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1
LE NATURALISME ET LA MOTIVATION DU FAIT
LANGAGIER CHEZ PLATON

JO/III AGLO
..
,
lJmverslte de Lome
Département de Philosophie
Lomé-Togo
~r=~===7=:======================il
Il
RÉSUMÉ
,li
Cette étude se situe dans le cadre de la philosophie du langage. Elle apparaît sous fonne d'Wle réflexion
lsur l'origine des faits langagiers. LI: sujet est abordé essentiellement à partir duCraryle de Platon. C'est l'Wle
des questions classiques relatives aux faits langagiers, celle de leur caractère motivé ou naturel, qui a été
réexaminée avec une attention pm1iculière. Cet examen a permis essentiellement Wle mise en reliefdes
caractéristiques fondamentales du naturalisme chez Platon et dans le Cratyle en particulier. Il apparaît ainsi
comme une contribution à la clari tication des notions de naturalisme et de motivation du fait langagier. Il
montre que chez Platon le naturalisme n'entretient pas nécessairement Wle opposition antagonique avec le
conventionnalisme. Dès lors. en général. le rapport entre naturalisme et conventiormalisme peut ne pas être Wl
rapport d'opposition, mais de complémentarité.
Mots clés:
Arbitraire. convention. conventionnel, conventionna/isme,
désignation./ait langagier. imitation. immotivé, langage, motivé. naturalisme,
nature. nOn!, origine.
ABSTRACT
This study takes place within the framework ofphilosophy oflanguages as a contribution 10 the thought
on origin of language facts. The question bas bcen studied essentially from the point ofview ofPlaw's Cratylus.
One of the classical questions related to language facts such as their motivated or natural character Wa8
deeply exanlined. This examination has essentially brought out fundamental features ofPla1o's naturalism and
particularly. in the Cratylus. The paper appears as a contribution to clarification on the notion ofnaturalism and
motivation oflanguage facts. It shows that with Plato, naturalism and conventionalism do not have anecessarily
antagonistic relation. Then. in gem:ral. the relation bctween naturalism and conventionalism does IlOt need to bc
an antagonistic one. It could be a wmplementary one.
Kevwords : Arbitrary, arhitrariness, convention, conventional, conventionalism, designation,fact
li
of language. imitation. language, motivated, name. natura/ism. nature, noun.
Il
origin.unmotivated
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B. Vol. 008 N° 1·2007 (1'" Semestre)
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Sciences sociales et ilumaines
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de l'origine des faits langagiers. Ce thème est souvent
fonnulé simplement comme celui de l'origine du
I. INTRODUCTION
langage. Cette fonnulation nous paraît peu commode2•
Elle est manifestement marquée par une maladresse
L'objectifde la présente analyse est de mettre
et une imprécision pouvant même ôter à la question
en relief des caractéristiques fondamentales du
sa pertinence et sa valeur théorique3.
naturalisme chez Platon. Il s'agit de contribuer à la
En fait, le thème de l'origine des faits langagiers
clarification des positions souvent défendues sur le
apparaît comme l'un des plus importants, sinon
caractère naturel et motivé du fait langagier dans le
comme le plus important traité dans le Cratyle. Il va
Cratyle en y apportant des précisions. L'analyse va
être question de faire ressortir ou de saisir l'un de ses
aboutir à montrer que chez Platon le naturalisme
aspects les plus caractéristiques: le naturalisme et la
n'entretient pas nécessairement une opposition
motivation du fait langagier.
antagonique avec le conventionnalisme.
Faisons d'ores et déjà remarquer que la
Autour de la problématique de l'origine du fait langagier
question du naturalisme et sa relation avec le
chez Platon, se cristallisent essentiellement quatre
conventionnalisme ne sont pas les seuls sujets traités
thèmes majeurs ou centraux intimement imbriqués:
dans le Cratyle de Platon. Ce qui peut se dire sans
ceux de convention, de l'arbitraire, de nature, de
réserve, c'est que le Cratyle apparaît comme le
motivation. Le lien est tellement intime entre ces thèmes
dialogue platonicien le plus rigoureusement, le plus
qu'il paraît difficile de donner des deux derniers un
explicitement et presque exclusivement consacré à
traitement sans en même temps et par la même occasion
l' étude des faits de langage. C'est un ouvrage dont le
faire le développement des deux premiers. Toutefois,
contenu s'organise sous fonne de conversation
l'intérêt du présent travail réside surtout et avant tout
conduite par trois personnages, Cratyle, Hennogène
dans la mise en relief chez Platon des traits
et Socrate qui s'entretiennent deux à deux. Dans le
fondamentaux sous-tendant le caractère naturel ou
Cratyle, Platon passe en revue divers thèmes de façon
motivé du fait langagier tels qu'ils peuvent être mis au
rapide. Il y aborde certains de façon plus profonde.
jour dans le Cratyle.
Lajustesse des noms et son fondement sur la nature
Avant de passer à la présentation de la fonne exacte
ou la convention, l'onomasiologie ou la désignation,
que prennent ces idées chez Platon, il convient de dire
le rôle de l'être humain dans la désignation, la qualité
brièvement en quoi elles consistent même
à acquérir par l'être humain pour assumer ce rôle, le
indépendamment de l' œuvre de Platon.
dire vrai ou le dire faux, la référence, la question du
(Footnolcs)
1 Ces deux fonctions ne sont pas de même nature.
La première est une
support de la vérité par le discours ou ses parties, et
fonetion d'ordre pragmatique et la seconde est d'ordre sémantique ou
notamment celle de la vérité ou de la fausseté du nom,
épistémologique
2 Cette incommodité est mise en évidence par Anne Cauquelill (1990,
la relativité des êtres et des affinnations, le parler et
p. 61). Elle indique. en effet face à la queslion de l'ongll1e des faits
le nommer comme actions, le nom comme la plus
langagiers, que le point de vue d'Aristote Sur le sUJet constitue un rejet
de l'une des hypothèses platoniciennes "sur l'origine et 1.1 composition
petite partie du discours, le nom comme instrument,
du langage, celle d'Hermogène"
et "rompt impérieusement avec la
l'enseignement et la distinction de la réalité comme
tradition du récit philosophico-historique, celle de la fable des origines".
En
lieu et place. Arislole proposerait d'après Anne Cauquelin, un
des fonctions' du nom, la distinction entre la position
système qui "s'imbrique dans le vaste système du monde". "Cette
ou la fonction d'auteur et celles d'utilisateur du nom,
imbrication tient lieu d'origine et au moins évite-t-elle d'en poser la
question" (Cauquelin A. 1990. p. 61).
l'existence d'un nom naturel ou idéal, l'étymologie,
l
André Vergez et Denis Huisman. dans leur célèbre manuel scolaire
etc. : voilà des thèmes ou des thèses dont on peut
intitulé Cours de Philosophie. lerminales L, ES et 5,
(Vergez A. el
Huisman D .• 1990.
pp. 104-105). font
écho de ce manque de
suivre le développement dans le Cratyle.
pertinence el de valeur théorique de la question. Ils considèrent que
Il serait intéressant de suivre les traces de ces
poser le problème de
"l'origine du langage" c'est poser un "faux
problème". Il s'agit d'aprèsces auteurs d'une question à "écarter
divers thèmes dans l'ouvrage. Mais ce n'est pas en
d'emblée comme faux problème". Dans un autre lravail nous
cela que va consister notre tâche dans le présent texte.
analyserons la prise de position de ces auteurs el lllontreons qu'elle
n'est en fait que la conséquence de la façon .maladroite et impécise ou
Il ne s'agira pas non plus d'articuler les relations qu'y
même trop ou très scolaire de poser le problème ou de le tOfllluler. Il
entretiennent ces thèmes entre eux. Tels pourraient
nous suffira ici de signaler une position que défend Frédéric Nef à ce
sujet et qui pourrait bien entendu constituer une espèce de réponse
être néanmoins des objeCtifs d'un travail futur dont
face au point de vue d'Huisman et de Vergez. En effet, pour Frédéric
l'intérêt et l'importance philosophiques sautent
Nef. (Nef f·. 1993. p. 5). la problématique de l'origine du langage fait
partie des points à partir desquels la philosophie du langage s'oppose
d'emblée aux yeux. Pour le moment, un seul de ces
à la linguistique. Pour lui. en etlèt, les exigences il réunir pour être « en
thèmes doit retenir notre attention. Il s'agit de celui
présence d'une réflexion de type philosophique» inclusent 1'« existence
d'une problématique de l'origine du langage, alors que la linguistique a
exclu cette' problématique de son champ ».
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ln. LA MOTIVATION DU FAIT DE
LANGAGEDANSLECRATYLE
II. L'IDEE DE MOTIVATION DU SIGNE
LINGUISTIQUE
En vertu de ce qui vient juste d'être présenté, il
convient de noter que lorsqu'il est question de parler
La théorie de la motivation des no~s ou du
de la motivation du fait langagier dans le Cratyle, l'on
signe linguistique s'oppose à celle de l'arbitraire du signe
devra faire voir en quoi et dans quelle mesure ce qui
linguistique. En fait, la notion d'arbitraire du signe est
est ainsi dit de la motivation doit la révéler comme
sous-tendue par l'idée de la non motivation du signe.
s'opposant clairement à l' arbitraire du fait langagier.
Quand on dit que le signe linguistique est arbitraire, il
Car, prise au sens strict, lathéorie de la motivation dans
faut entendre par là qu'il est immotivé par rapport à
sa relation avec le naturalisme chez Platon, est mutatis
l'objet qu'il désigne, qu'il n'a avec lui Paucune attache
mutandis, la même chose que la théorie de lajustesse
naturelle dans la réalité" (Saussure, 1972, pp. 99-101 ;
des noms. Cette assimilation entre les deux théories est
Benveniste E., 1966, pp. 49-50). Sur un plan cela
défendue par Cratyle, le personnage..
conduit à l'opposition entre signe et symbole, encore
que le symbolen~estriend'autre qu'un signe (Agio 1.,
3.1. La conception cratyléenne de la justesse
1998, pp. 89-101) et que ce qui est valable pour le
des noms
signe en valeur absolue, l'est pour le symbole en valeur
relative et qu'il n'est en défInitive question que du degré
Selon Cratyle (Platon, 1967, p. 454), « la
de précision où l'on se situe, ou du sens précis ou absolu
justesse des noms (... ) consiste à faire voir (dans le
pris par l'idée de motivation.
nom ou à travers le nom) la nature de l'objet» désigné.
.. A un degré élémentaire de compréhension, le
Une telle position est effectivement une acceptation de
symbole est motivé d'une façon ou d'une autre alors
l'idée de la motivation du signe. Car "le langage le
que le signe ne l'est pas du tout1• Mais à un autre degré
plus parfait possible consisterait sans doute à user de
de compréhension, même le symbole n'est plus motivé,
mots qui seraient tous ou la plupart semblables aux
puisque ce qui apparaît comme sa motivation ne l'est
objets, c'est-à-dire appropriés; tandis que le plus laid
que d'un point de vue conventionnel et non naturel et
consisterait dans le contraire" (Platon, 1967, p. 465).
que même le naturel dans le cas du symbole passe par
Autrement dit,
un emprunt conventionnel à la nature: un naturel de
convention en quelque sorte2•
"lorsqu'on sait de quelle nature est
L'arbitraire du signe en valeur absolue suppose,
le nom, et il est de même nature que
comme cela apparaît tout d'abord dans le Cours de
la chose, on sait aussi ce qu'est la
linguistique générale de Saussure (Saussure, 1972,
chose, puisqu'elle se trouve
pp. 99-101), mais aussi dans Problèmes de
semblable au nom, et qu'il n'y a
linguistique générale (Benveniste E., 1966, pp. 49-
naturellement qu'une seule et même
50), grâce à une critique d'Emile Benveniste rectifIant
science pour les choses semblables
ou précisant le point de vue de Saussure, que les
entre elles. C'est,je suppose, dans
éléments3 constitutifs du signe, ou plus exactement
ce sens que tu affinnes que celui qui
l'image acoustique et l'objet représenté ont chacun,
connaîtra les noms connaîtra aussi
"sa propre substance, et il n'y a, entre les deux
les cqoses" (platon, 1967, p.467).
substances, aucun rapport naturel" (MartinetA., 1996,
p. 633). Il faut retenir donc que le lien unissant le signe
-Cette possibilité qu'a le nom d'être l'imitation de la
et l'objet dont il est le signe est arbitraire ou que "le
chose désignée n'est pas particulière au nom. Elle
signe linguistique est arbitraire". Le caractère arbitraire
peut commencer déjà avec les sons vocaux.
du signe est fondé par son essence conventionnelle. Il
"établit le caractère social des faits linguistiques"
symbole prend dans l'œuvre de Saussure et par suite en linguistique. un
caractêre précis. Ce n'est pas toujours le cas, surtout, hors du champ
(Martinet A., 1996, p. 633) et les extirpe de toute
de la linguistique. Soulignant qu
détennination de type naturaliste.
'en « linguistique, la notion de signe ne provoque pas de compétition
entre des termes voisins », Roland Barthes (Barthes R, 1993, pp.
1486-1488) fait remarquer que le terme de signe esl très ambigU et
(footnotes)
occupe dans son champ notionnel une place nottante. Le signe
1 En ce qui concerne la relation entre
signe et symbole, nos travaux
"s'insêre en effet, au gré des auteurs, dans une série de termes affinitaires
s'inspirent généralement du point de vue de Ferdinand de Saussure tel
el dissemblables:
qu'il se déploie dans le Cours de linguistique générale. La distribution
signal, indice, icône, symbole, allégories sont les pricipaux rivaux du
du champ notionnel entre signe et
signe ". "Chaque terme du champ se différencie de ses voisins, [.. ]Ia
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Sciences sociales et humaines
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semble pas particulière à Platon. Elle est présente chez
Aristote pour qui' 'les parties de l'expression" sont
3.2. La motivation des sons
constituées par' 'la lettre, la syllabe, la conjonction, le
nom, le verbe, l'article, la flexion, et l'énoncé" (Aristote,
D'après Platon, il existe une relation entre les
1990, p. 115 : §. XX ; l456b-1457a). Il définit la lettre
sons vocaux ou les syllabes et les choses (Lyons 1.,
comme "un son indivisible" de type humain, c'est-à-
1970, pp. 7-8). Les sons ou les lettres révèlent les
dire pouvant par nature concourir "à la formation d'un
choses en les imitant. Il existerait une relation de type
son composé", disons articulé, et donc opposé au
onomatopéique entre les choses et les sons ou les
son de type animal.
syllabes:
D'aprèsAnne Cauquelin, chezAristote, les trois
Il semblera peut-être ridicule, Hermogène, de
termes grammata, stoicheia et onomata réfèrent
dire que des lettres et des syllabes révèlent les choses
d'une part à la voix et "d'autre part à la lettre
en les imitant; cependant c'est une nécessité qu'il en
(gramma) :unité analysable, articulable, située au même
soit ainsi, car nous n'avons rien de mieux à quoi nous
niveau que le son vocal c'est-à-dire sans signification
puissions nous rapporter sur la vérité des noms
asémeion. Ces grammata peuvent être prononcées
primitifs, à moins que tu ne veuilles, à l'exemple des
aussi bien qu'écrites" (CauquelinA, 1990, p. 46). En
. poètes tragiques qui, lorsqu'ils sont embarrassés,
effet, poursuit-elle :
recourent aux machines en élevant les dieux dans les
L'oral et l'écrit, le prononcé et le prononçable,
airs, nous nous tirions d'affaire comme eux, en disant
c'est-à-dire aussi ce qui est écrit et attend d'être
que les noms primitifs ont été établis par les dieux et
prononcé, ne font qu'un. La « poëtique » prend en
sont exacts pour cette raison. Pour nous aussi, est-ce
charge en un seul plan, comme éléments situés au même
là la meilleure explication? ou faut-il dire, comme
niveau dans l'articulation du sens, ce que nous aurions
nous l'avons déjà fait, que nous les avons reçus de
tendance à traiter séparément, à savoir la phonologie
certains barbares et que les barbares sont plus
et la grammaire. Les stoicheia sont donc à la fois
anciens que nous? ou encore que leur antiquité les
grammata (lettres), et sons vocaux articulés et
rend impossibles à expliquer, de même que les noms
articulables 1.
barbares. Ce serait là des échappatoires fort
ingénieuses de la part de ceux qui refusent de rendre
Cette assimilation se remarque aussi plus près
compte de la justesse des noms primitifs (Platon,
de nous, chez Ludwig Wittgenstein, lorsqu'il parle des
1967, p.45l).
"signes phonétiques des lettres" comme' 'une image
des sons de notre langage" (Wittgenstein L., 1961, p.
Avant même de faire ressortir les traits de ce
46 : §. 4.011).
texte qui nous interpellent directement, il est important
John Lyons appelle cette attitude" l' « erreur
de faire remarquer que Platon ne semble pas se
classique» dans l'étude linguistique" (Lyons 1., 1970,
préoccuper de la distinction capitale qui est devenue
p. Il). Il en montre l'origine en produisant l'explication
courante et nécessaire en linguistique aujourd'hui entre
suivante :
ce qui relève de la chose dite, l'ordre de l'oralité et
ce qui relève de la chose écrite, l'ordre de l'écriture.
"dès le début, les travaux
Platon parle indifféremment de son ou de lettre (platon,
linguistiques grecs avaient porté pour
1967, pp. 449-450). Cette apparente assimilation entre
l'essentiel sur la langue écrite. (Les
le "principe" phonique et le "principe" graphique ne
Grecs employaient d'ailleurs le
distribution du champ varie d'un auteur à l'autre. ce qui entraîne des
paraît si naturel. si évident, n'est que la sédimelHa[ion du résultat
contradictions terminologiques". Il y a donc lieu lorsqu'il est question
d'une convention. c'est pareil au fait qu
de traiter du signe, de faire la part entre le signe sémiologique
'un artifice se tàsse tellement passer pour du réel au point qu'il fait
et le signe linguistique
perdre à la perception première son essence artiticielle.
2 Lorsque l'on dit par exemple que la balance esl le symbole de la
) La conception de la composition du signe est dualiste chez Saussure
justice ou Que le /ion est le symbole de la force. cela parait évident. On
et ses partisans. Mais cette conception n'est pas à généraliser. 1\\ existe
a tendance à croire que c'est
aussi une composition triadique du signe. Elle est attestée chez Peirce,
naturellement ainsi. Mais en vérité, la relation entre le lion et la force
Ogden et Richards el d'autres auteurs.
dérive d'abord d'une convention entretenue par la culture et transmise
par l'éducation. Il n'est pas évident pour tout le monde, et dans toutes
les cultures, pour toute personne qui n'a pas reçu cette convention par
apprentissage, éducation ou par culture que le lion ail t~:l pp~~r~
nécessaire avec la force, ou que la balance en ait avec la justice. Ct: qui
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terme de grammaire, qui signifie
"l'art d'écrire", pour désigner
Le texte de Platon montre aussi que la relation
l'étude de la langue.) Il n'y avait
entre le sens et la forme est attestée chez Platon au
aucune distinction systématique
moins sous deux de ses formes traditionnellement
entre les sons et les lettres. Dans la
prônées dans l'Antiquité grecque: l 'onomatopée 1 et
mesure où ils se rendaient compte
le symbolisme phonétique 2• Il en résulte que la
d'une quelconque différence entre
question de lajustesse des noms est une forme de la
langue parlée et langue écrite, les
problématique de l'origine du nom. Le texte signale enfin
Grecs considéraient toujours que la
un certain nombre d'autres thèmes relatifs à cette
première dépendait de la seconde
problématique, notamment le thème du nom comme
et en dérivait" .
imitation de la chose, celui de la vérité du nom. Il évoque
même le recours à des explications de type
Pour l'auteur de ce texte, cette attitude a dominé
mythologique sur l'origine des noms.
les esprits depuis l'Antiquité grecque jusqu'à la
La problématique du nom comme une imitation
Renaissance (Lyons J., 1970, pp. 11-18). Selon lui
de la chose constitue chez Platon l'hypothèse de base
encore, même à l'époque contemporaine, malgré les
qui soutient l'idée de la motivation du fait langagier. Le
efforts et le progrès de la linguistique moderne dans le
nom imite la chose. Ilia reproduit. Il est justifié par la
sens d'une « attitude plus rationnelle », « l'étude de la
nature de ce qu'il représente. Il est cette nature nommée.
grammaire telle qu'elle se pratique dans les écoles et
Mais l'imitation de la chose par le nom suppose que
dans les universités est encore assez imprégnée d'esprit
classique".
..
les sons qui composent le nom expriment eux-mêmes
l'essence des choses avant que leur combinaison ne
En revenant au texte de Platon qui a été cité,
soit la reproduction de la nature des choseS. En d'autres
disons qu'il présente de façon implicite les orientations
termes, il y a en quelque sorte une coïncidence ou même
principales de l'étymologie platonicienne. L'étymologie
une substance commune entre unité phonique et unité
à l'époque de Platon était une méthode de philosophie
ontologique.
ainsi que le laisse entendre le point de vue suivant:
"En ce qui concerne la langue, la distinction
Le point de vue de Platon dans sa tentative de montrer
entre nature et convention portait surtout sur la question
la motivation des sons, fondement de sa théorie de la
de savoir s'il existait ou non un rapport nécessaire entre
justesse des noms, peut se résumer de la façon suivante.
le sens d'un mot et sa forme. Les partisans extrêmes
Le son "r" servirait à exprimer toute espèce de
de l'école "naturaliste", comme Cratyle dont Platon
mouvement. Le son "i" servirait à exprimer "tout ce
rapporte les conceptions dans le dialogue qui porte ce
qui est subtil et particulièrement capable de passer à
nom, soutenaient que tous les mots correspondaient
travers toute chose". Les sons "ph" "ps" "s" "z"
effectivement de façon naturelle aux objets qu'ils
qui sont des aspirés d'après Platon, s~rvent'à ex;rime;
signifiaient. Sans doute était-ce là une position dont,
"toutes les notions pareilles à psukhron (froid), zéon
disaient les naturalistes, l'homme du peuple ne constatait
(bouillant), séïsthai" (s'agiter) et en général 1'agitation
pas toujours l'évidence, mais dont le philosophe,
(séïsmos) ". "Et quand il imite un objet qui est de nature
capable de dégager la "réalité" cachée sous
du vent, en ce sens, c'est toujours les lettres de ce genre
l'apparence des choses, était àmême d'établir la vérité.
que le créateur des noms paraît employer en grande
Ainsi est née la recherche systématique et délibérée de
l'~tymologie.
partie". L'effet du "d", "t" "qui compriment la langue
Fôrmé sur la racine grecque elymo- (vrai,
et appuient sur elle, pouvait servir à imiter
reel), ce terme trahit son origine philosophique: établir
l'enchaînement (desmos) ét l'arrêt (stasiJ) ". Dans
l'origine d'un mot et; partant, son "vrai" seris, c'était
la prononciation du son "1", la langue glisse
révéler une des vérités de la "nature" (Lyons J., 1970,
particulièrement. ainsi ce son servirait à former" les
p.8).
mots qui désignent ce qui est lisse (léion), l'action même
de glisser (olisthanéïn), le luisant (liparon), le collant
(kollôdés)".
Quant au son "g", il a la propriété
d'arrêter ce glissement de la langue. Il servirait alors à
imiter le visqueux (gliskhron), le doux (gluku), le
(Footnoles)
1
Idem.
gluant (glïôdés). Le son "n"retient la voix à l'intérieur
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Sciences sociales et humaines
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de la bouche. Il a pennis de faire' 'les noms ne dedans
Hermogène, dans le Cratyle, prend la parole
(endon) et d'intérieur (entas), avec l'idée de
è'entrée de jeu, pour présenter à Socrate. les
reproduire des faits par les lettres". Le son' 'a" est
pri:lcipaux traits de ce qu'il convient d'appeler le
attribué à méga (grand) et " è" à mêkos (longueur),
natur,}isme cratyléen.
parce qu'ils sont longs. Enfm, le son "0" est utilisé pour
Crtityle, que voici, prétend, Socrate, qu'il
désigner le rond (goggulon) (Platon, 1967, p. 452).
y a pour chaque chose un nom qui lui est
naturelfemellt approprié et que ce nom n'est pas
3.3. Le naturalisme cratylécn
un nom que certains hommes lui ont attribué
par convention, en lui appliquant tel 011 tel son

Le trait premier de ce naturalisme réside dans
de leur voix, mais que la nature a attribué aux
le fait que pour le personnage du Cratyle appelé
noms un sens propre, qui est le même cltez les
Socrate, le législateur en établissant les noms, ne le fait
Grecs et chez les barbares" (Platon (1967, p.
pas à partir de rien. fi suit un modèle'qui lui est dictée
391).
par l'essence des choses à nommer.
Donc, si toutes choses ne sont pas pareilles à
En plus du problème de la correction du nom
la fois et toujours pour tout le monde, et si d'autre part
et de celui de la vérité, posés à propos du nom. 1' idée
chacune n'est pas propre à chacun, il est clair que les
tèn1e véhiculée cl travers ce naturalisme est que chaque
choses ont en elles-mêmes une essence fixe, qu'elles
chose a un nom qui lui est propre. Ce nom n'est pas
ne sont ni relatives à nous, ni dépendantes de nous,
donné par un groupe de gens, ni par une décision
qu'elles ne sont point tirées dans tous les sens au gré
arbitraire. Il est le produit de la nature. Cela a pour
de notre imagination, mais qu'elles existent par elles-
conséquence qu'il existe une correspondance
mêmes selon l'essence qui leur est naturelle (Platon,
universelle entre le nom et ce qu'il désigne. son
1967, p. 396).
référent. Mieux qu'une correspondance, le nom est
le reflet de son référent. Il doit être le reflet de son
C'est donc inspiré par l'essence fixe des choses
référent, sinon, il n'est pas correct.
que le législateur établit les noms des choses.
"Il faut donc nommer les choses comme il est
naturel de nommer et d'être nommé, et avec le moyen
convenable, et non pas comme il nous plaît, si nous
voulons être d'accord avec nos conclusions
précédentes. C'est ainsi que nous réussirons à nommer;
autrement, non" (Platon, 1967, p.397).
Il Ya déjà un point sur lequel le point de vue de
Platon est très clair. C'est que la nature n'est ni acteur,
ni artisan en matière de la désignation. L'acteur et
l'artisan en matière de la désignation, c'est l'être
humain. Mais l'être humain qui désigne est inspiré par
une essence fixe. Cette essence fixe est la même chose
que la nature ou plutôt elle est d'origine naturelle. En
fait, en matière du langage, l'être humain est le
(Footnoles)
j
Selon .lohn Lyons (Lyons J .. 1970, p, 8), onomatopoeia en grec.
modeleur d'une matière que Ilù fournit la nature. L'être
devenu onomatopée pOlir nous. siginifie simplement" creatIon de
humain ne crée ru la fonne ru le fond du fait langagier.
noms ". D'après lui, le fait que les grammairiens n'aient applique le
terme d'onomatopée '"qu'aux mots qui 'Imitaient" les sons quïls
Il les modèle et les instaure. C'est cette conception
désignaient est le rclkt de la conception des "naluralisles" grecs,
qui constitue le naturalisme en matière de fait de
surtout des stoïciens. qUI voyaietH dans de tels 111015 le grnllpl:
fondamen~al des
langage chez Platon. Ce naturalisme est défendu par
"nol11s" Ù partir desquels se serait devcloppée la langue tout ~nlièrc"
Cratyle, personnage de l'ouvrage du même nom. Il
2 D'après John Lyons (Lyons .1.,
1970, p. 8). cetle formule desigll~ ln
conception selon laqul:lIe eertains sons constituant des mots étaient
convient à présent de tracer les grandes lignes de ce
"censés suggérer ou imiter des qualités ph
qui constitue ce naturalisme.
ysiques ou des activités déterminées: on leur aHribuail par èXè"lllpk Ull
caractère doux, dur, liquide, masculin. ctc. On pourrmt ainsi soutenir.
en s'inspirant des naturalistes, quc 1est lin son liquide et que. de cc faiL
les mots couler. liquide, etc .. contiennelll un son qui correspond de
façon naturelle à leur sens".
200
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° \\-2007 (1'" Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~--- Sciences sociales et humaines
distinguer les éléments d'abord, comme ceux qui
s'attaquent aux rythmes? Ils distinguent d'abord la
Une première conséquence forte qui pourrait
valeur des lettres, puis celles des syllabes, après quoi,
ressortir d'un tel point de vue est que cette conception
ils se mettent à l'étude des rythmes mais pas avant
du naturalisme fait de lui une position antagonique par
(Platon, 1967, p.449).
rapport au conventionnalisme. L'intérêt de la présente
étude est de conduire à voir que tel n'est pas toujours,
La mise en œuvre de cette méthode consiste
ni nécessairement le cas. Car les deux positions sont
en une sorte de phonologie avant la lettre. Platon
complémentaires. Mais prises isolément, elles ne
distingue d'abord les voyelles, les consonnes ou les
portent pas sur les mêmes aspects d'un même fait
muettes comme il les appelle et les semi-voyelles.
langagier donné. Tandis que la position
Ne devons-nous pas faire comme eux, et
conventionnaliste porte sur l'aspect du nom relatifà
distinguer d'abord les voyelles, puis classer par espèces
ce qui apparaît en quelque sorte comme sa cause
les autres lettres, celles qui ne comportent ni son ni bruit
efficiente en parlant comme Aristote, celle du
(les muettes), c'èst ainsi que les désignent les habiles
naturalisme porte sur l'aspect du nom relatifà ce qui
en ces matières, puis celles qui, sans être des voyelles,
apparaît en quelque sorte comme sa cause matérielle.
ne sont pourtant pas des muettes (les semi-voyelles),
La première dimension présente les conditions
et parmi les voyelles elles-mêmes distinguer les
historiques ou plus exactement préhistoriques de la
différentes
espèces') '.
formation du nom ou du fait langagier. Elle traduit les
conditions humaines présidant à l'avènement du fait
Cette première étape de la méthode sera
langagier en tant que réalité plutôt culturelle et
prolongée d'une autre, où le spécialiste passe de la
historique que physique. La seconde dimension porte
détermination des sons individuels à leur utilisation
sur les conditions matérielles et substantielles qui
référentielle ou même à leur combinaison et à l'utilisation
prédéterminent la fOIDlation du sens. Elle fonde
référentielle de ces combinaisons. On assiste alors à
l'avènement de la sémantique du nom. Elle caractérise
une espèce de morphologie, de morphonologie et de
la relation entre le nom et ce qu'il désigne avant l'étape
sémantique
avant
la
lettre:
de la désignation, en laissant supposer ce que serait
Quand nous aurons bien examiné à fond tous
cette relation en dehors de toute intervention hlUnaine,
ces points, il faudra savoir appliquer chaque élément
c'est-à-dire s'il n'y avait pas de désignation. Les deux
d'après sa ressemblance, soit qu'il faille en attribuer un
aspects réunis justifient la nature de la relation
seul à chaque objet, ou en mélanger plusieurs pour un
sémantique en montrant les conditions à réunir pour
objet unique. C'est ainsi que les peintres, pour obtenir
passer du fait physique asémantique au fait signifiant,
la ressemblance, emploient tantôt le pourpre seul, tantôt
du fait brut sans valeur au fait langagier normatif. Ils
une autre couleur quelconque, et parfois en mélangent
montrent le passage du naturel informe et posé comme
plusieurs, comme quand ils préparent un ton de chair
une insignifiance à l'information de base primitive
ou quelque autre du même geme, selon,j 'imagine, que
portant signifiance.
chaque portrait semble demander lme couleur spéciale.
De même nous appliquerons, nous aussi, les éléments
3.3.1. Le naturalisme cratyléen, un
aux choses, un seul à une seule, quand elle paraîtra le
naturalisme de type sémantique ou
demander, ou plusieurs à la fois, en fOffilant ce qu'on
morphosémantique
appelle des syllabes, et nous assemblerons, à leur tour,
les syllabes pour en composer des noms et des verbes,
L'une des thèses fortes de l'approche
nous composerons un tout grand et beau, et, comme
cratyléenne est que le fait langagier appelé nom est un
tout à 1'heure le peintre créait un animal par la peinture,
objet d'imitation de l'essence naturelle des choses.
nous, de même, nous créerons le langage par l'art de
Cette imitation de l'essence avec des sons, lettres et
nommer ou de parler, ou tout autre, quel qu'en soit le
syllabes commence chez Platon avec une indication
nom. Mais non, ce ne sera pas nous qui le ferons [... ].
méthodologique:
car ces combinaisons, telles qu'elles sont fOffilées, sont
Mais quelle est la méthode de division avec
l' œuvre des anciens. Ce que nous avons à faire, nous,
laquelle l'imitateur commence son imitation? Puisque
si nous savons examiner tout cela méthodiquement,
l'imitation de l'essence se fait avec des syllabes et des
c'est, après avoir fait les divisions que nous avons dites,
lettres, la méthode la plus correcte n'est-elle pas de
d'examiner de même si les premiers noms et les noms
Revue du CAMES - Nouvelle'Série H, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
201

________________________________ Sciences sociales et hllmailles
postérieurs ont été établis convenablement ou non. A
ces éléments mêmes. Voilà, Hermogène, en quoi
les enchaîner autrement, nous risquerions de faire piètre
consiste, à ce qu'il me semble, lajustesse des noms
besogne et de nous fourvoyer (Platon, 1967, p.450).
(Platon, 1967, p. 453)5.
Entre l'étude des sons, lettres et syllabes et leur
application référentielle, c'est-à-dire leur application aux
choses qu'ils désignent, il y a une espèce d'étude
classificatoire des êtres, une ontologie taxinomique.
Dans chaque catégorie, il faut, d'après Platon, distinguer
les différentes espèces.
Quand nous aurons bien fait ces distinctions, il
nous faudra, à leur tour, distinguer convenablement tous
les êtres auxquels il faut imposer des noms et voir s'il
en existe auxquels on peut, comme les lettres, les
ramener tous, et d'après lesquels on peut voir quelle
est leur nature et s'il y a parmi eux des espèces, comme
dans les lettres (Platon, 1967, pp. 449-450).
Après cette indication méthodologique, Platon
par la voix de Socrate passe à l'étude de la motivation
sémarttique des sons (Platon (1967, p. 452). Cette
étude se double d'une espèce de description phonétique
des sons. En d'autres termes, après la phonologie, on
passe à une description ou à une étude dans laquelle
phonétique et sémantiqu~s'articulent. Cela se passe
avec une telle réitération que la motivation sémantique
semble n'être en dernier ressort qu'une interprétation
des frottements naturels donnant lieu à l' articulation des
sons : une sémantisation des relations articulatoires. Les
sons2 auxquels Platon s'intéresse sont: « r », « ph »,
« ps », « s », « z », « d », « t », « 1», « g », « n », « a »,
« e » « i » et « 0 »3.
Il faut particulièrement noter que Platon n'était
(Foolnoles)
1 Idem.
pas en train de faire à ce niveau une étude qu'on
2 Il est à noler qu'à cc niveau, tout le système phonologique ne
appellerait, même avant la lettre, la morphologie ou la
semble pns avoir été passé en revue. Car le nombre de signes
acoustiques considérés est notoirement intërieur il celui du systeme
morphophonologie. Il n'essaie pas de répertorier des
phonologique si l'on se réfère à l'alphabet grec connu et admis à
monèmes auxquels il ferait correspondre des
l'époque de Platon
,\\ Il faut préciser qu'ulle rétërence à l'alphabet grec permel de
significations minimales. Il ne s'agit pas d'un travail
reconstituer Je systèm~ phologique de la langue. Cepenùant. il n 'y a
d'ordre
morphématique,
même
au
sens
pas lieu d'une façon générale, d'établir une correspondance entre le
système phonologique et 1
prébloomfieldien du terme4. Il s'agit d'une étude du
'aphabet qui est essentiellement déterminé par ]'c~rIlure. Il:
son comme ayant un sens de base par lequel il
mécanisme. les opportunités et les dispositIons de base favonsilnt /(1
chose écrite.
caractérisera la syllabe, le monème et le mot, une étude
~ Avant Bloomfield. IL' morphème déSIgnait Lill ~h:ll1elll de !llffll<ltillil
d'ordre métasémantique dans laquelle métaphysique ou
conférant un aspeet grammati(;al à un élément di,
sémantème, c'est-à-dire élément du mot support dc Sil signifie
plus exactement, ontologie, phonétique et sémantique
ation. Ce sens a été éliminé par une valeur empruntée cl l'anglo-
se donnent la main.
américain morphem (Bloomfield). A pnrtir de là, on entend par
morphème, une unité minimale grammnticnle ou lexicale douée de
Ayant besoin de 1'0 pour désigner le rond
signifieation. Avec Martinet, le monème désigne l'unité minimale de
(goggulon), il l' a mêlé au nom dans une forte proportion.
signification lexicale nu grammaricale. tandis que le morphème qui
s'oppose nlors au lex0me ou monème lexical, désigne seulement le
Il en est de même des autres notions: le législateur
monème grammatical. c'est-à-dire l'unité minimale de signification
semble les ramener à des lettres et à des syllabes, en
lorsqu'elle est gramma
ticale.
créant pour chacun des êtres un signe et un nom, puis à
S Au-delà de Cl:Ue explication de type métasémantique. Platon
débouche ici sur une préoccupation ou même un procédé qUI a carctense
partir de là pour composer le reste, par imitation avec
les toutes premières é(;ritures. surtout les écritures idéographiques.
202
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1'" Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Ce point de vue, bien qu'il soit attribué à Cratyle, est
partant de l'hypothèse que tout marche, se déplace
bien platonicien. Il s'agit bien d'un point de vue
et coule. Ne crois-tu p(~S que c'est dans ces
naturaliste sur le langage. Ce natu,ralisme est bien
conditions qu'ils nOlis l'indiquent? IRéponse de
particulier. Il n'est pas radical comme celui que l'on
Cratyle :J Si vraiment, et ils l'indiquent avec
peut attribuer à Epicure qui prône un naturalisme
;ustesse (Platon, 1967, p.467).
radicale, génétique ou morphogénétique selon lequel
les sons et les noms primitifs surgissent en tant que formes
Après une démonstration de l'opinion contraire
de la nature ou des dispositions naturelles. Le
à partir des mots tels que "épistèmè" (science),
naturalisme de Cratyle prône que les sons dont le nom
bébaïon (stable), , 'historia" (connaissance), piston
est formé et partant le nom dans sa forme est le reflet
(sûr), "mnèmè" (mémoire), "hamartia" (erreur),
de la nature en tant qu'elle devient ou détermine le sens
"xumphora" (accident), "amathia" (ignorance),
ou la signification de base ou à la base. En d'autres
" akolasia" (dérèglement), Platon à travers Socrate
termes, le sens que porte la forme, elle l'emprunte à la
arrive à la conclusion suivante:
nature, ou plus exactement, elle relève d'une disposition
Je suis persuadé que, si l'on s'en donnait
naturelle. Il y a donc une adéquation, ou mieux encore
la peine, on en trouverait beaucoup d'autres dont
une ressemblance entre forme et sens. Mais le sens est
on pourrait conclure qu'au rebours de ce que nous
la même chose que la nature. Ce sens-nature ou ce
pensions, l'auteur des noms désignait les choses
sens naturel inspire 1'homme dans sa fabrication des
comme étant non pas en marche et en mouvement,
mots. La nature devient donc le sens qui motive la forme,
mais en repos (Platon, 1967, p.468).
en se reflétant à travers elle. Le point de vue cratyléen
Plus loin, il ajoute:
développé par Platon correspond à un naturalisme
Maintenant prenons garde encore de nous
sémantique ou morphosémantique.
laisser abuser par cette multitude de noms de
même tendance. Sans doute leurs auteurs les ont
3.3.2. Platon et Héraclite à propos de la
vraiment établis d'après l'idée que tout est dans
nature du sens-nature
un mouvement et un flux perpétuels, car ils me
semble qu'eux aussi avaient cette idée, mais il se
L'analyse qui précède nous a permis d'établir
peut que les choses se passent autrement, et que
que le point de vue platonicien attribué à Cratyle
ce soit eux-mêmes qui, tombés dans une sorte de
correspond à un naturalisme sémantique ou
tourbillon, y soient confondus et nous y tirent et
morphosémantique. Ce type de naturalisme dispose que
nOlis y entraînent avec eux. Considère en effet,
la nature devient le sens qui motive la forme, en se
admirable Cratyle, une pensée qui me revient
reflétant à travers elle. Il devient alors pertinent de
souvent comme en rêve. Devons-nous dire qu'il
s'interroger sur la nature même de ce sens-nature.
existe quelque chose de beau et de bon en soi et
Quelle est donc la nature de ce sens? En quoi consiste-
qll'i! en est tle même pour chaque chose
t-il ? Quel est donc ce sens-nature qui informe le son et
particulière? Faut-if le dire ou non? (Platon.
détermine ou motive le mot? A propos de la réponse à
1967, p.471).
ces interrogations, Platon, dans le Cratyle, indique son
opposition aux « sectateurs d'Héraclite », sinon à
IV. LA PLACE DE L'ETRE HUMAIN
Héraclite lui-même par Cratyle et Hermogène
DANS
LE
NATURALISME
interposés.
CRATYLEEN
En effet, pour Héraclite, ce sens est le

mouvement. Pour Socrate, ce sens est l'idée. Toutefois,
Le fait d'opposer le point de vue développé
dans le Cratyle, ces différentes positions ne sont pas
par Cratyle et celui soutenu par Hermogène, et de
vraiment développées. Celle de Socrate apparaît
qualifier le premier de naturaliste et le second de
d'ailleurs simplement sous forme d'une suggestion que
conventionnaliste, pourrait être considéré comme un
Socrate fait à Cratyle et l'invite à y réfléchir pour un
peu exagéré, trop simplificateur, ou même un abus de
approfondissement prochain. La suggestion que
l'usage des mots. Pour comprendre le caractère
Socrate fait à Cratyle prend la forme suivante:
impropre ou plutôt imprécis de cette opposition à
Reprenons en effet l'examen de ceux que
l'intérieur du point de vue platonicien, il est important
I10US avons passés en revue précédemment. Nous
d'opérer une comparaison entre le naturalisme dont il
disons que les noms nous indiquent l'essence, en
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
203

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
est question dans le Cratyle de Platon et le naturalisme
Ainsi donc penser qu'un homme ait pu alors
prôné par Epicure et Lu.'::èce.
distribuer des noms aux choses et que de lui tous les
Il convient de commencer par observer une
autres aient appris les premiers mots du langage, c'est
précision ou une distinction importante. Sans même se
folie; car s'il a pu désigner toutes les choses par un
prononcer sur la validité logique ou épistémologique
terme et émettre les sons variés du langage, comment
de la position attribuée à Cratyle, force est d'insister
à la même époque d'autres que lui n'ont-ils pu le faire?1
sur le fait que l'essence naturaliste du langage chez
Si ce rejet de l'origine humaine individuelle de la
Cratyle n'implique pas le rejet de l'origine humaine du
formation des faits langagiers et notamment de la
langage. Il appert que, chez Cratyle, même d'origine
désignation par Epicure et Lucrèce semblait viser Platon,
naturelle, le langage est une œuvre humaine.
il faudrait alors montrer tout de suite que dans ce cas,
Il est vrai que l'être humain n'est pas non plus
ce serait une critique infondée. Car, elle ne doit pas
totalement absent de l'approche épicurienne sur les
être adressée à Platon. Si l'on s'obstinait à le faire, ce
premiers débuts du fait langagier. Pourtant, bien qu'il
ne pourrait alors qu'être en tant que pétition de principe,
n'en soit pas absent, il ne lui est assigné aucun rôle
ou par suite d'un défaut de précision. En fait, deux
important, aucune position active. Chez Platon en
données précises opposent le point de vue de Platon
revanche, l'être humain est acteur de l'avènement du
et ce.lui d'Epicure et Lucrèce sur l'origine des faits
langage. Non seulement il n'est pas exClu du processus
langagiers. Il s'agit, dans chacun de ces courants, d'une
de formation des mots, mais encore il ~ est le
part, du rôle ou de la place de l'être humain au départ
conducteur. Chez Cratyle, la nature n'est paS)'auteur
dans la formation du fait langagier, et d'autre part, du
du fait langagier. Elle n'en est que l'informatrice,
type de relation entre nature et convention.
l'inspiratrice, le modèle signifiant. L'auteur du langage
humain est l'être humain, un législateur. Le mot primitif
En ce qui concerne le premier point, Platon
cratyléen a un auteur humain.
reconnaît et affirme que la formation du fait langagier
Chez Epicure au contraire, c'est la nature elle-
est à l'origine une œuvre humaine. Présentée comme
même qui fait émerger le fait langagier, du moins au
telle, cette idée constitue un point d'opposition entre
stade primitif Les mots primitifs épicuriens, ou mêmes
son approche et celle d'Epicure et de Lucrèce. Car
les premiers sons résultent des dispositions naturelles,
selon ces derniers, tel que nous l'avons déjà montré.
des dispositions dont la nature a pourvu l'être humain.
l'être humain ne peut pas être l'auteur du fait langagier,
Dans cette perspective, l'être .humain n'est que
il ne peut qu'en être un espace-témoin. un réceptacle.
l'espace-témoin, le réceptacle de cette émergence
Mais la critique d 'Epicure et de Lucrèce ne concerne
complètement naturelle au départ :
pas seulement le tàit qu'un être humain soit l'auteur du
C'est la nature humaine, dans chaque peuple,
fait langagier. Elle concerne surtout le fait que cet autew'
qui, ayant ses affections et ses perceptions propres, a
soit un individu quelconque. Or, il convient d'insister
fait sortir de la gorge, d'une façon particulière, l'air
sur le fait que Platon refuse catégoriquement d'attribuer
poussé par chaque affection ou chaque perception,
cette tâche à n'importe qui. Il refuse surtout de l'assigner
avec des différences accordées à celles des différents
au premier venu. Donc la critique que fait Lucrèce sur
peuples dans les différents lieux» (Laërce D., 1965,
ce point, si elle était adressée à Platon, serait mal venue
p.240).
ou carrément inopportune.
Par aillellrs, Epicure et Lllcrèce font état
Il n'est pas injustifié ni inexact de parler de la
de la convention dans leur approche comme un
position d'Epicure sur l'origine des faits langagiers en
moment historiqlle, IIne étape, lin épisode
disant qu'elle correspond à un naturalisme radical
chronologique dans l'avènement du mot. Or
génétique ou morpho génétique. Cette position
chez Platon, le con ventionnel n'est pas lin
épicurienne est reprise, soutenue et développée par
moment séparé du naturel dans laformation du
Lucrèce dans son livre intitulé De la Nature (Lucrèce,
fait langagier, il constitue comme nOlis le
1964, p.183).
verrons plus tard dans un autre travaiP, un
A partir de là, le point de vue platonicien selon
composant dufait langagier et son contenll est
lequel un sqiet humain, un législateur ou un nomothète
différent de ceilli du type prôné par EpicllreJ• Le
aurait pu être à l'origine des noms même sous
point de vile de Platon en ce qlli concerne la
l'inspiration de la nature est absolument irrecevable pour
désignation se rapproche mutatis mlltandis de
Lucrèce :
la position don liée dans la Bible concernant la
manière dont le premier homme a donné les
204
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
alors à une morphologie qui soutient ou permet une
noms aux créatures. En cela, l'auteur biblique
sémantique.
des premières désignations, pourrait être
A chaque étape du processus correspond ou
rapproché du législateur du type platonicien.
pourrait correspondre une détermination ou une
Lui aussi agissait dans une situation normative,
identipeatilll ou une classification analogue des éléments
en tant qu'il observait un ordre donné par Dieu
ou espèces de dirr'lension ùÙpiveau ontologique. Il s'agit
et suivant le modèle présenté à lui par Dieu. Il
purement d'une ontologie. Ainsi le langage devient un
était, lui,face à Dieu et aux choses à nommer.
instrument à la fois pour démêler, distinguer, structurer,
Avec Platon, la version biblique partage do.nc
saisir ou connaître la réalité, et pour enseigner et
l'idée de l'origine humaine de la désignation
communiquer. Cette double dimension confirme les
première et l'idée que cette désignation n'est n.i
fonctions sémantique et pragmatique du langage en
L'œuvre d'un collectif, ni d'un individu
montrant la relation qu'il y a entre étude du langage,
queLconque, mais d'une personne appropriée,
logique ou sémantique, théorie de la connaissance ou
spéciaLe, compétente ou désignée pour ainsi
épistémologie et ontologie d'une part et l'utilisation du
agir. Mais d'autres points de divergence
langage, enseignement ou pédagogie et communication
pourraient être mis au jour entre La position
et politique d'autre part.
pLatonicienne et celle biblique. Ulle autre étude
L'opération de pénétration du réel par le bais du
pourra être consacrée à cela.
langage donne lieu, tout au moins dans le Cratyle, à
deux conceptions de la nature. Dans un premier cas, la
CONCLUSION
nature se présente sous la forme d'un sens global et
abstrait impliquant l'ordre des choses. Ce sens en tant
Un regard d'ensemble sur les différents faits qui
qu'il caractérise et domine toute chose, ou ordonne
viennent d'être examinés, conduit à voir chez Platon,
son évolution et son mode d'être est le sens-nature, ou
une relation ou plus exactement une continuité ou une
la nature comme sens des choses. Il apparaît chez les
organisation articulée entre dimension phonique ou
héraclitéens comme étant Un mouvement perpétuel
langagière et dimension ontologique. Il ya donc chez
auquel Socrate propose une conception alternative
Platon, une continuité entre langage et ontologie.
consistant dans le repos et la stabilité. Dans un cas ou
Cette articulation se fait à deux niveaux qui ne
dans l'autre, ce sens-nature est celui qui poUlTait inspirer
correspondent pas à des étapes de discrimination ou
tout législateur et auquel toute chose pourrait être
de séparation de type chronologique. On pourrait dire
ramenée en tant qu'il constitue une vérité dernière.
que pour Platon, il y a une première détermination ou
Dans le second cas, la nature est affectée d'une
identification des éléments phoniques de base, une
dimension plus concrète. Il s'agit de l'ensemble des
espèce de phonologie avant la lettre. Les éléments
faits physiques et de chacun de ces faits physiques tels
phoniques de base, de façon discrète ou isolée,
qu'ils apparaissent à nos sens. Ce sens de la nature
pouvaient déjà donner lieu à des relations référentielles
peut lui aussi inspirer le législateur. C'est lui qui constitue
ou sémantiques. Il s'agit ici d'une sémantique
le fondement des vérités de type étymologique 1
(Foollloles)
phonologique avant la lettre. Mais les éléments
1
phoniques pouvaient aussi en se combinant entre eux,
Cfsuprn §. 3.2. La motivatiOn des sons .•
engendrer ou s'attacher des références. On aura affaire
La relation entre les deux conceptions dc la l1<lture s'organise
comme une relation de type épistémologique et puis ontologique
dévoilant graduelleml:llt des diftërents niveaux de vérités jusqu'au
dernÎer niveau où sens des ehoses, être véritable des choses, ordre des
choses et vérité ultim~ se confondent.
(Foollloles)
Ces diftërentes articulations et imbrications fonl apparaître
1
Idem.
tc rôle du langnge comme complexe. mais permanent il tous les niveaux.
2 Nous n'allons donc pas nOLIs étendre sur l'idée de conventionnel chez
Même si, à chacuil de ces niveaux. le sens ou le fail. inspirant comme
Platoll.
source et modèle l'unÎlé langagière, est considéré comme premier ou
.1 Force est d'indiquer que le type de conventÎon langagière dont il est
antérieur en dignité au fait Inngagier qu'il <l Inspire, ee n'e~;[ qu'apres
question dans l'épicurisme n'est pas la même chose que celle dont il
IlnterventlOn du langage, que la ree01111aissancc de [Out sens llll de
est question chez Platon. A un certain moment le peuple intervient
tout fait en tan[ que ee qu'il esl. devicnt possible el éVidente, alllremcnt.
dans le langage chez Epicure et ses disciples. Dans une espèce de
il n'est qu'un continuum flou et informe Consacré nu haptlsé au
démarche de lype collectif, le peuple agit, selon Epicun:. pour
moyen d'une unué langagière, lin fait deVIent éVident, Il sera reconnu
l'utilisation harmonieuse de la désignation. Chez Platon, le peuple n'a
eomme un t~1iL comme une entité identi fiable et discernable
pas de rôle. La conception platonicienne de l'origine du fait langagier
Dè,f Ion, entre IIlIités Iallgtlgj~res et unité' (llltologiqllel.
ne t~1it aucune place à une démarche de type collectif. Ainsi, le tcnne
s'établit"n vll-et-vient pernltlnellt. L'allteur (le ce v(I-et-vieIJt, J'être
"convention" n'a pas, cn parlant strietement, le même sen!; chez
IllImaill, (Ievient, ell Jin (le compte. l'acteur principlll, le nUlÎtre (le
Platon du Cralyle et chez Epicure.
cérémonie (Je cette relution entre nature et Jallgllge. La pIllee et le rôle
(Je J'être IllIm(lin prenNent (llors (Illns le noturll/isme plll/mliâell IIlle
imnorta"'" de nreark' pla"

Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
205

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciel1ces sociales et humail1es
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Revue du CAMES - Nouvelle Süie B, Vol. 008 N° 1-2007 (\\,., Semestre)