DES ESClAlES, DE L'HUILE DE PAlME Er DU COTON:
LES ErAPES DE lA MONDlAllSlnONIU BENIN
SOTINDJO SEBASTIEN DOSSA
Université Nationale du Bénin
b I r:H~ 1
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Mots clés
Key words
mondial isation, étape, esc laves, palm ier à hui le, coton,
globalisation, stage, slaves, palm ail, cotton, Bénin, Europe,
espace béninois, Europe, Amérique.
America
INTRODUCTION
La première étape est marquée
ciples of ward politis, France
par le capitalisme mercantile des
Press, New York, 1972) a déjà
L'économie mondiale a connu
XVlè, XVllè et XVIIlè siècles où
utilis é, en 1972, le terme de
de profondes mutations mesura-
les échanges commerciaux forte-
«mond ialisation» pour décrire la
bles à travers trois étapes Je son
ment internation alisés portaient
volonté des Européens de cette
évolution depuis le XVlè siècle
surtout sur les matières premiè-
époque de se rendre maîtres des
jusqu'au XXè siècle,
res. George Modelski (dans Prin-
terres étrangères et de les intégrer

Sciences sociales el humaines
_
dans un système unique d'échan-
glo-saxons, au milieu des années
diterranée orientale après la prise
ges commerciaux mondiaux.
1980, cette nouvelle avancée de
de Constantinople en 1453, L'Eu-
Les deux Révolutions indus-
l'économie mondiale représente la
rope voulut commercer avec les
trielles du XIXè siècle en Europe,
dernière étape d'une longue évo-
pays d'Orient et d'Extrême-Orient
deuxième étape, ont modifié la
lution amorcée par le capitalisme
appelés les «Indes» . Elle y par-
structure économique capitaliste
depuis le XYlè siècle . En ce sens,
vint grâce aux progrès techniques
et instauré à l'échelle mondiale la
certains auteurs ont raison de dire
et nautiques (imprimerie, bousso-
division internationale du travail.
que le terme mondialisation est
le, astrolabe, caravelle avec gou-
L'Occident, devenu l'usine et la
un nouveau concept qui désigne
vernail) qui autorisèrent les grands
banque du monde fournit au mar-
une réalité ancienne. La présente
voyages maritimes du XYè au
ché international des produits fi-
communication se propose d'étu-
XYllè siècles. Les immenses ter-
nis ou manufacturés alors que les
dier la réponse/offre donnée par
res découvertes furent conquises ,
pays d'Afrique, d'Asie et de
le
Danhorn è/Dahorney/Bénirr' à
exploitées, partagées d'abord en-
l'Amérique latine, restés à l'abri
la demande internationale à cha-
tre le Portugal et l'Espagne, puis
des deux révolutions, se spéciali-
cune de ces trois étapes de l'éco-
entre d'autres puissances colonia-
sent dans la vente des matières
nornie-monde". A chaque étape,
les européennes (Hollande, An-
premières et l'achat des produits
nous préciserons les caractéristi-
gleterre, France) dont les domai-
usinés provenant des pays indus-
ques du commerce international
nes coloniaux Outre-Mer ne ces-
trialisés. Pendant cette deuxième
et son expression au niveau de
saient de s'étendre sur tous les
étape, la concentration grandis-
l'espace béninois à travers les
mers et continents depuis la dé-
sante des moyens de production
produits échangés, les acteurs du
couverte de l'Amérique en 1492
débouche sur la formation de mo-
jeu et les enjeux en présence.
jusqu'à la guerre anglo-boers de
nopoles, sur l'impérialisme et la
1890.
multinationalisation de l'appareil
1. INTERNATIONALISA-
Le premier partage du monde
productif et des échanges com-
TION DES ECHANGES ET
par le traité de Tordésillas en
merciaux.
ANCIENS
ROY AUMES DE
1494 faisait de l'Afrique, de
Enfin, les deux dernières dé-
L'ESPACE BENINOIS
l'Asie et du Brésil le domaine
cennies du XXè siècle et te début
colonial portugais tandis que le
du XXlè siècle opèrent une au-
A.
AVENEMENT
DU
MAR-
centre et le sud de l'Amérique
tre restructuration de l'économie
CHE INTERNATIONAL
relevaient de ,l'hégémonie espa-
mondiale. En effet, la dématéria-
gnole. Remis en cause dès le
lisation de l'économie dont l'ex-
Pour contourner les intermé-
XYllè siècle par les autres puis-
pression est la tertiarisation du
diaires turcs installés dans la Mé-
sances, (Hollande, Angleterre,
système économique et la pous-
France), le partage du monde,
sée de la finance internationale se
concept qui connaît plus de succès que le
reflet du rapport des forces entre
premier ( globalisaiion)
conjugue avec l'effondrement des
les compétiteurs, tourna à l'avan-
3.
Chacun de ces noms symbolise à la fois
idéologies symbolisé par la chute
une période historique el une phase de
tage des plus puissants à la fin du
du mur de Berlin (9 et 10 novem-
l'économie-monde. Danhomé est le nom
XIXè siècle. L'Angleterre se re-
bre 1989) pour induire une dyna-
d'un des plus illustres royaumes de
trouvait à la tête d'un domaine
l'espace béninois à l'époque pré-coloniale
mique qui pousse à «l'ouverture
et qui a participé à la traite n égrière.
colonial s'étendant sur tous les
des frontières économiques et à
Dahomey, nom porté par l'actuel espace
continents suivie de la France, la
béninois, pendant la période coloniale et
la déréglementation» afin de per-
Belgique, les Pays-Bas, le Por-
après l'indépendance ( 1894-1975) corres-
mettre aux «activités économi-
pond à la multinationalisation des échan-
tugal, l'Espagne auxquels s'ajou-
ques capitalistes d'étendre leur
ges commerciaux .
tent vers la fin du XIXè siècle
Bénin, nouveau nom du pays à partir de
champ d'action à J'ensemble de la
1975 correspond à la troisi ème étape de
l'Allemagne, l'Italie, les Etats-
planète»'. Qualifiée de «globali-
l'évolution du capitalisme mondial, c'est-
Unis et le Japon.
sationr' par les économistes an-
à-dire l'étape de la mondialisation.
En 1914, l'Europe possédait
4.
En utilisant l'expression «économie-mon-
sur les 135 mil-lions de km2 de
de», Fernand Braudel dans Civilisation
matérielle, économie et
capitalisme ;
terres émergées, 70 millions dont
1.
Jean Luc FERRANDERY, Le point sur la
xru .xvnusiècle, Armand Colin, 1986,
60 millions hors de ses propres
mondialisation, PUF, 1999, 3é édition, p.
se r éfère, à la suite de Georges Modelski
frontières (J-A Lesourd et CI.
3.
(1972) à la dimension d'expansion géo-
graphique du capitalisme marchand dans
Gérard,
1992 : 17-20). Entre
2.
Le terme français choisi pour traduire la
le monde.
«glo balisation» est la mondialisation,
.,
l'Europe et ces colonies d'Outre-
130
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales el humaines
mer s'établirent des échanges
B.
ANCIENS ROYAUMES DU
Hogbonou à la suite d'une crise
commerciaux dont la nature et
BENIN ACTUEL ET COM-
dynastique survenue à Allada
l'intensité varièrent à travers les
MERCE INTERNATIONAL
vers 1600.
siècles en fonction de l'évolution
Quant à la partie septentrio-
de l'économie européenne. On
1. Les anciens royaumes en
nale du Bénin, un mouvement
distingue dans cette internationa-
question
migratoire parti de Boussa (Ni-
lisation du commerce deux pha-
geria) aboutit à la fondation du
ses :
Le Dahomey devenu Bénin
Nikki par Sunon Séro ( Cornevin,
(30 novembre 1975) est une créa-
1962, p. 5 8) probablement entre
la phase des échanges de ma-
tion artificiel le de la France colo-
le Xlè et le XYlè siècle. De Nikki
tières premières (dont la traite
nialiste après sa victoire militaire
dépendaient les autres «cités» de
négrière) du XYlè à la fin du
sur de nombreuses entités poli-
Parakou, Kandi, Banikoara,Birni
XYlIlè siècles dans le cadre
tiques vaincues et intégrées dans
et Kouandé fondées à des dates
du capitalisme mercantile régi
un territoire aux frontières fantai-
encore difficiles à préciser. Tou-
par le nationalisme économi-
sistes parce que séparant arbitrai-
tefois ZAKARI Dramani Issifou"
que des monarch ies;
rement des peuples unis par des
s'inspirant des sources arabes
la phase du commerce des
liens séculaires de sang et d'his-
pense qu'au XYè et XYlè siècles
produits manufacturés issus
toire commune.
les cités-marchés comme Djou-
des deux révolutions indus-
Jusqu'en 1894 (22 juin), date
gou,
Nikki,
Parakou, Boussa
trielles (1780-1970), phase ca-
de la proclamation de la colonie
existaient déjà et représentaient
ractérisée par le libre- échan-
française du Dahomey, l'actuel
des étapes importantes (caravan-
gisme et la division interna-
espace béninois, une vieille terre
sérails) sur les pistes caravanières
tionale du travail.
de peuplement ancien, était au
reliant les régions de la moyenne
XYlè siècle au moins habitée,
Volta (actuel Ghana) à celles de
Les interactions entre l'ex-
dans sa partie méridionale (de la
Kano et du Bornou (Lac Tchad)
pansion coloniale et le dévelop-
côte jusqu'à 150 ou 200km de la
pour about ir sur les côtes de
pement en Europe expliquent
mer) par des populations ajatado
l'océan indien à l'Est.
en grande partie les mutations
(Aja, Evé- Watchi , Houla, Houé-
Du côté de l'Atacora, une suc-
intervenues aux pôles de ce
da, Aïzo, Fon , Goun , etc .) qui
cession de courants migratoires
commerce avec d'un côté (Oc-
avaient constitué des entités ter-
venus
à différentes
époques
cident) l'édification d'une éco-
ritoriales d'inégale importance le
(XIYè-XYlè-XYlè siècles) du
nomie puissante et dominante et
long du littoral et dans l'arrière-
Togo, de l'actuel Burkina Faso et
de l'aut re la mise en dépen-
pays.
du Niger a permis le peuplement
dance économique de la ma-
Au XYlè siècle, la partie mé-
de cette partie du Bénin actuel
jeure partie des territoires con-
ridionale de l'espace béninois,
par des éléments d'origine Berba,
quis.
composé d'un cordon littoral
Yoabou, Gourrnantché, Djerma,
Au cours de la phase du ca-
(limité à l'ouest par Aného et à
Dendi...
pitalisme mercantile, la deman -
l'est par Gbadagry) et d'un arrière
Au total, à la fin du XY ou
de pressante en main-d'œuvre
pays (s'étendant sur 150 à 200
XYlè siècle, les différents acteurs
pour les travaux de mines et les
km des lagunes côtières vers l'in-
de la vie politique et économique
plantations du Nouveau monde
térieur des terres) abritait les
du territoire de l'actuel Bénin
poussa les nations européennes
royaumes d'Allada, de Sahé, les
étaient déjà en place.
à privilégier le commerce des
vil les côtières de Houlagan , de
Les monarchies centralisées
esclaves dans leurs relations
Gléhoué", de Jèkin et d'Ekpè . II
du
Sud
avaient participé au
avec l'Afrique à partir de la
faut attendre la première moitié .
commerce maritime international
deuxième moitié du XYlè siè-
du XYllè et du XYlllè s iècles
tandis que le septentrion préci-
cle.
pour voir émerger respectivement
sément le Borgou inséré dans le
Les anciens royaumes de
les royaumes d'Agbomè et de
commerce caravanier transafri-
l'actuel espace béninois part ici-
pèrent au commerce triangu-
5.
La même local ité ou ville est appel ée
6 .
Zakari Dram am-Issifou «Ro ules de com -
laire qui était une composante
Gléhoué par les autochtones, Whydah par
merce et mise en place des populat ions du
les Anglais, Ouidah par les Français, Fida
Nord du Bénin actuel» in Sol, la Parole,
importante du commerce mon-
par les Hollandais , Juda ou Ajuda par les
l'Ecrit, Mélanges el hommages à Ray-
dial.
Portugais 6.
mond Mauny, Paris 1981, pp. 655-672
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001
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Sciences sociales et humaines
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cain échangeait par marchands
commerce des
esclaves . Ces
réussirent à maintenir une grande
Wangara interposés, avec la côte
comptoirs ou forts appartenaient
forteresse construite à l'Ouest de
atlantique au Sud Ouest via la
à des compagnies à charte cons-
Ouidah au début du XYlIè siècle
moyenne vallée de la Volta dans
tituées dans
les nations euro-
et qui sera transformée à la fin de
la région du Gonja en pays
péennes, animatrices de la traite
la traite des esclaves, en une fac-
Ashanti'..
négrière. Elles étaient chargées
torerie d'huile de palme par les
Les lignes qui suivent présen-
d'effectuer les différentes transac-
frères Régis. Cette rivalité entre
tent une composante du commer-
tions aux trois étapes du circuit
les forts ou comptoirs traduisait
ce maritime international, la trai-
triangulaire et de défendre sur
la volonté des nations européen-
te négrière atlantique effectuée
place les intérêts de leur pays.
nes de s'assurer le monopole de
sur le littoral du Bénin actuel en
Celles qui firent le commerce sur
la traite dans une région déter-
direction de l'Amérique.
la côte du golfe de Guinée éta-
minée.
blirent toutes leur siège sur la
Les pays de l'Europe du Nord
2. Acteurs du jeu et moyens
côte de l'or ( depuis Axim jusqu'à
(Prusse, Suède, Danemark), con-
d'action
Accra) et n'étendirent leurs acti-
trairement à leurs voisins de l'Eu-
vités à la côte du Golfe du Bénin,
rope occidentale, ne s'intéres-
Les Portugais furent les pre-
bientôt baptisée côte des Escla-
saient que tardivement au com-
miers à prendre contact avec l'ai-
ves, que seulement au cours de la
merce de Guinée et orientèrent
re ajatado sur la côte du golfe de
deuxième moitié du XYllè siècle.
leurs activités vers la côte de l'or.
Guinée dont le tronçon situé à
En effet ce qui préoccupait le
Seuls les Danois implantèrent un
l'Est du Mono jusqu'à Gbadagry
commerce européen jusqu'au dé-
fort à Ouidah (quartier Sogbadji)
était dominé, au cours de la
but du XYIIè siècle était princi-
qui ne dura pas longtemps. Por-
deuxième moitié du XYlè siècle,
palement l'or et les épices dont le
tugais et Espagnols, les premiers
par le royaume d'Allada. Après
golfe du Bénin était dépourvu.
à bénéficier de la traite négriè-
les Portugais, les Français et
Parmi la multitude de compa-
re au XYlè siècle, supplantés
Anglais firent leur apparition.
gnies à charte, à durée de vie plus
au XYllè siècle par les Anglais,
Au cours de la deuxième moitié
ou moi ns longue sur la côte gui-
les Hollandais et les Français,
du XYlè siècle, le commerce
néenne, il faut mentionner la
se contentèrent soit du commer-
avec les Européens était spora-
Compagnie Hollandaise des In-
ce interlope (Portugal jusqu'au
dique et de faible volume . Il
des occidentales, fondée en J621,
XYlllè siècle) ou de vendre à
portait sur J'ivoire, les pagnes de
qui installa une dizaine de comp-
d'autres nations le «droit» d'im-
coton de fabrication locale, l'hui-
toirs ou forts suri e 1ittora 1 entre
porter dans les ports espagnols
le de palme, des vivres pour le
Kéta et Gbadagri ; la Royal Afri-
d'Amérique, les esclaves noirs.
ravitaillement des navires euro-
can Company anglaise, née en
Ce «droit» d'importation appelé
péens et sur des esclaves en nom-
1672 sur les cendres de la défunte
asiento fut accordé successive-
bre réduit. Les étoffes locales et
Company of Royal Adventurers,
ment au Portugal, à la France et à
une partie des esclaves étaient re-
érigea six comptoirs entre Petit-
l'Angleterre.
vendus sur la côte de l'or (actuel
Popo et Ekpè (dont Grand-Popo,
En Afrique, donc dans l'es-
Ghana) contre le métal précieux .
Ouidah, Jakin, Offra) et la com-
pace béninois, la traite avait l'ap-
La demande internationale en es-
pagnie des 1ndes occidentales,
pui des couches dirigeantes: rois,
claves devenant forte au XYllè
créée en France en 1664 par
chefs locaux et marchands de
siècle, Hollandais, Anglais, Fran-
Colbert, et qui eut plus de chance
l'Ouest africain, pourquoi?
çais et Portugais allaient construi-
sur notre côte que sur la côte de
La pratique ancienne de l'es-
re sur autorisation des souverains
l'or d'où
les Français furent
clavage de case (vente d'esclaves
locaux, des comptoirs, des loges
chassés par la concurrence viru-
à des fins domestiques) et la tra-
ou des forts sur nos côtes à
lente des Hollandais . Chez nous,
dition guerrière des monarchies
Grand-Pope, Ouidah, Jakin ou
poursuivis par la guerre commer-
disposant d'un nombre important
ièlç:in, Offra, Ekpè et plus tard
ciale hollandaise, les négociants
de prisonniers de guerre à la fin
(XYIHè siècle) à Sèmè pour le
français abandonnèrent successi-
des campagnes militaires cons-
vement leurs postes à Off-ra, à
tituaient des conditions favora-
Grand-Popo (comptoir incendié
bles à la demande internationale
7.
R. LAW and P. LOVEJOY , «Borgou in
the atlantic slave trade» , African Eco-
par les Houla à l'instigation sem-
en main d'œuvre servile. Ainsi
nomie His/OI)' 27 (1999) : 69
b1e-t-il des
Hollandais) mais
tout au long de la période allant
132
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_ Sciences sociales el humaines
du XYlè au XIXè siècles, les
court des Danois et des Brande-
tre : Curtin l'évalue à 9 500 000
Africains s'orientèrent vers les
bourgeois dans la même ville.
(Curtin, 1976, pp. 595-606) ;
guerres inter-étatiques pour l'ac-
Cette présence plurielle des na-
INOKlRI l'estime à 15 400 000
quisition d'esclaves de traite.
tions européennes aux différents
(Inokiri, 1977, pp. 339-368). A
Comme ailleurs en Afrique, les
points de vente traduit aussi
l'échelle locale, Manning avance
moyens uti 1isés à Aliada, Sahé,
l'importance de l'espace béninois
le chiffre de 1 344 100 représen-
Nikki, Agbomé ou à Hogbonou
en Afrique dans le trafic des
tant le nombre d'esclaves dépor-
pour capturer des hommes des-
Noirs . A l'échelle du continent
tés de la côte orientale des escla-
tinés aux négriers furent le rapt,
africain, la côte de Guinée était la
ves entre Mono et Wémè) entre
le kidnapping, les razzias et les
partie où la traite restait la plus
1641 et 1800. Cette estimation
guerres.
active mise à part la côte de
ajoute au total supposé de la côte
Les rois exerçaient un con-
Loango et d'Angola". Des sec-
de l'actuel Bénin Gléhoué, Off-
trôle rigoureux à défaut d'un mo-
teurs concernés sur cette côte (la
ra, Jakin, Ekpè et Sèmè) celui
nopole" sur le commerce des es-
côte de l'or, le royaume de Juda,
d'une partie du rivage nigérian
claves dans leur royaume. L'im-
le Béni dans le Nigeria actuel),
(Appah et Gbadagry) et ne prend
plantation des comptoirs ou forts
Ouidah à son apogée au cours du
pas en compte la traite fraudu-
sur le territoire était subordonnée
premier quart du XYlIIè siècle
leuse qui a duré encore un demi-
à leur accord. L'ouverture de la
«devint de loin le plus important
siècle (1800-1850) sur la côte
traite par le crieur publ ic était au-
port négrier de la côte de Guinée
danhoméenne (après l'extension
torisée par eux. Les transactions
avec près de 18000 captifs expor-
du royaume d'Agbomè jusqu'à la
se faisaient sous la supervision
tés annuellement» (GAYEBOR,
côte) Il. Situé dans la traite Atlan-
d'un représentant (aidé de ses
1985, p. 784). Avec Ouidah, c'est
tique s'étendant du Sénégal à
conseillers) de la couronne royale
toute la côte orientale des escla-
Angola (estimée à 6543700 cap-
qui assurait la police des lieux et
ves (entre le Mono et le Wémè)
tifs), le Sud-Bénin actuel a une
percevait pour le compte du roi
comprenant les comptoirs ou
part léonine dans les 25% du
les taxes" chez les négociants eu-
forts d'Offra, Jakin, Ekpè, Appah
volume total (6 543 700) attribué
ropéens et les vendeurs indivi-
et Gbadagry qui était considéré
par le professeur GAYIBOR (thè-
duels. Les rivalités commerciales
comme l'c épicentre de la traite
se d'Etat, 1985, p. 747) à la trai-
entre les négociants européens
négrière » sur le golfe de Guinée
te ajatado (espace s'étendant
poussaient les souverains à im-
de la fin du XYlIè siècle jusqu'à
de Kéta à Gbadagry). Ces deux
poser un code de conduite à res-
la moitié du XIXeme siècle.
estimations (Manning, Gayibor)
pecter (sous peine de sanctions
nous autorisent à dire que le Sud
sévères) par les partenaires étran-
3. Produits d'échanges et en-
du Bénin actuel a été l'un des
gers. Pour éviter de tomber sous
jeux
plus grands pourvoyeurs d'escla-
la coupe d'une seule nation, les
ves en Afrique.
rois diversifiaient leurs partenai-
L'importance de cette côte
En
échange des
esclaves,
res commerciaux. Généralement
orientale des esclaves dans le tra-
quels produits les navires né-
trois à quatre loges ou forts de
fic pose la question du nombre
griers européens débarquaient-ils
différentes nationalités opéraient
total des captifs déportés de ce
sur nos côtes? de la pacotille en
dans la même localité. A Ouidah,
tronçon du rivage Atlantique vers
grande partie!
la France, l'Angleterre, les Pro-
l'Amérique durant toute la pério-
Des marchandises qui
n'a-
vi-ices-Unies (Hollande), le Por-
de de la traite négrière (1641-
vaient de valeur que parce qu'in-
tugai avaient leurs comptoirs sans
1850). Il est aujourd'hui difficile
connues jusque-là des popula-
compter le séjour relativement
de donner une réponse précise et
tions africaines: des armes à feu
catégorique à cette question car-
(monopole des monarchies en
dinale aussi bien à l'échelle afri-
place), des métaux et articles mé-
8.
GA Y!BOR pense que malgré les affir-
caine que locale. Pour l'ensemble
talliques (fer, plomb, en barres de
rru. .ions de nombreux auteurs (Polanyi ,
Akinj/),,',," ' ) le commerce des esclaves
de la traite Atlantique les estima-
lingots ou en pièces fabriquées -
n'a jarn. u s e te lin rnonopote royal sur la
tions varient d'un auteur à l'au-
côte des esclaves.
Il. Depuis la conquête d'Allada (1724), de
9.
Les taxes sur les navires négriers, appe-
Savi (1727-1744) et de Ouidah (1729) par
lées coutumes étaient généralement com-
10. M'BOW , KI-ZERBO et DEVISSE (sous
Agbornè, le Danhornè partage tout le sud
posées des droits d'ancrage, de séjour et
dir . De), La traite négrière, Histoire 4é,
de l'espace béninois compris entre les
d'ouverture de la traite.
Hatier, 1975, p, 7.
fleuves Coufo el Wérnè
Rev, CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2UU1
133

Sciences sociales el humaines
_
bassines, plats, ustensiles), des
(cité par GAYIBOR, p. 742) com-
morale n'a eu d'écho favorable
«Guinéaiileries» (cauris, cadenas,
pare la traite à un jeu du hasard
auprès des gouvernements euro-
sonnettes, mi roi rs, pi pes, cha-
(loterie) où des nombreux joueurs
péens qu'avec l'avènement de la
peaux ...), des alcools frelatés, des
attirés par l'appât du gain facile,
révolution industrielle qui subs-
textiles (cotonnades peintes, soie-
certains réussissaient à édifier de
titua la machine agricole à l'es-
ries, velours, 'damas et satins ra-
solides fortunes alors que d'autres
clave et posa de nouvelles exi-
yés aux couleurs vives) et le ta-
terminaient l'aventure dans la mi-
gences : recherche de matières
bac du Brésil très prisé sur nos
sère.
prem ières et de débouchés pour
côtes bien qu'il soit un tabac de
Ainsi à part les risques liés à
la production mécanisée. Dans ce
3è qualité interdit de vente en
toute entreprise, le commerce des
sens, les premiers pays à abolir
Occident.
Les échanges étaient
esclaves était exceptionnellement
l'esclavage furent les premiers
monétarisés sur la côte avec
rentable pour les négriers.
touchés par la révolution indus-
différents étalons de référence:
Quant aux rois et à leurs
trielle.
cauri, or, barre de fer ou esclave.
dignitaires-collaborateurs, les dif-
L'Angleterre, berceau de la
Un système monétaire com-
férents taxes et impôts perçus
révolution industrielle abolit la
plexe appuyé sur un système de
durent renflouer les caisses du
traite en 1807 ; la Convention
numération permettait d'établir
trône; les «objets de luxe» dont
française supprima ce commerce
une correspondance de prix entre
ils avaient le monopole d'achat
dès 1794 puis il fut rétabli par
le coût d'un esclave et sa valeur
(velours, damas, satins, pipes,
Napoléon Bonaparte qui ne l'in-
en cauris ou en monnaies euro-
tabac de Brésil...) contribuèrent à
terdit réellement dans les Antilles
péennes (shilling, sterling an-
renforcer leur prestige mais l'ar-
françaises qu'en 1848. Des pays
glais, livre tournois français ...)
gent de la traite n'a pas permis à
moins développés comme le Por-
Sans rentrer dans les détails.rsi-
Allada,·Sahè, N ikki, Agbornè,
tugal, le Brésil. et l'île de Cuba et
gnalons que beaucoup de voya-
Hogbonou de bâtir des châteaux
qui avaient besoin de la main-
geurs européens avaient admiré
et des palais identiques à ceux
d'œuvre servile, animèrent avec
l'habileté et la rapidité des Noirs
qui ont poussé comme des cham-
certains
secteurs de
la Côte
à effectuer leur comptage.
pignons dans des villes négrières
africaine (Mozambique, Angola,
Le coût d'un captif a évolué
comme Nantes en France ou
Ouidah, Sèmè, Lagos) la traite
dans le temps et d'un endroit à
Bahia au Brésil. D'ailleurs la va-
négrière clandestine combattue
l'autre. A Ouidah, entre 1670 et
leur dérisoire des produits d'im-
durant toute la première moitié
1680, le prix d'une «pièce d'Inde»
portation ne pouvait permettre à
du XIXè siècle par l'Angleterre et
ou d'un «bois d'ébène» (ainsi était
nos rois de faire de tels investis-
la France. Mais en 1850, le gou-
nommé un esclave en parfait état
sements.
vernement
brésilien
prit
lui-
de santé et bien baraqué) valait
même des mesures antiesclava-
trois livres sterling soit un peu
C.
EVOLUTION ET IMPACT
gistes pour empêcher l'Angleterre
plus de 3 8 000 cauris, montant
DU COMMERCE DES ES-
de continuer à gêner son com-
qui s'éleva jusqu'à 176 000 cauris
CLAVES
merce extérieur. Aux Etats-Unis,
en 1774 avant de s'infléchir en
la guerre de sécession (1861-
1780 à cause de la campagne
1. La machine agricole et non
1865) s'acheva par la victoire du
antiesclavagiste. Sur le profit que
le philanthrope
Nord abolitionniste sur le Sud.
réalisait un négrier entre les côtes
esclavagiste.
Abraham Lincoln,
africaine et américaine, les ré-
A la fin du XYIllè et au début
président des Etats-Unis (1860-
ponses varient d'un auteur à l'au-
du XIXè siècle, l'évolution des
1865), en interdisant aux chan-
tre.
idées en Europe et la révolution
tiers navals de construire des
Certains situent le taux de
industrielle ébranlèrent les fonde-
vaisseaux négriers, paralysa la
profit entre 10 et 25% par esclave
ments de la traite négrière.
traite cubaine.
(R. Renault et S. Dajet, 1980) et
Le mouvement abolitionniste
Les débouchés du trafic né-
d'autres pensent que ces béné-
redoubla d'intensité avec la cam-
grier s'amenuisaient.
Les sour-
fices atteignent ISO voire 200%
pagne antiesclavagiste menée par
ces de ravitai Ilement tarissaient
(R. L. Stein, 1979). Comme pour
les philanthropes anglais Wilber-
aussi à cause de l'efficacité des
départager les deux positions, un
force, Sharpe, Macauley et clark-
croisières britanniques chargées
grand abolitionniste de la fin du
son. Mais ce combat mené contre
d'arraisonner les navires négriers
XYIIIè siècle, Thomas Clarkson
la traite négrière au nom de la
en mer.
134
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001

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Sciences sociales el humaines
2. Un impact inégal et pluriel
été monnayé en avantag es com-
partie méridionale de l'espace bé-
merciaux accordés par ce roi aux
ninoi s de nouveaux métiers :
Quel a été l'impact de la traite
Hollandais en signe de recon-
maçonn eri e, menuiserie-ébénis-
négrière sur l'Europe, l'Amérique
naissance. Par ailleurs , le négo-
terie, pâtiss er ie, blanchissage et
et l'Afrique ? Globalement les
ciant brésilien, Francisco Félix de
couture qui contribuèrent aux
deux premiers continents se sont
Souza contribua au succès du
mutations socioéconomiques en-
enrichi s au détriment du troi-
coup d'Etat de 1818 qui a détrôné
registrées dans cett e partie du
sième. En effet, l'Amérique a été
le roi Adandozan (1797-1818 ) en
futur Dahomey bien avant la
mise en valeur et la traite né-
faveur de Ghézo (1818-1858) qui
colonisation .
grière a consolidé l'accumulation
le nomma au poste de Yovo-
Sur le plan culturel , l'impact
primitive de capitaux ayant servi
gan " à Ouidah en récompense
de la culture brésilienne sur nos
au financement de la révolution
des services rendus. A l'échelle
côtes (Agoué, Grand-Popo, Oui-
industrielle européenne du XIXè
sous-régionale, les lutte s hégé-
dah, Porto-Novo, Lagos) à tra-
siècle. En revanche, en Afrique,
moniques pour le contrôle du
vers l'architecture, la religion, les
la ponction démographique faite
commerce sur la côte du Golfe de
langues et l'art culinaire a été
par la traite négrière et les guer-
Bénin avaient conduit à l'assu-
aussi profond que la diffusion du
res nombreuses et incessantes in-
jettissement par Oyo du royaume
culte Vaudoun dans les Arné-
duites par elle ont paralysé les
d'Allada puis de son vainqueur,
riques tropicales (Brésil, twti,
forces productives en Afrique
Agbomè de la fin du XVllè siècle
Cuba, Guadeloupe, ... Bolivie, ... ).
noire, détruit la sécurité et la
au premier quart du XIXè siècle.
De la rencontre des deux civi-
prospérité ayant caractérisé le
Au plan social, les guerres sé-
lisations est né un groupe social
continent du Mè jusqu'au XVlè
culaires menées par les monar-
fait de métis et d'Afro-brésiliens
siècles et fragilisée celui-ci qui
chies à la fois pour agrandir le
ayant participé à la traite comme
n'a pas pu opposer une résistance
territoire de leur royaume et
des interprètes, des espions, des
victorieuse à la colonisation euro-
acquérir des prisonniers de guerre
courtiers. Beaucoup d'Afro-brési-
péenne du XIXè siècle finissant.
à vendre , ces guerres dont seule
liens avaient participé à la traite
Depuis la traite transatlantique ou
la rage de vaincre explique la
frauduleuse au XIXè siècle et au
arabe, l'Afrique a perdu l'initia-
cruauté des moyens utilisé s ont
commerce des produit s du pal-
tive historique et se comptait à la
laissé dans la société même d'au-
mier à huile. Acculturé s, ils ont
traîne du dynamisme de l'Occi-
jourd'hui des fractures dont les
été les agents propagateur s de la
dent. Mais de façon plus spéci-
séquelles continuent de gêner la
culture portugaise dans les villes
fique, comment se mesurent les
nécessaire intégration intercom-
négrière s comme Agoué, Grand-
retombées de la traite dans nos
munautaire au projet collectif de
Popo, Ouidah, Porto-No vo qui se
régions ?
la Nation béninoise à édifier.
révélèren t, par la suite , être des
Sur le plan politique, la traite
Au plan économique, l'agri-
milieux les plus ouverts aux idées
négrière s'était déroulée dans un
culture de chez nous (et ailleurs
nouvelles,
contexte d'intenses rivalités entre
en Afrique aussi) s'est enrichie de
les nations européennes pour le
nouvelles plantes d'origine amé-
2. DE LA TRAITE NEGRIE-
monopole ou le contrôle du com-
ricaine au cours du XVll è siè-
RE
A U COMMERCE DES
merce dans une région. Pour la
cIe: mais tendre, manioc, tomate,
PRODUITS DU PALMIER A
défense de leurs intérêts commer-
gombo lisse, pois d'angol, des
HUILE
ciaux, les Européens n'hésitaient
fruits comme la banane et l'oran-
pas à s'ingérer dans la vie interne
ge. De plus, les esclaves affran-
A.
NOUVELLE CONJONCTU-
de nos royaumes et à exploiter
chis et retournés s'installer à
RE INTERNATIONALE
habilement les dissensions au
Agoué, Ouidah et Porto-Novo,
sein des famiiles princières. Par
ont introduit également dans la
Après l'Angleterre, berceau
exemple, les Hollandais avaient
de la révolution , d'autre s nations
soutenu la tendance qui a conduit
(Belgique, France, Suisse, Etats-
12. Yèvogan ou Yovogan , littéralement, c he f
à l'intron isation du jeune prince
des Blancs était le représentant du roi à
Unis, Hollande, Allemagne ) s'in-
Houfon à Sahè en 1708 contre
Ouidah chargé de gé re r les intérêt s e t le s
dustrialisèrent entre 1820 et 1850
celle qui préconisait une régence
rapports entre étrangers et aut ocht one s el
et étaient confrontées à de nou-
de conduire à Abomey les Euro pée ns qui
à cause du jeune âge (14ans) de
avaient reçu l'autori sation de ren cont rer le
velles exigences recherche de ma-
cet héritier du trône. Ce soutien a
ro i.
tières premières et de débouchés
Rev, CAMES - Sé rie B, vo l. 03 - W 002, 200 1
135

Sciences sociales el humaines - -- - - - - -- - - - - - - - - - -- - - - - -- -- - - - - --
pour soutenir le vigoureux es-
la recherche de sources de ravi-
B.
GHEZO ET EMERGENCE
sor des industries métropolitai-
taillement en matières premières
DES
PLANTATIONS
DE
nes. Les relations économiques
et de débouchés pour les besoins
PALMlERS A HUILE (1841-
entre les puissances industrielles
de l'industrie.
1858)
impérialistes et les pays d'outre-
Ainsi, à la suite de la traite
mer (Amérique latine Afrique,
négrière, l'Europe allait deman-
Avec la fin de la traite né-
Asie) s'amplifièrent avec le déve-
der à l'Afrique et aux autres pays
grière, l'Afrique devenait un im-
loppement des moyens de trans-
d'outre-mer des matières premiè-
mense débouché pour les pro-
port et de la communication.
res agricoles, énergétiques et mi-
duits manufacturés et un fournis-
Le triomphe de la vapeur sur
nérales contre les produits finis
seur de produits bruts de base à
le voile (1838-1880), la réduction
dans le cadre d'une division inter-
l'Europe. Les produits de l'actuel
de la durée des voyages par le
nationale du travai1.
Bénin méridional répondant à la
percement des canaux (Suez en
Les relations commerciales
demande internationale en oléa-
1869, Kiel en 1895 et Panama en
Europe-Afrique inscrites d'abord
gineux étaient l'huile de palme et
1914) et la baisse sensible des
dans un cadre politique d'indé-
les amandes de palme ou pal-
frais de transport, en assurant aux
pendance (1807-1870) ne tardè-
mistes . En effet, l'Europe indus-
voyages maritimes régularité, fa-
rent pas à déboucher sur le par-
trialisée de la première moitié du
cilité de manœuvres et rapidité,
tage colonial, au cours du dernier
Xl Xè siècle avait de grands be-
consacrèrent la navigation à va-
quart du Xl X è siècle, de l'Afri-
soins en huiles végétales pour ses
peur comme le moyen de trans-
que pour l'exploitation directe de
savonneries, stéarineries et mar-
port privilégié pour relier l'Eu-
ses richesses naturelles par l'Eu-
garineries à la suite du recul de la
rope au monde colonial d'outre-
rope impérialiste.
chasse à la baleine et de la baisse
mer.
Deux périodes se dégagent
du suif (graisse de ruminants)
Le Chemin de fer (1825-
donc de cette étape du capita-
pend ant 1a guerre de Cri mée
1850), la vapeur et le télégraphe
lisme industriel qui s'exprime en
( 1854-1856).
(1838) relayé par les câbles sous-
Afrique, donc dans l'espace béni-
marins accélèrent la circulation
nois par le passage de la traite
1. Des conditions favorables
des biens, des personnes et des
négrière à celui des produits bruts
à l'essor du commerce de
idées et permettaient désormais
de base (1850-1870) dans un ca-
l'huile de palme
aux nations européennes de gou-
dre d'indépendance politique et à
verner de vastes empires, de dé-
partir de 1870-1880 par la mise
Le palmier à huile est une
placer rapidement un matériel
en
dépendance
de
l'Afrique/
plante oléagineuse qui pousse
considérable (arti llerie lourde, fu-
Dahomey pour un contrôle direct
naturellement sur toute la côte du
sil à tir rapide capable d'inter-
de l'exploitation économique des
golfe de Guinée . Au Danhom é"
venir sur toutes les côtes) et de
colonies.
comme sur la côte, l'huile de
dominer ainsi Je monde.
Cette deuxième sous-période
palme entrait dans l'alimentation
L'Angleterre, première puis-
se prolonge même au delà des
et servait à l'éclairage. Ceci ex-
sance navale et première nation
indépendances de 1960 car la fin
plique l'existence d'un commerce
commerçante jusqu'à la Grande
de l'expansion coloniale a revi-
interne d'huile de palme dans le
Guerre (1914-18) fut remplacée à
goré l'exportation de capitaux
cadre d'une «économie de subsis-
la tête de l'économie-monde par
européens pour la mise en valeur
tance ouverte ». Du produit ali-
les Etats-Unis et le Japon (comp-
des colonies, l'équipement des
mentaire, l'huile de palme allait
te non tenu de l'URSS à écono-
territoires d'Outre-Mer et les
devenir, sur la demande du mar-
mie socialiste) depuis les années
«aides » de toutes sortes nécessai-
ché international , un produit in-
1920 sans affaiblir le renforce-
res à l'équilibre budgétaire et au
dustriel tourné vers l'exportation.
ment économique progressif de
développement des jeunes Etats
Ghézo (1 818-1858) comprit que
l'Europe Occidentale.
indépendants.
l'avenir de la traite devenait in-
Pour tout ce monde de pays
L'expansion coloniale et l'ex-
certain et prit des mesures éner-
industrialisés (Occident, Etats-
tension financière, quelle que soit
Unis, Japon) , le triomphe du ma-
la différence de forme et de du-
13. Depuis la conquête d'Allada (1724 J, de
chinisme au cours des deux ver-
rée, poursuivent la même visée
Savi
(1727-1744 ) et
de
Ouidah , le
Danhorn è parta ge avec Hoghonou tout le
sants du 3UXè siècle imposait de
de réalisation de profits subs-
s ud de l'e space bén inoi s co mpris en tre
nouveaux défis à relever à travers
tantiels dans T'outre-mer.
Coufo et W érn é.
136
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001

_ _ _ __ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ __ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales el humaines
giques pour encourager le déve-
traite négrière et du commerce
José Domingos Martins, aucun
loppement de la culture du pal-
intérieur pour son développe-
autre commerçant n'était autorisé
mier à huile. Le palmier, déclaré
ment. Les comptoirs furent trans-
à s'installer à Agbomè. Le roi
plante fétiche, son abattage de-
formés en factoreries et les mar-
percevait les taxes sur toutes les
vint un sacrilège passible de du-
chés devinrent des lieux de col-
marchandises à l'entrée des villes
res sanctions. L'ordre formel fut
lecte pour les négociants autoch-
ainsi que les droits d'importation
donné de soigner les palmiers, de
tones dans leur rôle d'intermé-
et d'ancrage sur les navires. Il
les débarrasser de plantes parasi-
diaires entre les producteurs et
bénéficia aussi d'un traitement de
tes. Par contre, il est recommandé
les maisons de commerce euro-
faveur dans les transactions avec
d'abattre les arbres de karité pour
péennes installées à Ouidah, Ag-
les négociants européens. Le roi
éviter la concurrence de l'huile de
bomè-calavi, Godomè, Kotonou
prélevait également un impôt en
karité. En même temps, le roi fit
et Porto-Novo. Les maisons fran-
nature sur toutes les ventes effec-
développer de vastes domaines
çaises dominaient en nombre et
tuées par ses sujets. Cet impôt
de palmiers à huile. Les immen-
en influence sur toute la côte du
indirect appelé Kouzou équiva-
ses palmeraies de Djidja, d'Ag-
golfe du Bénin. Trois maisons
lait à la dix-huitième partie de la
blo, de Fadoton, étaient de véri-
marseillaises se détachaient du
quantité vendue. La perception
tables villages de cultures avec, à
lot par l'importance de leurs ac-
du Kouzou se faisait sur les mar-
leur tête, des responsables nom-
tivités. La maison Régis comptait
chés locaux et régionaux, à l'en-
més par le monarque. Des prison-
douze factoreries de Petit-Popo
trée des villes et à Ouidah par des
niers de guerre furent affectés à
(Aného) à Lekké (actuel Nige-
agents royaux sous la direction
l'exploitation des palmeraies ro-
ria). La maison Fabre en avait
de Tokpo, responsable devant le
yales. Les esclaves affranchis au
onze sur le même 1ittoral : Porto-
roi des affaires agricoles. Des mar-
Brésil et retournés au pays-les
Séguro, Petit-Popo, Agbanakin,
chés, huile de palme et palmistes,
Afro-brésiliens reçurent gratui-
Ouidah, Godomè, Agbomè-Cala-
vendus par les producteurs aux
tement du roi Ghézo de larges
vi, Kotonou, Porto-Novo, Lagos,
intermédiaires, étaient acheminés
terres à faire fructifier. Ainsi,
Palma et Lekké. La maison Dau-
jusqu'aux factoreries et de là aux
d'anciens négriers se mettaient à
mas-Lartigue disposait seulement
entrepôts de la plage pour leur
développer des plantations de
de quatre factoreries Ouidah,
embarquement en direction des
palmiers sur les terres fertiles de
Kotonou, Porto Novo et Lagos.
villes de l'Atlantique Nord: Mar-
Ouidah. A Savi, Agomè, Décan-
Les seuls concurrents sérieux des
seille, Havre, Amsterdam, Ham-
mè, Tori-Bossito, Tori-Cada et
Français étaient les Brésiliens fa-
bourg, Stettin. Ce circuit était op-
Pahou se développèrent de vastes
milles métis d'origine portugaise
posé à celui de la traite négrière
champs de palmier à huile. Les
et les Afro-brésiliens). Les An-
orienté vers le nouveau Monde.
nombreux esclaves octroyés aux
glais n'étaient représentés que par
dignitaires par le roi s'occupaient
une succursale de la maison
3. Produits d'échanges : es-
dans ces champs à sarcler, à faire
Swanzy à Ouidah. Des Afro-Bré-
sai d'évaluation quantitative
la récolte des noix, à les trans-
siliens reconvertis dans le com-
(1841-1878)
former en huile de palme.
merce licite, le plus célèbre était
Un autre produit du palmier à
Don José Domingos Martins, pro-
Sur le volume des produits ex-
huile, l'amande de palme ou pal-
priétaire de factoreries à Ouidah,
portés, les données avancées par
miste, extrait de la coque par
Kotonou, Porto-Novo et Agbo-
les auteurs sont fragmentaires
concassage allait être commer-
mè. Le roi encadrait le commerce
aussi bien pour les centres que
ciulisé conjointement à l'huile de
des produits du palmier à huile
pour les maisons de commerce.
palme vers 1855 après que l'essai
avec le même dispositif adminis-
Bernard Schnapper" donne quel-
a montré qu'on pouvait l'utiliser
tratif et législatif que celui de la
ques chiffres sur les exportations
pour faire du savon.
traite. Les négociants étrangers
d'huile de palme de la maison
ne pouvaient s'installer, circuler
Régis à Ouidah. Ils se présentent
2- Organisation du commerce
ou sortir du pays sans autoris-
comme le tableau ci-dessous
ation du roi. Les yovogan de
l'indique:
Le commerce des produits
Ouidah, de Kotonou et de Go-
palmier à huile (huile de palme et
domè pour le royaume de Dan-
14. Bernard SCHNAPPER, La politique et le
amande de palme ou palmiste)
homè veillaient à la stricte appli-
commerce français dans le golfe de gui-
utilise les infrastructures de la
cation de cette loi. A part Don
née de 1838 à 1871, Paris, 1961, p. 172
Rev. CAMES - Série 1:1, vol. 03 - N" 002. 2001
137

Sciences sociales el huma ines
_
Tableau 1 : Quantités d'huile de palme exportées en quelques années
Bouét Willaum ez, lieut enant de
(tonnes)
vaisseau , le Français signataire du
traité d'amitié e t de comme rce
Années
1866
franco danhom éen de juillet 1851
Quantités
2300 à 2700
rapporte qu'en
] 846 , Thom as
Hutton de la factor erie anglaise de
Source: Bernard SCHNAPPER, La politique et le commercefrançais
Ouidah «cha rgea it annuell ement
dans le golfe de guin ée de 183 8 à 1871 Paris, 1961, p. 172
de 8 à 10 vais seaux uniquement
avec l'huile de palme ».
Débutant conjointement avec
rations ent re les trois compagnies
et vins doux françai s, genièvre
la traite négrière, le comm erce
ci-d essus indiquées se présent ait
allem and), des verroterie s, des
des produits de palme grandit
comme suit en 1876 :
quincailleries, tabacs et cauris .
sous son ombre et finit par se
Selon Hélène d 'Almeida-Topor,
substituer à elle à partir de 1875 à
- Régis: 300 000 gallons" d'hui-
ces produits import és se clas-
en ju ger par l'intensification des
le et 1000 tonneau x d'am an-
saient en ] 890 par ordr e d'impor-
activ ités sur la côte . En 1875,
des ;
tance dans les proportions sui-
trente navires de la Maison Régis
- Fabre: 240000 gallons d 'huile
vante s : tous alcools (58, 04%
transportèrent 12 à 14 000 tonn-
et 700 tonneaux d'amandes ;
des valeurs), tissus (30, 75%), ta-
eaux d'huile, la maison Fabre, la
- Lartigue: 130000 gallons d'hui-
bacs (15, 70%), armes et poudres
même année , charge a 32 navires
le et 300 tonneaux d'amandes.
(6, 36%), div ers (faïence, quin-
d 'huiles pour une valeur de plus
caillerie, sels comestibles ... =
de 8 millions de fra ncs" . En
Ouidah , la se conde
place
16%)17. Les échanges basés sur le
1876, le commerce français dans
après Porto-Novo, exporta en
cauri s, l'or et le troc rapportai ent
le go lfe du Bénin estimé à 15
1878,500 000 gallons d'huile et
selon les aut eurs des bénéfices
Millions de francs était assuré par
2500 tonneaux d'amandes ; Go-
substantiels. Dans son rapport de
60 et 65 navir es. Ce commerce
domè 100 000 gallons d'huile
voyage, Montl éon", capit aine de
était de loin supérieur à celui de
et 600 tonneaux d'amandes et
corvette e n vis ite à Ouid ah en
Grand Bassam et Assinie en Cô-
Agbomè-Calavi , respectivement
1844 écrit: «Les march andi ses
te-d'Ivoire (Catherine COQUERY-
40 000 et 600. Nous n'avons pas
françai ses les moins favorisées
VIDROVITCH, ]962, p. 389).
de données chiffr ées pour les au-
avaient été vendues à 120% ».
Porto-Novo semble êtr e le
tres centres de comm erce situés
L'Abbé Pierre Bouche renchérit :
plus important centre de commer-
sur la côte comme Petit-Popo,
«... Les Nègres troqu aient en
ce d'huile et d 'amande de palme
Grand-Popo et Agoué . Mais les
aveugles, ne connaiss ant ni le
de tout le littoral du futur Daho-
quelques chiffres indiqués plus
prix de ce qu'on leur apport ait, ni
mey. Dans ce royaume , les trois
haut montrent que le commerce
la valeur de ce qu'ils livraient en
maison s marseillai ses : Régi s,
de produits de palme a connu un
échange. Les marchandi ses les
Fabre, Lartigue avaient le mono-
essor à partir de la deuxième
moins favorisée s donnai ent 150%
pole du commerce puisqu'elles en
moitié du XIXè siècl e et que
des bén éfices'λ, Le kilogr amme
réalis aient les cinq -sixièmes, le
les compagnies français es domi-
d'huile de palme payé à Ouidah
reste était partagé par les Anglais,
naient ce marché sur la côte du
de ]2 à 15 centimes était revendu
les Allemands et les créoles ou
futur Dahomey.
à Marseill e à ] franc soit une
Afro-brésiliens. A Cotonou où
En échange des produits du
différence de 88 à 85 centime s / ]
convergeaient la production de
palmier à huile, les commerçants
kilogramme (B. Schnapp er, 1961 ,
Porto-Novo et celle d 'Agbomè-
européens débarquaient des pro-
Calavi, la répartition des expor-
du its d'import ation peu diffé-
rents de ceux de la traite négrière
17. Hé lène d ' Al me ida -To po r, Histoir e éco-
nomiqu e du Dahomey (B énin) (/8 90-
15. To utes ces données chiffrées so nt ex tra i- '
atlantique : des armes à feu, de la
1920), Pa ris, L'Harmattan, 1995. p. 97
tes de l'ar ticle de Catherine CO QU ERY-
poudre et des cotonnade s (an -
18. Montl éon , « Le Dah omey », Revue colo-
VIDROVITCH «le blo cu s de Wh ydah (1
glais), des alcools (tafi a, muscat
niale , ma i-Août 184 5, T. YI, pp. 62 -74
876 -1877) el la rival ité franco -anglaise
a u Da ho mey », C E A, vol Il, 7, 1962 , p.
19. A. P. Bou che, La côte des esclaves et le
389
. Dahomey , Pari s, 1885, 40 3 P
16. Le g allo n fa il qu at re litre s.
138
Rev. CAMES - S éri e 8, vo l. 03 - NO 002, 200 1

_ _ _ _ __ _ __ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales el humaines
p. J80) . Lucratif, le commerce
tri sant parfaitement les tech-
3. POURSlJITE DE L'ECO-
des produits du palmier à huile
niques commerciales. Ce pré-
NONTlE COMMERCIALE A
l'était aux Européens autant que
cieux héritage social n'ira pas
L'EPOQUE COLONIALE ET
la traite négrière même si le pre-
au terme de sa mutation pour
POST-COLONIAL li:
(l894-
mier a eu un impact plus heu-
devenir une bourgeoisie natio-
1993)
reux, plus progressif sur les po-
nale.
pulations que la seconde.
La colonisation française dé-
A.UNE ECONOMIE DE TRAITE
tournera une fraction vers l'ad-
C.
MUTATIONS SOCIO-ECO-
ministration et une autre, soumise
L'économ ie de traite date chez
NOMIQUE ET POLITIQUE
à une fiscalité discriminatoire, fut
nous du capitalisme mercantile
maintenue au rôle subalterne de
où le flux des marchandises eu-
En effet, à la différence de la
traitants, c'est-à-dire d'intermé-
ropéennes débarquées sur la côte
traite qui semait la mort et la
diaires entre les producteurs-
étaient échangées et d istri buées
haine, le commerce des produits
consommateurs et les maisons de
dans l'arrière-pays d'où les pro-
de palme a mis tout le pays au
négoce étrangères.
duits de cueillette drainés sur le
travail, stimulé l'extension de la
Le passage de l'économie de
réseau des chemins et sentiers
palmeraie et provoqu é un chan-
subsistance ouverte à une écono-
vicinaux parvenaient au littoral .
gement de mental ité et une amé-
mie commerciale internationale a
Depuis la fin de la traite négrière
lioration dans les techniques de
conduit à la perte de l'indépen-
(1850-1868), l'huile et l'amande
production.
dance par les royaumes et autres
de palme devinrent les produit s-
Avec
le développement et
entités politiques constitués dans
vedettes des
exportations du
l'exploitation commerciale du
l'actuel espace béninois.
Dahomey.
palmier à huile, le paysan passait
La France industrialisée réus-
Avec la colonisation, le drai-
de l'agriculture d'autoconsom-
sit, grâce aux commerçants no-
nage des produits de cru vers les
mation à une agriculture capi-
tamment Victor Régis l'aîné, à
ports d'embarquement (Grand-
taliste, source de revenus et pour-
placer sous son protectorat, entre
Popo, . Ouidah, Cotonou, Porto-
voyeuse de biens de consom-
1870 et 1880, le royaume de
Novo) et en retour la distribution
mation européens.
Porto-Novo et les cités Popo
des produits manufacturés dans
Sur le plan social, le com-
rattachés administrativement aux
les régions de J'intérieur nécessi-
merce de l'huile a impliqué un
établissements français du golfe
taient une infrastructure de trans-
plus grand nombre de population
du Bénin en 1886.
port plus adaptée et mieux amé-
à la différence de la traite né-
Agbomè, encore indépendant
nagée que par le passé. Ainsi, le
grière demeurée le monopole
jusqu'en 1890 devint le bouchon
colonisateur n'a pas attendu la fin
du roi et des dignitaires du pou-
à sauter pour permettre à la
de
la conquête du Danhomè
voir.
France d 'opérer la jonction entre
avant de commencer les travaux
Il en est résulté un mieux-être
la côte et ses colonies enclavées
de construction d'un
Wharf à
largement partagé et un renfor-
du Sahel, le Niger, la Haute-
Cotonou en
1891. Ouvert au
cement de ta base sociale des
Volta. Ce fut chose faite entre
commerce dès mars 1893, le
commerçants autochtones .
1890
et
1894,
année où
la
Wharf (achevé en 1899) construit
Enrichis par les affaires, leur
reddition de Béhanzin consacra
sur fonds privé et racheté par le
pouvoir économique faisait de
l'avènement de la colonie du
budget local en 1909, fut intégré
certains, des conseillers des rois
Dahomey.
dans un réseau de voies de com-
à qui
ils
consentaient aussi
Désormais simple collectivité
munication terrestres (routes et
des prêts.
territoriale, le Dahomey, colonie
chemins de fer) qui reliait pro-
Ainsi s'est constituée, pendant
d'exploitation reste sous domi-
gressivement Cotonou à tout l'in-
la période pré-coloniale, dans
nation française directe pendant
térieur du pays.
les villes de l'intérieur (Allada,
plus d'un demi-siècle au cours
Le réseau ferroviaire et rou-
Agbomè, Djougou, Parakou) et
duquel le colonisateur réussit
tier, tracé en fonction des intérêts
de la côte (Grand-Popo, Ouidah,
à supprimer la concurrence com-
économiques
du
colonisateur
Porto-Novo)
une
bourgeoisie
merciale des autochtones et à
dessert les régions productrices
marchande, habituée aux négo-
créer un environnement plus
des produits d'exportation.
ciants européens, rodée dans le
propice aux
négociants fran-
Les routes , longtem ps restées
commerce intermédiaire et maî-
çais.
à l'état de pistes précoloniales,
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001
139

Sciences sociales el humaines
_
aménagées en terre de barre entre
miste . La palmeraie dense, cons-
que économique coloniale du
les deux guerres mondiales par la
tituée de peuplements d'âges di-
Dahomey ..., Dakar, 383 p.). L'en-
main-d'œuvre prestataire et pé-
vers, s'étendait sur toute la lar-
semble ces travaux et les données
nale, ne furent modernisées en
geur du pays et sur 100 à 125 km
statistiques anté et post indé-
partie qu'au lendemain de la se-
de profondeur depuis le littoral
pendance (1960) du pays 1ivrées
conde guerre mondiale avec des
soit une superficie de 400 000
par l'INSAE autorisent le com-
crédits libérés par le Fonds d'in-
hectares dont 250 000 .exploi-
mentaire ci-après.
vestissement pour le développe-
tables (Cf Numéro spécial sur le
L'agriculture dahoméenne 1iée
ment
économique
et
social
cinquantenaire de la CCAI D,
au marché international depuis le
(FIDES).
1958, p. 78). Les produits du pal-
XIXè siècle reste sensible à con-
Chacun des axes routiers était
mier à huile constituèrent l'essen-
joncture économique européenne
doublé par le rail. Les voies fer-
tiel de nos exportations durant
(cf graphique 1). Ainsi, la crise
roviaires de ligne à voie métri-
toute la période coloniale : 96%
de surproduction qui secouait
que, longue de 579 km en 1959,
des exportations en 1904, 90% en
l'économie européenne, notam-
étaient composées du central da-
J 920 et 85 770/0
en 1959. Les
ment entre 1873 et 1.896 explique
homéen (Cotonou-Parakou cons-
tentatives de diversification et
l'évolution en dents de scie du
truit de 1900 à 1936), de l'Est
de régionalisation agricoles fai-
volume des exportations Daho-
dahoméen
(Porto-Novo-Pobè,
tes par l'administration coloniale
mey de 1890 à 1897. La fin de
mise en place de 1906 à 1913 ) et
avant 1 première guerre mondiale
cette crise en Europe relance la
du tronçon occidental (reliant
et pendant l'entre-deux-guerres se
production chez nous qui dépasse
Pahou-Ouidah à Sègboroué mis
soldèrent par des résultats mai-
le de 1894 (base référentielle) en
en place entre 1902 et 1913).
gres (faute de moyens qui ont
1901-1902 (indice 107 et 128).
Parakou, point term inus de la
tout de même élargi la structure
La hausse se poursuit de 1905 à
ligne ferroviaire est aussi
le
des exportations à quelques pro-
191/-1912 (indice 165 et 148)
point de. départ de deux grands
duits secondaires: coco, arachi-
avant d'amorcer la descente à la
axes routiers : la route Parakou-
de, café, cacao, coton , kapok,
veiIle de la grande guerre (1914 :
Malanville (315 km) et la bretelle
ricin et tabac.
indice 84, 3). En gros, la produc-
traversant la partie Nord-ouest de
tion agricole jusqu'à la première
la colonie pour aboutir en Haute-
B.
PRODUCTION AGRICOLE
guerre mondiale reste caracté-
Volta.
ET ECHANGES COMMER-
risée par une croissance rampante
Toutes ces voies de commu-
CIAUX
(1892-1907) qui
raffermit sa
nication, orientées Nord-Sud ou
hausse (1908- 1912 ) avant l'af-
Est-Ouest, convergent vers Coto-
1. Une
production
agricole
faissement dû à la guerre.
nou, porte océane et ville aéro-
croissante (1894-1936)
Les années 1920 furent géné-
portuaire
par où
arrivent et
ralement évoquées comme «cel-
sortent les produits de l'économie
Les informations disponibles
les de la grande prospérité» (S.
de traite. Les ressources agricoles
(volume des exportations de 1890
Anignikin et al., p. 22) que la
sur lesquelles repose celle-ci de-
à 1914) sont fragmentaires et dif-
crise économique de 1929 a com-
meurent pratiquement les mêmes
férente nature. Du XIXè siècle
promise en affectant plus la va-
qu'à l'époque précoloniale à la
jusqu'à la première guerre mon-
leur de la tonne exportée que la
différence qu'à l'ère coloniale,
diale, des données chiffrées tirées
quantité produite. Ainsi, à part
l'espace agricole s'est agrandi et
de
1a remarquable thèse de
les facteurs extérieurs ci-dessus
différentes reformes ont tenté de
Hélène d'Almeida-Topor (His-
identi fiés (crise de surproduction
diversifier les cultures d'expor-
toire économique du Dahomey,
de 1873-1896 ; guerre 14-18 ;
tation sans grand succès à cause
l'Harmattan, 1995, T. l, p. 317)
crise économique de 1929) et
de l'insuffisance des moyens ma-
ont donné le graphique N° 1.
les aléas climatiques (agriculture
tériel, humain et financier. La
L'étude de la période d'entre-
pluviale) qui perturbèrent par
principale culture d'exportation
deux-guerres (1920-1939) a été
moments la production agricole,
demeure le palmier à huile dont
appréhendée à partir des rapports
celle-ci connut une croissance
deux produits étaient toujours
politiques et économiques des
soutenue de 1894 à 1936. Les
sollicités par la demande inter-
gouverneurs de Porto-Nove et
raisons de cet accroissement sont
nationale: l'huile de palme et
de la thèse de 3è cycle Aimée
à chercher dans la politique agri-
l'amande de palme ou le pal-
Houérnavo-Grirnaud (La polit-
cole coloniale et dans la pression
140
Rev. CAMES - Série B, vol. 03 - W 002, 2001

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales el humain es
fiscale . L'installation de nou-
1ittoral ; maïs à Sakété et Pobè;
(2 , 50 F dans le Bas-Dahomey
velles structures (service d'agri-
caféier à Niaouli; cotonnier et
jusqu'en 1914, 33 F en 1938 par
culture, création d'une école
tabac à Abomey, Savalou et
contribuable) et le savoir-faire
d'agriculture à Porto-Nove en
Parakou, .. .) et
les
investisse-
d'une population relativement
1914, d'un institut de recherche
ments du FI DES dans la pro-
dense (densité de population: 12
pour les huiles végétales à Pobè
duction (environ 2.4 milliards F.
habitants au km2 au Dahomey;
en 1920 et des Sociétés Indigènes
CFA de 1947-1957) n'ont pour-
3. 13 hab/km2 en moyenne en
de Prévoyance (SEP) en 1929),
tant pas donné tous les effets es-
A.O.r en 1919) contribuèrent en
les essais de diversification (mise
pérés faute de moyens matériel,
grande partie à la bonne tenue de
en place de jardin d'essais de
humain et financier suffisants . En
la production agricole qui ali-
cultures de café, cacao , canne à
revanche, les conditions natu-
mentait le commerce extérieur.
sucre, avocatier. . .) et de régiona-
relles favorables, l'augmentation
lisation agricoles (cocotier sur le
constante de l'impôt de capitation
GmpNq'" 1 : Expextltjc)nç du Dilhomeyd111S94 a 19,4 (base 1()()::191)..$)
Comme la fédération de l'AOF
à laquelle elle appartenait, la
colonie du Dahomey reste et de-
'''1(''
",, ''
0Cll1-·- - - - - - - - - - -
- - - - - -
meure zone d'échanges commer-
ciaux dont la spécialité au sein de
'4:.(0] ,
l'ensemble aofien était la four-
'X>rm l- - - - - - - - - - - -l-\\-- - - - - t-- - -
niture des produits palmier à hui-
le à côté des arachides du Séné-
' OO.:ID !- --
- -,-,,- - - - -
gal,
du coton du Sahel, des
bananes de Guinée ... au marché
ll:l.ro: f---
-
européen. Les acteurs du com-
merce extérieur était l'État colo-
nial, organisateur des conditions
de son déroulement; le maisons
- - _ __
de négoce européennes chargées
_ - - - - - - - -
....
...
d'assurer les activités d'Irnport-
Export et les traitants dahoméen
intermédiaires entre le produc-
Source: H d'Almeida -Topor . 199 5. vol. 2. p. 3 17
teur-consommateur et l'utilisa-
- -_..-- - _.
teur-fournisseur (maisons de né-
goce).
Source : H. d'Almeida-Topor, 1995, vol. 2, p. 317
2. des échanges commerciaux déficitaires
a) Principaux acteurs
mais Dahomey, les partenaires
convention du Niger représentait
commerciaux (y compris la Mé-
une opportunité pour le commer-
L'État colonial (France) en
tropole) pouvaient se livrer à une
ce extérieur des pays de la «zone
signant avec l'Angleterre le 14
concurrence commerciale à la
conventionnée» à savoir, le Da-
juin 1898 la convention du Niger
différence du protectionnisme qui
homey et la Côte-d'Ivoire du cô-
qui abolit le droits différentiels
avait cours dans les autres pos-
té français. Dan ces derniers, \\a
respectivement en Côte- d'Ivoire
sessions françaises et dans les co-
France occupait une
position
et au Dahomey ainsi qu'en Gold
lonies portugaises ou belges.
moins forte dans leur commerce
Coast (actuel Ghana) et Nigeria
Dans le contexte européen de la
extérieur que dans les «zone pro-
instaurait une zone de libre-
fin du XIXè siècle où seules
tégées» et ses produits étaient
échange prévue pour durer trente
l'Allemagne et l'Angleterre optè-
heureusement (du point de vue
ans (art. 9 dudit accord) . Désor-
rent pour 1e 1ibre-échange, 1a
des populations) concurrencés
Rev. CAM ES - S érie 13, vol. 03 - W UU2 , 20()1
141

Sciences sociales el humaines
_
par le marchandises anglaises ou
ciants autochtones, ravalé au rôle
mitive des capitaux . Plusieurs
allemandes généralement moins
subalterne d'intermédiaires entre
d'entre eux, propriétaires ou ani-
chères. Par exemple, les tissus de
le producteur indigène et les
mateurs de journaux dénoncèrent
coton d'origine allemande coû-
maisons de commerce européen-
l'alliance de l'administration colo-
taient jusqu'en 1914 en moyenne
nes mena à armes inégales un
niale et des entreprises commer-
4,74 F le kilogramme" alors que
combat de survie contre la con-
ciales pour les étouffer.
ceux de France étaient à 6, 23 F.
currence de ces dernières. Leur
De plus les entreprises commer-
rôle était de collecter les produits
b) Structur e du commerce exté-
ciales allemandes étaient forte-
de cru dans un secteur donné
rieur (1932-1957)
ment implantées au Dahomey
pour le compte des maisons de
jusqu'à la fin de la guerre 14-18.
commerce à qui ils livraient sur
Les produits du palmier à hui-
Les maisons de commerce
contrat une quantité donnée de
le constituèrent durant toute la
européennes, comme partout ai1-
ces produits bruts à prix fixe et
période coloniale et au-delà l'es-
leurs en Afrique française, ont
auprès de qui ils achetaient des
sentiel (90 à 851 /0) des expor-
très peu investi au Dahomey. El-
marchandises importées à vendre
tations. Le reste (la à J 50/0) est
les intervenaient seulement au ni-
dans leur boutique installée dans
fait de produits d'appoint: ara-
veau de la collecte des produits et
leur zone de collecte, Combien
chide , coprah, ricin, coton, ka-
associaient étroitement leurs acti-
étaient-ils? Leur nombre est dif-
pok, karité, café.
La croissance
"vités de ramassage pour l'expor-
ficile à cerner en raison de
du volume des exportations, en-
tation à celles de distribution
l'instabilité liée à leur dépen-
trecoupée par des chutes dues
de biens manufacturés importés
dance vis-à-vis des maisons de
aux aléas climatiques, à la guerre
d'Europe . A l'époque coloniale,
commerce et de la conjoncture
et aux crises économiques, attei-
en plus des villes du littoral
économique. Au début des an-
gnit un record plus jama is égalé
(Ouidah , Porto-Novo, Cotonou,
nées 1920, ils seraient au nombre
par la suite en 1936 (voir gra-
Grand-Popo), elles implantèrent
de 150 patentés sur les 250 que
phique 2). Quant aux importa-
des succursales à l'intérieur du
comptait la chambre de com-
tions, évoluant presque concomi-
pays (Allada, Agbomè, Zagna-
merce de Cotonou; ce chiffre se
tamment avec les exportations de
nado, Savè, Parakou, Djougou) à
réduisit à 60 environ en 1936 en
1932 à 1938, elles subirent du
la faveur de l'aménagement des
raison de la pression fiscale et de
fait de la guerre (1939-1945) un
voies de communication. Leur
la crise de
21
1929 • Géographi-
effondrement plus profond avant
nombre s'accrut également (20
quement, la quasi-totalité de ses
d'amorcer une remontée en flèche
jusqu'en 1913 ; 25 en 1926 et 13
traitants habitaient le Bas-Daho-
à partir de 1946 (cf graphique 2).
en 1933) et elles étaient surtout
mey. Soumis aux différentes ta-
La structure des importations res-
française, allemande (jusqu'en
xes (taxe sur le chiffre d'affaires
te dominée par les biens de con-
1914) et anglaise à vendre et à
créée en 1920 ; taxe sur les
sommation jusqu'en 1946. Les
acheter sur le marché interna-
transactions intérieures en 1925 ;
biens d'équipement s'accrurent
tional pour le compte du Daho-
hausse de 50% de la patente des
sans toutefois dépasser le tiers du
mey. Libres de rapatrier les béné-
comptoirs secondaires d'importa-
total des importations. Les biens
fices et profits , ces entreprises
tion-exportation ; hausse de 70%
de consommation comprenaient
européennes ont sevré le Daho-
de la taxe sur les alcools en 1925)
des textiles (tissus de coton ou
mey de la nécessaire accumu-
et privés d'accès aux crédits ban-
non, vêtements confectionnés),
lation primitive des capitaux pour
caires, les traitants ne pouvaient
des boissons (bières, vins et al-
son démarrage économique.
ni élargir ni consolider leur base
cools) , des produits alimentaires ,
Les traitants dahoméens cons-
sociale ou renforcer leur assise
des tabacs et divers. Les biens
tituaient un groupe social très
économique pour constituer L1ne
d'équipement étaient composés
actif dans le commerce depuis la
bourgeoisie nationale capable de
des sources d'énergie, des maté-
période précoloniale. A l'époque
prendre part à l'accumulation pri-
riaux de construction, des matiè-
coloniale, ce groupe de négo-
res premières et serni-œuvrées
(fer étamé, zingué et tôles, autres
21. A. Anignikin et B. Codo, «Pouvoir colo-
métaux), des produits fabriqués
nial et tentatives d'intégration dans le sys-
20. 8 mètres de tissu correspondent à un
tème capitaliste : le cas Dahomey entre
(machines,
ouvrages
en
mé-
kilogramme (C. COQUER Y-VIDRO-
'les deux guerres», in CC V., ed., Entre-
VITCH et H. D'AMEILDA-TOPOR dans
taux...) et divers.
prise s el entrepreneurs en Af rique, 1983,
RFHOM , nOspécial sur la crise, 1976)
p.279 .
142
Rev. CAMES - S érie U. vol. 03 - W 00 2. 2001

Sciences sociales e l humaines
_
3. Des
partenaires commer-
ciaux : de la diversité au
monopole français
La diversité des partenaires
commerciaux, entretenue par les
rois laissa progressivement la
"0" t--- - - - - - - -- - - - -- -
place au monopole français re-
tardé exceptionnellement au Da-
,,, lit t------------------,~'-------
homey jusqu'à la veille de la
deuxième guerre mondiale par la
convention du Niger de juin
1898. Jusqu'à la première guerre
mondiale, les principaux parte-
naires du Dahomey étaient la
France, le LagosfNigeria, l'Alle-
Sources:
1912-J9~6, Archives Nationales de Paris 200 Mi 187~, 2G-16-35.
magne et l'Angleterre.
19+7·1957. Al'I' 200 Mi 2008. 2G 56-10, Rapport du gouverneur Brros
Selon les statistiques colonia-
pays européens dans des pro-
(déc. 1934-avril 1935), la con-
les dépouillées avec minutie par
portions difficiles à déterminer.
vention du Niger. Un nouveau
le Professeur Hélène d'Almeida-
L'analyse des produits échangés
régime douanier fat instauré et
Topor, le LagosfNigeria venait
avec chacun de ses trois par-
qui intègre désormais le Daho-
à la tête des clients avec 41 , 85%
tenaires : France, Allemagne et
mey dans le «bloc douanier fran-
du trafic suivi
de la France
Angleterre met au jour les dif-
co-colonial» (Aimée Houémavo-
(31, 05%), de l'Allemagne (23,
férences d'intérêt que représentait
Grimaud, 1984, p.255) à compter
45%) et des autres dont l'Angle-
le Dahomey pour les pays euro-
du 23 octobre 1936. Les consé-
terre (1,14%) . Parmi les fournis-
péens. La France y cherchait plu-
quences ne se firent pas attendre.
seurs du Dahomey, la France
tôt un fournisseur de matières
Pour la colonie du Dahomey,
(26, 93%) dépassait à peine l'Al-
premières, l'Angleterre y trouvait
ce fut un coup dur porté à la vie
lemagne (26 ,33%) et le Lagos/
un débouché. Quant à l'Allema-
économique locale. Le volume
Nigeria (25. 67%). L'Angleter-
gne, elle concurrençait ses deux
des exportations du Dahomey n'a
re vendait plus au Dahomey
rivales, à la fois en tant que four-
plus jamais atteint son niveau de
(13,
61%)
qu'elle
n'achetait
nisseur et client. Le particula-
1936 jusqu'à la fin de la colo-
(1, 14%) de produits à ce pays".
risme douanier instauré par la
nisation. La France, par un re-
11 importe de corriger la part de
convention du Niger lui avait
dressement de la barrière doua-
Lagos/Nigeria surestimée dans le
permis une forte implantation
nière (hausse de 10 à 251/0)
commerce dahoméen car jusqu'en
dans le commerce de cette colo-
contre les produits étrangers et un
1912, les marchandises qui tran-
nie pourtant française. La défaite
alourdissement tarifaire de 7 à
sitaient par Lagos n'étaient pas
allemande à la fin de la Grande
25% de ses propres produits entre
enregistrées en fonction de leur
guerre (1914-1918) offrit à la
1936 et 1938, devint majoritaire
provenance réelle mais attribuées
France l'occasion de mettre tin à
dans le commerce dahoméen et
à la colonie anglaise (H. d'Al-
la concurrence germanique sur le
entraîna la détérioration des ter-
meida-Topor, 19, 95, p. 404). La
marché dahoméen par la saisie de
mes de l'échange-marchandise fa-
part de Lagos 'Nigeria intégrait
tous les biens des entreprises
vorables au Dahomey au moins
donc celles de l'Angleterre et de
allemandes au Dahomey. Les dif-
jusqu'aux années 1920. L'évolu-
l'Allemagne et peut-être d'autres
ficultés économiques dues au
tion des termes de l'échange du
«séisme économique» de 1929
commerce extérieur dahoméen,
22. La part en pourcentage de chacun des
poussèrent la même France à
traduite en courbe (voir gra-
partenaires représente une moyenne cal-
dénoncer au cours de la Con-
phique 3) montre qu'à partir de
culée sur 24 ans (1890-1913) à des sta-
tistiques affichées dans la thèse d'Etat de
férence économique de la Fran-
1938, la dégradation des termes
Hélène d'ALMEIDA-TOPOR, pp. 321-
ce métropolitaine et d'Outre-Mer
de l'échange s'approfondit pour
322
143
Rev. CAM ES - Serie l3. vol. 03 - N" 001. 200 i

Sciences soc iales el humaines
_
atteindre le creux de la vague en
était restée inférieure à 100 sauf
1953) fit bais ser le prix de la
1943. L'amélio ration amorcée au
en 1951 où le réarmem ent de la
tonne importée (3 ] 260 F) par
lendemain de la guerre et main-
Métropole dû à la surchauffe de
rapp ort
à la tonne ex por tée
tenue au cours des années 1950
la guerre froide en Corée ( ] 950-
(47 180 F).
Pour la France, la rupture de
la convention du Niger 1ui con-
Graphique 3 : Evolut i on de s termes de l' échange de 19 3 2 a 19 58 (
féra une posit ion de quasi-
.
1 00=19 38)
mono-pol e
sur
le
marché
daho méen
au
dét riment
de
l'Allemagne et de la Grande-
Bretagne. De 9, 4% en 1933, la
quantité des huiles de palme
dahoméennes ac hetées par la
- --
·- - -.A
France passa à 45% en 1935
puis à 62, 4% en 1938. En tant
que fournisseur de la colonie, la
19 3 2
19 3-1
19 36
19 3 8
' 9 40
194 2
19 J14
'9-16
19 48
1 950
19 52
"19 5 .01
1955
part de la France remont ait
aussi dans les import ation s du
So u rces : 1 9 3 2 -1 <)~(\\ , A r chi ves N nrio na lcs de Pa ris ZOO Mi 1117 4 , 20 46-35 .
1 9~7-1 ') 57 . AN? 200 M i 2l)O ~. 2() S(,-IO . Ra ppo r t d u gouv ern eur
Biros
Daho-mey en passant de 25% à
41, 9%en 1938.
Par contre, la position de s
Tableau 2 : Commerce extérieur du Dahomey en % des val eurs
deux autres partenaires européens
entre les partenaires
fléchit. Dans les importations, la
part de l'An gleterre chut a de
Importat ions
Exportations
35, 4% en 1937 à 17, 6% en
Union
Etrang er *
Union
Etran ger
fran ça ise
française*
1938 ; de 11 , 5% en 1930 à 2, 5%
Année 1936
69.70
30.30
22.8 9
77.11
en 1938 dans les exportations.
Moyenne des années 1940
78 .18
21 .82
61. 22
38.68
L'Allemagne qui importait les
Moyenne 1950-55
88.21
Il.78
73.37
26.63
amandes de palme à hauteur de
64,41 % en 1933, n'en acheta plus
Source : No s calculs à part ir des archi ves
que 16%en 193823 .
(ANP 200 Mi 2008 2G 55-4, Rapport économ ique)
Le monopol e fran çais s'est
maintenu sur le marché daho-
*
Uni on fran çaise d ésigne ici la France et ses coloni es d'A frique: Algérie,
méen au cours des années 1940 et
Maro c, Tunisie, les T errito ires d'A .G.F et d'A.E .F.
1950 comme le montre le tableau
*
Etranger signifie les autres Pa ys en deh ors de la Fr ance et de son empire
ci-dessous.
colonial. Il s'agit not amment du Ni geria, de l'An gleterre , de la Gold Coas t, des
Etat s-Unis, des Antilles holl andaises , e tc.
Cette forte positi on de la France sur le mar ché dahom éen était
accomp agnée d'un déficit croissant de la balance comme rciale et d'une
érosion sensi ble et co ncomitante du taux de couverture depui s le
lendem ain de la guerre ( ] 946) ju squ'au-delà de ] 960 (sauf les années 1948
et 1950 où la balance commerciale était excédent aire) comme le signale le
tableau ci-dessous.
23. Aimée Houernavo-Grirnaud, La politique
économique coloniale au Daho mey. Thè-
se de 3è Cycle, Dakar, p.256
144
Rev. C AM ES - Sér ie 8 , vol. 03 - W 002, 200 1

Sciences sociales el humain es
_
Tableau 3 : Balance commerciale et taux de couverture du commerce
Le recul de la production agri-
extérieur en quelques années
cole à cause de la concurre nce
extér ieure de l'huile de palme de
Années
1950
1958
1959
1960
1961
1962
1963
haute qualit é et à meilleur prix de
Balance commer-
+9 6
-958
-150 2
-3129
-2690
-3928
Sum atra et de la Malaisie et les
ciale (en millions
investissem ents importants effec-
de FCFA)
tués au Dahomey par la France
Ta u x
d e
104
77
65
50
57
41
38
vers la fin de la décenni e 40 et
couverture
(en %)
dur ant les années 50 en faveur
des infrastru ctures de transports
Source: Bulle/in d'Afrique Noire,
(montée des import ations ) étaient
NO 339, 16 septembre 1964, p. 6884.
à la base du déficit commercial.
C.
LE TRIOMPHE DU «ROI-COTON» EVOLUTION DES EXPORTA-
Ce table au des recettes com-
TIONS DU BENIN EN VALEUR (EN MILLIARDS DE FCFA) ET
mer ciales du Bénin de 1961 à
(EN %)
1993 traduit un chan gement dans
la structure des export ation s du
Co to n (fibre
Huil es et
Ca fé
Pétrole brut
Autres
Total
pays. La prépondéran ce des pro-
et eraine)
tourteaux
Valeur
(%)
Valeur
(%)
Valeur
(%)
Valeur
(%)
Valeur
(%)
Valeur
(%)
duits du palmi er à huile s'estom-
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
pe en faveur du coton dont la
FCFA
FCFA
FCFA
FCFA
FCFA
FCFA
1961
0.2
6.90
1.2
41.38
0.3
10.34
-
-
1.2
41.38
2.9
100
valeur dépa sse cell e des huiles
1965
04
12.12
24
72.73
0.1
3.03
-
-
04
12.12
3.3
100
végét ales dan s les recettes d'ex-
1970
1.4
15.38
3.2
35.16
0.4
4.40
-
-
4.1
45.06
9.1
100
portations à partir de 1975. Re-
1975
1.5
22.39
1.3
19.40
0.2
2.99
-
-
3.7
55.22
6.7
100
présentant encore plus du tiers de
1985
20 .3
27.97
2 .5
3.44
0.3
0.41
30. 1
41.4 6
19.4
26.72
72.6
100
1986
11.7
29.18
1.3
3.24
0.5
1.25
7.1
17.70
19.5
48.63
40.1
100
la valeur des export ations jus-
1987
16.5
55.93
1.3
4.41
0.2
0.68
9.6
32. 54
1.9
6.44
29.5
100
qu'en 1970, l'huile et l'amande de
1988
Il .4
56.16
1.1
5.42
0.0
0
7
34.48
0.8
3.94
20.3
100
palme ont presque disparu des
1989
20.9
69.90
1.0
3.34
0.3
1
6.8
22.75
0.9
3.01
29.9
100
1990
20.5
64.67
1.0
3.16
0.2
0.63
8
25.24
2
6.30
3 1.7
100
éch anges commerci aux du Bé-
1991
28.3
76.08
0.6
1.61
0
0
6.3
16.93
2
5.38
37.2
100
nin au cours des années 1980 et
1992
29.3
79.62
0.8
2.18
0
0
4.3
11.68
2.4
6.52
36.8
100
1990.
1993
23 .8
71.90
0.5
1.51
0
0
5.4
16.31
3.4
10.28
33. 1
100
Sou rce : Nos cal culs à parti r de FSA , Le Bénin en chiffres, éd. 1994, p. 27
Le coton dont la culture re-
de l'ordre de 150 à 200 kg à l'hec-
tages comp aratifs des différents
monte au temps des royaumes
tare au Dah omey/Bénin et de
marchés, la volonté politiqu e des
précoloniau x, resté produit d'ex-
3 000 à 4 000 kg e n Extrê -
go uve rna nts béninois d'ins érer
portation d'app oint durant la co-
me-Orient), la politique agricole
plus solidement le septentrion (au
lonisation et la première décennie
d'abandon de la filière du palmier
clim at voisin du type sah élien)
d'indépendance du Dahome y est
à huile pour des raisons pol itico-
dans le commerce international et
érig é en principale c ulture de
idéologiques (le populisme du ré-
les co nditionnalités des institu-
rente au Bénin au moment où les
gime militaro-marxiste du Parti-
tion s financ ières internati onales
chocs p étrolier s ( 1973- J 979) im-
Etat , le PRPB , encouragea it le
imposées au Bénin lors des négo-
posèrent aux économies occiden-
développem ent des cultures vi-
ciations pour signe r son premier
tales une restru cturation/réorien-
vrières au détriment des produit s
programme d'ajustem ent stru ctu-
tation de leur stratég ie de déve-
de rente ) expl ique la perte de la
rel en 1989 impulsèrent à la cul-
loppement à travers la crise de
palm e ravie au palmi er à huile
ture du cot on une expansion
stagflat ion des années J970 et
par le coton au sein des produits
spatia le et finan ciè re spectacu-
1980. La concurrence de l'huile
d'e xpo rtation. La délo calis ati on
laire.
d'Asie en qualité (moins acide) et
des industries traditionnelles pour
Aujourd'hui , dix départem ents
en quantité (les rendements so nt
profiter a u maximum des avan-
sur dou ze se consac rent à la cul-
145
Rev , C \\ M l S - ~ c l'ic 8 . \\0 1. UJ - N ° UU2, ZUU 1

Sciences social es el humain es
_
ture du cotonnier sur 15% des
CONCLUSIO N
compte de ces lacunes historiques
surfaces cultivées contre seule-
nous impose aujourd'hui d'avoir
ment 7,6% en 1985; le pourcen-
Branchés dès la fin du XVlè
une grande visibilité de la mon-
tage en valeur du coton dans les
siècle sur le marché international,
dialisation dans sa phase actuelle
exportations du Bénin de 7%en
les anciens royaumes de la future
pour en tirer des éléments positifs
1961 bondit à 72% en 1993. En
colonie du Dahomey, le Daho-
à intégrer dans une stratégie de
1998, le Coton représente envi-
mey et le Bénin actuel, connurent
développement autocentré.
ron 90% des ventes du Bénin à
à travers les échanges commer-
Victime de la traite au temps
l'extérieur et contribue pour 24%
ciaux les principales étapes de
du mercantilisme, de la coloni-
aux recettes de l'Etat (Banque
l'économie-monde. Tour à tour ,
sation à l'étape du capitalisme
mondiale, la filière cotonnière,
pourvoyeur d'esclaves; de pro-
industriel, l'Afrique d'aujourd'hui
1998, cité par John IGUE, 1999).
duits du palmier à huile avant,
doit éviter d'être réduite à un
Hier comme le palmier à
pendant et après la colonisation;
simple «estomac à consommer la
huile, il fait l'objet de l'attention
du coton depuis 1975, le Bénin
production étrangère » en repre-
des «bailleurs de fonds » interna-
d'hier à aujourd'hui est resté
nant l'initiative historique.
tionaux : Banque mondiale, cais-
fidèle à la mono production d'ex-
se Centrale de Coopération Eco-
portation .
Autant le roi Ghézo
SOURCES ET REFERENCES
nomique.
Comme
l'huile
et
(1818-1858) faisait abattre l'arbre
BlBLIOGRAPHIQU ES
l'amande de palme (1894-1975)
de karité pour éviter de concur-
la fibre et la graine de coton n'en-
rencer le palmier à huile, autant
SOURCES D'ARCHIVES
traînent pas une intégrat ion des
les différents plans de dévelop-
secteurs agricole et industriel
pement post-coloniaux (1962-
1. De France
pour amorcer un développement
1966 ; 1966-1970 ; 1970 1973 ;
endogène.
1978-1981
et les programmes
200Mi 1882, sous série 2G 47-
Durant toute la gloire du
d'ajustement structurel du FM et
30, Rapport économique an-
palmier à huile, l'industrialisation
de la Banque Mondiale de 1989 à
nuel 1957
induite se limitait à quelques hui-
1999) se gardent aussi de diver-
200Mi 1905, sous série 2G 49-
leries et à une seule savonnerie
sifier les filières agricoles pour
50, 1949
publ ique (en 1975) aujourd'hui
rendre moins dépendantes les re-
200Mi 1920, sous série 2G 50-
privatisée. L'induction industrie-
cettes commerciales soumises
58, 1950
lisante du cotonnier dépasse à
aux aléas des cours mondiaux.
200Mi 1938, sous série 2G 58-
peine cette maigre performance :
Ce modèle de développement
59,de1951
une quinzaine d'usines d'égrena-
dicté par le marché international
200Mi 2005, sous sene 2G 54-
ge concentrées au centre et au
(XV[IXIXè siècles) et systéma-
107, Rapport sur l'activité des
Nord du pays, une huilerie de
tisé par la domination impéria-
services présenté par le Gou-
graines de coton et trois indus-
liste depuis la colonisation ajoute
verneur Biros à l'Assemblée
tries textiles (COTEB, SITEX et
à la vulnérabilité de l'économie
territoire , imprimerie de gou-
SOBETEX) qui consomment à
une dépendance aggravée par
vernement, Porto-Novo, 219
peine 3% de la production natio-
l'endettement chronique.
p.+ table des matières
nale.
Ainsi l'insertion du Danhomè,
Hier comme aujourd'hui , J'hui-
du Dahomey et du Bénin dans le
2. Du Sénégal
le de palme comme le coton
commerce mondial sous l'em-
continue d'être exportés sous la
prise de la division internationale
2G 56-10 , Rapport sur l'activité
forme d'un produit brut ou semi-
du travail a fonctionné jusqu'ici
des services durant l'année
usiné malgré les modifications
en dépouillant le pays des atouts
]956 présenté par le Gou-
apportées dans la division inter-
ayant induit le décollage éco-
verneur Biros à l'Assemblée
nationale du travail par l'étape
nomique en Europe au XIXè siè-
territoriale , imprimerie de gou-
actuelle de \\a mondialisation et
cie: l'accumulation primitive des
vernement, Porto-Novo, 219
qui firent de certains pays du Sud
capitaux, la formation d'une clas-
p. + table des matières .
(première et deuxième généra-
se marchande aux assises écono-
2G 57-53, Rapport sur l'activité
tions de «Dragons d'Asie ») des
miques confirmées et l'industria-
générale du Conseil du gou-
exportateurs de produits finis ou
lisation pour valoriser les res-
vernement et la marche des
manufacturés.
sources locales. La prise en
services territoriaux durant
146
Rev, Cr\\ I\\H:~ - :-'c riè Il , lU I. U3 - j\\i ' UU2. 2UUI

_ _ _ _ __
_
_
_
_
_
_
_
_
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_
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_
_ _ Sciences sociales el humaines
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