Sciellces sociales et IIlImailles
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
1
1
PROCESUS D'INTEGRATION REGIONALE ET
SOURCES DE CROISSANCE ENDOGENE : UNE
APPLICATION AUX PAYS DE l'UEMOA.
1
Ali Hellri OTROU
Ulliversité de COCOl~V
(, FR de.\\ SClellce.\\ Ecollollllqlles et de GestlOl1
Doctellr d'Etat ell Sdellces Ecollol1liqlles
MaÎtre-Assistallt

RÉSUMÉ
II
li
Les politiques d'intégration économique n'ont pas connu de véritables succès en zone UEMOA
1
pour I:i si mple raison qlie ces Liernières ont toujours reposé sur les facteurs traditionnels de croissance.
l:objeetif de la présente étude est de montrer que les nouvelles théories de la croissance (sources de la
croissance endogène) peuvent propulser une nouvelle dynamique de l'intégration régionale. Il s'agit d'établir
une relation objective entre régionalisation économique et croissance endogène.
A;Jo/s-c/és :
In/é~ra/ion économique, croissance endogène, développement, économies
d'échelle,ex/emali/és
"l!
ABSTRACT
Economie integration pol icies have not been ail that successful real successes in UEMOA/WAMEU
/.one simply dl,le to the reason thm the latter have al ways been based on new growth theories (are sources of
the endogenous growth) can prop.:1 a new dynamics ofthe regional integration.lt is question ofsetting up a
neutral relationship between eeonomic regionalisation and endogenous growth.
r...el'.HFOrûs:
t"coJ7(l/nic inle~ra/ion, enÛ()~enous ~row/h. development, scale
;i
IL
eco/1omies. ex/ernalilies
Le~expériences d'intégration en Afrique ont
INTRODUCTION
enregistré des résultats mitigés (Kassé M., 2003). Il
en est ainsi parce que l'intégration économique a eu
I.es pays de nJEMOA accordent depuis les années
pour fondement essentiel d'accroître, non seulement
IW. une importance particulière aux questions de
la présence de l'Afrique dans le commerce mondial,
regionalisme eeonomique. Le regain d'intérêt à
mais également, elle a cor\\til itué une fonlle
l'intégration économique s'inscrit. d'abord. comme une
d'ajustement externe (Onlin Ossa, 1999).
redc!lOI! CI la CDnstructionlflllllonS économiques (SU110llt
l'l 'nion Europeenne) : ensuit.:. elle se pose comme lIne
lentatllc dc recherche de solutIons aux problcmcs
l'ClllHllllilllies ct financiers des pays africains.
I{evuc du CAM ES - Nou\\'Clle Série B, \\'01. UUS N° \\-2007 (\\" Semestre)
317

L'échec des politiques d'intégration régionale amène
à réfléchir sur des nouvelles voies susceptibles de
renforcer la croissance en vue d'un développement
durable. Ainsi, les sources de croissance endogène
peuvent ouvrir des perspectives nouvelles à l'analyse
du processus d'intégration économique dans la zone
UEMOA
La mise en perspective théorique des notions
d'intégration régionale et de croissance endogène va
traduire la pertinence de celle de croissance endogène
régionalisée (Akani·Honvo A et Léon A, 1998),
fondement de croissance soutenue et de développement
durable.
La présence des économies d'échelle et des
Selon Hugon (2001), l'intégration régionale peut
extemalités, analysées par l'économie géographique,
apparaître comme un processus multidimensionnel
est aussi mise en relief par les modèles de croissance
caractérisé par :
endogène. Ces rnoetèles peuvent expliquer les
extemalités et les rendements d'échelle croissants dans
le processus de croissance endogène régionalisée.
des interdépendances entre les
économies nationales à travers les
AI' état actuel de la littérature économique, les
flux de marchandises. de capitaux et
théories de la croissance endogène s'opposent donc
de travail:
au modèle de Solow-Swan où le progrès technologique
est considéré comme exogène. L'étude des sources
des convergences entre les pays
de la croissance endogène renvoie généralement à
grâce à des cri tères dc convergence
quatre grandes approches:
(économiques et financiers) ;
des projets communs entre les pays,
des stratégies d'harmonisation et de
la première approche est le modèle
coordination
des
politiques
fondateur de Romer (1986) qui
économiques se traduisant par des
considère l'investissement comme
transferts de souveraineté.
source endogène dans la mesure où
il fait bénéficier, à chaque pays, des
extemalités technologiques;
L'approche multidimensionnelle de l'intégration
le second modèle de Romer (1990)
régionale ne s'accorde pas avec les modèles
traduit la deuxième approche de la
d'intégration par l'Etat et le marché tels que mis en
croissance qui insiste sur l'innovation
application par les pays africains depuis les années
technologique. En effet, Romer
1960. La rupture avec les modèles anciens s'exprime
montre que, grâce à la Recherche-
par la prise en compte de la dimension géographique
développement, une même teclmique
de l'intégration, des processus de convergence et de
peut être utilisée en même temps par
divergence, et des questions institutionnelles et politiques
lm nombre quelconque de finnes. Ce
(Hugon, 2002)
qtÙ peut engendrer des externalités :
318
Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 008 N° 1-2007 (1'" Semestre)

-
-1-1':....-
Sciences sociales et humaines
la troisième approche considère le
modèle de détermination des sources de croissance
capital humain comme source de
endogène en zone UEMOA (première partie). avant
croissance endogène (Lucas,
de procéder à sa vérification empirique (deuxième
1998).Grâce à la diffusion du
partie).
savoir des individus dans le des
rendements croissants, l'on assiste
I. LE MODELE DE DETERMINATION
à la création d' externalités ;
DES SOURCES DE CROISSANCE
ENDOGENE EN ZONE UEMOA
enfin, la quatrième approche met en
relief les dépenses publiques
L'élaboration du modèle de détermination des
considérées comme source de
sources de croissance endogène nous conduit à la
croissance endogène (Barro, 1990).
présentation des différentes variables. d "une pati. et à
Dans cette optique, les dépenses
la spécification du modèle, d'autre part.
publiques concernent les transports,
les télécommunications, les routes, la
1.1. Les différentes variables du modèle.
sécurité et l'éducation. Selon
BARRO,
l'existence
Nous allons mettre en relief successivement la
d'infrastructures publiques entraîne
variable expliquée et les principales variables
la croissance du secteur privé qui
explicatives du modèle.
bénéficie d' externalités positives.
De ce qui précède. il convient de faire
1.1.1.
La variable expliquée
remarquer que les différentes sources de croissance
La croissance endogène régionale est la
endogène agissent simultanément et interagissent. Bien
variable expliquée. Nous aHons la représenter par le
que présentées séparément, les théories de la croissance
PŒ réel par tête des pays de l'UEMOA sur la période
endogène gardent toute leur validité scientifique au
1980-2003 (BAD, 2004), comme l'indique le
regard de l'importance des externalités technologiques
graphique 1.
et pécuniaires qu'elles suscitent (D. Guelle et P. Rahe,
L'existence des disparités propres aux pays
2001).
membres de l'Union expliquerait les diftërences
Comme on peut s'en apercevoir. 1' objectifde
observées au niveau des taux de croissance du PlB
la présente étude est donc d'établir la relation entre le
réel par habitant.
processus de régionalisation économique et les
différentes sources de la croissance endogène. Il s'agit
de rllOntrer si ces sources peuvent renforcer l'intégration
régionale des pays africains, principalement, ceux de
l'UEMOA.
Au regard du cadre macroéconomique des
pays de 1'UEMOA, l'on peut se demander dans queHe
mesure les sources de croissance endogène peuvent
affecter les trajectoires de croissance régionale. Nous
voudrions, ici, élaborer dans un premier temps, le
(Footnotes)
1
Kané K. (2003) a mis en relief ce phénomène d'externalités dans
les pays africains de la Zone CFA' ·'L'investisseur. ayant le choix
entre plusieurs sires, chotsira, à l'évidence. celui qui offre les meilleurs
infrastructures en terme de disponibilité, de tïabilité ct de cotH. II lui
faudra obtenir des terrains faciles à aménager. disposer de roUles et
voies ferrées. de ports maritimes et d'aéroports praticables.
d'électrÎcité. d'eau et de réseaux de télécommunication dont les coOls
les rendent compétitifs par rapport aux mêmes services dans les
autres localisations envisageables" (p. 65)
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
319

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et hllfllaines
Graphique nOl : Taux de croissance régionalisée du PIBH
Croissance du pibh_uemoa
Source: ROAD (2003)
L'analyse graphique pennet d'observer des tendances
1.1.2. Les variables explicatives
illustrant des évolutions contradictoires de taux de
croissance selon les périodes. Ce qui amène à distinguer
Les principaux détenninants susceptibles
trois phases d'évolution des taux de croissance du PIB
d'influer sur la croissance régionale sont les dépenses
réel par habitant :
publiques, l'investissement intérieur, l'ouverture
commerciale, la scolarisation dans le secondaire et le
-
de 1980à 1986, ces taux enregistrent
nombre de lignes téléphoniques. Ces indicateurs
des signes positifs, mais ils subissent
représentent les variables explicati ves du modèle de
une baisse significative (de 0.063 en
croissance régionalisée.
1981 à 0.003 en 1986) ;
-
de 1987 à 1993, on comptabilise des
1.1.2.1 Les dépenses publiques (depu)
taux de croissance du PIB réel par
La variable depu représente les dépenses de
tête négatifs pour l'ensemble de la
consommation publique en proportion du PIB dont
région UEMOA ;
l'effet attendu est négatif. Les travaux
-
de 1994 à 2001, l'on remarque,
économétriques, reposant sur les données de
d'abord, un taux de croissance du PIB
comparaison internationale de Heston et Summer, ont
réel par tête élevé grâce à la reprise
montré l'influence significative de la variable depu sur
économique due à la bonne tenue des
la croissance. La consommation publique, à travers
cours de matières premières agricoles
par exemple la prise en charge de certaines
et minières. Ensuite, ce taux
a
infrastructures, peut tàvoriser à accroître la
commencé à baisser à partir de 1995
productivité du secteur privé.
(0.142) pour atteindre 0.034 en
2001. Enfin, en 2002, il enregistre un
1.1.2.2. Le degré d'ouverture de l'économie
signe négatif(-0.013).
(dov)
Le
niveau
d'ouverture
commercia!
(X + M12PlB) peut servir de variable explicative dt
la croissance régionale. Il est considéré comme ur
320
Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 008 N° 1-2007 (1 ". Semestre

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
indicateur deperfonnance et de compétitivité d'lUl pays
positifde ce taux sur la croissance. La variable lesec
oud'lUle zone. La tendance à l'ouverture traduit une
est lUl indicateur d'appréciation du capital humain.
dynamique dans laquelle le fonctionnement des marchés
s'améliore et le fait que les facteurs de production
1.1.2.5. Le nombre de lignes téléphoniques
s'orientent vers lUl secteur exportateur, supposé à plus
pour
100
habitants
(let el)
forte productivité marginale ( P. Guillaumont ;GBoyreau
Le développement de la communication peut
Debray, 1996). Dans les pays de l'UEMOA, le taux
avoir un potentiel de croissance plus élevé dans la
d'ouverture, ici, mesuré comme la somme des taux
région. On s'attend, alors, à ce que la variable letel
d'importation et d'exportation parrapport au PIB, est
soit positivement liée au taux de croissance du PIB par
passé de 74.089 en 1980-1986 à 76.237 pour la
~
ê
t
période 1987-1993, avant d'atteindre 89.870 en 1994-
Après avoir mis en relief l'ensemble des
2003. On attend lUl effet positifde la variable dov sur
différents indicateurs susceptibles d'influencer sur le
.la
croissance
de
l'UEMOA.
taux de croissance régionale en zone UEMOA, nous
allons maintenant procéder à la spécification du modèle.
1.1.2.3. Le taux d'investissement nation~1 (invest)
La variable invest désigne le ratio de l'inve~ssement
1.2. L a spécification du modèle
en proportion du PIB. Ce ratio exprime la relation entre
l'invéstissement national et l'investissement étranger.
La spécification économétrique adoptée, dans
L'on s'attend à lUl effet positifdu taux d'investissement
notre étude, s'inscrit dans la lignée des travaux
sur
la
croissance
régionale
UEMOA.
empiriques
réalisés
par
Barro
(1991).
<-/' .
Le modèle est testé en panei sur la période
1.1.2.4. Le taux de scolarisation d~ns le
1980-2003, avec les données des huit (08) pays de
secondaire
(Iesec)
l'UEMOA. Ainsi, le modèle de détermination des
La variable lesec représente le taux de scolârisation
facteurs de croissance régionale s'écrit de la manière
dans l'enseignement secondaire. On attend un effet
s u i
v a n
t
e
PIBH =Go +~ DEPU+azDOV+G:3J.NVFST+a LESEC+asLErEL +&,
(1)
4
avec:
PIBH: le taux de croissance régionale du PIB par tête
DEPU: les dépenses publiques en proportion du PIB
DOV :le degré d' ouverture de l'économie
INVFSF :le taux d' investissement
LFSET. :le taux de scolarisation dans le secondaire
LErEL :le nombre de lignes téléphoniques pour 100 habi tants
Revue du CAMES- Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
321

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
d'extraire l'influence du temps sur l'évolution normale
des variables.
Après avoir présenté le modèle de
détermination des facteurs de croissance régionale en
En outre, nous avons procédé au test de Fisher, grâce
zone UEMOA, nouS allons, maintenant, procéder à la
au logiciel Stata 8.0 1, dans le but de constater la
vérification empirique de ce modèle.
présence ou non d'effets spécifiques individuels. Si le
test est concluant, une difficulté reste à surmonter
II. LA VERIFICATION EMPIRIQUE DU
concernant la nature de l'effet spécifique. Ainsi, si )'eltet
MODELE
spécifique est fixe, l'on est. alors, en présence d'un
modèle à effets tixes. En revanche. si l'existence de
Elle nous amène successivement à la
l'effet spécifique est aléatoire. on procède à une
présentation des résultats et à leur interprétation.
estimation d'un modèle à effets aléatoires ou modèle à
erreurs composées.
2.1. La présentation des résultats du
modèle
Dans ces conditions, il est possible de faire lm arbitrage
en recourant au test de Hausman (1978) ou à la
L'estimation du modèle sur données de panel est
statistique de Brellsch-Pagan (1979) sur données de
faite sur des données annuelles de la Banque Africaine
paneL à l'aide dlliogiciel Stat 8.0. Enfin, l'utilisation du
de Développement (BAD), couvrant la période de
test de cointégration de Johansen va rendre compte de
1980 - 2003, soit 24 observations. Ce qui conduit à
la relation dynamique de long terme entre les dif!ërentes
utiliser le test de racines unitaires individuel, par variables
variables du modèle.
et pays, grâce au logiciel Eviews. Il convient de souligner
que le test de racines unitaires permet de mettre en
A partir d,es différentes méthodes utilisées, les résultats
relie fla stationnarité des variables. C'est pourquoi, il
du modère à effets fixes sont présentés dans le tableau
est opportlm, par ailleurs, de recourir au test de Dickey
ci-dessous. Ces résultats attestent de la relation entre
foller (1 976) Augmenté 'ADF test). Ce dernier pem1et
la croissance économique régionale et les différentes
variables explicatives du modèle.
Tableau n° 1 : Estimations du modèle cl effets tixes
Pib/z
Coef.
StrI. Err.
t
P>/t/
[95% Conf:
IntervalJ
depu
-117.31
65.61
-1.79
0.075
-246.79
12.16
dov
0.56
1.16
3.36
0.001
0.23
0.90
invest
149.41
19.44
7.68
0.000
111.04
187.78
lesel
15.31
27.33
0.56
0.576
-38.62
69.26
letel
43.96
4.82
9.11
0.000
34.44
53.48
cons
28.05
21.27
1.32
0.189
-13.92
70.02
F (5. 179) == 51.52
Nombre d'obs
192
Prob>F
== 0.0000
Adj R-squared
==
0.5900
(Foolno!e')
1 Il S·l.lgll d~ l'ulle JI".':-' dcrnlCrcs verSlOllS du logICiel SlaLa L'.\\.lsLalll
actuellement. sur le marché. Il est utilisé par les IIlstltutiollS telle" qll\\
la Banque MOIlJlal~, h.' 1·'1\\'11 DU encore la 13.1\\0. Ui.llb II.: !r<1I1l:llh.:l1\\ dl"
données
322
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
A partir du tableau ci-dessous, l'on peut traduire, simplement, les résultats de la
régression de l'estimation de la manière suivante:
PlBH = 28,05 + (-117,31) * DEPU + (0,56) * DOV + (149,41) * INVEST
(1,32)
(-1,79)
(3,36)
(7,68)
+ (15,31) * LESEL + (43,96) * LETEL+ [;,
(0,56)
(9,11)
Les valeurs entre,parenthèses correspondent au t de
substituer efficacement au secteur public. Dans ce cas,
Student. La valeur du coefficient de détermination (R2
les dépenses pub! iques seront indispensables dans des
= 0,59) n'est pas assez révélateur de la bonne
secteurs dont la rentabilité se réalise à long terme. Ce
spécification du modèle, surtout que l'on travaille sur
qui signifie qu'une administration importante nuit à la
des données de panel. Il est, généralement admis que
croissance économique (Barro, 2000).
lorsque le coefficient tend vers l'unité, le modèle a un
Le degré d'ouverture dov a une influence
fort pouvoir explicatif.
significativement positive sur lePIB par tête pour
l'ensemble de l'UEMOA, mais le coefficient estimé
Les variables du modèle ont un le signe attendu
(0,56) est faible. Dans le cadre de la mondialisation de
et les coefficients sont significatifs à long terme, à
l'économie, l'ouverture commerciale peut favoriser un
l'exception, des dépenses publiques dont le signe
transfert de technologies en zone UEMOA. Ce qui
influence négativement la variable expliquée. La valeur
suppose l'existence d'une dotation initiale en capital
statistique de Fisher, égale à 51,53, signifie que la
humain pour maîtriser et reproduire les technologies
spécification du modèle à effets fixes est appropriée et
étrangères par l'apprentissage technologique. Les
satisfaisante.
performances économiques et financières limitent ce
type de stratégie industrialisante en zone UEMOA.
2.2. L'interprétation des résultats
La variable taux d'investissement invest est prise
en compte pour souligner les effets de complémentarité
Les résultats obtenus montrent qu'en zone
entre le capital étranger et le capital national. Dam
UEMOA, les variables.expliquent l'évolution à long
l'estimation du modèle à effets fixes, la variable invest
terme du taux de croissance régionale, à l'exception
explique significativement le niveau du PlB par tête. En
des dépenses publiques. Ces résultats confirment que
comparaison intemationale de la croissance, Delond el
la croissance régionale peut être renforcée et soutenue
Surnmers (1991) ont montré également le rôle positif
grâce aux sources de la croissance endogène.
important du taux d'investissement. En effet. le signe
positif de la variable invest met en évidence la
La scolarisation dans le secondaire lesec a un
contribution des investissements étrangers à
effet positifet significatifà long terme sur la croissance
l'accumulation du capital national.
régionale. Ce qui traduit fondamentalement le rôle que
La variable letel, caractérisant le nombre de
peut avoir le niveau du capital hurnaindans la croissance
lignes téléphoniques pour 100 habitants, est un
et le développement. L'influence positive de la variable
indicateur de performance économique. La régression
lesec ne doit pas occulter le fait que le rendement
met en relief son impact positif sur la croissance
marginal du capital humain en Afrique soit
régionale. Malgré, les efforts fournis par les pays de
particulièrement faible (AA.kanni-Honvo, a Léon, op.
l'UEMOA pour densifier le réseau téléphonique, il
~it). La faiblesse des équipements et les effectifs
reste, néanmoins. beaucoup à faire afin de poursuivre
~xpliqueraientles mauvaises conditions de formation
les actions en matière d'intégration régionale.
:lu capital humain en zone UEMOA.
La régression du modèle à effets fixes montre
'effet nettement négative
(-117,31) de la
:onsommation publique sur la croissance. Ici, l'on peut ,
tffirmerqu'il y a effet d'éviction car le secteur privé, en
~one UEMOA, n'est pas suffisamment capable de se
levue du CAMES- Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
323

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaille:
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De ce qui précède, l'on peut faire remarquer
que la prise en compte des sources de croissance
103 - 125.
endogène peut jouer un rôle fondamental dans la
construction de l'intégration économique de 1'UEMOA.
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Contrairement au modèle néo-classique de
Etrangers et l'Intégration Régionale: les exemples dt
croissance, les sources de croissance endogène, grâce
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aux économies d'échelle et externalités qu'elles
n0169.
provoquent, peuvent constituer un moyen efficace de
lutte contre la pauvreté et les difficultés économiques
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et financières rencontrées par les Etats de l'Union.
"Equipment Investment and Economie
C'est pourquoi, les pays de l'Union doivent
Growth", Quarterly Journal ofEconomies. 106.2
absolument adopter une véritable volonté politique afin
(May).
de minimiser les conflits socio-politiques, sources de
blocage du processus de régionalisation économique.
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Théories de la Croissance,
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325

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et hllmaines
ANNEXES
ANNEXE 1: Tableau du Test de Racines Unitaires (ADF test)
Pays
piblt
depll
dov
;n l'est
lesel
letel
Bénin
_1. 79'
_1.90'
0.161>
19.44'
15.3 l'
4.82'
Burkina Faso
3.36'
0.0581>
3.36'
7.68'
~7.33a
9.11'
Côte d'Ivoire
h
7.68
4.oi'
0.0 l'
8.16"
0.56'
34.44'
Guinée Bissau
0.56'
4.951>
U5'
10.4'
0.57'
4.77'
Mali
9.1 II>
56.91>
2.961>
12.97'
16.99'
9.411>
Niger
1.32'
-4.97'
0.03'
9.95"
8.16'
35.52"
Sénégal
0.48'
0.01'
1.51 h
0.0 l'
31.9i'
5.1 l'
Togo
36.1'
1.80'
0.11'
0'''1,;
.JJ
0.4 7"
9.89'
NB :
a: significativité à 1%
b: significativité à 5%
c : s ign ificativ ité à 10%
Ce test de Dickey - Fuller Augmenté a été fàit sur le logiciel Stata 8.0. Les
différentes valeurs du tableau sont obtenues sur la base du ADF
test avec intercep et elles sont toutes en différence première.
Le tableau de l'annexe nO 1 rend compte des variables qui obéissent à un
processus de régularité dans les valeurs passées des séries à 1%.
5% et 10%.
Nous pouvons donc admettre la stabilité ou l'invariance au cours du temps. En
d'autres termes, nous concluons que les variables suivent un
processus stationnaire.
ANNEXE 2: Tableau du Test de Fisher
Natllre dll test
F(7,179)
Prob>F
F Test that ail u i = a
12.75
0.0000
Le tableau de l'annexe n02, relatif au test de Fisher, permet de rejeter l'hypothèse nulle
Ho. d'absence d'effets spécifiques. En d'autres termes, on conclut qu'il y a eftèts spécifiques.
car la probabilité du Fisher est inférieure à 5%. Il est donc opportun de recourir au test de
Hausman qui permettra de préciser la nature de l'effet spécitïque.
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Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)

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A,"v'l\\'EXE 3: Tubleau du Test de Hausman
Nature du test
chi2( 3)
Prob>chi2
Ho: difkn:l1\\:~ in eoL'llieienb
not systemat ic
129.26
0.0000
la :itatlstique du tes! de Hausman permet de confirmer le rejet de l'hypothèse nulle
d'ahsenl:C (reflets tixes. En d'ft:l. la valeur de la prohabilité du chi(l) est inférieure à 5%. Dès
lors. la spéciticité du 1110ckle à effets lixes est retenue pour justitier les résultats de
l'estimation.
Avant d'estimer le l110dèle de ("équation (1). il s'avère nécessaire de procéder au test
de \\éritieation de lïl0l11ose0clastieité pour avoir de bonnes estimations. Dans ces conditions.
les tests les plus usuels sont ce:ux de Breusch-Pagan ou de Cook- Weisberg.
Les résultats sont consignés dans l'annexe n04.
ANNEXE 4: Tableall du Test de Détection de l'Hétéroscédasticité
Natllre tllI te.\\'t
c1ti2( 5)
Prob>c1ri2
110: ('on:itant variance:
37.47
0.0000
l.'hypothèse nulk du test de CooK-Weisberg postule l'homoscédasticité des variances.
l.a pl'llhahilile de la statistiqu~ du ehi(2) est inlërieure à 5%. On conclut. ainsi. à l'acceptation
de lïlypC)th0se nulle. I.~:i \\arianl:C:i sont donc constantes.
l'.nlin, nOU:i utli:ions ie l11eilleur estimateur qui est celui de Gauss-Markov, encore
appelé ~stil11ateur within.
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