Pharm. Méd. Trad. Afr. 1997, Vol. 9, pp. 17-23.
ETUDE ANTIBACTÉRIENNE IN VITRO D'EXTRAITS
ALCALOÏDIQUES DE Holarrhena
floribunda,
VIS-À-VIS
DE Escherichia
coli ENTEROPATHOGÈNE,
SÉROTYPE 0127.
KABORE Z.I.,
MILLOGO K. H.
Institut de Recherche sur les Substances
Naturelles du eN.R.S.T.
03 BP 7192 Ouagadougou 03 - Burkina Faso
RESUME
Dans le cadre de cette étude, il est mis en évidence une activité antibactérienne
des extraits alcaloïdiques de Holarrhena floribunda vis-à-vis
d'Escherichia coli 0127>
sérotype entéropathogène du nourrisson, fréquemment rencontré dans les services
hospitaliers au Burkina Faso (DABIRE, 1990). Une étude comparative de l'activité
antimicrobienne a été faite à partir d'extraits d'échantillons récoltés sur trois sites de
cultures expérimentales de plantes médicinales au Burkina Faso.
La teneur en conessine des différents extraits alcaloïdiques a été évaluée. Les
activités inhibitrices et bactéricides des échantillons ont été déterminées à travers les
concentrations minimales inhibitrices et bactéricides (C.M.!. et C.M.B.)
Mots clés : Holarrhena floribunda - Plante médicinale - Pharmacopée traditionnelle -
Activité antibactérienne - Gastro-entérites - Alcaloïdes.
SUMMARY
In the framework of this research, an antimicrobial actIvlty of alkaloïd extracts of
Holarrhena floribunda in relation to Escherichia coli 0
BK' was shown E. coli is an
127
infant enteropathogen serotype generally met in hospital localities in Burkina Faso.
A comparative study of the different alkaloïd extracts was determined. Inhibiting and
bactericid activities were evaluated through Minimum Inhibiting Concentration (MIC) and
Minimum Bactericid Concentration (MBC).
- 17-

-
Key-words
Holarrhena floribunda - Medicinale Plant - Traditional Phannacopoeia
- Antibacterial activity -Gastro-enteritis - Alkaloïds.
1. INTRODUCTION
Au cours d'une investigation microbiologique élargie à des Gram négatif et Gram
positif dans le domaine de la recherche de nouveaux agents thérapeutiques d'origine
végétale, il est apparu indiqué d'entreprendre l'étude approfondie de Holarrhena floribuna.
Ce travail fait suite aux résultats dignes d'intérêt obtenus par MILLOGO-KONE, 1992 et
SOURABIE,1993.
En médecine traditionnelle de l'Afrique de l'Ouest les écorces de racines et de
tiges de Holarrhena floribunda
sont
prisées dans
le
traitement des
maladies
dysentériformes, parasitaires (Kherharo, 1973).
Les études chimiques antérieures effectuées sur Holarrhena floribunda, notamment
par GOUTAREL et collaborateurs (1964), ont montré la richesse des écorces de la plante
en principes chimiques alcaloïdiques actifs (Goutarel, cité par Kheraro, 1973).
Holarrhena floribunda étant recommandée dans la tradithérapeutique des diarrhées
dysentériformes au sens général du terme, l'activité antibactérienne des extraits
alcaloïdiques, quasi-négligée jusqu'ici est évaluée.
Un essai comparatif d'efficacité a été réalisé dans le cadre de la présente étude,
entre des échantillons végétaux en provenance de stations expérimentales de culture.
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Matériel
a) Le support biologique : il est constitué d'Escherichia coli 0127,
bactérie
entéropathogène prélevée et identifiée à partir des selles d'un nourrisson au Centre Médical
Saint-Camilles de Ouagadougou.
b) Le matériel végétal examiné est constitué d'écorces de tiges de Holarrhena floribuna;
écorces prélevées sur trois stations expérimentales de cultures de plantes médicinales au
Burkina Faso: zone Ouest (Farako-BâlBobo), zone Centre (Gampèla/Ouaga) et Parc
botanique - CNRST/Ouaga).
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c) Les extraits végétaux sont constitués d'alcaloïdes totaux sous forme de chlorhydrates
hydrosolubles.
d) Les milieux de cultures sont constitués de Trypcase soy agar (gélose) et de Polytone
(bouillon).
2.2. Méthodes
, (~ ..
a) Obtention des alcaloïdes totaux
100 g de poudre fine d'écorces de tiges sont alcalinisés avec 100 ml d'ammoniaque
12,5%. On laisse sécher à l'air libre durant 12 heures. Les bases libérées sont extraites par
macération à l'aide de chloroforme (1 litre) avec agitation magnétique durant 15 heures.
Après filtration, le marc est réextrait avec 500 ml de chloroforme par agitation pendant
30 rnn. Cette dernière opération est répétée jusqu'au test de Mayer négatif indiquant
l'épuisement de la drogue en alcaloïdes totaux. Les filtrats réunis sont séchés sur du sulfate
de sodium anhydre puis concentrés au 1/3 du volume, sous pression réduite à l'aide d'un
évaporateur rotatif.
b) Purification des alcaloïdes totaux
La solution chloroformique obtenue en a) est épuisée par traitements successifs
par de petites quantités d'une solution aqueuse sulfurique à 5%. Les sulfates d'alcaloïdes
hydrosolubles obtenus sont déplacés sous forme de bases en milieu fortement alcalin à
l'aide d'ammoniaque 25% et en présence de chlorure de méthylène jusqu'à test de Mayer
négatif.
Les solutions organiques réunies sont lavées à l'eau jusqu'à neutralité, séchées sur
du sulfate de sodium anhydre, filtrées et évaporées à sec sous pression réduite. Le résidu
pesé à poids constant constitue le totum alcaloïdique.
c) Préparation des chlorhydrates d'alcaloïdes
Le totum alcaloïdique en b) est dissous dans un minimum d'acétone. Par barbotage
de gaz chlorhydrique dans la solution, il se forme un précipité blanc-laiteux
de
chlorhydrates d'alcaloïdes. L'opération est terminée quand le pH du milieu est franchement
acide. Le précipité est filtré puis rincé à l'acétone jusqu'à neutralité. Les chlorhydrates sont
conservés sous dessiccateur à l'abri d'humidité avant leur emploi.
l'
- 19-
1

d) Dosage de la conessine par spectrophotodensimétrie sur couche mince de silice:
La teneur en conessine des différents échantillons végétaux est déterminée par
dosage spectrophotodensimétrique sur couche mince à l'aide d'une courbe étalon de
conessine.
Les échantillons de chlorhydrates d'alcaloïdes totaux des différents échantillons
sont dissous dans l'eau distillée à la concentration de 5 mg/ml. Les échantillons sont
déposés sur plaque TLC (1 microlitre) ainsi que les solutions étalons (1 microlitre). La
plaque est séchée en atmosphère ambiante et plongée dans la cuve à chromatographie
contenant le solvant de migration composé d'acétate d'éthyle, d'hexane, de diéthylamine
dans les proportions 74-24-6.
Après migration, la plaque est séchée à l'étuve à 105°C pendant 2 heures. La
révélation des spots se fait au Dragendorff. La densité des spots est mesurée au
spectrophotodensimètre Schimadzu CS 930 Hight Speed TLC Scanner.
e) Détermination des Concentrations Minimales Inhibitrices (CMI) et des
Concentrations Minimales Bactéricides (CMB)
Après 3 repiquages successifs de 24 heures de la souche E. coli 0
sur milieu gélosé
127
(TSA), une suspension bactérienne est mise en route pour 18 heures au bout desquelles
on détermine sa densité. 50 mel de cette suspension sont mis en contact avec (iifférentes
concentrations de l'extrait à tester.
La CMI est déterminée par la plus petite concentration ne permettant pas de pousse visible
à l'oeil nu. Pour déterminer la CMB, un prélèvement est effectué dans tous les tubes ne
présentant par de pousse visible, ensemencé en gélose profonde et mis en incubation à
3rC pendant 18 heures. La CMB est déterminée par la plus petite concentration qui tue
99,99% de la population bactérienne.
3. RESULTATS
Les extraits totaux obtenus des échantillons en provenance des stations expérimentales de
culture ont été dosés quant à leurs teneurs en principes alcaloïdiques ; ces résultats sont
consignés dans les tableaux 1 et 3.
Le tableau 2 représente les valeurs de référence, en terme de concentration de conessine
(courbe étalon).
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Tableau 1 : Teneur en alcaloïdes totaux des échantillons H. jloribunda en provenance des
stations expérimentales de culture.
Prise d'essai
Diam. des
Poids
Teneur
Station de culture:
rameaux
d'alcaloïdes
d'alc. (%)
en g
en cm
totaux en g
Gampèla
250
5<x<7
1,28
0,51
100
7<x<l)
1,04
1,04
Farako-Bâ
250
5<x<7
6,51
2,60
100
7<x<l)
2,86
2,86
CNRST/Parc
250
5<x<7
2,40
0,%
100
7<x<9
0,99
0,99
Tableau 2 : Valeurs de référence en terme de concentration en conessine (courhe étalon)
Prise d'essai de conessine en mg/ml
Concentration en conessine en unité
arbitraire
0,40
9.972,65 ± 787,15
0,60
15.496,29 ± 1.581,08
0,80
17.072,10 ± 971,66
- 21 -
r
!1t

Tableau 3 : Teneur en conessine des échantillons en provenance des stations de culture
Station de
Alcaloïdes
Concentration
Conessine
Teneur en
culture de :
totaux en
en conessine en
en mg/ml
conessine en
mg/ml
unité arbitraire
%
Farako-Bâ
2
15.732,05
0,34
17,25 ± 0,2
CNRST
2
27.360,81
0,66
33,5 :t 0,30
Gampèla
5
9.138,270
0,16
3,28 ± 0,35
Tableau 4
Concentrations Minimales Inhibitrices et Concentrations Minimales
Bactéricides des extraits alcaloïdiques des échantillons de culture.
Stations de
Teneur en conessine
C.M.!.
C.M.B.
culture de :
en mg/ml
en mg/ml
en %
Farako-Bâ
17,25
J,25
1,25
CNRST
33,5
J ,25
1,25
Gampèla
3,28
0,625
0,625
CONCLUSION
Les alcaloïdes totaux des échantillons du CNRST et de Farako-Bâ présentent les
mêmes profils inhibiteurs et bactéricides vis-à-vis
de E. coli 0
(CMI = CMB = 1,25
127
mg/ml), ceci malgré une différence significative du point de vue de la teneur en conessine
(33,5 % et 17,25 %).
L'échantillon végétal de Gampèla, le plus pauvre en conessine s'avère cependant
plus efficace vis-à-vis de E. coli (CMI = CMB = 0,625 mg/ml). Cette différence d'activité
laisse présumer que la conessine ne pourrait être considérée comme le seul élément
déterminant dans l'activité antibactérienne de l'extrait étudié. Issus de rameaux de même
origine et transférés sur des sites de cultures différents, les pieds de H. floribuna des trois
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stations expérimentales présentent des différences significatives du point de vue de leurs
teneurs en principes alcaloïdiques (tableau 1 et 4). A la lumière de ces observations, la
station expérimentale de Farako-Bâ paraît la plus indiquée pour l'exploitation future à
grande échelle d'alcaloïdes totaux de if. florinbunu.
BIBLIOGRAPHIE
DABIRE C. (1990) : Rapport annuel des activités du laboratoire biologique clu Centre
Hospitalier Saint-Camille de Ouagadougou.
GUINKO S. (1984) : Végétation de la Haute Volta, Thèse de Doctorat d'Etat ès Sciences,
Université de Bordeaux Ill.
GOUTAREL R. (1964) : Les alcaloïdiques des Apocynacées, Hermann Edit., Paris,
pp. 166-171
KERHARO J. (1973) : La Pharmacopée sénégalaise traditionnelle - Plantes médicinales
et toxiques, Edit. Vigot Frères, Paris 163.
MILLOGO-KONE H. (1992) : Contribution il l'étude chimique et microbiologique de
H. t10ribuna (G. Don) Dur. et Schinz. (Apocynacées) : étude de l'activité
antimicrobienne des alcaloïdes et leur évaluation toxico-phannacologique - Thèse
de Doctorat de 3ème cycle -Université de Ouagadougou, 1 17p.
SOURABIE S. (1993) : Contribution à l'étude chimique et micro biologique de Nauclea
latifolia Sm (Rubiacées) : étude de l'activité antimicrobienne comparée des extraits
hydroalcooliques et alcaloïdiques vis-à-vis
d'Entérobactéries responsables de
gastro-entérites au Burkina Faso - Thèse de Doctorat de 3è cycle - Université
de Ouagadougou, 142 p.
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