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Sciences sociales et humaines
UN PROCESSUS DE LEXÉMATISATION PAR ALTÉ-
RATION PHONIQUE ET TONALE ET PAR ELLIPSE
EN ÈWÈ : LE CAS DES NOMS DES MOIS ÈWÈ.
Kossi Antoine AFELI
Université de Lomé-TOGO.
A - Symholes et ahréviations
Ca
Complétant

Complété
Déf.
Défini
Dér. thém.
Dérivatifthématique
Qa
Qualifiant

Qualitié
Pro. pers. aIl. sing. ou pl.
Pronom personnel allocutif singulier ou pluriel
Pro. pers. subst. sing. ou pl. Pronom personnel substitutif singulier ou pluriel
Suj. ou Complt.
Sujet ou Complément
Q
Se lit comme la voyelle postérieure orale du 3è degré
d'aperture: ë. Ce symbole est adopté pour permettre la notation des tons
B - Notation tonale
Elle est celle que nous avons proposée dans AfeJi (l989) et que nous rappelons ici (avec ajout d'un point
5) :
1)- Chaque syllabe initiale d'un mot sera notée avec un ton si celui-ci est le ton haut ou l'allotone bas;
2)- Tout mot ou toute syllabe initiale sans marque tonale sera à réaliser avec l'allotone moyen;
3)- Toute syllabe autre que l'initiale sans marque tonale a le ton de la syllabe immédiatement précédente
du même mot pourvue d'une marque tonale;
4)- L'allotone moyen ne sera explicitement marqué que lorsqu'il est immédiatement précédé dans le
même mot par le ton haut ou l' allotone bas;
5)- Les tons modulés seront tous marqués.
N.B. S'agissant d'un mot complexe, c'est-à-dire formé de plus d'un monème, si les divers monèmes
constitutifs sont écrits séparément ou séparés par un tiret. ils sont à considérer chacun comme un monème
isolé et donc sont soumis aux règles de notation tonale énoncées plus haut.
C-RESUME
A côté de la classique formation de noms composés èwè par la combinaison de lexèmes (Nom + Nom; Nom +
Adjectif), on trouve aussi en èwè des noms complexes, les soi-disant conglomérés, en nombre non négligeable formés
à partir d'énoncés dont la transformation de certains éléments ne permet plus ou difficilement de les reconnaître
comme énoncés.
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1er Semestre)
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Sciences sociales et humaines
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Partant de J'analyse des noms des mois èwè,j'ai pu identifier un certain nombre de ce type de noms conglomérés qui
sont ainsi en nette voie de lexématisation (ou lexicalisation). En effet, leurs étymologies, à moins qu'on en ait fait
une étude systématique, se perdent dans la nuit des temps, ou pour ainsi dire sont oblitérées dans la mémoire, et sont
loin d'ètre évidentes pour l'usager ordinaire de la langue.
Cette étude nous a ainsi permis de Illettre en évidence une autre ressource, productive, de création lexicale en
èwè et de soulever aussi quelques interrogations par rapport à la théorie des constructions sérielles en èwè.
ABSTRACT
Alongside the c1assical fonnation ofEwe compound nouns by combination of stems (Noun +NOlln, Noun +Adjective),
quite a few complex nouns, the so-called conglomerates, are also formed in Ewe out of sentences of which the
transformation of some component elements does not make it any more possible or easy ta recognise them as
sentences.
From the analysis of the nouns ofEwe months, J have got to identit)t a certain number ofthis type of conglomerate
nOllns \\\\hich appear to be in a c1ear process of lexicalisation. As a matter offact, their etymologies, unless they have
nccn systematically studied, are now lost in the mist of time and far from recalling for the average user of the
language. This paper has thus enabJed me both to highlight another productive process of lexical modernisation in
Ewe and ta question the validity of the theory of seriaI constructions in that language.
INTRODUCTION
L'analyse des noms des mois èwè
Le calendrier èwè comporte treize mois (13) au lieu
de douze (12) comme dans le calendrier européen.
- Le premier mois de l'année s'appelle Dzàvé, (du
Le treizième mois s'appellerait fààvé, litt.:»défriche
nom composé /dzové/, de structure CaCé, avec /è-
la forêt», c'est-à-dire le temps de défrichage des
dzo/ «Dérivatifthématique2 -feu, en fonction de Ca»
forêts, (de /fo/ «battre» + /à-vé/ «Dér. thém.-fo-
+ /à-vé/ «Dér. thém.-forêt, en fonction de Cé»), litt.
rêt»). Mais à quel moment exact de l'année se si-
«forêt de feu ou forêt en feu». Il est orthographié:
tuerait-il? Cela reste à déterminer.
Dzove. Il tirerait ce nom de la chaleur dégagée à ce
moment-là par les forêts ou broussailles défrichées
Mais sur cette base, le mois èwè comporte 28 jours
en vue des nouvelles semailles et en instance d'être
et cela dégage, par rapport au calendrier européen,
brûlées. C'est le mois de janvier dans le calendrier
un treizième mois de 29 jours exactement, qui s'ex-
européen.
plique comme ci-après:
- Le deuxième mois s'appelle Dzàdze, (du nom com-
..
posé /dzodzè/, de structure QéQa, avec /è-dzo/ «Dér.
- sur les 4 mois de 30 jours chacun de l'année civile
thém.-feu, en fonction de Qé» + /dzè/ «rouge, en
(avril,juin, septembre et novembre) ), 8 jours au total
fonction de Qa»), litt. «feu rouge». Il est orthogra-
se dégagent, soit à raison de 2 jours par mois;
phié : Dzodze. Il devrait ce nom à la grosse chaleur
qui continue après le défrichage des champs et avec
- sur les 7 autres mois de 31 jours chacun de l'année
la mise à feu aux herbes débroussaillées et mises en
civile Ganvier, mars, mai, juillet, août, octobre et
tas. Le feu qui brûle donne une impression de cou-
"y
. décembre), se dégagent 21 jours au total, soit à rai-
leur rouge vif à la nature. C'est le mois de février.
son de 3 jours par mois.
.. La somme du nombre dejours supplémentairesdé-
1 Le mois de février n'est pas pris en compte parce qu'il ne com-
gagés par ces deux catégories de mois donne 29
porte déjà que 28 jours.
2 Pour ce qui est du Dérivatif thématique (en abrégé Oér. thém.)
jours, soit le correspondant d'un nouveau mois, le
et de son traitement, cf. Afeli , La dérivation en èwè, 1990.
treizième.
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- Le troisième mois s'appelle Tèdoxé. Il résulterait
sja m 1 + 1 éyè nàlQ ml, qui s'analysent en : Isja 1
de l'énoncé verbal simple: lè-tèdo xé/, qui s'ana-
«sèche» + lm 1 «Pro. ail. complt. 1ère pers. sing. à
lyse en deux constituants syntaxiques, un constituant
ton bas», + (léyè 1«morphème coordinatifd'énoncé»
sujet: lè-tèdol, sous forme de syntagme nominal de
+ Inè 1«Pro. ail. suj. 2ème pers. sing.» + la-I «futur»)
structure CaCé, qui s'analyse lui-même en : lè-tèl
+ IIQ 1«ramasser» + Iml «Pro. ail. complt. 1ère pers.
«Dér. thém.-igname, en fonction de Ca» + lè-dàl
sing. à ton bas», litt. «sèche-moi et ramasse-moi».
«Dér. thém.-trou», en fonction de Cé», + un consti-
Après ellipse du morphème coordinatif, du pronom
tuant verbal :jxél «est bouché», litt. «le trou des
allocutif sujet et du morphème du futur, on obtient
buttes d'ignames est comblé». Il tirerait ce nom du
l'énoncé: Isjam lQm/, orthographié: SiamlQm. Il
fait que les premières pluies de la grande saison plu-
tirerait ce nom du fait qu'à cette période la pluie et
vieuse qui commence à ce moment-là permettent
le soleil alternent à un rythme si accéléré que les
de combler les trous préparés pour les buttes d'igna-
produits des récoltes (maïs, cacao, etc.), à peine
mes. C'est le mois de mars.
séchés quand il y a un bout de soleil, doivent pres-
que aussitôt après être ramassés à cause d'une pluie
- Le quatrième mois s'appelle ÀfQfiE. Il résulterait
soudaine. C'est le mois de juillet.
de l'énoncé verbal simple: là-fQ fjal, qui s'analyse
en deux constituants syntaxiques, un constituant
- Le huitième mois s'appelle Dàsiamime.Il résulte-
sujet: là-fQ 1 «Dér. thém.-pied» + un constituant
rait de l'énoncé verbal simple: Iwo dé à-si à-mi mè
verbal: Ifjal «brûle», litt. «le pied brûle». Il tirerait
l, qui s'analyse en en deux constituants syntaxiques,
ce nom du fait que la chaleur s'intensifiant, le sol
un constituant sujet : (lwol «Pro. pers. subst. suj.
devient très chaud et brûle les pieds (généralement
pl.») + un constituant verbal: Idé à-si à-mi mè l, qui
nus). Par altération vocalique et tonale du lexème
s'analyse lui-même en: Idé 1«ont mis» + là-sil «Dér.
verbal, là-fQ fja lest devenu àfQijE, orthographié
thém.-main» + là-mil «Dér.thém.-huile, graisse» + 1
AfQfiE. C'est le mois d'avril.
1«nom locatif: intérieur, dans», litt.: «ils ont mis
la main dans l'huile». A la suite de l'ellipse du cons-
- Le cinquième mois s'appelle DàmE. Il résulterait
tituant sujet, il n'est plus resté que le constituant
de l'énoncé verbal simple : Ixéxe-a-mè dé à-mà l,
verbal Idé à-si à-mi mè l, qui subira une coalescence
qui s'analyse en deux constituants syntaxiques, un
vocalique au niveau du lexème verbal et du dériva-
constituant sujet: Ixéxe-a-mè/, qui s'analyse lui-
tif thématique de la base nominale, tandis que le
même en : Ixéxel «Dér. thém.-nature» + I-a 1 «dé-
noyau syllabique en ayant résulté subira tour à tour
fini» + Imèl «nom locatif: intérieur, dans» + un cons-
une autonomie tonale et une coalescence tonale et
tituant verbal: Idé à-màl «est vert, verdoyant», litt.
qu'il se produira une assimilation tonale entre la
«la nature a verdi». Il tirerait ce nom du fait que, la
voyelle finale de la première base nominale et le
saison des pluies s'étant installée, toute la nature a
dérivatif thématique de la seconde base nominale.
verdi. Après ellipse du constituant sujet Ixéxe-a-mè
On obtiendra successiv.ement les formes suivantes:
l, il n'est plus resté que le constituant verbal Idé à-
dâsiàmimè, puis dàsùimimè, orthographié
1qui, par altération de la voyelle finale I-à 1de la
Dasiamime. Il tirerait ce nom du fait que les nou-
base nominale là-mà 1 et après contraction vocali-
velles ignames donnent grande envie aux enfants
que et tonale au niveau du lexème verbal et du déri-
d'en manger. Dans leur empressement pour se laver
vatifthématique de la base nominale, devient dàmE,
les mains, ceux-ci se tromperaient souvent en les
orthographié: DamE. C'est le mois de mai.
plongeant dans la marmite d'huile de leurs mères
croyant se les laver dans de l'eau. C'est le mois
- Le sixième mois s'appelle Màsà. Il tirerait ce nom
d'août.
de celui d'un arbre, Imàsé l, qui fleurit à ce mo-
ment-là et dont les fleurs provoquent un rhume de
- Le neuvième mois s'appelle ÀnYQnYQ. Il résulte-
foin avec toux, maux de tête et fièvre. Par altération
rait de l'énoncé verbal simple: I(è-tsi lè) nYQnYQ
vocalique et tonale, le lexème nominal Imàsé 1est
(m) 1«il tombe du crachin», qui s'analyserait en deux
devenu màsà, orthographié Masa. C'est le mois de
constituants syntaxiques, un constituant sujet: lè-
juin.
tsi 1«Dér. thém.-pluie» + un constituant verbal: Ilè
nYQnYQ m 1 qui s'analyse lui-même en : Ilè ...m 1
- Le septième mois s'appelle SüimlQm. Il résulterait
«morphème progressif discontinu, avec la particule
de l'énoncé verbal complexe à deux propositions: 1
dicto-modale lm 1à ton haut» + InYQ 1«tomber sous
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1er Semestre)
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forme de crachin» : base verbale dont le redouble-
Une autre version explique Kèle
comme la
ment est exigé par le morphème progressif. Il tire-
troncation du nom dérivé kèléle «haine». (de lié
rait ce nom du fait que c'est la petite sai son des
è-kè/. litt. «attraper Dér. thém.-haine». i.e. «haïr»).
pluies et que la pluie tombe sous forme de crachin.
A cette période de l'année. il arrive qu'il pleuve dans
Dans la nominalisation de cet énoncé. il va se pro-
le champ d'un voisin et pas dans celui de l'autre.
duire une ellipse du sujet et du morphème progres-
Cela engendre de la haine chez ce malheureux contre
sif 1 1 et, par altération tonale. le ton haut de la
son voisin plus fortuné. car il pense que ce dernier a
deuxième syllabe du lexème verbal redoublé va de-
jeté un mauvais sort à son champ.
venir bas comme par assimilation tonale sous l' ac-
tion du ton de la première syllabe dans le nom qui
Des deux interprétations de kèle, la première nous
en est issu. En fait. dans le redoublement normal
paraît plus plausible que la seconde pour deux rai-
d'un lexème verbal monosyllabique à ton haut. c'est
sons au moins:
seulement la première syllabe qui porte le ton bas
tandis que la deuxième syllabe conserve le ton haut
- la première raison est qu'un tel mauvais sort cau-
du lexème. soit: nyQnyQ. Il y a donc eu ici un nivel-
sant privation de pluie. si mauvais sort il y a. aurait
lement tonal par réalisation de tout le nom avec le
dû être plus logiquement utilisé pendant la grande
ton bas. L' affixation du dérivat(f thématique là-I à
saison pluvieuse (i.e. mars-juin), où il aurait certai-
cette forme redoublée achève de la nominaliser com-
nement fait plus mal si l'on avait effectivement une
plètement et ne permet plus de la relier facilement à
mauvaise intention. Or rien de tel ne se constate à
son étymologie. Le redoublement sous lequel il s'est
ce moment-là;
fixé semble imitatifdu caractère continu de la pluie
de cette saison. C'est le mois de septembre.
- la deuxième raison est que les pluies de kèle sont
plutôt capricieuses. Il est donc peu vraisemblable
- Le dixième mois s'appelle Kèle. Son nom est attri-
qu'elles tombent pendant toute cette période uni-
bué à deux sources possibles. Une première source
quement dans le champ d'un voisin et «sautent» sys-
veut qu'il s'agisse d'une plante, Ikèlè l, qui abonde
tématiquement celui de l'autre. Chacun est suscep-
à ce moment-là et dont le contact donne des dé-
tible d'en bénéficier comme d'en être privé. Ce
mangeaisons, d'où le dicton: Kèlèmèâ6 métsria ?ui
dixième mois est le mois d'octobre.
fiE d, qui se traduirait comme: «On ne manque pas
de se gratter le corps lorsqu'on pénètre dans le buis-
- Le onzième mois s'appelle Àdèr,mèkpQxè. Il ré-
son constitué par kèlè «. Il s'analyse comme suit: 1
sulterait de l'énoncé verbal simple:
kèle 1 «plante kele» + Imè 1 «nom loc.: intérieur.
là-dèdà-hi mé-kpQ-na è-xè à/, qui s'analyse en deux
dans» + Id6 1 «entrer» (avec troncation de Idàd6 1
constituants syntaxiques, un constituant sujet: là-
«le fait d'entrer») + Imé-I «morphème négatif de
dèdà-lâ 1«chasseuf», qui s'analyse lui-même en : 1
verbe» + Itsri 1 «détester, éviter» + I-na 1 «fréquen-
à-dè 1«Dér. thém.-chasse» + (/dàl «chasser») + I-lâ
tatif à ton contextuel (i.e. prend toujours le ton du
1«nominalisateur de verbe altéré en I-É 1au lieu que
verbe auquel il est suffixé) et s'altérant en I-a 1lors-
ce soit en I-a I.la forme standard: il s'agit donc ici
que le verbe est suivi d'un nom soit comme com-
d'une forme locale (cf. Afeli 1990 : 19-20) « + un
plément du verbe soit tout simplement comme une
constituant verbal: Imé-kpQ-nâ è-xè à 1. qui s'ana-
expansion nominale dont il est
élargi» + lè-?ui 1
lyse en: Imé-I «morphème négatif de verbe» + Ikp2
«Dér. thém.-corps, extérieur» + !fi 1 «gratter» + I-
1«a vu, a trouvé» + (Ina! «fréquentatif à ton contex-
na 1 «fréquentatif (altéré en I-E 1 au lieu de rester
tuel») + lè-xèl «Dér. thém.-'biseau») + (là 1 «parti-
sous sa forme de base I-na 1: il s'agit ici sans aucun
cule dicto-modale (p.d.m.) de négation d'énoncé»),
conteste de la réalisation d'une variante locale dif-
litt.: «le chasseur ne trouve généralement pas de gi-
férente de la forme standard)>> + là 1«particule dicto-
bier» ; c'est-à-dire qu'il revient souvent bredouille
modale (p.d.m.) de négation d'énoncé». La vraie
de sa chasse. La vraie forme de base de laquelle est
forme de base du dicton semble donc être: 1
dérivé ce nom semble donc être: làdèdalâ mékpQna
kèlemed6do métsrina ?ui fi-nà à 1(<<Le fait d'entrer
èxe 0/. Cette forme subira, au niveau du constituant
dans ce buisson ne manque pas de faire se gratter le
sujet, une ellipse du verbe et une altération du
corps»), qui devient en surface, d'abord: Kèlemeâ6
nominalisateur, et au niveau du constituant verbal
métsria ?ui fina à , puis finalement : Kèlemeâ6
une altération tonale du morphème négatif, l'ellipse
métsria ?ui fiE 0.
du fréquentatif et de la particule dicto-modale de
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Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)

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Sciences sociales et humaines
négation d'énoncé et aboutira successivement en
leur transfonnation en thèmes nominaux. En exem-
surface à : àdeld mékpQ.a xè o. puis à àdèemèkpQxè,
ple. nous avons:
orthographié: AdeEmekpQ.xe. Ce mois tirerait son
nom du fait que le temps étant couvert de brouillard
ÀfQ.fiE «avril». DàmE <~uin» : par leur altération
à ce moment-là et la visibilité très mauvaise. le chas-
vocalique et tonale et l'ellipse de certains de leurs
seur distingue très malles oiseaux. qui. de plus aver-
éléments. ils ne permettent plus de voir qu'ils pro-
tis par le bruit des feuilles sèches foulées, s'envo-
viennent respectivement de /àfQ fja / et de /
Ient de devant lui à sa barbe. C'est le mois de no-
(xéxéamè) dé àma /. Il en va de même de ÀnyQnyQ. .
vembre.
Tèdoxé «mars», SiamlQm <~uillet» et Dàsidmimè
- Le douzième mois s'appelle Dzomè, (du nom com-
«août», de par la désorganisation actuelle des sai-
posé /dzome /, de structure Complétant - Com-
sons. n'évoquent plus non plus celles qui les ont fait
plété (CaCé). avec /è-dzo/ «Dér. thém.-feu, en fonc-
naître. Certes, SiamlQm, de par sa structure interne.
tion de Ca» + /mè/ «nom locatif: intérieur. dans. en
se laisse encore deviner comme une base complexe,
fonction de Cé»). litt: «dans le feu, intérieur du feu»,
mais le mois de juillet ne correspond plus ou de moins
C'est la période de grosse chaleur. C'est le mois de
en moins à l'explication qu'on en a donnée. C'est
décembre.
un mois de mousson. froid, non plus caractérisé par
Processus de lexématisation
l'alternance de soleil et de pluie, mais même plutôt
par la rareté de pluies. Dàsidmimè est doublement
A part màsa et kèle, qui apparaissent comme des
méconnaissable par rapport à son étymologie: d'une
lexèmes nominaux ou plus précisément comme des
part il a subi une importante modification tonale.
thèmes nominaux (pour plus de détails, cf. Afeli 1978
passant de Dâsiàmimè à Dàsiamimè (avec les tons
et 1990), dzové, dzodze et dzome, qui apparaissent
modulés nivelés en tons ponctuels par fait de
comme des noms composés, les autres noms de mois
coalescence tonale et d'assimilation tonale) : d'autre
èwè sont des conglomérés constitués par des énon-
part. à cause à la fois de la saison de moins en moins
cés verbaux convertis en substantifs (Benvéniste
clémente et de la masse de travail que cela exige.
1974 : 171). lesquels sont soit en nette voie de
l'on plante de moins en moins d'ignames et ainsi les
lexématisation soit complètement lexématisés (cas
enfants ont de moins en moins l'occasion d'en man-
de à-nyQnyQ.). En effet. si nous reconnaissons avec
ger avec la liesse d'antan.
Benvéniste (1974 : 171) que le trait général de ces
conglomérés est qu'ils forment une construction
ÀdèemèkpQxè est un nom complexe qui, par ses
complexe soudée en un bloc. en revanche. en èwè.
transformations, devient difficile aussi à identifier
des éléments de ce bloc sont toujours « mutilés ou
par rapport à ses étymologies et est donc en nette
altérés ». Ainsi. à moins qu'on ait fait une étude
voie de lexématisation.
systématique de ces conglomérés en èwè, leurs éty-
mologies se perdent dans la nuit des temps et sont
Enfin Dzome «décembre», Dzodze <~anvier» et
loin d'être évidentes pour l'usager ordinaire de la
Dzové «février», bien que n'ayant pas subi d'altéra-
langue. On les perçoit ainsi de plus en plus comme
tions ni phonique ni tonale par rapport à leurs éty-
des lexèmes nominaux ou plus exactement comme
mologies. sont certainement aussi en voie de trans-
des thèmes nominaux. en tant que le nom èwè sim-
formation en thèmes nominaux pour ne p:1S dire
ple est minimalement, c'est-à-dire nécessairement,
qu'ils le sont déjà, dans la mesure où leurs étymolo-
formé d'un dérivatif thématique (exprimé ou non)
gies ne sont plus immédiatement perceptibles à l'usa-
et d'un lexème ou radical conjoint (cf. Houis 1977;
ger ordinaire.
Afeli 1978 : 193. et 1990 : 10).
En fait, il existe en èwè d'autres noms complexes
D'une part les altérations phoniques et tonales ob-
de ce type (c'est-à-dire des conglomérés), avec cette
servées avec certains de ces noms de mois, d'autre
particularité qu'ils sont dans leur grande majorité
part la perturbation des saisons qui se remarque de
sous-tendus par un seul type de schème d'énoncé
plus en plus 'depuis quelques années et qui ne per-
verbal qu'ils exploitent diversement. Il s'agit du
met plus de relier facilement l'appellation de ces mots
schème d'énoncé:
aux saisons, contribueront de plus en plus à la
N V
démotivation étymologique de ces noms et donc à
S
p
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1"r Semestre)
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Sciences sociales et humaines
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Remarque
fois ayant jusqu'à quatre ou cinq syllabes et même
plus, les lexèmes (ou radicaux) èwè étant plutôt
1)- Les lettres en haut du trait correspondent pour
m~ioritairementmonosyllabiques et dissyllabiques)
(V) à la classe des verbaux et pour (N) à celle des
ou parfois leur structure interne, qui fait se douter
nominaux (ou des adjectivaux) et les lettres en bas
de leur caractère de bases complexes. Une bonne
aux fonctions syntaxiques qu'assument ces diffé-
partie des noms de mois èwè (Tèdàxé, DàmE.
rentes classes (P = fonction prédicative; S = fonc-
SiamlQm, Dàsiamimè et AdèE;mèkpQxè ), dont nous
tion sujet. etc. ; pour plus de détails, cf. Houis 1977).
venons d'examiner le cas, relève aussi de ce schème
d'énoncé.
Ainsi le verbe peut être constitué par le lexème ver-
bal seul: (N/: cas d'un verbe intransitif sans com-
Ces noms peuvent appartenir à un énoncé verbal
plément ou plus généralement sans expansion no-
simple constitué par une proposition ou à un énoncé
minale), ou par le lexème verbal et son ou ses
verbal complexe constitué par une séquence de pro-
complément(s): ( / V + N (+N) / : cas d'un verbe
positions coordonnées. Dans leur structuration en
transitifet accessoirement attributif( s'agissant d'un
nom, ces énoncés sont le plus souvent contractés
verbe à double complément), ou tout simplement
dans leurs formes de surface, c'est-à-dire qu'ils sont
d'une base verbale et de sa ou ses base(s)
caractérisés par l'ellipse de certains de leurs élé-
nominale(s), c'est-à-dire une locution verbale dont
ments, qui sont presque toujours des morphèmes
un ou tous les éléments constitutifs ne sont plus iso-
grammaticaux (prédicants ou prédicatifs verbaux,
lément identifiables sur le plan sémantique mais qui
coordinatif, particules), des médiatèmes (pronoms)
a un sens global). Elargi dans l'énoncé de prédicants
et parfois des noms, et dont l'ellipse n'affecte pas le
(ou encore verbatifs ou prédicatifs verbaux), le verbe
sens des noms qui en sont dérivés. En revanche, il
devient un constituant syntaxique ct appartient ainsi
n'est presque jamais attesté d'ellipse du verbe (seul
à la classe des verbaux dont il est l'élément central
un cas semble attesté, cf. Structure 13), ce qui mon-
(pour plus de détails, cf Houis 1977).
tre que c'est l'élément central et indispensable de
l'énoncé verbal. Outre l'ellipse, les énoncés
Le nom peut être constitué seulement par le lexème
nominalisés subissent aussi très souvent d'autres
nominal (en èwè, c'est toujours le thème nominal,
phénomènes, telles que l'altération phonique et/ou
c'est-à-dire le dérivatifthématique - exprimé ou non
l'altération tonale. Tous ces phénomènes (ellipse,
- préfixé au lexème ou au radical; pour plus de dé-
coalescence vocalique et/ou tonale, altération pho-
tails, cf. Afeli ] 978 et ] 990) ou par un syntagme
nique et tonale) contribuent ainsi aussi au renforce-
nominal libre, un nom composé, un nom dérivé. un
ment de la lexématisation nominale de ces énoncés.
pronom ou un adjectif nominalisé. Elargi dans
Enfin les noms en ayant résulté dénotent tout un
l'énoncé de nominants (ou déterminants, marque du
trait culturel du peuple èwè, savoir que son activité
nombre), le nom devient un constituant syntaxique
principale était l'agriculture.
ct appartient ainsi à la classe des nominaux dont il
est l'élément central (pour plus de détails, cf. Houis
1977).
1. Structure N(om)-N(om)-V(erbe) : elle
procèderait du schème d'énoncé verbal com-
plet suivant: N(-N) V
2)- L-èwè e~t traditionnellement écrit sans ton. La
S
P
notation tonale que l'on trouvera dans cette étude
est une initiative personnelle.
àfQijE, litt. «le pied brûle» : c'est le nom du mois
d'avril (cf. supra). Il résulterait de l'énoncé verbal:
Sur la base de ce qui précède, on peut identifier en
/à-fQ fjaJ, comme on l'a vu et analysé plus haut. On
èwè une quinzaine de ce type de noms l qui exploi-
note dans la formation de ce nom une altération
tent chacun de façon particulière ce schème d'énoncé
phonique et tonale subie par le verbe: la voyelle /-a
verbal de base. Cette exploitation particulière con-
/ de celui-ci est altérée en
/-E /
fère à chacun de ces noms un caractère unique qui
et son ton haut est devenu ton non-haut.
semble être une raison. entre autres, à la base du
1 Nous remercions K. N. Gbekobu, grâce auquel nous avons pu recueillir ces
processus de lexématisation. Le lien entre le signi-
noms et qui nous en a fourni l'explication.
fiant et le signifié est quasi entièrement arbitraire.
C'est surtout la longueur de ces noms (il y en a par-
28
Revue du CAMES - Nouvelle-Série 8, Vot 007 N° 1-2006 (l<r Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
tèdoxé, litt. «le trou d'igname est bouché»: c'est le
VNN
nom du mois de mars (cf. supra). Il résulterait de
P
l'énoncé verbal: lè-tèdo l, comme on l'a vu et
dàmE, litt. «(la nature) a verdi»: c'est le nom du
analysé plus haut
mois de Mai. Il résulterait de l'énoncé verbal simple
: Ixéxé-a-mè dé à-mà / , comme on l'a déjà vu et
Contrairement au premier exemple de ce schème
analysé plus haut. Il s'est produit dans la formation
d'énoncé et aux autres noms des autres schèmes que
de ce nom l'ellipse de l'élément nominal sujet, la
nous verrons ci-dessous, tèdoxé n'a subi ni ellipse
coalescence vocalique entre la voyelle I-e 1du lexème
(sauf, bien entendu, celle de ces dérivatifs thémati-
verbal et celle du dérivatif thématique la- 1en fa-
ques comme pour tout thème nominal) ni altération
veur de la voyelle du dérivatif thématique (ce qui
phonique ou tonale (quoiqu'il soit réalisé plutôt dif-
est d'ailleurs régulier en èwè) et la coalescence to-
féremment sur lè plan tonal par les speakers de lan-
nale entre leurs tons respectifs de façon plutôt inat-
gue nationale dans les média :[tëd6xè] au lieu de
tendue, dans la mesure où elle se fait plutôt en fa-
[tëdoxé] ; si cette prononciation des speakers finis-
veur du ton non-haut du dérivatif qu'en faveur de
sait par s'imposer dans l'usage, elle renforcerait la
celui du verbe comme cela aurait dû normalement
démotivation de ce nom en l'éloignant davantage
être le cas. La vraie forme de base dont ce nom est
de ses étymologies et contribuerait encore plus à sa
dérivé semble donc être: Ixéxeamè dé àma/ (cf. sens
transfonnation en thème nominal à laquelle contri-
ci-dessus), qui devient en surface: xéxeamè damà,
buaient déjà la perturbation des saisons et le fait que
à partir duquel, après les transformations ci-dessus
les ignames se cultivent aussi de moins en moins
indiquées, va être dérivé le nom: dàmE, orthogra-
comme nous l'avons déjà dit; cf. supra ). La vraie
phié : DamE.
tonne de base des deux noms de ce schème et leur
fonne de surface coïncident donc, soit: làfQ fja 1
kèâizà ,litt. «(elle) rivalise avec la nuit»: c'est le
(cf. sens ci -dessus) et Itèdo 1(cf. sens ci-dessus),
nom donné à une étoile qui rivaliserait avec la nuit
à partir desquels, après les transformations subies
en restant dans le ciel aussi longtemps que la nuit a
comme ci-dessus indiqué, vont être dérivés respec-
duré. Il résulterait de l'énoncé verbal simple:
tivement les noms: àfQtJ"E, orthographié: AfQfiE et
è-di è-zà l, qui s'analyse en deux constituants syn-
tèdoxé, orthographié: Tedoxe. Leur forme de base
taxiques, un constituant sujet: (lé 1«Pro. pers. subst.
relèverait donc du schème d'énoncé verbal simple
suj. sing.») + un constituant verbal: 1kè è-di è-zà 1
complet suivant:
, qui s'analyse lui-même en : Ikè è-di 1 «a rivalisé
avec» + lè-zà 1«Dér. thém.-nuit». Il y a eu ici dans
N(-N) V
la constitution de ce nom ellipse de l'élément pro-
S
p
nominal sujet et la réalisation des deux premières
syllabes du nom avec l'allotone moyen au lieu que
(avec cependant cette différence que le constituant
ce soit avec l'allotone bas comme on aurait pu s'y
sujet dans àfQtJ"E est un thème nominal et un nom
attendre de prime abord (Cf. Afeli, Essai d'une ana-
composé dans tèdoxé. d'où la mise entre parenthè-
lyse tonale dans la phrase èwè, 1985), toutes cho-
ses du 2ème N).
ses qui rendent ainsi ce nom méconnaissable par
rapport à ses étymologies. La vraie fonne de base
Il s'agit dans cette structure d'un énoncé verbal sim-
du nom de cette structure semble donc être:
ple à une proposition indépendante.
èdi èzàl (<<elle rivalise avec la nuit»), qui devient en
surface: é kè âi zà . à partir duquel va être dérivé le
N.B. Bien qu'on puisse tout aussi bien rendre le
nom: kèâizà. orthographié: keâizà .
constituant verbal de ces deux énoncés par le passé,
nous le rendrons ici par le présent, car il s'agit en
dàsiamime, litt. «mettre la main dans l'huile» : c'est
fait d'un présent duratif ou d'un présent gnomique.
le nom du mois d'août, comme on l'a déjà vu. Il
Cette remarque vaut pour les autres cas ci-dessous.
résulterait de l'énoncé verbal simple: 1w6 dé à-si
2. Structure: V(erbe)-N(om)-N(om): elle
à-mi mè l, comme on l'a vu et analysé plus haut. Il y
procèderait du schème d'énoncé verbal sim-
a éu ici aussi, dans la formation du nom de cette
ple incomplet comme ci-après:
structure, ellipse de l'élément pronominal sujet
comme dans les deux premiers exemples, la
Revue du CAMES - Nouvelle Série B. Vol. 007 N° 1-2006 (ter Semestre)
29

Sciences sociales et humaines
-----------------------------
coalescence vocalique entre la voyelle finale /-e / du
structure semble donc être: / é dzè ànyi gblà / «il
lexème verbal et la voyelle /-a / du dérivatif théma-
est tombé avec grand bruit» (par évocation de la
tique du premier nom (complément du verbe) sui-
chute soudaine et brutale que provoque une crise
vant le verbe en faveur de la voyelle du dérivatif. la
d'épilepsie). Cela devient en surface: é dzànyi gblo
coalescence tonale entre le ton haut du verbe et le
. à partir duquel, après les transformations subies
ton non-haut du dérivatif thématique en faveur du
comme ci-dessus indiquées. va être dérivé le nom
ton non-haut du dérivatif (au lieu que chaque ton
dzànyigblo . orthographié : dzanyigblo. La forme
garde son autonomie sous forme d'un ton modulé
de base de ce nom relèverait donc du schème
porté par la voyelle résultant de la coalescence) et
d'énoncé verbal simple complet suivant:
l'assimilation tonale du dérivatif thématique du se-
Pro V Adv
cond nom au ton haut de la voyelle finale du pre-
mier nom (pour plus de détails, cf. Afeli 1985). La
S
P
vraie forme de base du nom de cette structure sem-
Il s'agit dans cette structure d'un énoncé verbal sim-
ble donc être: / wo dé àsi àmi mè / (<<ils/elles ont
ple à une proposition.
mis la main dans l'huile»), qui devient en surface:
wo dâ si ami mè, à partir duquel va être dérivé le
4. Structure: N(om)-Nég(atit)-V(erbe)-
nom: dàsiamimè, orthographié: Dasiamime.
N(om) : elle procèderait du schème d'énoncé
verbal simple incomplet comme ci-après:
Les trois noms de cette structure relèveraient
N Nég-V-N
donc du schème d'énoncé verbal simple complet
S
P
suivant:
Pro V N eN) (Nloc)
àder:.mèaùi, litt.: «le chasseur n'en mange pas» : il
S
P
s'agit de la rate, dont on dit que le chasseur ne doit
pas en manger. 11 résulterait de l'énoncé verbal sim-
(avec une seule expansion nominale (complément
pie: /à-dèdà-la mé-dù-nài à/, qui consiste en deux
du verbe) suivant le verbe dans le premier exemple,
constituants syntaxiques, un constituant sujet: /à-
deux dans le second cas et deux expansions nomi-
dèdà-laJ »chasseur», qui s'analyse lui-même en: /à-
nales et un nom locatif dans le troisième exemple,
dè / «Dér. thém.-chasse» + (ldà/ «chasser») + /-Ia !
d'où la mi se entre parenthèses des deux derniers
«nominalisateur de verbe altéré en /r:. /» + un cons-
noms).
tituant verbal: /mé-dù-nài à /, qui s'analyse lui-même
Il s'agit dans cette structure d'un énoncé verbal sim-
en : /mé- / «morphème négatif de verbe» + /dù /
ple à une proposition.
«mange» + (I-na / »fréquentatif à ton contextuel:
3. Structure: V(erbe N(om) Adv(erbe) :
prend celui du verbe, et ne s'altérant pas en /-a /
elle procéderait du schème d'énoncé verbal
quand le complément est un pronom ou quand le
simple incomplet suivant:
V N Adv
fréq uentatif vient en fin d'énoncé» ) + /1 / «Pro. pers.
subst. complt. sing.» + (là / «particule dicto-mo-
dale (p.d.m.) de négation d'énoncé»). Ici se sont
p
produites l'ellipse du lexème verbal nominalisé (pour
dzànyigblo, litt. : «(il) tombe avec fracas». Il s'agit
plus de détails, cf. Afeli 1990 : 18-19), du fréquen-
de l'épilepsie. II résulterait de l'énoncé verbal sim-
tatif et de la particule dicto-modale de négation et
pie: /é dzè à-nyi gblà /, qui s'analyse en deux cons-
l'altération du ton haut du morphème négatif de
tituants syntaxiques, un constituant sujet: (/é / «Pro.
verbe /mé-/ en ton non-haut /mè-/ et du
pers. subst. suj. sing.» + un constituant verbal: /
nominalisateur /-la / en /-r. /. La vraie forme de base
dzè à-nyi gblà /, qui s'analyse lui-même en: /dzè à-
du nom de cette structure semble donc être: /àdedala
nyi / «est tombé» + / gblà / «Adv. : avec fracas, avec
médùnai à / (<<Le chasseur n'en mange pas»), qui
un grand bruit de chute». Ici, il s'est produit dans la
devient en surface: àdela méaùnai 0, à partir du-
formation de ce nom l'ellipse de l'élément prono-
quel va être dérivé, après les transformations ci-des-
minal sujet, la coalescence de la voyelle /-e / du ra-
sus indiquées, le nom: àder:.mèaui, orthographié:
dical verbal et de la voyelle initiale /a- / de l'élément
adeEmeaui
nominal en faveur de la voyelle du nom ainsi que la
coalescence de leurs tons non-hauts respectifs en
àder:.mèkpQxè , litt. «le chaseur n'a pas trouvé de
un seul. La vraie forme de base du nom de cette
gibier» : nom du mois de novembre, ainsi dénommé
30
Revue du CAMES - Nouvelle Série B. Vol. 007 N° 1-2006 (l"r Semestre)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
en raison du temps brumeux qui fait que le chasseur
Nous avons à faire dans cette structure à un énoncé
ne distingue pas bien à la chasse et en revient sou-
verbal simple à une proposition.
vent bredouille. Il résulterait de l'énoncé verbal sim-
pie: 1 à-dèdà-Ia mé-kpQ-na è-xè 0/, qui comporte
5. Structure V(erbe)-Prép(osition)-
deux constituants syntaxiques, un constituant sujet
Pro(nom)-N(om) loc(atit): elle procèderait
: là-dèdà-Ia l, et un constituant verbal: Imé-kpQ-na
du schème d'énoncé verbal simple incom-
è-xè 01. Après avoir subi les diverses modifications
plet comme ci-après:
V-Prép.-Nloc
comme on l'a vu plus haut, cet énoncé aboutit en
P
surface à : àdèla mékpQa xè 0, à partir duquel va
être dérivé le nom: àdecmèkpQxè, orthographié:
kpQcte?u «regarde (-le) par comparaison avec cela»,
adecmekpQxe.
c'est-à-dire: exemple. Il résulterait de l'énoncé ver-
bal simple: /kpQi eté é?u l, consistant en le seul cons-
konQmanycviku, litt.: «la femme stérile ne sait pas
tituant verbal, qui s'analyse en : /kpQ 1«regarde» +
ce qu'est la mort d'un enfant» : il s'agit d'une femme
(lÎ/ «Pro. pers. subst. complt. sing») + letél »en rap-
acariâtre ou d'unepersonne méchante, sans coeur
port avec» + (lé-I «Pro. pers. subst. complt. sing. en
parce qu'elle n'ajamais eu d'enfant. Il résulterait de
fonction de Complété») + /?UI «nom loc.: contre,
l'énoncé verbal simple: /konQ mé-nya-na è-vi è-
extérieur». Il y a eu ici ellipse des éléments prono-
ku 0 l, qui consiste en deux constituants syntaxi-
minaux compléments et la coalescence tonale entre
ques, un constituant sujet: /konQ 1«femme stérile»,
le ton haut du lexème verbal et le ton non-haut de
qui s'analyse lui-même en: lè-kol «Dér. thém.-sté-
l'élément pronominal objet élidé en faveur du ton
rilité» + l-nQ 1«nominalisateur de nom» + un cons-
haut du verbe. La vraie forme de base du nom de
tituant verbal: Imé-nya-na èvi fé èku 0 l, qui s'ana-
cette structure et la forme de surface coïncident et
lyse lui-même en : Imé-I «morphème négatifde verbe
semblent donc être: IkpQi eté é?u l, à partir duquel
altéré en morphème dérivatif de négation Imà-I» + 1
va être dérivé le nom: kpQete?u, orthographié
nya 1«sait», (avec altération de la voyelle I-a 1 du
kpQete?u. La forme de base de ce nom relèverait
lexème verbal en I-E 1) + (/-na 1 «fréquentatif à ton
donc du schème d'énoncé verbal simple complet
contextuel (cf. ci-dessus)>» + lè-vi/ «Dér.thém.-en-
suivant:
V Pro Prép. Pro Nloc.
fant» + (lfé 1 «connectif») + lè-ku 1 »Dér.thém.-
P
mort» +(10 1«particule dicto-modale de négation»).
Il s'est donc produit dans la formation de ce nom
C'est un énoncé verbal simple à une proposition.
l'ellipse du fréquentatif, du connectif et de la parti-
cule dicto-modale de négation d'énoncé, l' altéra-
6. Structure V(erbe)-Pro(nom)-V(erbe)-
tion de la voyelle I-a/ du lexème verbal en I-EI et de
Pro(nom): elle procèderait d'un énoncé
celle du morphème négatif de verbe I-mél en mor-
verbal complexe formé par une séquence de
phème dérivatif de négation I-mà l, le passage du
deux propositions incomplètes comme suit:
ton haut de I-vi 1au ton non-haut I-vi 1devant le ton
V Pro V Pro
haut du mot suivant (pour plus de détails, cf. Afeli,
P
P
Etude de la combinaison des tom.; dans le syntagme
sjamlQm, litt. «sèche-moi (et tu) me ramasse(ras)>> :
nominal èwè à trois éléments, 1984). La vraie forme
c'est le nom du mois de juillet (cf. supra). Il résulte-
de base du nom de cette structure semble donc être
rait de l'énoncé verbal complexe Isjam éyè nè a-
: 1konQ ményana èvi èku 0 1(cf. sens ci-dessus),
lom
-
1, comme on l'a vu et analysé plus haut. Dans
qui devient en surface: konQ ményaa vi fé ku 0, à
cet énoncé nominalisé, il y a ellia coalescence vo-
partir duquel de va être dérivé le nom
calique entre la voyelle du pronom sujet et la mar-
konQmanycviku. orthographié: konQmanYEviku
que du futur en faveur de la voyelle du futur, la
coalescence entre leurs deux tons respectifs en fa-
Les trois noms relèveraient chacun du même schème
veur du ton non-haut du pronom sujet, et l'ellipse
d'énoncé verbal simple complet suivant (avec cette
d'abord du coordinatif d'énoncé. ensuite de'tl'élé-
différence que le complément du verbe est, dans le
ment pronominal sujet et de la marque du futur
premier cas, un pronom, dans le second cas un nom
amalgamés. La vraie forme de base du nom de cette
et dans le troisième cas un syntagme complétif:
structure semble donc être: Isjam éyè nè âlQm l, qui
N Nég-V;Fréq. N
p.d.m.
devient en surface: sjam éyè nàlQm, puis sjam IQm,
S
P
à partir duquel va être dérivé le nom: sjamlQm, or-
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)
31

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
thographié : SiamlQm. La fonne de base de ce nom
Pro Fut-V N + Morph. coord. Pro Fut.-V
relèverait donc d'un énoncé verbal complexe cons-
S
P
S
P
titué par une séquence de propositions et dont le
schème complet est le suivant:
Il s'agit ici d'un énoncé verbal complexe fonné par
une séquence de deux propositions indépendantes
V Pro + Morph. coord. Pro Fut.-V Pro
reliées entre elles par le coordinatif d'énoncé léyè /
P
S
P
11 s'agit ici d'un énoncé verbal complexe à deux pro-
8. Structure: V(erbe)-V(erbe)-N(om)-
positions indépendantes reliées par le coordinatif
N(om) loc(atif) : elle procèderait d'un
d'énoncé léyèl.
énoncé verbal complexe fonné par une sé-
quence de deux propositions incomplètes
7.
V(erbe)-N( om)-Pro(nom)-
comme suit:
V V N Nloc
Fut(ur)+V(erbe): elle procèderait d'un
P
P
énoncé verbal complexe fonné par une sé-
quence de propositions incomplètes comme
dzidéhli5mè . litt.: «(elle) a enfanté (d'un enfant et
suit:
V-N- Pro.-Fut-V
elle 1')a mis dans le crime». C'est le nom par lequel
P
on désigne un enfant bâtard ou adultérin en èwè,
q)kanaku , litt.: «tu maigriras (ou tu dépériras) et tu
i.e. soit un enfant extra-conjugal (par infidélité de la
mourras». C'est le nom donné à la maladie du sida,
femme ou donné par une famille criminelle à la fa-
qui fait maigrir jusqu'à ce qu'on en meure. Il résul-
mille victime en réparation de son crime) ou bien un
terait d'un énoncé verbal complexe à deux proposi-
enfant obtenu d'un premier mari et avec lequel la
tions : â-cU è-ka éyè nè â-kli 1. fonnées chacune
mère est venue en épouser un autre qui a adopté cet
par un constituant sujet et un constituant verbal et
enfant comme le sien propre panni ses autres en-
reliées entre elles par le morphème coordinatif
fants. Ce congloméré nominal résult,erait d'un
d'énoncé léyèl. La première proposition est fonnée
énoncé verbal complexe à deux propositions: dzi
par un constituant sujet (lèl »Pro. ail. 2éme suj.
è-vf éyè wo déi è-hlô mè l, fonnées chacune par un
sing.)>> + un constituant verbal: I(â-) eti è-kà 1 ou 1
constituant sujet et un constituant verbal et reliées
(â-)cU è-kùl , une locution verbale figée, qui se tra-
entre elles par le morphème coordinatif d'énoncé 1
duit par: «maigriras», et qui s'analyse en (lâ-/) «fu-
éyè 1. La première proposition est: dzi è-vf/, et
tur» + leti è-kà/ «maigrir». La deuxième proposi-
s'analyse en un constituant sujet: (lél «Pro.pers.
tion est: 1éyè nè âkli l, qui s'analyse en : (léyèl «
subst. suj. sing.) + un constituant verbal: Idzi è-vf 1
morph.coord. d'énoncé») + un constituant sujet 1
, qui s'analyse lui-même en : 1 dzi 1 «a enfanté. a
nèl »Pro. ail. 2éme pers. suj. sing.» + un constituant
donné naissance à» (+ lè-vf/ «Dér. thém.-enfant»).
verbal: 1âku l, qui s'analyse lui-même en: lâ-I «fu-
La deuxième proposition est: léyè wo déi è-hlô mè
tur» + Ikul »mourir». On constate qu'il y a eu dans
l, et s'analyse en : léyèl «morphème coordinatif
la fonnation du nom de cette structure d'abord l' el-
d'énoncé» + un constituant sujet Iwol «Pro. pers.
lipse du pronom sujet et de la marque du futur de la
subst. suj. sing.: fonne requise par le coordinatif
première proposition, la coalescence entre les voyel-
d'énoncé») + un constituant verbal: 1déi è-hlô mè /
les du pronom sujet et du futur de la deuxième pro-
, qui s'analyse en: Idél »a mis» (+ III «Pro. pers.
position en faveur de celle du futur et la coalescence
subst. complt. sing») + lè-hlôl «Dér. thém.-ven-
tonale entre leurs deux tons respectifs en faveur du
geance, crime» + Imèl «nom locatif: intérieur, dans».
ton non-haut du pronom sujet; ensuite l'ellipse du
On note dans la fonnation du nom de cette struc-
coordinatifd'énoncé. La vraie fonne de base du nom
ture l'ellipse des éléments pronominaux sujets. des
de cette structure semble donc être: âeti èka éyè
nom et pronom compléments, et du coordinatif
nè âkli l, qui devient en surface: eti kà éyè nàku,
d'énoncé. La vraie fonne de base du nom de cette
puis eti kà nàku, à partir duquel va être dérivé le
structure semble donc être: dzi èvf éyè wo déi
nom: etikanaku, orthographié: etikanaku. La fonne
èhlô mè 1 (<<elle a fait un enfant adultérin ou bâ-
de base de ce nom relèverait donc d'un énoncé ver-
tard»), qui devient en surface: é dzi vi éyè wo déi
bal complexe constitué par une séquence de deux
hli5 mè, à partir duquel, à l'issue des transfonna-
propositions et dont le schème complet est le sui-
tions ci-dessus indiquées, va être dérivé le nom:
vant:
dzidéhli5mè, orthographié : dzidehlome. La fonne
32
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1er Semestre)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
de base de ce nom relèverait donc d'un énoncé ver-
Pro V N + Morph. coord. Pro V N
bal complexe constitué par une séquence de deux
S
P
S
P
propositions et dont le schème complet est le sui-
vant:
Il s'agit ici d'un énoncé verbal complexe à deux pro-
Pro V N + Morph. coord. Pro V Pro Nloc.
positions indépendantes reliées par le coordinatif
S
P
S
P
d'énoncé léyèl.
11 s'agit ici aussi d'un énoncé verbal complexe à deux
propositions indépendantes reliées entre elles par le
10. Structure: V(erbe) N(om)-N(om)-
coordinatif d'énoncé léyèl.
V(erbe) : elle procèderait d'un énoncé ver-
bal complexe formée par une séquence de
9. Structure V(erbe)-N(om)-V(erbe)-
deux propositions incomplètes comme
N(om): elle procèderait d'un énoncé ver-
ci-après:
V N N V
bal complexe formé par une séquence de
P
S P
propositions incomplètes comme suit:
Qùamedziulo , litt.: «(il) pique quelqu'un (et) le
VN VN
ciel tonne»: il s'agit d'un scorpion, dont on dit que
P
P
lorsqu'il pique quelqu'un, la victime ne connaît la
paix que s'il y a un coup de tonnerre. Il résulterait
mèvimènQi, litt.: «(elle) pique l'enfant (et elle) pi-
d'un énoncé verbal complexe à deux propositions:
que la mère» : il s'agit d'une fourmi qui, glissée
QÙ à-mè éyè è-dzi blù l, formées chacune par un
entre la mère et l'enfant porté au dos, pique les deux
constituant sujet et un constituant verbal et reliées
personnes alternativement; par ext. désigne «une
entre elles par le morphème coordinatif d'énoncé 1
persoIll)~ ingrate». Il résulterait d'lm énoncé verbal
éyèl. La première proposition est: QÙ à-mè l, et
complexe à deux Pr:ÔP9~itions : mè è-vl éyè wo
-s'analyse en un constituant sujet: (lél «Pro.pers.
mè ~-nQ l, formée5 c~ct:ne par un constituant sujet
subst. suj. sing.») + un constituant verbal 1QÙ à-mè
et tin constituant' ver~al et reliées éntre elles par le
l, qui s'analyse lui-même en : 1 Qùl »a piqué, a
morph~me coordinatff-è-'énoncé léyè/. La pr@mière
mordu» + là-mèl «Dér. thém.-personne». La
proposition est: f.l mee-vi l, et s'analyse en mi cons-
deuxième proposition est: léyè è-dzi blù l, et s' ana-
tituant sujet: (lél «Pro. Fers. substsuj. sing.») + un
lyse en: (léyèl «morph. coord. d'énoncé) + un cons-
constituant verbaL.iPRé ~i l, qui ~'anmyse lui-même
tituant sujet lè-dzi 1 «Dér. thém.-ciel, tonnerre» +
en: Imè 1«a piqti(a mordu» + lè-vi 1«Dér.thém.-
un constituant verbal: 1blù 1«a tonné, a grondé».
enfant». La deuxième.proposition est :' léyè wo mè
Dans la formation du nom de cette structure, il y a
è-nQ l, et s'analyse en : (+ léyèl «mor:rh. coord.
eu ellipse du coordinatifd'énoncé, de l'élément pro-
d'énoncé)>> + un constituant sujet (lwol «Pro. pers.
nominal sujet, toute une altération tonale subie par
subst. suj. sing. : forrne.r~ui~~ par le coordinatifet
le nom dans sa prononciation (il se comporte comme
modulation tonale requise par le ton bas du verbe»)
un nom de la Série Ill, cf. Afeli 1984) ainsi que l'al-
+ un constituant verbal j mè è-nQ l, qui s'analyse
tération phonique de 1 blù 1 en 1 ulo 1 . La vraie
lui-même en : Imè 1 «a piqué, a mordu» + lè-no 1»
forme de base du nom de cette structure semble donc
Dér. thém.-mère». ~ y a eu dans la formation-du
être: Qù àme éyè èdzi blù / (<<Il pique et le ton-
nom de cette structure ellipse des éléments prono-
nerre gronde»), qui devient en surface: é àme
minaux sujets et du morphème coordinatifd'énoncé,
éyè dzi blù, à partir duquel, à l'issue des transfor-
une altération tonale, avec tout le nom réalisé avec
mations subies, va être dérivé le nom: Qùamedziulo,
l'allotone moyen sanf -vi, qui est resté à ton haut et
orthographié: Quamedziulo
la diphtongaison de la voyelle finale I-Q 1de lè-nQ 1
en I-Qi 1. La vraÏoe f6frtle de base du nom de cette
structure semble donc être: mè èvi éyè wo mè
Qègbe1Juke, litt.: «(il) ordonne (et) le jour se lève»:
ènQ / (<<elle pique l'enfant et elle pique la mère»).
c'est le nom donné par ironie à une personne qui se
qui devient en surface: é mè vi éyè wo mè nQ, à par-
prend pour un dieu, pour un rédempteur; un dicta-
tir duquel va être dérivé le nom: mèvimènQ', ortho-
teur. Il résulte d'un énoncé verbal complexe à deux
graphié : mevimenQe. La forme de base de ce nom
propositions: Qè è-gbe éyè è- ll Ù kè 1. formées
relèverait donc de l'énoncé verbal complexe formé
par chacune par un constituant sujet et un consti-
par une séquence de deux propositions et dont le
tuant verbal et reliées entre elles par le morphème
schème complet est le suivant:
c?ordinatif d'énoncé léyèl. La première proposition
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1" Semestre)
33

Sciences sociales et humaines
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est: Q.è è-gbe l, et s'analyse en un constituant
en la-I «futuD> + Idzè è-kpo 1«sont devenus lépreux».
sujet: (lél «Pro. pers. subst. suj. sing.») + un cons-
On note ici, dans la formation du nom de cette struc-
tituant verbal: 1Q.è è-gbè/, qui s'analyse lui-même
ture,l'ellipse du premier élément pronominal sujet
en : 1Q.è 1«a donné» + lè-gbè 1«la voix», (<<a donné
et du coordinatif d'énoncé et la diphtongaison de la
de la voix, a commandé»). La deuxième proposi-
voyelle 1-0 1de l'élément nominal 1èkpo 1en I-oè/.
tion est: 1 éyè è- llù kè/, et s'analyse en : (léyèl
Le-futur ici est un faux futur dans la mesure où il ne
«morph. coord.d'énoncé») + un constituant sujet 1
se justifie pas dans une telle construction en èwè : il
è-llù 1«le jour» + un constituant verbal : Ikèl «s'est
provient probablement d'une altération dans la pro-
levé, a éclos». Il s'est produit dans la formation du
nonciation du pronom substitutif sujet pluriel [w6]
nom de cette structure l'ellipse du coordinatif
en [wa], reflet vraisemblable d'une variante èwè dif-
d'énoncé et de l'élément pronominal sujet. La vraie
férente de la forme standard. La vraie forme de base
forme de base de ce nom semble donc être: Q.è
du nom de cette structure semble donc être: Q.ù
ègbe éyè è-llù kè/, qui devient en surface: é Q.è gbè
àme éyè w6 dzè èkpo 1 (<<S'il pique, l'on devient
éyè IJù kè, à partir duquel va être dérivé le nom :
lépreux»), ce qui donne en surface: é Q.ù àme éyè
Q.ègbe IJuke, orthographié : Q.egbe IJuke
wo dzè kpo, à partir duquel, à l'issue des transfor-
mations subies, va être dérivé le nom :
Les deux noms relèveraient chacun du même type
Q.ùamewoadzèkpoi,
orthographié
d'énoncé verbal complexe formé par une séquence
Q.uamewoadzekpoe. La forme de base de ce nom
de deux propositions et dont le schème complet est
relèverait donc d'un énoncé verbal complexe formé
le suivant:
par une séquence de deux propositions et dont le
Pro V N + Morph. coord. N V
schème complet est le suivant:
S
P
S
P
Pro V N + Morph. coord. Pro V N
Il s'agit ici d'un énoncé verbal complexe à deux pro-
S
P
S
P
positions indépendantes reliées par le coordinatif
d'énoncé léyè/.
Il s'agit ici d'un énoncé verbal complexe à deux
propositions indépendantes reliées par le
11. Structure: V(erbe)-N(om)-Pro(nom)-
coordinatifléyè/.
Fut.-V(erbe)-N(om): elle procèderait d'un
énoncé verbal complexe formée par une sé-
12. Structure N(om)-V(erbe)-V(erbe)-N(om) :
quence de deux propositions incomplètes
elle procèderait d'un énoncé verbal complexe
comme ci-après:
formé par une séquence de deux propositions
V N Pro Fut-V N
incomplètes comme suit: N V V N
S P
P
p
S
p
koklokpQdoàfc , litt.:»la poule (le) voit (et elle)
Q.ùamew6adzèkpoe , litt. «(il) pique quelqu'un (et)
pousse un cri»: il s'agit d'une variété de scorpion,
on devient lépreux» : il s'agit d'une variété de scor-
dont on prétend que quand la poule le voit, elle se
pion, dont la piqûre donnerait la lèpre. Il résulterait
met à crier. Il résulterait d'un énoncé verbal com-
d'un énoncé verbal complexe à deux propositions:
plexe à deux propositions: Ikokl6 kpQi éyè wo d6
Q.ù à-mè éyè w6 dzè è-kpo l, formées chacune
à-fa l, formées chacune par un constituant sujet et
par un constituant sujet et un constituant verbal et
un constituant verbal et reliées entre elles par le
reliées entre elles par le coordinatif d'énoncé léyè 1
coordinatifd'énoncé léyè/. La première proposition
. La première proposition est: Q.ù à-mè l, et s'ana-
est: 1 kokl6 kpQi l, et s'analyse en un constituant
lyse en un constituant sujet: (lél «Pro. pers. subst.
sujet: /kok161 »Dér. thém.-poule» + un constituant
suj. sing.») + un constituant verbal 1Q.ù à-mè l, qui
verbal 1kpQi l, qui s'analyse lui-même en: /kpQI «a
s'analyse lui-même en: 1Q.ùI »a piqué, a mordu» +
vu» + (Ill «Pro. pers. subst. complt. sing.»). La
là-mèl »Dér. thém.-personne». La deuxième propo-
deuxième proposition est: 1 éyè wo d6 à-fal, et
sition est: 1éyè w6 dzè è-kpo l, et s'analyse en: (1
s'analyse en : (léyèl «morphème coordinatif
éyèl «morph. coord. d'énoncé») + un constituant
d'énoncé») + un constituant sujet: (Iwo 1«Pro. pers.
sujet (lw61 »Pro. pers. subst. suj. pl.» ) + un consti-
subst. suj. sing.: forme requise par le coordinatif»)
tuant verbal 1a-dzè è-kpo l, qui s'analyse lui-même
+ un constituant verbal Id6 à-fa 1qui s'analyse lui-
34
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 0" Semestre)

- -
Sciences sociales et humaines
même en : Ido 1 «a émis, a poussé» + là-fa 1 «Dér.
cioi) cié à-gbà è-dzi l, et s'analyse en (/éyè 1
thém.-cri» (avec altération de I-a 1de làfâ/ en I-f. /)
«coordinatif d'énoncé») + un constituant sujet (1 wo
«a poussé un cri». Il y a eu dans la formation du
1«Pro. pers. subst. suj. pl.») + un constituant verbal
nom de cette structure ellipse des éléments prono-
1 (dài ou cioi) dé à-gbà è-dzi l, qui s'analyse lui-
minaux sujet et complément et du coordinatif
même en: (ldà 1ou 1cio 1«ont mis, ont disposé») +
d'énoncé. La vraie forme de base du nom de cette
(1 î 1«Pro. pers. subst. complt. sing.») +1cié 1«Prép.
structure semble donc être: Ikàklo kp9.i éyè wà do
: vers» + là-gbà/ «Dér.thém.- étal, étalage» + 1è-dzi
àfa 1 (<<La poule l'a vu et elle a poussé un cri»), qui
1«Dér. thém.-Nom loc. : SUD>. Dans la formation du
a la même forme en surface, à partir de laquelle,
nom de cette structure, deux interprétations sont
après les transformations, va être dérivé le nom:
possibles. Dans la première, d'une part on note l'el-
kokl6kpQdoàfc, orthographié: koklokpQdoafc. La
lipse de tous les éléments pronominaux sujets et
forme de base de ce nom relèverait donc d'un énoncé
compléments, du coordinatifd'énoncé, et exception-
verbal complexe formé par une séquence de deux
nellement pour une fois, celle d'un verbe, le verbe
propositions et dont le schème complet est le sui-
de la deuxième proposition; d'autre part on note
vant:
une coalescence à la fois vocalique et tonale :
N V Pro + Morph. coord. Pro V N
coalescence vocalique entre la voyelle I-é 1 de la
S
P
S
P
préposition Idé 1et celle du dérivatifthématique 1à-
1du nom 1à-gbà 1en faveur de la voyelle du dériva-
Il s'agit ici aussi d'un énoncé verbal complexe à deux
tif thématique; quant à la coalescence tonale, elle
propositions indépendantes reliées par le coordinatif
se produit également entre les mêmes voyelles. mais
d'énoncé léyè/.
en faveur du ton haut de la préposition. Dans la
deuxième interprétation, les mêmes phénomènes que
13. StructureV(erbe) Prep N(om) N(om)
dans la première interprétation se sont produits sauf
locatif: elle procéderait d'un énoncé verbal
qu'au lieu de l'ellipse du verbe, ici c'est plutôt la
complexe formé par une séquence de deux
préposition 1ciél qui semble l'avoir subie: dans ce
propositions incomplètes et dont la deuxième
cas, la coalescence vocalique et tonale s'est pro-
semble même complètement elliptique. Il se
duite entre la voyelle
présente comme ci-après:
V
1-01 du verbe 1ciol et celle du dérivatif thématique
I-à/ du nom là-gba/ en faveur de la voyelle du dé-
P
rivatif. Quoi qu'il en soit, la vraie forme de base
semble donc être: 1wo tQi éyè wo dài cié àgba dzi
(Qciagbàdzi litt. : «(on l'a) cousu (et on l'a exposé)
1ou 1wo tQi éyè wo cioi cié àgba dzi l, qui devient
sur l'étalage» : c'est le nom donné aux prêts-à-por-
en surface: w6 (Qi éyè w6 dài cia gbà dzi ou en-
ter exposés sur les étalages au marché ; c'est un
core: w6 (Qi éyè w6 ci6i cia gbà dzi. Cette forme
nom péjoratif en èwè dans la mesure où ces habits
devient elliptique d'une partie de sa deuxième
sont considérés comme de la camelote pas chère ;
proposition (d'où: w6 (Qi cia gbà dzi) et, après
car. généralement en pays èwè, pour s'habiller. il
avoir subi les transformations ci-dessus indiquées,
était de bon ton d'acheter soi-même le tissu de son
va donner lieu au nom suivant: (Qciagbàdzi, or-
choix et de se le faire coudre sur mesure. Ce nom
thographié : (Qciagbadzi. La forme de base relève-
résulterait d'un énoncé verbal complexe à deux pro-
rait donc d'un énoncé complexe à deux proposi-
positions : 1 wo tQi éyè wo dài cié à-gbà dzi 1 ou
tions et dont le schème complet est le suivant:
encore 1 wo tQi éyè wo cioi cié à-gbà dzi l, (avec
Pro V Pro + Morph.coord. Pro V Pro Prép N Nioc
emploi facultatif de l'un des deux verbes 11ou 1
cio l, qui sont ici de sens équivalent). Les deux pro-
p
p
positions sont formées chacune par un constituant
s
s
sujet et un constituant verbal et reliées entre elles
On a ici un énoncé verbal complexe à deux proposi-
par le coordinatif d'énoncé léyé 1. La première pro-
tions indépendantes reliées entre elles par le
position est: 1 wo tQi 1. et s'analyse en un consti-
coordinatif d'énoncé 1éyè l, mais elliptique d'une
tuant sujet : (1 wo 1«Pro. pers. subst. sur pL») + un
partie de la deuxième proposition.
constituant verbal ItQi/, qui s'analyse lui-même enl
tQ 1 «ont cousu» + (1 î 1 «Pro. pers. subst. complt.
sing.»). La deuxième proposition est: 1(éyè wo dàil
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1er Semestre)
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Sciences sociales et humaines
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14. Structure: V(erbe)-N(om)-V(erbe)-
15. Structure V(erbe)-V(erbe)-V(erbe)-
V(erbe) : elle procèderait d'un énoncé ver-
V(erbe) : elle procèderait d'un énoncé verbal
bal complexe formé par une séquence de
complexe formé par une séquence de propositions
trois propositions incomplètes comme ci-
incomplètes comme ci-après: V V V V
après:
VN V V
P PPP
P P P
dzikuidzikui, litt «(elle) enfante (d'un enfant et il)
rtùametsata, litt.: «(elle) pique quelqu'un (et elle)
meurt, (elle) enfante (d'un enfant et il) meurt» : c'est
se promène (et elle le) raconte»: il s'agit d'une va-
le nom donné à un survivant d'une famille dont les
riété d'araignée, dont on prétend que lorsqu'elle a
enfants meurent systématiquement à peine nés; il
piqué quelqu'un, eÜe doit passer raconter partout
désigne également le hoquet. Il résulterait d'un
qu'elle a piqué avant que la victime ne guérisse». Il
énoncé verbal complexe à quatre propositions:
résulterait de l'énoncé verbal complexe à trois pro-
dzi è-vi éyè kil, é dzi è-vi éyè kil l, formées
positions: rtù à-mè éyè wo tsà éyè t6i l, for-
chacune par un constituant sujet et un constituant
mées par chacune par un constituant sujet et un cons-
verbal et reliées entre elles, pour les deux premiè-
tituant verbal et reliées par le coordinatifd'énoncé 1
res, par le coordinatif d'énoncé léyè/, et de même
éyè/. La première proposition est: lé rtù à-mè l, et
pour les deux dernières. La première proposition
s'analyse en un constituant sujet: (lél «Pro. pers.
est: 1 é dzi è-vi l, et s'analyse en un constituant
subst. suj. sing.») + un constituant verbal 1dù à-mè
sujet: (lé 1«Pro. pers. suj. subst. sing. «) + un cons-
l, qui s'analyse lui-même en : 1 rtùl »a piqué, a
tituant verbal Idzi è-vi l, qui s'analyse lui-même en
mordu» + là-mè 1 »Dér. thém.-personne». La
1dzi 1«a enfanté (d'un enfant), a donné naissance
àeuxième proposition est: léyè wo tsà/, qui s'ana-
à;) (+ lè-vi 1«Dér. thém.-enfant»). La deuxième pro-
lyse en : (léyèl «morph. coord. d'énoncé») + un
p~sition est: 1éyè kw, et s'analyse en : (léyèl
constituant sujet Iwo 1 «Pro pers. subst. suj. sing.:
«morph. coord. d'énoncé») + un constituant sujet
forme requise par le coordinatif d'énoncé léyèl et
(lwà 1 »Pro. pers. subst. suj. sing.: forme requise
modulation tonale requise par le ton bas du verbe»)
par le coordinatif») + un constituant verbal 1 kil 1
+ un constituant verbal: Itsà/ »s'est promené». La
«est mort» (avec diphtongaison de la voyelle du
troisième proposition est: 1 éyè t6i l, et s'ana-
verbe I-ul en I-ui/). Quant aux deux dernières pro-
lyse en : (léyè 1 «morph coord. d'énoncé») + un
positions, elles sont rigoureusement la réplique des
constituant sujet : (/wà 1«Pro. pers. subst. suj. sing.:
deux premières et s'analysent donc de la même ma-
forme requise par le coordinatif») + un constituant
nière qu'elles. Dans la formation du nom de cette
verbal 1 t6i l, qui s'analyse lui-même en : 1t61 «a
structure, on note l'ellipse du coordinatifd'énoncé.
raconté» + (II 1 «Pro pers. subst. complt. sing.»).
de tous les éléments pronominaux sujets, des noms
On constate ici, dans la formation du nom de cette
compléments du verbe et la diphtongaison de la
structure, l'ellipse de tous les éléments pronominaux
voyelle finale du second lexème verbal. La vraie
sujets, du pronom complément et du morphème
forme de base de ce nom semble donc être: dzi
coordinatif. La vraie forme de base du nom de cette
èvi éyè ku, é dzi èvi éyè ku 1 (cf. sens ci-
structure semble donc être: rtù àme éyè wo tsà
dessus), qui devient en surface: é dzi vi wà ku, é dzi
éyè t6i 1 (<<elle pique et va le raconter partout»),
vi wà ku, à partir duquel, après les transformations
qui devient en surface: é rtù àmè tsà ta, à partir du-
subies, va être dérivé le nom: dzikuidzikui, ortho-
quel, après les transformations subies, va être dé-
graphié : dzikuidzikui. La forme de base de ce nom
rivé le nom : rtùametsata, orthographié :
relèverait donc d'un énoncé verbal complexe formé
rtuametsato. La forme de base de ce nom relèverait
par une séquence de quatre propositions et dont le
donc d'un énoncé verbal complexe formé par une
schème complet est le suivant:
séquence de trois propositions et dont le schème
Pro V N + Morph. coord. Pro y + Pro V N + Morpt.. coord. Pro y
S P
S P S P
S P
complet est le suivant:
Il s'agit ici d'un énoncé verbal complexe à quatre
Pro v N + Morph. coord. Pro y + Morph. coord. Pro V Pro
S
P
S
P
S
P
propositions indépendantes reliées entre elles par
le coordinatif d'énoncé léyè/.
On a à faire ici à un énoncé verbal complexe à trois
propositions indépendantes reliées par le coordinatif
léyè/.
36
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1 er Semestre)

- - - - - - - - - - -
~
Sciences sociales et humaines
CONCLUSION
moins qu'on puisse dire est qu'il est sérieusement
permis de douter de leur existence. Mais c'est là
l'étude des noms des mois èwè nous a ouvert une
une remarque qui devrait faire l'objet d'une autre
piste jusque-là insoupçonnée et extrêmement inté-
étude qui sort du cadre strict de celle-ci.
ressante sur la formation des noms en èwè : la for-
mation de noms par nominalisation d'énoncés, les
Un dernier point relatif à l'étude de la formation de
dits conglomérés. Cette formation nominale résulte
noms en èwè par nominalisation d'énoncés en gé-
soit de la combinaison simultanée de plusieurs pro-
néraI est qu'elle entraîne, sur le plan orthographi-
cédés (altération phonique, altération tonale, ellipse
que, une conséquence importante : alors que des
d'éléments), soit de l'utilisation partielle de ces pro-
règles de segmentation sont proposées pour ortho-
cédés. Il résulte de ces structurations internes des
graphier les noms composés ou dérivés relevant de
noms caractérisés par un figement qui ne les fait plus
la structure Complétant-Complété (Ca-Cé) ou de la
percevoir ou de moins en moins comme des noms à
stucture Qualifié-Qualifiant (Qé-Qa) pour en facilter
base complexe mais plutôt comme des noms
la lecture, les noms obtenus d'une façon générale
lexématisés ou en plein processus de lexématisation
par nominalisation d'énoncés ne peuvent être écrits
ou plus exactement de transformation en thèmes
qu'en un seul mot, ceci pour sauvegarder leur ca-
nominaux. Les étymologies de leurs éléments cons-
ractère de noms autonomes et éviter ainsi de les faire
titutifs respectifs de départ ne sont plus facilement
apparaître comme des énoncés qu'ils ne sont plus.
ou de moins en moins identifiables par la conscience
Enfin l'étude des noms de mois èwè révèle que l' ac-
collective. De plus, chaque nom, de par ses structu-
tivité principale du peuple èwè était l'activité agri-
rations internes propres, apparaît comme unique et
cole.
cela renforce sa lexématisation. En fait, la forme de
BIBLIOGRAPHIE
base à partir de laquelle chaque nom est dérivé est,
en général, un schème d'énoncé verbal simple du
1. ADEKPUI, Akofa Afi, 1998. Un procédé defor-
type: N V,
mation de mots en èwè: le cas de la
S P
composition. Mémoire de Maîtrise. Université du
susceptible d'être développé en une, deux, trois ou
Bénin, Faculté des Lettres et
Sciences Hu-
quatre propositions indépendantes (ou plus), reliées
maines. Lomé, Togo.
entre elles par le morphème coordinatif d'énoncé 1
éyè 1.
2. AFELI, Kossi Antoine, 1978. Essai d'une ana-
lyse phonologique de l'Ewedomegbe (Ewe de l'In-

Or d'autres types de noms composés obtenus par
térieur) suivi d'une étude de la combinaison des
nominalisation d'énoncés sont aussi attestés en èwè,
tons dans le syntagme nominal. Thèse de Doctorat
mais à la différence de ceux qu'on vient de voir dans
de 3ème Cycle. Université de la Sorbonne-Nouvelle,
la présente étude, ils ne présentent pas les mêmes
Paris III.
transformations internes (altérations phonique et
tonale, ellipse) que ces derniers. Tous les éléments
3.
, 1984. Une étude de la combinaison des
des énoncés dont ils sont dérivés sont encore assez
tons dans le syntagme nominal èwè àtrois éléments.
faci lement identifiables et ce n'est que leur ortho-
Université du Bénin, Ecole des Lettres. Lomé, Togo.
graphie en une forme unique ou la situation de com-
munication qui permet de les distinguer de ces énon-
4. _ , 1985, Esai d'une analyse tonale dans la
cés (pour plus de détails, cf. Adekpui 1998).
phrase ewe. Etude réalisée dans le cadre du
Projet DELAN-ACCT. Lomé, Togo.
Un autre point intéressant que cette étude nous
donne l'occasion de soulever est le problème des
5. _ , 1990. La dérivation en èwè. Etude réalisée
soi-disant constructions sérielles en èwè : si cela
dans le cadre du Projet DELAN-ACCT.
semble maintenant un fait acquis dans la littérature
Lomé, Togo.
de parler de verbes sériels en èwè, la question se
pose de savoir s'il en existe réellement ou si, au con-
6. ANSRE, Gilbert, 1966. The Grammatical Units
traire, ils ne résultent pas, dans l'énoncé, plutôt de
ofEwe. Ph.D. University of London.
l'ellipse de certains éléments comme en témoignent
ces noms. Sur la base de ce qu'on vient de voir, le
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° ]-2006 (]er Semestre)
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Sciences sociales et humaines
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7. _ _• 1966. "The verhid. A caveat to seriaI
verbs", in Journal ofAfrican Languages.
Vol. 3.
8. BENVENISTE, Emile, 1974. «Composition et
synapsie», in «Problèmes de linguistique générale.
Tome II. Paris: Gallimard, pp.171-176.
9. HOUIS, Maurice, 1977. Plan de description
systématique des langues négro-africines. Afrique

et Langage, No 7. Paris: L'Harmattan
10. STOLZ, Claire, 1999. Initiation à la stylisti-
que. Paris: Ellipses.
11. WALTER. Henriette, 1988. LefTançais dans
tous les sens. Paris: Robert Laffont.
38
Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 007 N° 1-2006 (1" Semestre)