Pharl1l. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
LE LATEX DE CALOTROPIS PROCERA :
EFFETS SUR DES MARQUEURS BIOCHIMIQUES DE FONCTIONS
ORGANIQUES CHEZ LE RAT OFA
LOHOUES ESSIS EsmeI1*, CAMARA Cissé Massara2,TIAHOU Gnomlesson
Georges3, MONDE Aké 4, SESS Essiagne Daniel5
1*Laboratoire de Biochimie UFR SMA Université de Cocody Abidjan 22BP 169 Abidjan 22 Tél:
2244 34 18 lohouesesmel @ yahhoo. fr
2 Laboratoire de Biochimie UFR SMA Université de Cocody Abidjan
3 Laboratoire de Biochimie UFR SMMM Université de Bouaké
4 Laboratoire de Biochimie UFR SMA Université de Cocody Abidjan
5 Laboratoire de Biochimie UFR SMA Université de Cocody Abidjan
Résumé
Calotropis procera (Asclepiadaceae) est une plante médicinale bien connue par les praticiens
de la médecine traditionnelle en Côte d'Ivoire.
Dans le but d'évaluer son niveau de biotolérance, nous avons étudié le statut biochimique des
fonctions organiques du rat üFA sous administration répétée de son latex frais.
Quarante (40) rats repartis par lots de dix selon les doses à expérimenter: lot 1, eau distillée;
lot 2, DMT (2000 mg/kg) ; lot 3, DMT/2 (1000 mg/kg) ; lot 4, DMT/I0 (200mg/kg) ont été soumis
à cette étude.
Des prélèvements sanguins effectués sur tubes secs, chaque semaine, pendant 6 semaines
d'administration quotidienne des doses selon les lots, ont servi à déterminer des paramètres bio-
chimiques par méthodes enzymatiques et cinétiques.
Les résultats des analyses ont révélé globalement, l'absence de variation significative des para-
mètres mesurés dans le temps, pouvant orienter vers un dysfonctionnement d'organe.
L'usage du latex de C. procera n'aurait donc pas entraîné d'effet dose dépendante en fonction
du temps sur le fonctionnement du foie et du rein, chez nos animaux d'expérimentation.
Ces résultats seraient- ils en rapport avec la richesse en principes actifs de C. procera '?
Mots clés: Calotrpis procera, latex, bio tolérance, biochimie, organes
81

Phan/!. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIY, pp. 81-95
LATEX OF CALOTROPIS PROCERA:
EFFECTS ON BIOCHEMICAL SCORERS OF ORGANIC
FUNCTIONS ON RATS
Summary
Calotropis procera, (Asclepiadaceae) is a plant used by traditional medicine practitioners in
Côte d'Ivoire.
To value its bio tolerance level, we studied the biochemical statute of organic functions of rats
under repeated administration of its cool latex.
Forty (40) rats left by shares of ten according to the experiment doses: share 1, distilled water,
share 2, DMT (2000 mg/kg); share 3, DMT/2 (1000 mglkg); share 4, DMT/I0 (200mglkg) have
been submitted in this survey.
Blood withdrawals done on dry tubes, every week, during 6 weeks of daily administration of
the doses according to the shares, served to de termine biochemical parameters using enzymatic
and kinetic methods.
The results of the analyses revealed globally an absence of meaningful variation of the para-
meters measured in the time, capable to orient toward a dysfunction of organ.
The use of the latex of C. procera would therefore not have entailed an effect therefore mea-
sures out dependent according to the lime on the working of the liver and the kidney, at our ani-
mais of experimentation.
Would these results be - them in relation with wealth in active principles of C. procera ?
Keywords : Calotrpis procera, latex, bio tolerance, biochemistry, organs
INTRODUCTION
La côte d'Ivoire dispose d'une phannacopée traditionnelle riche en de nombreuses
espèces végétales (ADJANOHOUN, 1990 ; ADJANOHOUN et AKE-ASSI, 1979 ;
AKE-ASSI et GUINKO, 1991) [2,3,4].
82

Pizarm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
En effet, les plantes médicinales y sont connues et utilisées pour le maintien et/ou
le rétablissement de la santé comme une alternative à la médecine occidentale
(AB AYOMI, 1996 ; AKE-ASSI et GUINKO, 1991) [1,4]
Selon les estimations, la Côte d'Ivoire disposerait de plusieurs centaines d'espèces
végétales utilisées en médecine traditionnelle à travers plus de mille pharmacopées
contenant ces espèces végétales (ABAYOMI, 1996 ; ADJANOHOUN et AKE-
ASSI,1979 ; AKE-ASSI et GUINKO, 1991)[1,3,4]
Calotropis procera (Ait.) Ait.f. (Asclepiadacea) fait partie de ces plantes médicinales.
Elle est largement utilisée seul ou en association dans de multiples médications
(ADJANOHOUN et AKE-ASSI, 1979 ; DIABATE, 1998) [3,6].
La compréhension du rôle curatif éventuel et des modifications biologiques à plus
ou moins long terme occasionnés par l'usage des plantes à des fins thérapeutiques,
passe par la connaissance des substances actives de ces plantes ainsi que de leurs
effets pharmacologiques et éventuellement de leurs effets toxicologiques à plus ou
moins long terme (TSAKALA et al., 2001)[13].
Le but final étant la connaissance et une amélioration des médicaments d'ori-
gine végétale que la pharmacopée traditionnelle mettrait à la disposition des popu-
lations comme l'indiquait ZIRIHI en 2006[15].
En médecine traditionnelle, une large part des phytomédicaments est administrée
par voie orale. Ceux -ci traversent l'épithélium gastro-intestinal par un mécanisme de
diffusion passive. Dans l'organisme, ils agissent après ou sans transformation puis,
sont excrétés par le rein et/ou le foie (FREJAVILLE, 1979) [8].
Il était alors important de connaître les effets de ces phytommédicaments sur les
organes impliqués dans leur épuration de l'organisme.
Le présent travail voudrait contribuer à enrichir les connaissances actuelles sur les
usages de Calotropis procera, un «arbre à pharmacie» de la médecine traditionnelle
dans l'ouest africain.
Notre travail avait pour objectif, d'apprécier les effets doses en fonction du temps,
du latex de la plante, sur des marqueurs biochimiques de toxicité organique chez le rat
OFA.
83

Phann. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
MATERIEL ET METHODE
1. Matériel biologique
Le matériel végétal était constitué de lyophilisat de latex de C. procera reconstitué
extemporanément conformément aux doses à étudier.
Pour chaque dose (2000 mg/kg, 1000 mg/kg, 200 mg/kg, identifiés par les techni-
ques de toxicité aigue), un volume de 0,9 ml/ poids moyen corporel a été administré
par gavage, par jour, à l'aide d'une sonde, à des animaux soumis à un jeune préalable
de 12 heures.
Le matériel animal était constitué de quarante (40) rats (Ratus norvegicus) de la
souche Sprague Dawley üFA repartis par lots de dix (10) selon les doses: lot 1 ou
témoin recevant de l'eau; lot 2, 2000 mg/kg de latex; lot 3, 1000 mg/kg de latex;
lot 4, 200mg/kg de latex.
2 - Prélèvements sanguins
Ils ont été effectués au niveau du sinus retroorbitaire à l'aide de pipettes Pasteur
après une légère anesthésie à l'éther. 2 ml de sang ont ainsi été recueilli et transvasé
dans des tubes secs pour être acheminé au laboratoire où ils ont été centrifugés à 1800
tours par minute pendant deux (2) minutes. Le sérum recueilli est réparti en aliquote
qui ontt servi par la suite aux analyses.
Ces opérations ont été répétées chaque semaine, pendant l'expérimentation
(4 semaines d'administration quotidienne des doses de latex et, 2 semaines après
l'arrêt du traitement).
3 - Détermination des paramètres :
Les analyses biologiques ont consisté à déterminer les paramètres suivants selon
des méthodes cinétiques ou enzymatiques (ANONYME, 1991 ; ROUSSELET, 1986 ;
SESS, 2005) [5, 11, 12J .
•:. Les bilirubinémies ont été mesurées par méthode cinétique à la diméthyl
sulfoxyde (DMSO) .
•:. La détermination de l'activité des phosphatases alcalines été faite par
méthode cinétique à la Nitro - 4 phénylphosphate
84

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
.:. L'activité des transaminases sérique a été mesurée par
rrucro méthode
cinétique;
.:. L'activité des garnrnas glutamyl transférases (~ GT) a été déterminée par
méthode cinétique ;
.:. L'urée sanguine a été dosée par méthode enzymatique à l'uréase (réaction de
BERTHELOT modifiée) ;
.:. La créatinémic a été dosée par méthode chimique avec déprotéinisation. Il
s'agit de la méthode de JAFFE.
Les résultats des analyses ont fait l'objet de comparaison par rapport au lot témoin
d'une part et d'autre part entre les différents lots. Le logiciel Epi-info 6.0 version fran-
çaise a été utilisé à cet effet, notamment le test 't' de STUDENT de (comparaison des
moyennes) au seuil de 5% (a = 0.05).
Les paramètres ayant présenté des variations significatives entre différents lots ont
fait l'objet d'une décomposition dans les analyses de variance observées, pour apprécier
le niveau de variation de même que l'intensité de la variation (niveau de significativité).
RESULTATS
Les tableaux 1à VITI résument les variations des paramètres biochimiques explorés sur
la surveillance du fonctionnement du foie et du rein durant l'expérimentation.
Les perturbations observées ont concerné tous les lots et toutes les semaines.
Les bilirubinémies (exploration hépatique) de même que l'urémie (exploration
rénale) n'ont pas présenté de variations significatives. Elles n'ont pas fait l'objet d'une
décomposition d'analyse de variance.
85

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. X/V, pp. 8/-95
•.
Tableau 1
Bilirubinémies totales moyennes
des rats au cours de la
médication
~.
Bilirubine totale
LotT
Lot 1
Lot 2
Lo~
~mol/l)
(Eau distillée)
(DMTIlO)
(DMT~
(DMT)
1re semaine
12,45
Il,68
12,02
12,66
0,22
d'administration (SI)
±
±
±
±
(NS)
1,48
1,12
0,90
0,91
2e semaine
13,21
12,36
13,22
13,16
0,29
d'administration (S2)
±
±
±
±
(NS)
1,12
1,22
0,98
1,211
3' semaine
13,56
13,68
13,58
14,16
D,57
d'administration (S3)
±
±
±
±
(NS)
1,02
1,32
0,88
1,01
4e semaine
13,36
14,08
14,32
14,55
0,13
d'administration (S4)
±
±
±
±
(NS)
0,98
1,12
0,98
0,98
2 semaines après arrêt
13,45
13,58
13,84
14,04
0,69
d'administration (S6)
±
±
±
±
(NS)
1,58
1,32
0,70
0,81
Tableau II : Bilirubinémies conjuguées directes moyennes des rats au
cours de la médication
Bilirubine conjuguée
LotT
Lot 1
Lot 2
Lot 3
p
(Jtmol!1)
(Eau distillée)
(DMT!lO)
(DMT/2)
(DMT)
3,44
3,20
3,54
3,66
0,07
SI
±
:t
±
±
(NS)
0,32
0,28
0,44
0,51
3,66
3,52
3,68
3,62
0,32
S2
±
±
±
±
(NS)
0,27
0,38
0,34
0,41
3,55
3,52
3,78
3,52
0,09
S3
±
±
±
±
(NS)
0,28
0,48
0,44
0,41
3,58
3,82
4,01
3,92
0,32
S4
±
±
:+:
±
(NS)
0,38
0,38
0,24
0,31
3,49
3,78
3,89
3,94
0,72
S6
±
±
±
±
(NS)
0,12
0,18
0,34
0,41
~-
'----~---
86

Phamz. Méd. Trad. Af,: 2006, ~'Ol. XIV, pp. 81-95
Tableau III : Activités phhosphatasiques alcalines moyennes chez les rats
au cours de la médication
PAL
l
1
LotT
Lot 1
Lot 2
Lot 3
p
1
(UI/I)
(Eau distillée)
(DMTIlO)
(DMT/2)
(DMT)
-
154,30
141,12
155,22
15:,3~7S)
SI
±
:t:
±
10,56
9,08
10,07
10,68
153,98
154,22
156,36
157,17
0,85
S2
±
±
±
±
(NS)
9,56
10,12
9,98
9,68
154,38
154,98
156,77
156,85
0,91
S3
±
±
±
±
(NS)
8,56
9,12
8,98
9,98
154,31
155,28
156,85
157,45
0,89
S4
±
±
±
±
(NS)
8,96
8,88
9,98
9,28
154,22
155,68
156,12
156,41
0,96
S6
±
±
±
±
(NS)
9,56
8,08
lO,ül
9,68
Tableau IV Activités moyennes des GGT chez les rats au cours de la
médication
GT
LotT
Lot 1
Lot 2
Lot 3
P
(UIIl)
(Eau distillée)
(DMT/IO)
(DMT/2)
(DMT)
9,83
8,48
9,30
8,89
0,00 (S)
SI
±
±
±
±
r-
0,88
0,68
0,79
0,82
I
10,28
9,48
8,80
9,89
0,00 (S)
S2
±
±
±
±
1
0,88
0,78
0,89
0,72
9,88
Il,48
9,80
10,89
0,00 (S)
S3
84
-+ ± ± ± ±
0,98
0,72
0,79
0,92
10,23
Il,52
11,14
11,89
0,00 (S)
±
±
±
±
0,78
0,82
0,89
1
0,82
9,83
10,56
Il,02
10,82
0,00 (S)
86
±
±
±
±
1
0.80
0,58
0,69
0,72
1
1
1
87

Phaml. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
Tableau V: Activités moyennes des TGO des rats au cours de la médication
-
TGO
Lot T
Lot 1
Lot 2
Lot 3
P
(UIIl)
(Eau distillée)
(DMT/10)
(DMT/2)
(DMT)
81,33
82,44
86,30
81,58
0,/6
81
±
±
±
±
(NS)
5,83
4,51
5,72
5,65
82,34
86,94
96,30
88,56
0,00 (S)
82
±
±
±
±
5,83
5,51
4,72
5,35
94,12
92,45
III ,36
102,58
0,00 (S)
83
±
±
±
±
5,93
6,51
5,72
6,35
95,33
99,86
147,71
162,58
0,00 (S)
84
±
±
±
±
7,93
7,51
6,72
8,35
83,25
86,44
86,22
85,5
0,68
86
±
±
±
±
(NS)
5,73
5,51
5,02
5,85
Tableau VI : Activités moyennes des TGP des rats au cours de la médication
TGP
LotT
LotI
Lot 2
Lot 3
p
(VIII)
(Eau distillée)
(DMT/lO)
(DMT/2)
(DMT)
38,33
41,12
38,44
39,02
0,56
81
±
±
±
±
(NS)
4,07
4,61
5,29
5,62
42,34
51,22
46,61
49,06
0,00 (S)
82
±
±
±
±
1--
-+_ _4-'-,4_9_ _+-_5-=--,1_1_-+-_4.,-',_29_-+
5'-,8--:2_-+--:--::--,-----,, __
83
41~44
48~22
52~22
48~42
D,DO (S)
1
+-_--:4-=-,6-;9---=--_+-----:c;;;4,1_:-c1_+-~4:'-,5::_9:--+_---=4:'-,8-::_2:----t--:-::-::--:-::c---1
' f - - I
84
:~: ~~{12 :~:6 7:f:
1
1
O.OO(S)
86
1f---'4'::'-O~-=-33~--I1 43~19
43~44
49~02
0,00 (S)
5 , 0 7 1
4,61
4,29
4.62
1
88

P/zarm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
Tableau VII: Urémies moyennes des rats durant la médication
SI
±
±
0:9
1;0
1
1,12
1,04
6,09
6,14
0,82
5,98
6,11
1
S2
±
±
(NS)
1,22
1
~--=13_~+-O~O
_
+-_-::'-1
11
,3_4~_-+-_ _- j
5,43
5,68
5,39
5,66
0,77
S3
±
±
±
±
(NS)
1,33
0,80
1,42
l,54
5,28
5,31
5,59
6,11
0,8 (NS) 1
S4
±
±
±
±
1,13
0,90
1,12
1,24
f - - - - - - . - - - - - - + - - - - - - - - ' - - - - - - - - - f - - - ' - - - + - - - - " - - - j f - - - - - - - - - - ' - - + - - - - - - - J
5,11
5,24
5,19
5,31
0,78
S6
±
±
±
±
(NS)
0,92
1,30
1,32
1,34
Tableau VIII: Créatininémie moyennes des rats durant la médication
Créatinine
Lot T
Lot 1
Lot 2
Lot 3
p
1
(j.tIDo/l)
I (Eau distillée)
(DMT/lO)
(DMT/2)
(DMT)
37,75
36,12
37,12
36,44
0,80
SI
±
±
±
±
(NS)
r---
- +_ _4----'-,3_0_ _-+------'3,34
4,22
4,04
39,45
38,72
39,52
42,41
0,27
S2
±
±
±
(NS)
4,80
4,34
4,02
4,34
42,72
45,52
46,41
0,04 (S)
83
±
±
±
~39:5
f - - - - - - - - - - - - j
4,'--20-:-
-+-_5----'-,3-=4_----+-_4---',_8_0_2_-+-_5--'-,3_4~.__t_-~__1
38~63
46~72
47~63
48~41
0,00 (S)
1
S4
5,64
4,15
5,04
-----t--ff0
38,12
39,22
39,44
0,87
3_6;5
S6
1
±
±
(NS)
3,30
1
3,94
3,22
4,54
89

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
DISCUSSION
1 - Symptomatologie et mortalité
Les animaux ont été pesés tous les jours avant la médication pour adapter la dose
à administrer au poids.
Dès la deuxième semaine, des traces de sang ont été constatées dans les selles des
animaux du lot 3. Ces traces ont disparues avant la fin de l'expérimentation.
L'EL BADWI et al. (1989) avaient rapportés chez la chèvre, une hémorragie chez les
spécimens traités avec 1 ml de latex de C. procera par kg entre 20 minutes et 4 jours. Ces
hémorragies qui n'avaient pas nécessairement entraînés la mort des individus, ont été
attribués à une probable entérohépatonephropathie et, ou une péritonite [9].
Certains signes cliniques observés notamment, l'apathie et la somnolence ont été
notées avec des temps de latence d'environ trente (30) minutes après l'administration
de latex.
Il n'a pas été noté de modifications importantes dans la ration alimentaire chez les
animaux.
Des mortalités ont été enregistrées dans certains lots durant l'expérimentation. Elles
ont été prises en compte dans les évaluations statistiques.
2 - Les explorations du fonctionnement hépatique
Les bilirubinémies (Tableaux 1 et II)
Les bilirubinêmies mesurées oscillaient entre 12 et 15 Ilmolll pour la bilirubinémie
totale et entre 3 et 4 Ilmol/l pour la bilirubinémie conjuguée directe.
Les variations observées durant l'expérimentation n'étaient pas significatives.
L'usage du latex de C. procera n'entraînerait donc pas de perturbations indiquant une
probable rétention biliaire d'origine extra ou intra hépatique (ROUSSELET, 1986) [11].
90

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2006, Vol. XIV, pp. 81-95
Les phosphatases alcalines (PAL) (Tableau III)
Les activités phosphatasiques oscillaient entre 154 et 158 ŒIL Elles ont présenté
des variations significatives dès la première semaine de la médication. Ces variations,
à l'analyse se sont révélées être une baisse de cette activité qui est passée de 154,3 à
141,1 UIlI (baisse de 8,5%).
L'activité des PAL qui est plus sensible que les bilirubinémies dans le reflet de des
phénomènes de cholestase confirme l'indication première obtenue avec les variations
des bilirubinérnies (ROUSSELET, 1986) [11].
En effet, selon DORE (1994), l'anomalie biochimique la plus précoce de la cho-
lestase est l'élévation de taux des phosphatases alcalines à des taux atteignant des
valeurs deux à cinq fois la normale [7].
Les gammas glutamyl transférases (GGT) (Tableau IV)
Les résultats oscillaient entre 9 et 12 UIII avec des variations significatives tout le
long de l'expérimentation.
L'activité des GGT chute les deux premières semaines de 8 % en moyenne puis,
augmentent dans une proportion de 10 %.
Les analyses de la distribution
de l'activité des GGT durant l'expérimentation
révèle que les variations concernent tous les lots.
L'activité de cette enzyme d'origine membranaire augmenterait dans la plupart des
troubles hépatiques selon ROUSSELET (1986) [11].
L'enzyme n'est donc pas spécifique des perturbations hépatiques.
De plus, chez le rat, l'activité normale quasi nulle de cette enzyme serait facile-
ment induite par les toxiques.
Selon DORE (1994), ces toxiques qui se comporteraient dans ces cas comme des
agents inflammatoires, signeraient une hépatite médicamenteuse [7].
Ces affirmations corroborent nos résultats qui orientent vers hépatite corrélée à
l'administration de latex de C. procera.
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Les aminotransférases (TGO / TGP) (Tableaux V et VI)
L' acti vité des transaminases se situait entre 81 et 150 001 pour les TGO et entre
38 et 82 UIll pour les TGP. Les variations observées étaient significatives dès la
deuxième semaine de médication. (Tableau III et IV). Elles varient de 40 % en
moyenne pour les TGO et 70 % en moyenne pour les TGP.
Ces variations pourraient traduire une agression voire une fragilisation de la mem-
brane des hépatocytes par le latex de C. procera (DORE, 1994) [7].
L'augmentation de ces enzymes bien que pouvant orienter vers une cytolyse hépato-
cytaire d'origine toxique doit tenir compte du mode de prélèvement sanguin, trauma-
tisant pour l'animal.
Il serait ainsi probable qu'un un processus inflammatoire ait été enclenché avec
pour corollaire une atteinte hépatique comme l'a souligné ROUSSELET (1986). Ces
conclusions confirmeraient ainsi l'augmentation de l'activité des GGT [11].
En effet, le foie est vulnérable étant donné sa proximité avec l'apport sanguin du
tractus digestif et son rôle de biotransforrnation et d'excrétion biliaire (REJAVILLE,
1979) [8].
3· Les explorations du fonctionnement rénal
L'urémie (Tableau VII)
Les valeurs de l'urémie au cours de l'expérimentation oscillaient entre 4 et
6 mmolll. Elles ne présentaient pas de perturbations significatives.
La littérature nous enseigne que la toxicité rénale peut être réversible; le rein ayant
un pouvoir de compensateur très important (une atteinte rénale peut passer inaperçue
parce que déjà compensée si l'examen n'est pas réalisé au début du traitement)
(DORE, 1994 ; PREJAVILLE, 1979; ROUSSELET, 1986) [7,8, 11].
De plus l'urée est sensible à l'alimentation; la formation de l'urée dans le foie, sa
concentration dans le sang puis son élimination par le rein est proportionnelle à la
quantité de protéines ingérées.
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En définitive, les doses de latex utilisées ne devraient pas avoir d'action sur le méta-
bolisme de l'urée.
VANDER et al. (1989) indiquaient que l'urée était une molécule capable de subir une
réabsorption partielle au niveau des tubules rénaux vers le sang dans une forte proportion
de 40 % après avoir été excrétée au niveau des glomérules dans les urines [14].
La créatininémie (Tableau VIII)
Les concentrations de créatinine oscillaient entre 35 et 50 Ilmol/l.
Au cours de la médication la créatininémie augmentait dans le sang des animaux.
Elle ne serait alors pas suffisamment excrétée dans les urines.
Les perturbations deviennent importantes à partir de S3 (p < 0,02) (Tableau V).
Elles atteignent Il % en moyenne à S4.
Il y aurait un effet significatif du temps d'exposition du produit administrée sur la
concentration sanguine de la créatinine
Selon DORE (1994), la créatininémie qui est exclusivement liée à la filtration
glomérulaire est un témoin plus fidèle d'une insuffisance rénale que l'élévation du taux
de l'urée sérique [7].
Ces informations indiquent que le latex de C. procera pourrait entraîner dans le
temps, une perturbation de cette filtration glomérulaire.
Elles pourraient orienter vers une insuffisance rénale aigue si elles sont associées à
des perturbations du bilan ioniques (ROUSSELET, 1986) [11].
Il faudrait cependant remarquer comme DORE (1994) que la créatinine n'augmen-
terait alors de façon significati ve, dans le sérum, que lorsque le taux de filtration glo-
mérulaire serait réduit au moins de moitié [7].
Au total, les désordres observés après administration du latex de C. procera aux
animaux ont concernés des variations de l'activité des enzymes hépatiques et de la
créatinémie, paramètres
biochimiques impliqués dans le suivi du fonctionnement
des organes d'élimination (foie et rein).
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Les analyses des variations qui découlent de ces perturbations semblent mineures.
Les variations ont certainement été compensées par l'organisme des animaux
durant l'expérimentation puisqu'elles n'ont pas entraînées la mort systématique de
tous les animaux traités.
CONCLUSION
La réalisation et la surveillance des tests de toxicité sont les meilleurs méthodes
d'investigations pour apprécier la le caractère nocif d'une médication.
A long terme, l'administration du latex de la plante, bien qu'ayant entraînée des
modifications biochimiques, surtout dans les bilans enzymatiques et, au niveau de la
:réatinémie, n'a montré aucun désordre majeur lié à sa présence, dans l'organisme,
puis à son élimination de celui-ci.
Le fonctionnement hépatique aussi bien que le fonctionnement rénal des rats après
administration réitérée du latex de la plante demeure normal.
Le latex de C. procera serait donc bien toléré par l'organisme du rat OFA.
Ces résultats infirment le caractère nocif communément attribué à cette plante de
la pharmacopée traditionnelle
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