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Sciences sociales et humaines
Enclavement, Isolement et Ma~ginalité
d'une ville frontalière: Dapaong au .nord
du' Togo
Gabriel Kwami NYASSOGBO
Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines,
Université de Lomé,
Lomé-Togo
Abstract
Résumé
Landlockness, Isolation and Marginalityof a
Fondée vers la fin du 19è siècle par des Moba -
Frontier Town: Dapaong in the North of Togo
venus de Fada N'Gourma dans le sud de l'ac-
Founded at about the end of the 191h Century by
tuel Burkina Faso au nord du Togo, la ville de
the Moba coming from Fada N' gourma in the
Dapaong dont le sens étymologique est « le
South of the present -time Burkina Faso to the
nouveau marché », est située à 600 kilomètres
North of Togo, the town of Dapaong ofwhich the
de Lomé, la capitale du Togo. Elle n'est qu'à
name etymologically means "New Market",is
40 kilomètres de la frontière septentrionale' ~t
located 600 kms away from Togo.It is located only
encore un peu moins du Ghana voisin à l'ouest
40 kms away from the northern borderline and
C'est donc une vi1Îe frontalière à un double ti~
still less ofthat distance away from neighbouring
tre. En 1997, elle abritait 37 500 habitants. C'est
Ghana to the West.
.
le plus gros centre de la Région des Savanes.
lt is, therefore, a frontier town in two ways. In
Cet article a pour objectif de montrer que m~l­
1,997, it had a population of 37,500 inhabitants.
gré un essor relatif favorisé par ses promotions
lt is the biggest center of the Savannah Region.
administratives successives depuis l'époque co-
This article aims at showing that, despite a relative
loniale française, le chef-lieu de la Préfecture
promotion
resulting
from
successive
de Tône et de la Région des Savanes a du mal à
administrative advancements starting from the
se développer. En effet, l'enclavement, l'isole-
French colonial period, the capital town ofboth
ment et la marginalité dont il a été victime jus-
the Tône and the Savannah Region does not easily
qu'à une époque récente, l'ont pendant long-
grow. Indeed, the state oflandlocked, isolated and
temps maintenu hors de tout courant de moder-
marginalized it has been victim of, up to a recent
nisation et de développement. Mais le bitumage
epoch, has long held it out of any wave of
de la route internationale Lomé-Ouagadougou
modernization and development. But the tarring
depuis 1979, permet à Dapaong et à sa région
of~omé-Ouagadougou international road as carly
de relever progressivement le défi des contrain-
as III 1979 has enabled Dapaong and its region to
tes géographiques. Mais d'autres contraintes na-
progressively stand up to the challenging
turelles liées à la rigueur du climat, font de cette
geographical constraints. But other natural
périphérie nationale un milieu encore répulsif
constrictions linked to climatic harshness make
pour bon nombre de Togolais nés dans le sud
ofthis national periphery an even more repulsive
du pays. Le sous-équipement de la Région des
~avanes
milieu for Togolese citizens born in the southern
est une véritable injustice à la popula-
tion de cette région. .
part of the country. The under-equipment of the
Sav.annah Region constitutes a real injustice
a$amst the people ofthis region.
Mots-clés: Togo - Région des Savanes - Ex-
trême nord - DapCfong - Ville frontalière -
Key Wor~s : Togo- Savannah Region- Far North-
Capitale régionale - Enclavement - Isolement
- Marginalité.
. . ,
.
.
Dapaong- Frontier town- Regional capital town-
Landlockeness- Isolation- Marginalization.

. '
Revue du CAMES
SèrieB, vol. 006 N° -1-2, 2004
293

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Sciences sociales et humaines
INTRODUCTION
l. DAPAONG~UNE VILLE FONDEE PAR LES
Située à l'extrême nord du Togo à 600 kilomètres
MOHA
de Lomé la capitale et seulement à 40 kilomètres
de la frontière avec le Burkina Faso, sur l'axe Lomé
1.1 La recherche de la sécurité et la fondationde
-Ouagadougou,
Dapaong.
Dapaong' est la plus septentrionale.
des villes du Togo et la porte d'entrée du Sahel. Au
contact de deux pays voisins, le Burkina Faso au
Le souci de sécurité a toujours guidé les hommes
nord et le Ghana à l'Ouest dont la frontière se trouve
dans leurs migrations en vue de leur installation.
à peine à 30 kilomètres, c'est une ville frontalière à
Celle-ci ne devient plus ou moins effective et défi-
un double titre (Fig.1). Mal reliée au reste du pays,
nitive que si l'emplacement choisi offre un mini-
cette ville frontalière a pendant longtemps souffert
mum de conditions de sécurité pour l'ensemble du
de l'enclavement, de l'isolement et de la margina-
groupe. Parmi ces conditions, on peut évoquer
lité, ainsi que toute la région. Cette situation
d'abord les facteurs naturels favorables à l'épanouis-
géo-
graphique a durant l'époque coloniale et jusqu'à une
sement du groupe (recherche de points d'eau, dis-
période récente, mainteriu Dapaong et tout l'extrême
ponibilité de bons .sols pour l'agriculture et l'éle-
nord du pays à l'écart de tout courant de moderni-
vage, position géographique et site .. \\ puis la pos-
sation et de développèment. Les conséquences né-
sibilité de coexistence pacifique avec les peuples
fastes de l'enclavement sont encore aggravées par
voisins.
des conditions naturelles peu clémentes: faiblesse
relative des précipitations", indigence du réseau
C'est ainsi que la recherche d'un lieu jugé sûr, loin
de toute perturbation, conduisitles Moba, venus de
hydrographique, températures élevées, pauvreté des
sols, le tout attesté par un couvert végétal peu épais.
Fada N' Gourma dans l'actuel Burkina Faso, à fon-
der, à la fin du 19ème siècle, le petit village de
Dapaong.
"
.'
· C'est dans ce cadre géographiqueque lesMoba de
Fada N'Gourma, dans le sud de l'actuel Burkina
Selon des sources orales, les ancêtres fondateurs
Faso, fondèrent Dapaong, « le nouveau marché» à
furent obligés de quitter Fada N'Gourma pour le
la fin du 19è siècle. Successivement promu chef-
sud, afin de s'éloigner des guerres continuelles en-
lieu de subdivision en 19433 ; de cercle en 19524 à
tretenues par les Djerma venus du Nord et de met-
l'époque française, puis enfin de région en 1965 au
tre fin aux 'dissensions internes. La première étape
début de l'indépendance.Te double chef-lieu de la
serait un plateau gréseux, dont ils extrayaient des
, préfecture de Tôneet de la Région des Savanes est
minerais de fer pour les activités de forge, à l'est de
une création coloniale grâce à ses promotions ad-
la ville sur la route de Pana. De cet endroit,
ils
ministratives successives. Avec une population de
auraient déménagé pour un autre à deux kilomètres
· plus de 45 000 habitants, cette ville coloniale est
seulement au sud du site actuel, où ils auraient créé
aujourd'hui le plus' important centre de la Région
un « nouveau marché ». èe dernier devait drainer
· des Savanes au détriment de Mange' , à 70 kilome-
tres plus au sud. Malgré ces atouts, auxquels il faut
, ajouter le désenclavement marqué par le bitumage
de la route internationale Lomé -Ouagadougou de-
"Jusqu'en 1981, Ie nom officiel était Dapango. C'était une déformation par'
l'administration coloniale de Dapaong, étymologiquement « nouveau mar-
puis 1979, et la mise en place toute récente d'une
ché » Cil rnoba La nouvelle transcription est intervenue dans le cadre de la
usine d'égrenage de coton, la ville de Dapaong et
. politique « d'authenticité» initiée par le pouvoir qui prône le retour aux
sources.
'
'
son arrière -pays où les conditions de vie sont en-
2 Contrairement à une opinion largement répandue, la Région des Savanes
core très difficiles, constituent pour nombre de To-
Il 'est pas la pallie la plus sèche du.Togo. Les précipitations y sont plus abon-
dantes que sur la côre : 1090 mm contre 900 mm seulement, à cause d'une
golais un milieu encore répulsif où les contraintes
anomalie climatique qui sévit depuis le Nigeria jusqu'au Ghana. Le pro-
naturelles freinent le développement. Dansee con-
blème des précipitations à l'extrême nord du Togo est beaucoup moins lié à
leur insuffisance qu'à leur mauvaise répartition au cours de l'année.
texte géographique, les habitants de la région vi-
) Arrêté n0733/APA du 19/12/1943. Rapport annuel surie Cercle de Mango,
vent dans le sentiment de frustration et de
1944.
. '
, Arrêté nO 873-52 Al' du 17/11/1952, Rapport annuel sur le Cercle de Mango,
marginalisation. Ils sont victimes de l'injustice so-
1953.
' .
'
ciale dans cette « périphérie de la périphérie ». L'ur-
, La vieille cité précoloniale de Mango fut fondée vers le 17' siècle par les
Tchokossi sur la rive droite de l'Oli. C'est Mango qui était le plus grand
banisation est très faible dans la région.
centre régional jusqu'à l'indépendance.,
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Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

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Sciences sociales et humaines
les commerçants et les marchandises de tous côtés.
D'autres groupes allèrent essaimer pour créer
Les sources d'information disponibles pour cette
Karsome., Nioukpourma, Naki-Ouest et d'autres
analyse sont d'une part les rapports administratifs
localités à l'ouest de la ville.
de la période coloniale, d'autre part les trois recen-
sements nationaux de 1960, .1970, 1981 et les tra-
Toute la région fut soumise, selon Robert Cornevin,
vaux de cartographie censitaire réalisés en 1997.
à plusieurs vagues de conquérants au 17è siècle:
d'abord les Mamproussi venus de l'ouest,ensuite
Jusqu'à la veille de l'accession du Togo à la souve-
les Gourma du nord. A la fin du 18è siècle, les
raineté internationale, les autres villages de la Ré-
N'Garn N'Garn autour de Mango et la plus grande
gion des Savanes n'avaient rien à envier à Dapaong
partie des populations de la région de Dapaong fu-
pour sa population, malgré son ascension adminis-
rent soumis à l'autorité des Tchokossi, guerriers et
trative qui date déjà du début ders années 40. Ce
cavaliers redoutables venus de l'actuelle Côte
n'était encore qu'un modeste village semblable aux
d'Ivoire pour s'établir à Mango et dans la plaine de
autres pour ce qui est de l'accroissement démogra-
l'Oti (Cornevin, 1969).
phique marqué par sa lenteur. En 1921, la popula-
tion était estimée à 310 habitants seulement, cons-
L'histoire mouvementée des pays moba et gourma,
titués de « 126 hommes, de 83 femmes adultes, de
parcourus dans tous les sens par différentes vagues
40 enfants, de 58 vieillards impotents et de 3 lé-
de conquérants, explique la situation actuelle de
preux »2. A la même époque, c'est-à-dire en 1925,
nombreux villages et hameaux sur les sommets des
Mango avait déjà une population beaucoup plus
plateaux gréseux de la. région, en position de sur-
nombreuse: 4 482 habitants, soit 14,5 fois les ef-
. veillance et de contrôle des plaines environnantes.
fectifs de Dapaong' . La disproportion entre les deux
Dans certains cas, la localité est située juste au pied
. localités était déjà très importante dans les années
du plateau, comme -Dapaong, Korbongou,
20. En 1937, Dapaong abritait un effectif de 1 500
Bombouaka.... La recherche de la sécurité avait
personnes", avant d'atteindre 2 500 en 19505,ga-
tenu une place importante dans le choix de ces sites
gnant ainsi 1 000 habitants supplémentaires en 13
protecteurs et défensifs, comme à Atakpamé.
ans.
(Nyassogbo, 1975).
C'est à partir de 1960, avec des données plus fia-
1.2.1 Dapaong et son essor administratif et dé-
bles issues des recensements nationaux, qu'on peut
mographique
bien suivre l'évolution démographique de la capi-
tale régionale. Au recensement de 1960, elle comp-
La Région des Savanes est caractérisée par une ur-
tait 4 860 habitants, l'équivalent de la population
banisation faible. Seules Mango et Dapaong font
de Mango 35 ans plus tôt! C'était encore un mo-
figure de centres urbains dans un milieu à habitat
deste chef-lieu de circonscriptionadministrative,
dispersé et morcelé. Cette faible urbanisation peut
nouvelle dénomination qui remplace celle de cer-
s'expliquer par quelques facteurs: le poids prépon-
cle après l'indépendance. Son caractère rural était
dérant de Mango depuis l'époque précoloniale jus-
encore très marqué. L'année 1970 marque une étape
qu'au début de l'indépendance en tant que centre
décisive dans l'essor démographique de la ville. Elle
militaire, commercial et administratif, sur l'axe
franchit la barre des 10000 habitants (IO 134), tout
commercial qui va de Salaga à l'Océan atlantique
comme Sotouboua et Tchamba. Ses effectifs, qui
(Agier, 1983), la rigueur du milieu naturel qui fait
ont plus que doublé durant la période intercensitaire,
de cette région une zone pauvre et marginalisée, et
lui confèrent désormais l'allure d'une petite ville
l'attachement profond des Moba au travail de la
où l'administration constitue le principal moteur de
terre, ont empêché l' émergence et le développement
l'évolution. Au' recensement de 1981, malgré un
d'autres cités en dehors de Mango. Ainsi, c'est grâce
ralentissement de la progression, 6 855 personnes
aux fonctions administratives que Dapaong a pu
supplémentaires se sont ajoutées à celles de 1970,
émerger des villages voisins pour devenir
portant les effectifs urb~ins à '16 989 habitants.
aujourd'hui le centre régional le plus important sur
le plan démographique, économique 1 et adminis-
1 Dans la présentation sommaire qui va suivre sur l'essor de la ville de
Dapaong, il sera surtout question de l'aspect démographique. Pour l'aspect
tratif. L'essor urbain a commencé avec la promo-
économique et social que nous allons actualiser dans un prochain article
tion administrative de cet ancien petit village.
consulter pour le moment G.K.Nyassogbo (1990): L'essor d'une ville' se- .
condaire à l'extrème nord du Togo: Dapaong (voir bibliographie)
Revue du CAMES - Série' B, vol. 006 N° 1-2,2004
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- - -
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Sciences sociales et humaines
Dapaong s'urbanise de plus en plus et se confirme
celle-ci, auxquels il faut peut- être ajouter la proxi-
chaque jour dans ses fonctions de capitale régio-
mité de la frontière, ont sans doute guidé l'admi-
nale. L'avance démographique prise sur Mango
nistration pour' le choix de Dapaong comme capi-
depuis 1970 se confirme: La vieille cité caravanière
tale régionale de cette périphérie nationale qui
des Tchokossi abrite seulement 12 894. âmes en
comptait en 1997 un effectif estimé à 528 700 ha-
1981. Mise à part Lomé la capitale qui est une
'bitants, soit 12,50 % de la population de tout le pays.
grande ville de 375 499 habitants avec un taux d'ac-
croissement annuel de 6, l' % entre les deux der-
,Il. DAPAONG, UNE VILLE ,LONGTEMPS
niers recensements; Dapaong occupe le deuxième
ENCLAVEE, ISOLEE ET MARGINALISEE
rang parmi les villes secondaires du Togo pour son
taux d'accroissement annuel après Kara; respecti-
Qu'est-ce que l'enclavement ? Selon le Dictionnaire
vement de 4,8 et de 8 %. Kara est la troisième ville
de Géographie de Pierre George, (l 970), l' encla-
du pays avec une population de 28 902 habitants"
,vement est « l'absence d'accès au marché dans un
derrière Lomé et Sokodé (46660): Avec une popu-
espace donné ».11 est « l'absence de desserte, l'ab-
lation estimée à 37 500 habitants en 1997 par les
sence de moyens de communications. Plus exacte-
travaux de cartographie censitaire, le chef-lieu de
ment, c'est l'absence des moyens de communica-
région occupe le sixième rang sur-les trente centres
tions 'donnant à la zone considérée l' « égalité des
urbains du Togo, contre le neuvième, juste après
'chances» sur le marché d'un espace donné ». La
Mango en 1960.
,même idée se' retrouve dans une autre définition,
selon laquelle « un Etat, Urie région sont enclavés,
Lent jusqu'enlvôû, l'accroissement de la popula-
lorsqu'ils sont mal reliés à 1'extérieur, ou même plus
tion a commencé à s'accélérer à partir de cette date.
simplement mal reliés auxvoies de communica-
Entre 1960 et 1997,les effectifs se sont multipliés
tionsprincipales »'(Barret et ali, 2000). L'enclave-
par 7,7 contre 2,6 pour Mango, 4 pour Tsévié, 5,5 .
ment peut être matériel du naturel (obstacles physi-
pour Atakpamé et 25 pour Kara" pour les raisons
ques) ou économique (prix ,de transports prohibi-
déjà évoquées. Cette dynamique démographique est
tifs) (George, op.cit.).
beaucoup plus le fait des migrations nationales et
internationales que de l'accroissement naturel. Ce
L'enclavement d'un pays, d'une région ou d'une
sont ces migrations qui expliquent le caractère quel-
localité est donc synonyme d'isolement et de
que peu cosmopolite de la population composée non
'marginalisation'par rapport au reste de l'espace
seulement de Moba: et de Gourma, mais aussi
concerné.C'est un facteur important de pauvreté et
d'hommes et femmes venus d'autres régions et de
il compte parmi les critères d'identification des Pays
pays voisins (Burkina Faso, Ghana, Niger, Bénin,
les Moins Avancés (PMA).C'est le cas des pays in-
etc.). La capitalerégionale compte 4 % de non To-
sulaires comme Madagascar et des pays continen-
golais contre 2,2 % pour Sokodé, 2,9 % pour Kara
taux comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger en
Afrique soudanano-sahélienne de l'ouest, de la
et '5,4 % pour Atakpamé.
République Centrafricaine' et du Tchad en Afrique
Caractéristique des pays en développement, la po-
Centrale par exemple. La ville de Dapaong et toute
pulation de Dapaong est essentiellement jeune : 49,9
la Région des Savanes répondent bien à ces défini-
% des habitants ont moins de 15 ans. Par contre,
'tions d'enclavement. '
les vieillards sont peu représentés: 1,4 % pour les
plus de 65 ans et plus. Dans la ville les femmes
l'emportent numériquement sur les hommesmais
la différence est peu marquée. Le' rapport de mas-
2 Rapport annuel sur le Cercle de Mango, 1922. Archives Nationales, Lomé.
culinité s'établit à 97,6 hommes pour 100 femmes.
) Rapport an~uel sur le Cercle de Mange, 1925.
.
,
4 Rapport annuel sur le Cercle'de Mango, 1938.
5 Rapport annuel.sur le Cercle de Mango, 1951,
Parmi les villes 'secondaires, la cité des Moba oc-
cupe le deuxième rang pour son accroissement dé-
." Le taux'daccroissement annuel exceptionnellement élevé de Kara tient à
mographique derrière Kara entre 1960,et 1997. Cet
la volonté politique d'en faire. le deuxièmepôle politique et économique du
essor démographique devant Mango qui. est en
pays afin de contrebalancerle poids prépondérantde Lomé,la capitale. dans
la vie nationale. Sur ce problème voir notre étude: La maîtrise'du dévelop-
pleine décadence, la forte densité ,de population
pement urbain en Afrique subsaharienne: le cas du Togo (1991) (voir bi-
bliographie):
,
"
' , ' , ' .
'
, ,
' '
autour de Dapaong et le dynamisme agricole. de
Revue du CAMES - SérieB; vol. 006 N°l-2, 2004
296

_ _ _ _ _ _ _ _......:....,....-
.,....-.,....-
Sciences sociales et humaines
dans la police et l'année (De Haan, 1993). Le même
.2.1 Une difficiJe intégration à J'espace nationaJ
auteur signale que le régime fiscal en vigueur au
Togo à l'époque française faisaitfuir des ménages
La ville de Dapaonget l'extrême nord du pays sont
entiers vers les colonies voisines. Les hommespar-
restés longtemps mal intégrés à l'espace national,
taient aussi dans le but de gagner du numéraire pour
et plus particulièrement aux régions plus .dévelop-
. payer l'impôt. La soudure, liée à l'insécurité ali-
pées du sud, où se trouve le pouvoir de décision..
mentaire fréquente dans cette région, était égale-
Quelques faits simples permettent de montrer cette
ment un moti f de départ vers l'étranger. Le recen-
difficile intégration due à l'enclavement de la ré-
sement réalisé en 1960 au Ghana, indique la pré-
gion. Jusqu'aux premières années d'indépendance,
sence de 13 000 Moba-Gourma originaires du Togo
. il fallait plusieurs jours pour rallier Lomé, la capi-
(Pontier, 1980 :. 1). La migration Moba-Gourma
tale et Dapaong, le centre régional. Le voyage, très
vers Lomé n'a véritablement commencé q!1e du-
pénible, se faisait en deux ou trois étapes, avec deux
rant les années 1970. Elle est principalement liée à
moyens de transports différents: le train jusqu'à
la participation au pouvoir de certains hommes de
Blitta, puis de Blitta à Dapaong avec le camion de
la Région des Savanes devenus membres influents
la Société Générale du Golfe de Guinée (S.G.G.G.).
du régime et 'du Rassemblement du Peuple Togo-
Les étapes étaient Blitta, Sokodé ou Kara, et avec
lais (R.P.T., parti unique jusqu'en 1991) (Agounké
Un peu de chance, le voyageur pouvait atteindre
et Pilon, 1989). Jusqu'aujourd'hui encore, le seul
Mango ou Dagaong le troisième ou le quatrième
quotidien d'information autorisé à circulerlibrement
jour. La durée du trajet, due aux conditions précai-
dans tout le pays, Togo- Presse (le journal officiel),
res de déplacement sur une piste de très mauvaise'
n'atteintla Région des Savanes que 48 ou 72 heu-
qualité, donnait l'impression d'une région très éloi-
res après sa parution à Lomé.
gnée du sud du pays. Les nombreux ouvrages et
S~r les cinq chaînes
de télévision qui fonctionnent à Lomé, seule la
ponts à construire sur les rivières et les ruisseaux et
chaîne officiellejalousement confisquée par le pou-
la traversée des zones marécageuses rendaient en-:
voir, couvre toute l'étendue du territoire national.
core très pénible, dangereux et long le trajet. Jus-
Pendant les grosses pluies où il y a de fortes pertur-
qu'en 1928, la circulation entre Atakpamé et Mango
bations atmosphériques, ou pour des raisons tech-
n'était pas possible toute l'année. Pendant la sai-
niques, les habitants des localités situées' au-delà
son des pluies, de juin à octobre, le pays était prati-
de 50 kilomètres de Lomé ne peuvent plus suivre .
quement coupé en deux. C'est seulement le 16 mai
les émissions de télévision. Par ailleurs, un petit tour
1928 que le pont principal sur la Koumongou à
Naboulgou fut inauguré' .
.sur les principaux marchés hebdomadaires de la
Région des Savanes permet de se rendre compte
Le 14 août de la même année, selon la même. source,
que de nombreuses marchandises arrivent des pays
16 Moba employés dans la construction d'un autre
voisins, notamment le Ghana, la Côte d'Ivoire et le
pont se noyèrent. La liaison entre le sud et le nord
Nigéria.
était donc rendue difficile par ces rivières, dont la
Tous ces faits sommairement évoqués montrent que
plus importante est I'Oti, aftluent de la Volta, à
la ville de Dapaong et tout l'extrême nord du Togo
Mango. La construction du pont pour l'enjamber
étaient depuis la période coloniale jusqu'au début
ne vit le jour que quelques années plus tard.
des années d'indépendance enclavés, isolés et mar-
La route principale partait d'Atakpamé et passait
ginalisés. Ils étaient plus tournés vers les pays voi-
par Sokodé et Bassar. Ce n'est que plus tard qu'une
. sins que vers ie sud du Togo. Selon Léo De Haan,
.
.
nouvelle route, moins longue qui passe par Kara
les surplus agricoles prenaient plutôt la direction
fut construite.
de .la Gold Coast, où des milliers de sacs de mil, de
bœufs, de chèvres et de moutons étaient vendus
Une autre manifestation importante de cette mau-
quand la situation agricole le permettait. Les rela-
vaise intégration de la région septentrionale à l' es-
tionsentre la Région des Savanes actuelle et le reste
pace national, est « la migration ouvrière ». Celle-
du pays, notamment le sud, étaient. très faibles. Il .
ci pendant la période coloniale était essentiellement
s'agissait en fait d'une véritable «exClusion» de
orientée vers la GoldCoast, et secondairement vers
l'espace colonial (Durand-Lass~rVe~ 1987).
la Côte d'Ivoire. Le migrant travaillait dans les plan-
. tations .cacaoyères, les mines, et secondairement
1 Rapport annuel sur le Cercle de Mango, 1928.
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------:..:.----~:_-..:....-----'-.....:...------=------------'--
Sciences sociales et humaines
vage (bœufs, chèvres, moutons, volaille), ainsi que
Isoléedes :régions situées plus au sud, la ville de
son retard économique et social sur les autres ré-
Da~aorig l'est aussi' par rapport à son arrière-pays
gions du pays.
également 'enclavé. Le Chef'~lieu de région subit
donc un double isolement. Les relations avec son
, L'enclavement de la partie occidentale est moins
arrière-pays rural sont également-faibles.
lié à la rareté des routes et des pistes qu'à leur pré-
' , "
' " ,
• •


, .
1
. '
, carité et à leur impraticabilité durant toute J'année.
,
- Quant à la partie est, il s'agit de rareté d'infrastruc-
i:2\\D~~aong, ~n~~~~lIéég~ie~"e~t:~alreliéeàson
'arrière~pays'
. ' , ' >:' ,c '
,
tures routières et de moyens de transport; liée à la
."
j / ,
rivière Oti qui en fait une zone d'inondation et à la
Le
faune qui occupe pratiq uement tout l'est dela ré-
dév~l~pperiie~t d'~nèvllleesi incontestablement
'lié à celui, de son arrière-pays, donc aux échanges
gion.
qu'elleentrètient avec ce(arrier~~paYs,.avec d'autres
_d
régio~s et des.villes d'autres'pays; La richesse.des, ,,. Au lieu de chercher des solutions appropriées à cette I~
zOl1:~S,~~t~~.~avor.isel.'~c.oIj2Wie:\\.lrbaine. , " ,_ . 0'''': , 'difficile in,té~ation régionale, le pouvoir, depuis "
,,_';' ,: _,'.;:t:<~:;\\·:" ,·.'"::~,,!~~td?~\\', ,,'" <"":~~~~·'··.,.'Vépoqu~'ë~lopialè jusqu'aujourd'hui, a par certai- ".
L'enclavement interneaiîseihde.làrégion estaussi
~ nes-pratiques autoritaires peu orthodoxes, renforcé'
'grave que telui qui-vientd'être décrit par rapport
l'impression-d'enfer ou de purgatoire que de nom-
aux autres régions du pàys (fig.Z).
breux Togolais ont de l'ensemble du Nord-Togo et
,
'
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"
..,
_/' .' , ; . , . '
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. '.;
de son chef-lieuINyassogbo, 1990).
Outre-'ltl>rûhte" n~ti~~ale;~Jj~l~:q'tif'và d~ Lomé':aû::~~
,,:':,:.[,' "t""";'., :
BurkinaFaSo:ion,~~~tro~\\lê.plù~ha~cUIiè,autie:ioie.., 2.3'La',Région,des Savanes, la Sibérie du Togo?
bitumée.dansla tégh)n;,:Si,.I~;';~utes en,ter:rè~§oiitL..
'.
'," " .' , -Ô,
praticables pendant la'saisoiisècne, la-plupartde~
La rigueur relative des conditions naturelles cons-
viennent impraticables pendant qu'il pleut. Beau-
titue un autre handicap sérieux pour la Région des
coup de localités se trouvent coupées de la ville
Savanes. Elle explique la pauvreté générale de cette
,_.
pendant cette saison que tôu'tIemonde attend~vec
région,' aggravée par la méthode de mise en valeur
~
une grande impatience. Deno~breu~ ruisseaux sans '"
'sélective et de mise à l'écart qui ignore certaines
ponceau répandent leurs eaux sur des pistes pous-
zones sans intérêt pour le pouvoir colonial.
'siéreuses en saison sèche,mais boueuses en saison
Dans ce contexte, on comprend aisément pourquoi
,pluvieuse.' En octobre 1994, nous avons été person-
la mutation d'un fonctionnaire dans cette partie du
, nellement témoin-des effets néfastes des pluies tor-r>:
pays a toujours été' ressentie comme une mesure
, rentielles tombées' surcettè région. t.ou a inondé ", disciplinaire et répressive. L'impression de purga-
la ville de Mange et d~ nombreux villages. Les'vil-
toire ou d'enfer-qu'en ont les populations du sud
lages étaient isolés non seulement les uns des autres,
n'est-elle d'ailleurs pas justifiée, renforcée et vou-
mais aussi et surtout .de Dapaong et de Mango, les
'lue par l'administration coloniale, et nationale? En
deux principaux centres urbains de la région.
effet, depuis l'époque allemande, l'une des carac-
Mandouri, chef-lieu; de la préfecture du même nom,
téristiques de cette région longtemps isolée et mar-
. situé à 105 kilomètres au nord-est de Dapaong, dans
ginalisée est d' accueillir les « récalcitrants» face à
la plaine d'inondation de 1'Oti, a été non seulement
l'ordre établi. Le fonctionnaire reconnu coupable
envahi par les eaux qui avaient emporté une bonne
d'une faute professionnelle ou politique jugée grave,
partie des récoltes, mais était coupé de Dapaong et
ou simplement soupçonné d'être récalcitrant ou
de nombreuses localités. L'absence de téléphone,
d'avoir un esprit quelque peu frondeur, est manu
.installé seulement quelques années plustard, a da-
militari muté dans cette région sans autre forme de
vantage renforcé l'isolement de ce centre adminis-
procès en signe de mesure «préventive» ou ré-
tratifnaissarit et de toute la préfecture. Les relations
' pressive, s'il n'est pas purement et simplement ra-
qu'entretient Dapaong avec son arrière-pays sont
dié de la fonction publique. Par ailleurs, les auteurs
par conséquent faibles. Cette situation explique la
de délits considérés comme graves et les hommes
faible monétarisation de l'économie régionale, ba- '
politiques en disgrâce ou opposés au régime (colo-
sée essentiellement sur la production du mil, du
nial ou national) ou supposés comme tels, étaient
cotori,seul produit de rente de la région et de l' éle-
enfermés dans la tristement célèbre prison de Mango
construite par les Allemands. Les conditions de
298
Revue du CAMES - Série B, vol. 0,06 N° 1-2,2004

_ _ _ _---'-
-----.:
~
Sciences sociales et humaines
détention y semblent des plus horribles et inhumai-
En effet, selon Léo De Haan, la prolongation de la
nes. Ainsi, tout agent affecté dans cette partie du
voie ferrée d'Agbonou à Blitta en J933 « eut une
pays se croitaccusé d'une faute professionnelle ou
influence positive sur les prix de transport des den-
victime d'une injustice administrative. Toute nou-
rées du nord et contribua au développement de la
velle mutation hors de la région est au contraire
production d'exportation ». Les contraintes géogra-
perçue comme la fin de l'acte expiatoire. Le séjour
phiques régionales, auxquelles s'ajoute le peu de
. ,dans ces conditions était longtemps considéré
considération que le pouvoir, depuis l'époque co-
..~. comme 'unacte hautement héroïque par ceux qui
loniale, a pour cette région, freinent le développe- .'
ne sont pas-nés dans la région.
ment de l'extrême nord du Togo. Vivant à la péri-
phérie de la « périphérie », suivant une expression
. Confondue.avec le pouvoir, J'administration prati-
très .chère à Samir Amin, toute la population se
que encore de nos jours les mêmes méthodes rétro-
sent frustrée, marginalisée et victime d'injustice so-
~.'~.'"
grades de.mise à l'écart et d'éloignement dans cette
ciale.

régionaux.conditions naturelles difficiles, de tous
ceuxq~rsorit« indésirables » politiquement, pro-
Mais fort heureusement, cette triste image gravée
',!
• fessi'~m#~H~wehfou pour toute-autre raison; De
dans la mémoire collectivecommence à s'estom-
/-j · .•:nom~ï;~uxtlî{stituteurs,professeurs de collège et de
per; même si elle n'a pas encore èntièrement dis-
.lycée.rinfirmiers, sages-femmes, médecins ou de
paru. C'est ie résultat des mutations économiques
simples employés de bureau, ont subi cette brimade
et sociales en cours, que sont l'amélioration des
et cette forme de torture morale au cours de leur
conditions de vie que traduisent le désenclavement
.-, ., ,:è~ièr~:PQ~~ les enseignants, ce type d'affectation'
et de nombreuses autres actions. Nous assistons
~
,..
p-1~~.....~h~""
~
••
,,,,,)Pt~~~~~~]~~ér~~~rn.ent, ~.on pa.s à la rentrée seo-
aujourd'hui, surtout depuis I~ bitumage de la route -
". _ .lairédansle.cadre des affectations générales et 10-
internationale qui relie Lomé à Ouagadougou par
.
;,;..:.,"... ...... ,,,,\\" ,.' ~... '-4 .)~
.
'..~
.
. 'cales, n9t:Jfiàles décidées par le ministère en charge
Dapaong en 1979, à l'intégration progressive de '
de l'éducation et les services d'inspection, mais
l'ensemble du nord-Togo à l'espace national.
~. plutôt .en pleine année scolaire, parfois à la veille
IIL,LE DESENCLAVEMENT ET L'INTEGRA-
~
des examens à l'étonnement de tout le monde. Ces
: pratiques bizarres n'épargnent aucun secteur de.
TION PROGRESSIVE DE DAPAONG ET PE
l'Etat. On a vu des fonctionnaires remettre leur dé-
LA REGION DES SAVANES A L'ESPACE
mission suite à ces décisions administratives auto-
NATIONAL
ritaires. Dans ces conditions, est-il exagéré de dire
. que la Région des Savanes est la Sibérie du Togo,
Selon Pierre George déjà cité, le désenclavement
toutes choses égales par ailleurs et taillée à sa '
qui est «une action avant tout économique », est
.« l'actionpar laquelle est rompu l'isolement maté-
mesure?
"
riel, économique, moral, de zones vouées ... à la
L'enclavement de la Région .lcs Savanes et son re-
stagnation, voire à la sécession. Le désenclavement
latif isolement paraissent être les premières causes
est donc toujours l'œuvre d'une collectivité et la
de la faible mise en valeur de cette périphérie na-
plupart de temps, aujourd'hui, si on le considère à
tionale. C'est la partie la moins urbanisée (à peine
une échelle suffisante, l' œuvre des pouvoirs pu-
15% du taux d'urbanisation contre 34% à l'échelle
blics »... Il « peut résulter, le plus souvent, .de
nationale) et en même temps la plus pauvre du pays.
grands travaux
d' infrastrure des. cOlÎllnunica-
Selon Jacques Bugnicourt (1970), c'est le résultat
tions ... , mais il peut être obtenu aussi par une poli-
du « dégradé économique et urbain» qu'on observe
tique tarifaire appropriée en matière de transports:
au Togo de la côte vers le nord. Produisant juste
l'abaissement du coût ou du prix (en italique dans
pour la subsistance, en raison des difficultés d' écou-
le texte) des transports est le moyen fondamental
lement du surplus agricole sur les marchés de con-
du désenclavement ».
sommation urbains du sud, la Région des Savanes
a pendant longtemps été victime d' « exclusion»
Les différents travaux entrepris depuis l'époque
comme la ville de Dapong qui en est la capitale ré-
. coloniale, même s'ils ont été timides au départ, ont
gionale. Les facilités de commercialisation et la
pour objectif de rompre l'isolement et la margina-
proximité des centres de consommation stimulent
lité de Dapaong et de sa région au sein du territoire
la production et génèrent des revenus plus élevés.
national .Si le désenclavement n'est pas la seule
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
"299

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _~
Sciences sociales et humaines
. solution pouvant favoriser l'intégration d'une ré-
pas toujours aisée, à cause de la mauvaise qualité
gion ou d'une localité à l'espace national, il joue en
de la piste, même en saison sèche. En saison plu-
revanche. un rôle extrêmement important dans le
vieuse, la situation était encore difficile jusqu'à l'in-' (~
.développement de la région ou de la localité.
dépendance. La région était dans un état de semi
1
D'autres actions complémentaires relatives àla mise
enclavement et d'isolement.
en valeur: du. milieu sont· indispensables. Le
désenclavement de Dapaong comporte deux volets:
Ce n'est qu'en 1979, à la suite du bitumage dela
- d'abord faciliter la liaison entre le nord et
Route Nationale n" l qui va de Lomé à la frontière
le. sud du pays en rompant l'isolement de Dapaong
septentrionale, qu'on petit parler de véritable
et de sa région;
désenclavement de la Région des Savanes. Mango,
. - ensuite développer les' relations entre le
Dapaong et les localités situées sur ce tronçon
chef-lieu de région et son arrière-pays.également
étaient desservis. Le voyage vers Lomé qui durait
enclavé.
auparavant plusieurs jours, se fait à présent en une
~
seule journée, même avec les tracasseries douaniè-)
,
Les .deux formes de désenclavement sont complé- .
res et policières généralisées aujourd'hui dans tout
mentaires et indispensables pour une véritable in-
le pays. En appuyant un peu plus sur l'accélérateur,
tégration de l'économie régionale. Mais le problème
certains conducteurs mettent seulement une jour-
ducoût.des transports demeure entier..
née pour parcourir le trajet Lomé-Ouagadougou,
long d'environ 1000 kilomètres.
3.1 La Iiaison Lomé-frontière du nord, un pro-
grès remarquable .i.
A la suite de ces travaux·d' infrastructure de com-
munications et de transports" la ville de Dapaong
La situation géographique de la Région des Sava-
est progressivement intégrée à l'espace national,
nes a constitué un lourd handicap pour son admi-
ainsi que toute' la région septentrionale. Elle répond
nistration et son développement. L'ouverture des
mieux à sa vocation de « nouveau marché» que les
pistes a d'abord commence naturellement dans la
fondateurs lui attribuèrent àl' origine. Elle est de-
....
région côtière et dans l'actuelle Région des Plateaux.
venue le plus grand centre régional d'échange. Le
.~
La nécessité de quadrillage du territoire en vue d'un
marché de la ville s'anime deux fois par semaine,
contrôle plusserré et les besoins de drainer les pro-
mercredi et samedi' et draine non seulement ven-
duits agricoles d'exportation (coprah, huile de
deurs et acheteurs de la région, mais aussi de Lomé
palme, café, cacao, etc.) imposaient le tracé rapide
et des autres centres urbains du sud du pays. La ca-
de pistes: Avant les pistes, Aného, Kpalimé et
pitale Lomé est essentiellement approvisionnée en
Agbonou à deux kilomètres d'Atakpamé furent re-
bétail (bœufs, moutons et chèvres) et en volaille
liés respectivement en 1905, 1907 et 1911 au Wharf
(poulets et pintades) à partir du centre régional. Les
. de Lomé pour les mêmes besoins. C'est pour cela
commerçants viennent également du Burkina Faso
que les trois lignés ferroviaires furentrespective-
et du Ghana. Ils' entretenaient déjà avec la région
ment baptisées « ligne du coprah », « ligne du ca-
d'intenses relations commerciales depuis l'époque
cao» et « ligne du coton». Cette dernière ne put
coloniale.
'atteindre Blitta' à 112 kilomètres d'Agbonou qu'en
1933, en pleine crise économique dans l'entre-deux-
En effet, dans le Rapport de 1928; on lit que parmi
guerres. La poursuite de l'ouverture de la piste vers
les populations du Cercle, seul le Moba produit un
Sokodé et Kara était beaucoup plus liée à la colo-
excédent de mil pour l'exportation vers la Gold
nisation des «terres neuves» du Centre-Togo par
Coast et la Haute-Volta, ainsi que vers les autres
les Kabyèet les Losso qu'au drainage de produits
régions du Cercle. « Le pays moba est le grenier de
encore rares dans ces régions (Lucien-Brun, 1974
réserve du cercle ». Le Moba est « essentiellement
et 1987). La route atteignit le pays kabyè au début
agriculteur et très travailleur »3 . Dapaong était éga-
des années 1920 (Cornevin, 0P~ cit.) La liaison en-
Iement un important marché de bétail. Déjà le 25
tre le sud et le nord n'a été possible que vers la fin
mai 1935, une foire de bétail s'était tenue dans ce
desannées 1920- début 1930, à la suite de la cons-
village: Des agents du service vétérinaire étaient
truction' des ponts et ponceaux sur les rivières et
arrivés de la Gold Coast pour assister à \\a foire.
ruisseaux: Malgré ces travaux- routiers importants,
305 bœufs et 455 moutons étaient vendus « à des
la circulation entre Mangoet le reste du pays n'était
prix très bons »4. C'est pourquoi les premières éta-
300
'Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

bles pour postes vétérinaires et les premières infir-
meries vétérinaires étaient construites à Mango et à
Dapaong dans les années 30. L'élevage est une ac-
tivité très importante dans la Région des Savanes.
Avec l'amélioration des infrastructures routières
depuis la fin des années 1970, la ville de Dapaong
est égaiement devenue un centre régional de transit
3.2 ... Mais des relations encore faibles entre
pour les pays enclavés du Sahel, sans ouverture
Dapaong et son arrière~pa~s .
.
maritime qui utilisent le Port autonome de Lomé
pour une partie de leurs exportations agricoles et

. La situation dans la Région des Savanes est très
de leurs importations. Le développement du trafic
entre Lomé et ces pays favorise de petites activités
différente de celle qu'on connaît dans la Région
Maritime et celle des Plateaux, où de nombreuses
l '
commerciales comme la restauration et le, rafraî-
pistes et même des.routes bitumée~ partent des cen-
chissement qu'atteste la présence de nombreux pe-
tits restaurants' et bars disséminés partout dans la
tres urbains pour aboutir dans les agglomérations
rurales qui s'u~banlsent à leur' tour. C'est le cas no-
ville. Cette dernière est quotidiennement reliée à
tarnment des Plateaux-Ouest où" 'l'évacuation des
Lomé et aux autres centres urbains situés plus au
. sud, et vice -versa, Des dizaines de véhicules de
produits agricoles vivriers (céréales, tubercules, lé-
transport de 9 à 15 places enplus des voitures ad-
gumes, fruits, etc.) et d' exportation (café, cacao)
.ministratives et privées et des camions de transports
ne pose plus de problèmes majeurs à cause de la
de marchandises sillonnent nuit et jour la routein-
modernisation des voies et moyens de communica-
ternationale dans les deux sens.Au regard de l'im-
tion et de transport (Nyassogbo, 1975, 1997 et
1,999).
' .
. '
portance relative du trafic sur la route nationale
Lomé-Dapaong-frontière du Burkina Faso, on peut
dire que la modernisation de la route ayant débou-
Dans la Région des Savanes, si le:centre régional
ché sur le désenclavement de Dapaong et de sa ré-
est bien relié depuis quelques' années au reste du
gion a connu un progrès remarquable. La circula-
pays et au Burkina Faso au nord, cen'est pasle cas
tion des hommes, des biens et des idées est désor-
pOl;lr de nombreux villages, fermeset hameaux de
mais relativement aisée.
1'arrière-pays souvent coupés de le~r centre régio-
.nal·pendant une période plus ou moins longue de
Les fonctionnaires pour lesquels cette partie du Togo
)' année, surtout en saison pluvieuse entre juin et
était un « enfer» répugnent de moins en moins à y
octobre. La situation est particuli~rement grave à
aller travailler, suite à la découverte de certains
«charmes» du milieu: accueil de la population,
1 Biiua, considérée à l'époque comme « terminus provisoire» est jusqu'ici
encore le t~m1inus de cette voie ferrée qui devrait être prolongéejusqu'aux
abondance et bas prix de la viande, coût de vie re-
mines de ter de Bangéli.
lativement bas, etc. Mais il y a encore des résistan-
, La périodicité des marchés de cette région était de trois jours. Depuis
ces liées aux idées négatives longtemps véhiculées
19~6, les,autorités a~ministr~tives locales ont réduit à Dapaong la périodi-
sur le caractère d' «enfer» de la région, à l'éloi-
cite en décidant de fixer lesJours de marché à mercredi et samedi. afin de
diminuer le gaspillage économique 'qu'entraînait une périodicité trop rap-
gnement de la capitale où existent de nombreuses
prochée.
".
' .
possibilités d' « affaires» et de promotion indivi-
) Rapport annuel sur le Cercle de Mango, 1928.
duelle et collective. Les résistances s'expliquent
. 'Rapport annuel sur le.Cercle du Nord, 193?
aussi par le caractère pénible du trajet effectué non
5 Les Moba sont très connus en matière culinaire. Depùis l'epoque colo-
pas avec des autobus· spacieux de 40 à 60 places,
niale, nombreux sont ceux qui étaient employés comme cuisiniers par les
mais avec des mini-bus de 9 à 15 places, surchar-
colons.
'Les pannes el les accidents trés fréquents sont liés làdeux facteurs : d'une
gés et dans lesquels le voyageur.n'estjarnais à-l'aise.
part l'état des véhicules de transport souvent vieux del 0 à 15ans, et parfois
Les nombreux arrêts aux postes de « contrôle» de
même plus, appelés « venus de France », et d'autre part la.traversée dange-
.
l
' .
.
......
police, de douane et de gendarmerie, où le trans-
reuse de deux barrières montagneuses, le Malfakassa el lc Doufclgou.
porteur est tenu « de donner quelque chose », ren-
forcent l'impression d'un trajet trèslong qui dure
généralement une journée entière si le véhicule n'est
pas tombé en panne ou accidenté" . Malgré ces dé-
. '
1"
Revue du CAMES .Série B, voL006.N° 1::'2,2004
301

_ _ _ _ _ _ _ _-'--_-'--
Sciences sociales et humaines
-I'est de la région, dans la préfecture de Mandouri,
jusqu'à une époque récente, aggravé l'enclavement
dans la plaine d'inondation de l'Oti, caractérisée
et l'isolement de la région septentrionale. La région
par une très faible densité de population (3à 5 ha-
demeure toujours sous-équipée en téléphone et dans
bitants/km"). Durant la saison des pluies, de.nom-
les autres secteurs par rapport à tout le pays.
breuses localités sont enclavées et isolées du centre
régional .. En effet, le Sansargou, affluent de l'Oti,
La faiblesse générale des relations entre Dapaong
empêche tout passage, surtout de véhicules. D'im-
et ses.campagnes n'est pas de nature à encourager
portantes productions agricoles et pastorales ne peu-
la production destinée à la commercialisation. La
région est encore relativement isolée et marginali-
'vent plus être évacuées sur le principal centre de
sée malgré les efforts de désenclavement entrepris
collecte et de redistribution, faute de pistes carros-
depuis plusieurs années et qu'il faut poursuivre avec
sables en toutes saisons et de ponts et ponceaux sur
plus de vigueur et de détermination, dans le cadre
les rivières et les ruisseaux.
'
d'une économie qui se veut moderne. La figure qui
suit montre néanmoins de réels efforts dans la cons-
Même dans la zone ouest de la région appelée com-
truction des pistes surtout à I'ouest..Ce sont ces ef-
munément zone du Projet FED (Fonds Européen
forts qui permettent aujourd'hui à Cinkassé, -loca-
de Développement) où l'Union Européenne avait
lité située à cheval sur le Togo et le Burkina, d' émer-
initié un important projet de développement dans
. ger des villages voisins et de devenir un centre ad-
les années 1980, ayant permis l' ouverturede dizai-
ministratif et surtout commercial, qui concurrence
nes de kilomètres de pistes et la construction de
sérieusement Dapaong. Mais la région subit encore
radiers, la circulation n'est pas facile ensaison plu-
une véritable discrimination qu'on ne peut atténuer
vieuse. Cette zone, contrairement à la partie orien-
que dans Je cadre d'une politique d'aménagement
tale, est très densément peuplée (environ 150 à 200
du territoire qui prendrait globalement en compte
habitants/km") et dégage d'importants surplus agri-
non seulement les problèmes d'équipements rou-
coles et pastoraux pour la commercialisation. Dans
tiers et des transports, mais aussi de migration, de
ces conditions de précarité des infrastructures et des
création d'activités génératrices de revenu, de santé,
moyens de communication et de transports, de nom-
.~
de scolarisation, d'environnement, d'urbanisation,
\\
breux villages nesont reliés à 'l'important centre
de décentralisation 1déconcentration, etc.
,administratif et commercial que le mercredi et le
samedi Gours de marché de Dapaong), et égalemen-t
CONCLUSION
le jour du marché dès villages qui onde privilège
d'en être dotés. Tl faut reco~naître les efforts de
L'analyse qui vient d'être faite montre la difficile
désenclavement déployés depuis plus de 20 ans par
intégration de la 'ville de Dapaong et de la Région
les pouvoirs publics' avec l'aide de la coopération
des Savanes à l'économie nationale. Elle résulte de
bi et multilatérale. Outre le Projet FED, la Société
la précarité des infrastructures et des moyens de
'Togolaise du Coton (SOTOCO), créée en 1975 sur
transport modernes 'qui ont longtemps caractérisé
financement de la Banque Mondiale, a également
tout l'extrême nord du Togo, l'isolant et le margi-
ouvert des pistes en vue de faciliter la collecte du
nal isant par rapport au territoire national. La
coton, pour lequel la région est devenue un impor-
destructuration des anciens réseaux marchands à
tant producteur (entre le quart et le tiers de la pro-
l'époque coloniale, qui allaient de Salaga à la côte
1
duction nationale: environ 60000 tonnes). Malgré
de l'actuel Ghana, en passant par Mango, Yendi,
toutes ces actions, les relations entre Dapaong et
Kabou, Bassar et Sokodé, est la cause historique
ses campagnes sont encore faibles. Jusqu'en 1990
fondamentale de la situation d'enclavement et d'iso-
encore, seuls les centres administratifs de Mango
.lement que le nord du Togo a pendant longtemps
et de Dapaong,ainsi que quelques grosses agglo-
vécue. Elle a provoqué la désorganisation de l' éco-
mérations situées sur la Route Nationale N°l
nomie régionale. La Région des Savanes est demeu-
.comme Barkoissi, Bombouaka, Cinkassé, bénéfi-
rée une zone fermée à la modernisation et au déve-
ciaient du téléphone. Aujourd'hui, même en s'écar-
loppement. Or, seuls les échanges permettent la cir-
tant de cette route qui est l'épine dorsale du Togo,
culation des hommes, des biens et des idées, et gé-
on peut téléphone à partir d'un certain nombre de
nèrent des revenus plus élevés et par conséquent
localités et recevoir des appels: Mandouri, Bogou,
l'amélioration des conditions générales de vie en
Gando, Korbongou, Naki-est, Naki-ouest, etc. La
11
vue d'un développement généralisé et durable.
quasi- absence de ce moyen de communication avait
302
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

_ _ _ _ _~~_'___'__
Sciences sociales et humaines
)
Les habitants de la Région des Savanes avaient subi
nationales éloignées de leurs capitales respectives.
une sorte d'injustice sociale, à cause de la distance
de Lomé. Les prix de nombreuses marchandises qui
augmentaient de Lomé vers le nord, étaient beau-
coup plus élevés ici, notamment le ciment etle car-
burant, qui revenaient 10 à 15% pluscher qu'à Lomé
pour une population plus pauvre.
Jusqu'au début des années] 980 encore, les élèves
du lycée de Nassablé à Dapaong et ceux du lycée
de Mango, candidats à l'examen du Baccalauréat,
devaient parcourir pres de 300 km jusqu'à Sokodé
pour arriver à leur centre d'examen. Puis plus tard
un peu moins, mais quand même200 km pour com-
poser à Kara. L'office du Baccalauréat a depuis
quelques années ouvert un centre d'examen à
Dapaong. Finis donc les longs déplacements jus-
qu'à Sokodé et à Kara. Mais les longs déplacements
___ jusgu'à Lomé sont encore nécessaires pour certai-
nes démarches administratives. Par exemple, pour
les papiers administratifs à fournir avant de partir à
la retraite, la délivrance de titres de voyage comme
le passeport ou .le laissez-passer, il est nécessaire
de « descendre» à Lomé. La déconcentration de
nombreux services est nécessaire pour eviter les,
recours trop fréquents à Lomé, ce qui pèse lourd
sur le maigre revenu des fonctionnaires et employés
de l'Etat. Il fautespérer qu'avec le développement
de la culture du coton qui ne doit pas cependant
prendre le pas sur la production vivrière, et qui a
permis la mise en place d'une petite activité agro-
industrielle, la région sera plus intégrée à l'écono-
mie nationale, puis mondiale. Cette activité agro-
industrielle, l'égrenage de coton, mise en place par
la Société Industrielle du Coton du Togo (SICOT)'
emploie près de 40 ouvriers permanents. La viIle
de Dapaong et la Région des Savanes sortent pro-
gressivement dè leur isolement et de leur margina":
lité, mais il faut craindre le court-circuitage des prin-
\\
cipaux marchés régionaux, que fréquentent de plus .
en plus les commerçantes de Lomé qui vont direc-
tement dans les marchés ruraux hebdomadaires pour
acheter les produits agricoles et la volaille qu'elles
revendent à Lomé ou ailleurs. Il faut désenclaver,
mais il faut aussi développer la région en créant des
activités génératrices de revenus pour un dévelop-
pement régional durable. La situation géographi-
que de Dapaong à la frontière de deux autres Etats
,
voisins interpelle les gouvernements et les collecti-
vités des Etats concernés pour réfléchir sur les ba- '
. J
ses d'un plan d'aménagement et de développement
1 La même société a implanté une usine d'égrenage de coton à Tsévié à 35
sous-régional qui couvrirait les trois périphéries
km de Lomé et à Blitta dans la Région Centrale
Revue du CAMES -Série.B, vot 006 N° 1-2,2004
303

_ _ _-'--_---'-_.:....-_ _----:..
Sciences sociales et humaines
. ""
Fig. 1 : La situation géographique de Dapaong et de la Région des Savanes
Localisation du Togo en Afrique
B U R K I N
A-F
A S 0
LEGENDE
Région des savanes
~ Cours d'eau
Capitale
Limite de Région


l '
Chemin de fer
Chef-lieu de Région'
-:-1-'-
".I.i

Centre urbain important
.-.-
Route bitumée
'1

"
'
"
304
Revue du CAMES -Série.B, vol. 006 N° 1-2,2004

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Fig. 3 : Routes et pistes dans la Région des Savanes en 2000
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Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

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