UNIVERSITE
DE
PARIS
XIII
(VILLETANEUSE)
DIAME SIGNATE
-.~---_.
GRAMMAIRE FRANÇAISE
LESSYSTEMESCORRELATWS
DANS L'HISTOIRE DU FRANÇAIS
JUSQU'AU DIX-SEPTIEME SIECLE
TOME!
*
THESE
PRESENTEE DEVANT L'UNIVERSITE DE PARIS xm
EN VUE DE L'OBTENTION DU GRADE DE
DOCfEUR D'ETAT ES-LETTRES
DIRECfEUR DE RECHERCHE
JACQUESCHAURAND
PARIS, JUIN 1990

MEMBRES
DU
JURY
Professeur Raymond ARVEILLER. Université de Paris IV (SORBONNE)
Professeur Henri BONNARD. Université de Paris X (NANTERRE)
Professeur Jacques CHAURAND, Université de Paris XIII (VILLETANEUSE)
Professeur Gaston GROSS. Université de Paris XIII (VILLETANEUSE)
Professeur Claude REGNIER. Université de Paris IV (SORBONNE)
Professeur Olivier SOUTET. Université de Dijon.

En ouvrant cette étude,
je tiens particulièrement éI exprimer un
hommage de respectueuse reconnaissance éI Monsieur le professeur
Henri

BONNARD,
qui
en
juin
1982,
m'en
suggéra
le
sujet,
et
il
Monsieur le professeur Jacques CHAURAND.
A
tous
les
deux,
je dédie
ce modeste
travail
en
témoignage
de
gratitude et de fidèle souvenir.

INTRODUCTION
1.1 DEFINITIONS PREALABLES.
"Pendant des siècles.
les grammairiens ont incorporé la syntaxe à
l'étude des "parties du discours"
; l'existence de conjonctions comme
et, ou. ni et comme quand.
comme.
que. étayait la distinction entre
proposit ions coordonnées et proposit ions subordonnées.
Ils ont donc
ignoré les faits de corrélation dans la mesure où leurs marques sont
intrapropositionnelles. La syntaxe suprasegmentale restait en grande
partie à faire".
Ainsi se termine l'article d'Henri Bonnard. De la corrélation. con-
tribution aux Mélanges offerts à Gérald Antoine sous
le
titre
Au
bonheur des mots (Presses Universitaires de Nancy, 1984 ; pp. 51-59).
Dans l'optique traditionnelle ainsi définie. coordination et subordi-
nation étaient les deux rapports
syntaxiques
pouvant
associer les
propositions entre elles dans le cadre de la phrase complexe.
Dans les deux cas, la marque était un élément interpropositionnel. la
"conjonction".
Ces vers de Ronsard
(Les Amours,
pièces ajou tées en 1533.
XVIII.
5-6)
Un torrent d'eau s'écoule de mon chef:
Et tout confus de soupirs je me pâme ...
contenaient deux propositions dont la seconde était coordonnée à la

première par la conjonction de coordination et.
Cet autre (Continuation des Amours, XXII, 7) :
Si tost que je l'apelle, elle ne me dédaigne.
contenai t deux propositions. dont la première était subordonnée à la
seconde par si tost que.
Les grammairiens du XXe siècle ont affiné l'analyse. et le consensus
est à peu près réalisé sur l'usage que nous allons décrire. et que
nous adopterons.
Le terme de "coordination". en vertu de son étymologie ("position sur
le même rang"). dénote le rapport d'égalité syntaxique de deux termes
ayant la même fonction dans la proposition ou dans la phrase.
Ces termes peuvent être des mots.
comme les adjectifs
froid.
noir,
lent, tous trois épithètes de sang dans ce vers de Ronsard :
D'un sang froid, noir et lent, je sens glacer mon cueur.
(Second livre des Mélanges, V, 1)
Ils peuvent être des groupes de mots. et particulièrement des pro-
positions. comme dans les premiers vers cités plus haut.
La coordination est ainsi définie par la fonction. et non par la pré-
sence d'une conjonction. Les adjectifs froid et noir sont coordonnés
entre eux comme ils le sont à lent, sans qu'une conjonction soit né-
cessaire.
On
remarquera
aussi
la
réciprocité
du
rapport
qui
les
associe.
- 2 -

Il en est de même pour deux propositions voisines indépendantes l'une
de l'autre. Dans les deux vers des Amours ci Us plus haut, la pre-
mière proposition (vers 5) est coordonnée à la seconde (vers 6) aussi
bien que la seconde à la première, et le rapport serait le même en
l'absence de conjonction, CODe dans ce vers des Amours (pièces du
Bocage, X, 5)
Le jour .'est odieus, la Duit .'est oportuDe.
(Pièces du Bocage, X, 5)
Le terme de "subordination" dénote étyaologiquement une dépendance,
par
définition
unilatérale : la
proposition
subordonnée
est
glo-
balement dépendante d'un mot de la proposition qui la précède, ou la
suit, ou la contient.
Dans
l'exemple
de
la
CODtiDuatioD
des
Amours,
Si
tost
que
je
l'apelle, est complément de temps du verbe principal dédaigDe.
La relation syntaxique ainsi définie n'exige pas la présence d'une
conjonction (il n'yen a pas en tête des subordonnées d'interrogation
partielle, ni des participiales).
L'analyse des propositions dans la phrase complexe est pratiquement
fondée,
dans
l'usage
scolaire,
sur
ces
critères
purement
fonc-
tionnels. Or, pour justifier l'appellation d'''analyse logique" donnée
à ce type d'examen, il faut faire intervenir des notions de logique
extragrammaticale qui transcendent les critères de "coordination" et
de
"subordination",
par exemple
les notions
de
"comparaison",
de
"cause", de "conséquence", de "but", de "concession", de "temps", de
- 3 -

"condition".
Ainsi, abstraction faite de tout cri tère grauatical, l'esprit peut
identifier une
relation
logique de
cause •
conséquence dans une
phrase composée de deux propositions indépendantes coordonnées :
(1) Il r~pond si vite, il se troJlpe souvent.
ou dans une phrase composée d'une principale et d'une subordonnée
(2) Il r~pond vite, de sorte qu'il se trompe souvent.
En (2), la relation logique est exprimée par le sémantisme de la con-
jonction de subordination de sorte que, qui associe • son signifié
grauatical un signifié lexical ; un grand nombre de conjonctions
composées nuancent ainsi de relation logique le rapport syntaxique
qu'elles expriment.
C'est encore le cas des conjonctions simples quand, comme et si, mais
avec polysémie (quand exprime le temps ou la concession,
comme la
comparaison, la cause ou le temps, si la condition ou l'interrogation
indirecte) : enfin que, la plus abstraite peut exprimer selon l'en-
tourage toutes les nuances logiques. Toutes ces conjonctions ont du
moins une propriété commune: elles impliquent l'existence d'une pro-
position principale dont dépend la proposition qu'elles introduisent.
Dans l'exemple donné, on peut supprimer la subordonnée sans que la
principale (il répond vi te) devienne illicite : l'inverse n'est pas
vrai.
En (1), les deux propositions sont coordonnées ; la relation "cause-
conséquence" est marquée non par l'élément interpropositionnel que
- 4 -

serait
une
conjonction,
mais
par
un élément
intrapropositionnel,
l'adverbe si complément de quantité de l'adverbe
vi te.
Son emploi
fait attendre une conséquence, qu'exprime la seconde proposition (il
se trollpe souveDt) ; l'omission de celle-ci donnerait
l'impression
d'un vide logique, alors que l'inverse n'est pas vrai.
Voici une troisième forme de la même information
(3) Il répoDd si vite,
qu'il se trollpe souveDt.
La première proposition implique encore la seconde. Celle-ci,
in-
troduite par la conjonction de subordination que,
implique l'exis-
tence de la première. Cette iaplication réciproque définit le rapport
de "corrélation" ordinairement reconnu entre l'adverbe si et la con-
jonction que.
Dans cet exemple, la corrélation s'associe. la subordination, sans
s'y substituer. Ailleurs,
elle peut s'associer. la coordination,
comme dans les systèmes proportionnels.
(4)
Plu il répoDd vite, plus il se trollpe souveDt.
Dans chacune de ces deux propositions, l'adverbe plus appelle son ho-
mologue (qui pourrait aussi être moiDs) ; il y a corrélation.
Les deux propositions sont
formellement
identiques; i l n'est pas
possible
de
donner
l'une
pour
un
terme
de
l'autre; l'ensemble
exprime la coincidence entre deux variations dont la première peut
être conçue comme la cause et la seconde comme la conséquence par une
op6ration mentale implicite dans le texte.
/ - 5 -

Du point de vue grammatical, ce système ne diffère pas de celui que
représente une phrase coame :
(5) faat6t il accélère, taDt6t il raleDtit.
Ce type de phrase est traditionnellement classé sous le chef de la
coordination.
Les deux phrases
ressortissent
également
à
la cor-
rélation, puisque les deux taDtôt s' impliquent réciproquement CODe
les deux plus de l'exemple précédent.
Cette théorie de la corrélation est donnée par Henri Bonnard avec des
exemples
analogues,
dans
le
Code
du
fraDçais
couraDt,
éditions
Kagnard, 1981, ~ 251. Dans son article des Kélanges cité plus haut,
l'auteur déclare avoir adopté, en élargissant quelque peu la notion,
la doctrine exposée par Kadame Suzanne Allaire dans sa thèse sur Le
modèle
sYDtaxique
des
systèlles
corrélatifs,
étude
eD
fraDçais
aoderDe, soutenue en avril 1977 (mais publiée en 1982 par le service
de reproduction de Lille III).
1.2. LIKITITIOR DU CRlKP D'ETUDE
On peut accepter avec Henri Bonnard la conception large d'une cor-
rélation définie par l'impl;~ation réciproque de deux marques gram-
maticales. Selon cette vue, il y a corrélation entre si et que dans
l'exemple
(3)
du
premier
paragraphe,
mais
aussi
entre
les
deux
emplois de la conjonction ou dans la phrase suivante, où deux noms
complément d'objet sont coordonnés dans une même proposition:
(6)
J'euèDe ou Paul ou JeaD.
- 6 -

Dans un tel contexte, le premier ou peut être économisé,
le second
suffisant à exprimer la relation de disjonction exclusive. La con-
currence des deux modes d'expression
(ou••. ouI • •••• ou)
a existé de
tout
temps
en
français;
et
elle existe
aussi,
en
français
lit-
téraire, pour l'emploi de la conjonction et.
Bien que ces faits ressortissent à la corrélation largement entendue,
nous avons choisi de les exclure du champ de notre étude pour plu-
sieurs raisons :
L'emploi
des
conjonctions
de
coordination
a
fait
l'objet
d'une excellente thèse
(Gérald Antoine,
La coordiIJatioD
eD
fraDçais, éditions d'Artrey, 1958), où les faits sont décrits
du IXe au XXe siècle. Les corrélations de type et...
et;
ou. •• ou;
Di (De)...
Di
(De)
occupent 400 pages du second
tome.
Dans la pratique de l'analyse syntaxique,
le recours à la
notion de corrélation ne s'impose qu'au niveau de l'analyse
qu'on appelle "logique" parce qu'elle fait état des relations
d'une logique extra-grammaticale exprimées d'une proposition
à l'autre: cause, comparaison, conséquence, but, temps, COD-
dition,
concession
(U
se borne
le répertoire communément
retenu pour les besoins de la pratique scolaire).
Ifadame Suzanne Allaire s'est placée à ce seul ni veau parce que les
notions
de
subordination et
de
coordination
n' y suU isent
pas
à
prendre en compte tous les facteurs du seDS exprimé ; au ni veau de
- 7 -

l'analyse des mots, le problème ne se pose pas. Pour la même raison
pragaatique,
nous
avons
limité
aux
corrélations
in-
terpropositionnelles le chaap de notre étude.
Il est montré au premier paragraphe que des lIarques de corrélation
peuvent associer :
1° soit une principale. une subordonnée,
2° soit plusieurs propositions coordonnées entre elles.
1.2.1. Dans le premier cas, la lIarque de corrélation en proposition
subordonnée comporte toujours la conjonction ou le pronom relatif
dont l'emploi définissait la subordination dans la grammaire tra-
ditionnelle.
Suzanne Allaire a exclu implicitement les propositions relatives du
champ de son étude. Pourtant une corrélation existe, et n'est pas
mise en doute, entre un déllonstratif comme celui et un relatif comme
qui ; le premier appelle une détermination, le second implique (au
moins dans l'usage courant) un antécédent qui peut être celui:
(7) Cet e.ploy~ est c.lui 4 qui tu dois rendre tes livres.
Quelle relation logique est exprimée par cette corrélation ?
Un rapport constant d'identité (on dit aussi de substantialité ou en
termes de mathém.tiques d'égalité)
existe entre la personne ou la
chose désignée par l'antécédent (ici celui) et celle désignée par le
relatif (ici qui). La préposition 4 ne dénote pas une relation entre
- 8 -

principale et subordonnée, aais .euleaent une fonction
(coapUaent
d'attribution) du pronoa relatif dan. la relative.
Il est coapréhensible que Suzanne Allaire ait choisi d'ignorer les
propositions relative.:
la
relation
d'égalité
n'est
pas
du
ré-
pertoire standard des relations ordinaireaent aarquée. par les subor-
données (cause, coapardson, etc.) ; la corrélation cel ui. •• qui ne
pose d' ailleurs aucun autre problèae que celui de la variation en
genre et en noabre du pronoa déaonstratif et celui de la variation en
cas du relatif, auxquels de noabreuses études (thèses et autres) ont
été consacrées.
Hous aurions donc sui vi, sur ce point aussi,
l'exeaple de Suzanne
Allaire, si l'ancien français n'offrait aaint exeaple de propositions
relatives eaployées en corrélation avec les corrélatifs de la con-
jonction que, coame dans ces deux passages de la CbansoD de Roland :
Se Deus ço dUDet que jo de la repaire,
,]0 t'eD .uvra un si graDt COD traire
dur.rat a trestut tUD edage.
(289-291)
~lUJt i avrat de besaDz e.aerez
DuDt bieD purrez vos sol dei ers luer.
(132-133)
L'ancien français connaissait égaleaent un eaploi conditionnel de qui
au sens de "si l'on" que le français aoderne conserve seuleaent dans
- 9 -

des locutions fossiles. Suzanne Allaire se devait de l'écarter, aais
une étude bis torique telle que la nôtre se doit de la prendre en
coapte.
Suzanne Allaire a donc liai té son enquête aux propositions subor-
données introduites par une conjonction siaple ou composée (locution
conjonctive), dans la aesure oà cette conjonction apparaissait en
corrélation avec un éléaent de la principale qui en était séparable.
Ainsi une phrase co. .e la suivante :
(9)
Je cOlJlJais Paul autet que tu cOlJlJais JealJ.
relève de la corrélation parce que l'élément autalJt y fonctionne
comae un adverbe (coapléaent de cOlJlJlIis) séparable de que
(10) Je cOlJlJais autet Paul que tu cOlJlJais JealJ.
Au contraire dans la pbrase suivante
(11)
J'ai COlJlJU Paul avet que tu cOlJlJaisses JealJ.
l'éléaent avalJt, inséparable de que, est un co.posant de la locution
conjonctive livet que, et il n'y a pas corrélation.
Selon ce critère, les locutions conjonctives terminées par ce que
(co..e pacce que, jusqu'à ce que, elJ ce que, à ce que, de ce que••• ),
ce est aujourd'bui inséparable de que, ne ~~~èvent pas de la cor-
'1'
rélation, et c'est l juste titre que "Suzanne All~e les a ignorées.
;
.
r~ 1

l
~_.
~
Nous ne pourrons en faire autant, puisqu~~:~ciep~françaisl'élément
-
-.
1
"'
ce,
assUllant encore sa fonction pronoainale ot10inelle (= "cela"),
pouvait être détacbé de que, dont on le tiendra pour corrélatif :
Cac l'Or ce vos a Diex elJvoi~ elJtce lJOS, que vos pacfacoiz ce
- 10 -

que l i autre De por.Dt oDque• •eDer liDo
(Queste, 11, 23-25)
Du aêae coup, nous prendrons en compte les emplois de ce ( ••• ) que
sans préposition, propres au plus ancien français.
1.2.2. Nous avons présenté au preaier paragraphe, en donnant pour
exemple la phrase
(4),
un type de corrélation affectant des pro-
positions coordonnées entre elles, et que peut résuaer le schème
Adverbe ••• /adverbe ••• /(adverbe ••• etc).
Suzanne Allaire liaite ce type aux séries coaparatives de sens pro-
portionnel (plus/.oiDS ••• plus/.oiDS ; autaDt ••• /autaDt) ; elle admet
aussi le type assis sur l'adjectif
tel,
de sens comparatif, aais
passe sous silence des phrases de aêae structure co. .e la phrase (5)
oà la répétition ad libitua de
taDt6t expriae une relation d'al-
ternance teaporelle étrangère au répertoire de l'analyse 10lJique tra-
ditionnelle.
Co. .e elle, nous négligerons les adverbes de coordination bien connus
par d'autres études (tel l'ancien or, précurseur de taDt6t) et re-
tiendrons les systèmes comparatifs dont l'histoire est d'ailleurs ia-
briquée dans celle des systèmes comparatifs de la subordination.
1.2.3. Dans son article des Mélanges offerts à Gérald Antoine, cité
en tête de cette introduction, Henri Bonnard prend en compte, à juste
titre, dans l'inventaire des aarques de corrélation, les marques aor-
- 11 -

phologiques 4e te_ps, 4'aspect, 4e _ode, et les marques syntaxiques
de _odalité (article cité, page 55). Il sera nécessaire d'en tenir
compte dans l'étude 4es systèmes corrélatifs, par ezemple pour 4is-
tinguer porço .•. qU8 causal et porço•.. que final, et pour définir cer-
tains systé_es de "subordination inverse" (viendrait-il, que je ne
lui ouvrirais pas) ; mais nous écarterons l'étude systéaatique des
relations entre les te_ps et les aodes des verbes quand elles ne
lIettent pas en jeu l'emploi d'adverbes ou de conjonctions
(coue
dans
(Il
frappait,
j'ai ouvert.
Il est venu,
j'avais fini de dé-
jeuner. Frappez, il ouvrira).
Ces faits relèvent de vastes dOllaines de la recherche linguistique
(emploi des tellps, e_ploi des 1I04es), sur lesquels nous ne pourrons
ouvrir que des fenêtres.
1.3. COIULlTIrS COIIPLDDTliUS ET COIULlTIrS UDOIDUTS.
On évitera bien des redites si l'on distingue au départ deux grandes
classes parmi les systè_es corrélatifs retenus pour notre étude.
1° Systè_es complémentaires.
Les bonnes nouvelles sont si rares que l'on hésite A y croire.
L'adverbe
si,
co_plément de l'adjectif
rares dans la principale,
apporte l'idée de relation (cause-conséquence) ; la conjonction que
apporte seulement l'idée de subordination: les deux _ots corrélatifs
- 12 -

ont des fonctions coapl'-entaires.
Dans de tels systèmes, l'ordre des propositions n'est pas inversible
(* que l'on bésite i y croire, les bonnes nouvelles sont si rares).
2° Systèmes redondants.
Dans cette phrase de La Rochefoucauld :
L'absence
diminue
les
médiocres
passions,
et
augmente
les
grandes, c~e le vent éteint les bougies et allume le feu.
(Nazimes, 276)
1. conjonction co... marque • la fois la subordination des deux pro-
positions qui suivent aux deux principales qui précèdent, et la re-
lation (de comparaison) : elle n'a pas de corrélatif. Mais les termes
de la p6riode peuvent être inversés, et l'idée de comparaison peut
être reprise dans un adverbe comme ainsi marquant nettement le début
du groupe des deux principales coordonnées :
"Coue le vent éteint les bougies,
et allume le feu,
aiui
l'absence
diainue
les
médiocres
passions,
et
augmente
les
grandes".
La conjonction co. .e et l'adverbe ainlli constituent un système de
corrélatifs non plus complémentaires, mais redondants.
La corrélation co. .e .•. ainsi est abondamment pratiquée par les ora-
teurs et par les poètes pour fa cil iter l'intelligence d'une longue
phrase :
- 13 -

CGWlle on voit sur la branche au .ois de lIay la rose
iD sa belle jeunesse, en sa preaière fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose:
La grace dans .a fueille, et l'aaour se repose,
!abasmant les jardins et les arbres d'odeur:
liais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle .eurt fueille à fueille déclose :
Ainsi en ta premi~re et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
(Ronsard, Amours, sur la mort de lIarie, V.l-ll)
Les systèaes corrélatifs redondants ont été tacitement écartés par
Suzanne Allaire, pour deux raisons probables. D'abord pour la rareté,
en français moderne,
de leur e.ploi qui relève d'une emphase rhé-
torique passée de mode. Kais peut-être aussi les a-t-elle jugés non
pertinents dans l'étude d'une véritable corrélation,
en raison de
leur caractère gratuit.
s'il est vrai que la subordonnée initiale introduite par cOlllRle dans
l'exemple donné implique
l'existence d'une proposition principale,
elle n'implique pas l'emploi de l'adverbe aiDsi, qui est un luxe du
registre oratoire ou poétique, et qui d'ailleurs peut apparaître sans
que la proposition précédente soit une subordonnée.
- 14 -

On ne peut pas affirmer' priori qu'il en fû~de même en ancien fran-
çais, où l'emploi intensif de certains adverbes avant ou après cer-
taines conjonctions donne à penser qu'on est en présence de systèmes
corrélatifs
analogues
aux
systèmes
latins
ut • •• i ta,
cu•• •• tu.,
qua•••• ta., qualis ••• talis, ubi ••• ibi, unde•.• inde, etc.
L'adverbe si n'est-il pas corrélatif de cu. par anaphore dans
cu. ad oret, si se drecet en estant,
seignat sun chef de la vertut poisant.
(Roland, 3110-11),
et de co.e par cataphore dans
Un dart llo1u a pris a son arçon,
Envers Guillel.e le lança de randon,
Si bruit li cols ca.e uns alerions.
(Couronnement de Louis, 966-968) ?
L'existence d'une locution soudée sico. au XIe siècle semble attester
une prédilection pour l'association de ces deux mots en corrélation.
Les exemples donnés ci-dessus ne font état que de la conjonction
co.(e), mais des problèmes semblables sont posés pour toutes les con-
jonctions ayant un contenu logique, par exemple quant (temps, cause),
se (condition) et toutes les conjonctions composées de que. Seule la
conjonction simple que, sans contenu logique propre, est par nature
exclue des systèmes redondants.
- 15 -

Ces questions seront exaainées cas par cas principalement dans la IVe
partie, consacrée au schèae Conjonction (••• J/Adverbe.
- 16 -

1.4. CBlOIOLOGII DIS TIXTIS CITIS.
Textes du XIèae siècle.
Alexis
La vie de Saint Alexis (ai lieu du XIe siècle,
auteur
inconnu),
CFKA,
éd
F.
Lecoy,
Paris,
Champion, 1980, 50P.
Roland
La Cbanson de Roland (fin du XIe siècle, peut-
être de Turold),
éd.
Gérard Koignet,
Bordas,
Paris, 1985, 320P.
Textes du XIIèae siècle.
Cour.
Le
coUrOnDeJlent
de
Louis
(vers
1130,
auteur
inconnu), CFKA,
éd.
Ernest Langlois, deuxièae
édition revue, Paris, Champion, 1984, 169P.
Charroi
Le
cbarroi
de
NiJles
(1150-1160,
auteur
inconnu), CFKA, éd. J.-L. Perrier, Paris, Chaa-
pion, 1982, 77P.
Eneas
Eneas
(vers 1160,
auteur inconnu),
CFKA,
éd.
J. -J. SaI verda de Grave, TOKE 1, Paris, Chaa-
pion, 1973, 183P.
Lais
Les
lais
de Marie
de
France
(vers
1165,
de
Karie
de
France),
CFKA,
éd.
Jean
Rychner,
Paris, Champion, 1978, 317P.
- 17 -

Guigeaar
Equitan
Fresne
Bisclavret
Lannl
Deus Amanz
Yonec
Lal1stic
Milun
Chaitivel
Chievrefoil
Eliduc
Eracle
Eracle (vers 1165, de Gautier d'Arras), CFKA,
éd. Guy Raynaud De Lage, Paris, Champion, 1976,
246P.
Béroul
'Le
Roman
de
Tristan
(dernier
quart
du
XIIe
siècle, de Béroul), CFKA, éd. Ernest Muret, 4è
édition revue par L.M.Defourques, Paris, Cham-
pion, 1982, 171P.
Cligès
Cligès (1167, de Chrétien de Troyes) d'après la
copie
de
Guiot,
CFKA,
éd.
Alexandre
Micha,
Paris, Champion, 1982, 256P.
Ch.Ch.
Le chevalier de la cbarrete (1180, de Chrétien
de Troyes), d' après la copie de Guiot, CFKA,
éd. Mario Roques, Paris, Champion, 1983, 240P.
Yvain
Le
chevalier
au
lion
(1180,
de
Chrétien
de
Troyes), d'après la copie de Guiot, CFKA, éd.
Mario Roques, Paris, Champion, 1982, 266P.
- 18 -

Perceval
Le
conte
du
Graal
(1181,
de
Chrétien
de
Troyes), d' après la copie de Guiot, CFlfA, éd.
Félix Lecoy,
Tome
l,
Paris,
Champion,
1981,
187P.
Renart
Le Ro.an de Renart (1180-1190, auteur inconnu)
première
branche,
d'après
le
manuscrit
de
Cangé, CFMA, éd. Mario Roques, Paris, Champion,
1978, 188P.
Est.
Graal
: Le
Roman
de
l'Estoire
dou
Graal
(1195,
de
Robert de Borron), CFMA, éd. William A. Nitze,
Paris, Champion, 1983, 136P.
P.Or.
La prise d'Orange (fin du XIIe siècle, auteur
inconnu), éd. Claude Régnier, sixième édition,
Paris, Klincksieck, 1983, 161P.
Textes du XIIIe siècle.
Nicolas
Le Jeu de Saint Nicolas (1191-1202, de Jehan
Bodel),
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- 19 -

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(début
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auteur inconnu), CnlA, éd. Holger Pe-
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Queste
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Courtois
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(vers 1226,
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Dole
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.
.
\\
."
,
"
3 AV.
Les Trois Aveugles-clfi'~l'i;~e, Fabliau (XIIIe
!
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Rutebeuf
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L'Eglise,
les
Ordres
Mendiants
et
l'U-
niversité.
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Poèmes de l'Infortune.
Poèmes Religieux.
Pièces à rire.
Feuillée
Le Jeu
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d' Ad.. Le
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- 20 -

Rose
Le
Roman
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Vergi
La
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Joinville
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Mélusine
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V : publié pour la preaière fois d'après le aa-
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opose. : Opuscules.
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.arion, 1965, 441P.
- 25 -

PREMIERE PARTIE
LES SYSTEMES CORRELATIFS D'EGALITE

PREMIB:RE
PARTIE
2- LBS IYSTEIIIS COIl.ILATIl'S D'IGALITI:.
Pour les sujets parlants, dès l'époque latine, l'insertion d'une pro-
position subordonnée sans le sché.a d'une proposition principale pré-
sente évide. .ent des difficultés: c'est un élé.ent lourd qu'il y a
intérêt l représenter par un .ot court.
On dit très bien aujourd'hui
(1) SOn Icbec est une catastropbe.
(3) Je ne _ 'oppose pas A cette Hsure.
!ais co. .ent faire si la fonction assuaée par le no. sujet son ~cbec
ou par le no. co.plé.ent indirect cette mesure doit être re.plie par
une longue proposition ? On peut utiliser un no. assez abstrait dont
le sens sera précisé par une proposition co.plétive en apposition in-
troduite par que.
(]) Le tait [que Paul ait rat~ les deux ezuens A la tois} est
une catastropbe.
(4)
Je ne m'oppose pas A la
d~cision [que
tous les
con-
trevenants se voient retirer leur per_is}.
Au lieu des no.s tait, d~cision, et autres, la langue peut affecter l
cette fonction de relais un prone. neutre : boc en bas latin, ço en
ancien français, aujourd'hui ce :
- 26 -

(5) C'est uDe catastropbe (que Paul ait rat4 les deux ezaaeDs A
la tois).
(6)
.Je De a 'oppose pas A ce (que tous les cODtreveDaDts se
voieDt retirer leur perais).
Le rôle du relais ce .st clair: il offre la aêae couodité que l'.a-
ploi des pronoas personnels dans la phrase "disloquée"l puisqu'il
peraet de conserver • la phrase sa structure canonique sans y insérer
de force des éléaents indigestes qui feraient perdre de vue l' os-
sature d'enseable.
2.1. Différents tJP8s du systé...
Or reveDdrai al pedre ed a la .edre
Ed a la spouse qui soule tut re.ese.
Quut il ço soureDt qued il toiz s'eD eret,
~o tut graDz duels qued il eD de.eDereDt.
(lJ.ws, 101-104)
Au vers 102, le aot qui est un pronoa relatif ayant pour antécédent
la spouse ; entre les signifiés de ces deux aots existe un rapport
d'4galit4 (non grauaticale, aais substantielle) défini dans l'in-
troduction f 1.2.1. Il n'y a pas corrélation car le noa la spouse
n'implique pas plus une proposition relative que les noas al pedre et
al .edre au vers précédent.
1. loir code dl français courant, f4. lagaar4, Pari., 1911, f 242.
- 27 -

Si l'auteur avai t eaployé,
au lieu du Dom spouse,
le pronoa dé-
aonstratif celle qui appelle une déteraination, i l y aurait entre
celle et qui un rapport de corrélation, aais d'un type que nous avons
choisi, .. l'exemple de aadaae Suzanne Allaire, d'écarter de notre
chaap d'étude sauf dans les cas particuliers oà le rapport d'égalité
pouvait, dans la vieille langue, se doubler d'une relation logique
telle que la conséquence.
Au vers 103, nous avons le aot qued qui n'est pas un pronoa relatif.
En effet, alors que qui assuaait au vers précédent une fonction pro-
positionnelle clairement identifiable (sujet de fut re.ese), qued est
ici "conjonction de subordination" ; i l introduit non pas une pro-
position relative,
aais
une
proposition coaplétive
qui
est glo-
baleaent en rapport d' égali té avec ço (on dit: "en apposition au
pronoa ço"). Nous attacherons une attention particulière au systèae
corrélatif ço (ce) •• '/que oà le pronoa neutre fonctionne cOlllle une
articulation dans la structure logique de la phrase. Ses noabreuses
variantes et leur histoire jusqu'au français aoderne feront le sujet
essentiel de cette preaière partie.
Le vers 10C resseable foraelleaent au vers 103 : le pronoa ço y est
en corrélation avec le aot qued (que) ; mais ici qued est compléaent
d'objet direct du verbe transitif
en
de.enerent,
c'est un pronoa
relatif, qui prend d' ailleurs dans d'autres textes les foraes cui,
qui et ki, spécifiqueaent relatives :
- 28 -

C'est votre uor cui je voil de.andeir.
(Bartsch,
Altranz6sicbe ro.anzen
und Pastourellen,
Brag von Karl Bartsch. - Leipzig, r.c.v, vogel, 1870).
C'est a vous a qui je vendi
siz aulnes de drap, .aistre Pierre !
(Patbelin, 12~66)
C'est .oi qui se noue Sganarelle.
(Koliàre, le .~decin .algr~ lui, 1, 5)
ou la for.e dont :
Monsieur, ce n'est pas de cela dont il est question.
(Kolière, le .~decin malgré lui, 1, 5)
Ce systè.e corrélatif a pour fonction de .ettre en position de propos
(ou rbè.e, ou tocus, ou prédicat) un ter.e de la phrase autre que
l'attribut: le co.plé.ent d'objet direct dans l'exe.ple d'Alexis, et
dans
l'exe.ple
tiré
du
recueil de
Bartsch,
le
complément
d'at-
tribution dans l'exe.ple de Patbelin, le sujet même dans le premier
exe.ple de Kolière, le co.plé.ent d'objet indirect dans le second.
Cette locution qui n'apparait en français .oderne que sous les formes
c'est
•• •qui,
c'est
••• que,
est
appelée
"eaphatique"
ou
mieux
"focalisante" par les linguistes d' aujourd ' hui. Nous l'avons écartée
de notre étude parce que son second éléaent ressortit
au prono.
relatif plus qu'" la conjonction que, et que son histoire .. eUe
seule pourrait faire le sujet d'une thèse.
- 29 -

2.2. Le systèH ço (c.} •• • /que en ucien français.
Nous nous intéressons d'abord aux eaplois directs, c'est-A-dire sans
préposition,
du
systèae
ço
(ce}
••• /que
le pronoa neutre en
fon~ion de sujet, d'objet, d'attribut ou de régiae d'un verbe ia-
personnel annonce une proposition conjonctive introduite par que.
Ce systèae remonte sans doute au latin parlé où la construction
boc dico quod venit existait parallèlement A dico quod venit,
va-
riante faailière de dico eua venisse. 1 Robert Lindsay Graeme Ritchie
(Recbercbes sur la syntaxe de la conjonction
"que" dans l'ancien
français depuis les origines de la langue jusqu'au couenceaent du
XIIIe siècle,
thèse pour le doctorat d'université, Honoré Champion
1907) signale la fréquence de ço (ce) ••. que en ancien français, et
classe les eaplois selon deux facteurs : la fonction de ço (ce) et le
sens du verbe recteur. Nous pouvons adopter son classement avec quel-
ques modifications :
1° Complément d'objet
ço peut alors dépendre
a) d'un verbe de perception (vedeir,
oir,
sentir), d'opinion ou de
connaissance (saveir), de déclaration (dire)
en ce cas le verbe de
la proposition subordonnée est A l'indicatif
Quant il ço veit quel vuelent onorer.
(Aluis, 186)
2. JKzsef BeraaD, &. fol••tioD dD Illt~" lo"D dll cODjoDctioDI dl IDboldiD.tioD, Itadeaie 'erlag r
BerliD, 1963, pp.32 IS.
- 30 -

E ço sai sire qu'il tut boDS crestiieDs.
(Alexis, 340)
Ço seDt RollaDt que la .ort li est prés.
(RolaDd, 2259)
Ço set bo. beD que jo sui tis parastres.
(RolaDd, 287)
Ço dist li reis que sa guere out tiDee.
(RolaDd, 705)
b)
d'un verbe de volonté (voleir,
lJaDder, 10er), de prière (prier,
deprier) , de peraission (doDer)
en ce cas le verbe de la subor-
donnée est au subjonctif
Ço De vuel t il que sa lJedre le sacbet.
(Alexis,249)
Iço vus .aDdet Carle.agDes li ber
Que recevez seiDte cbrestieDtet.
(RolaDd, 430-431)
Ce li lo'reDt tuit aDsaDble
Que il aD aut bastivemaDt.
(EDeas, 4596-97)
- 31 -

E ço li prient que d'els aiet .ercit.
(Alexi!l, 508)
Ço li deprient, la soue piltet,
Que lour enseint 01 puissent recovrer.
(Alexis, 311 312)
E ço doinst Deus qu'ore en poissiems guarir !
(Alexis, 370)
Ce doinst Dix l'esperitables
c'oncor vous tiengne en .e brace.
(Auc., XXXVII, 14-15)
Ço peiset mei que .a tin tant demouret.
(Alexis, 460)
Ne placet Deu, ço li respunt Rollant,
Que ço seit dit de nul bu.œe vivant,
Ne pur paien, que ja seie cornant !
(Roland, 1073-75)
souvent le verbe est estre, rapportant à ço un no. ou un adjectif at-
tribut :
çost grant .erveille que pitiet ne t'en prist.
(Alexis, 440)
- 32 -

çost grant .erveille que li .iens cuers tant duret !
(Alezis, 4045)
Ço est .erveille que Deus le soefret tant.
(Roland, 1774)
Le français moderne ne conserve que ce dernier emploi puisqu'il ne
tolère le pronom neutre ce que devant le verbe être.
C'est une cbance qu'il soit venu.
C'est .erveillewc qu'il soit venu.
2.3 Evolution du système.
Beaucoup de systèmes corrélatifs,
et
notaUlent
tous
ceux qui
ont
associé la conjonction que au pronom
ce précédé d'une préposition
(pour ce .. . que, parce ... que) , ont subi au cours des siècles une
graaaaticalisation accompagnée de resserrement des composants
(pour
ce que, parce que).
Dans nos deux textes du XIe siècle,
la
vie de saint Alezis et la
Cbanson de Roland, le système ce ... que intercale toujours un ou plu-
sieurs aots (généralement le verbe de la proposition principale). La
juxtaposition de
(i)ce et de que apparait cependant dans des textes
ul térieurs :
Que dut iee que ne .'ous ?
(Béroul, 984)
- 33 -

Se li pesa aolt et desplot
Ce que il n'i avoit est~.
(Cb. Cb., 312-313)
Bien afferoit a sa bautece
Ce qu'il ert sages et cortois.
(Dole, 52-53)
Et d'autre part li fet mout mal
Ce qu'a trabitor desloial
le tient ses sires et a tort.
(Vergi, 185-187)
Sacbiez par fine vérit~
que ce que je vous ai u~
ça en arriere de fin cuer
ne ae lesse croire a nul fuer
de vous tel mesfet ne tel bonte
comae la ducboise ae conte.
(Vergi, 241-246)
Dans le dernier exe.ple cité, ce que per.et d'éviter la suite de con-
jonctions *que que inexistante en françah.
Dans les trois autres
exe.ples cités,
ce que introduit une proposition conjonctive sujet,
construction

de
plus
en
plus
que récla.e
un
support,
prin-
cipale.ent si la proposition sujet précède le verbe principal coue
dans les deux exe.ples suivants :
- 34 -

Nes ce que il se desguisa eD semblaDce de Douvel cbevalier .'eD
toli la droite cODDoissaDce.
(Nort Artu, 30, 38)
Ce qu'ele estoit si bele tame
Fesoit a Dieu perdre niDte ame.
(Rut., AS 149-150)
Plus rare est l'eaploi de ce que en tête d'une complétive objet
"Ba las", tait il, "quel la teras ?
Ja mes joie De pes D'avras ;
l'aD dira ce que ge .'BD tui.
(EDeas, 5805-07)
Et disoit ce, que ja .ollier
N'eD avroit ja SOD seigDor cbier
Qui les pareDz D'eD aaereit.
(Béroul, 75-77)
Ge li dis ce, qu'il s'eD alast.
(Béroul, 435)
Dans les exemples de Béroul cités, les éditeurs (Kuret-Desfourques)
ont intercalé une virgule entre ce et que pour montrer que selon eux,
ce que n'est pas un doublet facultatif de que, grauaticalisé, liaiS
un syntape libre qu'une traduction scrupuleuse ne pourrait rendre
que très lourdeaent :
- 35 -

[Il disait cela, que juais une épouse ne tiendrait son uri
pour cher si elle n'ai.ait ses parents].
[Je lui dis cela, qu'il s'en allAt].
Ces e.plois de ce après dire dans Eneas et chez Béroul, dérivent peut
être de son emploi fréquent devant les propos rapportés co. .e au vers
339 de la Chanson de Roland:
Ça dist li reis : '~l Jbesu e al .ien 1"
[Le roi dit
"Au nom de Jesus et au .ien 1"]
A l'inverse de ce qui s'est produit pour les systè.es corrélatif s
por ço ... que, par ça .•. que, etc. devenus par soudure les locutions
conjonctives pour ce que, parce que, la locution conjonctive ce que
n'a eu qu'une existence précaire en ancien français, pour disparaitre
totale.ent en moyen français.
Cette conjonction,
comme le système
ce .. •que qui
lui
a donné
naissance,
avait
une
concurrente
très
sérieuse dès les plus anciens textes français dans la conjonction
sbple que. Dans La vie de saint Alexis, la conjonction que sans ça
se rencontre après les .êmes verbes (vedeir, saveir, prier,
voleir)
et dans la .ê.e fonction sujet que le système ça ..• que
Quant veit li pedre que .ais n'avrat enfant.
(Alexi., 36)
Or set il bien pei il s'en deit aler.
(Al exill, 279)
- 36 -

Ainz priet Deu qued il le lour pardoinst.
(Ale1Cis, 269)
Or vuelt que prenget aoillier a son vivant.
(AleJCis, 39)
Nais lui ert tart qued il s'en tust tornez.
(AleJCis, 65)
Nielz ae venist, aais, que aorte tusse.
(Al eJCi s, 485)
La coaparaison de ces deux vers de la Chanson de Roland
Ço sent Rollant que la aort li est prés.
(2259)
Olivier sent que a aort est terut. (1952)
nous invite' penser que l'eaploi de ço est favorisé au vers 2259 par
le
aètre
du
décasyllabe,
qui
exige
quatre
syllabes
au
preaier
héaistiche, alors qu'au vers 1952, les quatre syllabes sont foraées
par le sujet Olivier et le verbe sent.
Dans la
Vie de saint Alexis,
la conjonction que introductrice de
proposition coaplétive se rencontre 23 fois sans ço (36, 39, 60,~~,
127, 138, 185, 199, 269, 279, 297, 298, 309, 325, 329, 389, 390, 454,
485,
495,
505,
599,
622),
le
systèae
corrélatif
ço
••• que se
rencontre 17 fois
(103,
186,
249,
311-312,
340,
343,
363,
370,
381-383, 440, 445, 460, 477, 508, 539, 549-50, 617) : la soudure ce
- 37 -

que ne se rencontre pas encore.
Dans la CbalJSOB de RolaDd, le nollbre de ço •• • que par rapport • que
seul di.inue considérable.ent
14 fois ço •• • que pour 96 fois que
introduisant une co.plétive ; ce que n'apparait pas.
Dans les textes des siècles suivants nous avons pratiqué des sondages
portant sur quelque 300 vers ou lignes de chaque oeuvre. Le tableau
suivant groupe les résultats :
que
ce ••• que
ce que
Ille siècle
20S
33
07
XIIIe siècle
173
18
OS
XIVe siècle
68
01
00
XVesiècle
70
05
00
XVIe siècle
60
04
00
XVIIe siècle
16S
25
00
On peut esti.er que la disparition de ce que date de la période de
l'ancien français (fin XIIIe siècle).
L'échec de la locution soudée ce que est très coapréhensible : • la
différence des locutions co.posées coue l'Or ce que,
SaDS
ce que
(voir Ile partie), devalJt que,
talJt que
(voir IIIe partie), elle
n'ajoute aucune nuance fonctionnelle
(coue une "circonstance" de
cause, de conséquence, de te.ps) • la conjonction que: le prono.
ço (ce) J assuae une fonction "directe" que la co.plétive introduite
par que est,
coue on l'a vu plus haut.
aussi bien capable de
- 38 -

re.plir. Dans ces conditions entre que et ce que, la langue pouvait
sacrifier la conjonction la plus lourde. Pour la co. .odité .étrique,
les poétes ont pu en uintenir artificielleunt l'usage facultatif
quand la prose l'avait abandonnée.
Quant l
ce .•. que dont i l convient de noter la résistance, il se
rencontre encore l l'époque classique.
Deux raisons pourraient expliquer le uintien du sysUu corrélatif
ço •.• que :

Le
"facteur
Thumeysen",
c'est-l-dire
l
la
"loi
rythaique"
exigeant en ancien français un .ot tonique l la pre.ière place de la
phrase,
interdite en principe au verbe dans les phrases de type
déclaratif.
La dite loi explique l'e.ploi de ço dans les vers 249, 311, 340, 445
et 460 de la Yie de saint Aluis.
Ç'o ne vuelt il que sa .edre le sachet.
(Alezis, 249)
Ç'o peiset .ei que .a tin tant de.ouret.
(Alezis, 460)
Ici, le .odèle corrélatif peut être une conséquence de cette règle
rythao-syutaxique i.posant un élé.ent tonique devant le verbe.
Mais il faut observer que, parallèle.ent l ço, d'autres .ots peuvent
satisfaire l la loi rythaique en occupant la place de tête : c'est le
cas de or aux vers 39 et 279, de ainz au vers 269, de .ielz au vers
- 39 -

485, de lui .u vers de la Yie de saint Alexis.
En fait,
l'emploi fréquent du corrélatif ço devant les conjonctives
coaplétives,
qui est frapp.nt .u XIe siècle,
ira en diainu.nt au
cours des siècles,
sans que 1. loi de Thurneysen .it cessé pour
.utant d'être respectée .u XIIe et .u XIIIe siècle.
2° La couodité qu'offre le sysUae
ce .• •que pour intélJrer •
la
phrase une coaplétive sujet. En effet, couencer une phrase p.r la
conjonction
que
n'.
jaa.is
été
.dais
en
franç.is
d.ns
l'us.lJe
cour.nt:
il
est
f.cile
de
pl.cer
dev.nt
le
verbe
un
sujet
lJr....tic.l
neutre
sous
1.
forae
ce,
qui
sera
repris
p.r
une
proposition coaplétive en apposition
bis, fait il ce est doaage
Que vos estes por aoi ocis.
(Eneas, 5850-51)
Certes, ce poise aoi aot fort
Que je li doie doner aort.
(B~roul, 1569-70)
Kes quut ç'avint que vos ellstes
l'an trespass~ que vos dellstes
revenir i aa daae ça,
tutost a aoi se correça
et aol t se tint a decelle
- 40 -

de ce qu'ele .'avait creDe.
(YvaiD, 3"'5-60)
Et qUaDt
li
(;rieu
vireDt
ce,
qui
estoieDt
avec
lui,
qu'il
torDeroi t vers ArJdreDopl e, si ce COlleDceD t a eabl er de lui.
(Villeb., § 424, 6-9)
Et quaDt ce viDt que le cODte d'Bu et cbaDcellier eureDt priDs
cODgi~ dudit cODte de Cbarroloys, qui estoit assez loiDg de SOD
p~re, il dit ,j l'evesque de NarboDDe, qu'il veit le derDier :
"RecouaDdez .oy très bUllblelleDt ,j la boDe grace du roy".
(CouYDes, 8, 8-12)
Ceste grace, et ce je De scay quoy,
Que quaDd vous De seriez fille, DY soeur du roy,
Si vous jugeroit-oD estre ce que vous estes.
(Du Bellay, Regrets, CLXXV, 12-14)
C'est
UD .etier que de faire
UD
livre,
coue de
faire
UDe
peDdule.
(Bru., Car., 82, 3)
- 41 -

Cette
cou04ité
explique
le
_aintien
jusqu"
nos
jours
de
constructions coue : C'est douage que, c'est UlJe cbaDce que••• ;
_ais dans cet exe_ple,
ce a eu dès l'ancien français un sérieux
concurrent dans le prono_ il (voir 2.4).
2.4. Systèaes concurrents.
Les systè_es relevant du schè_e ce .•. que sont suje~ • des variations
affectant soit le pre_ier élé_ent, soit le second, soit les deux' la
fois.
Re_plaçants de
ço (ce) •• .•. • ..•.. que
cest, cel
quaDt
taDt, itaDt
se (qui)
tel + DO.
CO.
le
il
cbose
eD

i
aiDsi

2.4.1. leaplaçuts de ça (ce).
1- Cest et cel
Se tu 'eDseigDes cut, saDZ talle,
au 'ele vivi et que De valle,
Gré t'eD savrai, ce sacbes bieD.
(Béroul, 1181-83)
- 42 -

Je ne .'an porroie tenir
qU'apris n'alasse isnele_ant :
cel ne seroit pas avenant
que nos apris 4% n'alessiens.
(Ch. Ch., 232-235)
S'or savoit ceste cbevaucbie,
Cel sai je bien que ja resort,
Tristan, n'avreie contre .ort.
(Béroul, 184-186)
Cest et cel ne sont en fait que des formes soeurs de ço(ce) en
corrélation avec
la
conjonction
que introduisant
une
proposition
complétive.
B- Tant (itant)
La
séquence
tant
••• que peut apparaitre
avec
un
sens
voisin de
ce •• •que. le tait ••• que, que est la conjonction introductrice
d'une coaplétive. Philippe Ménard3 signale ce sens de tant ••• que
Et
de
tut
t'est bien avenu
que
tu
verras
par
tens
tes
co.paignons.
(Queste, liS, 19)
L'adverbe corrélatif tant au sens de "ceci", annonce la subordonnée
coaplétive introduite par que qui le suppose.
3. SIDt'l' d, ]"DCj'D fr'Df,j" SOIODI, pp. 199-200, ji216, lordea'l, 1976.
- 43 -

[Et
tu as
de
la chance
eD ceci que tu verras
bient6t
tes
coapagnons]
Graeae Ritchie ne signale pas cet eaploi de
taDt
••• que dans son
inventaire des "autres corrélatifs"· ; i l est cependant fréquent au
Koyen Age :
'l'ut sai je bieD, tait li vilaiu,
que quatre deDs tieDt li poulaiDs.
(Eracle, 1435-36)
(voir aussi Eracle, 2415 ; 2885-86
4030-32).
Et li rois a tut respoDdu
Que ja reaDçOD D'aD praDdra
Del traitor, eiDz le paDdra,
Se preDdre De teDir le puet.
(Cligès, 1222-25)
Nes seul itut De li aDuit
Qu'il a eD dor.aDt SOD deduit.
(Cligès, 3165"-66)
(voir
aussi
Cligès 183-184;
2184
2197
2319
2438
2625 ;
2731 ; 2909) •
•• "d,rd" .ur J, 'IDtu, d, J, CDDjDDCtiDD 'qu,' du. J'UcilD fru~li. d,pui. J" DrigiD" d,
J, Jugu, jUlqu ',u CDUIDCIIlDt du 1111' .i~d" Paris, 1907, pp. 23-25.
- 44 -

Iles tut dini ge que .ialz oevre
que sans ne painne que g'i .ete.
(Cb. Cb., 21-23)
(voir aussi Cb.Cb. 2977 ; 43'~66
4446-47
4618-19
4699-4700).
Et il respont : "tut li porroiz
dire, quant devant lui vanroi~
que li cbevaliers au ljon
vos dis que je avoie non.
(Yvain, 4283-86)
(voir aussi Yvain 2767 ; 4267-69
5668)
liais tut anquerre vos volroie,
ençois que je desar.ez soie,
que la reine et ses puceles
venissent oir ces noveles.
(Perceval, 4009-12)
(voir aussi Perceval 4370-74 ; 4448-50)
Et tut vos retrait li livres que il ne furent que XII. qui le
saire.enz jurerent de la partie des françois,
ne plus n'en
poient avoir.
(Villeh., f 99, 1-3)
f
(voir aussi Villeh.,
23, 1-2)
- 45 -

Et e~~ apert ae dist itaDt
Le vos et je et ~os deuz fix
Serio~s 0 lui aes touz dix.
(St Eust., 462-464)
(voir aussi St Eust., 1037-40)
Et l'e~demai~ si ert la ~uit
De Pe~tecouste. Et taDt vous di
Que cbe jour, ai~s de aiedi,
Porrés veoir Jeba~ et Blo~de,
Qui sero~t li plus lié del mo~de.
(Jeb. et Bl., 5558-62)
Nes bie~ voi taDt qu'e~ prese~t
Nul ~e a'i re~voie.
(Frois., Esp. ~., 3125-26)
Si fist u~ trettiet secret a Joffroy Teste Noire, qui se te~oit
e~
Liaousi~,
et
taDt
que
il
deubt
livrer
le
castiel
de
Ve~tadour, e~si qu'il fist, pour six aille fra~s.
(Frois. Cbro~., 256, 10-13)
- 46 -

Mais
tant
peut
aussi
apporter
une
idée
de
restriction
("cela
seulement") qui n'est pas dans ce
Por rien ne vos an delaiez
et t4Dt si li redites or
qu'''au noauz" le retace ancor.
(Cb.Cb., 5840-42)
Ailleursj cOllllle dans la Vie de saint Eustacbe, itant que (462-464) et
tant que (1037-40) expriment une relation de pure égalité.
Emprès as boames a requis
Qui el borc ierent estais,
f4Dt qu'il tu (larde par quinze anz
De lor cortis et de lors cbanz.
(St Eust., 1037-40)
Les
deux
emplois
de
tant
que
(accolé)
chez
Froissart
(Esp.aa.,
3125-26 ; chron., 256, 10-13) ont une valeur appa~ent équative.
A partir du XVe siècle, nous ne rencontrons plus dans notre corpus
cet emploi de tant •.. que au sens de ce ••. que. On peut admettre que
ce tour a disparu au cours du XIVe siècle. C'est pourquoi Christiane
Marchello-NiziaD n'en
a pas
fait
mention
aux XIVe-XVe
siècles;
Martin et Vilmet' l'ignorent .. la même époque ; Georges Gougenheim'
5. listoit, d, 1. IlDgo, frlD~'is, .01 IIf, ,t IV,'üc1l1, Paria, Bord•• , 1979. 378P.
6. Imll do frlD~Ii, do '01" Ig, ; 2-SIDtU' do .01" frlD~'is, Pari., 1980, 315P.
7. Slst~., gr....tie.l dl 1. 1.Dgo, fr'D~.is', Pari. d'lrtre!, 1938, 373P.
- 47 -

·
v VII!- Yticfe .
n'en parle pas au XVIe sIècle, non plus que Baase ~ ~
c- rel
L'étude de tel peut être rattachée à celle de tant.-Z;l est l'élément
d'un système corrélatif tel ••. que de sens équatif.
Supposons que Villehardouin ait écrit
Et tu ce entr 'aus acordez que en Venise cuideient trover plus
grant plenté de vaisiax que a nul autre port.
On aurait entre ce et que lAI relation équative
["Et cela fut
reconnu entre eux qu'ils pensaient trouver à
Venise une plus grande quantité de vaisseaux qu'en nul autre
port"].
Au lieu de ce texte, Villehardouin a écrit :
Et tu tels lor consaux entr'aus acordez que en Venise cuideient
trover plus grant plenté de vaisiax que a nul autre port.
(Villeh., §14, 2-4)
[Et telle fut l'opinion admise entre eux, que c'était à Venise
qu'ils espéraient trouver une plus grande quantité de vaisseaux
qu'en nul autre port].
La conjonction que introduit une proposition coaplétive expriaant le
contenu
du
aot
consaus
(consiliu.,
avis
résultant
du
conseil).
1. tI'tu, frlDr,iI, du 1f11, lüd" Paris, Delagme, 7i1e 'ditiOD, cm. (tnductioD de •.
Obert) .•u l'Ile siicle.
- 48 -

L'auteur aurait pu se contenter de dire :
Et tu lor consaus entr'aus acordez que en Venise cuideient
trover plus grant plenté de vaisivc que a nul autre port.
Hais en eaployant
tel,
i l insiste sur la relation d'équation,
i l
l'annonce co. .e s'il usait des deux points (inconnus' cette date).
La relation expriaée par tel ••• que dans un pareil contexte n'est ni
consécutive, ni coaparative (tel serait alors suivi de co. .e, ce qui
n'arrive pas) ;
elle est donc équative CODe celle exprillée par
tant •• •que.
Dans cet emploi très fréquent
chez Villehardouin,
tel peut être
doublé d'un si qui expriae par redondance, en corrélation avec que/la
Ilêae idée d'égalité:
Nais la tins si tu telz que li peres assedra les convenances si
con li tils les avoit assedrees, par saireaenz et par chartres
pendanz bullees d'or.
f
(Villeh.,
189, 6-9)
Quatre aanuscrits, BCDE, n'ont pas si • cet endroit.
f
f
f
(voir aussi Villeh. ,
14,2-4 :
21, 4-5 :
39,1
§42, 2 ; 9
129, 5-6 ; ~ 147, 7 ; ~ 159, 1)
Cet usage n'est pas propre • Villehardouin
on le rencontre chez
d'autres auteurs.
- 49 -

Et .Jbesus est le Dieu de gloire,
Qui donne as suens itel victore
Et tel forcbe et tel poier,
~'encontre eulz ne puet feu arder.
(St Eust., 2021-24)
Car li !>este a tel .eeine que, se vos le poés prendre,
vos
serés garis de vos .ebaig.
(Auc., XII, 36-37)
rel peut être associé • • aniére, à costéJ
à endroi t, à guise:
Et fist sa devise en tel .aniere que il co.anda que Estenes ses
freres arlst son avoir.
(Villeh., f 46, 5-6)
Fols est qui encbi4s li ira,
Que telle .aniere en Ire a
Qu'elle se veut a cbascun prendre.
(Rut., 0, 247-249)
La cbose gist sor tel cost~
C'onques rois de betes n'ot t4
Le bel aroi.
(Rut., AI, 107-109)
La cbose gist sor tel endroit
- 50 -

Que cbascune beste vodroit
(1ue venist l'6nce.
(Rut •• Al. 155-157)
Por ce se tint en itel guise
que ele .ieus le duc attise
a croire que .of,Û soit ide.
(Vergi. 573-575)
Joinville e.ploie tel •• •que équatif dans un sens voisin de ....nière.
façon" :
Et Dieu en let tel vengance que l ·ende.ain lu la grant bataille
du quares.e-prenaDt.
(Joinville. 144. 37-38)
Enfin.
une
relation
équative
touchant
pure.ent
la
qualité
est
représentée par tel ••. qui dans le Ro.an de la Rose
Bien a tel laae deservi
qu'ele ait assez ennui et peine
qui d'un seul bo.e aaer se peine.
(Rose, 13134-136)
D- Le.
Il est souvent e.ployé dana les .ê.ea conditions que ce.
François le virent que ne valoies gaire.
(Cbarroi 166)
- 51 -

Selon Graea. litchi. • "le est surtout fréquent avec dire, conoi.tre,
cuidier et s' accou04e particulièreaent du subjonctif".
lA ae pria aolt et requi.t
Que je 1. 1. tei••e aeiJuz..
(Cligl., 6018-19)
"H. ! roi., .e vos ce .ell••iez
j., ce croi, ne l'otroie.iez,
que Xex ae aen.st un .eul p.....
(Cb.Cb., 209-211)
Dans
le
preaier
exeaple cité,
le
verbe
pria de
la
proposition
principale
couande le subjonctif teisse de la coaplétive.
1re.tote., bien pres, le tont
que de lor tolie .'.ncusent
et ce qu'ele. voelent refusent.
(Yv.in, 1646-48)
Et p.r le teniz bien le .eDble,
qu'il n'.n peut e.tre .11••n.eable.
(Ro.e, 15945-946)
Le est ici régiae du verbe iapersonnel seable.
Ce systèae corrélatif le ••• que, très vivant en français aoderne, l'a
eaporté sur son concurrent ce ••• que. Du XIVe siècle au XVIIe siècle,
t. ~rlm litchi., DI. cit., pig. 2t.
- 52 -

les écrivaiDs eD ODt tait UD usage couraDt
D'or en avut congiét vous donne,
Nes je le voel et si l'ordonne
(Ju' encor vous revenés vers nous.
(Frois., Esp • ... , 3140-42)
Et je le cuide entendre bien
(Ju'on doit a.er en lieu de bien.
(VilloD, Test., 588-589)
Puis, je suis seur, et on le cognoistra,
Qu'a ta naissance avecques toy naistra
Esprit docile et cueur sans tache . .ere.
(Xarot, Opusc.VI, 29-31)
Il faut le dire que ce crime n'est pas trop cOJUlun.
(Boss., L'honneur du monde, 3)
E- Il.
DaDs la tODctioD sujet, le prODom Deutre il coameDce • se rattacher
aux verbes
uDipersoDDels,
et
aux expressioDs
verbales
toraés
de
estre.
- 53 -

Il nen est droiz que paiens te baillissent.
(Roland, 2349)
Il ne poet estre qu'il seient desevrez.
(Roland, 3913)
- Sire,
dist li rois,
trop en avf}s vos tait : il n'est aie
costu.e que nos entrocions li uns l'autre.
(Aue., XXXII, 14-15)
Rainelet, il convient c'on oigne
Ten pauc ; lieve sus un petit.
(Feuillée, 260-261)
- Sire, tet Kez li senechaux, se vos asseez ja au disner, il
a'est avis que vos entraindroiz la costume ceanz.
(C;>ueste, 5, 1-3)
Or sachiez qu'il tn-'i taudra aie
qu'il ne l'ait por riens qu'il puist tere.
(Dole, 158-159)
Si sachiez qu'il ne .e plest aie
qu'il ai t seur vos nule cointie.
(Rose, 8493-94)
- 54 -

Il saable que tout si cbevoil
soieDt de fiD or reluisaDt.
(Jeb. et Bl •• 252-253)
Dans
trois
cas
(RolaDd.
3913
et
2349;
Queste,
5.
1-3).
le
il
corrélatif se rattache aux expressions verbales
formées
du verbe
estre : - poet estre que
- il est droiz que
- il m'est avis que
Dans
les
autres
cas.
le
pronom
il
est
rattaché
à
des
verbes
unipersonnels : cODvieDt, faudra, plest, samble.
Il seabloit que tote le campaigDe fust coverte de batailles.
(Villeb·,9179.1-2)
Il ••• que est incontestablement un concurrent sérieux de ce ••• que en
ancien français. En effet ce et il au sens de cela ont eu pendant
longtemps la même valeur d'emploi. Le corrélatif il .•. que. souvent
employé de nos jours l'a emporté sur ce ••• que. En moyen français. à
l'époque de la Renaissance et au cours de la période classique, le
tour était vivant :
Nais quaDt acompagDiet OD est
Avoec les geDs, tels fois il D'est
AUCUD parler ou aUCUD compte
DODt il cODvieDt qu 'OD face compte
Et que SOD peDser OD delaie.
(Frois •• Esp. am •• 2457-61)
- 55 -

J'ay
respondu
pour
toy co. .e
il me selJble
que
p~re doi t
respondre pour filz.
(Coamynes, 6, 23-25)
Donc pouroit il sembler que la loy de Nature, qui toutes choses
soulz le ciel oblige par le lien indissoluble,
seroit plus
parfaicteaent es bestes mues que en vous autre••
(Quadr., Il, 29-32)
s'il avenoit qu'on vous ouijst
autant vauldroit qu'on s'en fouijst.
(Pathelin, 767-768)
Il faut bien qu'il me soit perais
De fouiller, pour leur faire guerre,
L'arcenal de leurs enneais.
(D'Aub., Tragiques, 364-366)
Bien il est vray, qu'il contraint un petit
Durant le jour son segret appetit.
(Rons., Amours, XXXV, 9-10)
(je faulx, car il a'est advis qu'il y en avoit deux)
(Rab., Pantagruel, 397, 2-3)
Car il ae semblait que ce fût un arrêt de mort qu'on vint de
- 56 -

lire ~ leur Ilaitre.
(Sévigné. Lettres, Il, 44-45)
Il sellblait qu'elle souffrit sans peine l'attachement du roi
pour la duchesse de \\t.len tinois.
(La Fay •• Clèves, 35. 26-28)
F. Chose.
Le no. chose peut faire fonction de corrélatif.
Et d'une cbose s'est molt merveilliez,
Que li Turs a tant duré el destrier.
(Cour., 1092-93)
liais d'une cbose tai t il 1101 t f1I!e lrgi~r~ ,~ h. ~
~ ~~.~d.~ 17f~....~IJ-lr·M-.
rN-" .. ' ~ /he. ~l'f..X-cA'J,t,'VL
~, C-~/2--éJn-j~
Quant ce tu cbose que tu e~œengié
Ge ving encontre por querre le congié.
(Charroi, 220-221)
Quant ce tu cbose que eq.,ges Ilengill,
Il s'en ala es prez esbanoier.
(Charroi, 553-554)
- 57 -

Quant eles furent faites, si tu la cbose teae que on iroit en
Babilloine.
(Villeb., § 30, 4-5)
Sur le plan logique, ces complétives introduites par la conjonction
que se rapportent au substantif cbose. De ce point de vue, i l y a
corrélation
entre
deux
propositions,
au
regard
du
rapport
d'implication réciproque qu'entretiennent les deux termes chose et
que.
L'exemple de Villebardouin ne comporte aucune ambiguïté
(la
cbose fut gardée secrète qu'on irait à Babylone).
Que remplit une
fonction de complémentation par rapport à cbose.
Cependant, sur un strict plan formel, ces constructions, tout comme
les tours du français moderne tel que le fait que, sont à la limite
de la corrélation.
Même si l'on admet que le conjonctif que implique l'existence d'une
proposition principale,
on remarquera
toutefois
que
le
nom
chose
n'appelle pas forcément une détermination. Donc dans ce dernier type
d'exemple, chose n'est pas corrélatif de que.
G. EH.
L'emploi de en comme corrélatif dans la proposition principale met en
évidence
le
lien
grammatical
existant
entre
le
verbe
de
cette
proposition et la subordonnée.
En
.•• que peut
s'employer
en
ancien
français
avec
des
"verbes
exprimant un mouvement de l' be" ; et en se place avant ou après la
conjonction que.
- 58 -

Qued enfant n'ourent peised lour es for.ent.
(AleJCis, 22)
Et poise .'en por sa francbise,
Que il la' .ort a ici quise.
(Béroul, 1565-66)
- Oil, sire n'en dotez pas
Que je tote ne la respas.
(Cligès, 6227-28)
Je ne .'u porroie tenir
qu'après n'alasse isnelemant.
(Cb.Cb., 232-233)
Et ne por quant, n'en dotez rien
que je le garderai si bien.
(Yvain, 3793-94)
D'autres verbes n'exprimant pas un "mouvement de l'âme" rentrent dans
des constructions du même type :
Qant conter l 'ot, Deu en .ercie
Que plus n'i out fait 0 s'amie.
(B4roul, 383-384)
Qu'il n'avoi t encor point de fe/lle
- 59 -

(aes le voeil a cea. de son regne
en eust il procbainement)
.out eD parloient tuit sovent
li baut baron li un as autres.
(Dole, 121-125)
Au delà du Koyen-Age, en est resté corrélatif de la conjonction que.
Je .'en tiens tort qu'il reviendra.
(Patbelin, 751)
Bien peu s'en tault que ne dye en mes vers
Propos de vous qui monstre le revers.
(Karot, Epistres, XXIII, 63-64)
Je a'en doutois, Seigneur, que ma couronne
Vous cbarmoit bien du moins autant que ma personne.
(Kolière, l'Et., III, 5, 1158)
B- Y.
l
joue le même rôle que
en quand la proposition subordonnée tait
fonction de datif.
Hestre, car i metez antante
Que cil sa tian ce ne mante.
(Cligès, 3141-42)
Contrairement aux systèmes corrélatifs précédemment cités,
i
••• que
n'apparait pas dans nos oeuvres des XVIe et XVIIe siècles. C'est un
- 60 -

systèae corrélatif qui a disparu au XVe siècle.
Pour ce que point ne l'i veoie,
Vraiellent que songiét avoie.
(Frois., Esp. ail., 675-676)
1- Ainsi.
Enfin,
nous
signalons
au
XIVe
siècle
ensi
comme
remplaçant
de
ço (ce).
En
effet,
ensi
••• que
est
un
système
corrélatif
qui
fonctionne exactement comme ço (ce) •.• que.
Et fust encore ensi que li Escot les vosissent a tendre, si se
lIetteroient il bien sour tel montagne ou sour tel pas qu'il ne
poroient a yaus combatre sans trop grant meschief.
(Frois., Chron., 208, 1-5)
Or avint ainsi que, d'adventure, Olivier de Nauny estoit sur la
porte de la
ville,
venu veoir cOllUlJent l'ost des Ang10is se
portoit.
(Frois., Chron., 220, 7-10)
Avint de Papi rus ensi,
Que li ROllUlJain si l'es1isirent.
(Frois., Esp. ail., 2686-87)
Dont une fois avint ensi
Que j'avoie ca10urs si grans
Que de riens je n'estoie engrans
- 61 -

Fors de t.nt que beù euisse.
(Frois •• Esp • •••• 1535-38)
2••• 2. Reaplaçants de que.
Graeme Ritchie dont la thèse porte sur la syntaxe de la conjonction
que ne mentionne pas les systèmes corrélatifs où que est remplacé par
un autre élément. Notre sujet n'impose pas la même restriction.
a) La conjonction quant s'emploie avec la même valeur que que dans le
système corrélatif ce (le, an, cbose) ••• quant.
Et d'altre part le tieng je a folage
Quant desor aei li donai avantage.
(Cour.. 927-928)
Et d·.ltre cbose me retieng a bricon
Quant desor mei li delivrai le don.
(Cour .• 964-965)
Nes de ce vos puis fol clamer
quant vos tant le m'avez celé.
(Yvain, 584-585)
Deu an puisse je aorer,
quant el ne vient ne ne repeire.
(Yvain, 5890-91l
- 62 -

Et cil le tint a grant guebaing
quant il n'i a plus .al soffert.
(Cb.Cb., 3134-35)
Gauvain, jel tieng a lIesprison,
Certes quant lessié"rA'i avez.
(Cb.Cb., 6508-09)
Certes, dist-il, ce est granz deus
quant proësce avez et beauté
et il n'a en vous lëauté !
(Vergi, 156-158)
De ce Ile lIerveil sanz doutance
Quant la 11er, qui est nete et pure,
SOllffroit son pecbié et s'ordure,
Et qu'enfers ne la sorbissoit.
(Rut., AS, 152-155)
A ce conseil n'estoient il lIies bien d'acort,
car li aucun
voloient que on les allast requerre et cOllbatre, comment qu'il
fust, et que c'estoient grans blasmes pour yaus, quant tant y
mettoient.
(rrois., Cbron., 234, 18-22)
Dans tous ces exemples quant est une conjonction
la proposition
- 63 -

qu'il
introduit
est
représentée
par
ce
(le,
an,
cbose).
Il
y a
corrélation entre deux propositions qui portent chacune une marque
(ce ou le, an, cbose d'une part et quant d'autre part) impliquant la
présence de l'autre.
h) La conjonction se (de sens conditionnel'est un autre remplaçant de
que).
Il se rencontre aussi en corrélation avec
ce,
dans un sens
équatif.
Que
l'on
ait
se
••• ce
ou
ce
.•• se,
le
rapport
est
identique
C'iert granz damages se tu muers ci vilment.
(Cour., 861)
C'iert granz damages s'il est deseritez.
(Cour., 1(10)
Se il muert, c'iert maledestinee.
(Cour., 1087)
Par foi che n'iert mie damages
se cascuns estoit mors tous trois.
(Feuillée, 216-217)
s'il en muert, ch'iert par s'okison.
(Feuillée, 225)
c'est
le
même
mode
d'agencement
que
nous
avons
dans
le
système
quin ••• ce :
- 64 -

Quia feroit rei, ce seroit granz pecbiez.
(Cour., 94)
On doit cependant remarquer que la conjonction se n'est pas le simple
équivalent de que; elle comporte une idée de condition qui peut nous
interdire de voir dans la proposition une complétive pure. En dépit
de
cette
réserve,
il
nous
faut
reconna1tre
qu'une
proposition
introduite
par
la
conjonction
de
condition
se
peut
avoir
le
comportement d'une complétive, comme dans ce vers 1204 du Cbarroi de
Nimes :
N'est pas merveille, vilains, se tu es ricbe.
Se
a
ici
la
valeur
d'un
que
conjonctif
qui
pourrait
être
en
corrélation avec un pronom neutre il ou ce s'il était expriaé en tête
de la principale (il n'est pas (ce n'est pas) étonnant, vilain, que
tu sois riche].
Ailleurs on relève se avec un remplaçant de ce :
Et se il furent en doubte, il y ot bien raison.
(Frois., Cbron., 300, 10-11)
Quant le conte de Fois en vit la maniere, se il fut esbaby et
courroucbié il y ot bien cause.
(Frois., Chron., 326, 13-14)
Se vos retaingne pluie et
vanz ou fins neaaz, ne me chaut-il !
(Yvain, 5758-59)
- 65 -

S'!mur aiDsi tous ne guerdoDDe,
Je ne m'esbays de cel••
(Villon, Test., 1372-73)
Se j'ayme et sers la belle de bOD hait,
M'eD devez vous tenir De vil De sot.
(Villon, Test., 1591-92)
Enfin com(e) apparaît comme un remplaçant possible de se.
Et ço lour dist ca. s'en toit par mer,
Co.e eD alat eD Alsis la citet,
E ca. l'imageDe Deus tist por lui parler.
(Alexis, 381-383)
Et puis que la grace deviDe
Vous amaiDe a Dostre doctriDe,
Prenez autel co. nous avons,
Que miex dire ne vous saVODS.
(Rut, AS, 637-640)
- 66 -

DEUXIEME PARTIE
SYSTEMES PREPOSITION +ce (••• l/QUE

DEUX:I:EME
PART:I:E
3 - Systèmes préposition + ce (••• }/que.
3.1. Généralités
Dans les systèmes comme pour ce ( ••• }que où le pronom ce est précédé
d'une préposition, celle-ci ajoute sa nuance relationnelle propre •
la relation d'égalité qu'exprime ce ( ••• }que (voir le Partie) :
Et por ce vos i ODt eslis que il seveDt que Dulles geDz D'ODt
si graDt paoir qui sor aer soieDt CODae vos et la vostre geDZ.
f
(Villeh.,
27, 8)
La préposition par exprimant ordinairement la cause, la subordonnée
conjonctive en corrélation avec
ce exprime ici la cause du tait
exprimé dans la principale (vos i ODt eslis).
Dans d'autres contextes,
par exprime le but, et la conjonctive en
corrélation avec por ce peut prendre cette valeur si son verbe est au
subjonctif :
Car por ce vos a Diex eDvoié eDtre
DOS, que VOS parfaçoiz ce que li autre
De poreDt oDques aeDer a fiD.
(Queste, 11, 23-25)
Le rapprochement du complément (causal ou final) par ço (ce) et de la
conjonction que produit une séquence dont on peut se demander si elle
est déj' gruuaaticalisée avec la valeur d'une locution conjonctive,
ou si ses éléments sont encore conscie..ent analysés :
- 67 -

Ru.put est li te.ples, par ço que il cornat.
(Roland, 2102)
Sunent .ille grailles par ço que plus bel seit.
(Roland, 1004)
Le pronom ço (ce) a servi en français jusqu "
l'époque classique •
constituer avec une préposition et la conjonction que beaucoup de
locutions
conjonctives,
le
français
répugnant

faire
suivre
directement une préposition de la conjonction que. Ainsi des groupes
romans coue de quod, ad quod, in quod sont continués en français par
de ço que,
a ço que,
en
ço
que.
Kais
de
telles
séquences
ne
recouvrent pas forcément des unités locutionnelles. Quels critères
permettent de penser qu'elles ne sont plus des syntagmes analysables
(coue sont aujourd'hui du fait que, .. l'idée que, en cela que • •• 1 ?
JJzsef Herman10 en propose quatre :
10
Fréquence et cont inui té de l'usage : por ço que, présent dés la
Chanson de Roland, se rencontre encore fréqueuent au XVIIe siècle
(sous la forme pour ce quel ; au contraire, JJzsef Herman doute de la
nature locutionnelle de
la suite
a ce que,
relevée
rarement
et
fortement concurrencée dans ses valeurs finale et temporelle.
20 Stabilité ou instabilité de la forme : la permanence de la forme
por ce que en ancien français, la rareté de ses variantes (por 0 que,
10. /,1 forlltiol dll $l$t~JI rOlu du COl1jOI1CtiODl dl nbDrdil1ltiDl. ltadeaie -mllg- lerUI,
1963, pp. 245-247
- 68 -

por taDt que, par ce que, par que, par que) conduisent • y voir une
locution alors que "l'instabilité de la forae des locutions du type
«por/per + pronoa + que/cbe»
en italien et en espagnol ( ••• ) aontre
claireaent que ces foraations n'étaient pas cristallisées, que leur
unité intérieure n'était pas acquise".
3° Dearé de cohésion interne de la locution : plus (••• ) /que n'est
pas une locution, aais taDt que au sens teaporel , dont les teraes
sont
inséparables,
en
est
une
en
ancien
français,
aêae
si
taDt {• •• )/que se rencontre COBae systèae corrélatif de conséquence ;
néanaoins, JJzsef Beraan estiae que la disjonction de par ço et que
(observée une seule fois dans RolaDd sur 5 eaplois) doit être tenue
pour une "taèse" de la locution d'origine latine. Le critère n'est
donc pas suffisant.

Rôle
du
corrélatif
dans
la
principale:
dans
des
phrases
de
français aoderne comae :
Je .'atteDds ~ ce qu'il vieDDe.
Il se plaiDt de ce que tu fais du bruit.
les prépositions
;
et
de n'apportent pas un signifié relationnel
propre, elles sont !aposées par la syntaxe des verbes s'atteDdre et
se plaiDdre ; aucune valeur séaantique n'est co. .une • ces eaplois et
• tels autres co. .e :
Il gagDe ~ ce qu'OD le cOMaisse.
ProiitoDs de ce qu'il D'est pas 1;.
- 69 -

Au contraire, la suite par ce que en français moderne exprime A elle
seule la cause. Les suites a ce que,
de ce que ne sont pas de
véritables locutions dont
le dictionnaire puisse donner
le
sens,
co. .e il donne celui de parce que (cause). En ancien français (co. .e
aujourd'bui)
la
préposition
pour
avait
un
sens
beaucoup
moins
dépendant du contexte que les prépositions a et de : elle exprimait
alors
principalement
la
cause,
d'oà
le
sens
principal
de
la
conjonction
por
ce
que
(."parce
que")
valeur
contextuellement
transformée
en
"but"
si
le
mode
subjonctif
du
verbe
introduit,
laissait ignorer la réalisation du procès voulu.
A ces quatre critères d'Berman, on peut en ajouter un
1

Reprise de la locution conjonctive par un corrélatif : Jozsef
Berman A la page 183 de son ouvrage déjA cité, appuie la nature
locutionnelle de la suite por que (mais non por tal que) en espagnol
sur le fait
que la subordonnée ainsi
introduite est
souvent
en
corrélation avec un compléllent de cause comme par ende, por aquello,
par
tanto,
por
aqueso,
por
atal
rrazon dans
la
principale.
La
présence d'un tel corrélatif dans la principale est donc un argument
en faveur de l'unité locutionnelle d'une suite de mots subordonnante.
Le critère est positif, par exemple, dans les textes suivants:
Por ço que tud de regal lin
Pur ça entent a noble tin.
(vers
de
Brandans
seetabrt cités
par
G. Ritcbie,
p. 69)
- 70 -

Et eD ce qu'il orent lessi~ a parler de ce, si regarderent par
les sieges de la Table Reonde et
troverent en cbascun leu
escri t : CI DOIT SEOIR CIL.
CQueste, 4, 3-5)
Le
complément
pur
ço
et
l'adverbe
si,
dans
les
propositions
principales de ces deux textes,
ont pour fonction d' Y représenter
globalement,
en lui donnant
la valeur de
"thème",
le
contenu des
subordonnées respectivement causale et temporelle qui précèdent. Par
U, elles enferment dans les limites de la subordonnée la fonction
des suites de mots pur ço que et en ce que, bpliquant leur nature
conjonctionnelle.
L'inventaire des suites de mots conformes au schème II, Préposition +
ce (.•. ) que, consistera en une liste de groupes le plus souvent
ternaires Ca ce que, de ce que, por ce que, etc.) presque toujours
accolés, qu'on pourrait tenir pour autant de locutions conjonctives
non analysées par les usagers,
et de ce fait,
étrangères " notre
sujet.
Nous
avons
néanmoins
jugé
indispensable
de
les
passer
en
revue, pour plusieurs raisons
10 Tous ces groupes peuvent remonter" des systèmes corrélatifs nés"
une
époque
plus
ou
moins
ancienne,
française
ou
romane,
souvent
incertaine.
20 Plusieurs ont conservé Cou acquis) en ancien français la faculté
de se scinder en un complément prépositionnel Ca ce, de ce, por ce
•.• ) fonctionnant dans la propos! tion principale, et 1& conjonction
- 71 -


que introduisant la subordonnée.
)0
Plusieurs
ont
conservé et
jusqu'.
nos
jours
des
e.plois

l'analyse de leurs élé.ents accolés reste possible,
coue i l est
.ontré plus haut dans le cas de a ce que, de ce que; il s'agit bien
encore de systèmes corrélatifs.
3.2. Inventaire des syntagaes conforaes au schè.e II.
Nous examinerons successivement
les
syntagmes comportant
le
pronom
ço
(ce)
dans
l'ordre
alphabétique des prépositions
les syntag.es re.plaçant ce par un autre élément
les
syntagmes
présentant
un
verbe

la
place
de
la
préposition.
3.2.1. a ço (ce) que.
A toute époque, la suite a ce que, toujours soudée, est disponible
comme
systè.e
corrélatif
permettant
d'articuler
une
proposition
complétive dans un contexte i.posant la préposition i.
Le premier
exemple de cette valeur dans notre corpus est du XIIIe siècle
- 72 -

Si pristent ce.1L nuit conseil que il porroient fere;
et a
l'ende.ain s'accorderent a ce qu'il
se departiroient et si
tendroit cbascuns sa voie, l'or ce que a bonte lor seroit atorné
se il .loient tuit ensuble.
(Queste, 26, 7-10)
On rangera sous ce schème tous les syntagmes où la préposition A se
présente avec des sens qu'elle offre aussi bien devant un nom:
Nais ilz se confortoient .oult ad ce que ilz avoient seigneur
de si grant prouesce plain, et en estoient aucques rassouagiez.
Ainsi se cessa la douleur.
(Nélusine, 123, 16-18)
,
Jozsef Berman reconnait cependant une locution conjonctive dans la
suite a ce que "dans les rares cas où elle apparait
( ... ) dans un
sens temporel, pour marquer la simultanéité"ll ; ce sens apparait au
XIIe siècle :
Et a ce que il s'antrevienent
de tex cos ferir s'angoissierent
que andeus les lances froissierent.
(Yvain, 2252-54)
(Paul
Imbsll
signale qu'au vers
2252
le manuscrit
A présente la
variante en ce que).
A ce que li uns l'autre ancontre
11. J~zsef Ber.an, OP. cit., P. 220
12. LII propolitioDl tllpoullll "
IDci" frlD~,iI, publication de 11 facalU des lettres de
l'uni,ersit' de Strasbour9, 1956.
- 7J -

Sagre.ors sa lance peçoie
(Perceval, 4240-41)
Un emploi causal s'observe chez Villehardouin (Imbs le retrouve chez
Joinville) •
Or poez savoir,
seignor,
que,
se Die;c ne a.ast ceste ost,
qu'ele ne peüst mie tenir ensemble, a ce que tant de gent li
queroient .al.
(Villeh.,~ 104; 1-3)
On fait encore état d'une conjonction a ce que de sens final apparue
au IVe siècle :
Et toutesvoies ne .ettez les .ains en oeuvre a ce que je soye
secourue par vostre travail.
(Quadr., 10, 22-24)
Je ordonne
voz raisons
estre escriptes a
ce que chacun y
conçnoisse sa taulte par autrui.
(Quadr., 65, 13-15)
La reconnaissance d'une locution conjonctive dans ces trois valeurs
repose sur l'autonomie de ces emplois de a par rapport au contexte,
mais elle est infirmée par plusieurs considérations, principalement
- 74 -

l'extrê.e rareté de ces e.plois, la lIlul tiplici té des valeurs et la
possibilité de les rattacher à des valeurs connues de la préposition
à:
telJps
(cf.
.. ce IJOlJeDt),
but
(cf.
.. cette iDteDtioD) i
dans
l'exemple de Villehardouin, a ce que est aussi bien temporel ("alors
que", tandis que") que causal. Ces emplois ont vite disparu, éliminés
par des conjonctions plus spécifiques.
3.2.2. apres ce que.
Après a eu, à toute époque, la particularité (partagée avec avaDt et
devaDt) d'être hybride: adverbe ou préposition. Il a donc pu donner
naissance à une conjonction du ressort de notre Ille Partie, après
que,
construite coue puis que,
et à une conjonction conforme au
schème II, apres ce que. La première apparait dans Ille et GaleroD
(1167) ; nous l'avons relevée chez Chrestien de Troyes:
GraDt piece après Illle i l reviDt,
UD jor seUs aD la cbubre viDt
Celi qui D'iert pas s'aDelJie.
(Cligès, 5157-59, éd. de 1884)
La seconde a été relevée dans le ROlJaD de Troie (1160)
Apres iço qu'il lu bleciez,
BD lureDt Greu l i sordeior
(20144-145)
et chez Guernes de Pont-Sainte-Maxence (1174)
- 75 -

Apres ceo t'ot enfant, ra la dame sungié.
(Becket, 186)
Nous l'avons retrouvé au XIIIe siècle:
Si est tout einsi avenu comme il le dist, car au cinquième jour
apres ce que vos fustes chevaliers venistes vos a cele abeie ou
Nasciens gist.
(Queste, 35, 8)
Ordre 1 'ape1ent A1ixandre,
Si qu' aprés ce qu'il sera cendre
Sera cent anz de lui chanté.
(Rut., L, 118-120)
reprise par si
L'abbé Geffroy de Saint-Urbain, aprés ce que je li oz faite sa
besoingne, si me rendi mal pour bien et appela contre moy.
(Joinville, 225, 31-33)
au X1V~ siècle (reprise par aprez ce )
Kais aprez ce que je l'auray acomp1i ainsi comme vous l'avez
requis, vous .'aurez en convenant, s'il vous p1aist, que aprez
ce, vous.e donrez un don.
(Ké1usine, 119, 4-5)
au XVe siècle
- 76 -

Hannibal, aprés ce que Cappue fut reduitte en sa subjection et
qu'il ot esté baultement receu et delicatement traictié, trouva
les cuers de ses cbevaliers cbangez et .atiz de leur premiere
vertu.
(Quadr., 15, 6-10)
Plus fréquente qu' apres que au XIIIe siècle,
elle cédera au XIVe
siècle devant la formule simple • laquelle elle n'ajoutait rien, et
qui prit au XVe siècle, la place de puis que temporel.
Tous
les critères
de
l'unité conjonctionnelle
concourent

faire
penser qu' apres ce que,
plus fortement
analytique •
sa naissance
qu'apres que, est devenu immédiatement une conjonction: son sens et
sa
forme
sont
stables,
ses
éléments
toujours
soudés,
et
on
le
rencontre en corrélation avec si ou repris par aprez ce.
3.2.3. avant ce que.
Comme apres, avant a toujours été, en français, hybride : adverbe ou
préposition.
Il
a
donc
pu
donner
naissance

deux
locutions
synonymes, avant que et avant ce que; Mais la première apparait dans
le Roman de Troie de Benoit de Sainte-Maure cité par Imbs (p. 471) :
••• Andro.acba la vaillant
En re.est grosse d'un enfant
Cui li./iHector fist puis rei
Trestost arut qu'il ne fist sei.
(701-704)
la seconde,
seulement

la
tin
du XIIIe siècle
{notamment
chez
- 77 -

Guillaume de Kachaut cité par I.bl p. 477) :
Et a Illon povoir: le tresor sera dette avut ce qu'il soi t nulle
nouvelle de vostre venue.
Motre corpus ne présente avant ce que qu'au XIVe siècle
Or vous dirai quel pourpos euc :
Avut ce que li envoiai,
En un penser je lII'avoiai
<Frois., Esp. am., 874-876)
Sire, dist Relllondin, grans mercis, et je croy que Bvut ce que
je Ille parte de vous,
je teray tant que je seny certain pour
quel
cause cilz inconveniens
vint entre
vostre trere et le
nepveu du roy.
<Mélusine, 53, 25-28)
C'était un doublet inutile, vite élimin~d'avant que et devant (ce)
que
<cf.
3.2.5).
Rien
n'autorise
à
y
voir
autre
chose
qu'une
conjonction, née peut-être analogiquement sans l'intermédiaire d'un
système corrélatif.
3.2.4. de ce que.
A toute époque,
la suite
de ce que est disponible comme systè.e
corrélatif permettant d'articuler une proposition complétive dans un
contexte requérant la préposition de.
- 78 -

Graeme Ritchie 13 note que les verbes comme remembrer, se repentir, se
merveiller, se vanter, cunsentir, les adjectifs CODe sel1r, assel1r,
certein
se
sont
d'abord
construits
directement
avec
que,
puis,
surtout dans la seconde moitié du XIIe siècle, ont recouru au relais
ce précédé de la préposition de usuelle après ces verbes et ces
adjectif;devant un nom. Et il cite ces exemples de Thèbes et d'Erec :
De ço se sont esmerveillié
Que il mori en tel maniere
(Thèbes. 48301
Duelent sei d'iço que sont vives.
(Thèbes, 97941
Et de ce molt se merveilla
que si formant plorer la vit.
(Erec. 2508-091
!
Nous avons rencontré beaucoup d'emplois du même type avec les mêmes
[
verbes et adjectifs, avec d'autres verbes comme estre bel, plaire,
!
etc., ou avec d'autres adjectifs comme marriz, correciez, etc. :
Not li fu bel et mot li plot
,
De ce qu'il sont en lait tripot.
1
(Béroul, 3857-581
1
De c'est li rois molt correciez
13. Grae•• litchi•• OP. cit., pp. 22-23.
- 79 -

Que je ne li ai ja bailliez,
Si .'estuet que jes li anvoi,
Qu'il les veaust avoir devers soi.
(Cligès, 1409-12)
De ce qu'ele plore me duel.
(Yvain, 1476)
Ce ne sai ge se tu bon te as
de ce que tu i fus montez.
(Cb. Cb., 2596-97)
Certes, dist ele, j'ai duel grant
de ce que ne set nus bauz bOIl
qui foi li porte ne qui non,
.es plus de bien et d'onor font
a ceus qui lor trabitor sont.
(Vergi, 114-118)
E li borgois s'est toz cois teus,
Corrouciez est e .olt bonteus
De ce qu'il fu si atrapez.
(3 AV., 327-329)
- 80 -

Jlult orent grant joie li dux de Venise et li cuens Loeys et
tuit li autre de ce qu'il s'ere ais sor aIs de la pais.
(Villeh., § 288, 3-5)
Vous querez le nostre doaage
De ce que nous orguillissons
Quant lez vous a table seons.
(Rut. AT. 1800-02)
Or entrai en aerancolie
De ce qu'elle estoit aussi lie
As aultres gens qu'elle iert a aoi.
(Frais. Esp. aa., 1148-50)
Jlais elle se confortoit aoult de ce que on lui disoit que les
deux damoysiaux devoient venir le lendeaain.
(Jlélusine, 116, 1-3)
Je rends grâces à Dieu, aon conservateur, de ce qu'il a'a donné
povoir veoir aon antiquité chanue refleurir en la jeunesse.
(Rab., Pantagruel, 121, 18-20)
De ce qu'on ne void plus qu"une vague ca1lJpaigne,
Ou tout l'orgueil du aonde on a veu quelquefois,
ru n'en es pas coupable, " qui conques tu sois
- 81 -

Que le f'ygre et le Nil, Gange et Eupbrate baigne.
(Du Bel., Antiquitez, 42, XXXI, 1-4)
J'en suis .arri, et je le suis encore beaucoup de ce que tout
.on petit pouvoir ne saurait .'acquitter envers vous, etc.
(Pasc., Prov., 52, 17-18)
Opère, je vous relllerci e de ce que vous . 'avez ~cou t ~.
(Boss., Seraons, 54, 28-29)
Nous n'eÛllles pas la force de pousser cette folie, et nous fÛllles
ravis de ce que le lit ~tait bon.
(Sévigné, 75, 5-7)
D'autres constructions coaportant
de devant un nom
justifient le
recours
à
de
ce
que
ainsi
dans
ces
vers
des
Tragiques,
la
conjonctive est compléaent du noa payeaent :
Sa ! que de sang se perd pour piteux payelllent
De ce que vous pecbez ! Qu'il volle de tourlllent
Du baut de vos couppeaux ! Que de vos cimes bautes
Dessus le peuple bas roullent d'allleres fautes!
(D'aub., Tragiques, II, 407-410)
Dans ces lignes de Couynes,
de introduit une cOllplétive sujet de
(estoit grant adventaige) selon la construction faailière à l'ancien
français Nout est grant cose de preudoae (Ricbart le Beau, 2691)
A aaistre Girauld,
canonier,
fut
donn~e la cbarge de cest
- 82 -

ouvraigne,
auquel
il
seuloit
que,
pour
les
Bourguygnons,
estoit grant adventaige de ce que les autres avoyent gect~ les
terres de nostre cost~.
(Commynes, 63, 12-15)
Ailleurs, il indique l'origine d'un comportement:
Il y a dewr sortes de constance en a.our : l'une vient de ce
que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on aille de
nouveawr sujets d'ai.er,
et l'autre vient de ce que l'on se
fait un bonneur d'être constant •

(La Roch., Naxi.es, 60, 176)
L'idée de cause émanant du contexte dans ce dernier exemple CODe
dans
tous
les emplois associés

un verbe ou à un adjectif
de
sentiment a pu engendrer des valeurs autonomes qu'on observe par
exemple dans le premier emploi relevé :
Guenes est fels d'iço qu'il le trait.
(Roland, 3829)
S'agi t-il de cause ? Bédier traduit : "Ganelon est félon,
en tant
qu'il a trahi", et Moignet traduit :"Ganelon est félon, parce qu'il
l'a trahi". La nuance est contingente, propre au texte, on a peu de
chances de la retrouver identique.
Le
groupe
de
ce que répond
donc lIal
au
4e critère
de
l'unité
locutionnelle
(cf.
3.1.).
Plus
fréquent
que n'est
a ce que,
il
satisfait aieux au preaier critère. En revanche, il répond mal au
critère d'inséparabilité, puisqu'il apparait disjoint dans plusieurs
- 83 -

----
._---~,_.
textes du XIIe siècle (cf. Erec, 2508-09 ; Cligès, 1409-12 ; etc.).
On peut
en définitive
le
tenir
pour
un
systèae
corrélatif
dont
l'emploi est largement déterminé par le contexte.
3.2.5. devut ce que.
Coue avalJt et après,
devalJt a toujours été bybride en français :
adverbe ou préposition. Ce fait est bien illustré par cette pbrase de
la Queste :
si cbalJgierelJt toutes lor qualitez qu'il avoielJt devut eues et
virelJt qu'il estoielJt cbarlJel et lJU, qui devalJt ce lJ 'estoielJt
se cbose experitiex lJOlJ, ja soit ce qu'il eusselJt cors.
(Queste, 211, 17-20)
De là l'existence d'un doublet devaDt que/devalJt ce que attestée,
coue pour apres (ce) que, dès le XIIe siècle.
Paul
Iabs 14
a montré
qu'il
faut
y voir
une
formation
française
populaire qui remplacera de plus en plus le trop court ailJs que, et
sera elle-même éliminée par devalJt que et par avalJt (ce) que au seuil
du XIVe siècle.
DevalJt ço que n'apparait pas dans la CbalJSOlJ de RolalJd. Paul Imbs l'a
relevé au début du XIIe siècle dans le Psautier de CaJJJbridge et St
BralJdalJ. Notre corpus le présente à partir d'Eracle :
Devut ce qu'il fust esprovés
et que li poulailJs fust trovés
1&. Paul lib•• OP. cit., p.&53 'B.
- 84 -

et que l i d. .e eslite fust
ne sot nus boa qui vie eust
qui fu Eracles ne l i aere.
(Eracle, 2875-79)
Paul Imbs le relève dans Perce val (1589-91)
E por ce ne porroit pas estre,
Devot ço que face son estre,
Que je feisse lonc sejor.
(texte de l'édition Bilta)
et dans le Roaan de Renart (1024-27)
Ci a conseil bon apert,
que se ge vos di aa confesse
Devot ce quit la aort a'apresse,
De ce ne pot venir nus aax.
(texte de l'édition Martin)
Les éditions que nous avons suivies différent sur ce point
Lecoy,
dans le passage correspondant de Perce val (1585-87), donne:
rut que je seüsse son estre.
et Mario Roques, dans le passage correspondant de Renart (1042-45),
donne
Einzçois que l i besoinz a'apresse.
Ces variations s'expliquent si, comme le pense Paul Iabs, devant ce
que était une locution d'origine populaire, plus ou moins godtée des
copistes.
- 85 -

Hous l'avons rencontré au XIIIe siècle dans deux textes en prose, la
Conquête de Constantinople et la Queste del Saint Graal :
DeVaDt ce que la grant messe coamençast, li dux de Venise, qui
avoit nom Henris Dandole, monta eu leteril et parla al pueple.
(Villeb., §65, 1-3)
~
DeVaDt ce que nos vos avons ~i vint une novelle dont il
furent mult dolent li baron et les autres genz.
(Villeb., §73, 1-3)
Car sanz faille devaDt ce que tu eusses receu baptesme et
crestienté estoies tu de la subjection a l'anemi.
(Queste, 104, 2-3)
Paul Iabsl~ affirme n'avoir rencontré qu'une seule fois devant ce que
après Joinville; et selon lui, "le XIVe siècle finissant, outre ainz
fainçoisJ
que et avant que, ne semble plus avoir connu que devant
que" •
En effet, nos auteurs du XIVe siècle ignorent devant ce que. Hais au
XVe siècle, nous le rencontrons chez Alain Cbartier :
Le fourmy se fournit et espargne en l'esté contre la durté de
la froidure et saison de l'yver, et prevoit sa necessité devaDt
ce qu'elle le sourpreigne.
(Quad., 23, 4-7)
15. Paul llbs. OP. cit., pp ••66-.67.
- 86 -

Mais nous soues en dehors des limites temporelles que Paul Imbs
s'est proposé d'explorer.
Devant que apparait d'aussi bonne heure que devant ce que
Ja n'en avrez vaillant un sol denier
DeV&Dt que seie levez et baptisiez
Que Nahomez ne me puet plus aidier.
(Cour., 1280-82)
Il est très usité aux XII&-XIIIe siècles et Paul Imbs (pp. 467-469)
en donne maints exemples. Nous ne reproduirons pas ici ceux que nous
avons rencontrés, puisqu'ils ne sont pas conformes au schème II. Mais
il
faut
faire
état
d'une
remarque
d'Imbs,
selon
laquelle.
dans
presque tous
les emplois relevés,
"devant que ne s'emploie qu'en
liaison avec une principale négative."
Ne ne revendrai a cort por chose qui aviegne dev&Dt que je
l'aie vea plus apertement.
(Queste. 16, 21)
Devant ce que peut aussi figurer après une principale négative :
Ha ! sire, fet il, je ne me metroie mie en cest point dev&Dt ce
que je fusses confés.
(Queste, 43, 19-20)
mais également après une principale positive
- 87 -

Et ausiDt coa l i buis de la aaisoD ou l i apostre estoieDt ereDt
clos eD la veDue de Nostre SeigDor, ausi fureDt les portes dou
palés ferme es devant ce que l i cbevaliers veDist.
(Queste, 78, 23-26)
Paul Imbs propose plusieurs explications de ces particularités, ainsi
que
de
l'emploi
des
modes
après
devaDt
que
et
devaDt
ce
que
(l'indicatif étant moins fréquent après le second). La plus probable,
selon lui,
est
que
De
••• devaDt
que a
pris la place du
système
corrélatif De ••• si dont nous parlerons dans la VIe Partie.
Ces problèmes ne sont pas de notre ressort, parce qu'il est certain
que
devaDt
ce
que,
aussi
bien que
devaDt
que,
est
une
locution
conjonctive dès
ses
premiers emplois.
Ses
éléments
sont
toujours
accolés,
son
sens
invariable
(rapport
temporel
d'antériorité)
et
indépendant du contexte
(il
figure souvent en tête de la phrase,
comme dans notre exemple d'Eracle, le plus ancien). Comme dans le cas
d'après ce que (cf. 3.2.2.) et d'avaDt ce que (cf. 3.2.3.), le pronom
ce, inutile, devait disparaitre, ce qui eut lieu aux XIVe-XVe siècles
(voir
plus
haut)
mais
devaDt
que survécut
comme
apres
que
et
avaDt que ; on le relève chez Commynes
Le cODte de Jlarvic eDtra eD differeDt avec SOD maistre UDg aD
devant que le duc de BourgoDgDe fust devant AmyeDs.
(Commynes, 193, 6)
et chez Marot
ED ce propos graDdeaeDt travaillay,
- 88 -

Jusques; tant qu'en sursault m'esveillay,
Un peu devant qu'Aurora (la fourriere
Du cler Pbebus) coamençast mettre arriere
L'obscurit~ nocturne sans sejour.
(Marot, Epistres III, 151-155)
Littré
en
cite
des
exemples
de
La
Rochefoucauld,
Molière,
La
Fontaine, Bossuet, Racine et même de Voltaire (en vers)
Et devant que je meure
Consolez mes vieux ans dont vous faites l'espoir.
(Tancrède, l, 4)
3.2.6. en ce que.
A la différence des prépositions ; et de,
la préposition en semble
présenter un sens assez indépendant du contexte, local (en France) ou
temporel (en mai). Il n' est pas surprenant que le groupe en ce que
fonctionne
souvent,
en ancien
français,
comme
une
conjonction de
temps,
signifiant
"pendant
que"
avant
la
naissance
de
cette
conjonction
AD ce que Renart se demente,
endui ont perdue la sente.
(Renart, l, 1167-68)
Le procès principal
(ont perdue)
est situé à l'intérieur du temps
occupé par le procés subordonné (se demente). C'est le cas général,
notamment dans le type de contexte souvent répété dans la Queste :
.l'.D ce qu'il parloient einsi entra laienz uns cbevaliers armez
- 89 -

de toutes armes, et descendi en la corto
(Queste, 52, 12-13)
Il semble que la suite en ce que soit rigoureusement conditionnée par
le sens de la subordonnée, au moins dans les emplois de la Queste :
En
ce qu'il
parloient
einsi
(169,
3-4;
196,
14-16 ;
197,
16-17 ; 229, 19-20 ; 231, 7-8 ; 249, 11-12).
En ce qu'il disoit ceste parole (192, 26-27)
En ce que ele disoit ce (202, 5-6)
En ce qu'elle disoit cette parole (241, 9-10)
En ce qu'il estoient a consel (277, 7-8)
Deux des emplois relevés s'écartent cependant du modèle par le temps
du verbe
En
ce que Galaad ot di te ceste parole,
cil essaie s'il se
porroit lever.
(Queste, 276, 1-2)
et même par la nature du procés :
En ce que Galaad tu issuz de la net et montez el cheval,
vint
une voiz entr'ax qui lor dist •••
(Queste, 252, 16-17)
Le
passage de
l'imparfait
au
passé
antérieur implique
une
autre
valeur
aspectuelle,
excluant
la
traduction
par
"pendant
que"
au
- 90 -

profit d'un "après que".
Dans d'autres textes, on observe une valeur ponctuelle,
"au moment
où" :
En ce qu'il vint, si m'escria :
"assaus, pris es .•.
(Rose, l, 1883-84, éd.tf.Langlois 1914-1924)
Une
traduction,
très
large,
par
"quand"
conviendrait
à
tous
ces
emplois, où l'on observe du moins une totale indépendance sémantique
vis-à-vis de la proposition principale.
Cette autonomie,
égale à celle de
la conjonction
quant,
est
une
raison
pour
considérer
en
ce
que
dans
ces
emplois
comme
une
conjonction;
on y
ajoutera
l'absence de
cas
de
disjonction
des
éléments,
et la présence fréquente dans la Queste d'un corrélatif
(si) en tête de la principale:
Et en ce qu'il orent lessié a parler de ce, si regarderent par
les sieges de la
Table Reonde et
trouverent en cbascun leu
escrit
(Queste, 4, 3-5)
BD ce qu'il retornoit, si se regarde et voit venir un cbevalier
armé qui li crie.
(Queste, 43, 3-4)
Et en ce qu'il
aloit cele part,
si se regarde
et
voit un
- 91 -

serpent qui portoit un petit lyon.
(Queste, 94, 1-2)
ID ce que Lancelot ~ en proieres de ceste cbose, si resgarde
et voit la nef arivee.
(Queste, 248, )-4)
ID
ce qu'il
parloient ensi,
si
voient oissir de l'une des
cbambres
de
laienz
un
lit
de
fust
que
quatre
damoiseles
portoient.
(Queste, 267, )2-)))
ID ce qu'il voloient oster la table de laienz,
si regarderent
contremont l'eve et en virent venir la nef ou il avoient mise,
lonc tens avoit passé, la suer Perceval.
(Queste, 275, 17-18)
Et en ce qu'il s 'essaioi t si le trove ausi sain et betie come
s'il n'eust onques eu mal en sa vie.
(Queste, 276, 2-4)
Mais on rencontre aussi des emplois de
en ce que non temporels,
conditionnés par le sens de la principale ; Jtzsef Herman16 a relevé
dans le livre des Rois (l, 15-24) :
Peccbied ai en ço que n'ai tenu le cumandement Deu.
16. Jozset Ber.au, OP. cit •• p. 231.
- 92 -

En voici d'autres relevés dans notre corpus:
Per son sens et engin, que il avoit mult clerc et mult bon, les
mist en ce que il loerent et voltrent.
f
(Villeh.,
25, 4-6)
Nien ensient, decbeas sui
BD cbou le j'ai trop demouré.
(Feuillée, 592-593)
Pour la question de droit,
elle semble bien plus considerable
en ce qu'elle toucbe la foi.
(Pasc., Prov., 36, 40-41)
Ces emplois. les seuls relevés avec 5 autres semblables dans 70 pages
des Provinciales, paraissent créés indépendamment les uns des autres
à
partir
de
la
valeur
locale
de
la
préposition
en.
C'est
une
possibilité de tous les temps, encore offerte de nos jours. Le Hasard
fait qu'aucun cas n'ait été relevé dans notre corpus aux XIVe -XVe
siècles ; mais ce n'est pas l'effet du hasard si l'emploi temporel
n'a été rencontré, par nous et par Paul Imbs, que de Renart à Jean de
Meun.
En
ce
que temporel
ne
figure
pas
à
l'index
du
livre
de
Christiane Marchello-Nizia sur la langue française aux XIVe et XVe
siècles ; Robert Martin et Marc Wilmet, dans leur Syntaxe du moyen
français, citent seulement en ce point que, avec pour ce temps que,
au temps que, le jour que, à l 'beure que, suites complexes qu 1 ils
- 93 -

hésitent à nOlUler "conjonctions". 17
Cette désaffection peut être liée au développement, à cette époque,
de
conjonctions
temporelles
plus
spécifiques
telles
que
lorsque,
alors que, tandis que, endementiers que, durant que, pendant que, ce
pendant que, en ce pendant que.
En
résumé,
deux
types
de
syntagme
en
ce
que
ont
existé
concurremment
une locution conjonctive temporelle qui a vécu deux
siècles, et une suite de libre création, système corrélatif fondé à
toute époque sur la valeur locale plus ou moins abstraite de la
préposi tion en. Cette polysémie rappelle celle de la suite a ce que
dont les
emplois
conjonctionnelS1
plus
variés,
ont
eu un
sort
encore moins durable.
3.2.7. lonc ce que.
On relève cette locution chez Rutebeuf
Et qui a grant jornee a fere
Coucher doit tost et main lever,
Si que .ains se puisse grever
Lonc ce que la jornee est granz.
(Rut., 0, 864-867)
Cette locution a le sens de selon que,
par quoi l'a remplacé le
scribe du manuscrit P (IVe siècle). En fait, l'ancien français usait
17. luth 11.1 et 'illet 1111, IlDuel du trlDç,iI du .0JeD Ige, 2 - SJDtue du .0JeD truç,ü,
1910, p.m.
- 94 -

de selonc ce que,
formé sur la préposition selOD remontant • un
croisement de lODC avec SOD (de secundum). Il n'y a pas' s'étendre
,
sur
la nature
exacte de
ces suites,
que
Jozsef
Berman le
estime
calquées sur des modèles latins.
3.2.8. par ce que, por ce que.
Nous groupons dans un paragraphe l'histoire de deux locutions qui ont
longtemps coexisté avec des valeurs concurrentes, pour en venir, au
XVIIe siècle, • se partager le domaine sémantique disputé, l'une se
réservant le sens final et perdant l'élément ce (pour que), l'autre
conservant ce avec le sens causal (parce que).
Ces
vies
parallèles
ont
fait
l'objet
d'une
étude
attentive,
,
embrassant toutes les langues romanes dans l'ouvrage de Jozsef Herman
(pp. 180 ss) : "A. Locutions formées avec les continuateurs de pro
(ou perl latin".
Car, "là où pro (> porI ne s'est pas conservé, c'est per qui a repris
ses fonctions
(et inversement, cf. Meyer Lùbke III, 498)". Il y a
"entre
les
locutions
contenant
por
(peut
être
les
locutions
espagnoles et portugaises) et celles contenant per (peut être les
locutions
italiennes
et
provençales)
un
parallélisme
sémantique
parfait" •
Pour nous en tenir au domaine français, Berman estime anciennes les
18. JOllef Ber.ID. OP. cit., p.235.
- 95 -

suites par ce que, por ço ••• que et por que, présentes • des degrés
di vers dès les preaiers textes : le probUae d'expliquer l'une des
trois

partir d'une autre
est

traiter au niveau
du
latin où
devaient coexister pro eo quod, pro eo ... quod et pro quod.
Dans la ChansolJ de Roland apparaissent,
avec le:
sens causal,
la
forae disjointe (1 fois) :
Pur ço l'ad fait que i l voelt veireaent
Que Carl es diet e trestute sa gent,
Li gentilz quens, qu'il fut aort cunquerant.
(Roland, 2361-63)
et la forae soudée 3 fois
Ne l'uerai a trestut aon vivant,
Ne Oliver, pur ço qu'il est si coapainz
Li duze per, pur ço qu'il l'ai.ent tant
Desfi les ci, sire, vostre veiant.
(Roland, 323-326)
RlUIput est l i teaples, por ço que i l conat.
(Roland, 2102)
On y relève aussi, 1 fois, la forae soudée au sens final
Sunent ail grailles por ce que plus bel seit.
(Roland, 1004)
Cette différence de valeur ne tient pas. l'existence de deux sens de
- 96 -

por.
Cette
préposition
indique
toujours
la
cause,
aais
celle-ci
devient finalité quand elle est intention,
ce que aarque
le aode
subjontif coue au vers 1004. Dans les autres vers cités,
le aode
indicatif marque 1& réalité du procès
(antérieur ou sillultané au
procès principal).
Voici d'autres exellples relevés dans notre corpus,
de la locution
disjointe,
qu'on
peut
tenir pour
un
systèlle
corrélatif
longtemps
conservé :
Tristan, por ce t'os bien 10er
Que ja n'i troveras ton per
Qui gage doinst encontre toi.
(Béroul, 2371-73)
Et pour ce devint envieus,
Qu'il n'estoit aeis si gracie us
As deciples coae il estoient
Li uns vers l'autre et s'entramoient.
(Est. Graal, 221-224)
Por ce a'an suis atant teQz
que, quant je.plus i ai pansé,
tant est bele que plus n'an sé.
(Rose, II, 16200-202)
Pour ce envoiier t'i volons
- 97 -

(lu 'on te tient e.o Roue Il .oult sllge
Et que bien ferlls le .esslIge.
(Frois., Esp. Il•• , 2692-94)
Dès l'origine, la forae soudée por ce que
est plus fréquente (4 fois
dans Roland) :
De blltllille s'est vers lui pris,
por Cfl qufl vllngier 10 voloi t.
(EnellS, 5940-41)
"Sire", font il, "entendez nos :
lIarriz estes et coroços
Por ce que nos dison t' linor •
(Béroul, 3109-11)
fuit li baron les esgardoient,
Por ce que bivc et genz les voient.
(Cligès, 313-314)
Et de.oura IIveques aus
Pour ce que courouciez estoit
De s'offrande que il avoit
L'esvesque ou te.ple refusee,
Pour ce que n'avoit engenree
Nul porteüre en Sil fame,
- 98 -

Ki es toi t de sa lIeison dalle.
(ESt. Graal, 54-59)
par ce qu'il estoit ses cousins
li lIist desoz lui II cousins.
(Renart, 987-988)
Et lu mult grant joie par tote l'ost, par ce que li marcbis ere
uns des plus proissiez cbevaliers dou lIonde.
f
(Villeh.,
265, 3-5)
Totevoies, let li rois, i essaierez vos par ce que je le voit
ne mie par l'espee avoir.
(Queste, 6, 12-13)
Iles par ce qu'el n'i porroit lIie
avenir i voel ge penser.
(Dole, 835-836)
liais li coars Des daingne oir
Por ce que trop i at de voir.
(Rut., B, 54-55)
- 99 -

Et point ne s'estoient de ce pourveQ ne avisé dou matin, pour
ce que il se cuidoient tantost combatre que il seroient la venu
et sans arrest.
(Frois., Cbron •• 234, 8-11)
Et pour ce que il me souvient
D'une aventure qui m'avint
Quant ma jonece son cours tint,
Onques dou coer puis ne m'issi.
(Frois., Esp. Ba., 346-349)
Les
deux
freres
se
trairent
a
part,
pour
ce
que
ilz ne
voulaient pas destourber le roy a veoir son dedui t.
(Mélusine, 75, 11-13)
Assez fait ceste parolle a noter, mais plus a doubter, pour ce
que vexacion et
travail
doi t
l'entendement esclarcir et le
sentellJent accroistre.
(Quadr., 50, 1-3)
Item, a Perrenet Marcbant,
Qu'on dit le Bastart de la Barre.
Pour ce qu'il est tr~s bon marcbant,
Luy laisse trois gluyons de fuerre.
(Villon, Lais, 177-180)
- 100 -

Il cui de a son propos venir,
et il n'y scet plus advenir,
Pour ce qu'il ne l'a pas aprins.
CPatbelin, 1268-70)
,Je Ile suys mys en ce propoz pour ce que j 'ay veu beaucoup de
tromperies en ce monde.
(Commynes, 67, 1-2)
Mais par l 'berbe tu ne tais ores
Que sui vre des prez la traicbeur,
Pour ce que tu n'as point encores
rrouvé quelque bon cbevaucbeur.
(Rons., saisons, 59,27, 13-16)
Il n'est pas bérétique pour ce qu'il a dit ou écrit, mais pour
ce qu'il est M. Arnauld.
(Pasc., Prov., 60, 20-22)
Dans tous ces exemples cités,
"le procès allégué comme cause est
normalement réel et actualisé".!9
Dans les exemples suivants, le procés visé, donc virtuel, est exprimé
au subjonctif :
Un grant cbeval tist de tust taire,
19. BEllI &OllllD et Claude légnier, OP. eit. p. 155.
- 101 -

desor rois cinquante paires,
par ce que l'an poist .ener.
(Eneas, 889-891)
Kolt sont andui an graDt eDgoisse :
Et par ce qu'aD De les cODoisse,
Ne lor cODplaiDte n'aparçoive,
Estuet chascuD que il deçoive
Par taus saDblaDt totes les geDz.
(Cligès, 601-605)
Kate et dolente et sospiraDz,
.ODte la reiDe, et si dist
aD bas, par ce qu'aD De l'oist.
(Ch. Ch., 206-208)
Ne vialt avoir ostel ne oste
se cestui DOD, et que preuz tet
quaDt de .alv~s leu se retret
par ce qu'a lui tote se doiDt.
(YvaiD, 1384-87)
Li .arcbis li
volt assez dODer
terre et avoir par ce qu'il
re.aDist avec lui.
f
(Villeh ••
327. 1-2)
- 102 -

Mout estoit sages et voiseus :
as jalous et as envieus
fesoit baillier espiez et cors,
si aontoit ovoec jusqu'au bos
por ce quI il ne retornassent.
(Dole, 173-177)
Et pour cbe que ou temps a venir on puist savoir qui mis ceste
hystore sus, et qui en a est~ acteres, je me voel nommer.
(Frois., chron., 202, 11-13)
Et pour ce qu'en bon estat soie,
Da.e, se dire je l'osoie,
J'ai fait en fin de mon tretier
Un lay, ou quel je voel tretier
Une graDt part de tous mes fes.
(Frois., Esp., am., 3907-11)
Lors descendy du cheval pour ce que il De feist
trop grans
escroiz.
(M~lusine, 6, 7-8)
La valeur finale n'exclut pas la possibilité de séparer les éléments
de la locution :
- 103 -

Car por ce vos a Diez envoi~ entre nos, que vos partaçoiz ce
que li autre ne porent onques aener a tin.
(Queste, 11, 23-25)
Après le XIVe siècle,
pour ce que final disparai t, remplacé par a
celle tin que et atin que (apparu au XIIIe siècle).
On rencontre quelques emplois de pour ce que,
suivi du subjonctif
avec une troisième valeur,
conditionnelle
("pour peu que",
"pourvu
que", ". supposer que") :
N'ot en la tere cbevalier
Ki aukes teist a preisier,
Pur cee qu'une teiz la veist,
Ki ne l'am.st e requeist.
(Cbaitivel, 13-16)
Nais, por detense de nul roi,
Se voi l'anel, ne lairai ~ie,
Ou soit savoir ou soit folie,
Ne face con que il dira,
Qui cest .nel m'aportera,
Por ce qu'il soit a nostre anor.
(Béroul, 2716-21)
1
Kais cette valeur
de
por ce que est si rare que Jozsef Berman20
suppose
qu'il
s'agit
d'un
"produit
isolé
et
sans
vitalité
20. Jozsef Berl.D. OP. cit •• p. 116
- 104 -

particulière de l'évolution de por ce que causal".
Por que, variante de por ce que,
sans élément pronominal,
est une
locution aussi ancienne que por ce que, mais rarement employée. On la
rencontre dans un sens aussi bien causal que final :
(Dunc fut Ionas), mult letatus co dicit porque deus
Cel edre li donat a sun soueir.
(Jonas, v. 12)
Et tu Barpins, cuvert demesuré,
Por qu'as ma barbe et mes guernons tiré
Sache de voir, molt en sui airé.
(Charroi, 1367-69)
Baptisez la pur quei Deus en ait l'anme.
(Roland, 3981l
(J~ZSef Berman montre aux pages 189-190 de son ouvrage que por quei
est ici une simple variante graphique de por que).
Le sens hypothétique se rencontre également :
Ne il ne faudra mie tost por ce que ja mes Del pendra nus a son
col, por qu'il soit chevalier, qu'il ne s'en repente ••
(Queste, 34, 23-25)
On peut interpréter en ce sens deux autres passages de la Queste
- 105 -

Car il a ell ceste abeie Ull escu que llUS Ile puet pelldre a SOli
col par qu'il l'ell voille porter, a qui il Ile .escbiece.
(Queste, 27, 14-16)
Car je sai biell que llUS Il'i essaiera ja par qu'il i faille Il'ell
reçoive plaie.
(Queste, 6, 1-2)
Pour que disparaît tout • fait au XIVe siècle. Son emploi moderne
comme
locution
finale
apparaît
au
XVIIe
siècle.
On
sait
comment
Vaugelas21
rejeta cette locution nouvelle,
d'origine provinciale :
"Ce terme est fort usité, particulièrement le long de la rivière de
Loire. et même à la Cour, où une personne de très éminente condition
a bien aidé à le mettre en vogue. On s'en sert en plusieurs façons,
qui ne valent toutes rien"
(selon Patru,
la
personne désignée par
Vaugelas est la Cardinal de Richelieu). Rejeté encore par l'Académie
en 1718, pour que final s'imposera cependant au XVIIIe siècle.
Le
subjonctif
combiné
avec
pour
(pour
••. que)
exprimait
la
concession. "la reconnaissance d'une relation entre l'emploi de la
préposition pour (por) et l'expression de la concession n'a jamais, •
notre connaissance, été mise en doute".11
OHvier Soutet
dans son ouvrage
(p.
779 S9)
indique que dans la
21. 't"rqUtl, 16.7.
22. Olivier Soutet. l'upullio8 dt ]. e08etllio8 t8 frl8rlis, du ori~i8u ~ ]. fi8 du sti:ü,:
siée],. thèse. Paris. 1916. elelplaires dactylographiés. p. 132.
- 106 -

formation
pour
+ adjectif
+ que,
pour
••• que
est
senti
comme
subordonnant concessif. Ce tour précise Soutet, "remonte au milieu du
XVe siècle, très précisément au Jeban de Saintré d'Antoine de la Sale
à travers cet exemple déjà cité par A. Tob1er"
:
Ne vueillez pensser ne croire que cbose nulle soit asseuree par
temps de guerre, pour grande et puissante qu'elle soit.
En venant aux locutions faites sur par (latin per) , J~ZSef Herman
commence par récuser l'exemple ordinairement invoqué d'un par ço que
causal chez Philippe de Thaun (XIIe siècle) :
En grant peine nus mist
par ço que il manjat
ço qu'Eve li dunat.
(Cumpoz de Philippe de Thaun, 532-534)
L'analyse de cette phrase par Herman (p. 191 de son ouvrage) montre
J26t.
que
le
groupe
par
ço complément
du
verbe
de
la
princip~
corrélation avec que introducteur d'une subordonnée en apposition
par ce que a le sens de "par le fait que".
Si l'on écarte plusieurs exemples tirés de textes de caractère wallon
(Herman, p. 191) comme le Poème moral (29, a-b, 111 c-d), Job (299,
11)
et
deux
vers
empruntés
par
Graeme
Ritchie
(p.70)
au
moine
Belinant
(vers
de
la }fort,
II,
4)
où les
termes
de
la locution
apparaissent séparés :
Com tont cil qui par ce t'encbantent
Que tot bors del siècle se plantent
- 107 -

i l
faut
arriver
au XIIIe siècle pour
relever
un exemple dans
la
Queste :
Car par ce que ele a oi parler de la semblance pense ele bien
que ce soit Galaad, que Lancelot avoit engendr~ en la fille au
Riche Roi Pecheor.
(Queste, 10, 23-25)
Car ainsi le cuydoient-ilz, parce qu'ilz s'en estoyent fuyz dès
le commencement de la bataille.
(Commynes, 41, 6-7)
Des exemples de valeur finale ont
été
relevés
uniquement
dans
la
Moralité sur Job (JOO,
26 ;
301,
2)
et dans
Ille et Galeron (cf.
Graeme Ritchie, p. 61) :
Ille nos cuide desconfire
Et le nos cuide bien ochire
Par ce qu'il le puisse aerdre.
(1095-97 )
Robert
Martin
et
Karc
Vilmet23
qui
dans
leur
syntaxe
du
moyen
francais décrivent plus exactement la décennie de 1455 à 1465 (p. 8),
donnent un exemple de par ce que causal "encore rare" à côté de pour
ce que "très fréquent"
(p.228).
En
fait
comme l'écrit
Christiane
Karchello-Nizia,24 par ce que "ne sera fréquent au sens causal qu'à
~3. lartiD-lillet, OP.cit., pp. 1. ~~I. ~97.
~4. Christiane Imhello-lizia, Histoire de la lugue [ru~ajSl aux IIfe et Ife SUdlS. Paris,
Bordas, 1979. p. ~97.
- lOS -

partir du XVIe siècle".
Encore faut-il écarter, comme le fait Gougenheim,2D les cas oà par ce
que est encore employé avec son sens originel de "par ce fait que"
Et (il me semble) que Cicéron estoit homme universel meslé de
plusieurs sciences, et qui avait estudié en diverses sortes de
lettres,
cOJllJlle l'on
peut
cognoistre par ce qu'il
a
laissé
plusieurs livres philosophiques.
(Amyot, Comparaison de Cicéron avec Démosthène, 1).
Dans les exemples relevés au XVI~ siècle, il n'est pas rare que la
conjonction que soit séparé du groupe
par ce,
probablement conçu
encore CORme complément dans la principale :
C'est par ce, dict-il, que quand nous voulons •••
(Montaigne, II, éd. Didot. p. 291, cité par Littré)
La lutte est chaude au XVIe siècle entre par ce que et pour ce que au
sens
causal
Nous
avons
effectué
un
sondage
sur
906
vers
des
Opuscules de Clément Marot et sur 70 pages de chacun des ouvrages
suivants: Pantagruel, les Antiquités de Rome-les Regrets, les Quatre
Saisons, Essais, I,
Tragiques. Nous avons rencontré 9 fois pour ce
que contre 8 fois par ce que.
Le même
sondage effectué
sur
sept
oeuvres
du XVIIe
siècle
(les
Provinciales,
Sermons,
Kaximes,
les
Caractères,
Lettres,
l'Art
poétique,
la
Princesse
de
Clèves)
et
sur
un
nombre
de
pages
équivalent, donne le résultat suivant : 1 fois pour ce que contre 48
25. GOlgeDbei. Georges,Gr'lI'ir, d, J, J'D~a' fr'Dç,is, du lYl, sieeJ" Paril, 1974. p.221.
- 109 -

fois parce que. L'unique exeaple de pour ce que a été relevé dans les
Provinciale6.
pour ce que
par ce que
XVIe siècle
09
08
XVIIe siècle
01
48
Ainsi j'esleve envers Bacchus lion cueur,
Pour ce qu'il Il'a priv~ de sa liqueur.
~I/'
(Marot, Opu~5, 16-17)
Et parce que en ce propre jour nasquit
Pan tagruel, son père lui illposa tel nOIl.
(Rab., Pantagruel, 61, 4-5)
Cent fois plus qu'à louer on se plaist à lIesdire :
Pource qu'en lIesdisant on dit la verit~.
(Du Bel., Regrets,
LXXVI, 1-2)
Par ce que la charge de celui-là lui donne autant qu'il luy
plaist de loisir pour se preparer.
(Kontaigne, 1, 77,11-13)
- 110 -

La peste ne l'arreste, ains la peste la craint,
Pour ce qu'un .oindre .al un pire .al n'estreint.
(D'Aub., Tragiques, l, 859-860)
Il n'est pas hér4tique pour ce qu'il a dit ou écrit,
liais
seule.ent pour ce qu'il est If. Arnauld.
(Pasc., Prov., 60, 20-22)
Il croit que ses pr4dications persuaderont parce qu'elles n'ont
point de force pour persuader.
(Boss., Sermons, 22, 24-25)
Le
rapporteur
prenait
toujours
son
parti
parce
que
le
chancelier ne parlait que pour un c6té.
(Sévigné, 46, 7, 8-10)
Et
je
le
souhaite,
parce
que
je
d4sire
que
vous
soyez
entiere.ent attach4 a moi.
(La Fay., Clèves, lOS, 41-42)
Au XVIIe siècle, Vaugelas, s'opposant en cela aux puristes, adopte
parce que qu'il juge plus doux que pour ce que, et prescrit d'écrire
parce en un seul mot, pour éviter de le confondre avec la suite par
ce que ou que est relatif.
Il témoignait par là de la conscience d'une unité locutionnelle, et
l'on doit dès cette époque tenir pour archaisme la disjonction des
- 111 -

éléaents
que
Littré,
au
XIXe
siècle,
jugera
encore
licite
(Dictionnaire,
au aot
par)
"On peut séparer
parce de
que par
quelque incise.
Parce,
coue dit Saint Augustin, que
Pasco
Provo XVIII. Le consul Terentius Varro, qui venait de perdre une si
grande bataille, fut reçu A Roae coue s'il eût été victorieux, parce
seuleaent que, dans un si grand aalbeur, il n'ava;it point désespéré
des affaires de la republique, Boss., Bist. III, 6. Betbléea, la
sainte Vierge alla avec Saint Josepb se faire enregistrer, parce, dit
l'Evangile, que c'était leur pays. rén., p. 201."
Il s'agit évidemaent à l'époque de Littré, d'une tradition littéraire
dont il emprunte d'ailleurs les exemples au XVIIe siècle, époque oà
cette pratique aaintenait artificiellellent l'analyse originelleaent
consciente d'une locution perpétuelleaent essayée et
avortée dans
l'histoire du français et qui devait peut-être son récent succés à la
faveur de la Cour, entrainant celle de Vaugelas.
3.2.9. SaJJS ce que.
Sanz ce que est apparu au XIIe siècle.
Sanz ce que nus d'als l'oist dire,
connoissoient trestuit 10 roi.
(Eneas, 714-71S)
Sanz ce qu'il est de baut parage,
est il de si grant vasselage, •••
(Yvain, 212S-26)
- 112 -

L'ende_ain par _atin leva,
et tist celui a soi venir
que sa ta_e li tet bair
sez ce que de rien ait .espris.
(Vergi, 150-1531
Car sans ce qu'on s'en percbuist
Et que nulle d'elles sceuist,
Aumains celles que je doubtoie,
Avoec elles tu_es en voie.
(Frois., Esp . ... , 3650-531
Hais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce
que il lui tournast le train a destre ne a senestre.
{Hélusine, 24, 3-51
Sans ce qu'en riens aye mesprins,
Veult et ordonne que j'endure
La _ort, et que plus je ne dure.
(Villon, lais, V, 35-371
Le groupe sans ce que n'est jamais disjoint. La forte cohésion qui le
caractérise, jointe à la grande autonomie de la préposition sans par
rapport à la principale, autorise à y voir dès les premiers emplois
une locution conjonctive.
Le
mode
de
la
proposition
introduite
est
le
plus
souvent
le
- 113 -

subjonctif,
puisqu'il l'agit d'un procès dont
la réalisation est
niée.
L'indicatif n'est pas exclu, quand il s'agit d'un procès réalisé dont
la considération seule est écartée dans le contexte de la principale.
c'est le cas au vers 2125 d'YvaiD cité plus haut: saDZ ce que y est
• prendre au sens d'Boutre que".
Koignet Z6
observe
très
curieusement
que
l'indicatif
retrouve
ses
droits après saDZ ce que au XIIe siècle et au XIIIe siècle quand le
procès nié est précédé de De (la négation du procés se réalisant en
quelque sorte)
La reiDe l'a eDcoDtré,
Qui de SOD paDsé .olt savoit,
SaJJZ ce que di t Ile li avoi t.
(Cliges, 2220-22)
Et vos veDistes aprés coraDt 0 vostre espee et l'oceistes SaJJZ
ce que ele Ile vos demaDdoit rieD.
(Queste, 97, 29-31)
L'emploi du subjonctif excluait en principe l'usage de De (de plus en
plus admis en français moderne).
Au XVe siècle,
saDS ce que a été simplifié, par économie, en saDS
que:
Et en tel POiDCt SOllt les sig _il apostres
Deliberez soulz l'espee Sainct Pol,
26. Gérard loi'Det, ISSli sur le .ode subjoDctif ID l,tiD postclllsique et ID IDCieD frlD~IiI,
Plris. P.U.l., 1959, pp. tl7 et 639.
- 114 -

Saas qu'aucun d'eu1x se .onstre 1ascbe ou .01.
(Marot, Epistres, IV, 92-94)
Ils ont
tout ce qui est nllcessaire pour prier Dieu de les
assister,
sans
qu'il
soit
nllcessaire
qu'ils
aient
aucune
nouvelle grâce de Dieu pour prier.
(Pasc., Prov., 40, 13-15)
Lorsque la fortune nous surprend en nous donnant une grande
place sans nous y avoir condui ts par degrlls ou saas que nous
nous
y
soyons
1l1evlls
par
nos
espllrances,
il
est
presque
iapossib1e
de
s'y bien
soutenir,
et
de
paraitre
digne
de
l'occuper.
(La Roch., Kaximes, 83, 449)
Peu de temps après qu'elle eut commencll ~ quitter sa sollitude,
Sancerre
crut
voir
quelque refroidissement
dans
la
passion
qu'elle avait pour lui. Il .'en parla plusieurs fois sans que
je fisse aucun fondement sur ses plaintes.
(La Fay., Clèves, 75, 35-39)
Le
mode
est
régi
par
le
même
principe
qu'avec
sans
ce
que:
subjonctif quand le procès n'est pas réalisé, indicatif dans le cas
contraire, comme l'attestent de nombreux exemples dans
la Syntaxe
française du XVIIe siècle,
de Baase
(p.192),
dont plusieurs sont
empruntés
aux Lettres de aadame de
Sévigné,
coutumière de
cette
- 115 -

exception :
Il a'a
fait
faire bien des cOIIJpliaents et que sus que son
équipage etoit bien fatigué, il serait venu .e voir; et .oi,
sus que je n'en ai point.
(Sévigné, IX, 269)
3.2.10. Variantes dialectale de ce :
Coue dans le cas du schème 1, i l arrive que ço (ce) soit remplacé
par une variante morphologique dialectale
L'ellJperere l'avoit IIJont chier
Por celJ qu'il iert bon chevalier,
Et por celJ que IIJont sage.ent
Kenot ses oz, gardant sa gent.
(St Eust., 41-44)
A nevoies, en ceste nuit,
Sai que voudra a lui parler,
Por ceu que devra la aler.
(Béroul, 656-658)
3.2.11. rut' la place de ce
Comme on l'a vu dans la le Partie,
tant peut fonctionner comme un
pronom
neutre
corrélatif
à
la
conjonction
que
introduisant
une
complétive
en
apposition.
La
relation
est
équative,
et
non
consécutive.
Certains systèmes conformes au schème II apparaissent d' abord avec
- 116 -

tant, éventuellement remplacé ensuite par ce
d'autres, nés avec ce,
l'ont remplacé par tant.
Le
mot
tant,
dans
ces
locutions,
n'a
évidemment
pas
la
valeur
intensive qui justifie son emploi dans les systèmes consécutifs (Tant
va la cruche •
l'eau ••. 1. Présente-t-il,
au contraire.
la valeur
restricti ve
qu' avai t
eu en
latin
l'adverbe
tantUJJJ,
"seulement"?
Tobler27 ayant ainsi expliqué le sens restrictif de la locution fors
tant
que,
Gérard
Koiqnet 28
s'inscrit
contre
cette
opinion
en
rappelant que "seulement" s'exprime usuellement par sol ou solement.
Dans le vers 541 du Voyage de Saint Brendan :
Hal n'an avun fors sol itaDt,

itant
annonce
l'idée
suivante
introduite
en
parataxe,
la
construction d' i tant en fait un pronom plutôt qu'un adverbe, et la
juxtaposi tion de sol et d' i tant "semble bien exclure leur synonymie".
Un rapprochement semblable s'observe après por dans les textes cités
,
par Jozsef Berman29 comme :
Pour ceul itaDt qe III 'en voux airier
He feri il d'un baston de poumier.
(Raoul de Cambrai, 1858-591
Une
valeur
restrictive
expliquerait
mal
l'emploi
de
tant
après
jusque. En fait, le choix de tant plutôt que de ce marque tout au
27. !obIer (AI et Lonatmb IBI, Al tfllDzosiscbesW'arterbucb. "
28. Gérard Boignet, Les sigDes de l'ezceptioD d'DI l'bistoire du !llDÇ'is, Genève, Droz, nonvelle
édition, 1973, pp.60-61.
J9. Jtzsef Herlan. OP. cit .• p. 181.
- 117 -

plus
une
insistance
sur
la
quantité,
toute
nuance
intensive
ou
restrictive résultant du contexte. Hais n'est-ce pas l'origine même
du sens restrictif de tantum en latin ?
a)
de tant •.. que.
La substitution de tant à ce s'observe quelquefois après de dans des
contextes à effet restrictif :
De tant i out mespris Nature
Le unc de nule amur n'ont cure.
(Guigemar, 57-58)
Hais de tant me desplaisent que il sunt marcbeant
Et de cbaritei faire deviennent recreant.
(Rut., S, l, 91-92)
Forment neis mau gré m'an sai
de tant c'onques le me pansai
et qu'audience li doné.
(Rose, 10331-333)
De tant m'est plaisance crissue
Que je voel faire, ains ma rissue,
(Frois., Esp. am., 4147-48)
b) fors tant que.
Comme apres,
avant,
devant,
le mot
fors,
"dehors",
"bors de",
en
- 118 -

ancien français, était • la fois adverbe et préposition. Il a ainsi
pu former des systèmes corrélatifs du schème III (fors que) et du
~.e II (fors ce que).
Fors ce que n'est pas relevé par Gérard Hoignet dans sa thèse sur Les
signes de l'exception dans l 'histoire du français. Il est mentionné
par Graeme Ritchie qui n'en donne qu'une attestation (p.104) :
Aussi c'uns oysiaus fors cbou que ie sui vestus de mes paus
(s. Brand., 91, 23)
La formule habituelle est fors tant que, où l'emploi de tant est bien
justifié par la valeur restrictive de fors ("hormis", "sauf"). Relevé
par Graeme Ritchie dans la traduction du Lapidaire de Harbode (XIIe
siecle), il est ensuite très fréquent jusqu'à la fin du XIVe siècle:
Ne ja n'en arei guerredon
Fors tut que me donras un don
De ce que toz jours prommis m'as.
(Est. Graal, 445-447)
Puis si fist l'uis seeler c'on n'i peust de nule part entrer ne
iscir,
fors
tut qu'il i
avoi t
une
fenestre
par devers le
gardin assés petite dont il lor venait un peu d'essor.
(Aue., IV, 24-26)
Je nel sai mie tres bien, fet Lyonel. fors tut que ce est cil
qui hui a esté noviax chevaliers.
(Queste, 9, 22-23)
- 119 -

Se vos n'aviez, vos i feroiz
Autant co. l'oie seur la glace,
Fors tet que vos avreiz espace
De vos moqueir et escbarnir.
CRut., 150-153)
Je ne vous voe1 ore plus dire
Fors tant qu'en plus greveus martire
Serai, ains que passent jour uit.
CJeh. et B1., 913-915)
voir aussi Jeb. et B1., 2186 ; 4724
4760)
Nais je ne sçay ; quoy elle sert, ne qu'il en veu1t faire, tors
tant qu'il m'a dit une fois ou deux que madame sa mere sera
temprellent et en brief mieu1x en vostre grace que onques ne
fut.
Crrois., Chron., 325, 5-10)
Si respondy: Tres chiere dame,
du mien n'emportez vous rien
fors tet que vous passez par my mon pays.
CNé1 usine, 8. 26-28)
Toutes ces choses sont cogneues et notoires et m'en rapporte a
Dieu qui les voit, et neantmoins je les passe, car ameres sont
a ramentevoir, tors tet que je ne me pourroye tenir de dire
que la 1egiere foy muab1e et petite loiau1té des subgez a ceste
- 120 -

seigneurie
est
mouvement
et
occboison
de
la
venue
de
noz
ennemis sur nous.
(Quadr., 28. 13-19)
Dans tous ces exemples. Fors tant que est suivi de l'indicatif.
Dans ces vers du Cbevalier de la Cbarrete :
Ensi se va reconfortant
ne ne demande mes fors tant
qu'il an cbamp soient mis ansanble.
(Cb. Cb., 6965-67)
Le subjonctif soient est commandé non par la conjonction fors
tant
que, mais par le sens du verbe principal demander dont la subordonnée
est complément d'objet.
Dans ce même exemple on remarque la disjonction de fors tant que par
un enjambement. C'est le seul indice qu'on pourrait invoquer contre
la nature locutionnelle d'une suite de mots soudée dans tous
les
exemples
relevés
et
dont
le
sens
est
fortement
assis
sur
une
préposition monosémique.
Fors que est conjonction dans ces deux exemples cités par Gérard
Koignet (p.23)
- après assertion négative (ne ••• fors que)
Cart j'ai tel duel c'onques le roi
out mal pensé de vos vers moi
Qu'il n'y a el fors que je muere.
(Béroul, 109-111)
- 121 -

- après assertion positive :
Vit le tans bel et cler et net,
dont mult forment s'esjoissoit,
fors qu'a Giflet sovent pensoit.
(Escanor, 14800-802)
De
la
valeur
conjonctionne11e,
il
a
glissé
à
une
valeur
prépositionnelle où i l
fonctionne
comme
fors seul
ou
aujourd 'hui
excepté, sinon; il est alors suivi d'un nom ou pronom, d'un verbe,
d'un groupe nominal
Ja plus compaingnie n'i quiert
Fors que lui et li et son fil.
(Pbilomena, 1354-55)
N'avroie garde fors que d'un cbevalier.
(Raoul de Cambrai, 4749)
Devenu préposition,
fors que a pu être suivi de
tant que, d'où le
système complexe fors que tant que (sans avenir) :
- sire, bien feire le porroiz,
mes, por Deu, vos quier et demant
merci, fors que tut seulemant
qu'an cbarrete monter ne doive.
(Cb. Cb., 2768-71)
( .•• Je vous demande votre merci à part cela seulement que je ne
doive monter dans la charrette]
- 122 -

Li vaslez ne prise un denier
les noveles au cbarbonnier,
fors que tant qu'an la voie antra
cele part ou il li mostra.
(Perceval, 857-860)
c)
jusque (a) tant que.
Jusque, remontant à inde usque, ne contient pas la conjonction que ;
c'est dès l'origine une préposition, pouvant constituer avec tant et
que un système corrélatif du type II.
"Ja Dex, fet ele, ne me voie,
quant je ja mes reposerai
jusque tant que je an savrai
novele certainne et veraie. H
(Ch. Cb., 6384-871
Si l'a un petit racenssé
et a ais la cbose an respit
jusque tant que voie et espit
un boen leu et un plus privé,
(Ch. Cb., 6848-51)
Il apparait tout aussi tôt sous la forme
jusqu'a ou jusques a, du
latin inde usque ad
Se avanture la te .ainne,
Ensi te contien et demainne
- 123 -

Que tu n'i soies coneüz
Jusqu'a tant qu'as plus esleüz
De la cort esprovez te soies.
(Cligès, 2571-75)
Je sui senglement jusqu'à tant que
je trespasserai.
(Queste, 38, 10-11)
- Pere Zozimas, dist Marie,
Jusqu'a tant que soie fenie
A nului ne me descouvrir
N'a ton abé pas ne l'ovrir.
(Rut., AS, 933-936)
Car ja mes joie au queur n'avré
Jusqu'a tant que je le savré.
(Rose, 16419-420)
Avec 5 autres emplois relevés dans la Queste (34, 25 ; 50. 21 ; 77,
18 ; 77, 31 ; 166. 4-5) et 4 autres dans le Roman de la Rose (10569 ;
14025 ; 14206 ; 16572), le total des 13 serait faible pour les XIIe
et
XIIIe
siècles,
si
la
fréquence
n'augmentait
brusquement
chez
Joinville (27 occurrences dans nos extraits) :
Et me commanda de par le roy que je ne me partisse de ma
herberge jusques a tant que le roy le me commenderoit.
(Joinville, 118-10)
- 124 -

C'est que jusqu',Ij ce que occupa à partir de cette époque la place
tenue
jusque-là
par
la
locution
temporelle
tant
que
d'origine
consécutive (cf. IIIe Partie, ~'4-34-) éliminée dans ce sens par la
confusion avec un
tant que duratif issu de
tant co. .e (cf.
IIIe
Partie, JLr. 3,1+)
Jusqu'a tant que restera usuel jusqu'au XVIIe siècle et au delà:
Bonnes gens,
les coses ne poent bien aler en Engletiere ne
yront jusques a tut que li bien yront tout de cOlUlun.
(Frois., Cbron., 295, 12-14)
Et Desirs le fait desirer,
Qui ne s'en voelt pas consirer
Jusqu'a tut que la fin il sace
Enviers quoi Plaisance le sace.
(Frois., Esp. am., 4165-68)
Et tu, Melior, je t' ay ordonné en la Grant Armenie un cbastel
bel et ricbe, ou tu garderas un esprevier jusques a tut que le
Haut Maistre tiendra son siege.
(Mélusine, 13, 13-15)
Car de leur gré vindrent 1/' associer,
Jusques" tut que d'entrer je fus prest
Dedans ce tel/ple, où le lieu d'Sl/our est,
Fainct .. plusieurs, et aux autres loyal.
(Karot, Opusc., 1, 110-113)
- 125 -

•••••••••••• ; .ais avaDt que de .ettre
La voile au veDt, il te faudra pro.ettre
De De vouloir eD FraDce reveDir
Jusques a tut qu 'OD voye deveDir
Le More BlaDc, et Le FraDçois eDcore
Si bazaDaDt preDdre le teiDt d'UD More.
(Rons., saisoDs, 76, 37-42)
C'est ce qui se faisait à la croix jusqu'i te.ps que le fils de
Dieu, lisaDt daDs les yeux de SOD pére qu'il ~tait eDtiéremeDt
apais~, vit eDfiD qu'il ~tait temps de quitter le mODde.
(La Roch., Maxi.es, 69, 12-15)
La graphie
te.ps pour
taDt dans
le dernier exemple
témoigne une
incertitude sur
l'étymologie d'une
locution désuète,
concurrencée
depuis le IVe siècle par jusqu'à ce que:
Et le peuple appel~ Scite, eD la guerre qu'il eut avecques le
roy Daire de Perse, se .ist toujours eD fuyte jusques ad ce
qu'il viDt au lieu ou estoieDt les sepultures de leurs peres et
predecesseurs.
(Quadr., 12, 9-13)
Et à la .ieDDe v01UDt~ que chascuD laissast sa propre besoigDe,
De se souciast de SOD .estier et mist ses affaires propres eD
oubly, pour y vacquer eDtièremeDt saDS que SOD esperit feust de
ailleurs distraict DY e.pesch~ jusque. i ce qu. l 'OD les tiDt
- 126 -

de cueur.
(Rab., PaDtagruel, 31, 12-16)
Et, eD effet, D'est-il pas véritable que celui qui a reçu UD
soufflet est reputé saDS bODDeur, jusqu'A ce qu'il ait tué SOD
eDDe.i ?
(Pasc., Prov., 102, 34-36)
Du point de vue de l'unité locutionnelle, jusqu'a taDt que satisfait
à
tous
les critères,
sauf
à
celui de
la stabilité
foraelle.
Le
preaier élément n'a pas seulement hésité entre jusques et jusqu'a
on rencontre aux preaiers temps les variantes desqu'a et taDt que:
Car il eD avoi t .olt el cors,
De des que tast qu'il l'ot raDdue
D'ODt de lui parole aDtaDdue.
(Cb. Cb., 5126-28)
Dusqu'a taDt que (croiseaent probable de des que et jusque), jesqu'a
taDt que,
josqu'a taDt que,
tresqu'a taDt que,
trosqu'a
taDt que,
trusqu'a taDt que, trosqu'adoDc que•••
Bors et cbastiaz, citez et sales
vos i dODrai eD ataDdue,
7'resqu'a tast que vos iert raDdue
La terre que tieDt vostre peres
DOD vos devez es tre e.pereres.
(Clig~s, 1444-48)
- 127 -

Et cil li creanta que il le garderont en sa main trosque adoDc
que il aroit creant message ou ses letres pendanz que il ert
saisiz de Salenike.
(Villeh. ,
299, 6-8)
Cette instabilité aux XIIe-XIIIe siècles témoigne le maintien d'une
analyse
des
éléments,
facilitée
par
l'existence
simultanée
de
la
locution tant que (de schème III). Le remplacement de tant par ce au
XVe siècle, ainsi que la graphie temps pour tant observée déjà chez
Marguerite de Navarre, marque au contraire l'accession du groupe à la
nature locutionnelle que rien ne démentira dans les siècles suivants.
Le maintien du pronom ce -qui aurait pu disparaître par analogie avec
plusieurs autres conjonctions (aprés que, avant que)- s'explique par
l'impossibilité,
en
français,
d' une
suite
*a que.
Mais
rien
n' empêchai t
de
simplif ier
jusques
tan t
que en
jusques que,
forme
qu'on relève au XVIe siècle.
Jusques qu'il soit de l'ennemy delivre.
(Marg. de Navarre, Epistre au roy, éd. Frank. T. III,
p. 216)
d) Par tant que, por tant que.
Tant a été substitué à ce dans les locutions par ce que, por ce que
dès le XIIe siècle. Nous ne dirons rien de par tant que, relevé par
Graeme Ritchie (pp. 70 et 76)) seulement dans le Dialogue de Gregoire
le Pape, texte de caractère wallon (seconde moitié du XIIe siècle),
et absent de notre corpus.
- 128 -

Por tant que, au sens causal, apparalt • la aêae époque chez Chrétien
de Troyes :
Si l'ua tant, quant il la vit,
Qu'il an lu lIorz, si co. an dit,
Por taot qu'il ne la pot avoir.
(Cligés, 2769-71)
Nous l'avons relevé également chez Froissart au sens causal
Onques François ne Breton ne s'en donnerent garde, pour tant
que il veoient ses gens et se baniere.
(Frois., Cbron., 241, 18)
(voir aussi Frois. Cbron., 233, 22 ; 292, 3
312, 13
315, 3)
et au sens concessif :
Et les laissoient paisievlement lor maistre aler et cbevaucier,
pour tut qu'il ne se pooient arller, deviers les François.
(Frois., Cbron., 235, 10-12)
Martin et Vilmet le relèvent au XVe siècle dans le Jouvencel de Jean
~
de Bueil :
!
Et, en passant lion cbellin, me trouvai en pays lIoult desoll~ et
desert, pour tut que longtemps y avoit eu guerre entre les
1
babitants du pais.
<I, 19)
1~
1
Autant remplacera tant (jugé comparatif) au XVIe siècle
f1i
Et pour autant, syre, que suis ; vous
1
De trois jours l'un viennent taster mon poulx,
- 129 -

Nessieurs BrailloD, Le Coq, Akaquia.
(Harot, Au roy, pour avoir été dérobé, T.I., p.1971
Et de remplacera pour dans cette locution mal assurée :
J'aime l'espoDge aussi, d'autaat qu'elle est utile
A .'essuyer le pleur qui de mes yeulx distile.
(Ronsard, le Cyclope amoureux, 1291
D'autaDt que,
au sens causal, aura une grande fortune en français
littéraire.
3.2.12. Autres substituts de ce.
Ce et taDt sont les bases les plus fréquentes des locutions de schème
II,
et
leur
présence
garantit
en
quelque
mesure
l'unité
locu-
tionnelle. On ne peut en dire autant de certains pronoms comme (i)tel
neutre, et de certains adverbes coaae si qui leur ont été substitués,
sans succès durable
Or D'est Dule cbose si fiere
Ne de si diverse maDiere
Que voleDtiers De la feisse,
Par tel qu'a m'oDor reveDisse.
(Rut., AU, 57-601
Nes par itel berbergeroiz
que avoec moi vos coucberoiz.
(Cb. Cb., 943-944)
- 130 -

Hout volentiers donné l'eQst
Par si que ses &ais n'eQst
A cele jouste se bien non.
(Jeb. et Bl., 4155-57)
- Rien ne a'i vaut que j'en deisse,
si n'est riens que je n'en feisse
par si que j'en fusse credo
(Vergi, 207-209)
Quelques noms de sens très général ont pu prendre aussi la place du
pronom : la corrélation est alors établie entre le groupe déterminant
+ nom et la conjonction que
a)
cbose
- Par foi, sire, grant tort avez,
Qui de tel cbose a moi parlez
Que de vos le aete a raison
Et de s'ire face pardon.
(Béroul, 163-166)
La relation établie par la corrélation
tel cbose ••. que n' est pas
consécutive: c'est un rapport d'équation, où l'emploi de tel, tout
en déterminant le nom, souligne la qualité (comme ferait l'adjectif
pareil).
On est évidemment bien loin d'une unité locutionnelle.
- 131 -

b) eure
Paul Imbs30 a montré l'importance et 11 valeur abstraite du nom de
l'eure (latin bora) associé dans le monde médiéval aux sonneries de
cloche
de
chaque
église.
Ce
nom
a
joué
un
grand
rôle
dans
la
désignation du temps, déterminé par l'article défini au XIe siècle
A l'une main si ad sun piz batud :
'~eus, meie culpe vers les tues vertuz
De mes pecbez, des granz e des menuz,
Que jo ai fait des l'ure que nez fui
Tresqu'a cest jur que ci sui consor1t !"
(Roland, 2368-72)
Le
système
corrélatif
a l'ore
que,
relevé
d'abord
dans
Ille
et
Galeron et très fréquent dans les textes du XIIe siècle et du XIIIe
siècle :
Sire, sacbiez por voir que nos n'eusmes onques si grant joie
come a l'ore que nos seumes que nos vos tendrions compagnie.
(Queste, 272, 26-28)
constitue une suite assez abstraite et stable pour que Paul Imbs ait
pu proposer
(p.
229 de son ouvrage)
de 11 voir à l'origine de 11
locution
alors
que
apparue
au
XVe
siècle
(par
confusion
avec
1
lors?) :
1
1
30. Paul labs, OP. cit. pp. 199 ss.
1
,
- 132 -

Car alors que tu es ricbe, puissant et plantureux de bien, tu
ne pues vivre sans blaspbè.e et sans .ur.ure.
(Quadr., 25, 19-21)
A partir du XIIe siècle, l'article défini a souvent cédé la place à
l'adjectif démonstratif, insistant sur la précision:
Des cel'ore qu'u bois entroit,
Fust por cbacier, cbascuns dotoit
Que Tristan li preuz l'encontrast.
(Béroul, 1725-27)
Et ele aussi se redemante,
Cui amors ocit et tounante,
Ne riens qu'ele poist veoir
1
Ne li pot pleire ne seoir,
Puis icele ore que Del vit.
(Cligès, 5043-47)
1
1
ïi
Des cele bore que il nez tu,
n'oi nuls issir de sa bouche
grant serement ne lait reprocbe.
(Dole, 44-46)
Ces formations sont des périphases non grammaticalisées remplaçant,
pour l'expressivité ou pour la commodité du mètre, les locutions des
que et puisque. On ne les rencontre pas au-delà du XIIIe siècle.
- 133 -

Désignation la plus abstraite du "temps", point ou durée, le mot tens
figure dans des suites conformes au schème II :
Puis icel te.s que Deus nos vint sa1ver,
Nostre anceisour ourent crestiantet,
Si fut uns sire de Rome la citet.
(Alexis, 11-13)
Seignor, ce fu un jor d'esté
En icel tens que l'en aoste,
Un poi après la Pentecoste.
(Béroul, 1774-76)
Ce fu au tans qu'arbre f1orissent,
feuillent boschaige, pré verdissent,
et cil oise1 an lor latin
do1cemant chantent au matin.
(Perceva1, 69-72)
Et a cel tens que Joseph vin t a Sarraz avoi t E".lach guerre a
un sien voisin,
riche roi et puissant,
qui marchissoit a sa
terre.
(Queste, 32, 12-14)
Ces
formations
se
feront
toujours
librement,
sans
engendrer
de
locutions conjonctives :
- 134 -

.•. Desja l'Est~, et ceres la bl~tiere,
Ayant le front orn~ de son present,
Ont ramen~ la moisson nourriciere
Depuis le te.ps que d'elle suis absent.
(Rons., Saisons, III, 54, 1-4)
Le spectre s'envole dans le te.ps que Dom Juan le veut frapper.
(Molière, Dom Juan, V, V)
Le mot temps n'est entré dans une véritable locution conjonctive qu'à
la
faveur
d'une
homonymie.
dans
la
graphie
jusqu'a
temps
que
mentionné plus haut.
dl
covent
Le mot
covent,
"convention",
entre dans une locution fréquente de
schème
II,
signifiant

condition
que";
le
nom
s'y
présente
déterminé par tel ou sans déterminant :
Par tel cove~t le puisses retenir
Qu'a orfe enfant ja son dreit ne tolir,
N'a veve feme vaillant un angevin.
(Cour., 152-154)
Et je cuit que cist dui destrier
sont vostre ; or si vos prieroie,
par covant que je vos randroie
le servise et le guerredon,
- 135 -

que vos, ou a prest ou a don,
le quel que soit, me baillessiez.
(Cb. Cb., 282-287)
Condition remplacera covent:
Par telle condition que le jeune enfant prendroit à femme l'une
des jeunes filles du roi d'Angleterre.
(Froissart, I, I, p. 171, dans Littré)
Au XVIIe siècle, à (la) condi tion que peut passer pour une locution
conjonctive. Elle est restée bien vivante au Ile siècle.
3.2.13. se ou quaDt pour que
Dans ces vers de Chrétien de Troyes
Est ce songes, ou vos resvez,
qui dites que je sui des vez
Por ce
se je vos cont Illon estre ?
(Cb. Cb., 6343-45)
Se pourrait être remplacé par que;
l'emploi de se donne au fait
énoncé une portée plus générale, en le présentant comme éventuel. Il
en est de même dans le début du conte Guigelllar (où si vaut se) :
Hel voil lIIie pur ceo leissier
Si gangleür u losengier
Le Ille volent a lIIal turner.
(Guigelllar, 15-17)
- 136 -

Pour çou s'il n'ert si gentiex bo.
Co. je sui femme, si l'ai mort.
(Jeb. et Bl., 1116-171
A la
différence
de
que,
la
conjonction
se
peut
précéder
son
corrélatif :
Se mes amis m'a guerpie,
par ce ne marrai ge mie.
(Dole, 304-305)
Mais en l'occurence,
la subordonnée est plutôt conditionnelle que
simplement complétive dans cette chanson plus badine que lyrique.
On a vu,
au
terme
de
la
Ière
Partie,
que
la
conjonction
quant
suppléait quelquefois que dans les systèmes de schème I.
La même chose peut se produire pour le schème II,
et le passage
suivant, emprunté à Rutebeuf, met en évidence l'équivalence des deux
conjonctions :
De ce me merveil sanz doutance
Quant la mer, qui est nete et pure,
Souffrait son p~cbi~ et s'ordure,
Et qu'enfers ne la sorbissoit
Ou terre. quant de mer issoit.
(Rut. AS, 152-1561
- 137 -

3.2.14. Locutions d'origine verbale.
a) ja soit (ce) que.
La locution ja soi t
(ce)
que apparait en français au XIIe siècle,
dans les textes traduits du latin, comme le Psautier d'Oxford.
Selon Herman, 31 reprenant l'explication de J. Klare dans son étude
sur l'histoire des propositions concessives, les cler.,!ayant à rendre
en
français
les
tournures
concessives
bien
nettes
du
latin
se
seraient
forgé
des
moyens
nouveaux
d'expression,
notamment
cette
locution où ja suivi du subjonctif (soit) avait un sens concessif dès
le plus ancien français ; le verbe "être" y recevait pour sujet une
proposition "complétive" introduite par que ou ce que (cf. le Partie,
2.2.1° et 2°), et l'ensemble ja soit (ce) que signifiait: "fût-il
vrai que ••• ", "même s'il est vrai que .•• " :
Kar ja seit ce que je irai el lIlilliu del U1Ilbre de lIlort, ne
crienderai .als.
(psaut., 22, 4)
Quelle qu'en soit l'origine,
la locution existe du XIIe au XVIIe
siècle
Cligès, ja soit ce qu'il li poist
S'an part tantost com il li loist.
(Cligès, 4291-92)
31. Jtzsef Berlan. OP. cit .• pp. 2.0-2.1
- 138 -

Ainsi doutoit ses enneais,
ja soit ce que Dieu fust aJllis.
(Est
Graal, 207-208)
Ja soit ce que seablant an face,
se cil autre aaie porcbace,
ja ne li soit a un bouton
de la ribaudie au glouton,
aes face tant que cil recroie.
(Rose, 14177-181)
Les variations de forme consistent dans le remplacement de ja par un
autre adverbe d' effet concessif
(tan t, bien, encore,
tot), et de ce
par cbose, il.
Les
exemples que nous
citons
sont
empruntés
à
la
thèse d'Olivier
Soutet. 31
Soutet a relevé deux variantes de ja soit ce que au XIIIe siècle (Ja
soi t ce cOlUle dans Placides et Tilleo et Ja soi t ore ce que dans la
Queste del Saint Graal) :
Ja soit ce co. .e il soit autant de fu coue d'air et cOlUle
d'iane, le fu, s'il n'entre en l'air, ne peut jeter ray de sa
clarti§.
(Plac., 201)
Car il se sont torni§ a peor vie et a seculer, ja soit ore ce
32. Olivier Soutet. OP. cit•• pp. 827 SS.
- 139 -

qu'il aient ad~s esté repeu de la grace de cest saint Yessel.
(Queste, 271, 8)
La locution Ja soit il que absente chez B. Johannsen, F. BrQss et J.
Klare est citée une fois par Olivier Soutet qui l'a trouvée dans la
traduction des Météores d'Aristote de Xahieu le vilain, de 1270 :
Car nous voion aucune tois de jour la cOlllette, ja soit il ainsi
que les planetes pairent tout ou que aucun vien(en)t.
(34, 12)
Les locutions tot soi t ce que, tot soi t il que, encore soi t ce que,
encore soit cbose que, se rencontrent plusieurs fois dans le registre
juridique :
S'il
veut tere plus baute llIeson que la llIoie,
je ne li puis
deveer tout soit ce qu'ele nuise a clart~ de ilia llIeson.
(Les coutumes de Beaumanoir, XXIV, 706, 13)
Et se il ne vient aie dont, art on et destruist le /liaison de
l'injuriant et li arbre du pourpris de le llIaison sont sartet et
desracbinet ; tout soit il ensi que la dite /liaison soit douwée
ou
de
douaire
llIais
que
toutevoies
li
injurians
soit
proprietaire de ladite aaison.
(Thomas, Lille II, p.40S)
Ellcore soit ce le il totes cboses sacbet, ndedent si rezoit il
en sa parole nostre igorance.
Trad. de Job (fin du XIIe siècle)
- 140 -

Nous, Kargherite, (.•. ) taisons savoir tous que nostre eskievin
de Lille ont reconneut devant nous que as enquestes que il tont
et as verités oir que il oient, il rechoivent tesIBongnages de
preudolBlBes et de bones gens, ellcore soit chose que il soient
lIie bourgois.
(Thomas, Lille II, p. 416)
Les variations de formes consistent aussi dans l'accord temporel du
verbe dans un contexte passé : ja tust ce que. "La suite ja tust ce
que a toujours été d'emploi sporadique, bien qu'elle soit attestée
sur
une
longue
période
(début
du
XIIe
siècle-milieu
du
XVe
siècle)".33 Il cite cette reprise des FetSdes Romains 1213 :
Et ja tust ice que il poist bien assellbler a les sanz perill a
tant de chevaliers c01l1Be il avoi t
esler1z
(... )
totes eures
( ... )
(Tet des ROllains,
t
II, 3.
17, 18)
Tot peut remplacer Ja et il. ce :
Tot tust ice que li tens ne tust pas convenables a joie de nous
et que la bataille lor tust a l'oilg, totevoies plot a caton •••
f
(Tet. III. 1.
22. 18)
33. Olivier Sout.t, OP. cit •• p. 132.
- 141 -


Li seigneur les vouloient aetre en defaute par la reson de
l'ajourneaent,
tout fut il ailJSi que nus ne se fust aparus
contre aus.
( Con t., II, 83, 6)
Signalons que ces variations n'empêchent pas l'unité locutionnelle,
que confirme le rappel par un si corrélatif :
Par foy, dist le roy nobles damoisiaux, ja soit ce que ne soie
pas dignes de vous acomplir ceste requeste,si le vous accorde
je.
(Hélusine, 118, 20-22)
La graphie jaçoit que, à partir du XIVe siècle, consacre l'unité.
Olivier Soutet, 34 partant des dépouillements de 8. Johannsen et de
J. Klare, constate que la variante Ja soit que n'est guère attestée
avant le milieu du XIIIe siècle :
Grant difference avoit entre l'un et l'autre, ja soit que un
non eüssent.
(La Vie de Sainte Harie l'Egyptienne, 0, 1, 5)
et son usage, poursuit-il se développe
en moyen français :
Les gens ne tendoient fors a nous audrir et desrober, jasoit
que nous fussons la venus pour leur besongne.
(Jean le Bel, Chron., 45)
Jaçoit que en la solution du premier argument, par adventure,
3e. Olivier SDDtet, OP. cit •• p. 13e.
- 142 -

moult de difficultés puissent seurvenir, toutesfois •••
(Oresme, Hon., LXXI, 1)
Ja soit que j'ay parlé en maint lieu oscurement, •••
(Han. Lg)
D'emploi très limité,
Soutet a relevé les locutions
tot soit que,
encore soi t que, or soi t que, bien soi t que3 e dans lesquelles tot,
encore, or et bien remplacent ja.
b) ce pendant que
Froissart emploie
en che pendant que
Alain Chartier
ce pendant que
COllllllynes
cependant que et pendant que
Christiane !l:archello-Hizia dit qu'au XVe siècle coexistent
pendant
que, ce pendant que, en ce pendant que et ce temps pendant que. Elle
cite le Roman de Jehan de Paris (fin du XVe siècle) pour ce pendant
que.
Dans notre corpus nous avons plusieurs emplois de ces locutions du
XVe au XVIIe siècle. Au XVe siècle, Commynes emploie cependant que 1
fois
CependADt que ces traictiez se menoient par voyes d'assemblées
(••• ) se traicta par aucuns que •••
( Couynes, 79, 25)
J5. Olivier Soutet. OP. cit. pp. IJS-IJ'.
- 143 -

Au XVIe siècle Du Bellay use des trois locutions temporelles
J'invoque icy vostre antique fureur,
E1J ce pelJdut que d'une saincte horreur
Je vais chantant vostre gloire plus belle.
(Du Bellay, Antiquitez, l, 12-14)
(voir aussi Du Bellay, Regrets, LIX, 11)
Ce pendut que, la court mes ouvrages lisoit,
Et que la soeur du roy, l'unique Marguerite,
Me faisant plus d'honneur que n'estoit mon merite,
De son bel oeil divin mes vers favorisoit.
(Du Bellay , ~/ VII, 1-4)
(voir aussi Du Bellay, Regrets, LVII, 1 ; CXXII, 1
CLXXII, 5)
Souhaite qu'il vieillisse en longue servitude,
Qu'il n'esprouve a la fin que toute ingratitude,
Et qu'on mange son bien pendant qu'il est absent.
(Du Bellay, Regrets, A son livre, 12-14)
Les
trois
coexistent également chez
Ronsard ;
Marot
et Montaigne
usent de cependant que et de pendant que; Agrippa d'Aubigné emploie
seulement cependant que. On ne rencontre plus que pendant que chez
nos auteurs du XVIIe siècle, 106 emplois au total pour l'ensemble de
nos ouvrages, hormis l'Art po~tique dans lequel Boileau n'use jamais
de cette locution.
- 144 -

3.3. CODclusioD.
Si l'on observe l'histoire de la corrélation ce •.• que dans le schème
l
(le Partie) et son histoire dans les schème II
(Ile Partie),
on
constate
qu'elle
s'est
bien
conservée
dans
le
premier
cas,
mais
seulement quand le pronom est sujet du verbe être. Dans les systèmes
du deuxième type, cette fonction est exclue puisque ce dépend d'une
préposition. La cohésion s'est établie entre ce et
que conjonction
comme entre
celui et un pronom relatif,
même si des disjonctions
artificielles
ont
pu
être
longtemps
maintenues
dans
l'usage
littéraire;
et
les systèmes
corrélatifs de
type II,
formellement
soudés, ont évolué de deux façons :
- Après les prépositions les plus abstraites, donc telles que A, de,
en, les tentatives de cristallisation en locutions conjonctives non
analysables (a ce que temporel, causal, final,
de ce que causal, en
ce que temporel) ont avorté ou fait long feu, parce qu'elles étaient
rendues ambiguës par les systèmes qu'elles continuaient à créer, et
concurrencées par des formations
plus nettement caractérisées.
Les
sui tes a ce que, de ce que,
en ce que restent disponibles, toujours
soudées autour d'un ce indispensable à l'analyse que suppose chaque
nouvel emploi (on ne dit pas * a que, * de que, * en que).
-
Après les prépositions d'un rayon sémantique plus
limité,
comme
apres,
devant,
avant,
sans,
les
systèmes
corrélatifs
se
sont
immédiatement grammaticalisés en locutions conjonctives stables,

l'élément ce inutile a disparu à l'époque du moyen français; devant
que a cédé la place à son synonyme avant que plus léger.
- 145 -

Les
systèmes
par
ce
que et
por
ce
que,
dont
les
prépositions
ressortissent plutôt au premier cas, se sont difficilement installées
en se disputant les rôles ; finalement un outsider pour que s'est
arroqé le domaine du but. cédant la cause à parce que, mais pour ce
que
et
par
ce
que
restent
disponibles.
au
moins
en
français
littéraire. pour des emplois retrempés au sens de leur préposition.
- 146 -

TROISIEME PARTIE
SYSTEMES Adverbe (ou adjectif) (.•• }/CONJONCTION (ou relatif)

TROISIEME
PARTIE
4. Systè.es Adverbe (ou adjectif) ( ... ) 1conjonction (ou relatif).
4.1. Généralités.
1
Les
systèmes
présentés
dans
les
deux
premières
parties
étaient
1
caractérisés par une stabilité formelle. fondée sur la prédominance
de l'élément ço (ce) dans une des propositions. et de la conjonction
que dans l'autre.
1
Nous abordons maintenant un ensemble de schèmes bien plus hétéroqènes
et par l'élément adverbial et par la conjonction corrélative (comme.
1
que. quant. se).
Pour démêler cette diversité, nous avons dû recourir à un critère de
classement sémantique:
le siqnifié loqique de ces corrélations. En
effet.
si
le phénomène syntaxique de la corrélation.
qui s'impose
formellement
à
notre at tention et à notre recherche.
recouvre une
opération mentale commune : la mise en rapport (extraqrammaticale) de
1
deux faits
(exprimés par deux propositions).
cette mise en rapport
1
peut relever principalement :
1
de la comparaison à tel ou tel titre (éqalité. inéqalité d'un
1
élément ou de l'ensemble des faits comparés) ;
de la conséquence (un élément ou l'ensemble du premier fait
entraîne le second par un jeu de cause à effet) ;
du temps (coincidence. antériorité. postériorité •.. ).
- 147 -

Sans épuiser l' évlntail des indications logiques que peut donner le
schème
corrélatif
étudié
dans
cette
partie,
ces
trois
chefs
de
classement permettent de prendre en compte la grande majorité des
formes qu'il revêt, et de les grouper par des traits communs.
D'autres relations logiques ont trouvé leur expression ordinaire dans
des schèmes différents :
La cause a été étudiée principalement dans la Ile Partie (por
ce
que,
par
ce
que)
elle
réapparaîtra
sous
4.4.
avec
l'expression du temps (puis que)
Le but est caractérisé par le mode subjonctif, associé à des
locutions de sens polyvalent [a ce que, por ce que (cf. Ile
Partiel, souvent consécutif (voir 4.3.)].
La condition paraît réfractaire au schème Adverbe/conjonction
(voir plus loin, 4.5).
La
concession s'exprime
par
des
schèmes
dont
la
plupart
ressortissent à la IVe Partie.
Remarque générale : le resserrement des corrélatifs peut aboutir à
une locution conjonctive (puis (••. ) /que ) puis que temporel ) puis
que causal) ; les critères seront en principe les mêmes que pour les
systèmes étudiés dans la seconde partie (cf. 3.1.).
- 148 -

Le
tableau
suivant
fait
ressortir
une
double
complémentarité
de
l'opposition
comique
en
ancien
français.
Après
les
corrélatifs
d'égalité
comme
les
adverbes
si,
tant,
et
l'adjectif
tel,
la
conjonction
com
{continuant
l'adverbe
latin
quomodo
et
non
la
conjonction cum! marquait la comparaison, et que {continuant quodl la
conséquence ; après les corrélatifs d' inégali té comme les adverbes
plus,
moins et l'adjectif
autre,
la proposition comparative était
introduite par que {continuant quam!.
Adverbe ou
Conjonction corrélative
adjectif corrélatif
Comparaison
conséquence
si, tant, tel
com
que
plus, /Boins, autre
que
L'opposition verticale de com et que, qui distinguait l'éqalité de
l'inégalité en redondance avec l'opposition des adverbes ou adjectifs
corrélatifs,
disparaîtra
par
économie
au
cours
du
français
préclassique,
et.
pour ne pas perdre du même coup la distinction
horizontale de la comparaison et de la conséquence, la langue tendra
à réserver à la fonction comparative les variantes aussi, autant des
adverbes d'égalité; comparer:
Il est aussi grand que moi {comparaison!.
Il est si grand qu'il me dépasse (conséquence!.
Telle est
l'évolution complexe des
systèmes
corrélatifs que nous
- 149 -

fi
étudierons dans cette partie. Dans les
4.2.1., 4.2.6. et 4.2.9.,
nous examinerons respectivememt les schèmas à base si, tant et tel en
montrant siècle par siècle

La
fusion
éventuelle
des
mots
corrélatifs
en
une
locution
conjonctive ;
2° Les variations de l'élément adverbe ou adjectif.
Nous ferons abstraction des variations phonétiques comme teus/tieus
pour le cas sujet de tel, des variations graphiques comme teuls/tels
ou comme cum/co./con/come/conme/comme, des variations morphologiques
comme tieus (C. S. singulier) /tel (C.R. singulier), toutes variations
indépendantes de la structure du système corrélatif. Nous prendrons
seulement en compte les variantes de si, tant,
tel qui n'apparaissent
pas dans les systèmes consécutifs, par exemple aussi, autant, autel.
A la lumière de ces données, nous serons mieux à même d'interpréter
le remplacement de com par que.
4.2.1. Statut de si ••• co.
Si est un adve~précédant le mot qu'il modifie. Ce mot peut être un
adjectif, un adverbe ou un verbe.
XIe siècle
1° Si + adjectif.
Onques en Rome nen out si grant leticie
Co.e out le jorn as povres ed as riches.
(Alexis, 536- 537)
- 150 -

Pur ço sunt Francs si fiers cu.e leuns.
(Roland, 1888)
2° Si + verbe.
Si l'at destruite co. s'ost l'oüst predede.
(Alexis. 143)
Aucun
des
deux
auteurs n'emploie
si corrélatif
de
cum devant
un
adverbe.
Dans
la
Chanson
de Roland,
si n'apparaît
pas
devant
un
verbe. Les emplois du syntagme corrélatif si .•• com se limitent à ces
trois
exemples
dans
lesquels
com
est
suivi
deux
fois
d'une
proposition avec verbe exprimé et une fois d'un nom.
XIIe siècle
1° Si + adjectif.
a) cO.QI{e) introduit un mot :
Nais ja si bons n'ert mais trov~s
co.e cil qui gard~ l'eust
(Eracle, 1584-85)
Doreüre d'or n'est si fine
Co.e ceste qui .QI'anlumine.
(Cliges, 973-974)
- 151 -

Einz n'eüstes ne jl n'Ivroiz
si boen ami co.e cestui.
(Yvain, 6738-39)
(voir aussi Yvain, 967-968 ; Cb. Cb., 6856-59)
Que les cboses qu'an a an bades
ne sont si dol ces ne si sades
co.e celes que l'an conpere.
(Perceval, 4833-35)
Guillelmes l'ot, si taint co. .e cbarbon.
( P. OR., 800 )
b) comte) introduit une proposition comparative
Guillelmes s'est el premier renc tenuz,
Li gentilz cuens, si lassez co.e il tu.
(Cour., 1206-1207)
A si rice bome con je sui
est si tais cateus poi de cose.
(Eracle, 1410-11)
(voir aussi Eracle, 575-576 ; 596-597
1739-40
3100-01
3783-84
4767-68 ; 5083-84 ; 5317-18).
Mes oncles, ainz un an pass~,
Por si grant d'or ca. il est toz,
- 152 -

Ne vos en qier mentir deus .oz.
(Béroul, 214-216)
1
1
(voir aussi Béroul, 3005-06).
1
i
1
Cligès, si biax co. il estoit,
1
!
Devant le roi son oncle estoit,
!
(Cligès, 2752-53)
1
!
1
(voir aussi Cligès, 2677-78 ; 2739-40
5556-57)
N'est mervoille se jel redot,
1
qu'il est si tel con vos savez.
1
,
(Ch. Ch., 5466-67)
(voir aussi Ch.Ch., 33 ; 2801 ; 2928
4058
6824).
Si grant cop con je poi terir
li donai, c'onques ne .'an tains,
el conble de l'escu l'atains.
(Yvain, 528-530)
(voir aussi Yvain, 489 ; 1152-53
1215
1684-85
2895-96
3108
4044-45 ; 4833-34)
Et Clamadex leanz venoit
toz seus, si armez co. il tut
(Perceval, 2754-55)
(voir aussi Perceval, 2545 ; 3176 ; 4072
- 153 -

Et pour ce devint envieus,
Qu'il n'estoit .eis si gracieus
As deciples ca.e il estoient
Li uns vers l'autre et s'entramoient.
(Est. Graal, 221-224)
(voir
aussi
Est.
Graal,
1208-09;
1376-77
1465-68
1639-40
1681-83)
Qui vos .eist un ter ou con
si chaut con il ist dou charbon,
qant vos aviez vostre seignor
et vos tassiez tel deshonor !
(Renart, 3161-64)
(voir aussi Renart, 183-186)
Cil a guillel.e si mauvés plet mené
Co. vos orroiz ici avant conter.
(P.OR., 752-753)
c)co.re) introduit une proposition conditionnelle.
Li penon sont si coloré
Con s'il estoient tuit doré.
(Cligès, 777-778)
(voir aussi Cligès, 5709-10)
Au departir si grant duel tirent
- 154 -

tuit cil et celes qui l'oirent,
con s'ele ge~st .orte ln biere.
(Ch.Cb., 215-217)
Et tot en . i 1 droit conpas
es toit si estroiz li trepas
con se tust uns san tiers batuz.
( Yvain, 929-931)
(voir aussi Yvain, 813-814)
2° si + adverbe
a) co.re) introduit un aot :
1
,
Or ne se deut il piS d'aaor
si dure.ent con l'autre jor.
(Eracle. 4685-86)
1
(voir aussi Eracle, 3027-28)
1
1
!,.,
- Je le sai, let la dameisele,
[
;
si veraiement co.e cele
~
1
qui an terre .etre la vi.
(Perceval, 3601-02)
1
Clr il n'unt nule rien trouvee
Qu'il aient si bien esprouvee
Coue ceste.
(Est. Graal, 1625-27)
- 155 -

Oncle Guillelmes, tant feis folement,
Quant en Orenge alas si faitement,
Ca. pautonnier en atapinement.
(P.OR., 1708-10)
b) com(e) introduit une proposition comparative
Et maintes fois i ai sailli
C'onques li cuers ne m'en failli
Si faitement co. il fist ore.
(Eracle, 3931-33)
(voir aussi Eracle, 6272).
Et la reine de si haut
con ele estoit, as piez li chiet.
(Ch.Cb., 148-149)
(voir aussi Ch.Cb., 1511 ; 4345)
Et mes sire Yvains la conut
de si loing co. il l'aparçut.
(Yvain, 6665-66)
(voir aussi Yvain, 5444)
- Ancor n'est pas la morz si pres
co. tu cui des, fet Percevax.
(Perceval, 3898-99)
- 156 -

SaDs doute il vous cODseillera
Si loialUleDt coaae il pourra.
(Est. Graal, 3253-54)
(voir aussi Est. Graal, 1499 ; 2757-58
2765-66).
Nous n' avons relevé aucun exemple où com introduit une proposi tion
conditionnelle.
30 si + verbe.
a) com(e) introduit un mot
Si bruit li cols coae UDS alerioDs.
(Cour., 968)
Si s'eD foui co. .e coart levrier.
(Cbarroi, 361)
Si s'eD VODt coae descoDfit.
(Cligès, 2907)
Si s'umilie coae sage.
(YvaiD, 1796)
Si l' amez coae vostre fame.
(YvaiD, 6435)
- 157 -

Si les panrons c~e gent .orte.
(Perceval, 2431)
b)Com(e) introduit une proposition comparative
Onques bom si ne menaça
autre, COB ge l'ai menacié.
(Ch.Ch., 3380-81)
Nous
n'avons
rencontré
aucun
exemple

cOl1JJl1e
introduit
une
proposition conditionnelle.
Signalons que Karie de France ne sépare jamais si et
come.
Si en
corrélation avec come, ne se trouve jamais suivi d'un adjectif dans
le Charroi
de Nimes;
il n'est
jamais
suivi d'un adverbe dans le
Couronnement de Louis,
le Charroi de Nimes,
Cligès,
Renart et chez
Béroul; il n'est jamais suivi d'un verbe dans Eracle.
Est. Graal,
Renart,
Prise d'Orange et chez Béroul (devant un verbe si et co.e
sont toujours réunis).
XIIIe siècle.
Le
statut
de
si •.• com
est
le
même
qu'au
XIIe
siècle.
Chez
Villehardouin
comme
chez
Chrétien
de
Troyes,
si
modifie
soit
un
adjectif, soit un adverbe, soit un verbe.
Et por ce que il sevent que nulle genz n'ont si grant pooir COB
vos et la vostre gent.
(Villeh. §18, 8-9)
f
f
f
f
(voir aussi Villeh.,
27, 9-10 ;
29, 7-8
56, 6
65, 8-9
- 158 -

~
f
f
f
162, 11-12 ;
183, 9 ;
193, 4-5 ;
205, 10-11>
Dans Aucassin et Nicolette, on ne le rencontre qu'une seule fois:
Ele se leva, si vesti un bliaut de drap de soie que ele avoit
.olt bon,
si prist dras de lit et touailes,
si noua l'un a
l'autre, si fist une corde si longe caa.e ele pot.
(Aue., XII, 12-14)
Le tour est très fréquent dans la Queste del Saint Graal :
Car se ce est cil que nos atendions a acbever les aventures del
Saint Graal, onques si grant joie ne fut fete d'olle cOlle nos
ferons de lui.
(Queste, 7, 31-33)
(voir aussi Queste, 8, 2-3 ; 14, 32-33 ; 16, 11
16,
29 _ 30
21,
27 ; 40, 8-9 ; 80, 18 ; 80, 21 ; 170, 32) etc.
Nous avons relevé au total 105 occu~nces de si ••. coll dans la Queste.
Si, corrélatif de co., n'est jamais suivi d'un verbe. COlle est suivi
d'une proposition 101 fois et 4 fois i l est suivi d'un complément
nominal ; 11 des subordonnées comparatives ont un sens hypothétique.
Vos i poez grant bonte avoir,
quant vos l'avez si en gros pris:
si prodoll et de si baut pris
COli vos estes n'en deüst onques
fere sallblant. Biaus gentils oncles,
ne fetes d'un domage.II. !
(Dole, 3842-47)
- 159 -

(voir
aussi
Dole,
383-384;
475-476;
617-618;
2345
2764-65
3663-64
4088;
4709-10
4872;
471-472;
~50-51
2796-97
4988-89
5436-371.
Chez
Rutebeuf,
Tome
l,
si
se
trouve
toujours
placé
devant
un
adjectif :
Asseiz plus, ce poeiz savoir,
L'acheta Saint Piere et Saint Pou1~
Qui de si precieu~ avoir
Co. furent la teste et li cou~
L'acquistrent, ce teneiz a voir.
(Rut., AB, 83-871
(voir aussi Rut., 0, 815-817 ; P, 41-43
AC, 109-111
AC, 121-122
AE, 113-114 ; AL, 75 ; AM, 72-731
Dans
le
Jeu
de la
Feuillée,
il
n'existe que deux
emplois,
dans
lesquels si est toujours devant un adjectif :
Et tu fusses mais a toudis
Si boins menestreus con tes peres ?
(Feuillée, 352-3531
Car faitures n'ot pas si be1es
Co. .e Amours les me fist san1er.
(Feuillée, 167-1681
Dans le Roman de la Rose, des 5 emplois relevés, un seul présente si
devant verbe :
- 160 -

Conpainz, cist fos vilains ja1ous,
don la char soit 1ivree a lous,
qui si de jalousie s'ample
con ci vos ai mis en examp1e.
(Rose, 9391-94)
ailleurs, si se trouve devant un adjectif
Se l'an le pert, l'en n'i fet force,
au mains si grant ne si notee
con qui l'avroit chier achatee.
(Rose, 13676-678)
(voir aussi Rose • 10104-105 ; 11901-902
14115-117).
On retrouve si devant adverbe dans Jehan et Blonde.
Car si fo1ement n'ama mais
Nus hom co. .e je voe1 amer.
(Jeh. et B1 .• 560-561)
et 6 fois, il est placé devant un adjectif
Si be1es mains co. .e a devis
Avait, et merve11es biaus dois.
(Jeh. et B1., 342-343)
(voir aussi Jeb. et B1., 787 ; 1116-17
2278
3104-05
3272)
Si .•• com n'apparait pas dans Courtois d'Arras, les Trois Aveugles de
Compiègne et la Cbaste1aine de Vergio On le rencontre une seule fois
dans la Vie de Saint Eustache.
- 161 -

Joinville emploie 5 fois si corrélatif de
Je l 'eusse souffert a peinne par si lonc
temps,
coue par
l'espace de six ans que je demourai en la terre sainte.
(Joinville. 106. 27-28)
(voir aussi Joinville. 83, 7 ; 115, 18 ; 171. 26
201, 43)
Et 17 fois si est devant un adjectif:
Et ele en fist si grant joie co. .e elle pot plus.
(Joinville, 105. 27-28)
(voir aussi Joinville.
88.
20-21 ; 98. 1 ; 133,
31-32 ; 136, 12 ;
141.25 ; 148, 19 ; 163, 41 ; 165, 14 ; 168, 21-22 ; 208.
39-40 (2
fois) ; 221. 27 ; 224, 4 ; 237, 43 ; 214, 40).
Joinville n'emploie jamais si devant un verbe. Il est manifeste que
cet emploi est en régression à partir de la fin du XIIIe siècle.
La
conjonction
comme après
l'adverbe
si
peut
être
suivie
d'une
proposition verbale ou d'un simple mot:
Car si grant honneur n'avint onques au roy de France co. .e il
vous est avenu.
(Joinville, 133, 31-32)
Nulle (loy] n'estait si bonne co. .e la crestienne.
(Joinville, 165, 14)
XIVe siècle.
Nos
auteurs
du
XIVe
siècle
usent
de
si ... cam (me)
modérément.
Si
modifie un adjectif, quelquefois un adverbe:
- 162 -

Je ne sui pas de taille digne
Pour amer cose si benigne
Ca. est .a dame teminine
(Frois., Esp. am., 2164-66)
Cils Jebans Lyons tu si tres bien dou conte co. .e il aparut.
(Frois., Cbron., 279, 3-4)
Damoisiaux, nous sommes moult courrouciez de vostre dommage et
de vostre bonteuse perte,
quant serez desberi de si noble
pays co. .e est Bretaigne.
(Mélusine, 57, 17-18)
XVe siècle
Si • •. com n' apparai t pas dans les oeuvres de François Villon,
alors
qu 1 Alain Chartier et Commynes en usent
comme leurs prédécesseurs,
mais seulement devant un adjectif, dans les textes de notre corpus:
Et n'estoit si torte co. .e elle est à présent.
(Commynes, 16, 8-9)
- 163 -

'"
furent cause des batailles intestines, guerres et discors
d'entre
les
Rouains
es
temps
de
Ca talina,
de/silla
et
de
Marius,
dont la seigneurie rouaine, plus par eulx-mesmes que
par estranges ennemis, est decbeue du tout et sans ressource,
qui fut tele et si baulte co. .e les ruines de demonstrent.
(Quadr., 26, 25-31)
XVIe siècle
L'usage de si ••• co. au XVIe siècle reste le même. Il apparaît 20 fois
dans nos ouvrages, et si est excl usi vement sui vi d' un adjectif ou
d'un adverbe:
Certes, le son de ma lettre n'a garde
D'estre si dur co. .e d'une bombarde.
(Marot, Epistres. XXIV. 11-12)
S'il estoit si parfaictement amy de Graccbus, co. .e disent les
bistoires.
(Montaigne, l, 237. 10-11)
XVIIe siècle
Au XVIIe siècle,
si .• coue n'apparaît qu 1 une seule fois dans les
Lettres de Madame de Sévigné, devant adjectif :
Cette bonne duchesse a qui ttl§ son cercle infini pour me venir
voir, si fort co. .e une amie.
(Sévigné, Lettres, 367, 4-5)
- 164 -

4.2.2. Statut de si co••
XIe siècle
L'auteur de la Vie de Saint Alexis n'emploie pas si com. Il apparaît
6
fois
dans
la
Cbanson
de
Roland,
introduisant
la
proposition
subordonnée
dont
la
position
est
variée:
elle
est
une
fois
enchassée ; elle suit trois fois la principale et la précède deux
fois ; elle est une seul~iPtiqUe du verbe :
Par main en l'albe, si cu. li jurz esclairet,
Guenes li quens est venuz as berberges.
(Roland, 667-668)
Ben le me guarde, si cu.e tel felon !
(Roland, 1819)
Horz est de doel, si cu. peccbet l'encumbret.
(Roland, 3646)
Pur ço le juz jo a pendre e a murir
E sun cors metre ...
Si cu.e fet /ci felonie fist.
(Roland, 3831-33)
Si cu. li cerfs s'en vait devant les chiens,
Devant Rollant si s'en fuient paiens.
(Roland, 1574-75)
- 165 -

Si cu. il poet a l'arcevesque en vent.
(Roland, 22031
XIIe siècle
Si coœ est toujours placé au début d'une proposition subordonnée de
comparaison avec verbe exprimé, ou devant mot non verbal.
Le plus souvent, la proposition comparative suit la principale
Pleast a Deu, qui est œon avoé,
Et Tervagan et ses saintes bontez,
Que le tenisse ça dedenz enserré
Si co. faz vos que ge voi ci ester.
(Cbarroi, 1223-261
(voir aussi Cbarroi, 111 ; 503-505
622-6231
Garder li dei aœur e fei
Si cu. jeo voil l'il face a œei
(Equitan, 13-141
(voir aussi
Fresne,
509-510;
Bisclavret,
219-220;
233 ;
Lanval.
311-313
Yonec,
524-525;
Jfilun.
115-116
Cbievrefoil.
109-110 ;
Eliduc. 25-28 ; 389-391 ; Guigeœar. 481-488
149-1501
Bien a eœploiié son catel
li senescaus si con il dist.
(Eracle. 1002-031
(voir aussi
Eracle,
100-102;
961
1617-18
1843-44
5083-84
- 166 -

5200-02
5889-90
6380
5957
6330-31).
Avance la, si con tu dois.
(Béroul. 2943)
(voir
aussi
Béroul,
123;
2313
2663-64
2850
2898
2943
3721-22)
Cres tiens comance son conte,
Si con li livres nos reconte.
(Cligès, 43-44)
(voir aussi Cligès, 129-130 ; 155-156 ; 405-407 ; 857-858 ; 1103-05
1114-15 ; 1352-53
2034-35; 2268 ; 2587 ; 2622-23 ; 2729 ; 2783
3070;
3143-44;
3266;
3291-94;
3541-42;
3684-85;
3963-64
4483-84 ; 4487 ; 5170 ; 5179 ;
5231 ;
5258 ;
5274 ;
5521 ;
5744
6022 ; 6039 ; 6630).
Demain atendre me porroiz
apareillié lonc ma puissance
de metre an vostre delivrance
mon cors, si con je le doi feire.
(Yvain, 3718-21)
(voir aussi Yvain,
177
1611; 1873 ; 3414 ; 3763
3945 ; 4117
4246 ; 4344 ; 4575 ; 5389 ; 5413 ; 5441 ; 5669 ; 5912
6763) •
- 167 -

ja te doiz tu coucbier 0 moi,
si COD tu m'as acreanté.
(Cb. Cb., 1074-75)
(voir aussi Cb. Cb., 12 ; 139 ; 251 ; 594-595 ; 1027
1345
1585
2454
2803
3435; 3869 ; 5064 ; 6018 ; 6104 ; 6145
6667
6841
6897
6968
6995).
Et li vaslez, qui nices lu,
dist : "Pucele, je vos salu
si co. ma mere le m'aprist.
(Perceval, 679-681)
(voir
aussi
Perce val ,
124;
197
391;
396;
681;
707 ;
921
1376
1389
1490
2683
2724
2807
2828; 3940 ; 4145 ; 4290
4328
4331
4377
4509
4730
5225
5812).
Bien ose dire, si con moi semble,
Cil troi sunt une seule cbose,
L'une persone en l'autre enclose.
(Est. Graal, 94-96)
(voir aussi Est. Graal, 144 ; 268 ; 954
1150
1874
2300
2243
2542 ; 2962 ; 2966 ; 3192).
Lors li devise la matere
et Baucenz li senglers l'escrit
et seela si co. il dist.
(Renart, 960-962)
- 168 -

(voir aussi Renart, 318
409
483b
1143
1616
2247
2443
2687 ; 28561.
Par tapinaige fu entrez en la vile,
Cuida la prendre si co. .e il ot fet Nymes.
(P. OR., 1283-84)
(voir aussi P. OR., 507 ; 788 ; 1284).
Signalons que dans le Couronnement de Louis, le Cbarroi de Nîmes, le
Roman de Tristan,
Cliges,
Yvain,
Perce val ,
Est.
Graal,
Renart et
P.OR., si com n'apparait que devant une subordonnée comparative avec
verbe exprimé.
Mais la subordonnée comparative peut aussi précéder la principale (ou
s'y enchâsser) :
Si ca. c'est veir, bels reis de majesté,
Defent .on cors, que ne seie afolez.
(Cour., 783-784)
(voir aussi Cour., 1022-24)
si ca. je puis par moi aprendre,
folie est de folie enprendre,
n'i puet nul bardement avoir
s'on emprent l'ueuvre par savoir.
(Eracle. 4511-14)
Ivains respont : roSi COli je pens
- 169 -

Je te dirai, asez bri.ent.
(Béroul, 1190-91)
La reine, Bi co• •oi sanb1e,
Fu au tref venue seoir.
(C1igès, 1192-93)
(voir aussi C1igès, 2687 : 4593)
Car, si con li contes aficbe,
il i avoit tot le de1it
qu'an seast deviser an lit.
( Cb. Cb., 464-466)
(voir aussi Cb. Cb. , 106 ; 464 : 903
1274
6158
6564)
Si con je crui, de cest vasa1
don cuidai bien et joie avoir,
si ai perdu de aon avoir
tot le mei110r et le plus cbier.
(Yvain, 3118-21)
(voir aussi Yvail1, 944 : 4677)
Si ca. l'eve a10it au regort,
torna li vas1ez a senestre
(Perceva1, 1320-21)
(voir aussi Perceva1, 2492 : 2526 : 4841)
- 170 -

Si COli DOS trovODS eD l'estoire,
aus daDz et aus oDgles laDdallz
li adouba UD des paDdaDz.
(ReDart, 894-896)
(voir aussi ReDart, 360)
Faut-il voir dans la suite si COll un système de mots corrélatifs
fortuitement
accolés,
ou
une
locution
conjonctive
inanalysable,
d'ailleurs
toujours
remplaçable,
dans
la
traduction
en
français
moderne, par la conjonction simple cOmlle ?
La juxtaposition fortuite parait exclue par le statut de si défini en
4.2.1. : précédant toujours le mot qu'il modifie, même si c'est un
verbe, l'adverbe si ne peut être suivi de co. qu'il ne modifie pas.
Kais il arrive assez souvent que si fasse suite l un verbe dont on
peut penser qu'il modifie le sens:
Tet iert si COli vos cOllaDdez.
(Cb. Cb., 6104)
Et cil, des que il De puet Ilialz,
l'otroie si co. ele vialt.
(Cb. Cb., 956-957)
Le sens ne serait guère différent si l'adverbe précédait le verbe
Si let iert COli vos COlDaDdez.
Si l'otroie co. ele vialt.
- 171 -

On peut iaaginer un passage de l'adverbe si à droi te du verbe par
l'influence
d'un
modèle
homologue,
celui
de
tant
com
dans
des
constructions coaae :
Et cil fiert lui tant ca. il puet.
(Cb. Cb., 3814)
En effet, tant était moins astreint que si à l'antéposition
Nicolete .a tresdouce amie que j'ai. tant.
(Auc., VI, 25)
Hais il serait vain d'imaginer les étapes d'une création française de
la locution si com, alors qu'elle apparait dans les plus vieux textes
du français,
les Serments de Strasbourg (si cum om par dreit son
fradra salvar dift) et le fragment de Valenciennes (si cum il semper
solt baveir de peccatore). L'absence de si com dans la Vie de Saint
Alexis est une exception qui n'infirme pas son existence ancienne.
Quant à sa nature locutionnelle, elle est aisément démontrable par sa
fréquence.
La fonction de si co. comparatif n'est pas de modifier le sens d'un
verbe, encore moins d'un adjectif ou d'un adverbe i
i l dénote une
conformité
entre
le
sens
global
et
complet
de
la
proposition
principale, et le sens de la subordonnée
Que ce est la dame qui passe
totes celes qui sont vivanz,
Si con li funs passe les vanz
qui vante en mai ou en avril.
<Cb. Cb., 10-13)
- 172 -

Cette fonction est à reconnaitre même dans les cas où une valeur de
complémentation serait plausible À première vue : le vers 6104 (cité
plus
baut)
peut
être
compris:
"cela
sera
fait,
comme
vous
l'ordonnez" et le vers 957 peut être cOllpris : "y consent selon sa
volonté".
Dernier
indice
possible
de
coalescence
(c'est-À-dire
de
fusion
sémantique des deux éléments en une conjonction unique) : la suite
si com pourrait quelquefois recevoir elle-même, À la manière de come,
le corrélatif si :
Si va chascuDs, si COD lui plot
(Ch. Ch., 251)
puis si s'aD VODt
si COD la route aler an virent.
(Ch. Ch., 594-595)
Mais il est plus probable que dans ces passages l'adverbe si remplit
une simple fonction de liaison.
appelée d' ailleurs par la loi de
Tburneysen.
XIIIe siècle
Si com reste très fréquemment employé au XIIIe siecle : 18 fois dans
le tome l de la Conquête de Constantinople de Villehardouin, 10 fois
dans AucassiD et Nicolette, 22 fois dans la Vie de Saint Eustache, 25
fois dans la Queste del Saint Graal, 2 fois dans Courtois d'Arras, 9
- 173 -

fois
dans
Guilllaullle de Dole,
30 fois
dans le tOile
l
des
Oeuvres
cOllpletes de Rutebeuf, 1 fois dans le Jeu de la Feuillée,
53 fois
dans le Roun de la Rose,
3 fois dans la Cbastelaine de Vergi,
11
fois dans Jeban et Blonde et 15 fois dans la
Vie de Saint Louis de
Joinville.
Signalons
que
si
COIII n' apparait
pas
dans
les
Trois
Aveugles de
Compiegne.
Et assearerent la convenance. si sa. vos l'avez ai arriere.
f
(Villeh.,
98, 7-8)
Aucassins
tu
armés
sor
son
ceval,
si
con
vos
avés
ai
et
entendu.
(Aue., l, 1-2)
La verité vos en dirai
Si co. .e enn escrit la trovai.
(St Eust, 9-10)
Et par la grant seurté que je avoie de ceste espee avoir n'en
aportai je point a cart, si co. vos poistes veoir.
(Queste, 12, 13-15)
De qanque cors d'ome delite
sont ci li soubait de Nelite,
si co. je pens et adevin.
(Courtois, 289-291)
- 174 -

En l'Empire, ou li Alemant
ont est~ maint jor et maint an,
si ca. li contes dit, segnor,
ot jadis un empereor.
(Dole, 31-34)
/fiez lor venist, si co. moi membre.
(Rut, B, 33)
Et si t'aporte, si con je croi.
(Feuill~e. 346)
/fes, si con Dez l'avoit paree,
par soi meismes aportoit
ce don cbascun se confortoi t.
(Rose, 8352-54)
Li dus, a cui samble mout grief,
li dist : "J'en vendrai bien a cbief,
et mout par tens, si co. je cuit.
(Vergi, 141-143)
Adont ra Jebans paine mise
A li servir si co. .e il seut.
(Jeb. et BI., 458-459)
- 175 -

Et ceste de.ouree fist-il
tout contre son conseil,
si coue
vous orrez ci après.
(Joinville, 85/19)
Bon nombre
d'emplois
de
si
com au XIIIe siècle ont
un
caractère
formulaire : si comme vous orrez ci-après, si con je croi, etc.
La locution conjonctive, si com(me) accepte des corrélatifs :
si coue abre chargié de foille
Qui el tens d'iver, la despoille,
Ense.ent sui je despoillié
De trestoz biens par mon pecbié.
(St Eust., 959-962)
Si co. Diex vol t, si se desconfissent li Grieu.
(Villeb., ~ 338, 6)
(voir
aussi
si
com (me) • •• si
(Villeb., f300-3-4 ;f360, 7-8) ; si
com . .. /ausi
(Rut. ,
AY,
37-40) ;
Si
cOIDIDe ••. /ausinc
(Rut .,
AU,
492-495) ; si com •. ./tout ainsi (Jeb. et Bl., 3827-29>'
Notons que si com(me) ne peut jamais être renforcé par tout.
XIVe siècle
Devant proposition,
si com apparaît 20 fois dans les Chroniques,
6
fois dans l'
Espinet te Amoureuse, 12 fois dans 1fél usine. Devant
mot non verbal, il apparaît respectivement dans les mêmes ouvrages 1
fois, 3 fois et 1 fois.
- 176 -

Et si en sont en grant volenté si ca. je l'espoir.
(Frois., Cbron., 237, 3-4)
Cbil oisellon en leur alaire
Cantoient si co. par estri.
(Frois., Esp. am., 361-362)
Et
les
menoit,
tous
les
matins,
sur
une
baulte montaigne
laquelle estoit appelée, si co. .e l'Ystoire dit, Eleneos.
(Hélusine, 11, 2-4)
Nos auteurs
des XVe,
XVIe et XVIIe siècle,
n'emploient
jamais le
syntagme accolé si com.
4.2.3. Rode après si (••• ) co••
Dans les propositions comparatives introduites par com précédé de si,
le mode est en principe l'indicatif, que la principale soit positive
ou négative
Et di t : "Tes cuers si grant joie ai t
de la rien que il plus voldroit,
con li miens cuers a or androit
de la rien que je plus baoie.
(Cb. Ch., 2928-31)
Ele n'ot mes si grant joie onques
- 177 -

co. or a de sa bien venue.
(Cb. Cb., 6824-25)
On les rassist si fetement
ca. il orent sis au disner.
(Dole, 471-472)
Nus bours, quant il est bien betez,
n'est si cbetis ne si alez
con vos serez s'ouz i alez.
(Rose, 10104-106)
Naistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma
niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre
terre,
se nous ne lui
faisons recongnoissance si bonnourable
co. .e il lui appertient.
~
(Nélusine, 125. 17-20)
vOi?(;brase positive. Frois., Cbron .• 279, 3-4)
Nais c'est grant folie à ceulx qui se estiment si bons et si
saiges que de penser que leur presence peut pacifier si grans
princes et si subtilz co. .e estoient ceulx-cy.
(Commynes, 92, 9-12)
Joinct aussi que nous sommes diminuez d'aage, et que la vie des
bommes n'est si
longue co. .e elle souloit ny les
corps si
- 178 -

puissans.
(Commynes, 129, 7-9)
Le tin ne fleurit pas aus abeilles si dous
Co. .e leurs beaus presens me sont doux a la boucbe.
(Rons., Amours, 166, XXII, 12-13)
(voir en phrase positive Montaigne l, 237, 10-11)
L'unique emploi de si ... com (me) au XVIIe siècle est suivi d'un mot
non verbal.
Le subjonctif imparfait peut bien entendu remplacer l'indicatif pour
exprimer l'irréel après com se :
Au departir si grant duel firent
tuit cil et celes qui l'oirent,
Con s'ele gedst morte en biere.
(Cb. Cb., 215-217)
Et a le vis si pale et blanc
Con s'ele edst perdu le sanc.
(Clig~s, 5809-10)
Einz que la joie fust remeise,
vint, d'ire plus ardanz que breise,
uns cbevaliers, a si grant bruit
con s'il cbaçast un cerf de ruit.
(Yvain, 811-814)
- 179 -

Lors le fist li prodoœ monter,
et comança a porter
si a droit la lance et l'escu
co. s'il eQst toz jorz vescu
an tornoiemenz et an guerres.
(Perceval, 1469-731
Et maintenant qu'il i
fu
entrez fu li palés raempliz de si
bones odors co.e se
totes les espices
terriennes i
fussent
espandues.
(Queste,15 22-241
/
N. 8.
Nous n'avons pas rencontré dans nos
textes au-delà du XIIIe
siècle, les emplois de si •.. com(me) se.
4.2.4. Statut de co.(e) sans corrélatif.
XIe siècle
Dans la Vie de Saint Alexis, come sans corrélatif est employé 5 fois.
Il est suivi 2 fois d'une proposition et 3 fois d'un mot :
Ta grant maisniede deusses go verner ,
Le gonfanon l'emperedour porter
Co. fist tes pedre e li tons parentez.
(Alexis, 413-4151
(voir aussi Alexis, 3211
- 180 -

Il la receu+t coae l i a1tre fredre.
(Alexis, 119)
(voir aussi Alexis, 412 ; 423)
Dans la Chanson de Roland,
com(me) sans corrélatif apparaît
5 fois
devant une proposition et 12 fois devant un mot non verbal :
Faites la guer cua vos l'avez enprise.
(Roland, 210)
(voir aussi Roland, 427, 765, 2414
3625)
Consei1ez mei cuae mi savie hume.
(Roland, 20)
(voir aussi Roland, 1369 ; 1853
1870
1927
2525
3153
3234
3424 ; 3503 ; 3710 ; 3973)
XIIe siècle
Dans le Chevalier de la Charre te,
le Charroi de Nimes,
les Lais de
Jfarie de France et
le Roman de Renart
com sans
corrélatif est
employé respectivement 20 fois,
3 fois,
2 fois et 8 fois,
il n'est
jamais
suivi
d'une
proposition
complète,
à
la
différence
de
si( • •. ) com
(cf.
4.2.1.).
Il
introduit
toujours
un mot représentant
l' "étalon" de la comparaison, nom, pronom, adjectif ou participe:
A mie nuit, de vers les 1ates
Vint une lance coae foudre.
(Ch. Ch., 514-515)
- 181 -

Je cuit que Dex la m'amenoit :
Si l'ai prise co.e la moie.
(Ch. Ch., 1694-95)
Et quant il ont grant piece alé,
s'ont un escuier ancontré,
qui venoit trestot le chemin
les granz galoz sor un roncin
gras et reont co.e une pome.
(Ch. Ch .• 2283-87)
Li chevalier congié ont pris
Ca.e cortois et bien apris.
(Ch. Ch .• 591-592)
S'en a ses conpaignons botez,
et co. aparcevant de mal,
vers le lit Kex le seneschal
esgarde, et voit les dras tachiez
de sanc que la nuit, ce sachiez,
furent ses plaies escrevees.
(Ch. Ch., 4750-55)
Vers li curut CUJ/ enragiez.
(Bisclavret. 232)
- 182 -

Jeo remeindrai cuae dolente.
{Eliduc, 3911
La le troverent li bergier,
sel batirent co. asne a pont.
(Renart, 1066-67)
{voir aussi Renart, 1856 ; 1890
1974
2776
3146
3196
1566)
(voir aussi Charroi, 67 ; 190 ; 236)
Ailleurs
com(me)
se
rencontre
quelquefois
devant
une
proposition
comparative, mais plus souvent devant un mot non verbal, ou devant
une
proposition
subordonnée
conditionnelle
commençant
par
se
(fonctionnant comme un complément de condition dans une proposition
comparative elliptique)
Cil de trancha a Guillelme son nes,
Co. vos orrez ainz qu'il seit avespré.
{Cour., 312-313\\
(voir aussi Cour., 1383 ; 1933)
Les Uelz ot roges co. charlon en brasier.
(Cour., 506)
{voir aussi Cour., 505 ; 736
881
1003
1456
2219\\
Onques aigniaus plus simplement
n'ala u liu u on le vent
con fait le tendre cars, li biele,
- 183 -

le col estraint de le cordiele.
(Eracle, 429-432)
(voir aussi Eracle, 2857 ; 5240 ; 5410
6369)
Or n'a li sire nule honte
de ce qu'Eracles a lui monte,
si est li plais a tant venus
qu'il en est aussi cier tenus
en toutes cors, mais por celui,
co. il, de çou qu'il monte a lui.
(Eracle, 2883-88)
(voir aussi Eracle, 427 ; 722 ; 1427
5164
5421)
Hex li venist son cors conduire,
Qar puis morut a si grant honte
Con vos orrez avant el conte.
(Béroul, 1918-20)
(voir aussi Béroul, 8 ; 760 ; 1278
1632
2415-16
3489
3556)
A ton nevo parlai ersoir :
Hot se conplaint co. angoisos.
((Béroul, 432-433)
(voir aussi Béroul,
162 ;
640 ;
942
2080
2203
2240
2338
3380 ; 3458 ; 3593 ; 3852)
Holt vuel que l'en vos i enort
- 184 -

Co. franc vaslet et sage et dolz.
(Cligès, 372-373)
(voir aussi Cligès, 561 ; 1344 ; 1771
3232
3451
4258
4301
4500 ; 5324 ; 5411 ; 5804 ; 5838)
Les lermes et la contenance
A toz jorz an sa remanbrance,
Com il vint devant li plorer,
Con s'il la deùst aorer,
Humbles, et simples, genolz.
(Cligès, 4321-25)
(voir aussi Cligès, 3163-64)
Heismes la fille au seignor
le sert et porte grant enor
co. an doit feire a son boen oste.
( Yvain, 5405-07)
(voir aussi Yvain, 5764)
Il m'avint plus a de set anz
que je, seus co.e paisanz,
aloie querant aventures,
armez de totes armeüres
si come chevaliers doit estre.
(Yvain, 173-177)
(voir
aussi
Yvain,
301;
486;
488
629
1142
1205
1976
- 185 -

2388
3237
3674
4057
5578
5666)
Et cele maintenant li vient
et dist ca. anflamee et cbaude.
(Perceval, 5011-12)
(voir aussi Perce val , 369-370 ; 2854
3167
3421
3566
3597
4600 i 5322)
Le front ot blanc et baut et plain
Co. se il fust ovrez de main.
(Perceval, 1813-14)
En paradis les bamenez,
Co. .e Diex est lassus muntez.
(Est. Graal, 2281-82)
(voir aussi Est. Graal, 3250)
Ele est fleiranz co. .e esglentiers.
(Est. Graal, 37)
(voir aussi Est. Graal, 79 ; 594
2640)
Me voloit batre ca. fesoit cbascun jor.
(P. OR., 221)
(voir aussi P. OR., 279 ; 1670)
Bel a le cors, escbevie est et gente,
- 186 -

Blanche la char coaae la tlor en l'ente.
(P. OR., 204-205)
(voir aussi P. OR., 257 ; 779 ; 868
1207)
L'emploi de COIll ("e)
devant une proposition est sensiblement moins
fréquent que devant un mot au XIIe siècle :
Devant proposition
Devant Ilot
Cour.
03
07
Eracle
05
06
Béroul
08
12
Cligès
01
11
Yvain
02
14
Perce val
02
12
Est. Graal
02
04
P.OR.
03
05
Total
26
71
Com(e) sans corrélatif a un statut proche de celui d'une préposition,
introduisant
un
Ilot
complément
de
comparaison,
alors
que
si
COIll
s'imposerait
comme
une
conjonction
suivie
d'une
proposition
avec
verbe exprimé.
Cette
distribution
complémentaire
de
co.
et
si
COIll
remonte
1
vraisemblablement au roman, car Jozsef Berman la signale en espagnol
et en portugais ou
coma ne s'emploie seul que "devant un groupe
nominal et
non
pas une subordonnée verbale".
Mais i l arrive,
en
espagnol comme en français,
que la conjonction asi cailla introduise
- 187 -

aussi un simple groupe nominal,
proposition comparative elliptique
(cf. JJzsef Berman, La formation du système roman des conjonctions de
subordination, p.167, note 1 et p.249).
XIIIe siècle
Presque
toujours
beaucoup
moins
employé
que
si
com(me)
et
ses
variantes,
com (me) se maintient dans l'emploi spécifique qui dès le
XIIe
siècle
faisait
de
lui
la
conjonction
des
comparatives
elliptiques dépourvues de verbe. On le rencontre parfois néanmoins
devant proposition avec verbe exprimé.
Chez
certains
auteurs,
com (me)
ne
se
rencontre
que
dans
des
comparatives elliptiques dépourvues de verbe : 19 fois dans les deux
tomes
de
la
Conquête de Constantinople,
1 fois
dans
Aucassin et
Nicolette, 2 fois dans Courtois d'Arras, 10 fois dans GuillaUIIJe de
Dole, 4 fois dans la Vie de Saint Louis:
Et lors manda as barons et as pelerins salut et qu'il les asolt
c~ ses filz.
(Villeh., §' 107, 3-5)
(voir
ç
aussi Villeb. , ~ 106, 8
106, 11 ; (
182, 11 ;
f 271, 15 ; f187, 5 ;§
202, 4
9223, 8 f 263, 8 f 270, 7 ;
293, 3 ;f
293, 9
9273, 4 f 333, 12 ; ~ 333, 13 ; ~ 372, 8 f 385, 3 ;f
388, 7
f417, 9)
- 188 -

Sire.
oie, j 'en sai COB de le plus france creature et de le
plus gentil et de le plus sage/qui onques lust nee.
(Auc •• XL. 5)
Tous jours a mon pooir vous serf,
moi prendés c~ le vostre sierl.
(Courtois. 13-14)
Siaus fieus. tu paroles co. fols.
(Courtois, 55)
Or let ele bien qui se proeve
co.e vils et co.e rais.
(Dole, 3850-51)
(voir aussi
Dole.
269;
349 ;
1530
2511
2669
2743
3299
3380).
Or estes tel IJené par vos pechiés, que nous vous prenons aval
les chans co. .e bestes.
(Joinville, 176. 3)
(voir aussi Joinville. 88. 19 ; 97. 40
163. 24)
Com (me) n'apparaît pas dans les Trois Aveugles de Compiegne. Dans les
autres
ouvrages
(plus
longs).
il
se
rencontre
abondamment
dans
l'emploi spécifique défini plus haut.
et bien moins souvent devant
une proposition avec verbe exprimé :
- 189 -

Or i a unes siaples fames,
Qui ont envelopé les cols
Et sont barbees ca..e cols.
(Rut., r, 154-156)
(voir aussi Rut., L,
160 ; L, 163 ; U,
176 ; Z,
27 ; Q, 62-63
(3
fois) ; R, 109 ; AG, 35
AB, 12 ; AB, 211 ; AE, 6 ; AE, 128 ; !E,
334
AS, 452 ; AT, 847
AT, 1880 ; BD, 135 ; BD, 172 ; BD, 264 ;
BD, 305 ; BE, 44 ; BE, 83 ; BG, 38).
Ne font pas lor Dieu de lor pance
Ca..e li autre moine font
A cui toz biens decbiet et font.
(Rut., 0, 732-734)
(voir aussi Rut., AT, 2048 ; BD, 43)
Et quant il fu descenduz en terre, il les trova toz endurciz en
pecbié mortel, si que ausi bien poist len amoloier une rocbe
dure ca.e lor cuers.
(Queste, 38, 7-9)
(voir aussi Queste, 135, 8 ; 158, 21 ; 196, 25 ; 205, 13
206, 13
213, 17 ; 241, 4 ; 255, 20 ; 272, 25 ; 203, 25 ; 102, 6).
Car il sont venu plein de joie et de feste et ves~coa len doit
venir a noces.
(Queste, 127, 32-33)
(voir aussi Queste, 144, 24 ; 149, 3
162, 22
164, 18
249, 32)
- 190 -

Les sourcbieus par sanlant avoit
Enarcans, soutieus et ligni~s
De brun poil co. trais de pincbel.
(Feuill~e, 94-96)
(voir aussi Feuill~e, 119-120)
Or les voi espars et drechi~s
COD s'il voelent voler en l'air.
(Feuill~e, 98-99)
Mes certes, qui le voir en conte,
mout font fames a Dieu grant bonte
conae foIes et desvaiees.
(Rose, 9009-11)
(voir aussi Rose, 8289-90 ; 8439
8443 ; 9~44 ; 9064 ; 9329 ; 9402
9630 ;
10860 ;
11474 ;
12016 ;
13305;
13727
13829
14577
14553
14739 ;
14770 ;
15374 ;
15716;
15726
15728
15992
16001
16187).
Mes assez tost vos i menra
povret~, quant el vos tenra,
se cele part aler volez,
por estre oiseus COD vos solez.
(Rose, 10161-164)
(voir aussi Rose, 11476 ; 13222 ; 16343-344)
- 191 -

Cele meisme conté .'a
en quel maniere et en quel guise
vous l'avez proie et requise,
c~e trabitres envious.
(Vergi, 198-2011
(voir aussi Vergi, 266 ; 390 ; 8881
Cil qui l'aime por ce la croit
Et cuide que veritez soit
de ce que li dist, puis li conte
de sa niece trestout le conte,
co. .e apris l'ot du cbevalier.
(Vergi, 647-651)
Et il tait et dist co. courtois
Quanqu'eles li voelent priier.
(Jeb. et Bl., 396-3971
(voir
aussi
Jeb.
et
Bl.,
1632-33
3010
3177-78
3725-26
3762-63 ; 4735 ; 5451 ; 6140-421
Jebans dut devant li trencbier
Co. .e avoit eû a coustume.
(Jeb. et Bl., 426-427)
Dans la Vie de Saint Eustacbe, com(me) seul n'apparaît qu'une seule
fois devant proposition :
- 192 -

Le front ot blanc et le menton,
La face tendre coloree
Co. .e rose est en matinnee.
(St Eust., 790-792)
et 2 fois devant un mot non verbal (349
1539).
Dans les Chroniques de Froissart,
com (me) est employé 9 fois devant
un mot non verbal, et 4 fois devant une proposition (dont une fois,
p. 303,
devant une proposition subordonnée de sens hypothétique,
et
deux fois, p.310 et 321, dans la formule, comme dit est) :
Et ou cas que ainsi ne le ferez,
vous retournerez ceans mon
prisonnier caa.e devant.
(Frois. Chron., 222, 13-14)
(voir aussi Frois.,
Chron.,
242, 13 ; 254, 9
264, 12
275,
6
286, 1 ; 294, 23 ; 298, 2 ; 325, 16)
Il les missent sus le pont de Londres, co. .e il euissent esté
traiteur au roy et au roiaulme.
(Frois., Chron., 303, 13-15)
voir aussi Frois., Chron., 310, 1 ; 321, 2 ; 322, 1)
Dans
l'Espinette Amoureuse,
com (me)
est
employé
5 fois,
toujours
devant un mot non verbal :
Hais je vous ai bien en couvent
Que pas ne le passai co. nices.
(Esp. am., 56-57)
(voir aussi Esp. am., 704 ; 775 ; 1693
1947)
- 193 -

Dans Mélusine de Jean d'Arras, comtme) est employé 23 fois devant un
mot non verbal et 19 fois devant une proposition :
David le prophete di t que les jugemens et punicions de Dieu
sont co. .e abysme sans rive et sans tons.
(Mélusine, 2, 7-8)
(voir aussi Mélusine, 1, 11 ; 11, 11
13, 4
18, 25
24, 21
25,
26
26, 28
27, 7 ; 28, 7 ; 30, 8
31, 1
39, 32
44, 11
69,
11
74, 15
76, 19 ; 79, 10 ; 80, 19 ; 85, 1 ; 86, 28 ; 110, 24 ;
122, 17)
Mais j'en ay envoyees mes gens devant pour le grant plaisir que
j'avoye prins en ce bel lieu ou je me deduisoye maintenant,
co. .e vous avez ouy.
(Mélusine, 7, 23)
(voir aussi Mélusine, 3, 18; 9, 11; 14, 7; 14, 13; 17, 15; 24,
29 ; 26, 38 ; 27.
20 ; 31, 1 ; 44, 18 ; 44, 12
44,
22 ; 53, 16 ;
67, 10 ; 69, 4 ; 125, 28 ; 8, 19 ; 117, 24 ; 121, 19).
En somme ces auteurs maintiennent l'usage du XIIIe siècle.
XVe siècle.
La distribution complémentaire de si comme (cf. 4.2.2) et de comme a
pris fin. Comme assume seul la fonction comparative aussi bien devant
une proposition verbale que devant un mot sans verbe,
même si ce
dernier cas est numériquement plus fréquent :
Ung legier
sompme me
reprint
co. .e,
après
la
pesanteur du
- 194 -


premier repos, il advient souvent vers le matin.
(Quadr., 7, 2-4)
L'an quatre cens cinquante six
Je, François Villon escollier,
Considérant, de sens rassis,
Le frain aux dens, franc au collier,
Qu'on doit ses oeuvres conseillier,
Co. .e Vegece le raconte.
(Villon, Lais, 1-6)
Car
ilz
s'estoient
separéz d'eulx par appoinctement,
co. .e
ceulx de Dynant s'estoient separéz de la cité.
(Commynes, 97, 9-11)
La
locution
conjonctive
ainsi
comme se
rencontre
une
fois
chez
Chartier et une fois chez Commynes.
devant une proposition verbale
(Quadr.,
4,
6 ;
Commynes,
127,
24).
Chartier use
aussi
de
aussi
comme, en corrélation avec ainsi (30, 13-15). Villon ignore l'une et
l'autre.
mais use de ainsi que
(4 fois)
que pratiquent également
Alain Chartier (7 fois) et Commynes 1 fois (113, 27). Ces différentes
locutions peuvent être tenues pour des avatars de
si comme,
mais
d'emploi
beaucoup
moins
fréquent,
choisis
pour
renforcer
comme
généralement devant une proposition, rarement devant un mot :
Quatre mois soit en ung vivier chantans,
- 195 -

La teste au tons, ainsi que le butor.
(Villon, P.D•• V, Ballade. 12-13)
Cependant comme a pris sa position moderne de conjonction comparative
par excellence ; il est très employé par Alain Chartier (45 fois sans
corrélatif), par François Villon (66 fois sans corrélatif) moins par
Philippe de Commynes
(11
fois
sans
corrélatif).
Cette
différence
tient
au
genre
traité:
un
poète
pratique
naturellement
la
comparaison dont un historien a moins l'emploi.
XVIe siècle.
Toujours plus fréquemment employé devant un mot non verbal que devant
une proposition,
comme sans corrélatif se rencontre très souvent au
XVIe siècle: 225 fois dans les Oeuvres complètes de Marot. 196 fois
dans Pantagruel de Rabelais. 291 fois dans les Amours de Pierre de
Ronsard, 94 fois dans Antiquitez de Rome, Songe, Regrets de Joachim
Du Bellay, 158 fois dans les Quatre Saisons de Pierre de Ronsard. 341
fois dans le livre l des Essais de Michel de Montaigne, 495 fois dans
le livre II et 379 fois dans le livre III. enfin 179 fois dans les
Tragiques d'Agrippa d'Aubigné
(voir Marot. Opusc •• II, 26, 12-13 ; Rab., Pantagruel. l, 43, 2-3
Rons., Amours, 62. VIII. 1-4 ; Du Bellay. ~ J
VII, 12-14
Rons., Saisons. 44. 8, 11 ; Montaigne 1. 111, 1 ; D' Aub •• Tragiques,
60, 42-43).
- 196 -

XVIIe siècle.
L'usage
reste
identique à
celui
du
siècle précédent.
Comme sans
corrélatif se rencontre 345 fois dans les Provinciales, 233 fois dans
les Pensées,
75 fois dans les Oraisons funèbres,
120 fois dans les
Sermons, 99 fois dans les Maximes, 494 fois dans les Lettres, 11 fois
dans l'Art poétique, 101 fois dans la Princesse de Clèves, 253 fois
dans les Caractères :
(voir
Pasc.,
Prov.,
46,
33-35;
Pensées,
160,
415-127;
Boss.,
Oraisons,
49,
17-19;
Sermons,
65,
22-23; La Roch.,
Maximes,
8;
Sévigné,
Lettres, 105, 24-26
Boil.,
Art poétique, II, 17-18 ; La
Fay., Clèves, 64, 7-8 ; Bru., Car., Des femmes, 49, 21-22)
Tableau récapitulatif
Si ... comte)
Si comte)
Com (e) sans corrélatif
XIe siècle
03
06
22
XIIe siècle
84
219
128
XIIIe siècle
176
196
131
XIVe siècle
11
43
60
XVe siècle
10
00
122
XVIe siècle
20
00
2 358
XVIIe siècle
01
00
1 731
Alors
qu'au XIe
siècle
come sans
corrélatif
est
d'une
occu~nce
respectivement plus importante que si comte) et si ••• com(e), aux XIIe
et XIIIe siècles c'est si comte) qui prend le dessus, avant de subir
- 197 -

en même temps que si ••• coII(e) une nette régression au XIVe siècle. Il
disparait définitivement de la langue et ne se rencontre pas au XVe
siècle. Il est relayé par calle sans corrélatif dont la fréquence est
considérable aux XVIe et XVIIe
siècle>; alors que si ••• COli continue
de régresser pour disparaitre à son tour au cours du XVIIe siècle.
4.2.5. lemplacement de si par ses dérivés.
L'étude de l'évolution du système si ••• coII(me) au f 4.2.1. nous a
montré sa lente disparition; elle est due à deux causes :
10 La concurrence entre si et ses dérivés, notauent aussi qui le
remplace ordinairement en français moderne.
20 Le remplacement de COli (me) par que.
La
première cause
sera étudiée dans
le présent
paragraphe
la
seconde au f4.2.10.
Les dérivés de si remontent au latin
*in-sic a
donné
ensi,
einsi,
ainsi
(variante:
ainsinl,
peut-être
également
issi
(qu'on
explique
aussi
par
*hic
si cl ; ensi a un dérivé ancien : ensellent ;
*ale-sic a donné aussi (avec la variante ausinl
*aliter-sic a donné autresi.
Les systèmes corrélatifs du français moderne (dès l'époque clasiquel
n'ont
conservé
que
si
et
aussi,
apparaissant
en
principe
en
distribution complémentaire ; comparer
- 198 -

(l)
,Jeanne est aussi grande que son frère.
(2) ,Jeanne n'est pas si grande que son frère.
L'étude historique peut
nous apprendre
comment
et
pourquoi
s'est
instauré ce nouveau système.
XIe siècle.
On ne relève aucun dérivé de si dans la Vie de Saint Alexis.
Dans la Chanson de Roland, on relève issi, altresi, ensement
respunt Guenes : "Issi seit cu vos plaist !"
(Roland, 60S)
Dans cet emploi, issi modifie le verbe, comme pouvait le faire si à
la même époque (par ex. Alexis, 143, cf. 4.2.1).
Il supporte toute la prédication de la phrase, ce qui explique peut-
être le choix d'une forme plus étoffée.
Lessiez gesir les morz tut issi cun il sunt.
(Roland, 2(35)
Issi cun est ici substitué à la locution si COJl (bien représentée
dans
cette
chanson,
cf.
4.2.2).
La
substitution
permet
le
renforcement par tut qui est compatible avec tous les dérivés de si,
mais incompatible avec si.
Desur lur bronies lur barbes unt getees
- 199 -

Altresi blanches cu. Dei! sur gelee.
(Roland, 3318-19)
Al tresi
exprime
l' égali té
portant
sur
la
quali té
qU'exprime
l'adjectif blanches, fonction ordinaire de si.
Si l'encacinent altresi cu. un urs.
(Roland, 1827)
Altresi cu. est substitué. si co••
(voir aussi Roland, 2559)
Blanche a la barbe ense.ent cu.e !lur.
(Roland, 3173)
Quoique l' égali té porte sur la qua li té "blanche", l'adverbe ense11Jent
est accolé • CUJDe comme dans la locution si co.. La valeur est la
mêae dans les deux autres passages oil se rencontre
ense11Jent CUJD
(3223 ; 3249)
Tous ces dérivés sont en phrase positive.
Cu. y
est suivi d'une
proposition comparative dans les deux exemples avec issi, et d'un mot
non verbal dans les autres.
XIIe siècle.
a)
Issi
n'a
été
relevé
qu'une
fois,
dans
la
locution
issi
CUJD
substitué' si C011J pour permettre le renforcement par tut :
L'abbeesse li c011Jaundat
Que devaunt li seit aportez
- 200 -

-~-------------------
!'ut issi cu il tu trovez.
(Fresne, 216-218)
b) Ensement est employé de façon identique dans ces vers du Charroi
de Nilles :
Or .'a de France otroié l'un quartier
2"ot ensement coa tust en reprovier.
(Cbarroi, 431-432)
Il ne se montre qu'une fois ailleurs, en corrélation avec comme, et
modifiant un verbe :
BDseaent somes ça dedenz enserré
Co. .e li bom qui est enprisonné.
(P. OR., 68-69)
c) Ensi ••• com et ensi com se rencontrent. Le système à termes séparés
est pourtant rare; L'adverbe ensi peut y modifier un participe, un
adjectif ou un adverbe, avec une nuance de manière :
Et ensi armé com il vindrent.
(Yvain, 5517)
Ensi malades con je sui.
(Cb. Cb., 4897)
Que il i est de mort baiz
en8i droit com vos le savez.
(Perveval, 5896-97)
- 201 -

La locution ensi COli dOlline très largeaent, ellployée dans les mêaes
entourages que si CO., souvent renforcée par tot :
Si se desresne tot ensi
con s'il tust venuz devant li.
(Yvain, 1759-60)
La locution ensi co. s'identifie à si co. jusqu'à adopter sa valeur
temporelle ("au 1I0ment où") :
Et einsi cc. il aprochoient
vers la tores t, issir an voient
le cheval Ke~, sel reconurent,
et virent que les regnes turent
del train ronpues anbedeus.
(Ch. Ch .• 257-261)
Séparée ou accolée. la sui te ensi (.•• ) COli se présente normalement
en
phrase
positive.
Si
elle
est
exceptionnellement
en
phrase
négative. c'est que la nuance de manière l'emporte:
Et de ce ne sont pas irié
que li .al pas sont depecié,
se va et vient qui
onques vialt :
n'est pas ensi co. estre sialt.
(Ch. Ch., 4115-18)
COli Y est presque toujours suivi d'une proposition,
mais on relève de
rares exemples avec un Ilot non verbal, ou un verbe complément, ou un
proposition conditionnelle :
Et par li lIefs.es s'alume
- 202 -

ensi come li feus qui fUllle.
(Yvain, 1779-80)
Ensi COIll por aler an l'ost
se part li rois de Carlion.
(Perceval, 4134-35)
(voir plus haut Yvain, 1759-60)
d) Ausi ••• com a les mêmes emplois que si ••• com
ausi peut modifier
un adjectif, un adverbe ou un verbe
Quant je ving la nuit a ostel
trovai mon oste tot autel,
ausi lié et ausi cortois,
come j'avoie let einçois.
(Yvain, 561-564)
Et molt pansent qu'il soit preudon
por la conpaingnie au ljon
qui ausi dolcemant se gist
lez lui ca. uns aigniax leist.
(Yvain, 4003-06)
Nes li cortois, li preuz, li buens,
mes sire Yvains trestot ausi
les feisoit venir a merci
- 203 -

Con fet li faucons les cerceles.
(Ynin, 3188-91)
Une particularité se fait
jour,
qui
s'affirmera dans
les siècles
suivants: ausi •.. collle apparaît rarement en phrase négative. Ainsi,
dans Yvain, on ne le relève qu'en phrase positive (5 fois), alors que
si ••. COIll, sur 27 emplois, est 6 fois en phrase négative.
La locution ausi COIll, bien plus fréquente, a les emplois de si COIll et
pouvai t
être
sui vie
d'un
no.,
d'un
verbe
complément,
d'une
proposition conditionnelle
As oroilles vient la parole,
ausi co.e li vanz qui vole.
(Yvain, 157-158)
Ausi con por oir les ogres
vont au lIlostier a feite anel.
(Ch. Ch •• 3518-19)
Et Del fetes lIlie a enviz,
lIles trestot ausi de boen cuer
Co. se vos esteiez sa suer
et co. s'il estoit vostre frere.
(Perceval, 5730-33)
mais le plus souvent d'une proposition comparative
Lors le selllont et si l'escrie
- 204 -

ausi ca. un bracbet feist.
(Yvain, 3434-35)
e)
Autresi •.• COll a également les emplois de si ••• COll
nous avons
rencontré autresi devant un adjectif ou un adverbe :
Car ele estoit autresi faite
COD l'arbaleste qui agaite
le rat, quant il vient au forfet.
(Yvain, 913-915)
Autresi fieremant ou plus
Corent li un as autre sus
COD li lyon a proie corent.
(Cligès, 1723-25)
Hais comme ausi, autresi parait voué aux phrases positives.
La locution autresi COll, plus fréquente, a les emplois de si ••. colJ
D'euls deus fu il tut autresi
CUle del cbievrefoil esteit
Ki a la codre se perneit.
(Cbevrefoil, 68-70)
rot autresi antr'ax se fiert
COD li lions antre les dains.
(Yvain, 3198-99)
Autresi f ••• ) com peut être suivi d'un mot non verbal
- 205 -

Si tenoit cbascuns une bacbe
tel don l'en poist une vacbe
trancbier outre par mi l'escbine,
tot autresi con la racine
d'un genoivre ou d'une geneste.
(Cb. Cb., 1091-95)
ou d'une proposition
Por mon seignor Gauvain le di,
que de lui est tot autresi
chevalerie anluminee,
co.e solauz la matinee
oevre ses rais, et clarté rant
par toz les leus ou il s'espant.
(Yvain, 2405-10)
Quelle que soit la variante
(einsi,
aussi.
autresi)
etc.,
le mode
normal de la proposition subordonnée comparative est l'indicatif. On
rencontre
parfois
l' imparfait
du
subjonctif
irréel
(Cb.
Cb.,
6734-37 ; Cbarroi, 431-432).
XIIIe siècle.
a) Issi. La variante issi n'apparaît que 8 fois au XIIIe siècle. Elle
présente la même fonction que si.
Dans
la
Vie
de
Saint
Eustacbe,
une
longue
comparaison
de
style
- 206 -

oratoire est articulée par tot issi con ••. tout ensement
Nes tot issi con tu wolloiez,
Por les batailles que faissoiez,
Avoir le los l'empereor
Qui estoit ton mortel seignor,
fout ense.ent contre Satban,
Qu'il ne t'engienne par engan,
Por avoir m'amor te tendras
Et contre lui te combatras.
(St Eust., 623-630)
Ce
schème
est
identique
à
si
comme ••. ensement
(959-962
du
même
ouvrage).
Le choix d'issi pour si donne sans doute une assise plus solennelle à
cette période de 8 vers, et permet d'employer toto
(voir aussi St Eust., 442-443 ; 1141-44 ; 1457-60
1959-62
2050).
Chez Villehardouin, issi cum apparaît au ~ 372, 7
Issi cu. il le devisa il le firent mult volentiers.
alors que les manuscrits CDE donnent Ensi.
Chez Rutebeuf, issi com apparaît également une seule fois, suivi d'uRL
proposition verbale
Nule foiz n'uevrent il la porte
Se n'est issi co. Diex aporte
Aucun moine par aventure.
(Rutebeuf, AS, 699-701)
- 207 -

Le manuscrit C donne ainsi au lieu d'issi.
bl Ensi et ses variantes ainsi. ainsinc, etc. {influencées par ainsI
ont le sens d'un adverbe de manière, et non de degré comme si. Nous
ne les avons pas rencontrés modifiant un adjectif ou un adverbe dans
nos textes du XIIIe siècle.
Leur nature est de se rapporter au verbe, à la proposition.
Chez Villehardouin, beaucoup de phrases commencent par ensi, liant au
texte qui précède le rappel des évènements racontés :
Ensi
se reposerent cil
de
l'ost cele nui t,
qui
mult erent
lassé.
f
{Villeh.,
246,1-21
Ce genre de phrases se terminent souvent par "com vos avez oi", et
l'on peut parler de corrélation entre ce com et ensi :
Ensi fu l'oz berbergie co. vos avez oi.
{Vi11eh., ~ 245, 7-81
La plupart des 13 emplois de ensi ... com relevés chez Villehardouin
ressortissent à ce modèle formulaire.
Accolés,
les
deux
éléments
du
système
constituent
une
locution,
concurrente de si com, que Villehardouin emploie 15 fois, dont 8 en
corrélation avec si :
Ensi co. il fu devisé, si fu fait.
f
(Villeh.,
258, 7)
f
ç
{voir aussi Villeh.,
~
9
34,
5-6 ;
87 , 1 ;
106, 5
240, 11
~
f
f
f
f
246, 4-5 ;
271, 4 ;
326, 1 ;
428, 3
{445, 11
446, 7-8
- 208 -

f 447,3; ~474, 1; (475,3-4; f496, 12).
Ensi n'apparaît pas en corrélation avec com dans Aucassin, la vie de
Saint Eustache, le Jeu de la Feuillée.
Dans la Queste del Saint Graal, nous avons 7 fois einsi ..• com, einsi
modifiant le verbe dans les mêmes conditions que chez Villehardouin:
Einsi avint dou roi Mordrain c~ je vos cont.
(Queste, 86, 13),
et nous avons 20 fois einsi com, concurrent de si com, plusieurs fois
renforcé par tout (Queste,
3, 5
13, 22-23 ; 24, 33 ; 26, 16 ; 85,
22-24
95,
29;
104,
24;
111,
13;
123,
2-3
123,
15;
133,
27-28
134, 6 ; 137, 13 ; 142,
33 ; 146, 13
176,
18 ; 189, 14 ;
189,16-18; 196,15; 197,
9;
214,
4;
215,17;
219,
18;
224,
29 ; 226, 19 ; 241, 18 ; 244, 24 ; 247, 29 ; 257, 11-12).
La locution est toujours suiviid'une proposition.
Dans Guillaume de Dole,
einsi f ••• )come apparaît une fois en termes
séparés,
sui vi d'une
proposition,
et
deux fois
en termes accolés,
toujours suivi d'une proposition
L'empereor le vont einsi
reporter co. ele avoit dit.
(Dole, 5597-98)
Einsi co. Belaine tu nee
i estoit l'istoire portrete.
(Dole, 5332-33)
- 209 -

(voir aussi Dole, 5523)
Dans les
Trois Aveugles de Compiegne,
nous relevons
1 fois
ainsi
cOIDIDe devant une proposition
Vers Compiegne sont retorné
Ainsi co. .e il sont atorné.
(3 AV., 63-64)
Chez Rutebeuf, ainsinc séparé de cOIDIDe modifie un verbe
Ainsinc s'en vont co. .e e1es vienent.
(Rut., AT, 1329)
Ainsinc vivoit et nuit et jor
Co. dame qui est sanz seignor.
(Rut., AT, 721-722)
Accolés, les deux systèmes constituent une locution concurrente de si
com :
Or soit ainsi co. .e estre puet !
(Rut., E, 144)
Ainsi co. tesmoingne la lettre.
(Rut., AS, 67)
EDsi con vos avez oy.
(Rut., Br, 161)
Elle
introduit
généralement
une
proposition
verbale,
quelquefois
- 210 -

aussi
un
mot
non
verbal
comme
dans
l'exemple
de
Rutebeuf
(AT,
721-722) cité plus haut, ou celui-ci
Cbevalerie est si grant cbose
Que la tierce plaie n'en ose
Parler qu'ainsi co. par defors.
(Rut., Q., 105-107)
Son caractère locutionne1 est confirmé par la capacité de recevoir un
corrélatif :
Car tout ainsi co. .e uns bom tent
un oisel pour autre oisel prendre,
tout autresi convient il tendre
S'amour pour autre amour avoir.
(Jeb. et Bl., 3316-19)
(voir aussi Jeh. et B1 .• ainsi co•... ainsi, 4373-77)
Ainsi com. apte au renforcement par tout, est devenu un concurrent
sérieux pour si com, dont la fréquence déclinera très sensiblement au
XIVe siècle.
c) Ausi tient de son origine (accolant *ale à sic) un sens comparatif
qui en fait un adverbe d'équation, capable comme si de modifier un
adjectif ou un adverbe :
Et ausi lié cu. li franc en furent, en furent li Grieu dolant.
(Vi11eh., f 287, 4-5)
- 211 -

Certes, se il vos conneussent aussi bien co.e je vos conois, il
n'eussent ja tant de bardement que il a vos se preissent.
(Queste, 56, 16-18)
Tel est son emploi
le plus constant,
où il concurrence si ••• com,
presque toujours en phrase positive.
Dans la même fonction, Villehardouin (Tome I) emploie 8 fois si ••. com
dont 4 fois en phrase négative :
Et por ce que il sevent que nulle genz n'ont si grant pooir COD
vos et la vostre gent,
(Yilleh., §18, 8-9)
Et por ce vos i ont eslis que il sevent que nulles genz n'ont
si grant pooir qui sor mer soient conae vos et la vostre genz.
(Yilleh., f27, 8-11)
Li François disoient que il ne savoient mie si bien aidier sor
mer co. il savoient.f
(Yilleh.,
162, 11-12)
Ensi furent desacointié li Franc et li Grec, que il ne furent
mie si comunel COD il avoient esté devant.
(Yilleh., ~ 205, 9-11)
Dans Aucassin, ausi ••• com ne se rencontre qu'une fois, et ausi yale
sens d'ainsi, adverbe de manière:
- 212 -

Aucassins,
fait-il,
d'ausi fait lIal con vos avés ai je esté
lIalades.
(Aue., XX, 16-17)
La Queste compte 23 fois ausi ••. COIII dont 3 fois en phrase négative,
mais 105 fois si •.. coll dont 35 fois en phrase négative.
Dans Guillaullle de Dole, aussi, séparé deux fois de COlllllle, modifie une
fois un adjectif en phrase négative et une fois un verbe :
Aussi s'en vet COli a besoig.
(Dole, 3386)
N'avint ausi bele aventure,
ce cuit, de nule creature
ca. il a la fors avenu.
(Dole, 4683-85)
Ces deux emplois contreviennent à l'usage le plus général, mais ils
sont très isolés dans toute l'oeuvre.
Rutebeuf
emploie
6 fois
aussi ••• com,
en
phrase
positive,
3 fois
devant un adjectif, 2 fois devant un adverbe. Une fois,
il donne à
aussi le sens d'ainsi:
Aussi nous prenent et deçoivent
Ca. li gorpis fet les oisiaus.
(Rut., F, 8-9)
Il
emploie 9 fois
si ••• cO/llllle au
tome
l,
dont
4 fois
en
phrase
- 213 -

négative.
Le Roaan de la Rose ne contient qu 1 une fois
aussi ••• coa, en phrase
posi t ive :
I)UZ-
Nes ~ doit ja lIovoir,
s'il voait tex leraes plovoir
ausint espés con onques plut.
(Rose, 13345-471
Il contient 6 fois si ••• comme, dont 3 fois en phrase négative.
Dans
Jeban et Blonde,
aussi •.• COlll se présente 5 fois,
toujours en
phrase positive :
Se j'estoie aussi rices boa
Coa vous estes, une lIIaison
Tous jours 0 moi elllporteroie.
(Jeb. et Bl., 2689-911
(voir aussi Jeb. et Bl., 332-333 ; 1121-22
1858-59
2225-26)
On y relève 7 fois si ••• COII, dont 4 fois en phrase négative.
Enfin Joinville hi t
grand usage d' aussi • •• comme,
22 fois,
dont 21
fois en phrase positive.
Il n'use que 15 fois de si ••• coa,
dont 4
fois en phrase négative.
Le rapprochement des termes du système a donné la locution aussi com
cOUle concurrente de si COli, mais aussi d' ainsi comme,
issi comme,
autresi comme.
On la rencontre deux fois chez Villehardouin (9" 38, 9-10
f 134,
- 214 -

2-3), deux fois dans Aucassin (XII, 22-24 ; XXII, 29), deux fois dans
la Vie de Saint Eustache (1859-60 ; 1929-36).
Dans la Queste del Saint Graal,
aussi CODe se rencontre 49 fois,
contre 25 fois si co••
Dans le Roman de la Rose, 12 fois contre 5 fois si co••
La nature locutionnelle de aussi co. (/Ile) est témoignée par l' emploi
de corrélatifs déjà cités tels que ausi con ..• ausi (Queste 50, 16),
ausinc con ... ausinc (Rose,
13592-594) ; on peut citer aussi
aussi
CODe ..• issi
(St Eust.,
1929-33),
aussi co•••. ainsi
(Jeh.
et Bl.,
4236-38 ; 5949-52).
La
dernière
corrélation,
associant
aussi
co.
à
ainsi,
prouve
l'équivalence des deux
locutions,
qui alternent
souvent
dans des
contextes identiques ou se répondent en corrélation
Et tout einsi co.e Cains salua
Abel son frere et puis l'ocist,
tout ausi salua Judas son seignor,
et si avoit sa /Ilort porchaciée.
(Queste, 217, 29-31)
Il en est de même pour aussi c01lJ1lJe et si CO/ll
Joinville écrit à peu
de distance
Aussi co. .e vous orrez ci-apres.
(Joinville, 84, 16-17)
- 215 -

Si co. vous orrez ci-apres.
(Joinville, 85, 19)
Comme si co., aussi com pouvait être suivi d'une proposition
Et il se recoucba en son lit ausi co.e il ert devant.
(Queste, 82, 33)
ou d'un Ilot non verbal
Et l'a bors del temple esloignié
Ausi caaae un escuaenié.
(St Eust., 1859-60)
ou d'une subordonnée conditionnelle
Car je les ai escreuz et alevez de tout mon pooir et les ai toz
jors a.ez et encore les aim ausi co. s'il fussent mi filou mi
frere.
(Queste. 17, 7-10)
Une rivalité existait donc au XIIIe siècle entre si com et aussi com
qui
l'emportait
chez Joinville et
dans
la
Queste.
mais
non chez
Villehardouin et dans le Roman de la Rose. Le problème devait être
résolu aux siècles suivants par l~ succès d'ainsi comme et surtout de
comme seul (cf. 4.2.4)
d) Comme aussi,
autresi tient de son origine (ali ter sic) un sens
comparatif et l'aptitude à modifier un adjectif ou un adverbe en
corrélation avec comme :
- 216 -

Car il le trovera toz dis autresi~t fres et autresi bo~ CQae il
est orendroi t.
(Queste. 29. 23)
Si cOllença a tonner et a espartir et foudre a cbaoir par le
cbastel autresi menuellent ca.e pluie.
(Queste, 243, 12-13)
Pourtant nous ne
l'avons
rencontré que 4 fois
remplissant
cette
fonction dans notre corpus du XIIIe siècle : une autre fois dans la
Queste (12, 16) et une fois dans le Roman de la Rose (11239-241). Il
n'apparaîtra
plus
au
XIVe
siècle,
évincé
par
aussi
dans
la
concurrence avec si.
La locution soudée autresi COll est plus souvent attestée. quoique
vouée au même sort.
Villehardouin l'emploie seulement au tome II, quatre fois, suivie une
fois d'une proposition:
Autressi cu cil
palais
fu
rendAJz le marcbis Boniface de
Honferrat, fu renduz cil de Blaquerne a Henri.
9
(Villeh ••
250, 1-3)
et 3 fois d'un mot non verbal
Or lor vint une novelle, autressi cu a l'autre gent.
f
(Villeh.,
380, 1-2)
Dans Aucassi~.
autresi COD se présente une seule fois,
suivi d'un
- 217 -

nOIl
Et il aist le main a l'espee, si comence a ferir a destre et a
senestre et caupe biaumes et naseus et puins et bras et fait un
caple entor lui, autresi COD li senglers quant li cien l'asalen
en le forest.
(Auc., X, 24-27)
Dans la Queste, trois fois, dont une fois suivi d'un noa
Ainz s'entreresgardoient autresi coae bestes aues.
(Queste, 15, 18-19)
et deux fois renforcé par tout et en corrélation avec autresi, devant
une proposition :
Car tout autresi coae il menjerent a moi le jar de la Cene,
tout autresi mengiez vos ore a moi a la table dou Saint Graal.
(Queste, 271, 21-23)
(voir aussi Queste, 274, 31-33)
Dans
Guillaume de Dole,
autresi cam se rencontre une· seule fois,
suivi d'une proposition (Dole, 1769-72).
Dans
la
Vie de Saint Eustacbe,
deux
fois,
suivi
de
proposition
(555-558 ; 993-996).
Une
fois
dans
la
Cbastelaine de Vergi,
deux fois
dans
Jeban et
Blonde.
Il s'agit en définitive,
d'une
variante
rare de
si
COD,
marquée
- 218 -

d'archais.e,
qui
sera
éli.inée
par
ses
concurrentes
avant
que
celles-ci ne le soient par comme seul.
Avant de poursuivre notre inventaire diachronique et d'aborder le
siècle où la substitution de que à comme pourra modifier l'équilibre
de nos systèmes, il n'est pas superflu d'arrêter notre attention sur
la relation plusieurs fois remarquée entre le choix de l'adverbe si
ou aussi et le caractère négatif ou positif de la phrase. On voit se
dessiner au XIIIe siècle le statut en distribution complémentaire
défini au début du f 4.2.5. L'examen des textes explique-t-il ce
choix ?
La valeur fondamentale de l'adverbe si e.ployé devant un adjectif ou
un adverbe est la valeur intensive qui se réalise pleinement dans les
phrases exclamatives :
Quant l'ot Rollant, Deus, si grant doel en out!
<Roland, 1196)
et dans les systèmes consécutifs
Enki ot si grant bruit et si grant noise que il sembla que
terre tondist.
<Villeh., f 28, 5-6)
Cette valeur se retrouve dans les systèmes comparatifs de l'ancien
français
Li rois Artus cort tenue ot,
riche et bele tant com lui plot,
- 219 -

si ricbe co. a roi estut.
(Cb. Cb., 31-33)
L'adverbe si invite à imaginer une cour dont la richesse n'a pour
limite que le niveau défini par la comparative : com a roi estut. Si
suggère une
intensité élevée,
com assume
la fonction
comparative
(équative).
Dans la traduction moderne du vers 33 :
"aussi ricbe qu'il convenait li un roi",
l'idée de comparaison équative est exprimée par l'adverbe aussi (où
l'élément *ale a déposé originellement le sème "comparaison") et non
dans la conjonction que, subordonnant abstrait polyvalent. On mesure
le progrès logique d'un système ancien qui amalgamait l'expression de
l'intensité avec celle de l'égalité,
au système moderne qui épure
l'équation.
L'ancien français est à mi-chemin lorsqu'il dit
fout aussi crueuses me sont
Les noveles de ce depart
Co. .e a vous sont, se Dix me gart.
(Jeb. et Bi., 1858-60)
Ici l'égalité est exprimée pléonastiquement, à la fois par l'adverbe
ausi et par la conj onction comme. L'adverbe
tout ne renforce pas
l' intensi té (* Tout li lai t si cruel ne peut se dire), mais l'égalité
("exactement autant"). Le sens est le même avec autresi :
Ne parquant autresi grant perte
- 220 -

receit l'ame en trop grant poverte
conae el let en trop grant ricbece.
(Rose, 11239-241)
Kais pourquoi si se réserve-t-il les contextes négatifs ? Sans doute
parce que la négation fait obstacle à l'idée d'égalité qu'emporte
l'adverbe
aussi
l'intensité
retrouve
sa
pertinence
dans
l'inégalité
Car si lolemant n'ama mais
Nus hom coue je voel amer.
(Jeb. et Bl., 560-561)
L'examen des textes oblige à constater qu'il ne s'agit pas d'une
règle rigoureuse, aux contraintes catégoriques. On a vu que le nombre
des si en phrase positive reste important. Ils sont justifiés par une
insistance sur le degré qui donne à l'intensité le pas sur l'égalité
-suffisamment marquée par la conjonction comme :
Et mult lu Nostre Sire loez pitousement par as toz de ce que en
si petit de terme les secorut et de si bas con il estoient les
ot mis al desore.
(Villeh., ~ 183, 7-9)
(si bas est intensif au même degré que si petit)
Inversement, on rencontre aussi en phrase négative, si la négation ne
porte pas sur l'idée d'égalité:
Et di soi t
encore que nul
ne pooi t
estre bon gouverneur de
terre, se il ne savoit auss[iJ bardiement escondire coue il
- 221 -

saurait donner.
(Joinville, 222, 21)
On dirait encore aujourd 'hui: " ... s'il ne savait aussi résolument
refuser que donner" ; la négation ne signifie pas qu' un gouverneur
est mauvais s'il sait moins bien refuser que donner, mais qu'il doit
savoir aussi bien les deux.
La substitution de que à cODlDle modifiera les données du problème par
la confusion formelle qu'elle établira entre le système comparatif
devenu si ... que et
le système consécutif.
L'extension de l'emploi
d'aussi pour si dans le système comparatif remédiera à l'ambiguïté,
mais ne sera nécessaire qu'en phrase positive, car en phrase négative
une distinction de mode apparaît : la proposition consécutive est au
subjonctif ; comparer :
Paul n'est pas si maladroit que tu le
crois.
Paul n'est pas si maladroit que tu puisses le battre.
XIVe siècle.
Chez
nos
auteurs
du
XIVe
siècle,
les
dérivés
issi
et
autresi
n'apparaissent pas.
a) Ensi .•. com se présente une fois dans l'Espinette Amoureuse et une
fois dans les Chroniques, ensi modifiant le verbe en phrase positive,
et com introduisant une proposition :
Trestout ensi en mon coer escript l'ai
- 222 -
• __
• .,
-.,..--_
...,....,-_._,-._._ •• _._
' · _ ~ T

Co. tu le vois
(Frois., Esp. am., 2979-80)
Et disoient cil qui le miex cuidoient cognoistre le pays qu'il
avoient cheminé celi jour vint et huit lielfes englesses, ensi
courant co. vous avés oy.
(Frois., Chron., pp.211-212)
C'est le statut observé au XIIe siècle.
La forme accolée ainsi com(me) apparaît dans Mélusine (17 fois) dont
4 fois renforcé par tout, toujours en phrase positive; à l'exception
de quatre exemples où ainsi comme est placé devant un mot non verbal
(24,
28 ; 64,
26 ; 100, 8 ; 119,
25), i l est toujours devant une
proposition
(6,
21 ; 11, 12-13 ; 24, 13-14
30,
3 ; 42,
24
45,
33 ; 54, 22 ; 59, 35 ; 79, 23 ; SO, 15 ; 100, 8 ; 119, 4 ; 119, 25)
Froissart emploie aussi ensi com devant un mot (Esp. am., 1425-26) et
devant une proposition (Esp. am., 1486 ; 3086 ; Chron., 289, 5 ; 294,
19 ; 330, 12).
Comme au XIIe siècle, aussi comme a le statut de si com, relevé 43
fois dans les mêmes textes.
b)
Aussi ..• com(me)
se
lit
une
fois
en
phrase
positive
devant
proposition
aussi
bien
dans
l'Espinette
Amoureuse que
dans
les
Chroniques :
Et en sez douls parlers humains
- 223 -

M'est son confors ossi garis
Co. je fuisse li biaus Paris
Nés de Troies la grant cité.
(Frois., Esp. am., 646-649)
•• . que on n'avoit point veü la pareille bataille de celle, de
tele quantité de gens, estre ossi bien combatue co. .e celle fu.
(Frois , Chron., 246, 6-8)
Aussi ... com(meJ
se
rencontre
2
fois
en
phrase
positive
devant
proposition dans Mélusine et 4 fois devant un mot toujours en phrase
positive
Et a un filz chevalier, aussi aagié co. .e est mon filz ainsné.
(Mélusine, 54, 7-8)
(voir aussi Mélusine, 115, 34)
Et, au departir, lesllLissent aussi sains co. .e devant.
(Mélusine, 3, 27-28)
(voir aussi Mélusine, 48, 4-5 ; 80, 34-35
86, 23)
L'usage décrit au XIIIe siècle se retrouve donc dans nos deux auteurs
du XIVe siècle.
Aussi (•.• J com y est employé exclusivement en phrase positive (alors
que si ( .•• J com y figure le plus souvent en phrase négative, ou en
phrase positive avec une valeur intensive).
- 224 -

XVe siècle.
Aucun de nos textes du XVe siècle ne présente ainsi en corrélation
avec comme, ni la locution ainsi comme.
Pour l'expression de l'égalité, aussi s'installe dans la place ou si
régnait seul à l'origine.
Alain Chartier emploie 3 fois aussi ... comme (29, 18 ; 34, 24-26 ; 39,
1-2) ; dans le second de ces emplois, aussi porte sur l'adverbe bien,
association où bien perd son sens qualitatif pour renforcer seulement
la valeur équative du système :
}fais en armes a il aussi bien sens pour a t tendre son bon et
delay pour faire son preu en son avantaige coue il y a en
marchandises ou en autres mendres affaires.
(Quadr., 34, 24-27)
Concurremment à aussi ... comme, on rencontre aussi ... que (28. 24
29,
25) .
Villon ignore aussi ..• com, mais emploie 4 fois aussi ••• que
Et douze beaux enfans, tous masles,
Voire de son chier sang royal,
Aussi preux que fut le grant Charles.
(Villon, Test., 65-68)
(voir aussi Villon, Test., 390 ; 566 ; V, Ballade, 5-6)
Au vers 390 : Aussi bien meurt que cilz servans, aussi bien a un sens
équatif : il exprime l'égalité de deux phénomènes.
- 225 -

Commynes
emploie
4 fois
aussi ••• que
(68,
18 ~
221,
10-11 ~
224,
18-19 ; 236, 25) ~ Dans les deux derniers emplois, aussi est suivi de
bien. Il a le sens qualitatif dans l'exemple 236, 25 :
Et
fut la place aussi bielJ battue que jamais place ne fut,
jusques en l'estat d'assaillir.
(Commynes, 236, 25)
Mais à la page 224, aussi bien que constitue une locution conjonctive
remplaçable par comme (il est impossible d'attribuer à aussi bien la
valeur
d'un
complément
de
manière
ou
de
quantité
puisque
cette
fonction est remplie dans la suite de la phrase par l'adverbe fort) :
En ceste saison dont nous parlons, le roy Edouard d'Angleterre,
qui
cuydoit
veritablement que ce mariage dont
est parlé se
deüst traicter (et en estoit deceü) travailloit aussi bielJ que
le roy lJostre maistre fort envers ledict duc de Bourgongne pour
le rompre .••
(Commynes, 224, 16-20)
Il
semble que
chez Commynes cet emploi
d'aussi
bien appelle par
prédilection le corrélatif comme (qui dans le tome l examiné ne se
rencontre
pas
après
aussi
sans
bien,
sauf
dans
le
système
aussi ••• comme si (167, 12-13).
Le système
aussi bien .•• comme se rencontre 5 fois : 48,
49 ~
96,
5-6 ~
154,
5 ~
195,
24-25 ~
252,
3-6.
Dans
le
troisième
emploi
mentionné,
la
suite
aussi
bien
comme
constitue
une
locution
conjonctive remplaçable par comme :
- 226 -

11z delibeârent de taire une saillie de ce costé,
aussi bien
co. .e avoient tait de l'autre.
(Commynes, 154, 4-5)
Cette locution se rencontre ailleurs en corrélation avec aussi bien
..
(preuve de sa cohésion) :
Et aussi bien co. .e j'ay dit que les princes doyvent estre
saiges à regarder à quelz genz ilz baillent leurs besongnes
entre mains, aüjsi bien devroient penser ceux qui vont dehors
pour eulx de s'entremettre de telz matieres.
(Commynes, 92, 23-27)
XVIe siècle.
a)
Ainsi corrélatif de cOllUlle réapparait dans nos auteurs du XVIe
siècle.
Rabelais
l'emploie
une
fois
pour
modifier
le
verbe
en
phrase
positive. devant une proposition conditionnelle (123, 14-15) :
Nais ainsi te y ay -je secouru co. .e si je n'eusse autre thésor
en ce monde que de
te veoir une toys en ma
vie absolu et
partaict.
(Rab., Pantagruel, 123, 14-16)
Ronsard en use une fois dans les Amours
N'y a-t-il point quelque herbe en ce rivage icy
Qui ait le gous si tort qu'elle me puisse aiDsi
- 227 -
.
----_..'
~
·~h·_'-~_·_
.,

Muer co. .e fit Glauque en aquatique .onstre.
(Rons., Pieces ajout~es aux Amours, II, 225, 243-245)
Du Bellay le renforce par tout dans l'unique emploi qu'il en fait
Et croy que tout ainsi la vergongne .e ronge,
Caa.e luy, quand il eut descouvert la .ensonge.
(Du Bellay, Regrets, LXXXIX, 6-7)
Montaigne qui s'en
sert une fois,
lui donne la fonction
d'aussi
modifiant deux adjectifs
Elle nous appelle à soy,
ainsi iautiers et detestables co. .e
nous soues.
(Montaigne, 1, LVI, 385, 16-17)
S'agit-il d' un écart dialectal chez notre auteur Périgourdin ? De
toute façon, le système est rare, entaché d'archaisme.
La locution ainsi comme est plus fréquente, avec les emplois d'un si
com disparu avant le XVe siècle, et d'un cOJBJIJe victorieux de toutes
les autres locutions. On la relève 14 fois chez Marot, dont 13 fois
en phrase positive (toujours devant proposition sauf dans deux cas :
Opusc., IV, 54, 307 ; Opusc., VII, 69, 148) et une fois en phrase
négative suivie d'une proposition (El~gies, 298, IV, 79)
Au demourant, notre Gaulle, ainsi co. .e
Nous a compté l'Esprit du grand proud'bomme,
De maint poëte ores est decor~e.
(Marot, Complainctes, V, 398-400)
(voir aussi Marot, Opusc., 1, 11, 172 ; II, 32, 32
VII, 65, 59
- 228 -

Epistres, LII, 224, 50 : LVI, 240, 144 : LXVII, 265, 65 : LXXV, 282,
63 : 1, 118, 171 : Elégies, VIII, 302, 35 : IX, 304, 33).
Chez un poète,
l'emploi d'ainsi cOJllJlle au lieu de CODe peut être
expliqué par les commodités métriques.
Ce n'est pas le cas chez Rabelais qui y trouve,
pour accuser la
charpente
d'une
longue
phrase
comparative,
une
conjonction
plus
étoffée
que
comme,
surtout
s'il
la
renforce
de
tout
et
d'un
corrélatif adverbial en tête de la principale postposée :
Nais tout ainsi co. .e Noé, le sainct homme (auquel tant sommes
obligez et
tenuz de ce qu'il nous planta la vine, dont nous
vient
celle
nectaricque,
délicieuse,
precieuse,
céleste,
joyeuse et déificque liqueur qu'on nomme le piot), fut trompé
en le beuvant,
car il ignoroit la grande vertu et puissance
d'icelluy,
se.blableaent les hommes et femmes de celluy temps
mangeoyent en grand plaisir de ce beau et gros fruict.
(Rab., Pantagruel, 41, 21-28)
[voir
aussi
Rab. ,
Pantagruel:
ainsi
comme . .. tout
ainsi
(J45,
14-18) : ainsi coue .. . aussi (409, 1-2)].
Ronsard use 3 fois d'ainsi comme (AlIJours, 139, VII, 7 ; 180,LVII, 7 ;
365,
III,
79).
Agrippa
d'Aubigné
s'en
sert
une
fois
en
phrase
négative (79, 813) et une autre fois en le redoublant pour un effet
de véhémence satirique
- Ainsi co. . 'eux tu sçais te rendre redoutable,
Faisant le grand coquin, haussant le miserable,
Ainsi caa.'eux tu sçais par tes subtilitez,
- 229 -

En maintenant les deux, perdre les deux costez,
Pour abbreuver de sang la soif de ta puissance-
(D'Aub., Tragiques, 77, 753-757)
b) Aussi ••• comme, en voie de remplacement par aussi •.. que, apparalt 3
fois chez Marot, en phrase positive
L'autr'bier le vy, aussi sec, aussi pasle
Co. .e sont ceux qu'au sepulcre on deballe.
(Marot, Epistres, LXVII, 13-14)
(voir
aussi
Marot,
Epistres,
XII,
14-16;
Tout
aussi . .. comme
Opusc., 66, 39-40).
Comme
dans
les
siècles
précédents,
aussi
modifie
normalement
un
adjectif ou un adverbe. C'est ainsi que l'emploie Rabelais, Il fois,
dans Pantagruel :
Il se deffist desdictz cables aussi
facilement
coue Samson
d'entre les Pbilistins.
(Rab., Pantagruel, 73, 1-2)
Si je montasse aussi bien co. .e je avale, je feusse desjà au
dessus la spbere ...
(Rab., Pantagruel, 191, 19)
Ronsard ignore aussi ... coame.
Joachim Du Bellay use une fois du système aussi ..• collJJDe en phrase
positive. Aussi y modifie un verbe :
Aussi void-on qu'en un peuple ocieux,
- 230 -

Co. .e l'humeur en un corps vicieux,
L'ambition facilement s'engendre.
(Du Bellay, Antiquitez, XXIII, 9-11)
Dans
les
Essais
de
Montaigne
(tome
I),
on
rencontre
2
fois
aussi ••• comme en phrase positive.
Dans la première occurence aussi exprime une nuance d' intensi té en
modifiant un adverbe :
(Aussi rigoureusement condamnent celles-li un démanti souffert,
co. .e celles icy un démanti revanché).
(Montaigne, l, XXIII, 165, 6-1)
Comme introdui t
ici un mot non verbal. Dans la deuxième occurence
d'aussi ... comme, comme introduit une proposition comparative et aussi
modifie un adverbe :
Pleut i Dieu que pour le bien de nostre justice ces compagnies
li
se
trouvassent
aussi
bien
fournies
d'entendement
et
de
conscience, co. .e elles sont encore de science.
(Montaigne, I, XXV, 188, 10-13)
Enfin Agrippa d'Aubigné use une seule fois de la locution aussi bien
comme, dans sa valeur équative
Li les corps des humains et les ames humaines,
Unis aux grands triomphes aussi bien co. .e aux peines,
Se rejoindront ensemble, et prendront en ce lieu
Dans leurs fronts honorés l'image du grand Dieu.
(D'Aub., Tragiques, 291, 641-650)
- 231 -
-----, - - - . - - - ,- ,- , ' - .~,,-~7"""---.-

XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, ainsi et aussi ne s'emploient plus qu'en combinaison
avec que substitut de comme (voir 4.2.101.
Au
terme
de
ce
paragraphe
4.2.5,
on
constate
que,
de
tous
les
systèmes formés par la substitution à si d'un de ses dérivés dans le
système
corrélatif
si .•. com,
deux
seulement
ont
été
conservés
jusqu'au XVIe siècle
- ainsi •.. comme, dont l'adverbe exprimait la manière et modifiait le
verbe ou l'ensemble de la proposition principale;
- aussi •.. comme,
dont l'adverbe exprimait l' égali té en degré d'une
qualité ou d'une manière, et modifiait un adjectif ou un adverbe.
Les deux ont disparu avant le XVIIe siècle, mais le modèle en a été
maintenu jusqu'à nos jours,
- pour l'un dans la locution conjonctive ainsi que, concurrente de
comme ;
- pour
l'autre
dans
le
système
aussi ..• que,

l'adverbe
aussi
exprime
la
comparaison
équative,
la
locution
que
introduisant
l'étalon de comparaison.
Quant au système originel si ••• com,
i l se maintient sous la forme
si ..• que exprimant après ne ••• (pas) une comparaison d'infériorité.
- 232 -

•• 2.6. Statut de tet •• ca..
XIe siècle.
L'auteur de la Vie de Saint Alexis ignore tant. •• com.
On le relève 3 fois dans la Cbanson de Roland.
Tant y est deux fois
adjectif et modifie un nom ; et il y est une fois adverbe et modifie
un adjectif
De plusurs choses a remembrer li prist,
De taDtes teres cu. li bers cunquist.
(Roland, 2378-79)
Cascuns i fiert taDz granz colps cu. il poet.
(Roland, 3631)
l'et par ert blancs cu.e flur en estet.
(Roland, 3162)
XIIe siècle.
Au XIIe siècle.
l'adverbe
tant modifie soit un adjectif,
soit un
adverbe, soit un nom précédé de de, soit un verbe.
Signalons
que
tant ... com n'apparaît
pas
dans
le
Couronnement
de
Louis. ni dans le Roman de Renart.
10 Tant + adj ectif :
Tant • •. com apparai t
avec ~ fonction. 1 fois dans Eracle, 3 fois
dans le Cbevalier de la Cbarrete.
- 233 -

Sauf dans
Eracle
(2016-19),
com est
suivi d'une proposition avec:
verbe exprimé :
Onques certes, don moi soveigne,
fet li cbevaliers, IDes ne vi
tant bel peigne COli je voi ci.
(Cb. Cb., 1386-88)
(voir aussi Ch. Cb., 3011-12)
Tan t + adverbe :
fant bel portent lor garnement
Co. .e s'il fussent né dedenz.
(Béroul, 4023-24)
Et si les oci de tant loing
Co. l'an porroit un bozon trere.
(Perceval, 204-205)
3° Tant + de + nom:
Cette suite apparait une fois dans le Cbarroi de Nîmes, une fois dans
Eracle et 3 fois dans le Chevalier de la Charrete,
toujours suivie
d'une proposition avec: verbe exprimé
La plevi ge le glorieus del ciel,
Et a Saint Gile, dont venoie proier,
Qu'en cele terre lor iroie aidier
A tant de gent co. porroi justicier.
(Charroi, 576-579)
- 234 -

Se il mon cors puet entamer
face moi gieter en l<1.mer
mes sire, ou a cevaus detraire,
et tant de mal et de contraire
co. il soussie1 faire porra.
(Erac1e, 1149-53)
Li uns aprés l'autre a devise
fet tant d'enor et de servise
Co. an porroit feire a un home.
(Ch. Ch., 2477-79)
(voir aussi Ch. Ch., 3487 ; 7012)
40 Tant + verbe:
Il apparaît ainsi 2 fois dans le Charroi de Nîmes,
1 fois dans les
Lais de /fade de France, 3 fois dans Erac1e, 1 fois chez Béroul, 1
fois dans
C1igès,
5 fois dans le Chevalier de la Charrete.
4 fois
dans Yvain, 2 fois dans le Roman de l ' Estoire dou Graal. 1 fois dans
la Prise d'Orange.
Com est toujours suivi d'une proposition sauf dans deux cas
Ne het tant rien con lui meisme.
(Yvain, 2792)
(voir aussi Yvain. 2700-02)
Tant est placé 12 fois avant le verbe qu'il modifie
fant en ferai co. mes cuers en otrie.
<Charroi, 1449)
- 235 -

fut lun lace livrer e rendre
Cua il vodrunt le meis despendre.
(Eliduc. 127-128)
fut en caoit de se pesance
Co. puet alegier Esperance.
(Eracle. 3469-70)
Des autres mes ne sai que vos devis.
fut en i ot co. lor vint a pleisir.
(P. OR .• 554-555)
(voir aussi Charroi.
1243-44 ; Béroul.
1912-13 ;
Ch. Ch ••
1527-28
2756-57 ; 3732-33 ; Yvain. 6244-45 ; Est. Graal. 346-347 ; 2391-92)
Il est placé 7 fois après le verbe qu'il modifie
Donc ne puet mie tant proesce
Con let malvestiez et peresce.
(Ch. Ch .• 3177-78)
(voir
aussi
Eracle.
1135-36
2143-44
Cligès,
1171-73
Yvain.
2700-02 ; 2792 ; 3226-28)
Le statut de tant ..• com ressemble à celui de si ••. com (cf. 4.2.1) par
plusieurs points;
i l en diffère par la possibilité de rapporter à
tant un nom et de placer tant après le mot qu'il modifie. Quant au
sens.
si et tan t peuvent tous deux exprimer le degré (l' intensi té) ,
mais
la
relation
de
"manière"
est
propre
à
si,
la
relation
de
"quantité" à tant.
- 236 -

XIIIe siècle.
Au XIIIe siècle Tant ... com est absent dans la Vie de Saint Eustache,
dans les Trois aveugles de Compiegne, dans le Jeu de la Feuillée et
dans la Chaste1aine de Vergio
Chez
Villehardouin,
aucun
exemple
ne
se
relève
au
tome
I ;
en
revanche i l y
en a 8 au
tome
II,
mais
leur
caractère
formulaire
ferait douter de la vitalité du tour
tant en lisent li baron et li chevalier CtUI il plus porent
(f263, 6)
a tut de gent co. il pot avoir (f326, 6)
de tut de gent co. il avoient ( 5329, 5)
a tut de gent co. il porent avoir (1343,4-5)
a tut de gent CtUI il avoient (f 348, 4)
de tut de gent CtUI il avoient (f 349, 8-9)
a tant de gent co. il avoit (9419,3)
a tut de gent co. il avoir pot (f 427, 4-5)
Villehardouin
recourt
à
autant •• . COJDJDe
quand
i l
sort
de
ces
formules :
- 237 -

Et distrent li conte que autaDt les creist en co. .e lors cors.
f
(Villeh.,
15, 7-8)
Des saintuaires ne convient mie a parler, que autaDt en avoit
il a ice jor en la ville cu. el remanant dou monde.
f
(Villeh.,
192, 4-6)
Dans
Aucassin comme dans Courtois,
tant .•. com est disponible après
ne :
Fenme ne puet tant amer l'oume con li hom fait le fenme.
(Aucassin, XIV, 18-19)
Par un convent, ne rois ne quens
n'orent onques tant de lor boens
co. il avroit sans oevre faire.
(Courtois, 167-169)
Dans
la
Queste de1
Saint
Graal
et
dans
Guillaume
de
Dole,
tant
modifie un nom précédé de de :
Car il ne fu onques mes entre tant de gent co.e il a esté a
cest tornoiement.
(Queste, 141, 21-22)
n'ot au cuer, ç'ai ge bien apris,
taDt de joie co. il ot la.
(Dole, 5323-24)
(voir aussi Queste, 68, 23 ; 126, 17-18
210, 14
Dole, 2305-06
- 238 -

3034
4179-80
5528).
Il modifie un verbe auquel il peut être préposé ou postposé :
Si dist Boorz qu'il n'avoit onques veu bome qui taDt resemblast
Lancelot coae cil tesoit.
(Queste, 3, 26-28)
Car je n'oi onques mes parole que je desirrasse tant a savoir
coae ceste.
(Queste, 67, 14-15)
N'il n'est cbose qu'ele tant bace
Coa bonor contre son voloir.
(Dole, 3840-41)
(voir aussi Queste, 21, 26
46, 2 ; 73, 29 ; 98, 9-10
109, 28 ;
122, 24 ; 130, 23 ; 139, 16
203, 24 ; 231 , 29 ; 259, 16
266, 5-6)
Il modifie 1 fois un participe dans la Queste et 1 fois un adverbe
dans Dole:
Ne encore ne sui je pas tant corrouciez por aus coae je sui por
vos deus.
(Queste, 21, 28-29)
(voir aussi Queste, 91, 27)
Bien de taDt loig coa un bom rue
se levoient les genz encontre.
(Dole, 1586-87)

- 239 -
__
__ -:,-
'
. _v
_
~--
..,-,~_~",",":~

Rutebeuf,
au
tome
l,
emploie
6 fois
tant • •• com.
Dans
3 de
ces
emplois,
tant quantifie le nom qui le suit,
dans deux autres,
i l
quantifie le verbe.
Ours ne lyons, serpent ne IiYvre
N'ont taDt de cruautei encemble
Co. ele seule, ce Ille cemble.
(Rut., B, 260-262)
(voir aussi Rut., 0, 232-233 ; 0, 577
AB, 54-55
AN, 84)
Dans le Roman de la Rose, Jean de Keun emploie 6 fois tant ..• com, si
l'on
compte
dans
les
systèmes
corrélatifs
un
emploi

la
juxtaposition
fortuite
n'empêche
pas
de
reconnaitre
en
tant
un
adverbe complément de quantité du verbe qui le précède :
Et si dit Tytus Livius,
qui bien connut quex sunt li us
des lames et quex les manieres,
que vers leur lIIeurs nules prieres
ne valent tant co. .e blandices.
(Rose, 16307-311)
Tant ... comme se présente 4 fois dans Jeban et Blonde
N'a taDt vaillant li qunes de Blois
Co. li tresors vaut qu'il amaine.
(Jeb. et Bl., 5608-09)
(voir aussi Jeb. et Bl., 423-424 ; 568-569)
Le quatrième exemple a le sens intensif
- 240 -

- Vous avrés, fait-il, taDt deniers
Ca.8e vous de .oi vaurrés prendre.
(Jeb et 81., 2450-51)
Al' exception de l'exemple 5608-09 où COIfI introduit un mot, partout
ailleurs, il introduit une proposition avec verbe exprimé.
Joinville emploie 4 fois tant ••• co1fl1fle.
Tant y modifie 3 fois un mot
of!
pr.fkédé de de
Se Dieu plait, je ne mettrai ja taDt de gent co. .e il a ceans
en peril de lfIort.
(Joinville, 88, 29)
Car il
trouva que le con te de la lIarcbe qui ot mangié a sa
table le jour de la Saint-Jeban,
ot assemblé tant de gent a
arlfles a Lusignan delez Poytiers co. .e il peust avoir.
(Joinville, 103, 31-38)
(voir aussi Joinville: tant de desloiaus •.. co. .e, 211, 22-23)
et 1 fois un verbe (Joinville, 126, 41-42)
C01fl1fle introduit toujours une proposition subordonnée comparative.
Signalons enfin que tant + adverbe ne se relève qu' une fois
(Dole,
1586-81), alors que tant + adjectif ne se rencontre pas.
XIVe siècle.
Dans les Cbroniques, tant ••. comme apparait une fois devant de + nom,
mais aussi dans la même page, avec une autre fonction, qu 1 on peut
- 241 -

rattacher aux systèmes de conjonctions
coordinatives
tels
que non
seule.ent ...•ais encore, soit ... soit (en latin cu•... tum) :
On ne trouveroit en nulle bystore tut de .erveilles ne de
grans fais d'armes,
seloncb se quantité,
coue il sont avenu
par les guerres dessus dittes,
tut par terre co. par mer, et
dont je vous ferai en sievant .ention.
(Frois., Cbron., 196, 7-11)
Dans le premier cas,
coue introduit une proposition comparative
dans le second, un mot.
Froissart n'use pas de tant ... co. dans l'Espinette Amoureuse.
Dans Mélusine, Jean d'Arras use 10 fois de tant ... com, toujours avec
la valeur de coordination (cum •.. tua) :
Car, si coue dit l 'ystoire, par ce temps nulz n 'osoit faire
apprendre ses enfans nul des YIJ.
ars qui sont apris par le
noble
art
de
retborique,
tut
grauaire
co_e
musique,
pbisique,
pbilosopbie,
geometrie,
tbeologie,
ne
les
autres
nobles sciences, s'ilz n'estoient nobles.
(Mélusine, 16, 35-39)
Lors s'arresta ly rois tous esbahiz tut de la beauté et du
noble atour de la dicte dame co_e de son doulz cbant.
(Mélusine, 6, 14-16)
(voir aussi
Mélusine,
29,
16-17
34,
10-12
83,
27-28
83,
37
(2fois) : 108, 11 : 109, 3 : 119, 24-25).
- 242 -

La fonction de
tant .. . co. chez Jean d'Arras, est donc de lier des
teraes de sens compléaentaire.
XVe siècle.
Tant ... comme se relève une fois dans le quadrilogue invectif d'Alain
Chartier.
Tant y est suivi de
de + noa,
et
comme introduit
une
proposition
Haa,
chetif douleureux,
dont
vient
ceste
usance
qui
a
si
bestourn~ l'ordre de justice que chascun a sur moy tut de
droit co. .e sa for.e lui en donne.
(Quadr., 20, 13-15)
On rencontre 2 fois tant
comme chez Villon, qui use plus volontiers
du système populaire tant
que (voir f 4.2.10).
Commynes emploie 3 fois tant ... comme :
Nul
homme ne presta
jamais
tut l'oreille aux
gens
ny ne
s'enquist de tut de choses co. .e il
faisoit
ny ne
voulut
congnoistre tant de gens.
(Commynes, 68, 3-4)
Il ne se soucyoit point tut de la descente dudit conte co. .e
faisoit ledict duc de la Bourgongne.
(Commynes, 68, 17-19)
Dans le premier exemple, tant quantifie le verbe, puis un nom : dans
le
second,
il
quantifie
un
nom.
Comme
introduit
toujours
une
- 243 -

proposition
comparative.
Tant
(corrélatif
de
coame)
suivi
d'un
adjectif ou d'un adverbe ne se rencontre pas.
XVIe siècle.
Clément Marot
use 1 seule fois
du
syntagme
tant ••• coue avec
la
valeur coordinative de soit •.• soit
De .es.es aussy, coame avons peu,
Souvent t'avons abbreuv~ et repeu,
Et, tut chez nous caa.e chez nos voysines.
(Marot. Epistres. XXI, 159, 89-91)
Rabelais use 15 fois de tant .•• com
tant est 4 fois suivi de de +
nom (283. 11-13) 3 fois
407, 7)
tant •.. co. est 2 fois employé
avec la valeur coordinative de cu•..• tum (129. 16
225. 5-6)
Nais tous jours demouroit en la nef entre les feues,
tut à la
messe, à vespres, caa.e au sermon.
(Rab., Pantagruel, 225, 5-6)
Tant aodifie 5 fois un adjectif et 3 fois un participe :
Car, disoit-il, au monde n'y a livres tut beaulx, tut aorn~s,
tut ~l~gans, co. .e sont les textes des Pandectes.
(Rab., Pantagruel, 83, 16-18)
(voir aussi Rab., Pantagruel, 85, 1-2 ; 123. 20
123, 27
169, 6
253, 6).
Enfin tant quantifie une fois le verbe (403, 14-15).
A l'exception
des
deux
emplois
à
valeur
coordinative,
partout
- 244 -

ailleurs comme introduit une proposition comparative.
Ni Ronsard, ni Du Bellay n'emploient tant ••• comme.
Nous le rencontrons 3 fois dans les Essais (livre I)
de Kontaigne.
Dans le premier emploi,
tant modifie un adjectif et un participe et
comme introduit un mot non verbal :
Le parler que j'ayme, c'est un parler simple et naif, tel sur
le papier qu'oi la bouche;
un parler succulent et nerveux,
court et serr~, non tut delicat et peigné co. .e vehement et
brusque.
(Kontaigne, l, XXVI, 219, 15-18)
Les deux derniers emplois présentent
tant suivi de de + nom, avec
comme introduisant d'abord une proposition comparative et ensuite un
mot non verbal :
Je ne pense point qu'il y ait tut de malheur en nous co. .e il
y a de vanit~, ny tut de malice co. .e de sotise.
(Kontaigne, l, L, 359, 22-24)
XVIIe siècle.
L'emploi de tant en relation avec comme a disparu au XVIe siècle
que a définitivement pris le relais de comme.
4.2.7. Statut de tant co••
XIe siècle.
Tant com est absent dans la Vie de Saint Alexis, mais se rencontre 1
- 245 -

fois
devant
proposition
avec
verbe
exprimé
dans
la
Chanson
de
Roland:
Par voz saveirs se. puéz acordez,
Jo vos durrai or e argent asez,
Teres e fiez taDt cu. vos en vuldrez.
(Roland, 74-76)
XIIe siècle.
Au XIIe siècle
tant com manque dans 8 ouvrages
Couronnement de
Louis, Charroi de Himes, Lais de Marie de France, Béroul, Cligès, le
Roman de l'Estoire dou Graal, Roman de Renart et Prise d'Orange.
En revanche tant com se relève 2 fois dans Eracle introduisant une
subordonnée verbale (v. 298) et un mot complément (v. 1291)
1 fois
dans Yvain (v. 211) où i l introduit une subordonnée verbale
5 fois
dans Perceval introduisant une subordonnée verbale :
Et cil man]a taDt COD lui plot.
(Perceval, 759)
De fer i ot bien une charre
taDt co. une cbarrete porte.
(Perceval, 4876-77)
(voir aussi Perceval, 792 ; 3891 ; 4973)
La
représentation
de
tant
com
est
plus

t J .

slgntflcatlve
dans
le
Chevalier de la Cbarrete où i l introduit 12 fois
une subordonnée
- 246 -

verbale:
Puis point li uns ancontre l'autre
tant con cbeval lor poeent randre.
(Cb. Cb., 844-845)
Il
introduit
3 fois
un
mot
complément
(résidu d'une
proposition
comparative elliptique) :
Artus n'a cbevalier qu'an lot
tant con cestui, c'est bien sea.
(Cb. Cb., 6298-99)
(voir aussi Cb. Cb., 3723 ; 5718)
I l n'est donc pas cOlllDe si com, en distribution complémentaire avec
le simple com, probablement parce que tant ajoute plus que si au sens
de COli.
Sur
les
15
emplois
de
tant
COli
dans
le
texte,
neuf
fois
la
proposition comparative suit la principale (32 ; 845 ; 1733 ; 1954 ;
2616 ; 3723 ; 3814 ; 5718 ; 6299).
Six fois. elle la précède (16 ; 3294 ; 4478
5000
5490
5658).
Faut-il tenir tant com pour une conjonction ?
Tant est moins astreint que si à précéder le mot qu'il modifie, même
si l' antéposition a été constaté dans ce texte pour 9 sur 10 des
emplois de tant corrélatif disjoint (4.2.6). Lorsqu'il le précède, il
peut en être plus ou moins distant, de sorte que
tant peut passer
pour un complément de quantité du verbe grievent au vers 5000 :
Et tant co. il pueent se grievent
- 247 -

aus trancbanz des espees nues.
(Cb. Cb., 5000-01)
Mais les arguments en faveur de l'unité locutionnelle ne Ilanquent
pas :
Tant com se caractérise par la stabilité de sa forme : 5 fois
seulement, tant est remplacé par son dérivé autant (Cb. Ch.,
659 ; 1537-38 ; 2485-86 ; Perceva1, 2006 ; 2779).
Il
présente
cette
commodité,
propre
aux
conjonctions
de
subordination, de permettre l'antéposition de la subordonnée
comparative (6 fois dans le Cbeva1ier de la Charrete).
Le partage métrique du discours versifié n'intervient jamais
entre tant et com(eJ, mais souvent devant tant:
Et lors contre un cbe~~er muet
tant con chevax poi~t.
(Ch. Cb., 5657-58)
(voir aussi Ch. Cb., 1954 ; 6299).
Cependant le sens de
tant com est assez variable. Le plus souvent
marque d'intensité comme aux vers 32, 3814 ou 5000 du Chevalier de la
Charrete ; il peut prendre une valeur spatiale :
Qu'il n fa tel cbeva1ier vivant
tant co. vantent les quatre vant.
(Ch. Cb., 1953-54)
- 248 -

Ici, i l a le sens de "partout où". De même
an tant con dure toz li mondes,
ne fust uns chevaliers trovez,
tant soit de proesce esprovez,
qui cest chevalier resanblast.
(Ch. Ch .• 2616-19)
On a même la valeur temporelle ("aussi longtemps que") aux vers 1669,
1673 etc.
que
nous
comptabiliserons
sous
le chef
du
temps
(voir
4.4.1).
Dans deux emplois du Chevalier de la Charrete,
tant com fonctionne
comme un pronom complément d'objet, avec un sens proche de quant que
(quantum quod) en ancien français :
Que tant co. or vos an demant
vos en osasse demander.
(Ch. Ch., 4478-79)
Tant con g'en puis avoir, s'an praing.
(Ch. Ch., 5490)
Pourtant dans ce dernier exemple, la reprise par le corrélatif si (et
non par un pronom comme le) parait bien garantir que
tant com est
pensé comme une conjonction.
Le mode après tant(... )con est l'indicatif. dans les mêmes conditions
qu'après si( ... )com (cf. 4.2.3.),
- 249 -

XIIIe siècle.
Tant COIII n' est employé ni dans la
Vie de Saint Eustacbe,
ni
dans
Courtois
d'Arras,
ni
dans
Guillaullle de
Dole,
ni
dans
les
Trois
Aveugles de COlllpiegne,
ni dans
le
Jeu de la Feuillée,
ni dans
le
ROlllan de la Rose, ni dans la Vie de Saint Louis de Joinville.
Chez Villehardouin,
tant COIII figure au tome l <f111, 6 ; { 194, 1-3)
f
et au tome II <f 266, 10 ;
389, 9 ; ~ 490, 3)
Et ainsi bailla li dux les galies et les vaissials taDt C~ il
convint.
f
<Yilleh.,
111, 5-6)
Li novials elllpereres ala sovent veoir les barons en l'ost, et
lIIult les bonora, taDt COD il pot plus faire.
<Yilleb., ~ 194, 1-3)
~
Et cbascuns saissi de la terre endr~t cua lui plot.
<Yilleh., f 266, 9-10)
Si s'en ala a Salenique a taDt co. il pot avoir de gent.
<Yilleh., ~ 389, 8-9)
Lors
s'en
repaira
l'elllpereres
Henris
en
Constantinoble
et
enprist a aler vers Andrenople a taDt co. il poroit de gent
avoir.
<Yilleb., ~' 490, 1-3)
- 250 -

Il
ne
faut
pas
tabler
sur
ces
formules
de
Villehardouin
pour
démontrer
l'existence
d'une
locution
tant
com;
le
même
auteur
emploie les mêmes formules encore plus souvent avec séparation de
tant et come (f
f
326, 6 ; ~ 329, 5
f337, 6-7 ~ 343, 4 ; 348,
f
f
f
4;
~ 349, 8 ; 390, 2 ; 419, 3 ; ~427, 4 f462. 5; 480,
10-11) •
Aucassin présente deux fois tant com, la première fois quantifiant le
verbe
Je ne quit mie que vous m'amés tant COD VOS dites.
(Aue., XIV, 15-16)
la seconde fois quantifiant un nom antéposé
Je vos donroie de mon avoir taDt COD vos en oseriés demander ne
prendre.
(Aue., XL, 15-16)
Il n'apparaît qu'une fois dans la Queste del Saint Graal, quantifiant
le verbe
Si la prise taDt co.e len poist riens ou monde plus prisier.
(Queste, 228, 16-17)
Rutebeuf
emploie
taDt
com au sens
temporel
(cf.
4.4.1.) ;
on le
relève aussi 1 fois dans une expression figée de sens spatial :
Je sai une tisiciene
Que a lions De a ~ane
Ne taDt co. .e li siecl~dure
- 251 -

N'a si bone serurgiene.
(Rut., AQ, 49-52)
tant comme li siecle dure signifie "partout où le monde s'étend".
Jeban et Blonde présente 1 fois
tant com comparatif
(1360), 1 fois
itant com (2656)
Quant il du poulet mengié eut
tant co. .e il a s'amie pleut,
S'osta la nape et dus!' au jour
Fist Blonde avoeques lui sejour.
(Jeb. et Bl., 1359-62)
Prendre volrai de vostre avoir
Itant co. j'en vaurrai avoir.
(Jeb. et Bl., 2655-56)
XIVe siècle.
Tant
comme
ne
se
rencontre
pas
dans
les
Cbroniques,
ni
dans
l'Espinette Amoureuse. On le relève 1 fois dans Kélusine :
Et se taist l'ystoire d'elle et parle de Remondin, qui monte a
cbeval et s'en va tirant vers Poictiers tant co. .e il puet.
(Kélusine, 31, 31-33)
On ~ rencontre
pas
tant
comme
au
delà
du
XIVe
siècle.
Tant
n'apparaît
plus
qu'en
liaison
avec
que
remplaçant
de
comme(cf.
4.2.10.) •
- 252 -

Tableau récapitulatif.
Tan t • •. com
Tant com
XIe siècle
03
01
XIIe siècle
33
23
XIIIe siècle
61
11
XIVe siècle
12
01
XVe siècle
06
00
XVIe siècle
21
00
XVIIe siècle
00
00
Le
tableau
ci -dessus
présente,
de
siècle
en
siècle,
la
fréquence
comparée de tant ... com et de tant com comparati~
La disparition précoce de la locution à termes accolés est due au
glissement
de
sens qui a produit
la
locution
temporelle
tant com
("tout le temps que"), devenue tant que avant le XVIIe siècle.
4.2.8. Reaplaceaent de tant par un dérivé.
La ruine du système tant •.. com et de la conjonction tant c0111l11e a les
mêmes causes que celles du système si ••• cum et de la conjonction si
com (cf. 4.2.5.) :
concurrence entre tant et ses dérivés
remplacement de c0111l11e par que.
Mais notre corpus ne présente que trois dérivés de tant
- 253 -

itant relevé une fois en prose dans la Queste (2,
27) une fois
dans
Jeban
et
Blonde
(2655-56),
représentation
insuffisante
pour
définir un statut :
Sire,
je
vos ameign nostre norriçon,
itlUJt de
joie co. nos
avons,
nostre
confort
et
notre
espoir,
que
vos
en
façoiz
cbevalier.
(Queste, 2, 26-28)
Se vos volés avoir cestui,
Prendre volrai de vostre avoir
ItaDt co. j'en vaurrai avoir.
(Jeb. et Bl., 2654-56)

autant,
formé
sur
tant comme
aussi sur
si,
donc
chargé d'un
élément équatif qui permettra l'abandon de comme au profit de que.
autretant,
formé sur tant cOlllDe autresi sur si, donc équatif à
l'égal
d'autant,
qui
l'éliminera
comme
aussi
éliminera
au tresi ,
vraisemblablement par économie de phonèmes. Nous en avons relevé peu
d'exemples.
Comme pour si, on rappellera que la valeur originelle de
tant est
intensive, réalisée pleinement dans les phrases exclamatives et dans
les systèmes consécutifs :
La veisez tlUJt cbevaler plorer,
Ki tuit li dient : "tlUJt mare fustes ber!
(Roland, 349-350)
- 254 -

raDt eD i ad que mesure D'eD set.
(Roland. 1035)
Dans
les
systèmes
comparatifs.
tant
assumait
l'expression
d'une
quantité
ou
d'un
degré
élevé.
et
comme limitait
le
niveau
par
comparaison
avec
un
étalon.
AutaDt
ajoutera
à
tant
le
signifié
égalité. dont la conjonction pourra se décharger.
XIe siècle.
Aucun dérivé de tant ne se relève au XIe siècle dans nos deux textes.
XIIe siècle.
Autant n'apparaît
au
XIIe
siècle
que
chez
les
auteurs

l'on
rencontre aussi tant.
Autant ... com se
présente
deux
fois
dans
Eracle.
3 fois
dans
le
Cbevalier de la Cbarrete.
3 fois
dans
Cliges.
1 fois
dans
Yvain
(renforcé par tot). 2 fois dans Perceval et 1 fois dans le Roman de
l'Estoire dou Graal
Et si n'i ara nule, espoir.
qui ne cuit bien autaDt valoir
COD cele qui ert couronnee.
(Eracle. 2145-47)
- 255 -

Et autant dit Soredamors
Co.e soreree d'amors.
(Cligès, 971-972)
Et ceste parole autant vaut
con se il deist : "Po m'an chau!j
que por neant vos esmaiez,
de chose que dite m'aiez".
(Ch. Ch •• 1537-40)
Et il met tot autant a oevre
se l'en les clot, con s'an les oevre.
(Yvain. 1527-28)
Et cil avoec ax s'an ala
an la sale. qui tu quarree
et autant longue ca.e lee.
(Perceval, 3072-74)
Autant unt d'eise c~ poisson.
(Est. Graal. 2667)
(voir aussi Eracle.
2233-36 ;
cligès,
1130-33
1159-60
Ch.
Ch ••
659, ; 2485-87 ; Perce val , 2678-79)
Autant. dans ces exemples est construit comme tant; dans la citation
de Perce val , il modifie un adjectif. Il se présente presque toujours
- 256 -

en phrase posi ti ve.
Son emploi parait marquer partout
(même après
néoation dans Erac1e) une insistance sur l'idée d' éCJali té ("ni plus
ni moins").
Autant com apparait 1 fois dans Perceval avec une valeur d'éoa1ité
De cez qui sont an prison mis
me poise autant co. des ocis
(Perceval. 2005-06)
Autretant com apparait une fois dans Eracle et 2 fois dans Perceval.
toujours avec une valeur d'éoa1ité
Il en a autretant co. ele.
(Erac1e. 4437)
Hout voldroie que j'an seüsse
autretant co. vos an savez.
(Perceval. 1496-97)
(voir aussi Perceval. 904)
XIIIe siècle.
f
On
a
vu
au
4.2.6.
que
Villehardouin
employait
réoulièrement
tant ... com dans des formules stéréotypées.
Hors de ces cas. il usait d'aütant ... com :
Les letres erent de creance, et distrent li conte que autant
les creist en co. .e lors cors.
(Vi11eh.,f15, 6-8)
- 257 -

Des saintuaires ne convient mie a parler, que autut en avoit
il a ice jor en la ville cua el reltJanant dou monde.
(Villeh., ~ 192, 4-7)
Dans la Queste, autant .•• com apparait 5 fois
Car onques rois crestiens n'ot autut de bons chevaliers ne de
preudoltJes a sa table co. .e j'ai eu en cest jor.
(Queste, 17, 28-30)
(voir aussi Queste, 58, 25-26 ; 128. 14-15
218, 8-9
211,11-12).
Sur les 5 emplois.
deux sont en phrase négative,
autant soulignant
une nuance d'égalité.
Sur 17 emplois de
tant. .. com relevés dans le
même ouvrage. 13 sont en phrase négative. La distribution de tant et
d'autant parait
donc
obéir
aux mêmes
besoins
que
celle
de
si et
d'aussi, mais principalement dans la fonction de complément de verbe
et de quantifiant du nom.
Si et aussi prédominent largement devant
l'adjectif et l'adverbe.
Au tant . .. com ne figure pas dans Aucassin et Courtois d'Arras
mais
on y rencontre une fois tant •.. com. en phrase négative
Fenme ne puet tant amer l'oume con li hom fait le fenme.
(Aue .. XIV. 18-19)
Par un convent, ne rois ne quens
n'orent onques tant de lor boens
co. il avroit sans oevre faire.
(Courtois, 167-169)
- 258 -

Autretant •. . COIIJ se relève 1 fois dans GuillaulIJe de Dole, en phrase
positive,
l'adverbe
modifiant
un
verbe
avec
un
sens
nettement
équatif :
Le rouva parler a sa mere
par savoir cament il li ere
et s'ele volait nule rien,
qu'il volait autretant son bien
co.e son tilz en un endroit.
(Dole, 3237-41)
Chez le même auteur, tant •.. com se rencontre deux fois, dont une fois
en phrase néqative :
n'il n'est cbose qu'ele tant bace
co. bonor contre son valoir.
(Dole, 3840-41)
l'autre en phrase positive avec une valeur intensive
Bien de tant loig co. uns bom rue
se levoiënt les genz encontre.
(Dole. 1586-87)
Rutebeuf emploie 2 fois
autant .. . cam, en phrase positive.
avec le
sens de stricte éqalité :
Si doute autant trait co. .e cbaut.
(Rut •• B, 287)
S'autant de langues co. de denz
- 259 -

M'avoit doné li Rois de gloire
Por raconter toute l'estoire
De la cité de Repentance,
Si seroie je en doutance.
(Rut., O. 876-8801
Des
6
exemples
de
tant ... com relevés
chez
le
même
auteur
(cf.
4.2.6.1,
5 étaient en phrase négative.
Le seul en phrase positive
présente nettement le sens intensif :
De vos puisse bon taDt de bien dire
Co. bon puet dou conte Huede taire !
(Rut., y, 98-99)
Autant ••. com se lit une fois dans le Roman de la Rose
Et seurmonteroit de largece
le roi Artu, voire Alixandre,
s'il eüst autant a despandre
d'or et d'argent co. .e cil orent.
(Rose. 12636-639)
La phrase est positive et le sens équatit. Au contraire.
4 des 6
emplois relevés de
tant •.. com (cf.
4.2.6.)
sont en phrase négative
(10345-346 ; 11151-154 ; 15010-011 ; 16307-311).
Les deux autres ont la valeur intensive
Et se taDt leur tetes d'enuiz
- 260 -

co. .e a moi de jorz et de nuiz.
(Rose. 9079-80)
(voir aussi Rose. 13453-456).
Joinville emploie. dans des contextes très semblables. autant ... com :
Car il n' i a celi qui autant n' aime sa vie co. .e je loiz la
moye.
(Joinville. 214. 36-37)
et autretant ... com
Et pour ce que chascun aime autretant sa vie co. .e je laiz la
moie.
(Joinville. 86. 1).
La seule différence est la présence dans le premier texte.
de deux
négations s'annulant.
Le personnage qui parle ne pourrait employer
tant ici sans paraître s'extasier sur l'amour qu'il porte à sa propre
vie. Autretant comme autant. met l'accent sur l' égali té en masquant
l'intensité.
Ailleurs. Joinville emploie 5 fois tant ... comme dont 3 fois après ne
et 2 fois au sens intensif :
Se Dieu plait. je ne mettrai ja tant de gent co. .e il a ceans
en peril de mort.
(Joinville. 86. 3-4)
(voir aussi Joinville. 126. 41-42 ; 211. 22-23).
Si vous pd, list-il,
tant {a certes] co. .e je puis, que vous
- 261 -

metés vostre cuer a ce, pour l'amour de Dieu et de moy.
(Joinville. 88. 291
(voir aussi Joinville. 103, 37-381
Autant com n'est pas disjoint dans ce passaqe de Villehardouin:
Et amena de tel gent cum il oit, et bien altant cu. l'empereres
Baudoins et li cuens Loeys en avoient amené.
(Villeh., 9351. 2-51
Il semble pourtant qu'ici altant fonctionne comme quantifiant du nom
gent et non comme élément de locution. Le sens n'est. en tout cas,
nullement intensif.
Edmond Faral
traduit
bien altant par
"environ
autant".
On a vu (f 4.2.71 que Rutebeuf employai t tant com au sens temporel et
spatial.
Il
use
plus
souvent
d'autant
com.
avec
le
sens
de
la
locution conjonctive "aussi bien que" :
Et si tu en la taverne ier
autant co. .e ele a hui esté ...
(Rut., 0, 4111
(voir aussi Rut .. H, 151 ; AH. 95
AL, 841.
C'est plutôt un système corréla tif dans
les trois autres
cas,

l'adverbe autant a sa fonction propre dans la principale:
Se vos n'aveiz, vos i teroiz
autant co. l'oie seur la glace.
(Rut., H, 150-1511
(autant apporte au verbe teroiz le complément qu'il exiqel.
- 262 -

Jean de Keun emploie 2 fois autant com. en phrase positive. avec le
sens d' un com (me) nuancé de quanti té. 1 fois devant une proposition
(11783).
1 f ois devant un mot sans verbe (15859). Dans le premier
cas. autant com a pour corrélatif tant (117901. preuve de sa cohésion
locutionnelle :
Autant con par sa grant valeur,
soit de clart~ soit de chaleur,
seurmonte li soleuz la lune,
qui trop est plus trouble et plus brune,
et li noiaus des noiz la quoque,
ne cuidiez pas que je me moque,
seur m'ame le vos di sanz guile,
tant seurmonte ceste evangile
ceus que li .IIII.evangelistre
Jhesucrist firent a leur tistre.
(Rose. 11783-7921
Autant com figure deux fois dans Jehan et Blonde (2668 ; 5510) avec
une nuance de stricte égalité. Le premier emploi ressemble beaucoup
pour le sens.
aux emplois de
tan t ••• com par Joinville ci tés plus
haut
Car Jehans l'aime autant co. soi.
(Jeh. et Bl .. 2668)
(Tant com soi marquerait trop d'amour pour soi-même)
- 263 -

XIVe siècle.
Autant ... comme se lit une fois dans les Chroniques de Froissart:
Sus ses ordenances meismement en ay je oy parler et deviser en
ma jonece aucuns vail1ans hommes et bons chevaliers. qui otaDt
bien s'en esmervilloient adonc co. .e je fais maintenant.
(Frois .. Chron .. 200. 10-13)
47,17).
Autant comme est sans exemple dans nos auteurs de ce siècle. où tant
comme se relève une dernière fois (cf. 4.2.7.).
XVe siècle.
Alain Chartier emploie encore autant ... comme :
Car autant exaulca la gloire des Rommains et renforca leurs
couraiges a vertu la plume et la langue des orateurs co. .e les
glaives des combatans.
(Quadr .. 65, 27-30)
- 264 -

Le sens est clairement équatif
i l ne l'est pas dans l'emploi de
tant .•. comme relevé à la page 20
Baa.
chétif
douloureux,
dont
vient
ceste
usance
qui
a
si
bestourné l'ordre de
justice que chascun a sur moy talJt de
droit co. .e sa force lui en donne?
(Quadr .. 20. 13-15)
Le choix de tant dans ce contexte positif (interrogatif) s'explique
par le fait qu'il ne s'agit pas vraiment d'une comparaison équative.
mais
d'une
définition
fonctionnelle
de
la
quantité
maximale
de
"droit" que chacun s'arroge selon sa "force".
Francois Villon remplace comme par que. sauf dans les proverbes (cf.
4.2.6.). et curieusement dans la strophe CXXXV du Testament:
Item. donne a Hichault Cul d'Oue
Et a sire Charlot Taranne
Cent solz (s'ilz demandent: "Prins ou ?"
Ne leur chaille ; ilz vendront de manne)
Et unes houses de basanne.
Autant empeigne que semelle.
Pourveu qu'ilz me salueront Jehanne.
Et autalJt une autre co. .e elle.
(Villon. Test .. CXXXV. 1338-45)
A deux
riches
notables.
Villon
lègue
par
dérision
cent
sous
apparemment tombés du ciel, et une paire de bottes. "autant empeigne
que semelle",
c'est-à-dire aussi
bien
(et aussi
peu !)
l'une que
- 265 -

l'autre.
à
condition
qu'ils
saluent
de
sa
part
une
prostituée
quelconque, Jeanne ou une autre. Pourquoi autant ... que au vers 1343.
et autant .. . comme au vers 1345 ? Insistance dans le premier cas sur
la
quantité.
et
dans
le
second
cas
sur
la
qualité?
ou
simple
commodité métrique ?
X'yIe siècle.
Marot emploie autant .•. comme en phrase positive
Autant sur tous sa vertu reluysoit
Co. .e Aurora est luysante et decore
Sur toute estoille. ou Phebus sur Aurore.
(Marot. Complainctes, V. 140-1421
(voir aussi Marot. Epistres. 173. XXVI. 11-121
Dans ces cas. autant souligne l'égalité dans la comparaison.
Rabelais dans Pantagruel. use 5 fois de autant ... comme
Autant vault 1 'hoœœe co. .e il s'estime.
(Rab .. Pantagruel. 363. 71
(voir aussi Pantagruel. 33. 6 ; 183. 23-24
195. 6
343. 16-17).
Les 15 emplois de tant •.. coœœe relevés dans le même texte sont. pour
11 d'entre eux. en phrase négative.
Ronsard use de autant ... comme une fois dans les Amours:
Autant me plaist sentir le froid co. .e le chault.
(Rons., Amours. 204. XXX, 51.
et une fois dans les Quatre Saisons
- 266 -

Quant-a-moy, je suis franche, et Déesse j'estime
Autant un fils bastard. co. .e un fils 1egitime.
(Rons .. Saisons. 46. 55-56)
Montaigne en use une fois :
Car.
comme disoit Bion.
autant se fache le chevelu co. .e le
chauve.
(Montaigne, 1. XIV. 106. 2-4)
La
locution
autant
comme
se
relève
2
fois
chez
Clément
Marot
(Epistres.
XXXIV.
58;
XLIII.
39) ;
2 fois dans
les
Amours
(109.
CXXVI. 14 ; 366. III. 133) ; 1 fois chez Montaigne (1. IX, 73. 2). Sa
valeur locutionnelle est mise en évidence chez Du Bellay où i l a
comme corrélatif autant :
Autant co. .e lon peu1t en un autre langage
Une langue exprimer, autant que la nature
par l'art se peu1t monstrer. et que par la peinture
On peu1t tirer au vif un naturel visage:
Autant exprimes-tu. et encor d'avantage.
Avecques le pinceau de ta docte escriture,
La grace. la façon, le port, et la stature
De ce1uy. qui d'Enee a descript le voyage.
(Du Bellay. Regrets. CXLVIII. 1-8)
Ce lourd système corrélatif souligne évidemment mieux qu'un simple
comme le parallélisme des langages artistiques.
- 267 -

XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle,
autant,
non
plus
que
tant,
ne
se
rencontre plus
qu'en corrélation avec que (cf. 4.2.10)
Du rapprochement des
§f 4.2.6, 4.2.7 et 4.2.8, il ressort que les
systèmes
si ... com et
tant ... com se
sont
partagé
le
domaine
de
la
comparaison en fonction de la nature qualitative ou quantitative de
l'élément
comparé
(si
beau commel tan t
de
gens
comme),
et
que
le
recours à des dérivés
de
si et
tant peu à peu réduits à aussi et
autant a permis de mettre l'accent soit sur l'intensité,
soit sur
l'égalité dans la comparaison
(si belle comme elle est/aussi belle
comme elle est). Quant aux locutions conjonctives si com et tant com
nées
du
resserrement
des
systèmes
corrélatifs,
elles
ont
disparu
devant
comme généralisé, mais leurs variantes ainsi comme et autant
(... ) comme se perpétueront dans ainsi que et autant (... ) que.
4.2.9. Statut de (au)tel ( ••. ) co•.
XIe siècle.
Un système disjoint
tel ... com n' apparai t nulle part dans la
Vie de
Saint Alexis ni
dans
la
Chanson
de
Roland.
Mais
les
deux
termes
accolés au vers 5 de Saint Alexis :
Ja mais n'iert tels come fut as anceisours
sont
de
toute
évidence
à
tenir
pour
un
système
corrélatif
fortuitement
juxtaposé
(il
est
exclu
que
le
rapprochement
d'un
adjectif, épithète ou comme ici attribut, avec une conjonction puisse
être tenu pour une locution conjonctive).
- 268 -

-r: 0
~
.. _. .J-
....vvt- ~ ~c ~
I-€A..
f)t~~ ~. iYV\\.aM/t1
..-
~~
~~)~ '.
'~11.i
or::.&a emplois de si. tall t et de leurs dérivés: "Tel a deux
significations principales. du reste voisines: il marque comparaison
ou indique degré élevé dans une évaluation"36.
Aucun dérivé de l'adjectif tel ne se relève dans ces deux textes.
XIIe siècle.
Dans
les
textes
du
XIIe
siècle.
nous
avons
relevé
le
système
tel f ••• ) com
18
fois
sous
la
forme
disjointe
(Cour.,
2518-20
Cbarroi,
357;
Lallval.
569-570;
YOllec,
47-48 ;
Eracle,
2805-07
Béroul.
1026-27 ;
Cligès,
4938-39
Ch.
Cb..
920. ;
3132 ;
3395
4~57 ; Yvaill. 390
1514-15 ; 3474
Rellart,
227-228 ; 551 ; P. OR.,
1551-52 ;
Perceval.
622-623).
et 15 fois sous la forme
juxtaposée
(Cb.
Cb..
202-203
2020
3374;
6781;
Jfilull,
225
Eracle,
2531-32 ;
1545 ;
2537-38 ;
2733 ;
Perceval,
2892-93
1842 ;
4593 ;
Est. Graal. 31-32 ; Cligès, 109 ; Yvaill. 4801).
La
différence
tient
uniquement
à
la
fonction
de
l'adjectif
par
rapport au nom ; dans un texte comme le suivant :
Fils d'or Ile gette tel luur
Cu. si cbevel cUlltre le jur !
Lallval. 569-570)
l'épithète précède le nom
dans celui-ci
Car caSCUllS bom peller se soelt
36. Lucien Foulet. Çlossairl dl II CDIDSOD dilollDd. p.m.
- 269 -

qu'il soit tels con sa dame voelt.
(Eracle, 2531-32)
tels est attribut et suit normalement le verbe
dans celui-ci
Uns paletroiz estoit delez,
tez c~ a reine covient.
(Ch. Ch., 202-203)
tex est épithète détachée de pa1efroiz
dans celui-ci
Un briet escrit tel cua li plot.
(lfilun, 255)
tel peut être tenu pour attribut du complément d'objet briet.
La valeur de
tel y est, selon le contexte, simplement comparative,
comme dans les vers d'Eracle cités ci-dessus. ou intensive comme dans
les vers 569-570 de Lanval. ou dans ceux-ci
Einz ont tet tel joie et tel teste,
Co. il onques pueent greignor.
(Cligès. 4938-39)
Il est purement équatif dans l'expression par tel covent
Ci dei coœbatre al brant d'acier torbi
Encontre tei que vei si aati
Par tel covent c~ ja porras oir.
(Cour., 2518-20)
Le
dérivé
Hel
(fait ~icil.
icist)
apparaît
dans
les
mêmes
fonctions que tel, avant ou après le nom :
- 270 -

Au main s'an alerent ensamble
et itel vie. ce me sanble,
ca. il orent la nuit menee
remenerent a la vespree.
(Yvain, 3479-82)
Par deseure ont ais une ymage
itel de vis et de corage
con li preudom qui tint l'empire.
(Eracle, 6491-93)
Il
Y
a
dans
ces
deux
contextes
la
valeur
équative
plutôt
qu'intensive. Il en est de même du dérivé autel, plus fréquent
Ilot autel procession
Com s'il fust jor d'Acenssion.
(Perceval, 2935-36)
Une autel porte avoit derriere
come cele devant estoit.
(Yvain, 956-957)
Autel cbiere tot par igal
fet il del bien come del mal.
(Ch. Ch., 5913-14)
Epithète
dans
ces
trois
passages,
autel est attribut
(de l'objet
cuer) dans celui-ci
- 271 -

Sanz fere nul felon sanblant.
et dit : "Sire. je vos eQsse
salué. se autel seQsse
vostre cuer co. je faz le mien.
(Perceval. 4410-13)
En deux endroits, autel n'est plus un adjectif mais un pronom neutre
adverbial.
constituant avec com un système corrélatif. même si les
deux mots sont juxtaposés :
.....
Au departir a soplOJ2
a la chambre. et fet tot autel
COD s'il fust devant un autel.
(Ch. Cb .• 4716-18)
Et li ricbe bomme le baoient
De Judee. qu'il ne pouoient
Saner ausi comme il pouoit
Ne feire autel co. .e il feisoit.
(Est. Graal, 1039-42)
Le
mode
après
(au) tel
( ... )
com est
l'indicatif
dans
les
mêmes
conditions qu'après si ( ..• ) com et tant (.•. ) com.
XIIIe siècle.
Tel et ses dérivés ne se rencontrent pas dans Courtois d'Arras, les
Trois Aveugles de Compiegne et le Jeu de la Feuillée.
- 272 -

Ailleurs. l'usaqe est le mème qu'au XIIe siècle.
Villehardouin emploie 14 fois
tel
( .•• )
com,
dont 5 fois sous la
forme disjointe :
L'empereres Alexis l'appela en une cbambre et 10 fist jeter a
_ave%
terre et traire les oels de la teste en tel traison co. vo~
(Villeh., §271, 7-9)
f
f
(voit aussi Villeh.,
p
f
140, 6 ;
187, 6 ;
351, 3 ;
466, 5) et 9
fois sous la fone juxtaposée (f
f
2. 6-7 ; ~ 87, 4 ;
132, 6
~ 133,
f
3 ; ~ 187, 8
~ 193, 8-9 ~ 225.4 ; 251,1 ; f297, 7).
On y remarque tel rapporté au nom maniere. association promise à un
qrand avenir, surtout dans les systèmes consécutifs:
Et a vos mande conme vos filz que vos asseùrez la convenance en
tel maniere ca. il nos a fait.
(Villeh .. ~ 187. 4-7)
On y observe une valeur indéfinie propre à tel ;
La gaagnerent assez cevaus et roncins et palefrois et muls et
mules et tentes et paveillons, et tel gaing COD a tel besoigDe
aferoit.
f
(Villeh .•
140, 4-7)
Autel ( •.• ) com apparaît sous la forme atel ( •.• ) co. :
Atel proiere co. cil avoient fait de Costantinoble, a lermes et
a plors, lor fist Joffrois le marescbaus.
f
(Villeh.,
378, 1-3)
Le renforcement tot autretel cum est relevé sous la forme tot atretel
- 273 -

f
con (985. 10). et avec le genre neutre (adverbial) au
424. 6 :
Et ot empensé que il en feroit tot autretel cu il avoit fait
des autres.
f
(Villeb .•
424. 5-6)
Dans Aucassin.
on ne rencontre que
tel com 2 fois
(II.
9
XXIV.
13) ; tel ... com se lit 1 fois dans Saint Eustache (1540).
Dans la Queste del Saint Graal.
tel ... com est employé 24 fois ; com
est toujours suivi d'une subordonnée verbale sauf dans deux cas.
Si jureroient li cOlDpaignon tel serrement co.e cil font qui en
queste doivent entrer.
(Queste. 23. 2-3)
{voir aussi Queste. 15, 27 ; 17. 21 ; 28. 4 ; 71, 11 ; 119. 21 ; 154.
16 ; 159. 20-21 ; 166. 18 ; 166, 27 ; 167. 21 ; 178. 1-2 ; 198. 6 ;
209. 1 ; 219, 13-14 ; 220, 24 ; 236. 17-18 (2 fois) ; 238, 12 ; 238,
32 ; 240. 15 ; 243. 18 ; 65. 24-25 ; 265. 7).
La notion de manière apparaît 5 fois (65, 24-25
167. 21
209. 1
220, 24 ; 240. 15) :
Sachiez que il ne vos refusera ja, se vos vos offrez a lui en
tel maniere co. je vos di.
(Queste, 65. 23-25)
et celle de semblance 1 fois (236. 17-18)
Si en a li bonseurez, li Haut Sires,
en cest pais et en maintes terres,
mostré as preudomes et as chevaliers
- 274 -

en tel semb1ance coae de cerf.
(Queste, 236, 15-17)
Tel com apparaît 22 fois (27, 21 ; 34, 18 ; 45, 3 ; 52, 4
80, 33
93. 5-6 ; 130, 10 ; 145, 24 ; 153. 3
202. 1-2
222. 26
223. 1
223. 6 ; 223. 16
227. 17 ; 239. 30
246. 17 ; 246. 18 ; 247, 14
250. 32 ; 259. 7
279. 32-33). (voir p.275 bis).
Te1 ... com se lit 5 fois dans Guillaume de Dole (877-878
2492-93
4104-05
4239-40;
5131-32).
tel com 4 fois
(721-722
1704-05
3638-39
5444-45).
Hel com 1 fois
(5457-58).
Autrete1 com 1 fois
(679-682).
Dans
tous
ces
passaqes
com est
toujours
suivi
d'une
subordonnée
verbale.
Rutebeuf emploie. au tome 1. 10 fois te1 ... com
S'i1 vindrent chiés povre provoire.
rel bien coa-e il ot. c'est la voire.
(Rut., J. 61-62)
(voir aussi Rut.. H. 130-131 ; H,
280-281 ; J,
140
L.
76-77
O.
92-93 ; AB. 30 ; AE. 315 ; AH, 38 ; AN, 35).
et 3 fois tel com (E. 3 ; F, 36 ; AE, 140).
Les
variantes
sont
ite ... com
(0,
850-8511
autel ..• com
(O.
802-803 ; AR. 15-16).
L' opposi tion de sens entre
tel et au (tre) tel es t toujours du type
intensité/éqalîté :
- 275 -

Autel ... com se compte 2 fois (23. 15 ; 48. 18) ;
tout autretel ... com
2 fois
(16.
2'7 ; 23.
21-22) ;
autel com 2 fois
09. 4 ; 218. 11) ;
autretele com 1 fois (110. 16-1'7).
-k
- 2'75
---.-.-
•.•• -o--~-
--,-
... ,------~~.--' .....
~;~-...,....;""'
....-,

Se Diex ot tel robe vestue
Co. .e il portent parmi la rue,
Bien ont son abit retenu.
(Rut .. L. 76-78)
[Si Dieu a porté un habit pareil
à celui qu'ils portent dans la rue.
ils ont bien fait de conserver son habit.]
Les reliqieux de l'ordre des Sacs (Frères de la pénitence de J.C.) se
vêtaient d'un simple sac. Tel est ici charqé d'une forte connotation
affective.
Por lor mesfez et por les nostres
Dient il bien tout sanz doutance
Que il font autel penitance
Co. Diex et si apostre firent.
(Rut .. O. 800-803)
Il s' aqit du même ordre de reliqieux.
et de la même référence au
Christ. mais ils n' invoquent pas son exemple pour se vanter ; ils
mettent plutôt l'accent sur l'identité (l'éqalité. la référence) que
sur la qualité.
Si
autel n'a pas évincé
tel dans les mêmes conditions qu'aussi a
évincé si et autant. tant. c'est sans doute parce que l'expression de
l'identité était la fonction normale de l'adjectif même:
"ils
font
la
même
pénitence
que
Dieu
et
ses
apôtres
ont
faite" ;
- 276 -

tel ne s'est conservé que dans l'expression de la conséquence,

joue l'intensité, la qualité.
Remarquons aussi chez Rutebeuf l'emploi neutre de autel
Et puis que la grace devine
Vous amaine a nostre doctrine,
Prenez autel ca. nous avons,
Que miex dire ne vous savons.
(Rut., AS, 637-6401
Autel a ici le sens de "autant que", "ce que".
(voir aussi Rut., trestout autel com, AT, 768-7691
La notion de maniere apparaît également chez Rutebeuf :
Il atorneront sa besoingne
De son douaire en itel guise
Co. la droiture le devise.
(Rut .. AT, 1234-361
Jean de Keun dans le Roman de la Rose use de tel ... com (84011,
tel
com
(8883).
autel ... com
(15793).
On
y
rencontre
l'expression:
en tel guise con :
Que vos diroie ? BD tel guise
con il me plest je me desguise.
(Rose. 11189-1901
(voir aussi Rose. 133441
Le mot maniere apparaît également
Si la gardez en tel .aniere
- 277 -

COD l'eD doit garder tel florete.
(Rose. 9964-65)
Dans JebaD et BloDde.
on compte 4 fois
tel .•• COli/ (725 ; 1070-71 ;
4151
5014).
1
fois
tel
COli/
(1143)
et
2
fois
autel •.. colJllJle
(1244-45;
2222-23).
L'opposition
"degré"'"égalité"
entre
tel
et
autel explique généralement le choix. On retrouve aux vers 5013-14 la
valeur indéfinie de tel signalée chez Villehardouin :
Si li dist t'il seelera
fez lettres co. JehaDs volra.
(Jeh. et Bl •. 5013-14)
L'auteur de la
CbastelaiDe de Vergi n' use que de
tel •.. COli/ qu'on
relève
6
fois
(95-96:
228-229:
244-246
(2
fois) :
607-608;
859-860). De tel lI/aniere COli/ se retrouve aux vers 607-608 et 859-860.
Joinville use de tel ... colJllJle 11 fois. toujours en phrase positive
Je vous asolz de tel pooir co. .e Dieu lI/'a donDé.
(Joinville. 156. 29)
(voir aussi Joinville.
85.
3 ; 141.
27 ; 154, 13 : 154.
21
165.
17 ; 209. 22-23 : 222. 40 ; 225. 13 ; 233. 39 ; 235, 7-8).
Il emploie de tel lI/aniere cOll/lI/e (154.
13) et de te(l] façon cOlJllJle
(209. 23) avec une valeur de qualité plutôt que de manière
Le roi lI/e donna une pierre.
et"frouvai une tanche dedans, de
brune coleuret de te(l] façoD co. .e tanche doit estre.
(Joinville. 209. 22-23)
- 278 -

Il use 3 fois de tel com (141, 3
190. 31
191. 3) dans les mêmes
conditions.
Il
emploie
une
fois
autel ... comme
au
sens
neutre
après
un
ne
(explétif. non néqatif, entrainé par le verbe douter. "craindre") :
Et pource que il doutoient que il ne feist autel d'eulz co. .e
son aieul avoit fait a ceulz qui avoient pris le conte de Bar
et le conte de Honfort.
(Joinville. 142, 36)
XIVe siècle.
Dans les Cbroniques de Froissart et dans Hél usine.
on ne rencontre
pas tel
com et ses dérivés. L'Espinette Amoureuse offre 2 emplois
de tel
com :
Hais onques ne me peucb embatre
A tele beure co. lors je fis.
(Frois., Esp. am., 670-671)
rels enviers moi co. je sui enviers ti.
(Frois .• Esp. am., 2789)
XVe siècle.
Chez Alain Chartier et chez Commynes, le système basé sur tel a pour
corrélatif comme quand ses termes sont séparés :
Et
s'il
estoit
aussi
grant
besoing
du
dire
comme
il
est
bonnes te du
taire de
tel
vice ou obprobre co. .e il
y
peut
- 279 -

avoir, aucuns des tiens ne s'en sauroient laver ne que moy.
(Quadr •. 39. 1-4)
(voir aussi Quadr .• 26. 30)
Et mainte telle oeuvre se fait en ce monde co. .e celle que j'ay
dessus declairee.
(Commynes. 44, 16-17)
(voir aussi Commynes. 67. 2 ; 82. 4-5
99. 4)
Il a pour corrélatif que quand ses termes sont accolés :
Ce puis je savoir que la finance.
tele que nostre prince la
recuelt, n'est pas une chose limitee.
(Quadr •. 50. 19-21)
(voir aussi Quadr.. 39. 32 ; 40. 27).
Car la paix eust esté presque telle qu'elle estoit quant le roy
l'eust faicte.
(Commynes. 169. 6-7)
(voir aussi Commynes, S. 6 ; S, 12)
Un même souci de style a pu inspirer ce choix aux deux auteurs ; tel
et
comme
exprimant
chacun
l'égalité,
leur
redondance.
utile
à
distance pour la clarté. doit être évitée dans la juxtaposition.
Dans la langue populaire de Villon,
tel ( ..• ) comme est remplacé par
tel (... ) que.
Large ou estroit, moult me fut chiche:
- 280 -

Tel luy soit Dieu qu'il m'a esté!
(Villon, Test., 15-16)
Les dérivés
autel et autretel ne se relèvent dans aucun des trois
ouvrages.
La
langue
avait
d'ores
et
déjà
abandonné
ces
lourds
dérivés
que
l'existence de même rendait inutile.
XVIe siècle.
Chez
Marot.
tel • .. com se
relève
2
fois
(Opusc..
l,
17,
34-35
Epistres, XVIII. 152. 46-47).
Dans le texte des Opuscules,
tel est précédé de un
On ne veit onc un tel deduit de chasse.
Coue cestuy.
(Marot, Opusc., I. 17. 34-35)
Tel com apparaît 3 fois (Epistres. VII, 132. 5
Elégies. XIV, 309.
1-2 ; Complainctes, IV, 137).
Chez Rabelais,
tel ... comme se compte 8 fois
(59,
20-21 ;
123, 18
123. 20 ; 123. 28 ; 131. 8 ; 189. 6 ; 207, 6 ; 245. 5) et
tel com 1
seule fois (365. 13).
Chez Ronsard
tel ... come apparaît 1 fois dans les Amours (404. XIII.
13-4) et 1 fois dans les Quatre Saisons (256. 129) toujours avec une
valeur d'équation. Tel com ne se présente pas.
Du Bellay use de telle •.. com 1 fois (Regrets, CXLVII, 7-8) et de tel
- 281 -

com 1 fois. en redondance aVeC aussi
Et tel co. .e je vins, je m'en retourne aussi.
(Du be11ay, Regrets. XXVIII. 5)
Chez Montaigne l, tel. • . comme apparait 1 fois (XXVI, 197. 16) et chez
Agrippa d'Aubigné on relève une fois tel comme (285. VII. 408).
Comme au XVe siècle. aucun dérivé ne se relève. Les emplois de que
pour comme sont importants (voir 4.2.10.).
XVIIe siècle.
Tel
n'apparaît
plus
qu'en
liaison
avec
le
système à termes accolés
tel que (cf. 4.2.10.). Le remplacement de
comme.
conjonction
comparative
en
redondance
avec
tel
par
que.
conjonction
polyvalente.
appelle
le
rapprochement
des
corrélatifs
(comme il a été montré à propos d'Alain Chartier et de Commynes).
Ce rapprochement n'a pas créé une locution : tel que n'est pas plus
10cutionne1 que celui qui : la nature adjective de tel a empêché que
le système tel
com aboutisse à une conjonction. comme les systèmes
si ... com et tant
com.
Les
dérivés
équatifs
autel.
autretel.
essayés
au
XIIe
et
XIIIe
siècles par analogie avec les dérivés de si et de tant. ont fait long
feu,
sans
doute éliminés par
la
concurrence de
l'adjectif
mesme,
marque spécifique de l'identité.
- 282 -

4.2.10. Reaplaceaent de cOII(.e) par que.
On sait que dans les comparatives d' éqali té COIll (e) a fini par céder
la place à que. Sur l'histoire de ce remplacement, Herman37 donne de
nombreuses réf érences,
et il semble pencher pour l'explication de
Tilander
selon
qui
la
substitution
aurait
lieu d'abord
dans
les
emplois temporels de si CUIIl , tant com,
tantost COIll par analogie avec
les autres locutions temporelles contenant que (maintenant que, lors
que etc. 1.
Sneyders de Vogel estime que "dans les locutions conjonctives, que
était la conjonction par excellence à partir de laquelle on pouvait
créer des locutions".
Contrairement à ce point de vue , on peut soutenir que dès le XIe
siècle (cf. Roland, 211~ que a commencé à se substituer à com dans
les
tours
marquant
la
"conformité".
Alors
que
dans
les
systèmes
temporels, la substitution de que à cOllle reste encore rare au XIIe
siècle (voir 4.4.3.1.
XIe siècle.
Dans la Vie de Saint Alexis, COIll n'a pas de remplaçant. La Chanson de
Roland offre un seul cas
Sunez vos graisles tant que en cest ost ad !
(Roland, 21101
[Sonnez vos clairons, autant qu'il y en a dans cette armée !]
37. J~zsef !er••n. Op. cit., p. 251, note 1.
- 283 -

Il s'agit d'un tant que comparatif à valeur quantitative, comme ayant
été remplacé par que.
XIIe siècle.
Dans le Couronnement de Louis, le Cbarroi de Himes,
Yvain, Perceval.
Renart, la Prise d'Orange et chez BérouL que n'est jamais employé
pour COli.
Tel que apparaît dans Eracle :
Al cuer a il molt grant paour
qu'il ne soit teus c'on li tesmoigne.
(Eracle, 718-719)
Le remplacement de com par que peut être dû ici à la négation de tel
aboutissant à nier l'égalité (ne ••. tel = autre).
Si ... que apparaît 1 fois dans le Cbevalier de la Cbarrete
Hes an son cuer tote reprist
Amors, et tu si anterine
qu'an toz autres cuers tu trarine.
(Cb. Cb .. 4666-68)
(Mais en son coeur tout l'amour reprit et fût aussi parfait
qu'il était pauvre dans les autres coeurs].
La substitution de que à com est peut être favorisée ici par l'idée
d'inégalité qu'exprime la comparaison entre ces deux sortes d'amour.
Les autres emplois de que pour com au XIIe siècle se rencontrent
- 284 -

significativement dans des vers ou si est remplacé par des dérivés
(tout autressi, Erade, 745-746 ;
tout aussi, Est. Graal,
2857-58 ;
ensi, C1iges, 6113) ; si l'on considère que ces dérivés contiennent
un signifié équatif en redondance avec le sens de com, on comprend le
choix d'une conjonction plus abstraite. La même explication convient
peut-être pour itant ••. que (Erac1e, 4322).
Remarquons que la coordination d'un adverbe d' égali té
(autresi)
et
d'un adverbe d'inégalité (plus, mia1z) rend aléatoire le choix de com
ou que:
Autresi fieremant ou plus
Corent li uns as autres sus
Con li 1yon a proie corent,
Qui quanqu'i1 ateignent devorent.
(C1iges, 1723-26)
N'en vile n'an cité ne gisent.
Et si ont quanque il devisent,
Autresi ou aia1z qu'il ne sue1ent.
(C1iges, 6545-47)
XIIIe siècle.
Que employé
pour
com ne se
rencontre
pas
dans
la
Vie
de
Saint
Eustache, la Queste de1 Saint Graal,
Courtois d'Arras,
Guillaume de
Dole,
les
Trois Aveugles de Compiegne,
le Roman de la Rose,
chez
Rutebeuf et chez Joinville.
- 285 -

Une vraie infraction apparait chez Villehardouin :
Et les lIoies des blez qui estoient lIessoné par IIi les camps,
tut que cbascuns en volt prendre si en prist.
(Vi11eh., §135, 8-10)
(Et
des
meu-Jes
des
blés
moissonnés
qui
étaient
parmi
les
champs chacun prit autant qu'il en voulut prendre)
I l est difficile de ne pas penser ici à une influence de quant que
(quanque),

que est
d'ailleurs
un
pronom relatif,
et
non
une
conjonction.
C'est
pourtant
conlie qu'on
lit
à
la
place
de
ce
que,
dans
les
manuscrits B, C, E (en fait plus anciens que les manuscrits 0 et A
suivis par l'éditeur Fara1). Ailleurs, Villehardouin use normalement
de tant COli (cf. 4.2.7.).
Notons aussi que chez le même auteur, un que après tanz a une autre
explication :
Si cum de nés et de galies et de uissiers bien a troiz tuz que
il n'aüst en l'ost de genz.
f'
(Vi11eh.,
56, 10-12)
[En tai t de nefs, de galées et d' huissiers,
bien pour trois
fois autant qu'il y avait de gens en l'armée.)
Ici,
troiz
tanz (trois fois
autant)
exprime plus
l'inégalité que
l' égali té, d'où le remplacement de COll/ par que ; le ne explétif qui
suit confirme la confusion de l'égalité avec l'inégalité {il est de
- 286 -

règle dans les comparatives d'inégalité).
On relève des infractions, plus sérieuses dans Aueassin et Nieolette.
témoins d'un état avancé de la langue parlée (on ne les relève que
dans les parties en prose) :
Nieolete fu en prison, si que vous avés oi et entendu, en la
eanbre.
(Aue., VI, 1)
Certes, se j'estoie ausi riee hom que vos estes, tos li mons ne
me feroit mie plorer.
(Aue., XXIV, 32-33)
Ce ne porroit estre que vos .'amissiés tant que je fae vos.
(Aue., XIV, 17-18).
la preuve qu'il s'agit d'inadvertances
(alors qu'on lit eon partout
ailleurs) est donnée par la phrase suivant le dernier texte cité
Fenme ne puet tant amer l'oume eon li hom fait le fenme.
(Aue., XIV. 18-19)
tant eon se li sai t à la ligne 15. La confusion a pu être favorisée
par l'emploi de plus que à la ligne 16
/
- A !
fait ele,
je ne quit mie que vous m'am~ tut eon vos
dites; mais je vos aim plus que vos ne faeiés mi.
(Aue., XIV, 15-16)
Nous relevons plusieurs infractions dans le français populaire picard
- 287 -

du Jeu de la Feuillée:
aussi suivi de co. aux vers 52 et 355 et
suivi de que aux vers 989-990 et 1030 (respectivement prononc~par un
moine ivrogne et par un IIdervéJ:
Dont deviegne Jou aussi tais
Ke tu li hors du sens annuit !
(Feuillée, 989-990)
Ahors ! le tu! le tu ! le tu !
Aussi bien cante Jou t'il tant.
(Feuillée, 1029-30)
Ensi (comparatif) est toujours suivi de que
oil, et mengier a loisir.
EDsi c'on Il'a tait a entendre.
(Feuillée, 600-601)
(voir aussi Feuillée. 695 ; 865)
Dans Jehan et Blonde. contre 5 emplois de cam après tel, on rencontre
un tel que bien isolé
Et dist : "Sire, se il est tex
Que vous dites, si m'ait Dex,
Requerre et priier vous vaurroie.
(Jeh. et Bl •• 187-189)
Tant et plus coordonnés suivis de que appellent le même commentaire
fait
sur
autresi
ou
JTJialz
coordonnés
suivi
de
que dans
Cligès
6545-47 :
t
- 288 -

l'ut et plus bele que ne con te
Fu Blonde la fille le conte.
(Jeb. et Bl., 371-372)
XIVe siècle.
Les systèmes corrélatifs et les locutions conjonctives formées avec
com (me) se rencontrent, dans nos deux textes de Froissart, au total
72 fois.
Que se rencontre à la place de com(me) 81 fois. Il prend donc le pas
sur com (me).
Si ••. com(me), employé 8 fois, fait place à si ••. que 8 fois,
(7 fois
en phrase négative,
et 1 fois en phrase interrogative,
Esp.
am.,
2201-02)
Einsi . .. com (me), employé 2 fois, fait place à ensi ... que 1 fois
EDsi ala que je vous sonne
Sicom Ovide le raisonne
En ses escrips.
(Frois., Esp. am., 1761-63)
Si com n'est jamais remplacé par si que (réservé à la conséquence).
Ensi com(me) , employé 9 fois, fait place à ensi que 46 fois; 8 fois
ensi que est suivi d'une mot non verbal et 38 fois d'une proposition.
Deux
fois,
ensi
que
est
en
corrélation
avec
ensi
placé
après
(Cbroniques, 209, 14-15 ; 223, 14-15).
- 289 -

Ossi (aussi) ... coD/, employé 2 fois fait place à ossi (aussi) ..• que 6
fois (toujours en phrase affirmative).
Ossi COD/, inexistant. fait place à ossi que (Esp. aD/., 3369
3622)
dans les deux cas suivi d'une proposition.
Tant .•• coD/(D/e), employé 2 fois, fait place à tant .•• que 3 fois, aussi
bien dans sa valeur de système comparatif (après négation) :
Et dist : "Riens nee
Ne D/e puet au coer tant aidier
Que toi honnourer et prisier.
(Frois., Esp. aD/., 1743-45)
que dans sa valeur de système coordinatif
Et le tenoie D/oult prochain
Tant de D/on coer que de D/on sain.
(Frois., Esp. aD/., 2609-10)
(voir aussi Frois., Chron., 289. 19-21)
Otretant ... que se lit 1 fois (Chron .. 261. 1-3) en phrase positive;
otant ... que se lit 3 fois (Chron .• 236, 4 ; 261, 18-19 ; 325, 1-2) en
phrase positive.
Après le XIIe siècle et le XIIIe siècle, notons encore au XIVe siècle
la
coordination
d'un
adverbe
d'égalité
(autant)
et
d'un
adverbe
d' inégali té (pl us) :
Nais il y a autant ou plus a batre a luy qu'a D/OY.
(Frois., Chron., 325, 1-2)
- 290 -

Tant que ne se rencontre pas plus que tant com, mais on relève 1 fois
autant que en phrase positive :
Hais
il
a bien deux bastars,
jeunes cbevalliers,
que
vous
verrés a Ortbais. qu'il aY1lle autot que soy meismes, messire
Yeuvain et messire Gratien.
(Frois .• Cbron., 314, 13-16)
Tel • •• com (me),
employé
2
fois,
est
concurrencé
par
tel • •• que
représenté
1
fois
sous
la
forme
ytele ••• que
dans
l'Espinette
Amoureuse (2483-84).
Tel que apparaît 6 fois dans l'Espinette Amoureuse (25 ; 150 ; 513
990-991 ; 2105 ;
3293) ;
otel que,
2 fois
(tout otel que,
1020
tout d'otel que" de la même manière que", 413-414).
Tel, itel. otel ne se relèvent pas dans les Cbroniques.
Chez ces deux auteurs.
on constate la disparition de
tant com (Que
tant que ne remplace pas) et le remplacement de si com par ainsi come
et surtout par ensi que (ainsi que)
qui réqnera seul du fait que
si com ne fait pas place à si que. Ossi com est inexistant ; ossi que
très rare.
Dans Hélusine. si ••• que apparaît 1 fois en phrase positive:
J'aime mieulx a mourir par la main d'un si vaillant cbevalier
que vous estes que d'autre main.
(Hélusine. 64, 2-4)
Aussi ••• que 1 fois (que introduit une subordonnée hypothétique) :
Et atant descendy Remondin aussi apertement que s'il feust tout
- 291 -
---- - -'-~~-' --- . -- -
,,'
~---~--_._----.~_. _.,-~-_._----,-~_._-------------- -----

desarlllez.
(Mélusine, 61, 31-32)
Ainsi que apparait 8 fois
(36,
25
66, 27
34,
3
45,
23
81,
32 ; 117, 4-5 ; 114, 27 ; 33, 14)
Tant ... que apparaît 4 fois (6, 22
108, 14-15
116, 13
39, 33) et
tant que 1 fois (38, 23).
Tel ... que se lit 2 fois (115, 27
121. 29) et tel que 3 fois
(44,
13 ; 82, 4 ; 7, 10).
Au 121, 29 que introduit une subordonnée hypothétique
Mais, pour esjoir la baronnie, il monstroit tel semblant que se
il ne eust mal ne doulour.
(Mélusine, 121, 28-29)
Tous les facteurs reconnus dans l'examen des siècles précédents se
combinent pour bâter le remplacement de comme par que au cours du
XIVe siècle : influence des systèmes d' inégali té de type pl us . .. que
ou suppression d'une marque redondante d'égalité après aussi,
autant
ou simplement tel.
Le remplacement par
que de
com(me) corrélatif d'égalité,
est loin
d'être achevé au XVe siècle.
Dans tous les emplois qu'il conserve, comme est concurrencé par que
comparer :
Si •.. comme (3 fois chez Chartier, 7 fois chez Commynes)
- 292 -

Si ••• que (2 fois chez Chartier, 7 fois chez Commynes)
Ainsi
( ••• J C011JJlle (1 f ois chez Chart ier.
2 f ois chez Villon, 1 fois
chez Commynes)
Ainsi
( ••• J que (12 fois chez Chartier,
5 fois chez Villon,
1 fois
chez Commynes)
Aussi
( ••• J C011JJlle (4 f ois chez Chart ier, 0 f ois chez Villon, 6 fois
chez Commynes)
Aussi
( ••• J que
(2 fois chez Chartier,
4 fois chez Villon,
4 fois
chez Commynes)
Tant
( ... J comme (l fois chez Chartier,
2 fois chez Villon,
3 fois
chez Commynes)
Tant
( ••• J que (0 fois
chez Chartier,
6 fois chez Villon,
25 fois
chez Commynes)
Autant ( ••• J C011JJlle (1 fois chez Chartier, 1 fois chez Villon, 0 fois
chez Commynes)
Autant
( ... J que (1 fois chez Chartier.
4 fois chez Villon,
3 fois
chez Commynes)
Tel
( ••• J comme (2
fois chez Chartier, 0 fois chez Villon,
4 fois
chez Commynes)
Tel
( ••• J que (3 fois chez Chartier, 4 fois chez Villon, 3 fois chez
Commynes).
Des
trois auteurs
inventoriés,
Villon est
celui qui
use
le moins
souvent de comme ; sa langue poétique ne recherche l'archaïsme que
s'il appartient à l'usage populaire. Or il semble qu'en l'occurrence
la langue populaire soit en avance sur l' usage de la prose écrite.
- 293 -

Chez Villon. les emplois qui appellent commentaire. sont les emplois,
très
minoritaires,
de
comme.
Ainsi,
on
y
rencontre
2
fois
tan t ... comme :
rant vault 1 'homme co. .e on le prise.
(Villon. P.D., II, Ballade, S)
Cuidiez vous que soulz mon cappel
N'y eust tant de philosophie
Co. .e de dire: "J'en appel" ?
(Villon. P.D.. XVI, 17-19)
Le premier texte est
tirée d'une ballade composée d'une suite de
proverbes commençant par tant. suivi partout ailleurs du corrélatif
que de sens consécutif ; le choix de comme, autorisé par le style
archaique habituel dans
les proverbes,
est indispensable ici pour
distinguer la comparaison de la conséquence.
L'autre
texte est à
première vue incorrect si l'on traduit
tant comme le suggère une
glose marginale de Jean Dufournet (éd. Gallimard, collection Poésie)
par "assez", base d'un système consécutif dont la conjonction devrait
être pour que.
l'emploi de
cODlDle par Villon oblige à préférer un
système comparatif équatif donnant le sens suivant ;
"Pensiez-vous que sous mon chapeau il n'y avait pas la quantité de
sagesse dont on fait preuve quand on dit; "J'en appelle" ?H
Bien entendu. la traduction par "assez ... pour", qui aboutit au même
sens.
est plus légère et doit être préférée.
du moment qu'il est
entendu
qu'ici,
comme
il
arrive
souvent
dans
les
systèmes
dits
- 294 -
;
i.
__ ~ • . -.-.._~--O-...-__ ,_~_. _~"__ ~.
~_~ ....-
•__......,. ..
T - P - " .~ . _ , __ ~-., •
...~_ .. < •..., .""._"" _
..."...-.,_." '.'_., _c .....,.,.-......~ ....--..._.,..

~le sens équatif domine le sens intensif, ce que marque
le choix de comme.
A part ces
deux
cas où
tant est
suivi de
comme,
Villon emploie
tant ... que (Test., 1127 ; 1160 ; 1161 ; 1814-15 ; P.D., II, Ballade,
28;
VIII,
Epitre,
104);
mais
deux
de
ces
emplois
seulement
présentent
tant
en
fonction
d'adverbe
de
quantité
modifiant
le
verbe
TaDt vault "tien" que cbose promise.
(Villon, P.D., II, Ballade, 28)
ou le substantif
Item, a maistre Jacques James,
Qui se tue d'amasser biens.
Donne fiancer taDt de femmes
Qu'il vouldra ; mais d'espouser ? riens.
(Villon, Test., 1812-15)
Dans
les
4 autres
emplois,
la
suite
tant ... que
est
le
système
coordinat if
discontinu
(du
type
de
soi t • •. soi t.
ou
non
seulement •.. mais encore) rencontré chez Froissart (Cbron., 196, 7-11)
sous la forme tant ... com
Au cappitaine Jeban Riou,
Tant pour 1uy que pour ses archiers,
Je donne six bures de lou.
Qui n'est pas viande a porcbiers,
Prinses a gros mas tins de bouchiers,
- 295 -

Et cuites en vin de buffet.
(Villon, Test., 1126-311
XVIe siècle.
Le remplacement de com(me) par que se poursuit au XVIe siècle.
Chez nos auteurs de cette époque dont Montaigne (Tome Il, nous avons
les distributions suivantes :
al si ... comme
27 fois
Si cODlJDe
0 fois
Si . .. que
32 fois
Si que
1 fois
Ainsi •.. coDlJDe
6 fois
Ainsi cODlJDe
30 fois
Ainsi .•. que
1 fois
Ainsi que
200 fois
Aussi ... coDlJDe
22 fois
Aussi comme
0 fois
Aussi ... que
93 fois
Aussi que
7 fois
bl Tant . .. comme
17 fois
tant comme
1 fois
tant ••• que
27 fois
tant que
3 fois
- 296 -

Autant ... cOllllIIe 18 fois
Au tan t cOBlJlle
7 fois
Autant ••. que
26 fois
Autant que
41 fois
c) Tel • •. cOBlJlle
14 fois
tel cOBlJlle
6 fois
tel ..• que
10 fois
tel que
33 fois
Notons que chez Du Bellay telle que est en corrélation avec
telle
(Antiquitez, VI. 1-4) :
Telle que dans son char la Berecynthienne
Couronnee de tours, et joyeuse d'avoir
Enfanté tant de Dieux, telle se faisait voir
En ses jours plus heureux ceste ville ancienne.
(Du Bellay, Antiquitez, VI, 1-4)
Ce système, faut-il le préciser, n'a plus rien à voir avec le schème
Adverbe/conjonction traité dans cette Ille Partie. On le rangerait
plus justement parmi les variantes du schème IV (conjonction/adverbe)
ou du schème VIII (plus •.• /plus .•• /plus ..• etc).
Enfin,
c'est un système corrélatif
telz que
(vers
1) ••• tel
encor
(vers 9)...... et telz (vers 12) qui sous-tend toute l' harmonie du
sonnet XII des Antiquitez de Rome
Telz que lon vid jadis les enfans de la Terre
Plantez dessus les monts pour esche11er les cieux,
- 297 -

Combattre main à main la puissance des Dieux,
Et Juppiter contre eux, qui ses fou1dres desserre:
Puis tout soudainement renversez du tonnerre
Tumber deça de1a cesSquadrons furieux,
La Terre gemissante, et le Ciel glorieux
D'avoir à son bonneur acbevé ceste guerre:
rel encor' on a veu par dessus les bumains
Le front audacieux des sept costaux Romains
Lever contre le ciel son orgueilleuse face :
Et te1z ores on void ces cbamps desbonnorez
Regretter leur ruine, et les Dieux asseurez
Ne craindre plus la bau1t si effroyable audace.
(Du Bellay, Antiquitez. XII, 1-14)
XVIIe siècle.
Le remplacement par que de com (me) corrélatif d' égali té est achevé au
XVIe siècle.
Au XVIIe siècle, on rencontre seulement que.
Sur l'ensemble des ouvrages, on rencontre 76 fois si ... que, 281 fois
aussi
que,
6
fois
ainsi •.. que,
26
fois
ainsi
que,
3
fois
tant
que, 48 fois
autant ••• que,
5 fois
tant que,
82 fois
autant
que,
1 fois tout autretant ••. que, 59 fois tel que.
- 298 -

Tableau l
XIe
XIIe
XIIIe
XIVe
XVe
XVIe
XVIIe
Si (..• ) COli
09
303
372
54
10
20
00
Var .de si
09
139
351
33
08
55
00
( ••• )
COli
Si (..• ) que
00
01
01
09
09
33
76
Var .de Si
00
04
07
64
28
301
313
( ••• ) que
Total des
exemples relevés
18
447
731
150
55
409
389
\\ de variantes
50\\
31,99\\ 48,97\\ 64,45\\ 65,45\\ 87,04\\ 80,35\\
\\ de que
00\\
1,11\\
1,09\\
48,60\\ 67,30\\ 81,66\\
100\\
Tableau II
XIe
XIIe
XIIIe
XIVe
XVe
XVIe
XVIIe
Tant ( ••• ) COli
04
56
72
13
06
21
00
Var. de Tan t
00
16
25
05
02
12
00
( ••• )
COIll
Tant ( ••• ) que
01
00
02
08
31
30
03
Var. de Tan t
00
01
00
05
08
67
136
( ••• ) que
Total des
exemples relevés
05
73
99
31
47
130
139
\\ de variantes
00\\
23,28\\ 25,25\\ 32,25\\ 21,27\\ 60,76\\ 97,84\\
\\ de que
20\\
1,36\\
2,02\\
41, 93\\ 82,97\\ 74,61\\
100\\
- 299 -

Tableau III
XIe
XIIe
XIIIe
XIVe
XVe
XVIe
XVIIe
Tel (... ) COli
01
32
121
02
06
20
00
Var.de Tel
00
07
18
00
00
00
00
(.•. ) com
Tel (.•• ) que
00
00
01
05
10
43
59
Var .de Tel
00
00
00
01
00
00
00
(... ) que
Total des
exemples relevés
01
39
140
08
16
63
59
\\ de variantes
00\\
17,94\\ 12,85\\ 12,25\\
00\\
00\\
00\\
\\ de que
00\\
00\\
0,71\\
75\\
62,50\\ 68,25\\
100\\
Ces trois tableaux, classant les décomptes notés à chaque paragraphe
de cette Ille Partie, n'apportent aucun élément nouveau si ce n'est
une vue synoptique des changements survenus siècle par siècle, avec
des pourcentages dont très peu repos~ des nombres suffisants pour
avoir une valeur probante. Nous sommes très conscient du fait que la
comparaison des pourcentages d'emploi de que pour com aux XIe et XIIe
siècles dans
les
trois
tableaux est
peu si gnificati"'1 puisque le
hasard a très bien pu faire que le phénomène apparaisse une fois au
XIe siècle pour tant ( ... ) que, une fois au XIIe siècle pour si ( ... )
que, et seulement au XIIIe siècle pour tel ( ... ) que. Du moins la vue
des tableaux rappelle-t-elle la rareté du phénomène jusqu'au XIIIe
siècle inclus.
La comparaison des pourcentages de variantes en au-(et en
autre-)
- 300 -

fait
également
ressortir
l'élimination
d'autretel.
qui
sort
de
l'usage dans la première moitié du XVe siècle.
alors qu'aussi et
autant continueront à croitre.
On remarque aussi une certaine proportionalité entre les pourcentages
de variantes et les pourcentages de que, confirmant l'hypothèse selon
laquelle l' addi tion du sème "comparaison" à si et
tan t peut avoir
influé sur la soustraction du même sème que représente le changement
de comme en que.
4.2.11. Coaparatives d'inégalité.
Dans les systèmes corrélatifs que nous allons aborder. un rapport de
différence s' exprime à l'aide d'une
proposition introduite par la
conjonction
que
en
corrélation
avec
un
adjectif
ou
un
adverbe
exprimant la comparaison ou l'altérité: plus. moins. mieuz. moindre,
pis, pire, graindre (greignor). mieudres (meillorl. autre. autrement,
pl ustost . ..
Ces systèmes ressortissent au modèle du schème III ; nous en avons
donc écarté les constructions où le mot comparatif est suivi d'un
complément introduit par de (cf. Philippe Menard, S.A.F., éd. SOBODI,
1976, 9' 120) ; nous les avons d'ailleurs rencontrés rarement, du XIIe
siècle au XVe siècle
Et de l'une et de l'autre part
Dïent : "cist est an toz endroiz
Plus genz assez et plus adroiz
- 301 -

De celui d'ier as noires armes.
(C1igès, 4720-231
Car bien sachiez que vos ne1 devez mie fere,
por ce que vos
estes ses freres par la compaignie de la Table Reonde, et por
ce
que
vos
n'avriez
ja
duree
encontre
lui,
car
trop
est
aie1dres chevaliers de vos.
(Queste, 79, 2-31
Or puez
tu bien
dire
que
tu
es mesaventureuz,
quant
tu a
achever ceste haute aventure n'as esté ou cil troi preudome ont
esté, que l'en cuida aucune fois a aeins vai11anz de toi.
(Queste. 248. 21-241
[Vraiment tu peux prendre la mesure de ton infortune,
toi qui
n'as pu assister au dénouement de cette aventure, ce qui a été
accordé à ces trois justes pour qui, pourtant, on a eu parfois
moins d'estime que pour toi].
Dans
la
Vie
de
Saint
Alexis,
on
ne
relève
que
le
système
plus ( ... 1 que, soit disjoint:
Plus aimet Deu que trestot son lignage.
(Alexis, 2501
soit conjoint
E neporec mes pedre me desidret,
- 302 -

Si tait ma medre plus que teme qui vivet.
(Alexis, 206-207)
Le rapprochement des deux mots est ici fortuit,
et n'a rien d'un
resserrement locutionnel, non plus qu'au vers 435 où il se retrouve.
Dans les deux autres occurrences du système
(vers 58 et 483), les
mots sont séparés.
Dans la Chanson de Roland, le système plus ( ... ) que, sous ses deux
formes.
domine
encore
(12 emplois:
890;
921
1111;
1475-76;
1535 ; 1572 ; 1583 ; 1616 ; 1933 : 2339 : 2868-69
3323).
On voit apparaître mielz ( •.. ) que sous les deux formes éqalement
De tel barnage l'ad Deus enluminet
Neilz voelt murir que guerpir sun barnet.
(Roland, 535-536)
Eles valent .ielz que tut l'aveir de Rume.
(Roland, 639)
(voir aussi Roland. 44-45 ; 58-59
359
1091
1701
1725
2336
2738 ; 3909).
On relève une fois
einz au sens de "plutôt" non temporel dans la
traduction de Bédier
Einz i murat que cuardise i tacet.
(Roland, 3043)
(Bedier
il mourrait plutôt que de faire une couardise].
Précédé de plus ou de mielz, que peut être suivi d'une proposition
- 303 -

complète :
Plus curt a piet que ne fait un cheval.
(Roland. 890)
Xielz valt mesure que ne fait estultie.
(Roland. 1725)
mais plus souvent d'une proposition elliptique du verbe
Plus valt Nahum que seint Perre de Rume.
(Roland. 921l
(voir aussi Roland. 536 et 639 cités plus haut).
Dans nos textes du XIIe siècle. la plus large part est encore faite
aux adverbes plus (184 fois)
et mielz (67 fois). On rencontre bien
moins souvent :
les adverbes moins (3 fois), ainçois (3 fois). pis (2 fois)
les adjectifs greignor (3 fois).
miaudres,
(1 fois). mellor
(3 fois).
pire (2 fois). autre (6 fois).
Ce n'étaient pas des mots nouveaux, et leur absence au XIe siècle est
due. selon toute vraisemblance. au volume restreint du corpus.
En
principe,
tous
les
systèmes
ainsi
construits
pouvaient
se
présenter disjoints
ou conjoints.
même
si
les
deux
formes
ne se
rencontrent pas toujours dans nos textes :
Om qui tel fais vuelt sor lui atorner
- 304 -

Deit plus tiers estre que en bos li senglers.
<Cour •• 1595-961
Halvestiez qui tet honte as suens
plus que proesce enor as suens.
<Ch. Ch., 3175-761
Car molt valt .ialz. ce m'est a vis
uns cortois morz c'uns vilains vis.
<Yvain, 31-321
Tantost vet la lame seisir,
li chevaliers, et si la lieve,
si que de neant ne s'i grieve,
.ialz que dis home ne feissent.
<Ch. Ch., 1910-131
Je ne cuiç pas qu'il soit .ains liés
que l'emperere est coureciés.
<Eracle. 5071-721
Assez est qui noveles porte,
einçois la leide que la bele.
<Ch. Ch., 4248-491
Si l'a uns de ses tilz reprise
- 305 -

et dist : "Sire, an vostre servise
devriens toz noz pooirs metre
et doner eiDçois que prometre.
(Cb. Ch., 2967-70)
Si voldroit mes sire Gauvains
Yvain Occire de ses mains
Ou fere pis que je ne di.
(Yvain, 6067-69)
E greigDur joie est de s'amur
Qu'il n'est de prince u de rei.
(Equitan. 140-141)
Lors avroiz aeillor acbeison
de lui retenir an prison
que vos orandroit n'avreiez.
(Perceval, 5917-19)
Si n'a en feme piour visse
ne pior tece c'avarise.
(Eracle, 2221-22)
Ja de mon cors n'avroiz delice
Autre que vos or en avez.
(Cliges, 5204-05)
- 306 -

La juxtaposition des corrélatifs ne prouve pas qu'il y ait fusion de
leur sens ;
elle résulte de l'économie de
la
phrase ou du vers ;
L'adverbe pl us pourrait être placé au vers 3175 du Chevalier de la
Charre te devant tet aussi bien qu' au vers 3176 ; de même l'adverbe
l1lialz pourrait trouver place au vers 1911, et
einçois pourrait, au
vers 2970, précéder doner.
Dans l'exemple de Cligès,
l'adjectif autre pourrait précéder delice
au vers 5204.
La conjonction que peut introduire une subordonnée verbale dont le
mode
est
l'indicatif
dans
les
mêmes
conditions
que
pour
si/tant/tel ( .•• ) COl1l :
Cil qui plus s'an puet aprochier
an tu plus liez l[Ue ne pot dire
(Ch. Ch., 3916-171
Assez avroit plus de puissance
l[Ue n'a li l1liaudres bers de France.
(Renart, 3193-941
Elle
peut
introduire
aussi
un mot
complément,
résidu
par
ellipse
d'une proposition de comparaison
Si s'antreviennent S8nz jengler
plus tierel1l8nt l[Ue dui sengler.
(Ch. Ch., 3607-081
Plus estoit sires l[Ue ses peres
- 307 -

Ne rois ne dus ne empereres.
(Est. Graal, 1793-94)
Au XIIIe siècle, peu de nouveau. En raison du volume plus important
de notre corpus, les occurrences sont plus élevées:
plus
264
greignor
15
mieuz
72
mieldres
4
moins (mains)
7
meillor
1
pis
7
pire
3
graindre
2
autre
11
Einçois au sens de "plutôt" ne se présente pas
l'adverbe autrement
apparaît 1 fois (Queste, 122, 3-4)
Ne la chemise qu'il avoit vestue ne tu autrellellt empiriee que
vos poez veoir.
(Queste, 122, 3-4)
La Queste del Saint Graal représente à elle seule plus du tiers (155)
des emplois relevés dans les 15 ouvrages du XIIIe siècle. On y relève
tous les emplois de mieldres, de graindres, 14 emplois de greignor,
10 de autre, l'unique emploi de meillor et autrement.
La position disjointe ou conjointe des deux éléments du système est
toujours libre, aucun resserrement privilégié n'annonce une locution
conjonctive.
Le
membre
introduit
par
que peut
toujours
être
une
proposition complète ou une proposition elliptique sans verbe. Dans
le
premier
cas,
le
mode
est
l'indicatif,
que
la
proposition
principale
soit
positive ou
négative
(comme
dans
la
phrase avec
autrement citée plus haut).
- 308 -

On rencontre exceptionnellement le subjonctif :
}fais je vos aillJ plus que vos ne faciés mi.
(Aue., XIV, 16)
[Hais je vous aime plus que vous ne m'aimez].
L'emploi de ce mode, en association avec ne, exprime le refus du fait
exprimé par le verbe ou du moins son refoulement à un niveau plus
bas.
Gérard Hoignet
dans sa
thèse
sur
le
subjonctif
(pp.
466
et
sui vantes) en a relevé des exemples à la fin du XIIe siècle, et le
rapproche même du subjonctif employé après einz .•. que au vers 3043 de
la Chanson de Roland, cité plus haut. Le verbe faire (faeet,
faciés)
est souvent affecté de ce mode. Cependant, beaucoup d'auteurs, comme
Chrétien de Troyes, ne connaissent que l'indicatif.
Nos auteurs du XIVe siècle emploient, en corrélation avec que,
plus
(73 fois).
mieulz (19 fois). mains (1 fois).
pis (2 fois), meilleur
(2 fois), autre (6 fois). autrui (1 fois)
:
Espoir, avoit il ja devant
Trait sa fleee douce et joieuse
Sus ma dame, et fait amoureuse
D'autrui que de moi. (... )
(Frais., Esp. am., 768-771)
Dans nos auteurs du XVe siècle,
la gamme des adverbes et adjectifs
corrélatifs de que est la même à cela près qu'autrui a disparu et
qu 'on voit apparaitre plustost (2 fois)
qui prend la place laissée
par einz :
- 309 -

Et se doyvent plutost conduyre ses traictiéz loing que près.
(Commynes, 66, 22-23)
Le
conte
de
Sainct
Pol,
connestable de France,
b01DJ11e
très
saige, et autres serviteurs du duc de Guyenne et aucuns autres
desiroient plustost la guerre entre ces deux princes que paix.
(Commynes, 173, 22-25)
Le statut observé jusqu'au XVe siècle se perpétue au XVIe et XVIIe
siècles,
mais
i l
faut
noter
l'expansion
du
nouveau
système
pl ustost . .. que
dont
les
éléments
se
présentent
disjoints
ou
conjoints.
Nous l'avons relevé 8 fois chez Marot, 6 fois chez Ronsard, 92 fois
chez Montaigne, 5 fois chez d'Aubigné,
32 fois chez Pascal, 3 fois
chez Bossuet, 7 fois chez la Rochefoucauld, 6 fois chez Sévigné, 12
fois chez LaFayette, 16 fois chez la Bruyère.
Car le cueur ont si trèsbault, qu'en la fange
Plustost
mourront que fuyr a la lice.
(Marot, Epistres, IV. 26-27)
Plustost que d'accuser ce jeune enfant Roy
D'estre en amour leger, je voudrois le defendre.
(Rons., Amours, XXV, 7-8)
C'est art et finesse et plustost prudence que bonté.
(Montaigne, III, 1, 10, 41-(2)
- 310 -

D'où l'on pourrait conclure assez vraisemblablement, que c'est
par lui-même que ses désirs sont allumés pluMt que par la
beauté et par le mérite de ses objets.
(La Roch., Maximes, 92, 11-13)
Tout a été bon pluMt que de nous ennuyer encore cet hiver de
sa langueur passionnée.
(Sévigné, Lettres, 317, 34-36)
Cet homme était
venu de Florence avec la reine,
et s'était
tellement
enrichi
dans
son
trafic que sa maison
paraissai t
plutôt celle d'un grand seigneur que d'un marchand.
(La Fay., Clèves, 42, 1-4)
La principale marque syntaxique distinguant les phrases comparatives
d'inégalité des phrases d'égalité est l'emploi de la conjonction que,
à
l'exclusion
de
com (me).
Que se
rencontre même
après
l'adverbe
d'égalité tant lorsqu'il est employé au sens multiplicatif du moderne
"fois" puisque le résultat est d'exprimer une différence:
Et si sont dis tanz plus que nous.
(Eracle, 5456)
Mes mes sire Gauvains en a
cent tanz plus grant joie que nus.
(Yvain, 2288-89)
- 311 -

Et lors est ceDt taoz plus aeise que devant.
(Queste, 247, 4)
rvoir aussi Queste : dis tanz ... que (128, 3-4), cent tanz que (221,
1), cent tanz plus que (128, 28)]
Vos soliez avoir les tievres
.c. taoz plus couardes que lievres.
(Rose, 15529-530)
(voir aussi
Rose:
.c.
tanz plus ... que (12316-317)
.c.
tanz que
(16188)].
Nous avons relevé de
très rares emplois de
comme,
soi t
après un
adverbe d'inégalité coordonné à un adverbe d'égalité:
Car autaot ou plus COD li ors
Estoit li cbevox clercs et sors.
(Cligès, 1159-60)
soit dans une formule où plus alterne dans les textes avec aussi
Ne sai qui il est Del connois.
mais il tu plus blans coa.e nois.
(Eracle, 1461-62)
soit
après
une
principale
négative
dont
la
négation
a
pu
être
mentalement combinée avec l'adverbe d' inégali té pour donner un sens
équatif :
- 312 -

Et sachiez que onques Diex ne traist de plus grant peril nulle
gent con il fist cels de l'ost cel jor.
f
(Villeh.,
181, 1-3)
(on dit aussi bien: ne tira d'aussi grand péril qu'il fit ceux
de l'armée en ce jour-là].
Hais je ne fuis onques en nulle qui mieulx me pleüst, ne qui
fust sur le fait d'armes plus resjouie co. .e celle du conte de
Fois
estoi t.
(Frois., Chron .• 320. 5-8)
[Froissart dirait aussi bien
qui autant me plût... et qui fût ...
aussi rejouie •.. ]
Une autre marque,
très constante.
des comparatives d' inégali té est
l'emploi du ne "explétif"
après que quand la conjonction est suivie
d'une proposition verbale. Comparer:
Plus en abat que jo ne vos sai dire.
(Roland, 2339)
(M~.~ .f.Vit~"f""'J ~ ~ ~ f-IJd.
001and; 3(;3A)
Ce ne explétif disparait après une principale négative
Onques n'oi plus mal que j'ai or.
(Ch. Ch., 4018)
- 313 -

Cette
règle,
et
son
exception,
seront
observées jusqu'au
XVIIe
siècle
Car molt i entendi autre chose que tu n'i entendoies.
(Queste, 114, 1)
Car se Diex m'ai t, se je puis venir au dessus,
je n'en teré
autre chose que len doit tere de telon et de desloial.
(Queste, 189, 8-10)
De ceulx viennent les clameurs et les plaintes qui sont plus
tourniz et plus aises que nous ne sommes.
(Quadr., 29, 26-27)
Je puis sceurement dire que oncques honneur,
vertu et salut
universel
de
la
communité
de
la
seigneurie
ne
tut
.ains
empraint es couraige qu'il est de present.
(Quadr., 32, 16-19)
Toutestoys il estoit un peu
Plus plaisant a veoir que tu n'es.
(Marot, Epistres, LX, 250, 88-89)
Et ne sçauroient ennemis estrangers
Pis les traicter que taisoyent leurs bergers.
(Marot, Opusc., VII, 74, 3-4)
- 314 -
-----------

Il était encore plus aimable qu'il D'avait accoutumé de l'être.
(La Fay., Clèves, 55, 15-16)
Le
prince
de
Clèves
D'avait
pas
donné
des
marques
.oins
publiques de sa passion qu'avait fait le cheYoSlier de Guise.
(La Fay., Clèves, 46, 24-26)
Un dernier
point
appelle
un
développement
propre
aux
comparatives
d'inégalité
c'est
le
problème
posé
lorsque
la
conjonction
que
comparative doit être sui vie d'une autre conjonction
(l' "étalon"
de
comparaison étant une proposition subordonnée).
Se après que est supprimé au vers 435 de la Vie de Saint Alexis
Net conoisseie plus qu'onques net vedisse.
(Alexis, 435)
[Je ne te reconnaissais pas plus que si je ne t'avais jamais
vu]
L'emploi de l'imparfait du subjonctif,
temps de l'irréel,
suffit à
exprimer ici l'hypothèse.
La suite que se, évitée par l'auteur de Saint Alexis, se rencontre à
partir du XIIe siècle. Nous l'avons relevé 2 fois dans C1igès (4692
5234-35) ; 1 fois dans le Chevalier de Charrete (3323-24) et 1 fois
dans Yvain (2791) :
Dame, fet il, je croi et cuit
Que .ia1z feire ne porriens
- 315 -

Que s'an Bretaingne en aliens.
(Cligès, 5233-35)
Au XIIIe siècle,
elle se relève 3 fois
dans la
Ques te del
Saint
Graal, 1 fois dans Guillaume de Dole et 1 fois dans Jehan et Blonde:
Hout li tesoient plus d'onor
cil present que s'il les taillast.
(Dole, 609-610)
Or est il assés plus seùrs
Que s'il tust enclos de bons murs.
(Jeh. et Bl., 4185-86)
(voir Queste, 115, 5 ; 117, 27 ; 148, 1-2).
Nos auteurs des XIVe et XVe siècles n'usent pas de la suite que se.
Au XVIe siècle, elle se relève 4 fois chez Marot, 1 fois chez Ronsard
et 1 fois chez Montaigne
f ••• ) Le dueil qui est celé
Grietve trop plus que s'il est revelé.
(Marot, Elégies, XX, 326, 71-72)
(voir aussi Marot,
Opusc., VII, 65, 11 ; Epistres, XIII, 143, 12
Chants divers, XXII, 396. 35).
Et l'estime aieux que s'il s'en tust demis.
(Montaigne l, XXXIX, 295, 10)
(voir
Ronsard,
Pièces
des
Mélanges,
II,
363,
51-56),
elle
se
rencontre aussi au XVIIe siècle : 2 fois dans les Provinciales et 1
fois dans les Pensées :
- 316 -

Car dans la nécessité nous soues de les combattre
tous
ensemble, sur une calomnie qu'ils soutiennent ensemble, nous le
ferons avec plus d'avantage que s'il étaient seuls.
(Pasc., Prov., 27-30)
(voir aussi Pasco. Prov .. 284, 13-14
Pensées. 173. 28-29).
Ces 18 occurrences.
témoignent de la rareté de la suite que se en
comparaison à la suite com se qui se rencontre couramment.
La suite
que que est en principe exclue par la langue française.
Lorsqu'elle devrait se rencontrer en fonction du sens. l'auteur de la
Chanson de Roland supprime simplement un des deux que :
~ielz v~ murir qu'entre paiens remaigne.
(Roland. 23361
(J'aime mieux mourir que de la voir rester entre les mains des
païens] .
Dans ce vers. que sert à la fois à introduire le second terme de la
comparaison en corrélation avec mielz, et la proposition complétive
"qu'entre paiens
remaigne".
On
remarque
que
cette
proposition ne
contient
pas
le
ne explétif.
et
qu' elle est
au
subjonctif,
deux
traits qui la distinguent d'une proposition comparative d'inégalité.
Le même cas se produit après mielz aux vers 45, 59, 1701. 2738, 3909.
La solution est la même dans la Queste del Saint Graal
- 317 -

Et neporquant il n'est pas conseilliez qu'il ne vueille .ielz
qu'eles toutes perdent lor ames que il seuls perdist la soe.
(Queste, 181, 31-32)
Encor
ainme
je .iz que
je
muire
ci
que
tos
li
pules me
regardast demain a merveilles.
(Aue., XVI, 13-14)
A ce se doit chascuns pener,
qu'adés vient il .ieuz qu'an se tese
que dire parole mauvese.
(Rose, 12154-156)
Il vaut .iez que je muire seus
Que nous soiions honi andeus.
(Jeh. et Bl., 1735-361
Encores vault .ieulx que nous occions que nous soions occis.
(Frois., Chron., 292, 10-11)
Et il disoi t : "je aimme .iex que l'ou trage de grans despens
que je faiz soit fait en aumosnes pour l'amour de Dieu, que en
bohan ne en vainne gloire de ce monde".
(Joinville, 155, 23)
Mais
Joinville
recourt
à
une
solution
plus
analytique
par
le
- 318 -

remplacement du second que par ce que :
Il recordoit que sa mere li avoit fait aucune fois a entendre
que elle ameroit aiez que il feust mort. que ce que il feist un
pecbié mortel.
(Joinville, 98, 3-4)
(voir aussi Joinville.
88.
31-32 ; 148,
24-25
148.
32-34
245,
34-35).
Cette construction était déjà dans le Tristan en prose (1ère moitié
du XIIIe siècle)
lIieuz est il qu'il le giete delez la
fontaine
r••• ) que ce
qu'il l'ocie de s'espee.
(Tristan en prose, 25. 5).
Gérard Koignet 38 a mëme trouvé que que dans le Tristan en prose :
lIeuz vaut il que en leauté se
teigne sanz Yselt avoir.
que
qu'il eüs t Yselt en sa saisine a faire tote sa volen té et fust
renomez a deleal.
(Tristan en prose, 437. 16)
On lit dans le Tristan de Béroul:
liez vuel estre tot depeciez.
Se je a tens i vien. au rez,
Ainz que getee i soit m'amie,
38. Gérard Koiqnet. Cu..,üe de l'lOcien funrlis, 2e édition revue et corriqée, 2e tiraqe, Paris
llincisiecl, 1979, p. 272.
- 319 -

Ceus qui la tienent nen ocie.
(Béroul. 1019-221
(J'aime
mieux
être
mis
en
pièces,
si
j'arrive
à
temps
au
bûcher, avant qu'on y jette mon amie.
(plutôt quel
de ne pas
tuer ceux qui la tiennent].
Béroul résout ici à sa façon le problème de ·que que
i l supprime
carrément les deux que !
Le
Son Usage de Grevisse
(12e édition,
p.
15621
donne
une autre
solution :
Ils jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu'il remplit de son
Esprit, que non pas qu'il faille observer la loi.
(Pasc .• Pensées. 672-367, 6-7)
Il donne un exemple de que que chez Amyot. Il relève que pour que que
chez plusieurs auteurs modernes :
Je souffre trop d'avoir suivi vos mauvais conseils pour désirer
autre cbose que le Ciel juge bon de vous punir.
(J. Green, Hont-Cinere. XXXVIII
- 320 -

4.3. Systé.es consécutifs.
On sait qu'en ancien français une conséquence pouvait être exprimée
simplement par que, sans corrélatif dans la proposition principale ;
cette subordination pure est abondamment représentée dans la Chanson
de Roland:
Trenchet li le coer, le firie e le pulmun,
Que mort l'abat, qui qu'en peist u qui nun.
(Roland, 1278-79)
(voir aussi Roland,
549 ; 724 ; 1249 ; 1273 ; 1299 ; 1302
1307
1316
1579
1668
1894
2021
3357; 3364 ; 3428 ; 3450
3468
3524
3549
3619
3917
3923).
Ce procédé,
maintenu
jusqu'à nos
jours en français
parlé,
risque
souvent d'être ambiqu, en raison du qrand nombre des sens possibles
de
que
surtout
en
ancien
français;
de
plus,
i l
exprime
la
conséquence sans situer très précisément la cause, qui peut être le
haut deqré d'une qualité, le qrand nombre de certaines personnes ou
de
certaines
choses
mêlées
à
l'action,
la force
ou
la durée
de
l'action elle-même
ou
la manière
dont
on
l'effectue.
Toutes
ces
précisions sont données au moyen des adverbes corrélatifs si et tant,
de l'adjectif tel.
Ces adverbes et cet adjectif pouvaient d'ailleurs être employés sans
que, en coordination pure:
Tant par fut bels tuit si per l'en esguardent.
(Roland, 285)
- 321 -

Il l'aiment tant ne li !aldrunt nient.
(Roland, 397)
Si grant doel ai ne puis muer nel pleigne.
(Roland, 834)
De Durendal li dunat un colp tel
Le destre poign li ad del cors sevret.
(Roland, 2780-81)
L' emploi de
que en corrélation avec ces adverbes et cet adjectif
ressortit au schème III qui fait le sujet de cette Ille Partie.
Il convient enfin de remarquer que la relation de but passe souvent
en ancien français par les formes de la conséquence. avec pour marque
essentielle le mode subjonctif :
El camp estez, que ne seiua vencuz !
(Roland, l046)
Prist l'oli!an, que reproce nen ait.
(Roland, 2263)
4.3.1. Statut de si ••• que.
XIe siècle.
Le système si ••• que est employé 3 fois dans la Vie de Saint Alexis
(166-167;
574-575;
593-594),
si
modifiant
un
adjectif
ou
un
- 322 -

participe :
Quer tuit en ont lour voiz si atempredes
Que tuit le plainstrent et tuit le doloserent.
(Alexis, 593-594)
Que introduit toujours une proposition verbale à l'indicatif.
Dans la Chanson de Roland,
si .•. que se rencontre 8 fois
<1611-12 ;
1992-93
2219;
2228;
2292-93;
2929;
2936;
3548-49).
si
modifiant
5 fois
un
adjectif,
une
fois
un adverbe et
2 fois
un
verbe
si grant doel out que mais ne pout ester.
(Roland, 2219)
si l'ad ferut sur l'escut de Tulette
Que mort l'abat desur le herbe verte.
(Roland, 1611-12)
Ne loinz ne prés ne poet vedeir si cler
Que reconoistre poisset nuls hom mortel.
(Roland, 1992-93)
Dans les 8 emplois, que est suivi d'une subordonnée verbale.
Au
même
schème
peut
être
rattaché
le
système
si ••• qui

la
conséquence s'exprime dans une relative
Jo t'en muvra un si grant contraire
- 323 -

Xi durerat a trestut tun edage.
(Roland, 290-291)
L' emploi de
si lorsqu'il est en début
de phrase,
comme aux vers
1611-12,
cités
plus
haut,
peut
être
favorisé
par
la
loi
de
Thurneysen. Cette position existe 4 fois sur les 9 emplois.
XIIe siècle.
Chez
les
premiers
auteurs
du
XIIe
siècle,
l'expression
de
la
conséquence est très semblable à ce qu'elle était au XIe siècle ;
ainsi dans le Couronnement de Louis, nous avons relevé 14 fois que
consécutif sans corrélatif
(921 ; 936 ; 947 ; 1054 ; 1116 ; 1119 ;
1343 ; 1351 ; 1963 ; 2148
2558; 2579 ; 2583 ; 2597). Le mode est
11
fois
l'indicatif,
une
fois
l'imparfait
du
subjonctif
au
sens
irréel :
Tot estordi l'abati a ses piez,
Que toz les membres li peüst on trencbier
Ne remuast ne les mains ne les piez.
(Cour., 1962-64)
et deux fois le subjonctif présent (921 ; 1343) marquant le but. La
différence des deux modes ressort particulièrement du rapprochement
de deux passages :
Or et argent ait chascuns en la place,
Que retorner s'en puissent en lor marcbes.
(Cour., 1342-43)
- 324 -

Or et argent ot cbascuns en la place,
Que bien s'en parent retorner en lor marcbes.
(Cour., 1350-51)
Dans cette chanson apparait, une fois seulement, la conjonction si
que, née du resse~ment du système si •.• que (cf. 4.3.2). Dans les
textes ultérieurs, la fréquence de que seul diminuera à mesure que
celle de si que augmentera.
Tous nos auteurs du XIIe siècle usent de si •.. que: Couronnement de
Louis (4 occurrences),
Cbarroi
de Nimes
(3 occurrences),
Lais de
Narie de France (4 occurrences), Eracle (26 occurrences), Béroul, (4
occurrences),
CliVès (36 occurrences), Cbevalier de la Cbarrete (60
occurrences), Yvain (57 occurrences), Perceval (33 occurrences), Est.
Graal <10 occurrences),
Renart <13 occurrences),
Prise d'Orange (4
occurrences).
Si a le même statut que dans les systèmes comparatifs. Il précède un
mot qu'il modifie, lequel peut être:
1° Un adjectif ou un participe :
Nais puis en orent si cruel guerredon
Qu'en enfer furent, el puiz de Baratron,
(Cour., 985-986)
Li ors estoit si adolez
que ne li pot respondre mot.
(Renart, l, 716-717)
- 325 -

Trestoutes si dolantes sont
que n'est mervelles s'eles ont
le nuit devant molt grief songié.
(Eracle, 2127-291
2° Un adverbe
Qant le Morhout prist ja ci port,
Qui ça venoit por nos enfanz,
Nos barons fist si tost taisanz
Que onques n'ot un si hardi
Qui s'en osast armer vers lui.
(Béroul, 848-852)
Sel sache et tire et si l'estraint
si durement que cil se plaint,
(Ch. Ch., 807-808)
Et ses genz avoec lui se rangent
Au desreien jornel se vangent
Si bien que de rien ne se faignent.
(Cliges, 2003-05)
3° Un verbe :
La vostre leingue si esploite
qu'ele vos fet par tot hair.
(Yvain, 622-623)
- 326 -

- Pour ce que il si le haoient
Qu'il oir paller n'en pouoient
(Est. Graal, 1071-72)
Et si en fiert Salatré le gloton,
Qui l'encusa vers le roi Arragon,
Par mi le chief, mout grant cop del baston
Que la cervel en vola contremont.
(P. OR., 820-823)
Dans chacun des 254 exemples relevés,
la conjonction que introduit
une proposition verbale.
L'adverbe ne, quand il s'y rencontre, n'est jamais explétif
Et cil li dist : '~iax amis dolz,
Or ne soiez pas si estolz
que vos n'aiez merci de moi.
(Perceval, 2239-41)
Et li donoit si grant orguel
que de rien blasmer ne le vuel.
<Ch. Ch., 1239-40)
Notons que, dans Yvain, si bien (buen) ( •.. ) que se présente 5 fois
(2676 ; 4487-88 ; 4497-98 ; 6371 i 6768-69). Et aux vers 6768-69, le
verbe prant s'intercale entre si bien et que.
- 327 -

XIIIe siècle.
Villehardouin emploie 21 fois si .•. que au tome l de la façon la plus
ordinaire.
Un cas est cependant à remarquer au tome II :
Et issi
tu
Jobannis
le mois d'Avril
devant Andrenople ;
et
1 ' aproeba si de prendre qu'il abati des murs et des tors en
.11. leus trosque en terre.
f
(Villeh.,
473, 1-3)
La position de si après le verbe est exceptionnelle. C'est par un tel
ef~ d'attraction qu'on imagine la naissance de si que.
Dans Aueassin et Nieolette,
nous relevons 10 emplois réguliers de
si ... que.
L'effacement de l'idée de manière originellement exprimée par si (au
profit
de
la
seule
relation
de
conséquence)
oblige
l'auteur
à
recourir, quand il veut la spécifier au tour si taitement
Et ala tote jor par mi le torest si taiteaent que onques n'oi
noveles de li.
(Aue., XXIV, 8-9)
Nous avons 5 fois si ... que dans la Vie de Saint Eus taebe et 1 fois
si •.. dont.
Lor sordra une si grant guerre
Dont easeuns d'euz sera dolent,
- 328 -

Se Damledieu corroi n'em prent.
(St Eust., 768-770)
L'auteur de la Queste del Saint Graal recourt à ce système corrélatif
289 fois,
dont 13 fois
si bien (... ) que; et 10 fois si bien est
séparé de que par un mot, un groupe de mots ou par des propositions
entières
Et li rois Kordrains, qui Evalacb avoit a non ançois qu'il lust
crestiens,
l'ot en bataille si bielJ let que tuit si bome le
tenoient a merveille.
(Queste, 84, 29-31)
Car si bielJ m'avez certelié ce dont je me doutoie que je voi
apertement la verité de mon songe.
(Queste, 157, 31-33)
(voir aussi Queste, 88, 7-8 ; 98, 22 ; 106, 9 ; 108, 1
117, 7-8
120, 20-21 ; 160, 29-30 ; 167, 22-23 ; 220, 12 ; 233, 30
279, 24)
Nous rencontrons si ••. que 2 fois dans Courtois d'Arras; 19 fois dans
Guillaume de Dole, 0 fois dans les Trois Aveugles de Compiegne,
36
fois dans
le tome l
de Rutebeuf où la suite si bien
(... ) que se
rencontre 2 fois :
Et li cuens de Poitiers, qui un pueple souztient,
Et qui en douce France si bien le sien leu tient
Que quinze jors vaut miex li leux par ou il vient.
(Rut., Z, 41-43)
(voir aussi RUT., Z, 24)
- 329 -
----------------------
-
- - - - - - - - - - -
-- -- -. -.- ------~._-~- --..~ ---_.--~--

Dans ces exemples, comme dans ceux d'Yvain et de la Queste, l'adverbe
bien conserve son sens qui s'effacera plus tard au profit de la
relation de conséquence dans un locution inanalysable.
Les emplois réguliers de si •.. que se comptent 5 fois dans le Jeu de
la Feuillée et 15 fois dans la Chastel aine de Vergio De même Jean de
Keun en use
75
fois
normalement.
Dans
Jehan
et Blonde le nombre
d'emplois se monte à 76.
Enfin, Joinville use largement de si •.. que (78 emplois) ; et on peut
y
remarquer
cette
position
exceptionnelle
de
si
après
le
verbe
(ef~d'attraction pouvant conduire à la formation de si que) déjà
f
rencontrée chez Villehardouin (cf.
473, 1-3) :
Si li fu endetié Estienne Boiliane, lequel maintint et garda si
la prevosté, que nul malfaiteur, ne liarre, ne murtrier n'osa
demourer a Paris, qui tantost ne feust pendu ou destruit.
(Joinville. 233, 13-14)
XIVe siècle.
Chez Froissart, l'usage de si ... que est tout à fait régulier. Il se
lit
48
fois
dans
les
Chroniques
et
46
fois
dans
l'Espinette
Amoureuse. Dans Mélusine, si ... que est normalement employé 110 fois.
Il parloit de si belle rétorique et par si grant art que cil
qui le ooient estoient tout resjoi de son langage.
(Frois., Chron., 288, 7-8)
Car elle est si foible et si tendre
- 330 -

Que de trop petit elle engendre
Painne et dolour.
(Frois., Esp. am., 1925-27)
Ifais
l'embuscbe
Hervy
leur
vint
par
derriere
et
les
assaillirent de tous lez si asprement qu'ilz ne seeurent que
taire.
1Ifél usine, 73, 1-3)
Sur les 110 emplois de Ifélusine, on compte 3 fois si bien f ••• ) que,
avec bien au sens plein :
Sacbiez
bien
que
ly Poictevin
et
tuit
ly
autre
baron
si
prouverent si bieIJ et si
vaillaument que en petit de beure
Sarrasins turent descontiz.
(lfélusine, 113, 14-16)
Et tirent les deux treres partir l'escbec si bieIJ que chascun
s'en tint a bien a paiez.
(lfélusine, 113, 20-22)
Ifais, se Dieu plaist, je vous pourverray si bieIJ que vous vous
tendrez pour bien contente.
(lfélusine, 120, 6-7)
XVe siècle.
Toujours normalement employé,
si ... que se relève au XVe siècle 21
- 331 -

fois chez Alain Chartier, 4 fois chez François Villon et 36 fois chez
Commynes dont 4 fois si bien (..• ) que. Comme au cours des siècles
précédents, bien a toujours la valeur d' un adverbe modifié par si.
Dans les quatre cas, si bien est séparé de que par un ou plusieurs
mots. Et on compte une fois si tres bien (••. ) que
Lesquelz
embassadeurs
avoien t
ja
si
bieD dilligen t~ qu' ilz
avoient fait ung grant amaz.
(Commynes, 131, 25-26)
Ils se excusèrent si très bieD qu'il les laissa aller.
(Commynes, 177, 2)
Si bien exploicta ceste femme qu'elle gaingna le dict seigneur
de Clarance.
(Commynes, 199, 23)
Nais les embassadeurs s'entendoient si bieD et estoient si bons
amys qu'ilz rendirent les seellez.
(Commynes, 247, 11-12)
XVIe siècle.
Harot use 111 fois de si ... que dont 15 fois si bien (... ) que
Là les cheveulx si bieD s'entrelacerent,
Qu'encores sont mesl~es leurs racines.
(Harot, Opusc., XI, 106, 13-14)
(voir aussi Harot, Opusc., IX, 86, 13 ; XI, 106, 20-21
Epistres, l,
- 332 -

118,
31-32 ;
XXXIV,
183,
14-15 ;
LII,
223,
21
LV,
235,
15-16
LXII, 255,
6-7 ; LX,
252, 6-8 ; LIX,
247,
27-28
LXVII,
263, 8-9
Chan ts di vers, VII, 369, 19-20 ; XIII, 380, 25-26 ; Rondeaux, XLIX,
430, 2-3 ; VIII, 436, 4-5).
Bien a toujours le sens d'un adverbe, modifié par si, même quand il
se présente dans la formule tant et si bien que:
Non ; mais à qui ? puis que Françoys pardonne
Tant et si bien qu'à tous eJcemple il donne.
(Marot, Epistres, LIX, 247, 27-28)
Rabelais
emploie
35
fois
si ... que
dont
5
fois
le
système
si
bien .•. que:
Et pissa parmy leur camp,
si bien et copieusement qu'il les
noya tous.
(Rab., Pantagruel, 357, 11-12)
(voir aussi Rab .•
Pantagruel, 71, 15-16 ; 239,
26
299,
21
367,
22) .
Dans 4 autres cas,
bien constitue avec si une locution de sens non
qualitatif,
qui en corrélation avec que,
tend à se substituer à si
que en voie de disparition :
Je le bande d'une meschante braye,
que
je
trouve
là,
demy
bruslée,
et
vous le lye rustrement,
piedz et mains,
de mes
cordes, si bien qu'il n'eust sceu regimber.
(Rab., Pantagruel, 199, 9-12)
(voir aussi Rab., Pantagruel, 43, 11-16 ; 85, 25
389, 9)
- 333 -

Sur les 100 emplois de si ... que chez Ronsard, si bien •.. que se compte
21 fois
Le jour des miens, les sceut si bien attaindre,
Qu'autre oeil jamais n'en sera le vainqueur.
(Rons., Amours, XXVI. 10-11)
(voir aussi Rons.,
Amours, CLI!, 13-14 ; cont. Amours, XLV. 11-12 ;
nlle cont. Amours, XIX, 7-8 ; XXXV, 17-19 ; XLIV, 123 ; sur la Hort
de Harie. II, 40-42 ; II, 134-136 ; VI, 6-7 ; XII, 98-99
Sonnets l,
XLIII, 2-3 ; Sonnets II, XX, 7 ; Stances l, Il ; Stances, LIX, 7-8 ;
Amours diverses,
III, 10-12
Pièces Ajoutées l, 5 ; septième livre
XIX. 10-11 ; Saisons, 49, Il
79, 38, 63 ; 145, 57 ; 253, 126) et la
locution si bien que 7 fois avec la valeur d'emploi de si que:
Henry, qui apres luy tint le sceptre de France,
Ayant de Ta valeur parfaite cognoissance,
Honora ton sçavoir, si bien que ce grand roy
Ne vouloit escouter un autre homme que toy.
(Rons., Saisons, 85, 39, 133-136)
(voir aussi Rons.,
Saisons. 106. Ant., 9 ; 145. 56
179, 75
188.
stances, Il ; 237, 117. 155 ; Amours, XLVIII, 12).
Du Bellay use 14 fois de si ... que.
Si bien que n'apparaît qu'une
fois, dans un contexte où son sens reste ambigu, soit qualitatif (si
bien = si joliment),
soit non qualitatif
(si bien que = de sorte
que) .
Je ne chante (Hagny) je pleure mes ennuys :
Ou, pour le dire mieulx, en pleurant je les chante,
- 334 -

Si bieD qu'en les chantant, souvent je les enchante:
Voyla pourquoy (Hagny) je chante jours et nuicts.
(Du Bellay, Regrets, XII, 5-8)
Dans le livre l
des Essais de Montaigne,
la locution si bien que
n'apparait
pas.
On
compte
107
fois
si ... que
dont
3
fois
si
bien . •. que
Je l'ay si bieD perdue que je ne sçay ce que j'ay voulu dire.
(Montaigne, l, X, 79, 3-4)
Dans cet exemple, comme dans les deux autres (Montaigne, l, XXI, 143,
25-26;
l,
XXIII,
157,
25-26),
bien n'a
évidemment
pas
le
sens
qualitatif,
il
signifie
"réellement",
"effectivement",
valeur
qui
apparaît donc sans que la locution soit constituée et soudée.
Enfin, dans les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, si ... que se compte 28
fois dont 10 fois la locution si bien que non qualitative
Les loups et les renards et les bestes sauvages
Tienent place d'humains. possèdent les villages,
Si bieD qu'en mesme lieu, en paix ont eut soin
De reserrer le pain, on y cueille le foin.
(D'Aub., Tragiques, l, 325-328)
(voir aussi D' Aub., Tragiques, l, 25, ; l, 147
l, 1119
II, 265
II, 647 ; II, 777 ; II, 809 ; II, 859 ; V, 164).
XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, si .•. que se relève 98 fois dans les Provinciales, 85
- 335 -

fois dans les Pensées, 13 fois dans les Oraisons funèbres.
38 fois
dans
les
Sermons,
31
fois
dans
les
Kaximes,
164
fois
dans
les
Lettres, 112 fois dans la Princesse de Clèves et 118 fois dans les
Caractères.
Notons que la consécutive sous toutes ses formes est absente dans
l'Art poétique de Boileau.
De ces emplois de si •. . que, nous relevons si bien .•• que 2 fois dans
les Provinciales, 4 fois dans les Pensées, 3 fois dans les Oraisons,
3 fois
dans
les
Maximes,
16
dans
les
Lettres,
4
fois
dans
la
Princesse de Clèves,
2 fois dans les Caractères,
toujours avec la
valeur qualitative :
Ainsi ils en ont pour toutes sortes de personnes et repondent
si bien selon ce qu'on leur demande, que, quand ils se trouvent
en
des
pays

un
Dieu
crucifié
passe
pour
folie,
ils
suppriment le scandale de la croix et ne prêcbent que Jesus-
Cbrist glorieux.
(Pasc., Prov., 74, 22-26)
Il
sut
si
bien
les
concilier
par

qu'il
fit
un
corps
redoutable de cet assemblage monstrueux.
(Boss., Oraisons, 45, 236-238)
- 336 -

Il
Y a des
faussetés
déguisées qui représentent si bien la
vérité que ce serait œal
juger que de ne s'y pas
laisser
troœper.
(La Roch., Maxiœes, 70, 282)
Je loue Dieu de ce bon sentiœent et vous proœets de œ'accorder
si bien avec cette aiœable rivale que vous n'entendrez aucune
plainte ni d'elle ni de œoi.
(Sévigné, Lettres, 39, 18-21)
Ils se sont si bien ajustés, que par leur état ils deviennent
capables de toutes les grâces.
(Bru., Car., 212, 46, 4-5)
(voir aussi Pasc.,
Prov., 74, 23 ; Pasc., Pensées 64, 70-519 ; 136,
294-60,
27
244,
670-270,
45;
325,
905-923,
10-11;
Boss.,
Oraisons,
58,
602 ; 71.
69-70 ; La Roch.,
Maxiœes,
157,
5-6
168,
30-31 ; Sévigné, Lettres, 58, 7-10 (2 fois)
101, 1 ; 159, 14
166,
7-8 ; 175,
6 ;
185,
25-26 ;
202,
18 ;
209,
31-32 ;
211.
41
215,
23 ; 244, 27-28 ; 271,
30 ; 303,
31 ; 326, 23-24 ; La Fay.,
Clèves,
56, 40 ; 65, 25-28 ; 76, 27-28 ; 142, 21 ; Bru., Car., 346, 37).
Pascal. Sévigné, La Bruyère n'usent pas de la locution si bien que.
On la rencontre 6 fois dans les Serœons de Bossuet, alors que dans
les
Oraisons on ne rencontre que
si bien ••• que;
La Rochefoucauld
l'emploie 1 fois, Madame de LaFayette 2 fois et Madame de Sévigné 1
fois, toujours dans un sens purement consécutif.
- 337 -

Car il joint toujours l'un et l'autre,
si bieIJ que nous lui
pouvons appliquer ces beaux mots de Tertullien :
(Boss., Sermons, 36, 30-31)
Et firent que le Roi lui commanda de continuer d'assister au
conseil, et d'exercer sa charge de secrétaire d'Etat comme il
avait accoutumé; si bieIJ qu'il demeura encore quelque temps A
la cour.
(La Roch., Maximes, 150, 3, 48-51)
Elle fit si bieIJ que le temps se passa insensiblement.
(La Fay., Cleves, 159, 35-36)
Ajustez tout cela, et faites si bieIJ que vous soyez persuadée
que je vous aime de tout mon coeur.
(Sévigné, Lettres. 87, 229, 31-33)
(voir aussi Boss..
Sermons,
79,
24
91,
26 ; 103, 14
167, 16
173, 12 ; La Fay., Cleves. 59, 39).
4.3.2. Statut de si que.
XIe siècle.
Si que et ses variantes n'apparaissent pas dans nos ouvrages du XIe
siècle.
- 338 -

XIIe siècle.
Au XIIe siècle,
si que n' apparaît
pas dans
le
Cbarroi
de Himes.
Ailleurs, il se lit 1 fois dans le Couronnement de Louis, 10 fois
dans les Lais de !farie de France, 13 fois dans Eracle, 10 fois chez
Béroul,
30
fois
dans
Cligès,
30
fois
dans
le
Cbevalier
de
la
Cbarrete, 16 fois dans Yvain, 13 fois dans Perceval, 9 fois dans le
Roman de l'Estoire dou Graal,
5 fois dans le Roman de Renart et 1
fois dans la Prise d'Orange.
Si que introduit toujours une proposition subordonnée verbale, sans
ne explétif.
La subordonnée consécutive fait
toujours
suite à la
principale.
Si que est-il une locution conjonctive ?
ne le rencontre pas avant
le XIIe
siècle;
sa fréquence dépasse
celle de si .•. que : elle est
par exemple de 10 contre 4 chez Marie de France, 10 contre 4 chez
Béroul.
On ne peut imaginer d' autre cause à la création de si que
que la tendance au rapprochement formel des corrélatifs en vue de
leur fusion dans une locution conjonctive, introduisant après coup
dans
la
phrase
une
relation
de
conséquence
dont
la
proposition
principale se passerait
Devant le rei est descendue,
Si que de tuz iert bien veüe.
(Lanval, 603-604)
- 339 -

Li chevaliers n'a cuer que un
et cil n'est mie ancor a lui,
einz est comandez a autrui
si qu'il nel puet aillors prester.
<Ch. Ch., 1228-31)
Quelquefois, si fait immédiatement suite au verbe, et poutrrait être
analysée comme un adverbe complément d'intensité
Lors le fiert si qu'il li anbat
l'espee molt pres de la teste.
<Ch. Ch.. 2726-27)
Hais la
place
normale
de
l'adverbe
si
est
devant
le
mot
qu'il
modifie, et rien n'empêchait Chrestien de dire
Lors si le fiert qu'il li anbat
l'espee molt pres de la teste.
Le plus souvent,
si que est éloigné du verbe, et la conséquence a
pour cause l'ensemble du fait énoncé dans la principale
Li mur se sont ensanle joint
li uns a l'autre point a point,
si qu'en cest monde n'a maçon,
tant sace d'uevre et de façon,
qui les joinsist si biel, si bien,
c'a Damediu ne set nus rien.
<Eracle, 6165-70)
- 340 -

Et s'a il les fers redreciez
et remis an lor leus arriere,
si que ne devant ne derriere,
n'an l'un, ne an l'autre cost~,
ne pert qu'an an eQst ost~,
nus des fers ne tret ne ploi~.
(Ch. Ch., 4710-15)
Si que fonctionne souvent comme une variante du que simple consécutif
ambigu que l'on rencontre sporadiquement:
Par grant vertu l'uns l'autre anpaint
qu'a terre se sont jus anpaint.
(Ch. Ch., 7033-34)
(voir aussi Ch. Ch., 3593 ; 3690)
Son unité conjonctionnelle favorise souvent l'interprétation d'un si
précédent
comme
un
corrélatif
(si .•• si
que)
plutôt
qu'un
simple
adverbe de liaison appelé par la loi de Thurneysen :
Et Gauvain ne salua mie,
einz l'apele de felenie
et dit : "Gauvains, tu oceis
mon seignor et si le feris
si c'onques ne l'areisonas.
(Perceval, 4730-34)
Cligès se beisse, si s'ancline
- 341 -

Si que la lance outre s'an passe,
(Clig~s, 3380-81)
Sel vet ferir toz esleissiez,
Si que maugré suen a leissiez
Les arçons de la sele vuiz.
(Cliges, 2885-87)
Tantost vet la lame seisir
li chevaliers, et si la lieve.
si que de neant ne s'i grieve.
(Ch. Ch., 1910-12)
(voir aussi Cliges, 596-597 ; Ch. Ch.. 4710-12
5160-61
Perceval,
2947).
Pour toutes ces raisons. il convient de voir dans si que une locution
conjonctive.
qui
ne
disparaîtra que
pour
laisser
la
place
à
des
locutions encore mieux marquées : de façon/de maniere/ de sorte que,
et si bien que.
Trois emplois de si que relevés dans nos auteurs du XIIe siècle font
difficulté, parce que le sens appelerait plutôt si com :
Rois, tu la preis a mollier
Si que virent ti chevalier.
(Béroul, 2563-64)
- 342 -

Il est berlot, si que jel sai
(Béroul, 3976)
Mes iriez et dolanz le tist,
si que bien parut a son volt.
(Cb. Ch., 182-183)
Le remplacement de com par que dans les comparatives est très rare au
XIIe
siècle
(cf.
4.2.10).
s'il
s'aqissait
ici
d'un
que relatif,
l'antécédent ce conviendrait mieux que l'adverbe si. Il s'aqit bien
de la conjonction
si que,
prise au sens
non intensif qu'on peut
paraphraser
par
"dans
de
telles
conditions
que".
Mais
de
tels
contextes ont certainement favorisé le remplacement de comme par que.
XIIIe siècle.
Cet te conjonction reste très vivante au XIIIe siècle. Villehardouin
en use 10 fois au tome l contre 21 fois si ... que. Au tome II, si à
valeur intensive se rencontre en corrélation avec si que, fait sans
autre exemple :
Que,
quant il voloit ses genz secore d'une part,
Toldres li
Ascres le tenoit si destroit d'autre part, si que par estovoir
le couvenoit a retorner.
9
(Villeh,
472, 11-14)
Notons que le si de si que manque dans les manuscrits B et D.
Si
que
se
rencontre
ensuite
3
fois
dans
Aucassin
(contre
10
- 343 -

si . .. que)
5
fois
dans
la
Vie
de
Saint
Eustacbe
(contre
5
si . .. que)
64
fois
dans
la
Queste
del
Saint
Graal
(contre
289
si . .. que)
o fois dans Courtois d'Arras (contre 2 si •.• que) ; 19
fois dans Guillaume de Dole (contre 19 si ... que) ; 1 fois dans les
Trois Aveugles (contre 0 si ... que) ; Rutebeuf l'emploie 13 fois au
tome l (contre 36 si •.. que) ; il se rencontre 3 fois dans la Feuillée
(contre 5 si ... que) ;
Jean de Meun
l'emploie 39
fois
(contre 75
si ..• que) ; Il se compte,8 fois dans la Cbastelaine de Vergi (contre
15 si ... que) ; Il se lit 21 fois dans Jeban et Blonde (contre 76
si ... que) ; enfin Joinville l'emploie 21 fois (contre 78 si ..• que).
Mais déjà se rencontrait une locution qui devait évincer si que deux
siècles plus tard.
formée avec l'adj ectif
tel et le nom maniere :
de tel maniere ou en tel maniere f ••• J que (voir 4.3.5).
XIVe siècle.
Jean Froissart emploie 6 fois si que dans les Cbroniques et 4 fois
dans
l'Espinette Amoureuse.
Sur
les
10 emplois.
on
a
7 fois
la
graphie si ques (avec l'-s de jusques. lorsques, marque instable des
mots invariables).
Et disoit on que li premier se combatoient as ennemis, si ques
cescuns,
qui cuidoit que ce fust
voir,
se bastoit quanqu'il
pooit parmi marés.
(Frois., Cbron., 210, 9-12)
(voir aussi Frois., Cbron., 216, 9 ; 217, 20
235, 17)
Et on le m'avoit bien enjoint
- 344 -

Ossi que tout ensi fesisse,
siques, s'autre estat je presisse
Que cesti qu'on m'avoit apris,
J'euisse esté trop dur repris.
(Frois., Esp. am., 3621-25)
(voir aussi Frois., Esp. am., 254 ; 505)
Notons que dans l'Espinette Amoureuse, la locution est écrite en un
seul mot.
Dans
Mélusine
si
que ne
se compte
que
4 fois
(contre 110 fois
si ... que).
Si que a un statut oriqinal dans Mélusine. En effet, il peut servir à
exprimer la conséquence de la conséquence :
Mais il vira le destrier si apertement que le dart passa oultre
et fery un Sarrasin par my le corps si qu'il le rue par terre
mort.
(Mélusine, 105, 28-30)
Sachiez
bien
que
ly
Poictevin
et
tuit
li
autre
baron
si
prouverent si bien et si
vaillaument que en petit de heure
Sarrasins
furent
desconfiz,
si
que mal
soit
de
cellui
qui
eschappast qu'ilz ne [eussent tuit pres que mort que prins.
(Mélusine, 113, 14-17)
Sinon,
doit-on
simplement
parler
de
"coordination
par
subor-
dination" ? Si que aurait-il tout simplement la valeur de et ?
- 345 -

XVe siècle.
Villon
et
Commynes
ignorent
si
que.
Il
se
lit
5 fois
dans
le
Quadrilogue invectif dans des emplois tout à fait réguliers
Henjut sa vigne en verjus et vuide ses garni ers hors de saison
a sa comble mesure si que le pain lui
fault
au plus grant
besoing.
(Quadr., 23, 2-4)
(voir aussi Quadr., 8, 13-15 ; 8, 27-29
38, 6-9
45, 15-18).
XVIe siècle.
Si que se raréfie considérablement au XVIe siècle et disparaît. Ses
occurrences sont très faibles par rapport à celles de si ... que: 28
contre 111 chez Marot, 1 contre 35 chez Rabelais, 11 contre 100 chez
Ronsard, 0 contre 14 chez Du Bellay, 5 contre 107 dans le tome Ides
Essais de Montaigne.
Au XVIIe siècle on rencontre les locutions si bien que, de sorte que,
en
sorte que,
de
telle
sorte
que,
au
point
que qui
sont
mieux
marquées.
/CtM- XI'''~ ~4
Notons
surtout
la -naissance~ suites de tel manière (..• ) que,
f
en tel manière (..• ) que dont i l sera question au
4.3.5., et qui
supplanterons vite si que.
- 346 -
.. ---._, ---.--..
...- ---_.
..,...:-~~._-,._

4.3.3. Variantes de si (••• ) que.
XIIe siècle.
Nous avons déjà indiqué qu'aucune variante de si ... que ne se lit dans
nos ouvrages du XIe siècle.
Au XIIe siècle les variantes de si ... que n' apparaissent pas dans le
Couronnement de Louis,
le
Charroi de Nîmes.
les Lais de }farie de
France,
le Roman de l'Estoire du Graal,
la Prise d'Orange et chez
Béroul.
La variante ensi ... que se compte 1 fois dans Cligès et 2 fois dans le
Chevalier de la Charre te :
Ensi estoient li rain duit
Que par terre pandoient tuit
Et prés de la terre baissoient,
Fors la cime dom il nessoient.
(Cligès. 6317-20)
L'anhatine ensi departi
c'onques nule n'an prist mari.
(Ch. Ch., 6055-56)
(voir aussi Ch. Ch., 4035-36)
Ensi que apparaît 1 fois dans Yvain (2643) et 1 fois dans Perceval
(3160) ; issi que se lit 1 fois dans Eracle (5707).
La variante contenant un préfixe de sens comparatif (aussi) apparait
- 347 -

1 fois dans le Roman de Renart :
Hais je le dis pour Isangrin
qui de moi est ausi jalous
que toz jorz en cuide estre cous.
(Renart, I, 154-156)
XIIIe siècle.
A l'exception de
Villehardouin,
tous
nos
auteurs
du XIIIe
siècle
ignorent les variantes de si dans les systèmes consécutifs.
Villehardouin emploie 1 fois ensi ... que
EDsi tu ja del tens passé que li quaresme tu.
(Villeh., 9108, 1-2)
que Faral traduit :
[Il se passa ainsi tant de temps que ce fut le
carême].
Dans
ce
texte
Villehardouin
évite
tant,
qui
est
l'adverbe
ordinairement employé

l'exclusion de si)
pour quantifier un nom
(ici
tens) , parce que
tant dans les rapports de conséquence a une
connotation nettement
intensive
(celle qu'il
a dans
la
traduction
donnée).
Or
Villehardouin
veut
écarter
cette
nuance,
ayant
simplement
à
exprimer
l'idée
qu'il
s'est
écoulé
l'espace
de
temps
nécessaire
pourqu'on soit au carême, "ainsi de temps" et non "tant de temps".
L'auteur écarte l'ambiguité inhérente à tant (celle qui rend toujours
ambigu le sens de
tant que temporel). Pour conserver la valeur de
- 348 -

référence au passé qu'exprime peut-être cet ensi. on peut traduire
par : "Ainsi était venu le temps du carême". On peut donc dire que
dans
ce
passage
de
Villehardouin.
ensi
est
surtout
un
adverbe
(thématique) de référence au passé, rôle qu'il joue souvent dans les
systèmes comparatifs chez le même auteur :
Ensi murent li . VI. message COD vos avez oi.
(Villeh., f 14. 1-2)
9
{voir aussi Villeh.,
76, 6-7;
110, 1).
Signalons
l'absence
totale
d'ausi
et
d'autresi,
~êservés
à,_la
comparaison {cf. 4.2.5)
XIVe siècle.
Il n'y a pas de variante de si en corrélation avec que consécutif au
XIVe siècle.
Ainsi a disparu le dernier,
réservé
lui aussi
à la
comparaison.
L'absence totale des dérivés de si concerne aussi le XVe, le XVIe et
le XVIIe siècles.
En résumé, très peu de variantes de si ont été employées devant le
que de conséquence. Elles semblent avoir été réservées aux systèmes
comparatifs
d'égalité:
ceux-ci,
au
cours
des
siècles,
se
sont
distingués
des
systèmes
consécutifs
par
une
différenciation
du
premier
élément,
en
même
temps
qu'ils
s'en
rapprochaient
par
l'unification du second élément {colllllle -) que).
- 349 -

UNIVERSITE
DE
PARIS
XIIl
".:t
(VILLETANEUSE)
~.-
/
DIAME SIGNATE
GRAMMAIRE FRANÇAISE
LES SYSTEMES CORRELATWS
DANS L'HISTOIRE DU FRANÇAIS
JUSQU'AU DIX-SEPTIEME SIECLE
TOMEll
, :' \\J
*
THESE
PRESENTEE DEVANT L'UNNERSITE DE PARIS XIII
EN VUE DE L'OBTENTION DU GRADE DE
DOCTEUR D'ETAT ES~LETTRES
DIRECTEUR DE RECHERCHE
JACQUESCHAURAND
PARIS, WIN 1990

4.3.4. Statut de tut (... ) que.
Le système
tant .• que se lit 3 fois dans la Vie de Saint Alexis
,"
(26-27 ; 34 : 464), tant modifiant un verbe qu'il précède: deux fois
l'adverbe, placé en début de phrase, satisfait à la loi de Thurneysen
(26-27 : 34) :
rut l i preierent par grant umi1itet
Que la moi11ier donat feconditet.
(Alexis, 26-27)
On relève dans le même texte deux emplois du pronom relatif à la
place de que :
rut en retient dont son cors puet guarir.
(Alexis, 99)
rut en retient dont son corps en sostient.
(Alexis, 252)
Dans
la
Cbanson
de
Roland,
tant ..• que
disjoint
se
lit
9
fois
(402-403
405-406 : 451-452 : 532-533 : 1035 : 2689 : 2818 : 2842 ;
3697). Une seule fois, tant quantifie un pronom (en, représentant les
escbe1es ou "corps de bataille" des Sarrazins)
rut en i ad que mesure n'en set.
(Roland, 1035)
Partout ailleurs, tant modifie un verbe qu'il précède ; six fois, il
s'agit du verbe cbeva1cber, et la quantification est à interpréter
dans la durée, de sorte que l'on s'oriente vers une valeur temporelle
- 350 -

'. ~
qui sera plus tard attachée à tant que :
1aDt cbevalcberent e veies e cbemins
"
Qu'en Sarraguce descendent suz un if.
(Roland, 405-406)
Dans tous ces emplois,
tant satisfait à la loi de Thurneysen, mais
son emploi est justifié par le sens.
r.nt que soudé ne se présente pas, du 80ins au sens ~~,6U<
vers 2110 :
Sunez vos grasles taDt que en cest ost ad !
(Roland, 2110)
tant est
un
pronom adverbial
quantifiant
et
représentant
le no.
grasles (clairons), lequel est repris par que, pronom relatif régime
du verbe ad ("il ya").
Il n'existe pas
encore,
dans
nos deux textes
du
XIe
siècle,
de
locution consécutive
tant que:
l'adverbe
tant,
corrélatif de
que
conjonction, sert une fois à quantifier un pronom -fonction que si ne
peut remp1ir- et 11 fois à quantifier un verbe avec une tendance à
marquer la durée -fonction étrangère à si : il ne remplit aucune des
fonctions où
si prédomine,
la modification d'un adjectif
ou d'un
adverbe.
A~vers 132-133 de la
Cbanson de Roland,
tant est en corrélation
consécutive avec le relatif dunt
1ant i avrat de besanz esmerez
- 351 -

DUDt bien purrez voz soldeiers luer.
(Roland, 132-133)
;
XIIe siècle.
Dans le Couronnement de Louis, tant ••• que, relevé 13 fois, modifie 10
fois un verbe
(1387-88 ; 1564 ;
1686 ;
1960; 1972-73 ;
2162-63 ;
2216-17 ; 2229-30 ; 2653-54 ; 2676-77) dont 5 fois avec la nuance de
durée (ou répétition) :
faut ont Guillelme et quis et demandé
Qu'il ont le conte enz el mostier trové,
(Cour., 1387-88)
Deux fois, tant quantifie un nom (1025 ; 2264-65) :
faut porte d'ar.es qu'aprocbier nel puet on.
(Cour., 1025)
Une fois, il modifie un adjectif :
Mais tant le trueve et orgoillos et fier
Que contre lui ne se deigna drecier.
(Cour., 1887-88)
Tant que accolé se relève 6 fois, mais 4 de ces occurrences ont le
sens nettement temporel ("jusqu'au moment o~"). Des deux autres, l'un
exprime à la fois le nombre et le temps :
Handez en France les nobles chevaliers
fant qu'en aiez dusqu'a trente miliers.
(Cour., 189-190)
- 352 -

'. t
L'autre
est
moins
une
conjonction
qu'un
système
fortuitement
juxtaposé,

tant
fonctionne
comme
complément
d'objet
du
verbe
"
principal (donez) :
Com vos orrez ainz qu'il seit avespr~,
Se vos donez tant que vueille chanter.
(Cour., 313-314)
Dans la Charroi de Nfmes, tant que accolé ne se rencontre pas.
Tant •.• que se relève 6 fois; il modifie 5 fois un verbe et 1 fois un
adjectif :
rant tist en terre qu'es cieus est coronez
(Charroi, 13)
(voir aussi Charroi, 257 ; 851-852
999-1000
1070-72).
Il tu tant tous qu'il ne l'en sot nul gr~.
(Charroi, 801)
Chez Harie de France tant .•. que, relevé 26 fois, modifie 25 fois un
verbe, 1 fois un adverbe :
rant aveit purchaci~ e quis
que dedenz la chambre s'est mis.
(Eliduc, 779-780)
rant ducement l'i ai la nuit
que mut me semble grant deduit.
(Laüstic, 87-88)
- 353 -

'. ~
Tant que accolé se relève 17 fois et exprime toujours le temps, sauf
une fois (Bisclavret, 141-144)
1
Issi remest un an entier,
tant que li reis ala cbacier
CBisclavret, 135-136)
Dans Eracle, tant ••. que se rencontre 26 fois
tant y modifie 23 fois
un verbe, 3 fois un adverbe:
Lors cuide bien la vielle et asme
que tant ait l'oevre demenee
que le verté ait assenee.
CEracle, 4182-84)
fant durement te pouç amer
que je te fis dame clamer
de canc'on .'a signor clamé.
CEracle, 4947-49)
Les 3 emplois de tant que, expriment ici aussi le temps
Hais, sor les deus ius de son cief,
fust bien gardés et en sauf mis
tant que l'enfes fust si apris
qu'il le peüst espondre et lire,
CEracle, 240-243)
Béroul use 12 fois de tant •.• que.
Tant Ilodifie 11 fois un verbe et
une fois un adjectif :
- 354 -

rant a enquis du roi. nove1e
Que l'en l i a dit bone et be1e.
i
(Béroul, 3371-72)
Que je n'estoie pas tant os
Que je m'osase an plain mostrer.
(Béroul, 2598-99)
Tant est une fois en corrélation consécutive avec le relatif qui
N'i ot baron tant fort ne fier
Qui ost le roi mot araisnier.
(Béroul, 863-864)
Tant que employé 2 fois a toujours la valeur temporelle
"Ha ! Dex, fait il, '~egarde moi,
Que cil qui vient ne m'aperçoive
rut que devant moi le reçoive !"
(Béroul, 4360-62)
Dans
C1iges,
tant •.. que se lit 59 fois.
Tant modifie 51 fois un
verbe
rant fu preuz et de fier eorage
Quepor pris et por los eonquerre
A1a de Greee an Angleterre
Qui lors estoit Bretaigne dite.
(C1iges, 14-17)
8 fois un adjectif
- 355 -

'. ~
Et ne por quant la dameise1e
Estoit
tant avenanz et be1e
Que bien deiJst d'amors aprandre.
(C1igès, 445-447)
Tant que accolé se lit 52 fois. Il exprime rarement la conséquence
pure avec la valeur de si bien que :
N'e1e ne via1t mangier ne boivre,
Por l'empereor mia1z deçoivre,
rant que tote est et pale et perse.
(C1igès, 5649-51)
souvent le temps :
Trestoz ses escrins cerche et viude
rant c'une chemise en a treite.
(C1igès, 1144-45)
1 fois le temps et la conséquence à la fois
J'atandrai tant qu'il s'aparçoive.
(C1igès, 1008)
Dans le Chevalier de la Charrete, le système tant ••. que, relevé 47
fois, modifie 38 fois un verbe :
Et tant face qu'il l'an ramaint.
(Ch Ch ., 79)
Six fois un participe ou un adjectif
Por ce que tant fo1e boche as
- 356 -

, .
que vilmant la me reprochas.
<Ch. Ch., 2763-64)
i
Deux fois tant quantifie un nom
Et je fusse morz grant piece a,
ne fust li rois qui de ci va,
qui m'a mostré par sa pitié
taDt de dolçor et d'amistié
c'onques, la ou il le seüst,
rien nule qui mestier m'eust
ne me failli nule foiee.
<Ch. Ch., 4019-25)
Une fois un adverbe :
Nes ele la cuide veraie
et tant duremant s'en esmaie
qu'a po la parole n'an pert.
<Ch. Ch., 4163-65)
Tant que accolé se relève 54 fois
39 de ces occurrences ont le sens
temporel ;
Deux fois tant que exprime le but (3356-57
3394)
Nenez moi tant que je le truise.
<Ch. Ch., 3394)
Une fois il exprime à la fois le but et le temps
Puis se let vers terre cliner,
- 357 -

, .
si se vost feire trainer
a son cheval, tant qu'il estaigne.
i
(Ch. Ch., 4291-93)
Dans Yvain,
tant ••. que se rencontre 47 fois, modifiant 40 fois un
verbe
Et tant ont quis et tribolé
que de querre sont saolé.
(Yvain, 1249-50)
deux fois un adjectif ou participe :
Mes la pucele est tant cortoise,
et si franche, et si deboneire,
qu'ancor n'an cuide ele preu feire.
(Yvain, 5426-28)
et trois fois il quantifie un nom (3475-78
5214-15
6012-14)
Voldroit
avoir la teste rote,
ou tant de honte li voldroit
avoir feite que pis valdroit.
Dans Perce val , tant ..• que se lit 36 fois.
Tant y modifie 28 fois un
verbe :
- 358 -

'. ~
faDt a plor~ que cil s'esvoille.
(Perceval, 1969)
1
deux fois un adjectif :
Qu'il n'a el monde rien qui vive
taDt dolante ne tant cheitive
que je ne soie plus dolante.
(Perceval, 1987-89)
6
fois,
tant
quantifie
un
nom
(1975-76
2277-79
3775-76
4941-43 ; 5618-19) :
Si lor fet tant torz et tant guiches
que uné an i antreprist.
(Perceval, 5618-19)
Sur les 57 emplois de tant que, 41 occurrences ont le sens temporel.
Dans le Roman de 1 'Estoire ~fGraal, tant ... que qui se relève 7 fois,
modifie 4 fois un verbe (1051-55 ; 1933) :
La put gent qui le hairent
fant donnerent et tant prommirent
A ceux qui le pouoir avoient
Et qui les joustices tenoient
fant le chacierent qu'il le prirent
<Est. Graal, 1051-55)
trois fois un participe <110-111 ; 1707-08)
Si ha tant quis et pourchaci~
- 359 -

:.\\
Que Adans, ses mariz, pecha.
(Est. Graal, 110-111)
"
Tant que accolé apparaît 6 fois et a toujours le sens temporel.
Dans le Roman de Renart, tant ... que se compte 25 fois. Tant y modifie
21 fois un verbe
faut l'ont tir~ et desachi~
que tout l'ont mort et despeci~.
(Renart, 1, ~041-42)
3 fois un participe ou un adjectif (1055-56
1062-64
1245-47)
Isangrin ai ge tant mestait
que je n'ai envers lui nul p1ait.
(Renart, 1, 1055-56)
Tant quantifie une fois un nom :
Cil avoit taut de sanc 1aissi~
que la parole li tai11i.
(Renart, 1, 732-733)
Tant que accolé se rencontre 13 fois
il exprime le temps.
Enfin,
dans la Prise d'Orange,
le système
tant ... que se relève 4
fois. Il modifie une fois un participe (994-995) et 3 fois un verbe
(488-489 ; 578-579 ; 703-704)
Nes taut est riches et entorciez d'amis
Que il n'a cure ne d'argent ne d'or tin.
(P. OR., 703-704)
- 360 -

.,,1
La
locution
tant
que accolé
se
relève
3 fois
(1270-71
1318
1363-64) et exprime toujours le temps.
La distribution de tant dans les systèmes consécutifs en tant ••• que,
montre que tant yale même statut que dans les systèmes comparatifs.
Sa fonction essentielle, ici et là, est de modifier soit un adjectif,
soit un participe, soit un verbe, soit un adverbe, soit un nom.
Signalons que tant peut être adjectif
Car il est forment travillés
et tantes fois agenouilliés
que nus n'en puet savoir le conte.
(Eracle, 6265-67)
Mes tantes voies a tornees
a mont a val, et sus et jus,
que passez fu li mois ou plus.
(Ch. Ch., 6416-18)
(voir aussi Eracle, 767-770)
On peut admettre que la valeur du système tant ... que est nettement
consécutive partout où tant modifie un adjectif ou un adverbe :
Tant fu li tans pes.es et forz
que cent foiz cuidai estre morz
des foudres qu'antor moi cheoient.
(Yvain, 445-447)
S'il quantifie un nom, la valeur est consécutive
- 361 -

· . -\\
Et li ljons ot tant de sens
qu'il veilla et tu an espens
,.
dei cheval garder, qui pessoit
l'erbe qui petit l'engressoit.
(Yvain, 3475-78)
S'il modifie un verbe, ce qui se produit le plus souvent dans Yvain,
une fois sur trois la valeur est purement consécutive :
Tote voie tant m'anhardi,
que je li dis : "Va, car me di
se tu es boene chose ou non."
(Yvain, 325-327)
Ne criem pas tant voz trois escuz
que sanz cop m'en aille veincuz.
(Yvain, 4419-20)
Mais deux fois sur trois une valeur temporelle s'associe à la pure
conséquence :
1ant li prient que ele otroie
ce qu'ele teist tote voie
qu'Amors a teire li comande
ce don los et consoil demande.
(Yvain, 2139-42)
Laudine
a réuni
ses
chevaliers
pour
leur
demander
si
elle doit
épouser Yvain.
"Ils l'en pressent tant qu'elle accorde ce qu'elle
- 362 -

' ..~
-.
aurait
fait
de
toute
façon".
On pourrait
comprendre
"ils
l'en
pressent jusqu'au moment 06 elle accepte ..• "
Quelquefois,
la
valeur
temporelle
se
substitue
à
toute
idée
de
~onséquence
Yvain,
en
compagnie
d'Artur
et
de
ses
meilleurs
chevaliers, avait peine à retenir ses larmes en pensant qu'il n'avait
pas tenu parole à Laudine
rut pansa qu'il virent venir
une dameisele a droiture.
(Yvain, 2106-01)
[Il Y pensa jusqu'au moment 06 ils virent venir une demoiselle en
droite ligne]
Il est évident que la pensée d' Yvain n'a aucune influence sur la
venue de Laudine.
Dans
le
partage
des
fonctions
corrélatives
de
que
consécutif,
l'adverbe si a reçu l'expression de la manière et l'adverbe
tant
celle de la quan ti t~,
qui dans le domaine verbal devient souvent
durée ou répétition.
On a vu la fortune de cette corrélation temporelle avec le verbe
chevalcher dans la Chanson de Roland. Au XIIe siècle, elle est banale
avec les verbes de déplacement :
rut ont par force chevalchié et err~
Qu'il sont venu a Paris la cit~.
(Cour., 2616-11)
- 363 -

raDt errat cil qu'il le trova.
(Eliduc, 1107)
S'a tant erré qu'a Noauz vint
(Ch. Ch., 5505)
Hais elle peut exprimer des rapports plus délicats, comme dans cet
épisode du Chevalier de la Charrete où une demoiselle prie Lancelot
d'aller se promener dehors jusqu'au moment où il pensera qu'elle peut
être couchée
"Sire, alez vos la fors deduire,
mes que il ne vos doie nuire,
et seulemant taDt i seroiz,
se vos plest, que vos panseroiz
que je porrai estre couchiee."
((Ch. Ch., 1035-39)
Cette valeur temporelle, observée dans un peu moins de la moitié des
emplois du système
tant ... que disjoint,
est larqement prédominante
dans les emplois de tant que à éléments accolés comme nous l'avons
observé plus haut.
Pour ne revenir que sur le cas d' Yvain, sur 2/1 occurrences de tant
que, 6$ ont indubitablement le pur sens temporel "Jusqu'au moment
où". Sur les 22 autres, très peu ont une valeur de pure conséquence:
Del cop fu estonez et vains
li chevaliers; molt s'esmaia,
- 364 -

qu'ainz si felon cop n'essaia,
qu'il li ot desoz le chapel
i
le chief fandu jusqu'au cervel,
tant que del cervel et del sanc
taint la maille del hauberc blanc.
( Yvain, 864-70)
Le jaiant a trové desclos,
qui an sa force, se fioit,
tant que armer ne se voloit
(Yvain, 4202-04)
De honte et de mal avons tut
que le quint ne vos an sai dire.
(Yvain, 5320-21)
Dans le dernier exemple cité, la juxtaposition (d'ailleurs coupée par
l'enjambement)
est
fortuite
il
est
clair
que
l'adverbe
tant
quantifie les noms honte et mal compléments d'objet du verbe avons.
Dans l'exemple précédent, il semble que la virqule placée par Mario
Roques après se fioit soit de trop, car tant modifie aussi clairement
le verbe qui
le
précède,
malqré
l'enjambement.
Il
n'y a pas de
véritable conjonction dans ces deux textes.
Il en est autrement du premier, où tant que pourrait être traduit par
la locution "de sorte que".
- 365 -

1
Jozsef Herman dans sa tbèse3t
pose le problème de l'existence en
ancien français d'une locution tant que de sens consécutif. Lercb se
trompait quand il affirmait que l'ancien français évitait tant que au
sens de "so dass" (= de sorte que). Selon Herman, cet emploi serait
bien admis en~card : il cite le Jeu de la Feuillée (163), Robin et
Harion,
Courtois d'Arras, Robert de Clari, auteurs du XIIIe siècle.
Pourtant
nous
en
avons
relevé
au
XIIe
siècle
quelques
cas
indiscutables, comme au vers 869 d'Yvain ou cbez Harie de France
A lui cururent tute jur
E li chien e li veneür,
fant que pur poi ne l'eurent pris
Et tut deciré e maumis.
(Bisclavret, 141-144)
En fin de compte, au niveau du XIIe siècle, on peut dire que tant que
ne s'est pas installé comme conjonction de conséquence à l'égal de si
que. Il a glissé déjà vers l'emploi temporel.
XIIIe siècle.
Villebardouin emploie au tome 1, 12 fois tant •.• que. Tant y modifie 6
fois un verbe ;;i, ~ ~ ~:
fant les tenoient près que ne pooient dormir.
(Villeb.,~· 168, 10-11)
(voir aussi Villeb., §35, 1-2 ; ~ 101, 8-12
9102, 2-4 {179,
8-9 : ~ 199, 3-4).
39. Jozset Berlan, OP. cit., p. 214.
- 366 -

"
.~
·," .
. IJ .. 4;11Wle. Avvm
Afav., ,'l..WL ~
Î
_.. ~ ~.(J.ëé:
(J
Ne porquant vos l'avez tut servi, et moi et lui, que, se on
i
vos en
donoit trestot l'empire si l'ariez vos bien desservi.
(Villeh.,Ç 189,3-5)
Tant quantifie 4fois un nom :
Nes nos ne somes mie tut de gens que par noz passages paier
poons les leur attendre.
(Villeh., 9' 59, 3-5)
f
f
(voir aussi Villeh.,
133, 5-7 ;
202, 8-9; §/I~A/ 6~)
Une fois un possessif /~/1...'-é:
Et li donnerent tut dou 10r que pais firent a lui.
f
(Vi11eh ••
123. 11-12)
Toujours au tome l, Villehardouin use 10 fois de tant que accolé. Six
f
des dix emplois ont le sens temporel (f 14, 4-6 ;
32, 4-5 ; (~ 111,
f
f
f
6-8 ;
121. 1-2 ;
127. 6-7 ;
127. 1 - 2 ) . '
)
Dans les quatre autres emplois,
l'absence de cohésion est évidente
dans deux cas :
Que il ne pooient mie cuidier que si riche ville peüst estre en
tot le monde, cum il virent ces ha1z murs et ces riches tours,
dont e1e ere close tot entor a la reonde, et ces riches palais,
et ces hau1tes yg1ises, dont il avoit tant que nuls ne1 poist
croire se il ne le veist a l'oi1.
f
(Villeh.,
128, 3-8)
- 367 -

(tant est le régiae de il i avoi t) •
i
Des autres bauz bomes et des baltes da_es i avoit tant que on
n'i pooit son pié torner.
(Villeb., ~ 185, 9-10)
(tant est le régime de i avoit)
Les deux autres cas sont discutables
Ensi les mist, puis .C., puis .CC., puis .H., tant que tuit le
creanterent et le loerent.
f
(Villeb.,
25, 6-7)
Tant
figure
dans
les
manuscrits
0
et
A
tant
que
peut
être
interprété comme temporel: "jusqu'au moment où" ; les aanuscrits 8,
C, D donnent seulement: que il le creanterent .•• ).
Por Dé, si mette chascuns de son avoir, tant que nos poissons
paier nos convenances.
(Villeb., ~ 59, 6-8)
(La virgule mise par Faral donne l'illusion d'une locution tant que;
c'est possible avec le sens temporel,
le subjonctif poissons étant
entraîné par la modalité volitive de la principale.
Hais on peut
comprendre aussi :
"que chacun mette
tant de
son
avoir que nous
puissions régler nos dettes").
Dans Aucassin, on lit 9 fois tant •.. que, modifiant 8 fois un verbe
- 368 -

faot durerent lors amors
qu'il le quist u gaut partont.
i
(Aue., XXXIX, 19-20)
(voir aussi Aue., XXIV, 7-8 ; XXIV, 83-84
XXVIII, 4
XXXIV, 10
XXXVIII, 19 ; XXXVIII, 20-21)
Une fois un adjectif (XXII, 18-19) et une fois un possessif
(XXII,
32)~/tJ-.é·
Tant que accolé apparait 15 fois dont 14 fois avec le sens temporel
(XII, 31
XIV, 7 ; XVIII, 2 ; XIX, 6 ; XX, 27 ; XX, 28
XXIV, 72
XXIV, 87
XXVIII, 2 ; XXVIII, 14 ; XXVIII, 20 ; XXX, 16
XXXVI, 8
XXXVIII, 22), 1 fois avec le sens consécutif:
Il vit deriere lui un baston, il le prist, si torne, si tiert,
si le bati tant que mort le dut avoir.
(Aue., XXX, 3)
Le seizième emploi de tant que est un système corrélatif fortuitement
accolé :
Si tist tant qu'ele tu entre le mur et le tossé.
(Aue., XVI, 8-9)
Dans la Vie de Saint Eustache, tant •.• que se compte 13 fois ; tant y
modifie
6 fois
un verbe
(803-804;
937-938;
1125-28;
1489-92;
1502-03
1527-30)
2 fois un adjectif (1485 ; 1722-24)
Et Jhesu/Ilerist ont aoré,
Qui d'euz a esté tant prochains
- 369 -

' ..~
~'entretrouvé se sont toz sains.
(St Eust., 1722-24)
1 fois un participe (1874-76)
2 fois un adverbe (1093-98 ; 1486)
et 2 fois il quantifie un nom (1778-80
1900-02).
Tant que accolé se relève 2 fois avec le sens temporel
(944-946
1264-65) ; le sens consécutif se lit aux vers 1999-2002.
Dans la Queste del Saint Graal, tant ••. que se relève 152 fois.
Tant peut modifier un verbe :
Et tant fera qu'il te manra a poor de mort.
(Queste, 32, 27),
un adjectif :
Si est tant dolente por Lancelot qu'il li est bien avis que ele
doit morir de duel.
(Queste, 18, 24)
un participe
Si est tant esloigniee en po d'ore que Perce val n'en puet mes
riens veoir.
(Queste, 104, 22)
il peut quantifier un nom
Si
voi t
parmi les rues
tant de puceles que il n'en set le
nombre.
(Queste, 49, 2)
- 370 -

.. '-!
L'adjectif tantes apparaît une fois
(257, 26).
Tant que apparait 7
fois
et exprime toujours le temps.
i
Tant .•. que est absent dans Courtois d'Arras, mais on y relève 1 fois
tant que (598) qui est un système corrélatif fortuitement accolé
Rompre me convient et percbier
ceste grant bonte et ceste anguisse
et faire tant l'i me connoisse.
(Courtois, 596-598)
Dans Guillaume de Dole,
tant ... que se compte 34 fois. Tant y modifie
le verbe, l'adjectif et l'adverbe. Il y quantifie le nom et y prend
une fois la valeur adjectivale.
Tant que accolé exprime 7 fois le temps plutôt que la conséquence
pure.
Aucun emploi de ce système ne se relève dans les Trois Aveugles de
Compiegne.
Avec Rutebeuf qui use 30 fois de tant ... que au tome l, le statut de
tant ne change pas. Le système corrélatif fortuitement accolé
tant
que s'y relève une fois :
Et boivent tant que il s'entestent.
(Rut., P, 36)
On relève trois autres fois
tant que au tome II, dont la cohésion
locutionne11e n'est qu'apparente:
- 371 -

' ..~
E1e prioit en son lit tant
Que moult s'i a10it de1itant
,.
(Rut., AT, 361-362)
(Tant modifie ici le verbe qui précède) •
••• Avant qu'elle chaist sor terre
Nist Diex en l i humilité,
Pitié, dousor et charité,
fant que ne sai ou je commance.
(Rut., Ai, 9-11)
Ici, tant joue dans la principale le rôle de quantificateur des noms
humi1i té,
pi tié,
dousor et chari té.
Le cas D'est pas diffèrent de
celui qu'on a dans une autre pièce consacrée à la Vierge
Tu as de solaz et de joie
fant que raconter n'en porroie
La tierce part.
(Rut., lX, 121-123)
Tant
(de solaz et de joie)
est le complément d'objet qu'exige le
verbe (tu) as.
Dans le Jeu de la Feuillée,
tant •.. que se présente 1 fois modifiant
un participe :
Chertes, il m'a ja tant cousté
g'i1 me couvient querre men pain.
(Feuillée, 1039-40)
- 372 -

· ..~
Tant que apparait deux fois exprimant la conséquence (163 ; 7(7)
au
vers 747, tant se rapporte nettement au verbe de la principale:
Li personne de lui me touke
fant le je l'amerai ; .•.••••
(Feuillée, 746-7(7)
Au vers 163,
tant ke a le sens d'un "tant et si bien que", dont la
cohésion locutionnelle est soutenable, mais précaire :
Et plus et plus fui en ardeur
Pour s'amour et mains me connui,
fant c'ainc puis aaise ne fui.
(Feuillée. 161-163)
Dans
le
Roman
de
la Rose,
Jean de Meun use
92
fois
du
système
tant .•. que.
Tant y modifie soit un verbe, soit un adjectif, soit un participe,
soit un adverbe ; il y quantifie éqalement le nom.
Tant que accolé se relève 13 fois
Por cui mort ma mere plora
tant que pres qu'el ne s'acora.
(Rose, 10487-(88)
(tant est complément de quantité de plora).
- 373 -

Tant orent beO a guersai
du vin que je pas ne versai :
,.
eus meismes l'orent versé
tant que tuit jurent en versé.
(Rose, 12345-348)
(c'est la locution temporelle).
Des chevaliers de terre nez,
batai11ereus et forsenez,
qui Jason vo10ient occiert-e
quant il entr'eus gita la pierre,
fist e1e tant qu'il s'entrepristrent
et qu'il meismes s'entrocistrent.
(Rose. 13211-216)
Dans
cet
emploi,
tant,
adverbe
complément
de
fist,
siqnifie
"en
sorte":
Médée
la
maqicienne
fit
en
sorte
que
les
chevaliers
s'attaquèrent entre eux ; on est très près de la valeur éqalisante
des
systèmes
tant que étudiés dans
la
le
et
la
Ile
Parties.
On
remarquera qu'en français
moderne,
dans
la formule
faire en sorte
que,
en
sorte
est
plutôt
une
locution
adverbiale
complément
de
manière de
faire qu'un élément d'une locution conjonctive en sorte
que; la locution conjonctive employée ailleurs qu'après faire, est
de sorte que.
- 374 -

,
'. '.
Face tant que l'en li aporte
cheveus de quelque tame morte.
(Rose, 13263-264)
C'est le même emploi que le précédent ; même verbe taire ; "que la
femme
chauve
fasse
en
sorte
qu'on
lui
apporte •.• "
ou
plus
simplement: "qu'elle se fasse apporter .•• "
Dans la
Chastelaine
de
Vergi,
on lit
4 fois
tant ••• que
(48-49
637-638 ; 803-804 ; 946-947) ; tant y modifie toujours un verbe.
Tant que accolé,
exprimant le sens consécutif pur,
apparaît 2 fois
(57 ; 343).
Dans Jehan et Blonde,
tant ... que figure 81 fois.
Tant y modifie soit
un verbe, soit un adjectif, soit un participe, soit un adverbe; il Y
quantifie aussi le nom.
Et l'on relève un exemple de tante ... que.
De char i avoit tante paire
Que je n'en sai dire le nombre.
(Jeh. et Bl., 5986-87)
et 14 fois tant que; 4 fois tant figure à la fin d'un vers et que au
début du vers suivant
(signe visible de non cohésion) : 1206-07 ;
1896-97 ; 2314-15 ; 6002-03 ; 6 fois tant assume une fonction dans la
proposition principale ; 1512 ; 3549 ; 4376 ; 4620 ; 5202 ; 6002 ;
dans les quatre autres passages,
i l est
possible de discerner la
valeur temporelle : 611 ; 3376 ; 6083 ; 6258.
Sur les 31 occurrences de tant .•. que chez Joinville,
tant ne modifie
- 375 -

'. ~
jamais un adjectif. Il use 9 fois de tant que (99, 14 : 111, 19-20 ;
114, 6 ; 139, 15-16 ; 173, 33 ; 184, 34 ; 211, 16 ; 218, 32-33 ; 226,
"
8)
Et je vous donrai
talJt,
que la coulpe n'iert pas moie, mes
vostre, se vous ne voulez demourer.
(Joinville, 173, 33)
tant
fonctionne
ici
comme
complément
d'objet
direct
du
verbe
principal
donrai.
Il
n'y
a
pas
de
locution,
et
l'éditeur
l'a
manifesté en coupant d'une virgule la suite tant que.
La chandelle ardi tant que le feu se prist en la touaille.
(Joinville, 218, 32-33)
Ce
cas
est
ambigu:
on
peut
comprendre
que
la
chandelle
brûla
jusqu'au moment où le feu prit à la touaille (sens temporel). On peut
aussi comprendre qu'elle brûla tant, que le feu se communiqua à la
touaille ; tant serait alors complément de quantité du verbe ardi.
La meilleure char que il aient c'est de cheval, et la mettent
gesir en souciz et sechier après, tant que il la trenche aussi
cOl1lJ1le pain noir.
(Joinville, 184, 34)
Le sens ici peut être temporel. Hais on peut voir plutôt une vraie
locution consécutive: "tant et si bien que".
- 376 -

Il se lesserent cheoir de la grant nef en la barge de cantiers,
qui plus plus qui IIJiex IIJiex {tut que la barge se vouloit
,.
enfondrer]
(Joinville, 114, 61
Cet exemple présente la locution consécutive équivalant à "tant et si
bien que".
Les autres exemples ressortissent au même commentaire que les deux
derniers exemples de Jean de Meun (13211-216 et 13263-264) ;
L'exemple
211,
16 comporte
fere
tant au sens de "faire en sorte
que"
Je pense encore a fere tant que je demeure un an après vous.
(Joinville, 211, 16)
Dans les textes 99,
14 ;
111,
19-20 ;
226,
8 ; le verbe
fere est
remplacé par
le verbe
pourchasser qui signifie : "obtenir à force
d'efforts".
Dans ces quatre exemples qui précèdent,
l'idée de
conséquence
est
impliquée par le sémantisme des verbes fere et porchacier,
dénotant
une activité en vue d'un résultat. Mais dans bien des cas où tant se
présente suivi
de
que,
la relation
exprimée
est
de
pure égalité,
ressortissant
à
la
première Partie de
cette
thèse,
comme
dans
ce
passage de Saint Eustache
tant est complément d'objet direct du
verbe requerre :
Emprés as hommes a requis
Qui el borc ierent estais,
Tant qu'il fu garde par quinze anz
- 377 -

"
-.~
De lor cortis et de lors chanz.
(St Eust., 1037-40)
[Il leur a demandé ,,,
cela
qu'il fût qardien de leur jardin
et de leurs champs].
En fin de compte, la juxtaposition réunit souvent fortuitement les
deux éléments du système corrélatif
tant ••. que,
tant qarde son
autonomie. Une conjonction tant que a existé, précaire, évitée pour
la confusion qu'elle crée avec la locution temporelle à laquelle elle
a donné naissance, et qu'on rencontre plus souvent. Nos textes n'ont
offert aucune variante de
tant (même pas i tant)
dans les systèmes
consécutifs.
XIVe siècle.
Tant ••• que est bien représenté au XIVe siècle. Froissart en use 15
fois dans les Chroniques et 26 fois dans l' Espinet te Amoureuse ; et
Jean d'Arras, dans Hélusine, l'utilise 24 fois.
Le statut de tant, corrélatif disjoint ne chanqe pas.
Tant modifie un verbe :
Tant soutilla, visa et ymagina que il y trova le chemin.
(Frois., Chron., 280, 14-15) ;
(voir aussi Frois., Chron., 216, 15 ; 221, 13-16 ; 223, 18-19 ; 254,
3-4;
274,
12;
277,
11;
321,
3;
Esp.
am.,
106-107; 335-337
569-571
615-616;
810-811 ;
881-882 ; 1014-15 ; 1387-88 ; 1717
2469-72
2811-12 ; 2862-65 ; 3112-14 ; 3135-36 ; 3308-09 ; 3363-65
3732-35
4095-96 ;
4105-07 ;
et
Hélusine,
1,
16 ; 8,
9-10;
17,
- 378 -

..
'
~
15-16
24, 1-2
40, 21
64, 11
79, 14-15
81, 3-4
111, 28)
quantifie un nom :
"
Mes ou lieu et ens ou pays,
Ou je n'estoie hais,
Avoie lors taat d'esbanoi
Que ce me brisoit mon anoi.
(Frois., Esp. am., 3073-76)
(voir aussi Frois., Esp. am., 1472-75 ; 4126-27 : Chron., 198, 1-3 :
205,
15:
et
Mélusine,
3,
1-2:
3,
5-7;
14,
12;
36,
15 ;
36,
24-25 : 39, 36-38 ; 94, 30 : 102, 25 ; 107, 4 ; 113, 13 ; 118, 19),
modifie un adjectif :
Estoit l'espousee
taat belle et si tres noblement paree que
cbascuns disoit que oncques si belle n'avoient veue.
(Mélusine, 39, 20-22)
(voir aussi Frois., Cbron., 277, 14 : Esp.am., 969-971),
un adverbe :
Et tant rudement le fierent qu'ilz portent lui et le cheval par
terre.
(Mélusine, 72, 16-17)
(voir aussi
Mélusine,
39,
29 :
70,
26
Frois.,
Chron.,
298,
15
Esp. am., 59-60 ; 2245-46)
un participe :
Car Jebans Lyons avoit ja taat semés de blans capprons aval la
vile et donnés as compaignons bardis et outrageus que on ne
- 379 -

'. "~
l'osoit asaillir.
(Frois., Chron., 287,14-17)
,
(voir aussi Frois., Chron., 205, 2-4 ; Esp. am., 1737-38).
Notons que dans Mélusine,
tant dans cet emploi, ne modifie jamais un
participe.
Tant que figure 7 fois dans les Chroniques, 8 fois dans l'Espinette
Amoureuse et 7 fois dans Mélusine.
Mais
dans
plusieurs
cas,
tant est à l'évidence un élément de
la
proposition principale, complément d'objet:
Et tisent tant qu'il repasserent le riviere en grant malaise
(Frois., Chron., 217, 8-10)
Car je t'aime tant que je vouldroie que si haulte honneur feust
eslue pour toy.
(Mélusine, 21, 3-4)
ou de quantité (temporel) :
Car je y sejournay bien tant que j'en peus grandement aprendre
et savoir, se a moy ne tenoit.
(Frois., Chron., 317, 8-10)
En~urrence avec
si ••. que
et
tant ... que,
apparaît
le
système
tellement
(••. )
que
(Esp.
am. ,
1103-04;
2800-01:
2960-61:
4179-81:
Mélusine,
102,
2;
106,
2-3;
116,
23:
128,
28)
et
tellement que (Chron., 246, 16 ; Mélusine, 6, 19 ; 22, 15
62, 6
63,
24 : 72,
24 :
83,
21 ; 105,
18 ;
105,
26 ; 114,
16
- 380 -

'. %
125, 8) qui sera un remplaçant commode pour tant que handicapé par sa
spécialisation temporelle (cf. 4.3.5).
,.
XVe siècle.
Tant ••• que est très usuel au XVe siècle et présente deux sens
10
le sens consécutif : ce sens apparai t notamment dans toute la
Ballade des
proverbes
(II)
de
François
Villon,
à
l'exception du
tant •.• cooe (V. 5) commenté plus haut, des vers 13, 15 et 28. Il
occupe donc 34 vers de cette Ballade.
On retrouve ce sens chez Commynes :
rant ont dur~ ces guerres que tous ceulx de la maison de Varvic
et de SOllbresset en ont eu les
testes trancb~es ou mors en
bataille.
(Commynes, 53, 17-19)
Tant indique bien ici un degré de quanti té
(dans le durer)
qu 1 i l
fallait atteindre pour que fut réalisée la conséquence énoncée dans
la subordonnée introduite par que.
La valeur temporelle prise par tant ••• que dans les textes du Moyen
Age
(tant
erra •.• qu'il
vint
a
Paris),
se
retrouve,
tout
naturellement, dans quelques contextes
Et cbemyna
tant ledict conte qu'il
vint ct Saint Denys près
Paris.
(Commynes, 15, 9-10)
- 381 -

'. '\\
Et
tirerent
droit
devers
Paris,
et
tant
allèrent
qu'ilz
entrèrent dedans ung grant boullevart de terre et de bois.
i
(Commynes, 83, 1-3)
2° le sens équatif :
Et tant osé-je bien dire de luy à son loz, qu'il ne me semble
pas que jamais j'aye congneu nul prince où il y eust moins de
vices que en luy, à regarder le tout.
(Commynes, 2, 8-10)
Tant est
ici
complément
d'objet
de
dire,
et
que
introduit
une
coaplétive en apposition l
tant, selon le schème étudié dans la le
Partie.
Et
tant se dellena
ceste lIIatiere que on
tint une journée à
Bouvynes, qui est près de Namur, sur ce propoz.
(Commynes, 246, 15-17)
L'adverbe tant n'énonce pas ici un degré dans la conduite (dellena) de
l'affaire en question [perdre le connestab1e de France, le conte de
Sainct Pol], mais la manière dont cette conduite se déroula comme si
l'auteur écrivait : "se demena de la façon suivante : on tint une
journée l Bouvynes •.. ". La relation entre tant et que est encore du
type équatif, que introduisant une complétive et non une consécutive.
Tant que est peu représenté dans nos textes du XVe siècle. On le
relève une fois dans le Quadrilogue Invectif, mais
tant devant que
reprend pour la clarté l'adverbe tant employé trois lignes plus haut
comme complément de quantité de l'adverbe horriblement et comme un
- 382 -

.>'
quantificateur du nom preudommes :
Et requier Dieu qu'il te pardonne ton aveuglement et ta folie,
,
non pas qu'il
pugnisse
les
autres,
qui
pour icelle erreur
seuffrent avecques toy et dont tant de preudommes ont esté tant
horrible.ent es champs enfouyz et es villes mors par aucuns des
tiens a pluseurs et diverses fois et sans .isericorde, tant que
l'esclande en est es autres royaumes a la perpetuelle honte et
diffame du peuple françois.
(Quadr., 28, 4-12)
Cet
emploi
est
donc
à
classer
dans
les
systèmes
corrélatifs
tant .•. que.
Des 5 emplois relevés chez Villon, 4 présentent une valeur ambiguê,
soit temporelle
("jusqu'au moment où"),
soit consécutive
(si l'on
analyse tant comme un complément de quantité du verbe principal)
S'il en buvoit tant que peris
En fust son sens et sa raison
(Villon, Test., 1018-19)
(voir aussi Villon,
Test.,
1124 ; 1328
et Poésies diverses,
XI,
46) •
Hais le quatrième exemple offre vraiment une locution conjonctive
signifiant
"tant
et
si
bien
que";
Villon
évoque
ses
amours
infortunées
Et je croy bien que pas n'en ment:
Car chassié fut comme ung souillon
De ses amours hayneusement,
- 383 -

' . ~
faut que d'icy a Roussillon,
Brosse n'y a ne brossillon.
Qui n'eust ce dit il sans mentir,
Ung lambeau de son cotillon,
Quant de ce monde voult partir.
(Villon, Test., 2004-11)
Les
deux emplois
de
tant que relevés chez Commynes
font
suite
à
l'énonciation d'un qrand nombre (de chars ou d'houes) et l'adverbe
tant peut être tenu pour une reprise de l'idée de qrande quantité
(Couynes, 14, 19 ; 81, 18) :
Toutesfois il en survint beaucoup,
et tant qu'il en y avoi t
beaucoup plus qu'il n'en estoit sailly avecques le roy.
(Couynes, 81, 16-18)
On .~. chez Commynes Je système qui contribuera beaucoup
à l'élimination de tant que, c'est tellement ( ••. ) que (cf. 4.3.5).
XVIe siècle.
Le statut des systèmes corrélatifs consécutifs est identique à celui
observé au siècle précédent.
Marot
emploie
84
fois
tant ..• que,
40
fois
tant
que,
8
fois
tellement ... que, 4 fois tellement que.
Chez
Rabelais
tant ..• que se
compte
45
fois,
tant
que 14
fois,
tellement. •• que 0 fois,
tellement que 1 fois.
- 384 -

Dans les deux ouvrages de Ronsard,
tant .•. que se compte 40 fois,
tant que 18 fois, tellement ••. que 7 fois, tellement que 1 fois.
1
Du
Bellay
emploie
4 fois
tant ••. que,
7 fois
tant
que,
1
fois
tellement .•• que, 0 fois tellement que.
Dans le livre l des Essais, Montaigne use 16 fois de tant ••. que, 14
fois de tant que, 1 fois de tellement que, tellement •.. que n'apparait
pas.
Chez Agrippa d'Aubigné,
tant .•• que se lit 9 fois,
tant que 3 fois,
tellement ••• que 1 fois, tellement que n'apparait pas.
Pour plus de clarté, nous groupons ces chiffres dans le tableau ci-
dessous :
Tant •.. que Tant que Tellement • .. que Tellement que
Marot
84
40
08
04
Rabelais
45
14
00
01
Ronsard
40
18
07
01
Du Bellay
04
07
01
00
Montaigne,
Essai l
16
14
00
01
d'Aubigné
09
03
01
00
Tant ( •.• ) que domine encore très largement tellement ( ..• ) que, qui
apparait cependant au moins une fois chez tous nos auteurs.
L'usaO'e de tant ( ..• ) que se perpétue tel qu'il était dès le XIIe
- 385 -

siècle. On retrouve la formule médiévale "tint errl .•• que"
flnt cheminlY que vins en 11 contrée
,.
De Lombardie, en soucy trésamer.
(Marot, Epistres, l, 118, 28-29)
Dans la juxtaposition de tant que, tant reste encore analysable dans
bien des cas :
o ! chers amys, j'en ay veu martyrer
fant, que pitié m'en mettoit en esmoy,
(Marot, Opusc., IV, 52, 14-15)
La
virqule
après
tan t
prouve
qu'il
s'agi t
bien
d'un
système
corrélatif dont les éléments sont analysables.
La locution conjonctive
tant que se rencontre éqalement dans nos
textes du XVIe siècle :
Puis m'apparut une poincte aguisee
D'un diamant de dix piedz en carré,
A sa hauteur justement mesuré
fant qu'un archer pourroit prendre visee.
(Du Bellay, Songe, III, 1-4)
XVIIe siècle.
Dans
l'ensemble
de
nos
ouvraqes
du
XVIIe
siècle,
le
système
corrélatif tant •.. que se rencontre 125 fois,
tant que 1 fois
(chez
Séviqné),
tellement .•. que 68 fois,
tellement que 7 fois.
Tellement
l'emporte dans le domaine des conjonctions.
- 386 -

"
·
-.
L'unique emploi de tant que est un système corrélatif fortuitement
accolé :
i
Et j'en ferai tant, que je me trouverai ~ trois cents
(Sévigné, Lettres, 75, 23-24)
Tant peut toujours modifier un adjectif, mais ne peut le précéder
comme si :
fant est grande la force de la coutume,
que,
de ceux que la
nature n'a faits qu 'hommes, on fait toutes les conditions des
hommes.
(Pasc., Pensées, 78, 97-634, 10-13)
Il quantifie le nom :
On lui
voyait tant de modestie et tant de sagesse qu'on ne
savait ~ quoi elle était le plus propre.
(Boss., Oraisons, 110. 5-7)
Il modifie le verbe :
Et
enfin
j'en
ferai
tant,
par
des
lettres
d'une
longueur
cruelle,
et d'un ennui mortel,
que je vous obligerai malgré
vous A me demander pardon, c'est-A-dire A me demander la vie.
(Sévigné, Lettres, 59, 12-15)
- 387 -

...
4.3.5. statut de tel ( ••• ) que.
XIe siècle.
Tel .•. que n'apparait pas dans la Vie de Saint Alexis. Il se lit une
seule fois dans la Chanson de Roland :
Par tel air l'a estrussee e brandie
Qu'envers le cel en volent les escicles.
(Roland, 722-723)
[Il l'a si violemment brisée en l'agitant que les eclisses en volent
vers le ciel].
Ici,
tel
introduit
dans
la
proposition
principale
la
notion
d'intensité, de degré; le sens est donc consécutif.
Le
système
accolé
tel
que ne
se
rencontre
dans
aucun des
deux
ouvrages.
XIIe siècle.
Pour
tel ... que,
comme
pour
tant •.. que
(cf.
4.3.4),
il
convient
d'écarter, au niveau du XIIe siècle où ils apparaissent, les emplois
de type "équatif" où tel + nom est suivi d'une proposition complétive
en apposition à ce nom:
-Par foi, sire, grant tort avez
Qui de tel chose a moi parlez
Que de vos le mete a raison
(Béroul, 163-165)
- 388 -

" t
~,l
[En vérité,
sire,
vous avez qrand tort de me
parler d'une chose
pareille : que je lui parle à votre sujet].
,.
Le contexte seul permet de juqer si la subordonnée introduite par que
est en apposition au nom déterminé par tel, ou énonce la conséquence
d'une qualité de la personne ou de l'objet que désigne ce nom, comme
dans ces vers d' Yvain :
La verras une tel tanpeste
qu'an cest bois ne remanra beste.
(Yvain, 397-398)
Tel ... que, système corrélatif consécutif, se rencontre 5 fois dans le
Couronnement de Louis, 2 fois dans le Charroi de Nîmes, 12 fois dans
les Lais de lfarie de France (dont 2 fois sous la forme i tel . .. que) ,
18 fois dans Eracle, 5 fois chez Béroul dont (l fois sous la forme
itel ... que),
18 fois dans Cligès,
26 fois dans le Chevalier de la
Charrete (dont 1 fois sous la forme itel ... que), 18 fois dans Yvain,
16 fois dans Perceval, 0 fois dans le Roman de l' Estoire dou Graal,
11
fois
dans
le
Roman
de
Renart
(dont
1
fois
sous
la
forme
itel .•• que), 3 fois dans la Prise d'Orange.
Li gentilz cuens li a tel colp rendu
Que d'ansdous parz a les estriers perduz
(Cour., 1238-39)
Tel
est
presque
toujours
adjectif
et
que introduit
toujours une
subordonné'e
verbale.
On
relève
quelques
emplois
de
noms
comme
maniere, guise qui, précédés de tel, constituent avec que un système
- 389 -

'. '-t
corrélatif rival de si
( ••. ) que et qui l'éliminera dans sa forme
conjonctionnelle.
i
Tel maniere que se relève 3 fois chez Marie de France
(Guigemar,
97-100;
Hilun,
199-201;
Eliduc,
1050-53),
2
fois
dans
Cliges
(4224-25 ; 5279-81) ;
rtel guise que se lit chez Marie de France 2
fois (Guigemar, 447-448 ; Lanval, 559-562) :
La seete
resort ariere,
Guigemar fiert en tel .aDiere,
En la quisse desk'a1 cheval,
Xe tost l'estuet descendre aval.
(Guigemar, 97-100)
-Biax niés, einçois le vos doing gié,
Quant je vos voi de tel .eDiere
Que par force ne par proiere
,
Ne vos porroie retenir.
(C1iges, 4222-25)
E1e iert vestue eD ite1 guise
De chainse blanc e de chemise
Que tuit li costé li pareient.
(Lanva1, 559-561)
Dans le texte de C1iges,
le nom meniere exprime la qualité (je vous
vois en tel état d'esprit) plutôt que la manière.
Tel que (accolé)
se
présente dans
Erac1e une fois
(sous la forme
- 390 -

'. ~,
itel que), dans Cligès 3 fois,
dans le Cbevalier de la Cbarrete 3
fois, dans Yvain 6 fois, dans Perceval 3 fois.
,.
Dans ces emplois,
tel que, non plus que
tel COI1J (e)
(cf.
4.2.9) ne
peut passer pour une conjonction ; ses deux éléments sont rapprochés
fortuitement,
tel n' étant pas préposé au nom qu'il détermine : soit
qu'il fonctionne comme attribut:
Et lor escu n'estoient l1Jie
tel que rien en ostast espee.
(Yvain, 5616-17)
soit comme épithète détachée :
Res uns forz l1Jax l'a detenue
tez que par force au lit la trest.
(Yvain, 5084-85)
Accolé ou non à que,
tel n'est pas toujours adjectif. Il peut être
pronom neutre :
Por ce l1Je plest a reconter
cbose qui face a escouter
del roi qui fu de tel tesl1Joing
qu'an en parole et pres et loing.
(Yvain, 33-36)
(C'est pourquoi i l m'est agréable de raconter une histoire digne
d'être écoutée, celle du roi qui fut temoin d'une telle chose qu'on
en parle près et loin].
- 391 -

'.
"
~... I
Nous avons
signalé un f ai t
semblable à propos d'au tel • •• COlll
(cf.
4.2.9).
i
Enfin, on rencontre le système tel + relatif
Nes Cligès a de tez alllis
Qui einçois, se il le trovoient,
A sauveté le conduiroient
Qu'il le ramenassent arriere.
(Cligès, 6534-37)
XIIIe siècle.
Les
auteurs
du
XIIIe
siècle
font
un
abondant
usaqe
du
système
tel •.. que et de la juxtaposition fortuite tel que. Tel y reçoit pour
seule variante itel, dont l'alternance avec tel dans ces vers de la
Vie de Saint Eustacbe montre bien qu'il s'agit d'une variation non
siqnificative
Et Jbesus est le Dieu de gloire,
Qui donne as suens itel victore
Et tel torcbe et tel poier,
K'encontre eulz ne puet feu arder.
(St Eust., 2021-24)
Les deux valeurs possibles du système, valeur consécutive et valeur
équati ve,
se retrouvent chez tous les auteurs,
de Villehardouin à
Joinville
- 392 -

.. ·1
10 Valeur consécutive :
Si orent tel honte que il ne s'ouserent mostrer.
(Villeb., ~ 121," 6-7)
Il tesoit tele noise au venir, que il semb10it que ce teust la
toudre du ciel.
(Joinville, 125, 14)
20 Valeur équative :
Et tu tels lor consaux entr'aus acordez que en Venise cuideient
trover plus grant plenté de vaisiax que a nul autre port.
(Villeb., { 14, 2-4)
L'opinion sur laquelle les six messagers sont
tombés
d'accord est
qu'ils pensent
trouver à Venise plus de vaisseaux qu'ailleurs.
La
conjonction que dans le sens complétif,
donne pour attribut au non
consaux la proposition qui suit, par l'intermédiaire de tu tels,
tels pourrait manquer.
f
C'est le même rapport qui est exprimé au~ ~ 21, 4-5 ;
21, 6 ; {39,
f
1 (tels fu sa volenté que i l refusa) ; 942, 2 ; { 129, 5-6 ;
147,
f
7 ; q159, 1 ;
189, 7.
Et
Dieu
en
tist
tel
vengance
que
l'ende1lJain
tu
la
grant
bataille du quares1lJe-prenant.
(Joinville, 144, 37-38)
Je vous avoie oublié a dire la response que le roy tist au
- 393 -

soudanc de Daaas, qui lu tele : que il n'avoit conseil d'aler a
li • ••
i
(Joinville, 179, 35)
Comme au XIIe siècle,
les noms
IIJaniere et
guise précédés de
tel
s'associent
à
que
pour
constituer
des
systèmes
consécutifs
(ou
équatifs) :
Nais li nostre estoient orden~ en tel aaniere que on ne pooit a
els venir se par devant non.
9
(Villeb.,
179, 6-8)
Sor ces .VI. si aistrent lor alaire entierellJent, en tel asniere
que
il
lor
bailleroient
bones
castres
pendanz,
que
il
tendroient ferm ce que cil .VI. leroient .••
f
(Villeb.,
13, 1-4)
Por ce se tint en itel guise
que ele mieus le duc atise
a croire que IIJout soit irie.
(Vergi, 573-575)
Des viex et des Jones ensamble
Et des chastes, si com moi samble,
Se netoit en ite~ise
Qu'ele en avoit a sa devise.
(Rut., AS, 145-148)
- 394 -

Rutebeuf fait grand usage du nom lIJaniere,
soit dans les locutions
de tel lIJeniere que (H, 155-156) en tel lDaniere que (T, 79-80 ; AN,
"
63-64:
AV,
9
AV,
225)
compléments
du
verbe
auquel
elles
se
rapportent,
soit
dans
d'autres
fonctions
montrant
qu'il
n'existe
encore aucune contrainte grammaticale
Car tels est la lIJaniere d'Ire
Que toz jors vuet les denz estaindre ••.
(Rut., 0, 240-241)
rel lIJaniere a que toz jors chose.
(Rut., 0, 246)
Fols est qui encbiés li ira,
Que telle lIJaniere en Ire a
Qu'ele se veut a cbascun prendre.
(Rut., 0, 247-249)
Comme
au XIIe
siècle,
le nom lDaniere peut
exprimer
la qualité,
caractère de
la
personne,
et
non
pas
seulement
le
caractère de
l'action
Or i a gen t d'autres lIJanieres
Qui de vendre sont coustulDieres
De choses plus de cinq cens paires
Qui sont au monde necessaires.
(Rut., R, 121-124)
- 395 -

La griescbe est de tel .uiere
Qu'ele veut avoir gent legiere
En son servise.
(Rut., AB, 34-36)
De tel maniere se relève aussi chez Jean de Keun (10112-113) ~ en tel
maniere se lit dans Guillaume de Dole (4457-58), dans Jeban et Blonde
(1255-56). Hais un usage massif en est fait dans la Queste del Saint
Graal et par Joinville.
En effet, on compte dans la Queste del Saint Graal 87 fois tel ••• que
(dont 60 fois en tel maniere que), et c'est la conséquence qui est
exprimée le plus souvent :
Et troeve a l'entree unes prones de fer qui estoient serrees et
jointes
en
tel
.aniere que len n' i
poist
mie
legierement
entrer.
(Queste, 57, 31-33)
Rutebeuf use du système tel + relatif
rel fame ai prise
Que nus fors moi n'aime ne prise.
(Rut., AL, 28-29)
XIVe siècle.
Tel .•• que se
trouve
7
fois
dans
les
Cbroniques,
17
fois
dans
l'Espinette Amoureuse et 7 fois dans Mélusine, le plus souvent avec
la valeur consécutive :
- 396 -

Et, quant il furent venus a Orthais, il leur declaira la cause
pour quoy il les avoit mandés, et comaent il avoit trouvé son
1
fils Gaston en telle deffaulte et si grant meffait que c'estoit
son intention qu'il morust, et qu'il avoit mort desservy.
(Frois., Chron., 328, 10-15)
Et la le tient en telle destrece qu'il ne se puet movoir.
(Kélusine, 63, 28-29)
mais quelquefois avec la valeur équative :
Car l'usage du conte de Fois
est
tel
ou
estoit alors,
et
l'avoit
tousjours
d'enfance
tenu,
que il
se
descouchoit
a
haulte nonne et soupoit a mye nuit.
(Frois., Chron., 316, 1-4)
On relève dans les Chroniques,
par telle maniere que <313,
17)
et
dans Kélusine, de telle maniere que à valeur consécutive
Et se lIet au cours par telle .aniere qu'il n'y ot chien ne
chevalier ne homme qui n'en perdist la trace et veue.
(Kélusine, 19, 1-2)
Tel que apparaît au sens consécutif 1 fois dans les Chroniques et 1
fois dans Kélusine :
- 397 -

' . ~
Et luy donna une tres belle boursette plaine de pouldre, telle
qu'il ne seroit creature .vivant, se de la pouldre touchoit ou
f
I1engoit en viande ou autreIlent,
que tantost ne
te convenist
I10rir sans aucun reIlede.
(Frois., Chron., 322, 16-20)
Hais li porcs ne doubtoit riens, I1ais rendoit estal tel qu'il
n'y ot sy hardy chien qui l'osast actendre ne sy hardy veneur
qui l'osast enferrer.
(Hélusine, 18, 16-18)
et une autre fois au sens équatif dans les Chroniques :
Hais il en fist I10rir jusques a quinze de I10ult horrible I1ort,
et la raison que il I1ettoi t estoit telle que il ne se pouoi t
faire qu'il ne sceüssent de ses secrés •••
(Frois., Chron., 327, 20-23)
f
Comme i l est dit au
4.3.4., c'est au XIVe siècle qu'apparaissent
telleIlent • •. que
(Esp.
aIl.,
1103-04 ~
2800-01
2960-61 ~
4179-81 ~
Hélusine, 102, 2 ~ 106, 2-3 ; 116, 23 ; 128, 28)
Et teleaeDt il Ile plaisoi t
Que je ne le saroie expondre.
(Esp. aIl., 1103-04)
et telement que (Chron., 246, 16 ; Hélusine, 6, 19 ; 22, 15 ; 62, 6
63, 24 ; 72, 24 ; 83, 21 ; 105, 18 ; 105, 26 ; 114, 16 ; 125, 8) :
La furent navré et dureIlent blecié messires Petitons de Courton
- 398 -

' • .!:
',"
et messires li
soudis de l'Estrade,
et
teleaelJt que depuis,
pour le journee ne se peu~ent aidier.
(Frois., Chron., 246, 14-17)
Dans tous ces exemples,
tell elDen t
que a une valeur de maniere et
concurrence si que et les locutions de/en tel lDaniere :
Si lui gecte le dart par grant air et le fiert ou senestre
costé telle.elJt que i l le perce de part en part.
(Mélusine, 105, 25-26)
[ •.• de telle maniere qu'il le perce ••. ]
XVe siècle.
Tel (... ) que absent chez Villon, se lit 5 fois chez Alain Chartier
avec le sens équatif :
Estoupez vos oreilles i toutes bonnes alDonicions, lDais ce sera
par
telle
condicion
que
tant
plus
y
delDourrez
et
plus
approuchera le douloureux jour de vostre exterlDinacion.
(Quadr., 16, 1-4)
(voir aussi Quadr., 22, 28-31 ~ 27, 9-11
59, 12-14
63, 10-14).
Il présente chez Commynes les deux sens
- 399 -

- ..~
10 sens consécutif :
Car ung seul, ou le moindre de tous s qui on ne aura jamais
,.
faict bien,
fera s l'adventure ung tel service et aura telle
recongnoissance,
qu'il rescompensera
toutes les 1ascbetez et
meschancetez que auroient fait tous les autres en cest endroit.
(Commynes, 116, 19-23)
20 sens équatif (définissant une situation)
Hais je vey telle demye beure que nous, qui estions demourez
là, ne avions l'oeil que a fuyr, s'il fust marché cent hommes.
(Commynes, 31, 16-18)
(voir aussi Commynes, 79, 5-6)
Le sens est encore équatif, avec une construction différente, dans
une
phrase
(66,
15)

Commynes
fait
suivre
que
d'un
verbe
à
l'infinitif
Quant on vient à telz marchez que de traicter paix.
(Commynes, 66, 15)
XVIe siècle.
Le tableau suivant, chiffrant par auteur les emplois de te1 ••• que et
de tel que, est à rapprocher du tableau donné au f 4.3.4. pour le
même siècle, groupant tant (. .. ) que et tellement (••. ) que:
- 400 -

..
'
~
Tel .•• que
Tel que
Karot
1
15
03
Rabelais
09
00
Ronsard
11
00
Du Bellay
04
01
Kontaigne,
Essai l
16
OS
d'Aubigné
02
01
Le système se porte bien, principa1~ment sous la forme disjointe (la
forme conjointe reste une juxtaposition fortuite).
Le sens est ordinairement consécutif :
V"b' yeux au coeur m'ont jetté telle braize,
Qu'un feu treschaut s'est depuis ensuivy.
(Rons., Amours, pièces du 7e livre, l, 5-6)
mais quelquefois aussi équatif
Et, qui plus
est, tu es en tel credict
Qu'elle a foy ferme en ce que luy as dict.
(Karot, Elégies, 300, VI, 21-22)
Tel peut exprimer soit le haut degré :
Car vous donnez tel lustre à vos noires ordures
Qu'en fascinant vos yeux elles vous semblent pures.
(D'Aub., Tragiques, II, 17-18)
soit la manière ou la qualité
- 401 -

'. -~
Je suis pour cette heure en tel estat, Dieu mercy, que je puis
desloger quand il luy plaira ; sans regret de chose quelconque,
,
(~ontaigne, l, XX, 19-21)
Tellement
( .•. )
que se compte 8 fois
chez Marot,
zéro fois
chez
Rabelais, 7 fois chez Ronsard, 1 fois chez Du Bellay, zéro fois chez
Montaigne (Essais I), 1 fois chez D'Aubigné.
Tellement que apparaît chez les mêmes auteurs, respectivement 4 fois,
1 fois, 1 fois, zéro fois, 1 fois, zéro fois.
Tellement peut avoir une valeur intensive (degré)
Ilz ont receu vaine philosophie,
Qui telleaent les hommes magnifie,
Que tout l'honneur de Dieu est obscurcy.
(Marot, Opusc., VII, 74, 17-19)
Tellement ... que peut aussi prendre le sens équatif :
Ilz est
vray aussi
que les rides et macules d'icelle sont
effacées; mais c'est
telleaent,
que de jour en
jour elles
s'effacent encores.
(Calvin, Instit., 929, cité dans Littré)
Tellement que peut illustrer une valeur de "maniere" à l'exclusion du
"degré" :
L'ardeur de la Canicule
Ton verd visage ne brule,
felleaent qu'en toutes pars
- 402 -

" t
Ton ombre est espaisse drüe.
(Rons., Saisons, 117, 44, 22-25)
,
Le procès exprimé est négatif, "ton verd visage ne bruIe" : il n'y a
pas
d'intensité
de
la
négation
à
exprimer
par
tellement.
Ici,
tellement que a le pur sens de "de sorte que".
Dans sa valeur de "maniere", tellement est concurrencé par un système
nouveau formé sur le nom sorte :
Il leur est deffendu de rongner jamais leurs ongles ; de sorte
que ilz leur deviennent croches comme rancons.
(Rab., Pantagruel, V, 18, cité dans Littré)
Les petitz pissoient sus ses patins, en sorte que toutes les
femmes de là autour avoyent beaucoup affaire à la saulver.
(Rab., Pantagruel, XXII, 297, 17-19)
XVIIe siècle.
Dans
l'ensemble
de
nos
ouvrages
du
XVIIe
siècle,
tel .•. que
se
rencontre 19 fois, tel que 7 fois.
Tel peut encore exprimer soit la qualité :
La voilà telle que la mort nous l'a faite.
(Boss., Or. fun. de la duchesse d'Orléans, cité dans
Littré)
- 403 -

Un Dieu tel aujourd'hui qu'il fut dans tous les temps.
(Racine, Athalie, I, 1, cité dans Littré)
,.
Il n'y a presque point d'homme qui veuille en toutes choses se
laisser voir tel qu'il est.
(La Roch., Réf1. div., p. 126, cité dans Littré)
soit la quantité :
Sachez
donc
que
ce
principe
merveilleux
est
notre
grande
méthode de diriger l'intention,
dont
l'importance est
telle
dans
notre
morale,
que
j'oserais
quasi
la
comparer
à
la
doctrine de la probabilité.
(Pasc., Prov., 97, 15-18)
Et néanmoins la corruption de 1 'homme est telle, qu'il trouve
encore de la dureté dans cette loi.
(Pasc., Pensées, 80, 22-23)
Elle fut reçue des reines avec tous les agréments qu'on peut
s'imaginer,
et
avec
une
telle admiration
de
tout
le
monde
qu'elle n'entendait autour d'elle que des louanges.
(La Fay., C1eves, 43, 16-19)
Notons
le
développement
de
tellement,
concurrent
de
tant
(cf.
4.3.4)
nous
avons
125
fois
tant ... que
contre
6S fois
tellement ... que
et 1 fois tant que contre 7 fois tellement que.
- 404 -

'. ·t
Tellement au XVIIe siècle, qarde quelquefois une valeur de manière
Ceux qui se donnent telle.ent à Dieu, qu'ils ont toujours un
,.
regard au monde.
(Boss., Panégyrique de St Joseph, cité dans Littré)
Dans cette phrase, le sens du système tellement •.. que est équatif
Bossuet se définit une manière de se donner (à moitié) à Dieu.
Hais il a le plus souvent la valeur de "haut deqré" qui en fait le
concurrent spécifique de tant :
Les
hommes
sont
aujourd'hui
tell e.en t
corrompus,
que,
ne
pouvant les faire venir à nous, il faut bien que nous allions à
eux.
(Pasc., Prov., 88, 31-33)
Le voyez-vous seul,
abandonné,
te1le.ent déchu dans l' espri t
des siens qu'il devient un objet de mépris aux uns, .•. ?
(Boss., Oraisons, 52, 16-18)
Car il
faut
que
vous sachiez que H.
Colbert est
telle.ent
enragé,
qU'on attend quelque chose d'atroce et d'injuste qui
nous remettra au désespoir.
(Sévigné, Lettres, 52, 10-12)
Dans l'expression de la manière,
tellement .•. que était évincé par
de (telle) sorte que, en (telle) sorte que :
Pascal emploie de telle sorte ... que 1 fois,
en telle sorte •.. que 1
- 405 -

'. '\\
.~
fois, de telle sorte que 10 fois.
La
Rochefoucauld
use
1 fois ~e de
telle
sorte ••. que.
Madame
de
Lafayette
emploie
3
fois
d'une
telle
sorte
que
et
3
fois
de telle sorte que.
Je sus donc, en un mot, que leur différend, touchant la grâce
suffisante, est en ce que les Jesuites prétendent qu'il y a une
grâce donnée généralement à tous les houes, soumise de telle
sorte au libre arbitre, qu'il la rend efficace ou inefficace à
son choix.
(Pasc., Prov., 43, 14-18)
Ce sens est couvert d'un autre en une infinité d'endroits, et
découvert
en
quelques-uns
rarement,
mais
en
telle
sorte
néanmoins que les lieux il est caché sont équivoques et
peuvent convenir aux deux.
(Pasc., Pensées, 571-502, 211, 3-7))
Hais il m'en vient tant d'ailleurs,
et ce qui m'en vient me
remplit
de
telle sorte l'imagination,
et
m'occupe
si
fort
l'esprit, que la plupart du temps ou je rêve sans dire mot ou
je n'ai presque point d'attache à ce que je dis.
(La Roch., Haximes, 166, 5-9)
Le système corrélatif de telle sorte ••. que exprime la manière et la
conséquence simple. Et quand le système est accolé, i l a valeur de
locution conjonctive dans certains cas :
- 406 -

"
..
'
Cela
est
aisé
me
dit-il:
c'est
avoir
tout
ce
qui
est
nécessaire pour le faire, de telle sorte qu'il ne manque rien
,.
pour agir.
(Pasc., Prov., 39, 40-42)
Ici,
la
virqu1e
après
le
verbe
faire
confère
au
système
de telle sorte que une valeur 10cutionne11e.
Hais dans d'autres cas, il s'aqit d'une juxtaposition fortuite, car
l'on est ob1iqé de marquer une pause après le mot sorte
La
fièvre
lui
avait redoublé et,
les
jours
suivants,
elle
augmenta de telle sorte qu'il parut que ce serait une maladie
considérable.
(La Fay., Clèves, pp. 66-67)
La jalousie du roi augmenta néanmoins d'une telle sorte qu'il
ne put souffrir que ce maréchal demeurât à la cour.
(La Fay., Clèves, 59, 42-44)
On relève éqa1ement des emplois de "de sorte que" et de "en sorte
que", sans telle, dans la même fonction:
Il Y eut un embarras dans sa perruque qui lui fit passer ce qui
était à côté assez longtemps derrière,
de sorte que sa joue
était fort découverte.
(Séviqné, Lettres, 358, 3-5)
- 407 -

-..~
Et encore une tois, je vous conjure de taire eD sorte que je ne
le voie point.
i
(La Fay., Clèves, 79, 40-41)
•• 3.6. Bode des subordonnées consécutives.
1° Après une principale de sens positif, la subordonnée consécutive
est normalement à l'indicatif:
Si l'ad terut sur l'escut de Tulette
Que mort l'abat desur le herbe verte.
(Roland, 1611-12)
faDt li dit et taDt le chastie
que pes et acorde ODt bastie.
CCh.
Ch., 3875-76)
Et
quant
cil
li
ot
contee
la
novelle
coment
il
avoient
esploiti~, si tu si liez qu'il dist qu'il chevaucheroit.
CVilleh.,9 35,4-6)
Et avant que le soudant, qui s'estoit trop avanciez se peust
tourner, le tery le roy de l'espee teleaeDt sur la teste que il
l'abaty tout estourdy ~ terre.
CK~lusine, 6, 23-24)
.. . regardoi t
si
ettroiement
leur
desroy~ maintien
que
bien
- 408 -

seab10it soy sentir d'eu1x injuriee ou mescogneue.
(Quadr., 19, 26-28)
"
~elle splendeur rendoit de toutes parts
Ce lieu divin, qu'aux bumains bien seabloit
Que terre au ciel de beauté ressemb1oit.
(Marot, Opusc., 1, 9, 22-24)
La distance en est si insensible, que j'ai eu peur, en ne la
voyant pas, de me rendre contraire aux docteurs de l'Eglise,
pour me rendre trop conforme aux docteurs de Sorbonne.
(Pasc., Prov., 57, 19-22)
Le conditionnel peut remplacer l'indicatif dans les mêmes conditions
que dans n'importe quel contexte déclaratif
Si grant dol ai que ne voldreie vivre.
(Roland, 2936)
Or en ai bonte, or en ai duel
tel que je .orroie mon vue1.
(Cb. Ch., 1109-10)
S'i burteroie si durement me teste que j'en feroie les ex voler
et que je .'escerveleroie tos.
(Aue., XIV, 10-12)
- 409 -

'. ~
J'avoie le coer liet et gent
Et mon esperit si legier ,.
Que ne le poroie eslegier.
(Frois., Esp. am., 294-296)
Se je peusse vendre de ma sant~
Aung Lombart, usurier par nature,
Faulte d'argent m'a si fort encbant~
Que j'en prendroie ce cuide, l'adventure.
(Villon, Poésies Diverses, X, 21-24)
Car je vous sens tut esmeu en vostre esprit que bien tost
toaberiez
en
quelque
fièvre
épbémère
par
cest
excès
de
pensement.
(Rab., Pantagruel,253, 24-26)
Hais il est telleaent à la mode ici, et si près d'entrer dans
la musique du Roy, que ce serait une charité de lui rendre la
liberté.
(Sévigné, Lettres, 229, 39-41)
Au contraire je suis assuré que le devoir ferait si bien en moi
l'office de la baine que je poursuivrais ma
vengeance avec
encore plus de vigueur qu'un autre.
(La Roch., Haximes, 167, 30-33)
- 410 -

.'
Le subjonctif convient quand la principale exprime un ordre ou un
voeu, donnant à la subordonnée une nuance de but :
i
Or li metons enz el chief tel corone
Dont la cervele li espande en la boche.
<Cour., 1921-22)
<Comparer les vers 1909-10, où le verbe principal est métrons, futur,
et le verbe subordonnée vendra, donnant le fait pour certain).
Torne toi, si que de ça soies
et que adés ceste tor voies,
Que boen veoir et bel la fet.
<Ch. Ch., 3701-03)
Et se il ont peril en mer,
Soiez prochains a eulz garder,
Si que il viegnent a droi t port
<St. Eust., 1943-45)
Astenir vous faut toutes voies
De devant nous passer les voies,
rant que la cose soit estainte.
<Frois., Esp. am., 3756_58)
Si des humains la voix se peult estendre
Depuis icy jusqu'au fond des enfers,
Soient à mon cry les abismes ouvers
- 411 -

,,1
faut que d'abas vous me puissiez entendre.
(Du Bellay, Antiquitez, l, 5-S)
(
Le subjonctif apparaît aussi dans la subordonnée quand la principale
est hypothétique :
Se vos donez tant que vueille chanter.
(Cour., 314)
Se il la puet vers moi conquerre
et tant face qu'il l'an re.aint.
(Ch. Ch., 7S-79)
Se il est te~ qu'a moi a teigne,
f ••• J je le ferai, ce vos otroi,
seignor de ma terre et de moi.
(Yvain, lS05-0S)
2° Après une
principale négative,
la
subordonnée
consécutive est
normalement au subjonctif (le procès n'étant pas donné pour réel)
Ne loinz ne prés ne poet vedeir si cler
Que reconoistre poisset nuls hom mortel.
(Roland, 1992-93)
Horz, por Deu, don n'avoies tu
tant de pooir et de vertu
qu'ainz que ma dame m'oceisses !
(Ch. Ch., 4319-21)
- 412 -

Onques ne le vi si plain d'ire
C'onques li issist de sa bouche
Choze qui tornast a reprouche
(Rut., AD, 62-64)
D'autre part je n'ai mie chi men tans si perdu
Ke je n'aie a amer loiaument entendu.
(Feuillée, 9-10)
Et lors cria un heraut, de par le roy,
que nul ne feust si
hardiz qu'il parlast mot .•.
(Hélusine, 62, 7-8)
Il n'y eut jamais si bonnes nopces
qu'il n'en y eust de mal disnez
(Commynes, 86, 8-9)
Encor (pour vray) mettre on n'y peult tel ordre
Que tous jours l'un l'autre ne vueille mordre.
(Marot, Opusc., IV, 47, 17-18)
Prenez le plus fameux party, il ne sera jamais si seur qu'il ne
vous faille,
pour le deffendre,
attaquer et combatre cent et
cent contraires partis.
(Montaigne, II, 170, 28-30)
- 413 -

Gérard Moiqnet, dans sa thèse sur le subjonctif, expose cette rèq1e
en mentionnant d'exceptionne11es.infractions (p. 460) qui ne sont pas
1
prises dans notre corpus.
Dans sa Gra111llJaire de l'ancien
français
(p.
239),
i l
emprunte une
infraction à Villehardouin :
Hes nos ne somes aie tant de gent que par noz passages paier
poons les leur a tendre.
(Villeh.,9 59, 3-5)
(Hais nous ne sommes pas assez de qens pour qu'en payant nos passaqes
nous puissions remplir (nos enqaqements) envers eux].
L'indicatif poons est le texte des manuscrits retenus par l'éditeur
Fara1 ;
mais
celui-ci
siqna1e
dans
l'apparat
critique,
la
leçon
puissiens des manuscrits BeDE.
On peut tenir pour très riqoureusement observée,
et cela jusqu'au
XVIIe siècle, la rèq1e imposant le subjonctif dans les subordonnées
consécutives dépendant d'une principale néqative. Si nous avons tenu
à
établir
sur
de
nombreux
exemples
cette
rèq1e
à
première
vue
étranqère aux faits de corrélation proprements dits, c'est en raison
du
rôle
important
qu'elle
a
joué
dans
l'évolution
des
systèmes
corrélatifs ; elle explique pourquoi le français,
qui a substitué
aussi
et
autant à
si et
tant
dans
les
systèmes
comparatifs

l'exclusion des systèmes consécutifs dont ils se distinquent ainsi) a
pu conserver si et tant dans les principales néqatives (Il n'est pas
si
qrand
que
je
croyais)
dont
la
subordonnée
à
l'indicatif
se
- 414 -

distinque des subordonnées consécutives au subjonctif
(Il n'est pas
si qrand qu'il puisse toucher le panier).
,.
- 415 -

4.4. Systé.es te.porels.
4.4.1. Systé.es adverbe ( ••• l coae.
Comte) en ancien français peut avoir un sens temporel : il vient de
quomodo qui a le sens temporel en latin vulgaire dès le Ille siècle.
Comte)
comparatif
peut
s'adjoindre
des
corrélatifs
précisant
la
relation entre la principale et la subordonnée. Le système le plus
fréquent
est
tant
com
("aussi longtemps que"),
dont
les éléments
semblent toujours soudés.
Xie siècle.
Comte) seul au sens temporel se relève une fois dans la Vie de Saint
Alexis
Coa vit le lit, esguardat la pu1ce1e.
(Alexis, 56)
(Lorsqu'il vit le lit, il regarda la pucelle.]
et 9 fois dans la Chanson de Roland (1037
1482
2636
2692
2709 : 2910 : 2917 : 3329 : 3698) :
Ca. il le vit, a ferir le desiret.
(Roland, 1482)
Dans la Vie de Saint Alexis on relève 1 fois le système tant come
(165)
et 1 fois en tant dementres come (331) :. dans la Chanson de
Roland,
tant cum se lit 5 fois (554 : 557
1322 : 1802 : 2126) et si
cum apparaît une fois avec le sens temporel
Ell tut deaelltres coae il i1uec ont sis
- 416 -

Desseivret l'aneme dei cors Saint Alexis.
(Alexis, 331-33i)
,
Ço n'iert, dist Guenes, tant cu. vivet Rollant.
(Roland, 557)
Par main a l'albe, si cu. li juz esclairet,
Guenes li quens est venuz as berberges.
(Roland, 667-668)
Apparemment,
tant cum et
si cum,
dont
les éléments
se présentent
accolés,
sont ici des
locutions conjonctives bien constituées,
la
première ajoutant à cum un adverbe nuançant de durée la concomitance
temporelle, et la seconde exprimant par opposition une concomitance
ponctuelle.
La
seule séquence
intéressant
ici
notre
étude
de
la
corrélation
pourrait
être
en
tant
dementres
come,
séquence
non
rencontrée
ailleurs
le fait que en tant dementres est employé au vers 498 du
même texte comme adverbe au sens de "pendant ce temps", fait penser
qu'il peut s'agir au vers 331 d'une corrélation fortuitemeht établie
plutôt que d'une locution déjà figée.
XIIe siècle.
Nous n'avons rencontré com simple qu'une fois au sens temporel, dans
Eracle (2861-64).
Les deux locutions relevées au XIe siècle,
tant com et si com, sont
- 417 -

représentées :
Tant com (e) se compte 3 fois dans le Couronnement de Louis, 2 fois
,
dans le Charroi de Nimes, 3 fois chez Karie de France, 4 fois dans
Eracle, 4 fois chez Béroul, 14 fois dans Cligès, 9 fois dans Yvain, 1
fois dans Perceval, 8 fois dans le Roman de l' Estoire dou Graal, 3
fois dans le Roman de Renart et 2 fois dans la Prise d'Orange.
Les éléments de la locution sont toujours accolés. Le sens est encore
"aussi
longtemps que" ;
dans
tous
ces
textes
le
sens
est
"aussi
longtemps que". Dans les trois emplois du Couronnement de Louis, tant
com (e)
apparaît
avec
une
nuance
concessive
marquée
par
le
subjonctif :
En ton mostier n'iert mais messe chantee
fant co. je vive ne que j'aie duree.
<Cour., 1088-89)
Hais ce n'iert ja tant co. puisse durer.
<Cour., 2225)
c'est la même phrase qui est reprise au vers 2659.
Si com n'apparaît que 3 fois: 1 fois dans le Couronnement de Louis
(433), 1 fois chez Karie de France <Lanval, 578), 2 fois dans Cligès
<3502 ; 4855).
Gabez les a et escharniz,
Car li dus et trestuit li autre,
Si co. il vient lance sor fautre,
- 418 -

Dient : "Nostre chevaliers vient !
(Cligès, 3500-03)-
La
rareté
de
si
com,
s'explique
par
le
fait
que
sa
valeur
d' immédiateté était concuremment exprimée par des
locutions
telles
que des que, lues que, maintenant que et tantost com.
On relève deux nouvelles locutions tantost com et si tost cum.
Tantost com apparaît une fois chez Béroul
(1489),
3 fois
dans
le
Chevalier de la Charrete
(1663 ;
2680 ;
3910),
2 fois
dans
Yvain
(6662 ;
6714),
2 fois
dans
Perceval (2074
4558),
2 fois
dans le
Roman de l'Estoire dou Graal (117 ; 1580), 1 fois dans le Roman de
Renart (2820).
fantost co. il tu desliez
Par mié les renz cort, esvelliez,
Que onques n'i demora plus!
(Béroul, 1489-91)
Si tost com apparaît dans Bisclavret (196 ; 302), Yonec (307
393) ,
Est. Graal (355) ; Renart (1221) ; Ch. Ch. (6659)
Si tost cua il vint al paleis
E li bisclavret l'aparceut,
De plain esleis vers lui curut.
(Bisclavret, 196-198)
S' agit-il d'une modification des
locutions
tant com et
si com par
insertion
d'un
adverbe,
tost,
exprimant
la
rapidité,
ce
qui
appuierait
l'idée
d'une
certaine
indépendance
des
termes
de
ces
- 419 -

locutions ?
En réalité, il n'y a guère de parenté de sens entre tant com ("aussi
longtemps que") et tantost comme ("aussitôt après que") ; de même il
y
a
entre
si
com
et
sitost
comme
une
opposition
sémantique
"concomitance"l"ultériorité".
Il
est
évident
que
ces
locutions
nouvellement relevées ont été formées (depuis un temps indéfini) avec
tant ou si modifiant tost en corrélation avec com.
Signalons qu'on relève tantost que à la place de tantost com
fantost qu'il furent arivé,
Alixandres un suen privé
Envoie an la cité savoir
Se recet i porroit avoir
(Cligès, 2413-16)
Et bien dis que je vos ferroie
tantost qu'an l'eve vos verroie
(Ch. Ch., 785-786)
Faut-il
voir

l'indice
d'une
conscience
de
la
composition?
S'agit-il de la substitution de que à com, qui aurait commencé dans
les emplois temporels par analogie avec lorsque, maintenant que? Le
petit nombre d'emplois rencontrés (Cligès, 1 fois; Ch. Ch., 6 fois;
Yvain, 1 fois ; Perceval, 1 fois) ne plaide guère en faveur de cette
éventuali té. Il est plus probable qu'il s'agisse d'une concurrence
qui remonte au latin vulgaire, où quod et quomodo alternaient dans
l'expression du rapport temporel.
- 420 -

·- .~
.,.1
Par ailleurs, la substitution n'a pas encore commencé pour tant com,
parce
que
tant
que
existe
avec
d'autres
sens
(consécutif
et
i
temporel).
En définitive, le schème Adverbe ( ••• ) come n'est représenté au XIIe
siècle dans le domaine temporel que par des locutions figées. Il ne
parait pas productif.
XIIIe siècle.
A lire la Vie de Saint Eustache, la Chastelaine de Vergi,
Courtois
d'Arras,
Aucassin et Nicolette,
on pourrait penser que
la mort a
définitivement frappé com temporel et les locutions qui en dérivent.
Ils n'apparaissent dans aucun de ces 4 ouvrages.
Cependant
Villehardouin,
probablement
nourri
de
César,
use
abondamment de cum temporel (rattaché peut-être, par erreur, au cum
!
1atin~.: .' ~.._ _ .
" . J _//~A-~_.R/vL ~l
Sif~ ~.~~ ~t~~
~
~~1:ed f
~ ~I fCU/'(n ~ ..,,~rCM
• •
1
-u~P;~.eJffi.c:ecl~ ttf~~ »t)~~I.•.
(J~
(~ 1. fJ12. 1)
§ ''7 n] q- AA
1
VV{Q.;h-~
'G-V
/
Il use aussi de tant com (f23, 3) et si com (f36, 5 ; {204, 5-6)
sans jamais remplacer com par que. Sur ce point, sa langue en reste à
l'usage de la Chanson de Roland; il se montre très conservateur.
L'auteur de la Queste dei Saint Graal l'est d'une autre façon.
Il
n'use pas de come, mais emploie 40 fois tant come et une fois tantost
come.
Fait
exceptionnel,
on
rencontre
dans
la
Queste
le
système
- 421 -

' ..~
corrélatif disjoint tantost ... come
Je lui tantost gariz co.e Ji Sainz Graalx me vint visiter.
f
(Queste, 59, 33)
On rencontre 106 fois si tost com :
Et si tost co.e ele l'ot dire, si let oster les tables et dist
a quatre des plus hautes dames qui estoient avec li : HBelles
dames, venez avec moi jusq'a la rive.
(Queste, 11, 32-33)
Mais ces deux locutions déjà traditionnelles sont renouvelées par la
substitution d'autant à
tant et d' ausi à
si
(sans changement de
sens), imitée des systèmes comparatifs:
Et se vos viviez autant co. li mondes durra, ne cuit je mie que
vos peussiez fere ausi bone aumosne come ceste est.
(Queste, 231, 25-27)
Car ausi tost co. filz de roi a receue l'ordre de chevalerie,
il doit aparoir sor toz autres chevaliers en bonté.
(Queste, 40, 11-12)
On relève deux emplois de tandis come (169, 19
226, 20) au sens de
"pendant que".
En somme la langue de la Queste est d'une bonne tenue littéraire sans
être archaïque ; elle tire la maximum des systèmes temporels à base
de come.
L'auteur des Trois Aveugles de Compiegne, Courtebarbe, use aussi, au
- 422 -

'. ~
cours d'un récit plutôt familier, de tantost CO., qu'il met dans la
bouche d'un prêtre:
Au borgois dist : "Je le ferai
fantost co. j'avrai messe dite.
(J AV., 254-255)
Mais il met dans la bouche du clerc mystificateur la forme nouvelle
tantost que :
Je l'irai dire qu'il vous pait
Quinze saus trestout entresait
fantost que il avra chanté.
(JAV.,223-225)
Ce qui n'empêche pa~ le même clerc d'employer une locution faite sur
com avec l'adverbe esrau.ent, forme de l'Ouest pour erra1ll1l1ent dérivé
du participe errant d'errer (lat. iterare)
- Dont dites je soie delivres
Esrauent co. j'en revendrai
(J AV., 206-207)
L'adverbe erraument sans com, au sens d "'immédiatement ", figure trois
fois dans le récit
04 ; 47 ; 209) ; sans doute Courtebarbe a-t-il
forgé esraument com,
qui n'est pas signalé dans la thèse de Paul
Imbs.
L'auteur de
Guillaume de Dole use
sans
originalité
de
tant
com
(2684-87
3342-43; 3576-77 ; 3625-28 ; 5650-52) et de si tost com
(3086-90
3790-92).
- 423 -

Rutebeuf, comme Chrétien de Troyes, use à la fois de tantost com CY,
25-26) et tantost que CR, 116 ; AT, 1240). mais tant com Cou i tant
/
com) employé 5 fois dans le tome 1 au sens
de "aussi longtemps que",
ne peut prendre encore la forme
tant que, occupée par la locution
d'origine consécutive signifiant "jusqu'au moment oà" C10 emplois).
La langue populaire picardisante du Jeu de la Feuillée ignore com
temporel seul ou en composition,
mais si ke (649)
et
tantost ke
C737 ; 752) ont pris la relève de si com et tantost com.
Jean de Keun fait bon usage de si com C13057 ; 14789 ; 15796), si
tost com C10584 ; 11660 ; 13196
13817),
tant com C10218 ; 10220
10328;
11267
11826;
13396;
13450;
13915;
15707;
16041
16117) et même ausinc com (14131). Il ne remplace jamais com par que.
Dans Jeban et Blonde, l'emploi de tant come C8 fois), si tost com C3
fois), tout aussi tost comme Cl fois) n'est pas nouveau. Kais pour la
première fois tant que, très employé au sens de "jusqu'au moment oà"
C19 fois), y figure aussi avec le sens de tant cOlDlDe C2 fois) :
Un botel bel et bien garni
Eurent, u li quens sejorna
rant le li parlemens dura.
CJeh. et Bi., 164-166)
Que tant que je vive, a nul tuer
Autres n'en sera en saisine.
CJeh. et Bl., 1862-63)
- 424 -

Dans le second exemple,
le subjonctif apporte la nuance concessive
des relatives indéfinies de type qui que tu sois, que tu ailles,
i
etc.,
ce qui
expliquerait
par
l'analogie
le remplacement
de
tan t
comme par tant que.
Joinville use encore de
tant comme temporel
(l0 fois)
au sens de
"pendant tout le temps que" (sens que n'a jamais chez lui tant que) :
Sire, tai tes ce que /Don seigneur vous proie, de demourer avec
li tant co. .e il yert en Provence.
(Joinville, 222, 2)
Il use une fois de tandis comme dans un sens différent, identique à
celui des deux exemples de la Queste
A ce respondi -je, que tandis co. .e je avoie esté ou servise
Dieu et le roy outremer et puis que je en reving, les serjans
au roy de France et le roy de Navarre m' avoient destrui te ma
gent et apovroiez.
(Joinville, 236, 23)
La traduction correcte est "pendant que" : la subordonnée délimite
une durée à l'intérieur de laquelle se si tue le procès principal,
ponctuel ou moins long.
De cette conjonction -ancienne- Joinville fait le plus grand usage
sous la forme tandis que (déjà rencontrée deux fois chez Chrétien de
Troyes selon Paul Imbs : Erec, 2795 et Yvain 6455, comme variante de
que que, et fréquente après 1200)
Tandis
que
nous
mangion,
il
vindrent
ferant
des
esperons
- 425 -

...~
. '
jusques a nostre ost.
(Joinville, 123, 23)
i
Il Y a 51 occurrences de tandis que.
Joinville
emploie
une
fois
aussitost
comme,
en
corrélation
avec
aussistost :
Car aussibst co. .e il nous avoient lessiez,
aussitost les
leroient il se il veoient ne leur point ne leur lieu
(Joinville, 151, 10-11)
La même relation temporelle est exprimée une fois par tantost que :
Et taDtost que il virent que l ~ue me sailloit par la gorge et
par les narilles, il pristent a plorer.
(Joinville, 149, 41)
et une autre fois par le système ne ... sitost ... que ressortissant à la
Ve Partie de cette thèse
Nous
De
sceumes
onques
si-t.Pst
revenir
que nous
trouvames
monseigneur Perron, nostre oste, qui estoit au dehors de l'ost,
qui en tu alé après,
(Joinville, 123, 26-27)
Ainsi le XIIIe siècle
a vu la disparition de com temporel et plus ou
moins des locutions comportant com, que les uns évitent totalement et
que d'autres modernisent en remplaçant com par que, quand ils ne les
conservent pas.
- 426 -

XIVe siècle.
L'emploi de
comme sans corrélatif a disparu au XIIIe siècle
en
corrélation, il est très rare au XIVe siècle ••
Dans l'Espinette Amoureuse, on lit une fois si trestos com (2970),
une fois si trestost que (1093) ; mais si tost que est employé deux
fois
(1185,
3183)
sans concurrent, et les Chroniques ne présentent
que si trestost que (292, 9 ; 302, 8-9) et si tost que (209, 4 : 291,
11 ; 313, 11 ; 325, 19 ; 326, 10).
On relève tant com et tan t que, plus ou moins confondus. Alors que
primitivement le premier siqnifiait "tout le temps que" et le second
"jusqu'au
moment
06",
on
rencontre
les
deux
sens
pour
l'un
et
l'autre:
Encore m'en tait bien li recors
Et tera tant co. je vivrai
(Esp. am., 62-63)
Pour nous tu laiiés li tapis
En cel estat et en ce point,
Tant co. .e il avint un dur point .••
(Esp. am., 3397-99)
Car je te donne ychi un don :
Vis tant que poes d'or en avant,
(Esp. am., 544-545)
- 427 -

...~
Et ceste, qui Jbesus honneure,
Le garda bien, talJt que vint beure
1
Que ma dame et elle a seulet
Estoient, ensi qu'on se met.
(Esp. am. , 1279-82)
Ne nuls ne leur a10it au devant tant que il fuissent ensemble
(Frois., Chron., 260, 10-12)
Et la se tint tout le jour et toute la nuit,
enssy que une
femme demy morte, tant que elle fu reconfortee dou roy son fil,
si com je vous diray en sievant.
(Frois., Cbron., 303-304)
Dans le premier et le troisième exemple de l' Esp. am.,
tant com et
tant que ont le sens de "tout le temps que" ; dans le deuxième et le
quatrième exemple,
tant comme et tant que ont le sens de "jusqu'au
moment où".
Tant que a la valeur de "tout le temps que" dans le premier exemple
des Chroniques et celle de "jusqu 1 au moment où" dans le second.
Vraisemblablement, Froissart (ainsi que ses contemporains) tient tant
comme pour une forme vieillie de tant que, auquel il donne deux sens
peu
compatibles,
dont
le
second
sera
éliminé
par
le
concurrent
jusqu'a tant que relevé 2 fois dans l'Espinette Amoureuse et 3 fois
dans les Cbroniques.
- 428 -

·..~
_,",1
L'auteur de Mélusine confirme ce qui précède. Il emploie 7 fois tant
comme et 52 fois tant que. Comme chez Froissart, ils peuvent avoir le
sens de "tout le temps que"
Remondin,
tut coue vous tendrez ceste voye,
tous biens vous
babonderon t
(Mélusine, 45, 18-19)
Je
vous donne ces deux verges d'or qui
tiennent ensemble ;
[dont] les pierres ont moult grant vertu, l'une que cil a qui
elle sera donnee par amour, ne pourra mourir par cops d'armes,
tant que il l'ait sur lui, •••
(Mélusine, 27, 12-15)
et le sens de "jusqu'au moment 06"
Mais cy vous leray a parler de lui, tant que temps en sera, et
diray de Uriien, comment il se gouverna tant coue ly messages
ala devers le roy.
(Mélusine, 93, 21-24)
Et se tu es dessevree de ton mary, saiches que tu retourneras
ou tourment de devant,
sans fin,
tant que le Haut Juge tendra
son siege.
(Hélusine, 13, 7-9)
Un passage des Chroniques témoigne que Froissart, comme l'auteur de
la
queste restait
conscient
d'une
possibilité
de
disjonction
de
tantost et comme :
- 429 -

La vindrent li dus de Lancastre, li contes de Canthurge,
et
leurs
gens,
et
misent
taJJtost
piét
a
terre,
coue il
les
,
veirent, et les vinrent requerre de grant volenté.
(Frois., Chron., 253, 8-12)
La virgule mise par les éditeurs (Gaston Paris et A. Jeanroy) masque
indûment le rapport de corrélation qui unit les deux mots séparés par
piét à terre,
liberté sans doute liée par Froissart
au caractère
archaique
du
système,
car
il
use
ailleurs
de
la
forme
nouvelle
tantost que sans disjonction.
Une locution
entretant comme se relève dans
Mélusine,
faite avec
l'adverbe entretant connu dès le XIIe siècle. Elle relaie, avec plus
de
clarté
étymologique,
la
vieille
locution
endementiers
conme
signifiant "pendant que", présente deux fois dans Mélusine sous la
forme endementiers que :
... et commence a parler de Mélusigne, comment elle se gouverna
entretant co. .e Remondin tu en ce voyage.
(Mélusine, 66, 29-31)
XVe siècle.
On relève seulement chez Alain Chartier des emplois de comme au sens
causal
-temporel
du
cum
latin,
manifestement
imité
jusque
dans
l'emploi du subjonctif imparfait (4, 24 ; 5, 7) :
- 430 -

' ..~
, .
Et entre autres escriptures, co. .e je leusse le tiers chapitre
de
Ysaie,
le
cueur m'est
troublé
de
freeur
et
les
yeulx
i
obscurciz de larmes
(Quadr., 5, 6-9)
Cette résurrection artificielle
(étymologiquement fausse)
n'est pas
représentative de la langue française du XVe siècle.
Comme ne figure par ailleurs que dans la locution tant comme ("aussi
longtemps
que")

l'avait
préservé
l'opposition
avec
tant
que
("jusqu'au moment où"). Alain Chartier emploie une fois tant comme
Et,
se monstrer le fault,
je produiroye exemples
en lieu de
raisons et nommeroye les lieux et les villes ou pluseurs des
tiens ont habité,
tant co. .e les vivres et les rappines des
biens qu'ilz n'avoient pas acquiz les ont pu soustenir.
(Quadr., 39, 22-26)
Villon ne ilemploie pas ; Commynes en use une fois, le mettant dans
la bouche du vieux maréchal de ~ufchâtel :
"Je ne suys à vous que par emprunt,
tant CODe vostre père
vivra. "
(Commynes, 84, 15-16)
mais il emploie ailleurs tant que au même sens (189, 19 ; 222, 7) :
Et croy qu'il n'eust point voulu avoir de filz ne que jamais il
eust marié sa fille tant qu'il eust vescu
(Commynes, 189, 16-18)
- 431 -

Tant' que au sens ancien de "jusqu'au moment où" ne figure pas chez
Commynes.
Il
n'est
pas non plus
chez Alain Chartier.
En
revanche
Villon emploie tant que dans trois sens différents :
1° aussi longtemps que:
Or beuvez fort, tant que ru peut courir.
(Villon, Test., 963)
(voir aussi Villon, Test., 1072)
2° Jusqu'à ce que:
Au fort, triste est le sommeillier
Qui fait aisier jeune en jeunesse
Tant qu'en fin lui faille veillier,
Quant reposer deust en viellesse.
(Villon, Test., 1326-29)
3° Pendant que :
Item, varletz et chamberieres
De bons hostelz (riens ne me nuyt)
Feront tartes, flans et goyeres,
Et grans ralias a myenuit
(riens n'y font sept pintes ne huit),
Tant que gisent seigneur et dame.
(Villon, Test., 1559-64)
XVIe siècle.
Aucun emploi de comme temporel seul ou en locution dans nos auteurs
- 432 -

du XVIe siècle.
Harot emploie 2 fois tant que au sens de "jusqu' à ce que" et 6 fois
tant que au sens de "aussi lonqtemps que" :
jusqu'à ce que:
Je ne veulx point de mule ne mulet
Tant que je soys vieillard blanc comme laict.
(Harot. Epistres, XXVI, 174, 41-42)
(voir aussi Harot, Epistres, XXVI, 174, 43-44)
2° aussi longtemps que :
Tant qu'ilz vivront, ilz demanderont, eulx.
(Harot, Epistres, XXVII, 177, 86)
Tant que vivray en aage fleurissant,
Je serviray Amour, le dieu puissant
(Harot, Chansons, XII, 1)
(voir aussi Harot, Epistres, XXXVIII, 192, 14
LI, 221, 16
LXXI,
272, 83 ; XXVI, 174, 39-40)
Si tost que apparaît 8 fois exprimant comme toujours la "succession
immédiate" :
Si tost que j'euz l'escusson limit~,
Levay les yeulx, et proprement je veiz
Du grand portail sur la sublimit~
- 433 -

...~
Le corps tout nud, et le gratieux vis
De Cupido, •••
"
(Harot, Opusc., l, 10, 18-22)
(voir aussi marot, Opusc., II, 27, 6 ; II,33,17 ; IV, 52, 5
X, 98,
31 ; Epistres, XL, 195, 33 ; LV, 234, 150 ; LXXIII, 275, 7).
Comme
l'auteur
de
la
Queste,
trois
siècles
plus
tôt,
employait
alternativement si tost COIll et ausi tost com, Harot remplace 7 fois
si tost que par aussy tost que avec le même sens (Opusc., X, 100, 3
Elégie,
III,
294,
31;
Chants divers,
VII,
370,
41 ;
X,
376,
13
COlllplainctes,
III,
545 51+5;
Rondeaux, LXVII,
442,
13) ; dans le
1
septième exemple on a la forme aussitost que (Chants divers, XXII,
399, 133).
On rencontre une fois la suite tot après que
Car tost après que l'enfant Cupido
H'eust faict laisser Illon pere, puissant roy,
Vinsmes entrer seulets en desarroy
En un grand boys tu Ille descendis.
(Harot, Epistres, l, 114, 24-27)
Cette suite que nous n'avons relevée ni avant ni après ce texte, ne
peut être tenue pour une locution homoloquée par la lanque ; ce n'est
que l'emploi d'après que nuancé d'immédiateté par la juxtaposition de
l'adverbe
tost,
syntaqme libre,
synonyme d' aussi
tost que dont i l
analyse exactement le sémantisme.
Rabelais,
dont la lanque est
pourtant accueillante aux archaismes
- 434 -

· -~
. '
·, .• 1
comme aux néologismes, ignore comme temporel et n'use ni de tant que
ni de si tost que.
,.
Ronsard emploie 4 fois tant que au sens moderne de "aussi longtemps
que" en corrélation avec toujours :
fant que la rose en l'espine naitra,
fant que sous l'eau' la baleine paitra,
fant que les cerfs aimeront les ramées,
Et tant qu'Amour se nourrira de pleurs,
foujours au coeur ton nom, et tes valeurs
Et tes beautés me seront imprimées.
(Rons., Amours, pièces ajoutées, XI, 9-14)
Si
tost que apparaît 6 fois avec la même valeur que chez Haro-t
(Amours, XV, 5-6 ; Continuations Amours, XVII, 9
XXII, 7 ; Pièces
Ajoutées, II,
278 ;
Sur mort Marie,
XII,
13)
le sixième exemple
paraît sous la forme sitost que (sonnets Hélène, 267, XII, 10).
Le syntagme corrélatif si tost •.. que se rencontre une fois, mais par
le système ressortissant à la VIe Partie (ne .•• que .•• ne)
Si tost ne s'esveille l'Aurore,
Que le pasteur ne soit encore
Plustost levé qu'elle,
(Rons., Saisons, 114, 43, 25-27)
La variante
aussi
tost que se présente 5 fois
dont
une fois
en
corrélation avec tout aussi tôt (Amours, CLXV, 12-13 ; chanson, 133,
19-20 ; Pièces ajoutées, XX,
5-6 ; 152, XXXV,
3 ; Amours diverses,
- 435 -

.. '.~
XXXI, 57).
Nais aussi tôt, que de vous je .'~pris,
i
fout aussi tôt votre oeil me fut escorte
(Rons., Amours, Pièces ajout~es, XX, 5-6)
Du Bellay emploie 1 seule fois tant que, au sens moderne
fant que l'oyseau de Jupiter vola,
Portant le feu dont le ciel nous menace,
Le ciel n'eut peur de l'effroyable audace
Oui des Geans le courage affola.
(Du Bellay, Antiquitez, XVII, 1-4)
Montaigne use deux fois de tant que au sens moderne :
et me donna la premiere connoissance de son nom, acheminant
ainsi cette amiti~ que nous avons nourrie,
ta.nt que Dieu a
voulu, entre nous, si entière et si parfaite ••.
(Montaigne, 1, 232, 12-15)
(voir aussi Montaigne, 1, 337, 22)
Il use aussi d'aussi tost que (234, 1), renforcé par tout (202, 34).
Enfin Agrippa d'Aubigné emploie 2 fois tant que au sens moderne
A jamais tu seras servie
De lui tant qu'il sera vivant.
(D'Aub., Tragiques, 147-148)
(voir aussi d'Aub., Tragiques, 1525). Il use 5 fois de si tost que
Car le ciel s'affeubloit du manteau d'une nue
- 436 -

'. ~
Si tost que le transi au ciel tournoit la veué.
(D'Aub., Tragiques, VI, 193-194)
,.
(voir aussi d'Aub., Tragiques, l, 751 ; II, 827 ; v, 1416
VII, 883)
La variante aussi tost que se compte 1 fois (V, 912).
Un
sens
très
voisin
est
exprimé
deux
fois
par
le
système
ne ••. si tost .•. que ressortissant à la Ve Partie:
La mere
et les enfans ne l'eurent si tost veué
Que cbascun d'eux changea en demon decevant.
(D'Aub., Tragiques, II, 1328-29)
(voir aussi d'Aub., Tragiques, II, 1321-22).
XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle,
La Rochefoucauld et Madame de Lafayette sont les
seuls à user de sitôt que. Le premier l'emploie 1 fois et ignore la
variante aussitôt que: la seconde en use abondamment
(26 fois)
et
emploie 1 fois la variante :
La jalousie se nourrit dans les doutes, et elle devient fureur,
ou elle finit, sitôt qu'on passe du doute à la certitude.
(La Roch., Haximes, 48, 32)
Le roi avait toujours aimé le connétable, et sitôt qu'il avait
commencé à régner,
il l'avait
rappelé de "j'exil
où le roi
François premier l'avait envoyé.
(La Fay., Clèves, 38, 18-20)
- 437 -

'. -~
. '
Il ne se contentait pas d'avoir marié son fils ainé avec 1fJJJe
Diane,
fille
du
roi
et
d'une
dame de Piémont,
qui se
fit
religieuse aussitôt qu'elle fut accouchée.
(La Fay., Clèves, 38, 26-29)
Ailleurs, aussitôt que est employé 8 fois par Pascal (6 fois dans les
Provinciales et 2 fois dans les Pensées), 8 fois par Bossuet (3 fois
dans les Oraisons et 5 fois dans les Sermons), 1 fois par Madame de
Sévigné. Boileau et La Bruyère n'en usent pas.
Tous nos auteurs du XVIIe siècle emploient
tant que dans son sens
moderne
(Pascal 3 fois,
Bossuet 6 fois,
La Rochefoucauld 3 fois,
Sévigné 1 fois,
Boileau 1 fois,
La Fayette 4 fois,
La Bruyère 5
fois).
On ne trouve guère d'ingrats tant qu'on est en état de faire du
bien.
(La Roch., Maximes, 306)
Je lui dis que tant que son affliction avait eu des bornes, je
l'avais approuvé, et que j'y étais entré.
(La Fay., Clèves, 77, 28-29)
On est arrivé dès le XVIIe siècle au sens moderne des locutions tant
que (= aussi longtemps que) et aussitôt que (ultériorité immédiate) à
partir de tant com et si tost com ~ le premier à eu à lutter contre
un emploi de tan t que d'origine consécutive, qui a été éliminé par
une locution sans ambiguité,
jusqu'A tant que,
jusqu'A ce que ~ le
second a suivi l'évolution des systèmes de comparaison d'égalité en
- 438 -

". ·".
phrase positive (si ••• COID -) aussi que). Le prellier conserve du COID
originel la valeur d'égalité
(dans
la durée indéfinie que marque
,.
tant)
~ le second a éliminé l'idée de concomitance marquée par le COID
originel (et maintenue dans si COID) au profit de l'idée d'ultériorité
qui est celle d'après que, nuancée par tost d'immédiateté.
4.4.2. Systè.es adverbe ( ••• ) quant.
Dans
l'histoire
de
la
subordination
temporelle
en
français,
on
observe une grande différence entre COID (IDe) et quand:
le premier
n'apparaît seul qu'à l'état de survivance, chez des auteurs nourris
de latin, et s'est maintenu péniblement jusqu'au XVe siècle dans des
locutions où il s'est abstrait en que, pure marque de subordination ~
le second a traversé les siècles sans subir l' at teinte du temps,
exprimant au XXe siècle les mêmes relations temporelles qu'au XIe
siècle, sans le secours de corrélatifs.
L'étude de ses entourages,
que nous avons pratiquée avec
le même
rigueur que pour COlDme, révèle que son emploi favorise l' appari tion
de
certains adverbes,
plus
souvent
postposés
que
préposés,
à la
différence de ce qui se produit pour comme.
Sur les 13 emplois de quant temporel relevés dans la Vie de Saint
Alexis, aucun n'est précédé d'un adverbe ~ mais il faut considérer le
fait que 12 fois la proposition temporelle est en tête de phrase. Il
ne
restait
donc
qu'une
chance
de
rencontrer
un
schème
Adverbe •• ./quant. Or l'auteur n'a pas hésité à commencer la phrase
par le verbe, infraction à l'usage
- 439 -

.. 1
Receut l'almosne, quant Deus la li tramist.
(Alexis, 98)
i
S'il
avait
disposé d'un système corrélatif de schème
III,
il
en
aurait probablement usé.
Le pourcentaqe de phrases commençant par quant relativement au nombre
total de quant est un peu moins qrand que dans la Chanson de Roland :
86\\ (calculé sur 57 occurrences de quant). Il restera élevé à toutes
les étapes de la 1anque. En effet, le pourcentaqe moyen, obtenu par
sondaqe du XIIe et XVIe siècle (sur 3985 occurrences de quant) est de
98,82\\.
Pour estimer
la fréquence
des
séquences
adverbe •.. quant que
l'on
rencontrera,
il
faut
tenir
compte
seulement
des
phrases

la
subordonnée temporelle est en seconde position. On ne s'étonnera pas
de voir quant beaucoup plus souvent suivi d'un adverbe que précédé.
Dans aucune des 8 phrases de la Chanson de Roland quant introduit
une subordonnée en seconde position, on ne trouve un adverbe en tête
de la principale.
Jo vos ai fait alques de legerie,
Quant por ferir vus demustrai grant ire.
(Roland, 513-514)
Asez ad doel quant vit mort sun nevold.
(Roland, 1219)
- 440 -

' ..~
....1
Dans de nombreux ouvrages
du XIIe
au XVIIe
siècle,
quant
(quand)
temporel n'est
jamais précédé d'un adverbe corrélatif :
Charroi de
i
Nimes
(25 fois
quant),
Lais de Marie de France
(113
fois
quant),
Roman de l'Estoire dou Graal
(121 fois
quant),
Prise d'Orange
(21
fois
quant)
;
Villehardouin,
tome l
(18 fois
quant),
Aucassin
(21
fois quant),
Vie de Saint Eustache (72 fois quant), Queste dei Saint
Graal
(331
fois
quant),
Courtois
d'Arras
(10
fois
quant),
Trois
Aveugles de
Compiègne
(4 fois
quant),
Jeu de la Feuillée
(4 fois
quant),
Chastelaine
de Vergi
(28 fois
quant),
Joinville
<343
fois
quant) ;
Mélusine
(104 fois
quant) ;
Commynes
(92 fois
quant) ;
de
tous
nos
auteurs
du
XVIe
au
XVIIe
siècle,
l'adverbe
corrélatif
précédant
quand ne
se rencontre que chez Clément Marot,
une seule
fois (Comp1ainctes, III, pp. 536-537).
Le
système
Adverbe ••• /quant,
se
caractérisant
par
sa
rareté,
se
relève
dans
d'autres
textes
de
notre
corpus
2
fois
dans
le
Couronnement de Louis contre 31 fois quant, 2 fois dans Eracle contre
74 fois quant, 1 fois dans Béroul contre 65 fois quant, 3 fois dans
Cligès contre 121 fois quant, 5 fois dans le Chevalier de la Charrete
contre 99 fois quant, 6 fois dans Yvain contre 85 fois quant, 1 fois
dans Perceval contre 61 fois quant, 1 fois dans Renart contre 95 fois
quant;
3 fois dans Guillaume de Dole contre 89 fois
quant,
4 fois
dans Rutebeuf, tome 1, contre 92 fois quant, 6 fois chez Jean de Meun
contre 262 fois
quant,
8 fois dans Jehan et Blonde contre 140 fois
quant
3 fois
dans les deux oeuvres de Froissart contre 197 fois
quant
1 fois chez Alain Chartier contre 38 fois quant, 1 fois chez
- 441 -

'. ~
Villon contre 46 fois quant.
Etant donné le très petit nomlri'e d'emplois de type adverbe ... /quant
relevés dans chaque siècle, nous abandonnerons le plan chronologique
habituel pour nous demander, à propos de chaque adverbe relevé si peu
que ce soit avant la conjonction quant, s'il a pu jouer à quelque
degré, à une époque quelconque, un rôle de corrélatif.
10 Si .. ./quant.
Le système si ... /quant se rencontre 12 fois au XIIe siècle (Cour.,
1152-53) ; Eracle, 3365-66 ; Ch. Ch., 1044-45 ; 1083-84
4110-11
Yvain,
410-412 ; 1024-25 ;
1074-76 ; 2594-96 ; 4064-65
5216-17
6333-34)
Li apostoiles i est venuz premiers,
Si le baisa quant l'elme ot deslacié.
(Cour., 1152-53)
Si est une banale transition référant plus à ce qui précède qu'à ce
qui suit; on peut estimer ici qu'il satisfait simplement à la loi de
Thurneysen, et n'est aucunement appelé par quant.
Et cest mien anelet prendoiz
et, s'il vos plest, sel me randroiz
quant je vos avrai delivré.
( Yvain, 1023-25)
L'adverbe si remplit ici une fonction modale bien connue: il marque
l'ordre
dans
une
proposition
ne
commençant
pas
la
phrase
(cf.
- 442 -

' ..~
f
p.G.A.r ••
90. 2)40
Dans le plupart des autres cas' relevés dans
Yvain,
si peut passer
pour une transition plutôt que pour un corrélatif
(si peu utile)
de
quant.
On ne retrouve plus
si qu 1 au XIVe siècle,
satisfaisant comme dans
l'exemple
du
Couronnement de Louis,
cité
plus
haut,
à
la
loi
de
Thurneysen :
Si tu Paris nices et lours,
Quant il donna le pomme aillours
(Frois., Esp. am., 445-446)
Or •.. /quant.
Or ... /quant se lit dans le Couronnement de Louis (496-497 ; 1191-92),
Erade
(3746-47) ,
Cligès
(3714-15
6309-10) ,
Yvain
(2748-49),
Perce val (3896-97>
Dole (5135-36),
Rose,
(13801-802),
Jeb. et Bi.
(4344-45 ; 5637-38) :
Or veit il bien que Deus li vuelt aidier,
Quant par un ome puet son dreit desrainier.
(Cour., 496-497)
Il semble bien qu'il y ait un rapport de sens entre or et
quant;
même si
or peut être favorisé par la loi de Thurneysen, il paraît
bien annoncer quant.
Dist a ses omes : "Or ai je trop perdu,
40. Bonnard-Regnier. OP. cit .. p. 139.
- 443 -

' ..~
Quant par tel om est corsolz confonduz.
(Cour., 1191-92).
La valeur d'emploi du système or ... quant reste identique à celle de
l'exemple précédent.
Or ... quant pourrait être traduit par maintenant que.
Paul Imbs 41 a montré que or peut présenter le sens de désormais
Et or m'en puis aler, quaDt moi plera
(Hort Artu, 53, 19)
Souvent or fait référence à la situation, et non à l'époque définie
par quant:
Or ot dur cuer qui ne plora,
quaDt il ot dit ceste parole.
(Dole, 5135-36)
rIl
fallait
avoir
le
coeur
dur
pour
ne
pas
pleurer
quand
l'empereur eut tenu ce discours.]
Liénor est publiquement réhabilitée. L'empereur décide de l'épouser
pour dissiper les craintes de ses sujets et asseoir la pérennité de
son royaume. C'est à cette situation émouvante vécue par le roi et
ses barons que fait référence l'adverbe or.
41. Paul 1Ib5. OP. cit.. pp. 67 et 69.
- 444 -

30 lors ... /quant.
Le
système
lors •.. /quant
se
relève
dans
Eracle
(4787-88),
Yvain
,.
(1095-96)
Cbastelaine de Vergi (930-932), Rutebeuf (0, 318-321 : 0,
342-343 :
F,
90) ,
Rose
(9445-46 :
12810-811
13983-984 :
14807-808) : Frois.,
Chron.,
251,
3-4 :
Quadr.,
48,
16-18 : Marot,
complainctes, pp. 535-537.
Lors primes sevent c'ont eü
quant an povreté ont geü
(Eracle, 4787-88)
Lors saut Poor, lors acqueurt Honte,
quant oirent le paisant.
(Rose, 14807-808)
Lors rist il que son voisin pleure
Et lors li recort li deuls seure
Quant son voisin a bien assez.
(Rut., 0,341-343)
Dans ces systèmes corrélatifs, lors fait toujours référence à quant:
c'est
probablement
ce
rapprochement
qui
est
à
l'origine
de
la
naissance de
la
locution
lorsquant présente
dès
le
Bestiaire de
Philippe de Thaun, cité par Paul Imbs 42 •
En
effet,
l'exemple
de
Rutebeuf
montre
curieusement
lors ... quant
42. Paul !lbs. OP. dt., p. 67.
- 445 -

.>'
(vieux système dont le resserrement avait créé la locution lorsquant)
voisinant
avec
lors .•• que
(système
dont
la
réunion
est
apparue
/
d'abord chez Chrétien de Troyes) estime Paul Imbs43 •
Paul Imbs suppose avec vraisemblance que lors ••• que est choisi quand
les
mots
intercalés
sont
plus
nombreux,
et
lors .•• quant
si
l'éloignement des
corrélatifs
rend
utile
le
rappel
de
l'idée de
temps.
Ce
critère
de
choix disparaît
si
les
deux
éléments
sont
juxtaposés, et lorsque l'emporte sur lorsquant en vertu de la loi
d'économie, parce qu'il supprime une redondance.
Ja ... quant.
Il nous faut remarquer que la suite ja ... quant ne peut passer pour un
système
corrélatif
lorsque
ja,
en
liaison
avec
ne,
signifie
"jamais"
Ja Dex, tet ele, ne me voie
quant je ja mes reposerai
jusque tant que je an savrai
novele certainne et veraie.
(Ch. Ch., 6384-87)
Par ailleurs, dans bien des cas, ja au sens de "déjà" constitue avec
quant un système corrélatif dont nous rattacherons l'étude à la Ve
Partie.
Le système ja ..• quant se relève chez Béroul (135-136)
chez Ronsard
43. Paul rIDS. OP. cit., pp. 224 55.
- 446 -

Z.•\\
(Amours, CXXXVII, 5-7
Saisons, 74, 37, 63-65).
Ajoutons ici l'apparition chez Villon du système adoncques .•. quant
Hais adoncques il y a grant deshait,
Quant sans argent s'en vient coucbier Hargot.
(Villon, Test., CL, 1601-02),
chez Chrétien de Troyes de dont .•• quant
Hol tR donc Amors enoree,
QÙ~1ui m'a sororee.
(Cligès, 975-976)
Quand a définitivement refusé toute corrélation.
Lors quant n'a eu
qu'une brève existence,
et son concurrent victorieux lorsque peut
très
bien être

indépendamment,
avant même
cette
tentative
de
création d'une locution. En effet, c'est avec la conjonction que, dès
l'origine du français et dès le latin vulgaire,
que les systèmes
corrélatifs ont proliféré grâce à la souplesse de que admettant tous
les assemblages sémantiques.
4.4.3. Systèaes adverbe ( ••• )!que.
XIe siècle.
Le système corrélatif einz ... que apparaît une fois
Einz i frai un poi de legerie
Que jo n'esclair ceste meie grant ire.
(Roland, 300-301)
- 447 -

'. ~
~ ...
Il se lit déjà en forme de locution 7 fois dans la même épopée, dont
une
fois
en
corrélation
avec
un
si
qui
confirme
sa
nature
,.
locutionnelle :
Einz qu'il oüssent .1111. liues siglet,
Sis aquillit e tempeste e ored.
(Roland, 688-689)
La même suite
ainz que ... si se lisait déjà dans la
Vie de Saint
Alexis :
Ainz que t'oüsse en fui molt desidrouse ;
Ainz que nez fusses sin fui molt angoissouse.
(Alexis, 456-457)
Le
resserrement
est
donc
ancien
et
la
forme
disjointe
de
la
conjonction observée aux vers 300-301 de Roland n'est peut être qu'un
archaisme du discours épique.
Il en est autrement de tant ... que. Sur trois occurrences notées dans
Alexis, et classées sous le chef de la conséquence, deux admettent
déjà une interprétation temporelle que rend la traduction "jusqu'au
moment où"
fant li preierent par grant umilitet
Que la moillier donat feconditet.
(Alexis, 26-27)
fant aprist letres que bien en fut guarniz
(Alexis, 34)
- 448 -

'. ~
Dans Roland, le sens est également ambigu et la forme disjointe se
relève 7 fois
(402-403 ; 405-406 ;
451-452 ; 2689 ;
2828 ;
2842 ;
f
3697). Pour deux emplois purement consécutifs (532-533 ; 1035), il en
est un purement temporel
rant le guardent quel rendent a Char1un.
(Roland, 1829)
d
Mais ni dans Alexis ni dans Roland n~ns rencontré tant que
accolé au sens temporel ; cette locution reste à naitre. Nous avons
noté dans Roland deux autres locutions déjà constituées : einçois que
double d'einz que (810 ; 3480) et puis que marquant la postériorité
(896) et la cause (2665).
XIIe siècle.
La relation de simultanéité peut être exprimée par quant
Quant de1 couchier tu tans et 1eus,
la dameise1e prist andeus
ses ostes qu'e1e ot oste1ez.
(Ch. Ch., 467-469)
Quant peut
être
nuancé
par
entrues
que
("pendant
que")
dont
la
cohésion locutionnelle,
quelle qu'en soit l' origineH
est réalisée
dans les premiers emplois.
Les
locutions
concurrentes
de
ce
quant se
rencontrent
chez
nos
auteurs du XIIe siècle : dementres que (Ch. Ch., 1 fois ; Yvain,
2
44. Paul llbs, OP. cit .• p.296.
- 449 -

fois; Perceva1, 1 fois; endementiers que <Cbarroi, 1 fois; Cb. Cb.
1 fois ; Perce val , 1 fois ; Es,t.
Graal, 1 fois ; Prise d'Orange, 1
fois) ; endementres que <Renart, 2 fois) ; entrues que et que que.
Notons
qu'aucune
de
ces
conjonctions
ne
fonctionne
en
système
corrélatif.
La relation de postériorité peut être expriaée par quant
Quant il orent assez mangi~
dui lit furent aparei11i~
en une sale baut et lonc.
<Cb. Cb., 459-461)
Plusieurs locutions composées de que remplacent quant pour exprimer
la postériorité immédiate: maintenant que <Cb. Cb., 10 fois,
Yvain,
8 fois ; Perceva1, 2 fois) ; il est six fois en corrélation avec si
des que <Lais de Marie de France, 5 fois; Erac1e, 9 fois
Béroul, 3
fois ; C1igès, 3 fois ; Ch. Cb., 3 fois ; Yvain, 17 fois
Perceva1,
3 fois)
; i l se trouve deux fois en corrélation avec si
puis que
<Lais de France, 3 fois; Erac1e, 1 fois
C1igès, 1 fois
Ch. Ch.,
5 fois; Yvain, 1 fois; Perceva1, 1 fois
Renart, 4 fois).
Le système corrélatif puis .•. que ne se relève qu'une seule fois dans
le Chevalier de la Cbarrete :
Et di t : "Ja Dex puis ne me doin t
joie, que je la li randrai.
<Cb. Ch., 1716-17)
La relation d'antériorité est exprimée comme au XIe siècle par ainz
- 450 -

que
(141
fois)
et
ainçois
que
<39
fois),
exceptionnellement
disjoints
Ainz fu morz Charles que il fust repairiez.
( Cour., 242)
Mes molt orent einçois deroz
Les blancs haubers, et desmailliez,
Et porfanduz, et detailliez
Les escuz, et les hiaumes fraiz,
Que parole fust de la paix.
(Cligès, 4890-94)
Ou'ainz la pert cil qui plus la garde
que cil qui ne s'an done garde.
(Ch. Ch., 4761-62)
Tant ..• que
disjoint
est
encore
très
fréquent
au
sens
ambigu
(conséquence ou "jusqu'au moment 06") :
Si demora tant delez li
qu'il s'oblia et endormi.
(Yvain, 51-52)
rant ad cele dolur tenue
Que la neifs est a port venue.
(Guigemar, 629-630)
(voir aussi Yvain, 1249-50 ~ 2541-43
2829-32, etc.)
- 451 -

'. ~
parfois même dans un sens exclusivement temporel
(Yvain,
2678-79
2706 .•. ) .
,.
Mais la forme tant que juxtaposée est maintenant constituée
Un peti t les ont aloigniees
tant que par les quamois les tienent
( Yvain, 2250-51)
(voir aussi Yvain, 2478-79 ; 2681
4247
4341
4853-54, etc. )
Mais d'autres conjonctions déjà accolées rivalisent avec ainz que et
tant que:
devant ce que,
devant que,
avant que,
tres que,
desi
que,
XIIIe siècle.
10 Rapport de simultanéité.
Villehardouin
use de
quant plus
que
toute autre
conjonction
(48
emplois). On a vu qu'il reste fidèle à l'archaïque com (8 emplois) et
à ses dérivés si com (2 fois) et tant com (1 fois). Une seule fois,
pour marquer une nuance d'aspect (procès inscrit dans la durée d'un
autre), i l recourt à endementiers que, au sens de "pendant que" (f
81, 1).
Aucassin
se
distinque
au
contraire
par
la
variété
du
matériel
locutionnel,

l'on
retrouve
entruesque
(XVIII,
9)
et

apparaissent quoique :
- 452 -

.. ~
Quoi que li teste estoit plus plaine, et Aueassin tu appoii~s a
une puie tos dolans et tos souples.
,.
(Aue., XX, 12-13)
et aussi la u :
La
u
Aueassins
et
Nieolete
parloient
ensemble,
et
les
esear~aites de la vile venoient tote une rue
(Aue., XIV, 23-24)
Si est tille au roi de Carta~e, qui le prist la u Aueassins tu
pris.
(Aue., XL, 6-7)
emplois temporels d'un système corrélatif d'abord spatial:
Si
ala
vielant par le
pais
tant
qu'ele
vint
au
castel
de
Biaueaire, la u Aueassins estoit.
(Aue., XXXVIII, 21-23)
Notons que tous ces emplois se relèvent dans les parties en prose.
Les vieilles locutions endementiers que (2 fois)
et endementres que
(7 fois)
se maintiennent dans
la
Queste,
à côté
des
conjonctions
dérivées de comme (cf. 4.4.1.) et des 921 emplois de quant:
Et
ende.entiers
qu'il
parloient
einsi,
si
entrerent
laienz
trois nonains qui amenoient devant eles Galaad.
(Queste, 2, 21-22)
(voir aussi Queste , 42, 15)
- 453 -

EDde.elltres qu'il disoient ces paroles, si oirent une voiz qui
dist :
/
(Queste, 268, 10-11)
(voir aussi Queste, 5, 11 ; 7, 19 ; 89, 31
112, 5
176, 28
237,
11) •
Notons qu'à l'exception des exemples ~ 15 et 112, 5 ces locutions
ont pour corrélatif l'adverbe si.
L'auteur de Guillaume de Dole se contente de si com, de tant com et
de quant.
Courtebarbe
emploie
4
fois
quant
et
le
nuance
de
entrues
que
(="pendant que"). Il exprime la succession immédiate par tantost com,
tantost que, esraument com (="aussitôt que") cf.4.4.1.
Rutebeuf, on l'a vu, a doublé tantost com de tantost que (cf. 4.4.1.)
et
lors . .• quant
de
lors ... que
(cf. f 4.4.2.)
la
forme
conjonctionnelle lors que se rencontre 4 fois (V, 45
Z, 118 ; AE,
272-273 ; AT, 1874), acceptant comme quant le corrélatif si
Et lors que li cors se devie,
Si trueve l'arme tant a faire
Que je nel porroie retraire.
(Rut., AE, 272-274)
Il reprend les vieilles conjonctions dementieres que (AT, 1215) et
endementre que (AS, 921) et recourt au système relatif au temps que
(H, 1 ; S, 29) nettement analysable.
- 454 -

' ..~
Adam le Bossu se contente également de peu, mais abandonne le vieux
matériel: à part quant, i l n'emploie que si que (649) et tantost ke
i
(737 : 752)
Jean de Keun, aussi conservateur que Jean Renart, emploie si com et
tant com (cf. 4.4.1.) à côté de quant dont il fait grand usage; il Y
ajoute une fois la vieille conjonction endementiers que (14616-617).
Le record de l'uniformité revient à l'auteur de la Chastelaine de
Vergi, quant (37 occurrences) exprime seul la simultanéité.
Un souci de
précision fait
employer
3
fois
endementiers que par
l'auteur de Jehan et Blonde,
roman où domine largement quant (170
occurrences). L'emploi de tant que pour tant com signalé plus haut
(cf. 4.4.1.) est une audace isolée (il faudrait étudier les variantes
des amnuscrits). Une construction relative clairement analysable est
employée au vers 4349 pour définir étroitement un repère temporel
Droit en ce point c'a la mer vinrent.
(Jeh. et Bl., 4349)
Joinville, à côté de quant très largement majoritaire (370 emplois),
emploie
-pour
traduire
la
simultanéité-
endementieres
(ou
endementires
ou
ende~ers)
que
(6
fois),
endementres
que
(11
fois), et, nouveau venu, maintenant que (11 fois), dont les éléments
sont certainement conçus séparément. On y relève 7 fois en ce point
que, au sens de "pendant que" :
- 455 -

'. ~
BD ce point que le roy estoit en Acre, envoya le roy querre ses
freres.
i
(Joinville, 170, 6)
La fréquence de cette suite de mots, ainsi que l'altération du sens
oriqinel (car il ne s'aqit plus d'un"point" dans le temps) permettent
,.
d'y voir une locution conjonctive.
20 Rapport de postériorité.
La relation de postériorité a toujours pour expression principale la
conjonction
quant
suiv~ d'un
temps
composé.
Quelques
locutions
conjonctionnelles
de
type
adverbe
+
que
apportent
variété
et
précision.
Villehardouin se contente presque de quant (cf. 4.4.2.) ; il recourt
une fois à puis que (q 128, 12), au sens de "depuis que"
et l'on
relève au § 27, 12, un emploi paradoxal de des que au sens d '''~
que" ; leçon très douteuse suivie par Faral là où d'autres manuscrits
ont jusque a tant que ou devant (chou) que :
Et nos conmanderent que nos vos enchaissiens as piez et que nos
n'en 1eveissiens des que vos ariés otroié que vos ariez pitié
de la Terre d'outremer.
(Villeh., f 27, 11-14)
(On peut supposer que le copiste a sauté un que restrictif devant des
que) .
Dans
Saint
Eustache,
on
relève
apres
que
(533
641
1329
- 456 -

"
,~
1418 : .•. ) et des que, en corrélation avec tost (781-782) : dans la
Queste, on relève des que (89, 17) : des lors que (62, 4
133, 23)
i
puis que (77, 4 : 111, 5 : 115, 4 : 123, 21 : 123, 22
125, 27
147,17: 151, 20: 152, 10: 157, 26: 250, 32-33: 44, 22: 215,
30) :
lors
que
(75,
5)
apres
ce
que
(35,
8)
et
le
système
corrélatif puis ... que :
Et Messires
Gauvains lor demande
comment il
l'ont
puis let
qu'il se partirent de la cour.
(Queste, 4, 27-28)
Dans
Guillaume de Dole,
on relève
des que (1335-37)
et
puis que
(967-968).
Dans Aucassin, on ne rencontre que puis que (XIV, 6).
Rutebeuf emploie des que (2 fois),
puis que (6 fois), et aussi lors
que (Z, 97 : AT, 283 : AT, 430) et apres ce que (H, 118-120 : R, 47 :
L, 119).
A part
quant,
on ne se rencontre que puis ke dans la
Jeu de la
Feuillée.
Jean
de
Keun
emploie
des
que
(10009;
10403:
16246),
puis que
(8768 : 13202), des lors que (9952 ; 10230) et
des que lors (10207),
variante attestant pour des lors que une imparfaite lexicalisation.
Dans Jehan et Blonde, la seule locution de postériorité est puis que
(4 emplois).
- 457 -

' ..~
;;...
Joinville emploie, outre quant, puis que (4 fois), des que (4 fois),
apres ce que (29 fois).
"
3° Rapport d'antériorité:
La relation d'antériorité a pour expression la plus commune tant que
(d'origine consécutive).
Villehardouin qui l'emploie 9 fois, use aussi de ainz que (2 fois),
devant ce que (2 fois) dont une fois suivi de si (9' 73, 1), trosque
adoncque (~63, 6;{ 187,3)
L'antériorité ne se présente pas dans Aucassin.
Dans Courtois d'Arras, tant ke se lit 3 fois, ainz ke 2 fois, anchois
que 1 fois.
Dans la Queste, on rencontre 8 fois ainz que, 6 fois ainçois que, 3
fois devant ce que,
29 fois devant que,
2 fois
avant que,
7 fois
jusqu'a tant que.
Dans Guillaume de Dole, on relève 17 fois ainz que, 12 fois ainçois
que, 1 fois avant que.
La palette de Rutebeuf est assez riche
ainz que (8 fois)
et le
système
originel
ainz . . . que
(2
fois) ,
avant
que
(7
fois)
et
le
système originel avant ... que (l fois),
ainçois que (4 fois) , devant
que
(2
fois) ,
tant que reste fréquent
(10
emplois),
mais il est
concurrencé par jusqu'a tant que (2 fois) ,
jusqu'a ce tens que (2
fois).
- 458 -

'. ~
Dans le Jeu de la Feuillée,
on rencontre 2 fois
ains que,
1 fois
ancbois que, 1 fois tant que et 1 fois avant que.
Chez Jean de Meun, ainz ••. que se présente une fois (14998-999)
Ainz sera venuz li deluiges
qu'il isse mes de nostre tour
(Rose, 14998-999)
ainz que 23 fois,
ainceis que 4 fois,
devant que 2 fois et jusqu'a
tant que 6 fois.
C'est à peu de chose près
l'usage relevé dans
Jeban
et Blonde :
ainz ... que (1 fois), ains que (16 fois), ançois que (6 fois), devant
que (9 fois), dusk(esJ a tant que (5 fois), avant que (3 fois).
Enfin Joinville, emploie 21 fois
tant que au sens temporel, mais 27
fois jusques a tant que, et une fois jusque alors que (102, 22); 1
fois ainçois que (100,
29-30), 37 fois avant que et 1 fois devant
que.
Dans le matériel foisonnant
des locutions temporelles relevées au
XIIIe siècle,
très peu apparaissent sous forme disjointe : à part
puis ... que, une fois,
dans la Queste, on a pu noter lors •.• que (1
fois),
chez
Rutebeuf,
avant ... que
(1
fois)
chez
le
même
auteur,
ainz ... que chez Rutebeuf, Jean de Meun et dans Jeban et Blonde, trois
oeuvres poétiques.
Apparemment,
le
matériel
nouveau
se
forme
par
analogie,
avec
juxtaposition
immédiate,
plutôt
que
par
lent
resserrement
des
- 459 -

"
~
systèmes corrélatifs.
XIVe' siècle.
A côté de quant très largement dominant, on relève au XIVe siècle
dans l'expression de la siaultanéité ou de la succession immédiate
des conjonctions bien soudées dont les éléments n'apparaissent plus
séparés: lors que (Esp. am., 3005 ; 3128 ; 3562 ; 4043 ; absent dans
les Chroniques et dans Hélusine) ; ensi que, héritier du sens de si
com disparu (Esp. am., 391 ; 2626 ; 3377-78) ; entrues que (Chron.,
245,
19) ;
incon tinen t
que
(Chron. ,
323,
5-6) ;
en
ce
temps que
(Chron., 305, 1 ; 317, 11-12). Rappelons si tost que, si trestot que,
tantost que mentionnés plus haut (cf. 4.4.1.).
L'auteur de Hélusine use deux fois de endementiers que (60, 23
127,
5)
:
Hais ende.entiers que ilz estoient en leur greigneur soulaz,
vint une galyote au port, qui venoit de Rodes.
(Hélusine, 127, 5-6)
Pour l'expression de la postériorité, nous relevons quant, apres que
(Chron., 221, 22 ; 309, 11)
apres ce que (Chron., 311, 19) ; depuis
que (Chron., 275, 4 ; 325, 4 ; Hélusine, 26, 36 ; 76, 34
77, 31 ;
77 ,
32 ;
107,
31) ;
puis que
(Hél usine,
94,
28-29) ;
alors
que
(Hélusine, 21, 34) ; des lors que (Esp. am., 145) ; long tamps a que
(Esp. am., 3092).
Il n'y a aucune innovation pour l'expression de l'antériorité
ains
- 460 -

que
(Esp.
alll. ,
601 ;
1630;
2318;
Mél usine,
62,
21 ;
80,
27)
aincbois que (Esp.
alll.,
2405 ; 2478 ; 3199-3200 ; Cbron., 196, 11
i
209, 18 ; 211, 12 ; 234, 14 ; 238, 21 ; 285, 9 ; 306, 16
Mélusine,
56,
11;
72,
6;
93,
35) ;
Avant que
(Cbron.,
268,
12
320,
3
Mélusine, 46, 11 ; 63, 25-26 ; 74,
5
101, 22 ; 106, 1 ; 106, 25
110,
13 ; 112,
9 ; 115,
4 ; 120,
8)
jusqu'a
tant que (Esp.
alll.,
2030 ; 4167 ; Cbron., 214, 10 ; 218, 18 ; 295, 13).
IVe siècle.
L'expression de la siaultanéité
(ou de la succession immédiate)
se
fait chez Alain Chartier au moyen de lors que (5,
29 ; 9, 19 ; 25,
19 ; 38, 1 ; 57, 1),
tandis que (7, 1), si tost que (25, 21) ; chez
Villon au moyen de lorsque et
tant que;
chez Commynes au moyen de
tandis que (54,
12),
cependant que (79,
25),
durant que (243,
24),
ausst~ost que (167, 9). Aucun système corrélatif ne se relève.
Nous
n'avons
pas
relevé
non
plus
de
systèmes
corrélatifs
dans
l'expression de la postériorité,
sauf
peut
être puis doncques que
chez Chartier (15, 13). Les conjonctions toujours soudées sont apres
ce
que,
des
que,
des
ce
que,
apres
que,
depuis
que.
Une
autre
exception
se relève
chez Commynes :
la
sui te
depuis
le
telllps
que
(135, 7) est analysable.
Dans
l'expression de
l'antériorité,
les
conjonctions sont
toujours
soudées :
ains que est employé par Alain Chartier et Villon ;
avant
que se rencontre chez Alain Chartier, Villon et Commynes; Commynes
use de devant que (193,
6) ;
devant ce que suivi du subjonctif se
- 461 -

'. ~
relève chez Chartier
(23,
7) 1 de même que jusqu'a ce que suivi du
passé simple
(44,
3-5) ; enfin Commynes use de
paravant que (117,
,.
24-25).
XVIe siècle.
Nous rencontrons
les mêmes conjonctions qu'au XVe siècle.
Nous ne
nous arrêterons donc que sur
les cas qui
méritent un commentaire
particulier.
Pour l'expression de la siaultanéi té, Clément Marot emploie lorsque
en corrélation avec lors
Et lors que plus Jalousie se fume,
Lorsque Danger plus sa cholere allume,
Et que Rapport plus se mect à blasmer,
Lors se doit plus Vraye Amour enflauer.
(Marot, Elégies, VIII, 39-42)
Ronsard et Agrippa d'Aubigné emploient
tout soudain que, le premier
en corrélation avec
tout soudain, le second en corrélation avec et
lors
Mais, Pere, tout soudain que la terre nouvelle
Sentit tes pieds divins, qui marchoyent dessus elle,
Miracle ! tout soudain, fertile, elle produit
La vigne hérissée en fueilles et en fruit.
(Rons., Saisons, 176, 74, 18-21)
Puis après, tout soudain que ta face changee
- 462 -

Abandonne sans coeur la bande encouragee,
Et lors, pour essayer ces hauts et braves coeurs,
i
Laisse-les chatouiller d'ongles de massacreurs,
(D'Aub., Tragiques, V, 145-148)
XVIIe siècle.
Aucun fait nouveau ne se relève au grand siècle. Nous rencontrons
essentiellement
les
mêmes
conjonctions
qu'au
siècle
précédent.
Lorsque peut toujours exprimer la simultanéité :
Toutes ces considérations tenaient tout le monde en haleine,
pour apprendre en quoi consistait donc cette diversité, lorsque
cette censure si célèbre et si attendue a enfin paru après tant
d'assemblées.
(Pasc., Prov., 56, 17-20)
Tandis que, sitôt que, aussitôt que, etc. peuvent s'employer dans la
même fonction :
Car
aussitôt
que
l'Evangile
parut,
les
persécutions
s'élevèrent.
(Boss., Sermons, 20, 12-13)
Après que,
dès que, maintenant que,
depuis que, etc. expriment la
postériorité :
Après qu'ils furent sortis, elle fit retirer tout le monde et
appeler Mme de Clèves.
(La Fay., Clèves, 67, 32-34)
- 463 -

.. ~
Les conjonctions avant que, devant que etc. expriment l'antériorité.
i
Le XVIIe siècle ne présente à ce niveau aucun système corrélatif. Il
s'agit toujours de systèmes bien soudés dont la valeur locutionne11e
ne fait aucun doute.
- 464 -

. '
4.5. Systèaes hypothétiquet.
La conjonction se peut
constituer
,
un système corrélatif redondant
avec un adverbe comme or,
lors,
dune,
si etc., signifiant "alors",
"dans ces conditions".
Ce
système
se
rencontre
apparemment
sous
la
forme
conjonction
(..'Iadverbe comme on le verra dans la IVe Partie.
Hais
sous
la
forme
inverse
qui
est
l'objet
de
l'étude
de
ce
paragraphe,
on est
frappé par la rareté des cas où i l peut être
reconnu.
L'examen de la Vie de Saint Alexis montre bien comment se pose le
problème: sur les 10 emplois de se conjonction de condition qu'on y
relève (60 ; 100 ; 202 ; 203 ; 205 ; 253 ; 473
486 ; 495), neuf
fois la proposition conditionnelle est placée en tête de phrase, ce
qui exclut la présence, avant se d'un adverbe corrélatif
S'or ne m'en fui, molt criem que ne t'en perde.
(Alexis, 60)
Dans les neuf cas de ce type, la conjonction se est suivie d'un mot
tonique requis
par
la loi de Thurneysen
(car
une
conjonction ne
suffit pas en position 1) ; ici c'est or, ailleurs lui (100),
tei
(202),
etc.
Un
adverbe
corrélatif
peut
figurer
en
tête
de
la
principale, mais il fera suite à la subordonnée, et relèvera donc du
schème IV (IVe Partie) :
S'il nos font presse, donc en ermes delivre.
(Alexis, 525)
- 465 -

Une fois seulement, la subordonnée suit la principale
Il nem faldrat, s'il veit que jo lui serve.
,.
(Alexis, 495)
La loi de Thurneysen est satifaite par l'expression du sujet il en
tête de
la principale,
et
non
par
le
recours
à
quelque
adverbe
corrélatif.
Le schème adverbe ... / se n'est
jamais représenté non plus dans
la
Chanson de Roland, où l'on compte 67 fois se (dont 6 fois sous la
forme si). En fait, dans 13 cas seulement, la subordonnée fait suite
à
la principale:
c'est
seulement
dans
ces 13 cas qu'un
adverbe
corrélatif aurait pu précéder la conjonction.
A toute
époque
il
s'est
trouvé
des
oeuvres

aucun
adverbe
corrélatif
n'a
été
relevé
devant
se.
c'est
le
cas
des
textes
suivants: Charroi de Nimes (41 se), Roman de l'Estoire dou Graal (83
se), Aucassin (64 se), les Trois Aveugles de Compiegne (5 se), le Jeu
de la Feuillée (33 se), la Chastelaine de Yergi (30 se), Joinville
(218 se),
Villon
(85
se),
Commynes
(97 se ou si). Aucun adverbe
corrélatif précédant se ne se rencontre aux XVIe et XVIIe siècles, si
ce n'est dans un vers de Ronsard qu'on lira plus loin.
Dans les textes où nous avons relevé le schème Adverbe ... / se,
le
nombre des cas est toujours faible, allant de 1 (dans Couronnement de
Louis, Marie de France, Villehardouin, Courtois d'Arras, Guillaume de
Dole, Mélusine, les Chroniques de Froissart, le Quadrilogue invectin
à 12 (dans Cligès, sur 270 se) ; mais le nombre de se placés en tête
- 466 -

'. -!
de la phrase est en moyenne de 4/5 des totaux notés.
Même si l'on tient compte de cétte correction, le faible nombre des
adverbes relevés permet d' affirmer qu'il n'a existé en français,
à
aucune époque, de système corrélatif de type adverbe .•• lse. Cela ne
peut nous empêcher de rechercher s'il n'existe pas, comme pour quant
( ~ 4.4.2.) des affinités entre se et certains adverbes.
Ja .. . Ise
Ja ... se
se
rencontre
dans
le
Couronnement
de
Louis
(226-227),
Guigemar (647-650), Deuz Amanz (122-124), Erac1e (2727-28
4865-66),
Béroul
(3454-55;
3476-79),
C1igès
(919-920;
1385-86;
2142-43
3370-71
5293-94
5297-98
5542
5841-42) ,
Yvain
(1235-36
5596-97
6732-33),
Ch.
Ch. (2159-60),
Perceva1
(5551-54),
Renart
(112-113),
P.
OR.
(265-266),
Dole
(4908-09),
Rose
(14105-106
15621-622), Jeh. et B1. (4996-97 ; 5791-93), Nicolas (781-782).
A l'exception
de
deux
cas
(C1igès
3370-71;
Dole,
4908-09),
ja
précédant se est en tête d'une principale négative comme dans ces
vers du Couronnement de Louis :
Ja n'en avra vaillant quatre deniers,
$'i1 ne l i done de gré et vo1entiers.
(Cour., 226-227)
Dans la majorité de ces cas la proposition conditionnelle aussi est
négati ve, comme au vers 227 de notre exemple. Il semble donc qu'on
puisse
établir
sur
ce
peu
d'exemples
relevés
une
tendance
à
la
création d'un système corrélatif:
- 467 -

Ja •.. ne •.• Ise ..• ne .••
Un rapport condition/conséquenc~peut lier deux faits positifs
Si tu y vas, j'y vais.
Si tu y vas exprime une condit ion suffisante, mais non nécessaire,
car il est possible que l'on pense (ou que l'on dise)
Si tu n'y vas pas, j'y vais quand même.
Si l'on veut spécifier que la condition est nécessaire (et non pas
seulement suffisante), on dira:
Si tu n'y vas pas, je n'y vais pas.
La
double
négation
(dans
la
protase
et
dans
l'apodose)
est
une
modalité du système hypothétique que l'ancienne langue exprimait par
ja ... ne •.• lse ... ne;
cette
corrélation
exprime
la
condition
nécessaire. Les exemples suivants vérifient cette interprétation :
Ja ne prendra femme a nul jur,
Ne pur aveir ne pur amur,
S'ele ne peüst despleier
Sa chemise sanz depescier.
(Guigemar, 647-650)
Ja ne me tienge Dex en sens,
Se vois encontre Goudoine,
Se de ma grant lance fresnine
Ne pasent outre li coutel.
(Béroul, 3476-79)
- 468 -

'. ~
On relève pourtant (en moindre quantité) des cas où Ja ne est suivi
d'une conditionnelle positive:
i
Ja ceste ne s'en tust clamee,
Se tait l'eüst ; ...•
(Renart, 112-113)
r Jamais Hersent, quant à elle, ne se serait plainte que Renart
l'eût prise par amour].
Ici la corrélation est entre en et se relevant du schème ce •.. que (le
Partie).
Ja voir par toi conquis ne tust
mes sires, se veü t'eüst
( Yvain, 1235-36)
rJamais mon époux n'aurait été vaincu par toi, s'il t'avait
vu).
Ja n'i avroit rien mesconté
s'il pooit issir de 1eanz.
(Yvain, 5596-97)
[le lion saurait payer le service que lui a rendu Yvain, s'il
pouvait sortir de la chambre où on l'a enfermé].
Dans ces trois passages, le système hypothétique est du type irréel
-ce qu'exprime l'iaparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif, ou
le
système
nouveau
conditionnel/iaparfait
de
l'indicatif.
La
- 469 -

'. -~
subordonnée exprime une condition suffisante : i l suffirait que le
lion sorte, il aurait suffi que le défenseur de la fontaine vit Yvain
,.
pour qu'une conséquence ne se produisit pas: la défaite d'Yvain, la
victoire d' Yvain ; i l aurait suffi que Renart possédât Hersant par
amour pour que celle-ci ne s'en plaignît pas.
Ainsi,
l'emploi
de
ja ... nelse ... (ne) ...
nous
apparaît
lié
à
des
conditions
contextuelles
très
spécifiques,
exprimant
soit
la
condition nécessaire dans l'avenir, soit la condition suffisante dans
l'irréel. Ces contraintes contextuelles sont assez fortes pour que
nous
puissions
parler
d'une
corrélation,
d'ailleurs
vouée
à
disparaître avec l'adverbe ja.
2° Or (lors) ... Ise.
Or ... se se relève dans Eracle (1298-99), Cligès (2509-10 ; 3584-85 ;
3718 ; 6354-55), Ch. Ch. (1531-32 ; 3990), Yvain (1690-92), Perceval
(654-655) ,
Renart
(289-290 ;
700-701)
P.
OR.
(210-211),
Villehardouin ({84, 5-6), Queste (178, 10), Courtois (402-404), Dole
(5589-90),
Rutebeuf
(E,
28-29) ,
Nicolas
(1131-32) ,
Pathelin
(832-833 ; 1307-09 ; 1427-28), Ronsard (Amours, XLIII, 214, 13-14).
Or apparaît presque aussi souvent que ja en tête d'une principale
sui vie de se :
Dex, ci voi ge vostre meison !
Or feroie je mesprison
se aorer ne vos aloie.
(Perceval, 653-655)
- 470 -

' ..~
:.\\
Perceva1, prenant un abri champêtre pour une chapelle, pense qu'il se
conduirait
mal
s'il
n'y
entrait
pour
adorer
le
seigneur.
Or,
i
signifie: "dans la situation 06 je suis", en référence avec le décor
et sans corrélation avec se.
Mes or verrai que vos feroiz :
or i p4cra, se preuz seroiz,
or le verrai, or i parra,
se vostre conduiz me garra.
(Ch. Ch., 1529-32)
La demoiselle qu'accompagne Lancelot voit approcher un chevalier qui
prétend avoir des droits sur sa personne,
et qui ne manquera pas
d'attaquer
son
compagnon
fMaintenant
on
va
voir
si
vous
serez
preux, maintenant je le verrai, on le verra, si votre conduite me
protégera].
Ici
encore,
or
fait
référence
à
la
situation,
indépendamment
de
se,
qui
n'est
même
pas
conditionnel
puisqu'il
introduit plutôt une subordonnée interrogative. Au premier vers, or a
le même sens, dans une phrase sans se.
Or estoit bien Renart cheü,
se Diex li eüst porveü.
(Renart, 289-290)
rA ce moment-là, Renard aurait eu de la chance, si Dieu l'avait
voulu pour lui].
Le procès tournait en faveur de Renard, qui s'en serait tiré à bon
compte,
si Chantee 1er et Pinte ne devaient présenter une nouvelle
- 471 -

accusation.
Or
fait
encore
référence
à
la
situation
précédemment
définie, et non à la condition exprimée au vers suivant.
i
Dans tous les emplois de or •.• se relevés,
or réfère à la situation
définie par ce qui précède, et non à la condition exprimée par se.
Aussi,
serait-il
imprudent
de
tenir
or• .. se
pour
un
système
corrélatif.
Lors ••• se se lit dans la Queste de1 Saint Graal (81, 12-14), Rutebeuf
(AH, 104-105), Rose (8650 ; 9821-22)
Dans ces deux vers :
Lors face d'amors la besoigne,
s'il veust que e1e l i pardoigne.
(Rose, 9821-22)
Jean de Keun vient d'énumérer les moyens qu'un amant doit employer
pour
rassurer
son
amie
lorsqu'elle
a
appris
qu'il
la
trompe.
En
ul time conseil, il lui recommande de lui faire "la besogne d'amour"
s'il veut qu'elle lui pardonne. Le lecteur du texte ne peut songer
une minute à considérer lors ..• se comme un système corrélatif: lors
fait référence à la situation, et l'auteur l'a employé en ce sens au
vers 9792
(lores), au vers 9800 (lors), au vers 9813 (lors),
ces 4
lor(e)s, en corrélation sans doute les uns avec les autres, ponctuent
les étapes de la réconciliation ; aucun n'est en associa"tion avec une
proposition conditionnelle ; le dernier en est seulement suivi.
Dans l'exemple de la Queste,
lors peut passer pour corrélatif du se
- 472 -

'. ~
',~I
suivant;
mais
on
peut
aussi
estimer
qu'il
fait
référence
à
la
proposition précédente :
,.
Par Dieu, let ele, je voldroie molt qu'il vos eust trové, car
lors seroie je aeise se vos estiez ensemble.
(Queste, 81, 12-14)
Dans l'exemple de Rutebeuf, Julia Bastin en note (Tome 1, page 530),
estime que lors est en relation avec la proposition conditionnelle,
et non avec ce qui précède :
Lors sont il viste et prunte et entre
s'il ont que metre ;
(Rut., AH, 104-105)
[S'ils ont de quoi dépenser, alors ils sont ... ]
Dans l'exemple du Roman de la Rose (8650), le verbe pert est usité
comme dans
le
texte
du
Chevalier de
la
Charrete ci té
plus haut
(1529-32):
il
introduit
une
proposition
interrogative,
et
une
corrélation lors ... se est exclue.
30
Si .. . Ise.
si ... se se relève dans
Erac1e
(3736-37),
Rutebeuf
(J,
70-72 ; Q,
48-50 ; AM, 135-136), Rose (10508-509 ; 11136), Jeh. et Bl.
(3805),
Frois., Esp. am. (1401), Kélusine (71,1-2).
Dans
l'exemple
d' Eracle et
chez
Rutebeuf
(J,
70-72),
comme dans
Kélusine, si parait bien faire référence à la condition exprimée par
se. Si ... se doit ici être tenu pour un système corrélatif:
- 473 -

' ..~
. '
Si vous pourroient tost porter dommage, se i1z vous trouvoient
desgarny.
(Ké1usine, 71, 1-2)
Les autres emplois de si ••• se satisfont à la loi de Thurneysen.
Donc ••• ISe.
Le système donc ••• se se relève 4 fois
dans notre corpus :
C1igès
(508-509 ~
3859-60),
Perceva1
(p.166,
v.
5-7),
Jeh.
et
B1.,
(1723-24). Dans tous ces emplois dont a le sens temporel (= "alors")
et est en corrélation avec se :
Donc ne fausse ne mesprant mie
C1igès, s'il redote s'amie.
(C1igès, 3859-60)
souvent,
ces
donc
sont
en
même
temps
favorisés
par
la
loi
de
Thurneysen comme en témoignent les trois autres emplois :
Donc porroie je mo1t petit,
Se de moi puissance n'avoie !
(C1igès, 508-509)
Ci ... ISe.
Ci ..• se se relève deux fois chez Rutebeuf (X, 76-77
AV, 113-114)
Ci avra trop grant mesprison
S'a la Sainte Terre failliez.
(Rut., X, 76-77)
Ci a la même fonction que y devant avoir
le verbe avoir dans sa
- 474 -

valeur d"'existence" (il y a des fleurs, du bonheur ... ) appelle un
adverbe de lieu, qui est y ou ci quand le lieu n'est pas indiqué par
i
ailleurs (El pr~ avoit un chesne).
Un rapport corrélatif est possible,
mais il s'agit d'une locution
toute faite ci 1.
Conclusion.
Se comme quant, est une conjonction de sens plein pouvant se passer
de toute corrélation. Elle s'en est passée encore mieux que quant
(qui s'est momentanément associé à lors) : et cela d'autant plus que
les propositions conditionnelles commencent la phrase 4 fois sur 5.
Dans les cas où l'on relève,
avant se, un adverbe en position de
corrélatif,
cet adverbe est presque toujours appelé par la loi de
Thurneysen. Quand cette loi aura cessé de jouer, on ne rencontrera
plus d'adverbe ainsi combiné avec se.
4.6. Conclusion générale.
Il Y a trois cas à distinguer dans cette Ille Partie, selon la nature
de la conjonction :
1° Conjonctions de plein sens: quant, se.
Ces conjonctions expriment à la fois la subordination et la relation
de te.ps ou de condition. De ce fait,
elles peuvent commencer la
phrase et c'est leur position la plus fréquente : en ce cas,
le
schème
III
est
exclu.
Elles
n'ont
guère
besoin
d'un
complément
sémantique. Lorsqu'elles sont en tête d'une subordonnée postposée à
- 475 -

la principale, et qu'un adverbe commence la principale, cet adverbe
est toujours suspect de répondre à la contrainte de Thurneysen. En
,.
tout cas, les systèmes corrélatifs qu'on peut voir là sont toujours
de très basse fréquence, et n'ont jamais abouti à une locution.
2° Conjonction comme :
Indiquant à la fois la subordination et la relation de coaparaison,
comme peut commencer la phrase, mais ce n'est pas sa position la plus
fréquente, car la proposition principale contient souvent un adverbe
ou un adjectif indiquant sur quoi
(quantité,
qualité ••• ) porte la
comparaison. Ainsi, se sont constitués des systèmes adverbe •.. / comme
qui ont tendu au resserrement et ont abouti à plusieurs locutions
conjonctives. Dans ces locutions, le sémantisme comparaison a gagné
par redondance l'adverbe, et par contrecoup la conjonction, réduite à
la fonction subordonnante, a pu être remplacée par que.
3° Conjonction que :
Le
français
a
reçu
en
héritage
du
latin
plusieurs
locutions
conjonctives
terminées par
que,
pure marque
de
subordination.
De
nombreux adverbes ont été,
sur ce modèle,
combinés avec
que pour
donner
soit
des
systèmes
corrélatifs

ils
exprimaient
spécifiquement
une
relation
logique
(temps,
cause,
etc.),
soit
directement des locutions conjonctives à termes inséparables.
- 476 -

,
'. -.
,.
QUATRIEME PARTIE
SYSTEMES conjonction (ou relatif) (... )jadverbe

_,1
QUATRIEME
PARTIE
5. Systé.es COIJOICTIOI (ou relatif) ( ••• )/lDVERBI
5.1. Principes de définition.
Le schème étudié dans cette IVe Partie est, formellement, l'inverse
du schème étudié dans la Ille Partie, et quelques-uns des systèmes
rencontrés là se retrouvent ici, inversés
comparer:
Si est plus tormentee en soi
quant li ramembre de se foi.
(Eracle, 3365-66)
Mais quant il ont cesti veüe,
si se prendent tuit a segnier.
(Eracle, 1054-55)
Lors primes sevent c'ont eü
quant en povreté ont geü
(Eracle, 4787-88)
Quant il est montés dusqu'en som,
lors premers pert, s'il est preudom
(Eracle, 2001-02)
Ja ne vos iert vostre droiture
tolue, quant vos l'i avroiz.
(Ch. Ch., 1600-01)
- 477 -

' ..~
. '
Qant an ma cort vos estes mis,
ja n'an departiroiz mon vuel.
i
(Perceval, 4540-41)
Mais cette reversibilité s'observe dans très peu de cas. En effet:
1° Elle est exclue pour les systèmes corrélatifs dont le second terme
est la simple conjonction que (cf. 1.3.1°).
2° La relation consécutive,
même après
la naissance de
locutions
comme si que, parait incompatible à toutes les époques de la langue
avec l'ordre conséquence-cause.
3° On a vu en 4.5. que la conjonction se est rarement précédée d'un
corrélatif .
4° Un système corrélatif a souvent un sens différent dans un ordre et
dans
l'ordre
inverse;
par
exemple,
si ... cum
est
comparatif
et
cum ... si
est
temporel
dans
les
vers
de
Roland
(3110)
et
du
Couronnement de Louis
(968)
cités en 1.3.
l'adverbe
si employé
devant
un
impératif
ou
un
subjonctif
après
une
proposition
subordonnée
est
souvent
une
marque
de
la
modalité
volitive,
corollaire
du
mode
qui
suit
plutôt
que
de
la
conjonction
qui
précède :
Se je vos ment, si me pendez.
Béroul, 4276)
Et quaDt la mort venra, si vaigne.
(Jeh. et Bl., 585)
- 478 -

" :t
Alors que la corrélation dans les systèmes du Ille type est souvent
un lien contraignant, une obligation grammaticale, elle est toujours
i
facultative dans le IVe type.
Si, dans le Ille type, on a pu faire état de plusieurs preuves de
corrélation
(resserrement
aboutissant
à
la
locution
conjonctive,
substitution de que à come et à quant cf. 4.6.), il n'existe pas de
critère pour décider si un système conjonction (... ) /Adverbe est ou
n'est pas corrélatif.
On présumera corrélatif tout adverbe figurant dans une proposition
principale postposée à une subordonnée si son sémantisme ne fait que
répéter ou nuancer le sémantisme de la conjonction subordonnante.
Le type le plus clair est réalisé quand le même adverbe figure dans
la conjonction suivie de que,
et constitue le second terme de la
corrélation
Ainsi que dans ceste eau de l'eau mesme je verse,
Ainsi de veine en veine Amour, qui m'a blessé,
Et qui tout à la fois son carquois me renverse,
ün bruvage amoureux dans le coeur m'a versé.
(Rons., Amours, Stances V, 309, 5-8)
L'adverbe
ainsi
du
second
vers
n'ajoute
rien
à
la
relation
comparative exprimée par l'élément ainsi de la conjonction ainsi que.
Sa fonction est de résumer la proposition subordonnée précédente en
la représentant dans la principale avec la fonction "complément de
comparaison".
- 479 -

'. '~
Il Y a implication réciproque dans la mesure où ainsi implique la
proposi tion précédente, et ainsi que la proposition suivante. Hais,
,
comme
il
est
dit
dans
l'introduction
(4' 1.3.2°), la principale
pourrait se passer de l'adverbe ainsi:
la subordonnée y jouerait
alors
sans
relais
le
rôle
de
complément
de
comparaison.
C'est
pourquoi le système est facultatif.
La formation est identique dans les systèmes anciens où comme était
le
second
élément
de
la
locution,
après
un
adverbe
exprimant
l'égalité:
si cua li certs s'en vait devant les chiens,
Devant Rollant si s'en fuient paiens.
(Roland, 1874-75)
fant co. .e ele les lui se tient
fant un peu de joie li vient.
(Jeh. etBl .. 663-664)
Elle est identique si au lieu de l t adverbe.
nous avons un groupe
pronominal (cf. IIe Pàrtie. 3.1.) ou nominal:
Pur ço que tud de regal lin
Pur ço entent a noble fin.
(vers
de
Brandans
Seetahrt
cités
par
G. Ritchie.
p.69)
Dans le aêae aoaent que Pierre,
admirant Jesus environné de
lumière,
se veut taire un domicile sur le Thabor,
pour jouir
- 480 -

· - -~
éternellement de sa vue, dans le aëae aoaent, Chrétiens, adbuc
eo loquente,
la
gloire de
Jesus-Cbrist
disparaît,
un
nuage
/
couvre les disciples, d'où sortit cette voix du pere: celui-ci
est mon fils bien aimé ...
(80ss .. Sermons. pp. 79-80)
On rangera dans le même type de formation un système dont le second
élément
est
un
adverbe
synonyme
de
l'adverbe
constitutif
de
la
conjonction :
Car, aussi co. .e l'une maladie atrait
l'autre, ainsi viennent
les afflictions des bommes d'une mutacion.
(Quadr., 30, 13-15)
On y rangera
encore
les
systèmes

l'adverbe
du
second
élément
exprime une idée de relation contenue en amalqame dans la conjonction
précédente;
dans
l'exemple
suivant.
l'idée
de
comparaison
que
reprend
l'adverbe
ainsi
est
contenue
dans
le
sémantisme
de
la
conjonction comme :
Car co. .e les enfants naiscent et croiscent en hommes parfaiz
et puis declinent a viellesce et a mort. ainsi ont seigneuries
leur commencement, leur accroissement et leur declin.
(Quadr., 3, 4-8)
Dans tous les cas précédemment examinés. l'idée de relation ne subit
aucune altération d'un terme à l'autre: la redondance est parfaite.
Mais i l peut arriver que l'adverbe apporte une
précision dans
le
champ de la relation :
- 481 -

Et
quant
le
conte
le
vit
p1ourer,
tantost
1uy
demanda:
"Yeuvain, que vous tau1 t ?",
1
(Frois., Chron., 324, 21-23)
La conjonction
quant exprime l'idée d'un moment,
le plus
souvent
repris par les adverbes si ou lors ; la reprise par tantost spécifie
que la question du comte fait immédiatement suite au repère temporel.
Le système
quant ... tantost exprime en définitive ce que Rutebeuf,
entre autres, exprimait par les conjonctions tantost com et tantost
que :
Li cuens tu tantost chevaliers
Co. i l en tu poinz et mestiers.
(Rut., y, 25-26)
Hais cist l'ocistrent au venir
Tantost qu'il la porent tenir.
(Rut., H, 115-116)
Tiendrons-nous
pour
autant
de
telles
séquences
pour
des
systèmes
corrélatifs?
Ne
faudrait-il
pas
pour
cela
que
la
suite
quant ... tantost
se
présente
souvent,
et
que
1 t adverbe
tantost
apparaisse comme exclusif de la plupart de ses synonymes? Or il n'en
est rien:
la suite en question n'est
nullemnt
fréquente,
et les
synonymes
substituables
à
tantost
sont
nombreux:
aussi
tost,
isnelement, incontinent, sempres ...
On peut parler d'une corr~lation de discours, de création libre, dont
- 482 -

~\\
les dictionnaires et les qrammaires ne peuvent faire état, à côté de
la corrélation de langue, fiqé~enreqistrable au lexique, pourvoyeuse
'"
de locutions. Les systèmes de type IV seraient pour la plupart du
ressort de la première, ceux du type III du ressort de la seconde.
Mais là même où la liberté paraît totale, l'examen révèle parfois des
contraintes:
sur
le
modèle
si
com ... si,
on
a
créé
autresi
com . .. autresi,
ainsi
que . .. ainsi,
mais
on
ne
dit
pas
* tant
que ... tant. ni *bien que ... bien. Entre la liberté et la contrainte,
la
transition
est
insensible
et
les
locutions
lexicalisées
ont
toujours leur source dans des aqencements libres.
c'est pourquoi nous avons relevé. dans notre corpus. mainte séquence
de type IV très éloiqnée de la lexicalisation, du moment qu'elle nous
paraissait offrir,
par l'addition de l'adverbe.
l'expression d'une
nuance relationnelle que la conjonction n'aurait pas suffi à dénoter.
Que l'adverbe soit purement redondant ou qu'il apporte une précision,
on n'oubliera pas que les systèmes de type IV sont tous facultatifs,
et tous plus rares que l'emploi simple de leur conjonction. Quand
aucune précision additionnelle ne justifie leur emploi. les adverbes
des systèmes IV ont pour fonction soit, au Moyen-Aqe, de satisfaire à
la loi de Thurneysen. soit, à toute époque, de clarifier la structure
d'une phrase complexe.
L'inventaire que nous en ferons suivra. comme dans la Ille Partie, un
plan
sémantique
(seul
fécond).
Nous
commencerons
encore
par
les
systèmes de coaparaison, où la dualité des marques s'impose le plus
- 483 -

...~
;.\\
naturellement ; 1d. relation de conséquence,
comme il est dit plus
haut, ne nous fournira rien, non plus que le but, qui épouse souvent
,.
les formes de la conséquence nuancées par le mode verbal ; la cause,
si l'on néq1iqe quelques lourdes répétitions comme pur ço que ... purço
ci-dessus mentionné,
n'apparaîtra pas plus
le teaps fournira
le
plus
qros
continqent
à
nos
relevés,
et
la
condition
sera
plus
favorable aux systèmes IV qu'aux systèmes III.
Nous
ajouterons
la
concession
(ou
opposition),
pour
les
formes
qu'elle
emprunte
soit
aux
systèmes
temporels,
soit
aux
systèmes
conditionnels.
5.2. Systèaes coaparatifs.
Si cu. li cerfs s'en vait devant les chiens,
Devant Rollant si s'en fuient paiens.
(Roland, 1874-75)
Dans ces deux vers de Roland, le second si n'est pas imposé par la
loi de Thurneysen, puisque le complément de lieu Devant Rollant tient
la
place 1 au début de la proposition principale. On peut penser
qu'il est mis
pour compléter le mètre décasyllabique,
mais cette
facilité n'est offerte que dans la mesure où son emploi est justifié
par le sens : il souliqne la similitude entre la fuite du cerf et
celle des païens. C'est un ornement rhétorique.
Au XIIe siècle, un système ana10que n'apparaît que deux fois
Einsi coae d'aucune chose
- 484 -

Ait vers li mespris et forfeit,
Si sanb1e que vergoigne en eit.
i
(C1igès, 4254-56)
AiDsi co. andui s'en a10ient
Plus hisne1ement qu'il pouoient,
Nychomedus si s'en entra
(Est. Graal. 519-521)
encore présente-t-il dans le second de ces emplois, un sens temporel,
et non comparatif.
D'autres
systèmes
comparatifs
apparaissent
au
cours
du
siècle.
substituant à si un de ses dérivés
(autresi,
ausi,
einsi) marquant
mieux la relation de comparaison et pouvant être renforcé par tout,
comme il a été vu dans l'étude de la Ille Partie:
Tot autresi con l i solauz
Estaint les estoi1es menues,
Que la c1artez n'an pert es nues,
La ou li rai de1 soloi1 nessent :
Ausi estaignent et abessent
Noz proesces contre les voz.
(C1igès, 4952-57)
Tout ausi CU8 l'ei conneü
Devant vous le connoisterunt
- 485 -

' ..~
Et tout ainsi le cunterunt.
(Est. Graal, 1384-86)
,.
Ausi cuaae d'une partie
leisse, que je ne retrei mie,
Ausi convenra il conter
La quinte, et les quatre oublier.
(Est. Graal, 3500-03)
Si c'um connoistre ne porroit
Le lavé, s'on ne li disoi t,
Ausi les pechiez ne set mie
De nului devant c'on li die
(Est. Graal, 367-370)
Oncle Guillelmes, tant feis foletez,
Quant en Orenge alas por regarder,
Co. pautonnier einsi atapiné.
( P. OR., 1671-73)
On remarque dans ces exemples la substitution possible de einsi à
ausi dans des entourages équivalents : ces deux adverbes fonctionnent
comme synonymes dans un contexte comparatif.
En dehors de si et de ses dérivés, on peut se demander si et n'a pas
la font ion corrélative dans deux passages de Tristan de Béroul :
- 486 -

Conae plus puet, et il chemine.
(Béroul, 3556)
i
(Aussi vite qu'il peut, il chemine].
Puisque
et
conjonction
de
coordination
associe
normalement
deux
subordonnées ensemble ou deux indépendantes ensemble,
i l faut bien
lui accorder ici une fonction différente qui parait être "corrélatif
de conme".
Con deüstes por moi morir
Et je redui por vos perir,
(Béroul, 1239-40)
Herman Braet
(Le
Roman
de
Tristan,
version
complète
en
français
moderne, Ed. scientifiques Story-Scienta, Gand) traduit:
"Comme vous alliez périr pour moi,
Ainsi je devais, moi, mourir pour vous 1"
Selon cette interprétration,
et serait,
là aussi,
le corrélatif de
con. Mais l'édition Muret revue par Defourques (pseudonyme de Foulet
+ Roques) place à la fin du vers 1240 une simple virgule qui donne un
autre sens,
sui vi
par Pierre Jonin dans sa traduction parue chez
Champion :
'~ussi vrai que nous avons failli mourir, vous à cause de moi,
moi
à
cause
de
vous,
puissent
les
misérables
qui
vous
retiennent entre leurs mains être sûrs et certains que s'ils ne
vous lâchent pas à l'instant, il y en a qui vont souffrir".
- 487 -

' . ~
. '
Selon cette seconde interprétation,
et est une banale conjonction
coordonnant deux subordonnées comparatives, et non pas corrélatif de
,.
con.
Il faudrait opter pour la première interprétation si on observait par
ailleurs de nombreux emplois du mot et comme corrélatif. Mais il n'en
a été relevé qu'un autre (Béroul, 3556, vu plus haut) ; par ailleurs
le sens donné par la traduction Braet parait moins satisfaisant pour
la suite des idées.
Au
XIIIe
siècle,
le
vieux
système
si
com •.• si
semble
avoir
la
prédilection de
Villehardouin
où on
le
relève
une
fois
au
sens
temporel
Et si co. il venoit de chastel en chastel, si li furent rendu
de par l'empereor, et la seigneurie tote.
(Villeh., f300, 3-5)
et deux fois au sens comparatif :
Si co. Diex volt, si se desconfissent li Grieu.
f
(Villeh.,
338, 6)
A la perfin, si ca Diex sueffre les mesaventures, si furent
desconfit.
(Villeh., {360, 7-8)
Dans ce dernier sens, il remplace volontiers si com par ensi com
Ensi co. il fu devisé, si fu fait.
(Villeh •• ( 88. 11
- 488 -

'. -~
,..
Ensi co. il dissent si le fissent
(Villeh.,f 248, 3,:-4)
f
voir aussi Villeh., f240, 11 ~ f 271, 4-5 ;
258, 7
f 326, 1-2
f428, 3-4 ; q446, 6-7 ; ~ 475, 3-4).
Tous les autres auteurs examinés remplacent si dans le second terme,
et le plus souvent dans le premier, par un de ses dérivés
Aussi comme ... issi (Vie de Saint Eustacbe, 1929-33)
Tout
ausi
come ..... tout
ausi
(Queste,
34,
29-30;
76,
5-6;
78,
21-22;
163,
11-12;
236,
4-5;
271,
26-27 ~
Jeban
et
Blonde,
5949-52)
Tot ausi come ..• tout einsi (Queste, 55, 10-12)
Tout einsi come ... tout ausi (Queste, 217, 29-30)
Tout einsi come ... tout einsint (Queste, 38, 21-24)
Tout ausi come ... autresint (Queste, 38, 15-16)
Tout enci come •.• altreci (Queste. 217, 22-24)
Tout autresi come ..• tout autresi (Queste. 271, 21-23 ~ 274, 31-33)
Ausi com ... susi
(Queste,
50,
16-17 ;
86.
29-32
156,
1-3 ;
217,
32-33 ; 268, 30-31 ; 78, 23-26
Roman de la Rose, 13592-594)
Einsi ... com ... einsi (Queste, 85, 22-28)
Aussi com ... einsi (Dole, 8-10 ~ Jeban et Blonde, 4236-40
4373-77)
Si comme ... ainsinc (Rutebeuf, AU, 492-495)
Si comme ... ausi (Rutebeuf, AY, 37-45)
Si comme ... tout ainsi (Jeban et Blonde, 3827-28)
Tout ainsi comme ... tout autresi (Jeban et Blonde, 3316-18)
Comme on l'a remarqué à propos des exemples du XIIe siècle, aussi et
- 489 -

,
.~
ainsi (sous leurs diverses variantes) sont interchanqeables dans cet
emploi. et librement renforcés par tout. Cette rèqle simple enqendre
tous les systèmes relevés. On rencontre ensement. dérivé d' ensi. au
2e terme
Si conae arbre chargié de foi11e
Qui el tens d'iver la despoi11e,
Ense.ent sui je despoi11ié
De trestoz biens par mon pechié.
(St Eust .• 959-962)
Au
XIVe
siècle.
Froissart
ose
le
premier
(dans
notre
corpus)
remplacer comme par que dans le systèmpe ensi que ... ensi :
Ensi que ordonné fu, ensi fu fait
(Frois .. Chron .. 209. 14-15)
Ensi que le duc le commanda. ainsi fut fait.
(Frois .• Chron .. 223. 14-15)
Au XVe siècle. le corpus présente les variations déjà rencontrées. à
l'exclusion de si dans un membre ou l'autre:
Et
coue
la
soif aux ydropiques
en
bevant
leur
croist
et
augmente, ainsi qui plus en avoit plus en convoitoit avoir.
(Quadr .• 38. 16-18)
(voir aussi ibid .• 3. 4-8)
Car, coue en nous redonde le bien de la prosperité publique,
aussi
devons nous les
infortunes
de
son
adversi té
aider
à
- 490 -

.. 't
soustenir et non
lui
defai11ir
de
fait
ne
de
couraige
en
necessité.
i
(Quadr., 48, 18-21)
Car aussi co_e l'une maladie atrait l'autre,
aiDsi viennent
les afflictions des hOIDIDes d'une mutacion.
(Quadr., 30, 13-15)
Car ainsi que le mal que nous avons et la guerre que nous
soustenons ne fut pas mise avant a une seule heure aussi ne
sera la ressource trouvee a une foiz, mais il faut saillir de
ce meschief en souffrant les douloureux desconforts de doubtes
mes1ez d'esperance.
(Quadr., 42, 28-33)
(7oir aussi ibid., 45, 8-15)
Aucun renforcement ~ar tout ne s'est trouvé dans le corpus, mais un
renforcement d' un autre
type est obtenu par Commynes
au moyen de
l'adverbe bien: aussi bien comme ... aussi bien.
Et aussi bien co_e j'ay dit que les princes doyvent estre
saiges à regarder à que1z gens i1z baillent leur besongnes
entre mains, aussi bien devroient penser ceu1x qui vont dehors
pour eu1x de s'entremettre de te1z matieres.
(Commynes, 92, 23-27)
Au XVIe siècle,
si ne réapparaît pas,
définitivement
remplacé par
ainsi et aussi, interchangeables seulement dans le second terme.
- 491 -

Au premier terme, comme souvent seul ne peut être précédé que d'ainsi
éventuellement renforcé par tout ,: i l peut être remplacé par ainsi
,
que, de mesme que : on a relevé :
Comme . .. ainsi
(Marot,
Epistres,
204,
26-32
Ronsard,
Amours,
317,
II,
1-4
Du
Bellay,
Regrets,
59,
74-76
Regrets,
XXVIII,
4:
Ronsard, Saisons, 103, 41 : 214, 98 : 215, 98 : D'Aubigné, Tragiques,
VI, 87-90 : VII, 921-924).
Co. .e de l'arbre on voit naistre le fruict,
Ainsi les fruicts que la douceur produict,
Sont les souspirs et les larmes non feinctes.
Du Bellay, Regrets, 59, 74-76)
Comme (répété) ... ainsi (Du Bellay, Anti., pp. 34-35, sonnets XIV et
XVI: p. 42, sonnets XXX: Ronsard, Saisons, 137, 51)
Or, co. .e on voit qu'entre les hommes naissent
Augurs, devins et prophetes qui laissent
Un tesmoignage à la postérité
Qu'ils ont vescu pleinSde divinité,
Et co. .e on voit naistre ici des sybiles
Par les troupeaux des femmes inutiles,
Ainsi voit-on, prophetes de nos maux,
Et de nos biens, naistre des animaux.
(Ronsard, Saisons, 137, 51)
Comme ..• aussi (Du Bellay, Regrets, CLXXXVI, 13-14
Montaigne, l, XX,
137, 26-28 : XXVI, 202, 21-24 : XLI, 308-309).
Co. .e nostre naissance nous
apporta
la naissance de
toutes
- 492 -

~..l
choses, aussi fera la mort de toutes choses, notre mort.
(Montaigne, l, XX, 137, 26-28)
Ainsi comme ... tout ainsi (Pantagruel, 345, XXVII, 13-20)
Ainsi comme ... aussi (Pantagruel, 409, XXXII, 1-2)
Messieurs,
considérez comment nous aurons victoire facilement
de nos ennemys ; car -ainsi co. .e je rompray ce fust icy dessus
les verres sans que les verres soient en rien rompus ne brisez,
encores,
que plus est.
sans que une seulle goutte d'eau en
sorte
dehors,
-tout
ainsi
nous
romprons
la
teste
à
nos
Dipsodes,
sans ce que nul de nous soi t blessé et sans perte
aulcune de nos besoignes.
(Rab., Pantagruel, 345, XXVII, 13-20)
Ainsi co. .e nous avons les contrées de deçà et delà les montz,
aussi ont-ilz deçà et delà les dentz.
(Rab., Pantagruel, 409, XXXII, 1-2)
(Tout) ainsi que ... aussi (Ronsard, Amours, 165, XXI, 5-8
Montaigne,
l, XIV. 99, 8-10 ; XXVIII, 238, 17-22) :
Tout ainsi qu'en amour le plus excellent bien
Est d'aimer une femme. et savante et gentille,
Aussi le plus grand mal à ceuls qui aiment bien
c'est d'aimer une femme indocte, et mal-habile.
(Rons .. Amours. 165, XXI, 5-8)
Le second élément
ne
commence
pas
obligatoirement
la
proposition
- 493 -

principale, au moins en vers :
Et co. .e tu t'en vas reto~rne t'en ainsi
Et tel co. .e je vins, je m'en retourne aussi.
(Du Bellay, Regrets, XXVIII, 4-5)
De nouveaux corrélatifs renouvellent le stock :
Tout ainsi que ... semblablement (Marot, Opusc .. 7, 9-13)
Comme ... semblablement (ibid., 106. 22-24)
Tout ainsi comme
semblablement (Pantagruel. l, 41, 21-28)
Tout ainsi que
pareillement (Montaigne, l, XXI, 150, 37-41
ibid,
196. XXVI. 31-36)
De mesmes que ... aussi (Montaigne, l, XXX. 241-242)
Hais tout ainsi que le doulx vent Zephyre
Ne pourroit pas tendre marbre ou porphyre.
SeAblableaent mes soupirs et mes criz
Hon doulx parler et mes humbles escriptz
N'eurent povoir d'amollir le sien cueur.
(Marot. Opusc .. 7. 9-13)
Et tout ainsi qu'un corps rejette son mal à son voisin, comme
il se voit en la peste, en la vérole. et au mal des yeux, qui
se chargent
de
l'un
à
l'autre:
pareilleaent,
l'imagination
esbranlée avecques vehemence,
eslance des traits qui puissent
ottencer l'object estrangier.
(Montaigne. l, XXI, 150, 37-41)
- 494 -

'. ~
Car de .es.e qu'il. me surpassoit d'une distance infinie en
toute autre suffisance et vertu, aussi foisoit-i1 au devoir de
l'ami tié.
(Montaigne, l, XXX, 241-242)
Le corpus présente plusieurs corrélatifs de proportion :
Et autant que mon oeil, de pleurs, fesoit espandre,
Le tien. d'autre costé, autant m'en venoit rendre.
(Rons., Saisons, 237, 117)
Autant co. .e lon peu1t en un autre langage
Une langue exprimer, autant que la nature
Par l'art se peu1t monstrer, et que par la peinture
On peu1t tirer au vif un naturel visage:
Autant exprimes-tu, et encor d'avantage,
Aveques le pinceau de ta docte escriture,
La grace, la façon, le port, et la stature
De ce1uy, qui d'Enee a descript le voyage.
(Du Bellay, Regrets. CXLVIII, 1-8)
Et d'autant qu'ils payent plus poisamment,
et incommodément,
d'autant en est leur satisfaction plus juste et meritoire.
(Montaigne l, VII, 68, 11-13)
Dans l'exemple de Du Bellay,
autant comme et
autant que sont des
formes équivalentes ayant pour corrélatif autant au vers 5. Rappelons
- 495 -

'. ~
que dans ces locutions que s'employait pour
cOlll.JlJe depuis l'ancien
français.
,.
Au XVIIe siècle, la moisson est moins abondante. Les corrélatifs de
comparaison
n'apparaissent
que
dans
les
oeuvres
d'inspiration
philosophique ou religieuse
Comme .•. ainsi
(Pascal,
Pensées,
140,
7-11
Bossuet,
Sermons,
86,
4-10 ; 91, 19-23 ; Oraisons, 54, 484-489) ;
Comme •.. aussi
(Pascal,
Provinciales,
106,
30-32;
105,
1-2;
280,
36-37;
139,
23-24;
Pensées,
308,
29-33
Bossuet,
Sermons,
79,
8-11 ; Oraisons, 56, 524-526) ;
De
même
que •.. ainsi
(Bossuet,
Sermons,
28,
22-27
41,
10-16
Oraisons, 41, 113-118 ; 89, 213-218 ; 143, 17-26)
Comme ..• de
même
(Pascal,
Pensées,
182,
41-45
266,
8-11;
La
Rochefoucauld, Haximes, 102, 9 ; La Bruyère, Caractères, 142, 68)
De même que •.. de même (Pascal, Pensées, 266, 1-3) ;
Autant que ... autant (Pascal, Provinciales, 96, 23-24)
Co. .e une colonne.
dont la masse solide parait le plus ferme
appui d'un
temple ruineux,
lorsque ce grand édifice,
qu'elle
soutenait,
fond
sur elle sans
l'abattre.
aiDsi
la
reine se
montre
le
ferme
soutien
de
l'Etat
lorsqu'après
en
avoir
longtemps porté le faix,
elle n'est pas même courbée sous sa
1
~
chute.
(Boss., Oraisons, 54, 484-489)
!1
- 496 -

'. '.!'
. '
Coue je ne sais d'od je viens, aussi je ne sais je vais.
(Pasc .. Pensées, 105, 1-2)
De aêae qu'on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant
dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu'il avait
acquise aux montagnes d'où il
tire son origine,
ainsi cette
vertu céleste qui est contenue dans les écrits de Saint Paul,
même dans cette simplicité de style, conserve toute la vigueur
qu'elle apporte du ciel d'où elle descend.
(Boss., Sermons, 28, 22-27)
-Coue nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à
qui nous faisons du bien, de aêae nous haissons violemment ceux
que nous avons beaucoup offensés.
(Bru., Car., 142. 68)
Et de aêae que le fer brise et perce toutes choses, de aêae cet
empire brisera et écrasera tout.
(Pasc., Pensées, 266. 1-3)
Hais autant que ce dessein étai t utile, autant l'exécution en
était pénible.
(Pasc., Prov., 96, 23-24)
Ces systèmes sont ceux du XVIe siècle dont on a éliminé les plus
lourds (ainsi comme, autant comme. tout ainsi que).
- 497 -

.~
L'élimination des systèmes répétitifs de comparaison est totale dans
le reste de notre corpus : Art poétique de Boileau, Lettres de Madame
i
de Séviqné. La princesse de Clèves de Madame de Lafayette. La lanque
littéraire se dépouille, fuit les redondances.
5.3. Systèaes teaporels.
Au XIe siècle, dans le plus ancien des textes dépouillés, le schème
IV est représenté 5 fois. Le second élément est 3 fois donc, 2 fois
si.
Donc se présente toujours après quant, et est suivi du Présent
QUaDt veit li pedre que mais n'avrat enfant,
Hais que ce soul cui il par amat tant,
Donc se porpenset del siecle ad en avant.
(Alexis, 36-38)
QUaDt vint al faire. donc le font gentement.
(Alexis. 47)
Quant sa raison li at tote mostrede.
Donc li comandet les renges de sa spede.
(Alexis, 71-72)
Dans les trois cas, donc siqnifie "alors" et exprime la simultanéité,
quel que soit le temps du verbe de la proposition temporelle, qui est
, .
dans le premier texte au Présent, dans le second au Pas5eslmple, dans
le troisième au Passé composé.
- 498 -

:' ..l
Dans les deux autres exemples offerts par la Vie de Saint Alexis, le
second élément est si, suivi du Passé Simple :
i
Ainz que nez fusses, sin fui molt angoissousse :
Quant jot vi net sin fui liede e joiouse :
(Alexis, 457-458)
Si l'on voulait (illégitimement) tirer une règle de ces 5 emplois, on
poserait que donc est lié au temps Présent, si au temps Passé simple.
Dans la Chanson de Roland, le schème IV est représenté 15 fois. Le
second élément est 4 fois donc, 9 fois si, une fois ja, peut-être une
fois et.
Donc se présente 3 fois après quan t,
une fois après
cum;
i l est
suivi 2 fois du Présent, une fois du Passé simple, une fois du Passé
composé
Quant ço veit Guenes que ore s'en rit Rollant,
Dunc ad tel doel pur poi d'ire ne fent.
(Roland, 303-304)
Li arcevesques, quant vit pasmer Rollant,
Dunc out tel doel unkes mais n'out si grant.
(Roland, 2222-23)
- 499 -

Li quens Rollant, quBDt il s'oit juger,
DUDC ad parled a lei de cbevaler.
i
(Roland, 751-752)
Li reis Harsilie, cu. il veit Baligant,
DUDC apelat dui sarrazin espans.
(Roland, 2827-28)
Si se présente 6 fois après quant, 2 fois après cum, une fois après
eins que. Il est suivi 6 fois du Passé simple, 2 fois du Présent et 1
fois du Pasé composé :
QUBDt le dut prendre, si li cait a tere.
(Roland, 333)
QUBDt des Franceis les escbeles vit rumpre,
si apelat Tierri, le duc d'Argone.
(Roland, 3533-34)
QUaDt 1 'ot Roland, si cumençat a rire.
(Roland, 302)
QUBD l'ot Harsile, si l'ad baiset el col.
(Roland, 601)
- 500 -

QUaDt Carles veit si beles cuntenances,
SiD apelat Jozeran de Provence.
,.
(Roland, 3006-07)
QuaDt li empereres ad faite sa ven jan ce,
SiD apelat ses evesques de France.
(Roland, 3975-76)
Sun cumpaignun, cu. il l'at encumtret,
Sil fiert amunt sur l'elme a or gemet.
(Roland, 1994-95)
Cu. ad oret, si se drecet en estant.
(Roland, 3110)
EiDs qu'il oüssent .1111. liues siglet,
Sis aquillit e tempeste e ored.
(Roland, 688-689)
Ja suivi de ne et du futur se présente une fois,
après
puis que
exprimant le début d'un état dont la fin n'est pas envisagée
Puis que il sunt as chevals e a armes,
Ja pur murir D'eschiveruDt bataille.
(Roland, 1095-96)
(A partir du moment où ils sont à cheval et en armes,
jamais
par peur de la mort ils n'esquiveront une bataille].
- 501 -

...~
Au vers 1018 de Roland, et fonctionne peut être comme corrélatif de
quant avec une nuance plus stylistique que temporelle comme nous le
/
verrons chez Chrétien de Troyes :
Quant jo serai en la bataille grant
E jo ferai e mil colps e . VII. cenz,
De Durendal verrez l'acer sanglent.
(Roland, 1011-19)
[Trad. de Bédier : Quand je serai en la grande bataille,
je
frapperai mille coups et sept cents, et vous verrez l'acier de
Durenda1 sanglant]
Un doute est permis : e peut ici coordonner à la première proposition
temporelle
une
seconde
temporelle
sans
conjonction
(net
que
je
frapperai. .. n) •
Dans ce corpus, si maigre soit-il, se dessinent les traits principaux
qui
se
confirmeront
au
XIIe
siècle.
Si
devient
le
corrélatif
privilégié,
apte,
dans
le
champ
temporel,
à
exprimer
tous
les
rapports,
la précision étant
demandée au choix de
la conjonction
(quant, cum, eins que, puis que) et des temps dans les deux membres.
On
observe
dans
le
récit
une
légère
dominance
du
système
quant + Passé simple/si + Passé simple qui s'affirmera par la suite.
Au XIIe siècle,
sur 228 systèmes relevés,
182 ont si pour second
élément (soit 80%). Le reste est partagé entre
lors:
19 emplois ;
isnelement:
2 emplois;
tantost
1 emploi
- 502 -

'. ~
:.\\
eneslopas : 1 emploi : donc : 14 emplois : et : 2 emplois : tost
1
emploi: ja
4 emplois: or : 1 emploi : sampres : 1 emploi.
"
Aucun de ces adverbes n'est exclu après quant figurant 206 fois au
premier terme. Aucun non plus n'est indispensable.
Le système quant ... si domine très largement: 171 fois
(soit 75'),
associé 49 fois au Passé simple dans les deux termes : mais quant ou
si peut y être suivi du Présent, du Passé simple, du Passé composé,
du Passé antérieur, du Futur. L'imparfait n'est
jamais relevé,
le
Plus-que-parfait l'est une fois
Quant se redrece, s'apele son barnage.
(Cour., 2404)
Quant el le vit,
si se clamma.
(Lanval, 314)
Quant il a cele noise oie,
Si regarda vers le donjon
et vit la grant destrucion
(Eneas, 28-30)
Quant ceo ot dit, si suspira
(Equitan, 89)
- 503 -

'. ~
Quet il venront enz el regne sauvage,
S'en serviront Jbesu l'esperitable.
(Cbarroi, 773-774)
Et quet li cbevalier la voit
si la salue et ele lui.
(Perceval, 1828-29)
Quant il leissa sa conoissance,
Si en ot enui et pesance
(Cligès, 4429-30)
Quet ele vit qu'ele eut pecbi~,
si ba tant quis et pourcbaci~
que Adans, ses mariz, pecha.
(Est. Graal, 109-111)
Quant la poisons tu atornee,
S'ot li jorz feite sa jornee.
(Cligès, 3217-18)
Quant il venront el regne essilli~,
Que bien en puissent atorner a mengier,
Si serviront Guillelme le guerrier.
(Charroi, 778-780)
- 504 -

Quant tut aveit appareillé,
si nen ad puis gueres targié.
,.
(Eliduc, 1161-62)
Les
adverbes
lors,
(a) donc,
or,
remplacent
si sans nuance appré-
ciable :
Quant Aragon entendi la novele
Que la bove est des oz lui en la terre,
Lors a tel joie que le cuer li sautele.
(P. OR., 1173-75)
Nes quant ceo vint al departir
dunc quida il de doel murir.
(Eliduc, 935-936)
Qant on verra la nostre cort,
Adonc verra si descontort.
(Béroul, 1211-12)
Quant son grenon senti qu'il a plumé,
Et del charroi i ot dos bués tüé,
Or poez croire que molt tu airé.
(Charroi, 1354-56)
Une nuance
temporelle
peut
être marquée par
le
choix
d'une
autre
conjonction
Si tost co. Perce vax la voit,
- 505 -

.. ~
si cort vers li grant aleüre
(Perceval, 3724-~5)
,
rantost con la guete le voit
si la salüe et puis descent.
(Yvain, 4878-79)
Lués que li rois ot ce juré,
si lurent tuit asseüré.
(Perceval, 4121-22)
Kaintenant qu'il lu relevez
de pasmeisons, si l'apela.
(Yvain, 3562-63)
Mais des que la chose est alee,
si n'i a que del consirrer.
(Yvain, 3114-15)
Puis qu'il li ot acreanté
son voloir et sa vollnté,
si l'en mainne jusqu'an un baile.
(Ch. Ch., 965-967)
ou par le choix d'un autre adverbe
Quant ma parole li veai,
- 506 -

..~
'
tantost, ce cuit, le dessevrai
del cuer et de la vie ansanble.
(Ch. Ch., 4215-17)
Quant de l'arbre est l i rains rompuz,
Sanpres i est autre creüz.
(Enéas, 2325-26)
Quant l i oisel volent desore,
quant il sentent la puor fort,
eneslopas chient jus mort.
((Enéas, 2360-62)
Quant Isangrin oi le roi,
isnele.ent en piez se dresce.
(Renart, 394-395)
ou dans les deux termes :
rot .aintenant que l'aube crieve,
isnele.ant et tost se lieve.
(Ch. Ch., 1281-82)
Ja ... ne, employé une fois après des que, 3 fois après quant, situe le
procès (négatif) dans l'avenir, au temps futur:
- 507 -

-Ha, Percevax, biax dolz amis,
quant an ma cort vos estes mis,
i
ja n'an departiroiz mon vuel.
(Perceval, 4539-41)
(à partir du moment où vous vous êtes mis dans ma cour,
vous
n'en partirez plus par ma volonté].
La conjonction et, rencontrée dans les systèmes comparatifs (cf. 5.2.

et
2°)
apparaît
3 fois
chez
Chrétien
de
Troyes
en
contexte
temporel :
Quant il furent de fors la tor
et comancié voient l'estor.
(Ch. Ch., 2361-62)
(Quand il furent hors de la tour, alors il voient la bataille
commencée] .
Ensi pere avoie et parrastre,
que quant li rois un boen anplastre
me feisoit sor mes plaies metre,
qui molt se volsist antremetre
que j'eüsse tost garison,
et ses filz, par sa traison,
- 508 -

· .-~
le m'an teisoit tost remüer,
por ce qu'il me voloit tüer,
i
et metre un malvés oignement.
(Ch. Ch., 4035-43)
Qant la reine asise tu
lez son seignor le roi Artu,
et li orguelleus de la Lande
li dit : '~ame, saluz vos mande
uns chevaliers que je mout pris.
(Perceval, 4025-29)
rQuand le reine fut assise à côté de son mari le roi Arthur,
alors l'orgueilleux de la Lande lui dit:
"Dame,
un chevalier
que j'aime beaucoup vous envoie ses salutations].
Au
XIIIe
siècle,
Villehardouin
présente
110
systèmes
corrélatifs,
dont 93 quant ..• si,
soit près de 85\\ ; ce qui n' est pas surprenant
chez un narrateur.
A part cela,
seul le système parallèle
cum ••. si
est bien representé avec 12 occurrences
(§ 82, 1-2 ; 988, 1-3 ; f
112,
4-7 ; ~ 116, 4-5 ; ~ 116, 5-7 ; f 243, 11-12 ; q 270, 1-2
~279,
f
f
12 ; f 323, 3-4 ;
445, 1-2 ;
474,6-7 ; ~ 498, 10-11).
f
f
On relève également
2 fois
si
tost com .•. si
(
379,
8-9 ;
410,
7-9) ; 1 fois
quant .. . lors (f 463, 1-5) ; 1 fois cum .• . lors (f 89,
4-6) et une fois ençois que ..• si (f 465, 1-2).
Le système quant .•. et se relève 3 fois
- 509 -

.,.. l
Et qua.ot les nés furent ehargiés d'armes et de viandes et de
chevaliers et de serjanz,
et li eseu furent portendu environ
i
des borz et des ehasteals des nés,
(Villeh., ~75, 3-6)
[Et, quand les navires furent chargés d'armes et de vivres et
de chevaliers et de sergents, les écus furent disposés autour
des bords et des châteaux des navires].
Cet
emploi
de
quant . .. et
est
rarissime
le
passage
est
une
description émerveillée de la flotte des croisés, avec plusieurs tant
exclamatifs : cet et a une résonance épique. Il est employé avec la
f
f
même valeur au
157, 2-3 (les manuscrits BCDE ont si) et au
176,
3-5 (les manuscrits BCDE ont également si).
Dans Aueassin,
quant ... si se présente 11 fois,
toujours associé au
Passé simple dans les deux termes :
Quant Aueassins oi les pastoriax, si li sovint de Nieolete.
(Aue., XXII, 1)
(voir aussi ibid .. XXIV, 10 ; XXIV,
76 ; XXXII, 1
XXXIV, 12-13
XXXVI, 3-4 ; XXXVIII, 7 (3 fois) : XL, 28 : XL, 39)
Les
adverbes
dont} et; or remplacent
si
sans
apporter
une
nuance
appréciable :
Quant mes mois sera eonplis
et je sarai bien garis,
dont irai le messe oir.
(Aue., XXIX, 9-11)
- 510 -

"
~
;...
(voir aussi ibid. , XXXIII , 4-6)
,
Quant ele voi t son ami
Or tu liee, aine ne tu si.
(Aue., XLI, 12-13)
(voir aussi ibid .. XLI, 1-4) .
Et corrélatif se rencontre 2 fois :
La
u
Aueassins
et
Nieolete
parloient
ensanble,
et
les
eseargaites de 1
vile venoient tote une rue.
(Aue., XIV, 23-24)
fPendant
qu'Aucassin
et
Nicolette
parlaient
ensamble,
les
soldats du quet de la ville parcouraient toute une rue].
Entreusque il
mengoient,
et Nieolete
s'esveille au
cri
des
oisiax et des pastoriax.
(Aue., XVIII, 9-10)
Le recours à et (corrélatif peu banal, stylistiquement marqué) peut
s'expliquer ici par le caractère dramatique de la situation.
Nous relevons 12 systèmes corrélatifs dans la Vie de Saint Eustache.
Le système
quant ... si qui se compte 9 fois est 2 fois associé au
Passé simple dans les deux termes :
Et quant nos tumes hors de mer,
Si vi mon pere mont plorer.
(St Eust., 1583-84)
- 511 -

{voir aussi ibid., 1247-501.
Quant et si se trouvent encore ~uivis soit du Présent, soit du Passé
simple,
soit
du
Passé
antérieur
(549-550
713-715;
895-896;
1229-30 ; 1425-26 ; 1593-95 ; 1829-31).
On ne rencontre ni le Passé composé, ni le Futur, ni l'Imparfait, ni
le Plus-que-parfait.
Puis que se rencontre 1 fois
en corrélation avec si marquant une
nuance temporelle
Puis que il orent acquitee
A Romme toute la contree,
Si s'en tornent vers Lombardie.
(St Eust., 1791-93)
La nuance temporelle est aussi marquée par le choix des adverbes
tantost et tost
Quant cen entendi Placidus,
Tantost a terre chai jus.
(St Eust., 387-388)
La concomitance exprimée dans cet exemple est encore plus marquée par
le système corrélatif des que ... tost :
Des que s'i fiert del vent l'aleinne
Tost se departent de l'arainne.
(St Eust., 781-782)
La Queste del Saint Graal présente 175 systèmes, dont 117 quant ... si
- 512 -

(soit 66,8%). Le taux de quant a baissé, au profit de si tost com, 27
occurrences (11, 32
33,11-12; 49,1; 59, 5
81,
16 ; 86, 19 ;
i
95,
7-8 ; 105, 11 ; 107,
26-27 ; 110,
7 ; 115,
14 ;
153,
14 ; 194,
16 ; 203,
12
204,31;
211,15;
225,
18; 233,16-17;
247,1;
262,11-12; 262, 25; 263,18;
263,
30; 264,16;
277-278,
33 et
1 ; 196, 11), endementres que, 6 occurrences (5, 6 ; 7, 19 ; 89, 31 ;
237, 11 ; 268, 10 ; 176, 28), endementiers que, 1 occurrence (2, 21),
en ce que, 15 occurrences (4, 3 ; 98, 33 ; 208, 27 ; 241, 9 ; 244,
29 ; 248, 3 ; 256, 3 ; 267,
32
275, 17 ; 276, 2 ; 43,
3 ; 94, 1 ;
98, 33 ; 150, 30-31 ; 267, 32).
Précisons que les relevés de quant ... si ne couvrent ici que 70 pages
de
l'ouvrage
et
ne
représentent
qu'un
petit
nombre
d'emplois
de
quant, 117 sur 921 au total.
Sur les 70 pages, le système quant ... et se présente une fois
QUaDt li Peres des cielx vit qu'il
avoit en
terre si grant
durté que li
uns ne conoissoi t
l'autre ne li
uns ne creoi t
l'autre ne parole que prophetes li deist,
ainz establissoient
toute jor noviax diex,
et il envoia son fil
en
terre et por
cele durté amoloier et por fere les cuers des pecheors tendres
et noviax.
(Queste, 38, 2-7)
[Quand le Père des cieux vit qu'il y avait sur terre une si
grande dureté que l'un ne connaissait pas l'autre, et que l'un
ne croyait pas l'autre ni parole que prophète lui dit,
mais
- 513 -

'. '~
~.\\
établissaient chaque jour de nouveaux dieux,
alors il envoya
son fils sur terre et pou~ amollir cette dureté et pour rendre
,
les coeurs des pêcheurs tendres et nouveaux].
Sur les 6 systèmes relevés dans la Chastelaine de Vergi,
quant ••. si
est 2 fois associe au Présent dans les deux termes :
Quant li dus l'ataint, si l'acole
(Vergi, 490)
(voir aussi ibid., 5-8).
quant est 1 fois associé au Passé antérieur et si au Passé simple
(630) ; quant ... si est une fois associé au conditionnel dans les deux
termes :
Quant vendroit au definement,
Si voudroit il qu'il amitast
Cele nuit, ainz qu'il ajornast.
(Vergi, 458-460)
Une nuance temporelle n'est ici exprimée que par l'adverbe
tantost
qui se relève deux fois (477-478 ; 689-691).
Dans Guillaume de Dole, le système quant ... lors domine largement avec ,
r '
13 occurrences contre 5 quant ... sil Ar ainçois ... jaJ2lt,4. ~ ~ .,.
Quant •.• si est associé 3 fois au Passé simple dans les deux termes
(914-915
1676-77 ; 5228-31) ; 2 fois, i l est associé au futur dans
les deux termes (3534-35 ; 4443-44).
ain~.
Dans les deux emplois de
i l ne s'agit plus de ja ••. ne
- 514 -

'. ~
("jamais") comme dans les cas précédemment rencontrés, mais d'un ja
positif équivalent
de notre
"déjà".
C'est une
relation temporelle
nouvelle dans notre corpus :
Ainçois qu'il l'aient dite toute,
estoit ja li plus de la route
el chastel, et li ostel pris.
(Dole, 853-855)
Ai~
qu'il venist a Sainteron,
estoit ja venuz ses harnoés.
(Dole, 2054-55)
Avec respectivement 22 emplois, 15 emplois et 27 emplois, le taux de
quant ... si retourne à la normale dans Rutebeuf (68,75%), le Roman de
la Rose (77,27%) et Jehan et Blonde (81%).
Rutebeuf use 2 fois de ja ... ne après quant
Quant e1e se 1ieve au matin,
Ja en romanz ne en latin
Ne quiert oir que boule et teste
(Rut., 0, 413-415)
Et quant li cors est mis en terre
Et hom est a 1 'ostei1 venuz,
Ja puis n'en iert contes tenuz.
(Rut., AE, 306-308)
- 515 -

'
·
...
il remplace si par lors 5 fois :
Quant Jhesus tu resuscitez,
,.
Lors tu tondee la citez.
(Rut., 0, 883-884)
(voir
aussi
ibid.,
F,
115-120:
F,
139-143
0,
331-333
AE,
156-157).
et par or 1 fois
Quant il a quarante ans, or en a mains ou livre.
(Rut., Z, 98)
i l
reprend
1
fois
tant
de
tant
com
(conjonction
d' oriqine
comparative) par itant
rant co. li Guillemin esturent
La ou li grant preudomme turent
Ça en arrier comme renclus,
Itant servirent Dieu et crurent.
(Rut., L, 157-160)
La conjonction puis que apporte une nuance temporelle et lorsque la
variété :
Que, puis que nos sons nei et au siecle venu,
S'avons nos pou a vivre, ç'ai ge bien retenu.
(Rut., 11, 14-15)
Et lors que li cors se devie,
Si trueve l'arme tant a taire
- 516 -

,.1
que je nel porroie retraire.
(Rut., AE, 272-274)
i
De la même manière que chez Rutebeuf, lors remplace 5 fois si dans le
Roman de
la
Rose
(8648-52
(3
fois) ;
9435-37;
14293-295),
dont
remplace 2 fois si dans Jehan et Blonde (1239-40 ; 4500-02).
L'adverbe
isnelement
employé
une
fois,
apporte
une
nuance
temporelle
Et quant il a d'aus tout apris
Isneleaent a congié pris.
(Jeh. et Bl., 3881-82)
Le choix des conjonctions endementiers que (1 fois) et avant que (1
fois) s'inscrit dans la même perspective
BDdeaentiers que dist ce conte
Cil de Clocestre a l'autre conte,
Si revindrent li chevalier
Qui eurent fait Blonde cherkier.
(Jeh. et Bl., 3169-72)
Avant que du port se desliue,
Si laisse a ceste port quatre espies.
(Jeh. et Bl., 3772-73)
Nous relevons aussi le système corrélatif tant comme ••• tant d'origine
comparative :
rant co. .e ele les lui se tient
- 517 -

.,
'. -..
Tant un peu de joie li vient.
(Jeh. et B1., 663-664)
/
Dans le Jeu de Saint Nicolas, les systèmes corrélatifs de type IV ne
se rencontrent que sur une quarantaine de vers
(55 à 99). Ils se
montent à 6 dont 3 fois quant •.. si (55-59 ; 66
88-90). Lors est le
seul adverbe remplaçant de si (62-64 ; 96-99).
Le sixième et
dernier exemple
A paines •.. si rappelle les systèmes
corrélatifs de la subordination inverse du type a peine ... que (cf.
6.4., 3°) :
A paines respondre li lut
Le preudome, si le menoient
Chi1 qui d'ambes pars le tenoient.
(Nicolas, 68-70)
Enfin,
chez
Joinville,
sur
370
emplois
de
quant,
on
compte
28
occurrences
de
quant ... si,
1
occurrence
de
quant ... ja
et
2
occurrences de quant ... et.
.
~~'A
Quan; ... si
est 4--.. fois associé .- ~~~tœveJ:!.r:;t~.
ft ~Vl .... rtj1llz -: ~.J.p.M-ut ~ ~
Quant nous avions grant piece desputé si rendoit sa sentence.
(Joinville, 89, 12)
(voir aussi ibid., 89, 8 ; 94,
21
141, 16
207, 14
219, 19
232, 31> ;
6 fois associé au Présent dans les deux termes
Quant ce vient au matin, si treuvent en leur royz cel avoir de
- 518 -

' . ~
poiz que l'en aporte en ceste terre.
(Joinville, 121, 34)
i
(voir aussi ibid., 135, 12 : 153, 14
179, 13
185, 15
198, 27)
10 fois associé au Passé simple dans les deux termes
Et quant il vit que j'oz m'espee traite,
si tira son glaive a li, et me 1essa.
(Joinville, 128, 24)
(voir aussi ibid., 129, 37 ; 162, 31
178, 35
187, 37
209, 5
241, 26) ;
5 fois quant est associé au Passé antérieur et si au Passé simple :
Et quant lfahommet se lu ais en la seigneurie du peuple,
si
despita son oncle et l'es10igna de li.
(Joinville, 178, 33)
(voir aussi ibid., 127, 17 ; 173, 14
218, 28
220, 30)
1 fois associé au Passé simple dans le premier terme et au Présent
dans le second (211, 9) et 1 fois au Passé antérieur dans le premier
et au Présent dans le second (241, 6).
Enfin, 1 fois quant ..• si est associé au Futur dans les deux termes
Quant je venré en l'autre siec1e, si me rendras ce que je te
baille.
(Joinville, 187, 13)
Dans le système quant ... ja, ja a la valeur de "déjà"
Quant nous venimes en Cypres, le roy estoit ja en Cypres.
(Joinville, 109, 30)
- 519 -

.. .
'
-.
L'emploi
de
quant .•• et chez
Joinville
est
identique
à
celui
de
Villehardouin :
"
Or
avoit
le
roy ainsi
atiré
que,
quant
le
roy de
Sezile
guietoit de jour les cbas-cbatiaus, et nous les devions guieter
de nuit.
(Joinville, 125, 41)
(voir aussi ibid., 172, 10).
Notons enfin que chez Joinville, les conjonctions Puis que, des que,
avant que, ainçois que, tantost que, si tost comme, endementiers que,
... ne sont jamais suivies d'un corrélatif.
On
ne
rencontre
qu'une
seulee
fois
le
système
aussitost
comme ... aussitôt :
Car aussitost
co. .e il
nous
avoient
lessiez,
aussitost les
leroient-il se il veoient ne leur point ne leur lieu.
(Joinville, 151, 10-11)
Le XIVe siècle brille par la pauvreté des systèmes temporels du type
IV
Froissart a 18 quant ... si pour 21 emplois relevés, soit 85\\. Le reste
se partage entre quant ... tantost (Chron.,
324,
21-23) et quant ... ja
positif (Esp. am., 485-488 ; Chron., 273, 26-27).
Dans Mélusine, le pourcentage maximum de quant .•. si est atteint: 93\\
(74 emplois sur 79 systèmes IV).
Le reste est partagé entre a ce
que ... si (106,13-15) et quant ... lors n07, 13-14; 123, 9-10; 129,
3-6) :
- 520 -

..
'. -~
. '
Et
quant
ilz
s'entre
aproucbierent,
lors
quant
noz
genz
congneurent
que
c'estoient
Sarrasins,
et
les
Sarrazins
apperceurent que les
"
autres estoient crestiens, lors cOll11lJença
ly ettroiz grans et de l'un costé et de l'autre.
(Mélusine, 129, 3-6)
Au XVe
siècle,
le
changement
est
radical
dans
la mesure

les
systèmes corrélatifs du
type
IV de
sens
temporel
se
réduisent
à
trois :
1 fois
quant ... si
(Commynes,
125,
3-5),
1 fois
des ce que .• lors
(Commynes, 201, 1-3), 1 fois depuis le temps que ... si (Commynes, 135,
.,
4-7) •
Aucun
emploi
de
ce
type
IV
ne
se
relève
chez
Villon
et
Alain
Chartier, non plus que dans Maistre Pierre Pathelin.
Le quant ... si tant aimé de Froissart et de l'auteur de Mélusine et
qu'on attendrait à toutes les pages du discours narratif que sont ces
Mémoires sur Louis XI de Philippe de Commynes ne se présente qu'une
fois dans tout le tome l :
Et quant ilz verroient cest appoinctement, si leur passeroit le
vouloir, si aucun en avoit eu.
(Commynes, 125, 3-5)
Du moins ne figuret-i1 qu'une fois au sens temporel, car il est mieux
représenté au sens concessif (2 occurrences), où quant est suivi du
subjonctif ou du conditionnel avec valeur d'irréel (155, 27-28 ; 219,
29-31) .
- 521 -

·.-~~
Quant ilz eussent eu mil
bommes d'armes
avec eux de bonne
estotte, si estoit leur entreprinse bien grande.
/
(Commynes, 155, 27-28)
Et encores me semble que quant la guerre seroit ja commancée,
si ne doit-l'on rompre nulle praticque ne ouverture.
(Commynes, 219, 29-31)
Apparemment, le narrateur n'éprouve plus le besoin -si ordinaire chez
ses
prédécesseurs-
de
souligner
par
la
redondance
d'un
adverbe
corrélatif un rapport temporel que la conjonction suffit à exprimer
(on relève dans ce tome I de Commynes un jeu de 15 conjonctions
temporelles différentes). L'auteur ne recourt à quant ... si que très
exceptionnellement,
ou
pour
marquer
expressément
une
opposition
logique entre deux propositions, hors du domaine temporel.
Au XVIe siècle,
le système corrélatif
quant ... si n'apparaît plus,
dans notre corpus, qu 1 au sens concessif.
Si adverbe de coordination
sort de l'usage, sauf dans l'emploi adversatif que nous étudierons en
5.5 .. La conjonction conditionnelle se prend la forme si, disponible,
en toute position.
Si est cependant relayé par d'autres adverbes tels que adoncques
Quant printemps tault et l'esté comparoit,
Adoncques l'herbe en forme et force croist.
(Marot, Opusc., 39, 4-5)
(voir aussi Ronsard, Saisons, 43, 114, 25-32)
- ~22 -

lors
Quand telles gens se cuident advancer,
"
Lors on les veoit tant plus desadvancer.
(Marot, Epistres, 283, 36-37)
(voir
aussi
Marot,
Rondeaux,
416,
3-5:
Ronsard,
Amours,
pièces
nouvelles, 389, 91-96 : D'Aub., Tragiques, IV, 401-402).
Quand
peut
être
remplacé
par
d'autres
conjonctions:
depuis
que ... incontinent (Marot, Opusc., 16, 9-12) : Lors que ... lors (Marot,
Elégies,
302,
37-40) :
tout
soudain
que ••. tout
soudain
(Ronsard,
Saisons,
74,
176,
6-9)
tout
soudain
que • .• et
lors
(D' Aub. ,
Tragiques, V, 145-148).
Au XVIIe siècle, les systèmes corrélatifs temporels du type IV sont
rarissimes. En effet, sur les neuf ouvrages entièrement dépouillés,
on ne relève que deux cas: quant ... alors dans les Provinciales (192,
4-7) et dans le même moment que ... dans le même moment)
redondance
d'orateur chez Bossuet (Sermons, pp. 79-80)
Vous voudriez faire entendre que Holina a voulu dire par là
que, quand on se trouve en péril de la vie en gardant son écu,
alors on peut tuer, puisque c'est pour défendre sa vie.
(Pasc., Prov., 192, 4-7)
Dans le .ê.e .o.ent que Pierre,
admirant Jesus environné de
lumiere, se veut faire un domicile sur le Thabor,
pour jouir
éternellement de sa vue, dans le .ê.e .o.ent, Chrétiens, adhuc
eo loquente,
la
gloire de
Jésus-Christ
disparait,
un
nuage
- 523 -

couvre les disciples, d'où sortit cette voix du père: celui-ci
est mon fils bien-aimé ... , écoutez-le.
(Boss., Sermons, pp. 79-80)
Il est nécessaire
de
préciser que
nos
auteurs,
à
l'exception de
Madame de Lafayette, ne sont pas des narrateurs. Cependant on a vu à
propos de la comparaison (cf. 5.2.) que le qrand siècle a fui les
redondances.
C'est
encore
plus
net
dans
le
domaine
temporel.
Le
dépouillement moderne est atteint.
5.4. Systè.es hypothétiques.
La prédominance de si dans les systèmes temporels de type IV ne se
retrouve pas dans les systèmes hypothétiques.
Au XIe siècle,
i l
n' apparaît que dans
la
Vie de Sain t Alexis (3
occurrences). Encore est-il associé deux fois à un se de sens quasi
temporel (se 1uin remaint = "quand il lui en reste")
Se 1uin remaint, sil rent as poverins.
(Alexis, 100)
Se 1uin remaint, sil rent as provendiers.
(Alexis, 253)
Une
fois
seulement,
il
introduit
la
conséquence
irréelle
d'une
condition irréelle :
Se mei 1eust, si t'oüsse guardet.
(Alexis, 490)
- 524 -

'. '~
[Si tu me l'avais permis, je me serais occupé de toi]
Ces trois emplois sont en conformité avec la loi de Thurneysen.
Quand la conséquence irréelle est négative, l'adverbe ja suivi de ne
souligne expressivement l' irréali té
permanente d'une action donnée
pour impossible :
Se jot soüsse la jus soz le degret,
o as geut de longe enfermetet,
Ja tote gent ne. soüssent torner
Qu'ensemble 0 tei n'oüse converset.
(Alexis, 486-489)
[Si j'avais su que tu étais là sous l'escalier
Où tu gisais à cause de ta longue maladie
jamais personne n'aurait pu m'empêcher
d'aller vivre avec toi.]
Ainsi la séquence se ... ja ne peut-elle être tenue pour un système
corrélatif exprimant un type fréquent de relation conditionnelle.
L'adverbe
donc apparaît
aussi
dans
ce
texte,
comme
marque d'une
conséquence plutôt que d'une concomitance temporelle, et satisfait à
la loi de Thurneysen :
S'il nos font presse, donc en ermes delivre.
(Alexis, 525)
A Y regarder
de
plus
près,
donc
n'est
pas
ici
en
rapport
de
conséquence avec
la subordonnée introduite par
se,
mais avec une
- 525 -

· .~
proposition formulée précédemment dans le texte (vers 523-524) :
"Faisons de grandes largesses à la foule ; si ces gens nous
i
font obstacle, de cette façon nous en serons débarrassés";
La
Chanson
de
Roland ne
présente
pas
si
après
se.
Mais
on
le
rencontre après un type de proposition conditionnelle caractérisée
par la position du verbe en tête de phrase au subjonctif
Yenget li reis, si nus purrat venger.
(Roland, 1744)
On peut aussi voir dans cet exemple aussi bien un souhai t qu'une
supposition.
L'archevêque Turpin
conseille à Roland
de
sonner du
cor; même s'il est trop tard pour sauver l'arrière-garde.
[Vienne le roi, il pourra nous venger]
On peut en dire autant de ce vers de Rutebeuf :
Yoisent un pou avant, s'avront remission.
(Rut., W, 40)
Ce vers est le quarantième du Di t de Pouille,
poème que Rutebeuf
écrit pou~engager les chrétiens à pousser plus loin que Rome, c'est-
à-dire
en
Pouille

se
prépare
une
croisade.
Voisent
est
un
subjonctif de souhait: "qu'ils aillent plus loin", et la première
proposi tion peut n' être qu'une indépendante de souhait, sans valeur
métaphorique de condition. La traduction par "s 1 ils vont plus loin"
procède donc d'une interprétation abusive. En effet, rien dans nos
textes jusqu'ici ne prouve qu'une indépendante de volonté en tête de
phrase ait pu, à cette époque, jouer le rôle de conditionnelle. On y
- 526 -

~ .\\
rencontre se •.• ja ne dans un contexte non irréel, insistant sur la
pérennité de la conséquence négative
,.
Charlemagne regrette d'avoir
laissé Roland dans l'arrière-garde:
Deus! se jol pert, ja n'en avrai escange.
(Roland, 840)
[Dieu
si je le perds, je n'en aurai jamais le remplaçant]
Se ... ne ..• ja mais a le même fonction:
Se puis veeir ma gente sorur Alde,
Ne jerreiez ja .ais entre sa brace.
(Roland, 1720-21)
[Si je puis revoir ma gentille soeur Aude,
Vous ne coucherez jamais entre ses bras].
On rencontre aussi ja sans ne avec le simple sens d'"alors"
S'altre le desist, ja semblast grant mençunge !
(Roland, 1760)
[Si
un
autre
le
disait,
alors
cela
paraîtrait
un
grand
mensonge]
L' adverbe sempres (= sur-le-champ),
soulignant l'immédiateté de la
conséquence, peut passer pour former avec se un système exprimant la
certitude d'un résultat dont la cause est restée irréelle:
Se li paiens une feiz recuvrast,
Se.pres fust mort li nobilies vassal.
(Roland, 3441-42)
- 527 -

[Si le paien était revenu une fois à la charge, le noble vassal
eût été tué sur-le-champ].
Le même rapport
est
exprimé dans
l'ordre
inverse
deux vers plus
haut
Se.pres caist, se Deus ne li aidast.
(Roland, 3439)
En soulignant la pérennité ou l'immédiateté d'un fait
supposé qui
dépend d'un autre
fait
supposé,
les
adverbes
ja
(ne)
et
sempres
affirment,
tout
en
le
nuançant,
le
rapport
de
condition
à
conséquence.
C'est aussi la valeur de la conjonction et au vers 40
S'en volt ostages, e vos l'en enveiez,
U dis u vint, pur lui afiancer.
(Roland, 40-41)
[S'il veut des otages, envoyez-lui-en]
l'envoi d'otages doit
suivre la demande sans hésitation.
Au XIIe siècle, l'éclipse de se ... si est totale dans le Couronnement
de Louis, le Charroi de Nîmes, Enéas, les Lais de Harie de France. le
Roman de Renart, la Prise d'Orange.
Se ... ja et se ... donc se partagent la suppléance
Dans le Couronnement de Louis, on relève 6 fois ja et 2 fois donc sur
les 2695 vers que compte l'ouvrage:
- 528 -

'. ~
Se cil de Rome se sont aperceü,
Ja de nostre ost n'en eschapera nuls.
i
(Cour., 1196-97)
Se il vo1sist, ja li trenchast le chief.
(Cour., 1252)
S'ensi ne1 fait, donc pert France son los.
(Cour., 25)
Sur les 1486 vers du Charroi de Nimes on relève 6 fois ja et 6 fois
dont
S'il ne se venge ja sera forsené.
(Charroi, 1357)
Se saiges estes, dont seroiz sorhaucié.
(Charroi, 383)
Encore doit-on écarter de ce compte la suite lexicalisée
ja mar,
formulant un souhait solennel, néqatif
Se tant et plus ne vos ai deviez
Ja .ar avrai riens de tes heritez.
(Charroi, 289-290)
[Si je ne vous en ai pas tué tant et plus, que je n'aie jamais
rien de votre héritage !].
Dans l'Eneas, on rencontre 2 fois ja (ne) et 3 fois donc sur les 5998
- 529 -

'. ~
vers
Et dist : se or truis l'aventiz,
,.
ja an sera vangiez mes fi1z.
(Eneas, 5953-54)
S'il conquiert ce dont es saisiz,
donc seras tu an fin honiz.
(Eneas, 3455-56)
Marie de France donne deux fois un corrélatif à se, et c'est dunc
S'e1e refuse ma priere
e tant seit orgoi11use e fiere,
dunc m'estuet i l a doe1 murir.
(Guigemar, 403-405)
S'il le poet de1 cheval abatre,
dunc serat il en fin honiz
(Hi1un, 354-355)
Deux passages relevés sur 5729 vers, c'est un rapport insignifiant,
surtout si l'on remarque que ces deux dunc satisfont à la loi de
Thurneysen. Mais on remarque aussi que ces deux dunc présentent un
sens logique bien en harmonie avec le rapport condition-conséquence.
Le Roman de Renart offre seulement 3 fois
se ..• ja ne sur les 3256
vers
Se ne prenez autre confort,
- 530 -

' ..~
ja D'en avrez el que la mort.
(Renart, 1003-04)
(voir aussi ibid., 954-956 : 3203-04).
Une suite se ••• or se lit aux vers 2905-06
Se vos aus noces volez estre,
Or ne vos faut mes que le prestre.
(Renart, 2905-06)
Hais or sert ici plus à actualiser la principale dans la situation
présente qu'à la donner pour apodose de la condition formulée.
Dans les 1888 vers de la Prise d'Orange, se est suivi une fois de ja
(sans ne) :
S'il eüst armes por son cors conraer,
Ja fussent tuit el palés effraez.
( P. OR., 612 - 613 )
une fois de dont :
Se por amors estes mis a joise,
Dont porra dire la gent de vostre empir
Que mar veistes C)rable la roine.
(P. OR., 348-350)
une fois de lors
S'i estiez le premier jor d'esté
Lors orriez les oseillons chanter
(P. OR., 245-246)
- 531 -

'. '~
, .
Dans ce dernier vers, l'adverbe lors, représentant la date indiquée
au vers précédent
(le premier jor d'esté)
a manifestement un sens
plus temporel que consécutif.
L'éclipse de si n'est pourtant pas sans exception pendant ce siècle.
On le relève 9 fois dans Eracle (où se seul figure 200 fois) :
Et se je sui vo bone amie,
si ne me devés celer mie
riens nule dont je vos enquier.
(Eracle, 4093-95)
(voir aussi
ibid.,
327-328:
530-532
1013-14
2314-16
2642
2825-26 : 4074-76 ; 5462-64)
Mais la suite se •.. si y apparaît aussi avec la valeur concessive qui
se maintiendra seule au XVe siècle (cf. 5.5.) :
Se li cevaUs valoit mil mars,
si ameroit il qu'il fust ars.
(Eracle, 1653-54)
[Si le cheval valait mille marcs, il aimerait quand même qu'il
fût brûlé].
Erac1e
présente
aussi
6
fois
donc
(456-457;
526
537-538
2721-22
5149-53
6564-65)
et
4
fois
ja
(1531-34
4413-14
5457-59
5516-18)
Un emploi de se ••• or est à rejeter pour la même raison qu 1 aux vers
2905-06 du Roman de Renart (voir plus haut) :
- 532 -

' ..~
',,1
Se Gautiers d 'Arrasfist aine rien
C'on atorner li doive a bien,
1
Or li estuet tel traitié faire
que sor tous autres doive plaire.
(Erae1e, 1-4)
Par l'adverbe or du vers 3, Gautier d'Arras désigne évidemment le
moment
présent

il
s'installe
devant
sa
page
blanche,
sans
corrélation aucune avec le se du premier vers.
En revanche, la corrélation existe aux vers 21-23 entre se et lors
S'on ve1t joie entreme11er,
lors eonmeneent d'el a parler.
(Erae1e, 21-23)
Le
Tristan de Béroul
est
particulièrement
pauvre
en
corrélations
hypothétiques. Béroul emploie 5 fois ja, dans un sens très temporel
quand il est suivi de mais :
Se la desraisne est en ee1 pré,
Ja n'i avra .ais si bardiz,
Se i l apres les eseondiz
En disoit rien se anor non,
Qui n'en eüst mal gerredon.
(Béroul, 4174-78)
Mais il
l'emploie ailleurs dans un contexte excluant
le
sens de
"jamais", comme dans ces pensées prêtées au roi Marc après qu'il a vu
Tristan couché à côté d'Iseut, mais vêtu de ses braies:
- 533 -

'. -~
Se il s'amassent folement,
Ja n'i eüssent vestement.
(Béroul, 2007-08)
Un emploi de or semble bien référer à la situation définie par la
subordonnée
précédente

la
conjonction
se est
suivie
d'un
ja
dénotant un moment indéterminé :
Beaus amis douz, se ja corage
Vos ert venuz de repentir,
Or ne peüst mex avenir.
(Béroul, 2270-72)
Enfin Béroul emploie, une fois se ... si pour dénoter un pur rapport de
condition (irréelle) à conséquence :
S'uns escureus de lui sausist,
Si fust il mort, ja n'en garist.
(Béroul, 923-924)
Comme Gautier d'Arras, il lui donne, ailleurs, le sens concessif (cf.
5.5., 396-397).
Chrétien de Troyes use une fois de se ..• si dans Yvain (6694-95),' dans
le Chevalier de la Charrete (6842-44) et dans Perceval (1483-86). Il
en use au sens concessif dans
Cliges (2698-2700)
et dans
Perceval
<3754-56) .
Il
use
plus
souvent
de
se .•. ja
(ne)
qui
se
compte
21
fois
et
se .•. donc, 11 fois.
Un emploi corrélatif de et (que connaît Chrétien après
quant,
cf.
- 534 -

·
...
5.3.) semble se présenter dans le Chevalier de la Charrete
Et s'ele a lui grant amor ot
i
et il,c. mile tanz a li,
car a toz autres cuers failli
Amors avers qu'au suen ne fist.
<Ch. Ch., 4662-65)
Le cas est embarrassant par le fait
qu'il
est
unique dans
notre
corpus depuis la Chanson de Roland et par le fait que la proposition
principale~ elliptique du verbe. Cependant Jean Frappier, dans sa
traduction conforme au texte de Mario Roques <Champion, p. 131) prend
bien et pour un adverbe introducteur de la proposition principale :
"Mais si d'un gand amour elle aima Lancelot,
lui
fut
épris
mille et mille fois plus, car Amour fit faux bond à tous les
autres coeurs, quand on songe combien il enrichit le sien".
Au XIIIe siècle, les adverbes corrélatifs de se sont aussi rares.
Villehardouin, grand usager de quant ... si, n'emploie se ... si que deux
fois
Et ne porquant vos l'avez tant servi, et moi et lui, que, se on
vos en donoit trestot l'empire, si l'ariez vos bien deservi.
f
<Villeh.,
189, 3-5)
Et se Diex lor donoit que il i
peüssent venir, si seroient a
saveté.
9
<Villeh.,
406, 12-13)
- 535 -

'. "'"~
C'est encore plus que tout autre système, puisqu'on ne rencontre dans
son premier tome, outre si, que dont, une seule fois:
i
Se vos vos poez defendre des Venissiens, dont estes vos qui te.
f
(Villeh.,
81, 6-7)
La Queste del Saint Graal présente une seule fois se •.• si, au sens
concessif (6, 9). A part cela, nous n'avons relevé que se .•• ja, une
seule fois :
Et certes, se vos ne fussiez si pechierres come vos estes, ja
li set frere ne fussent ocis par vos ne par votre aide.
(Queste, 54, 22)
L'auteur de la Vie de Saint Eustache qui ignore se •.. si, n'use que de
se ..• ja, une fois
Se la plaie i poion trouver,
Ja puis n'en devon riens douter.
(St Eust., 1261-62)
Aucassin et Nicolette présente une fois se .•. dont (XIV, 31-32) et 4
fois se •.• si (II, 21-22 ~ VIII, 16-17 ~ II, 38-40
XXV, 13-14) ~ les
deux derniers exemples sont de sens concessif.
Encor est
le seul
corrélatif
de
se qui
se
relève
dans
Courtois
d'Arras:
Dieus, se c'est por men bien que vous si me batés,
encor porai bien dire : molt vaut sens acatés.
(Courtois, 441-442)
- 536 -

~,.t
Les 5655 vers de
Guillaume de Dole ne nous offr~ 'un se .•• dont
(5420-21) et un se ... si concessif (2976-77).
,.
Rutebeuf remet en usaqe le se ... si qu'il emploie 7 fois
S'il muert par moi, s'ert de moi plains.
(Rut., E, 156)
S'ele puet parler ne veoir,
Si vous fera lez li seoir
(Rut., L, 607-608)
(voir aussi ibid., A,
69-70 ;
8,
47-48
Z,
132
AC,
46-47
Ar,
43) •
Il en use même après qui employé au sens de "si l'on"
Quar, qui memetroit a l'essai
De changier ame por la moie
Et je a l'eslire venoie,
De toz cels qui orendroit vivent
Qui por lor ame au siecle estrivent,
Tant quierent pain trestoz deschaus
Par les granz froiz et par les chaus
Ou vestent haire ou çaingnent corde
Ou plus facent que ne recorde,
Si penroie ainz l'ame de lui
Plus tost, je cuit, que la nului.
(Rut., T, 38-48)
- 537 -

.. ·--
Dans cet exemple, qui, relatif indéfini est sans antécéden:; i l est
sujet du verbe "metroit" et appelle le corrélatif si. Lui, au vers
47, représente Mgr. Geoffroi de Sergines, dont cette Complainte fait
l'éloge.
On ne relève à part si, que lors (Q, 75) ; on écartera un ancor (i,
51-52)
qui
forme
avec
oan
une
unité
lexicale
complexe
de
sens
temporel.
En réservant les emplois concessifs, au nombre de 4, qui relèvent du
§5.5., le Roman de la Rose présente 3 fois se...si (13289-292 ;
13525-526 ;
16366-367).
On
y
relève
aussi
5
fois
se ... ja
ne
(12281-282 ; 12528-529 ; 15613-614 ; 15615-618 ; 12436-439).
Employé 4 fois
(731-732 ; 3333-36
4017-20 ; 4048-49),
se ... ja ne
domine encore dans Jehan et Blonde, à côté d'un se ... si non concessif
(3424-25),
d'un autre concessif
(570-573)
et d'un
se ... ja sans ne
(2781-85) .
Enfin Joinville emploie 3 fois le système corrélatif se ... si
Se tu creins Dieu,
si te creindront toutes les riens qui te
verront.
(Joinville, 17, 18)
(voir aussi ibid., 91, 13 ; 172, 40).
A part si, Joinville n'use que de ja qui se présente 3 fois. Mais ces
emplois de ja n'en font pas un corrélatif de se. Nous les signalons
pour
leur
originalité,
car
après
les
deux
premiers
sens
de
ja
- 538 -

.. 1
("jamais"
et
"déjà")
en
voilà
un
troisi~me
("désormais"),
sens
fondamental :
i
Car se tu nous avoies touz perdus, tu n'en seroies ja pour ce
plus povre.
(Joinville, 216, 34-35)
Et se tu nous avoies touz gaaingnés,
tu n'en seroies ja plus
riche pour ce.
(Joinville, 216, 35-36)
(voir aussi ibid., 91, 14)
Signalons
que
les
systèmes
corrélatifs hypothétiques
de
type
IV,
n' apparaissent pas dans la Vie de Saint Eustache, les Trois Aveugles
de Compiegne,
le Jeu de la Feuillée, la Chastelaine de Vergi et le
Jeu de Saint Nicolas.
Au XIVe siècle, nous n'avons relevé que 2 fois se ... si non concessif
chez Froissart
-Ensi le voel je, dame entendre
Et, se plus haut puis ore tendre
Que de valoir dignes ne soie,
S'ai je coer, se dire l 'osoie.
(Frois., Esp. am., 3468-71)
(voir aussi ibid., 2155-59).
- 539 -

. ·
'
Froissart use par ailleurs 3 fois de se •.. si concessif (Chron., 288,
11-14 ; Esp. am., 1860-64 ; 2878-83).
i
Dans Mélusine, se ... si se relève deux fois:
Par
foy,
dist
Hermine,
s'il
avoit
loué
pour
lui
louer
et
prisier, si a il bien emp10ié sa mise.
(Mélusine, 104, 8-9)
(voir aussi ibid., 87, 19-21).
Au XVe siècle,
dans
le
Quadri10gue invectif,
joute de plaidoyers
argumentés de bout en bout, nous n'avons relevé que se ... au moins,
une fois, de nuance concessive (cf. 5.5.).
Un système se ... ainsi y présente un sens purement comparatif:
Et se le che.va1 par batre et flage1er et le beuf par force
d'agui11onner durement tirent hors leurs voitures des effondrez
et des mauvais passaiges, ainsi croy je que le f1aë1 de divine
justice,
qui nous fiert
par l'adversité presente,
nous doye
esmouver
a
prendre
couraige
pour
nous horsgecter
de
ceste
infortune.
(Quadr., 44, 25-31)
François Villon n'emploie qu'une fois le système se ... ja ne
Se du Ladre eust veu le doit ardre,
Ja n'en eust requis refrigere.
(Villon, Test., LXXXIII, 817-818)
et les systèmes se ... si, se ... encore au sens concessif (cf. 5.5.).
- 540 -

"
'~
Commynes n'offre que deux quant •.. si concessifs (cf. 5.5.).
Enfin,
dans
Haistre
Pierre
Pathelin,
on
relève
un
emploi
de
1
qui (= "si l'on" ') + conditionnel :
Car quoi ! qui vous aroit crachié
tous deux encontre la paroy,
d'une maniere et d'ung arroy,
si seriez vous sans difference.
(Pathelin, 154-157)
Le XVIe siècle n'offre guère plus:
Chez
Marot,
certainement,
associé
à
si
(2
fois),
n'est
qu'un
corrélatif du discours, unique dans notre corpus
Si une foys puis avoir a11egeance,
Certaineaent j'en prendray bien vengeance.
(Marot, Epistres, 135, VIII, 8-9)
(voir aussi ibid., 151, XVIII, 3-5)
Si ... 1ors, employé deux fois, semble déjà un ornement de poésie
Hais s'il advient que la guerre s'esbran1e,
Lors conviendra danser d'un autre branle.
(Marot, E1égies, 290, l, 127-128)
(voir aussi ibid., 380, XIII, 31-32)
Si ne ••. au moins employé une fois est du ressort de la concession
(cf. 5.5.).
Chez Ronsard, nous avons relevé une fois si ... a1ors :
S'il advient quelque jour que d'une voix hardie
- 541 -

, .
J'anime l'eschaufaut par une tragédie
Sententieuse et grave, alors je feray voir
1
Combien peuvent les nerfs de mon petit sçavoir.
(Rons., Amours, 218, XLIV, 183-186)
et une fois un cas de système conditionnel ou lors est l'adverbe
corrélatif
en
relation
avec
la
marque
de
condition
qu'est
le
subjonctif imparfait eussé-je en tête de la phrase
Eussé-je au moins une poictrine faicte,
Ou de crystal, ou de verre luysant,
Lors tu serois dedans mon coeur lisant,
De quelle foy mon amour est parfaite.
(Rons., Amours, CXXXV, 5-8)
rSi ma poitrine était transparente, tu pourrais lire dans mon
coeur].
Chez Du Bellay un si ... adoncques poétiquement archaïque
Si je passe plus outre, et de la Rome neufve
Entre en la vieille Rome, adoncques, je ne treuve
Que de vieux monuments un grand monceau pierreux.
(Du Bellay, Regrets, LXXX, 12-14)
Chez le philosophe Montaigne, un si ... au moins concessif (cf. 5.5.) ;
et chez le véhément Agrippa d'Aubigné deux si .. . lors (Tragiques, l,
329-332
et
IV,
171-174),
renforcés
en
si ... si ... alors
aux
vers
946-950 des Tragiques (livre III)
Si l'injustice un jour vous peut voir ses esclaves,
- 542 -

Si la vile chicane administre vos loix,
Alors Grison, Souïsse, et Batave et Anglois,
i
N'atten point que la peur en tes esprits se jette
Par le regard affreux d'un menaçant comete.
(D'Aub., Tragiques, III, 946-950)
Au XVIIe siècle, notre récolte se borne à un si ce n'est ... au moins
de
l'argumentateur
Pascal,

la
corrélation
rejoint
la
coord~ation :
Ainsi vos décisions meurtrières sont maintenant en aversion à
tout le monde, et vous seriez mieux conseillés de changer de
sentiments, si ce n'est par principe de religion, au aoins par
maxime politique.
(Pasc., Prov., 199, 22-25)
et au tour suivant :
Dites-aoi vous-même en quel sens vous l'entendez, et alors je
vous dirai ce que j'en crois.
(Pasc., Prov., 38, 43-45)
Lisez ce qu'il cite d'Aristote,
et vous verrez qu'après une
autorité si expresse, il faut brûler les livres de ce prince
des philosophes, ou être de notre opinion.
(Pasc., Prov., 69, 10-12)
Dans ces phrases, Di tes-moi et Lisez expriment-ils une hypothèse ou
un conseil ? C'est dans des cas ambigus de ce type que le tour est
- 543 -

. .
.
né. Le fait que Pascal l'a employé deux fois tend à prouver que le
tour se répand. Les deux phrases ont un et qui vaut un adverbe.
i
Signalons l'apparition 4 fois dans les Sermons de Bossuet et cinq
fois
dans les Caractères de la Bruyère du tour :
Voyait-il un membre affligé, il ressentait toute sa douleur.
(Sermons, 40, 25-26)
(voir aussi Boss., Sermons, 40, 26-28
40, 28-30
40, 30)
A-t-on servi, il se met à table et dans la première place.
(Bru., Car., pp. 151-152)
(voir aussi,
Bru.,
Car.,
196,14,
5-8 ; 209,
32,
17-18
209,32,
19-22 : 237, 48,7-8).
c'est à titre indicatif que nous avons cité ce dernier tour qui n'est
pas en réalité de notre ressort, parce qu'il n'y a pas de corrélatif
en tête de la deuxième proposition.
En définitive,
l' hypothèse a toujours été un domaine assez stérile
pour l'éclosion de systèmes corrélatifs. Il ne serait pas impossible
à qui se ferait
l' "avocat du diable" de soutenir que,
de tous les
exemples dont nous avons fait état dans cette IVe Partie, aucun ne
présente
l'hypothèse
pure
de
toute
autre
relation,
et
que
les
adverbes relevés ont tous dans la proposition principale une fonction
ne devant rien à la conjonction précédente. Nous avons rejeté cette
position extrême en considération du très faible nombre et de la
constance des adverbes occupant cette place (si,
ja,
donc,
lors et
- 544 -

'.
~
peu d'autres).
Il n'en est pas moins remarquablé que la conjonction se n'a jamais eu
besoin d'alliance, et a rejeté si chez tels auteurs qui en usaient le
plus,
jusqu'à l'élimination totale qui lui a permis de prendre sa
forme, celle du si latin.
5.5. Systèaes concessifs.
Un adverbe,
en ancien français a par lui-même le sens concessif,
c'est ne por quant locution présente dès la Chanson de Roland:
Jo sai asez que Carles ne m'atent,
E nepurquant de vos receif le guant.
(Roland, 2837-38)
Il
existait,
par
ailleurs
des
propositions
subordonnées
dont
la
valeur concessive ressortait de diverses marques telles que l'emploi
d'adverbes comme tant, bien, tot, encore, ja ou de pronoms "relatifs
indéfinis" comme qui que, quoi que, ou de conjonctions comme quant,
se, souvent associées à l'emploi du mode subjonctif.
Un système concessif de type IV aurait pu naître si neporquant avait
souvent fait suite à une proposition concessive. Or le cas ne s'est
présenté qu'une fois dans notre corpus:
Hes cest m'est vis, plus sui pené,
Ker se il perdi tout son or,
Tout son argent et son tresor
Et toute l'autre manantie
Ke il avoit en sa baillie,
- 545 -

..
'. -.
'eporquaDt il se pout coucbier
Desus un petit de paillier.
f
(St Eust., 998-1004)
[Mais il (cest] me semble, et j'en suis plus peiné,
Que s'il perdit tout son or,
Tout sont argent et son tresor
Et aussi tout le domaine
qu'il avait en sa charge,
du moins il put se coucher
sur un peu de paille]
Partout ailleurs, neporquant fait suite à une proposition autonome,
ou commence la phrase :
Hout li feisoient vilenie ;
Nepourquant ne se pleignoit mie.
(Est. Graal, 1609-10)
'eporquaDt, de plaisance se partirent unes mult bones genz, qui
s'en alerent par d'autres chemins en Puille.
9'
(Villeh .•
54. 1-31
Une
seule
occurrence
sur
un
tel
corpus
permet
d'affirmer
que
neporquant n'a jamais été en français un corélatif de concession.
La même
chose
peut
être
affirmée
des
adverbes
plus
rares
comme
neporoc,
nequedent,
non
contrestant,
ou
plus
récents
comme
nonobstant, neantmoins.
- 546 -

Au
contraire,
l'adverbe
si
-corrélatif
universel
dans
l'ancienne
langue-
se
rencontre
(facultativement)
après
des
subordonnées
,
spécifiquement concessives
Vueillent 0 non, sil laissent metre en terre.
(Alexis, 579)
Veuillent 0 non, sil laissent entodir.
(Alexis, 597)
Si est ici le corrélatif adversatif par excellence. Le tour suspensif
vueillent 0 non
a la valeur d'une proposition concessive. Ce tour
suspensif est caractérisé par un verbe au subjonctif placé en tête de
phrase (position contraire à la norme), suivi de 0 non.
On le retrouve dans Roland :
Voillet 0 nun, tut i laisset sun tens.
(Roland, 1419)
(voir aussi Roland, 1669 ; 2044
2168
3170)
Bien vos poist, si i iroiz.
(Erec, éd. Foerster, 4018)
(Cela a beau vous peiner, vous y irez]
Encoir ne soit ma parole tranchoise,
Si la puet ou bien entendre en tranchois.
(Conon de Bethune, III, 10)
- 547 -

'. ~
[Encore que mon parler ne soit pas du pur français,
On peut tout de même bien le comprendre en français]
"
La valeur
adversative que
prend
si dans ces deux
textes résulte
entièrement
du
contexte,
consistant
ici
en
deux
propositions
formellement marquées comme concessives. Mais elle s'observe aussi
après les conjonctions se et quant dont le sens est respectivement
conditionnel et temporel.
Se . .. si adversatif apparait dans notre corpus à partir d' Eracle
outre les vers 1653-54, cités en 5.4., on y relève
Se il n'avoit plus de mervelle,
Sel devroit on bien aourer.
(Eracle, 5666-67)
Dans
ces
deux
exemples,
le
système
hypothétique
est
placé
dans
l'irréel (imparfait-conditionnel). Ce n'est pas le cas dans l'exemple
relevé chez Béroul, à la même époque
Se la mort doi recevoir ci,
S'en dirai je le voir du toto
(Béroul, 396-397)
rMême si je dois ici recevoir la mort,
Je dirai toute la vérité].
Le sens adversatif n'est reconnu ici qu'en fonction de la situation
et du signifié des propositions concernées. Aucune marque formelle,
dans ce texte ni dans le précédent, ne distingue la concession d'une
- 548 -

, .
simple hypothèse.
Comme
Béroul,
Chrétien
de
Troyes
emploie
se ... si
avec
un
sens
concessif ou non selon le contexte,
sans différence formelle ; on
relève au sens concessif
Car se mil anz avoie a vivre
Et chascun jor doblast mes sans,
Si perdroie gie mon porpans.
(Cligès, 2698-2700)
S'il en i eüst cinc setiers,
S'eüst ele autel let, ce cuit.
(Yvain, 3004-05)
Se li vaslez est los et nices,
S'est il espoir mout gentix homo
(Perceval, 1010-11)
Se il seüst de verité
que ge l'eüsse desservi,
s'an deüst il avoir merci.
(Perceval, 3754-56)
Les deux valeurs se maintiennent au XIIIe siècle
on relève, au sens
concessif :
- 549 -

"~
Se je en deusse orendroit morir, si le feisse je por la volent~
mon seignor aeomplir.
(Queste, 6, 19-21)
S'ele estoit enpereris de Colstentinoble u d'Alemaigne, u roine
de France u d'Engleterre, si aroit il ass~s peu en li.
(Aue., II, 38-40)
Se j'estoie fix a roi
S'afferri~s vos bien a moi,
Suer douce amie.
(Aue., XXV, 13-14)
S'il n'avoit fors son vasselage,
S'iert il bien dignes d'un roiaume.
(Dole, 2916-11)
S'en me devoit tuer ou batre,
si me veill je par tout enbatre.
(Rose, 11531-538)
(voir aussi ibid., 14850-851 ; 15959-960
8181-94)
Et s'ele n'avoit nul tresor
Fors que sans plus sa grant biaut~,
- 550 -

.,"
Si seroit une roiauté
A son aferant trop petite.
,-
(Jeh. et Bl., 570-573)
Au XIVe siècle, Froissart présente 3 fois se ... si concessif:
Je ne dy mies que nous afoiblissons ne amenrissons l'iretage de
monseigneur de Flandres, et se faire le volions, se ne porions
nous.
(Frois., Chron., 288, 11-14)
(voir aussi Frois., Esp. am., 1860-64 ; 2878-83)
Mélusine parait présenter un cas nouveau
Non
pourtant
a
ce
que
le
roy
soufroit
grant
doulour,
si
ravigouroit
il
ses
gens,
tant
que
les
Sarrazins ne porent
gueres conques ter que plus ne perdissent.
(Mélusine, 106, 13-15)
Le dernier
emploi de
se ... si concessif
a été
relevé
-dans notre
corpus- chez Villon
S'elle n'ose, si la pense elle.
(Villon, Test., XXXIV, 272)
A partir du moment où se aura repris la forme si originelle, i l ne
sera plus question d'associer les deux mots.
Se ... au moins,
apparu dans le
Quadrilogue invectif (30,
8-13)
et
retrouvé chez Marot (Epistres, 256, LXII, 63-64), survivra à se ... si
chez
Montaigne
(Essais,
III,
VIII,
140,
20-21)
et
chez
Pascal
- 551 -

"
"
(Provonciales, 199, 22-25) :
Hélas, nous ne leussons pas cheuz en cest inconvenient ou, se
i
Fortune
eust
esté
si
puissant
sur
les
loiaulx
et
entiers
couraiges qu'elle nous eust ung pou rebouté de properité, au
.oins nous leussons nous plus
tost ressours par l'union et
lermeté de noz voulentez.
(Quadr., 30, 8-13)
Donc, si de laict ne suys poinct un vainqueur,
Au .oins le suys je en vouloir et en cueur.
(Marot, Epistres, 256, LXII, 62-64)
S'ils previennent l'un l'autre,
s'il ne s'attendent pas,
au
.oins ils s'entendent.
(Montaigne, III, VIII, 140, 20-21)
(voir aussi Pascal, Prov., 199, 22-25)
Mais le vrai remplaçant de se ... si est sans doute quant ... si apparu
chez
Commynes,
système

quand
devient,
devant
un
verbe
au
conditionnel,
ou
au
subjonctif,irréel,
une
conjonction
de
concession :
Quant ilz eussent eu mil hommes d'armes avec eulx de bonne
estolle, si estoit leur entreprinse bien grande.
(Commynes, 155, 27-28)
(voir aussi ibid., 219, 29-31)
Marot en use
- 552 -

'. ~
Hais ores quand quarante ans te tiendroys
Loing de nos yeu1x, si auroit-on (pour voir)
Records de toy et duei1 de ne te veoir
(Marot, Epistres, IX, 136, 6-8)
mais remplace au besoin si par ja
Par quoy, amy, ne laisse point à prendre
La plume en main, en 1uy faisant apprendre
Que quand jamais elle ne t'escriroit,
Ja pour cela t'amour ne periroit.
(Marot, E1égies, l, 288, 17-20)
T'advertissant que quand paix ne seroit,
Ja pour cela France ne 1aisseroit
A desirer ta venue honorée.
(Marot, chants divers, 384, 37-39)
Agrippa d'Aubigné en use:
Quand tu nous meurtrirois, si te benirons-nous.
(D'Aub., Tragiques, l, 1284)
ainsi que Du Bellay :
Ceste grace, et dou1ceur, et ce je ne sçay quoy,
Que quand vous ne seriez fille, ny soeur de Roy,
Si vous jugeroit-on estre ce que vous estes.
(Du Bellay, Regrets, CLXXV, 12-14)
et ce dernier emploi si dans la même valeur après bien que
- 553 -

· 1
Quand ceste belle fleur premierement je vey,
Qui nostre aage de fer de ses vertus redore,
Bien que sa grand'valeur je ne cognusse encore,
Si fus-je ne la voyant de merveille ravy.
(Du Bellay, Regrets, CLXXXV, 1-4)
Conclusion.
Bien que la valeur de si après se puisse toujours être mise sur le
compte du contexte,
de la naissance à la mort de ce "système",
le
choix de si après quand concessif semble bien prouver qu'une nuance
d'opposition ait
été associée à
se .•• si pendant plusieurs siècles,
même
si
le
système,
dans
tels
autres
contextes,
n'était
qu'hypothétique.
- 554 -

,
..
"
CINQUIEME PARTIE
SYSTEKES INACCOMPLI (•.• )/Conjonction

CINQUIEME
PARTIE
6. Systèaes INACCOMPLI ( ••• )/CO_JONCTION.
6.1. Généralités.
Suzanne A11aire4~ groupe dans la Ille Partie de sa thèse un certain
nombre de schèmes dont
elle fonde
l'unité sur
"la
relation d'un
énoncé suspensif et d'un énoncé complétif".
Sous ce chef voisinent légitimement des phrases comme :
"A peine la réunion est-elle levée que le sénateur tient une
brève conférence de presse". 4 6
(Le Honde, 11-10-12)
'~e voudrais-je que je ne pourrais pas me désintéresser de cet
aspect des choses".47
(F. Giroud, Si je mens, p. 215)
Mais
s'il
est
vrai
que,
dans
la
seconde
phrase,
le
caractère
suspensif de la proposition principale suffit à définir le schème, il
n'en
est
pas
de
même
pour
la
première
phrase

l'inversion
morphologique n'est pas obligatoire: "La réunion était à peine levée
que ... ". L'adverbe à peine donne-t-il à la principale le caractère
"suspensif" ? On en dirait autant de tous les adverbes corrélatifs du
ressort de la Ille Partie.
45. Suzanne Allaire. CP. Cit .. p.420.
46. Suzanne Allaire, ibid .. p.420.
47. Suzanne Allaire. ibid .. p.420.
- 555 -

. .
.
D'autre part,
Suzanne Allaire semble avoir arbitrairement exclu de
son étude les systèmes comportant la conjonction quand, substituable
à que dans un grand nombre de phrases du premier schème, et non du
second :
"La réunion était à peine levée quand le sénateur
tint
une
brève conférence de presse".
Enfin, la négation peut être substitué à l'adverbe à peine dans la
première phrase (La réunion n'était pas levée que ... ) et non dans la
seconde.
Pour ces raisons (entre autres), nous avons préféré traiter à part un
groupe de constructions définies par le caractère "inaccompli" du
procès principal, ce qui introduit pour la première fois dans notre
étude la considération du sens dans l'identification du schème. En
effet, "inaccompli" implique "relation temporelle".
Les phrases relevant de ce schème ont pour trait commun d'énoncer
l'apparition d'un procès, exprimé dans une conjonctive introduite par
que ou quand, à un moment de la durée d'un premier procès énoncé dans
la principale
les marques d'inaccompli sont de plusieurs sortes:

"J'avais
dix
ans
quand
un
événement
bouleversa
notre
existence" .
Ici la marque est seulement le temps du verbe principal, l'i.parfait
de l'indicatif qui présente le procès in cursu, sans montrer le début
ni la fin. Le graphique ci-dessous présente les deux procès sur des
- 556 -

'. ~
lignes parallèles, relativement à un instant présent commun
j'avais dix ans
instant présent
1er
procès------.....,~
rv V vnl \\]V' IIt'-----------i---
0
0 " ~ a
' " ,()0 " -
2ème procès-------+---fl'o\\o'A"'/'\\~vD~v,q~-----------+--­
bouleversa
Le second procès se produit avant la fin du premier.
A
ce
trait
morphologique
nous
devons
ajouter,
pour
définir
pertinemment le schème, un trait sémantique qui se retrouvera dans
toutes ses variantes : la "subordination inverse".
Dans
l'exemple
donné,
le
"propos"
de
la
communication n'est
pas
contenu
dans
la
proposition
principale
le
destinataire
sait
d'avance que le locuteur a eu dix ans. La principale a la valeur de
"thème" : elle date par référence à un fait connu le procès qui fait
l'objet de la communication, c'est-à-dire le "propos" (ou "prédicat",
ou "rhème") exprimé dans la subordonnée.
On parle de "subordination inverse" dans de pareils cas parce que la
norme veut que la proposition principale soit prédicative (c'est le
cas
de
toutes
les
indépendantes),
alors
que
la
subordonnée
est
souvent thématique ; on dirait normalement :
"Quand
j'avais
dix
ans
un
événemen t
bouleversa
notre
existence".
Cette valeur de subordination inverse, que nous donnons pour un trait
- 557 -

nécessaire des phrases de schème V, est un trait sémantique dont la
reconnaissance
repose
seulement
sur
l'interprétation
du
contexte.
f
Soit cet autre exemple
"J'avais dix ans quand mon père mouru t".
Selon le contexte ou la situation, cette phrase peut être interprétée
comme une suite thèae-propos conforme au schème V, ou comme une suite
propos-thèae adressée à un destinataire connaissant le décès du père
nommé pour l'informer de la date.
Un test peut résoudre l'ambiguïté
dans le second cas, l'ordre des
propositions peut être inversé :
"Quand mon père mouru t, j'avais dix ans".
L'inversion est impossible dans les phrases du schème V.
2° "Je n'avais pas onze ans quand un événement bouleversa notre
existence" .
Ici la négation détermine une limite temporelle (le jour de mes onze
ans)
avant
laquelle
se
produit
le
second
procès
(bouleversa).
L'accession à l'âge de onze ans est donnée pour non encore accomplie.
La valeur de "subordination inverse" se retrouve. Les cas d'ambiguïté
peuvent être résolus par un test supplémentaire
si la phrase est de
schème V, quand peut être remplacé par que:
"Je
n'avais
pas onze
ans
qu'un
événemen t
bouleversa
notre
existence".
Le verbe principal peut être à d'autres temps que l'imparfait, selon
- SSS -

' . ~
. '
',JI
le contexte :
"Je n'avais pas francbi le seuil qu'elle me rappela".
/
"Je n'eus pas francbi le seuil qu'elle me rappela".
30 Faux inaccoapli : Examinons d'abord les phrases suivantes
Je n'étais pas plus t6t sorti qu'elle me rappela".
"Je n'étais si tôt sorti qu'elle me rappela".
"J'étais A peine sorti qu'elle me rappela".
Dans ces trois phrases, le sens est indiscutable: le locuteur a été
rappelé aussitôt apres être sorti. Kais formellement il est dit dans
les deux premières phrases que la "sortie" (premier procès) n'a pas
eu lieu "plus tôt" ou "aussi tôt" que le "rappel" (second procès), et
dans
la troisième phrase que la sortie était
"à peine" réalisée,
c'est-à-dire "presque pas entièrement" ; comparer:
Kon verre est à peine plein.
Un rôti à peine cuit.
L'obscurcissement du sens des deux premières locutions explique la
fréquente confusion qraphique avec les adverbes plutôt et sitôt.
Dans
la
troisième
construction,
l'inversion
du
sujet
produit
l'''énoncé
suspensif"
dont
Suzanne
Allaire
a
fait
son
chef
de
classement (A peine étais-je sorti qu'elle me rappela).
- 559 -

Nous avons inventorié jusqu'ici trois types de schème V encore en
usage au XXe
siècle.
Nous
verrons
dans
les
paragraphes
suivants
,.
(6.2.
6.3. :
6.4.)
qu'ils
existaient
à
date
ancienne.
Nous
en
relèverons d'autres, anciens, dès longtemps abandonnés (6.5. : 6.6.).
Une dizaine d'auteurs ne nous apporte~~un exemple de schème V. Il
s'agit de
textes non narratifs comme les Pensées de
Pascal,
les
Maximes de La Rochefoucauld,
l'Art poétique de Boileau,
de textes
dramatiques comme Courtois d'Arras, le Jeu de la Feuillée et la farce
de Maistre Pierre Pathelin,
des oeuvres lyriques de Villon
on y
compte aussi des ouvrages où le récit a pourtant la plus grande
part :
la
Chastelaine de
Vergi,
les
Trois Aveugles de Compiegne,
Aucassin et Nicolette, le Roman de l'Estoire dou Graal.
6.2. Te.ps d'aspect inachevé/conjonction (quan~
Ce tour apparaît dès la Chanson de Roland
Caries esteit es vals de Moriane,
Quan Deus dei cel li mandat par sun angle
Qu'il te dunast a un cunte Cataigne.
(Roland, 2318-20)
L'événement important n'est pas le passage de Charlemagne aux vaux de
Maurienne, c'est évidemment l'ordre donné par Dieu de remettre l'épée
Durendal à un comte capitaine.
Nous avons donc ici le type 1 du
schème V dans toute sa pureté.
Le procès qu'un événement vient interrompre peut être une intention,
comme dans ces vers du Couronnement de Louis :
- 560 -

BD talent ot qu'il li colpast le chief,
Quant li remembre del glorios del ciel,
i
Que d'ome ocire est trop mortels pechiez.
(Cour., 125-127)
Trait a l'espee, volt li prendre le chief
Quant il li crie et manaide et pitie.
(Cour., 2347-48)
Dans ces deux emplois, l' imparf ai t a cédé la place au passé simple
(en talent ot, volt), mais celui-ci a la valeur "descriptive" commune
au XIIe siècle et ne peut être traduit, en français moderne, que par
un imparfait.
Elément nouveau dans ce type du schème V, la principale n'est pas
purement
thématique
elle
contient
une
part
d'information
(l'intention
de
couper
la
tête)
au
lieu
d'une
simple
référence
temporelle. Mais le test d'inversion ne laisse pas de doute: il y a
subordination inverse.
Il n'y a pas de verbe de volonté, mais encore l'indication d'une
intention, dans ces vers de la même chanson
Et l'anel prist por la dame esposer,
Quant li message li sont al pié alé.
( Cour., 1392-93)
Le point commun entre ces trois textes est l'idée d'un procès voulu,
dont un événement va stopper la réalisation.
- 561 -

' ..~
Dans le passage suivant, la subordonnée prédicative est précédée de
trois principales de sens inaccompli :
i
Un dïemencbe, quinze jorz après Pasques,
Esteit a Rome Guillelmes Fierebrace,
Feme dut prendre et faire mariage,
Trestot aveit entroblié Orable,
Quant de vers France li sont venu message
Qui li aportent unes noveles aspres.
(Cour., 1430-35)
Le verbe estei t rappelle le séjour que Guillaume fit à Rome et en
fait la référence d'un événement qu'on s'attend à voir surgir; le
vers
1432
énonce
une
intention
très
comparable
à
celles
qu 1 exprimaient en talent ot au vers 125 et
volt au vers 2347 ; le
vers 1433 peut être tenu pour une parenthèse adressée aux auditeurs
familiers de la geste de Guillaume,
qui pourraient s'étonner qu'il
songe
à prendre
une
femme
autre
qu'Orable.
Ces
quatre
vers
ont
pourtant
une
valeur
plus
thématique
que
prédicative,
car
ils
n'énoncent que des faits connus, racontés dans la laisse précédente
du vers 1381 au vers 1392.
L'arrivée des messagers, énoncée dans la subordonnée introduite par
quant,
est l'événement qui va changer le cour des choses.
Il y a
toujours
subordination
inverse,
et
l'inversion
de
l'ordre
des
propositions est impossible.
Nous avons relevé deux exemples du type 1 dans l'Eneas
- 562 -

Elle plore, gient et sospire
aoeor
voloit asez plus dire,
i
quant la repristrent pasmeson,
qui li tolirent sa raison.
(Eneas, 1857-60)
Aneor seoient al mangier,
quant il oirent çals nagier
qui amont l'eve s'en aloient.
(Eneas, 4647-49)
Dans
les
deux
passages,
le
sens
inaccompli
de
l'imparfait
est
souligné par l'adverbe aneor.
Dans ces deux passages de Cligès :
Et oltre estoit ja a bien près,
Quant Cligès li vint si de près.
(Cligès, 6394-95)
Ja devoient la mer passer,
Quant de Greee vindrent message
Qui respitierent le passage,
Et le roi et ses genz retindrent.
(Cligès, 6586-89)
le sens inaccompli de
l'imparfait est souligné par
l'adverbe
ja,
qu'on retrouve chez le même auteur dans le Chevalier de la Charre te :
- 563 -

· -~
Et ja estoit demis detors
quant mes sire$ Gauvains le vit.
(Ch. Ch., 568-569)
Et ja voloit son escu prandre,
quant il vit devant lui descendre
Lancelot, don ne se gardoit.
(Ch. Ch., 6785-87)
Ailleurs, dans le même roman, quatre vers brossent à l'imparfait et
au
plus-que-parfait
un
fond
de
décor,

s'inscrit
ensuite
l'événement inattendu
Un jor après mangier estoient
tuit an la sale ou il s'armoient,
s'estoient venu a l'estovoir,
qu'il n'i avoit que deI movoir,
quant uns valez leanz antra ...
(Ch. Ch., 5237-41)
Ce type du schème V est rare au XIIIe siècle
Si vint a l'uis de la chambre et volt entrer dedenz, quant une
voiz li dist,
(Queste, 255, 8-9)
Lors iert amor sanz symonie,
l'un ne de.andoit riens à l'autre,
quant Baraz vint lance sus tautre
- 564 -

,-,
et pechiez et Hale Aventure,
qui n'ont de Soffisance cure.
i
(Rose, 9496-9500)
Ja estoit levés li solaus
Quant il se parti d'avoec aus.
(Jeh. et Bl., 3545-46)
Ja fust li quens de la mort pres,
Quant ses gens apoignant i vinrent.
(Jeh. et Bl., 4216-17)
Parmi ces exemples du XIIIe siècle, celui du Roman de la Rose appelle
à réfléchir: la double proposition principale n'y joue pas le rôle
de simple référence temporelle, elle évoque un âge d'or de l'amour
humain contrastant avec les moeurs actuelles qui y ont mis fin. La
fonction prédicative se renforce dans la principale, sans d'ailleurs
amoindrir l'importance de la subordonnée.
Il faut ensui te sauter jusqu 1 à Commynes pour relever un exemple du
type 1, d'ailleurs très classique:
Ja estoit assez près de la nuyct quant ledict duc eut ceste
nouvelle.
(Commynes, 151, 11-12)
Au contraire, un large emploi de ce tour fut fait par les poètes de
la
Pléiade,
qui
exploitèrent
l'effet
de
contraste
entre
une
- 565 -

' . ~
principale et une subardannée éqalement prédicatives
Contre le ciel mon coeur estoit ree11e,
i
Quand le destin, que forcer je ne puis,
He traisna voyr la Dame à qui je suis,
(Rans. Amours, CXXX, 1-3)
En cent façons, desja, desja ma langue
Avantpensoyt les motz de sa harangue,
Ja soulageant de mes peines le faix,
Quand un centaure envieux sur ma vie
L'ayant en crope au galop l'a ravie,
He laissant seul, et mes cris imparfaitz.
(Rans., Amours, CL, 9-14)
Il faisoyt chau1t, et le somme coulant
Se disti110yt dans mon ame songearde,
Quand l'incertain d'une idole gaillarde,
Fut dou1cement mon dormir affolant.
(Rans. Amours, CLIX, 1-4)
J'errois à la volee, et sans respect des lois
Ha chair dure à don ter me combatoit à force,
Quant tes sages propos despoui11erent l'escorce
De tant d'opinions que frivoles j'avois.
(Rans., Sonets pour Hélène, XLV, 280, 1-4)
- 566 -

'. ~
J'avois l'esprit tout morne et tout pesant,
Quand je receu du lieu qui. me tourmente
,
La pomme d'or come moy jaunissante
Du mesme mal qui nous est si plaisant.
(Rons., 7e livre des poèmes, III, 400, 1-4)
J'avoy dedans le li ct un teint jaunement fade,
Quant celle qui pouvoit me remettre en vigueur,
Ayant quelque pitié de ma triste langueur,
He vint voir, guarissant mon mal de son oeillade.
(Rons., Poèmes posthumes, VI, 411,5-8)
Le mois d'aoust boQillonnoit d'une chaleur esprise,
Quand j'allay voir ma Dame assise aupres du feu.
(Rons., Saisons, III, 59, 15-16)
Or, sans avoir debat en esbats si plaisans,
Nous avions ja passé l'espace de six ans,
Quand la cruelle Hort, ingrate et odieuse,
Fut (malice du ciel 1) sur nostre aise envieuse.
(Rons., Saisons, IV, 130, 37-40)
De ce beau feu les rayons escartez
Lançoient par tout mille et mille clartez,
- 567 -

Quant le degout d'une pluie doree
Le vint esteindre. 0 triste changement !
(Du Bellay, Songe, XI, 9-12)
Les sieges et relaiz luisoient d'ivoire blanc,
Et cent nymphes autour se tenoient flanc à flanc,
Quand des monts plus prochains de faunes une suyte
En effroyables criz sur le lieu s'assembla.
(Du Bellay, Songe, XII, 9-12)
On peut mettre à l'actif des poètes du XVIe siècle une exploitation
contrastive
-en
germe
dans
le
Roman
de
la
Rose-
d'un
schème
corrélatif d' abord affecté au seul besoin de référence
temporelle
chez les narrateurs. La toile de fond de la proposition principale a
pris une valeur propre.
Dans cet exemple de Bossuet,
le seul relevé dans notre corpus au
XVIIe siècle, la proposition principale a pris le rôle prépondérant :
Hais
la
sage
abbesse,
qui
la
crut
capable
de
soutenir
sa
reforme, la destinait au gouvernement, et déjà on la co.ptait
parmi les princesses qui avaient conduit cette célèbre abbaye,
quand sa famille, trop empressée à exécuter ce vieux projet, le
rompit.
(Boss., Oraisons, 110, 8-11)
Dans tous les exemples relevés du type 1, du XIe au XVIIe siècle, il
y a une constante: la conjonction est toujours quand. Nous n'avons
- 568 -

.. t
·...
rencontré aucun emploi de que dans ce tour.
Ce que l'on entend aujourd'hui ~n français populaire (J'avais quatre
ans que j'ai perdu ma mère), n'est pas admis dans le code écrit ~
sans doute la conjonction que, dans ce tour, n'a jamais été acceptée
dans le reqistre écrit.
6.3. Négation d'une liaite teaporelle/Conjonction (quant/que) :
Le premier exemple indiscutable du type 2 de schème V se présente
dans le Charroi de Nimes :
Il n'orent .ie quatre 1iues a1é
Qu'en mi la voie ont un vilain trové.
(Charroi, 874-875)
On relève ensuite :
N'ot pas demie 1iwe erré,
Quant e1e oi les seins suner
E le doe1 el chastel mener
Por 1ur seignur ki se mureit.
(Yonec, 443-447)
N'ot pas bien la parole dite,
Quant C1igès l'en ot mercié.
(C1igès, 4234-35)
- 569 -

N'orent
.ie eslongié
la
ville
une liue
et
demie
quant
il
encontrerent
la
chevaucie
des
François,
dont
Thierris
de
Tendremonde ere chevetaines.
(Villeh., 9406, 7-9)
Quant li marchis fu a Hessinople, ne tarda .ie plus de .V. jorz
que il
fust
une chevauchie,
par le conseil
as Greus de la
terre.
(Villeh., ~ 498, 1-3)
Ceste n'ot pas duré .111. tours,
quant li filz au conte d'Aubours
qui mout amoit chevalerie
reconmencé a voiz serie.
(Dole, 328-331)
Ceste n'a pas .111. tors duré
quant li fils le conte de Tré,
qui mout s'en sot bien entremetre,
conmença ceste chançonete.
(Dole, 2375-78)
- 570 -

'. '~
A mon advis,
n'avions point esté plus de trois jours devant
Paris quant le roy y entra.
/
(Commynes, 58, 1-2)
Je n'osai plus lui proposer mes doutes: et je ne savais plus
où était
la
difficulté,
quand,
pour m'en
éclaircir,
je
le
suppliai de me dire en quoi consistait donc 1 'hérésie de la
proposition de H. Arnauld.
(Pasc., Prov., 37, 31-34)
Je descends dans la ville, où je n'ai pas couché deux nuits,
que je ressemble à ceux qui l'habitent: j'en veux sortir.
(Bru., Car., 160, 49, 9-11)
Il n'est pas hors de sa maison, qu'il a déjà ajusté ses yeux et
son visage.
(Bru., Car., 237, 48, 2-3)
Il n'est pas hors de l'église qu'un homme de livrée court après
lui.
(Bru., Car., 263, 7, 73-74)
Je ne fus pas un quart d 'heure à Honthe1on,
que nous étions
comme si nous nous fussions connues toute notre vie.
(Sévigné, Lettres, 168, 66, 88-90)
- 571 -

' . ~
Le
courrier
qui
portait
cette
lettre
n'était
pas
a
Fontainebleau, que ce tourbillon était passé.
,.
(Sévigné, Lettres, 266, 102, 78-79)
Il ressort de cette série de citations que la conjonction quand,
presque toujours employée dans ce type de schème en ancien français,
est éliminée par que au XVIIe siècle. En fait, l'une et l'autre ont
dû exister, mais la seconde dans un registre plus familier longtemps
évité par la langue écrite.
A ce
type
de
schème
ressortissent
beaucoup
de
phrases

la
proposition principale n'énonce qu'une limite indéfinie, dénotée par
un adverbe (grant piece, longuement, guère•.. )
N'eüs gaires 0 li esté
Quant losengier en ton reigné
Te tirent acroire mençonge.
(Béroul, 2565-67)
Kant il turent el bois entré,
Ne turent gaires loig alé
Qu'il encontrent un toue de cers
Qui passoient par les desers.
(St Eust., 137-140)
Et quant ele vint a Acre, si n'i ot gaires esté que la novelle
li
vint
de
Costantinople,
que
li
mesage
son
seignor
li
noncierent,
que Costantinople ere conquise et ses sires ere
- 572 -

.. t
empereres : dont grant joie fu a la crestient~.
(Villeh., 9" 317'i 8-11)
N'i sistrent gaires longuement quant la cit~ 10r fu rendue.
(Villeh., ~ 330, 3-4)
N'i ot gaires sis quant ot pris 10 borc per force.
(Villeh., q392, 9-10)
N'i sist .ie longuement quant cil dedenz par1erent de p1ait
faire.
(Villeh., 9393, 4-5)
N'i sist .ie longuement quant cil de la ville se rendirent a
lui.
(Villeh., f 401, 2-3)
Si n 'ot gaires a1~, quant i l voit un chevalier sor un grant
destrier venir apres lui.
(Queste, 41, 28-30)
N'orent pas chevauchié grant piece
quant uns niés l'envesque dou Liege
qui mout se set biau deporter,
conmença cesti a chanter.
(Dole, 5184-87)
/
- 573 -

'. '.~
Il n'ot gueres alé, quant il ot pluseurs messages du conte de
Poitiers son frere, ...
,.
(Joinville, 130, 30-31)
Il n 'ot pas grandement alé qu'il se trouva entre la ville et
ceulx qui avoient l'ost estourmie.
(Hélusine, 96, 3-4)
La
conjonction
que
est
encore
rare,
à
peine
favorisée
par
la
cristallisation d'une locution ne •.. guère ... /que.
Un problème est posé par les phrases comportant dans la principale un
verbe
signifiant
"tarder",
construit
impersonnellement
ou
personnellement. Les deux constructions se rencontrent dans Eracle
N'atarga gaire que cil vient
cui Dius et conduist et maintient.
(Eracle, 5867-68)
Li baron a itant s'en vont,
ne targent gaires que la sont.
(Eracle, 2163-64)
Pour le sens, n'atarga gaire et ne targent gaires expriment bien la
négation d'une longue durée, mais l'emploi de que fait difficulté, au
moins dans le premier exemple : est-ce une conjonction temporelle, ou
une simple introductrice de complétive, faisant de la subordonnée aux
vers
5867-68
le
"sujet
réel"
du
verbe
atarga?
Dans
le
second
- 574 -

, , t
exemple, on pourrait penser aussi qu'elle introduit une complétive
complément d'objet de targer construit comme faire attendre.
i
Le problème se retrouve dans le Tristan de Béroul
Ne tarja pas un mois entier
Que li rois Rarc ala cbacier,
Et avoc lui li traitor.
(Béroul, 3031-33)
Il se peut que les contemporains de Béroul aient hésité comme nous -
dans la mesure où les préoccupaient les questions d'analyse-entre les
deux
interprétations
possibles.
Nous
allons
rassembler
ci-dessous
tous les exemples des verbes de ce sens rencontrés dans notre corpus,
et l'on verra que certains, remplaçant que par cum ou quant, lèvent
la difficulté :
Puis D'ala gueres demorant
ses amis que del bois revint.
(Perceval, 780-781)
Et De tarda guaires après que s'en ala uns autres halz hom de
l'ost.
f
(Villeh.,
109, 9-10)
Ne tarda gaires après que lor avint une mult grant mesaventure.
<Villeh., f 291, 1-2)
- 575 -

Ne tarda gaires après cua cil d'Andrenople se revelerent.
(Villeh., ~ 336, ,1-2)
Quant li marchis tu a Messinople, ne tarda aie plus de .V. jorz
que il tist
une chevauchie,
par le conseil
as Greus de la
terre.
(Villeh., f 498, 1-3)
Si n'i ot gueres demoré quant il chai a denz sus le pavement
dei palés.
(Queste, 218, 30-31)
Adonc n'i a demoré guere
Que il vit venir un lyon.
(Rut., AS, 1208-09)
Ne demora gueres d'espace,
Quant il et la dame prioit,
Que li entes haut s'escrioit
(Rut., AT, 1440-42)
Après Q'ot gueres atendu
Qu'el tu a son gré assenee.
(Rut., BD, 330-331)
- 516 -

'. ~
~ .1
Et De tarja gueres après quant les gens du soudanc vinrent ...
(Joinville, 152" 33)
,
Le remplacement de que par cum (Villehardouin,
f336, 1-2) et par
quant
(Queste,
Rutebeuf,
Joinville)
prouve
que
la
nature
de
la
conjonction
que
restait
vague
dans
l'esprit
des
écrivains
qui
l'employaient dans ces systèmes sémantico-syntaxiques devenus vérita-
blement locutionnels.
6.4. Faux inaccoaplis
Le troisième type de schème V distingué plus haut (9 6.1.) dérive du
second de la manière qu'on va montrer:
Soit ces 2 phrases du second type :
N'en sorent mot li conte naturel
Quant sor els vinrent Sarrazin et Escler.
(P.
OR.,
1498-99)
N'en sorent mot li conte palasin
Qu'as poinz les prennent paien et sarrazin.
(P. OR., 1502-03)
On est manifestement en présence d'un système corrélatif formulaire
oa la conjonction est indifféremment quant ou que. Le sens est : "Les
comtes ne se doutaient de rien quand les Sarrazins leur tombèrent
dessus".
L'ignorance du danger chez les comtes est un état auquel l'arrivée
- 577 -

...~
des Sarrazins met fin: elle précède leur arrivée et l'on peut dire
qu'elle est accomplie quand ils arrivent, ou qu'elle est inaccomplie
puisqu'elle aurait duré s'ils n'étaient pas arrivés.
Or
l'antériorité
du
premier
procès
(négatif)
sur
le
second
est
quelquefois marquée dans la formule par l'emploi de l'adverbe einz,
ainz, ains, "avant"
Ainz n'en sout mot, quant Tristan saut.
(Béroul, 4383)
(Denoalen ne se doutait de rien, quand Tristan sauta].
--t
Aine n'en sot mot quan, bone amor l'atise.
(Dole, 2238)
(Avant
qu'elle
s'en
soit
rendu
compte,
l'amour
enflamme
Eglantine] .
Nous pensons qu 1 i l faut voir le même emploi de l'adverbe einz dans
ces vers de la Chanson de Roland :
Ja einz ne verrat passer cest premer meis
Que jel sivrai od mil de mes fedeilz.
(Roland, 83-84)
Harsile promet que Charles ne verra pas passer la fin du mois avant
le jour où lui-même le rejoindra.
L'emploi de que au lieu de quant au vers 84 ne pose pas de problème à
une époque où l'on voit alterner que et quant dans les phrases de
- 578 -

"cl
type 2 du schème V. Il oblige pourtant à demander si la corrélation
est entre ne et
que ou entre einz et
que
(système corrélatif de
"
schème
III) .
Trois
arguments
pèsent
contre
cette
seconde
interprétation
10 La locution conjonctive einz ( ... ) que est normalement suivie du
subjonctif
dans
la
Chanson
de
Roland
(301 ~
688 ~
1690
1804 ~
1900 ~
2035
2939
3043)
argument
faible
du
fait
que
le
subjonctif,
n'ayant
pas
de
futur,
cède
facilement
la
place
à
l'indicatif futur là où il importe de préciser une date à venir.
20
Nous
avons
rencontré
la
formule
einz ne ... que dans
la
Prise
d'Orange (71-73 ~ 102-104
709-710) :
Ja ainz n'iert vespre ne soleill esconsez
Que il orra une novele tel
Dont il iert mout corrocié et iré.
(P. OR., 71-73 )
Ja ainz n'iert vespre ne soleil cochant
Que il orra une novele grant
Dont mout sera corrocié et dolant.
(P. OR., 102-104)
Qu'ainz ne verras passer le mois d'avrill
Que te sivra a .XX. H. fervestiz.
(P. OR., 709-710)
- 579 -

Jamais nous n'avons rencontré la locution einz que soudée dans cet
emploi.
i
3° Cet
emploi de
einz est très semblable à celui que nous avons
relevé plus haut chez Béroul et Jean Renart,
où l'emploi de quan t
dans la subordonnée lève toute ambiguïté.
Le système corrélatif einz ne ... que n'est pas représenté dans notre
corpus
au-delà
des
exemples
que
nous
en
avons
donnés.
On
sait
d'ailleurs
que
l'adverbe
ains
est
voué
à
disparai tre.
Mais
anciennement
il
est
remplacé
par
des
locutions
que
l'avenir
conservera : plus tost,
(aus)si tost :
Nel porent pas coillir si tost,
quant uns archiers 10 vit de l'ost.
(Eneas, 5425-26)
Je ne 1 'oi pas plus tost passee
Qu'Amors trouvai dedanz la porte.
(Rose, 14702-703)
Ja plus tost ne la tochera
Co~e el le li reprouchera
(Rose, 16343-344)
Nous
ne
sceumes
onques
sitost
revenir
que
nous
trouvames
monseigneur Perron, nostre oste.
(Joinville, 123, 26-27)
- 580 -

Je
De
fus
pas
sitost
esventé
que
voylA
trois
ou
quatre
cavalcades de divers lieux pour m'attraper.
i
(Kontaiqne, III, XII, 272, 42-44)
Ce fut assez, c'est lA que rompit patience
La vertu, qui, de l'huis, escoutoit la science
De Fortune; si tost D'eut sonné le loquet,
Que la folle perdit l'audace et le caquet.
(D'Aub., Tragiques, II, 1319-22)
La vertu paroissant en matrone vestue,
La mere et les en fans ne l'eurent si tost veuë
Que chascun d'eux changea en demon decevant.
(D'Aub., Tragiques, II, 1327-29)
Il De reçoit pas plus tôt une plaie, qu'il la couvre par une
couronne.
(Boss., Sermons, 36, 32-33)
Je ne l'eus pas plutôt écrite que je m'en repentis.
(Sévigné, Lettres, 63, 18, 3)
Ces exemples justifient-ils le terme de "faux inaccomplis" par lequel
nous avons désigné les constructions réunies sous le chef du type 3 ?
Dans les formules comme ainz n'en sout mot citées au début de ce
paragraphe,
le
premier
procès
(négatif)
peut
être
tenu
pour
- 581 -

'
·..~
susceptible de durer, donc inaccompli, au moment du second procès
en
fait,
il
prend
fin
au
moment

l'autre
commence:
il
y
a
,.
succession
immédiate,
et
ainz
(aine,
einz)
fait
état
de
cette
succession.
Dans l'exemple d' Eneas (5425-26), le procès "coillir" n'a pas eu le
temps de s'accomplir.
Dans le premier exemple du Roman de la Rose (14702-703), l'amant a
bien
passé
la
porte
du
château
quand
il
rencontre
Amour
à
l'intérieur. Il Y a donc succession immédiate, alors que l'adverbe
plus
tost nié
par
ne ... pas dit
que
le
premier
procès
n'est
pas
antérieur au second (donc est "inaccompli"). La valeur expressive de
la
locution
est
acquise
dès
cette
époque,
même
si
elle
reste
subordonnée au sens contextuel.
Le second exemple du Roman de la Rose (16343-344) a la particularité
de remplacer que par eonme. Il est dit qu'un mari n'a pas plus tôt
touché sa femme qu'elle lui reproche de l'avoir battue. L'action de
"toucher" précède -mais de si peu ! - l'action de "reprocher". Conme
est-il ici la conjonction temporelle -d'emploi très rare ? On peut
songer
aussi
à
la
conjonction
eonme des
comparaisons
d'égalité,
puisque ne plus tost signifie "en même temps que".
Il Y a "faux inaccompli" dans l'exemple de Joinville
(123, 26-27),
dans
celui
de
Montaigne
(III,
XII,
272,
42-44),
dans
ceux
de
D'Aubigné
(II,
1319-22;
II,
1327-29),
de
Bossuet
(Sermons,
36,
32-33), de Sévigné (Lettres, 63, 18, 3).
- 582 -

' . '-~
.,.>1
Avant d'abandonner ce point, il faut remarquer que le glissement de
sens qui fait exprimer par l'inaccompli un accompli immédiat n'est
,.
pas forcément attaché aux formules du 3e type. On l'observe aussi,
par exemple, dans les vers de Chrétien de Troyes cités plus haut pour
illustrer le type 2 :
N'ont pas la rote aconseüe,
qu'il s'an aloient eslessié.
(Ch. Ch., 600-601)
(Les cavaliers n'ont "pas plus tôt" rejoint la route, qu'ils
foncent à bride abattue].
Pourtant
cette
valeur
(paradoxale)
est
dès
le
moyen
âge
1
i
caractéristique des locutions de type 3, et c'est pourquoi nous avons
rangé
sous
le
même
chef
le
système
à
peine ... /que
(quant)
qui
1
apparaît dans notre corpus seulement au XIVe siècle :
1
A paines estoit le conte rentré en sa chambre, quant nouvelles
1
luy
vindrent
par
celluy
qui
administroit
au
jeuvencel
sa
viande, qui luy dist : Monseigneur Gaston est mort.
!
(Frois., Chron., 332, 5-8)
1
1
f
1
Et lors que je fui revenus,
t
A painnes fui je descendus
11
Quant deviers celle je me trai,
1
l
Qui de nos coers sçavoit l'attrai,
(
~
La quelle moult me conjoi,
1
f
(Frois., Esp. am., 3154-58)
î'f
- 583 -

A paiIJe eust mis cestui
fin
a ses paro11es que ce11ui
qui
premier avoit parlé print a rep1iquer, par impacience de ouir
,.
reprouichier ses fau1tes,
(Quadr., 36, 32)
Car dedans, je voy un fol amant,
Qui va choisir une dance assez pleine
De grand'beauté. Hais tant y a, qu'à peiIJe
Eut contemplé son maintien gracieux,
Que Cupido, l'enfant audacieux,
Tendit son arc, encocha sa sagette.
(Marot, Opusc., l, 18, 8-13)
Après ces motz, ses ailes esbran1a
Et vers les cours celestes s'en alla
L'éloquent dieu: mais à peiIJe fut-il
Honté au ciel par son voler subtil,
Que dedans moy (ainsi qu'il me sembla)
Tout le plaisir du monde s'assembla.
(Marot, Epistres, III, 121, 21-32)
A peine i l avoit dit, quand un pleur redoublé,
Qui coula dedans l'eau, son plaisir a troublé.
(Rons., Saisons, Hiver, III, 233, 111, 115-116)
A peiIJe un blond duvet commençoit à s'estendre
- 584 -

Sur son jeune menton, que la mort le vint prendre.
(Rons., Saisons" Hiver, III, 241, 119, 15-16)
Pren-la, je te la donne. A-peine il acheva,
Que l'esprit amoureux sous les myrtes s'en-va.
(Rons., Saisons, Hiver, IV, 264, 130, 201-202)
A peine l'a-t-il recue, que ne songeant plus ni à l'heure ni à
la montre, il la jette dans la rivière,
comme une chose qui
l'embarrasse.
(Bru., Car., 263, 7, 98-100)
A peine un
grand est-il
debarqué,
qu'il
l'empoigne et s'en
saisi t.
(Bru., Car., 229, 15, 20-21)
A peine avons-nous passé la jeunesse, que nous nous trouvons
dans la vieillesse.
<Sévigné, Lettres, 167, 66, 26-28)
A peine parut-elle dans sa chambre,
que cette princesse la fit approcher.
<La Fay., Clèves, 115, 37-38)
- 585 -

6.5. Irréel ••• /quant.
Se.pres fust reis quant Guillelmes
,
i vient.
( Cour., 113)
rArneïs aurait été roi immédiatement, quand Guillaume arriva].
Du point de vue du sens, ce système n'est pas éloigné du type où la
principale contient le verbe vouloir ou devoir suivi d'un infinitif
dénotant l'action qui restera inaccomplie (volt li prendre le chief
quant
il
li
crie
et
manaide
et
pitié,
Cour.,
2347-48).
Mais
l'imparfait ou plus-que-parfait du subjonctif est plus fort,
parce
qu'il fait imaginer la réalisation même du procès avorté. Ce tour est
très vivant au Moyen Age.
Ja li trenchast le chief desus le bu
Quant Deus i fist miracles et vertus
( Cour., 1246-47)
Se il volsist, ja li trenchast le chief,
Quant cil li crie et manaide et pitié.
(Cour., 1252-53)
Ja le ferist quel veissent cent ome
Quant li escrie cuens Guillelmes ses oncles :
"Bel niés", dist-il, "ne l'adesez vos onques.
(Cour., 1924-26)
Ja n'i montast a nul jor des oz ciel,
- 586 -

.. ~
Quant i sorvint li marcbis Berengiers.
(Charroi, 352-353)
(
Ja se refust el cors ferue,
quant ses meschines l'ont tenue.
(Eneas, 2079-80)
Ja departissent a itant,
Quant par la vile vint errant
Tut a cheval une pucele.
(Lanval, 547-549)
Ja l'eüssent tut depescié,
Quant uns sages hum dist al rei.
(Bisclavret, 238-239)
Ja fust ses voloirs aconpliz
quant cil de pasmeisons revint.
(Yvain, 3514-15)
Ja fust panduz, que qu'il s'an plaigne
qant li rois garde en la champaingne
et vit une grant chevauchie
ou mainte dame avoit iriee.
(Renart, I, 2093-96)
- 587 -

· .~
Si l'eust ocis en petit d'ore, quant vint par la volent~ Nostre
Seignor Calogrenant, uns chevaliers de la meson le roi Artus et
compainz de la Table Reonde.
(Queste, 190, 27-29)
Il n'existe pas d'exemple ultérieur de ce type 4 (l'expression de
l'irréel par le subjonctif est en déclin. Le conditionnel n'apparaît
jamais dans ce tour).
6.6. Inaccoap1i/si
Dans ce tour, l'adverbe si prend la place de la conj onct ion que du
tour
a
peine ... /que
étudié
en
6.4.
Il
Y
a
maintenant
deux
propositions autonomes coordonnées par si, dont la première énonce un
procès à peine accompli,
la seconde le procès important qui coupe
court à l'accomplissement du premier
A pain es respondre li lut
Le preudome, si le menoient
Chil qui d'ambes pars le tenoient.
(St Nicolas, 68-70)
[Le preud'homme eut à peine ~ ~~ de répondre, ~~ ~~~)
t~c~ceux qui le tenaient des deux côté.!}.
"Le premier élément peut être une indépendante négative au futur ou
au passé, le second une indépendante commençant par ainz ou si"48 :
48. BONNARD-REGNIER. OP. cit .. ~. 143. p. 220.
- 588 -

'. t
, .
N'arestera si iert a l'ost Francor.
(Aspremont, 2751)
[Il
ne
s'arrêtera
pas
avant
d'avoir
rejoint
l'armée
des
Francs].
Ne fina si vint a Renart.
(Renart, XI, 266)
1
1
(Il n'eut de cesse avant d'arriver auprès de Renard].
1
1
Nous avons relevé un exemple de ce type dans la Prise d'~ange
Hes, par la foi que je doi a m'amie,
Ne mengerai de pain fet de ferine
Ne char salee, ne bevrai vin sor lie,
S'avrai veü com Orenge est assise.
(P. OR., 284-287)
6.7. Conclusion:
Tous les emplois de ce type de schème V ressortissent aux types de
constructions groupés sous le chef de la "subordination inverse". Le
premier élément souvent thématique appelle un complément grammatical
qu'apporte le second élément.
Dans les modèles ne .•. gueres,
ne ••. sitost, etc.
la négation sert à
nier le moment ou la durée ou les limites de l'accomplissement du
procès principal.
Les adverbes a paine, gueres, jar si tost r plus tost, •.• constituent
- 589 -
1
,
1

l'énoncé premier
dont
le
complément est
marqué par
que ou
quant,
rarement par si ou par comme.
Ainsi,
dans ces phrases,
l'accent est mis sur le chevauchement de
deux
actions
ou
en
tout
cas
sur
un
décalage
temporel
presque
C--
négligeable.
Si
la
construction
ne
se
prête
pas
totalement.;4..
l'expression de la concomitance, du moins se prête-t-elle à celle de
l'i. .édiate successivité.
- 590 -

SIXIEME PARTIE
SYSTEMES ne••• {pas) ••• /que •••ne

/'
'. -~
SIXIEME
PARTIE
Sys tèmes ne... (pas) ... / que• .. ne ,.
7.1. Généralités.
La succession discontinue. de
ne,
que,
et
ne peut
résulter de
la
combinaison
d'un
certain
nombre
de
systèmes.
Pour
justifier
l'affectation d'une VIe PARTIE de notre étude à l'un d'eux, il faut
donner les raisons qui en font écarter les autres.
a)
Kme Suzanne Allaire,
dans la première des trois PARTIES de sa
thèse, sous le chef CORRELATION ET SUBORDINATION, distingue:
1° LE CAS DIRECT, Adverbe + conjonction que (systèmes consécutifs et
comparatifs) : 2° LE CAS INDIRECT, Adverbe + conjonction pour que.
Parmi les types de "cas direct",
un premier chapitre
(pp.
75-170)
groupe
les
systèmes
adverbe .•. que:
un
second
(pp.
171-256)
les
systèmes adverbe ..• que ..• ne, c'est-à-dire des phrases comme
La menace est plus/.oins sérieuse qu'on ne le pensait (1)49
Il ne se passe pas de mois qu'un tel bruit ne coure (2)~O
Ce
rapprochement,
qui
se
veut
conforme
au
principe
délibérément
adopté par l'auteur de préférer un classement formel au classement
sémantique traditionnel,
nous paraît précisément attaquable sur le
49. (1l Suzanne Allaire. CP. dt .. p. 174.
50. i21 Suzanne Allaire. OP. dt. p 246.
- 591 -

plan formel.
En effet, dans la première phr.ase,
la proposition principale n'est
pas négative;
l'adverbe
ne dans
la subordonnée n'a pas
le sens
négatif : c'est un "ne expressif" contribuant avec plus ou moins à
marquer la différence, et disparaissant si l'adverbe corrélatif est
égalitaire (aussi sérieuse qu'on le pensait) ; il disparaît également
en
ancien
français
et
jusqu'au
XVIIe
siècle
si
la
première
proposition est négative :
La menace n'est pas si sérieuse qu'on le pensait.
On n'observe rien de tel dans
le second type de phrase,
où une
négation
affecte
obligatoirement
la
principale,
et
une
autre
la
subordonnée.
Le ne de la subordonnée,
vraiment négatif,
peut être
remplacé sans absurdité par ne ... pas :
Il ne se passe pas de mois qu'un tel bruit ne coure pas.
alors
que
cette
substitution
est
inadmissible
dans
la
première
phrase
*La menace est plus sérieuse qu'on ne le pensait pas.
En
fin
de
compte,
ces
deux
types
de
phrase
ne
sont
pas
plus
apparentés formellement qu'ils ne le sont sémantiquement.
Nous écarterons donc d'emblée du schème VI ne ... que .•. ne, les phrases
comparatives d'inégalité,
même si une
confusion analogique y fait
souvent, à époque récente, figurer un ne après ne ... pas ..• que
Elle n'est pas plus sérieuse qu'on ne le pensait.
- 592 -

.. t
Et
nous
tiendrons
le
second
exemple
de
Kme
Allaire
comme
seul
représentatif du schème VI objet de notre VIe Partie.
i
b) Nous écarterons aussi,
catégoriquement,
les phrases négatives •
subordonnée complétive au subjonctif, telles que
La pluie n'empêche pas que nous ne sortions.
La principale peut être positive :
La pluie empêche que nous ne sortions.
Le
ne peut
manquer
dans
la
subordonnée,
et
ne
peut
pas
y être
remplacé en français actuel par ne .•. pas;
c'est un ne expressif,
dépendant du sémantisme verbal: il est exclu, par exemple, après le
verbe croire (*Je ne crois pas qu'il ne se soit trompé).
c) Il serait plus légitime de rapprocher le schème VI des systèmes
consécutifs
à
principale
négative
et
subordonnée
au
subjonctif,
comme
Paul n'est pas si partait qu'il ne tasse des erreurs.
Ne
est
dans
la
subordonnée
une
négation
véritable,
et
l'on
admettrait
Paul n'est pas si partait qu'il ne tasse pas d'erreurs.
Si nous avons cependant affecté au schème VI une PARTIE propre de
notre étude, ce n'est pas seulement pour la raison sémantique qu'il
n'y apparaît pas de relation consécutive entre la principale et la
subordonnée
(le bruit qui court n'a pas pour
cause
le temps qui
- 593 -

passe), c'est pour la raison formelle que la corrélation grammaticale
existe dans les phrases consécutives entre l'adverbe (si,
tant .•• ) ou
l'adjectif (tel) et la conjonction que, indépendamment de la présence
d'une néqation
(Il
est si parfait qu'il ne commet pas d'erreurs),
alors
qu'elle
existe
dans
le
schème
VI
entre
la
négation
indispensable
de
la
principale
et
la
suite
que . . •ne
de
la
subordonnée.
d) Une similarité formelle existe aussi entre le schème VI et le type
2 du schème V (cf. 6.3.), par exemple:
Un mois D'est pas passé que le bruit se répand.
Mais ici la ressemblance se limite à ne .. pas ... que (où la négation
n'est pas supprimable) ; le second ne manque dans la propostion de
"subordination
inverse",
qui
est
à
l'indicatif.
Le
sens
est
spécifiquement temporel.
e)
Le rapprochement
le plus pertinent est celui qu'on peut faire
entre le schème VI et un groupe de systèmes remplaçant la conjonction
que par un pronom relatif :
Il De vient pas de client qui D'achète quelque chose.
Vous D'avez pas de livre que je D'aie lu.
Si l'on compare ces deux phrases, à celle-ci, du type VI :
Paul De passe pas A Paris qu'il De vienne nous voir,
on
constate
que
la
négation
dans
la
subordonnée
est
partout
- 594 -

effective, remplaçable par ne ..• pas. Dans les 3 phrases, la première
négation ne limite pas sa portée à la proposition principale -comme
i
c'est
le
cas
dans
les
systèmes
comparatifs,
consécutifs
ou
temporels-, mais conjugue son sens avec celui de la seconde négation
pour donner un résultat positif (- - = +) ; le sens est :
Tous les clients qui viennent achètent quelque chose.
J'ai lu tous les livres que vous avez.
Chaque fois que Paul passe à Paris, il vient nous voir.
La
différence
essentielle
entre
les
3 phrases
est
que
les
deux
premières contiennent un pronom relatif assumant dans la subordonnée
une fonction par rapport au verbe (qui sujet, que complément d'objet
direct), alors que la 3e contient une conjonction que sans fonction à
l'intérieur de la subordonnée.
La
solidarité
sémantique
des
deux
négations
qui
se
neutralisent
réciproquement
(comme nunquam non ou nemo non en latin)
peraet de
parler ici de systèae corrélatif, que le subordonnant soit un pronom
relatif ou une conjonction.
Mme
Suzanne
Allaire,
excluant
de
son
étude
les
propositions
relatives, n'a
fait état que d'unepartie des systèmes de schème
VI.
Nous
traiterons
des
deux
types,
ayant
pris
soin
dans
l'Introduction
(cf. 9' 1.2.) de définir un champ plus large souvent
imposé par la description diachronique.
- 595 -

7.2. Systé.es ne••• (pas) ••• !relatif••• ne
10 Relatif sujet.
i
La forme que est ambiguë dans deux passages de la Chanson de Roland
Guenes respunt : "Carles n'est /Die tels
N'est hO/D kil veit e conuistre le set
Que ço ne diet que l'e/Dperere est ber.
(Roland, 529-531)
Il n'en i ad chevaler ne barun
Que de pitet /Dult durement ne plurt.
(Roland, 2418-19)
Il est possible que l'on ait ici la forme que pour qui sujet, qu'on
relève dans l'Est et l'Ouest, et notamment dans la Chanson de Roland
aux vers 179 et 731.
Mais rien n'interdit de penser qu'on puisse
avoir les premiers exemples du schème VI à conjonction que, puisque
l'expression du pronom suj et n'est pas requise avec les verbes diet
(531) et plurt)
(2419), précédés de termes toniques
(respectivement
ço et de pi tet) .
La même ambiguïté pèse sur le vers 32 du Couronnement de Louis
Nul ne s'i claime que tres bon dreit n'i ait.
(Cour., 32)
Que paraît
bien
être
un
pronom
sujet
neutre
dans
ce
pa~ge de
Chrétien de Troyes :
Et quant Lanceloz voit son eise,
- 596 -

.. -.~
qu'il ne dit rien que molt ne pleise
la reine, lors a consoil
a dit : '~ame, molt me mervoil
<Ch. Ch., 4469-72)
et l'elision suppose un que au vers 5974 du même roman
Si bien a taire le comance
et de l'espee et de la lance,
que il n'est hom qui armes port
qu'a lui veoir ne se deport.
<Ch. Ch., 5971-74)
Mais la forme
qui apparai t
dans bien des textes à partir du XIIe
siècle :
R'ot en la tere chevalier
Ki aukes teist a preisier,
Pur ceo qu'une teiz la veist,
Xi ne l'amast e requeist.
<Chaitivel, 13-16)
Et turent descontit li Franc, que onques nus n'en eschampa qui
ne tust ou morz ou pris.
?
<Villeh.,
230, 8-9)
Et je tui si bele et si clere qu'il n'est nus qui de ma biauté
ne se poist merveillier.
<Queste, 107, 23-24)
- 597 -

Hais nus n'en boit l i ne s'en lot.
(Courtois, 130)
i
Nul malfaiteur, ne liarre, ne murtrier n'osa demourer a Paris,
qui tantost ne feust pendu ou destruit.
(Joinville, 233, 13-14)
Or
il
est
bien
vérités
qu'il
n'est
douleur,
tant
soit
angoisseuse, qui ne s'adoulcisse sur le tiers jour.
(Hélusine, 29, 12-13)
Mais
la
forme
qui
est-elle
sans
ambiguïté?
On
sait
que
dès
le
Moyen-Age
elle
dissimule
souvent
une
séquence
qu'il
élidée.
La
prononciation i
pour
il devant consonne est attestée graphiquement
dès le XIIe siècle (Saint Brendan).
Christiane Marchello-Nizia donne plusieurs exemples de la confusion
entre qui et qu'il (s) dans son Histoire de la langue française aux
XIVe
et
IVe
siècles
(p.
160).
Ferdinand
Brunot
enseignait
déjà
(Pensée et Langue),
p.
700) : "Qui et
qu'il n'ont
longtemps fait
qu'un.
Il
faut
arriver
jusqu'au
XVIIe
siècle,
pour
qu'on
les
reconnaisse avec s6reté l'un de l'autre".
Un
exemple
frappant
de
leur
facilité
d'alternance
est
donné
par
Ronsard :
Personne ne te voit, qui d'une couleur fade,
Ne retourne au logis ou malade ou pâmé,
- 598 -

.·1
Qu'il ne sente d'amour tout son coeur entamé
Ou ne soit esblouy des rais de ton oeillade.
,.
(Rons., Amours, XXXV, 5-8)
La séquence qu'il au vers 7 a manifestement le même sens que le
relatif qui au vers 5. Pourtant les deux premiers vers illustrent la
variante du schème VI à pronom relatif, les deux derniers la variante
à conjonction que. Le choix de qui au vers 5 tient à l'impossibilité
de séparer le pronom il de son verbe
(retourne)
par un complément
(d'une couleur fade).
Au
XVIe
siècle,
se
répand
le
pronom
lequel,
qui
supprime
toute
ambiquité :
Puis donc que Dieu peult tout, et ne se trouve lieu
Lequel ne soit encloz sous le pouvoir de Dieu,
Vous, de qui la grandeur de Dieu seul est enclose,
Elargissez encor sur moy vostre pouvoir,
(Du Bellay, Regrets, CXCI, 9-12)
2° ~elatif objet.
Aucune ambiguité dans les emplois de que relatif objet au sein du
schème VI
N'i remandra calices n'encensiers,
Ors ne argenz qui vaille un sol denier,
Que ne vos face ça hors apareillier.
(Cour., 519-521)
Les exemples en abondent à toute époque
Lanval (124-126
136-137
- 599 -

' ..~
205-208) ;
Eracle
(4174-75 ;
4544-46)
Ch.
Ch.
(2737-39) ;
Yvain
(3134)
P.
OR.
(1462-65) ;
st Eust.
(689-690)
Vergi
(207-208) ;
,.
Queste
(14,
16-19)
Dole,
(5117-18);
Rut.
(AQ,
54-56) ;
Rose

(9949 ; 12450-453) ; Villon (Lais, XL, 317-318)
Marot (Elégies, VI,
299,
18-20) ;
Rabelais
(Pantagruel,
VIII,
127,
14-16
XXIX,
371,
27- 30) ; Ronsard
(Amours,
175,
XLV,
5-8 ; 177,
L,
3-4) ; Montaigne
(Essais, l, VIII, 69, 12-13).
i
1
3° Relatif complément de nom.
1
1
!
ne se poüst hom porpenser
!1
de richece que el mont tust,
dont en cel leu planté n'eüst
(Eneas, 456-458)
Ici
la place de
que est tenue par
dont,
complément
du nom planté
(=" a bondance").
4° Complément de temps.
Le
mot
que est
tenu
par
Mme
Allaire
pour
une
conjonction
dans
l'exemple donné
par
elle à la page
246 de
sa
thèse
(cf.
§7.1.,
second exemple).
Mais on peut songer à l'analyser comme un adverbe de temps, alternant
avec où dans certains contextes
(le jour où/que je t'ai rencontré).
Cette interprétation
est encore plus défendable à l'origine
de
la
locution, par exemple dans la Chanson de Roland:
- 600 -

' ..~
Jamais n'ert jor queCarles ne se pleignet
(Roland, 915)
Ja mais n'ert jur que ne plur ne m'en pleigne.
(Roland, 2915)
Ja mais n'ert jur que il n'en seit parlet
(Roland, 3905)
A toute époque se relèvent des phrases de schème VI où le mot que est
en position de complément de temps:
Cour.
(2002-04) ; Renart,
<I,
2521-22) ; Aucassin (II, 1-6) ; Frois., Esp. am. <3308-10) ; Commynes
(48, 16-18 ; 70, 11-12) ; La Fay. (Clèves, 152, 19-20) ..•
Pourtant,
nous
rejetons
cette
analyse,
fût-elle
étymologiquement
juste,
à
partir
de
l'époque

le
schème
apparaît
avec
une
conjonction
nettement
dépourvue
de
toute
fonction
intrapropositionnelle. Or cela se rencontre dès le Couronnement de
Louis. Dès le XIIe siècle (et probablement avant), le mot que avait
acquis dans le schème VI sa fonction la plus abstraite.
7.3. Systèmes ne••• (pas) ••• /conjonction .•• ne.
Guardez n'en isse nuls om qui seit soz ciel,
Ne clers ne prestre, tant sache bien preier,
Que il n'en ait toz les membres trencbiez
(Cour., 1662-64)
- 601 -

Guillaume adresse cette recomandation aux chevaliers qui garderont la
porte de Tours donnant vers Poitiers. A ceux qui defendront la porte
,.
vers Paris, il dit encore:
Guardez D'en isse nuls om de mere vis
Que il De seit detrenchiez et ocis.
(Cour., 1671-72)
Dans ces deux passages, le manuscrit A, du XIIIe siècle, sui vi par
l'éditeur Langlois distingue nettement la conjonction que du pronom
il sujet du verbe ait ou seit. L'apparat critique signale qu'au vers
1664 le manuscrit B, du XIVe siècle, remplace que il par qui (qui
n'ait le chief del bu jus rooignié), substitution dont on a vu plus
haut (cf. 7.2. 1°) qu'elle n'est peut-être qu'une confusion graphique
reflétant la confusion phonique. La graphie du manuscrit A ne peut
résulter de
la
confusion inverse,
puisque le mètre garantit deux
syllabes.
Au vers 1664 comme au vers 1672, que pourrait être remplacé par sans
que, conjonction dont le sens ne se définit guère que négativement.
Cette valeur se présente aussi bien après une principale positive :
Et Loois respondi, que D'i targe
( Cour., 2422)
Si que n'est pas suivi de ne, la valeur positive correspondante est
"dans de telles conditions que", relation de conséquence ou de simple
manière
A unes pasques fesis procession,
- 602 -

· .~
Que d'une asnesse cheva1chas le faon.
( Cour., 988-989),.
[en chevauchant le petit d'une ânesse].
/rt/-i)')L ~
Ce sens -banal- de la conjonction que explique si bi~ sa valeur~
passer de supposer une forme dialectale de pronom sujet derrière le
que du vers 32 de la même chanson et ceux des vers de la Chanson de
Roland cités au début du paragraphe 7.2.
La scission de qui en que il n'est pas limitée au Couronnement de
Louis. Voici des exemples d'époques diverses
Sire Gui11e1mes, dist li rois Looys,
Il n'a nul home en trestot cest pais,
Gaifier ne autre, ne l i rois d'Apo1is,
Qui de mes homes osast un seul tenir
Tresqu'a un an qu'il n'en fust mort ou pris,
Ou de la terre fors chaciez en essi1.
(Charroi, 106-111)
Vraiement, je croi qu'il n'est homs,
Se bien aimme, qu'il ne soit tous
Une heure amers et l'autre dou1s.
(Frois., Esp. am., 3347-49)
Car i l n'eust esté jamais heure qu'i1z n'en eussent plus
- 603 -

' ..~
crainct le roy et ledit royaulme.
(Commynes, 48, 16-18)
i
Et hardiment croyez qu'il n'y eut petit ne grand dedans Paris
qu'il De se trouvast au lieu.
(Rab., Pantagruel, XVIII, 255, 18-20)
Par une scission analogue, la suite que ..• le a souvent remplacé le
relatif objet que
Ja de ce contre moi n'iert nus,
que je ne l'en rande confus.
(Cligès, 3827-28)
N'est més nus tels qui la responde
Que maintenant ne le confonde
(Rut., D, 98-99)
Quant ce vint sur le point que le jeuvencel devoit partir, le
roy le traist a part en sa chambre secretement, et luy donna
une
tres belle boursette plaine de pouldre,
telle qu'il De
seroit creature vivant, se de la pouldre touchoit ou mengoit en
viande ou autrement,
que tantost ne le convenist morir sans
aucun remede.
(Frois., Chron., 322, 14-20)
N'ont ils pas dit, Amos et Jeremie,
- 604 -

'. !
Qu'il D'advient rien en nostre humanité
Que le Seigneur par puissaDce infinie
i
Ne l'ayt permis, et mesme suscité?
(Marot, Opusc., YIII, 80, 2-5)
Le régime indirect à qui est également remplacé, anciennement par que
y, plus tard seulement par que li/lui
Puis D'Ot el pais chevalier
Que il D'i feist essaier.
(Guigemar, 741-742)
Et bien tesmoigne li livres que onques nus n'eschiva l'ost de
Venise que mals ou oDtes De l'en venist.
(Yilleh., ~231, 8-10)
Sire, hault et puissans roys, dist Remondin, il est bien verité
que commune renommee court par tous pais que vostre court est
si noble et si raisonnable que elle est droicte
fontaine de
justice et de raison, et que nulz De vient eD vostre court que
vous De lui
faciez
raison
et
justice
de
ce
qu'il
demande
bonnement, selon le droit qu'il a.
(Mélusine, 56, 3-8)
Ces
substitutions
prouvent
amplement
qu'à
toute
époque
une
conjonction que a pu assumer
la fonction subordonnante
du pronom
relatif,
à
l'exclusion
de
ses
diverses
fonctions
intrapropositionnelles.
Dans
tous
les
exemples
donnés
jusqu'ici,
- 605 -

..
"
·
cette conjonction a la valeur de "sans que".
Il n'y a pas de scission, mais Une simple restriction de que au rôle
de
conjonction
pure,
dans
les
cas
mis
en
question
à
la
fin
du
précédent paragraphe
(7.2.
4°).
Fallait-il
tenir
que pour adverbe
relatif de temps dans les phrases comme
Jamais D'ert jor que Carles De se pleignet
(Roland, 915) ?
A choisir entre deux interprétations : "où Charles ne se plaigne" et
"sans que Charles ne se plaigne",
la seconde parait aussi claire,
mais plus forte. Ainsi se justifie le choix que nous avons fait de
tenir
ces
que pour
conjonctions.
Nous
versons
donc
au
compte du
présent
paragraphe
tous
les
exemples
énumérés
dans
la
fin
du
paragraphe 7.2.
7.4. Diverses valeurs du scbèae VI.
Quand le subordonnant est un pronom relatif, la valeur du schème VI
est très constante : il énonce une assertion généralisée, appliquée à
un nombre plus ou moins grand d'êtres ou de choses. On l'a montré à
propos des exemples cités en 7.1. e (tous les clients qui viennent
tous les livres que vous avez).
Dans les cas où que pourrait être remplacé par l'adverbe où temporel
<7.2.
4°),
il y a généralisation d'une circonstance du procès,
la
date (exemple: à chaque passage de Paul à Paris).
La valeur de généralisation s'observe encore dans la majorité des cas
- 606 -

que est une pure conjonction :
N'en pot estordre de toz eus,
f
Que tui t ne soi en t mor t , fors deus,
Licuz fu l'uns, l'autre Elenor.
(Eneas, 5415-17)
[Aucun d'eux tous ne put s'échapper]
Onques Tristan ne fist un pas
Qant il fu pris, qu'il dut estre ars,
Que li brachez nen aut après.
(Béroul, 1499-1501)
(Le braque emboîte après coup tous les pas qu'a pu faire Tristan).
On peut continuer
la démonstration à propos
de
Cligès
(4307-09),
Perce val
(4706-07)
Aucassin,
(X,
63-65)
Frois,
Esp.
am.
(2072-73) ; Frois., Chron., 322, 14-20) ; Marot, Epistres (XXVII, 17,
1-3) .
La valeur qénérale peut résulter de l'énoncé d'une condition réelle
ou imaqinaire entraînant immanquablement une conséquence :
Quant il avoit son cerf sagnié
De la seete berserece,
Puis ne fuïst par cele trace
que li chiens ne suist le saut.
(Béroul, 1580-83)
- 607 -

[Le cerf n'aurai t pu fuir par aucune piste que le chien ne
suivit en bondissant)
"
Si De porriens tot garder que nos D'en perdissiens
(Villeh., f 130, 9-10)
(Nous
ne
pourrions
oarder
tous
nos
oens
que
nous
n'en
perdissions).
Car,
se vos estiez . XX.
tant de gent, De vos en porroiz vos
aler, se il mal vos voloit faire, que vos De fuissiez mort et
desconfi t.
(Villeh., f 143, 13-15)
rFussiez-vous vinot fois plus nombreux, vous ne pourriez vous
en
aller,
si
l'empereur
voulait
vous
suivre,
que
vous
ne
fussiez tués et mis à mal).
-Bele, fet il, ge vos creant :
ja De voudrez, que ge ne face.
(Dole, 4756-57)
Ja D'en voudrez, sauve l'onor
la pucele, que je D'en face.
(Dole, 4892-93)
Je
di
noumeement
par
l'arme
de
ma
dame
qui
cest
mestier
- 60S -

<.
l
ID'aprist, que je ne fasse ja trois pez, que li quars ne soit
por l'arIDe de son pere et de sa IDere en reIDission de leur
i
pechiez !
(Rut., BC, paqe 278, 1. 20-23)
Et
ne
usoi t
point
de
ces
privées parolles
qu'il
ne
feist
quelque bien au personnage A qui il parloit.
(Commynes, 69, 3-4)
La
condition
et
la
conséquence
étant
souvent
solidaires,
la
subordonnée en vient à exprimer la condition nécessaire
Et n'osent espouser,
qu'elles n'ayent offert A leur Roy s'il
veut de leur pucellage.
(Hontaiqne, l, XXIII, 160, 34-35)
Il ne dorIDira plus qu'il n'ait fait un sonnet.
(Boil., Art poétique, II, 199)
7.S. Resse.blances for.elles.
Il est montré plus haut, (7.1.) que la séquence ne ... que ... ne est au
carrefour de plusieurs schèmes parfois difficiles à distinguer. Une
fois définis avec précision l'entourage et le sens du schème VI, nous
croyons utile de présenter ici quelques-uns des emplois, relevés dans
notre corpus, que nous avons éliminés à la réflexion.
Dans ce passage du Quadrilogue invectif commençant par un bel exemple
de schème VI,
un
si insidieux vient
en transformer
un second en
- 609 -

système consécutif
Les ennemis ne sont de fer immorte1z ou indiviab1es ne que
vous,
i1z
n'ont
glaives
ne
armeures
que
vous
n'ayez
les
pareilles, ne ne sont en si grant nombre que ne soiez autant ou
plus
(Quadr., 19, 5-9)
Le même si doit nous alerter au vers 727 de la Prise d'Orange
N'a si grant home desi que en Arabe,
Se il le fiert de l'espee qui taille,
Que ne li tranche tot le cors et les armes.
(P. OR., 727-729)
Dans
ces
deux
cas,
comme
dans
toutes
les
phrases
de
schème
consécutif, le remplacement de que par sans que est impossible.
C'est encore ce test qui permettra de trancher dans les cas litigieux
de construction complétive.
Sans que est impossible après les verbes ne garder (Roland, 9
95)
Nes poet guarder que mals ne l'i ateignet
(Roland, 9)
(Que est ici introducteur de complétive objet de guarder),
et ne laisser (Roland, 1206 ; 1252 ; 1642
1931)
Ne 1aiserat, ço dit, que n'i paro1t
(Roland, 1206)
- 610 -

' ..~
Il s'aqit encore de complétive objet; encore que les constructions
anciennes de ces verbes soient étranqères à nos usaqes modernes. Mais
i
il Y a des cas où la fonction complétive de la subordonnée est plus
délicate à reconnaître
Ne Deus ne om ne te porreit aidier
Que ne te face cele teste trenchier
(Cour., 2138-39)
Le verbe aidier a pour objet indirect le pronom personnel complément
te et pour objet direct la proposition complétive.
Ja nuls frans om ne m'en tendra aver
Que toz Des doinse et encor plus assez.
(Cour., 2266-67)
(Personne ne tiendra Guillaume pour avare de n'avoir pas donné
tous les deniers et les destriers ramenés de Rome].
Nus hom ne l'en poroit rescorre
que je ne li face son giu.
(Courtois, 264-265)
(Personne ne pourrait lui éviter que je ne lui fasse le sort
mérité] •
Je n'en prendroie d'or mil mars
qu'il n'en fust trainez ou ars!
(Dole, 4897-98)
- 611 -

· ..~
,. ~
[Le roi ne voudrait pas pour mille marcs d'or, que le senechal
ne fût pas traîné dans les rues ou brûlé]
'~or tant d'or com il a d'archal
a Hui, ou l'en fet les chaudieres,
si m'en poise por voz proieres,
ne remaindroit que n'en fust fete
la justice."
(Dole, 5527-31)
["Même si l'on me donnait autant d'or qu'il y a de laiton à
Huy-sur-Meuse, où l'on fabrique les chaudrons, et quoi qu'il
m'en coûtât à cause de vos prières, il ne pourrait se faire
que justice ne fût pas rendue"].
La subordonnée introduite par que peut être considérétcomme le sujet~
remanoir (="ne pas avoir lieu").
Ja Hahom ne t'eüst tensé
Que ne te feisse deffaire.
(Nicolas, 218-219)
Le verbe tenser (="protéger"), est construit comme éviter .
.•..........•.. car, estant à l'escole,
On ne peut le destin de ton esprit forcer
Que tous jours avec l'encre on ne te vist tracer
Quelque belle peinture, et jà fait geomettre,
Angles, lignes et poincts sur une carte mettre.
(Rons., Saisons, IV, 39, 84, 15-19)
Dans plusieurs de ces exemples, les conditions de sens (généralité)
- 612 -

' ..~
et
même
de
forme
(remplacement
possible
ou
non
par
sans
que)
paraissent à première vue réal~sées pour classer la phrase sous le
schème VI. C'est alors l'étude du sémantisme et de la distribution
ordinaire, à l'époque du texte, des verbes principaux (comme rescore,
remanoir,
tenser)
qui
nous
a conduit
à
rejeter
cette
analyse.
Le
classement
d'une
proposition
subordonnée
sous
le
chef
des
"complétives"
l'exclut du champ de notre étude,
du fait
qu'aucune
solidarité n'y préside à l'emploi simultané de deux négations.
- 613 -

i
SEPTIEME PARTIE
LES COMPARAISONS PROPORTIONNELLES

, .~
SEPTIEME
PARTIE
LES COMPARAISONS PROPORTIORRELLIS.
Sous ce
titre
définissant
un
signifié,
nous
réunissons
plusieurs
constructions que Mme Allaire a classées sous un chef
syntaxique,
"corrélation et coordination".~l
Elle donne pour exemple de base :
Plus on s'éloigne de la description naive et plus on suscite la "
méfiance, le trouble ou l'hostilité.
(A. Touraine, Lettres à une étudiante, Nov. 1974)
ou cet autre, familier :
Plus tu bois, plus tu as soif.
Un schème convient à toutes ces constructions, c'est
Schéme VII
Adverbe comparatif ( ... )/adverbe comparatif ( ... )
Le rattachement exclusif à la coordination nous a paru inadéquat, car
l'ancienne langue plaçait souvent l'un des deux adverbes dans une
proposition subordonnée :
Plus tost i vint qui plus tost i pout corre.
(Alexis, 512)
Mut est Lanval bien assenez :
51. Suzanne Allaire. OP. cit •. pp. 338 55
- 614 -

"
·
...
Cu. plus despendra richement,
g plus avra or et argent ! i
(Lanval, 140-142)
Et la lanque moderne n'en est pas sans exemples:
Le pneu s'use d'autant plus que vous roulez plus vite.
I l
y
a
bien,
dans
ces
trois
exemples,
une
comparaison
proportionnelle, et deux adverbes corrélatifs.
Pour être exact, précisons qu'un adjectif à la forme comparative peut
remplacer chaque adverbe :
Keilleur est le prix, pire est la qualité.
Nous n'en avons rencontré aucun exemple dans nos textes.
Mme Allaire insiste beaucoup sur le caractère "sériel" propre à ce
schème,
toute
proportion
pouvant
être
établie
entre
un
nombre
illimité de rapports
a c e
=
=
etc ...
b
d
f
Elle en cite un exemple du Monde (27-3-74) :
"Plus les années passent, plus le système qui se développe chez
nous se calque sur celui qui fonctionne outre Atlantique, plus
les valeurs que l'on entend préserver se rapprochent de celles
qui font fortune aux Etats-Unis".
En
fait
dans
cet
exemple,
et
dans
tous
ceux
que
nous
avons
rencontrés,
le système apparemment
ternaire peut être conçu comme
- 615 -

'. ~
binaire ~ ici : plus! (plus,
plus) ~
le second et le troisième plus
sont
coordonnés
entre eux et
mis
globalement
en rapport
avec
le
/
premier.
Ailleurs,
le
binarisme
se
retrouve
autrement :
(plus!plus)!plus.
Ces faits s'observent particulièrement chez Ronsard, grand usager de
la comparaison proportionnelle
Plus elle court, et plus elle est fuytive,
Par le sentier d'audace, et de rigueur,
Plus je me lasse, et recreu de vigueur,
Je marche apres d'une jambe tardive.
(Rons., Amours, CXXXIX, 5-8)
Dans ces quatre vers, les deux plus du premier vers sont coordonnés
entre eux,
dénotant la fuite rapide d'une femme;
cette fuite est
mise en proportion avec la lassitude du poète amoureux.
C'est le
système (plus, plusl!plus.
Ces mêmes relations se retrouvent dans les vers suivants
Hais lui, qui rit du tourment qui me point,
Plus je l'apelle, et plus je le convie,
Plus fait le sourd, et ne me répond point.
(Rons., Amours, Pieces ajoutées en 1553, VII, 12-14)
Le partage est différent dans ces vers
- 616 -

(... ) H'amusent sans repos: mais plus je m'exercite,
Plus Amours naist dans moy, et plus je sentz nourrir
i
Son feu, qu'un seul regard au cueur me ressuscite.
(Rons.,
Nouvelle
continuation
des
Amours,
XVII,
12-14)
En
effet,
les
deux
derniers
plus
sont
ici
mis
globalement
en
proportion avec le premier.
Dans le passage suivant, les 6 plus sont à grouper en deux systèmes
binaires :
(plus, plus)/plus et plus/(plus, plus)
Pardon, si je l'ay dit: las! plus vous m'estes fiere,
Plus vous me decevez, plus vous me semblez belle :
Plus vous m'estes volage, inconstante, et rebelle,
Et plus je vous estime, et plus vous m'estes chere.
(Rons., Pièces des Heslanges, IV, 5-8)
Seule l'analyse du sens permet de résoudre ces ambiguités formelles
dont le poète n'a cure. Montaigne, en philOsophe, a cherché à marquer
une hiérarchie des rapports par la diversification des adverbes :
Plus elle est aiguë et vive, plus elle
trouve en soy de foiblesse, et se
deffie d'autant plus d'elle mesme.
(Montaigne, l, 175, 12-14)
La Bruyère, ayant à exprimer une triple proportion, nuance aussi le
- 617 -

'. ).
~..\\
mot de coordination :
lfettez ce rôle sur la scène.
Plus loIJgte.ps
vous le
ferez
"
durer, un acte, deux actes, plus il sera nature et conforme à
son original ; .ais plus aussi il sera froid et insipide.
(Bru., Car., 95, 52, 17-20)
Entre les différentes formes du schème rencontrées de l'origine du
français
jusqu'au
XVIIe
siècle,
il
est
difficile
d'établir
une
filiation. Le fait que la forme la plus simple (plus ... /plus ••• > est
aussi la plus rare dans les premiers textes nous incite à restituer
un processus d'abstraction progressive.
Enoncer une proportion, c'est énoncer l'égalité de deux rapports. Le
latin exprimait très analytiquement cette relation complexe
Quo (quaDto) minor (est), eo (taDto) levior est.
(Il est d'autant plus léger qu'il est plus petit]
Les comparatifs minor, levior expriment des rapports. Les corrélatifs
quo/eo ou
quanto/tanto expriment
l' égali té de ces rapports. On ne
conçoit
pas
en
latin
classique
une
phrase
de
comparaison
proportionnelle qui se passerait de ces corrélatifs, telle que:
*l!iIJor es~ levior est.
C'est pourtant à ce type de phrase qu'est arrivé le français, quand
il dit :
Plus il est petit, plus il est léger.
Ce schème, qui exprime iapliciteaent l'égalité des deux rapports, ne
- 618 -

se rencontre pas
au XIe siècle ;
quatre occurrences
de
la suite
plus••• et plus au XIIe siècle n'en donnent sans doute que l'apparence
b'fJ-6JS'
1
(voir plus
loin,
pp ... ) ; nous l'avons relevé deux fois
au XIIIe
siècle, pour le retrouver au XVe siècle précédé de tant, et au XVIe
siècle sous sa forme pure, avec une grande fréquence (pp'3'~).
L'ancien français usait de tours plus analytiques, que nous passerons
en revue dans
un
ordre plus
ou moins
inspiré de
leur
fréquence
diachronique.
1° Qui plus•.. /plus ou
Plus ..• /qui plus
Le tour le plus anciennement rencontré relève de la subordination
Plus tost i vint qui plus tost i pout corre.
(Alexis, 512)
fPlus vite y arriva qui plus vite put y courir]
Ce tour ne doit rien aux constructions latines évoquées plus haut :
une corrélation de
type
quo... eo ou
quanto... tanto n 'y a pas sa
place, la seule possible étant ici: is ... qui fcelui-ci ... qui]
Ce schème apparaît ensuite dans Eneas :
De l'un an l'altre anbat l'amor,
chascuns en boit bien a son tor :
qui plus le bese plus an boit.
(Eneas, 817-819,
puis dans Eracle sous diverses formes
- 619 -

...~
Qui plus s'i tient, plus s'en alume.
(Eracle, 2526)
Et se de rien li mesesta
Qui plus a, plus de crieme i monte.
(Eracle, 6356-57)
L'adverbe miels alterne avec plus:
Qui plus a .iels doit croire en Diu.
(Eracle, 6353)
La conjonction et apparaît facultativement devant la principale quand
elle suit la subordonnée :
Cil qui plus ot et plus dona,
et qui .ieus sot .ieus sermona.
(Eracle, 2771-72)
On remarque au vers 2771 l'expression du pronom démonstratif
(cil)
sujet du verbe principal, dont le mot et ne pourrait le séparer s'il
avait une fonction coordinative. Sa fonction est ici de marquer le
second membre d'une proportion, marque facultative puisqu'elle manque
dans la proportion qu'exprime le vers suivant.
Nous avons retrouvé cil dans l'usage du schème que fait l'auteur de
la Queste dei Saint Graal :
- 620 -

Cil qui plus me prisera plus i
trovera a blasmer au grant
besoign que il nel porroi t cuidier.
,
(Queste, 206, 15-16)
(Cil est sujet de trovera).
Et a celui a qui je devoie estre plus debonere serai je plus
felenesse.
(Queste, 206, 16-17)
(Celui est complément d'attribution du verbe principal).
Le tour se rencontre inversé chez Rutebeuf :
Plus est bon clers qui plus est riches.
(Rut., Q, 39)
Quand la subordonnée précède la principale, Rutebeuf use deux fois,
au lieu de et, de l'adverbe si :
Qui est plus bele s'est plus sainte
(Rut., F, 162)
Et qui plus a, s'est li plus chiches.
(Rut., Q, 40)
Le tour vit encore chez Jean de Meun :
Hes sachiez que plus s'en repantent
en la fin cil qui plus le hantent.
(Rose, 10095-096)
- 621 -

Et soit tourjorz vers ceus plus fiere
qui plus, por s'amor deservir,
,
se peneront de lui servir.
(Rose, 13244-246)
Une
variante
à
double
proposition
relative
s'y
relève
pour
la
première fois
Car qui .ieuz plumer le savra,
c'iert cele qui .eilleur l'avra.
(Rose, 13669-670)
Le
tour
qui
plus
( ... )!plus se
retrouve
au
XVe
siècle
dans
le
Quadrilogue invectif :
Et
comme
la
soif aux ydropiques
en
bevant
leur
croist
et
augmente, ainsi qui plus en avoit plus en convoi toit avoir.
(Quadr., 38, 16-18)
Villon place encore les deux plus dans deux propositions relatives
Qui .ieulx me dit, c'est cil qui plus m'attaine.
(Villon, Poésies diverses, 85, VII, 23)
Marot pratique encore le schème très naturellement
Et escouter on ne refusera
L'esprit maling qui les accusera,
Si que celuy qui plus fera d'encombres,
'Par ses rapportz, aux malheureuses umbres
Plus recevra de recueil et pecunes.
(Marot, Opuscules, IV, pp. 56-57)
- 622 -

' ..~
Car que me vault veoir de pres et congnoistre
Tant de beauté, fors d'attiser et croistre
Hon nouveau feu ? J'ay tous jours ouy dire,
Qui plus est près, plus ardamment desire.
(Marot, Elégies, XIII, 23-26)
Signalons que dans notre corpus,
le tour ne se rencontre pas après
Clément Marot.
On
peut
remarquer
l'absence de
la
conjonction
et devant
le .second
membre
de
ce
schème
après
le
XIIe
siècle.
Effet
du
hasard?
ou
conscience acquise d'une imcompatibili té entre cet te conjonction et
le rapport de relative à principale,
crainte d'une confusion de la
principale avec une relative coordonnée ?
2° Quant plus ... (tant! et) plus ...
On est frappé par la ressemblance entre le tour latin
Quanto ainor••• tanto levior
et le tour rencontré chez Alain Chartier :
Toutes
voies a verité celle proprieté singuliere que,
quant
plus
est
foulee,
tant
plus
se
ressourt,
et
sont
les
commencements poignans a soustenir et durs, mais son Yssue est
agreable et fructueuse.
(Quadr., 43, 21-25)
Certainement Chartier,
nourri de latin,
copie ici ses modèles ;
la
corrélation quant .•. tant n'a été rencontrée dans aucun de nos textes
- 623 -

' ..~
antérieurs.
Les premières apparitions du modèle donnent l'impression· que quanto y
a été remplacé par quando. C'est certainement à quant temporel qu'on
a affaire dans ces vers d' Erac1e où la proportion est d'ailleurs
boiteuse (plus ••. trop) :
Hais plus oscurement en velt,
quant trop s'en sent et trop s'en deut.
(Eracle, 4696-97)
Dans le second cas rencontré,
la subordonnée,
qui
suit encore la
principale (double), a encore tout l'air d'une temporelle, contenant
l'adverbe plus qui établit, avec les deux plus de la principale, une
comparaison proportionnelle
Joie d'amors qui vient a tart
sanble la vert busche qui art,
qui dedanz rant plus grant chalor
et plus se tient en sa valor,
quant plus demore a alumer.
(Yvain, 2521-25)
Un passage de Rutebeuf peut ensuite donner l'illusion d'un schème
proportionnel, illusion qui ne résiste pas à l'analyse:
Quant plus ert en grant seignorie
Et plus ert amee et chierie,
Lors avoit ele un mendiant,
Qu'elle n'alast Dieu oubliant,
- 624 -

Qui n'avoit pas la teste saine.
(Rut., AT, 517-521)
Le second vers est une proposition temporelle coordonnée à celle du
premier vers, et la seule corrélation est entre la conjonction quant
et l'adverbe lors du troisième vers.
Le schème ne réapparaît vraiment, et en force, qu'à partir du Roman
de la Rose dont l'auteur Jean de Meun est un clerc:
Car biautez est de tel matire :
quant el plus vit, et plus enpire.
(Rose, 8291-92)
Et li redisoit toutevoies
que plus plesanz ierent leur joies
et li solaz plus en craissaient
quant plus a tart s'entrevoiaient.
(Rose, 8755-58)
Et gart que trop ne sait enclose,
quar, quant plus a l'ostel repose,
.ains est de toutes genz veüe
et sa biauté .ains conneüe,
_ains couvoitiee et .ains requise.
(Rose, 13487-491)
Hais ceste a jalousie fainte
- 625 -

qui laintement let tel complainte
et amuse ainsinc le musart :
i
quant plus l'amuse, et cil plus art.
(Rose, 14169-172)
Geus d'amors est, quant plus demeure,
plus agreable par demeure,
s'an sunt cil mains antalanté,
qui les ont a leur vol an té.
(Rose, 14289-292)
Dans
deux
de
ces
exemples,
la
conjonction
et
apparaît
avec
sa
fonction de marque du second membre d'une proportion. Le schème se
dessine. Le sens de quant peut encore passer pour temporel, mais une
valeur
quantitative
est
plus
vraisemblable
dans
plusieurs
cas,
notamment au vers 8292 où la traduction par "lorsqu'elle vit plus
longtemps, elle se dégrade plus" n'aurait guère de sens. Tout porte à
croire que les écrivains lettrés de cette fin de siècle, habitués à
lire l'adverbe quanto dans les phrases proportionnelles des textes
latins,
ont
cru
le
retrouver
dans
les
quant temporels
suivis
de
comparatifs.
c'est ainsi
qu'il
faut
sans
doute
interpréter
les
occurrences
du
schème chez Joinville :
Car quant [plus] viennent les autres rivieres a val, et plus y
chieent de petites rivieres, et de petits ruissiaus.
(Joinville, 121, 14-15)
- 626 -

Ainçois ID 'apensai que quaDt plus IDe deffenderoie et plus IDe
ganchiroie, et pis IDe vauroit.
i
(Joinville, 156, 23-24)
Selon
toute
vraisembla'lce,
la
forme
parfaite
du
schème
(quant .•• tant ... ) relevé un peu plus tard chez Alain Chartier, 10'1n
d'être une survivance française du tour latin quanto ... tanto, en est
l'aboutissement d'une lente réfection, à partir d'un quant d'origine
temporelle.
Réfection artificielle sans avenir,
car nous ne l'avons rencontrée
dans aucun texte ultérieur.
(Tant) COID plus•.. (tantl et) plus .•.
Dans les systèmes proportionnels les plus anciennement relevés,
il
semble bien que com ait remplacé le quanto (ou quo) du latin :
Li philosophe le saveient,
par eus meïsmes entendeient,
cu. plus trespassereit li tens,
plus sereient sutil de sens
et plus se savreient garder
de cee k'i ert a trespasser.
(Marie de France, Lais, Prologue, 17-22)
- 627 -

'. ·.
Rut est Lanval bien assenez :
cu. plus despendra richement,
1
e plus avra or et argent !
(Lanval, 140-142)
Tant peut précéder
com,
l'ensemble
tant
com équivalant au
quanto
latin
Car tant co. plus coste le cose,
le joist plus qui faire l'ose.
(Eracle, 4629-30)
Com et tant com alternent au grè du mètre
Et con plus liee l'avoit feite,
plus li poise et plus se desheite
quant il ne vialt plus demorer,
c'or le volsist ele enorer.
(Yvain, 3323-26)
Tant con li hom a plus apris
a delit et a joie vivre,
plus le desvoie et plus l'enivre
de quan qu'il a que un autre home.
(Yvain, 3572-75)
Le tour est très vivant au XIIIe siècle :
Quar, tant co. l'amor est plus grant,
sont plus mari li fin amant
- 628 -

.. ~
quant li uns d'aus de l'autre croit
qu'il ait dit ce que celer doit.
i
(Vergi, 11-14)
L'auteur de la Queste l'enrichit:
La fontaine est la douce pluie, la douce parole de l'Evangile,
ou li cuers de1 verai repentant troeve la grant douçor, que de
tant co.e il plus l'asavore, de tant en est il plus desirranz.
(Queste, 159, 2-5)
Ce est la grace de1 Saint Graal. Car de tant co.e e1e est plus
large et plus p1entureuse, d'itant en remaint il plus.
(Queste, 159, 5-7)
Rutebeuf emploie le schème com plus ( ... )/p1us avec ou sans et
Ou cil qui a droit juge ment,
Ou il en avront vengement,
Combien qu'il tart :
Co. plus couve li feus, plus art.
(Rut., E, 26-29)
Quar co. plus en sermoneroie,
Et plus l'afere empireroie
(Rut., X, 171-172)
Car co. plus basse est la 1umiere,
Nieus voit hon avant et arriere,
- 629 -

Et co. plus hauce plus esloigne.
CRut., AO, 10-12)
,.
La dame voit bien et entent
Que c'est noient a qU'ele tent :
Co. plus d'entrer leenz s'engresse,
Et plus la recule la presse
(Rut., AS, 207-210)
Et s'a en lui malt biau sergent,
Que, co. plus vit, et plus coleure.
CRut., BB, 103-104)
On le rencontre dans le discours familier du Jeu de la Feuillée
Et co. plus fiere se tenait
Plus et plus croistre en mi faisait
Amour et desir et talent.
(Feuillée, 156-158)
Jean de Heun paraît avoir remplacé cam plus par quant plus (voir plus
haut).
L'auteur de
Jehan
et Blonde retourne
aux
systèmes
savants
de
la
Queste del Saint Graal
- 630 -

.~
De ta~t co. je mix esperoie,
De ta~t plus crue1me~t morroie,
i
S'orendroit l'avoit perdue.
(Jeh. et 81., 2557-58)
De ta~t co. .e e1e est desiree,
De ta~t est e1e plus amee
Du couvoteour quant i l l'a
(Jeh. et 81., 4849-51)
De ta~t co. croist sa signourie,
De ta~t Jehans plus s'ume1ie.
(Jeh. et 81., 5931-32)
Froissart use trois fois, en vers, de com p1us ... /et plus (moins)
Ensi la belle,
Que mon coer crient, sert, aimme et croit,
He tient en ce meisme endroit :
Co. plus l i prie, et .ai~s rechoit
De ma querelle.
(Frois., Esp. am., 1583-87)
- 631 -

Hon coer voelt que toutdis je erre
Et, co. plus voi, et plus m'enserre
i
En estat ou ne puis conquerre
Un seul trelin.
(Frois., Esp. am., 2120-23)
Pour vous, ma dame souverainne,
Aï recheü tamainte painne
Et sui encor dou rechevoir
Bien tailliés. Je di de che voir
Car, co. plus vit, et plus m'entlame
De vous li amoureuse tlame.
(Frois., Esp. am., 3881-86)
Com ne se retrouvera plus dans ces systèmes, mais on peut estimer
qu'il a été remplacé par
que (comme dans les systèmes comparatifs
d'éqalité) chez Commynes
Car de tant qu'ilz sont plus grandz, portent les outraiges plus
grant desplaisir et dueil.
(Commynes, 246, 3-5),
chez
Marot
(où
autant
remplace
tant
comme
dans
les
systèmes
comparatifs d'égalité) :
- 632 -

..~
'
D'autant que plus plaisent les blanches roses
Que l'aubespin, plus j'aymois à sonner
i
De la musette, et la ty resonner
En tous les tons et chantz de bucoliques.
(Harot, Opusc., III, 39, 30-33)
chez Du Bellay :
Icy la volupté est toujours de saison,
Et d'autant plus y plaist, que .oins elle est permise.
(Du Bellay, Regrets, CXXVII, 7-8)
Le
tour
d'autant
plus ... que ... plus ...
se
maintiendra
jusqu'en
français moderne.
(Tant) plus ... (et/ tant) plus ...
Une lecture hâtive peut donner l'illusion que le schème
plus... et
plus à valeur de comparaison proportionnelle apparaît au XIIe siècle
dans Erac1e
Quant li formens est esventés,
plus en amende et plus en valt.
(Eracle, 3330-31)
Quant on tient plait de se proece,
plus s'en amende et s'en adrece
et plus s'esforce de bien faire.
(Eracle, 3333-35)
- 633 -

Hais plus oscurs en est li fus
et plus en est torbles li lius
,.
(Eracle, 4693-94)
Une réflexion sur le sens de ces vers, amène à corriger une analyse
grammaticale erronément influencée par l'usage moderne.
Faut-il
comprendre
au
vers
3331
"Plus
il
s'améliore,
plus
il
vaut" ?
L'auteur énoncerait alors un truisme: "Heilleur il est, plus il a de
val~ur" ! Un sens bien plus acceptable est donné si l'on tient les
deux
membres
du
vers
3331
pour
l'expression
(redondante)
d'une
conséquence du procès énoncé au vers précédent
"Quant le froment est en un lieu venté
il en devient meilleur et de plus grand prix."
Il n'y a pas là de comparaison proportionnelle: le vers 3330 énonce
une condition sans variation du moins au plus ; les deux plus du vers
3331 sont entre eux sans corrélation : chacun contribue à énoncer la
conséquence de la condition posée au premier vers ; et coordonne les
deux
propositions
principales
de
la
façon
la
plus
banale,
sans
établir de solidarité entre elles.
Le second texte se prête à une analyse toute semblable : Quand on
fait état de la prouesse d'un chevalier, celui-ci en devient meilleur
et se perfectionne, et multiplie ses efforts pour bien faire.
Dans le troisième texte (4693-94),
les deux vers présentent encore
- 634 -

une certaine synonymie.
La
-
conjonct4&n et n'y est pas
la marque
d'éqa1ité
d'un
système
proportionnel
elle
est
plutôt
une
i
conjonction de coordination comme dans les deux premiers cas, mettant
sur le même pied syntaxique deux propositions dont les éléments plus
ne sont pas en corrélation.
Le constat est le même si nous analysons ces vers tirés du Roman de
l'Estoire dou Graal:
Car plus en bien en pallera
Et plus de bien y trouvera.
(Est. Graal, 3089-90)
faut-~.~
"Car plus il en parlera en bien,
plus il y trouvera de bien" '1

c'est
encore
une
tauto10qie
(les
deux
membres
de
la
proportion
supposée siqnifient la même chose, comme si l'on disait: 'plus on en
fait l'éloge, plus on en dit de bien"). Il s'agit là aussi d'un et
coordonnant deux propositions contenant plus, toutes deux exprimant
la conséquence d'un fait exprimé précédemment.
Au XIIIe siècle, il n'est apparu que dans un vers de Rutebeuf, avec
et
Ce ne puet estre, ce me samble ;
Que, plus amasse et plus assamble,
Et plus li plest a regarder.
(Rut., Q, 45-47)
- 635 -

.. ~
, .
et dans un vers du Jeu de la Feuillée avec et
Et plus et plus fui en ardeur
1
Pour s'amour et .ains me conui
(Feuillée, 167-168)
Alain Chartier introduit tant au premier membre du système :
Estoupez vos oreilles a toutes bonnes amonicions, mais ce sera
par
tele
condicion
que
tant
plus
y
demourrez
et
plus
approuchera le douloureux jour de vostre exterminacion.
(Quadr., 16, 1-4)
On le retrouve chez Villon
Tant plus est chiere et plus est quise.
(Villon, Poésies diverses, 79, II, 13)
Tant plus commune et .oins requise
(Villon, Poésies diverses, 80, II, 15)
et dans la farce de Pathelin :
Tant plus le vois et plus m'assotte.
(Pa thel in, 209)
Marot use couramment du schème coordinatif sous sa forme
la plus
simple :
Hais de maigreur estoyent enlangorees :
Plus en beuvoyent, plus estoyent alterées :
Plus en mangeoyent, plus en vouloyent manger.
(Marot, Opusc., VII, pp. 73-74)
- 636 -

· .~
Or, tel qu'il est, en gré le vueilles prendre
Plus escriroys, plus me feroys reprendre.
(Marot, Epistres, XXXIII, 23-24)
Or t'en va quand et ou il te plaira;
Plus iras loing, plus nous en desplaira.
(Marot, Epistres, LI, 13-14)
Vous perdez temps de me dire mal d'elle,
Gens qui voulez divertir mon entente :
Plus la blasmez, plus je la trouve belle.
(Marot, Chanson, XXXV, 1-3)
Pour la première fois dans nos textes, moins alterne avec plus dans
ce schème :
Plus elle est douce, et .oins en sort de miel.
(Marot, Complainctes, III, 306)
Pour la première fois aussi,
la conjonction et manque au début du
second membre, dans les quatre premiers exemples cités, mais non dans
le dernier.
Enfin, pour la première fois,
tant apparaît au début des deux membres
de la proportion, comme si le poète avait combiné le thème pur avec
le vieux système corrélatif
de coordination
tant ... tant ..• ,
connu
depuis l'ancien français:
fant par pitié, tant par amur,
- 637 -

jamés n'avrai joie nul jur.
(Eliduc, 1027-28)
i
Nous avons relevé :
Or si poursuyvray je pourtant
La chasse que j'ay entreprinse :
Car tant plus on tarde a la prinse,
fant plus doulx en est le repos.
(Marot, Opusc., II, 34, 3-6)
fant plus me suis par escript excusé,
fant plus m'avez de parole accusé.
(Marot, Epistres, XXIII, 31-32)
Car vostre honneur ressemble un ne sçay quoy,
Lequel tant plus on le va remuant,
~oins il sent bon, et tant plus est puant.
(Marot, Epistres, XXIII, 168-170)
Si vous tiendra pour pere la Bazoche,
Qui ose bien vous dire, sans reproche,
Que de tant plus son regne fleurira,
Vostre Paris tant plus resplendira.
(Marot, Epistres, LXIX, 17-20)
fant plus les a Fortune autorisez,
- 638 -

fant .oins seront en fin favorisez.
(Marot, E1égies, I. 139-140)
i
Car la fortune est pour un verre prise,
Qui tant plus 1uyst, plus tost se casse et brise.
(Marot, E1égies, l, 141-142)
fant plus avant ceste lettre 1isoye,
En aise grand' tant plus me deduisoye.
(Marot, E1égies, XVI, 37-38)
Quelquefois tant ne figure, comme chez Alain Chartier, que devant le
premier terme
Et tant plus sont les hommes discordants,
Plus a discord esmouvons leurs courages.
(Marot, Opusc., IV, 46, 34-35)
Et tant plus sont
aigres ses b1asonneurs,
Plus le constant a de 10z meritoire.
(Marot, E1égies, XIX, 34-35)
Et tant plus est la perso-nne excellente,
Plus est subjecte à l'aigreur violente.
(Marot, E1égies, XIX, 43-44)
La formule complète se retrouve chez Rabelais :
Hessieurs, jà long temps a que sommes icy sans rien faire que
- 639 -

'. ~
despendre, et ne pouvons trouver fond ny rive en ceste matiere
et, tant plus y estudions, tant .oins y entendons, qui nous est
i
grand honte et charge de conscience, et A mon advis que nous
n'en
sortirons
que
a deshonneur,
car nous
ne
faisons
que
ravasser en noz consultations.
(Rab., Pantagruel, X, 151, 8-14)
à côté de la formule simple :
Hais je ne sçay que diable cecy veult dire: ce vin est fort
bon, et bien délicieux, mais plus j'en bois, plus j'ay de soif.
(Rab., Pantagruel, XIV, 191, 21-23)
Ronsard use de la formule simple, avec ou sans et
Plus je me picque, et plus je suis restif.
(Rons., Amours, XII, 9)
Hais eulx voyant que plus elle est chassée,
Loing loing devant, plus s'enfuit eslancée.
(Rons., Amours, LXXXIX, 9-10)
Plus je la voy, .oins souler je m'en puis.
(Rons., Amours, CXXIV, 9)
:
r
Plus je me force A le vouloir tuer,
1
Plus il renaist pour mieux s'esvertuer
f
De feconder une guerre en moymesme.
1
(Rons., Amours, CXXXVIII, 9-11)
1
1
1
1
- 640 -
1
tt
1
1

" t
,..
(voir aussi Rons.,
Amours, XII,
3-4 ; XIII,
14 ;
Continuation des
Amours, XXIX, 5-8 ; XXXII, 13-14 ; XL, 9-11 ; XLI, 5-8 ; LXIV, 5-7 ;
Nouvelle continuation des Amours, III, 16-18 ; XVII, 12-14 ; XXIII,
11-12;
XXIV,
7-10;
XXVII,
5-8;
Sur
la
mort
de
Harie,
XII,
101-104
Premier livre des sonets pour Hélène,
XXXIX,
4 ;
Second
livre des sonets pour Hélène,
XXXIX,
8 ; Pièces des Heslanges,
X,
31-33
Pièces du septième livre des poèmes, IV, 14 ; Quatre Saisons,
39, 83, 28-29 ; 46, 120, 27-28).
Il emploie plus ... plus greffé sur une relative introduite par que
Bien que l'esprit resiste à mon vouloir,
Tout bon conseil je mets à nonchaloir,
Par le penser m'encharnant un ulcere
Au fond du coeur : que plus je delibere
Guarir, ou rendre autrement adoucy,
Plus son aigreur se paist de mon soucy.
(Rons., Amours diverses, Elegie, 16-20)
La phrase proportionnelle est chez lui une manie de style,
et i l
redouble volontiers les proportions :
Hé quantesfois le jour me prend il une envie
De rompre voz prisons, mais plus vous me donnez
Espoir de liberté, plus vous m'emprisonnez
L'ame, qui languiroit sans vous estre asservie.
(Rons., Nouvelle continuation des Amours, XXVII, 5-8)
(voir aussi Rons., second livre des Heslanges, IV, 5-8).
- 641 -

'. ~
Il introduit quelquefois tant dans le système, soit dans le premier
membre :
Quoi? tu veux donc partir, et tant plus je te cuide
Retenir au logis plus tu hausses la bride.
(Rons.,
Nouvelle
continuation
des
Amours,
XLIV,
27-28)
Selon les passions que vous m'avez données
Vous tiendront pour deesse : et tant plus les années
En vollant s'en fuiront, et plus vostre beauté
Contre l'aage croistra, vielle en sa nouveauté.
(Rons., Pièces ajoutées aux Amours, IV, 11-14)
Ainsi tant plus l'amant les rets d'amour secoüe,
Plus à l'entour du col son destin les renoüe.
(Rons., Pièces du Bocage, V, 12-13)
Tant plus
je pense à me vouloir distraire,
De vostre amour, et .oins je le puis faire.
(Rons .. Pièce du septième livre des poèmes. IV, 9-10)
soit plus rarement dans le second :
Ainsi se vont hurtant ces rochers vagabons,
Hais plus se hurteront, et tant plus soyez pronts
De pousser d'un accord la rame a la poitrine.
(Rons., saisons, 34, 66, 10-12)
- 642 -

......
ou dans les deux :
Il ressemble A l'oiseau, qui tant plus se remüe
,.
captif dans les gluans, et tant plus se r'eng1üe
(Rons., Pièces du Bocage, V, 9-10)
Montaigne,
esprit
rigoureux,
enrichit
le
tour
en
exprimant
par
d'autant un
signifié
identique
à
celui
du
quanto ou
tanto latin
(comme faisait l'auteur de la Queste remplaçant tant come par de tant
come)
Plus
elle
est
aiguë
et
vive,
plus
elle
trouve
en
soy de
foib1esse, et se deffie d'autant plus d'elle mesme.
(Montaigne, l, 175, 12-14)
Et les âmes,
à mesure qu'elles sont .oins fortes,
elles ont
d'autant .oins de moyens de faire ny fort bien, ny fort mal.
(Montaigne, l, 354, 12-14)
Plus nous
donnons,
et
devons,
et
rendons
à
Dieu,
nous
en
faisons d'autant plus chrestiennement.
(Montaigne, II, 219, 13-15)
Car d'autant plus elle me pressera et importunera,
d'autant
.oins me sera la mort à craindre.
(Montaigne, II, 423, 11-12)
On relève aussi chez lui de nombreux exemples du tour le plus simple,
sans et :
- 643 -

...~
Et plus je m'estois chargé de monnoye, plus aussi je m'estois
chargé de crainte.
i
(Montaiqne, l, 105, 35-36)
et même le lourd tant plus ... tant plus:
Car tant plus il serrera et pressera ce qui de sa nature coule
par
tout,
tant
plus
il
perdra
ce
qu'il
vouloit
tenir
et
empoigner
(Montaiqne, II, 266, 18-20)
Le XVIIe siècle, ennemi de toute lourdeur, ne présente que le système
simple, avec ou sans et, dans les textes de notre corpus
Plus je les examine; plus j'y trouve de vérités.
(Pasc., Pensées, 281, 737-793, 17)
Plus elles sont importantes, et plus la prudence et la fidélité
y sont nécessaires.
(La Roch., Maximes, 117, V, 51-52)
Plus elle est folle de son mari, plus elle est marâtre.
(Bru., Car., 159, 46, 2-3)
Concluez
donc
vous-même
que
.oins
elles
auraient
de
ces
défauts, plus elles seraient sages.
(Bru., Car., 127,49,33-34)
Et plus elle ménage le dehors,
plus elle livre le coeur aux
- 644 -

.. '~
sentiments les plus délicats et les plus dangereux de la fausse
gloire.
i
(Boss., Oraisons, 94, 373-375)
Et plus je donne de force à mes raisons, et plus il pousse les
siennes.
(Sévigné, Lettres, 277, 3-4)
Voulez-vous sur la scène étaler des ouvrages
Où tout Paris en foule apporte ses suffrages,
Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés,
Soient au bout de vingt ans encor redemandés ?
(Boileau, Art Poétique, III, 11-14)
Plus sobre encore,
Madame de Lafayette dans la Princesse de Clèves
n'emploie pas un seul schème de comparaison proportionnelle.
On
sait
que
cette
absence
n'est
pas
significative
d'un
déclin
du
système
plus ... plus qui domine largement,
en
français
moderne,
les
quelques variantes conservées.
Notre survol de l'ancienne littérature a montré que,
loin d'être né
d'une progressive abstraction du tour
latin dont
le modèle
a sans
doute
inspiré
le
quant
plus ... tant
plus ...
d'Alain
Chartier,
le
système simple est apparu plus tôt que cette réfection latinisante,
dès le Xln~ siècle, mais a connu le développement qu'il conserve de
nos jours seulement après la disgrâce du tour com plus (XVe siècle).
- 645 -

La
conjonction
et
devant
le
second
membre
a
toujours
relayé
facultativement les lourds syst~mes corrélatifs du latin pour marquer
l'éqalité inhérente à la proportion.
- 646 -

..~
, .
CONCLUSION

..'
CONCLUSION
,.
Notre entreprise, définie au seuil de cet te étude (cf. q1.1. ... ),
était d'instaurer une méthode d'analyse logique de la phrase prenant
en compte non seulement les marques interpropositionnelles que sont
les
conjonctions,
mais
aussi
les
marques
intrapropositionnelles
(adverbes,
adjectifs,
morphèmes
temporels
et
modaux)
constituant,
avec celles-ci ou entre elles-mêmes, des systèmes corrélatifs propres
à exprimer telles et telles relations
logico-syntaxiques entre les
membres de la phrase complexe.
A la différence de Mme Allaire, dont la thèse en 1977 ouvrait la voie
à cette analyse, nous avons fait état de systèmes où le rôle de la
conjonction était dévolu à un pronom ou adverbe relatif, parce que la
vieille langue en offre de nombreux exemples
Jo t'en muvra un si grant contraire
Ki durerat a trestut tun edage.
(Roland, 290-291)
Tant i avrat de besanz esmerez
Dunt bien purrez voz soldeiers luer.
(Roland, 132-133)
N'i ot baron tant fort ne fier
- 647 -

· .~
Oui ost le roi mot araisnier.
(Béroul, 863-864)
i
Alors que Mme Allaire a limité son enquête aux formes d'expression
des relations loqiques traditionnellement désiqnées en qrammaire par
le terme de "circonstances, nous avons fait état des subordonnées de
fonctions "directes" habituellement imputées à la syntaxe pure comme
"sujet",
"objet",
"attribut",
lorsqu'une
corrélation
apparaissait
entre elles et un mot
(pronom ou adverbe) annonçant ou rappelant
leur fonction dans la principale :
E ço sai dire qu'il fut bons cretiiens.
(Alexis, 340)
Ço sent Rollant que la mort li est près.
(Roland, 2259)
Ço peiset mei que ma fin tant demouret.
(Alexis, 460)
Ce type de corrélation peut être néqliqé en français moderne -encore
qu'il
s' y
maintienne
très
bien
dans
des
cas
précis
comme
l'introduction d'une proposition sujet (c'est vrai qu'il a grandi)-,
mais
sa
fréquence
dans
l'ancienne
lanque
requiert
plus
impérativement un examen synchronique et diachronique des conditions
de son apparition (où la loi de Thurneysen joue le rôle) et de sa
disparition. Tel est l'objet de notre première Partie.
- 648 -

'. -~
Au niveau du français moderne, la suite de mots parce que est à tenir
pour une locution conjonctive, où personne ne songe à retrouver le
"
système corrélatif que la possibilité de disjonction permet de voir
dans la vieille langue
Pur ço l'ad fait que il voelt veirement
Que Carles diet e trestute sa gent,
Li gentilz quens, qu'il fut mort cunquerant.
(Roland, 2361-63)
La plupart des systèmes corréla tifs constitués originellement d'une
préposition
suivie
du
groupe
ce
( ... )
que
sont
devenus
très
anciennement des conjonctions, presque toujours allégées au cours des
siècles de leur lourde cheville pronominale (après ce que,
avant ce
que,
pour ce que,
sans ce que,
devenus après que,
avant. que,
pour
que, sans que). Quelques suites comme a ce que, de ce que, en ce que
ont
conservé
la
faculté
d'être
analysables.
L'histoire
de
ces
variations de forme et d'emploi, où la corrélation ne joue souvent
qu'un rôle génétique, est retracée dans notre deuxième Partie.
La troisième Partie traite des systèmes auxquels Mme Allaire s'est
intéressée
parce
qu 1 ils
mettent
en
jeu
des
"circonstances"
privilégiées dans l'analyse traditionnelle et dont l'expression exige
encore aujourd 'hui une double marque : adverbe ou adjectif dans la
principale, conjonction dans la subordonnée.
La comparaison et la conséquence ont particulièrement retenu notre
attention,
pour
la
longue
évolution
qui
conduisit
les
systèmes
- 649 -

comparatifs d'égalité originellement opposés aux systèmes consécutifs
par
le
choix
de
la
conjonction
(comparer
si ... com/si ... que;
tant ... com/tant
que)
à
s'y
opposer
par
la
forme
de
l'adverbe
(comparer
aussi
que/si ... que;
autant ... que/tant
que).
Dans
le
domaine
du
temps,
l'apparition
d'adverbes
corrélatifs
semble
imputable le plus souvent à la contrainte de Thurneysen ; quelques
systèmes apparemment analysables comme ains ( ... ) que, lors (... ) que
se présentent dès l'origine ou très tôt sous la forme conjointe où
l'on est en droit de voir une locution conjonctive. Dans le domaine
de
l'hypothèse,
des
adverbes
corrélatifs
de
la
conjonction
se
apparaissent
rarement
et
toujours
facultativement,
la
corrélation
étant assumée ici surtout par une correspondance de temps et de modes
dont l'histoire est faite dans la thèse de R. L. Wagner.
La quatrième Partie examine le schème inverse : conjonction/adverbe,
dont les occurrences s'avèrent toujours facultatives, satisfaisant à
la contrainte de Thurneysen ou, plus tard, à un souci rhétorique de
clarté
ou de
symétrie.
Bien
que
la
première
proposition
y soit
toujours subordonnée à la seconde, on remarque la présence fréquente
en tête de la principale du mot
et,
marquant
corrélation et
non
coordination, que le rapport logique soit la comparaison, le temps ou
l'hypothèse:
Co. .e plus puet, et il chemine.
(Béroul, 3556)
Quant il furent defors la tor
- 650 -

et comancié voient l'estor.
(Ch. Ch., 2361-62)
,.
S'en volt ostages, e vos l'en enveiez.
(Roland, 40)
Cet emploi survit aujourd' hui dans des cas de fausse coordination
comme
Frappez, et l'on vous ouvrira.
Notre
cinquième
Partie
réunit
un
ensemble
de
systèmes
à
valeur
temporelle où une première proposition principale,
indique par des
marques lexicales et/ou morphologiques l'état d'accomplissement d'un
procès repère au moment où survient le procès essentiel énoncé dans
la
subordonnée
introduite
par
quand
ou
que
("subordination
inverse") :
CarIes esteit es vals de Horiane,
Quan Deus deI cel li mandat par sun angle
Qu'il te dunast a un cunte cataignie.
(Roland, 2318-20)
Il n'orent aie quatre liues alé
Qu'en mi la voie ont un vilain trové.
(Charroi, 874-875)
Si n 'ot gaires alé quant il
voit un chevalier sor un grant
- 651 -

destrier venir apres lui.
(Queste, 41, 28-30)
i
Le
courrier
qui
portait
cette
lettre
n'était
pas
à
Fontainebleau, que ce tourbillon était passé.
(Séviqné, Lettres, 266, 102, 78-79)
A peine parut-elle dans sa chambre, que cette princesse la fit
approcher.
(La Fay., Clèves, 115, 37-38)
La sixième Partie étudie un schème dont la caractéristique formelle
est la succession d'une principale et d'une subordonnée néqatives où
les deux néqations,
se détruisant,
ont
pour
effet
sémantique une
assertion ou une injonction très qénéra1isée
Il n'en i ad chevaler ne barun
Que de Pite~u1t durement ne p1urt.
(Roland, 2418-19)
(Il n'y a aucun chevalier, aucun baron qui de pitié ne pleure à
chaudes larmes.]
N'ot en la tere chevalier
- 652 -

'. ~
Ki auxes feist a preisier
Pur ceo qu'une feiz la veist,
,.
Ki ne l'amast e requeist.
(Chaitive1, 13-16)
Guardez n'en isse nuls om de mere vis
Que il ne seit detrenchiez et ocis.
(Cour., 1671-12)
La septième et dernière Partie traite d'un type de corrélation très
particulier, caractérisé sémantiquement par l'assertion d'une égalité
de rapports
("comparaison proportionnelle")
et formellement par la
présence d'un adverbe ou d'un adjectif
de
sens
comparatif
(plus,
moins,
autant,
meilleur... )
dans
chacune
des
deux
propositions
voisines unies par un rapport de subordination ou de coordination.
En ancien français, la subordination est la norme, et la conjonction
et apparaît souvent en tête de la principale (postposée) :
Cil qui plus ot et plus dona,
et qui aieus sot aieus sermona.
(Erac1e, 2771-72)
Cua plus despendra richement,
e plus avra or et argent !
(Lanva1, 141-142)
Le tour à deux propositions coordonnées n' apparai t
avec certitude
- 653 -

qu'au XIIIe siècle:
Que, plus amasse et plus assamble,
Et plus li plest a regarder.
(Rut., Q, 46-47)
(La
corrélation
est
entre
les
deux
premières
indépendantes
coordonnées entre elles d'une part, et la troisième d'autre part)
Ce tour,
commun en français
moderne,
ne s'est répandu qu'au XVIe
siècle.
L'emploi de
quant en tête d'une des propositions nous a posé un
problème
d'étymologie
auquel
l'examen
diachronique
permet
seul
d'apporter une réponse plausible :
issu de
quando,
conjonction de
temps, ce quant a pu être rattaché erronément, par des lettrés comme
Alain Chartier, à l'adverbe de quantité quanto usuel en latin dans
les systèmes de comparaison proportionnelle.
Quoi
qu'il
en
soit,
les
systèmes
comportant
comme et
quant ont
disparu
avant
l'époque
classique,

règne
presque
seul
le
tour
moderne plus économique :
Plus je les examine, plus j'y trouve de vérités.
(Pasc., Pensées, 281, 737-793, 17)
Les
sept
parties
de
notre
thèse
couvrent
ainsi
l'ensemble
des
systèmes corrélatifs dont une "analyse logique" pertinente des textes
français
requiert
la
connaissance.
Au
niveau
du
français
préclassique,
cette étude est nouvelle,
et nos relevés,
malgré la
- 654 -

'. ~
. '
~_.I
modestie
du
corpus
dont
nous
avons
conscience
-mais
qu'imposait
l'ampleur
du
sujet-,
fournissent
au
moins
des
bases
et
une
orientation à de futurs chercheurs. Au niveau du français classique
et de la théorie générale, elle précise et réordonne sur plusieurs
points
l'inventaire,
déjà
novateur,
de
Mme
Allaire.
Nous
n' ambi tionnons pas plus que d'avoir franchi une étape dans la voie
récemment
ouverte,
sans
nous
réclamer
d'autres
méthodes
d'investigation
que
celles
de
la
philologie
moderne
et
du
structuralisme
-car
c'est
presque
toujours
dans
le
sens
d'une
harmonisation
de
chaque
état
de
la
langue
que
s'expliquent
ses
changements.
- 655 -

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- 680 -

' . .~
TABLE
DES
MATIERES
Introduction
"
1
1.1. Définitions préalables.
1
1.2. Limitation du champ d'étude.
6
1.3. Corrélatifs complémentaires et corrélatifs redondants.
12
10 Systèmes complémentaires.
12
20 Systèmes redondants.
13
1.4. Chronoloqie des textes cités.
17
Textes du XIe siècle
17
Textes du XIIe siècle
17
Textes du XIIIe siècle
19
Textes du XIVe siècle
21
Textes du XVe siècle
22
Textes du XVIe siècle
23
Textes du XVIIe siècle
24
PREHIERE PARTIE
2. Les systèmes corrélatifs d'éqalité.
26
2.1. Différents types du système.
27
2.2. Le système ço(ce) ••• /que en ancien français.
30
- 681 -

2.3. Evolution du système.
33
2.4. Systèmes concurrents.
1
42
2.4.l. Remplaçants de ço(ce).
42
A- Cest et cel
42
8- Tan t (i tan t)
43
c- Tel
48
D- Le
51
E- Il
53
F- Chose
57
G- En
58
B- f
60
I- Ainsi
61
2.4.2. Remplaçants de que.
62
DEUXIE"E PARTIE
3. Systèmes préposition + ce( ... )/que.
67
3.1. Généralités.
67
1° Fréquence et continuité de l'usage.
68
2° Stabilité ou instabilité de la forme.
68
3° Degré de cohésion interne de la locution.
69
4° Rôle du corrélatif dans la principale.
69
5° Reprise de la locution conjonctive par un corrélatif.
70
- 682 -

3.2. Inventaire des syntagmes conformes au schème II.
72
3.2.1. a ço(ce) que.
i
72
3.2.2. apres ce que.
75
3.2.3. avant ce que.
77
3.2.4. de ce que.
78
3.2.5. devant ce que.
84
3.2.6. en ce que.
89
3.2.7. lonc ce que.
94
3.2.8. par ce que, por ce que.
95
3.2.9. sans ce que.
112
3.2.10. Variantes dialectales de ce.
116
3.2.11. Tant à la place de ce.
116
a) de tant ... que.
118
b) fors tant que.
118
c) jusque (a) tant que.
123
d) par tant que, por tant que.
128
3.2.12. Autres substituts de ce.
130
a) chose.
131
b) eure.
132
- 683 -

c) temps.
134
d) couvent.
135
3.2.13. Se ou quant pour que.
136
3.2.14. Locutions d'origine verbale.
138
a) ja soit (ce) que.
138
b) ce pendant que.
143
3.3. Conclusion.
145
TROISIE"E PARTIE
4. Systèmes Adverbe (ou adjectif) ( ••• )/conjonction (ou relatif). 147
4.1. GENERALITES.
147
4.2. Les systèmes comparatifs.
149
4.2.1. Statut de si ... com.
150
XIe siècle
150
1° si + adjectif.
150
2° si + verbe.
150
XIIe siècle
151
1° si + adjectif.
151
a) com(e) introduit un mot.
151
- 684 -

.. a
b) com(e) introduit une proposition comparative.
152
cl com(e) introduit un~ proposition conditionnelle.
154
20 si + adverbe.
155
al com(e) introduit un mot.
155
bl com(e) introduit une proposition comparative.
156
30 si + verbe.
157
al com(e) introduit un mot.
157
bl com(e) introduit une proposition comparative.
158
XIIIe siècle
158
XIVe siècle
162
XVe siècle
163
XVIe siècle
164
XVIIe siècle
164
4.2.2. Statut de si com
165
XIe siècle
165
XIIe siècle
166
XIIIe siècle
173
XIVe siècle
176
- 685 -

' ..~
4.2.3. Mode après si ... com.
177
i
4.2.4. Statut de comte) sans corrélatif.
180
XIe siècle
180
XIIe siècle
181
XIIIe siècle
188
XIVe siècle
193
XVe siècle
194
XVIe siècle
196
XVIIe siècle
197
4.2.5. Remplacement de si par ses dérivés.
198
XIe siècle
199
XIIe siècle
200
a) Issi.
200
b) Ensement.
201
c) Ensi. .. com et ensi com.
201
d) Ausi .•. com.
203
e) Autresi. •. com.
205
XIIIe siècle
206
a) Issi.
206
- 686 -

bl Ensi.
208
cl Ausi.
211
f
dl Autresi.
216
XIVe siècle
222
al Ensi. •• com.
222
bl Aussi ••• com(mel.
223
XVe siècle
225
XVIe siècle
227
al Ainsi.
227
bl Aussi. .• comme.
230
XVIIe siècle
232
4.2.6. Statut de tant . .. COOl.
233
XIe siècle
233
XIIe siècle
233
10 tant + adjectif.
233
2° tant + adverbe.
234
tant + de + nom.
234
4° tant + verbe.
235
XIIIe siècle
237
XIVe siècle
241
- 687 -

-
' . .
XVe siècle
243
,.
XVIe siècle
244
XVIIe siècle
245
4.2.1. Statut de tant com.
245
XIe siècle
245
XIIe siècle
246
XIIIe siècle
250
XIVe siècle
252
4.2.8. Remplacement de tant par un dérivé.
253
1° itant.
254
2° autant.
254
3° autretant.
254
XIe siècle
255
XIIe siècle
255
XIIIe siècle
251
XIVe siècle
264
XVe siècle
264
XVIe siècle
266
- 688 -

,
' .
-4
XVIIe siècle
268
4.2.9. Statut de au(tel) ( ••• ) Ct>lD.
268
XIe siècle
268
XIIe siècle
269
XIIIe siècle
272
XIVe siècle
279
XVe siècle
279
XVIe siècle
281
XVIIe siècle
282
4.2.10. Remplacement de cOlD(lDe) par que.
283
XIe siècle
283
XIIe siècle
284
XIIIe siècle
285
XIVe siècle
289
XVe siècle
292
XVIe siècle
296
XVIIe siècle
298
- 689 -

4.2.11. Comparatives d'inéoalité.
301
4.3. Systèmes consécutifs.
321
4.3.1. Statut de si ... que.
322
XIe siècle
322
XIIe siècle
324
1° Un adjectif ou un participe.
325
2° Un adverbe.
326
3° Un verbe.
326
XIIIe siècle
328
XIVe siècle
330
XVe siècle
331
XVIe siècle
332
XVIIe siècle
335
4.3.2. Statut de si que.
338
XIe siècle
338
XIIe siècle
339
XIIIe siècle
343
XIVe siècle
344
- 690 -

..~
IVe siècle
346
XVIe siècle
,.
346
4.3.3. Variantes de si (... ) que.
347
XIIe siècle
347
XIIIe siècle
348
XIVe siècle
349
4.3.4. Statut de tant (. .. ) que.
350
XIe siècle
350
XIIe siècle
352
XIIIe siècle
366
XIVe siècle
378
XVe siècle
381
XVIe siècle
384
XVIIe siècle
386
4.3.5. Statut de tel C••• ) que.
388
XIe siècle
388
XIIe siècle
388
- 691 -

' . ~
XIIIe siècle
392
,.
1° Valeur consécutive.
393
2° Valeur équative.
393
XIVe siècle
396
XVe siècle
399
1° sens consécutif
400
2° sens équatif (définissant une situation)
400
XVIe siècle
400
XVIIe siècle
403
4.3.6. Modes des subordonnées consécutives.
408
1° Après une principale de sens positif.
408
2° Après une principale négative.
412
4.4. Systèmes temporels.
416
4.4.1. Systèmes adverbe ( ... ) come.
416
XIe siècle
416
XIIe siècle
417
XIIIe siècle
421
XIVe siècle
427
- 692 -

XVe siècle
430
1° aussi longtemps que.
,
432
2° jusqu'à ce que.
432
3° pendant que.
432
XVIe siècle
432
1° jusqu'à ce que
433
2° aussi longtemps que
433
XVIIe siècle
437
4.4.2. Systèmes adverbe (. .. ) quant.
439
si ... /quant.
442
Or .•• /quant.
443
lors • . . /quan t.
445
ja . . • /quant.
446
4.4.3. Systèmes adverbe ( ..• )/que.
447
XIe siècle
447
XIIe siècle
449
XIIIe siècle
452
1° Rapport de simultanéité.
452
2° Rapport de postériorité.
456
3° Rapport d'antériorité.
45g
- 693 -

XIVe siècle
460
XVe siècle
1
461
XVIe siècle
462
XVIIe siècle
463
4.5. Systèmes hypothétiques.
465
Ja . .. Ise.
467
Or (lors) ... Ise.
470
Si ... Ise.
473
Donc ..• Ise.
474
Ci . .. Ise.
474
Conclusion.
475
4.6. Conclusion générale.
475
QUATRIEKE PARTIE
5. Systèmes conjonction (ou relatif) ( ••. l/adverbe.
477
5.1. Principes de définition.
477
5.2. Systèmes comparatifs.
484
XIe siècle
484
XIIe siècle
484
- 694 -

•• %
XIIIe siècle
488
XIVe siècle
1
490
XVe siècle
490
XVIe siècle
491
XVIIe siècle
496
5.3. Systèmes temporels.
498
XIe siècle
498
XIIe siècle
502
XIIIe siècle
509
XIVe siècle
520
XVe siècle
521
XVIe siècle
522
XVIIe siècle
523

5.4. Systèmes hypothétiques.
524
XIe siècle
524
XIIe siècle
528
XIIIe siècle
535
- 695 -

XIVe siècle
539
XVe siècle
f
540
XVIe siècle
541
XVIIe siècle
543
5.5.Systèmes concessifs.
545
Conclusion.
554
CINQUIEHE PARTIE
6. Systèmes inaccompli ( ... )/conjonction.
555
6.1. Généralités.
555
6.2. Temps d'aspect inachevé/conjonction (quand).
560
6.3. Négation d'une limite temporelle/conjonction (quantique).
569
6.4. Faux inaccomplis.
577
6.5. Irréel ... /quant.
586
6.6 Inaccompli/si.
588
6.7. Conclusion.
589
SIXIEHE PARTIE
7. Systèmes ne •. . (pas) ... /que ... ne.
591
- 696 -

7.1. Générali~és.
59:!
7.2. Systèmes ne ••• (pas) ••• /relatif ••• ne.
596
1° Relatif sujet.
596
2° Relatif objet.
599
3° Relatif complément de nom.
600
4° Complément de temps.
600
7.3. Systèmes ne ••• (pas) ••• /conjonction ••• ne.
601
7.4. Diverses valeurs du schème VI.
606
7.5. Ressemblances formelles.
609
SEPTIEME PARTIE
Les comparaisons proportionnelles.
614
1° Qui plus ••• /plus ou plus ... /qui plus.
619
2° Quant plus ••• (tant/et) plus ••••
623
(tant)
COlD plus ••• (tant/et)
plus •••
627
(Tant) plus ••• (et/tant) plus •••
633
Conclusion d'ensemble.
647
Bibliographie.
656
Etudes linguistiques
ouvrages et articles.
- 697 -

TABLE DES KATIERES.
681
Index.
,.
699
Index des morphèaes français.
699
Index des morphèmes latins.
726
- 698 -
1

UNIVERSITE
DE
PARIS
XIII
(VILLETANEUSE)
~ \\' ('~
_._- C~)U/\\C;/\\C(JU(;C~.··
" , .. :f',<
,,~',
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.
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i l . , . . ,~. .,; . ", , .)- ".
) f '
DIAME SIGNATE
GRAMMAIRE FRANÇAISE
LES SYSTEMES CORRELATWS
DANS L'HISTOIRE DU FRANÇAIS
JUSQU'AU DIX-SEPTIEME SIECLE
TOME III
.. ),"
*
THESE
PRESENTEE DEVANT L'UNIVERSITE DE PARIS XIII
EN VUE DE L'OBTENTION DU GRADE DE
DOcœUR D'ETAT ES-LETIRES
DIRECfEUR DE RECHERCHE
JACQUESCHAURAND
PARIS, JUIN 1990

INDEX

INDEX
Index des Korphèaes français
A
ainceis que 459
ainchois que 461
a 89. 145
ainçois 304
a ce 71
ainçois
que
451 •
458.
459.
a ce que 10. 68. 69. 70. 71.
520
72.
73.
74.
75. 83. 94.
ainçois que ••• ja 515
145. 148. 649
ainçois ••• ja 514
a ce que ••• si 520. 551
ains que 459. 461
a cele tens que 134
ains •.• que 650
a ço que 68
ainsi
13.
14 ,
42 ,
61,
198,
a l'heure que 93
208, 225, 232, 349, 479
a l'idee que 68
ainsi com(me)
195 ,
210 ,
225.
a l'ore que 132
296
a paine ... que 555, 584
ainsi COli ••• ainsi 211
a paines •.• si 518, 588
ainsi com ••• si 485
a painnes •.• quant 583
ainsi cou .•• ainsi cou 229
a peine •.• quand 584
ainsi
comme
211 ,
214 ,
223,
a
.
pelne .•• que 559,
584,
585,
228
588, 652
ainsi coame ••• aussi 229, 493
ad ce que 73
ainsi coame ••• tout ainsi 229
adoncques ••• quant 447
ainsi que ••• ainsi 479, 483
ainc ne .•• quant 578
- 699 -

ainsi que 232, 296, 298
apres
75,
77,
84,
88,
118,
ainsi que 61, 196, 292
145
ainsi que ••• aussi 491
apres ce que 75, 76. 77, 88,
ainsi. •• com(me)
227,
228,
457, 460, 461, 649
232, 293, 296
apres ceo ke 76
ainsi •.• que 293, 296, 298
apres iço que 75
ainsin 198
apres que
75,
77,
128,
434,
ainsinc 208
439, 460, 461, 463, 649
ainsinc ..• com(me) 210
aprez ce 77
ainz 39
aprez ce que 76
ainz ne •.• quant 578
assez plus ••• que 316
ainz que 452, 458
atel. •• com 273
ainz que ••• sin 448, 499
au point que 346
ainz ••. que 451, 459
au tans que 134
alors que 94, 132, 460
au temps que 93, 454
al tant cum 262
ausi com(e) 204, 205, 216
altresi 199
ausi con 204
altresi cu. 200
ausi con ••. ausi 215
an 64
ausi tost com 422, 434
an ce que 89
ausi tost que 434,
435, 436,
an ••• quant 62
461
an ••• que 59
ausi ••• com 212, 213
anchois que 459
ausi. •• con 213
ancor(e) ••• quant 563
ausi ••• cum 211
- 700 -

ausinc COli 424
aussi ••• comme
214,
215,
221,
ausinc con ••• ausinc 215
223, 224, 230, 231, 232,
aussi 150, 198, 216, 222, 232
293, 296
aussi bien comme 227, 231
aussi ••• con 203, 204
auss i bien comme ••• aussi bien
aussi ..• ke 288
227, 491
aussi. •. que
199,
225,
226,
aussi bien ••. comme 225, 226
230, 232, 287, 290, 291,
aussi bien •.. que 225
293, 296, 298, 348, 439
aussi com •.. ainsi 215
aussitost que 434
aussi com ... ausi 489
aussitôt que 437, 438, 463
aussi com .•• einsi 489
aussy tost que 434
aussi comme 215, 225, 296
autant
... comme
237,
238,
aussi comme ••• ainsi 481, 491
257, 258, 259, 260, 261,
aussi comme ••• issi 215, 489
263, 264, 265, 266, 267,
aussi cumme ... ausi 486
293, 297
aussi lonqtellps que 432, 433,
autant 10, 150, 254, 255, 256
438
autant com (e)
257,
262,
263,
aussi que 296
422
aussi
tost
comme ••. aussitost
autant comme 262, 297, 495
426, 520
autant
comme •.. autant
261,
aussi
tost,
que •.• tout
495
aussitôt 436
autant con ••• tant 263
aussi. .. com{e) 203, 212,
213,
autant ou plus con 312
214, 224, 290
autant ou plus •.• que 290
- 701 -

autant que 10, 291, 297, 298,
autresi com 217
495
autresi com ••• autresi 483
autant que ... autant 495, 496,
autresi comme 214
497
autresi con 205, 217, 218
autant •.. autant 11
autresi CUll (e) 205, 217
autant ... com(e)
255,
256,
autresi. .. com(e)
205,
206,
258, 259
217, 218
autant ... con 255. 256
autresi
comme 220, 221
autant
cum 238, 256, 258
autresi
ou mielz que 285
autant
que
10.
293.
297.
autresi
ou plus •.. con 285
298
autretant 257
autel 150, 276, 277, 281
autretant com 257
autel
com(e)
66,
275,
275
autretant ... com(e) 259
bis, 277
autretant .•. comme 261
autel comme 272
autretel 275, 281
autel con 272
autretele com 275 bis
autel. •. com(e) 268, 272, 275,
autrui 309
275 bis, 276, 277, 392
autrui que 309
autel .•• com(me) 271, 279
avant
10,
75,
77,
84,
118,
autre 301, 304, 308, 309
145
autre que 306
avant ce que 77, 78, 88, 649
autre ••. que 314, 320
avant
que
10,
77,
88,
128,
autrement 301, 308
145, 452, 458, 459, 461,
autresi 216
464, 520, 649
- 702 -

avant que ••• si 517
ce ••• cui 29
avant ••• que 458, 459
ce ••• dont 29
ce ••• quant 62, 63
B
ce ••• que 11.
28,
30,
31,
36,
39,
40,
41,
42,
43,
47,
bien 139
48,
52,
55,
61,
67,
71,
bien que ••• si 554
145, 649
bien soit que 143
ce ... se 64
cel 42, 43
c
cel. •• que 43
c'est ••• que 29
cela 55
c'est ••• qui 29
celle 28
c. tanz plus ••• que 312
celui 8, 145
c. tanz que 312
celui a qui ••• plus ••• plus 621
c.tanz plus que 312
celui. •• qui 8, 9
ce
10,
26,
27,
30,
35,
36,
celuy qui plus .•• plus 622
38,40,42,43,48,51,
cent tanz plus que 312
55, 61,
64,
65,
67,
72,
cent tanz plus ••• que 311, 312
95,
116,
117,
128,
130,
cent tanz que 312
139, 142, 145, 147
cependant que 143, 461
ce pendant que 94, 143, 144
cest 42, 43
ce
que
10,
33,
34,
35,
36,
cest ••• que 42
38, 39
che ••• se 64
ce temps pendant que 143
chose 42, 58, 64, 131, 139
- 703 -

chose que 57
com ••• einsi 486
chose ••• quant 62
com ••• mieus ••• et
com
plus
chose ••• que 57, 58
629. 630
ci ••• se 474
come 15. 150, 180. 181, 182,
cil qui plus ••• et plus 620
185, 187, 189, 190, 197.
cil qui plus ••• plus 621
416
ço
26,
28,
30,
36,
37,
38,
comme 1, 4, 13, 14. 147, 183,
39, 40. 42, 43. 61. 72,
186. 187, 188, 189, 190,
147
191, 192, 193, 194, 195,
ço ••• com 66
196, 197, 198, 225, 232,
ço ••• que 28,
30,
31,
32,
33,
242, 243. 244, 247, 253.
37, 38, 39, 42,
61, 648
255, 284, 292, 293. 427,
ço ••• quel 30
430. 431, 439, 476
com 42,
149,
150,
180,
182,
comme ••• ainsi
13.
14,
490.
183, 184, 185. 186. 187,
494
188, 189, 190, 191. 192.
comme ••• ainsi 481. 492. 496
193.197,
198.
234,
248.
comme .•• aussi
490.
492,
493.
284, 416. 439, 452
496. 497
com plus ••• et mains 631
comme ••• de même 496, 497
com plus ••• et plus 629,
630,
comme ••• et 650
632
comme ••• semblablement 494
com plus ••• plus 629
con 150, 183, 184, 185, 189,
com plus ••• plus ••• et plus 630
191
com ••• ausi 176
con plus ••• plus ••• plus 628
- 704 -

con ••• et 487
d'iço que 79, 83
condition 136
d'une telle sorte que 407
conme 150, 191
dans
le
même
moment
que •..
conme •.. et 487
dans le même moment 480,
couvent 135
481, 523
cui 28
dans le temps que 135
cum 15,
150,
181,
182,
200,
de 89, 145
416
de ce 71
cum plus ... e
plus
615,
628,
de ce que 10, 69, 70, 71, 72,
653
78,
79. 80,
81, 82, 83.
cum plus ••• p1us ... et plus 627
145. 649
cum ..• dunc 500
de ce ... quant 137
cum ... 10rs 509
de ce ••. que 79. 80
cum ••• si 15. 478, 510
de co que 68
cum ... si 501
de ço ... que 79
cume 1, 181. 183
de façon 342
de maniere 342
D
de même que ... ainsi 496. 497
de
même
que ••• de
même
496.
d'autant plus ••• que moins 633
497
d'autant
plus •••
que •••
plus
de lIesme que ••• aussi 494, 495
633
de
sorte
que
4.
342,
346.
d'autant que 130
374, 403. 407
d'autant que p1us ••• p1us 633
de tant com(me) ••• de tant 631
d'autant que ••• d'autant 495
- 705 -

de tant com...
de tant plus
depuis le temps que 135, 461
630
depuis le temps que ••• si 521
de tant come
••• plus
.••
de
depuis que 460, 461, 463
tant ••• plus 629
depuis que ••• incontinent 523
de
tant
come
••• plus
des ce que 461
plus ••• d'itant 629
des ce que ••• lors 521
de
tant
que •••
plus •••
plus
des cel' ore que 133
632
des cele hore que 133
de tant ••• com 234
des l'ure que 132
de tant ••• comme 234
des lors que 457. 460
de tant ••. ke 118
des
que 127,
419,
456,
457,
de tant ••• que 118
458, 461, 463, 520
de tel chose ••• que 131
des que lors 457
de tel maniere com(me) 278
des que tant que 127
de tel maniere que 395
des que ••• si 506
de tel maniere ••• que 346, 396
des que ••• tost 457, 512
de tel meniere ••• que 390
desi que 452
de telle sorte que 346, 405,
devant 75, 84, 118, 145
406, 407
devant ce que 78, 84, 85, 86.
de telle sorte ••• que 405, 406
87, 88, 452, 458, 461
de te(l] façon comme 278
devant ce que ••• si 458
dejà ••• quand 568
devant chou que 456
dementieres que 454
devant ço que 85
dementres que 449
- 706 -

devant
que
38,
84,
87,
88,
einz 309
89, 145,
452,
458,
459,
einz que 449, 451
461, 464
einz que •.• sis 448, 501
dis tan plus que 311
einz ••• que 303, 309, 447
dis tanz plus que 311
en
(telle)
sorte
que
346,
dis tanz •.. que 312
405, 406
donc 474
en 42, 58, 60, 89, 94, 145
donc ••. quant 447
en ce pendant que 94, 144
donc .•• se 473
en ce point que 93, 455, 456
dont •.. quant 447
en ce que 10, 71, 89, 90, 91,
du fait que 68
92. 93, 94, 145, 649
dunc 465
en ce que ..• si 71, 89, 91
durant que 94, 461
en ce temps que 460
dusk(es) a tant que 459
en cela que 68
dusqu'a tant que 127
en che pendant que 143
en chou te 93
E
en ço que 68
en icel tens que 134
einçois que 85, 305, 306, 449
en itel quise que 394
einçois •.• que 305, 451
en itel quise ... que 390, 394
einsi 198
en sorte que 403, 408
einsi com 202
en
tant
dementres
come
416,
einsi come ..• si 484, 485
417
einsi ••• com(e) 209
en tel quise con 277
einsi ••• com ••• einsi 489
- 707 -

en tel maniere con 277, 278
endementres que ••• si 454
en tel maniere que 394,
395,
ensement 199, 201
396
ensement cume 200
en tel maniere ... ke 390
ensement ••. comme 201
en tel maniere ..• que 346
ensi 61, 198, 208
en telle sorte ..• que 405, 406
ensi com 202, 203, 223,
en •.• que 59
ensi com .•. si 208, 488, 489,
ençois que ... si 509
ensi con 210
encore 139
ensi que 347, 460
encore soit ce ke 140
ensi que 61. 288
encore soit ce que 140
ensi que •.. ainsi 490
encore
soit
chose
que
140,
ensi que ••. einsi 490
141
ensi ••. com
201,
208,
222,
encore soit que 143
223, 349
endementieres que 455
ensi ••• que 58, 289, 347, 348
endementiers comme 430
ensi. •. que 61
endementiers
que
430,
450,
entretant comme 430
452, 453, 455, 460, 513,
entreusque ••• et
511entrues
517. 520
que 449. 450, 454, 460
ende.entiers que •.. si 453
entruesque 452
endementires que 455
esraument com 423. 454
endementre(s)
que
450,
453,
et 1, 7, 646
454, 455, 513
et. •• et 7
- 708 -

r
incontinent que 460
issi 199, 200
fors 118
issi co_e 214
fors ce que 119
issi cua 200, 207
fors chou que 119
issi. •• CUI! 199
fors que 119, 121,122
itant 42. 43, 117, 254
fors que tant que 122, 123
itant COll 252. 254
fors que tant ... que 122
itant ••• com 254
fors sol itant 117
itant ••• ke 46
fors tant que 118, 119. 120,
itant ..• que 44
121
ite •• •co. 275
itel 130,,270
G
itel guise que 390
qraindre 301, 309
itel que 390
qreiO'nor ~ 01, "308
itel. •• com 271, 277
qreiqnur ••• que 305, 306
itel. •• con 271
itel. •• ke 392
l
i tel. •• que 51. 389
i 42, 60
J
i. .. que 60, 61
ice que 33
ja 139. 141. 525
iço ••• que 31
ja ainz
(einz)
ne ••• que 578,
il 42, 53, 55, 65, 139, 141
579
il ••• que 54, 55, 56
ja fust ce que 141
- 709 -

ja fust ice que 141
jusqu'à temps que 126, 135
ja soit (ce) que 138
jusque 117, 123, 127
ja soit ce comme 139
jusque alors que 459
ja soit ce que 138, 139, 142
jusque tant que 123
ja soit ce que ••• si 142
jusque(a) tant que 123
ja soit il que 140
jusques a 123, 127
ja soit il. •• que 140
jusques à ce que 126
ja soit ore ce que 139
jusques a tant que 124, 125.
ja soit que 142, 143
126, 459
ja ••. ne ..• se •.• ne 468. 470
jusques ad ce que 126
j a ••• quant
446,
477,
563,
jusques que 128
564, 565, 566, 586, 587
jusques tant que 128
ja ••• se 467
jaçoit que 142
K
jasoit que 142
ki 28
jesqu'a tant que 127
josqu'a tant que 127
L
jusqu'à 123, 127
jusqu'à ce que 10, 126. 127,
la u ••. et 453, 511
432, 433, 438, 462
le 42, 51, 52, 64
jusqu'a ce tens que 458
le fait que 58
jusqu'a
tant
que
124,
125,
le fait ••• que 43
127, 428, 438, 456, 458,
le ••• quant 62, 63
461
le ••• que 51, 52, 53
- 710 -

lone ce que 94
maintenant que 419, 450, 455,
Ion; tamps a que 460
463
lors 132, 445, 460, 472, 475,
maintenant que •.. si 450, 506
523
meilleur 309
lors quant 447
meilleur ••. pire 615
lors quant ••. lors 521
meillor 301, 308
lors que 446. 457. 460, 461
meillor ••• que 305, 306
lors que .•• lors 523
meilz •.. crue 303
lors que ..• si 516
meins .. de 302
lors .•• quant 445. 454. 463
mellor 304
lors •.• que
445,
446,
454,
meuz ••• que que 319
459, 650
mialz que 305, 315, 316
lors ..• se 470, 472, 473
mialz ••• que 305
lors quant 446
miaudres 304
lorsque 94, 447, 461, 463
mieldres 308
lorsque ••. lors 4627
mieldres ••. de 302
lorsque •.• si 454
mielz 39. 304
lues que 419
mielz que 303
luesque •.• si 506
mielz ... que 303, 317, 318
lui 40
mieudres 301
mieulx ••. que 318
M
mieulz 309
mieus ••.•ieus 620
mains 308, 309
mieux que 316
mains ••• que 305, 314
- 711 -

mieuz 301, 308
ne ••• lequel ••• ne 599
mieuz ••• que 318
ne ••• mie ••• quant 570, 573
Ilieuz ••• que ce que 319
ne ••• mie ••• que 569,570,576,
lIiex ••. que 318
651
miex ••• que ce que 319
ne ••• pas plus tost ••• que 559,
lIix ••• que 318
580
moindre 301
ne ••• pas plus tôt ••• que 581
moins 301, 304, 308
ne .•• pas plutôt ••• que 581
moins ••• d'autant moins 643
ne ••• pas que ••. ne 593
moins ••• moins 11
ne ••• pas
sitost ••• que
559,
moins ••• plus 644
581
moins ••• que 315
ne ••• pas ••• quand 558
ne ••• pas ••• quant
569,
570,
N
573
ne ••• pas ••• que 558, 559,
570,
ne por quant 545
571, 572. 574, 575, 583
ne purquant 545
ne ••• pas ... que 592, 594
ne ••• dont ••• ne 600
ne ••• pas ••• que ••• ne 591.592.
ne .•• qaires
(gueres) ••• quant
593, 594
572. 573. 574, 576, 651
ne ••• pas ••• qui ne 594
ne ••• qaires
(gueres) ..• que
ne ••• plus ••• quand 571
572. 575
ne ••• point ••• quant 571
ne ••• qaires ••• cum 576
ne •.• que 652
ne ••• ki ••• ne 652. 653
- 712 -

o
ne ••• que ••• ne
592,
595,
597,
599. 601. 604. 605. 606.
or
11.
39.
443.
465 .
470.
607. 608. 609. 610. 611.
471. 472
612. 653
or soit que 143
ne ..• que ••• nen 607
or .•• quant 443. 444
ne ..• que ... nes 611
or ••• se 470. 471. 472
ne ..• qui (ki) ... ne 597. 598
ossi com 290
ne ••. si 589
ossi que 290
neantmoins 546
ossi •.. coE 224. 290
nel .•• pas ••. sitost •.. quant
ossi ..• comme 224
580
otant que 290
neporoe 546
otant .•. comme 264
neporquant 545. 546
otel 291
nepourquant 546
otel que 291
nequedent 546
otretant ... que 290
ni 1
ou 1. 6
ni(ne) ..• ni(ne) 7
ou ••• ou 6. 7
non contrestant 546
oU ... ou ••. ou 7
non
seulement ..• mais
encore
242. 295
p
nonobstant 546
par 107
par ce que 69,
70,
95,
107,
108, 110, 128, 146, 148
- 713 -

par ce ••• que 107, 109
plus 301, 304, 308
par ço que 107
plus
longtemps ••• plus ••• mais
par ço(ce) 107. 112
plus aussi 618
par ço •.• que 36
plus que 287. 303.
305.
309.
par covent que 135
315
par itel .•• que 130
plus ••• cil qui plus 621
par que 6, 69
plus ••• comme 313
par si que 131
plus ..• con 313
par tant que 128
plus ••. conme 312
par tel covent com 270
plus ••. de 301, 302
par tel covent ••. que 135
plus ••• et moins 637
par tel que 130
plus ••. et plus 614, 633. 634.
par telle maniere que 397
635. 644, 645
paravant que 462
plus ••• et plus ••• plus 616
parce que la. 33. 36, 70, 95,
plus •.. et tant plus 642
110, 111. 146
plus ••.•oins 640
parce •.. que 33
plus ••• plus 5. 11. 614. 615.
pendant que 143. 144
618. 633. 634. 637. 640.
pendant que 89. 94. 432
641. 644. 645, 654
pïor ••• que 305. 306
plus •.. plus ••. d'autant
plus
pire 301, 304, 308
617, 643
pis 301, 309
plus ••• plus ••• et mains 636
pis que 305, 306
plus •.• plus ••. et
plus
617.
pis ••• que 314
654
- 714 -

plus ••• plus ••• plus ••• plus 636
por ço que 68, 96, 97, 98
plus ••• plus ••• plus ••• plus ••• et
por ço que ••• pur ço 70
plus ••• et plus 617
por ço(ce) 67, 71
plus ••• plus ••• quant plus 624
por ço ••• que 12, 36. 96
plus ••• quant
trop ••• et
trop
por 0 que 68
624
por que 69, 95, 96, 105, 106
plus ••• que 69, 302, 303, 304,
por quei 105
305, 307, 313, 314, 315.
por tant que 69, 128, 129
316, 317
pour 106
plus •.• qui plus 619, 621, 622
pour autant ••• que 129
plustost 301, 309
pour
ce
que
33,
36,
68,
plustost que 310
98,10,
101,
103,
104.
plustost ••• que 310
109, 110, 111, 146, 649
plutôt que 311
pour ce temps que 93
plutôt ••• que 311
pour ce ••• que 33, 67, 97. 98
por 67, 95
pour ceul itant que 117
por
ce que
38,
70.
71,
95,
pour che que 103
99,
102,
104,
105,
128,
pour çou se 137
146, 148
pour que 95, 106, 146, 649
por ce se 136
pour tant que 129
por ce ••• que 10, 67, 97, 104
pour ••• que 106, 107
por cen que 116
pource que 110
por ceu que 116
puis donques que 461
por ço 69
puis icel tems que 134
- 715 -

puis icele ore que 133
quant
15,
42,
62.
64,
91,
puis
que
75,
77,
148,
449.
137. 147, 439, 440, 441,
450, 456, 457, 458, 460,
442, 443. 449, 450, 452,
520
455, 456, 457, 458, 460,
puis ••. que 148, 450, 457, 459
475, 502, 523, 561, 562,
puisque .•• ja 501
654
puisque •.• si 506, 512, 516
quant plus .•• cil plus 626
pur ceo que 104
quant plus .•. et plus 626
pur ceo •.• si 136
quant plus .•• et plus .•• et pis
pur ço 71
627
pur ço que 71, 96
quant
plus
••. mains
••. mains
pur ço que .•. pur ço 96,
480,
... mains ... mains 625
484
quant plus .•. plus .•• mains 626
pur ço •.. que 649
quant
plus .•. tant
plus
623,
pur co ••. que 96
645
pur quei 105
quant •.• adonc 505
quant .•. adoncques 522
Q
quant ••. alors 523
quant •.. donc 498
quan .•. si 500
quant •.. dont 510
quand
1,
4,
439,
441,
447,
quant ••• dunc 499, 500, 505
556
quant ••. e 502
quand ••. ja 553
quant ••• eneslopas 507
- 716 -

qUlnt ••• et
508,
509,
510,
que 1,
4,
5,
6,
9,
10,
12,
513, 518, 520, 650, 651
15, 26, 28,
29, 30, 34,
qUlnt ••• isneleaent 507, 517
35,
36, 37, 38, 39, 40,
quant •.• ja
478,
508,
515,
43,
48,
49,
58, 60, 62,
518, 519, 520
65,
69,
72,
107,
112,
quant ••• lors
478,
505,
509,
116, 123, 131, 137, 145,
514, 515, 520, 521, 523
147, 149, 150, 198, 232,
quant
or 505, 511, 515
252. 253. 292. 298, 321.
quant
plus .•. et plus 625
322, 324, 325. 349, 447,
quant •.. sanpres 507
450. 476, 477, 556
quant ••• si
477.
478,
500,
que i l 603
503,
504,
505,
509,510,
que le 604
511,
513,
514,
515,518,
que non pas que 320
519. 520. 521, 522, 535,
que plus .•. plus 641
541, 552
que que 450
quant .•. si 553
que ..• en 60, 61
quant •.• sil 501
qued 27, 28, 36, 37
quant ••• sin 499, 501
qued ..• en 59
quant •.• tant 623, 627
qui 8, 9, 27, 28, 537, 538
qUlnt .•• tlntost
482,
506,
qui est plus •.. si ••• plus 621
507, 512, 520
qui mieulx ••• cil qui plus 622
qui mieus .•• mieus 653
qui mieuz ••. qui meilleur 622
qui plus ••. et plus 653
- 717 -

qui plus ••••iels 620
se ••• e 528, 651
qui
plus ••• plus
619,
620,
se ••• en 66
622, 623
se ••• eneor(e) 536, 540
qui ••• si 537, 541
se ••• et 535
quin •.• ce 64, 65
se ••• ja
525,
527,
528,
529,
quoique 452, 453
530, 531, 533, 534, 536,
538, 539
s
se ... ja ne 540
se ••• lors 531, 533
sans 145
se ••• ne porquant 545, 546
sans
ce
que
38,
112,
113,
se ••• or 531, 532, 533, 534
115, 649
se ••• por ce 137
sans que 115, 116, 649
se •.• sel 548
sanz ce que 112, 113, 114
se .•• selllpres 527
se 15, 42, 64, 65, 137, 147,
se ••• si
478,
524,
528,
532,
465, 466, 473, 475, 478
534, 535, 536, 537, 538,
se .•• ainsi 540
539, 540, 548, 549, 550,
se ••• au moins 551, 552
551, 552, 554
se •.. ce 64
se .•• sil 524
se ••• cela 66
se .•• y 65
se ••• che 64
sel. •• quant 442
se ••• donc 465. 525, 528, 529,
sel. •• si que 342
530, 534
selon 95
se ••• dont 529, 531, 536, 537
selon ce que 95
se •.• dune 530
- 718 -

selon que 94
si
con
166,
167,
168,
169,
se.pre•••• quant 586
170, 171, 172, 173, 174,
se.pres ••. se 528
175
si bien (buen) (. .. ) que 327
si conlle ••• ensement 176, 207,
si
bien que
331,
333,
334,
490
335, 337, 338, 342, 346
si cum 165, 166 417
si bien ••• que 329,
331,
332,
si cum ••• si 480, 484, 488
333, 334, 335, 336, 337
si cume 151, 165
si ce n'est ••• au moins 543
si faitement que 328
si
com
15,
165,
166.
168.
si ke 424
169, 170, 171, 172, 173,
si ne ••. au moins 541
174, 175, 177, 187, 214,
si
que
287,
296.
338,
339,
247, 339, 342, 417, 418,
340, 341, 342, 343, 344,
,419,
421,
439,
452,
345, 346, 455, 478
454, 455, 460
si que ••• ausi 486
si COli ••• si 176, 483, 488
si
tost
com ••. si
505.
506,
si comme 169, 174, 175, 176,
509
177, 296
si tost come 422,
423,
434,
si comme ••• ainsinc 176, 489
438
si comme ••• ausi 489
si tost cum 419
si comme ••• si 176
si tost que 2,
3,
427,
433,
si
comme ••• tout
ainsi
176.
434, 435, 436, 437, 460,
489
461, 520
si tres bien que 332
- 719 -

si tres bien ••• que 332
si. •• ke 413
si trestos cam 427
si. •• ki 9. 323, 324, 647
si trestot que 427, 460
si. •• lors 541. 542
si ••• adoncques 542
si. •• quant 442, 443, 477, 588
si ••• alors 541, 542, 543
si. •• que
5.
12,
199,
219,
si ••• au moins 542
222. 284, 291, 293, 296,
si ••• certainement 541
298. 322. 323, 325, 326.
si. .• COli 150.
151- 153. 154,
327.
328. 329. 330, 331-
156, 158, 159. 160, 163,
332. 333. 334, 335, 336.
177. 178. 180. 197. 198,
340. 344. 345. 346, 347.
212. 214, 220, 224, 232,
380.
390. 408. 409. 410.
236. 249, 439. 650
411. 412. 413, 650
si. •• come 15,
151, 152, 154,
si. •• qui 323
155. 156. 157, 158, 159,
si. .• se 473, 474
180, 197, 198
si. .. si ~e 341, 342
si ••• comme
152.
155,
157.
siques 344. 345
159. 160, 161- 162, 163,
sitost .•• que
426.
435,
437.
164. 178, 179, 198, 212,
580
213. 214, 221, 292, 296
sitôt que 437
si. •• con 152,
153.
154, 155,
soit. •. soit 242, 295
156. 158, 160, 161, 178,
sol 117
179, 212, 221
si. •• cum 421, 478
T
si. •• dont 328
tandis cOlle 422
- 720 -

tandis cOUle 425
tant coue ••• tant 517, 518
tandis que 94, 425, 461, 463
tant con 247, 249
tant 42,
43,
116,
117,
123,
tant con ••• plus ••• plus 628
128, 130, 139, 149, 112,
tant cum 246, 250, 417
236, 243, 244, 247, 248,
tant et si bien que 333, 376
252,
253,
254,
,255,
tant ke 371, 373, 424
256, 269, 321, 322, 351,
tant plus ••• et moins 636, 642
382
tant plus •.. et plus 636, 642
tant com plus ••. plus 628
tant plus •.. moins ... tant
plus
tant
com(e)
112,
245,
246,
638
247, 248, 250, 251, 253,
tant plus ••. plus 639, 642
416, 417, 418, 421, 423,
tant plus •.• plus tost 639
424, 427, 438, 452, 454,
tant
plus .•• tant
moins
638,
455
639, 640
tant
com(e)
233,
234,
235,
tant
plus ••• tant
plus
638,
236, 237, 238, 239, 240,
639, 643, 644
242, 243, 253, 258, 260,
tant que 38, 46, 47,
69,
85,
263, 650
127, 128, 283, 286, 287,
tant com ••• itant 516
292, 296, 298, 351, 352,
tant com •.. plus ••• plus 628
353, 354, 355, 356, 357,
tant
comme
240,
251,
252,
358, 360, 364, 365, 366,
296, 425, 427, 428, 429,
367, 368, 369, 370, 371,
431
372, 373, 374 ,375, 376,
tant comme .•• tant 480
377, 378, 380, 381, 382,
- 721 -

383,
384,
385
386,
368,
369,
,370,
371,
387, 412, 421, 424, 425,
372, 373, 374, 375, 376,
427, 428, 429, 431, 432,
377, 378, 380, 381, 382,
433, 435, 436, 438, 449,
383, 384, 385, 386, 387,
452, 455, 458, 461
388, 404, 408, 410, 411,
tant que ••• toujours 435
412, 414, 421, 448, 451,
tant ••• comme
234,
240,
241,
650
242, 243, 244,
245, 261,
tant. .• quel 449
265, 290, 293, 294, 296,
tant ••. qui 647, 648
381
tant ..• tant 637
tant ••• con
235,
,236,
238,
tantes ••• cu. 233
251, 258, 287
tantes ••• que 361
tant. •• cull(e)
233,
236,
237,
tantost
com
419,
423,
424,
313
454
tant ••• dont 350
tantost con .•• si 506
tant ••• dunt 9, 351, 352, 647
tantost te 424, 455
tant ••. te 369, 370, 372, 458
tantost
que
420,
423,
424,
tant ••• que
43,
44,
45,
46,
426, 430, 454, 460, 482,
47,
49,
69,
243,
255,
520
290, 292, 293, 295, 296,
tantost •.• com(e) 422, 482
298, 350, 351, 352 ,353,
tantost •.• comme 430
354, 355, 356, 357, 358,
tantôt 11
359, 360, 361, 362, 363,
tantôt .•• tantôt 6
364,
364,
366,
,367,
tanz •.• cum 233
- 722 -

tel 11, 42, 48, 49, 149, 269,
tel. •• que 50
276, 277, 322, 388, 389
tel. •• qui 51
tel com 275, 281
tele que 280
tel comme 282, 297
tele •.. que 393
tel comme ••• aussi 494
telement ••. que 408
tel cum 270
telle que 280, 297, 398, 403,
tel ke 50
404
tel maniere que 390
telle que •.. telle 297
tel que 284,
390,
392,
397,
telle ..• comme 280
399, 401, 404, 409
telle ••• que
50,
397,
399,
tel ••• com(e)
268,
269,
270,
400, 401, 409
273, 274, 275, 277, 278,
tellement que 380,
384,
385.
279, 281, 391
386. 398, 399, 402
tel. •• comme
275,
276,
278,
tellement ••• que
380,
384,
279, 280, 281, 291, 293,
385, 386, 398, 402, 404,
297
405, 410
tel. •• con 273
tels 150
tel •.• dont 411
tels con 270
tel. •. ke 392
tels que 49
tel ••• que
48,
49,
50,
51,
tels ••• coll 279
281, 291, 292, 293, 297,
tels ..• que 48, 393
388.389,390,391,392,
telz
que .•. tel
encor ..• et
393. 396, 397, 399, 400,
telz 297
401, 402, 403, 404, 413
telz ••• que 400
- 723 -

temps 134
tot soit ce que 140
teuls 1S0
tot soit il que 140
teus que 284
tot soit que 143
tex COll 270
tout
ainsi
que...
sembla-
tex que 288, 391
blement 494
tex .•• qui 392
tout
ainsi
coame ••.
sembla-
tieus 150
bleaent 229
tost 419. 434. 439
tout
ainsi
comme ...
sembla-
tost après que 434
blement 494
tot 139, 141
tout
ainsi
comme .••
tout
tot
ausi
coae ••• tout
einsi
autresi 211. 489
489
tout ainsi que .•. aussi 493
tot autresi con ••• ausi 485
tout
ainsi
que...
pareil-
tot autresi con 206
lement 494
tot autresi ••• con 205
tout
ausi
come .•• autresint
tot autretel cum 273, 274
489
tot enseaent com 201
tout
ausi
come ...
tout
ausi
tot ensi con 202
489
tot fust ice que 141
tout
ausi
cum •.•
tout
ainsi
tot
issi
con ••• tout
ensement
485, 486
207
tout aussi tost 435
tot
maintenant
que •••
isne-
tout aussi tost comme 424
lemant et tost 507
tout aussi .•• comme 220
tot otel que 291
- 724 -

tout
autresi
com(e) ...
tout
tout
soudain
que ...
tout
autresi 218, 489
soudain 462, 523
tout autretant ... que 298
tresqu'a tant que 127
tout autretel com 275 bis
trestout ensi ..• com 222. 223
tout d'otel que 291
troiz tanz que 286
tout
einsi
come ..• tout
ausi
trop plus .•. que 316
215, 489
trosqu'a
donc
que
127,
128.
tout
einsi
come ... tout
458
einsint 489
trosqu'a tant que 127
tout enci come ..• altreci 489
trusqu'a tant que 127
tout fust il ainsi que 142
tut issi cum 199. 201
tout soit ce que 140
y
tout soit il ensi que 140
ytele ... que 291
- 725 -

Index des Korphèaes latins
-ale-sic 198, 211
qualis ••• talis 15
-aliter-sic 198
quam ••• tam 15
-bic-sic 198
quando 624, 654
-in-sic 198
quanta 626
cum 430
quanto ••• tanto 618, 623, 627
cum ••• tum 15, 242
quo (quanto) ••• tanto) 618
hoc 26
quo ... eo 618
bora 132
quod 420
inde usque 123
quomodo 416, 420
inde usque ad 123
secundull 95
per 95, 107
tantull 117, 118
pro 95
ubi. .. ibi 15
pro eo quod 96
unde ••• inde 15
pro eo .•• quod 96
ut •.• ita 15
pro quod 96
- 726 -


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