------------------- --------------------------------
z
: NIANGAL
1
332
:
2 :
2
z
_
:
3 6 9 :
:
:
urba~ne
:-TOUËAB-DiALAO----~-----4J-----~-------Ï----~-----i----~-----=----~----25---~--------~
-------..'..,.--------,...---------------------------------------------------------------------
1 · ·
: . . .
.
. :
TOTAL.
L
2474
z
24
:
27
:
2
:
II78
:
I7
:
========~=::==;:==='=====.====c;=======1::==='==========;:;=='=======================================================
:
.
TOTAL.
GENE~·
.
.
1
.7080
: '
76
:
6I
:
560
:
5669
1
44
:
----~~----~--~-----~-~~------~---------------~--------- ---------------------------------------------------
_~ .
~~,..5"""7'~'~
=',,~J~,,',~,'V" liA-------
&
1 .
• .. ~~'l'l!'c~.'W.l~ ..e
.__
..

- 148 -
BARGNY). Il oooupe la première plaoe dans la régi-on aveo 35% des dé-
barquem.ents.
Les prises de pirogues sont destinées essentiellement au ma-
reyage et pour une part qui reste enoore à Atre déterminée à la trans-
formation. Absorbant les invendus du mareyage, utilisant les espèces
non consommées en frais, la transformation est, de nos jours, un sec-
teur dynamique ou "dynamisable" à moindre COlit.
2 • Les activités de transformation.
--------------------
La transformation du poisson est une activité très ancienne
au Sénégal. Les pêcheurs ont depuis longtemps cherché à conserver la
plus grande partie des produits de leur pêche
pour s'en servir comme
moyen d'échange avec les habitants des régions de l'intérieur.
Le prooédé original de la transformation (et aussi le plus
employé)s'apparente au "guedj" (fermenté - séché). Il consiste à expo-
ser les poissons après les avoir vidés. Dès la fin du siècle dernier,
les Européens établirent au Sénégal des sècheries produisant des pois-
sons salés-séchés destinés à l'exportation vers les différentes colonies
africaines et la métropole. Les installations comprenaient des bacs de
lavage et de saumurage, des claies de séchage et des fours de fwnage.
Ce n'est qu'à partir de 1944 que l'on commença à produire des poissons
fumés. Le "Kétiakh" est apparu avec le "tambadiang" il y a une trentaine
d'années. Les Lébou du CAP-VERT ont été les premiers à utiliser ces
.:
techniques. L'apparition du kétiakh corncide avec celle des filets
maillants encerclants et son récent développement avec celui des sennes
tournantes expérimentées et diffusées sous l'impulsion d'un projet
F.A.O. Ces nouveaux engins de pêche ont permis la capture en grande
quantité de petits
pélagiques (sardinelles, ethmaloses) non transfor-
mabl es en guedj.
Ainsi l'importance du secteur de la transformation serait ré-
cente et due au développement spectaculaire de la pêche artisanale. Elle
est une nécessité oar le poisson est une matière périssable à très court
terme. Le rôle de la transformation est triple :
1
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
L
-

- 149 -
o'est 'un régulateur de l'économiede~la p30he artisanale. En
effet,ell'El permet de oonsti tuer des réserves -pour les mauvaises sai-
-
.
sons et d'absorber les invendus en frais pendant-la période de grosses
produotions;
- o'est-un aliment azoté important et relativement bon marohé
qui, d'une part, répond au goût des populations et, d'autre part, per-
met une pénétration du poisson dans les régions les plus isolées et les
plus éloignées de la mer;
- o'est urie souroe de revenus et un instrumènt d'éohange avec les
populations de l'intérieur et les pays limitrophes du Sénégal, un pro-
duit d'exportation appelé à un développement important.
La transformation artisanale du poisson au Sénégal est une
aotivité qui, à l'image de la pêche artisanale, a oonsidérablement
évolué oes dernières années.
f,
Evolution teohnique tout d'abord: de nouvelles teohniques
(kétiakh) mieux appropriées à la struoture des prises ont été intro-
duites. Elles sont rapidement devenues dominantes.
- Evolution éoonomique ensuite: on est passé d'un mode de pro-
duotion domestique à un mode de production marohand.
- Evolution sooiale enfin: Cette activité en pleine expansion a
attiré une main-d'oeuvre nombreuse, extérieure au milieu de la pêche.
Mieux, la transformation artisanale du poisson n'est plus une oocupa-
tion réservée exolusivement aux femmes.
Il est frappant de constater, pour qui parcourt les villages
de pêcheurs de la région de DAKAR, le caractère artisanal de la trans-
formation du poisson. Toutes les opérations se font par les moyens ru-
dimentaires dont disposent les populations: séchage à même le sol, em-
ballage dans les feuilles de rônier, stockage n'offrant aucune garantie
de conservation, etc ••• Les principaux produits sont:
Le_~edjrr ou fermenté-séohé.
Le guedj est l'un des produits les plus répandus et les plus aisés
à pratiquer. L'invendu frais est entassé pendant vingt-quatre heures

- 150 -
environ à l'air libre. Pendant cette périodê, le poisson subit une dé-
composition gr$ce à sespropresenzymesetàuxba~tér1esde'pollution.
',Aprèsla ferment~tio~, lepoisso'n e~t lavé, écai'llé, étAté, éviscéré;
~ ~ensuite il est lavé à l' ea.u de mer puis étalé au soleil sur de la paille
. le long de la plage, au mieux sur un système de claies isolées. Le
. séchage peut prendre trois à cinq jours suivant l'insolation et l'es-
pèce du poisson. La transformation en guedjs' applique sur tous les
types de poisson consommés au Sénégal; le poisson à transformer devant
cependant ~tre suffisamment grand pour pouvoir être facilement éviscéré.
Un atelier complet pour ce type de transformation comprend
1
un ensemble de cuves de lavage, des claies de séchage, quelques cou-
i
teaux, des paniers pour le stockage et le transport des produits et
1
\\
des seaux pour le puisage de l'eau de mer. (2) Dans la totalité des
grands centres, les services de la pêche ont fai t construire des aires
de séchage équipées de claies et d'un magasin de stookage. A l'heure
1
.actuelle, plusieurs de ces aires sont inadaptées et le plus souvent
mal entretenues. Devant l'insuffisance ou même l'absence de claies mo-
dernes, les transformateurs se font des claies de fortune (palissades
1
en bambou).
j
~"ye~".
L'espèce utilisée est le cymbium et la technique de transfor-
mation s'apparente à celle aboutissant au guedj. Une fois débarrassé
de sa coquille et lavé, le mollusque est fermenté par un séjour en mi-
lieu anaérobique: on l'enterre sous le sable de la plage ou on l'en-
ferme dans un sac en plastique de façon à éviter toute aération. Après
1
fermentation (qui demande deux à trois jours) le mollusque est coupé
l
en morceaux qui sont exposés à sécher au soleil.
Plusieurs espèces de poissons subissent ce traitement. Le
poisson, après écaillage et lavage, est abandonné pour une nuit dans
i
une J
l1j
(2 ) Les ateliers de transformation sont cg~çus en fonction du type de
i
;
produit à obtenir. Les produits ayant quelque différence près les
mêmes techniques de transformation sont souvent traités à partir
du même atelier. Le "guedj", le "tambadiang", le "yet" et le "salé-
séché" peuvent ainsi être faits dans le même endroi t.

- 151 -
eau salée. Ensuite on le fait séoher au sol~il, sans évisoérat10n. Ce
tlPe de transformation oonvient ,aux poissons ni troppet1ts ni trop
gros {entre'IOet 20 'oms delongu:e~)~
Le "salé-séohé". ,
----------
Ici les espèces les plus recherchées sont les poissons à
chair blanche tels que daurades, oapi taines, tassergals, requins, etc •••
Après avoir été lavé, le poisson est écaillé, étêté, éviscéré
et plongé dans une saumure de 15% de sel pendant 15 à 30 mn. Aprèsrin-
çage, il est saupoudré de sel avant d'être exposé au soleil pour le
séchage. Si le sel est un excellent agent de conservation, il ne pour-
rait être un antiseptique. Il agit par ses propriétés déshydratantes
i
1
1
qui éliminent le milieu aqueux favorable à la prolifération microbienne
~ais ne saurait conserver le poisson altéré. La parfaite qualité des
salaisons ne pourrait donc se concevoir sans l'état de fraîcheur ini-
tial
des poissons préparés ainsi qu'une propreté rigoureuse au cours
de toutes les opérations.
Le "kéti akM'
Le kétiakh est un produit brasé, fumé et séché et se fait de
préférence avec les sardinelles. Dès l'arrivée des poissons sur la
plage, ceux-ci sont soigneusement rangés côte à côte à même le sol,en
une couche unique que l'on recouvre de paille sèche, de coque d'ara-
chide ou de débris de toutes sortes. On allume le tout. Le fumage peut
durer douze heures. Après refroidissement, on élimine les cendres avec
un petit balai, on épluche, étête et expose au soleil sur des séchoirs
en bois pendant une journée ou plus, suivant les conditions atmosphé-
riques. Le produit est mis en sac pour l'expédition vers les marchés
tandis que le sous-produit est vendu pour servir d'engrais.
Le "métorahtl.
----------
1
Le métorah est un produit grillé et fumé dont la recette
provient de la GUINEE et qui a gagné par la suite la C~SAMANCE, le
1
f
1
t
1
1

- 152 -
SINE SALOUM pour atteindre enfin le OAP-VERT.
Le métorah 'est préparé par.desspécialistes étrangers, géné-
. . '
-
- -
ralement Guinéens et Maliens, à partir d'espèces peu appréciées par le
oonsommateur Sénéga1ais \\silurès, requins, raies, ethmàloses. La si-
t
lUre frafohe ainsi que la raie sont simplement vidées et largement ou-
. vertes tandis que les requins sont coupés en morceaux de taille varia-
ble. Après lavage à l'eau de mer, on place le poisson sur le grillage
du four que l'on recouvre avec de la tôle. Le brai sage dure vingt-qua-
tre heures pendant lesquelles deux allumages sont néces.saires. Le pro-
duit est mis dès sa sortie du four en bof tes de carton pour l'expédi-
tion. Il n'y a pas de séchage préalable oar le traitement rend la cou-
che superficielle dure et facilite sa conservation.
Le métorah réalisé dans oes conditions est un produit par-
faitement sain, agréable à l'oeil et au goût, qui a des possibilités de
conservation satisfaisantes sous réserve d'être bien conditionné dès
la sortie du four.
La technique de transformation aboutissant à ce produit
exige un équipement bien approprié. Le recours au four est une néces-
sité. Celui~ci, de forme cubique, est construit avec des briques en
ciment. Dans la plupart des centres produisant du métorah, l'ensemble
des fours est
construit
à l'intérieur d'un grand hangar permettant
1:.....•.....
de maintenir l'activité sous toutes les conditions atôosphériques. Il

semble que le métorah bénéficie d'un équipement important et on peut
se demander si cette circonstance ne justifie pas le fait que oe pro-
duit est celui qui se conserve le mieux.
La transformation artisanale est généralement considérée
comme marginale, permettant l'emploi des refus et des invendus du ma-
reyage. Ne nécessitant pas beaucoup de capitaux, elle représente un
bon marché du travail à libre entrée et sortie. L'apparition des hom-
mes en tant que transformateurs et non plus seulement manoeuvres est
un indice du rôle que joue ffi transformation d~ns l'absorption d'un
chômage ouvert: refoulés dCfinitifs de l'agriculture et des secteurs
plus "capi tali stiques". On peut penser qu'ils vont être de plus en
f
plus nombreux. La transformation artisanale mérite donc d'être reconnue t
1
1

- 153 -
et valorisée. Despossibili tés d' aooroissement de cette produotion peu- .
.. vent 3tre. envisagées aveO optimisme car le marché afrioain est loin-
.
. .
d 'hrè satUré. Malgré les èfforts faits par les pouvoirs publics pour·
regrouper les pro.duoteurs et mettre à ~eur disposition un matériel
adequat, la produotion nationale est insuffisante en qualité et en
·quantité. L'introduction d'amélioration dans la oonoeption des produits
par l'adoption de teohniques nouvelles, l'utilisation de nouveaux
moyens de oonditionnement qui permettent d'enrayer les processus de
destruction organique et de livrer sur le marohédes produits qui ré-
pondent à des normes de qualité fixées à -1'avanoe, devraient permettre
uri .aooroissement oonsidérable de la produotion sénégalaise (3).
Les oondi tions de développement existent-: 0' est la présenoe
de la matière première sur nos oôtes; o'est l'installation d'industries
de transformation aux solides traditions dont les produits répondent
au goût d'une population aimant le poisson; o'est l'existenoe d'un
marohé énorme où toutes les possibilités sont à oréer. L'amélioration
de nos méthodes de oapture, en apportant sur nos plages des quantités
aoorues de poissons, devrait permettre une promotion de oes industries
de transformation qui, fortes de leurs struotures existantes et des
apports de la teohniqu~ moderne pourraient alors fournir des produits
de meilleure qualité s'affirmant ainsi sur tous les marohés. Il y va
de l'intér~t des produoteurs oomme de l'intér3t national d'une façon
générale. La transform~tion est un seoteur qui a oonsidérablement évo-
lué et ses perspeotives sont encore grandes. Il importe donc de lui
reoonnaître la plaoe qu'elle doit tenir et lui permettre de se dévelop-
per et de s'améliorer de la même façon que la pêohe artisanale.
II - LA PECHE ARTISANALE AMELIOREE -
A - La_Eêo~~~~~~~~~~_~~négal_~_~~~!~~~~~_~~_!~_~~~!~~~~!
~!.!~_~~~_E~~iè~~_~!E~rie~~~ -
Jadis, lorsque sa pirogue n'était propulsée que p~r les pa-
gaies et la voile, le pêoheur devait user de toutes ses foroes pour se
(3) La produotion de la transformation a été de 1632 tonnes en 1983
pour la seule région du CAP-VERT.

- 154 -
rendre sur les lieux de pAohe. Motorisées, les embaroations peuvent
èffeotûer quotidiennement 60 kms -et expl~rer sansauoune peine tous
les secteurs de pAohe dans une-aire donnée. La ~odernisation ;éduit
ainsila.peine des hommes qui sont assurés, lors deohaque sortie, de
oaptures maxima. Les appor~s sont ainsi plus considérables et plus
réguliers.
Cependant la capacité des pirogues ayant peu varié, les cap-
tures ne peuvent augmenter indéfini~ent comme le montre la figure 2I.
En 1961 (après 8 ans d'expérience), la production artisanale ne s'é-
tait guèreaoorue et plafonnait aux environs de 80.000 tonnes. Ainsi
la motorisation n'avait permis que de réduire la peine des hommes et
d'assurer des apports journaliers màxima.Or, l'emploi du moteur a dé-
veloppé chez le pêcheur un désir d'amélioration de sa condition maté-
rielle.
L'administration des pêches s'interrogea alors sur les moyens
de faire accomplir à la pêohe piroguière un second "bond en avant".
Malgré de nombreuses tentatives pour mettre au point un armement tradi-
tionnel amélioré, la pirogue ne peut ~tre fondamentalement modifiée.
Les responsables sénégalais s'orientèrent ainsi vers des types de ba-
teaux nettement différents, de capacité suffisante pour un travail de
plusieurs jours en mer et dotés d'installations pour le stockage de la
glace, des appâts et des prises effectuées. Grâce à des subventions
F.I.D.E.S. (Fonds d'Investissement et de Développement Economique et
Social), furent créés de nouveaux types d'embarcations intermédiaires
entre la pirogue traditionnelle et l'armement de type classique semi-
industriel ou industriel, inaccessible jusqu'ici aux pêcheurs.artisans.
C'est ainsi qu'est né le cordier, petit chalutier de 10,35 m de longueur,
3,10 m de largeur, 8 tonnes de jauge brute, mû par un moteur diesel de
40 cv. de puissance motrice et embarquant 6 hommes. Le principe de base
du développement des cordiers est que la pêche à la ligne de fond est
la technique la plus simple, la moins coûteuse en investissements, et
une des plus profitables. Ce type de pêche (pêche à la ligne) a cepen-
dant ses limites, notamment l'impossibilité pour le pêcheur de se ren-
dre loin sur les accores du plateau continental où se trouvent les gros
individus des espèces recherchées. Par conséquent, à p~rtir de la pêche

-155-
Fig. 21.
Evolution des mises à
terre
de la
pêche
piroguière au Sénégal de 1853 à 1865.
tonnes
100 000
90 000
80 000
70 000
60 000
50 000
40 000
.'0 000
20 000
195'
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
(La période choisie. va du début de la motorisation
des pirogues à l'introduction des cordiers)

- 156 -
à la corde ou à la ligne de fond, on a propôsé, en remplaoement de la
. pirogUe trad!. t:j.onnelle, unpèti t cordier. pouva~t ~ffectuer des sorties
{ou "marées") de 8 à 10 jours. C'est en t'ait la pêche à la ligne .de fond
'pratiquée sur une embarcation plus moderne que la pirogu.e trad! tionnelle.
Relativement accessible par son prix et les facilités de rè-
glement of~ertes (1), le cordier apparaissait ainsi comme l'embarcation
":I.ntermédiaire" idéale qui devait permettre aux pêcheurs sénégalais
d'accéder, sans rupture traumatisante, à la pêche semi-industri elle.
Un premier "projet cordiers" fut ainsi lancé. Dès 1996, 23
unités en bois étaient exploitées mais leur mise en activité a très
vite tourné à la déroute, apparemment à cause d'un manque de gestion
et de moyens. Les frais d'amortissement du bateau, d'entretien et d'a-
vitaillement constituaient des dépenses considérables pour un rendement
qui n'était pas supérieur à celui de l'embarcation traditionnelle. En
1963, après un an d'activité, les II premiers cordiers en service, mon-
tés chacun par 9 ou 10 hommes d ' équipage, ont capturé 826 tonnes de
poisson, soit une moyenne de 75 tonnes par unité, donc de 7,5 tonnes
par pêoheur. Par contre, en 1965, sur la Grande Côte, la moyenne des
captures de la pêche piroguière a été d'environ IO tonnes par homme,
ceci pendant une campagne qui s'est étendue sur seulement 6 mois. (2)
Ces bateaux de construction légère, dotés de moteurs peu
puissants conçus pour pratiquer la pêche après 3 à 4 heures de route
et effectuer des marées de 24 à 48 heures, allaient fréquemment à plus
de 200 milles. Un tel genre de navigation ne faisait qu'augmenter les
charges d'exploitation: frais d'entretien et d'avitaillement qui rédui-
(1) Le prix de vente d'un cordier (au moment du lanoement de l'expédi-
tion) était de 3 millions et demi de francs. Une subvention de 25%
était accordée à l'acquéreur (par le gouvernement du Sénégal) qui
bénéficiait en outre d'un crédit de 5 ans, oe qui lui permettait
de prendre livraison du bateau avec un apport personnel immédiat
de 250.000 F. Le prêt étéJ.i t remboursable par prélèvements en nature,
pendant la campagne de pêche. Il atteignait un total de 1.900.000 F
et l'intérêt prélevé sur cette somme s'élevait, en 5 ans,à 616.000F.
i
(2) NGUYEN V-C. B. (97) page 43.
1
1
1

- 151 -
saient d'autant le revenu tiré de la paohe. -Pour une sortie d'une se-
. maine, ilfallai ten effet. aù Ii:li.ni~ •
5 tonnes de glaoe.
. . . . . . .
.. . 15.000 F
- Appâts 1 •. • • • • • • •
. . . . . . 12.000 F
- Carburant- : • • • • • •
. . . . ..
6.460 F
- Avitaillements divers: •
• •
15.000 F
- Nourriture de IO hommes d'équipage: • • • • __!2~220 .F
Soit au total : •
59.360 F
Les cordiers ne pouvaient être rentables qu'à condition de
limiter leU1' zone d'-aotivités à des lieux de pêche peu éloignés avec
retours fréquents au port d'attache.
D'autre part, le passage d'une petite embarcation de 8 à 12 CV
à un bateau de 40 CV ou plus de puissance motrice s'était fait sans au-
cune préparation à la gestion de telles unités. On avait voulu faire
passer le pêcheur du statut d'artisan (sur pirogue) à oeluide salarié
(sur oordier) tout en le maintenant dans une forme d'organisation so-
ciale inchangée, oe qui est incompatible. Il n'était pas rare qu'au
retour d'une marée d'une semaine, les hommes décidaient tout bonnement
de rentrer quelque temps chez eux afin de retrouver leur famille. Le
bateau restait alors immobilisé à quai et, non seulement ne rapportait
rien, mais entraînait une dépense lourde et inutile. Dans la majorité
des cas, les propriétaires de cordiers étaient d'anciens piroguiers
qui avaient tendance à exploiter ces bateaux coo;ne des pirogues. Il
leur a fallu beaucoup de temps pour qu'ils comprennent enfin que le
oordier exige un effort continu et intensif et qu'il est un instru-
ment conçu pour un travail à temps plein ne tolérant aucune faute d'en-
tretien. Une erreur de gestion si minime soit-elle peut conduire à une
réduction de la ma.rge bénéficiaire et donc à des pertes.
En même temps, les propriétaires de cordiers étaient tenus
de rembourser les prêts à moyen terme qui leur ont permis d'acquérir
leur bâtiment. Au retour de chaque marée, le pêcheur se voyait donc
privé d'environ 25% de ses recettes. Ce problème avait eu de graves
conséquences sociales qui ont contribué pour une large part à l'échec
des premières expériences. L'équipage, mal rémunéré et découragé, en
voyant dilapider le fruit de son travail, recourrait au large, avec la

- 158 -
oomplicité de certainspircguiers, à des ventes cccultes. dcnt il en-
.èais-sai t le produit. Le propriétaire·, conscient des fraudes qu'il ne
-
._.~.
.
~
-
"
-
.
. pcuvai-t prcuver pui squ 'ilres tai t à terre, effectuai tdes -prél èv-ement s
supplémentaires de poissons à l'arrivée du cordier à quai.
L'analyse des résultats des premières expériences a
permis
de mettre en évidenoe un certain nombre de tendanoesqud, manifestes
dès le début de la mise en exploitation de la flottille, se sont accen-
tuées au cours des années pour abou~ir à l'échec du premier "projet
oordiers". Cette opération a montré que toute innovation implique le
bouleversement non d'une technique .mais de tout un système deproduc-
tion.
En 1973, la D.O.P.M. décida de récupérer le cordier"DlOULOULOU".
et l'utilisa pour un projet d'armement expérimental. Les résultats posi-
tifs obtenus par ce cordier servirent de base à l'élaboration d'un nou-
veau programme en 1975. Ce seoond projet consistait en la création d'une
flotte de 36 cordiers ayant les caractéristiques suivantesl longueur
l3 m, moteur diesel l40 CV, équipage de lO hommes, sorties de 8 à lO
jours, tonnage annuel prévu l20 tonnes, cale isotherme d'une oapacité
de 7 tonnes.
Selon les organisateurs, les effets escomptés de ce nouveau
plan sur le développement du secteur artisanal semblent être 1
la création d'une "pêche artisanale moderne" devant contribuer
à la mutation socio-économique du milieu marin traditionnel;
une évolution effectuée de manière non traumatisante puisque
les techniques et zones de pêche sont déjà bien oonnues des pê-
cheurs traditionnels;
la possi bili té de décentralisation des flottilles vers des ports
secondaires existants ou à créer pour se rapprocher des meilleurs
bancs de pêche et provoquer une activité du pays.
Le projet n'a débuté sa phase d'exécution qu'au début de
1978, mais au regard des résultats enregistrés ces dernières années et

- 159 -

malgré les progrès obtenus depuis 1979 (voir figures 22, 2), 2.), foroe
est de reconnattre que les oordiers ont énormément de diffioultés pour-
~tteindre le seuil de r.entabili té. De 1963 à 1981,. les frais par marée
sont passés de 60.000 à 350.000 F, soit un taux de croissance annuel
de 26%. La hausse des prix est inféri~ure à la hausse des ooûtSI de
48,60 F en 1963, le prix moyen du kilo de poisson débarqué est passé à
196,40 F en 198I, soit un taux de croissance annuel
de 16%.(3)
Par ailleurs, on assiste de plus en plus à la raréfaction du
poisson sur les lieux de pêche et les cordiers perdent beaucoup de temps
en route sans pêcher. Les sorties en mer ont lieu au Sud de la pres-
qu'rIe du CAP-VERT entre 14°45'N et 8°N, essentiellement à la hauteur
de JOAL, dé la CASAMANCE, de la GAMBIE, des ILES BISSAGOS, de la GUINEE
et de la SIERRA LEONE. Suivant les lieux de pêche, le temps de route
.varie de 18 à 72 heures (fig.- 25). En plus, aucun accord ne donne offi-
ciellement aux pêcheurs le droit de pêche dans certaines zones fréquen-
tées (SIEEL~ LEONE, GUINEE, GUINEE BISSAU). Ils-peuvent être arraisonnés
et beaucoup d'entre eux ignorent que c'est à leurs risques et périls.
La création de l'armement cordier constitue un progrès et
mérite d'être soutenue. Cependant, il faut admettre que, dans les con-
di tions actuelles, l' "opération cordiers" -n' apparaft guère payante
ni pour les producteurs, ni pour l'économie nationale. Ealheureusement
on a tendance à retrouver les mêmes problèmes qu'au début du lancement
du projet. Les frais d'amortissement, d'entretien et d'avitaillement
du cordier représentent encore une dépense importante, très supérieure
aux frais de gestion d'une pirogue et la rentabilité du bateau ne peut
être assurée qu'au prix d'lli1e utilisation permanente, intensive. C'est
pour avoir méconnu la force du conditionnement psychologique dans le-
quel les gains à la pêche ressortissent plus à l'aubaine qu'à la pro-
duction intensive et organisée, que les expériences "Unités intermé-
diaires" ont été jusqu'ici décevantes, malgré la disponibilité d'esprit,
bien réelle, de beaucoup de pêcheurs sénégalais, pour les innovations
proposées dans le cadre de l'économie moderne, car l'esprit d'ouverture
n'est pas exempt, parfois, d'une certaine inconscience. Celle-ci ne
doit en rien surprendre. Elle tient en partie à l'ignorance où sont
les pêcheurs par manque d'information et de formation des exigences
qu'implique l'activité moderne dans laquelle on vient les insérer.
(3) KEBE M. (80) page 27.

-160-
-25
.
- .
/',
,20
"- .
. ,
-
-
--
15
/
-.--
'-'" .._,
--
..............
...--------./
.
10
- ' - - . /
5
1963
65
67
69
7I
73
75
77
'7981
83
Fig. 22.
Evolution du nombre
de
cordiers au Sénégal.
450
350
- 250
150
50
1963
65
67
69
7I
73
75
77
79
81
83
Fig. 2~.
Evolution des marées
effectuées par la flotte cordière.
Tonnes
noo
j'-'
900
700
500
'",.
\\.
/.
.
300
\\'-'/'
100
1963
65
67
69
71
73
75
77
'79
BI
83
Fig. 24.
Evolution des prises débarquées par les cordiers.

-161-
Fig. 25.
Zones d· activité
des cordiers.
LEGENDE
Saint-Louifl

~ 7.one anciennement fréquentpe(1963)
Grande c&te
o Zone actuelle de p~che
1967 Année de découverte de la Zone
de ptche
16h
Localisation de la zone en termes
Peti te c~te
d'heures de route
Gambie
o
100 km
'L-
----l'
;0 _
Casamance
Guinée Bi ssau
o
40-S0h
Guinée
1971
60h
o
1973
Sierra Leone

- 162 -
A notre avis , i l est utile de repenser la philosophie du
'projet', né ph~s le oonsidéreroomme transi tionmais oomme introduotion
d'un nouveau typedè pAohe entratnant une grande "rigueur dans la ges-
.~ion. La pêohe artisanale améliorée devrait pouvoir être généralisée
r~pidement, oar elle semble mieux adaptée que la pêohe trad! tionnelle
aux besoins oroissants d'un pays en pleine expansion démographique.
Elle pourrait être également au point de départ d'un véritable "déool-
lage éoonomique" dU littoral sénégalais. Si le gouvernement sénégalais
avait trouvé le finanoement néoessaire pour équiper les plages de pêohe
en infrastruotures d'aooostage, il est indéniable que de nombreux pê-
oheurs adopteraient oes bâtiments de pêohe int~rmédiaires avec lesquels
l ' éoonomi e artisanale de la mer atteindrai t son seoond "bond en avant".
Des mutations teohnologiques, jugées "révolutionnaires" pour
l'amélioration de la pêohe artisanale des points de vue qualitatif et
quantitatif, font l'objet,depuis plus d'une déoennie,d'essais systé-
matiques au Sénégal. Les plus remarquables semblent être : (4)
Ce projet partait du prinoipe que la pirogue oomporte
des limitations intrinsèques: oapaoité restreinte, instabilité, oons-
truotion inadéquate (trono d'arbre) et avait pour objeotif de séleotion-
ner quelques prototypes et leur faire réaliser des essais très sévères.
Quatre embaroations furent mises à l'essai
Le_~~ • C'est un petit senneur en matière plastique de fabri-
oation YAMAHA, d'une puissance motrice de 48 CV, une capacité de 7 tomes,
utilisant la senne tournante olassique aux petits pélagiques avec un é-
quipage de 9 hommes. Le bateau représente un investissement d'environ
ra millions de franos. Ses avantages, reconnus d'ailleurs par les pê-
oheurs piroguiers, semblent être: l'aisance de travail et le confort
à bord, la facilité de manoeuvre du filet et l'économie de carburant
due au moteur diesel. Cependant, malgré les bons résultats obtenus du-
(4) Cette étude est tirée du Plan d'action de la pêche sénégalaise (ro8)-
pages r47 et suivantes.

- 163 -
rant la campagne de 1978.'11 est diffioile, d '.après les experts de la
.
,
F.A.O. d'affirmer que oe bateau est vraiment plus rentable que les
pirogues sion compare les investissements.
~~Ti!! . Cle,st un petit cordier de 9,20 m de long, équipé d'un
moteur RENAULT CbUACH diesel de 50 CV, oo~tant environ IO millions de
francs. Basé à ELINKINE en CASAMANCE, il ne donne jusqu'à présent que
de maigres résultats ne permettant pas de tirer des conclusions sur ses
mérites.
Le _!!~~
est une embarcation de type catamaran à coque en
plastique, équipé d'Un moteur diesel de 80 CV et gréé en senne tour-
nante. Ses performances ne sont pas concluantes et vu son prix élevé
à l'achat (environ 8 millions de francs), il est douteux qulil puisse
intéresser les piroguiers pratiquant la senne tournante avec des em-
barcations de 700.000 F ayant une capacité beaucoup plus grande.
~~_OU!RA9N~est un bateau polyvalent de I3m, construit au GHANA,
au coût de II millions de francs.
Au départ, la justifioation du projet F.A.O. était que la
pirogue ne peut réellement s'adapter davantage au progrès technique.
Dans cette optique, la solution proposée est de s'éloigner délibérément
du design de la pirogue et d'expérimenter les petites embarcations de
type moderne telles que celles en usage dans les pays développés, mais
à des coûts de construction le plus bas possible.
On peut se demander si à ce point le projet a été jusqu'à
présent un succès car il ne semble pas que les pêcheurs y aient atta-
ché un réel intérêt. Les coûts d'achat sont encore trop élevés par rap-
port aux pirogues traditionnelles: le S01WAT, par exemple, coûte le
prix de dix pirogues faisant le même travail, et l'économie de carbu-
rant, qui est réelle, est un argument qui ne sera sensible aux yeux
des piroguiers que le jour où elle pourra leur être démontrée de façon
évidente. Par ailleurs les bateaux proposés nécessitent au minimum un
petit quai ou un ponton pour le débarquement du poisson; autant d'in-
frastructures qu'on ne retrouve dans aucun centre de pêche.

-164 -
2 • Les embaroations YAMAHA.
Il ne .s'agit pas réellement d'un projet expérimental,
mais plut8t de l'essai d'introduotion commeroiale d'embaroations d'un
type bien oonnu, sans modifioation du design. La barque YAMAHA, de 7m.
environ, est à fond plat, large avec une proue non effilée. La coque
est en matière plastique et sa construction est très solide. La société
YAMAHA serait prête à construire sur place et éventuellement à modifier
les formes. Le design actuel semble empêcher, à puissance égale, un
déplacement sur le plan d'eau aussi rapide que la pirogue.
3 • Les pirogues "BEAUCHAMP" en matière plilstique.
- - . _ - - - - - - - - - - - - - - - - -
Il s'agit d'une initiative privée qui vit le jour en
1976; son principe de base est que la pirogue traditionnelle sénéga-
laise est parfaitement adaptée, ou presque, à son utilisation présente
et que le principal problème pour son remplacement est la pénurie de
bois au Sénégal. Le problème revient donc à construire des pirogues de
forme traditionnelle mais en matériaux autres que le bois, et dont le
co~t de production soit cependant comparable.
l
Une équipe canadienne entreprit en 1976 - I977 la oonstruc-
tion de deux prototypes, une pirogue de 8 mètres, puis une autre de I4,
semblables à celles actuellement utilisées pour la pêche à la senne
tournante. Le matériau choisi pour la construction fut la mousse de
chlorure de polyvinyle, selon la méthode di te "Sandwich". C'est une
méthode ayant déjà fait ses preuves en construction navale; elle donne
une coque en général très résistante, durable, facile à réparer et plus
légère que le bois. Depuis leur fabrication en I977, les deux pirogues
sont en mer, confiées à des pêcheurs de différentes plages, pour des
essais.
Au dire de tous les pêcheurs interrogés par les agents de
la DOPM, l'embarcation est très bien acceptée du fait que la forme tra-
ditionnelle est entièrement respectée et que le matériau, après peinture,
présente pratiquement les mêmes caractéristiques au toucher que le bois.

- 165 -
L'intérAt du projet réside dans Ifutilisation d'un matériau
:, autrequ~ le bois tout 'enrespeotant les formes trad! tionnel1es. O.ela-
oorrespondà un besoin immédiat déjà exprimé par les autorités sénéga~
laises en vue de préserver la forêt.
Les avantages teohniques de oette initiative sont dono in-
téressants. Parmi les inoonvénients, il faut oi ter lanécessi té d'im-
porter les matières premières et leurs prix varient avec ceux du pétrole. !
L'option "plastique" comportera éga~ement à long terme le problème du
recyclage des vieilles pirogues qui ne sont pas biodégradables comme le
bois.'
S'il est vrai que la pirogue doit être "changée" tous les 6
ou 7 ans, le tronc qui en constitue le fond peut être réutilisé pendant
I5 à 25 ans, oe qui est peu (trop peu) connu, car on cesserait d'affir-
mer que l'usage des tron,s d'arbre dans la construction des pirogues
est un facteur de déforestation. Il n'est pas prouvé qu'un tronc ne
permette de construire qu'une seule pirogue; d'autre part la durée d'u-
tilisation du tronc (pendant une vingtaine d'années) correspond prati-
quement à la pousse d'un tronc équivalent. La taille des arbres abattus
n'est pas un élément convainoant car la construction de pirogues de
grande taille utilise la plupart du temps un- madrier de IO cms d'épais-
seur et non tout le tronc, ce qui implique la possibilité de construire
plusieurs grandes pirogues à partir d'un tronc unique débité par les
scieries. Par ailleurs, cet abattage n'est pas simplement destructif,
puisque destiné à permettre une activité productive pendant le temps
nécessaire à la repousse des arbres abattus.
L'ensemble de ces faits, une fois connu, doit conduire à poser
avec beaucoup de prudence le problème du remplacement éventuel du bois
par un autre matériau qui serait importé (plastique, fibre de verre,
etc ••• ).On peut en outre se demander s'il est indispensable, au nom de
la seule "Aide au Développement", de rechercher inlassablement à modi-
fier les moyens de production traditionnels: l'exemple de la pirogue
sénégalaise, que divers "experts" essaient en vain de modifier depuis
une dizaine d'années sans le moindre succès durable, illustre assez
les diffioultés que peut rencontrer une telle démarche. L'apport d'une
technique importée (donc co~teuse) implique divers effets indui~s défa-
vorables à l'ensemble du secteur: augmentation des coûts de production

- 166 -
par ,l'importation de produits trais en remplacement des produits locaux
.
-
et:pa.r la né.cessi té d'une qualification profesl;lionnelle -requérant sen-
sib:llisatien pcls formàtion particuliàre et chère;' enfin une baisée
oonsécutive du nombre d'emplois locaux traditionnels (charpentiers),
ce qu;i va à l'encontre de tout processus intégré de développement.
III - ESQUISSE D'UNE STRATEGIE DE DEVELOPP~ŒNT DE LA PECHE ARTISANALE
AU SENEGAL -
A - ~!~~-!;~~~gan~_~~bitu~~~_!_SU~~~~~~~té_~!_la-E~~he_indu~­
tr!, el~~~ur ~a 'pêchEl~::!is~na~~.
Dans la plupart des pays du Tiers-Monde, de multiples tra-
vaux ont démontré que le secteur de la pêche occupe ou devrait occuper
. un rang primordial par son double rôle de gros fournisseur de protéines
animales et d'important secteur économique (source d'emploi et de devi-
ses, etc ••• ) Mais si les thèses dominantes en matière de développement
reconnaissent l'impérieuse nécessité d'intégrer le développement de la
pêche à la mise en place d'économies viables, elles ne sont pas pour
autant affranchies de quelques idées largement répandues selon les-
quelles la priorité doit être accordée à la p~che industrielle. On
peut illustrer ce choix délibéré en faveur d'une primauté des formes
industrielles sur la p~che artisanale par la différence considérable
des budgets consacrés à ces deux secteurs par certains pays africains(I).
S'il est vrai qu'au Sénégal, les moteurs hors-bord, le carburant et
certains engins (sennes tournantes) sont vendus hors taxes aux pêcheurs_
artisans, il faut cependant reconnaître que ce n'est qu'en I979 que la
p~che artisanale a pu bénéficier de 32% du budget public alloué à la
pêche; et dans les quatre premiers plans quadriennaux depuis l'indé-
pendance, c'est la pêche industrielle qui draînait la œajeure partie
des investissements, allant jusqu'à 80% dans le IVe plan. Dans le VIe
plan (I981-I985), la proportion était de 66% pour la pêche industrielle,
(I) En SIERRA LEONE, entre I974 et I979, seulement 6,7~ des investisse-
ments publics destinés à la pêche ont été affectGs à la pêche ar-
tisanale, contre 67% pour l'acquisition d'une flottille de 34 unités
de p~che industrielle. Pire encore, les taxes à l'importation d'é-
quipements artisanaux étaient de 36,5% (taxation équivalente aux
produi ts di ts de "semi-luxe") contre IO% pour les équipements de
pêche industrielle.
De même la COTE D'IVOIRE, entre I976 et 1980, consacrait 70
millions de dollars U.S. à la pêche maritime dont la plus grande
partie fut affectée au développement de la pêche industrielle.
DIAWM. C. (47 ) •

- 167 -
et le reste pour la pêohe artisanale. (2)
Dans oeeontexte, la pêohe artisanale est rédui te à urt seoteur
"traditionnel", p~esque exolusivement orientée vers les marohés intérieurs
et oonsidérée oomme dépassée face aux impératifs écono~ques modernes.
Par contre, la pAohe industrielle est jugée comme une option d'avenir,
en tant que "source potentielle de devises par ses exportations, de
~orte valeur ajoutée par le traitement industriel et devant participer
à lB: réduction du déficit de la balance commerciale". (3). Ainsi la
pêohe industrielle doit être priori taire pour des raisons d'ordre essen-
tiellement économique, justifiées par la recherche d'un prof'i t toujours
.plus grand, plus immédiat, selon une logique d'entreprise. Dans ces condi-
. tions, la croyance dominante fait de la pêche artisanale l'enfant pauvre
du secteur de la pAche et ses traits essentiels sont alors réduits à un
ensemble de techniques archafques, à une productivité limitée et dépas-
sée par rapport aux exigences actuelles de la croissance économique. Face
à cette conception quelque peu figée de la pêche artisanale, d'autres
au contraire lui attribuent le rôle principal car elle domine encore
l'ensemble du secteur maritime tant par sa productivité que par ses im-
pacts socio-économiques, voire sa simple viabilité économique.
Nous tenterons en premier lieu de mettre en lumière les ca-
ractéristiques générales de la pêche industrielle pour étudier dans un
second temps l'impaot socio-économique de la pêche artisanale dans le
contexte précis d'un pays en développement.
l • ~~~téris!iqu~~géné~~~de_~~E!~~~_:!:.nd~striel~~
~!~ég~!..
La pêohe industrielle oonstitue actuelle~ent un secteur d'ac-
tivité assez important au Sénégal et a été réalisée avant son accession
à l'indépendance. Dès le départ, oette activité a reçu une orientation
essentiellement tournée vers la France et, en conséquence, elle a eu
des caractères particuliers dont elle ne s'est pas encore dégagée.
Les initiatives sont le fait ùes armateurs et conserveurs
Français. Les premières prospections de nos côtes débutèrent en 1954.
(2) D10URY F. (60) page 3.
(3) WEBER J. et FONTANA A. (129).

- 168 -
L~1nitiative en est due aux~aaques. En hiver 1953, poussés Vers les
,oates sénégalai Î3 es par -1 e désir de fermer le cycle. de leurs flcti vi tés
sa1sonnièremerit interrompues, armateurs et conserveurs Français ont
trouvé sur notre littoral des conditions favorables à la oréation d'une
aotivité thonière différenciée. Aussi l'idée de pratiquer-la pêche au
thon sur les c5tes sénégalaises fut-elle étudiée et retenue par le con-
seil d'administration du Syndicat des Marines de Saint-Jean-de-Luz dont
certains membres connaissaient DAKAR. L'envoi d'une flottille
fut dé-
cidé; le comité local des pêches maritimes de BAYONNE accorda une sub-
vention d'un million de francs. L'année d'après, une expédition fut
mise sur pied: il s'agissait toujours d'une campagne expérimentale.
Les 6 bateaux envoyés pêchèrent 1.830 tonnes de Novembre 1955 à Mars
I956 (4). C'était la preuve que pendant l'hiver, les pêcheurs Français
pouvaient travailler le long des cOtes sénégalaises. Là campagne sui-
vante fut décisive. Le nombre de bateaux passa de 6 à 45 dont 20 ve-
naient de ports bretons et vendéens et 25 de la c5te basque.
Dès la première campagne de pêche thonière, un industriel de
CONCARNEAU décida d'établir à proximité de DAKAR une conserverie, fi-
liale de celle qu'il avait en France et malgré l'orientation définie
par les conserveurs (5), la première usine fut installée au kilomètre
I5 sur la route de RUF1SQUE: c'était la Compagnie Industrielle des Con-
serves Africaines (C.I.C.A.). Pendant la première campagne, elle traita
300 tonnes de poissons.
L'année suivante, la maison CASSEGRAIN de NANTES qui suivait
de très près les essais de pêche financés par le Comptoir Français de
la Conserve Alimentaire (C.F.C.A.) décida, devant les résultats obtenus,
de créer au même endroit que la C.I.C.A. une autre unité de traitement
du thon. Pendant la crunpagne I956 - I957, les deux usines traitèrent
I.600 tonnes de thon (6). C'était le début d'une action qui, par la
suite, s'est développée et révélée particulièrement payante.
(4) GUERRY M. (74) page I4 et suivantes.
(5) L'orientation était ainsi libellée: " ••• la pêche au thon peut et
doit être pratiquée de telle sorte que les produits soient débar-
qués dans la Métropole et transformés par la main-d'oeuvre métropo-
1
li taine ••• "
(6) GUERRY M. op. cit. p~ge 22.
1

- 169 -
Comme la plupart des industries s~négalaises, l'industrie du
P?isaon est ooncentrêedans la région ~e ~, à prôXimité du port et
d 'unemain-d i oeuvré abondante. Il n' y a, pour l es industriels installés
à DAKAR, aucun problème de recrutement de main-d.' oeuvre, celle-ci y est
peu coûteuse et ce fait a déjà été signalé comme l'un des facteurs qui
ont déterminé l'implantation de l'industrie thonière dans la banlieue
dakaroise. Les usines local es se sont multipliées en s'adaptant aux par-
ticularités de ces ouvriers et en les soumettant à leurs propres exi-
gences.
Dépendant uniquement de la pêche, l'industrie du poisson a,
comme celle-ci, un caractère saisonnier et très irrégulier, dont les
conséquences posent des problèmes d'exploitation et de débouché. Parallè-
lement à la pêche, l'industrie des produits maritimes a connu un essor
remarquable qui a été favorisé par un concours favorable de circonstances
régionales et locales dont l'une des plus importantes a été la création
d'un Code des Investissements accordant garanties et avantages aux in-
dustriels.
L'ensemble industriel maritime de DAKAR, malgré ses insuffi-
sances, a donné au Sénégal, dans le domaine de l'économie de pêche une
avance considérable sur les autres pays ouest-africains. Sa remarquable
oroissance a prouvé la possibilité d'une industrie du poisson et attiré
l'attention des pouvoirs publics sur l'intérêt économique de cette ac-
tivité; ils l'ont soumise à une réglementation et ainsi elle a dépassé
le stade empirique. Désormais DAKAR est le point d'attache saisonnier
ou permanent des flottes industrielles venues de tous les continents.
L'exploitation des ressources halieutiques nationales au niveau de la
pêche industrielle se fait par 3 types de pêche: la pêche chalutière,
la pêche sardinière et la pêche thonière.
Les ressources du plateau et du talus continentaux sénégalais
(cephalopodes, crustacés, poissons) sont exploitées depuis longtemps
par une flottille chalutière basée à DAKAR, une flottille étrangère ne
débarquant pratiquement pas à DAKAR ou débarquant une faible partie, e':;
une flottille étrangère affrétée. La pêche chalutière était pratiquée à
partir de DAKAR par 57 bateaux, il y a de cela I3 ans. Ces dernières

- 170 -
années, le nombre de bateaux qui si11o~~~ï8S oSt8ss'négal.a1s8s à plus
. ~que doublé (I75embaroat.ions enl98I)., Cette pAohe utilise des unités
d.e typese't de tailles . divers qui oapturent, grâoe au' oha1ut,des es-
pèoes de fond oomme la sole, le ro.uget, la orevette et la daurade.
- La flottille basée à DAKAR est essentiellement oomposée de oha-
1utiers français et sénégalais. En 1982, ils étaient au nombre de l28
unités sénégalaises et de l7 unités françaises; alors que 25 navires
espagnols, 8 italiens et 7 greos auraient partioipé, mais de façon très
faible, au débarquement annuel estimé à 40.950 tonnes de poissons.
- La flottille non basée à Dakar est oomposée de oha1utiers' p§-
ohant sous 1ioenoe dans les eaux sénégalaises. Depuis Mai 1982, des
observateurs Sénégalais embarquent à leur bord afin de oontrô1er leurs
acti vi tés.
- En 1982, l7 chalutiers affrétés pêohaient dans les eaux sous
juridiction sénégalaise. On estime leurs prises globales à lO.OOO ton-
nes environ. La plupart de ces bateaux débarquent à LAS PALMAS.
Le chalutage, tel qu'il est oonçu actuellement au Sénégal,
n'offre plus aucune perspective de développement. Les chalutiers opé-
rant dans nos eaux sont trop grands pour ne faire que de la pêche cô-
tière (marées de 6 à lO jours) et trop petits pour opérer sur les pla-
teaQx continentaux larges de la Guinée et de la GUINEE BISSAU.
La pêche sardinière est pratiquée par des unités de dimensions
moyennes équipées d'un filet encerclant. Les bancs de poissons sont
généralement repérés au sondeur-ultra-sons; capturés ils sont conser-
vés à bord dans des cales à eau de mer réfrigérée.
La capture du thon - nous l'avons d~jà vu - est pratiquée
de longue de.te à partir du port de Dakar. Elle met en oeuvre deux
techniques différentes z
- La pêche à la canne effectuée par les thoniers oanneurs à auto-
nomie relativement faible (IO jours environ) et oonservant le plus sou-
vent leurs prises dans de la glaoe.

- l7I -
- LapAohe à la senne.Oette teohniquë fait intervenir des unités
de'plu~ ~ande envergure, congélantleurè oaptures à bord. et disposant
d'une autonomi e qui 1eur ·perm·et de t eni r en mer pendant 2I jours .au
moins et 45 jours au plus.
La pêche thonière s'intéresse traditionnellement à trois
espèces (Albaoore, Listao, Patudo) qui sont exploitées par la flottille
basée à Dakar et par une flottille étrangère composée de senneurs fran-
çais, ivoiriens, marocains et espagnols, dont une partie des captures
seulement est débarquée à Dakar pour alimenter les industries locales.
D'autres espèces comme .les petits thonidés et l'espadon voilier cons-
tituent également un objet d'intérêt pour la pêche thonière, mais les
niveaux d'explOitation restent encore faibles par manque de débouchés.
Dominée d'abord par la France, la pêche industrielle se par-
tage aujourd'hui entre de grands groupes de producteurs. Ceux d'Europe
Occidentale sont pour la plupart des Italiens, des Espagnols et des
Français. Ces derniers ont la plus belle part gr~ce à beaucoup de faci-
lités accordées par La loi N° 35 du 21 Mars 1962 (exonération de l'im-
pôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, dégrèvement de la pa-
tente, crédits, droit au transfert des capitaux, etc ••• ). Oependant,
depuis quelques années, des bateaux congélateurs, véritables navires-
usines, des thoniers et chalutiers ultra-modernes, battant pavillon
japonais, soviétique, polonais, norvégien, panaméen, etc ••• sont deve-
nus de redoutables concurrents et prennent part chaque année aux gran-
des campagnes internationales dans toute l'étendue de l'Atlantique tro-
pical Nord entre l'Ouest africain et le BRESIL. La notion de rendement
a conduit ces industriels à grouper en des points précis de la côte
toutes les activités terrestres relatives à la pêche. Dakar offre une
infrastructure portuaire favorable à la concentration de ces activités.
Sa situation géographique assez exceptionnelle (1), l'importance du
port de commerce et le caractère moderne de ses installations en font
(1) Le port de Dakar est situé sur les voies les plus directes qui re-
lient l'Europe et l'Amérique du Sud ou l'Afrique Equatoriale et
Australe. Cette situation est particulièrement adaptée aux relation~
commerciales. Dakar est à 3.600 miles du CAP, 2.200 de MARSEILLJ::;,
2.500 de LONDRES ou ROTTERDAM, 3.400 de NEW YORK, etc •••

- 172 -
le port le mieux équip~ pO\\11" devenir le premier oentre thonier de l'A-
frique de l'Ouest. Le port de Dakar a, en outre, des avan~ages olima-
-tiques: moin~ tropioal que les autres pDrts ~frioains (CONAKRY,.ABIDJAN,
FREETOWN, POINTE NOIRE, etc ••• ) il jouit d'un climat moins chaud et
_moins humide, aussi le problème de la oonservation y est-il moins dif-
ficile à résoudre. Dans oe cadre s'est développé un ensemble portuaire
moderne qui dispose, entre autres, de nombreux post es d' avi taillement en
oombustible, de facilités de ravitaillement en vivres, de chantiers de
réparation.
S'il est vrai que l'attache temporaire de grosses unités à
DAKAR constitue une source de revenus non négligeables pour un port
d~nt le rôle, aujourd'hui, a tendancè à -se restreindre à des dimensions
purement sénégalaises, force est de reconnaître que les conséquences
de oette présence sont peu favorables au développement éoonomique du
Sénégal. Les objectifs de oes ensembles dépassent généralement les in-
térêts des pays dans lesquels ils sont représentés. Pour la pêche comme
pour l'industrie, les bénéfices reviennent en majorité aux secteurs é-
trangers qui les ont implantés au Sénégal et dont les responsables ne
sont guère enthousiasmés par la perspective d'une situation différente.
Jusqu'à présent, les effets d'entraînement de ces groupes sur l'écono-
mie nationale sont très faibles pour deux raisons essentielles :
L'orientation de leurs activités vers l'extérieur: la quasi to-
talité des produits pêchés est réservée à l'exportation vers les mar-
chés internationaux, plus précisément français. L'installation d'unités
de traitement à proximité des lieux de pêche a dévié J en partie,l'orien-
tation primitive mais en apparence seulement car jusqu'à présent, si on
excepte les faibles tonnages de conserves de thon fabriqués à Dakar et
consommés sur place (8) et ceux aussi faibles exportés vers les pays
africains voisins, les produits de transformstion sont écoulés presque
(8) La consommation de conserves de thon n'entre pas dans les habitudes
et règles alimentaires des Sénégalais, aussi les possibilités d'é-
coulement des produits de transformation du thon sur le marché na-
tional sont-elles rbduites et depuis le début de la production tho-
nière/elles ne se sont guère accrues. L'exemple de la saison I960 -
I96I permet de préciser numériquement la faible,jse de ce marché: sur
une production globale de 6.243 tonnes, il n'est resté au Sénégal
que I27 T., soit à peine 2%. (GUERRY M. op. cit. page IIO).

- 173 -
exolusivement sur le marché français.
- L'orientation d~ leurs revenus tirés de la production ou du
traitement dupoissonr la majeure partie de ceux-ci est "rapatriée".
Il en résulte que la diffusion du pouvoir d'achat_ dans l'économie na-
tionale est faible.
D'une manière générale, on pourrait dire que le Sénégal, à
l'image de la plupart des pays ouest-africains, s'est vu imposer une
certaine conception de pêche industrielle, conception évidemment favo-
rable aux groupes étrangers. Cette situation constituera, à long terme,
.une entrave au développement maritime du Sénégal et de l'ensemble de
l'Afrique Occidentale. Les producteurs étrangers devraient s'intéresser
à ce développement de deux manières r
- la formation professionnelle des pêcheurs-artisans en vue de
préparer la transition-de la pêche traditionnelle à la pêche semi-in-
dustrielle ou industrielle,
- et la concertation de leurs propres objectifs avec ceux du gou-
vernement sénégalais.
Les années I970 ont vu s'opérer un bouleversement dans l'é-
quilibre traditionnel des pêches maritimes suite à une régulière stagna-
tion des captures réalisées par la pêche industrielle. Après son re-
cord de l'année 1977 (I30.000 tonnes), la production de l'armement in-
dustriel plafonne autour de II5.000 tonnes de poissons par an. Les mo-
destes résultats de la pêche industrielle sont à lier à la vétusté
d'une flotte de moins en moins rentable. Les nationaux ne disposent
généralement pas des moyens nécessaires au renouvellement de leurs na-
vires, d'autant plus qu'ils ne peuvent recourir qu'au prêt bancaire
normal, aux conditions sévères en l'absence d'un crédit maritime adaptf.
A l'heure actuelle, les fonds bancaires accordés à la pêche sont peu
importants et représentent 3% des avances consenties par les banques
à l'écono~ie sénégalaise. Les conditions de prêt, identiques à celles
des autres secteurs de l'éconoTie, ne sont pas ~daptées à la pêche ma-
\\1
1
1

- 174 -
,r-itime. La limitation du orédi t à 65% de l'i-nvestissement, laissant 35%
d'auto-financement à la oharge- de l'armat eur,apparart comme leprin~
oipaÎ,oostacle. Beaucoup -d' Uopérat:el,U's-êconomiques", ne peuvent réunir
~es_ fonds propres complémentaires. Les charges de remboursement mettent
: parfois en cause leur trésorerie à un point tel qu'ils doivent aussi
faire appel au prêt bancaire pour le financement de leur campagne de
pAche. La mise en place d'un crédi t mari Ume se justifie par l' impor-
tance des besoins à long terme, aussi bien pour la pêche industrielle
que pour la pêche artisanale. Cette dernière devra en effet continuer
àfâire face à des éohéances de renouvellement pour les unités et les
- engins de pêche plus modernes. Quant à l' acti vité industrielle, le chan-
gement urgent des unités implique des conditiorts de financement pré-
férentielles. (9)
Pour le moment, le Sénégal s'apparente de plus en plus à un
cimetière d'embarcations. La moyenne d'âge est officiellement de vingt
ans (rO).-Elle est trompeuse. Bien des bateaux sont ici depuis bien
plus longtemps et n'y sont pas venus au sortir des chantiers navals.
La sécurité de la navigation pour ces rafiots serait douteuse. L'on
oomprend dès lors pourquoi la productivité ne cesse de baisser. Les
immobilisations pour raisons techniques sont de plus en plus longues,
de plus en plus fréquentes. La cherté des embarcations neuves est telle
que nul ne s'engage à en acheter. (Une embarcation neuve coûte en moyenn
300 millions de francs). Devant l'écueil, les armateurs se contentent
de racheter de vieux bateaux qui étaient déjà sur place, si bien que
l'armement total ne varie pas. Tout au plus, il y a"sénégalisation" (rr) ,
encore que le Sénégalais ne sert souvent que de prête-nom.
D'autre part, et cela est d'autant plus gênant que c'est un
fait constant, les bateaux à glace sont techniquement dépassés et sur-
tout, ils ne sont pas adaptés aux conditions de la pêche dans les eaux
tropicales, car leurs moyens de conservation du poisson sont réduits.
La nécessité pour ces embarcations de s'approvisionner fréque~~ent en
glace les retient près du port et ils ne peuvent exploiter les zones
(9) VIe plan quadriennal de développement économique et social (r97)p.r4
(ro) SEYE C.E. (r99) page 2.
(rr) Sénégalisation : Action visant à donner un caractère plus sénéga-
lais à une entreprise, un programme, un organisme, etc •••

- 175 -
les plus favora~les qui, de Janvier à Mài, sont très éloignées; o'eat
pourquoi leurs apports son't souvent irréguliers et insuffis~ts,parfois
même catastrophiques, pour les pêcheurs et pour les conserveurs.
La pêche industrielle a également subi les phénomènes migra-
toires des poissons qui évoluent dans un espace dépassant largement
les eaux sénégalaises~ Du fait de l'extension généralisée, au niveau
des pays de la sous-région, de la zone éoonomique exclusive à 200 ~iles,
l'aire d'activité de la flotte sénégalaise s'est trouvée sérieusement
réduite. En hivernage, les bancs de petits pélagiques se rapproohent
de la côte à un point tel que leur exploitation par la flotte indus-
trielle devient difficile, malgré l'autorisation permettant aux
ba-
teaux d'opérer à partir d'un mile de la côte (contre trois normalement).
Les difficultés de la production se répercutent sur le reste
de la chaîne. Les usines de traitement de poisson travaillent en-dessous
de leur capacité. Quatre d'entre-elles ont fermé et cinq autres connaî-
traient de graves déséquilibres financiers. L'approvisionnement est
irrégulier et insuffisant parce que la flottille est vétuste mais aussi
parce que de plus en plus de licences sont accordées aux congélateurs
qui ne livrent pas aux unités de transformation. Ils conditionnent en
mer et vendent pour l'exportation. Cet état de fait est en contradic-
tion avec la politique gouvernementale qui est de favoriser la trans-
formation de la production sur place au Sénégal.
La cO~Tiercialisation, dernière étape de la pêche industrielle,
n'échappe pas aux difficultés. Le souci de l'Etat sénégalais est de
réussir une certaine intégration de toute l'activité maritime, de la
production à la co~~ercialisation à l'extérieur. C'est plutôt à une dé-
marche inverse que l'on assiste. On se spécialise de plus en plus par
branche et le comnerce bien souvent s'arrête à nARJ~. Sur la marge to-
tale réalisée sur les produits de pêche, celle effectuée au niveau des
marchés extérieurs représenterait
jusqu'à 80%. Cette com~ercialisa­
tian, la plus rent~ble, reste à une exception près, hors de port se des
industriels sénégalais.
1
1
1ll
1

- 176 -
Suite à ces difficultés fondam~ntales, la pêche,industrielle
est 'devenue plus chère, requérant des investissements toujours plus
oonsidérables pour tenter d'aooroftre sa rentabilité, et par là de plus
en plus inaooessible pour une éoonomie en développement.
L'évolution de la production des différents secteurs de la
pêche, en volume comme en valeur, prouve si besoin èn est encore, que
la pêche artisanale s'avère être un secteur vital même si sa production
connaît ces dernières années une baisse assez sensible. Il appartient
aux autorités conoernées de prendre en compte cette importante réalité
et de favoriser davantage le développement de cette activité qUi, bien
.
qu'exigeant diverses améliorations, peut contribuer à de nombreux égards,
au réel développement économique du Sénégal.
L'expérience montre chaque jour, pour la plupart des
pays du Tiers-Monde, que face à une pêche industrielle pas souvent
rentable mais systématiquement source de dépendance vis-à-vis du capi-
tal étranger dont de surcroft les bénéfioes sont rarement réinvestis
sur place, la pêche artisanale est souvent beaucoup plus apte, de par
ses caractéristiques, à induire le maximum d'effets socio-économiques
positifs de l'exploitation des ressources halieutiques. Elle constitue
incontestablement un secteur très dynamique qui se révèle nettement
plus efficient, économiquement comme socialement, que les secteurs de
la pêche semi-industrielle et industrielle.
Au premier rang des échanges intérieurs, troisième secteur
d'exportation après l'arachide et les phosphates, première source de
protéines, la pêche artisanale emploie directement ou indirectement
15% de la population active. Le secteur artis~nal se révèle ainsi plus
"social" au premier sens du terme, car il crée un nombre d'emplois
beaucoup plus important que ne le fait la pêche industrielle. De ma-
nière générale, il utilise 20 à 30 fois plus de main-d'oeuvre que le
secteur
moderne
.:'a pêche artisanale se révèle, en outre, plus ren-
table économiquement, soit qu'elle produit davantage que la pêche in-
dustrielle, soit qu'à production égale ses coûts de fonctionnement res-

- 177 -
tant inférieurs à ceux de la pêohe moderne" car elle ne requiert pas
impérativement une teohn1of téeuropéenne, laquelle grève lourdement
tes frais d'exploitation alors que le secteur industriel exi-ge un tel
transfert dans la plupart des cas.
En outre, l'investissement nécessaire à l'achat d'un sardinier
employant 12 personnes aurait permis d'équiper 50 unités artisanales à
la senne tournante employant 1.500 personnes et produisant 30 fois plus
dè poissons. Ces ohiffres parlent d'eux-m~mes.
Aussi peut-on dire que la pêche artisanale se révèle plus ef-
fioiente, à la fois au plan économique et au plan social, que la pêche
industrielle ou "artisanal e améliorée"
car elle concilie fai bl esse de
l'investissement, taux de profit relativement élevé, utilisation consi-
dérable de main-d'oeuvre et taux important de valeur ajoutée. Si la
pêche industrielle, dans sa conception, repose sur une logique d'en-
treprise, il est clair que la pêche artisanale a su trouver un compro-
mis entre cette option et la réponse aux problèmes des sociétés rurdes
du Sénégal: emploi et disponibilités monétaires. Pour cette raison, son
rôle est capital dans l'économie nationale. Son dynamisme interne lui
permet une oonstante adaptation et sa participation active à de nombreux
charnons du développement lui assure sans nul doute une importance con-
sidérable que ne peut remplacer en aucun cas le développement parfois
complémentaire d'une pêche industrielle. S'il est évident et nécessaire
que la pêche traditionnelle évolue, cette évolution devra se faire dans
le sens d'une nouvell e pêche artisanal e, plus performante (par amélio-
ration du matériel, des techniques et par l'éducation des pêcheurs:
alphabétisation, initiation àla gestion, etc ••• ) et non vers une quel-
conque pêche industrielle. (12)
Il convient de dépasser le débat usuel sur la supériorité de
l'un ou l'autre mode de pêche et de mettre l'accent sur la complémen-
tari té nécessaire entre
pêohe
artisanale et pêche industrielle, qui
doivent l'une et l'autre concourir à la lutte contre la famine et le
sous-développement. Toutefois la conjoncture nationale mbttant en évi-
(12) DIOURY F. (60) page 1.

- 118 -
- denoe depuis les années 1910 un ralentissement de la produotionindus-
._ t~ielle,la pêohe artisanale paraft une. option idéale pour le Sénégal
qui dispose de beauooup de réssouroes aisément -aooessibles à~lap~ohe··
-artisanale.
1
Cependant si la pêche artisanale, évolutive et dynamique,
est appelée dans de nombreux oas et pour longtemps encore à jouer un
rôle de plus en plus important dans l'économie sénégalaise, elle pré-
sente néanmoins diverses faiblesses ou carences qui constituent souvent
encore un frein à son réel développément. Le fondement de ces défail-
lances permet d'entrevoir diverses améliorations.
l • Nécessité d'une chafne de froid.
La conservation du poisson demeure pour les pays chauds,
l'une des difficultés majeures; aussi est-il urgent de chercher des
solutions techniques à la réfrigération des produits de la pêche. Au
Sénégal, le problème le plus urgent pour les pêcheurs-artisans est
de ramener, dans un temps relativement court, le poisson dans les
plages. Les températures, pendant une bonne partie de la campagne de
pêche, dépassent très souvent 35° à l'ombre et il est évident que les
produits sont très rapidement altérés. Il convient donc de mettre à
leur disposition des embarcations munies de cales isothermes capables
de maintenir en état de frafcheur les prises effectuées pendant plu-
si eurs heures.
Parmi les divers tissus animaux, ceux appartenant aux orga-
nismes aquatiques se trouvent être les plus fraeiles. Une fois ex-
trait de son milieu, le poisson meurt presque immédiatement et dès
lors l'altération se développe très rapidement. Crustacés et coquilla-
ges peuvent survivre à l'air un peu plus longtemps, mais sitôt passés
de vie à trépas, la décomposition y progresse plus vite encore. Cette
médiocre résistance à la putréfaction tient sans doute à lrr faible
compacité des chairs, à leur haute teneur en eau, à la pr8sence d'un
stock de commensaux microbiens sur les surfaces externes de l'animal

- 179 -
et enfin à l'élévation de température qu'entrarne le plus souvent,
o. "pour
des animauX à sang froid, le passage de -l'eau à l'atmosphère.
En oonséquenoe" l'animal aquatique "post "mortemlt perd ràpidement ses
-
"
oaraotères originaux: on dit qu'il n'est plus "frais", Le maintien
de la frafoheur au stade de la capture et à bord des embaroations de
pêche est le problème capital. Il est malheureusement loin d'être ré-
solu de façon satisfaisante.
Un poisson se détériore essentiellement pour deux raisons
par autolyse et par sui te de l'action des bactéries. La détérioration
de la chair par autolyse est encouragée par la présence dans le poisson
vivant de substanoes portant le nom d'enzymes qui restent aotives une
fois le poisson mort. L'activité enzymatique dans le poisson mort peut
~tre réduite par abaissement de la température. Des bactéries sont pré-
sentes dans les intestins ainsi que sur la peau et les branchies du
poisson vivant; tant que le poisson respire, la plupart d'entre-elles
ne sont pas nocives et peuvent même être bénéfiques. Une fois le pois-
son mort, par contre, leur nombre commence à crortre et elles enva-
hissent la chair dont elles se nourrissent. Elles détruisent les subs-
tanoes chimiques complexes dont est formbe la chair et produisent
des quantités croissantes de composés plus simples et déplaisants
comme l'ammoniao. Ce processus d'altération se poursuit jusqu'à ce que
la chair se soit putréfiée et cesse d'être comestible. L'action bao-
térienne est également ralentie par abaissement de la température.
En plus des deux manières d'altération décrites plus haut,
les poissons gras peuvent se détériorer par suite de l'oxydation des
lipides de leur ohair qui provoque leur rancidité et des odeurs dé-
plaisantes. Dans ce cas encore, l'abaiGsement de la température
ra-
lentit l'altération.
Pour lutter contre les r.1écanismes d'altération "post mortem",
le froid reste l'une des armes les plus e?:'icaces pour inhiber la dé-
composi tion bactéri enne et la putréfaction. La. réfrigération du pois-
son a pour objet d'abaisser sa température de manière à ralentir son
1
1
altération de sorte que quand le produit est décongelé après entrepo-
1
l

- 180 -
sage frigorifique, il est pr~tiquement impossible de le distinguer àu
poi:sson frai s.
L'utilisation du froid n'est efficace que si l'on applique
les trois règles suivantes :
ne mettre au froid que des produits sains;
les mettre au froid aussi rapidement que possible, c'est-à-dire
dès qu'ils sont pêchés;
les mettre au froid continu, de la production à la commerciali-
sation.
Si l'on excepte les espèces vénéneuses de poisson ou la pré-
sence de parasites susceptibles de passer à l'homme, le poisson frais
.est un aliment sain, anodin, parfaitement toléré. et agréable à consom-
mer. Les troubles alimentaires qu'on peut observer, allant de la simple
g~strite catarrhale aux intoxications mortelles, sont le fait de l'é-
tat d'altération dans lequel le produit peut se trouver.
L'embarcation traditionnelle, de par sa conception même, ne
permettra pas à court terme de mettre sur le marché des produits gla-
cés d'aussi bonne qualité que ceux qui sont conditionnés par des uni-
tés plus importantes de pêche industrielle (congélation, conditionne-
ment à bord, etc ••• ). Même si l'on parvient à surmonter certains obs-
tacles par diverses améliorations des pirogues traditionnelles, il est
probable que le coût des unités subira alors une telle augmentation que
les embarcations deviendront inaccessibles aux petits pêcheurs dans le
contexte socio-économique actuel. D'autre part, si l'emploi de glace
permet un allongement de la durée des sorties et donc d'atteindre des
lieux de pêche plus éloignés, la précarité des conditions de vie appa-
raîtra alors comme une nouvelle contrainte difficile à contourner.
2 • Rôle des structures coopératives dans le développement
------------------------------------------------------
de la pêche artisanale.
----------------------
1
L'expérience a montré que la coop8rative peut être le moyen
1
essentiel pour développer chez le paysan le sentiment qu'il a des de-
1
voirs et des responsabilités pour tout ce qui touche à la commerciali-
1
t
ij
1
1

- 181 -
sation et à l'amélioration de ses produits, à l'aohat des faoteurs de
produoti-on, à -la ges-tion du orédit, eto ••.• D'ail.leurs, 'elle traduit
.
.
-
la philosophie économique, sooiale et politique de nombreux hommes
d'Etat en Afrique et les gouvernements ne cessent de lui attribuer
un rôle toujours plus important. "Ceux qui ont pour mission de vivi-
fier l'économie africaine devront avoir le dessein suprême d'associer
la coopération à leur action." (1)
Il importe cependant de bien comprendre les conditions que
devra remplir la coopérative pour connaître le succès, de bien com-
prendre aussi les limites, les déficiences qui sont les siennes, de
même que les possibilités qui s'ouvrent devant elle.
Le premier mouvement coopératif de pêche fut créé par le
décret N° 60.177 - M.E.R. - coop. du 20 Mai 1960, sur le modèle et
comme une apophyse de la coopération agricole. Les coopératives de
pêche, d'abord prises en charge par les Centres Régionaux d'Assistance
pour le Développement (C.R.A.D.) le furent, à partir du 30 Juin 1966,
date de sa création, par l'Office National de Commercialisation et d'Assis
tance pour le Développement (O.N.C.A.D.) service d'encadrement des
coopératives rurales, au personnel duquel incombait notamment la col-
lecte des remboursements des prêts accordés aux coopérateurs. (2)
La diffUsion des techniques et engins de pêche a pu se réa-
liser grâce à la création de coopératives d'avitaillement. Leur acti-
vité se réduisait, jusqu'en 1981, à la fourniture des engins de pêche
hors taxes et à la récupération des crédits. Depuis, cette activité
s'est étendue à la commercialisation, sous l'impulsion du Centre
1
d'Assistance à la Pêche Artisanale Sénégalaise (C.A.P.A.S.).
1
J
Ainsi, la première 8tape du mouvement coop8ratif concernant
la fonction d'approvisionnement semble évoluer
~avorablement. Cepen-
dant les coopératives ne se sont lancées que timidement dans les opé-
(1) DIA M. (145), paGe 57.
(2) roi.UNGO J.
(62), page 51.

-
- - - - - - - - -
- 182 -
rations de oommercialisation, ce qui peut 3tre oonsidéré comme un fac-
. teur limi tant son plelndéveJoppement. En gêné raI , les oaptures sont
- .
- "-
-
achetées· di reot ement par les intermédiaires ,.- les mareyeurs - qui se
rendent avec des véhioules jusqu'àUX lieux de débarquement. La vente
se négocie' sur une base individuelle, chaque pêoheur ayant son acheteur
attitré; les différences de prix sont considérables. Comme l'écrivait
M. CHEVALIER à propos des agriculteurs malgaches, lorsque "la coopéra-
tive se limite à la simple possession de la terre et ne couvre ni l'oc-
troi de crédit, ni la commercialisa~ion, ni l'approvisionnement, le
r81e de l'exploiteur risque fort d'être repris par les prêteurs pro-
fessionnels." (3) C'est pourquoi il est nécessaire de ne pas se limi-
ter à la coopérative de production. Si l'on veut libérer complètement
le paysan de sa dépendance, il faut avoir recours à des coopératives
d'aohat, de vente et de crédit. Ainsi, il s'avère indispensable de les
doter de moyens en matière de conseil et de formation dans· les domai-
nes de l'organisation, de l'administration et de la gestion. Le pêcheur
est pragmatique. Seule la preuve tangible des avantages à retirer de
l'organisation coopérative peut l'amener à adhérer entièrement, ce qui
nécessite une assistance éducative - préparation indispensable sur le
plan technique, économique et psychologique - menée correctement par
les organismes d'encadrement. L'éducation apparaît comme une condi-
tion sine qua non de réussite pour la coopérative. Si la création de
la coopérative dépend du désir de cohésion sociale, son fonctionne-
ment n'est possible qu'avec la participation active de ses membres
et un enca.drement suffisant. Sans un effort d'éducation constant, le
mouvement coopératif ne peut espérer survivre que quelques années.
L'action éducative doit porter sur les membres eux-mêmes, mais aussi
et surtout sur les cadres. De m~me que l'industrie a besoin pour se
développer d'un personnel qualifié et compétent, de même les struc-
tures coopératives seront freinées si elles ne possèdent pas des ca-
dres valables. Il est indispensable que ces derniers aient une solide
formation technique de base et une certaine connaissance du milieu
sur lequel ils interviennent. Il est aisé de remarquer que les cadres
ont souvent une excellente connaissance théorique des expériences
coopératives nais ignorent souvent la sociologie et n'ont aucun sens
pratique.
(3) CHEVALIER L. (142), page 162.

- 183 -
Par: ailleurs une "redynamisation"' de l'action coopérative
doit ~treenvisagée qui permettrait aux p30heurs d'agir en véritables
opérateurs économiques, donc .sachant prendre des nécisions et assumer
pleinement leurs respon~abilités d'agents de développement. "La mo-
dernisation par excellenoe, c'est la modernisation des hommes, le
. processus éducatif qui en fait des agents conscients et qualifiés du
développement global de la société." (4)
Une réforme du système coopératif est envisagée au Sénégal
1
!
qui sera,selon ses promoteurs, "une phase de mutation très import?nte"
permettant aux structures .coopératives "de quitter le stade des coopé-
rati ves de type "conventionnel" pour enfin passer à celui des coopé-
1
rati ves de type "intégré". (5) Ainsi, contrairement à- la coopéra,tive
1
conventionnelle au sein de laquelle l'intervention des pouvoirs pu-
1
blics était si importante qu'elle la faisait apparaître comme une
l
excroissance des services de l'Etat, la coopérative intégrée appa-
ra!tra davantage comme une véritable entreprise ayant son propre pa-
trimoine et définissant ses programmes et projets. Le r5le de l'Etat,
ici, se limitera à asseoir un cadre juridique et à mener des actions
de contr5le, d'éducation et de formation.
Quelle que soit la politique adoptée, nous pensons que les
coopératives de p~che, gérées par les pêcheurs eux-mêmes, peuvent, à
elles seules, intégrer les activités de pêche au mouvement de déve-
loppement du pays. Malheureusement, dans le passé, elles ont forte-
ment déçu les producteurs et dressé contre elles une incoercible mé-
fiance.
Un enfant range son modèle réduit de pirogue à voile en le
posant sur un mini-billot dans l'alignement des grandes embarcations.
Un vieillard pose symboliquement la main sur l'éperon d'une piro~e
qui est hal'e sur la plage et reçoit un poisson pour prix de son
"aide". D'autres vieillards sur la plage du village réparent les fi-
lets. Une fillette vend quelques poissons sur la plage, des femmes
i
(4) FOUGEYROLLAS P. (I5I), page 37.
1
(5) Nouvelle politique agricole (I63), page 3I.
1

- 184 -
·fument ou $èohent du poisson à quelques oentaines de mètres de là •
... Une simple promenade sur la plage permet de voir que la pAohe arti-
s~ale est un tQut oohérent· dans lequel ohaque âge des deux s.e;Xes se
voit assigner une place déterminée. Elle ne doit pas être considérée
.
.
. comme une"étape primitive" dans le développement de l'économie mari-
time, nécessairement condamnée à 3tre remplacée par une pêche moderne
plus intensive. Les avantages que la pêche artisanale présenteappa-
raissent clairement au plan socio-éoonomique: elle ne détruit pas l'é-
cosystème, procure un nombre d'emplois important, s'intègre aisément
aux modes de vie du pays et utilise beaucoup moins de moyens finan-
oiers que la J'Ache industriell·e, pour des résultats souvent meilleurs.
Son importance potentielle, sinon actuelle, ne faisant aucun doute, il
reste aux autorités responsables à mieux· définir les besoins des pê-
oheurs-artisans afin de déterminer le choix des améliorations à appor-
ter en priorité, et sùrtout à réorienter les financements des program-
mes de développement qui accordent le plus souvent la priorité à la
croissance de la pêche industrielle. C'est une question de choix d'a-
ménagement et de choix politique.

1
1Y)te-cW2ti' 'W
;)\\i&r't'Wntt t'ft"
'·'lëtl""illlhêt'Wr1@ti1êt,*~triit;$t?'&-.
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'mH~" t' HiT"-tt
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'ini*
TABLEAU XXIII - ~~~~~~:~~~~_~~_~~_~~~~_~~~:~~_i~=_~2!2_~_~2~~)
~~~~~~ : BOTTIN de 1a p~che maritime (107) pp 35 - 36
-----------------------------------------------------------------------
.
1979
1980
1981
1982
1983
:
PECI;IE' 'ARTISANALE
:
- Pêche artisanale traditionnelle.
:
----------------------------------------------------------------------
.
.
.
.
.
.
8.617
8.485
9.111
9.099
8.526
• Nombre de pirogues
··
.
.
.
.
.
,
----------------------------------------------------------------------
:
:
187.769 :
196.807
• Débarquement (tonnes)
~
.
147.723
.
140.343
.
143.180
.
:
------------------------------------------------------ ---------------~
",
3
13.985.651: 13.350.830
: 10.816.419
: II.526.533
: 13.024.503
• Va1e,ur(IO
F. CFA)
·
:
:
:
:
:
:
------------------------------------------------------ ----------~-----
Pêche artisana1e améliorée
·
·
.
·
:

:
• Nombre de bateaux
·
II
10
20
24
·
19
:
:
----------------------------------------------------------------------
·
.
.
.
.
.
• Débarquement (tonnes)

544 •
536·
8 0 5 ·
890

500

:
-
----------------------------------------------------------------------
.
.
.
.
.
3
108.554 •
F. CFA)
97.131

183.725

231.701

131.722

• Va1eur (10
:
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
.~
w,~ -,~~<;,~,$<1~".,.,.'lV,·}?9;iJi!I"'!%M4 S((1;;::i\\tk"5~
_ _ _ _ _ _ _
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Mf 'rX'j{ ,"t ">WiJt'k'jf<iij'bi"~"
~dFt6dH~h;yEîW'S.lj"AA"""';"e.:~
TABLEAU XXIII _ REALISATIONS DE LA PECHE 1'1ARITIME (de I979 à I98 ) -Sui te _
--------------------------------~--------------------- --
---------------------------------------------------------------------
I979
:
I980
:
I98I
:
I982
:
I98)
:-------------+-------------+-------------+-------------~-------------+
PECHE INDUSTRIELLE
·
:
·

·
·
P3che sard~ière.
·
·
:
·
:
• Nombre de bateaux
I )
I7
·
I4
I9
20
:-------------+-------------+-------------+-------------+-------------+
I8.)59
I5.452
I8 .1~25
22.90I
22.4I6
• ~ébarquement (tonnes)
·
·
·
·
----------------------------------------------------------------------
,
·
)
·
.
.
.
.
• Valeur (IO
,F. CFA)
65I.)40
56).498
604.294
79I.775
6)).745
·
.
.
.
.
.
.
----------------------------------------------------------------------
\\
·
'-SI
·
·
·
P3che chalutière sénégalaise
1
00
.
·
·
·
·
~
• Nombre de bateaux
99
IO)
IIO
I28
I40
·
·
\\
·
----------------------------------------------------------------------
·
·
..
.
.
.
• Débarquement (tonnes)
28.97I
28.048
)I.6II
40.950
52.)2I
·
.
.
.
.
.
----------------------------------------------------------------------
)
.
• Valeur (IO
F. CFA)
: 7.7)6.667
: 7.2)9.402
· 7.I08.)50 : 9.800.575
:I).745.725
·
:-------------+-------------+-------------+-------------+-------------~
.
·
·
·
P3che chalutière étrangère
·
·
·
non débarquée à DAKAR.
·
··
:
··
• Nombre de bateaux
6 8 :
6 7 :
45
:
4 I :
2 ) :
:---------~---+-------------+-------------+-------------+-------------+
• Captures qéclarées (tonnes)
40.7I5
·
85.776
z
5.44)
6.575
2.724
----------------------------------------------------------------------
:
:
:
:
:
:
• Valeu~ (IO=T~ CFA)
6.)46.4)0
I.569.IOO
I.56).46J
709.076
·
-----------------~----------------------------------------------~-----
.
~,~I-

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j
.P. ,Vi
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Œil?J.,3.8"--'AM)#
~):::.-

TABLEAU XXIII _ REALISATIONS DE LA PECIŒ ~~RITIHE (de I979 à I98 3) Suite _
----------------------------------~---------------------
----------------------------------------------------------------------
I979
:
I980
:
I98I
:
I982
:
I983
:
:-------------+-------------~-------------~-------------~-------------~
:
~~~~_~~~~~~~~~ (Suite)
Pêche cha1utière étrangère
·
·
·
.
·
·
·
·
.
·
débarquée à DAKAR.
:
·
:
:
:
·
• Nombre de bateaux
·
·
:
:
:
I7
·
22
·
20
I7
5
,"
:-------------+-------------~-------------~-------------~-------------~
6.696
7.942
:
5.84I
:
5.440
I.689
:
• Débarquèment (tonnes)
·
·
----------------------------------------------------------------------
·
..
.
.
.
.
3
• V
I.788.I58
2.049.89I
I.089.275
I.230.275
3I3.445
a 1eur (IO
F. CFA)
·
..
.
.
.
..
.
----------------------------------------------------------------------
:
:
- Pêche thonière sénéga1aise.
\\
.
:
:
:
~
• Nombre de bateaux
3
·
I
4
4
·
5
DO
:----~--------+-------------~-------------~-------------~-------------~
~
• Débarquement (tonnes)
:
943
:
I36
2.323
:
2.373
2.446
1
----------------------------------------------------------------------
·
·
.
.
.
.
.
.
' .
3
·
• Va 1eur(IO' F. CFA)
I8I.2I5
32.590
68I.93I
683.336
62I.787
·
·
.
.
.
.
..
.
·
.
----------------------------------------------------------------------
Pêche thonière étrangère basée à
·
DAKAR et y débarquant IOO%
:
:
:
:
• Nombre de bateaux
30
28
:
26
25
:
23
··
·
:-------------ï-------------I-------------I-------------r-------------r
• Débarquement (tonnes)
8.I7I
8.2IO
8.325
8.86I
7.484
·
.
.
.
.
.
.
----------------------------------------------------------------------
:

.
,
3
:
.
• Va1eur (;1:0
F. CFA)
I.730.I60
I.999.372
2.390.232
2.73I.975
: 2.323.768
·
·
' .
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TABLEAU XXIII -
~~~~~~!~~~~_~~_~_~~~~~_~~~!~~_1~~_~2Z2_~_~~~~2_~~!~~_=
••
I979
:
I980
:
I98I
•·
I982
I983
:
----------------------------------------------------------------------
PECHE INDUSTRIELLE (sui te et :fin)
··
.
..
.
.
·
:
Pêche thonière étrangère non basée :
·
.
à DAKAR et y débarquant une partie :


:


:

• Nombrè' de bateaux
34

38
37
32
:-------------+-------------+-------------+-------------+-------------+
• Débarquement (tonnes)

4.672
:
8.578
.

II.I82
II.I09
I8.92I
··
.
--~---------------------------------------------------
.
.
----------------
.
.
:
3
·
.
.
.
.
• Va1eur (I0
F. CFA
:
:
:
:
:
:
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
DO
co
""

- 189 -
CHAPITRE
VI
L'ELEVAGE DANS LA BANLIEUE DE DAKAR
La banlieue de DAKAR, bien que possédant d'immenses poten-
tialités pastorales, est restée jusque-là sous l'emprise du maraî-
:~
chage. La faible place oooupée par l'élevage est le résultat de divers
facteurs particulièrement contraignants mais dont le principal semble
~tre les rigueurs du milieu: nous sommes dans les NIAYES, zone de cu-
vettes et de marécages abondaînment fournie en végétation, lieu de re-
-fuge des tiques qui limitent ainsi toute
acti vi té
pastorale. Cepen-
dant, malgré l'imprécision des dénombrements du cheptel, il semble
1
bien que les effectifs soient relativem~nt importants pour une région
i
où les candi tions écologiques sont peu favorables.
T~~~U_~ - !!!E~::ti~n d~~:~ffectif-~uc!:.ept~!.-~_!.983.
Source. Situation économique du Sénégal. 1983.
(I64) page 233.
BOVINS
:ûVINS - CAPRINS:
EQUINS
--------
:
----------------
· CAP - VERT
9.000
12.700
760
·
: TOTAL (SENEG.AL)
2.000.000
2.900.000
205.700
--------------------------------
ASINS
:
PORCINS
:
VOLAILLES
---------------
·
.
----------------
.
·
.
CAP - V E R T .
5 0 .
16.850

I.446.000

:
.
.
.
.
----------------------------------------------
: TOTAL (SEUEGAL) :
208.000
189.000
: IO.OOO.OOO
Durant la se.ison des pluies, les NIAYES de la b~nlieue de
DAKAR sont une immense et verte prdrie où les animaux se regroupent.
L'abond,nce des pOints d'eau et de l 'herbe, la proximi té des vil12.ges
LEBOU où les produits lactés peuvent ~tre commercialisés, poussent
les bergers PEUL à se fixer. L'observateur oonstate hnbi tuellement,
en cette s8ison, une surabonde.nce de bovins, s'étonne de ce surpeu-
plement et estime que le troupenu Bagner~it à être moins nombreux

-~90-
et ènmeilleurétat.
, .
1
A partir de Décembre, avec leretrai t des eaux dans certaines
niayes, le tableau change. C'est la période de l'éclatement des grou-
cpemElnts. Pour les éleveurs Peul, G'estlarecherche de l'eau et de
l 'herbe. Le métier de berger est généralement traditionnel chez les
Peul. Il se transmet par l'intermédiaire de véritables professionnels
qui, "grâce à un esprit façonné par une longue expérience, peuvent
situer les bons pâturages, les mares qui restent plus longtemps que
les autres, les époques de leur tarissement, les plantes qui ont une
. action sur la production lactée et l'engraissement. 1I (I)
De l'insuffisance des points d'eau et des pâtures exploita-
bles toute l'année résultent des mortalités souvent élevées et quel-
quefois des pertes massives. A ces deUx éléments contraires à tout
développement d'un élevage se joint un troisième non moins important:
des épizooties fréquemment très meurtrières (peste bovine, péripneumo-
nie contagieuse, charbon, etc ••• )
Dans ces conditions, le rendement de l'élevage ne peut
1
qu'être faible. Le développement du bétail ne se fait pas d'une maniè-
1
re continue. Un arrêt de croissance se produit en saison sèche et,
par rapport aux troupeaux des pays tempérés, la précocité des bovins
se trouve réduite d'autant de temps que l'animal a vécu de mois de
saison sèche avant d'arriver à son plein développement. C'est ainsi
qu'un boeuf qui devrait être livré à la boucherie à 4 ans subit, s'il
est élévé dans les NIAYES où la saison sèche dure 9 mois, une réduc-
tion de précocité de 9 mois X 4, soit 36 mois et, de ce fait, ne va
à l'abattage qu'à 7 ans.
L'influence du milieu s'exerce aussi sur les animaux en ré-
duisant la prolificité des femelles, en entrarnant des pertes élevées
chez les veaux du fait du manque de lait chez les vaches et surtout
elle rend, durant toute la période de sevrage, les jeunes très récep-
tifs et fragiles aux atteintes de toutes les maladies infectieuses
ou parasitaires.
(I) LY B. (88) page 43.

-1.9t -
-
A l'aotion d'un milieu rude s'ajoutent assez souvent, mal-
heureusement, les méfai ta d'une gestion parfois peu rationnelle des
1
!i
troupeaux. Jusqu'à une épo~ue réoente, le bétail a été considéré
comme un bien social, un capital d'épargne, l'un des signes les plus
nobles de la richesse, lion comme un bien de production et très peu
d'animaux sont associés à l'exploitation mararchère.
Cependant depuis deux décenni es, les PEUL, fortement sol11-
cités parles commerçants, acceptent sans trop de diffioultés de ven-
dre les bêtes, et l'on peut se demander, avec Mme NGUYEN, si à la limi-
t~, lathésa~isation du bétail, liée essentiellement aux. valeurs so-
cio-culturelles de l'ethnie PEUL, n'a pas tenu en partie, jusqu'à nos
jours, à l'absence d'une forte demande en produits d'élevage et à l'i-
nexistence de circuits commerciaux organisés. (2) La vente des veaux
dans le cadre du projet de la S.O.D.E.S.-P.
(Société de Développe-
ment de l'Elevage dans la zone Sylvo-Pastorale), longtemps considérée
comme impossible, est devenue pratiquement courante lorsque les propo-
sitions d'achat ont été jugées convenables. L'amélioration des condi-
tions de vente du bétail est maintenant une réalité grâce à l'organi-
l
sation des éleveurs et un changement de mentalité. Il faut néanmoins,
ll
pour sauvegarder ce résultat, envisager des actions d'envergure sur
j
le milieu physique.
L'élevage traditionnel de la volaille est un secteur es-
sentiellement à caractère rural et regroupe de petites unités de pro-
duction dispersées en élevage de type familial. Au niveau de l'écono-
mie domestique, il joue un rôle secondaire. Chaque maison s'efforce
d'élever dans un petit enclos quelques poules, canards, poussins de
race locale. La volaille n'est qu'un appoint accessoire aux ressour-
ces des paysans et rares sont ceux qui pratiquent cet élevage comme
seule spéculation. Les caractéristiques essentielles de ce type d'avi-
culture peuvent être définies par
(2) NGUYEN V - C.B. (167), page 79.
1l

- 192 -
- la reproduction naturelle des poules- avec des coqs locaux ou
quelquefois aveO des mâles. de race pure sous forme de croisements
améli orat eurs;
- la rustioité des animaux, des techniques et du matériel d'é-
levage;
- une alimentation très sommaire à partir des aliments disponibles
dans la nature;
- une vulnérabilité certaine a~x épizooties;
- une production en grande partie autoconsommée ou vendue au
hasard des rencontres.
La poule est le seul oiseau de basse-cour qui mérite ici
une mention. Les autres volailles ne font pas l'objet d'une exploi-
tation à grande échelle.
La poule sénégalaise ne constitue pas une race spéciale
comme on peut s'en douter. C'est un dérivé très complexe de toutes
les races françaises ou d'ailleurs introduites dans le pays depuis
plusieurs siècles. Dans le plumage, la conformation et la coloration
des tarses, on retrouve les indices très nets de cette diversité d'o-
rigine. Il semble bien que toutes les variétés, à la suite de mélan-
ges successifs, aient abouti à un type qui s'achemine par régression
vers quelque race originale, rustique, à moitié sauvage et de petit
format. Vivant de "rien" et pondant peu (50 à 60 oeufs), excellente
couveuse, elle maintient son espèce à travers le temps là où des races
perfectionnées succombent rapidement. Si l'~~élioration s'effectue,
elle peut pondre jusqu'à IOO oeufs pesant en moyenne 35 grammes.
Depuis quelques années, les éleveurs s'intéressent de plus
en plus aux races importées, surtout à la SUSSEX. Race à double fin
(chair et oeufs), elle s'acclimate bien, s'engraisse facilement mais
ne couve pas en saison sèche.
2. Le~.!!!~~ho~~_~~le!~~~.
a) Les locaux.
- - - - - - -
Il n'y a pratique::lcnt p",s d'habitat approprle pour
la volaille dans l'élevage f2"::ülia1. Les pou~ E)s vi vent dans les Cases

-193 -
d 'habi tation, utilisant comme pondoir le sol non cimenté sous les lits,
les haies ou tout simplement les abrisocoasionnels trouvés ,dans la
,maison. Ce qu'on 'peut appeler poulailler est· de conception assez ru-
1
dimentaire. C'est très souvent une caisse ayant moins d'un m~tre de
hauteur, recouverte d'une toiture de fortune et entourée de grillage.
Cet abri précaire sert de refuge aux volailles la nuit. Dans la jour-
née, elles ont entière liberté, allant d'un foyer à l'autre, picorant
dans la calebasse de mil du voisin. A la tombée de la nuit, c'est une
véri table battue qu'il faut organiser pour les ramener dans leurs cages.
L'alimentation est très sommaire et peu suivie. Les volailles
reçoivent rarement des aliments de la main de l'éleveur. Vivant en
entière liberté, leur instinct d'animal à moitié sauvage leur permet
de se débrouiller assez bien. Elles cherchent leur nourriture partout
où elles sont susceptibles de la trouver: autour des cases, dans les
récipients ayant servi au repas des hommes, autour du mortier. Pen-
dant la saison des pluies, dans le voisinage proche des habitations,
les volailles peuvent compléter leur ration avec de la verdure, des
insectes, des vers de terre ••• Pendant la moisson, elles parcourent
les champs avoisinant le village pour picorer les restes de récolte.
C'est donc bien rarement que le paysan consent à distribuer des ali-
ments à ses bêtes.
Les volailles disposent, en outre, très rarement de réci-
pients remplis d'eau potable. La plupart du temps, elles boivent
n'importe où, même dans les flaques d'eau sale, ce qui ne contribue
pas à améliorer leur état sanitaire en constante perturbation aut~nt
par la mauvaise conduite de l'élevage, 'que l'état précaire des locaux et
le manque de suivi de l'alimentation.
La protection sanitaire est, elle aussi, très sommaire.
Les poussins ne reçoive~t aucun soin au début de leur vie et ne se
défendent que pr:r l'i::::muni té maternelle. Les quelques r2Tes trc,i te-
ments prodigués aux animaux le sont dans des conditions exception-
nelles: période de ponte, premiers jours après l'écl~sion ou en cas
de maladie. En fait ces soins sont précaires.

- 194 -
Quant aux traitements des maladies aviaires, les méthodes
, utilisées ,sont souventaléatoire!!J et ont. reoours à l'usage traM tion-
nel. Ainsi la volaille paie un lourd tribut aux'affeotions de toutes'
sortes et oonstitue un véritable réservoir de germes qui propage et
entretient le mal.
En dehors de oespertes inhérentes aux agents infeotieux
'et à la malnutri tion, ,il faut souligner que la volaille doit com-
battre d'autres ennemis dangereux (~erpents, rapaces) qui cherchent,
oomme elle, leur nourriture.
Le manque de rationalisation de cet élevage a abouti à des
animaux mal nourris, parfois carencés, au développement lent et pré-
sentant souvent des tares. Des tentatives d'amélioration dénommées
"opérations coqs" ont été menées au Sénégal. Les premi ers essais ont
porté sur plusieurs races étrangères mais enfin de compte, le choix
de la race des mâles améliorateurs s'est porté sur la RHODE ISLAND RED,
oonsidérée comme homozygote pour beauooup de ses caractères. Le petit
nombre de reproducteurs améliorés introduits en milieu rural a très
peu marqué le cheptel local et on risque m~me, selon le Dr Aly DIOP, de
revenir, à plus ou moins longue échéance, aux espèces primitives avec
peut-être l'inconvénient d'avoir "injecté" dans le patrimoine gêné-'
tique de ces volailles, des gènes qui risquent de les rendre peu résis-
tantes aux rudes conditions de vie locales. (3)
Dans la banlieue rurale de Dakar, on distingue une race
caprine: la chèvre du SAHEL et deux races ovines: le mouton maure à
poils ras et le mouton peul (4).
- La chèvre du Sahel est de taille haute et atteint un poids
variant de 25 à 35 kgs.
Le mouton maure à poils ras pèse entre 30 et 45 kgs. En raison
de son poids élevé, cet animal est le plus souvent choisi comme mou-
ton de case. C'est un assez bon animal de boucherie dont le rendement
en vi~nde atteint, chez les bons sujets,40 à 451.
(3) DIOP A. (54), page 46.
(4) LY B. (88), page 29 et suivantes.

-195 -
- Quant au mouton peul, c'est un des meilleurs moutons de bouche-
··rie d'Afrique avec un poids· qui va.:de de 30· à 50 kgs.
Quelle que soit la région sénégalaise considérée, l'aspect
dominant de cet· élevage de moutons et de chèvres est sa rusticité.
Source d'économie très importante, le petit élevage se fait sans mé-
thode de la part des éleveurs. Il porte encore la réputation de l'é-
levage du pauvre. Pourtant l'importance des effectifs devrait justi-
fier une action pour l'amélioration ,sur le plan zootechnique.
1
l
Le porc africain, de race ibérique, est sensiblement le même
dans tous les pays africains. Il est d'un poids moyen, ne dépassant
1
guère 75 kgs. C'est une race féconde, rustique mais peu précoce à ren-
dement en viande faible, pouvant être élevé en toute liberté. L'ob-
servateur qui parcourt les quartiers dits "populaires" de DAKAR ne
peut manquer d'être frappé par ces bidons ouverts à la partie supé-
rieure et placés près ~es tas d'ordures. Les ménagères viennent y
jeter les résidus de tous les repas. Ce mélange nauséabond constitue
une alimentation quasi gratuite pour les porcs. (5)
Jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale, cet éle-
vage fut important dans la région de DAKAR et concentré aux mains des
Européens, mais il fut décimé par une épidémie de peste en 1949. Ac-
tuellement, l'élevage des porcs est essentiellement dominé par les
CAP-VERDIENS et un Libanais: FILFILI. Ce dernier est le plus grand
éleveur de porcs du Sénégal. Son élevage doit sa réussite à ses énor-
mes moyens financiers et à son solide réseau de distribution.
L'élevage traditionnel, bien qu'encore vivace dans les vil-
lages de la banlieue de Dakar, ne doit pas cependant nous faire oublier
qu'on assiste, surtout dans la zone de SANGALK}~, à un début de moder-
nisation de l'élevage.
(5) Ly B. op. cit., page 27.

- 196 -
II - L'ELEVAOÈ MODERNE •
A - L' avicul ture moderne~
Ce n'est qu'au début des années 1960 que l'élevage avicole
moderne s'est implanté dans la région de DAKAR. Cependant, la produc-
tion à grande échelle a commencé pendant la seconde guerre mondiale
lorsque l'importation d'oeufs de France était devenue impossible. Dans
tous les villages du CAP-VERT et même à Dakar, de petits poulaillers
sont alors créés, avec des animaux fournis par les centres d'amélio-
ration du Service de l 'agricul ture.
En 1958, huit producteurs Dakarois, -des_ fonctionnaires comme
ceux qui s'étaient lancés dans les cultures maraîchères, fondaient
l'Association des aviculteurs du Sénégal. Les moulins SENTENAC qui les
approvisionnaient en aliments s'occupaient aussi pour eux, à partir
de 1960, de l'écoulement de leurs oeufs. Mais t avec les immenses pertes
enregistrées à partir de 1962, l'entreprise fut réorganisée sur le mo-
dèle du SYNJARMAR: c'est la naissance du Groupement des Aviculteurs
du Sénégal (O.A.S.). Des difficultés financières provoquèrent la fail-
lite de ce premier mouvement coopératif en 1963. Le marché, désorganisé,
manquait parfois d'oeufs par suite du caractère saisonnier de la pro-
duction qui marquait un creux de Juin à Décembre, ce qui entraînait des
importations, lesquelles engendraient une saturation du marché. Les
locaux de la coopérative (le 0 A S est transformé entre temps en Coo-
pérative des Aviculteurs du Sénégal: COOPAVIS) servaient de dépotoirs
pour les oeufs que les coopérateurs n'avaient pu vendre directement à
meilleur prix. Mais la COOPAVIS souffrait surtout de la concurrence
des clandestins qui ravitaillaient les quartiers éloignés de la métro-
pole. Une réorganisation s'imposa et le 24 Mai 1981, une nouvelle
structure coopérative fut créée: l'AVICAP (Association des Aviculteurs
du Cap-Vert) dont la mission est de garantir à ses membres l'écoulement
de leurs productions, tout en leur procurant l'équipement en matériel,
les aliments, les produits vétérinaires et le renouvellement en pous-
sins de chair et de ponte.
1
Le secteur moderne est appelé à se développer rapidement
l
dans les villages de la région de DAKAR en raison de l'immense marché

- 197 -
q'l1e_con~:t.itue la capitale. et des débouchés potentiels gue_ peuvent offrir
les Villes de,l'intérieur. Mais cela suppose,-au préalable, d'importants
efforts de nature à réduire certaines entraves d'ordre sam taire. L 'hy-
-giène fait encore défaut dans beaucoup d'exploitations avicoles; ce qui
est à l'origine du microbisme persistant dans certaines fermes. Beaucoup
d'épizooties n'ont jamais fait l'objet de déclarations aux services com-
pétents ou, lorsque cela arrive, la catastrophe aura déjà décimé la pres-
que totalité des animaux. Des efforts devront être aussi entrepris pour
améliorer les locaux car l'habitat est non seulement l'~xpression d'un
besoin d'abri contre les intempéries, mais également un lieu de produc-
tiOn. A ne vouloir retenir que la fonction matérielle, on fausse d'em-
blée la réalité car les animaux qui y sont élevés par centaines ont été
sélectionnés pour se conformer à certaines normes d'élevage.
Les contraintes socio-économiques ne sont pas non plus à né-
gliger: le Sénégal est un pays déficitaire en céréales. Les volailles
en étant de grandes consommatrices, on voit déjà le problème de leur
alimentation. C'est dire que la jeune industrie de l'alimentation ani-
male est confrontée en permanence à un problème d'approvisionnement en
céréales. La solution à ce goulot d'étranglement pourrait être trouvée
dans l'utilisation des sous-produits de la pêche. D'ailleurs les expé-
riences faites sur la croissance pondérale des poulets de chair prouvent
bien que l'emploi des farines de poisson de bonne qualité, associées à
des aliments convenables, donne de bons résultats. Le développement de
l'aviculture, grâce à ces apports, pourrait se faire par l'intermédiaire
de l'AVICAP. Celle-ci peut alors, grâce à l'aide du Service de l'Elevage,
acquérir le matériel nécessaire et, dans le cadre d'une éducation de
base, se lancer dans une campagne de vulgarisation. La réorganisation
du circuit commercial, par la création de halles de conservation dans
1
les grands marchés, devrait permettre aux différentes coopératives d'é-
couler leurs produits et aux éleveurs de récupérer un bénéfice que les
intermédiaires ne peuvent leur permettre d'obtenir.
Dans la région des NIAYES, les conditions climatiques carac-
térisées par de fortes températures durant une bonne partie de l'année

- 198 -
et une pluviométrie généralement faible, se révèlent inoompatibles avec
une bonn~ production laitière -en élevage traditionnel. Ce lai t,. comme
en témoignent les analyses pratiquées, peut être considéré comme im-
propre à la oonsommation selon les normes classiques et ne répond
d'ailleurs plus aux besoins d'une population croissante dont les habi-
tudes alimentaires font une large place au lai t frais et caillé. A dé-
faut de pouvoir trouver sur le marché des produits lactés en quantité
suffisante et à prix raisonnable, le consommateur achète du lait en
Foudre et procède à la coagulation afin d'obtenir du caillé.
Il apparaissait dès lors aux yeux des responsables . du Service
de l'Elevage que la solution aux différents problèmes abordés ne pourra
être trouvée que par une modification profonde de la structure de l'ex-
-ploi tation.
Depuis 1976, une action de promotion laitière chez les pays:::;~s
de la région de SANGALKAM a été entreprise par le Laboratoire National
de l'Elevage et de Recherches Vétérinaires (L.N.E.R.V.) en collabora-
tion avec l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (I.S.R.A.).
Les opérations portent sur les MONTBELIARDES importées de France de-
puis I976 parce qu'excellentes laitières et les PAKISTANAISES intro-
duites au Sénégal depuis I963. L'alimentation des femelles est bien
suivie. Elle est basée sur l'utilisation de fourrages cultivés, irri-
gués, distribués en vert ou sous for~e d'ensilage (Panicum maximum,
Brachiaria mutica, plantes annuelles telles que le maïs et le sorgho).
Le concentré peut être élaboré soit par l'éleveur lui-m~me, soit par
le mouli~ de la ferme dont les capacités journalières de production
sont de l'ordre de 3 tonnes.
Les divers essais ayant été concluants, il a été décidé en
I982 de passer à une phase plus active de l'opération, en mettant les
vaches laitières à la disposition de quelques éleveurs. Les exploita-
tions
encadrées sont de deux sortes :
les unes d'emblée intensives, créées chez des exploitants (gé-
néralement citadins) disposant de moyens financiers très impor-
tants (type A);

- 199 -
- les autres install~es ohez les éleveurs disposant déjà d'un
troupeau traditionnel mais dqnt les possi~ilités finanoières
sont très modestes (type B). L'objeotif visé par le L.N.E.R.V.
est d'aboutir à un mode d'élevage intensif.
Le caraotère purement expérimental de l'opération rend super-
flue toute tentative de oalculs éoonomiquesvisant à déterminer une
oertaine rentabilité en terme de projet. Le Laboratoire National de
de l'Elevage et de Recherohes Vétérinaires et l'Institut Sénégalais
de Reoherches Agriooles disposent encore de quelques années pour par-
faire-le mode d'exploitation et le- rendre oertainement acoessible en
milieu purement éleveur.
11
Compte tenu de la part que fruits, légumes, poissons et pro-
1
duits de l'élevage représentent dans l'alimentation des Dakarois et
les prix fort élevés auxquels ils sont vendus sur les marohés de la ca-
pitale, la production du seoteur primaire doit représenter raisonnable-
ment une richesse importante pour les ruraux qui s'adonnent à oes aoti-
vi tés. Mais i l semble que ceux-ci ne tirent que de maigres revenus de
la vente de leurs produits. En fait, dans quel c~dre s'effectue la
oommeroialisation de la production? Quels sont les problèmes qu'elle
soulève? Quelles solutions faut-il apporter à oes difficultés? C'est
oe que se propose d'éclaircir notre troisième partie.

- 200 -
T ROI SIE M E
PARTIE
===============================
LA COMMERCIALI SATIü:i:J DE LA PRODUCTION

- 201 -
CHA PIT R E VII
======~=c===========
LES PRINCIPAUX FLUX DE DISTRIBUTION
La place de l'arachide dans l'économie sénégalaise a conduit
les autorités, dès l'indépendance, à contr51er l'ensemble des structu-
res et circults de commercialisation de cette plante oléagineuse. Prin-
'cipal produit d'exportation du pays, elle alimente près ,de 90% du com-
merce extérieur. 'Elle est donc entourée de toute l t affection gouverne-
mentale et les prodùcteUrs de cette spéculation sont assurés d'écouler
leurs'récoltes à des prix garantis. Par contre, les autres prQductions
commercialisables, surtout celles qui sont destinées au seul marché
intérieur, restent le fait de l'initiative d'une foule d'intermédiai-
res qui ne disposent que de faibles moyens matériels. Les produits
de la mer constituent pourtant, en valeur, la troisième richesse na-
tionale après l'arachide et les phosphates. Quant aux légumes dont la
consommation s'accroît très sensiblement à ~KAR, leur importance sur
le marché sénégalais va s'agrandissant. Ces productions même lors-
qu'elles ont une plus' grande valeur marchande que l'omniprésente ara-
ohide, sont la plupart du temps sacrifiées à elle par le~ producteurs.
(I) Leur écoulement, livré aux seules initiatives des intermédiaires
(ou lib ana-bana" ), est anarchique et éparpillé à l' extr~me. Ce commerce
diffus ne laisse place, en ce moment, à aucune tentative de concentrs-
tion capitaliste bien que son volume soit en valeur croissante. Face
au règne des com~erçants, les producteurs sont démunis et incapables
de r6agir contre l' exploi tation dont ilB sont l' obj et.
1
Dans le contexte actuel du secteur primaire, les problèmes
techniques qui se posent aux producteurs gravitent de plus en plus
autour de la commercialisation. Il apparaît ainsi nécessaire de con-
naître et de maîtriser toutes les données des problèmes qui jalonnent
le parcours des produits, de la planche du jardinier ou de la pirogue
du pêcheur au bol du consommateur.
(I) Rappelons que le maraîchage, bien qu'apportant des revenus supé-
rieurs à ceux de l'arachide, a été considéré pendant longtemps
1
comme un palliatif à la culture de la " graine" en saison sèohe.

- 202 -
l - LES -CIRCUITS DES PRODUITS MARAICHERS - CI)
----.--------
- - - -
La production -mararchère prend de -plus en plus d'importance
-dans notre agricul-ture et est orientée pour sa totalité vers le com-
merce. Il y a là une activité de spéculation,en plein essor, dont la
prospérité et le succès sont liés au phénomène urbain, à la demande
nationale dont l'accroissement est continuel et aux possibilités d'ex-
portation en direction de l'Europe notamment.
Cependant, l'écoulement des récoltes reste pour le produc-
teur un sujet de préoccupation à chaque campagnemararchère malgré
l'existence des circuits de distribution utilisables. Ils sont de
trois sortes :
- les circui ts traditionnels dominés par un grand nombre de "bevne.-
bana" qu'emprunte la quasi totalité de la production;
un secteur coopératif peu influent dont le rôle se limite à la
commercialisation de la pomme de terre;
les circuits modernes où des organismes et entreprises de parti-
culiers détiennent le monopole sur certaines spéculations pour
leur exportation.
A - Le courant traditionnel.
Plusieurs modes de vente s'offrent aux paysans pour écouler
leur récolte. Cependant, par suite de l'absence de données statisti-
ques concernant la commercialisation des produits maratchers au niveau
de tous les circuits, il est très difficile d'estimer la part de la
production passant par chacun d'entre-eux.
1. Les ventes directes.
-------------------
Ce système de vente ne concerne qu'une infime partie de ln
(1) Le circuit de distribution sera entendu ici dans le sens défini
par ])ENIS LINDON et ses collaborateurs comme "le chemin sui vi p:-r
un produit ou un service pour aller du stade de production à celui
de la conso~mation. Cet itinéraire est jalonné par un ensemble de
personnes ou d'entreprises que l'on appelle les intermédiaires et
qui remplissent les différentes fonctions de la distribution ••• Il
LINDON ])., LEN])P~VIE J., LA~~ R. (161), page 194.

- 203 -
production. Elle est effectuée de plusieurs manières mais la plus im-
portante demeure la commercialisation par les femmes·deD producteurs.
Dès que le maraîcher a fini sa récolte, sa femme en prend
possession. Elle constitue alors le premier chaînon des inte-rniédiaires.
Son mari lui vend les légumes qu'elle cède en demi-gros à d'autres
femmes qui font le commerce de détail sur les marchés dakarois ou qu'
elle commercialise elle-même le long des voies à grande circulation.
Une fois la marchandise vendue, ell& en versera à son époux le produit,
diminué du bénéfice qu'elle garde pour elle. Les femmes retirent donc
de cette activité, en' accord avec le mari, un avantage personnel. Ell es
épargnent ces recettes en les plaçant dans des "natel! (associations de
personnes versant régulièrement de l'argent à une caisse commune dont
le montant est remis à tour de rôle à chaque membre). Une bonne partie
de cet argent peut être consacré à des dépenses au profit des enfants
ou des parents en difficulté.
En fait, la prédominance des femmes à ce niveau se comprend
aisément quand on sait que, traditionnellement chez les LEBOU, ethnie
dominante dans les NIAYES du CAP-VERT, ce sont elles qui s'occupaient
de la vente des poissons de leur mari. Quand le maraîchage se développa
et qu'il relégua en second rang la pêche dans certains villages notam-
ment dans ceux de la proche banlieue, elles se tournèrent vers la vente
des légumes sur les marchés de Dakar.
La vente directe est la meilleure :ormule pour les deux
maillons extrêmes de la chaîne, le producteur et le consommateur.
Les avantages de la vente directe au consommateur sont é-
vidents: fraîcheur des produits, absence de marges d'intermédiaires
donc prix d'achat peu élevé.
Mais ce système est aussi celui qui lèse le moins le maraî-
cher, car même si sa fe~~e lui paie ses légumes à un prix comparable
à celui des bana-bana Dlli:arois, le bénéfice reste dans la famille.
Par ailleurs, en plus du gain sur les prix, la confrontation
entre le producteur rural et le consommateur urbain constitue pour le

- 204 -
premier une excellente "école de formation". Dans les autres circuits,
les intermédiaires ne se soucient cuèrede la transmission d'informa-
tions entre producteurs et consommateurs (information sur les cours).
La seconde forme de vente directe concerne l'approvisionne~
ment des épiceries, hôtels et restaurants. Elle constitue une source
stable de débouchés pour les producteurs qui en bénéficient. Les prix
offerts par ces clients sont netteQent supérieurs à ceux des intermé-
diaires mais les maraîchers sont tenus, en contre partie, de ne vendre
que les pro_duits de bonne qualité.
2. La vente aux intermédiaires bana-bana.
Les intermédiaires sont des commerçants qui font la navette
entre zones de production et centres de consommation, récupérant les
récoltes pour aller les redistribuer aux grossistes (appelés curieu-
sement "COXEUR") -installés dans les marchés NDIOBENE TAYE (à THIAROYE-
GARE) et CASTORS (à Dakar) qui constituent les points de vente de gros
des légumes dans le CAP-VERT.
Les bana-bana dominent largement les producteurs parce qu'ils
sont bien informés, peu nombreux et astucieusement spéculateurs. Leur
effectif réduit les place dans une position dominante. Ils tirent en
grande partie leur avantage du manque d'organisation des producteurs
et de leur isolement. Ils savent fort bien s'abstenir d'acheter, sur-
tout en période de pléthore, pour provoquer une baisse des prix à la
1
production, tout en maintenant les cours à la consommation au niveau
l
le plus élevé.
ti
Les achats se font généralement à l'estimation. Ainsi cer-
J
tains bana-bana, bien avant la récolte viennent marchander une exploi-
tation entière, une parcelle ou une planche. Les variations de prix
sont très importantes et les int ermédiaires prennent touj ours une :r'.ar-
ge de sécurité garantissant les risques de leur métier. Ils n'hésitent
pas à exploiter les situations difficiles des producteurs pour leur
imposer des sommes dérisoires. Ceux-ci, étant donné le manque d'orga-
j
~
nisation du conditionnement des légumes, se trouvent à la merci des
1
1

- 205 -
Qommerçants pour écouler le plus rapidement possible la quasi totalité
-
-
. de leur stock. Les intermédiaires achètent ainsi -aux. maraîchers leûr
récolte à un prix forfaitaire qu'ils revendent au poidE aux détaillants
-etaux grossistes avec un grand bénéfice.
Il semble évident que la vente au bana-bana, qui est de loin
la forme la plus répandue, est très défavorable au paysan car ce der-
nier l'affronte isolément et le commerçant a beau jeu de lui acheter
sa production à vil prix.
La redistribution des produits se fait dans les marchés. A
Dakar, c'est surtout à CASTORS que les intermédiaires rencontrent les
grossistes (peu nombreux) à qui ils remettent leur collecte. Ces derniers
se chargent de ventiler la marchandise. Dans le chapitre consacré au
commerce de gros, nous étudierons plus amplement l'activité du bana-
bana grossiste (ou COXEUR) qui est le pivot de l'organisation des mar-
chés dakarois.
B - Les essais de modernisation de la commercialisation des
~~~~~~ts maratchers.
C'est le plus ancien et sans aucun doute le plus efficace
groupement de maraîchers au Sénégal.
Jean Baptiste GRAULE, un ancien horticulteur, fut le premier
i't
à lancer l'idée de sa création en 1946. Très énergique et dYnamique,
l
il représentait réellement l'âme du mouvement. Le syndicat comprenait
1
3.000 membres répartis en une vingtaine de sections. Le système de
fonctionnement rerosait sur une discipline très stricte sous le con-
trôle d'un bureau exécutif composé de dix membres élus par une assem-
blée générale.
Les objectifs du syndicat étaient simples: il fallait défen-
dre les intérêts des cultivateurs qui avaient à commercialiser des

- 206 -
produits maraîchers. Le but visé n'était pa& de s'attaquer directement
a.ux systèmes de vente; il fallait a.gir d'abord sur la production en
améliorant la qualité et' les rendements et en l'étalant dans le temps.
Ensui te, le syndicat s'attacha à trouver de nouveaux p.ébouchés. Mais
il fallait attendre 195~ pour voir ces objectifs devenir réalité. De-
vant la saturation du marché en période de pleine production, les ma-
raîchers réorganisèrent le SYNJARMAR et lui donnèrent une nouvelle im-
pulsion. Ainsi en 1957, le syndicat obtint une médaille d'or au con-
cours agricole de PARIS pour une sélection des meilleurs produits
sénégalais. Cette récompense stimula les premiers essais d'exporta-
tion de haricots verts. Afin de tenir ses adhérents informés sur les
cours de vente locaux et étrangers
et sur les méthodes culturales
appropriées, le STIIJAln~ entreprit une vaste campagne d'information
des maraîchers et créa un journal "Terre Sénégalaise" dont le comité
de rédaction se composait presque exclusivement de J.B. GRAULE.
Toutes ces mesures aboutirent à des résultats très satisfai-
sants pour les coopérateurs mais provoquèrent la concurrence. Celle-
ci se développa à partir du mouvement coopératif que le gouvernement
sénégalais tentait d'introduire dans la presqu'île. Pour avoir refusé
de fusionner avec l'Union Régionale d-es Coopératives Maraîchères du
CAP-VERT (mfI. COOP.), le SYNJARMAR fut jugé comme un concurrent dé-
loyal de la nouvelle coopérative mise en place par les Services de
l'Agriculture. L'O.N.C.A.D., en tant qu'organisme central de toute
action de développement dans le monde rural, déclencha systématiquement
une lutte sournoise contre le SYNJARW~R, qui devait le conduire à la
dérive. La disparition de J.B. GRAULE finit par achever le mouvement.
Le dynamisme, l'esprit d'entreprise et l'abnégation du défunt prési-
1
dent ne s'étant pas retrouvés chez les membres du bureau, l'organisa-
1
1
.
tion périclita peu à peu. :En défini ti ve, le syndicat reposait sur un
seul homme qui, malheureusement, n'avait pas songé à engager dans son
sillage ses collaborateurs ni Q leur faire partager les responsabili-
tés, c'est-à-dire donner au système des bases solides et pérennes.
Créée en Février 1962 sous forme de société d'économie ~ixte
par actions, le. SODENIA avait pour objet de "promouvoir à la der.mnde

- 201 -
et pour le compte du gouvernementsénégalaiâ ou des collectivités in-
téressées, l'étude et 1~ réalisation d~ toutes les opérations suscep-
tibles de- favoriser la." mise en valeur des NIAYES" (1) de la région du
CAP-VERT et de celle de THIES.
Le programme de la SODElITA était très ambitieux voire uto-
pique et prévoyait, à partir de l'aménagement de 550 ha de terres
nouvelles et la modernisation de 690 ha d'exploitations familiàles,
de couvrir tous les besoins du marché national en fruits et légumes
avant 1970. En dehors de cet objectif, la société promettait d'assurer
la commercialisation total e des produits maraîchers jusqu'au stade
de détail, en supprimant les intermédiaires. On allait ainsi réaliser
le fameux slogan "Directement du producteur au consommateur".
Les di~ficultés commencèrent à la naissance même de la
SODmrrA puisque sur un capital initial de 35.100.000 F, on investissait
rien que pour les études 40.509.000 F lors des deux premières années.
Il fallait donc réaliser des bénéfices dès le début sur la commercia-
lisation des productions traditionnelles et sur les terrains insuffi-
sammentaménagés. Pour s'implanter sur le marché, la société s'assura
le concours du Service de l'Agriculture, des Centres d'Expansion Ru-
rale (C.E.R.) et des coopératives. Les chefs de C.E.R. devaient ser-
vir d'intermédiaires entre la SODm~IA et les présidents de coopérative,
et les coopératives assurer la collecte des produits. La société avait
mis à la disposition des cellules coopératives des marchés-hangars où
étaient regroupés les produits et ses camions passaient une ou deux
fois dans la semaine pour prendre livraison des légumes.
Les réalisations en matière de com~ercia~isation restèrent
très limitées.En
1963, sur les 1.400 tonnes prévues, 650 seulement
furent finalement traitées et avec un résultat catastrophique. Peu ~
peu, les activités de la société se dégradèrent et en 1967, elle fut
mise en veilleuse pour être dissoute l'année suivante.
Bien que l'action de la SOD=~N1A ait porté surtout sur la
région de TRIES, il est intéressant d'analyser ici les causes de son
(1) Article 2 des statuts de la SODENIA.

- 208 -
éoheo. Celui-oi est lié prinoipalement à son programme démesuré, voire
1
-
.. utopique.
Tout d'abord, toutes les études ont été menées dans un seul
domaine: les aménagements des sites. Auoune n'a été consacrée aux
marohés. Or toutes les réalisations et même la viabilité de la socié-
té, étaient basées sur les bénéfices provenant des ventes. Ainsi la
première erreur a été de se lancer dans le commerce des produits ma-
rarchers un peu au hasard, sans une. étude sérieuse du marché. L'accent
fut mis sur des marchés sans grande envergure, dans les villes de
l'intérieur. Rien n'avait été tenté à DAKAR. Au point de vue collecte
des marchandises, rien non plus n'avait été bien organisé. Les ca-
mions de la société passaient deux fois par semaine, ·alors que la
production des légu-:1es frais est une activité quotidienne. Les pro-
duoteurs, dans l'intervalle, vendaient leurs récoltes aux intermé-
diaires qu'on voulait initialement éliminer. Pour lutter contre leur
concurrence, la SODENIA devait acheter à des prix· supérieurs une mar-
chandise de mauvaise qualité délaissée par les bana-bana. Au niveau
du commerce de détail, la société avait recruté, dans les différents
oentres urbains, des dépositaires parmi d'anciens commerçants, dont
l'objeotif inavoué était de faire échouer la SODENIA.
A ces multiples déficiences, il faut ajouter les frais de
transport élevés, les manutentions payées au prix fort, les charges
administratives inhérentes à une telle organisation. Il est aisé d'i-
maginer que dans ces conditions, les résultats se soient révélés dé-
cevants. La gestion mal conduite devait donner le coup de grâce à la
,
société qui fut dissoute en 1968.
3 • ~~~1!~QOP_~~~~~~_~~~~~~ale_~~~_~~~pé~~!~!~~~~~ch~re~_~~
Q!~:VEg~)
Sa création remonte à I963. L'UNICOOP avait pour mission
d'assurer la coordination des actions entre les différentes coopéra-
tives; mais jusqu'en 1966, elle ne joua aucun rôle dans la commerci~­
lisation des légumes. D'ailleurs, elle n'avait pas de vocation spéci-
fiquement maraîchère. L'Union jouait surtout le rôle d'organisme de

- 209 -
orédit pour l'approvisionnement en semences, engrais et produits ali-
r
. ment.aires de base (mil, riz).
A partir de 1966, avec les difficultés de la SODENIA, le
président de l'UNICOOP, BlnAMESAMBA, reprit à son compte quelques
idées du SYNJARMAR et élargit les activités de l'Union vers la commer-
cialisation. Le but visé était de relancer la production de pomme de
terre et d'oignon, et de promouvoir les exportations. Toutes les tenta-
tives engagées de 1967 à 1971 se solqèrent par des échecs plus ou moins
spectaoulaires. En 1967, le plan de campagne mis sur pied prévoyai t la
vente de 4.000 tonnes de pommes de terre. En réalité, seules I.I50
tonnes furent commercialisées. En 1968 - 1969, les proj ets étaient en-
core plus ambitieux: 7.000 tonnes étaient prévues mais seulement 2.000
à
2.500 passèrent par l'intermédiaire de l'UNICOOP. Bien que limitant
son action à la production et à la commercialisation des pommes de terre
et des oignons, le manque d'organisation générale entraîna le paysan
dans des difficultés enlisantes et l'obligea à recourir à la voie tra-
ditionnelle pour pouvoir écouler ses produits.
Les exportations prévues connurent un sort identique. Pour
diverses raisons et surtout l'absence de contrôle et d'encadrement des
maraîchers, les productions furent toujours défaillantes aussi bien
pour les poivrons que pour les haricots verts. Les engagements ne pu-
rent jamais être tenus.
En 1972, les activités de l'UNICOOP dans la commercialisation
des légumes étaient presque insignifiantes. Cette situation inquiéta
les pouvoirs publics et, en 1973, l'ONCAD, organisme de tutelle, convo-
l
qua une assemblée générale à l'issue de laquelle le conseil d'adminis-
tration de l'UNICOOP fut Femplacé par un conseil de tutelle. En 1978,
1
l'Union,qui avait perdu tout crédit aux yeux des paysans et des servi-
ces de l'agriculture, fut dissoute.
On retrouve, comme dans le cas de la SODBNIA, les mêmes mala-
dresses: l'inaptitude et l'incompétence des responsables. La formation

- 210 -
de base du président, issu de l'intendanoe militaire, ne lui permettait
pas d'assurer' la gestion d'un organisme de- commercialisation de pro-
dm ts aussi 'périss.ables que les légumes. 'Lacarenoa' générale du sec-
teur administratif et comptable, du contrôle de gestion, conséquence
de l ' autori té abusive d'un seul personnage, sont yenus compléter la
liste des causes de cet échec.
A la disparition de l'UNICOOP, plusieurs coopératives et
des unions de coopératives se sont néanmoins constituées dans les
NIAYES : URCAP dans le CAP-VERT (Union Régionale des Coopératives
Agricoles du Cap-Vert), UCOMART dans la région de TRIES (Union des
,Coopératives Maraîchèr~s'de Thiès), URCAF dans la région du FLEUVE
(Union Régionaie des coopératives Agricoles de la région du FLEUVE).
4 • L'U R CAP.
L'Union Régionale des Coopératives Agricoles du Cap-Vert,
créée le 3 Mai 1978, regroupe 19 coopératives auxquelles i l faut ajou-
ter 6 coopératives arachidières ayant une activité maraîchère margi-
nale. Sa formation résulte du développement de l'importation de la
pomme de terre, dU,souci de la plupart des producteurs de mieux profi-
ter de leur récolte, de l'intention des autorités administratives de
contrôler la vente de ce légume et de l'importance grandissante de ce
produit dans l'alimentation des Sénégalais. (2) Afin de stimuler la
production nationale, les responsables de l'agriculture confièrent à
l'URCAP et à l'UCOMART l'encadrement des producteurs et l'organisation
de la collecte et de la commercialisation
de la pomme de terre. En
relation avec le Ministre du Commerce, la D.G.P.A. et le service de
la coopération, la Société Nationale d'Approvisionnement du Monde
Rural (SO.N.A.R.) devait importer les semences et en assurer la dis-
tribution avec l'aide des coopératives. L'U.R.C.A.P., dans la région
de DAKAR, est chargée de la collecte, du conditionnement et de la vente
des produits aux grossistes qui en font la demande. La commercialisa-
tion est ouverte au début du mois de Mars et peut durer jusqu'à la fin
du mois de Juillet suivant l'importance des stocks. Elle peut être
scindée en deux phases: la vente primaire et la vente secondaire.
-------
(2) D'après l'étude des budgets familiaux faite par l'Institut Univer-
sitaire de Technologie (I.U.T.) en 1975, la dépense consentie pour
l'achat de pomme de terre per capita, représentait 13,3% de l'en-
semble des dépenses de légumes et tubercules et 3,6% de la totali-
té des dépenses alimentaires.

- 2H. -
Dans le oas dels. vente primaire, -les coopératives livrent
'leur production ~ l'Union •. PoUr -trouver les fonds néoessaires à l'~­
-ohat-des récoltes, IfURCAP a reoours à trois souroes de finanoement:_
-la demande d'un préfinanoement à la Banque Nationale pour le Dévelop-
pe!Ilent du Sénégal (B.N.D.S.) avecl'appui de la SONAR, les cautions
des quotataires et la participation de l'Union Nationale des Coopé-
ratives Agricoles du Sénégal (U.N.C.A.S.)
Dans la commercialisation secondaire, la production achetée
aux coopératives est revendue aux quotataires qui sont des connner-
çants agréés reconnus par la Direotio~ du Commerce Intérieur. A cet
effet, ils doivent remplir certains critères: être importateurs
ex-
_ portateurs, -posséder des installations adéquates pour le commerce de
la pomme de terre et verser en début de campagne une caution de trois
millions de francs à l'U.R.C.A.P. et à l'U.C.O.M.A.R.T.
En dehors de ces deux formes de vente, existe le "marché
parallèle" dominé par le bana-bana-collecteur dont l'activité a été
étudiée plus haut. Il n'est pas besoin d'y revenir ici sinon pour si-
gnaler qu'il paie au producteur plus que ne le fait la coopérative
et n'exige de lui aucun triage de la récolte qu'il achète en vrac et
se charge de son transport. Bien entendu, le maraîcher, peu soucieux
de la bonne santé de l'Union et attiré par l'argent payé comptant par
l'intermédiaire (alors qu'au niveau de l'URCAP, il lui faut attendre
souvent plusieurs jours avant de percevoir son dû) a tendance à ven-
dre presque toute la production au collecteur, ne livrant à la coopé-
rative que la quantité nécessaire au remboursement des dettes contrac-
tées pour les semences.
C'est vraisemblablement ce marché parallèle qui fausse tou-
tes les prévisions de l'U.R.C.A.P. Par exemple pour l'année 1981-1982,
l'Union avait distribué 200 tonnes de semences qui devaient produire
1.600 tonnes de récolte. Mais elle n'a recueilli au niveau des maraî-
chers que 600 tonnes de pomme de terre. C'est pour lutter contre cette
tentative d'asphyxie que le service du contrôle des prix, sur la de-
mande de l'URCAP, procède à des opérations d'assainissement du marché
(appelées "opérations coup de poing") qui visent en définitive à ré-

-212 -
oupt§rer toutes les pommes de terre vendUes "frauduleusement" aux bana-
ban~.
En tous cas, sans essayer de jouer aux prophètes, nous pen-
sons que, si on n'y ~rend garde, l'Union Régionale des Coopératives
Agricoles du Cap-Vert et l'Union des Coopératives Maraîchères de TRIES
finiront dans les m@mes conditions que l'UNICOOP.(3)
Toutes ces tentatives de réforme des circuits commerciaux
montrent combien il est difficil~ d'intervenir effioacement dans la
vente des fruits et légumes. Tout organisme de commercialisation, pour
être viable, doit réfléchir à fond sur les recommandations de BAUDOUIN
. et collaborateurs que n~us résumons ici (4).
Etant donné la nature périssable de la majorité des légumes,
leur commercialisation exige une rapidité d'exécution indispensable.
La prévision des récoltes aussi précise que possible, dans le temps,
en quantité et en qualité, et une liaison constante entre la produc-
tion et la commercialisation semblent être des priorités de tout pre-
mier ordre. Ces conditions entraînent l'exigence d'un choix de respon-
sables compétents. Pour lui conserver toute son efficacité, le secteur
commercial devra être doté d'une administration aussi souple et légère
que possible, afin que les décisions soient prises au bon moment et
sans retard.
Mais, si l'ensemble de ces mesures est susceptible d'éviter
les échecs, il ne saurait en constituer cependant une certitude de
réussite. D'autres facteurs et conditions entrent en jeu.
Parmi eux, l'effort de participation de chaque adhérent à la
vie de l'organisme est l'un des plus importants. Il est donc nécessaire
de trouver des sources de motivation, par exemple l'accession à la pro-
priété des paysans les plus méritants. Dans toute entreprise de groupe,
il ne s'agit pas uniquement d'assurer le travail et la rémunération de
l'individu, il faut aller plus loin, afin que chacun se sente solidaire
de l'ensemble. De plus, c'est sans doute par ce moyen qu'il sera pos-
sible de limi ter dans le temps la présence d'un encadrement, indispen-
0) No,us nous demandons, en oe moment'Isi le vent de libéralisme et de
d~sengag~ment de l'Etat qui souffle au Sénégal n'a pas entraîné la
d1sparitlon de ces Unions de ooopératives.
(4) BAUDOUIN, de LANNOY, BATRILY (26).

- 213 -
sable au départ, mais qui ne saurait avoir un oaractère permanent. A
p~tir du moment où chaoup des adhérents prend réeliement oonscience
dé sa participation, il peut acquérir plus rapidement le sens- des res-
_ponsabili tés et devient capable de se libérer de l'emprise plus ou
mo~ns;contraignante que constitue l'encadrement, pour assurer lui-
même le fonctionnement et la vie de son affaire. C'est sans doute
là le meilleur gage de réussite.
Nous souhaitons que les o~ganismes de commercialisation ne
soient pas pris par le désir de monopole et surtout de "fonctionnari-
sation" de_la vente car la distribution des légumes est une lutte con-
tre la montre. Il n'est pas question de sacrifier quoi que oa soit de
la souplesse, génératrice de rapidité. Un organisme de distribution
qui prendrait la rigidité et le lourd carcan administratif aurait bien
des chances de commeroialiser des légumes ••• avariés.
La commercialisation des produits mararchers n'est pas un
travail de fonctionnaire. Nous entendons par là non la personne, mais
ce que le mot a de péjoratif lorsqu'il désigne un état d'esprit. C'est
dans cette optique que notre point de vue est résolument opposé à tou-
te idée de monopole, à tout ce qui peut freiner en compliquant et nous
disons net que les intermédiaires doivent demeurer. On a trop tendance,
surtout dans le milieu de la production à considérer le commerçant
comme un parasite inutileJdonc à supprimer. Or, dans un marché aussi
fluctuant et exigeant que celui des produits horticoles, toutes les
tentatives faites dans ce sens ont pratiquement échoué. Le métier d'in-
termédiaire nécessite des qualités que tout le monde ne possède pas:
avoir le sens des affaires pour ne pas acheter cher ce qu'on ne pour-
ra revendre, savoir prendre des risques financiers et surtout ne pas
craindre les efforts permanents à toute heure du jour o~ de la nuit.
Il est indispensable que les intermédiaires restent; il faut tout sim-
plement assurer une surveillance et un contrôle très étroits de leur
activité et (pourquoi pas?) les sensibiliser davantage aux profits
que présente l'exportation.
C - L'exportation des produits mararchers.
-----------------------------
Le Sénégal a acquis au cours de oes dernières années, sur
les marchés européens, une assez bonne réputation d'exportateur de

- 2i4 -
truits et légumes. Il doit oette oonsidération surtout aux légumes
nettement- :plus importants en tonnage que les fruits. - Selon Wl rapport
du Ministère du Commeroe, là mara!chage a apporté en 1982
environ
deux milliards de francs de devises au Sénégal.
Les premiers essais d'exportation de légumes frais vers
l'Europe furent tentés, avec beaucoup de succès, en I956. Déjà en
I960, les tonnages envoyés en France atteignirent 50 tonnes de légumes
divers. Cependant, les exportations ne s'intensifièrent qu'à partir de
1972-1973 avec le démarrage des activités de BUD - SENEGAL. Très vite,
elles atteignirent leur point culminant en 1915-1976 avec 10.254 tonnes
et le Sénégal se plaçait alors au premier rang des pays noirs africains
exportateurs de produits maraîchers. DepuiE, elles n'ont fait que chu-
ter avec la dissolution de BUD-Sénégal et la baisse générale de la pro-
duction légumière liée à la sécheresse. L'Etat, dans sa recherche d'une
formule de remplacement, s'est lancé dans de multiples tentatives pour
organiser la commercialisation des légumes. L'Association des Exporta-
teurs de Produits Agricoles du Sénégal (A.S.E.P.A.S.), créée en I972,
s'est substituée en I979, à l'ex-BUD pour l'achat de la production
des périmètres mara!chers qu'elle assistait. Depuis cette date, elle
monopolise seule l'exportation de légumes frais vers l'Europe.
1
i
Comme le laisse supposer son nom, l'ASEPAS n'est pas une
société. On pourrait plutôt l'assimiler à une coopérative d'opéra-
teurs économiques qui, conscients de la convergence de leurs intérêts,
ont jugé avantageux de se regrouper afin de renforcer leur pouvoir de
négociation vis-à-vis des compagnies aériennes et des maraîchers.
Les exportateurs Sénégalais ne s'intéressent qu'aux produits
qui sont susceptibles de se vendre bien sur le marché européen. Celui-
ci n'est pratiquement ouvert aux légumes cultivés dans les pays chauds
que pendant la contre-saison (I). Il s'agit essentiellement des hari-
cots verts, des poivrons, des piments et des melons qui connaissent une
grande vogue d~ns tous les villages maraîchers de Novembre à Mars.
(1) Par contre-saison, il faut entendre la période où une culture ne
peut presque pas être faite en plein air du fait des conditions
climatiques, l'r.iver par exemple pour les ]é~~~es.

- 2~5 -
. A quelques exceptions près, les membres de PASEPAS ne produisent pas
les denrées qu'ils conimeroialisent (2);. La. pratique oonsiste à mettre
,à la disposition des maraîchers des semences sélec~1onnéespour leur
acheter par la suite leur production. Ces "bana-bana modernes" sont
généralement d'anciens fonotionnaires en retraite pour qui le maraf-
chage offre l'occasion de se lancer dans les affaires. Les produits
maraîchers récoltés par les paysans sont généralement de présentation
et de qualité phytosanitaire bonnes. De plus, avant l'expédition des
colis, un double contrôle est effectué par le service de conditionne-
.
-
.
ment de l'Inspection Régionale du Contrôle Economique du CAP-VERT et
par le service phytosanitaire, dans le but de sauvegarder à l'étranger
l'image de marque des produits sénégalais. Mais auparavant, un premier
tri est généralement effectué par les exportateurs qui prennent sain
de n'emballer que les légumes susceptibles d'arriver en bon état dans
les marchés de destination. Malgre toutes oes précautions, il arrive
souvent que les légumes, au moment de leur réception par le commission-
naire étranger, ne répondent plus exactement aux normes de qualité
exigées. Cette altération provient généralement de l'entreposage et
des conditions de transport.
L'un des obstacles majeurs aux exportations sénégalaises
de légumes frais estl'insuffisanoe des moyens d'entreposage. Si cer-
taines sociétés exportatrices étrangères disposent de camions frigo-
rifiques permettant une assez longue conservation des produits, il
n'en est pas toujours de même pour la majorité des exportateurs Séné-
galais. Entre la récolte et l'enlèvement des produits, il se passe
souvent un temps assez long qui occasionne une dégradation de la qua-
lité des produits. Ceci ne manque pas d'entraîner des pertes importan-
tes que favorisent d'ailleurs les lenteurs administratives de l'expé-
dition par le transitaire.
(2) Les membres de l'ASEPAS exploitant des périmètres sont:
- AGROCAP FILFILI qui possède un vaste domaine à SEBIKOTANE;
SENPRIM qui a hérité des anciens périmètres de BUD - Sénégal;
- TOLL - Sélection qui exploite un grand périnètre maraîcher à
POUT dans la région de TRIES;
- LAYOUSSE. Société appartenant à un Libanais installé à RU~I3QL~.

- 216 -
Avec l'entreposage, l'acheminement des légumes sur les mar~
~- ohéB étrangers oonstitue-un problème particUlièrement préocoupant en
.raiàon du coût du fret qui grève fortèmemt le prix de- revient du pro-
duit rendu à destination. Depuis la disparition de ,Bud-Sénégalen Septem-
bre
1979, le transport des produits mararohers frais à destination
de l'Europe se fait presque entièrement par voie aérienne. Les expor-
tateurs Sénégalais s'adressent en priorité au pool ATAF (3) pour les
expéditions en direction de la France et au pool IATA (4). Les condi-
tions d'acheminement ne se font pas toujours aisément. C'est ainsi
qu'il arrive souvent qu'un avion, programmé pour charger des légumes,
atternt à Dakar avec des soutes pleines. Dans de pareils cas, la mar-
ohandise exposée dans la zone de fret de l'aéroport, perd progressive-
ment de sa fraîcheur et arrive en Europe dans un triste état. La gra-
vi té de la situation est telle que le quotidien national "Le Soleil"
a cru devoir émettre de très vives critiques dans son édition du II
Avril 1984 sous le titre: "Des centaines de tonnes de légumes pour-
rissent à l'aéroport à cause des ratés du système de transport". Si
des problèmes d'affrétement ont pu se poser avec autant d'acuité c'est
certes en raison de l'insuffisanoe notoire des capacités des avions
mais aussi de la politique des prix appliqués par les compagnies aé-
riennes. En effet, oelles-ci semblent, à la limite, transporter les
fruits et légumes à contre-coeur estimant que les tarifs ne sont pas
suffisamment rémunérateurs. Pour elles, il s'agirait donc de relever
sensiblement les prix de fret actuellement en vigueur. Le coût du
transport arrive pourtant à représenter 40~ du montant total des pro-
dui ts.
La grave insuffisance du fret devrait inciter les membres
de l'ASEPAS à s'orienter davantage vers les facilités qu'offre le
transport maritime, utilisable pour les denrées les moins périssables
(tomates, melons), et dont les tarifs sont en moyenne quatre fois
moins élevés. En 1975 - 1976, les produits maraîchers livrés en
France étaient transportés par bateau au prix de 30 F en moyenne le
kilo
alors que par avion le tarif sur la même destination éta.it de
125 F.
0) Le pool ATAF (Association des Transports Aériens des Pays Franco-
phones) regroupe Air Afrique, Air France et UTA.
Le pool IATA (Association Internationale des Transports Aériens)
est formé des compagnies SABENA, IBERIA, SWISSAIR, ALI TALlA ,
LU?r:IANSA, etc •••

- 217 -
2 • Les améliorations à apporter.
----:-------------
-
.
L'e:x:amen du tabl eau X:J..V permet d'affirmer que les exporta-
. tions de légumes frais vers l'Europe sont entrées, depuis 1976 - 1977,
dans une phase de chute vertigineuse. Si la secheresse et la dispa-
rition deBUD - Sénégal peuvent être considérées comme des facteurs
décisifs dans cette baisse, force est de reconnaître que ce recul
trouve ses explications profondes dans la politique de tâtonnement des
exportateurs Sénégalais.
L'analyse de la situation a montré que les problèmes majeurs
sont ceux relatifs au prix de revient et à la qualité des produits.
Priorité doit être donnée à la production des légumes supportant un
transport par voie maritime (produits relativement peu périssables et !
ou de valeur peu élevée par unité de poids ou de volume). Il faut
~~~ : DIOP M.D. (98). PP 152 - 153 •
.!-~S_: Quanti tés~~Etée~~~!~~~2_!.
OBSERVATION~__!.
: 1966 - 67 :
559
: Phase de balbutie-
1
1967-:-68;-------~158------------ ment. ProgI':ssion
------------------------------------
nette d'annee en an-
1 1968 -
69 :
1.175
née. La baisse de ln
:-~969-=-1;-;-----------~~6;__------------producti?~ en I9?O~
---------------------------------------
71 est llee au defl-
:-!2IQ-=-I!-!.
!~Q21
cit pluviométrique.
1_!21!=~=1~=~============!~~~~================~======================~
: 1972 - 73 :
2.200
Phase de développe-
t-~913-:-14-;------------;~59~-------------ment des e~ortations:
-----------~---------------------------.avec l'entree en ser-
: 1974 - 75 .1
6.516
. vice de BUD - SElIE-
:-~972-:~6-;---------~~~;54---------------:
GAL.
:
1
====-===============================================================
:_!2I~_=_77-!
~~1~
:
:_!2I7 -_I~!.
2~!12
: Période caractérisée
: -!27 8-=_79 -!-
2~2~Q
: par une chute verti-
:_!212_=_~Q__
' -----
1~~!~
_
Gineuse des exportQ-
:_!2~Q_=_8I_!.
2~Q1Q
_
8
:_!2_!_= 82 --'----
2~I1g
: tions.
: 1982 - 83 :
5.828
:
------------------------------------
: 1983 - 84 :
6.144
:
:
=====================~=====================~=========================
rappeler à cet effet que le coût de fret maritime est 4 fois moindre
que le fret aéri en, que Dakn.r es t il 5 j ours de mer des port s franc; é'.i s

- 218 -
(le KENYA, notre prinoipal oonourrent en Afrique Noire, est à 12 jours
des port-s français) et que les installati.ons frigor1f1quesdu port
'. permettent ~e ~ertaine 'souplesse des eXpéditions.
L'intervention d'un organisme étatique ou para-étatique
dans la oommeroialisation est peu souhaitable. Un groupement d'expor-
tateurs comme l'ASEPASréunit, par contre, la plupart des qualités
pour résoudre un grand nombre de problèmes d'exportation: souplesse,
dynamisme, concertation, etc ••• Il ~evrait toutefois être juridique-
ment plus structuré (sous forme de ooopérative, pourquoi pas ?) afin de
se 'doter des moyens nécessaires pour assurer plus efficacement les
fonctions de contrôle de qualité, d'assistance technique aux produc-
teurs, etc •••
1
II - LE CIRCUIT DES PRODUITS MARITIMES -
S'il est vrai que la pêche maritime artisanale pose en pre-
mier lieu des problèmes de production, i l faut reconnaître que c'est
au stade du commerce que se situent les principales entraves. En l'ab-
sence d'une organisation rationnelle de la distribution, le mareyage
est limité, sur le marché national, à un rayon ne dépassant pas 250 ~üs
à partir des côtes.
L'étude des circuits de distribution de la marée permet la
compréhension des mécanismes de formation des prix ainsi que l'iden-
tification des contraintes techniques et humaines qui pèsent sur l'é-
1
coulement des produits halieutiques. Celui-ci est à la clé de tout
1
le développement économique des villages de pêcheurs d~ns les années
à venir car il est le stimulant décisif de la production.
Si l'on se réfère aux documents disponibles décrivant le
oommerce du poisson frais et transformé au Sénégal (1), les courants
d'échange se seraient principalement développés au début de ce siècle
(I) ORUVEL A. (73)

à partir des centres de pêche de GUETNDAR ét de RUFISQUE. GRUVEL ex-
plique qué l' approviBionnem~nt en produi ts halieutiques de-l'intérieur
se limitait aux stations échelonnées le long de la voie ferrée -ruuCAR -
SAINT-LOurSoù "le poisson est vendu a.ux Européens et indigènes qui en
font une grande consommation". Par contre, sur la Petite Côte où s'ef-
feotuaient déjà les migrations saisonnières des pêcheurs LEBOU et GlfBT
NDARIEUS, le poisson servait surtout d'article d'écnanges monétaires
ou de troc avec la région agricole du SINE (poisson contre mil).
Parallèlement au développement de ce commerce intérieur le
long du chemin de fer (dont le rôle, rappelons-le, était d'assurer la
traite de l'arachide), un courant d'exportation de poisson frais et
transformé à destination de l'Europe et des autres pays africains fut
tenté par des maisons de commerce françaises. C'est ainsi qu'en 1886,
le TRIDENT implanta à Dakar une usine de congélation mais pour des
raisons diverses (espèces difficilement valorisables en France), elle
devait échouer au bout de quelques années de fonctionnement (2).
La commercialisation du poisson de mer ne connut que très
peu d'améliorations durant toute la période de l'entre-deux guerres.
La rareté des routes bitumées (3) continuait à limiter le mareyage
aux zones proches des points de débarquement et aux villages desser-
vis par le train. A cette époque, la pêche à KAYAR était loin de con-
nattre l'ampleur qu'elle rev~t de nos jours. Isolé entre la mer et
plusieurs kilomètres de hautes dunes, ce village n'était relié à
Dakar et à l'intérieur du Sénégal que par de mauvaises r-dstes à peine
tracées dans le sable mobile et demeurait inaccessible aux véhioules,
quels qu'ils soient.
En 1948, la conférence écono~ique de la pêche maritime
réunie à Dakar s'attacha principalement à l'étude de la promotion du
commerce de poisson frais. Il y a été noté que le développement du
mareyage ne pourra se rûaliser qu'à la suite d'une liaison permanente
entre les villages de pêcheurs et les principaux centres urbains. La
fin de la période coloniale sera ainsi marquée peT la construotion
(2) CHABOUD C. (3I), page 6.
(3) Jusqu'en I949, le Sénégal ne comptait que 30 kms de routes bi-
tumées.

- 220 -
des routes bitumées entre le CAP-VERT et KAYAR (I95I), JOAL et MBOUR
(195"8) ; DAKAR ~t SAINT~LOUIS(I960) •
r
Les années qui suivirent l'indépendance seront caractérisées
par une rapide évolution de la pêche artisanale_sénégalaise. La moto-
risation des pirogues s'accentua avec la vente hors-taxe des moteurs
hors-bord à partir de I966. La diffusion de la senne tournante coulis-
sante depuis I973 permettra l'augmentation des débarquements et le
développement parallèle du mareyage ~t de la production de poisson
braisé (kétiakh).
1
l
L'importance grandissante du mareyage va aiguillonner les
autorités sénégalaises dont l'attitude s'orientera d'abord vers une
limitation de l'activité des mareyeurs. En I973, un décret présiden-
tiel fixe les conditions légales de l'exercice de la profession de
mareyeur: " sont considérées comme mareyeurs au sens du présent dé-
cret les personnes physiques ou morales qui procèdent régulièrement
à la commercialisation des produits de pêche provenant soit des achats
effectués aux producteurs, soit de leurs propres captures, après avoir
assuré les conditionnements nécessaires pour la conservation et le
transport sur les lieux de vente." (4) Par ce décret, les mareyeurs
peuvent être reconnus officiellement en achetant la carte profession-
nelle à 30.000 F, renouvelable tous les ans. Sont ainsi reconnus m~­
reyeurs tous Sénégalais possédant cette carte. Les autres sont simple-
ment vendeurs de poissons qui font concurrence déloyale aux profession-
nels quand leur vente dépasse 200 kgs.
Trois catégories de mareyeurs sont instituées au Sénégal:
les mareyeurs de la première catégorie ou mareyeurs-pêcheurs
qui commercialisent les prises des unités de pêche leur appar-
tenant à titre individuel ou collectif;
- les mareyeurs de seconde catégorie qui vendent, à l'intérieur
du pays, les captures des pirogues dont ils ne sont pas pro-
priétaires;
- les mareyeurs-exportateurs ou mareyeurs de troisième catégorie
\\
1
(assimilés aux usines) qui exportent le poisson sous forme con-
l
gelée, en farine ou en conserves •
(4) Titre pre~ier du décret N° 23 - 585 du 23 Juin I973.

- 22! -
L' espri t du décret était d' évi ter Une intégration vertioale
. :trop importantê, une prise de oontrSle par les ~êmes agents éoonomiques
des différents niveaux de la filière de commeroialisation du poisson, -
de la produotion jusqu'à l'éooulement sur les marchés intérieurs ou
à l'exportation.
Les dispositions du décret ne sont pas, en réalité, totalement
respectées. Faute d'un contrôle effectif exercé par le Service des Pê-
ches sur les plages e"!ï les marchés, ,un tiers des mareyeurs seulement
disposent d'une carte. Par ailleurs, des usines interviennent directe-
ment sur les clieux de débarquement par l'intermédiaire de mareyeurs
qu'elles équipent en véhicules et à qui elles accordent des avances
de trésorerie.
L'action de l'Etat allait, à côté de la tentative de contrôle
administratif, permettre un accroissement du mareyage grâce au projet
CAPAS dont l'objectif principal est de confier aux pêcheurs, membres
des Coopératives Primaires d'Avitaillement (C.P.A.), la commerciali-
sation des prises de leurs unités de pêche. Plus exactement, ce pro-
_jet entend se substituer aux mareyeurs et aux femmes traités comme
"intervenants extérieurs" dans le schéma de commercialisation retenu.
Le second but de CAPAS vise la fourniture de protéines d'origine ani-
male à bas prix dans les zones de l'intérieur jusque-là mal approvi-
sionnées en poisson.
Il apparaît, à la suite de cet aperçu historique, que le
mareyage est né spontanément dès que les possibilités de transport
sont apparues. Au début, les commerçants étaient d'anciens pêcheurs
écoulant le long de la voie ferrée le poisson envoyé de SAINT-LOurS
ou DAKAR pendant la saison sèche. L'accès à la profession de mareyeur
de façon permanente s'est réalisé parallèlement à l'apparition du
commerce par la route qui se généralise à partir de l'indépendance.
L'analyse de l'évolution historique du négoce de la marée montre que
celui-ci s'est dsveloppé sans aucune décision incitative notable des
autorités publiques. En aucun cas, des mesures stimulantes comme les
facilités de crédit pour l'achat de véhicules isothermes n'ont été
proposées pour faire face aux multiples difficultés matérielles aux-
quelles sont confrontés quotidiennement les mareyeurs dans l'oreani-
sation de leur travail.

- 222 -
Si on exolut quelques oas isolés, le pêoheur ne oherohe pas
à éoouler direotement sa_production. La méoonnaissance du marché l'in-
cite à se décharger-da la vente de ses apports sur les mareyeurs.
Ceux-ci ne sont pas les mandataires des pêcheurs, mais de véritables
commerçants agissant pour leur propre compte.
De la plage à la criée de la GUEULE TAPEE, le poisson
passe entre les mains de nombreux intermédiaires. La complexité des
liens entre pêcheurs, mareyeurs, demi-grossistes et détaillants té-
moigne d'Une organisation réelle des circuits, quoique l'anarchie
semble de règle.
Dès que le pêcheur débarque ses produits sur la plage, sa
femme en prend possession. Le poisson ayant séjourné dans le fond
des pirogues, sans glace, doit être rapidement évacué. Il y a accord
tacite entre le pêcheur et son épouse qui lui prend ses produits et
constitue dès lors le premier chaînon des intermédiaires. Le poisson
acheté est alors trié par espèce et présenté au mareyeur. Celui-ci
achète ainsi chaque jour des tas de poissons provenant des captures
de plusieurs pirogues. Il marchande avec le chef piroguier ou sa fe~~e,
mais brièvement. Il ne doit pas laisser voir qu'il tient à emporter
tel lot de marée plutôt que tel autre. Si le pêcheur oppose une forte
résistance en estimant peu élevé le prix proposé, le bana-bana pour-
suit sa promenade sur la plage et attend, avant de conclure ses tran-
sactions, que l'heure avance. Du milieu de l 'après-midi, moment où
corr~encent à se traiter les affaires sur la plage, jusque vers 19 H,
les prix ont ainsi tendance à baisser et l'astuce du mareyeur consiste
à faire les achats le plus tard possible auprès des pêcheurs ou de
leurs fe~~es. Ceux-ci, soucieux de négocier leurs mises à terre, fi-
nissent par céder sur les prix qui se mettent à bQisser d'autant plus
que les tas de poissons sont plus nombreux à attendre un acquéreur.
Chaque tas est acquis pour un prix forfaitaire qui tient compte du
poids approximatif, de la qualité des espèces et de la conjoncture
sur l'ensemble de la plage, c'est-à-dire du volune total des prises

-22'3 -
de la journée. Il serait de l'intérêt-des pêoheurs de se -oonoerter, dans
ohaque oentré maritime, _pour fixër les prix de vente de ~amarée sur
la plage. Malheureusement, ils sont jalouX de leur indépendanoe et
répugnent si fort à toute immixtion dans leurs affaires qu'ils ne par-
'V'fennemt jarne.is à s'entendre. Ce sont les commerçants qui profitent
au maximum de cette situation.
Une fois en possession de la marchandise (on peut estimer
les achats quotidiens à I,5 tonne), .le mareyeur
fait procéder à son
portage jusqu'à l'aire de stationnèment dès véhicules. Le transport
des poissons est assuré par les manoeuvres saisonniers très nombreux
sur les plages. Dès que le bana-bana a terminé ses achats sur la plage,
il se rend auprès du camion pour surveiller le chargement. Mais aupa-
ravant, il aura acheté lè nombre de barres de glace nécessaires à la
conservation du poisson. L'achat peut être réalisé auprès des reven-
deurs qui entreposent la glace sous une épaisse couche de sciure de
bois, ce qui semble constituer un excellent isolant, mais le même tas
de copeaux est indéfiniment réutilisé. Une analyse bactériologique
de la surface des barres de glace révèlerait peut-être bien des sur-
prises. Le glaçage du poisson est confié à un casseur rémunéré par
le mareyeur. Equipé d'une massue en bois, il brise la barre en pail-
lettes recueillies dans un panier. Une première couche de paillettes
est étendue au fond des paniers qui servent au conditionnement du
poisson dans le camion. Les produits sont ensuite déversés sur cette
couche. On ajoute de la glace au fur et à mesure du remplissage. Quand
le panier est plein, une dernière couche de glace est déposée sur le
poisson. Le taux de glaçage exorbitant s'explique par la nature des
véhicules, simplement bâchés. La plupart sont vétustes, ceci se compre-
nant par l'impossibilité pour les mareyeurs d'accéder au crédit, ce
qui les condamne à acheter de vieux camions. La vétusté des moyens de
transport et la précarité de la conservation se traduisent par des
risques accrus: que le camion tombe en panne et la cargaison est perd~8.
Cela a deux conséquences immédiates
la marge brute de comoercialisation devra être très importante
pour un profit net modeste;
les mareyeurs préfèreront vendre à ~KAR et au niveau des usines
plutôt que sur les réseaux excentrés où les risques deviennent
rédhi bi toires.

- 224 -
Le chargement du camion est achevé vers 19 heures. Avant
de prendre la r9utè, le chauffeur va au bureau de la D.O.P.M. (Direc-
tion de 1 'Océanographi e et· des Pêches Maritimes) recevoir·un "Certi-
ficat d'origine, de salubrité et de condi tionnementIl délivré contre
la somme de IOO F. Ce document précise la nature du poisson, le poids,
l'origine et la destination, car le véhicule et son contenu seront
sounis,en cours de route, à de multiples contrôles (pour des raisons
fiscales) par les agents des Eaux et Forêts ou de la gendarmerie, et,
à destination, par des inspecteurs ~es marchés.
Les véhicules des mareyeurs ont une capacité de I à 6 tonnes
et sont souvent inadaptés à leur fonction et mal entretenus. Sur 28
mareyeurs interrogés au marché de la GUEULE TAPEE, II sont proprié-
taires de leurs véhicules, IO les louent et les 7 autres les emprun-
tent. Le "prêt" du véhicule cache souvent, en réalité, une associa-
tion entre le mareyeur qui assure l'achat du poisson sur la plage et
son transport et le mareyeur qui s'occupe de sa vente à la GD:,ULS TA-
PEE, quand ce dernier n'est pas tout simplement le représentant du
premier.
L'arrivée à destination a lieu
en cénéral pendant la nuit.
Le poisson, tassé par le trajet, doit attendre plusieurs heures avant
d'être livré à la vente au détail. Souvent même, il doit subir les
rigueurs d'un second trajet vers les points de consommation secondai-
res. En l'absence d'une chaîne de froid correcte, la marée arrive PQr-
fois en piteux état entre les mains du consommateur. Il faut avoir
affaire à une clientèle peu exigeante pour que la vente en soit assu-
rée malgré tout.
La vente aux semi-grossistes et aux détaillants se fait au
niveau des différents marchés de la ville. Un seul cependant donne
lieu à des opérations caractéristiques d'un marché de gros, celui de
la GUZULE TAPEE. Ce marché, de par son importance socio-économique,
fait de la région de n~AR le point d'appui du circuit de distribution
de tout le Sénégal. Lieu d'écoulement de 13% du mareyace total du pays,
G~JE TAPEE accueille IO~ des mareyeurs du pays.

225
Ce circuit est un peu plus élaboré- que celui des plages du
fait de l'intervention dU froid tant aù niveau de la production que
pour le stockage en atterite de vente. L'affectation de l'ancien fri-
gorifique du port aux produits de la pêche a été maintenue lors de sa
rénovation qui a porté sur la remise en état des chambres frigorifi-
ques destinées au stockage du poisson congelé et sur l'installation
d'une chaîne de congélation. Ses caractéristiques sont les suivantes:
capacité de congélation: 100 tonnes,
capacité de stockage à moins 20°: 200 tonnes,
capacité de stockage à 0° : 100 tonnes.
La criée est installée à côté du frigorifique du port sur le
terre-plein du "quai de la pêche Nord". Elle représente une surface
2
globale de 1.300 m
et comporte,outreJla halle de vente 1
2 chambres froides d'une capacité de 20 tonnes chacune,
12 magasins pour les mareyeurs.
Il demeure cependant que l'on a un circuit traditionnel où
les producteurs sont totalement écartés du marché. L'inorganisation
de la criée du port fait que les patrons-pêcheurs" tombent facilement
sous la dépendance de puissants mareyeurs qui règnent sur ce "petit
marché". Beaucoup de producteurs se lient par contrat verbal à un ma-
reyeur qui leur avance tous les frais de marée et se réserve en retour
l'ensemble des prises à un tarif fixé le plus souvent à l'avance. l,rais
il est rare que le commerçant respecte entière~ent les clauses du con-
trat qui, du reste, se fait à son profit puisqu'il ne prend aucun ris-
que. En raison du caractère périssable du poisson, le producteur n'a
aucun intérêt à garder pendant longtemps sa mise à terre d'autant plus
qu'il risque de payer des frais de stockage supplémentaires.
Depuis quelques années, conscients de leur position de fai-
blesse, certains patrons-pêcheurs vendent tout ou partie de leur pro-
duction aux usines, bénéficiant de prix ré~unérateurs. Le poisson,

- 226 -
après transformation, est destiné à. l'exportation vers l'Europe et le ,
nste de l'Afrique.
L'inorganisation du marché de poisson au port de Dakar dé-
montre que le "projet-cordier" vi8ai t uniquement le développement de
la production sans chercher à mettre en place des structures pour
écouler l€s
captures de ces embarcations intermédiaires.
La criée du port de Dakar. est aussi utilisée par les pro-
priétaires des bâtiments de pêche pour écouler une partie de leur Tro-
duction. Les ventes se font toute la journée au fur et à mesure de
l'arrivée des bateaux. Il s'agit essentiellement des mérous et des
dorades, espèces particulièrement appréciées des consommateurs Daka-
rois. Le poisson est vendu dans des caisses en bois (35 à 40 kgs) et
les mareyeurs en prennent plusieurs (30 à 50 par jour). Les prix pra-
tiqués à quai sont ceux fixés généralement par les armateurs en fonc-
tion des quantités pêchées. Du fait du grand nombre de bateaux basés
dans le port de Dakar, les prix sont très compétitifs. Ceux-ci ne sont
jamais fixes et varient en fonction des saisons et aussi dans des es-
paces de temps réduits. Une bonne p~rtie de ces produits est vendue
et consommée frais sur le marché dakarois. Le reste est expédié vers
des centres urbains tels que KAOLACK, TRIES, DIOURBEL, FATICK, LOUG.A,
etc •••
Depuis quelques années, certains al~ateurs S3négalais s'occu-
pent aussi de la commercialisation du poisson aussi bien à quai que
dans les stades ultérieurs. Ils disposent d'une chaîne de froid em-
bryonnaire (camions isothermes et chambres froides) et approvisionnent
les centres de l'intérieur. Le surplus de leur production est
destiné
en grande partie à la transformation.
L'extrême diversité de la production artisanale qui en fait
une offre atomisée, et la srande concentration hwnaine et urbaine cl['.:13
la presqu'île du CAP-VERT, font du mareyage une opération centripète
des lieux d'apport vers Dl~AR. Le CAP-VERT absorbe 46,5% du mareyage
en frais au Sénégal qui provient des régions de TRIES (53%), SINE
1

- 227 -
-
.'.
SALOUM· (23%), CAP-VERT (20%) et du FLEUVE (4%).
Le ravitaillement en poisson frais est une nêcessité vitaie
pour la consommation sénégalaise. Il faudrait assurer la distribution
de la marée jusque dans les régions les plus éloignées du littoral.
Or, en l'absence d'infrastructures, celle-ci n'est pas réalisée dans
des conditions normales et le poisson frais ne peut supporter sans
gros risques de détérioration un trajet excédant 400kms. Au-delà de
cette distance, il doit être transformé pour être livré à la vente.
D'une manière générale, i l existe une grande disparité des
niveaux de consommation au fur et à mesure que l'on s'éloigne de Dakar.
'Le rapport de la c~nso~~ation de poisson dans le CAP-VERT à celle des
autres régions du Sénégal donne: (voir tableau XXVI).
SENEGAL ORIENTAL
I3,I5
FLEUVE: 8,5I
SINE SALOUM: 3,66
- ~OUGA: 3,38
TRIES: 3,25
DIOUREEL : 3,I9
CASANlANCE: 2,I5
La figure 26 montre que 42% de la population consor,R.e près
de 70% des poissons frais. Ces disparités reflètent la situation de
la commercialisation des produits maritimes frais ~ui s'effectue très
mal dans les régions éloignées en raison des difficultés d'accGs, des
coûts de transport et de la vétusté du matériel roulant des mareyeurs.
Plus on s'éloigne de ll~AR, moins on consorr~e de poissons frais et
plus a tendance à se d8velopper la consommation de poisson trGnsformé.
L'organisation du circuit de commercialisation s'impose pour (
le transport du poisson dnns de bonnes conditions et sa cliffusion dans \\
les zones les plus sloign6es. La fourniture de crédits aux mareyeurs
(
leur per~ettant de s'uquiper en véhicules frigorifiques augmenterait
l{
leur rayon d'action vers l'intérieur en améliorant la qualité des pro-f
duits proposés. Iv~alheureusement, les banques, tenues par la rigidité
i',
1
,
l

- 228 -
!!BL~UEVI - P0;Eul at!.~~_et_~~~~!:!!.on_de ~!.s sons frai s !:~_~én!~al.
So~ : CHABOUD C. (31), page 72.
--------------------.-'-----------------
:
REGIONS
: POPULATION:
% : Consommation
: - % : Consommatlon:


• • totale (tonnes).
• par tête et •
:
:
:
:
: --:-~r an (KG1_·
: CAP-VERT
: 1.065.828
:19,91:
61.728
:46,50:
57,9
:
:------------+---------+------+----~------.----+----------:
CASAMANCE
:
763.890
:14,27:.
20.575
:15,51:
26,9
----------------------_.----~----------
: DIOURBEL
443.275
: 8,30 :
8.043
: 6,06:
IB,I
...----------------.----------------
----,---
:
564.823
:10,55:
3.857
: 2,911
: FLEUVE
6,8
:--------+----------+-----+-------------+----+---------:
SENEGAL
:
292.790
: 5,48 :
1.289
: 0,97:
4,4
: ORIENTAL
:-------~--+--------+-----+--------------+----+-----------:
SINE SALOUM
1.054.933
19,70
16.705
.12,59.
15,8
:
:
1 :
• •
:
--------------~--------------------------------------------
: TElES
731.712
:13,66:
13.050
: 9,83:
17,8
-----------------------------------------------------------
:
: LOUGA
: 8,13 :
435.670
: 5,63:
7.484
17,1
:---------+--------+-----+-------------+---+-----:
TOTAL
: 5.352.921
:100
:
132.721
:100:
24,7
------------------------------------------
\\
de leurs règlements, ne sont pas disposées à leur faire confiance et
leur refusent tout crédit. Tous ces commerçants se plaignent que les
bilans qu'ils présentent sont, dans la plupart des banques, rejetés
systématiquement et taxés de "bilans de circonstances". Ils le sont
peut-~tre, mais le sont-ils davantage que ceux des com~erçants Euro-
péens et Libanais qui accèdent aisément au crédit bancaire?
Une autre modalité d'aide serait une subvention pour la
glace. Celle-ci représente, avec le carburant, l'un des postes de dé-
pense les plus importants. Une diminution de son prix pourrait donc
réduire de façon notable le coût de commercialisation du poisson vers
les marchés de l'intérieur qui nécessite un taux de glaçage élevé.
D'autre p~rt, une telle mesure encouragerait les ~areyeurs à utiliser
plus de glace, ce qui devrait ~éliorer la qualité du poisson.
De telles mesures peuvent Otre finc:.ncées par un transfert
des subventions de la pêche vers la commercialisation. La poli tique

-229-
Fig.
26.
Courbe de
concentration
de
la consommation
de poisson au
Sénégal.
100
90
80
,,-...
al
70
'lll
ri
::1
~ 60
0
~'t
'--'
50
Cl
0
on
40
~
CIl
ri
::1
P-
30
o
p..
20
10
10
20
30
40
50
60
'70
80
90
100
Consommation de poissons en pquivRlent frAis (~b cumul p(1)

- 230 -
d'aide à la p~che artisanaie depuis 1960 a, en grande partie, rempli
son rôle:- plus de 60% du-parc piroguier est motorisé et-la senne
.
.
:
.
.
--
tOurnante s'est rapidement di ffusée depuis t973. Maintenir cette aide
sous sa forme actuelle semble économiquement critiquablel diminuant
-- artificiellement les coûts_ de production, elle permet une croissance
des débarquements en l'absence de circuits commerciaux capables de les
écouler totalement et dans de bonnes conditions vers la consommation
humaine. Les mareyeurs, confrontés à des problèmes de oonservation,
s'abstiennent de fréquenter certain~ points de débarquement dépourvus
de dépots de glace. L'organisation de la commercialisation s'impose
donc pour un transport correct du poisson et sa diffusion dans les
zones les plus éloignées.
CHRISTIAn CHAJ30UD, dans son étude sur 1 e mareyage, fixe
l'âge moyen des mareyeurs à 45 ans. Ainsi, la commercialisation en
frais du poisson est une activité pratiquée par des hommes relativement
âgés, ayant choisi cette profession après abandon d'un métier jugé
trop peu rémunérateur ou pour lequel le mareyage apparaît comme une
t.
continuation logique lorsque l'âge devient un obstacle physique à sa
pratique. Dans la région de DAKAR, près de 75% des mareyeurs ont exer-
cé une activité antérieure et parmi eux, la grande majorité sont d'an-
ciens cultivateurs, sinon d'anciens ouvriers qui ont préféré être plus
indépendants. Dans la majorité des cas aussi, le mareyage est un mé-
tier pratiqué parallèlement à une activité en relation directe avec
1
le com:nerce de poisson ou avec le métier principal exercé auparavant.
-.
Les difficultés rencontrées par les paysans au cours de ces dernières
1
années (1) ont eu pour conséquence un transfert important de main-
d'oeuvre vers les autres secteurs de l'économie, notamment parmi les
tranches d'âge jeune. Une grande part de cette émigration est dr~in~e
vers le secteur de la pêche, de façon permanente ou saisonnière.
Il ne f2it plus de doute, maintenant,que le Q~r8ya~e rappor-
te beaucoup d'arGent. En témoignent les liasses de billets échanGées
(1) Succession d'années sèches: en 1980 par exemple, la production
arachidière atteiGnait à peine 10% du niveau obtenu au lendemain
de l'indépendance.

- 231 -
1-1a GUEULE TAPEE et soigneusement gardées sous les riohes boubous des
mareTeurs. Ceù-ci gagnent bien leur vie, mais il ne faut pas en oon-
olure qu'ils-s'enriohis8e~tsur le dos des pêoheurset de8 d'taillants.
1
Leur-travailn'est--pas detou~ repos. Sur les rou:tes, au marohtS-de la_
GUEULE TAPEE ou sur les lieux de pêohe à partir de I5 heures, ils n'ont
gu~re de repos. En plus, ils ont de nombreux frais (Tableau XXVII).
L'inscription sur le registre du commeroe (8.000 F), la oarte de ma-
reyeur à renouveler ohaque ann'e (30.000 F), la patente, l'impÔt sur
le revenu, le certifioat de salubrité, le carburant, la glaoe, l'entre-
tien et l'amortissement du véhicule expliquent que les mareyeurs dou-
-blent le "prix-plage" des différentes espèces à la cri~e de la GUEULE
TAPEE. (2)
Par ailleurs, mareyage et pêche artisanale sont deux activi-
tés entre lesquelles se nouent des rapports débordant largement le strict
cadre de relations de vente et d'achat. On assiste à une intégration
progressive du mareyage et de la pêche: certains mareyeurs renforcent
leur importance dans le monde de la pêche artisanale par des moyens
autres que la propriété simple d'unités de pêohe. Selon CRABOUD (3),
un mareyeur établi à JOAL et propriétaire de trois oamions possède en
outre, trois unités de pêohe à la senne tournante et coulissante. Doit-
~ on franchir un pas supplémentaire en interprétant cette imbrication
en terme de dépendance des pêcheurs à l'égard des mareyeurs? La réponse
n'est pas si évidente. La stratégie d'achat d'unités de pêohe par le
mareyeur relève non pas tant de la possibilité de s'approvisionner à
bas prix aupr~s de ses instruments de pêche que de la recherche d'une
fruotification optimale du capital. La physionomie toujours changeante
des marohés rend souvent impossible toute prévision et le mareyeur,
confronté aux dangers de vente à perte, limite ses risques en investis-
sant dans la pêohe.
Mareyeurs et pêcheurs se fournissent, en outre, des presta-
tions réciproques sous forme de crédit ou d'avance de trésorerie. Les
oommerçants financent souvent les frais de début de campagne des pê-
cheurs. A l'inverse, ces derniers leur consentent parfois des avances,
le paiement des prises ne s'effectue pas après entente sur le prix,
(2) Prix-plage: terme par lequel on désigne le prix d'achat du poisson
sur les lieux de débarquement.
(3) CHABOUD c. (3I), page 20.

TABLEAU XXVII _ COUTS DE TRANSPORT DU POISSON POUR UN TRAJET DE 240 KM
(avec retour à vide). Nombre de trajets nnnue1s: 200
Source:Aspects de 1a recherche en socio-économie de 1a p~che arti-
-----~ sana1e maritime sénéga1aise (IOI), page 82.
-------------------~vEHÏëULE------;----------------~---------------~----------5:000-;;---------:--Ïo:ooo-k;-:
DEPENSES (en ~rancs)\\\\
, .
I.OOO lcg
2.000 kg
----~----------------------. D

_________.
'
J-
:

~ __ -

~
ESSENCE

~
DIESEL

~
IESEL

~
FRAIS FIXES






-----------
.
.
.
.
.
.
Carte de mareyeur
:
30.000
:
30.000
:
30.000:
30.000:
30.000:
------r-----------------------------------------------------------------------------------------------------
~~!!!~~!~!~!
~-----------!--~~~Z~~~~~-----!-~~ ~2~~~~~
!_~~~_E~~~!~~_!_~~~_E~~~!~i_!~~~_E~~~!~~_:
Vignette et assurances
:
I50.000
:
200.000
:
250.000:
250.000:
300.000
:
-------------~---------------------------------------- ------------------------------------------------------
Entretiens et réEarations.
:
542.000
:
934.500
:
I.200.000
:
I.200.000
: I.796.250
:
----------,------ ---------------------~---------------------------------------------------------------------
Accessoires et équipement

42.600
:
63.000
:
I26.000:
I26.000:
229.000.
---~----~~----~------------------_._------------------
------------------------------------------------------
~
1 Tota1 frais ~ixes

2.040.300
: 3.422.500
:
4.426.746
:
4.426.746
: 6.307.058

~
~
F;;~;-;~;;;-;;;~;;;j;;------------;-----IO:20I-50--;----I7:II2-50--;-----22:IJJ--;-----22:iJJ--;----JI:5JS--~
L
L
_
C".l
.' CARBURANT
:
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.
---------
.
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"
1 ~~!!_1!_~_!!~~!
--
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~~~~~~!f~~~E~!-~!!~~~!~~--------:----~L:~-!!~~~--i-- -~L~~_!!~~~ __:
~L:_!!~~~_:
~L:_!!~~~_:__~L~_!!~~!_ ~
Tota1 carburant
:
I5.264
:
20.352
:
25.440:
24.000:
36.000:
--------~-~-------------------------------------------
-------------------------------------------------------
GLACE
:
.
.
----....
Prix (F / kg)
:
I 5 :
I 5 :
I5
:
I5
:
I5
:
!~i;!=;!;2;;;=====================~======~~Z~~=====~==
Porteurs et casseurs
:
I O O :
==~~~~~~=====~=====~~~Z~~==~=====~~~Z~~==~====~Z~~~~==
I O O :
IOO
:
IOO:
~
IOO.
----------~-------------------------------------------
------------------------------------------------------
~
Codt total'
: .
3.500
:
7.000
:
I7.500:
I7.500:
35.000:
T;;;;~;;;-;;;j;;-------:------------;~-----I:600~----;-----Ï~600-----:------i:600--:------i:600--;-----Ï:600--;
_____
_
~~-~-~-'-----~-----------------------------------
Chaûffeur
.
. :
I.500
:
I.500
:
I.500:
I.500:
I.500:
-~----~~-_.~----------------------------------~-------
------------------------~-------------------------------
CommissiOIlIuiire
' :
2.000
:
2.500
:
2.700:
2.700:
3.000:
---------------~-~------------------------------------
-------------------------------------------------------
Codt i;otal: par trajet
:
40.8I5 5 0 :
63.5 6 4,5 0
:
I04. 623
:
I03.I83
:
I76.I35
:
__________
_
~----------------------------------L--------
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~ ,k,o;ffft Y:';;;'#" 'if,Ù <!W,.B"(::' ~

- 233 -
mais· après que· l'intermédiaire ait écoulé ses achats auprès des usines
oU S'!J,I' les ma.rchés~· Si le mareyeur a vendu à· perte, .il cherchera à
obtenir du pêoheur une révision du prix ·sur lequel ils s'étaient en-
tendus. Cette pratique est certainement la première source de conflits
entre pêcheurs et mareyeurs.
L'intégration entre le mareyage et la pêche s'exerce dans
les deux sens, mais les motivations diffèrent. A ce qui nous semble,
les autorités sénégalaise~ n'ont pas encore pris conscience du pro-
blème. Le projet CÀPAS, réalisé en collaboration avec l'A.C.D.I., se
propose de doter les unions régionales de coopératives de centres de
mareyage gérés par les coopérateurs en vue d'écarter les commerçants
des circuits. En dehors des risques d'ordre interne encourus par le
projet (4), le CAPAS est soumis à deux objectifs non nécessairement
convergents: améliorer le revenu des pêcheurs par la suppression des
intermédiaires et approvisionner l'intérieur, ce qui limite les m~rges
nettes escomptables et contredit le premier objectif. Si les centres
fonctionnent normalement, ils devront ou éliminer les commerçants ou
prélever une part de la production actuellement transformée. Il est
à craindre que seuls les petits bana-bana soient éliminés (les "gros"
disposant de leur propre flottille) et que la transformation artisana-
le se voie privée d'une part de ses approvisionnements actuels.
Bien que son mode d'organisation soit, dans ses mécanisr:es
et lois, peu ou pas connu, la commercialisation actuelle donne des
preuves de son efficacité, de sa souplesse et de sa rapidité de
réac-
tion à la conjoncture, autant de qualités qui ne peuvent exister sans
une organisation certes quelque peu chaotique, mais bien réelle.
Pêcheurs et mareyeurs entretiennent des rapports complémen-
taires et contradictoires qu'il y a peut-être lieu d'assainir, mÇ~s
qu'il faut se garder de bouleverser tant qu'on ne dispose pas
(4) Les risques d' o:..-dre interne sont : le manque de formation tec~mi­
que des pêcheurs ~ gérer un outil moderne complexe, le manque de
connaissance des marchés, la nécessité d'une métamorphose profonde
des coopératives dont l'uniQue fonction jusque-là était de servir
de relais pour la distribution de moteurs et de matériels de pêche.

- 234 -
d'éléments d'appréciation objectifs. La collecte de la production,
compte tenu de l'irrégularité de la pêche,. de la dispersion des cen-
tres de pêche, du caractèrè désordonné des horaires de débarquement,
suppose une très grande flexibilité de fonctionnement que les modes
d'organisation dits non ~apitalistes ne possèdent pas le plus souvent.
La production ~nnuelle en-poissons transformés représente
30 à 35% des débarquements totaux, ce qui montre l'importance de cette
activité dans notre pays. Mais pas plus que la production, le commerCG
du poisson sec n'a suscité une organisation rationnelle. On distingue
trois types de flux :
Il intéresse principalement le métorah. Ce produit est peu
connu des consommateurs Sénégalais et n'est vendu dans le pays qu'en
HAUTE CASAMANCE (KOLllA et VELINGARA) et au Sénégal Oriental. Il est
expédié vers les pays limitrophes: GUINEE BISSAU, GUINEE et surtout
vers la GAMBIE qui joue un rôle d'intermédiaire pour l'exportation
vers les pays anglophones. Le circuit de oommercialisation du métorah
est généralement détenu par les étrangers qui passent dans les diffé-
rents centres de production, collecter la marchandise.
2 • Le marché urbain.
Le marché urbain est approvisionné PQr de~~ circuits:
- Le circuit long. Des bana-bana vont sur les lieux de fabrica-
tion pour acheter aux femr.Jes le poisson séché qu'ils revendent en gros
dans les villes. Ils peuvent aussi avoir un représent~nt sur place,
chargé d'acheter pour leur co~pte au moment le plus favorable et de
l eur e:-::p~di er le p:roè.ui t par train ou par "taxi-brousse".
- Le circuit direct. Afin de tirer le maximum de profit de sa
}
production, le transformateur vend souvent clirectement ses produits
1
au niveau des marchés urbains.

- ZJS -
3 • Le marohé rural.
--~~----
Il intéresse prinoipalement le kétiakh et letambadiang qui
sont des produits peu chers et peu consommés dans les villes. Dans les
zones rurales de l'intérieur, difficiles à approvisionner en poissons
frais, ces produits constituent un apport important en protéines. Ce
marché est ravitaillé par des bana-bana qui, le plus souvent,pratiquent
des prix que ne justifient pàs les distances.
Dans tous les cas, les conditions de transport sont très pré-
caires. La marchandise est emballée dans des sacs de jute, souvent dé-
jà souillés, en lots de 30 à 100 kgs suivant les cas. Le poisson n'est
à l'abri ni du soleil, ni de la poussière, ni de la pluie. A l' ooca-
-sion des opérations de vente ou de revente, il est soumis également à
l'envahissement des mouches et à l'nction de l'humidité. Il subit de
ce fait,en vieillissant,des altérations rapides qui nuisent beaucoup
àla qualité de l'aliment.
L'autre défaut de cette production tient à l'écoulement mê-
me des produits. Ceux-ci pénètrent très mal dans les zones rurales de
l'intérieur du pays. Le poisson transformé est le seul à pouvoir ali-
menter ces régions, c'est donc un rôlo primordial qu'il devrait tenir.
La commercialisation est laissée à des bana-bana qui sont également
agriculteurs et font ce travail de façon irrégulière voire saisonnière.
Cette activité nous semble pourtant être plus lucrative que le mareya-
ge en frais. Mais elle nécessite parfois plusieurs semaines de voyage
et c'est sans doute la raison du peu d'attrait qu'elle suscite. Une
action en faveur de la transformation devra d'abord passer par l'ins-
tallation d'un bon réseau de commercialisation vers l'intérieur.
L'exportation n'est pas mieux organisée que le commerce du
poisson transformé sur le marché intérieur. En 1960, au moment de l'in-
dépendance, le Sénégal avait exporté 3.000 tonnes de salé-séché et
fumé-s8ché vers les pê..ys anglophones d'Afrique. Depuis cette date,
année aDrès année, ces exportations ont régulièrement baissé et, à part
quelQues ventes en GAl,IBIE, GUINEE :3IS3AU, GlJINEE, COTE D'IVOIRE, GHANA
et NIG~RIA, le commerce du poisson sec avec les autres pays d'Afrique
s'est pratiquement tari même s'il a atteint, en 1983, 1.729 tonnes
pour ~~e valeur de 1.041.350.000 ?
C?A.

- 236 .;.
L'extension de ces marchés extérieurs sera fonotion de la qua-
li té des produits prop'oE?és qu '.il S' agi t de renare- pl us présentables à
l'heure où les pays riverains du GOLFE de GUINEE s'efforcent de dévelop-
. ~er leurs propres activités de pêche. Au Sénégal, la transformation du
poisson est un défi permanent:aùx lois les plus élémentaires de l'hygiène.
Les transformateurs déplorent eux~êmes leurs conditions de travail. Ce
secteur, loin d'être figé, est' prêt à accepter des modernisations. Il
faudra, pour celà, prendre l'avis éclairé des personnes concernées. On a
signalé que les transformateurs utilisent le D. D. T. (I) depuis plus de
vingt ans déjà. Certains consommateurs s'inquiètent de cette pratique
et· cela risque bientôt d'être fort préjudiciable aux transformateurs. Un
produit à base de pyrèthre a été mis au point et expérimenté au ~ali: le
Bioresmétrine. Ce produit utilisé à dose convenable serait sans nocivité.
Il importerait que les agents de la D 0 P M s'occupent de le diffuser
rapidement. Une qualité et une homogénéité parfaites des produits prGpa-
rés, dont la présentation devrait être conforme aux caractéristiques dé-
finies par la Direction de l'OcéanogralJhie et des Pêches Maritimes, é',~)~'2,­
raissent comme la condition sine qua non d'une bonne relance de l'expor-
tation.
L'essor de la pêche artisanale n'est pas seulement dans l'exis-
tence de ressources halieutiques et dans la dépendance d'une transforma-
tion des moyens de production. Il est nécessaire que le poisson puisse
atteindre chaque jour non pas seulement les villes, mais aussi les zones
rurales. Ainsi donc la commercialisation du poisson frais ou transformé
pose des problèmes autrement redoutab~es que la production. Le développe-
celui/.
ment de la production et plus encore du COIDD.erCe sont subordonnés en pre-
mier lieu à l'infrastructure routière, laquelle est nettement insuffisante
pour des denrées de surcroît périssables. Il est certain que le dévelop-
pement du réseau routier et surtout des voies secondaires de desserte
n'auraient pas pour seul intérêt de permettre l'acheminement rapide vers
l'intérieur, de la production de pêche de la banlieue. Ces voies de com-
munication seraient un rnüssant sti~;1Ulant de toutes les activi tés, y co~­
pris du maré',îchage et de l'é),viculture, et pourraient donner le dépé"rt au
(I) D.D.T.: (abréviation de Dichloro- Diphénil Trichlorétane). Insecti-
cide organique utilisé en prophylaxie, toxique pour l'homme.

- 2j7 -
décollage économique véritable de la banlieûe rurale de DAKAR. La cré-
i-
ation d'instàllationspo~lestockage et ltorganisation des circuits
commerciaux conditionnent également le développem€nt
ultérieur des
activités du secteur primaire. Il y a là un ensemble de défis que les
autorités sénégalaises devraient relever pour que soient enfin posées
les bases d'un réel développement économique et social de notre pays.
III - LES CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES PRODUITS DE L'ELEVAGE
La région de DAKAR est le principal pôle de consommation
de viande du Sénégal. Or, nous le verrons, la situation actuelle du
1
marché de ce produit laisse à désirer dans à peu près tous les domai-
.~
nes. Trois facteurs jouent un rôle évident dans les circuits commer-
1
ciaux de la viande: une anarchie extrême, l'utilisation de crédit à
tous les stades, et par voie de conséquence la Qultiplication des in-
termédiaires. Il y a peu encore, il suffisait, pour devenir chevillard,
de se rendre au foirail de DAKAR avec une somme modique, d'y acheter
quelques boeufs à crédit, de les faire abattre le lendemain et on en-
trai t ainsi dans le circuit.
1i:1
La commercialisation de la viande connaît un développement
prodigieux mais l-argent gagné continue à se diluer entre une multi-
tude de revendeurs besogneux et sans envergure. Or, en face de cette
masse de commerçants, les producteurs sont paradoxalement démunis et
incapables de réagir contre l'exploitation dont ils sont l'objet.
l • Le circuit traditionnel.
1
Une énumération eY~austive des animaQ~ vivants qui
participent ~ l'approvisionnement de la région de Th~C~R révèle diffé-
rentes espèces: bovins, ovins, cnprins, volailles, porcins, etc •••
De cette nomencl~ture, il faut retenir que seuls les bovins, les o\\~n3
et les caprins jouent un grand rôle dans la ration alimentaire des

- 235 -
.. Dakarois. Notre étude concernera presque exclusivement la viande de
ces._e13pèces qui,·par son tonnage, les chiffres d',affaires qu'elle
embrasse et les nombreux projets qù'elle a suscités à l'échelon natio-
nal, mérite bien l'attention qu'on lui prête ici.
La loi 77 - 963 du 2 Novembre 1977 a fixé les conditions
légales de la profession de marchand de bétàil. Ainsi- "toute personne
physique ou morale autorisée, dont la profession est d'acheter et de
vendre en gros ou en détail sur les marchés reconnus du territoire,
est considérée comme marchand de bétail". (I) Par cette loi-, les in-
termédiaires peuvent être reconnus officiellement en formulant une
demande préalable d'inscription adressée aux autorités habili tées pour
acceptation et visa. La carte professionnelle délivrée est renouve-
lable vous les ans et garantit "la moralité et la compétence du titu-
laire ".
Cependant, la loi ne fait aucune distinction dans l'appel-
lation des différents intervenants. Pourtant, ils ne forment pas une
catégorie homogène d'opérateurs économiques. Au foirail de DAKAR,trois
types d'intermédiaires peuvent être reconnus:
Le "dioula" qui est, à proprement parler, le véritable marchémd
de bétail. Il est présenté co~e le maillon d'une chaîne de
commerçants qui achètent sur un marché et revendent sur un autre
des animaux qui, de proche en proche, arrivent à DAKAR;
Le "téfanké" qui agit au ni veau des foirails en tant que néco-
ciant ou commissionnaire en bétail;
Le chevillard, boucher en gros ou boucher-abattant qui est le
premier à intervenir dans la transfor~ation du bétail vif en
viande.
L'étude du processus d'achat et de vente du bétail pernet de
préciser les nombreuses carences du circuit traditionnel.
(I) Titre II article 3 de la loi 77 - 963 du 2 Novembre 1977.

- 239 -
a 2 - Modalités des transactions
Si on exclut quelques occasions -très rares, l'éleveur cher-
ohe rarement à v-endre directement ses animaux dans les marohés da,karois.
La commercialisation est, d'habitude, l'affaire des di ouI a qui parcou-_
rent les principales zones de production (DAHRA, MBACKE, LOUGA, etc.J(2)
pour sélectionner et constituer de peU ts lots hé,térog~nes d' animalL"-:
destinés au marché dakarois. Leurs relations avec les éleveurs leur
permettent d'avoir une très_grande solidité financière. Ce sont en
effet les bergers qui financent les dioula
20 à 25% du prix du bétail
seulement
sont payés comptant, le reste 6 à 8 mois plus tard, alors
que le délai moyen d'acheminement et de vente dépasse rarement 3 mois.
Certains grands bouchers-abattants possèdent leur propre réseau de ra-
vitaillement. Ils envoient directement, dans les zones d'élevage, des
acheteurs qui sont des membres de la famille et connaissent très bien
les éleveurs. Ils ont leurs bergers qui acheminent le bétail. Ce type
d'organisation présente l'avantage d'éliminer les intermédiaires.
Depuis quelques années, certains éleveurs-PEUL se sont spé-
cialisés dans les ventes et sont dès lors considérés comme de vérita-
bles dioula. Ils achètent les animaux de leurs voisins qu'ils groupent
avec les leurs et se chargent de vendre tout aux chevill~rds, princi~
paIement à DAKAR. Ces dioula-éleveurs ne sont pas toujours en mesure
de payer entièrement. Ils versent alors un acompte, amènent les bêtes
dans leurs troupeaux et promettent un règlement dans les 2 ou 3 mois
suivants. La variation des cours pratiqués fait qu'assez souvent les
dioula-PEUL calculent mal et retardent le paiement.
Après la collecte et le regroupement qui peuvent durer un
1
mois, les animaux sont acheminés en convois import~nts (tiog~l) au
foirail de DAKAR. Le transport se fait surtout à pied. Le train et le
cauion, du fait de leurs coûts assez élevés, ne sont utilisés que très
(2) Il s'agit là des r:-:,~.rchés les plus inport~nts. L'achat :r>eut se -::~[',irc
partout au SénéCé'.l, y COffil)ris bi en entendu dans la b~Lüi eue ]",::,'2.1 c
de DAKAR. L' "hinterl ~d" bovin, ovin et caprin du CAP-\\G"~~(T couvre
en réalité, tout le Sénégal sauf ses franges méridionales et orien-
tales, le 1iALI et la I.::AURITANIE.

- 240 -
rarement. Ce n'est pas que les commerçants ignorent les bienfaits du
-
-
- wagon à bestiaux ou du camion. Mais ils.n'y font appel qUe dans des
circonstances bien déterminées: quand ils risquent de perdre tes ani-
maux, lorsque les conditions atmospheriques sont mauvaises (donc en
période d'hivernage), au moment où les puits sont à sec su~ certains
parcours, ou quand les animaux sont très fatigués. Ils mettent en wa-
gon ou en camion beaucoup plus volontiers les petits ruminants (mou-
tons et chèvres) que les bovins. C'est une question de commodités et
de prix. Un fait peu connu a probab~ement expliqué le manque d'enthou-
siasme des dioula pour le transport en chemin de fer: les marchands
ne sont pas toujours fixés, au départ, sur la destination finale des
troupeaux. Ce n'est souvent qu'à l'approche des centres consommateurs
et en fonction des informations reçues au dernier moment sur les de-
mandes, les cours, etc ••• que le choix définitif intervient.
Les troupeaux qui arrivent à DAKAR sont en bon état mais fa-
tigués et ne sont pas offerts dans 1! immédi at à la vente. Ils sont ame-
nés aussitôt pour une remise en condition en bordure des NIAYES. Ces
allées et venues au milieu des plants de légumes ne vont pas sans pié-
tinement des produits, d'où une tension entre éleveurs et maraîchers.
Quand les animaux ont retrouvé leur bon ét~t d'embonpoint au bout d'une
seDaine, ils reviennent au foirail où ils feront l'objet des marchan-
dages habituels. Cette arrivée marque l'entrée en scène des téfanké.
Ce sont des inter:nédillires souvent contestés aux fonctions multiples
et dont le champ d'action privilégié est le foir~il. Toujours présents
sur les lieux ou dans le milieu des dioula, ils sont les premiers in-
formbs des arrivages des troupeaux et se mettent immédiatement en con-
tact avec leurs propriétaires. Qu'ils soient L~URES, OUOLOF ou le plus
souvent TOUCOULEUR, les téfanké se caractérisent toujours par une élo-
quence particulière dans la langue qu'ils parlent, ce qui leur perüet
de s'insérer aisément dans les transactions entl~e bouchers et dioula
et ~e les orienter pour déterminer, en dCfinitive, les conditions d'un
accord et fixer, pour le compte du dioula, les IT.oda:ités de paiement.
Leurs rôles constituent un rouage fondru~ent~l du cor.~~erce traditionnel.
Ils jouent les "pro tecteurs l1 de.ns ce lieu de pC:l"cli tion Clu'est DL::=.icR ~,:)u
le dioula frais ac;k!.rqué du roOLOFF ou du NDIML30Un. Le téfanké l~eçoit
le dioula, le loge, prend les animaux sous sa responsabilité av<'mt et
après la vente, assure la régularité de l'affaire traitée et donne ill1C

- 241 -
sorte de garantie morale sur la solvabilit~'de l'aoheteur dans les
opérations de crédit qu'il favorise. Il récupère après les dettes et
perçoit une c~mmission du vendeur- et du chevillard, allant- jusqu'à
15% de la valeur des ventes. Celles-ci s'effectuent en l'absence de
toute évaluation quantitative précise de l'animal. L'estimation du
poids se fait sans utilisation d'instrument de mesure approprié mais
par un simple tâtonnement. Cette pratique est très préjudiciable aux
acheteurs et on peut se demander avec M. DELΠpar quels moyens a-t-on
pu fixer le prix de vente du kilogramme de boeuf et de mouton respec-
tivement à 900 et I.050 F, alors qu'en amont les prix du bétail sont
libres? (3).
Le tableau XXVIII montre que le ravitaillement de n~AR en
bovins, ovins et caprins présente un maximum dès la fin de la saison
pluvieuse et un mi-nimum à partir de Mai. Ces variations s'expliquent
par plusieurs raisons.
Les conditions climatiques rigoureuses du NORD Sénégal à
partir de Mars sont telles que les animaux perdent leur embonpoint
et deviennent d'énormes carcasses ambulantes. Pendant la saison des
pluies, la baisse de l'état général des bêtes subsiste car, si entre
temps les pâturages ont reverdi, les cultures d'hivernage mobilisent
encore les ruraux. A la mi-octobre, tous les animaux se retrouvent
en bon ou très bon état, la chair couverte de bonne graisse et sont
capables de faire de grands déplacements.
Il Y a aussi des fluctuations désordonnées, hivernage co~~e
saison sèche. Elles sont plus faciles à expliquer. Elles résultent
essentiellement d'un manque d'organisation entre dioula et chevillards
et de retards dans l'approche des convois cn route vers le CAP-\\~RT.
Co~~e cela profite aux spéculateurs, la raréfaction des arrivages
s'c.ccompagne, à tout coup, de faux brui~s, renseignements tendancieux
et manoeuvres, le tout habilement orchestré par les téfanké.
(3) DEME A. (38), page 26.

TABLEAU XXVIII
EVALUATION DES VENTES DE B1.èTAIL A D.AKAR EN I983
~~~~~~ : DEME A. op. cit. page 32
----~----'----r-----------------~---------------------
-------------------------------------------------------
.
\\
1 ESPECES
:
BOVINS
:
OVINS
:
CAPRINS
:
---------_...
.
.
.
.
.
.
.
\\ \\ . 1
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
MOIS . \\
PROVENANCE
• SENEGAL
• J.fAURITANIE·
MALI
• SENEGAL
• MAURIT.Al-.TJ:E·
MALI
• SEl\\TEGAL
• NAURITA1'.I"I!:
\\.._._--------------------------------------------------------------------------------------------------
·
:



.
·
•.
·
JANVIER
4.809
272
3.0I4
26.I60
----------------~-------+---------~----------~---------.---------.----------.---------.----------+---------+
FEVRIER
4.I43
I6
7.956
2 .3L~2
;
:
:
1
:
:
:
:
:
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
MARS
· 4.502 .•
•·
34


8.350
•·
:
3.99I
:
-AVRIL------------------ï --,5:i7J--ï-----BO---ï---------ï-20:Û32--ï---2:B02--ï---------r-ii:99i---r---25----r
_________...;.
+
+----------+---------+---------+----------+---------+----------01----------01-
N
MAI
3.329
9 5 .
• I7.2II

2.3I4

I.6IO.
9.b96

93
o:;t

·
.
.
.
.
.
C\\I
----------------~-------------------------------------
·
------------------------------------------------------
1
JUIN
:
3.626:
I 6 :
:
I8.390:
3 I O :
:
I2.466


-JUiLLËi----------------
ï --4:952--ï----------ï---------:--7:626--ï----------r---i:450-:--4~77~---r---------:
------------------------+---------+----------+---------+---------+----------+---------~----------~---------~
AOUT
4.882
I4.I49
603
2I3
7.I65
:
:
:
:
:
·
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
.
SEPTEMBRE
4.I64
:

·
:
I8.420
I2.700
·
. 9.6I2
•·
-ûéTûBRË-,---------------:--6:Û54--:----2B4---:---------:--9:602--ï---i:20B--i-----2J7-:--5~;;8---:---------:
------------------------+---------+----------+--------
-~---------.----------~---------~----------~---------~
NOVEMBRE
4.5I2
II.476
309
II7
6 .6L~6



:




.
:
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
DECEMBRE
5.486
·
.,
33
•·
:
I2.444
•·
680
5.I75
•·
-~--------~---------------------------~--------------- ------------------------------------------------------

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- 243 -
b - Le commerce de la viande.
Avant d'être livrée aux consommateurs dans les mf-.rchés de
la capitale, la viande subit des traitements dont les principales
phases sont effectuées dans les trois salles spécialisées des abat-
toirs municipaux (5). On peut schématiquement distinguer:
- La saignée faite selon le ri te coranique. Couchés sur le sol
et conscients de leur sort, les animaux résistent avec énergie. Le
vacarme est assourdissant car la force vive des animaux est bien con-
nue. Cela n'empêchera pas l'équipe des tueurs de se courber face à la
KAABA (direction de La MEOQUE) , d'invoquer le nom d'ALLAH sur leurs
couteaux et de les égorger. Les animaux sont alors accrochés au réseau
aérien et poussés vers la salle d'habillage.
- L'habillage. Les tueurs dépouillent l'animal de sa peau et lui
enlèvent tous ses viscères. L'habillage se termine par le sciage de
la carcasse qui va être une nouvelle fois accrochée au réseau aérien
pour être conduite à la bascule pour le pesage. Quand la viande est
pesée et estampillée par les agents de la S.E.R.A.S. (Société d'Ex-
ploitation des Ressources Animales du Sénégal), elle est amenée à la
salI e de découpe.
- La découpe consiste en une fente longitudinale de la carcasse
en deux dem-boeufs et en une séparation de chaque demi-boeuf en deux
quartiers. Le quartier de devant comprend une épaule, la moitié de
l'encolure et la moitié de la poitrine. Le reste, ap~elé quartier de
derrière, est, selon M. LY, le "pan tr2.it6", terr::inolocie emprunt&e
au co~erce de gros de certains pays (6).
Une fois le paiement de la taxe effectué, les carcasses
sont aC:1c::ünécs vers lc frigorifique dont les cases sont louées. Tou-
(4) Pour plus d'inforoations, nous renvoyons le lecteur a l'étude de
1
LY BOCAR (88), page 71 et suivantes.
1
(5) Une salle de bovins, une salle d'ovins-caprins, une salle de por-
cins et équins.
(6) LY B. o~. cit. page 74.
1

- 244 -
tes les viandes frarohement abattues doivent obligatoirement séjour-
ner p-endant 24 heures ~u frigo:rifiqué.
Le "circuit mort" ou oircui t de la viande et de ses dérivés
oommence à l'abattoir et se termine dans le bol du consommateur.
b 2 - Les agents de la oommercialisation.
------------------------
Les agents de la transformation entrent dans la catégorie
des bouchers-abattants. On appelle boucher-abattant tout_commerç2~t
qui
achète du bétail sur un foirail ou auprès d'un éleveur,
l'abat ou le fait abattre,
vend la viande obtenue, soit en gros ou de~i-gros, soit au
détail.
Cette définition,assez vague, ne f~it aucune distinction
dans l'appellation des différents intervenants. On distingue deux ca-
tégories de bouchers: les chevillards et les bouchers-abattants-dé-
taillants.
~~ ch~!~~lard~ sont, par définition, exclusivement des grossis-
tes. Ils assurent l'achat du bétail, sa transformation et la vente ~
la cheville de la carcasse et de l'ensemble du cinquième quartier (7).
Quatre catégories de débouchés s'offrent aux chevillards:
Les collectivités administratives (cité universitaire, h5pitaux,
prisons, armÉe, etc ••• ). Les viandes commercialisées sont de
toutes espèces et de première qualité, sauf celles destinées
aux établisse~ents pénitenciers.
- La boucherie moderne de détail et les supermarchés intéressés
par les seuls chevillards c~pables de leur fournir des carcas-
ses de qualité extra ou de première qualité, destinées à une
clientèle pl'ivilégiée.
(7) Le cinquième quartier est le terme par lequel les bouchers désignent
tout ce qui, lorsque l'animal est tué, vidé et dépouillé, peut être
commercialisé en plus des quatre quartiers qui composent la car-
casse. Il comprend : le foie, le coeur, le poumon, la langue, la
cervelle, la. rate, les JOUGO, les suifs, la p,,"nse, les pieds, le
cuir, les cornes, le ;;]useau, les on~lcs, etc •••

- 245 -
- L'exportation vers les pays voisins.·- Ces exportations, encore
t:;-ès timides, ont rapporté, en 1983, 600 millions de francs
·aux ch evi Il ards. -
- Le ravitaillement quotidien des bouchers exclusivement détail-
lants.
~~~_~~~her~ab~!ta!!!~dé!~!.ll~!~.Ils opèrent sur une
échelle beaucoup moins importante et surtout ils poursuivent leur ac-
tivité jusqu'au stade du détail. C'est souvent un circuit très court,
puisque le même commerçant s'approvisionne directement en animaux vi-
vants, les fait abattre et assure ensuite la préparation et la vente
aux consommateurs.
Le milieu du commerce du bétail et de la viande est très
particulier. Il est organisé selon les ethnies et les castes :
les éleveurs sont PEUL ou TOUCOULEUR,
les dioula sont presque tous SARAKHOLE castés,
les téfanké sont OUOLOF ou MAURES,
les chevillards généralement W~URES,
les ouvriers PEUL castés,
- les bouchers-détaillants sont des OUOLOF cas tés (le statut de
boucher est une caste et non une profession).
Les chevillards maures ne sont pas, contrairement à ce Que
l'on croit, des TOUCOULEUR de 1~URITANIE, mais des MAURES Arabes-par
leur culture et leur langue, bien que tous noirs (8). A l'origine es-
claves (HARANTINS), ils ont conservé de leurs origines modestes un
style de vie très fruste: logements simples, généralement à PIICINE ou
KHOUROm~AR dans la banlieue d~caroise, pas de véhicules particuliers,
etc ••• Les revenus importants que leur procure le co~~erce sont sur-
tout conservés liquides. En 1968 - 69, le relevé des abattages de 20
chevillards les plus importants en viande de bovins indiquait un ton-
nage global de 5.044 tonnes correspondant à un chiffre d'affaires de
(8) AUIN S. (I3I), page lOI.

- 246 -
478.350.000 F. CFA (9). Ces sommes ne sont pas surpren~ntes. Ce qui
est dangereUx, c'est la "saignée" d'Ël,.rgent-qu'elles 'représentent_ lors-
qu'on sait que ces commerçants mènent une existence d'ascète, envoient
tous leurs bénéfices en W~URITANIE et ne payent, pour la plupart, que
des patentes dérisoires et des impôts ridicules par rapport à leurs
chiffres d'affaires. C'est, malheureusement, un des aspects de la frau-
de fiscale qui passe inaperçu au Sénégal.
b 3 - La consommation de viande.
-------------------------
La presqu'île du CAP-VERT est considérée comme l'un des
grands pôles de la consommation de-poi.sson frais du pays. Cette den-
rée, source protéinique de base des classes pauvres perd son impor-
tance dans la dépense d'alimentation au fur et à mesure que le revenu
s'accroît. L'augmentation du niveau de vie permet une plus grande
consommation de ce qu'on appelle l~s "produits coûteux" ou "produits
riches" tels que la viande. C'est un aliment "noble" qui appartient,
selon la terminologie économique, aux "luxury foods" de notre région,
c'est-à-dire à la catégorie des biens non immédiatement nécessaires(IO).
La production de viande et abats donne une conso~~ation de
I2 kgs par tête d'habitant. Les bovins fournissent 59%, les ovins et
caprins 22%, les volailles IO% et les porcins et équins 9~.
La consommation moyenne de I5,7 kgs prévue par le VIe pla.n
de développement implique un surplus de production de 30.000 tonnes
de viande entre 1980 et 1986. Or, de 1970 à 1980, la production n'a
augmenté Que de 7.000 tonnes. L'objectif de consommation du VIe plan
semble être Url pari impossible. L'atteindre Sup})ose qu'on atteigne
au Sénégal l'autosuffisance en matière de production. Il paraît im-
portant de souligner que le problème de la viande à DAKAR ne doit
pas être considéré et trai té indépendamment du contexte consti tué po.r
la production et la commercialisation du bétail au Sén6C2.1. Bien 2.U
contraire, l'imlJOrtance remarquable du oarché da~,;:a.rois, Q.ui représen-
(9) BA roI., UDAO o. (23), page 934.
(ro) LY B. op. cit., page r4.

- 247 -
te un tiers des abattages contrôlés de gros bovins sur l'ensemble du
~erritoire, empêche de le considérer_isolément. Il~erait vain-aussi
de faire un effort important au niveau de la production et de la com-
mercialisation du bétail, en laissant l'anarchie se développer au
stade de la transformation et de la distributlon de la viande~ Depuis
plusieurs années, les prix de la viande aux stades de gros et de dé-
tail ont marqué une augmentation très importante. Cette hausse n'a pas
été répercutée dans les mêmes prôportions au niveau des prix de produc-
tion.Par ailleurs, les consommateurs dakarois mangent de moins en
moins de viande, les prix augmentant beaucoup plus vite que leurs re-
-venus. Il y a donc un sérieux effort à faire pour rationaliser l'ex-
ploitation et la commercialisation des productions animales.
c - Les conditions d'une amélioration du circuit traditionnel.
L'importance des inter~édiaires dans un circuit n'est plus
à démontrer. Ils permettent, en effet, de "minimiser le nombre des
transactions nécessaires, d'établir un contact étroit entre le marché
et les producteurs, de minimiser les coûts de stockage et les risques
encourus tout au long du processus de distribution". (II)
Si l'existence des intermédiaires se justifie donc en théo-
rie de distribution, leur nombre pléthorique par contre, dans le con~er­
ce de la viande, représente W1 facteur incompatible avec l'organisa-
tion rationnelle d'un bon circuit. L'anarchie qui règne actuellement
dans les circui ts du bétail et de la viande à DAKAR, et qui pénalise
la grande majorité des consommateurs comme des producteurs, n'est pas
sans profiter à un certain nombre de professionnels parmi lesquels
il y a de très gros commerçants mais également toute une masse de pe-
tits parasites. Il y a de toutes façons trop de fonctions non ou in-
suffis~~ent productrices: 117 chevillards, 380 bouchers, 198 débiteurs
officiellement recensés au CAP-VERT et la foule innombrable de petits
revendeurs pour transformer et commercialiser les 26 tonnes de car-
casses et d'abats, c'est vraiDent be~uccup trop. Le nombre énorme de
tueurs, d'aides, d'apprentis et de parasites en tous genres, coûte en
(II) LINDON D., LN~DREVIE J., LAUYER R. op. cit., page 196.

- 248 -
définitive très cher, surtout pour un travail mal fait. C'est un des
' .
-
défauts les plus graves de la transformation' de la viande à DAKAR. Cet
1
élément'contribue pour une large part au renchérissement de la viande
entre le stade du bétail vif et celui de la vente à la cheville et au
détail. Cette situation a été, à plusieurs reprises, décriée par les
services du commerce intérieur du fait qu' elle rend difficile tout
contrôle des prix et favorise la spéculation en période de pénurie. Les
efforts entrepris pour pallier ces carences sont encore timides et les
problèmes demeurent.
Le désordre qui prévaut dans les secteurs de la distribu-
tion exige des mesures énergiques de réorganisation. L'assainissement
ne signifie pas une élimination systématique des méthodes et des cir-
cuits traditionnels. Ceux-ci sont le résultat d'une adaptation au oi-
lieu ..,et aux conditions économiques et sociales. Toute réfonne
pour être
efficace, doit viser à
La région de DAKAR dispose de deux coopératives spécialiséos
de marchands de béta::'l et de bouchers-chevillards. :Mais aucune de ces
organisations n'a assuré jusque-là les fonctions qui lui sont assignées.
(I2). Le défaut d'organisation est souvent imputé au mode de vie de
l'éleveur qui ne favorise pas son insertion dans de telles structures.
Une redynaoisation des coopératives s'impose donc. Sans ~i­
nimiser l'importance des autres fonctions qui doivent être poursuivies
avec vigueur, les organismes coopératifs ont intérêt à privilégier la
participation effective des coopérateurs dans la vente afin que soient
supprimés, dans le circuit, tous les parasites.
Le co~nerce du b~tail et de la viande est env&hi par w:
grand nombre de spbculateurs Q.ui Gênent les véritables profession.~c1i;.
(I2) Ces coop~ratives ont pour tâche d'assurer le développement de la
profession, de faciliter et garantir les opérations de production
et de conmercialisation sous toutes ses formes, d'o~g8.niser l'a-
chat en commun de tous les produits nécessaires aux activités
pastorales, de proDouvoir les opérations d'intérêt collectif et
d'avaliser les prêts c01128ntis par les organismes de cr8dit.
(nill.:E A. op. ci t., pc:c;c 30).

- 249 -
Cette sitùation est, en partie, due à ,l'inapplication des dispositions
de la loi 77-- 963 fixant les modalités d'exercice des professions
-
-
d'intermédiaires. Profitant du désordre, des personne~ malintentionnées
procèdent à des abattages clandestins dont le volume, selon l'Inspeo-
tian Régionale de l'Elevage, peut atteindre ID tonnes par mois. Ces
marchés parallèles drainent beaucoup de clientèle à cause des faibles
prix offerts. En fait, sauf des vérifications périodiques par un fonc-
tionnaire connu, donc repéré, les usagers ne font pas "la police entre-
eux" au nom de cette indulgence ou de cette gentillesse sénégalaise
(la fameuse "téranga") qui, malheureusement, protège parfois des faux
commerçants. Cette élimination des parasites du circuit ne doit pas
être perçue comme un acte limitatif. Tout individu répondant aux con-
ditions de moralité et d'aptitude fixées par la loi peut exercer la
profession de marchand de bétail ou de viande.
c 3 - Améliorer les infrastructures.
-----------------------------
Les animaux arrivent à Dakar fatigués et amaigris. Il con-
vient donc d'aménager de véritables parcs de bétail et d'en limiter
l'accès aux seuls professionnels.
Le foirail de THIARDYE comme celui des petits ruminants
sont de vagues parcs Sans aménagements particuliers. Les installations
sont rudimentaires et se composent essentielle~ent de hangars servant
d'abri, et d'abreuvoirs pour les animaux. Cette absence d'équipements
ne permet pas d'appliquer la vente au yoids qui, seule, pourrait fa-
ciliter l'adéquation entre les coûts et les prix de vente.
Si Dakar est dotée d'un bel abattoir auquel s'est ajouté lli1
frigorifique, les produits continuent à être traités de façon inac-
ceptable (pour une partie d'entre-eux tout au moins) ~ussi bien ren-
dant la transformation que durant le transport et l~ distribution. Il
est pénible de voir la viande fraîche, en quartiers et en morceaux,
trimballée à dos cl'hoITune dans des condi tions d'hYGiène inexistantes.
Par ailleurs, la pr6sence de l'équipement moderne n'a pas empêché la
hausse continue des prix tant au stade de gros Que de détail alors Que
cette augmentation n'est, en rien, justifiCe par l'évolution des prix

- 250 -
du bétail au niveau de la production. En définitive, on se trouve en
face d'une -transformation coûteuse, d'une distribution anarchique et
enfin d'une augmentation des prix de détail si rapide et si forte
qu'elle a provoqué une diminution régulière de la consommation moyenne
individuelle :
1960
24,4 kg par tête d'habitant et par an; 1965 : 17,2 kg;
1970 : 21,5 kg; 1975: 13 kg; 1980 : 12,5 kg; 1985 : 12 kg.
Ce type de circuit regroupe les opérations de production de
l'animal, de transformation et de commercialisation. Le système intégré
des sociétés et projets d'élevage permet de réduire l'activité des
intermédiaires. Il entraîne un contrôle rationnel des circuits à plu-
sieurs stades de la distribution, une Gvaluation çorrecte des coûts
de production et une satisfaction constante des clients en matière de
qualité des services.
i
Ce circuit moderne regroupe trois sociétés et projets d'éle-
vage.
J
a - L 'A G ROC A P.
La Société Agricole du Cap-Vert (ou Ranch FILFILI) est une
chaîne privée au capital de 85 millions de francs dont le début des
activités remonte à plus de 25 ans. Elle offre un exemple intéressant
d'une e~loitation intégrée à la ville de Dakar en contribuant à son
ravitaillement en produits divers (viande, oeufs, fruits, légumes et
fleurs) •
Le ranch couvre une superficie de 678 hectares faisant l'ob-
jet d'un titre foncier et emploie des centaines de personnes chargées
de l'ericâdrement et de l'entretien des animaux.
30vins, ovins et caprins sont ac:,otGs dc,ns 12. ferme même c..
SEBIKOTANE auprès des moula PEUL ou MAURES venus du DJOLOFF, de la
région de SAINT-LOUIS et de la l.:AURITANIE. Le naissage et l'embouche
sont réalisés dans les fermes du ranch. L'activité d'embouche des bo-

- 251 -
,vins, bien que récente, fait de grands progrès: les animaux sont nour-
ris, avec des aliments concent~és, pendant deux mois dans les parcs
clos avant d'être destinés-à l'abattage. La transformation est effec-
tuêe dans les locaux-mêmes du complexe. L'abattage et la charcuterie:
fonctionnels depuis bientôt 20 ans, n'ont cessé de se développer et de
se moderniser jusqu'à atteindre une capacité de 20 boeufs et de 30
porcs par heure. La vente de la viande s'e~fectue au niveau des 2 maga-
sins en libre service de la société: le supermarché aux ALL~ES-R03=RT
DELIt'lAS et le RAnCH F1LFIL1 au Boulevard de la République.
b - La S.O.D.E.S.-P.
La Société de Développement de l'Elevage en zone Sylvo-Pas-
torale (S.O.D.E.S.-P.) est un établissement public à caractère indus-
triel et commercial créé par la loi 75-61 du 2 Juin 1975, pour exécu-
ter le projet de développement de l'élevage dans la zone sylvo-pasto-
raIe et d'une manière générale pour promouvoir le développement de
l'élevage et l'exploitation des productions animales.
Pour exécuter cette mission fondamentale, la S 0 D ~ SPa
mis en place un système de production et de commercialisation du bé-
tail et de la viande dans lequel elle assure, auprès des professionnels
du secteur, des fonctions d'encadrement technique, de crédit, de com-
mercialisation (achat du bétail, vente de viande) et d'~ssi3tance so-
ciale.
La réalisation des objectifs de production repose sur la
spécialisation des stades essentiels de l'élevage (reproduction ou
"naissage", croissance ou "r éélevage", finition ou "embouche") et
leur intégration dans une:ilière continue, depuis l'éleveur nais2eur
de 10, zone syl VO-Po.storal e jusqu'au conso' '[;lo.teur urbtlin, en po.SSa11t
par le rééleveur et l'emboucheur. (fig. 27).
Le n~issa3e est orCGnisé dans l~ zone sylvo-p~storale dGDS
des secteurs de :.'elJrOùuction Qui cor;rportent chacun, au Goins, 4 C3:-:-t::':'08
d'encadrement et de p=oduction. Un Centre d'~ncadrement et de Produc-
1
tion (C.E.P.) est dufini par l'ensemble des éleveurs sédentarisés au-
1
1

-252-
Fig. f!!:7..
Implantation des· zones de production de
la SeDESp._
F.CIIELL~~
1/4 000 000
0:..._----=.5 0
10a km
o
o
••
Li.nguere
Kébémer ••••....... I~
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LF.G RN DR
1Lin dé/ Filière de production n o 6
6
Zone de naissoae de Lindé
. . Zone de rp.p.levnp;e
e
7.one d' embouche du r:ap-Vert

Transfo rmRtion et di stribu tion
••••••
Limite de ln zone B:ylvo-pa~tornlp.
1
i1
}
.1
1

- 253 -
tour d'un forage, dans un rayon de 15 à 20 km et qui ont accepté de
soul?crire au çontrat d'Assistanoe au Développement de. l'Elevage Nais':"'"
. seur (CADEN). Le forage, pour devenir un C.E.P., doit pouvoir débiter
3
400 à 500 m d'eau par jour.
1
1
Le réélevage, deuxième maillon technique du processus d'in-
tensification de la production de viande bovine, se déroule dans le
ranch de DOLLY, en bordure du bassin arachidier. Le réélevage est éga-
lement organisé en secteurs structur.és comme au naissage. Pour réélever
les 35.000 veaux qui sont déstockés,chaque année,des 6 zones de naissage,
il est
nécessaire d'étendre le réseau hydraulique aotuel du ranch, de
même que sa surface (90.000 ha). L'objectif étant de produire en 2 ans
un bovin de 350 à 400 kgs à partir d'un veau pesant, au départ, I50 kgs
à un an, c'est une surface 5 à 6 fois supérieure à celle du ranch de
DOLLY qu'il faudra viabiliser par la création de nouveaux points d'eau.
Le rééleveur est celui qui accepte les clauses du CADER (Con-
trat d'Assistance au Développement du Réélevage), contrat par lequel
il prend en charge 200 à 250 mâles, ainsi que les frais inhérents à
la conduite et à la gestion de ce troupeau. Tout animal ayant atteint
l'objectif de production retenu, est repris par la SODESP qui rémunè-
re le rééleveur sur la base d'un prix garanti qui, cependant, ne doit
pas dbpasser celui du bétail, de même poids, issu du système tradi-
tionnel d'élevage. Par la même occasion, le crédit de production (bé-
tail et intrants) fourni au rééleveur par le projet, est déduit de la
valeur de l'animal.
Après le réélevage, le bétail passe dans les centres d'em-
bouche, soit en milieu rural (embouche paysanne), soit à proximité de
1
grandes unités agro-industrielles (embouche industrielle). Dans la
région de DAKAR, l'embouche se fait à KEUR 1~SSAR en pleine zone des
NIAYES. Au niveau des centres consommateurs, le bétail est pris en
charge par les services de la transformation et de la distribution. La
transformation est faite aux abattoirs municip~ux. La SODESP vend ses
produits à deux chevillards de DAKAR (I3)
1
(I3) En I982, la SODESP a écoulé sur le marché dakarois 473 tonnes de
viande, oe qui représentait 5,6% du tonnage commercialisé.

- 254 -
c - La S.E.R.A.S.
La Société d'EXploitation des Ressources Animales du Séné-
gal est une société d'économie mixte, créée le 8 Août 1962 à l'initia-
tive du gouvernement dans le but d'assurer l'étude et la réalisation
d'opérations susceptibles de promouvoir l'extension de la production
du cheptel sénégalais et son exploitation rationnelle (l4).
1
La SERAS intervient comme chevillard dans le secteur de la
viande. Elle achète des animaux, les fait transporter aux abattoirs
~et organise sort propre réseau de vente. Selon les promoteurs de la
sooiété, la SERAS ne s'est pas fixée pour obj eoti f de se substituer
aux professionnels du commerce de la viande. Son but est plutôt de
contribuer à l'assainissement et à la moralisation des circuits de
distri bution.
Afin de répondre aux désirs des consommateurs, la SERAS a
engagé une opération "camion boucherie ambulante". Le camion, station-
né au marché TlLENE de 9 h à l7 h, s'occupe quotidiennement de la dis-
tribution des produits de la société. Les invendus sont évalués à 10~
en moyenne sur un total annuel de près de 90 tonnes. Le but de cette
opération est de contraindre les bouchers-détaillants à appliquer les
prix officiels fixés par le ministère du commerce. Les consommateurs,
de plus en plus nombreux, réclament l'extension de cette affaire alors
que les bouchers, dans leur majorité, condamnent et jugent cette pra-
tique anormale.
ii
La vente de la viande représente encore une faible propor-
tion du chiffre d'affaires de la SERAS. (3.723.205 F sur un total de
74.644.100 F). Le programme de développement du secteur de la viande,
établi par les VIe et VIle plans de développement éconoœ~que et social,
devrait permettre à la SERAS d'accroître son efficacité dans ce docainc.
Le circuit intégré représente actuellement 20% du chiffre
d'affaires global du secteur de la viande (l5). Cette faiblesse trGdu~t
(l4) Artiole 2 des statuts de la SE~\\S.
(l5) DEME A. op. cit., page 76.

-255 -
une oertaine absenoe d'agressivité oommeroiale. Plusieurs oontraintes
limi tent l'expansion des sooiétés et pr~jets d'élevage dans le domaine
de la distribution. On· peut oi ter 1
- Les oontraintes financières: les moyens utilisés sont inadéquats
par rapport aux objectifs fixés;
les contraintes juridiques: interdiction est faite
aux so-
ciétés de soumissionner certains marchés réservés;
les contraintes liées à la cpncurrence des bouchers tradition-
nels.
Face aux lacunes et imperfections des structures actuelles
de distribution du bétail et de la viande, il s'avère nécessaire de
procéder à une réelle transformation de la situation. Les éleveurs,
qui sont loin de tirer de leur troupeau toutes les ressources poten-
tielles et qui ont à juste titre conscience d'être restés à l'écart
du progrès économique et social, peuvent espérer qu'une réforme struc-
turelle conduise à une exploitation plus rémunératrice et mieux coor-
donnée du bétail leur permettant de sortir du cercle vicieux de l'é-
conomie de subsistance dans lequel ils se débattent. Les consommateurs
retireront, des actions projetées, une satisfaction pas des moindres.
Ils sont en droit de s'attendre, d'un circuit de distribution mieux
organisé, à un approvisionnement correct et à des services de qualité.
La consommation de viande de cheval, d'âne et de porc est
j
formellement interdite par l'Islam. Les enquêtes de M. FOUGEYROLLAS
sur le devenir des valeurs dans la région de DAKAR, montrent que la
religion continue d'avoir une réelle emprise sur la vie des Musulmans.
Or, dans le CORAN, les recommandations sont catégoriques: "vous sont
1
interdits la bête narte, le sang, la chair du porc et ce sur quoi on
a invoqué quoi que ce soit d'autre que DIEU". CI)
1
l
Seuls les porcins assurent un apport substantiel en produits
1
i
carnés.La1r production et 1a.Jr commercialisation sont entre les mains des
l
membres de la religion chrétienne. Les animaux vendus proviennent es-
CI) Ce p<::.ssage est extrait de la sourate 5 "Le pl['~t servi.", verset 3
1
du COR.t\\N.

- 256 -
sentiellement de la CAS.Al4ANOE et du pays SERERE où les paros oonsti-
tuai ent autrefois et oonat1 tuent encore une bonne partie du pet! t éle-
vage. La forte empreinte du christianisme -dans ces deux régions a été
un facteur favorable au développement de l'élevage porcin. Pour son
ravitaillement en porcs, la région de DAKAR est néanmoins dépendante
de son propre élevage pratiqué par 1
les originaires des ILES du CAP-VERT qui font un élevage pure-
ment familial,
- les chevillards dans leurs fermes de stabulation situées dans
la banlieue de Dakar qui apparaît davantage conune une région d'embouche,
le pays SERERE et la CASAMANCE étant surtout des secteurs naisseurs.
Cette interdépendance entre pays naisseurs et région de finition est
surtout conditionnée par l'abondance de la nourriture destinée aux
porcs à DAKAR et qui est récupérée par les employés des chevillards.
Les intermédiaires sont ici beaucoup moins nombreux que dans
les autres circuits. De la production à la consommation, les produits
passent entre les mains de 2 ou 3 intermédiaires. Ce sont
- Les commerçants de brousse, communément appelés en OUOLOF "Baye
GANARE". Ce sont des agriculteurs venus chercher dans le commerce de
la volaille, un moyen pour étendre leur champ d'activité écono~ique.
Leur nombre augmente surtout pendant la saison sèche, période de sou-
dure où l'argent et la nourriture manquent dans presque toutes les fa-
milles paysannes.
Les rabatteurs ou bana-bana sont généralement citadins et tra-
vaillent sur des effectifs plus importants. Ils font la navette entre
zones de production et centres de consommation, récupérant les produc-
tions pour les redistribuer aux grossistes.
- Les grossistes. A la différence des commerçënts de brousse et
des b ana-b ana , les grossistes ne viennent jamais sur les lieux de pro-
duction. Ils sont ravitaillés par les autres intermédiaires et ont pour
principaux clients les détaillants, les restaurants et les hôtels.

- 257 -
Les modalités de la oollecte et du transport des produits
de l'avioulture varient beauooup suivant le8 moyens 4e ohaque agent
- ~e oommeroialisation. Mais généralement, le matériel utilisé est très
sommaire- et répond assez bien 'au oontexte économique' du milieu. Dans
oe matériel, on trouve des ficelles, des paniers, des saos, des "bâ-
tons porte-bagages", mais aussi la grande oaisse de oarton ou la oage
en bois grillagée. Les conditions de transport sont assez pénibles pour
la volaiile. Celle-ci peut attendre, immobile, parfois des heures en
plein sol eil, sans abreuvement suffisant, avant d'être réexpédiée par
taxi vers Dakar. Au cours du voyage, ~es volailles sont plaoées dans
dès paniers géants sur le toit des automobiles.
Depuis quelques années, on assiste à une hausse du prix du
poulet et des oeufs, oe qui a pour inconvénient majeur de faire reou-
1er la oonsommation. Les produoteurs ,eux-m&mes, dans la majeure partie
des cas, ne tirent que de faibles avantages de oette augmentation.
C'est dire qu'il y a urgenoe à envisager la normalisation de la vente
des produits avicoles. Dans tous les cas, il y aurait avantage à fa-
voriser ou enoourager les cirouits oommeroiaux courts où le producteur
lui-même monte son propre réseau de distribution.
Produire n'est pas suffisant, il faut ~ussi vendre et vendre
mieux. Toute perspective de développement de la production avioole est,
en fait, inséparable de son complément logiques une organisation ra-
tionnelle de la commercialisation permettant de valoriser au maximum la
production dans l'intérêt à la fois du producteur et de l'économie gé-
nérale.
Dans le système actuel, la oommeroialisation au niveau des
producteurs ruraux est entièrement entre les mains d'intermédiaires
qui achètent pour le compte de commerçants. Il est pourtant évident
que ce système constitue un frein à toute expansion et qu'il faudra
le réorganiser profondément. Le développement de la coopération aura
certainement un grand rôle à jouer dans cette réorganisation. La coo-
pérative, telle qu'elle existe actuellement au Sénégal, est loin, mal-
gré ses remaniements successifs et les efforts tentés, de jouer son

- 258 -
ra1e et à.e tenir la p1aoe qui clevrai t lui revenir. Dans le oadre du
développement avioo1e, oe r6~e est véritablement 1mmen~e oar il sert
de support. I1- n'est pas question de faire ioi le procès de la coo-
pération telle qu'elle est pratiquée dans notre pays, mais nous de-
vons souligner l'intérêt qu'elle peut avoir dans la prise de co~s­
01enoe des avioulteurs. Ceux-ci seront plus puissants s'ils oonsti-
tuent une coopérative qui pourra parler au nom d'un grand nombre
d'entre eux.
1
f1.~!

- 259 -
CHA PIT R E
VIII
c====~=======~~~==~==a
LES TYPES DE CO:MMERCE
La quasi totalité des produits fournis par la banlieue rurale
de DAKAR aboutissent surIes marchés publics de la capitale, situés le
plus souvent dans les quartiers dits "populaires". Les équivalents de
la poissonnerie et même de l'épicerie sont peu nombreux à DAKAR et ne
sont, par ailleurs; fréquentés que par les expatriés et la bourgeoisie
locale qui est de taille très réduite.
Comme l'écrivait M. VENWETIER (I), ces marchés publics cons-
ti tuent un "pôle essentiel de la vie urbaine" et jouent "non seulement
un rôle économique mais également un rôle social." Avec l'extension de
DAKAR, ils se sont multipliés. De nos jours, la municipalité gère 30
marchés qui sont, pour la plupart, équipés de stands ou baraques en bois
loués à l'année. D'autre part, des stalles sont cédées à la journée
moyennant redevance de 15 F. L'estimation de leur nombre résulte de la
division de la recette journalière moyenne par le montant de la rede-
vance. Les marchés dakarois comptent ainsi environ 13.400 stalles et
2.400 stands en dur. A I,5 vendeur par poste, les marchés offrent quel-
ques 24.000 emplois (2).
1
Les marchés les plus importants jouent désormais un rôle de
fournisseur pour les autres. Il se dessine ainsi pour trois d'entre-
eux une spécialisation. Des produits jusque-là confinés dans une par-
tie de SANDAGA ou de T1LENE font maintenant l'objet d'un marché parti-
culier. C'est ainsi que CASTOR sert de marché de gros des légumes. En
Août, période peu favorable aux produits maraîchers, 12 tonnes de lé-
gumes y sont déchargées quotidiennement. Le ffi0rché de la GUEULE TAP~~
(3) joue le même rôle en ce qui concerne le poisson: 35 camions appor-
tent chaque jour le poisson frais à DAKAR. Les abattoirs servent de
marché de viande à la population dakaroise.
(1) VENNETIER P. (116), page 160.
(2) Etude du plan directeur d'urbanisme de Dakar. (115), page 160.
(3) appelé également NDOKETT.

- 260 -
Le oommeroe de détail ne s'effeotue pas seulement sur oes
marchés, mais en réalité dans touie la ville, "ohanip d'aotion demil~
liers de revendeurs et revendeuses" (4) -qui tissent ainsi des liai-
sons multiples et complexes entre les producteurs ou les commerçants
d'une part, et les consommateurs de l'autre. Dans son ensemble, l' ac-
tivité détaillante grossit et s'émiette par la base, car pour les
citadins nouveaux ou même anciens qui ne disposent que de leur force
de travail, le petit commerce constitue une structure d'accueil. l,iais
le ma.nque de statistiques sûres empêche de rendre oompte de sa dyna-
mique (5).
Ce sont ces divers aspects or1glnaux du commerce en milieu
urbain que ce chapitre se propose d'étudier dans les pages qui suivent.
l - LE COMMERCE DE GROS -
--
--
-
-
Les abattoirs de la municipalité de Dakar sont, non seulement
le lieu de la transformation du bétail en viande, mais également un
marché de gros. L'agent principal à ce stade est le chevillard. Chaque
matin, pendant que les tueurs et leurs aides s'affairent à l'aba.ttage
et aux opérations annexes, il entame des transactions dans la salle
contiguë au frigorifique. Les débouchés de ce chevillard sont les col-
lectivités locales (armée, écoles, hôpitaux, cité universitaire, etc ••• )
les bouchers du secteur dit moderne et les marchés de fourniture p~s­
sés avec les bouchers-détaillants traditionnels.
1i
l
• La vente aux collectivités locales.
La vente aux collectivités entre dans ce qu'on appelle les ~~r­
chés publics. "Les marchés publics sont des contrats administratifs
relatifs aux travaux, fournitures ou services conclus par l'Etat, les
établissements publics ou les collectivités loc:ües. Il est obliga-
toirement passé un marché pour les achats de fournitures livrables 2U
fur et à mesure des commandes, lorsque les besoins annuels prévisibles
(4) VENNETIER P. op. cit., page 162.
(5) }ffiOW L.S. (92), page 4.

- 261 -
de la personne morale justifient l'acquisition d'une quantité dont la
valeur excède un million de francs." (I)
L'approvisionnement des collectivités en viande se fait sur
appel d'offres. L'expression éclaire sur les mécanismes de ce commer-
ce. Les accords ne sont pas directement conclus avec les fournisseurs
mais précédés d'un appel à la concurrence qui s'adresse, dans le CAP-
VERT, aux seuls fournisseurs présélectionnés par l'Etat. La concur-
rence s'effectue sur les prix, le valeur technique des prestations
offertes et les garanties professionnelles et financières présentées
par chacun des souscripteurs (2).
Les marchés de fourniture présentent une certaine viscosité
dans
(3)
le fixation des prix qui sont, selon les clauses du contrat,
fermes et non révisables,
- la définition des condi tions de livraison et de paiement. "Les
livraisons auront lieu au fur et à mesure des besoins, dans un délai
de 24 heures après présentation des bons de commande ••• Il ne sera
accordé aucune tolérance en plus ou en moins sur les quantités à li-
vrer en vertu des bons de commande ••• En cas de retard sur le délai de
livraison, il sera appliqué une pénalité de I/IOOOe par jour de re-
tard sur la valeur de la marchandise non livrée. Si les fournitures
ne sont pas conformes aux clauses spéciales du marché, le fournisseur
est tenu de remplacer la viande immédiatement, faute de quoi, le
client administratif pourra s'approvisionner aux frais et risques du
1
ti tulaire" (4).
!1
- les exigences aux produits à fournir par les chevillards. Sur
certains contrats, des normes rigoureuses doivent être respectées.
Ainsi "la viande de boeuf sera exclusivement en quartiers de derrière;
elle devra être de première qualité; il faut entendre celle provenant
de bovins de 4 ans au ::loins et de 6 ans au plus (bouche au rond, donts
(1) Règlementation des marchés administratifs. Décret N° 67 - 697 de
Juin 1967.
(2) LY B. (88), page 83.
(3) La viscosité sicnifie,en économie, tout ce qui fait naître une con-
trainte sur un marché~
(4) Les conditions du contrat. LY Bocar op. cit., pa~e 85.

- 262 -
d'adultes non usées, mâles ohâtrés de bonneo'heure) élevés en vue de
la boucherie., ayant un très bon engraissëment et possédant les carac-
téristiques suivantes: musculature développée, chair de couleUr fraîche,
rognons largement couverts, graisse de couverture largement abondante,
parfois .1égèrementmarbrée et persillée" ... La viande de mouton devra
~tre de première qualité. Il faut entendre celle provenant d'animaux
castrés de 2 à 4 ans,très bon état d'engraissement, graisse de cou-
verture interne abondante et couleur blanche, rognons largement cou-
verts, muscles bien développés, gigot rond et bien rebondi, poids mi-
nimum de la carcasse sans tête 14 kgs, le mouton sera livré en entier. 1I
(5).
La vente aux collectivités représente IO% environ du marché
total de la viande au CAP-VERT. (6) Elle est, compte tenu de ses con-
ditions rigoureuses, le domaine des puissants chevillards. Les enten-
tes et accords conclus entre-eux créent une situation de concurrence
imparfaite et rendent le marché de fourniture de la viande relative-
ment transparent(7). Ils possèdent une information complète sur l'of-
fre et sur la demande et savent exactement la quantité et la qualité
de viande requises. L'offre est exactement connue de tous et les che-
villards s'entendent sur les prix à appliquer à chaque appel afin de
laisser chaque marché à son "propriétaire"qui le gagne régulièrement
depuis bien des années.
L'analyse des marchés publics montre que malgré leur cir-
cuit limité, ils représentent des problèmes aigus qu'il faut connaître
pour chercher une solution. Les attributs des viandes qui sont énon-
cés par le contrat ne semblent pas tenir compte des réalités de l'ap-
provisionnement. Les auteurs du contrat semblent oublier les conditions
dans lesquelles se trouve plongé le bétail durant les mois de séche-
(5) Les conditions du contrat. LY B. op. cit., page 86.
(6) DWJE A. (38), p~ge 48.
(7) Un marché est dit transparent lorsque tous les sujets possèdent
une parfaite conn~issance des élé~ents le co~posant.

- 263 -
resse. ~ais on ne doit pas oublier que ces marohés ne oomprennent qu'
une infime _partie de la viande commeroialisée à :DAKAR, de m~me que la
vente aux grandes surfaoes et- aux bouoheries modernes.
2 .La vente aux grandes surfaces et aux boucheries modernes.
---------~---------------------------------------------
La viande destinée à la consommation de la clientèle privi-
légiée de Dakar est distribuée par un assez grand nombre de boucheries
de détail. Celles-ci sont en grande-partie concentrées à l'intérieur
et autour du marché KERMEL, mais on w trouve également disséminées
dans l'ensemble de l'a~glomération dakaroise.
Mise à part la viande chevaline, les boucheries modernes
n'interviennent plus, depuis quelques années, au stade de la transfor-
mation et du commerce de gros. Elles se contentent donc de se fournir
en viande, à la cheville auprès des bouchers-grossistes Africains.
La vente aux grandes surfaces et aux boucheries modernes
est régie par des conditions particulières. Généralement, chaque bou-
cherie a son ou ses fournisseurs attitrés auxquels elle s'adresse ré-
gulièrement (plusieurs fois par semaine) pour se ravitailler en viande.
La vente se fait au poids. Le prix est débattu sur place en fonction
de la qualité de la carcasse et de l'approvisionnement général du
marohé.
Il est clair que nous sommes ici dans un marché où sévissent
la concurrence et l'instabilité. Aucun contrat n'est signé entre les
chevillards et les boucheries. Les centrales d'achat de celles-ci ne
s'adressent à leurs fournisseurs habituels que lorsque les prix qu'ils
proposent sont les mêmes que ceux pratiqués par les autres chevillards.
S'il arrive que les prix soient élevés en raison des investissements
réalisés, les bouchers s'adressent aux autres commerçants. La consé-
quence de cette vive concurrence est que les représentants des gran-
des surfaces do~inent le m~rché. Ils ont la possibilité de choisir
parmi une multitude de fournisseurs tandis que chaque chevillard n'a,
en général, qu'un client assez sûr.

- 264 -
Un point important reste à souligner, c'est celui du credit.
L'achat à la cheville, surtout par grosses quantités, est rarement
réalisé au comptant. Mais deux systèmes existent.
Dans le premier, certains gros bouchers se ravitaillent
régulièrement chez le même chevillard, lui consentent des avances de
fonds pour s'assurer ainsi un approvisionnement plus régulier en car-
casses de bonne qualité. Ils bénéficient alors, non seulement d'une
certaine sécurité et régularité dans leur ravitaillement mais égale-
ment d'une notable différence de prix sur le3 quartiers qu'ils choi-
sissent. Le chevillard empoche une forte somme qui lui permet de se
procurer dans l'immédiat les animaux nécessaires à son commerce. Nous
avons largement étudié les modalités de l'approvisionnement en bétail
vif et montré son caractère aléatoire. Quelques jours de pénurie de
bétail suffisent pour causer de gros ennuis à ce commerçant qui devra
obligatoirement réaliser sa fourniture.
Dans le second système, d'autres boucheries, au contraire,
obtiennent de la part des chevillards des délais de paiement, générale-
ment sur un mois. Dans ce cas, les prix des carcasses sont majorés par
les grossistes qui supportent les charges financières de l'opération.
Malheureusement, il est difficile d'apprécier cette augmentation car
elle est très variable suivant les liens qui unissent le boucher et
le chevillard, et surtout du fait que ce dernier considère sa majora-
tion cowne un secret professionnel qu'il ne faut pas révéler aux au-
tres commerçants.
3 • La vente aux bouchers-détaillants.
Les bouchers Africains s'approvisionnent en quartiers avants,
en abats et rarement en quartiers de derrière. Ce sont généralement
des intermédiaires qui n'ont pas pu se procurer des animaux au foirail
et qui doivent ravitailler leur stalle située sur l'un des marchés (le
Dakar. Il peut s'QGir Qussi d'un abattant qui, pendant les périodes de
pénurie, abandonne le rôle de chev~llard pour se consacrer unique~ent
au commerce de détail de la vtande.(B) La troisième clientèle de ce
(8) LY B. op. cit., page 96.

- 265 -
marché est formée par les petits détaillants qui approvisionnent la
.mul ti tudedepoints de vente disséminés à. tra.vërs "lacapi tale.
Mais quelle que soit la catégorie considérée, les transactions
dépassent rarement 200 kgs par jour. Le volume des produits écoulés
par ce canal représente 70% de la consommation du CAP-VERT (9). Les pro-
duits ne sont pas homogènes et peuvent provenir d'animaux de première
ou deuxième qualité ••
La vente aux bouchers-détaillants se présente sous un régime
·oligopolistique. Les. composantes du marché peuvent se résumer à C!uel-
ques commerçants et une multitude d'acheteurs. La concurrence existe
dans ce circuit mais demeure moins vive que dans la vente aux bouche-
ries modernes à cause des liens multiples et complexes qui unissent
fournisseurs et clients. Le marché de demi-gros africain est caracté-
risé par la vente à crédit. La recette journalière des bouchers étant
aléatoire, ils ne peuvent rembourser la totalité de leurs dettes que
rarement. Il s'établit ainsi une dépendance entre le chevillard et le
demi-grossiste qui sont liés, non seulement par une dette monétaire,
mais aussi par une dette de reconnaissance. Le fournisseur, en donnant
satisfaction aux bouchers, s'attache une clientèle fixe et est quasi
certain de placer, tous les matins son produit. A cause de ce système,
le marché qui était fluide au départ, puisqu'il y avait entrée et sor-
tie libres, présente alors, selon M. LY, une contrainte qui lui con-
fère une certaine viscosité (ra).
L'étude sommaire qui a été faite sur le commerce de gros et
1
demi-gros révèle un certain anachronisme. Les problèmes les plus cru-
1
ciaux sont les conséquences des moyens de paiement. Le manque d'organi-
sation rationnelle à ce stade de la commercialisation se perpétue tout
naturellement dans le commerce de détail. Cette anarchie semble égale-
ment caractériser le commerce de gros des autres produits issus de la
banlieue rurale de Dakar.
( 9) DElŒ A. op • ci t., p age 50.
(ra) LY B. op. cit., page 97.
1
[

- 266 -
Contrairement aux villes de J'intérieur du Sénégal, DAKAR
possède des marchés de gros. Ceux-ci sont CASTOR pour les légumes et
GUEULE TAPEE spécialisé dans la vente des poissons.
Situés au coeur des quartiers résidentiels africains, pro-
ches des villages des marafchers et des pêcheurs, CASTOR et GUEULE
TAPEE sont, en outre, bien desservis par les voies de circulation, ce
qui leur facili te un
approvisionnement _en produi ts de toute nature.
Grâce aux stations proches de la SOTRAC (Société de Transports routiers
du CAP-VERT), détaillants des autres marchés et ménagères peuvent de
même se rendre aisément à ces points de vente.
C'est en 1964 et 1968 qu'un ordre du gouverneur de la ré-
gion du CAP-VERT autorisa leur création dans le but de décongestion-
ner les points d'approvisionnement de DAKAR en produits marafchers et
en poissons. En effet, avant leur création, producteurs et bana-bana
se rencontrai ent au niveau des "pack" (I) de SANDA GA , KERMEL et TILElm.
Mais ceux-ci, devenus trop étroits devant l'afflux considérable des
olients, vendeurs, producteurs et camionnettes, les autorités régiona-
les sentirent alors la nécessité de "décentraliser" les points de
ravitaillement en poissons et légumes. Remblaiement, égalisation du
terrain, place du marché cimentée ont été les principaux travaux d'a-
ménagement avec la création des dépôts de glace et des douches. En
1914 - 15, sont mises en service des cantines en ciment. De nombreu-
ses baraques en bois s'adossent à la construction centrale et plu-
sieurs rangées d'échoppes et d'étals, couverts ou non de tôle et m~­
tériaux de récupération, se disposent devant elle. Entre ces rangées,
des étals de fruits, légumes, poissons frais ou transformés, céréales,
etc ••• , à même le sol, sur un bout de toile ou de carton, ne laissent
qu'un étroit passaGe à la circulation des ménagères. La surface res-
tante constitue la partie réserv~e à la vente en gros. A la ŒJBULE-
TAPEE cette aire peut occuper, au gré des apports, 300 à 500 Q2 pous-
sant ses tentacules le long des rues avoisinantes et du canal de la
GUEULE TAPEE.
(I) "PACK": place où s'effectue le déchargement des produits.

- 267 -
Si l'horaire d'ouverture des marohés de gros s'étale de 5 H
à 20 H-, force ·est de recormartre qu'ils fonctionnent pratiquement 24 H
sur 24.
Les camions chargés de produits issus de la banlieue rurale
de Dakar et d'ailleurs, arrivent à n'importe quel moment de la jour-
née. Mais réellement les pack ne battent leur plein qu'entre 16 H et
19 H pour CASTOR et entre 7 H et IOH pour GUEULE TAPEE.
~~
Il ne faudrait pas, cependant, penser que ces marchés sont
i1I~· exclusivementvouésàlaventeengros.Toutautourdelaplaceoù
s'effectue le déchargement des produits, existe le marché de quartier
: conçu pour ravitailler les populations environnantes en denrées de
{
,
toutes sortes.
1
1
1
Spécialisés dans la vente en gros, CASTOR et GUEULE TAPEE
assurent d'abord la distribution des produits en provenance des diffé-
,1
rents centres de production du Sénégal. A partir des enquêtes qu'elle
1
a effectuées auprès des mareyeurs, de Février à Avril 198I, Melle
1
CORMIER a pu circonscrire la provenance des poissons débarqués au marché
1
de la GUEULE TAPEE (2). Les résultats qu'elle publie, bien qu'approxi-
matifs, montrent que 90% du mareyage en frais de ce point de vente
provient d'un rayon d'une centaine de kiloôètres.
Outre le poisson frais, le marché de la GUb~E TAPEE reçoit
de toute la côte du poisson transformé. Les enquêtes que nous avions
menées à C.ASTOR en 1983 sur la provenance des légumes déche..rgés dan:} C,'j
marché avaient donné les résultats suivcnts. (3).
(2) CORMIER M.C. (35), page 9.
(3) DIONE D. (SI), r~~s r08.

- 268 -
CASTOR -
'--------------------------------------------'-
,1
PRODUITS
PROVENANCE
·..
----_.__.,----
.
--------_._------------------------.
,
• Carottes
Niayes du CAP-VERT
·
:-------- -+t------------,----------------:
Navet
Niayes du CAP-VERT et de THIES
=-----------,:-----------------------------------------
: Patate douce
: Niayes de TRIES essentiellement
: Haricot vert
,= Niayes du CAP-VERT
1--------------'--.-------------------------------------~:
Aubergine
: Région de DIOURBEL, DJENDER
: ------------------------------~----------
,: Pomme de terre
: Niayes du CA;E'-VERT
1
·.
: Epinard
: Niayes du CAP-VERT, CASAMANCE
11
:--------------+-'---------------------------------------:
, Oignon
'
GANDIOL (Surtout) - NIAYES
,:
:
: Manioc
: CASAMANCE et GAMBIE
: Piment sec
: SINE SALOUM
:---------------.--------------------------------------:
Chou
: Niayes du Cap-Vert
: Tomate
: FLEUVE
:
: Cel eri, asperge,: Niayes du CAP-VERT
: radis.
:
Dans la part des légumes provenant des NIAYES du CAP-VERT, on
peut noter que l'essentiel vient de la proche banlieue de D.U(&R
(THIAROYE-sur-MER, CAMBERENE, HA1IN, IŒUR MASSAR, MALlKA, etc••• ). Les
villages un peu éloignés (BAMBILOR, GOROK, D~iI BlRAM NDAO, etc ••• )
préfèrent envoyer leurs produits au pack du marché de NDIOBillTE TAYE à
THIAROYE-GARE. C'est là que les grossistes venus de KAOLACK, TRIES,
1~OUR, TMfrnACOu~DA, DIOURBEL, etc ••• se ravit&illent en légunes.
Camions et ca..T!lionnettes des grossistes, " cars ra:9ides" (4),
404 Peugeot et calèches à cheval empruntés
F,r le~ dCtaillants, tous
(4) Le " car rapide" est une camionnette 1.100 kgs RJ::;liAULT, a':1énagée
pour le transport de bagages et de voyaGeurs.

- 269 -
véhioules qui encombrent les rues des marohés de gros, ohargés de
paniers et décaisses, traduisent le r81e de distribution et de, redis-
tribution de CASTOR et de GUEULE TAPEE.
En théorie, tout le poisson et tous les produits marafchers
doivent transiter par ces marchés. La grande majorité des détaillants
de ces produits viennent chaque jour vers 6 H à la G~ULE TAPEE et è
CASTOR pour acheter le plus souvent un panier, c'est-à-dire 50 kgs de
poissons ou de légumes aux grossistes et même aux détaillant$ de ces
lieux de v~nte. La marchandise achetée est, en général, transportée
'dans des pani~rs tressés garnis de bâches et chargée dans des taxis
qui assurent la liaison avec tous les autres marchés de la capitale.
Le marché de gros constitue un lieu de rencontre de grossis-
tes (ou de leurs représentants) des différents centres de production ct
1
des détaillants. La foule d'intermédiaires qui fréquente CASTOR ou
GUEULE TAPEE chaque jour, ne s'y rend pas forcément pour vendre ou
1
acheter. Généralement, on vient s'informer des cours. Avant la vente,
les co~~erçants discutent, marchandent et, si le prix proposé n'est
pas bien rémunérateur, on préfère aller vendre à l'intérieur du pays
où les produits s'achètent plus cher. Un mareyeur de MEOUR, par exem-
ple, apprenant à la GUEULE TAPEE que les pêcheurs de KAYAR manquent
d'appât, jugera plus rentable pour lui d'y vendre son chargement. Ré-
ciproquement, les mareyeurs de la GUEULE TAPEE ont des "informateurs"
sur les lieux de débarquement, que ce soit leur associé ou leur repré-
sentant (5).
Les agents du commerce de gros exercent leur activité sur
le pack qui est un Doint de rupture de che.rge où producteurs et inte:L-
médi2.ires apporttmt leur mô,rc;11:'.ndise et où demi-grossistes et dftc.il-
lants viennent s'approvisionner. Leur puissance tient au fait qu'ils
disposent de pl2.ces fixes sur ces lieux et partant, ils connaissent
~~_~evendeurs qui fréquentent le marché. Les producteurs et les
(5) CORMIER M.C. op. cit., pace 14.

- 270 -
redistributeurs sont donc.obligés de passe~'par eux pour toucher la
clientèle. En l'absence dtorganisation rationnelle des oircuitscom-
'merci aux , de moy~ns d'a conservation des produits'- la quasi totalité
des producteurs et des petits bana-bana est livrée pieds et poings
liés aux conditions des mareyeurs et des "coxeur" (6). Ceux-ci sont à
la fois grossistes et détaillants.
Comme grossistes, ils achètent aux revendeurs ou aux pro-
ducteurs leurs marchandises. Les produits sont toujours payés à un
prix forfaitaire qui ne tient guère- compte du poids et qui n'est ja-
mais acquitté ~u comptant. Le producteur ou le revendeur doit attendre
très souvent une semaine avant de peroevoir le prix de sa marchandise.
Cette attente lui est touj ours fatale car- le grossiste, prétextant
une mévente, un pourrissement ou une détérioration d'une partie des
produits, ou la baisse des cours (baisse qu'il a lui-même provoquée
artificiellement) paie souvent à un prix inférieur à celui prévu au
départ. Le paysan, même lorsqu'il sait qu'il a été dupé, accepte car
il ne dispose d'aucun recours, d'aucun moyen de rétorsion contre la
mauvai se foi du bena-bana.
Un système d'exploitation est mis en pratique ces dernières
années par les coxeur de CASTOR: c'est le "mandat". Le système du man-
dat entre en jeu quand le grossiste arrive à se faire confier des lots
en consignation. Cette forme de vente s'applique surtout quand le pay-
san a un besoin urgent d'argent. Ne pouvant pas vendre à crédit au
coxeur, il prie ce dernier de lui livrer immédiatement sa production
aux détaillants, et lui fixe la somme qu'il voudrait retirer de la
vente. Le consignataire s'éloigne et aborde seul les clients à qui il
livre la récolte souvent à W1 prix supérieur à celui fixé par le maraî-
cher. Après co~mercialisation, il garde le surplus et remet la so~~e
convenue au producteur qui lui
paie alors son mandat. Pour chaque
sac vendu, le grossiste retient 150 F.
L'activité des grossistes ne se limite pas seul€nent
au
niveau du "gros" car s'ils dominent très larcerr.ent les :producteurs
et les revendeurs, ils sont également maftres de la distribution. Ils
(6) Le COXEUR désigne le grossiste en matière de produits mar~rchers.

- 27I -
exeroent leur.autorité sur les détaillants par les crédits qu'ils leur
accordent et qui ne tardent pas à. const! tuer un ti tre d' oppression~Plus
que" le I>aysan, le détaillant est pris dans une sorte d'engrenage: -le
bana-bana s'assure sa fidélité en lui accordant la vente à crédit tout
en prélevant un intérêt substantiel. Alors que le producteur lui ac-
corde un crédit qui peut durer une semaine, il ne donne au détaillant
qu'un très court délai de remboursement, deux jours au maximum. Par ce
système de crédit, il est assuré de pouvoir placer,à coup sûr, toutes
les marchandises qui passent entre ses mains. Par les diverses rela-
tions qui les lient aux détaillants, les grossistes ont fait, de ces
derniers, des "employés sans salaire, rémunérés par les seuls bénéfi-
ces de la vente au détail et qui ne manquent pas d'endosser les pertes,
assez fréquentes avec les denrées périssables" (1)
Véritables pivots de l'organisation des marchés, les grossistes
ont,en outre, la capacité de faire des spéculations en jouant sur les
stocks. Peu nombreux (ils ont, dans les marchés, une position oligo-
polistique face à la masse des détaillants), ils peuvent s'entendre
entre-eux pour ne livrer à la vente qu'une partie de leurs marchan-
dises afin que, l'offre restant inférieure à la demande, les prix de
gros et de détail puissent se maintenir à un niveau très élevé alors
que les prix à la production restent au niveau du cours plancher. D'une
manière générale, les marchés dakarois sont un oligopole qui se carac-
térise par z
une foule immense de consommateurs que constitue DAKAR;
un très grand nombre de producteurs (représentant une bonne p&r-
tie de la population de la banlieue rurale de DAKAR);
un nombre relativement important de ramasseurs-redistributeurs
et de détaillants;
et un groupe très restreint de grossistes dont les effets de
domination sont un élément caractéristique de la structure éco-
nomique des m~rchés dcl(arois.
Cependant, ces effets de domination ne renferment pas que
des aspects négatifs. Nous pensons qu'ils constituent eux-m~mes un
(1) NGUYEN V.- C.B. (I61), page 695.

- 272 -
élément dynamique car le jour n'est plus loin où, conscients de leur
position dominante, l.es grossisteS se tourneront vers Un ~sprit d'en-
treprise pour eOnsti tuer alors une classe de oommerçants· capitalistes
dotés de. moyens financiers et d'équipements importants à l'image des
puissants Libanais propriétaires du ranch FILFILI. Pour l'heure, mis
à part quelques véhicules de transport, les grossistes n'ont réalisé
que très peu d'investissements au service de leur activité.
Etant donné la nature pé~issable et la qualité relativement
médiocre des produits qu'ils traitent et l'absence totale d'instal~
lations modernes sur le pack (les transactions se font sur un espace
dégagé, sans aménagements particuliers), les grossistes disposent de
marges bénéficiaires beaucoup moins élevées qu'on pourrait le supposer.
1
Il est évident que la comparaison brutale des prix payés aux produc-
1
teurs et ceux pratiqués sur les marchés de détail peut être choquante
et incite bon nombre de personnes à critiquer les négociants qu'elles
accusent de réaliser des marges bénéficiaires excessives. Certes, los
grossistes ont la possibilité de spéculer, surtout en période de pénu-
rie, mais il faut convenir que, dans la situation actuelle, la con-
currence de fait est assez sévère et que les difficultés de la collec-
te justifient les oarges pratiquées. Le "service" rendu aux producteurs
leur évite de nombreuses difficultés de débouchés sur les marchés da-
karois qu'ils ne connaissent que très peu.
Après discussion avec les professionnels à divers niveaux,
on peut avancer en moyenne les marges bénéficiaires suivantes pour
les produits maraîchers:
collecteurs de brousse : I5 à 20% sur lesquels sont payés les
frais de transport et les taxes d'octroi à l'arrivée dans lss
marchés de destination;
- grossistes
20 à 25%;
- détaillants: 20 à 35%;
supermarchés: facilenent 45~:·.
La ~arse brute pr&levée par les mareyeurs a été vive~ent
critiquée dans le Plan d'action de la pêche sénégalaise. Mais celle-ci

- 273 -
..
n'est pas représentative du profit net des intermédiairesr seule est
significative la mar~e ~'etie, ~fférenoe entre la marge brûte et les
coûts de commeroialisation~
La connaissance des coûts du mareyage est donc nécessaire
à la compréhension du système de commeroialisation. La nécessité de
pratiquer un mélange glaoe~poisson adéquat, l'usure rapide des véhi-
cules, l'augmentation du coût du carburant sont autant de facteurs
qui alourdissent les charges pesant.sur la vente. Si l'on prend l'exem-
ple de la sardinelle ronde pêchée sur la Petite Côte et vendue à Da-
kar au marché de la GUEULE TAPEE, la décomposition du prix de gros est
la suivante (pour un véhicule de 10 tonnes): (8)
.
Prix au débarquement
9 F/Kg
Coût de commercialisation: 12,6 F/Kg
Prix de gros
28 F/Kg
- Marge brute:
19 FjKg
- :Marge nette:
6,4 FjKg
Ainsi, le taux de profit réalisé par les mareyeurs (rapport
de la marge nette sur les frais totaux engagés) n'est que de 3~. Ce
taux de profit est, par ailleurs, un maximum, reposant sur des hypo-
thèses de coûts restrictives. Pour des véhicules de moindre capacité,
il est beaucoup plus faible, en raison des coûts plus élevés qu'ils
supportent. En retenant les données de l'exemple précédent, on obtient:
(9)
véhicule de 5 tonnes
24%
1
- véhicule de 2 tonnes
12,5%
véhicule d'une tonne:
6%
Par ailleurs, il convient aussi de signaler que les effets
de domination excrcGs par les grossistes permettent d'écl~irer les
failles du systènc :.ctuel en natière de commercialisation. En ef'~'et,
(8) CIIAEOUD c. (31), p~ge 40.
(9) CHABOUD C. idem.

- 274 -
les producteurs sont de plus en plus conscients qu'ils sont exploités
à outranoe par ces illdiVidùs -dont ils considèrent l'activité 'comme un
-
-
travail usuraire et anti-soo.:Î.aLCette prise de conscience - encore
embryonnaire - peut secouer l'inertie et la routine du paysan et le
pousser à beaucoup plus d'initiative.
Il résulte de toutes ces considérations que les effets de
domination exercés par les grossistes sur les marchés dakarois ne doi-
vent pas être pris uniquement comme. un frein au progrès. Ils doivent
inciter les responsables gouvernementaux à mettre en place les organi-
sations nécessaires pour supprimer tous les goulots d'étranglement en
vue d'assainir et d'améliorer les circuits de commercialisation pour
le plus grand bien-être de la collectivité toute entière. Il apparaît
nécessaire de mener une enquête auprès des intermédiaires non pour
les combattre systématiquement ou les supprimer, car ils ont créé
spontanément des réseaux de distribution qui jusque-là n'existaient
pas.
Mais il faut les contrôler afin d'améliorer leurs méthodes, de
permettre à leur activité de s'exercer, à leur profit certes, mais
dans des limites raisonnables, et sans soustraire aux autres agents
une part trop importante du bénéfice auquel ils ont droit.
II - LE COMMERCE DE DETAIL
Le ravitaillement vivrier de la population da~aroise est
assurée par 30 marchés qui reflètent l'évolution démographique de la
capitale. Le marché présente ici, comme partout ailleurs en Afrique,
un spectacle coloré et bruyant. L'observateur qui parcourt les points
de vente de la ville est surpris par son apparente anarchie et la
nonchalance des vendeurs et des acheteurs. Dès 4 heures du matin, à
la lueur des camions, "cars rapides" et taxis, le marché commence à
s'animer. Des flots de vendeurs se déversent, transportant en vraC
dans d'énormes paniers et sacs leur stock de produits vivriers ou de
consoQIDation courante pour la journée. Les marchés dokarois sont, en
réali té, des organisn:es comr.wrci2.ux polYVéileYlts et ils résument à
eux seuls les divers aspects de la fonction de consommation de la ca-
pitale, qu'il s'agisse d'alimentation ou de biens Ger:li-durables. Ce-
pend~nt, sans risque d'être démenti, nous pouvons affirmer que le
commerce des légumes et poissons représente, dans la majorité des cas,

- 275 -
l ' aoti vi té la plus importante sur les maroh~és de Dakar.
D'unè façon assez curieuse, les marchés de la capitale doi:'"
vent leur force, en tant qu'infrastructure commerciale, à la multitude
des petits vendeurs qui mobilisent le négoce et qui n'ont qu'une assise
précaire. Dans cette masse de modestes commerçants, on note la nette
prédominance des femmes. Leur sens du commerce et leur goût de l'indé-
pendance financière leur assurent une solide réputation. L'animation
qui règne au marché doit beaucoup à. leurs boubous chatoyants, leurs
rires, leurs apostrophes, leurs danses même quand Jes affaires vont
Qon train. "Comme la mise de fond est relativement modeste, le stock
quasi inexistant, la place sur le marché extensible, on comprend qu'
une foule de femmes, sans formation aucune, se décident à vendre du
poisson frais. Selon leur raisonnement, elles n'ont pas grand chose
à perdre et ont, au moins, le plaisir de vendre, de gagner une cer-
taine indépendance et, dans le meilleur des cas, de l'argent qui gros-
sira leur pécule". (I). Assises à même le sol, sur un petit banc ou sur
un seau renversé, les détaillantes haranguent les ménagères qui ont
du mal à circuler entre leurs étals, simples bouts de carton ou de
toile souillés. Les trop nombreuses détaillantes occasionnelles don-
nent aux marchés un aspect anarchique, incohérent qu'ils sont loin
d'avoir en réalité.
A - Les marchés de détail.
Contrairement aux autres villes des régions de l'Afrique
de l'Ouest (GAO, DJENNE, T01~OUCTOU), où le marché est une activité
qui faisait partie, avant l'arrivée des Européens, des institutions
traditionnelles et participait aux échanges continentaux et interré-
gionaux, ceux de DAKAR sont nés avec la colonisation.
A pRrt KERMEL, SANDAGA et TILEN3, tous sont de création ré-
cente. Ces trois marchés, les plus anciens, eux-mêmes n'ont pas une
longue histoire. KEIm~, par exemple, prévu pour le premier plan PIN~T
LAPRADE d'urbanisation en 1872, a été créé par un arrêté du 22 Août
1904.
(I) COITh~ER M.C. op. cit., page 47.

.-276-
. Fia. es.
Principaux marchés
de
Cakar.
1:
Deride 0
ECHELLE : 1/50 000
o
~
4 km
,
,
I, Po(; FoN nE
• March(~R de groA
()
M8rch~s de demi-gros
0
Marchp.A de dcHail

- 277 -
Mis à part oinq d'entre eux oréés~par déoision adm1nistrati-
veetinolus dans le plan d'aménagement de la oapitale, tous les au-
tres ont été oréés à l'initiative d'un groupe de vèndeurs-à tel ou tel
point éloigné des marohés existants. Par la suite, placée devant le
fait aooompli, l'admi~istration munioipale les pourvoit d'une autori-
sation officielle et voilà un marohé nouveau qui s'installe, soumis
à la perception quotidi enne de droits de place •
L'équipement des marchés est très hétérogène. Le plus sou-
J
vent, en dehors des halles en dur mises en place au début de leur cré-
1
ation, ce sont les vendeurs qui doivent eux-mêmes construi~e tout ce
qui est nécessaire matériellement à l'exercice de leur commerce. Les
planches, les tôles de récupération, les bûches, les vieilles caisses,
etc ••• créent, dans les marchés nés de l'initiative de quelques ven-
deurs, le paysage désolant de bidonville.
Exceptés ceux du centre, des quartiers résidentiels et TILENE
où le souci de prestige de façade a conduit les autorités municipales
à oonstruire quelques souks, la plus grande partie des marchés sont
des installations sommaires de hangars. Sous ces abris, les vendeurs
se partagent l'aire commerciale
sans ordre particulier. Les produits
y sont vendus au petit tas sur des éventails ou sur de vieux sacs é-
tendus sur le sol.
Mais le problème le plus caractéristique de l'insuffisance
de l'équipement est le manque de frigorifiques. Cette carence est
d'autant plus douloureuse qu'elle oblige les commerçants de denrées
périssables à réduire de façon considérable le volume de leurs tran-
sactions.
Selon K. 1.::BOW, " s i l'on adopte un barême de cotation pour
juger de la qualité de l'équipement des marchés, l'on se rend compte
que seuls IŒRMET., SANDAGA et OUAQOU NIAYES présentent un équipement
satisfaisant". (1)
(r) MBOWL.S. (92), pa.ge 43.

- 278 -
Cote 0 • Le marché est un agrégat de gourbis (MADIKE, OOLOBANE,
MBABASS, GRAND YOiF).
9.~!~_!..D~s gourbis ent~uren:tunehalle(GUEULE TAPEE, FASS, CASTOR,
OUAKAM, GOREE) ,
Co!~_~ • Le marché se compose d'une halle entourée de cantines mo-
dernes (KERMEL, SANDA GA , TILENE) ,
CQ!~~ • Le marché est doté d'une installation électrique, en eau
courante et d'u:pfrigorifique (ICERMEL, SANDAGA , OUAGOU NIA-mS).
2 • Aire d'attraction des marchés.
La taille des marchés (ensemble des éléments qui entrent
dans leur composition: acheteurs et vendeurs) ainsi que leurs aires
d'attraction respectives sont des critères qui permettent de mesurer
l'importance économique et les rapports des marchés avec l'espace en-
vironnant. Il est à noter que la taille, parce que variable, n·a
qu'une valeur relative. Elle ne doit être prise, par conséquent,que
comme indicative. Elle est fonction de :
- La période d'enquête. Les fluctuations du pouvoir d'achat font
que le dynamisme et l'acti~dté du marché varient, non pas au cours de
la journée, mais selon les mois. Comme le notait si bien U. PALES:
"Les prerni ers j ours du moi s, l es citadins salari és vi vent un peu à
l'image des ruraux pendant la traite. C'est une période faste, on vient
de toucher sa paie. Mais la première quinzaine écoulée, il ne reste
pas grand chose de ce numér~ire. La seconde quinzaine de chaque Dois
est une quinzaine de soudure." (2)
- L'heure d'enquête. La plupart des femmes arrivent au marché
entre 9 et II H, la pointe se trouve à 10 H. A cette heure, il bat
véritablement son plein. La circulation devient difficile dans tous
les marchés dont la capacité d'accueil est très largement dépassée.
A partir de II H30, rares sont les femmes qui vont se ravitailler et
c'est le moment des comptes pour les vendeuses. Déjà à 14 H, tout le
(2) PPLES L. (170), page 70.

- 219 -
monde fait la sieste. L'activité renaît peti~'à petit à partir de 17 H,
mais la pointe ne sera atteinte· à nouveau que le lendemain àIO H.
La taille d'un marché ne lui confère pas d'emblée une grande
influence sur le plan des transactions. Le petit pack de la GUEULE
TAPEE, par exemple, monopolise tout le commerce de poissons devant les
"géants" TILENE et S..A.NDAGA. L'aire d'attraction d'un marché s'apprécie
surtout en fonction de la résidence des acheteurs. Lors de nos enquêtes
nous avons constaté que la majorité des clients viennent souvent très
loin du quartier où se situe le marché. Ce sont ces apports extérieurs
qui permettent de mesurer le degré de polarisation de chaque point de
vente. Leur considération nous inspire deux observations:
- La première est qu'il y a non-corrélation entre taille et air6
d'attraction. Si TILENE est le plus gr~d marché de DAKAR, sa zone d'in-
fluence ne dépasse guère le quartier administratif de la fuEDINA et ce-
lui de GB)~D DP~R. Par contre le modeste marché CASTOR (qui fait à peu
près le quart de TILENE) rayonne sur tout le CAP-VERT.
1
La seconde tient à la vocation des marchés que l'on peut divi-
ser en trois catégories principales:
1
Les marchés à vocation intra-zonale.
Il s'agit des marchés dont le rayonnement se limite à l'intérieur
des quartiers dans lesquels ils sont implantés. C'est le cas de ~OUS­
SENTE, M:SABASS, OUAKAM.
Les marchés à vocation inter-zonale.
Leur action déborde leur propre cadre et empiète sur le domaine
du marcûé voisin. Au moins, deux zones d'influence interfèrent. Le cas
typique est l'interférence des aires d'influence de SANDAG.t.. et de K~RIlili.
Certains habitants de l'avenue de la République vont chercher la ~uali­
té à KEm~, alors que des clients vivant dans les alentours du port
iront fdre l eurs aC~12.ts à SANDAGl'.. à cause des prix bas ~ui y sont pr2.-
tiqués.
Les marchés à vocation régionale.
-----------------------
Ce sont les marchés de gros de la capitale qui rayonnent sur tout8
l'étendue de la rCgion.

- 280 -
B - Les femmes dans le oommeroe de détail.
-----------~--~-.;;;...;;.~;;.
Dans la banlieue de DAKAR, comme partout ailleurs dans le
pays, la partioipation de la femme à l' activité produotrice a. été
toujoùrs importante dans la société traditionnelle. La main-d'oeuvre
nécessaire pour les travaux agricoles était, en grande partie, fémi-
nine, la famille étant généralement polygame. De plus, la fe~~e était
chargée d'assurer l'équilibre entre cultures vivrières et cultures in-
dustrielles; les premières lui étaient spécialement ~évolues alors que
les secondes étaient davantage le fait des ho~~es. Cependant, elle
pouvait se procurer un certain revenu monétaire en faisant de petits
travaux d'artisanat ou en vendant une partie de sa récolte. Mais,
comme le note une étude de l'leS.E.A., "ce sont là des activités se-
oondaires qui sont le signe beaucoup plus de son ingéniosité que du
statut qui lui est reconnu par la société traditionnelle." (I)
Sous l'effet conjugué des phénomènes d'urbanisation accélé-
rée, de l'évolution économique et des relations constantes entre la
ville et sa banlieue, cette situation de la femme a subi de profondes
transformations. Elle n'est plus astreinte à la seule production des
biens de consommation alimentaire destinés à la famille.
Contrainte de sortir du domaine privé de la vie familiale,
la femme choisit souvent d'aller vendre sur les marchés dakarois qui
constituent pour elle un milieu de choix. " Whatever the scale of
their trading, whether the profit be enormous or trifling, town Women
are under a compulsion to trade." écrit D. liAC CALL sur les femmes
AKAN. (2) Cette remarque peut être appliquée, terme à terme, aux Da-
karoises. Presque toutes les femmes des villes, à un moment donné,
s'adonnent, en effet, à une activité commerci~le. Par le biais d'un
COmr:lerce improvisé, elles tentent de réaliser quelques petits gains
qui permettront une améliorction de l'alimentation quotidienne ou la
satisfaction d'achats personnels, impossibles à déduiredes faibles
sommes allouées à la journée PQr le mari.
(I) La femme africaine et les marchés dakarois ••• (I8), p~ge 6.
(2) D. l.1AC CALL. Trade and the role of \\'Iife in a modern african town
in Social change in Modern Africa, OXFORD University, PRESS, LOlJ-
DRES;-p:--2Sr;-ci tJ-parÏe-ëOLffi-ORANl1,1AISON (85), page 208.

- 281 -
Les raisons qui poussent les femmes à cette activité sont
essentiellement Qe deux sortes 1
ctest, pour plus de 95% d'entre elles, des raisons d'ordre fa-
-milial qui les amènent à pratiquer cette activité rémunératrice. Il
faut entendre par ces motifs d'ordre familial: l'éducation des en-
fants, la nécessité de subvenir aux besoins de la famille, l'aide à des
parents en difficultés, etc •••
A ces motifs, il faut ajouter les raisons personnelles: l'a-
chat d'or, un projet de pèlerinage à LA MECQUE. Mais c'est surtout le
besoin d'indépendance économique et personnelle qui pousse la femme
vers une activité lucrative car, comme le notait BALANDIER, "en obte-
nant des ressources personnelles, la femme citadine coupe les racines
de Italiénation que lui imposait souvent le milieu coutumier." (3) Le
commerce permet donc aux femmes de parvenir à une véritable assurance
contre les aléas du mariage.
Pour une part infime d'entre elles, c'est la nécessité de
vendre la production du mari, le coût élevé de la vie, l'impression
1
que la femme est l'égale de l'homme et qu'elle doit, pour ce faire,
participer au développement économique et social, etc ••• En somme,
pour cette fraction, c'est pour des causes d'ordre économique qu'on
vend sur les marchés de DAKAR.
Mais, quoi qu'il en soit, les raisons d'ordre familial sont
de loin les plus importantes. La femme, très souvent, se trouve dans
l'obligation d'apporter sa contribution au budset de la famille, parce
que les enfants vont à l'école et ne sont donc pas en mesure de l'ai-
der ou bien parce qu'ils chôment. La modestie du salaire du mari peut
être également une autre motivation. On assiste là à une véritable e-
volution des mentalités car la règle islr',nique attribue à l'homme
l'entière responsabilité de l'entretien de la famille en rendant cette
oblisation incondi tionnell e. Il faut se souvenir que le CORAN iml)OSe
au mari la charge d'entretenir complètement sa femoe et ses enfants,
quelles que soient sa pauvreté et la fortune de sa femme; en outre,
il attribue à la femme mariée la gestion indépendante de ses biens
(3) BALANDIER cité par JEMfNIN M. (205), page 28.

- 282 -
personnels. C'est dire que rien en droit, dans le milieu urbain ac-
·tuel, n'oblige une femme à participer aux oharges 9,u ménage .et que
le revenu de son t~avail lui est reconnu comme inaliénable et utili-
sable à son gré.
On peut, à présent, se demander si les bénéfices réalisés
dans le commerce de détail pourront satisfaire les nécessités de ls
famille.
Les résultats de l'activité commerciale des détaillantes
peuvent être mesurés à l'aide de leurs chiffres d'affaires. Nos en-
qu~tes menées dans oinq marchés font apparaftxe que la quasi totalité
des vendeuses gagne
;entre 20 et 38.000 F par mois. llalgré le rôle
qu'elle joue dans les circuits de distribution, la détaillante n'ob-
tient ainsi que des résultats économiques médiocres. Ceci provient
de ce que son rôle, quoiqu'important à un stade donné de la commercia-
lisation, ne s'étend pas de même aux autres paliers de ce processus
(gros et de~-gros). La faiblesse du revenu net des vendeuses s'expli-
que en partie par les relations qu'elles entretiennent avec les gros-
s~stes. Dans toutes les transactions des femmes, le crédit joue un
rôle primordial. Il constitue un lien essentiel entre les détaillantes
et leurs fournisseurs et la base sur laquelle s'établissent et se per-
pétuent les relations entre eux. La recette journalière étant généra-
lement faible, les fe~~es remboursent rarement leurs dettes en totali-
té: elles en versent aux (STossistes une fraction suffisante pour leur
inspirer oonfiance et leur permettre d'obtenir de nouveaux prêts. A
ce système de crédits en cascade, elles voient l'avantage immédiat de
pouvoir continuer leur commerce, qu'elles vendent à perte ou avec
profit, sans jamais devoir se déclarer en faillite. Kalheureusement,
elles ne calculent pas les sommes d'argent ainsi payées aux i~tcr~b­
diaires, au bout du mois par exemple. De la sorte, elles ne peuvent
se douter du taux d'intérêt auquel les prêts leur sont consentis et
du coût réel, en dGfinitive, de leur approvisionnement.
On se re;ld compte ainsi, au sein du P.1ilieu urbo.in dc,,::-:::'OlS,
d'un mode de COS::lercc encore partielle;::-,ent archarque. Il est in ;~~311cn­
sable, dans une écono::üe qui se veut moderne, de se soucier non seule-
ment du commerce extérieur, mais aussi d'aménager le marché intùrieur
et d'assurer une circulation rapide et aux moindres coûts de la ~roduc-

- 283 -
tion nationale à travers le pays. Ces oonditions supposent une réorga-
nisâtion de la oommeroialisation des _produits du secteur primaire, no-
tamment par la oréàtion il 'un véritable marohé de gros.
C - Néoessité de la création d'un véritable marché de gros.
---------------------------------------~-~-----------
L'absence quasi totale d'équipements des marchés de gros
ne finit pas d'étonner. Ne s'y trouvent ni hangar, ni infrastruoture
pour le stockage ou la conservation, ni bascule. Comme aire de débar-
quement, la rue et les _trottoirs; comme éclairage, les phares des vé-
hioules; comme u?i t:ée/de mesure, le panier, la caisse ou l'estimation
dù grossiste qui jauge de son oeil oonnaisseur la taille de la pièoe
ou le poids du sao. L'engorgement des marchés, l'encombrement des
chaussées et des trottoirs sont dus au développement spectaculaire de
oes marohés. Aussi bien à la GUEULE TÀPEE qu'à CASTOR, le marché ori-
ginel, simple point de vente de quartier, n'est plus adapté à cette
nouvelle fonction.
Pour valoriser la production agricole et maritime au niveau
de la banlieue de DAKAR, en stimuler le développement et satisfaire
la demande, il convient de réorganiser la co~~ercialisation des pro-
1
duits. En effet, la rationalisation, l'assainissement des circuits de
1
distribution et la satisfaction des marchés intérieur et extérieur
passent par l'installation de halles centrales du poisson, de la vian-
de, des fruits et légumes sur un grand marché public avec des instal-
lations de froid qui permettront à tous les apports d'être rassemblés
en un lieu de dispatching correctement aménagé.
La nécessité de créer un marché de gros pour les produits
horticoles, les oeufs et volailles, et les produits de la pêche Dour
desservir l'ensemble de l'agGlomération urbaine WlKAR - PIKINE - RU~~S­
QUE, qui représente plus d'un million et demi de consommateurs, a été
reconnue depuis fort longtemps et a déjà fait l'objet d'études préli-
minaires à différentes époques.
En I977, la Société Nouvell e des Etudes de Déveloprement
en .Afrique (SONE])) a été chargée de présenter une proposition de termos
de référence pour un projet de oréation d 'un ~.:arché d'Intérêt National
1

- 284 -
(M. I.N.) à Dakar. Ce document a été établi en Juin I977, mais aucune
suite ne lui a été donnée à ce jour.
Ce marché devrait être le lieu de rencontre du plus grand
nombre possible de tous ceux qui touchent à la profession, aussi bien
du côté de l'amont (producteurs, coopératives) que de l'aval (commer-
1
çants, magasins, exportateurs). Cependant, pour que co nouvccm r.larcLC
ne soit pas très r~piaement embourbé d~ns le dbtail, il semble vit~l
1
·l'~.·
que le consommateur individu€l
en soit exclu. La solution est l'inter-
diction.de vente au détail, c'est-à-dire de la fragmentation du conte-
nu de l'emballage de base: sac, cageot, tas, panier, etc •••
. .
,
J
La création de ce M.I.N. est d'autant plus urgente que les
~
~
actuels "marchés de gros" sont devenus trop étroits pour les tonnages
qu'on y d~barque tous les jours et, d'autre part, leur exten3ion ne
peut plus se faire dans le cadre de l'espace qu'ils occupent. Le rôle
prédominant de Dakar en i!lati ère de fruits, légumes et poissons s'en
trouverait encore plus affirmé et l'approvisionnement du reste du
pays à partir de ce marché de gros serait, au moins en grande partie,
inéluctable.
L'essor des cultures maraîchères, de la pêche et de l'éle-
vage, vivement sow1aité par les dif=érents plans de d~veloppement éco-
nomique et social depuis l'indé~endance (parce qu'il va dans le sens
d'une éli'.-ersi fi c3.tion des ë_cti vi tés et est cal~z_blG dl ai':.:'ranc:ür le
Sénégal d'importations coûteuses) ne peut être que favorisé par la
création de ce marché de gros unique et moderne. En effet, pe.rmi les
avantages offerts pêr cette solution, on peut noter
- La possibilité donn0e aux producteurs et à leurs cooperativ8s
d'entrer en cont1"'.ct direct 2,vec l es acheteurs, détaillants et gros-
sistes.
nement, 12. préf~c;ltation, par la confrontn.tion, d<~n::.; un li '3U de rencon-
tre gCn~rG.l, de :".:.rchc,ndi se;:; de d.i fférente1:3 ori 8'in8s;
1

- 285 -
- L'amêlioration de l'information, tant au sujet cl.s prix que
de l'évolution te la_produotion et de la consommation, oela pourra
permettre d'amoroer une- stratégie rationnelle de stockage avant haus-
se ou de liquidation avant baisse,
- L'établissement d'un oours valabl e des proclui ts. Les marohés
de détail dakarois sont très dispersés géographiquement, et il ne
semble pas qu'il existe, entre eux, des éohanges d'informations suf-
fisants pour que l'offre et la demande puissent jouer librement et
aboutir à la formation d'un prix normal. Cela entra!ne des distor-
sions importantes sur les prix des mêmes produits, au même moment,
-suivant les lieux de venteJ-
- La faoilité donnée aux détaillants et éventuellement aux ex-
portateurs de s'approvisionner en un seul lieu, oe qui ne peut que
diminuer le ooût de la distributionJ
- La faoulté donnée à tous les utilisateurs de bénéfioier d'ins-
tallations bien adaptées, leur faoilitant la tâohe et pouvant abais-
ser leurs prix de revient.
En un mot, en instaurant les oonditions indispensables
d'une oonourrenoe bien informée et bien outillée, s'exerçant sur une
fraotion importante du volume distribué, on apportera au marohé de
gros un assainissement qui favorisera aussi bien les produoteurs que
les oonsommateurs du Sénégal tout entier.

- 286 -
CON C LUS ION
=======~===========
)
1
1

- 287 -
CON C LUS ION
===================
1 -
1
Au cours de cet exposé incomplet, nous avons tenté d'analy-
1
î
ser les problèmes de développement du secteur primaire dans la ban-
lieue 'de Dakar. On peut, à présent, se demander si la pêche, le ma-
raîchage et l'aviculture qui sont les secteurs les plus importants
dans notre étude, sont un facteur de développement pour l'économie
nationale. Nous pensons que ces activités sont hautement prioritaires
étant donné :
qu'elles mettent à la disposition des populations des denrées
alimentaires d'une haute qualité nutritive, riches en protéi-
nes, en lipidès, en vitamines et en substances minérales, donc
capables de palU el' certains effets de malnutrition;
qu'elles permettent une amélioration du niveau de vie du !:londe
rural;
qu'elles améliorent la balance commerciale du pays;
et qu'elles créent des activités multiples à différents ni-
veaux de qualification qui engendrent des revenus importants
et freinent l'exode rural. Au total, ce sont plus de 150.000
personnes qui vivent de l'activité maraîchère au Sénégal alors
que la pêche mobilise 15% de la population active.
Cependant, depuis l'accession de notre pays à l'indépen-
dance, ces activités n'ont cessé d'être tra.itées en parentes pauvres
et l'absence d'organisation, tant au stade de la production qu'à ce-
lui de la commercialisation, est à déplorer. Le gouvernement sénéga-
l~is a eu le souci d'organiser la production et les circuits de l'ara-
chide, produit-clé de l'écono'i,ie d'exportation du Sénégal, mais n'a
rien :ait pour les yroduits de la pêche et du maraîchage. Devant la
perte de vitesse connue ces dernières années par la "graine oléagi-
neuse", une politique de diversification (devenue une -véritable né-
cessité) a été définie et vigoureuse~ent affirmée dans les différents
plans de d~-veloppernent.
Par les caractères de son terroir autant que par la ric:lesse
1
ichtyologique de ses eaux littorales, la région de DAKAR offre aux

- 288 -
hommes des possibilités d'activités variées. Les sols organiques, le
1
climat maritime, la présence de l'eau à faible profondeur font à- la
vie agricole des conditions intéressantesaussi bien ensaisonsèohe
qu'en hivernage. La pêche peut ~tre effectuée pratiquement toute l'an-
née grâce à la fertilité exceptionnelle des eaux. L'effort en vue d'un
développement de ces productions longtemps dites secondaires, doit
tendre avant tout à l'amélioration des conditions de travail des ru-
raux. Cet objectif peut être atteint grâce à des actions systématiques
sur les techniques de produotion. Celles-ci sont, dans la majorité
des cas, très archaIques. Ainsi le soûci du gàin créé par la proximi-
té de la ville n'a pas converti intégralement les paysans au progrès
et le paradoxe demeure, celui d'activités spéculatives utilisant des
méthodes rudimentaires.
Dans le domaine marafcher, le morcellement extr~me du ter-
roir est à revoir, car il exolut une augmentation importante de la
produotion légumière. Jusqu'au début des années 1970, la banlieue de
DAKAR était considérée comme le premier producteur de légumes du Séné-
gal. Désormais, elle ne s'inscrit qu'en troisième position derrière
MEOUANE et PAMBAL. Cette régression est souvent expliquée par l'ur-
banisation, la sécheresse et l'effet combiné des pompages en profon-
deur par des moyens mécaniques trop puissants, mais on oublie encore
les conséquenoes néfastes du régime fonoier aotuel qui a engendré,
par le système du =2ire-ve.loir indireot, un morcelle:aent exagéré des
parcelles exploi tées. Pour plus de 901c des exploi tations de la preche
banlieue de D~~AR, la superficie ne dépasse guère 0,50 ha. Nous pen-
sons que le manque d'initiative qui se note Criez presque tous les
1
paysans est imputable en premier lieu au régime des terres et il est
j
...
sur que les oultures marafohères ne deviendront intensives que le
jour où on aura donné aux exploitants un autre régime foncier susoep-
tible de stimuler l'initiative individuelle. liais le cadastr~ge des
terres est justement ce que redoutent le plus les grands propriétaires
terriens (certains LbBOU de vieille souche et les oitadins) qui sont
les seuls à profiter du système aotuel. Pour l'heure, les usufruitie:é's
de jardin sont d8tournfs de toute idée d'a.r:lénaGement et la nise en
valeur des exploitations se fait dans un esprit qui n'est pas très
1
éloigné de celui du p~ysan cultivant dans un coin de brousse qui sera
abandonné après quelques années, une fois la terre épuisée.
1

- 289 -
Par ailleUrs, les diffioultés d'approvisionnement des ma-
ratohers en semenoes, engrais et produits. phytosanitaires sont aussi
à la base des mauvais résultats obtenus sur la quasi totalité des ex-
ploitations. Si la mécanisation n'est pas souhaitable dans les sols
~ro~ioaux'fragiles que sont les terres humifères des N~AYES, nous
pensons, oependant, qu'il est indispensable de doter les paysans de
pompes mécaniques pour l'arrosage. La diversification des moyens de
production s'imposera à plus ou moins brève échéance car les instruments
de mise en valeur actuels mettent l.'économie rurale de la banlieue de
DAKAR dans la dépendance des aléas de l'approvisionnement en intrants
agricoles. Les villageois auraient intérêt à intégrer l'élevage au
maraîchage. L'association, à notre avis, devra être perçue dans son
état de complémentarité pour une meilleure productivité des sols qui
trouvent à travers la fumure organique (déjection du bétail) un élé-
ment essentiel de fertilisation. Les sous-produits du maraîchage, en
apportant une alimentation variée et de qualité à l'élevage, mettraient
celui-ci dans des conditions optimales de production. Actuellement,
l'avenir de l'élevage bovin, ovin et caprin semble incertain dans la
région de Dakar malgr~ les immenses potentialités pastorales qu'elle
possède. Seule semble prospérer l'aviculture. Kais cette activité de-
meure menacée par l'insuffisanoe de la proteotion sanitaire. Le manque
de rationalisation de cet élevage a abouti à des animaux mal nourris,
parfois oarencés, au développement lent et présentant souvent des
tares. L'aviculture de type moderne est appelée cependant à se dé-
velopper rapidement dans les villages du CAP-VERT en raison de l'im-
mense marché que oonstitue DAKAR et des débouchés potentiels offerts
~
par les villes de l'intérieur. liais cela suppose, au préalable, d'im-
1
portants efforts de nature à réduire les entraves d'ordre sanitaire
1
1
et matériel (locaux et alimentation).

Dans le donaine de la pêche mariti:!e, il ne suffit pas de
rechercher uniquement la motorisation des pirogues. A elle seule,
celle-ci est insuffisante. La capaci té des ~)irogues ayant peu varié,
les prises ne peuvent s'accroître indéfini2ent. Nous pensons que l'a-
mélioration de la condition matérielle du pêcheur pourrait être assu-
rée par la généralisation des cordiers. L'utilisation de ces nouvelles
unités ouvre à la pêche nationale un rayon d'action beaucoup plus é-
tendu que celui de l'armement traditionnel et assure l'exploitation

- 290 -
des fonds nouveaux, qui ne profitaient jusqu'alors qu'à la pAohe étran-
gère. Mais on peut oependant se demander à juste titre sioes bateaux
intermédiaires pourront réellemént reiayer le paro pirogUier tradi-
tionnel dont la production, au prix de revient assez bas, est bien
adaptée au faible pouvoir d'achat des Sénégalais, et augmenter nette-
ment la produotion maritime du pays? La question reste posée•. Mais
ce qui demeure certain à notre avis, c'est que l'utilisation des cor-
diers suppose une préparation à la gestion de telles unités. L'analyse
des résultats des premières expérie!?'ces nous a permis de mettre en lu-
mière que toute innovation implique le bouleversement non d'une tech-
nique mais de tout un système de production mettant en jeu un contexte
économique et social donné. Le problème est maintenant de savoir si le
pêcheur sénégalais devra opérer la modernisation de ses instruments de
travail par une évolution progressive ou s'il pourra réaliser les
adaptations psychologiques nécessaires pour passer sans transition de
l'exploitation de la pirogue traditionnelle à un armement industriel.
Certains responsables nationaux se sont demandé
s'il ne vaudrait pas
mieux renoncer à l'étape intermédiaire que constituent, à l'heure ac-
tuelle, les cordiers pour envisager l'emploi de vrais bateaux de gran-
de pêche industrielle. Nous pensons, en tout état de cause, que le
cordier est une étape intermédiaire nécessaire dans notre pays et que
l'harmonie de la pêche sénégalaise devra s'opérer par la juxtaposition
des trois secteurs qui devront se compléter sans se concurrencer. A
côté de la pêche traditionnelle à laquelle seront réservées les eaux
côtières jusqu'à une soixantaine de kilomètres, devront subsister la
pêche cordière qui continuera à exploiter les ressources situées
jusqu'à 500 kms et la pêche industrielle au-delà de cette limite. Il
appartient aux autorités concernées de prendre en compte cette impor-
tante réalité, de dépasser le débat usuel de la supériorité de l'un
ou l'autre mode de pêche et de ~ettre l'accent sur la complé~entarité
évidente et souvent nécessaire entre la pêche artisanale (tradition-
nelle et améliorée) et la pêche industrielle qui doivent toutes con-
courir à la lutte contre la famine et le sous-développement.
L'amélioration des activités du secteur primaire dans la
banlieue de Dakar suppose également, à notre avis, une reconversion
des mentalités dans le monde rural. Dans un pays où le développe:~.el1t

- 291 -
repose sur les oellules collectives de base que sont les ooopératives,
cette conq1tion est tout à fait réalisable. PO'l;lr y parvenir, -il faut,
dès à présent, assurer les bases de cette promotion: la format-ion des
hommes. rI semble nécessaire de créer chez les producteurs une réelle
prise de conscience de l'u~ilité de leurs ooopératives, ce qui n'est
pas le cas actuellement, étant donné l'esprit individualiste des ru-
raux et le caractère poli tique des coopératives. Gérées par les :p~',;:r­
sans eux-mêmes, les coopératives peuvent être les instruments fonda-
mentaux du progrès de la productio~ et intégrer la pêche, le maraî-
chage et l'élevage notamment au mouvement de développement du Séné-
_gal.
La réorganisation des circuits commerciaux peut également
se faire dans le cadre du mouvement coopératif. La commercialisation
des produits de la banlieue dakaroise, insuffisamment organisée, pose
de multiples problèmes dont le plus préoccupant semble être le manque
d'une infrastructure adaptée. Si la production est quantitativement
importante à Dakar, elle pénètre cependant difficilement dans les ré-
gions de l'intérieur où la consommation par tête d'habitant est beau-
1
coup plus faible que dans les régions proches du littoral. Il faudrait
1
par conséquent, rationaliser le système de distribution des produits.
Le ravitaillement en poisson frais étant une nécessité vitale pour
1
la nourriture de l'ensemble de la population, les circuits de la ma-
rée devraient recevoir un statut au moins semi-public et bénéficier
de plus larges investissements de l'Etat comme le préconisait Madame
NGUYEN (r). La commercialisation des produits est dominée en ce mo-
ment par le bana-bana, petit revendeur astucieux mais ne disyosant
l
généralement que de faibles moyens. D'une manière générale, il seüble
nécessaire de réduire son profit et le parasitisme qui caractérise
son travail afin que le revenu des activités, en toute équité, pro-
fite d'abord au producteur, puis au consommateur qui paie sa nourri-
ture beaucoup trop cher sur les marchés. Cependant, il faut exclure
toute réforme visant à supprimer le "bana-banisme". A côté du secteur
semi-public (dominé pnr les coopératives), doi t subsister un importc:,nt
domaine privé QlU, concurrençant le précédent, créera con8tlliJment
!
(r) NGUYEN V - C.B. (95), page 219.
1
i1

- 292 -
l'aiguillon nécessaire pour éviter les dangers du fonctionnariat et
_de lascl-l§rose. Il ne fau{ pas i~orer le oarac-tère complexe des cir-
cuits de distribution. Leur améiioration s'avère; hélas, diffi~ile t
Depuis l'indépendance, l'Etat s'est contenté d'une simple juxtaposition
d'autres circuits di ts modern~s, donnant à l'ensemble une allure anar-
chique. Ainsi, la SODENIA et l'UNICOOP (pour ne citer que ces deux
structures) se sont lancées dans le co~~erce des produits maraîchers
sans vraiment aider à améliorer leur production.
En même temps que doit s'organiser le marché national, doi-
vent être prospectés des débouchés extérieurs. En général, dès qu'on
parle de marché extérieur, on a tendance à ne penser qu'à l'Europe
Occidentale. On oublie très souvent les pays africains qui peuvent
constituer un très vaste marché pour le poisson sénégalais, frais ou
séché, et les légumes. Avant
l'indépendance des pays de l 'A.O. F.
(Afrique Occidentale Française), nos produits étaient vendus dans
presque tous les pays riverains du GOLFE de GUINEE et sur une bonne
partie de l'A.E.F. (Afrique Equatoriale Française). Avec les indépen-
dances et les cloisonnements territoriaux, un négoce de grande enver-
gure s'est ainsi tari qu'il s'agit de reconstituer et d'étendre. Mais
l'ouverture de ces débouchés sera surtout fonction de la qualité des
produits proposés.
Les quelques problèmes soulevés ici appellent des réponses
d'ordre collectif car, comme le disait li. CIIAIŒTE.AU (2), le développe-
ment suppose une adaptation, non seulement de l'appareil de l'Etat
mais aussi, et du comportement des fonctionnaires, et du comportement
de la population par rapport aux fonctionnaires et à l'Etat. Ces diffé-
rentes nécessités constituent probablement le pari le plus difficile
de toute l'entreprise.
(2) CHAIGNEAU Y. (I39)

- 293 -
BI B LlO 0. R A PHI E
================~=====c==
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du CAP-~~RT. BULL. SOC. BOT. de FR., 1953, 153 pages.
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océanographique et les lieux de pêche. NOROIS N° 64
Octobre_
Décembre 1969.
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- 294 -
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Afrique Noire. Thèse de 3e cycle géographie, Université de BOR-
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cul tures maraîchères dans la ~égion' de COTOlWU - PORTO-NOVO (Ré-
publique populaire du BENIN). Thèse de 3e cycle de géographie,
Université de STRASBOURG l, 1982,338 pages, planches, annexes.
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vivriers, en eau et en bois. Thèse de 3e cycle géographie, Uni-
versité de BORDEAUX III, 1974, 359 pages.

- 313 -
_.
LISTE DES PRINCIPAUX SIGLES UTILISES.
======~==============~==============
A C D l
Agence Canadienne de Coopération et de Développement Inter-
national.
A C P
Afrique - Cara!bes - Pacifique.
A B F
Afrique Equatoriale Française.
AGROC/iP
Société Agricole du CAP-VERT.
1
A 0 F
Afrique Occidentale Française~
ASEPAS
Association des Exportateurs Sénégalais de produits
Agricoles.
A T A F
Association des Transports Aériens des Pays Francophones.
A VIC A P
Association des Aviculteurs du Sénégal.
B C Z a M
Bureau Central d'Etude pour les Equipements d'Outre41er.
B N D S
BanClue Nationale pour le Développement du Sénégal.
C A TI E N
Contrat d'Assistance au Développement de l'Elevage Naisseur.
C A D ~ R
Contrat d'Assistance au Développement du Réelevage.
C }, 15 P
Centre d'Assistance à la I.~otorisation des Pirogues.
CAP A S
Centre d'Assistance à la Pêche Artisanale S~négalaise.
C D H
Centre de développement Horticole.
CEP
Centre d'~ncadrement et de Production.
j
C ERs Centre d'Expansion Rurale.
1

- 314 -
CF CAl Comptoir Français de la Conserve Alimentaire.
-C ICA: CornpagnieIndustrielle des Conserves Africaines.
C 0 0 P A VIS: Coopérative des Aviculteurs du_Sénégal.
C P A
Coopérative Primaire d'Avitaillement.
C RAD: Centre Régional d'Assistance pour le Développement.
CR 0 DT: Centre de Racherches Océanographiques de DAKAR - THIAROYE.
D G P Â
Direction Générale de la Production AgTicole.
D 0 P M
Direction de l'Océanographie et des Pêches Hari Urnes.
E l
S 11 V
Ecole Inter~états des Sciences et G~decines Vétérinaires.
E H JI. 11
Ecol e National e d' Ad..mini stration et de T,~agi strature.
E N E A
Ecole Nationale d'Economie Appliquée.
EN SUT
Ecole Nationale Supérieure Universitaire de Technologie.
F A 0
Orge.nisation des NatioYls Unies pour l'AliI1entation et l'Agri-
culture.
F. CFA
Franc. Communauté Financière Africaine.
F E D
Fonds Européen de Développement.
F IDA K
Foire Internationale de DAKAR.
~ ID:::; S
Fonds d'Investisse:nent et de Dévelo]1lJenent 3conor:ique et
Social.
GAS
Groupement des Aviculteurs du Sénécal.
l A T A
Association Internationale des Transports Aériens.

- 315 -
l C S 1 Industries Chimiques du Sénégal.
l D E-P
Institut Africain de Développement Economique et de Plani- -
fication.
l
FAN
Institut Fondamental d'Afrique Noire.
ISE A
Institut des Sciences Economiques Appliquées.
IS R A
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles.
I T A: Institut de Technologie Alimentaire.
IUT: Institut Universitaire de Technologie.
L N E R V
Laboratoire National de l'Elevage et de Recherches Vété-
rinaires.
MDR
~ünistère du Développe8ent Rural.
11 E R
Ydnistère de l'Economie Rurale.
MIN
Marché d'Intérêt National.
o N C A D
Office National de Commercialisation et d'Assistance au
Développement.
o R A NA: Organisme de Recherche sur l'Ali~entation et la Nutrition
Africaine.
ORS T 0 11
Office de Hec:lerche Scientifique et Technique d'Outre-
11er.
P N U 1)
Prograr.une des IJations Unies pour le Développement.
S CET
Société Centrale d'E~ui~ement du Territoire.
S EDE S
Société d'Etudes Ilour le Développement Economique et Social.

- 316 -
SEP M r Secrétariat d'Etat à la Pêohe Maritime.
S E RAS
Société d'EXploitation des Ressources Animales du Sénégal.
S 0 DEN l A
Société de Développement des NIAYES.
S 0 DES P
Société de Développement de l'Elevage dans la zone Sylvo-
Pastorale.
SON li R
Société Nationale d'Approvisionnement du lIonde Rural.
SON E D- Afrique: Société Nouvelle des Etudes de Développement en
Afrique.
SONEES
Société Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal.
S 0'T1 R A C
Société des Transports Routiers du CAP-VERT.
S SEP C : Société Sénégalaise des Engrais et Produits Chimiques.
S T N
Société des Terres Neuves.
S y N JAR 11 AR: Syndicat des Jardini ers et Maraîchers de la pres-
qu'île du CAP-VERT.
U COD ART: Union des Coopératives ~araîchères de TRIES.
U N CAS
Union Nationale des Coopératives Agricoles du Sénégal.
UNI C 0 0 P
Union Région~le des Coopératives Maraîchères du CAP-
VERT.
Union Régionale des Coop~ratives Acricoles de l~ région
du Fleuve.
U R CAP
Union R~~ionale des Coopératives Agricoles du CAP-VERT.
USA l TI
Agence Internationale d'Aide et de Développenent des
Etats-Unis o

- 317 -
LISTE DES TABLEAUX ~
Pages
l
- Répartition sooio-professionne11e à PIKlNE •••••••
25
II
~ Moyennes mensuelles thermiques •••••••••••••••••••
33
III
- Données pluviométriques ••••••••••••••••••••••••••
37
IV
- Durée moyenne des saisons de l'upwe11ing le long
de la oôte Nord-Ouest afrioaine ••••••••••••••••••
54
V
- Evolution de la population" rurale du CAP-VERT de
I971 à 198r
.
63
VI
- Répartition sooio-professionnel1e à CAMBERENE ••••
61
VII
- Aocroissement naturel de la population dakaroise •
79
VIII
- Teneur en vitamines du poisson frais .••.••.••.•••
83
IX
- Compositions comparées du poisson frais et de la
vi-ande
84
X
- Résultats des campagnes 1981-1983 (CAP-VERT et
SINE SALO'OM)
87
XI
- Superfioies cultivées en légumes selon les régions
89
XII
- Caraotéristiques de l'équipement (puits) •••••••••
I03
XIII
- Coat d'un pu! ts ••••.•••••••••••.•••••••••••••••••
I04
XIV
- Prix pratiqués par le fret •••••.•••••••••••••••••
IIO
XV
- Evolution de la production et de la commercialisa-
tion de BUD entre 1912 et 1916 •••••••••••••••••••
III
XVI
- Modes de faire-valoir dans quelques villages ma-
rat chers
1I7
XVII
- Situation de l'occupation des terràins à SANGAL-
KAM - BAMBILOR
I20
XVIII - Situation de l'occupation des terrains selon le
lieu de résidence ••••••••••••.••••••••••••••••.••
120
XIX
- Compte d'exploitation par type d'engin de pêche
arti sanal e
142
XX
- Produotion valorisée par unité de pêche artisanale
144
XXI
- Résultats généraux de la pêche maritime sénégalai-
se (année 1983)
146
XXII
- La pêche artisanale traditionnelle au CAP-VERT. Re-
censement général. Année 1983 •••.•..••.••••.•••••
141
XXIII - Réalisations de la pAche maritime (de 1919 à 1983)
185

- 318 -
Pages
XXIV
- Répartition de l'effeotif du ohepte1 en I983 •••••
I89
XXV
- Evolution des- exportations sénégalaises de
I966
à 1984· • •.• • • •• • • • • • • • • • • • •• •• • • •• • • •• • •••• •• ••• • ••
217
XXVI
- Population et oonsommation de poisson frais au Sé-
négal • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ._ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
228
XXVII
Cofits de transport du poisson pour un trajet de
240 ms
_
.
232
XXVIII
Evaluation des ventes de bétail à DAKAR en I983 ••
242
XXIX
-Provenanoe des légumes déchargés au pack du marohé
CASTOR •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
268

···l-'
,
T~LE. DES~ FIGURES
".;
Pages·
·1
- Présentation de la région de DAKAR ••••••••••••••
1
2 - Situation de la ré~on d.es NIAYES •••••• • • • • • • •• •
13
3
- Morphostruoture du Cap-Vert
•• ~ • • • • • • •
15
4
- Voies de oommunioation et oonoentration humaine
au Sénégàl
-..• ~
e_e. ;~_. • • • • • • • • •" • • • • • • • - . . .
17
5
- Les seoteurs de la banlieue dakaroise...........
21
.6
- GéomorPhologie soJ:1éDiatiséè ..desNIAYES •••••••••••
28
7 - Centree d'àotion et oiroulation en Janvier et
Jui 11 et (en surfaoe) •••.•••••••••••••••••••••••••
31
8 - Le régime thermique de DAKAR, TRIES et SAINT-
LOurS (moyenne 1960 - 1984) ••..•....•....•.•••••
35
9
- Variation des précipitat~ons. Station de DAKAR -
YOFF ••••••.••••••.• -••••••••• -. • . • • • • • • . • • • • • • • • • •
4I
10. Fluotuations de la nappe phréatique •••••••••••••
45
II - Le oontaot de la nappe phréatique avec l'eau ma-
rine
~
~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
12 - Les possibilités d'utilisation de la nappe des
sables •...............•........•................
47
13 - Représentation schématique de la série des sols
d'une ni aye • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . •
49
14 - Sohéma de la ohaîne alimentaire ••••••..•••••••••
56
15 - Historique du développement spatial de DAKAR ••••
11
16 - Prinoipaux mouvements migratoires •••••••••••••••
18
11 - Aptitude des terres au marafchage •••••••••••••••
90
18 - Produotion maraîohère dans les NIAYES •••••••••••
91
19 - Evolution de la produotion nationale de pêohe ar -
tisanale depuis la motorisation des pirogues ••••
134
20 - Pose de la senne de plage •••••••••••••••••••••••
139
21 - Evolution des mises à terre de la pêohe piroguière au
Sénégal de 1953 à 1965.................................
155
22 - Evolution du nombre de cordiers au Sénégal.............
160
23 - Evolution des marées effeotuées par la flotte cor-
dière •...................••.....••..•.•..•...•.•
160

Pages
24 - Evolution (es prises 4ébarquées par le8 oordiers
I60
25· - Zon~s._ d'àctiviU des cordiers
f .'. ; .• '••'••••.~. : ••• "'~
I6I
26 - Courbe «e-concentration de la o~nsommation 4e
poisson au Sénégal •••••••••••••••••••••••••••••
229
27 - Implantation des zones 4e produotion de la SODESP
252
28 - Principaux marchés de D a k a r · . . . . . . . . . .
276

-. ~"
....
- 321 -
TABLE DES MATIERES
_••••=...~•••--•••••
Pages
AVAN'T ,- PROPOS ••••••••••••••••.••••••••••••••••••••••••
l
INTROroCTION •••••.•••.•..••.•••.•.•...••.••.•••••••••••
5
Première partie: Conditions générales de la production.
II
Chapitre l
- La banlieue de DAKAR ••••••••••••••••••
12
1
l
- Situation et site ••••••••• ~ •••••••••••••••
12
II - Les secteurs de la banlieue dakaroise •••••
18
l • La banli eue ooci dental e •••••••••••••••
20
2 • La banlieue orientale •••••••••••••••••
23
Chapitre II - Les facteurs phy.siques de la production
26
l
- Approoh~ du milieu physique des NIAYES ••••
26
A - Le relief . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
26
B - Le olimat •••.....• ~ ....•..•..•••••••••
29
1 • Lee mécani amas ••••••••••••••••••••
29
2 • Le régime thermique •••••••••••••••
32
3 • L es venta ..... "t ~, '••._•••••••••••••
34
(.,~h
.
!,
4 • La pluviomé
' . . •• • ••.•••••••••
36
" . \\
C - Les ressouroes
u~••.••\\.~~••••••••
43
tZ.t
i
-,1
D - Les sols •••••
• • • •• f ... '..~).......•
48
II - Le l i ttoral sénégal :. s
• • • • •. .:f!
.
51
A - Le plateau oonti~érl~~IS01'8'~\\f;~("
••••••••••
51
~-..--......;.,J
B - Les facteurs hydrologiques •••.•.••••••
52
C - Les ressouroes iohtyologiques •••••••••
55
D - Les phénomènes migratoires des popula-
tions ae pêoheurs sur le littoral •••••
58
Chapitre III - Les conditions socio-économiques de
la production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • .
61
l
- La société villageoise ••..•••••••••••••••
61
A
Partiou1arisme de l'ethnie LEBOU ••••••
61
B - Quelques données sur la population ru-
raIe
"....
62
C - L'état sooio-professionne1 ••...••.••••
65
D - Les transformations de la société villa-
geoise
67

- 322 -
Pages
II
.;.. L'évolution historique "es aotivités du
seoteur primaire dans la banlieue claka-
roiae ••••0.............................
69
A - Les activités agrioo1es •••••••••••
69
B - La p30he clans l'histoire éoonomique
du littoral sénégalais ••••••••••••
73
III - Les conditions du marché dakarois •••••
76
A - La population dakaroise •••••••••••
76
B - Les besoins alimentaires de la popu-
1ation dakaroise...................
80
Deuxième partie 1 Les activités du secteur primaire~le
bilan de la production..............
86
Chapitre IV - L'agrioulture dans les NIAYES ••••••
87
l
- Les cultures traditionnelles d'hiverna-
ge •.....•...•..•..•.••••.•..••••....••
87
II
- Les cultures mara!chères et fruitières
89
A - Le maratchage traditionnel........
93
l • Les systèmes de produotion ••••
93
a) Les exploitations familiales
93
b) Les exploitations mara!chè-
res de transition ••••••••••
94
0) Les exploitations semi-capi-
ta1istes •••••••••••••••••••
94
2 • Les techniques de production...
95
a) L'outi 11 age ••••••••••••••••
95
b) Les techniques de fertilisa-
ti on .......•..•••..•....•••
98
0) Les techniques d'irrigation.
101
t) Les techniques de cultures.
104
B - La modernisation de l'activité ma-
ratchère dans les NIAYES ••••••••••
107
1 • Le cas avorté de BUD-SENEGAL ••
107
a) Caractères généraux de la so-
ciété BUD ••••••••••••••••••
I07

1
- 323 -
Pages
b) Les raisons de l'éoheo de la
société BUD-SENEGAL •••••••••••
III
2 • Les exploitations de type ooopéra-
tif
113
III - Faoteurs- d'évolution de la produotion ré-
gionale .....................•....•..•.•••
I16
A - Les oontraintes .au développement de la
produotion
1I6
l
• Les oontraintes naturelles •••••••
1I6
a) La séoheresse •••••••••••••••••
1I6
b) Les menaoes d'ensablement des
exploitations dues à la destabi-
lisation des dunes ••••••••••••
1I6
2 • Les oontraintes d'ordre teohnique
1I6
a) L'inadaptation de oertaines se-
menoes maratohères ••••••••••••
1I6
b) L'insuffisanoe des infrastruo-
tures routières •••••••••••••••
1I6
3
1I7
• Les oontraintes sooio-éoonomiques
a) Les contraintes fonoières .....
II7
b) Les di ffi ouItés issues de la
loi sur le Domaine National
1I8
•••
0) Le manque de terres dû à la pous-
sée urbaine et industrielle ••••
12I
i) Les contraintes liées aux oir-
ouits de distribution .......... 122
B - Stratégie de développement des NIAYES •
122
l
• Le désenolavement de oertaines par-
ties des NIAYES ................... I22
2 • La néoessité de fi xati on des dunes
I23
3 • L'urgenoe d'une poli ti que de l'eau
125
4 • L'intégration
marafohage-éleva-
ge . . . . . . . . . . . . . . . • • • • • • . . • . . . . . • • •
127
Chapi tre V - La pêohe artisanale •••••••••••••••••••••
129
l
- La pêohe artisanale traditionnelle ••••••••••
129
A - Les modes de produotion •••••••••••••••••
130

- 324 -
Pages
l • L'armement traditionnel...........
130-
a) La pir~gu.e ••••••••••••••••-•• -...
130
b) La motorisation ••••••••••••••••
132
2 • Les teohniques de pêche •••••••••••
135
a) La pêche à la ligne de fond ••••
135
b) La pêche au filet ••••••••••••••
136
B - La produotion •••••••••••••••••••••••••
140
l • Les résultats· ••••••••••••••_. •• •• ••
140
a) Les rapports de production dans
la pêche artisanale ••••••••••• -.
140
a 1 - Aspeots économiques •••• ~.
140
a 2 - La rémunération des pê -
oheurs .-..................
144
b) Les centres de pêche et la pro-
duction régionale ••••••••••••••
145
2 • Les activités de transformation •••
148
a) Aspeots historiques et sociaux.
148
b) Les techniques de transformation
149
II -La pêche artisanale améliorée ••••••••••••
153
A - La pêohe cordière au Sénégal : histori-
que de la mutation et bilan des premiè-
res expériences ••••••••••••••••••••••
153
B - Les projets d'amélioration de la pêche
arti sanal e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
162
l • Le projet FAO - NORAD et FAO -
73.009 ..........................•
162
2 • Les embarcations YAMAHA ••••••••••
164
3
Les pirogues "BEAUCHAMP" en mati~-
re plastique .•..•••••••••••••••••
164
III - Esquisse d'une stratégie de développement
de la pêche artisanale au Sénégal.........
166
A - Eviter les slogans habituels: supério
rité de la pêche industrielle sur la
pêche artisanale ••.•.••••••••.••••••••
166

- 325 -
Pages
l • Caraotéristiquesgén6ra1es de la
pAohe iniustrielle au Sénégal.....
167
2 • Impact socio-éoonomique de la p&ohe
artisanale •• '.' •• • • • • •• • • •• • ••• •• ••
I76
B - Les bases du développement de la pêohe
artisanal e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
178
l • Nécessité d'une chatne de froid •••
178
al La détério~ation du poisson ••••
178
b) L'objet de la réfrigération ••••
179
2 • Le rSle des structures ooopératives
dans le développement de la p&che
artisanale
-...........
180
Chapitre VI - L'élevage dans la banlieue de DAKAR..
189
l - L'élevage traditionnel ••••••••••••••••••••
189
A - L'élevage traditionnel de bovins ••••••
189
B - L'élevage traditionnel de la volaille.
191
l • Les races exploitées ••••••••••••••
192
2 • Les méthodes d'élevage ••••••••••••
192
a) Les looaux •••••••••••••••••••••
192
b) L'alimentation et la proteotion
sani taire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •
193
C - Les autres types d'élevage ••••••••••••
194
l • L'élevage ovin-oaprin •••••••••••••
194
2 • L'élevage poroin
.
195
II - L'élevage moderne ·
. 196
A - L'aviculture moderne ••••••••••••••••••
196
B - Une expérience en cours: l'élevage lai-
tier intensif •••••••••••••••••••••••••
197
Troisième partie r La commercialisation de la produotion
200
Chapitre VII - Les principaux flux de distribution..
201
l
- Les circuits des produits marafchers ••••••
202
A - Le courant traditionnel ••••.•••••..•••
202
l • Les ventes direotes •••.•••••••••••
202
2 • La vente aux intermédiaires bana-
bana . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . • . . . . . • •
204

- 326 -
Pages
B - Les essais 4e modernisation de la eom- -
meroialisation des produits mara!ohers
205
l
• Le SYN.TAHMAR •••••••••• • • • • • • • • • • •
205
2 .' La SODENIA •••••••••••.•••••••••••
206
3 • L'UNICOOP •••• •.• • • • •• • • • • • • • • •• • ••
208
4 • L' URCAP ••••••••••••••••••••••••••
210
C - L'exportation des produits maraiohers
2I3
l •. Conditions générales de l'exporta-
tion ••••••••.•••••••••.••••••••••
214
2 • Les améliorations à apporter •••••
217
II - Le oirouit des produits maritimes ••••••••
218
A - Le mareyage dans la région de DAKAR ••
2I8
l • Aperçu historique du mareyage au
Sénégal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • •
218
2 • L'organisation du travail des ma-
reyeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • •
222
a) Les oireuits de distribution de
la pêohe piroguière •••••••••••
222
b) Les oirouits de distribution au
niveau du port ••••••••••••••••
225
3 • Réflexion sur le mareyage •.••••••
226
4 . Le monde des mareyeurs •••••••••••
230
B - La oommeroialisation des produits trans-
formés •••.•••••••••••••••••••••••••••
234
l • Le oirouit d'exportation •••••••••
234
2 • Le marohé urbain •••••••••••••••••
234
3 • Le marohé rural..................
235
III - Les oirouits de distribution des produits
de l'élevage
..••••
237
A - L'approvisionnement de DAKAR en bovins,
ovins et oaprins ••.•.••••••••••••••••
237
l • Le oirouit traditionnel..........
237
a) Le oommeroe du bétail.........
237
a l - Les agents de la oommer-
oialisation •......••••••
238

- 327 -
Pages:
1
a 2-Moaalit~s d~8 tran-
sactions •••••••••••••••
239
1
a 3 - Les variations de l'ap-
provisionnement ••••••••
241
1
b) Le commerce de la viande •••••
243
î
b l - La transformation ••••••
243
~
b 2 - Les agents de la commer-
1
cia1isation ••••••••••••
244
b 3 - La consommation de viande
246
0) Les conditions d'une am~l1ora-
tion du circuit traditionnel..
247
o l - D,ynamiser les mouvements
ooopératifs •••••••••••••
248
o 2 - Contrôler l'exercice de
la profession •••••••••••
248
c 3 - Améliorer les infrastruc-
tures • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
249
2 • Le circuit intégré •••••••••••••••
250
a) L'AGROCAP •••••••••••••••••••••
250
b) La SODESP •••••••••••••••••••••
251
0) La SERAS ••••••••••••••••••••••
254
B - Les cirouits secondaires des produits
de l' él evage •••••••••••••••••••••••••
255
l • Le oirduit des produits prohibés
par l'ISLAM ••••••••••••••••••••••
255
2 • Le circuit des produits avicoles.
256
Chapitre VIII - Les types de commerce ••••••••••••••
259
l
- Le commerce de gros •.••••••••••••••••••••
260
A - Le commerce de gros de la viande •••••
260
l • La vente aux colleotivités looales
260
2 • La vente aux grandes surfaces et
aux boucheries modernes ••••••••••
263
3 • La vente aux bouchers-détaillants
264
B - Le commerce de gros des poissons et
des légumes . . . . . . . . . . • • . . . . . . . . . . . . . •
266
l • Description des marchés de gros..
266

- 328 -
Pagea
2. • Les différentes fonotions des
marchés de gros ••••••••••••••••••
261
a) La fonction de distribution •••
261
b) La fonction de redistribution •
268
c) La fonction d'information •••••
269
3 • L'organisation du commerce de gros
269
II - Le commerce de détail ••••••••••••••••••••
274
A - Les marchés de dé~ail ••••••••••••••••
275
l • L'équipement des marchés •••••••••
275
2 • Aire d'attraction des marohés ••••
218
~
280
=:::e::::d::;:t~;~~~~~. 283
CONCLUSION ••••••••••••••••••••••••••••,•••••• f ~
286
~.•,,,
-BIBLIOGRAPHIE •••........•••••.••••••••• ~.rfl~)~e••••••••
293
Liste des prinoipaux sigles utilisés ••••••••••••••••••
3I3
Liste des tablea'UX ••..••.•••.•••••••••••••••••••••••••
3I1
Tabl e des figu.res ••....••.......•.•••...•.•••••.••...•
3I9
Table des matières • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . • • • • • •
32I