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DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU
LITrrORAL IVOIRIEN A DES FINS
HAI__IEUTIQUES ET AQUACOLES
Kouassi PlIu/.,tNDH
.
Institut de Géographie Tropicale
RÉSUMÉ
Sur le littoral ivoiricn. les C~lUX marines et lagunaires sont exploitées depuis la Préhistoire. Les peuples
qui se sont instalks sur k's pourtours lagunaires étaient traditionnellement des pêcheurs, toutefois, avec
l'évolution, cen~lil1s ont ah~lildonné la pêche au profit de l'agriculture et du commerce alors que d'autres
ont continué d' eXl'!l' ,:r le mélier de pêcheurs dans lequel ils tirent des profits importants. En mer, l'exercice
de la pêche proll:~;~i\\lnlll'l1l' cst apparu avec le développement des activités commerciales précoloniales.
Les pêcheurs q L,I: 11 t 1l1~li dritairemcnt allogènes se sont rués sur le littoral ivoirien où les pêcheurs
autochtones étai.,':' i'eu l1ul11breux, alors même que les compagnies de commerce qui employaient une
main-d'œuvrl' L:: plus en plus importante se développaient dans les villes côtières.
À partir lk,; années 1960. l'économie halieutique prend de l'importance. Quelques initiatives
dans le secteur ~lqll:lcolc vuient également le jour. La marque du secteur halieutique et aquacole sur
l'espace littonll dL,\\'il'l1l de plus en plus significative et se présente sous deux aspects. Dans les
communautés autuchtones l,olui se pressent autour du système lagunaire, la pêche devient un instrument
de développeml'Ilt. Ule!.!.ènl're d'importantes ressources dont le réinvestissement permet l'urbanisation
et la modernisaI lUi 1des ~lg.l:"l)l11érations, Sur la façade maritime, les professionnels de la pêche privilégient
le rapatriement ck.' ~ains LJui sont ré,investis dans leur pays d'origine. Toutefois, les multiples emplois
induits et indire:l:, ',.1 \\nlri flucnt à assurer le dynamisme du secteur de la pêche et à maintenir son importance !
dans le développc: 1;l'nt l:ulllomique et social de l'espace littoral. Par ailleurs, les aménagements piscicoles 1\\
récents s'intègrl'nt de plus en plus dans l'espace littoral contribuant ainsi à accroître et à diversifier le 1\\,
secteur de l'expluil~\\tion des ressources aquatiques.
L'impon~ll.:l~ prise IJar les activiks halieutiques ct aquacoles sur le littoral ivoirien nécessite
que l'exercice (iL' ilt p~chc l't de l'aquaculture se fasse dans une perspective de développement durable
en vue'de la pérl'lll1isatiun l't d'une plus grande contribution de ce secteur d'activité dans le
développement l"
'1lOl1liLJuc et social.
Mots-clés: pêc/lt,. ((gUI/l'S, Iller, (~V/1(1lI7ÙIUe de développement. lil/oral ivoirien,développement durable
Revue du CAMES - ,'\\('lIHllr Série Il, Vol. 009 N° 2-2007 (2èmt Semestre)
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Sciences sociales et humaines - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
ABSTRACT
On the littoral of Côte d'Ivoire, marine and lagoon water are exploited since prehistory. The people who
are installed on the circumferences ofthe lagoon are traditionally fishermen however with the evolution;
sorne gave up fishing with the profit of agriculture and the trade whereas others continued to exert the
trade offishermen in whom they draw from the important profits. At sea, the exercise of the commercial
fishing appeared with the development ofthe commercial activities pre-colonial. The fishermen who are
mainly alien towards the littoral of the Côte d'Ivoire where the native fishermen were very few while at
the same time the companies oftrade which employed an increasingl)' important labour developed in the
coastal cities.
As from the years 1960, the halieutic economy takes importance. Some initiatives in the aquatic sector
are born also. The mark of the halieutic and aquaculture sector on space is presented under two aspects.
In the native communities which has a presentiment of themselves around the lagoon system, fishing
becomes an instrument of development. It generates important resources whose reinvestment allows the
urbanization and the modernization of the agglomerations.
On the maritime frontage, the professionals offishing privilege the repatriation of the profits which are
reinvested in their country of origin. However, multiple induced and indirect employment contributes to
ensure the dynamism of the fisheries sector and to maintain its impOliance in the economic and social
development of littoral space.
In addition, recent piscicultural installations are integrated more and more in ]ittoral space and contribute
to the establishment of the balance of the sector of the exploitation of the watery resources.
The importance taken by the halieutics and aquaculture activities on the Côte d'Ivoire littoral requires
that the exercise of fishing and the aquiculture is done in a development prospect durable for the durability
and for a greater contribution of this branch of industry in the economic and social
development.
Key words : fish, lagoons, sea, dynamics of development, littoral of Côte d'Ivoire, durable development
u
INTRODUCTION
ment par des raisons nutritionnelles. Mais avec l'ap-
parition des premières agglomérations issues du
Le littoral ivoirien est un espace qui dispose d'un
commerce précolonial dans la deuxième moitié du
potentiel hydrographique remarquable. À la vaste
XIXe siècle et la concentration des populations dans
étendue d'eau marine s'ajoute un important système
les villes, la pêche est sortie du commerce de troc
lagunaire. De plus, quatre grands fleuves et de nom-
pour intégrer l'économie "moderne". Ainsi, la pres-
breuses rivières y trouvent leur exutoire. La richesse
sion sur les plans d'eau lagunaire s'est intensifiée et
hydrographique naturelle du littoral est l'une des
les villages de pêcheurs ont développé de nouvel-
causes de l'ancienneté de son humanisation. Les
les stratégies de gestion et de contrôle des eaux. De
vestiges anciens mis au jour dans cette région mon-
nouveaux engins de pêche ont fait leur apparition à
trent que les premières traces de vie humaine re-
côté des méthodes et des techniques de pêche tra
montent au paléolithique. Depuis cette époque, l'es-
ditionnelle.
pace littoral a connu une occupation continue.
Sur la façade maritime, des compagnies de pêcheurs,
souvent d'origine étrangère, se sont installées dans
La pêche est l'activité dans laquelle les premiers
les principales villes. Les fruits de leur pêche étaient
occupants se sont investis. Dans les temps reculés,
essentiellement destinés à l'alimentation de la classe
l'exercice de cette activité se justifiait essentielle-
ouvrière des compagnies européennes de com-
merce. L'effectif de ces maisons de commerce s'ac-
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Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2<·" Semestre)

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croissait au fur et à mesure de l'évolution et du dé-
naissantes (Delauney, 1995). La deuxième, la plus
veloppement
des
centres
urbains.
répandue, attribue l'activité de pêche à des commer-
çants d'origine ghanéenne qui se seraient reconver-
Ces transformations aboutissent dans la deuxième
tis à la suite de la chute des cours du caoutchouc
moitié du XXe siècle à la juxtaposition et à la coexis-
(ANCI, 1906). La récolte du caoutchouc naturel était
tence de deux modèles de développement. L'un est
leur
activité
principale.
autochtone,
lagunaire
et
fondé
sur
le
Dans tous les cas, l'exercice de la pêche s'imposait
réinvestissement des gains issus de la pêche, alors
car on assistait à un début de concentration des po-
que l'autre, allogène et maritime, se traduit par l'ex-
pulations dans les agglomérations. En conséquence,
patriation des revenus vers le pays d'origine des
fournir du poisson pour l'alimentation de la classe
professionnels.
ouvrière laborieuse des industries et des centres
commerciaux était devenu une nécessité. Pour cette
Au plan méthodologique, cette étude repose sur une
raison, des compagnies de pêcheurs s'installèrent à
analyse des Archives Nationales de Côte d'Ivoire.
proximité des grands centres urbains. Ainsi, la ville
Ces documents ont permis de situer la période d'im-
de Grand-Bassam fut le point de départ de la pêche
plantation des premiers pêcheurs sur le littoral ivoi-
en mer en Côte d'Ivoire. Les Fanti qui pratiqueront
rien. Ils ont été complétés par des écrits d'historiens
la pêche plus tard seraient au départ des récolteurs
qui ont eu pour champ d'investigation les sociétés
de caoutchouc naturel (poyofoués) ou des courtiers
de pêcheurs du littoral ivoirien. De plus, nos récen-
(brokers). Ils étaient employés clans la maison Ré-
tes études dans l'espace littoral nous ont permis de
gis dès les années 1840 (Delauney. 1995). En 1853,
recueillir de multiples informations utiles auprès des
il était fait mention de l'emploi cie huit courtiers de
pêcheurs.
troque, gens de Gold Coast très habiles et très in-
telligents (AOM, SEN. XIII-IS, copie lettre du Ca-
1. L'occupation de la façade maritime
pitaine Isnard, Grand-Bassam, 30-06-1853). La
proximité du royaume ashanti du sud-est ivoirien
La façade maritime du littoral ivoirien est peuplée
aurait ainsi favorisé le développement des activités
par des pêcheurs d'origine ghanéenne (Fanti et Ewe,
commerciales dans la région de Grand-Bassam et
90 %), libérienne (Nanakrou, 5 %), ivoirienne
d'Assinie, puis, le développement des réseaux des
(Alladian, 3 %) et une minorité de diverses natio-
commerçants Dioula et la chute des cours du caout-
nalités dont des Sénégalais et des non-Africains.
chouc se seraient traduits par le retrait précoce des
L'implantation des pêcheurs sur le littoral ivoirien
courtiers fanti du commerce. Ces derniers ne quit-
s'est faite par vagues successives. On peut distin-
tèrent pas pour autant la région de l'est ivoirien
guer trois grandes périodes: la période avant 1900,
(Grand-Bassam et Assinie) où ils prirent une part
celle qui va de 1900 à 1960 et la période de 1960 à
active dans les équipes de pêche en mer. D'autres
nos jours.
se sont reconvertis dans le petit commerce et érigè-
rent des boutiques et des bijouteries (Gouv. Gen.
1.1. L'implantation des pêcheurs avant 1900
de l'AOF, 1906, p.81).
À travers les récits rapportés par les historiens, les
explorateurs, les scientifiques et certains pêcheurs
Cependant, c'est entre 1890 et 1900 que sont recen-
relativement à l'implantation des communautés de
sées les premières véritables équipes de pêcheurs
pêcheurs artisans sur la façade maritime du littoral
dans la région de Grand-Bassam (De Surgy, 1965).
ivoirien, il ressort que le littoral ivoirien a connu
Ces professionnels s'installèrent dans la banlieue
l'implantation des premières compagnies de pê-
de la ville, dans le petit village cl'Azuretti. Grand-
cheurs à la fin du XIXe siècle. Il existe deux ver-
Bassam était alors la capitale de la Côte d'Ivoire
sions sur les raisons ayant motivé la fondation des
(1893 à 1900) et connaissait un essor économique
premiers campements de pêcheurs. La première sti-
important. Les Français continuaient d'installer les
pule que les pêcheurs se sont installés sur la façade
comptoirs de commerce pour faire parvenir en Eu-
maritime à la demande des Européens pour fournir
rope, les produits dont leur industrie avait besoin.
des produits de pêche aux agglomérations urbaines
C'est dans ce contexte que Arthur Verdier établit à
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2em• Semestre)
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Sciences sociales et humaines
_
Grand-Bassam une importante factorerie pour
toral ivoirien.
l'achat de l'huile de palme. L'essor économique fit
alors appel à une importante main d'œuvre repré-
À Sassandra comme à Tabou, les premiers pêcheurs
sentant un marché potentiel pour la pêche.
qui s'installent s'adonnent majoritairement à la pê-
che
du
hareng
(Sardinella
eba).
Au début du XXe siècle, les équipes de pêcheurs
De 1900 à 1960, les pêcheurs s'installent à
établies à Grand-Bassam étaient ainsi constituées
Jacqueville (2 compagnies de 7 pêcheurs), à Port
de deux compagnies de senne tournante et de 6 équi-
Bouët (2 compagnies de 43 pêcheurs) et à Grand-
pes de filets fixes. Ces compagnies employaient 70
Bassam (4 compagnies de 72 pêcheurs). Les com-
pêcheurs. Le matériel de pêche se composait de 7
munautés déj à en activité à Tabou, Sassandra et
grandes pirogues et de 51 filets (De Surgy, 1965).
Azuretti s'enrichissent de nouveaux membres. Ainsi,
à Tabou trois nouvelles compagnies rejoignent la
1.2. Les sites d'installation entre 1900 et 1960
première. En 1960, on recensait 4 compagnies avec
un effectifde 22 pêchems. À Sassandra, deux com-
Avec le renforcement des activités commerciales,
pagnies d'environ 13 pêcheurs chacune rejoignent
les constructions de wharfs se succèdent (Grand-
la première, portant le nombre de professionnels
Bassam en 1901 et 1923, Port-Bouët en 1931).
de la pêche à 40 personnes. À Azuretti 8 compa-
Sassandra se dote d'un wharf métallique après la
gnies de 70 pêcheurs étaient recensées en 1960 sans
Seconde Guerre mondiale et se positionne en tant
qu'on ne ~ache avec précision l'année de leur in-s
que deuxième pôle d'échange après les villes de l'est
tallation (De Surgy, 1965).
(Assinie, Bingerville et Abidjan). Ainsi, le regain
d'activités économiques renforce et intensifie l'oc-
1.3. L'occupation de la façade maritime de
cupation de la façade maritime du littoral par les
1960 à nos jours
communautés de pêcheurs. L'implantation d'équi-
pes de pêcheurs dans les villes coloniales est deve-
S'il est vrai que la plupart des agglomérations du
nue quasiment systématique, si bien que les locali-
littoral ivoirien connaissent une présence continue
tés de Tabou et de Sassandra enregistrent les pre-
de compagnies de pêcheurs depuis le début du XXe
miers
pêcheurs
entre
1900
et
1910.
siècle, c'est véritablement à partir de 1960 que les
Selon Delauney (1995), les pêcheurs établis à
pêcheurs, le plus souvent d'origine étrangère, occu-
Sassandra et à Tabou étaient au départ, un groupe
pent massivement et de façon permanente le litto-
de pagayeurs originaires d'Elmina (fig. 2), recrutés
ral ivoirien. En 1963, De Surgy (1965) recensait 85
au Ghana pour travailler auprès des planteurs de
compagnies de pê~heurs dont 9 sur le littoral de
palmiers à huile de Drewin. Ces pagayeurs avaient
Tabou, 20 sur celui de San Pedro, 25 à Sassandra,
en charge le transport de l'huile depuis la côte jus-
Il sur le rivage Alladian dans la région de
qu'aux navires ancrés au large. Ils seraient pêcheurs
Jacqueville et 17 dans le secteur Abidjan, Azuretti
au Ghana et se seraient mis à pratiquer occasion-
et Assinie.
nellement la pêche pendant leurs moments libres,
Depuis les travaux de De Surgy (1965), aucun re-
avec, bien entendu, l'autorisation des planteurs
censement n'a été réalisé. En: 1986 - 1987, sur la
autochtones à qui ils auraient demandé de faire ve-
base des estimations à partir des rapports des Cen-
nir des filets. Cette pêche occasionnelle serait des-
tres de pêche et d~s fiches d'enregistrement des pi-
t
tinée à leur propre consommation. Seulement une
rogues effectuées à Abidjan par le service de la po-
petite partie était remise au commandant de cercle.
lice des pêches, hl DCGTx (1988) évaluait le nom-
À Sassandra, à la fin du contrat de ces travailleurs
bre de pêcheurs en exercice globalement à 9 000 en
agricoles avec les autochtones, le commandant de
1986 (tab. 1) et Il 000 en 1987. En 2003, les cen-
cercle leur aurait demandé de rester pour pratiquer
tres des pêches estimaient la population de pêcheurs-
la pêche. La version rapportée par De Surgy (1965)
artisans sur le littoral ivoirien à 5 671 personnes
est semblable, à la différence qu'il ne lie pas l'im-
(DPH, 2003). À côté de cette pêche artisanale, s'est
plantation des pêcheurs à une intervention du com-
développée depuis la fin des années 1940, une pê-
mandant du cercle. Les pêcheurs seraient revenus
che industrielle essentiellement basée à Abidjan et
d'eux-mêmes pour exploiter les eaux riches du lit
: qui exploite aujourd'hui 20 sardiniers et 17 chalu-
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Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2eme Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _- - - - - - - - - - - - Sciences sociales et humaines
tiers
avec
480
pêcheurs
embarqués.
tion de poisson en Côte d'Ivoire. La première est
représentée par l'espace littoral avec une consom-
La pêche artisanale maritime utilise 1 451 pirogues
mation d'environ 60 kg/hab/an (Vincke et
dont 339 grandes (12 mètres et plus), 444 moyen-
Wijksdrômun, 1982). Ensuite viennent les centres
nes (longueur comprise entre 8 et 12 mètres) et 668
urbains avec en moyenne 26 kg/hab/an. Enfin, les
petites (entre 6 et 8 mètres) (Anoh, 2007). Le taux
agglomérations rurales où le niveau de consomma-
de motorisation estimé à 56% par Koffié-Bikpo
tion est estimé à 3,8 kg/hab/an (Anoh, 1994). Les
(1997) a été évalué à 53% en 2002 (N'goran, 2002).
produits de pêche participent ainsi efficacement à
En 2005, nous avons recensé 646 moteurs hors-bord
la couverture des besoins en protéines de la popula-
tous les centres de pêche confondus (Anoh, 2007).
tion et les pêcheurs du littoral en sont les princi-
paux fournisseurs.
Les engins de pêche communément utilisés sont la
L'implantation des pêcheurs en lagune Deux gran-
senne tournante, la senne de plage et divers filets
des phases sont observables dans l'occupation du
maillants de surface et de fond. Toutefois, une mi-
milieu lagunaire.
norité de pêcheurs s'adonnent à la pêche palangrière.
Ces pêcheurs qui parcourent souvent de grandes
2.1. Les populations lagunaires des origines au
distances sont les initiateurs de l'usage de la glace
début du XIXe siècle
comme moyen de conservation. Leurs prises, cons-
tituées d'espèces démersales (poissons nobles), sont
Les pourtours des lagunes de Côte d'Ivoire sont oc-
le plus souvent écoulées dans les ports de pêche à
cupés par quatorze peuples regroupés sous l'appel-
Abidjan et à San-Pedro. La vente se fait générale-
lation de "lagunaires". Les peuples les plus anciens
ment de gré à gré à une clientèle composée d'éta-
se seraient installés depuis le paléolithique et le
blissements hôteliers, de restaurants et de quelques
néolithique (Loucou, 1984). Les outils en pierre
personnes aisées. La production des filets, compo-
taillée datant de cette époque retrouvés en pays
sée d'espèces pélagiques alimente les centres de
abbey (Lovidjé), adjoulaou (Kosr, Toukpa, Orgbat),
fumage des campements et des villages de pêcheurs.
alladian et ébrié (Abobo) sont une preuve de l'an-
cienneté de l'humanisation de l'espace lagunaire.
La production halieutique ivoirienne, tous secteurs
Ces peuples primitifs seraient des ramasseurs, des
de pêche confondus était de 69 766 tonnes en 2003.
cueilleurs et dans une moindre mesure des agricul-
En 2000, elle valait 81 522 tonnes (DPH, 2000 et
teurs. Avec l'âge des métaux, ils auraient fabriqué
2003). Pourtant, la consommation de produits de
des outils de meilleure qualité pour cultiver la terre
pêche a progressé régulièrement depuis 2000. Elle
ou confectionner des pirogues pour la pêche
est passée de 243 581 tonnes à 244647 tonnes en-
(Loucou, op. cit.).
tre 2000 et 2003. La baisse constante de la produc-
tion nationale est compensée par des importations
Les amas de coquillages trouvés dans la région de
massives de poissons congelés dont les volumes
Dabou (N'gaty à Adiopodoumé) et datés entre 1000
sont passés de 168 859 tonnes à 177 442 tonnes
et 1500 après JC. montrent la continuité de l'occu-
entre 2000 et 2003. Ces importations ont coûté 60
pation de l'espace laglmaire par des populations jus-
milliards en 2000 et 64 milliards en 2003 (DPH,
qu'au Moyen Age, mais surtout, l'importance de la
2000 et 2003).
pêche et le recours au poisson dans l'alimentation
des populations.
.
Les produits de pêche sont commercialisés à l'état
frais, congelés ou fumés. Alors que le circuit du
Plus récemment (du XVe au XVIIIe siècle), les peu-
poisson frais est généralement court et alimente les
ples primitif~ lagunaires sont rejoints par pluslturs
environs des centres de production, ceux du pois-
petits groupes 'ethniques venus de l'est et de l'ouest.
son congelé et fumé couvrent un territoire plus vaste
Les Ébrié sont les premiers à s'installer au XVIe
et permettent d'approvisionner les régions défici-
siècle. Au XVIIe siècle, les Avikam, les Alladian et
taires
en
ressources
aquatiques.
les Éhotilé les rejoignent. Les N'zima ou Apolo s'ins-
On distingue trois grandes zones de consomma-
tallent autour de la lagune Éhy et se spécialisent
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2~1Q' Semestre)
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Sciences sociales et humaines - - - - - - - - - - - - - - -
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dans le commerce entre Européens et Africains.
vail régional où les groupes côtiers (Alladian,
Dans le même temps, les Abouré occupent la ré-
Essouma, N'zima) pratiquent une pêche maritime
gion allant du fleuve Bia à la lagune Aby. Les
de subsistance, la fabrication du sel et le commerce
Adioukrou s'établissent dans la région de Dabou.
de traite avec les navires marchands européens tan-
Les Essouma refoulent les Avikam et les Alladian
dis que les populations de l'hinterland (Abouré,
vers l'ouest pour les remplacer à leur site initial à
Agni) se livrent à l'agriculture et au commerce en-
l'est, auprès des Éhotilé. Au XVIIIe siècle, avec l'ar-
tre
l'intérieur
et
les
groupes
côtiers
".
rivée des Agni, les Abouré sont refoulés vers l'ouest
()
pour
occuper
leur
site
actuel.
Parmi les populations qui ont conservé leur tradi-
À partir du XIXe siècle, le peuplement des rivages
tion de pêcheur, certaines ont fait de l'exploitation
des lagunes ne subit plus de changements notables.
des ressources aquatiques un instrument de déve-
Les populations qui y vivent sont des pêcheurs à
loppement. Dans ces régions, divers emplois s'or-
titre exclusif (Avikam, Alladian, Ahizi, Adioukou,
ganisent autours des centres de pêche. En plus, l'ini-
Éhotilé et Ébrié) ou agriculteurs-chasseurs ou en-
tiation de la pisciculture lagunaire à partir de 1976
core villages-relais sur les grands axes commerciaux
a accru les capacités piscicoles de la façade litto-
(Essouma, N'zima ou appoloniens, M'batto ou Gwa,
rale (création de fermes à Aghien, Grand-Lahou,
Ab9uré, Abbey, Krobou, Abidji et Attié). Certains
Jacqueville, Layo). D'autant que, la Direction des
peuples comme les Essouma étaient à l'origine pê-
Pêches Maritimes et Lagunaires y a entrepris de
cheurs. Ils ont par la suite abandonné les activités
développer la pisciculture lagunaire du machoiron
de
pêche
au
profit
du
cômmerce.
en mettant en place en 1981, avec le concours fi-
nancier de la Caisse Française de Développement,
2.2. Géographie du peuplement de l'espace la-
le Projet de développement de l'Aquaculture Lagu-
gunaire
depuis
le
XI Xe
siècle
naire. Au début des années 1990. des projets privés
de production aquacole se sont succédés. Il en est
Au plan géographique, deux grands groupes de la-
ainsi de BP-Aquacu1ture (aquaculture du tilapia en
gunaires sont identifiables: ceux de l'intérieur com-
lagune Ébrié puis Aghien), de Blohom (pénéiculture
prenant les Abbey, les Krobou, les Abidji et les Attié
à Grand-Lahou maintenant disparue) et de la
et les lagunaires proprement dits qui se composent
Compagnie Africaine de Reproduction de Pois-
des Avikam, Alladian, Ahizi, Adioukrou ou
sons (CARP-tilapia en lagune Aghien). Ces fer-
Odjoukrou, Ébrié ou Kyaman, Abouré ou Abou,
mes totalisent une superficie d'environ 25 ha.
Mbatto ou Gwa, Essouma, Éhotilé et N'zima ou
Appoloniens. Ces derniers se localisent sur les pour-
Le réinvestissement des revenus issus de ces acti-
tours
immédiats
des
lagunes.
vités a permis l'acquisition d'équipements indivi-
La tradition de pêcheurs s'est perpétuée dans cer-
duels et socio-collectifs, l'urbanisation et en défini-
tains groupes (Éhotilé, Avikam, Alladian, Ahizi,
tive le développement des villages de pêcheurs du
Essouma, Adioukou et Ébrié). Jusqu'au deuxième
milieu lagunaire. Par ailleurs, le poisson joue à pré-
quart du XXe siècle, ils étaient pêcheurs à titre prin-
sent un rôle nutritionnel sans précédent dans ces
cipal (Perrot, 1989). D'autres (Abbey, Krobou,
régions.
Abidji, M'batto, Abouré, N'zima et Attié) ont aban-
donné la pêche au profit des activités agricoles dont
3. Le littoral ivoirien: un espace, deux modèles
ils tirèrent de fructueux bénéfices. Ils sont devenus
de développement
en outre planteurs, produisant café, cacao, puis co-
prah, et cultivant des vivriers. Cette évolution di-
Du point de vue de l'impact de la pêche sur le peu-
vergente est notée par Verdeau (1992). En effet, il
plement et le développement de l'espace littoral, il
rekv~it que" les Prokpo (Ahizi) en lagune Ébrié et
se dégage deux modèles qui coexistent.
les Éhotilé en lagune Aby sont à l'origine les grou-
pes spécialisés dans la pêche. Leurs rapports privi-
3.1. La pêche: activité précurseur du dévelop-
légiés avec les génies d'eau en font les médiateurs
pement d~ns l'espace lagunaire
obligés pour l'accès au milieu. Cette spécialisation
étroite s'inscrit dans le cadre d'une division du tra-
L'essor des villes et des villages Éhotilé, Avikam,
350
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2""" Semestre)

--------------------------';";"u- Sciences sociales et humaines
Alladian, Ahizi, Essouma, Adioukou et Ébrié a pen-
quitter d'ùn droit d'accès à l'eau qui est reversé aux
dant longtemps reposé sur l'économie halieutique.
familles autochtones riveraines ou à la chefferie tra-
Dans certains cas, la pêche continue encore d'être
ditionnelle.
le moteur de l'économie des localités. C'est l'exem-
ple d'Adiaké en pays Éhotilé, Lahou-Kpanda et
C'est à cette organisation qu'on attribue la rapide
Braffèdon chez les Avikam et Jacqueville en pays
urbanisation et le développement de l'espace lagu-
alladian et ahizi.
naire. L'érection de la plupart des agglomérations
en chef-lieu de sous-préfecture ou de préfecture
Dans ces agglomérations, l'économie halieutique
après l'indépendance et l'implantation de divers
constitue un élément précieux de développement.
commerces ont contribué à renforcer le poids éco-
Les systèmes de gestion et d'exploitation des eaux
nomique des villes riveraines des lagunes du litto-
mis en place génèrent des ressources qui sont habi-
ral ivoirien.
lement utilisées pour l'amélioration du cadre de vie
des populations. D'autre part, la valeur nutrition-
3.2. La façade maritime: le développement a
nelle des produits de pêche est révélée chez les po-
précédé
l'arrivée
des
pêcheurs
pulations lagunaires par un régime alimentaire es-
sentiellement basé sur les ressources aquatiques
L'évolution et le développement de la façade mari-
(poissons,
crabes,
crevettes
etc ... ).
time du littoral ivoirien se présente différemment
de l'environnerilent lagunaire. Ici, les communau-
À Adiaké et à Grand-Lahou, des précisions impor-
tés de pêcheurs s'implantent et prospèrent généra-
tantes ont été apportées lors des études récentes que
lement à proximité des centres urbains où les be-
nous avons menées à Adiaké et à Grand-Lahou
soins des populations en produits de pêche sont
(Anoh, 2007). Les modèles de développement ren-
importants. Les pêcheurs qui sont majoritairement
contrés en lagune Ébrié sont similaires à ceux rap-
allogènes (90% de Ghanéens) privilégient le trans-
portés dans les agglomérations proches des lagu-
fert des gains issus de la pêche vers leur pays d'ori-
nes
Aby
et
Grand-Lahou.
gine où ils participent activement au développement
local, régional et national. Dans leur pays, ils privi-
Outre le fait que l'exercice de la pêche justifie la
légient les investissements dans l'immobilier, la
création et le peuplement de ces agglomérations ;
pêche, lè transport et. dans une moindre mesure dans
"lors de leurs migrations au XVIe siècle, les Ébrié
le secteur agricole où quelques-uns créent des plan-
ou Kobriman voulaient s'installer définitivement au
tations.
bord d'un cours d'eau pour se livrer à la pêche"
(Loucou, 1984), elles doivent leur urbanisation et
Sur la façade maritime de la Côte d'Ivoire, le lieu
leur développement récent à cette activité et à ses
d'habitation des pêcheurs constitue le plus souvent
effets
indirects
et
induits.
un quartier isolé, à la périphérie du centre urbain.
Ces espaces sont en général sommairement amé-
Les habitations, les édifices religieux, les centres
nagés et d'une insalubrité étonnante. Les résiden-
de santé et les équipements socio-éducatifs sont fi-
ces sont faites de matériaux de récupération, elles
nancés par des cotisations à partir des revenus is-
sont séparées par des ruelles et le réseau d'assainis-
sus de la pêche et des activités induites et indirec-
sement eSL inexistant (Koffié-Bikpo, 1997). L'ab-
tes. On peut citer l'exemple des villages de Élokato
sence de toilettes individuelles et l'usage de latri-
et Élokaté dans la région de Bingerville ; Adiapoté,
nes publiques sur pilotis aggravent davantage l'in-
Adiapoto à l'ouest d'Abidjan; N'gaty et Mopoyem
salubrité, la pollution et la dégradation de l'envi-
respectivement à l'est et à l'ouest de Dabou.
ronnement. p'autre part, les espaces publics sont
peu entretenus. La fumée et les odeurs nauséabon-
Le rôle important joué par la pêche explique les
des sont quasi-permanentes. Les résidences sont
systèmes de gestion et de contrôle des eaux mis en
d'ordinaire à proximité des échouages et le traite-
place par les populations riveraines. Dans toutes ces
ment des produits de la pêche se fait sur place.
régions, l'accès aux eaux lagunaires est réglementé
. et les allogènes qui pratiquent la pêche doivent s'ac-
De Tabou à Tiapoum, cet environnement des com-
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2~m. Semestre)
351

Sciences sociales et humaines - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
munautés de pêcheurs du littoral est permanent et
tiques. La pêche responsable et durable promeut le
invariable. Pourtant, la pêche maritime prend une
maintien de la qualité, la diversité et la disponibi-
part active dans le développement du littoral et par-
lité des ressources halieutiques en quantités suffi-
ticipe au dynamisme reconnu aux villes littorales
santes pour les générations présentes et futures, dans
ivoiriennes. D'abord au plan nutritionnel, les pro-
un contexte de sécurité alimentaire et de réduction
duits de la pêche aident à l'établissement et au main-
de la pauvreté.
tien de l'équilibre alimentaire des populations vi-
vant sur la façade maritime. Ensuite, les activités
La pêche durable se traduit par un aménagement
induites par le secteur de la pêche (mareyage, fu-
fondé sur des données scientifiques fiables mais
mage et commerce de produits de pêche) offrent
aussi sur des cOlmaissances traditionnelles relati-
des emplois multiples aux populations. En 2005,
ves aux ressources et à leur habitat. Il s'agit de pré-
on estimait le nombre de ces emplois à environ 16
venir la surexploitation et de mettre en œuvre des
000 (Anoh, 2007). Il en est de même des emplois
mesures d'aménagement de sorte que l'effort de
indirects (vente de matériel utilisé dans la pêche ou
pêche soit proportionnel à la capacité de produc-
dans le fumage). Les populations y tirent des reve-
tion des ressources halieutiques. D'autre part, la
nus importants qui contribuent à l'amélioration de
pêche durable doit appOlier une contribution fon-
leur vie quotidienne. Enfin, l'imposition des pro-
damentale à l'alimentation, à l'emploi, aux loisirs,
fessionnels de la pêche et des acteurs des emplois
au commerce et au bien-être économique des po-
induits et indirects procure des recettes aux cheffe-
pulations qu'il s'agisse des générations présentes ou
ries traditionnelles et aux services de l'État qui in-
future (FAO, 1995). Cette raison justifie le fait que
terviennent dans l'encadrement des professionnels
les activités liées à la pêche soient conduites de
(Anoh, 2007).
manière responsable.
4. Dynamique de l'occupation et développe-
Les pratiques de pêche sur le littoral ivoirien intè-
ment durable du littoral
grent dans certains cas les principes de développe-
ment durable, toutefois, des faiblesses importantes
Le littoral ivoirien est le siège d'une importante ac-
sont à corriger pour assurer la durabilité des pêches
tivité de pêche et de commerce de poisson. Il parti-
et garantir la pérennité du dynamisme économique
cipe pour cela à la création d'emplois et à la distri-
du
littoral
ivoirien.
bution de revenus à une population nombreuse. Les
gains issus de l'exploitation des eaux sont réinvestis
En lagune, le système de contrôle de l'accès aux
sur place en Côte d'Ivoire ou rapatriés dans le pays
eaux mis en place par les populations riveraines est
d'origine des professionnels et les produits de la
une pratique intéressante. Cependant, pour être ef-
pêche participent par ailleurs efficacement à la lutte
ficace, les populations doivent constamment recher-
contre la malnutrition. La pêche littorale (en mer et
cher l'adéquation entre l'effort de pêche qui s'exerce
en lagune) contribue aussi à l'approvisionnement
dans l'espace lagunaire et les ressources disponi-
des villes de l'intérieur qui constituent son arrière-
bles, ce qui n'est pas le cas présentement. La maÎ-
pays halieutique. Ce faisant, la pêche sur le littoral
trise de l'effort de pêche nécessite une politique
ivoirien contribue au développement économique
d'aménagement global applicable au système lagu-
et social à l'échelle locale, nationale et internationale.
naire dans son entièreté et si possible à l'ensemble
des eaux littorales. Or. on assiste dans les agglomé-
La pérennité de l'occupation de l'espace littoral est
rations littorales à la juxtaposition de politiques lo-
toutefois conditionnée par la durabilité des prati-
cales d'aménagement, toute chose qui entrave une
ques et des modes d'exploitation des eaux en cours
exploitation durable des eaux lagunaires.
dans
ce
milieu.
En mer, les impacts multiples des pêches en ter-
mes d'emplois et de nutrition sont des acquis im-
La pêche durable est une pêche menée de manière
portants à préserver car ils participent au dévelop-·
responsabl~ qui tient compte des aspects biologi-
pement durable, toutefois, la précarité et l'insalu-
ques, économiques, sociaux, environnementaux et
brité des conditions de vie des professionnels liées
commerciaux de l'exploitation des ressources aqua-
à la préférence pour le rapatriement des gains cons-
352
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007 (2ème Semestre)

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - " - - - -
tituent une entrave importante à la pérennité de l'im-
vironnement littoral et le rôle économique et social
plantation des communautés de pêcheurs sur le lit-
de l'exploitation des ressources aquatiques com-
toral ivoirien.
mande que les systèmes d'exploitation des eaux
s'inscrivent dans une perspective de développement
La pêche durable commande que les professionnels
durable pour assurer une continuité du développe-
exercent leurs activités dans des conditions d'hy-
ment
de
l'espace
littoral.
giène et de sécurité minimale. Il faut pour cela dé-
senclaver les villages de pêcheurs et les intégrer aux
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
politiques d'aménagement de l'espace littoral.
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CONCLUSION
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géographie, Géolittomer-LETG, Univ. Nantes,
Le littoral ivoirien est marqué par une importante
334 p.
activité de pêche et d'aquaculture. Il s'y déroule deux
fonnes de pêche : la pêche lagunaire et la pêche
2. ANCI, Administrateur Février, 1911. Monogra-
maritime.
phie du cercle du Bas-Cavally, Archives Nationa-
les de Côte d'Ivoire (sans cote), p. 94.
La pêche lagunaire est une activité traditionnelle
exercée par les populations autochtones dès les pre-
3. ANCI, Cercle des Lagunes, Rapports mensuels,
miers contacts avec l'espace lagunaire dans la pré-
trimestriels ou de tournée. 1898- 1918,
Archi-
histoire. Au XIXe siècle, avec l'introduction de la
ves Nationales de Côte d'Ivoire, Abidjan.
monnaie dans les échanges, les produits de pêche
alimentent un commerce fructueux et les plans d'eau
4. ANCI, Cercle du Bas Sassandra, Poste de
lagunaire deviennent un enjeu stratégique et éco-
Sassandra, 1909. Rapport sur la situation du
nomique. Le réinvestissement des gains issus de
Cercle du Bas Sassandra pendant les quatre
l'exploitation des eaux contribue à l'amélioration des
derniers mois de 1909, Archives
Nationales de
conditions de vie des populations de pêcheurs et
Côte d'Ivoire, série IEE 157 (1/1).
aboutit au développement économique et social des
agglomérations riveraines des plans d'eau lagunai':
5. ANCI, Cercle du Bas Sassandra, Poste de
res.
Sassandra, 1909. Précis de la situation politique
du Bas Sassandr::t au mois de février 1917, Archi-
Sur la façade maritime, les premières équipes de
ves Nationales de Côte d'Ivoire, série
IEE 157
pêcheurs professionnels s'y sont installées à la fin
(112).
du XIXe siècle, attirées par le dynamisme des vil-
les naissantes et la demande des travailleurs urbains
6. AOM, 1853. Correspondance de la maison
en produits de pêche. Ces pêcheurs sont
Régis, 1844- 1854, Archives d'Outre Mer, Aix-
majoritairement originaires du Ghana voisin où ils
en-Provence, 'Séries Géographiques.
destinent l'essentiel de leurs revenus. La préférence
pour l'expatriation des gains explique la précarité
7. DCGTx, 1988. Projet pour le développement
de leurs conditions de travail et de vie. Les cités de
des pêches maritimes artisanales, Ministère
de
pêcheurs constituent des enclaves à la périphérie
la Production Animale, 76 p.
des grands centres urbains où se posent de graves
problèmes d'aménagement, d'environnement et de
8. DELAUNEY C. 1995. Les pêcheurs ghanéens
sécurité. Toutefois, les multiples emplois induits et
(fante et ewe) sur le littoral ivoirien.
Histoire
indirects qui découlent de l'exploitation des eaux
de la pêche piroguière maritime eri Côte d'Ivoire
(environ 40 000) procurent des revenus apprécia-
au XXe siècle, Thèse doct.
d'Histoire, Univ.
bles à une population littorale de plus en plus im
Paris 1- Panthéon-Sorbonne, 3 Tomes, 538 p.
portante.
La place de la pêche lagunaire et maritime dans l'en-
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 009 N° 2-2007. (2iml Semestre)
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