Sciences sociales et humaines
Les problèmes environnementaux liés à la caféiculture
sur les plateaux du sud-ouest du Togo
T.T. K. TCHAMIE
Université du Bénin, Lomé (Togo).
Introduction
café Iiberia (Coffea liberica Bull ex Hie). Dans le sud-
ouest de la région des Plateaux, le café et le cacao ont
L'introductionde lacultureducaféauTogo(région été introduits par des travailleurs saisonniers éwé
maritime) a été j'œuvre du Dr Henrici dans son
revenus de la Gold Coast (actuelle Ghana) vers
domaine de « Ernsthausen » à Gapé, en 1889.
1895/96. Mais très vite, cette région du sud-ouest des
Entre 1890 et 1892, un certain nombre de commer-
Plateaux va devenir la région par excellence des cul-
çants de la côte (Martin Paul, J. K. Vietor) font des
essais de plantation de café à Sébé. La fièvre de la
tures de rente, à cause des conditions climatiques et
culture du café gagne beaucoup de commerçants de
pédologiques très favorables à ces cultures. Le déve-
la côte, en particulier ceux du cercle d'Aného. La
lopement de la culture du café a profondément boule-
région concernée par la culture du café, à l'époque,
versé la vie des populations d'une part et apporté de
est la région maritime où se sont installés les commer-
profondes modifications dans la flore et la structure
çants européens. La variété de café utilisée était le
des forêts denses mésophiles de l'autre.
Présentation du milieu
poussée au sud du plateau de Kloto aboutit, en
particulier dans les secteurs de Kouma et de Tomégbé,
La région des Plateaux est l'une des cinq regions
à un paysage de collines schisteuses plus ou moins
économiques
du
Togo.
D'une
superficie
de
mamélonnées dont certaines
portent encore
un
17 000 km2 soit
28,26 % de la superficie totale du
manteau protecteur de quartzites. Au sud-est, dans la
pays. Cette région, communément appelée « le sud-
plaine, se dresse le plus haut sommet du Togo, le Mont
ouest du Togo » d'une superficie de 6 900 km',
Agou avec 986 m d'altitude. A l'est des plateaux
comprend les plateaux de l'Est (préfectures de Raho et
disséqués, s'étend la plaine méridionale (plaine du
de l' Ogou) et ceux de l'Ouest (préfectures d'Amou, de
Mono) d'altitude moyenne de 200 m.
Kloto, de Wawa, d' Agou et de l'Akébou). La zone qui
fait l'objet de cette étude est constituée par le plateau
Géologie et géomorphologie
de Kloto et le plateau Akposso.
Du point de vue de la géomorphologie, l' Atakora
Relief
présente des barres quartzitiques et des plans de
schistosité mis en relief par un réseau hydrographique
La région des Plateaux correspond à la partie
formé des ri vières que sont le Wawa, l'Amou et leurs
méridionale de la chaîne de l' Atakora ou des Monts du
affluents. Il en résulte un relief de type pseudo-
Togo qui se développent depuis le Ghana jusqu'au
appalachien où les cours d'eau franchissent les crêtes
Bénin, soit une orientation SSW-NNE. Formé de
par les gaps caractéristiques. Le matériel sableux
quartzites et de schistes, le secteur méridional de
arraché au plateau constitue d'importants cônes de
l'Atakora est fortement plissé, avec des plis quasiment
déjection ou des épandages sableux au pied du relief
redressés dans la région de Misahôhe. Dans les lignes
que la reprise d'érosion ultérieure a largement entamé.
de fracture orientées est -ouest, s'installent des vallées
relativement profondes (200 à 400 m) drainées par des
Sur le plan géologique, l'Atakora est constitué de
cours d'eau qui individualisent toute une série de
quartzites à muscovite et à deux micas altemant avec
hautes terres appelées « plateaux » ou « monts »
des micaschistes à deux micas. On y rencontre par
d'altitude moyenne de 600 et 700 m. La dissection très
endroits des ni veaux décamétriques d' amphibolites.
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
151

Sciences sociales et humaines
Des lits métriques à décamétriques d'itabirites sont
Végétation
associés aux micaschistes.
La région du sud-ouest Togo est la seule région du
Pédologie
Togo qui est couverte de forêts denses mésophiles
ayant
fait
l'objet
de
nombreuses
études
D'après LAMOUROUX (1969), les grands types de
(AUBREVILLE, 1937; VANPREAT, 1980; BRUNEL,
sols rencontrés dans la région sont:
HIEPKO et SCHOLZ, 1984;
AKPAGANA, 1985,
- sur les pentes fortes et les hauteurs, on trouve des
1989, 1992; GUELLY et al., 1987 ; GUELLY, 1994 ;
sols peu évolués d'érosion encore appelés lithosols,
BAWA, 1990 ; AGBOZO, 1996 ; BITANGA, 1996 ;
généralement colonisés par des savanes herbeuses;
KOUYA, 1996). Du point de vue biogéographique, elle
constitue la zone écologique IV (BRUNEL, HIEPKO
- sur les faibles pentes et dans les secteurs de Tomégbé
et SCHOLZ,
1984) ou zone écofloristique IV
et Kamétonou, se trouvent des sols ferrallitiques sur
(VANPREAT, 1980). Elle correspond à la partie
micaschistes. Il s'agit généralement de sols profonds,
méridionale de la chaîne de l'Atakora au relief le plus
de couleur rouge, colonisés par des forêts;
élevé
et la plus arrosée du pays. Les types de
- dans les bas-fonds et sur les berges des cours d'eau
formations végétales rencontrées sont les forêts de
se développent des sols hydromorphes riches en limon.
terre ferme, les forêts ripicoles et les savanes.
Ce sont des sols riches, ce qui explique qu'ils font
Les forêts de terre sont de trois types (AKPAGANA,
l'objet d'une mise en valeur par les planteurs de café.
1992) :
Climatologie
- la forêt à Celtis mildbraedii dominant qui se localise
entre 250 et 800 m d'altitude avec des espèces telles
La région des Plateaux jouit d'un climat subéquatorial
que : Celtis zenkeri, Piptadeniastrum africanum,
ou guinéen à quatre saisons; ce qui confère au rythme
ombrique un caractère bimodal. Il y a deux saisons de
Triplochiton scleroxylon, Pterocarpus mildbraedii,
pluies (une grande, de mars à juillet et une petite, de
Blighia welwitschii. Le sous-bois est remarquable par
la présence de Rinorea brachypetale et R. longicuspis ;
septembre à novembre) et deux saisons sèches (une
grande, de décembre à mars et une petite, de juillet à
- la forêt à Terminalia superba dominant occupe des
août).
aires situées en-dessous de 500 m d'altitude. A part
cette espèce caractéristique, d'autres espèces sont à
Les températures moyennes annuelles sur la période de
signaler, telles que Alstonia boonei, Pycnanthus
1961-1997 sont de 26° à la station de Kpalimé- Tové et
angolensis, Tenninalia ivorensis, Antiaris toxicaria
de 24° à la station de Kouma-Konda, Les amplitudes
subsp. Welwitschii var. africana, Milicia excelsa et
thermiques annuelles sont faibles: 3°1 à la station de
Khaya grandifoliola ;
Kpalimé-Tové et 3°9 à la station de Kouma-Konda.
Les
températures
minimales
sous
abri
sont
- la forêt à Ricinodendron heudelotii dominant avec
respectivement de 20°5 et
19°8 et celles des
d'autres espèces telles que Parkia filicoidea, Ceiba
maximales respectivement de 31°9 et 28°8.
pentandra, Tenninalia superba, Hymenocardia lyrata, etc.
Les moyennes annuelles des précipitations sur la
Quant aux épiphytes, les plus caractéristiques sont :
même période sont respectivement de 1 359,7 mm à
Calyptrochilum christyanum, PLatycerium stemaria,
Kpalimé-Tové, 1 531,4 mm à Kouma-Konda, de
Aerangis biloba. Les espèces lianescentes rencontrées
1 586,4 mm à Agadji et 1496,7 mm à Gobé.
'sont: Justicia extensa, Thumbergia chrysops, Celosia
isertii,
Uvaria angolensis, Landolphia owariensis,
L' humidité atmosphérique est très élevée avec une
Landolphia
dulcis,
Strophanthus
hispidus
moyenne qui avoisine généralement 70 %. Elle est
Strophanthus sarmentosus, Artabotrys velutina, etc.
faible au mois de janvier (40 %) et élevée en juillet-
août (100 %). L'évaporation reste dans l'ensemble
Les forêts ripicoles se développent le long des cours
faible (484 mm à Kloto et 548 mm à Atilakoutsé), à
d'eau. Les espèces rencontrées dans ces forêts sont :
cause de l'importance du couvert végétal qui donne à
Uapaca guineensis, Xylopia parviflora, Pentadesma
la région un microclimat particulièremnt humide.
butyracea, Elaeis guineensis, Ceiba pentandra, Piper
Mais, elle est cependant relativement élevée durant les
guineensis,
Cola nitida. On note dans la strate
mois de janvier (71 mm et 102 mm) et de février
herbacée la présence de : Costus afer;
Pteris
(68 mm, 86 mm) à cause des effets de l'harmattan.
atrovirens, Nephrolepis undulata, Phaulopsis ciliata.
152
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
Ces forêts sont dans l'ensemble riches en épiphytes
L. et Coffea canephora Pierre. Le caféier Arabica, le
tMicrosorium punctatum,
Nephrolepis
bisserata,
plus anciennement connu, est le plus répandu.
Platycerium stemaria, Aerangis biloba, Bulbophyllum
Le
caféier
Robusta
appartient
à
l'espèce
C.
[alcatum,
Drymaria
leurentii)
et
en
espèces
Canephora, la plus largement cultivée en Afrique
lianescentes Uusticia extensa, Thunbergia chrysops,
tropicale. L'espèce Canephora groupe les Robusta, les
Alaphia barteri, A. 111ultiflo ra, A. scandens, Baissea
Kouillou, les Niaouli etc., caféiers à l'extraordinaire
spp., Landolphia spp., Uvaria angolensis, etc.).
polymorphisme, mais apparentés par un certain
Les formations savanicoles, qui sont de deux types
nombre de caractères communs. La variété la plus
(naturelles sur les sommets des monts, sur les versants
répandue dans le monde est le Robusta qui constitue au
à pente très forte et dans les dépressions marécageuses
moins 90 % des plantations de C. Canephora (Memen-
et les savanes anthropiques), sont très répandues dans
to de l'agronome, 1984).
cette région, du fait d'une pression humaine de plus en
Au Togo, on a le caféier Arabica, le caféier Niaouli,
plus croissante. Ce sont des savanes à Daniellia oliveri
le caféier Robusta, le caféier Ebrachteolata (Hiern), le
dominant.
caféier Liberica Bull. ex Hie, le caféier togoensis A.
Les espèces compagnes sont: Vitex doniana, Entada
Chev. et le caféier hybride Arabusta (figure 1).
africana, Elaeis guineensis, Afzelia africana, Ficus
Les variétés cultivées sont : Café Arabica, Café
sp., Cussonia kirkii. Les espèces herbacées les plus
Robusta,
Café
Niaouli
et
le
Café
Arabusta.
caractéristiques
sont
Andropogon
tectorum,
Actuellement, seule la variété Robusta, communément
Andropogon gayanus, Panicum maximum, lmperata
appelée « SRCC », du nom de la Société de rénovation
cylindrica, Hvparrhenia rufa, l'espèce ubiquiste très
et du développement de la caféière et de la cacaoyère
envahissante
l'Eupatorium
odoratum
(Syn.
(SRCC) qui l'a introduite en 1971, est la plus
Chromoleana
odoratum),etc.
Les
savanes
dites
répandue. Alors que le café Arabica a presque partout
naturelles à cause d'un déterminisme lié aux causes
disparu, le café Niaouli a été, à partir de 1970,
physiques (la nature des sols principalement), sont
remplacé par le Robusta. Le café hybride Arabusta est
représentées par un seul type : la savane à Lophira
au stade expérimental.
lanceolatal Sizygium guineense qui se localise sur les
sommets entre 650 met 700 m d'altitude. La flore de
Dans son habitat naturel, le caféier se rencontre dans
cette savane est composée des espèces soudaniennes :
des situations ombragées ou serni-ombragées. Son
Lophira lanceolata, Sizygium guineense,
Cussonia
comportement à l'égard de
la lumière l'a fait
kirkii, Crosopterix febrifuga, Hymenocardia acida,
longtemps considérer comme une plante héliophobe,
Spermacoce stracliydea. Andropogon gayanus var
exigeant en plantation un couvert plus ou moins dense.
gayanus.
Cette pratique de l'ombrage, longtemps controversée,
est aujourd'hui généralement en voie d'abandon et les -
caféiers sont susceptibles, en culture intensive sans
Les systèmes de caféiculture
ombrage, de donner des rendements plus élevés
Les caféiers ont une origine africaine. On en connaît
(Memento de l'agronome, 1984). Au Togo, selon les
actuellement plus d'une centaine d'espèces, mais deux
types de variétés de café, il y a deux systèmes de
d'entre elles seulement sont cultivées: Coffea arabica
culture: le café sous ombrage et le café sans ombrage.
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
153

Sciences sociales et humaines
a : Répartition géographique des types de
b : Aire ancienne de la caféiculture.
t
caféiers au Togo.
BURKINA FASO
1
BURKINA FASO
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I
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c : Aire actuelle de la caféiculture.
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BURKINA FASO
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Legende
ZI,Z2,Z3,Z4, Z5
Zones écologiques
* coffée Robusta (S RCC)
t
Coffee
Liberico
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Z
I!:':] Coffee
Canephora
c:::r
6
Coffee Fogoensis
I
œ
• Coffee Arabica
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vort é r e's du
café cultivées
__
Z
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--------
f;.';\\:-'} Aire, de la cafeiculture
,
(periode allemande)
l7777il Aire actuelle de 10 cafci-
[f~ culture
c o l t e e RobuSTlJ
Sourc e :
Aul~ur·
- - - - - ---_ _
....
...._-
Figure 1.
a : Répartition géographique des types de caféiers au Togo.
b : Aire ancienne de la caféiculture,
c : Aire actuelle de la caféiculture.
Source: d'après l'auteur.
154
Rev. CAMES - Série B,vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
Le café sous ombrage
dont les effets négatifs sur la fertilité des sols se font
sentir aujourd'hui. De plus en plus en effet, la culture
La plantation de café sous ombrage est réalisée avec le
de cette variété ne peut se faire sans l'usage des
café Niaouli. C'est une variété de grande taille qui
engrais; ce qui
indique que la qualité agronomique
commence à produire entre 5 et 7 ans. Elle a par contre
des sols de la région n'est plus ce qu'elle était au début
une durée de vie et de production assez longue (entre
de la caféiculture sous ombrage.
20 et 30 ans). C'est une variété moins exigeante qui se
cultive sous une strate arborée supérieure, à cause de
Les deux variétés de café présentent donc des
l'humidité dont elle a besoin pour sa croissance. C'est
avantages et des
inconvénients sur le plan du
donc une espèce sciaphile dont la culture nécessite
rendement, du temps de travail requis et sur le plan
moins d'engrais. La régénération de la plante adulte se
écologique.
En
ce qui concerne
les· effets
de
fait par simple élaguation des vieilles branches; ce qui
dégradation occasionnés par la caféiculture sur
permet le rejet de nouvelles branches et une reprise de
l'environnement naturel, à la question de savoir :
la production. Les planteurs, lors des défrichements,
« quelle variété de café préférez-vous actuellement? »,
épargnent les grands arbres alors que sont coupés les
les planteurs interrogés dans quinze localités ont donné
arbres de moyenne taille et le tapis herbacé. Cette
leur préférence au café Niaouli (tableau 1).
pratique a pour rôle:
Tous sont donc unanimes à reconnaître les méfaits du
- de préserver l'humidité et l'ombre nécessaires à la
café Robusta sur les forêts qui sont de plus en plus
croissance du café;
dégradées, la disparition de certaines espèces ligneuses
- d'éviter l'érosion des sols sur les versants;
forestières, la perte de la fertilité des sols consécutive
à l'usage des engrais chimiques, l'érosion des sols
- de permettre la reconstitution rapide des forêts une
particulièrement sur les versants à pentes prononcées
fois la plantation abandonnée.
et la faiblesse des productions du café sans ombrage
Le café sans ombrage
causée par les effets desséchants de l'harmattan. La
sévérité, la précocité et la fréquence de l'harmattan
A cause de sa forte productivité, une nouvelle variété
dans toute la région du sud-ouest du Togo est signalée
de café fut introduite par la SRCC dans les années
(ROSSI, 1983). Mais que cette réponse ne laisse pas
1971 à partir de la Côte d'Ivoire. Il s'agit de la variété
croire que les planteurs sont enclins à revenir à la
Robusta.
culture du café Niaouli. En effet, le café Robusta est
Généralement appelé variété naine par comparaison au
plus productif (2 tonnes par hectare) que la Niaouli
café Niaouli, le café Robusta est une variété héliophile
(moins de 2 tonnes par hectares) et donc source de
qui commence à produire entre 3 et 4 ans ; mais sa
revenus monétaires plus importants.
durée de vie est courte (généralement une dizaine
Tableau I. Préférences actuelles des planteurs de café dans
d'années). La préparation des parcelles de culture dure
la région de Kloto selon les variétés.
2 à 3 ans.
Localités
Café Niouli
Café Robusta
La première année, on coupe tous les ligneux de
Yoh
68 %
32 %
grande taille à l'aide des tronçonneuses. L'année
Tomégbé
77%
23 %
suivante, le planteur coupe tous les ligneux de
Adamé
56 %
44 %
moyenne dimension ainsi que le tapis herbacé. La
Balla
54 %
46 %
parcelle est totalement mise à nu par un dessouchage
Tokpli
70%
30%
systématique. Selon les responsables de la SRCC, ce
système permet aux plants de caféier de profiter des
Konda
67 %
23 %
traitements
phytosanitaires
pour
une
meilleure
Koussoutou
80%
20%
production (engrais, insecticides). L'entretien de la
Missahohoe
75 %
25 %
plantation par sarclage se fait à la houe durant les trois
Tsi
60 %
40 %
premières années, et le désherbage continue à l'aide du
Séva
68 %
32 %
coupe-coupe, après la quatrième année ; pour le café
Gobé
70%
30%
Niaouli par contre, tout se fait à l'aide du coupe-coupe,
Adadja
65 %
35 %
deux fois par an. A la différence de la première variété,
N'Taré-Kopé
60%
40%
la culture de la variété robusta à haut rendement
nécessite l'emploi systématique des engrais chimiques
Okou
76%
24 %
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
155

Sciences sociales et humaines
Tableau II. État des formations végétales en 1954 à Kloto
La caféiculture actuelle des
(Carte topographique de Kpalimé 4C, IGN).
planteurs de café dans la région
Formations végétales Surface en ha
Surface en %
de Kloto selon les variétés
Forêt
16947
63,1
Les problèmes de dégradation des forêts liée à la
Savane et cultures
10 053
36,9
culture du café et du cacao expliquent l'attitude de
l'autorité coloniale allemande à l'égard de ces cultures
Surface totale
27000
100
dans la région des Plateaux', En effet, les Allemands
considèrent que le café et le cacao sont des cultures qui
Tableau III. État des formations végétales en 1969 à Kloto.
«mangent» la forêt et qu'il n'était pas conseillé de les
Interprétation des photos aériennes n? 39-53 et 134-164 NA-
introduire dans cette région forestière.
31-XIII-XIV-l/30 000, IGN, Paris.
Les réponses données par les planteurs (tableau VII)
Formations végétales
Surface en ha
Surface en %
montrent qu'il se pose dans ces localités, tout comme
Forêt
14571
54
dans toute cette région des Plateaux, des problèmes
Savane et cultures
12429
46
d'environnement liés aux cultures de rente (café et
cacao). La culture du cacao et surtout du café est au
Surface totale
27 000
100
premier rang des facteurs qui contribuent à la
dégradation des forêts dans toute la région du sud-
Tableau IV. État des formations végétales en 1976-1977
ouest du Togo. Selon les données fournies par la
à Kloto.Tnterprétation des photos aériennes n° 2214-2260
Direction des enquêtes et statistiques agricoles, il a été
(TOG 3D300, IGN, Paris).
défriché en 1990, 295,23 ha pour la plantation de
Formations végétales
Surface en ha
Surface en %
cacao et 293,11 ha pour le café. Dans son rapport
Forêt
1 127
41,5
annuel, la SRCC précise que de
1975 à 1988,
2 126,6 ha de forêts ont été défrichés pour la plantation
Savane et cultures
15773
58,5
de café.
Surface totale
27 000
100
S'il est établi que la caféiculture porte atteinte aux
formations forestières de la région de Kloto, qui en est
Tableau V. État des formations végétales en 1954 sur le
la première productrice, avec 157 000 ha en 1970 et
plateau Akposso (Wawa). D'après la carte topographique
186 000 ha en 1981, il n'en demeure pas moins vrai
Oga 4b.
que d'autres activités, telles que la production du
Formations végétales
Surface en ha
Surface en %
charbon de bois, l'exploitation des essences nobles, les
Forêt
12537
74,06
feux de brousse et les cultures vivrières, contribuent
aussi à la dégradation des forêts.
Savane et cultures
4390
25,94
Surface totale
16928
100
Recul des forêts au profit des formations
végétales ouvertes
Tableau VI. Etat des formations végétales en 1976-1977
L'évaluation du recul des forêts est faite à partir du
sur le plateau Akposso (Wawa). Interprétation des photos
calcul des états de surface de végétation sur trois
aériennes n'' 3065-3092 (TOG 311300, IGN, Paris).
périodes: 1954 (carte topographique de Kpalimé 4c au
Formations végétales
Surface en ha
Surface en %
1150 000), 1969 et 1976-1977 (Photos aériennes au
Forêt
10 520,67
62,15
1130 000) pour la région de Kloto et sur deux
périodes : 1954 (carte topographique Oga 4b) et
Savane et cultures
6407,33
37,85
l'interprétation stéréoscopique des photos aériennes de
Surface totale
16928
100
1976-1977 pour la région Akposso ou Wawa (tableaux
II, III, IV, V, VI).
1 Quand arrive R. Büttner en juillet 1890 à Bismarkburg situé plus au nord dans l'actuel Adélé, il signale dans ses rapports des essais de café à réaliser en
plus d'autres fruits tropicaux, comme la mangue et l'orange. Mais cela n'a pas eu de suite jusqu'à son retour en Allemagne, en décembre 1891 parce qu'il ne
lui a pas été possible d'obtenir les semences demandées: ce dont il se plaint (Globus, Bd. 66,1894, p. 1-7. Die Forschungs Bismarckburg in Adele (Togoland)
von D.R. Büttner). A la même époque, c'est-à-dire entre 1890-1892, un certain nombre de commerçants de la côte font des essais de plantation de café à
Sébé.
156
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
Des études analogues ont été faites par d'autres auteurs
Tableau VII. Résultats de l'enquête sur le changement de
dans d'autres régions de la région des Plateaux et ont
la végétation.
abouti aux mêmes résultats c'est-à-dire qu'il y a recul
Localités
Oui (%)
Non (%)
Nbre des
des forêts au profit des savanes (AGBOZO, 1996 ;
enquêtés
BAWA, 1990 ; BITANGA, 1996 ; GUELLY, 1983).
Yoh
79
21
110
La déforestation aboutit à un lent
processus de
« savanisation » :
Tomégbé
92
.8
181
- entre 1954 et 1969, soit 15 ans, le recul des forêts
Kloto
89
11
166
s'est fait à un rythme de 157,7 ha par an ;
Kamétonou
100
00
117
- entre 1969 et 1976-1977, soit sur 8 ans on a
enregistré un recul de la forêt de l'ordre de 3 344 ha,
Tsi
99
01
190
soit 418 ha par an.
Adamé
90
10
89
Sur le plateau Akposso, le recul de forêt au profit de la
Missahohoé
100
00
171
savanes et des zones de cultures est de 2 017,12 ha,
Gobé
80
20
100
soit 16,09 % entre 1954 et 1976-1977.
Benali
63
37
120
Partout, les forêts de terre ferme reculent et ne forment
plus que des îlots de superficie réduite, séparés par des
Okou
60
40
69
zones des savanes. Les forêts ripicoles ne forment plus
N'Taré-Kopé
65
35
103
que des bandes réduites et la forêt classée de Misahôhe
Adadja
70
30
100
est largement entamée dans sa partie sud-ouest du coté
de la localité de Yoh. Dans certaines localités, comme
Wampa Kopé
85
15
100
Koussountou et Kpodji, les forêts ripicoles ont
complètement disparu et sont remplacées par les
Un autre facteur de destruction de la végétation est le
plantations de café.
tracé des routes. La SRCC, créée en 1971, avait pour
but de régénérer les plantations de caféiers et de
Nous avons visité par deux fois, en 1996 et en 1998,
les forêts classées des deux Béna (2 400 ha) dans le
cacaoyers dans l'ouest de la région des Plateaux afin
Wawa et la forêt classée de Missahohoé (1 400 ha)
de dégager plus de ressources pour financer le
dans le Kloto ; le constat est que ces forêts sont
développement industriel. De 1974 à 1980, sera
envahies par des plantations de café au détriment du
entreprise l'amélioration de l'infrastructure routière
sous-bois.
qui va contribuer à la dégradation des formations
forestières. Plus de 44 kilomètres de pistes seront
Le recul des forêts s'explique par le besoin sans cesse
ouvertes en 1977. Le tracé des nouvelles routes s'est
croissant des populations d'avoir des revenus moné-
fait dans le souci de désenclaver certaines zones afin
taires générés par la commercialisation du café. Le
de susciter la replantation et la création de nouveaux
développement de la caféiculture a provoqué une
fronts pionniers (nouvelles plantations). Dans un
arrivée massive des immigrants Kabyè et Losso, venus
du nord-Togo entre 1925-1930, ce qui a accru la
rapport de la Direction de l'environnement et du
pression humaine sur les forêts avec l'ouverture de
tourisme (1990), il est indiqué que lors de l'ouverture
nouveaux fronts pionniers. L'essor du café et du cacao
de la route reliant Amou-Oblo et Danyi par la SRCC,
a enrichi le triangle Kpalimé-Atakpamé-Badou et dans
un volume de 243,094 m' a été dégagé soit 1120
le même temps a entraîné la dégradation des forêts. Le
espèces
végétales
(Alstonia
congensis,
Ceiba
phénomène est très notable et bien perçu par les
pentandra,
Blighia sapida,
Terminalia superba,
populations auprès desquelles nous avons mené des
Antiaris africana,
Khaya grandifolia, Triplochyton
enquêtes (tableau VII).
scleroxylon, Milicia exselsa, Albiria zygia, etc).
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
157

Sciences sociales et humaines
Les changements dans la flore
L'envahissement généralisé des forêts du sud-ouest par
Eupatorium odoratum
(Syn. Chromolaena odorata)
Les modifications intervenues dans la flore sont aussi
(AKPAGANA, GUELLY et GUMEDZOE, 1992) est
un indicateur sur l'évolution négative des forêts. Elles
encore une preuve supplémentaire des modifications .
sont marquées par un envahissement progressif des
de la végétation et de la flore, consécutives aux actions
espèces de savanes et l'appauvrissement des espèces
humaines. Certaines essences nobles, recherchées pour
de forêts (tableau VIII). Ces forêts comportent une
la qualité de leur bois, qui sert à la fabrication des
forte proportion d'espèces de forêts sèches caduci-
meubles, des planches, du charbon de bois sont, selon
foliées et d'espèces soudaniennes. Cette proportion est
les localitées, menacées de disparition (tableaux IX et
en moyenne supérieure à la moitié sur le versant est
X).
des plateaux et proche de 40 % pour le versant ouest
(ROSSI, 1983).
Tableau IX. Situation de certaines espèces végétales dans
la région de Kloto.
Les espèces soudaniennes typiques le plus souvent
rencontrées sont : Tamarindus indica, Hymenocardia
Espèces
Yoh
Tomégbé
Balla
Adamé
Kamétonou Konda
acida,
Afzelia africana,
Anogeissus leiocarpus,
Khaya
x+
x+
x+
x+
x+
x+
grandifolia
Lophira lenceolata, Annona senegalensis, Securidaca
longepedunculata,
Acacia sp, Daniellia olive ri,
Milicia excelsa
x+
x+
x+
x+
x+
x+
Cussonia kirki, Entada africana
(AKPAGANA,
Antiaris toxicaria
x+
x+
x+
x+
x+
x+
1985 ; Rossi, 1983 ; Guelly, 1993). Mais comme le
Penthadetra
x+
x
x+
x
x
x+
font remarquer certains auteurs (AKPAGANA, 1985 ;
macropliylla
GUELLY, 1993 ; AUBREVILLE, 1957-1958), ces
Erythropheum
x
x
x
x
x
x
forêts denses mésophiles, soustraites des actions
suaveolens
humaines, font l'objet d'un remarquable dynamisme
Khaya anthotheca x+
x
x
x+
x+
x
de reforestation. Malgré cette dynamique évolutive de
Triplochiton
x+
x
x
X
x
x
ces forêts, force est de constater que, dans l'état actuel
scleroxylon
des liens entre l'homme et son milieu naturel marqué
Terminalia
x
x
x
x
x
x
par une pression de plus en plus croissante et
superba
l'évolution actuelle du climat, ces ensembles forestiers
Ceiba pentandra
x+
x
x+
x+
x+
x
qui
sont
en
voie
de
disparition
ne
pourront
Tectona grandis
probablement plus jamais se reconstituer exactement
x+
x+
x+
x+
x+
x+
dans leur état initial.
Celtis zenker
x
x+
x
X
X
x
Tableau VIII. Proportions des espèces de la flore humide
Berlinia
x
x
x
X
x+
x+
grandiflora
et de la flore sèche dans quelques localités de la région.
Terminalia
x+
x+
x+
x+
x+
x+
Localités
Espèces
Espèces
Pourcentage
Espèces
Pourcentage
ivorensis
récoltées de forêts
de forêts
humides
sèches et
Légende. x : espèces
exploitées, + : espèces exploitées en voie de
de savanes
disparition. Source: Bitanga, 1996.
Missahohoe
49
31
63,2
18
36,7
Par contre, certaines, parce que épargnées lors des
Konda
38
13
34,2
25
65,7
défrichements à cause de la mauvaise qualité de leur
bois pour l'ébénisterie, abondent dans le paysage. Il
Adamé
67
29
44,7
43
55,3
s'agit en particuler de Erythrophloeum suaveolens
Balla
36
19
52,7
17
47,3
(Caesalpiniaceae).
Tomégbé
72
31
43,0
41
57,0
La caféicuiture a aussi entraîné un envahissement
Koussountou
48
18
37,4
30
62,6
généralisé des plantes adventices, composées d'herbes
vivaces, d 'herbes annuelles, des arbustes et arbres
Gobé
30
14
46,6
16
53,3
vivaces qui colonisent les sentiers qui relient les
Okou
20
15
75,0
05
25,0
différentes fermes entre elles, les routes tracées par la
N'Taré-Kopé
40
25
62,5
15
37,5
SRCC et les plantations. Des relevés faits à Wampa-
Kopé, Okou, Amouta, Zogbégan, Adossa, Dodomé sur
Benali
50
20
40,0
30
60,0
le plateau Akposso ont permis de recenser 32 espèces
Ameuta
50
30
60,0
20
40,0
de plantes adventices dont 2 adventices aquatiques, et
158
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
des adventices pluviales, dont 18 dicotylédones et 12
- Oplismenus bumannii (Retz.) P. Beauv (Poacee) :
monocotylédones :
graminée annuelle répandue dans les cultures et dans
- Achyrantes aspera L. (Amaranthaceae) : espèce
les endroits ombragés et humides, particulièrement en
annuelle;
zone de forêt ;
- Ageratum conyzoides L. (Asteraceae) : herbe
Palisota
hirsuta
(Thumb.)
K.
Sc hum.
annuelle;
(Commelinaceae) : herbe robuste des recrûs forestiers
- Albizia zygia (De.) J. F. Macbr. (Mimosaceae) :
en zone forestière;
arbre à feuilles caduques;
- Paspalum conjugatum Berg (Poacee) : herbe vivace
- Amaranthus spinosus L. (Amaranthaceae) : herbe
rencontrée dans les plantations et cultures des zones à
annuelle, pantropicale ;
pluviométrie forte;
-
Aneilema
aequinoctiale
(P.
Beauv.)
Kunth
- Paspalum scrobiculatum L. (Poacee) : graminée
(Commelinaceae) : herbe robuste et pubescente
vivace répandue dans les terres labourées et les friches;
rencontrée en zone forestière ;
- Panicum maximum Jacq. (Poacee) : graminée vivace
- Andropogon tectorum Schum & Thonn (poacee) :
commune des champs cultivés, les jachères et le long
graminée vivace qui abonde dans les zones forestières
des routes;
et savanes;
- Pennisetum polystachion (L.) Schuit : espèce vivace
- Axonopus compressus (Sw) P ; Beauv. (poacee) :
des champs cultivés, des jachères, se trouve aussi le
graminée vivace et glabre rencontrée en zone
long des routes en zone de forêt et de savanes
forestière;
guinéennes ;
:..- Cassia hirsuta L. (Caesalpiniaceae) : arbuste vivace
- Setaria longiseta P. Beauv. (Poacee) : herbe annuelle
érigé et pubescent se rencontre dans les champs
répandue dans les champs cultivés et jachères;
cultivés et recrûs forestiers;
- Sida corymbosa R. E. Pries (Malvaceae) : arbuste
- Celosia laxa Schum & Thonn (Amaranthaceae) :
vivace dressé et ligneux rencontré dans les champs
herbe annuelle commune des champs cultivés;
cultivés, les clairières et le long des routes;
- Celosia trigyna L. (Amaranthaceae): herbe annuelle
-
Solanum torvum Swartz (Solanaceae) :. arbuste
-
Commelina benghalensis L. (Commelinaceae) :
vivace dressé et épineux répandu dans les champs
herbe annuelle ou vivace pantropicale ;
cultivés et les terrains vagues en zone forestière;
- Chromolaena odorata (L.) R. M. King. & Robinson
- Sorghum arundinaceum (Devs.) Stapf. (Poacee) :
(syn. Eupatorium odoratum L.) (Composee): arbuste
espèce annuelle vivace rencontrée dans les champs
vivace à croissance rapide;
cultivés, les forêts défrichées, le long des routes en
- Digitaria ciliaris (Retz.) Koel (Poacee) : graminée
zone de forêts de transition;
annuelle commune des terres labourées;
- Synedrella nodiflora Gaerth (Asteraceae) : herbe
- Diplazium sammatii (Kuhn) e. Chr. (Athyriaceae) :
annuelle subligneuse, se rencontre dans les zones
fougère aquatique ou semi-terrestre, espèce de sous-
humides le long des routes, sur les terrains vagues et
bois qui pousse dans les endroits. ombragés, quelque
dans les zones ombragées ;
fois
même. dans
les
cours d'eau
des
régions
- Stachytarpheta indica (L.) Vahl (Verbenaceae) :
forestières ;
herbe vivace dressée ou étalée répandue dans les
- Fluerya aestuans (L.) ex Miq. (Urticaceae) : herbe
champs cultivés, les recrûs arbustifs et le long des
annuelle dressée, répandue dans les recrûs arbustifs ;
routes dans les zones forestières;
- Melochia corchorifolia L. (Sterculiaceae) : espèce
- Tridax procumbens L. (Asteraceae) : herbe annuelle,
vivace touffue, dressée ou étalée des lieux humides ;
pubescente, répandue dans les champs cultivés, les
- Mimosa invisa Mart. (Mimosaceae) : arbuste vivace
terrains vagues et le long des routes.
épineux, probablement introduit en
Afrique de
De toutes ces plantes adventices, deux sont très
l'Ouest;
envahissantes et causent d'énormes difficultés aux
- Mitracarpus villosus (Sw) De. (Rubiaceae) : herbe·
planteurs : Chromolaena odorata (syn. Eupatorium
annuelle qui se rencontre souvent en terres labourées,
odoratum ) et Mimosa invisa.
en friches et en terrains vagues;
La forte pression humaine sur les forêts naturelles se
- Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seemann ex Bureau
traduit par leur évolution en groupements secondaires:
(Bignoniaceae): petit arbre vivace, glabre et à
forêts basses à Uapaca togoensis et Macaranga
croissance rapide, espèce de forêt secondaire;
barteri, recrû à Harungana madagascariensis, recrû à
Rev. CAMES - Série 8, vol. 02, 2000
159

Sciences sociales et humaines
Eupatorium odoratum, recrû à Setaria megaphylla et
recrû à Pteridium aquilinum (AKPAGANA, 1992).
Évolution climatique
L'examen des séries de moyennes annuelles fait
apparaître la grande variabilité interannuelle de la
pluviométrie, expression de l'instabilité climatique de
~ 0
Il.
la région. Ainsi, sur la période de référence, les écarts
·1
entre les totaux annuels sont les suivants : Kpalimé
-2
(1928-1980) 1 à 2,2 ; Kloto (1960-1976) 1 à 1,8 et
lll3Série1
Année
Atilakoutsé (1946-1968) 1 à 1,8. La variation
interannuelle des totaux mensuels est encore bien plus
importante, les écarts sur .Ia même période pouvant
être considérables (ROSSI, 1983). Pour mieux évaluer
Figure 2b. Indice pluviométrique de Kouma-Konda
les variations de la pluviométrie annuelle, nous avons
( 1961-1997).
utilisé l'indice pluviométrique préalablement défini et
employé
par
Nicolson
(PATUREL,
SERVAT,
Le calcul des indices xérothermiques de Gaussen,
KOUAME & BOYER, 1995). Il s'agit, concrètement,
fondé sur le bilan de l'humidité disponible pour la
d'une variable centrée réduite calculée sur les hauteurs
végétation effectué pour les stations de Kloto,
annuelles de précipitations (figure 2a et 2b).
Atilakoutsé, Kouma-Konda et Kpalimé-Tové montre
que la durée de la période écologiquement sèche est
respectivement de 2 mois, 2 mois, 3 mois et de 4 mois.
Au regard de l'évolution bioclimatique de cette
région, on constate qu'actuellement, les conditions
- xi : hauteur annuelle précipitée l'année i au poste
bio-climatiques de la région des Plateaux ne sont pas
considéré;
favorables à des cultures de plantation relativement
sensibles aux aléas climatiques (ROSSI, 1983).
- x : hauteur moyenne annuelle précipitée sur la
période 1961-1997 ;
Les différentes observations permettent de montrer
- s : écart type des hauteurs annuelles précipitées sur
que le phénomène de désertification au sud du Sahara,
la période 1961-1997 au poste considéré.
particulièrement sensible dans le Sahel et même dans
Il apparaît sur ces figures que les années de forts
les pays côtiers (ROSSI, 1983 ; Le BORGNE, 1988 ;
déficits pluviométriques sont 1971-1977 et 1990-1997
PATUREL, SERVAT, KOUAME et BOYER, 1995),
à Kouma-Konda, alors qu'à Kpalimé-Tové, le rythme
n'est pas sans incidence au niveau de la zone de climat
ombrique est caractérisé par une grande variabilité
soudano-guinéen que constitue cette partie de la côte
avec une tendance plus sèche par rapport à la première
du Golfe de Guinée (ROSSI, 1983). Si l'observation
station. Cette situation s'explique par les effets
des courbes ombriques montre un régime bimodal qui
orographiques. En effet, la station de Kouma-Konda
caractérise si bien le climat subéquatorial ou guinéen,
est une station de montagne.
on peut remarquer le caractère atténué de ce schéma
dans certaines stations dû à la disparition de la petite
saison pluvieuse (figures 3a, 3b, 3c, 3d et 3e). Cette
situation climatique compromet le développement des
2.5
2
cultures de café et de cacao (ROSSI, 1983). Le régime
pluviométrique annuel reste en effet un facteur
E
primordial qui fait varier du simple au double la
E
o.s
a.
0
production du café. Dans le cas des cultures de rente,
. ·0.5
le café est plus sensible que le cacao à la répartition
.1.5
des précipitations pendant sa période de floraison et de
·2
frutification.
Or, la' précocité, la fréquence de
Années
l'harmattan et l'irrégularité des précipitations en début
Figure 2a. Indice pluviométrique de Kpalimé-Tové
de la grande saison des pluies causent de plus en plus
(1961-1997)
de dommages aux caféiers, d'autant plus que l'on a
160
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
abandonné la culture sous ombrage vers les années
1980 au profit de la culture sans ombrage qui a
accéléré les problèmes d'environnement.
C'est à partir des années 1984/85 que les planteurs du
plateau Akposso ont commencé à constater les effets
négatifs du climat sur les caféiers (fortes chaleurs à
5)
cause de la dégradation du micro-climat, dessèche-
o
ment des fleurs dû aux effets de l'harmattan). La caféi-
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10 11
12 f~';~tl
. culture saris ombrage se révéla donc très rapidement
M:lis
néfaste pour l'équilibre du milieu physique de la
région.
Figure 3d. Courbe pluviométrique de Kpalimé-Tové
(1961-1997).
30 .
25
E 19:>·
E
~ 20
Il. 100.
d: 15 .
10 .
o
50
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12
o
1 2
3 4
5
6
7
8
910 11 12
Mis
1F-7:SfJie1!
L:'~~~
l\\Ibis
Figure 3a. Courbe pluviométrique de Babou-Tomébgé
(1961-1997).
Figure 3e. Courbe pluviométrique de Agadji (1961-1997).
la dégradation des sols
Thème pédologique récurrent, la dégradation vient
souvent en conclusion des études comparatives,
comme expression de la péjoration des conditions et
de la fragilité du milieu tropical. En effet, dire qu'une
terre est actuellement dégradée dans un site donné,
o
signifie qu'elle est comparée à la même terre, qui dans
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 17S-±~1Î
le passé, n'était pas dégradée (BRABANT, 1992).
Mis
Dans la zone d'étude, c'est l'érosion hydrique qui est
Figure 3b. Courbe pluviométrique de Kouma-Konda
la plus fréquente. L'intensité est le paramètre principal
(1961-1997).
qui lie la pluie à l'érosion. Elle intervient à trois
niveaux: la saturation momentanée de la porosité du
sol, l'énergie cinétique de la pluie et l'intensité du
200
ruissellement consécutif (débit et vitesse des filets
d'eau). Si on fait le parallèle entre le rôle de la pente
E
r===Séiéll
et du climat dans le processus de l'érosion hydrique, il
.~c .....:.:,.~'==..J
E
Il.
convient de remarquer qu'il n'est point besoin d'une
forte pente pour déclencher ce processus d'érosion sur
50
certains sols. Par ailleurs, lorsque le sol est totalement
couvert par une végétation, l'érosion est faible quelle
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
que soit la pente (ROGNON, 1993). L'érosion
Mois
hydrique
s'exerce dès que la pluviométrie annuelle
Figure 3c. Courbe pluviométrique de Amou-Oblo
dépasse 300 à 400 mm (ROGNON, 1976). Or les
(1961-1997).
totaux annuels des pluies dans' cette région, qui est la
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
161

Sciences sociales et humaines
plus arrosée du pays, sont élevés: 1300 mm à 1 600 mm
Ces indices n'ont vraiment de signification que
et parfois 1 900 mm à la station d'Atilakoutsé. Il faut
lorsqu'ils sont comparés entre eux: Fournier a trouvé
noter, dans le même ordre d'idées, que, sur sept mois
une bonne corrélation entre cet indice et la charge en
(d'avril à octobre), les moyennes mensuelles de pluies
suspension des eaux du bassin versant correspondant
sont partout supérieures à 100 mm.
au poste pluviométrique. Cet indice permet, à l'aide
d'une formule fournie par un abaque, de calculer la
Certains auteurs (ROOSE, 1978 et MIETTON, 1980)
dégradation spécifique des bassins versants: DS = 27,12
que cite
TCHAWA (1993)
considèrent en général
(K) - 475,4. Les résultats obtenus pour deux stations sont
qu'au-delà de 20 mm, une pluie unitaire peut être à
les suivants: 676,30 tonnes! km2 ! an à Kouma-Konda
l'origine de l'érosion; alors que OLIVRY propose le
(1961-1997) et 557,25 tonnes! km2 ! an à Kpalimé-Tové
seuil de 12 mm en 24 heures. Sur la période de 1995 à
(1961-1997). Ces valeurs moyennes cachent en fait les
1997 on constate que les pluies unitaires d'au moins 20
risques certains d'érosion dans une région aussi
mm sont de 18,64 % à la station de Kpalimé-Tové et
montagneuse, aux versants très dégradés que le sud-
de 13,94 % à la station de Kouma-Konda. Avec le
ouest du Togo.
P3
seuil de 12 mm en 24 heures, les pourcentages sont de
L'indice de drainage calculé de Aubert et Hénin : D = C
_
18,98 % à Kpalimé-Tové et de 19,73 % à Kouma-
1 + CP2
Konda. Il apparaît donc que les pluies dégradatrices
sont faibles; ce qui minimise le phénomène d'érosion
avec
hydrique dans la région. Mais, lorsqu'on observe les
chiffres bruts, on s'aperçoit que sur 606 pluies
P : précipitation moyenne annuelle en m
unitaires relevées à la station de Kpalimé- Tové et
T = température moyenne annuelle
728 pluies unitaires, relevées à la station de Kouma-
D =drainage calculé en m
Konda sur la période de 1995-1997, les pluies
a = 0,5 pour les sols argileux
dégradatrices sont respectivement de 373 et 440 sur la
= 1 pour les sols limoneux
base de 12 mm fixés par OLIVRY (TCHAWA, 1993).
= 2 pour les sols sableux
Il aurait été plus intéressant d'utiliser l'indice de
Wischmeier pour étudier le phénomène de l'érosion
hydrique. En effet, il présente l'avantage d'avoir été
appliqué à plusieurs régions d'Afrique (ROOSE et
C=a
avec
LELONG, 1976 ; ROOSE, 1977). En l'absence de
O,15T-O,12
pluviogrammes, nous nous sommes contenté de l'indice
de FOURNIER (1967), dont la formule est K = p2/P ;
pour a = 0,5 (sol argileux), l'indice est de 1,463 m à
P est la précipitation moyenne du mois le plus arrosé et
Badou; 1,358 m à Kpalimé-Tové et 1,531 m à Kouma-
P la moyenne annuelle des précipitations. C'est un
Konda.
indice simple à calculer car il ne fait intervenir que le
facteur pluie (hauteur). Le calcul de cet indice sur la
Sur la base du seul exemple portant sur les sols
argileux, si l'on compare ces valeurs à celles de Notsé
période de 1961 à 1997 donne les valeurs suivantes
(0,171 m) et de Sokodé (0,318 m), on constate que les
(tableau X).
valeurs calculées de cet indice montrent que les
Tableau X. Indices d'érosion climatique de Fournier.
disponibilités de drainage des sols sont élévées sur les
Période
Kpalimé-Tové
Kouma-Konda
plateaux de Kloto et d'Akposso.
1961-1970
44,11
42,45
A l'agressivité climatique, il faudrait ajouter l'effet de
la pente dont les valeurs sont élevées, particulièrement
1971-1980
36,33
60,52
sur les hauts sommets et les versants abruptes (900 m
1981-1990
·32,69
38,89
d'altitude: 5° - 90° ; 700 à 900 m d'altitude: 3° - 50° ;
1991-1997
39,18
27,83
400 à 700 m d'altitude: 1° - 3° et 1° au-dessous de
400 m d'altitude).
Les valeurs décénales masquent la réalité. En effet, la
En définitive, cette analyse théorique de l'agressivité
capacité érosive du climat de la région est très marquée·
climatique vis-à-vis du support morphostructural
d'une année à l'autre: juin 1964 (162,04), juillet 1985
montre que les agents du climat peuvent être très
(134,90), septembre 1989 (92,84 ) à Kouma-Konda.
162
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
actifs. Mais cette agressivité potentielle n'est trans-
dernières années après la dévaluation du Franc CFA
formée en énergie dégradatrice effective que dans la
en juin 1994 ;
mesure où certaines conditions sont réalisées :
- manque d'encadrement des planteurs;
l'exposition du sol par une agriculture qui le dénude
complètement, la faiblesse du couvert végétal, la
- prix d'achat élevé des plants;
valeur et la longueur des pentes, la réduction du temps
- manque de crédit pour l'achat d'engrais à cause de
de la jachère ou l'abandon de la jachère, la pression
l'épuisement des sols;
démographique. L'imporatnce de ce dernier aspect fait
de l'érosion un phénomène social:
- stagnation des superficies des plantations liées aux
quatre premières raisons.
- disparition de la jachère;
L'usage de l'engrais qu'exige la culture du café
- colonisation effrénée des fortes pentes par une
Robusta est une des preuves de la dégradation de la
agriculture spéculative et vivrière ;
qualité chimique des sols.
- inexistence de techniques anti-érosion.
Changements dans les pratiques
L'érosion dans cette région est aussi un phénomène
démographique. La montagne surpeuplée (280 hbts /
agraires
km') avec une population de 186 100 hbts, a atteint les
Il se produit aujourd'hui un phénomène inverse dans
limites de sa capacité d'accueil et de mise en valeur, ce
toute le région du sud-ouest du Togo qui voit la
qui réduit le temps de la jachère. L'intensité de l'occu-
naissance d'un regain d'intérêt pour les cultures
pation des sols, d'après les données fournies par
vivrières, délaissées au profit des cultures de rente. Au
l'Atlas de développement régional, est de l'ordre de 20
regard des besoins alimentaires exprimés par les
à 80 % (Kamétonou : 5 - 20 % ; Tomégbé : 20 - 50 % ;
populations, force est de constater que la région est
Kpalimé : 50 - 80 %).
demandeuse de produits vivriers. L'évolution des
A la rapide évolution de la caféiculture, s'oppose une
besoins en produits vivriers, d'après les chiffres fournis
certaine sclérose des techniques culturales tradi-
par l'Atlas de développement régional, est en hausse
tionnelles par le biais de laquelle l'érosion hydrique
depuis: 1979 (69 000 tonnes), 1980 (71 000 tonnes),
trouve les conditions optimales et libère son énergie
1981 (73 000 tonnes), 1982 (75 000 tonnes) et 1983
dégradatrice..Sans pour autant exagérer le phénomène
(77 000 tonnes). La conséquence logique de cette
de l'érosion dans la région, à cause de la présence des
situation est qu'aujourd'hui, les paysans consacrent
forêts et des plantations de caféiers qui limitent les
une partie de leur temps à la culture des plantes
effets mécaniques de la pluie sur le sol, il n'en
vivrières: maïs (Zea mays), riz tOriza sativa), manioc
demeure pas moins vrai que ce phénomène existe et
(Manihot eseulenta), igname (Dioseorea togoensis),
qu'il faut prendre des mesures pour le contrôler. La
arachide
(Araehis
hypogea),
haricot
(Vigna
dégradation chimique et biologique des terres par
ungueulata),
taro (Coloeassia eseulenta), fonio
pertes d'éléments nutritifs et d'humus peut être
(Digitaria exilis), sorgho (Sorghum bieolor), patate
estimée dans une zone déterminée, à partir de deux
douce (Ipomea batatas), même si la caféiculture reste
constatations sur l'état des terres :
encore l'une de leurs premières préoccupations.
- la premièr~ est relative à une diminution plus ou
Le second fait est le retour à la caféiculture sous
moins forte de leur capacité de production;
ombrage avec la même variété SRCC plutôt que la
- la seconde correspond à une détermination de l'une
variété Niaouli, à cause de son rendement élévé.
ou de plusieurs des cinq fonctions essentielles du sol:
Le retour à cette forme de caféiculture est lié à la
support des plantes, réservoir d'eau, régulation de
variation du régime pluviométrique, caratérisée
température,
banque d'éléments nutritifs,
usine
certaines années par les effets desséchants de
biologique de transformation et d'épuration.
l'harmattan qui survient de plus en plus précocement
dans la région. Les planteurs prennent l'habitude de
La production de café est en baisse depuis un certain
faire des éclaircis sommaires, en épargnant certaines
nombre d'années pour les raisons suivantes:
. espèces végétales qui protègent les caféiers contre les
- baisse du prix d'achat du café depuis les deux
effets désséchants dé l'harmattan (figure 4).
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
163

Sciences sociales et humaines
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Figure 4. Caféiculture sous ombrage sur les versants du mont Kétouma à Wampa Kopé sur le Plateau Akposso.
1. Hyparrhenia spp. 2. Cola gigantea 3. Milicia excelsa 4. Erythrophloeumsuaveolens 5. Elaeis guineensis 6. Celosia laxa
7. Ageratum conyzoides 8. Cassia hirsuta 9. Synedrella nodiflora 10. Sida corynbosa 11. Anthocleista djalonensis 12. Coffea robusta 13.
Musa
paradisiaca14.
Chromoleana
odorata
15.
Oplismenus
bumannii
16.
Adansonia
digitata
17.
Cola
millenii
18. Solanum torvumn 19. Andropogon gayanus 20. Zea may.
Conclusion
intégrale de ce qui reste des forêts naturelles pourront
permettre de restaurer le milieu physique. 0
La dégradation des forêts et des sols, consécutive à
l'introduction des cultures de rente (café, cacao,hévéa,
palmier à huile, ananas, sisal, etc.), est un fait général
Références bibliograph iques
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étrangères. Après plus d'un siècle, le développement
AKPAGANA K., GUELLY K. A., GUMEDZOE Y. M., 1992.
de
la caféiculture
a causé des
dommages
à
Une adventice en voie d'envahissement du territoire togolais :
l'environnement naturel. Face à cette dégradation des
. Eupatorium odoratum L.(Syn. Chromolaena odorata (L.) R, M.
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165

Sciences sociales et humaines

'CI>
Le sud-ouest de la région des Plateaux est la
(j The south-west of the plateau region is the only
E seule zone du Togo où il existe encore des forêts
ca· one zone in Togo where there still exists
~ denses, semi-humides, dégradées, de montagne.
'-
ëi) . degraded 'sernl-bumtd dense mountain forests.
'CI>
Ces forêts mésophiles, peu étendues, sont
oC The introduction and development of arborescent
a: contraintes de se réfugier dans les vallées les
« shrub culture for exportation (coffee, cocoa) have
plus humides et sur les versants ouest les mieux
generalised the anthropic actions of destruction
arrosés, du fait de leur exposition aux vents de
of those forests. The first forms of development of
mousson. L'introduction et le développement des
these cultures for rent, being interested in the
cultures arbustives d'exportation (café et cacao)
succint clearing of the forests to instal the
ont généralisé les actions anthropiques de
plantations, have contributed to a certain point,
destruction de ces forêts. Les. premières formes
their conservation, even if they modify their
de développement de ces culture de rente, en se
horizontal and vertical structure. The excessive
contentant d'un éclaircissement sommaire des
exploitation of the forest end to the quasi total
forêts pour installer les plantations, ont contribué,
denudation of the hill-sides, thus we can see
dans une certaine mesure à la conservation de
formations appear going from monospecific forest
celles-ci même si, malgré tout, elles en modifient
regrow
to
Eupatorium
odoratum
L. (Syn.
leur
structure
verticale
et
horizontale.
Chromolaena odorata) or the Pteridium aquilinum
L'exploitation abusive de la forêt aboutit à une
to
grassy
savannas
to
Loudetia
simplex,
dénudation quasi totale des pentes; ainsi voit-on
Andropogon gayanus etc.
apparaître des formations allant des recrûs
Keywords: Togo, the Plateau region, the culture 01coffee,
monospécifiques à Eupatorium odoratum L. (Syn.
environ ment.
Chromolaena odorata) ou à Pteridium aquilinum
aux savanes herbeuses à Loudetia simplex,
Andropogon gayanus
etc.
Mots-clés: Togo, région des Plateaux, caléiculture, envi-
ronnement. ..
166
Rev. CAMES - Série B, vol. .02, 2000