L'INFLUENCE DE LA LI SUR LA L DANS LE PROCESSUS
2
D'ACQUISITION DU LEXIQUE VERBAL DE PROCES
DANS LES RECITS ORAUX DES ELEVES TOGOLAIS.
Ufualè Christine AFOLA-AMEY
Université de Lomé
Faculté des Lettres et Sciences Humailles

Départemel1t des Sciences du Langage
Lomé-Togo

Rf:sUMÉ
l'acquisition et le développement de la langue première (LI) ou seconde (L2) ne peuvent se faire sans le
lexique verbal de procès. Pour cela, le locuteur ou l'apprenant élabore des stratégies spécifiques à LI pour
faciliter son acquisition malgré son accès plus difficile et plus lent par rapport au lexique nominal (Gentner,
1981, 1982). En effet, il s'appuie sur certains traits typologiques de sa LI qui l' inf1uencent au moment de la
conceptualisation et de la fomllllation du message (Slobin, 1991). Ainsi, au cours des phases de développement
de l'acquisition de la L2, moins le stock de lexique de désignation des procès est foumi, plus l'apprenant ou le
locuteur adopte des stratégies conceptuelles à partir de sa L2 pour créer, enrichir et diversifier son stock verbal
en L2 pour atteindre sa visée communicative.
Dans ce travail, nous montrons comment le gengbe (L 1) (famille de langues kwa du Togo) à structure
complexe et analytique de par les constructions verbales sérielles (CVS) (Boler-Richard, 1978 ; Bédou,
1980), aide les élèves togolais à construire des récits cohérents en français (L2), même avec un lexique verbal
pauvre, grâce à certains des schèmes de lexicalisation (Talmy, 1985,1991) de procès de leur L 1.
A partir des récits d'images 1support « Chat ct Oisillons» de Hickmann & Hendrieks (1992)] collectés
en LI et L2 au niveau des classes de CM2 et 5è dans Je cadre du projet CORUS / AUF eognitique, nous
analysons et comparons le type et la nature sémantique des procès inf1uant au niveau de l'organisation globale
des récits. Le but final est de comparer le degré de spécification sémantique des procès et la nature du lexique
verbal de désignation de procès (Viberg, 1998,2002) composant \\cs procès de stratégies utilisées en LI par
les apprenants pour s'exprimer en L2.
Mots-clés .. Influence, langue, acquisitioll. lexique verhal de fJrocès, élèves de la communication
r
Abstract
The acquisition and the development of the first language (LI) or second language (L2) are only
possible with the verballexico-process. Therefore. the speaker or learner develops specific strategies on
LI in order to make it easier to acquire des pite its more difficult and slower aecess in relation to the nominal
lexicon (Gentner, 1981, 1982). In fact, he relies on a certain number ofhis LI typological features that
influence hi mat the time ofthe message's conceptualisation and fomllllation (Slobin. 1991 ). Then, lcss is the
storagc ofprocess lexicon designation providcd at the stages ofthe development and the acquisition ofL2,
and more the speaker or the \\camer will adopt conceptual strategies from his L2 to create. inereasc and
diversify his verbal storage in L2. so that he eould achieve his communication goal.
Rnuc du CAM ES - Nouvcllc Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2·.... Semestre)
171}

Sciellces sociales et !llllllailles
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ln this paper, we are showing how the gengbe (1,1) (family ofKwa languages ofTogo) that has a complex
and analytic structure for thc construction ofits c1assilied verbs (CCV) (1301er-Richard. 1978; 13édou. 1(80).
helps the Togo students to write coherent stories in French (1,2). even with a poor verhallexicon. fiJr their 1,1
process ofsome lexicalisation schemata (l'almy. 1985. 19(1).
froll1 stories about pietures [«Chat et Oisillons» as visual aid] by Ilickmann & Hendricks (1992) and
collected in LI and L2 at class (l and form 2 in the framework of the CORUS/I\\UF Cognitic project. wc
analyse and compare the type and the semantie nature ofthe processes exel1ing an influence at the level of the
stOiies global organizations,
The Jinal point is to compare the processes semantic s[lecification grade and the nature of the verbal
lexicon for the proccss designation (viberg, 1998.2002) which composite the strategie proœsses used in LI
by [he learner to express themsel\\es in 1.2.
Kev 11'()/"(I.I' .. In/luenœ, lallguage, acquisition. l'er/wllexicon o/process. comlllllnica/ion,ltl/(lents,
verbales lréquentes. mais !(111ement basiques. donc peu
INTRODUCTION
spéciJïécs. dïnstancier lexicalemcnt les différents
L'acquisition ct le développement de la première
domaines sémantiques tels que les procès de
ou seconde langue (désormais
mouJ'ement,
([.1
de cognition, de llwnipllla/ion. de
(lU L2) ne peu\\'ent
sc faire sans le lexique verbal. Or, aux stades précoces
trans(er/, de comlll1lnication, etc. propres à
de l'acquisition de la LI ou de la 1.2. l'ap[lropriation
l'acquisition du langage en général mais plus spéeilique
ù
du lexique verbal de désignation des procès ne se fait
celle de la 1.2 (Noyau. 2003).
pas aussi rapidement que celle des entités pour des
Ce phénomène linguistique [lermet de
raisons tant cognitives que linguistiques (Gentner 1981.
comprendre que la représentation de procès sc fait plus
à
1(82). Lc locuteur, enüll1t ou adulte en L2 qoi ressent
partir de schèmes cognitifs de plus en plus complexes
des difficultés à se représenter
(Talmy, 1(85) que par simple influence lexicale de la
l:t vcrbaliser les
événemenl~en lmités lexicalisées, élabore des stratégies
langue première sur la L2 (Noyau, 2004). De cc bit,
spécifiques proches aux modèles de conceptualisation
l'on comprend "inlluence possible de certains traits
de sa LI pour se construire son lexique vcrbal en L2.
caractéristiques de la LI. à partir des schèmes de
1\\ cet effet, comme certains traits typologiques de sa
lexicalisation des procès sur la construction du lexique
langue l'influencent au moment de la conceptualisation
\\'(;rbal de procès des apprenants en L2 surtout à leurs
phases précoces de son acquisition.
!=t de la formulation du message (Slobin. 19(1), le
locuteur en L2 s'appuie donc sur quelques uns de ces
D.ms cc trJvail, nous montrons comment la lanb'lle
traits pour eonstruire son lexique verbal et atteindre ainsi
gengbe (L 1) (de la (~lmille des langues kwa du Togo),
sa visée communicative mème avec lllllexique pauvre.
de par la structure complexe et analytique de son lexique
verbal, au niveau des constructions verbales sérielles
Ainsi, aux premières phases de développement
ou CYS (Boler-Riehard, 1975; Jondoh, 1(80).
de l'acquisition de la L2, moins le stock du lexique
permet aux élèves togolais de construire des récits
verbal de désignation des procès est fourni, plus
cohérents en français (L2) même avec un lexique verb.·1
l'apprenant oule locutcur recourt il certains modèles
peu riche en s'appuyant sur certains schèmes de
de lexicalisation des procès (l'almy) de sa LI pour se
lexicalisation de procès de leur langue pour fo mlll1er le
construire son lexique verbal.
lexique verbal de procès en L2, (Afola, 2004).
Par ailleurs, plus il progresse ct évolue en e1asse,
A partir des réeits d'histoires en images eolleetées
plus son stock lexical se diversifie et sc spécifie et moins
en gengbe et en français au niveau des classes de CM2
il s' appuie sur les modèles conceptuels de sa LI. En
et 5è dans le cadre du projet CORUS/AUF cognitive
effet, aux premiers stades d'acquisition de la LI et
«
Appropria/ion du f;'ançais
lan~ue de
surtout de la L2, l'apprenant a tendance à recourir
scolarisa/ion en si/llation diglussiquc », nous
massivement aux verbes de base ou nucléaires (viberg,
analysons et comparons la nature de eette inl1ucnce au
2(02). Ceux-ei lui permettent, à travers des unités
1811
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B. Vol. 007 NQ 2-2606 (2'- Semestre)

_________________---'=----
Sciences sociales et humaines
niveau de l'organisation globale des réeitsdans les deux
1981, 1982). Si pour Noyau, (2004) la eomplexité du
langues et aux deux paliers d'acquisition.
développement de ee type de lexique s'explique tant
Plus précisément cette analyse et companiison
eOb'l1itivement que linguistiquement, pour d'autres, elle
tiennent compte, au plan conceptuel, du degré
est à la fois liée à la variété du système d'organisation
d'organisation globale des événements (Noyau 1991,
des langues de par la diversité de leurs schèmes de
2001) dans les deux langues et aux deux paliers
lexicalisation(Talmy, 1985) qu'à la possibilité, la facilité
d'acquisition. A cet effet. pour mieux quantifier les
d'emploi d'un grand nombre de verbes de base au
procès, nous répartissons les récits en énoncés et en
nucléaire (Viberg, 2002) pour instancier lexicalement
propositions (Noyau, 2003) dans le but de mieux
par une unité fréquente et peu spécifiée chaque grand
comparer les types et la nature des procès représentés
domaine sémantique (pour les procès de mouvement,
par chaque locuteur. Dans cette optique notre choix a
de déplacement. de transmission, de manipulation,
porté sur le récit. qui, se prêtant en type de texte à
de trans/àt. de communication. de cognition. etc.
nombreuses réfërences événementielles, permet
(Noyau, 2003) propre à tout langage.
d'examiner la réelle eapacité d' uti liser le lexique verbal
En effet, les entités semblent disposer de
en langue seconde (Kihlstedt, 2003).
frontières plus perceptibles, donc plus faciles à
concevoir, alors que les procès (verbes), plus liés aux
Au plan linguistique, nOlls analysons la structure lexicale
divers éléments du contexte, se représentent et se
du lexique de désignation des proeès (Boler-Richard
verbalisent beaucoup plus difficilement (Gentner, 1981).
197R ct Jondoh. 1980) à travers le degré de
Pour sunnonter ces difficultés, l'apprenant en L2 élabore
spécification sémantique des procès et leur fréquence
des stratégies propres à sa LI en s'appuyant, par
d'utilisation. Par ailleurs, nous comparons les choix de
exemple, sur certains traits typologiques de celle-ci
granularité temporelle (Noyau et Paporcka, 2000)
(Slobin, 1991) suivant les modèles de conceptualisation
opérés par les di flërents locuteurs dans le but
et de formulation de ses schèmes de lexicalisation des
d'examiner la nature du lexique verbal (Viberg 1998,
procès (Talmy, 1991) qui lui sont spécifiques.
2002) des procès des stratégies utilisées en LI par les
apprenants en vue d'atteindre leur visée commwlieative
1. 2 Phénomènes de schèmes de
en L2.
lexicalisation des procès
Suite à la présentation du cadn: méthodologiquc,
les diffërentcs réponses aux qucstions suivantes, eu
Au moment de la représentation et de la
égard àtout cc qui précède, constituent le plan de notre
verbalisation des procès, le locuteur en général, est
travail à savoir:
influencé par certains modèles conceptuels de sa LI
(Slobin, 1991). De par ces caractéristiques typologiques
1.
quel est le degré de représentation globale des
des langues, on les classe soit dans le groupe des langues
événements dans les LI et 1.2 en place?
structurées autour des verbes (VL) telles que les langues
2.
quels sont les types de lexique verbal de procès
romanes, ou langues structurées autour des satellites
aequis et leurs occurrences suivant les diflëlCnts
comme les langues germaniques (Talmy, 1991). Ce
champs sémantiques exprimés?
mode d'organisation diverse et spécifique des langues
3.
quelle est la nature dcs verbes de la LI qui
indo-européennes, par rapport àd'autres langues telles
influent sur la L2 (CVS vs verbes simples).
que le gengbe, complexifie plus la conceptualisation et
l'instanciation des grands domaines sémantiques. Si par
I. CADRE THEORIQUE
exemple en français (L2) des apprenants, les procès
de mouvement « S'enfuir»
et de manipulation
I. 1 Processus d'acquisition du lexique
« Apporter» sont exprimés par un seul procès, en
verbal de procès,
gengbe (L 1) (langue kwa à structure verbale de type
analytique). ces mêmes procès dynamiques sont conç us
Aux phases précoces d'acquisition d'une langue
et verbal isés d'une fàçon segmentée en micro-procès
. maternelle (LI )ou première comme celles d'une langue
du même intervalle temporel donné que les mêmes
seconde (L2), le lexique verbal de désignation de
macro-procès soit en granularité temporelle l (Noyau
procès, bien que, capital dans le développement de la
& Paproska. 2000) tels que« pudu-dzo » soit «courir-
langue, ne s'acquiert ni ne se développe aussi vite et
partir» et « sO- va-» «prendre- venir-»
facilement que celui des noms et des objets (Gentner
Revue du CAM ES - Nouvelle Série H, Vol, 007 N° 2-2006 (2'- SCmeJtre)
181

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _- - - - - Sciellces sociales et "lIIl1ailles
Aux phases précoces d'acquisition de la L2 ct par!()is plus tard pour cel1ains apprenants, ces dil1ërences typologiques
des deux langues complexitient l'acquisition des procès spécifiques. Les plus jeunes auront beaucoup plus tendance
à avoir recours aux schèmes les plus fréquents de leur LI pour verbaliser le lexique verbal dont ils ont besoin en L2.
à travers l'utilisation massive de certains de ces verbes de base (nucléaires) propres ft leur LI.
1. 3 Verbes de base, verbes nucléaires dans le processus d'acquisition
Les verbes de base représentent un petit nombre des verbes ft forte dominance chez les locuteurs natifs d'une
LI (Viberg, 1998,2002). Dans ces études fDuillées sur ces verbes dits « de base» Viberg montre le rôle prépondérant
joué par une vingtaine de verbes lexicaux dans le processus d'acquisition des langues de par la place spéci fique
qu'ils occupent dans le groupe et suivant feurs diffërents champs sémantiques. Ces résultats, par rapport ft ceux
t provenant de l'enquête faite au niveau du Français Fondamental de Gougenheim ct al. (1967), enquête basée sur le
français oral révélant l'existence ct le rôfe de certains verbes particuliers parmi les verbes les plus fréquents du
corpus, eonfinl1ent et explicitent l'idée des verbes nucléaires de Viberg (2002).
En effet, en examinant d'un pointde vue sémantique. les listes de fréquence ct la place de chaquc verbe, on
remarque qu 'au sein de chaque groupe, on rencontre un verbe ft statut pm1iculier correspondant ft ce que Viberg
appelle verbe nucléaire soit un verbe constituant « le meilleurreprésentant »d'un champ sémantique mais pouvant
partDis coïncider avec les verbes de base.
Tableau 1 : Liste réduite des verbes et leurs champs sémantiques (Noyau, 20(3)
1V. mouvement
2V.eommunieation
3V. perception.
V. manipu1l1tion
6-V. copules ...
5
Aller
4
Dire
6
Voir
12
Prendre
1
Etre
1
11
Venir
17
Parler
33
Ecouter
15
Mettre
2
Avoir
]2
Arriver
22
Demander
34
Entendre
24
Tenir
8
Pouvoir
22
Partir
39
Regarder
33
Laisser
9
.~:.
Falloir
'"
30
Sortir
18
Trouver
16
Devoir
36
Rentrer
45
Chercher
47
Paraître
1. 4 Rôle des verbes nucléaires dans
(33' rang). Celui de mouvement « ail cr» (5è rang) est
l'acquisition d'une langue
plus « basique» en tenne de fréquence ct de sémantisme
que « partir» (22e rang)
L'examen de la liste réduite ci-dessus des 50
verbes les plus fréquents du Français Fondamcntal,
Par ailleurs, selon Kihlstedl (2003), les verbes
regroupés par champs sémantiques par Noyau
nucléaires par rapport aux simples verbcs de base tels
(2003), signale la variété de champs, et surtout la
que « être », « avoir» el « devoir » se délinisscnt ft la
fréquence d'emploi de certains des vcrbes par rupp0l1
fois d'un point de vue sémantique et en terme de leur
ft ceux du Français Fondamental (c f. Gougenheim,
lréquence d'où leur caraetèrc complexe, polysémique
] 967 pour la fréquence des verbes).
ct leur possibilité à développer des scns grammaticaux
Ainsi, les verbes nucléaircs varient selon chaque
variés.
domaine sémantique et jouissent d'un rang privilégié,
Ces traits spécifiques liés ft ces verbes explicitent
de par leur haute fréquence, par rapport aux autres
ft la fois toutes les ditlicultés éprouvées par les locuteurs
verbes du même domaine. Par exemple: le verbe
tant en LI qu'en L2 à construire ft partir d"cux les
nucléaire de perception « voir» occupant le 6' rang
différents procès ct confirment toutes les slrakgies cl
du tableau est un peu plus fréquent que « écouter»
principes élaborés par les enl[1I1ts pour les eatégoris~r
(Fu(ltnnles)
1 Sdnn Noyau &. Paprocka (2000). In granubrilé lcmpore\\le cs! le degré auqul'i lifTe sÎlll::ltioll uynamilluc (1lI<H:H1-prncès) \\H:L"Upalll LIll illh.T\\'llk
tcmpord dOllné L'si subdivisée (scgmclltécl \\:11 micro-procès occup'lIll des portions de (;c1 intervalle o,;(llhtÎtu:'1ll1. dans km t:1l'st.:l1lhlt.:. CL' lIl"II.:W-
prncès. F'\\cmpk .. « ;Ipportcr ») un rrocè~ à .!!ros g.rain ou l~liblc granuiarik tcrnporclh.· vs ((aller -prendre,> ct « venir dOllller li (qualre pWl.:0s Oll
granlilarité Il:mporcllc fine) C'esl n: qui rail la \\'ariatioll du dcgr(' de délai! dans Il' IraÎ1Cllh.:1l1 des proi:ès d.ms un n':l'il.
lIn
nevue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2""'" Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
et les nommer surtout à leurs premiers stades
acquis par nos locuteurs tant au niveau des deux langues
d'acquisition.
qu'aux deux paliers d'acquisition, les mêmes verbes
En effet, à cette période, pour se construire les
ci-dessus précités, mais non grammaticalisés et d'autres
notions de procès, les enfants feraient des sous-
tels que « sO »«prendre», «dzo» «partir», « yi, »
.\\pécifications ou sI/l'-extensions par rapport à la
«aller» ; « pudu » «courir» ; « kplO », » «suivre» ;
langue environnante et des sous-extensions (.~ur­
« DO » «mettre», etc. constituent ceux qui forment de
spéâficat ions) constituant, en catégorie, une
façon analytique les procès des différents champs
instanciation spécifique d'une catégorie plus large dans
sémantiques précomptés (Exemples: « sO- si-va»
la langue adulte (Noyau 2003). La prédominance des
«prendre-eau-venir» pour le procès. «Apporter>5 de
verbes go, du. make, gel, PlIt, take, dc, ou des verbes
l'eau, « sO-va-na' »»prendre-venir-donner» pour.
d'actions spécifiques torgés par l'enfant pour nommer
«Ramener»
«(soit
le champ
sémantique
les procès. selon, Clark (1986 in Noyau, 2003),
de manipulation) gbO,-va «retourner-venin> pour le
caractérise l'inventaire initial des verbes de par les divers
procès. «Revenir »; « pudu-dzo » «courir-partir»
schèmes de lexicalisation de sa LI. Cl: constat, qui nous
pour le procès. «S'enfuir» (soit le champ sémantique
oblige à parler un peu du modèle de lexicalisation des
de mouvement). Ce caractère très analytique du
procès en gengbe, LI de nos apprenants dans le but
gengbe explique les difficultés des apprenants au cours
de mieux expliquer la nature des verbes intervenant dans
de la conceptualisation des procès en L2. En effet,
les schèmes sémantiques, atteste à la fois que les
malgré la tendance universelle des verbes de base, le
problèmes liés à l'acquisition de la notion des procès
couple de langues (gengbe-français) présente
sont plus d'ordre conceptuel que linguistique et, de ce
différentes tàçons de lexicalisation (Talmy, 1985). Le
fait, nous oblige à parler du modèle de lexicalisation
même concept verbalisé par un seul en français se fait
des procès en gengbé LI des apprenants pour mieux
à travers plusieurs micro-procès détaillés par les séries
caractériser la nature des verbes intervenant dans les
de verbes juxtaposés et co-prédiqués ou CYS en LI.
schèmes de procès conçus en L2.
L'examen de ces CYS révèle la présence d'un grand
nombre de verbes de base ou nucléaires de divers
1. 5 Notion sur le gengbe ct sur le modèle
ehamps sémantiques susceptibles d'intervenir dans les
de lexicalisation dans cette langue et en
tentatives de conceptualisation des procès en L2 au
L2
moment où les apprenants ne disposent pas assez de
verbes pour formuler les procès spécifiques de cette
La langue gengbe, parlée au Sud-Togo, du Bénin
L2, et de ce fait,justifie la haute fréquence d'occurrence
et du Ghana fait partie des langues africaines de la famille
d'utilisation des verbes de nucléaires dans les récits
Niger-Congo.
tant en LI qu'en L2 de ces apprenants.
Caractérisée au plan phonologique par différents
2. Aspect méthodologique du travail
tons distinctifs jouant à la fois un rôle lexical et
grammatical, cette langue de type SVO présente, au
Cette partie du travail donne des informations
plan morphologique, une structure syllabique verbale
sur la nature des données: le type d'informateurs, leur
simple de type CV ou complexe dans les cas de
âge, leur provenance et surtout le type de support utilisé,
constructions verbales sérielles (CVS) (Cf. Bole-
les modèles de segmentation et le genre de texte
Richard 1978 ; Jondoh, 1980). Celles-ci sont
d'analyse.
particulièrement composées de verbes souvent
lexicalisés (Noyau etTakassi, 2002) de façon analytique
2.1. Présentation générale des données
qui se décomposent en micro-procès coprédiqués
autour d'un sujet marqueur temps-aspect-mode
Ce travail s'insère dans le cadre du projet
(TAM). Dans les schèmes de CYS, outre le verbe
« Appropriatiun du français et acquisition des
central, on rencontre pam1Ï les verbes lexicalisés ou
connaissances via le français langue seconde en
grammaticalisés les verbes tels que « le, » «être »,
situation diglossique » initié par l'Université Paris X-
« va » «venir »jouant un rôle aspectuel (aspects
Nanterre et l'Université de Lomé. Soutenu par l'Agence
progressif, prospectif) ou modal avec le verbe« na »
Universitaire de la Francophonie (ARP du réseau
«donner» pour l'habituel (Jondoh, 1(80).
SDL), le programme CORUS du Ministère français
Si dans ce travail. nous n'avons pas tenu compte
des Affaires Etrangères et le programme Cognitique
de ces verbes grammaticalisés dans les types de verbes
du Ministère français de Recherche, le projet vise à
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol 007 N° 2-2006 (2'- Semestre)
183

Sciellces sociales et ft limailles
-------------------------
étudier tous les problèmes liés à l' enhmt bilingue qui prend contact avec la L2 par l'école. De ce fait, une méthodologic
spécifique doit se mettre en place pour atteindre les objcctifs fixés. Ainsi, le tableau ci-dessous explicite tout.
Tableau 2 : Informations sur la méthodologie
Paliers
Informateurs
A~e
LI
L2
Support
Zone
CM2
10 élèves
] 0-12
Gengbe
Français
Récits
sur Urbainc
Imagcs
LOME
5eme
10 collégiens
] 2-17
Gengbe
Français
Récits
sur Urbaine
images
LOME
1
2. 2. Les données
2. 2. 4. Choix du type de texte: le récit
Les données recueillies se présentent sous
Le récit, commc renet de "activité majeurc de
différentes formes:
l'esprit humain, se prête bien dans les études analysant
la capacité d'acquisition des LI ct L2 et dans les
2.2. 1. Les informateurs
comparaisons du lexique verbal des procès tant cn
linguistique qu'en psychologie cognitive. De ce làit, ce
Nous avons travaillé avec 10 élèves de [a classe
type de tcxte étudié, ici, dans unc cnquêtc transvcrsale
de CM2 âgés de ] 0 à 12 ans et avec 10 collégiens de
menée au Togo pennet de rendre compte dcs proccssus
la classe de 5ème âgés de 12 à 17ans. Les vingt élèves,
mentaux mis en place dans l'appropriation des stratégies
tous gengbephones, sont issus d'une même école
d'acquisition des procès en L2.
primaire et d'un même collège de la même ville de
Dans ce travail à la fois acquisitionne1 et typologique,
Lomé.
nous exanlinons et comparons au plan conccptuel, le
degré de représentation globale des événcments en
2.2.2. Le support
LI et en L2 aux deux paliers à travers Ic découpage
des récits en énoncés' puis en propositions'. Au plan
Nous sommes
parties de récits de fiction,
linguistique, nous étudions la stmcture lexicale des
d'histoires en images « Chat et Oisillons» de Hickmann
différents types de verbes acquis de même que leur
& H.R (1992) souvent utilisés dans les études
nature sémantique pour mieux refléter les schèmes
comparatives sur le développement de la capacité
des procès (verbes) innuents de la L] sur la L2 d'une
d'acquisition des différents aspects de la LI et de la
part, et d'autre part, pour mieux mettre en exergue la
L2. L'histoire du support raconte une série d'actions
progression des élèves avancés en matière
d'un chat qui tente d'attraper les oisillons après le départ
d'acquisition de verbes spécifiques (vs verbes de
de leur mère et les tentatives d'un autre protagoniste
base chez les plus petits).
chien pour l'en empêcher.
2.2.3. Segmentation
Les vingt récits, au niveau de chaque langue, ont
été recueillis sur bandes sonores après la consigne
suivante: « Regardez bien ces images une à une et
racontez-moi une belle histoire
». Transcrits et
segmentés en propositions (unitésde mesure sémantique
selon J. François (1990) accompagnées de gloses
, morphémiques, chaque proposition est ensuite suivie
(Foolnotcs)
de traduction littérale en français suivant la méthode de
~ L'énoncé est considéré ici comme une unité énonciative autonome
au sein (fUll texle.
transcription de Sanz G. (] 997).
1 La proposition est un segment minimal comprenant lIne préùicalion
de procès (contenu conceptuel d'une prédication du point Ùl: vue dl: sa
constitution temporelk (J. François & Denhière, 1997)
184
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2''''' Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
3. Résultllts
3.1. Degré de représent:\\tion globale des événements lIU CM2-Sè en LI-L2.
l~lblcau 3
REPRESENTA TION GLOBALE DES EVENEMENTS
LANGUES
PALIERS
NOMBRE D'ENONCES
NOMBRE DE
PROPOSITIONS
LI
l'M2
87
180

144
320
L2
l'M2
79
ISO
Il
')'
oe
110
193
Le degré dc représentation globale des
de par la structure des CVS (juxtapositions ou co-
événements du récit témoigne de la capacité du locuteur
prédications des micro-procès pour un maero-procès).
à comprendre et à planifier chronologiquement les
Ces modèles de représentations et de
événements (états, actions, procès) perçus et conçus
structurations complexes et analytiques de la LIse
(Noyau, 1991,2001) à partir du support qui lui a été
révèlent encore mieux à travers la diversité des types
présenté.
de procès et surtout au niveau du plus grand nombre
Or, si au plan conccptueL l'on peut évaluer et
d'occurrences de certains types de procès en LI qu'en
comparcr cette capacité de par le plus grand nombre
L2 (cf. tableaux 4 et 5).
de découpages du récit cn énoncés mais surtout en
propositions (Noyau, Kihlstedt, 20(3), l'examen des
résultats du tableau 3 montre, qu'en général, si tous les
élèves présentent plus de propositions que d'énoncés
aussi bien en LI qu'en L2 aux deux paliers mais surtout
en LI, les résultats de eeux de la classe de sè plus
âgés, sont nettement supérieurs dans les dcux langues
m'lis surtout en LI. Ce qui témoigne de 1'1 meilleure
représentation des procès par ces élèves dans les deux
langues, mais surtout en LI. Ces résultats attestant le
rôle de la langue première et celui dc l'àge (Alala, 2004)
dans la meilleure compréhension et planific<ltion des
événemcnts par le locuteur (ici appn:nant), explicitent
le c<lractère complexe, analytique et très détai lié de la
LI qui se traduit par la segmentation en micro-procès
du macro-procès de cette LI. En efTet. le macro-procès
de la LI est conçu et vcrbalisé par plusieurs micro-
procès anal)1iques comme cet cxemple le montre« sO-
si-va-na » «prendrc-eau-vcnir-donner» « Apporter»
ou « RlImener» de l'e<lU en L2. Or. selon J. François
(1990) ct Fmnçois & Dcnhièrc (! 997), lc procès
constitue le contenu conceptuel d'une prédication,
c'est-à-dire, une proposition au sens de Baudet (1990)
et Noyau & Kilhstedt (2003). De ce fait, la
prépondérance du nombre de propositions par rapport
àcelui des énoncés, en général, ne pourrait s'expliquer
que par le modèle de structuration eomplexe des procès
Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 007 N° 2-2006 (2'"~ Semestre)
t85

_______________________________ Sciences sociales et /il/mailles
3.2. Types de lexique verbal de désigmltion de procès acquis avec leurs occurrences d'emploi en LI
et en L2 aux deux paliers.
Tableau 4: Répartition du lexique de procès par types et par occurrences en LI ct en L2 au CM2.
TYPES DE VERBES
NOMBRE D'OCCUIH{ENCES

Gcngbe

Francais
CM2 LI
CM2 L2
5
Du
5
manger
4
6
6
Dzi
6
chercher
Il
8
7
Dzo
7
partir
19
9
.,
8
obIO-, / tona
8
Dire
4
9
gbO.
9
revenir
3
3
10
gbO,na
10
revenir
II
3
Il
Ge-
Il
tomber
5
3
12
kpO
12
Voir
33
19
13
Le
13
Attraper / saisir
7
4
18
Na
18
donner
12
2
19
si du / pu du
19
coum
9
3
20
So
20
prendre
/)
2
21
To
21
commencer
1
3
22
Va
22
vel1lr
41
"0
23
yi,
' ) '
- )
Aller
16
8
T. types
25 (Communs)
25 (Communs)
3
Do
poser / mettre
4
-
4
Do
suivre
3
-
5
Do
construire / poser
3
-
6
DO
pondre
2
-
7
00-
Tirer
8
-
10
kpa,sa,
suivre
6
-
11
kplO,
accompagner
1
-
12
kpO kaka
observer
1
-
13
No
s'asseoir
1
-
14
Po
éclore
1
-
15
TrO
tourner
2
-
16
Vo
Finir
1
-
T. types
·16 (Uniques en LI)
00
-
1
attendre
-
1
-
2
chasser
-
1
-
3
enlever
-
3
-
4
envoyer
-
1
-
5
Etre
-
7
-
6
Faire
-
2
-
7
Fuir
-
2
-
8
guetter
-
1
-
9
parler
-
1
-
10
regarder
-
2
1
-
II
savoir
-
1
-
12
Se bagarrer
-
1
-
13
trouver
-
1
1
-
14
Tuer
-
6
T. types
14 (Uniaues en L2)
N.B. • Compte tenu de la longueur des tableaux, certains verbes (procès) ont été réduits. Cela fait que certains tableaux ne
comportent pas le nombre de procès inscrits au total.
186
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2'·~ Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
En examinant et comparant les résultats des
procès d'une langue à une autre et d'un niveau à un
tableaux 4 ci-dessous et 5 ci-dessous, l'on constate,
autre, mais également celle de l'influence possible d'un
tout d'abord, l'existence d'un fond commun de procès
modèle de conceptualisation de la LI sur celui de la
aux dcux langucs aussi bien au CM2 qu'en Sè et celle
L2. En effet, on note de par les chiffres des tableaux 4
de procès qui leur sont spécifiques (uniques et propres)
et 5 que l'on passe de 25 procès communs au CM2) à
avcc Icurs di rférents degrés d' occurrcnces d'utilisation.
34 procès communs en Sè dans les deux langues.
Cette distinction nette dans laré(Xll1ition des types
De par ces résultats, à travers lesquels se
de procès dans les deux langues et aux deux paliers,
confirment presque toutes les hypothèses du travail, se
pemlet à la tois de mieux mesurer le degré d'acquisition
précise mieux l'existence réelle d'un certain nombre
des deux langues en place de par la diversité des types
de traits caractéristiques des langues influençant les
de procès acquis dans chacune d'clles et à chaque
apprenants au moment de l'acquisition de la langue
niveau, mais surtout de rendre encore mieux compte
(Slobin, 1991). Cette réalité, tout en se confirmant plus
du caractère typologique des deux langues (dont nous
par les divers schèmes de lexicalisation communs que
ne cesserons de parler) de par la di\\'ersité des procès
l'on rencontre dans les deux lllilgues aux tableaux 6 et
en L1 et en L2 et surtout de par leur différence
7, se mesure mieux de par les occurrences plus élevées
d'occurrence d'emploi dans chaque langue.
de la possibilité d'utilisation d'un procès en LI qu'en
A cet effet au tableau 4 comme au tableau S, on
L2 et aussi par la haute fréquence d'emploi de certains
relève, en général, plus de types de procès en Ll qu'en
schèmes par rapport aux autres dans' lés deux langues.
L2 à tous les niveaux mais surtout en Sè. (Exemple: 44
Ce qui témoigne de l'existence d'un certains nombre
types de procès au CM2 en LI contre 39 du même
de modèles communs de conceptualisation de la LIse
niveau en L2 et 65 types de procès en Sè LI contre sa
traduisant par celle d'un certain nombre de lexèmes
en L2).
verbaux de désignation de procès présents en LI
Ces ré~l.lltats, tout en reflétant àla fois la meilleure
susceptibles d'agir en L2 au moment de la
acquisition de la LI par rapport à la L2 surtout par les
conceptualisation de certains procès et de leur
élèves les plus âgés de la classe de Sè confimlent ceux
verbalisation. Ce fond commun ne peut donc être
liés au degré de représentation des événements du point
traduit que par l'existence des verbes de base et
3.1 (supra) ct l'une des hypothèses de départ en ce qui
nucléaires universels mais propres à chaque Illilgue dont
concerne le rôle de la LI et celui de l'âge dans la
parle Viberg (2002). La fréquence d'occurrences très
mei Ileure conceptualisation et acquisition de types de
élevée de certains des verbes des tableaux 4-5 mais
procès.
surtout des tableaux 6 et 7 reflète la nature de certains
Par ailleurs, de par la diversité des procès dans
verbes constiturult les schèmes de lexicalisation existants
Ics deux langues se traduisllilt par l'existence des procès
de la LI susceptibles d'influencer sur la L2 (cf verbes:
uniques, l'on voit se concrétiser à la lois les hypothèses
voir, attraper, venir, donner, monter, aller, etc. au
dc l'accroissement et de la diversification des procès
CM2 et en Sè en LI et L2)
de la Livers la L2 (cf. Tableau 4 : LI CM2 : 16 procès
uniques vs 14 procès uniques en L2 CM2 et au tableau
5,34 procès uniques en LI contre 19 en L2) et d'un
niveau àun autre aussi bien en LI qu'en L2. (cf. tableau
5 LI CM2 vers LI Sè : 16 procès uniques vs 34; L2
CM2 vers L2 Sè : 14 procès uniques contre 19).
Certes, au fur et à mesure que l'enfant grandit
dllilS la société, sa langue s'enrichit (Klein, 1989) mais
les résultats présents mettent plus en exergue cet
accroissement quand on compare surtout le nombre
de procès plus que doublé des élèves de la classe de
CM2 et ceux de la classe de Sè en LI, soit 16 procès
vs 34.
La comparaison des procès communs aux
groupes et aux langues en place, appuie non seulement
l'hypothèse de l'enrichissement et r accroissement des
Rcvue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2'- Scmestrc)
187

Sciellces sociales et Illlllrailles
-------------------------
Ce sont ces résultats qui sont révélés au point 3.3.
Tableau 5: Répartition du lexique de procès par types et par occurrences en LI et en L2 en Sc
TYPES DE VERBES
NOMBRE D'OCCURRENCES

Gen2be

Francais
5' Lt
5' L2
5
dO-
5
tirer
23
9
7
dze, (Do)
7
se poser
Il
5
9
dzo
9
partir
17
10
14
kpo,
14
voir
51
16
15
le
15
attraper
38
19
16
le wu
16
avoir faim
Il
1
17
le,
17
Etre
16
5
18
lia
1.8
monter
18
6
20
na
20
donner
19
1
23
pudu
23
courir
\\0
1
24
sO
24
prendre
9
2
26
va
26
venir
44
4
29
yi
29
aller
23
5
T. tvpes
31 (Communs)
31 (Communs)
1
18
kpasa
accompagner
8
-
T. types
34 (Uniques en LI)
00
-
1
amener
-
1
-
2
arrêter
-
1
-
3
attendre
-
-
5
déposer
-
-
6
entreprendre
-
~
-
7
~tter
-
Il
-
8
observer
-
2
-
9
porter
-
1
-
10
poursuivre
-
8
-
15
s'apprêter
-
1
-
16
sauver
-
2
-
18
se précipiter
-
2
T. tvpes
19 (Uniques en L2)
00
T. verbes
65
50
400 soit
t 92 soit
6,01% en
3,8 0/0, en moyenne
movenne LIS'"''
L2 S,m,
188
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2'"'' Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
3.3. Nature des verbes de la LI influençant ceux de la L2 et leurs champs sémantiques
làbleau 6: Répartition du lexique verbal de procès par champs sémantiques et par occurrences
en LI et en L2 au CM2
CHAMPS SEMANTIQUES
NOMBRE D'OCCURRENCES
Genl!;be
Français
CM2 LI
CM2 L2
Actioll
-
tuer
-
6
lm
s'envoler
1
1
-
guêter
-
1
Do
construire! poser
3
-
DO
pondre
2
-
Activité
Du
man!!er
4
6
-
faire
-
2
-
attendre
-
1
-
se bil!!.arcr
-
1
dzi.
enfanter
5
-
Cogllitif
Dzi
vouloir
2
-
-
savoir
-
1
Commullicatioll
1 gbIO-.! tona
dire
4
2
-
parler
-
1
Copule
Le,
aVOIr
6
6
Le,-wu
avoir faim
5
2
-
être
-
7
Evèllemellt
Po
éclore
1
-
Mllllipulatioll
Dzi
chercher
Il
8
DO-
tirer
8
-
Le
attraper! saisir
7
4
sO
prendre
6
2
Do
mettre
4
-
"fouvemellt
Va
venu
41
20
Dzo
partir
19
9
Vi,
aller
16
8
gbO,na
revenir
Il
3
lia! De,
monter
10
4
Si du! pu du
courir
9
3
kpa.sa.
suivre
6
-
Do
suivre
3
-
gbO,
revenir
3
3
kplO,
accompauner
1
-
lia ka ka ! dzi
grimper
1
6
-
envover
-
1
-
jilir
-
2
-
!!.nmpcr
-
6
l'erceptimr
kpO
vOir
33
19
kpO kaka
obs~rver
1
-
-
regarder
-
2
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2··~ Semestre)
189

Sciel1ces sociales et "limailles
Phl/Ie
TO
commencer
1
1
1
3
vO
1inir
1
1
1
Tr(l/I.~fert
Na
1
donner
12
1
1
2
1
1
1
Tableau 7 : Répartition du lexique verbal de procès par champs sémantiques et par
occurrences en LI et en L2 en 5è
CHAMPS SEI\\1ANTIQllES
OCClIRRENCES
Cengbe
Franç'lis
5' LI
5'U
Actioll
Zro
s'envoler
10
4
Do-aIO~
construire nid
2
-
NE~
(se) casser
2
1
DOazi-
pondre de l'oeuf
1
-
KE~
mordre
1
-
-
guetter
-
11
Ac/ivité
Du
manger
14
-
be,
se cacher
1
3
-
arrêter
-
1
-
allendre
-
1
-
protêger
-
1
-
s'amuser
-
1
Cognitif
nyi-na
se cotôyer
3
-
Do-go
rencontrer
2
-
XIO-
s'efforcer
2
-
-
entreprendre
-
1
Communication
gb 10--
dire
5
-
Copule
le,
être
16
5
le wu
avoir faim
Il
1
Nyi
être
3
-
-
avoir
-
5
Evènement
Po-vi
éclore
2
-
Manipulation
Le
attraper
38
19
Dzi
chercher
15
15
SO
prendre
9
2
-
amener
-
1
-
déposer
.
-
1
-
porter
-
1
-
saisir
-
1
-
se trouver
-
3
Mouvement
Va
venir
44
4
Yi
aller
23
5
Dzo
partir
17
10
Pudu
courir
10
1
190
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2'- Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -_ _ Sciences sociales et ilumaines
kpasa
accompagner
8
-
GE
tomber
3
8
Lia-vo
grimper
3
4
DOkpO
(se) poser
2
-
-
poursuivre
-
8
-
quitter
-
3
-
sauver
-
2
-
se dirioer
-
1
-
sc précipiter
-
2
Perception
kpO,
voir
51
16
kpO,-me
regarder
2
5
-
observer
-
2
Plra.fe
VO,
finir
2
1
-
s'apprêter
-
1
Transfert
Na
donner
19
1
Dzra
vendre
1
-
N.B, ,. Tom' les tableaux Ollt été réduits pour leur trop gramle 10llgueur. Prière de se cOllférer aux listes
additil'es l'II allllexe pour le reste de.f verbes seloIl les langues et les paliers.

La répartition du lexique verbal de procès par
occurrences d'apparition varient entre le chiffre 33 au
champs sémantiques et surtout par fréquences et
CM2 et 51 en 5è LI.
occurrences de leur utilisation. permet de mettre en
Ces résultats expliquent encore mieux et
évidencc et de comparer toutes les formes possibles
confirment le caractère très détaillé des procès de la
de schèmes de lexicalisation existantes en LI avec les
LI. En effet, en examinant la structure des verbes
éléments verbaux des CVS, forme de lexicalisation
constituant la majeure partie des CVS dans les
propre à cette }[Ulgue, Le but est d'arriver à détemliner
exemples ci-dessous tirés directement des récits
la nature des verbes composant les modèles de
d'élèves de nos corpus, l'on justifie encore mieux la
schèmes intervenant dans la conceptualisation dc
présence des taux fort élevés d'utilisation de certains
ccrtains procès en L2, surtout aux stades précoces
de ces procès (verbes) composant les divers schèmes
de leur acquisition.
des CVS surtout rencontrés au CM2.
A cct égard, l'examen des tableaux 6-7
pcrmcttant d' étudicr et de comparer les divers champs
sémantiques des procès en place avec leur occurrence
d·emploi. révèle la présence de différents champs
sémantiques 1iés aux di ftcrenls procès représentés dans
les deux langues et aux dcux paliers mais surtout avec
une plus grande concentration de certains champs par
rapport aux autres en L 1aux dClLx paliers d'acquisition.
A ce niveau l'on constate la tiJrte prédominance
des procès de mouvement puis de manipulation
surtout en LI sur les autres avec de tartes fréquences
d'occurrences d 'util isation de cel1ains verbes en LI
tels que les verbes « va » « venir» (41 occurrences
au CM2. 44 occurrences en 5è) : « dzo » « partir»
( 19 occulTences au CM2 vs 17 en 5è) pour les procès
de !I1Olln'ment. Pour les procès de manipula/ion
« le, dO-, dzi »soit «attraper. tirer, chercher» dont
les occurrences sont: 7 utilisations au CM2 contrc 38
pour le verbe «attraper »; 8 utilisations contre 23 en
5i: pour le verbe « tirer» et pour les procès de
}Jercept;on le verbe « kpO » « voir» dont les
Rc\\'uc du CAM ES - Nouvcllc Séric G, Vol. 007 N° 2-2006 (2'n~ Scmcstre)
191

Sciences sociales et II/III/aines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
comme constituant un troisième groupe de langues du
partitioning. In : S. KUCZAY II, cd. Language
monde qui ordonnent 1e5 procès autour de plusieurs
development : language, cognition and cullure.
mini-procès détaillés s'étalant sur le même intervalle
Hillsdale NJ, L. Erlbaul11, 301-334.
temporel que le macro-procès, donc autrement que
ceux des deux groupes de langues du monde dont parle
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betore verbs» : linguistic relativity versus natural
194
Revue du CAM ES - Nouvelle Série 13, Vol. 007 N° 2-2006 (2''''' Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Sciel1ces sociales et humail1es
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Revue du CAM ES - Nouvelle Série H, Vol. 007 N° 2-2006 (2'"W Semestre)
195

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Conventions de transcription
Les productions en LI comme en L2 sont représentées en énoncés numérotés, puis en propositions
sous numérotées et suivies de leurs gloses littérales en français
L'usage des caractères spéciaux, dans les données en gengbé, a été renoncé en faveur des caractères
plus orthographiques adaptés et adoptés au niveau du projet CORUS pour plus de commodité de
même que la distinction des lettres minuscules et majuscules.
A l'exception du signe de l'interrogation (? ), on y trouve également la ponctuation spécifique
adoptée à travers l'usage de quelques signes originaux, des
marques de tons,
des distinctions
phonologiques signalées par les majuscules et quelques abréviations typiques tels que:
• Signes de ponctuation
+, ++, +++
Pause courte, moyenne, longue.
0+,
Courbe intonative suspensive et conclusive.
ton bas
a, 0, etc.
ton haut
non marqué, neutre
ton modulé haut-bas et bas haut
a', / a,' 0" / 0,'
{/~, ()~, E~, u~, i~
voyelles nasales
• Distinctions phonologiques signalées par
majuscules
O,E,
loi ouvert, Ici ouvert (vs 0 fermé, é mi- fermé
D,N
Idl rétroflexe, ln Ivélaire
• Ahréviations dans les gloses des données
1 Ssuj, 3S0B] IP 3P
pronoms de la 1ère 1 2ème 1 3ème, singulierl pluriel,
sujetl objet
DEF
article défini
IN]
injonctif
ITER
itératif
LOC
locatif
PL
pluriel
POSS
possessif
PROG
progressif
PROSP
prospectif
PROJ
projectif
PT
particule terminale
REL
relatif
t96
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2'''' Semestre)