Sciences sociales et humaines
-----------------------------
ETHIQUE CLINIQUE ET ETHIQUE DE L'ENVIRONNEMENT
Christophe Kwami DlKENOU
Département de Philosophie
Université de Lomé - TOGO
RESUME
L'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) et le Programme des Nations Unies pour l'Environne-
ment (P.N.U.E.) promeuvent et facilitent actuellement la compréhension universelle du rapport entre
santé et environnement et s'attellent à réduire, dans les pays en développement, les impacts des
problèmes environnementaux sur la santé humaine. 1 Dans cet ordre d'idées, le présent article éclaire
le fondement philosophico-anthropologique de l'insécable lien entre l'éthique clinique et l'éthique de
l'environnement, la prévention et la guérison de la maladie contrairement à la conception que Siegler
et les autres2 se font de l'éthique clinique quand ils n'y insistent que sur l'approche curative et ne font
pas cas de la prévention de la maladie.
Particulièrement en Afrique subsaharienne où sévissent une crise d'hygiène et une sévère pollution du
cadre de vie, un projet éthique du milieu clinique ou hospitalier doit solidement intégrer l'éthique
clinique et l'éthique de l'environnement, les dimensions curative et préventive de la maladie. L'éduca-
tion à l'éthique des scientifiques et médecins doit intégrer l'éthique de l'environnement. Si l'Afrique
doit guérir ses malades, elle doit aussi prévenir partout la maladie en offrant à ses populations l' appli-
cation responsable d'une éthique de l'environnement.
Mots-clés: Ethique clinique, éthique environnementale, écosallté.
ABSTRACT
The World Health Organisation (WHO) and the United Nations Environmental Programme fUNEP) currently
promote and facilitate a universal understanding of the relationship between health and environment and
settle down to reduce in the developing countries the impacts of the environmental problems on human
health. Accordingly, this article clarifies the philosophical and anthropological foundation ofthe indivisible
relationship between clinical ethics and environmental ethics, prevention and cure in opposition to the
conception Siegler and others have of clinical ethics when they insist on the curative approach and don't
take into account the prevention of diseases.
Especially in Sub Sahara Africa characterised by an acute hygienic crisis and a severe pollution of the
environment, an ethical project of the hospital and clinical environment must firmly integrate clinical and
environmental ethics, curative and preventive dimensions of diseases. According to the scientists, ethical
education must embody environmental ethics. IfAfrica must cure her patients, she must also prevent from
diseases everywhere by providing her people with a due sense ofthe environnlental ethics.
Kev-words: Clillical ethics, Ellvironmental ethics, Ecohealth.
1 Cf. The WHO/UNEP Health and Environment Linkages Initiative Secretariat, WHO, 20 Avenue Appia, 1211 Genève 27, Switzerland. L'organisation non gouver-
nementale « Doctors for Environment » oeuvre dans le même sens.
2 M. Sieglem, E.D. Pellegrino, PA Singer, « Clinical medical ethics », in: Thejourna/ ofC/inica/ Ethics, 1990, 1(1), p.5.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (ler Semestre)
79

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
INTRODUCTION
en Afrique subsaharienne où se fait sentir un grand
besoin d'éducation à l'éthique du cadre de vie. Il
Dans un article commun, M. Siegler, E.D. Pelegrino
appartient également à l'éthique de l'environnement
et P.A. Singer identifient l'éthique clinique par son
de fournir les principes moraux aux politiques de la
but à savoir « améliorer la qualité de soins offerts
santé environnementale et de la santé publique.
au patient en identifiant, analysant et essayant de
résoudre les problèmes éthiques qui se posent en

1 - DEFINITIONS
médecine èlinique. »1 Ils ajoutent que son point de
départ demeure « la rencontre du patient et du pro-
1.1 L'éthique clinique
fessionnel de la santé »2. Quelle perception de
C'est depuis les années soixante qu'au sein des hô-
l'homme sous-tend cette idée? Peut-on ignorer que
pitaux universitaires aux Etats-Unis d'Amérique, les
la qualité des soins requiert celle des environnements
médecins recourraient aux services des consultants
naturel et construit dans lesquels se donnent ces
en éthique; mais il a fallu attendre les années
soins? Est-il réaliste que l'éthique clinique demeure
soixante-dix pour voir le terme d'éthique clinique
muette sur l' indissociabilité de la santé humaine de
faire sa première apparition chez le philosophe si-
la santé de l'environnement ?
tuationniste Joseph Fletcherl . Ce dernier l'utilisa
pour désigner la pratique de la prise de décision en
Si la définition de l'éthique clinique par Siegler ac-
milieu hospitalier pour des cas qui posent des pro-
corde peu d'attention à l'environnement naturel,
blèmes moraux. L'expert éthicien est au service des
voire construit, ce n'est, certes pas, le fruit d'un
valeurs humanistes dans l'institution hospitalière et
hasard, mais celui d'une idéologie à savoir la repré-
aide dans la prise de décision par la discussion en
sentation de l'homme comme un être séparé de la
comité d'éthique clinique; il assiste celui-ci dans
nature « man apart/rom nature» selon les mots de
l'élaboration de lignes directrices de la prise de dé-
l'ethicien de l'environnement Don E. Marietta Jr.3 •
cision. La Society for Bioethics Consultation voit
Cette conception laisse de côté un aspect important
le jour en 1987 aux Etats-Unis d'Amérique comme
de l'homme, sa nature multirelationnelle et particu-
la première organisation professionnelle de consul-
lièrement sa relation vitale avec l'environnement
tants éthiciens en milieu hospitalier.
naturel. Aussi notre point de vue est-il que la con-
ception holistique4 selon laquelle les êtres humains
Sur le plan conceptuel, l'éthique clinique évolue dans
sont aussi bien en relation entre eux qu'avec les
deux directions, à savoir la perspective du
autres êtres vivants et non vivants de leur environ-
principisme et celle de la critique. La tâche essen-
nement
est
plus
complète
et
fonde
tielle de l'éthique clinique principiste consiste à trou-
anthropologiquement et philosophiquement le lien
ver les principes moraux qui orientent les relations
entre
l'éthique
clinique
et
l'éthique
entre les patients et le personnel de la santé. Quel
environnementale, tout comme entre les approches
est le paradigme anthropologique fondateur de l'éthi-
curative et préventive de la maladie, ainsi qu'entre
que clinique principiste ? La réponse est, d'emblée,
les industries pharmaceutiques d'un côté et les in-
la représentation de l'homme comme être séparé de
dustries de l'assainissement de l'autre. Pour éclai-
la nature. Pour rester dans le cadre strict de la phi-
rer cette idée, nous analysons d'abord brièvement
losophie occidentale, on peut noter que cette repré-
les définitions de l'éthique clinique et de l'éthique
sentation a ses origines dans l'idée pythagoricienne
environnementale ainsi que leurs présupposés an-
de la séparation de l'âme et du corps, prison et tombe
thropologiques fondateurs. Nous expliquons ensuite
terrestre dont l'âme doit se détacher. Ce concept
la conception holistique de l'homme pour en inférer
dualiste a été repris par Platon et le néoplatonisme
la complémentarité des deux éthiques et des appro-
et est devenu une des idées maîtresses de la philo-
-ches curative et préventive. Le résultat concret
auquel aboutit cet article est que le philosophe
éthicien, en plus de sa tâche de consultant en ma-
tière de prise de décision éthique, doit contribuer
aussi à la prise de conscience et à l'application des
'Ibid.
'Ibid.
principes éthiques de l'écosanté par les profession-
.' Don E. Marietta Jr. , For People and the Planet. Holism and Humanism in
nels de la santé et le grand public particulièrement
Errvironmental Ethics. Philadelphia, Temple university PresS, 1995, p.2.
'Ibid.
80
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol, 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
sophie et de la civilisation occidentales. Il convient
Scrutons, à présent, le paradigme anthropologique
de préciser que le dualisme platonicien et des
fondateur de l'éthique clinique critique. L'éthique
néoplatoniciens, à savoir la reconnaissance de l'âme
clinique qui évolue dans la perspective dite critique,
comme d'origine divine et, partant, supérieure à la
particulièrement en Europe, ne fait qu'élargir sa
nature avec laquelle elle ne saurait se souiller, s'ins-
communauté morale en y incluant les profession-
crit dans un arrière plan religieux: l'orphisme et le
nels de la santé, les patients et leur famille, les pou-
gnosticisme. La modernité cartésienne rompant avec
voirs politiques, économiques et culturels qui ont
tout fond religieux pour celui scientifique, défend
quelque influence sur le milieu hospitalier. Nous
un dualisme plus modéré. Descartes écrit à ce pro-
saisissons dans cette approche que 1'homme y est
pos : « La nature m'enseigne aussi, par ces senti-
appréhendé comme un être plurirelationnel. Il s'agit
ments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne
là, certes, d'une avancée significative sur l'éthique
suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu'un
clinique principiste. Mais malheureusement, l'éthi-
pilote en son fJavire, mais outre cela que je lui suis
que clinique critique ne prend pas en compte la re-
conjoint très étroitement, et tellement confondu et
lation de l'homme avec son environnement naturel
mêlé queje compose comme un seul tout avec lui. »2
et construit. La communauté morale se limite tou-
Pour Descartes, la raison est intégrée au corps et ce
jours à l'anthroposphère. Historiquement, cette con-
dernier est relié à l'environnement de manière vi-
ception a ses origines lointaines dans l'Antiquité
tale.
grecque, chez Platon qui, condamnant l'humanisme
des sophistes, affirme que l'homme est partie inté-
En réalité, la perspicacité de la séparation, dans l'an-
grante du tout social ordonné et hiérarchisé. Il est
tiquité grecque, entre l'âme et le corps qui est à l'ori-
également relié, selon lui, aux réalités transcendan-
gine du paradigme de 1'homme séparé de la nature
tes) . L'individu est donc indissociable du tout so-
est contestable. Accepter que le corps est la tombe
cial et du transcendant dans les idées platonicien-
de l'âme, c'est accorder un piètre rôle à cette der-
nes. Après Platon, le Stagirite, de son côté, conçoit
nière. Nous découvrons dans cette idée une simpli-
l'homme comme un être social et politique. Pour
fication préjudiciable du composé unifié et complexe
lui, l'homme qui ne sent pas le besoin de s'intégrer
qu'est l'être humain. Quelles que soient l'origine de
à une communauté est une « brute ou un dieu »2 .
l'âme et sa destination future, elle est conjointe au
corps pour constituer les êtres vivants terrestres que
On peut également comprendre le peu d'intérêt de
nous sommes. Ce tout composé d'une âme et d'un
l'éthique clinique en Occident pour l'environnement
corps que sont les humains est indissociable de l'en-
naturel et construit, par le fait qu'en milieu hospita-
vironnement naturel. La conception dualiste d'une
lier, voire urbain, quand naissait l'éthique clinique,
âme divine dans un corps mortel et étranger dont
on ne connaissait plus de crise d'hygiène aussi mor-
elle doit se détacher est donc en opposition pro-
telle que celle qu'affrontent actuellement les pays
fonde avec ce que nous sommes en réalité, à savoir
en développement. En effet, cette crise de 1'hygiène
des êtres intégrés à l'environnement naturel. Cette
a été jugulée grâce au mouvement social hygiéniste
conception est en phase avec la pensée africaine
du 19ème siècle qui a permis l'éradication des gran-
holistique.
des endémies et de l'insalubrité. Déjà au 18ème siè-
cle, Antoine Laureat de Lavoisier travailla sérieuse-
\\
ment à l'hygiène du travail et du milieu hospitalier.
Au 19ème siècle, les hygiénistes anglais œuvrèrent
fermement à la propreté des milieux urbains. De ce
mouvement socioculturel, Marc-Louis Ropivia
écrit:
Cette philosophie préconisait la régression
de la morbidité par l'amélioration du ca-
dre de vie, des conditions sociales d'exis-

1 G Hottois et J.-N. Missa, Nouvelle Encyclopédie de Bioéthique.
tence, l'assainissement des milieux urbains
Médecine, Environnement, Biotechnologie, Bruxelles; DeBoeck Université,
2001, p. 394'.
et le tout-à-l'égout. La recherche pharma-
2 R. Descartes, Méditation VI. Cité par Georges Pascal, Les grands textes de
ceutique n'étant pas encore très dévelop-
la philosophie, Paris, Bordas, 1968, p.1 00.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1 0' Semestre)
81

_ -
Sciences sociales et humaines
pée à cette époque, ce n'est donc pas par
gie, source d'une plus riche autocompréhension de
des thérapeutiques d'officine que les pays
1'homme et de sa place réelle dans la biosphère a été
industrialisés d 'aujourd 'hui ont vaincu les
déterminant.
grandes endémies qui existaient chez eux
mais bien par des grands travaux d'assai-
Dans l'éthique environnementale, se distinguent glo-
nissement, et notamment de drainage des
balement les théories anthropocentrées (anthropo-
zones marécageuses et d'aménagement de
centrisme, écoféminisme, éthique de l'intendance)
réseaux d'évacuation des effluents urbains. J
et les théories non anthropocentrées (biocentrisme,
holisme et pathocentrisme). Les holistes mettent en
Cette philosophie humanitaire et hygiéniste a per-
évidence les rapports écosystémiques et obligent à
mis d'atteindre un haut niveau d'hygiène du cadre
penser les bases de l'écologie et de la médecine
de vie en Occident. Il est, dès lors, compréhensible
comme anthropologiquement indissociables.
que l'éthique clinique ne se préoccupe pas
L'homme est partie intégrante de la nature et la pra-
prioritairement des relations entre 1'homme et l'en-
tique biomédicale ne saurait l'en soustraire sans pré-
vironnement naturel et construit de la clinique. Ce
judice grave pour la santé même de l'homme qu'elle
n'est pas le cas dans les pays en développement en
prétend défendre. Plutôt, cette pratique et l'éthique
général et en Afrique subsaharienne en particulier.
clinique sont à reconsidérer comme une branche d'un
Il faut être honnête pour reconnaître que ce n'est
projet éthique plus englobant: une éthique qui s'oc-
pas dans toutes les cliniques et dans tous les hôpi-
cupe des valeurs et des principes relatifs au com-
taux occidentaux non plus que l'on trouve aisément
portement de l'homme aussi bien envers les humains
des objets naturels tels que la verdure, les jardins,
qu'envers son environnement naturel et construit.
l'air pur et l'eau potable. C'est donc une erreur que
L'éthique environnementale holistique et humaniste
de ne pas associer l'éthique clinique à l'éthique de
de Don E. Marietta Jr. tente de réaliser ce projet.
l'environnement, qui aide à décider rationnellement
Ce dernier écrit à ce propos: « Les obligations
de l'action juste à mener vis-à-vis de l'environne-
envers tout le système de la nature ne remplacent
ment. Ceci nous amène à considérer la définition de
pas les devoirs envers d'autres personnes et d'autres
l'éthique environnementale.
êtres vivants .. les devoirs envers l'écosystème
s'ajoutent aux autres devoirs.
»2 On ne saurait donc
continuer de dissocier voire négliger les devoirs des
1.2 L'éthique environnementale
humains envers l'environnement sans préjudice grave
à la survie et la vie humaines. L'obligation morale
L'éthique écologique/environnementale ou
de respect de la dignité de toutes les personnes hu-
écoéthique désigne, selon Walter Lesch, « le sec-
maines est inséparable de l'obligation morale de
teur de l'éthique appliquée qui s 'occnpe des nor-
conservation de l'environnement. Dans cette pers-
mes et des valeurs qui concernent les relations en-
pective, Jean Dorst écrit: « L 'homme sera toujours
tre 1'homme et les autres êtres vivants dans le ca-
partie intégrante d'un système naturel dont il de-
dre des écosystèmes. »1 Il convient d'ajouter, pour
vra suivre les lois fondamentales.»3 Et à Claude
être plus complet, que l'éthique environnementale
Lévi-Strauss d'écrire: « Un humanisme bien or-
s'occupe des valeurs et principes normatifs relatifs
donné ne commence pas par soi-même, mais place
aux relations entre les humains et les autres êtres
le monde avant la vie, la vie avant 1'homme, le res-
vivants (biosphère) et non-vivants (lithosphère, hy-
pect des autres êtres avant l'amour propre. »4
drosphère et atmosphère).
Reconnaissons que si la prise en compte philoso-
phique de la nature existait depuis l'Antiquité grec-
que, il convient de remarquer que pour le dévelop-
pement de l'éthique environnementale contempo-
raine, le progrès.des sciences de la vie et de l'écolo-
1 G Hottois et J.-N. Missa, op.cit., p.339.
2« The obligations to the whole system ofnature do not supplant dulies to
1 Platon, La République, Paris, Flammarion, 1966.

other persons and to olher living things .. the duties to the ecosphere
2 Aristote, Lapolitique. Paris Vrin, 1962.
supplement the other duties. Il Don E. Marietta, Jr., op.cit., p.S.
] M.-L. Ropivia, « Lagéostratégie des finnes pharmaceutiques face
] J. Dorst, Avant que Nature ne meurt, Neuchâtel (Suisse), Delachaune et
aux défis sanitaires de la zone intertropicale à l'aube du 21 C siècle »,
Niestlé, 1965, p.11.
ln: Revue du C.A.M.E.S., Série B.VoI.005WI-2. 2003, p.208.
4 C. Lévi-Strauss, L'origine des manières de table, Paris, Plon, 1968, p.422.
82
Revue du CAMES - Nouvelle Série 8, Vol. 007 N° 1-2006 (1'" Semestre)

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Quel paradigme anthr:opologique fonde l'éthique
est indissociable de son milieu naturel et de son en-
environnementale holistique et humaniste?
vironnement
construit,
alors,
la
santé
C'est la conception de l'homme comme un être
environnementale est une nécessité vitale pour
plurirelationnel, c'est-à-dire que son existence est
l'homme. Le lien entre la santé humaine et l'envi-
indissociable, aussi bien de l'environnement social
ronnement est incontournable et se fonde dans la
que de l'environnement construit et naturel. C'est
réalité physique de l'interdépendance entre 1'homme
un être qui fait partie intégrante de la nature bien
et le monde que mettent en évidence, avec forc~,
qu'il en soit séparé en raison de ses facultés spiri-
les sciences écologiques et de la vie. Cette tendance
tuelles de la noosphère.
de la pensée occidentale cultive le sens de la vision
concrète de l'homme et des choses, du respect du
Le lien entre 1'homme et son environnement naturel
principe d'empiricité, et du principe du libre choix
acquiert son autorité d'une nécessité naturelle, bio-
individuel. Elle ne tranche pas dans l'esprit ce qui
physique, mise en évidence grâce aux avancées des
ne l'est pas dans la réalité, et ne prêche pas une phi-
sciences de la vie et de l'écologie. Ces sciences
losophie monolithique. L'une des méthodes philo-
mettent en exergue l'interdépendance des choses
sophiques les plus utiles en ce domaine est la mé-
vivantes entre elles et avec leur biotope. Dans les
thode phénoménologique qui, partant du phéno-
domaines de la survie et de la santé humaine, l'in-
mène, par une intuition profonde, réduit celui-ci à
terdépendance entre l'homme et l'environnement
son idée. Appliquant cette méthode dans toute sa
naturel, voire construit, est facile à mettre en évi-
richesse, Merleau-Ponty conçoit l'homme cQmme à
dence. Hétérotrophe et omnivore, l'homme est en
la fois partie intégrante de son écosystème, par son
interrelation avec les autres organismes vivants et
corps, mais encore comme être capable de s'en sé-
les éléments non-vivants de l'environnement de par
parer, de le transcender. Cette appartenance et l'in-
sa corporéité et son évolution portée dans ses mo-
teraction de l'homme avec le monde, donnent sens
lécules ADN. Par exemple, il a besoin de l'eau pour
à notre situation dans la biosphère.
survivre, cette dernière constituant
Dans cet ordre d'idées, on ne saurait passer sous
environ 65% de son poids. Ce liquide vital, une fois
silence, dans la philosophie contemporaine de l'en-
souillé, constitue pour l'être humain un vecteur de
vironnement, des penseurs et philosophes tels que
maladies.
Theodore Roszak, Paul Shepard, Aldo Leopold. Le
premier, dans son livre Person/Planet: The Creative
L'air est pour lui une autre ressource vitale irrem-
Desintegration ofIndustrial Society J défend le pa-
plaçable. En effet, l'homme a besoin d'oxygène pour
radigme selon lequel les êtres humains sont en in-
survivre et il la trouve dans l'air ambiant. Mais si ce
terrelation avec le reste de la nature. Pour lui,
dernier est pollué, il devient pour lui un vecteur par-
l'homme n'est pas cet être qui dépend uniquement
ticulièrement de maladies pulmonaires.
de l'environnement naturel pour sa survie. Il est plu-
tôt cet être qui se découvre dans sa présence à l' en-
De leur côté, les aliments que nous consommons
vironnement, car à la différence d'une entité inani-
peuvent constituer des vecteurs de maladies, une
mée, il pense son «vivre-ensemble », avec l'envi-
fois souillées.
ronnement. Il se comprend plus en se saisissant
comme intégré à l'environnement. Paul Shepard
Certains matériaux utilisés dans la construction des
exprime la même idée par cette métaphore :
bâtiments, voire les conditions d'hygiène déplora-
« L'homme n'est pas arrivé dans le monde comme
bles dans certains bâtiments transmettent des agents
on débarque d'un train dans une ville .»2 Il conti-
pathogènes.
nue d'arriver et de s'y découvrir. Enfin, Aldo
Leopold, fondateur de l'holisme écocentré, élargit
L'absence de verdure et de beauté naturelle dans le
la communauté biotique en y incluant « le sol, l'eau,
'cadre de vie déséquilibre, non seulement l'environ-
les plantes et les animaux ou collectivement, la
nement, mais aussi le psychisme humain. Un envi-
terre ».3 Ceci étant, notre agir sur l'environnement,
ronnement déséquilibré défavorise la santé humaine.
cet « ensemble vital », doit être jugé en considéra-
tion d~s. ~ffets négatifs que nous lui imposons. Ainsi
Il est donc évident que si l'existence de l'humanité
Aldo LtXlpold énonce le principe fondateur de son
0'''''.'
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (lor Semestre)
83

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
éthique environnementale en ces tennes: «Une
chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'inté-

II - POUR UNE ETHIQUE CLINIQUE
grité, la stabilité et la beauté de la communauté
HOLISTIQUE
biotique. Elle est injuste lorsqu'elle tend à l 'i~­
verse. »4
Sur la base du paradigme de l'anthropologie
holistique qui conçoit l'homme comme un être fai-
En définitive, dire que 1'homme est cet être indisso-
sant à la fois partie intégrante de l'environnement
ciable de l'environnement social, naturel et cons-
naturel et construit, et de l'environnement humain,
truit, ne relève pas d'une illusion. Les preuves sont
on peut inférer logiquement une éthique clinique
suffisamment perspicaces et d'autorité: non seule-
holistique conciliant l'éthique clinique principiste,
ment 1'homme tire ses ressources de l'environne-
l'éthique clinique critique et l'éthique écologique!
ment, mais encore ce dernier peut constituer pour
environnementale. Cette complémentarité est indé-
lui une source de maladies. Les principaux facteurs
niable dès lors que les bases de la médecine et de
du milieu qui ont un impact négatif sur la santé hu-
l'écologie sont liées dans la nature humaine. L'idée
maine sont principalement les altérations des res-
est surtout importante dans le cas de l'Afrique
sources tels l'air, l'eau et le sol et les aliments, comme
subsaharienne où perdure une crise d'hygiène, une
nous le disions plus haut. Des liens sont établis, avec
absence d'assainissement systématique et de beauté
certitude, entre certaines pathologies et des indica-
dans le cadre de vie. On se plaint un peu partout de
teurs de pollution tels que certains types de cancer
1'hygiène dans les milieux hospitaliers. On note -
et l'amiante, le benzène, les dioxines et les rayonne-
bien sûr des efforts par-ci et par-là, mais ils sont
ments ionisants; entre des affections neurologiques
encore sporadiques et spontanés. Par conséquent,
et le plomb ainsi que des pesticides; entre des ma-
l'éthique clinique ne saurait se limiter, particulière-
ladies des reins et des métaux lourds. En cas d'alté-
ment en Afrique aux seuls principes moraux appe-
ration de la santé, la médecine a, de tout temps, cher-
lés à guider les relations entre les patients et le per-
ché les causes provenant aussi bien de « l'intérieur »
sonnel de la santé. Elle doit intégrer solidement les
que de
« l'extérieur». Les causes provenant de
valeurs et principes moraux qui doivent orienter les
« l'intérieur» sont considérées comme héréditaires
relations entre les humains et leur environnement
(génétiques), congénitales, fonctionnelles, lésionnel-
naturel et construit, donc une éthique de l'environ-
les, psychosomatiques ou comme des causes dues
nement.
Les
gouvernements
en
Afrique
au système immunitaire, alors que celles provenant
subsaharienne doivent prendre au sérieux la rela-
d'éléments extérieurs sont engendrées par des fac-
tion des citoyens à leur environnement naturel et
teurs physiques (radiations ionisantes), chimiques
construit, non seulement pour le développement éco-
(toxiques) et des facteurs vivants (gennes, micro-
nomique, mais encore et surtout pour leur santé. En
bes, parasites). Enfin, d'autres causes sont considé-
effet, lorsque la maladie s'installe. la destinée d'une
rées comme liées aux comportements personnels ou
personne, voire de tout un pays, peut entrer dans
socioculturels (violence, bruit, tabagisme, alcoo-
un cercle vicieux régressif. L'être humain n'est pas
lisme).
dans son environnement comme une pierre, jetée
Ces preuves scientifiques confinnent la validité de
dans une mare. Il est le seul être capable de com-
l'idée que l'homme est un être plurirelationnel in-
prendre et de conceptualiser sa présence à l'envi-
dissociable de son environnement social, construit
ronnement. 11 est présent à son environnement par
et naturel.
ses sens, son intellect, ses sentiments et sa volonté.
Il en voit la laideur et la beauté et réagit. Il veille à la
santé de son environnement. Il conçoit un idéal de
comportement vis-à-vis de son environnement. Bref.
il conçoit une éthique environnementale. A évaluer
les conséquences négatives de la crise d'hygiène dans
le cadre de vie des Africains, il est de leur intérêt
d'opter pour une éthique clinique holistique. La si-
1 1. Roszak, Person/Planet : The Creative Disintegration oflndustrial
Society, Garden City, NY, Anchor PresslDoubleday, 1978.
tuation environnementale de l'Afrique subsaharienne
2 « Man did not arrive in the world as disembarkingfrom a train in the
city
y interpelle. C'est une question de justice et de sur-
il, in : Paul Shepard, The Subversive Science: Essays Toward an
Ecology ofMan, Boston, Houghton Mifflin Co. , 1969, p. 4
vie que de pennettre à chaque personne d'avoir ac-
J A. Leopold, A Sand ofCounty Almanac : An Essays on conservationfrom
Round RiveT, Oxford, Oxford University Press, 1981 ,p.204.
cès à une éducation environnementale et d'avoir
'Ibid P 224-225
84
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (le. Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
conscience d'une éthique environnementale qui lui
environnementales, il serait difficile pour l'Afrique
pennette de prendre des décisions éclairées et bé-
subsaharienne d'assainir le cadre de vie, d'amélio-
néfiques. On ne saurait réserver la connaissance et
rer l'hygiène et la santé publique, d'intensifier les
l'application d'une éthique environnementale à une
actions de prévention et de développer une indus-
classe privilégiée de professionnels (professionnels
trie phannaceutique exploitant ses immenses res-
de la santé). Chaque citoyen doit pouvoir agir en
sources en biodiversité terrestres et océaniques.
son âme et conscience vis-à-vis de l'environnement,
c'est-à-dire appliquer consciemment une éthique
CONCLUSION
environnementale pour se garantir et garantir aux
autres un environnement sain. Chaque citoyen doit
Cette étude est l'exposé de notre point de vue sur le
être sensibilisé à l'éthique des valeurs de la clinique
lien insécable entre l'éthique clinique et l'éthique
et de 1'hôpital comme entités indissociables de l' en-
environnementale comme fondée dans la nature hu-
vironnement social, naturel et construit. N'est-il pas
maine. Point de vue substantiellement soutenu, d'une
regrettable de trouver des cliniques dans certaines
part, par le paradigme de l'homme conçu comme
villes africaines à côté des dépotoirs ou des bars ou
être intégré à l'environnement naturel et construit,
des ateliers de mécanique d'où s'élèvent des bruits
et d'autre part comme être capable de se séparer
stridents à longueur de journée? Les mesures de
abstraitement de celui-ci. La conclusion pratique de
protection des populations contre les nuisances so-
l'article, est que les pays de l'Afrique subsaharienne,
nores ne sont rigoureusement appliquées dans aucun
dans leurs efforts pour la promotion et la protection
pays de l'Afrique subsaharienne.
du « droit qu'à toute personne de jouir du meilleur
état de santé physique et mentale qu'elle soit capa-
III - SUR LA COMPLEMENTARITE DES
ble d'atteindre »1, devront élaborer et appliquer
APPROCHES CURATIVES ET PREVENTI-
d'une part une charte relative à l'environnement et
VES
à la santé - un peu comme l'a fait la France -, et
d'autre part des politiques à la fois curatives et pré-
Le même paradigme de l'anthropologie holistique
ventives de la maladie qui sensibilisent efficacement
qui fonde logiquement la complémentarité entre les
les populations à une philosophie de 1'hygiénisme
éthiques cliniques principistes, critique et l'éthique
comme c'était le cas en Europe aux 18ème et 19ème
environnementale dans ce que nous convenons d' ap-
siècles. L'éducation et la sensibilisation des profes-
peler l'éthique clinique holistique fonde également
sionnels et de la population en général à une éthique
la complémentarité entre les approches curatives et
environnementale cohérente et facilement applica-
préventives d'une part, et de l'autre, entre les in-
ble ne doit pas être perçue comme un luxe, mais
dustries pharmaceutiques et de l'assainissement. On
comme une nécessité vitale. Cette éthique devrajus-
ne saurait dissocier ces approches et ces industries
tifier le refus du diktat de qui que ce soit d'aban-
sans enfreindre aux droits des personnes à un envi-
donner les politiques des grands travaux d'assainis-
ronnement sain et à un meilleur état de santé parti-
sement et d'aménagement sanitaire. C'est encore elle
culièrement dans le contexte africain. Encore une
quijustifiera en Afrique, comme le dit si bien Marc-
fois, sur ce point, les idées de Marc-Louis Ropivia
Louis Ropivia, les politiques de
sont d'une grande sagacité: il pense en effet que la
réalisation de grands travaux de drainage
victoire des pays en développement sur la maladie
et d'assainissement des zones marécageu-
passe avant tout par « l'élaboration, puis l'appli-
ses où pullulent les vecteurs des grandes
cation par les Etats de politiques d'assainissement
endémies tropicales ... , l'amélioration de
fondées sur la philosophie de l 'hygiénisme .»1 Cette
l 'hygiène et de la santé publique en élimi-
philosophie est le nerf même de ce qu'il convient
nant les zones insalubres en milieux urbain
d'appeler une éthique environnementale qui garan-
tit à l'homme africain son droit et lui rappelle son
devoir de vivre dans un environnement naturel et
construit favorable à sa santé.
, M,-L. Ropivia, op.cit., p.207.
Sans une éthique environnementale cohérente qui
'ONU. Pacte international relatifaux droits économiques, sociaux et
pennette aux individus d'intérioriser des nonnes
culturels, New York, ONU, 1976, Article 12.
'Ibid. p.215.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)
85

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
et rural et en intensifiant les stratégies de
prévention ..., le développement, par le biais
9. CALLICOTT, (D. J.), 1987. ed., Companion
de la coopération Sud-Sud, d'une industrie
to A Sand Country Almanac : Interpretive
pharmaceutique exploitant le grand poten-
and critical Essays. Madison,
tiel de la biodiversité de la zone intertropi-
University ofWisconsin Press.
cale ... 2
10.
, 1988. In Defense ofthe
Le lien entre la santé et l'environnement lance un
Land Ethic : Essays in Environmental
véritable défi aux individus, aux institutions pour
Philosophy. Albany, State
plus de réflexion sur les attitudes fondamentales et
University of New York Press.
les valeurs et principes éthiques qui doivent orien-
ter les comportements individuels et collectifs et
11.
, 1994. Earth's Insights :
marquer profondément les caractères des citoyens.
A Survey ofEcological Ethics from the
Les lois environnementales seules ne suffissent pas
Mediterranean Basin to the
pour changer les comportements, il faut agir sur les
Australian Outback. Berkeley,
attitudes et consciences individuelles. C'est là une
University
des tâches de l'éducation à l'éthique de l'environ-
ofCalifomia Press.
nement qui responsabilise à l'écosanté. Agir positi-
vement sur les comportements en vue d'un envi-
12.
, and da ROCHA
ronnement sain est une tâche interdisciplinaire.
Fernando (J. R.), 1996. Eds. Earth Summit
Ethics

Toward a Reconstructive Education.
BIBLIOGRAPHIE
New York, State University of New
York Press.
1. ACOT, (P.) et FAGOT-LARGEAULT, (A.),
2000. L'éthique environnementale, Paris,
13. CANTO-SPERBER, (M.), 1999.
Sciences en Situation.
Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale,
Paris, P. U.F.
2. ARISTOTE, 1962. La politique, Paris, Vrin.
14. DESCARTES, (R.), 1968. Méditation, VI. Cité
3. ATTFIELD, (R.), 1991. The Ethics of
par Georges Pascal, Les grands textes de
Environmental Concern, (2nd ed). Athens,
la philosophie, Paris, Bordas, 1968.
University of Georgia Press.
4.
, and BELSEY, Andrew,
15. DESJARDINS, (J. R.), 1993. Environmental
1994. eds. Philosophy and the Natural
Ethics: An Introduction to Environmental
Environment, Cambridge, Cambridge
Philosophy. Belmont, California,
University Press.
Wadsworth,.
5. BEAUCHAMP, (A.), 1991. Pour une sagesse
16. DORST, (J.), 1965. Avant que Nature ne
de l'environnement, Montréal, Novalis.
meurt, Neuchâtel (Suisse), Delachaune et
Niestlé.
6.
,1993. Introduction à l'éthi-
que de l'environnement, Montréal, Paulines.
17. FERRY, (L.), 1992. Le nouvel ordre écologi-
que. L'arbre, l'animal et l'homme. Paris,
7. BOURG, (D.), (ed.). La nature en politique ou
Grasset.
l'enjeu philosophique de l'écologie, Paris,
L'Harmattan, 1993.
18. FUCHS, (E). et HUNYADI, (M.), 1992.
(eds). Ethique et natures. Genève, Labor et
8. BRENNAN, A.) 1988. Thinking about Nature
Fides.
: An Investigation ofNature value and
Ecology, Athens, University of
19. HOTTOIS, (G) et MISSA, (J.-N.), 2001.
Georgia Press.
Nouvelle Encyclopédie de Bioéthique.
86
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1'" Semestre)

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Médecine, Environnement, Biotech-
32. PLATON, 1966. La République, Paris. Flam-
nologie, Bruxelles, DeBoeck Université.
manon.
20. JONAS, (H.), 1990. Le principe responsabi-
33. ROLSTON, Holmes, III. 1986. Philosophy
lité, Paris, Cerf.
Gone Wild. Buffalo, Prometheus.
21.
,2000. Une éthique pour la na-
34.
. 1988. Environmental
ture, Paris, Desclée de Brouwer.
Ethics, Dulies to and Values in the Nutural
World, Philadelphia, Temple
21. LAR.R.ERE. (C.), 1997. Les philosophies de
University Press.
l'eJ1rirol1J1ement. Paris, P.u.F.
35.
, 1994. Conserving
23. LARRERE, (C.) et LARRERE, (R.). 1997.
Natural Value. Perspectives in Biological
Du bon usage de la nature. Pour une
Diversity Series. New-York.
philosophie de l'environnement,
Columbia University Press.
Paris, Aubier.
36. ROPIVIA, (M.-L.), 2003. "La géostratégie
24.
, 1997. La crise
des firmes pharmaceutiques face aux défis
environnementale, Versailles, Editions INRA.
sanitaires de la zone intertropicale à
l'aube du 21 e siècle" . in Revue du
25. LEOPOLD, (A.), 1991. A Sand ofCounty
CA.ME.S.. Série B.Vo1.005 N°1-2.
Almanac : An Essays on Conservation from
pp.207-216.
Round River, New York.
Balantine Books.
37. ROSZAK , (T.), 1978. PersonlPlunet : The
Creative Disintegration ofIndustrial
Socief)~
26. LEVI-STRAUSS, (C.), 1968. L'origine des
Garden City, NY, Anchor Press/
manières de table, Paris, Plon.
Doubleday.
27. MARIETTA, (D. E.) Jr., 1995. For People
38. SERRES, (M.), 1990. Le contrat naturel,
and the Planet. Holism and Humanism in
Paris, François Bourin.
Environmental Ethics.
Philadelphia, Temple University Press.
39. SESSIONS, (G), 1995. ed. Deep Ecology for
the 21 st Century, Boston, Shambhala.
28. MERLEAU-PONTY, (M.), 1964. Le visible
et l'invisible, publié par Cl. Lefort, Paris,
40. SHRADER-FRECHETTE, (K.), 1981. (ed.)
Gallimard.
Environmental Ethics. Pacifie Grove,
Calif., Boxwood Press.
29. NASH, (R. F.), 1988. The Rights ofNature:
A History ofEnvironmental Ethics,
41. SIEGLER, (M)., PELLEGRINO (E.D.),
Madison, University of Wisconsin
SINGER, (P.A.), 1990. "Clinical medical
Press.
ethics" , in The journal ofClinical
Ethics, 1(1), p.5-15.
30. OST, (F.), 1995. La nature hors la loi, Paris,
La Découverte.
42. SHEPARD, (p.), 1969. The Subversive
Science: Essays Toward an Ecology of Man,
31. PASSMORE, (J.), 1974. Man s
Boston, Houghton Mifflin Co..
Responsibility for Nature : Ecolo~ical Problems
and

43. SINGER, (P.), 1979. Pratical Ethics.
Western Tradition, New York,
Cambridge University Press.
Charles Scribners'.
44.
, 1992. Animal Liberation: A
Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)
87

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
new Ethics for our Treatment ofAnima/s,
New York, Avon Books.
45. TAYLOR (W. P.), 1986. Respect for Nature:
A Theory ofEnvironmenta/ Ethics.
Princeton, N.J., Princeton University
Press.
88
Revue du CAMES - Nouvelle S~rie B, Vol. 007 N° 1-2006 (1'" Semestre)