Sciences sociales et humaines
INTERMÉDIAIRE.ET PENSÉE
Jean-José KOMBO
Résumé
A partir du constat du paradoxe que constitue le recours à la médiation dans un environnement marqué
par le culte des oppositions, l'on ouvre des axes de réflexions en vue de repérer le statut effectivement
dévolu à l'intermédiaire dans la pensée et l'action humaines. Trois faits caractéristiques sont ainsidégagés.
"Lerôle essentiel d'orientation et d'organisation objectivement assuré, dans les procès historiques, culturels,
symboliques, identitaires et intellectuels, notamment, par l'intermédiaire, sous des formes variées: espace,
acteur social, procès fonctionnel, objet ou instrument de comparaison. La difficulté, ensuite, à le reconnaître,
dé pat la propension de la penséehumaineà voir les blocs opposés, lui conférant, entre autres caractéristiques,
ambivalence et discontinuité. Cette inclinaison, normale pour les débuts de la pensée de l'enfant, en
développement, subsiste' et se trouve instrumentalisée chez l'adulte et dans les sciences humaines, "
méconnaissant souvent la complexité de l'objet. Enfin; la reconnaissance, l'emploi et l'analyse de
l'intermédiaire consécutifs à la mise en œuvre d'une capacité d'analyse, conditions au déploiement d'une
pensée de relation chez. l'enfant comme chez l'adulte. Ce dernier .devant plus conséquemment engager
une vision et une.méthode appropriées à la complexitéet il l'unité du réel.
.Mots clés: complexité; pensée par couples; intermédiaire; capacité d'analyse; espace; extériorité; .'
pensée de relation..
"
.
' .
.
.
INTRODUCTION
psychique paraît tout aUSSI
certaine vision, parexemple.de sa
La
problématique
de
déterminante.
géographie,
avec,' .Jes
l'intermédiaire et tout ce qui en
bipolarisations nord Congo/sud
dérive marque considérablement
Paradoxalement, il paraît - se
Congo et quartiers nord/quartiers
notre environnement en proie à de
développer chaque jour davantage
sud, à Brazzaville; de celle de ses
profondes mutations. Point n'est
dans cet environnement,
une
populations, marquées par la
besoind'énumérer les" champs de
culture des oppositionsaux effets
dyade ngala/kongo' ou encore
son implication., L' explosion "du
pervers, niais insuffisammen't
celle des langues véhiculaires
secteur des services consacre
mesurés, que traduisent une
réputées réservées aux populations
aujourd'hui ses statut et rôle dans
diversité de couplesd 'opposés .
du « nord », pour le lingala, et à
la
société.
Le
médiateur
saris cesse renouvelés : modernité/
celles du « sud », pour le kituba.
. international et le médiateur de la
tradition; pays du nord/pays du
Cette situation paradoxale inciteà
République ou eœorele médiateur
sud; monde occidental/monde
s' interroger sur le statut et la
pénal-sont, par endroits, élevés au
oriental; monde chrétien/monde
portée
réels (je l'intermédiaire
rang des-institutions établies, avec
musulman; pays" riches/pays
dans l'actionde l'individu et,
pour mission, "de participer
pauvres...A la globalisation ou Ici
à
la
surto ut, dans sa pensée que Henri
prévention, à la réduction et à Ia
mondialisation s'oppose le repli
. Wallon;. psychologue français,
solution des oppositions etcontlits
identitaire allant de la défense des
définit comme « compréhension
généralement régressifs et
traditions locales et laréaffirmation
des relations qui peuvent exister
destructeurs . . Les
cellules
des'ide~tités ethniques, régionales
non 'seulement de personne à
,
,
intermédiaires ainsi, que les
o~'religieuses à l~xé~ophobie ~Ù
personne et entre les membres
neuromédiateurs ontrévolutionné
la purification ethnique.: Ces
d 'une société, mais aussi entre les
l'organisation er le fonctionnerrènt
oppositions, souvent ponctuées
différents .objets ouentre l~s
du système nerveux; ouvrant à
par
des'
.cataclysmes;
différentes
notions, sur
l'individu un champ
aux
corrpromettenticietlà l'avenir dès
lesquelles ... ( l'enfant)". .. peut
perspectives infinies.L'inscription
nations:' On éri"tro~ve'qÛelqüe
raisonner .» 1. .Pourquoi cette
de l'intermédiaire dans lechamp
expression au Congo, dans i)ile
pr~gnance.des oppositions-dans
Rev, CAM'tS" Série 13; Voi:'OOS'N° 1-2. ::2003
26i

Sciences sociales et humaines
l'action
et
la
pensée
exemple, de même que celles
de connaissance de l'0 bjet
humaines? Comment se forgent le"
~tivèsà l'identitéetau métissage, .
. Dans son étude des phénomènes
besoin et la capacité d'emploi de '
n'~n,assument pas' toujours la
de métissagesurvenusau xviè siè-
l'intermédiaire chez l'individu ou
-complexitéet portent plutôt la
. cle, sur le solaméricain, entre des
dans -un groupe d'individus'?'
". marque des couples d'opposés.
êtres, des .imaginaireset des for-
Comment
se
déploie
mes de vieissus de quatre conti-
l'intermédiaire? Quels sont ses
AVant d'aborder .les données
nents(Américain, Européen, Afri-
enjeux essentiels dans la vie
relatives à l'avènement du besoin
cainet Asiatique), Gruzinski
psychique et dans l'activité
etcte la capacité d'emploi de
aborde justement, entre autres, la
intellectuelle en particulier? Quels ;
l' intermédiaire dans 'leprocès de
question desobstacles à penser
en
sont
les
déterminants
pensée chez l'enfant, la présente,
l'intermédiaire : «certains sont
fondamentaux? Telles sont,au Vu, .
étude, inscrite dans le cadre de la
, propres il l'expérience commune,
des préoccupations' suscitées par
,d'autr~s'déc6ulent
.. psychologie d.û développement, ,
des habitudes
uneactualité tumultueuse, quelques
s'attache
à' l'examen
des
intellectuelles et d'automatismes de
unesdes interrogations nous ayant '"
pensée dont les sciences sociales
co~duit
conditions inhibitrices' et/ou
à jeter à nouveau un
facilitatrices de son appréhension-
.' ont parfoisdu mal à Se défaire» 1 •
regardsur ce phénomène, dans ses
dans lessciences humaines.
Mais la premièredifficulté, pense-
rapports avec la pensée,pour un
t-il, tient à lacomplexitémême de
.surcroit d'attention, de par ses
l'objet à connaître. Ce fuit est re-
multiples implications, entreautres,
. L
Lés sciences humaines
marquabledans les divers domai-
dans les domainesde la formation
et la question de l'in-
nes de connaissance, En physique,
et de'lagestion de lacité. Et, pour'
termédiaire
par exemple, le mélange des flui-
ce faire, nous nous sommes
des demeure un processus impar-
intéressé
aux
travaux
de
Il apparaît, au vu de certains tra-
faitement connu. La biologie mo-
psychologues, de psychanalystes,
vaux menés dans le,champ des
léculaire montre'que les seuilssé-
d'historiens, d' ethnopsychiatreset
scienceshumaines, que l'intermé-
parant levivantde l'inerte, le mort
d' ethno logues, notamment,
diairese trouve soit méconnu, soit
du vivant, le vivant humain du vi-
afférents, sous une forme ou une
effectivement reconnu, dans les
vant nonhumainsont éminemment
autre, à cette question sur laquelle
objets étudiés.On peut l'
problématiques. Pour donner la
0 bserver
nous avons mené quelques
à propos de quelques études con-
mesure de la complexitédu métis-
observations auprès des enfants.
cernant lapensée « primitive», la
sage, Gruzinski se réfère au mo-
pensée métisse,. l'identité et la cli-
dèle du « nuage ». Ce qui domine
Le besoin et la capacité d'emploi
niqueinterculturelle.
' , .
dans la nature et l'environnement,
de l'intermédiaire - à entendre,
c'est le« nuage », forme déses-
notamment,
comme terme
pérément complexe, floue, fluc-
communou «ce qui est entre deux
1: Des obstacles à penser l'inter-
tuante, toujours en mouvement.
choseset forme transitionde l'une
médiaire
Toute réalitécomporte une part de
à l'autre» 2 - résulte d'lin procès
méconnaissable et recèle toujours
plus ou
1.1. Complexité et mode
moins long pour la pensée
Une dose d'incertitude et d'aléa-
en développement chez l'enfant
toire;conséquencede l'interaction
sous l'emprise, d'abord, de la
des innombrables composantesdu
. termes génériques désignant, sui-
structure de couple dont elle se
vant cés' bipartitions, les populations
système. « C'est la présence de
doit
conséquemment
de
du « nord », d'une partet, du
l'aléatoire et de l'incertitude, dit-
s'affranchir. .La difficulté à
« sud »,d~autre part;
il, qui confère aux métissagesleur
(1) Wallon H, 1959/1973, Les éta~
.
appréhender l'intermédiaire n'est
pes de la, sociabilité chez l'enfant,
caractère insaisissable et paralyse
pas exclusive à l'enfance. Elle
Enfance, 3-4, p:310
nos efforts de compréhension »2 .
subsiste chez l'adulte, y compris
(2)· Le Petit Larousse ·iIIustré; 19971
EdgardMorin'; affirme plutôt que
1998, Paris, Larousse - Bordas,
dansles sciences sociales où les
P.554
« c'est le mode de connaissance ~
études relatives à la .pensée, par
qui inhibe notre possibilité de con-
Rev. CAMES ~Série B, Vol. 005 N°, }-2. 2003

- - ' - -
'--_ _.:.....
"'"':""-
Sciences sociales et humaines
cevoir le complexe humain », vidé
alimente et/ou s'alimente des phi-
la pensée « primitive» 'demeure
de son essence par sa fragmenta-
losophies, des, idéologies et des
fondée sor l'opération dichotomi-
tion. Il montre en effet que « tou-
politiques variables, suivant -les
que et que l'organisation du dis-
tes les sciences, tous les arts éclai-
contextes historiques. C'est le cas,
cours mythique est présidée par le
rent chacun sous son angle le fait
par exemple, de l'ethnocentrisme, ,
schème fuit d'oppositions discon-
humain. Mais ces éclairages sont
au fondement, du postulat, cher à
tinues. Il ne sort pas fondamenta- '
séparés par des zones d'ombre
Lévy-Bruhl, d'une opposition ra-
lement, lui-même, des oppositions,
profondes, et l'unité complexe de
,dicale entre la pensée « primitive »
dont les plus remarquables sont,
notre
identité
nous
et la pensée moderne.
par exemple: pensée sauvage/pen-
échappe...L'homme est découpé
sée domestiquée(moderne) ; indi-
en fragments isolés dans les scien-
gène thésauriseur logique/grande
1.2.1 Couples d'opposés et pen-
ces humaines. En fait, le principe
mobilité inteIlectuelie(opérant avec
sée « primitive »
de réduction et celui de disjonc-
des pièces détachées) ; théorie du
tion qui ont régné dans les scien-
Les travaux de Lévy-Strauss pa-
sensible/plan de l'intelligible; ap-
ces y compris hwnaines (devenues
raissent intéressants ici, à trois ti-
proche du monde physique suprê-
inhumaines) empêchent de penser
tres au moins. Premièrement, il rap-
mement concrète/ approche su-
l'humain. L'ère structuraliste a fuit
porte de cette pensée« primitive »,
prêmement abstraite ; usages en-
de cet obstacle vertu et Lévi-
diverses données relatives aux con-
gluées (dans d'autres)/usages net-
Strauss a pu même énoncer que le'
trastes et couples d'opposés dans
tement détachés d 'autresï« chez
but des sciences humaines est, non
ses réalisations, par exemple: sa-
nous ») ; sociétés à rites d'initia-
de révéler l'homme, mais de le dis-
cré/profane; parole/mutisme;
tion/ « chez nous »7.
soudre ». ,
haut/bas ; etc .... Deuxièmement, il
tend à montrer' que la « pensée
sauvage » au fondement des my-
1.2. 2 Couples d'opposés et pen-
1.2Couples d'opposés et pensée
thes est une entreprise d'tappro-
sée métisse
Le couple d'opposés, participant
priation et de codification de l'uni-
L'inclinaison qui amène à préférer
de ces « automatismes de pen-
vers, ainsi à dépasser la « fausse
les ensembles monolithiques aux _-
sée» , selon la formule de
antinomie entrementalité logique et
espaces intermédiaires ainsi que'
Gruzinski, nous paraît constituer un
mentalité prélogique.» . Contraire-
les pesanteurs ethnocentristes ont
des obstacles majeurs à penser l'in-
ment à l'opinion de Lévy-Bruhl, il
conduit l' « histoire» à faire géné-
termédiaire. Comme l'observe cet
, estime en effet que « cette pensée
ralement l'impasse sur les métis- ~
auteur, une des caractéristiques de
procède par les voies de l'enten-
sages. Celle-ci n'a guère abordé -
la pensée est cette inclinaison à
dement, non de l'affectivité ; à
de front les phénomènes de mé-
identifier plus facilement les blocs
l'aide de distinctions et d'opposi-
lange avec les mondes extra-occi-
solides, à préférer les ensembles
tions, non par confusion et partici-
dentaux et les dynamismes-qui les
monolithiques aux espaces inter-
pation »5 . Il en décrit le « double
ont suscités.
médiaires ou aux interstices sans
mouvement de détotalisation et de
nom. Wallon a justement relevé
retotalisation », à savoir, cette
ces couples d'opposés à caractère
«. démarche analytique' »qui per-
La notion de 'métissage, dési-
doctrinal qui ont marqué 1'histoire
met de passer des catégories aux
gnant -Je brassage des êtres et des
de la pensée: âme/corps; esprit/
éléments et des éléments aux es-
imaginaires, soulève nombre d'in-
réalité ; empirisme/rationalisme ;
pèces dont le démembrement con-
terrogations et de controverses.
connaissance/praxis ; matériel/im-
duit au rétablissement de la « tota-
Elle comporte des imprécisions
matériel ; matérialisme/idéalisme,
lité sur un autre plan »6,., Troisiè-
quant à ce qu'elle recouvre. Le
rationalité/affectivité ~ .. ., Cette in-
mement, Lévi-Strauss, qui critique
métissage biologique présuppose-
clinaison est repérable dans les'
l'insistance de Sartre « pour tra-
rait l'existence de groupes humains
procès et les approches de la pen-
cer une distinctionentre le'imrrntif
purs, ce qui.est, en réalité, un faux
sée, du métissage, de l'identité et
et le civilisé à grand renfort de
problèmevuque to.~ le~ humains
dans laclinique interculturelle. Elle
contrastes gratuits », soutient que
appartiennent à une même espèce
263 '

Sciences ,sociales et ,humaines
biologique" . Morin soulignecette
étro Ite,m~nt ,li~~'aux prémisses de
, (l.T -Couples-doppcsés et
«unité humainepremière (quij.est
Jaglobalisationéconomique.dès.la
identité . ;~~ :.~ ':". .
. .,' ...
générique: .. Le même p~tri~oin~
Renaissance, entrçJ570et, 1()4Q:
~ ...
. ~ t

. •
' .
, ..':
'.
,
héréditaire d'espèce.est.commun
,E! l:exRansi9n.:occidentale ' n'a
Lê problème de' l'identité révèle
à tous les h~mainset assure tous
cessé cl! ~nsusç!teray.2< quatre
~ga:l~niehtcetteiiÎclinaisoi1de la
les autres'caraêtères d:4tPté:(aP~-
coins.du.monde, Mais.comme le

.#. •
' . ".

~ ..... 1..
.f".
. ' .
pen sée ;'à': pré fé rer Ie s b10 cs
t()Iniq.~es,m~)fphplogiq\\l~~lcéré-
constate Gruzinski; ce. qui prévaut
opposés. non-les intermédiaires,
braux) ;il permet l'interfécondité
dan? ,les analyses.descultureset
Ce concept qui tend à assigner à
de tous les humains,' Européens,
de la pensée'« indigène »,·même à
chaque être ou groupe humain, des
Inuits, Pygmées. Chaque m4iyid~
la tin du xixè siècle, ce sont les
caractéristiques et des aspirations
se vit et ,s'éprouvëcoinn}e sujet
approches
, dualistes
et
déterminées: censées être fondées
singulier, et cette' subjectivité sin-
mail i~héénnes,rechérc ha nt
sur tin substrat culturel stable ou
gulière, qui différencie chacun
l'archaïsme sous toutes ses formes.
invariantparaît, pour Gruzinski,
d'autrui, est commune à t~US»~9,
En réalité « la pensée.indigène qui
trop unifiant et réducteur, L'identité
La notionde ,métissage culturel
affronte ladomination européenne,
est' plutôt à concevoir comme une
paraît, de même, trop connotée
écrit-t-il, est loin d'avoir les
configuration à géornétrie variable
et lourde des ambiguïtésattachées
contours nets, la« pureté» ou
ou à éclipses. se définissant
au concept même de culture.
l' authenticité qu'on lui attribue. Il
toujours à partir de relations
L'emploi souvent routinier de ce
est rare qu'elle ne soit pas mêlée à
multiples. Ainsi chaque être est
dernier, fait observer Gruzinski,
des traits d'origine occidentale, et
dolé d'une':série d'iûenlÎlés ou
inciterait à prendre les métissages
qu'elle n'aitpas laissé laplace à
pourvu derepères plus ou moins
pour des processus qui se propa-
des visions du monde peu ou prou
stables, qu'il active successivement
geraient aux confins d'entités sta-
métissées ».12 Ces approches ont
ou simultanément, selon les
bles dénommées cultures ou civili-
plutôt figé et appauvrit la 'réalité
contextes., Et il affronte des
sations. Et Gabrielle Varo en vient
par l'élimination de toutes. sortes
interlocuteurs dotés eux-mêmes
à s'interroger quant à la possibilité
d 'é lémerits et .d ' espaces de
d'ide'ntités p lur ie llcs". Varo
de formulationd'une hypothèse sur
médiation, d'autant que
l'es
l'identité bicultureIJe alors que le
« bassins d'attraction »( occident/
problème de ce qu'estune« cul-
colonie) n'étaient pas séparés par
(4) Gn;z'inski S.. 1999. La pensée métisse.
ture » par rapport à une autre n' èst
Paris. Fayard. p. 13
un abîme infranchissable ni par une
pas
réso lu .'? Pour' Morin,
discontinuité irréductible. Entre eux
(5) Morin E" 2002. L'identité humaine.
Paris. seuil. p.IO
justement, « La culture constitue
se sont dessinés, avec leur
l'hérédité sociale de l'humain, les
(6) Voir Wallon II.. 1959/1<)7.1. Lc réel Clic
chevauchement, une multitude
mental. Enfance, 3-4 pp. 367-36R et
cultures nourrissent les identités
d'états intermédiaires. Ces
Gruzinski ~.. ibid .. pp, 42-43 ,
individuelles et sociales dans ce
« espaces in between », suivant
.(7) Lévi-Strauss C. 1962. I.a pensée sau-
qu'elles ont de spécifique. C'est
une formule de Mignolo,13 ont joué
vage, Paris. Plon. p. 355
pourquoi les cultures peuvent se
un rôle, essentiel dans l'histoire,
(R) ibid. p. 195. voir aussi pp, 231. 236.
331 et 333
montrer incompréhensives à
notamment par le développement
(9) Levi-Strauss C, oP; cit, pp, 349 à 357
l'égard des autres cultures et in-
de nouveaux modes' de penséè,
(10) voir aussi Tobie Nathan. IlJ'J3. A yu;
compréhensibles les unes aux
dont la vitalité a consisté à
appartiennent les métis ,) Nouvelle Revue
autres ». Et il précise que « la cul-
transformer. et à critiquer ce que
d'Ethnopsycniatrie, Grenoble, La Pensée
ture, n'existe qu'à travers les
les héritages, - occidental et
Sauvage, 21, p.19

cult~s...Le lienentre l'unité et la
amérindien- ont de prétendument
({ 1) Morin E.. op. cit.. p.54
diversité dès cultures est cru-
authentique. '
(12) Varo G .. 1990. Enfants et adolescents
cial »."
mixtes: une identité spécifique ", Enfance.
1'.44.3. p.314
(3) Gruzinski S., 1999, La pensée métisse,
(13) Morin E.• ibid; ji.58 ,
Paris,' Fayard, P. 13
' ,
,
Les premiers métissages à
(14) Gruzinski S" op, cit., p.52
('15) JyIign910 Walter D.. cité parGruzinsk! '
projectionplanétaire apparaissent
. '
.
j '
5., ibid .. p. 43 '
' , '
, '
264
Rev. ÇAM~S-;SérieB,VoL oos W 1-2.2003

Scienée.s_s9,ciales et humaines
rappelle que l'enfant mixte illustre
individuelle. La difficuIté à assumer
en France,de parents algériens:
le cas général de l'être humain
le complexe et ladiversité, pour les
aux yeux de la société d'adoption,
devantélaborer son identité à partir
sujetsévoqués et pour l'auteur lui-
il n'est pas français; aux yeux de
d'héritagesdoubles ou multiples.
même, demeure.
. ,
sa société d'origine, il n'est plus
vraiment algérien . Dans un cas
Couple d'opposés et systèmes de
Coupled'opposés et.identité de soi
comme dans l'autre, ilse trouvera
filiation
L'affirmation de soi s'accornpa-
en butte à l'incompréhension, à la
Certains systèmes culturels
gne souventde lanégationd'autrui
méfiance ou
l'hostilité au point
à
traditionnels n'offrentque deux
et il paraît difficile, dans ce con-
d'être considéré comme un traître
types
de
solution:
soit
texte, d'assumer en toute liberté
voire comme un renégat. Les su-
l' « adoption» de l'un des
ses diverses appartenances. Amin
jets dans cettesituation sont légion:
membres ducoupledans laculture
Maalouf apporte à cet égard un
le Turc né en Allemagne; l'Amé-
de l'autre, soit l'appartenance ipso
témoignagesaisissant, concernant
ricain de père' noir et de mère
facto des enfants à la culture de
surtout la situation des individus
juive; le rwandais de père Hutu et
l'un, quelle que soit la culture de
métis ou à la lisière.entre deux
de mère Tutsi ou l'inverse; l'indi-
l'autre. DansIaculturejuive,lesujet
groupes ethniquesrdeux pays,
vidu né àBelgrade de mère serbe
de
mère
juive
est
juif,
deuxou troislangues, plusieurs tra-
mais de mère cr'oate... Varo ob-
indépendammentde la culture du
ditions culturelles... Installé en
serve, à la faveur de son étude sur
père. La culture occidentale a
France depuis vingt-six ans,
les enfants etles adolescents mix-
longtemps fait croire que l'enfant
Maalouf revendique pleinement
tes résidant en France et en Alle-
n'appartient qu'à la mère, comme
l'ensemble de ses appartenances:
magne, què la spécificité du senti-
s'il n'existait pas d'autres forces
au Liban, son paysde naissance,
ment identitaire du mixte oscille
façonnantes (père,société, ...,). Au
àsa culture, à la langue arabe et
entre vakJrisation et dévalorisation,
Congo, ces systèmes de filiation
aussi à la France, à sa langue et à
vu que' les normes identitaires
patrilinéaire ou matrilinéaire, variant
sa culture. A laquestion : voussen-
structurant lesreprésentations so-
suivant les aires culturelles,
tez-vous « plutôt français» ~u
ciales
relèvent
: de
la
marquent tout aussiprofondément
« plutôt libanais », il répond inva-
« mo noculturalité » et
du
lasociétéet les individus, générant
riablement : « l'un et l'autre », Tou-
« monolinguisme »:Rienn'est fon-
des conflits parfois inextricables.
tefois, ilse trouve quelqu'un, rap-
damentalemententrepris pour en-
TobieNathan" fait remarquer que
porte-il, pour luimurmurer : « vous
courager les sujets à double ap-
Je dilemme du métissage culturel
avez eu raisonde parlerainsi, mais
partenance àassumer harmonieu-
conduitcertainsparents à s'affilier
au fin fond de vous même, qu'est-
sement leur diversitéou leur iden-
à un système plus général, censé
ce que vous vous sentez ? ». Cette
tité composée. L'alternative« soit
englober les cultures dont relève
interrogation, commente-t-il, sem-
tu es avec nous, soittu es contre
chacun. Ainsi un couple bamilékél
ble révélatrice d'une vision des
nous », souligné par Grosjean, pa-
douala, rapporte-t-il, aura
hommes fortrépandue et dange-
raît comme nécessaire à l'interac-
tendance
à
se
considérer
reuse, supposant qu'il y a « au fin
tion sociale.' Et; suivant une for-
« camerounais» ou « chrétien»
fond» de chacun,une seuleappar-
mule de Maalouf, l'on est cons-
plutôt que bamiléké ou douala.
tenance qui compte, son « es-
tamment « mis en demeure de
Convaincu que « si les humains
sence », déterminéeune fois pour
choisir» son« camp », « sommés .);:
peuvent. se mélanger à l' infmi, les
toutes à la naissance: Ce faisant,
de réintégrer les rangs de sa tribu>,'
systèmes culturels, les langues ne
toute la trajectoire d'homme libre
.Le sentiment d'identité spécifique
sont en aucun cas métissables », il
avec ses multiples. acquisitions
existe bien chez les sujets mixtes
estime que la dérive vers des
.compterait pour rien
observés par Varo.rnaisiln'est pas
systèmes de plus en plusgénéraux
assumé pareillement· par tous.
ne saurait être infinie au risque de
Lorsqu'ils nepeuventparvenir eux-
faire perdreà laculturesa fonction
Dans ce contexte, revendiquer une
mêmesà s'accepter telsq;j'ilssont,
identité complexe conduit à .la
psychologique de. principal étai
ces « êtres frontaliers », fort nom-
dans la fabrication de l'identité
marginalisation. Ains] céjeune né
.breux au Congq égalerr'.f.nt"se
- - - . , - . , - - - : - -
- - - : - - - : -
---oi_ _
_
~
~
~
~
.
-
I<ev. CAMES - Série B, Vol. 005 N° 1-2.200:1
• Co'.

Sciences sociales et humaines
trouvent contraints à des choix
frontaliers ... traversés par des li-
les :
déchirants.
gnesde fracture ethniques, religieu-
- . pur/impur ;
.
.
' .
t
"
ses' ou autres» se trouve me-
La situation conflictuelle enjeu ici,
mat ière/mou vement
connU'·. _
touche, à un niveautout à fait spé-
, (« dans la génération, le
cifique, ces sujets congolais.traités
sang de la femme est la
1.2.4 Couple d'opposés et, clini-
ici et là d' « infiltrés ». Le terme
,matière et la semence de
que interculturelle
infiltré a pris, en effet, une conno-
l'homme, la forme. ») ;
tation toute particulière avec les
chaud/froid, liquide/ga-
-Le champ de la clinique
guerres récurrentesintervenues au
zeux, haut/bas (<< c'est
interculturellenous donne aussi à
Congo. Il paraît désormais procé-
parce que la femme est de
constater cette prégnance du cou-
der de cette conviction en une« es-
sa naturefroide et humide,
ple d'opposés dans la pensée, si
sence »propre à toute ethnie, in-
et que l'homme au con-
l'on se réfère du moinsaux thèses
variablement tapie au « fm fond»
traire, est chaud et
formulées parTobie Nathan- dont
de chacun de ses membres d'une
sec. ») ;
les sources sont, notamment, la
part, et traduireces « sommation»
Le dedans constitue une catégorie
métapsychologie freudienne et la
et « mise en demeure de choisir »
contenant la série : terre, femme,
notion d'enveloppe psychique. La
son « camp », d'autre part. Par-
sang, froid, bas, humide, définie
première a délimité une intériorité
tant du postulat combien mystifi-
par son opposition à la série: air,
psychique par le fonctionnement
cateur selon lequel le pouvoir se-
homme, sperme. chaud, haut, sec.
d'une Série de couples d'opposés
rait la propriété d'une ethnie, l'on
s'étayant sur des métaphores cor-
est perçu
Tobie Nathan identifie, dans ce
cornme « infiltré », dans
porelles. La seconde, particulière-
le camp
contexte, une série d'e médiateurs
auquel on se trouve lié,
mentdéveloppée par D. Anzieu,
pour des raisons subjectives ou
spécifiques aux couples détermi-
signifie que tout appareil psychi-
politiques, et comme
nés, par exemple: le symptôme,
« vendu.» ou
que, tant individuel que groupai, a
compromis entre deux désirs con-
« traître », dans son « camp », ce-
besoin de se constituer une enve-
tradictoires ; lechaman, médiateur
luide son ethnie d'origine. Ce qui
'Ioppe qui ledélimite, le protège ~t
entre deux mondes (rationnel/irra-
traduitlalabilité du sentiment d' ap-
permette leséchanges avec l'ex-
tionnel ; vivants/morts) ; le guéris-
partenanceàune communauté na-
térieur. Tobie Nathan; partantde
seur,
un
« passeur »,
tionaleou son niveau d'effritement
ses observations, estime que sa
'un professionnel de l' « équilibre»
accéléré, si ce n'est la méconnais-
constitution s'obtient par une sé-
qui obtient un effet thérapeutique
sance de cette appartenance.
rie d'oppositions binaires, délimi-
par le franchissement répété de la
Comme l'écrit Maalouf, « ... à
tant un« dedans» et un « de-
frontière entre deux mondes: le
cause,justement,de ces habitudes
hors ». Le dysfonctionnement de
'pur et l'impur, celui des hommes
de pensée et d expression si an-
cettéènveloppe-psychique, dit-il,
et ~elüi des esprits, celui des vi-
créesen noustous, à causedé cette
est souvent pensé comme une in-
'vants et celui des morts, celui du
conception étroite, exclusivè, bi-
version des oppositions.' La pos-
présent et celuidu passé, etc... La
gote, simpliste qui réduit l'identité
'session délimite ainsi une intério-
possession permet, de même, une
à une seule appartenance; procla-
. rité psychique à partir d'une série
négociation avec le monde exté-
mée avec rage », le rôle de « mé-
d'oppositions binairesqui luisont
rieur par l'intermédiaired ' « êtres
diateursehtre les diverses com-
propres, par exemple : feu/désir,
'culturels » quipeuvent« entrer» et
munautes, les diverses cultures »,
eau/jouissance, sorcière/mère, Et
« sortir »(dieux, démons, sorts,
de
tous
ces
« êtres
la 'métaphore corporelle sur la-
etc .. ~)'.4
quelle
s'étaye
la
théorie
démonologique (ce sont certaines
, Dans ses observations des métis,
(16) Ma~loufA. 1998/1999,'Les iden-
parties du corps quise prêtent ,à
tités meurtrières, Paris, Grasset
il apparaît qu'ils présentent, géné-
(17) 'Nathan T:, op, cit., p. 20
l'intrusion du démon), est régiepar
ralement à la puberté. avec l'ac-
(18) Maalouf A, ibid., pp. 11-14
des couplesd'opposés qui sont de
tualisation de la possibilité d'en-
'véritables catégories conceptuel-
(19)'é:f, Vara G., op, 'cit" pp, 304 et'320
gendrer du semblable; des problè-
"266

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _Sciences sociales et humaines
mes
psychologiques, et
2. COMMENT PENSER L'IN-
sur une conviction: l'unité de la .
psychopathologiques. Ils ont ten-
pensée humainequi n'est, écrit-il,
TERMÉDlAtRE
dance à glisser vers la culture la
ni formelle ni statique, mais
plusrituellement explicite, c'est-à-
Le dépassement' des couples'
fonctionnelle' et
créatrice.
dire vers legroupe le plus visible:
dopposés, l'appréhension et
« L'histoire des sciences .. et
affiliation vers l'islam,pour les en-
l'analyse des interméd iaires
l'histoire de la raison n'est qu'une
fantsde couples maghrébins/fran-
tiennent fondamentalement à
suite de thèses et d'attitudesquinon
çais ;affiliation vers l'Afriquepour
l'appropriation de la vision et de
seulement diffèrent mais qui
les enfants de couples Africains! ,
la méthode d'analyse à la .
s'opposent entre elles, A chacune,
Antillais.' Tobie Nathan en con-·
complexité de l'objet.
Henri
néanmoins, nous reconnaissons sa
dut que les métis culturels n'ont
Wailon' et Serge Gruzinski
part de vérité dans le moment et
d'autre choixque d'être d'un côté
proposentdes pistesd'intérêt pour
dans lescirconstancesoù elles'est
ou de l'autre, d'appartenir au
la compréhension de ce procès:
produite ». Et ce qui change dans
groupe du père ou au groupe de la
les circonstances, ce .sont les
mère et qu'il revient au groupe
2.1 Henri Wallon: unitéfonction-
moyens
techniques
d'accueil de leuraménager un.sta-.. ,.
d'appropriation du réel'. Wallon
nelle et procès de la pensée hu-
tut'd'exception pour les mettre à
maine
se
fixe
pour
0 bjectif
la
l'abri d'infinis et douloureux réa-
comparaison fonctionnelle des
justements.1I s'agirait, en somme,
Wallon procède; à propos des
individus et la recherche de la
de « (re)devenir monoculturel.»,
études rel'atives à la pensée
similitude de comportement mental
suivant une pro posit ion de
« priniitive », à une critique de la
à rapporter à l'identité foncière de
Grosjean : « Ce n'est que lorsque
vision, des postulats et des
la nature humaine et à ses
ces traits se seront restructurés et
méthode alors en cours.
conditions
historiq ues
de
ne reflèteront plus qu'une seule
production.
culture que la personne (bicultu- .
Il récuse d'abord cette vision du
relIe) deviendra totalement
« primitif», ' essentiellement
L'étude historique de la pensée
« monoculturelle ». ».6 Comme on,
attachée à saqualité de « primitif»,
humaine amèneainsià reconnaître
l'a vu, un idéal identitairefondée
c'est-à-dire à ses rapports avec un
une parenté génétique entre ce qui
sur une conception uniciste de.la
certain état de la civilisation' .
était tenu auparavant comme
personne ne saurait être durable-
Ensuite le « postulat qu'il
diamétralement opposé, par
.
. .
y a
mentsoutenucar démentipar l'ex-
oppositionradicale entre lapensée
exemple, l'émotion ou l'affectivité
périence.
primitiveet la pensée moderne ».
et la raison. En effet, « à remonter
Ce postulat, écrit-il, « fait que
degré par degré, les étapes qui ont
Lévy-Bruhl
a
bloqué' les
abouti à son actuelle formulation,
manifestations de l'une et de
ilapparaît vite comme impossible
l'autre, comme si chacune des
de ne pas reconnaître dans chaque
deux offrait une parfaite cohérence
étape laconditionnécessaire de ses
et similitude intrinsèque. Or elles
progrès ultérieurs, et dans les
sont loind'avoir cette unité stable
premièresétapes de cette histoire,
et immuable, Et il lui arrive à lui-
certains vestiges de la pensée
primitive »4 .
(20) Maalouf A., op. cit, pp. 11 - 14
même d' indiquer des étapes dans
(21) Tobie Nathan, 1986, La folie des
la pensée primitive »2. Enfin, la
autres, Paris, Dunod
comparaison statiquedes idéesdu
Wallon s'attache à la.détermina-
(22) Tobie Nathan, La folie des autres,
op.cit.,
tion de cette parentégénétique par
pp. 175-179
.
« primitif»et celles de l'européen, .
(23) ibid, op. cit., pp. 129, 134, 144,
qui ferait' conclure à leur «
une analysédu rôlede diverspro-
155
hétérogénéité qualitative ».
cès participant de la transitionen- .
(24) Tobie Nathan, 1993, op. cit., p.20 .
tre l'ordre de l'existence et celui'
(25) cité par Varo G., opcït., pp: 318-
La démarche de Wallonse fonde
dela pensée, entre le réel et la re-
319
présentation, elle-même intermé-
Ikv, CAMES - Série B, Vol. 005 N" 1-2.2003 .
267

- - - - - - - - - - -
--.,;,
Sciences sociales et humaines
diaire entre ce réel et la pensée.
L'émotion: paraîtbienap-
L'imitation: elle revêt une
partenir à des formes primitives de
importance pratiq ue pour le
l'activité psychique. A la voir en
groupe dont elle devenue l'image,
Le syncrétisme de la pensée à ses
conflit aveclesmotifs intellectuels,
l'expression de son homogénéité
débutsapparaîtcommeun prélude
elle fait penser à une régression.
et de sa continuité. Comme
aux rapports qu'elle parvientplus
« L'émotion a été entre individus
l'émotion, l'imitation a un double
tard différencier à travers les,
un premier moyen d 'union, qui a
caractère. Elle oscille puis
complexes confus. Sans ce'.
précédé le langage descriptif et
progresse entre
fusion et
syncrétisme initial, lesartifices, en
conceptuel. Et c'est la vie affec-
dédoublement; entre mimétisme et
jeu danslesimulacre, par exemple,
tivequi a donné la conscience de
représentation. L'imitation, écrit
supposant entre dés objets
soi pour matrice à la conscience
Wallon dans De l'acte à la
apparemment différents, une
des choses. Sous l'opposition ac-
pensée,« s'est concrétée comme
identité d'existence ou de
tuelle il faut savoir reconnaître la
un pouvoir latent, un dynamisme
substance, n'auraient pas été
parenté génétique ».1 Wallon pré-
producteur, un modèle en
, possible.
cise encore dans Les origines du ,
puissance qui n'a commencé par
caractère chez "enfant, q.ue « ,
ne sésaisirque dans saréalisation
l'émotion, a servi de transition
effective, mais quia pu ensuite s'en
entre lepur automatisme, quireste
détacher,
pour,
devenir
subordonné aux incitations du mi-
représentation pure. Ellen;a plus
- ~-lieu, et lavieintellectuelle qui,pro-
été strictementaccommodation à,
cédantpar représentations et sym-
autrui; elle devenueimitation de
boles, peut fournir à l'action
scènes et d'événements; elle s'est
d'autres motifset d'autres moyens
faite instrumentale; elledonné lieu
que ceux du moment présent et
aux simulacres, quiopposaient de
de la réalité concrète ».' De par
façon tranchée le signe à la
ce statut,lesémotions comportent
chose... Cet effet, lui aussi.est sorti '
un' doublecaractère: elles « font
de son contraire, c'est-à-dire de
corps avecce qu' ellessignifient et
l'assimilation totale entre soi et
peuventservir à révoquer, tout en
autrui, entre le simulacre et
ne se distinguant pas . Ellessont à
l'objet ».1
,
lafois l'émotion et sa représenta-
Les mythes : assurent' le trait
tion. Cette ébauchede dédouble- ,
d'union entre vie affective et vie
';'ent dans' 'identité rend poss~­
intellectuelle. Ils ajoutent à
ble l'existenced'états psychiques
l'émotion, des systèmes de
qui ne sont pas réduits à l'alterna- ,
, pratiques et de représentations qui
tive d'être 0 u de ne pas être, sans
attestent déjà un décisif effort de
termede comparaisonet Sans ap- '
l'esprit humain pour dépasser le
, '
,.
pel ».3
J " ,
syncrétisme, s'opposer à la nature
afinde ladominer et la connaître.
Le totémisme: participe de cet
"effort de l'homme visant à
ordonner autour de luil'universet
(30) Wallon H., Le réel et le mental,
(26) Wallon H., 1959, De l'expérience
, , op. 'cit., p. 372 '
les objets de son expérience. Il en
concrète à.la -notion de causalité et à
(31) Wallon H. 1949/1970, Les origi-
fait évoluer leprincipeet assure la
,la'représentation - symbole, Enfance,
nes du caractère chez l'enfant, PUF,
" 3::4; p.338,
"
transition entre une sorte de'
p.102 ; voir Laval v., 2002, La psycho-
,(2,7), Wallon H:,. Le réel et le mental, '
conscience purementlocaleet des
. iogie du développement, Paris, A.
" , " op, ch.; p. 370
"
.
Colin, pp. 34-45
véritables catégories qualitatives
,'" (28) ibid., P.' 396, '
,
(32) Wallon H., 1926, Mouvement ~t
" . (29) Wallon H" De l'expérience con-
quoiqueconcrétisées encore dans,
Psychisme, J: Psycho!: Norrn. Path, 23,'
crète... ,jbidp.344
'
•. ' . '
une certaineespèce animale' .
4, p.968
268
Rd. CAMES ~Sé~ie B, Vol. 005 N° 1-2.2003

Sciences sociales et humain;S·.· .
L'analyse de ces divers procès
laromaine - où tous les amalgames
conduit à (r)établir l'unité de la
semblent possibles, fût-ceentre les.
pensée humaine. Une unité à
éléments les plus dissemblables et
nouveau réaffirmée par Morin qui
les plus incongrus et dont « les
montre que l ' « intelligence
l'onnes s'enchaînent par une sorte
humaine» ne« se concrétise qu'à
d'automatisme associatif qui
travers des intelligences très
juxtapose ou conjugue des
différentes les Unes des autres. On
éléments que tout sépare a
peut accorder cette unité et cette
priori ».CeUes qui ornent, par
multiplicité: chaque être humain
exemple, -Ia
voûte
de
la
dispose cérébralement de toutes
bibliothèque de Parme, font le lien
les potentialités intelligentes, mais
entre lecercle des tableaux païens
des prédispositions héréditaires,
et celui des scènes bibliques.
des déterminations familiales,
'. culturelles, historiques, des
Sur le sol mexicain, ce procédé de
. événements
ou
accidents
couplage préside à l'attraction des
personnels en limitent, inhibent
matériaux indiens dans la sphère
l'exercice, ou au contraire; le
chrétienne. Dès les années 1560,
stimulent. Pasassezdé complexité,'
les collaborateurs « indigènes»
pas asseZ d'adversité atrophient' .
opèrent des rapprochements entre .
l'intelligence; mais trop de
les dieux des Nahua et les dieux
complexité et trop d'adversité
antiq ues. Oh voit, de même, de
. l'écrasento.!
.
" ."
simples couplages de termes -Tun
,', ..
espagnol, l'autre nahuatl- comme·'
le teyo lia/anirna qui établit
l'équivalence entre le cœur
>.
amérindien et l'âme chrétienne ou
L'étude de Gruzinski préseritl~n
encore
des
fresques
qui
triple intérêt: une visionattachée à
Couplage et pensée hybride
comportent des' éléments de la
une saisie de '\\'0bjètdans s'a .
culture européenne et de la culture
complexité,
u~e"méthode·... La pensée. hybride constitue la
indienne, de la culture païenne et
(historique) et des procès mis en.'
'. première phase du procès de
de la culture' chrétienne. Sur les
relief dans la for;nationdes .: • . métissage. Elle révèle des parentés
fresques qui ornént la résidence du
métissages. Ilrelèvel'inadéquation . .
entre ce que tout sépare,
doyen de l'Eglise de Puebla, par
desdémarches mises en œuvre par .'
rapproche et fusionne des choses
exemple, s'étalent les Triomphes .
. certains auteurs intéressés par la .
'. qué'lanature reliait à distance. Elle .
de Pétrarque, et un ;décor ou
. question desmétissageset critique .....
.... se:' fonde .. sur le' procédé de
s'ébattent des centauresses
tout particulièrement .Jean-Loup ,,·couplagè.. Ain~i,la Fable dela
(rappel de l'Antiquité classique)
Amselle dont « l'approche',Renalssarice qui s'alimente de ,
tendant des fleurs à des singes
'continuiste'»mettraitl'accentsUr
toutes sortes de mélanges,.'
portant boucle d'oreille et cheveu
l'indistinction et le syncrétisme;riotamment de la' ttadition' . '. coupé en brosscrrappcl du
originaire; «uilmélangedontil~st'
. .Mexique ancien et réminiscence
i
syncrétiquedu Bas-Empire, .dc.
im po ss ible de dis socier! es
l'Orient hermétique et fascinant ou
"'païenne au vu de la place du singe
parties »4 ,Gnizinskis'attach~
de l'Egyptemystérieuse, propose'·
clans les mythes et les rites en
plutôt, auprocès'dec'onstiuction .
un compromis acceptableentre
EUrope). Le contenude certains
des métissages dans l'histoiredu.
christianisme et paganisme: De-
strophesde chansons chrétiennes,
Nouveau Monde, 'ce, dans les
même
les
peintures - dites'
comme le Cantar LXVIII; révèle
domaines les plus divers :, peinture, .
« grotesques» -' ornementation à
'. un couple de '~gurès divines
1 . .
. i
Rév. CAMES - Série B, VoL 005 N~:1~2. 2003
269- .

.......
---:..
.:....-_---'-~
__.,._...,...._---____,_-_:____.,._-....,......----Sciences sociales et humaines
emprunté au christianisme (Dieu,
d'oscillation qui explique la
Beaucoup d'autres matériaux ont
saint Jean-Baptiste) à la rencontre,
complexité et la diversité », Le
servi d'intermédiaires entre
,
'
d'un couple de divinités issu de
couple' formé par la Fable (un
l'Amérique indienne et l'Europe
l'univers amérindien (Tonatiuh,
imaginaire) etle grotesque (un
de la Renaissance. L'œuvre de
l'étoile du Matin). Ces deux paires
mode d'expression) agit,
à la
Pline l'Ancien, confrontée aux
ont éclaté et laissé place à des
manièred'un.aimant qui attirerait
savoirs
et, interprétations
couples mixtes: Jean-Baptiste se
dans un même espace, en les'
« ind igènes »en matière de
trouve associé à la Grande
faisant converger sur la surface à
botanique et de zoologievy a,
Etoile(Huey Citlali), tandis que _
peindre, , des, éléments
de
déclenché des va-et-vient et des
Tonatiuh le Soleil l'est à Tiox '
provenance européenne et
remises .en .question des bases
(Dieu). Dans ce croisementvle ,
amérindienne.i: auteur se réfère
mêmes du savoir, européen,
saintintroduitl'étoileamérindienne,
ainsi, par exemple, aux scènes de.
déclenchant un processus de
puis l'astre desNahuas introduit à.
guerre ornant le temple chrétien
métissage qui entraîne à son tour'
son tour le dieu des chrétiens. Cet
d' Ixrniquilpan où peut s'observer
la réflexion de Hemandez, un
agencement est rendupossible
cette disjonction entre le guerrier
médecin espagnol, dans un
grâce à deux concepts: celui
« indigène » et 'le centaure 'qui lui
domaine inconnu, à lafrontièredes
dixiptla, qui est amérindien, ,
fait face et la conjonctionentre les
savoirs indiens et européens. La
désignant un rapport de contiguïté
pattes du cen~aureet les sandales
carte-paysage unit visuellement,
entre les êtres' et les:choses ; et '
indiennes qu'elles portent. C'est
dans le domaine de l'urbanisme,
celui de précurseur, emprunté aux
l'attracteur. qui, jouissant d'une
à Cholula,par exemple,différentes
Saintes Ecritures, postulant
polyvalence, «,sélectionnetelleou.
conceptions de l'espace urbain :
l'existence, de figures qui
te'Ue connexion, oriente tel ou tet'
l'une' . procédant
de
la
annoncent l'accomplissement des ;:
branchement, suggère telle ou telle
christianisation d'une base
prophéties: deI
'Ancien.
association entre les êtres oules
indienne, l'autre résultant de
Testament" .' .,
choses ». Devant ces créations,
l'indianisation de l'apport
"
. ,
. '
les regards des .spécialistes
chrétien- les églises de quartier au
«Attracteur» et pensée métisse, .
contemporains Peuventdiverger de
pied de la grande pyramide. L'on
manière radicale: les uns y verront
a, enfm, cette noblesse indienne
Le passage de l'hybridation au
avant
tout .sa ' dimension
ayant servi d'intermédiaire obligé
métissage
suppose,
selon
occidentale, d'autres, au contraire,
entrela société coloniale et les
Gruzinski, un troisième terme,
son caractère amérindien.'
masses mexicaines.
autrement
dit,une, sorte
d' « attracteur» qui permet
Stratégie de la disparition et spé-
d'ajuster entre elles des pièces'
cificité du métissage,
, disparates en les réorganisant et en
Le métissage s'exerce sur des
leur donnant un sens. L'attracteur,
matériaux dérivés. Il s'opère par
dispose d'une extraordinaire force
(33) Wallon H., 1942/1970, De l'acte
des absorptions, des inclusionsou
d'intégration: il « ne se Contente'
à la pensée, Paris, Flammarion, p. 234
des infléchissements .qui en
(34)' Wallon 14., 'Le réel et le mental,
. pas de relier les deux mondes en ,
viennent à lui conférer une
ibid, p. 372 ; voir aussi pp, 374, 375 et
amalgamant' les espaces et les,
385
.-
spécificitéopposée au simple effet
temps puisqu'il ne cesse de brasser
(35) MorinE., op. cît. p.57
de « miroir ».. Les fresques de
(36) Arnseue J.L., 1990, Logiques
les éléments indigènes et les,
Puebla comportent des motifsqui
métisses, Anthropologie de l'identité
éléments occidentaux en les
en Afrique et ailleurs, Paris, Pavot, cîté
ont tous fait l'objet d'une ou de
entraînant dans des mouvements
par Gruzinski, op. cit., pp. 38 et 248
plusieurs réinterprétations «
(37) Gonzalo Aguirre Beltrain', 19581
de
conjonction
et
de
indigènes », Le métissageimplique
1970,Elproceso de aculturacion.
disjonction: ...Cette' alternance
M,exico, Universidad Iberoa~ericana,
la mise en œuvre de la stratégie
d'étirements et de repliements
cité par Gruzinski, op. cit. p.39
de la disparition. Cette notion. du
(38) Gruzinski, op, cît., pp. 147,263, '
constitue donc le «unélange ».
sociologue Ackbar Abbas,
264'et ·297
'
C'est ce brassage, ce mouvement
(39) Gruzinski, op. cit., pp. 194-196
renvoie à' une réalité mobile.
Rev. CAMES - Série B. Vol . pOS N° \\·2.2003"
'270'

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _Sciences sociales et humaines
évanescente et élusive. Elleévoque
apporte des éclairages spécifiques
syncrétisme, dit Wallon, « n'est
« ce qui en même temps est là et
sur ces enjeux de l'intermédiaire et
pas simple insuffisanceIl est à sa '
n'est plus là». C'est ce à quoi
du couple d'opposés.
façon une activité complète en
seraient parvenus les peintres
présence des choses ».,11 a un
indiens pour avoir tiré parti de
caractère positif et nécessaire et
l'escamotage de leur monde pour
II Intermédiaire et pensée chez
dispose d'une structure, le couple:
se construire un univers propre, à
l'enfant :
'
« sorte de molécule intellectuelle
savoir: « ... travailler avec la
où s'enfermé l'acte de pensée
disparition et ... la déplacer, ...
1. La' pensée par couples chez
sous la forme la plus simple et la
utiliser la disparition pour traiter
l'enfànt
' ,
plus indifférenciée ». Sans cette
avec elle »1 .
structure, lapensée ne dépasserait
Les débuts de lapensée de l'enfant
pas les pures données sensori-
Importance de l'espace historique :
ont donné lieu à des thèses
motrices, alors qu'elle est aptitude
L'une des conditions de cette
différentes, les plus significatives
à les reclasser de façon autonome,
métamorphose est l'élargissement
étant celles de Piaget et de Wallon.
et ses progrès ultérieurs seraient
gigantesque
des
horizons.
Selon le premier, la pensée se
inconcevables.'
,
L'hybridationdevient métissage sur
caractérise à ses débuts par son
le sol mexicain; au contact et à
égocentrisme qui estune centration
, La structure de couple ressort des
l'épreuve
des
mondes
de l'enfant sur lui-même et sur ses
observations de Piaget sur la
« indigènes». La confrontation se
propres actions et, partant, par une
classification et la sériation chez
joue toutefois de chaque côté de
incapacité à coordonner son
l'enfant à propos desquelles il
l'Océan. Ce métissage américain
'propre point devue avec celui
dégage une « loi de succession»
est à la fois un effort de
d'autrui. Ses manifestations
en quatre stades: aucun essai
recomposition d'un univers effrité
consistent, notamment, en une
d'ordination; échec à la sériation
et un aménagement local des
assimilation déformante de la
et association parqualités absolues
cadres nouveaux imposés par les
réalité, transformée suivant les
(couples grand/petit, par exemple)
conquérants. Les images métisses
désirs propres de l'enfant. Elle
ou par pré-relations (trio petit-
naissent-dans un espace historique
apparaît sous sa forme laplus pure
moyen- grand) ;' sériation sémi-
extrêmement contraignant dont
lors des jeux symboliques (jeux de
opératoire et sériation opératoire.
elles portent la trace et qui les
poupée, jeux de dînette ...) et dans
Piaget 5 a montré, dans l'analyse
conditionnent en partie. EUessont
sa manière de percevoir la réalité
de ces réalisations que, celles du
politiques et non pas simplement
(animisme,
art ificialisme,
premier niveau relèvent d'une
« culturelles »2 .
finalisme ...). La forme de pensée
'« attitude globale» de soumission
préopératoire qui mettra' l'enfant
à
l'expérience
perceptive
La réflexionrelativeaux approches
sur la voiede la pensée logique est
immédiate (contact optique et
(

1
~
de la pensée '«
primitive», du
lapensée intuitive. Elle est l'amorce
spatial)qui demeure le critère de
métissage, de l' identité et de la
, d'une décentration progressive et
vérité et s'oppose à l'analyse
clinique interculturelle aura permis
'le témoignage 'd'un effort de
exacte des données. L'enfant
, de repérer, d'une part, diverses
soumission du sujet au réd. 'Mais
procède par chaînes ou -par
entraves à l'appréhension de
elle se rapporte aux configurations
couples, c'est-à-dire 'par qualités
l'intermédiaire dont: le couple
d'ensemble et restesous l'effet du
« grands» et « petits» et nonpar
d'opposés; les conceptions et les
primat de la perception.3 Pour le
relations « plus grand» et « plus
méthodes étroites mises en œuvre
second, la pensée de l'enfant est,
petits» ni surtout parcoordinations
et, d'autre part, les conditions
à' ses débuts, syncrétique et
« à la fois plus grand queX et plus
facilitatrices de cette saisie', en
concrète. E'iIe reste longtemps
petit que Y.». Ces coordinations
particulier l'approche de l'objet
dominée par ses impressions
constituant le « vrai critère de la
dans sa complexité 'et son
successives,' impuissantes à
relation », avec, pour fondement la
historicité. Un regard sur lapensée
's?a~alyser 'et à différenèier'les
réversibilité.'
,
en développement chez J'enfant
' ;
'. ,
"
" ! '
rapports 'entre les 'choses. Ce
Rev. CAMES- Sér ie B;.vol~ 005 N" 1·::!.2003
é 27 1 '

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _--'-
Sciences sociales et humaines
Wallon est sans doute le premier
de 7 ans)
Non-Comment peut-ilvoir alors 7-
chercheur a avoir, accordé une
L'enfant constate et identifie
Parce qu'il ade la lumière» (sujet
attention toute particulière au
l'habituelle liaison entre les faits de
de 7 ans).
phénomène de couple dans le
son expérience sans les dépasser
L'on
voit
un
exemple
développement de la pensée. 11 en
pour les organiser entre eux.
d'indistinction entre les exigences
a distingué plusieurs types dont
objectives
et' subjectives,
voici, pour compréhension,
Le couple par" «
pseudo-
physiques et organiques de l'acte
quelques Ca$ illustratifs' .
assimilation» perceptive paraît
de voir, le sujet opère une
fondé sur le raccordement des
assimilation fonctionnelle entre
1.1 Différents types de couples ,
choses qui ont, dans l'expérience
éclairer et voir.
sensible de l'enfant, quelque chose
Le couple par identification
encommun :,contigu~t~spatiale,
Couple par contraste
contiguïté
temporelle,
.C'est le cas de la tautologie et des
concomitance
.perceptive
Le contraste est.perpétuellement à
«
p
s
e
u
d
condui'sen't ' l'enf~n't',. à
de
0
l'esprit. Une so lidarité de sens
assimilations »perceptives.
nombreuses assimilations.
entre
deux
mots
peut
La tautologie est une sorte de
. , '
«La flamme qu'est-ce
automatiquement conduire à la
dédoublement; une constatation
que c'est 7 -C'est la flamme-
formation d'uncouple : « la foudre
.mentale ,en, présence
des
Qu'est-ce que c'est 'la flamme 7-
tombe parce qu'on l'a poussée-
représentations qui s'offrent à.
. C'est la fumée- C'est la même
Qui l'a poussée 7- Un monsieur »
l'esprit. Faute d'un rapport et de
chose lat1amme et la fumée 7-Oui-
(Enfant de 6 ans et demi)
concept adéquats, l'enfant s'élève
Regarde (dehors une fumée qui
Le couple exprime ainsideux effets
à peine au-dessus de 'l'
monte dans le cielj.qu'est-ce que
0 bjet et ne
complémentaires étroitement liés
retombe que sur la locution d'où
c'est 7-De la fumée -C'est de la
.dans l 'expérience de l'enfant. '
part son effort.
flamme ça 7-C'est du cieI- C'est
.« Tu dors des fois 7 - Oui -
, de la flamme: 7 -Non- Alors la
D'un autre sujet de 6 ans: « Il y a
Qu'est-ce que ça veut. dire
flamme et la fumée c'est pas pa-
beaucoup de monde à la fête de
dormir 7- Ondort »
reil 7-Si ».
Saint-Cloud? - Oui- Il y a des
Même lorsque lé circuit est à plus
petits enfants.- 11 n'y a que des
de deux termes, il y a un simple
Couple d 'origine su~iective
petits enfants 7-Oui- Ils viennent
retour au départ, une explication
tout seul 7 - Non avec leurs
.circulaire :
Ilexprime bien souventl'indivision
mamans- Et des messieurs? - Ils
« Qu'est-ce que la pluie 7-C'est
du sujet de la situation; l'indivision
sont grands - Est-ce qu'ils sont
de l'eau- D'où ça vient 7 -Du
entre l'agent et la situation:
vivants'? - Non..- Que veut dire
temps- Qu'est-cé que le temps 7
« Lè soleil est vivant 7 - Oui-
vivant 7 - Ca veut dire qu'il est
-C'est du ciel- Et qu'est-ce que
, Pourquoi 7- Dans le ciel -
morte. C'est la même chose mort
-le ciel 7 -C'est le temps »( sujet
Pourquoi est-il vivant 7 - Parce
et vivant 7- Oui»
qu'il voit -Qu'est-ce qu'il voit 7-
Le ciel - Et puis encore quoi 7 Il
Les oppositions, , à la base de
, (40)'Ackbar Abbas, 1997, Hong Kong
voit la terre- La lune est vivante 7
culture
and 'the
Politics
of,
couples automatiques « grand-
disappearance, Minneapolis, Uiliver-
.,--Oui- Pourquoi 7- Parce qu'elle
petit » et puis « mort-vivant », au
, sity of MinnesotaPress, pp. 8 et 9, cité'
voit - Comment sais-tu qu'elle
. lieu d'être différenciatrices se
par Gruzinski, ibid. pp. 312-313"
'
voit 7 Parèè qu'elleade la lumière-
'(41) Gruzinski ,ibid pp. 104, 191,'223
convertissent enassimilat ion.
(42) Piaget J. 1941/1980, La genèse
Et la lampe elle voit 7 - Oui -
du nombre chez l'enfant, Neuchatel-
Pourquoi 7 Parce qu'elle est
. Couple pm: assonance
Paris, Delachaux et Niestlé, pp. 143-
allumée. - Et toi tu vois 7 - Oui-
: 144
(43) Wallon H., 1945/1963, Les origi-
.Esi-ceque tu esallumé 7Comment
Les démarches de la pensée de
, nes de la pensée chez l'enfant,PÙF,
, peux-tu vo ir 7- Parce que j' ai des
·l'entànt, encore fortement
pp.114-115 .
yeux-,Et le .soleil a des yeux 7 -
(44) Piaget
assujettie- aux circonstances
J., ibid
,
... '
.
.
272
, Rt~v. CAMES.- Sér ie.B, Vol. \\)0,5 i-or 1'-2.200:>

- - - - - " - - - ' -
Sciences sociales et humaines
concrètes,aux réminiscences, aux
avec sesdeux.images. L'image est
Pour -l'arbre ... euh .attends, je
formes' verbales ou motrices
à tirer d'une« réserve-» -de dix-
cherche ... -Quelle image va bien
produisent encore des couples
sept représentant les..objets
avec l'arbre et la table en même
partant des' qualités sensori-
suivants: bateau, abeille,coq,
temps 7 - Les planches vont bien
motrices des mots ou du caractère
carotte, branche en fleurs, tigre, '
avecla table»
. usuel de ceux-ci:
œuf, planches; porc, marteau,
B .•. (6 ;4) : « Je trouve que le
oiseau, aiguillesà tricoter, papillon,
sapin ça va avec l'arbre . .;
« Dis-moi ce qui est -dur 7- Le
marguerite, sapin, voiture et métier
Pourquoi 7-: C'est pareil mais avec
mur» (sujet de 6ans et demi) ...
à tisser .'
des épines». .
1.. .(7 ;9) ( choisit la branche en
« Elle bouge la Seine? Oui, ·parce
Même -dans ces situations où.
fleurs); « ça ressemble presque à
qu'il y a des poissons. Il y a des
l'intermédiaire est plus ou moins
l'arbre ». "
messieursqui viennent pêcher et-ils.
présenté directement, beaucoup d' .
V . .,(7 ;11).« la pomme c'est le
mettent des: chiens se baigner. ,
enfants procèdent d'abord au
sapin... puisqu'il ya des pommes
Après on a des, beignets pour le
couplage des termes en présence:
de pin»
dessert. Après on achète dusel, .
bipartition «<petit-grand » ou
B.; .(6 ;4) «je trouve que lapoule
du poivre, des pommes »(sujet
« grand-petit ». Dans l'épreuve de
ça va avec le coq- Pourquoi 7-
de 7ans). Von a ainsi le couple'
trio de bâtonnets; l'onobserve la
Parce que le coq c'est pareil que.
baigner/beignet aux
formation de nouveaux couples
la poule mais c'est un monsieur ».
.
côtés de
.
beignet/pomme et poivre/seL.
depuis les termes des couples
Couples et représentation de la
1.2 ' . Observations
. 'sur
initiaux proposés.
mort
l'identification.dè l'intermédiaire
.
Voici des exemples:
Couples à partir .du trio de
Dans une étude, somme toute
Nous avons 0 bservé, . par·
bâtonnets:
exploratoire et qualitative, nous
l'entremise de diverses épreuves,
«. celui-là (montre le premier) est
avons interrogé des enfants
cette propension' à former 'des
plus grand que celui-Iàt le
brazzavillois, scolarisés, âgés de 5
couples et la difficulté à identifier
à 11-12 ans, par la voie de la
l'intermédiaire, chez des enfants
. médian) ... »(L. .. 6 ;9).
« parce qu'il était (le médian) plus
technique du libre entretien. L'on
d'âge scolaire.
grand que celui-là (le premier). Et
a tenté de recueillir leur explication
1

puis. ça
allait
bien' quoi,
de la mort. La question centrale
Couples, trio .de bâtonnets et cou-
... (P ... 6 ;7) .
étant ainsi formulée : « qu'est-ce
ples d'images
que la mort, selon toi 7 ». L'on a
Il s'est agi, dans
L'insistance de l'expérimentateur
uri premier temps,
amène le sujet de ce niveau à la
distingué un premier niveau de
des enfants de deux écoles
formation de couples successifs:
réactions plutôt diffuses et
primaires" de' -Ia banlieue
(V ... 7 ;1) : »celui-Ià(le médian)
subjectives (silence, refus,
parisienne". Pour le premiertype
expression
. d ~ ignorance,
d'épreuve, on présente à l'enfant, .
est plus grand que celui-Ià(le petit)
embarras ... ).
Le
procès
un trio de bâtonnets ordonnés avec
- Peux-tu m'expliquer un peu
d'objectivation parait s'amorcer
la consigne-suivante : « peux-tu
plus 7- Celui-là/montre cette fois
sous forme de couples aux
m'expliquer pourquoice bâtonnet
le grand) est plus grand que celui-
là(le médian).
modalités diverses :
(on lui montre le bâtonriet du
milieu) est-il à cette place 7 »:
« ... lamort,c'est la mort »(G..4;.
Un second type d; épreuve 'a. porté-
Couples à partir- de couples
8) ; « .. .la mort ce n 'est que la.
sur une sériation d'images. art
d'images:' .
mort» (F..5 ; 6);
."
propose trois couples: arbre-
C ... (8 ;1). « les· planchesc'est
« .. .la mort c'est mourir- que
table; poule-poussin et arbre-
avec la table ... parceque la table
signifie mourir 7~ c'est quelqu'un
pomme. L'enfantest convié, pour
c'est fait avecIes.planches-, T Il
qui est mort» (G;.6 ; 9) ; « c'est
chacun des couples, à choisir une
n'y.apasque.la table, peux-tu
un cadavre »(G..7 ; 8) ; « c'est
image présentant ldes rapports
choisir une image qui va avec la
table et l'arbre, les deux à la fois 7-
quelqu'un quie§tdécédé» (G.. 5·~
Hev. CAMES·~·Sér.ieB, ver. 005 N° 1-2.2003
27-3
" .

1

_~_ _.......:.......:~
.......:.....;;.
Sciences sociales et humaines .
9) ; « c'est quand tu meurs, on .
Dans le couple -apparaît .une -
assemblent les choses, l'enfant est
fabrique lecimetière, on fait 'Ia
ambivalence des termesdufait de .
impuissant à en imaginer la
veillée» (F..S ; 3)·
l'interpénétration fonctionnelle
coexistence ou à imaginer lemême
entre le double etl'un' Les deux
terme jouant successivement
Outre les formes tautologiques,
termes peuvent. alternativement:
deux rôles différents. Les,
l'on a relevé diverses 'formes
être donnés comme la cause l'un '
rapports qu'il dégage ont quelque
d ' a s s i m i l a t i o n : . ; ·
de l'autre : -'
- .'
. , ';'"
chose d'indéfini et d'absolu. Les
«: c'est quelqu'un qui est malade': ,
« qu'est-ce quev cest que Jal
termes du couple « sont bien un
une personne malade. est-elle
pluie? -La pluie c'est du vent,'- .
acte de pensée qui tend à saisir des
morte ?~oui» (0..6; 2) ; « c'est ~
Alors la pluie et le vent c'est
choses où la plongent à la fois
le poison..Lorsqu'onrnet le poison
pareil ?~Nbn- Qu'est-ce 'que c'est
l'expériencesensori -motrice et les
dans la nourriture on va mourir »'
la pluie ?-La pluie c'est quand il
éléments du langage. Mais ils
(F..T'; 1) ; «c'est un diable, il a des,
fait tonnerre. - Le vent qu'est-ce
n'entraînent pas encore avec eux
cornes, ilest noir, il est mort déjà ».
que c'est? - C'est de la pluie -
les ensembles de références qui
(G ..8 ; 3) ; « c'est l'enfer-l'enfer,
Alors c'est-dela-même chose ?-:
doivent relier l'un .à l'autre les
qu'est-ce que l'enfer ? ~ l'enfer'
Non ce n'est paspareil, - Qu'est-
objets de la connaissance ».3
c'est la maison des morts» (G .. 8 ;
ce qui n'est pas pareil'? - c'est le
- ).'
-
4h,« ondort -est-ce qu'une'
vent - Qu'est-ceq ue le vent ? -
Cette discontinuité ressort fort bien'
personne vivante dort? - oui ~'
C'est duciel» (sujet de 6 ans),
des observations effectuées par
alors qu'est-ce que la mort ?-des
Ces inversions' Sont perpétuelles' -
Piaget: « jusque vers 6-7 ans,
fois on est mort; des' fois on est
,faute d'une liaison avec un
écrit-il, ., .les enfants ne s'astrei-
vivant» (G..7; 6).
troisième terme qui; lui; imposera;
gnent pas à avoir une opinionuni-
par rapport à l'autre, une certaine.
que sur un sujet donné. Assuré-
Cette
pensée. par couples
direction. La pensée par couples,
ment, ils ne pensent pas le contra-
s'alimente aux sources les plus.
dit Wallon « n'est pas orientée, elle
dictoire, mais ilsadoptent succes-
- diverses:
est tout 'au plus le siège de
sivement des croyances qui, si el-
« c'est satan-que'fait-il, satan ?
mouvements alternatifs,' sans'
les étaient comparées, seraient
-Si l'homme est beau, il1emange;
-référence à aucune motivation
contradictoires. En ce sens, ils res-
s'il n'est pas beau, ce qui compte
extérieure »2" On note toutefois
tent insensibles à la contradiction,
pourlui c'est de le manger...Après
cette affirmation simultanee
parce que, lorsqu'ils passent d'un
l' homme meurt et va chez satan -
d'identité et de disparité entre' les
point de vue à l'autre, ils oublient
mais qui est satan? - c'est satan.
deux termes reliés, L'identité
chaque fois le point de vue précé-.
»(0..5 ; 9).
s'exprime ainsi souvent sous la
dent.C'est ainsi qu'au cours d'in-
«c'est un appel de Dieuv--
forme"d'une· non similitude,
terrogatoires, les mêmesenfantsde
comment Dieu appelle-t-il les
traduisant en conséquence le
5 à 7 ans nous ont affirmé tantôt
gens'? - quand t:l0US avons'
double caractère du.couple qui est
que lesfourmis, 'Ies' flel~rs ou le so-
beaucoup de pêchés-quelqu'un
d'être
à
la- fois
unité
et
leil étaient vivants, tantôt qu'ils ne
qui n'a pas de pêchés meurt-il?-
différenciation élémentaire.
l'étaient pas,.,. Les deux opinions
je ne sais' pas» (F:.12 ;6) .
contraires restaientjuxtaposées en
"
.'
,':J
Discontinuité de la pensée par:
eux : à. un moment donné, ilsadop- .
couples
taient l'une; puis.sincèrement et.en
1.3 Caractéristiques de la pensée'
De 'par 'le caractère exclusif du'
oubliant le.passé, ils revenaient à
par couples '
couple, seuls sont imaginables les
l'autre »,4
Analysant cette pensée par cou-
actions circulaires 'à 'deux tours
ples, Wallony identifie,entre autres
entre lesquels l'action se renverse
caractéristiques, son ambivalence
La pensée par couples, procède
tour àtour, Il en résulte que le
de laloi
et sa discontinuité.
de contraste qui, selon
même terme devient comme
Wallon « joue un rôle aux stades
L'ambivalence de la pensée par
différent de lui- même; Faute de
élémentaires de' laconscience in-
couples
- - -
1
.
-
distinguer la nature des rapports qui
27·f
Rev. CAMES -'SérièB, Veil. OOS'N° .1-2,2003

..,.....---
...,...--,-_...:...-_....,........,...
Sciences sociales et humaines
tellectuelle où tout acte a quelque
d'avance, c'est-à-dire, qu'élle
demi),
chose d'ambivalent et pose deux
requiert la faculté de se représenter
Le terme' 'froid se détache. du
termes, souvent contrastés, d'où
pour ainsi dire à vide, l'ensemble
couple vent-froid. Devenu
résulte la première structuration
des rapports constitutifs de la'série
commun au-. vent et à l'eau, il
indispensable du contenu men-
et de la correspondance ». Piaget
reparaît par cet intermédiaire
tal ».5
Cette' structure
montre également que c'est parce
commela cause du vent. L'accent
génétiquement nécessaire en vient
qu'il
est
devenu' capable
mis sur l'un des termes prépare le
à constituer un obstacle à la pen-
d'analyse, que l'enfant découvre
moment où il sera terme commun
sée de relation dont l'avènement
les relations enjeu, à savoir, pour
et trait d'union. Il prépare sa
implique l'intervention d'uri troi-
l'exercice d' intercalation des
polyvalence. Dece fait, la pensée
sième terme, un terme intermé-
bâtonnets intermédiaires dans la
pourra désormais 'disposer ·des
diaire qui impose une orientation
série construite, le double rapport
termes.à l'état libre et les grouper
aux termes en présence.
« à la fois plus grand que X et
en suites d'éléments susceptibles
de dessiner· et de développer
2. Intermédiaire et pensée de re-
plus petit que Y >/.
exactement ses thèmes.
lation
La pensée par couples constitue,
Ce passage obéit à des
pour Wallon un stade pré-
conditions ainsi définies par Wal-
Piaget 'et Wallon, suivant leurs
conceptuel et pré-relationnel de
lon i « pour que chaque terme
préoccupations respectives, ont
l'intelligence théorique. L'enfànt de
puisse jouer le rôle.de troisième
analysé
ce
processus
de
ce stade
peut admettre , par
terme par rapport à deux autres,
découverte et d'emploi de
exemple, qu'une génisse née d'une
soit que 'reconnu comme plus
l'intennédiaire.
vache puisse devenir une vache. Il
grand que l'un et plus petit que
se refuse toutefois d'imaginer que
l'autre il se trouve devenir leur in-
Piaget distingue un niveau semi-
cette vache puisse à 'son tour
termédiaire, soit que plus grand ou
opératoire et un niveau opératoire
donner une génisse. Ainsi il
plus petit que les deux, il indique
de réalisation de la série. Le
n'imagine que des actions
dans quel sens la série doit se con-
premier, obtenu par tâtonnements
circulaires à deux ternies entre
tinuer, il faut que tous ensemble ils
montrent que les relations
lesquels l'action serenverse tour à
puissent être ramenés à un ordre
découvertes ne le sont que « sur
tour. Et dans chaéun de ces
qui les dépasse chacun et qu'ils
le plan intuitif et expérimental,
couplages, le même terme devient
fusionnent dans une fonction qui
c'est-à-dire serni-opérato ire
comme différentde lui-même.Dans
implique l'ouverture d'un champ
seulement et ne constituentpoint
cet exemple, pour s'affranchir du
encore des opérations réelles
'couple, l'enfant devra fondre en
susceptibles d'être détachées de la
une seule série les couples vache-
(46) Kombo J.J., 1983, L'évolution de
perception pour être manipulées
la sériation chez l'enfant, Thése de
'génisse ; génisse -vache; pour en
doctorat 3è cycle, Paris, Université·
abstraitement ». Le caractère
conclure de nouveau vache -
Paris VIII, voir PP: 210,222,236
opératoire de la série, qui suppose
génisse. Ainsi, il transformera la
(47) Wallon H.; Les origines de la
une directionstable dans la mise
pensée ... , op. cit., p.120
simple alternance en succession
(48) Wallon H. : Les origines de la
en relation des termes, n'est acquis
ordonnée" . cet affranchissement
pensée chez l'enfant, 'op, cit., p. 116
qu'avec la réversibilité rigoureuse
est parfois annoncé par-l'accent
(49) Piaget J., Le langage et la pensée
de la pensée
traduite par les
porté sur l'un de ses' ternies :
chez
l'enfant,
Paris-Neuchâtel,
réactions du troisième stade où elle
« Elle bouge laSeine 7 - C'est le
Delachaux et Niestlé, p. 95
est « donnée d'avance en Uri acte
vent qui la fait bouger- Toujours
. (50) Wallon H., 1959/1973, Le rôle de
logique qui ..(regroupe) toutes les
" «,autre» dans la conscience du
du même côté 7 -Non '(geste
relations »6. La représentation et
« moi », Enfance, 3-4, P: 286
.
dans différentes directions). -
(51) Piaget J, La genése du nombre
la réversibilité jouent un rôle
Qu'est-ce 'qué le vent-?'> C'est
chez l'enfant, op. cit., pp. 138 et W8
important (jans ce processus.
(52) ibid, p.144
quand il fait froid. -Qu'est-cè'ql;li
Ainsi, « l'idée de la double sériation
. (53) Wallon H. les origines de la .pen-
faitbouger le vent 7-C'est de l'eau
sée chez l'enfant', op. cit., pp. 129 et
suppose ... le problème résolu'
qui est froide» (sujetde 6 ans et
130 '
\\ R~v. CAMES -.Série B, VoL.o05 W 1-2.2003
275

- - - - - - - - - - . . . ; . . . - - - - - - - - - - - - - - - - -
Sciences sociales et humaines
nouveau d'activité, la sériation ».
pommes» (G ... 7 ;4).
attribuant, entre autres caractères
Ainsi considéré, le tiers terme
essentiels, ceux de l'extériorité.
constitue un symbole, un instru-
Le second procède d'une saisie
. "
.
ment de comparaison « dont la
plus systématisée des relations
D'un instrument à l'autre
,
,
nature se diversifiera et dont les
objectives entre les termes en
niveaux d'abstraction opératoire
présence: « les planches... parce
L'intermédiaire dont nous venons
s'élèveront, en augmentant l'éten-
que la tablé se fait avec des
de voir les multiples conditions
due et l'efficacité de l'ordre à dé-
planches et l'arbre ça donne des
d' existence ( capacités d'analyse,
couvrir ou à réaliser
dans les
planches »(D ... 9 ; 5) ; « c'est la
abstraction, espace, extériorité,
choses ... (il) implique un aligne-
fleur.... parce que, l'arbre, avant
po lyvalence ... ) se différencie,
ment possible, un alignement opé-
d'avoir
1,\\
pomme
a
une
génétiquement, des « conduites
ratoire en puissance. Il suppose un
fleur, »(0.:.7 ; 8) ; « le coq ... ah
instrumentales» de l'intelligence
ordre virtuel qui ne peut être
non... l'œuf, parce que la poule
pratique ou « des situations ». Elles
qu'imaginé que dans un monde
pond l' œufet le poussin éclot dans
s' 0 bservent, chez Piaget, dans le
idéal, dans un espace intellectua-
l'œuf»(B ... 7 ; 8)
cadre des « réactions circulaires»
lisé »1 .
tertiaires, à 11-12/1 8 mo is, et
Dans l'explication de la mort, le
traduisent
une
conduite
Cette découverte de la double
dépassement des couplages se
d'expérimentation active d'une
relation ressort de nos observations
traduit par une référence de plus
intention spontanée de l'individu.
relatives au trio de bâtonnets et au
et:l plus précise à l'activité
Ainsi, par exemple, devant un
couples d'images .Voici des
individuelle et aux fonctions
objet trop éloigné, posé sur un
exemples: 2
physiologiques:
'
-
tapis, l'enfant qui ne parvient pas
« c'est la fin de la vie. Vivre c'est
à l'atteindre directement, peut en
A propos du trio des bâtonnets:
respirer, quand on ne vit plus, on
venir à saisir le tapis et, constatant
.: « ...celui-là est moyen, celui-là est
,
ne bouge plus, on ne souffre plus »
une relation entre ce dernier et
plus grand, ça petit, c'est pourquoi
(0 ... 10; 11) ; « le mort n'a pas
l'objet convoité, arriver par
je l'ai mis là» (B..7; 11) ; « ..il est
de souffle, il ne vit plus (C ... 8 ';
tâtonnements, à le tirer pour le
entre les deux parce qu'il est moins
00); « on parle de la mort lorsque
rapprocher et s'en emparer".
grand que le premier et plus grand
lapersonne ne vit plus, lesyeux sont
Wallon a, de même, montré que
'que le dernier, ilfaut lemettre entre
fermés» (F ... 1a;00).
l'activité spontanée de.l'enfant, en
les deux» (G..7 ; 8) ; « il est plus
butte à divers obstacles en vient à
grand que le dernier et plus petit
Le
développement
de
ses
se modifier, à user de détours et à
que le premier» (M ..7 ; 9)
capacités d'analyse amène l'enfant
substituer, graduellement, à ses
à se, détacher des situations
propres moyens, des instruments
A propos des images,l'on observe
concrètes et présentes, pour une
empruntés au monde extérieur .
deux typesde réponses.
représentation plus abstraite de la
Mais dans ce cadre qui est celui
Le premier paraît encore-relever
mort : « la mort, c~ es~ la cessation
de l'intelligence « des situations »
de l' expérience sensible: « le
de .I'existence ... »(G ... ll ; 6).
- qui « commence avec la nécessité
papillon•.. parce qu~il peut se poser
.Wallon a fort bien souligné cette
du détour et sa découverte» -
sur l'arbre et sur la table. »(C ... 8 ;
exigence.del'analyse conditionnant
l'instrumentne fait que suppléer à
00) ;.« l'œuf...parce que dansun
la saisie appropriée de l'objet. Il
l'insuffisance
des
simples
arbre y a des œufs etsurla table
faut
nécessairement
automatismes et des mouvements
on mange des œufs» (G ..-.7; 4) ;
qu'interviennent, entre l'expérience
spontanés et nus dans la réalisation
« le coq ... parce que 'c'est dans le
, immédiate et'la représentation des
des buts poursuivis par l'individu.
.pou\\ailler de lapoule et' là poule
choses,. une dissociation qui
pond le petit poussin »(K ...6 ; 9);
détache les qualités et l'existence
« je
pense
que, c'est
propre à l'objet lui-même des
(54) ibid, pp. 128 et 133
~
• l
"
, ,
' .
.l'oiseau ... parce qu'il sepose sur
.impressions.et des actions où·il est
·(55) cf. KOMBO J.J., op. cit., pp. 211,
...
",
.
'
..
224- 225'
.' . "
l'arbre et puis il mange les
initialement impliqué" en lui
,
.!'
_.
'P','.
.
....
. . ,
.'
.
'. ,1
. " ,
"
.
':!76
Rey.. CAMES - S~r ie ·B, Vol. 005 N° 1-2.2003

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _Sciences sociales et .humaines
Le fait est observable, y compris
session non-moi ». Ildéveloppe,
ractéristique majeure estque lefun-
chez le singe qui, pour saisir une
pour ce faire, Une sériede notions
tasme associé est purement
.
'
proie située trop haut, se servira
dont ; indifférenciation et structure
duplicatif et se rapporte au self
d'un escabeau qu'il placera non
initiale, zone intermédiaire, objet
corporel . L'0 bjetprécurseurn'est
sous l'objet convoité, mais à la
précurseur,objet transitionnel, es-
plus le sein mais il n'est pas en-'
distance correspondant à la plus
pace temps, besoin d'objet, illu-
core quelque chose de séparé du
grande portée du bond dont ilest
sion, deuil de l'objet, etc ...
self Il implique passivité et dépen-
capable. Ainsi, conclut Wallon,
dance extrêmes. Il n'est ni inventé
Indifférenciation et structure « in-
quelle que soit l'ingéniosité des
ni découvert par l'enfant.
dividu-environnement »
détours ou des gestes utilisés, leur
.
Objet transitionnel et première
raison d'être se confond avec leur
La
condition
humaine
« possession nori-moi »
exécutionprésente'
« première », procède d'un état
L'objet transitionnel qui apparaît
indifférencié, antérieur à la
généralement vers le 4è et le 12è
De cette étude consacrée au con-
constitution de la structure
mois est, paradoxalement, une
cept d'intermédiaire se dégagent
psychique, donc au fantasme et à
création de l'enfant et issu du
divers concepts d'importance es-
larelation d'objetprimitive. Un état
dehors ( bout de tissu, nounou,
sentielle pour lacompréhension de
de dépendanceabsolueoù l'enfant
voire son musical,.. ).. Il existe «
l'exerciceet du développement de
n'a même pas les moyens de
dans le domaine' transitionnel
lapensée. Lesplussignificatifs sont
reconnaître les soins maternels.
entrelaréalité plustout à fait interne
assurément les concepts de cou-
Cetteindifférenciation originelle est
et la réalité pas encore tout à fait
ples d'opposés et de capacités
toutefois déjà comme une sorte
externe» et participe au processus
d'analyse, dont les enjeux dans le
d'organisation qui comprend
de symbolisation dans lequel
développement psychologique gé-
toujours' le
sujet
et
son
Wmnicott distinguedeux phases:
néral de l'individu, aux fonctions si
environnement. « A ses débuts
ta symbolisation impliquant de faire
étroitement liées, sont encore fort
l'individu neconstitue pas l'unité:
le deuil de l'objet
J
et , celle ,
lisibles, à propos du développe-
L'unité est la structure « individu-
préalable, grâce à laquelle ce deuil
ment de la conscience de soi, par
environnement » telle que nous la
de l'objet est possible. : Le
exemple. « Dans son effort pour
percevons
.:.
de
concept « d'objet transitionnel
s'individualiser, lemoinepeut faire
l'extérieur. :.Certaines' conditions
rend possible .. .le processus qui
autrement que s'opposer lasociété
sont
nécessaires"
pour
,
.
'
conduit l'enfant à accepter la
sous la forme primitive et larvaire
qu apparaisse un psychisme
différence et la similarité », La .
d'un socius... Le sociusou l'autre
individuel, C'est dans lasituation
notionde besoin, donne naissance,
est un partenaireperpétueldu moi
ainsi établie que l'individu est
ici, au potentiel créateur de
dans laviepsychique ».3 Et les thè-
cap~ble de créer peu à peu un
l'individu: la répétition de sa
ses du psychanalyste britannique
environnement personnel ». Ce
satisfaction engendre l'utilisation,
Ronald Woods Wmnicott sur les
processus
comporte 'deux
par l'enfant, de l'illusion sans
objets et les phénomènes transi-
moments marquants, suivant la
laquelle aucun contact n'est
tionnels nous paraissent d'un inté-
nature des objets enjeu.:
possible entre le psychisme et
rêt fondamental vu l'explication
l'environnement. Et un des points
proposéedu dépassement de l'op-
L' objet précurseur : qui
essentiels de cette théorie est de
positionentre l'intra psychique et
fait suite à cette période initiale, a
souligner l'importance de l'icart
l'intersubjectif.
pour fonctiond'assurer l'intégra-
entre l'expérience vécue et sa
tion du self dès qu'il est séparé de
3. Intermédiaire : entre intra psy-
représentation. Cet éc~ introduit
l'objet primaire (le sein). Il est as-
chiqueet intersubiectif
.
la . q~estiondu processus
. socié à la quête de sensations tac-
':d'àppropdation psychique lui-
tiles procurées par les cheveux. ou
mêmeet celle de la nécessité d'une
le lobe de l'oreille de la mère et
Wmnicotr' s'est intéressé à lazone
s~ymb.olisatiol1 «
plusfard, le corps de l'enfant (lan-
prirnaire» de
intermédiaire quiséparelesubjectif
l'expérience vécue. Ainsi, l'0 bjet
gue, pouce ... ) ou la tétine. Sa ca-
de l'objet 'et à la « première pos-
Rev. CAMES - S~rje B, Vol: 005 w' 1-2. 2003

_ _ _ _.:..;,...."'--
.....:....
Sciences sociales et humaines
transitionnel qui n'est pastout à fuit
l' analyse de l'intermédiaire
la sériation chez l'enfant Thèse de
,
. ,
'
.
le moi mais qui n'est pas encore, le
constituent une voie dét~rrrrinante
Doctorat de 3è Cycle, Université
non-moi, ,« doit être trouvé pour
au dépassement de l' inclinaison de
de Paris VIII, 264 p.
être créé et créé pour être
lapensée, sous l'égide de la loi des
Larousse Illustré, 1997/1998,
trouvé ». L'entourage doit
contrastes.àvoir les blocs opposés
Paris, Larousse - Bordàs.
encourager cette première forme
caractérisant la pensée deÏ'enfant
Laval v., 2002, La psychologie du
de possession non-moi, proposer
à, ses débuts et subsistant chez
développement, Paris, Armand
.« créativement ». un objet qui se
l'adulte, y compris 'dans les
Colin.
prête à la création de l'autre, un
sciences humaines. Le premier y
Lévi-Strauss c., 1962, La pensée
médium pour permettre à
accède
il
la
faveur
du
sauvage, Paris, Plon, 389 p.
l'informe .de prendre sens. Cet
développement de ses capacités
Maalouf A., 1998/1999, Les
objet transitionnel est voué au
.d'analyse et à la réduction, autour
identités meurtrières , Paris ,
désinvestissement progressif,
de 6·7 ans, du « syncrétisme »
Grasset, 211 p.
devient diffus 'et se répand dans la
subjectif et' intell~ctuel dont le
. .
. . ' . -
Morin E., 2002, L'identité
zone intermédiaire, entre laréalité
couple
.est
la
structure
humaine, Paris, Seuil, 288 p.
psychique interne et le monde
d' organisation. Les prestations
Nathan T., 1986, La folie des
extérieur, une zone d'expérience
demeurent bien,entendu variables
autres, Paris, Dunod, 241 p.
qui est intermédiaire entre le pouce
suivant la nature des objets enjeu.
Nathan
T.,
1993,
A
qui
et
l' o urs,
une
« zone de
La question est plus complexe
appartiennent les métis ?,Nouvelle
compromis ».
.
pour le second et même le
Revue
d'Ethnopsychiatrie,
CONCLUSION
chercheur sous l'influence des
Grenoble, La pensée Sauvage, 21,
.philosophies, des idéologies et des
·13-22.
Comment, au regard de la
politiques induisant des visions et
Piaget 1., 192311976, Le langage
prégnance des oppositions dans ia
des méthodes dapproche de
et la pensée chez l'enfant, Paris-
culture ambiante, (rjétablir
l'objet - être humain ou.pensée,
Neuchâtel, Delachaux et Niestlé.
l'intermédiaire dans sa plénitude en
par exemple - désincarnées et
Piaget 1., 1936/1959, La naissance
qualité de facteur essentiel
fragmentaires. Seule la mise en
de l'intelligence chez l'enfant,
d'orientation, d'organisation et de
œuvre d'une vision et d'une
Paris-Neuchâtel, Delachaux et
progrès des phénomènes les plus
. méthode d'analyse appropriée à la
Niestlé.
complexité et à ladiversité du réel, .
.~ivers, dont la pensée? La
Piaget 1., 194111980, la genèse du
reconnaissance, l'emploi ,'et
contribue à restituer, dans la
nombre chez l'enfant, Neuchâtel-
pensée et l'action .humaines les
.
,
,
Paris, Delachaux et Niestlé,
(56) Piaget J., 1936/1959, La nais-
assises
profondes
de
Vara G.,·199ü, Enfants
sance de l'intelligence chez l'enfant,
l'intermédiaire. Elle détermine
Paris-Neuchâtel,
Delachaux
et
et adolescents mixtes' :
assurément la prévention durable
Niestlé,p.240.
.
une identité spécifi-
(?7) Wallon H., 1938, Développement
des con:f;1its. C'est ià un grand défi,
que?, Enfance, Tome 44,
moteur et mental chez l'enfant, Paris,
pour lacité et pourl'éducation que
Pour l'Ere Nouvelle, 137, p.135 voir
3.
de
substituer .au culte de
aussi: Wallon H., De l'acte à la pen-
Wallon H., 1926, Mouvement et
sée, op. cit. , p. 119 .
l'opposition,
celui
de
psychisme, Paris, Jour. Psycho.
,
. .
l'intermédiaire.
(58) Wallon H., Le rôle de l' « autre»
Norm. Patho, 23,n04, 957-974.
dans la conscience du « moi », op. cit.,
Wallon H.,1934/1970, Les
p.284
Noticebibliographique
origines du caractère chez l'enfànt ,
(59) Winnicott DW., 1969, Dé la
pédiatrie à la psychanalyse,' Paris,
Paris, PUF, 301 p .
. Clancier A., Kalmanovitch J.,
Payot,
voir chapitre
8:· Objets
Wallon H., 1938, Développement
1984/1999, Le paradoxe de
transitionnels
et
phénomènes
moteur et mental chez l'enfant,
transitionnels,
,pp.
109-125
Winnicott, Paris, In Press, 233 p.
,
,
voir
également
Clancler " A
Paris, Pour l'Ere Nouvelle 137
.Gruzinski S.,
1999, La pensée
Kalmanovitch. J., 1984/1999, L~
133-141.
,
métisse, Paris, Fayard, 343 p.
paradoxe de Winnicott, Paris, ln Press,
,Wallon H., 1942/1970, De l'acte ~
pp. 136/141' et 203
Kombo 1.1.,1983, L'évolution de
à la pensée, Paris, Flammarion,
2ïS
Rev. CAMES - Série B, Vol. 005 N° 1-2.2003

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _--:-
Sciences sociales et humaines
239 p.
Wallon H.,195911973(b), De
WallonH., 1959/1973(d), Le rôle
Wallon H.,194511963, Les
l'expérience concrète àla notion
de l' « autre» dans laconscience
origines de la pensée chez l'enfant,
de causalité et à la représentation-
du « moi », Enfance,3-4, 279-
PUF,755 p.
symbole, Enfance, 3-4, 337-366.
286.
Wallon H.,195911973(a), Les
WallonH., 1959/1973(c) Le réel
Winnicott D. W., 1969, De la
étapes de la sociabilité, Enfance,
et le mental, Enfance, 3-4, 367-
pédiatrie à la psychanalyse, Paris,
3-4, 309-323.
397.
Payot, 369 p.
Rev. CAMES - Série B, Vol. 005 W 1-2.2003
279 '