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..Sci~nces sociales. et humaines
" ~EXISTE-T-I·L"EN YORUBA DES PARTIES UU DISCOURS ?
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Médard Dominique ~ADA .
Université d'Abomey-Calavi
" "
. çO!ÇJn01I-BENIN
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lllQîU
. 1
~ i l •
.Résumé
,
: .
, ' .
.Si l'on veut bien considérer que la classification des parties du discours a été conçue d'abord
pour des langues COI1).me le grec ct 'le latin, on acceptera que-le modèle et sa logique puissent 'assez
directement s'appliquer a~x langues de type flexionnel marqué. Lorsqu'en revanche, nous souhaitons
l'expérimenter .~ur I~ yoruba, une langue-de type extrêmement différent, nous devons tout d'abord
définir si possible' le "mot" c'est-à-dire les objets qui feront l'objet du classement. A partir d'un tel
, . mode dc classement, nous saurons exactement si la nature d'une unité linguistique la prédisposeà
telle ou telle fonction ou si, inversement, une fonction particulière impose à chaque élément des traits
sl?éeifiqucs lui permettant de la remplir,
"
t
. Laquestion qui sc pose n'est donc pas de savoir quelleest, idéalement, la mci lieureclassification
, possible des unités linguistiques, mais de comprendre sur quoi est fondée la classification en' noms,..
verbes, adjectifs, prépositions etc., jadis inventée par \\cs Grecs et depuis presque universellement
.,
utilisée, et pourquoi, malgré \\cs incertitudes de ses fondements theoriques explicites, 'elle à en gros
donné satisfaction à ses usagers ..
O~ . INTRODUCTION
catégories' latineset'grecques des
'eda », contenant 13,00 mots a été
classes typologiques répondant à
choisi.
, ,
Laclassification des mots
~liie logiqueinfaillible maisdepuis
en.parties du discoursoccupe une
que l'on s'est mis il décrire des
Avant de faire la descrip-
'place importe dans la'grarnmaire
'langues : autres'
qu'indo-
tion du matériau ~t des méthodes
traditionnelle. Elleest née vers.le
européennes; lesinterrogations
de la recherche, il convienr de faire
HIe siècle avant Jésus-Christ, dans
affluent, qui'vontdans le sens de

.
l ' .
.quelques réfl,exion~ sur I~ mot '.
'le prolongement dela réflexion
"Existe-t-il dans telle langue telle
grecque sur le langage. Plus
catégorie de discours 't"
philosophique que linguistique,
.
,
Le problème essentiel du
cette-réflexion s'engage avec
" " "'\\:Ié voudrais précisément,
mot estceluide sa définition.Le
Platon, Aristote et lesStoïciens sur
. dans cet articlem'àrrêter sur cette
mot peut être défini cominel'unité
laquestion des relations, naturelles
question et examiner les critères
structuro-sémantique
.ou conventionnelles; qui unissent le
permettant l'élaboration d'une
'fondamentale de la langueservant
.mot et lachose désignée parlemot.
typologie catégorielle en yoruba,
à dénoter unobjer.une'action ou
considéré comme une langue
un état, une qualité, '1 tinerelation,
Les critères permettant
isolante el analytique.
un qualificatifdu procès ou de la
l"élaboration d 'une .typologie
qu alit é
et
ayant
'des
catégorielle, celleque l'on connaît
1. Méthodologie
caractéri st iques sémantiq Lies,
depuis l'antiquité sous le .norii
phonétiques et grammaticales
d'analyse-en partiesdu 'discours,
Letexte étantleproduit du
spécifiques pour chaquelangue.
.ne sont pas donnés pour toutes les
fonctionnement du système de la
langues.
. ,
langueet" la source de données sur
. Les unités à classer sontles
.L'on croyait pendant': un
le-caractère de' ce' 'système, un
mots. Cette prépo'sition est
certain temps trou ver dans ·Ies
texte intitulé »pipade awon abarni
évidente si l'on se souvient que
I<(':\\!, CAM ES - Série B, Vol. 005 N° 1-2.2003
231

":"- ;-~
. . .....
..,
......:;;,~~.:.:........:....,;.....:..:._-~....:,.;.;,~"---------
...Sciences. sociales et humaines
nousess~yorys,deIendr~ compte' r-", 1. 'forme grap'~i,~ut~sq~é'r1~alerpêhf.:' , '.fondàmeijtales~d~ nom,et aG verbe.
delaclassificationtraditionnelle.et
.
précédéeetsuivie d'un blancdans
Celles-ci sont définies dans une
or'·
.
" .
...~." ~.. .,1.:
• . " ". ~
non
pas
d'inventer
une
unte?,te~""·:···'..1,"~.": .. '''' :' .',
perspective fonctionnelle fondée
classification idéale, laquelle, bien
. ' , '''.) ,', ,'.. '. " ,;".' " /', \\' ,
sur la distinctionlogique du sujet
sûr, pourrait s'appliquer à,
L'~pp~nen'â'rlèe'desmots .. (ced<.?nt.onditdt:.q~elql:l!,~ll~~)
n'importe quelles 'unités. Les',~ "'aùxdifférentespartiei;di.rd~~c.<i~rs~" ... .et.du.prédicatice quiestditde
languesoù lathéorie a été inventée, "-'- du texte, est déterminée par la
quelque chose) ~Y:iht~ti.èu~;dela
le gre~ puis le latin, sont de celles
caractéristique
sémantico-
proposition. Les noms sont les
où la' notion de mot ,s'impose , " .fonctionnelledu rnot. A [asuite de . I,i
termes susceptibles de constituer
commeuneévidence.. Le mot grec . 1 .: Sérébrennikov-nous pouvonsdille. ,': un sujet; les-verbes sont-les termes
ou latin, avecsadésinence casuelle
que-les.parties du.discours sont,'
susceptibles d' êtrelesCo'~sti~ants
ou personnelle, porte en lui-inême.,; "définiesen premierlieu commedes"
" dli
predicat;
ces .d'erpiers
unemarque formelle de sa fonction
-classes sémantico-foctionnelles du
comprenant l'es adjectifs. Cette
dansla phrase, si bienqu'à propos
m o t : · · ': \\ '
.. distinctionqui.fondéà la fois la
de telles langues ladistinction entre
svntaxe et la logique: est reprise
les niveaux morphologique et
Le texte choisi dans le'
. p~r Aristote, quiajoute à ces deux
syntaxiquepeutrester implicite.Ce
cadre de la de la recherche, a été
.classes principales celle des
n'est pasun hasard silepoint faible,
. segmenté en dÙterenteS classesde. ',,'« conjonctions », qui comprend
de la théorie a toujours été
mOJS:"
.', .J'ensenibledeséiémentsautresque
constitué par lesmots non fléchis,.
Nom (315 mots soit
les noms et les verbes. De .plus,
groupés, malgré leur extrême
24,3% de tous lesmotsdu corpus) . ., Aristote retient la distinction des
diversité syntaxique, dans laclasse
Verbe (272 mots soit
genres gre~s (déjà perçue par
fourre-tout des«adverbes ». C'est
20,9%.)
Protagoras au V' siècle avant
à leur proposqu'une explication de
:Adjectif(75 mots soit
Jésus-Christ), relève la notion de
.i :
- '• •
l~ théoriepeut être la plus
. "
5,7ro.)
.;,.
temps comme caractéristique du
fructueuse.
Adverbe (78 motssoit
.verbe. et remarque (encore
tëtte
6,1 %.) .
confusément) les modifications
explication suppose la mise
Numéral (7 mots soit
casuelles. Dans ses définitions, il
envedette de lopérationde
0,5 %.).
: . " ,
reprend ladistinction du sujet et du
délimitation du' mot, 'opération-
Pronom (246 mots
prédicat, maisils'appuie en.outre
charnière
qui
découle
de
soit 1.8,2·%·)
sur la signification du motet insiste
considérations morphologiques et
,p;répositiqn (g8m<;>ts
sur son unité(en tant que notionX
sémantiques, maisaprès laquelle
soit 5,3 %.)
n'interviennent plus que des
- ,Conjonction{82 mots
_Les stoïci ens,pu is les
critèressyntaXiques.
soit 6,3 %.)
alexandrins poursuivent et
l '
Auxiliaire (L02"mots
complètent la classification des
,
Dans
les. langues
soit 7;8%.)
partiesdu discours,qui prend une
syllabiques comme -le chinois,
Particule (5Srnots soit
forme à peu près définitive vers le
l'éwé et leyoruba01) les frontières
4,2%.) .
11< siècle avant Jésus-Christ. Les
de. syllabe coïncident avec les
stoïciens définissent la classe de
frontières de morphème, on peut
l'article et distinguent le. nom
définir le mot comme l'unité
propre du nom commun, tandis que
d'analysegrammaticale ayant un
2. Rappel de définitions des
l'adjectif est considéré comme
sens doublé d'un complexe de
qrandes catéqories .
appartenantà la classe du nom.
,sons, segmentable
et non
"
J
.Cette différence de -répartition
segrnentab!e
en
éléments

.Selon Chauveau (,l9.7.7.):,
s'explique par l'attention que les
signifiants,
.pourvu d'une
c'est à Platon quel' onattribue la
stoïciens . -accorderu
aux
..autonomie..syntaxique et dont-la
reconnaissance des deux classes
corrélations' existant entre le
232
Re\\I. CAMES - Série B, Vol. OOS.N° 1~2. 2003

_ _ _ _ _ _ _......;,.........;,...
......;,...:....:.-
....:......:......:...
Sciences sociales ef humaines
temps, la personne, l'aspect, la
quiinfluencera lapensée médiévale;
. au cours du XVIIe siècle. La
voix et le verbe, d'une part, et le
bien .au-delà;·li'tradiiion des
Grammaire générale et raisonnée
genre, le nombre, le cas et le nom,
grarnrnaires rgénéralesvLes
de Port-Royal, publiée en 1660,
cl'autre part.Le critèrefonctionnel
scolastiques
cherchent
à.
est le témoignagele plusachevéde
(sujet - prédicat) relatif à la
déterminer ·les'« causes »,
ces nouvelles réflexions. Elle réaf-
distinction entrenomset verbesest
supposées' ûniverselleset
firme la conception selon laquelle
en conflit avec la déclinaison de
constantes, qui sont sous-jacentes
les langues diffèrent par accident,
l'adjectif qui se rapproche de celle
à cette classification en mettant en
maisnon en substance,et renforce
du nom. Les alexandrins formulent
correspondance les modes d'être
du même coup l'idée de l'univer-
ces corrélations dans' des
(du réel), lesmodesde signifier (des
salitédes parties du discours. Cel-
paradigmes de déclinaison et de
mots) et lesmodes decompréndre
les-ci sont définies à l'intérieur
conjugaison, destinésà illustrerla
(de l'intellect). La langue est
d'une théorie de la propositionqui
régularité . des
règles
de
conçue avant tout comme 'un
est un,point de départ aussi bien
construction des motsde la langue.
instrument de connaissance qui
pour la logique que pour la gram-
Ils aboutissent avec Denys de
permet de découvrir la« réalité
maire de Port-Royal. Trois élé-
Thrace (170 ..' 90 avant Jésus-
cachée» du monde. Les mots
ments sont considérés comme né-
Christ); auteur de la première
n'expriment pas directement
cessaires à toute proposition :
grammairerecouvrant l'ensemble
l' «être» des choses mais leur
« 1'un appelé sujet, qui est ce dont
des catégories grammaticales du
« manièred'être» en tant qu'elles
on affirme, [... ] l'autre appelé at-
grec, à la reconnaissance de huit
sont conçues par 'l'esprit humain.
tribut, quiest ce qu'on affirme, [... ]
parties 'd'u discours: l'article, le
Ces différentes « manières d'être
et, de plus, la liaison entre ces deux
nom,(nom commun, nom propre,
» sont exprimées dans la langueau
termes, quiest proprement l'action
adjectif), le pronom, le verbe, le
moyen de catégories linguistiques
de notre esprit qui affirme l' attri-
participe, l'adverbe, la préposition'
différentes, sources des parties du
but du sujet.»'
'.
et la conionction.
discours. La conception médiévale
D'une façongénérale, on
du langage, élaborée à partir du .
peut dire 'que le verbe se définit
Les Romainsadoptent les
latin scolastique; a pour effet de
comme étant toute unité passible
principes de classification des
confirmer les classes établies
de flexion qui entretientun rapport
partiesdu discoursétabliespar les
antérieurement, . de renforcer
morphologique étroit aveclespro-
GTecs en lesappliquant à lalangue
encore l'intérêt porté à la
noms personnels clitiques (à valeur
latine. Des grammairienstels que
signification desmots,au détriment
désinentielle pour certains, à fonc-
Varron (1 is - 27 avant Jésus -
de leur forme (matérielle), et de
tion subjectale pour d'autres) ; le
o
Christ), Donat (lye siècle après
dégager explicitement une théorie
verbe porte à la fois les marques
Jésus - Christ)et Priscien(Y - VIe
universaliste des parties
du
dû temps et celles dela personne
siècle après Jésus-Christ )
discours: toutes les langues
grammaticale.
transmèttront au Moyen Age des
doivent manifester les mêmes
grammaires qui serviront de
catégories, puisque celles-ci sont
Le nom se définit comme
modèle pendant des siècles pour
en accord avec les catégories
étant toute unité qui, potentielle-
les diverses langues modernes,
logiques; qui sont elles-mêmes
ment ou de fait, accepte qu'un dé-
sans modifier notablement des
universelles et immuables. Les
terminant quelconquel'actualise et
catégories grecques. Celles-ci
différencesentre les langues, dues
qui.estsusceptible de porter en soi'
forment une base à la réflexion
en particulier aux différences de
la marqued'un genreprédéterminé
scolastiquesur.le langage.
réalisation sonore des mots, sont
auquel se surajoute: selon lè cas,'
des différences d'ordre accidentel,
urie marque flexionnellede nom-
Plus que la classification elle-
maisnon substantiel.
bre.
même, qui n'est d'ailleurs pas
" , Les préoccupations théo-
L'adjectifsedéfinit comme
remise en cause, c'estplutôt la
riques relatives aux rapports entre
étanttoute unitépassible de flexion
conceptionaristotélicienne de
langage et pensée réapparaissent
engenre et,en nom~r~~ 'qui entre-
l'univers, dan:s laquelle elle s'inscrit,
Rev. CAMES" Série D, Vol. 005 N° 1-2. 2003
233

--:---:---'--"""'-----....,.....-'-------:---:---_-------_ Sciences sociales et humaines
tient un rapport de dépendance
phologique pour nous tourner vers
procès ou de la
nécessairevis-à-vis du nom mais
d' autres Critères devarit permettre
qualité.
Ex. ~:
n'est jamaisaccorripagné d'un dé:
l'élaboration d'une typologie ca-
biotilejepe, dada,
terminant.
tégo~elle.
nigbati...
. 5.
Le
numéral
En partant des critères
(0 Yro Y-iye) qui
Etymologiquement.I'ad-
sémantiques (leverbeexprimeune
designeou indique
verbe se définit comme un adjoint
action ou un état; ,le nom désigne
le nombre. Ex :
tout désigné du verbe essentielle-
une personne ou une chose ;
mejiY,
okan,
ment. Dansunelangue flexionnelle,
l'adjectif désigne une qualité) et'
ojilenirinwo...
il se reconnaît à son invariabilité,
fonctionnels ( le nom est
6.
Le
pronom
c'est-à-dire au faitqu'il ne subiten
constituant du sujet; lapréposition
(aropo-oruko)
aucune façon les incidences
est placée devant un groupe de
remplaèe le nom
d'autres termes qui l'entourent.
mots et indique certaines relations),
dans l'énoncéoù il
on distingue en yoruba dix (10)
3 . Problème d'application
ne
figure
pas
types de mots ou parties du
aux classesde mots yoruba
directement.
discours. Ce sont:
. Ex :temi, enikeni,
De toutes les façons, rien
1.
Le
nom
oun...
en yoruba, langue à morphologie
(0 Yro Y-oruko)
7.
La préposition
réduite n'est vraiment comparable
qui, désigne des
(asiwaju-oruko)
qui
à ce qui se passe dans une langue
êtres.
.(êtres
exprime les rapports
flexionnelle.
.:'-'..
proprement dits,
d'espace, de
.
choses, notions
temps, causal~té
Le yoruba est une langue.
abstraites) Ex':
entre
des
noms,
isolante, analytique. Tous lesmots
oko,
. isimi,
verbes et adjectifs.
sont invariables. Ils ne présentent
o k. u n r in,
Ex : fun, lati...
pasde paradigmes formels, ilssont
odomobinrin....
8.
La conjonction
dans de
nombreux cas -
2.
Le
verbe
(0 YroY- alasopo)
monomorphématiqueset leur sta-
(oYroY-is~)qui désigne
qui est la marque
tut grammaticalainsique leur ap-
des
états
ou
des
d'une
relation
partenance à une classe sont' en-
.procès(des actions.. :.
entre
deux
tièrement déterminés par les re1a-
considérées dans.
propositions. Ex :
tions syntaxiques qu'ils entretien-
l~ temps). Ex : lu, mo,
bi, nitori, wipe.
nèntavec lereste de laphrase ~
!1!anwu...
9.
L 'auxiliaire
laquelle ilsfigurent, sans qu'aucune
3.
( o Y r o Y -
L'a d j e c t i. (
de ces relations n'apparaissentfor-
iranlowo) qui aide
mellement dans leur propre struc-
(<?YroY-apejuwe)
le
verbe
à
ture.
. .
quidésigne .des
exprimer
une
qualitésattribuées
action ou un'état.
Il ressort de ce qui vierir
,l;êt~e."' ~u
à
Ex: ki, nba...
1 ~
:
'.
~..
d'êt~e'dit' que les définition~ des
détermine.
sa
10.
La particule (ele-
.
...'
, ~ .... .
'
grandes 'èatégories c' ~st=·à::dire
situation.
Ex:
oro) qui sert de
des parties du discours majeure-s
oniruru, aséséyo,
lia'ison ou
de
sont valables par exemple, en fran-
, didun....
composition. Ex :
çaispour les catégories de verbe,
4.
. ., .• ni, nko...
' 1 '
\\
• .
.:.: .
nom, adjectif et adverbe.
L'adverbe
. En ce qui concerneles lan-
(0 Yro Y-aponle)
':'lDans les langues indo-
gues à morphologie réduite, nous
qui"'
est
un.
européennes.et en yoruba, on peut
devons rertonc~"r au'critère ~o;-
qualificatif 'du
séparer.Ïes partie~ du discoursen
Rev. CAMES-Série,B, Vol. oos.rc: 1-2. 20Q:~

.,..
Sciences sociales et humaines
deux grandesclasses.i.lesparties
et particulièrement dans ce groupe
nérale de ne pas utiliserd'un bout
-dudiscours majeures etles parties
où les classes nominales ont
à l'autre des critères uniformes et
du discours mineures. Les
disparu ou se sont affaiblies".
'partant de confondre aisément dif-
premières comprennent les
Bernot (1971) pose le pro blème
férents niveaux d'analyse (. à sa-
éléments qui ont, à proprement
de l'épithète dans le birman, "une
voir sémantique, morphologique,
parler, un « sens» (renvoyant à
langue sans catégorie adjectivale ".
syntaxiqueet.logique). Ce mélange
des choses du réel) et constituant
·délibéré est d'autant plus gênant
la matière du discours : '~om~,
,
. Roggero ,(l983) trouve
'que I'on.nerisque. plus.à partir
verbes, adjectifs et adverbes. Les
que "Si l 'on considère- -(par
d'un tel mode.de classement, de
secondes, telles lapréposition ou
ailleurs) une entrée de dictionnaire,
savoirexactement: si .la riature
la conjonction, n'ont pas un sens
en se limitant au mot-adresse seul,
-d'une unité linguistique la prédis-
vraiment défini et ne font' que
rien ne distingue en anglais un nom
pose à telle ou telle fonction où si,
contribuer à la mise en forme du
d'un verbe, alors qu'en français et
inversement, une fonction particu-
discours, en établissant diverses
dans lès autres langues romaries,
lière impose à chaque élément des
relations entreles mots ou les
avec la marque propre de l'infinitif
traits spécifiques lui permettantde
groupes de mols (critères
la remplir.,
. ' ,~
<...';
la différence saute aùx yeux; à
fonctionnels).' ,
quelques exceptions près. "
Les résultats de nos
, . - .. : Martinet (1985) après
recherches sur la question, nous
avoir défini dans ses grandes lignes
font dire que l'on doit se baser sur
les caractéristiques' propres 'au
'les"critèressyntaxiques en matière
4. Analyse
verbe pour les langues le plus
de délimitation des classes
souvent décrites, ajoute que "ce
catégorielles dans les.langues non
Nous avons écrit supra,
seraitune grave erreur de poser a
flexionnelles comme le yoruba,
que l' on croyait pendant un cer-
priori qu'il existe des verbes dans
l'éwé, le birman, l'anglais ... Car
tain temps trouver dans les caté-
toutes leslangues." Le même auteur
la nature des unités linguistiques
gories latines et grecquesdes clas-
-se méfie visiblementdu terme partie
doitêtre perçue en tenant compte
ses typologiques répondant à une
de discours lorsqu'il écrit: "Nos
de leurs aptitudes fonctionnelles.
logique infailliblemais depuis que
classes de monèmes.peuvent
Autrement dit, lanature d'un signe
l'on s'est mis à décrire des langues
sembler s'identifier avec ce qu'on
linguistique doit dépendre des
autres qu'indo-européennes, les
appelle les" parties de discours"
aptitudes combinatoires qui lui
interrogations affiuent, qui vont
[... ]. Si nous écartons "partie de
confèrent une certaine valence
dans le sens de "Existe-t-il dans
discours" de notre vocabulaire
syntaxique.
telle langue telle catégorie de dis-
c'est surtout que nous désirons
cours 7"
marquer qu'il n'y.a pas de "parties
5:' CONCLUSION: .
de discours" qui préexistent de
Véronique (1983) écrit
toute éternité et sont valables pour
,: La classification des mots
"Existe- t-il une classe adjectivale
toute langue.
en parties du discours occupe urie
en mauricien? " ; Rakotozafy
place
importante
dans
la
(1985) formule des questions
, Sans prétendre reproduite
grammaire traditionnelle. Elle est
analogues: "Existe-t-ildesadjectifs
intégralement les Critiques jusqu'ici
née dans le prolongement de la
en malgache?" "Existe-t-il en
adressées aux différents paramè-
réflexion grecque.sur le langage.
malgache des adverbes à part
tres qui ont permis de fonder les
Plus philosophiqueque linguistique,
entière? " Calame - Griaule
cette- réflexion s'engage .avec
(1962) se' demande: "Peut-on
diverses parties dudiscours nous
Platon, Aristote et les stoïciens sur
affirmer qu'il existe un verbe en
jugeons bon de rappeler.l'essen-
.la question des relations naturelles
dogon? ", puis ajoute qu'von sait,
tiel des problèmes qui continuent
à
Ou conventionnelles.qui unissentle
en effet, que le problème se pose
secouer ce modèle typologique:
on lui reproche d'une manièregé-
mot et la chose désignée par le mot.
parfois dans les langues africaines,
Re\\'. CAMES' Serie B, Vol.·OOS N~J 2. 2003
'-235

_ _ _ _ _ _ _ _-"--
---,-
.--;
Sciences sociales et humaines
Au niveau le plus général,
, Dakar,
t-il une classe adjectivale en
celle-ci est dépendante de la
PP. 99 -Ju.
mauricien? ", in
Travaux 1 du
philosophie et de la logique
CL, AiX, Les parties du discours,
classique.
CHAUVEAU, G. 1977, La
publ. De l'Univ. de Provence, Aix-en-
Linguistique, Larousse, Paris, PP.
Provence, PP. 201 - 222.
En conclusion nous
137 - 148.
pouvons dire que la théorie des
ZUBKOVA, L.G. 1984, Les par-
parties du .discours est,une théorie
tes du discours dans l'interpréta-
universaliste: toutes les langues
tion
phonétique
et
manifestent les mêmes catégories
morphono 10gique, Université de
logiques qui. sont elles-mêmes
Russie, Moscou. '
universelles et .immuables. .Les
différences entre les langues, dues
en particulier aux différences de
ZWERNEMANN,. J. 1962,
GALAND, L.1964, « L'énoncé
"Remarques préliminaires sur le
structures des mots, sont des
verbal, en .berbère. Etude de
verbe
du
Kasam
et
différences d'ordre typologique,
fonction, In ÇFS 21, PP 33-59.
du nuna", inActes du 2 Colloque,
mais non substantiel.
Dakar, P. 192.
JESPERSEN, O.
1971, La
Il
existe. donc
non
philosophie de la grammaire (
seulement en yoruba mais dans
traduit de l'anglais par A ': M.
toutes les -langues, des critères
Léonard), Paris.
. '
permettant l'élaboration d'urie
typologie catégorielle.
MARTINET, A. 1985, Syntaxe
générale, A.' Colin, Coll. "U",
Références bibliographiques"
Paris" ~P. 105- 157 et ~171. , :
BARATIN,M. & DESBORDES,
PROST, A.1962, '1-e verbe dans
F. 1981, L'Analyse 'linguistique
les langues voltaïques", inActes du
dans l'Antiquité classique.'
. : .'
, 2~ .Colloque, Dakar, pP. 161 -
-1.81.
.' ,
Les théories, Klincksieck, Paris,
PP. 93 -110.
RAKOTOZAFY, M. N. 1984,
"LeSYO~en malgache, inTravaux
BERNOT, D. 1971, "L'épithète
2 du <2. L. ' ' ,
en birman: contribution à l'étude
" , .',
AIX,.Le Passif, Publ. De
des langues sans catégorie
l'Univ. de Provence, Aix-en-
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