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LA SOCIETE MILITAIRE MAMLUKE DES XIVe-XVe SIECLES
Eléments de comparaison avec la France
Thèse pour l'obtention du
Doctorat de 3ème cycle
Année 1986
Sous la direction de
Ch. M. BOUREL DE LA RONCIERE
UNIVERSITE DE PROVENCE

A ma mère~ à mon père.

A
V
A
N
T
PRO
P
0
S
Cette thèse n'aurait jamais vu le jour sans le soutien
et l'aide de l'ensemble des enseiqnants du Département d'His-
toire de l'Université de Dakar et plus particulièrement de Ma-
dame Françoise Mari qui fOt notre directrice de mémoire de maî
trise.
Françoise Mari, fidèle à son idéal de lutte Dour la pro
motion des Droits de l'homme en général, et olus I)récisément
des droits de la femme, a toujours oeuvré nour faire de nous
un véritable chercheur en histoire.
C'est ainsi qu'elle s'est battue pour obtenir - avec
le consentement des enseignants de Dakar - dans le cadre des
accords de coooération liant l'U.E.R. d'Histoire de l'Univer-
sité d'Aix-Marseille l au département d'Histoire de l'Univer-
sité de Dakar, une bourse qui nous fut allouée à un moment où
nous nous y attendions le moins, où nous avions co~~encé à
nous habituer à la routine du travail administratif (au sein
du Ministère de la Culture du Sénégal) même si notre rêve a
toujours été de faire de la recherche.
Ainsi ce travail est le fruit d'une cooération fruc-
tueuse entre deux universités ; nous rendons hommage à son
princi~al
instigateur, ~onsieur Charles De la Roncière et
souhaitons une très grande longévité à cette coopération.
Une fois à Aix, nous avons trouvé en la Der-sonne de Monsieur
De la Roncière, nlus ou'un ~rofesseur, un véritable tuteur.

- 2 -
Ses qualités humaines et intellectuelles incontestables nous
ont aidé â supporter ce vide que tout un chacun oeut rencon-
trer dans un ~ays qui n'est pas le sien. Que Madame Françoise
Mari et Monsieur Ch~rles De la Roncière trouvent ici l'expres-
sion de notre très profonde gratitude!
Nos remerciements les plus sincères vont aussi à Mon-
sieur Jean-Claude Garcin Dour sa patience, sa disponibilité;
grâce à lui nous n'avons pas rencontré de difficultés majeures
en ce qui concerne nos recherches sur l 'Egyote mamlüke, il a
su mettre à notre disposition aussi bien son savoir que sa
bibliothèque richement pourvue en ouvrages sur le monde musul-
man médiéval.
Nos remerciements vont également à :
- Monsieur Jean-François Maurel, directeur des Archives
d'Outre-Mer qui n'a ménagé aucun effort pour rendre notre
séjour à Aix agréable et facile à supporter.
- ~ademoiselle Suzanne Stracke, Monsieur Michel Fixot (pour
son soutien moral aussi) oui nous ont aidé à la traduction des
ouvrages en allemand, fondamentaux pour notre travail.
- The last
but not the least, Bernadette Guillat, secré-
taire à l'U.E.R. d'Histoire. Combien de fois avons-nous abusé
de sa patience? Malgré nos multiples sollicitations, Berna-
dette a fait preuve d'une disponibilité et a su rester égale
"à elle-même.
Que tous ceux qui nous ont aidé de crès ou de loin,
nous ont apporté leur soutien moral trouvent ici nos remercie-
ments les plus sincères.
Aix, le 25 Juillet 1986
Penda MBOW

- 3 -
ABREVIATIONS UTILISEES (pour l'Egypte)
B.I.E. : Bulletin de l'Institut d'Egypte.
B.I.F.A.O. : Bulletin de l'Institut Français d'Archéologie
Orientale.
B.S.O.A.S. : Bulletin of the School of Oriental and African
Studies.
I.F.A.O. : Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire.
J.A. : Journal Asiatique ...
J.A.O.S. : Journal of the American Oriental Society.
J.E.S.H.O. : Journal of the Economic and Social History of
the Orient.
J.R.A.S.
Journal of the Royal Asiatic Society.
R.E.I. : Revue des Etudes Islamiques.

- 4 -
SYSTEME DE TRANSLITERATION DES CARACTERES ARABES
Consonnes
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(sauf s l i1 est initial)
L -
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- 5 -
LISTE DES SULTANS
-
MAMLUKS (1)
- Malik Mu'izz Aybak, turc, assassiné à 60 ans: 648-655
(1250-1257).
Màlik Mansür ~Alf, fils de Malik Mu?izz Aybak, déposé
à 14 ans: 655-657 (1257-1259).
- Malik Mùz affar Kùtùz, turc, assassiné
657-658 (1259-
1260) .
- Malik Zahir Baybars 1er, turc, mort emprisonné (1) à
50 ans: 658-676 (1260-1277).
- Malik Sai~d Baraka Khan, fils de Malik Zahir Baybars 1er,
déposé à 20 ans: 676-678 (1277-1279).
- Malik Adil Sulumish , fils de Malik Zahir Baybars, dé-
posé à 7 ans: 678 (1279).
- Malik Mansür Qalawün, turc, mort à 70 ans: 678-689
(1279-1~90) .
Malik Ashraf Khalil, fils de Malik Mansur Qalawun, as-
sassiné à 30 ans: 689-693 (1290-1293).
- Malik Nasir Mu~ammad 1er, fils de Malik Mansür Qalawün,
déposé'à 10 ans: 693-694 (1293-1294).
- Mâlik Adil Katbugha, mongol, déposé à 57 ans
694-696
(1294-1296).
- Malik Mansùr Lajin, assassiné à 63 ans: 696-698 (1296-
1298). •
- Malik Na~ïr Mu~ammad 1er, déposé à 24 ans: 698-708
(1298-1308).
- Malik Muzzafar Baybars II, circassien ou turc, déposé
708-709 (1308-1310).
- Malik Nas;r-Mu~ammad 1er, mort à 58 ans: 709-741 (1330-
1341) ..
- Malik Man~ùr Abu Bakr fils de Malik Na.slr Muhammad 1er,
déposé a 20 ans: 741-742 (1341)
( 1)
Reconstitué Dar J.C. Garcin, d'aorès'l'ouvra~e
de G. Wiet : La nation Egyptienne

- 6 -
- Malik Ashraf Qüjüq, fils de Mâlik Na~'r Muhammad 1er,
déposé à 7 ans: 742 (1341-1342)..
.
- Malik N~sïr Abmad 1er, fils de Malik Nasfr Muhammad 1er,
dé~osé': 742-743 (1342).
. •
- Malik Sayh Ismatil, fils de M3lik Na~lr ~u~ammad 1er,
mort dans son l i t : 743-746 (1342-1345).
- Màlik Kamil Sha'ban 1er, fils de Màlik Nasir Muhammad
1er, assassiné: 746-747 (1345-1346).·

- Malik Muzzafar Hajjaji, fils de Màlik Na~fr Mu~ammad 1er
assassiné à 16 ans: 747-748 (1346-1347).
- Malik Na~lr ~asan, fils de Malik Na~ir Mu~ammad 1er,
déposé à 16 ans 748-752 (1354-1361).
- Malik Nas1r ~asan, assassiné à 26 ans: 755-762 (1354-
1361) .•
- Malik Sali~ Sali~, fils de Malik Na~ir Mu~ammad 1er,
déposé à 17 ans: 752-755 (1351-1354).
- Malik Man~ür Mu~ammad II, fils de Malik Muzzafar ~ajjaj;,
déposé à 26 ans: 762-764 (1361-1363).
- Malik Ashraf Sha«ban II, petit fils de Malik Na~fr Mu-
~ammad 1er, assassiné à 24 ans; 764-778 (1363-1377).
- Malik Mansür ~li II, fils de Malik Ashraf ShaLBan II,
mort à 12 ans: 778-783 (1377-1381).
- Malik Salih ~ajjaj, II, fils de M!lik Ashraf Sha~ban II,
déposé à'12 ans: 783-784 (1381-1382).
- Mà1 i k Man s ür ij a j j aj ; II, dép 0 s é à 20 ans : 791 - 9J 2
(1389 - 1~ 90 ) .
Màlik ?ahir Barqüq, circassien, déposé à 53 ans, 784-
791 (1382-1389).
- Malik ?ahir Barqüq, mort à 62 ans: 792-801 (1390-1399).
- Malik Nasir Farag, fils de Malik Zahir Barquq, déposé
à 17 ans: 801-808 (1399-1405).
- Malik Nasir Farag, assassiné à 24 ans: 808-815 (1405-
1412) .•
- Malik Man~ur Abdel- Aziz, fils de Malik ?ahir Barqüq,
déposé à 18 ans: 808 (1405).

- 7 -
- Le calife Musta~in : 815 (1412).
- Malik Muayyid Shayh, mort à 54 ans: 815-824 (1412-1421).
- Malik Muzaffar AhmadII, fils de Malik Muayyid Shayh,
déposé à 2 ans: 824 (1421).
Malik ZahTr Tatar, circassien, mort à 50 ans: 824 (1421)
- Màlik Salib Muhammad II, fils de Malik Zahir Tatar, dé-
posé à 12 ans: 824-825 (1421-1422).
- Màlik Ashraf Barsbay, circassien, ~ort à plus de 60 ans
825-841 (1422-1438).
- Malik Aziz Yusuf, fils de Malik Ashraf Barsbay, déposé
à 15 ans: 841-842 (1438).
- Malik ?ahir Jaqmàq, circassien, mort à plus de 80 ans:
842-857 (1438-1353).
- Malik Mansùrluthman, fils de Malik Zahir Jaqmaq, dépo-
sé à 19'ans : 857 (1453).
- Màlik Ashraf Aynal, circassien, mort à 81 ans: 857-
865 (1453-1461).
- Màlik Malayyid Abmad II, fils de Malik Ashraf Aynal,
déposé à 38 ans: 865 (1461).
- Malik ?ahïr Khushqadam, grec, mort à 75 ans: 865-872
(1461-1467).
- Màlik ?ahir Ylbay, circassien, déposé à plus de 60 ans
872 (1467).
- Mâlik Zahir Timurbugha, grec, déposé à plus de 45 ans:
872 11467-1468).
- Mâlik Ashraf Qaytbày, circassien, mort à 86 ans: 872-
901 (1468-1496).
- Malik Na~ir Mu~ammad IV, fils de Malik Ashraf Qaytbay,
assassiné à 17 ans: 901-904 (1496-1498).
- Malik lahîr Qansüh 1er, circassien, déposé à 30 ans,
904-905 (1498-1500).
- Malik Ashraf Janbulat, circassien, déposé à 40 ans, 905-
906 (1500-1501).
Malik ~dil Tumanbay 1er, circassien, assassiné à plus
de 40 ans: 906 (1501).

ERR A T A
p . 27
fin 6ème paragraphe mettre note n° 7 .
p. 28
fin 5ème para9raphe mettre note nc- 8.
p. 36
à la place de note n° 4 mettre n ç
7 .
à la nlace de note n° 5 mettre n° 8.
à la
place de note n° 6 mettre n° Cl .
.'
p . 38
fin 1e r paragraphe mettre note n° 10.
à l a place de note n° 7 mettre n'
11 .
p.
39
à
l a place de note n8 8 mettre n ) 12 .
à l a place de note n° 9 mettre n° 13 .
p. 40
à la place de note n° 10 mettre n° 14.
à l a place de note n° 11 mettre n° 15 .
à l a rlace de note n° 12 mettre n° 16.
p . 42
à l a place de note n° 13 mettre n° 17 .
P.
43
à la place de note n (. 14 mettre ne 18 .
~ . 87
Cj L, a t _~ e
élT-irs, 3 j ' ut e- de 40.
D •
97
note n° 14
nous avons divisé 9. 446 18 ? dp 24 au
lie u de 14 .
p.
104
] es dates 800 - 885 ( H• ) torresnonc1ent aux années
1398 - 1480 (J.C.).
P.
111
enlever l e 19 (dernier pardoranhe) .
p.
113
a ) 1l s'agit des commandants ,-:e mille.
p.
120
note 53 au lie u de 5 1 , ainsi de suite jusqu'à l a
page 124 où on a note 63 au lie u de 61 .
p. 139
fin 4ème paragral)he note n° 8.
p.
140
à l a place de note n° 8 mettre n° 9 .
P • 165
note n° 23 au lie u de n° 24.
p.
166
à l a olace de l a 2ème note n° 24 mettre n° 25.
p.
212
ajouter aux ouvraoes d'Ashtor
Histoire des nr 1 x
et des salaires dans l'Orient musulman.
SEVf Er.l 1969.

- 8 -
Malik Ashraf Qansûh II, circassien, mort au combat à
plus de 75 ans': 906-922 (1501-1516).
-
- Malik Ashraf Tumanbay II, tué: 922-923 (1516-1517°.

l
N T
R 0
DUC
TON

- 10 -
L1histoire comparée des aristocraties militaires en
Egypte et en France nous a oaru intéressante à faire à plus
d1un titre.
On se pose assez souvent la question, comment un jeu-
ne chercheur sénéqalais ~eut-il se consacrer à un tel sujet
à savoir, faire une thèse sur le Moyen-Age non africain (ici
est seulement considérée l'Afrique, au sud du Sahara), alors
que certains aspects de llhistoire africaine attendent encore
ses historiens, (cttons entre ~~tres exemples: le problème
du peuplement, les grands côurants migratoires, etc ... ) ?
Il est vrai que c'est rresque un impératif que toutes
les questions liées à llhistoire africaine soient résolues
pour qu'on puisse enfin dépasser ce vieux débat qui a pendant
lonqtemps agité les milieux intellectuels africains et qui
continue encore à le faire, à savoir celui de l'identité cul-
turelle, la question de la rUDture avec certaines valeurs,
etc ...
Nous faisons hélas partie de ceux qui ne croient pas
au fait isolé en histoire, à la soécificité de telle ou tel-
le autre société; par contre, il existe une interaction des
faits et une évolution Dar étapes des sociétés. A chaque éta-
pe de l'évolution (sur le plan technique) corresl)ondent des
raoports sociaux particuliers, une mentalité qui lui est pro-
pre; la différence fondamentale entre les sociétés se situant
au niveau de leur capacité ~lus ou moins rapide d'assimiler,

- I l -
d'intégrer les techniques nouvelles à leur besoins (la res-
ponsabilité du milieu naturel nous semble très grande en ce
qui concerne la orogression du mouvement).
Nous nensons qu'au Moment où les chercheurs africains
continuent à réfléchir sur cette notion
que les marxistes
appellent "mo de de r>roduction africain" d'une r>art, et sur
l'existence d'une féodalité, par exemple dans le Sénégal du
XXe siècle 00 les liens de clientélisme sont encore extrême-
ment vivaces et régissent les rapports inter-individus, que
ce n'est pas faire de l'anachronisme en partant de la com-
préhension des sociétés différentes Dour Mieux cerner tous
ces problèmes.
Nous
ne oerdons ~as de vue les difficultés inhéren-
tes à ce genre d'étude. Elles sont réelles et se répercutent
même sur la bib1iogra~hie, les méthodes de travail. Notre
choix sur l'Egypte a été arrêté
deDuis la ma1trise, moment
où nous avons choisi de nous orienter sur l'étude du monde
musulman médiéval, P9ur deux raisons princina1es :
- Le poids de l'Islam au Sénégal; et comme n'importe quel-
le idéologie, l'islam est susceptible de manipulations et de
transformations, par conséquent, il n'est pas du tout super-
flu d'étudier l'évolution des sociétés, la notion de pouvoir
dans ces sociétés où il a vu le jour.
La deuxième raison est notre relative connaissance de
1 'arabe. E11e est certes très limitée, mais on ne peut se 1i-
vr e r à 1 1 hi s toi r e d' lJ ne soc i été s ion 1\\'e n con na i t 0 a s au moi ns
la langue r>rincipa1e.
Il nous restait à choisir l'état avec lequel la com-
paraison allait être menée.
Dans un premier temps, nous avons oensé à l'Italie
parce que c'est l'un des rares ~ays d'occident au Moyen-Age

- 12 -
00 l'essor urbain était réel, et l'Islam était une civilisa-
tion profondément urbaine. En olus, les villes italiennes en-
tretenaient d'étroites relations commerciales avec le monde
musulman. Les contrats de orécaire, de livello que concédaient
les empereurs ottoniens à certains évêques oouvaient consti-
tuer un bon domaine d'études comparatives avec l'~q~atdes pays
musulmans. Nous avons renoncé à l'Italie pour des raisons lin-:
guistiques.
Ensuite l'Angleterre nous a paru intéressante en rai-
son de la précocité de ses institutions, mais oour des rai-
sons de commodité
nous avons oréféré nous en tenir à la Fran-
ce ; parce que la documentation nous est facilement acce~si­
ble certes, mais aussi parce que le Sénégal ahérité d'elle la
plupart de ses institutions dont les origines remontent au
Moyen-Age. Ces quelques rapoels étant faits, revenons à notre
1
étude comparée. Le plus grand obsta~le est lié au stade attein~
par l'évolution des pouvoirs en olace, de l'état:
- En Egypte, nous avons à faire à un pouvoir centralisateur
permettant l'existence d'un document d'une caoacité de synthè-
se (du moins en ce qui concerne l'évolution de l'aristocratie
militaire sur près de deux siècles, sur la longue durée) aus-
si grande que le cadastre d'Ibn al Jican, notre principal ins-
trument de travail.
Etudier le cadastre revient à faire principalement de
l'histoire sérielle; heureusement ~ue les techniques modernes
nous offrent la possibilité de travailler avec plus de préci-
sions et de célérité.
- En France jusqu'au XIIIe siècle, période où on voit le
roi reprendre petit à oetit ses prérogatives sur le nlan fi-
nancier et judiciaire, le nouvoir était dispersé aux mains
des différents seigneurs, le roi étant lui-même
le premier
des seigneurs. Dans le pays, c'était surtout le règne de l'em-
pirisme et la coutume qu'on érigea peu à peu en loi. Ainsi

- 13 -
ce système caractérisé de féodal se reflète sur les sources
les églises, les chateaux seigneuriaux, les villes, les mé-
tiers, chaque institution avait ses propres archives; par con-
séquent, il ne peut pas y exister un document similaire au ca-
dastre.
Nous avons mené notre comparaison en ce qui concerne
la France à partir d'ouvrages modernes. Ce fait est certes
regrettable, mais vouloir faire ce genre de travail à partir
des documents d'archives dépasse très larqement les compéten-
ces d'une thèse de 3ème cycle.
Travailler sur l 'Eqypte médiévale à Aix n'est nas cho-
se aisée dans la mesure où les nrincipaux ouvrages manquent.
Mais ce vide a été comblé par la relative rapidité du service
du prê~inter de la bibliothèque universitaire, et surtout,
grâce à la bonne volonté avec laquelle ~. Garein a mis à notre
disposition la quasi totalité des ouvrages qui nous intéres-
sent.
Cela étant dit, notre étude sera divisée en deux gran-
des parties
- Une première partie consacrée à l 'Egypte, para1tra cer-
tainement très technique. En effet, la présentation de l'état
mamlUk fait appel à énormément de détails et de termes "dif-
ficiles" pour le non spécialiste, mais elle est nécessaire à
-la compréhension de l'aristocratie militaire.
- Quant à la deuxième, elle essayera d'étudier la France
dans les mêmes termes aue l'Egypte. On la voudra très équi-
librée ~ar rapport à la première
mais elle sera très cer-
t
tainement amputée de l'analyse de documents.
Ce travail est certes Dorteur d'espoir
mais renferme-
t
ra probablement des lacunes
on comnte par conséauent sur
t
l'indulgence et la compréhension du lecteur.

PRE
MIE
R E
PAR
T
1
E
L'ARISTOCRATIE MILITAIRE MAMLUKE DE 1376 à 1517
d'aprês le cadastre ou rawk dl Ibn al Ji~in

- 15 -
l N T R 0 DUC T ION
Cette premlere partie débutera par une définition du
système mamlûk. Parler de définition du système mamlük n'est
même pas trés judicieux car si on se réfère à Gaudefroy Dem-
bombynes, le système maml[k "n'est en réalité que la conti-
nuation des traditions du sultanat Ayyoubide, du califat des
Fatimides et des émirats antérieurs, dépendances
plus
ou
moins directes de Bagdad"(l). Seulement cette assertion ne
peut être acceptée que sur un plan administratif; la collec-
te des sources de revenus et leur redistribution au sein d'une
certaine catégorie sociale - en l'occurence les aristocrates
mamlûks - y ont connu une ampleur rarement égalée, le phéno-
mène est le résultat de la combinaison de certaines institu-
tions héritées des Mongols d'une part, et d'autre part
d'un
contexte lié à l'histoire même de ces mamlüks.
Par conséquent, définir le système mamluk revient tout
simplement à insister sur ce qu'il a de plus original à sa-
voir: l'érection au stade ultime du système d'esclavage mi-
litaire avec son fondement l 'iqta~basé essentiellement sur
l'impôt foncier. Mais quelque soit l'importance de l'iq{a.~
.elle ne doit pas nous faire perdre de vue le reste des sour-
ces de revenus constituées des autres formes d'impôts et qui
sont d'un appoint nécessaire, surtout en période de crise.
Il est très difficile de faire une genèse systèmati-
que de l'histoire des mamlüks car de ses débuts jusqu'en
1250, les informations sont trés restreintes: par contre,
pour la période qui s'étend de 1250 à 1517, les sources de-
viennent beaucoup plus loquaces; loquacité qui se manifeste
à travers l'existence d'excellentes chroniques, d'une litté-

- 16 -
rature encyclopédique, géographico-topographique et de dic-
tionnaires biographiques. Seulement le maniement de ces sour-
ces exige une certaine vigilance: les auteurs de la période
ci r cas sie nne ( 2) 0 nt i dé a lis é l' EgYpte des Ba ~ rj tes à' t r a ver s
laquelle ils voyaient le symbole de la floraison et de la
perfection;
quant à la leur, elle n'incarnait que la déca-
dence et la corruption.
Ces précautions étant prises, on peut affirmer que la
période mamlüke est extrêmement féconde en matière de sour-
ces, ce qui peut s'expliquer par ce que Ibn KhaldO.n
quali-
fie de
fait positif: les mamlüks accordant une place de
choix aux hommes de lettres.
Ainsi durant la période mamlùke, ont vécu un certain
nombre d'historiens qui parfois étaient trés liés à la caste
militaire. Les historiens modernes se sont naturellement pen-
chés sur l'étude de l'historiographie mamlüke. Citons pour
mémoire Littleet Haarman(3), mais les travaux de Sauvaget et
Cahen(4) demeurent jusqu'à présent irremplaçablesen langue
française.
Dans notre travail nous nous sommes référés à certains
historiens parmi lesquels nous distinguons:
1 - Les bi ographes
Le seul biographe que nous avons pu consulter est Ibn
Taghrïbirdl. Les Nujüm az-Zahir; (édition Popper) nous
ont
. ,
été d'une très grande utilité; malheureusement, nous n'avons
pas beaucoup de renseignements en ce qui concerne sa vie. Son
père semblait vivre à l'époque du Sultan
Barqüq(5).
Les Nuj~m nous ont permis d'identifier près d'une cen-
taine d'émirs. Le travail d'identification exige une certai-
ne patience mais il nous a été facilité par la très grande
clarté de l'édition de Popper.

- 17 -
2 - Les historiens de l'histoire économique et sociale
Il est d1f fic il e de dis soc i e r com pl è t em en t l 1 hi st 0 ire
mamlùke de celle des dynasties précédentes, surtout des Ay-
yûbides, raison pour laquelle le chercheur est obligé, par-
fois de remonter beaucoup plus loin que la période mamelùke.
Comme nous l'avons déjà souligné, les historiens sont nombreux,
mais nous nous sommes vus dans l 'obligation de faire un choix
qui a porté sur
- Makhzumi : Il servit sous les Fa~imides et les Ayyübides
comme chef du Diwan al Majlis. Son Kitàb al Minha! est un
travail de compilation vers 565/1169-70. On y trouve des in-
formations sur les différentes catégories de terre en Egypte,
les périodes de cultures et plantes, les taxes qui y étaient
levées.
- Ibn
Mammatï : auteur du Kitàb al qawanin wa al-dawawln.
Son père nouveau converti à l'islam sous le dernier calife
Fatimide al Adld était un grand fonctionnaire de diwân. Le
Kitâb al Qawanin est plutôt un travail de description sur la
mise en valeur des terres égyptiennes, ce qui explique le
manque de ri~ur de cet ouvrage.
- Nâbulusi : Uthman ibn Ibrahim est né en 588/1192 en
Egypte d'une famille originaire de Nabulus d'où son qualifi-
catif. Il mena un travail d'administrateur aussi bien en Hau-
te qu'en Basse Egypte. Connu pour ses: Kitab T~~Z~~ al Fayyüm
et Kitâb luma~al-qawanin, il demeure l 'historien du Fayyum en
décrivant et analysant cette province sur le plan aussi bien
géographique, que social.
- Al Qalqashandi : Il a terminé ses études en Alexandrie
en 778/1376~ Trois ans plus tard, il fut au diwan al Insha
du Caire, ce qui le mit directement en contact avec les bre-
vets d'iq~a~ Son §ub~ al ~~ha est une source de première main
dont l'intérêt n'est plus à démontrer.

- 18 -
- Maqrizi : L'auteur du K-ita.b ai Kh-i{:â{, Kitab ai Snudu!ta.i U ùo
et
K-itdb -ighatat al Umma nous est d'un apport exceptionnel.
Il s'est surtout basé sur les livres déjà existants, les é-
crits contemporains et son expérience personnelle pour lais-
ser à la postérité des informations sur les formes de taxation,
le système de l'-iq{:a.c.et l'influence mongole sur l'administra-
tion financière de l'Egypte.
Naturellement nous n'avons pas présenté tous les histo-
riens de l'époque, mais ces exemples montrent la richesse
des sources de l'histoire mam lüke.
Quant à notre principal
instrument de travail: le rawk d'Ibn al-JivAn, nous y revien-
drons.
"-._--

PRE MIE R E
PAR T l E
NOTES DE L1INTRODUCTION

- 20 -
1.- Gaudeo~oy-Vembombyne~ : La Sy~ie à l'époque mamelouhe
Int~oduetion. p: XIX.
2.- L'hi~toi~e de~ mamlüh~ e~t divi~ée en deux pé~iode~ :
- la pé~iode ba~~ite qui va de 648/1250 à 784/1382
- la pé~iode Qi~ea~~ienne ou bu~djite de 784/1382 à 922/
1517, la Qonqu~te ottomane. Cette di~tinetion e~t oonQtion
de leu~ o~igine.
3.- Little
An int~oduQtion to mameluk hi~to~io
,
1969.
Haa~man:-Stu ~en zu~
~u en
am u enze~t,
4.- Sauvaget et Cahen, Co. bibliog~aphie.
5. - Ayalo n : Name~, title~ and "ni~ ba~" in the Mamluk~ 1. 0 . S.
p.
224.

CHA
P I T
R E l
LA DEFINITION DU SYSTEME MAHLTIK

- 22 -
A - LES ORIGINES
c'est au milieu du XIIIe siècle que la dynastie
des
Ayyubides qui régnait sur l'Egypte depuis l'époque de Sala-
din (1169 - 1193 ap. J.C.) fut balayée et remplacée par les
chefs militaires mamlüks. Qui étaient
ces mam lüks?
Ils
étaient des esclaves militaires d'origine turque, achetés
pour la garde personnelle du sultan.
Cette institution
a
existé depuis la première moitié du IXe siècle et siest per-
pétuée jusqu'au début du XIXe siècle, naturellement sous for-
mes différentes.
C'est le calife Al ~utacim(833 ~842 ap. J.C.) qui
le
premier acheta des éléments étrangers
(particulièrement du
Khorosan en Iran) qulil introduisit dans l'armée. Cette ira-
nisation progressive des armées abbassides eut pour consé-
quence ultérieure leur "mamlQkisation", â savoir l'accepta-
tion
des mamlùks
ou esclaves militaires
comme élite socio-
militaire, par conséquent comme ossature de l'armée. La per-
manence de ce phénomène donna naissance â l'institution mam-
lüke qui connut son apogée en Egypte du XIIIe au XIVe siècle.(1)
Par conséquent, le système mamluk est déterminé
par
l'origine servile des mamlüks qui se manifeste dans les rap-
ports entre le mamlük et son ma1tre d'une part, et
d'autre
part
avec ses camarades mamlùks. Ces rapports sont extrême-
ment importants dans la distribution des ~q~ae sur
laquelle
nous reviendrons après une analyse du fonctionnement du sys-
tème.

- 23 -
B - LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME MAMLUK
David Ayalon, un des plus grands historiens du fonc-
tionnement du système mamlük - lui
ayant consacré de très
nombreux articles - affirme que ce sont "les relations en-
tre le mamelouk et son maTtre, acquéreur et affranchisseur
d1un cOté, et ses camarades d'affranchissement d~ l'autre,
qui présentent une des bases,sinon la base principale, sur
lesquels s'appuient la société mamelouke" (2). Contraire-
ment à ce qu'on peut penser, l'origine serville n'est pas à
la base d'une certaine uniformité; au sein des mamlüks se
dégage une hiérarchie. Selon Al Qalqashandi : les mam1üks
royaux les plus honorés, possédaient les plus vastes terres
d'~q~a~et parmi eux se recrutaient les plus grands émirs (3).
Ain s i il t r ans par a ; t à t r a ver s ces pro po s de Qa l qa s han dT qu'
il existait une structure bien particulière de l'armée mam-
...
luke.
J - La structure de l'armée
L'armée stationnée en Egypte était divisée en trois
parties :
- Les mamlüks royaux ou mamal~k a~-~ul{anlya (autre ap-
pellation :mamal~k a~-~ul{in ma,is peu usité).
- Les mamlüks des émirs ou mamal~k al.uma~a~
- Les troupes de la ~alqa ou ajndd al ~alqa.
a} Les mamlGks royaux
Leur importance était si manifeste que faire l'histoi-
re du sultanat mamlùk reviendrait A faire l'histoire de ces
mamlùks qui formaient l'ossature de l'armée mam1ùke.

- 24 -
Durant la période ba~rite, ils ne faisaient pas moins
de dix mille (10 000) hommes tous stationnés dans la capita-
le, à la citadelle du Caire. Ces mam1üks royaux se compo-
saient :
- Des mam1Uks du sultan régnant ou 1esmu~hta~awit.
Ache-
tés et affranchis par le sultan
régnant, ils constituaient
le pilier sur lequel reposait son gouvernement.
Parmi eux, éxistait un groupe de privilégiés: les
Kha~1akiya .qui formaient la garde personnelle du sultan. Ces
derniers étaient en général chargés des missions les plus
délicates.
- Des mam1uks qui étaient sous les ordres du sultan pré-
cédent avant d'échoir entre les mains du sultan
ou mu~takh­
damüm.
- Quant aux SaY6r.~, ils étaient primitivement sous les
ordres d'un émir. La mort de ce dernier pouvait les obliger
à intégrer les rangs des mam1üks su1taniens.
Comme on peut s'en rendre compte aisément, la provenan-
ce de ces mam1nks se trouvait à la base de leur division en
catégories à l'intérieur de leurs rangs. Cette situation pou-
vait être quelquefois conflictuelle.
b) Les mam1ûks des émirs
Le rang d'un émir se déterminait par le nombre de sol-
dats qu'il avait à son service: émir de cinq (5), dix (10),
quarante (40), cent (100), commandant de mille (1 000).
Le rang le plus élevé d'un émir était celui de amZ~ mi~
a muqqadam qui avait une centaine (100) de mam1üks à son ser-
vice, mais qui pouvait commander mille soldats de la ~alqa .

- 25 -
sur le champ de bataille. Ces émirs détenaient en outre les
grandes fonctions de l'état. Sous An Nasir Mubammad, ils
.
étaient au nombre de vingt-quatre (24). (4)
Le second rang était occupé par les émirs de quarante
(40) : amZ~ a~ba~~n (pluriel: uma~a~ a~ba~Tn ou arbatlnat).
On les trouve généralement sous 1 'appellation d'am~~ TabikhânQ
(pluriel: uma~a" {ablkhà.na ou Tabikhaniic). Chaque émir Tabi-
khàna
avait
sous sa direction une quarantaine de mamlüks ;
le nombre pouvait atteindre soixante-dix ou quatre-vingt.
Quant à ces émirs de quarante, leur nombre n'était pas fixe.
Le qualificatif de tabikhana leur était accordé du fait
que les plus âgés d'entr'eux détenaient des orchestres sta-
tionnés devant leurs maisons. Il s'agissait d'une musique mi-
litaire rudimentaire se manifestant au moment des prières.
Le troisième rang était tenu par les émirs de dix (10)
ou
ah.ad ai- "asharât
dont le nombre variait aussi.
Venaient en dernier lieu les émirs cinq (5), très peu
nombreux, on y retrouvait souvent les fils de mamlüks décédés.
Les émirs jouaient un rôle très important dans l'état
mamluk, ils détenaient de très hautes fonctions que nous al-
lons passer en revue .
• Les fonctions des émirs
Seules les fonctions les plus importantes qui entrent
dans l'identification des émirs cités par Ibn aLJi c an sont
exposés. Il s'agit:
- Du nâ~ib as-saltana
vice roi. Jusqu'à la mort de Mu~am-
mad Qalawün en 698/1298, le nâ'ib as-sal~ana occupait le rang
le plus élevé auquel pouvait accéder un émir. Il avait un cer-
tain nombre de prérogatives dont
celle
de
superviser
le

- 26 -
d~wàn al lay~h. Mais ce na'~b est arrivé a s'arroger un pou-
voir excessif, raison pour laquelle
an.Na~ir Mu~ammad, à la
fin de son rêgne supprima ce poste, même s'il fut rétabli
avec un pouvoir circonscrit.
- L'atabak al
tasakir: commandant en chef. Avec la sup-
pression du n4~~b a~-~al{ana :l'atabak accéda aux plus hautes
fonctions et par conséquent devint plus qu'un commandant des
armées. Il était d'ailleurs devenu une habitude - surtout
sous les circassiens - que l' atabak succéda au sultan.
- L' ém i r Ma j l ; s : ma 1t r e de l' au die nce.
- L'émir Sili~ chargé du ~ort des armes du sultan en pu-
blic ; il dirigeait les mamlüks de ce dernier et supervisait
l'arsenal. Cette fonction était tenue par un émir de 100.
- Le l;Iajib al ~ujj5b : D'une autorité indépendante, le
grand ~ajib était chargé de juger les différends entre les
mamlüks des émirs.
- Le ra~s nauba an-nuwab : le chef des corps de mamlUks.
Selon la définition donnée par Al Qalqashandi (5), cet émir
avait la charge des mamlüks royaux; il devait veiller à
l'application des directives du sultan vis à vis d'eux. Il
était en outre responsable de la parade que donnait l'armée
avant d'aller en campagne.
- L'ustadar : Il dirigeait le d~wan al Mu6~ad, et était
chargé de rémunérer les mamluks royaux.
- Le Khazi ndar al Kabir : Grand trésori er du sul tan, son
intendant. Cette charge fut généralement occupée par un émir
{ablkhana qui y fut remplacé, plus tard, par un émir de cent
(100).
- Le Dawadar al Kabir : Grand dawadân. Il portait et gar-
dait le sceau du sultan. A~ ?ahir Bay~bars confia cette char-
ge à un émir de dix (10)'.

- 27 -
- L' ém irA khÜr:
qui supervisait l'écurie royale. Gé-
néra1ement un émir de 100, il avait sous ces ordres quatre~
émirs {dblkhand et un nombre indéterminé d'émirs de dix.
- L'émir Jandar : Le responsable de la sécurité. Il diri-
geait la zd~dkhand
qui était à la fois l'arsenal et la mai-
son pénitentiaire. L'émir jandar avait aussi la charge d'an-
noncer au sultan l'arrivée des émirs "présentant les honneurs"
et partageait la garde des sceaux avec le ddwdda~. Cette fonc-
tion pouvait être tenue aussi bien par un commandant de mille
que par un émir {dblkhand.
Telles sont brièvement présentées les principales fonc-
tions qui existaient à l'époque mam1üke.
c) Les troupes de la ~dlqd
Le' terme ~alqd semble être utilisé pour la prem1ere
fois en 1174
(J.C.)
lors de l'expédition de Türansha au
Yémen. (~)
La ~dlqd a subi des transformations au cours des années.
Elle a connu ses moments de faste sous les Ayyübides lors du
siège d'Acere en 587/1191.
Les troupes de la
~dlqd étaient constituées de contin-
gents d'hommes libres, de cavaliers non-mam1uks~ Sous Qa1awün,
4 000 soldats auraient combattu les Mongols en 680/1290-1
dans les rangs de la ~alqd. Mais elle commença à connaître
son déclin à partir de 1315 avec le rawk an-Nisirl.
Au sein de la ~dlqd, il existait un corps s~écia1 com-
posé de fils d'émirs, de mam1üks, appelés les dwlad dn-na~ ;
les fils des gens, en d'autres termes, .1es enfants de l'élite
sur 1esque1 s nous revi endrons, une foi s 1a structure de l'armée
mam1üke bien comprise.

- 28 -
Quelles étaient les particularités de son mode de fonc-
tionnement ? L'originalité du système mam1ük se situe surtout
au niveau du mode de recrutement,&e 1.aformation
certes, mais
aussi et surtout par les gratifications et privilèges accor-
dés au mam1~k, en d'autres termes, son statut dans la so~ia­
té égyptienne.
II -Le statut du mam1ük
a) Le recrutement
Pour être mam1[k, on devait réunir un certain nombre
de conditions qui déterminaient le recrutement.
La première de ces conditions était de ne pas être d'o-
rigine musulmane, ensuite d'être né hors de l'état mam1ùk, de
préférence dans la steppe du Q.it:pc.haq ou au Caucase (c'est la
2ème condition) et enfin d'avoir été acheté jeune.
Les deux premières conditions excluaient les fils de
mam1ûks qui occupaient par conséquent un stade inférieur.
Après son acquisition par le trésor de l'état ou Bayt:
al mal, le mam1ûk était aussitôt mis en formation dans l'é-
cole militaire où existaient des subdivisions: les fibâq
'16ing : {abaqa) qui, selon A?-~âhirf
s'élevaient au nombre
de douze et chacune
d'elles était
aussi grande
q'un quar-
tier et pouvait loger un millier de mam1~ts.
C'est au niveau de sa ~abaqa où l'élève mam1ük appre-
na i t 1e '" 2'. n; e f!1 en t des a rm es, ac qué rai t cet es prit de cor ps ,
de solidarité avec ses autres compagnons mam1üks. L'affran-
chissement du mam1ük était lié à la fin de sa formation. Tant
que l'élève mam1ük nlavait pas terminé ses études, il nlavait
aucun droit à la solde, ni aux autres paiements et gratifica-
tions qui revenaient au mam1ük affranchi.

- 29 -
b) Les droits du mam1ük affranchi
Une fois le mam1ük affranchi et affecté à un émir, il
pouvait prétendre à un certain nombre de choses qu'on établit
comme suit, d'après les renseignements fournis par MaqrTzT
dans les Khi~â{ :
- La jamakiya ou solde mensuelle.
- La na6aqa : elle est reçue par le mam1Uk lors des cam-
pagnes militaires, mais aussi à l'accession d'un nouveau
sultan au pouvoir.
- La ki~wa: somme fixée et remise au mam1Uk annuellement
pour son habillement.
- La ration quotid1enne de viande.
- L'adhiya : mouton qu'on lui donne pour célébrer la fê-
te de la Taba~ki.
- L'~llq : la ration alimentaire pour les chevaux distri-
buée deux fois par semaine.
- Al Khayl wal jimal: les chevaux et les chameaux.
D'après cette énumération, les droits du mam1ük pa-

raissent énormes et un certain nombre de questions se posent
à notre niveau. Quelles sont les sources de revenus dont
.dispose l'Etat mam1ijk pour entretenir son armée? L'oppor-
tunité de cette question nous paraîtra davantage après une
estimation des effectifs de l'armée.
Ceci nous emmène à l'étude des sources de revenus de
l'état mam1ük.

NOTES DU CHAPITRE
l

- 31 -
1.- e6. Vav~d Ayalon : L'e~elavage m~l~ta~~e. O~~ental note~.
2.- Ayalon : L'e~elavage du mamelouk, ~nt~odu~tion. O~~ental
note~ and ~tud~e~, p. 1- 66.
3 . - e6.qalqa~ handZ : $ub~ ~~té pa~ Ayalon ; Stud~e~ on .the
~t~uetu~e 06 the mamluk a~my BSOAS (p. 203-228).
4. - Ayaion : Stud~e~ on the ~t~uetu~e 06 the A~my II , BSOA,
p. 469.
5. - Qalqa~ handZ : Subh e~té pa~ Ayalon ; op.
. .
e~t. p. 60.
6.- H.R.R. GIBB : The a~m~e~ 06 Saladin. eah~e~~ d'H~~to~~e
Egyptienne. Ca~~e 1951, p. 305. Nou~ n'Â..n~Â..~te.~on~ pa~
~u~ la polém~que ~ouievée pa~ l'o~~g~ne de ~e mot ; nou~
vou~ ~envoyon~ a i'étude. t~é~ ~nté~e~~ante. d'Ayaton ~u~
la ~t~uetu~e de l'a~mée.
1.- Ayalon : Stud~e.~ on the. ~t~uetu~e 06 a~my II . .. p. 451.
8.- Af-Zcih~~..t : Zubdate~té pa~ A~hto~ : L'e.~elavage du mame-
louf2. O.N.S., p.
II.

CHA
P I T
R E
II
\\
LES FONDEMENTS FINANCIERS DU SYSTEME MAMLÜK

- 33 -
L'état mamlük comme nous allons nous en rendre compte,
disposait de sources de revenus assez importantes pour entre-
tenir une armée de plus de dix mille hommes. En période de
stabilité économique comme sous les premiers mamlüks ba~rites,
il est extrêmement intéressant d'évaluer les possibilités
d'une caste militaire qui,grâce à un système très original,
celui des -iq{:à.L est arrivé à avoir une mainmise sur toute l'é-
conomie de son pays. Mais tout d'abord que signifie ce sys-
tème des -iq:ça.':-?
A - LE SYSTEME DES IQ1Â~
Il était à la fois une méthode de paiement des soldats
et de collecte des impôts. L'étude de 11 -iq~a~est un élément
fondamental pour nous, car se trouvant à la base de la compré-
hension du cadastre d'lbn al Ji~an~Elle présente, en outre,
des possibilités dans une perspective comparative.
Claude Cahen fait remonter les origines de l'-iqfâC à la
conquête arabe qui, elle même l'aurait hérité de l'empire by-
zantin : "l'organisation des djun..d (soldats) arabes au lende-
main de la conquête, répondait au même besoin à peu près de
la même manière. Seulement, comme tout arabe était alors sol-
dat virtuel et la notion de possession mal dégagée de celle
de propriété, on peut admettre que toute concession correspon-
dait à un qa.-t-ila.P(l).
Naturellement, entre les balbutiements de l'état musul-
man et lie nt i té ma ml üke, l e qa.{-i' a. a s ubide s t ra ns for mat ion s
profondes pour céder la place à l'-iq:tal.- : au XIIIe siècle, il
n'était plus question de "concession foncière", mais de con-

- 34 -
cession
fiscale sur une terre donnée. Cette tendance a com-
mencé
à se dessiner dès le Xe siècle sous les Büyides, d'a-
près les informations livrées par Miskawayh (2). La princi-
pale cau s e en ét ait que l e con ces s ion na ire 0 u mu q-ta" (p l ur. :
mUQ{a~ùn) ne participait pas directement à la mise en valeur
de la terre, seuls les revenus qu'il en tirait, importaient
pour lui.
Si on se réfère à Maqrlzï; c1est Saladin qui introdui-
sit en Egypte l'iqta'comme mode de paiement à l'armée (3),
seulement le phénomène semble être bien antérieur aux Ayyûbi-
des car les califes Fa~imides concédaient déjà à leurs grands
officiers comme le vizir et les chefs de diwan, des iq!à .. à la
place des salaires.
Mais le muq~~ sous les Fatimides n'était pas assujeti
à un quelconque service militaire et en plus, il devait ver-
ser un dixième de ses revenus, u~h~, à la trésorerie.
Une trés importante modification fut apportée par les
Zankides
qui concédèrent l'iq~a~comme paiement à des servi-
ces militaires; Nur ad-Din retirait l 'iq!â~ à tout bénéficiai-
re qui négligeait ses services militaires, néanmoins, il fit
de l'iq~~ quelque chose d'héréditaire et le concédait de père
en fils.
Cependant, l'iq~â~militaire introduit en Egypte par les
Ayyubides, ne fut pas totalement conforme à ce modèle Zankide,
en effet, Saladin supprima la notion d'hérédité.
Quand les mamluks arrivèrent au pouvoir, ils héritè-
rent d'un système déjà développé par les Ayyubides mais au. -
quel
ils apportèrent des éléments nouveaux tirés des insti-
tutions mongoles.

- 35 -
Pour bénéficier de 1 'iQ!i·, le m~Q~~ devait un cer-
tain nombre d'obligations! l'Etat. Il s'agissait de devoirs
essentiellement mi1itaires,comme le fait de fournir des hom-
mes en période de guerre. Il devait aussi des services non
militaires: superviser les cultures, l'irrigation, être à la
disposition du sultan.
Le
muq:ta.' était responsable des dépenses effectuées
par ses soldats, l'iq~à~ constituait sa principale source
de revenus. Seulement à la fin du règne de an - Na~ir Mupam-
mad, les émirs recevaient en plus de leurs iqfà.'"f la I1a.Ôa.qa. (4)
(elle était auparavant allouée en période de campagne) qui
s ' é1evait à :
- Pour un commandant de·mi11e : entre 1000
et 3000 dinars.
- Pour un émir ~a.blkhana. : entre 400 et 1000 dinars (5).
Selon Maqrizi (6), il était spécifié sur le ma.~~hü~ -
certificat authentifiant au muq{a.~, l'affectation d'un iq~a~­
que l'émir prenait pour lui un tiers (1/3) des revenus et les
deux
tiers
(2/3) devaient aller à ses soldats. En aucun cas,
l'émir ne devait percevoir plus au détriment des soldats.
L'iq{a~ n'était pas seulement accordé à des mam1uks, mais aus-
si aux grands chefs bédouins ou 'u~bal1 sur lesquels nous re-
viendrons plus en détail dans 1 1 étude du cadastre.
L'importance de 1 'iq~âL ne peut être dégagée, si on
n'arrive pas à cerner le rôle primordial qu'il joue dans la
collecte de l'impôt.
L'iq{a~constituait un des moyens pour collecter l'im-
pôt. En 715/1315, les taxes relevées sur les terres d'iq~a~
étaient de deux sortes :

- 36 -
- Celles ramassées sous l'égide des diwans comme la zak.ât,
les jawat~ , les mawà~~th ~a~~~yya.
- Celles collectées par les mUq{a~un mêmes et leur soldats
1es ma~a. ~,[ ,le s ~~.e.iit~ ...
Avant de donner la définition de tous ces termes, il
serait quand même judicieux de faire une mise au point: à
l'origine les taxes tirées des ~q~âL étaient purement agrico-
les, mais au fil des années l'assignation d'~q~a.~ non agrico-
les devenait plus fréquente; ainsi sous Bayb~n, les mam1Uks
sultaniens avaient le droit de lever des taxes sur le m~z~
(une sorte de bière), le Khurnû~ (vin) et la prostitution (4).
B - LES DIFFERENTES FORMES D'IMPOT
Dans l'Egypte mam lüke, il existait différentes formes
d'impôt:
- L'impôt tiré de la terre, des industries et de la pêche.
- Llimpôt tiré des transactions commerciales.
- Llimpôt levé sur les personnes.
- Les autres.
1l Si agi t des taxes sur 11 agri cul ture, les i ndustri es
et les mines, la pêche.
a) L'impôt du Kha~adj ou impôt .foncier
Levé sur les terres cultivées, il n'était pas payé par-
tout de la même façon. Les différences étaient fonction de la

- 37 -
situation de la terre par rapport au Nil et de ses cultures
des années antérieures; il existait en Egypte, une véritable
~tation des cultures.
Pour les terres mises en valeur, Makhzümi distingue
deux types de Kha~àdj :
- Le Kha~adj al-z~~a\\a ou Kha~ddj al 6udun levé sur les
cultures.
- Le Kha~idj al-6a6at~n ou Kha~adj al ~at~b levé sur les
vergers (5).
A cet impôt du Kha~adj, on peut adjoindre celui tiré
des pâturages et du bétail." Cet impôt ou ma~a~Z, payable an-
nuellement, était très variable: 25 à 70 dirhams pour 100
têtes de bétail (6).
b) Taxes sur les industries ou h~lal~
Les informations concernant cette forme d'impôt sont
très lacunaires. Il s'agit surtout des taxes levées sur les
pressoirs d'huile, les fabriques de sucre, les ateliers de
confection, les tanneries, les parfumeries etc ... , si on se
réfère à Nabulusi dans le Ta~Zkh al Fayyûm. Il est très dif-
ficile d'évaluer ce que pouvait rapporter cet impôt de h~lal~,
mais on peut l'estimer comme étant assez important compte-tenu
du rôle joué par le sucre égyptien, par exemple, dans le com-
merce méditerranéen à la fin du XIVe siècle.
c) Les mines
Les différents minerais exploités en Egypte comprenaient
l'alun, le sel, le nitrate et les émeraudes.
- L'alun, sous les Ayyùbides était utilisé dans les tran-
sactions. Il connut un essor particulier dans le commerce

- 38 -
d'Asie Mineure. Maqrizi affirme que sous le sultan al Kamil
et son fils al ?allh. le muq~a~de Wahat exigeait 1000 qintars
d'alun aux dhimmis en paiement de le~r jaw~lZ6(pour l'expli-
cation. cf. paragraphe consacré aux taxes sur les personnes).
- Le nitrate. utilisé dans l'industrie du verre. la méde-
cine. Ibn Mammati atteste qu'on l'exploitait dans les provin-
ces de Bu~ayra et Sharqiyya. La demande s'élevait à 30 000
qintars par an d'où l'énorme source de revenus que constituait
cette matière. La trésorerie de l'Etat affectait un agent
spécial à son exploitation.
- Le sel. la première mention d'impôt levé sur le sel date
de la période de Saladin. En 720/1320. an- Na~ir décréta
l'abolition de cette taxe.
- Quant aux émeraudes. elles sont exploitées en Haute EgYPt
depuis le IVe/Xesiècle. Les sultans ayyübides et mamlüks ac-
cordèrent une importance particulière à ces pierres précieuses
An - Na~ir y adjoignit un agent ou wak~l.
d) La pêche
Etait tiré d'elle le Kha~âdj mada~~b al awt~~ wa ma ha~~
ag.6h~bâk (taxe sur les filets).
Cette taxe était une source de revenus très importante .
.Sous Saladin. l 'ib~ade Nastarü s'élevait à près de 17 500 di-
nars. rapportés uniquement par la pêche. Saladin en fit un
waq6
accordé aux veuves et orphelins
(7). Sous les mamlûks.
on distinguait deux sortes d'impôt sur la pêche:
- Les taxes permanentes levées sur tout produit de
pêche.
- Celles collectées temporairement. au moment des crues
du Nil.

- 39 -
Après ce tour d'horizon sur les taxes liées aux ressour-
ces exploitées, on peut dire
d'ores et déjà que l'Egypte
était riche, surtout sous.~a~fr Mu~ammad. Qu'en était-il des
autres formes d'impôts?
1l - L' imoôt c;ur les tranc;actions
Le Kitab al- Minhaj de Makhzümi ne fait pas la distinc-
tion entre les taxes levées sur les marchés, les ports et les
marchandises. La seule démarcation pour C. Cahen se situe en-
tre les marchandises importées (wa~id) et celles exportées
(~iidi~) (8).
La taxe sur les marchandises en vente (~alqa plur~~ilaq)
levée si la marchandise était un produit manufacturé. Dans le
cas contraire, elle n'était pas déterminée par une règle quel-
conque et ce sont les Khum~ , levés surtout auprès des commer-
çants étrangers.
Cet impôt fut si important qu'il fit l'objet de plusieur
réformes pour les marchandises exportées. Cahen pense que
l'impôt n'était pas fixe et était calculé en fonction de la
valeur de la marchandise; une règle définitive ne se déga-
geait pas aU temps de Makhzümi)on levait 3/4 de dinâr sur
chaque ql~a{ de peau de vache exporté et 1,5 dïn~rs pour deux
'qi~a{~ de peau tannée (9).
La principale taxe imposée sur les marchandises des
commerçants musulmans était la zakât levée théoriquement
sur tout bien dont disposait le musulman pour une catégorie
spéciale de la population: les nécessiteux, les nouveaux
convertis à l'islam, les esclaves qui voulaient acheter leur
liberté, les voyageurs, etc ...

- 40 -
La zakat sur les marchandises sous Saladin, s'éleva
à près de 50 000 dinars (10). Les circassiens en période de
crise gonflèrent exagérément cette taxe.Sur les commerçants
non-musulmans, il était levé le wâjib" al.-dhimmI. Il concer-
nait surtout ceux qui trafiquaient à travers la Mer Rouge.
Le jal.iya(plur : jawal.Z) , nom courant pour désigner
l limpôt que les non-musulmans ou dhimmZ6 payaient et que le
6iqh ou droit musulman appelait djizya . Il existait trois
classes chez les imposables:
- Les riches payaient 4 dinars 1/6.
- Les moyens payaient 2 dinars 2 qirats (1/12e).
- Les pauvres payaient 1 dïn!r 1/3 (11).
Mais cette description se rapporte très probablement
à la période
Fatimide, car sous Saladin déjà, cet impôt
rapportait beaucoup et dlaprès Nabulüsi, tout non-musulman
devait payer
2 dinars (12). C'est ainsi que dans Madinat al
Fayyûm : 343 dhimmis ont da payer 686 dinars.
Sous les mamlüks, cette taxe pesant sur les non-musul-
mans semblait bien lourde, surtout au temps de Baybars où
ils avaient pendant un moment payé le double de ce qu'ils
devaient.
Avant 715/1315, le produit des jawdl.i était directement
versé au trésor et ni étai t pas comptabi li sé dans 11 iblLa .
Mais avec le lLawk an.Na~irfJes
jawal.Z furent désormais incor~
porés dans le calcul de l'iblLa de tout iq~a.' et les muq1:a~ü.Yl.
les collectaient eux-mêmes comme les autres formes de revenus.

- 41 -
Mais ce nouveau caractère de la djizya
offrit aux chrétiens
coptes, la possibilité de s'en défaire en se déplaçant de
village en village.
Il existait d'autres formes de taxes que payaient épi-
sodiquement les chrétiens comme celle introduite en 700/1300
par an - Na~;r, après la défaite de ses troupes face aux Mon-
gols, les non soldats devaient participer à l 'éffort de guer-
re.
IV -Les autres formes de taxes
Comme dans tout le monde médiéval
où l'impôt était la
principale source de revenus de l'Etat; il existait en Egyp-
te une multitude de taxes que les impératifs de notre travail
ne nous permettent pas d'étudier toutes en détail. Mais en
raison des exigences financières de l'armée mamlüke nous nous
voyons dans l'obligation de les passer en revue au moins.Cest
ainsi qu'on avait:
- Les taxes sur les propriétés. Appelées à l'origine al
ta~qiV wa al-aqw{m. Elles ne concernaient que la ville du
Caire, al FUh~at . C'est Qutùz qui en 657/1259, pour faire
face à l'armée mongole)exigea le paiement de l'équivalent
d'un mois de loyer à l'Etat.
Les taxes pour la maintenance des services publics. Sou-
vent levées pour payer les salaires à certains fonctionnai-
res, les frais liés à l'irrigation, la maintenance des palais.
ces ~Uham al wilaya
ou ~Uham al WU la
étaient collectées
par l'administration de chaque province.
- L'effort de guerre. Nous en avons déjà parlé avec les
dhimmls, mais les musulmans aussi le payaient au début de
chaque campagne. Il servit surtout à honorer la na6aqa des
émirs. Baybars en exempta les commerçants. Aboli par le sul-

- 42 -
tan Qalawün lors de son accession au pouvoir en 678/1279.
il fut réintroduit en 700/1300 - 1 par An Na~;r sous le
nom de muqa~~a~ al Khayyala
: l'impôt pour la cavalerie.
- Taxes sur les vices. Existantes depuis les Fatimides.
elles furent vivement encouragées par les juristes.mêmes
si elles n'ont jamais été levées de manière continue. Elles
concernaient surtout les brasseries de vin et la prostitu-
ti on .
- Les sources de revenus exceptionnelles. La confisca-
tion des biens était pratiquée occasionnellement. Rabié en
donne plusieurs exemples depuis les Fatimides jusqu'au mam-
lDks.
L'existence de toutes ces taxes montre la complexité
du système mamlük. la diversité de leurs sources de revenus;
elles n'entraient pas toutes dans le calcul de l'ib~a (13)
dont l'élément primordial était le Kha~adj ou l'impôt foncier.
Mais en raison de sa situation dans la société) le mamlùk en
bénéficiait d'une manière ou d'une autre.
Leur organisation exigeait un système de collecte très
élaboré. une administration très fonctionnelle. des agents
compétents.
C - L'ORGANISATION DE
LA COLLECTE
L'étude du cadastre nous éclairera davantage sur elle.
mais
essayons tout d'abord d'analyser:

- 43 -
- La levée directe. Elle était effectuée par les agents
directement subordonnés au muqfa~ et ses soldats, ou ceux
relevant des dfwâns sultaniens, pour le compte du sultan.
Tous les impôts n'étaient pas levés à la même période,
il existait les impôts solaires, comme le Kha~adj , collectés
au moment de la récolte et les impots lunaires tellela djizya.
Pour la djizya , les opérations d'assiettes et de per-
ception étaient le fait des ~u~h~ha~(sing : ~ashir }, aidés
dans chaque district par les adLf..la: (sing : dat.zt ). Il leur
revenait la rédaction des états annuels ou a'matoù ils pré-
cisaient le nombre, les noms et les classes des assujettis.
Voici un exemple d'état qu'on a reconstitué diaprés les in-
formations tirées chez Cahen (14).
Noms inscrits par
Montant de la
Arriérés éventuels
ordre alphabétique
djizya
de chaque classe
Ces listes ne sont jamais définitives car sujettes à
une remise en cause permanente en raison des déplacements
et décès d'oa la tenue d'un journal quotidien par ~n djahbadh
ou makhzùma.
- Le çaman. Ce procédé consistait à ce que l'agent chargé
de la collecte verse à l'Etat une certaine somme qui équivau-
drait à l'impôt de tel ou tel autre district. On l'utilisait
surtout pour les régions éloignées, inutile d'insister sur
les possibilités d'abus de la part des agents. Tout ce tra-
vail de perception et de distribution était centralisé au
niveau d'un certain nombre de services à vocation financière
ou militaire dont nous allons citer les principaux.

- 44 -
II _Les diwâns
Les diwans ou offices, nombreu~ dans l'Egypte médié-
vale, nlont pas connu la même fortune et leur importance a
varié au cours de l' histoire. Citons pour mémoire:
- Le diwan al JaY.6h , dont on a déjà parlé et qui super-
vis ait lia rmé e.
- Le diwan al Kha~~ , chargé des revenus sultaniens.
- Le diwan al Mu6~ad, créé tardivement sous A~ - ~ahir
Barquq et sur lequel nous reviendrons.
- Quant au Bayt al Mâl ou trésor, il perdit de son impor-
tance dans llEgypte mamluke ; pourtant il avait joué un r61e
primordial dans le monde musulman médiévalvayant été chargé
de toutes les entrées et dépenses d'argent. En raison du dé-
mantèlement du vizirat, on assista au déclin de ce diwan au-
quel l'institutionnalisation de l'iq:tà~
a beaucoup contribué.
Par contre se renforça le rôle des diw!ns spécialisés: le
diwan al Kha 99 et le diwan al Mu6~ad.
Leur, existence est attestée par les listes des noms
de fonctionnaires laissées par les historiens. Ibn
Mammati
les désigne comme les serviteurs civils de la plume: min
ha_malat al aqlim : ce sont les employés de bureau, les comp-
tables et les secrétaires.
Certains sont déjà cités au niveau des paragraphes an-
térieurs, mais voici la manière dont ils étaient hiérarchi-
sés.
Dans chaque diwan se trouvait le na~~~ ou contrôleur
responsable de la régularité des actes. Il était sous l'au-

- 45 -
torité directe du mutawallZ , directeur technique du diwan,
choisi en fonction de son honnêteté certes, mais surtout se-
lon ses possibilités à avancer des sommes d'argent aux auto-
rités.
La plupart des agents du diwan comme le mutawallZ , le
~hadd dawawZn (le super-intendant des bureaux) étaient issus
de la classe militaire.
Ce chapitre où nous avons tenté d'analyser les fonde-
ments financiers sur lesquels repose le système mamlük pa-
rait très important. En effet, il doit faciliter la compré-
hension du cadastre égyptien ou ~awk
. C'est presque une
gageure d'arriver à cerner un problème aussi vaste que celui
de l'.[q{â.", mais l'étude détaillée du cadastre d'Ibn al Ji'"ân
notre principal élément de travail, nous apportera très cer-
tainement - du moins c'est notre modeste ofjectif - des in-
formations complémentaires. Avant d'arriver à l'étude de
l'aristocratie mamlOke, la principale concernée, tentons de
faire la génèse du ~awk.

NOTES DU CHAPITRE
II

- 47 -
1.- C. Cahe.n:
"L'évo.tut.-ton de. .t'.-tq:{:a" ... Anna.te~ ESC (1953)
p.
233.
2 . - M.-t~kawayh c.Lté palt Cahe.n,
op. c.Lt. p. 234.
3 . - Maqlt-<-zi : Kh.-t~a1:, c..-tté palt Rab.-té
The 6.-tnanc..-ta.t .!>y.!>te.m
06 Egypt, p.
6.
4 . - Cn· Rab.-té : op. c..-tt. p. 33.
5.- Aya.ton : The. ~y.!>te.m on payme.nt ..• JESHO (1958)
p. 273.
6.-
MaqltZz-t: Su.tük, tltaduc.t.-ton Quatlte.melte,
p.
164.
7.- Rab.-té : op. c..-tt. p. 44.
8.- Le. tab.te.au de..!> d.-t6~élte.nte..!>
c.u.ttUlte..!> ave.c. .te..!> taxe.!> e.n
dZnalt.!> ~e.lta m.-t.!> e.n anne.xe..
9.- Rab.-té : op. c..-tt.
p. 80.
10.- Maqltizi : Kh.-t{à{ c..-ttépalt Rab.-té
op. c..-tt.
p. 84.
11.- Rab.-té : op. c..-tt. p. 88
12.- C.
Cahe.n : Vouane.~ ... JESHO,
p.
244.
13.- POUIt p.tu.!> d'e.xe.mp.te..!>, c.n. Rab.-té : op. c..-tt.
p. 94 à 95.
14.- Maqltiz-t : Kh.-tta{,
c..-tté palt Rab.-té : op. c..-tt. p. 98.
15.- C.-tté palt Cahe.n : Contlt.-tbut.-ton à .t'étude. de. .t'.-tmpôt ...
p.
248.
16.- Niibu.tu.!>i
: Le. TdltZkh a.t Fayyüm, c..-tté palt Rab.-té: op. c..-tt.
p.
109.
17.- L'e.xp.t.-tc.at.-ton de..!> te.ltme..!> te.c.hn.-tque..!> .!>e.lta donnée. dan.!> .te.
c.hap.-ttlte. .!>u.-tvant.
18.- C. Cahen : Contlt.-tbut.-ton à .t'étude. de..!> .-tmpôt.!> dan.!> .t'Egyp-
te. méd.-téva.te. JESHO.

CHA
P I T
R E
III
LA GENESE DU RAWK

- 49 -
La genèse nous paraft nécessaire pour montrer 11 antério-
rité du ~awkpar rapport aux mamluks ; le fait qu'il soit le
résultat d'un long 'processus peut constituer un élément ré-
vé1a te ur pou r lié t ude de 1a f 0 rm at ion de lié ta t ma ml iJk .
Le ~awk ou cadastre est le procédé sur lequel reposait
la distribution des revenus fiscaux tirés essentiellement
de la terre en Egypte médiévale. Est-il vrai que le cadastre
nia existé qulen Egypte? y a-t-iTeuconcommitance entre ~awk
et iq{:ât-?
Le ~awk d'après Heinz Halm (1), aurait pour racine
(R~) : Rukh : terre distribuée. Le ~awk faisait appel à un
ensemble de procédés qui rend le cadastre égyptien très
complet et le différencie du cadastre européen à la même épo-
que. Etablir le ~awk consistait à :
- Distinguer les terres cultivées,des non-cultivées.
- Fixer une hiérarchie de ces terres en fonction de leur
productivité.
- Fixer une valeur théorique des terres:
Déterminer l'état juridique des terres, procéder à la
distribution des vacantes qui ne so~t, ni bien de mulk, ni
waq6
(nous reviendrons sur la défi\\ion de ces termes).
Chaque nouveau ~awk avait pour but d'éliminer la dif-
férence entre la valeur des taxes déterminées par les auto-
rités et les revenus réels, car après chaque révision, on
se retrouvait vite en face de cette incohérence. Donc cha-
que nouvelle révision devait être dans l'intérêt au moins
d'une partie des concessionnaires et dans celui du fisc.

-
50 -
D'après MaqrfzT, il n'y a pas eu de différence sensi-
ble entre le ~awk sous an-Na~ir Mubammad et la période pré-
mamlOke (2). Par conséquent le ~awk ~ existé bien avant les
mamluks.
l - Lp.s rawks antérieurs
Dans une tentative de réponse à la question slil y a
eu concomittance entre l'existence du ~awk et celle de l '~qta~
le professeur Poliak affirmait que le ~awk aurait une origine
mongole (3). Mais cette
hypothèse ne peut être retenue
pour deux raisons, même si les Mongols ont largement influen-
cé les mamlüks . .
- Premièrement, le mot ~awk , ~ukh aurait pour orlglne
étymologique le mot copte
~~6h: "mesurer la terre au moyen
d'une corde" (4). Ce mot
~ô~h serait lui-même dérivé du
démotic ~ukh qui signifierait une certaine manière de dis-
tribuer les terres. De là à attester l 'existencce du cadas-
tre dans l'Antiquité, il n'y a qu'un pas, mais malheureuse-
ment, nous ne disposons pas d'éléments supplémentaires pour
aller plus loin.
- Deuxièmement, dans son introduction, Halm a mentionné
l'existence de registres de taxation dans les années 107/
725 - 6 et sous les Tulünides en 253/867 - 8. Les premiers
.véritables cadastres connus, datent de la période Fatimide,
seulement ils étaient incomplets car ne s'intéressant qu'à
la région du Delta.
a) Sous les Fa~imides:le rawk al Af9ali
Ce ~awk
portant le nom de son initiateur, Al Afpal
Ibn Sadr Jamalî, a été expérimenté en 701/1107 - 8. Le vizir
de Al Amir voulait remédier à la chute des revenus dont souf-
fraient les muqta~unAl Af~al fit dresser une liste de toutes
les terres du Delta pour une meilleure redistribution.

- 51 -
Jusqu'à la fin de l'êpoque fatimide, la pratique cou-
rante était la qabalaqui consistait à ce q'un notable payât
.
.
d'avance pour l'ensemble des habitants de sa localité, l'im-
pOt da au trésor. Seulement la qabala representait pour le
fisc une perte, car souvent le grand propriétaire versait
peu par rapport à ses possibilités.
Al Af~al a voulu surtout tenir compte de l'intérêt du
fisc. Mais avec l'annulation de la qabala, les grands pro-
priétaires se trouvèrent lésés car ayant déjà procédé à un
certain nombre d'aménagements (jardins, pressoirs, bâtiments,
etc ... ). Al Af~al résolut ce problème en transformant ces
biens en propriétés privées ou mulk.
b) Les Ayyubides: le ~awk a~-~alahi
Ce ~awk ordonné par Saladin en 531/1136 - 7, fut l'u-
nique sous les
Ayyübides; son établissement par l'eunuque
BahaLaddin Qaraqus a duré plusieurs mois.
Ibn Mammati a laissé une liste des noms de lieux dans
son manuel pour les fonctionnaires: K~tab qawanLn ad-dawawin
Le ~awk supprima les ~q~â~ des bédouins qui existaient
dans le Deltaet définitivement le système de la qabala . Seuls
.les mititaires sont pris en compte et le pouvoir central se
tailla un domaine pour sa survie: le KhiffoU "domaine de la
couronne". Le ~awka~-~~lShr annonce déjà ce qui va se passer
sous les mamlüks.
L'aspect le plus déterminant de ces ~awk~ était comme
l'ont déjà remarqué Poliak et Ayalon (5) ~ l'accroissement

- 52 -
du pouvoir central. Mais le ~awk al ~us~mi en 697/1298, sur
ce plan, a été un échec, d'oO en 715/1315, An Na~Tr a vou-
lu apporter un rectificatif
le délai très limité entre les
deux le prouve nettement.
a) Le ~awk Al ~usarnf
Ce ~awk, institué par le sultan ~usam al Din Laj1n,
a voulu mettre un terme à l 'utilisation abusive de la ~~mayà
ou protection; les soldats de l'armée régulière ou ajnad
mettaient souvent leurs ~q{â~souS la protection d'un grand
émir qui disposait de sa propre administration et cette si-
tuation créait une certaine confusion. L'émir protecteur pré-
levait une partie des revenus et souvent, finissait par an-
nexer l I~q~a:
Comme dans le ~awk Al Afdali, le sultan voulait à la

fois voler au secours des soldats et mettre un frein au pou-
voir croissant des émirs. Il divisa les terres d'Egypte en
.
(24
.
~uqtre.
l
vlngt-quatre
)qlrats ou partsJ~ppartenalent
au su tan,
dix aux émirs et à la halqaet il en mit neuf de côté pour
assurer la formation d'une armée nouvelle; une part était
réservée aux imprévus.
Mais le ~awk al ~usami ne tarda pas à soulever des
~ontestations de la part des ajnadJLajin s'étant réservé
les meilleuresterres. D'après Maqrizi, la halqan'obtint
même pas la moitié de ce qu'elle avait sous Malik Man~ür
Qalawün, elle se révolta et Lajin fut assassiné en 698/1298-
9 (6).
b) Le ~awk An.Na~'ri
Accédant au pouvoir pour la troisième fois en 698/
1299, le sultan An Na~ir Mu~ammad a réussi là 00 son pré-

- 53 -
décesseur Lajfn a échoué, Le Aawk an-Nâ~,rT. comme les sour-
ces l'indiquent. a contribué à la réduction de la puissance
des mamlùks au profit du pouvoir central,
MaqrTzf a décrit les procédés utiltsés par An-Na~'r
dans les hulük
et Kni~a{ t en se basant sur sa biographie
as - sira an-Na,riya (égarée par la suite).
Le sultan an .. Na,Tr dispersa émirs t fonctionnaires à
travers toute l'Egypte pour mesurer t calculer t évaluer les
terres et leur revenus; lui-même se rend~ en Haute-Egypte
00 tl
r est a pen dan t deux mois. Mal< hzÜm; (7' a beau cOu pin s ; s-
té sur le fait que le cadastre devait être établi dès le mo-
ment de la baisse des eaux t non seulement afin d'être sur
que toutes les opérations nécessaires fussent terminées à
tempstmais aussi pour empêcher que les agents locaux aient
la possibilité de classer dans les non-cultivables t pour le
faire exempter d'impOtt un terroir en réalité cultivable.
Après un travail de terrain qui dura soixante quinze
(75) jours pendant lesquels t superficies t valeurs des taxes t
récoltes t tout a été mesuré et calculé - le Aawk an-Na~;rf
fut établi.
Certains iq~aL des mamlûks burdjites vinrent agrandir
le domaine de la khâhh
qui s'éleva à dix qlAath (parts).
. .
.
Les quatorze autres autres furent distribués aux émirs et
soldats sous forme d'iq~a\\
La hadiya (cadeau)t la diya6a (taxe que le chrétien
devait payer depuis la conquête au guerrier musulman) ainsi
que les jawal~ étaient incorporés dans l 'ibA~ de chaque iq~a:
Le Aawk an ... Nastrï a apporté entre autres i'nnovations
très positives :

-
54 -
- La modification du système
des
.i.q~a.""en limitant 11-Lq:ta<--
1 la terre cu1tiYée seulement.
- Le pouvotr su1tanten se trouva renforcé grace.~ une aug-
mentatton de 42 ~ des -tQILa.~de la kfi.ii~~ , conséquence de la
destruction des immenses iq;tci·
que possédaient certains émirs.
Seulement, comme on 1 la déjà sou1tgné en calculant les ja.wiil-r
dans 11 i6ILa. , il donna la possi5t1ité aux chrétiens de ne
plus slacquitter de cet tmpOt.
Malgré lia diminution de la superficie de certains -Lq;tâc.-
et la récupération d'une parcelle de leur pouvoir par le sul-
tan, les grands bénéficiaires du ILa.wk an-Na~'rf demeurèrent
les mam1Gks du sultan. An Na~ir a diminué les salaires(ja.~a.k-Lya.
et avantages matériels, qu l i1 devait à ses mamlüks, pour les
remplacer par des -Lq~a~. Et nous concluons avec Ha1m que"le
ILa.wk an-Na~'r' est le pas décisif de la "mam1ukisation" de
1 I Egypte".
Ce ILa.wk an-N~~'rf est à la base du travail d'Ibn Duq-
maq et d'Ibn al JilAn.
II l - ~ o.!: r~ .Er 1.n<:.; o_a 1.- ~n~t !:.U!!!e~t _ ci~ _t r:.it va il -=- ..! e_c! d~s!r ~ ~' !.bn
~l_J.!l}N (8)
a) Présentation
Le ILa.wk an-Na~'rï, selon Maqriz; est le dernier ILa.wk
de 1 'histoire mam1üke. Sous le règne du sultan Qaytbày (872 -
801/1468 - 96), on a seulement procédé à une révision du ca-
dastre égyptien toujours d'après le ILa.wk
an-Na~lrî.
Les sources les plus importantes sont les listes d'lbn
al J1'An et Ibn Duqmaq
elles ne donnent pas expressé-
ment l'état originel du ILa.wk, mais à des époques ultérieures·,

- 55 -
les dates d'Ibn al Ji'An se rapportent à deux périodes dif-
férentes et celles d'Ibn Duqmaq à une troisième. Ibn al JitAn
a écrit sous le gouvernement de Qaytbây à la fin du IXe/XVe
siècle, mais comme on peut s'en rendre compte, il a ~tilisé
des matériaux sensiblement plus anciens. Les listes donnent
l'état de l'Egypte en 777/1376 sous le gouvernement de Malik
Ashraf Sha~Ban, c'est à dire soixante-dix (70) ans après le
/tawk
an-Na~1rf.
Ces chiffres sont-ils propres à l'année 777 ?
Certaines expressions trouvées dans le texte comme:
"Mi~a~atuha 6i/t /tawk an-N~~irl. Sa superficie est mentionnée
dans le /tawk
an-Nâ~"r; ou le contraire: "Lam tum~ah
i/t /tawk
an-Na~1rf" montrent que les listes d'Ibn al JiL~n sont une
reprise totale, sinon partielle du /tawk
an-Nislrf (du moins
pour les superficies).
A lad at e de 7 7 7, les po s ses s e urs d 1 i q{à.' son tin t r 0 -
duits par la formule le "village appartenait à l'émir untel"
"kanat bi~mil ami/t 6ulan~A la deuxième date correspondent
les changements intervenus à l'é~oque de Qaytbày. Les nou-
veaux muq{a1ün sont introduits par: "wal an bi~mi 6ulan" :
"maintenant c'est au nom de untel" et peuvent être identifiés
comme les émirs de l'époque de Qaytbay (872 - 890/1468 - 1496)
Ibn al JitAn a écrit pendant cette période et l'utilisation
du temps présent l'atteste.
A cette période apparaissent des changements :" ib/tatuha
ka rat
2000 d
wa~taqqa/tat 1000 d
par exemple: son ib/ta
était de 2 000 d
et il se réduit à 1000 d .
Ibn al JilAn combine deux démarches dans son exposé:
- Démarche géographique qui lui fait distinguer deux ty-
pes de régions: le Delta et la Haute-Egypte.
- Démarche par ordre alphabétique qui correspond, si on
se réfère à Nuwair; (9), à l'ordre qu 1 il y avait dans les

-
56 -
registres de tous les ~q~a~. Pour chaque localité indiquée,
Ibn al-Ji\\Àn donne sa superficie totale, la superficie des
terres dites "naqa " ou celles nettoyées par les labours et
les terres IIkhaJta.6 Il ou en friche (elles sont importantes
en raison des possibilités pour l'élevage), son ~bJta en 777
et le nom de son propriétaire, les changements intervenus
à la fin du IXe/XVe siècle, slil est devenu waq6
, mulk,
Jt~zq ,etc ...
b) La terminologie utilisée par Ibn al Ji~An (10)
- La m~.6a~a(mesure
: elle est enregistrée par le cadastre
en présence des témoins et notifiée par des personnes l layant
établie. L'unité de mesure était le 6eddanéquivalent à 6 368m2
jusque sous Mu~ammad Ali au XIXe siècle.
- L'~bJta :la superficie et la qualité du sol déterminent
11 ~bJta.
C'est la valeur moyenne des taxes obtenues en fai-
sant le calcul à partir des années de bonnes et de mauvaises
récoltes. Cette valeur est exprimée en dtnaJt al jaY.6hZ (dinar
militaire) : une unité de calcul fictive, changeante. Elle
est comptée aussi bien en espèces qu'en grains.
Pour la période de Saladin, Ibn Mammati (11) donne la
valeur du d!nàJt al JaY.6hZ
comme équivalent à un quart (1/4)
de dinar, un ~Jtdabb de céréales (1/3 dlorge, 2/3 de froment).
Pour le IXe/XVe siècle, Al Qalqashandï, Suyûti et Ibn
al J;<~n (11), évaluèrent le d-tniiJt al JaY.6hZ
de llordre de
treize dirhams un tiers (13 dirhams 1/3). Les fluctuations
du dZnaJt al JaY.6h~
dépendaient assez souvent du prix des
céréales et des rendements. Ibn al JivAn dans son introduc-
tion dit que Ill' ~bJta a la fin de l'époque burdjite n'est
qu'indicatif. Au fur et à mesure que la plupart des villages
étaient ruinés, la valeur
de l'~bJta a été redéfinie sans
qu'on ait procédé à un nouveau cadastrage ll • Il s'agit seule-
ment d'une réduction au chiffre rond, souvent pour la moitié
"wal an b~ haqqwan~-é6"

- 57 -
L'étude du ~awk d'Ibn JioAn est extrêmement révélateur
pour l'histoire sociale, militaire et fiscale de l'Egypte
médiévale. Mais avant d'en arriver là, donnons:
c) Les grandes divisions géographiques
L'élément fondamental de la géographie de l'Egypte est,
et a toujours été le Nil, toute la vie dans ce pays s'orga-
nise autour de ce fleuve. Les grandes divisions géographiques
se font par rapport au Nil: le Delta et la Haute-Egypte.
Liste des régions avec leurs ~b~a~ en 777/1376 d'après
Ibn al Ji t-An.
REGIONS DU DELTA
IBRAS
Sharqiyya
1 411 875 d
DawahT al Qahira
153 075 d
Qalyüb
419 850 d
l byar
100 232 d
Manüf
574 294 d
Bu~ayra
741 294 d
Gharbiyya
1 844 080 d
Daqahliyya
596 071 d
Fuwwa
56 846 d
Les provinces d'Alexandrie et
de Dimiyat (que les auteurs
65 000 d
comme Ha l m et Haarman ont nommé
T ug hu~ ·s in g. : Tagh~ :fortification)
REGIONS DE HAUTE-EGYPTE
QÜ~
414 663 d
l khmi'm
243 925 d
Asyüt
323 920 d
Manfalüt
5 500 d
Ushmùnayn
726 040 d
Bahnasa
1 302 642 d
AtNh
143 997 d
Gfza
62 000· d
Fayyum
164 050 d
Pour chacune de ces provinces, Ibn al Ji~An donne le
le nombre de ses localités oar ordre al~habétique, avec tou-
tes les informations utiles.

- 58 -
Chacune de ces provinces voit au moins 80 % de ses
ib~a6 alloués avec précision sauf:
- Manfalùt dont on nia pas l'ib~a total où seulement
5 500 d
sont alloués. La quasi totalité de ses iq!a~ revien-
nent au diwàn al Khass .
. .
- Al Giza : Ibn al Ji~An lui donne pour la totalité de
ses ib~a6
: 62 000 d, mais ceci représente en fait l'ib~a
d'une localité
car l 'étude détaillée donne au moins un ib~a
de 155 230 dTnars.
- Al Fayyüm : même situation que pour Giza. L'auteur lui
accorde 164 050 d,alors qudib~~ des émirs à lui tout seul,
équivaut presque à ce total. Al Fayyùm fait un ib~a d'au moins
369 165 d. Les quelques imprécisions n'enlèvent rien au ca-
ractère exceptionnel du cadastre, si on sait qu'Ibn al Ji~An
en recopiant des documents administratifs a bien pu se trom-
per quelquefois. Ainsi, d'après ce cadastre, la totalité des
ib~a6
de l'Egypte s'élève à 9446189 dinars, répar,tis en-
tre les priviligiés de la société. On distinguera les élé-
ments traditionnels, des éléments qui n'existaient pas dans
l'esprit originel du ~awk.

r - - - - - - - - - - - _ - - - - - - -
M
E
1
Delta
1 - - - -
~
_+__-----J.Ullrr---....,....-----t.
2
-
- -
EGYPTE
,f / J,oo. 000
3
1

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40
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.....
~
L
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Haute Egypte
1
3
1
1
L
_ LI------------t.,


NOTES DU CHAPITRE
III

- 64 -
1.- He~nz Halm : Agypten nach den Mamluk~~chen Lehen~eg~~te~
t.
1,
p.
8.
3.- Pol~ak : Le ca~actè~e colon~al ... REI
(1937),
p. 37-48.
4.- Rab~é : The 6~nanc~al ~y~tem ""
p.
50.
5.- Pol~ak :Feudal~~m,p. 23. Ayalon : A~my II,
p. 451.
6.- Maq~~z~ : Kh~ta~,
p. 383, Sulük, t~aduct~on Quat~emè~e,
p.
69.
7.- Makhzüm~ c~té pa~ Cahen
L'~mpôt dan~ l'Egypte ... p. 267.
8.- Une photocop~e d'une page du ~awk e~t jo~nte en annexe.
9.- T~aduct~on de Cahen : L'adm~n~~t~at~on ... de l'a~mée
Fa:{:~m~de JESHO.
70.- Van~ ce pa~ag~aphe, nou~ n'étud~e~on~ que le~ te~me~
l~é~ a l'évaluat~on de l'~q~a~, quant a l'étude de~
6o~me~ ju~~d~que~ de la te~~e, elle ~e~a ~ntég~ée dan~
l'analy~e du cada~t~e.
71.- C~té~ pa~ Halm : op. c~t. p. 41.

CHA
P I T
R
E
IV
ETUDE DE L'ARISTOCRATIE MAMLUKE EN 777/1376

- 66 -
L'aristocratie se définit essentiellement par ses pri-
vilèges, sa situation dlélé~ation, de no~le. Ainsi parler
.
.
,
d'aristocratie mamlTIke peut sembler paradoxal dans la mesure
00 les mamlOks ont une origine servile. Seulement, une aris-
tocratie ne se définit pas uniquement par sa naissance mais
aussi, par le rOle quelle joue dans la société, rôle aussi
bien économique que public, donc par le pouvoir qu'elle y
exerce.
Cette étude de l'aristocratie consiste essentiellement
à sa restitution à partir du cadastre en 777/1376. Pourquoi
cette date de 777 ? Correspond-elle à un évènement particu-
lier? Quelle en est la signification?
Les premières décades du XIVe siècle inaugurèrent une
brillante période dans l'histoire mamlüke ; période au cours
de laquelle les sultans procédèrent à une réorganisation des
finances sans précédent (1).
Le Ita.wk de 1315, comme on lia déjà dit, permit le con-
trOle de l larmée par le sultan et la concentration entre les
mains de ce dernier du système des taxes (2) ; ce phénomène
favorisa une stabilité politique qui se traduisit par le long
règne de
Malik Na~'r Mubammad de 709/1310 à 741/1341.
Cette stabilité politique fut aussi le gage d'une sta-
bilité financière nécessaire au développement du commerce,
qui sur le plan
"national" était surtout orienté aux deux
capitales: Le Caire et Damas (3). Les transactions entre
les deux villes se caractérisèrent par une certaine intensi-
té, c'était à partir dlelles
que partaient les marchandises
pour inonder 11 ensembl e de 11 Egypte et de l a Syrie . Mai s la
mort de An-Na~;r Mu~ammad en 741/1341 révèla hélas la pré-

- 67 -
carité de cette relative stabilité et plongea l'Eg~pte dans
des troubles dOs en grande partie par les convoitises des
émirs vis ~ vis du pouvoir. Ainsi, entre 741/1341 et 777/1376
sur la dizaine d'émirs qui accédèrent au pouvoir, neuf d'en-
tr'eux furent assassinés ou déposés (4).
De 764/1364 et la remise ~ jour du ~awk en 777/1376,
Asnraf Snaaban s'est surtout attelé ~ réduire toute forme
d'opposition
en Egypte.
Ibn Tagnribirdi dans ses Nujüm a~-~ah;rï nous donne
les noms de plusieurs émirs qui ont été tués ou exilés sous
As hra f Shat ba n. Par con s éque nt, l' a nnée 777/ 137 6 i l lus t r e
très certainement le triomphe de Ashraf Sha~Ban qui se tra-
duit par une remise à jour du ~awk (5).
A - LES ELEMENTS "TRADITIONNELS" DU RAWK
1 - La réserve du sultan
Sur les 9 446 189d (6), le sultan nia pu récupérer que
9,67 % soit, 913 968d (y compris les 227 580d alloués aux
mamlûks sultaniens). Le sultan est présent dans toutes les
régions d'Egypte, sauf Ibyar et Manüf (7). Les ~b~a~sont
concentrés surtout dans la région du Delta relativement plus
riche (plus de 80 % de ses ibras). Avec ses 9,67 % on est
loin des dix parts de
An.Na~ir Mubammad. Signifient-ils une
baisse du pouvoir chez Ashraf Sha~Ban ? La réponse semble
être ou; dans un premier temps, mais elle doit être atténuée
avec l'apparition d'éléments nouveaux:
- Plusieurs localités allouées au sultan sont sans ib~a~
c'est le cas de celles situées dans ManfalOt (8). On aurait
pu essayer dl év al uer l 1 ~6~a de ces l oca lités s; on sava; t

- 68 -
que l' ib~d minimum d'un iq{à' sultanien équivalait à 1 000 d,
d'oO llib~d
de MaTlfalüt s'éle'i!èit à 19500 d (9).
- D'autres localités avec des i6~d~ énormes ~ comme Jaza D
hir bil Malatiat (10) dans la province d'lkhrn;m
: 30 OOOd -
sont dépourvus de muq-ta.t. (10), on peut penser faci'l ement qu' el-
les appartenaient au sultan.
- Les biens de propriétés pr1vees représentés par 1,4 %
du total sont possédés a 75 % par le sultan et sa famille.
En plus de tout cela, les membres de la famille sulta-
nienne se voient attribuer d'énormes iqta~ (nous y reviendrons)
Naturellement, les iq~à~des mamlüks sultaniens sont inclus
dans le diwan al Kha~~ même si parfois Ibn al JiLAn les dis-
tinguent (154 300d leur reviennent dans la province de QalyÜb
pa r exemp le) .
Les revenus du sultan relevaient de trois diwans selon{l
Maqr;z; dont deux ont joué un rôle particulièrement important
sous les premiers mamlüks. Il s'agit:
- Du diwan al Kha~~ chargé des frais de la cour et du pa-
lais, du financement des fêtes religieuses et de la distri-
bution des cadeaux et vêtements.
- Du diwan as-Sal~aniya qui avait pour rôle de distribuer
la viande aux mamlûks sultaniens, d'acheter la nourriture
pour le bétail. Donc, il revenait à ce diwan la prise en char-
ge totale des mamlüks sultaniens.
Tous les iq{à~relevant des diwans entrent dans le fonc-
tionnement de l'état. Mâlik Ashraf Shat.Ban possédait des
biens privés ou mulk dont malheureusement Ibn al JicAn ne
donne pas toujours l' ib~d, c'était le cas de BUtaina dans
la province de Gharbiyya, sinon les ib~d~ de ces mulk sont
en général très élevés; celui de Saft Rashin dans la provin~
ce de Bahnasa s'élève a 22 OOOd (12).

- 69 -
Les amlik (sin. mulkldu sultan, pouvaient être vendus,
hérités ou offerts. Le diwan al A·uqaf wal aJ1)lâk as-Sharifa-
dtwin des
waqf et propriétés privées du s~ltan - avait à sa
tête un ~à?~~(13' ou inspecteur chargé de la surveillance
de ces a.mla.k.
La signification réelle de la réserve du sultan et la
part de ses mamlüks n'apparaTtra que comparée
aux revenus
des émirs.
II - Les émirs
Si lion se reportait à la distribution de An.N'a?;r
Mu~ammad, les ib~a.~ des émirs devraient s'élever à 5 510 276d
à savoir 58,33 % des 9 446 18id , ces 58,33 % correspondant
aux quatorze parts (14' des émirs. Mais en réalité, la part
des émirs s'élève à 39 % des ~b~a.~ J soit un peu plus de
neufs qZ~a{~ . Seulement la part des muq{a.tün correspond à
2 788 744d ; et cette appellation générale de muq~a.Lü~ dé-
signe certains petits émirs, des soldats de la ~alqa ; on
peut avancer sans exagération que les trois qr~a~~ et demi
au moins retournent aux émirs.
Dans la distribution figurent cent trente trois person-
nes citées nommément et parmi lesquelles, nous avons pu iden-
tifier
- Dix-sept commandants de 1 000 et émirs de 100.
- Dix-huit émirs {a.blkha~a
- Deux émirs de dix.
- Une dizatne d'émirs dont seules les fonctions sont con-
nues, ~ais pas les rangs.
- Dix fils de Màlik Ashraf Sha~Ran et deux de ses frères.

- 70 -
1°) Les grands émirs: émirs de cent et commandants de mille
Sur les dix-sept commandants, figure un seul walad an-
(nous reviendrons sur la définition),: Abmad b
A1mâ1ik (15),
très certainement un fils d'ancien sultan. Seuls deux d'en-
tr'eux étaient déjâ commandants de mille avant Mi1ik Ashraf
Shatban : Qut1uqtamür al ~la~; (16) en 763/1362, ce qui ex-
plique le fait qu'il fut éloigné du pouvoir pendant un moment( 7'
et Aydamur as-Sharnsi (18), mam1ùk de an-Na~;r Mu~ammad, ce
dernier l'avait promu commandant de mille (18). Quatre sont
devenus commandants après la mort de Ashraf Shtban : Kha1ï1
b ~rram (19) en 779/1377, Timur bay al ~asanï (20), la même
année, Qut1ubügha al Kauka~i (21) en 783/1381 et Südün al
Fakhr; (22) en 783/1377.
Par conséquent, Ashraf ShaC.ban a promu onze commandants
de mille: Bashtak min Abda1karirn al Ashrafi (23), Bahadür
a1 J amal; (24), ?a r gatm i s h a1 As hra f ; (2 5), Sü dün Jar kas a1
Manjakï (26), ~A1amdar al Mu~ammad; (27), Mubarak a~-Tàz; (28),
Sa rai t amu r a 1 Mu ham ma dï (2 9), TaydamTI r a 1 Bali si (3 0), don t
.
la carrière débutera réellement sous le successeur de Ashraf
Shalbàn : Man~ür, Qut1ubugha as-Shabani (31), Ba1ât (32)
avec quelque réserve) et enfin A~mad b Al Malik.
Ainsi en 777/1376, il existait en Egypte treize com-
mandants de mille. Naturellement, on est loin des vingt-qua-
,tre commandants de la période de Malik an.Na~;r Mu~ammad dont
parle Maqriz; dans les Khi~at, mais ceci n'atteste pas une
diminution du nombre de ces commandants. Les chiffres donnés
par Maqriz; semblent être les objectifs que se sont fixés
les mam1üks et rien ne prouve qu'ils aient été atteints.
Ces dix-sept émirs détiennent près de la moitié des ~
des émirs soit 1 082 805 d, ce qui montre leur situation de
privilégiés; seulement, aucun d'entr'eux n'est suffisamment
puissant pour contrer le sultan. Mais leurs avoirs dépassent

- 71 -
souvent et de très loin les 100 000 dtnars fixés par comman-
dant
de mille sous Malik an-Na~ir (33), du moins pour les
quatre premiers du tableau. Leur situation est très variable.
Abmad b Al Malik avec ses 4 000 dinars devait entretenir très
difficilement ses cent mam1ùks, à moins qu'il n'ait eu d'au-
tres sources de revenus; il avait brigué un poste qui nor-
malement ne lui revenait pas.
A partir de 4 000 dinars, le commandant de mille était
plus proche d'un émir ta~ikhâna. Par quoi s'expliquaient ces
inégalités? Probablement car le fait que la plupart de ces
émirs aux ressources minimes en tant que commandants de mille,
étaient tabikhana
sous Ashraf Sha~Ban et leur cromotion ne
.
.
s'accomcagnant pas toujours d'une augmentation de 1eurs~b~a~(3 ).
Ils sont dix-huit, même si leur nombre devait être
beaucoup plus élevé car la situation financière des dix émirs
dont les rangs ne sont pas connus s'apparente beaucoup à la
leur. Mais le chiffre de dix-huit est raisonnable dans la
mesure où il était exactement le même sous an-Nasir Muham-
.
.
mad (35). Avec un ~b~a
de 534 625 d, ils étaient presque
tous {abikhina
sous Ashraf Sha~Bin. Il s'agit de : Tashtamur
al 'A1a"~ (36), Aqtamu r a~-~ahibï (37), Ïna1 al Yûsufi (38),
A1janbugha al Mubammadi (39), Iyas a~-~arghatmishï (40),
'Kizil al Arghün; (41), Ya1bugha al Mupammadi (42), 'Ali b
Qush~amür al Man~ür; (43). Ya1bugha al ManjakT (44), Mithqa1
at-Taw~sh' (45), ~gbu~i ~$ (46), Sas1an al Man,Orï (47),
~ajji bakmin Shadi (48), Mu~ammad b Taz (49), tA1i b Manjak
al Yùsufi (50), Müsa b 'Umar
(51), A~anbugha as-Saifi (52),
~arbugha an-Na~iri (53). Parmi eux figurent quatre awiàd an-
'Ali b Qushtamûr, Mu~ammad b Jaz, cAl; b Manjak et Musa b 'Umar.
Quant aux émirs de dix, ils sont très peu nombreux (les
retrouve-t-on en Syrie? c'est fort possible). Il s'agit de
Tashtamür a~-~a1ihi et Mu~ammad b Sunqur (55).

- 72 -
Avec ce nombre d'émirs l'armée de Malik Ashraf Sha~ban
pouvait elle atteindre le chiffre de 24 651
éléments suggé-
rés par Maqrfzi (66) ou les 133 000 dont parle A~-Zàhirf au
.
milieu du XVe siècle? Naturellement
nous ne disposons pas
t
de toutes les informations pour réoondre à cette ouestion :
nous ne connaissons pas le nombre des effectifs
stationnés
en Egypte ; ensuite, ce n'est pas parce qu'on est émir tabl-
khana qu'on devait nécessairement avoir quarante mamlüks.
30) L'évolution des fonctions
Sous Ashraf Sha~bân, les commandants de mille occupaient
les fonctions d'émir ~ila~ , d'u~tada~ , na-ib de région ou
de la citadelle, bajib al ~ujjab (67).
Les ~ablkhana : dawàda~ al KabZ~, ~a'~ nauba, émir
akhü~ ... etc. Ces fonctions correspondent-elles à une hiérar-
chie établie?
Sous les mamlüks, les fonctions des émirs ont subi
beaucoup de transformations; pendant très longtemps elles
ont suivi la tradition ayyübide, mais avec l'arrivée de BaY7
bars al Bunduqdari en 658/1260, de nouvelles charges firent
leur apparition (68).
Sous les Ayyübides, les émirs les plus importants ont
"été: 1 'u~tàdà~ et 1 'émir janda~ , ensuite ce furent le na)
ib a~ ~al{ana, l'atabak al ~~aki~ (69).
Sous Baybars, l'ordre des fonctions s'établit comme
suit: nàJib a~-~al{ana, atàbak, u~tàda~, émir janda~, dawa-
da~, émir akhü~, les deux hàjjib (70). Cet ordre connut des
variations peu im~ortantes jusque sous les circassiens où
on a : atabak al ~~aki~, émir ~ila~, émir majli~, émir akhü~,
~a~~ nauba an nuwâb, dawada~ al KabI~, hàjib al Hujjab.

- 73 -
Si nous nous reportons à notre tableau, sous Ashraf
Sha"ban
la fonction de na'ib a complètement dis!Jaru·· - cet-
te situation annonce déjà ce qui va se passer sous les cir-
cassiens -, le ~a·.6na tb:tet l'émir a~hü~ firent leur appari-
tion, mais au niveau des {abl~hana seulement. Quant au ~ajjib,
il va perdre très certainement son importance, en effet à
la fin du XVe siècle, on le retrouve uniquement chez les
émirs de 40.
Cette étude des éléments traditionnels du ~aw~ montre
qu'une nouvelle fois,les mamlüks sultaniens
comparés aux
mamlüks des émirs et aux soldats de la ~alqa , demeurent
les bénéficiaires du ~aw~ en 777.
Malik Ashraf Sha'ban, dont la ma1trise de la situation
se manifeste à travers le nombre limité des grands émirs qui
il a presque tous nommés, !J0ssède une armée assez forte et
stable. Le fait que les émirs ne disposent pas de la même
puissance financière, empêche toute forme de coalition contre
le sultan
Tous ces chiffres présentés ne veulent pas dire grand-
)
chose
si on~essaie pas de percer le mystère qu'ils renfer-
ment, leur signification sur le plan économique
que seul le
pouvoir d'achat d'un émir peut déterminer. Mais ce tableau
demeurerait incomolet si onnanalysait pas la situation des
iléments dénotant une transformation de l'esprit originel
du JtawL

- 74 -
COMMANDANTS DE 1 000
NOMS, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
Références pour
dinâ rs
llidentification
Bashtak min Abdalkarim al Ashrafï:
Ibn Taghribirdï
Ta-seuTe-cnose-qu'on-sait de-lui-
170 500 Nujüm ~ IV (éd.
est qulil était commandant de 1 OOC
Popper) pp. 227-
avant sa mort en 778/1376
. 291
Bahadür al Jamàli : Shadd dawa-
win Tsupër-intënoant ses dïwâns)
en 768/1367. Il fut promu comman-
Nujùm T IV pp.
dant de 1 000 en 770/1368-9. En
160 620 207, 211, 214,
tant que ustâdar, il conduisit la
215, 233, 301,
caravane du pélerinage, il trouva
409
la mort sur la route en 768/1386
QutluqtamQr al ~lâ·I : En 763/1362
emTr-de To~ promu commandant de
1 000, mais Ashraf ShaL.bân l'éloi-
152 540 Nujûm T IV : pp.
gna en le nommant na>ib de ~afad
177, 193,206,
un certain temps avant de faire
375
de lui en 768/1367 : émir jandâr
Südùn Jarkas al Manjakl : Comman-
oant-de T UoU en-775!1173, il oc-
cupa les fonctions d'ustadâr en
78 500 Nujüm T IV : pp.
222, 296, 298,
779/1377 pour terminer émir akhùr
300, 311, 314
en 781/1379
Alamdar al Mubammadi : Oawadar
sous-le suTtan-N!~Traddin al
Hasan en 758/1357. Ashraf ShaV
ban fit de lui en 771/1370 :
61 200 Nujüm T IV : pp.
grand ustâdàr avant de lléloigner
149, 271, 613
en 774/1372 comme na>ib de Safad.
Il fut déchu par Al Mansür cAli en
778/1377
Mubarak at-Taz; : en 768/1366 émir
1aolihana'ët-jukandar (responsa-
Nujùm T IV . pp.
ble du jeu de polo). Promu comman-
59 800 207, 222, 298,
dant de 1 000 en 775/1373, Al Man-
s~r ~l'
299
le nomma ra~s nauba kabïr
èn 778/1376

- 75 -
COMMANDANTS DE 1 000 (suite)
Ibras en
Références pour
NOMS, RANGS, FONCTIONS
dinars
l'identification
Ay dam ur as -$ ham si: ma ml Ük de an
NaFir Nuoaiiimad: ce dernier le pro-
H. Halm :Agypten
mut commandant de 1 000 et Ashraf
nach den mamlu-
Sha~ban le nomma en 778/1377 (à la
54 810 kishen Lehensre-
fin de son règne) na)ib al Ghaiba
gis te r - T. I
(commandant de la citadelle). Il
p. 65
meurt en 783/1381.
Saraitamûr al-Mubammadi : la seule
chose quTon saTt-de TuT est qulil
52 000 H. Halm . op. cit
était déjà commandant de 1 000 en
p. 147
778/1376
Khal il b "Arram : 768/1367 : Shadd
ad~dawawTn: tn-779/1377, il fut
successivement nâ~ib d'Alexandrie
39 500 H. Halm . op. cit.
et vizir avant d'être promu com-
p. 161
mandant de 1 000 et ustadâr. Il
retrouva son poste de na'ib d'A-
lexandrie en 782/1380
Timur Bay al-~asan; : Emir Tabl-
Kh!na en-77571~7~,-il devint com-
mandant en 779/1377. ~ajïb al H,uj-
32 600 H. Halm : op. cit
jib en 792/1390, il mourrut la
p. 259
même année dans le Fayyüm
Taydamur al Balis; : sa carrière
aéouta' 'sous NaTiK Na ns ùr. 1 l fut
promu commandant de 1·000 en 765/
Nu j üm I IV: pp.
1364. Ashraf ShatBan le nomma
28 700 178, 191, 197,
I1767/1366 émir silaD, 768/1366 us-
204, 212, 222
Itadar, 769/1368 nâ'ib d'Alexandrie
Qutl ubugha as ~ Shac.banî : 767/1365
Nujüm I IV : pp.
emTr--t-a'bTklïana: tn-775713 73, il fut
23 700 198, 206, 211,
ra>s nauba et commandant de 1 000
214, 221
Balat:
la seule chose mentionnée
sur Tui ; il était commandant de
13 000 Nujûm I IV . pp.
1 000, mort en 812/1409
224, 292

- 76 -
~OMMANDANTS DE 1 000 (suite)
NOMS, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
Référence pour
dinars
l'identification
gul1Qb~g~a al !au~~ i: Emir de dix
sous Ashra1 ~haLDan, il a attendu
jusqu'en 782/1380 pour devenir émir
tab1khana et commandant de 1 000 en
21 300 Nujùm l IV : pp.
783/1381, émir Si1a~ sous le sultan
~ajji, Barqüq le fit en
323, 351, 356,
784/1382 :
hâjib al Hujjab. Il mourrut en
428
785/
i383
.
Ahmad b A1ma1ik : wa1ad an-nas fait
H. Ha1m . op.cit.
càmmanaant-de T 000, il devint na)
ib de Gazza en
4 000 p.' 70
775/1373, il trouva
la mort en 793/1391
Dix-sept commandants de 1 000
1 082 805

- 77 -
EMIRS TABLKHANA OU DE 40

NO~S, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
Références pour 1
dinars
l'identification
Tashtamur al ~1~' i ad daw~d~r :
promu emTr-tibTknana-sous ~snraf
Nujüm T IV : pp.
Sha"b!n en 772/1370 avant d1être
129, 215, 218,
"
dawadàr al Kabir. Il devint nà'ib
227, 230, 234,
de Damas sous al Mansür en 778/
143 725
289, 739, 768,
1377. Le sultan ~fijji le muta corn
771, 802
me na> ib, successivement à Jéru-
salem, ~afad et ~umah entre 783-
784/1381
Aqtamur as-Sahibi al Hanba1i :
Uawàaar ën-70971~6~,-promu-émir
tablkh~na en 775/1373, fut n~'ib
às-Sa1tana. Mansùr cA1i1e destitua
74 000
H. Ha1m . op.
Dour 1ê nommer nà>ib de Damas en
cit. p.
778/1377. Il mourrut en 779/1377
Ina1 'al Yilsufi : émir tab1khana
en-70871~67.-Ashraf Sha~bân le
nomma ra's na uba. Il devi nt suc-
Nujüm T IV : pp.
cessivement na'ib de Tarabu1us,
34 900
207, 221, 308,
~afad et ~a1ab et atabak de Damas.
338, 372, 395,
On 1e r et r
485, 521, 546,
0 uve sou s Bar q üq a ta ba k
al ~sakir en 792/1390, fonction
591, 616
ou'i1 garda jusqu'en 794/1392.
A1janbugha al Mubammadi : émir
H. Ha1m : op.
~ao1ihXni ën-77571~7~ -
29 000
cit. p. 68
Sarbugha an Nasir; : émir de 10
sous-Ashrar "S"hi"oàn ; cAli Man~ür
Nujüm T IV . p.
le promut émir tab1khâna en 778/
28 300
295
1377
lyas_ai i ar~hatmi~hi : Dawadàr
~aofr en 778/1~70, devint émir
28 000
H. Ha1m : op.
tab1khana en 782/1380
.
cit. p. 132
Kizil al ArghOnï : émir de 10 en
76~/T307: aevint-tab1khana en
25 900
Nujüm T IV:.
778/1377
p. 207,220
Sas1an al Man~ürï :
emTr-aihOr-avant-d'avoir le rang
25 000
H. Ha1m : op.
de ~ablkhana en 769/1368
cit. p. 110

- 78 -
EMIRS TABLKHANA OU DE 40 (suite)
Ibras en
Référence pour
NOMS, RANGS, FONCTIONS
di nàrs
l'identification
Yalbugha al Mubammad' . émir tabl
Nujùm T IV . p.
Khana en-77871177 - -
.
24 500
227
~11 b Qushtamùr al Manlür; :émir
Nujum'r IV . p.
23 000
~aolKhana en-70771160
- -
23
Yalbugha al Manjaki : émir tabl-
Nujüm '1' IV : pp.
Khlna sous-Ashrar !haLban. Il mou
21 000
227,307,468,
rut en 778/1377
520
-
A~bugha Al
:émir
~abTkn!na en 768/1367, on le re-
H. Halm : op.
20 000
trouve sous Mansür ~li en 779/
cit. p. 90
1377 sans fonct~on précise
Mithqal at Tawashi : muaaddam des
iail~ks,r~l·eunu~ue de ~idi Anuk
b an-Na~ïr Mu~ etZimam
ad -dar
(gardien de la maison) avant d'ê-
H. Halm : op.
tre en 762/1361 muqaddam al ma-
14 500
cit. p. 146
malik as-sultaniya
(commandant
en chef des mamlüks sultaniens)
Il fut demis en 775/1374 et mour-
rut en tablkhana en 776/1374 - 5
( 1 )
.
Muhammad b Taz . émir tablkhana
Nujum T IV :
14.000
iort-en 77E/T376
op. 227, 382
~ajji bak min Shadi : 775/1373
Nujûm T IV :
13 800
emTr-tabTknana: iort en 781/1379
pp. 222, 342
'Ali b Manjak al Yüsufi : émir
Nujùm 'f IV :
8 000
ïaolKh!na en-77871170 -
p. 227
Müso b "Umar al Azkaji : émir
H. Halm . op.
TaolKhlna,-~.jTb-elustad~r, mort
4 500
ci t. p. 90
en 780/1378
A~~n()uQha !s-Sa i.!i'_Arghü.!! : men-
t'~nné sous ~snraf SnaLban comme
H. Halm : op.
ém i'r de 10. 1l mou r rut ta bl khan a
2 000
cit. p. 94
en ]9.1/~lJ89
Total: Dix-huit émirs tablkhâna
534 625
(1) Mitbqâl est le seul à avoir trouvé la mort avant
777.
Ibn JP'An l'aurait-il inscrit par inadvertance~

- 79 -
EMIRS DE DIX
Ibras en
Références pour
NOMS, RANGS, FONCTIONS
dinàrs
11 identificatiün
.
Tashtamùr as-Salihï
~
:emlr de dix
37 000
H. Halm · op.cit.
~
- - - - -.-.- -
-
·
P. 103
Mubammad b Sunjjr : émir de dix en
~77871~77,- en 8ITO/1398 : ust'âdar
4 000
H. Halm · op.cit.
·
D.
661
Total ~I émirs de dix
41 000

- 80 -
EMIRS DONT LES RANGS NE SONT PAS SPECIFIES
NOMS, FONCTIONS
Ibras en
Références pour
dinars
l'identification
Altunbugha al ~thman; a~-~âhirf
T50)-ra-'s nauba en-7"9"ITl!8"9",-de-
92 200
H. Halm :op.cit.
vint nà'ib de Gaza en 795/1393
p.
107
Uthman as -Sharafï (57) : Kasif
oe-la Haute tgypte (inspecteur
37 000
H. Halm :oo.cit.
auprès du gouverneur
D.
98
Qul1ubagha al Fakhr; (58) : com-
mandant oe-la citaoeTle du Caire
28 000
sous le sultan Hajji en 791/1389
Julban al ~ajib (59) : Fut-il
27 800
~àJiD
H. Halm . op.cit.
sous-Barqüq ?
p. 543
Mithqàl al Jamali al ~abàshï (60),
Zimam al"=- our as- "5"har;fa Tgardien
Nujüm T IV :
du palais sultanien), fonction
21800
pp. 29, 308, 315
qulil perdit en 779/1377. Il
515
meurt en 791/1389
Baktamur al Husain; (61) : sous
~snraf-Sna"Z"btn-:--wali du Caire
20 625
H. Halm . op.cit.
et nâlib d'Alexandrie
p.
98
Khalil b Tankizbugha (62) :seu-
~e-son-existence-en 791/1389
17 000
H. Halm . op.cit.
est mentionnée
p.
78
~araitamur : raJs nauba (63),
en-7"9"171189 : na~ib al ghaiba
17 000
H. Halm . op.cit.
du Caire (commandant de la ci-
tadelle)
p.
64
Bashtak an-Nàsïri (64) : sàhib
al-qa~r waT Oàmmlm : intendant
de palais et de ~ammâm (lieu
13 000
H. Halm . op.cit.
pOo n pre na i t l' e s bai ns) 778/
p. 607
1376
Mubammad b Kilbu~ha (65) :
~h!da al-Kna~~-: super inten-
H. Halm . op.cit.
dant des fonds privés du sul-
6 000
[tan
p. 428
Total . Dix émirs
P80 425
i
,
i

ETAT DU CADASTRE EN 777/1376
lbra
Sultan
Emirs
HuC! ta~ij
Awlid an
Mamlûks
r
RêBions du
To ta 1
Bedouins
Waqf
Mulk
nil s
Sultanien
elta
Sharqiyya
1 411 875
25 400
446 985
5n3 323
35 550
70 280
56 518
22 300
4 200
Oawahial
153 075
23 150
7 000
QlI h1ra
59 850
3 000
13 500
4 500
QalyUb
419 850
17 070
68 700
91 100
154 300
15 400
14 600
1bylfr
100 232
42 610
38 000
12 800
4 000
Manüf
574 629
232 250
252 816
39 520
'3 100
Z 000
Bu~ayra
741 294
75 203
318 192
295 663
25 000
Z6 910
ZO 189
Z 300
Gharbiyya
1 844 080
51 650
358 450
833 933
173 400
13 640
3D 350
3Z Z50
Da gahliyya
596 071
5 000
195 100
2Z2 304
53 000
1 600
6 150
800
Fuwwa
56 846
17 200
16 000
11 700
3 ZOO
Tughür d'Alex
andrie et de
6S- 000
23 665
13 000
6 500
5 500
300
Z 000
DimyU
Haute-Egypte
Qjj~
414 663
70 000
233 700
44 150
(Xl
60 000
Il 800
8 000
lkhm"m
243 925
68 000
78 000
58 315
Asyüt
323 920
45 500
199 500
51 4Z0
15 500
Manfalüt
5 500
Ushmünayn
726 040
36 000
387 375
141 600
91 000
10 400
Bahnasa
1 302 642
56 000
793 Z5(1
Z10 010
44 600
6 000
Z3 300
A~n~
143 997
3 200
86 600
25 850
4 000
G1za
62 000
6D 000
49 880
36 000
1 350
8 000
FayyDm
164 050
103 850
125 875
93 160
26 000
16 Z80
4 000
Totaux et
686 388
9 446 189
107 Z68d
159 ZIZ
1+-227 580
107 950
3652 467 2738 467
747 320
2Z7 580d
",913 968
Pourcentages
9,67 ,;
38,66 %
2,40 %
29,52 % 7,91 1
1,13 %
1,68 1
1,14 1
(en dinars)

- 82 -
B - LES ANOMALIES DU RAWK
L'histoire des bédouins dans la société égyptienne
est très particulière dans la mesure où ils ont toujours
constitué une entité autonome. Ce peuple de nomades, con-
trairement aux autres habitants de l'Egypte, qui s'instal-
laient dans la vallée du Nil, préférait les bordures de
l'Egypte, les zones de sable, les marécages etc ... et ne
s'adonnait généralement pas à la culture de la terre. La
base de leur organisation sociale était la tribu qui agis-
sait comme un corps uni.
1°) Le phénomène bédouin et les maml~ks
L'implantation bédouine - surtout en Haute Egypte -
siest faite sans discontinuité depuis l'époque Fatimide.
Divisés entre tribus yéménites et tribus qaysites, on re-
trouve les bédouins disséminés à travers toute l'Egypte
du Delta jusque dans le Haut ~aLld (vers la Nubie).
La politique des mamlùks à leur endroit s'est toujours
caractérisée par une certaine ambiguité : le fait de les u-
tiliser comme force auxiliaire dans l 'armée et la surveil-
lance des grandes voies de communication, n'empêchait pas
les mamlüks de les massacrer à la moindre révolte. Selon
Maqriz; et Ibn Iyâs : entre 651/1260 et 754/1253, les mam-
lùks se sont livrés à des actes très barbares vis à vis
dieux (71) et après la batail.le de Badr
b Sallam en 781/1379,
l 'atabak Ba~qüq
fit venir les vaincus, les Hawwara pour
peupler la province du ?atid.

- 83 -
En réalité, la collaboration des bédouins était indis-
pensable à l'état mamlük ; l'exemple des Judham, des RabiL-a
et des grandes tribus yéménites de Syrie est très significa-
tive. Ce sont ces tribus, en relation régulière avec l'état
mamluk qu'on nomme Il'uILban a!-;Ça>a (72) ou arabes soumis. En
retour de services rendus, les mamluks leur octroyaient des
iq~i< et elles devaient régulièrement des IIdons ll ou taq4dim
au sultan, des fournitures de chevaux à la poste officielle,
des transports de fourrages.
La participation des "UILbiin
à
la conquête de la Nubie
est largement évoquée par les auteurs. En 674/1275, Nuwayri
cite les ~ILbin
du sud parmi les corps expéditionnaires;
en 686/1287 ; il s'agit des clans appartenant aux Quraysh,
les Banu Hilal et les Banu Kanz. L'expédition de 688/1289-90
a rassemblé 40 000 ~ILbin (72).
Mais ce travail de collaboration n'empêchait pas les
bédouins de se révolter de temps à autre. Ils profitaient
surtout des périodes de déstabilisation pour se manifester,
comme lors de la menace mongole en 700/1300 - 1. Les ~~bin
se sentaient étrangers à la société des mamlüks et ils étaient
traités en conséquence. Ainsi, d'aorès Qalqa!R1andï
: 1I1 es
chefs bédouins en visite au Caire sont logés dans la même
maison gouvernementale où l'on faisait aussi descendre les
ambassadeurs étrangers et les hôtes de marque: Dar al Di-
yafa" (73).
Ainsi les rapports entre les mamlùks et les bédouins
étaient très complexes, mais la sauvegarde des intérêts par-
ticuliers (de chaque groupe) servait d'éléments régulateurs.
Malik an_Na~;r était connu pour la facilité avec
laquelle il attribuait des iq~d~ aux tribus arabes.Qalqashandï

- 84 -
rapporte d'après le Ta'~in deux nominations d'émirs du Sud:
Na~ir ad-Din 'Umar
Ibn Fa~l et Sumayra Ibn t.1alik (74). Ces
nominations montrent la volonté des sultans de réduire toute
opposition de la part des tribus arabes en leur imposant des
chefs dévoués à leur pol itique. Les iq~a.· des 'u~bàn étaient
concentrés dans la région du Delta; les 107 268 (1,13 %)
qui leur sont alloués oroviennent d'iq:{:à:supervisés par l'ad-
ministration centrale.
Rab1é estime que le taux détenu par ces bédouins est
énorme dans la mesure où la fonction première de l'iq~à.'" est
de pourvoir des sources de revenus à des responsables de sol-
dats (75). C'est vrai dans un certain sens, mais la compli-
cité de ces 'u~ban était nécessaire à la stabilité surtout
économique; le commerce à grande distance exigeant une sé-
curité sur les routes.
II - Les fils de mamlùks ou awlad an-nas
1°) Leur position dans la société
,
Onny insistera jamais assez, selon la tradition mam-
lüke, seul un mamlùk né hors de l'Etat mamlük, acheté comme
esclave avait droit d'accès aux fonctions militaires ou po-
litiques. Ainsi le fait d'être mamlük était la oremière con-
dition à remplir pour bénéficier d'un iq:{:a~
Que les fils de mamlüks puissent bénéficier dl iq:{:à v
pose un problème d'ordre juridique. Ils étaient certes des
privilégiés, car ces aw!ad an.na~ - les fils des gens, de
l !élite - dans leur jeunesse recevaient une ration alimentai-
re et de l'argent de poche, étant adulte, ils pouvaient in-
tégrer le régiment de la ~a!qa au même titre que les hommes
libres, les non-mamlüks, d'ailleurs ils en constituaient
lié l ém ent l e 0 lus 0 r est i gi eux (76). Mai s cet tep 0 s i t ion ne
leur conférait pas l'accession au pouvoir.

- 85 -
Les trounes de la ~aiqa ont connu sous les mamlüks
baDrites une certaine période de faste. Ainsi en 712/1313,
lors de la distribution, elles avaient reçu leur part avant
les mamlùks sultaniens (77), ce qui ultérieurement aurait
créé des remous. Leur prestige remontait en effet, comme on
l'a déjà dit, au siège d'Accre, seulement elles ont su le
maintenir jusque sous les premiers mamlüks. Le déclin de la
~aiqa a commencé sous An-Nasir Mubammad dont le ~awk fut éta-
bli à ses dépens et au grand bénéfice. des mamlDks sultaniens
qui formèrent désormais l'ossature de l'armée.
Toute l'histoire ma~lnke a été marquée par la perma-
nence de la lutte menée contre les risques de dérapage par
rapport à "l'idéal mamlOk" d'une part, et d'autre part le
désir tout a fait naturel de la part du sultan de s'arroger
le maximum de pouvoir.
La position des awiad an-na~ nous semble être un bon
paramètre pour jauger les fluctuations que connaissai~lt le
pouvoir mamlük.
2°) La composition des awi5d an_nà~
On les reconna1tra slils sont clairement définis dans
l'opération d'identification comme étant fils ou frères de
Malik Ashraf Shatban ; slil en va différemment, on se base
sur leurs noms. Généralement les fils de mamlûks ne portaient
pas des noms d'origine turque, mais des noms arabes et musul-
mans; naturellement il pouvait bien y exister des exceptions.
Parmi les awiâd an_nâ~ , on distingue:
a) Les enfants de Malik Ashraf Sha~ban et ses frères

- 86 -
Noms
Ibras
'A" (78 )
238 650 d
~aj j (79 )
97 170 d
Mu~ammad (80)
94 000 d
Qasim (81)
76 600 d

Abù Bakr (82)
55 700 d
~asan (83)
44 500 d
Isma"i 1(84)
15 000 d
Sulayman (85)
10 000 d
Khali 1 (86)
1 000 d
Ahmad (87)
800 d

Total
10 enfants
663 420 d
Frères
Noms
Ibras
Anùk (88)
49 600 d
Ibrahim (89)
22 900 d
Frères de Shatban
(sans spécifier)
3 000 d
Total
75 000 d
Les iq{a·de ces fils et frères suivent de très près
ceux de Ashraf Sha~ban. La région où ils sont le mieux re-
présentés est celle du Caire où ils détiennent 39,10 %,
Dlus du double de ceux du sultan. Par ailleurs, les deux pre-
miers fils ~l; et ~ajj sont devenus sultan Dar la suite. La
puissance que leur a octroyée leur père y est pour beaucoup.
(Ali à lui tout seul détient ~lus d'ib~a~ que n'im~orte quel
grand émir. Avec ses 238 650 d, il pouvait prendre en char-
ge au minimum 171 mamlüks - presque autant que deux comman-
dants de 1 000, et ~ajj : 70 mamlùks, la capacité d'un émir
!-ablkhàna.

- 87 -
Haarman (90) tente d'expliquer l'inégalité des reve-
nus entre les fils de Ashraf Sha c ban,d'une part
par le droit
d'ainesse (ce qui est olausible), et d'autre part par la no-
blesse de leurs mères. La deuxième explication nous parait
un peu fantaisiste, d'autant plus que l'auteur lui-même nia
pas jugé utile de définir les critères de cette noblesse.
Quant aux frères ou
.6J:d-i..6 (messieurs) leur nombre est rela-
tivement limité.
b) Les autres
Dans la rubrique "aw.tiid an.na.6 Il du tableau, seuls
dont comptabilisés les ~roches du sultan, quant aux autres
aw.tad
(fils de mamlüks,
ils sont inclus dans la colonne
lIémir ll puisqu'ils occupent des rangs et fonctions. Il s'agit
de
- Un commandant de 1 000
Ahmad
,
b Al Malik, na)ib de
Gazza (4 000 d).
- Quatre émirs
: Ali b Qushtamûr
23 000 d
Mu hammad b Taz
.
.
14 000 d
(Al; b Manjak
8 000 d
Müsa b ~mar
4 500 d
- Un émir de dix : Mu~ammad b Sunqür
4 000 d.
- Un émir dont le rang n'est pas défini
Mu~ammad b
Kilbugha
60 000 d.
Ces aw.tiid an.na.6 , se voient attribuer 1,7 % des ib~a.6
des émirs, soit 63 500 d. Le pourcentage est énorme si on
sait que ces awlad an~nâ.6 n'y ont pas droit.
Ce phénomène est un signe du dérèglement du système
déjà entamé sous Mâlik Na~;r Mu~ammad et peut être même
bien avant, car depuis Qalàwün (XIII e siècle), les sultans
se sont succédés de père en fils et constituaient ainsi une
véritable dynastie. Cette personnalisation du pouvoir est
contraire à l'esprit mamlLik.

- 88 -
Les grands émirs plus ou moins marginalisés arrive-
ront-ils A renverser la tendance? La suite du ~awk nous
éclairera davantage, mais en attendant, analysons la situa-
tion des biens du waq6.
En 777, on n'est pas encore A l'époque circassienne
00 les biens de waq~
atteignent un taux trés élevé dans le
~awk ..
Le bien du waq6 s'apparente aux biens de main-morte
existants en Europe médiévale. De la racine wq~
: s'arrêter,
le waq6 présente des facettes multiples; malheureusement,
il n'existe pas une étude systématique de cette notion. Dans
l'encyclopédie islamique l'article waq6 n'est pas encore étu-
dié et Claude Cahen ne l'a malheureusement analysé que dans
ses tous premiers débuts (91). Il fait remonter les origines
du waq6 A l'époque ommeyyade sous le calife al Hish~m (724-
743)
Le waq6se présente sous forme de legs
pieux
garantis
par la loi au bénéfice irrévocable de bénéficiaires désignés.
Les bénéficiaires peuvent être des personnes privées et dans
'ce cas, on les appelle auqâ6 al ahliya
ou des institutions
religieuses et A oartir de ce moment, on a affaire aux ahba~
ou ~izaq al haqba~iya selon l'expression de Maqrizï (92).
Ces ahba~ servaient A l'entretien des mosquées et zawiya
(lieux de retraite), A payer les hommes de lettres et ceux
chargés d'entretenir ces institutions pieuses. C'est le cadi
Tauba b Namïr qui en 115 - 120/733 - 738, procéda A l'orga-
nisation et au contrôle de ces biens pour assurer leur des-
tination comme ~adaqa (aux pauvres) et empêcher qu'ils fus-
sent aliénés ou hérités et les mit sous le contrôle du cadi
du Caire (93).

- 89 -
Mais c'est Saladin qUl lnaugura 1 1 ère des grandes do-
nations pieuses telles
celles qu'on va trouver dans le ~awk
d'Ibn al Jitan. Rappelons le, il fit de Nastarü qui rappor-
tait un ib~a
de près de 17 500 G (impôt levé sur le produit
de la pêche) waq6 , au bénéfice des veuves et orohe1ins. Mais
à la fin de l'époque Ayyûbide, un élément nouveau appara't
dans le waq6 . Selon Nâbu1usï, dans le Ta~1kh ai Fayyüm, (94),
le Fayyüm et les villages environnants devaient payer une
somme variant de 0,5 à 20 dinars au drwan ai Hahba~. Il s'a-
s'agissait plutôt dlune taxe destinée à renflouer les cais-
ses du d..twa. n .
2°) La part du waq6 en 777
Pour l'ensemble de l'Egypte la part du waq6 était de
1,68 % soit 159 249 d qui se répartissait comme suit:
- 15 900 d allaient à la famille de Malik Ashraf Sha<bân.
- 39 666 d à des institutions pieuses et hommes de lettres.
Ainsi selon J. Garcin : "il n'est jusqu'aux 6uqa~a dont les
~ibat ne doivent sans doute au moins une partie des ressour-
ces qui ont servi à leurs constructions, aux revenus dont
le cadastre assurait la répartition" (95 ).
- 29 650 d aux descendants du prophète Mu~ammad dans le
Hedjaz.
- 48 839 d revenaient à des familles de particuliers, d'an-
ciens émirs comme Mank1ibugha al Fakhr; ou Ya1bugha al Umarï.
Qu'est-ce qui leur valait cette faveur? Leur puissance an-
térieure, probablement.
La présence incontestable des Sha/feites(96),
les
malékites ont été cité une seule fois.
Une attention particulière est accordée à la Mosquée
Ibn Tu1un, mais malheureusement, nous ne disoosons pas de

- 90 -
l'ensemble de ses ib~a~ . Quant a Al Ahzar, qui Dourtant exis-
tait depuis 1358, aucun ib~a
ne lui a été accordé, sauf pour
certains de ses enseignants.
Toutes les formes de waq6
décrites sont présent~s en
777. Leur part n'est pas négligeable si on considère le nom-
bre assez réduit des bénéficiaires.
En conclusion a cette répartition des ib~a~ en 777,
il nous est très difficile dlattester que la division des
terres d'Egypte en 24 qirats est respectée, le phénomène
est da en grande partie.a
la présence abusive de Malik
Ashraf Sha~ban et sa famille: ce qui est totalement contrai-
r e a l ' es prit 0 ri gin e 1 du ~ aw k. • En ef f et, de pui s Qu1awün
en 678/1279, les sultans ba~rites se sont succédés au pou-
voir de père en fils, et ainsi le sultanat prend un carac-
tère plutOt dynastique
que IImamlükll.
Avant de passer a l'évolution du cadastre, essayons
de comprendre la signification de ces chiffres.
III - La signification économique du cadastre en 777
------------~-----------
Elle ne peut être perçue qu'a travers la notion de
pouvoir d'achat d'une part, et d'autre part la place des
mamlüks dans la vie économique du pays.
1°) Le pouvoir d'achat
La notion de pouvoir d'achat est indissociable de
celle du coat de la vie. Nous allons les étudier a partir
surtout des tableaux fournis par Ashtor (97 ). Ce dernier
siest basé sur les chroniques de Mubtasib qui notaient non-
seulement les prix a des époques de chertés et de bon mar-
ché, mais aussi les prix normaux.

- 91 -
Ashtor a p~ étudier 1I1 a signification de ces chiffres
en tant que symptOmes de l'évolution économique du pays du
Nil à la fin du Moyen-Age". Seulement il semble dresser un
tableau trop sombre de l'histoire mamlüke, comme s'il n'y
avait jamais existé une certaine stabilité politique, 'en
l 'occurence le règne de An Nasir Mubammad. Ceci n'enlève

rien au caractère technique et fouillé de son travail, même
s'il faut émettre quelque: réserve à sa manière d'apprécier
les prix.
Nous ne nous intéresserons pas à l lévolution de ces
prix, mais plutOt à leur valeur aux alentours de 777 dans
le but d'obtenir une idée de ce que pouvait être le coat
de la vie à cette date. Nous essayerons de le cerner à par-
tir de trois éléments:
- Llaliment de base.
- Les prix de mamlüks.
- Quelques produits de luxe, y compris le bâtiment.
a) L'aliment de base
1l a toujours été en Egypte le bl é et l 1 orge qui se
vendaient par i~dabb (il équivalait à 69,9 kg).
Froment: - Janvier 1375
125 à 130 dirhams
- Mai
1375
20 dirhams
- Fin 1381
40 dirhams
Orge
- Janvier 1375
80 dirhams
- Avril
1375
20 dirhams
- 1382
50 dirhams
Les hausses des prix sont en général liées à des crues
insiffisantes du Nil. Mais si on compare ces prix avec ceux
des périodes ultérieures, on peut dire que les années 1375 à
1376 ont eu d'assez bonnes récoltes; 777/1376 n'était pas
une année de famine. Qulen était-il des prix des mamlüks ?

- 92 -
b) Le prix du mamlük
L'achat du mamlùk était une des transactions princi-
pale, sinon la principale 00 on investissait beaucoup de
milliers dp dinars; l'achat et la formation d'éléments nou-
veaux étaientu~besoin permanent dans une Egypte confrontée
à sa défense vis à vis de l'extérieur et au maintien de l'or-
dre à l'intérieur.
Les sources fournissent en général des renseignements
sur les prix des mamlüks, surtout pour ceux qui ont fait car-
rière par la suite ou qui sont parvenus à des hautes digni-
tés. Ainsi ('98) :
- Le sultan Qalàwün avait coOté 1 000 dTnârs.
- Le sultan Baybars avait coOté 400 dinârs parce qu'il
avait une t3~e à l'oeil.
- Tatar en 801 a été acheté pour 12 000 dirhams (600 di-
nars) .
Seulement ces prix ne donnent aucune idée de ce que
pouvait valoir un jeune mamlùk inconnu qu'on vendait pour
la premti.ère fois. Maqrizi' dans les Sulük ( 99) affirme que
sous An Nasir Mu~ammad, les marchands d'esclaves achetaient
.
.
un mamlük à 20 000,30 000,40 000 dirhams (soit 1 000,1500,
2 000 dinars), tandis que le sultan payait jusqu'à 100 000
dirhams par tête soit 5 000 dinars". Seulement il faudrait
émettre des réserves et ne pas procéder à des généralisa-
tions hâtives car l'émir Bashtak a été acheté par An Na~ir
pour 6 000 dirhams (300 dinars).
Quant à Ayalon, il évalue le prix d'un mamluk au
IXe /XVe siècle, à 50 - 70 dfnirs environ, ce qui para1t
raisonnable.

- 93 -
c) Prix des produits de luxe
Dans la première moitié du XIVe siècle, la cour des
mam1aks babrites déployait un très grand luxe qui n'était
en réalité que le reflet de la richesse des émirs et sultans
de l'époque. D'après les informations trouvées chez Ashtor,
une pièce de lin d'Alexandrie coOtait 35 dinars (99). La
pièce de coton filé de broderie d'or: 7,5 à 17 dinars .
. L'historien Ibn Wasi1 raconte que le sultan Baybars
avait donné à l'émir Sayf Din deux calottes en brocart va-
lant chacune 100 dTnars. Quant aux renseignements sur les
prix des loyers, ils sont rares. Néanmoins, en voici quel-
ques exemples:
- En 1333 : "le palais de Baisari, rue Bain al Ka~ran
s'étandant sur deux 6eddan6et évalué à 190 000 dirhems a
été vendu 200 000 dirhems (1 000 dinars) Il (lCO) . Ce qui
dénote l'existence d'une certaine spéculation.
- En 1378 : "Shams, fille du médecin juif Ibn Sha1am,
donne à son oncle le pouvoir de vendre la moitié de la
maison qu'elle avait héritée de son père pour 1 000 dirhems".
Le prix du cheval nous para't un bon indicateur dans
la mesure 00 c'est un élément réservé à la classe militaire.
Les chroniqueurs racontent qu'en raison de la demande exces-
sive, le prix du cheval qui avait été de 300 dirhams atteint
1000 dirhams (101) . Dans l'ensemble, on peut affirmer sans
exagération que le coat de la vie vers 777 n'était pas très
élevé si on sait qu'il suffisait d'une somme comprise entre
1/2 dirhem à 3 dirhams par jour pour vivre. En fonction de
ces prix, e~sayons de reconstituer les dépenses d'un émir
de 100 et d'un émir {ablkhana (102).
Bashtak avait des revenus de 175 500 d dont 3/4a1-
laient aux émirs; il devait lui rester 43 875 d . Chaque

- 94 -
mam1ùk devait lui coOter 1 316,25 d
normalement. A raison
de 3 dirhams par jour, il suffirait de 1 095 dirhams (5,475
dinârs) seulement a Bashtak pour manger pendant toute une
année, ainsi il pourrait nourrir près d'un millier de person-
nes pendant une année ou se payer quarante-trois (43) palais
Baisalri.
Qut1ubugha al Kauka~r un des émirs {dblkhànd les moins
riches avec un ~b4d
de 21 300 d et avec théoriquement sous
sa charge 40 mamlüks avait à sa disposition 5 325 d et cha-
que mam1ùk devait lui coOter 399 dinars. Il avait la possi-
bilité de se nourrir à
raison de 5, 475 dinars et de se
payer un palais à 1 000 d;n~rs, de nourrir 100 personnes pen-
dant un an (547,5n Tout cela lui reviendrait à 1 553 din~rs
et il lui resterait près de 4 000 dinars (les 4/5).
La richesse des mamluks
ne fait pas de doute
qu'el-
le était l 'utilisation de ces dinars?
2°} Le rôle des mam1üks dans la vie économique
Le 4dWk an-Nasiri a été extrêmement important
dans
.
la mise en place des structures de l'Etat mamlük. La com-
plexité du système des taxes nécessita la mise en place
d'une administration efficace et un nombre d'agents élevé.
Mais l 'organisation mamlùke a bien su détourner le rôle de
cette administration: on assiste petit à petit à une pri-
vatisation du pouvoir utilisé désormais à des fins person-
nelles. C'est ainsi que les mam lüks
et les membres de leur
famille
arrivèrent à jouer un rôle très important dans la
vie économique du pays. Ils construisaient des routes, des
hippodro~es, faisaient des travaux d'utilité publique. Na-
turellement, ils levaient des taxes sur tout cela et arri-
vaient à se constituer d'énormes fortunes.
Ainsi celle de Tankiz gouverneur de Damas en 712/1312 -
741/1340, lorsqu'elle était saisie s'élevait à : "360 000

- 95 -
dinars, 1 500 000 dirhems, des vêtements d'une valeur de
640 000 dinars et 4 200 têtes de bétail" (103). Le sultan,
ceG~'~ambre d'émirs pouvaient stock~ plusieur tonnes de grains
l'émir Sayf Din Sallir laissa une fortune qui slélevait a
300 000 irdabbs (1 500 000 boisseaux)de blé, orge, haricot,
plus, de l'or, de l'argent des vêtements précieux.
Les grands émirs spéculaient en général sur les grains.
Ainsi ils arrivèrent petit a petit à s'en arroger le commer-
ce (ceci sera surtout vrai au XVe siècle). Par conséquent
l'émir rnamlük~avec les membres de sa famille~ pouvait déga-
ger un véritable surplus, grâce à·~
privilèges énormes;
surplus qu'il réinvestissait ou sur lequel il thésaurisait.
Ainsi naissait en Egypte une véritable caste de privilégiés.
En conclusion à
ce chapitre où nous avons tenté de
reconstituer l'aristocratie mamlüke, nous Douvons d'ores et
déjà attester son existence. Dans une Egypte pas spéciale-
ment pauvre, où une régularité de~
revenus tirés des dif-
férentes taxes permit l'enrichissement de la classe militai-
re constituée en caste.
Cette distribution des revenus, sous forme dl iqtav
s'était faite de manière assez équilibrée même si on note
une suprématie de Ashraf Sha'ban et sa famille; il a pu
s'imposer et préparer l'accession au pouvoir de ses fils.
Cette situation résistera-t-elle aux assauts des ca-
lamités naturelles, ou sera-t-elle profondément modifiée?
C'est ce que nous allons essayer de voir en étudiant l'évo-
lution du cadastre entre 800 et 885.

NOTES DU CHAPITRE
IV

- 97 -
7.-
C6.
Lap.{.du.6 : MU.6.t.{.m CLtùz..6,
p.
76 à 25.
2.- C6.
Chap.{.t~e .6U~ .ta genè.6e ~awk.
3.- Lap'{'du.6, op.c.{.t.
4.- C6. tab.teau ch~ono.tog.{.que de.6 .6u.ttan~ au début d~ .ta
:thè.6e.
5.- S.{. p.tu.6.{.eu~.6
em~~.6 ont d.{..6pa~u en 777, .t~ p.tupa~t de.6
.{.q{a~dev~a.{.ent
êt~e vacant.6
d'où.ta néce.6.6.{.té de p~o­
céde~ à de nouve.t.te.6 a6~ectat.{.on.6 et p~om0t.{.on.6 d'ém.{.~.6,.
6.- Tou.6 le.6 ch.{.~6~e.6 .6ont le ~é.6u.ttat de ca.tcu.t~ à pa~-
t.{.~ de.6 donnée.6 t~ouvée.6 chez Ibn a.t J.{.~~n. Le.6 tab.teaux
de.6 d.{.66é~ente.6
pé~.{.ode.6 .6ont .{.n.6é~é.6 dan.6 .t'exp0.6é.
7.- C6. tab.teau : état du cada.6t~e en 777/7376.
8.- Ibn J.{.lAn, p.
784;
Ha.tm:
op.c.{.t. T.
7,
p.
99 à 702.
9.- Man6a.tùt comp~end 75 .toca.t'{'té.6 toute.6 a.t.touée.6 au .6u.t-
tan une .6eu.te d' ent~r e.t.te.6 Kl'ln~ Bûq a un '{'b,ta de 5 500d
7 OOOd x 74 .toca.t.{.té.6 = 74 OOOd + 5 500d = 79 500d.
70.- Ibn JitAn, p.
725.
77.- Ha.tm,
op.c.{.t.,
p. 44.
72.- Ibn J.{.lAn, op.c.{.t., p.
768,
.t.{.gne 77.
73 • -
Ra b'{' é,
0 p . c.{.t.,
ri. 754 •
74.-
74 qZ~at.6
d'ap~è.6 .te ~awk an Na~~~~, ~ep~é.6entent .ta
pa~t de~ ém.{.~.6 pou~ t'en.6emb.te de .t'Egypte. Pou~ obte-
n.{.~ un qZ~a{, nou.6 avon.6 d.{.v.{..6é 9 446 789d pa~ 74.
75 . -
Ibn J-<.. .. An, pp.
76 ,
55,
73,
7 77 ,
777,
796.
76. -
Ibn J.{..Ân,
pp.
9,
734,
759,
784.
77. -
C6. tab.teau de.6 ém.{.~.6.
78. -
1 bn J,,["An,
pp.
8 ,
78 ,
34,
75 3 ,
75 5 ,
159,
! 68,
773,
794.
79.- Ibn J.{.eÂn,
p.
163.
Pou~ comp.téte~ ~O.6 .{.n6o~mat.{.on.6 .6u~
.tu.{., nou.6 .6omme.6 obl.{.gé.6 de nou.6 ~é6é~e~ à .t'ouv~age
de HaPm,
op.c.{.t., pp.
767,
399,
404, 670,
772.
20.- Ibn J-<.. .. ,4.n, pp.
76,
705,
720.

- 98 -
2 1. -
Ibn. J~·An.,
pp.
152,
171,
182.
22. -
Ibn. J~'An.,
pp.
48,
77,
147.
23. -
Ibn. J~·An.,
pp.
56,
86.
9 1 ,
10 1 ,
105 ,
138,
162 ,
185 .
24. -
Ibn. Ji • Àn., pp. 57, 105 , 109,
1 1 5 ,
1 19 ,
126,
139,
147,
150,
154,
159 ,
168,
1 73 .
25.-
Ibn. J~'Àn.,
pp.
12,
15,
26,
30,
32,
36,
48,
52,
77,
87,
95,
99,
102,
104,
117,
118,
128,
155,
161,
184,
186.
On. l~ t~ouv~ au~~~ ~ou~ l~ n.om de Sa~gatm~6h ai Ala~I.
26. -
Ibn. J~"An.,
pp.
6 5 ,
12 3 ,
12 6 ,
129,136,
1 5 1 ,
16 1,
16 8 ,
1 7 9 ,
19 1 ,
1 9 4 .
~
27. -
Ibn. J~t.An.,
pp.
24,
100,
107,
1 15 ,
150,
168,
174,
186,
190.
28. -
Ibn. J~"Àn.,
pp.
3 5 ,
1 18 ,
12 4 ,
1 50 ,
1 71 ,
17 3 ,
17 6 .
29.-
Ibn. J~cÀn.,
p.
8 1;
Halm ,op . c.~t. , pp.
72,
143,
147,
153.
30.-
Ibn. J~t.Ail,
pp.
20,
40,
4 1 ,
1 1 4 ,
1 25 ,
14 1,
1xO.
3 1 . -
Ibn. J~"An., pp. 15 3 , 18 1 .
3 2. -
Ibn. J~cAn.,
p.
20.
33. -
Maq~Zir, le~ Kh~-t;a{. Le texte ,.ie~a jo~n.t en. ann.ex.e.
34.- Nou~ avon.~ c.he~c.hé un. c.omplémen.t d'~n.6o~mat~on.~ en. c.~
qu~ c.on.c.e~n.e {e~ avo~~~ de~ ém~~~, ma~~ malheu~êu~emen.t
n.ou~ n.'en. avon.~ pa~ t~ouvé.
Le~ ém~~~ déten.a~en.t-~f.~
de~ ~q:tà.v
e.n. Sy~~e ? Gaude6~oy de Vemombyn.e~ dan.~ la
"Sy~~e à {'époque mamelouRe"a po~é la que~t~on. ma~~ n.'a
pa~ pu y ~èpon.d~e c.a~ d~t-~t:
Ii u ava~t à Vam~~ 2150
ém~~~ d~ 10, en. y c.omp~en.an.t te~ ba~~~te~. "Le~ 6~e6~
don.t ~l~ d~~po~en.t n.'app~oc.hen.t po~n.t, d~t te ma~at~R,
de c.eux de l'Egypte, ma~~ n.'~n. atte~gn.en.t que le~ 2/3,
~au6 c.eux de~ p~~n.c.ipaux ém~~~ qu~ ~on.t dan.~ l'en.tou~a­
ge ~mméd~at du ~ultan ~t dont t~~ 6~~6~ ~ont ~~ b~~n
ho~~ d~ la c.outum~ qu~ t'on n~ ~au~a~t 6a~~~ d~~ c.al-
c.ul~ à l~u~ ~uj~t". Gaud~~6~oy d~ V~monbyn.~~, op.c.~t.,
p.
189.
La plupa~t 0~~ ~n.60~mat~on~
c.h~z Gaud~6~oy V~mombyn~~
~~mont~nt à l'époqu~ d~ Qatàwün. Pou~ l'~n~tan.t, on n~
d~~po~e pa~ d~ c.ada~t~~ ~~m~ta~~~ à c.~lu~ d~ l'Egypt~,
pa~ c.on~équ~nt ta qu~~t~on ~~~t~ po~é~.
35.- ~aq~ZzZ, l~~ Kh~-t;a~, c.6. t~xt~ ~n ann~xe.

- 99 -
36. -
Ibn JilAn,
pp.
1 2,
1 5,
30,
32,
36,
48,
52,
77,
87,
95,
99,
102,
104,
1 1 7 ,
1 55,
16 1 ,
1 84 ,
186 .
37. -
Ibn Ji"An,
pp.
38,
71,
89,
160,
1 6 8 ,
174.
38. -
Ibn Jit.Àn,
pp.
46,
1 2 7 ,
192.
39. -
Ibn Ji'An,
pp.
40. -
41 . -
1 bY'. Jit.An,
pp .
11 6,
1 38,
1 76,
1 8 1 .
.
42. -
Ibn Jie.An,
pp.
1 2,
78,
165,
188.
43. -
Ibn Jit.Àn,
pp.
32,
74,
1 23,
1 69,
193.
44. -
Ibn Ji"Àn,
pp.
24,
47,
1 23,
1 69,
193.
-
45. -
Ibn Ji eAn,
pp.
34,
45,
107,
143.
46.-
1 bn JicAYl,
pp.
1 66,
1 80,
186.
47. -
Ibn JitAn,
pp.
48.-
1 bn JicAn,
pp.
42,
83,
1 34,
165.
49. -
Ibn Ji~An, p. 46.
50. -
Ibn Jit-Àn,
p.
1 86.
51 . -
Ibn Ji <-An, p.
1 14.
52. -
Ibn JitAn, p.
1 5 1 .
53. -
Ibn Jit-An,
p.
129.
54. -
Ibn Ji'An,
pp.
10,
1 1 2 ,
1 22,
1 23,
1 74,
1 83.
55. -
1 bn Ji"An,
p.
22.
56. -
Halm,
op.
cLt. , .or) . 107, 179, 226, 269, 3 1 7 , 334, 366,
370,
383,
567,
6 1 6,
659,
680,
71 0,
756
( c. e.-6 Jté 6éJte.nc.e.-6
c.onc.e.Jtne.nt .t e.-6 ibJta-6,unique.me.nt. c. e.ll e.-6 qu.<. -6ont dan-6
.te. table.au .6e. JtappoJttant à l'ide.rtti6ic.ation .
57.-
Ibn Jie.An,
pp.
105,
1 8? .
58. -
Ibn Ji';A,n, p.
189.
59. -
Ibn JicAn,
pp.
97,
J 6 1 .

- 100 -
60.-
Ibn JA.-cAn,
pp.
121,
828.
61.-
Ibn JA.-cAn,
p.
159.
-
62.-
Ibn JA.-°Art,
pp.
30,116,157,158,169,175,193.
63. -
Ibn JA.-1Àn,
p.
1 9 1 .
64. -
Ibn JA.- c Àn,
pp.
2 1 ,
23.
65. -
Ibn JA.- 'Àn,
p.
133.
66. -
MaqJt!z~, l e..6 KhA.-~at, c- 6. table.au e.n anne.xe..
67. -
C6· table.au d'A.-de.ntA.-6A.-c-atA.-on de..6 é.mA.-Jt.6.
68.- Ayalon : StudA.-e..6 on the. .6tJtuc-tuJte. 06 the. aJtmy 111
BSOA, p.
t8.
69.- Su(ük : c-ité pan Ayalon, op.
C-A.-t., p.
67.
70.- Suluk e.t le..6 KhA.-ta~ C-A.-té.6 pan Ayalon, op. C-A.-t., p. 68.
71.- MaqJt~zZ : Sulük,et Ibn Iya.6 : Bada~i : C-A.-té.6 paJt A.H.
Sale.h : Le..6 bé.douA.-n.6 d'Egypte. au Moye.n-Age..
72.-
J.
Ga,'Lc-A.-n : Un c-e.ntne mU.6ulman QÜ~, p. 366.
73.- Qalqa.6handX
Subh c-{té paJt Sale.h, op. C-A.-t., pp. 62, 63.
74.- Qalqa.6hand~
C-A.-té pan J. Ganc-A.-n, op. C-A.-t., p.
367.
75.- RabA.-é.:
FA.-nanc-A.-al .6Y.6te.m ... , p.
35.
76.-
Atja.ton
StJtuc-tUJte. 06 the. mam anmy II, p.
459.
77. -
Ayalon
op.
C-A.-t. StJtuc-tUJte. 06 the. mam aJtmy II t p. 453.
78. -
Ibn JA.-~Àn, pp. 6 , 7 , J 1 , 1 2 , 1 3, 46, J 2 , 8 J , 98, J 24,
1 39,
140,
143,
1 46,
1 69,
183.
79. -
Halm : op.
C-A.-t. , pp.
69.,
136,
209,
322,
361,
3J1,
384,
550,
571.
-
80.-
Ibn JA.-"' An,
pp.
81 ,
11 6 ,
1 57,
159. .
81.-
Ibn JA.-t-An,
pp.
7,
13,
30,
1 59.
82. -
Ibn JA.- tAn,
pp.
1 4 ,
25 ,
147,
187.
83.-
Ibn JA.- c. An,
pp.
1 4 ,
90,
1 1 3,
1 5 1 ,
1 61 .
84. -
Ibn JA.- .. An, p.
59.

-
101 -
85. -
Ibn J-<' An,
p.
69.
86.-
Ibn J-<' An,
p.
27.
87. -
Ibn J-<' An,
p.
11 3.
88. -
Ibn J-<' an,
pp.
76,
77,
79,
107,
1 48,
1 63,
166.
89. -
Ibn J-<' An,
pp.
96,
1 1 2 •
90. -
HaaILman :
Land te.nuILe. and -6oc.-<'a-t tILan-600ILmat-<'on .. . ,
p.
1 53.
91.-
C. Cahe.n: Ré.n-te.x-<'on-6 -6uIL -te. waq6 anc.-<'e.n, S.1.
(1961),
pp.
37,
56.
92.-
MaqIL-<'z-<.,
Kh-<'tat c.~té paIL Cah~n,
op.
c.-<'t.
93. -
Ha-tm,
0 p.
c.~t.,
p.
47.
94.- C-<.té paIL C. Cahe.n : Le. ILég-<'me. de.-6 -<'mpôt-6 dan-6 -te. Fayyüm
ayy~b-<'de. : AILab~c.a,
p.
8-90.
95.-
J.C. GaILc.-<'n : Un C.e.n.tILe. mU-6u-tman ... QÙ4, p. 271.
96.-
Le.-6 -6ha~e.-<'te-6
c.on-6t-<'tu~nt -t'une de-6 quatILe é.c.o-t~-6 jUIL-<'-
d-<'que-6 de -t'-<'-6-tam.
L'é.c.o-te. -6hanei_te ct été Oondée. paIL
IdIL~-6 a-6-Shan-<.~~
(767-820 J.C.)
et, e-6t c.aILac.té.IL~-6é.e
paIL -6on pILagmat-<'-6me.
Le-6 3 autILe-6 é.c.o-te-6 -6ont :
- L'é.c.o-te hané6~té 6ondé.e paIL Abu Han-<.na [639-767 J.C. J,
-t'é.c.o-te. -ta P-tU-6 -t-<'bé.ILa-te.
- L'é.c.o-te. ma-t~k-<'te. 60ndée paIL Ma-t-<'k Ibn Ana-6 (714-798 J.C.l
- En6-<'n -te-6 hanba-t~te-6
: éc.o-te -ta p-tU-6 pILoc.he du c.olLan
et de -ta -6unna donc. p-tU-6 -<'nté.gIL-<'-6te., e-6t 6ondé.e. paIL
Ahmad Ibn Hanba-t

(780-855 J.C.).
97.-
A-6htolL : H~-6to-<'lLe de-6 pIL-<'X et -6a-ta~ILe-6 dan-6 -t'OIL-<'ent
mé.d-<'évaL
98.- Aya-ton :
L'e-6c.-tavage du mame-touR., O.N.S., JéILU-6a-tem,
1951.
99.- MaqILZzZ : Su-tük c.-<.té. paIL Aya-ton, op.
c.-<'t.
100.- A-6htoIL : op.
c.-<'t.,
p.
343.
101.- MaqILZzZ Su-tuv c.-<.té paIL A-6htolL,
op. c.-<'t., p.
363.
102.- Cette ILec.on-6t-<'tut~on n'e-6t que 6-<'c.t~ve.
103. -
La p-<'d U-6
: MU-6 -t-<'m c.-<'t~ e-6,
p.
50.

CHA
P I T
R E
V
LES TRANSFORMATIONS DU RAWK DERNIER QUART DU XIVe DEBUT DU
XVIe SIECLE

- 103 -
Le second re~ère chronologique chez Ibn al Ji~an se
situe aux alentours de 880-85/1475-80, or entre 777 et ces
dates, il s'est passé olus dlun siècle, donc énormément de
choses; nar conséquent la rupture serait trop brutale si
on s'en tenait â ces dates et le caractère évolutif de l'E-
gypte nous écha~~erait dans une certaine mesure. N'y a-t-il
pas eu une autre révision entre les deux dates?
Le K~tab ai Int~~a~
d'Ibn Duqmaq aurait pu nous of-
frir des éléments de réponse s l 11 nlétait pas trop incomplet.
Ce relevé dl~q~av copié entre 797/1394 - 95 et 800/1397 - 98,
correspondrait â l looération de cadastrage commencée en Ju-
mada 1 779/Janvier 1497. Il nous est très difficile de tirer
des conclusions â ~artir d'lbn Duqmaq qui nous présente plu-
tOt une désorganisation du système se manifestant par llin-
troduction de nouvelles terres, la baisse de la productivité
dont on ne saurait déterminer l lampleur à partir de 800. La
seule chose qulon peut affirmer est le mutisme d'lbn Duqmâq
sur ~lus de la moitié des terres.
Par contre, la deuxième moitié du XVe siècle, corres-
pond à un retour à la normale même si les ~b~a~ se trouvent
réduits à plus de la moitié.
Toutes ces hésitations sont assez révélatrices quant
à l'existence d'un certain déséquilibre.
Quels en ont été
1es facteurs?
Des auteurs tel que Dols (1), donnent comme facteur
principal: la peste noire; dlautres dont le plus éminent
représentaP.~'I.M. Lapidus (2)insisternntbeaucoup plus sur
les menaces extérieures, les guerres civiles et les razzias
des bédouins. Mais il est nlus juste de penser que clest
une combinaison de tous ces facteurs qui aboutit à la si-
tuation catastrophique de 800, dont l 'Egypte se relèvera

- 104 -
difficilement. Mais tout d'abord essayons d ' ana1yser la si-
tuation entre 800 et 885.l\\?3~'€-\\1l'la)
A - DESEQUILIBRE$ ETRUPTURES ENTRE 800 ET 885
La première constatation qui se dégage du tableau (3)
en 800 est 1 1 inexistence dl ~b~a~ dans des régions entières
comme le Fayyüm, Fuwwa, et les Tughûr d ' A1exandrie et de
Dimyat.
Certes Fuwwa, Alexandrie pt Dimyat nlont jamais été
trés riches, mais pour le Fayyüm ça pose problème; peut-
être 1 'étude des facteurs de déséquilibres apportera cer-
tains éclaircissements à ce sujet.
Le taux des ~b~a~
se trouve réduit à 3 434 251 d
doit 36,30 % des valeurs en 777. Hormis la Sharqiyya, au-
cune région n'accède à sa rentabilité fiscale d'antan.
Par contre, y est très nette la diminution des ~b~a~
des bédouins: de 1,13 % en 777, ces ~b~a~
passent à 0,64 %
~n 800. Ce qui explique les révoltes sporadiques des bé-
douins entre 800 et 885. Quand aux awlad an-na~ , leur des-
tin se confond complètement avec celui des émirs que nous
allons étudier maintenant.
1°) L'affaiblissement très poussé des émirs
Si l'on se réfère à la situation en 777, le sultan
et les émirs voient leur part d'~b~a~ augmenter en pourcen-

- 105 -
tage, respectivement 16,50 % 9,67% en 777
et 41,22 %
(38,66 % en 777). Ainsi le sultan se trouve dans une situa-
tion 00 le taux de ses lb~a~
est presque maintenu, compte-
tenu du degré d'imprécisions.
Quant aux émirs, c'est a leur niveau que l Ion dénote
le plus d'incohérences. Pour la première fois, des lq~i~(d'un
nombre très élevé) sont alloués a des émirs de dix, de qua-
rante et des commandants de mille Qui ne sont pas précisés.
Même à notre niveau. nous avons beaucoup olus de difficultés
concernant llopération d'identification des émirs dont les
noms sont connus.
Sur une trentaine d'émirs cités, trois seulement vi-
vaient à l'époque de Malik Ashraf Shatban : Abderhaman b
Manklibugha (4) qui était en 771 émir ~abl~hana , Abmad b
Yalbugha (5), émir {ablkhdna
et Kumusbugha
al ~amawi (6),
qui était en 766/1364-65 déjà émir ~abl~hana . Ce dernier
serait-il oublié par Ibn al Ji\\an ?
Abderhaman b Manklibugha, comme on l'a déjà dit, dé-
tenait trois terres d'lq~a~ qui lui rapportaient 43 500 d
en 777, et en 800, il ne lui en restait que deux dont les
lb~a~
s'élevaient à 23 000 d.
Sur les 1 415 750 d, seuls 271 700 d revenaient à
des émirs connus et excepté Jamaladdin Mabmüd (7), l 'u~tàda~
aucun émir n'avait atteint 50 000 d.
Ainsi en 800 le cadastrage semblait défavorable aux
émir~ et laissait appara1tre un autre phénomène et non des
moindres :
2°) Llapparition du dlwàn al
Mufrarl et la singularisation
de la ~alqa

- 106 -
Pour la première fois Ibn Duqmaq nous permet de déce-
ler une singu1arisation de la ijatqa
par ra~port aux mam1üks
su1tan1ens et a l'ensemble des muq~atu·n . Cette situation
découle probablement de la disparition d'un grand nombre de
mam1aks su1taniens durement frappés par la peste (nous y re-
viendrons). Ainsi la ~atqa , a elle toute seule obtient 13,72
des ib~a~ a savoir 417 300 d ; traduisent-ils un sursaut de
ce corps? Hé1às non car le phénomène n'est que conjonctu~
rel et dispara,tra en 880.
Quant au dZwan al Mufrad, il appara't pour la première
fois en 800. En effet il a été réintroduit sous le premier
sultan circassien
Barqüq. A la mort de son fils a'né Mu~am­
med en 797/1395, Barqüq
isola les iq~a~ de ce dernier
dans
ce d.iwan spécial (le nom découla de l'appellation al II\\Jfrad-
les séparés), pour ses nouveaux mam1ûks (à lui Barqüq) (8).
Ce dZwdn était sous le contrOle de l'u~tàda~ d'où la place
de Jamataddin Ma~müd dont on a parlé plus haut. En plus de
ses terres, on concèda à ce diwan l'exploitation du sel. (9)
_qui pourtant était supprimée - ce qui est l'aboutissement
logique de l'insuffisance des revenus agricoles.
Ainsi le d~w!n al Mufrad avec ses 4,18 % des ib~a~
(143 753d) (10) verra sa ~uissance s'accro'tre dans les an-
nées suivantes. Mais avant d'y arriver, essayons de passer
en revue les différents facteurs
de déséquilibre.
Tous les historiens de l'époaue sont unanimes sur
'e fait que le XVe siècle constitue un bouleversement dans
la tradition du sultanat mam1ük. Généralement, la rupture
est située en 1382 (11) avec l'instauration du pouvoir des
mam1üks circassiens; mais la transformation est très anté-
rieure car liée à olusieurs facteurs structurels.

- 107 -
1°) La peste
Avec ses méfaits prolongés sur l'organisation écono-
mique et sociale de l'Egypte, la peste se trouve à la base
de l'affaiblissement de l'armée qui résistera difficilement
aux assauts des ottomans à la fin du XVe siècle.
La peste noire s'introduisit en Egypte à partir du
port d'Alexandrie dès 748/1347 et gagna petit à petit la
cOte méditerranéenne, le long de la province de Gharbiyya
L'Egypte compta avec la peste au moins julsqu'au milieu du
XVe s i è c1e. Les c hr 0 ni que"r s - tel s 1bn Ta ghr" bi rd f (N uj üm) ,
Maqrizi (Su1ûk) ont longuement insisté sur la description
dp la maladie, ses conséquences, en évaluant la mortalité
dans des proportions éffarantes. Le cycle de l'endémie a
commpncé avec la pest~ noire, donc sous les premiers Ba~ri­
des avant 777 ; mais clest seulement à la fin du XIVe siècle
que les effets se font réellement sentir. Il atteiqnit tar-
divement la Haute-Egypte où ses conséquences ont été beau-
coup plus désastreuses; la haute vallée du Nil en fut vir-
tuellement désertifiée et toute une aire de culture aban-
donnée. Maqrizi enregistre 10 000 morts à Assiout, 3 500 à
AbD Tig,15 000 à Hü, 17 000 à QU~ (12), rien que durant
l'année 808/1405-6. Par contre, en 817/1414 - 15, la région
de Bahnasa a été la plus atteinte.
La peste n'épargna aucune catégorie de la population
et décima parti r u1ièrement les mam1üks sultaniens qui, dans
un souci de se parer plus efficacement contre le fléau, se
parquèrent dans leurs baraques 00 le taux de mortalité fut
extrêmement élevé. D'après Maqrizi en 841/1437 - 1438, à la
citadelle, la mort frappa près d'un millier d'entr'eux ;
160 eunuques, autant de domestiques, 17 concubines et 17 en-
fants (13). Le recrutement d'éléments nouveaux était très
difficile dans la mesure où la peste s'attaquait aussi à eux;

- 108 -
les jeunes mam1Dks achetês ne rêsistaient pas du tout a la
maladie. Le danger de la peste ne rêsidait pas dans ses at-
taques brutales, mais surtout dans sa forme recurrente qui
empêchait toute forme de renouvellement de la population.
C'est ainsi qu'elle eut des consêquences catastrophiques sur
le cadastre dont l'interprêtation devient plus difficile,
surtout quand il s'agit d'identifier et de dater les modifi-
cations dOes a la peste.
Dans un premier temps, nous avons pensé que les ef-
fets de la peste ne se sont pas reflétés sur l'état du ca-
dastre en 777. Il para1t important de nous arrêter sur la
polémique soulevée par la question:
- Russel (14) affirme que les données de 777 ne sont rien
d'autre que les survivances d'une statistique antérieure a
la peste, à savoir les estimations de 1315. Autrement il ne
s'explique pas les réductions draconniennes intervenues aux
alentours des années 800 où plus de 22 000 villages sont a-
bandonnés, soit près de 40 % du total, 462 villages ont vu
leurs taxes réduites de moitié.
La moitié de la population d'Atfi~, de la rive Est
du Nil (au delà du Caire) était dans l'incapacité d'honorer
les impôts. Les provinces d'Atfi~, de Manfa1üt ont des ta-
xes diminuants de 26,5 %. La réduction des taxes et de la
population est un phénomène incontestable en Egypte du XIVe
.sièc1e. Seulement, il para,t un peu abusif de remettre en
question les estimations de 777 qui au moins, dans leur ten-
dance générale sont très significôtives.
- Quant à J.C. Garcin (15), il part de calculs assez com-
plexes pour montrer qu'entre 715 et 777,. les estimations
ont diminué de 25 % et, par co~séquent, les chiffres repro-
duits par Ibn al Jicar. sont propres à l'année 777. Et voilà
comment il procède:

- 109 -
En 777, la somme des revenus des divers iq~4~ s'élève à
9 371 789 dinars jayshi, soit - si on admet comme l'indique
Ibn Ji\\an que le dinar jaysh1 est équivalent à 13,1/3 dir-
ham - 124 925 947 dirham
soit en dlnars, au taux de 1/20,
la somme de 6 246 297 dinàrs. Sur ce, il se reporte à la
composition de l'armée mamlQke en 715 et là, il aboutit pour
les émirs à un total de 4 860 470 din!rs, soit 14/24 du re-
venu total, selon le principe du ~awk an Nâ~ir', on doit
encore y ajouter, 10/24 du sultan: 3 471 764 dinars, le
revenu attendu du pays serait donc de 8 332 234 dinars au
lieu de 6 246 297 dinars attendus en 777.
Ce qui nous intéresse est la non remise en question
des chiffres de 777, nous permettant d'étudier l'évolution
de l'aristocratie. En Egypte, comme dans le reste du monde
méditerranéen, la peste n'a pas été un fait isolé, elle s'est
accompagnée de troubles politiques et de famines. La crise
de 806-808/1405-6, a inspiré à Maqriz1 son tra1té des fami-
nes, pendant de l'ouvrage d'Ibn Hajar sur la peste: "Tra1-
té sur le bon usage de la peste" (16). Mais Maqr'zf n'éta-
blit pas un lien entre le fléau
et la famine, avec juste
raison car l'Egypte étant soumise aux variations du cours
du Nil, les deux phénomènes ne se confondent toujours pas,
même si on ne peut pas nier l'existence du cercle vicieux.
2°) Les temps de troubles 1382 - 1422
La guerre civile entre les mamluks, les soulèvements
des bédouins et les menaces extérieures (au nord: les turcs,
les croisades venant de la mer) créèrent un climat d'insécu-
rité tel qu'il était difficile de mener une vie stable en
Egypte de la fin du XIVe, début XVe siècle. Les bédouins
mécontents attaquèrent la Haute-Egypte, les villages coupè-
rent les voies de communication et de transport de marchan-
dises; en Syrie ils sien prirent à la ville de Damas. En

- 110 -
vérité, les révoltes bédouines n'ont jamais complètement dis-
parues de la scène égyptienne, en raison de 1 'ambiguité de
la politique mam1ûke à leur égard, en l'occurence
les exac-
tions des gouverneurs du Sud su~ leurs administrés: tel ce
Qurut, délégué su1tanien du Sud, qui, selon Maqrizi a été
incarcéré en 781/1379-80 et vu une partie de ses biens con-
fisqués en raison de sa conduite (17).
c'est dans ce climat de confusion que Barqüq accèda
au pouvoir en 784/1382. Dans les trois années qui suivirent,
le pouvoir changea trois fois de mains, entre 806/1403 et
815/1415, ce qui traduit une certaine opposition au sein de
la c1~sse militaire.
En conclusion, nous pouvons dire que la peste, les
famines, les querelles intestines et les révoltes des bp-
douins aboutirent à la situation catastrophique de 800 qui
a perduré au moins jusque dans les années 880.
Le déclin des poru1ations rurales et la baisse de la
productivité se reflétèrent sur le cadastre. Les classes
re1igie~ses privées de leur prébendes (chez Ibn Duqmaq, il
n'existait que 51 261 dinars biens de waq6 qui revenaient
entièrement aux familles des mam1üks) les gouvernants voyant
leurs ressourres diminuer - ce qui contribua à l'aiguise-
ment de leurs appétits et accentua les querelles d'intérêt -
c'est l'Egypte toute entière qui se t~ouvait dans une si-
tuation de paralysie.
c'est le sultan Mu'ayyad qui entre 1412 et 1421 mit
fin aux guerres civiles et rébellions de mam1üks, et il re-
venait à son successeur Barsbay d'entamer une restauration
du pays.

- 111 -
B - LA RESTAURATION ET SES CONSEQUENCES
LE
CADASTRE EN 885/1480
La restauration a commencée sous Mu)ayyad qui tenta
de mettre fin à l'inflation. La crise précédemment d~crite
s'était reflétée sur le système monétaire et l'inflation
des prix. A partir de 781/1379-80, une mise en circulation
excessive des pièces en cuivre était de riifeur. Le cuivre
par rapport à l'or se déprécia très vite et le phénomène
atteignit son apogée en 808/1404-6. La crise était aggra-
vée, sinon précipitée, par un Tacteur d'origine interna-
tionale : les commerçants italiens injectèrent sur les mar-
chés égyptiens de très grosses quantités de cuivre. Cette
restauration se manifesta à deux niveaux précis:
- La lutte pour la sécurité: une série de campagnes en-
tre 817/1414 et 838/1434-5 fut menée pour repousser l'hégé-
monie ottomane et les localités d' Albistan)Tarsus et Adana
(Nord Syrie) furent réincor~orées dans l'Empire, mais pas
pour longtemps malheureusement.
La résistance contre la piraterie s'avèra aussi ef-
ficace ; des raids entre 843/1439 et 848/1444 arrivèrent
à bout du royaume de Chypre qui
soutenait les pirates en
Méditerranée.
- Le rétablissement de l'économie interne. L'amélioration
sur le plan agricole a été plus difficile en raison du sous-
peuplement chronique, par contre, l'industrie et le commerce
connaissaient un souffle nouveau.
Damas redevint un centre industriel et commercial de
première importance. Dans le cadre du textile, on fabriqua
du tissus en soie, coton et lin, des broderies. L'industrie
des armes aussi (19) proliféra. Alep se spécialisa dans le
cuir, par contre, on assista à un déclin de l'industrie des
produits de luxe qui s'explique par la baisse du pouvoir d'a-
chat.

- 112 -
Quelle était la situation du ~awk
dans ce climat
de reconstruction?
Le cadastre se présente à nous avec une baisse de
près de 20 %. plus exactement 19.88 % par rapport à 777.
et si cette baisse nia pas été plus acrentuée. clest pa~
ce que plusieurs nouvelles terres sont introduites; exem-
ple la province d'lkhmim se voit doter. au moins. de trois
nouvelles localités: Gazirat Shandawïd avec un ~b~a
de
2 500 d. Gu r f a l Ba ~d a di: 725 d. Mil k : 13 000 d qui r e -
venaient à 11 émir Uzbak al Atâbaki (18).
Ensuite. ces ~b~a~
ne sont pas toujours liés aux
revenus de la terre. Ainsi Ibn al Jil~n nous dit qu'au
waq6 de Naqqada (19) (Qü~) accord~ aux gardiens de la tom-
be du Prophète. on lui adjoignit une roue à eau (dauiab )
et une raffinerie de sucre (ce qui ne constitue pas une
nouveauté d'ailleurs).
La transformation de la situation du ~awk de 777 se
manifeste par les points suivants:
1°} Le renforcement du pouvoir des émirs
Le sultan avec ses 622 000 d nlatteint pas ses
9.67 % en 777. cette situation traduit-elle un affaiblis-
sement du sultan d'autant plus que le phénomène awiad an_na~
est insignifiant (0.24 %) (20) ? En réalité la réponse est
négative dans la mesure où le d1wan al Mufrad avec ses
19.38 % réconforte la position du sultan. Mais malgré tout.
les émirs ne sont pas trop lésés si on sait qu'ils occu-
pent une part très importante des ~b~a~ des muq-ta"Ün(04.13 %}
Qui étaient ces émirs?

- 113 -
a) Les commandants de ~iltdcf. tableau)
Leur nombre ne varie ~as trop par rapport en 777.
Quinze commandants de 1 000 se partageant de façon très iné-
.gale 986 137 d~ un peu plus de la mOltié des ib~a~ dlémirs ;
il s'agit de : Yashbak (21)
min Mahdi, Tamraz as-Shamsi (22),
Qashrnaq
al IshâqT (23), Uzbak al Yüsufi (24), Khâyir Bak
min ~.adid (25), Lajin Cl~-~hlri (26), Tani Bak al Jamali (27),
Uzdam ar a 1 l bra hi MT ( 28) Jan i Ba k min Tu~ ukh (2 9), Jan i mas -
Sharifi (30), Yashbàk al Jam-ali (31), Uzdamur min Yalbay (32),
Khàyir Bak min Qa~rüh (33), Barsbay al Mubammadi (34) et
Uzbak min Tu~ukh (35). Les commandants sont caractérisés par 1
turbulence et le conservatisme.
- Turbulence:identifiée comme étant émirs sous Qaytbay,
Ils ont mené une vie assez mouvementée, ~artagée entre une
participation étroite au pouvoir (ex: de Tani bak al Jam~l'),
une ascension fulgurante, l'exil, la disgr6ce. le retour au
pouvoir. Ils donnent 1 limoression de constituer différents
groupes de pression, menant une lutte sans merci pour leur
accession au pouvoir.
- Conservatisme qui se traduit par 'Iabsence totale des
awiad an_na~
et un développement très poussé du sens , ethni-
que (ils sont tous circassiens).
On les voit souvent associer à leurs ib~a~
des biens d
muik , des waq6
et malgré la crise, ils nlont rien à envier
·aux émirs de 777.
b) Les émirs ~abikhdna sont les véritables sacrifiés de la
crise; de nombre limité, quatre émirs ~abfkhdna : Janim as
Saifi Tirnurbay, Qani Bay min Sh"âd Bak, Sùdun al 'Ara'-i et
Jani Bak al ~la~'. Leurs ib~a~
dépassent rarement ·2e 000 d.
c) Quant aux émirs de dix, leur nombre s'élève à onze dont
un waiad an_na~ : ~li Baih a?-?ahir;. Leur survie est hypo-

- 114 -
thétique dans la mesure où, hormis deux d'entr'eux Barsbay
al'Ala"'i et Shàdi Ba.k al Mu~ammad", la moyenne
de leur re-
venus est de 5 000 d.
d) Les émirs dent les rangs ne sont pas spécifiés : avec
eux apparaissent de nouvelles fonctions telles : ~had ad
~ha~üb Khanat: super intendant de la batterie de musique.
Ainsi le titulaire de cette charge: Daulat Bay min Tagh-
rïbirdï devait être probablement un émir ~abikhana , Shad
as. Shuwâ n : i nt end a nt des 9r e nie r s • Jan i ba k a l YÛS IJ fi 'èn
tant que commandant du détachement stationné à la Mekke
pouvait avoir le rang de commandant de mille, de même que
Burdbak al Mu~ammad; vues les fonctions qu'il a occupées.
La présentation du tableau des émirs montre la pré-
cision d'lbn al Ji (an en 880-85 ; au moins 70 % des ib~a~
des émirs sont alloués avec précision, ce Qui résulte du
fait qü'lbn al Ji'an est contemporain de la situation en
880.
Le tableau révèle aussi un affaiblissement, sinon,
la disparition du corps intermédiaire des émirs~abikhina
par contre le nombre des commandants de 1 000 s'accroTt,
ce qui dénote l'apreté des luttes de factions et la volon-
.té des ~ i mp0 s er
des ém i r s
qui set rad ui t 0 ar leu r au ton 0 -
mie ; en e f f et, lac arr i ère de l 1 ém ire s t pre sque i ndép e n-
dante du sultan. Le cas de Jani
BClK al Jamalï est très ré-
vélateur à ce niveau. Pendant quinze ans il fut associé au
pouvoir malgré les changements de sultan. Mais cette auto-
nomie ne peut pas faire oublier le climat d'insécurité qui
couve et que démontrent les nombreux exils et meurtres, la
présence des grands émirs sur les routes de pélerinage (mal-
gré l 'amélioration de la situation des bédouins 3,76 % des
ib~a~ , la sécurité nlest pas totale sur les routes) et la
menace ottomane qui plane dloù les multiples ambassades à
la' cour des ottomans (cf. tableaux).

- 115 -
COMMANDANTS DE 1 000 A PARTIR DE 880
NOMS, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
dfnâr~
Références
Yashbak min Mahdi ad dawSdar . dé-
Jà-commandant de-1-000-sous Qayt-
162 COO
bay en 875/1470, 884/1479, devint
Nujüm I V
ijajib al ~ujjab, 886/1482: ra.ls
+ 6 500 de
waqf +
naub~ an nuwâb 892/1488 ; é~ir
o. 571, 604,
majl,s, une ascencion réguliêre
12 000 de
814
mulk
Tamraz a~ Shamsi . commandant de
~arsDaY.-fut-sous Ïnal al Ashraf;
jamdar (gardien des costumes mili-
taires}. Exilé à Dimyat sous Hush-
aadam,' reC1aana la scêne Doliti-
~ue sous Al-~~h'r Timurbu~ha en
151 150
Halm : Agypten
872/1468. Qa~~y le promut comman-
nach den mam-
dant de 1 000
et il devint tour
lutischen Leh-
à tour: ra..>s nauba, émir silab
ensregiste :
et en 901/1495 : at!bak al ~sâkir
1. 1, o. 77
Qashmaq al Ishaq; : 875/1470,
Khazlnaar et-na)1b du TaQhr d'A-
lexandrie. Ne fut commanaant de
118 200
1 000 qu'en 877/1472, émir Akrûr
+ 400
Halm : op. cit.
en 880/1475, il qarda cette fonc-
dewaqf
e. 91
tion jusqu'en 885/1475 où il devint
na~ib de Damas
Uzbak al Yüsuff
az Zahirï : ém,r
ae-1-0rrO-sous ~aytÈay,-iT était
camarade de az Zahir Jaamaa. Il
fut en 880/1475'Khazind~r, '894/
Halm : op. cit.
1489 : raJs
nauba an nuwab, 903/
90 350
n. 65
1497 : mushir al-rnamlaka (conseil-
ser de l'état surtout dans 1e do-
maine financier). Il mourrut en
905/1500
t"tn
Khayir Bak Hadid al Ashrafi :
emTr-tabTknâna-avant-de aevenir
co~mandant de 1 000. On signale
64 500
que Qaytbay lui rendit visite à
Halm : op. cit.
+
plusieurs re~rises dans ses ter-
p.
108
3 000 de
res au F~yyüm. Mais en 885/1480,
waqf +
il tombe en disgrâce et fut exilé
1 200 de
à Damas. Il trouva la mort à la
mulk
Mekke en 887/1482

- 116 -
COMMANDANTS DE 1 000 (suite)
NOMS, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
qinars
Références
LajTn a~-?ahiri : commandant de
1 ~o~,-il Tut en 874/1169 : Kashif
al junsür bil Babna-sawiya (inspec
Halm : op.cit.
teur et gouverneur au Ba~rasa) et
62 257
p. 97
en même temos émir majlïs. Il al:
bandonna ses fonctions à cause de
son age en 885/1480 et mourut l'an
née suivante
Tan; Bak al Jamâli . commandant de
1 ~O~,-il Tut en-893/1488 : ~àjib
al ~ujj~b, en 894/1485 émir majlis
901/1495 : atabak al rasakir. Il
joua un rOle important sous les suc-
cesseurs de Qaytbay, il tint le rô
Halm . op.cit.
le de ni?am al mulk (régent) Dour
62 200
le sultan
p.
Na~iraddin Mubammad âgé
de 14 ans. Quand ce cernier attei-
Qnit la majorité, il devint émir
sila~, de même que sous Qan~uh.
Il abandona à la chute de Ghanbala1
en 906/1501 qùi avait fait de lui
atabak al Casakir
Uzdamür al Ibrahimi : il est à
plusTeurs reprTses-mentionné dans
des entreDri~es militaires. En
49 500
880/1475,· il devint Hajlb mais
+25 000 de
Halm: op.cit.
malheureusement pour·tomber en
waqf dès 800 p. 109
disgrace en 884/1879 et être exi-
lé à la Mekkp. On le retrouve en
Haute-Egypte car il fut décapité
·en 885 à Asyüt
Jani Bak min Tutuh (al faqih) :
en-8~271~6H Ti-étaTt émir akhGr
al Kabir, en 880/1475 émir sila~
mais ses asoirations au trOne le
Halm :op.cit.
conduisirent à sa Derte. En 883/
38 940
D. 181
l478, il perdit son rang et ses
fonctions et fut exilé à Jérusa-
lem

- 117 -
COMMANDANTS DE 1 000 (suite)
Ibras en
NOMS, RANGS, FONCTIONS
1 'dinars
Référence~
Janim as-Sharifi : jeune parent
ae-Qaytbly-nommé-en 880/1475 et
Halm : op.cit.
885/1478 . insoecteur Dour l'im-
38 000
p. 89
pôt de djizya.' Il fut élevé peu
après commandant de 1 000 et il
mourut en 884/1479
Yashbàk al Jamall : sous Qaytbay
en-87371~6~ mu~tasib du Caire
(sorte de prévot des marchés).
Il conduisit à plusieurs reor;-
ses la caravane des pélerins de
la Mekke. 878/1481 il fut envoyé
36 500
Halm . op.cit.
comme ambassadeür à la cour Ot-
p.
71
tomane. En 884/1479 chef de l'ar-
senal et commandant de 1 000.
Aorès une révolte il tomba en dis-
grâce en 900/1495, exilé à Jéru-
salem il y trouva la mort peu aprè
Uzdamür min Yalb~y :commandant de
T UOU sous-Qaytbay) il trouva la
26 400
Halm : op.cit.
mort sur la route du ~élerinage en
p. 90
900/1470
Khây1r Bak min Qa~rüh : na1ib de
Ta-cTtadelTe-du taTre, na'ib de
Gazza et ~afad. Commandant de
1 000 à Dâmas, atabak à Tarâbulus
1 200
Halm : op.cit.
et na)ib de ~ama~. Il mourut en
T II p. 580
875/1470
Barsbay al Mu~ammadt :Commandant
ae-1-0UO-en ~7~/T470: il devint
Halm . op.cit.
en 884/1479 Hâjib al ~ujjab, en
886/1482 raJs nauba
an nuwàb,
85 100
p.
77
en 892/1488 émir majlis
Uzbak min Tutukh az-~àhirl :ca-
maraae-de ~~~~ahTr~Jaqmàq,-il
fut bàjib al ~ujjab, rats nau-
ba
an-nuwab sous le sultan Yal-
bay naJib de Syrie, Qa~ay
le
134 840
Halm . p. 65
nomma atabak al ta_sakir, il y fut
remplacé en 901/1495 par Tamraz
as Shams; et exilé à la Mekke
Quinze commandant de 1 000
986 137

- 118 -
EMIRS TABLKHANA EN 880
.
Ibras en
NOMS, RANGS, FONCTIONS
dinars
Références
Jan i mas - Sa tfiT i mur bal J..3 6) : ém i r
tao1Khjna.-87571~7U chef de 1 l arse-
ri a1 (Za rd a-kas h). l 1 mou rut en 88
21 200
Ha1m :op.cit
4 /
1479
p.
90
Ina1 al ~asan; az-~ahir; ~37) :
RâT;o en-8~371~8~,-2eme Rajib, ;1
irouva la mort sur la route du pé1e-
16 967
Ha1m :op.c;t
rinage en 903/1498 avec un rang d'é-
p. 81
mir tab1 khana

Qan; Baie min Shadi Bak (38) . sous
~a~tDay,-naJTb-de Ramah il devint
16 100
Ha1m . op.ci
ém1 r tab1 khana. Il mourut en 880/
1480
p. 124
Slidfin
al fA1a'; az-Zahir; (39) :
Nujum l IV :
~8~/T4~3: emTr-de'T6~ Tl-mourut
16 000
D.
788, 801
en 889/1492 émir tab1khana à Alep
.
Nujum V
p. 493
Jan; Bak al tAla>; (40) : de re-
tour-du royaume ottoman où il
avait fui sous Az-Zahir, ;1 re-
çut le fief du calife et devint
Hal : op.cit
en 874/1469 émir akhür avec rang
12 000
T II ,p. 465
de ~ab1 khana. Il fut ambassadeur
à la cour de Qoyun1u et chez les
ottomans avant sa mort en 893/
1487
71 467
~-'------------------l---------"'--------II

- 119 -
EMIRS DE 10
NOMS, RANGS, FONCTIONS
Ibras en
dinars
Références
Barsbà~ al 'Ala'i (41) : émir de 10 au
Halm :op.cit.
moTns Jusqu'en-8~9/1493
23 000
p. 170
Sh~di Bak al Muhammadl (42) : émir de
Halm : oD.ci1.
10-devenu naJio'oe-DTmyat en 888/1483
18 000
t.
Il p. 489'
A~bay as-Sai fi Qurqmas (43) , en 891/
~alm : op.ci1.
14~6-émir ce-ID - - -
7 500
p. 163
Sudùn Jarkas al Barasï (44J : ém1r de
10~ ra's-nauoa-et em1r-akhur. Il mou-
5 740
~alm : op.ci1.
tr
rut en 872/1468
1 l, p. 405
Ali Baih az-Zahir; (45) . émir de 10,
~alm : op.ci1.
mort-en ~Ot/t500- -
5 500
~ 1l, p. 423
Musalyid al Ibrahim; al inali (46) :
emTr de 10~' eXTle en-SyrTe-ou il meurt
5 000
Halm : op.ci1.
en 884/1479
~ Il, p. 647
Qansüh al Ishaa; (47) : émir de 10 et
Halm : op.ci~.
ra's-nauoa-mort en 881/1476
4 756
~ Il, p.472
Tanam al Abübakri (48) :émir flê la,
Halm : oD.ci~.
mort-en B8nj1475-
4 500
T
'
1
II, p. 321
Daulat Bay al AbübakrT (49' : émir
oe--rU et-ra-'s naUba ,-mort en 885/
3 195
Halm : op.ci
1480
T Il, p. 353
Burdbak at.Tajl (50): émir de 10.
XâshTfat-turab-(inspecteur des sols)
à Babnasa.Sous Jaqmaq : Nàzir al
~aram
Halm : op.ci1.
(inspecteur des lieux saints)
3 000
à la
T IV, p. 425
Me kke, et s Ilàdcl a l 'ama:) i n (s uper i nte n.
dant des constructions), mort en 885/
1480
Allan min Tutukh (51) : émir de 10
l
500
1
et ra's-nauoa: mort en 886/1421
(sur 1 ibra Halm : op.cit;
de 3000 à
partager
p. 145
1
avec le di-
i
wa n a l J!1 Uf r~ d
1
Timurbay min Hamza (52) . 886/1462
Halm . T V
500
emTr-de 10- - - - -
P.
477
Onze émirs de dix
82 191
----------------~-------......!-
4_i

- 120 -
EMIRS DONT LES RANGS NE SONT PAS PRECISES
Ibras en
NOMS, FONCTIONS
dinars
Références
Jani Bak al Yüsufi (51) :en 880/1467
Tl-étaTt-commandant du détachement
13 000
Halm :op.cit.
stationné à la Mekke. De fortes chan-
p.
ces qu ' 11 fut commandant de 1 000
Uzdamür min Mabmüd Shah(52) : Kha-
zind!r-et na~io oe-province. En 890/
Halm : op.cit
12 500
1485 il conduisit ,la ëaravane du pé-
p. 144
lerinage
Tani Bak al Illyasï (53) . 2ème ~ajib
Halm :op.cit.
sous Qaytb!y- - - -
17 500
p.
111
Malal al_YQs~f' 154) :mamlükde a~­
~anlr Jaqmaq,sous Qaytbay en 778/1478,
Commandant de la citadelle du Caire
10 375
Halm : op.cit
(na'ib al Qal'a).Ill't\\ourut en 892/
p. 80
1487
Uzdamur min Ma~modshah(55)
:Kha-
zind!r-et na~io ce-orovince 890/1485,
7 100
Halm :op.cit.
chef de la caravane du pélerinage
p. 144
Daulat Bay min Taghribirdi (56) :
ra's-nauoa-en g7~/T469~ shadd as-
os-sharub~khanat (suoer intendant de
6 500
Halm :op.cit.
ra batterie de musique)d'où normale-
p.
143
ment il devait être émir tablkhana
Mith~al al Anuki at-Tawashi 157) :
muqqudam-aT mamaTiK Tcne1 ces mam-
luks sultaniensL Il fut exilé en
884/1479 à Tarabulus. Il revint eT:
6 300
Halm :op.cit.
886/1481 sans la oermission du sul-
p.
54
tan, néanmoins il fut grâcié en
902/1497 et retrouva ses fonctions
Daulât Bay al ~asanî (58) : Shad
as-snuwan Tintencant-des greniers)
Halm : cp.cit
4 000
sous Qaytbay en 880/1476, 890/
p. 131
1485 ra's nauba

- 121 -
EMIRS DONT LES RANGS NE SONT PAS PRECISES (suite)
Ibras en
NOMS, FONCTIONS
Références
dinars
Burbak al Mubammadi az-~ahirT (59)
mamlDk-de Jam~~ et-émir aknür. Sous
Hus hqadam : kha z i nda r et I;l aj i bal
3 000
Halm :op.cit.
~:ujjab. Emir akhür sous Timurbuqha.
Qaytbày fit de lui un émir silap
p.
145
mais il fut destitué en 882/1477
An
5 000
_
Nasir
_ _ , _
-
Muhammad,
_ a
_
fils de Uzbak
Total
80 275
Total pour 1 lensernble des émirs
1 220 070
70,41 %
.~

ETAT DU CADASTRE ENTRE 880 et 885
Ibra total
Aw1ad
Rêgions du
Sultan
Emirs
Muqta'ün
Bêdouins
Waqf
Mu1k
OTwin If
en 880-85
An- nas
Mufrld
Delta
Sharqiyya
1 242 221
108 150 192 000
479 870
5 000
226 001
79 900
17 600
133 700
Oawahi al
86 700
115 500
4 500
9 400
28 300
33 000
Qihi ra
Qa1yüb
34!l 050
122 500 112 800
700
66 750
1 750
40 550
Ibyir
95 028
9 570
27 420
42 250
6 026
9 762
Manüf
488 085
23 400 146 720
218 216
4 300
22 799
6 000
66 650
Bu~ayra
588 570
20 700 105 917
169 770
35 267
47 901
9 300
199 715
Gharbiyya
1 613 638
34 300 277 939
901 122
14 293
142 478
20 000
223 347
Dagah1ya
377 278
6 800
74 250
159 770
1 500
4 130
62 568
4 900
63 360
Fuwwa
36 135
1 700
14 000
11 500
600
3 300
3 700
7 000
Tughur Alex-
andrie de
36 265
25 230
1 100
1 100
435
3 200
200
5 000
0imyH
N
N
Haute-Egypte
QU~
245 950
50 000
67 950
3 000
1 500
45 000
11 500
67 000
Ikhm'n
207 823
68 400
69 450
7 930
13 500
. 21 543
27 000
Asyüt
277 170
8 500 130 500
40 620
21 300
76 250
Manfa1üt
5 500
5 500
Ushmünuyn
484 333
47 875
70 962
146 732
19 733
18 350
180 675
Bahnasa
879 072
36 375 290 406
260 071
2 500
50 200
1 200
238 320'
A~fl~
86 212
18 250
33 250
12 812
21 900
Gfza
171 208
41 450
25 500
43 800
Il 033
6 400
43 025
Fayyum
301 854
17 050
95 925
66 272
3 075
90 797
3 600
25 132
Totaux
7 568 092
622 000 1732595 2 583 635
13 575
285 026
708 697
154 343 1 466 886
et
soit une
8,2 %
2~89 't
34,13 't
0,17 %
3,76 %
9,36 %
2 %
19,38 ~
Pourcentages
baisse de
19.~8 %
1
(en dinars)

- 123 -
2°) Une augmentation des biens de waq~
Les biens de
waq6 atteignirent 9, 36 % des ib~a~
soit une multiplication oar cinq de~ valeurs en 777, ct
slétendirent cette fois-ci à l'ensemble de l'Egypte sauf
Manfalut. Le oroblême qui se pose est le suivant: comment
siest opéré le passage entre terre d'iq~a~ et waq6 ? Poùr
qu'un bien soit waq~
, il faut qu'il soit propriété pri-
vée (mulk) d'abord. Nous avons pensé que l'appauvrissement
des paysans a poussé ces derniers à céder à vil prix leurs
terres ou en raison de la mortalité très élevée, les émirs
ont pu récupérer plusieurs terres vacantes.
Sur les 70 697 d de
waq6, une oart insignifiante
est accordée aux institutions religieuses et hommes de re-
liift·on
(uiema~
pt 6uqaha), tout le reste revenait à des
fami1:~res d'anciens mamlüks, tels Az-Zahir Barqüq, :tasbash
. .
min Yalbiy, Hushqadam, etc ... presque tous des circassiens,
raison pour laquelle les chronioueurs de l'époque ont taxé
les circassiens de corrompus. Leur boulimie ne s'est pas li-
mitée à l'appropriation de tous les ib~a~ d'Egypte, mais une
mainmise totale sur l'économie du pays, beaucoup plus mar-
quée que SOU$ les Babrides, et le déclin de l'armée mamlüke
entrafnant la perte de l'indépendance.
3°} Les émirs hommes dlaffaires et le déclin de l'armée
La lutte contre les
pirates
est comme nous l'avons
vu un élément important sous les circassiens, certes elle a
pour objectif primordial la recherche de sécurité, mais de-
meure indissociable de la
sauvegarde de certains intérêts
- ceux des émirs - nécessitant la paix en mer.

- 124 -
Le commerce â longue distance était entre les mains
d'un groupe
social très particulier: les marchands Kârim;(60
qui étaient les fournisseurs des mamlüks en matière de pro-
duits de luxe, d'équipement militaire, etc ... Ils possédaient
plusieurs choses fondamentales à la vie urbaine: marchés,
qaysariyyas, commerces, pressoirs, caravansérails, ~ammams ...
Ces Kàrim; cédaient à la communauté une partie de leur biens
en construisant des écoles, en faisant des donations sous
forme de waqn et payaient des impôts très élevés, finançaient
certaines expéditions militaires.
Dans un premier temps les mamlüks s'intéressaient au
commerce en s'associant à ces Karimi ; ainsi on parle du cas
d'un émir qui ayant investi 100 000 dinars, les perdit en
me r 10 r s d' une exp édit ion a u Yém e n (61). l 1 1eu r arr i va i t
de vendre du vin ou de la viande de sanglier en faisant fi
de toute prohibition religieuse.
Petit à petit ces Karimi disparurent en raison de la
désorganisation du système. C'est dans un climat de confu-
sion que le sultan
Baybars en 832/1428 se réserva le mono-
pole de la vente des épices; il exigea des européens l'a-
chat à ~es prix fixes d'une certaine quantit! d'épices et
interdisa formellement à tout cOMmerçant égyptien d'en ven-
dre.
Le sultan et ses émirs s'arrogèrent aussi la vente
du sel et du sucre - les raffineries leur appartenant -
du coton et l'exploitation des minerais, du bcis et même
le trafic des esclaves.
Naturellement cette situation ne pouvait pas être
bénéfique à l'armée dont le déclin se manifesta à travers
la diminution de ses effectifs probablement, mais aussi,
par 11 inadéquation de ses techniques de gueï're.

- 125 -
D'après Ibn TaghrïbirOi, en 864/1462, 1 400 mu~hta­
~awat d'Aynat ont trouvé la mort, 881/1476, Qaytbây perdit
2 000 de ses mamlüks, en 903/1498, 1 000 mamlITks royaux sont
décédés (62). En Dlus de cette mortalité élevée, la détério-
ration de la discipline au sein de l'armée mamlüke n'arran-
geai~as la situation. Certains marnluks payaient pour être
exemptés de leur participation aux expéditions militaires.
Les mamlUks méconnaissant presque l'utilisation des
armes à feu et négligeaient les techniques traditionnelles
d'entra'nement basées sur la 6u~Œ~iya, un ensemble d'exer-
cices de culture ohysique consistant à un concours de cour-
ses à cheval, de tirs à l'arc, de lances,etc ... Quand les
ottomans arrivèrent, ils trouvèrent une armée mamlüke af-
faiblie,par conséquent un terrain favorable à la conquête
et précipitée par une conjoncture internationale.
4°) Le contexte international
Les mamlùks circassiens ont joué pendant un certain
temps le rôle de puissance dans le monde musulman; cette
tache leur a été facilitée par la division des ottomans, -
une fraction s'étant alliée aux occidentaux - la victoire
des mamlUks entre 1483 et 1491 éloigna le danger ottoman
momentanément, mais entre temps, apoara1t le mouvement Shi~
ite des Safari des en Iran.
C'est dans un contexte d'affrontement d'un islam plu-
ri ethnique où l'expansion portugaise dans l'océan Indien
porta un coup dur à la fois au commerce vénitien et aux res-
sour~es des circassiens. Depuis le voyaQe de Vasco de Gama
en 1498, les portugais en contournant l'Afrique pour aller
chercher les épices, pratiguèrent le blocus de la Mer Rouge.
Le dernier sultan mamlük Ashraf Kansùh al Ghür; tenta de réa-
I

gir,mais en vain.

- 126 -
Prétextant de l'incapacité des mamlùks face à ces
portugais, et la montée du shi~isme en Iran, les ottomans
attaquèrent les mamlüks et les battirent à la bataille de
Mardj Dabik en Aoat 1516. Ainsi ils mirent fin à plus de
trois siècles de sultanat mamlük.
Conclusion
L'étude du cadastre d'Ibn al Jitàn nous a permis de
découvrir l'existence d'une aristocratie mamlùke aux visages
multiples. Tout au long de leur histoire, les mamlilks venus
se greffer dans une société égyptienne différente dieux, ont:
eu pour seul souci la légitimisation de leur pouvoir et la
sauvegarde de leur identité en tant que caste de privilégiés.
Cette situation a frefné chez eux toute volonté hégémonique
et,par conséquent leur imperméabilité aux grandes découvertes
du XVe siècle. Ils nlont pas su profiter de leur administra-
tion développée et de leur position dans la Mer Rouge pour
s'implanter durablement.
En 777, le cadastre montre un pouvoir central fort
00 le sultan et sa famille ont joué un rôle de premier plan.
Le fait que l 'état fat en mesure d'honorer les besoins maté-
riels de son armée conforta cette puissance du sultan, qui
transgressa sans s'inquiéter T'esprit originel du système
mamlûk, avec le développement du phénomène aw~ad an_na~.
Ainsi la période babrite était plutôt dynastique. Mais la
stabilité ne résista oas aux grandes cirses du XIVe siècle,
la peste et son cortège de malheurs, les guerres entre dif-
férentes factions rivales et l 'insécurité à l'intérieur, com-
me à l'extérieur du pays.
Il se dégagea parmi les émirs certaines individuali-
tés qui furent associées très étroitement au pouvoir, mais

- 127 -
malgré tout on nia jamais assisté à une dislocation du pou-
voir central. Les mamlüks orofitèrent de leur situation pour
accaparer toute l'économie du pays et privatisèrent de fa-
çon exagérée les biens de l'Etat.
La notion du pouvoir chez les mamlùks a-t-elle cons-
titué une particularité dans le monde médiéval? Les résul-
tats obtenus par l'étude du cadastre d'Ibn al Ji~an vont
être comparés à la situation de la noblesse française dans
l'armée de la même oériode.

NOTES DU CHAPITRE V

- 129 -
1 . - VCL6 M.W.
:
The. blacl2. Ve.ath ,U1 the. mJ..dd-te ca-6 t,
P,'tinc e.-
ton,
1970.
2 . -
Lapidu-6 lM : MU-6lJ..m citJ..e.-6 -<.n the iatt e,'t mJ..dd.f.e. ag C-6 ,
Cambttidge,
1967.
3.- PuJ..-6que Ibn Vuqmâqn'e-6t pa-6 nottte pttJ..ncipale -6outtce, le
tableau tJ..tt~ de. l'analY-6e. de.-6 J..n60ttmatJ..on-6 qu'J..l liv/te.
-6etta joint en annexe..
4. -
Ibn Jitan
pp.
50,
75,
79.
5. -
Ibn Jilan
pp.
163,
177,
188 .
6. -
Le. Kumu-6bagha ne ~igutte. pa-6 -6 utt la li-6te. d'Ibn a-t JJ..can,
il C-6 t /" e.ulement cit~ pa't 1 b;, VuqméiQ,c~.
Halm op.c:it.
T.
1 ,
p.
68.
7. -
Ibn Jiean :
Pr-·
193,
194.
8.- R~bi~ -6ignale l'e.xi-6te.nce du a-<.wan al mu~tta~ -6OU-6 le. ca-
liSe. 6atimide. a-t Hal2.im e.n 400/1009.
Il Y tte.gttoupait le-6
dJ..gnitaitte.-6 moJtt-6 cu déchll-6.
RabJ..~, or-.cit. p.
146.
9. -
ZahL'tt : Zubdat-
e.t Qalqa-6!<andi : ~ub~ cJ..t~-6 patt Halm,
op. cit. r-.
45.
10.- C~. table.au titté d'Ibn Vuqmaq e.t mi-6 e.n anne.xe..
11.- J.
Gattcin : L'Eg~pte. dan-6 le. monde. mU-6ulman, Hi-6toitte.
généttale. de. ('U . . E.S.C.O.,
p.
423.
.
12.- MaqttZzZ : SulŒh cité patt J. Gattcin
Un ce.nttte. médiéva-t ...
p.
446.
13.- MaqttZzi : Suluh cité patt Vol-6
: The. blach de.ath ... p.190.
14.- RU-6-6e.l : Population of. me.die.val Egypt JARCE,
1968,
pro
69,
82.
]5.- J.
Gattcin
Un ce.nttte. mU-6ulman ... p.
453,
note 4.
16.- Ibn Hajatt
Badhl al mà~ùn 6i 6a~l nl-tacùn dan-6 Vatt al
Kutub 1800 -6à'itta ; c6. Suble.t : La r-e.-6te. noitte. ptti-6e.
aux tte.t-6 de. la jU!ri-6pttude.nce..
In Studia I-6lamicE-J XXX,
pp.
141
-
149.
17.- Maqtt~z~ : Sulrrk cité patt J. Gattcin, or-.cit. p. 405.
18 • -
Halm : 0 r-. cit. r- r-.
79 à 88.
19.- Ibn Jivan : p.
195,
ligne-6 ]4 -
15.

- 130 -
20.- L~~te de~ aw~ad an~na~
-
An
Na~r~ Mu~ammad n~~~ de UzbaQ ~~ AtabaRZ : 5 000 d,
-
Le~ n~~~ du ~u~tan A?-?ahl~ Hu~hqadam : 3 000 d,
- A~~ Ba~h oz-Zah~~~
(ém~~ de 10)
: 2 500 d,
- A/:tmad b BaQtamu,'t a~ LA~a~J::
1 500 d,
- Muhammad et Aumad,
n~~~ de Sa~am : 1000 d,
- F~~~ de Muhammad a~ TU~Qman~ : 675 d,
ce~ ~b~a~ ne'~ont pa~ t~~~ ~mpo~tant~ et aucun de ce~
aw~ad an-na~ ne joua un ~ô~e ~mpo~tant.
21 . -
Ibn a~ J~, àn : pp.
13,
59,
73,
102,
109,
159,
169,
1 80,
182,
185,
186,
188,
189,
191,
192,
193,
194,
195.
22.-
Ibn a~ J~''éln : 'Pp.
21,
66,
73,
81,
98,
99,
102,
117,
131,
143,
150,
153,
155,
157,
161,
171,
181,
189,
192.
23. -
Ha~m :
op.c~t.
pp.
76,
9 1 ,
273,
339,
364,
402,
410,
540,
637,
709,
71 7,
73 1 ,
753.
24. -
Ibn a~ -J ~, li n : pp.
1 6 ,
54,
71,
73,
88 ,
9 1 ,
97,
99,
104,
105,
Il 4 ,
1 1 8 ,
1 33,
1 6 1 ,
163.
25. -
Ibn a~ J~tan : pp.
1 2 ,
33,
76,
78,
99,
1 0 1 ,
109,
1 1 2 ,
1 1 8 ,
1 26,
147 ,
1 50,
1 56 ,
1 57,
1 58,
1 59,
1 6 1 ,
168,
170.
26. -
I bn a~ J~ "lin :
pp.
22,
46,
49,
50,
53,
74,
98,
99,
103,
1 1 5 ,
1 30,
1 3 1 ,
1 5 1 ,
1 62,
1 68,
1 69,
1 70,
1 72,
1 86,
1 87.
27. -
Ibn a~ J~'èin : pp.
10, 29,
30,
54,
72,
105,
108,
1 1 8 ,
1 28,
145,
1 54,
184 ,
1 87 .
28. -
Ibn a~ J~~an
pp.
71,
90,
107 ,
1 66,
168.
29. -
Ibn ai J~·a.n
pp.
8,
45,
78,
105 ,
1 1 2 ,
1 20,
1 37,
1 53,
1 54,
169.
30.- Ibn ai J~'an
pp.
43,
17 2,
1 84.
3] . -
Ibn ai J~(an
pp.
140,
1 52,
156 •
1 80,
192 .
32.-
Ibn ai J~'an
pp.
32,
35,
74,
1 14,
1 1 5 ,
174.
33.-
Ibn a~ J~'a.n
p.
82.
34.-
Ibn ai J~(iin
p.
80.
35.-
Ibn ai J~·a.n
pp.
]J,
1 2,
1 6,
18,
J ct ,
59,
99,
J03,
107,
J09,
J J 6,
J 20,
J36,
J37,
J 59,
1 6 1 ,
J 68,
1 80,
1 83,
J 85,
J 86,
J88,
193,
J94.
36.-
Le~ ~éné~ence~ accompagnant ~e~ tableaux de~ em~~~ ~e
~appo~tent aux ~ou~ce~ d'~dent~6~c~t~on. Quant à ceiie~­
c~, eiie~ con~e~nent ie~ i~~te~ d'Ibn ai Ji'~n, donc
ieu~~ ~b~a~. Jan~m a~ Sa~6~ Tirnu~bay : Ibn J~~dn : pp.
95,
J04,
J61,
J68,
176.

-
131 -
37. -
Ibn. al Jil-iin.
pp.
12 7 ,
1 75,
1 86.
38. -
Ibn. al Jir..ltYL
pp.
79,
134.
39. -
Ibn. al Ji~an.
pp.
25,
70,
1 1 7 ,
160,
169 .
40.-
Ibn. al Jir..an.
pp.
99,
13 ? ,
1 38 .
4 1. -
Ibn. al Ji~ltYl
p.
171.
42. -
IbYl al JiLèiYl
p.
25.
43.-
l bYl al Ji~aYl
p.
160.
44. -
Ibn al Ji\\.~Yl
p.
1 77.
45. -
IbYl al Ji" aYl
pp.77s,
729 .
46.-
Halm
op. c.it.
p.
647.
47. - Halm
op. c.it.
pp. 472 , 586.
48. -
IbYl al Jit.iiYl
pp.
7 ,
8.
49.-
IbYl al Ji(aYl
pp.
704,
7 1 5 .
50.- IbYl al Ji'an
p.
72 7 .
5 7. -
Ibn al JiLan
p.
165.
52. -
Ibn al Ji' an
p.
17 8.
53.-
Ibn al Ji"a.n
pp.
32,
59,
1 6 1 .
54. -
Ibn al Ji'an.
pp.
1 59,
1 78,
1 80.
55. -
Ibn al JiLan
pp.
32 ,
53,
1 6 1 .
56. - Halm
op.c.it.p.
743.
57. -
Halm
op.c.it.
pp.
54,
146,
380.
58. -
Ibn al Ji'an : pp. 8, 171.
59. - Halm :
op.c.it. p.
145.
60.- c.6· l . M. Lapidu-6 : MU-61im c.iti e-6
67.- 1. M.
Lapidu-6 : op. c.it. , p.
120.
62.- Ayalon. : The. plague an.d Lü e66e.c.t-6 ... JRAS,
7946,
p. 70.
63. -
c. 6.
L'aJttic.le de J. GaJtc.in : L'Egfjpte da il-6 le monde mu-
-6ulman.

o EUX
1
E M E
PAR
T
1
E
LA NOBLESSE FRANCAISE: SON EVOLUTION DANS L'ARMEE de 1337 A
LA FIN DU XVe SIECLE

l
N T
R 0
D W C T
ION

- 132 -
Cette deuxième partie, contrairement à la prem1ere
sera entièrement traitée à partir d'ouvrages modernes. On re-
grette infiniment le fait de n'avoir Das pu trouver un docu-
ment de synthèse, tel le cadastre d'Ibn al Jif~n pour mener
ce travail de comnaraison.
Le fait d'utiliser les ouvrages modernes ne simplifie
pas pour autant nos recherches, car parler des rapports de
la noblesse et de l'armée du XIVe siècle au XVe siècle revient
à Doser le problème de l'existence de l'état à la mème pério-
de.
Contrairement à l'Egypte, comme on l'a déjà dit, la
France du XIIe -XIIIe siècles était caractérisée surtout par
un éclatement du Douvoir qui se trouvait entre les mains des
seigneurs, chaque seigneur se chargeant de la défense de son
château, on en était encore au stade de l'armée féodale.
Or, les monarques du XIVe - XVe siècles se sont trou-
vés brusquement devant l 'irnoérieux besoin de s'affirmer à
l'intérieur de leurs frontières, et de résister à leurs voi-
sins. Ainsi l'armée féodale cédera la place petit à petit à
une armée permanente.
Ces transformations ne sont pas dQes uniquement à des
besoins stratégiques, mais aussi à des pressions d'ordre éco-
nomique et social
et la destinée militaire de la noblesse
évolue en fonction de ces données.
Ainsi, pour mieux saisir l'évolution de cette nobles-
se, on se voit dans l'obligation d'étudier tous les aspects
liés aux transformations: les crises, la mise en place de

- 133 -
l'impôt royal, etc ... Ce qui ne facilite pas beaucoup la ta-
che d'autant plus qu'on regrette le manque d'ouvrages de syn-
thèse en général.
La documentation - qui ne se renouv~lle pas beaucoup -
est essentiellement limitée à des monographies régionales et
présente certaines
inégalités.
Si on prend par exemple le domaine fiscal, la fisca-
lité muhicipa1e est la plus étudiée. J. Favier dans l'intro-
duction de son
ouvrage: "Finance et fiscalité au bas Moyen-
~ pense que "la raison en:est le caractére exceptionnel et
exceptionnellement sériel des sources en la matière: rôle
d'assiette, comptes de perception, registres de délibérations"
Nous nous sommes reportés aux ouvrages traitant:
1°) Des questions militaires
L'ensemble de l'oeuvre de Philippe Contamine nous a
ét~ d'un apport exceptionnel ; sa"monumenta1e thèse: "Guerre,
état et société à la fin du Moyen-Age" nous a
permis de sui-
vre 1es rapports de 1a nob1 esse et de l'armée de 1337 à 1495,
même si le foisonnement des informations ne nous simplifie
pas toujours le travail.
2°) De la crise économique et sociale (XIVe siècle - XVe sièc1
C'est à ce niveau, oD le manque d'ouvrages de synthèse
est le plus patent.
Même
si Fossier dans:"Le Moyen-Age, le temps des cri-
ses" tente de remédier au fait, son ouvrage a une ambition tel
1ement vaste que la place de la France ne peut pas y être très
importante ou encore, Fourquin : "L'histoire économique de
l'occident médiéval", ses exemples sont toujours pris à son
oeuvre qui porte essentiellement sur la région parisienne.

- 134 -
On note les méthodes d'approche un peu originales de
l'ouvrage de Guy Bois: "Crise du féodalisme", alliant la
théorie (savoir économique) et l'empirisme, l'établissement
des faits (savoir historique). Dommage qulil se soit limité
à la Normandie uniquement.
3°) L'histoire institutionnelle
A ce niveau, l'histoire des institutions françaises
de F
Lot et R. Fawtier est extrêmement instructive. Elle a
repris toutes les études antérieures sur la question, nous
nous sommes surtout appesantis sur le tome II : les institu-
tions royales.
A~rès cette présentation des ouvrages, on compte di-
viser cette deuxième partie en quatre chapitres.
Pour mieux saisir l'évolution de la noblesse dans l'ar-
mée, on est obligé de ~résenter brièvement son rôle militaire
avant 1337 et ce sera l'objet du premier chapitre. Ensuite, on
tentera dans le deuxième chapitre de suivre les transformation
de cette noblesse de 1337 à 1495. Le troisième chapitre présen
tera la participation militaire des non-nobles. Quant au qua-
trième et dernier chapitre, il portera sur la crise seigneu-
riale, ses origines et conséquences.

135
CAPETIENS DIRECTS ET VALOIS
Huguli C.pll (981 996)
1
Robllt 1. Pi.u. (996-10311
1
H.nli ." (1031-10601
1
Pbilipp••" (1060-11081
1
louis VII. GlOS (1108-11371
1
louis VIII. J.un. (1137-1180)
1
Pbilipp. August. (1180-1223)
1
louis VIII 11223-1226)
1
S.int louis (1226-1270)
1
Pbilipp. III 1. H..di (1270-1285)
l---------,I
Pbilipp. IV 1. B.I(1285-1314)
Cb'lles d. V.lois
1
1
1
1
1
Pbilipp. VI d. V.I,"
1
Philipp. V
Chall.s IV
ISlb.lI.
(1328-1350)
louis X 1. Hutin
1. long
1. B.I
èp_ ~douard Il
1
(131613221
(1322-13281
d'Angletelle
Jun III. Bon
1
(1350 '3641
1
~
ldou'ld III
ClNllles V
Jun '"
J ••n."
Roi d-Angleterre
(1364-13801
(1316)
1
Chllies 1. M.uv.is
1
Cbarles VI
Roi de Navarre
(1380 14221
1
Ch.rl.s VII
(1422-1461 )
1
louis XI
(1461-14631
1
Cblrles VIII
(1463-14981
tiré de l'ouvrage de J.F. LEMARIGNIER - La France médiévale,
institutions et société

CHA
P I T
R E l
LA CONCEPTION DE L'ARMEE EN FRANCE AVANT LA GUERRE DE CENT ANS

-
137 -
La France du Xllème siècle~n'êtait pas confrontée â
des problèmes de menaces extérieures et par conséouent la
formation d'une armée nlétait pas un impératif pour elle,
seul le fait de réduire les seigneurs â une certaine obéis-
sance importait pour elle. Contamine résume parfaitement
1
bien cette situation en disant qu'âu total, même si la plu-
part des conflits se déroulèrent â l'intérieur d'un espace
assez limité (environ 40 000 km2), même si les batailles
rangées furent bien plus rares que les sièges, les effectifs
les plus souvent médiocres, les campagnes brèves, les risques
et les pertes très limités, les dévastations assez réduites,
il reste que la guerre était pour Louis VI, sa familia, ses
fidèles, une préoccupation lancinante, une éventualité tou-
te proche':' (1)
Le roi disposait ainsi d'un certain nombre de combit-
tants, même si c'est en nombre limité; comment les recru-
tait-il ?
A - LE FIEF COMME UNITE DE RECRUTEMENT MILITAIRE
LE PROBLEME DE L'OST
Certains historiens du monde musulman médiéval (2)
nlont pas su résister â la tentation de comparer l 'iq~~ au
fief tellement la ressemblance leur a parue frappante et
dans certains cas, ont traduit le mot iq~a<par fief (2). Dans
l'esquisse de comp~raison~
nous·reviendrons sur 10 probléma-
tique, car si l'iq.:çcit et le fief dans leur résultats semblent
être identiques, dans ieur conception, ils diffèrent tout
de même. Le fief comme l'iq~atdoit permettre a son titulaire
de tirer un certain nombre de revenus et exige de lui des ser-
vices.
Mais tout d'abord, comment fonctionnait-il?

- 138 -
l -La relation féodo-vassalique
La comoréhension de la vassalité ou de la relation féo-
do-vassalique est nécessaire pour saisir la position de la no-
b1es s e dan s l' a rm ée .
Marc Bloch distinguait deux ages dans le système féo-
dal. Le premier tout d'anarchie,
qui
devait se terminer
vers 1050 et le second aux structures plus fermes qu'il si-
tuait entre le milieu du XIe siècle et le XIIIe siècle (3).
Le premier age n'intéresse pas tellement notre étude; quant
au second, il doit nous aider à mieux saisir les transforma-
tions subies aux XIVe siècle - XVe siècle. Le lien féodo~
vassalique est double, ilya d'abord un lien personnel, le lien
vassalique qui crée la vassalité; puis un lien réel, né de
la concession du fief (4) du XIe siècle à la période qui nous
intéresse,i1 y a une évolution dans le sens d'une prédominance
toujours plus grande de l'élément réel.
a) La vassalité (5)
La vassalité résulte dlun contrat par lequel le vassal
devient le dépendant dlun autre homme, le seigneur. Par le
biais du lien que ce contrat crée entre les deux parties, il
engendre des obligations réciproques entre-elles.
Le contrat vassa1ique dans son aspect le olus archaf-
que correspond à la "commendatio" (pratique existantê déjà
dans la Gaule mérovingienne) ou rite par lequel le vassal
agenouillé place ses mains jointes dans celles du seigneur.
Cette dation des mains s'accomraqne toujours de serment de
fidélité ayant une valeur religieuse.
b) Les obligations
Quelles sont les obligations réciproques du seigneur
et du vassa1~ De 1 'hommage dérivent les ob~igations fonda-
mentales: pour le seigneur, protéger et soutenir son vassal;
pour le vassal servir son maître.

-
139 -
Quant au serment de fidélité, il implique le fait de
ne pas nuire, c'est-A-dire tel que le décrit Fulbert de Char-
tres : " ne pas causer dommage à la oersonne de son seigneur,
ne pas nuire non olus A son trésor ou à ses châteaux forts, à
sa justice, ce qui touche A son rang, à ses prérogatives éga-
lement, A ses possessions, à ses domaines".(6)
Fulbert lie l'ensemble des obligations A l'élément
réel, le fief.
II -Le fief
C,an'shof définit le fief COl'!1me étant: "une tenure con-
cédée gratuitement ~ar un seigneur A son vassal en vue de
procurer A celui-ci l'entretien légitime et de le mettre A
même de fournir à son seigneur le service requis ll • (7)
La conception du fief a subi des transformations en
fonction de l'évolution des structures politiques et sociales
naturellement entre le morcellement très poussé du fief du-
rant les IItemps féodaux Il et le remembrement 1ni ti épar la
royauté A partir du XIIIe siècle, la nature du fief a changé.
La concession du fief est née de l'acte dlinvestiture
ou transfert symbolisé par la remise d'un objet de la part du
seigneur à son vassal. A l'origine, le fief était une terre,
mais dans la seconde moitié du XIe siècle, grace à un renou-
veau économique et commercial, des seigneurs se sont mis à
concéder en fief à des vassaux)des rentes ou le droit de per-
cevoir annuellement un revenu fixe.
Le 'seigneur qui concède le fief pouvait être le roi
ou un tout autre seigneur en échange
de services qui sont
de deux sortes: 11 aide ou auxil ium et
conseil
- consil ium
(sur lequel nous n'insisterons pas).

- 140 -
L'aide, quand elle est militaire (8), se traduit prin-
cipalement par ~l'ost et~chevauchée" que le vassal acquitte
en combattant à cheval pour son seigneur. Au XIIe siècle, cet
ost n'excédait pas quarante jou~. L'aide militaire est fonc-
tion de l'importance du fief: au degré mineur, les fiefs de
chevaliers ou fiefs de haubert, car le chevalier arrive seul
avec son armure, ceux de châtelains, de barons, vicomtes,
comtes dont les titulaires sont tenus de venir, non plus seuls
mais avec un nombre de vassaux qui crott avec la dignité.
C'est ainsi que s'établit une hiérarchie entre les nobles en
ce qui concerne leur participation dans l'armée.
Au cas où le vassal ne respecte pas ses obligations,
le seigneur peut procéder à une saisie temporaire du fief ou
sa confiscation, la commise.
De viager le fief est très vite devenu héréditaire,
aussi bien en ligne directe qu'en ligne collatérale. G. Duby,
dans un article très récent: "Structure de parenté et no-
blesse" apporte des éléments très intéressants concernant la
correspondance entre le morcellement territorial et l 'héré-
dité en ligne directe. En effet, l 'hérédité en ligne directe
a existé pour les principautés territoriales dès la fin du
IXe siècle, pour les comtés au Xe siècle, pour les châtelle-
nies à la fin. du Xe siècle et au début du XIe siècle pour les
fiefs moins importants, c'est au cours du XIe siècle qu'elle
s'est véritablement faite.
(10) Cependant l 'hérédité du fief
n'était pas si automatique qu'on pouvait le penser car le
seigneur, pour préserver ses intérêts avait encore un certain
nombre de prérogatives, comme la nécessité pour l 'héritier de
faire hommage et de recevoir l'investiture; il devait en ou-
tre acquitter au seigneur, à titre de 'droit de mutation, une
redevance ou relief. L'héritier ne devait nas être un mineur,
ni ne pouvait être une
femme
(la femme ne peut pas accomplir
le devoir militaire).

- 141 -
Cette présentation de la relation féodo-vassalique
nous permet de constater l'importance des relations inter-
individus entre le vassal
et son seigneur (tout comme
chez les mamlüks d'ailleurs), du recrutement militaire déter-
miné par les possibilités financières, le rang de celui qui
recrute. Dans ces conditions, comment se présentait l'organi-
sation militaire avant1337, la guerre de Cent Ans?
B - L'ORGANISATION MILITAIRE AVANT 1337
Le devoir militaire se limitait surtout à la défense
du chateau seigneurial ; il pouvait être permanent ou occa-
sionnel.
Le chef politique devait avoir à sa disposition des
hommes ayant la pratique du combat à cheval ou de l'escrime.
Mais 00 trouver ces spécialistes nécessairement détachés des
travaux quotidiens? D'abord dans l'entourage familial du
puissant, certains serviteurs domestiques appelés au rôle de
compagnons d'armes, enfin les vassaux casés, pourvus d'un
fief.
A côté de ces familiers, le seigneur pouvait aussi en-
gager des milites. C'est Richier, dans son histoire de la
France, rédigée à la fin du Xe siècle qui signale en premier
l'existence de ce corps (11). Monopolisant à l~ur profit la
technique des spécialistes du combat, il devinrent une pièce
ma1tresse de l'édifice social, derrière les nobles. Jusqu'au
début du XIe siècle, le niveau démographique, la fragmenta-
tion des pouvoirs, la médiocrité des ressources, tout concou-
rait à ce que les milites engagés dans les combats fussent
peu nombreux. Mais vers les années 1050, on assiste à une réor
ganisation en raison de , 'essor démographique et d'un certain
regroupement du pouvoir da à la pratique des inféodations;
les services militaires liés au fief se trouvèrent progres-
sivement définis.

- 142 -
Ainsi, sous Louis VI appara,t une armée relativement
articulée: "un avant-garde réunissant les contingents du
duc de Bourgogne, du comte de Nevers, une aile droite avec
Raoul comte de Vermandois, cousin getmain du ïoi, une aile
gauche où se retrouvaient les gens de Pontieu. de l'Amienois
et du Beauvaisis; puis quatre corps de bataille, les hommes
de Reims et de Chalons, ceux de Laon, de St Uenis, enfin la
chevalerie de Thibaut, comte de Chartres, de Blois et de Brie,
et de Hugues, comte de Troyes et de Champagne. L'armée royale
comprenait encore, à l'arrière garde, Charles le Bon, comte
de Flandre. On retrouvait même, mais avec une suite plus mo-
deste, le duc d'Aquitaine et les comtes de Bretagne et d'An-
jou~ (12) Chaque grand répondait à l'appel du roi, seulement
le nombre des soldats n'était pas spécifié, mieux, le rende-
ment des semonces était variable selon les circonstances.
En 1133, une enquête sur les fiefs de l'évêque de Bayeu
comporte en particulier la réponse suivante émanant du comte
Robert de Gloucester: "Le comte reconnaissait tenir de l'é-
vêque en
fief l 'honneur d'Evrecy, comportant les fiefs de
dix cheval
rs, mais il devait au seul chevalie~pendant qua-
rante jours pour le service du roi de France, et deux,
pendant la même durée, pour le service du duc de Normandie et
roi d'Angleterre". (13)
La conquête d'Angleterre, de même que les premleres
croisades attirèrent beaucoup de monde, qu'en sera-t-il du
XIIIe siècle? C'est ce que nous allons essayer de voir.
La période qui s'étend de 1150 à 1300 correspond à
une ép0que de paix accentuant l'essor démographique et éco-
nomique déjà entamé au XIIe siècle et favorisant le dévelop-
peMent de vastes ensembles géographiques.

- 143 -
Les croisades de cette époque, nlont pas été boulever-
santes dans leur ensemble, mais la reprise du conflit franco-
anglais, la conquête du Pays de Galles par Edouard 1er, les
armées de Philippe le Bel contre 1es,f1amands suscitèrent des
conflits qui préfigurèrent les grandes guerres dynastiques et
nationales de la fin du Moyen-Age. Comment se présente l'ar-
mée durant cette oériode ?
Les cheva1~ers continuent de former le coeur des ar-
mées. A la fin du XIIIe siècle une idée répandue voulait que
"cent chevaliers eussent la même valeur que mille gens de
pied". (14) Le chevalier àoit supporter un équipement de plus
en plus cher. Cet équipement tel que le précise la règle du
Temple comprend: "un haubert, des chausses de fer, un heaume
ou un chapeau de fer, une "espa1ière" protégeant les épaules,
les soberets couvrant les pieds, un jupeau d'armes ou cotte
d'armes que l'on passait par dessus le haubert, un écu, comme
armes offensives une lance, une limasse turquoise", un coteau
d'armes". (15) Autant l'émir mam1Gk grevait ses ressources
dans l'achat des soldats, leur formation, la parade, autant
le chevalier s'évertuait à trouver des fonds pour s'équiper
par conséquent, la qualité de l'équipement d'un cheva1eir dé-
pendait de ses possibilités, et ceux qui appartenaient aux
plus riches lignages avaient des armes plus luxueuses, une
suite plus étoffée, des montures en plus grand nombre. Cette
différenciation de fait au XIIe siècle devient institution-
nelle au XIIIe siècle et l'armée sous Philippe Auguste dis-
tinguait les chevaliers banneretsdcs simples chevaliers. Le
phénomène des ordres de chevalerie au XIIIe siècle, contri-
bua beaucoup au développement de l'armée. Composés de volon-
taires engagés pour la vie, les ordres militaires sont issus
de l'esprit de croisade, disposant d'un support logistique
(à travers un réseau de commanderies)
important et de revenus
réguliers; il leur fut possible d'entretenir en permanence
leurs forces militaires organisées en véritables armées.

-
144 -
Cet exposé sur le phénomène militaire en général ne
doit pas nous faire oublier l'ost ou ce devoir du vassal en-
vers son seigneur, auquel Philippe le Bel apporta un certain
nombre d'innovations. Ce roi s'efforça d'obtenir le service
de l'ensemble des possesseurs de fiefs (vassaux ou non). Tel
était l'objet du ban du roi qui prétendit convoquer par ar-
rière-ban l'ensemble des personnes capables de porter des ar-
mes.
Cet arrière-ban permit la levée d'une nouvelle taxe cer-
tes, mais aussi une mobilisation des forces militaires.
Donc, avant la guerre de Cent Ans, le recrutement mi-
litaire était lié aux structures traditionnelles de l'époque.
La guerre était avant tout une affaire de nobles. Continuera-
t-e11e à l'être au fil des années? C'est ce que nous allons
essayer de voir en étudiant la place de la noblesse dans une
armée qui se transforme en raison des conditions économiques.

NOTES DU CHAPITRE l

-
146 -
7.-
P/ü-t,tppe COYltamù1e: -ta guelllle au MOf)rn-Age,
p.
726.
2.- C-taude Cahen daYl~ un allt,te-te Ilemallquab-te a po~é -te~ ja-
-tOYl~ de -ta eompalla,t~OYl.
I-t ~'ag,tt de -t'évo-tut,ton de
-t',tq~a du IXe ~,t~e-te au XIIIe ~,t~e-te. COYltll,tbut,ton a
une h,t~to,tlle eompallée de~ ~oe,tété~ méd,téva-te~, pub-t~é
da.n~ Anna-te~ (E.S.C.)
(7953),
p.
25
-
52.
Quant a Gau-
de61loy Vemombyne~, li tlladu,tt -t',tqt~ pail 6,te6. A -ta
page 789 de ~on ouvllage : "La Sylt,tè a -t'époque mam-tuke" ,
-te vo,t-ta ~'expll,tmaYlt ain~i, en pall-tant de~ émlll6 de 70 ;
'~e~ 6ie~~ dont ,t-t~ d,t~p06eYlt n'applloeheYlt pO,tYlt d,tt de
Ma~aLtk,de ceux de -t'Egypte ... ".
3.- e~. Malle E-toeh : La ~oelété
~éoda-te.
La d,t6tlYlet,toYl entlle
-te~ deux aqe~ de la ~oelété féoda-ti e6t -te 6le eOYldue-
teull de cet ouvllage dOYlt -t',tntéllêt n'e6t p-tu~ a démon-
tllell.
4.- J.F.
Lema'Llgn,tell : La Fllanee médléva-te .. . , p.
726.
5. - SU.1l -ta va~~a-t,tté
: BOYla6~lé dan~ ~OYl -tlv/7.e : "Le6 50
mot~ e-té66 de -t'hl6tolJte médléva-te" en a dOI1Ylé une dé-
6lnltlon eondeYl~ée et pJteel~e.
C6.
éga-temeYlt Lema!t,{gYlle'L : op.
elt.,
pp.
726-727 et
Garl~ho6 : Qu'e~t ce que la Féodaflté;
p.
705 a 768.
6.-
FufbeJtt de Challte~ éelllvalt vell~ 7020, ma,t~ ~e~ ,tdée6
60Ylt eYleolle vafab-te~ au XIIIe ~,t~e-te au mO,tYl0 ; Fu-tbellt
"Reeuc-,t-t de~ hl~tof[len~ de~ Gau-te~ et de -ta FllaYlee", e,t-
té pail LemalllgnIe!t : op.
eIt.,
p.
728.
7.- GaYl6ho6 : op.
e,tt. p.
168.
9.- L'a,tde pouva,tt êt!te d'un tout aut!te o!td!te a ~avo,t!t pé-
eUYl,tè!te.
Le va~~a-t dolt alde!t hOYl ~e,tgYleull,
~e-toYl -t',tm-
po!ttanee de ~OYl 6le~ dan~ eellta,tYle~ e,tlleoYl~tanee~ de -ta
v,te du ~e,tgneull
: palement de fa llançOYl, ~,t -te ~e,tgneu'L
e~t 6a,tt pll,t~onn,te!t, pa,tement de f'allmu!te du ~,t-t6 aZné
a~mé eheva-t,tell, paJtt,te,tpat,tcYl au mall,tage de -ta 1,t-t-te aZ-
née.
10.-
Lc.mall,tgYl,te!t : op. eit. p.
140.
Il.-
Rieh,tell : Hl~to,t~e de F!taYlee 1885-995), éd,tt,toYl et tlla-
duet,toYl R.-ratouehe,
Pall,t~937, e,tté pail Contam,tYle :
op.

e,tt.)J.
110.

-
147 -
12. - Sugelt
:
Vle de Lou-<-.6
~1 le. ItO.6, éd-<-t-<-on et tltaduc.t-<-on
A.
Waquet,
c.ité palt Contamine:
op.
c.-<-t.
p.
134.
13.- H.
Navel :
L'enquête de
1133,
c.-<-té parc Contam-<-ne
op.
c-<-t.
p.
134.
14.- Contam-<-ne
: op.
c.-<-t.
p.
160.
15.- H.
de Cultzon:
La Itègle du Temple
c.-<-té palt Contam-<-ne
op.
c.-<-t.
p.
160.




CHA
P I T
R E
II
t
L'EVOLUTION DE LA NOBLESSE DANS L'ARMEE ENTRE LA GUERRE DE
CENT ANS ET LA FIN DU XVe SIECLE





- 149 -
Le XIVe siècle s'ouvre sur une grave crise de la so-
ciété féodale. Er effet, il ressort des recherches récentes (1
que les derniers siècles du Moyen-Age correspondent à une
contraction agraire et lIindustrielle ll effectuée au cours d'une
longue période et accompagnée d'une diminution de la popula-
tion. Cette contraction se fit sentir tout d'abord parmi les
classes dirigeantes: les revenus seigneuriaux et les profits
commerciaux et industriels commencèrent à baisser. Le marasme
de la productivité entra'na l'incapacité de l'économie féoda-
le à supporter les frais croissants des dépenses non produc-
tives des classes dirigeantes (nous reviendrons sur la crise
seigneuriale). Ces dernières avec la guerre de Cent Ans, dont
les hostilités débutèrent en 1337, trouvèrent une soiution à
leur problème: la création d'une armée permanente leur pro-
posant une soide régulière était la bienvenue, elle permit
une véritable mutation de la seigneurie. Pour Fossier : Ille
XIVe siècle a été un siècle d'hommes nouveaux. Routiers P-t
capitaines enrichis aux hasard des rançons et des batailles,
marchands d'aventures frayant les routes nouvelles du commer-
ce transalpin ou de la navigation atlantique, manieurs d'ar-
gent habiles à tirer partie du remuement des monnaies et de
l'apparition de la fiscalité moderne, princes et apanagistes
ambitieux entourés de leur cour ... 11 (2)
Dans cette conjoncture de remue-ménage général, le des-
tin de la noblesse dans llarmée a connu des transformations
entre le XIVe siècle et le XVe siècle oD on distingue plu-
sieurs phases.
A - L.A PHASE "EMPIRIQUE II (1337-1369)
C'est une période se caractérisant par certaines ambi-
guités et tatonnements où les règles du recrutement et les
structures de l'armée étaient mal définies.

- 150 -
l -Le recrutement
Depuis 1302 au moins, les rois de France firent usage
de l'arrière ban: "toutes manières de gens pouvant porter
armes et combattre à cheval ou à pied, nobles ou non nobles,
sujets du roi ou des seigneurs ecclésiastiques, entre 18 (par-
fois 14 ans) et 60 ans devaient contribuer à la défense du
royaume et de la couronne". (3)
Malgré la lutte du roi contre une interprétation res-
trictive de l'arrière-ban, son extension géographique se li-
mitait surtout à son domaine, du moins dans la première moi-
tié du XIVe siècle. Convoqué à plusieurs reprises par Philippe
le Bel lors des guerres de Flandres, puis par son fils Charles
IV en 1324, et par Philippe VI en 1328, l 'arriè~e-ban semble-
t-il fut créé à sept reprises, durant les premières années de
la guerre de cent ans: 1338, 1340, 1342, 1346, 1347, 1355,
et 1356. (4)
A ce niveau se pose un problème: celui d'obliger les
gens à s'assurer de leur devoir militaire. Quels moyens coer-
citifs disposait le roi pour imposer une levée de troupes ré-
gulières ?
En 1304, certains nobles se rendirent à l'ost et les
autres qui n'y allèrent pas
durent payer le cinquième de
leurs revenus. Mais en 1308 s'ajoutèrent à ces nobles défail-
lants, ceux qui s'étaient rendus à l'ost avec un équipement
insuffisant.
Au fur et à mesure que la guerre se prolongeait le roi
trouvait un moyen de pression sur les nobles; il en arriva
à leur confisquer leurs fiefs s'ils refusaient de se rendre
à l'ost et exigeait même des fieffés les plus riches de ve-
nir à l'arr::ée accompagnés de plusieurs combattants. A partir
de ce moment, l'obligation cesse d'être personnelle ou morale
pour devenir réelle? Peut-on éval uer la présence des nobles
durant cette période?

-
151
-
Il est extrêmement difficile de chiffrer de façon pré-
cise la proportion des nobles parmi l~s 28 000 hommes d'armes
et 16 700 gens de pied dont dispose le roi entre 1337 et 1369.(5
Par contre, on les voit très nettement accaparer les postes de
commandement. Le commandement suprême des troupes revenait au
roi, raison pour laquelle Philippe VI et Jean le Bon firent
effectivement campagne.
Ensuite venaient les lieutenants du roi et capitaines
généraux désignés par le roi et qui exerçaient leurspouvoirs
dans les régions déterminées. En 1339-40 par exemple, l'évê-
que de Beauvais, Jean de Marigny, était lie~tenant du roi
pour la Gascogne, la Saintonge et Le Languedoc, il avait sous
son contrOle plusieurs capitaines généraux responsables d'une
circonscription moins étendue.
A un échelon inférieur, d'autres groupements apparais-
sent, les "montres". C'est au chef de montre, ayant â son ser-
vice un certain nombre de combattants, de recevoir des tré-
soriers de guerre, les prêts et les paiements pour lui et ses
compagnons. Le groupe d'une montre correspondait â la fois â
un procédé administratif destiné â faciliter la tâche du per-
sonnel de contrOle et de financement, et â une réalité sociale
les hommes réunis dans une même montre avaient fréquemment
une origine
géograohique ou féodale commune.
Ces no~les qui par devoir venaient dans l'armée - du
mcins dans les premiers temps - avaient-ils droit â des paie-
ments dans la mesure 00 ils étaient presque obligés d'y venir
La monarchie faisait usage de trois modes de paiement
en
faveur des combattants :

- '52 -
- Le premier était relativement rare: pour quelques pri-
vilégiés - le connétable de France et les gens de son hôtel -
le roi leur remboursait intégralement leurs dépenses ou bien
les entretenait.
- Les gages à composition, également peu courants, consis-
taient à une certaine somme versée à un chef de guerre qui de-
vait en échange rendre un service militaire au roi.
- Le troisième cas: il s'agissait de verser aux combat-
tants une solde établie en fonction de la durée pendant la-
quelle ils avaient été retenus au service du roi.
Les tarifs et les gages ont beaucoup variés de 1202 à
la fin du Moyen-Age. Le taux de 10 st pour un chevali~r sim-
ple demeure en usage jusqu'en 1343. (6) Mais dès 1315, les
grands; gages firent leur apparition avec l'équivalent dlune
solde journalière de 15 st.
Après 1350, un nouveau barême s'introduisit, corres-
pondant pour le chevalier bachelier à une paye quotidienne de
20 st, qui devint la norme à partir de 1364.
Pour les écuyers à cheval, le tarif de 5 st., en usage
au début du règne de Philippe III, se retrouve encore en 1355
Dour les écuyers les plus mal montés. Ceux disposant des meil-
leurs chevaux recevaient des gages plus élevés qui variaient
du début de la guerre de Cent Ans entre 6 st. et 7 st. (7) A
partir de 1356-60, un tarif unique de 10 st. s'imposa pour
11 écuyer ou pour l 1homme dl arme.
Il appara't donc qu1en dépit de leur caractère couta~
mier, les gages des guerres variaient dans la pratique en
fonction des ordonnances royales successives fixant la valeur
des espèces réelles. En 1335, la solde mensuelle dlun cheva-
lier correspondait à 83,88 gr.d'or fin, celle d'un écuyer à
41,94 gr.,celle d'un sergent de pied à Il,2 gr.(8)


-
153 -
A côté de ces gages, certains gens de guerre bénéfi-
ciaient d'autres avantages,tels :
- Les venues et retours : chaque jour passé au mandement
du roi était compté pour une trentaine de kilomètres.
En 1340, durant l'ost de Bouvines, Jean de Levis, fils du ma-
réchal de Mirepoix, écuyer de la bataille du duc de Normandie,
se vit accorder 30 jours de solde supplémentaire pour ses ve-
nues et retours entre Mirepoix (près de Carcassone) et la
Flandre (9).
- Restor de chevaux: vieil usage féodal consistant à rem-
bourser aux combattants leurs chevaux perdus sur le champ de
bataille.
Etats
indemnités réservées aux seuls chefs de guerre
pour leur permettre de "soutenir leur estat".
Des comptes de 1339-40 permettent de distinguer trois
types de bénéficiaires
de ces "Etats".
• Quelques très grands seigneurs, le plus souvent gou-
verneurs de batailles, ou lieutenants du roi, percevaient des
avantages pécuniers substantiels. Exemples: l'évêque de Beau-
vais, le comte de Flandre et le duc d'Athènes.
• Certains officiers royaux comme les baillis et les
sènéchaux qui disposaient de gages ordinaires, avaient égale-
ment droit à un Etat.
• Les deux maréchaux de France, en plus de leurs gages
ordinaires, et de la paye qu'ils recevaient des trésoriers de
guerre, bénéficiaient aussi d'un Etat.
L'importance des états variait en fonction de leur des-
tinataire.
En conclusion à cette étude sur la situation en vigueur
durant les premières années du XIVe siècle, on peut dire que
les efforts et progrès dans l'administration militaire sont

- 154 -
notoires,mais la monarchie parvint difficilement â contrôler,
solder, équiper et ravitailler son armée où la mainmise de
la noblesse est réelle - même s'il nous est difficile de l'é-
valuer - raison pour laque11e le peuple français la rendra
responsable des défaites durant les premières années de la
guerre de Cent Ans.
La deuxième moitié du XIVe siècle va être consacrée
à la mise sur pied d'une armée de reconquête.
Si dans ce paragraphe, il nous a été un peu difficile
de faire une comparaison avec l'Egypte, car les structures
de l'armée n'étant pas définies, les transformations de l'ar-
mée nous permettront très certainement de dégager un tableau
plus précis de la place qu'y occupe la noblesse.
B - NAISSANCE D'UNE SOCIETE MILITAIRE (1369-1495)
La société militaire est née de la volonté de Charles
V de mettre sur pied une armée de reconquête.
a) Les réformes de Charles V (1369-1380)
Charles V ne se servit des modes de recrutement résul-
tant d'obligations traditionnelles que rarement. Il ne convo-
qua l'arrière ban qu'épisodiquement, en 1369, 1373~ 1375, 1378,
1380. (10) Chacune de ces convocations correspondait à une
phase cr'itique de la guerre. Mais pour l'essentiel, l'armée de
reconquête fut composée de volontaires dont les chefs étaient
retenus au service du roi. Ils recevaient des lettres de rete-
nues dont le contenu demeura inchangé jusqu'au milieu du règne
de Charles VII.

- 155 •
Pour Charles V il s'agit de circonscrire le plus étroi-
tement possible la composition des armées royales. Seuls les
capitaines des gens d'armes ayant reçu une lettre soit du roi
lui-même, soit de ses lieutenants, chefs de guerre, princes
et seigneurs étaient reconnus. Ce qui permettait un contrOle
plus efficace de la part de la monarchie et la centralisation
devint telle que seulesdeux autorités étaient habilitées à
délivrer des l~ttres de retenues:Louis d'Anjou pour le Langue-
doc et Charles V pour le reste du Royaume. (11)
Cependant la réussite la plus importante de Charles V
se situe dans le domaine financier. Certes le restor des che-
vaux fut supprimé et les soldes accordées ne connurent pas
d'augmentation, mais la stabilité monétaire permit une plus gra -
de régularité dans l'allocation de substantielles indemnités
de commandements aux chefs de guerre. (12)
Les réformes de Charles V constituent le premier jalon
vers une hiérarchisation institutionnelle de l'armée.
b) Les chefs militaires
Contrairement a l'armée
mamlUke
on ne retrouve pas
ces chefs militaires en nombre fixe, mais on les trouve dis-
persés à travers les comptes de trésoriers. Néanmoins, ils
sont peu nombreux.
En 1369, Louis d'Anjou retient quelques dizaines de
capitaines pour faire la guerre en Languedoc. Les comptes
des deux trésoriers de guerre de Languedoc
permettent d'é-
tablir une liste de quarante chefs qui jouèrent un rôle pré-
po~dérant et durable dans la poursuite des opérations. Peut-
on les comparer aux commandants de mille de l'armér mamlüke ?
Difficilement, car ils ne orésentent pas une homogénéité en
leur sein, aucun critère n'est défini pour ce qui est de leur
recrutement, seule leur origine qéograohique est retenue par
les documents.

-
156 -
Sur ces quarante chefs figurent deux étrangers: les
Gallois. Owen de Galles et Jean Win; tous les autres sont
du royaume à l'exception de l'amiral de France, Jean de Vien-
ne, originaire du comté de Bourgogne. mais avant tout sujet
et vassal d'un prince français Philippe le Hardi. duc de Bour-
gogne. Sur les trente-sept noms, il faut mettre à part les
seigneurs de la Maison de France, tel le duc Jean de Berri,
pour le reste, les origines sont forts variées. (13) Pour
ces chefs, nous nlavons aucune information sur leurs effec-
tifs et leurs revenus, mais nous savons que les combattants
qui étaient sous leur autorité ne répondaient pas toujours
à une même réalité sociale.
En effet, sous Charles V les batailles ont commence a
subir une transformation. Les contingents d'hommes ne répon-
daient plus à une même origine géographique et présentaient
un cosmopolitisme certain, comme leur chefs qui étaient di-
visés en trois catégories:
1. fa~i!ain!s_r!sEo~s~ble~~I~n! ~ill! ~u_d~u~e_pla~e, ayan
sous leurs ordres quelques dizaines d'hommes dlarmes au maxi-
mum. Ils étaient sept entre 1369 et 1380, parmi lesquels qua-
tre chevaliers et trois ecuyers dont l'un fut ultérieurement
promu chevalier. Ils étaient tous des représentants de la pe-
tite noblesse.
2. Caoitaines
_ . . I . -
d'une comoagnie
~ - -
d'armes
- - - -
se déplaçant sur les
divers fronts au grè des nécessités militaires: on en compte
dix-neuf parmi lesquels quatre écuyers, dix chevaliers (trois
promus chevaliers-bannerets), quatre chevaliers-bannerets et
un comte. Le recrutement social est supérieur à la précédente.
3. fh!f~ ~e_g~e.!.r!,_lie~t!n~n!s_d.!!!Oi ~u_lI~o~:!.v!r~i~s_c!pi­
!ain!s~ ayant été investis à un moment quelconque de la pério-
de 1369-1380 des responsabilités majeures. Gouvernement de
plusieurs compagnies ou commandements militaires d'une région,
on en compte quatorze par~i lesquels deux de rang~ princier,
neuf chevaliers bannerets, deux chevaliers bacheliers, un é-
cuyer. Les deux chevaliers bacheliers devinrent plus tard che-
valier bannerets.

- 157 -
Comme chez l'émir mamlük, la promotion d'un capitaine
relève avant tout de la volonté du roi et de l'exercice de
son métier, mais il faut y ajouter c~ qui revient à sa nais-
sance ou à ses alliances; ce qui explique la rapidité de
certaines promotions comme ce Jean de Meingre fait chevalier
à l'âge de quatorze ans, levant pour la première fois, bannière
à vingt-deux ans;
par contre d'autres comme Guillaume de Bor-
des, Jean de Bueil ... ont passé plusieurs années au service
du roi avant d'être ~romu bannerets. (14)
La carrière de ces capitaines est essentiellement mi-
litaire, on ne les retrouve pas encore dans l'ad~inistration
l'actualité de la guerre de Cent Ans doit y être pour quelque
chose.
D'après cette présentation, on se rend compte oue du-
rant tout le XIVe siècle la monarchie des Valois a cherché
à restreindre l'autonomie des chefs de guerre et mieux, à dé-
finir leur pouvoirs, même si l'ordonnance du 13 Janvier 1374
conforte leurs responsabilités sur leurs troupes et leur ac-
corde un pouvoir de répression sur elles.
La mainmise
de la royauté sur l'armée ne cessa de
crèTtre durant le dernier quart du XIVe siècle et surtout
au XVe siècle.
Dès la fin de 1380, l 'objectif primordial de la France
fut de mettre en défense des régions 00 la menace des anglais
pouvait resurgir et furent créées les garn~sons à la t~te ~es­
quels étaient placés des lieutenants du roi ou capitaines.
Mais les effectifs se trouvèrent réduits: les éléments de
reconquête, entre 1369 et 1380, étaient presque deux fois plus

- 158 -
nombreux. Cette mise en place de la défense territoriale ne
mit pas entièrement fin à l'expérience des compagnies des
gens de ÇJuerre à la fois mobiles'èt permanentes réal isés par
Charles Ventre 1369 et 1380.
Mais c'est à partir de 1445 que commence la véritable
modernisation de l'armée. Charles VII jeta les bases d'une
armée nouvelle qui resta inchangée jusqu'au milieu du XVIe
siècle. Les transformations consistèrent à la création
- De troupes permanentes servant le roi en temps de paix,
comme en temos de guerre, ou les ordinaires.
- Des éléments non mobiles que le souverain mobilise en
cas de danger: les extraordinaires.
a) Les troupes permanentes
Elles sont déterminées rar des ordonnances dont la
plus célèbre, celle de 1445, énumérait les chefs de guerre
retenus par le roi et définissait la lance fournie ou garnie
composée de six hommes à cheval. Ces six hommes regroupaient
à la fois des gens d'armes et des gens de trait.
Il semble que dans les oremières années de l'ordonnan-
ce, l'effectif s'éleva à environ 1800 lances environ. (15)
En 1461, le compte du trésorier de guerre Antoine
Raguier, donne un total de 1729 lances commandées par trente
ouatre capitaines dont huit seulement avai~ la charge d'une
compagnie de 100 lances. Par conséquent un capitaine devait
avoir à sa charge 200 hommes en moyenne. Parmi les troupes
permanentes, il faut comoter l es mortes payes ou troupes de
garnison chargées de la défense des provinces et la maison
du roi: gardes du corps et gentil hommes du roi qui rappel-
lent étrangement les mamlûks sultaniens. Ces gardes du roi
étaient composés
d'une comoagnie d'écossais (donc des étran-
gers) qui à partir de 1446 compta 26 hommes d'armes et 78 ar-
chers.

- 159 -
b) Les troupes non-~ermanentes.
Elles étaient levées par le biais du mercenariat et
del' a'r r i ère - ban.
Contamine pense qu'en "extrapolant un certain nombre
de données partielles, on peut penser que vers 1470, pour une
France "utile" de 350 000 km2 environ, le roi pouvait dispo-
ser à la limite de 16 000 combattants,dont 2 500 hommes d'ar-
mes ayant un équipement comoarable, quoique de qualité infé-
rieure, à celui des gens de l'ordonnance. (16)
A ces trouoes non-permanentes, il faut ajouter les
francs-archers et gens de pied.
L'ordonnance du 28 avril 1448 (17) institua le corps
des francs-archers levés par les paroisses à raison d'un pour
80 feux. A la fin du règne de Charles VII et celui de Louis
XI, le nombre des francs-archers variait entre 6 000 et 8 000
hommes.
La modernisation de l'armée est dOe en grande partie
à l'évolution des corps des francs-archers,
un peu rapide.
Ainsi, la deuxième moitié du XVe siècle est caractérisée par
quatre ty~es d'infanterie - les francs-archers, les bandes
permanentes, les suisses, epfin les gens de pied
levés au
moment des campagnes - et la création de quatre capitaineries
générales en 1466 (cf. carte). Mais cette volonté de définir
les structures de l'armée n'exclut pas les hésitations de la
monarchie partagée entre les exigences de l'art militaire,
le désir de ne pas voir s'écouler l'or à l'étranger
par la
solde des mercenaires, le souci de maintenir la supériorité
guerrière des nobles. qulen était-il de l'arrière ban?
Par acte du 22 Mars 1449, Charles VII tenta une réor-
ganisation de cet arrière-ban; il contra'gnit
"tous ceux

- 160 -
LES QUATRE CAPITAINERIES GENERALES DES FRANCS-ARCHERS
(1466)
Frontillf-es théoriQues du royaume de France
Li'n/tes du ~ume contrôlé par Louis:n
Lhlites des Quatre capitaineries de
francs - archers
~ Vines choisies pOur les montres générales des francs - archers
(Source: B.N. fi: 18442)
Tiré du livre de P. CONTAMINE; Guerre, Etat et Société à la
fin du Moyen Age. Etudes sur les armées des rois de France
1337-1494.

- 161 -
qui, tenant des fiefs et terres nobles de lui ou d'autres
seigneurs n'avaient pas coutume de suivre les armes, de
"mettre sus" à leur place des gens de guerre". (18)
Cette ordonnance orécisait aussi eue les nobles pou-
vaient servir non plus seulement comme hommes d'armes, mais
comme archers à cheval; la solde était établie en fonction
de l'équipement: "un homme d'armes en état convenable, de-
vait toucher 15 francs par mois s un archer 7110 st. (19)
Les nouveaux gages ne tiennent plus compte des distinctions
sociales traditionnelles entre chevaliers bannerets, cheva-
liers bacheliers ... Ce changements si important n'était pas
da à la seule initiative royale, il correspondait d'une parts
aux transformations de l'art militaire et d'autre parts à
l'évolution sociale et économique de la classe noble: au mi-
lieu du XVe siècles la chute de la rente foncières la crise
des revenus (nous y reviendrons) ne permettaient plus qu'à
une minorité de nobles de se ~rocurer un équipement d'hommes
d'armes, plus comolet et plus coOteux que jamais.
En 1481, l'arrière-ban devient une infanterie, car dès
1473 le roi promulgue un édit où il ordonne une enquète sur
les revenus des fiefs et une montre générale des astreints
et 00 il définit les exemptions et le~ dispense~. et quatre
capitaines généraux de l'arrière-ban en 1480.
Mais cette réforme de Louis XI, contraire à la menta-
lité noble fut abandonnée en 1485, et l'arrière-ban dans sa
conception traditionnelle fut convoqué entre 1487 et 1492
au cours des guerres de Bretagne et des dernières luttes con-
tre Maximilien d'Autriche.
III - Les Caoitaines de l'Ordonnance

,
- 162 -
a) Sous Charles VII
La documentation permet de relever les noms de la olu-
part des capitaines retenus Dar le roi à la suite de la ré-
forme de 1445. Il s'agit des deux maréchaux de France Philippe
de Culant et André de Laval-Lohéac (caoitaine de 60 lances) ;
neuf capitaines de 100 lances
: Charles duc de Bourbon, Poton
de Saintrailles, Jean d'Estoute-ville, seigneur de Torey, Joa-
chim Rouart, Robert de Floques, Arnaud - Amarien d'Albret,
seigneur d'Orval, Pierre Louvain, vicomte de Berzy, Pierre
Brezi, seiqneur de Varenne et Charles de Culant, frère du
maréchal. Jean de Bueil avait la charge de 80 lances, Robert
Coningham de 40, Raléas Jambe de 10, Etienne de Lesninasse
de 20, Tristan l 'Hermite prévôt des maréchaux de France avait
sous ses ordres 21 gens de ~uerre, puis avec un nombre indé-
terminé d'hommes d'armes et d'archers, Robin
Pettylow. Re-
gnault du Oiesnay, Olier de Coëtivy, Boniface de Valpergue,
~artin Garcie,Geoffrey de Couvreur, Guillaume de Rosnyviven
et Olivier de Broons. (20) En tout 24 caDitaines dont les comma -
dements
étaient étonnamment inégaux, bien que 9 d'entr' eux
au moins aient compté
le chiffre maximum et néglementaire
de 100 lances fournies. A cette liste on peut ajouter les
noms de deux capitaines des hommes d'armes et d'archers de
la garde du corps du roi, les Ecossais Nicole et Cristye
Chamber.
Les ca~itaines étaient confrontés à uneimoitoyable
sélection de la part du roi. On écarta à coup sur les élé-
ments les olus indociles comme Jean, bâtard d'Arma~nac et
Jean de Salazar, qui en dé~it des ordres réitérés du roi,
refusaient de casser la Loire et de ga~ner la frontière des
anglais, oréférant dévaster de concert le nlat Days du Lan-
guedoc. Pour des motifs semblables, beaucou~ furent rejetés.
Mais le caractère social du tri est peut-être encore ~lus
marqué: dans la liste de 1445, aucun bâtard, un seul roturier.

-
163 -
Furent au contraire, des hommes de naissance légitime, aDpar-
tenant à la moyenne noblesse, dont les ancêtres apparaissent
souvent dès le début de la guerre de Cent Ans, à la tête de
petites comoagnies d'hommes d'armes, .avec les titres de che-
valier, bachelier ou de banneret, comme Joachim Rouaut, Robert
de Floques et Jean de Bueil, ou même se rattachant à la très
haute noblesse tels le sire de Torcy, le maréchal de Lahéac
ou le sire d'Orval.
Le tri de 1445 fut aussi le résultat de tractations
d'ordre Dolitique, d'accords intervenus avec le oetit nombre
de très grands seigneurs formant l'entourage du roi, dont
l'approbation et le concours étaient indispensables à la réus-
site de la réforme. C'est pourquoi Mathieu d'Escouchy (21)
signale autour du roi Charles VII, la présence du dauohin,
du roi René, du duc de Calabre, de Charles d'Anjou, du conné-
table de France Arthur de Richemont, du comte de Clermont,
futur duc du Bourbonnais et d'Auvergne, de Gaston IV, comte
de Foix, de Louis de Luxembourg, comte de St Pol, le comte
de Tancarville, de Dunois, d'autres conseillers tant écclé-
siastiques que séculiers. Les seigneurs, bien que parfois
~lacés nar le roi à la tête des qrandes exnéditions militai-
res ne retiennent aucune charge oour eux, la responsabilité
de quelques centaines de combattants leur paraissait sans-
doute à l'éooque une besogne troo obscure et troo mince. Il
fallait que les caoitaines acceptent d'aller eux-mêmes con-
duire leurs hommes dans les provinces du royaume et les Grands
comptaient seulement comme par le passé, obtenir en cas de
reprise des hostilités, le gouvernement de plusieurs de ces
compagnies, dont les capitaines, leurs protégés serviraient
sous-eux.
En 1440 et
1442, lors de la Praguerie, aux princes du
sang, Charles de Bourbon,René d'Anjou, Jean d'Alençon qui lui
demandaient de choisir "caoitaines convenables et suffisants,

- 164 -
tant de ceulx du roi, comme de mesdiz seigneurs" pour soute-
nir le fait de ~uerre, oronosant ainsi un nartage à l'amia-
ble qui sauvegardait leurs intérêts et leur autonomie, Char-
les VII avait réDondu, avec la plus grande fermeté que "toute
la guerre du royaume aooartient au roy et à ses officiers ... "
Mais il n'avait pas pu imposer son point de vue dans l'immé-
diat.
Durant les dix dernières années du règne de Charles VII,
les changements dans les comoagnies d'ordonnances furent as-
sez peu nombreux. Il y eut le lot habituel des morts et des
disgraces - celle des Culant~n 1451 et 1453, celle de Robert
Coningham en 1458 (22) ; des places se trouvèrent ainsi dis-
ponibles dont profitèrent des lieutenants de comnagnie. Les
chefs sortis victorieux de la dernière phase de la guerre de
Cent Ans purent jouir en paix des charges et offices eue leur
offrit la monarchie.
A la mort de Charles VII, le 22 Juillet 1461, 57 % des
capitaines de la grande ordcnnance exerçaient leur commande-
ment deDuis une quinzaine d'années, 17 % depuis une dizaine
d'années.
b) L'avènement de Louis XI
Louis XI nourissait une haine violente et ouverte à
l'égard de son père, de son entourage, de ses favoris, son
avènement entra1na aussitôt une épuration massive qui n'af-
fecta pas seulement les possesseurs des grands offices de la
couronne, les cadres de l'administration, mais aussi le com-
mandement de l'armée permanente. 25 capitaines, soit 75 %
des chefs furent destitués.
Il permit l'avènement d'une nouvelle génération d'hom-
mes qui prit alors le commandement des troupes de l'ordonnance
souvent plus jeunes, peut être moins expérimentés aussi,

- 165 -
n'ayant eu que peu de responsabilités militaires durant les
dernières années de la guerre de Cent Ans ; en général de
petits nobles, d'assez minces personnages, sans indéoendance,
sans position sociale assurée, qui devaient toute leur fortune
et leur puissance à la faveur du pouvoir royal, ne pouvait
dans l'esprit de Louis XI qu'être tout à fait docile à ses
ordres.
Ainsi les mutations de 1461 crèèrent un noyau de mé-
contents qui s'estimant injustement 1ésés,a11èrent offrir
leurs services aux princes troD heureux de grossir de la sor-
te
le nombre de leurs fidèles. Pierre d'Urfé, qui avait exer-
cé un petit comwandement à la fin du règne de Charles VII,
Patrick Fo1cart, l'ancien chef de la garde écossaise, rempla-
cé sous Louis XI par Thomas Stuyer, rejoignirent le clan du
frère du roi, Charles de France. (24)
Louis XI eut peur des coalitions et se vit dans l'o-
bligation d'accorder des concessions exhorbitantes. En Octo-
bre 1465 : des comoagnies de 100 lances furent promises au
duc de Bourbon, au comte d'Armagnac, au duc de Nemours. Il
réintégra l'un après l'autre bon nombre des anciens disgraciés:
Lohéac qui redevint maréchal de France, Antoine de Chabannes ...
et en même temps il confia l'office de connétable à un très
grand seigneur qui l'avait combattu à Montlhéry, le comte de
Saint Pol ...
Alors se trouve réalisé entre les ralliés de la veille
et les fidèles de longue date, une sorte d'équilibre qui peut
expliquer la relative stabilité du haut personnel militaire
entre 1466 et 1473.
c) Les carrières des capitaines
Le commandement des compaqnies de l'ordonnance n'a pas
seulement un caractère militaire, mais politique. Le roi se

-
166 -
sert de ces "charges" comme d'autant de prébendes qu'il dis-
tribue au gré des intérêts oublics et privés. Ce n'est donc
oas une crise politiQue importante qui ne se reflète oas dans
la composition des cadres de l'armée; Disgraces et oromotions
expliauent que les carrières soient relativement courtes (c'es
vrai dans l'absolu, mais comoaré à la situation de l'émir mam-
l~k, surtout à la fin du XIVe siècle, non) : une douzaine
d'années sous Louis XI et Charles VIII, une Quinzaine sous
Charles VII. Néanmoins, il existe des carrières exceptionnelle
comme celle de Joachim
Rouaut, retenu au service du roi en
1445, puis servant sans interruntion Charles VII et Louis XI
jusqu'à son procés et son emprisonnement en 1476 (24) ; plus
longue encore fut celle de Tristan L'Hermite, caoitaine de
Mussy,
évêque en 1431, un temps maître de l'artillerie, dé-
signé par Richemont comme prévôt des maréchaux en 1434, il
garda ses fonctions de Drévôt jusqu'à sa mort en 1478 ou 1479.
Par contre il existe des caoitaines dont le service au-
près du roi a connu, pour des raisons variées une ou plusieurs
interruotions
ex
celle d'André Laval-Lohéac qui fit ses
premières armes au combat de la Gravelle en 1423, il avait
alors 16 ans. Il apoaraît dans l'entourage de Richemont en
1429 et participe à un grand nombre de campagnes. Disgracié
par Louis XI, il fut rétabli dans sa dignité de maréchal de
France qu'il conserva, avec son commandement de cent lances,
jusqu'à sa mort en 1485 (24). L'exemple d'Antoine de Chaban-
nes est le olus remarquable de tous. Né en 1408, il pouvait
en 1445 se vanter de suivre la guerre depuis 20 ans; il con-
nut au moins 3 disgrâces au cours d'une carrière militaire
mouvementée mais bien remplie.
Le rythme des carrières dépend en grande partie de
l'origine sociale. Aux capitaines issus de la petite et de
la moyenne noblesse, Qui de Dar~ la modestie de leur origi-
ne ne pouvaient, au départ être assurés d'une carrière sor-

- 167 -
tant du commun, s'opposent les grands seigneurs dont les
chances de parvenir aux postes de commandement étaient beau-
coup plus fortes et aui même, souvent n'acceptaient de ser-
vir dans l'armée royale que s'ils obtenaient d'emblée la char-
ge d'~ne compagnie. C'est le cas des grands noms de la nobles-
se "étrangère" auxquels le roi faisait volontiers appel: la
famille de Rohan qui à la fin du XVe siècle, avec le vicomte
de Rohan, le seigneur de Quintin et le maréchal de Gié, comp-
taient trois chefs dans les ordonnances.
Entre la petite et la moyenne noblesse d'une part, la
grande de l'autre, que de transitions! L'origine sociale des
capitaines n'est pas toujours facile à discerner (au sein de
la noblesse).
En 1445, au moment de la création des compa9nies d'or-
donnance, à une date où les grands seigneurs n'ont pas daigné
recevoir un commandement militaire à un échelon subalterne, ce
furent les couches moyennes et inférieures de la noblesse qui
fournirent la majorité des cadres: 68 %.
Quinze ans olus tard, à la fin du règne de Charles VII,
la catégorie supérieure fournit la même prooortion de capitai-
nes (32 %), mais les princes sont plus nombreux et entre 1489-
1490, la catégorie supérieure est montée à 48 % du nombre des
caoitaines ; l'étroitesse du milieu fait que plusieurs capi-
taines appartiennent à la même famille et donne une impression
de monopole.
Qu'est-ce qui est à la base de l'engouement de l'aris-
tocratie supérieure oour l'armée? Nous tenterons d'y répon-
dre au chapitre suivant, en attendant, essayons de voir.
d) Les qages des capitaines
Le chef d'une comoagnie pouvait être en même temps

-
168 -
capitaine
général ou lieutenant du roi, menant la guerre en
son nom et ayant autorité, tout au long de la campagne, sur
les autres capitaines et chefs de guerre.
Ce cumul des charges avait un intérêt principalement
financier. De quels éléments se composaient les revenus des
capitaines? leur fortune Datrimoniale d'abord, sur laquelle
nous reviendrons. Ensuite leurs gages. Invariablement durant
toute la seconde moitié du XVe siècle, en tant que capitaines
de la grande ordonnance, chacun d'eux recevait 180 l/an pour
sa propre lance et, pour son état ou son droit 12" lt.~our
toute lance fournie: ainsi un capitaine de 100 lances rece-
vait par an 1380 lt. Mais plus fructueux étaient les gouver-
nements de provinces, tel celui de Bourgogne qui rapportait
2 000 lt à son détenteur Jean de Baudricourt. Le mieux pourvu
était le connétable de France auquel le roi donnait chaque
année depuis la fin du XIVe siècle 24 000 lt. (26)
Tels étaient les revenus réguliers, mais le souverain
accordait parfois des dons exceptionnels. Pour avoir une idée
plus vaste des revenus, donnons quelques exemples de pensions
versées en livres tournois, à des capitaines de la grande or-
donnance à la fin du règne de Louis XI. (27)
- Jean Chenul : 600 lt
- Guillaume de Corguilleray
700 lt
- Robert de Balsac: 800 lt
- Maurice du Meun : 1 000 lt
- Joachim Conie: 1 200 lt
- François de Ponbriant : 2 000 lt
- Gaston du lion: 2 200 lt
- Jean du Fou: 3 400 lt
- Gilbert de Chabannes: 4 000 lt
- Jean Daillon : 6 000 lt
- Georges de la Trémoille: 6 000 lt
- Maréchal de Lohéac : 8 000 lt

- 169 -
- Odet d'Aydie: 9 000 lt
- L'amiral de Bourbon: 10400 lt
- Antoine de Chabannes: 12 000 lt
- Le duc de Bourbon: 14 400 lt
Naturellement, comme on l'a fait avec l'Egypte, l'é-
tude du pouvoir d'achat devait nous permettre d'avoir une
idée de la valeur de ces chiffres. Mais
l'étude du niveau
de vie et ses variations parait beaucoup plus difficile pour
la France. Guy Fourquinrelie ces difficultés à une série
d'éléments: (28)
- La monnaie, certains prix sont exprimés en monnaie de
compte, d'autres en monnaie réelle, de toute façon en une
monnaie sensible à l'inflation et à la déflation.
- La différence des prix d'une même marchandise entre
deux lieux, même très voisin, à une date donnée.
La multiplicité et le cloisonnement des mesures à l'in-
térieur d'une même région. (29)
En conclusion à ce chapitre, cette orésentation de la
situation des nobles en France de la Guerre de Cent Ans à la
fin du XVe siècle, nous conforte dans l'idée selon laquelle
au Moyen-Age, l'armée était une affaire d'élite.
Certes l'élitisme n'était pas perçu de la même manière
en Egypte qu'en France; ce qui est tout à fait normal car
ce phénomène semble être lié à une hiérarchie des valeurs qui
n'est pas partout la même. En France, la bravoure était liée
à la naissance, le sang qui coule dans les veines de l'indivi-
du, en Egypte, au déracinement. Un autre trait commun à toutes
ces sociétés militaires médiévales est l'importance de l'élé-
ment étranger; en Egypte,c'est le fondement même de l'armée.
En France la garde personnelle du roi et l'importance grandis-
sante du mercenariat en sont les preuves patentes.

- 170 -
L'évolution des aristocraties dans l larmée à la fin
du XVe siècle montre:
- Une mainmise qrandissante de la haute noblesse en France
aux postes de commandement.
Le conservatisme des mamluks circassiens.
Mais avant de passer à la crise seigneuriale qui est
le fondement même de la transformation de la mentalité des
nobles permettant une évolution dans
l'armée, essayons de
présenter la participation des non-nobles dans l'armée. Comme
en Egypte (avec les bédouins), llarmée n'était pas hermétique-
ment close aux autres couches de la population, plus oarticu-
lièrement les bourgeois. Quelle a été la participation des
non-nobles de 1337 à la fin du XVe siècle?

NOTES DU CHAPITRE II

-
172 -
1. -
Le. l.-lvfLe. de. Guy GO.-l-6 : "La CfL.-l-6e. du 6éoda.t.-l-6me." e.-6t tfLè-6
cafLa~téfL.-l-6t.-lqUe. à ce.t e.ndfLo~t. C~ton-6 e.ntfLe. autfLe.-6
-
Ja~que.-6 He.e.fL-6 : L'O~c.-lde.nt au XIVe. .6.-lè~.te. e.t XVe. .6.-lècle.,
A-6pe~t-6 éCC'HOm.-lque.-6 e.t -6o~~aux.
- Le-6 tfLavaux de. Guy FoufLqu~n
(~6.
B.-lb.t.-logfLaphie.).
- RobeJLt FO-6-6.-le.,'L : Le. Moye.n-Age. : Le. te.mp-6 de.-6 ~,'Li-6e.-6
(1256 -
1520).
2.- Robe.fLt FO-6-6ie.fL:
op.
~.-lt. p.
122.
3.- V'aD~è-6 de.-6 manU-6CfL.-lt-6 ~.-lté-6 pafL Contam.-lne.
GUe.fLfLe.,
état
e.t -6o~iété : note nO 4, p.
27.
4. -
ManU-6~fLit-6 de. la B. N.
~.-lté-6
pafL Contam.-lne. : op.
cit.
p.
30.
5. - Contam.-lne.
Gu e.fLfL e.,
état e.t -6ociété,
p.
67 à g 5.
6. -
Contam.-lne.
(' D.
C.-lt. ,
p.
95.
7. -
Contamine.
op.
c,z t.
p.
95 à 97.
8.- V.-le.udonné
Monna.-le.-6 capétie.nne.-6, p.
70.
C.-lté pafL Contam.-lne.
p.
96.
L' éva:euat~on
e.n OfL a été choi-6ie. pafL Contamine. POUfL
de.-6 fLa.-l-60n-6 de. commod,zté6 e.t aU-6-6i pa~ce. que. .te.-6 ve.fL-6e.me.nt-6
.6'e.66e.ctua,ze.nt 6fLéque.mme.nt e.n e.-6pèce. d'ofL.
9.- Contam.-lne. : op. cit.
p.
102,
c6. note. nO 81.
10.-
La Roque. : Hi-6toifLe. de .ta mai-6on de. HafLcoufLt, T.
IV,
p.
1597,
c.-lté paiL Ccntam-ttle, : op.
cit.
p.
140.
11.-
Re.te.nue. e.t .te.ttfLe.-6 de fLe.te.nue. : Contam.-lne. : op.
cit.
p.56
à 64.
12.-
C6 . .ta pa~t.-le. ,znt~oduct.-lve. de. .t'ouvfLage. de. MaufLice. Re.y
Le.-6 1.-lnance.-6 ttoya.te.-6 -6ou-6 ChatL.te.-6 VI.
13.- POUfL étab.t.-ltt cette. .ti-6te.,
Contam.-lne. a pfLi-6 .te.-6 nom-6 de.
tOU-6 .te.-6 cap.-ltaine.-6 ayant -6e.fLvi au moin6 de.ux année.-6 com-
p.tète.-6 ou bie.n ayant été fLe.te.nU-6
pafL ChatL.te.-6 V dUfLant qua-
tfLe. année.-6 di6SéfLe.nte-6.
Contamine. : op.
cit.
p.
152.
14.- Contamine. : op.
cit.
p.
164.
15.-
La gttande. ofLdollnance. :Contamine
op.
cit.
D.
278
à 290.
16.-
Contam,zne. : op.
C.-lt.
p.
303.

- 173 -
17.- Ohdonnane~~ hoyai~~
T.
XIV,
p .
1, e-<- t é ~.!:J pa~ Con t am-<- 11 e
op.
e-<-t.
p.
304.
18.- Ohdonnane~~ hoyai~~
T.
XIV,
p.
41,
e-<-té~~ pa.,~ Contam{/7c'
op.
e-<-t.
p.
367.
19.- Ohdonnane~~ hoyai~~
T.
XIV,
p.
41
e-<-té~~ pah Con:tam-<-n~!.
or.
e-<-t.
p.869.
2r.- L-<-~t~~ d~~ eap-<-ta-<-~~~ au ~~hv-<-e~ du ~o-<- ~n 1444 60Uk~-<-~
pah ia B.N.
Oh 32511 ~Cl 9039 ~t pah i~~ doeum~n:t,~ pubi-<-ê.~
pah Tu~t~y; i~~ Eeoheh~uh~, T.
1,
p.
1605q ~t T.
II,
p.
516-517,
eLté. pah Contam"<'n~ : op.
e-<-t.
p.
400.
21.- E~eouehlj, Chhon-<-qu~, T.
III,
p.
9,
e-<-té r-Jah COl1tam-<-n~
op.
e-<-t.
p.
402.
22.- Chahi~~ d~ Cuiant : Tu~t~y,
L~~ Eeoheh~uh~, T.
II,
p.
4..+9-:
453,
e-<-té pah Contam-<-I1~: op.
e"<'t.
p.
404.
23.- St~-<-n : Chahi~~ d~ Fhane~,
e-<-té pah Contam-<-n~
op.
e-<-t.
p.
407.
24.- Cohn~au : R-<-eh~mont,
e-<-té pah Contam-<-n~ : op.
e-<-t.
p.
411.
25.-
La Thémo-<-ii~
: Un~ ~uee~~~-<-on d'Anjou au XV~ ~-<-~ei~,p. 208-
209.
An~~im~ : H-<-.6tO..{h~ d~ ia ma-<-~ol1 hoyai~, T.
VII,
p.
72.
COhn~au : R"<'eh~mont, p. 166.
C-<-té~ pa~ Contam"<'n~ : op. e-<-t.
p.
412.
26.- Contam{n~
op.
e-<-t.
p.
438.
2t. -
Co ntam-<-n ~
op.
e-<-t.
p.
438,
not~ 193.
28.- Guy Fouhqu-<-n : L'h-<-~tO-<-h~ éeonom-<-qu~ d~ i'oee-<-d~nt méd-<-é-
vai,
p.
313.
29.-
La ~~ui~ eho~~ qu'on pouva-<-t 6a-<-h~ ~~t d'~~~dyeh d~ eonv~~­
t-<-h ia i-<-Vh~ tounno-<-~ ~n Oh.
Ma-<-~ on ~~t obi-<-gé d'y h~­
nonc~h ~n hai~on du mal1qu~ d'éiém~n~.
L'ouvhage d~ FOUh-
n-<-ai : H-<-~tO-<-h~ monéta-<-he d~ i'Oee"<'d~nt ~'-<-ntéh~~~~ b~au­
eourJ piu~ à. ia eon\\.J~!"L~-<-ol1 d~~ d~I1-<-~h~, ~ou~, ma~e~, ~te ...
~t 11~ pa~i~ pa~ b~aueoup d~ ia i-<-Vh~ tou~no-<-~. C'~~t ~x­
thê.m~m~nt eompi~x~ i'h..{~tO-<-h~ monéta-<-h~ ~n oee-<-d~l1t méd-<-é-
vai,
~n ha-<-~ol1 de ia muit-<-pi-<-e-<-té de~ monna-<-~~.

CHA
P I T
R E
III
LA PARTICIPATION DES NON-NOBLES DANS L'ARMEE FRANCAISE

- 175 -
l - Qn! ~a!ticip~tio~ !s~e~tie!l!m!n! Eéfu~i!r! au ~é~u! ~e
!a_gu!r!e_d! fe~t_A~s_
En cas de levée d'arrière-ban, le roi demandait une
subvention représentant l'équipement d'un certain nombre de
gens de guerre ainsi que leur solde pendant un laps de temps
donné. "En 1304, chaque groupe de 100 feux "francs" dOt payer
les armures et les gages de 6 sergents pendant 4 mois au taux
journalier de 25s6 dt par homme; chaque groupe de 100 feux
"abonnés", les armures et les gages de 4 sergents (1). Toute-
fois certaines régions connurent une taxation quelque peu
différente et Contamine résume en disant que: "si l'on compte
l'armure au prix d'une livre tournois, chaque groupe de 100
feux devait payer entre 32 et 96 lt. "(2)
En 1314, il fut prévu que dans les centres où les tran-
sactions commerciales étaient importantes, une taxe indirecte
sur la vente ou l'achat des marchandises serait établie. C'est
ainsi qu'un projet d'imposition datant du règne de Charles IV
établit d'une part que les villes devaient fournir, soit de
l'argent, soit des sergents; d'autre part, que les sujets des
nobles devaient payer un minimum de 4 sergents pour 100 feux
pendant une durée de 6 mois.
(3) Pour financer la guerre, la
monarchie avait recours à d'autres procédés - en dehors de
l'arrière-ban - tel la levée d'une somme par mois sur chaque
groupe de 100 feux. L'arrière-ban, même pour les non-nobles
n'est pas un simple mode d'imposition; il laisse au roi la
liberté d'exiger des combattants ou de prélever de l'argent.
Mais il est sujet à une contestation régulière et son inté-
rêt financier se trouve ainsi remis en question pour le roi.
(surtout en face des nouveaux modes d'imposition).
Avec les premières défaites, la participation des non-
nobles va être beaucoup plus effective que pécuniaire.

- 176 -
Comme on en a déjà parlé, les hommes
d'armes se trou-
vaient réoartis en quatre catégories,: les chevaliers bannerp.ts,
les chevaliers bacheliers, les écuyers bannerets et les écuyers
dans l'armée de reconquête. Si les trois premiers de ces qua-
lificatifs ne furent attribués qu'à des nobles, il n'en fut
pas de même pour le quatrième qui a pu ne correspondre qU'à
une dénomination dépourvue de valeur sociale, ayant un carac-
tère simplement administratif ou financier. C'est ainsi que
dans le corps des écuyers se trouvèrent des non-nobles, par-
ticulièrement les bourgeois. Cette catégorie sociale est nor-
malement admise au service du roi, car elle devait défendre
ses propres villes.
Vingt bourgeois de Tonneins servent pour la garde de
leur cité du 17 juillet au 21 octobre 1340, recevant du tré-
sorier des guerres des gages doubles de ceux des sergents. La
même année, dix bourgeois de Marmande sont chargés de proté-
ger leur ville. (4)
C'est surtout à oartir de 1356 que l 'opinion publique,
violemment montée contre les nobles, rendus responsables des
défaites, tenta d'obtenir en faveur des bourgeois assez riches
pour équiper eux-mêmes une place de choix,non plus seulement
parmi les communes, mais parmi les hommes d'armes. L'ordonnan-
ce du 14 Ma i 1358, pres cri t que les IIgensz des bonnes vi 11 es
abiles pour les armes soient receuz pour gens d'armes, puis-
qu'il soient souffisamment armez et
montez Il et interdit aux
capitaines de les écarter sous prétexte de leur origine. (5)
L'utilisation militaire des bourgeois est encore prévue dans
une ordonnance de 1363. Mais ces mesures se heurtèrent aux
réticences des chefs de guerre, soucieux de maintenir les pri-
vilèges de la caste à laquelle ils appartenaient et d'écarter
la concurrence de ces intrus.

- 177 -
Les bourgeois aussi, de leur cOté, manquèrent d'enthou-
siasme car peu désireux de s'éloigner de leur domicile, de
quitter leurs occuoations professionnelles, d'assumer les ris-
ques et les charges de la guerre. Durant le reste du XIVe siè-
cle et au siècle suivant, les riches bourgeois ne paraissent
avoir servi le roi dans ses guerres qu'exceptionnellement et
surtout pour la ville.
Comme les bédouins (stratégiquement) en Egypte, la par-
ticipation des bourgeois sur le plan pécuniaire nlest pas â
négliger.

NOTES DU CHAPITRE III

-
179 -
1 . -
Co n:tamùH'.
op.
c--i.:t.
p.
30.
2.- Ccn:tam--i.ne
op.
c--i.:t.
p.
3 1 .
3.- Pe:tLt:
E-6,~a--i., p.
203-204,
nO
39,
c--i.:té paIL Con:tam--i.Vle
op.
c--i.:t.
p.
31.
4. -
Con:tam--i.ne.
:
op.
c--i.:t.
P.
176-177.
5.- OILdonnance-6 fLotja-fe-6
:
T.
III,
p.
219-232.
C--i.:té-6
paIL Con:ta-
mJ. ne:
0 p .
c J.:t
p.
1 7 7 •

CHA
P I T
R E
IV
LA CRISE SEIGNEURIALE ET SES CONSEQUENCES

- 181 -
L'exposé sur les fondements financiers du système mam-
lük nous a permis de nous rendre compte que l'Egypte n'a pas
failli à la tradition des états médiévaux, se caractérisant
par un foisonnement des taxes.
S'il nous est facile d'évaluer les revenus d'un émir
égyptien à partir du cadastre, oar contre, il est très dif-
ficle de le faire pour un orince de France.
Tandis qu'en
Egypte,la centralisation permet un contrô-
le - du moins théorique - de l'Etat sur les revenus d'un émir,
en France, on a à faire à une société où le pouvoir est frac-
tionné.
Les documents comptables qui permettraient une évalua-
du oatrimoine
t ~ ~ l
l
d
·d
t
t,on/d un prlnce on
ete
e p us souvent per us, par acc, en
ou par négligeance "car ces documents vite périmés et inutiles
ont aussi été vite sacrifiés". (l)
Mais on peut dire que, comme chez l'émir mamlük (pour
ce qui est de son ~q~~), la puissance d'un prince à la fin du
Moyen-Age est encore liée à l'importance de son domaine ou du
"sien".
Ce domaine lui offre des ressources traditionnelles
tirées des terres, de ses moulins, de ses forêts, de ses étang,
de la taille que lui payaient les paysans, des reliefs ou aide
que lui versaient ses vassaux, des droits de péages qui tou-
chaient les biens en circulation, les taxes de tonlieu qui
frappaient les marchandises, les amendes infligées par ses
tribunaux, les monnaies fabriquées par ses ateliers et des mi-
nes exploitées sur son territoire. Cette multitude de taxes

- 182 -
permettait au prince ou seigneur de maintenir son rang, de
s'équiper et équiper un certain nombre de soldats quand le
roi appelait à l'ost.
Pour saisir l'ampleur de la crise au XIVe siècle, il
s'avère nécessaire de présenter le domaine seigneurial au
XIIIe siècle.
Le XIIIe siècle marqué par un certain dynamisme démo-
graphique en France et une expansion monétaire oermettant des
investissements au niveau économique,est un siècle de prospé-
rité relative.
(2)
Le seul véritable problème est celui de l'émiéttement
des fiefs (3) lié surtout à l'essor démographique.
Pour avoir une idée du domaine seigneurial, prenons
l'exemple du monastère II roya lll de St Denis qui est le seul
seigneur d'Ile de France, selon Fourquin, à avoir transmis
à la postérité des comptes détaillés pour le XIIIe siècle
et le début du XIVe siècle.
Les recettes étaient très importantes. Plus de 13 000
Lbp en 1229-1230, sans compter les recettes en nature. Entre
ces dates et la fin du XIIIe siècle, la montée des recettes
en nomi na l pour le compte généra l, a été de 100 %. (4) Les
censives ne fournissent au'un insignifiant pourcentage de
ces recettes en numéraires: 150 Lbp (soit moins de 2 %). Les.
recettes tirées des droits féodaux et des droits de justice
ne laissent pas non plus de très gros bénéfices. Ce qui comp-
te avant-tout, ce sont les rentrées d'argent et de produtis
en provenance de la réserve.

- 183 -
Pendant la première partie du XIVe siècle et au moins
la première moitié du XVe siècle, l'Europe Occidentale com-
me l'Egypte a souffert d'une crise économique d'une excep-
tionnelle gravité. Beaucouo d'historiens ont réfléchi sur
les origines de cette crise dont la comolexité a donné lieu
à l'expression d'une multitude de points de vue.
Ed. Perroy (5) dans un carticle 00 il a tenté de faire
une histoire des crises au XIVe siècle distingue deux phéno-
mènes :
- Une série de crises rapprochées
-crise frumentaire de
1315-20, crise financière de 1335-45, crise démograrhique de
1348-50 - ont exercé une action naralysante sur l'économie et
l 'ont maintenue pendant un siècle dans un état de contraction
durable.
- Des brusques dépressions limitées dans le temps. L'arti-
cle de Perroy est certes assez vieux (1949), mais il est sou-
vent cité dans les ouvrages les plus récents. L'auteur met en
cause fondamentalement l'action de l 'homme (les guerres), les
disettes n'ont fait qu'accélérer un mouvement déjà amorcé.
Robert Boutruche affirme aussi cette thèse selon la-
quelle à l'origine de la crise se trouve la guerre: "la guer-
re sévissant de façon endémique depuis 1294 est à la base de
la grave crise seigneuriale dans le Bordelais au XIVe siècle ll ( )
Quant à Guy Bois, il pense que les effets de la guer-
re sur le plan économique sont assez tardifs car il ne note
le oassage d'une économie de paix à une économie de guerre
qu'en 1337. Il qualifie les crises du XIVe siècle d'une indes-
criptible mêlée 00 tout se conjugue ~our décimer une popula-
tion et amoindrir son aopareil de oroduction : la guerre civil

- 184 -
et étranqère, la ru~ture des circuits commerciaux et du sys-
tème monétaire, les famines et les é~idémies". (7)
Ce qui est im~ortant dans tout cela es~ la généralisa-
tion de la crise et ses effets. Examinons en les principaux
facteurs.
De la croissance économique médiévale les défrichements
furent la forme la plus caractéristique. Par l lexten~ion des
surfaces cultivées, ils permirent une certaine croissance agri
cole; celle-ci a été â la base d'une véritable Doussée démo-
graphique) que dans le dernier quart du XIIIe siècle et les
débuts du XIVe siècle a créé ce ohénomène que G.Bois anpelle
la" st a gf lat ion". (8 )
L1accroissement dém09raphique aurait été supérieur â
10 %. Ce taux n'est certes oas très élevé, mais sur une éco-
nomie parvenue aux limites de ses possibilités
d1expansion,
les effets de cette surcharge furent â coup sOr, considéra-
bles.
Le trait le plus significatif de cette situation fut
la hausse rapide des orix agricoles qui fut â son tour â 1'0-
rigine des désordres monétaires.
La montée des difficultés économiques suscita des ré-
flexes de thésaurisation et ~ar la suite le renchérissement
des métaux précieux. Les ~remiers craquements surgirent en
1290 avec la substitution du royal â llécu d'or, (affaiblisse-
ment de 15,5 %) et la modification aoportée au cours du gros
tournois. La hausse du orix de llargent se poursuivant, il
fallut procéder, aorès une nouvelle mutation nominale du gros

- 185 -
en 1295 a des mutations réelles. Au total, malgré plusieurs
tentatives de restauration monétaire, la monnaie royale a-
vait perdu en 1318 "environ 30 % de sa valeur intrinsèque" (9)
Ces mutations monétaires ont Derturb~ les
échanges et ali-
menté l'inflation qui entra'na elle-même de 6rofonde répercus-
sion sur les revenus des différents Qroupes sociaux.
IV - Amo1ification de la crise au XIVe siècle
a) La crise frumentaire et ses oro1ongements
Le seuil décisif fut constitué oar la crise frumentai-
re de 1315-1317. Dans l'année 1315, les mauvaises conditions
météorologiques sévissaient dans l'ensemble de l'Europe du
Nord-Ouest: excédents de pluies au printemos, insolation in-
suffisante en été, le tout suivi d'un automne humide oertur-
bant les labours et hyoothéquant les récoltes (10) Il fallut
attendre la récolte de 1317 pour que les anprovisionnements
en céréales redevinsent suffisants.
Cette crise frumentaire entraîna une hausse brutale
du orix des grains et une famine compliquée d'énidémies aux
effets meurtriers,en furent les conséquences imMédiates.
b) Epidémies et dépression démographique
Infiniment ~lus graves encore que la relative dépres-
sion économique devaient être la déoression démograohique
donc la sous-population (des campagnes surtout) qui, provo-
quées nar la Peste Noire, allaient être entretenues et accen-
tuées par les récurrences de cette épidémie.
"Venue apparemMent des comptoirs italiens de Crimée,
la Grande Peste a gagné, dans de terrifiantes conditions,
presque tout l'occident entre 1348 et 1350 environ". (11)

- 186 -
Difficiles a chiffrer, les ~ertes en vies humaines fu-
rent inégales et la oroportion dlun tiers avancée ~our celles-
ci ne se vérifie nas toujours. On commence seulement à les
moins mal conna,tre qrâce aux récents travaux de d~mographie
et aux recherches sur les "villages désertés". Parfois la sài-
gnée fut si forte que disparurent des agglomérations rurales
pour un temps ou ~our toujours". (12)
"Un village bourgignon dépendant de Citeaux, qui comp-
tait environ 80 feux en 1280, nlen avait ~lus que 54 en 1378
et 53 en 1400, ensuite, la descente se poursuivit: ce même
village tomba en 1423 à seulement 13 feux, oour ne remonter
à 28 feux qulen 1436".
(13)
Variable de village en village, la saignée le f~ut aus-
si selon les régions. La France ne commença à se repeupler
que dans la seconde moitié du XVe siècle, une fois la guerre
terminée,mais le haut niveau démographique,antérieur à la pes-
te,ne fut pas retrouvé avant le XVIe siècle ou même le XVIIe
siècle.
c) Poids de la guerre
La guerre de Cent Ans a été compliquée par la guerre
civile entre Armagnacs et Bourguignons. Les dévastations fu-
rent d'amoleur variable d'une req10n à l'autre et
en une pro-
vince, d'un canton à l'autre, et les exploitations ont beau-
coup pâti, surtout celles des seiqneurs. Les granges seigneu-
riales étaient des cibles de choix, en raison de la vulnéra-
bilité même du domaine seigneurial. Les bâtiments d'exploita-
tion et les moulins étaient des proies faciles vite détruites
par le feu.

- 187 -
Dans son étude, Robert Boutruche a révélé l'étendue
des destructions dans une région spécialement exposée (le
Bordelais), il est vrai,aux "dégats".
Les régions oG des seigneuries ont le plus décliné,
furent évidemment les contrées oO,aux difficultés économi-
ques, démographiques et sociales s'ajoutèrent des contre-
coups de la guerre (c'est le cas du Bordelais).
La mesure du déclin seigneurial peut s'établir en ao-
préciant la chute du rapport tiré des granges et celui prove-
nant des censives, le premier étant plus significatif, tout
au moins, pour ce qui regarde les seigneurs, le second l'é-
tant davantage pour le niveau de vie des rustres. Mais ce
déclin nia pas toujours été continu jusqu'au milieu du XVe
siècle parce que les phases de reconstruction ont alterné
avec celles des léc1ipses". La chronologie est maintenant con-
nue dans ses détails pour le Bordelais, le Toulousain, l'Ile
de Fra nce. etc ...
Dès qu'un répit s'annonçait, parfois même en plein
néri1, les seigneurs ·et leurs tenaciers
tentaient de remet-
tre en culture ou de reconstruire ce qui venait d'être sac-
cagé. Pourtant les descriptions contenues dans les aveux et
dénombrements i 11 ustrent 11 étendue des dégâts.
Le Monastère de Saint Denis, proche de Paris est=en
plein coeur d'une nrovince dévastée. Entre 1342-1343 et 1374-
1375 (la guerre est interrompue depuis une douzaine d'années)
les recettes sont tombées dans l'ensemble de 50 à 60 % , aus-
si bien celles en espèces que celles en nature. (14)
Et pour Bordeaux, nous reproduisons l'évolution des
recettes de l'archevêché de 1354 à 1368. (15)

1354
1355
1356
1357
1361-62
1367-68
Revenus ordinaires en argent
1 382 l
1 217 l
1 229 l
1 050 l
3 322 l
4 606 l
(d 1 a p. le pro-
cureur)
Revenus ordinaires en nature
1 196 l
821 l
975 l
874 +
1 178 l
1 216 l
les vins
Arrérages en argent
1 404 l
1 024 l
1 336 l
1 121 l
-
-
Arrérages en nature (estimés
58 l
53 l
21 l
34 l
ici en argent)
-
-
Recettes exceptionnelles
-
86 l
43 l
1 008 l
462 l
906 l
-0000
Total
4 040 l
3 201 l
3 604 l
4 087 l
4 962 l
6 728 l
(+ le pri-
duit des
Vlns non-
mentionnés
1
!

- 189 -
Ainsi la rupture se situe entre 1355 et 1357, la re-
prise ne commençant a se faire sentir qu'a partir de 1368.
Comme le pense fourquin, avec une baisse de 10~ 15 % des
prix céréà1iers et une Mu1ti~licatioD par 3 dans la même
période, des salaires versés aux journaliers, la recette glo-
bale en valeur nominale d'une grande exploitation seigneuria-
le subissait une amputation de près de la moitié (c'est vrai
en ce qui concerne le Monastère de Bordeaux pour l'année 1356)
Cette baisse très élevée des revenus pose le problème
du patrimoine seigneurial. Les seiqneurs se seraient-ils vus
dans l'obligation de liquider leur capital immobilier?
Ce problème est lié à plusieurs choses:
- La personnalité, les qualités ou faiblesses du seigneur,
si celui-ci est 1aTc ou clerc, s'il a des qualités d'adminis-
trateur.
- On distingue entre les fortunes moyennes et les très gran
des. La plupart des historiens pensent que les seigneuries
d'Eglise et celles des grands lignages ont mieux supporté le
choc.
La question du patrimoine seigneurial nous emmène à
parler de la réaction seigneuriale.
a) La réaction seigneuriale
Pourquoi les grands seigneurs a~raient-i1s liquidé
leur patrimoine? Les grandes fortunes 1alques ont pu sauve-
garder leur fortune en vivant des gages que leur procuraient
les grands offices royaux; le pouvoir royal - ou orincier,
en développant le corps de ses "officiers" (développement dont

- 190 -
nous avons tenté de décrire dans le chapitre II, du moins en
ce qui concerne llarmée} a sauvé du déclin nombre des sei-
gneurs. Cette réaction
a débuté surtout vers le milieu
du XVe siècle avec surtout le renouvèau démographique.
Que le monde seigneurial nia pas été beaucoup renou-
vellé nia rien de surprenant si on constate que cette réac-
tion est conservatrice (cf. celle des mamlüks circassiens).
Les seigneurs ont investi dans les réserves seigneu-
riales mais ont fait à leurs tenaciers
ancie~ou nouveaux
venus (llimmigration fut parfois massive dans certaines con-
trées dévastées), des avances d'argent pour leur permettre
la remise en état des tenures.
Naturellement, cet argent était le fruit de leur ga-
ges ; ce qui nous emmène à narl er de 11 impôt roya 1.
b} L'impôt royal
Bois lie l'introduction de llimpôt royal au déficit
des finances royales "qu i est une illustration chez le pre-
mier seigneur de la monarchie de la baisse tendancielle af-
fectant les revenus seigneuriaux. Donc avec, ou sans la guer-
re, le problème du financement extraordinaire ne pouvait pas
manauer de se poser~ (16) Mais, sans la guerre, aurait-il
connu une mise en place aussi accélérée?
Selon Maurice Rey: "1'intervention de la guerre de
Cent Ans a fait subir au domaine royal des réductions alors
que déjà les revenus réels indispensables au fonctionnement
des in~titutions ne suffisaient plus, même à l'échelon pro-
vincial". (Il)
Le surplus laissé dans les caisses des receveurs par
les dépenses locales nlarrivait à Paris que lentement et par

- 191 -
très petites sommes , 300 000 lt (18) dans les meilleures an-
nées, au maximum le tiers des recettes globales. Impossible
dans de telles conditions d'entretenir les armées pour la
sauvegarde du territoire.
Heureusement pour le souverain, il y avait les aides
et les gabelles toutes finances, à vrai dire qualifiées d'ex-
traordinaires et par conséquent limitées dans le temps, mais
en fait devenues permanentes.
Maurice Rey estime le montant à quelques 200 000 lt
dont les 3/4 fournis par les aides en semblable
oroportion
par les pays de Longuedoil. Leur destination première avaient
été l'entretien des trouoes sur les frontières.
Les Valois recouraient aussi à l'impôt direct ou tail-
le. Ainsi d'octobre 1384 à janvier 1389, plus de 4 millions
de livres furent données et réparties à des fins guerrières;
de 1404 à 1412, près de 3 millions. En un temps ou les autres
états européens comptaient leur livres par centaines, les rois
de France maniaient des millions.
Ils revenait aux trésoriers de guerres de rassembler
les fonds et de payer les troupes. Autour d'eux, les tréso-
riers entretenaient tout un personnel de clercs, de messagers,
des 0 mm el i ers, d'a ge nt s de t 0 utes sor tes don t lia dr e s se et
l'activité étaient nécessaires au succès de leurs missions.
La charge et l'influence de ces trésoriers étaient considé-
rables, clest de leur plus ou moins grande ponctualité dont
dépendait"
l'exécution des plans, le maintien de la disci-
pline dans le réseau défensif ou à l 'inverse la débâcle des
troupes et leur transformation en bandes de pillards. Au cours
des campagnes, on recourait à leur avis, certains d'entr'eux
avaient su affirmer leur personnalité et leur indépendance à
l'égard des chefs de guerre au prestige indiscuté, et il en
était parfois résulté de graves incidents, telle l'affaire
du siège de Cherbourg en 1378, entre Du Guesclin et Jean Le
Mercier; Le Mercier contribua à la disgrâce du grand capi-
taine. (19)

- 192 -
En conclusion, la Crise
seigneuriale est la base -
du moins la principale - de la mise en place de l'impOt
royal.
Cet impOt royal qui prit de l'importance au fil des
ans et dont l'organisation s'élaborait de mieux en mieux)
avait pour but essentiel d'assurer la survie d'une noblesse
ruinée qu'on retrouve de plus en plus dans l'armée.
La plupart des nobles se regroupent autour des chefs:
barons influents, les capitaines de guerre, les détenteurs
d'apanages et de principautés. Ainsi, va na1tre une nouvelle
vassalité, le clientélisme ou les rites formels de subordi-
nation disparaissent.

NOTES DU CHAPITRE IV

-
194 -
1 . - Be.f1J1 a /t d Gue. n é. e. :
L' 0 c.e. -<- de nt au x XIVe. - XVe .0 -<- è.c,f e..o,
p. 16 4 •
2. - C~. S-<-ve./tlj : "L' éc.onom-<-e. du
/toyaume. de. F/tance. au .o-<-è.c,fe.
de. St Lou-<-.o,
U.:e:ee.,
1984.
3.-
Ma,fg/té. ,f'e.x-<-f:je.nce. du .oe.igner.lA de.
d-<-v-<-.oe./t,fe. 6ie.~
au mo-
me.nt de. ,f'hé.Jt..ttage., ,fe. dé.menb/te.me.nt e.x-<-.otait au XIIIe.
.0-<- ècle.. Cil Ij Fou/tquin,
dant. Il Le.o cam,rJagne.o
de. la Aég-<-on
~a,'U.o-<-e.nne. à la ,-<-n ciL Moyef1~~,
e.ot..Lmr que. l'é.m-<-e.tte.me.nt
Il
6~e6 e.ot l..Lê aux pAat-<-que.o .oucce.o.oo~a,fe~ ma-<-.o au.o.o~ à
,f'aLténabLfité.du ~-<-e.~ la!Lgement ut-<-l-<-.oé pa/t le..o noble..o
e.n ma,f d'aJrgent.
4. -
FouJtqu.-<-n : op.
c.--tt.
p.
150,
c.~. e.n anne.xe
/te. p /to dl ct-<- 0 n
de..o c.ompte..o.
5. -
PeA!tOu : Al' 0 JUg,tne
d"l ne. é.c.onom-<-e. cont/tac.té.e
.oe..o
ciL XIVe. .o-<-è.c.le. AnVla,fe..o ESC.
6 . - Rob e. rt-t Bou t!tU c Il e :
La cu',::> e. d' une .0 0 C -<- é. t é.
pay.oan.o
Mn.o le. Bo/tde.,fal.o.
1.- Guy Bo-<-.o
:
La cA..t!Je dl ~éoMLüme, p.
251.
8.
- GUlJ B0 -<-!J
:
op.
c. -<- t.
p.
24 1 .
9.-
Fou/tn-<-a,f
: HL~to-<--'Le. moné.ta-<-/te. de l'occ-<-de.nt mécUé.va,f,
p.
81-90.
10. -
G.
Fou/tqu-<-n
H-<-.oto-<-/te. êconom,tque
de. l'occ.-<-de.nt méd'[é.v a,f,
D.
317 .
1 1 . -
G.
F0.1 /tqu in
H-<-.oto-<-/te. é.c.onom-<-que
de R. 1 0 cc.-<- de.nt méd-<-é.val,
p.
322
1 2 . -
G.
F0.1 /tqu ~ n
op.
cit.
p.
322 .
13 . -
G.
FC' Il ,h.C{-L ,{ n
op.
c -<- t.
p.
323.
14.- Pm ft le.'::> compte.-6
cU.
mona-6tè.Jte.
de St Ve.nL,::> , c~. Cil Y Fou/t-
qu-<-n :
- Le6 c.ampagne.-6 de. la Jté.gion Da/t,{.o-<-e.nne : g/taph-<-que. c.on-
c.e.-'Lnant le-6 -'Le.c.e.tte..o du mona'::>tè./te.,
p.
193,
196,
191,
198,
200,
205,
201.
- Se-<-gne.u/t.-<-e.-6
e.t 6é.odal-<-té. au Moye.n-Age.,
p.
205.
15.-
R.
Bcu.t/tuche.:
cp.
cit.
p.
263.
16.- G.
Boi6
: op.
c.it.
p.
254.

-
195 -
17. - Mau.'l...-ic.e Rey :
L e~ Ô.-inanc.e-6 !loya{e~
~ou~
Cha,'t.t e~ VI,
c. 6.
l nt!loduc.t.-ion.
1 8 . -
Mau!l.-ic.e Rey
op. c..-it.
19. -
Mau!l.-ic.e Rey
op.
c..-it.
p.
386.

CON
C LUS
I O N

- 197 -
La présentation des deux· sociétés militaires:
- L'égyptienne de 1376 à 1517, à partir du cadastre d'Ibn
al Ji ran,
- La française de 1337 à 1495.
Ces dates sont les principaux repères chronologiques,
mais disons en gros, de la fin du XIIIe siècle (et peut-être
même avant) au début du XVIes1ècle.
Cette présentation montre une nette transformation dans
l'évolution des structures de part et d'autre, évolution qui
nous permet d'établir un parallèle entre les deux sociétés. Il
tournera autour de trois axes:
- Des sources de revenus d'origine identique.
- Une généralisation de la crise au XIVe siècle.
- Une restructuration des armées au XVe siècle et la trans-
formation des états.
Mais avant de revenir à ces points, faisons un rappel
de la genèse des armées.
L'armée mamlüke, héritière des armées ayyübides - au
système des rangs et d'organisation interne assez rudimentaire
a su développer une hiérarchie des rangs, des services, des di-
visions au sein des troupes}assez complexe.

- 198 -
Cette hiêrarchie est basêe sur le nombre de soldats
qu'un êmir peut commander sur le champ de bataille, mais aus-
si sur le nombre des mamlüks qu'il peut avoir sous ses ordres.
Le nombre de mamlaks est dêterminê par les revenus que
l'émir peut tirer de ses ~q~a~qui lui sont octroyés par l'êtat
mamlùk (le sultan).
L'émir mamlük est à la fois soldat et grand fonctionnai-
re de l'état, aucun rouage du pouvoir étatique ne lui échappe.
La première décade du sultanat mamlUk est une perpétua-
tion de la tradition ayyubide et ce n'est que sous Baybars
qu'on assiste à certaines transformations dans l'armée. Quand
Baybars arriva au pouvoir en 1260, il trouva un sultanat affai-
bli par les invasions mongoles. Dans sa tentative de restaura-
tion il n'hésita pas à enrôler dans ses troupes un certain nom-
bre d'hommes libres et c'est à partir de ce moment que la des-
tinée des awlad an-naJ commença à se faire dans l'armée. Il
créa au sein de la ~alqa une unité spéciale pour ces awlâd an-
naJ
Il procèda aussi à l'unification des troupes en Syrie
et en Egypte et à la création des trois principaux rangs d'é-
mirs
- Les émirs de 10.
- Les émirs de 40.
- Les émirs de 100
Ces changements seront consolidés sous le règne de Qalawün.
Sans la rationalisation de la distribution des ~q{a~
ces transformations seraient impossibles. Les sultans du XIVe
siècle ont hérité du système mis en place par Baybars dont le
règne constitue le tournant de l'armée mamlake (milieu XIIIe
siècle).

- 199 -
Tandis qu'en France cette transformation est beaucoup
plus tardive et se situe en 1337 avec l'éclatement de la guer-
re de Cent Ans.
Avant 1337, l'armée en France répondait aux structures
féodales et c'est l'ost qui permettait la levée des troupes.
Dans l'évolution de l'armée française, il faut distinguer les
temps de paix, de trève ou d'activité militaire réduite, de
celles 00 l'on fait campagne oU doit livrer bataille.
De 1337 à 1495, la monarchie des Valois disposa de
garnisons dont l'implantation géographique, le nombre, l'im-
portance connurent de notables variations.
Dans les premières années du conflit franco-anglais,
le roi, pour recruter, utilisait de façon prépondérante les
ressources ,humaines du pays. Il convoquait les seigneurs par
lettres et sollicitait l'aide militaire des habitants des bon-
nes villes, exigeait les contributions financières des abbayes.
D'autre part, il faisait proclamer par cri public sa semonce,
par laquelle il convoquait le service d'ost ou bien tous ceux
tenant un fief ou possédant des terres nobles; il pouvait
également user de l'arrière-ban, s'adressant cette fois à l'en-
semble de ses sujets. Ses lieutenants et capitaines généraux
avaient les mêmes pouvoirs à l 'intérieur de leurs circonscrip-
tions respectives. La réponse à ces diverses convocations ne
dépendait pas seulement des nécessités de la guerre, mais aus-
si de la nature du commandement (par exemple, si
le roi ou
son fils a1né décidait de se mettre à la tête de l'ost). Les
succès des mandements du roi dépendaient aussi des relations
de nature politique qulil entretenait avec ses vassaux d'une
part, de l'autre de l'autorité de ces derniers à llintérieur
de leurs seigneuries.
Dès le début du XIVe siècle, le roi étendit son recru-
tement dans une mesure appréciable au-delà des frontières. Ain-

- 200 -
si se mirent en place les trois catégories: les volontaires,
originaires du royaume ou de l'étranger, les combattants ser-
vant en vertu de leur situation personnelle (possesseurs de
fiefs) enfin ceux servant en raison dl'obligations pesant sur
les communautés.
Pour la monarchie, il existait trois types principaux
de chefs de guerre :
- Ceux qui comme les capitaines des places ou les lieutenants
généraux sont librement choisis par le roi.
- Les capitaines ou les seigneurs ayant conclu un accord
avec le roi.
Les seigneurs féodaux ou chefs de contingents urbains ar-
rivant à llost suivis de leurs hommes (les plus nombreux).
Les armées de Philippe de Valois manquent de structures
llunité la plus solide semble être la montre: un ensemble de
combattants allant de deux ou trois jusqu'à plusieurs centaines
ensuite les "montres" se regroupent en ensembles plus vastes,
plus composites: garnisons, batailles, troupes servant dans
une région sous le gouvernement d'un capitaine général. A la
fin du XVe siècle, la réalité est totalement différente.
Ainsi partout en Egypte ou en France, les transforma-
tions des armées sont liées à des besoins deP~~f~~~~Ok~t%r\\~ure
en corrélation avec les évènements, la conjoncture, l'alternan-
ce de la guerre et de la paix, il existe une histoire des ar-
mées où les aristocraties en fonction de leurs intérêts cons-
tituent les fers de lance de ces mouvements entre le XIVe siè-
cle et le XVe siècle.
Tandis que l'aristocratie mamlüke avait pour objectif
essentiel la sauvegarde de ses privilèges en tant que caste

- 201 -
venue se greffe~ ou en surimposition dans la société égyptien-
ne ; la française devait mener une lutte permanente pour gar-
der le monopole de la guerre, des privilèges.
Mais partout, on note une relative ouverture des socié-
tés militaires devant les difficultés qui s'accumulent.
- Les bédouins en Egypte ont certes toujours joué un rôle
décisif dans le maintien de l'ordre au niveau des voies de
communication, mais le cadastre en 1476 leur a été plus favo-
rable.
- En France, la participation des bourgeois devint effecti-
ve avec les premières défaites devant les anglais.
Mais notre étude nous a surtout permis de dégager une
identité dans l'origine des sources de revenus. Si un tel pa-
rallèle semble possible, il se limite au niveau du personnel
de l'encadrement.
En Egypte, le nombre des commandants de mille est ex-
trêmement limité (ne dépassant guère vingt-quatre), comme ce-
lui des grands capitaines de l 'ordonnance de 1445 (entendons
par là, ceux qui sont issus de la haute-noblesse, les bâtards
non-compris).
Ces chefs et commandants possèdent sur leurs hommes de
très larges pouvoirs. Les capitaines en France peuvent recruter,
renvoyer et accorder des congés, nommer des subalternes même si
la monarchie s'efforce de ne pas leur remettre globalement la
solde de leurs hommes.
L'émir mamlük a des rapports beaucoup plus solides avec
ses mamlüks qu'il achète et qui lui sont totalement dévoués.
Sans une régularité de leurs sources revenus, l'émir,
comme le capitaine, ne saurait veiller à l'élévation de son
rang.

- 202 -
Llexposé sur les fondements financiers du système mam-
1uk nous a permis une prise de conscience du fait que l'Egypte
n'a pas failli à la tradition des états médiévaux, se caracté-
risant par un foisonnement des taxes.-
5 1 i1 nous a été facile d'évaluer les revenus d'un émir
à partir du cadastr~ égyptien, par contre, il est très diffi-
cile de le faire pour un prince en France.
Tandis qu'en Egypte, la centralisation permet un con-
trôle du moins théorique - de l'Etat sur les revenus d'un émir
en France, on a à faire à une société où le pouvoir est frac-
tionné et il nous est extrêmement difficile d'évaluer les re-
venus que le prince tire de son patrimoine. La solde permanen-
te que le roi octroie à un capitaine devait nous permettre de
comparer les niveaux de vie, mais les différences monétaires
constituent l'écueil principal à cette perspective d'analyse;
et en plus qui de l'Egypte ou de la France était le plus riche
aux XIVe sièc1~ - XVe siècle? Nous ne saurons y répondre avec,
exactitude, seulement en raison de la position de l'Egypte dans
le commerce méditerranéen, nous pouvons dire que le grand émir
par rapport au capitaine détenait plus de possibilités de tire
des profits.
Par contre, sont très nettes de part et d'autre, les
remises en questions des sources de revenus aux XIVe siècle.
III - La restructuration des aristocraties
La simultanéité des crises en Eypte et en France en
révèle la communautés des origines
- Les calamités naturelles (sécheresse en Egypte, pluvio-
métrie trop élevée en France).
- La peste: comme on lia déjà dit; partie d'Orient, elle

- 203 -
s'est introduite presque en même temps enEgypte et en France
(par le biais des commerçants italiens). Partout la mortalité
a été très élevée.
- Les guerres.
Ces crises ont entra1né la baisse des revenus. dans le
cadastre égyptien et la crise seigneuriale en France. La bais-
se des revenus des émirs: la présentation du cadastre dans le
dernier quart du XIVe siècle nous a permis de déceler l'impor-
tance de la baisse des revenus dont dispose la classe mamlü~e.
On pense avoir assez démontré le fait que l'entretien
de la classe militaire reposait sur la répartition changeante
des concessions fiscales ou ~q~àLqui divisaient l'Egypte. En
1337, le sultan Ashraf Sha(b~n détenait près de 10 % des re-
venus, plus ceux dont disposaient les membres de sa famille
(ce qui est contraire à l'esprit mamlük) et le reste des reve-
nus était partagé aux émirs selon leur grade. Ainsi cette pha-
se précédant les crises correspond à une mainmise de la famille
Ashraf Shalban et par conséquent au développement du pouvoir
dynastique. Cette remise en question n'a pas été une très gran-
de entrave au bon fonctionnement de l'armée. Au contraire, la
révision de 1376 illustre la mainmise de Ashraf Sha~ban sur
les principales structures de l'armée: la peuve c'est lui qui
a nommé la quasi totalité des commandants de 1 000, les émirs
de 40, ceux de 10.
Mais les crises entraînèrent la remise en cause de la
stabilité politique inaugurée par Ashraf Sha~ban et la conti-
nuité dynastique.
En réalité cette remise en question a été entamée par
l'instauration en 1382 du pouvoir des "MamlOks circassiens"
qui s'imposent grâce à leur sens de la solidarité ethnique et
familiale; seulement en raison de la fréquence des épidémies

- 204 -
de peste entre 1349 et la première moitié du XVe siècle, les
rendements du sol et les revenus tirés de l'-i.q:ta· ont bai ssé
.
de l'ordre de 20 %.
Très certainement dans un ordre de pourcentage diffé-
rent
) la crise seigneuriale n1en a pas été moins dure. La
manifestation principale a été l'amenuisement des granges sei-
gneuriales qui entra1na la baisse des revenus.
De part et d'autre, la réaction face à la crise était
avant tout conservatrice, avec une définition plus restrict;~~
des aristocraties, devant la rareté des revenus qu'on va cher-
cher ailleurs et non plus au niveau des structures tradition-
nelles.
En Egypte l'Etat s'arrogea le commerce des épices, le
monopole fournit à Barsbay et à ses successeurs des ressources
dont ils avaient besoin. Face aux émirs dont les revenus sont
réduits, le sultan avait acquis une puissance nouvelle. Les
seuls problèmes posés par la classe militaire venaient des nou
velles recrues (notons la disparition du phénomène
dwlad an-
que l'exclusivisme du groupe circassien empêchait de s'intégre
En France la permanence l'impôt royal est le phénomè-
ne le plus caractéristique de la réaction seigneuriale. Il don-
na au roi la possibilité de mettre sur pied une armée permanen-
te au sein de laquelle le seigneur venait chercher le complé-
ment des revenus qui lui faisaient défaut. Le roi devint désor-
mais le véritable ma1tre de l'armée.
Au début de la guerre de Cent Ans, le commandement en
chef ressortait entièrement du domaine des seigneurs féodaux
où ils étaient responsables d'un "ost", d'une chevauchée et
tenaient leurs pouvoirs du roi qui les en a investis, ou ils
étaient d'autorité indépendante même s'ils obéissaient aux se-
monces et mandements royaux.

- 205 -
Mais au XVe siècle, la crise modifia les rapports en-
tre le souverain et ses chefs de guerre: non seulement le roi
choisissait l'encadrement supérieur des forces militaires, mais
il désignait aussi ceux de l'ordonnance, des bandes d'artille-
rie, des pionniers, des francs archers et même de 1 l arrière- b a
Cette situation renforça la position de la monarchie à l'inté-
rieur du royaume en un siècle et demi.
La leçon principale à tirer des crises de la fin du
Moyen-Age est une consolidation des pouvoirs de part et d'autre
L'impôt royal fut à la base d'une centralisation du pouvoir en
France et la création d'une armée moderne.
En Egypte, grâce au commerce des épices, se mettent en
place des sultans à la longévité incontestable. Ce ne sont plus
des émirs jeunes, ou par la force de l'âge, qui aidés du sou-
tien actif de leurs hommes s'emparaient du pouvoir; au contrai
re, ils étaient des hommes mOrs qui assumaient une charge et
se comportaient davantage en politique qu'en soldat.
Ainsi les deux sociétés ont réagi positivement à la
crise et si elles ont connu par la suite des destins divergents
il faut en chercher les raisons ailleurs.
Les causes cette fois-ci semblent être liées aux at-
titudes des sociétés militaires face aux nouvelles techniques
de guerre.
En Egypte : si elle
a été conquise par les Ottomans,
c'est en raison de son imperméabilité aux nouvelles techniques
de guerre. La classe politique mam1uke beaucoup plus préoccu-
pée par la sauvegarde de ses intérêts en tant que caste ne s'es
pas ouverte aux techniques modernes. Sa seule tentative d'ou-

- 206 -
verture fut sous le sultan al Ghawri, mais ce fut trop tard.
Son plan comportait trois points:
- Accroître le nombre de canons (déjà existant mais en nom-
bre limités).
- Renoueravec la tradition de la
Furusiya.
- Créer une unité d'arquebusiers.
Dès son accession au trône, il construisit un nouvel
hippodrome avec un atelier de ~abrication de canons (1). Mais
les mamlüks très conservateurs avaient une aversion pour ce
qui est de l'utilisation des nouvelles armes.
Le dernier grand
hippodrome construit avant al Ghawri
datait de l'époque de An Na~fr Mu~ammad b Qaliwijn (1309-1340).
Quant aux arquebusiers, ils ont été créés pour la première fois
en 895/1496, vingt-sept ans seulement avant la chute de l'état
mamlùk et plus d'un siècle après l'Europe (2). Tandis qu'en
France, les premières défaites contre l'ennemi furent à l 'ori-
gine d'une réflexion sur un nouvel art militaire.
Depuis le XIIIe siècle, on assiste au foisonnement d'un
littérature politico-militaire (3). Sur le plan pratique, tout
exercice à cheval était considéré comme préparation à la guerre
de même que la chasse; des exercices individuels étaient aussi
pratiqués et il existait dans les villes à la fin du Moyen-Age,
des maîtres escrimeurs qui dispensaient volontiers leurs s~rvi­
ces.
Parallèlement, se développa l'artillerie: la poudre
supplanta très rapidement le trébuchet. A la fin du Moyen-Age,
grâce à l'artillerie, des attaques soudaines, expéditives pou-
vaient être tentées. Ainsi en France, dès avant les guerres
d'Italie comme l'écrit un florentin: "lorsqu'une place est
atteinte,on retire les chevaux, on retourne les canons qui sont
ensuite progressivement poussés, si bien qu'en un seul jour ils

- 207 -
peuvent arriver jusqu'aux murailles sous la seule protection
du charroi. Quant on en vient au bombardement, trente ou qua-
rante pièces font feu, en sorte que la muraille est bientôt
rêduite en poussière".(4)
Pour terminer, nous disons tout simplement que l'adop-
tion des techniques de guerre a êté déterminante pour le des-
tin des armées - êgyptiennes et françaises - au début du XVIe
siècle.

NOTES DE LA CONCLUSION

209 -
7.-
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1
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~ 1

- 224 -
Page des JujOm de Ibn Taghribirdf
Edition Popper
VOl.. 5.]
Popper. -
lhn Taghli Birdi' .-tn-Xujlim a:-Zlihira.
290
"J ~.,; ~~~ ~i My'i ~ ;z j> ~I ~, ~, ~~, v~,
lLA:';" ~ ~~ (' ~1 ;':;,J ~j, ~:il ,..>~I l.-~ ~'\\:, &..aA
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0,;-Al! ~~ i:~) j. 0~i 'iJj ~l:03, "' ;)...:.'1 0~1 .1.:> ~ 10
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cr. L:'j~ "I..:-!: cr. oJ.'u1 cr. l.-~r ~ L:'j:..&. ;Fl I!.\\.lll dl t~
a) 0 ~f.
b) 0 fol. 196a.
c) MO omo
d) So MOPj
his father and brother (but not he) are mentioned in Khaz-
raji's "cAI-T~ûd al-Lu'lu'iyya" (cd. .\\[u~ammad cAsai), cp.
index s. v. L:'PI.
l'):Y ~.Fl.

- 225 -
TAXES SUR LES DIFFERENTS PRODUITS AGRICOLES
KiruJ of aDJ>
TM kharfj per {addlln
ftu: (katt4n)
differs {rom place to place: the buic
3 din4rs, equal to 13 dintfrs in Da1~ and
about 5 àuuIrs in Upper Egypt.
c10ver (qurl)
about one dinar.
onions (ht21al)
2 dint1rs.
garlic ~IÜII)
..
lupin (trmmu)
Il àmt1rs.
cumin (kammU'n)
1 dMr; under the Flltimids it wu 2 dinar..
caraway (kar4rDiya)
..
..
..
..
..
npe(JD1jam)
..
..
..
..
..
water-melon (bi!1~
1-2 àuuIrs.
kidney beana (/übiy4)
3 àuuIrs.
leI8JJle (lirruim)
1 àUl4r.
cotton (quln)
..
lugar-cane (qt21ah
for the firat harvesting (ra's) 5 tlin4r1, and
td-nJJuu)
{or the second (klrilfa) z t/i1l4rs and
5 gir41a.
colocasia antiquorurn
4 tliru1rs; under the Fltimid. it wu
(qulq4s)
SàuuIrs.
aubergines (~4n)
3 din4ra.
indigo (ni/iz)
..
ndishes (Ml)
1 àm4r.
turnip (lift)
1 din4r.
lettuce (ÜQls)
2 din4ra.
cabbage (krmmh)
..
Tiré de l'ouvrage
The financial system of Egypt
H. RABIE

- 226 -
Maqrizi
: Khi~a} II, p. 217-219, Edition de Bülâq (1294 HI
1877 AD).

- 227 -
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8932
~-JI .J~~1
.l,",. }.51
~d~'~
Texte de Khalil
al
Zahfri dans
Kitab Zubda
Kashf al
Mamàlik,
édition P.
Ravaisse:
Paris
1894, p.
103-104.

LES TRANSFORMATIONS DU RAWK EN 800 d'après IBN DUOM~Q
Régions
Diwan al
Totaux
Awlad
Sultan
Emirs
Muqta t ün
Waqf
Bédouins
Hi 1qa
an - na s
Mufrad
QÜ~
113 500
88 500
25 000
1khmim
84 510
61 000
20 210
3 300
Asyüt
92 500
47 500
46 000
Manfalût
Ushmunayn
403 600
3 000
195 500
124 100
25 000
56 000
\\ta~nasa
572 000
49 600
379 800
99 600
4 000
39 000
Al-ffh
30 870
18 270
12 600
Giza
85 700
42 450
43 250
Fayyum
1
Sharqiyya
773 480
143 100
103 300
455 030
22 050
Dawahi al Qahira
43 396
7 500
3 000
18 961
13 935
.
.
N
Qalyub
259 070
105 770
91 300
22 000
N
en
Ibyar
36 000
7 000
2 000
27 000
Manuf
93 300
20 600
18 000
54 700
Bu~ayra
220 400
72 000
45 200
4 600
85 800
12 800
Gharbiyya
625 125
104 325
249 800
21 200
249 800
Daqahliyya
89 620
20 720
67 400
1 500
Fuwwa
Thughur
Totaux et
3 434 251
566 735
1 415 750
817 420
51 261
22 050
417 300
143 735
Pourcentages
36,96 %
16,50 % 41,22 %
23,80 %
1,49 % 0,64 %
13,72 %
4;18 %

TABLEAU 1
TABLEAU 1
Assiette du douaire,
Suurce' des rel'cmlS
ou recettes de 1328·/32CJ
JJ6j.J.JH
g) Montbardin et altmtours :
Assieue du duu",,&',
Taille de M., Saint·Germain. Saint-
Sources des revellus
ou re(:elle~i de JJ21J·/J1Y
jJOJ·JJ64
Martin. le: Fresne ct le Buisson,
duc à la saint Martin
.
12 lb.
Cens de Montry dus à
la
saint
L') Mont3udier :
14 Lb. 10 s.
Martin
.
5
15 •.
fi corv~t:s
.
li s.
4 s.
6d.
Cens de Chessy
.
3
9d.
néant
3 ~eJines
.
2 s.
3d.
Droit de ventes
.
néant
Droit Je ventes
.
néant
Rente de Hautefeuille (18 d. par
30
ncunt
13211·1329
TOTAL
E:~f~~:)~t' ï~~~~~~' '~~~~d~~''d~' i~
16 s. 11 J. l.
6 Il.
9 d. 1.
134
12
32
prévôté.de Guérard
, .
15
Gros cens
.
d) Villeneuve·le·Comte :
Droit de ventes
.
néant
Cens dus à la saint Remi
.
34 Lb. 10 s.
2b Lb.
4 s.
6d.
Louage du four dt: Hauteft:uille .
néunt
Droit de ventes
.
néant
12
10
Voirie de Dammartin·sur-Tigeaux
Droits de .. bourgeoisies »
.
------ -
III Lb.
12 d.
Divers
.
--
Rente du moulin à vent tenu .. il
1328-1329
tuujours»
.
Il
Il
Il
Il
279 I.b.
4 s. 4 d. 1.
100 Lb.
TOTAL
.
t! s. 1..1.
Divers
.
30
30
ubl
h) Autres recelles du bailliage
13211·/329
de Créc}' :
.
TOTAL
.
77 Lb.
7 s.
4 d.
50 Lb. 14 s. 3 d.
54 lb.
3 s.
6 d.
Rachats et qumts demers
. ..
90
?
Exploits du bailli
.
36
c) Esbly ct Couilly :
N
Mainmortes,
étrennes
ct
" aVl'lI-
Cens de Couilly dus à la saint Remi
4d.
?
N
néant
tures »
.
24
17 s. 6d.
Cens de l'île de Condé, ce jour
.
\\0
Il s.
3 d. ob.
Droit de ventes
.
néant
TOTAL
.
1328·1329
(arTiere, Iles, herbages et rivages de
401 Lb.
8 s. 6 d. ob
150 lb. 17 s. 6d.
l'ile de Condé
..
18 Lb.
5 lb.
TOTAL
3 q. de pré
..
G~N~RAL DES RECETTES
870 Lb
3 ' 3 d
20 s.
10 s.
EN ARGENT
J.
.
s.
. 1.
1.074 Lb. 13 s. 8 d.
Péage de Couilly, Montry et Ville·
ob. 1.
neuve·le·Comte
.
30 Lb.
III· Recette en Grains
20 Lb.
Exploits et amendes de la prévôté
du bailliage de Crécy.
de Couilly: affermés avec ceux de
a) Blé:
Assielle :
Crécy
.
Moulins de Crécy, la Chapelle·sur·
Crécy et Villiers·sur·Morin affer·
1328-1329
més
..
64 Muids
35 Muids
TOTAL
.
108 Lb.
7 s.
3 d. 1.
26 Lb.
15 d. ob
Moulins d'Ernoul, Ormeaux et la
Saulx, affermés
.
37
Il
f) Becoisel et Monthérand :
Moulin de Risy
.
8
5
Cens de Becoisel dus à la saint Remi
4
6
6J. ob
néant
Moulins de Prémol
.
12
8
Cens dus à la saint Etienne
.
45
9
néant
.. Feux » de Crèvecœur
.
7 setiers
2 sel. 3 bichrh
Droit dl~ ventes
.
néant
Terrages de Becoisel
.
1
néant
Champarts de Becoisel
.
8
4
néant
Divers (montant insignifiant) . .
.
Cens de Monthérand dus à la saint
1328·1329 :
60 Mds 4 set.
Remi
.
13 s. 1 d. ob,
TOTAL
.
93 Mds 9 Sl'1. 1 minot
1 mine 1 mt
Droit de ventes
.
néant
('()rv~cs de Monthérand
.
15
7
15 s.
b) Avoine:
Assiclle :
Taille de Monthérand en mars
.
5
3d. ob.
" Feux » de Risy, Bésinc ct la Fon·
27 llclines de rente
.
21
40
taine
.
10 !'>cl.
néant
1 a. dl' terre, 2 q. de pré
.
néant
.. Feux .. de Crèvecœur
.
3 Muids
12 scl.
Divcrs
.
65 s.
Rente de MOllthérand
.
.1 scl.
néant
Rente de Chessy
.
9
néant
_
1328·1329
Rente de Bouleurs. Saint·Germain
_ _
JOIAL
"
18 Lb.
2 s. 5 d. poil. 1.
118 s.
5 d. t.
~t la Va~lét;_
.
2
3
néant

Açç;ettc dl/ dOl/aire,
R) Montbardin el alenlour~ :
Source,ç rie ç n"'r"l/s
0/1 n'f"('lteç rie 1328- 1J2Q
Taille de M., Sainl·Germ;tin, Sainl·
lMH."'''
Marlin, le Fre<;n(' el le Buisson,
IV· Prévôté dt' COl/lommiers.
dûe à la sainl M;trlin
.
12 Lb.
AS'iiettc :
Cens
de
MOlllrv dus à
la
saint
Siège de
la
prévôté (eltploits
et
Martin
,
.
14 Ll'l. 10 s.
5
IS s.
amendes)
.
120 th.
Cens de Ches!\\v
',
.
3
9d.
n~ant
Fiefs et droits des clercs
.
16 Lh.
Droit ue
1" s.
12
vente~
.
néant
P~age de Coulommiers
.
40
III
Rente de Hauleff'uille (18 d. J'l;tr
Tonlieu de Coulommiers
.
16
311
:m
néanl
Minage de Coulommiers
.
4 Muids Ilrain
.~/l
28 o;ctler'l
E~~roi~~) ~t' f~~~~~~' '~':"'~~d~~' 'd~ .i~
Cens de Coulommiers el du Theil.
52 s.
38 s. " cl. nh.
pr~v{}t~ de Gu(or;trd
, . . . . .. .
B4
12
32
Lods et ventes
.
nl\\:IIlt
Gros cens
"
,
IS
Rente d'avoine à Coulommiers
.
2 "et Ïl'I'S
1 minr
Droit de venles
.
néant
Mairie de Venderes, baillée à ferme
2" Lh.
Louage du four de Haulefeuille .
néant
Mouroult, baillée à ferme
311
Voirie de Dammarl in-sur-Tigeaux
12
10
Chaillv·en·Brie, bailll:e à
Diver~
,
,
- - - - - - . - - -
ferme
:
.
1328-1329
3"
Mairie de Tierceleult, baillée à ferme
24
TOTAL
.
279 Lh.
4 s. 4 d. 1.
100 Lb,
6 s. Id.
Labenne, baillée ft ferme
50
ob. 1.
,~2
11) Autre!'; rccelles du bailliage
Beautheil, baill~e à ferme
de Crécv :
• Jurée .. de Coulommiers ct de sa
Rachats et quints deniers. .
.
50 Lh. 14 s. 3d.
châtellenie
.
183 Lb. 10 s.
8J
Il '1.
90
,
ft(}
E){pJoits du bailli
,
.
Tabellionnage de Coulommiers
.
144
3"
Mainmortes,
élrennes
('1
.. aven-
10 a, de pr~ à Coulommiers
.
Il
I~
lures ~
,
.
?
24
17 s.
6 d.
Divers (montant insignifianl)
IJ28-IJ2q :
TonI.
.
1328·1329
401 Lb.
Il s. 6d. ob
Rachats et quinls deniers
.
81
150 Lb. J7 s.
6 d,
.~4
TOTAl. Gf'Nf'RM. ors RrCFTTrs
Etrennes
.
" fl d.
20
13
I1N ARC,I'NT
.
. ..
1.1170 Lb.
3 s. 3 d. 1.
Eltploils du bailli
.
"
255
1.074 Lb. 13 s.
8 d.
ob. 1.
rn- Recette en Grai'H
TOTAl
.
1190 Lh. 14 ... 1.
1.'"
th. 170;.
fl d.
N
W
du bai1lia~e de Crécy.
nh.t.
0
a) Blé:
Assiette :
Moulins de Crécy, la Ch;tpeIJe-sur-
Brie·Comte-Robert.
R(!cetteç df' 1.H 1-1.H:' fl'n r:tri .. J.. )
Crécv el Villiers·sur-Morin affer-
Recette
générale (fours,
m~s'
, ..
tonlicll~,
64 Muids
35 Muids
moulins, terres et prés)
.
737 Lh. IJ s. 5 li.
Moulins d'Ernoul, Orme31I:ot el
la
"23 J.h.
8 ".
2 cl. r.
oh. 1".
Sali lx, affermé.;
.
37
Il
Rachat!'; et quinls deniers
.
240
R
22
1f1
Moulin de Risy
.
8
S
Mainmortes et étrennes
.
72
Moulins de Pr~mol
.
12
8
E~ploit!';
du
bailli
de
Jeanne
.. Feux ~ de Crèvecœur
.
7 seliers
2 !let, 3 bichels
d'Evreux
.
270
2';~
Terrages de Becoi~el
,
.
1
néant
Oivers (montant insignifiant). .
.
" 4
TOTAL
..
1.248 Lb. "
s. 5 d.
1.0.0; 1 Lh. 17...
"(1. r.
1328·1329 :
60 Mds 4 !let.
oh.
TonL
.
r.
93 Mds 9 sel. 1 minot
1 mine 1 mt
b) Avoine:
Assiette:
VI" Gournay-sur·Marne.
Rrcette.ç de aH·l.UZ (en r:ni"io;\\
~ Feult " de Risy, Bésine el la Fon.
taine
.
PrévÔté et rente !';ur péage
.
10 sel.
190 Lb.
186 Lh.
fi d.
néant
" Feux ,. de Crèvecœur '"
.
3 Muid!';
Ouint!'; denie-rs et rachats
.
25
40 Lb. environ'
12 set.
Rente de Monthérand
.
Mainmortes et
q
3 sel.
~trennes
.
s.
néant
Rente de Chessy
.
9
n~ant
Rente de Bouleurs, Saint-Germain
TOTAL
- - - - - - - - -
et la VaIJ~e
,
.
2
3
215 Lb. p.
2JO Lb. r. envlmn •
néant
• Feux ,. de Gu~rard et de Gen('vnw
(Ienu~ J'lar le!'; fermiers)
.
13211-1329 :
TOTAL
.
• I.n rin .lll mnnll",,'rll J\\K4 (l:ln:l.l:lM) f'''1 f'nllnmmnl!'l~ f'1 pnrfnr" ""..1111,..
6 Mds Il set.
1 Muid Imlne
fme ~ mt
..

- 231 -
TABLE DES CARTES
Page
Pour l'Egypte:
Egypte
57
La région du Delta
58
Partie septentrionale de la Haute-Egypte
59
Partie méridionale de la Haute-Egypte
60
Pour la France:
Les quatre capitaineries des francs-archers 1466 ... 160

- 232 -
TABLE DES MATIERE~
Page
Avant-propos
1
Abréviations utilisées •... .•.
...•.•... .•..
3
Système de translitération des caractères arabes.
4
Liste des sultans Maml~ks .•..
5
INTRODUCTION GENERALE...........................
9
PREMIERE PARTIE: L'aristocratie militaire mamlûke
d'après le cadastre ou rawk d'Ibn al Ji~an
14
1ntroduc t i on
15
Chapitre 1 - La définition du système mamlùk
21
A - Les origines..............................
22
B - Le fonctionnement du système mamlük........
23
Chapitre II - Les fondements financiers du système
mamlük ...•.••.•......••.•.•...•...•..•...•••..••
32
A - Le système des iq~a"'.......................
33
B - Les différentes formes d'impôt ..•.••....•.
36
C - L'organisation de la collecte
..•......
42
Chapitre III - La genèse du rawk
48
1 - Les rawks antérieurs .. .•...
50
II - Les rawks mamluks
51
III - Notre principal instrument de travail
:
le rawk d'Ibn al
---
Ji'-an
54
Cha pit rel V - Et ude de l' a ris toc rat i e ma ml uk e en
777/1376
65
A - Les éléments traditionnels du rawk
67
1 - La réserve du sul tan....................
67
II - Les émirs
69

- 233 -
Page
B - Les anoma 1i es du rawk
82
1 - Les grands chefs bédouins
82
II - Les fils de mamlüks ou awlad an-nas
84
III - Les biens de waqf .....'..................
88
C - La signification économique du cadastre en 777
90
1 - Le pouvo i rd' a cha t
90
II - Le rôle des mamlüks dans la vie économique
94
Chapitre V - Les transformations du rawk du dernier
quart du XIVe siècle début XVIe siècle
102
A - Déséquilibre et ruptures entre 800 et 885
104
1 - Situation d'ensemble chez Ibn Duqmaq
104
1°) Affaiblissement très poussé des émirs
104
2°) Apparition du diwan al Mufrad et singula-
risation de la Halqa
105

II - Les facteurs de déséquilibre
106
10 )
La pes te
107
2°) Les temps des troubles
1382-1422
109
B - La restauration et ses conséquences: le ca-
da s tre en 885/1480
111
1 - Le renforcement du pouvoir des émirs
112
II - Une augmentation des biens de waqf
123
III - Les émirs hommes d'affaires et le déclin
de l'armée
123
IV - Le contexte international
.........•......
125
DEUXIEME PARTIE: La noblesse française, son évolu-
tion dans l'armée de 1337 à la fin du XVe siècle ..
131
1ntroduct i on
132
Liste des capétiens directs et Valois
135
Chapitre 1 - La conception de l'armée en France
a va nt 1a gue rre de Cen t An s •.•.•..•.......•.......
136
A - Le fief comme unité de recrutement militaire:
le problème de l'ost ...•......•••..•........
137
1 - La relation féodo-vassalique
138
II - Le fief
139

- 234 -
Page
B - L'organisation de l'armée avant 1337 •••...•
141
1 - Les temps féodaux
. . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . .
141
II - L'apogée médiéval
(XII-XIVe siècle) .....
142
Chapitre II-L'évolution de la noblesse dans l'armée
entre la guerre de Cent Ans et la fin du XVe siècle148
A - La phase empirique (1337-1369) ......•......
149
1 - Le recrutement...........................
150
II - Les modes de· paiement...................
151
B - La naissance d'une société militaire (1369-
1495)
.•.•...........•.....•.......•..•.•...
154
1 - De l'armée de reconquête à celle d'ancien
régime (1369-1380) .....•...............•.
154
II - Vers la création d'une armée permanente
( 1445 - 195) ...•....•........•.......•...
157
III - Les capitaine~
de l'ordonnance .....
161
Chapitre III - La participation des non-nobles
dans l'armée
174
1 - Une participation essentiellement pécuniè-
re au début de la guerre de Cent Ans
175
II - Les campagnes bourgeoises.
176
Chapitre IV - La crise seigneuriale et ses consé-
quences
180
1 - Les sources de revenus traditionnelles du
se l 9 neu r
'81
II - Problématique des crises.... ...•..•.
183
III - La fin des défrichements et les débuts
de la dépression (fin XIIIe siècle dé-
bu t XIVe si èc le) .•...................•
184
IV - Amplification de la crise au XIVe siècle
185
V - La cri se Se i gneu ria le. • . . • . . . . . . . . . . . . . .
187
VI - Les con séquences .....•...•.......•.....
189
a) La réaction seigneuriale .....•...•...•
189
b) L'impôt royal.........................
190
CONCL US 1ON
196

l
- 235 -
Page
BIBL 1OGRAPH 1ES
.
210
- Sur l'Egypte
.
211
- Sur la France
'
.
218
ANNEXES ••••••••••••••••••••••••••••••••••••.•••••
222
- Pages du rawk d'Ibn al Jitân ..•.••••••••.•..
223
- Page des Nujum d'Ibn Taghribirdf •.••..••..•.
224
- Taxes sur les différents produits'agJo;çoles •
225
,
~ .-".. -- - -
"
..... '\\
- Effectifs des armées maml[kes d'apr~s M~qrizi
226
r
, "
~
- Effectifs des armées mamlukes d',t,après. AZ(-Zahiri 227
- Tableau d'après les informations tir~es>chez
/ '
. \\
..'
1b n Duq ma q •.•...•.••.••.••' •• ." •• ;. ;--~/.,'..,:•..~•••..••
228
- Comptes du Monastère de St-Den is:;~~>f' ouvrage
de Fourquin : Les campagnes de la région pari-
s, enne .........................•.....•...•.
229-23
- Tabl e des ca rtes
.
231