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ms ALCALOIDES DE THALICTRUM RHYN"CHOCARPUM
DILLON ET A. RICH (RENONCULACEES)
par Serge DUJ3E
At Luc Van PU'1YELDE
Cl est à
la suite detrz:vaux antérieurs dans le domaine des
produits nGturels
(1,2,3)
et des plantes médicinales rwandaises
(4,5,6) que nous nous sommes intéressés aux alcaloïdes de Thali~t~
*hxnohoo~rpum Dillon et~. ~ich (Renonculacées).
Les thalictres
(7) constituent un genre de la fumille des
renonoulacées. On les trouve surtout dans les régions tempérées de
l'hémisphère nord. Le genre comp-te environ 90 espèces connues.
Plusieurs espèces sont utilisées comme remèdes populaires un peu p,-,r-
tout dL~ns le monde depuis des siècles. Déjà au lSè et au 19è sièoles
les Bri-tam-:,-iques, les Russes et 1.es Américains utilisaient Tha).i.ct~
~luVilln
pour ses propriétés laxatives, diurétiques et fébri~uges.Les
Russes ont utilisé !halictr~~ minus
contre les morsures Qe serpents
et OOlllifie fébrifuge,
tandis que les Chinois soulageaient les doule~ITs
stOTnv.chales avec des extri~its de ~lictrurq a i ene e , En Inde,
on u·ci-
lise plusieurs espèces de thalictres comme laxatifs,
fébrifuges,
purGé\\tifs et pour tr2_i ter les morsures de serpents. Les indigènes du
Neveda, C1UX Etat-Unis,
utilisaient des ex-traits de Thalictrwn fend~
Enge~n. PO~IT tr2iter la gonorrhée et les rhumes, alors que, plus au
nord,
los indigènes de certaines tribus du Canada emploYGient les
racines de certaines espèces de th~li~~res pour traiter les lùorsurcs
de Gcr:!)ents.
En dépit de sr', e i t.u.vt i.on r;éo'3'raphique,
J.égèrement en dessous
de l ' (~Q,n.-::·_teur, le Rwo.,ndo. est un r<:.ys rel"",tivement froid et en trouve
dans les :for~ts du pd,YS,
à
une ,-',J,'citude d'environ 2 200 mètres,
une
espace de thalictre
,
~ictrwn rhxgchoc3r~um Dillon et A. ~ich.
En for~t de Nyungwe,
en préfecture de Cyangugu,
où nous avons reouei~
l i nos (3clmntillons,
la p La.rrt e
e et connue sous le nom de Ubugomb.,2,.T...2,
et e LLe est utilisée pour trr1.i'cer les morsures de serpen-ts. Dems le
nord du. :,).:'_ys,
dE'~ns la forêt de Gi,senyi, la plante est f:;,ppe16e Al'GJnyo.-
~~
e-i:; on l ' u t i l i s e pOlIT
soiG'Der un enfc:.nt né
chétif.
Nous nous sommes in-téressés aux alcaloïdes de Thalic~
rby.llc-h0oc:.rpum,
parce que
cette pl':'1'1te semble riche en etlcaloïdes et
qu'il serE'. :peut-être possible d' y
trouver de nouveaux nlcco,loic1es,
e us c opt Lb.Le e
cl' avoir une oct Lv Ltélhysiologique intéress2-n-te.
fu plu-
part des ~lantes alcaloifères contiennent
,en général au maximum
une d ouz.ad.rie dlalcalo~des, alors qu'on a
trouvé
jusqu'à date du,ns
Thalictrwn l)Q.l:z«?-mup1~IvIuhl., qui f;,it prêsentement l'objet d l
trud e a
é
très Pouss~)es aux Etats-Unis (S), vingt-huit Eücaloïdes, d orit
plus
de la moitié sont des o.lcé'_loïdes n ouvee.ux ,
On -trouve p[',rr:1i le.s alca-
loides de Thalictrum;~ol]LgamQm une isoquinolone, une benzylisoqui-
noline,
plusie~~s aporphines, des '~h6nanthrènes, des protoberbérliles
e-t plusie~u~s o.Lce.Lo ï'd e s dirnériqv,ps (tableau 1),. Il est problable que
nous retrouverons d;",ns Thi'?-.l~ictrwl1 r~chocé·.ryum
plusieurs des alca-
leïdes trouvés dans ThaliCLtrUl1lj:;~o_l,;Œamumt en particulier la berbérine
et la mugnoflorine,
qu'on trouve d,',DS l2"
plupart des thalictres, mais
i l ser~it éSGlement possible d'y d6couvrir de nouveaux ~lcaloïdes
physiolOGiquement actifs.

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140 -
Noroxyhydrastinine
Chlorure
de N-méthylpalaudinium
( +)-I:1'1,gnoflorine
Thaliglucinone
Berbêrine
Thalicarp:i..ne
(R= OCH )
3
Tc.bleau l
Quelques alc~l.Q.~j.os d,;;). Thalictruil1.J2.olyga.mum ~~

141 -
La'méthode utilisée
(taoleau II) pour l'extr~ction des
3.1co..lo5:des s'inspire des méthodes cle-ssiques
(9)~ Lez racines de le
plal1:te sont d'abord séchées ~j" l'.:.... ir,
puis à l'étuve à
une telnpératv:re
inf6rieure à
55°C, et rédui-tes err poudre.
On fait ensuite urie ex-
trac-tion con-l:;inue au Sohxlet
avec du méthanol ponde.nt 45 à
50 heures ~
La qun.ntité d'alcaloides résicluelJ.e d~"ns les r;~,cines est alors
négligea.ble. On évapore ensuite le mé tihzirio.L à
sec sous vide à
une
tempércd;ure inf{)rieure à
55°C. 011 ,.~issout
l'huile brune rosiduelle
d.ana
une solution d 'cccide ohlorhydrique à
10~S et on filtre :'.')our éli-
miner les me,tières insolubles en milieu o.c Ld e ,
qui ne s ont pas des
alcn.lo5:des. On extrait on au.i t e
lr'.
Jllé:'.se acide avec d.e l'éther de pé-
trole et cl u
c h.Loz-o f'oz-mc
pour
Ldrrri ne r- certs.ines impuret6s, puis on
é
ajuste la PH à
8 [wec de ln, soude et du chlorure d t ammoni.um et on
eX'l:;rcdt au chloroforme. On sép;:,re ,'insi les a.lcaloïdes non qunternai-
res,
qui pi:oGElent
d.xne
l~".. phclBe orr"miquc, des a.Lcc.Lo Ed e a qUG.tern.:::~iros,
qui d ome u r-c n t
en principe dc-,ns 1:. phase aqueuse.
On peut séparer lOG ;::'.lcd.loides non quaternaires pC1r chro~
tOb~aphic sur colonne d'nlwnine, puis sur plaque de silice. Pour
sép:::'X'Gr lGG o.Lc e.Lofîd oe quatornc·t.ires,
on acidifie 10, phcose aqueuse
à pH 5,
on précipite les alcaloidc8 avec le sel de Reinecke et on lGS
sépc:.re pnr pr:\\SS<:è,ge sur une colonne
charrge urse d' ions ~
é
Pour le moment nous concentrons nos efforts sur 1GB r~cines
de le" :)lG.nte,
qui sont p~ticul:i.èr8Elent richGs en aloalomes ~NQ1..lB
avons
trc,ité
jusqu t à dra t e
environ. 12 k i Lo a de poudre de r~,cine8.
N01.$
n f rvvorrs pa e
encore abordé l ' (~tude de .La fraction contCD.2.11:l:; los
alcnlo:LJ.es q"Ll..."l.ternc,ircs. Nous
b ud Lorus présentement l.=!, :frnction oorrt o-«
é
na rrt
lCé:J c~cD,J_oides non qu.vt ez-ne Lr-c a ,

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142 -
Racines de la ;;pl~t..~
l) Séchage
2) Broynec
3) CH 0H
3
Résidu insoluble
Fraction soluble
dL'.l1.s 0rsOH
dans CI~OH
l) Evaporation de CrsOH
2) HCl lO%
3) Filtrcètion
-~------~_._~.
-. ~~-
J
Residu insoluble
Fraction soluble
dans HOl lO%
dans HCl lO~;;
Extraction avec EP 60-80
-_.~------_._---
,
Fraotion sol'Ùl.ble
Fraction solublo d',ilS
dnns EP 60-80
HCl lO~s et insoll1.ble
dans EP 60-80
Extraction avec CHCl3
Frgction soluble
Fraction soluble de,ns
d arie OHCl
Extraction
HCl lO~:; et insoluble
3
avec HCl lO~;.
dans CHCl3
NaOH pH 8
------------_._-----~---~._---
/.-
R6siélu insoluble
Fraction soluble
Extrü,ction avec CH~
.~.
fhase aqueuse
~se oroanique
lAlco.lo!c1es quaternaires)
~AlcaloïdGS non q'\\..lD.t lo.')
Les aloalo!des sont séparés
Les alcaloïdes sont sé-
sur oolonne échnngeuse d'ions
pa.r-é e par chroma-to[,rraphie
puis sur pl.quo de silice.
sur colonne dI3~jne, puis
sur plaque de silice.
TableaU. I I
S&,ror&ion des alca]-oïdes de _Thalictrum rhynchoca.:1!p1:@

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143 -
Dnns un essai-type,
un kilo de poudre de rgcines El. produi1;
165 gTv..nunes de ma t Lè.r-e s
solubJ_cs d;),ru:,
l'acide chlorhydrique à
lOib cl. , où
nous .avons tiré 3,9 grammes d'alcD.loïdcs non quaterno,ires, soit
0,39~J du poids de matière sèche de c1êpo..rt. Le mélange contient o Lriq
produits ]::>rincipaux, dont les vC'.leuTs de Ri' sont les e ud.vo.nbe e
:
0,20,
0,32,
0,4l, 0,50 et 0,67 Lùc,.que de e;el de silice F 254 sur
a.Lumf.nd.um de Nerck
;
êluant
:
solution d o méthanol drrn a le chloro-
f'oa-me à
25~b). Le produit de Rf 0,50 est un produit cristallin jaune,
qu 1 on pGut obtenir pùr cb.romatogJ::'c1phie du mélange sur color:me d' aJ_u-
mine ou directement IX,r cristalJ_isêl,tion dans le méthanol du mélange
d'alcalo!des non quaternaires. Ce produit compte pour l7% du poids
du mélange ,
soit 0,06% du poids de l!lo,-t;ière sèche de dép8.r1; ~ Nous
avons identifié le produit comme
t. mt de le. berbérine. Le l'roduit.
é
n'a pns de point de fusion net
( i l sc décompose entre l05 et 195 0C).'
mais les valeurs observées pOLœ les points de fusion de ses dérivés
correspondent i:'.UX v[~,leurs de la l i t-têrature
:
p.f. du picrate
1
246-247 0C déc~ (litt. (lO)
:
239-240 0C)
;
p.f. de l'ioduxe
:
260-
2650C d6c~ (litt. (ll, l2)
:
262°C déc.
;
l i t t .
(l3)
:
260-262°C
déo~) ~ De plus, le spectre ultraviolet, l'infraroug2 et J.e speotre de
résonance mo..e:n6tique nucléaire correspondent à lp, nature Cl 11. l)rodui-t.
Enfin nous avons comparé notre produit avec Wl échantillon authentique
sur plnque mince et nous 2,vons prépi.cré,
pnr réduc-i:;ion avec du " boro-
hydrure de sodium dans le méthanol,
la tétrahydroberbérblc èont le
point de fusion (l73-1 74 OC en -cube s ccllé sous vide)
correspond au
po:L.'1.t de fusion de la l i ttérnture
(J.69-~~o~C{J.A.)~ Il est à noter que
le. berbêrinc est Wl alcaloide qU3.ternaire.
I l existe d'autres
cas
dans la littérature où l'on a
isolé Wle protoberbérine à
partir de
lF, fraction des alcaloides non quaternnires.
Nous poursuivons nos trav.:-èuX en cc domaine
et nous espé-
rons apporter d'au-cres résult·"ts ;.~'u 1)rocroin colloque du Cl..rICS~

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144
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Bcol, R~ W. Doskotch
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