ACADEMIE DES SCIENCES DE L'URSS
INSTITUT DE LINGUISTIQUE
LES CATEG<)RIES N<)MINALES DANS
LES SYSTEMES DE LANGUES A CLASSES
(L1exetnple du wolof)
These de doctor,:1t Ph. D ( DocrOR Of PHILOSOPHY )
LINGUISTIQUE GENERALE -
10-02-19-
Presente par
:Jdiassé THrA~1
Sous la DIrectIOn de
A. !. KOVAL
Docteur es- Lettres
\\'Ioscou 1984

.f:..VEPTISSElAEI·.JT
C'est dans la langue de POUCHKINE) TOLSTOI, LEHIHE, ,,, que
nous avons étUâié la 1mgJllstlque Plus t~îI'd nrjUS avons fait des recherches a
l'13Sue desquelles nous deviOns prodtUre cette thèse, Le travail a eté dingé
par l-.Ame A l KOVAL) spéciahstE confIrmé des langues rjllest-at1antlques
et s'mteressant particulièrement aux langues du sous-groupe nord : fula,
~!olof) serer.
A l'InstItut de Lmgmstique de Lt..cadéITl1e des SCIences de l'URSS)
aux départEment.s de Imguistique générale et des langues africames., notre
traTctil a fait l'objet de délibératlOns avant d'avoir été soutenu dew:tr1t le
Consell SClentlfique de l'Institut susnomrrJ.é, Pour l'Uruverslté de Dakar Il
fallait traduire la thèse et Il S'Imposait que ce fut nr)l.lS qU11e fisslOns,
Pour la wlle du textE le délai de trois mois était court. D'autant plus
que c'était la première fOlS que nous entrepremons la périlleuse tkhe de tra-
ductIOn de textes scientifIques) ou de textes) tout court. Auteur et traductew',
nous U(;ilS somInes rendu compte qUE, nonc;bstant l'objecttvité et la traduc-
tibllttÉ du tezte sCientifique) la tra.ductwn avait bien souvent des allures de
re-créatwn ! Cepend.ant que devant nous se d.ressaient les dlffiCU1t.é.S maté-
rielles qtU en eompromettaient la "réalisation"
Four ces faiSOnS, ce traTail est un abrégé du vdume origmal.
Cependant, en tant qu'auteur et traducteur) nous pouvons affirmer qu'il rend
compte assez fidèlement des d-ifférents pomt.s qui ont étB traités d.ans
l'original et d.e la plupart ctes idées-clé. Pour cause, le présent textE est des-
tmé al'attention ey..c1uslve des Im,gl.llst.es de l'Uruverslté de Dakar déSignés
par MonSIeur le Doyen de la FacultÉ des Lettres et Sciences humames a effet
de procéder à l'examen des candidatures a des postes d'assistants dans ladite
UniversIté, A ceux-ci nous présentons nos excuses pour les imperfections
nombreuses aux plans de la présent.atiot1, de la rédzv~tion française même ! et
de la traduction proprement dite, l'-1ous leur demandons de nous accorder
leur bienveillantE compréhens10n et nous espérons qu'ils voudront bien ne
t.erl1r en eonsidératlOn que le contEnu et, peut-être aussi) l'esprit qui a préside
au choiX d.u thème dans le c·::mtexte acadèrruque qtU étzut le Sien,

- 2 -
La pr~sente th~se se propose de proe~d&~ l l'examen des
catégories nominales les plue fondamentales dans les syst~mes
de langues l classe nominales. Elle a pour centre d'int~rêt
1
l'~tude de la cat~gorie de la classe nominale (ainsi que des
autres catégories nominales qui lui sont liêes) dans l'une des
langues les plus importantes d' At"rique Occidentale - le wolof
(R~ublique du ~nC!gal et pays limitrophes). L'examen du sY8t~me
des classee nominales
se eitue ici sur le fond théorique et
typologique plus gén~rale de la cat~gorie du genre/olasse qui se
réalise dane la plupart des langues du monde.
Les fondements de l'analyse fonctionnelle du genre grawill2-
tical et de la classe nominale au sein d'une même catégorie c-..c:.-_t
la vocation principale est de d~terminer le8 liens entre les
mots dans un texte turent êtablis d~s l' 'Poque classique de :c..'_
linguistiquO g6nérale. J. Vendryes, soulignant l'importance ~~
genre grammatical dans les langues inde>-europ'ennes et sémites
(1111 est essentiel au point que l'on ne s'imagine pas sans lui le
substantir dont il est la caractéristique prineipale, sinon la
seule"), note ê. la :f'in de la partie correspondante : ItDans cer-
taines langues d'Amérique et d'Afrique le genre a un caractère
particulier••• Sur le territoire africain le ,genre a pour nom
classe. Dans les langues bantu, lee classes, c.ractériséee
chacune par un affixe spécial, jouent un rôle idmense".
(Vendryes, 1937, 92-96).
Pareille identification du genre l la classe nominale
dans le cadre d'une même cat'gorie servant, d'apr~s Hjelmslev,
"aux fins simples d'accord" (Hjelmslev 1972, 115) est affirmée
surtout par les savants linguistiques qui d'finis8ent la catégo-
rie comme essentiellement syntaxique.

- 3 ..
Il Y a dono tusion des deux catégories en une seule du
fait de 1'1dent1tê de leur rendement fonctionnelle et cela, du
reste, se ret1~te bien souvent dans la terminologie employée par
diff~renta auteurs, L~ Bloomfield, par exemple, propose le terme
contamin~ "gender-olasaes" qu'il définit comme des "classes con-
ventionnelles qu1~ chacune, exigent de chaque sorte de mots accom-
pagnant le substantif différentes :formes d'accord".
DEn allemand, prêcise-t-il, il en existe trois, en fran-
pis deux. Certaines langues de la :famille bantu en comptent une
wingta~ (Bloomfield, 1968, 204-205). n'autres auteurs gén~ra­
lisent le terme "genre". De l'avis de H.A. Gleastn le plus judi-
cieux serait de dê:finir le genre comme l'ensemble de sous-classes
syntaxiques de substantifs, dont d~pendent les accords. L'illus-
tration plus loin de cette définition se fonde sur l'exemple d'Lille
langue africaine - le bariba (Gleason, 1959, 210-213). De même J.
Lyons qui dans son livre "Introduction h la linguistique théorique"
inti tule le paragraphe qui trai te du genre grammatical "le genre
en Swahili" (Lyons, 1978, 301-302). S.D. Katsnelson, pour sa part,
trouve plue convenable le terme "olasse" pour 4~B1gner les deux
à la fois c "La cat~gorie de la casse est une condition nécessEü:.... :::;
pour la constitution des formes de liaison syntaxique commun~ment
appelées "accord en genre ou en classait (Katsne1son, 1972,23).
ces différences relevées dans l'emploi de la terminologie

-4-
n'alt~rent an rien, 4v1demment, l'intlrêt commun A tous les théori-
ciens typologues pour la problématique de la oat6gorie du genre/
olas8~. Elles le démontrent plut8t. De nos jours le sujet reste
de grand~ actualité dans les ~tude8 linguistiques. De cela témoi-
gne le nombre important de nouveaux travaux qui traitent des
eorrêlations, aussi bien de fond que de forme, existant entre les
sys~mes a genre d'un cat~ et A classes nominales de l'autre,
qui fonctionnent dans des langues typologiquement et gên~tique­
ment h&têrog~nes. C'est précis4ment dans ce cadre nouveau que lCG
langues africaines l classes nominales sont de plus en plus 8011i-
cit4es.
Quant aux 4tudes africanistes' proprement parler, elles
ont toujours 4té caraettSrisées par la tendance l une certaine
"typologisationtt des syst'mes , olasses de langues afrieaines ~
atructUl'ea diverses (voir les travaux classiques de K. Meinhof,
E. Kellerellejer,
D. Westermann, A. ltlinsenheben). Cependant,
e.' est dans les travaux les plus rêcents que l'on constate un agran-
dissement de 1t &ventail des langues compo6ee, en mêmes temps
qu'une repr&c1a1on et un 'larg1.lement de l'inventaire des para-.
m~tre. par lesquels s'op.re cette compara1son (voir, par exesple,
les mat'r1aux du livre "la classification nomnale dans les lan-
gues n4gro-atr1ca1ne~' (1967), contenant des articles de plusieurs
'minente epêciallatee en langues atricaines diverses), Parmi ces
derniers on note surtout les tl'8vaux qui effectuent une ~tude
large et appro:tond1e de la olassification nominale dans une lan-
gue (ou un groupe de langues) donn'e avant de tenter le rappro-
chement tY,pologique avec des syst&mes fonctionnant dans d'autres
langues a structuree différentes. C'est pr'c1a4ment oette orien-

- 5 -
tation globale que l'on note dans la linguistique soviétique de
ces derni~res annêes. Ici on distingue d'un côté les travaux
qui traitent des classes nominales dans les langues africaines
pour débouoher sur une typologie globale (exemple V.A. Vinogra-
dov "Les classes nominales et les pronoms en bamil1ké" j A.l.
Koval ttDe la signification de l'indice morphologique de classe
en fula" - inclus dans "Morphologie et morphophonologie des
classes de mots dans les langues d'Afriquell (1979). De l'autre
cOté, les travaux qui emploient les donnêes des langues à claSC6S
d'Afrique comme fond typologique à la description de la classi-
fication nominales dans les langues du DaBhestan, comme, par
exemple, dans :J.es oeuvres de I.K. Abdoulaev "La catégorie <'tes
classes grammatioales et les questions de morphologie histori-
que de la langue lakskiy!' (Makhatchkala, 1974) J 8.11. KhaldaJ::ov
"Principes Ae la classification nominale dans les langues
daghestanaises" (Moscou, 1980). Enfin, on remarque ces derni~rës
années l'apparition -symptomatique - de travaux dont les th~mes
sont spécialement orientés sur les questions de typologie gén~­
raIe de la classification nominale (exemples : O.G. Revzina "Le
genre et la classification nominale" (1974) ; A.E. Kibrik, A.L
Kowal "Die Natur der Nominal Klassen und Methoden ihres Kon-
teneiven 8tudiums" (1980).
Dans le contexte de ces recherches en évolution il semble
utile et opportun de revenir sur les données du wolof, dont la
classification nominale est caractérisée par des traits haute-
ment spêc1fiques.
Rêcemment encore la plupart des théoriciens typologues
cherchaient leurs données parall~les africaines le plus souvent

- 6 -
dans les langues bantu bien connues et décrites adéquatement. De
nos jours il devient possible et nécessaire d'attirer leur atten-
tion sur les faits d'autres langues arricaines, qui montrent à quel
point peuvent être diverses les rormes par lesquelles se manifeste
la oatégorie de la classe nominale, variant d'une langue à l'au-
t~e sous plusieurs aspects essentiels.
n'autre part, une description multiaspectuelle de cet im-
portant rragment de la grammaire qu'est le syst~me des classes no-
minales s'impose avec acuité pour l'êlaboration d'une grammaire in-
terne du wolof, vu l'importance du statut social de cette langu3
ainsi que l'intense processus d'élargissement de ses fonctions
socia.les.
Le prfsent travail présente donc une description du syst2~e
des classes nominales en wolof eous les aspecte morphologique (et
morphophonologique), syntaxique et sémantique. L'analyse faite à
tous ces niveaux de la structure de la langue permettra en conclu-
sion de passer A l'illustration par une br~ve comparaison avec
quelques données correspondantes du fula, de la place qu'occupe
le wolof dans le continuum typologique des langues A classes nomi-
nales.
Il comporte trOis cha)1tres et une conclusion.
Le premier Chapitre d'ordre thêorético-typologique, défi-
nit les principes et les méthodes d'approche que l'auteur emploie
pour la description de la classification nominale wolof. On y
d~rinit ausei la place du wolof dane le contexte des langues afri-
caines à classes nominales. Il raut remarquer que le syst~me
nominal wolof, du fait des spécificités qu'il présente, s'oppose
de mani~re suffisamment tranchante aUX syst~mes même des langues

- 7 -
les plus proches génétiquement (serer at fula). Il est int~ressant
de noter par rappo~t A cela, qu'A l'étape initiale de l'étude des
langues arricaines, quand la compréhension de classe était asso-
ciée avant tout A l'existance dans la structure du substantif de
morph~mes qui marquent l'appartenance de la forme donnée A telle
ou telle autre c12sse (l'indice morphologique de classe), lewolor
~tait ~pe1nô reéonrnP0mme langue à classes ou se pla~ait invaria-
blement A la périphérie des d.ernières. Vrai semb'.àb1.~ment· , de
telles particularités ne sont pas étrangères au fait que générc.·-
lement les auteurs d'études sur le wolof ont encore quelques
réticences A faire mention des classes nominales même dans CE:~
f'ragments de leur s travaux où il est évident qu'il s'agit bicr.
de celles-ci.
Le second chapitre est consacré A l'analyse du plan séman-
tique de la classification nominale en wolof. Pour ce faire,
l'auteur prend appuie sur une nouvelle méthode d'analyse séman-
tique qui dans le principe diff~re de l'approche "conceptualis:15e"
A l'étude du lexique classifiée. Il est entrepris ici de déter-
miner le degr~s de grammaticalisation des significations de la
langue qui se réalisent par le biais de la classification nominale,
ce qui aboutit A l'illustration de l'insertion totale de toutes
les catégories nominales au sein de la catégorie fondamentale
des classes nominales.
Le troisi~me chapitre, consacré ~ l'examen du plan ex-
pressif des classes nominales en wolof, est composé de deux
subdivisions qui traitent séparément des aspects morphologique
et syntaxique. La premi~re subdivision constate l'absence d'une

- 8 -
morphologie de classe en wolof et tente de déterminer ! sa
juste mesure le ~apport entre les données morphophono1ogiques
et la classification nominale ainsi que les principes de classi-
fication de substantif dérivés. Le second sous-chapitre decrit
les r'gles d'accords en classe de substantifs avec les formes
qui leurs sont subordonnées dans différents types de syntagmes.
Au niveau de la collecte de matériaux, l'auteur (porteur
de la langue wolof) s'est appuyé essentiellement sur la méthode
introspective d'extraction des données linguistiques et aussi,
le plus largement possible, sur des textes en langue wolof,
malheureusement peu nombreux l
sa disposition. Aux fins de véri-
fications des données linguistiques et d'approbation des
hypo-
th~ses de travail, quelques enquêtes ont été menées aupr~s de
personnes parlant wolof en tenant compte de leur ". utilisa tion
de cette langue comme première langue ou comme langue d'emprunt,
ce qui est essentiel dans le cas d'une langue comme le wolof',
largement utilisée comme moyen de communication inter-ethnique.
Cette thèse a fait l'objet de délibérations au département
des langues africaines de l'Institut de linguistique de l'Aca-
démie des Sciences d'URSS ainsi qu'au d&partement de linguis-
tique géœra1e du même Institut. PJ.usieuI's des points qu'elle
comporte ont êté relatés aux dernières conférences des africa-
nistes d'URSS ainsi que dans des articles publiés à Moscou par
l'auteur.

- 9 -
CgAPITRE
l
Le substantif en wolof et ses cat~gories
grammaticales sous l'aspect typologique.
1.1. Du eoncept de "cats1gor1e grammaticale"
La problématique de la cat~gorie grammaticale
occupe une place importante dans la 1itt6rature linguistique de
ees derni~res d~cades. La discussion qu'elle sou1~ve tourne au-
tour de questions liées A la nature même de la eatégorie gramma-
ticale - h sa définition, aux corrélations en son sein entre si-
gnification, forme et fonctions. Différents auteurs se prononcent
différemment sur l'ensemble de ces questions. De l'avis de M.
Dom1il une telle divergence de points de vue "est due, dans une
certaine mesure, au fait que, non seu1emenm l'inventaire des
cat~gories grammaticales, mais aussi leur caract~re changent en
fonction du type de langue et, qui plus est, même dans un même
type de langues la catégorie grammaticale peut ne pas être partout
identique A elle même" (Doku1i1 1967, 3).
Il existe essentiellement deux interprétations
de 1 t expression" catégorie grammaticale" dans lesquelles se recou-
pent les diff~rents avis : la catégorie grammaticale dans son
acceptation large et la cat~gorie grammaticale comprise au sens
étroit du terme. L'interprétation au sens large permet l'emploi
de l'expression ttcat~gorie grammaticale" par rapport à des faits
linguistiques de divers plans. Doku1i1 par exemple, comme le lui
reproche A.V. Bondarko, réunit sous cette compréhension des fac-
teurs linguistiques aussi disparates dans leur ensemble que "le

- 10 -
substantif, l'infiniti~t le sujet, la proposition subordonnée,
le verbe oonjugud, le temps, le présent de l'indicatif' etc ••• 1!
(Bondarko 1976, 7). L'expression Il ca tégorie grammaticale" ainsi em-
plo~englobe une telle diversité de phénom~nes linguistjques, qu'il
s' av~re imposeible de circonscrire les traits qui leur sont com;:1.ffiS
ou qui les dif'férencient d'autres f'acteurs du syst~me grammaticale
de la langue. L'autre interprétation, dite au sens étroit, consi-
d~re le mot catégorie n~n pas dans sa signif'ication générale de
"groupe, partie" qui serait appliquée A la science de la grammaire,
mais comme composant du terme linguistique spécial qui désigne des
classes homog~nes de ~acteurs linguistiques. Dans ce travail
l'expression catégorie grammaticale Be sera employée que dans
cette derniêre accep.t-at1·~i".eQmme terme désignant des ~acteurs
"
comme le genre, la classe nominale, le cas de déclinaison etc••• ,
'" '1
r-
c'est A dire les taits:~rammaticaux qui s'étendent sur toute la
.
7

/
'
plurali té des ~lément'adlyné/même partie du discours ê laquelle
ils sont propres et qui représentent en soi des classes de signi-
f'ications grammaticales dont les diff'érentes unités f'ormelles
B~nt unies par la signif'ication généralisée la plus large et
s'opposent entre elles par des signif'ications généralisées aussi,
mais plue restreintes, propres à elles.
Comme on le voit par cette déf'inition, la catégorie gr8mma-
ticale est une unité de grammaire dans laquelle s'entremellent
étroitement les plans de la signif'ication (sémantique) et de la
rorme (morphologie
incluant les données morphophonologiques~
s'il y a lieu - et syntaxe, ou encore morphosyntaxe). Ces deux
plans sont 1ntr1nqéquement liés. Même si dans la plupart des
cas ils se présentent sous un rapport plus ou moins asymétrique

- Il -
selon la catégorie donnée, ce rapport reste toujours un rapport
d'interdépendance profonde et le discernement probable des plans
du contenu et de la forme de la catégorie grammaticale ne peut
avoir qu'une signification méthodologique, tendant A une plus
grande clarté de l'exposé, et reste donc tout relatif et conven-
tionnel.
Du point de vue typologique la catégorie grammaticale
sera co~prise comme "une signification généralisée, exprim~e dans
une langue donnée par un sYst~me de formes grammaticales dont la
structure dépend du type morphologique de cette langue. Il ne
découle pas de ce qui préc~de que la catégorie grammaticale ne sc
définit que dans le cadre de la morphologie. Un paradigme syntn,.
xique stable peut aussi servir d'expression à la catégorie gramma-
tillSale" (Yartseva 1975, 5).
Le concept de catégorie grammaticale se lie donc à des
types précis de langues, quoique, comme on vient d'en faire la
réserve, ce lien n'ai+' pas toujours un caractère direct et défini-
tif. Il s'explique (ce lien), entre autres données, par ce que
"dans chaque langue on suppose d'emblée une nette démarcation
entre les racines et les morph~mes auxiliQires, le mot dans son
fonctionnement comme unité principale, l'appartenance de tout ïllOt
et A tous les niveaux ~ une et une seule partie du discour~'
(Revzina 1975, 204). Les spécificités de réalisation de ces données
1
déterminent la caractéristique typologique d'une langue donnée et,
dans une certaine mesure, les particularités de fonctionnement et
la nature de ces catégories grammaticales.
Cet état de fait détermine la nécessité d'une br~ve
revue des données essentielles qui permettent la perception du

- 12 -
substantif en wolo:f comme d'une partie du discours autonôme po'~r
mieux situer l'examen que l'on :fera de ses catégories et de lul~
:fonctionnement synchronique.
1.2. De l,a délim:i;tation du nom et dH verbe en wolC'":.
La délimitation du substanti:f et du verbe en wolof
COlnme principaux groupes grammaticaux autonomes n'est pas dont~G
d'emblée, du :fait qu'une même forme lexicale, sans modificatio~8
morphologiques apparentes, peut souvent remplir les fonctions
propres au substantif comme celles propres au verbe indi:fférem-
ment. Lea descriptions du wolof ont posé le problème depuis long-
temps. Notons quelques \\IDes des résolutions qui lui sont appli.-
quées :
De l'avis de M. Delafosse, pareille tendance à la
non-délimitation du substantif et du verbe dans les langues afri-
caines s'explique par l'orientation de ces derni~res dans leur
évolution vers la simplification et la disparition des systèmes
de classes nominales : "Tant que chaque nom possède son préfixe
de classe et que la notion du rôle jou~ par ce pré:fixe ou ce
suffixe ne s'est point perdue, le nom se trouve par l~ même
nettement distingué du verbe. Mais c' est l~ le seul élément es;~r.:::o.­
tiel de di:fférenciation entre le nom et le verbe dans les lan-
gues n6gro-africaines. D~s qu'il disparaït, c'est à dire d~s çFJ.e
l'affixe de classe est tombé ou qu'il s'est incorporé aU. radiGc.:',
il n'y a plus rien qui permette de reconna1tre que tel mot est
ml nom ou un verbe,
en dehors de la place qu'il occupe dans ln
phrase et en dehors aussi, bien entendu, des cas où le verbe
s'accompagne d'~ a:f:fixe de conjugaison ou de celui o~ l'on a

- 13 -
affaire à un nom d~r1vé qui ne saurait, de par la nature de son
affixe de dérivation être pris pour un verbe. Comme un radical
verbal peut s'employer seul, ne serait-ce qu'a l'impératif, et
comme le radical nominal peut être lui même un mot dans les lant:u.;::
qui ont rejet~ les atfixes de classe 1 il s'ensuit que l'évolutiol~
dans ce sens marche de paire avec l'évolution des classes nomin~12c
vers leur disparition••• It' ljsyntaxe est oblig~e de venir au
secours d'une morphologie absente ou inopérante" (Delafosse 1952,
742, 743).
Pour sa part L.S. SENGHOR trouve l'explication du phéno-
mène en ce que "le nom et le verbe en wolof ne sont que udeux
aspects ciroonetantiels d'une même nature" (SENGHOR 1963 a, 129).
De son avis il n'a existâ primitivement que des substantifs qui,
plus tard, avec la nécessité d'expression de la catégorie (philo-
sophique) du pr~dicat, ont été employés comme des verbes. Un des
arguments qui lui servent A étayer cette hypothèse est que dans la
plupart dee cas les emprunts aux langues étrangères sont des subs-
tantifs qui s'emploient, a l'instar des autres léx~mes de la lan-
gue, autant oomme des substantifs que comme des verbes : bakaar bi
"péché" (arabe) - bakaar 1I comme ttre l.Ul péChé" ; gereu bi "gr~ve"
(fran9ais) - gereu "faire la gr~ve" (idem, 126, 150).
Un autre point de vue propre aux descriptions synchronir~
'lues du wolof (V. Ba~ageot 1965, Diagne 1971) consiste en la c"U::',-
tinction de trois types de léx~mes (1) en wolof : Les lex~mes
verba~, les léx~mes nominaux et les léx~mes (bivalents pour P.
Diagne) qui remplissent aussi bien les fonctions de substantir
que de verbe. Ainsi les mots comme d~gg If couper", xeefi "sentir" ,
jàpp "tenir", prendre" se définissent comme des verbaux. Ils ne
......:.-_............-.......-.....................-------------...----.....- ..-.. -............----------_.~ ..-.._~ ,
(1) La division de Pathe DIAGNE en léxèmes monovalents et léxè;ll:]G
bivalents semble revenir aux mêmes trois types, puisque les
léx~mes monovalents se subdivisent A leur tour en léx~mes ver·-
baux et léx~mes nominaux.

-
.1.4- -
peuvent se combiner qu'avec les formans ou auxiliaires verbaux
(dAgg n!. ~ xeen, j~pp~) et ne remplissent que les fonctions
de pr~dioat. Les mots comme nit "personne", g66r "homme", nag
"vache" etc ••• sont des substantifs. Ils se combinent aux formans
prDpres aux nominaux (~a sémm1n) et peuvent être employ~s sous
forme de Il signifiants discontinus" - le verbe lui ne pouvant êt:L'c
employé que sous forme de "signifiant non-discontinu,,{l). Le troi-
sième groupe est composê de mots comme gumb~ "aveugle" et "être
aveugle", sacc "voleur" et "VOler", ti!gg "forgeron" et Uforger"
etc••• Ces mots ne se rapporteraient à aucune partie du disco~œs
d~terminée du fait de leur capacité ~ se combiner aux formans
caraot~ristiques du verbe comme du nom et en cela ne diff~rent
en rien des autres substantifs quand il remplissent Wle fonctj.on
nominale ou des verbesCIland ils sont en fonction de prêdicat :
xale bi ~ œ nag wi "l'enfant a vol,é la vache" et xale bi
japp na sacc bi ttllenfant a attrapé le voleur". Ainsi ilIa ques-
tion de la délimitation du nom et du verbe reste latente. Cela
se confirme par la capacit~ de ces derniers ~ se combiner aux
diverses modalités du parler" (Sauvageot 1965, 60).
Le prob1~me est commun a beaucoup de langues africaines où.
il apparait sous un aspect plus ou moins similaire. Il tient
essentiellement du type morphologique de ces langues. En effet
on sait que les langues à tendance dominante analytique (type
agglutina tif principalement) sont caractérisées par cet isomor-
phisme interne qui a comme conséquence premi~re l'aptitude des
mots à ne se déterminer comme élément de telle ou telle autre

- 15 -
partie du discours que dans leur fonctionnement syntaxique, 10
niveau morphologique étant amorphe. C'est pourquoi le ph~nomène
est connu bien au del~ des langues africaines ou des langues ~
classes nominales plus généralement. En anglais, par exemple, on
ltidentifie dans une multitude de mots comme love, round, record,
tea eto, •• ! propos desquels O. Jespersen écrit: "il est impor-
tant de noter que si un grand nombre de mots anglais peuvent être
interp~~t~s eomme appartenant à plus d'une partie du discours,
cela n'est vrai que par rapport ~ la forme isolée. Dans chaque
cas concret d'emploi du mot ce dernier se rapporte! une seule
partie du discours et jamais à quelque autre ~ la fois lt • La mêlilc
sentence peut parfaitement être rendu pour les mots analogues Qu
wolof et la conclusion de O. Jespersen qui veut que nIes diction-
n~irea, de de fait, doivent définir love (substantif) et love
(verbe) comme deux mots di~férent~' (idem) est tout A fait vala-
ble pour les léx~mes wolof comme sacc (substantif) et sacc(verbe)
t~gg (substantif) et t~gg (verbe) etc.
Les marques dérivatives du substantif en wolof.
Les substantifs en wolof peuvent porter un certain nombre
de_mnrquee dérivatives qui sont leur propriété distinctive. Ce sont
essentiellement :
a) les alternances consonnantiques au niveau des racinas
des léx~mes,
b) la dérivation par suffixation et c) la réduplication
de la racine.
a) Au niveau des alternances consonnantiques on
distingue :

- 16 -
1) La prênasa11sation, largement employée par la langue comme pro-
c~dé de dêrivation de substantifs ~ partir de racines verbales :
baax
l
ft 8tre bon Il
mbaax G
~bontétl
donn "hér i ter"
ndono L
"héri tagel!
jang te étudier"
njang M
"~tude , apprenti ssage"
gantu "refuser"
ngant L
"refus, indisposition"
La pr~nasalisation de la consonne initiale signale la présence
d'un substantif ~ l'exception de quelques cas, quand on peut suppo-
ser que le substantif prénasalisé, dérivé d'un verbe, a engendré
à son tour un autre verbe sans changement de la forme, comme dans
l'exemple d~kki "ressuciter" -- ndékk1 tf pe t1t déjeuner" (on peut
supposer qu'il s'est opéré ici un glissement sémantique - suffisam-
ment perceptible, du reste - - ndékki "prendre le peti t déjelmer" fi
2) L'alternance consonnantique initiale du type occlu-
sive/:fricative :
t/p
f66t "less1ver"
pobt
M "lessivage"
fecc Il danser"
pecc
M tI danse"
sic
sonn "être fa tigué
coono L
":Pa tigue"
sace "voler, cambrioler" - cacc
G
"vol" cambriolage"
r;t/k
addu "répondre"
kaddu
G "parole"
_
~ - - ~ ~ ~ - - - - - - - - ~ - - - - - - - -
~ _ .
J _ ~
~
(1) Les différentes consonnes majuscules postposées aux substantifs
sont les symboles indiquant les classes auxquelles appartiennent
ces substanti:fs.

'>,
,.......
,- ..
",-
. ' ~~..,.
.,
- 17 -
(Y) endu "passer la journ6ett - kend G "B~jOur (du lever au
couchê du soleil)
(W) oor
"jeunertl
- koor G tlcarse, jeun"
L'alternance de l'initiale fricative (ou de son &quivalent
phon'me nul ou glide) en occlusive sourde signifie le passage
du l~x'me verbale au léx~me substantif.
3) L'alternance simultanée des consonnes initiale et
finale.
80q IIpileIttt
cox L
ft son"
s&dd "attribuer une part" - cUr L "part, attribution".
Le même proc&d& se double de l'alternance consonne finale
forte consonne finale taible (correspondante) "cette derni~re
&tant 4galement un attribut propre aux substantifs générale-
ment, comme on le voit dans les cas o~ la même alternance
("finale forte du verbe / finale faible du l!substantif d6rivé)
est la seule h s'op~rer dans le processus de d&rivation :
topp "suivre"
-
toi'
G "action de suivre"
tudd "nommer"
-
tur
W"nom, appela tian"
mujj "être dernier" -
muj
G "fin"
Ces r&gles d'alternance 1ndiquent : une dominante occlu-
sive sourde initiale des Bubstantifs par rapport aux fricatives;
une dominante finale faible des substantifs pal' rapport aux
finales tartes.
L'alternance consonnantique est l' un des proc'd&s les
plus productifs de dérivation nominale ~ partir de racines
verbales en wolof. Etroitement li4e l l'expression de la caté-

- 18
gorie gr~mmaticale de la classe nominale (v.3 .l.l.}, elle joue Œ'l
important rôle dans l'identification du substantif et sa délimit2tiJD
du verbe.
B) La d~rivation par suffi~~tion
Le wo~of eompte plusieurs suffixes de dérivation de subs-
tantif ~ partir de racines ve~bale. Le linguiste sénégalais O. I~.
en a dénombré quinze ~ui ont fait l'objet d'une description do s~
part (KA 1981'. Reprenons les iei 1
1. suffixe -(t.)ééf "eonceptualisant" :
tann "thoisir"
*an-ééf W "ehoix"
war
"devoir"
war-tééf W "devoir (le)"
le suffixe -aay "idée de qualité" :
ratat "etre beau"
rafetaay W "beautélt
tang Il atre ,baud"
tangaay Vi "chaleur"
"
sufNxe .ee1 ftréférentionnel" :
nob "a imer"
nobeel J "amour"
namm "être nostalgique"-
nammael W "nostalgie"
4. suffixe -in "particularisant" :
dox "marcher"
doxin W "démarche"
wax "parler"
waX1n W "manière de parler"
5. suffixe -it "idée de remanence - de partie
dagg "~ouper"
daggi t B "morceau"
wecci "ltchanger, t'aire -
weccit W "petite monnaie"
la monnaie"

- 19 -
6. suffixe - "agent" :
ligééy "travailleru
- ligééy kat B "travailleur"
jaay "vendre"
- jaay kat B "vendeur"
7. suffixe -0 Uabstraction des états et des signes"
mel "ressembler"
melo M "apparence, ressemblance"
loggi lIêtre inf'irme"
- laago J "infirmi té"
8. suffixe -te li éta t physique ou morale" :
torox "être infame, deshonoré - toroxte G "deshonneur"
mandi "être ivre"
- mandité G "ivresse".
~
9. suffixe -u,-(u)kaay "instrumental, locatif" :
bind " ~crire"
- bindukaay B "écriture"
fo
Il jouer"
- fowukaay B "j ouer"
atte If juger"
- attekaay B "lieu ob l·on juge, tribUJlal"
upp 1/ éventer"
- uppu B (uppukaay) U éVeIl tail"
Ces suffixes sont les plus fréquemment employés. Il en existe
quelques autres qui sont tr~s peu productifs et ne sont fixés que
dans quelques rares mots :
10. suffixe -aange :
lor "causer un préjudice"
loraange J. "préjudice, dommage"
naa t "prosperer"
naataange J. IIprospérité"

- 20 -
Il. suffixe
-ande:
Y(3rëm "avoir pitié, compatir"
yêrmaande J "pitié, compassion"
reew tI~tre impertinent"
reewande J "impertinence, outrai!.
12. su1'fixe -ent
yenni Ilenvoyer quelqu'un,
- yonnent W "commissiont1
commissionner"
13. suffixe - ant :
wax "être amer"
- wextan W tlfiel, bile"
14. suffixe - entaan :
taq "coller"
- taqentaan B "plante collante"
lakk 11 brt1le r"
"- lakken taan B "insecte dont le contact
brûle la peau"
15. suffixe - oor :
tang \\1 être chaud"
... ta~o9~' W "période de la chaleur"
fey tlpayer"
- peyoor G "salaire", "période de l~.
payelt •
Ces suffixes sont des suffixes de dérivation nominale devcr-
baIe. Ils peuvent se combiner entre eux, à d'autres suffixes ou ~
d'autres procédés de dérivation mais les mots dans lesquels ils fisu-
rent sont toujours des substantifs.

... 21 -
C) Le dédoublement de la racine.
Le dêdoublement simple de la racine (verbale le pl'~.c
souvent maie pas exclusivement) signale également la présencJ
d'un substantif:
xam If savoir"
xamxam J "science, savoir"
am
"avoir"
amam G "richesse, avoir"
b8gg uyouloir, aimern - bf!ggbl!gg J - B "amour, voul<bir·t1
gis ttyo1r"
- giegis W"compréhension, 2cvis"
Le d~doublement de la racine ne peut se combiner aux
suffixes de dérivation nominale et DB se rencontre qu'avec les
suffixe e verbaux:
xam,xaml1l
tt se faire passer pour savant"
dofdof:I:u
n ee faire passer pour fou"
Ainsi seul le dédoublement simple - sans combinaison
avec euttix8 - engendre des substantifs. Le dédoublement simple
na peut produire de formes verbales.
1.2.2. Les fonctions syntaxiq~es du substantif.
Les substantifs en wolof peuvent remplir les fonctions
syntaxiques suivantes :
a} ~ns les syntagmes du type dêterminatif (dêterminé +
dAterminant) le substantif est dêterminê, ex :
nit k1
Il cet homme"
11gee;yicat yêpp "tous les travailleurs"
uppukaay ban ? "quel éventail?"
bem xale "un en:f'ant"

-
22 -
b) Dans les syntagmes du type "sujet + prédicat" le
substantif est en fonction sujet :
Jant b1 fenq na ilLe soleil s'est levé"
Gumb~ du jii te (yoon) "ayeugle ne dirige pas"
Fas wii ml!n na daw "Ce cheval court bien"
-
~ gu rafet "Une maison belle"
c) Dans les syntagmes du type "prédicat + objet" le
substantif est en fonction objet :
Japp na saco bi
"Il a pris le voleur"
Gis naa teere bi
"J··.ai vu le livre"
.Am naa alal
"J'ai de la richesse"
-
seetaan nga f'ifml! bi "Tu aa vu le film"
-
d) Dans l'énoncé prédicatif le substantif est en fonc-
tion de prédicat :
Jangkat la
" Il est étudiant"
g6~r la
If Il est homme"
(sama) xar1 t nga tl tu (es) (mon) ami"
Dans ce contexte le substantif est Bn contact :
- soit aVec un mot auxiliaire composé d'un élément cor~
sonantique variable et d'une constante vocalique
- u, k-u, b-u»
g-u etc.) avec lequel il forme un groupe prédicatif qui déter-
mine le sujet du point de vue de son état ou de sa qualité,
c'est l dire en rapport d'êpith~te du sujet. Il faut remarquer
que le contexte emploie beaucoup plus souvent les verbes de
qualit4 (comme dans l'exemple donné plus haut dans b) : k~r gu
rat'et) que les substantifs (xa1e bu g66r).

...
c.;;)
-
soit avec un verbe auxiliaire (plus exactement
avec une sorte de modalité verbale dans laquelle se combinent
les significations de l'~tat et de la personne aux formes sui-
vantes 1 l'état
singulier
pluriel
1. laa
"je suis"
lanu (lanu) "nous sommes"
2. nga
"tu es"
ngeen
"vous êtes"
3, la
ta Il est"
lanu
"ils sont"
A oette forme modale s'oppose une autre proche de la prŒ:;i~re
dans son fonQ.tionnemen.t, mais ne s'employant qu' avec les verbes
d'action: l'action
singulier
pluriel
1. naa
"j'ai"
naf1u (nanu) "nous avons"
2. nga
"tu as"
ngeen "vous avez"
3. na
Il il a "
naf1u
"ils ont"
Comme on le voit, ici il y a certaines formes homonymes :
Lee premi~res et t~isi~me personnes du pluriel souvent ne se
diff~rencient pas - ni dans le premier paradigme (lanu), ni
dans le second (naf1u). Cependant le plus souvent le contexte
d'emploi explique assez clairement de quelle personne il s'agit.
Par exemple une telle précision peut s'obtenir par l'emploi
du
pronom personnel emphatique (man "moi", yow "toi", moom "lui
elle", 11un (nun) "nous", yeen "vous", f100m "eux"), ex : l1un
jangkat la11u "nous, nous sommes étudiant" - ftoom jangkat lafiu
"eux", ils sont étudiants" ; 11un dem nafiu "nous, nous sommes
partis" - 1100m dem na11u "eux, ils sont partis.
Les formes des deuxi~mes personnes, du singulier comme du
pluriel (nga, ngeen)~, sont identiques pour les deux conjugaison3,

.. 24 ..
eette no~itf~~enciationdes dites formes peut créer des difficul-
tés pour l'identification de l'unité léxicale avec laquelle elles
sont employ~es comme substantive ou verbale. Le seul procédé pour
re~ouver le pa~adigm8 auquel appartient la forme et, par consé-
quent, identifier la nature du mot qu'elle accompagne est de pro-
céder & la substitution de la deux1~me personne par une autre :
jangkat nga
jangkat laa, jangkat la
demnga
-
dem naa, dem na
jangkat ngeen
-
jangkat lanu, jangkat lanu
dem ngeen
dem nanu, dem na11u
1,3, La. classe nominale comme catégorie nominale fonda,j;cn-
tale dans les langues A class-ee..
" le3.J.e Les dU'férents exemples de formants nominaux employés
dans les paragraphes préc4dente pour la' caractérisation du Sll"jS-
tantif, de mani~re générale, représentent en soi divers cas de
r.êalisation essentiellement d'une même catégorie nominale du
wolof - la oatégorie de la classe nominale à laquelle revient le
rôle le plus fondamental dans ce fragment de grammaire que cons-
titue le domaine du nom. Toutes les autres catégories que l'on
retrouve dans ce domaine sont d'un caract~re plus détaillé et ne
peuvent s'exprimer que dans le cadre et par le biais de la cat~­
gorie de la classe nominale. Même la catégorie du nombre. dont
l'importance est attestée par son caract~re QUAsiment universol,
est étroitement liée ~ la catégorie de la classe nominale dt ne
s'imagine pas en dehors d'elle tant que la langue reste une lan-
gue A classes nominales. La problématique du nombre dans ce type
de langue est indéfectible de la problématique de la classe nomi-
nale. De fait, toutes les questions touchant ~ la sph~re caté-

- 25 -
gorielle nominale sont li'es, d'une mani~re ou d'une autre, ~ lù
classi~ication nominale.
Les classes nominales existent dans beaucoup de langues du
.
monde en général, d'Afrique en particulier. Elles re~l~tent la
r~partit1on des substanti~s d'une langue donnée en des groupes,
appelés classes, dont le nombre peut sensiblement varier de cette
langue A une autre. Dans bien des cas des systèmes nominaux sont
qualifiâs "d' encombrants" du fait du nombre considérable des
classes qui les composent. Dans certaines langues du groupe PU~;8t­
atlantique (auquel appartient le wolof), par exemple, ce nombre
a tteint et parfois dépasse deux dizaines. Il existe par contre (i.C':J
langues dont les systèmes nominaux ne con\\pte que quatre à six
classes - dans ce dernier cas on parle de système r~duit s - cœ~::':0
par exemple dans certaines langues caucasiennes.
La linguistique 1ta~ricaniste" traditionnelle a pendant
longtemps considéré les classes nominales comme des groupes lexico-
conceptuels, qui sont le reflet dans la langue de la division ori~
ginelle "logiquetl des réalités du monde environnant. Ainsi l'on
a distingué les classes des personnes, des animaux, des arbres,
des liquides etc ••• Cette division logique des concepts qu'expri-
ment la langue êtait reconnue comme étant le principe fondamental
déterminant la classification ~u lexique substantif. Le principal
idéologue du fondement logique de la classification nominale fut
l'éminent linguiste allemand Karl Meinhof, auquel appartient la
généralisation sommaire des indices coutenti~s qui trouvent leur
expression dans les systèmes de classes nominales des langues
d'Afrique. Selon K. Meinhof dans la r~part1tion des substantifs
en classes ont été reflétées :

- 26 -
"X - La répartition des objets:
l' les humains, 2) les esprits (arbres, montagnes, fleuves etc.),
3) les liquides, ~) les instruments, 5) les animaux, 6) les lienx
(abstractions), 7' les actions et les états (infinitif).
II. Les rapports entre les objets dans l'espace,
L'objet se trouve: 1) dans, 2) A côté de, vers, 3) hors - (d'un
autre objet).
III. Les rapports de grandeur et d'importance entre
l'
les objets
alasse des diminutifs, 2) classe des augmentati~8,
3} classe des minuscules.
IV. Les rapports de nombre
1) un4B deux, 2) un de plusieurs, 3) collecti~t. (Meinhof 1963,
Comme on peut le constater, la synth~se de K.
Meinhof inclut des données du plan sémantique comme les rapports
de nombre, les rapports spaciaux (locatif) et d'estimation, qui
au delA du niveau proprement lexicale se rapportent de manière
plus générale au 6Y8t~me grammatical de la langue.
L'expression de la classe nominale au niveau morpho-
logique est un aspect de la question qui a également bénéficié
de l'attention g~nérale depuis longtemps, la structure morpholo-
gique des substantifs dans les langues A classes reoonnues COilline
les plus typiques présentant un syst~me aff1xal qui ne pouvait
passer inaper9u. C'est précisémemment lt1ndice morphologique de ln
classe nominale qui sert de crit~re pour la subdistinction typo-
logique des langues A classes. Ainsi on distingue les langues à

- 27 -
pr~fixes de classes et les langues à suffixes de classes (seloll
que l'indice morphologique de classe soit préfixé ou suffixé 2
la racine nominale), qui sont généralement reconnues langues -:;: ..
pes à classes nominales, par c~paraison à un troisi~me groups
de langues qui se singularise par l'absence d'indices morphol~­
giques des classes dans la structure des substantifs, Itexist~nc8
de classes n'y &tant dé~ectable qu'au niveau syntaxique.
Les langues du groupe bantu constituent l'exemple typique
des langues A préfixes de classes. En swahili, par exemple, les
substantifs qui portent le préfixe m-(~mw)appart1ennentl la
1° classe : m-tu "personne humaine", mw-ana "fils" ~ les substan-
tifs à pr&fixe n-(ny-) appartiennent A la 9~me classe : n-dege
"oiseau", ny-wnba "maison"; les substantifs ~ préfixe ki- appar-
tiennent A la 7~me classe: ki-atu "chaussure", ki-dole "doight",
ki-tu" chose" ;"objet" etc ••• Ici nous avons m-tu "personne"
(classe' 1). wa-tu "personnes" (classe 2) ; aux classes 7 et 8
la même racine -tu: ki-tu "objet", vi-tu "objets" q.)
Dans les langues A suffixes de classes on note ce même
procéd~ de signalisation explicite de la classe dans la structure
morphologique du substantif.
En fula (peul) par exemple on a : (cl. 0) : gor-ka "homme" J
..
debb-o "femme" J (cl. BE) : wor-be "hommes" ; rew-be "femmes";
(cl. NDE) 100-OOe "vase", saa-re "ville" ; (~l. NGEL) loo-ngel
"petit vaseu , gor-el "gar90n" ("petit hommelt ) (2)etc.
~ . . . . . . . . . .
. . . . _ _
. _. ._ _
. . . .. . . . - - - - . . . .
r
177
-
....
1) Les exemples en swahili sont emprunt~s à Okhotina 1965.
2) Les exemples en fula sont s~lectionné8 à partir de Gromova
1965, koval 1979.

-28-
Les langues daghestannaises présentent les matériaux qui
illustrent bien les propriétés morphologiques du troisi~me groupe
de langues A classee nominales. En langue artchinskiy, par exe~­
pIe. les substantifs_n'ont pas d'indices morp~logiques de classes:
bosol' "homme" (cl. I}, xonnol "femme" (cl. II), xIon "vache"
(cl. III) etc.,. Ces substantifs sont h morph~me radical unique.
On y dêe~le cependant certaines traces d'une ancienne préfixation
4e l' indiee morphologique de classe. Dans la classe III par exeIll- {o, co
PIe, on remarque une nette tendance h la prédominance de substan-
tifs à initiales consonnantiques b et m et nombreux sont les C~3
o~ l'initiale b des substantifs de cette classe se manifeste co~~e
rés1d.l1. d'un ancien préfixe de classe, exemple b-at-i "tapis"
~ettas "tisser" 1 b-at "corne" -atas "corner" J bo-aro'ala ' " cCLche-
oache" • ae' as Il se eacherll etc. De ce point de vue le artchinskiy
montre de grandes similitudes avec le wolof (v. 3.I.) et quoique
les indices morphophonologiques dans ces langues prêsentent un
intérêt certa1n pour une meilleure compréhension de la classifica-
tion nominale 1ls ne jouent qu'un r8le tr~s relatif dans la dis-
tinction des classes nominales.
L'aspect syntaxique de la catégorie de la classe nominale
n'a fait l'objet d'une attention générale soutenue que tr~s pro-
gressivement. Très progNseivement l'on en est venu à la conclu-
sion que seules les propriétés d'accords des substantifs étaient
d~termina~tes pour la r~vélation de l'existance (ou de l'absence)
de classes nominales dans une langue donnée. Vraisemblablement
c'est là le point de vue qui a le plus d'autoritê dans la lin-
guistique contemporaine. V.A. Vinogradov écrit que "le crit~re
d'acoord est le plus essentiel" parmi les crit~res qu'il a dégagé

- 29 -
et examint! du point de vue du nécessaire et suf'fisantn • "C'est
précisément par ce crit~re que se détermine l'existence du genre
grammatical dans les langues indoe~e8 et des classes nomi-
nales dans les langues caucasiennes et dans les langues bantutl •
n4j1 ~ lingui.&te all.emande E. Kelle~Mejer, examinant les systèmes
de olasses nominales dans les langues d'Afrique du point de vue de
J.,eu.rJl ilDJ)OPtance grammaticalen (c-a-d- en demi~r.o analyse du
or1~re d'accord) avait retenu de les distinguer enÜlangues A sys-
t~mes authentiques' des classes nomina~e~ et langues ~ '~syst~mes
aAsol'donnt1r' (Keller-Ke3er' ~963:'a;:'}~~}Plu8 tard le professeur
P.S. Kuznietsov qui ~ut un partisan convaincu de la définition
syntaxique de la classe nominale écrivit ."Le f'ondement de la répa:r-
t1t1on en classes est l'accord avec le substantif des différents
.mots qui l~ sont soumis dans le syntagme••• Le nombre des classes
est 4gal au nombre des diffé~ents ensembles de proc6dés d'accord
fOI'Illal (au. nombre 4ea -pr4fixes) pl'opres ~ tous les mots qui dépen-
dent du subetantif - les adjectifs, les numéraux, •••" (Xuznetsov
Le r81e fondamental de la cat~gorie de la classe nominale
se manifeste d'abord en ce qu'elle est l'organisateur formel ex-
clusif' de tout le complexe des rapports syntaxiques 1nhérents ~
la propos1 tlon dans les langues A classes : "Le trait le plus
caractér1stique de la structure des langues bantu est l'existance
du sYlt~e des classes nominales qui y d'terminent toutes les
corrélations grammaticales. Tous les susbtantifs portent un pré-
\\.
fixe qui indique 3I.Nr appartenance l une classe et S8 r6p~te dans
tout mot en rapport avec lui en d'terminant leur lnterd'pendance
grammaticale et syntaxique. Es swahili par exemple nous avons
k1-cbeko k1-zur1 k1-likuwa mi-domon1 m-wake "un beau sourire jouai t

- 30 ..
sur Bon visageu • Dans le -troisi~me sous-groupe typologique, en
~quenee de la règle g~n~rale 4e la nOn-expp&as!vité morpho-
log:1..que de la classe; L' appa~ten.anee de classe du substantii' ne
p.e.u~e d4tePllliné qu"au ni veau syntaxique par les marques for-
melJ.a;a i1es. mot.s en lien de dépendance avec lui •
1~,.2. Le genre et la classification nominale
Le genre grammaticale dans les langues intoeuropéennes se
dêfinlt 4ga1ement comme eat~gorie essentiellement syntaxiquo.
De ee fait il est souvent juxtapoqé avec la classe nominale dans
lea études typologiqUoe&. Pour beaucoup d'auteurs le genre et la
elasse nominale ne sont que deux moyens d'expression d'une même
oa~go~~ ~ondée sur le principe de l'aecord syntaxique. C'est
le point da vue que l'on retrouve dans les travaux de V. Skalitchl~a,
L. Hjelmslev, s.n. Katsnelson et beaueoup d'autres. J. Vendryes
qui avait plutôt tendance à absolutiser l'importance des princi-
pes sémantiques de la classification nominale évoquait cependant
les similitudes de réalisation contextuelle des deux catégories
pour affirmer: "Le genre dans les langues Indoeuropéennes n'eet
rien d'autre qu'une "classe", à l'instar des classes dans 108
langues bantu" (Vendryes 1957, 97.) P.S. Kuznietsov est aussi
catégorique
dans cet avis : "Du point de vue grammatical les
subdivisions en classes ne diff~rent en rien des subdivisions on
genres" (Kuznietsov 1961, 48).
n'autres auteurs, par contre, accentuant leur attention sur
les dift~rences de contenu des deux catégories, trouvent qu'elles
ne sont nullemont identifiables l'une A l'autre. K. Meinhof

- 31 -
~crit que "mal grés toutes les tentatives d'explication
du genre grammatical comme d'un transfert de l'opposition des
sexes chez les @tres sous formes imagée sur les objets inanim~s,
il reste incompréhensible pour toute personne habituée aux lan-
gues bantu que les choses puissent être qualifiées de par cet
indice Il (Kelnhof 1963, 12). D'autres auteurs encore s' appuiell t sur
les diff~rences fonctionnelles propres aux indices formels des
cat~gories pour arriver à la même conclusion de leur isolement
typologique.
Dans un travail tr~s récent sur les questions de
typologie du genre (Akaionov 1984) l'auteur défend avec convic-
tion cètte position
et trouve même l'explication de certaines
ressemblances des deux catégories dans l'influence nautuelle
qu'elles peuvent avoir l'une sur l'autre J trouvant dans des syc-
t~mes ! genres dt Af'rique et d'Australie un haut degré de moti va-
tion sémantique, l'auteur met le fait sur D:e compte de l'inf'luence
des langues A classes nominales cohabitantes.
Dans bien des cas on croit trouver la dif'férence princi-
pale entre les 4eux catégories dans la discordance et la dicpor-
portion entre les sortes de mots qui st accordent en genre - d' l.U'-
côté - et celles qui s'accordent en classe - de l'autre.
Cee différents points de vue, ce nous semble, souf'f'reilt
de la même insuf'fisance qui consiste en ce que généralement ils
ne s'appuient que sur un aspect isolément considéré pour rend.Fe
une conclusion qui caractérise aussi bien les autres. O.G. Revzi-
na l'a bien remarqué en proposant que la comparaison typologique
des deux catégories ne se f'asse que sur la base d'un examen m~­
ticuleux de tous les traits typologiques aussi bien structurels
que fonctionnels des 4eux catégories et A tous les niveaux de la

- 32 -
struct~e de la langue oh elles se manifestent (Revzina 1975).
Dans un travail précédent (1) nous ~vons eu a effectuer une
analyse basée sur l'évaluation des données tant sémantiques que
du plan de l'expression des catégories du genre et de la classi-
fication nominale. Cet examen a permis de dégager certaines con-
clusions que l'on peut brièvement généraliser comme suit:
Au plan de l'expression, le niveau morphologique présente une
grande diversité de procédés de fixation de la catégorie donnée
ainsi q.~e clu degr4'·· d'expressivité de ce procédé. Cette diversité
est notée non seulement dans le rapport entre les deux catégories,
mais aussi au sein de chacune d'elle consid~dée isolément. Il
existe cependant une différence tr~s significative entre les deux
catégories, précisément à ce niveau pour la plupprt des cas, qui
consiste en ce que l'indice morphologique du genre dans les lan-
gues o~ il existe n'a jamais qu'une valeur de classificateur
alors que l'indice de classe réunit en son sein les principes
clataificateur, "diversificateurll et même d'élément de dériva-
tion (v. 1.3.3.). Au niveau eyntaxique le genre et la classe
nominale dévoilent le plus de similitude. Toutes les deux caté-
gories servent A des fins d'accord syntaxique et bien que les
types d'énoncé dans lequel
se réalise l'accord peuvent être
tr~s différents pour le genre en comparaison avec la classe no-
minale (v. par exemple le caractère très limité des accords du
type "substantif' sujet + prédicat verbal" dans le système ~
genre du russe et la complète régularité du même type d'accord
dans le système à classes du swahili),. 0' est précisément à ce
niveau que se distingue l'importance fondamentale de ces caté-
gories qui permet leur iden~ification fonctionnelle. Le volume,
ou l'éventail, des types d'accord varie non seulement d'une
!}tr:-'hlaiii;-të-gëiiFë-grammaïfëâIet-!iCIai8Il'!ëaifon-noiiiInaIë':
Etude typologique. Mémoire de Master of arts. Université
d'Etat de Voronej, 1981.

- 33 -
catégorie A l'autre mais à l'intérieur de chacune d'elle.
Au plan du contenu les deux catégories ont effectivement des
diff~rences qui cependant ne peuvent pas remettre en cause leur
similitude typologique globale. On constate d'abord différent5
constituante de signification qui caractérisent l'une et l'autre
catégorie. Pour le genre c'est le constituant relatif A l'opposi-
t.:i.on de sexe chez les êtres ("masculin-féminin"), bien que cette
motivation sémantique soit au niveau synchronique imposËible ~
justif!er dans la plupart des substantifs ; pour la classe nomi-
nale - la signification exprimée par l'opposition tthumain - non
humain". D'où un chargement sémantique beaucoup plus considér<'.i:J1e
des classes nominales, dans lesquels sont exprimées, à part tou-
tes ~es significations du terme "non-humain" de l'opposition
conatituante, encore d'autres siginifications plus généralisées
oomme le 41minut1f, l'augmentatif, le locatif, le collectif, 13
singulatif etc.
On observe rarement dans les classifications nomi-
nales cette neutralisation des oppositions sémantiques dans les
formes du pluriel qui caractérise les systèmes A genre. Le nombre
est partie intégrante de la classe nominale dans laquelle il est
en rapport de complémentarité avec d'autres significations qui y
sont également exprimées, ce qui n'est vrai pour le genre que
partiellement.
des
conclusions sont d'ordre assez général pour
~tre possible de plus ou moins de reprécision en fonction de lan-
gues concrètes dont ces catégories seraient comparées. Comme on
l'a remarqué plus haut les langues A classes nominales sont
loin d'être typologiquement identiques. Ceetaines d'entre elles,

- 34 -
à une étape donnée de leur évolution, peuvent révéler plus de simi-
litudes avec les langues ~ genre, d'autres plus de différenneso
Les langues daghestannaises, par exemple, ont une caractérist::. -'J.'J
sémantique qui, de ce point de vue (sémantique), les places dC.:1s
une situation intermédiaire entre les syst~mes ~ classes et les
syst~mes ~ genres. Dans la plupart de ces langues la classification
nominale combine en son sein les deux constituants de significa-
tion - les oppositions "masculin - féminin" et "humain
- non
humain" ; ici on trouve une "classe des hommes" (généralement la
elasse I) et lIDe IIclasse des femmes ll (classe II) dont l'ense1T!ble
forme le terme "humainll de l' opposi tion IIhumain-non-humainll ~ 1 r]
terme Il non-humainll étant composé de l'ensemble des significa ti o~:-s
exprimées par les autres classes.
Au terme de cet examen sommaire on peut cependant conclure à une
proximjté typo~ogique maximale des catégories du genre et de la
classe nominale, surtout en tenant compte de leur valeur syn-
chronique - résultat d'une évolution également similaire des deux
catégories - qui, de manière globale, consiste en ce que partant
d'un état de corrélation optimale entre la siginification et
son expression (les procédés morphologlllques d'expression du ge:1re/
classe), entre les plans du contenu et de la forme, elles sont
progressivement devenues des moyens d'accord syntaxique n'ayant
gardé de leur motivation sémantique initiale qu'une bien faible
dose et souvent sous un aspect tr~s assombri. Le genre et la
classe nominale, du point de vue de leur fonctionnement synchro-
nique dans les langues de types différents, se manifestent ê.VE.:\\t
tout comme des catégories syntaxiques et leur traitement à ce i~~­
veau peut s' effectuer ~ partir de leur perception dans le C8.ël:3
commun du genre/classe.

- 35 -
1.3.3. Principes de distinction et de description des caté-
gories nominales. Les catégories du genre/classe et de la classe
d'accord.
L'acceptation de la catégorie du genre/classe comme catégorie
essentiëllement syntaxique rend opportun sa juxtaposition avec la
conception de la classe d'accord proposée par A.A. Zalizniak
(Zalizniak 1967), comme catégorie nominale particuli~re du russe,
composée par la fusion des catégories du genre et de l'animé -
inanimé". Selon la dite conception cette catégorie - la classe
d'accord - est plus essentielle pour la grammaire du russe que
les
oatégories du genre ou de l'''animé - inanimé" considérées
s4parément : "Il est claire que, contrairement ~ la distinction
de classes d'accord qui reflètent la répartition objective des subs-
tantifs du russe, la reconnaissance de catégories autonômes du
genre et de l'''animé - inanimé" ne découle pas nécessairement des
faits et ne peut être considérée que comme un procédé. parmi d'au-
tres, de description de la classe d'accord". (Zaliznlak 1967 J III).
Cette th~se est ainsi formulée en conformité avec la nature de la
classe d'accord.
qui se veut une catégorie purement
syntaxique. en ce sens qu'elle n'a d'autre signification que l'in-
diuation relative! la forme des mots dans le texte. Ainsi la classe
d'accord est une compréhension qui ne concerne que le niveau syn-
taxique superficiel, ce qui se fonde sur une approche "conséquem-
ment synchronique" de la description d'une langue. Si l'on tient
compte de ce qu'une telle approche a pour but finale la construc-
tion d'un mod~le capable d'engendrer tous les textes grammatica-
lement justes dans une langue donnée, il apparait alors que cette
conception présente un intérêt certain pour la description des lan-
gues ~ classes nominales également.

- 36 -
Dans beaucoup de langues on découvre l'existance de grou98s de
lex~mes qui se distinguent les uns des autres selon les exigences
de forme que doivent remplir les mots qui sont mis en rapport
avec eux dans des types déterminés de lien syntaxique. Le t;T}!:.]
le plus répandu comme contexte diagnostique - mais pas 1 'unJc, ",
est le lien déterminatif. T'ans la démarche linguistique on ct~"s·­
tingue les Cas ob dans ce type de lien le choix de la forme c",-'.'-
mot accordé d~pend
du mot principal auquel il est lié lui-même
(c'est-A-dire du lex~me dans l'enti~reté de ses formes), et les
cas ob le choix de la forme du mot accordé est déterminé par les
diverses formes dans lesquelles peut se présenter le mot princi-
pal comme seul et même lex~me (les accords en cas de déclinaison,
par exemple). Dans le dernier cas il s'agit d'accords simples de
formes; dans le premier cas il s'agit d'accords classificateurs
de lexbmes ou "accord en classes d'accord" pour Zalizniak (idem,
62, 65).
On peut donc affirmer qu'il existe des classes d'accord dans toute
langue o~ l'on peut trouver ne serait-ce que deux l~x~mes qui,
ayant une même valeur grammaticale et se trouvant dans le même
type d'énoncé, exigent d'un même mot différentes formes d'accorQ.
Bien des langues au del~ de'3 langues endoeuropéennes r~pondent D-
ce crit~re. Les langues africaines A classes nominales égalem8~~:
!tusse
••
bolchoj dom
"grande mai son"
bolchaja kemnata "grande chambre"
Fran9als
: sac blanc
valise blanche

- 37 -
Swahili
: mtu m-zuri
"bel homme"
ki tu ki-zuri
Itbel obj et"
Wolof
: janx b-an '?
"quelle jeune f'i=.=_l:;?11
j igéén j-an '? It quelle t'emme?" li
La classe d'accord est donc une catégorie qui de par Sa nE-
ture exclusivement syntaxique a pour vocation de servir de pl"~ll­
cipe de description synchronique basée sur la construction de mc-
d~lee capables de ret'l~ter tous le s accords de tout texte gram]:-~":­
tica4ement juste dans une langue donnée. 8i l'on s'att~le à l~
tâche de construction de tels modèles c'est vraisemblablement [.',1"
réaction Al' observa tion générale relative à l'absence de motiV"··
tions sémantiques cohérantes des catégories grammaticales dans
les langues modernes. Les r~gles synchroniques d'accord étant
dissoo1êes, libres du niveau de la représentation sémantique
et relatives seulement au niveau superficiel de la synth~se for-
melle du texte, il peut sembler d~s lors que pour la description
synchronique il importe et suffit de l'indication (dans le dic-
~1onnaire) relative A l'appartenance du lexème à telle ou telle
autre classe d'accord et toute autre information est superflue~
On sait, cependant, que la langue comme système suffisam··
ment économe et tr~s conservateur, par définition, tend en prin~
cipe A éviter de trop grandes disporportions dans la corréla-
tion entre la forme et le contenu. La science linguistique a déjà
enregistré bien des exemples quand, A une étape déterminée de
l'évolution de la langue de telles disporportions ont amené SO". .J:
A la disparition de la répartition systématique du lexique subs-·
tantif en classes (exemple la perte du genre morphologique en

- 38 -
anglais moderne ou encore en arménien, la disparition des classes
nominales dans certaines langues daghestannaises), soit ~ une
certaine réorganisation du syst~me qui lui restitue, ne serai~­
oe que partiellement, son poids s~mantique (exemple le réamén~­
gemant de l'opposition en genre dans les langues scandinaves).
Ces deux possibilités sont au même titre une sorte de rétablisse-
ment de l'~quilibre entre les plans de la forme et du contenu
dans l'organisation du syst~me. "Asémantisme" et absence de mo-
tivations des r~gles formelles n'y ont jamais un caractère total
et définitif et ceci doit mettre en garde contre la démarche Uûi-
latéralement syntaxique et formelle qui peut faire occulter des
données du plan sémantique encore tr~s significatives dans l' C',::-~c~­
lyse synchronique. Cette mise en garde concerne d'autant plus
les descriptions de langues ~ récentes traditions d'étude comme
le wolof et la majeure partie des langues africaines dont on n
encore tout A découvrir au plan étnchronique comme au plan dia-
chronique. Ici le ohercheur n'a de matériaux que ce que lui prê-
sente le niveau synchronique pour ses investigations du plan
diachrnnique sans que cela ne signifie le mélange ou la non-
distinction des deux n~veaux - synchronique et diachronique -
dans la démarche de recherches. L'on entend simplement par l~
qu'il y a continuité entre les deux et qu'il ne sied pas de
mettre une barri~re infranchissable entre eux, quand bien mê:-:'_3
ils représentent en soi deux disciplines distinctes dans la
recherche linguistique.
Au delà de ces considérations d'ordre général il existe
certaines difficultés ponctuelles, concr~te8, à l'applicatic~
de cette approche dans les
descriptions de langues à classes

- 39 -
nominales, qui découlent des propriétés spécifiques de fonctic:l-
nement de la catégorie de la classe nominale par rapport au
genre ou ~ la classe d'accord.
En reconnaissant à la classe d'accord une nature de classific2-
teur et uniquement (l'accord n'est donc pas diversifiant de
l
formes ) on indique implicitement par l~ même que les diverses
formes d'un même lex~me appartiennent à la même classe d'accord.
Ceci est vrai pour la classe d'accord mais appelle certaines ré-
serves pour la classe nominale parce que contraiËement à la
classe d'accord autant qu'au genre - qui ont une valeur de f2c-
teur de classification et uniquement - la classe nominale, el18~..
réunit en soi les fonctions de diversifiant de formes d'un mêQ~
lex~me, de facteur de classification et même de dérivation.
Dans la classification nominale on retrouve exprimées de manière
cumulative (par un même morph~me, par exemple), différentes signi-
fications - la classe, le nombre, le diminutif etc ••• qui sont
la caract~ristique du substantif donnée. C'est principalement
cette circonstance qui oblige à considérer toute nouvelle forme
distincte d'accord comme une classe A part, ce qui n'est pas
applicable aux sust~mes à genre. En effet il serait intensé de
considérer que les formes latines silva, si Ivam , amieus, amicum
appartiennent à quatre classes (ou genres) différentes du f~it
que dans l'énoncé détermina tif elles exigent qua tre formes di :L':S-
rente s de s dé terminant s : magna, magnam, magnus t magnum. L ~ ~1:-t>~:,:,
action entre l'accord classificateur et l'accord diversifiant
de formes..en genre et en cas de déclinai son - est évidente i c:;_.
La différence est qu'il s'agit bien ici d'interaction de deux
~
_
-
_ _ . . . - -

ft" . . _
(1) Ou, selon zaliznjak, catégorie classifiante et catégorie ncr-
phologisante cf. Zalizn~ak 1963 (extrait traduit en fran~2is
de zaliznjak 1967), 53 : Nous dirons qu'une catégorie zrQ~~~­
ticale est morphologisante pour un paradigme donné si ~. 7 en
trouve dans les significations présentes de ce paradigme au
moins deux gramm~mes différents de cette catégorie grarrII;:c.tica-
le. Nous dirons qu'une catégorie ~ammaticale est classifi-
ante pour un paradi~e donné si l on trouve dane les si~~~­
flcatlons grammaticales présentes dans ce parad1wme exacu ,-
ment un grammème de cette catégorie grammaticale •

-40-
catégories parall~les mais pas confondues au sein d'une même
comme cela a lieu dans les systèmes de classes nominales. Da:::::'
ces derni~res il n'existe pas de cas de déclinaison. De manHce
synchrétique avec la caractéristique de classe c'est la caracté-
ristique de nombre, dont le salut grammatical est loin d'être
identique A celui du cas de déclinaison, qui y est la plus ré-
guli~re. C'est pourquoi dans les études de classifications nomi-
nales des langues africaines 11 est de tradition de classifier
différemment des formes qui ne se distin~ent que par l'opposi-
tion en nombre : "le rattachement A des classes différentes :le
substantifs dont la différence de signification se limite à la
différence entre le singulier et le pluriel a pour fondement
non seulement l'absence de liens directs et indispensables entre
le singulier et le pluriel de substantifs donnés (une classe U~
pluriel peut correspondre à plus d'une classe du singulier et
certains substantifs n'ont pas de pluriel correspondant, d'autres
de singulier), mais aussi le fait que les différences entre le
singulier et le pluriel sont conditionnées par des rapports extra-
linguistiques. Il convient donc d'examiner ces différences (à
l'instar de Fortunat~v) comme des différences d'ordre dérivation-
nel et non de formes" (Kuznietsov 1965, 4-5).
Cette th~se de P.S. Kuznietsov constitue en réalité la position
principale de laquelle découlent les conclusions essentiell-,8
relatives aux principes
de distinction et de description doc
classes nominales dans ce qu'on pourrait appeler la tradition
de la linguistique africaine. Elle se fonde sur la thèse de
l'école de Fortunatov selon laquelle deux formes de mot appar-
tiennent à un même lex~me si, et seulement si, elles ne se dif:6-
rencient que p~ la signification syntaxique. Plus tard A. ri.
Zalizniak a jugé dans ses travaux que cette position de l'école

- 41 -
de Fortunatov ne peut être considêrée que comme un premier rap-'Jro-
chement vers le modelage de la "perception non formelle du mot ;
que dans une partie des cas le modèle proposé contredit cett8
rep~~sentation non fbrmelle du mot. Comme facteur plus adé~uat
pour modeler la perception intuitive du mot il propose la comp~:8­
heneion de "s1giûticatlon grammaticale" (1) qui modifie la posi-
tion des disciples de Fortunatov en ce que : "Deux formes de mot
appartiennent A un même léxème si, et seulement si, elles ne se
différencient que par la signification grammaticale (une signi-
fication grammaticale peut-être syntaxique eu non-syntaxique
c'est-ê.-dire nominative)" (Zalizniak 1967, 5.5-57)it En épousant
ce dernier point de vue on devrait vraisemblablement considérer
les paires "dom" 'maison'
-"d6mik'"
maisoIlBette' "flia"iltoh:rk"
'gar~on' - Umaltchichka" 'galopin' ,"diévouchka" 'jeune fille' -
"dj1ncbAta"'copines (collectif)' etc ••• comme constituées de
formes de mêmes léx~mes. Il est évinent cependant que le rapport
antre ces unités est d'ordre dérivationnel malgré qu'il s'ins-
crit parfaitement dans cette définition du léxème. Par ailleurs
on sait qUi les formes chez Zanuziek domik~ dom etc ••• n'apPRr-
tiennent
pas ~ la même classe d'accord cependant que le para-
digme d'une classe d'accord ne peut se composer que des formes
d'un même 1éxème comme tout paradigme. Par consêquent l'on est
bien obligé de reconna1tre deux léxèmes dans chacune de ces paires
et, par l~ même, les différences ~'ordre dérivationnel (diffé-
rences de significations nominatives, donc grammaticales) s'im-
posent comme différences entre léxèmes différents.
ct est de manière identique que se pose le problème des fo:'~;:,~8
en oppposition de nombre dans les langues africaines A classes
nominales •
....---~......-...-~........--------..---- ..----....------------------------
(1) De la définition des termes "significations grammaticale" et
signification syntaxique" V. zalizniak 1967, 22-24.

- 42-
Le seul fait qu'il y existe non pas "un pluriel" mais plusie'J.r8
suffit ~ le d~montrer. C'est précisément ce que souligne N.V.
Okhotina quand elle écrit qu'en swahili "les classes nominales
sont une catégorie qui cumule les principes de formation de mots'
et de formes et tous les préfixes de classes expriment simul tané...
ment les catégories de la classe dt du nombre" (Okhotina 1965,9).
Le wolof offre des exemples qui montrent que le transfert d'lli~e
forme d'une classe ~ une autre peut en changer la significatioD
dénotative, ce qui, comme fait de dérivation, nous met en pr~­
sence de deux léxèmes, exem~ples :
jigéén J "femme"
- jigéén N- " femmes"
j1g~én B Il soeur"
- jigéén Y " soeurs"
Mag M
Itadul te"
- mag N "adultes"
mag J
"ainé( e)
mag Y "atné( e) s"
Il existe une oppposition des classes du sous-système du pluriel
partiellement analogue ~ l'opposition des classes du singulier -
bien que non identique
ce qui conf~re au nombre un statut de
facteur de d~rivation en même temps que sa nature de facteur
d'accord simple de formes d'un même léx~me. Il faut remarquer
~galement que les classes du pluriel se trouvant avec celles
du singulier dans des rapports de correspondance non-parallèlGG
mais plutôt Il intercroisés" et hors des limites de distinction ~::.C0
classes du singulier, la représentation de classes d'accord q~i
seraient compos~s de formes en opposition de nombre porterait
le nombre des classes A des proportions réellement encombrantcG.
Cette multiplication plétorique du nombre des classes refl~te
assez justement, d~ reste, l'orientation de ce mod~le vers l~
reprodUction au plan formelle de données objectives du plan
sémantique laissées hors de l'analyse. C'est aussi une approche:

- 43 -
mais qui appelle les r~serves exprimées plus haut. DU·.Eeste, si
l'on a eu &. évoquer ce modèle de description et les imperfectiu:'-'f
qu'il présente dans son application aux langues ~ classes nouL'..::_:..:.~
ce n'est nullement pour en contester l'efficacité par ailleurs,
mais pour argumenter notre attachement à la tradition qui s'c~~
affirmée dans les descriptions de systèmes à classes nominales
qui consiste à distinguer des classes en opposition de nombre.
Les points de vue soutenus ici trouveront leur illustration d8ns
l'analyse du plan sémantique et la description du plan formel de
la classification nominale du wolof.

-44-
C li A P I T R E
II
LES CATEGORIES NOMINALES DU WOLOF.
Plan du contenu.
2.1. Principes d'analyse sémantique des classes nominales.
L'on a souvent souligné dans la linguistique générale la nature
toute eonventionnelle et incohérante des clasB1fications nomin~­
les, relative A leur manque de motivations sémantiques. C'est
surtout par rapport aux classifications en genres que cette
affirmation devient évidente du fait que le principal constitu.8.l1t
de signification de la catégorie du genre, à savoir l'oppositicD
t1 mase ulin-féminirr'
comme reflet de l'opposition naturelle des
sexes ehez les êtres ne se justifie pas dans la plupart des subs-
tantifs'classifiés, ces derniers désignant des objets, phénomènes
et abstpactions objectivement inqualifiables du point de vue de
cette opposition. Malgré cette évidence, les linguistes, même ceux
qui se distinguent comme les grands partisans de la démarche
syntaxico-formelle à l'étude des classifications nominales, sont
cependant généralement unanimes sur la nécessité de tenir compte
de l'aspect contentif de celles-ci, surtout en ce qui concerne
les langues à oppositions multiples de classes nominales. Ainsi
J. Lyons écrit: "le fait empirique est que, dans la pl u-part de 3
langues poss~dant le genre (ici compris comme toute classifica-
tion de substantifs basée sur le crit~re d'accord), il existe
un certain fondement "naturel", sémantique de la classificatj.or}'.
(Lyons 1978, 301). L'existance dans la langue d'unit~~ léxicales
dont le statut de genre / classe contredi t ce principe sémantjJ'8
générale ne diminue en rien, pour cet auteur, l'importance de

- 45 -
l'étUd$ de l'aspect sémantique: uOn peut trouv:er beaucoup de c.ots
dont la r~part1tion par groupes peut sembler arbitraire et anornale,
mais cela
ne remet pas en cause la conclusion relative au haut
degr& de cort'esponda.nce qui existe entre le genre et les
crit~res
sémantiques de classification des substantifs". (idem, 302).
Ltêtude des propri~tés sémantiques des classes nominales
imp.oztiitanta non seulement pour l'analyse du fonctioIUlemen t syncrro-
nique des cat~gories nominales, mais aussi pour la mise à jour de
certains processus et tendances évolutifs qui permettent~ dans
une certaine mesure, la reconstitution des prémices sémantiques
de dépapt sur lesquelles se fonde la classification nominale :
UMalgr' l' éVidante importance des aspects morphologique et S;)-'11-
taxique dans la définition d'une langue comme langue ~ classes
nominales et la distinction de ces dernières en son sein, nous
pensons que du point de vue historique l'aspect sémantique est le
plus déterminant et que les aspects morphologique et syntaxique
accomplissent par rapport à lui un rÔle de facteur auxiliaire ou
d'interpr~tation. En d'autres termes, l'existence des accords en
classes et des formes morphologiques correspondantes découle des
propriétés fondamentales de la s~mantique. C'est pourquoi il CGt
n~ce6saire de porter une a ttention particuli~re ~ l' aspect SélJ8.~­
tique de la classification nominale. L'étude de cet aspect est
étroitement liée à l'histoire des origines et du processus évo-
lutif' des classes nominales" (Kibrik, Kowal 1980,70 - 71).
Il faut remarquer que la résolution de cette tAche génér2-
lament reconnue importante a ~té pendant longtemps rendue dif~i­
cile par l'absence de méthodes adéquates de distinction et d'ez-
plication des données sémantiques essentielles de la classif'ic<:;.-

- 46 ...
tile)llJ, nominale. La mtSth0de propoe~e pal' A. l .. Xoval dans 1.' analyse
(a e l'~inC'$p.. .'.an~io~grammat1caux tie 1(1 elsseitj.eat1.0n nomi-
nal. d~ ~a .tmble or!eat.~ le Jrool~8 4. l~ reoherche da m6-
tbOde8 &dtSquate, ~tane.lY". e~lllMtiq1,le vo;rs e. ~U8'te r&.~lutton.
Selon 8e~to m'th~<\\e "une dee voies les p1u8 ~tti.l)a~8S pour laiil:_G3
l joUI' d• •1gniri..tione dee indices dE) classae est la voie de ln
pe-ellorœ. de m&d~l'lJ Jlr0duetits de d~..1vation dans les langu68 ~
fSy;st~_'8 thttioppés des 01a$868 nomtnales\\f. Le Coodetnent th~orl­
qU$ de cette d4marohe est ltappr~elatton de l'indice de cla5se "noh
pas eomme 'l'ment grammat10ale ~ eeule vocatlo~ de marquar ltaD~ar­
teMnce d.u 8'11betant-11' l une olasse " 4\\ Ot)ord d0nnée, mais aussi
OOHUne un tf16ment de d6rivation de motaR• (Koval 1976, 4"").
Oette dthode d'aMlyee .Imantiqu$ 488 clayee nomUtales diffère
4&n8 le pl'ine1pe de l'approche "coneeptue,liaterl tr.s r~andue,
dan. la prat1qQe de laquelle la 5igft1fication de la c1~e6e est
l'echerch'. danl le. coneepts tradu1 te par un mmbre plus ou. mo1WlS
g~and do 8u~stant1ts de eet~e classe et dans leur recoupement
autoup d'une s1g'n1t1eat1o:n Ifx1cale qui apparait aloPB comme
dominante (du type partie du corps, fruits; uBten811ee etc••• ).
liCe faisant; oomme base de ce regroupement peut &e poser (et se
pose souvent) un indice lexical qui n'est pas 4éterminant dans
la classe d()M~e et aussi la menace est eon.tante d'une non dis-
tinction de la a18à1f ieatiQ6 de la raeine lexieale d. celle de
~oute la forme (de atrueture R + el). Enfin dans une telle appro-
ch~ reste non-exprimée la. valeup dérivatiQnnelle de l'indice
de olasee qui est un "ingrédient" inâiepenpble de la structur':;
a~6s1 bien formelle que sémantique du mot. Fo~ta.t il va de
soi que pat'lant de la .1gnit:lea tioB 4~ la ela"ae OB uatend bien
la aign1t1eAtlo~ de .~ indice 8t ~en le recoupement en SO~ sein
d'ensembles 4ft aiagi.t1eatiOl'lB lexicales". (lœ.emj 4).

~ 47 -
Ii reste à savoir dans quelle mesure la mt§thode proposée est
applicable A l'étude de la sémantique du système nominal wolof,
compte tenu des spécificités de cette langue par rapport au ful~.
Comme on l'a remarqut§ plus haut, ~ la différence de la plupart
des langues africaines à classes nominales, le wolof a cette
particularité qui consiste en ce que la classe n'est pas marquée
dans la structure morphologique du substantif. Mais l'absence d'un
morph~me de classe ne signifie pas nécessairement l'inexistance
dt indice de classe. L'indice de classe ici est un élément non r'lt~s
du substantif, mais du texte(l). Il n'en reste pas moins cet
"ingrédient indispensable" (de la structure du texte, donc) e'[;
dans nombre de oas il assure l'identification de la signit'ica tic1
lexicale du mot dans le texte. Ceci nous am~ne à le considérer,
ici tout comme ailleurs, comme un élément grammatical ~ valeur
de facteur aussi bien ce classification que de dérivation.
L'appartenance de classe du substantit' se détermine en le mettent
dans ~les
oontextes diagnostiques qui permettent de dêvoiler son
paradigme d'accord. Ce proct§d' montre que la fonction d'élément
de dérivation de l'indice d& classe, dans ce cas préciS, est
comme soumise ~ sa fonction de facteur d'accord (de classific2-
tion.t et est secondaire. Cependant une telle "hiérarchisation" des
dites fonctions n'implique pas l'insignit'iance de la seconde
dans le processus de mise à jour et de systématisation des sicni··
fieations qui sont réflétées dans le tissu sémantique des c12_~- >-:
nominales.
-.........------ ..
--_.-...._--......-----------...---..._---~--------- -,._.-
(1) C'est-à-diX:e que l'indice de classe est ici non pas un scr.. ~ :·;:~.Js
détachable de la forme substantive (préfixe ou suffixe), L~--:·_-:.
dans Qa totalité, tout le paradigme d'accord spécifique ~
chaque classe.

- 48 -
Le wolof, assurément, n'appartient pas au nombre des langues
A tI syst~mes développés" des classes nominales. C'est plutôt tille
langue ~ Itsyst~me réduitlt des classes nominales. Cependant la
comparaison typologique des diverses langues A classes montre
que o'est précisément dans les syst~mes réduits que certains
indices des classes acqui~rent le plus haut degré de grammatica-
lisation en conséquence d'tille certaine redistribution des subs-
tantifs sur les mod~les productifs d'accord qui conf~rent tille
signification plus généralisée aux indices de classes. La dém2r-
che tI conceptualiste" perd toute efficacité en application ~ ce
type de classification nominale puisque les concepts supposés
être le fondement de la répartition des substantifs deviennent
les plus désuets des significations de la classe. L'applicati(:~':.
de cette démarche am~ne invariablement à des conclusions qu~
laissent en plan pratiquement toutes les questions de sémanti-
que synchronique de ces langues.
Ainsi, le présent chapitre aura pour ~che la mise A jour
non pas de significations lexicales dans la classe, mais des
significations des indices de classes du point de vue de:
leur
fonctionnement synchronique. Ces significations seront ex" -:-.::inée s
du point de vue de leur degré de grammaticalisation. Ainsi, selon
que la valeur dérivationnelle de l'indice de classe soit absolue
(c'est-à-dire se réalise réguli~rement et dans tous les subst&n-
tifs de la classe donnée) ou partielle (c'est-A-dire se réalise
régu1i~rement mais (pas partout) seulement dans un sous-enEemble
considérable des substantifs de la classe donnée) •••

- 49 -
On distingue respectivement
lOles significations grammatica-
lisées et
2° les significations incomvl~temen~ grammatica lis0;2:
;
des indices de classe •
.Lp
En application au wolof, vu les spécificités de cette
langue au plan de l'expression des classes nominales, les signi-
fioations grammaticalisées seront celles des indices de ~lasses
qui se réalisent dans tous les noms contrôlant ltemploi de l'in-
dice donné dans le contexte d'accord; les significations in-
compl~tement grammaticalisées seront par con~quent celles des
indices de classes qui se réalisent seulement dans un sous-
ensemble considérable des substantifs qui contrôlent l'emploi
de l'indice donné dans le contexte dtaccord.
La signification proprement lexicale du substantif peut
être prise en compte comme donnée supplémentaire pour l'illus-
tration de telle ou telle autre hy'poth~se sur la signification
d'un indice de classe. Les significations de cet ordre ne peu-
vent pas servir de crit~re pour la caractérisation sémantique
globale de la classe. cependant, du fait que souvent elles
constituent des rangées lexico-sémantiques remarquables au sein
d'une classe, elles sont capables,occasionnellement~d'apporter
une lumi~re supplémentaire à la question de l'organisation
sémantique de la Classe. Ces significations seront désignées
comme significat1ons-lexico-dérivationnelles particuli~res des
indices de classes(l) •
.._-------....---_.._-.....---------------------.....----------------_. __....
(1) Les termes "significations grammaticalisées", "incompléte:l:c:t~
grammaticalisées" et "lexico-dérivationnelles particuliè:.: _,:-"
sont des traductions de l'auteur des termes introduits ps~
A.l. Koval dans Koval 1976.

- 50 -
2.2. Les
significations grammaticalisées des indi;:;-·.=
de classes.
2.2.1. La catégorie du nombre.
Dans
la sémantique des classes nominales du wolof l'opposition
de nombre est la plus eXplicitement exprimée. Les classes K, L, B,
G, J, S, M, W expriment le singulier; leur sont opposées deux
..
classes du pluriel - N et Y.
Par rapport ~ quatre de ces classes il importe de faire
quelques remarques par anticipation sur notre analyse. Ge son:
...
les classes K, B, N, et Y. Elles présentent de nettes spécificitss
en ce qui concerne le nombre et la nomenclature des substantiEs
qui se rattachent ~ elles~
Les classes du singulier K et B se distinguent de ce
point de vue par des propriétés diamétralement opposées. Si la
classe B est extrêmement volumineuse (elle compte, ~ part un
certain fond lexical initial présupposé,la presque totalité
des emprunts du wolof aux langues étrangers ainsi que bon nombl"e
des dérivés lexicaux), la classe K, quant ~ elle, ne compte que
deux substantifs - nitltpersonne, être humainu et k~f "Objet" •
..
Le rapport entre les classes du pluriel Y et N est simi-
laire. La classe Y est d'une productivité maximale. C'est la
classe plurielle commune à toutes les classes du singulier •
...
contraire, le rattachement de substantifs A la classe N est r~­
gularisé par de fortes restrictions sémantiques.
Les classes du pluriel sont les plus homog~nes du pO~Dt
de vue des significations qui les motivent. Dans celles-ci se

- 51 -
retl~te de mani~re générale la signification de pluriel, avec
...
connotation dans les subtantifs ~e la classe N de l'indice séman-
tique de l'humain, tr~s spécifiquement exprimé en wolof (V.2.2.2.).
Appartiennent A la classe Nles substantifs nit "êtres humainslt ,
g~r uhommes", jig4én "femmes", mag "gens adulteslt , ndaw "jeunes
genslt , gan "hôtes", gaa "gens, personneslt , magget "vieillards",
g~êr "gens de la caste des nobles", gor Il gens nobles". Ces dix
substantifs qui peuvent être employés en accord avec l'indice N
constituent une liste fermée en wolof contemporain. Quelques exem-
ples de leur réalisation textuelle avec
temploi du mod~le d'accord
...
de la classe N :
!'lu
N1.t.A:u baax n-i ngi ligéêy "les bonnes ~ travaillc:'1t"
GOAr I)r-an nga weg ? "Quels hommes respectes-tu ?"
~ 1 teerru ji naftu ~ 11...a "les t:wnmes.sont allées
acceuillir les. ~.s"
Ndaw fi-i topp leen waxi JreZ .n,-i t "jeunes gens suivez l~s
conseils des adultes"
Géér t1-1 teral naflu gêwél yi "les gens d~ Ja caste des
.~obles ont bien re9u les
griots" •
Gor Irii xam nanu seen warugar "ces nQblSils connaissent
leur devoir"
9!!! n-u baax n-i, seen ligééy rafet na "bonnes genl? vot.:CG
oeuvre est bells"o
Tous les autres substantifs au pluriel se rapportent A la classe
Y. Encore faut-il noter que même parmi les substantifs de la N
beaucoup sont possibles d'emploi variable dans la classe Y. A pro-
...
prement parler, de tous ces Bubstantifs seul nit N présente une
nette résistance à être employé variablement dans les deux classes
du pluriel (v. 2.2.2.). Une telle unification pratiquement de tous

- 52-
les subtantifs au pluriel dans la classe 't montre le haut dGr~ré
de grammaticalisation de la signification de nombre en wolo~
contemporain. Dans la classe Y toutes les significations parti-
culières plus ou moins grammaticalisées- qui sont exprimées p~r
les différentes classes du singulier sont neutralisées au pro-
fit de la seule signification de pluriel.
Cependant il existe ici comme dans beaucoup de langues cer-
taines restrictions ~ l'emploi des formes de nombre. Par exem-
ple, les substantifs qui désignent des liquides niont pas de
rl -i ,. r
~_.i
pluriel ltnormal", régulier. Si des noms comme ndox Il "eau",
J "huile", meew M 1I1a i t" etc. sont quand même employés au
pluriel (les emplois du type ndox Y, diw Y, meew Y sont extrê-
mernent rares) on obtient
alors non plus le pluriel simple,
mais avec la connotation "différentes sortes ou qualités" du
liquide donné.
Les classes du singulier, quant à elles, s'opposent sur 1r.
base de significations diverses, multiples, et souvent assom-
bries au point qu'on ne peut les dévoiler dans nombre de subs-
tantifs de la classe donnée. L'octroi des caractéristiques
grammaticales de telle ou telle autre classe à certaines unités
lexicales ne peut de ce fai t, être mis que sur le compte de l~
tradition linguistique.
Pour de tels substantifs l'appartenance de classe peut
effectivement ne faire l'objet que de l'indication correspon-
dante dans le dictionnaire. D'un tout autre intérêt pour la
description grammaticale sont les cas où le lien de la forme
substantive avec la classe donnée peut-être examiné comme s~­
mentiquement motivé, conditionné p~r la nécessité d'expression
de significations catégorielles.

1
1
- 53 -
1
2.2.2. Le nombre et la catégorie de l'''humain''.
La catêgorie de l'humain se pr~sente dans la sdmantique des
r
classes du wolof comme un indice de signifieation qui s'oppose
~ I t ensemble de tous les autres indices de signification, le
r
er1~ par lequel les classes marquées de l'indice sémanti-
que de l'humain s'oppoaent A l'ensemble des autres classes du
sY8t~me nominale, comme dans la plupart des langues à classes.
La partioularité du wolof ici est que le plus grand nombre de
subtantife qui d~signent des personnes au niveau de la classi-
fiaation nominative, ne sont pas rattachés aux classes marClu6'Js
de l'indice de l'humain. Les classes humaines se caract~risent
-
pa~ une improductivité extrême. Nous avons désigné la classe N
comme classe plurielle de l 'humain qui cependant ne compte (,LU:.;
dix substantifs capables presque tous de varier dans leur enrloj.
de la olasse NA la classe Y, ~ l'exoeption du substantif nit ~,
8i nous examinons l'exemple ob nous pla90ns les substantifs de
..
la classe N success~vement dans les trois contextes suivants :
1°/ énoncé avec démonstratir en pos~osition dans le mod~le
d'accord de la classe N;
2°/ même énoncé avec la variante d'emploi par la classe Y et
0
3 /
'Aono'·tftvG6 d4monstr!fttt'..antépoaé - dans le but de diarmca-
tiquer la variabilité d'emploi de ces substantifs, nous
avons:
l
2
g6~r 1\\-1i
g66r y-ii
y-ii g~6r "cëe hornracs"
jigéén ~ii
jigéén ,-ii
y-ii j1g~én "ces f'mn-
mes"

-54-
mag l1-i1
mag y-ii
y-ii mag lt ces adultes"
gan n-i1
gan y-ii
y-ii gan "ces hôtes"
nit !1-i1
f1-ii nit lt ces genalt •
81 les substantifs g66r
jig.§ân, mag, gan etc ••• peuvent s'em-
t
plcyer va~iablement dans les trois contextes(l) le substantir
nit, lui, dans tous les contextes s'accorde seulement avec
..
l'indice N. On peut déduire de ceci que le substantif nit est
le seul de cette classe qui ne permette pas la neutralisation
de son contenu sémantique au profit de la signification de
pluriel. Au singulier le substantif nit se rapporte A la classe
K dont nous savons qu'elle ne comporte que deux substantirs -
nit K et k3f K "objet". Encore M. Delafosse, indiquant que lGS
deux substantifa que compte la classe K sont liés à la notion
de 1 t Ithumain", exp~imait 1 t opinion que cette classe étai t
initialement celle des humains en wolof. Il existe en effet
la campr~hen8ion d'artefact qui se définit comme fait de l'art
tlobjet produit des mains de l'homme" et c'est lA la précision
qu'appelle la définition de la signification lexicale du nom
k!f. Rien d'étonnant dbs lors que le mot qui désigne cette
compréhension soit rattaché au champ léxico-sémantique de
l'humain, au concept de l'humain, ceci surtout en tenant com~te
du nombre ~éduit des 6usbtantifs adm1s dans cette classe.
D'autre part, certains faits semblent confirmer la position
prédominante de l'indice sémantique de l'humain dans la classe
K. Comparons le substantif k?f avec les substantifs l~f L
et j~f J au singulier et au pluriel :
ëï)-ï;;;ïcl~té;~é(3)d;"dét;;;i~~t-;;f;iï-p;~;~~-~~ïi~~:
toirement par la cl~sse y ; quant A son emploi postposé(2)
par cette classe, c est un fait qui tend A se généraliser
et que vraisemblablement on ne peut attribuer qu'au pro-
cessus de simplification du syst~me des classes nominales.

- .55-
IV ·'objet"
L il chose, phénom~nett
~-~f' Y "objets", chose Sil ,
action.s"
j-Bf
J "acte, action"
Qes tormes au plan synchronique sont periues comme des
racines enti~res, mais les traces d'une certaine "technique" de
formation de mots sont évidentes, 'o~ se d6tachent nettement l~s
segments k-, 1-, j- et y- comme él~ments pr~fix~s à une rQci~e
.It 40nt il est aujourd'hui malaisé de restituer la significa-
t10n ex~tte. Les trois formes du singulier se fondent en une
.~ule forme y~f du pluriel qui a donc les significations d'objets,
de choses, d'actions.
Ce.i explique le rattachement du lex~me kêt à la classe Y au
pluriel et, sans remettre en cause la logique sémantique de sa
parenté avec la signification de l'humain, montre que certains
indices formels morphophonologiques (V.3.1.) ne sont pas étran-
g~res à son rattachement à la classe K du singulier.
L'argument principal en faveur de l'hypothèse qui pose la
classe K comme classe singulière de l'humain dans la sémantique
du systbme nominal du wolof malgré son apparente insignifiance
(numérique) est que le formant k (indice de la classe K) dan8 les
formes pronominales sert de marque à la significa tion forte;il::;nt
grammaticalisée de l'humain dans les contextes d'accord suivants

- 56 -
(K) k-u ni§w ? tt Qui e st venu ?'.
(K) k-an nga gis ? "Qui as-tu vu?"
(K) k-épp k-u baax yéwén "toute bonne personne est géné-
reusell •
(K) k-enn dut'f'i nax k-enn "personne ne trompera personne
ici"
Dans ces exemples l'indice de la classe K indique automatique-
ment (c'es~-dire sans référence A un substantif concret, mais
en rapport A un concept nominal g~néralisé (nit), même si cc
dernier n'est pas &voqué antérieurement) la signification de
l'humain et dans cette fonction il tÔ»D$ une opposition avec
l'indice de la classe L qui s'emploie dans les m8mes construc-
tions également avec une signification extrêmement abstr~ite
par laquelle se d~signe toute essence autre que Ithumain :
CL) l ...an nga gis ? " qui as-tu vu 'l"
(L) l-épp l-u baax neex na ma "tout ce qui est bon me plai t"
(L) l-u baax la "c'est une bonne chosell
(L) l-enn nga ci m~nul Il tu nt y peux rienlt
L'opposition des indices K et L dans de tels emplois n'est
autre que l' opposi tion "humain - non humain". Cependant alors
que la signification "humain" s'exprime dans de telles cons-
tructions uniquement par l'indice de la classe K au singulier,
les significations de l'ordre des choses, phénombnes etc•• ~eu-
vent ~tre
exprimées par les indices des diverses classes du
singulier sous forme de significations incompl~tement gramma-
ticalisées ou lexico-dérivationnelles particuli~res dont l'en-
semble constitue le terme négatif de l'opposition considérée -

- 57 -
La signification "non-humain". On peut le voir en comparant aV8C
ltindiee de la classe L celui de la classe B qui concr~tise dans
les mêmes constructions la signification de "non-humain" par
celle du singulat1t :
(B) b-an nga b~gg "lequel (d'une pluralité d'objets dis-
tincte qualitativement homog~ne~ ou assimilables sous
quelq"e rapport) veux-tu ?
(B) b-ii Iaa bêgg "celui-ci (distinct) je veux"
(B) b-ii b-u baax la "celui"'ci (distinct) est bon"
te ~apport entre les classes K; d'un côté, et L, B.~. de ltaut~e
...
e.t analQgue au rapport entre les classes du pluriel N et Y dans
...
~
le.~uel l'iPd1ç~ ~ accomplit les mêmes fonctions sémantiques que
..
l'indice K - transmet la signification de l'humain i
(N) n-an nga gis ? "qui (plusieurs personnes) as-tu vu ?"
...
(N) A-11 n-épp ft-u baax lafiu "ceux-ci tous (personne s) sont
bone" 1
et l'indice Y - l'ensemble des fonctions sémant1co-conceptuelles
des autres classes du singulier, neutralisant en cela leurs oppo-
sitions ~$ant1ques internes.
...
Ainsi les classes K du singulier et N du pluriel sont en évidente
eorrélat1on par l'indice sémantique de l'humain qui leur est com-
mun dans leur fonctionnement synchronique. A tout substantif d6-
signant l'humain correspond dans les constructions indiquées,
...
une forme pronominale ~ l'indice des classes K et N. Egalement,
...
toute forme pronominale A indice des classes K et N repr~sente
la signification de l'humain.

- 58 -
LigE§éykat b-i seet si na la fi "le travailleur est venu
te voir"
~ (ci ligééYkat y-i) ? "lequel (des travailleurs)?"
,..
N-an (ci ligééYkat y-i) ? "lesquels (des travailleurs)?"
Quant au fait du rattachement de la presque totalité des subs-
tantifs qui désignent des êtres humains au niveau de la classi-
fication nominative A d'autres classes qu'à celles marquées de
la signification de l'humain, il est, assurément, le résultat
de longues modifications qu'a connu la langue dans son évolution.
En ce qui concerne le plan synchronique nous observons en wolof
que la plupart des substantifs dont la signification lexicale
comporte le composant sémantique "humain" se rattache A la
classe B au singulier : janx B "jeune fille", xale B "enfnn t 1: ;.
t~gg B "forgeron", "personne de la caste des forgerons", gév:él
B "griot" etc ••• Al' exception des substantifs que compte encc~ccu
la classe N, tr~s peu d'autres substantifs qui se classifient
au singulier conformément ~ la qualité de leur initiale conson-
nantique (visiblement par analogie avec les sUBstantifs qui au
...
pluriel se rapportent à la classe N) échappent A cette r~gle ;
v. :
jongama J
"dame" (comparer jigéén J)
gune G "enfant" (comparer g66r G)
waxambaabe W"adolescent" (comparer la vl;:·l"19.I1te
waxambaane B)
De tels exemples, il importe de le répéter, sont tr~s peu nom-
breux.
Cet état de fait est à mettre en rapport avec la signifi-

- 59 -
cation de la classe B qui est non seulement la signification de
singulier en g&n~ral sans restriction sémantique aucune, mais
aussi celle de singulatif, tr~s proche de la premi~re et se pla-
9ant dans son cadre, mais moins générale, propre ~ la classe B,
qui confère ~ son indice la capacité de classifier toute substan-
tif dont la signification lexicale contient le composant s&man-
tique "un élément distinct d'un pluriel qualitativement homogènell •
La classe B du singulier est en évidente corrélation sémnn-
tique avec la classe Y
du pluriel en ce que leur opposition est
libre de toute connotation, n'étant basée que sur la signification
de nombre dans laquelle sont inclus les nuances qui précisent
"un élément distinct" et/ ou "pluriel considérable un ~ unit. Ceci
explique pour l'essentiel la tendance de ces classes ~ un élarc,:i2-
~
seme nt constant au dépend des autres classes (K du singulier et ~-
du pluriel, entre autres) qui deviennent peu productives. Ce pro-
cessus évolutif qui est désormais la caractéristique typologicue
la plus saillante du wolof am~ne graduellement ~
ce que cert2in2
i~dices de classes deviennent de simples éléments du systèmes des
accords syntaxiques qui n'ont de charge sémantique que la plus
g~n~ralisée (classe Y du pluriel) ; alors que d'autres ne se con-
servent dans la langue sous un aspect de plus en plus desuet Clue;
grâce aux significations fondamentales de sources idéoetniques
qu'ils véhiculent. L'observation de S.D, Katsnelson A ce sujet le
dit en d'autres termes: "Quels que furent les fondements de 12
classification nominale (entendu ici les classifications en genres
comme en classes nominales - N.T.) dans telle ou telle autre lan-
gue, partout elle acoo mpli t des ~onctions formelles qui, en défi-
nitive, sont sa "raison d'être" dans beaucoup de langues.

-ée-
~rwj.llOrMmt, 1~~ difté.r~~:~ <l~ "pe.J'SPnne$1t ~t ttno~po.t!~Ilne;3t1
ou. li' !t"•• v1vamts et 0.0 e.1l.o.ea 8e tQn4Q~ .u!i~. _."~ ~~J,le p
~t l~ 1apG1'ta,Jl,Ce s~t:\\;e~gr~~~l~ .,.t. 1~<li.Q",1w.,".i ija:'s
de.n~ la e).a8.tti~2\\tl(ua »e,.,.1nale elie.s ~~nt ?'lh'tl'e... -au "eX!'~icr
t,
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-~-
f
t
pla~, a
taDt u~tQ ~Il ~n 1n4i _. d '"'''P.:r.Q.~~e. j~~lae~$
d~J,l e.u_,t.t).ttt~h Le3 lP~~~sq, dt.""§~ae·i~~_ 413 91·a5$e,s et
de lQllr _t1. ~1<mjU§l.).e,~Uq).~ 4~ lal)g~Qf.t ,. jilE;tP,'t \\m ~.mQi,efJ.ag~
410quafltU (ktIJBcllQa l'11,t~).. k
wol,at l~. '.nC;,.i<m8 tel'l.i<i'lle's
~~S. :t-.d1eoQle c'.lo~ef? ~~ ,Plvt Q.'tiJ.lmt$~i ~~ p()l~t CJl~~ ~~e.~uP
j
cl· (iil.ntpe QAt ae .pe.u'lfent :p.lu.sd4Q~Ia~'tl.el'v~" 4 f,niieo .~mîque
de l~ tll~6&!ti,,"tio1l dte s.ub a'Ui1)'tife.
AtMi 4aall·l~. e~aeeJ~i '.oig ~Q.~4~. 4~ ~, .iS.t':t_~.o~ de
l'hwaain leI! 8U~~talJ;~;U', Ç9~'~~~W~ ,~:ti§'l<'«~1t~M6. ~ ma-
n!.:r~ ~)Ç~,.t r~~trict1.ve l\\I.f41.Q» qn Ç'i-l"Wt vf,aii\\)1.,t~t o"r~t::nM
f,nu' la O"ilM.tic,I'.t.tell :).~ pl~e ~6~Jmlt~~~ 4~ ~~~~ ~~'t t'n.; ·~o:p.­
Q\\1I'renee .v~c la .~s-.1t·1c_tj,~p. 4~ ri~,l!1M.l;.JJtlj~~ Ù' 1fmq~;ç.~ ;(;i.~
le; e1a$'~ B '{pl~101 y}. Le, MJlN~ ,~ .~~ ~~.:_t.~t. ea:t ,~d;~\\~'i
ra~e.né a\\l lI1nlJIQJJ .b-.ol~ (de fait au ••ul raot nit, .tm.. 4-6tt'M:lt~ve)
au n1V'eltU. 4e '-...Ç.;la~~1Jt~~~9·n: no.mattY4. -. '~~fU4~n5
~e. aQnt;~ti}$ avec re:poJ-t ~un CQJlC,~Pt. .~QmM~ .6J!e.J.iM, 'J:es
'Îp.dlcee ·d.e ,ces c1a~es (X *'t i) ~1\\1.4QJ~_Dt ~t• •tiq...e.nt la
fliSlÛf'1ç~'t!on <1~ .1 ~n~;J., inP.APMilP"Jtl-.ent Ù l'.ppaJ'ttmanç:e de
qlal5.se Q.l.\\ ~bft.a~"'f caui p~qt J.e.~ etre ~",*~tg,6 ~, j' ~l,ltl'es
cPn:t$xt,~UI .~ q~;l ne peqt. être qu' A '1$'Jl).tt1~at:l.cft d thumain.
:U. l"etle;Jol't 40 çe qui l':r4c~de l'J.ue dan' la lqlN~ \\VBlot l'-QppQ~i­
t10n "huma:t.Jl. - n,cm.~~11l11 rel$te UJlQO:rustttuant 40- elsnif1ca-
tion ton4a-mta:l de la • •n tiq,u.o du e~t* ao.1M1e, 'bien
qu'elle &oit fortement moà1fi4e au ~vea~~eniquepar r~p-

- 61 -
port ~ ce que l'on observe généralement dans les langues africai-
nes à classes nominales. Avec la signification de nombre nous
obtenons en réalité ln figuration suivante :
humain
non-humain
singulier
K, B, G, J, S, M, W, L
K, B, G, J, S, M, W, L
pluriel
N, Y
Y
compte tenu de l'analyse faite plus haut et surtout du niveau de
ln classification représentative (par opposition au niveau de ln
classification nominative figuré ci-dessus) nous pouvons retenir
ln figuration suivante :
humain
non-humain
singulier
K
L, B, G, J, S, M, W
pluriel
N
y
2.2.3. Le diminutif
Ln catégorie du diminutif est également une signification qui
trouve Bon expression dans le syst~me des classes nominales du
wolof. A la différence de beaucoup de langues ~ classes où l~
catégorie du diminutif se présente sous un rapport plus ou moiDs
symétrique avec celle de l'au~mentatif, dans la sémantique des
classes nominales du wolof cette dernière est absente et n'est
présente que la signification de dimunitif. Cette particularité
typologique du wolof devient encore plus appréciable du fait de
l'absence de classes diminutives du pluriel et également du f8 i .+
de la limitation du nombre des classes diminutives ~ une seule,
alors que dans d'autres langues l'inventaire de ces -classes peut
consister en plusieure formes synonymes ou quasi-synonymes.

- 62 -
La signification de diminutif en wolof s'obtient par l'inserti~~
du substantif dans le mod~le d'accord de la classe S du sin-
gulier.
Elle se réalise en unité synchrétigue avec la signification de
singulier :
k~r G "maison" - kër S "maisonnette", néég B "chambrelt - néég S
"chambrette", janx B "j eune fille" - njanx S "fiIl..ettelt •
L'indice de la classe diminutive se caractérise d'abord
pGr sa grande capacité de combinaison avec les substantifs à
significations lexicales les plus diverses. Il n'y a en cela
do limitations Que d'ordre logique, quand la signification
lexicale du substantif est incompatible avec l'indice sémanti-
que du diminutif. En principe, tout substantif employé dans le
modèle d'accord de la classe S acquiert la signification de
diminutif si dans sa signification neutre - du point de vue
des rapports de grandeur - il appartient ~ une classe autre
eue la classe S.
Il existe en effet une classe S "neutrelt , c'est-~-dire
dénuée de la signification de diminutif, V. 6uuf S "terre,
sable", asamaan S Il ciel" etc ••• dans les emplois suivants :
Suufu sunuy maan a-i, suuf
"La terre de nos ancêtre
~ naat la
est une terre fertile"
Asamaan s-i l~nd~m na
"Le ciel est sombre"
Sunguf'.§-i set na
"La farine est proprelt
Moytul safara s-1
"méfie-toi du feu"
.L·~insi, déjà au niveau des significations exprimées on se voit
obliGé de distinguer pour le moins deux sous-ensembles dans
ln classe S : une sous-classe S - diminutive (S - dim) et une

- 63 -
sous-classe S-"neutre" (8 - neut).
L'indice 8 - dim réalise la signification de diminutif dans toc.>
les substantifs inclus dans son mod~le d'accord, ce qui corres-
pond à la définition de signification granunaticalisée de l' incUc:.:.
de classe; 8 - neut en wolof moderne n'exprime pas cette si-
gnification de manière évidente, mais est l'indice d'aocord de2
substantifs de la classe 8 - conglomérat d'unités lexicales de
diverses significations.
De fait, il semble bien que J'on doive distinguer deux classes 3
(S - dim et S - neut), homonymes mais distincts en wolof moden:.:::; ~
puisque leur délimitation ne se limite pas au ni veau des signif~.··
c:-~tions traduites par chacune d'elles, mais est sous-tendue par
dos règles formelles assez rigoureuses et tout à fait réguli~rcs.
Le transfert de substantifs de toute classe "neutre" ê. la cletssc
S-dim s'accompagne de certaines transformations morphophonoloGiQu~s
à l'initiale consonnantique de la racine nominale, qui illustrent
la nette démarcation des deux classes.
Dos transformations de consonnes initiales ont lieu déjà pOill' 103
substantifs "neutrLoü"de la classe S qui ont une initiale s, si
le locuteur veut leur conférer la signification de diminutif. C~3
substantifs en emploi dans S-dim changent la qualité de leur int-·
tinle consonnantiQue :
safara 8 "feu"
- cafara S "petit feu"
sikkim S "barbé"
cikkim S "barbiche"
soxna S
"dame"
coxna
S "femelette"
Comme on 10 voit il s'opère l'alternance s/c - fricE!tive /occlu-
sive. L'analyse des données morphophonologiques (v. 3.1.) montr:
que les substantifs à initiales consonnantiques occlusives ne

- 64-
sont pas caractéristiques de la classe 8-neut. En emploi dans ln
classe S-dim aux fins dt expression de la significqtion de diI'lil1'"'.-
tif nous observons dans les substantifs à initiale s une autë.·'>
règle qui pose les occlusives sourdes comme un des indices fc·:.. .. ~~.J
de cette classe.
Cette même contradiction aux r~gles f'ormelles propres à la c : . '
S-nGut est observée avec les substantif's à consonnes initip188
occlusives sonores dans leur signification non-diminutive, lors-
qu r ils passent dans la classe 8-dim avec prénasalisation de C'Jt ..~)
consonne ini tiale, Les prénasalisées également ne sont pas C2:ec.c·-
téristiques de la classe S-neut :
janx: B "j ewlC fill e" _ ftjanx S
Il fillette"
g66r G "homme"
-ng66r S "petit homme,. gar~on"
doom J "fils" ou "fille" - ndoom S "fiston, fillette"
j~kk~r J "mari"
- njëkkër S "petit mari"
Quant aux exemples du type néég B - néég S, rééw M - rééw Sete ••• ,
le simple passage de la classe priminive à la classe 8-dim est en
soi un indice formel suffisant pour l'expression de la catégorie
du diminutif •
.Aussi, en parlant de la signification grammaticalisée du diminutif
en wolof contemporain, nous entendons la signification de la
classe S - dim avec ~es r~gles formelles propres.
DODs l'espace sémantiQue de la catégorie du diminutif (classe 3-
dim) on distingue certai~s nuances de signification dont le c'"-
r2.ct~re concret ressort pour l te ssentiel de la signification è ~T~C\\­
tative du lex~me substantif, modifiée par l'ind:f:ce du diminutif'~
Ces sous-ensembles de signification se fondent sur l'indice
sémantique principal exprimé par le diminutif - l'indice de gr::-cn-


- 65 -
dcur physique ("petit, de petites dimensions"). Les exemples
mbUJ.'"1t S (v. bmlt B) "petite porte", njaq S (v. njaq L) " peti t
pot", ngl}nn S (v. g~nn G) "petit mortier" etc••• ne traduisent
Que cette signification - du moins on peut le percevoir ainsi.
Sur cette base se réalisent des nuances ~motionnelles qui, gén~
rnlement, ne se concr~tisent que dans le contexte. On peut dis-
tinguer
A) La signification da diminutif affectif, qui s'obtient
souvent par l'emploi du substantl1f avec W'le forme possessive port~:::t
la marque de la classe S - dim en finale, exemple : sama-s ndoom
~ "mon petit mignon", sa""s
nj anx~ "ta nymphette", SWlU-6 xari t ..
"notre bon petit copin". L'emploi de la forme possessive en post-
position par rapport au substantif est possible et semble intensi-
fier la nuance d'affectivité. Ce faisant ltindice S - dim dans
cette forme peut ~tre omis dans les cas où la marque formelle du
diminutif est d~j~ actualisée par l'initiale consonnantique du
substantif
; ndoom sama, njanx sama, mais waay sarna-s.
Notons que les constructions avec formes possèssivea
postposées expriment généralement une nuance d'affectivité m~me
en dehors du contexte diminutif.
G6néralement le diminutif en wolof s'emploie le plus souvent pour
exprimer le rapport d'affectivité du sujet A l'objat.
B) La stgnification de diminutif péjoratif qui se tra-
duit dans la plupart des cas par une certaine discordance qui
apparait entre l'importance attenduede la dénotation du lex~me
primitif et la signification de diminutifa

- 66 -
j1!kk~r J
"mari" - nj~kk~r S
= "mari insigni-
fiant"
boroomkt3r G
"propriétaire" ," chef de famille"
...
S ~ "chef de famille insignifiar-t,
incapablelt
soxna S "dame (respectable)" -
803':1l4
S = "f'eme-
lette" •
Autrement, l'expression de telles significations Be réalise en
dehors du contexte diminutif (lexicalement, stylistiquement, p2r
intonation etc.).
C) A l'aide de l'indice S - dim peut aussi s'exprimer l~
signification de diminutif partitif - dans les constructions avec
emploi des expressions a-s l~f, a-a tuut "un petit peu" :
aakkal ma ci (caaf li) a-s tUlilt IIdonne m'en un peti t
peu " (de cacahuètes)
xam naa ci as It3f "j'en sais quelque chose (une petite
partie)11
lJaddal ma ci guro gi a-s tuut "fais-moi une petite
part de la cola"
dinaa la ci def1cal a-s H~:r "je t'en laisserai une
petite part"
Il est vrai que dans ces exemples le composant sémantique de
partitif est exprimé principalement par la particule ci "partie
de quelque chose -(ici)" • néanmoins la signification indiquée
ne s'obtient dans pareilles contextes que par l'emploi de l'in-
dice S - dim exprimant le composant sémantique de diminutif.
2.3. Les significations incomplètement grammaticalisées
des indices de classes.

- 67
2.J.l. L'opposition "singulatif - collectif"
A part l'opposition de nombre "singulier pluriel" habituellement
distinguée, il existe dans le système nominale du wolof, comme
dans beaucoup d'autres, une autre opposition qui est contenue
dans celle-ci mais se distingue par une nuance de signific[~-sio~~
l'opposition "singulatif (ou singularisant: un él~ment disti::ct
d' une plurali té d' ~l~ments quali tativement homog~nes ou assil1ü=-c~­
bles sous quelque rapport)- collectif(un ensemble d'él~ents h020-
gènes considéré comme un tout)_
La signification de collectif est exprimée par l'indice de la
classe J(l), v. les emplois:
janx j-i sos nanu mbootaay "les (le groupe de) filles ont
créé une association"
jeeg j-i duggi nanu marse "les (le groupe de) femmes sont
parties faire des provisions au marché".
La signification de collectif ne se réalise que par opposition
à la signification de singulatif, exprimée par l'indice de la
classe B :
janx B "jeune fille"
(une) - janx J "jeunes filles" (un groupe)
jeeg B "femme" (une) -
jeeg J "femmes" (un groupe)
(bantu) almet B "allumette" (une) - almet J "allumettell
(ensemble, botte d')
L'opposition "singulatif - collectif" trouve une brillante illus-
tration dans les données du lexique se rapportant au monde v~­
gétal : les noms d'arbres, de fruits. Ici on remarque qu'une
rangée lexico-sémantique consid~rable de substantifs désigncct
des arbres se rapporte à la classe G au singulier (y au pluri01):
dagaar G Il tamarinier", baJ::1Aana G "bananier", guyaab G "goyavier",
limoI;) G "citronier" etc.
____.
a-
--
--
_
{l) Notons également quelques cas d'expression du collectif' pET
l'indice S - neut : sërin S, samm S, soldaar Sete ••• , bÛ2Da-
baana S. La caractérisation du Eollectir qui suit concerne
aussi bien ces formes.

- 68 -
Pour la désignation d'un fruit de ces arbres on emploie la même
forme dans la classe B : banaana B "une bananett, guyaab B "une
goyave", limolJ B Il un citron" etc •• CI
Pour la désignation d'un ensemble de fruits du même arbre on elJ-
~loie la forme correspondante dans la classe J : banaana J
"bananes" (ensemble, mesure de : Il saam"), limoI) J "ci:trons" guyaf."b
J "goyaves", daqaar J "tamarin". Il est remarquable que les fruits
du tamarinier se désignent seulement comme un tout collectif par
la classe J. L'emploi de cette forme par la classe B est impossi-
bThe.
Ceci montre assez bien les restrictions d'emploi qu'imposent les
propriétés dénotatives des substantifs quand la signification 03
l'indice de classe avec lequel on les accorde est suffisamment
grammaticalisée. Les fruits du tamarinier sont utilisés en de
peti tes masses( 4~) indétachables en éléments di stincts (voir' 18.
désignation des fruits du tamarinier qui ne sont pas mUres et donc
distincts "bèIjXal B - bèlJxal J").
La distribution par classe des significations de nombre examinées
plus haut (singulier - pluriel) aVec les significations proches
de sens du singulatif et du collectif est la suivante :
significations:
singulier
singulatif
collectif
pluriel
...
classes
:K,L, B, G,
B
J(S-neut)
N, Y
J, Il, B-dim
B-neut, W.
Il est nécessaire, cependant, de préciser que la signification (l.u
collectif ne se répand pas sur tous les substantifs employ~s danEi
le modèle d'accord de la classe J. Elle n'est applicable qu'~
un certain nombre de ceux-ci, dont la signification dénotative
peut se combiner avec elle et qui constituent un sous-ensemble

- 69 -
considérable des substantifs de cette classe. Il semble d'ail13L~s
possible de supposer que les éléments dont l'ensemble peut-être
désign~ par la mRrque grammaticale du collectif ne soient jamais
que de grandeur ou d'importance relativement insignifiante. On ne
peut, pam exemple, dire garab J d'un emble d'arbres l ~galement
on n'emploie par
nit J pour la d~Bignation d'un groupe de per-
sonnes ni ligéeykat J pour désigner un groupe de travailleurs O~
les travailleur s dans leur ensemble. Quant aux emplois des forn:c:J
janx J "groupe de jeunes filles", jeeg J "groupe de jeunes femmes",
ils semblent plutôt appuyer cette hypothèse, ~tant donné que ces
formes s'emploient le plus souvent avec une nuance certaine de
familiarité ou d'affectivité (on peut voir une ceetaine analOGie
dans la note émotionnelle contenue dans les formes collectives
du russe comme "djivtchata" "groupe de jeunes filles, copines
collectif).
De telles restrictions ne sont pas observées dans l'emploi de ln
signification de singulier, exprimée par l'indice de la classe
B.
Le seul crit~re ici est la possibilité de définition de l'objet
désigné comme "un ~lément distinctlt sans tenir compte d'aucune
connotation spéciale. Au terme de ceci • Il se dévoile une cer-
taine sym~trie dans l' opposi tion "singulatif - collectif"
qui
montre un fonctionnement plus large de la catégorie du singu-
latif par rapport au collectif. Le singulatif se confond et
s'estompe presque dans la signification de singulier. Le collec-
tif, quant à lui, ne peut être confondu au pluriel, sa mar~ue
formelle ~tant l'indice d'une classe du singulier, alors qu'nu
plan sémantique il est, pour ainsi dire, ~ cheval sur les deux
significations de nombre comme le montre la contradiction qui

- 70 -
apparait entre la marque formelle J du singulier et la forme
plurielle des verbes qui l'accompagnent, exemple: Jeeg j-i rl ,..,-,
.._VJ..J,
nanu marse "Le groupe de femmes sont parties au marché".
Parall~lement on constate aussi que dans la classe B se trouvent
certains substantifs, même slils ne font que l'excèption, qui
ne répondent pas tout ~ fait à la définition de singulatif. Ici,
cOII'J1le pour la classe J, on ne peut attribuer la signification de
singUlatif qu' ~ un certain sous-ensemble des substantifs qui
constituent la classe. Par conséquent, malgré leur évidente
-,
dissymétrie ou la partialité de l'opposition, toutes les deux
catégories qui en sont les termes sont ~ signification incompl~­
tement grammaticalisée.
Les substantifs qui peuvent être employés dans la classe
J avec signification de collectif peuvent aussi être employés
dans la classe Y et avoir dAns ce dernier cas la signification
de pluriel distinct (considérable un ~ un) :
banaana J • ensemble des bananes" - banaana Y "bananie!' _;1:
ou" bananes" J
limolJ J uensemble de citronstt -
limolJ Y " c itroniers" ou
" ci tronstl J
exception est faite de daqaar Y qui signifie seulement "tamari-
niera" vu les restrictions dénotatives de ce mot signalées rlr~3
haut J v. également :
janx J "groupe de jeunes filles" - janx Y "jeunes fillcs"~
jeeg J "groupe de jeunes femmes"
jeeg Y Il jeune s femille Sil ,
soldaar S "groupe, ensemble des soldatstl -
soldaar Y
Il solda ts"
etc •••

- 71 -
2.4. Les significations lexico-dérivationnelles
particuli~res des indices de classes.
Dans les classes du singulier sont exprimées bien des si-
gnifications qui, formant de petites rangées lexico-sémantic~nsc
au sein d;"une classe ne peuvent pas, à notre avis, servir de
crit~re pour la caractérisation sémantique globale de la clG8G~
au plan synchronique, mais peuvent, dans une certaine mesure,
nider ~ la clarification de certaines données de l' aspect s~ù1~'.:'1­
tique de la classification nominale, Ici nous ne posons pas
comme objectif l'analyse compl~te de telles significations du
fait ~O· l'absence ~ notre niveau de méthodê de leur distinctio~
systématique. Nous n'en indiquerons que certaines qui nous sem-
blent les plus remarquables en nous appuyant sur les analyses (.'3
la sémantique des classes wolof qui ont précédé la nôtre (v.
essentiellement Delafosse 1963).
2.4.1. Les rangées lexico-sémantiques dans les
classes du singulier.
Une des plus remarquables rangéeslexico-sémantiques est
celle qui est constituée des différents noms d'arbres dans la
classe G par ailleurs appelée "classe des arbres". La significc-c-
tion "un arbre" exprimée par l'indice de la classe G est l'une
des plus distinctes parmi les significations lexico-dérivatioh-
nelles du fait, vraisemblament, qu'elle s'oppose ti la signifiee.-
tion "un fruit" exprimée par l'indice de la classe B d'un côté 9
et de l'autre ti la signification "ensemble de fruits" exprim~e
par l'indice de la classe J, ces deux derni~res significations

- 72 -
~tant inclues dans les signi~ications incompl~tement grammati~a­
lis~es de singulati~ et de collecti~ respectivement. Cependant $
cette signi~icati on ne se retrouve que dans une in~ime minori :,6
des noms que compte la classe G, les autres exprimant divers~=
autres signi~ications lexicales.
Dans la classe J on trouve bien une rangée de substaLti~s
désignant les rapports de parenté (de descendance maternelle prill-
cipalement) : ndey "m~re", yaay, "m~re,. maman", nijaay "oncle
(maternel)lI, cammifi "~r~re", maam "a!eulell etc. Il est cepcr~:.-;'c-,i_-~
tout ~ fait évident qu'ici également ce groupe de substantifs ne
constitue pas la seule rangée lexico-s~mantique et sa désigr-2-
tion comme lI noyau s~mantique" de la classe J apparai trai t qUGlC'-~':]
peu arbitraire. D'autre part, comme d~ns la classe G on trouve
ici une multitude de noms entre lesquels il est impossible d'~t2­
blir un quelconque lien lexico-sémantique.
Les substanti~s qui désignent des liquides se retrouvent
en partie dans la classe M - "classe de l'eau et 'des-: l1quide s" :
ndox "eau", meew "lait", soow "lait caillé", saw "urine" etco ..
La même remarque que pour les classes précédentes s'impose. Ici
également la plupart des substanti~s n'ont rien de commun du
point de vue de leur significations lexicale~ ni avec cette ran-
gée lexico-sémantique, ni entre eux : mburu "pain", mbaam "âne",
mbaxana "couvre che~", po "jeu" etc.
La classe Lest dési.gnée comme "classe des choses et dc~
ustensiles". A proprement parler toutes les classes du singulL,!'
contiennent des noms qui désignent des choses. La particularit6
de la classe L serait que dans les constructions dont il a été
question dans 1.2. c'est par son indice que se désigne toute

- 73 -
substance autre que l'humain, comme terme opposé A l'indice de
la classe K représentant llhumain. Compte tenu de cela, si
l'on consid~re que dans la classe K l'indice sémantique dominGnt
est celui exprimé par la signification lexicale du substantif
ni t "être humain", on peut poser comme indice sémantique dominant
dans la classe L celui qui est exprimé par la signification lex4-
cale du substantif lëf tlcheset', phénom~nen, avec cependant ln
rêserve qui avertit que ladite signification lexicale peut se
retrouver dans les substantifs des autres classes du singulior.
Une rangée lexico-s~mantique appréciable dans la classe L
désigne des ustensiles ménagers - " ndap, r~cipienttt, cin, "mc.r-
mi telt , ndaa "canari", njaq Itpot" etc., mais 11 ensemble des nC:!~3
de cette classe forme un tout qui se caractérise par la même
hétérogéne!té s~mantique notée dans les classes précédentes
ainsi que dans les classes B-neut et W. Dans celles-ci on ne C~~_S'­
cerne pas de groupes considérables d'unités lexicales se rap~or­
tant à un même indice de signification.
Par la classe 8-neut il semble que l'indice formel soit
le seul déterminant l'admission de substantifs en son sei~ :
presque tous les substantifs de cette classe ont l'initiale cc~­
sonnantique s(v.3.1.).
Les noms de la classe W sont à significations lexicales
très diverses : we1'i "mouche", wurus "orlt , woy Il chant", weer
tllunetl, WW1d Il chattl etc.
Rappelons que la classe B se distingue par l'important
volume du lexique substantif se rapportant à elle, constitué non
seulement d'un certain fond de base, mais aussi d'une grande

- 74-
quantit~ de nouvelles formations lexicales~dériv68productifs
comme .-pruntéj Ceci rend la tâche de distinction de groupes ou
1'ang4e,a 1ex1<'O-s&mantiques quelconques dans la classe B encore
plue diffiCile it presque 4léatoiro; e'est-A-dire l peine utile
pgur l'analYae s~mantique des classes. Il est important de noter
"
i
~.1 q116 mals" la dJ,ça~Lt.6. :L.e.x1.Oo-Mmentique de èette classe,
Q..&1it. ~i~~ pal' son indice tormel que s'exprime la signifi-
eat~on iD09mpl~tement g~matièalis6e, tr~s impo~tante pour la
~~aira synchornique du wolof, de singulatif- signification qui
sn tait Urie sorte de "rempla,ant universel" des autres indices
des clas&68 du singulier dans beaucoup de contextes syntaxiqueR
I l est probable qu'un sondage plus a fond des significations
lAXi oales qui forment des rang6es lexico-s~mantiques dans les
classes du singulier puisse jeter plus de lumi~re dans l'organisa-
tion s'mantique de la classification nominale du wolof. Le tra-
vail serait cert~lnement tr~s volumineux et il faudrait au préa-
lable êtablir les principes théoriques et les m~thodeB qui le
soust&ndraient. Ce que nous pouvons retenir d'ores et déj!, c'est
que la classification nominale en wolof a connu des Changements
importants dans son évolu1;ion par l'apport ! des stades antérieurs,
qui, au plan du contenu, sont attest6s par la tendance manifeste
A une certaine redistribution sémantique du lexique substantif
autour des significations catégorielles qui r4gissent les r~gleG
grammaticales les plus généralisées et, en définitive, les plus
a1mples dans la langue.
l.4.2. Les significations des suffixes de dêrivation
nominale déverbale et la classification des substan-
tifs d~r1vés.

... 75 -
tes 8urrixes de dAr1vation nominale d'verbale conf~rent aux
aubstant1t. dive~se. s1gnt1cations lexicales qui s'inscrivent dQns
la oaJl8Q~r1sation globale de la s6mantique des classes nominales
~mme des significations lexlco-d4rivat1onnelles particu1i~res•
..Pa.rm4.ee.s suffixes certaine 8e d&marquent de manU,re 8p~ciale par
08 qu'11e IIOnt. li48 l''s.ull~Fement ~ des classes d6tel'min~e8.
Le. a\\û'f'ixea - kat (~ signif1cation d'agent), -Uj -Cu) kaay
{ l 11gn1t1oat1on d'1nstrumental et / ou de locatif) Be distinguent
parce que les noms qu'ile d~rivent sont r4guli~rement rattaohés
l JJl clas88 a, exeD!ples :
l1g.',....kat B "travailleurtt , jang-kat • 1t6tud1ant"
wex-ka t B C"W) "bavard.", "parleur", 11g44p-ukaay B
"lieu de t,raw11 ou 1..l:a.StrallleQ1;.-40 J;raveJ,1'1, 3ang-ukaa~r::3
-lieu o~ l'on,",tud1e (6cole)", b1nd-ultaay B "~cr1toire".
Cee 8u1'1:1%'8 sont des plus productifs dans la langue contem-
poraine, Partois mAme 11s s'emploient aTec des racines qui, sans
suffiXe, ont les mimes signIfications lexicales, créant ainsi des
néologismes peu propres au syst~me d&rivat1f du wolot, exemples :
sace B et sace-kat B "voleur" à la différence de t&gg B "torgeronlt
et tegg.kai B "batteur (do tSDloootam}". Ces suffixes contribuent
dan. une large masure! l'agrandissement du volume de la classe
B en mots nouveaux.
Les sutfixe8 -1n ca signification de part1cularlsant),_-aay ~à
sign1tication 4galement de particularisant, de qualifiant), -Ct)
44t (mS.. signification ou tr~s proche) identifient rêgul1~vomentt.
les 8ubetantite dans lesquels ils figurent , la classe W. Les
autf~8 -in et -aay sont assez productifs J le suffixe -Ct) ééf

- 76 ..
l'est sensiblement moins.
Le suftixe -in est tr'~s r6gulier dans l'identification
des substantifs qu'il d~rive A la classe W tandis que les suffi-
xes -aay et ... (t) ~êf sont souvent en emploi variable entre la
classe W et d'autres classes du singulier, la classe B en par-
ticulier :
wax-in W "manière de parler", dax-in W "mani~re de marcher:j
d'marche", nekk-in W• (partilllularité d') existaneeil • rafet-
say 1f "beaut&", fiaaw-aay W"laideur", woyof-aay W"lég~retéll,
wat-"f W"coiffure (f89an de coiffure)".
Les autres sutt'ixes de dérivation nominale déverbale ne dévoilent
pas de si nette tendance A l'identification des noms dêrivés dans
lesquels ils figurent
â telle ou telle autre chose. On peut ce-
p endant supposer que ce n'est pas de tout temps qu'il eh a étê
ainsi. Dans la langue vontemporaine on sent encore le lien qui a
dû exister entre certaine de ces suffixes et des classes bien
donnêes. Ainsi, par exemple, beaucoup des substantifs d~rivés
aux suffixes -ande, -aange se rapportent à la classe J, exemples
reew-ande J "impolitesse", y~rm-ande J "miséricorde", lor-aange
J "malheur", naat-aange J "prospérité", beaucoup des substantifs
à sutrixe -te se rapportent à la classe G, exemples maandu-te G
Il sagesse", mlnd1-te G "ivresse", torox-te G "hontel ' , "mis~re".
D'une manière globale les significations de tous ces suf-
fixes, y compris des suffixes liés A la classe W-in, -aay,
-Ct) "t, peuvent être définies comme "abstraites", par opposi-
tion A la signification ".oncr~telt des suffixes -kat, -u -Cu)
kaay li'8 ! la classe B. L'emploi variable (souvent observé) de
8ubetanti:rs dériv6s à signification "abstraite" (c'est-à-dire en

•1
1
- 77 -
r
l'occurence ! suffixes avec signification abstraite) dans le
mod~le d'accord de la classe B, s'il contredit cette caractéri-
sation g6nérale, s'explique cependant par cette tendahce A
l' "universalisa tion" de l'indice dace tte: c!asse .. ~h'n:èrnbne °t:ui re-
fl~te le processus global de détraction du système r~gulier des
classes nominales qui est caractéristique du wolo~ contemporain
et dans beaucoup de cas voile les faits grammaticaux du domaine
nominal.
Il Y a donc A ce niveau une opposition sémantique des S~DS­
tantifs d~riv~8 ~ signification concr~te, liês à la classe B,
aux substantifs A signi~icat1on abstraite, en distribution dans
les autres classes du singulier. Les premiers sont dans la plu-
part des cas formés des sufrixes -kat, -u -(u) kaay ; les seconds-
des autres suffixes. Il faut noter que la signification du lexème
dérivé qui résulte de la modification de la signification lexicale
de la forme verbale par celle du s~fixe ajouté peut dans cer-
tains cas perdre le lien avec la signi~ication du suffixe dans
le cadre
de son appartenance A l'un des termes de cette opposi-
tion (concret/abstrait), ce qui souvent favorise le rattachement
du mot d&riv& A une classe qui ne correspond pas A la significa-
tion de son suffixe. Par exemple, la forme dérivée tapp-aange ~ui
est perfU6 eOllHll6 la désignation d'lm concret - " mouton castré" -
se rapporte par conséquent ~ la classe B malgré l'appartenance
du suffixe -aange au nombre des suffixes A signi~ication abstraite.
Le auf~ixe -1t également forme des substantifs dérivés qui se
rattachant A la classe B ou aux autres classes du sîngulier en
fonction de la signification qui résulte de la combinaison de sa

- 78 -
,igrt1tication (plutôt abstraite: "idée de r4manance, de reate")
aveo oelle de la racine verbale - en fonction donc de la nouvelle
signitioation du lexbme dériv' :
xar..it B "ami", jaay-1t W ltinvendU", n~x-it JI "dépOt,
skiment" etc.
L'opposition de signification "eoncrbte-abstraiteU peut être
examinée oomme une opposition de significations incomp1~tement
gNlmmat1ealis4es. Le terme "concretlt de cette opposition corres-
pond au terme ttsingu1ati~1 de l'opposition de significations in-
compl~tement grammaticalisées examin6e plus haut - "singulatif-
eolleotittt • Quant au terme abstrait, s'il El des a1'1D1.th
de
dénotation avec le terme "collectif" 11 n'est cependant pas iden-
tique à ce dernier et s'applique à un nombre autrement plus im-
portant de lex~mes. Ces significations se réalisent r~guli~remen·G
et dans le plus important sous-ensemble des substantifs se rappor-
tant aux classes correspondantes.
Les significations lexico-dérivationnelles particu1i~res sont
les significations des différents suffixes considérés séparément-
"agent't (-kat), particularisant (-in) etc.
~n8i les significations exprimées par les suffixes de dériva-
tion nominale d'verbale peuvent être qualifiées de significa-
tions lexico-d&rivationnelles particuli~res ou de significations
incompl~tement grammaticalisées en fonction du degrê de discer-
nement de l'examen qu'on en fait, exemples:
suffixee
sign. lexico-dérivationnelles
sign. incompl~t~
particuli~res
ment grammatica-
lisées
-kat
"agentU
concret (singulatif)
.,in
"particularisant"
abstrait
-te
ltid'e d'état moral"
abstrait

-~-
Etant donnê qu'en wolof moderne des processus sont en cours qui
parfois rendent presque impossible l'examen détaillé et complet
des significations lexico-dérivationnelles particulières et de
leurs liens avec les classes (en l'occurence il s'agit de la
eapaeit~ de la classe B A assumer le raIe de classificateur va-
riable des substantifs dérivés), 11 semble plus opportun d'un
polnt de vue méthodique d'examiner les significations de ces suf-
fixee d'une mani~re plus globale dans le cadre des significations
incompl~tement grammaticalisées.

- 80 -
Q fi A ~ l T Ji E
I I I
Plan de l'expression des catégories nominales du
wolof.
3.1, Aspect morphologique de la classification nominale
Une des questions les plus importantes pour la caractérisa-
tion des classes nominales au plan de l'expression est la question
de savoir a1 dans la structure morphologique des substantifs la
classe, comme catégorie grammaticale, est refl~tée, ou plue exac-
tement S y a...~il dans la structure formelle du substanti1' un
que1eonque morph~me affuiel marquant l'appartenance de ce subs-
tantit , une classe donn~e (comme on l'observe dans les langues à
pr&1'ixes ou l suffixes de classes) ? La grammaire du wolof donne
une rÀponee négative ~ cette question. La r~gle ~n~rale ici est
la no~exprèè8ivlt& morphologique de la classe dans la structure
du substantif. Bn conséquence de cette r~gle des substantifs ayant
une structure en 1D01'ph~mes identique peuvent se rapporter ~ de s
classes diftérentes :
baay B np~ren, an. B "déjeuner", ceeb B "riz"
garab G uarbre", kanam G "visage", xas G "écorce",
1eket G "oalebasse" etc•••
Ces substanti:fs sont identiques du point de vue de leur struc-
ture morphologique (ils consistent tous en un morph~me radical),
mais i18 appartiennent A deux classee différentes - B et G. Il en
est ainsi .
des Bubstantifs ~ morph~e unique des autres
classes. La question des substantifs à structure complexe sera
examinée plus loin (v. 3.1.2).

- 81 -
3.1.1. Les indices morphophonologiques de classification
des substantifs.
La r~gle g&nârale est donc la non-expressivité morphologic.:ue
de la classe dans la structure du substantif. Il existe cepen-
dan. ce~tain8 indices morphophonologiques au niveau de l'initi~18
aoneonantiqqe
des racines qui, de toute ~vidence, sont liés ~
la classifioat1on nominale. On note A premi~re vue le fait d'une
cer~ain~ dominante statistique dans la réalisation des consonnes
initiales dans chaque classe.
En r~gle g6n6rale A la classe W se rapporte le plus grand nombre
de substantifs A initiale W, A la classe S - le plus grand nom,
bre de substantifs à initiale B etè••• mais pas le contraiÉe.
Pour l'examen des liens qui existent entre les donnêes morpho-
phonologiques A l'initiale des noms et la classification de cos
nome le mat~riau le plus adéquat est celui qui consiste en ces
exemples qui donnent la possibilité de COmparer la forme sUBS-
tantive avec d'autres formes 4e même racine ayant une initiale
consonantique
autre.
L'examen de tels nids dérivationnels montre que:
1°/ L'appa~tenance de classe peut s'exprimer par l'indice de
la pr&nasa11sation de la consonne initiale de la racine SUbst~l~'
t~ve, exemples :
A) mbey JI
tlagricul ture"
bey "cultiver"
mb!r M "lutteur"
bêee "lutter"
mbootu JI "morceau de tiS&~':
boot "porter{un enfant) au
servant A attacher l'enfant
dos"
au dos"
mban M "refus, ha ine"
ban "refuser", "détester':

- 82-
mbaxal M
"bouillie"
- baxal "faire bouillir"
mbàkk
M
"louan8e"
- bàkk "taire l'éloge, exalter::
mbokk
Il
"parent"
bokk "partager, être parent':
mbokk
G
"parentée"
- bokk "partager, être parent"
,
mbank
G
"manque d'argent"
bànk "être sans argent"
mbaax
G
"boilté"
baax '*être bon"
mbég
G
"joie, bonheur"
bég 'i&tre joyeux, heureux"
mbon
G
Itméchanceté"
bon "être méchant, mauvais"
B) ndes L "reste"
des tlrester"
ndono L uhéritage"
dOIm tlh~ri terlt
nd1g t
"promesse'·
-
dig "promettre"
ndigg L "ceint\\U'e, taille"
-
digg "milieU", atteindre le
milieu"
ndimbal L " aidelt
dimbale "aidertl
ndaw
L " envoyé"
daw "courir"
ndigal
L U conseil, inj oncti on"
digal Itconseiller", "ordoDller!î
OOiis L "cont'idencetl
diis "contier"
-
ndtês L
"natte"
dr,su "s'asseoir sur une natte,
- s'accouder"
ndam L "gloire"
dam "vaincrelt
ndugg L tlapprovisioImement (du -
duggi "aller faire le march6::
marché)
ndof G "folie, d~mence"
dot "être fou"
c) ngant G"'L "refus", "empêche-
gantu "refuser"
ment"
ng66raG-L Itcourage, attitude
g66r G "homme"
mAle Il

- 83 -
ng!rb G"'L "remerciem~nt", . .. ~11JUII·'.remereier~·
"gratitude
ngor G "noblesse"
- gore "être nOble"
ngêm G "croyance"
- g~m "croire"
ngont G "apr"s-mid1n
- gont(u) "aller au travail l'après-
.'j
midi"
ngan G n
our du hôte"
- gane "s~journer en hôte"
D) njang Il tf'tude'i
- jang "Ǥtudier"
njaay Il "vente", "marchan-
- jàay "vendre"
dise"
njiit L fIchet, dirigeant"
- jiitu t'être, aller devant"
~
.
njtpp L "manche, anse, poi-
- japp "attraper, tenir"
gn~et"
njari!1 L "utilité"
- jarin "8tre utile"
.
njam L "tatouage des l~vres
jam "piquer", "tatouer"
(rite)"
njoIW
L "circonc1s1on(rite)"
jongu "être circonc1s"
njaam L...G "esclavage"
... j aam B "e sclave", jaamu "servir"
njuumte I,...G "erreur"
- juum "faire erreur, se tromperll
njur G "deecendance"
- jur "donner naissance"
njaboot G "descendance,
."~ab()ot
"avoir une t'amille ~,
tamille"
charge, avoir une famille
nombreuse".
Ces exemples montrent que les substantifs ~ initiales pr~­
nasalis'es sont en une certaine distribution entre les classes
M, L et G. Il s'av~re cependant impossible d'indiquer claire-
ment quels sous-types de consonnes prénasa11sées sont liés ~
chacune de ces classes du fait que dans le cas de chaque sous-
type (mb, nd, ng, ou nj) nous découvrons la possibilité de ratta-
chement de substantifs au moins A deux de ces classes et même,

- 84 -
dans certaine cas, ca8 classee peuvent servir de classificateurs
variables A un même substantif A initiale prénaealisée. On peut
tout au plus d4gager une certaine tendance dominante du rattache-
ment de cas soue.types de prênasalis&es ~ telle ou telle autre de
ces classee.
Ainsi dans le 8ous--type A) (rob) il y a une êvidente tend~ce
domi~ant. au rattachement des substantifs à la clasae M1 dans B)
et n) (nd et nj) À la classe L ; dans c) (ng) A la classe G.
Notons donc que les eubstantifs - à initiales pré~saliBêea -
eompte tenu du fait qu'il n'existe pas dans le ,y.t'me phonolo~
gigue du wolot contemporain d'autres consonne$ pr6_eal1e6ee qUG
celles indiqu4es - se r~partiegent entre les classee M, L et Gs
2°/ L'appartenance de classe peut s'exprimer par l'ind~ce
formel n consonne ini tiale occlueiveu issu de l'al temance cons-
trictiv~~cclus1ve.
A) COIUlO L tlta t1gue"
-
sonn "8tre fatiguA1I
coow L " cris, bruit"
- soow "crier, 88 disputer"
cosaan L ft temps ancien"
-
80 S "cr6er"
caaf L n cacahu~te", grillade"
- saaf "griller", "frire"
càcc G "vol, cambriolage"
- aàcc "voler, cambrioler"
col G "habillement, mise"
- sol "habille."
copte G ft impertinence, turbu-
sop "être impertinent, tur-
lence"
bulent"
cuub G "teintUI'e"
_ suub tl ,eindrell
p~~t Il "lessive"
- f6t5t "lessiver"
pece JI "dance"
- fe(~O "danser"
po
Il "jeu"
- :fo "j ouer"
puri t M "mousse" ,"dépôt,lie"
- fuur ":faire de la mousse"
pegg Il n côté"
- :fegg "mettre, pousser de
cOté"

- 85 -
pexe 1(
"moyen"
- fexe "essayer, trouver le Ti!oyenll
pese M "divorce"
fase "divorcer, rompre"
palM "éleoti on"
fal "élire"
pande M "absence de d!nerll
- fande "ne pas dtner, n' avoiI'
de quoi diner"
kaddu G "parole"
- addu "rêpondre"
kattan G "force", "capeci té"
a ttan "avoir la force",. être ca-
pable"
Les deux possibilités sont une êquivalence de la constrictive.
kaf1aan G "jalousie, envietl
- anaan "être jaloux, envieux"
kilif~ G "autori té (homme)
(y) ilif "avoir sous son autori té"
kend G tts~jour (d'une journée)
(y) endu "passer la journée"
kumpê G "secret, insu"
-
(w) ump "être tenu secret, A
l'insu"
k6lêre G "amitiê, confiance"
(w) oU~re "ami, conf'identlt
k66lute G "confiance"
-
(w) 66lu "avoir confiance"
koor G "car~me"
-
(w) oor "observer le carême,
jefuler".
Ces exemples montrent la répartition des substantifs A initiales
occlusives c, p, k dans les mêmes trois classes M, L et G.
-----~~~-------------------------------------------------------------~-
(1) Dans ce type de racines nous avons au niveau "non-occlusive" de
l'alternance un phonème nul ou un glide variable selon la vo-
yelle qui suit (w devant 0 et u ; y devant 0 et i ; devant a
c'est toujours ~).

- 86 -
En consid&rant ces deux premiers indices on peut dire que les
alternances oon8onan~lque8- initiales réguli~res engendrent les
marques formelles des classes K, L et G, approximativement dnEC
la distribution suivante :
classes
Prénasalisées
occlusives
.....-.....
..----.......,.
~ ~
_ - - ...---........__.....--- ...._----~
1(
mb (nj)
p
L
00., nj (ng)
C
G
ng (nj, mb, nd)
k{c)
.....
.......-
_~
..........------.....-.__.----- -.....---..-...--..
Le d@gr4 de validité de ces indices formels morphQphonologiques
pour la caractérisation des classes indiquées au plan de leur
exPression est lié l la question de savoir dans quelle mesure
Ile se r&alisent dans l'ensemble des substantifs qui appartielUlent
A ces classes. Il est essentiel ~ ce niveau d'~lucider :
1 °1 Oompto-t-on dans ces classes des substantifs à.tni tiales
~9~n~t~ques autres que celles relev~es et dan, quel rapport
avec celles-ci ,
2°1 Dans quelle mesure des substantifs avec ces initiales
se retrouvent-ils dans les autres classes 9
Examinons d'abord la premi~re question J la seconde
trouvera sa réponse plus loin dans la caract~risat1on sommaire
des autres classes au point de vue de la qua11t' des consonnes
initiales des substantifs qui leur appartiennent.
Dans la classe L on ne trouve presque pas de substantifs A
initiales autres que celles relevées plus haut. A ltexception
du substantif lêf L ~ initiale 1 tous les autres substantifs de

- 87 -
cette classe ont les initiales indiqu~es.
Un trait spAelfique de cette classe est qu'elle Be r~v~le être
la seule par~i les classes du singulier qui apparemment ne
s'inscrit pas de fa90n évidente dans la tendance g~n&~ale ! la
classifioation de substantifs qui ont une initiale co1ncidant
avec un des indio$e consonantlqu~a des classes du singulier pré-
cis&ment dans cell.-ci. La plupart des eubstantits A initiale
1 se rapporte .. , , dt autres classes t laI B "lit", Itlmb J ftlutte
trad! tionnell<t", lammi!1 W U J,angue (ana t. )"; llltk vt ft langue
(~trangl1"e)ll, lakk G"incendietl , le~et G "calebasse" etc.... Il
faut cependant noter que les initiales de la classe L sont pro-
ches de la consonne l par leur point d'articulation.
A la classe M 56 rapportent un nombre consid4rable de
subst~nt1.t. A initiale na_le m conformément ~ la tendance
générale, dont i l vi.ent d'être que$tion, du rattachement de
substantifs A 1nit1ales coïncidant avec l'W1 des indices de
classes à ladite classe: muua Il "chat", malaan M "tiSSU, draptt,
IllaalO Id "riz"" _tt K "bois", màtt M ltpunaise", magget Il "vieil-
lard ete••• On trouve rarement dans la classe Il d'autres exemples
avec censonnes nasales (f1aX M "herbelJ ), - fricatives (soow AI
"lai t 0&111&", ea" if "urinel ') ou autres (r~éw 14). La rareté de
ces ~carts aux r~gles posées plus haut fait penser qu'il s'agit
dl exc.eptiGns (saut' pour les cas avec initiales Il qui sont une
r~gle) qai s'expliquent entre autre par le facteur sémantiqUe
en concurence avec les indices formels morphophonologiques (v.
par e~cmple les désignations de substances liquides dans la
classe Il ~OW, eaw).
Idnsi on peut retenir comme r~31e pour la classe M le rattache-

- 88 -
ment de substantifs à initiales pr~naealisées (mb principalemo:;.t
et nj dans une moindre quantité d'exemples), de substantifs à
l'initiale occlusive sourde p et des substantifs à initiale n~s&-
le m.
Dans la classe G on trouve nombre d'exemples qui constituent (I:;;,";
êcarts aux r~e;les morphophonologiques indiqu~es : sabar G "fête
du tam-tamn ,
s~q G "coq", xas G "écorce" J A cette classe se
rapportent toutes les d~signations d'arbres indépendamment de
la qualit& de l'initiale ( new, xewar, bentene, d~~b, filaawo,
guyaab~ maango etc••• ). Ici également il faut tenir compte d'lli~e
manifestation certaine du ~acteur sémantique et considérer bon
nombre de ces écarts comme des exceptions à la r~gle générale
qui lie ! la classe G les substantifs à initiales prénasalis6~s
(principalement ng, mais aussi un nombre assez appr~ciable
d'exemples! initiales nj et mb J plus rarement nd), les snbs-
tantifs ! initiales occlusives k et g.
De mani~re générale on peut donc conclure à un degré suffi-
samment ~lev~ de suivi dans la réalisation des r~gles morphopho-
noloeiques qui r~giBBent le rattachement de substantifs aux
classee M, L et G. Ces r~gleB Bont fondêes sur des indices simi-
laires de réalisation des consonnes initiales des racines qui
appartiennent ~ ces classes. On note également une certaine
orientation, qui n'est toutefois pas suffisamment exprimée, V3rs
la répartition différenciée de ces indices entre les dites
classes.
Quel~ee sont donc les caractéristiques formelles morphophonolc.-
gigues des autres classes ?
...
Rappelons d'abord les particularités des classes K, B, N et Y

- 89 -
La classe K ne comptant que deux substantifs (nit et k~f) ne y~S­
sente que peu d'intérêt pour la question examinée. Notons cepen-
dant que c'est précisément ici que l'on a une brillante illus-
~~ation de l'interaction qui existe dans le syst~me desclasGos
entre les facteurs sémantique et formel. Si le rattachement à l~
olasse K du substantif nit "être humain" est dû uniquement au
facteur s&mantique, celui du substantif k~f "objet" A cette même
elasse est dû, visiblement, tant au facteur sémantique (V, ce
qui est dit en 2.2.2. de la signification de ce nom) qu'au fa:ctet:I'
formel morphophonologique. On le voit à comparer les formes k-ëf .i~
"objet" - l-Ë!f L U chose, phénom~ne" - j-~f J "action, acte" •
..
La classe N également compte un nombre tr~s limité de substantifs
dont le rattachement à elle est motivé exclusivement par le cri-
t~re sémantique. On note ici des occlusives dans les formes gôor
"homme", jigéén "femme" etc ••• , une prénalisée dans le substnntif
ndaw "jeunes gens". Un fait intéressant consiste en l'altel;'mance
w/g que l'on note ici dans un cas unique où le substantif ~a
J
-
au singulier devient Baa au pluriel en paseant dane la classe n -
cette classe où l'on compte parmi les dix substantifs qui ln C0111)0-
sent cinq a initiale occlusive g en l'absence totale de substantifs
à initiales fricatives ou glides équivalents. L'interprétation
qu'on pourrait donner à ce fait n'aurait cependant qu'une valeu~
toute relative vu le nombre très limité des noms dé cette classe
et le principe de motivation sémantique qui en détermine la nOE, 0 1-:'--
clature.
Les classes B et Y, au contraire, sont extrêmement volumineuse.
La classe "commune" plurielle Y étant d'une productivi té maxi-

- 90 -
male et étant donnée la r~gle de la non-expressivité morpholoCi-
que de la classe dans la structure dQ substantif qui fait qu'au
niveau segmental les formes du singulier et du pluriel ne se
différencient en rien, il ne peut, par conRéquent, y avoir d'in-
dice initial particulier dans cette classe.
La classe B s'élargit constamment d'emprunts et d'autres
formes nouvelles, par suite de quoi s'estompent
les propriétés
des initiales qui ont pu en être la caractéristique formelle
morphophonologique~ Néanmoins on observe ici la tendance à l'i~8n­
tification de la consonne initiale des racines ~ l'indice con--
s0n6Lt1~U8
de la classei la plupart des formes à initiale b se
rapportant à la classe B : bunt "porte", bant "bout de boisll ; lJuur
"roilt , bënB~n IItrou ; banabana "vendeur de pacotllleslt , befie "bei-
gnet" etc ••• Par ailleurs on remarque également que malgré tOU-:'/3
l'ouverture de cette classe il ne s' y rapporte presque pe.s cc
substantifs A initiales prénasalisées et assez rarement de s'lbs-
tantifs aux ini tiales occlusives k, g, p etc. Les substantifs c}.1.J.:'
portent ces initiales dans la classe B sont généralement des em-
prunts : kaamil "livre" (~arabe), kon. "coin, angle" ~ fr2Jl~Qis),
pajaas "paillasse" (<. fran9ais), pane "panier" « fran9ais) etc •••
Les autres classes exigent ~ des degr~s d1~ers une qualité bie~
déterminée des initiales des substantifs qui les composent.
Dans la classe S-neut il apparait une dominante statisti-
que absolue des substantifis à initiale fricative s. Les écarts
a la r~gle de corrélation directe entre l'indice S et l'initiale
s des substantifs de cette classe ont pour conséquence le ch2n-

- 91 -
ge~~t 40 signification dénotative de l~ torme et son transfsrt
dans 1A clasee &-d1m.
!1 existe on même tempe des substantifs à initiale s G~i
appartiennent l d'autres classes. L'emploi Qe ces substantifs 3n
aoeo~ avec 1 t indice S entra1ne ~galement le changement de sirrni-
tioation cUnotative de la torme : s~rin. B tlmal'abouttt .... s!rin 8
"marabouts" (collectif) , samm B "berger" - Bamm S "bergerstl
~ colleetit) J séq G "coq" .... séq S fi coqs" (collectif' ; par exemple,
en parlant au sene f1gur6 d'un groupe de jeunes gens insolents).
Dans l~ olasse B-neut (l signification non diminutive ou
...plua rarement - collective) ne sont donc admis que les substan-
tits A initiale e. Un exemple xorom S tl sel" tait exoeption du
fait que es signification dénotative n'est pas 1i4e de fa~on in-
discutable l la signification de collectif ou de diminutif. Les
rares exemples de signification de collectif de l'indice S
(classe S-neut) concernent uniquement les substantifs à initiale
s n'appart,nant pas A la classe S ( sarin 8, eàmm S) ainsi que la
forme banabana a en laquelle on peut percevoir .... à un niveau pu-
rement spéculatif, comme pour les autres mots de la classe S-
neut, du reste - la fusion des significations de diminutif (pé-
joratif en l'occurence) et de collectif: "ensemble de pptits
marohands de camelote".
Dans 8-dim sont admi~n principe toutes les formes
quelles que soient leurs initiales, ! l'exception, cependant, ~os
formes A initialee s propres à la classe 8-neut. Il faut égale-
aant tenir compte des autres indices morphophonologiques évoqués
plus haut qui opposent la classe 8-dim A la classe S-neut en lui

- 92 -
conférant un mod~le d'accord autre que celle de cette derni~re,
A savoir la réalisation de prénasalisées partout où l'initiale
de la forme primitive est une occlusive sonore et celui de l'occlu-
sive Pt  la place de la fricative f des formes premi~res. Le p28
d~r1vatif au terme duquel la forme première acquiert la signifi-
cation de diminutif est de ce fait marqué au niveau morphophono-
logique par l'alternance consvna~t1qqe initiale qui exclut de
la classe 8-dim les initiales s, f, d, b, j, g, exemples:
janx B "jeune fille" -njanx 8 "fillette"
doom J "enfantlt - ndoom S "petit enfant"
t'as w "cheval" ,"noeud" (fas G) - pas 8 "petit
cheval", "petit noeud"
fepp w "graine" - pepp s ltpetite grainelt etc •••
Dans la classe W sont concentr~s principalement les substan-
tifs A initiales w, f, y, :
weel" ulune , mois, wef1. "mouche", woy "chant", wurus
"or" etc •••
tas "cheval", fAnn "partie, domaine", fit "courage"
"audace", yoon "chemin", ya t tfb4ton, gourdin",
ynakaar "espoir", xalaa t "pensée" etc•••
d'autres initiales sont notées dans la classe W : der
"peau" t MIl "chaussure", taar "beautll" 1 tur "prénom",
car "branche1t , lAkk "langue" 1 1008 "cou"... mai s on
y constate l'absence quasi totale de substantifs A initiales
pr~naBalisées et la rareté des exemples avec initiales c, p, k,
g propres aux classes M, L, G.

- 93 -
La classe J démontre le moins de suivi dans sa caractéris2-
tion morphophonologique. Il est vrai que ici également on compte
un nombre important de substantifs à initiale conscr~~t1q~e j -
ooincidant donc avec l'indice de classe. Cependant, du fait du
volume considérable de cette classe, ces substantifs ne consti-
tuent qu'un faible pourcentage de l'ensemble des noms qui la
composent et il s'av~re assez difficile de déterminer une domi-
nante occlusive ou d'une touteautre qualité sans êtab11r tin cOIl~te
statistique 8p~cial : divers types de consonnes initiales sont
rep~~sent6es ici ~ peu pr~e dans les mêmes proportions, exemple
occlusives - jt!f "action", jom "vergogne, fierté", ja100re "ex-
Ploit", jabar "t1pouseil etc•••
talaata Il mardi If i tanta "tantelt , tama "tambour", teraanga
"hospitalité",
doom 11 entant", daara "école tradi tionne11e" ,
caabi "c1é1l , cere "couscous1l J
constrictives - ful1ê "caract~refl, firnde "préoccupation,
tâche,
salaam "paix", qui6tude", sago "retenue",
wax uparo1es, diSCOurs", ya1waan "mendicité, action de
mendier", yééne tt soullait", 18l1a "dieu", yaay "m~re" J
nasales - mag "atné{e)", maam " a leu1(e)", mustaas "mousta-
che1l musiba "malheur",
nodd"appel à la pri~ren, nijaay "oncle", nafa "bourse",
!iaan "prt~re, demande" etc.
On remarquera néanmoins que malgré toute la disparité du
tableau des initiales de cette classe on y note peu d'exemples
aux initiales des classes M, L, et G - les prénasalisées et les
occlusives e, p, k et g.

1
- 94 -
1
La classe J, de l'avis de certains auteurs (v. Ndiaye 1963, 113)
!
4tait la classe du singulier la plus productive h certaine étape
ant4rieure de l'évolution de la langue, dans laquelle se concen-
tl'ait la plupart des emprunts (principalement de l'arabe Al' é·,) 0-
que). ceei pourrait être l'explication d'une mozalque si b1garé0
des initiales les plus divers" dans ce:tte:.·cl~lJee.
Ainsi la caraot~risation morphophonologique sommaire se présen-
terait comme suit :
I·----
• ••~----------------_.~~~~~.~-----~------- --------~--)
classee
ini tiales consonantiqy..es
~------......----.-,...........-............_..-.-_----,.._...--_-_.._--.._.....----_._.......
Il
pr.nasal. mb,(nj) J occl. p ; nasale m
L
pr&naeal. nd ; nj, (ng) J 0001. 0
G
prénaeal. ng ; (nj, mb, nd) • occl. k, g.
Bo-dim
toute ~ [s, r ; d, b, j, gJ
B-neut
t'ricat.s
W
trioat. y+ toute ~ [prênasal. ; occlu. p,k,gJ
B
occl. b + toute ~ [k,g,p,c. prênasal.]
J
occl. j + toute ~ [k,g,p,c • prénasal.]
Y
toute
.. ..
....._
~
----,--~_._
..........-..........._-_...__..-------......--.-...---..--.--------_.......-----
Les signes : I) Dans les parenth~ses sont placêes les ini-
tiales que l'on retrouve en bon nombre dans la classe donnée,
mais qui lui sont moine caractéristiques que les autres J
2) apr~s le signe ~ (sauf) dans les encadr~s
sont plao&s les initiales qui de manière générale sant exclues
de la classe donnée •


- 95 -
1
3) les classes K et Nne sont pas inclues du
1
fait de leur motivation exclusivement sémantique.
1
Comme on le voit l oette description
àmmmaire les rbgles morphe-
phonologiques de réalisation des initiales
consonantiques n'ont
1
pas un caractère tout ~ fait cons&quent et ne s'appliquent gu~re
A l'ensemble des substantifs des différentes classes. Bien des
exemples le montrent :
lAkk W "langue" - lakk G "incendie" - lal B "lit"
ras W "t'oi"
- ree J "rire"
- reer B Ud!ner"
safara S ut'eu"
- slq G "coq"
- eàcc B "voleur"
t\\aq 'Ii "sueur"
- fie.x 11 "herbe"
- !\\aan J "prière"
xalaat W Itpens6e-xar M trmouton"
- xaj
B" chien"
It
jaas1 J "hache" - jaal w intervalle dans - jaam B "esclavett
la dentition laiss6
par une dent perdue •.
tau M t'bAtiment" - taar W"beauté - tool B "champ"
nd&tk1 L tlpetit d&j eW1.er" - ndey J "m~re".
En conclusion de ce qui précède on peut dire que le principe
g6n~rale de la non-expressivité de la classe dans la structure
morphologique du substantif s'accompagne en wolof contemporain
du prinoipe morphophono1ogique moins régulier qui tend ~ une
caract~r1sation formelle de la classe fondée sur la qualité
des initiales consonnantiques des racines qui la composent. i-;-~~[;
on ne peut parler précisément que de tendance, le principe pr~··
sentant toutes les irr6gular1t6s signal~es.
Certains auteurs voient dans les phênom~nes morphophonolo[!i-
ques au niveau de l'initial consonantique des formes la manifes-

- 96 ...
tation, les traees de oertains
pr6~1xes areha%qu08 des elass3s.
M. Dela~o8se, par exemple, se sert principalement de cette hypo-
th~se pour argumenter Ba conviction quant l l'appartenance du
wolof au t,pe de langues ~ elasses nominales. Un poids particu-
lier eet auteur prête au fait de la colncidence entre l'indice
consonantique de la clE4Bse donnée et l' ini tiale oonscnantlÇLu0
de ses racines. ce qui permet, selon lui, de proe6del' li Wl d6cc'.'.-
page en morph~mes du type ji-gé'n J, ga-rab G ete•••
L'hypoth~8e n'est certainement pas A rejeter, m8me si en Wolol
oontemporain on ne trouve pas, sans recours' la comparative des
langues ouest-atlantiques le lien qui permettrait de remonter da
la signification d'une racine·geen li oelle de j1geen "femmelt f
d'une racine"rab A garab "arbrett etc •••
Le recours ~ la compara ti ve est tenté par J. L. Doneux
qui établit plusieurs 6tapes dans l'~volution des languee atlan-
tiques depuis le ~onctionnement unifié et exelusit des préfixes
de clalses A. stI'uctures V-, CV.... et N- ou NV- apr~s lesquels suit
la ractne. jusqu'A l"eàpe que traverse le wolof eontemporain où
la langue, apr~s que ses suffixes (qui eux-même ont été des dé-
monstratifs ou d6termtnatifs devenus simples olassifioateurs par
suite de leur d&valorisation et apr~s que les pr'fixes soient
devenus non ~vidents par suite de transformation morphophonolo-
giques) aient perdu toute productivité, évolue vere l'6tat de
langue ~ articles pospositifs CV. Doneux 1975, 46-50).(1)
-_...
.._-....-..._
~~-_
..~...----_.._--------------_....._--..---------------_.........-----
(1) Voir 'gaIement la conception de K.I. Pozd.niakov selon lac.iu':.:'lo
le p~ooeB6us général (oommun aux langues atlantiques) des nl-
ternances initiales au niveau des racines sub8tantives-pa~
le orit~re du mode d'articulation (occlusive/fricative) est
doublé en wolof' d'un autre processus d'identification des C2:~~­
sonnes initiales des substantifs aux indices consor~Àt1~~~8
de classe ~ar l'indice du lieu d'articulation, par exemple, la
pr&nasalisée historiquement primitive mb devient nd pour la
-
classe L (t'pour la reconstruction de l'atlantique"-manlÎlscrit").

- 97 -
Notre conviction
est que les données morphonologiques a
l'initiale des racines substantives sont bel et bien liées t ~~
classification nominale même si à l'étape actuelle de l ' évol:'·~::_
de la langue elle s ont perdu de leur produc ti vi té en s' est6mr':-':·"C
progressivement. Les facteurs qui alimentent ce processus d'écCSGl:;-
br1ssement des propriét~s morphophonologiques des classes sont
identifiables pour ce qui est du wolof contemporain. Ce sont
principalement aes
discordances existant entre des principes s6-
mantiques de classification en mouvement évolutif de réprecision
et des principes formels basés sur des indices morphophonologi-
gues à dêtaut d'une morphologie des classes; l'ouverture de l~
langue A des emprunts qui souvent n'Obéissent pas aux r~gles
morphophonologiques ~ défaut d'une morphologie des classes;
l'ouverture de la langue à des emprunts qui souvent n'Obéissent
pas aux r~gleB morphophonologiques, se concentrant dans une même
classe f la tendance de la classe B à un fonctionnement universa-
lisé au d~end des autres classes.
Ces facteurs et d'autres analogues font que les indices mor-
phophonologiques les moins stables sont progressivement écartés
et, comme le dit J.L. DONEUX, la langue évolue vers son état
ùe
langue à articles postpositifs.
3.1.2. Les indices formel~s de classification des substan-
tifs d~rivés ll. structure "Racine + suffixe de dérivation".
L'appartenance de classe des substantifs à structure corr~lexe
(R+ Bd) peut dans certains cas être déterminés par le suffixe ~~
dérivation qui, ainsi, se rév~le atre non seulement un él~men~
de dérivation mais également un élément servant à l'1dentific:_~t:Lon

- 98 -
du substantif à une classe bien donnée.
De tous les suffixes de dérivation nominale déverbale que compte
le wolof seul trois peuvent être indiqu~8 comme ~tant liés de
mani~re réguli~re ! une classe donnée, ce sont :
- Les suf'fixes . --icat à signification d'agent et ~...ao(-~u)kaaY
signification d'instrumental ou de locatif qui reportent les
substantifs dans lesquele ils figurent ! la classe B, ex :
jaay-kat "marchand", jang-kat "étudiant", ligééy-kat "travaillcur il ,
bind-kat "écrivain", jang-Ukaay "école", atte-kaay "tribunal",
bind-ultaay- "écritoire", upp- ukaay "éventail", fo-w-ukaay fi j ouetll
etc•••
- Le suffixe -in! signification de particularisant qui reporte
les noms dans lesquels il figure! la classe W : dax-in "démar-
cheU, wax-in Itmani~re de parler", j8f-in (ou def-in) "agissements",
col-in "mise" etc.
Les suffixes -say et -(t) ééf aussi dévoilent une nette tendance
A l'identification des substantifs qui les comportent à la
classe Wmais avec moins de suivi. La probabilité de rattache-
ment var1able l ~a classe B est assez grande avec ces suffixes
et emp&che l'identification automatique des substantifs dans
lesquels ils figurent à la classe W.
Aux autres suffixes on ne découvre pas une telle rêgularité d'i-
denti~icatlon avec telle ou telle autre classe en wolof moderne
(certaines tendances sont encore sensibles - V.2.4.2.) et les
substantifs qui les comportent peuvent se rapporter A diffé-
rentes classes: dagg-it B "morceau" et wecc-it W fi monnaie" ,
mel-o J4 Il caract~re, apparence" et laag-o J Il 1n:firmité" etc•••

1
1
- 99 -
r
En outre les substantifs dérivés se conforment le plus souv::nt
aux indices morphophonologiques décrits plus haut qui dans
certains cas se manifestent même avec les dérivés liés par leur
suffixe de mani~re réguli~re à une classe bien déterminée erénnt
ainsi des emplois variables du type :
m~n-!u....Yl
m(in-in M
"capa ci téll
wax-kat B
'y!ax-kat YI
"bavard"
kepp-u B
~epp-u .Q;
" épingle A linge"
- -
torox-te G
1orox-te if.
"malheur, misère"
- -
En conclusion on peut affirmer que le principe général de l~
non expressivité morphologique de la classe
dans la structure
du substantif coexiste en wolof moderne avec un autre princ::":)
de caractérisation morphonologique orienté sur la qualité dec
initiales de la classe. Cette caractérisation à son tour reste flou~
dans l'ensemble, du tait de l'inconséquence souvent notable et
du manque de suivi des r~gles qui la régissent.

-
100
3.2. L'aspect syntaxique
Conuuô souligné préc~deÏJ1rnment, dans la di stri bl'.t~.Ojj.
des catégori es gr.s..mm8.ticales du genre et de la classe nomi::".t~lG
le rôle principal revient au facteur syntaxique. Le trait le
plus marquant d~ l'aspect syntaxique consiRte en ce que
ct .3;"1-(:,
pr6cieé~ent l ce niveau que se dévoile le rapport de ces cat~­
gories grammaticales A plus d'une partie du discours. Ellec ne~­
vent ee manifester non seulement dans le substantif, mais aussi
dans des part1ee du discours comme l'adjectif, le verbe, di~f~­
rents types de pronom&-toute sorte de mots en rapport de ~~ven­
danse vis A Tie des Bubstantirs dans le contexte syntaxique.
C'est pr~c1Bémment ce trait sp~cirique qui permet de d~finir le
genre et la claAse nominale comme des "supe:reatégories", inclu-
ant d'autres cat6gories simples qui sont "en rapports d'int':œ-
dépC'ndanceu • Le genre se distingue dans le Bubstantif parce
qu'il se reflète dans la forme dépendante et vis-versa.
Le prineipe d' inter~pendance da ca tégories "simpleslf au sei:'").
de la euper-eatégorie du genre/classe est déterminé par l'essen-
ce même de elas8ifie~teur de la supercatégorie, c-a~d par son
lien non pas a'/ec tUl6 t'orme donnée, mais avec le lex~e. Cette
circonstance, dans une certaine mesure, se trouve être justA'iY;;):.-G
le facteur qui préd~termine l'absence d'indices formels lli1iver-
sels et obliga tQires de distinction de cette cat~go!'ie dans 1[',
structure du substantif pratiquement dans tous les sY5t~mes no-
lt1inaux qui s'en caraet~riBent, et donc la possibilité d'indiqlF;:::'
le genre/elasse du substantif en dérinitive seulement par ses
accords avec lss formes subo~onnées. On sait que l'élément-in-
dice - composant de la· structure du substantif - n'a au niveau
1
1
1

- 101 -
morphologique d'une valeur indicatrice. Il n'acquiert sa force
de classificatéur permettant la répartition du lexique substan-
tif en genre/classe qu'au niveau syntaxique par le critère de
l'accord. Comme on l'a précédemment sou1ign~ le système wolof
des classes nominales ne présente pas d'indice au niveau morpho-
logique. L'appartenance de classe du substantif dans cette lan-
gue ne se détermine avec précision qu'au niveau syntaxique.
L'examen du fonctionnement syntaxique des classes nomiD~lüs
du wolof sera orienté sur la description des types principaux de
liens syntaxiques qui permettent la mise ~ jour des propriétés
d'accord de la catégorie de la classe nominale dans une langue
donnée selon leur capacité de réalisation et le degré de cette
réalisation. Ce sont :
l°I le lien déterminatif (substantif + déterminant) ;
2°/ le lien anaphorique (le substantif et la forme pronomi-
nale qui le remplace) et
3°/ le lien entre le sujet et le prédicat.
3.2.1. Le lien déterminatif
3.2.1.1. Dans le syntagme déterminatif "substantif + démons-
trati~' le déterminant s'accorde en classe avec le substantif:
(G) g66r g-ii "cet homme"
(G) k~r g-ii "cette maison"
(J) j igéM j-ii 11 cette femme"
(W) nag- w-ii 11 cette vache"
(ii) g66r f'1-ii "ces hommes"
(Y) ki!r y-ii lices maisons"

-
102 -
L'élément consonantique de la struc ture du démonstra tif (post:~!C'=:-3; ,
variable selon le substantif en présence duquel est mis le d~Lo~:'6­
tratif est l'indice de la classe à laquelle appartient ce subs-
tantif.
Ainsi, au singulier les substantifs g6~r, kër appartiennent
à la classe G, le substantif ~igéén à la classe J, le substantif
nag à la classe W ; au pluriel le substantir g~6r appartient à
la classe N et le substantif kër à la classe Y.
Cette règle générale d'accord en classe des démonstratifs
s'~tend à l'ensemble des formes de démonstratifs, difrérentes les
unes des autres selon les nuances concrètes de signification ql1.' elles
expriment, v. :
g6t5r g-1i ttcet homme (ci- près)"
g6t5r g!"'"ee fi cet homme (là-bas au loin)"
où les morphèmes -ii, -ee (thèmes du démonstratif) traduisant ~;s­
pectivement les notions spatiales de proximité et dt éloigneE18T ~
de l'objet indiqué:
g6<Sr g-1le == Il (précisémment) cet homme (ci-après),
g66r g-ale .. lt (précisément) cet homme (là-bas au loin)"
où l'~lément -le ajoute aux mêmes notions spatiales une accentua-
tion emphatique J
g6~r g-oo-g-u = "cet homme (celui-ci)lf
g6~r g-oo-g-a = fi cet homme (celui-Hl)"
où le doublement de l'élément consonnantique -indice de la classe
du substantif - en combinaison avec le formant vocalique final joue
un rôle de quasi article en même temps qu'il ex;rime la notion de
présence (cl-oo-cl-u) ou d'absence (C1-00-Cl-a) de l'objet indiqué

1
r
-
103 -
r
dans l'actualisation du substantif.
g66r g-oo-g-u-le = "cet homme (celt'li-ci, précis:L~:;::t)
g66r g-oo-g-a-1e == "cet homme (celui-là, préci Sél:_3:.,-t) 0
Il est possible de noter également l'emploi des formes de c~~;~o:,-i3'
tratifs à structure Cl-oo-Cl-ii, Cl-oo-Cl-ee, ou,à la place Ces
morph~mes finales les com~)osants -ile, -ale.
L'ordre des mots dans ce syntagme n'est pas fixe. Souvent le
démonstratif est antépos~ : g-ii g66r, j-ile jigéén, w-oo-w-u
nag etc.
L'emploi du démonstratif antéposé avec les substanti?s
...
de la classe N est variable :
1) soit le d~onstratif se conforme à la r~gle décrit~
plus haut d'accord en classe - n-ii g6or, n-ii jigéén etc ••• ,
soit il s'actualise par la classe plurielle y : y-ii g66r,
y-ii jigéén etc •••
Notons que le second emploi est plus répandu en wolof contem-
porain. Les énoncés du type ~ii g6~r (avec emploi du démons-
tra-tif antéposé en accord avec indice N) sont de moins en ;'10::":'.3
usités au profit de y-ii g6ôr. De ce fait l'opposition des
classes plurielles s'efface progressivement dans le contexte
"démonstratif antéposé + substantif" devant l'expansion de lE'_
classe Y. En cela se reflète le processus de neutralisation
des oppositions de classes au niveau syntaxique, grâce à la
"fusion" de différentes classes en une seule commune du plur:Lel.
Ce processus n'est probablement pas une innovation récente du
wolof mais semble être une manifestation actuelle d'une tend2~ce
depuis longtemps en action~ On rencontre encore en wolof des
faits linguistiques qui font penser qu'à certaine étape an-

- 104 -
térieure le système nominale comptait plus de deux classes plu-
rielles. Par exemple, certains lex~mes sont au pluriel représe~­
tés par deux rormes variables qui se distinguent par l'indice
morphonologique de la consonne initiale : baraam-!:araam "doigtslt
(au singulier baraam B), bët-gët t1 yeuxlt (au singulier bët B),
mbagg-wagg "épaules" (au singulier mbagg Il).
Ces exemples peuvent être interprétés comme des traces, en dispari-
tion du reste, d'une ancienne préfixation de classes plurielles
diverses.
Similairement pour le singulier on constate l'expansion de la
classe B en même temps que la réduction progressive de certaines.
Dans le langage actuel, surtout dans celui des centres urbains où
le wolor acquiert, de facto, un statut de lingua rranca, la cl~~8e
B devient progressivement le mod~le d'accord le plus répandu .-
variante facultative de tous les autres mod~les du singulier:
(G-B) kër gii - kër b-ii
(W-B) nag w-ii-nag b-ii
tM-B) xar m-ii - xar b-ii etc •••
Le principe g6néral est donc l'accord QGS démonstratifs en classe
avec le substantif, tel que décrit plus haut, mais la tendance,
qUi désormais se pose comme une autre r~gle, est l'élimination
progressive de l'accord en classe pour ne laisser erfectif que
l'accord en nombre.
3.2.1.~. Le syntagme déterminatif dans lequel le substantif
est en rapport avec un interrogatif A une caractéristique iden-
tique au point de vue de l'accord en classe, A celle du syntagme
fi substantif + démonstratif"
:

-
105 -
(G) g6~r g-an ?
Il Quel homme
?U
(J) jigéén j-an ?
"Quelle femme?"
(W) nag w-an ?
"Quelle vache?"
(N) g~ér n-an ?
It Quels hommes ?u
(y) nag y-an?
"Quelles vaches?"
Ici également l'emploi du déterminant ant&posé est possible et a
le même effet d'élimination progressive de l'opposition des classes
plurielles :
(N-Y) fi-an jigéén ? - y-an jigéén?
"Quelles femmes?"
(N-Y) fi-an g66r?
- y-an g66r ? ttQuels hommes?tf
y-an nag?
ttQuelles vaches?"
y-an xale ? "Quels enfants?U
L'indice de la classe B ici également se pose comme la variante
d'accord commune pour tous les substantifs des classes du singu-
lier :
(J-B) jigéén j-an ? - jigéén b-an ? 1tQuelle femme ?"
(G-B) g6c5r g-an ? - g66r b-an ? tfQuel homme ?"
(W-B) nag w-an ? - nag b-an ? "Quelle vache ?It
3.2.1.3. L'accord en olàsse se réalise dans le groupe déter-
minatif "substantif + généralisateur défini ou indéfin11t • Dans sa
fonction de "gén&ralisateur" défini le déterminant est postposé,
exemples:
(G) k!r g-épp
Utoute la maison"
(M) ré6w m-épp
"tout le pays"
(N) gc5cSr ft-épp
Utoue le s homme slt
(N) jig&én f1-épp
"toutes les femmes"
(y) rééw y-épp
"tous les pays"

- 106 -
L'emploi de ce déterminant en position avant le substantif est
tr~s rare quand il indique le pluriel portant la marque des indices
N et Y, mais tout l fai t r~gulier quand il porte la marque d'une
des classes du singulier. Le fait est que dans ce dernier cas il
remplit une tonction dé "g'n~ralisateur fi indéfini de la significa-
tion lexicale du substantif, exemple :
(G) g-~pp g6<5r
"Tout homme"
(J) j-'pp jigé6n
"Toute femme"
(M) m.-'pp ré~w
"Tout pays".
Dans ce syntagme également l'indice de la classe B peut se substi-
tuer aux indtoes des autres classes du s1nguliep, par exemple les
énoncés qui viennent d'être donnés peuvent avoir les formes b-ép~'
g~<5r, ~~pp jigéén, b-épp rééw.
,.a.1.4. Ltaccord en classe avec le substantif dans le
syntagme du type "substantif + numéral" s'observe seulement avec le
num~ral "un". Pour les autres numéraux: il est inéxistant, ceux-ci
ayant une fo~me invariable en présence de substantifs appartenant
à des classes différentes, comme par exemple avec fiaar "deux" et
fukk "dix" 1
(N) !1aari g~r
"deux hommes"
(N) !1aari jigécSn
"deux femmes"
(y) !1aari nag
"deux vaches"
(y) fukki xale
"dix enfants"
(y) fukki k8r
"dix maisons".
Ltopinion gén~rale est que le forman -i final des f~mes numérales
Apartir de ftaar-i "deux" n'est rien d'autre que l'indice suffixé


- 107 -
1
1
de la classe Y du pluriel qui dans cette position se transrorme
phon~tiquement en i (V. Doneux 1975, 49). Ceci serait l'illus-
1
tration d'une compl~te neutralisation de l'opposition des classes
du pluriel et de l'affirmation dans ce syntagme de l'accord
r
exclusif en nombre (puisque avec tout numéral au dessus de ltQ~i­
t& on s'attend naturellement ~ un substantif au pluriel).
Cependant il subsiste encore dans le langue un mod~le d'accord
des th~mes num&raux -aari "deux", -etti "trois", -eenti ( ... enenti)
"quatre" en la classe plurielle A laquelle appartient le substan-
tif déterminé, à l'image de l'accord décrit plus haut des autres
d~terminants, exemples :
1'1 -
aari g6~r "deux hommes", mais y - aar1 xar "deux mou-
tonslt
1'1 -
etti jigéén "trois f'emmestt , mais y-etti nag "trois vaches"
1'1 -
eenti (n-enenti) gan Itquatre hateatf , mais y-eenti (y-
enenti) k~r "quatre maisons".
Compte tenu de l'indication de nombre contenu dans l'indice de
classe il apparaitrait, ai le forman -i marquait également le
nombre, un dédoublement de cette indication (de nombre) dans la
même forme qui, par dessus le marché, est numérale. Le fait serait
unique et divorcerait de principe d'avec les propri&t&s typiques
des langues à classes où, comme on le sait, l'indice de la classe
se r~pète toujours quand il y a nécessité d'expression de l'Lille
des catégories qu'elle exprime, cette der.ni~re étant liée de
manière synchrétique à la catégorie de la classe. Le rait diachro-
nique n'est pas notre objet ici, mais une autre hypoth~se consis-
terait à voir dans ce forman -i le résidu d'un déterminant -
article ou quasi - article - qui avait pu 3tre sutf'ixé au th~me
num~ral. Ainsi on poserait n-aar*i g66~ comme provenant de n-aar-

1
- 108 -
t1-i g'~r. Yœ!aar.1 xar çomme provenant de y.,.aa~y.i xar etc." ..
Le rais(!mnement du reste eo!ncide peur l'essentiel avec le shéma
trac~ par J .L" Doneux,
L'emploi différencié de ceB formes par l'indice de la classe du
Bubstanti:t n'a plus cours que tr~s rarement et leealement en 'wolof'
contemPQl'ain, Il. tend ~ dispara1tre. Seule la racine -enn - ntutié-
raI "un" et déterminant indéfini s'accorde en elasee avec le subs-
tantif ;
CG' ~enn g66r,. g~~r g..erm
"un homme"
(J' ~eIU'1 j igtSén - j igéén j-enn "une :remme"
M _..ann nag ... nag w-enn
u une vache"
(B) _·ann zale T xale b-enn
"un enf'an1;"
(M) mwenn magget"f'" magget m-enn
"un vieillard" etc •••
Notons que la forme b.enn ( c'est-à-dire la forme d'accord avec
la classe B' dans ce type d'énoncé également est une variante fa...
oultative l
toutes les autres formes du singulier et a une fré-
quençe d'emploi beaucoup plus considérable que les formes de
classes tnitiales qui ont d~j~ une raisonnance quelque peu archai-
que,
Dans oe syntagme le déterminant ne s'emploie pas avec des
...
substantifs au pluriel, ce qui y élimine les formes n-enn (N) et
y~enn(Y) que l'on retrouve dans un groupe déterminatif avoisinant
mais diff~rents où le m~me déterminant s'~tend l un mot article
qui s'accorde également aVec le substantif' :
(G) g-erm g661" g-i ... gddr g-erm g-i, qui se traduirai t approzLla.-
tivement, "l'un ;des·:.(deux ou tout autre nombre pr~alableme:Llt
nppr6.citt p~~ lea. int~locu~'Curs) homme ( s)" :

1
.;. 109 -
(J) j-enn j1g~tSn j-i ... jig~~n j-enn j-i "l'une (des) fem....
meC s)"
(W) w-ann nag w-1- nag
...enn w-i "l'une (des) vache(s)"
(B) b-eIUl xa1e b-i-xale b-ezm b-1 "l'ml (des) enfant(sr'
(M) m-enn magget m-i-magget m-enn m-i "l'un (des) vieil...
larde s)"

(N) ft-erm g66r !1-i... g66r fi-ann 11-1 "oertains homme slt
(y) y-enn xale y-i-xale y-enn y-1 "certains enfants".
Le d~term1nant 1ndéfini dont le th~me est -eneen "autre" - dériv~
de -e~ s'aocorde de la m~me mani~re avec le substantif:
(K) k-eneen nit-nit k-eneen "une autre personne"
(G) g-eneen g66r g66r g-eneen "un autre homme"
(14) m-eneen rééw rééw m-eneen "un autre pays"
(N
""')
,
fi-eneen nit-nit fi-eneen "d autres personnes"
(y) y-eneen rééw-ré~w y-eneen "d'autres pays".
Ioi également le déterminant peut s'étendre à l'article défini:
k-eneen nit k-i-n1t k-aneen ki l'autre personne; m-eneen rééw
m-i-r4êw m-eneen m-i "1 tautre pays" ; fi-eneen n1t !i-i-n1t ti-eneen
l'1-i "d'autres personnes" ; y-eneen !,J!'~•., :7'~1-rééw y-i "d'autres
pays" •
3.2.1.5. Le 6ubstantir peut !tre 11é dans le 8~tagme
déterminatif avec une classe de mots l valeur d'articles qu1
s'accordent en classe avec lui.
(A) Le syntagme déterminatif "substantif' + article d~f1ni
- 01 + V (-i, -a~}":
(G) g66r g-i "l'homme" (ici présent)
g66r g-a "l'homme" (absent)
(J) j1géén j-i "la t'emme" (présente)

- 110 -
jigéén j-a "la femme" (absente)
(M)
rééw m-i "le pays"
(dans lequel se trouve le
locuteur)
rééw m-a "le pays" (loin du ld)cuteur) .
CN) gan 11-1 "les hôtes" (présents)
san n-a
"les hOtes" (absents)
(y)
xale y-i "les enfants"
(présents)
xale y-a "les enfants" (absents).
Ce~ mots qui servent à déterminer le substantir avec précision
n'ont comme fonetion que son actualisation. Une certaine différence
avec l'article "class~que" consiste en ce que l'actualisation du
SUbstantif comme désignant quelque chose de défini staccompag~e de
l'indication de proximité ou d'~loignement, de présence ou d'absence
d~ l'objet d'signé, traquite par les formants vocaliques -i et -a
r~spectivemeat. La qualification dt article de ce mot n r ost donc
~s~~ que sur ses propriétés de fonctionnement. Indiquons que pour
.,~.. -
, ',.
.
1
apostr~pher quelqu'un c'est cette forme qu'on emploie : g~~r -g-i t
lt monsieurtl t
ja~ b-i ~u mademoiselle ~tI
L'accord en classe du déterminant avec le substantif se pr6sentu
dans ce syntagme sous le même aspect que dans les autres typcs
d'ênoncê déterminatif précédemment examinés. Certaines par~iculn­
rités remarquables le distinguent cependant, qui consistent en CG
que :
l°I l'ordre des mots est fixe dans ce syntagme: le détorwi-
nant est postposé ~u substantif ;
2°1 le locuteur wolof n'a, dans la plupart des cas quo
nous avons recensé en interrogeant des étudiants s6négalais ~ IJoecou,
aucune peine A restituer le mod~le d'accord ~êgulier du substQnti~


.. I I I -
1
donn~ dans ce type d'énoncé, même si, par habitude, il avait dans
r
un premier temps employé les mod~l~s d'accord unifiés des cl~~pgG
B du singulier et Y du pluriel.
r
B) Le syntagme déterminatif "substantif + article indéfini
r
It (a- + Cl) lt
:
(B) a-b
xale
"un enfantlt
(W) a-w
nag
"une vachet'
(111) a-m rééw
"un payslt
(s) a-a njanx
"une fillette".
Ltindice consonnantique de classe dans la structure du mot
article est placé aprbs l"lément vocalique a- qui traduit, dan~
cette
combinaison avec l'indice, la signification d'indéfini de
l'article.
L'ordre des mots dans ce syntagme est également fixe. Ici, cG~Qn­
dant, non seulement l'accord variable de tout substantif avec 1.)8
indices des classes B et Y est possible, mais aussi, dans bien des
cas, c·est l'unique possible, du fait que le paradigme de clnsses
de l'article indéfini est incompltiten wolof contemporain. Les
formes données en exemple des classes B, W, M, 8-dim ; la forme
de la tlasse Y, sont souvent attestées alors que les formes a-k,
a-l, a-j ; a-ft ne le sont pas. A leur place sont employées les
formes a-b pour les quatre premières, a-y pour la forme absente de
..
la classe N.
3.2.1.6. Un type particulier de lien syntaxique se réalise
dans les constructions prédicatives incluant le substantif, une

- 112 -
»ar~e awt111ail'O (de etl'uetUl'e 01 + -u) qui et accorde avec lui
en classe et un lex'me verbale ou un groUpe pr6dicat1t de mot,
ex :
(K) nit k-u baax »personne (qui est) bonne"
{J' jDl18ama j-u l'a:f'et "dame (qui est) belle"
(a) uJ.e b-u dêgB' ndigal "enfant ob«fts8ant" (lit. "qui entend
oonseil" )
(G) g~"r g-u am njar1f1 "homme utile" (lit. qui a uti11t6).
Oomme on le voit, ici l'indice de classe n'est pa8 pr'f1xé au
thbe du d'terminant, mais constitue avec 1 "l'ment vocalique -u
une partieulo auxiliaire qui introduit le pr6dicat. Cette parti-
cule ne s'emploie pas de fapon 8utoneme avec le 8ubstantif et nt c,
pas de sens à elle toute seule.
Elle aocompagne toujours un 1ex'm8 (ou un groupe prédicatif de
14x~me8) avec lequel elle constitue un groupe épith~te du substan-
t,if. Le :pr'dicat dans ces construotions est g~n'ralement un verbe
q~11ftoat1t - bau "être bon", raf'et ttêtre beau" etc••• - ou un
groupe prêdicatif de mots qui caI'act~rise le substantif - sujet
au point de vue de quelque qualité propre - d6gg,ndigal. am
n~EU'1Jl etc••• Ce groupe (Cl-u + qualificati,t') peut Itl'e par oon-
sêquent ~ppe14 tt groupe prtSd1ca tif déterminant" qui constitue le
tera dêterminant de l' ênonc6 dans lequel il est en pr'.enee du
substantit ~'d'termin6.
Dans le syntapo dêtermtnatit "substantif + groupe pr'dicat1f'
dêtel'minaJrtlt l'ordre des termes est tiXe. tefe 'gaIement on obser78
l'emploi tréquent des formes des classes B et y en qual1t~ de
variante. facultatives d'accord avec des substantif. des diversc~

- 113 -
classee, bien que l'emploi des indices de classes rêguliers
(c'est-A-dire des divers indices des classes auxquelles appartien-
n~t les substantifs) semble stylistiquement plus indiqu~.
Notons que ce syntagme aussi peut s'êtendre l l'un des déter-
minants pr6cêdemment examinés qui, selon leur mobilité, se plac~~t
avant ou apr~s le syntagme, V. les constructions:
(K) nit k-u baax k-i1 "cette bonne personne"
(J) jongoma j-u raf'et j-i ilIa belle damatt
(B) xale b-u dégg ndigal b- i "l'enfant sagetf
CG) ~êpp g6~r g-u am njarifi "tout homme utilett •
Dans ces 4nonc~s les déterminants s'accordent en classe avec
le substantif. La construction élargie A l'article indéfini
eonnalt cependant certains êcarts à la r~gle du fait que le par~­
digme d'accord en classe de cette classe de mots n'est pas com-
pl~t (v. 3.2.1.5), V :
a-b gcS~r g-u baax "un homme bon"
a-b jig6én j-u rafet It une femme belle".
Dans les autres cas la r~gle exige l'un1formité de la forme
de classe employ'e avec les déterminants, qu'elle soit réguli~rG
ou variante : on ne di t pas gaa !1-u bau y-i ou pa y-u baax n-i
mais obligatoirement gaa n-u baax l1-i ou gaa y-u bau y-i 1I1es
borme s gens".
Il faut b1en noter que dans tous les types d'6nonc's examinés
l'indioe de la classe du substanti1" COIUDO 'l'mont eaaw-ant l~
li-1ltan eJl1taûqu• ••, pU't1e 1nt'graftte 4. la .tru.oture tormelle
du d6terminant. Les t'ormans .11, .11~. -ale eto••• , -an, -épp,

-
114 -
-eneen, -1, a-, -u n'ont pas de fonctionnement autonome dans la
langue mais s'emploient seulement en combinatson avec un él~ment
consonnantique - indice de classe. L'appartenance de classe du
substantif, partant, ne se manifeste rééllement que dans la forme
qui lui est soumise dans le contexte syntaxique mais pas dans le
substantif lui-même, dans la mesure où les propriétés formelles
(morphonologiques) de ce dernier n'ont de valeur distinctive que
si elles occasionnent un nouveau type d'accord (comme dans la
distinction B-dim ~ S-neut).
En résumé de ce qui précède on peut dire que parall~lement à la
règle d'accord en classe des détermtnants avec les substantifs il
existe une fo~ tendance A l'unification des différents modèles
d'accord sur le type de deux classes opposées en nombre: B du
singulier et Y du pluriel. Cette tendance assombrit fortement le
tableau réêl de la répartition des substantifs par classes et dnns
beaucoup de contextes se pose progressivement comme norme du wolof
moderhe.
3.2.1.7. Dans le cadre du lien déterminatif se distingue
spécialement le type de lien génitif "substantif + substantif dé-
terminant". C'est compte tenu du tait que la cat6gorie de la classe
participe de man1~re tr~s spécifique dans ce type at&noncé que nO~3
aVona jugé convenable de l'examiner séparément dee autres types de
l'énonc6 d~term1nat1t.

- 115 -
, ..
Dans le type de lien génitif - "substantif + substantif déter-
rainant" l'ordre des termes est fixe: le substantif déterminant
est pOB;posê au substantif détermin~, exemples :
IJadd-u guro
"morceau de cola"
doom-u buur
"enfant de roi"
nag-u Ssamba
"vache de Samba"
gétt-u béy
"troupeau de chèvres"
doom-i buur
"enfants de roiu
nag-i Baamba
"vaches de Samba"
gétt-1 béy
"troupeaux de chèvres".
Dans les exemples donnés les marques unifiées du lien entre
le terme subordonné et le terme principal sont les éléments de
la structure du substantif déterminé -u pour le singulier, -i
pour le pluriel. Cet élément peut être combiné A l'indice spé-
cifiant la classe du substantif principal, exemples :
gétt-u-g béy
"troupeau de chèvres" (gétt G ft troupeau")
!Jadd-u-b guro
"morceau de cola"
(l)add B "morceau, part~_c)
gêtt-i-y béy
te troupea ux de chèvres" (gétt y 1/ troupeaux")
nag-i-y 8aamba "vaches de samba" (nag Y "vaches)".
Un tel emploi de la forme substantive déterminée est cepend2nt
très peu répandu en ~olof contemporain. Très rarement on rencon-
tre des formes combinées aux indices J, K, et N (pour nuancer
l'affirmation de leur inexistence pratique). Quant aux formes
combinées avec les autres indices de classes, on les rencontre le

- 116 -
plus souvent dans les expressions idiomatiques, les proverbes et
autres locutions phraséologiques, exemples :
LigééYU(-b) ndey- aftYE doom "Oeuvre maternelle-récompense
du 1'ilsll (Dicton
rendant la sentence selon laquelle (s) la réu-
ssite sociale 1'uture de l'en1'ant dépend de l'oeuvre de soumission
de sa m~re dans la maison paternelle) ;
Nj~nE@!!! gumb~ "apprentissage d'aveugle" (expression idioma-
tique signiriant une fa~on inintelligente d'étudier) ;
X!tY:!! gaynde Njaay "Coup de patte (au dos) du lion-Ndiay~"
(Ndiaye nom de famille de personnes de la caste des nobles ; e:;~­
pression idiomatique de l'usage des contes qui signifie "coup mor-
teln ) ;
ndoxYm Samsam "eau bénite" (religieux: eau provenant du
lieu de pélérinage à la Mecque) ;
magym j~mm "personne (qui doit être déjA)suffisamment
responsable mag "adul te", jêmm "personnalité, taille") a
Dans tO'_lS les exemple s de ce genre la marque du lien
syntaxique (de subordination) est exprimée dans le terme prind.Y2.1:
ligééY.Yl2 (ligééy B), njangum (njàng M), xl!t,ym (x~t M), ma&!!!! (mc.g :.:)
la forme déterminante dans le cadre de ce type d'6nou6d ne perte
a Ucun indice indiquant son appartenance de classe, - à l'exception,
évidemment, des cas où cette forme est à son tour déterminée CO::-L:~C;,
par exemple, dans les expressions ("désidiomatiséestt )
:
ligééyu (-b) ndey j-i "oeuvre de la :'mère" (ndey J)
aflu (-b) doom j-an ? "déjeuner de quel enfant? (doom ,n t

-
117 -
Si le déterminant se rapporte non pas ~ la forme subordonnée, mais
au syntagme en entier, il s'accorde en classe avec le substantit
principal, exemples :
m-ii magum j~mm ( ...magum jêmm m-ii) "cette grande personne"
ndoxum Samssm m-i "eau bénite"
Le degré d'indispensabilité d'expression de la classe dans le nom
principal est moindre. On l'a not~ plus haut, les formes avec merque
vocalique unifiée (de la dépendance syntaxique) ou suffixée au nom
principal ont la plue grande fréquence - pratiquement le monopole,
pour ainsi dire - d'emploi en wolof contemporain, alors que les for-
mes étendues A la marque de la classe du lexème substantif sont visi-
blement le reflet d'une forme antérieure du discours.
Il existe cependant certains contextes dans lesquels la pos8ibil~té
d'emploi des marques unifiées est limitée, où l'emploi de l'indice
de classe ~ la finale du substantif principal est presque obligatoire.
Le fait d~pend de propriétés phonétiques A la finale de ces substan-
tifs.
Les substantifs avec finale consonantique se combient facile-
ment aux éléments vocaliques -u, -i et généralement il n'apparQit
pas de nécessité dt emploi de l'indice de classe, la dépendance s~r:ltD.X:"­
que étant déjà exprimée par ces éléments. Mais les substantifs à :..':..:~.~.=_C
vocalique (avec lesquels les r~gles phonologiques du wolof ne pcr:":1et-
tent pas la combinaison d'un autre élément vocalique) jouant le rôle

- 118 -
du terme principal dans la construction génitiv8, soit ne portent
aucune marque de la relaiion syntaxique, soit exigent l'emploi d0
l'indice de classe correspondant, qui devient la seule marque PQr
laquelle s'exprime le lien syntaxique entre le nom principal ct le
nom dépendant. exemples :
ndongo L "jeune homme, ~l~ve" - ndongol daara "élève de l'ê~olG
(ooranique) traditiormelle"
ndongo Y "jeunes gens, él~ves" - ndongoy daara uélèves"
xu16 B "dispute" - xul~:2 dugub ak ar6én "dispute du mil et do
l'arachide (entre le •••• et le •••• )
nddu G "parole" - kAddu,g njAngaan "parole de l'étudiant"
(appellation d'un journal d'étudiants)
guddi G "nuit" - guddiS tey"nuit d'aujourd'hui (cette nuit)"
xale Y ttenfants" - xaley tey tljeunes d'aujourd'hui".
On peut noter certains emplois caractéristiques du language des
centres urbains, qui reflètent la tendance A l'unification de l'ex-
pression de ce lien syntaxique en procédant l l'interfixation du
guide w entre la racine du substantif et l'élément vocalique -u, ou
simplement par remplacement du second par le premier, exemples :
xul~wu (=xull1w) kumba ak Demba (au lieu de xul~b) tldisputa (:0
Koumba avec Demba tI.
rajoW\\l ( ...rajow) SSamba (au lieu de rajoJ2) "radio de Saambc."
guddiwu (...guddiw) keroog (au lieu de guddig) "cette nuit 2.~
etc •••

- 119 -
Enfin, on note certains cas où la dépendance syntaxique est expri-
m~e non pas par un ~lément sp~cia1t maie par l'ordre des mots
celui-ci, comme noue l'avons indiqué, ~tant fixe: le premier
substantif est principal (détermin6), le second - dépendant (d~
terminant) J ce qui également est une illustration de la tendance
l l'élimination de la "flexion de classe" du substantif principal
dans ce type d'énoncé, exemples: barke s~rin bi (formule reli-
gieuse pour jurer) et sa variante barkëb si!rif1 bi.
3.2.2. Le lien anaphorique.
Disons d'emb1~e qu'en wolof, à la dif~6rence de la majorité des
langues l classes nomtnales, on ne note pas de formes de classes
pour les principaux types de pronoms anaphoriques - les pronomc
sujet ou objet rempla9ant le substantif pr~c~demment employé dans
le texte (c'est-A-dire les pronoms de classes de la 3~me personne).
Les exemples suivants montrent que la classe du substantif - o.n-
têé~dent (a), ne trouve auoun reflet dans l'emploi du pronom qui
la' remplace (b)
( (
(a) g~&- g-aa ngi daw
ft l' homme
court"
(~) data yakaati
"11 est presstS"
(b) yakamti na
"il est pressé" tri1 se presselt
(al j anx b-aa ng!
"voici la fille"
(b) (!DOon) rafe t na
"elle est belle" •
Cependant, si l'on considbre le lien anaphorique au sens large du
terme, c'~st-!-dire au sens o~ le substantif antécédent n'est pas
une exigeance obligatoire du lien anaphorique, on observe certains
cas d'accord spécifique en classes des pronoms. Ainei en emp~oyant
les interrogatifs, par exemple, qui reprdsentent des concepts nom1-

- 120 -
naux donnés (du type -kto ? "qui?" chto ? tique, quoi?") on se
soumet l la r~gle d'emploi des formes pronominales distinctes les
unes des autres par la marque de la classe A laquelle se rappor-
te le concept nominal donné :
k ..an moo f1-l!w ?
"qui est venu?tI
Ji-an noo tU!w
?
"qui sont venus?"
...
où les indices K et N indiquent que le concept nominal représ'Jnté
se rapporte A la partie du lexique substantif qui d~signe "l'hu-
mainlt (+ le nombre)i Voir également les formes analogues.
l-an moo baax ? "qu'est-ce qui est bon?ft
b-an PlOO baax ? "lequel est bon?lt
y-an lioo baax ? "lesquels sont bons?"
où l'indice L indique le lien du concept représenté au lexique
substantif à signification de "non-humain" ; l'indice B indique
~ga1ement l'appartenance du concept représenté au groupe s6mnn-
tique des substantifs désignant des non-humains" en précisant
cette signification par celle de singulatif-d'notation d'objot
concret J l'indice Y indique en même temps que la signific8tio~
"non-humain" le pluriel, sans réft1rence ft. l'opposition des cl~:~~'~.J
L et B.
Ces interrogatifs sont les mames qmi sont en fonction de déter-
minant du substantif dans le syntagme déterminatif. Cependant, à
la différence de ces derniers, les pronoms interrogatif constituent
un paradigme de classes réduit à cinq formes (K, L, B, N, y). Ce
paradigme réduit est propre aux pronoms en général. C'est le para-
digme du niveau de la classification représentative, 1 l'autre niveau
étant celle de la classification nominative qui présente le pnrn-

- 121 -
digme complet des classes, dont le contexte d~termil'J8tif est le
test par excellence. Atnsi les formes en fonction de déterminant
examinées plus haut dans le cadre du lien Mterminatlt' peuvent
être en fonction de pronoms ayant
l'une de ces cinq formes de
classes. Les démonstratives Cl-l1, Cl-ile, Cl-oo-Cl-u etc ••• ;
les indéfinis -Cl-enn, el-eneen. Les pronoms indé~inis peuvent
s'énoncer avec un déterminant de mani~re autonome: kenn k-ii,
n-enn n-i, y-eneen y-an ? etc••• Exemples z
k-enn k-ii laa glsoon "C'est celui-cl que j'avais vu"
...N-enn l1-i xamu nu kat' "Certains ne comprennent pas les
farces"
J81al y-eneen y-épp te bayyl fi b-enn b-ii "prends ta··.s
les autres (objets, choses) et laisse celui-ci (objet concrot)il
J~lal l'1.-eneen n-épp te bàyyi t'i k-enn k-il "prends to'~_s
les autres (personnes) et laisse celUi-ci (cette personne-ci).
Ainei le type anaphorique de lien syntaxique ne refl~te pas
de mani~re exhaustive le paradigme de classes du wolof~ étant
orienté non pas sur la distinction de celles-ci, maie sur ln gram-
maticalisation de certaines d'entre elles. Les formes de prol1':'uo
objet de la 3~me personne, par exemple, comme formes-types de IJr:::--
noms anaphorique,.- 1 ne commWliquent que l'information concernr'.Yl t
la signification de nombre du substanti1'-anWotf4eh".·- mais IJns
celui concernant son appartenance de classe, V. :
(x) gis nga nit k-i ?
"as-tu vu la personnc?ll
g1s naa ,lq
"je l'ai vu"
(G) gis nga g6~r g-i ?
" a s-t u vu l' homme?"
gis Ma ls2
"je l'ai vu"
(?Il gis nga nag w-i?
"as-tu VU la vache?"

- 122 -
gis naa lœ
Itje l'ai vu"
(B) gis nga xale b-i ?
tlas-tu vu l'enfant?"
gis naa ko
If j e
1 t a i vu" l!
Dans ces exemples le pronom anaphorique objet !& rempl~cü 1)8
substantifs-antécédents de toute classe du singulier. L'opposi-
tion de nombre a cette forme est réalisée pour tous les subst~n­
tifs par la forme leen :
(N) gis nga nit n-i
?
"as-tu vu les gens?"
gis naa leen
"je les al vu"
(y) gis nga nag y-i ?
"as-tu vu les vaches?"
gis naa leen
"je les ai vutl.
3.2.3. Du lien entre le sujet et le prédicat.
Le prédicat verbe, de mani~re générale, ne s'accorde pas en classe;
ni avec le substantif-sujet, ni avec quelque autre élément substan-
tif de l'énoncé:
xale b-l jàngl na
"l'enfant est allé étudier"
naaj w-i fenq na
"le Bolel1 s' est levé"
g6~r ft-aa ngi bey tool y-i "les hommes cultivent les
chaLl:-' 3\\1 te
Les prédicats -jangl "aller étudier", fenq "se lever",
bey "cultiver" ne comportent pas dans leur structure l'indice de
classe du substantif sujet et ne s'accompagnent pas d'un quelcon-
que élément analytique qui s'accorderait en classe avec le suj~t.
Les verbes s'accompagnent d'une Borte d'auxiliaire prédicatif,
indiquant ~galement la personne, dont le paradigme n "est pas liée

- 123 -
aux C18S68S (ou, en tout ca8, ce lien ne sérait pas évident en
.alot e~ntqpore1ll).
~ ~~ d!introduction du prédicat l l'aide d'un 'l6ment auxi-
liaire sp4c1a1 q~1 .'accorde en cla8se avec le sujet a 4té décrit
en 3,2.1,6•• dan• •0 que l'on a appelê "groupe pr441catlt déter-
m1nant" (nous avons jus' possible de le placer ll-bas 4u.fa1t
de
a~ .Jm11itude avoc le8 'l&menta deM1It1quee 44terlllinants). L' nbsen~e
d'accord du pr6d1cat lui-même est tr&. êvldento dans les construc-
t10ns o~ cette particule auxiliaire peut ttre om180. Par exemple,
dana les. constructions ob. le locuteur dês1gne un objet ou une
pe1t80l\\ftCl en .'D61'81, saDs rdf'4rence dêtini, coma. par exemple dccus
1e8 ênonc6e l oarac~re gnomique, ob le 8ubatantlt eat employé
sane mot "4dteN1nanttl et fion appartenance 4e classe reste non-
exprim6e s 8~~r bau: na "l': (tout) homme est bon"
j1,,&,n data wara laabir ttla (toute) remme doit être
s'nêreuse"
xale data wara dégg ndigal (!l'(tout)entant doit être
obe!8santtf
Ainsi, en exeluant le type particulier du lien "substantif + groupe
pr4dicatit d6term1nant" on constate l'absence totale dl accord. ,0_.
prêd1cat en classe avec le 8ubstantif sujet.
Au terme de cet examen des propr14t6s de fonctionnement s~':.-~ _~.Xl-·
quos des classes nominales en wolof' ou peut conclure que les rè:~les
d'accord en classes sont encore suffisamment effectifs dans les
contextes avec lion d~terminatif. parallèlement A cela 11 fnut
souligner la tendance constante, perceptible dans presque tous los

- 124 -
contextes syntaxiques., l nl' expansion" de certaines classes, ~,
la rfduction des mod~les d'accords au stricte œinimum, orientée
sur l'axpres'ion des différentes nuançes des significations de
nombre.
A l"tape actuelle de l'évolution de la langue divers~{5
manifestations de cette tendance rendent d6jl assez diffictle la
description et la caract~r1sation du sYBt~me des classes, mais,
en même temps, elles donnent les orientations nécessaires à 12
compréhension des vo1efJ d'évolution des langues à classes nomi-
J;1f11es.
L'analyse des propriétés de la classi~1cat1on nominale en
wolot aux principaux niveaux de la structure de la langue montro
que ce synst~me se meut dans son évolution vers sa simplification
en proeêdant l une reprt§cision des significations ainsi qu'à une
redistribution du lexique substantif dans un nombre r6duit de
classes, ce qui est visible, comme par la description qui précède,
aussi bien au niveau sémantique qu'au niveau morphologique et syn-
taxique. C'est une des caractéristiques communee à toutes les
langues. Une autre est leur nature hautement conservatrice. ntcù
la complexlt~ du processus, qui assure le principe de la conti-
nuité dans l'éVolution de la langue.

- 125 -
BIBL IOGRAIU I l
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') ,.,
-
1...d':.,-
TABLE DES MATIERS
:\\YERTISSE~'lE\\L
.
.-j
lTRODCC'TIŒ\\
.
. ... ~
CHAPITRE i
Le substantif volof et ses catégories grammaticale sous
l'approche typologique
9
1.1.
1.::,
De la dëlul11tatlOn du norn et du verbe en vokl.....
1 .-,
. . . . . . . . . . . . . . . . . 1~·
\\
::
! . ~'.
La classe nommale comme categone nommale f·:)ndamentùe dans
les lanQues à
'....
classes.
.24
1
.~ 1
i . " .•.
.24
1 :z.')
.'wI'.':"'.
Le genre et la classe nommale
30
Principes de distinction et de description des catégories norninales
Les catégories du gerrre/c1asse et de la classe d'accc·rd
35
CHAPITRE Ii Les catégories nominales du volof. Plan du contenu.
44
.} 1
....
Principes d'analyse sèmanùque des classes norninales.
44
~
.'
.
2.2.
Les significations grammaticalisées' des indices de classes. .... .
50
2.2.1. La catégorie du nombre
50
2.2.2. Le nombre etla catégorie de l'humam....
.
5:·
22 3 Le d.iminutif ..
..61
2.3.
Les significations incomplètement gnunmaticalisées des indices
de classes
" ... ... ... ... ... ... ...
.
"
66
.... .... 1 L'
. . "
,1 t f
Il t fU
..;:. J..
OppOSl won smglua 1 -e:o ec ,1.
.
............... 67
2.4.
Les slgruficatlOllS leXlco-t1énvationnelles partieulières des milces
de dasses .
. . ... ." .. . . . . . . . . . . 7 1
.~! 4 1 T 8'~ r·o:.YI O'ÂP'~ 1p~.~1C('I-dÂrr:·,·~y·tl·1J 11"'<:' ri --:mo:- le r:1""o:-o:-e<: d il 0:-1'111~rI111'er
7 1
~.

j . ,
J.."o_w
...u.~J_.J l .. ..:::.&,....
._
~.1." 1. ~J
v...u.......
_.L~W..J.-
oJ
6':.A.J.
J.
2.4.2. Les slgrrif1cations des suffiXes de dérivation norrrin~.:ùes déverbales
74
et la dassification des substantifs dérivés.
.
.'
CHAPITRE III. Plan de l'expression des catégories nominales du volof 80
3 1
Aspect morphologtque de la classification nommale.
80
31.1. Les indices morphophonologiques de classification des substantifs. 81
~.. 2
.;:'.1.
. Les mdlces formels de classificatiOn des subst;;tntifs dénvé::: astruc-
ture "Racme + zuffixe de dérivation" .
,,)7

,-·()
- 1;".-
3.2.
L'aspect syntaxique
100
?""11
.)..:.... Le l'len ct'
.
'f'
etermmat1... .. .
,
101
!
?.1. 2 2
• •
Le l'len anaph' .
Il (.
onque.. ,
j,'j
?..1. 2"
.3 Le l'1en entre 1 Cl'
e ... l.J€t et 1'"o:t
..-1 . ~ t
1
pre'J.1L:a,.. .... .... .... ....... .. ...... 2"
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125
TABLE DES MA TIERES
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