DE lA COMPlEXITE DE lA PRISE El CHARliE DU DISCOURS
PERCEPTIF
IBO LYDIE
Docteur en Scien ces du langage
au départ ement de Lettres Modernes
UFR CMS de Bouaké
Résumé
Abs trac t
Dan ' la perspective d Il' nou velle sémiotique du
bou t (Ile comp lexity of th e ltol tl lo tul of
sen ible, IWIIS 111'0/1.'1 porté notre r éflexion sur le discours
perceptive di cou l'SI!
p er ceptif110111 III complexit éIII! fu ctltt guère l'UllUly'I!.
111 the !l'U)' of n ew sensitive 'se miotic IVe brought
EII effel , tI III différen ce tic III s émintique uar -
our reflectlon 011 perceptive discourse which clJlI/plexity
rutive dout P éttule est axée sur Il' d éroulem ent actlounet,
does not facilitate the nnalysls.
lu
ém iotique 1111 sensible 0 11 s ém iotique tensivc privil égie
lmleed, (IJ Ill e difference of narrative semiotlc
l 'unnly se Ile... phénom ènes senslbles tels que l'esthésie et
which stutly is centretl 011 tlre uctions, iens itive semiotk :
Itl perception. Le discour. perceptif est don c celui qui
or t ell if .semiotl c privileges Ille aualysis of .ensitl ve
souligne la pré enc e dl! t'esth éstc ct de la perception.
phenomenu a. est hesia und perception. Perceptive
L 'fl/lUly .e d 'un tel dis iou rs prend en compte la notion de
dis ourse ls th e one 1I'IIIcil emphusises fll e pres en ce of
corps sentant, C 'est dire' qu e !JIIIl
l'imégrutloll de cel
esthe slu and perception. Till! anatysts of suclt discou rse
éléme nt, le co rps sentu n t, issu de lu phénoménologie, il
takes care uf the notion ofsensible btll/y.. Tltat is to mean
paraît irréel Ile teiller d 'en faire l ' étude. Par conséque nt,
wltltout th e int egnuion ofthis element, Ille sen i ble bOt(I',
cotnme nt l 'untü yse parvient-elle ci s'nrticuler su r ce corps
coming front pltenantenologia, it is Ilot real tu temp t to do
se ntant ? De quelle mani ère t 'anttlyste d iterm ine-t-ll le
the stutly. So Il/IIt, 11011' Ille 1II/IIIy.'ii.'i achieve...· to articulate
iliscour» perceptifpour en fuire l'étude '!
on this sen ible hmly ? And how the aualyst determines
N ot re r éflexion , qut Je l' eut IlIIe modeste
(Ile perc eptive discour e to do Ille study ?
contribution Il l' étude {le lu sémiotique com me m éthoüe
Our reflexion whicl: i n modest cuntrlhution to
d'analyse de. textes, apport era de r éponses à la question
tilt! studJ (if the semiotic (1. lm analysi method tif text ,
de lu prise en charge tlu discours perceptif.
will briug answer. ta the question of the hokl Imul of
perceptive discourse.
Mots clés
Key words
Aspectualité
Aspectuality.
Corps sentant - configuration passionnelle.
Sensible body.
Esthésie - extensité - extéroceptivité.
Esthesia - extensity.
Forme de vie.
Intensity.
lntéroceptivité - intensité.
Modalisation - modal ity - tensif modulation.
Modalisation - modalité - modulation tensive -
Passion - perception - sensitive phenomenon.
Passion
perception
-
phénomène
sensible
-
Semiolinguistic - sensible semiotic - semiotic of passion.
proprioceptivité. Sémiol inguistique -
sémiotique du
sensible - sémiotique des passions.
INTRODUCTION
dans le contexte de la théorie
dénommée sémiotique tensive ou
sémiotique et plus spécifique-
sémiotique des passions. Préci-
L'étude de la perception dans
ment dans le contexte de l'ana-
sément, au-delà de la sémiotique
le discours littéraire se réalise
lyse des passions et du sensible,
actionnelle telle que GREIMAS,

_ _ _ _ __ _ _ _ _ __ _ _ _ __ _ _ _ _ __ _ _ _ __ _ _ _ __ _ _ _ Sciences Sociales el Humaines
Courtés et un certain nombre de
visant à mettre en évidence les
vre le gr ou pe que fo rment au bo rd de la
théoriciens la décrivent, il existe
différents éléments théoriques
ri v ière les deux garç ons, la dom estique et
la petite fill e, et son regard Se rai l p lus
la sémiotique
des
passions .
qui
fondent
l' analyse
de
la
aig u. Les chem i ses des garço ns. le
L'objectif de cette sémiotique
perception , il faut signaler que la
corsage de la dome stique et la robe de la
tensive est d'examiner les élé-
perception compose la branche
fillette font des taches claires devant les
ments sensibles disséminés dans
des phénomènes sensibles réper-
feuillages ( ... ) Trop é lo ig né pour di s-
le texte et qui parfois supplantent
toriés, dans l'ét at actuel des
l inguer l 'e xp ressio n des vi sages et en-
tendre les paroles échangées, il observ e
l'analyse actionnelle. C'est-à-dire
recherches , en phénomènes es-
les gestes de la jeune dome stique au
que lorsqu'il devient impossible
thésiques et phénomènes per-
cor sage mauve et bl anc. Quoi que cel le-ci
d'appliquer le schéma narratif
ceptifs. En outre, en deçà de
n' ait pas semblé rem arquer sa présence,
classique, (un sujet en quête d'un
l'impression d'une perc eption
ell e s' agenouil le aupr ès de la petite fill e
et, la tête il la hauteur de son vi sage, lui
objet, sous
l'impulsion
d'un
que l'on peut découvrir dans un
parle en désignant plu sieurs roi s du bras
destinateur), parce qu'il y a une
texte, il y a l'enjeu d'une mé-
les deux garçon s ( ... ) Illuminés il contre-
résistance manifeste qui aboutit à
thode d'ana 1yse des te xtes et
jour par le so lei l, les feuill ages du ride au
l'insuccès de la recherche du
langages , inspiré e par la phéno-
de peupl ier s se détachent en j aune sur le
sujet, la sémiotique des passions
ménologie et qui de ce fait
rond boisé du nan c sud de la vallée
envahi par l ' o mbre . Le s feui ll es trem-
peut s'imposer. Elle apparaît de
innove avec l'introduction de la
bl ent légèrem ent ». (Triptyq ue, pp 177-
ce fait comme un moyen de
donnée corporelle ou corps sen-
178)
résoudre une situation initiale qui
tant. Comment la perception fait-
<d l se sentit las tout à coup ; peut-être
s'aggrave dans l'insuccè s et le
elle irruption dan s un texte et
las de v iv re, l as d ' avoir à se défendre
sans cesse contre tou s ces dangers. Ce
pourrissement.
Dès
lors,
la
comment l'analyse parvient-elle
n' était pas tant sa faim qui comptait que
sémiotique des passions révèle
à s'articuler autour de la notion
le moment où il déci derait qu ' il serait
l'importance que
l'affect,
le
de corps sentant pour permettre
pr êt à mouri r. Il ava it horreur de ce
sensible et les passions peuvent
l'e xistence du discours perceptif,
changement bizarre, qui inter-v iendrait
avoir dans un texte. Par ailleurs ,
d'une part ? Et d 'autre part,
cert ainement
un jo ur ou
l ' autre et
l ' obli ger ait à ne plu s penser à rien.» ( Le
l'analyste
peut
choi sir
de
comment l'analy ste détermine-t-
Procès-verbal. P 150).
s'appesantir sur
l'étude
des
il 1e discours percepti f pour en
éléments sensibles disséminés
faire l'étude ?
1.
L'APP RO C H E SI':]\\1I0 -
dans le texte, malgré la présence
Deux passages, l'un tiré de
LIN-GUISTIQ1JE
d'un déroulement actionnel don-
Triptyque de Claude SIMON et
nant lieu à un schéma narratif
l'autre ext rait du Pr oc ès -v erbal
Dans les deu x textes ex-traits
classique. Ce
privilège qu'il
de
Jean-Marie
Gustave
Le
de Triptyqu e et du Procès- verbal,
accorde à l'analyse du sensible
CLEZrO vont servir à établir la
un certain nombre de lexèmes et
exprime alor s l'intérêt porté au
nécessité de l'étude de la percep-
syntagmes soulignent l'orienta-
discours perceptif.
tion en même temps qu'ils per-
tion perceptive du discours . Ce
Selon
MERLEA U·PONTY ,
la
mettront de confirmer l'enjeu
sont «se sentit, inspec-ter, son
perception lm 'est p as une science
dont elle est l'objet. Notre dé-
regard, distinguer , enten-dre,
du monde, ce n'est pas mêm e un
monstration présentera les appro-
observe, désignant...les
deux
acte,
un e prise
de position
ches discurs ives et narratives qui
garçon s ». Ces éléments sont
délib érée , elle est un fond sur
contr ibuent à faire ressortir -la
classés selon qu'ils induisent une
lequ el tous les act es se déta chent
pertinence d 'une étude sémiolin-
perception
visuelle
comme
et elle est présupposée par eux»:
guist ique de la perception à partir
«inspecter, distinguer, observer»
Une telle définition formulée par
du corps sentant, considéré com-
ou une perception auditive telle
la négation et l'affirmation remet
me 1'espace où s'exerce la per-
que le soul igne le verbe «enten-
en
question
une
certaine
ception. Il s' agira également
dre ». L'activité perceptive est
conception de la perception, en
d'exprimer une réflexion sur les
don c fortement marquée, dans
même temps qu'elle figure la
éléments de la théorie du sen-
ces deux textes, même si elle ne
complexité de l'étude de la
s ible, à travers deux sujet s sen-
fait guère allusion à la perception
perception. Dans la démarche
sible s, présentés dans les deux
tactile, olfactive ou gustative . A
textes ci-dessous:
partir de ces lexèmes et synt ag-
mes, l'analyse discursive peu t
I.
MERLEAU·PONTY M., Phén oménolo-
«... il continue à in specter attenti-
être alors ancrée dans le domaine
g ie de la percep tion , Paris , Gallimard ,
vement la campagne. A la fin, il décou-
1945,p v.
de la phénoménol ogie , en plus
Rev. CAMES - Série B . vol. 03 - W 002. 200 1
17

SciencesSociales el Humaines
_
des
éléments
issus
de
l'axe
mentaux( ... )>>J. Cet unique syn-
la lassitude, de l'état d'âme du
lexico-sémantique qui serviront
tagme proprioceptif permet de
dépressif.
de base à l'étude sémiologues-
déterminer, primo un sujet par-
C'est avec le second texte que
tique.
ticulier appelé sujet percevant ou
l'on a accès à
la dimension
Par rapport à ce texte, un seul
sujet propriocepteur qui est la
extéroceptive, celle qui relate la
verbe suffit à orienter notre
représentation figurale du corps
perception du monde extérieur.
analyse dans le domaine de la
propre et secundo un univers
Elle est contenue dans la plupart
phénoménologie, contexte privi-
indiquant le fond sur lequel ce
des lexèmes soulignés dans ce
légié de l'étude de l'a perception,
corps propre évolue et perçoit le
texte,
à savoir : «inspecter,
telle que MERLEAU-PONTY l'a
monde.
découvrir, regarder, distinguer,
souligné. Il s'agit du verbe «se
Du point de vue de l'énon-
entendre,
dés ig ner ».
Ces
sentir» qui fait référence à la
ciation, le discours perceptif est
différents termes perceptifs sont
proprioceptivité. La propriocep-
pris en charge par la procédure
directement
liés
au
monde
tivité ainsi que l'extéroceptivité
du débrayage. Celle-ci installe,
extérieur.
et l'intéroceptivité constituent les
en
même temps que le sujet
L'intérêt
de
l'étude
exté-
termes qui permettent «d'articu-
percevant, un sujet énonciateur
roceptive de ces textes est de
ler l'univers sémantique consi-
dont la présence en arrière plan
révéler la constitution de l'uni-
déré comme coextensif à une
est attestée par l'usage de la
vers perceptif au sein duquel le
culture ou à une personne humai-
troisième personne. Dans la suite
corps propre du sujet percevant
ne». La signification qu'on leur
de l'énoncé, le sujet percevant ne
est immergé. Cet univers dénom-
attribue résulte de «la perception
parvient cependant pas à se dis-

le champ de
présence se
qu'a l'homme de son propre
socier du sujet de l'énonciation.
détermine par rapport à l'attrac-
corps»' immergé dans le monde.
Il reste confondu au sujet énon-
tion que les différents objets de
Ils renvoient à la phénoméno-
ciateur et ne peut faire preuve
l'univers exercent sur le sujet
logie de la perception du corps et
d'une certaine autonomie pour
percevant. Et dans l'analyse du
sont à considérer comme des élé-
relater l'expérience perceptive.
discours perceptif, le champ de
ments référentiels ou des auxi-
Cette dépendance entre les sujets
présence soulignant les éléments
liaires qui permettent d'articuler
énonciateur et percevant 1imite
extéroceptifs s'évalue selon les
la forme et le sens de la percep-
singulièrement la perception à la
trois paramètres que sont l'inten-
tion.
proprioceptivité, en sorte qu'au-
sité, l'extensité et la profondeur.
Dans le détail, l'emploi du
cun élément de l'extéroceptivité
Ce qui signifie que dans le cas
verbe se sentir dans le syntagme
ou de l'intéroceptivité ne sera
précis de ce second texte, le
«II se sentit las tout à coup»
évoqué dans le texte. Par ailleurs,
discours perceptif n'est pris en
induit
la
dimension
proprio-
la proprioceptivité marquée par
charge que par les éléments de
ceptive, précisément celle qui se
ce syntagme verbal «se sentir»
l'extéroceptivité. Il apparaît donc
situe entre l'intéroceptif et l'exté-
exprime, non seulement l'idée de
que la proprioceptivité ainsi que
roceptif. Elle est parfois désignée
l'introspection du regard inté-
l'intéroceptivité ne sont d'aucune
comme un terme neutre et ren-
rieur, grâce au pronom réfléchi
utilité dans la relation de cette
voie aux sensations perçues par
«se», mais il est aussi suivi de
perception.
le corps propre. Le sujet proprio-
l'énoncé d'une activité percep-
Le
premier
paramètre,
cepteur est selon Pierre OUELLET
tive de type dysphorique. Cette
l'intensité, fait référence à la
«auto-affecté par ses sensations,
perception dysphorique se donne
puissance d'attraction dégagée
il se sent sentir le réel externe, y
à voir à la fois par la répétition de
par l'objet perçu au cours de
compris son propre corps en tant
l'adjectif «las» et par l'ellipse du
l'activité perceptive. Elle se lit de
que lieu de ses sens externes, de
verbe «se sentir», dans la phrase
deux manières, somme toute,
même que
ses
propres états
«peut-être
las
de
vivre,
las
complémentaires: tout d'abord
d'avoir à se défendre». L'insis-
les adverbes et adjectifs emplo-
tance portée sur la dysphorie per-
yés dans «inspecter attentive-
met de souligner la thématique de
ment, son regard se fait plus aigu
et
désignant
plusieurs
fois»
2.
GREIMAS
A .J.
et COURTES J .,
dénotent l'idée d'une quantité
Sémiotique, Dictionnaire raisonné de
3.
OUELLET P., Voir el savoir, La per-
importante, d'un certain excès et
la théorie du langage , Paris, Hachette,
ception
des univers du discours,
vol. 2,1993.
Candiac , BALZAC, 1992.
sont par conséquent, la marque
18
Rev. CAM ES - Série B. voi . uj - W 002, 2001

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Sciences Sociales el HI/moines
de l'intensité. Ensuite, l'intensité
narrative des données sensibles
attitude
de
démission ».
Le
transparaît derrière chaque répé-
figurées par la passion du sujet
substantif démission
s ign ifie
tition. Ainsi la répétition du syn-
démi ssionnaire
et
du
sujet
quant à lui «acte par lequel on
tagme de «la domestique au
voyeur, qui participent également
renonce à quelque chose , attitude
corsage mauve » marque-t-elle
à
la spécificité du
discours
de fuite devant les difficultés ».
l'insistance, en même temps
perceptif.
Dans ces deux définitions , ce qui
qu'elle révèle la puissance d'at-
permet d'établir clairement les
traction de cet actant-objet.
2. LES DONNEES SENSI-
conditions ou l'expression de la
L'intensité se lit égale-ment
BLES
passion se retrouve précisément
par une puissance moins forte, et
dans la définition du mot attitude
donc par une perception plus
L'activité
passionnelle
qui est une disposition , un état
faible, tel que
le montre
le
s'analyse dans les textes et langa-
d'esprit (à l'égard de quelque
syntagme: «trop éloigné pour
ges en tenant compte des modu-
chose ou de quelqu'un). Or le
distinguer l'expression ». La pré-
lations et des modalisations ten-
mot disposition renvoie, sans
sence de l'adverbe «trop», mar-
sives. L'hypothèse de la sémio-
aucun doute, à la passion qui est
queur de la quantité, confirme
tique des passions, exprimée dans
d'ailleurs définie en sémiotique
l'idée de l'intensité, même quand
l'ouvrage Sémiotique des pas-
des passions comme un dispositif
elle est perçue faiblement. Et
sions', est que le sens, la signifi-
de dispositifs. La présence du
c'est à ce moment précis que le
cation se prépare en immanence
syntagme état d'esprit confirme
lien entre l'intensité et la pro-
dans un espace protensif où le
bien
la notion
de
l'activité
fondeur peut s'avérer beaucoup
presque sujet, pas tout à fait un
sensible
perceptive
de
type
plus étroit. En effet, l'éloigne-
actant donc un protoactant, ni
passionnel.
ment souligné par le texte met en
tout à fait un sujet, oscille entre
Dans
le premier texte , le
lumière l'idée de la profondeur.
des proformes d 'objets qu 'il n'est
presque sujet démissionnaire, du
Cette profondeur révèle la dis-
pas à même de déterminer et qui
po int de vue des modulations
tance qui existe entre la percep-
figurent à la fois l'attraction et la
tensives (la manière dont ce sujet
tion du sujet percevant, placé au
répulsion . Cette indétermination,
tend vers la proforme d'objet) est
premier plan et l'objet perçu situé
cette tension du presque sujet
un sujet hésitant encore entre le
sur un plan plus éloigné, beau-
vers l'attraction ou la répulsion
choix d'un sujet fatigué ou celu i
coup plus en arrière. Dans ce cas,
fonde, dès l'instant où le sujet
d'un sujet démissionnaire voire
la perception ne peut être que
privilégie de s'orienter vers l'un
suicidaire. L'hésitation est mar-
considérablement réduite et le
ou l'autre de ces pôles, fonde les
quée par l'adverbe «peut-être »
discours perceptif singulièrement
états d'âme configurés par les
qui rappelle l'existence d'un sujet
atténué, par la raréfaction des
sujets passionnels. A cet égard,
épistémique, peu sûr de lui, et
lexèmes perceptifs et par l'emploi
l'activité sensible des deux textes
dont le croire s'en ressentirait , en
de syntagmes indiquant un ame-
souligne la perception des états
bref, un sujet incertain du choix à
nuisement de la perception , ame-
d'âme des sujets démissionnaire
opérer. L' emploi du conditionnel ,
nuisement dû à la perc eption
et voyeur.
avec les deux verbes «déciderait
éloignée . De ce fait, le sujet per-
Pour cerner l'activité passion-
et serait» souligne un peu plus
cevant ne peut alors que détour-
nelle du démissionna ire, il con-
l 'hésitation
du
s uj e t,
son
ner son regard, pour le porter sur
vient de faire une brève étude
embarras
devant
deux
choix
d'autres objets de
l'univers:
lexico-sémantique qui
vise
à
dysphoniques : la faim et la
«trop éloigné pour distinguer
déterminer, par la signification,
perspective de la mort. En outre,
l'expression des visages et en-
ce qui permet de classer le sujet
l'on peut également noter que la
tendre les paroles échan gées, il
démissionnaire en tant que sujet
dysphorie apparaît et est ag-
observe les gestes de la do-
passionnel inscrit dans un dis-
gravée par J'intensité contenue
mestique (... )>>.
cours perceptif qui lui est imputé.
dans la réitération du sentiment
S'il
apparaît
difficile
de
Le démissionnaire est glosé
de la lassitude. La locution ad-
dissocier l'intensité et l'extensité
dans le Petit Robert par «une
verbiale « tout à COuP» marquant
de la profondeur, il apparaît tout
l'aspect ponctuel et l'inchoatif
aussi difficile d'étudier la prise
4.
GREIMAS A.J . et
FüNTANILLE 1.,
permet la descri ption de l'état
en charge du discours perceptif
Sémiotique des passion s. Des éta ts de
d'âme du sujet démissionnaire.
choses aux états d'âme, Paris , Seuil ,
sans faire état, dans une analyse
1991.
En revanche, le syntagme «cer-
Rev, CAMES - Série B, vol. 04, 2002
19

Sciences Sociales el Humain es
_
tainement un jour ou l'autre »
Les modalisations tensives du
rebond it à nouveau sous l'aspect
souligne l'idée d'une durativité
démissionnaire sont donc ex-
inchoatif par le verbe «d écou-
illimitée et, par-là même, l'idée
primées à la base par des moda-
vrin>. La suite du texte est un
d'un état d'âme irrémédiable-
lités du /devoir-être/ + /vouloir-
mélange de l'inchoatif et du
ment tourné vers l'indécision et
faire/ qui traduisent la détermi-
duratif. 11 apparaît donc que le
la faiblesse , présenté par les
nation à faire, mais en même
sujet n'envisa ge pas de mettre
premiers
mots
du
discours
temps ces modalisations tensives
une fin, par l'aspect terminatif, à
perceptif: «Il se sentit las tout à
sont fortement déséqui-librées
son activité visuelle. Cette pers-
coup ; peut-être las de vivre , las
par le /ne-pas-vouloir- être/ + /ne-
pective illimitée est soulign ée par
d'avoir à se défendre sans cesse
pas-pouvoir-faire/ + /ne-pas-sa-
la spatialisation qui présente zn
contre tous ces dangers».
voir/ propre à la renonciation. Ce
espace englobant il1imit~:.' ~ .:
Cette combinaison des aspects
dispositif modal complexe expri-
sujet n'a en quelque sorte r:J.;;
ponctuel et duratif détermine le
me la contradiction qui a généré
d'autre choi x que de l':; gs::: ~.~ .
devenir du sujet démissionnaire.
le sujet démissionnaire, incapable
Mais, il est aussi un sujet:j,! o:_' : ~ ~.
L'horizon d'attente est donc
de prendre en charge son propre
à voir. De ce fait, il est ffiC,''::.I < ,-·r:
indécis,
très
appro ximatif :
ressentir par un discours perceptif
par un /devoir- être/ qu i :f. ,~> ..:., ~
«certainement un jour ou l'autre
net, sans tergiversations.
à vouloir voir toujours r. .·: ~ :. t:'::'é
(. .. )>>. Ce qui signifie également
Le
second
sujet
sensible
c'est ici que la relation cr.'. :·;~ ' ,l a
que le presque sujet a aussi une
susceptible de présenter le dis-
modalisation et la modulation
perception approximative de son
cours
perceptif est
le sujet
aspectuelle est importante. Cet
corps immergé dans l'univers.
voyeur. Le dictionnaire définit le
aspect duratif n'a fait qu'accen-
Cependant
l'analyse
des
lexème voyeur comme étant une
tuer la permanence du /devoir-
modalisations tensives révèle un
«Personne qui cherche à assister
être/ du
sujet.
En outre,
le
progrès
sensi ble
dans
la
pour sa satisfaction et sans être
dispositif modal fait état d 'un
perception du presque sujet. En
vue à une scène intime ou éro-
/vouloir-faire/, (vouloir voir),
effet, l'apparition de la volonté,
tique ». Le voyeurisme qui donne
confronté à un /pouvoir-faire/ et
le /vouloir-être/ qui distingue ce
le nom à la forme de vie du
un /savoir/ inexistants, à certains
presque sujet parvient à le faire
voyeur est le «comportement du
moments. Le sujet voyeur trouve
passer de la phase d'oscillation, à
voyeur». Dans la théorie de la
cependant
la parade qui
lui
la phase de la stabilité définitive,
sémiotique des passions, la forme
permet de satisfaire sa curiosité.
avec l'idée arrêtée de l'abandon
de vie est décrite par «des confi-
D'où la phrase: «trop éloigné
irrémédiable. Le presque sujet est
gurations où «une philos ophie de
pour distinguer l'expression des
donc
so us
la
pression
d'un
la vie » s'exprimerait par une
visages» qui manifeste un /ne-
/devoir-être/ signifié par la con-
déformation
coh érente
d e
pas-pouvoir/ en même temps
jonction avec l'état de lassitude
l 'ensemble des structures définis-
qu'un /ne -pas-savoir/ suivi de «il
«il se sentit las tout à coup » qui
sant un projet de vie»:
observe les gestes» qui exprime
l'oblige à vouloir une fin sans
Le voyeurisme est une forme
une volonté à être conjoint au
pouvoir déterminer le moment
de vie qui se détermine par un
s pectac le,
modalisé
par
un
précis de cette fin. L'utilisation
état statique et un certain excès
/devoir- être/ et un /voul oir-être/
du
conditionnel
confirme
à
induisant une activité sensible
aboutissant à un savoir sur les
nouveau une incapacité à prendre
passive .
Et
pourtant,
les
événements, pour la plus grande
une décision: «le moment où il
modulations tensives apportent la
satisfaction du sujet voyeur.
déciderait qu 'il
serait prêt à
preuve d'un certain dynamisme
mourir».
L 'abandon
dont
la
que traduit d 'abord une variation
3. ESTHESlE, PASSION ET
modalité principale est le /ne-pas-
de
l' aspectual ité:
le
procès
FORME DE VIE
vouloir/ est ici représenté par le
débute par l'aspect inaccompli ,
/ne-pas-vouloir- être/ + /vouloir-
correspondant à l'inchoatif. Puis
Au regard de tout ce qUI
faire/ + /ne-pas-pouvoir/ et le /ne-
l'aspect terminatif succède à cet
précède,
il
est
possible
de
pas-savoir/. Ce dispositif modal
inchoatif avec l'emploi du syn-
distinguer les points suivants :
tient
ég alement
compte
des
tagme «à la fin ». Le procès
tout d'abord , la perception du
modal ités propres à la renon-
sujet démissionnaire peut être
ciation . Ce qui donne toute la
liée à celle du sujet suicidaire. Le
5.
FüNTANILLE J., «Les formes de vie »,
dimension d'un sujet suic idaire.
in R.S.S.I, Montréal, vol 13, n° 1-2, 1993.
suicidaire est un sujet sensible
20
Rev. CAM ES - Sér ie B, vo l. 03 - NO 002 , 2001

- -
- --
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-
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-
Sciences Sociales et Humaines
car actéri sé
par
un e
inte nse
l' aperceptionn" Il apparaî t donc
Selon
9
G REIMAS et FONTANI LLE ,
volonté de se nuire gravement, en
au regard de ces deux définitions
les confi gur ation s passionn e Iles
mett ant fi n à ces j ou rs. Par 'S a
que l' esthésie est une notion dont
revie nne nt à décrire dan s une
définiti on , le s ujet s uici da ire
l' étu de s 'avère approp riée pour
pa rtie du disco urs, une orga ni-
appa raî t don c comme un suje t
l' analyse des discours perceptifs.
s ation mo da le, as pec tue lle et
passionnel, eu éga rd à l' excès et
En effet, e lle appo rte l' outil
acta ntielle do nt l'effet de sens est
à l'idée de la tendance, de la
méthodolo gique
nécessaire
à
de type passionnel.
di sp ositi on co nte nue da ns
le
l' analyse du phénomène sens ible
Qua nt à la forme de vie, elle
lexème «volonté». Le d ispositi f
to ut e n
ini t iant
le
disco urs
ap paraî t égale ment comme une
modal qui caracté rise le sujet,
perceptif ou le discours en acte.
not ion qui s'analyse par les effe ts
suic idai re es t a lors le /no n-
La percep tion est quant à elle
de
la
co hérence
e t
de
la
vouloir/, l' absence de la volont é
« la réunion de nos ex périe nces
co ng ruence . La coh érence d'un
de vivre et le Ipouvo irl de, se
sensorielles»'.
Elle
rel è ve
de
parco urs est rendu e sensible dans
do nner la mo rt. Or ce s ujet
l' ét ude discursive propreme nt
l' an alyse sémioti que et e lle as-
s uici da ire
es t
rég i
par
les
dite. Et par rappo rt à l' étude de
su re l' identité de ce parcou rs,
modalit és du /non-vouloir/ et du
ces text es, il ap pa raî t que la
grâce au principe de la schémati-
/ non-pouvo ir/ . Ce qui n'en fait
distinction que l'on peut faire se
sa tion qui «re pose, en sémio-
donc pas réellemen t un suicidaire
révèle par la disposition modale .
tique, sur la possibilité de rendre
à part entière. Il convient alo rs de
Ce qui revient à dire que le sujet
se nsib le
la co hé re nce
d 'un e
so uligner que ce sujet passionnel
es thés iq ue
q ui
effectu e
un e
forme de vie grâce à la construc-
peut éga lement être dénomm é le
régres s io n
ve rs
l ' e s pa c e
tion , par l'u sage et les cultures,
sujet dém issionnai re- suici dair e,
prote nsif, dans un univer s non
de dispo sitifs ca noniques immé-
tout en ga rdan t à l' espr it que,
stabilisé, est un presque sujet qui
diatement reconnaissables, et en-
dans ce passage , le suje t ne par-
es t muni de moda lités négat ives
tre autres, au co urs d' une est hé-
viendra pas au stade du suicide.
telles que le /non-vouloir/ et le
sie ». La congruence, quant à elle,
Le seco nd point que sou lève
Inon- pouvo irl et qui, dans
le
«co ncerne la mise en phase des
cette analyse est la di st incti on
même tem ps, tend ve rs le sujet
sé 1ect io ns
o pé rées
à chaq ue
entre le sujet sensible esthésiq ue
suic ida ire et le sujet démission-
niveau , c'est-à-dire des rég imes .
et le suje t sensib le pe rceptif. Le
naire. En revanche, le suje t per-
Une forme de vie, en effe t, peut
suje t es thési que est un sujet
ce ptif es t celui qui a défin itive-
êt re ca rac té risée par un ty pe
caractérisé par ces moment s de
ment
sta b ilisé
les
ty pes
et
d'équilibre ou de déséquili bre
fusion avec le monde sensib le
a pparaî t, dans ce te xte, co mme
intern e à la fonction sé miotiq ue,
dans lequel il est immergé. Pou r
un suje t voye ur qui n' oscille pas
par un ty pe de médi ati on pro-
Jacques FONTANILLE
entre plus ieurs pô les att ractifs et
prioce ptive, pa r des rôles mo-
répulsifs.
da ux , actant iels et passio nne ls
«L' analyse du discours en acte doit
Enfin , le troisième point sur
par des régimes d 'objets", Une
rechercher d'a bord les «esthésies », ces
lequel porte l' an alyse es t ce lui
fois la fo rme de vie ident ifiée,
moments de fusion entre le sujet et le
des pass ions et des formes de vie.
l' analyse sémiot ique est simila ire
monde sensible ; à cet égard , l' esthés ie
procure un ancrage méthodologique à la
Les config urations passionn elles
à ce lle des co nfig urat ions pas-
démarche phénoménologique, puisqu'el -
et les formes de vie ne sont pas
sionnelles . La nuance qui exis te
le appa raît dans le texte co mme un
touj ours a isé me nt identifi ées.
alors à ce niveau est sou vent liée
moment de rencontre avec Ics «choses
Ains i donc, pou r l' an alyse des
à la perm anence ou la récurrence
mêmes», avec quelque chose qui semble
émaner de l' être même, qui appa raît au
co nfiguratio ns passion ne lles, il
des élé me nts de la modulatio n
sujet grâce à la saisie impressives",
est nécessai re de rechercher les
tens ive ou de la modalisation. Il
éléments du dispos itif passio nnel
appa raît éga lement que la forme
Cette définition de l'esthésie
tels que l' intensité ou l' excès, les
de vie se déterm ine pendant les
peut également être comp létée
agencements
mod a ux
et
les
esthésies. Ce qui contribue auss i
par l'id ée de «la perception de
modu lati ons tensives repérables
à ra ppr oc her ce tte
notion de
notamment grâce à l' aspectualit é.
9.
Op. cil ..
6.
FONTANILLE J, Sémiotique el litt é-
7.
OUELLET P., Op. cil..
10.
FONT AN IL LE
J .,
et
ZIL13 ER
rature, Essais de méthode, Paris, PUF,
BERG C., Tension el s ignification ,
1999 , p. 229.
8.
MERLEAU-PONTY M., Op. cil..
Liège, Mardaga, 1998, p. 159.
Rev. CAM ES - Série B, vol. 04, 2002
21

Sciences Sociales et Humaines
_
l' étude de s disposi tifs pass ion-
spéci fi e ce sujet indi scret. En
effic ace pour re later la perception
nels :
effet , ce qui mot ive l'exi stence de
que le presque sujet , de par son
cette passion est le manque de
fonction nement es t incap able
«les fo rmes de vi e sont aussi
savoi r sur les é vénements et
d' énoncer une op inion par lui-
immédiatement connexes des euc ts de
l' incapacité à n' être discret, donc
même . Il n' a pas la qua lité de
sens passionnels. En effet. tout comme
le /no n- po uvo ir/. En compa rant
s ujet à par t ent ière et ne peut
les passions, el les comportent des rôles
el des agencements modaux stéréo-ty pés,
cette config uration passionne lle à
ass urer l'énoncia tion du d iscours
auxquels sont associées des fo rmes
ce lle de la forme
de vie du
pe rce pt if. Cependan t, dès l'ins-
aspectuel les et tensives, ainsi que des
voyeur ,
les
similit udes
se
tant o ù la percep tion est énoncée
axiol ogi es. Elles s' en différen cient par
retrouvent da ns la présence des
par un sujet, les é léments de
leur portée : les passions n"infl échissent
moda li tés
d u /de voi r/ e t du
lex t éroceptiv it é viennen t confir-
que la dimension thymique des discours.
alors que les l'ormes de vie affecte nt
/ vo ulo ir/ . Ce pe nda nt, po ur les
mer lin d iscours ce ntré sur ce
toutes leurs composantes» Il .
autres modalités, dont le /savoir/,
suj et percev ant et sa perce ption
le sujet indiscre t e n est dépourvu
de l'uni ver s da ns lequel il es t
Et don c e n tant q ue for me
totalement. En reva nche, le sujet
imm e rgé. Et co nt ra ireme nt au
sens ible provenant des esthésies,
voy eur
es t cons truit par
un
presqu e s ujet, le s ujet percevant
la forme de vie se détermine dans
/savoir/ partiel. Et par rapport au
re late sa perception en mettant
un contex te passio nne l. Ains i,
s uje t indiscre t, ce tte moda li té
l' acce nt sur les é lémen ts de
da ns
le
passage
ex trai t
de
parv ien t
q ue lq ue
peu
à
le
l'i ntensi té, de l'ex tensi té et de la
Triptyque, la fo rme de vie du
particulariser.
profonde ur q ui ma ni festent sa
voyeur
pe ut ê tre do ublée de
En to ut état de cause , il
capaci té à prend re en c harge la
l' existen ce d' une config ura-tion
apparaît donc , compte tenu des
relation de la perception. Dans un
pass ionnel le à sa vo ir l'ind is-
différents points énoncés, qu 'il
tel
cas,
la complex ité de
la
crétion . Et comme pour toute
existe bel et bien des variations
perception réside a lo rs dan s la
étude des
passion s, il a ppe rt
ent re les sujet s esthésiques et
complémentarité de s tro is para -
nécessaire d'établir très briè -
percepti fs ,
entre
es th ésies ,
mètres parfois indissoci ables .
vemen t J'ét ude lexico-sémanti -
passions et formes de vie. Ces
Il est éga lement apparu que le
que. Par conséq uent, le substant if
variatio ns sont de l' o rd re de
d iscours percep tif se révè le dans
indiscret, sig nifian t «qui dé note
l'aspectualit éet de la moda lité.
l' appari tion de s suje ts sens ibles,
un manque de d iscré tion ; q ui ne
avec la configura tion du sujet
sai t pas garder un secre t» laisse
CONCLus rON
dé missionna ire et la forme de vie
dev in er
un e
d is posi tio n q ui
du s ujet voyeur. Ces deux s uje ts
transparaît s urtout dan s l' inten -
Pou r co nc lure ce trava il. il
se ns ibles o nt une progr ess io n
si té de
la per cepti o n.
Ai ns i
faut retenir que la question de la
narrative que l' anal yse sé rniol in-
l' emploi des le xèm es te ls q ue
pr ise e n c ha rge d u d isco urs
g uistiq ue avait dé voil é q ue lque
«continue à ins pec ter», «so n
percep ti l' es t rend ue com p1exe
peu. Ainsi donc, le s ujet passion-
rega rd
se
fa it
plu s
a igu »
pour
plus ie urs rai son s . Tout
ne l démi ssionnaire s'a pparente à
indiquent la présence d'un regard
d 'abord , le discours perceptif se
un sujet esth ésiq ue, c'est-à-dire
dont l'intensité se mesure par la
dévoile par la de scr ipt ion de la
un presque sujet don t la con-
continuelle présence. DII point de
s truc ture di scursiv e.
Celle -ci
figura tion pass ionne lle confi rme
vue de l'aspectuali té, le durati f
s' appuie sur un ce rta in nombre
l' am enuisement de la percept ion
demeure l' as pect do minan t. En
d 'é lémen ts propre à la phénomé-
et donc la régress ion du suje t vers
o utre ,
il
es t
régul iè re me nt
no log ie de la percep tion po ur
l' espace protens if. A contrario , le
combiné à l'i nchoati f marq uant le
étab lir
une an a lyse
de
type
s uje t voyeur, de pa rt son di s-
dé but de
la
per cept io n : «i 1
s érn iolinguistique. C'est donc à
positif passionne l s 'apparente à
obse rve
les ges tes ( .. .) >> . La
parti r de la notion de corps sen-
un suje t passionnel, compte tenu
confi g u ra t io n
m od a le
q ui
tant et des éléme nts propriocept if
de sa configuratio n modale et de
compose ce sujet passio nnel es t
et ex téroce ptif que le percepti f
ses mod ulat ions tensives . To ute-
ce lle d 'u n /vo ulo ir-fa ire/ et d' un
peut s'ana lyser en str ucture de
fois, il fau t env isage r J' existence
/de vo ir- fa ire/ .
L' a bse nc e
du
s urface. De ce fa it, l' analyse a
du sujet passionn el indiscret don t
/ po uvo ir- fa ire/ et du /sa vo ir/
révél é q ue le presqu e s ujet est
la configura tion pass ionnelle très
con fondu à I' én onci ateur. Et cette
proc he de la forme de v ie du
I I. Idem. p. 162.
dé marche apparaît d ' autant plus
voye ur co rrobore l' idée d 'une
22
Rey. CAM ES - S':I'i-: B. vol. 03 - W 002. 2001

_ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _
Sciences Sociales el Humaines
attitude du sujet qui transparaît
rôle épi stémol ogique que tien-
Sémantique stru ctura le. Paris,
dans le texte sous une double
nent les phén omènes se ns ibles
PUF,1986 .
forme sensible: la passion et la
telles que
les esth ésies et la
GREIMAS A.J. & COURTES ,
forme de vie. Il apparaît en sus
percepti on . Le rôle méth odo-
Sémi otique, Dictionnair e rai -
que le passag e à l'une ou l'autre
logique qu 'ils mettent en exergue
sonné
de
la
th éorie
du
de ces forme s se nsibles est en
permet d ' étudi er, dans un texte ,
langage, Paris, Hachette, vol
rapport étroit avec l'aspectualité
d' autres é léments que l'an alyse
2, 1993.
e t la modalit é. Plus le sujet
du déroulement actionnel ne peut
GREIMAS A.J.
sensible est dét erminé par le
guère étudier.
& FONTANILLE J.,
duratif et les deux modalités
Sémi otique des passions . Des
négatives
que
sont
le /non-
BIBLIO GRAPHIE
ét ats de ch oses
a ux éta ts
pouvoi r/ et le /non-sa voir/ qu 'il
d 'âme, Paris, Seuil, 1991.
tente de surmonter ou domin er,
FONTANILLE, Jacques,
MERLEAU-PONTY, Maurice,
plus il s ' apparente à l'indi scret.
« Les
forme s
de
vie », in
Ph énom énol ogie
de
l a
Dans le second cas d'esp èce, plus
R.S.S .!., Montréal, vol 13, n°
p er ception, Paris, Gallim ard,
le suj et sensible est dét ermin é
1-2,1993.
1945.
ponctuellem ent par l' inchoatif et
FONTANILL E, Jacques,
OU ELLET, Pierre,
le dur atif auxquel s s' ajoutent
Sémiotique et littér atur e, essai
Voir et savoir, La p erception
trois autres modalités, le /devoir/,
de méthode, Paris, PUF, 1999.
d es
univer s
du
d iscours,
le /vouloir/ et le /pouvoir /, plus le
FONTANILLE, Jacques,
Candiac, Balzac, 1992.
sujet aura les cara ctéri stique s du
Tension
e l
si gnific ation ,
sujet voyeur.
Liège, Mardaga, 1998.
Et enf n, l' intérêt de cette
GREIMAS, Algirdas, 1.,
étude s' est porté également sur le
Rev. CAI\\IL'l ·- ~ ~ I i ..: Il. vol. U3 - N" 002. 2001
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