- - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
La communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le règle-
ment des conflits dans la sous- région
Jean Marc D. PALM
Ouagadougou - BURKINA FASO
Résumé
Abstract
La CEDEAO, organisme communautaire à voca
. ECOWAS, a community organisation having
tion initiale économique, a été contrainte par le
initially an economie vocation has been forced by
circonstances de se charger du règlement des con
the circumstances to be responsible for settling
flits et du maintien de la sécurité dans une sous
conflicts and maintaining security in a difficult sub
région en difficulté. ECOWAS Monitorin
region. ECOWAS, a military force created for this
Group(Groupe d'Observation militaire de 1
purpose has intervened in Liberia( 1993-1997), in
CEDEAO), plus connu sous le sigle ECOMOG,
Sierra Leone
(1997-2000)
and
Guinea-
force militaire créée àcet effet, est intervenue a
Bissau(1999).
Libéria (1993-1997), en Sierra Leone (1997-2000)
Today, ECOMOG is in Côte-d'Ivoire(2003) and
et en Guinée-Bissau (1999). Aujourd'hui elle es
again in Liberia. Without important financial
en Côte d'Ivoire (2003) et de nouveau au Libéria.
means, without logistics, questioned by sorne
Sans moyens financiers importants, sans logisti
members of the organisation at the beginning, its
que suffisante, contestée au début par certain
task consisting in managing conflicts seems to be
membres de l'Institution, la CEDEAO se retrouv
compromised. Therefor ECOMOG is obliged to
dans une position délicate car sa tâche de gestion
rely on the international partnership (western
naire des conflits paraît compromise. Elle est alor
power and UNO) which make people wait for it
obligée de s'appuyer sur le partenariat intematio
and invest little money in this field. However, it is
nal (puissances occidentales et ONU) qui se fai
condemned to solve its problems to make peace
souvent attendre et investit peu dans ce domaine.
and security reign in a sub region confronted with
Elle est pourtant condamnée à résoudre ses pro
a permanent crisis.
blèmes pour faire régner la paix et la sécurité dan
The security mechanism, created in 1999 for this
une zone en crise permanente. Le mécanisme d
purpose, must be operational if the sub region
sécurité, créé a cet effet en 1999, se doit dêtr
wants to achieve economie integration and
opérationnel si la zone veut réaliser l' intégratio
development.
et le développement économiques.
Key Words
: ECOWAS-conjlicts-security-
Mots-clés: CEDEAO - conflits - sécurité - cir
circumstances-ECOMOG- Liberia- Sierra Leone-
constances - ECOMOG - Libéria - Sierra Leon
Guinea-Bissau-parternship- western powers
- Guinée-Bissau - Côte-d'Ivoire - partenariat
UNO-mechanism-integration-development-
puissances occidentales - ONU - mécanisme
economie.
INTRODUCTION
d'Ivoire, Guinée-Bissau) ou inter-étatiques (Sierra
Leone, Libéria et la Guinée). La multiplication de
En Afrique de l'Ouest prolifèrent de nombreux con-
ces conflits a suscité la mise en place de mécanis-
flits intra-étatiques (Libéria, Sierra Leone, Côte-
mes pour leur résolution et leur gestion. Dans ce
processus, les différentes institutions locales, régio-
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
109

nales et internationales chargées de la paix inter-
viennent aux différents niveaux où ces conflits se
déroulent et essaient de mettre en place des systè~.
Dans sa démarche analytique, l'étude s'intéressera
mesd~ pré~:~!1tion mieux-adaptés.
. v;,
dans un prèmier temps au glissement de la
La-régionalisation apparue au lendemain de la
CEDEAO, des missions économiques à celles de
Guerre froide est un des phénomènes mondiaux qui
règlement des conflits et de maintien de la paix.
traduit la volonté des organismes de jouer un rôle
Elle abordera ensuite les facteurs des conflits en
pour maintenir la paix en dehors du cadre de l'ONU.
Afrique de l'Ouest. Enfin, elle esquissera des pro-
D'autres acteurs régionaux au sein d'organisations
positions de solutions pour le succès des missions
telle l'Organisation du traité de l'Atlantique nord
de paix.
(OTAN), ont entrepris des missions de paix dans
1. LA CEDEAO : DE LA VOCATION ÉCONOMIQUE
les Balkans où les Nations- Unies ne pouvaient pas
À LA MISSION DE RÈGLEMENT DES CONFLITS
ou ne voulaient pas intervenir.
La CEDEAO est un organisme communautaire de
Les opérations régionales de maintien de la paix
développent créé par le Traité de Lagos du 28 mai
sont devenues importantes en Afrique, en partie,
1975' . Elle compte 15 pays". Les premiers objec-
parce que les puissances siégeant au Conseil de sé-
tifs stipulés dans sa charte étaient axés sur la pro-
curité se sont graduellement désengagées des con-
motion de la « coopération et du développement
flits du continent. Cela résulte de l'échec subi par
dans tous les domainesde l'activité économique ».
les USA en Somalie en 1993 et de l'intervention
Son objectif était de créer un marché commun au
controversée. de la France au Rwanda en 1994. C'est
sein duquel les biens, les services et les personnes
ainsi que la CEDEAO a été contrainte d'intervenir
pouvaient circuler librement dans toute la sous-ré-
de plus en plus dans le règlement des conflits que
gion. Mais pendant les vingt premières années de
connaît l'Ouest africain. Les autres organisations,
son existence, les objectifs de la CEDEAO ont été
telle que l'Union économique et monétaire ouest -
entravés par l'existence d'organismes concurrents,
africaine(UEMOA), interviennent très peu ,pour ne
apparemment suscités par la France comme l'Union
pas dire jamais, dans ce domaine
économique
et
monétaire
ouest
africaine(UEMOA)3 .,née en 1994 en lieu et place
Cet organisme communautaire a-t-il réussi dans ses
de la Communauté économique de l'Afrique de
missions de maintien de la paix et de prévention
l'Ouest(CEAO) En outre, les Etats de la CEDEAO
des conflits depuis ses interventions au Libéria
n'ont pas les infrastructures de base et leurs écono-
(1990-1997), en Sierra Leone (1997-2000), en Gui-
mies dépendent essentiellement du commerce des
née-Bissau (1999) et aujourd'hui en Côte-d'Ivoire
matières premières. D'autre part, la France, en main-
(2202) ? Il s'agit ici de faire une évaluation des in-
tenant des bases militaires dans certains Etats Ouest-
terventions de la CEDEAO dans les conflits ouest-
africains (Côte-d'Ivoire, Sénégal) et en intervenant
africains et d'examiner les solutions possibles
dans diverses régions pour soutenir des régimes
d'amélioration de ses actions.
locaux alliés, a entravé la coopération politique entre
pays anglophones et francophones: Tous ces élé-
Cette étude de l'évaluation des actions de la
ments ont freiné les progrès de la CEDEAO dans
CEDEAO repose sur une approche documentaire.
ses objectifs. Les échanges intra-régionaux n'ont
On peut mentionner T.K.Biaya (1999 :137), ainsi
crû que de 4% à Il % en vingt ans" . Le plan initial
que les différents Traités de la CEDEAO (1975 et
visant à créer une monnaie unique en 1994 avait
1993).Une recherche minimale de terrain au siège
peu progressé en 1993. Le traité révisé de Cotonou
de la CEDEAO à Abuja et au ministère des affaires
a repoussé les échéances à 2009. La libre circula-
étrangères du Burkina Faso a aidé à la compréhen-
tion des personnes, malgré la signature d'un proto-
sion du rôle de cet organisme. Enfin, la participa-
cole et l'établissement d'un passeport de la Com-
tion à deux séminaires organisés par l'International
munauté, reste vaine tant les tracasseries sont nom-
Peace Academy de New York et la CEDEAO sur le
breuses à chaque frontière des Etats membres. Dans
thème: Vérs une Pax ouest africana : rétablir la paix
le domaine de l'intégration économique, le bilan
dans une sous-région en difficulté-à Abuja du 27
est peu satisfaisant. Le marché commun n'a pas
au 29 septembre 2001 et à Dakar en août 2002 ont
encore été créé et l'union monétaire n'a pas encore
110
Revue du CAMES - SérieB, vol. 006 N° 1-2,2004

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
pu être réalisée. Il faut ajouter à cela le fait que les
1.1 Le maintien de l'ordre en Afrique de l'Ouest
politiques économiques au sein de la CEDEAO ne
sont toujours pas harmonisées. L'existence de près
Depuis la décennie 1990, la CEDEAO a lancé trois
de 40 organisations intergouvernementales, dont
interventions militaires majeures pour mettre fin à
beaucoup poursuivent des objectifs similaires, gêne
des conflits dans le cadre d'une action sous-régio-
les initiatives en faveur de l'unité. Le fossé linguis-
nale. En août 1990,cinq Etats membres de la
tique et culturel entre Etats anglophones et franco-
CEDEAO(Nigeria, Ghana, Guinée, Sierra Leone et
phones continue d'entraver les progrès économi-
Gambie) décident la création d'une force de main-
ques et politiques de la sous-région.
tien de la paix chargée d'intervenir au Liberia,.
l'ECOWAS Monitoring Group (ECOMOG), sans
Sur le p'lan sécuritaire, les initiatives prises par la
mandat de l'ONU et sans concertation préalable
CEDEAO ont grandement été gênées par celles des
avec les autres Etats membres. Elle y restera jus-
Etats francophones. En effet, en ] 978 et en 1981 ,
qu'en 1997. L'opération sera rééditée en Sierra
l'Institution prenait deux engagements :le Protocole
Leone de 1997 à 2000 et en Guinée-Bissau en 1999.
de non-agression et le Protocole relatif à l' assis-
Dans ces trois pays, la CEDEAO a-t-elle été capa-
tance mutuelle en matière de défense. Le premier
ble de restaurer la paix et l'ordre?
demandait aux Etats membres de régler leurs con-
flits par des moyens pacifiques dans le cadre de la
1.2 Evaluation des interventions de la CEDEAO
CEDEAO. Le second prévoyait l'apport d'une as-
(cf. tableau)
sistance mutuelle en cas d'agression provoquée ou
appuyée par un pays étranger ainsi que la création
L'évaluation des actions de la CEDEAO donne des
d'une Force alliée de la Communauté (AAFC) cons-
résultats mitigés et fait naître des doutes quant à la
tituée de troupes de réserve des Etats membres",
capacité de l'organisation à édifier la paix dans la
Cette force n'ajamais vu le jour, et pour cause! En
sous-région. En effet, l'action de l'ECOMOG au
effet, en 1977, la Côte-d'Ivoire, la Haute-Volta (Bur-
Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau a été
kina Faso), le Mali, la Mauritanie, le Niger et le
entravée par de nombreux facteurs.
Togo avaient signé un pacte de défense mutuelle,
l'Accord de non-agression et d'assistance en ma-
Le premier facteur est lié au fait que le recours à la
tière de défense' (ANAD) qui se fixait les mêmes
force de l'ECOMOG a été décidé sans l'approba-
objectifs que le Protocole de la CEDEAO de 1981 6 •
tion consensuelle de la sous-région, ni celle du Con-
seil de Sécurité. Certains Etats ont alors remis en
Mais, face au climat d'instabilité politique dans la
cause sa légitimité et l'ont considérée comme un
sous-région et consciente qu'une telle situation est
instrument au service des ambitions hégémoniques
préjudiciable à l'intégration et au développement
du Nigeria' . Cela a conduit à des attitudes diver-
économiques, la CEDEAO a été contrainte d'éla-
gentes des Etats face aux belligérants. Quatre exem-
borer des méthodes et de créer des institutions pour
ples de soutien militaire apporté aux belligérants
gérer efficacement les conflits en Afrique de l'Ouest.
sont notoires. Il s'agit du soutien de la Côte-d'Ivoire
Cette décision sera renforcée par le refus des Occi-
et du Burkina Faso au Front national patriotique du
dentaux d'intervenir dans les conflits africains.
Libéria (NPFL) de Charles Taylor, de l'aide du Ni-
geria" de la Sierra Leone et de la Guinée aux fac-
tions anti-NPFL ; du soutien du Liberia et du Bur-
kina Faso au Front révolutionnaire uni (RUF) et de
l'aide militaire accordée par le Sénégal (appuyé par
1 CEDEAO .Traité de la CEDEAO. Abuja, Secrétariat exécutif de la
la Guinée) au président Joao Bernardo « Nino »
CEDEAO, 1975.
Vieira contre le général Ansumane Mané dans le
1 Initialement la CEDEAO comptait 16 pays. La Mauritanie l'a quittée en
janvier 2000.
conflit bissau-guinéen? . De nos jours, ce genre ciJI
J J.M.Palm : « La problématique de l'Intégration en Afrique de l'Ouest à
soutien se poursuit toujours. C'est ainsi que, dans
travers la CEDEAO et ['UEMOA » in Science et Technique. Lettres, Scien-
ces sociales et humaines, vol.23, na1janvier 2002,p,37. Vers une pax ouest
la reprise des combats au Liberia, on retrouve la
a/ricana: rétablir la paix dans une sous-région en difficulté. Abuja, sep- .
Côte-d'Ivoire aux côtés du Mouvement pour la dé-
tembre 200 l, p.6
, IAP/CEDEAO :
mocratie au Liberia (MODEL) et la Guinée avec
'id. p.6.
les Libériens unis pour la réconciliation et la démo-
6 ibid. p.6.
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
111

cratie (LURD) contre le pouvoir de Charles Taylor.
Outre ces acteurs africains qui interviennent aux
côtés des différents belligérants, on en trouve
d'autres extérieurs au continent. Ces acteurs sont,
entre autres, des sociétés commerciales occidenta-
les et asiatiques qui s'associent aux seigneurs de
En dépit des limites mentionnées plus haut, la
guerre pour piller les ressources des pays en con-
CEDEAO a enregistré des progrès dans le main-
flit". Il faut signaler que les soldats des Etats qui
tien de la paix. Le premier élément est la révision
interviennent dans les conflits participent également
en 1993 du traité et du protocole de la CEDEAO
au pillage des richesses de ces pays.
qui comprenaient des clauses relatives au maintien
de la paix. Depuis, les Etats ont accepté, en prin-
Les trois interventions de la CEDEAO ont révélé
cipe, la mise en œuvre des mécanismes officiels qui
les faiblesses logistiques des armées ouest-africai-
permettraient à l'ECOMOG d'assurer la sécurité de
nes. Cela n'est pas étonnant, d'autant plus que la
la sous-région. L'adoption, au sommet de Lomé, en
sous-région dispose de ressources limitées tant sur
décembre 1999, du mécanisme de sécurité de la
le plan technique, humain que financier. En outre,
CEDEAO est l'une des tentatives faites pour insti-
le mandat de la force militaire était mal défini. A
tutionnaliser la gestion des conflits en Afrique de
ces problèmes se sont greffés d'autres qui ont rendu
l'Ouest.
la situation complexe. Ce sont: la mauvaise foi des
belligérants au cours des négociations, la cupidité
La création du mécanisme vise aussi à prendre en
des rebelles, l'enrôlement des citoyens ordinaires
compte les leçons tirées des interventions de
et des enfants dans l'armée, le débordement des
1'ECOMOG au Libéria et en Sierra Leone. Ce sont:
conflits dans les pays voisins et le non-respect du
le mandat peu clair des missions de maintien de la
principe de neutralité par les forces de maintien de
paix, la logistique mal adaptée des forces de main-
la paix.
tien de la paix chargées d'assurer la sécurité, le non-
respect du principe de neutralité de ces forces et la
Parmi les obstacles au succès de l'ECOMOG, le
non implication des Etats francophones au début
problème de l'hégémonie du Nigeria mérite qu'on
des processus de maintien de la paix 1 .La prise en
s'y appesantisse. Cette question divise les Etats
compte de ces erreurs a permis que l' ANAD soit
membres de la CEDEAO. Il y a ceux qui approu-
intégrée au sein du nouveau mécanisme de sécurité
vent son rôle au sein de l'ECOMOG, rôle qu'ils
de la CEDEAO.
jugent indispensable pour faire reculer la violence
dans la sous-région. Leurs positions sont justifiées
Ce mécanisme propose la création de plusieurs or-
par sa grande contribution en hommes et en fonds à
ganes chargés d'appliquer les décisions prises. Ce
l'exécution des missions de l'ECOMOG. Avec 75%
sont: le Conseil de médiation et de sécurité, la
du PNB de l'Afrique de l'Ouest, 50% de sa popula-
Commission de défense et de sécurité et le Conseil
tion et une armée de 94000 hommes" , il est impen-
des sages. Il prône aussi une collaboration entre les
sable de négliger le Nigeria dans le règlement des
Etats en matière de prévention des conflits, de ré-
conflits dans la zone. Ceux qui sont contre le Nige-
pression de la criminalité transfrontalière et du tra-
ria, critiquent sa position dominante au sein de la
fic d'armes légères et de drogues? .
CEDEAO. Ils étayent leur avis par le manque de
transparence et l'absence de compte-rendus du Ni-
Afin de recueillir des informations politiques, éco-
nomiques et sociales fiables pour prévenir les con-
geria tant dans la gestion de ses affaires intérieures
que dans la médiation des conflits au plan interna-
flits dans le cadre du système d'alerte rapide de la
CEDEAO, des bureaux seront ouverts dans quatre
tional. Ils critiquent également les méthodes bruta-
zones d'observation: Banjul(Gambie) Cotonou
les utilisées par l'ECOMOG au Liberia et en Sierra
Leone pour imposer la paix. Cependant deux ques-
tions demeurent: peut-on créer un organisme de
1 T.K. Biaya : Acteurs et médiation dans /a prévention des conflits en Afri-
maintien de la paix sans un leader? Quel Etat, autre
que de / 'Ouest, DakarfLa Haye"CODESRIAiClingendael, 1999,p.2.
2 IAP/CEDEAO :op.cit.,p.14.
.
que le Nigeria, possède les qualités requises à cet
3 F.M. de Monclos : « Libéria : des prédateurs aux ramasseurs de miettes ».
effet? Il est impérieux de répondre à ces questions
in Economies de guerre. Paris, Hachette, 1996,pp.269-297 .
4 IAP/CEDEAO :op.cit. ,p.14
afin que puisse être créé un mécanisme efficace de
112
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
(Bénin),
Monrovia
(Libéria)
et
L'ECOMOG n'est pourtant pas intervenue en Côte-.
Ouagadougou(Burkina Faso). Un Département des
d'Ivoire lors du coup d'Etat perpétré contre le ré-
affaires politiques, de la défense et de la sécurité,
gime de Henri Konan Bédié en décembre 1999. Elle
dirigé par le Secrétaire exécutif adjoint de la
n'a pas non plus été en mesure de déployer ses trou-
CEDEAO, assurera la coordination de ces bureaux
pes lors du conflit frontalier opposant le Liberia, la
d'observation.
Sierra Leone et la Guinée d'octobre 2000 à mars
2001. Cela traduit les faiblesses de la CEDEAO
Le mécanisme reprend à son compte la mise en
mentionnées plus haut en matière de maintien de la
œuvre du protocole de 1981 relatif à l'assistance
paix et de la sécurité.
mutuelle en matière de défense (MAD). Pour cela,
il préconise la création d'une force de réserve cons-
La question du financement demeure un obstacle
tituée d'unités d'armées nationales spécialement
majeur pour transformer l'ECOMOG en une force
entraînées et équipées, prêtes à être déployées très
crédible. Le mécanisme prévoit que les pays qui
rapidement Elle aura pour mission l'observation,
. fournissent les contingents assurent le coût des opé-
la surveillance, le maintien de la paix, l'aide huma-
rations militaires pendant les trois premiers mois
nitaire, l'application des sanctions et les embargos,
avant que ceux-ci ne soient pris en charge par la
le déploiement préventif, le rétablissement de la
Communauté. Il stipule aussi qu'un Fonds spécial
paix, le désarmement, la démobilisation et le main-
. pour la paix doit être créé pour réunir les fonds pro-
tien de l'ordre, y compris la répression de la con-
venant des cotisations des' membres. L'ONU et ses
trebande et de la criminalité. Pour être performante,
agences, l'OUA (aujourd'hui Union africaine) et le
cette nouvelle force devrait effectuer des exercices
reste de la communauté internationale devraient
d'entraînement réguliers afin de renforcer la cohé- .
aussi apporter une aide financière. Dans le proche
sion des troupes et de s'assurer de la compatibilité
avenir, l'assistance extérieure est nécessaire pour
de leurs équipements. C'est dans ce cadre que 4.000
résoudre les problèmes de soutien logistique jus-
soldats du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte-
qu'à ce que la CEDEAO développe ses propres ca-
d'Ivoire, du Niger, du Togo, du Tchad et du Ghana
pacités et dispose d'une base de financement so-
ont pris part à des manœuvres militaires conjointes
lide. Cette difficulté s'est manifestée par la lenteur
dans la Kompienga à l'est du Burkina et au nord du
de la CEDEAO à déployer ses troupes en Côte-
Togo en mai 1998. Le Nigeria s'est occupé de la
d'Ivoire après les événements du 19 septembre
préparation militaire de ces manœuvres' .
2002. Il a fallu l'intervention des forces extérieures
(la France en 1' occurrence) pour stabiliser le front.
Cette nouvelle ECOMOG a trois domaines d'inter-
vention : les conflits internes dans un Etat membre
L4 La CEDEAO dans le cadre sécuritaire mon-
soutenus de l'extérieur de la sous-région, les con-
dial
flits entre deux Etats membres ou plus et les con-
flits internes qui risquent de provoquer des catas-
L'intervention militaire des puissances occidenta-
trophes humanitaires, menacent gravement la paix
les dans les conflits africains a été souvent criti-
et la sécurité de la sous-région et/ou qui font suite
quée et par les Africains et par leur propre opinion.
au renversement ou à une tentative de renversement
publique. Les premiers leur reprochaient de n'avoir
d'un gouvernement démocratiquement élu". Ce
été ni consultés ni associés au processus. Les se-
dernier scénario permet de légitimer de futures in-
conds condamnaient leurs gouvernements respec-
terventions militaires sur la base des expériences
tifs pour les morts et les dépenses qui grevaient le
du Liberia, de la Sierra Leone et de la Guinée-Bis-
budget de l'Etat. Aussi, ces Etats se désengagèrent-
sau. Au Liberia et en Guinée-Bissau, l'ECOMOG
ils progressivement du continent, d'autant plus que,
est intervenue au motif que la situation allait en-
comme vu précédemment, cesinterventions avaient
traîner une catastrophe humanitaire et menaçait la
pàix et la sécurité de la sous-région. En Sierra Leone,
1 A. Adebajo : « Les marins de l'Afrique en renaissance: l'ECOMOG au
l'ECOMOG a rétabli en mars 1998 le gouverne-
Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau» Communication au sémi-
naire de l'IAP/CEDEAO.Abuja, 27-29 septembre 200!.
ment démocratiquement élu de Ahmed Teejan
2 CEDEAO .' Protocole relatifau mécanisme de prévention ,de gestion. de
Kabbah renversé par une junte militaire le 25 mai
règlement des conflits. de maintien de la paix et de la sécurité. Lomé, 10
décembre 1999.
1997.
J [AP/CEDE~O : op .ctt, ,p.19
4 CEDEAO: Protocole relatif au mécanisme ... op.cit.
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
113

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _-'--
Sciences sociales et humaines
été des échecs. Les gouvernements occidentaux ont
d'autres pays africains. Ainsi, en juillet 1997, des
alors pris diverses initiatives pour mettre fin aux
officiers camerounais, bissau-guinéens, rwandais.
conflits africains. Au lieu d'envoyer leurs propres
sud-africains, zambiens et du Lesotho ont été for-
troupes, ils ont offert de former les années africai-
més par les USA. Même de simples soldats de 21
nes à la théorie et à la pratique du maintien de la
pays ont bénéficié de cette formation". Ce pro-
paix de l'ONU et au rôle que les militaires peuvent
gramme a abouti à la création, en novembre 1999,
jouer pendant les crises humanitaires. En d'autres
de l 'Africa center for strategie studies (ACSS) des-
termes, les puissances occidentales redéfinissaient
tiné à la formation des civils de haut rang et des
les règles d'engagement en Afrique ainsi que la
dirigeants militaires africains. Le Centre a aussi pour
nature de la coopération militaire sur le continent.
objectif de resserrer les relations entre ces person-
Elles préconisaient la recherche de « solutions afri-
nalités et les officiers américains. Auparavant, les
caines aux problèmes africains »' .
USA avaient initié l'Operation focus relief (OFR)
pour former et équiper sept bataillons d'Afrique de
La France a mis en œuvre le Renforcement des ca-
l'Ouest devant intervenir en Sierra Leone. L'opéra-
pacités pour le maintien de la paix en Afrique
tion, qui a duré dix semaines, a formé des militai-
(RECAMP) en 1997. Le RECAMP a été conçu pour
res nigérians, sénégalais et ghanéens.
permettre aux pays africains de participer, sous
l'égide de l'ONU et de l'OUA (UA), aux opéra-
Quant à la Grande-Bretagne, elle a initié ï'African
tions de maintien de la paix en Afrique en formant
Peace Keeping Training Support Program destiné
des bataillons africains pour intervenir dans la sous-
à fonner les militaires africains au maintien de la
région. A cet effet, elle a fondé l'Ecole de maintien
paix. Elle est pourtant intervenue militairement en
de la paix de Zambakro (EMPZ) à Bouaké en Côte-
Sierra Leone en mai 2000 pour soutenir la mission
d'Ivoire. Cette école, trilingue a formé, en 1999,
d'assistance de l'ONU (MINUS IL) et former les
310 officiers provenant de 25 pays africains' . Ce
militaires sierra leonais. Son intervention a rapide-
nombre s'est accru à 1500 officiers avec la fourni-
ment ramené la paix dans ce pays.
ture d'équipement à un bataillon sénégalais.
L'autre partenaire international de la CEDEAO pour
le règlement des conflits est l'Organisation des
Dans le cadre du programme RECAMP, une
Nations Unies (ONU) . Cette coopération a débuté
manœuvre multinationale dénommée Guidimakha,
au Liberia et en Sierra Leone de 1993 à1997. Elle a
a été organisée en 1998 avec près de 3500 soldats
été marquée par de profonds désaccords entre les
originaires de France, du Sénégal, du Mali, de Mau-
deux institutions concernant les stratégies et les
ritanie, du Cap-Vert, du Ghana et de la Guinée-
mardats. La Mission d'observation des Nations
Bissau. Cet exercice était appuyé par un peloton
Unies au Liberia (MONUL) avait pour premier
d'infanterie et de deux avions fournis par les USA,
mandat le contrôle de l'exécution du plan de paix
la Grande-Bretagne et la Belgique. Elle a coûté 6
confié à l'ECOMOG et d'en assurer une applica-
millions de dollars' . Cependant, la France n'a pas
tion impartiale. L'engagement de cette force aux
pu s'empêcher d'envoyer des troupes en Côte-
côtés des anti-NPFL fut une cause de friction. Sa
d'Ivoire (près de 4000 hommes) pour arrêter le con-
mission évolua pour devenir un appui à la CEDEAO
flit déclenché le 19 septembre 2002.
en vue de mettre en application les accords de paix
et l'assistance humanitaire. Elle exerça son mandat
Les USA n'ont plus participé aux opérations mili-
jusqu'aux élections de mars 1997. Cette coopéra-
taires de maintien de la paix en Afrique depuis que
tion s'est étendue en Sierra Leone avec la Mission
18 soldats américains furent tués en Somalie en
des Nations Unies pour la Sierra Leone
1993. Ils ont alors mis en place l'Initiative de réac-
tion aux crises africaines(ACRI) conçue en 1996
et dotée d'un budget de 25 millions de dollars avec
1 K.Whiteman et D. Yates : « Le rôle des USA, de la Grande-Bretagne et de
pour objectifs le maintien de la paix, le renforce-
la France dans la sécurité de l'Afrique de l'Ouest». Communication au sé-
ment des capacités et la formation. Ce programme
minaire de l 'jAP/CEDEAO. Abuja, 27-29 septembre 2001.
! Ecole de maintien de la paix de Zambakro : Présentation, Organisation, .
ne concernait, au départ, que huit pays africains ju-
Bilan actuel et infrastructures. Bouaké, EMPZ, 2000.
gésdémocratiques : le Mali, le Ghana, l'Ethiopie,
3 G. Martin: « L'Afrique et la France: une relation en évolution ».Commu-
nication au séminaire de l'JAP/CEDEAO. Abuja, 27-29 septembre 2001.
le Malawi, la Tunisie ,le Sénégal et l'Ouganda. Par
4
K. Whiteman et D. Yates : op.cil.
la suite, la participation à l' ACRI fut élargie à
114
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2, 2004

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(MINUSIL)I. Elle est actuellement avec la
flits tend à masquer cette réalité. Par ailleurs, la si-
CEDEAO en Côte-d'Ivoire (MINUCI). Dans le
tuation de l'ouest-africain doit être appréhendée
cadre du maintien de la paix, l'ONU a décidé de
dans le contexte de la mondialisation. A de nom-
créer un bureau à Dakar et d'y nommer un repré-
breux égards, la zone est un microcosme de l'insé-
sentant spécial du Secrétaire général pour l'Afri-
curité qui règne sur l'ensemble de la planète. Les
que de l'Ouest.
problèmes de la sous-région existent ailleurs' dans
le monde où se déroulent des conflits armés
De la coopération entre la CEDEAO et ses parte-
(Afghanistan, les Balkans, la Tchétchénie, la Co-
naires internationaux, on peut retenir les leçons sui-
lombie, le Sri Lanka). Pourquoi une situation aussi
vantes:
.déprimante en Afrique de l'Ouest?
- le retrait des puissances occidenta-
2.1 Les' causes des conflits en Afrique de l'Ouest
les des conflits ouest-africains aboutit para-
doxalement au renforcement de la dépen-
Trois facteurs peuvent aider à comprendre les pro-
dance financière, militaire et politique des
blèmes de sécurité que vit l'Afrique de l'Ouest: la
armées et des pays africains à leur égard;
dimension économique de la guerre civile, la situa-
de même, leurs actions, limitées à la seule
tion économique et sociale difficile des pays de la
formation, se révèlent insuffisantes;
sous-région et la « mal gouvernance ».
-le rôle de l'ONU dans le main-
Un paradigme clé que l'on retrouve dans de nom-
tien de la paix en Afrique de l'Ouest n'est
breux écrits sur les conflits contemporains est l' ar-
pas suffisamment visible. De plus, elle tarde
gument selon lequel les motivations économiques
à se joindre à la CEDEAO qui ne dispose
sont un facteur essentiel pour comprendre l'origine
pas vraiment de moyens pour faire régner
des guerres civiles. En Afrique, cette allégation s'est
l'ordre. Aussi, les conflits ont-ils tendance
appuyée sur les exemples de Charles Taylor du Li-
à s'enliser avec des répercussions possibles
beria, Foday Sankoh de Sierra Leone et Jonas
sur la sécurité de toute la sous-région. Les
Savimbi d'Angola qui se sont enrichis en exploi-
exemples libérien et ivoirien le prouvent
tant les zones qu'ils occupaient",
amplement.
Il est évident que certains seigneurs de guerre se
II. LA SITUATION SÉCURITAIRE EN AFRI-
sont enrichis grâce au butin de guerre. Mais il pa-
QUE DE L'OUEST
raît difficile d'en faire les causes fondamentales des
guerres civiles. Celles-ci sont surtout dues à des
L'Afrique de l'Ouest est l'une des sous- régions les
revendications découlant de l'exclusion politique
plus instables de l'Afrique. De 1960 à 1990, 37 des
et économique, des violations des droits de
72 coups d'Etat militaires qui ont réussi en Afrique
l'homme, du manque de justice, de l'aggravation
(environ 50%) ont eu lieu en Afrique de l'Ouest
de la pauvreté, de la faiblesse des institutions et de
qui compte pourtant moins du tiers des Etats mem-
la manipulation politique des divisions ethniques.
bres de l'Union africaine (UA). Au cours des dix
Ces maux relèvent de ce qu'on peut appeler « la
dernières années, le Liberia et la Sierra Leone se
mal gouvernance ».
sont enlisés dans des guerres civiles interminables.
La Guinée-Bissau a connu un bref conflit à la fin
Les problèmes fondamentaux d'un grand 'nombre
des années 1990. Au Sénégal, la Casamance est tou-
de sociétés de l'Afrique de l'Ouest découlent d'une
jours en proie à des revendications indépendantis-
mauvaise gestion publique et. de l'absence de dé-
tes. Le problème touareg couve toujours au Mali et
mocratie. Les citoyens sont constarnrnent menacés
au Niger. La question ivoirienne tarde à trouver une
par le chômage, l'impossibilité de se soigner, de
solution satisfaisante pour toutes les parties en con-
s'éduquer et de se nourrir. L'Etat est, dans bien des
flit. Le Liberia s'est de nouveau embrasé.
cas, incapable de fournir les services de base et de
protéger les populations. Dans de tels cas, les gou-
Malgré cette vision sombre, il convient de retenir
vernants ont peur de toute revendication, aussi mi-
que tous les Etats de l'Afrique de l'Ouest ne sont
nime soit-elle. Le recours à l'utilisation abusive des
pas en état de crise permanente. Le cycle des con-
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
115

- - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
forces de sécurité devient leur principale réponse.
économiques, sociales et sécuritaires de leur pays.
Celles-ci sont alors transformées en gardes préto-
En d'autres termes, la question fondamentale sui-
riennes chargées d'assurer la survie du régime, plu-
vante n'est pas posée: comment l'Afrique doit-elle
tôt que la protection des citoyens. Ainsi, l'absence
être gouvernée?
d'Etat de droit, la mauvaise gestionpolitique et éco-
nomique constituent les causes essentielles des ten-
Par ailleurs, on peut, légitimement, se demander si
sions que vit l'Afrique de l'Ouest. A ces facteurs,
les dirigeants africains accepteraient d' entrepren-
viennent s'ajouter la cupidité des hommes d'affai-
dre des actions dans le sens du rétablissement de la
res sans scrupules, des hommes politiques et des
légalité constitutionnelle, surtout si un pays comme
puissances occidentales qui exploitent les revendi-
le Nigeria est concerné.
cations démocratiques et se servent de la guerre à
des fins d'enrichissement personnel. Les guerres
Il ressort de l'étude que les Africains consentent des
civiles du Liberia, de Sierra Leone et plus récem-
efforts qui expriment leurs désirs, non seulement
ment de Côte-d' Ivoire attestent cette assertion. C'est
de garantir la paix chez eux, mais aussi de trouver
donc dire que les guerres civiles résultent d'un en-
leurs propres réponses aux problèmes de sécurité
chevêtrement complexe de multiples causes. En
auxquels ils sont confrontés. Toutefois, force est de
outre, chaque conflit a sa propre dynamique et sa
reconnaître que les solutions proposées présentent
propre 'spécificité. Ces éléments sont rarement pris
de sérieuses insuffisances. Un instrument tel que le
en compte dans les recherches de solution. Aussi, il
mécanisme de sécurité de la CEDEAO relève en-
est nécessaire d'étudier de plus près les acteurs, les
core d'un idéal. 11 est plus théorique que pratique.
divers réseaux et les groupes en conflit, y compris
La Communauté est encore loin de pouvoir gérer et
leurs liens avec des gouvernements et/ou des grou-
consolider la paix en Afrique de l'Ouest. Comment
pes extérieurs au pays. La formation des rebelles et
transformer ce mécanisme en un véritable instru-
...
les tactiques utilisées pour rallier (de gré ou de force)
ment de paix?
des personnes à leur cause doivent également faire
III. ESQUISSE DE SOLUTIONS
l'objet d'un examen plus approfondi dans les ten-
tatives de règlement des conflits.
Pour que les initiatives de la CEDEAO pour main-
tenir la paix et la sécurité dans la sous-région soient
Les facteurs de bonne gouvernance et de démocra-
efficaces, certaines mesures sont nécessaires. Ce
tie sont si importants dans la stabilité des pays que
sont: la bonne gouvernance des Etats membres de
l'Union Africaine en a fait un de ses principes.
la CEDEAO, la résolution de ses problèmes de res-
sources et l'élaboration d'une stratégie de collabo-
. 2.2 L'Union Africaine et la sécurité
ration avec les partenaires extérieurs ou nationaux.
En 1991, la Conférence sur la sécurité, la stabilité,
3.1 La bonne gouvernance des Etats membres
le développement et la coopération en Afrique
de la CEDEAO
(CSSDCA), réunie par la défunte OUA, a défini les
problèmes de gouvernance et, de ce fait, de sécu-
La CEDEAO s'est fixée un programme trop ambi-
rité. Pour elle, les conditions de sécurité des indivi-
tieux qu'elle ne peut réaliser à cause des problèmes
dus et de développement sont les suivantes: l' exis-
administratifs et de structures qu'elle rencontre. Elle
tence d'une Constitution, la réalité de l'Etat de droit
tente en même temps de servir de médiateur dans
et le respect des droits de l'homme, le pluralisme
des conflits sou-régionaux et de mettre sur pied un
politique et la bonne gouvernance. L'Union Afri-
dispositif de sécurité. Or, ses institutions sont in-
caine a repris ces principes à son compte. Ils sont
suffisamment développées et elle est vulnérable aux
considérés comme le paradigme qui servira à l' ave-
nir à définir et à comprendre la sécurité en Afrique
1 J. Jonah :.« La coopération entre la CEDEAO et les Nations Unies en
matière de sécurité », Communication au séminaire de lïAP/CEDEAO.
au Ille millénaire". C'est ainsi que l'UA et la
Abuja, 27-29 septembre 200\\.
CEDEAO s'arrogent le droit d'intervenir dans un
21. Abdullah et al. : « Rebelles et économie politique des conflits en Afrique
de l'Ouest »Eommunicaüon au séminaire de l 'lAP/CEDEAO. Abuja, 27-
pays pour rétablir la légalité constitutionnelle" . Mais
29 septembre 2001.
cette décision paraît incomplète. En effet, elle passe
l C. Landsberg: « La cinquième vague de panafricanisme; ses conséquen-
ces sur l'architecture sécuritaire de l'Afrique de l'Ouest ». Communication
sous silence les responsabilités des dirigeants afri-
au séminaire de lïAP/CEDEAO. Abuja, 27-29 septembre 200 \\.
cains dans la dégradation des situations politiques,
'CEDEAO: Protocole relatifau mécanisme de prévention .. .op. cil.
116
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

- - - - - -
Sciences sociales et humaines
pressions politiques des puissances occidentales. En
l'assistance est nécessaire. Des efforts ont déjà été
outre, la plupart des Etats membres comptent parmi
faits. En effet, l'Union européenne (UE) a fait un
les pays les plus pauvres du monde. Ils n'ont donc
don de deux millions d'euros au Département des
pas les moyens de mener des opérations coûteuses
affaires politiques, de la défense et de la sécurité
de maintien de la paix. Aussi, la CEDEAO devrait-
pour aider à la création des quatre bureaux des zo-
elle, pour l'instant, partager avec l'UA et l'ONU,
nes d'observation de la CEDEAO. Le recrutement
le règlement des conflits. Cela lui permettrait de se
du personnel de deux d'entre eux a été financé à
pencher sur ses problèmes de ressources.
hauteur de 100000 dollars par le Japon. L'USAID
a contribué pour 250 000 dollars au renforcement
3.2 La résolution des problèmes de ressources
des capacités de la CEDEAO. Le Canada a fait un
don de 300 000 dollars pour financer la création
Pour mener à bien ses activités de maintien de l' or-
d'une structure destinée à la protection de l'enfance.
dre, la Communauté ouest-africaine doit se doter
L'Allemagne a aussi contribué au financement de
de moyens nécessaires. En ajoutant aux tâches éco-
la création du mécanisme de sécurité de la
nomiques les tâches de sécurité, les compétences
CEDEA02 •
et l'expérience requises sont différentes de celles
dont l'institution a eu besoin dans le passé. Il lui
Mais, tous ces dons sont encore insuffisants à ren-
faut donc entreprendre une étude rigoureuse des
dre opérationnel ce mécanisme de sécurité. Encore
postes à pourvoir et des profils des personnes à re-
faut-il que ces dons et subventions soient bien gé-
cruter. Le népotisme et le favoritisme doivent donc
rés et ne finissent pas dans les poches de certains
être abandonnés dans le recrutement pour une sé-
officiers ou politiciens. Les USA, la Grande-Breta-
lection rigoureuse et transparente du personnel afin
gne et la France pourraient contrôler leur utilisa-
de garantir la qualité et la compétence à tous les
tion et élargir l'assistance qu'ils accordent surtout
niveaux de la CEDEAO.
à la formation à une aide financière et logistique
conséquente. Ils devraient également éviter d'atti-
. En outre, elle doit aussi s'assurer qu'un personnel
ser le feu par l'intermédiaire des factions militaires
en nombre suffisant est affecté à ses diverses tâ-
comme c'est le cas actuellement au Liberia où le
ches. Par exemple, la création de son mécanisme
soutien des USA au LURD est très visible.
de sécurité a été confiée à trois juristes' . Ce n'est
que récemment que des experts en sécurité ont été
De même, l'ONU, en créant à Dakar un bureau.pour
recrutés. Le secrétariat manque encore de person-
l'Afrique de l'Ouest et en y nommant un représen-
nel qualifié dans ce domaine. Une formation s'avère
tant spécial du Secrétaire général de l'ONU, a posé
donc indispensable pour tout le personnel de la
un acte positif. Toutefois, le rôle du représentant
CEDEAO affecté aux questions de sécurité.
spécial doit aller au-delà de celui d'un simple am-
bassadeur itinérant. Il pourrait être chargé d' exécu-
Le problème de la logistique et la faiblesse opéra-
ter un programme global de résolution des conflits,
tionnelle des troupes constituent les grandes faibles-
des problèmes transfrontaliers et de l'impact pro-
ses de la CEDEAO. Elles sont les causes principa-
longé de la pauvreté sur le développement et la sé-
les des difficultés rencontrées dans la réalisation des
curité en Afrique de l'Ouest, en étroite collabora-
objectifs fixés par le mécanisme de sécurité. On
tion avec la CEDEAO. Celle-ci doit lui élaborer un
mesure alors l'importance des questions financiè-
cadre stratégique qui indique les domaines priori-
res et du partenariat avec les puissances occidenta-
taires et les mesures nécessaires à prendre pour une
les et les Institutions internationales.
coopération efficace avec l'ONU en matière de pré-
vention des conflits et de surveillance des proces-
3.3 Le Partenariat
sus démocratiques. En résumé, l'ONU doit s'inves-
tir beaucoup plus dans la résolution des conflits en
Le financement demeure l'obstacle important à le-
Afrique de l'Ouest en particulier. Si les Nations
ver pour transformer l'ECOMOG en une force cré-
Unies avaient joué leur rôle de sauvegarde de la
dible. Face à l'incapacité des Etats membres à ré-
paix mondiale en surveillant attentivement la situa-
soudre cette question, la solidarité internationale
tion au Libéria, la catastrophe humanitaire que con-
reste le moyen le plus sûr pour la surmonter. Pour
naît actuellement ce pays aurait pu être évitée.
cela, la CEDEAü doit identifier les domaines où
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
117

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Tous les efforts de la Communauté internationale
combat. Elle peut aussi, dans ce cadre, contribuer à
seront vains si tous les pays de la sous-région n'ont
limiter l'insécurité dans les pays par les pressions
pas des valeurs communes. Ils se doivent d'adopter
qu'elle exerce sur le pouvoir. En effet, on passe
des priorités communes en matière de sécurité et
souvent sous silence le rôle négatif que jouent les
envisager ensemble les moyens de s'attaquer à l'in-
forces de police dans l'insécurité des citoyens. Dans
sécurité dans la sous-région. A cette fin, un dialo-
plusieurs pays, la police a commis des violences au
gue franc et ouvert doit être engagé au plus haut
lieu de protéger la population civile contre des agis-
niveau politique. Ils devraient, en dépit de leurs fai-
sements criminels. En ce qui concerne l'utilisation
bles moyens, se doter d'un budget minimum pour
des enfants dans les conflits, la société civile peut
le maintien de l'ordre dans la zone. La solidarité
être très utile en s'occupant des questions de l'aide
internationale ne serait alors qu'un appoint. Des
d'urgence, des questions humanitaires et de celles
leçons doivent être tirées des expériences amères
relatives aux droits de l'homme. Il convient alors
des différentes opérations de maintien de la paix,
de travailler à.réduire la méfiance qui existe entre
parce que basées principalement sur l'assistance
la société civile et les gouvernants pour une colla-
financière des puissances occidentales. L'Afrique
boration plus étroite entre elle et la CEDEAO dans
doit maintenant s'assumer. La réduction significa-
le domaine de la sécurité.
tive des dépenses militaires des Etats peut consti-
tuer une solution de mobilisation des fonds au pro-
CONCLUSION
fit de la Communauté.
Il importe aussi de souligner le rôle que les organi-
La CEDEAO a accompli des efforts remarquables
sations de la société civile peuvent jouer dans la
pour se muer, d'une organisation à vocation pure-
gestion des conflits et le maintien de la sécurité en
ment économique, en un cadre sous-régional de
Afrique de l'Ouest. La CEDEAO devrait les asso-
maintien de la paix et de la sécurité. Les efforts dé-
cier à sa mission. Ces associations (religieuses, fé-
ployés pour faire de l'ECOMOG, fortement con-
minines, militants des droits de l'homme et chefs
testée à ses débuts, une force de réserve de la paix
traditionnels) ont fait leur preuve au Liberia, en
reconnue par les Etats membres de la CEDEAO,
Sierra Leone et au Burkina Faso. Dans les deux pre-
expriment la volonté des Africains de garantir la
. miers pays, elles ont grandement contribué à l'arrêt
paix chez eux et de trouver des solutions africaines
des hostilités' . Au Burkina Faso, elles ont contri-
aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Le
bué à circonscrire la tension qu'a connue le pays
mécanisme de sécurité de la CEDEAO est le pre-
entre 1998 et 2000 grâce au Collège de Sages, struc-
mier instrument sous-régional du genre à être mis
ture créée par le gouvernement burkinabè, lui évi-
en place sur le continent africain. Il pourrait inspi-
tant ainsi des drames' . Le mécanisme de sécurité a,
rer d'autres sous-régions africaines ainsi que l'UA
à juste titre, reconnu leur rôle dans la gestion et la
pour la gestion des conflits et le maintien de la sé-
prévention des conflits par la collecte d'informa-
curité.
tions destinées aux bureaux d'alerte rapide de la
CEDEAO et à travers les efforts de médiation du
Toutefois, l'importance et la diversité des problè-
Conseil des sages' . Les acteurs de la société civile
mes que la CEDEAO rencontre dans l'exécution
peuvent également jouer un rôle important dans la
de ses nouvelles missions suscitent le doute quant
sécurité humaine. Deux questions s'imposent à ce
à ses capacités à les assumer. Ce sentiment est ren-
sujet: la prolifération des armes légères et l'impact
forcé par l'insouciance de la communauté interna-
des conflits sur les enfants en Afrique de l'Ouest.
tionale face aux conflits africains qui ne sont pas
Pour lutter contre la prolifération des armes légè-
considérés comme une menace pour les intérêts vi-
res, un moratoire de trois ans renouvelable sur l'im-
taux des pays industrialisés. Cette indifférence se
portation et la fabrication des armes légères a été
traduit par les faibles financements qu'ils consen-
signé le 31 octobre 1998 à Abuja par les membres
tent à la résolution des crises africaines. Par exem-
de la CEDEAO. Les chefs d'Etat ont alors pris des
ple, le budget de la Mission de l'ONU au Liberia
mesures concrètes pour son application. La société
(MONUL) équivalait au coût de cinq jours de la
civile peut aider, par des informations, à mener ce
mission similaire dans l'ex-Yougoslavie" . Face au
désengagement des acteurs de la guerre froide, la
1 IAP/CEDEAO : op. cil. p.30.
question fondamentale est de savoir comment la
'id.
118
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
CEDEAÜ pourra, après un bilan d'une décennie
de l 'IAP/CEDEAD. Abuja, 27-29 septembre.
d'expériences en matière de gestion des conflits,
14. Fatunde T; 1997,« Sierra Leone : La Cedeao écarte
assumer le rôle que les circonstances lui ont im-
le recours à laforce », Jeune Afrique Economie, (248),
posé. Pourra-t-elle adopter les mesures nécessaires
15 septembre au 5 octobre, pp. 72-78.
15. Gershoni Y., 1993,« From ECOWASto ECOMOG :
et se doter des moyens adéquats pour qu'advienne
the Liberian crisis and the struggle for political
le règne d'une véritable «pax ouest africana »dans
hegemony in West Africa », Liberian Studies Journal,
l'une des régions les plus troublées du monde?
18(1), pp. 21-43.
L'avenir nous le dira.
16. Higgs R., 1996, « The United States and Sub-
Saharian Africa », Naval College Review, 48(1}. hiver.
BIBLIOGRAPHIE
pp. 90-104.
/7. Howe H. M., 1996/1997« Lessons of Liberia:
1. Adebajo.Adekeye, 2001 : « Les Marins de l'Afrique
ECOMOG and regional peacekeeping », International
en renaissance :1'ECOMOG au Libéria, en Sierra Leone
Security, 21 (3), hiver, pp. 145-/76.
et en Guinée-Bissau », Communication au séminaire de
18. International Peace Academy (IPA) et CEDEAO,
l'IPA/CEDEAD. Abuja, 27-29 septembre.
2001 : Vers une Pax ouest africana : rétablir la paix
2. AdedejiAdebayo, 2001 La CEDEA026 ans après:
dans une sous-région en difficulté. Abuja, 27-29 sep-
un voyage rétrospectif », Communication au séminaire
tembre, 41p.
de l 'IAP/CEDEAo. Abuja, 27-29 septembre 2001.
19. Jonah James, 2001 '. « La. coopération entre la
3. Agwai Martin, 2001 La mission de l'ONUen Sierra
CEDEA 0 et les Nations-Unies en matière de sécurité »,
Leone :problèmes et perspectives», Communication au
Communication au séminaire IAP/CEDEAD. Abuja, 27-
séminaire de l 'IPA/CEDEAO, 27-29 septembre
29 septembre.
4. Bach Daniel.Zûû I La CEDEAO: Commerce .ré-
20. Landsberg Christ, 2001 : « La cinquième vague de
gionalisation et sécurité en Afrique de l'Ouest », Com-
panafricanisme: ses conséquences sur l'architecture
munication au séminaire de l 'IAP/CEDEAO, 27-29 sep-
sécuritaire de l'Afrique de l'Ouest », Communication
tembre
au séminaire de l 'IPA/CEDEAD. Abuja, 27-29 septem-
5. Biaya Tshikala, 1999 : Acteurs et médiations dans la
bre.
résolution et la médiation des conflits en Afrique de
21. Martin Guy, 2001 : « L'Afrique francophone et la
l'Ouest .Dakar / La Haye Codesria/Clingendael, 137 p.
France: une relation en évolution? » Communication
6. CEDEAO, 1993: Communauté économique des Etats
au séminaire de l 'IPA/CEDEAO, Abuja, 27-29 septem-
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Traité révisé. Abuja,
'bre
Secrétariat exécutifde CEDEAO
22. Marzui Ali, 1997: « Le système d'autodétermina-
7. CEDEAO, 1999: Protocole de la CEDEAO relatif
tion à l'africaine: quand la pax africana devient effec-
au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement
tive ? Bulletin du Codesria, n"3. Dakar, pp. 16-17.
des conflits, de maintien de la paix et la sécurité. Lomé,
23. Monclos Michel, 1996: « Libéria : des prédateurs
CEDEAO, 10 décembre
aux ramasseurs de miettes », in Economies de guerre.
8. Diarra Cheick Oumar, 2001 : « La CEDEAO et la
Paris, Hachette, pp.269-296.
sécurité régional en Afrique de l'Ouest» Communica-
24. Nwokedi Edmond,1991 Le mythe d'un leadership
tion au séminaire de l 'IPA/CEDEAO ,27-29 septembre.
nigérian dans les relations interafricaines » .Etudes
9. Diop Assane, 1997: «Dossier Libéria : la paix re-
internationales(Québec) juin pp. 357-368.
trouvée, une belle réussite de la CEDEAO », 10. in Bul-
25. Palm Domba Jean-Marc, 2000: « Société civile et
letin de l'Ouest africain, 5 novembre, pp. 9-25.
action politique au Burkina Faso de 1960 à nos jours »,
11. Domergue-Cloarec D., 1992, « Sécurité internatio-
in Eurêka, n035, octobre- décembre 2000, pp./7-21.
nale et coopération: l'Afrique subsaharienne », Civili-
26. Palm Domba Jean-Marc, 2002 La problémati-
sations (Bruxelles), 50(2) ,pp. 253-266.
que de L'intégration africaine à travers la CEDEAO et
12. Edimo Jean-Edouard, 1997: « Le rôle des Etats
l'UEMOA », in Science et Technique -Lettres, Sciences
membres de l'OUA et le défi du nouveau mécanisme
sociales et humaines; vol.Zs.n"1, janvier-juin, pp.31-
sur la prévention, la gestion et le règlement des con-
53.
.
flits », in Afrique 2000, pp. 89-102.
27. Silva Jean., 1996, « Les Nations Unies et la diplo-
13. Erskine Emmanuel, 2001 : « Le mécanisme de sé-
matie préventive en Afrique, une indispensable ambi-
curité de la CEDEAO », Communication au séminaire
tion », Trimestre du monde, 34, avril>- juin 49-61.
28. Touré Toumani Amadou.,
1996,« L'Afrique
l'aube
à
du 2 Jème siècle », Défense nationale, (4), avril, pp. 107-
1 T-K. Biaya : op. cit, pp.5-36
113.
'lM.Palm : « Société civile et action politique au Burkina Faso de 1960 à
nos jours» in Euréka,no35,octobre-novembre 2000,p.20.
29. Touré Toumani Amadou., 1997, « De la prévention
3 CEDEAO: Protocole du mécanisme de sécurité .. ..op.cit,
des conflits en Afrique de l'Ouest », Afrique 2000 (Pa-
4 T-K.Biaya : op .cit. p48.
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
119

- - -
Sciences sociales et humaines
ris), (26), janvier - mars, pp. 43-47.
30. Wauthier Claude., 1994, « Les organisations régio-
nales et la sécurité en Afrique », Relations Internatio-
nales el Stratégiques (Villetaneuse),
(14), pp. 202-208.
120
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004