Sciences sociales et humaines
SO'CRATE NARRATEÛR'ETDIÂLE'C,TICIEN (3) : UNCON~
FLIT MÉ,THODOLOGIQUE DANS LE PROTAGORAS·OE
.,ptÀT,ON', ' :. '
"
. .
-
..., - .' - ' '.
, Sidy'DIOP,
, "
"
Lettresclassiques
, '
Université Cheikh Anta Diopde.Dakar
',"
'Dakar-SENEGAL-,
Ré's~nié '
Abstract
La complicité de la relation de communication
The complicity ofthe relation ofcommunicaion.
'établie avec le narrataire permet au narrateur-
, set up with the narratee allows the "narrator
Socrate de révéler les enjeux du dialogue qui
, ' , S9cr~tes,to reveal the stakes within the dialogue
l'oppose à ses interlocuteurs du Protagoras.,
between the latter and his interlocuters of the
L'ironie miseenœuvresousses multiples fa-
Protagoras. The various facets orthe usee! irony
cettes reste 1'instrument par lequel 'Socrate '
remain theinstrument through which Socrates
prouve la supériorité méthodologique dll dis- '"
'provês thé methodological superiority of
cours philosophique soutenupar la dialectique
philosophical discourse sustained bydialectics ,-
surlarhétorique sophistique destinée à séduire
over try.e sophistic rhetorics aimed at seducti~ll '
par l'éclat du verbe,
'
outofbrilliant verb.
Moi;.dés : énonciation ; narrateur; narra-
tion
; dialogue; dialecticien ; ironie"; rhé-
Key-words .' statement; narrator; narration;
torique; soph}stiqi1è: " , - '
','
',' '
dialogue;' dialectician.;~irôny.' rhetorics;
, sophistics.
r '
"
r .
- --->.
INTRODUCTION
'
.'
çoive l'ironie dela descriptionélo-
rappol1 significatifqui existe entre
gieuse deProtagoraser.de ses,
l'énoncé de Socrate narrateur et
Socrate avance dans les dialogues
congénères. C'est avec le même.
celui d~ Socrate ]ocùteUl:,Le de-
-'
, ' ,
"
"
, l '
' , , ' ,
de Platontoujours couverrdu mas-
masque.ironique que Socrate:
gréd'intelligibilitéde ladialectique
que dé I~ ironie. L'examendes dia-
aborde son interlocuteur Protago-'.
de Socrate 1),' el) sera que plus
logues socratiques présèùtés sous
ras en-se plaçantdélibérément dans'
élevé parce qu'abordé sous LIn
forme derécit laisse découvrir un
l'humble position du disciple en
éclairage renouvelé.
'."
,.'
'
Socratehabile utilisateur des tech-
quête de savoir et de sagesse
niquescombinées de la narration
auprès du grand maître. Le philo-
Laprétention de Protagoras
et du dialoguepour mieux sejouer
sophe' fait croire au sophiste à la
L'ironiede Socrate, tendre
de son monde. Socrate crée un
supériorité de sa position pour
et fmalement convaincante lorsqu'if
double axe énonciatif qui rende
mieux découvrir les faiblesses de '
s'agit de'procéder à la maïeutique
compte de la dualité de sa relation
celui-ci avant de le tourner en dé-:
de disciples inexpérime lités et as-:
avec le narrataire d'une part, le ou
. rision. C'est là un style dialectique'
soiffés de savoir COn11l1e Hippo~'
les interlocuteurs d' autrepart. La
traditionnel dans les dialogues so-
crate, mais corrosif'etiérocelors-
composition du Protagoras entre
cratiques, lequel donne à 'Observer
qu' die étendses tentacules autour
dans ce cadre. Le narrateur fait
une variété de modalités énoncia-
dadversaires déclaréset sûrs de'
confiance 'à' I;intelligence du
tives. Notre présente recherche
leurs connaissances supérieures
narrataire pour que celùi-ciper-
s'attache j ùsternent-à mesurer le
cornrne Protagoras. 'se manifeste
Rev.CAMES - Série B, Vol. 005 N° .1.-2.2003
.
-
95
,"
.'
-
.

dans les parties narratives autant
sans savoir-qu'il est spq~i~ à;Ull., '~I
«qndrôn sophôn» aux sophistes
que dans les dialogues.'
'
doubleplanénoriciatif "
"~ >- ,,; " 'Hi'ppias et Prodicos mais enréa-
...
.: ,_ '. .. ,,~;
. '
, '..'~, '.";.
.'"
"
'"
,lit~setil~",Socrate et Protagoras
Dans sa relationavec Pro~ :
, 1 Platon, Proteqorss, 317 .d",
sont appelés à parler et à se faire
tagoras, Socrate, d'emblée, ac-
2 Dans un article précédent celui-ci et
entendre des autres, Que serait-ce
corde à celui-ci des concessions
procédant d'un même projet de
recherche.vnous avons analysé les
' donc à dire sur la qualification que
perfides qui enferreront le sophiste
rapports
dialectico-narratifs
de
l'humble Socrate s'attribuecomme
. dans ses certitudes. Il comprend
Socrate avec les autres principaux.
''':pers'onn'ages, "'du' 'Protagoras:
par mégarde (sophôn) ? On peut
.. que l'orgueilleux sophiste souhaite
« Socrate narrateur et dialécticien (2) : .
croire à un lapsus de narrateur si
paraderdevant ses rivaux présents,
le cadre énonciatifdans le Protagoras
. on écarte-la thèse de la désigna-
Hippias et 'Prodicos, 'et lui en
de Platon», Mélanges oiteris à -
Boubacar Ly, à. paraître aux Presses
tion de l'unique Protagoras par un
donne l'occasion: il propose alors
Universitaires de Dakar.
pluriel épique inhabituel ch~z Pla-
d'inviter Hippias et Prodicos à as- ,
.L'Anonyrr;e réfère au Hétaïros ano-
ton.
sister à l'entretien où Protagoras
nyme qui. ouvrant le .dialogue, est le
»>,
";
est censé démontrer sa capacité à
narrataire' dit universel à qui Socrate
Même slla urande assu-
raconte son .entretien avec Protaqo-
' . , . , ,
b
' , '
enseignerla vertu :
l,
ras, Quant à Hippocrate, c'est le jeune", ' ,ran~e de ses certitudes etalees.dans
"
ami 'de Socrate désireux de suivre les. ,
.
ses discours indique à souhait j' or-
.
- •
_.,

: .
l
~.
<
" . "
{
,
. '
t
_,
' .

.
.
« Aces mots, soupçon- .
'leçons' devertu de Protagoras; ce qL!1
guei lieuse suffisance de Protago- '
donne prétexte à Socrate pour aller
" ' . ;
., "
" ' .
',~'
.
' nant qu'il avait lè désir
interroger le maître sophiste afin de
ras et ,son caractei ~ 'plete,ntleux,
deparader devant Hip- .'
bien véritier ses compétences,
"
Socrate ne magq~l~ pa~ de relever
pias e( Prodicos el de
.. : Le na;ratew est tellement engagé dansle
finement ce t,rait à ~',~dresse de son
'leurfaire'admirer la cha-
'traitemèn't' ir on ique .qu ' il réser.ye à
.narrataire.quand l' occasion s'en
'leu;': du ,sentitilenl'(j'iii .. ,. "Pro,taiioras qu'il sel:nbl~ commettre ,UI~
'prés~nte.Non content d'exprimer
nO' I .'.'
avait
amenés .'.,.
..lapslIs dornruagcab!c a son hurn i l ité
.
. . .
'I~'·
id""
• ,
l'
ct'
C Il'
ct' al d 'Protagoras et
egen aire,
a las em l ea
" " , e.
.. n
.: termes a peine
. .
VOl es
,son
. , esu .
.auprès de .lui, Je lui.ré-
, à Sacrale :« Voulez-vous que nous tenions
:.de parader devant ses rIvaux, Pro- ,
pondis: - pourquoi n'in...
. séanc~. afin que VOliS pl~issiez pai'!ez
tagorasglissedans ses discours
d
assis? » / Boutes/he oun sunedrion
' '. ,.'
"
,
1
viterions-nouspas Pro i-
kata k ',,', '.
" • k II
'
des allusions assassmes, lesquel es
tatas .euasomen,
1170
0
tezome not
cos, et_H~ppias, ainsi que
dialegesthe .. (317.d,)
n'échappent point àla vigilance de'
leurs amis, cl notre entre-
La deuxième personne du pluriel
Socrate qui relève le fait et le corn-
';' :.' /i~n ? t l ,
« dialegesthe-» s'applique aussi
mente en tant que narrateur:
\\
" "
. . '
bien à Socrate qu'à Protagoras qui
Pour la deuxième fois dans ïePro-
sont les seuls locuteurs concèrnés
, « Alors ,que ceux-ct [les.
tagoras, l~ narrateur Socrate cOni-,'
par 1lentretien.qu! va suivre, Or le '
, t
jeunes] cherchent àfuir
1
niente et révèle 'à l'adresse de
narrateur Socrate, qui se .trouve
Z~s'sciences !l';JjJ techni-
l'Anonyme sesvéritables intentions
être un des locuteurs concernés,
ques, le.~' sophiste» les y
de 10~üteur2. En effet, vis-à-vis
commente en ces termes l'accep.:,
amènent de force, en
d'Hippocrate déjà, ilusa dumême ~
tation générale de la proposition de
le~~ enseignant le calcul.
procédé, confiant au .narrataire
Callias:
' , "
l 'astronomie., la geàmé-
qu'il voulaitetâter » Hippocrate
« La propositionfut acceptée ,- et-
. Irl~"..ï~i ;l;i;slqu~ ~ ;1 ~11
P,our vérifier ses motivations réel~.,
nous tout heureux d'entendre
disant ce:S,'1710ts il lançait
le~danssa volonté expriméede sui-
des hommes.si habiles, nous prî-
~,ncoup ~(~)!il vers Hip-
vrë:I~~leçons d'un sophiste. Au
mes à notre lourdes bancs et des.
pias -, tandis qu'auprès
seuil ,~~ son~~tr~ti~~avec Prot~~.
lits: »/Edokeichrênai .usmenoi
de moi sa seule étude
goras.Socrateréveille sa compli-
de, 'pant.eS.' -hêmeis,': h âs
"
portera s~li" ce qu'il y
cité ~ve~,son narrataITeavec'Ieqû~î
akousornenoLandrôn sophôn,
'vienl cherche',: » " .
.
.;
, , \\ . '
.~
il panage1e pla~<iialectlqu~ dOl~i
kai autoi.antilabomenoi tôn
ProtagoraS 'va'fâire l'objet. Ce fai~
bathrôn.
klinôn
L~ sophiste Hippi,as était
sant, l'inte~locuteursophiste est
kateskeuazomen. (317 d.)
c~:)1mu p<:mr ]'encyc.lopedisn1e de
jugé dans son caracterevaniteux
Une première lecture réfèrerait
son enseignement ; Socrate l'adéjà
ReY. CAMËS ~:Séri'e B;Vo1. àü5 N" '1-2. 2003·

présentédiscourant sur« la nature
.Parla répétition du même
; C'est là uneauire facette de l' iro-
et-les choses du ciel.n' .son dis-
verbe, (epid~ix.ai'fpidç.ixon) in-
, nie deSocrate.utiliséejusqu'àla
cours de conciliation entre Socrate
.vdicateur de I'jmportance de
caricature dans Hippias majeur :
et Protagoras sera une illustration
Yépidexis dans laméthode.rhéto-
par ce procédé, Socrate parvient'
de sa métliodel. La pique bien
rique de Protagoras; Socrate for-
à'confondre le sophiste Hippias
-sentie, de Protagoras en direction
. mule l'humble invite à laquelle le
dans.lescontradictions de sonpro-
d'Hippias est relevée par le narra-
grand sophisteaccèdevolontiers
pre discours sur la nature du beau.
teur' comme 'un .révé lateur
en termes paternalistes et .suffi-
.
~
-
' .
-
'connotatif du discours de Prota-
sants:
:.
~. '. ~ "
C'est encore avec l'anne
gorasqui, trop alourdi .de consi-
« Voulez-vous-que je
- dé la simulation que Socrate ac-
dérationspoléinistes inspirées par
vous . la
présente,
·cueille le mythe de Prométhée et
l'esprit de rivalité, 'en perd une
vieillard parlant à des
.' sa brillante interprétation quepro-
grandepart de sa crédibilité.Ainsi,
. jeunes, -sousLa forme
nonce Protagoras dansun dis-
, par un seul bout de phrase insérée
... , , 4 ' u n mythe.ou.sous celle
-cours-fleuve (32üd - 328 d)2.
sous forme de'proposition incise
. d 'un-discours. explica-
Socrate se dit pétrifié d'admiration
-t kai hama eis .to n ,Hippian
\\ - .tif?.»' ;- Humin hôs
devant l'éloquence du sophiste:
aneblepsen), le narrateur Socrate
. f... .
'.' .... J '.' .-
.' pnesbuteros neôterois,
.

r ,
.
sape les bases crédibles du dis-
'. ' muthon légôn epideixô ..
: " ...« Protagoras. 'après
cours de Protagoras,Le narrataire
,
. ' .
~. .' .
...,
..,
.
.avoir ainsi 'déployé toute
universel n'en est-que plus averti
J . ' .
,
.Après avoir.posé la seule
, .' - son élh~Jîle~~:e, c2,s'sâ de
des limitesdusophiste tèlles qu'el-
,,~l
t.'
'.,..
• .
i · ~ 1 .
' . '
ternati vequi "vaille pour une
'parler. 'Pour moi, .encore
les serontdévoilées au fil du dialo-
,bonne,démonstration, entre le dis-
'saû,\\'[e charme.]« restai
gue.
",;
cours qui explique et l~ mythe qui
'.: :
longtemps à. le' contem-
. , .: -~,. Lessimulations perfides de
illustre,Protagorasfinit par choisir
• " ,> /Jf(ù:espérÙ'~l'q~<i~ allait
Socrate. ':.'
, de.raconter un mythe, jugé plus
dire' encore quelque
, Elément important de sa
agréable'(chariesteron). Le choix
chose etavide de l'enten-
stratégiedialectique, l'ironie de
,Qe .Protagoras est révélateur du
'dre.»3 ..
Socrate repose sur son extraordi-
-.
degré d'estime dans lequel il tient
r,
naire capacité de simulation, La
, Socrate et par extension tous les
, L'irollieest ici implicitecar
formulation des énoncés, de So-
autres auditeurspuisque C;'est pour
Socrate ne motive pas ses ~érlta­
crateest dotée d'une vertu de dan-
ces-derniers, aussi, qu'il veut pa- .
bles intentions à l' adresse de son
, gereuse mise en confiance qui en-
· rader1 .En mêmetemps, l'humilité
n~ataire mais la mise e11'scène se
dort.lavigilance de l'interlocuteur
·feinte.de Socrate donne à celui-ci
manifeste très vite quelques lignes
dans le conf011 provisoirement in-
.lapossibilité. de piégerson auguste
pltis10ii1 quand l'interlocuteur tout
contesté de ses a priori..Sachant
interlocuteur qui nese rend pas
à l'heure admiratif de l'orateur
.quela notoriété de Protagoras re-
compte qu'il n'est placé .dans.la
émet une réserve apparemment
.jxisesur-le prestige de ses discours
position élevée du maître que pour
.. anodine sion lencrôit : «Une
épidictiques, Socrate le presse
être mieux contredit et confondu.
· idgè,iè drt/iciiÙe 111 'âl:rêlc CI!-
, dans, cette voie sans laisser douter
core ». 'Socrate introdui t Ici unedes
.une seulefois que c'est surcepoint
· pièces favorites de sapanoplie de
précis qu'ilva asseoirles bases de
." ."
Ijin)l11e, : l~ scrupule,cetteformede
sa réfutation : ~
1,318 e. Cf. MOREL Pierre-Marie,
, .réfutationportant-soi-disant sur un
. 1;
1
~_.
· «' Inirod~ctio~'» à Platon, Proieqores,
êlas~iques 'en'
point anodin à éclaircir mais se ré-
Si donc lu es en état de
Poche", Les Be!les
· Lettres; Paris, '1997, pp: 13-14.'
vélant aubout'ducontpte coi11111e
nous démontrer plus clai-
2 315~. .,' .. "
,':un importantpoint d'achoppement
rement que la vertu peut
3 337d - 338 b.
qui annihiletous lesraisonnements
s'enseigner. ne nous re-
• 4 320 c : E; ~ûn echeis enerqesteron
hêmin epideixai Ms didakton 'estis hê
précédents.
fuse pas cette démons-
aretê, më phronêsës, ail' epioeixon.
'. trat ion. »4 . > • '
Rev. CAMES r- Série Bi VoI.'OOS W F2.2003
97

..'Sciences sociales et humaines
----:......----,---------.,....,..-~~---:----;-.,.-~--:
.
.
Le scrupule de-Socrate, prétend-
sure du di~cotirs lui-même : rien
mais ne lui laisse aucune possibi-
il lui-même, consistejuste en ce
. quèbruit, finalementle dis~o~s de
lité de repli...
qu'il vient de se rendrecompte que
·Protagoras ne produira aUSSI que
sur ces sujets bien d'orateurs p,o-
du bruit (thoru'bos). ,
litiques tels
Dans son attirail de dialec-
Périclèsouun autre
ticien simulateursubtil ct ironique,
peuvent développer de brillants et
.' Comme un invariant, la
Socrate. use aussi de l'arme du
longs discours mais ils s' emmêle-
réaction de l'assistance est notée
« fantôme» ': à la place-d'un « je»
raientdans leursraisonnements dès
presque dans les 'mêmes termes
qu'on leur poserait une ou deux
réfutateur agressif: le locuteur So-
après une glose savante du poète
crate atténue la'tension d' une com-
questionsauxquelles il faudrait ré-
Simonide par Protagoras :
pondre de façon concise
munication franchement polémique
.etpré-
par la-création et la mise en scène
cise". En un mot, Socrate dit- à
:: ..... «Ces paroles excitèrent
.' d'interlocuteurs fictifsqui énonce-
Protagoras : les autres ne savent
'dans l'assistance une
..raient des objections
faire que de beaux discours, mais,
à Protagoras
. .
bruyante approbation et .
.et à Socrate lui-rnême.C'est-là un
toi, tu.peux discuter...
"
quant à moi,' comme si
,. .
autre procédé d'une.efficacitécon-
,., i 'avais ~eçu un coup de
, ."L'appréciationfOlmùlée
firrnée puisqu'il pousse Protagoras
. ,,' . ,) poing d'uri bon pugiliste,
par Socrate, s~ l' élofl':lence des
àreconnaître implicitement les er-
·>',',> 'je:ine sentis dans le pre-
hommes politiqtie~~?~pplique
.reurs de son raisonnement : « Je
mier moment tout enté-
. , aussi:'~directemerit; ,à Protago-
serais-obligé' cl'en convenir »2 ,
'.
,_"
v :
... v ,
'. ràs
":',',,' ..; -nébréet-prisde verti~e,
lui-même.quand, à la con-
Mêmesi cette confession forcée
ch~sio~
· : )/ . "au: 'milieu, de 1 I'enthou-
de son deuxième dis-
-ien coûte beaucoup à'l'orgueil' de
"
"'. siasmerqui lesavait ac-
.cours (3'34 a - c), le narrateur
Protagoras, la mise en scène yest
'.c.' .. ····'/::ue'illis..»·I' l ' ~'j . ->: .
note' la réa~ti~Î1 dès a~diteurs
pour quelque chose. Et c'est pour
j"~
. ,

.. ~' "
'J.
"
. '.
sédui'ts :il utliise 'le verbe
Protagoras le début de l' humilia-
èlneth'orubés~zn
'La sonorité péjorative de
(334 c). Le
. tion.
publ~c
.:la réactionest lillefois de plussou-
applaudit bruyamment
La leçon de diâlectique
lignéepar 'les-mots thorubon
conune on le ferait de la presta-
(pareschen kdi epainon) et (tôn
tion d'un acrobate, d'un musi-
Les talents militaires de Socrate
~iel~
allôn) epithorubêsan qUI rejoi-
ou d'un danseur. La récep-
sont historiquementconf rmés pal'
tio~
-gnentlevocabulaire utilisé précé-
superficielleme.nt bruyante
· sa participation à différentes carn-
demment (334 c). Derrière la flat-
du di~cours, arrêtée au niveau
pagnesmilitaires en quaI itéde sim-
.terie apparente.à laquelle lenarra-
des' sens, siège du pathos (op-
pIesoldat1
teur sembleselivrer, les mots choi-
• Si l'occasion s'en était
poséà la raison), se~ait à la me-
présentée, il aurai t très certai ne-
sis portertrune connotation néga-
· ment fait un excellentstratège car
. . .
. :
, tive qui annonce la réfutation pro-
c'est-ainsi qu'il se révèledans l'art
chaine de Soèrate."
.
" Le discours èpidictique peut prendre
de ladialectique. C'est uncom-
chez Protagoras la fo.rm~du mythe ou
battant'dela parole qui sait non
Pour en revenir:à l'énon-
de l'argumèntation (ct.' 324 c-d' et 328
; .
1
.:seulement amadouer son adver-
~).
ciation du scrupule socratique tel
Pour .un 'co~m~ntaire. de ;ce
, 'saire mais aussi moduler-leseffets
qu'il apparaît a~ passage 329.a, le
passage, cf. B~,1~90N ~u,c, « Le
'de~on' action et suspendre l'esto-
procédé subtilement injonc~l.fdu
mythe de Protagoras, Es~al d analyse.
cade au moment le pllis propice,
structurale», Quade'rm diCultute
discoursde Socrate'nelaisse.auclill
Même lorsque Protagoras, man-
classica,.20, 1.975, pp, 7~37et
choix'à Pr6tagor.is.~c'estun véri-
DESéLOSMarie~.~aur~nce, « Autour
·quaritde plus en plils confiaI:ce en
table défi,que le 'philosophe dia-
du Protagoras: Socratè'rnèdecin e,tla.
.lui-rnême, manifeste .des SIgnes
"figure de Prométhée, Ouedemid!
lecticienlance au sophiste oràtel~r,
d'impatience.Socrate se contente,
.stotie, 36, 1992,pp.195-140: .
..:
avec un tact obtenu grâce à l'usage
3328 d.
..
du scrupule socratique qui
4329 a-b.
'339.8.
,
n'agressê pas l'adversaire de front
2 331 a : Anagkê homologein.
Rev. CAMES .' Série B, Vol. 005 N° ,1' 2.2003
,
! .

Sciences societes. et·humaines
dansun premier temps, d'exprimer
communication.Ayant le triomphe
'bilitésubjectiveqù' il avait fotrnu-
une protestation de principe sur le
modeste 'dè~ant la déroute 'cl'ùil
Iéepour adopter une position à la
protocole de leur discussion. Gêné
maître sophiste obligéd'approu-
fois plus souple et porteuse de pro-
par la tournure 'de plus' en plus
ver « defort mauvaise g~lîce »3
fessiond'humanisme:
abrupte d'une conversation qui se .
lesobjections de' son modeste
« Il me suffi! que tu ré- .
renverse en sa défaveur, Protago-
réfutateur, Socrate réussit complè-
pondes. que cette opi-
ras veut servir des réponses par
tement à renverser le rapport de
.
"
. ,
..
nion d'ailleurs soit ou
trop evasivesqui n engageraient
paternalisme qùïprévâlait précé-
non la tienne, (,'(11' c'est 1(1
pas totalementsa responsabilité:
demment au début de l'entretien
. thèse que· j'examine
quandProtagoras préférait racon-
avant tout, mais il en ré-
.«Si tu le désires, admet-
tèrùn mythe au jeune Socrate au
"
suite peut-être que] 'exa-
tons que la justice soit sainte et
,lieu de luidévelopperimeargu-
J?line du même coup .et
la sainteté juste. »1 .
mentation :
. .
moi-même qui interroge
-, i •.
. et cel u ~ qu j' :merJ-
Contre cette fuite en avant,
.'« Allons.Lui dis-je, Pro-
" pond, »1
Socrate formule une protestation
.tagoras, ne-faiblissons pas:
.:
dont les termes mettent en place
poursuivonsnotre. examen. »4
.' .
les principes d'tine théorie de la
. -'..."
d~aL~d~ profession d'hu-
. '
J: \\
.....
. 1 _ , . _

.'
.
manisme, cet énoncé majeur mar-
,
,
.
, "
" ,
, . . , l '
" .
'
responsabilité subjective dans le
.•r,:: Dans lernot d'encourage-
q\\l~ I'expression.de 1;5déalphilo-
discours :.,
.'.'
ment de Socrate.ion.retiendra le
sophique de Socrate autant que sa
verbe: « 'diaskepsômetha ».op-
méth~d~ dialectique., ' '
. '« Ce n 'est paspourles
-.
..
./. ~
~
~
. .
posé al} «epideixon »queProta-
..
.,' 1."
,
"
formules «'si tu veux; si
•• '

f ~:
. '
1
~

• ' ' : .
goras utilisaitplus haut. f r ~
cela te plaît: queje'ré-
t'}'
-;
-
'Dé~~iienù~nt
et
clame' une démonstra-
....: .Le narrateur Socrate rap-
théâtralisation du conf] it méthode-
tion: c'est pour toi-et
pelle sa cornpl icité: avec ·Ie
logique
. pour 'moi ; sijemets tou-
narrataire universel (l'Anonyme)
.'<iours en avant til per-
S'il concède plus-de sou-
en révélant s'es'intentions tout en
plesse dans l'énonciation de l'in-
sonne et la mienne, c 'dt
justifiant' sa
silâtegie' de
~
' .
. '
.
1.
. .
que la me illeuremanière,
terrogatoire auquel il soumet Pro-
contournement dialectique :
~ ', 1
• ';
.
• '
à mon sens, d 'éprouver
tagoras, Socrate n'en renonce pas
moins à l'essentiel; à-savoir lajus-
notre raisonnement est
. d'en
éliminer
les
'(~Il n;épan;t que Pr~ta- .
tification de la prétention à ensei-
~'.
~
, ;
'1

.
J'
« st ». »:
gorascommençait (/ !.;ç:
gner la vertu. A la question de sa-
'rebiffer: qu 'ilsouffraitet .
voir si le bien (ia agath!,) et l'utile
Lapertinence'de cette ob-
.qüe ces questionsle met-
(ta ôphelimaï sont.liés'. Protago-
. . . taiént au sl..lpplice -; Le
ras improvise unelongue démons-
jectionde principe risquantdecoù-
pel" court à la discussion vu la re-
~ ,; "v,6ycin(dan:~ 'celtè'di5pO~
tration qui n'aboutit. malgré sa
". -:. sidon. je Fe ménagea! et
brillance formelle, il aucune
buffadeénervée de Protagoras,
COI1~
...... IYnterroied(dv~c'!dou-
clusion.consistantè (3"34 a.-'- c).
Socrate lâche du lest (332 a} Par
·,·,·ce'ur:'»; ' .s',:. ',., "....
Allanràcontre-courant de l'assis-
cesigne d' intelligence dialectique,
"
.tance qui ne finissait pas d'admi-
il renonce àson exigence de iigu-
'Dès l'instant qùè Protago-
. eur pour' ne pas interrompre 'la
.
.;' .... ~ '.
- . . -.'
.Tas ne fait plus preuve'de 'siiffisallc~
etqu' il est sur le point de surseoir
'331 c.
23:,31 C.,
. , "
1
Socrate'. fut de la campagne de
à la discussion par crainte de I;hu-
3 333 b : mal' ekontôs.
Potidée en 429, (Channlde:.l:: 153 a':'"
miliation d'une défaite, Socrate
·-333"b.
. -
,
dl. de Délion (Lachès 180.e et Benquet
adoucit l'exigence de laresponsa-
221 a'- b). Voir aussi Platon. Apologie
5 333 c.
de Socrate. 28 e.
Rev. CAMES - Sér ieB, VoLOOS N° 1-2.2003
99

rer bruyamment l'éloquence du
entièrement à Ménexène, voulant
Si donc. tu désires
sophiste (334 c), Socrate répond
prouver à celui-ci, dans le dialo-
m'entendre avec Prota-
avecUl~e ironiequilaissepercerme
gue du mêmenôm, qu'il était rela-
. garas, demande-lui de
pointed'irritation:
tivementfaci]e de débiter un dis-
· me répondre comme il
cours épidictique ou de circons-
· m :arépondu tout à
tance sur n'importe quel sujet.;f~l­
l 'heure, en peu de mots
.
« Protagoras, j'ai peu
lait-il simplementrnaîtriser les'te~h­
, et sans sécarter des
. de mémoire, etquand on
niques stéréotypées de composi-
questions posées. Sinon
me tient un long dis-
tion rhétorique.Dans Phèdre, le
, comment soutenir un en-
cours.] 'oublie de quoi on
mêmeSocrate fait l' éloge d~ roral
tretien?
Je
croyais
, me parle »",
opposé à l' ~crit~rèparce.que la
qu'une causerie entre
culture or;:l1~ sauvegarde l~s ver~
Ce dernier échange mar-
gens qui se réunissent et
tus de la mémoire contr~ire~~rit'à
que W1e évolutionimportantede la
un discours a u peuple
1<1 culture écrite qui les tue.'
relationde communication qui lie
étaient deux choses dis-
Socrate à Protagoras. En effet, le
L'exigence de brièveté
tinctes. »,
conflit méthodologique qui oppose
dans l'énonciation des idées pro-
les deux interlocuteurs était larvé
cède plus qu'autre chose de la pré- .
et laterÙjusqu'ici;' masqué qu'il
· L'opposition dialegesthai
occupation bien philosophique de
était parle vernis ironique. dont
/ dêmêgorein souligne la distance
serrer- le siïjer de discussion de
Socrate ornait la conversation de
près; sans' se -perdre dans le·dé-
qui sépare Socrate de Protagoras' .
millemanières. Commes'il nepou-
Leur divergence semble procéder
dale de considérationsdigressives
. vait plus enêtre autrerrieutet
d'une différencede position: pen-
dommageables à la fermeté de la
comme dans une courbe dramati-
dant que Socrate vise l'efficacité
réflexion. Somme toute; le même
queascendante quiatteintson som-
d'un échange, intellectuel entre
Protagoras ne se vante-t-il pas de
met, l'opposition sourde de SÇ>-
deux esprits soucieux d~ raisonne-
pouvoirenseignerl'art de bienpar-
crate et de Protagoras éclate, dé:-
ment logique, le second se place
Ieren bref comme en longueur"?
.
.
voilée en termes sans équivoque,
du point de vue politique de l' ora-
'A
~e " stade 'éI~' la
voirebrutaux.'
teur soucieux de convaincre par la
théâtralis~iibn de son dé~a~cord
puissance et l'éclat séducteurs de
avec Protagoras sur le protocole
l'éloquence.
de leur disèus~ion, l'habileté ~ar­
Socrate exige de Protago-
rative de Socrate consiste, pour
ras des répotises plus brèves
préserverune certaine bienséance,
(brachuteras apokrineis /334 e)
Quant cl l'intervention
à atténuer 1~ ~iolenc~ de la con-
pourme meilleureintelligibilité de
d'Alcibiade, c'est un véritable plai-
. frontati~n par l'utilisati~n de per-
ses idées. Il considère la brièveté
doyer pro-socratique qui permet
sonnages-écrans : Calli~s et A1ci-
de I'énonciation.commc.le signe
de dire que le personnage fonc-
biade, l~ prem'i~rprel1aritle parti
d'une vertu,lamanifestation d'une
tionne, ici:comme un révélateur du
de Protagoras, le second celui de
jeu énonciatif de Socrate. En ef-
~

.
l
.

J"
\\ '
sagesse profonde telle que la pra-
Socrate. A Callias qui le retient
fet, Alcibiadeformule en termes
l
. .
~
.
. "
tiquelesLacédémoniens dontilfait
lorsqu' iJ faitminede quitterla réu-
l'éloge (brachulogiatis lakonikê
explicites tout. c~ que Socrate,
~
~
.
'
nion et quidéfend le bien-fondéde
/343 c). Le prétexte qu"il évoque
comme narrateur tout comme 10-
-
.'
.
: ". ::.....
"
. .'
la position de Protagoras, Socrate
ne relève qued-un reste dumode
cuteur, ne pouvaitdire SUl:. lui-
peut dévoiler sans fard les raisons
même sans se voir
ironique adopté jusqu'à ce stade
accusé 'de van-
de
du dialogue. Caron saitpar ailleurs
~~n()bj~~ti~~·:., ..:. i'.,. r,"
tardise: Enoncés ~an~ î~.~ei·l1is sub~
que Socrate était capable de mé-
jectifde l'ironie socratique, lespro-
moriser tout un.très long discours
1 333 c.
'.
pos d' Alcibiadeconstituent.un réel
'
!
.
~ •
commel' élogefunèbre qu' il'enten-
défi dialectique lancé à Protago-
2 ~34 é! ..
"
~~.'. ~
ras·(336c -'li) : Socrate concède
dit auprès de la maîtresse d' élo-
3334 d.
. (
.
quence Aspasie et qu'il restitue
4335 c.
100
Rev; c::-0MES - Série B, VoL 005 W 1-2.2003

Sciences sociales et humaines '
volontiers à Protagoras sa supé-
« Tout le monde fut
la dialectique finit par être réduite
riorité dans l'art de construire de
d'avis de procéder ainsi;
en une clause de style. Ainsi, c'est
longs discours (makrologoi)'mais
. Protagoras, bien malgré
comme si, après avoir dénué Pro-
pour cequi est du dialogue, ilnele
lui (p alin men o uk
tagoras de ses propres armes,
concède à personne ; donc 's(Pro:-
: "
êthelen), se vit forcé de
Socrate s'empare de celles-cipour
tagoras se dérobe clans éè do-
.consentir· à
poser
achever son adversairequi n'a plus
maine., il n'a qu'à.le ciire~ ~( quant
.d'abord lesquestions, et
d'autre moyen qLIe de reconnaître
à la mémoire de Socrate, je [ta~
.' ensuite, quand il aurait
et d'avouer sa défaite:
rantis qu'elle est excellente, .et
. suffisamment. interrogé,
« Tu veux, Socrate; Ji/-
que c'estpure plaisanterie qu~nd
.....à répondre brièvement
il, [aire étalage deta vic-
ifs? dit oublieux »'. La.mise au
pour s'expliquer. », ,
toire (pltilonikein] en
point 4' Alcibiade, trop franche
A partir de cet instant.Je
m'obligeant LI répondre
, pour que le très humble Socrate le
rapport dialectique a complète-
moï-même. Eh bien, Je te
prenn~ en charge,'présente J'ines-
ment changé au point de s'inver-
ferai ce plaisir, elie dé-
timableavantage de poser, de fa-
ser de façon irrémédiable. Le dia-
clare que celer me paraît
çon crue, les termes d'un conflit
lecticienSocrate a réussi,dans une
insoutenable après tout
désormais ouvert etsans merci,à
évolution'progressive, à fairepren-
ce que nous venons de
l'issue duquel il y aura forcément
dre conscienèe à Protagoras de
connaitre, ».'. ,
un gagnant et tin perdant.
l'inanité de sesprétentions au point
.
Le Socrate de cette der-
que celui-ci ne 'voulait plus pour-
nière
,
partie dl! Protagoras res-
suivre la discussion. L'intérêt de la
.
La position défendue par
semble fort peu à celui des parties
suite du dialogue souffrira de la
Protagoras est appuyée sur une
antérieures, à tel point que semble
défaire précoce du sophiste car
argumentation dont le sophisme
se profiler dans le dialogue la.su-
Socrate en oubliera lui-même les
laisse éclater 'le caractère spé-
perposition platonicienne de deux
principes quil'avaientguidéjusqu'à
cieux: d'abord la notion de briè-
visages socratiques. Le premier
la victoire. Nous touchons ici à un
vetéest relative en rhétorique; telle
Socrate, plus fidèle à la figure his-
point délicat de la critique de la
réponse brève pour l'un semblera
torique du personnage s'oppose
méthode dialectique de Socrate
longue à l'autre, ce qui réduirait
au second qui affiche une figure
tellequ'elle estdécrite et appliquée
l'exigence de Socrate dansle strict
idéalisée du maître de Platon. Ce
dans le Protagoras de Platon .
.domaine de l'appréciation sùbjec-
deuxième Socrate si magistralet si
tivé ; ensuite si, en matière d'éris-
Alors qu'il avait refusé à
peu ressemblant. au premier, dé-
tique,il avaitpris l'habitudede lais-
Protagoras la possibilité d'étaler
gage une image conventionnelle
ser à l'adversaire le choix de ses
son éloquence en d'amples déve-
dont le philosophe de L'Académie
propresarmes rhétoriques,jamais,
loppements rhétoriques, Socrate
utilisel'autorité pour vulgariserses
lui, Protagoras, n'aurait la renom-
ne se privepas d'lm long commen-
propres idées: c'est le Socrate
mée qui est la sienne. Le défi d'Al-
tairede la poésie de Simonide(342
des dialoguescie vieiliesse qui s' an-
cibiade(en réalité écran énonciatif
a - 347 a) visiblement fait pour ri-
nonce dans la dernière partie du
de Socrate)conjugué aux interven-
valiser d'éloquence érudite avec
Protagoras.
tions conciliantes d'Hippias et de
Protagoras. Puis il confortera ses
Prodicos, a eu raison des réticen-
thèses en un discours magistral où
1338 a.
ces frileuses ( ?) de Protagoras;
2360 e.
car après que Socrate eut proposé
que ce fût Protagoras qui interro-
MOREL
Pierre-Marie,
accord avec autrui et avec soi-même,
geât d 'abord, l~parrateur no,t~~_~:'
« 1ntrodudion ».. _ note à la page 17 :
Le
discours
bref,
qui
favorise
l'alternance
des
questions
et
nement :
.\\ ,,
« 1. La réciprocité. Par opposition à
l'avantage rhétorique et à l'autorité que
réponses, associe l'interfocuteur
'335b.'
recherche le sophiste, la mise à
d'une tout autre manière que la,
l'épreuve [la peirastique socratique]
technique sophistique des discours,
2 Parmi
les critères d~'dé'm~~éàtiô~
, concerne également celui qui la
, longs. »
de l'enseignement' de 'sci2'rate par
provoque. 2. Le dialogue comme
rapport à la pédagog ie sophistigue,
3 336 d.
Rev. CAMES'-'Série Bj Vol.-OOS Wl-2;'2003
10 f~

.CONCLUSION: .
que notre discours même, en ar-
thée, 'Quaderni di. storia, '36,
' -
.
,
," , ..~
rivant à sa conclusion, devient
1992, pp."105-140.
' , '
.
'.
notre accusateur et se moque
Le Socrate de Platon, ce-
DIO~'Siay,« Socrate narrateur et
de nous'. » Aussi Socrateutilise-
lui des dialogues de jeunesse en
dialecticien (2)": le cadre énoncia-
t-il-I'instrurrient discursif pour
particulier, s'appuie sur les res-
tifdansle Protagorasdé Platon»,
prouveraux sophistes lavanitéde
sourcesde la narrationetde la dia-
. Mélaniê,~·o.Dert,~: à Bouhe/car Ly,
leursprétentionsintellectuelles et
lectique pour opposer sa méthode
à'paraître auxPresses Universit~i~
pédagogiques. Enfin de compte,
discursive
TeS
à la rhétoriqueéclatante
de Dakar. .
le Protagoras est une réflexion
. des sophistes. Le récit et le dialo-
MOREL 'Pierre-Marie, « Intro-
,
philosophique sur le pouvoir du
gue s'avèrent des techniques ap-
duction » à Platon, Fm/agoras,
discours, \\'-,
propriées au projet de vulgarisa-
Classiques en Poche, Les Belles
tionde l'enseignementplatonicien
SidyDIOP"
Lettres, Paris, i997, pp. 13:-'14..
! ;
,
. .
.
- puisqu'il est prouvé que Platon
. 'IUBL!OGRÀpmÉ'"
PLATON,. Protagoras, texte éta-
,1
' .

a conçu ses œuvres écrites dans
bli e1 traduitpar AlfredCROISET,
uneperspective de vulgarisation, le
Paris, Les Belles Lettres, Collee-
savoir ésotérique qu'il réservait à
BiüsS'oN Ll;C, .« Le'mythe de
tion.des Universités cie France,
. .
"
"
.
ses disciples étant dispensé dans
Protagoras. Essai'd' analyse
1984 (9C tirage), repris dans la
un enseignement de type oral' .
structurale », Q'Jaderni di
collectionClassiques Cil poche en

. . ·
'
. . '
.
'
Le discours (logos) selon
Cùltura dassica;20, 1975, pp.
1997.
Socrateestune forcesuffisamment
7-37. '
.
RICHARD Marie-Dominique,
autonome pour imposer sa loi; sa
'DESCLOS Maiie-La'urencè;'
'L 'Enseignemenroral de Platon
logique à tout homme qui préten-
«.Autour du Protagoras : S~cr~t.e
Une "nouvelle interprétation du
drait le dévoyer de sa vocation
médecin et lafigure tIe Ptomé~.
platonisme, éd. Du Cerf,' Paris,
philosophique: « Or il me semble
1986,413 p.
' .
. , .
..
.:" '
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.
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C . · '
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. .. ~ .~.
. . " .
1 'Voir RlèHARO' Marie-Dominique,
'.
'1 '.:-
L'EnsÉiignementoralde Platon,'éd. Du
; ..;
-', Vl·.~ IL '.1" ! .
Cerf, Paris, 1~86, 113 p.
i
-. " . " , '
-. ~. '~~In_"~;'~'! ~~ "'_""
'.~ ,
..: . t~.-·
:
:
( . ' ·ô.
2 361 a : Kai moi dokei l1êmôn hé alti
.
':'
' . '
l
ex odos tôn logôn hôsper anthrôpos
~ • j.
. ,
,
.:..,
katégorfJi~ te 'kai katagelan. .
102
RëV: CAMES .: Série B, Vol. 005 N° 1-2.2003