L'EXPERIENCE CONGOLAISE SUR L'INTEGRATION
DU TRADIPRATICIEN DANS LE SYSTEME MODERNE
Jean GALESSAMY-IBOMBOT
les comportements des Congolais en présence des
1 - EXPERIENCE CONGOLAISE SUR
soins traditionnels. f
L'INTEGRATION DU TRADIPRATICIEN
7°1 - Le Bureau des Pépinières des plantes
DANS LE SYSTEME MODERNE
Médicinales.
L'ORGANISATION DE LA MEDECINE
TRADITIONNELLE AU R.P.C.

Il convient de souligner que cette Division
renferme un Secrétariat et une Bibliothèque de
Médecine traditionnelle.
La Médecine traditionnelle congolaise qui se
Le travail assidu d'organisation, de développe-
veut être la médecine nationale, la médecine de
ment de la Médecine traditionnelle et d'encadre-
nos ancêtres, maillon de la Médecine Tradition-
ment des guérisseurs pendant 7 ans est évalué
nelle Africaine a connu une importante sensibili-
dans le bref aperçu suivant :
sation lors des différents Congrès du Parti Congo-
lais du Travail de 1974 et 1979 qui ont exigé
1°1 - Un Bureau de l'Union Nationale de
l'organisation du Secrétariat Général à la Santé
Tradipraticiens Congolais.
Publique, respectant les directives du P.C.T. (Par-
2°1 - Une commission nationale de Recherche
ti Congolais du Travail), et pour la première fois
en Médecine traditionnelle.
dans l'histoire de ce pays, celle d'une Division
3°1 - Un Recensement de 1650 guérisseurs
administrative de la Médecine traditionnelle ratta-
regroupés autour des Bureaux régionaux et com-
chée à la Direction centrale de la Médecine
munaux de l'UNTC. (Union Nationale des Tra-
Curative.
vailleurs congolais).
4°1 - Une Cartographie partielle mettant en
évidence 50 villages thérapeutiques avec hospita-
L'ORGANISATION DE LA MEDECINE
lisation des malades et ayant pour responsables
TRADITIONNELLE
des guérisseurs reconnus par la Division de la
Médecine Traditionnelle et le Bureau de l'Union
nationale des Tradipraticiens Congolais.
Sept (7) Bureaux administratifs et techniques
5°1 - 512 échantillons de plantes médicinales
dynamisaient cette Division de la Médecine Tra-
centralisées au Laboratoire National de Santé
ditionnelle à savoir :
Publique. Ces plantes sont récoltées, séchées,
montées sur papier Canson et rangées dans les
1°1 - Le Bureau de l'Organisation des Guéris-
placards fabriqués à cet effet.
seurs sur toute l'étendue de la République Popu-
laire du Congo.
Cet herbier national est déjà un Trésor congo-
lais au moment où les forêts disparaissent systé-
2°1 - Le Bureau de l'Herbier des plantes
matiquement par les feux de brousse, des planta-
médicinales.
tions de manioc ou de riz, des terrains d'aviation
3°1 - Le Bureau de la Clinique traditionnelle.
qui se construisent, des routes goudronnées qui se
font jour, de blocs de bétons que l'on érige çà et
4°1 - Le Bureau de l'Education - Presse et
là et qui détruisent la nature etc ... Cet herbier
Propagande de la Médecine traditionnelle.
devra permettre la reconstitution et la mise en
5°1 - Le Bureau de la Phytothérapie.
valeur du patrimoine de nos plantes médicinales.
6°1 - Le Bureau de la Socio-Anthropologie
6°1 - Création des pépinières de plantes médi-
chargé de la réadaptation de la Médecine Tradi-
cinales dans la République, déjà amorcée dans la
tionnelle dans la société congolaise, en étudiant
Région du Pool.
19

7°/ - Une Campagne d'éducation sanitaire des
La Médecine traditionnelle Congolaise présen-
guérisseurs précisément dans l'hygiène du milieu,
te un champ très vaste que nous n'appréhendons
l'hygiène alimentaire, vestimentaire, dans les pré-
pas encore et qu'il serait ici prétentieux de mai-
parations des potions et autres remèdes, dans
triser en 7 ans, en passant par l'analyse du
l'accueil des malades, l'évacuation à l'hôpital afin
guérisseur congolais, son profil exact, sa forma-
d'éviter le long séjour du malade chez le guéris-
tion, son éducation, l'inventaire des soins tradi-
seur surtout pour des maladies qui ne sont pas de
tionnels administrés aux patients.
sa compétence etc...
La Médecine traditionnelle congolaise nécessi-
8°/ - Un effort de formation et d'intégration des
te une connaissance approfondie de son champ
guérisseurs dans les soins de santé primaires a été
d'action. Il faut en dégager les Aspects positifs et
réalisé par le Ministère de la Santé Publique et des
négatifs et ceux à comparer au Système moder-
Affaires sociales, le guérisseur congolais devenant
ne.
un agent pour la protetion de la Santé dans le
Une stratégie à adopter pour l'intégration du
village. Il convient de préciser que le guérisseur
Tradipraticien dans le Système moderne en faisant
congolais garde encore son audience sociale de-
ressortir les avantages et les inconvénients d'une
vant le polymorphisme de maladies endémo-épi-
telle action notamment dans l'intégration à la
démiques que connait le pays, la forte mortalité,
Fonction Publique, le mode de recrutement, de
les insuffisances notoires dans les formations sani-
sélection, de formation, l'enveloppe budgétaire
taires, la médecine curative, moderne, coûteuse et
de 1650 guérisseurs qui doivent percevoir tous les
budgétivore ; l'absence d'une industrie pharma-
mois un salaire, enfin une législation et une
ceutique réduisant le Congo à la simple importa-
déontologie adaptées, propres au tradipraticien
tion des médicaments, la vulnérabilité économi-
contemporain.
que congolaise etc ...
Les étapes de cette intégration du Tradiprati-
9°/ - Des conférences périodiques de sensibili-
cien congolais dans le système moderne doivent
sation des étudiants à la médecine traditionnelle
tenir compte de l'orientation du P.C.T. au sujet
et à la pharmacopée congolaise.
de la Médecine traditionnelle.
10°/ - Une intégration et utilisation de certaines
L'éducation du Tradipraticien congolais qui
plantes médicinales par les guérisseurs eux-mêmes
intègre la formation sanitaire moderne doit faire
dans les principales formations sanitaires pilotes
ressortir un programme de culture générale et de
de Brazzaville (Jane Vialle, Bacongo, Dispensaire
formation technique selon que l'on ait affaire à un
de Mfilou) et de l'Intérieur de la République
intellectuel ou à un analphabète. La formation du
Populaire du Congo (Linzolo, Kinkala, Boko,
guérisseur congolais interviendra dans le temps
Madingou, Mouyondzi, Djambala etc... ) permet-
lorsque la connaissance de la Médecine tradition-
tent une ébauche de collaboration des deux systè-
nelle congolaise sera suffisamment maitrisée.
mes de Médecine.
La création d'un Centre National de Recherche
en Médecine traditionnelle permettrait des inves-
110/ - Des émissions radiotélévisées une fois par
tigations approfondies dans ce domaine avec le
semaine sur la médecine traditionnelle Congolaise
groupe de Chercheurs adaptés.
ont permis à toute la population une sensibilisa-
tion sur l'existence de la médecine de leur pays
de 1978 à 8I.
II· LES ACTIVITES DE LA MEDECINE
12°/ - Liaisons permanentes avec les Centres
Internationaux de Recherche, Instituts, Organisa-
TRADITIONNELLE CONGOLAISE
tions Internationales (O.M.S., CAMES, ONUDI
etc... ) qui s'intéressent au développement de la
Médecine Traditionnelle.
1) Le concept de la médecine traditionnelle
13°/ - Voyages d'Etudes en Chine, participa-
tions aux divers colloques africains de 1978 à 1981,
Le premier Séminaire National de Médecine
organisés par les Organismes suscités sur la Méde-
traditionnelle (1980) avait mis l'accent particulier
cine traditionnelle et la Pharmacopée africaines.
sur le fait que le Ministère de la Santé Publique
et des Affaires Sociales devrait être en mesure de
L'intégration du Tradipraticien dans le système
centraliser toutes les données culturelles que pré-
moderne, en ce qui concerne la République Popu-
sente cette médecine telles qu'elles furent conçues
laire du Congo, a fait l'objet de débats chaleureux
et perçues par nos ancêtres, en nous référant à la
lors du Premier Séminaire National sur la Méde-
définition de l'O.M.S. : « la Médecine tradition-
cine Traditionnelle organisé à Brazzaville du 22 au
nelle africaine peut être considérée comme étant
24 décembre 1980 par le Ministère de la Santé
l'ensemble des pratiques, des mesures, des ingré-
Publique et des Affaires sociales.
dients, des interventions de tous genres matériel-
Cette intégration soulève un polymorphisme de
les ou autres qui ont permis à l'Africain depuis
considérations culturelles, administratives, politi-
toujours de se prémunir contre la maladie, de
ques qu'il importe de souligner.
soulager ses souffrances et de se guérir »,
20

A ce sujet, la Division de la Médecine tradi-
3°/ - Ignorance des notions de base de l'anato-
tionnelle doit jouer un rôle de premier rang en
mie, de l'hygiène et de l'asepsie
centralisant dans des documents précis, guérisseur
4°/ - Connaissance insuffisante du médicament
après guérisseur village après village, District
(stabilité, effets secondaires)
après District, Région après Région, toutes les
pratiques traditionnelles et toutes les technologies
5°/ - Utilisation abusive par certains faux
qui doivent permettre au Ministère d'avoir une
guérisseurs
de
pratiques
de
charlatans
et
idée précise sur les différents aspects de la méde-
d'escrocs
cine traditionnelle congolaise.
6°/ - Absence fréquente des devoirs de confra-
La création d'un Centre de Recherche pour le
ternité entre guérisseurs qui le plus souvent sont
Développement de la Médecine traditionnelle est
réduits à un climat de méfiance, de lutte d'influen-
capitale et s'avère urgente.
ce, d'accusations mutuelles de sorciers ou de faux
guérisseurs.
2) Les caractéristiques de la Médecine
traditionnelle congolaise
III - LE PROFIL DU TRADIPRATICIEN
CONGOLAIS
a) Les aspects positifs
Le guérisseur congolais est défini comme toute
1°/ - La Médecine traditionnelle Congolaise est
personne qui vit dans la collectivité et reconnue
nationale, non importée, c'est la médecine de nos
par elle comme étant capable de diagnostiquer, de
Ancêtres.
prévenir ou d'éliminer un déséquilibre physique,
2°/ - Elle est moins coûteuse, moins budgétivo-
mental ou social par l'utilisation des pratiques
re, et ne nécessite pas:
ancestrales, des mesures traditionnelles, des in-
grédients variés, toutes les interventions envisa-
- d'ordonnances; de pharmacie d'approvision-
geables matérielles ou autres, du règne végétal,
nement, ni d'importation obligatoire de médica-
animal, minéral dans le but de prévenir, de guérir
ments de l'Etranger, d'importation de moyens
les souffrances ou les maladies.
thérapeutiques.
Les guérisseurs généralistes ont un profil diffi-
3°/ - Cette médecine est riche en moyens
cile à cerner. Ils utilisent un large éventail de
thérapeutiques :
plantes qui soignent presque toutes les maladies:
- pratiques, mesures, ingrédients, interventions
maux de ventre, parasitoses diverses, toux, ané-
de tout genre, matérielles ou autres qui découlent
mies, dermatoses etc ...
du règne végétal, animal, minéral et de la dimen-
Ils exercent des activités de médium.
sion cosmique etc ...
A côté des activités de médecine curative, ils
4°/ - La population congolaise accorde encore
exercent des activités de médecine préventive
à cette médecine un grand crédit.
contre une maladie ou une des manifestations
5°/ - Chaque village a son guérisseur ou ses
d'un mauvais sort jeté par un sorcier ou par un
guérisseurs, ce qui n'est pas le cas de l'infirmier
esprit malveillant. Dans ce domaine, ils utilisent
ou du médecin ; il Y a plus de guérisseurs que de
notamment les vaccinations traditionnelles ou le
personnel médical et para-médical.
port d'amulettes.
6°/ - Les villages thérapeutiques ne nécessitent
a) Les vaccinations traditionnelles sont des
pas d'investissement aussi coûteux que ceux cons-
scarifications faites avec une lame de rasoir et
tatés dans les hôpitaux et autres Etablissements
recevant de la poudre noire préparée selon les
sanitaires de la médecine moderne.
circonstances pour protéger l'individu ou le guérir
contre le « MOUANDZA » (dermatoses diverses
7°/ - Il Y a des malades que la Médecine
évoquant la lèpre), l'épilepsie, la piqûre de ser-
moderne n'arrive pas à soigner et que la médecine
pent, les céphalées chroniques etc ...
traditionnelle arrive à traiter.
Ces scarifications se font :
- aux poignets, thorax, jambes (0,5 à 1 cm de
b) Les aspects négatifs :
longueur, 2 à 3 parallèles) pour le MOUAND-
Comme on peut le constater d'une façon
ZAo
générale en médecine traditionnelle africaine, la
- au niveau des côtes pour le MUMPANZI
médecine traditionnelle congolaise connait des
(névralgies intercostales).
imperfections :
- au front le plus souvent pour les céphalées
1°/ - Imprécision ou absence de diagnostic
et l'épilepsie.
2°/ - Manque de rigueur dans le traitement se
- aux poignets, genoux et pieds pour les
traduisant par un besoin réel de codification
morsures de serpents.
21

La poudre utilisée est à base de plantes ou d'un
soignent les affections de la langue, à base d'in-
sel écrasé adapté à ce que le tradipraticien veut
fusions des plantes, eau salée bouillie etc ...
prévenir.
- c) les spécialistes des affections de la peau :
Les scarifications peuvent être faites aussi pour
au nombre de 300, surtout enregistrés dans la
augmenter la force physique et psychique de
partie nord du pays, ils soignent une dermatose
frappe, vulgairement connu sous le nom de :
connue
en
vernaculaire
sous
le
nom
de
« KAMON » pour ceux qui aiment les bagarres,
« MOUANDZA ». Ils font des soins de la peau,
soit pour des exhibitions violentes.
traitent la gale, les plaies atones etc ...
b) Le port d'amulettes, de bagues, de ficelles
- d) les spécialistes des affections gynécologi-
de tous genres et de toutes les couleurs autour du
ques : au nombre de 350, ils soignent les règles
cou, des hanches, des poignets vise les mêmes
douloureuses, les douleurs pelviennes, les stérili-
buts:
tés. D'après les témoignages recueillis de leurs
patients, certains font concevoir des femmes sté-
- prévenir une maladie : collier rouge en cuivre
riles. Ils traitent avec des plantes (avec des ovules
ou en fer pour les rhumatisants et la lèpre
traditionnels, des suppositoires traditionnels, des
(MUANDZA).
infusions variées à boire etc ...
- prévenir des grossesses rapprochées chez les
- e) les spécialistes des affections liées à l'otor-
multipares.
hino-Iaryngologie : au nombre de 100, ils soignent
- Prévenir la stérilité chez la femme.
les angines, les otites etc ... en utilisant soit de la
- Prévenir un mauvais sort (accidents d'auto,
cendre fine de bois retirée du feu pour faire sucer
noyades etc ... ) soit garantir une protection spécia-
au malade, soit des gouttes auriculaires à base de
le contre les balles lors d'une agression quelcon-
feuilles triturées et écrasées entre les mains
que ou d'une guerre, finalement pour attribuer
etc ...
une invulnérabilité quelconque.
- f) les spécialistes des affections oculaires : ils
Les guérisseurs de cette catégorie pratiquent en
interviennent dans les conjonctivites, l'extraction
plus des soins qu'ils donnent aux malades de
oculaire des vers loa loa, l'occlusion oedemateuse
l'éducation à base de la persuasion, la suggestion
des paupières etc... par des collyres à base de
mentale à travers les conseils, les interdits alimen-
broyats de plantes. Ils sont 150 dans notre échan-
taires et de comportements variés: Exemple, cas
tillon de guérisseurs.
de la femme enceinte qui ne doit pas avoir de
- g) les spécialistes des affections broncho pulmo-
rapports sexuels adultérins sous peine de dystocie
naires : ils traitent l'asthme, le point de côté plus
ou d'avortement. Cette situation est d'ailleurs
couramment reconnu en langue vernaculaire sous
encourageante pour le mari qui se rassure sur la
le nom de « MOBANZI », les dyspnées, les toux
fidélité de son épouse et pousse parfois celle-ci à
etc... Au nombre de 50, ils font ingérer des
citer en cas de dystocie le nombre des concubins
substances à base de plantes ou racines qui amé-
qu'elle a connus pendant le mariage.
liorent l'état sanitaire des patients ou bien frottent
sur la poitrine des broyats de feuilles ou font des
A ce sujet, bon nombre d'accouchements dans
scarifications sur les côtes.
les villages sont souvent accompagnés de dénon-
ciations et d'adultères inattendus pour les amants
- h) les spécialistes des maladies infantiles : ils
jusqu'alors ignorés du mari.
soignent les diarrhées, les constipations, le retard
à la marche, les parasitoses, certaines anémies.
Les prêtres et les prêtresses pratiquent aussi
Au nombre de 50, ce sont le plus souvent des
cette médecine éducative à travers des conseils
tradipraticiennes. Nous avons observé dans un
variés aux malades.
village thérapeutique, la prévention du retard à la
Les guérisseurs spécialisés ont des activités très
marche chez les enfants par un guérisseur qui
diversifiées que nous essayons de classer sans pour
fourrait systématiquement une poudre spéciale à
autant établir des séparations nettes difficiles à
l'anus et qui excitait les plexus anorectaux obli-
percevoir ou même inexistantes. Ainsi l'on peut
geant
ces
petits
à
vouloir
se
déplacer
énumérer:
constamment, les forçant ainsi à marcher. Les
- a) les guérisseurs de traumatismes pratiquant
résultats étaient très satisfaisants.
la petite chirurgie. Au nombre de 50, ils s'occu-
- i) les spécialistes des maladies nerveuses et
pent des traumatismes variés, réduisent les fractu-
mentales (para-psychologues). Ils sont 150 dans
res à leur façon parfois avec des résultats très
notre
échantillon
et
ils
soignent
diverses
appréciés par certains médecins qui collaborent
affections: troubles mentaux, céphalées.
avec eux dans les coins de brousse. Ils pratiquent
A côté de ce groupe, des spécialistes des
de petites incisions d'abcès dans les villages où il
traitements magico-religieux au nombre de trente,
manque de dispensaire etc ...
utilisent la dimension cosmique, le magnétisme, la
- b) les spécialistes des affections bucco-dentai-
radiesthésie, l'hypnotisme. Dans ce domaine,
res: au nombre de 200, ils font des soins de
nous avons mis au point une méthode d'hypnose
bouche, des extractions dentaires dans les villages,
traditionnelle qui réussit bien aux malades qui
22

souffrent d'insomnie, de céphalées psychogènes,
en poudre pour en faire des comprimés, supposi-
d'asthénie
physique,
d'hypertension artérielle
toires et bien d'autres méthodes.
sans lésions organiques.
Cette méthode résulte de la synthèse de diver-
ses techniques très efficaces de para-psychologie
B - LES VOIES D'ADMISTRATION DES
observées et enregistrées auprès des guérisseurs.
PRODUITS
Par extension, l'on peut situer ici les tradiprati-
101 - Voie buccale : comprimés traditionnels
ciens qui utilisent des moyens spéciaux pour tirer
(boulettes à avaler). Poudre à lécher ou sucer.
des « clichés » sur les organes malades ; certains
pour déceler les origines des maladies se servent
soit du miroir, soit des cartes, soit des tarots etc ...
- POSOLOGIE
L'on compte parmi eux toute la gamme des
voyants, des clairvoyants, des médiums, des car-
L'infusion est servie à la dose d'un 1/2 à 1 verre
tomanciens etc ... Dans notre échantillon, ils sont
matin et soir additionné soit au vin de palme dans
au nombre de 50.
les régions sud du Congo, soit avec le « MULEN-
GUE ou le TSAM-TSAM »dans les régions nord
Dans la même catégorie les prêtres et les
(boissons locales à base de fermentation). Les
prêtresses traditionnels, au nombre de 10, utili-
scarifications se font en principe le matin ou le soir
sent la prière dans la foi, en s'adressant au monde
au coucher. Les suppositoires se donnent le plus
invisible et à Dieu. Ainsi, ils obtiennent souvent
souvent au coucher du soleil ; les bains de vapeurs
la guérison des malades. C'est le cas des religions
le soir au coucher.
prophétiques dont les Pentecôtistes par exemple.
20 1 - Voie rectale: racines en petits lavements.
- j) les spécialistes des affections cardio-vascu-
boulettes en guise de suppositoires à base de
laires. Au nombre de 20, leur compétence est
piments indigènes à enfouir dans l'anus (encas de
limitée aux palpitations cardiaques, à l'hyperten-
constipation par exemple).
sion artérielle, tout au moins pour ceux que nous
avons suivis dans les villages thérapeutiques. Ils
301 - Voie cutanée: frictions locales, massages,
utilisent des infusions de plantes, des applications
scarifications diverses, bains de vapeurs à base de
de ventouses visant l'extraction de sang aux tem-
plantes etc ...
pes, au dos, à la poitrine. A défaut de ventouses,
401 - Voie respiratoire: inhalations diverses,
ils utilisent de petits canaris ou des cornes d'ani-
gouttes nasales à base des feuilles de plantes
maux.
frottées entre les mains.
- k) les Accoucheuses traditionnelles, au nombre
Sol - Voie gynécologique : boulettes de feuilles
de 20 dans les villages thérapeutiques, réussissent
écrasées ou réduites en poudre (ovules tradition-
des accouchements à l'image des Sages-femmes
nels) pour soigner la stérilité, les règles doulou-
du système moderne.
reuses ou provoquer un avortement.
- 1) les Guérisseurs qui font des autopsies,
ouvrent les ventres, déterrent même les cadavres,
C - LA RECHERCHE ET LA FORMATION
en cas de conflits de famille, à l'instar de nos
Elle est réalisée au niveau des sociétés secrètes
médecins légistes. Nous en avons sélectionné 3
savantes congolaises.
dans nos villages thérapeutiques.
Les guérisseurs de cette branche de médecine
travaillent souvent par groupes dans le silence et
le secret absolu, ce qui dégage la notion de secte
IV • MOYENS D'INTERVENTIONS DANS
où la dimension cosmique, le monde invisible, les
LES SOINS TRADITIONNELS
pratiques savamment organisées, mêlées de foi et
de prière, sont sollicités. Nous citerons de ces
sociétés savantes qui sont disséminées dans tous
Les guérisseurs utilisent divers produits pour
le pays par exemple :
leurs préparations :
- produits du règne végétal: plantes (écorces,
- Le NZOBI des Batékés, Bambambas, Betis
feuilles, racines, tronc, fruits, grains.)
dans les Régions de la Lekoumou et le Niari.
- produits du règne animal : huiles et graisses
- Le Lemba dans le Pool.
d'animaux, par exemple la graisse de Boa.
- Le Mboumba dans le Kouilou.
- produits du règne minéral: sel gemme, argile
- Le Kébé-kébé , Okéra, OTA-elalé, Okouémé,
etc ...
Okéra, chez les Mbochis, Kouyous, Makouas.
- Le Phénomène ANDZIMBA dans la Cuvet-
A - LA PREPARATION DES PRODUITS
te, des Hommes-Caïmans de Mossaka, la sorcel-
Soit ébullition pour décoction pour les soins per
lerie organisée avec l'envoûtement et le désenvoû-
os, soit écrasement des racines, feuilles réduites
tement.
23

- Le Gombo dans le Pool (détermination du
2°/ Recenser les formations sanitaires aptes à
coupable), le Tchikoumbi, le Kiguirila, le Louzim-
recevoir les tradipraticiens.
bou, le Mouniki, le Moyeke etc ...
3°/ Une préparation psychologique et éducative
Cette médecine utilise souvent des danses
visant la collaboration du tradipraticien avec le
rituelles, des tam-tams, des cris spéciaux, des
personnel médical et para-médical pour la santé
interdits alimentaires et sexuels, des internements
du malade.
allant de quelques jours à des mois pour obtenir
4°/ S'assurer de la capacité d'intégration à la
soit la guérison d'un malade, d'un fou, la fécon-
Fonction Publique et de l'enveloppe budgétaire
dation d'une femme stérile.
adéquate.
5°/ S'assurer d'une législation et d'une déonto-
logie efficaces afin de prévenir certains abus du
D • L'INTEGRATION DU TRADIPRA TIelEN
fait des guérisseurs.
DANS LE SYSTEME MODERNE
Enfin, il y a en Afrique des tendances très
fortes qui confirment que l'intégration du tradi-
Il
faudrait
pour
mieux
réussir
cette
praticien dans le système moderne est chose
intégration :
difficile pour ne pas dire impossible. Les deux
médecines doivent conserver leurs originalités,
1°/ La sélection des guérisseurs reconnus com-
cependant la collaboration des deux systèmes est
pétents pour la tradimédecine.
possible.
24