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1
1
LA POLITIQUE SANITAIRE DE L'ORGANISATION
DE COORDINATION ET DE COOPERATION POUR
LA LUTTE CONTRE LES GRANDES ENDEMIES
(OCCGE) 1960 -1998
Benjamin Kokou ALONOU
Université de Lomé
111111111111~~~~D~ép~ar~t:em~e:ntd'HistoireetArchéologie
Lomé- Togo
il
RÉSUMÉ
Sous l'action du docteur Eugène Jamot qui avait mis au point lUle méthode de lutte contre la maladie
du sommeil. 011 avait pu considérer, en 1994. que cette maladie était endiguée. En effet sa méthode de lutte
contre la maladie du sommeil a été reconnue comme 1Ul modèle pour la plupart des grandes endémies. Dans
ce but furent d'abord créés le service général autonome de lutte contre'la maladie du sommeil, puis le service
général d'hygiène mobile et de prophylaxie qui disparut progressivement selon l'évolution politique des
colonies.
Dès 1959, c'était l'indépendance des Etats africains. Et chaque pays se constitua 1Ul service national
des grandes endémies. Les anciennes équipes du service général d'hygiène mobile et de prophylaxie ne
furent plus en liaison technique avec les services nationaux des grandes endémies. Le manque de coordination
teclulique compromettait ainsi l'efficacité du rendement des services nationaux des grandes endémies. C'était
pour obvier à ces inconvénients que les Ministres de la santé des Etats d'Afrique de l'Ouest s'accordèrent en
Avril 1960 pour créer l'Organisation de coordination et de coopération de lutte contre les grandes endémies,
dont les buts étaient de promouvoir la lutte cohtre les principales maladies transmissibles au sein des Etats
membres. Pour ce faire 1'OCCGE disposait de centres de recherches et de lutte contre les grandes endémies
dont les principaux sont le Mwaz.l'Institut Marchaux, l'organisme de la recherche en alimentation et nutrition
africaines.
li
i
Il
ABSTRACT
1
1
1
Under the patronage of Doctor Eugene Jamot, which perfected a cause of struggling against the
sleeping sickness. one could have thought, in 1994, that this sickness was eradicated.
ln tact, his method of struggling against the sleeping sickness was known as a model fot most ofthe great
endemic. In this purpose were created tirst the general self-goveming service ofstruggling against the sleeping
sickness. and the general hygiene service mobile and prophylactic disappeared progressively with politicaJ
evolution ofthe colonies.
Il
Indeed, from 1959, it was the independence ofthe African States. And each country created its own
national service ofthe great endemic. The former teams in charge ofhygiene, the both mobile and ofprophylactic
.
1
were no more in technical contact with the national service of great endemic. This lack oftechnical co-
1
1
li ordinationjeopardizedalso the effectiveness ofthe National service ofthe great endemic.
Revue du CAM ES ~ Nouvelle Série B, Vol. OOS N° 1-2007 (Iff Semestre)
25

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et hllmaines
Its was to put an end to these drawbacks that the West African States Ministers ofwealth agreed, inApril
1960, to create the Organisation ofco-ordination and co-operation in the fight against the great endemic
whose purposes were to promote the efforts in the eradication ofthe transmissible diseases in State members.
To do so the OCCGE had sorne research centers and offight the great endemic. And so the main centers are
the Muraz center, the Marchaux Institute, African Research Organism in Food and Nutrition.
INTRODUCTION
la maladie du sommeil, les activités du service général
autonome de la maladie du sommeil furent étendues
Au début du XXè siècle, les services
dès 1945 à d'autres maladies: paludisme, lèpre,
d'assistance médicale indigène furent créés dès la mise
vaccination antivariolique, etc. Dans ce cadre, le service
en place des administrations générales
autonome de la maladie du sommeil changea
1. La politique
sanitaire n'avait d'autres ambitions que d'entretenir la
d'appellation; il devint le service général d'hygiène
force de travail indispensable à la mise en valeur des
mobile et de prophylaxie. Ce service disparut
colonies. Elle eut donc pour tâche la lutte « contre les
progressivement selon l'évolution politique des colonies.
principales causes de dépeuplement et de déchéance
En effet, dès 1959, c'était l'indépendance des Etats
des races indigènes en vue de disposer d'une
africains. Chaque pays se constitua un service national
population indigène non seulement saine, stable et
des grandes endémies. Les anciennes équipes du service
paisible, mais qui croisse en nombre et progresse
général d'hygiène mobile et de prophylaxie ne furent
dans l'ordre matériel, intellectuel et moral» (Bouche
plus en liaison technique avec les services nationaux
1991 : 238- 242). Dans cette optique, une politique
des grandes endémies. Ce manque de coordination
de lutte contre les Grandes Endémies fut mise en place
technique compromettait ainsi l'efficacité du rendement
dans les colonies d'Afrique francophones. En effet, sous
des services nationaux des grandes endémies. C'était
l'action des équipes mobiles des services de lutte contre
pour obvier à ces inconvénients, que les Ministres de
les grandes endémies (service général al.Jtonome de la
la santé des Etats de l'Afrique de l'Ouest s'accordèrent
maladie du sommeil puis service général d'hygiène
en 1960, pour créer.un service commun de lutte contre
mobile et de prophylaxie), on avait pu considérer, en
les grandes endémies, d'où la création de l'Organisation
1960, que la trypanosomiase, la variole, la rougeole,
de Coordination et de Coopération de la lutte contre
étaient endiguées.
les Grandes Endémies (OCCGE).
Aujourd'hui, force est de constater que des
C'est ainsi que fut cré~e l'Organisation de
millions de personnes sont exposées au risque
Coordination et de Coopération de la lutte contre les
d'infection. La reviviscence des foyers endémiques
Grandes Endémies. En effet après l'éclatement des
appelle le maintien et le renforcement des organismes
empires coloniaux les nouveaux Etats ont trouvé
de lutte. Aussi les Etats de l'Afrique francophone ont-
nécessaire de créer une structure communautaire pour
ils décidé de créer l'organisation de coordination erde
la coordination de la lutte contre les maladies
coopération pour la lutte contre les grandes endémies,
transmissibles, eu égard aux similitudes des problèmes
chargée de poursuivre l'œuvre sanitaire entreprise
qu'elles posaient et aux nombreux foyers frontaliers
pendant l'ère coloniale.
C'.omrrtuns. L'OCCGE, créée en 1960, regroupait huit
Il convient donc d'étudier avant tout les
Etats africains francophones de l'Afrique de l'Ouest:
conditions de la création de O.C.C.G.E. La question
Côte d'Ivoire, Dahomey (Bénin), Haute-Volta (Burkina
que l'on se pose est de savoir quelle a été la nouvelle
Faso), Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo2•
politique sanitaire de 1'O.C.C.G.E ? Quelle a été les
difficultés rencontrées par cette Organisation?
.1. HISTOlUQUE ET OBJECTIFS DE
L'OCCGE
(Footnotes)
1.1. Historique
1 A Madagascar dès
1896. en Indochine en 1902. en AOr- en 1905.
en Nouvelie-CaJedonic en 1912. Bouche (1991): 240.
2 En 1964, les Etats de l'Afrique centrale ont créé aussi I"Organismion
Pour lutter efficacement contre la maladie du
de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique centrale.
L'QCEAC était la suile logique des structures tëdérales qui ont existé
sommeil, le médecin colonel Muraz créa en 1939 en
en Afrique francophone avant les indépendances. L'OCEAC n:groupail
AOF et au Togo le service général autonome de la
six Etats qui sont le Cameroun. la Centrafrique, Ic Congo. le Gabon, la
Guinée Equntoriale et le Tchad.
maladie du sommeil. Devant les succès de la lutte contre
26
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1'" Semestre)

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
La France était membre européen de droit de
pour les créances de l'organisation. Ainsi, si toutes
l'OCCGE par l'assistance financière et en personnel
les créances de l'Organisation étaient recouvrées,
qu'elle lui accordait. En 1998, l'organisation de
la trésorerie de l'Organisation serait reconstituée à
Coordination et de Coopération fut fusionnée à la West
un niveau de plus de 340 millions de FCFA. En
African Health Community (WAHC) en vue de
;uillet 1989, l 'OCCGE était en cessation de
l'intégration des structures de la santé souhaitée par les
paiement. Les subventions octroyées par les
chefs d'Etats de la communauté des Etats de l'Afrique
partenaires financiers et techniques de l 'OCCGE
de l'Ouest.
afin de réaliser des activités conformes à ses
Dès lors naquit l'Organisation Ouest Africaine
missionsfurent utilisées pourfaireface au règlement
de la santé (OOAS)2 dont les bases furent jetées en
partiel des salaires et aux dépenses urgentes de
1987 par les chefs d'Etats de la Communauté des Etats
fonctionnement (ce qui accrut davantage la dette
de l'Afrique de l'Ouest. Depuis 1998, l'OOAS,
des salaires). Les fournisseurs essentiels de
demeure la structure unique de santé de la sous région.
l'Organisation (eau, électricité, carburant, réactifs
Elle regroupe 16 Etats: Bénin, Burkina Faso, Cap-
de laboratoire) et les établissements bancaires
Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée (Conakry),
n'accordaient plus de crédits aux instituts, centres
Guinée- Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger,
et antennes! ii. Cette situation engendra une institution
Nigeria, Sénégal, Sierra Léone et Togo. L'objectifde
à deux vitesses: J'une dont les activités (conférences
l'organisation ouest africaine de la santé est d'offrir un
internationales, expertises, projets de recherche)
niveau plus élevé de prestations sanitaires aux
financées par de nombreux bailleurs fut prospère;
populations de la sous région sur la base de
l'autre concernant le personnel de base et dépendante
l'harmonisation des politiques des Etats membres de la
des ressources des Etats membres fut morose et en
mise en commun des ressources, de la coopération entre
chômage technique. En effet l'OCCGE disposait de
les Etats membres et les pays tiers, en vue de trouver
personnels âgés. « Près de 20% étaient issus des
collectivement et stratégiquement des solutions aux
anciens servicesfédéraux de lutte contre les grandes
problèmes que connaît la sous région en matière de
endémies. Une vague d'embouche entre 1977 et
santé. Le siège de l' OOAS se trouve à Bobo-Dioulasso,
1982 vint malheureusement gonfler la masse
là où se trouvait le siège de l'Organisation de
salariale au moment où l'endettement et la crise
Coordination et de Coopération pour la lutte contre
financières 'abattaient sur les Etats membres de
les Grandes Endémies.
l'OCCGE, rendant aléatoire le versement régulier
En somme, l'OCCGE, à sa création a hérité
des cotisations utilisées à plus de 90% aux paiements
du dispositiftechnique (centre Muraz, institut Marchoux,
des salaires ii.; Ainsi, dans la situation extrême où se
ORANA, etc.) et des méthodes de travail des services
trouvait l'Organisation, on procéda à une déflation des
fédéraux de lutte contre les grandes endémies. Or, les
effectifs des persOlmels les plus âgés et les moins qualifiés
Etats membres de l'Organisation ont procédé au cours
dans tous les établissements de l' OCCGE. Ces mesures
des demières décennies d'abord au développement des
concernèrent dès la fin de l'année 1989 35% des
services nationaux de lutte contre les grandes endémies
personnels de plus de 50 ans. Les fonctionnaires
puis à l'intégration de leurs activités au sein de leurs
concernés par ces mesures bénéficièrent (après
services périphériques de santé. Cette profonde
négociations avec le ministère de la santé) d'un
mutation a entraîné des problèmes budgétaires dans le
rattachement dans leurs services d'origine. Cette crise
cadre du paiement des cotisations des Etats membres
financière entraîna la crise institutionnelle de
et du fonctionnement de l'Organisation.
l'Organisation.
1.2. La crise de L'OCCGE
1.2.1. Aspects de la crise financière
AI' origine de cette crise, on retrouve
constamment et depuis de nombreuses années le non
respect des engagements des Etats d'honorer leurs
(FooIDoles)
'OCCGE - Informat;oll n" 106. 1996, p 2.
contributions à l'organisation. En effet en 1988, « la
1 Ministère de la santé publique du Togo. plan de s3uveLage dc
situation globales 'établissait à 586 900 154 FCFA
l'OCCGE 1998 P 3
, Ministère do la S3nlè publique du Togo: Op. cil. p. 4
pour les dettes de l 'OCCGE et à 928645624 FCFA
Revue du CAMES- Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
..
27

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
l'OCCGE déployait ses activités dans deux grands
axes primordiaux :
1.2.2 Crise institutionnelle de l'OCCGE
les études épidémiologiques c'est ainsi qu'elle créa
un centre d'études des glossines et un centre
Elle était due à la surcharge du personnel. En
d'Entomologie de l'onchocercose à Bobo-
effet,
Dioulasso et en Côte d'Ivoire,
« Plus
de
58%
du
budget
de
les études biologiques, adaptant pour le terrain les
fonctionnement de l 'OCCGE était utilisé
découvertes des grands laboratoires. Ainsi des
à la rémunération des personnels. Ce
centres de recherches dans le domaine particulier
montant correspondait à la quasi totalité
de l'alimentation et de la nutrition sont créés:
(88%) des cotisations annuelles des Etats
l'ORANA à Dakar et le CRAN à Lomé. En effet,
membres. Ces personnels avaient les
pour mener à bien sa mission, l'Organisation de
effectifs pléthoriques, et l 'analys~ de leurs
coordination et de coopération pour la lutte contre
qualifications quels que soient les
les grandes endémies disposait des structures de
établissements faisait apparaître une
recherches et de lutte contre les maladies
surcharge désormais insupportables en
transmissibles dont les principales sont: le centre
personnelspeu qualifiés, âgés et un manque
Muraz, l'Institut Marchoux, l'Organisme de la
grave de cadres scientifiques de haut
Recherche en Alimentation et Nutrition Africaines.
niveau dont les compétences permettraient
Quelles furent les activités de ces centres?
de rehausser le niveau des interventions de
Il. LES CENTRES ET INSTITUTS DE
l'Organisation. A l'exception de quelques
UOCCGE
programmes de conception et d'intérêt
réellement sous-régional, la plupart des
2.1. Le centre Muraz
instituts développaient des programmes
dont l'impact était trop souvent local )/.
Il est créé en février 1939 par le Médecin
Gaston Muraz des troupes coloniales de la santé. Ce
Il devint nécessaire de modifier profondément
centre était appelé « centre africainfrançais d'études
le dispositiftechnique de l'Organisation afin que les
de la trypanosomiase ». Ce fut en 1945 et dans le
activités correspondent à la vocation fondamentale de
cadre de la polyvalence du service général autonome
l'institution. Ces difficultés financières et institutionnelles
de la maladie du sommeil que ledit centre fut dénommé
compromirent la vocation de l'organisation.
« centre Muraz ». Il fut chargé de la formation des
infirmiers spécialisés dans le traitement de la maladie
1.3. Objectifs
du sommeil (Alonou 1994 : 220). Le centre Muraz fut
un centre d'études sur les vecteurs des maladies
Créée en
1960, au lendemain des
parasitaires telle que : la maladie du sommeil. En etfet
indépendances des Etats de l'Afrique Occidentale,
la mouche tsé-tsé qui transmet la maladie du sommeil
l'Organisation de Coordination et de Coopération pour
«occupe »en Afrique, 10 millions de kilomètres carrés,
la lutte contre les Grandes Endémies s'était fixée, entre
soit le tiers du continent (Brisset1984 :33) Le Zaïre (la
autres objectifs fondamentaux, de promouvoir la lutte
R.DC actuelle) a été le théâtre d'une flambée
contre les principales maladies transmissibles, ou tout
épidémique et la recrudescence de la maladie a touché,
autre problème de santé prioritaire, dans le cadre de la
notamment l'Ouganda, le Soudan, le Cameroun, la Côte
politique générale de santé publique définie par les Etats
d'Ivoire. Au Total, pour l'ensemble du continent, on
membres. L'OCCGE eut pour objectifs:
enregistrait avant 1979, 10000 nouveaux cas par an.
de coordonner les activités de lutte contre les
Ce chiffre, auj ourd 'hui est supérieur à 20.000 (Brisset
endémies tels que la trypanosomiase, la lèpre, le
1984 id). La maladie du sommeil a été l'un des tléaux
paludisme;
les plus graves qu'ait connus [' Afrique. C'est à partir
de concert avec les Etats membres, d'élaborer et
d'évaluer ces programmes de lutte ;
de susciter l'intérêt des Etats amis, des institutions
internationales, et les organisations internationales
(Foolnolu)
'Ministère de la sanlé publique du Togo: plan de sauvetage",de
pour lutter contre ces affections.
l'OCCGE 1998. p. 5.
...
.
28
Revue du CAMES - Nouvelle Sér:ie B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)

Sciences sociales et humailles
-------------------------
de 1916 que le docteur Eugène Jamot, alors en
D'autres causes s'ajoutent au manque de
Oubangui-Chari (Tchad), mit au point sa méthode de
moyens, en particulier la mobilité de plus en plus grande
lutte contre cette maladie. Cette méthode fut reconnue
des populations, qui facilite la dissémination de parasites
comme un modèle pour la plupart des grandes endémies.
dans les zones déjà infestées de glossines.
En 1944, la trypanosomiase est considérée comme
La solution à ce problème consiste d'abord, à
endiguée. La maladie du sommeil n'a donc pas disparu
faire un effort de réflexion sur l'action médicale. Le
de nos jours. L'expérience montre qu'elle n'est
système de lutte contre les grandes endémies avait fait
contrôlée qu'au prix du maintien et du renforcement
ses preuves. Il s'est dégradé ces vingt dernières années
des organismes de lutte. Leur suppression ou leur
parce qu'il réclamait un régime administratif
paralysie entraînent, en quelques années, une reprise
contraignant, une mobilité obligatoire des populations
épidémique.
qui n'étaient plus possibles. TI fallut repenser le système
En matière de lutte, les études approfondies de
de soins en fonction des transformations politiques, d'où
la biologie et de l'écologie des glossines vectrices ont
la création de l'Organisation de coordination et de
permis d'améliorer les méthodes existantes
coopération pour la lutte contre les grandes endémies
(principalement épandages d'insecticides) et de
(OCCGE) puis de l'Organisation ouest- africaine de la
propager de nouvelles techniques. Contre les glossines,
santé.
un piège simple mais efficace a été mis au point par
Challier et Laveissière.
2.2. L'institut Marchoux
Dès 1923, le professeur Marchoux,
En ce qui concerne la thérapeutique, aucun
léprologue du corps de santé colonial et chef du
progrès n'a été enregistré depuis 1949, date de
service de la lèpre à l'Institut Pasteur de Paris,
fabrication du mélarsoprol ou arsobal. Ce produit est,
formula des recommandations pour la mise en action
le plus utilisé et le plus efficace des trypanocides
d'une prophylaxie rationnelle de la lèpre humaine,
humains. La maladie du sommeil n'est pas un marché
fondée essentiellement sur le respect sacré des droits
suffisant pour intéresser les grandes firmes
et de la dignité du malade.
pharmaceutiques. Aussi l'Organisation mondiale de la
En décembre 1930, la Société spéciale de la
santé a-t-elle décidé, grâce aux fonds du programme
lèpre de la société des Nations se réunit à Bangkok.
spécial de recherches et de formation concernant les
L'ordre du jour retint l'internationalisation de la lutte
maladies tropicales, d'inciter ces firmes à étudier ettester
contre la lèpre en adoptant des règles communes
de nouvelles molécules trypanocides (Brisset 1984 ;
d'action et en standardisant les conduites
35).
thérapeutiques. Marchoux, appuyé par F. Sorel,
Si des progrès ont été enregistrés en matière
Inspecteur général des services sanitaires coloniaux,
de lutte, ils ne sont mis en application qu'à très petite
parvint à convaincre le gouvernement français de la
échelle. Pour se limiter à l'Afrique francophone, seule
nécessité de créer une structure pour prendre en charge
l'équipe de l'Organisation de coordination et
les lépreux. En novembre 1931, fut créé l'Institut Central
coopération pour la lutte contre les grandes endémies,
de la lèpre, qui prit le nom d'Institut Marchoux en 1945,
installée au centre Muraz à Bobo-Dioulasso est équipée
après le décès de celui-ci. Il fut placé sous la direction
pour réaliser des immunodiagnostics en particulier
de Robineau (Guy-Michel 1984 : 40). L'implantation
l'immunoflurescence indirecte.
de l'Institut à Bamako se justifiait par la situation de
Les
immunodiagnostics
comme
cette ville au centre de l'AOF, sur le Niger et l'axe
l'immunofluorescence indirecte permettent de
routier principal et au terminus de la ligne de chemin de
sélectionner, parmi tous les habitants d'une zone
fer Dakar-Niger mise en service. La mission dévouée
prospectée, des suspects immunologiques. Ces derniers
dès cette époque à l'Institut central de la lèpre
sont alors soumis à des examens parasitologiques visant
comportait une triple vocation:
à mettre en évidence le parasite. L'équipe du centre
Muraz, qui surveille" huit Etats d'Afrique de l'Ouest,
centre régional de lutte contre la lèpre,
n'est composée que d'un médecin et quatre infirmiers
centre de
recherche
clinique et
(Brisset 1984 : 36). Qu'est-ce que cela représente face
thérapeutique intégré dans le réseau
à la diversité de foyers qui ne sont accessibles, pour la
mondial,
plupart, qu'une partie de l'année en saison sèche?
Revus du CAMES· Nouvelle Série D, Vol. 008 N° 1-2007 (l~ Semestre)
29

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
centre de fOIll1ation et de spécialisation des
total de 52 millions de francs CFA. L'Institut
personnels.
Marchoux assume un éventail de fonctions tlès
différentes mais qui peuvent être classées très
simplement sous les rubriques suivantes en ce qui
En 1946, l'Institut Marchoux fut rattaché
concerne la maladie de Hansen:
officiellement au service général d'hygiène mobile et
de prophylaxie. Son directeur devint le conseiller
thérapeutique complète de toutes les lésions
technique« lèpre» auprès du directeur dudit service.
hanséniennes
A partir de 1960, c'est l'indépendance des Etats. Le
recherches cliniques, biologiques et
service général d'hygiène mobile et de prophylaxie
thérapeutiques.
disparaît, et chaque Etat se constitue un service national
enseignement et fOIll1ation de personnels
des grandes endémies « on a pu craindre
spécialisés
momentanément que l'Institut Marchaux, dévolue
épidémiologie et statistiques, concernant
à son Etat d'information, le Mali, voie ses moyens
spécialement la compagrùe de masse lancée
réduits et son rôle amenuisé à ce seul Etat Ji'.
depuis 1955.
En plus de ses lourdes charges, l'Institut
Mais l'immense bon sens des Ministres de la
Marchoux joue encore un rôle combien efficace de
santé publique des jeunes Etats les a amenés, dès avril
dispensaire urbain périphérique œuvrant non seulement
1960, à remplacer le service général d'hygiène mobile
au bénéfice des hanséniens mais encore à celui de très
et de prophylaxie par l' OCCGE. L'Institut Marchoux
nombreux consultants ordinaires. C'est ainsi que
appartient dès lors au nouvel organisme OCCGE de
d'innombrables consultations, examens, actes médicaux
type fédéral.
sont effectués par l'Institut Marchoux au bénéfice de
populations de la banlieue sud de Bamako. A titre
Le budget de fonctionnement de l'Institut
indicatif, en 1982, sur un nombre total de 155424
Marchoux s'insérait dans celui de l'OCCGE, constitué
consultations, 422 ont été orientées sur la consultation
par une contribution (quote-part) des huit Etais
du dispensaire anti hansénien (Institut Marchoux).
membres africains et une grosse assistance de la France
En effet, grâce à la remarquable activité du
en crédits et en personnels.
personnel de santé OCCGE on assistait à une
Ce budget de fonctionnement s'élevait en
augmentation importante, continue, du nombre des
1970 à 37 millions de francs CFA (740.000 francs
lépreux dépistés au cours des prospections
français) auxquels il faut ajouter la contribution
systématiques des populations des Etats de 1'OCCGE.
française en personnels de l'assistance technique
Le tableau ci- après démontre la progression au fil des
s'élève à 300.000 francs français, ce qui donne un
ans du nombre des lépreux dépistés.
Tableau illustrant les résultats de la campagne anti-hans~iennedans les Etats de l' OCCGE de
1955 - 1970
Années
Lépreux recensés
Lépreux traités
Traités
En observation
régulièrement
sans traitement
1955
250257
127077
-
-
1960
378218
228870
106003
-
1965
522931
266217
190576
108803
1970
465494
223221
157076
106705
1
' - - - -
Source: Fonds Pierre Richet, op. cit. p, 5.
(Footnotc.)
'Fonds Pierre Richet, op. ciL
p.. 6.
30
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° \\-2007 (1'" Semestre)

Sciences sociales et hl/maines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
l'Institut Marchoux sur les sulfanes qui ont permis de
L'augmentation du nombre de lépreux
mettre sur pied une trame dense de circuits de traitement
recensés et traités est remarquable de 1955 à 1965.
permettant à tout lépreux d'être soigné sur place, quasi
Les nombres de lépreux recensés et traités sont en
à domicile.
baisse en 1970, or ces statistiques ne comportent
L'Institut Marchoux a apporté et continue de
pas le nombre de lépreux dépistés au Togo.
contribuer à la guérison de la lèpre enAfiique. JI fut un
L'augmentation du nombre de lépreux recensés
centre utile pour les essais des nouveaux médicaments
s'explique par le dépistage systématique des
et la mise au point des schémas de traitement. L'Institut
populations notamment ceux des petits villages de
Marchoux appartient à l'OCCGE avec d' autres Instituts
brousse. En effet, sous l'impulsion du médecin colonel
que sont l'ORANA et le CRAN.
Masseguin, alors directeur du service général
d'hygiène mobile et de prophylaxie, il fut mis sur
2.3. L'ORANA/CRAN
pied de nombreux secteurs de ces « circuits, dits
pétale de marguerite ou en escargot de

2.3.1. ORANA
traitement
par
injection
d'huile
de
chaulmoogra al/x lépreux des petits villages qui
C'est un Organisme de Recherche sur
re.cevaient ainsi plI/sieurs infections par
l'Alimentation et la Nutrition Africaines. Il fut créé en
semaine >/.
1956 par les autorités françaises let rattaché à
L'infirmier, cycliste ou piéton, revenaitàsabase
l'OCCGE en 1961. Le rôle de l'ORANA est de
chaquejour par les circuits dits «en escargot »; il tournait
connaître les hommes des pays où il est imp lanté, leurs
dans les villages en "colimaçon" et ne rentrait à sa
. habitudes alimentaires, leurs maladies, leur statut
base que tous les huit jours. Le nombre des lépreux
économique et social, et leurs croyances. Il a aussi pour
connus s'accroît, traduisant une efficacité croissante du
rôle d'évaluer la consommation alimentaire réelle et
dépistage. Mais le traitement par l'huile de chaulmoogra
l'état nutritionnel des populations et de déterminer les
était difficile à suivre, peu efficace et peu attractifpour
carences qui ont des répercutions sur leur état de santé.
ceux qui se savaient lépreux et voulaient éviter les
Il conseille les autorités gouvernementales et les services
léproseries ou les villages d'isolement. Le traitement
intéressés en vue d'orienter les programmes de
exigeait donc patience du malade et de l'injecteur. C'est
production alimentaire et de diversifier les cultures pour
ce qui explique la baisse du nombre de lépreux traités
pallier aux carences observées. L'ORANA alerte
régulièrement par rapport au nombre des lépreux
l'opinion publique sur l'importance des problèmes de
dépistés et traités. Cen'est qu'après l'utilisation large
nutrition et forme des éducateurs qui sont en contact
des sulfones, au début des années 1950, que les
étroit avec les populations (instituteurs, assistantes
dépistages deviennent réellement efficaces et que
sociales, infmniers, cadres ruraux). L'ORANAgroupe
l'endémie régresse. Cette régression devient
des représentants de nombreuses disciplines (médecins,
spectaculaire avec l'apparition de la polychimiothérapie,
biochimistes, agronomes, vétérinaires, statisticiens,
vers 1980. De 200 %0' le pourcentage des lépreux à
sociologues).
l'institut Marchoux tombe, en qUaIaJ!lte-ans, à 5 %0
L'absence de ce personnel à l'intérieur de
(Guy- Michel 1984: 46). Or, de 1948 à 1960, les
l'ORANA est en partie compensée par des relations
médecins Laviron et Lauret appliquèrent en AOF le
de travail constantes avec les services de l'agriculture
chaulmoogra,notammenteninjectionintraveineuse.
et de l'élevage, de l'Enseignement, de plan, du
Scheider et Laviron essayèrent les sulfamides,
commerce et de J'industrie, les centres de recherche
particulièrementlesulfathiazol, maisdèslesann~ 1950
agronomique et vétérinaire (Alonou 1994 : 349) La
c'est la grande révolution et le grand espoir apportés
définition des objectifs précités détermine l'orientation
dans l'emploi de la sulfane-mère. On pourra s'étonner
des activités de l' ORAN A qui s'exercent dans trois
lilu'il eut fallu attendre près de dix ans pour l'utiliser
domaines: enquêtes, recherches de laboratoires et
largement en AOF, puisque les remarquables
enseignement de Janulrition
constations de Faget à Carville (Louisiane) datent de
Les enquêtes comprennent celles de
1941-1 942.Mais, à cette époque, on utilisait les dérivés
consommation alimentaire et clinique effectuées à la
de la sulfone-mère (Promin, Diasone, Cimedone,
demandedesEtatsmembresdel'OCCGE.C'~stainsi
. Exosulfuril) et il fallut attendre 1947 pour que la sulfone
qu'en 1966 des enquêtes sur l'endémie goitreuse ont
-mère, plus active et moins coùteuse, soit mise au point.
été demandées par la Côte d'Ivoire, le Mali et le Niger.
Au total, ce sont les recherches des médecins de
L'importance de cette endémie dans les différents Etats
Revue du CAMES- Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)
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________________________________ Sciences sociales et "limailles
Au totaL
de l'Ouest africain a conduit à pratiquer dans les Etats
j 'ORANAjoua un rôle pionnier dans
membres de l'OCCGE la prophylaxie par iodation du
la lutte contre les carences alimentaires et nutritionnelles
dans les Etats francophones de l'Afrique de l'ouest.
sel de cuisine. V observation de nombreux cas d'anémie
clinique dans ces Etats a permis de faire des recherches
En eflèt, la malnutrition protéino-énergétique constituait
afin de déterminer la part de l'alimentation et de la
le problème nutritionnel le plus important dans les pays
malnutrition dans l'étiologie de ces anémies.Ces
membres de l'OCCGE ; venaient ensuite les anémies
recherches menées en 1966 en collaboration étroite
à caractère nutritionnel, le goitre endémique, Les
avec le service de pédiatrie de l'hôpital de Dantec de
approches médicales seules étaient absolument
Dakar ont p0l1é sur les enfants hospitalisés atteints de
impuissantes pour résoudre ces problèmes, Une
Kwashiorkor
approche plus étendue du problème devrait pel111ettre
' et chez lesquels des examens préalables
étaient eftèctués atin de s'assurer que J'anémie n'était
d'alTivcr àmieux déterminer les mesures à prendre pour
pas due il des faeteurs outre que nutritionnels
diminuer l'étendue de ces maladies de carence. En eJ1èt,
(paludisme, ankylostome, bilharziose, hémoglobines
la connaissance de la consommation alimentaire d'une
anormales). Ces études sur les anémies nutritionnelles
population constituait en Afrique une des données
permirent de déterminer le rôle respectifdes carences
indispensables pour l'établissement du niveau
en protéines, en fer, en acide folique
économique du pays. 1'ORANA eut donc pom mission
Ci en vitamine"
dans l'apparition de ces anémies, ainsi que le rôle de la
de faire des enquêtes sur l'alimentation en vue de
malabsorption intestinale, En 1980-1982, des enquêtes
déterminer l'état nutritionnel et le niveau de
alimentaires furent réalisées il la demande des services
consommation alimentaire des populations des pays
sénégalais dW1s les villages de Ndiamsil ct de KOlunbidia
membres de rOCCGE pour mieux comprendre les
(sous-préfecture de Baba-Garage et Koungheul).
mécanismes déterminant ces deux composants. Il
L'objectifde ces enquêtes sur l'état nutritiOlme1 fut de
constitua la mémoire de l'expérience d'un demi siècle
déterminer la prévalence des maladies nutritiormelles
sur l'alimentation et la nutrition africaines.
présentes dans la zone d'étude et d'en détem1iner, dans
Cependant, il traversa une crise qui entrava
la mesure du possible, leur étiologie profonde. Les
lourdement ses activités. Les Journées de Réflexion
enquêtes indiquèrent des discordances entre les ingérés
menées en 1995 ont abouti à une réorientation de ses
en vitamine A et en minéraux et l'état nutritionnel
activités en même temps que le CRAN pour replacer
résultant. Les résultats sur le statut en vitamine A dans
son mandat dans le cadre global des besoins des Etats
diverses enquêtes permirent de présenter une vue
membres de l'OCCGE. L'ORANA devint ainsi
d'ensemble du problème dans la région.
l'observatoire de la nutrition dans la région. C'est avec
l'ORANA etle CRAN qu'est né le« Réseau des Points
Focaux Nutrition» de J'OCCGE qui se réunit chaque
année depuis 1996.
2.3.2. Le CRAN
Le Centre Régional de Recherche en
(ftlotnotcs)
Alimentation et Nutrition est un des centres et insti tuts
fonds Pierre Richet op cil. Il R
1
de l'OCCGE. L'Antenne de Lomé fut créé par
1 C'élait Jans le cadre de leur IlllSSjOtl illHilropolngiquc que les
autorités françaises créèrent ['ORANA dont le pcrsollild étail en
délibération n02 48, adoptée lors du 25' consei 1
lll<lJontc composé de chercheurs français de l'ORSTOM . Carles
d'Administration. le 20 décembre 1978 à Bamako. Elle
Clmsllan_ Ziegler OliVier. Gallon Georges, Silllondo Frnnçolse,
démarra ses aeti vités en 1980 sous la direction du
FOllt<lllli: UIIVIt:r. etc
'Lt: tcnm: {\\ KW<lslllorkor l) c:st ulle exnressioll Je l~ lan!!,lIe ~shallti. au
Prolèsseur Ananivi DOR Biochimiste-nutritionniste. A
(jlmua. qUI slgllltïeralt 1'« enfant dc [roP», CCltll qui est venu trop vile
ct porte
paI1ir de 1990, l'Antenne Nutritionnelle de Lomé a été
tOl][. p~r sa S~llle presence, au précédent. (l3risset C 14X4
1 (, )
érigée en Centre Régional de Recherche enAJimentation
: 1.;1 déJïcI~ncc: en .... it ..Hllinc RI provoquc Je béribéri c'cst-à-dire un
syrHJr0lllc neurologique, L1ne polynévritc. Jes troubles psychiatriqucs,
et Nutrition (CRAN), par délibération n° 1865 du 12
une. il.lsulflsanc~ c;In.lÎ:lqUl: et la mort. Il surfit, pour l'éviter, de Ile pas
janvier 1990 de la 36' conférence Ministérielle tenue à
pUrifier exngérément les càêales. c'esl-à-dire de leur laisser leurs
cnvcl0pPL'S, ou siege 111 vitaminc RI. La carence en vitamine C
Bobo-Dioulasso (Burkina Faso).
provoque de son côté Je scorbut responsable d'hémorragie et de lrl~ubles
En 1991, une évaluation scientifique menée par
cardiaques qui provoquent la morl. La vitaminc C est présente Jans ks
agrullles. Le lllanque de vitaminc A reste tr0s fréqucnt dnns ccrt'lilKS
les Profèsseurs Benbouzid et Dillon. recommw1dait de
parties dl' l'Afrique noirc. OLI il provoljw: Hombre de ksiolls oculam.:s
nouvelles Olientations pour le CRAN et l'ORANA. Ce
et de cécité. notamment chez les enfmlls
32
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)

Sciences sociales et "ut/Uûlles
- - - - - - - - - - - - - - - -
rapport prévoyait que le CRAN s'oriente dans le
maladies transmissibles, ou toul autre problème de
domaine des micro nutriments (Iode, Vitamine A, Fer)
santé prioritaire, dans le cadre de la politique
et que l'ORANA devienne un observatoire de la
générale de sanlé puhlique défÎnie par les Etals
Nutrition, tout en insistant sur la nécessaire
memhres ».
complémentarité des deux Centres. Depuis lors le
Dans cette optique, elle s'est dotée de
CRAN est devenu la structure de référence en matière
structures spécifiques de recherche et de lutte, dont
de lutte contre les carences en micronutriments de
deux
dans
le
domaine
particulier
de
la
l'OCCGE.
nutrition. L'Organisme de Recherche sur l'Alimentation
Depuis 1980, date de démarrage de ses
et la NUliition (OR.\\N /\\) ù Dak'lL el le ( 'L'IlU'l' Rq:.i\\ lIl,11
activités. le Centre Régional de Recherche
en
de Recherche en Alimentation et Nutrition (CRAN) à
Alimcntation et Nutrition (CRAN) a contribué à faire
Lomé. L'OCCGE s'est aussi dotée de centres d'études
avancer lcs connaissances dans le domaine de la
et de traitements des maladies tels que l'Institut
Nutrition el de l'Alimcntation en Afrique de l'Ouest en
Marehoux de la lèpre à Bamako. le centre Muraz
général et au Togo en paJiicul ier. En 1981, grâce à un
d'études et de lutte contre la trypanosomiase et le
financement pOllctuel de l'OMS et l'UNICEF, le
paludisme, etc.
CRAN a réalisé unc étude sur le taux de déperdition
Si ces structures ont rendu d'énormes services
de l'iodc dans le sel iodé au Togo dans le village de
aux populations des Etats membres, voire de la région,
Boadè (région des savanes).
force est de reconnaître qu'avec le temps elles ont
Dans la plupart des Etats membres de
connu des situations diverses d'illertie ljui Ollt conduit
l'OCCGE, des enquêtes épidémiologiques sur les
les ministres de la santé, soit à nationaliser certains
œ.rences en Fer, en Iode et en VitamineAont été initiées
(Institut Marchoux, Centre Muraz), soit à réorienter
et exécutées par des services nationaux, des instituts
leurs activités et à ordonner la tenue de «Journées de
de recherches ou des ONG. En effet, l'organisation
réflexions» pour leur définir de nouvelles missions (cas
exige aussi des apports en diverses substances
de l'ORANA et du CRAN).
minérales, telles que le fcr, lecaleium, le zinc, l'iode, le
En effet, dès 1988, l'institution s'était confrontée
potassilml. etc. en quantités variables selon la substance
àune crise démographique et financière. AI' origine de
considérée. Par exemple les déficiences en fer, c'est à
cette crise, on retrouvait le non respect des engagements
dire les anémies, frappent, estime- t- on, quelques 700
des Etats d'honorer leurs contributions à l'organisation.
millions d'individus dans le monde, essentiellement dans
Elle dut procéder à une déllation des elTeC1ll"s lb
les pays en voie de développement. On estime que 20
personnels les plus âgés et les moins qualifiés dans tous
à 25 % des enfants y souffriraient d'anémies, 20 à 40%
les établissements. Les activités de formation,
des femmes et 10% des hommes, en particulier en
d'expertise, de recherche appliquée et de coordination
raison de carences alimentaires provoquées par des
dment strictement se confomler aux caractères généraux
régimes trop exclusivement végétariens et des maladies
des activités d'une organisation internationale.
parasitaires responsables d'importantes pertes en fer
L'Organisation procéda à la redéfinition de son identité
(Brissct 1984). L'anémie entraîne une perte de la
scientifique et de sa vocation; cl' où la naissance de
résistance de l' org,misme et une chute de productivité.
l'Organisation Ouest Africaine de la Santé.
En 1997. l' OCCG E a mis en place un Réseau
des Points Focaux Nutrition. En somme, les relations
SOURCI;:S ET REFERENCES
du CRAN avec les Etats membres se sont renforcées
avec les Rencontres des Points Focaux. Au plan exteme,
BIBLIOGRAPHIQUES
le CRAN est bien connu par les professionnels de la
Nutrition (UNICEF, OMS, FAO etc.).
1. CRAN / OCCGE, 2000. Bilan des oclivlles du
CONCLUSION
CRAN, p. 9.
Créée en
1960,
au
lendemain
des
2. OCCGE- Informations, 1993, n O l04 : Activité du
indépendances des Etats de l'Afrique Occidentale,
centre Muraz, 63 p.
l'Organisation de coordination et de coopération pour
la lutte contre les grandes endémies (OCCGE) s'était
3. OCCGE -Informations, 1994, nO 105 : Activile du
fixée. entre autres objectifs fondamentaux, de
CE.R.ME.S. 37 p.
/i Promouvoir la luite conlre les principales
Rcvuc du CAMES - Nouvellc Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Scmestre)
33

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et Illlmailles
4. OCCGE - Infonnations 1996, n° 106 : Activité de
Colloque d'Abidjan - Dakar, 7 au 14février 1959,4
l 'ORANAI CERMES, 28 p.
p.
5. OCCGE- Informations nO l 07 : Activité du centre
Il. Fonds RICHET: Rapport sur l'Institut Marchoux.
Muraz, 5 p.
son œuvre et son rendement de 1958 à 1971, 12p.
6. OCCGE ; Rapport d'activité de CERMES 1996 :
12. ALONOU, K., 1994. La politique sanitaire de
pp 64-72.
la France au Togo à l'époque coloniale 1919 -1960,
thèse de Doctorat (nouveau régime), Université de
7. OCCGE : Infonnations, 1997, n° 108 : Activités du
Poitiers, 395 p.
CRAN, 31 p.
13. BOUCHE, D .. 1991 : Histoire de la colonisation
8. OCCGE, 1999. Monographie des rencontres
(rançaise, Tome. Il Paris, Edition Fayard, 607 p.
annuelles des points focaux nutrition et rapport de
la rencontre de Niamey,
18 p.
14. BRISSET, C .. 1984. Le Monde, la Santé dans
le tiers monde, Edition la Découverte, Paris 255 p.
9. OCCGE, 1983. Rapport final de la XXlll"
conférence technique, Ouagadougou, Il - 15 avril,
15. GUY MICHEL, N., 1984.1nstitut Marchaux
129 p.
ou 50 ans de lutte contre la lèpre en Afrique
Noire,
thèse de Doctorat, Université de Paris XII,
10. Fonds RICHET; "Les Enquêtes de consommation,
405 p.
leur interprétation en fonction de l'étude du milieu" in
34
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° J -2007 (JO' Semestre)