_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
1
r
Impact économique de la recherche et
['
de la vulgarisation des variétés, amélio-
rées de maïs au Burkina Faso
Dr Souleymane Ouédraogo
Ouagadougou, Burkina Faso
The economie impact of research and
extension of maize in Burkina Faso
Résumé
Bien que des sommes importantes aient été in-
Abstract
vesties dans la recherche agricole, L'Afrique n'a
pas réalisé sa révolution verte. Après une forte
Though important amounts of money have been
augmentation dans les années 60 et 70, les in-
invested in agricultural research, Africa has not
vestissements dans la recherche agricole se sont
yet realised its green revolution. After a high rise
ralentis dans les années 80 et stagnent depuis les
in the 60s and the 70s, investements in agriculture
années 1990. Nombreux sont les bailleurs de
have slowed down in the 80s and has stagnated
fonds et les donateurs qui sont devenus réticents
since the 1990s. A great number of sponsors and
à financer la recherche agricole et qui avancent
donors have become reluctant to financing
comme raisons, entre autres, son manque d'im-
agricultural research and explàin this fact, by
pact. La recherche se doit donc de montrer aux
amongother reasons, its lack of impact. Rêsearch
décideurs qu'elle est rentable afin de s'assurer
should then give proof to deciders that it is
son soutient et celui des gouvernements locaux.
profitable in order to benefit from their backing
and that of local governements.
C'est dans cette optique que cet article évalue
l'impact économique de la recherche et de la vul-
1t is in this view that this paper is assessing the
garisation des variétés améliorées de maïs au
economie impact of the research and the extension
Burkina Faso, en utilisant comme outil d'analyse
of improved varieties of maize in Burkina Faso,
le modèle du surplus économique. L'indicateur
using the model of economie surplus as the
retenu est le taux interne de rentabilité.
.
analysis too1. The indicartor retained is the internal
Les résultats obtenus montrent que les investis-
rate of return.
sements qui ont été consentis pour la création de
The results show that the investements dovoted to
ces variétés et pour leur vulgarisation ont eu un
the creation and to the extension ofthese varieties
taux de rentabilité de 81,28%
'ave got a 81,28 % rate ofreturn.
Mots clés: Recherche, vulgarisation, agricole,
Key Words : Research, extension, maize, impact,
maïs, impact, surplus économique, taux de ren-
economie surplus, rate ofreturn, model, Burkina
tabilité, modèle, Burkina Faso
Faso
INTRODUCTION
L'objectif global assigné à la recherche agricole
Au Burkina Faso, le maïs constitue la troisième
sur le maïs est de contribuer à l'accroissement de
céréale tant du point de vue de la superficie culti-
la production en vue d'atteindre l'autosuffisance
vée que de la production, après le sorgho et le mil
alimentaire par la modernisation et l'intensifica-
avec lesquels, il constitue la base de l'alimentation.
tion de sa culture. Face à la faible potentialité des
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
97

Sciences sociales et humaines
- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
variétés locales, la recherche sur le maïs a débuté
accroître la production du maïs en culture pure.
dans les années 1960 et s'est attelée à mettre au
Cette orientation (Bono, 1981) a été motivée par
point des variétés plus performantes accompagnées
les raisons suivantes:
de paquets technologiques adéquats.
- le maïs est la céréale qui offre le potentiel
Cependant, les programmes de recherche n'ont pas
de rendement le plus élevé parmi les céréales tradi-
connu d'évaluation pouvant permettre de s'impré-
tionnelles ;
gner de la rentabilité des investissements consen-
tis. En effet, l'efficacité de l'utilisation des ressour-
- son exploitation, en rotation avec le co-
ces financières allouées à la recherche et à la vulga-
tonnier, sur les terres fertiles du sud-ouest, serait
risation agricole tend à préoccuper de plus en plus
susceptible d'entraîner une amélioration sensible de
la Communauté Internationale, de même que les
la production vivrière dans cette région;
gouvernements des différents pays, eu égard à l'in-
suffisance des moyens financiers dont ils disposent
- le développement constant de la culture
pour faire face aux multiples sollicitations.
attelée et l'avènement de la petite motorisation ne
peuvent que favoriser l'extension de cette culture;
11 apparaît alors nécessaire, voire indispensable pour
les structures nationales de recherche et les servi-
- les résultats de la recherche disponibles ou
ces de développement rattachés, d'évaluer leurs
attendus permettent d'assurer des potentialités éle-
programmes afin d'éclairer sur la rentabilité des
vées;
investissements effectués.
- outre sa contribution à l'alimentation di-
L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact éco-
recte, le maïs peut fournir d'autres débouchés tels
nomique de la recherche et de la vulgarisation des
que le développement du petit élevage, l'exporta-
variétés améliorées de maïs sur la production au
tion vers d'autres pays, diverses utilisations indus-
Burkina Faso. Cette évaluation couvrira la période
trielles dont la brasserie.
1982 à 1997.
Il s'agira de faire une évaluation ex-post des pro-
Les travaux ont alors été orientés suivant trois axes
grammes de recherche et de vulgarisation du maïs
différents (Bono, 1981) :
en utilisant le modèle du surplus économique. Cette
- l'amélioration variétale des écotypes lo-
évaluation est faite à un niveau agrégé, c'est à dire
caux et introduits en utilisant différentes méthodes
qu'elle prend en compte à la fois le surplus du pro-
de sélection;
ducteur et celui du consommateur et utilise aussi
bien des données transversales. L'indicateur de per-
-l'utilisation directe du matériel végétal in-
formance retenu est le taux de rentabilité interne.
troduit (variétés, composites, synthétiques);
Dans la suite du texte, nous présenterons successi-
- la création et l'utilisation d'hybrides per-
vement l'historique de la recherche sur le maïs au
formants de type classique.
Burkina Faso, la méthodologie de l'étude, les ré-
sultats et la conclusion.
L'IRAT, après une quinzaine d'années de recher-
I. HISTORIQUE DE LA RECHERCHE SUR
che sur le maïs (Robledo, 1976; Bono, 1981) a pro-
LE MAÏS AU BURKINA FASO
posé trois types de matériels adaptés au système
d'exploitation dans les trois zones agricoles en fonc-
La recherche sur l'amélioration variétale du maïs a
tion des niveaux d'intensification de l'agriculture.
commencé en 1962 avec l'Institut de Recherche en
Ces trois zones sont définies par Bono (1981)
Agriculture Tropicale (lRAT). Le programme de
comme suit:
recherche se limitait àI'amélioration 'de quelques
populations locales et à la'création de variétés syn-
- la zone faiblement encadrée avec une plu-
thétiques composites.
viométrie de moins de 900 mm/an, correspond une
agriculture traditionnelle; les variétés à pollinisa-
A partir de 1972, l'IRAT a intensifié ses efforts pour
tion libre qui s'adaptent mieux sont IRAT 80, IRAT
98
Revue du CAMES
Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
171, Massayomba.
variée de produits qui prennent en compte la diver-
sification alimentaire. Des acquis sont disponibles
- La zone bien encadrée avec une pluvio-
t
au plan variétal avec FBH 1, FBH33, FBC6, KP5,
métrie d'au moins 900 mm/an ; le niveau des pay-
KPB, KEJ, KEB, SR22, MAKASR. Cette grille
sans est avancé et on rencontre une agriculture de
1
variétale est complétée avec du maïs sucré (FBMS
1
type semi-intensif.
1), du maïs à éclater (FBPC 1), des maïs fourragers
1
Les variétés qui s'adaptent bien sont: lRAT
(OH 1). Le tableau annexe 1présente la liste de quel-
98, lRAT 100, IRAT 102.
ques variétés créées ou introduites à partir de 1982.
- La zone très bien encadrée avec une forte
II. CADRE CONCEPTUEL ET METHODO-
intensification de l'agriculture et où 1'hybride lRAT
LOGIE
81 donne une forte potentialité de production de
grains.
2.1 Cadre conceptuel
Suite aux sécheresses des années 1970, qui ont en-
Le développement économique durable requiert des
traîné la baisse de la production alimentaire, le pro-
changements dans les méthodes et techniques de
jet Recherche et Développement des Cultures Vi-
production en agriculture. Ces changements de-
vrières en zones Semi-arides (SAFORAD) a été créé
vraient permettre d'accroître la production sur la
avec pour principal objectif l'amélioration de la
base des ressources disponibles. C'est le rôle de la
production céréalière dont le maïs. Les recherches
recherche de produire ces nouvelles techniques et
menées entre 1978 et 1991 ont donné des acq uis au
technologies et les nouvelles connaissances qui
plan variétal avec la mise au point de variétés à cy-
seront utilisées par la société. L'exemple le plus cité
cIe précoce, extra-précoce et intermédiaire adaptées,
est celui de la révolution verte en raison des solu-
et sur le plan agronomique, avec l'amélioration des
tions technologiques qui sont des résultats d'ef-
techniques de conservation de l'humidité du sol.
forts de recherche intenses et dont l'impact sur les
Parmi les variétés mises au point et adaptées par
pauvres des pays en développement est attesté par
les structures de développement, par le SAFORAD
des indicateurs comme la baisse des prix réels des
en collaboration avec la recherche nationale, on peut
céréales sur les marchés internationaux et nationaux,
citer
: TZEEW 1,
TZEEW2,
TZEEWSR,
la réduction de la dépendance vis-à-vis de l'aide
TZEEYSR, TZEF.Y, DMRESRW, SR22, KPJ,
alimentaire et l'accroissement de l'emploi et des
KPB, PooI16DT. ..
revenus grâce à une croissance économique induite
par l'agriculture (FAO, 1996).
Avec la restructuration de la recherche agricole na-
tionale en 1984, le programme Sorgho-Mil-Maïs
Au Burkina Faso, Les programmes de recherche
(SOMIMA) de l'INERA fut créé avec pour objec-
doivent répondre au triple problème de la sécurité
tifs principaux de :
alimentaire, de la pauvreté et de la dégradation des
ressources naturelles. Ils ont, au cours des derniè-
- maximiser la production dans les zones à
res décennies, contribué entre autres à augmenter
vocation de maïs;
les rendements des principales cultures vivrières et
- sécuriser la culture de maïs dans les zones
de rente. Les rendements du coton, du maïs et du
à faible pluviométrie;
riz ont pratiquement doublé. Ils ont donc permis
- former les techniciens de la vulgarisation
une amélioration considérable des conditions socio-
aux techniques de production.
économiques des populations grâce à une augmen-
tation de la productivité des ressources. Cependant,
Au cours de ces dernières années, l'équipe maïs du
à l'avenir, la réalisation de la sécurité alimentaire,
programme SOMIMA en collaboration avec des
la lutte contre la pauvreté et le développement éco-
partenaires (INSAH, lITA, CIMMYT, CIRAD) a
nomique risquent d'être compromis dans la me-
procédé à une collecte du matériel local, à l'intro-
sure où
les fonds disponibles pour la recherche
duction de variétés nouvelles, à la création et au
deviennent de plus en plus rares. De ce fait, la re-
test de descendance des familles créées.
cherche se doit d'utiliser de manière efficiente les
ressources qui lui sont alloués. Ce n'est que de cette
Les résultats ont permis de proposer une gamme
façon qu'elle pourra rester attractive afin de conti-
Revue du CAMES - Série D,vol. 006 N° 1-2,2004
99

_ _ _ _...:...-
....:.-
---:-
Sciences sociales et humaines
nuer à bénéficier du support de l'Etat et des bailleurs
ront pas de façon notable les quantités demandées..
de fonds.
Par ailleurs, de nombreuses contraintes (terre, li-
quidité et de travail) limitent les capacités des pro-
2.2 Le modèle du surplus économique
ducteurs à répondre favorablement à une augmen-
tation des prix à court terme. L'inélasticité de la
La méthode d'analyse retenue pour cette étude est
courbe de demande s'explique par le fait que les
le modèle du surplus économique dans le contexte
consommateurs lui accordent une moindre impor-
d'une économie fermée. L'utilisation de ce modèle
tance par rapport au sorgho et au riz.
permet d'évaluer la différence entre une situation
sans recherche et une situation avec recherche. Tout
Suite à ce déplacement de l'offre le long d'une
changement dans le surplus économique est une
même droite de demande Do, la situation sociale se
mesure des bénéfices sociaux dérivés de la recher-
modifie. Ces variations sont mesurées en termes de


<>
- ,

che.
variations du «surplus économique» qUI n est nen
d'autre qu'une mesure du bien être. Le surplus éco-
L'essence de ce concept est que l'adoption d'une
nomique se compose de deux éléments: le surplus
technologie améliorée entraîne une diminution des
du consommateur et le surplus du producteur. Le
coûts de production par unité de produit qui se tra-
surplus du consommateur provient du fait qu'un
duit par un déplacement vertical de la courbe d' of-
consommateur ne paie que la valeur marginale du
fre. Le bénéfice total ou gain social issu de ce dé-
dernier produit vendu sur le marché (prix du mar-
placement est mesuré par la somme totale des chan-
ché) même si l'on sait d'après la loi de l'utilité
gements du surplus des producteurs et consomma-
marginale décroissante que les quantités achetées
teurs.
antérieurement valaient plus (Samuelson, 1976). Par
conséquent, au prix initial du marché Po, le surplus
Nous faisons notre, l'hypothèse de Sandez et
du consommateur est égal à l'aire du triangle Pode
Masters, (1994) selon laquelle l'adoption d'une in-
de la Figure 1.
novation provoque un déplacement parallèle de la
courbe de l'offre de aoSo vers aoS, le long d'une
De même, le surplus du producteur vient du fait
même droite de demande Do (Figure 1). Une autre
qu'il reçoit le coût marginal (prix du marché) pour
hypothèse de ce modèle est J'inélasticité des cour-
la dernière unité produite bien que les quantités an-
bes d'offre et de demande pour le maïs. L'inélasticité
térieures aient coûté moins pour les produire (loi
de la courbe d'offre vient du fait que le maïs est un
des profits décroissants). Ceci correspond à l'aire
aliment de base de la population. Par conséquent,
du triangle Poeaode la Figure 1.
les changements de prix sur le marché n'affecte-
a'o
Quantlté
100
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

La variation totale nette de surplus économique
occasionnée par une variation de l'offre est repré-
sentée sur la figure 1 par le parallélogramme a/g
(en demi-teinte) et le triangle efg (en gris). La
somme de ces aires représente J'accroissement ex-
post total des profits sociaux (consommateurs et
producteurs confondus) et elle équivaut à la me-
sure théorique décrite par Akino et Hayami (1975).
Calculer le surplus économique revient donc à trou-
ver les surfaces du triangle et du parallélogramme.
La surface du parallélogramme est égale à ef * Qo ;
La distance ef représente la réduction du coût de
production induite par la nouvelle technologie.
Cette distance est mesuré par la relation k*P = (il
Eo)- c ( Sanders ret Masters, 1994), où k est le chan-
gement du coût net de production en proportion du
prix du produit, P le Prix réel du maïs aux produc-
Les coûts de la vulgarisation ont été élaborés en
teurs, j le changement proportionnel de la produc-
collaboration avec les services concernées en par-
tion totale dû aux variétés améliorées, E l'élasti-
tant de leur budget annuel, du nombre de thèmes
o
cité de l'offre et c le coût proportionnel lié à l'adop-
techniques annuellement vulgarisés et du nombre
tion des variétés améliorées;
d'agents vulgarisateurs (tableau III). Pour les coûts
La surface du parallélogramme est donc égale à :
de la recherche, nous avons pris en compte les
k*p*Q~; avec Qo, la Quantité produite du produit.
moyens financiers mis à la disposition des sélec-
tionneurs par la structure nationale et le
La surface du triangle s'obtient par la formule 1/
réseau maïs, le temps consacré par les sélection-
2ef * DQ = 1/2k*p*DQ .
neurs et les techniciens et le coût des essais et tests
DQ étant la différence entre les quantités produi-
réalisés en milieu paysan.
tes avec les variétés améliorées et les variétés tradi-
Les coûts de la recherche inclus les coûts du sys-
tionnelles (DQ = QI _ Qo)'
tème national de recherche agricole sur la période
DQ = Qo * E
et les coûts de la recherche du SAFGRAD (cf. ta-
o*E * k/( Eo+E ) · (E étant l'élasticité
d
d
d
de la demande)
bleau III). Dans ce dernier cas, nous avons supposé
Le gain social (OS) est donc donné par la formule:
que 50% du Budget annuel du projet SAFGRAD
as = k*p*Qo + 1/2k*p**DQ
était destiné à la recherche.
as = k*p*Qo * (1 + 1;2 (k Eo*Ed)1 ( Eo+E )) ·
d
2.3 Les données
Pour l'estimation des gains sociaux et de taux de
rentabilité des investissements dans la recherche et
la vulgarisation du maïs, il faut disposer de don-
nées sur la production et la superficie totale en
maïs, les rendements des variétés améliorées et tra-
ditionnelles du maïs, les coûts additionnels liés à
l'adoption des variétés améliorées, les coûts de la
vulgarisation et de la recherche.
Pour ce qui concerne la production et la superficie,
nous avons utilisé les séries chronologiques de la
période allant des années 1960 à nos jours, dispo-
nibles au niveau de la Direction des Statistiques
Agropastorales (tableau 1). Les rendements des va-
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
101

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Tableau 1 : Evolution des superficies et des rendements du maïs de 1987 à 1997
Année Superfice
Proportion
Proportion
production
Rendement
Rend.ement
Rendement augmentation
Totale
Variété
Variété
totale
Variété
variététradi-
moyen
proportion-
(1000 ha) Nouvelle
traditionnelle
Nouvelle (tJha)
tionnelle (tJha)
(kg/ha)
nellej (en %)
1987
135
0,2
0,8
111
2,2
2,1
2,12
0,009
1988
115
0,32
0,68
148
3
2,5
2,66
0,060
1989
150
0,34
0,66
179
3
2,4
2,60
0,078
1990
127
0,2
0,8
195
4
2,2
2,56
0,140
1991
166
0,24
0,76
258
5
3,2
3,63
0,119
1992
168
0,38
0,62
314
5
3,2
3,88
0,176
1993
259
0,39
0,61
370
5
3,2
3,90
0,179
1994
197
0,4
0,6
270
3
2
2,4
0,167
1995
218
0,6
0,4
350
3
1,5
2,4
0,375
1996
186
0,7
0,3
212
4
1
3,1
0,677
1997
189
0,8
0,2
294
4
1,5
3,5
0,571
Tableau II: Evolution des coûts additionnels liés à l'adoption des variétés améliorées de maïs
Année
Coût additionnel (Fefa)
Augmentation
proportionnelle c
(%)
1987
14819
0,027
1988
15197
0,041
,1989
128~5 '
0,033
,
'
"
1990
15508
0,018
1991
17177
0,021
1992
176,83.
0,031
1993
16815'
0,021
1994
21645
0,018

o.
1995
21600
0,018
1996
19725
0,017
1997
22645
0,033
Source: 'enquête de terrain
. ,t'
a
T hleau III : Couts de 1
A
arecherche et de 1a vulzartsation des varre es
T
ame iorees de mais
An n ée
C 0
ts
û
recherche
C 0 û ts
vu Igarisation
Co û ts
to ta u x
Coûts totaux réels
(m i Il ion s cfa)
(m illions cfa)
(m i Il ion cfa)
(m illions cfa)
1982
2 1 ,355
0
2 l ,355
25,605
1983
2 1 .355
0
2 1 ,355
24,075
1984
35,5 1 5
0
35,5 \\5
34 ,8 8 7
1985
35,5 1 5
0
35,5 15
34,887
1986
5 1,615
36
87,615
89,039
1987
37,925
39
76.925
80,7 1 8
1988
2 l ,955
44
65,955
65,758
1989
23,385
5 1
74,385
74,608
1990
23,705
57
80,705
8 1 ,768
.
1991
20,445
50
70,445
69,199
1992
30,055
59
89,055
89,683
1993
27,65
61
88,65
138,084
1994
27,65
53
80,65
106,680
1995
26,51
48
74,5 1
88,177
1996 '
26,51
43
69.51
7 1,2 1 9
1997
25,075
39
64,075
64,075
Source: enquête de terrain
102
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

- - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
Ces données ont été collectées dans toutes les di-
vulgarisation du maïs dans les exploitatio~s
rections régionales de l'agriculture (10 sur Il, mis
à part celle du Sahel où le maïs n'est pas cultivé) et
Les nouvelles technologies constituent pour les pay-
dans les Centres Régionaux de Recherches Agrico-
sans des opportunités de gain de ressources supplé-
les. Certaines données qui n'étaient pas disponibles
mentaires ; comme telles, elles doivent générer des
ont été estimées; c'est le cas de la superficie totale
profits positifs en valorisant les ressources qui leurs
emblavée en variétés améliorées de maïs. Cette es-
sont affectées. Quel a alors été l'impact de l'adop-
timation à été faite à partir des quantités de semen-
tion des variétés améliorées de maïs sur le revenu
ces améliorées annuellement produites dans les
des exploitations? Une méthode simple d'estima-
Directions Régionales de l'Agriculture et d'enquê-
tion de cet impact est de calculer les coûts addi-
tes en milieu paysan pour déterminer le taux
tionnels et les bénéfices occasionnés par leur adop-
d'autofourniture et de diffusion des semences en-
tion. Le tableau V donne les budgets partiels des
tre les producteurs selon les régions.
variétés améliorées et traditionnelles. La dernière
ligne du tableau présente le bénéfice additionnel lié
En plus de celles collectées sur le terrain, des don-
à l'adoption des variétés améliorées. Comme on le .
nées secondaires ont été recensées auprès de l'Ins-
constate, le bénéfice additionnel est négatif en 1987
titut National de la Statistique et de la Démogra-
(-6819 FCFA) et devient positif à partir de 1988. Il
phie: il s'agit de l'indice des prix à la consomma-
semble que la non maîtrise des techniques de pro-
tion (tableau IV). Par ailleurs, les élasticités de l'of-
duction ait occasionné des perte au départ pour la
fre et de la demande (+ 0,8 et 0,4) sont celles utili-
producteurs. Mais avec le temps, ces derniers ont
sées pour des études d'impact dans des régions si-
amélioré leur niveau de technicité et le bénéfice ad-
milaires (Masters et Sanders, 1994).
ditionnel atteint 32% de la valeur de la production
des variétés locales en 1990, 75% en 1991,47% en
III. RESULTATS
1992 et 41% en 1993.
3.1 Coûts et bénéfices de la recherche et de la
Tableau IV: Prix et indice des prix à la consommation du maïs de 1987à 1997
Année
Prix
indice des prix
Prix réel
nominal
à
la
consonnmtion
(Fefalt)
(1997 1)
1987
50CXX>
0,953
52465,9
1988
45000
1,003
44865,4
1989
50CXX>
0,997
50150,45
19CX>
6500)
0,987
65856,13
1991
56(0)
1,018
55009,82
1992
5500)
0,993
55387,71
1993
5200)
0,642
809%,88
1994
9OŒX)
0,756
1]5X)47,6
1995
95000
0,845
112426
1996
11(XX)()
0,976
112704,9.
1997
12(XX)()
1
12(XX)()
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
103

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines
Tableau V : Budget partiel des variétés traditionnelles et améliorées de maïs de 1987 à 1993
Vari«é tndtiauJIe dellIJii
variaé anüioréedenœ
1957
I~ I~ 19X>
19)1
lm
1913
1957
I~ I~ 19X>
19)1
19)2
1913
Rtnim:rt
2100
2.W 2400 2400
JM)
JM)
JM)
zm 3OX) 3OX) 4ffi) sm sm sm
AixrmîsKg
jJ
45
jJ
65
:xl
55
52
jJ
45
jJ
55
:xl
55
jJ
PraiJit
hu lOS
112,5 IX>
l:xl
119,2
176
1rxi,4
110
135
IjJ
ZD
2ro
275
2jJ
rrrréairex(I<XU)
~wriaHe;
0
0
42jJ 42jJ
5xx)
5XX)
5xx)
14819 1519 1710 19758 'lli77 Z2883 ZDI5
7
5
Re\\tn1
fut lOS
112,5 115,7 151,75 147,00 IID,8
161,2
95,18
119,8 132,9 XX),2
257,6
252,12 m,Cft,
mréaire ~Iffi))
5
llimee
-
-
-
-
-
-
-
-6819 T!fJ) 1713 4mjJ llŒD 81m (fj7jJJ
a±liticrrel dû à
0
0
l'a±Jtim
œs
\\3I'Îétés ardkrées
On note également que les prix nominaux du maïs
tenu à partir des coûts totaux et du gain social brut.
jouent sur le bénéfice additionnel, les charges va-
Le tableau VI présente les résultats.
riables étant restées presque identiques de 1991 à
1993. En effet, bien que les rendements soient iden-
Les investissements dans la recherche et la vulga-
tiques de 1991 à 1993, le bénéfice additionnel de
risation du maïs ont engendré un gain social net
l'année 1991 est plus élevé que les autres années à
estimé à 7.553.681.000 FCFAI . Ce bénéfice est très
cause de la différence du prix nominal du produit.
significatif si l'on tient compte de la variabilité des
conditions agro-écologiques qui font que la culture
Outre le bénéfice monétaire apporté par l'adoption
du maïs se limite à quelques régions du pays.
des variétés améliorées, l'un des bénéfices majeurs
est l'accroissement de la production des céréales et
de la sécurité alimentaire des populations rurales et
urbaines.
3.2 L'impact économique
Afin d'évaluer l'impact économique de la recher-
che et de la vulgarisation, on a calculé le gain so-
cial net et le taux de rentabilité interne. Le taux de
rentabilité interne est la mesure la plus couramment
~tilisée dans l'évaluation de l'impact dans le do-
maine du développement et du transfert des tech-
nologies. Ce taux est facilement comparable au taux
d'intérêt ou à d'autres mesures du coût d'opportu-
nité du capital. Les principaux éléments qui déter-
minent ce taux sont les coûts de la recherche et de
la vulgarisation et le déplacement de la courbe d' of-
fre résultant de l'utilisation des variétés améliorées.
Pour ce faire, on a calculé les coûts totaux de la
recherche et de la vulgarisation du maïs et le .gain
social en valeur constant, en utilisant comme base
1
Ce chiffre est obtenu en sommant la colonne gain social net.
100, les prix de 1997. Le gain social net a été ob-
104
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2, 2@,~

- - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
Tableau VI : Bénéfices liées à l'adoption des variétés améliorées de maïs
Année Changement
Changement
Gain social
Coûts totaux
Gain social
de Quantité
des
coûts
de Brut
(millions
réels
net (millions
~Q (kg)
production (%)
Fcfa)
(millions Fcfa) Fcfa)
1982
25,605
-25,605
1983
24,075
-24,075
1984
34,887
-34,887
1985
34,887
-34,887
1986
89,039
-89,039
1987
-0,672
-0,015
-86766,66
80,718
-167,485
1988·
1,955
0,034
22768,90
65,758
161,411
1989
4,271
0,064
571730,40
74,608
497,121
1990
10,258
0,157
1967958
81,768
1886,19
1991
Il,391
0,128
1777164
69,199
1707,965
1992
19,193
0,189
3184866
89,683
3095,183
1993
24,070
0,204
5918707
138,084
5780,623
1994
16,629
0,191
5940095
106,680
5833,415
1995
40,377
0,451
16722745
88,177
16634,57
1996
34,528
0,829
18199844
71,219
18128,62
1997
43,253
0,681
22251763
64,075
22187,69
Source: élaboré à partir des enquêtes de terrain
Ce gain social peut être comparé aux coûts de la
affectent le taux de rentabilité interne.
recherche et de la vulgarisation en calculant le taux
Le taux de rentabilité interne de 81,28% est basé
de rentabilité interne. Ce taux est défini comme le
sur les hypothèses:
taux qui résulte de l'égalité suivante:
Que la vulgarisation des variétés améliorées
prend fin en 1997.
Lt=IGs(1 +r)-I =L
Que les élasticités prix de la demande et de
t=ICt(1+r)-t
Où GS ",; le gain social;
l'offre sont respectivement de 0,4 et de 0,8.
Ct = coûts liés à la recherche et à la vulgarisation;
n faut dolic tester la sensibilité des résultats obte-
r = taux de rentabilité interne;
nus si la période de la vuLgarisation venait à être
t = année de départ ( 1982)
prolongée, par rapport aux élasticités prix de la de-
f = année où finissent les coûts liés à la recherche
mande et de l'offre et au niveau des coûts addition-
et à la vulgarisation (1997, dans l'hypothèse pes-
nels.
simiste).
a) La période de vulgarisation des variétés
Le taux de rentabilité interne est de l'ordre de
améliorées
81,28%. Ce taux représente l'intérêt qu'a rapporté
les ressources engagées dans la recherche et la vul-
En supposant que les variétés améliorées
garisation du maïs. ce qui signifie que l'investis-
continueront d'être vulgarisées jusqu'en l'an
sement a été très rentable. Ces résultats suggèrent
2005 avec un coût de rècherche nul à partir
également qu'il faut investir davantage dans la re-
de 1998, mais avec un coût de vulgarisation
cherche et la vulgarisation des variétés améliorées
identique à celui de 1998, en l'an 2005, le
de maïs.
taux de rentabi'lité interne serait de 82,3%
soit une augmentation de 1,1% par rapport
3.3 L'analyse de sensibilité
à la période 1982-'1997.
Dans cette analyse, il s'agit de faire différentes hy-
b) Les coûts additionnels
pothèses concernant quelques paramètres et voir
comment les modifications des valeurs de ceux-ci
Une augmentation des coûts additionnels à
Revue du CA.M~S - S~...ie B, vol. 006 N° 1-2,2004
105
\\

l'hectare de 20% entraîne une réduction du
taux de rentabilité interne de 1,64% . Une
diminution de 20% entraîne une diminution
du taux de rentabilité interne de 1,36%.
BIBLIOGRAPHIE
CONCLUSION
1. Ahmed, M.M and Sanders, J.H.L(1991). The
L'application des nouvelles technologiques ayant
Economies impacts of Hageen Dura-I in the Gezira
pour origine la recherche scientifique à des problè-
scheme, Sudan 'in' proceedings, international sorghum
mes pratiques sont au centre de la croissance éco-
and millet CRSP Conference, Corpus christi,
nomique et du développement. Des technologies
TX.INTSORMIL publication 92-1. University of
améliorées sont nécessaires voire indispensables
Nebraska.
pour aider les producteurs à s'adapter aux circons-
2. Akino , M and Hayami, T. (1975). Efficiencyand
tances changeantes et augmenter leur productivité
equity in public research : rice hreeding in Japan S
et leur revenu en terme réel. L'amélioration tech-
economie development. American Journal of
nologique dans l'agriculture est particulièrement
Agricultural Economies: 57: 1-10.
importante pour les pays africains en général et ceux
du Sahel en particulier. Sans elle, il ne peut y avoir
3. Bono. M Amélioration variétale du maïs en Haute
ni réduction de la pauvreté ni croissance économi-
Volta .. bilan 1972-/980. L'Agronomie tropicale, 1981,
que durable.
n04 octobre-novembre. pp 347-355.
Les nouvelles technologies permettent aux produc-
4. F.A.a. (1996). Rôle de la recherche dans la sécurité
teurs de faire plus avec les maigres ressources dont
alimentaire mondiale et le développement agricole. WFS
96/TECH/12 version provisoire.
ils disposent. Le degré de substitution entre certai-
nes ressources productives est la condition de la
5. Lopez-Pereira, MA .. Gonvalez-rey, D., Sanders, J.H.
croissance de la production chaque fois que l'inté-
(1991). The impacts ofnew sorghum cultivars and other
gralité d'une ressource (par exemple la superficie
associeted technologies in Honduras. 'in' proceedings,
agricole utile) est effectivement utilisée. S'il n'y
international sorghumand millet CRSP Conference,
avait pas cette possibilité la croissance de la pro-
Corpus christi, Tx./NTSORMIL publication 92-1. Uni-
duction serait bloquée dès lors que toutes les terres
versity ofNebraska.
utilisables auraient été employées. Le rôle de la re-
cherche et de la vulgarisation est de créer ces fac-
6. Mast ers, W and Sanders, J. (1994) . .Impact
teurs de substitution. C'est le cas par exemple des
économique de la recherche agricole. Institut du Sahel.
variétés améliorées et-des engrais pour accroître la
Bamako. Mali.
productivité de la terre, et de la traction animale
7. INERA (1994). Rapport du Groupe de réflexion sur
pour lever le goulot d'étranglement de la main-
les céréales (sorgho-mil-mais-fonio-riz).
d'œuvre. Les conditions agro-climatiques du Sahel
sont difficiles pour réaliser une production alimen-
8. Robledo C. (1976) Synthèse sur l'amélioration du
taire adéquate; Il faut pour cela des variétés amé-
maïs en Haute Volta. L'Agronomie Tropicale, n" 3 ..
liorées, hautement productives, adaptées aux con-
juillet-septembre. pp 267-272.
ditions socio-économiques et écologiques des pro-
ducteurs. D'où l'importance de l'Investissement
9. Samuelson Paul A. Economies, 10th Edition,
dans la recherche-pour la création variétale.
McGraw-Hill Company, New York, 1976.
Les résultats de cette étude montrent que les inves-
tissements réalisés dans larecherche et la vulgari-
sation du maïs ont été très rentablesdu fait de l'aug-
mentation des rendements, de la maîtrise des thè-
mes techniques et .de la rapide adoption des varié-
tés améliorées par les producteurs. Ces résultats
montrent également que les variétés améliorées de
106
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004

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Sciences sociales et humaines
ANNEXE 1 Variétés améliorées de maïs créées ou vulgarisées à partir de 1982
:Variété
Année de création
Année d'introduction
ou de sélection
à la vulgarisation
1
ISR 22
1982-1985
1986
IFBe 6
1986-1990
1990
IIRAT 200
1982-1985
1990
IKPB
1983-1991
1991
IKPJ
1983-1991
1991
IKEB
1983-1991
1991
IKEJ
1983-1991
1991
1 FBH33
1984-1991
1991
FBH33 ST
1990-1991
1992
1
IFBM51
1988-1990
1992
IFBPe 1
1989-1990
1991
Source " Programme SOMlMA - eRRA de FARAKO BA
Revue du CAMES - Série B, vol. 006 N° 1-2,2004
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