_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _Sciences sociales et humaines
LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT EN CRISE:
ORIGINE, PERSPECTIVES ET LECONS POUR LE NEPAD
AGBOBLI E. K. M.
Département des sciences économiques, Faculté des sciences économiques et de gestion - Université de
Lomé BP 1515 LOME- TOGO.
Reçu le Il octobre 2002, révisé le 25 avril 2003, accepté le 26 septembre 2003.
RESUME
ABSTRACT
Le développement a toujours été la préoccupation
Development has persistently been a major concern
majeure des Nations africaines depuis leur
to African nations since in dependence. Eager to
indépendance. Ardemment désireux de résoudre
overcome the problem of underdevelopment facing
le problème du sous développement de leur pays,
their countries, African leaders statesmen have
les dirigeants africains ont lancé des politiques de
adopted and implemented development policies not
développement qui se rapprochent beaucoup plus
very much different from economie growth policies.
de"celles de la croissance économique, suivant en
rn so doing, they have not but just followed the path
cela la voie tracée par les puissances occidentales
laid by the Western powers interested almost entirely
intéressées presque exclusivement aux matières
in African raw materials and human resources as
premières et autres ressources humaines
weil as in securing African markets for Western
africaines aussi bien qu'à la sécurisation des
manufactured products.
matières premières pour l'écoulement de leurs
produits manufacturés. Le peu d'importance
The little importance given to local environmental
accordée aux conditions environnementales
conditions, to the felt needs of the local populations
locales, à la participation et aux besoins réels des
and to their effective involvement in the development
populations a conduit à l'échelle répétée des
process has repeatedly led to the failure of the so-
politiques ainsi adoptées. L'on se demande dans
adopted policies. One now wonders whether the new
ses conditions si le nouveau partenariat pour Je
partnerships for African Development (NEPAD) will
développement de l'Afrique (NEPAD) pourra
be able to get the African continent out of its presence
aujourd'hui sortir ce continent de l'impasse, surtout
predicament, especially in the globaJization era.
à l'ère de la mondialisation.
Mots clés: Politique - Développement -
Key Word Policy - Development - Crises -
Crise - colonisation -Impérialisme - Protection
Colonizations - Imperialism - Market protection -
marché - Débouchés - Produits - Exclusion
Sale of manufactured goods - exclusion local
environnement local- Besoins populations- Échec
environment - felt needs - poJicy failure - Lagos
- Plan d'action de Lagos - Attente NEPAD.
Plan of Action - Expected performance ofNEPAD.
INTRODUCTION
coloniale
BALANDIER (1963,p. 3)
traits caractéristiques de cette
Toute étude concrète des
même situation coloniale. Il en est
sociétés
affectées
par
la
Bien que ne se voulant pas
ainsi parce que la colonisation,
colonisation, s'efforçant à une
une étude systématique ou
malgré les avantages indéniables
saisie (critique), ne peut ...
complète de la situation coloniale,
qui y sont impliqués, a eu des effets
s'accomplir que par référence à ce
ce travail ne peut pas se permettre
socio-économiques profondément
complexe qualifié de situation
de passer sous silence certains
perturbateurs, traumatisants et
Rev. CAMES - Série B, Vol. 005 N° 1-2.2003
JII

_ _ _~
Sciences sociales et humaines
pervers qui, à cause de leur nature
la colonisation. Ainsi, ils ne se
structurelle, se prolongent jusqu'à
l'important réseau routier
demandent pas â quel prix les
présent.
et ferroviaire mis en place
choses constatées ont pu être
réalisées, surtout concomitamment
En écrivant à propos de la
les grandes installations
et en un temps relativement court.
colonisation en Afrique, lesauteurs
aéroportuaires
et
Maison ne peut indéfiniment croire
orthodoxes généralement relatent
maritimesdont sont dotées
que tout ce qui brille est de l'or et
les prouesses de l'administration
les colonies
continuer ainsi à se leurrer que
coloniale sans se soucier de les
l'entreprise de
la mission
évaluer de manière critique. Ce
les grandes infrastructures
civilisatrice ne comporte rien de
fuisant, ilscréent l'impression que
de télécommunications
critiquable. Il y a lieu, après un
la colonisation a été, à tous les
introdurtesoutre-mer
temps d'euphorie et d'exubérance,
points de vue, un succès, un
de prendre du retrait pour évaluer
bienfait pour les colonisés,
les
innovations
rétrospectivement et sans état
conformémentaux implications de
technologiquesintroduites
d'âme la performance globale de
la mission civilisatrice évoquée
en pleinmilieutraditionnel
lapolitiquecoloniale, autrementdit,
pour justifier la coIonisation.
faire le bilant de l'ère coloniale
les mass médias modernes
caractérisée en Afrique par une
Avec
émerveillement
et
r e m p l a ç a n t
multitude d'actions et
de
satisfaction, les auteurs concernés
progressivement
les
réalisations simultanéesentreprises
constatent :
crieurs publics
dans presque tous les domaines de
le grand nombre d' éco les
la vie des colonisés. Le résultat de
construites en un temps
la mise sur pied de
l'évaluation envisagée permettra
relativement court
grandes plantations et de
de comprendre pourquoi et
cultures de rente (cacao,
comment on est parvenu à
le
grand
nombre
café, palmier à huile,
l'adoption des politiques de
d'hôpitaux mis en place
coton, etc.)
développement qui en général se
. sont avérées inefficaces.
le nombre grandissant de
la création des systèmes
gens formés dans les
d' explo itation minière
L'ensemble de l'étude vise :
éco les et aussi sur le tas
performants
dans
les
centres
à expliquer pourquoi les
h o s p i t a l i e r s ,
l'infroduction réussie
politiques
de
d'alphabétisation
et
d'institutions financières
développement
sont
d'apprentissage
modernes
inopérantes, en crise,
donc à identifier l'origine
le grand nombre de
l'adoption de modes
historique de la crise;
centres administratifs
nouveaux d'organisation,
créés
en
un
temps
de marketing, de gestion,
à
anticiper
ce
qui
relativement court, le
etc.
adviendra dans l'avenir et
personnel important que
Dans leur très grande admiration,
surtout à l'ère de la
les centres emploient et
ils ont hâtivement conclu,
mondialisation et de la
l'intégration po litique
honnêtement ou non, que les
globalisation, si l'on ne
avancée des régions sous
actions ainsi menées par le
changeait l'orientation des
domination étrangère
colonisateur sont toutes bonnes,
politiques
de
glorieuses, louables tout comme
développement et
le succès enregistré dans
salutaires pour le colonisé, leur
la lutte contre lesmaladies
argument principal étant que tout
à servir de guide, par ses
leçons,
au
nouveau
tropicales contagieuses
cela n'aurait pas été possible sans
312
Rev, CAMES - Série B, Vol. 005 N" 1-2.2003

-~-----~"""":--:-----:--"""""'","",:"""",:",,:,"__"",,,,:,::~~~~~_~_Sciences
._.......
sociales
._.. -'". et
..
humaines
. - ... -,
" ,
partenariat pour
le
exclusivement en-faveur de la
.soumettait-les coloniséspar.la force
développement
de
brutale, (S,ART
métropole, pour le compte de la
RE; " 1961),
, , l'Afrique (NEPAD).
colonisés à qui; la-« culture du
puissance dominatrice, avec pour
objectif ultime le soutien de
silence -"
était ".'- imposée
réglementairement et formellement
L'étude sera fondée sur des
l'expansion économique de cette
(FREIRE, 1965). Etant donné que
données secondaires puisées de la
dernière.
les travaux forcés s'exécutaient à
littérature critique existante.
distance.Ioindes foyers familiaux,
1. LES POLITIQUES DE'
Trois objectifs spécifiques étaient
etpour de longues périodes, les
DEVELOPPEMENT:RJùSON
poursuivis simultanément:
entités sociales étaientéclatées,
D'ETRE, CARACTERISATION
dispersées.. désorganisées et
ET ECHEC
a)
l'accès libre aux ressources
désintégrées, la' désertion. des
naturelles des colonies et leur
villages pour prévenir l'oppression
1.1.
L'ère coloniale:
contrôle
exclusif pour
coloniale omniprésente y aidant
tentative de bilan
alimenter .les industries
pour sa part, malgré les razzias et
métropolitaines;
autresmesures punitives que les
Au temps colonial, on ne parlait
fuites .entraînaient. Cet état de
pas de développement. Au lieude
b) l'accès libre aux ressources
choses qui n'est guère diffèrent de
cela, ce qui préoccupait les
humaines abondantes que
la condition des Africains à l'ère
autorités administratives à
recèlent les colonies et leur
de la traite négrière a fait dire à
l'époque, c'était la mise en valeur
utilisationpour une exploitation
BALANDIER (op. Cit., p. 5) que
des colonies pour laquelle
bon marché des richesses
« la' colonisation
fut
beaucoup
d'effort
naturelles descolonies et
véritablement de la chirurgie
d'investissements était consenti,
sociale» qui n'épargne aucun
comme cela est percevable dans
c)
l'accès libre au marché des
aspect de la vie sociale - il Ya eu
l'introduction
colonies pour l'écoulement des
« invasion» à tous les points de
produits manufacturés / finis
vue.
Dans larhétorique officielle,tolites
émanant
des. industries
les réalisations, grandes et petites,
. métro po litaines. ..',
L'accomplissement du troisième et
à l'ère coloniale se justifiaient par
dernier objectif a 'abouti à la
référence
à
la
« mission
La poursuite du premier de ces
transformation des colonies en un
civilisatrice» que prétendait être la
objectifs
a
abouti
à
une
vaste champ où se déversaient
colonisation, mission civilisatrice
spécialisation biaisée et erronée
.régulièrernent et de manière non
qui servait aussi en même temps
des colonies dans la production de
sélective
des
produits
de prét exte
à l' act ion de
matières premières pour la
manufacturés en provenance de la
colonisation.
satisfaction· des.
besoins
métropole, les colonies étant
d'expansion économique de la
amenées par-là à consommer ce
En réalité cependant, comme on
métropo le; , C'est de cette
qu'elles ne produisaient pas
s'enrendit compte clairement plus
spécia)isation' que
parle
(NOANDJEU, op. Cit.)
"
,tard,:lamission civilisatrice n;était ,--' Npï,\\NDJEU (19.88, pp. 28-43)
. ~ .
.
qu'une
façade, "un
mythe
'e.fl~,disaJ}t' queTes .colonies '
'" "
Une division internationale toute
camouflant lesintérêts profonds qui. , .' .produisaient ! ce ·q,u'ils
ne
spéciale du travail a ainsi vu lejour':
animaient; sous-tendaient et
consommaient pas '; de cefait ils
.elle secaractérise structurellement,
accompagnaient'
l'action
étaient dépendantsdelamétropole
donc durablement, par une
colonisatrice. Par la miseen valeur
popr :1'écoulement des matières
économie fortementextravertie,
des colonies" on entendait
premières. . '
.déséquilibrée et excessivement
purement et simplement, mais de, .
',;> ,. ' ..Lesecondobiectifne s'est
vJ.IlnéJ;;ible, autrement dit. par des,
façon voilée, « l'exploitation en
jamais' réalisé" : sans
que
liens.de dépendance' verticale très
gros et en détail» (pACZENSKY,
n'interviennent les travaux forcés
prononcée, avec les pays dominés
1976)des ressources des colonies
" auxquelsl'administrarioncoloniale
. .".
_....
~ --.. -'~
Rev. CAMES - Série B, VoL.OOS N° 1-2.,2003,' .
313

.".'
au bas de l'échelle, de la pyramide
imposé à la population.
construction pour les
des
rapports
inégaux
de
chantiers navals et les
domination et ·de subordination.
Le résultat en était un
comptoirs, véhicules, etc.
(AMIN,1970).Ladépendanceen
déséquilibre croissant
De
plus,
une
part
question . est - multiforme,
entre les techniq ues
considérable des produits
s' observant'aux niveaux tantde la
traditionnelles
de
de
consommation
production économique, de la
production
toujours
importés était pour les
finance, du, commerce, de la
encore en usage dans
administrateurs et colons
technologie que de la culture
l'agriculture, d'une part, et
européens dont le pouvoir
(DIOUF, 1991), niveaux -où
la demande toujours
d'achat était hors de toute
trônent· les grandes firmes
'croissante
pour
les
proportion par rapport à
coloniales représentant outre-mer
produits d'exportation, de
leur petit nombre (p. 125)
les intérêts de la métropole. Par
loin supérieure à ce qui
l'effet conjugué des divers types
était nécessaire pour
De ce fait, la colonisation non
d'activités des agents de la
assurer la subsistance des
seulement a fatiguéphysiquement
métiopole~ la capacité' des pays
colonisés, d'autre part.
les peuples colonisés, en lesfaisant
"
colonisés à vivreet à survivre par
travailler dur dans des conditions
leurs propres moyens a été brisée
On affirme que c'est un
technologiques difficiles et en les
et anéantie.
. .
élément de progrès que de
privant de quoi satisfaire
compenser
les
adéquatement leurs besoins
Faisant le bilan de la colonisation
essentiels; ellea détruitégalement
exportations par les
française en Afrique de l'Ouest,
les « industries naissantes »,en
importations, enremettant
SURET-CANALE (1977) parle
denouveauxprodurtsdans
exposant
celles-ci
à
la
sommairement

'les mains des Africains et
« concurrence ruineuse» des
« paupérisation»
et
d'un
. ,en améliorant par-là leur
produitsmanufacturés.
« continent qui se meurt» sous le
'mode-de vie; mais cet
poids de l'exploitation.
'. argument n'est qu'illusoire.
Par l'expression « uncontinent qui
se meurt », l'auteur présente un
Bien
au
contraire,
Par paupérisation, l'auteur
dilemme hypothéquant l'avenir de
l'importation croissante de
conceptualise une situation
l'Afrique:
biens manufacturés donna
particulièreoù :
lieu
au
déclin
et,
Le système d'exploitation
éventuellement, fila ruine
· Les fonds très limités
de l'artisanat local..'
des sols (écrit-il) n'était
, "
alloués
aux
" ,
pas
modifié
et
le
investissements étaient
Alors que les articles
déséquilibre observé au
utilisés non pour réaliser dû
• .
d'exportation étaient en
niveau des conditions de
progrès
dans
la
vies'étend à l'exploitation
totalité les fruits du labeur
production ou dans des
des indigènes ; ..' les
des terres s'étant à la mise
domaines techniques mais
en valeur des terres. A
produits importés étaient
essentiellement pour
l'ère pré-coloniale, une
destinés' seulement en
extraire des profits élevés
période de longue jachère
. partie aux larges couches
· sansque l'oriùe modifie en
généralement assurait la
',laborieuses
de
la
,'rien "lès' techniques
régénération des terres
population locale. Une
traditionnelles
auxquelleson n'appliquait
. bonne partie des 0 bjets
préco loniales
de
"
pas·
d'engrais.
importés servait non pas
;
r
L'obligationde produire
production... l'extraction
pour améliorer le sort des
· de profits' se réalisait
; .. )
de plus en plus sans que
'populations mais pour
l'on n'ait la possibilité
principalement
par
perfectionner la manière
d'augmenter les parcelles
l' intensification du travail
d' exploiter ~ -matériaux de
. " .~ ,
314

""""':'-:----:---:-::----F-:.;....,.....,......;.--:-..,...,,-----::---'
Sciences sociales et humaines
cultivables" et souvent sur
le plan continental africain, si
, : Afrique avec ,le soutien,
des surfacesréduites par
tôÙtefo~onpeut les séparer pour
, ", ':
clandestin.ou ouvert, des

. (.
~. 1
.'

les concessions de terres
, .. forcesanticapitalistes.
Iesbesoinsdèl' ah(~JY~.
,
. "
~
en faveur des-colons
.
' . .
' .
blancs et 'par les forêts
a) ,La
guerre
froide,
b) A la fin dela Deuxième
#
classées, a eu pour
,expression manifeste de la
~\\lerreMondiale, les
:lutte hégémoniqùé entre
con s é que n c e
,Etats,:,Uni_sA' Amérique
l'augmentation, de la
1;Occident" (Ie~"; pays
.émergèrentcomme laplus
vitesse de rotation des
capitalistes) et 1; Es't'(lès
,.grande '
,puissance
terres, .les rendements
pays
socialistes/
, industrielledans le concert
n "
,

t

' "
_
" décroissants et souvent
communistes): a fait 'd~
des nations occidentales.
"
,
, aussi la ruine permanente
l' Afrique et d'autres 'pays
En, ,~ette, qualité, ils
du sol. allant ensemble
"du
Tiers~Monde' un
s'arrogèrent le droit
avec la réduction des
chàmpde bataille'ehtre les
d'aider les Africains à
deux
"
,
"'blocs
, évincer les colonisateurs
terres de pâture (p. 131).
.
,
idéologiquement opposés
pour s'installer à leur place
C'est face à cette situation
(GAVSHON;'1981 ).
(N'bONGO, 1972) et
coloniale complexe désolante de
L'Afrique, alors enjeu et
po~r s~ faire l'ami des
privation des droits élémentaires
objet
de
convoitise
nations
africaines,
de l'homme, de dépendance
, . ' . l'objectifultime poursuivi
internati~~~C . non
verticale et d'exploitation
seulement bénéficiait du
par les Etats-Unis étant
économique très poussée, de
'soutien politique" et
.. d'empêcher les Africains
désintégration sociale et de
matérield~s pays' des
,.de
glisser
vers
le
paupérisation ainsi que de
deux camps pour son
socialisme/communisme
dégradation des terres cultivables,
émancipation du 'joug
. considéré comme un
situation dont des aspects variés
colonial m~'i's elle' se
diable
'menaçant
le
ont été constatés et rapportés
réveillait aussi d~ sa longue
continent africain et le
également par plusieurs autres
'léthargie idéo 10 gique.
.mondeentier. Et le slogan
observateurs
de
la
scène
Adoptant progressivement
couramment utilisé pour
historique africaine tels que
la rhétorique marxiste, les
capter l'attention des
,RODNEY,
1981 ;
« évo lués » africains de
,
\\
, Africains était que « tous'
BETTELHEIM, 1967 ; JALEE,
l'époque en firent un
',.
les hommes-sont nés
1969 ; GONCHAROV, 1970 ;
instrument
de . Hitte
libres [»,Ce slogan n'a fuit
AMIN, 1970 que sont nées les
idéologique contre' la
que renforcer le désir des
politiques de développement à
domination étrangère
. Africains de se libérer de
~ompter des années 1960,
qu'était le colonialisme. La
la domination étrangère.
décennie qui a vu le plus grand
compréhension s'instaura
.nombrede pays africains accéder
que le système colonial
c) Au niveau des pays
ill'indépendance politique.
était celuid'oppression et
africains, la prise de
, conscience des
,d'exploitati(jnd~ l'homme
inégalités
, 1.1.,
Les politiques de
par l'homiIi~ 'èt 'non une
. .'1.
flagrantes (LACOSTE,
développement:
mission , civilisatrice
196Q, P: 27 ; MYRDAL,
.!eur jU,sti[icati[
cornmeIe voul~ient les
1970 ; PENQUI_L, 1979)
~, adeptesdu coloriiclisme. Il
,
1
qui. caractérisaient les
TroIS facte~rs essentiels ont
"
," .'fallait se,dêbarrasser du
relations
, « centre"
'
"
interagi pour contribuer à
système d'oppression et
périphérie », c'est-à-dire
. ~ .
.l'émergence, des politiques de
"d:expI6'itafion, et des
entre
métropole
et
développement. Il/agit de deux
mouvements (je libération
colonies a révo lté bien des
surleplan internationalet d'un sur
, nationale émergeaient en
Africains qui comprirent
. ..'~'
, ,
'
Rev. CAMES - Série: E, Vol. 005 N" 1-2:2003
.
i . . .
~
l
,

, 315 :

' : .
l
que
, ' l'opulence,
l.l.Lès politiques de
par les peuples et pays de
l'abondance en métropole
, dév.eloppement :
la planète de ressembler
n'était significativement
caractérisation et
'autant que faire se peut aux
que le fruit du labeur des
échec
Etats-Unis d'Amérique
damnés de
la terre
(BERGERON, 1992, p.
(FANON, 1961), des
En situation de conctirr~nce aiguë
.7).
exploités dans lescolonies,
dans les conditions de la guerre
les pays de la périphérie.
Ou autrement dit,
froide, il fallait agir vite pour
C'est à cette prise de
contrecarrer l'ennemi dans la
conscience qu'est dû le
réalisationde ses visées; il y avait
Le développement, (c'est)
changement
. de
alors peu pu pas de place pour la
un cheminement vers
terminologie'
pour
réflexion théorique de fond. Et
certains objectifs généraux
désigner
les
pays
l'activisme prédominant dans la
mais bien précis qui
africains ; naguère appelés
« situation d'urgence », c'est-à-
correspondent
aux
sociétés ,primitives,
dire c~lle de la pauvreté galopante
conditions de vie de
s a u v a ' g e s ,
et criante d'une Afrique qui se
l'homme et de la société,
a n th r0 pop h age s,
meurt mais qui est convoitée de
que l'on retrouve dans les
.animistes, etc., les mêmes
toute part, on a vit~Jait de réduire
communautés les plus
sociétés sont devenues
la politique de développement à la
avancées' du
monde
pays sous-développés
poli~iA.~e plus pragmatique de
moderne. (L'idéal de
(PSO), terme plus objectif
l'aide au développement. Aussi
développement recherché)
pour marquer le retard
« oublia-t-on les problèmes
est connu sous diverses
accusé par rapport aux
(pourtant essentiels)du quoi et du
appellat io ns : société
métropoles, surl'exigence
pourquoi (développer) au profit de
moderne,
société
des peuples affianchis. Et
celui du comment (développer),
industrielle, (société de
qui adopte l'appellation
surtout (parce, que les décideurs
consommation), société
PSD s'engage déjà dans
ont trouvé, appui, dans) une
de masse, etc. (SANTOS,
la voie de sortir de l'état
économie Politiquequi s'est réduite
1972, p. 58).
de sous-développement
à une science des moyens»
1
par l'application de
FRJ;;UD (1988, p. 3)égalementfait
(AUS~RUY,,1972,p.19).
':certarnes dispositions de
valoir un point de vue à peine
politiqueéconomique dont
différent:
Pour.fàciliterl~tâche,l'ona adopté
la
politique
de
une définition simpliste du
développement et la
dé~eloppem~Q~selon laquelle
Ce que nous voulons
plarüficationéconomique.
remettre en question, c'est
,', .Ledéveloppement, c'est
la pertinence du modèle de
Quand bien même la politique
," l'aspiration aumodèle de
développement qu'ils (les
économique dont font partie
,, consommation occidental,
pays
francophones
intégrante la politique de
/ à lapuissance magiquedes
d'Afrique
et,
par
développement etlaplanification
Blancs, '~h statut lié à ce
extension, les PSO en
sont des pratiques ou interventions
général) ont choisi et que
non
rnodé devie. (Et comme
communément acceptées, elles
~,:dè.nos jours ce sont les
nous
les
.aidons
à
sont largement tolérées comme
_; ,'~é~f~ qui trônent en
promouvoir. Le modèle de
instniments de lutte contre le sous-
.,' .. ", ' haut .d~ la pyramide du
développement préconisé
développement" et la pauvreté
est celui' qui a réussi en
extrême.
.
'
\\' ,- . ' " d év e l ~ P. p emen t
in te, yp,a t i 6 ~ al) ,le
France (et par extension
d~ve,~opp~mel)t, ce sera
"
, en 'Occident) après 'la
l '
cè'"
,'.,.'
.
Seconde \\ "
'Guerre
, ' ,,"
',' . . ... _ projet
iriêoiit'estableïnè~tpartagé
, 'rrioildia1~, la modernisation
316

---....;.......;...-----...;...--..;";",,,-----:..----------........Sciences sociales et humaines
grâce à des technologies
(alors) vouloir qu'une
spécifique,
les " deux
se
de pointe, dans lecadre ...
.chose : rattraper l'homme
. conditionnant et se transformant
d'un environnement de
(occidental) sur la voie du
. réciproquement dans le temps.
libre-échange. L'objectif:
progrès.
. C'est cette compréhension qui fuit
lewelfarestate ... , l'image
dire à BERGERON (op. cit., p.7)
de référence étant donnée
Mais: le rattrapage tant- souhaité
que: .
par
la
société
de
conjointement par les p~ys
cons 0 mm a t ion
occidentaux et africains est
Le développement ne peut être
européenne (et nord-
utopique, non réaliste, comme le
que la réalisation progressive d'un
américaine).
fait remarquer PENOUIL (1979,
double potentiel: d'une part, le
pp. 3-4): :
;,' .
potentiel que représente toute
Un point de correction se doit
collectivité humaine et tous les
d'être apporté au constat que fait
Le sous-développement
individusqui lacomposent, d'autre
FREUD : les pays africains
correspond à une phase
part, celui que constitue le milieu
francophones
n'ont
pas
de l'histoire au cours dé
physique dans lequelse trouve cette
délibérément choisi le modèle
laquelle l'ensemble des
collectivité, un milieuqu'elle utilise
français de développement; les
sociétés tend à se définir
pour assurer son existence et celle
circonstances de leur histoire les
par rapport au modèle de
des générations à venir. Il s'ensuit
ont conditionnés, sinon contraints,
la société développée
que le développement est un
à opérer le modèle métropolitain,
(occidentale) sans pouvoir
processus endogène et auto centré
malgré eux. Il s'agit d'une situation
,fonctionner réellement
d'évolution globale spécifique à
d'ordre structurel dont on ne peut
conformément
à· ce
chaque société. C'est pourquoi il
se débarrasser effectivement ql;le
modèle.
doit y avoir équivalence de sens et
_
t
parlarévolution, une approche que
réversibilité
entre
les pays concernés ont évitée, pour
Cette dernière citation attire
« développement» et « culture »,
des raisons de commodité. On le
l'attention sur la différence qui, en
celle-ci se définissant comme
voit, en partie, à ce que rapporte
matière de développement, existe
l'ensemble des solutions trouvées
MOLNAR(1976, pp.20:'21) :
entre la'norme (aspiration vers la
par l'homme aux problèmes qui lui .
situation d'abondance dans
sont posés par son environnement.
Une inhibition .. : travaille
laquelle se trouve 'la' société
La culture est la réponse que les
les cerveaux du Tiers
industrielle) et la réalité consistant
groupes humains apportent aux
Monde. Ces cerveaux
en le fait que l'on' ne peut pas
problèmes de leur existence
sont aujourd'hui le champ
sauter spontanément par-dessus sa
sociale. La culture couvre tous les
de bataille de théories, de
. condition de sous-développement
aspects de l'activité humaine .
mythes et d'impératifs
pour.àtteindre le' niveau de
Ainsi, le développement est un
divers;
un mélange
développement occidental: C'est
processus culturelet politiqueavant
suffisamment puissant mais
en cettedichotomieque réside en
d-être
économique'
et
confus pour obscurcir
partie la crise du développement.
technologique..
..J·t_

J .
l'image et du présent et de
Et l'auteur de la citation d'ajouter,
l'avenir, Les théories sont
La volonté -qui sous-tend les
en guise de conclusion, qu'ily va
recueillies
dansI-les
politiques de développement de
d'une série d'évidences qui:
'bouches des professeurs
transformer les PSD en un
(de convictions: socio-
prototype de l'Occident est une
ont traditionnellement
politico-idéolo gique s
négatiorirrême du développement.
. .
- échappé et échappent
hétérogènes) ... (Et) le
En effet;"le développement bien
; ' , ' toujours à la très grande
Tiers
Monde
ne
se
compris est toujours un processus
majorité de. ceux qui.
i '
préoccupe guère de
aucœur duqûel'se situeune société
.s'intéressent aux questions'
conceptualiser
ses
particulière vivant eh interaction
de développem~~tet
expériences : il ne semble
permanente) avec ~son milieu
,
"' même, ce qui est plus
3t7

. lourd deconséquences.à
genre:' qui. est, fon'dé dans
l}âb.sence od,e -tout . modèle
. la-trèsgrande majorité de
I'expérimentation avec .sonmilieu
constructeur et le caractère errant,
'.' ceux qui s'en prétendent
d' existence.unapprentissage à vie
incertain-xle I'aventure du
.., (~,expert~?> (p. 8)'0 '.
avec son milieu : .~.
développement, :...._' .
.
,
l , ' · :
Le développement bien compris
La notion de développement
.., .: On 'a- oublié que dire
est, dès lors, nécessairement un
socio-éc.onomique est-toutentière
", dév.eloppement,- c' est dire
processus endogène éminemment
tenduevers.la.construction d'un
auto-déve loppement.
humain et social, un .processus
avenir: ,inédit..,Aussi l'apparente
Auto =.Hommeo(société,
spécifique ~ chaque société pour
évidence développernentaliste du
individu).·
Le
lequel il n'y a ·pas de modèle-à
processus de croissance dissimule
développement donc doit
suivre, un processusunique en son
en fait l' 0 bscurité des finalités,
être conçu comme :
.. '
-",
'",
Auto -_..:.....---,.'. ". développement
','
• . : 4 ,
dansunerécursion sans fin
des Africains. .La croissance
préoccupation majeure est
où' le développement
économique ainsi réalisée n'est
de
régler
une crise
devient à la fois moyen et
purement et simplement que
politique de court terme
fin du système auto- '
l'excroissance des économies des
(ce pour quoi il s'avère
organisateur. (société, ,
nations industrielles.
indispensable d'acheter la
individu). Or tout èoncept
conscience et le vote, par
dé second ordre, c'est-à-
Il est reconnu et admis d'ailleurs
.exemple à l'ONU, des
dire comportant le préfixe
que le put ultime de la politique
Etats nécessiteux) - et le
récursifauto, nous dit que
d'aide au développement n' est pas
dév.eloppement
l'objet
doit
primordialement d' atteindre le
économique, s'il en est un,
nécessairementcomporter
développement el} PSD. Selon
n'est que l'effet du hasard
une récursion surle sujet :
FITZGERALO (1963), un.haut
(pour la citation, voir
ici la. société, l'homme
fonctionnaire ·d'Etat dans la
, BARAN et al., 1968, p.
.(MORIN, 1977, pp,23-
succession des départements
201, note en bas de page).
24) . . .
fédéraux .nord-amériçains en
charge de l'aide. à l'étranger .de
Ce rapport critique n'est pas
Dans l'empressement de gagner la
1948 à 1961.;:,:
<\\. "
unique, en son genre, VINER
guerre froide et de garder les PSD
Une bonne, .partie de, la
(1954), ancien conseiller du
dans le giron du capitalisme
.: "
critique de l'aide étrangère
Président américainEisenhower,
mondial, les politiciens du
est due au ,fait que
produit.un exemple. illustratifde la
développerœnt ont mis l'accent sur
l' 0 bservateur critique
valeur stratégique de l'aide
l'aide sous (orme d' exportation de
pensait que l'objectif de
étrangère, conçue comme un
capitaux, de technologies,
l'aide était d'atteindre le
moyen d'influence et de contrôle
d'expertise, bref sur la promotion
>. .dé velo p p-e 'fi -e.nt
.
des « grands ». vis-à-vis des
~
.
.
"
'
des,investissements étrangers en
économiqueIen PSD),
~<.petits » : .
,
. .
..
'
PSD, produisant la .croissance
alorsque tel n'était pas du
économique .pol}r la. croissance
tout l'intention .,. Tout
.
f.
." ~ ..
. -
- L
r '
"
économique,
au
lieu
de
. .dépend de.ce.qu'enest lç
dév~loppemt?nt,. et ,sans la
'0': J ,.1
but .principal, etdans la
\\ ~.)
.
participation massive et effective
','
moitié ..:des; ças,
la
. . .
.
.-
• 318
Rev. CAMES - Série B, Vol. 005 N° 1-2.2003;
.'
.'
:,'
.
. . '
.

Sciences sociales et humaines
Si les demandes d'aide
temps, aussi les ressources
. commerciaux 'et' des
ne s'appuyaient que sur
naturelleset humainestoutcomme
d éb 0
uc h é s
des
considérations
les. marchés des PSD qui sont
d'investissement, et
purement économiques,
autant de choses convoitées et
elles n'auraient aucune'
dont la conquête, la maîtrise et le
de rendre les pays qui
'chance d'éveiller un
'contrôle par les puissances
reçoivent une aide de plus
intérêt soucieux chez les,
industrielles onttoujoursconstitué
en plus dépendants des
pays avancés. C'est
des enjeux majeurs dans les
marchés de capitaux
seulement parce qu'elles
rapports
internationaux.
américains, étant entendu
touchent
à
des
(GAVSHON, op. cit.). .
que les dettes créées par
considérations d'ordre
les
prêts
accordés
stratégique que de telles
II n'est alors pas étonnant de se
p e r , p é . t u e n t
requêtes de la part des
rendre à l'évidence que parmi les
l'asservissement des
PSD
ont
quelques
objectifs les plus significatifs.visés
receveurs d'aide par
chances de succès. Les
par lapolitique nord-américainede
rapport au marché des
PSD sont dans une
l'aide, à l'âge de l'impérialisme, ne
capitaux des centres
certaine mesure des pions
figure nullement la promotion du
métropolitains.
sur l'échiquier de la
développement en PSD ; les
politiquede puissance. Le
véritables motivations de l'aide,
Les éléments constitutifs de la
seul facteur qui pourrait
nous dit MAGDOFF (1970, p.
politique
de
l'aide
au
nous'convaincrede mettre
111), sont:
développement: les capitaux, les
en oeuvre un programme
technologies, les experts, .les
réellement vaste d'aide
de soutenir les objectifs
connaissances et savoir- faire ainsi
économique aux PSD
politiques et militaires des
que les investisseurs,pratiquement
serait la certitude que
Etats-Unis dans le monde
tous étrangers, se substituent aux
l'amitié et l'alliancede ces
entier; ,
populations des PSD ainsi qu'aux
pays ont pour nous une
potentialités et génies créateurs de
valeur
stratégique,
de renforcer la politique
celles-ci.
politique
et
de la porte ouverte pour
psychologique dans la
préserver
la
liberté
Dans l'application des politiques
'guerre froide', que nous
d·'accès aux matières
d'aide
au
développement,
. pouvons compter sur
premières, au commerce
l' habitude s'est instaurée de
l'aide
économique
et
aux
débouchés
considérer et de traiter les
massive
pour
nous
d;jnvestissements de
populations comme des objets à
assurer cette amitié et
l'économie américaine ;
développer et à prendre en charge,
cette alliance, et que kr ,

J"
':
touten leur procurant presque tous .
coût que représente pour
de .s 'assurer que. -Ie
leurs besoins. Mais la politique de
nous 'un élargissement
d é v e l 0 p 'p e men t
prise en charge des populations en
considérable . de
ce
économique qui se produit
PSD,
conséquence
de .Ia
programme"
d'aide
dans les PS D reste
substitutiondont il estquestion plus
éconoinique ne sera pas
solidement enracinédans
haut, sera inefficace et produira des
un prix excessifpo ur ces
les pratiques et les usages
résultats pauvres parce qu'elle est
gains stratégiques..
'capitalistes .;
très coûteuse aù vu dû nombre
j '
"
.L
. pratiquement illimité.d'individus à
"
'La guerre froide Î1'est cependant
d.obtenir. des
gains
prendre en charge.
pas l'unique-raison pour les
économiques immédiats
grandes' nations de rechercher
pour leshommes d'affaires
Le grand optimisme cree et
l'amitié etl'alliance des PSD ; il y
américainsqui recherchent
eritretemipar la politique de.l'aide,
a; indubitablement et de tout
des
débouchés
instrument de lutte, contre
3J9 :

ScielJ~es soc!ales et h,:,,!,ain~
l'expansion du communisme et de
parler de-développement sans se'
environnant. -t>. - o', ",'
rétention des PSD dans le système
référer nécessairement à l'homme;
.
"
capitaliste mondial, et les espoirs
il'la société.dans son milieu naturel
Comme conséquence .de ce qui
qu'il nourrit dans les pays pauvres
spécifique-de vie.ces politiques se
précède; l'échec des po litiques de
se voient frustrés, à un moment où,
sont
plu' -à: confondre
le
développement assimilées aux
s'étant rendus très dépendants de
développement à la croissance'
politiques
de
'l'aide
au
l'aide extérieure à cause de la vie
économique: On a eu de là peine
développement s'observe, entre
facile qu'elle procure, les dirigeants
à
reconnaître
que
le
autres, au fait : - '
des PSD sont incapables de forger
développement est intrinsèquement
et d'exécuter un projet de société
.lié à la société et à son milieu
que les structures de la
fondé sur la mobilisation intégrale
particulier d'existence à telle
dépendance et de la
des hommes, de leurs potentiels et
enseigne qu'il rie peut pas
pauvreté léguées par le
énergies. '
s'exporter si tout le corps social
colonialisme n'ont pas
qui en est-le moteur n'est pas
connu des transformations
Dans ces circonstances, ce ne sont
exporté en même temps.
notoires; elles sont
pas seulement les conditions de vie
maintenues pour l'essentiel
des sociétés qui se dégradent;
A la différence du développement,
et
sont
en
pleine
l'environnement physiquedes PSD
la croissance n'est que l'expression
expansion ;
se dégrade lui aussi sous l'effet
chiffrée des performances
conjugué des multiples actions non
économiques réalisables même
que la production de la
coordonnées de promotion de la
sans l'intervention régulière et
croissance économique,
croissance économique, que
effective des collectivités humaines
objectif principal de ces
permet la politique de l'aide
- les investissements en capitaux
po litiques, est aliénée,
d'initier et de poursuivre avec la
combinés avec les services de
c'est-à-dire ne dépendant
complicité des « Etats débiles»
quelques experts et travailleurs
pas des aspirations et
(MYRDAL, 1970, pp.209-250)
qualifiés peuvent suffire pour
potentialités des sociétés
et souvent « compradores », et
produire la croissance définie
et des moyens disponibles
leurs populations.
,
~
comme étant l'augmentation
localement en PSD ;
continue de la production des biens
Le phénomène de paupérisation et
et services, laquelle production est
que les facteurs
de
"la mort graduelle" du continent
quantifiable
et .mesurable
production en provenance
africain constatés à l'évaluation de
statistiquement. Elle est un
du monde extérieur étant
l'impact du colonialisme ne se sont
accroissement de la production
limités par rapport à la
pas estompés; bien au contraire, '
réelle d'une économie à une vitesse
taille des populations des
ils se sont poursuivis allègrement
suffisarttepour que le niveau de vie
PSD, seule une proportion
sous l'impulsion des ambitions
de la population atteigne de
infime' de ces mêmes
'hégémoniques des nations
nouveau sommet dans le temps
populations peut être
industrielles, ambitions manifestées
(TREMBLAY, 1969).
intégrée au processus de '
dans .les politiques soi-disant çie
','
création de la croissance
l'aide au développement.
Pour atteindre un développement
économique, la majorité
,vé~itàble et durable, il s'avère
étant laissée pour compte
, L'échec de ces politiques procède
indispensable de donner à la
" et ,la pauvreté prend des
substantiellement du fait qu'il leur
croissance économiqueun visage
proportions galopantes;
, manque une conception ou vision
humain qui lui a manqué jusqu'ici.
claire
de
ce
qu'est
le
Et' ceci ne peut 'se faire qu'en
que le milieu socioculturel
développement Peu soucieuses de
recentrant les efforts de-politique
se dégrade pour autant,
voir en le, développement -un
-sur l'homme, et son milieu
par suite des privations
processus humain et social, donc
,.
l
, '
importantes qui se font
d'admettre qu'on ne peut ,pas
.
"
'.
.
.: jour; malgré la situation
_
."


~
o .
320
Rev.CAMES-Série.B, Vol.005W 1-2.200~

. . . , . . . - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - _ ScIences Jociales et humaines
d'afl1uence que les rnass
. principalementque sur des fàcteurs
. manièresi~cative le gaspillage
média projettent à tout
exogènes à la société africaine.
de ses ressources et apprendre à
instant: pauvreté, famine,
vivre sur ses propres moyens, et
conditions sanitaires
La dictée' et la régulation des
ceci, autant que faire se peut.
précaires,
etc.
vs.
Politiques de développement par
L;aide, là où elle se réclame
abondance, gaspillages,
des intérêts étrangers souvent
indispensable, ne sera contractée.
luxe, etc. ;
opposés à ceux des PSD africains,
que' pour soutenir des projets
sont au cœur même de lacrise, de
réellement' stratégiques et, si
que l'environnement
l'inefficacité des politiques .de
possible,
effectivement
physique des PSD se
développement.
.
amortissables à temps raisonnable.
dégrade très rapidement,
Avec l'aide liée à des projets, il

à
l'application
A
l'heure
où,
.affaiblies
sera
possible
de
réduire
désordonnée
des
successivement par l'esclavagisme
, sensiblement l'assistance octroyée
po litiq ues
de
et le colonialisme, les sociétés
à des fins de consommation
développement, laquelle
africaines s'efforcent de se
somptuaire. de prestige, de
application se veut la
réhabiliter et de s'affirmer en se
financement
des' dépenses
moins coûteuse possible
recherchant, les puissances
récurrentes, d'amortissement de ia
(PSD, lieux de décharge
industrielles veulent étendre et
dette; etc.
de déchets industriels,
pérenniserleur influence en mettant
1..
LE
NEPAD
ET
SES
toxiques,
ou
non,
tout en œuvre pour se créer des
CHANCES DE REUSSITE
-d' expérimentat io ns
empires
économiques,
diverses, etc.) ..
technologiques,
politico-
Né de l'initiative de plusieurs
idéologiques et 'stratégiques. Cette
présidents africains au début de
Les preuves de l'échec des
volonté
de
puissance
est
l'année 200 1, le Nouveau
politiques de développement sont
antithétique 'au vouloir se
Partenariat pour le Développement
si nombreuses qu'on ne salirait les
développer des pays africains. En
de l'Afrique (NEPAD) a été
énumérer toutes. Qu'il suffise de
prendre conscience et en tenir
adopté en juillet 2001 comme
faire remarquer que Ja mission
compte est un élément essentiel
principal cadre de développement
développementaliste
que
dans la conception de toute
du continent., Le NEPAD a été
représentent les po litiques
stratégie de développement dans .
lancéofficiellement le 23 Octobre
actuelles de développement n'est
le monde contemporain.
2001 à Abuja au Nigeria.
pas plus efficace que la mission
civilisatrice d'autrefois. On dirait
Comme
on
l'a
déjà
vu
Avant d'aborder ses objectifs et
même qu'elle est pire que cette
implicitement
à
travers
.ses chances de réussite, il convient
dernière, à cause de l'ampleur de
FITZGERALD, à l'ère post-
de
présenter
le
contexte
ses effets dévastateurs qui ne
coloniale, l'aide est un véritable
économique international dans
connaissent pratiquement pas de
'piège par lequel les, puissances
lequel il est appelé à performer, Le
frontières, surtout à l'ère de la
industrielles prennent en otage les.
contexte, c'est celui de la
mondialisationde l'économie.
pays pauvres et les enferment dans
mondialisation de l'économie.
le système capitaliste mondial afin
L'échec restera toujours inévitable
de bénéficier de leurs richesses et
2.1.
La mondialisation de
aussi longtemps que l'homme, la
de profiter de leurs espaces
l'économie
société, mesure commune de toute
'g~opoÏitiques à' perpétuité. Si
.: prolongement
des
chose,' début - centre- fin du
réellement
l'Afrique
veut
politiques ,
de
'développement,
restera
s'émanciper des liens de servitude
, déveloQPement?
marginalisé, sinon exclu, du
.et de subordination, elle devra
processus' de création-de la
.relativiser l'importance qu'elle a
PETRAS et VELTMEYER
richesse, aussi longtemps que ce
attaché~ jusqu'alors à J'aide tous
(2002), deux éminents professeurs
processus
ne; 'sera 'fondé
azimuts'; elle devra limiter de
Rev: CAMËS-~érieB,Va\\. 005N° 1-2.2003
321

Sciences sociales et humaines
américains de longueexpérienceen
d'accumulation du capital
connne cela a toujours été
sociologie économique, se sont
qui jusqu'alors' jouait
. le cas avec l'impérialisme,
. posé la question de recherche
. surtout au niveau national
de servir les intérêts de
suivante : Mondialisation ou
et se maintenait dans les
ceux qui détiennent déjà
Impérialisme? A l'étude de cette
limites géographiques de
pouvoir et privilèges (pp.
question, ils ont consacré. lm
l'Etat, et dans celles que
5-8 synthétisées à la
ouvrage collectif de 286 pages,
celui-ci imposait, gr~ce à
dernière
page
de
indicateur de la complexité de la
ses pouvoirs régulateurs.
couverture).
tâche, L'effort de définition et
En tant que norme, la
d'analyse consenti a abouti, entre
mondialisationimplique la
Pour KANKWENDA (2000), la
autres, au résultat ci-après:
libéralisation des marchés
mondialisation
nationaux et du marché
Le terme mondialisation
mondial,
suivant
la
· « est connue comme un processus
est à la fois descriptif et
croyance que la libre
d'intégration
et
de
normatif: de sorte qu'il sert
circulation du commerce,
transnationalisation par lequel
à la fois d'explication -
des
capitaux
et
de
l'économie mondiale est de plus en
bien pauvre, il faut le dire
l'information produira le
plus intégrée en termes de
-et d'idéologie dominant
meilleur résultat pour la
.
.
production et de commerce des
à présent la pensée, les
croissance et le bien-être
biens et des services, de marchés
pouvoirs et la pratique
de l'humanité ... Quand
des biens et des services y compris
politiques. En tant que
on
utilise
le
terme
peut-être bientôt du marché du
d e s c r i p t i o n ,
mondialisation, que ce soit
travail, d'investissements et de flux
mondialisation s'applique
pour décrire où pour
de capitaux. Mais le processus a
à l'élargissement et à
prescrire,
c'est
un impact qui va au-delà de
l'approfondissement des
habituellement avec un air
l'économique. lIa des implications
flux internationaux' du
d'inéluctabilité
et de
significatives sur la politique et
commerce, des capitaux,
conviction absolue qui en
l'institutionnel, sur la structure et la
de la technologie et de
trahit
les
racines
configuration sociales, et enfin sur
l'information dans un
idéologiques (pp. 9-10).
la dimensionculturellede la viedes
marché unique mondial
sociétés africaines.
intégré.
Au
moyen
La mondialisation n'est
d'expression comme
qu'un nouveau visage de
« Au niveau de ses implications
« village global », elle
l'impérialisme.
Son
économiques, il est conseillé aux
identifie aussi bien un
« inéluctabilité » et la
pays africains d'ouvrir grandement
ensemblede changements
soumission des peuples au
leurs portes au commerce
produits
par
les
capitalisme
et
à
international, aux investissements
. dynamiques
du
l'économie de marché
étrangers, et au mouvement des
développement capitaliste
partout dans le monde
capitaux et de la force de travail,
que la diffusion de valeurs
dépendent de la capacité
avec comme résultat attendu et
et de pratiques culturelles
des classes dominantes et'
promis, la croissance économique
associées
à
ce
dirigeantesà imposer leurs
· et la solution des problèmes
développement ... Dans
volontés et à convaincre
sociaux. Ce qui n'est pas du tout
ce contexte, on fait
que leursintérêtssant ceux
évident. Car dans la perspective
souvent référence -aux
de tous. Un élément clé de
de développementhumaindurable,
changements
dans
. la
réflexion. sur, la
.
.
la mondialisation amène avec elle
l'organisation capitaliste
mondialisationréside dans
· ou. mieux génère un processus
de la production et de la
la compréhension que son
.cumulatifet inégalde croissance et
société, aux extensions
but n'est pas un monde
de distribution des richesses. Le
d'unpro'ces'sus
meilleur 'etplusjuste mais,
mythe dudéveloppement par le
322
Rev. CAMES~ SéiieB, VOl. 005 W 1-'2.2003 .

ScIences sociales et humaines .
commerce.· extérieur
et
tellecompétition..
régiondu mondea d'ailleurs finipar
l'Investissement étranger est
pro uver les fragilités et les erreurs
contredit dans les faitscomme on
. «Le deuxième domaine des
du système..
le voit pour l'Afrique.
implications du processus de
mondialisation pour l'Afrique du
« La mondialisation e$t ainsi un
« La mondialisationdes structures
prochain siècle est celui des
processus de réduction et
de production permet aux grandes
institutions politiques.
La
d'informalisation du pouvoir de
firmes transnationales et il leurs
mondialisation économique
l'Etat et même de perte de sa
réseaux d'exploiter à l'échelle
s,uppose une polarisationpolitique.
souveraineté. L'instrumentalisation
planétaire et au moindre coût les
En effet, les nouvelles institutions
, de l'Etat africain au service du
ressources et les opportunités,
économiques qui naissent et
marché mondial qu'il est loin de
soumettant à la loi de leur propre
grandissent dans le processus de
contrôler, tellesemblel'implication
développement, les activités des
mondialisation réclament comme
politique la plus significative du
petits pays et de leurs petites et
cadre de leur épanouissement de.
processus de mondialisation. Les
moyennesentreprises(PME). Elle
nouvellesinstitutionspolitiquesou
pro grammes
d'ajustement
entraîne ces structures de
du
moins un autre modèle de
structurel des années 1980-1990
production dans l'éphémère, le
gestion des affaires publiques,
ont été et sont à éet égard, un
.
..
volatile et le précaire, notamment
aussi bien au niveau national,
important instrument de politique
par la réduction massive et
régional que mondial. Le concept
qui a transformé les Etats africains
généralisée de la durée de vie des
de soi-disant nouvelle génération'
en agences d'exécution pour le
biens et services.
de dirigeants politiques africains
processus de mondialisation. La
n'est pas étranger à cette
mondialisation va ensembleavec la
« La mondialisation est dès lors un
problématique. Il est alors prêché
marginalisation économique de
processus de polarisation des pays
que la voie royale pour le
l'Afrique, mais aussi avec sa
sur la base de leur puissance
développement humaindurable en
marginalisation dans l'arène
économique et commerciale dans
Afrique,est de renforcer le marche
politique mondiale.
le monde. C'est le règne de l'avoir
et son rôle dans la régulation
où iln'y a pas de place pour l'être.
économique et sociale, tout en
«Sur
le
plan
social,
la
. La compétition économique
réduisant sérieusement celui de
mondialisation qui est une véritable
actuelle tourne autour du contrôle
l'Etat. Ce dernier devrait être
machine
d'intégration
en
stratégique des ressources de
confiné à assurer et veiller à
mouvement, et de par le processus
l'environnement et de la nature en
l'existence d'un environnement
de poIarisationqu'il impliquedans
général, des ressources et
macro-économique, social et
sa forme actuelle, est aussi une
technologies de l'espace, des
juridique convenable pour le
machine de hiérarchisation et
réseaux et
autoroutes· de
développement de l'entreprise
d'exclusion
sociales.
La
l'information, du commerce
privée et la concurrence sur le
mondialisation est de ce fait,
mondial
et
des
progrès
marché. Pourtant, les pays de
contrairement à ceux qui ~'en font
scientifiqueset technologiques en
l'Asie du Sud-Est qu'on voudrait
que l'apologie, un processus
général.
«Elle tend
à
la
présenter à posteriori comme des
d'appauvrissement. de larges
norrpalisation des bienset services
cas de réussite exemplaire de
sectionsdes populationsafricaines,
par 'un code international de
l'intégration au processus de
d'exclusion des avantages liés à
produits (CIP) ». .Autant de
mondialisation, n'ont pu atteindre
certains progrès économiques et
domaines

la. division
les résultats auxquels ils sont
sociaux, et donc source de conflits
internationale du travailactuelle,et
parvenus qu'en faisant le contraire
sociaux et politiques.
encore moins les théories de
dans ce domaine: c'est-à-dire en
développement dans le sillage de
renforçant le rôle de l'Etat pendant
« La. théorie
actuelle
de
la mondialisation ne donnent
un certain temps dans le processus
renforcement du consensus social
aucune ouverture significative ou
et la régulation économiques. La
et d'appropriation nationale des
porteuse pour l'Afrique dans une .
dernière crise financière de cette
politiques économiqueset sociales
.jR.ev. CAMES - Série B, Vol. 005 N° .1-2. ~OO~
323

Sciences sociales et humaines
est en réalité une stratégie'destinée
pour ses effets pervers de
pas se soustraire à l'adoption des
à anticiper les conflits politiques et
fragilisation grandissante sur
nouvelles technologiesde pointe,
sociaux qui peuvent provenir de
l'Afrique (p. 7). Ils parlent de
, celles-ci rentrant dans la logique
cette intégration appauvrissante
« l'Afrique,' victime
de
la
même du bon fonctionnement de
dans
'le
,processus
de
. mondialisation » pour des raisons
l'entreprise, moderne dont les
mondialisation. Alors que l'un des
d'intrusion
cro issante
et
détenteurs et opérateurs sont des
nouveaux chevaux de bataille
systématique' des
intérêts
capitalistes étrangers avides de
s'appelle le renforcement des
hégémoniques de l'Occidenten
gains et de pro fits.
capacités - en fait la capacité de
Afrique
et
à
causeôe
concevoir, mettre en œuvre et
l'envahissement non sélectifqui en
En termes politico - idéologico -
s'approprier les politiques qui vont
résulte.
institutionnels, Ïes grandes firmes
en faveur de l'intégration à la
ont besoin :
mondialisation et qui peuvent ainsi
Pour les esprits critiques qui ont à
bénéficier de l'appui financier,
cœur l'avenir de l'Afrique; il ya un
de sécuriser ieur position
politique et technique des bailleurs
consensus d'appréciation sur la
dominante' dans1es
de fonds - , la théorie du consensus
mondialisation erses impacts sur
économies africaines - à
social veut' s'assurer que ces
l'intégralité de l' enviromiement
cette fin, elles exigent et
politiques ne seront pas contestées
africain: les conséquences de la
obtiennent des Etats
par la société civile, ce qui
mondialisation sont largement
africains
qu'ils
se
signifierait la remise en cause de
négatives et nocives, et contnbuent
désengagent en matière de
l'ordre de la mondialisation. La
ace titre à ladégradationprofonde
production economique ;
, « bonne» gouvernance prêchée à
de l'environnement, en termes
les entreprises publiques
grand frais et bruits fait aussipartie
économiques, technologiques,
sont ainsi privatisées,
de cette stratégie.
politico - institutionnels, socio -
bradées et passent entre
culturels, etc.
les mains des firmes
Sur
le
plan
culturel,
la
étrangères,
mondialisation a aussi des
En termes économiques, les
implications dans le sens d'un .
géantes entreprises multinationales
de contrôler le champ de
processus d'intégration culturelle à
ou transnationales envahissent les
l'exercice du pouvoir en
travers le flux transnational des
marchés africains : grâce à leur
imposant des mesures
idées, des biens et services
incomparable
capacité
d'ajustement structurel par
culturels, des images, des sons,
d'investissement,
elles
l'entremise des Institutions
des phénomènes de mode, ainsi
s'approprient les ressources
de
Bretton
Woods
que des produits artisanaux et
stratégiques des pays hôtes,
(Banque Mondiale et
artistiques. Pensées et formes
s'accaparent leurs entreprises
Fonds
Monétaire
d'expression artistique et culturelle
publiques et se soumettent les
International) : réduction
font ainsi partie du processus de
secteurs commerciaux les plus
de
la
taille
de
,
.
mondialisation, qui embrasse aussi
importants. La stratégie de
l'administration publique,
bien la musique, le cinéma, lit
privation en cours partout en
embargo
sur
le
peinture, la sculpture, le tourisme,
Afrique s'intègre à leur vision
recrutement de personnel
l'architecturé, l'habillement, la
économique.
dans la fonction publique,
littérature, le langage et les formes
'limitation de la place des
d'expression religieuse» (pp. 51-_
En termes technologiques, les
services sociaux dans
54).
"
economies africaines largemerit
l'affectation
des
dépendantes du point de vue dès
ressources nationales, etc.
Les
auteurs
de
l'étude
investissements, des programmes
collective « Et si l'Afrique refusait
de production et de leurexécution
le marché» stigmatisent et
tout aussi bien que de celui du
incrirninenÙnême lamondialisation
commerce internationalne peuvent
,324
Rev. CAMES - Séi-iëB,Vol. 605 N° '1-2.-2003

1
Sciences sociales et humaines
de s'assurer ladomination
éconorriiques entre le 'Nord et le

la paix, la sécurité, la
idéologique'
et
Sud au profit du premier
démocratie et une bonne
institutionnelle des pays
(GEORGE, 2000, pp.43'-47)". On
gouvernance politique
africains par l'imposition
s'accordera avec N'DONGO

.,une meilleuregouvernance
du
marché
comme
(1972) pour reconnaître que les
de l'économie et des
arrangement supérieur en .
puissanc:es'
occidentales
entreprises, .
efficacité à tout système
s'entendent et se redistribuent les

la
coopération
et
de régulation étatique, de
cartes sur le dos des Africains
l'intégration régionale
la libéralisation des
désorganisés et émasculés par
e
marchés, du principe de la
l'impérialisme colonial et néo-
Le NEPAD énumère en outre
libre circulation des biens
colonial. GLASER et SMITH
plusieurssecteurs prioritaires qui
etservices, des capitaux et
(1994) ne font que confirmer cette
nécessitent une attention et, des
des hommes,
de
la
position en intitulant l'un de leurs
mesures particulières:
démocratie ainsi que de la
ouvrages collectifs: « L'Afrique
décentralisation et de la
sans Africains ». ,

l'infrastructure physique,
bonne gouvernance, etc.
notamment les routes, les
A la question de savoir si la
'.
,
voies ferrées et les réseaux
EnfinentermessociocwtureŒ,œs
. mondialisationest impérialisme, on
électriques reliantdes pays
puissances
occidentales
ne peùtque répondre par
voisins
représentées à l'extérieur par des
l'affirmative, au vu de ce qui
li!
les' technologies
de
agents
intervenant
dans
précède. Il reste à prendre
l'information et de la
pratiquement toutes les sphères de
connaissances des préoccupations
communication
la vie des Africains veillent à la
du NEPAD pour juger de leur

le développement humain,
consolidation de leurs relations
compatibilité ou incompatibilité
.axé sur ,la santé et
outre-mer. Cet objectifse réalise
avec les visées de la mondialisation
l'éducation, y compris la
en Afrique par l'envoi des experts,
en vue de déterminer les chances
formation professionnelle
la création de centres culturels, la
de succès du NEPAD.
• . l'agriculture
projection de films vantant les
.•
la
promotion de
la
mérites
de
la
civilisation
2.1.
. L'essentiel à savoir à
diversification de la
occidentale, la démonstration des
propos du NEPAD
production. et
des
gadgets et des produits de la mode,
D'après le NEPAp, la: réalisation
exportations, une attention
etc.
des objectifs de développement à
particulière
étant
long terme de l' Mique se fonde
notamment accordée à
On ne peut dès lors que parler de
sur la détermination des peuples
l'accès des exportations
la dépendance multiforme de
africains à« s'extirper et à extirper
africaines aux marchés des.
l'Afrique vis-à- vis de l'Occident
le continent du malaise du sous-
pays indUstrialisés (Afrique
(DIOUF, op. cit.), un phénomène
développement et de l'exclusion à
Relance, Vol. 16, No2-3,
qui n'est réellement pas nouveau
l'heure de la mondialisation ». Le
septembre 2~02, p. 28)
mais qui va en s'intensifiant avec
NEPAD souhaite l'instauration
lamondialisation. En enjugeant par
d'une nouvelle relation entre
. ' .
o· ..
L'objectifglobal de l'initiative sera
ses pratiques et ses effets, la
l'Afrique et la communauté
d'aboutir à un développement
mondialisation ne
peut' se
internationale, dans le cadrede
humain et durable, tout en
comprendre qu'en termes de
laquelle les partenaires' non-
s'assurant que l'Afrique sera plus
colonisationcollectivede l'Afrique
Africains chercheraientà compléter
. qu'un acteur secondaire dans
par des' intérêts occidentaux
les efforts del'Afrique.
l'économie mondiale.Pour ce faire,
conjoints gérés par les Institutions
l' Afrique devra obligatoirement
de Bretton Woods agissant en
Four que l'Afrique ·puisse se
bé~éfi'cier d'une me illeure
système de contrôle et de gestion
développervtro is condit ions.
mobilisation et d'mie meilleure
des relations prioritairement
doivent, selon le NEPAD, régner:
gouvernance. Bien que 'de
, .
,
Rev: CAMES- Série B~ Vot: 005 N° 1-2"2003'
325

Sciences sociales. ~t humaines .
nombreux détails restent à régler,
l'institution financière participera
le NEPAD. Tout dépendra de la
les grandes lignesde l'Initiative ont
davantage
àuxéfforts. de
conjoncture à laquelle les·
d'ores et déjà été esquissées.
développement et de consolidation
partenaires se verront confrontés
de l'intégration régionale en
dans le temps,· surtout à des
Par
cette
Initiative," les
Afrique, . plutôt que de se
moments de l'adoption de projets
gouvernementsafiicainss'engagent
concentrer presque entièrement sur
concrets, lesquels ne doivent en
à recueillir plus activement des
les projets de développement
aucun cas ignorer les intérêts des
fonds sur le continent même, grâce
. nationaux, comme par le passé
grandes puissances. Enumérés
à l'amélioration des systèmes
(Afrique Relance, Vol. 15, No. 3,
sous larubrique: « Aider l'Afrique
d'imposition fiscale, à une
octobre 2001, p. 21).
n'est pas de la charité » (Afrique
meilleure efficacité et à des taux
Relance, Vol. 15, No 3, octobre
plus favorables à l'épargne et aux
Il ne s'agit là en fait que d'un cadre
200 1, pp. 21-22), ces intérêts
investissements nationaux.· En
général, d'un programme de
sont :
même temps, l'Initiative propose
développement pour le continent
la
promotion
des
la création d'un nouveau type de
africain dans lequel viendront
investissements privés
partenariat entre l'Afrique et la
s'insérer des projets concrets, ou
(étrangers surtout)
communauté internationale, en
autrement dit, d'une déclaration
l'expansion du commerce
particulier les pays industrialisés,
d'intention ou encore de grandes
en Afrique et à l'extérieur
pour combler le gouffre qui s'est
orientations à suivre dans la
du continent
creusé
en
matière
de
définition
des
projets
de
l;·amélioration
des
développement au cours de siècles
développement.
systèmes
de
santé
de rapports inégaux.
publique
La nouvelle initiative africaine ne
la lutte contre la faim
De nombreux Chefs d'Etat
comporte pas d'engagements
la gestion solide des
africains sont allés à l'étranger
fermes
de
la
part
ni
des
entreprises
plaider en faveur d'un allégement
responsables africains, ni des
l'introduction
des
de la dette plus rapide et plus
représentants
des
grandes
nouvelles technologies
conséquent,
une
aide . au
puissancesindustrielles. A ce titre,
lalutte contre lacorruption
développement accrue, d~s
il ne fait du mal à personne. Cela
la bonne gouvernance et
investissements étrangers plus
laisse supposer qu'au stade où l'on
la prévention des conflits.
importants, et une ouverture plus
est avec l'initiativeafiicaine,aucune
large des marchés du Nord aux
sérieuse incompatibilité ne semble
Une analyse critique de ces intérêts
exportations du continent. Le
se dégager des débats entre 'les
permettrait de montrer qu'ils ne
Président de la Banque mondiale
partenaire~ concernés,
sont pas foncièrement différentsde
a salué la nouvelle Initiative
ceux poursuivis par les politiques
africaine comme' un événement
Ce sera probablement aux
habituelles de développement.
d'une énorme importance pour
occasions de la fixation des
chaque habitant de la planète. Il a
objectifs spécifiques pour meubler
Les Etats africains ne doivent pas
promis que là Banque apporterait
le cadre tracé po ur le NEPAP et
perdre de vue que le contexte de
. son concours aux programmes qui
de la négociation des .projets
la mondialisation est impérialisteet
sont élaborés sur place et appliqués
compte tenu des intérêts des
ne peut pas to lérer des mesures
.. sur place. Il a reconnu que les
grandes nations que dès problèmes
radicales et progressistes pouvant
. inodèles de développement
concrets peuvent se poser,
porter atteinte aux intérêts
imposés de l'extérieur ne marchent
hégémoniques séculaires des
pas sur le terrain. Il a précisé 'que,
grands. C'est ce que confirme,
Toutefois, quand bien même dans
tout en continuant d'attacher des
entre.autres, l'avortement du Plan,
l'ensemble, les partenaires des
conditions à ses prêts, la Banque
d'Action de Lagos.
deux camps se félicitent de Ia
s'efforcerait de simplifier les
nouvelleinitiative,on ne devrait pas
procédures d'attribution. En outre,
élaboré ?,!-r la Commission
y voir une garantie de succèspour
326
Rev. CAMES - Série B, Vol.. 005 W 1-2.2003

- . . . , . . . . . - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
. Sciences sociales et humaines
Economique des Nations Unies
groupe
à
disposer
-, de subordination fondées sur des
pour l'Afrique à la findes années
librement des capitaux
intérêts inégaux enracinés et
70, et adopté par les Chefs d'Etats
investis et des produits de
diamétralement
opposés
africains lors d'un sommet organisé
ceux-ci (p. 376).
changeront de nature parce que les
. à Lagos en 1980. Ce plan mettait
Africains ont élaboré le NEPAD
l'accent sur les dynamiques de
Ce qui doit retenir l'attention dans
qui dorénavant servira de guide à
croissance liées au marché interne
la citation, c'est la référence
l'action
de :
coopération
et la nécessité d'accélérer
permanente du patronaux visées
internationale dans le cadre d'une
l'intégration régionale comme
de son groupe, à l'exclusion des
mondialisation au service des
alternative à l'insertion rentière
intérêts des sociétés humaines au
intérêts des grandes puissances
dans l'économie mondiale pour les
sein desquelles s'implantent les
industrielles. Le mieux que l'on
pays africains: Or, ce programme
activités du groupe. Il suffirait que
puisse
atteindre
comme
(pourtant inoffensif) ne connaîtra
les intérêts des pays s'articulent et
coopération sera la co llaboration,
pas
le
moindre
début
prennent une tournure allant à
entendue dans son sens péjoratif
d'exécution. Confrontés à la crise
l'encontre des desseins du groupe
. de travail ensemble avec des
de la dette, les pays africains vont
pour que des conflitsse manifestent
ennemis potentiels.
d'une manière ou d'une autre. La
rapidement s'inscrire dans la
gestion des conflits opposant
Pour que le NEPAD tel que conçu
dynamique des réformes ouvertes
« grands» et « petits» se fait
soit un succès, les
par les programmes d'ajustement
Africains seront
presque toujours au profit des
amenés sous la pression des
structurel (HAMMüUDA, 2003,
. premiers et au détriment des
grandes puissances à faire
p. 186). Cela a nécessité son
derniers, leçon d'expérience !
beaucoup de concessions, ce qui
adaptation au sommet d'Abuja en
fera perdre à l'initiative africaine
1990.
Quand on est ensemble dans un
son originalité. Même si cela n'est
Pour TOUSSAINT (1999), la
même bateau et que l'on doit tous
pas le cas, il est fort douteux que
mondialisation est une offensive
prendre part aux mêmes mets
le résultat du NEPAD sera le
néo-libérale contre le Tiers-
dont la quantité est limitée, la règle
développement compris comme
Monde dans son ensemble. Il
du plus fort intervient à table : les
étant à la fois un processus et un .
caricature le phénomène de .
plus forts se serviront les premiers
phénomène
socioculturels.
mondialisation en se référant à un
parce qu'ils sont les plus forts.
véritables non pervertis.
débat public au cours duquel
Pour éviter de se faire dévorer par .
les grands qui ne sont jamais
L'importance accordée à la
Le patron d'un des plus
rassasiés, ce que les petits peuvent
mobilisation des ressources
grands groupes européens
faire dans la circonstance, c'est de
financières et technologiques à la
a expliqué en substance
se satisfaire des miettes restantes
place des populations justifie le
que la.« globalisation »
sans protester ~t surtout aussi de
scepticisme ainsiexprimé. Avec les .
(mondialisation)
se servir de longues cuillères pour
ressources non
humaines
représentait « la liberté
avoir accès aux miettes.
mobilisées, o~ ne pourra réaliser
pour son groupe de
que la croissance économique sans
s'implanter où il le ve~t, le
Les . Africains
gagneraient
. les',
populations
et
sans
temps qu'il veut, pour
beaucoup en
s'intéressant
développement, auquel cas la
produire ce qu'il veut, en
davantage à l'étude critique de
question
fondamentale· de
s'approvisionnant et en
leurs relations avec les nations
déveioppement restera toute
vendant où il veut, et en
industrielles dans une perspective
entière intouchée, avec toutes les
ayant à supporter le moins
historique pour se rendre à
·conséquences socio-po litiques
de contrainte possible en
l'évidence de la nature presque
. graves que cet éfat de choses
matière de droit du travail
inchangée de ces rapports. Il n'y a
entraînera: chômage galopant,
et de conventions sociales
pas de raison de croire aujourd 'hui
pauvreté croissante, délinquance,
(sans oublierle «droit» du
que ces relations de domination et
criminalité,
. vio lence,
,.. --
. .327

-------:..,...-'-'-.......:...,,....--~--------:..,...--___:_:------""7"-- Sciences sociales et humaines
déstabilisation, contestation, etc.,
op. cit., p. 7), un processus
comme tout cela se déroule déjà.
entièrement dépendant de la
visiblement devant nous sans que
société, de sa volonté et de sa
nous ne soyons en mesure de les
détermination, pourquoi ne
arrêter. Et ce n'est certainement
responsabiliserait-on
pas les
pas cela que les auteurs du
populations dans le cadre d'un
NEPAD envisagentpour l'Afiique.
nouveau projet de société
valorisant toutes les ressources
CON CLUSION
humaines africaines disponibles
pour en faire le levier du
La question qui anime le débat est
.développement, et ne ferait-on pas
celle de savoir si grâce au NEPAD
de l'aide un facteur important
on arrive à rassembler des
. certes mais de second ordre ?
ressources . matérielles
et
financières en grande quantité,
Il est temps de « repenser le
poutra-t- on pour autant affirmer
développement» (BARIOU,
que l'on a fait le développement.
1999) ensemble avec les politiques
Pour y répondre, on a questionné
et stratégies correspondantes, en
l'histoire
des
relations
prenant appui sur les expériences
économiques internationales
africaines de développement,
africaines. L'aboutissement de ce
.toutes décevantes par le passé, si
cheminement, la leçon que l'on en
le NEPAD doit servir de cadre
a tirée, est largement négative :
stratégique pour atteindre un
lesdites relations ont certainement
développement humain durable en
permis de faire la croissance
Afiique.
. économique sans déboucher
cependant sur le développement
qui, pour sa part, exige que les
populations, lettrées comme
illettrées, modernes comme
traditionnelles, soient véritablement
mobilisées, organisées et placées
au centre même .du processus de
production économique. En
, -
l'absence de. l'implication réelle et.
effective de.s populations, les
ressources pérublementmobilisées
seront gaspilléespour l'acquisition
_facile de choses que lesAfricains
convoitent mais n'auront pas
créées et pour lesquelles ils
n'auront
'pas
la
bonne
compréhension.
S'il'
est
vrai
que _.:.« le
développement est un processus
culturel-et politique avant d'être
(financier),
économique et
.
......
' , ' . ( ' . ; "
technologique »(BERGERON,
."
.... "
',",
328

Sciences sociales et humaines
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