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LES AGENTS ÂNTIMICROBIENSDES P~~TES r~DICINALES
RWANDAISES
par Yves Boily et Luc Van Puyvelde
INTRODUCTION

1
Durant les dernières années de nombreuses recherches inten-
sives ont été entreprises dans le but de découvrir de nouveaux agents
an~imicrobiens et plus spécialement des antibiotiques utiles à ~'h~m­
mé~ L'histoire des antibiotiques commence en 1929 lorsque F1emi.ng s'ap-
s'aperçoit qu'une moisissure du genre Penicillum
inhibe la crois-
sanoe des staphylocoques qu'il cultive. I l remarque que cette ~­
bition de la croissance s'effectue darie l.3. zone adjacente à la 'moi-
siss~œe qui contamine une de ses bo1tes de Pétri~ Il déduit qu'une
substanoe chimique, synthétisée pr'.r le Penicillium diffuse à li.:1.. sur-
faoe au milieu de culture et inhibe la croissance des bactéries dans
cette réeion (l). I l montre p'::1..r l." suite que le filtro.t de oul"cure
du Penjlo~~ium est bactéricide, c'est-à-dire qu'il tue certaines bae-
téries,
et qu'il est non toxique pour les 2.nimaux. I l n omme oette subs-
tance, pénicilline, le premier 2.ntibiotique était découvert. A ~
suite de oette découverte d'éminents chercheurs ont oo~nenoé diffé-
rentes exp0riences dnllS ce dOli1éJ.ine qui ont permis de mettre à la dis-
position du corps médical, de.ns les vingt cinq dernières années, un
millier d'antibiotiques (2). LeS!J1.ti biotiques sont,
en sOliUne, des
agents ohii;liothérapiques inhih:mt l,C]. cz-o Le ervnc e , existant à l ' ét<::1t
naturel, et qui sont proèuits pGr certéJ.ins org2.nismes vivants, en
pn.rtioulier pt.'..r des md.o r-o oz-go.n.Larne a , De nombreux antibiotiques sont
effioaoes à des concentr[l,tions extr~mement faibles et certains d'en~re
eu:;: sont pr:-d;iquement spécifiques contre certains groupes de microor-
ga.ph.iame s , Pour différentes n:.isons, l~C\\. recherche de nombr-eux antibie-
tiques Iut concentrée principale;nent chez les Streptomyces et diffé-
rents cilrunpignon.s. Âu cours des quinze dernières années, les ~tre~
.:!,z.offiYces, en p::'..rticulier, ont ,~.cquif3 une grc.nde importance indus"crielle
en tant que producteurs d'antibiotiques (streptomycine, teramyoDîc,
auréomyoine et la méomycine).
(3).
Le développement con.sidérable de souches microbiennes résis-
tantes :::nu: antibiotiques a ccue La nous démontrent l'importanoe de trou-
ver d'autres agents nntimicrobiens
pour les prochaines ann6es~ Toute
po pu.Lc.t Lori bactérienne suffisn.mment gri'~,nde cont ient un certc:.in riombz-o
de mutants spontanés rel:'.tivement résistants aux agents chimiothéro..-
piques ~ En l'absence de ces r.'..gents, ces mutant s résistants restel~-G en t
très f'aible minorité dans 1.":1. popu.LvtLon , Cependct.nt en pr8sence d'age:î"l:;
d'agents ohimiothérapiques les cellules résistantes sont sélection-
néQ 0 ~Ce principe est illustré de man.Lèz-e dramatique pc.r le fuit que
six nns seulement après le début de l'emploi des sulfamides dans le
traitement de la gonorrhée on trouve que 10. majorité de nouveaux
oas
diagnostiqués étaient provoqués pcLr des bactéries sulfamido-résis-
tantes et sur lesquelles par conséquent la thérapeutique sulfamidée
restait so~ effet. On compare souvent les bnctéries à des alooo1i-
ques qui ont besoin de doses de plus en plus fortes pour arriver à
l ' t.vresse~

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L6 plus dramatique fut lQ découverte que certaines baotéries
disposent de portions d'ADN extra-chromosomiques, appelées plasmides
qui confèrent à celles-ci une résistance
)à plusieurs antibiotiques à
J.D. fois. Ces plasmides peuvent ~tre -t;rC'..ns férés d'une espèce baoté-
rienne à
une autre
espèce ou lors d'une
infection virale
(l)~ Ainsi
les bc'.ctéries saprophytes comme les
coliformes qui habitent nos in-
testil1.s neuvent
transmettre
cette multi-résistance à
des eS'Jècos
pathogèn~s co~~e les vibrio(agent du choléra) qui ne ln pos~édaient
pas encore ~ Ce phénomène est d' nut~'.,llt plus redoutable que les ph'J..s-
mides se reproduisent
be8ucoup plus rapidement
que
les chromosomes.
Lo, po.rtie
d' échecs qui se
joue contre les bs.ctéries n' es-t;
p2.S foroément
perdue
p3..r les microbiologistes. En limitant l'emploi
des ant;ibiotiques,
en effectunt c~es ma.n Lpu.Lrvt Lorie génétiques oomple::;::es
et en c1éoouvr,~nt (le nouveaux antibiotiques on pourr~èit résoudre oe
problème de résistQnce à
l'action des cmtibiotiques.
I l est te1'1ps que le
corps médic.'.l ::l btrnd orm e ,
comme le dit s i bien Le
professeur Cho..bert de l ' I n s t i t u t l'steur,
la "médecine de réflexe"
au profit d'une "médecine de
réflexion". Un moyen de battre les bac-
téries sur leur propre terrc\\Ïn étilllt
celui de l ' inteJ~igenco (4) ~
ANT,IBIOTIQlfBS DES PIJJ>TTES SUPIt:PILUR:;S
I l est raisonnable de Denser que
l'exploration de nouveau
domaines CL.Ill 12. recherche
des Cê.ntibiotiques nous
conduit gro.duelle-
ment vers cl' .vut r-o s
sources intérecis~'-ntes. L'exnloration des pla.:ni;es
supérioures est l'un de
ces d orno Ln e a ,
Plusieurs ~èrticJ_es ont {,t) publiés c orrc e r-ric.rrf l'c.c~Gion an"bi-
mf.cr-o b Lcrme de
c e r-t a Lrie s
plan-tes supérieures. Ce genre de recherches
fut
o ommerioô
par Osborn en 1943 (5)
lorsqu'il c,n<..lyse 2300 espèces
vr~gétiJ.les contre Staphylococcus c\\.Ureus et Escherichia co.1:.;i;~ i l iden-
~ifia ainsi 63 pL'"1ntes ayant lliLe
'ction bactéricide quelconque~
Âtkinson (6)
en étudiant l
200 pl' ntes ~ustro..liennes mentionne 50
espèces centre ~~ aursus et 4 espèces inhibant la croissance de
Sê1a,.onella ty;phi l ' ;-,gent de l:~ tY"Jhoide. En 1969, T,{Jalcolm et Sofor-
we.:t'a
(7) mentionnent qu'ils ont trouvé des r:mtibiotiques dama cer-
taines pli.1.ntes du Nigeria. On pourr~.it énoncer toute une
série d'gr-
ticles du même
genre, de même qu'un ensemble de revues de littéro:tu.re
sur J,e suj et
(8,9). Les résultf1.ts pré cédents nous démontrent claire-
ment
l:J. possibilité de trouver de rio uv-ec.ux Gnti biotiques chez les
plantes supérieures.
Dernièrement des chBTcheurs ontn6paré et identifié oer-
taines substances bi.l.,ctéricides des plrmtes supérieures~ On isola les
aniibioi;iques uliginosine Â. et B d'li
ericum uli,g:i"p.osurg (10) de m~me
qu'isohumulons d' Humulus lUJ2ul=h§.
lJ_). Différents alcaloïdes ont
démontré une action antimicrobienne
d;:,'-n8 (les tr3.V2.UX récents
ce qui
seuble Jcrès rxr ome t t eur- pour de futures recherches
(12,13,14).
PLANTES ,MEDICINALES
Les remèdes utilisés par les africains sont 2.ussi nombre~~
que variés
;
à
chaque ma.Lad Lo ,
à
ch.vque accident correspond une sanî-
tation, un palliatif d'origine végétale ou p~rfois, mais

-
?O -
exoeptionnellement,
d'origine animale. Si l'efficacité du produit nlest
pas touj O111~S absolue,
i l n'en reste: ]:)"S moins vz-ai.
que
la plu:~)i'1rt des
drogues employées amènent souvent
l ' e f f e t souhaité.
I l est remarqunble de const<1..ter que
cette
connê.issp..noe
de l r eff'icc~ci-(;é de
certaine:=: p Larrt cs se s oit
tre.nsmise de r;éné rcd;i ons
en c6néro..tiono ct soit rest~~e J_'Lt:9n.nage de quelques pers orm.o G • Des
médecins indigènes ou gu6risseurs [Jossoc1ent
certcèins: moyens thérapeu-
tiques reEnrqu;?.bles et d ont l ' e±'fici,ci té n
été souvent; verifi6e l=nr
des médecins étrangers. I l n'y a
rien d'étonnant à
ce fait puisque les
plantes const:~tuent un ~71rsens,1 ex-trômemen-t riche en a.Lca.Lottd ee ,
glu-
cosides,
s,~ponosides, stérols et é~lJ_t}:'es corps chimiques c ommurrome zrt;
employés en ph.sz-mo c i.e , A force d' eX'J:~rimentations et E',Tttce L\\ un espr:i:t:
d'observation remarquable,
l'emploi d'une plante spécifique s ' e s t sôné-
ralisé d:~,ns J-c'. guérison d'une ma Lo.d Lo particulière. I l est surprenant
de no-cer L:::. ressembh'"'.,nce qui e xi [:;t'2
entre les mé d Lou-t Lorra utilisées
contre cert;:.ines mo.Lad Le s
po.r diff/œentes peul'lé.ldes du monde cl'ltier.
Au R.vanda,
10. m&decine trditionnelle utilise n.bondi:1.Jni<J.ent de
nombreuses pJ.;:~ntes .Lo co.Lee ,
Cet-co science p o puLa Lr e ,
qui est le fruit
s2.ns doute de plusieurs
siècles cl' c.'xpérimentation,
constitue un inven-
taire SOlî~aire des l'lentes susceptibles de fournir des substances phy-
sioloC;:i.Cl nement actives. Des c ho r-chc ur-s de l ' Université Nrvt Loria.Le du
Rwa.:nd::;, ont ël'o,illeurs déjà commencé
à
faire
un Lnv errt ad.z-e e tihrrob o bc.nd.q uo
et phytochimique des plnntes mé d i.o Lrio.Le a
et toxiques du RW0..nda
(15,16).
Pour le Rwandais ln vie G\\ {té de tout temps,
une
lutte inces-
sante,
urie défens e
passive corrt r-o .l,c s
moLad Le e
qui l'assaillent Gt qui
sont GOUVGnt le résult[d; d' illl mz~'.nc]Ll" cl' hygiène élémentaire ~ Po..r chr.n co
ou p:-::.r
eXT)ôrience le gur')risseur
,_)Qrfois -\\:;rouvé le remède qui c orrv i.ont ~
Pour gu(~rir les TJ>niünux victimes de' =L' :J.nthrax o.ho.r-b oririeux ,
on emploie
les feuilles de
BUGANG.t..BUICRI
(~o"phila Cturiculata). Darrs le cns de
la dyscm.térie b::<.cil1D.ire on utiJ.ise les r~_- cines d f IGIFUJ.VIBA (RUll?oex ab.x§-
sinicus)
~ Contre 10 pneumonie on pile les feuilles d'~lliHURUR1~
(li.~re..ria stricta). Lors d'une b Lê rmor-rvgi.e on utiJ_ise les feuilles
d' ICYUIvIWA (As.J2.,ilia africc'.no.).
Pf.ue i.c ur-c pl2.ntes sont indiquées contre
la lèpre d ozrt
ŒmGormE
(ChenQJ2.odi um ug:;md2.o).
Pour s o i.gric r- 1[', fièvre
récurrente on administre urro décoction de fleurs
UI>'lUSUNUNU (Gr::\\sssoce'"
phalum vitellinum)
à
raison d I uzrc
~GZ'.sse par jour. Ce sont quelques
exemples tirés de
"L~, môd o o Lrie indigène au Rwandn." de Les-crade (17) clu
V01'l.UIIC du Père Duro.nd
(18)
"Les pln.ntes bienfcLisantes du R'va:nc1a et clu
Buz-und i, Il
et du fichier e t hrro'b o-bc.rii.o ue de Luc Van Puyve Ldo ,
Ceo exemples montrent l'0vcntail potentiel de
l'nction anti-
md.cz-ob.i.e nrre de ces p Lrm t c a méd i.c Ln.v.Loe ,
1
MICROORG1LNIS~lli
!
CARACTERISTIQUES
. !
L
,
ANTHRAX
iBACILLUS ANTF.ŒU~CIS
Ba o Ll.Le sporulé Gram positif
,
~-~--~------~---~--~---
Diplococcus
Gr-a m négntif'
BLENl':Ol~~~=~.
!NE ISSERIA GONORR.HCfill
-_._._-~---
fucille
Gram néga-I:;if'
~~NTBR~ ~c~: SHIGELIu.\\ DYSE:rTE~~
,
-_...:-_~------------~---
FIEVEn; RI"CUP.RENTJ, iBORR.BLL"i. DUTTONI
Spirochète
,
,
LEPRE
;MYCOlli~CTERIUM LEPro~
Ba cd.Ll.e a.Lc oo.Lo-cvc Ld e résis-
_ _ _ _ _
"':-"'_ _
_ _
~
~
,
~
~
-
. _ - - ~ . ~ ~ -
-
~
. _ ~ _ J
_tAnt
, < ~ I o . W . . . . ,
,
,
PNEUNONID
. iDIPLOCOCCUS Th"'"Effi\\IONIAE; Diplococcus
-----------.:;..-~-~--
~~_.:-.._---------~--------

On ne peut négliger une pharmacopée aussi diversi~iéeque
celle de ce pays. Nous devons reconna.~tre les v ez-trua de oertaines -
plantes de la flore Rwandaise et ess~yer d'isoler la. ou les substanoes
susoeptibles Q'avoir une action antimicrobienne à faible concentration.
On trouve des substances antimicrobiennes chez J_es plantes
superleures. D'bprès les exemples citée
précédemment plusieurs plGntes
médioinales sen~Jlent guérir des m~ladies microbiennes. Il est donc
.LogLq ue
d' émettre J~ 'hypothèse que parmi ces plantes on pourrait trouver
un ou des agents antimicrobiens G.yant une efficacité plus ou moins
grffiîde contre certains microorganismes.
MBTHODES EXPERIIv'ŒNTALES
1
A~ PJiWTES
On a
choisi les plantes en tenant compte des résultats préli-
minaires du Ie.boratoire Universitaire, des informations contenues dsvne
les livres de Lestrade et Durand et plus spécifiquement du fiohier
~obotanique et phytoohimique de Honsieur Luc Van Puyve:Lde ~ Lors
de la réc~lte, on prend soin de noter le nom vernaoulaire de la plante,
la date et le lieu de l~ récolte (altitude, préfecture) de m@~e que
l'habitat écologique de cette plante. L'identifioation scientifique de
chaoune des plantes est effectuée gr~oe à lB collaboration des bo~
nistes de J.'
U~N.R., IvI (".·,",G Nz.co.t,o Girardin et Monsieur RUtl;yinya. Barab-
wiliza~ Un échantillon est conservé dans l'herbier du département de
biologiG~
B~ r/IICROCRGANISI-œS
Les premleres études de ce genre citées dans la littérature
utlisent abondam~ent des souches microbiennes non représentatives et
très souvent diffioilement trouvables. Ces souches ont, en général,
des besoins nutritifs particuliers et elles furent isolées, pour 2a
plupart, pour un ~utre genre d'étude miorobiologique. Depuis plusieurs
années lli~ nombre impressionnant de souches microbiennes ont été oonser-!
vées p...·r 11 "American Type Culture Collection" et différents oentres
de rechorches internationaux. De nombreuses souches microbiennes ont
été couro.mment utilisées comme microorganisme témoin quand on vérifia
l'aotion de différents cntibiotiques. Une activité antimicrobienne
contre ceJ.les-ci sera beaucoup plus facile à interpréter du ~ait de
l'expGrience intensive et de notre connaissance approfondie sur l'effet
"des antibiotiques sur celles-ci. C'est donc pour cette raison que
j'utiliserai dans mon étude les souches microbiennes ci-dessous qui
représentent un échantillonnage suffisamment étendue des différents
groupes de microorganismes.
lVIICROORG.ANISMES
i
ATCC
BA.CILLUS SUBTILIS
6633
ESCHERICHIA COLI
9637
KLEBS:ëELLA.
PNEUMONIAE
lJ!)()31
~rrCOBACTERIU11 SMEG~ATIS
607
PSEUDOMONAS A~RUGINOSA
15442
SALMONELLA GALLINARUM
9184
STAPHYLOCOCCUS AUREUS
1.3709
ASYBRGILLUS NIGER
16888
CANDIDA ALBICANS
10231
SACCHl:..RONYCES CEREVISIAE
9763

O~ PREP&1TION DE LIEXTRAIT DES PUU~TES
Aprè s la ré colte, les plantes S orrt séché es à 11 air ou à
llétuve (température maximale 37° C). Elles sont pür la suite broyées
en une fine poudre en ayant soin d'en séparer les différents consti-
,
tuants (feuille, tige, racine, fleur,
etc •• ). On macère entre 25 à 50g!
de plante yend~nt 24 heures à ~'Qide de 250 ml de méthanol. Cette op6-t
r~tion est répétée pendant trois jOLITS consécutifs. On filtre sur
Î
papier et lion évapore à sec sous vide à ~me température ne dépassan~
pas 37°C. On redissout dans du méthanol afin d'obtenir la concentra-
tion désirée. Ces extr~its de plantes sont conservés au réfrigérateur
à 4°C~
D ~ ePRI::::P.ô.RAT ION DES rULru UX DE CULTURB
.
._------
Les extraits de plantes sont introduits aseptiquement dans
;
des bottes de Pétri stériles. Pour les tests prélimino.irœ à loool/~/m.t
10 mg d.' oxtro,it
sont dis sous d ans 0,2 ml de mé tihario'L; Le milieu utili-l
sé es-l:; le "Tryptic Soy Ag2.r" qui est stérilisé dans l'autoclave dlo,prè1
La méthode laub i.true Ll.e , Le milieu liquéfié est p Lc c
dans un bain-m:-:.rie t
é
maintenu à 500C et ~'on ajoute la ml de celui-ci aux différentes bo!te~
de Pétri contelJEnt les extrê.dts de p.Lorit e s , On agi te immédiatement
1
avant J_d G olidi:ficé"tion du milieu. Ces bo!tes de Pétri ainsi prépn.réesl
sont pl;-.céeo à l t étude pond arrt toute 1L."1e nuit avant leur utilisationj 1
en obtient' ainsi une surf."O.CG sèche permettant un meilleur enseJUenoemeni
de m~me qu'une diffusion gdéqu.te des différents extraits de p1.a.ntes
1
utilisées (19)~
E ~ ESSAI ANTIMICROBIEN QUP..LITATIF
Les microorganismes utilisés sont maintenus sur
gé10se en
pente dans le'milieu "Trypic Soy Agar" et conservés au ré:f:rigérateur
à 40C~ Lors dlun essni antir~icrobien on ensemence chacune des souches,
sur un bouillon "Try""ptic Soy Rroth" pendant toute la nuit soit environ 1
16 heures à l'exception de ~&co-b~cterium smegn~tis, Aa~er~~11us ai~c~l
~d}-d~ .aJ.bicaps et I:!~ccharomyces c~~evisiae qui nécessiJeent
une plu1
longue période de croissance. Ceux-ci sont ensemencés d'une f3çon ra-
;
dic~lc à l~ surf~ce de la gélose imprégnée des extraits de plan~es~
Ohe.que extrait de p.Lan t e esJc v6rifié p~tr deux tests simultanés. Darre
le cc.a dtune inhibition de croi,=;s,,,,nce pour un ou p Lue Le ur-e microorga-
nismes,
on refait la m~me expérience une semaine plus tard à ln m~me
conccntrr-'..tion ( lOOOtAt.5/ml). Do.ne toutes les séries d' extrt:dt s ana-
lysés un témoin sans extrait de plantes de m~me qu'un contr~le conte-
nant loi g~1 ml de sulfate de streptomycine sont effectués. Cet anti-
biotique {nhibe l~ majorité des microorganismes à cette concentration,
F~ ESSAI ANTIl':IICROBIEN QUANTITATIF
Lorsqu'une inhibition de croissance est confirmée par la
méthode précédente,
on vérifie la concentr3tion minimale inhibant la
croissc;nce d'un microorganisme en ensemençant celui-ci dans des milio"l-
liquides "Tryptic Soy Broth" c orrti e na.ri t; différentes o onc en-œ-a-câ.ons
(100, 200, 300, 400, 800, lOOO ({: /
ml) de l'extrait de ple~te étudié

- 93 -
G~ OOUEBD DE Q.ROISSANcE
Lorsque les résultats qualitatifs et quantitatifs ont donné
une inhibition de croissance répétée, une courbe de croissance est
effectuée dans le milieu lITryptic Soy Broth" contenant la conoentra.-
tion miniméùe de l ' extrai t
de plnnte qui empêche toute croissa.nce
après 24 heures. On ajuste le zéro de ln densité optique nvec ce
milieu et l'on prend des mesures Qe densité optique à toutes les heures
pendc~t six heures consécutives. L'inoculum représente 0,1 m1 d'une
culture de 16 heures sur le même milieu ; i l est ajouté à un erlenme-
yer de 500 ml contenant 40 ml du même milieu plus l'extrait de plante
étudié ~
~BSULœATS PRDLIrlINAIRES ET CONCLUSION
Deux problèmes mineurs devaient être vérifiés dans les
essais antimicrobiens : l'inhibition possible de croissanoe due au
méthanol et les contaminants éventuels lors de la préparation des
milieux. Dans toutes les séries Qe tests effectués, un milieu .onte-
nant uniquement du méthcmol (2~6) étr;.it an,üysé. Nous n'avons pe"l,S
re~~rqué d'inhibition de croissance chez les souches microbiel~es
étudiées due à la présence du mé t.h.vno.L aut?mt en milieu solide qu'en
milieu liquide. Le, figure ilJ_ustre très bien ce résultc.t eo.rlee
oourbes de croissance obtenues avec !. ~
sont presqu'identiques en
présenoe ou en absence de notre solvant d'extraction.
COURBE DE CROISSANCE
~
:t
1
a 1,5
\\
o
t
J
\\0
f
\\0
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rr.l
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l'i1
A
/ E~COLI
/
TEMOIN
+ METRa.NOL
.G
1
2
3
4
5
heures
1
2
3
4
5 heures
FIGURE
1

- ~ ...
La stérilisation de nos extraits de plantes dans l'~utoolnvG
semblnit très di~~icile à envisé'.ger CQr nous risquions de détruire
l tactivii;é des substances antérnicrobiennes présentes dans les ex~ait ~
Lors~ue nous préparons nos milieux de culture gélosés nous introdui-
sons un extrait de plante au fond de la boîte de Pétri avant de la
recouvrir de gélose. Cette méthode inhibe complètement la croissance
des b<:~otéries aérobiques et les r,',res microorganismes qui croissent
en anaérobiose sont ~acilement distinguables et n'in~luencent auoune-
ment nos résultats car notre ensemencement est effectué à ln sur~aoe
de :L.:.'1, gélose~
Ul plupart des antibiotiques sont actifs à des concentra-
tions n.voisincmtes de lO//~g/rnl. Une subst.:ômce antimicrobienne purif'iée
n
aucune action inhibitrice à lOO /~/rnl est dépourvue dtinté-
'ayant
r~t à moins dl~tre spécifique pour un micro~ganisme résistant aux
antibiotiques actuels. C'est donc pour cette raison que nous avons
employé la concentration de lOOO Ift.Cg dans notre
oh.arrtri.Ll.ormzage ~
é
Nous avons remarqué une reproductibllité dans les résul~~ts d 'une
semaine à l t autre lorsque les extr".i ts étnient conservés au réfrigé-
rnteur~
En effet, nous utilisons le m~me extrait de feuilles
dIU~RITL\\Vu~rru~ dépuis déjà trois mois dans nos essais antimicrobiens
qualitC1tifs et l ' inhibition de croissnnce est 1..-'1. mârne depuis le
prel1lier essai. Par contre, nous sommes conscients que les antibio-
tiques à faible activité ou produits en très petite qucnti té ne se:.~or~t:
pa e détect6s p~o,.r cette méthode.
Nous avons ~nalysé jusqu'à maintenant une trentaine de
pl<:mtes médicino.les rwandais 'èS reeroupo.nt dix-neuf f'arnd.Ll.e e de lé'..
~lore du Rwanda (tnbleau 1). Environ un tiers de ces plantes inhibent
la oroiss8nce d'un ou plusieurs microorganismes lors de l'essai qL~1i­
tatif (tablenu II), Huit extraits inhibent la croissance de §~ ~~E
dix extraits inhibent celle de ~. subtilis, six extraits emp6chent
le développement de !:J.. smegmatis
et deux extraits inhibent la crois~
sance d'~. ni~er. Âucune inhibition de croissance n'a été ren~rquée
avec !~ .Q.Q]4, , .§. gallinarum, K. pneumoniae, 1::. aeruginQ.~ et O.M-
bioa.ns ~
Ces résultats préliminaires confirment des obsorvations de
différents auteurs (5,6,9) à lleffet qu'on trouve chez les ple.ntes
sup6J.~ie"Ll.res de nombreuses e u be-trrn c e e c:ntimicrobiennes inhibant 10.
croisse,nce des bactéries Gram l'osi t if (S. aureus et B. subtilis) ma:.tn
très peu qui inhibent lé'. croissnnce des-b8.ctéries Gr;:m n6g:o,tiT(E o
coli, §. gallinarum, K. E~e~oniae et R. aeruginosa). La levure Q •
~~ nIé'. pns été inhibée p,::.r ièucun extrait tandis que le. moisis-
sure A. ni,ger
ne pouVfÜt
croître en présence dl
UMWISHWA (liIQmo:r.di;.Gp
f'oe~ida) et dIU~rrœAVUMBA (Iboza r~~ria). Le bncille alcoolo-acide
résistant N. smezmatis
fut inhibé par plusieurs extraits.

- 95 -
TABLEAU r
PLAl'fTES rc'IEDICINA.LES RW.ANDAISES mlCD 1 RIElS
ACANTE1:..CEAE
-
HYGROPHlLA AtJRICULÙ.TA (SCHUM)
HEINE
-
THtIT~RGD~ AJW~TA BOJ
AMA.R.A.NTH1i.CDA.E
\\
-
ACHYRANTEllS ASPEllii L.
ANAC.tUIDI1\\.CLlill
"
-
RI-rus VULGARIS l\\'IE2~~",,··
AS TLR1,-Cillill
..
-
AGER,.;TUl'J[ CONYZOIDES\\.
-
...\\SPILIA AFRICANl\\. (PERS.) C eA. ADArlJS.
-
BIDENS PIJ~&i L.
-
C.ARDDNS :NYASS1Ù'TUS (S. NO ORE ) R.E. FRIES
-
GR..'l.SSOC:CP.dALU}\\1 VITELLINDrJî (BENTH) S. r·100RE
-
~RNOND\\ POGOSPGR~~ ~~TT.
CESl...LPINIACEIŒ:
-
Cl...SSIA SP.
CHENO PODI1\\.CDiill
-
CHENOPODIUH UG1Ù\\J-nlill
(AELLCN) AELWN
CUCURBIT..t...CIUill
-
HONORDICA FOr:TIDA SCHU1'1t'\\.CH ET SOND
EUPHORBIACDlŒ
-
CLUTL\\ ABYSSINICA J1l.UB et SPACH var. PEDICEI.J:ARIS (PAX:) :PAX
-
ImPHORBD\\ GRANT I I OLIV •
.... TRAGIA BREVIPIJS PAX ~
-
CAYANUS CASAN
-
INDlGOFERl.\\. ARRECTil. HOCHST Et A. RICH ~
- comus SP.
-
I:SOZA RIP':iliIl:i.
(HOCHST) N.E.
BI ~
LILLiCI;!Œ
-
DRJl.ClillNA SP.
ONAGRACEATI
LUD'\\'lIGLî. ABYSSINIC!:.. s , RICH.
PLiÎNTAGnU~CE...'Œ
-
PLL.NTAGO PALrc'1L\\.TA HOOK. F.
POLYGONll.C>.":..E
-
RUHEX USAIIIBfiliIJNSIS
(IJNGL.) DAT![[iŒJR
RANUNCULll..CE.AE
-
CLEIVlô.TIS HIRS~
PERR~ et GUILL~
-
THALICTRUM RHYNCHOC':...RPUM DILLON et .ll.. RICH.
ROSACElill
-
RU:SUS RIGIDUS SlUTH.
RUBL"i..CElill
-
JVITTRAGYNE RUBROSTIPUhlTA r~VIL~
URTICACillill
-
URTICf... MASS.AICA MILDBR.

-
96 -
SUBSTANCES ANTlrUCROBIEh~~S
1
FAMILLE
ACÀNTHACEAE
HYGROnÏÏIiA ~-A-U----f--B-U-GAN-G~A-'~~I~)
RICULATA
BURARI
\\
-r--t---t---t--.,..--r----t--'"'--~-i-
------f------~-~!----. -ti~~,~"__1'i.~-+--_+_--i~__t-_+-_t_- -_t~~
..
A.N.A.CARD IA-
UMUSAGAI-
CF)
CEAE
RA
~~-+---+--+--t__-t-____1f__ .-.J._--t--f--~
(T)
-t--.-+--+--~_+-+_-+_-+--..jl---_+-_+_--
1 (PX)
ASTERACEAE
ASPILIf~
! -
.AFRICAiJA
CUCURBIT.ll.-
GEU
FABA.CE.AE
1
j
, ...
l
.-
!

1
j
1
,
l
1
ONAGRACEAE
LUDWIGIA
,
1 UMUZIN-
l CF'
_
1
1
ABYSSINICA
1GliNGOR.:ill I-l-'...:...-_J+--f---t---t---+--+--t-~-t--1l--- J
1
H-,(,....T'T"")
-
+---+-+---+--I---+---+-"""--+---t
t
(R)
-
RANUNCULA.-
TIDî.LICTRUH
UBUGOM-
(R)
CEAE
RHYNCHOCAR:PU1'1
BORO
1 -
1
(_)
: inhibition de croissance
(F) : feuilles ; (T)
: tipes ; (R) 1 raoines)
écoroées ;
(E)
: écorces
(BR) : écorces de rccines.

- 97 -
n f'au't souligner que suivan't la pa.r'tie de la plan'te ex'treite,
an ob'tien't des résulta'ts différen'ts. Chez BUGANGABWUURI, ~~r exemple,
seule les feuilles on't une action antimicrobienne, les tiges e't les
racines n'ayant aucun effet~ Chez UMURAVUMBA (Iboza ripari~) les 'tiges
n'ont aucun effe't tandis que les feuilles e't les racines inhiben't de
nombreux microorganismes~ Les feuilles de cette dernière plante
inhibent qun'tre microorganismes 'ta.,ndis que les racines inhiben1; deux
microorganismes (tableau II). Ces résultats confirment qu'il e::::iste
des différences d~ns la composition de la plan'te. Des 'tes'ts quanti'tatifs
plus. élaborés devraient nous permettre d'affinner bientO't que la oon-
oen'tra'tion des subs'tances antimicrobiennes varie d'une Ik~tie de ~~
plen'te à une au'tre~
Une intéressante correlation semble èxis'ter entre l'u'tili-
sation en médecine tradi'tionnelle
(tableau III) d'une par'tie de Ja
plan'to et la présence d'une substance antimicrobienne avec ce m~me
exi;r~i't. Dé'nB l'utilisation dtur~4VUMBA le guérisseur emploi princ~­
paleIiIen t .Le e feuilles,
re.rement les rr:'.cines et n'utilise j8.,ïnnis les
'tiges. D' nprès nos rés\\..ùto,ts i l ne semble pae y avoir de principe
aotif nn'timicrobien dans les tiges ou s ' i l y en a la concen'tr~'tion
est -~op faible pour inhiber la croissance des microorganismes é'tudi6s~
Par contre les feuilles inhibent ln croissance de ~ ~ aureus, ~~
BBbtilis, ~~ §megmatis
et ~ niger, les racines inhiban't celle des
deux premiers~
D'ici le prochain colloque du CAMES nous serons en mesure
de VOV.B oommuniquer les résultr-"ts définitifs d'un échan'tillonnage
oouvrant la majorité des pl8.n'tes médicinales Rwanda.ises~ Nous sommes
déjà en mesure d'a.ffirmer que certaines plan'tes contiennen't des subs-
'tances an'timicrobiennes et qu'elles feront l'obje't d'une plus grande
irives1;i~d'tion~ En effet, cette approche que nous venons de décrire
n'es't que la première étape de nos recherches. Les plan'tes les plus
intéressan'tes seront par la suite séparées en leurs divers oons'ti-tuan'ts
Pf·;'r différentes méthodes d orrb la chromatographie afin de purifier,
d'analyser, d'identifier la ou les subs'tances responsables de l'ao1;ion
an'timicrobienne ~

TABLEAU III
USt~GE EN ~ŒDEClNE TRADITIO~~LLE
NOlll KINYA.RWANDA
PARTIE DE
MEDECII\\1J] TRADITIONNELLE
LA. PLANTE
.
1

BUGAN"GABUKA.RI
Feuilles
blennorragie, lèpre, abcès, poliomyGli"te~
an"thrax
......----
-,
.
-_.~---
-
UMUSAGlùUi.
Feuilles
1 hernmorroides,
chu"te du rec"tt.un
-
----~ ........--_.
... -(
ICYOMWA
Feuilles ou
blennorragie, syphilis, plaies, acné,
plan"tes erine
pian, paludisme, arrbhz-ax , pnewûonie,
racines
épilepsie
.
-
.
UMUSUNUN1J
Feuilles
fièvre récurrente, pour faèiliter la
chute du pl8.cen"ta, lJJf\\la.dies enfc.n"tinGs
Ul\\'IVlISID'lA
Feuilles
bronchi"te, toux, paludisme, pinn, pJ..2.ies ,;
constipation, for1dfio.n-t
.
.....
' ' ' - ~
Graines
concep-tioIlB·sur la fôcondi"té
"
'.
.'
illIUSORORO
Racines
g~le, ec0érna., vers, paludisme, toux
Ecorce des
vers in"t e s -tLnaux des enfants
racines
Plo":.n-te en-
lèpre
-tière
1
Feuilles
abcès du sein, foulures, en-torses, axrtili-
1
rax~
-------+--- ~.,-
.
--~~ ... .-......00.- .....
~,
UMURAVUTvIBA
1
Feuilles par-
JX'1.ludisme, vers, -toux, ma.ux de dents,
l fois les ro.ci- abcès, angines
nes
;
-..,.4
--,-
Ul\\1UZ INGANGOIDJ
1
Feuilles
maux de d errc a ,
syphilis, pian, plaies
!
--.__._--
.
...
UBUGONBORO
&tcines
morsures de serpent, enfcmt né ché-tif
. -
-

-
99 •.
Les recherches d e.ne
ce d orrn.Lrie
susci"ter-.-t de p l.ue G1l9lu.,s
d' in-Gér~t et i l est heureux que de n ombr-ou.x pP_ys a.fricains d o nb
::.8
Rwanda participent activement à
J.8. connaissance de leur ph:'.rr,!L:,coJ)(~e~
L'é-'cucle de ces pL-:>ntes pourra coruiuire 0vEn-tuellement à
'.[1, c18coU'.TOrte
d 'm1. antibiotique
ou d lune substance qui o.près c ez-t a.Lne e
mod.i f'Lcct Lono
chimiquos nur[1, les propriétés dlun antibiotique c D~ns un P2YS où los
méd Lcamcrrt e
sont
très onéreux et importés à
grc~d frais le"
:fabric.li:::LOl':
de certains mô d i.camerrt a sur p Lc c e
en utilisant dos p..!.antes Rvro.ndo.i.ses
est un ;'.vcuTtage indiscutable" Cl est dons
cette' optique que l i iqui.pG
multi~isciplinaire sur la ~~decine traditiünne~le e~ la pharmaoopée
Rwandaise tr2.vaille depuis sa formation~