Réflexion au; la -Ore61 ±i.on d'un lus citu'"
<ta ~deoi.ne traditionnelle et de Pbarmacop~ AfI'1.o.ai DA.-
r
t/L{)~- MIJU.r./'/'! ~/Jfir.
Lfintérlt de l!étude et de l'explOitation des plantes médicinales et de
lla _decine traditionnelle ,africaines n'est plus à démontrer.
J
1
Il relève de l'évidence
quant à seB motivations scientifiques et socio-~co
~omiqUes.Nous n'insisterons pas sur ce point qui a déjà fait l'objet de nombreux
rapporta au niveau de différentes instances par les personnalités les plus qualifiées
1
Il importe à présent de définir un cadre approprié pour la réalisation
i
.
~
.•... ''un objectif aussi. taportant. Une organisation Judicieuse s'impose, tant à l'échelon
~tional et régional, qu'à l'échelon inter-africain.
J
1
Sur le plan national, chaque Etat peut
et doit déjà organiser à son ni-
~eau une unité scientifique permettant une étude rationnelle de ses ressources e.ll
~•....•édecinetraditionnelle.UnetelleorganisationiDpliquenécessairementunecolla-
ration interdisciplinaire étendue dans une action concertée définie tans un cadre
unissant les différents domaines qui concourent à la réalisation de cette étude t
~
1
10 / Recherches botaniques, ethnobotaniques et agronomiques,
20/ Recherches de chimie extractive et de chimie structurale ,
.'0/ Ph~cologie, Toxicologie et Plk~rmncotechnie,
4°/ Expérimentntion clinique.
Nous pouvons considérer que dans de nombreux pays africains, le premier
c
i
ttade ~e cette étude est très nvnncé. Au Sénégal en p~ticulier, nous pouvons citBr
le tra,vsJ,l rem.'\\l'qua'ble de IŒR1lARO sur la pham.:1.copéetrn.ditionnelle et les plantes
édicina.lea et toxiques du Sénégal. Cet ouvrage à l'nvGD.tnge de réW1ir toutes les
onnées relatives ~ux plantes utilisées dans l~ médecine traditionnelle sénégalaise
Or, pour l'essentiel, ln pharmacopée africaIne est surtout basée sur la phytothér
ie~ Lee produitsan~~ux et
minér~ux ne constituent que des appoints utilisés
i titre nccessoire.)
l
,
Cas dQDr.ées ont été établies à la suite d'enquêtes ethnoboUuli~ues sys-
~matiqUeS qui ont permis de préciser le\\lrs nocs scientifiques et vernaculaires,
~8 CRr3~tàIo3 botaniqu~c de reconnni6s~~ce~ leurs répartitions géographiques @t
~U1"a emplois théra.peutiques 0'1,) t(;x~.quea en mél\\ecine tr~ditionnelle•
.../-. ..

Cet ouvrr-88 rnasemble é~lement nos coJUVÛ.8sr;mces bibliographiques sur
la constitution chimique; les principes nctif. et l'~ction pharmacologique des plantes
qui ont déjh fnit l'objet d'une étude. C'est lA un exemple concret du travail d' in-
ventaire, prélimiDllire indispensable, qui pourrait être réalisé au niveau de chaquo
paya.
Ces données feront ensuite l'objet d'une sYDth~se globale qui ferait
surtout ressortir les recoupements dans las diverses informations recueillies au
niveau de chaque pays.
Il pourrait en résulter ln prem1~re mouture des pharmacop~es régionales
africaines. Ces documents r'tl~teront surtout l'état actuel de recherche sur ces
pharmaco~es.
in fnit l'étude scientifique de ln pharmacopée africaine est
rela-
t1vement nouvelle. Elle est restée longtemps subordonnée h l'étude botanique pure
des ressources agricoles et torest1~re. et ce n'était qu'exceptionnelleoent que los
premiers botanistos-e~plorateursfaisa1ent des utilisations médicinales des plantes.
La médecine et la pharmaoo~e trad1tionnelles africaines constituent en-
core un immense cbaap d'investigations. Chaque pqs africain, not8Jllllent ceux qui .ont
d'j~ dotés d'une Université bien structurée, peut concevoir une unité de recherches
dans ce domaine.
Mais l'employeur de la tache et les moyens
financiers requis, nécessite
que les P018 africains conjuguent leurs efforts, dans une organisation supranatioBa-
le. En effet l'on conçoit mal dans l'état actuel de nos moyens très limit's, co~t
un pqs tel que le Sénégal peut supporter le poids d'une telle organisation depuis
la phase initiale d'exploration ethnobotnn1que jusqu'~ l'exploitation industrielle
de produits finis thérapeutiqueDent actifs.
Por contre une organisation africaine, qui pourrtl1t Atre conçue initiale-
ment nu niveau du CAMES et s'étendre ensuite au niveau de l'OUA, pemottrait do dé-
boacher
rapidement sur des résultats appréciables sans avoir à souffrir de
l'iuvesti8sement pr'alable nécessaire. Donc la création d'un Institut Africain de
M6decine
et de Pharmacopée Africaine répond autant à une nécessité financière
qllt~ un souci d'harmonisation et de coordination.
•..1...

Los Ùl'ganj,snes nn.tionAUX ù1n'iûndrai..ent airwi dèb ro.ltennes de cet Iru:titut
de Recherche APl?liqI4(~e. Ils procéderaient systémntiquenent à des recherches ct
expérimentations chiuiques, pharDacD-toxicologiques. F~ucot&chniques. et éven-
tuellement clilliques
sur des drogues réputées do la ph~rnacopée loc<lle tradition-
nelle et sur des facilles botaniques généraleoent riches en tel ou tel groupe de
principes actifs (alcalo!des, hétérosides) ces recherches seront effectuées par~l­
lèlement à la constitution d'un horbier~droguier.
Pour certains paya, on pourrait c~ne envisager une exploitation serni-in-
dustrielle. Mais dès que l'exploitation d'une plante
nédicinale s'nvèrera utile
sur le plan cédicinnl et rentable sur le plnn économique, los phruses ultérieures
de son exploitation
industrielle seront
confiées à l'Institut Régional qui
peut éventuellement procéder à un contrÔle des résultats des Instituts Nationaux
pnr des méthodes standarisées.
Cette exploitation industrielle s'accompagnera dans beaucoup de cas, d'une
culture intensive do la plante. Les problèmes agronomiques qui en découleront
peuvent Otre résolus efficacement si
l'Institut comporte une équipe de chercheurs
agronomes spécialisés dans les problèmes de culturo et d'amélioration de variétés
sélectionnées des plantes médicinales. En m~me temps, il sern procédé à la protec-
tion
et à l'enrichissement des peuplements naturels.
Mais nvant tout, la preoière qui incombera à un InStitut
Régional au
niveau du C~1ES, sera le. publication d'un bulletin spécialeflent consRcré à l'étude
des plantes médicinales
africaines. Ce bulletin • en regroupant les recherches
effectuées dans les centres nationaux, sera 1 t organe de liaison entre le·s diffé-
rents chercheurs et évitere, dnns bien des cas, les doubles emplois.
Quant à l'organisation internntio!ù~le au niveau de l'OUA, ello a6surera
l'harmonisation entre les Instituts RégionnllXe Par son aide oatérielle, elle per-
mettra la roalisation de certains programoes de recherche d'envêrgure internationales
Elle favorisera également l' orgnnis0.tion de rencontres périodiques lie niveau inter-
national qui permettront de faire le point sur les acquis des différents Instituts
Régionaux. Ainsi on pourrait déboucher rapidement sur la mae au point d'une
!f0ussa. DAFFE.

scmw. D'ORGANISATION PROPOSEe
.
-------,._-------~-Commissionpermanente
lorganisme centralisateur et coordiDatnr
!
(
BQreau Central
-Centre de documantation
O. U. A.
1- Organisation de Conférences
, -
SA!:
'
- Centre de doc1.lllentation
régionale (bulletin ~riodique.
- laboratoire central d'analyses
et d'expérimentation
)l
IpAtitut Régi9l!JÙ
Institut
- Atelier semi-industriel de mise
région,'
ali point pharmaceutique
- Unité de Recherches agroncmiqu.es
~(Univers1té
-Faculté de Médecine et de
~acie
- ?aculté de Sciences.
.
~
Laboratoires Nationaux d'analyses
et d'expérimentation.
(
ou
* Institut de Recherches interdisciplinaires.

PHYTOTHÉRAPIE. -
Sur un traitement africatl9 de différentes affections
oculaires. Note d~ MM. JOSEPH KERHARO et ARM~ND BOUQUET, présentée
par M. Joseph Magrou.
Au
cours
de
notre
Mission
d'Étude
de
la
Pharmacopée
africaine
(o. R. S. C.), notre attention fut attirée dès 1946 sur les guérisons obtenues
en divers points de la Côte d'Ivoire par un ouvreur d'yeux. En J947 nouS"
eûmes la bonne fortune de pouvoir étudier les modalités du traitement.
Le guérisseur distingue quatre catégories de maladies oculaires: fara,
niagbi, niaji, nianiama-dùni (dialecte malinké) correspondant plus ou moins
.et sous réserve de diagnostic médical ultérieur: 1° aux cataractes; 2° aux affec-
tions de la cornée; 3° aux affections du fond de l'œil et du nerf optique; 4° aux
conjonctivites graves.
Quoi qu'il en soit, nous pouvons assurer, pour l'avoir constaté nous-mêmes,
que de~ individus atteints de cécité ont pu retrouver partiellement la vue en
suivant les traitements de ce spécialiste et nous avons en mains six dépositions
d'anciens aveugles se déclarant guéris ou améliorés, dép'ositions prises officiel-
lement en procès-verbal d'audition.
1
i
Les drogues et leurs préparations. -
1. Poudre noire: des graines d'/ndi
1
gofera hirsuta, Linn. disposées dans une boîte métallique, sont chauffées sur
;
des braises ardentes jusqu'à carbonisation, puis porphyrisées.
1
2. Poudre brune: des graines d'Entada ahyssinica, Steud, placées d ans une
boîte de conserve munie de son couvercle, sont mises dans la braise pour les
faire éclater et porphyrisées ensuite.
1~
3. Sève de racine de Ficus capensis, Thunb.
1,
4. Décoctions aqueuses. -
Elles sont généralement préparées avec une
1
quantité d'eau telle que le liquide affleure la partie supérieure des matériaux
1
i
tassés dans une marmite.A.u bout de trois quarts d'heure d'ébullition on laisse
j,
refroidir et l'on filtre la préparation.
1
a. Décocté de tiges feuillées d'Entada abyssinica, Steud.
l1
b. Décocté de rameaux feuillés de CaSSl'a occidentalis, Linn.
l
c. Décocté de Costus A 1er, Ker. ou de C. lucanusianus, J. Braun et
i
K. Schum.; on emploie les tiges de l'un ou l'autre Costus.
1
d. Décocté de Daniella Oliveri, Hutch. et Dalz. avec feuilles et écorces.
e Décocté de Spondias Monbin, Linn. avec feuilles 'et écorceS'.
J
1
1,l
\\
1

j. Décocté de Bn'delia /erriigine(J. Benü,. ou n. micrantha, B<ti.ll. (indiffé-
remment). Mettre dans le récipient une tige feuiliée et les écorces d'une
branche. Ajouter, outre l'eau, deux feuilles de Danzella Olù)en'.
g. Décocré au dixième des graines d'Indlgo/era hùYiuta, Li.nn,
h, Décoctè au dixième de feuilles de Paullàllà pi'nnata, Linn.
{'. Décocté de Cassia absus, Linn., 5 à log de graines sont mises à bouillir
dans 100 à 200=' d'eau jusqu'à ce que les téguments de la braine soient bien
détachés, les cotylédons mous et le liquide extractif amer.
Traitements. -
Fara. Pendant les trois premiers jours, le patient restant
en decubùus dorsal, lui administrer matin et soir: dans le nez, poudre d' Entada
abyssinica; dans l'œil, une poudre minérale à base de chaux dont nous connais-
sons la composition, et le décocté de Cassia absus. Entre temps, et sans arrêt,
faire alterner l'instillation oculaire de jus obtenu extemporanément par tor-
sions de tiges de Costus avec l'application sur les paupières de compresses
chaudes de graisse de péritoine de cabri. Continuer ce traitement pendant huit
jours en supprimant les compresses et en espaçant les instillations de jus de
Costus.
A partir de ce moment, donner en gouttes dans l'œil, jusqu'à très nette
amélioration, un jour décocté de CaSSl'a occidentalis, le lendemain décocté de
CaSSl"a' absus. En fin de traitement instiller dans l'œil, un jour décocté de Costus,
le lendemain sève de Ficus capensis. Durant la convalescence se laver les yeux
deux fois par jour avec le décocté de Spondias.
2° Niagbé.
Pend.ant 3 ou 4 jours, mettre matin et soir dans l'œil du
malade la poudre minérale et le décocté de Costus. Dans la semaine qui suit,
n'appliquer ce traitement que le matin et se contenter le soir de l'imtillation
1
de Costus. Par la suite, espacer de plus en plus les applications de poudre
!
minérale.
1!
3° Nùzfi. Dans le traitement d'attaque donner matin et soir : poudre
\\
1
d'Entada abyssirtica dans le nez et gouttes de décocté Cassia absus dans l'œil.
!
Dès que le malade commence à reconnaître la lumière, ne donner la poudre
d'Entada qu'une fois par jour, puis, n'appliquer la médication que toutes
les 48 heures; donner néanmoins dans l'intervalle le décocté de Coslus et de
Cassia occidentalù en gouttes oculaires.
4° Nianiama-dimi. Matin et soir, instiller dans l'œil quelques gouttes de
décocté de Brùlelia et de Daniella Oliverl·.
Signalons pour terminer qu'avant de mener l'enquête dont nous avons con-
signé les résultats dans cette Note, un féticheur Guimini nous avait indiqué
pour le traitement des ophtalmies graves les instillations oculllires de jus de
feuilles tiédies d'Entada abyssinica et des bains d'yeux avec un macéré aqueux

(
::s )
de racines de Costus Afa, tandi,., qu'un Haoussa de Lawra (Nord Gold-Coast)
nous avait vanté le jus des graines de Cassia absus.
Parmi les espèces précitées les éléments essentiels sont certainement le's
Légumineuses et ensuite une Zingibéracée (Costus). Il est intéressant de
remarquer d'une part que A. Chevalier a déjà signalé l'utilisation au Sénégal
des fruits d'Indr'gojera hirsuta, d'autre part que les graines de Cassio" absus
contiennent une toxalbumine (absine) analogue à l'abrine de l'Abrus precatorius
utilisé au Indes pour le même but thérapeutique.
NOlIS apportons, pour la première fois, des indications précises sur les
modalités d'un traitement indigène complet des affections oculaires, traitement
dont l'efficacité ne parait pas douteuse et qu'il conviendrait de soumettre à
l'épreuve clinique, à l'expérimentation pharmacodynamique, et même à l'étude
physico-chimique.
(Extrait des Comptes rendus des séances de l'Académle des Sciences,
1. 226, p. 359-361, séance du 26 janvier 1948,)
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1~8404-48
P
-
Qllai de. Grands-Augustins, Sb.