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Sciences sociales et humaines
RIZICULTURE IRRIGUEE ET MUTATIONS SOCIO-
ECONOMIQUES DANS LA BASSE VALLEE DU ZIO
(SUD-TOGO)
Tcllégnon ABOTCHI
Département de Géographie
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université de Kara-Togo
RÉSUMÉ
Afin de faire face aux contraintes climatiques, la vallée du Zio au Sud-Togo fait, depuis 1965, l'expérience
de l'agriculture irriguée grâce à un périmètre rizicole mis en place par la coopération chinoise. L'application de
techniques d'exploitation intensive du sol avec l'usage de variétés à haut rendement (VHR), des engrais chimiques
et des pesticides, est à l'origine d' un énonne accroissement des rendements et de la production rizicoles, et
d'une hausse des revenus monétaires des paysans. Tout en ayant permis une offre d'emploi rural élevée et Wle
élévation du niveau de vie des riziculteurs en général, cette évolution a aussi engendré des inégalités sociales et
des transfonnations alimentaires dans le sens de l'adoption des modes de consommation étrangers à la région.
Mot clés: Togo, vallée du Zio, irrigation, riziculture, intensification agricole, revenu monétaire,
développement rural.
ABSTRACT
Irrigated rice growing and socio economic changes in the Zio valley. In order to cope with climatic
constraints the lowland people ofth~ Zio valley in the south ofTogo have been experiencing irrigated agriculture
on a rice field worked out by the Chinese cooperation. The implementation ofintensive farming techniques
with the use ofhigh yield varieties (HYV), chemical fertilizers and pesticides is spurring big increases in rice
productivity and monetary income. While generating a high rural jobs ads and an improvement ofrice growers
standard oflife, this development has also created social disparity and foodstuffs transfonnation in tenns of
foreign custom ofconsumption.
Key words : Togo, Zio valley, irrigation, rice growing, agricultural intensification, monetary
income, rural development
INTRODUCTION
sud (fig.}). C'est Wleéchancrureaux limites imprécises
entaillée en partie dans le socle granito-gneissique, et
S'étendant de 6° 13' à 6°20' latitude nord, et de} °04'
en partie dans les épaisses formations sableuses du
à }°16' longitude est, la zone couver1e par cette étude
plateau sédimentaire du continental du Sud-Togo (fig.2).
est la partie de la vallée du Zio au nord de la ville de
D'une superficie d'environ 300 Km2, elle est habitée
Lomé, comprise entre le barrage déversoir de Kpota,
par les populations éwé depuis leur dispersion de leur
àAlokoégbé au nord, et le village de Mission-Tové au
berceau historique de Notsé au XVlIè siècle. C'est un
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2·.... Semestre)
41

Sciences sociales et humaines
-----------------'-----=-~~-::--
milieu rural où les populations vivent en général en
En 1965, cette ':égion a accueilli un projet de
cultivant de petites parcelles exploitées dans le cadre
production du riz p,3.T l'irrigation et avec des outils
'~colesmodernes, lequel est dest;né à déclencher
de l'agriculture paysanne traditionnelle
une révolution technologique en ml1ic-'..l paysan et à
améCorer le niveau de vie de fa pOl--l1ation rurale.
Quatre décennies après, on ~onstate que le projet
Figure 1 : Situation géographique de notrf; zone d -étude
n'a pas réussi à imposer l'irrig?~:(\\ncomme la voie
du développc::jè.e~trural, et est même à l'origine dt:.
t
certains prob10rnes sociaux. Cependant, il a permis
"et"
1
une intensification de la culture du riz dans la vallée, et
une évolution d" la région tant sur le plan économique
que sur leplan social.
pâ=:c; '.:;et article, nous avons l'intention de
présenter les facteurs et le processus de mise en place
de l'agriculture irriguée dans cette vallée, ainsi que les
mutations socio-économiques qu'elle a engendrées.
I.
LES
FACTEURS
Dl
L'IRRIGATION DANS LA BASSE
i
=:..:~ !~!'1utn btvlfll!'et
o
VALLEE DUZIO
i,.
.&-..,.-L li Off:
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r _~ "'_,. Lillllfl!' de l" rrg10n Marilime
1.1 Les contraintes climatiques
~
~ ZaflE"__ dlr.t~rYfwtion d-It' Ilerntoète
La basse vallée du Zio qui est l'objet de cette
"
Ô
~u
lOrtt
p.;tfmetrt
îrrîgut
"-'''- ~1. ],.
étude connaît, comme l'ensemble du sud -Togo un
climat équato-guinéen caractérisé par l'alternance de
deux saisons sèches et de deux saisons humides de
durées inégales (fig. 3), ce qui permet deux saisons
de culture autorisant deux récoltes par an. Mais, il
s'agit d'un climat capricieux caractérisé par de fortes
Figure 2 : Croquis morpho-structural de la basse vallée du Zio
irrégularités saisonnières et interannuelles des pluies,
et par une pluviométrie dérisoire de 800 mm annuels 1
qui en font un ennemi redoutable pour les cultures.
L'étude des fréquences probabilistes saisonnières
indiquent qu'on a seulement 50 % de chance de
bénéficier pendant la grande saison pluvieuse, d'une
période humide d'une durée de 40 jours à Mission-
Tové et àAlokoégbé, laquelle est même nulle pour la
deuxième saison de pluie. Comme l'a révélé
BADAMELl (1998, p. 208), «lorsqu'on considère
,
les périodes semi-humides (P>0,5 ETP)? (tigA),
il' ''1
Mission-Tové à 90 % de chance d'en bénéficier au
cours de la première saison pluvieuse, mais cette
fréquence tombe à 23 % au cours de la deuxième
~\\~t
saison», C'est dire que les saisons de pluie sont trop
....~-
j
LQiWIJ.E;
courtes par rapport à la durée minimale du cycle
cs;] Ioèés.C"",I-' hY"f"~,,}r;)IlI', 'lUI'
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végétatif du riz (l 00-120 jours) et de la plupart des
G\\~;lo'!lv.: de 20:, 30!1l
cCrI;VlPrttfr(i: 5idJlTlilnt<,pre
l'7.:?ll,,·)h,.. (.20 m
~ Ihvl<e- ter~M:se a ;HICI" in':hJ"lh.
plantes cultivées, en particulier la deuxième saison.
~-t.lr'l:ell~ rés:idvels
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~ ~:~;r;:I~~~::::~~~;,~~a=~(~
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tEr] néper-; ntl V,l)·~d[H:;rr~:I.
1
(Footnotes)
! L ...• Surfaclil d Otlll,ams$em€lnt
au HalJt~ ~f!"'!"asse C:Uil'",a'S.!:lilc' <)\\ili( dei
1 11 s'agit, à cette latitude, d'une sécheresse anormale liée, semble-t-
• _ _ ~!fCl"!l.llJlt"llflJ1!
;
il, aux effets des courants frais des upwellings et des brases de mer. et
à la configuration du littoral togolais par rapport à l'orienlation des
alizés du sud-ouest (GU - KONU, 1978, p.5l,
Source: GNONGBO, 1989
1 _ ETP : Evapotranspiration potentielle,
42
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2eme Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines·
Le déficit hydrique est ici d'autant plus
Rizicole de la basse vallée du Zio (Moyenne 1966-1980)
considérable que l'insolation est importante. Au total,
on dénombre près de 2500 heures d'ensoleillement par
an, soit en moyenne 7 heures parjour. Il en résulte une
chaleur constante (plus de 20°C pour les 12 mois de
l'année, avec 28°C de température moyenne annuelle)
et une évapotranspiration potentielle (ETP) assez forte,
plus de 1800 mm (plus de deux fois le total
pluviométrique), et régulière.
En saison sèche, ce déficit hydrique assèche et
~
l

,.r.
7
durcit les sols,argilo-sableux du plateau sédimentaire
du continental terminal à travers lequel la rivière Zio a
Source: BADAMELL 1998, p. 207.
ouvert"son lit et sur lequel les diverses communautés
villageoises qui peuplent la région ont installé leurs
habitats et qu'elles exploitent afin de satisfaire les besoins
Figure 4 : Pluviométrie moyenne et évapotranspiration
de leur vie quotidienne. Cela contraint les agriculteurs
à descendre exploiter cette vallée difficile à travailler
potentielle à Tsévié
dans les conditions technico-culturelles de la population
locale.
Ces contraintes du milieu physique imposent alors
l'irrigation comme la solution au problème agricole de
la région, en particulier au problème de la maîtrise de
l'eau (GU- KüNU, 1978, p.5), laquelle irrigation
pourrait se faire à partir de prélèvements dans les cours
d'eaux de la région.
1.2 Les facteurs humains
Les facteurs humains de l'introduction de la riziculture
irriguée au Togo ont été exposés par ailleurs
Source: GU-KONU, 1983, p. 630.
(ABOTCHI, 2004, pp 208- 209). Nous ne
reviendrons pas ici de façon détaillée sur ces facteurs.
Très souvent aussi,.Jes pluies arrivent trop tôt ou
Nous rappellerons cependant que l'introduction de
trop tard par rapport à la période habituelle des semis.
l'agriculture irriguée au Togo dans les années 60
Parfois même, elles s'interrompent au cœur même de
répondait au souci des autorités post coloniales de
la saison humide. C'çst ainsi que des mois
moderniser l'agriculture afin de permettre un
habituellement pluvieux tels que mai et juin sont
accroissement significatif des rendements et de la
fréquemment sevrés d'eau alors que les paysans ont,
production agricoles et de réduire par là les importations
à la faveur des pluies des mois précédents, installé leurs
de vivres, surtout du riz, qui grèvent considérablement
cultures. Ils ne peuvent donc qu'assister impuissants
le budget de l'Etat. C'est l'énorme écart entre la
au spectacle de désolation qu'offre le dessèchement
de leurs champs. La reprise des pluies par la suite ne
production et la consommation de riz, lequel écart
s'élargit d'année en année (fig.5), qui condamne à une
pennet plus une reprise normale de la pousse des
plantes, ce qui réduit considérablement les rendements
importation massive de riz (37374 tonnes entre 1980
agricoles. Par ailleurs, l'arrivée précoce ou le retard
et 1982; 26 000 tonnes en 1983).
des pluies suivant les années ainsi que la faiblesse des
totaux pluviométriques compromettent les rendements
agricq)çs et même la culture de certaines plantes
exige8htes en eau telles que l'igname.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, VoL 007 N° 2-2006 (2-- Semestre)
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_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Figure 5 : Evolution de la production et de la consommation de riz
monétaires, ce qui permettrait de sortir le villageois de
au Togo entre 1961-1994
l'économie de subsistance et de faciliter son accès au
développement;
- la conséquence de tout cela serait, bien sûr, et
c'est aussi l'un des objectifs de la modernisation
agricole, une réduction des importations de vivres. Celle-
ci serait à apprécier dans le contexte de forte croissance
démographique (2,8 % par an) et d'urbanisation
..."'["
relativement rapide de la population Togolaise.
i
La vallée du Zio aux sols argileux de type
"',
montmorillonitique et hydromorphe, très difficile à
aménager, mais de part et d'autre de laquelle s'égrène
un chapelet de gros villages dont Mission-Tové (4276
habitants en 1970), Kovié (2154 habitants en 1970),
Assomé (1762 habitants), Ziovonou, etc. situés presque
tous sur le plateau sédimentaire, se prête bien à
l'implantation d'un périmètre rizicole. La forte charge
Source: TOKPA. 1996. p" 8.
démographique du plateau (GU- KONU 1983, p 582)
qui conduit, non seulement à un exode rural
A partir des années 1960 en effet, la
remarquable, mais aussi et à un fort morcellement des
modernisation de l'agriculture est devenue une priorité
domaines fonciers qui en rend les dimensions fort
pour les autorités nationales. Celles-ci se sont fixées
modestes, conjugué avec la faible emprise humaine de
pour objectif de doter l'agriculture togolaise de
la vallée, amènent à considérer cette dernière comme
techniques et moyens de productions modernes et
pouvant faire l'objet de tout aménagement agricole
performants (tracteur, attelage, intrants modernes,
susceptible de la mettre en valeur rationnellement, c'est-
assistance technique par le biais de l'encadrement
à-dire de façon rentable selon les normes de la
agricole, etc.). Cette modernisation avait plusieurs
modernisation. Surtout que les difficultés liées à la faible
finalités:
productivité des exploitations du plateau poussent déjà
- elle devait permettre de surmonter les obstacles
les paysans à descendre dans la vallée pour pratiquer
liés à la faiblesse du capital technique en permettant la
la riziculture de bas-fond ou la culture de canne à sucre.
miseenvaleur des terres marginales difficiles à exploiter
On le voit, la vallée du Zio, par cet ensemble de
dans le cadre de l'agriculture paysanne traditionnelle
facteurs, présente donc des avantages indiscutables
telles que les terres des bas fonds et des zones de
quant à l'implantation d'un périmètre irrigué. Mais, le
vallée ;
choix de ce site est l'œuvre des experts taïwanais. Suite
- elle a aussi pour objectif de contribuer à
à un accord de coopération conclu en 1963 entre le
l'accroissement des surfaces cultivées par exploitant.
Togo et la Taïwan, des spécialistes taiwanais de
On le sait, au Togo, les exploitations agricoles sont de
l'irrigation sont arrivés au Togo la même année et ont,
petite taille. En 1973 - 1974 encore, plus de 30 % des
par la suite, après étude, identifié les vallées du Zio, du
exploitations avaient moins d' 1 hectare, 43 % entre 1
Mono, de l'Amou, de l'Anié et de l'Oti comme propices
et 3 hectares et 13 % seulement avaient plus de 5
à la culture du riz. En 1965, ils s'installèrent à Mission-
hectares (GU-KONU , 1980, p. 30) ;
Tové pour travailler à la culture du riz irriguée dans la
-l'usage d'intrants modernes, en particulier les
vallée du Zio
semences sélectionnées, les engrais chimiques, les
II. L'AMENAGEMENT DU PERIMETRE
produits de traitement phytosanitaire, etc. dans le cadre
RIZICOLE DU ZIO
de la modernisation agricole aurait pour finalité
d'engendrer un accroissement des rendements agricoles
C'est bien progressivement que s'est mis en place
et partant une augmentation substantielle de la
l'ensemble du réseau d'irrigation du périmètre rizicole
production agricole par exploitant. Il en résulterait une
de la basse vallée du Zio. En 1965, première année de
satisfaction des besoins alimentaires des populations
l'opération, les taïwanais ont réussi à aménager, au
rurales et des excédents agricoles dont la
commercialisation générerait de forts revenus
44
Revue du CAMES -: Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2<'" Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
total, 29 hectares dont 22 hectares à Kovié.et 7
Tout comme dans la vallée de l'Amou où les
hectares à Mission-Tove, une superficie qui' sera
Chinois ont initié un projet de même type (ABOTCHI,
progressivement étendue jusqu'en 1972, date de leur
2004), le départ «précipité» des Taiwanais fut suivi
départ du périmètre rizicole pour cause de non
de l'arrivée «inattendue» des Chinois de la Chine
renouvellement de leur contrat.2 Un réseau de canaux
continentale, «les Pékinois «. L'arrivé de la nouvelle
(canal principal, canaux secondaires, canaux
assistance a donné au projet une nouvelle orientation
tertiaires, ... ), des casiers rizicoles et des voies de
marquée par quatre faits essentiels.
communication sont créés. (fig.6). Cet énorme travail
- D'abord, la construction d'un barrage
qe mise en place du périmètre est effectué par les
déversoir. L'arrivée des Pékinois a coïncidé avec des
Chinois avec des machines importées de Chine, aidés
crises au Moyen-Orient qui renchérissaient dans des
d'une main d' œuvre salariée constituée de paysans
proportions considérables, les prix des produits
des villages environnants (GOH, 1996 p.46). L'eau
pétroliers, et donc dtifuel qui est la source d'énergie
est fournie aux casiers rizicoles à partir de prélèvements
utilisée par les motopompes. Cela élevait ou risquait
d'eau dans larivièreZio à une dizaine de kilomètres
d'élever de plus en plus les coûts de production du riz.
en amont, à l'aide de 13 motopompes fonctionnant au
Par ailleurs, les 137 hectares légués par les Taiwanais
fuel. A la date du départ des taïwanais en 1972, la
commençaient à dépasser la capacité de pompage des
superficie totale aménagée atteignait 137 hectares, ce
. "13 motopompes qu'ils avaient installées et qui, de
qui prouve, selon GU-KONU (1983, p. 597) «que la
surcroît, vieillissaient. Le risque d'une alimentation
riziculture irriguée s'est implantée dans la vallée du
insuffisante des rizières en eau, et, par conséquent,
Zio».
d'une baisse des rendements était donc réel. Tout cela
à amené les Pékinois à projeter la construction d'un
Figure 6 : Réseau d'irrigation et infrastructures dans la zone du
barrage'de retenue d'eau qu'ils se sont empressés de
projet rizicole de la vallée du zio
réaliser dès 1972, sur le cours de la rivière Zio à
Alokoégbé, à plus de 10 km en amont du périmètre
rizicole, pour maîtriser et accroître les disponibilités en
eau (BADAMELI, 1998, p. 213). Avec ce barrage,
tJ.~JHQf:
la capacité d'irrigation du périmètre s'en est trouvée
~~.~~.:: ~:.:~~~ ~~e!~~~.~~lt~~~~:bi~
accrue (on parle d'une superficie totale irrigable de
;:=:~ hH' ci'.nl\\,)ll>: ••fir r iqat](;.t1
r
l
l~'!> d.~1f~~r~...
660 hectares) et l'irrigation se fait de façon gravitaire.
!~ f~;~~~::0:,~:;:,~~~" d~.;:'o
- Ensuite, l'aggravation des problèmes
tJ
alimentaires dans cette période en rapport avec
~~l"("h~

Di~,l"it!J:;~;r",
l'effondrement de la production vivrière nationale et
les difficultés budgétaires de l'Etat togolais ont amené
Do
[lenr:$"
~Cfl~a !r,~
':I:i~(:: (;~niji PN,C1t:;:,1
«à considérer la riziculture comme l'alternative et la
f")iJ\\ie d-:- ptülNt"i(H~
voie du développement agricole» (GU-KONU, 1983,
',,<,r.r,k' tH"riqatiD='=
.... a!lr,ë d~ nflJlage
p.598). D'où le projet de construction du barrage
L. _Jt)~~..
d'Alokoégbé (8388 m 3 d'eau selon GOH (1996,
p.70)) en vue de la maîtrise de l'eau, et surtout la
politique d'extension du périmètre rizicole qui a consisté
à aménager encore 142 hectares pour la culture irriguée
de riz, ce qui porte l'ensemble de la superficie irriguée
à 279 hectares.
Source: GOH, 1996 et nos observations de terrain
- Aux fins d'un encadrement efficace des
riziculteurs et d'une bonne gestion du périmètre, les.
Pékinois ont crée le Centre rizicole du Zio (CRZ). A
l'instar de la Société d'expansion et de modernisation
(Footnotes)
de la riziculture à Yagoua (SEMRY) au Cameroun
1 Jusqu'en 1967, le périmètre est appelé champ de démonstration;
(NYONSE, 1981), de l'office du Niger au Mali
il était en effet destiné à servir de modèle aux paysans de la région.
(INSTITUT D'ECONOMIE RURALE DU MALI
2 Les Taiwanais étaient partis du Togo suite à la reconnaissance de
la Chine populaire par le gouvernement Togolais.
1980 ; BRONDEAU, 2001) et de la Société
d'aménagement du delta (SAED) au Sénégal
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2ime Semestre)
45

________________________________ Sciences sociales et humaines
(BELLONCLE, 1985), le CRZ est une structure de
Figure 7 : Evolution spatiale de la mise en valeur des terres dans le
périmètre irrigué de la vallée du zio
vulgarisation, d'encadrement paysan et de gestion du
périmètre. II devait par ailleurs organiser les paysans
riziculteurs à exécuter les travaux agricoles dans le cadre
de groupements agricoles pré coopératifs (GBEMOU,
1994 ; SAMBIANI, 2002).
- Enfin, pour permettre un bon déroulement des
activités agricoles, les Pékinois ont construit dans le
périmètre les locaux du CRZ (un bâtiment pour les
bureaux, des magasins de stockage de riz et de matériel
agricole et quatre citernes pour stocker de l'eau de
,_."- ~---,--::::::-.-
;~,._--
pluie). A ce centre, s'ajoutent divers bâtiments destinés
r~'~ Zei1~ rHin :)l'se
F[9-lŒAH[ 1%0'Ti
L__.J en valNj~
surtout au stockage de matériel agricole.
1b
Toutes ces réalisations sont rendues possibles par
\\-' . '._~"_.'
l'importante aide financière d'unmiIIiardde francs CFA
que la Chine continentale a accordée au Togo dans le' ,
Source .' GOH, 1996, p. 51 bis.
cadre de la nouvelle coopération sino-togolaise, suite
Au total, le réseau d'irrigation mis en place dans
à sa reconnaissance en 1971 par le Togo. Le travail
la basse vallée du Zio est composé:
des Chinois a été relativement efficace, puisque malgré
leur départ en 1979, c'est toujours avec une certaine
nostalgie que les paysans évoquent la période chinoise
d'un canal d'amenée en béton armé de 10820m
du projet.
dont une partie est souterraine,
A partir de 1979, la gestion du projet est revenue
de deux canaux primaires en béton armé de 3271
au gouvernement togolais qui l'a confiée à la Direction
met 6770 m de longueur respectivement;
Régionale du Développement Rural (DRDR) de la
de canaux secondaires (24), en béton également,
Région Maritime. Dans les premières années de sa
de canaux tertiaires en terre, et d'arroseurs qui
gestion, cet organisme a réussi à aménager 129
conduisent l'eau aux casiers rizicoles de 400 m2
hectares de terre au total, dont 77 hectares de casiers
(20 m x 20m) ou 500 m2 ( 20m x 25m) chacun.
rizicoles, 40 hectares d'ananas irrigués et 12 hectares
Ce réseau, nous l'avons dit, est capable
de caféiers irrigués (fig. 7). Mais, très vite, des
d'alimenter 660 hectares de terre, mais, selon
problèmes de gestion se sont posés, ce qui a conduit à
BOTSOE (2001, p. 30), seulement 373 hectares ont
la réduction du personnel d'encadrement, à la
étéaménagésen2001 (tableau 1).
dégradation du réseau d'irrigation et à la chute des
rendements. Dès 1985, le projet est entré dans une
Tableau 1 Répartition par village des superficies agricoles irriguées
décadence dans laquelle il peine à se relever, faute de
(en hectare) dans la vallée du Zio
moyens financiers pour réorganiser les activités de
production.
Village
Superficie
Taux %
irriguée
\\.ssomé
40
10,7
liovonou
67
48,0
\\1ission-Tové
92
24,7
Kovié
174
46,6
rotai
373
100,0
Source: BorSOE, 2()OI, p. 30
46
Revue du CAMES - Nouvelle Série n, Vol. 007 N° 2-2006 (2'"'' Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et hllmaines
Au regard des objectifs qui lui étaient assignés,
seulement 4 %, contre 84 % pour ceux qui font deux
de son état d'avant et de qu' il est devenu, on peut tenir
saisons. A cela, il ya plusieurs raisons: la première
aujourd 'hui pour établi l'échec du projet rizicole de la
raison, c' cst le chevauchement de la tin d'une saison
basse vallée du Zio. Il ne faut cependant pas
agricole sur le début de la suivante. Cette situation ne
comprendre par là l'abandon du périmètre par les
laisse pas suffisamment de temps aux paysans pour
paysans. A la diftërence du périmètre de la vallée de
effectuer les opérations de préparation des champs qui
1· Amou où J'on a assisté au retour pur et simple à la
précèdent les semailles, pour faire deux saisons
riziculture traditionnelle de bas-fond avec la disparition
successives. La delLxième raison conceme l'insuffisance
du réseau mis en place par les Chinois, ici, le système
des motoculteurs (en mars 2005, il n'yen avait que 5
d'irrigation est encore opérationnel quoiqu'en
au total, qui tombaient régulièrement en panne), les
dégradation. Les paysans continuent donc la pratique
riziculteurs n'ayant pas d'argent pour en acheter
de la culture irriguée du riz, sans encadrement et avec.
personnellement '. La seule voie pour se les procurer
bien sûr, des moyens techniques peu performants au
est de les louer auprès de personnes privées (villageois
rendement bien modeste. Mais, cette riziculture
foI1lmésou fonctionnaires résidant à Lomé qui ont réussi
constitue toujours, tout comme hier, une source de
à les acquérir) ou auprès du CRT. Les paysans sont
revenus monétaires pour les riziculteurs. et donc un
donc obligés d'attendre que les motoculteurs soient
facteur de transformation socio-économique des
libres pour en avoir accès, la demande étant largement
populations de la région.
supérieure à l'offre, ce qui perturbe profondément leur
suivi du calendrier agricole. La troisième raison, ce sont
III. LES MUTATIONS SOCIO-
les fàibles moyens financiers dont disposent les villageois
ECONOMIQUES LIEESA LA PRATIQUE
qui doivent attendre à chaque début de campagne
DE LA RIZICULTURE IRRIGUEE
agricole un éventuel apport d'argent provenant
DANS LA VALLEE DU ZIO
d'usuriers locaux ou des femmes commerçantes de riz}.
Aussi, entre novembre et mars, les fortes chaleurs dues
Ces mutations sont diverses. Elles vont de
à la grande saison sèche font-elles baisser
rintensification du système de production du riz, à
considérablement le niveau de l'eau du lac du
l'exacerbation des inégalités sociales en passant par
barrage et conduisent à des pertes considérables de
l'accroissement des rendements, l'augmentation des
l'eau d'irrigation. Celle-ci n'arrive donc plus àeirculer
revenus, 1'accroissement de l'offre d'emploi agricole
jusqu'au niveau des exploitations situées en aval qui,
et les changements alimentaires
alors, fennent. A toutes ces raisons, enfin, il fàut ajouter
l'importance des travaux de préparation du sol avant
3.1 Les mutations économiques
les semis. Ces travaux comprennent l'essouchement
les labours (deux ou trois), le planage-nivellement en
vue d'obtenir une surface unifprme devant permettre
3.1.1 L'intensification du système de
une bonne répartition de l'eau d'irrigation dans les
production du riz
casiers, et le défrichement des digues. Tous ces travalLX
prennent du temps; ils ne permettent donc pas, bien
La mise en route du projet rizicole du Zio a
souvent, au niveau de la plupart des exploitations, le
marqué le début de l'intensification de la culture du riz
cadrage des différentes opérations de la culture du riz
dans notre région. D'abord, la correction temporelle
sur le calendrier ci-dessus présenté.
assurée par les apports d'eau artificiels aux plantes
pennet alLX riziculteurs de faire une double récolte, voire
une triple récolte annuelle sur la même parcelle. Le
calendrier rizicole de la région (tableau 2) montre trois
saisons de culture: une première saison de quatre mois
(Footnotes)
va de février-mars àjuin-juillet, une deuxième saison
1 Un motocultcur coûtc aujourd·hui près de 2 OOOOOOF CFA (nos
enquêtcs de terrain cn février-mars 20(5).
couvre les mois de juillet, août, septembre et octobre,
2 La location est de 20000 F CFA par heetarc.
et une troisième saison va d'octobre-novembre à février
) Concernant les prêts usuraires. le taux dc rcmhoursemcnt est de
- mars. Mais beaucoup de paysans ne peuvent
100 %. Mais les fcmmes commerçantes. clics autres. exigcnt un sac
de 100 kg de riz à verser à la récoltc. contre 10000 F CFA
implanter leurs cultures sur la même parcelle que durant
deux saisons agricoles. On a calculé et évalué les
Iriziculteurs qui font les trois saisons de culture par an à
evue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2.'" Semestre)
47
\\

Sciences sociales et Itumaines
--------------------------------
lahleall 2 : Calendrier dc prnduction du ri/ dans le périmètrc Ii/icllle ,le la \\ allée dlilio
Date des semis
Date des récoltes
Remarques
Récoltes - Ventes
15 t~vricr-15 mars
15 juin - 15 juillet
Bonne récolte, vente très peu conseillée. car peu
(79% <i 100°;, des producteurs)
intéressante: l'offre étant très importante tandis
que la demande est faible
15 juin - 1:-- juillet
15 octobre - 15 novcmbre
Bonne récolte et prix très intéressants vcrs
(100 °0 des producteurs)
décembre, car demande très im ortante.
15 octobre - 15 novcmbre
15 f~vriet' - 15 mars
Mauvaise récolte pour cause de manque de
(environ 21°" des producteurs)
pluies et présence plus abondante des prédateurs,
mais prix très intéressant en mars et en avril (car
~I offre pell importante. mais demande importante)
----'---------~
.)OUI'CC' . liO/S()J·: ~(J(J 1 1) (,-/
Ensuite. cette double \\loi re tri pIe riziculture est pratiquée grücc non seulement à l'irrigation qui permet de
supprimer les temps morts qu ïmpose le rythme des saisons. mais aussi aux variétés à haut rendement (VI-I R)
souvent à cycle plus court que les variétés traditionnelles aujourd'hui abandonnées. D'après des enquêtes encctuées
dans la région ((JOlI. 1996; BOTSOE, 2001 ; et nos propres enquêtes en 2005), les nouvelles variétés cultivées
ici sont l'Elite (l20jours).lïR 8-11 (12üjours), I"IR A/ikfJo (120jours), I"IR800 (120jours),le TGR 3-1 (90
jours). l'A nU/L'hem (60jours) (tableau 3). Si la plupart des riziculteurs, soit 95 %, produisent plusieurs variétés de
riz ù la fois. 1Jf? 8-11 qui offre les caractéristiques les plus intéressantes 1 tant pour les producteurs que pour les
consommateurs. est plus utilisée; elle concerne plus de 72 % des riziculteurs (GOR 1996, p.84).
Tableau 3 : I.-:s \\ aric:ks dc ri/ lldti"C:I:S d'\\I1s k pc:rilll~lrl: du/io I:t leurs car,l-:tc:ristiques
Nom
Durée
Verse
Rendement en
Parfumée
Origine /
végétative
paddy/ha
distributeur
(en jour)
(tonne)
1: 1ile
I~O
Non
3
Non
Ghana
Sassakawa
1~()
oui
5
oui
Phillipine
IR 841
120
non
5
oui
ADRAO(J)
TGR 34
l)1)
non
4
non
Togo(lNCV) (2)
IR 800
1~()
OUI
4,5
oui
Togo(INCV)
.
IR Atikpo
I~O
non
5
oui
Ghana
anatchelll
6()
non
3
non
Man~o (Togo)
(I) : ADRAO : Asso~jation pOlir k [kV-:/OPPCllll:l1l de la Rizicullurc I:n Afriqlll: dl: 1"( )ucsl
(2) INCV: Instillll Nalional des Cullllrc~ Vivrières.
SOl/l'Ct' __ BOTSU/:', ](){J/. p- 59
Ces variétés à haut rendement (VHR) exigent de fortes doses d'engrais et donnent des rendements nettement
plus considérables que les variétés traditionnelles.
(Footnotes)
1 Les caractéristiques les plus prises en compte par les paysans dans le choix des variétés de riz à produire sont le rendement en grains.
le parfum du riz après cuisson. la couleur des grains. le poids des grains, la longueur des grains et la résistance aux maladies.
48
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (20m. Semestre)

3.1.2.
L'accroissement des rendements
Dans la vallée du Zio, la riziculture était une
pratique bien connue bien avant l'arrivée des Chinois.
e'était Wle riziculture pluviale reposant sur l'exploitation
de cette vallée temporairement inondée pendant la
saison des pluies, avec un outillage archaïque (pioche,
3.1.3 L'augmentation des revenus et l'essor
houe. daba. machette, faucille,. .. )et le semis à la volée.
sodo-économique
Les variétés cultivées étaient les 0fJJ::a. Les rendements
étaient alors compris entre 0,5 et 1.2 tonnes de riz paddy
Tout comme dans le périmètre rizicole de la vallée
par hectare, avec généralement une seule récolte
de l'Amou (ABOTCHI, 2004), c'est surtout au temps
annuelle (GOH, 1996, p.36).
des Chinois que la culture du riz dans le périmètre du
Mais depuis l'introduction de la riziculture irriguée
Zio a été prospère et a suscité tous les engouements.
par la coopération chinoise en 1965, les rendements
Bien que les Chinois n'aient laissé à leur départ en 1979
se sont beaucoup accrus. En 1996, UOH (1996, p.84)
aucune information relative à ce projet rizicole entre
a calculé et évalué les rendements de riz dans le
1965 et 1979, en particulier concernant leur gestion du
périmètre rizicole à 3,5 tonnes de riz paddy par hectare
périmètre, les statistiques sur la production du riz, les
pour l'IR 8-11, et à 2 tonnes par hectare pour l'Elite
facteurs de production et les revenus, c'est cependant
et le TGR 34. Cinq ans plus tard, BOTSOE (2001,
bien pendant leur gestion que la riziculture a bien profité
p.59) parvient à des estimations encore plus
à toute la population de la région, et que les réalisations
considérables. Selon ce dernier, les rendements de
socio-économiques les plus spectaculaires ont été
paddy sont de 5 tonnes par hectare pour le Sassakawa.
enregistrées par les paysans (GBEMOU, 1994, p.
l'IR 84I et l'IR Atikpo. Les variétés qui ont les plus
118).
faibles rendements sont l'Elite et 1'Anatchem avec 3
Comme le café et le cacao dans l'ouest de la
tonnes par hectare (tableau 3). L'écart entre les
Région des Plateaux, ou le coton dans le reste du pays,
estimations de GOH et les chiffres que donne BOTSOE
la riziculture dans la basse vallée du Zio produit du riz
peuvent s'expliquer par des différences dans les
essentiellement pour la vente. L'énorme demande
méthodes d'évaluation et par, peut-être, une plus

urbaine de riz et l'augmentation de son prix qui en
grande maîtrise de la riziculture irriguée par les paysans
résulte en font une spéculation intéressante surtout
de la région au fur et à mesure qu'ils acquièrent de
depuis la dévaluation du franc CFA en janvier 1994.
l'expérience dans la pratique de l'irrigation.
Les plus gros bénéficiaires de la nouvelle
Ce qui, ici, frappe, c'est l'énorme différence
spéculation, ce sont principalement les paysans riches
entre la production de riz par hectare par an sous pluie,
disposant de plus de deux hectares de rizière, qui
et la production par hectare par an en culture irriguée.
peuvent facilement avoir accès aux nouveaux intrants
Alors que l'agriculture pluviale traditionnelle n'autorisait
(VHR, engrais chimique, insecticide, herbicide, etc.) et
qu'un rendement n'excédant pas 1,5 tonne par hectare
aux outils de travail modernes sans contracter des
(avec une seule récolte annuelle), certaines VHR
emprunts usuraires. Les enquêtes effectuées par
pratiquées en culture irriguée permettent 5 tonnes de
BOTSOE en 200 1lui ont permis d'estimer le revenu
riz par hectare par saison agricole; un même champ
net moyen saisonnier par hectare à 282 493 F CFA.
pourrait aujourd'hui fournir jusqu'à 10 tonnes ou 15
Le revenu net moyen annuel par hectare serait donc de
tonnes de riz par hectare par an s'il s'est prêté à deux
deux ou trois fois supérieur, soit 564 986F CFA ou
ou trois récoltes annuelles. L'agriculture irriguée permet
847479 F CFA, selon que l'on ait effectué deux ou
donc ici d'obtenir un surplus de 8,5 tonnes à 13,5
trois récoltes dans l'année. Cette estimation paraît assez
tonnes de riz paddy par hectare par an, par rapport à
proche des chiffres avancés par Monsieur Divi
la riziculture pluviale traditionnelle.
ADJOGUENOU, riziculteur à Kovié, qui nous a
Ces rendements élevés sont atteints grâce à
déclaré en mars 2005 réaliser deux saisons de culture
l'utilisation de fortes doses d'engrais (8 sacs de 50 kg,
par an avec un revenu monétaire net d'environ 250
soit 400 kg/ha) et de produits de traitement tels que les
000 F CFA par saison agricole. Il affirme par ailleÙfs
herbicides et les insecticides (au total, 7 kg/ha), mais
que de toutes les spéculations agricoles de la régiClll, le
aussi du fait de l'adoption d'un nouveau système de
riz est celui qui rapporte le plus, ce qui fait des riziculteurs
mise en place de la culture qu'est le repiquable. Cette
des personnes riches par rapport aux non riziculteurs.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2~mo Semestre)
49

Sciellces sociales et Iz lI11lailleS
------------------~-------
L'examen de la situation économique et financière des
3.2 Les mutations sociales
paysans de Kovié non riziculteurs lui donne raison,
puisque la plupart de ceux que nous avons interrogés
3.2.1 L'accroissement de l'otlre d'emploi
avancent des revenus dérisoires n'atteignant pas 100
agricole
000 F CFA par an '.
Depuis quelques années cependant, avec
l'augmentation du prix de vente du riz, on assiste aussi
L'intensification de la production dans le
à l'amélioration du revenu et du niveau de vie des petits
périmètre rizicole impliquc le recours à une main-
exploitants (moins d'un hectare). De 7 000 F CfA en
d' œuvre agricole d'W1e impoltance jamais connue dans
1986, le prix du sac de 100 kg de riz est passé à la
la région. D'abord, entre 1965 et 1980, les Chinois,
000 F en 1996 (GOR 1996 p. (1) et à 25 000 f
mais aussi l'Etat togolais. avaient recruté des paysans
CFA en mars 2005. Cette situation a permis une
comme ouvriers au moment même de l'aménagement
augmentation des recettes des exploitations de i'aible
du périmètre. ct aussi pour l'exploitation des terres.
taille, ce qui leur autorise quelques invcstissements dans
Ceux-ci percevaient entre 60 000 F et 70 000 F CFA
la production et dans l'achat de biens de consommation
par mois, par hectare et par groupe de 15 personnes.
courante. améliorant ainsi leur mode de vie.
soit 4 000 à 4500F CFA par pcrsonne (GOI L 1996.
Mais, il est remarqué un énoll11e endettement de
p. 54). Et il y avait du travail disponible toute l'année.
ces petits producteurs, résultat des prêts usuraires qu' iIs
du moins durant 10 mois sur 12, du fait de l'irrigation
contractent du fait du peu de confiance que leur
qui permet deux ou trois saisons agricoles.
accordent les organes de crédit formel cn raison de la
L'offre de travai 1est considérable: d'après nos
faiblesse de leurs superficies, ct donc de la faiblesse
enquêtes en 2005, les opérations culturales telles que
des crédits qu' ils sollicitent. Cet endettement est aussi
le repiquage nécessitent en moyenne deux ouvriers par
lié à de multiples charges en rapport avec les activités
casier et par jours. Cela signifie que, pour cette
de production (aménagement du sol, intrants, main-
opération de repiquage seule, un riziculteur disposant
d'œuvre, location de terrain, paye de l'eau, etc.). et
de deux hectares de terre peut employcr 8 ouvriers
surtout aux dépenses dues aux hesoins de la vie
pendant 10 jours. Au moment du désherbage, les
quotidienne. Selon leurs propres témoignages,
exploitants ont recours à deux ou trois personnes par
beaucoup de riziculteurs uti lisent les crédits octroyés
casier et parjour, et cela deux à trois fois par saison du
par les structures de financement à des fins autres que
fait d'une extrême sensibilité des VHR aux adventices
la production agricole.
et aux parasites (insecte et chenille). L'eftàrouchement
S'il est clair que la situation économique et financière
des oiseaux nécessite de son côté une demi-douzaine
des petits exploitants de la vallée du Zio n'est pas
de travailleurs pendant 40 jours par hectare par saison.
enviable, ils sont cependant franchement bicnmoins
Quant à la récolte, elle emploie quelque 7 ou 8
misérables qu'avant leur implication dans la culture
personnes par casier et parjour, les uns travaillant à la
du riz. Par ailleurs, leur situation financière n'est guère
coupe du riz à la faucille, les autres au battage. Par
différente de celle des planteurs marginaux de café-
ailleurs, les opérations de labour, d'épandage d'engrais
cacao du sud-ouest. ou du petit planteur de coton
et de pesticides, font aussi appel à 00 nombre d'ouvriers
des savanes septentrionales du Togo. Mais, à la
relativement important.
différence des autres petits exploitants sus-indiqués,
On le voit, la modernisation de l'outillage agricole
ils arrivent à satisfaire leurs besoins alimentaires.
avec l'introduction des motoculteurs, des batteuses etc.
, n'a pas provoqué lll1e réduction de la quantité de main-
d' œuvre utilisée dans l'agriculture. Au contrairc, on a
assisté dans le cadre du projet de riziculture irriguée
dans la vallée du Zio à un accroissement de l'emploi
rural.
L'offre d'emploi est tellement énorme dans les
périodes de grande consommation de main-d' œuvre
(Footnotes)
telles que les périodes de désherbage et surtout de
1 Interrogés sur les raisons pour lesquelles ils ne cultivent pas le riz
récolte, que parfois les paysans ont du mal à trouver la
malgré les hauts revenus tirés de celte spéculation. ces paysans
nous ont tout simplement dit que «
le ri/. est une culture des
main-d'œuvre nécessaire. Le manque de main-d'œuvre
riches».
est surtout crucial lorsque Ics périodes de besoin de
travailleurs dans les rizières coïncident avec les périodes
50
Revue du CAM ES - Nouvelle Série H, Vol. 007 N° 2-2006 (2<111< Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et It umaines
d'intenses activités agricoles dans les exploitations
fortunés que dans le rang des petits producteurs. Il en
paysannes traditiOimelles des villages de la région. On
résulte des inégalités sociales très sensibles.
comprend donc les raisons de la ruée de jeunes
Jéscolarisés vers les rizières où ils trouvent à s'employer
3.2.3- L'exacerbation des inégalités sociales
dans la production du riz.
GOH (1996, p. 57)
a observé que le
3.2.2-
Les changements au niveau alimentaire
développement de l'économie monétaire dallS la région
engendré par l'introduction de la riziculture irriguée, a
La phrase que les riziculteurs de la vallée du Zio,
altéré ou agf,'Tavé l'altération de la structure sociale des
en particulier les petits producteurs, se plaisent à réçéter
communautés villageoises. Si dans la société
est la suivante: «la seule satisfaction que nous tirons
traditionnelle ce sont les plus vieux, appelés chefs de
dc la riziculture est que nous mangeons ». Au niveau
lignage, qui régentaient les fanlilles, désonnais ce sont
de la satisfaction des besoins alimentaires, la population
les personnes riches, ceux qui détiennent le pouvoir
tire un avantage considérable de la production du riz.
financier qui sont les plus écoutés et qui commandent
Comme les apports d'eau artificiels grâce à l'irrigation
dans les cercles et réunions de famille.
pC1l11cttent de produire du riz tout au long de l'almée, il
Il est frappant de constater que, dans notre région,
n'existe pas de période de soudure. Des réserves de
les riziculteurs sont les personnes les plus riches, les
riz existent toujours permettant d'éloigner le spectre
plus solvables et les plus respectées. Ainsi, le pouvoir
de la faJ11ine. D'aillems selon les confidences de certains
des <<anciens» s'est-il trouvé bafoué au profit d'une
producteurs de riz, la famine est mème discrètement
nouvelle classe de privilégiés que sont les riziculteurs.
souhaitée, puisqu'elle conduit àdes pénuries de vivres
Ceux-ci, jeunes, sont plutôt enclins à rechercher
dans le pays, ce qui pennettrait non seulement d'écouler
obstinément à s'affinner par la réussite dans le travail
facilement et avec célérité la production, mais aussi elle
qu'à s'occuper de la gestion des affaires familiales ou
permet de vendre à des prix très rémunérateurs.
lignagères. Il en est résulté un éclatement des cellules
Il est par ailleurs observé chez les riziculteurs une
faJ11iliales traditionnelles et un certain individualisme avec
modification des habitudes alimentaires. Le riz est
des rivalités de toute sorte qui minent les relations
aujourd'hui plus souvent consommé accompagné d'une
sociales dans les villages.
sauce de légumes, au détriment de la pâte de maïs ou
Les inégalités se sont transportées au niveau des
de 1" igname et du manioc pilés qui constituent les
riziculteurs eux-mêmes parmi lesquels l'on a pu
aliments de base dans tout le Sud-Togo. «
Nous
percevoir une certaine hiérarchie. On peut à ce propos
produisons du riz, il faut que nous-mêmes nous le
identi fier trois groupes de riziculteurs: les riziculteurs
consommions pour en donner l'envie aux autres afin
riches, les riziculteurs moyens et les riziculteurs pauvres
qu'ils nous l'achètent», nous adit un riziculteur lors
(tableau 4).
de nos enquêtes dans la région.
La modification des habitudes alimentaires
engendrée par la production du riz sc manifeste aussi
Tableau 4 : Répartition des riziculteurs par catégorie sociale
dans l'adoption d'autres produits alimentaires importés.
En effet, l'acquisition de l'argent grâce à la vente du riz
JVld'ordre Catégorie de riziculteurs Pourcentage %1
permet par ailleurs aux agriculteurs l'achat de produits
étrangers de toute sorte parmi lesquel s des vivres. Selon
1
Riziculteurs ride.; et aisé;
13,3
nos enquêtes, presque tous les paysans, autant les gros
2
Riziculteurs nu}el1S
215,7
producteurs que les petits exploitants, consomment
3
Riziculteurs
ffi,a
aujourd'hui de façon remarquable le pain, le lait, le
sucre, les condiments importés, la bière, ainsi que les
alcools des grandes marques européennes.
On le voit, les mutations sociales dans notre
région du fait de la culture du riz sont remarquables.
Elles se mallifestent beaucoup plus chez les riziculteurs
qu'auprès des paysans non riziculteurs, et sont par
ailleurs plus frappants auprès des gros exploitants
Source .' GOH, 1996. p. 58
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2<Il1O Semestre)
51

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et hllmailles
Les riziculteurs riches sont ceux disposant d'une
L'intensification a nécessité l'emploi de fortes
exploitation de plus de 3,5 hectares avec une
doses d'engrais; elle peut entraîner à terme une carence
production comprise entre 6 et 10 tonnes par
en éléments minéraux et une augmentation de nitrate
saison. Instruits, ayant reçu une tlxmation agricole,
dans les sols, comme c'est le cas dans les plaines de
l'Indus en Inde et au Pakistan, où l'irrigation est
ils disposent de biens d'équipement tels que
ancienne (SHERIDAN, 1985, pp. 39 - 42). L'usage
motocyclettes, postes radios, téléviseurs, etc. Ils .
de produits de traitement dans le périmètre (insecticide,
sont très respectés.
herbicide, fongicide, ... ), très toxiques, constitue un
Avec une superficie de 1,5 à 2,5 et une production
énorme danger pour les travailleurs agricoles. Les
de 3 à 5,9 tonnes, les riziculteurs moyens
pesticides peuvent empoisonner les travailleurs qui y
correspondent à une classe moyenne de paysans
sont exposés, allant dans certains cas jusqu'à affecter
génémlement âgés. Ils possèdent aussi des moyens
le système nerveux central et occasionner la mort
de déplacement comme les vélos et les
(SHERIDAN, 1985, p. 77). Si les agents sanitaires en
cyclomoteurs.
poste dans la région et même les paysans, lient le
Vieux et jeunes, illettrés, endettés aussi, les
développement actuel de l'endémie palustre, des
riziculteurs pauvres travaillent sur des superficies
hématuries (90 % des riziculteurs), des prurits et des
de 0,25 à 1,5 ha, très souvent pour résoudre un
affections diarrhéiques, à la permanence de l'eau en
problème concret.
raison de la pratique de l'irrigation (BADAMELI, 1998,
Ces 3 catégories de riziculteurs semblent
et nos enquêtes en 2005), ont-ils aussi pleine conscience
présenter des intérêts divergents les amenant à des
que les douleurs dans la poitrine, les vomissements et
malentendus lorsqu'il s'agit de discuter à propos du
les nervosités dont se plaignent les exploitants rizicoles
fonctionnement du périmètre. L'harmonie entre ces
et les ouvriers peuvent bien provenir des effets des
groupes pour une bonne gestion du périmètre passe
pesticides?
par l'aplanissement de ces inégalités.
La riziculture irriguée permet un accroissement
CONCLUSION
de l'offre d'emploi et une hausse du revenu agricole,
mais elle engendre aussi des problèmes sociaux dont
L'irrigation dans la vallée du Zio a permis un
les plus cruciaux sont d'ordres sanitaire et écologique.
certain développement de la région au cours des
La décision de mise en place du périmètre irrigué du
dernières décennies. Malgré le fait que sa mise en place
Zio devait s'accompagner de mesures techniques,
relève d'une décision extérieure il la région, elle a
scientifiques et financières destinées à l'identification de
permis l'intensification de la culture du riz, un étalement
ces problèmes et à leur résolution. Par ailleurs la
des activités agricoles sur toute l'année permettant ainsi
réparation du réseau d'irrigation et l'aménagement de
une double voire une triple récolte annuelle, et un
nouveaux casiers en vue d'une utilisation optimum de
triplement des rendements agricoles. Elle est aussi à
la capacité d'irrigation du barrage et des infrastructures
l'origine d'un accroissement de la production et des
mises en place, doivent être envisagés et exécutés à
revenus agricoles, avec ses effets sur la satisfaction des
court terme. La pleine réussite de l'agriculture irriguée
besoins al imentaires et sur le niveau de vie général des
au Togo et, partant, le développement rural du pays
paysans.
sont à ce prix.
Cependant, il faut souligner que les conditions
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
d'implantation du périmètre rizicole marquées par des
implications étrangères, l'inefficacité et les difficultés de
l'encadrement des paysans par l'Etat togolais à partir
1. ABOTCHI T., 2004, «Riziculture irriguée et
de 1979, et les conditions de crédit agricole dominées
développement rural dans la vallée de l' Amou (Togo)>>,
par des emprunts à taux usuraires, ont constitué des
Annales de l'Université de Lomé, Série Lettres, Tome
entraves au plein succès de l'opération. L'irrigation a
XXIV, Lomé, pp. 207-232.
certes engendré une certaine monétarisation de
l'économie agricole régionale, mais celle~i s'est surtout
2. BADAMELI K.S., 1998,« Mise en valeur agricole
traduite par l'enrichissement des gros exploitants (plus
et dégradation du milieu naturel: la riziculture irriguée
de 3,5 hectares) et un énorme endettement de petits
dans la basse vallée du Zio.» Travaux et Recherches
exploitants. Il en est résulté une exacerbation des
géographiques N° spécial consacré aux Premières
inégalités socio-économiques.
Journées Géographiques du Togo organisées à Lomé
52
Revue du CAM ES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2··" Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -__ Sciences sociales et humaines
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Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 2-2006 (2~'" Semestre)
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