Pharm. Méd. Trad. A/i'. 2001, VoU 1, pp.69-76
CONTRIBUTION A L'ETUDE ANTHROPOLOGIQUE
DE LA PHARMACOPEE ET MEDECINE TRADITIONNELLES
CENTRAFRICAINES
Maurice DEBALLE
Anthropologie Sociale et Culturelle
Université de Bangui, RCA
INTRODUCTION
Nous avons que l'homme ou Homo Sapiens est l'agent de développement.
Il ne peut produire que lorsqu'il jouit d'une meilleure santé. L'OMS ne dit-elle
pas que "la santé est un état de complet bien être physique, mental et social et
ne consiste pas seulement en l'absence de maladie et d'infirmité" ?
De nombreuses maladies d'origines di verses frappent et plus en plus les
pays africains et malgaches. Pire est le sida qui est une véritable hécatombe
du siècle.
Devant ces fléaux, la médecine moderne et la médecine traditionnelle sont
à la recherche des voies et moyens pour éradiquer ces maladies endémiques.
En raison des coûts prohibitifs des produits pharmaceutiques et des soins
médicaux, c'est à la pharmacopée et médecine traditionnelles que les populations
recourent pour faire traiter.
Pharmacopée, médecine, magie et religion sont intimement liées. On ne
peut parler de l'une sans parler des autres.
1 - BIODIVERSITE
La flore et la faune centrafricaines sont riches et variées. Toutes ces
richesses existent sur toute l'étendue du territoire. C'est dans ces importantes
réserves que les tradipraticiens puisent les différentes ressources naturelles qui
entrent dans la pharmacopée et médecine traditionnelles centrafricaines.
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Plusieurs études ont été effectuées sur la flore centrafricaine par de
nombreux chercheurs, notamment le Père Charles Tisserant, A.M. Vergiat,
Auguste Chevalier, le Père Daigre et le Père Dufour.
Je ne prétends pas avoir une meilleure connaissance de la flore
centrafricaine, mais apporter ma modeste contribution aux travaux réalisés par
les spécialistes en la matière.
L'expérience a montré que les substances naturelles sont les plus adaptées
au corps de l'homme. Les principes actifs contenus dans les plantes
médicinales sont plus ou moins forts selon qu'il s'agit des plantes "mâles" et
des plantes "femelles".
Les recherches que j'ai effectuées sur le terrain ont révélé que la majorité
des plantes médicinales utilisées par les tradithérapeutes sont "femelles" en
raison de leur dynamisme actif. Les plantes mâles présentent peu d'intérêt et
certaines sont réputées dangereuses. Le tradipraticien ou "nganga" les utilise
pour éliminer les personnes indésirables. C'est le cas du sida rhumbifolia ou
"amilami'" en banda; les feuilles "mâles" frottées sur la poitrine d'un malade
provoquent l'amaigrissement puis la mort.
Certaines plantes médicinales épousent la forme des animaux. C'est le cas
de la plante "aza-yaburu" (banda), "balidoua" (mandja)? qui guérit la piqûre
du scorpion. D'autres épousent la forme du cœur. Leurs feuilles qui soignent
les maladies du cœur sont cordiformes. C'est le cas de "sumamu-yeda" ou
oewu-ngaterd'" utilisé contre l'hypertension. Il y a lieu de signaler les cas de
similarité. Le terculia africana "efe (banda", "zilo" (baya), "fusa" (lissongo) 4,
porte des gros fruits sur le tronc. Ces fruits très lourds tombent avant la
maturité complète. La femme enceinte qui consomme les graines avorte avant
l'accouchement à terme.
Le tradipraticien possède une grande connaissance des plantes qu'il récolte
dans les forêts, les galeries forestières et la savane. Il sait discerner les bonnes
1 Famille des malvacées
2 Famille des légumineuses
] Famille des convolvulacées
4 Famille des moracées
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et les mauvauses plantes. Ces connaissances apprises auprès des anciens sont
transmises de génération en génération par la voie de l'oralité.
La récolte des plantes médicinales et magiques est accompagnée des rites.
En effet, le rite actualise le mythe qui se rapporte à des événements passés.
Les plantes magiques entrent dans le domaine de la démonologie. En effet,
chaque esprit a une prédilection pour telle ou telle espèce végétale qu'il hante.
C'est le cas du grand esprit "Ngakola" (banda), "Ngafou" (baya en mandja) et
de l'Esprit des eaux "Badagi".
Les plantes magiques attachées aux esprits sont les causes de différentes
maladies envoyées à l'homme.
La magie assujettit l'homme à la volonté des forces invisibles. Elle a des
effets malfaisants.
L'astrologie occupe une certaine place dans la magie et la récolte des
plantes magiques obéit à certaines observances. Elle s'effectue à certaines
périodes de la lune : nouvelle lune, pleine lune, etc. les vaccinations pratiquées
pendant la montée de la lune sont plus efficaces que celles de la période
descendante.
Les récoltes de certaines plantes magiques sont mystérieuses, notamment
celle des lorenthus de l'oxytenanthera abyssinica "ngala'" et du tréma guineensis
"mbriya" ou "briya" (banda)",
Dans le cas de lorenthus de l'oxytenanthera abyssinica, le récolteur se sert
d'un chien et d'une corde. L'une des extrémités de la corde est attachée au
lorenthus et l'autre au chien. L'individu caché plus loin appelle le chien qui,
dans sa course, casse la plante parasite. L'animal meurt aussitôt après cette
récolte mystérieuse.
Le morceau de lorenthus de cette plante sert à nuire aux autres. Il suffit de
le briser en prononçant le nom d'un individu pour que la mort s'ensuive.
Pour la récolte de lorenthus du tréma guineensis; on se sert d'un bâton
crochu en prenant toutes les précautions.
5 Famille des graminées, sous-famille des barnbusées
6 Famille des ulmacées
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Un morceau de cette plante parasite déposé sur le toit d'une mmson
provoque la folie du propriétaire. Cette folie appelée "nakatakpé" chasse
l'individu qui disparaît définitivement dans la nature.
Les branches de cette plante taillée en sifflets servent à nuire aux personnes
indésirables.
Les plantes jouent un rôle important dans la santé de l'homme. Leur
destruction par les feux de brousse et les déboisements conduit à plus ou
moins brève échéance à la destruction de la biodiversité.
Dans la société traditionnelle, l'exploitation rationnelle des ressources
naturelles assurait une meilleure conservation de la diversité biologique.
Grâce à leur longue expérience de la nature, les populations pratiquaient les
cultures en respectant la formation du faciès forestier.
Les feux de brousse qui font partie de la vie sociale étaient organisés. La
brousse était divisée en grands blocs appelés "feux". Ces "feux" jouissant d'un
droit de propriété individuelle ou collective étaient délimités pendant la lune
"tradire" ou septembre, ce qui limitait les dégâts.
La faune était riche et variée. On y trouvait une multitude d'animaux.
La chasse et la pêche étaient réglementées par des droits coutumiers. Elles
étaient fermées à certaines époques de l'année pour permettre aux espèces de
se multiplier.
L'équilibre entre l'homme et la nature était assuré et il ne se posait pas de
problème de changement climatique.
La flore et la faune centrafricaines sont aujourd'hui menacées. Les feux de
brousse annuels, le défrichement intégral des sols, l'abattage abusif des
meilleures essences par les sociétés forestières en sont les principaux facteurs.
Le sol dénudé est exposé à l'action des agents atmosphériques. De nombreuses
plantes utiles à l'homme disparaissent, laissant ainsi la place au chromosolina
(herbe du Laos).
La forêt est le poumon de la planète. Elle joue un rôle important dans le
cycle du carbone. En effet, une forte concentration du gaz carbonique (C02)
dans l'atmosphère provoque le réchauffement du milieu et par voie de
conséquence le changement du climat.
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L'introduction et la multiplication d'armes de chasse, des engins de pêche
et des produits chimiques (endrine) sont à la base de la destruction de la faune
centrafricaine.
Des mesures de protection par le Ministère de l'Environnement, des Eaux,
Forêts, Chasses et Pêches s'avèrent urgentes pour préserver la biodiversité
centrafricaine.
Le règne végétal et animal joue un grand rôle dans la santé de l'homme.
C'est à partir des plantes et des animaux que sont tirées les substances
utilisées dans les traitements des maladies opportunistes et la pandémie du
sida.
II - LES SUBSTANCES NATURELLES ET LEUR UTILISATION
Les substances naturelles sont les plus adaptées au corps de l'homme. Elles
sont classées en trois catégories : les substances d'origine végétale, les
substances d'origine animale et les substances d'origine minérale.
J'ai identifié un certain nombre de plantes médicinales et d'animaux ayant
fait plus ou moins leurs preuves dans les traitements des maladies opportunistes et
la recherche du sida.
Voici à titre d'exemples quelques noms de ces plantes et leur utilisation:
• Acanthus montana "tcherna-kono" (banda), "tengala" (baya), "tenga"
(mandja) utilisé contre la folie, les maux de ventre, la rougeole et le traitement
de la fontanelle.
• Albizzia zygia "opo" (banda) utilisé contre l'otite.
• Anogeissus "ésé" (banda), "tala" (baya), "tara" (mandja) utilisé en
association avec d'autres plantes et substances animales contre le Sida. Cette
plante est également employée contre la syphilis, le sinusite et l'hernie.
• Butyrospermum "balawa" (banda), "kon" (baya) utilisé contre l'amibe.
• Ceiba pentadra "kopu" (banda)"gila" (baya et mandja) utilisé contre le
diabète et l'angine.
• Cythula perdicellata "dambalakada" (banda), "tendelé" (baya), "tendala"
(mandja) utilisé contre la morsure du serpent et les accouchements difficiles.
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.Dichrostachys glomerata "isi" (banda) employé contre les maladies du
thorax.
• Gossypium africanum (coton),"tendé" (banda) utilisé contre la fièvre et
l'ictère.
• Lophira alata "kaya" (banda) employé contre le ténia et les diarrhées
sanguinolentes.
• "Sumamu-yeda" (banda) utilisé contre l'hypertension et les maladies
cardio-vasculaires.
• Phialodocus unijugatus "dembekané" (banda) utilisé contre le gastrite et
les di arrhées infantiles .
• Vitex longipetiolata "alya" (banda), "bili" (baya) employé contre la lèpre
et le pansement des blessures.
III - LA MEDECINE TRADITIONNELLE
La médecine traditionnelle est pratiquée par le tradipraticien. C'est un
personnage ambivalent. Il est à la fois guérisseur et magicien.
Le tradipraticien ou "nganga" se distingue par ses insignes. Il porte au cou,
aux poignets et à la ceinture des nœuds et torrons de corde. Dans son jardin
sont cultivées de nombreuses plantes médicinales et magiques: dioscorea
quadrangulus "dkdrd", euphorbia hermentiana "songo", clorophytum "linge",
plantes purificati ves "gbongo", etc. Dans sa case se trouvent d'innombrables
instruments de travail: lorenthus "miya" ,sifflets magiques, cornes d'animaux
à poudres magiques, plantes médicinales séchées, sac en peau de renard ou de
genette contenant divers objets divinatoires, huile sacrée, poudre de bois
rouge ou pterocarpus milbraedi, etc.
Dès l'apparition de la nouvelle lune, le "nganga" se complique en se
vaccinant, en absorbant certains produits liquides ou en prisant certaines
poudres magiques, l'une des sources de son pouvoir surnaturel. Il doit
s'abstenir de toute salutation pendant un à deux jours pour permettre aux
produits de faire leurs effets. Toute violation entraînerait l'inefficacité de son
.
.
pouvoir magique.
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Le métier de tradipraticien était enseigné dans les camps d'initiation par les
anciens qui sont les détenteurs du savoir traditionnel.
C'était dans les sociétés secrètes fermées comme le "semale", le "labi" et le
"yondo" que les futurs tradipraticiens recevaient leur formation.
Le "semale", le "labi" et le "yondo" sont des sociétés à classes. Les initiés
sont répartis en classes qui tiennent compte des degrés de la connaissance. Les
anciens reçoivent une formation complète de longue durée. C'est eux qui sont
les dépositaires des secrets et des charmes les plus puissants.
Les connaissances acquises par le tradipraticien sont transmises de
générationen génération par la voie de l'oralité. Cette transmission n'est pas
automatique. Il s'opère une certaine sélection parmi les descendants et les
collatéraux. C'est cet ésotérisme qui a tué la pharmacopée et la médecine
traditionnelles africaines en général et centrafricaines en particulier.
Le pourvoir surnaturel du tradipraticien est fondé sur la peur qu'il inspire.
Il soigne les malades et désigne les responsables des événements dans le
village ou le quartier.
Le tradipraticien a une méthode de travail qui lui est propre. Il recourt à
l'oracle pour déterminer les causes de certaines maladies.
Après le diagnostic, le tradipraticien administre les traitements. Selon le
type de maladie déterminée, il pratique la décoction, la macération, la
fumigation, la scarification, la friction, etc.
Les méthodes de préparation et d'utilisation des plantes médicinales et des
substances animales et minérales varient d'un guérisseur à l'autre. Elles sont
entourées des rites et des prières formulées par le tradipraticien. Les
opérations se déroulent le plus souvent aux deux crépuscules. Ces deux
périodes de la journée sont choisies en fonction de leur efficacité dans les
traitements de maladies.
Le tradipraticien recourt aux pratiques magiques lorsque les médicaments
utilisés ne font pas leurs effets.
Les modes de préparation et d'utilisation des substances végétales, animales et
mi nérales demandent une attention particulière de la part du tradi praticien.
Une substance efficace mais mal préparée ou utilisée à forte dose peut
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Pharm. Méd.Trad. Afr. 2001, VoU1, pp.69-76
provoquer des accidents graves. De même une substance efficace bien
préparée et utilisée à faible dose ne peut combattre la maladie.
La médecine traditionnelle et la médecine moderne sont complémentaires.
C'est à la médecine traditionnelle que les malades recourent pour soigner certaines
maladies inguérissables par la médecine moderne. Inversement, certaines
maladies inconnues ou réputées très dangereuses ne peuvent être décelées et
traitées que par la médecine moderne qui dispose des moyens appropriés.
L'Etat centrafricain soucieux de la situation a inscrit la médecine traditionnelle
dans sa politique de santé. En effet, l'ordonnance N° 85.025 du 16 Août 1986
porte la reconnaissance de la pratique de la médecine et de la pharmacopée
traditionnelles.
Les tradipraticiens et les médecins modernes sont désormais appelés à
collaborer ensemble pour échanger leurs connaissances et leurs expériences.
Des nouvelles maladies du 21e Siècle commencent à apparaître sur notre
continent. C'est le cas du nera-paludisme, de l'ébola et bien d'autres. La médecine
moderne et traditionnelle doivent s'armer contre ces fléaux. Cela suppose une
actualisation des connaissances des pratiquants sous peine d'être frappés
d'obsolescence.
CONCLUSION
En conclusion, je dirai que la médecine traditionnelle n'est pas statique.
Elle évolue au contact de la médecine moderne. Cette évolution a par voie de
conséquence touché les tradipraticiens qui sont les dépositaires du savoir
traditionnel.
Le savoir traditionnel doit s'alimenter à la base auprès des anciens. Mais la
question qui se pose est de savoir si ces détenteurs des connaissances sont
prêts à transmettre leurs connaissances aux jeunes générations.
La tradition est vivace et inspire le présent et le futur. La République
Centrafricaine doit assurer la pérennité de son savoir au sein de la médecine
moderne. Elle doit sauvegarder et transmettre ce patrimoine aux jeunes
générations.
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Pharm. Méd. Trad. Aii 2001, VoU1, pp. 77-81
A UNE RECETTE ANIELIOREE
DE LA PHARMACOPEE TRADITIONNELLE
Bernard NDONAZI, Centre Donaval, RCA
INTRODUCTION
L'écosystème de Centrafrique offre un avantage écologique naturel et non
encore exploité à grande échelle.
Ainsi les plantes médicinales découlant de notre pharmacopée telle que le
Lippia nargus ou CAM-BE-Hill duquel sont extraites l'huile essentielle et
l'eau végétale, deviennent un sujet d'actualité. Ces deux éléments rentrent
dans les composantes des produits pharmaceutiques pour la santé humaine
mais, plus encore, dans la lutte anti-larvaire et l'agriculture.
HISTORIQUE
Jusqu'à maintenant, le Lippia nargus est sous exploité. Son usage, quoique
important dans le pays, reste traditionnel sous forme de tisane et sans
possibilités de conservation et de commercialisation. Elle est assez limitée.
En Centrafrique, les feuilles sont utilisées en infusion contre la toux, en
fumigation le soir dans les habitations pour chasser les moustiques, aussi dans
le Nord du pays, cette plante est utilisée pour la lessive et la cuisine.
Le Lippia nargus se trouve sous le nom de :
- Cam-Be-Hill en Kaba, ce qui signifie: feuille pour moustique;
- Goye-vava en Taly : feuille pour moustique;
- Goye in woro ou goye ndang woro en Karré : feuille pour chasser et tuer
les moustiques;
- Gouhin en Souma ou Mandja, qui signifie senteur ou essence; une
substance subtile non visible et volatile;
- Foun-katcha en Banda, qui signifie également senteur, mais aussi appelée
Gbakaragba dans cette même langue.
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Pharm. Méd. Trad. Afr. 2001, VoU1, pp. 77-81
Travaux antérieurs
Les huiles essentielles du genre Lippia ont fait l'objet de nombreux travaux
et de façon générale, les différentes espèces de Lippia ont une composition
chimique très variée.
Quatre espèces sont répertoriées dans la littérature. Il s'agit de : Lippia
nargus, Lippia Rugosa, Lippia Chevalieri et Lippia Savoryi.
Selon les travaux, on peut classer les Lippia en quatre types d'après leur
composition chimique:
- le type 1 à mono terpènes acycliques, regroupe les Lippia à Linalol ou
Acétate de linalyle ;
- le type 2 à composés cycliques aromatiques, regroupe celles à para
cynène + thymol + son acétate;
- le type 3 a composés cycliques aromatiques, regroupe celles à carvone +
limonène;
- le type 4 à sesquiterpènes, regroupe celles à caryophyllène et celles à
cubébène.
Aperçu scientifique de la plante
I. Etude botanique
Le Lippia est une plante très répandue en Afrique Centrale ainsi qu'au
Ghana, Niger et Sénégal. Elle pousse en bordure des forêts, dans les savanes
et les marais.
La plante est un arbrisseau dressé atteignant jusqu'à 2,5 m de hauteur. Les
feuilles sont verticillées 3 ou 4, pubescentes et odorantes.
Les fleurs sont de couleur blanche, l'inflorescence est en épis terminal et
disposé à l'extrémité d'un long pédoncule.
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Pharm. Méd.Trad. Aji 2001, vu.n. pp. 77-81
II. ETUDE CHIMIQUE DE LIPPIA NARGUS DE CENTRAFRIQUE
A.
Extraction de l'huile essentielle par hydrodistillation
Les feuilles de Lippia nargus ont été récoltées à 92 km de Bangui au village
Vangué sur la route de Sibut. Elles ont été séchées à l'air, puis broyées et distillées,
L'huile essentielle est récupérée après 4 heures de distillation et séchée sur
du sulfate de sodium anhydre et conservé au froid après une pesée,
Le rendement de l'extraction est ensuite calculé. Dans notre cas, il est de
l'ordre de 0,75 %. La littérature donne des rendements d'extraction de l'ordre
de 0,2 à 1,3 % pour les feuilles de Lippia.
B. Composition chimique
On effectue un examen en Chromatographie sur Couche Mince (C.C.M.)
de l'huile essentielle.
Le support utilisé est le Kieselgel GF 254. Le solvant développant est le
mélange Hexane-Acétate d'éthyle (96-4 v/v). La révélation est faite par
pulvérisation de la vanilline sulfurique suivi d'un chauffage à l'étuve à llO°C
pendant dix minutes.
Certains des composants ont pu être identifiés par comparaison à des
témoins (pinène-alpha, limonène, Iinanol, myrcène).
Les résultats sont donnés dans le tableau suivant:
Composés
Pourcentages
Pinène-alpha
.
2,89 %
Myrcène
.
25,17 %
Sabinène
..
9,33 %
Terpinène
.
2,53 %
Linalol
.
1,77 %
Caryophyllène béta
.
15,35 %
Oxyde de caryophyllène
..
1,28 %
Tagénone-cis
.
10,86 %
Para-Cymène
.
5,38 %
Non identifiés
.
6,20 %
79

Pharm. Méd.Trad. Afr. 2001, Vol.JJ, pp. 77-81
CONCLUSION
L'huile essentielle de Lippia nargus contient 70% de monoterpènes avec en
majorité des monoterpènes hydrocarbonés, parmi lesquels le myrcène est
prépondérant à 25,17 %.
Les monoterpènes oxygénés constituent 20% de cette fraction et on y note
la présence des tagénones à 10,86%.
Le caryophyllène 15,35% et ses oxydes 1,28% constituent l'essentiel des
sesquiterpènes qui représentent environ 22% de l'huile de Lippia adoensis.
Il ressort de cette analyse que notre huile à une teneur relativement élevée
en myrcène et tagénone, qu'elle a une faible teneur en produits aromatiques,
que caryophyllène est le sesquiterpène majoritaire et que l'on y trouve pas le
myrcène 6 et 7 époxydes.
On peut conclure donc que cette huile se rattache au type 1 du genre Lippia
caractérisé par une teneur élevée en myrcène et tagénone, et une faible teneur
en produits aromatiques.
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Pharm. Méd.Trad. Ali" 2001, Vol.ll, pp. 77-81
REFERENCES BIBLIOGRAPHIOUES
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Emploi médical par les indigènes de quelques plantes de l'Oubangui-Chari
(1936-1937), VERGIAT A.M.
-
Inventaire des plantes médicinales du Père TISSERANT P. Ch (1950)
-
Flore de l'Oubangui-Chari de KERHARO (1967)
-
Domestication des produits forestiers non ligneux du projet ECOFAC/RCA,
1967.
-
Flore Centrafricaine de R. BRADSHAW et YOUKOUYEMA avec l'USAID
(1984)
-
Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques en République
Populaire du Bénin, ACCT 1989
-
Plantes médicinales et pharmacopée traditionnelle dans la région de Bouar
de B. NDONAZI, Franck Valentin et B. LACAZE 1991.
-
Dossier de phytothérapie Université de Montpellier P. Pellecuer 1993.