Pharm. Méd. Trad. Afr. 1997, Vol. 9, pp. 56-59.
ESSAI DE TRAITEMENT DE PITYRIASIS VERSICOLOR
PAR LES PLANTES MEDICINALES DU BURUNDI
M.-J.
BIDENDAKO
et
M. KA YUGI
CRUPHAME, Université du Burundi B.P. 2700, BURUNDI.
1. Introduction
Le Pityriasis versicolor est une maladie de la peau causée par un champignon appelé
Microsporon furfur. Cette maladie est due à l'altération fonctionnelle de la mélanogénèse.
Elle se présente sous forme de macules pigmentées ou non. La localisation intéresse
surtout le tronc, le cou et parfois le visage. Cette maladie atteint rarement les parties
inférieures du corps. La contamination interhumaine existe et les récidives sont ~réquentes.
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Cette maladie est rencontrée dans plusieurs régions de notre pays, mais elle est
prédominante dans la région de l'Imbo.
Les produits chimiques utilisés pour le traitement de cette maladie étant importés, coûtent
cher et deviennent difficilement ou pas du tout accessibles à la population paysanne et aux
personnes non couvertes par l'assurance maladie.
Or, parmi les plantes utilisées en médecine traditionnelle du Burundi, certaines ont la
réputation d'être efficaces, cela nous a poussé à expérimenter quelques espèces utilisées
dans le traitement du Pityriasis versicolor.
2. Plantes utilisées dans le traitement de Pityriasis versicolor
Selon le recensement des consultations dermatologiques de 1982 à 1985, à l'hôpital Prince
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Régent Charles, les maladies cutanées représentent à elles seules 24,6% du total des
consultations en pathologies humaines (NDAYISABA V., 1987). En médecine
traditionnelle burundaise, les remèdes pour les maladies de la peau représentent 10% des
recettes des tradithérapeutes.
Parmi ces plantes figurent aussi les espèces utilisées dans le traitement de Pityriasis
versicolor, nous avons repris ici les espèces les plus utilisées. Il s'agit de :
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- Acanthus pubescens ;
- Ageratum conyzoïdes ;
- Bidens pi/osa ;
- Brassica juncea ;
- Carica papaya ;
- Cassia didymobotrya ;
- Erlangea globosa ;

- Guizotia scabra ;
- Pentas longiflora ;
- Senecio maranguensis ;
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Sporo~permum febrifugun
- Virectaria major;
- Pentas longiflora, cette dernière étant la plus citée.
Parmi ces espèces, les guérisseurs et les malades traités nous ont assurée de l'efficacité de
Brassica juncea, Cassia didymobotrya et Dioscorea a/a ta.
Nous avons voulu vérifier cette efficacité en suivant les personnes atteintes de Pityriasis
versicolor, traitées par Cassia didymolJotrya et Dioscorea a/ata.
Essais cliniques de l'activité antimycosique
La technique de culture in vitro qui aurait permis plusieurs tests n'a pas été possible car
il a été difficile de prélever le Microsporon furfur, l'agent causal de la maladie en
question. Comme les squames sont des cellules mortes, il aura fallu en conséquence
arracher la peau, procédure qui s'est avérée inapplicable suite à l'absence de cette méthode
dans nos laboratoires.
De ce faire, nous avons été contraint à suivre l'application locale du médicament sur les
personnes malades chez un guérisseur traditionnel.
Méthode
Les feuilles de Cassia didymobotrya triturées ont été appliquées sur la pOItrIne de la
personne atteinte de Pityriasis versicolor tandis que cene de Dioscorea alata ont été
appliquées sur le dos de la même personne et cela deux fois par jour jusqu'à la disparition
des tâches.
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Le choix d'appliquer les deux plantes sur une même personne et non par une même plante
sur plusieurs personnes a été dicté par l'insuffisance du matériel végétal étant données les
grandes distances à parcourir pour récolter ces plantes pendant cette période d'insécurité
qui régnait dans le pays.
Résultats
Les tâches commençaient à disparaître après quatre jours de traitement avec Cassia
didymobotrya et après six jours avec Dioscorea alata.
Comme la malade était
sérieusement atteinte, le traitement a été prolongé jusqu'à deux semaines et les tâches
avaient complètement disparu.
Conclusion
Ces deux espèces de Cassia didymobotrya et de Dioscorea uluta semblent avoir une
certaine efficacité dans le traitement de Pityriasis versicolor. Il faudrait cependant
multiplier les essais cliniques et faire des études plus approfondies aux points de vue
chimique, pharmacologique et toxicologique avant de proposer leur utilisation, avec une
bonne présentation galénique.
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BIBLIOGRAPHIE
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