Sciences sociales et humaines
Cadre de vie, pauvreté et santé en milieu rural au Congo.
L'exemple de la région de la Sangha occidentale
B. MENGOH
Université Marien N'gouabi (Brazzaville).
Introduction
"
celles-ci ne permet pas aux paysans de vendre leurs
produits vivriers, ni (J'acquérir les biens d'équipement.
AuCongo,sansdoutecommeailleursenAfrique De même, des problèmes d'hygiène existent et sont
tropicale, le monde rural est confronté à de
liés, d'une part, à un environnement géographique
nombreux problèmes économiques et sociaux
insalubre, d'autre part à la pauvreté, à des comporte-
dont certains se posent souvent avec plus d'acuité
ments individuels et collectifs fortement influencés par
qu'en ville.
un environnement culturel encore empreint de tradi-
D'une manière générale, l'état de dénuement de la
tions. Partout, les conditions sanitaires et d'hygiène
campagne résulte en grande partie de l'enclavement.
sont précaires. La région de la Sangha occidentale
La mauvaise viabilité des routes ou l'absence de
peut servir d'illustration.
Une région encore enclavée
et du Cameroun, les relations terrestres avec ces pays
voisins sont des plus médiocres.
et marginale
Souanké est relié à Ngoïla(un district du Cameroun) par
On note encore dans la région de la Sangha occidentale,
une piste piétonne de près de 75 km ; Sembé est relié
comme partout au Congo, de nombreux signes persis-
à Madjingo, un village frontalier du Gabon, par un
tants du sous-développement, donc de la pauvreté; le
sentier de 65 km serpentant sous les arbres.
terme de pauvreté s'entendant ici comme l'état d'une
Les conséquences de cette situation sont multiples et
personne dont les ressources sont insignifiantes ou qui
graves. La première est d'ordre économique. Le marché
manque de moyens matériels pour améliorer ses condi-
urbain de consommation est tellement étroit et les routes
tions de vie ou, tout au moins, résoudre les problèmes
tellement mauvaises que les denrées agricoles ne sont,
de la vie quotidienne. Aujourd'hui, on a le sentiment que
ni collectées, ni commercialisées. Les rares produits
la situation économique et sociale ne s'est guère amé-
(gombo, igname, bananes, etc.) que l'on peut trouver sur
liorée depuis l'indépendance du pays en 1960.
les marchés de Souanké et de Sembé proviennent des
La région de la Sangha occidentale est située à l'extrême
différents quartiers de la ville. Le cacao n'est plus
nord-ouest du Congo. Ce serait à juste titre que d'au-
commercialisé depuis 1989. En raison des difficultés
cuns la désigneraient par le terme de « bout du monde ».
financières, dues à une très mauvaise gestion et aux coûts
Souanké, par exemple, est à 285 km de Ouesso (chef-
élevés des campagnes (les routes étant défectueuses),
lieu de la région de la Sangha), à près de 1 000 km de
l'Office du cacao et du café qui achetait le cacao auprès
Brazzaville et à plus de 1 500 km de port maritime de
des producteurs a été liquidé. Ainsi, les paysans n'ont
Pointe-Noire (figure
actuellement aucune source de revenu sûre. A l'excep-
1).
tion des orpailleurs, des chasseurs et des distilleurs
Il faut ajouter à l'éloignement la médiocrité des relations
de maïs en alcool qui vendent de temps en temps leurs
terrestres et aériennes avec Ouesso d'une part, avec la
produits, les autres villageois ne vendent absolument
capitale nationale, d'autre part. Par exemple, le billet
rien. Toute la production agricole est donc auto-
d'avion Souanké-Brazzaville (aller simple) coûte
consommée dans les villages. Il en résulte un revenu
65 OOO.F. Or, les paysans n'ont pas d'argent, et les salaires
paysan insignifiant et un sous-équipement notoire.
des fonctionnaires en poste à Souanké et Sembé sont
Par conséquent, il est difficile que les ruraux améliorent "
irréguliers. Bien que la région soit limitrophe du Gabon
leur condition de vie.
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
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Sciences sociales et humaines
RH. GABONAISE
R. O. C.
Echelle
1 /
S 000 000
o
100
200
300Km
L
1
1
1
Figure 1. La Sangha occidentale dans l'espace congolais.
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Sciences sociales et humaines
Actuellement, les produits de première nécessité (savon,
lièrement fréquentés par la volaille qui s'y régale à
pétrole, sel, etc.), consommés à Souanké, proviennent
longueur de journée. Il s'y dégage une odeur nauséa-
essentiellement du Cameroun où les commerçants et/ou
bonde qu'il est impossible d'éliminer'. Bien souvent, les
leurs porteurs se rendent à pied, et transportent les
poulets reviennent de ces endroits insalubres avec des
marchandises sur le dos. Ainsi, les prix des produits
pattes chargés de déchets qui sont libérés au moindre
manufacturés sont plus élevés à Souanké et à Sembé
envol, soit dans les habitations, soit dans la cour du
qu'à Brazzaville; par exemple, le verre de pétrole est
village.
vendu à 150 F, soit 850-900 F le litre, contre 170 F le
Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas creuser des fosses,
litre à Brazzaville'.
à défaut de latrines réglementaires? Comment les habi-
tants d'un village peuvent-ils se contenter de lieux
Le cadre de vie villageois et les
d'aisances en plein air et non protégés, ceci pendant
problèmes d'hygiène générale et
plusieurs années? Nous avons là un bel exemple de
comportement individuel et collectif. Comment l'expli-
d'assainissement
quer? S'agit-il d'une paresse que de creuser une fosse
Sans vouloir épiloguer sur les mots, l'hygiène désigne
ou simplement d'une question culturelle? Peut-être
l'ensemble des mesures et des pratiques destinées à amé-
parce que les gens n' y trouvent aucun intérêt. Nous
liorer l'état de santé et le confort des individus. Il s'agit
retrouvons cette situation dans d'autres régions du
aussi des règles et des pratiques appliquées dans le cadre
Congo'. Quelle que soit l'explication, il faut que les ser-
de la prévention et de la prophylaxie. Tout ceci peut
vices compétents du ministère de la Santé procèdent à
constituer de véritables indicateurs qui permettent d' ap-
une véritable éducation sanitaire afin de libérer les popu-
. précier la qualité du cadre de vie des ruraux. Le cadre
lations rurales des comportements rétrogrades .
de vie désigne ici l'espace fonctionnel, tel que vécu
le problème d'évacuation des eaux
et organisé par les ruraux: le village et son terroir.
usées et des ordures ménagères
le problème d'évacuation des déchets
Tout comme les villes congolaises, les villages sont
humains
démunis de toute infrastructure de voirie. Les eaux usées
L'évacuation des déchets humains est l'un des problèmes
sont déversées quotidiennement devant ou derrière les
d' hygiène générale que connaissent tous les villages.
maisons. Les ordures ménagères sont déposées plutôt
11 est dû essentiellement à l'absence de latrines. Les
derrière, généralement au même endroit.
conséquences en sont graves. Telle que définie par les
Hormis les ordures ménagères, on trouve aussi, derrière
services de santé, une latrine est constituée d'une fosse
les habitations, toutes sortes de déchets (plumes d' oi-
bétonnée et abritée. Malheureusement, ce n'est pas le
seaux, ossements d'animaux, morceaux de bois et de
cas dans les villages. Tous les ménages en manquent.
bambous, feuilles mortes, etc.) provenant de divers tra-
Cependant, dans le meilleur des cas, certaines personnes
vaux domestiques. Tout ce qui est inutilisable est jeté
creusent des fosses d'environ 1,50 m de profondeur
derrière la maison. Il s'agit de véritables dépotoirs
et 1 m de diamètre, et placent dessus quelques morceaux
dont le contenu est incinéré de temps en temps. Le fumier
de bois. Bien souvent, ces pseudo-latrines sont en plein
s'y forme au fil des années, résultant de la décompo-
air, plus ou moins éloignés des habitations ; certaines
sition par fermentation, sous l'action de micro-organismes
sont protégés parfois par des troncs ou des « tuiles »2
des ordures ménagères et d'autre détritus. C'est-là que
de palmier-raphia.
germent de façon spontanée tous les grains et pépins pro-
Dans bien des cas, ces pseudo-latrines n'existent même
venant de la cuisine. C'est pourquoi, il existe, dans tous
pas, et les déchets humains sont évacués dans la nature
les villages, des jardins de case fumés régulièrement
en montant sur des troncs d'arbres. C'est-là que se pose
avec les ordures ménagères et les cendres, et où l'on
le grave problème d'hygiène générale. Véritables gîtes
trouve en permanence bananiers, taros, patates douces,
à bestioles, ces lieux d'aisances non protégés sont régu-
papayers et divers légumes.
, Le litre est vendu à 170 F dans les stations d'Hydre-Congo ; à 350 F, 500 F ou plus dans les quartiers en période de pénurie.
, Une « tuile» est faite de feuilles tressées de palmier-raphia.
'Faute de produits désinfectants, les lieux d'aisances sont régulièrement saupoudrés d'un peu de cendres.
'A Bodissa, un village de 600 habitants situé dans la région de la Bouenza, il n'existe que trois pseudo-latrines; on n'en trouve aucune à Mayoulou,
un village de 400 habitants.
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Sciences sociales et humaines
Après la pluie, il se dégage de tous ces endroits une odeur
longtemps de boire une eau de mauvaise qualité, et,
fétide. Il est dommage que les paysans ne compren-
comme nous le verrons plus loin, seront toujours exposés
nent pas la nécessité d'aménager, loin des habitations,
à diverses affections. De toute façon, même les habitants
un terrain vague qu'ils utiliseraient comme décharge
des grandes villes connaissent encore le problème de
d'ordures ménagères.
distribution et de qualité d'eau potable.
Des sources non aménagées
Une cour du village insalubre
Il se pose dans tous les villages le problème de qua-
La cour du village se trouve dans un état d'insalubrité
lité de l'eau potable, plutôt que celui d'approvi-
parfois déconcertant. En effet, presque partout, la cour
sionnement. Partout, les gens boivent l'eau de source.
du village est parsemée de crottes de chèvres ou de mou-
Malheureusement, ces sources ne sont ni aménagées, ni
tons, de fiente de volaille, de peaux de bananes, d' éplu-
protégées, ni placées sous abri. On y trouve des brin-
chures de cannes à sucre, d'ananas, de toutes sortes
dilles, des feuilles mortes, des cadavres d'insectes, de
de détritus.
chenilles ou de mollusques, etc. De plus, elles sont
constamment polluées par les eaux de ruissellement.
On nettoie seulement lorsque la saleté a atteint son
L'eau de certaines sources est claire, apparemment propre.
paroxysme, ou bien les jours de fête, ou à l'occasion
Mais l'analyse bactériologique de quelques échantillons
de la visite d'un responsable politique ou adminis-
d'eau révèle la présence de nombreux germes pathogènes.
tratif, venu de la ville. Si les crottes et les fientes étaient
Partout dans les villages, l'eau n'est ni bouillie, ni fil-
collectées, elles serviraient d'engrais pour les jardins
trée. De toute façon, bouillir l'eau de consommation
de case. Malheureusement, cela ne fait pas partie de
ne fait pas partie de la tradition des Congolais. De nom-
la culture paysanne.
breuses personnes interrogées sur ce sujet disent que cela
Par ailleurs, actuellement dans toute la région de la
leur prendrait beaucoup de temps et elles ne trouvent
aucun intérêt à le faire. Les gens boivent donc une eau
Sangha, de nombreux villages présentent l'aspect de vil-
de très mauvaise qualité, surtout pendant la saison sèche,
lages abandonnés, cela depuis fort longtemps. L'herbe
et sont donc menacés par les maladies d'origine hydrique.
pousse jusque devant les habitations. Plus personne
Quoi d'étonnant que les parasitoses intestinales les mena-
ne veut entretenir le village. La raison en est que depuis
cent par les maladies d'origine hydrique. Quoi d' éton-
plusieurs années, découragés par leurs conditions de vie,
nant que les parasitoses intestinales, les diarrhées et
voire révoltés, les villageois se sont résolus à tout aban-
les infections cutanées (gale, teigne) subsistent encore
donner; plus d'entretien des cacaoyères, de la route
dans les villages de façon endémique.
et même plus grave encore, de leur propre village (qui
Pour avoir une eau de bonne qualité, il faut la filtrer,
est d'ailleurs traversé par la route). La conséquence
la bouillir ou encore aménager les sources. Malheu-
en est que tout le village est occupé par de hautes herbes,
reusement, l'état de dénuement de la campagne est tel
et, dans certains cas, par les mares ou les bourbiers.
que les paysans ne peuvent pas envisager l'aménage-
Au mieux, chaque personne s'efforce de nettoyer uni-
ment des points d'eau sans l'aide des pouvoirs publics,
quement devant sa demeure. Le matin, ou après une
des organismes internationaux ou des Organisations non
pluie, on a de la rosée partout, même le long des sentiers
gouvernementales (ONG). Ils n'ont pas d'argent pour
sinueux qui relient désormais les maisons les unes aux
acheter les filtres, encore moins le ciment et les fers à
autres. Les villages de Biabiél, Bamégod, Gola, Bendama,
bétons qu'exigent les travaux de maçonnerie. Le coût
Boutazab illustrent bien cette situation.
des matériaux est exorbitant, eu égard à la modicité
du revenu dans la région, à l'enclavement de certaines
Certes, les villageois, ici comme ailleurs, reprochent
zones, au mauvais état des routes, à l'irrégularité des
à l'État de les avoir abandonnés à eux-mêmes. Mais com-
transports entre Ouesso et Souanké, à l'inexistence de
ment ne peuvent-ils pas comprendre que l'insalubrité de
ceux-ci entre les centres urbains et les villages. En ce
leur cadre de vie les expose à toutes sortes de mala-
qui concerne l'état des routes et les transports, la situa-
dies, aux morsures de serpents, aux piqûres d'insectes?
tion ne s'est guère améliorée depuis un quart de siècle.
Nous avons là un bel exemple d'irresponsabilité indi-
Finalement, les
villageois continueront pendant
viduelle et collective des habitants d'un village.
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Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

Sciences sociales et humaines
La maison rurale et le problème
air sans doute pollué par la fumée et la cendre. Cela
n'aurait-il pas d'effets néfastes, à long terme, sur l'appa-
d'hygiène
reil respiratoire? Personne n'en a conscience. Il se pose
Les matériaux de construction, à l'exception de la tôle
là le problème d'aération des habitations que les pay-
ondulée que l'on trouve dans de rares villages, pro-
sans pourraient résoudre. Pourquoi ne peuvent-ils pas
viennent essentiellement du milieu physique environ-
faire des fenêtres pour aérer les cuisines? Comment
nemental. Ainsi, les toits sont en « tuile» de palmier-
les gens arrivent-ils à supporter la fumée pendant long-
raphia, les murs en pisé. La charpente (des murs et de la
temps? C'est surtout au moment de la cuisson des mets
toiture) est faite de bois, de lianes, de troncs de palmier-
que le feu dégage beaucoup de fumée, malheureusement,
raphia. Tous ces matériaux sont très vulnérables aux
qui n'incommode pas les occupants de la cuisine.
intempéries, à l'attaque des termites, et doivent être
A l'évidence, la maison rurale pose le problème d'hy-
renouvelés régulièrement. Cependant, ils ont l'avantage
giène.Le nettoyagequotidien se limite aux partiesvisibles
de garantir une certaine fraîcheur à l'intérieur des habi-
de l'habitation. La désinfection n'est pas pratiquée.
tations.
La maison est le reflet du niveau de vie des paysans. Les
Une hygiène corporelle et
cuisines et les claies' sont encombrées d'objets divers:
outils, matériel de pêche et de chasse, corbeilles, hottes,
personnelle insuffisante
marmites en argile, calebasses, paniers vides ou conte-
Les conditions d'hygiène corporelle sont mauvaises,tou-
nant des denrées agricoles, etc. Partout, les claies et
jours à cause de l'état de pauvreté et d'enclavement dans
les lézardes des murs sont des gîtes à souris et à insectes
lequel se trouve la région. En effet, dans presque tous
(surtout fourmis et cafards). Ceux-ci, tout en détrui-
les villages, le savon à linge, le savon de toilette ou le
sant les récoltes, constituent de véritables vecteurs de
lait de beauté sont des produits recherchés. Certaines
maladies. Les mets, généralement mal conservés, SOI)t
personnes conservent le savon sur la claie afin qu'il dur-
à la merci de ces bestioles dont la présence dans les mai-
cisse et s'use moins vite au moment de la lessive;
sons n'indispose plus personne. Mais il est difficile
d'ailleurs, celle-ci n'est pas faite régulièrement, car il
d'apprécier les conséquences sur l'organisme humain
faut utiliser le savon avec parcimonie.
de la présence des souris et des insectes.
Etant donné que les gens se baignent le plus souvent
Comment détruire alors ces insectes qui voltigent d'un
dans les ruisseaux (dont l'eau n'est pas toujours propre),
mur à l'autre? Comment se débarrasser de ces souris
sans utiliser le moindre morceau de savon, les infections
et souriceaux qui se poursuivent sous les lits, rongent
cutanées sont fréquentes, surtout chez lesjeunes enfants.
les paniers de maïs ou d'arachides? Comment désin-
Personne ne se lave les mains avec le savon.
fecter les habitants? Les insecticideset les raticides
n'existent pas dans les villages, même pas dans les centres
L' hygiène bucco-dentaire n'est pas assurée convena-
urbains. Déjà, dans les grandes villes, ce problème n'a
blement. Les brosses à dents et les dentifrices ne sont
jamais été résolu par les Services d'hygiène. Que peut
pas d'usage courant; ce sont des produits de « luxe»
le paysan?
réservés aux « gens des villes ». La preuve en est
qu'aucun commerçant ambulant ne vend ces produits
L'utilisation du feu de bois dans les cuisines pose éga-
dans les villages. Les villageois, dans le meilleur des
Iement un problème d'hygiène. En effet, tout en pro-
cas, utilisent plutôt de petits morceaux de liane ou de
tégeant les « tuiles» de palmier-raphia contre l'attaque
charbon de bois pour se rincer les dents le matin. Même
des termites, le feu dégage quotidiennement fumée et
au chef-lieu de district, on trouve encore des gens qui
cendres qui polluent l'air à l'intérieur des habitations.
ne font pas tellement usage de la brosse à dents et du
Comment évacuer la fumée à l'extérieur d'une cuisine
dentifrice.
qui n'a souvent comme ouverture que la porte? Tout
est noir de fumée: ustensiles, claies, toiture, vêtements,
Qu'ils soient aux champs, à la chasse, à la pêche ou
etc. Il ne fait pas de doute que la suie tombe sur les
au village, les ruraux sont toujours pieds nus, courent
aliments sans que personne ne s'en rende compte.
tous les jours le risque de marcher sur les épines, les
C'est dans cette cuisine que les femmes et les enfants
pointes souillées, les tessons de bouteille, les déchets
passent une bonne partie de la journée, respirant un
humains,etc. Cela accroît évidemment le dangerde trans-
'Une claie est une sorte de treillis fait de bambous-raphia jointives; le tout est soutenu par quatre pieux; les dimensions moyennes sont de 3 m à 4 m de
long, 2,50 m à 3 fi de large, 1,20 ID de haut.
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
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Sciences sociales et humaines
mission des maladies parasitaires par contact avec le sol.
vient à peine de reprendre ses activités et qui, théori-
Les rares paires de chaussures que certaines personnes
quement, dessert près de 4 000 personnes sur 85 km
possèdent sont portées, tout comme les beaux vêtements,
environ. Sur l'axe Souanké-Garabinzam, environ 117 km
exceptionnellement les jours de fêtes ou le dimanche.
(dont 62 km de piste piétonne) où résident plus de
Certes, les villageois sont préoccupés plus par les tra-
2000 habitants, on ne trouve aucun dispensaire. Le projet
vaux champêtres que par les fêtes ou les belles tenues
de construction du dispensaire de Golmélène n'a jamais
vestimentaires, mais il est inconcevable qu'en cette
abouti.
fin du XX, siècle, malgré la modicité de leurs revenus,
La situation n'est pas meilleure dans le district voisin de
les paysans continuent de marcher pieds nus, d'ignorer
Sembé où l'on trouve un centre médical (au chef-lieu
l'usage de la brosse à dents, de manquer de savon pour
du district) et un dispensaire dans le village de Miélé.
se laver ou pour faire la lessive et la vaisselle.
Mais, entre Madjingo et Sembé, par exemple, soit 60 km
Le contenu des habitations dénote aussi la faiblesse
de piste piétonne, il n'existe aucun dispensaire depuis
des revenus monétaires en milieu rural. Le mobilier fait
la fermeture de celui de Lopo. C'est aussi le cas entre
défaut; ou il est totalement absent ou il est peu confor-
Sembé et Ngbala (67 km).
table. Dans le meilleur des cas, on trouve une vieille
A l'évidence, la situation sanitaire est désastreuse dans
table, deux ou trois chaises bancales, quelques fauteuils
la région. L'état du personnel et de l'infrastructure sani-
en barnbou-rafia ou en liane. La literie reflète aussi le
taire ne s'est guère amélioré depuis un quart de siècle,
niveau de vie de la population. Le matelas, la couver-
comme l'indique le tableau ci-dessous. Les villages sont
ture et le drap sont pratiquement inconnus en milieu
défavorisés depuis la fermeture des dispensaires de Lopo,
paysan. A défaut, les villageois se couvrent plutôt avec
Bolozo et Biessi. Les villageois doivent, s'ils le peuvent,
les pagnes. Le lit en planche est presque inexistant. C'est
parcourir à pied plusieurs dizaines de kilomètres pour
pourquoi le grabat, le lit en bambou-raphia et la natte
atteindre les centres médicaux situés dans les chefs-lieux
sont encore largement utilisés. Bien souvent, en guise
de district. Même lorsqu'ils y arrivent, ils ne reçoi-
de matelas, on utilise le raphia sur lequel on étale la natte;
vent pas des soins médicaux adéquats, car les trois centres
un morceau de bois placé sous la natte remplace l'oreiller.
sanitaires sont confrontés au problème de pénurie de
Quoi d'étonnant que les gens se plaignent de courba-
médicaments, d'équipements et de personnel.
tures ou de torticolis?
Tableau I. État comparatif du personnel et de l'infrastructure
Comment améliorer les conditions d'hygiène corporelle
sanitaire en 1974 et en 2000.
et personnelledes ruraux dans un milieu totalementenclavé,
où les produits agricoles ne sont pas commercialisés, le
Personnel,
En 1974
En 2000
revenu dérisoire, les boutiques inexistantes?
structures
(pour18559
(pour 21000
sanitaires
habitants)
habitants)
Les inégalités d'accès aux soins
Centres médicaux
2
2
Dispensaires
7
4
médicaux et d'encadrement
Médecins
1
o
médical
Assistants sanitaires
o
1
Infirmiers diplômés d'État
3
o
li se pose dans la Sangha, comme dans toutes les régions
Infirmiers brevetés
5
4
du pays, le grave problème de l'accès aux soins médi-
Agents techniques de santé
1
5
caux; Les inégalités sont très frappantes entre la ville
Techniciens de laboratoire
1
1
et la campagne. C'est la situation que l'on trouve dans
Aides-soignants
4
4
Aides accoucheuses
o
1
les deux districts de Souanké et de Sembé (figure 2).
Une infrastructure médicale embryonnaire
Le centre médical de Souanké
La carte sanitaire fait apparaître des disparités criantes
Pour mieux apprécier la situation et le rayonnement des
entre le chef-lieu de district et les villages. Dans le
centres médicaux, nous avons pris l'exemple de celui de
district de Souanké par exemple, pour une population
Souanké. En effet, le centre médical de Souanké se trouve
d'un peu plus de 10 000 habitants, on trouve actuelle-
actuellement dans un état complet de délabrement et
ment un centre médical (au chef-lieu du district) et deux
d'insalubrité. Les cinq bâtiments qu'il abrite sont noyés
dispensaires dans les villages de N'tarn et d'Elogo.
dans de hautes herbes. Les portes et les fenêtres, lors-
Comme le révèle la carte, le seul dispensaire que l'on
qu'elles ne sont pas totalement ouvertes, sont fermées
trouve entre Souanké et Sembé est celui d'Elogo qui
par des battants défectueux.
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Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000

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Figure 2. Région de la Sangha occidentale: l'infrastructure sanitaire (Source: enquête personnelle).
Rev. CAMES - Série B, vol. 02, 2000
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Sciences sociales et humaines
Ce centre médical, la principale formation sanitaire
En revanche, les actes chirurgicaux attirent les villageois,
du district, est malheureusement confronté au problème
d'autant plus que la médecine traditionnelle n'intervient
de personnel, de structures d'accueil, d'équipement et
pas dans le domaine de la chirurgie. Le centre médical
de médicaments. Il n'y a plus de médecin. Le personnel
n'ayant pas de médecin, le jeune assistant sanitaire, qui
comprend un assistant sanitaire, qui est contraint de
vient d 'y être affecté, est contraint de pratiquer quelques
faire des interventions chirurgicales, deux agents tech-
interventions chirurgicales afin de sauver les malades
niques de santé, deux aides-soignants, deux matrones-
graves. Ainsi, au cours du mois d'août 1996, six malades
accoucheuses, un laborantin.
ont été opérés pour hernie inguinale, dont quatre (66,7 %)
sont venus des villages lointains.
Les conditions d'accueil et d'hospitalisation des malades
sont désastreuses. Il y a quelques années, le centre
Le registre des examens de laboratoire présente une situa-
médical de Souanké avait reçu une dotation de près d'une
tion identique à celle d'autres services du centre médical.
cinquantaine de lits métalliques et de matelas. A la suite
Peu d'examens sont pratiqués au laboratoire: environ
d'une très mauvaise gestion et de nombreux cas de vols,
deux ou trois examens de selles et/ou de sang (recherche
les matelas et les tabourets ont disparu. Il reste actuel-
d'hématozoaires) sont réalisés chaque jour, si bien que
lement une dizaine de lits plus ou moins utilisables, une
le technicien occupe son temps à lire des journaux.
demi-douzaine de tabourets métalliques. Ainsi, le centre
Ces quelques examenss intéressent exclusivement les
médical se trouve dans un état de dénuement total.
habitants de Souanké. Déjà que les consultations médi-
cales n'attirent pas les ruraux, à plus forte raison les ana-
Le manque de personnel et de médicaments, le sous-
lyses de laboratoire".
équipement et le délabrement des bâtiments expliquent
aujourd'hui le faible rayonnement géographique du centre
Le centre médical de Souanké a une zone d'influence
médical, et surtout, le faible niveau de distribution de
très réduite, à cause du faible niveau de prestations.
soins et d'actes médicaux. En effet, l'observation du
Comme partout au Congo, une formation sanitaire
registre des consultations révèle un faible nombre de
urbaine est fréquentée, avant tout, par les citadins.
malades, en moyenne 5 ou 6 par jour, alors qu'en 1975
Bien que vétuste et embryonnaire, l'équipement sani-
les consultations journalières variaient entre 60 et 90.
taire des chefs-lieux de district ou de région est de loin
Comme l'indique la figure 3, la plupart des consultants
supérieur à celui de la campagne.
résident à Souanké, soit 87,8 % pour toute la période de
Le centre médical n'a plus de pharmacie depuis plus de
l'enquête, les autres, soit 12,2 % viennent des villages.
deux décennies, et il n'est plus doté en médicaments.
Il apparaît clairement que seuls les habitants de Souanké
Dans ces conditions, comment pourrait-on atteindre
bénéficient des services du centre médical. En ce qui
l'objectif de l'Organisation mondiale de la santé, à savoir
concerne les consultants extérieurs, 73,3 % d'entre
la « Santé pour tous d'ici à l'an 2000 ? » Ironie du
eux résident dans un rayon de moins de 30 km, 26,7 %
sort: l'an 2000 est là. Les infrastructures médicales sont
viennent des villages lointains, c'est-à-dire au delà de
vétustes et insuffisantes, voire inexistantes en milieu
30 km. Ceux-là se rendent à Souanké pour des affections
rural. Le mauvais état sanitaire de la population est la
plus graves, telles que les hernies, les infections uro-
conséquence logique de la pauvreté rurale et urbaine qui
génitales, les sciatiques, les dysménorrhées, etc.
est liée au sous-développement.
'A litre comparatif. 720 examens de selles et 361 examens d'hématologie furent réalisés au cours du premier semestre de 1975.
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Sciences sociales et humaines
différents quarti;fs dl:' la 'vllle
villages situés dans un rayon de moins de 15 Km
LlJID vi\\\\o,ges sltuês entre 15 et 30Km
lllim vliioges si.ué, au-delà de 30 Km
Figure 3. Influence géographique du centre médical de Souanké par rapport aux soins et actes médicaux
(Source: enquête personnelle).
Le tableau II ci-dessous est révélateur d'une situation
Une consommation pharmaceutique
désastreuse. Il présente, d'une part, le rapport entre
inégale et insignifiante
les infrastructures sanitaires et la population, d'autre part
Autant les dispensaires sont rares, de même on note
le rapport entre le personnel de santé et la population.
l'absence totale de dépôts pharmaceutiques dans les
On note par exemple qu'il n'existe aucun médecin et
villages. Les rares médicaments que l'on peut trouver
qu'il y a Il lits d'hospitalisation pour 10 000 habi-
sont les pommades mentholées du genre « Vicks, .
tants.
Mentholatum », ou les comprimés d'Aspro, Phensic,
Tableau II. Rapport personnel de santé, infrastructures sani-
cafenol, Amidol, Daga, etc. vendus au détails (50 F
taires, lits d'hospitalisation et population dans le district
l'unité) par les commerçants ambulants. La plupart de
de Souanké.
ces médicaments, dont la date de péremption n'est indi-
quée nulle part, et dont l'emballage et les conditions
Personnel et lits d'hospitalisation
Pour /10 000 hab.
de conservation laissent à désirer, proviennent du
Cameroun et du Nigeria.
Infrastructures sanitaires
2
La consommation pharmaceutique est donc insignifiante.
Médecins
0
Elle est révélatrice du sous-équipement sanitaire. C'est
Assistants sanitaires
pourquoi, dans tous les villages, les gens ont systémati-
Agents techniques de santé
3
quement recours aux prestationsdes guérisseurs,à la méde-
cine traditionnelle dont les produits (feuilles, racines, écorce,
Aides-soignantes
2
etc.) sont fournis par la forêt environnante.
Matrones-accoucheuses
2
En revanche, on trouve deux petits dépôts pharmaceu-
Laborantins
tiq ues à Souanké, appartenant, l'un aux religieux de
Lits d'hospitalisation
Il
la mission catholique, l'autre au Conseil du district de
Souanké ; ce dernier est géré dans le cadre du Comité
Dépôts pharmaceutiques
2
de santé.
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,;.
"
CD les différents quartiers de SouQnk~
f;;}::~;":~;1 les viIIa9es
Figure 4. Aire d'influence des dépôts pharmaceutiques de Souanké.
(Source: enquête personnelle).
Situé dans l'enceinte du centre médical, le dépôt phar-
Outre les deux dépôts pharmaceutiques, les commer-
maceutique du Conseil de district est plus avantagé
çants vendent quelques médicaments d'usage courant.
que celui des missionnaires qui se trouve à plus de 600 ID.
Il s'agit surtout de pommades, d'antalgiques, d'anti-
Les médicaments y sont vendus sur prescriptions médi-
pyrétiques, de flacons d'antibiotiques, etc. Tous ces médi-
cales. Par conséquent, la clientèle est constituée essen-
caments, vendus au détail et sans prescription médicale,
tiellement des malades internes et externes qui achètent,
ne présentent aucune garantie de qualité, car les condi-
quand ils le peuvent, les médicaments prescrits par les
tions de conservation sont mauvaises. Leur acquisi-
infirmiers. Il n'y a guère plus d'une dizaine de personnes
tion n'étant pas contrôlée, aucun commerçant n'est en
qui achètent les médicaments chaque jour. En raison
mesure de quantifier les ventes ou d'évaluer les recettes.
du faible niveau de revenu de la population et du petit
De toute façon, la consommation est très faible dans
nombre de prescriptions médicales, les recettes du dépôt
l'ensemble.
pharmaceutique varient généralement entre 10 000 F
. et 15000 F par jour. Mais actuellement, le stock de médi-
Conclusion
caments est réduit à peu de chose.
L'état sanitaire précaire de la population est révéla-
Lorsqu'il manque des médicaments au dépôt pharma-
teur de l'insuffisance et du sous-équipement des for-
ceutique du Conseil de district, les malades sont orientés
mations sanitaires d'une part, de l'absence de pharmacie
vers celui des religieux. Malheureusement, dans bien de
ou de dépôts pharmaceutiques d'autres part. Si la situa-
cas, ils n'y trouvent pas toujours satisfaction. La raison
tion semble meilleure aux chefs-lieux de district, parce
en est que les dépôts pharmaceutiques disposent d'un
que ceux-ci sont dotés de centres médicaux, l'ensemble
très faible stock de médicaments.
de la région est confronté au grave problème de struc-
tures sanitaires et de médicaments.
Autant le centre médical a un faible rayonnement géo-
graphique, de même les dépôts pharmaceutiques ne sont
Les villageois ont créé et aménagé, tant bien que mal,
fréquentés que par les habitants de Souanké, soit 98,5 %
leur cadre de vie, un cadre de vie fortement influencé
de la clientèle (cf. fig. 4). Il s'agit essentiellement des
par les contraintes du milieu physique et la situation éco-
personnes venues en consultation au dispensaire.
nomique et sociale du pays. Certes, la monétarisation de
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Sciences sociales et humaines
l'économie rurale leur a permis de s'ouvrir sur l'exté-
de 0 à 5 ans, n'avait même pas atteint les zones de
rieur, notamment sur les centres urbains et les pays
Souanké-Garabinzam, de Sembé-Ngbala et de Sembé-
voisins. Mais les moyens financiers et matériels dont ils
Madjingo. Les équipes de vaccination n'avaient travaillé
disposent actuellement, et depuis toujours, ne leur per-
que dans les chefs-lieux de district. La campagne de
mettent pas d'améliorer leur niveau de vie, d'ailleurs
1999 n'a même pas atteint tous les villages. Nous avons
à cause de multiples facteurs endogènes et exogènes.
là un bel exemple d'inégal accès aux soins médicaux.
A l'exception de ce qui se passe en ville, les paysans
Par ailleurs, il faut que les paysans sachent se prendre
congolais en général comptent essentiellement sur eux-
en charge par l'observation stricte des règles élémen-
mêmes et font tout pour aménager eux-mêmes leur envi-
taires d'hygiène corporelle et personnelle, par l'assai-
ronnement. Si les citadins (notamment les habitants des
nissement de leur environnement (construction des
grandes villes comme Brazzaville, Pointe-Noire) sont
latrines, incinération des ordures, protection des points
d'éternels assistés, les villageois et les habitants des
d'eau, balayage régulier de la cour du village, etc.). Il
centres urbains secondaires ne le sont pas. En ville, l'État
faut qu'ils comprennent que l'insalubrité de leur cadre
(c'est-à-dire la municipalité) intervient pour améliorer
de vie les expose à toutes sortes de maladies, qu'à cause
les conditions de vie dans les quartiers. Ce n'est pas
de la conjoncture économique et surtout de la mauvaise
le cas dans les villages, où la population est abandonnée
gestion des finances publiques, l'État n'arrive plus à
à elle-même face aux multiples problèmes quotidiens
faire face à ses obligations vis-à-vis du citoyen, mais
de la vie. Peut-on s'imaginer dans quelles conditions
mène quelques actions de charme au moment des cam-
vivent les habitants de l'axe Souanké-Garabinzam
pagnes électorales. En tout cas, si la situation dans les
(117 km de piste piétonne) ou ceux de l'axe Sembé-
villes se dégrade de plus en plus, les villages et les centres
Madjingo où l'on ne trouve ni école, ni boutique, ni
urbains secondaires, de ce point de vue, ne connais-
dispensaire, ni dépôt pharmaceutique? Partout, les condi-
sent aucune amélioration. Il est urgent que l'État se
tions d'hygiène générale sont précaires.
penche sur la question de développement du monde rural
afin que les ruraux vivent une« ruralité» autre que celle
Aujourd'hui, le monde rural est beaucoup plus marqué
vécue actuellement. 0
par le sous-développement et là pauvreté que la ville.
Les effets du sous-développement économique et peut-
être des contraintes culturelles sont notoires. Il est
Références bibliographiques
donc impérieux que les pouvoirs publics et les ruraux
GA YE A.,
POUNDZOU et
. ABESO TOMO P., 1995.
prennent leurs responsabilités. Malgré les difficultés
Ruralisation du plateau Batéké-sud. Rapport AGRICONGO.
financières et une conjoncture économique désastreuse,
Brazzaville, 17 p.
l'État a l'obligation de se pencher résolument sur les
MABOUANA P., 1996. Odziba, étude géographique d'un terroir
problèmes sanitaires de la population. Il faut construire,
au Congo. Brazzaville, université Marien N'Gouabi. Mémoire de
reconstruire et équiper les dispensaires (afin de faciliter
maîtrise.
l'accès aux soins médicaux), encadrer et éduquer les
VENNETIER P., 1972. L'approvisionnement des villes en
Afrique noire: un problème à étudier. In : Livre d'hommage à
paysans, construire les pharmacies ou les dépôts phar-
Pierre Gourou. Paris, Mouton p. 477-490.
maceutiques, surtout développer la médecine ambula-
VENNETIER P., 1988. Urbanisation, production agricole et auto-
.toire par le biais des Services des grandes endémies.
suffisance alimentaire : réflexions sur le cas africain. Cahiers
Il est vraiment dommage que la plupart des actions sani-
d'Outre-Mer, vol. XLI, n° 163, p. 209-226.
taires préventives ne se déroulent que dans les grandes
VENNETIER P., 1988. Urbanisation et production agricole :,les
villes. La campagne nationale de vaccination contre
paysans pionniers du plateau de Mbé (Congo), Cahier d'Outre-
la poliomyélite, organisée en 1996 en faveur des enfants
Mer, vol. XLI. n° 163, p. 303-308.
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Sciences sociales et humaines
'CI>
A partir de l'analyse des conditions économiques
Ü Based upon the analysis of the economie and socio-
E et sociosanitaires observées en milieu rural, cet
ca sanitary conditions observed in the rural areas, this
~
~
article met en évidence le problème crucial du sous-
-
study aims to raise the crucial problem of under-
en
'CI>
développement. Corollaire du faible niveau de
oC
development. As a corollary of the weak level of
a: revenu des populations rurales, la médiocrité des
<:C income of the rural populations, the mediocrity of
conditions d'hygiène et les difficultés d'accès aux
the sanitary conditions and difficulties of access
soins de santé caractérisent la région de la Sangha
to health care characterise the Western Sangha
occidentale. Évoquant le problème de comporte-
region. The author of this study outlines the pro-
ment individuel et collectif face à la dégradation du
blem of personal and collective behaviour in the
cadre de vie, l'auteur en appelle aussi à la res-
context of the degradation of the living environment.
ponsabilité de l'État dans la résolution des ques-
He also appeals to the sense of accountability of
tions de développement rural.
the State as regards the resolution of rural deve-
lopment issues.
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