Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004, Vol. 13, pp. 35-48
APPROCHES SUR LA CONTRIBUTION DES MEDICAMENTS
TRADITIONNELS AMELIORES DANS LES SOINS DE SANTE
PRIMAIRES: ETUDE DES CAS
Bourobou Bourobou Henri
Institut de Recherche en Ecologie Tropicale ( IRET )/ CENAREST
BP.13354 Libreville, Gabon
35

Pharm. Méd Trad Afr. 2004, Vo!.]3, pp.35-48
Approches sur la contribution des médicaments
traditionnels améliorés sur les soins de santé primaires
1. Problématiq ue
L'organisation Mondiale de la Santé reconnaît qu'en Afrique, jusqu'à 80 % de
la population utilise la médecine traditionnelle pour répondre à ses besoins de
soins de santé; parallèlement, on note que la plante médicinale constitue l'un
des champs d'action de cette médecine. A ce propos, Adjanohoun (1982) fait
remarquer qu' « A travers toute l'Afrique noire, la grande majorité des plantes
médicinales
est
encore
utilisée
à
l'état
brut
sous
formes
d'extraits,
d'alcoolatures, de décoctions, d'infusions; sous formes de bols, de pilules, de
liniments, de collyres; par boisson, lavement, bain, fumigation, cataplasme,
scarification, vaccin ou en pommade. A ces formes galéniques simples, il faut
ajouter le dosage de la drogue et le contrôle de ses effets secondaires et de la
toxicité qui sont parfaitement maîtrisés par les vrais Tradipraticiens.
La pharmacopée traditionnelle est pratiquée au Gabon par des Nganga qui sont
appelés médecins traditionnels. Ladite pharmacopée prend sa source dans le
pays profond. Toutefois, il importe de noter que les produits issus de cette
pharmacopée se font rares dans des grands centres urbains où seuls les produits
issus
de
la
pharmacopée
d'importation
dominent
dans
les
officines
traditionnelles.
La médecine traditionnelle au Gabon comme cel1e pratiquée au Congo -
Brazzaville (Diafouka, 1997) ou au Cameroun (Betti, 2001) ne disposent pas de
méthodes
aseptiques
pour
conserver
les
médicaments,
surtout
aqueux
(macérations et décoctions). Leur durée de conservation ne dépasse guère cinq à
sept jours. Au terme de ce délai, le remède devient impropre à la consommation,
inefficace voire toxique à cause de la prolifération des agents pathogènes. Si de
nombreuses drogues sont cependant conservées par séchage à l'ombre ou au
soleil, sous forme de poudres, de cendres ou de pommades. Il est à noter que les
formes aqueuses sont les plus dominantes au Gabon.
La présente étude a pour objectif principal de rendre plus efficaces les
médicaments traditionnels à partir des enquêtes ethnobotaniques en apportant
des améliorations sur quelques recettes qui ont fait leur preuve. Pour cela, il
s'agissait de :
rechercher comment dépasser les durées de conservation habituelles des
médicaments;
formaliser les doses;
-
réduire les durées de traitement.
36

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004, Vol.13, pp. 35-48
2. Milieu et méthodes d'étude
Milieu. Les régions prospectées font partie intégrante soit du domaine de la
forêt dense sempervirente (Moabi, Bilengui et Ntoum) ; soit des savanes dites
arbustives
(Franceville-Sud-Est
du
Gabon),
dominées
par
des
espèces
caractéristiques comme Bridelia ferruginea (Euphorbiaceae), Nauclea latifolia
(Rubiaceae), Hymenocardia acida (Euphorbiaceae), etc.
Méthodes. Les enquêtes ethnobotaniques ont été effectuées au Gabon durant la
période de juin 1998-août 2002 sur une franche de la population gabonaise, des
localités suivantes: Moabi (Punu), Bilengui (Mitsogho), Ntoum (Fang) et
Franceville (Bakaningui). Cette approche qui ne constitue qu'un travail
préliminaire a été soutenue par les travaux de Walker et Sillans (1961) et de
Adjanohoun et al.(l982) qui ont servi de base à notre réflexion.
Les investigations ont été faites selon deux méthodes:
-
questions posées directement à la population;
-
visites des lieux de récolte durant les activités quotidiennes et récolte des
plantes concernées.
Pendant les enquêtes de terrain, nous recherchions en outre, des informations
relatives aux noms vernaculaires des plantes, au mode de préparation et
d'administration des médicaments.
Les plantes signalées dans cette étude ont été récoltées et identifiées par nos
propres soins. Elles ont été révélées par les guérisseurs eux-mêmes, puis
récoltées au cours des excursions conjointement organisées à cet effet.
Près de 29 guérisseurs et 35 non-guérisseurs et -guérisseuses appartenant aux
villages des localités étudiées ont été consultés.
Les expériences en cours qui ont commencé il y a aujourd'hui 2 ans se sont
déroulées dans un cadre privé, notamment au laboratoire dénommé Cabinet
d'Ethnopharmacopée Africaine à Libreville, selon la méthodologie suivante:
-
La première approche était de choisir 4 pathologies (estomac, diabète,
impuissance sexuelle, règles douloureuses) qui sont traitées en médecine
traditionnelles grâce à l'usage des plantes en s'appuyant essentiellement sur des
enquêtes ethnobotaniques (Tableau l, .Tableau 2).
37

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004, Vol.13, pp. 35-48
Espèces botaniques
1
Familles
Maladies
1
1
Ageratum conyzoïdes
Asteraceae
~es douloureuses
i
Copaïfera religiosa
Caesalpiniaceae
Règles
Newbouldia laevis
Bignoniaceae
dO"lo"reu~~_~
Estomac
Nauclea latifolia
Rubiaceae
Diabète
Ocimum ---=---=-:--_:--~_J--------------,c-'i---:-eJ
gratissimum
Labiatae
Diabète
1 Pausinystalia johimbe
Rubiaceae
Impuissance sexuelle,
1
"
_ _ _
aculation precoce
Tableau 1 : Plantes médicinales en relation avec des maladies traitées.
Maladies
1
Plantes utilisées
1
Modes de préparation
1
l5iabète
Nauclea
latifolia
(1)
et Décoction
des
écorces
de
Ocimum gratissimum (2)
racines (1) et des feuilles (2) _~
Estomac
Newbouldia laevis
Macération
des
écorces du
tronc
Règles douloureuses
Copaïfera
religiosa
(1)
et Macération
des
écorces (1)
Ageratum conyzoïdes (2)
après
refroidissement de
la
décoction (2)
1 Impuissance sexuelle
Pausinystalia johimbe
Macération
des
écorces du
tronc
1
Tableau 2 : préparation des recettes traditionnelles
La deuxième approche a consisté à préparer des médicaments simples en
utilisant des arômes et surtout des méthodes aseptiques dans le but d'améliorer
la conservation des macérations et des décoctions traditionnelles en vue de
prolonger la durée
de conservation des médicaments (Tableau 3). Les
médicaments se présentent sous forme de bouteilles de 1001.
Recettes traditionnelles
Durée de conservation
Diabète
5-6 jours
Estomac
3 jours
Impuissance sexuelle
14 jours
tRègles douloureuses
2 jours
Tableau 3 : durée de conservation des recettes traditionnelles
La troisième approche était d'identifier les principales préoccupations des
malades vis à vis de chacune des 4 pathologies sélectionnées dans l'étude
(Tableau 4),
1 Pathologies identifiées
Différentes manifestations
Diabète
1
Maux
de
tête,
taux
de
glycémie
élevé,
faiblesse
sexuelle
constatée,
fatigue
généralisée, baisse de vue, vertiges, coma
diabétique --------~-----___1
Sensation
de
brûlures,
ballonnements
de
ventre, reflux permanent, manque d'appétit,
1 E"om_ac
_
constipation, insomnies
1
1
3
38

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004, Vol.l s, pp. 35-48
1
Impuissance sexuelle
1
Ejaculation
précoce,
faiblesse
notoiredu
muscle masculin
- - - ~---------+------
Règles douloureuses
Maux de tête, maux de bas ventre violents, ·1
[
1
_
irrégularité des règles, absence des retards
Tableau 4 : Manifestations des pathologies chez des malades enquêtés.
1
- La quatrième approche a consisté à recueillir soit des témoignages de
quelques malades au terme d'un traitement; soit des fedd-back divers.
1
1
3. Résultats
3.1. Recettes améliorées. Les enquêtes ethnobotaniques nous ont permis
d'apporter des améliorations aux recettes traditionnelles connues (Tableau 5).
1
Au total 6 espèces de plantes appartenant à 6 familles botaniques ont été
répertoriées; ceci ne constituant qu'un inventaire préliminaire. Les plantes qui
1
ont été utilisées dans les recettes améliorantes sont au nombre de 5 espèces
appartenant à 5 familles végétales. Les espèces sont soit des arbres, des arbustes
ou des herbes. Par ailleurs, l'utilisation des plantes se fait en association. Dans
1
l'ensemble, nous avons identifié environ dix recettes de plantes concernées par
les pathologies présentées ici.
1
Les apports effectués ont été de deux ordres: au plan aseptique et au plan de la
saveur ou du goût.
- au plan aseptique, l'apport du citron (Citrus limon, Rutaceae) a amélioré
l'état de conservation des recettes traditionnelles qui ont malheureusement une
durée de vie très courte ;
- au plan de la saveur, nous avons ajouté certaines espèces de plantes dans les
décoctions et les macérations pour rendre plus agréable le goût des recettes,
c'est
le
cas
de
Musa
paradisiaca
(Musaceae),
Copaïfera
religiosa
(Caesalpiniaceae), du gingimbre (Zingiber officinale, Zingiberaceae), Mondia
whitei (periplocaceae) ou de Cymbopogon citratus (Poaceae). Toutefois, il
importe de souligner que de telles plantes peuvent apporter des compléments
énergétiques aux recettes en plus des aspects purement aromatiques.
Maladies
Préparations améliorées
Innovations
Diabète
Décoction
des
écorces
de Citrus
limon,
cymbopogon
racines de Nauclea latifolia en citratus et ocimum gratissimum
association avec Citrus limon,
Cymbopogon
citratus
et
Ocimum gratissimum
Estomac
Macération des
écorces
de Citrus limon et Musa paradisiaca
Newbouldia
laevis
en
association avec des tranches
de
citrus
limon
et
musa
paradisiaca
4
39

Pharm. lvléd. Trad. Afr. 2004, VoU3, pp. 35-48
Règles douloureuses
Décoction
de
Ageratum Citrus limon
conyzoïdes et des tranches de
Citrus limon puis macération
après
refroidissement
des
écorces du tronc de Copaïfera
religiosa
Impuissance sexuelle
Macération
des
écorces
de Copaïfera religiosa, Cola nitida,
Pausinystalia
johimbe
et Citrus limon, Zingiber officinale
Copaïfera
religiosa
en
association avec des fruits de
Cola nitida, des tranches de
Citrus limon et des rhizomes
de Zingiber officinale
1
Tableau 5 : Recettes traditionnelles améliorées.
3.2. Durées de conservation des médicaments. Le Tableau 5 montre que la
durée de conservation des médicaments traditionnels s'est considérablement
améliorée pour les macérations et les décoctions. Contrairement aux données
initiales qui sont de l'ordre de 5-7 jours, les médicaments améliorés par contre,
peuvent avoir des durées de conservation qui vont de 1-3 mois.
Recettes améliorées
Durée de conservation
Observations
--
Diabète
3 mois
Estomac
1 mois
Impuissance sexuelle
3 mois
Règles douloureuses
1 mois
1
Tableau 6 : durée de conservation des médicaments améliorés.
3. 3. Etude des cas
3.3.1. Diabète (Tableau 7)
I" cas. Un homme d'une trentaine d'années qui est traité à l'insuline depuis 4
ans. Cet homme qui avait des problèmes de faiblesse sexuelle, pensait les
résoudre autrement que par le traitement de sa glycémie. Quand il a été mis sous
traitement, sa glycémie a considérablement baissé au bout d'un mois (12.90
mmol/l) avant de rentrer dans l'intervalle norma1. Actuellement, le malade a
arrêté son traitement et a retrouvé sa vitalité sexuelle d'antan.
Diabète
Glycémie à
lè mois
2è mois
3è mois
observations
jeun
1cr cas
21.90 mmoVI
12.90 mmol/I
4.73 mmol/I
4.1-6.1 mmol/l
2è cas
12.28 mmol/I
12.04 mmol/I
10.68 rnmol/l
9.65 mmol/l
4.1-6.1mmo1/1
3è cas
8.0\\ mmol/l
4.87 mmolll
3.8-6.\\ mmo~
4è cas
10.40 mmol/l
8.72 mmol/I
7.98 mmol/l
7.03 mmolll
3.9-5.8 mmol/l
Tableau 7 : évolution du traitement des malades du diabète
5
40

Pharm. Méd Trad Afr. 2004, Vol. 13, pp. 35-48
2è cas. C'est une femme d'une soixantaine d'années qui a décidé de se soigner
par les plantes car d'après elle, l'insuline provoque en elle plusieurs maux
néfastes pour sa santé (maux de tête, insomnies, etc). Depuis qu'elle est traitée
aux plantes, sa glycémie n'atteint plus la tranche de 10 mmol/l et elle n'a plus
les effets néfastes dans elle.
3è cas. C'est un homme d'une cinquantaine d'années. Cet homme qui est traité
au glycophage avait des violents maux de tête et n'arrivait plus à conduire à
cause de la mauvaise visibilité. Après un mois de traitement au Diabeta, sa
glycémie a considérablement baissé jusqu'à rentrer dans l'intervalle normal.
Actuellement, il a arrêté le traitement et ne se plaint ni des maux de tête, ni
d'autres maux; c'est pourquoi, il a repris le volent de sa voiture.
4è cas. C'est un homme d'une cinquantaine d'années qui se plaignait des maux
de tête, de faiblesse sexuelle et surtout de la mauvaise visibilité qui l'a contraint
d'abandonner le volent de sa voiture. Alors qu'il était soigné au glycophage, il a
décidé de se tourner vers les plantes et depuis lors, sa glycémie tourne autour de
l'intervalle normal. Cet homme est satisfait aujourd'hui parce qu'il a retrouvé sa
vue, il conduit sa voiture et n'a plus des violents maux de tête ou d'insomnies.
Cet homme ne plaint plus d'une faiblesse sexuelle quelconque.
3.3.2. Estomac (Tableau 8)
l " cas. C'est une femme d'une quarantaine d'années qui se plaignait des
brûlures d'estomac, de reflux et des insomnies. Après deux mois de traitement,
elle s'est sentie mieux jusqu'à présent.
2è cas. C'est un honune d'une trentaine d'années qui souffre depuis près de 10
ans. Les médicaments conventionnels ne lui apportent pas grand chose. Avec les
plantes, il se sent soulagé car malgré sa situation sa situation stationnaire, on
note quelques améliorations. Il est actuellement sous traitement.
3è cas. C'est une femme d'une cinquantaine d'années qui a vue sa situation de
maladie s'améliorer considérablement au bout de trois de traitement.
4è cas. C'est une dame d'une soixantaine d'années qui souffre des maux
d'estomac depuis plusieurs années. Après un traitement d'un mois, elle est partie
sans nouvelles.
41

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004, Vol.I3, pp. 35-48
1E,toma<
1 mois
2 mois
3 mois
Observations
1cr cas
légère amélioration
nette
arrêt du traitement
amélioration
après
4
ans
de
maladie
1
2è cas
légère amélioration
amélioration
situation
10 ans de maladie
stagnante
- -
3è cas
amélioration
amélioration
amélioration
arrêt du traitement
après
6
ans
de
maladie
4è cas
amélioration
arrêt sans nouvelles
Tableau 8 ; évolution du traitement des malades de l'estomac
3.3.3. Impuissance sexuelle (Tableau 9)
1er cas. C'est un homme d'une trentaine d'années qui se plaignait de faiblesse
sexuelle. Il a été traité pendant un mois d'abord puis deux mois. L'intéressé se
porte bien et ne se plaint plus.
Impuissance
1 mois
2 mois
3 mois
1
Observation~
sexuelle
1cr cas
amélioration
nette
arrêt du traitement
amélioration
2è cas
aucune nouvelle
3è cas
nette amélioration
amélioration
arrêt du traitement
4è cas
légère
amélioration
amélioration
poursuite
du
amélioration
traitement
Tableau 9 : évolution du traitement des malades ayant une faiblesse sexuelle.
2è cas. C'est un homme d'une quarantaine d'années qui avait des problèmes
d'impuissance sexuelle. Il a été traité pendant un mois et est parti sans
nouvelles.
3è cas. C'est un homme d'une trentaine d'années qui se plaignait des problèmes
d'éjaculation précoce. Il a été mis sous traitement pendant 2 mois. Actuellement,
il a tout arrêté et ne se plaint plus de cette affection.
4è cas. C'est un homme de 55 ans qui se plaint pour des problèmes
d'impuissance sexuelle. Il a trouvé le médicament qu'il lui faut car il a retrouvé
ses facultés sexuelles seulement, il a deux femmes et pour cela il est obligé de
rester encore longtemps sous traitement à cause de l'intense activité qu'il est
obligé de mener à cause de son statut de polygame.
3.3.4. Règles douloureuses (Tableau 10)
1er cas. C'est une fille d'une vingtaine d'années qui souffrait atrocement des
règles douloureuses. Cette fille qui a été mis sous traitement pendant deux mois
7
42

Pharm. Méd Trad Afr. 2004, Vol. 13, pp. 35-48
a fini par arrêter le traitement à la suite d'une nette amélioration de son état de
santé. Après 4 mois d'arrêt de traitement, la jeune fille qui ne se plaignait plus
de rien a attrapé une grossesse qui lui donné un enfant âgé de plus de un an
aujourd'hui.
[Règles
] mois
2 mois
3 mois
Observations
douloureuses
] er cas
nette
amélioration
arrêt du traitement et
(règles
amélioration
grossesse
douloureuses)
2è cas (règles
légère
amélioration
disparition des
douloureuses)
amélioration
douleurs
3è cas (règles
nette
arrêt du traitement et
irrégulières)
amélioration
déclenchement des
règles après 3 mois
d'absence
4è cas (règles
aucune nouvelle
douloureuses)
--
Tableau 10: évolution du traitement des malades souffrant des règles
2è cas. C'est une femme de 35 ans qui se plaignait des règles douloureuses. Elle
a été mis sous traitement pendant 2 mois et depuis, elle se plaint plus des
douleurs.
3è cas. C'est une femme de 40 ans d'âge qui souffre d'une absence chronique de
règles. Cette dame souffre de cette pathologie depuis des décennies; ce qui lui a
valu plusieurs séjours en France sans succès, il y a quelques années. Alors
qu'elle est restée exactement 3 mois sans voir ses menstrues; elle a décidé cette
fois-ci de se soigner avec les plantes. Elle a été mis sous traitement et c'est au
bout de 4 jours que le déclenchement des règles a été constaté avec des effets
secondaires pénibles car elle a dû souffrir d'un mal inhabituel au niveau de la
trompe gauche; ce qui a nécessité un traitement supplémentaire de la part de son
médecin qui l'a mis sous antibiotique (Bactos 500 ml et Brufen 400 ml).Par
ailleurs, deux jours auparavant qui ont précédé l'arrivée des menstrues, le
malade avait sorti beaucoup de saletés qui lui ont provoqué beaucoup de fièvre.
Cette situation a obligé son médecin à lui prescrire de l'effergen de peur qu'elle
n'attrape de l'aseptisemie. Globalement, le malade et son médecin ont été
satisfaits des résultats obtenus. La femme était particulièrement émue par le
succès de ce médicament, malgré les effets secondaires constatés. En définitive,
il semble que l'action du médicament va au delà du simple soulagement des
règles douloureuses car nous constatons que le médicament réveille la
physiologie des trompes dans ce sens qu'il nettoie celles-ci tout en activant leur
motricité.
4è cas. C'est une fille de plus de 30 ans d'âge qui souffre des règles
douloureuses. Cette femme est restée sans nouvelles dès qu'elle a été mis sous
traitement.
43

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004. Vol.13, pp.35-48
4. Discussions
Comparaison des données recueillies avec la littérature existante. Il y a
beaucoup d'enquêtes ethnobotaniques qui sont consignées dans la littérature en
Afrique (Walker et Sillans, 1961 ; Adjanohoun et al., 1984 ; Adjanohoun et a1.,
1988). Mais ces enquêtes qui renferment pourtant de nombreuses recettes de
médicaments restent pour la plupart théoriques par manque d'expériences
pratiques de fabrication de médicaments simples qui devraient faire suite aux
campagnes de terrain pour vérifier l'authenticité des données d'enquêtes. C'est à
ce niveau d'utilisation des résultats de terrain que se situe notre approche. Les
enquêtes ethnobotaniques montrent que l'approche relative à l'usage des plantes
dans un écosystème donné reste la même à l'intérieur d'une population
appartenant à des groupes ethniques différents.
Les populations punu, Fang, Mitsogho par exemple utilisent Pausinystalia
johimbe comme aphrodisiaque dans les sous-bois de forêt; tandis que les
peuples de savane (Bakaningui) utilisent Nauclea latifolia comme un succédané
de Pausinystalia johimbe. Il existe de nombreux travaux qui citent bon nombre
de plantes médicinales répertoriées dans nos enquêtes: Pausinysta1ia johimbe
(Walker et Sillans, 1961 ; Adjanohoun et al., 1984) ; Newbouldia laevis (Walker
et Sillans, 1961); Nauclea latifolia et Zingiber officinale (Mandango et a1.,
1990). par contre, les espèces comme Ageratum conyzoïdes et Copaïfera
religiosa ne sont citées dans la littérature comme plantes médicinales intervenant
dans les soins relatifs aux règles douloureuses.
Médicaments améliorés.
- saveur. Les médicaments rénovés sont dotés chacun d'une saveur
particulière (Tableau Il ).
Pathologies
Saveur
Observations
Diabète
légèrement amer
acceptable
Estomac
sucré
excellent goût
Impuissance sexuelle
mi-amer, piquante
apprécié
Règles douloureuses
mi-fade
facile à avaler
1
Tableau Il : saveur des médicaments améliorés
Méthodes aseptiques. L'utilisation de Citrus limon a permis aux médicaments
d'acquérir des durées de conservation beaucoup plus longues par rapport à
l'accoutumée: par exemple, le médicament soignant les maux d'estomac a une
durée de conservation de un mois; tandis que le médicament du diabète se
conserve jusqu'à deux mois et demis dans une bouteille hermétiquement fermée.
Fed-back.
Les
discussions
incessantes
avec
les
malades
ont
facilité
l'établissement des effets secondaires en relation avec chaque médicament
(Tableau 12). Les résultats ont montré que les effets secondaires peuvent être
aussi bénéfiques que néfastes pour les patients.
9
44

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004. Vol. 13, pp.35-48
-
~athologies
Effets secondaires
Observations
Diabète
bonne digestion, effet
diurétique,
ré~larise la libido
Estomac
bonne digestion, ouvre l'appétit
Impuissance sexuelle
Insomnies
ne pas boi re après 21 h
Règles douloureuses
troubles gynécologiques
traitement sous antibiotiques
Tableau 12 : effets secondaires des médicaments
Témoignages. Si en médecine occidentale, on n'a pas besoin de témoignage, il
est souvent nécessaire d'avoir parfois des témoignages lorsqu'il s'agit des
résultats obtenus en médecine non conventionnelle. Nous avons rassemblé dans
le Tableau 13, l'essentiel de quelques témoignages reçus, il y a 2 ans.
Noms et prénoms
Diabète
Estomac
Impuissance
Règles
sexuelle
douloureuses
F.Wat. cadre supérieur
Depuis ce traitement,
65 ans, Libreville
je ne suis plus sous
médication
O.EJ.
Ceci est un
Université de
traitement et
Libreville
non un
aphrodisiaque
N. Julien
ce
traitement me
Ministère Commerce
permet
d'être
en
LBV
forme
et de
lire
sans lunettes
S.N.N. Université de
ce médicament
1
Libreville
si bénéfique
j
n'a aucun effet
1
secondaire
Emane. FI. Elève de
Ce médicament
20 ans
m'a permis
Lycée de Franceville
d'avoir un
enfant
Athanase M. agent de
Je n'ai plus de
poste
ballonnements de
Libreville
ventre, ni de brûlures;
je mange bien et même
boire les alcools
Tableau 13 : Témoignages de quelques malades
~
Forces et faibJesses des médicaments (Tableau 14). Les médicaments
améliorés tels qu'ils sont présenté au public ont beaucoup de faiblesses et
beaucoup d'atouts.
Les faiblesses. ce sont des médicaments traditionnels qui sont faits à la main.
Les médicaments se présentent sous forme de bouteille de 100 cl.
45

Phann. Méd. Trad. Afr. 2004. VoU3, pp.35-48
Les atouts. Les médicaments sont efficaces. Les personnes qui en font recours
sont des malades ayant des diagnostics bien établis et qui ont été déçus par des
médicaments conventionnels. Les médicaments sont améliorés; ils ont des
durées de vie qui dépassent les durées traditionnelles; les dits médicaments
soulagent bon nombre de personnes pour ne pas dire guérir. Les malades du
diabète voient leur glycémie baisser considérablement pendant que d'autres se
soulagent avec des médicaments qui traitent les maux d'estomac, les règles
douloureuses, ou t'impuissance sexuelle. L'un des résultats spectaculaires de ces
derniers jours reste le cas d'un malade de diabète (L. Jean Baptiste,59 ans-
retraité de la police) qui est soigné au glycophage depuis 1998.
Ce dernier qui a l'habitude de tomber dans des coma diabétiques dès que sa
glycémie atteint 18-25 mmol/l (pendant 3 fois depuis 1998) est arrivé chez nous
depuis le 15 novembre 2004, date à laquelle, il a été mis sous traitement. Le
malade qui fait des examens tous les 7 jours est revenu nous voir avec un
résultat d'examen qui montrait qu'il avait 23.4 mmo1/1. Cet homme qui n'est pas
dans un coma, se porte bien et est étonné de se retrouver dans cet état. Ce cas
nous enseigne qu'il est probable que notre médicament qui a une action
hypoglycémiante empêche le malade à tomber dans un coma malgré des taux
élevés de glycémie. La présentation des médicaments est aussi un atout. Chaque
médicament est présenté sous forme de bouteille qui porte deux étiquettes:
- une première étiquette qui est la plus grande qui donne des informations sur le
médicament (nom du médicament, indications, composition, posologie, effets
secondaires et durée de vie) ;
- une deuxième étiquette qui donne le logo du Cabinet et l'adresse puis le
mode d'administration du médicament.
Pathologies
Forces
Faiblesses
Diabète
Baisse du taux de glycémie,
absence de coma diabétique,
forte énergie
-Estomac
Bonne
digestion,
absence Durée de conservation brève
d'insomnies,
arrêt
des
brûlures
1
Impuissance sexuelle
Traitement
Règles douloureuses
Nettoyage
des
trompes, Effets secondaires P'Oi~-=j
régulation des règles,
Tableau 14 : Forces et faiblesses des médicaments
46

Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004. Vol.13, pp.35-48
5. Conclusions.
Nos médicaments n'ont rien avoir avec les médicaments conventionnels, ils ne
sont ni les meilleurs , ni les derniers, ils sont tout simplement dans la
compétition car aujourd'hui, une frange de la population du Gabon est soignée
avec nos produits. Alors faut-il les ignorer totalement parce qu'ils sont
traditionnels ou faudrait-il les restaurer ou les améliorer davantage? Nous
pensons que le débat est ouvert car ces médicaments ont le droit d'exister parce
que bon nombre de personnes trouvent leur compte.
Nous pensons que dans le monde des médicaments, ce sont les malades eux-
mêmes qui sont les meilleurs médecins et non le contraire; dans notre cas, ce
sont les malades qui apprécient ce que nous faisons. Notre approche qui est
basée sur l'existant est pratiquée ainsi depuis des millénaires; ce qui veut dire
que nous ne réinventons pas la roue; ce que nous faisons, c'est de l'innovation
en améliorant les médicaments et en faisant le suivi permanent des malades.
Il est écrit que les travaux d'ethnobiologie, lorsqu'ils sont accomplis par des
personnes qui ont reçu une formation de botaniste, comprennent également un
survol assez large des rapports entre l'homme et la flore. Nous pensons que
notre réussite est due en partie à la nature de notre formation de botaniste et
dethnobotaniste qui rassurent bon nombre de malades et aussi à cause des
résultats obtenus chaque jour. C'est probablement, cette démarche scientifique
modeste qui nous a valu le prix des meilleurs médicaments traditionnels au
dernier salon d'invention et d'innovation de Libreville en Septembre dernier.
Nous ne constituons pas
un
frein
au développement des
médicaments
conventionnels vendus en pharmacie; nous
disons tout
simplement que
l'Afrique est malade et manque de médicaments; par rapport à cela, il existe
une réalité: c'est très long de fabriquer un médicament: 10 à 15 ans; d'après
Gentilini (In Doumenge, 1982). Aujourd'hui, nous pensons que nos pays
respectifs ont besoin aussi des solutions alternatives pour pallier à la situation
présente; pendant que des études phytochimiques et pharmacologiques sont en
cours.
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Pharm. Méd. Trad. Afr. 2004. Vol.13, pp.35-48
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