Sciences sociales et humaines
Trêves, traités de paix et traités d'alliances
à Rome à l'époque républicaine (509-27 av. J.C.)

Saliou NDiaye
Département d'Histoire,
Université CAD -
Dakar (Sénégal)
I1Jlii!mf
Introduction
capitulé devant sa toute puissance. Cette étude se pro-
pose d'analyser la nature des nombreux accords conclus
A Rome, en période de guerre, l'ouverture des hostilités,
par Rome aussi bien en temps de guerre qu'en temps
tout comme l'armistice (entendons par-là toute sus-
de paix. Parmi les conventions négociées durant l'ouver-
pension des hostilités), étaient précédés de négociations.
ture des hostilités, nous étudierons d'abord les trêves.
Celles-ci étaient entamées par l'une des deux parties dans
Quelles formes pouvaient-elles revêtir? De quelles façons
le cas d'une trêve ou d'une capitulation; mais elles l'étaient
concluait-on un cessez-le-feu? Quelles conditions
conjointement lorsqu'il s'agissait de conclure un accord
fallait-il remplir avant de le solliciter? Ensuite nous
de paix ou l'alliance. Mais les Anciens, comme le note
traiterons des pactes qui mettaient fin aux hostilités.
y. Garlan, « ne concevaient pas de véritable guerre sans
Quelles étaient les conditions exigées par une Rome
des accords ... Le temps de guerre et le temps de paix
toujours victorieuse lors de l'élaboration et de la conclu-
étant, pour ainsi dire, d'essence différente tout passage
sion de traités de paix? Quels aspects pouvaient revêtir
de l'un à l'autre ne pouvait se faire sans précaution et
les accords qu'elle concluait en temps de paix, en parti-
sans garantie »'. Rome fut amenée à établir des accords
culier de l'accord d'alliance? Quel était le contenu
fort divers avec de nombreux peuples qui s'étaient liés
de ces accords? Quelles ambiguïtés et obligations réci-
d'amitié avec elle, tout comme avec d'autres qui avaient
proques pouvait-on y déceler?
Les actes diplomatiques
ensevelir les morts ou pour échanger des prisonniers,
et surtout afin d'ouvrir les pourparlers de paix").
conclus en temps de guerre
Cependant l'on remarque que la période républicaine
La trève, premier pas vers la paix
ne fournit pas d'exemples de trêves sacrées deman-
dées ou accordées par Rome en vue de la célébration
L atrêvemarqueun arrêtdeshostilitéspendant d'unefêtereligieuse.Certes,ilexistaitàRomedesjours
un temps plus ou moins long'. Cette suspension
consacrés, au cours desquels, la coutume des Anciens
des combats entre belligérants, requérait néces-
interdisait de livrer bataille. A en croire Macrobe
sairement l'intervention des ambassadeurs et pouvait
« lorsque le latiar, c'est-à-dire la solennité des féries
revêtir diverses formes. Mais comme tout engagement
latines était annoncée, de même pendant les Saturnales
international, elle était soumise à certaines conditions
et aussi lorsque le mundus était ouvert, la loi reli-
préalables. Y. Garlan en retient quatre. Une trêve pou-
gieuse défendait de combattre", Il était également interdit
vait être réclamée "pour célébrer une fête locale ou pour
de combattre Je lendemain des fêtes religieuses ».
1. Y. Garlan, La guerre dans l'Antiquité. Paris, 1972, p. 25.
'Tite-Live, Histoire romaine, texte traduit par J. Bayet, Belles lettres, Réed.I971 : TL, IV, 35, 2 signale par exemple une trêve de vingt ans, conclue par
Rome avec les Véiens au début du V, siècle avant notre ère ; et une autre, de trois ans seulement, avec les Eques alors que ces derniers « la voulaient plus
longue ». Mais au cours de notre période, leur durée s'est considérablement réduite jusqu'à couvrir seulement quelques jours, cf., CÉSAR, Guerre des
Gaules,
texte traduit et établi par L. A. Constans, CUF, Paris, Belles Lettres, 1964, (2 vol.), B. G .. IV, Il.
'. Y. Garlan, op. cit., p. 31.
'. MACROBE, Saturnales, Edit. F. Eyssenhard, 1868, l, 16, 16-17.
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Toujours selon Macrobe, les Pontifes avaient aussi décidé
La trêve des morts
que « le lendemain des calendes, des nones et des ides,
Une simple suspension d'armes pouvait être décidée d'un
devait être jour considéré comme jour de deuil et qu'on
commun accord, pour ensevelir les morts. Car le droit
ne pouvait ni combattre, ni sacrifier, ni tenir des
des Anciens voulait qu'une fois la guerre arrêtée, l'on
comices »5. Mais l'on ne saurait donner le nom de trêves
rendît à l'adversaire ses morts, afin qu'ils fussent inhumés.
sacrées à ces fêtes locales, qui s'accompagnaient dans
Cet usage n'était pas inconnu des Romains. Au cours des
la cité même d'une trêve civile et judiciaire de durée fixe.
années 241-234, lors la première guerre punique, la résis-
Ce sont tout au plus des jours fériés au cours desquels,
tance punique animée par Amilcar Barca, fut très vive
la célébration de la fête religieuse nécessitait, pour son
en Sicile, notamment à Eryx. Diodore raconte qu'à la
bon déroulement, l'obligation de surseoir à toute opé-
suite d'un des violents affrontements qui opposèrent
ration militaire. On pourrait les comparer aux hiero-
les légions du consul Fundanius aux soldats carthagi-
ménies grecques comme les Karneia doriennes ou les
nois, le général romain refusa d'accorder à Amilcar
Demetria d'Athènes".
la trêve qu'il sollicita pour enlever ses morts. Il fut
Ce qui différenciait ces fêtes romaines des trêves sacrées
puni de son impiété, poursuit l'historien grec, par une
grecques, c'est que ces dernières étaient « des fêtes
grande défaite". Tite-Live rapporte qu'en 215 avant J. c.,
fréquentées non seulement par des citoyens, mais aussi
au lendemain de la bataille de Nola, qui avait fait cinq
par des étrangers ». Il était donc nécessaire, grâce à
mille morts du côté carthaginois et mille morts du côté
une convention «temporaire d'Asylie et d'Asphaleia»
romain, « une trêve tacite fut employée des deux côtés,
d'assurer la sécurité des fidèles venus de loin ainsi que
à ensevelir les morts ... Marcellus, suivant un vœu fait
leurs biens? Par conséquent, ces trêves sacrées revêtaient
à Vulcain, les brûla »10. Le mot « tacite» du Padouan
un caractère international du fait de l'acceptation tacite,
est assez révélateur, en ce sens qu'il conduit à penser
de leur nature et des obligations qu'elles engendraient,
qu'aucun des belligérants, n'avait voulu le premier,
par.la plupart des cités concernées. Or tel n'était pas
demander l'arrêt des combats. Ce qui sous-entendait que
le cas à Rome' où la suspension des activités militaires
prendre cette initiative, était en quelque sorte un aveu
de sa faiblesse et qu'aussi, le seul fait de demander à
était une décision unilatérale qui tout aù plus, devait per-
l'adversaire ses morts, pouvait être interprété par celui-.
mettre à la cité de célébrer en toute quiétude ses fêtes
ci comme un avantage psychologique important.
religieuses. D'ailleurs, l'auteur des Saturnales précise
que ces indications n'étaient valables que lorsque les
Cette trêve des morts était sollicitée et obtenue par
Romains pouvaient choisir le jour où ils voulaient com-
l'entreprise d'un héraut. Par exemple en 197 avant J. c.,
battre. Si le combat leur était imposé par l'adversaire, ils
au cours de la seconde guerre de Macédoine, au len-
devaient alors prendre les armes et défendre leur patrie".
demain de la bataille de Gonni, 'c'est un héraut du roi
Il s'agissait par conséquent, d'une interdiction natio-
macédonien Philippe V, qui vint trouver Quinctius dans
nale qui s'effaçait lorsque le salut de la patrie était en
l'espoir « d'obtenir une trêve, le temps voulu pour enlever,
jeu; mieux, l'ennemi n'était pas tenu de respecter cet
en vue de leur sépulture, les hommes tombés dans la
arrêt unilatéral. Mais tout autre était la trêve des morts
bataille ... »11. Mais ajoute Tite-Live « c'était, en réa-
qui elle, intervenait à la suite d'un accord avec l'ad-
lité, pour demander la permission d'envoyer des ambas-
versaire.
sadeurs ». Cependant, le consul romain accepta les deux
'. Id., ibid, 1, 16,22.
6. Cf. l'intéressante mise au point de Georges
Rougemont," La Hiérornénie des PYTHIA et les trêves sacrées d'ELEUSIS, de DELPHES et d'OL YMPIE »,
Bulletin de Correspondance Hellenique (B.C.H.), XCVII, 1973, p. 75-106, cf. p. 81-86.
1. Id., ibid., p. 96-97. II existait quatre conventions de trêves sacrées en Grèce: les trêves pythique, olympique, isthmique et néméenne ; et la trêve des rnys-
tères d'ELEUSIS qui durait cinquante cinq jours, cf., id.. ibid., p. 86-88.
'MACROBE, Saturnales, 1, 16,20. On a appelé guerres puniques les conflits qui opposèrent à trois reprises les Romains et les Carthaginois (Punici en
latin). Celles-ci se déroulèrent de 264 à 241 avant 1. C. ; de 218 à 201 avant J. C. ; et en 146 avant 1. C. Voir Saliou NDIA YE, " Le traitement des popula-
tions dans les villes prises d'assaut par Rome durant les Guerres Puniques" Revue Sénégalaise d'Histoire, Nouvelle série, N° 1, 1995, pA 7-5 6.
9 Diodore, Bibliothèque Historique, traduit par E. Bommelaer, CUF, BELLES Lettres, Paris, 1935 : XXIV, 9, 2.
lOT, L., XXIII, 46, 4.
liT, L., XXXIII, 11,3.
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propositions du roi, puisqu'il donna son accord pour l'une
tions qui lui étaient imposées Iii. Ce n'est que lors d'une
et l'autre. La trêve des morts apparaît donc comme une
deuxième entrevue cette fois-ci à Tempé, que le
coutume bien ancrée dans les mentalités d'alors. Plutarque
Macédonien finit par accepter les propositions romaines
d'ailleurs, affirme qu'en 67 avant 1. c., Lucullus avait
assorties cette fois, d'une trêve de quatre mois". Celle
accru l'hostilité de l'armée àson égard, car il avait négligé
qui fut imposée à Nabis était d'une durée de six mois".
de rendre les devoirs funèbres dus aux Romains tombés
Il pouvait arriver que la durée de la trêve ne soit pas
à la bataille de Zéla", Par conséquent, il n'y avait rien
fixée, ce fut le cas de celle que Rome en 202 après Zama,
d'étonnant à ce que Philippe l'ait sollicitée. Même s'il est
concéda aux Carthaginois".
certain qu'un adversaire en position de faiblesse pouvait,
Le temps de trêve devait permettre aux ambassadeurs
par cette faveur, obtenir quelque moment de répit; le
ennemis, munis de sauf conduits de se rendre en toute
vainqueur du moment lui, ne devait poser aucune condi-
quiétude en territoire romain afin d'y mener des négo-
tion à l'adversaire, en lui rendant ses morts. Cependant,
ciations en vue d'une paix durable. Celles-ci bien entendu
il en va tout autrement de la trêve proprement dite.
étaient difficiles, car Rome, en vainqueur tout puis-
La trêve proprement dite
sant, visait toujours le même objectif: affaiblir davan-
tage le vaincu. Il fallait d'abord le désarmer militaire-
Une suspension d'armes pouvait être aussi décidée tou-
ment, rendre vaine voire impossible toute tentative de
jours d'un commun accord et pour une période déter-
reprise des hostilités, ensuite l'affaiblir sur le plan éco-
minée, afin de faciliter l'envoi d'ambassadeurs en vue
nomique. Ainsi la trêve, conclue avec Carthage, fut
de négociations de paix. Cette interruption des hostilités
garantie par la livraison de cent cinquante otages, et par
ne pouvait être accordée par Rome, sans que certaines
le paiement d'une indemnité de guerre de mille talents".
garanties aient été, au préalable, fournies par le deman-
En] 97, Philippe dut livrer son fils Démétrios et certains
deur. Celles-ci lui étaient notifiées par le général victo-
de ses amis comme otages et payer deux cents talents.
rieux après que celui-ci eut consulté son état-major.
Il devait aussi céder « toute la côte d'Illyrie, remettre
Scipion après Zama, n'accepta de négocier avec les
tous les déserteurs et prisonniers. A Attale il devait rendre
Carthaginois, qu'après avoir pris conseil avec son conseil
ses navires et les équipages pris avec eux; aux Rhodiens
de guerre", C'est aussi après avoir convoqué ses légats
la région dénommée la peraea ; aux Étoliens, Pharsale
et tribuns et recueilli leur avis, que Quinctius rédigea les
et Larissa, aux Achéens, Argos et Corinthe »21. D'après
conditions auxquelles il accordait en 195, l'armistice
Tite-Live on ajouta au pacte la clause suivante « que les
à Nabis, le tyran de Sparte". Marius fit de même en
troupes royales devaient être aussitôt retirées de Phocide
105 avant J.c., avant de concéder une trêve à Bocchus,
et de Locride ». Une trêve conclue entre Rome et un
roi de Maurétanie et beau-père de Jugurtha".
adversaire pouvait également engager les alliés romains.
Quant à la durée de la trêve, naturellement, elle était
Celles de 197 par exemple, concernait non seulement
déterminée par Rome, puisqu'elle négociait toujours
Philippe de Macédoine et Rome, mais aussi Pergame,
en position de force. En 197, Quinctius, lors de sa pre-
les Rhodiens, les Étoliens et Achéens. La trêve conclue
mière entrevue avec Philippe V à Nicaea, accorda une
en ] 95, concernait « NABIS d'une part, de l'autre, les
trêve de deux mois au roi ; mais celui-ci refusa les condi-
Romains, le roi Eumène et les Rhodiens ».
'2
Plutarque, Vies parallèles, ed., B. Perrin,The loeb c1ass. Libr., 1948/1955 (II vol.), Pompée, XXXIX, 1. C'est Pompée qui rendit ce pieux devoir aux sol-
dats de Triarius qui, trois ans auparavant, avaient péri à Zéla. Il fit inhumer les restes de ces malheureux qui "jonchaient toujours le sol".
13. T. L., XXX, 36, 10-11.
"·Id., ibid., XXXIV, 35, 1.
"Salluste, Jugurtha, texte traduit et établi par A. Ernour.Ct.Rl'aris, 197J : lug., Cil, CIV.
" T. L., XXXII, 35.
"Id., ibid., XXXIII, 13, 14.
"Id., ibid., XXXIV, 35, 1.
"Id., ibid., XXX, 36,10-11 ; app., lib., 53. II s'agit de la dernière bataille qui opposa les Romains aux Carthaginois au cours de la seconde guerre punique
(218-202 avant J. C.
'" Id., ibid., XXX, 37, 1
"-Id., ibid., XXXIII, 13; 14. On avait aussi admis à cette réunion les alliés de Rome.
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La trêve commençait le jour où les conditions de paix
adverse, et manquer ainsi à son égard, de loyauté la plus
étaient notifiées à l'intéressé. Mais celles-ci ne sauraient
élémentaire. Dans un pareil cas, plus rien ne devra alors
être définitives, le Sénat pouvait les alléger ou les ampli-
justifier un quelconque prolongement de la trêve. Les
fier. Ainsi un général en chef pouvait en droit strict
députés complices d'une telle machination, perdaient
conclure un armistice, mais ne saurait s'engager à garantir
même ipso facto leur immunité pour avoir représenté,
l'obtention d'une paix définitive, aux seules conditions
non pas des chefs vertueux, mais un ennemi fourbe et
qu'il aura exigées. Aussi était-il tenu de restituer les
sacrilège. En 202, Rome accusa les Carthaginois d'avoir
garanties exigées aux vaincus, si aucun accord défi-
violé une trêve conclue quelque temps auparavant. Les
nitif n'était intervenu. Cela est confirmé par la réponse
Puniques auraient pillé un convoi de vivres escorté
de Quinctius à Philippe « si le roi n'obtenait pas la
par trente navires de guerre, que la tempête avait rejeté
paix au Sénat, on lui restituerait otages et argent ».
sur la côte africaine. Usant du droit d'aubaine, les
Puniques pillèrent l'épave". Scipion envoya à Carthage
Au bout du délai imparti, si aucun accord n'était conclu,
trois ambassadeurs pour se plaindre". Ces faits rou-
la guerre reprenait de plus belle. Le conflit contre
vrirent les hostilités".
l'Étolie fut ponctué d'abord par une trêve en 190. Mais
les envoyés grecs à Rome ne parvinrent pas à s'entendre
Dans le livre IV du Bellum Gallicum, César aussi rend
avec le Sénat, et les opérations militaires reprirent au
compte d'une trêve qui aurait été rompue à l'impro-
printemps. Elles aboutirent au siège d'Ambracie par
viste par l'ennemi. Selon lui, les Germains, après avoir
F. Nobilor en 189. Quand les Étoliens demandèrent à
convenu d'une trêve avec lui, lui auraient livré bataille.
traiter, cette fois le consul exigea une capitulation sans
Aussi estima-t-il après ce combat « qu'il ne devait plus
condition: Aetolos nisi inermes de pace agentes non
donner audience aux députés ni accueillir les proposi-
auditurum sen.
tions de gens qui auraient commencé par un coup de traî-
Enfin, la trêve, ne devait pas fournir à l'une ou l'autre
trise et par ambassades (per dolum atque insidiasi ; à
des parties, l'occasion d'attaquer inopinément l'armée
la faveur d'une demande de paix »26.
". T. L., XXXVI, 27-28.
13 T. L., XXX, 20.
n
Ceux-ci, au Sénat d'abord, puis devant l'assemblée du peuple protestèrent hautement. Leur rude franchise déplut, elle n'obtint nulle réponse. Protégés
contre la fureur de la foule par Hannon le grand et Hasdrubal « le bouc », ils durent demander, pour assurer leur retour, l'escorte de deux trirèmes puniques. Malgré
tout, la quinquerème romaine fut assaillie à la station navale de Rucsumo, par trois navires carthaginois, mais elle s'échappa grâce à sa vitesse.
"'Polybe,The Histories,with an english translation by W. R.Paton,the loeb classical Iibrary, London,1954 11960, (6 vol.): XV, 1 et 2. XXX, 25, 2. Sur l'inter-
vention d'Hannon et d'Hasdrubal, chef du parti pro-romain: App., lib., 34. Les Romains durent rappeler ces faits à l'occasion du nouvel armistice: POL.,
XV, 17,3; 18,3; T. L., XXX, 37,1; 6; 11-12; App., lib., 53.
"César, B. G., IV, 13, 1 Mais, il est douteux qu'il s'agisse d'une véritable trêve. Car César avait d'abord lancé aux députés: Usipètes et Tencthères - qui ne
constituaient pas l'ensemble, mais une faction des Germains- cet ultimatum à savoir: qu'il « n'y avait pas d'amitié possible d'eux à lui, s'ils restaient en
Gaule". Les députés. en attendant de revenir au bout de trois jours, avaient demandé au Romain de ne pas avancer davantage. Ce dernier avait refusé, pen-
sant que ce délai de trois jours aurait permis au gros de la cavalerie ennemie de venir en renfort (B. G. IV,9) A ce moment-là, CÉSAR se trouvait à quelques
journées de marche» seulement de l'ennemi. Lorsque les ambassadeurs étrangers revinrent au bout du délai fixé, le proconsul était déjà à quelques douze
milles de leur champ, c'est-à-dire moins d'une journée de marche. Sa cavalerie, qui le précédait, devait donc en être tout proche et pouvait, n'ayant encore
reçu aucune instruction, prendre l'initiative d'une attaque. C'est ce qui pourrait expliquer le fait que les ambassadeurs "se mirent à supplier César de ne pas
aller plus avant, leurs prières étant vaines, ils essayèrent d'obtenir qu'il fit porter aux cavaliers qui étaient en avant garde, l'ordre de ne pas engager lecornbat »(IV,8).
Ils réclamaient en outre trois autres jours, afin de négocier avec les Ubiens, leur installation sur le territoire de ce peuple.César promit de n'avancer ce jour
que de quatre milles. Son avant garde fit-elle de même? Le général ne l'indique pas, se bornant à demander aux députés germains de venir le trouver le len-
demain « en aussi grand nombre possible, afin qu'il pût se prononcer en connaissance de cause sur leurs demandes (B. G., IV, II ,5). Or d'ici là, la cavalerie romaine
avait largement le temps d'atteindre le camp des autres tribus germaines et de l'attaquer. C'est ce qui arriva, en effet, mais le proconsul rejeta sur la cavalerie
adverse l'initiative de combat qui s'engagea alors: "Mais les ennemis, dès qu'ils aperçurent nos cavaliers, qui étaient au nombre d'environ cinq mille, tandis qu'eux
mêmes n'en avaient pas plus de huit cents ... , chargèrent les nôtres, qui ne se méfiaient de rien» (IV,12,1.). Devant un rapport de force qui leur était lourde-
ment défavorable, il peut paraître surprenant, que les Germains aient pris l'initiative de ce combat. Ils n'avaient donc pris les armes que pour se défendre,
obéissant ainsi au principe que leurs députés avaient énoncé lors de leur première ambassade: "les Germains ne prendraient pas l'initiative de faire la guerre
au peuple romain, mais si on les attaquait, ils ne refuseraient pas la lutte» (lV,7,3).
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. Mais en fait, César n'avait cherché avec les Germains,
c'était parce qu'ils avaient tenté la fortune des armes,
qu'à gagner du temps pour se placer d'abord en posi-
parce qu'ils avaient livré bataille et avaient eu le des-
tion de force, provoquer l'ennemi, pour ensuite l'accuser
sous, .. »29,
à la moindre occasion, d'avoir rompu une trêve illusoire".
Son stratagème ne manqua pas d'ailleurs de susciter l'in-
les traités de paix
dignation de certains de ses contemporains. Plutarque
Les traités de paix marquaient, de façon plus ou moins
rapporte le témoignage d'un certain Tanusius Germanus,
durable, l'arrêt des hostilités. Comme pour la déclara-
un ami de Cicéron selon lequel Caton aurait, au cours
tion de guerre, à l'origine l'intervention des fétiaux",
d'une séance du Sénat, « émis l'avis de livrer César
garants du ius fetiale, était indispensable à leur conclu-
aux barbares pour se purifier de la violation de la trêve
sion, ainsi que l'approbation du peuple romain. Nous
commise par lui, et faire retomber la malédiction sur
retrouvons ceci indiqué dans Tite-Live, au sujet de la
le coupable »28.
paix demandée par les Samnites, aux Romains, après
Certes l'on pourrait mettre sur le compte d'une méfiance
le désastre des fourches Caudines, en 321 avant J. C.
naturelle, les garanties exigées de l'ennemi par Rome.
« les consuls étant allés auprès de Pontius pour les pour-
Mais à les analyser de plus près, on se rend compte
parlers, comme le vainqueur parlait d'un traité, ils décla-
que l'urbs cherchait avant tout à désarmer militairement
rèrent que sans décision du peuple, ils ne pouvaient
ses ennemis afin de les contraindre à conclure rapide-
conclure un traité, ni sans intervention des fétiaux et
ment la paix, à ses conditions. En exigeant aussi le paie-
autres cérémonies solennelles" ». Le rôle des feciaux
ment d'indemnités de guerre, elle leur imposait une situa-
sera supplanté plus tard par celui des ambassadeurs.
tion de fait: la prise en charge des dépenses de son armée.
Ce qui du reste soustrayait le vaincu, du moins momen-
C'est en 241 avant 1.C, que Rome conclut avec Carthage,
tanément des inévitables exactions que le droit de guerre
son premier traité hors d'Italie; il est connu sous le nom
aurait légitimées.
de traité de Lutatius". Il comportait à la fois des clauses
financières, militaires et diplomatiques. Car Rome pro-
Mais à partir de la guerre d'Étolie, Rome imposa à ses
fita de sa victoire pour évincer Carthage de la Sicile
adversaires, des conditions de trêve qui ressemblaient
et lui faire supporter les dommages de guerre; ceux-
plutôt à des préliminaires de paix. Désormais, aucun
ci devaient être payés en dix annuités de deux cent vingt
État, quelle que fût sa puissance, ne fut en mesure de se
talents euboiques. Si l'on en croit Polybe, le peuple ne
soustraire aux exigences d'une Rome toujours victo-
ratifia pas cette convention mais en aggrava les seules
rieuse, Cela apparaît du reste clairement, à travers le dis-
conditions financières".
cours plein de morgue que César tint au chef germain
Arioviste en lui rétorquant que « les lois de la guerre
Quant au traité de paix qui mit fin à la deuxième guerre
voulaient que les vainqueurs imposassent leur autorité
punique, aucune de nos sources n'en fait mention.
aux vaincus comme bon leur semblait. C'est ainsi qu'il
Cependant Tite-Live note qu'après qu'on eut entendu les
était dans les traditions de Rome de dicter sa loi aux
ambassadeurs carthaginois venus négocier la paix au
vaincus non point d'après les ordres d'un tiers, mais selon
lendemain de Zama, les tribus se prononcèrent pour
son propre gré ... Si les Héduens étaient ses tributaires,
la paix et désignèrent pour la conclure SCIPION14•.
/
/
rt. Cf. sur ces faits l'intéressant point de vue de M. RAMBAUD, L'art de la déformation historique dans les commentaires de César, Belles Lettres,
Paris, 1952, p. 118-122.
aa Plu .., César, XXII, 3.
"César, B. G., 1,36, 1 et 3.
JO Au sujet des fétiaux, cf. : C. SAULNlER"
Le rôle des prêtres fétiaux et l'application du ius fetiale à Rome", Rev, Hist. Dr., LVIII, 1980, p. 171-199.
liT. L., IX, 5, 1.
32. POL., 1, 62, 7-9 ; 63, 1 ; III, 27.
" Id., ibid., 62, 9 sur ces problèmes, cf. la mise au point de M, Sznycer, in Rome et la conquête du monde méditerranéen, PUF, Paris, 1978, vol. 11, p. 609.
Rome exigea aussi que les prisonniers romains lui soient rendus sans rançon. L'on sait d'ailleurs que ï'Urbs violera ce traité, en rouvrant les hostilités contre
Carthage; que le traité de 226, sur lequel ses ambassadeurs fondèrent leur revendication juridique était pratiquement nul. La raison, nous l'avons évoquée,
c'était un engagement personnel n'obligeant pas les États.
1
/
" T. L;' XXX, 43, 2-4. Lors de la conclusion de l'armistice, le consul avait demandé aux Puniques de rendre leurs prisonniers, les déserteurs et les esclaves
fugitifs, de retirer leurs armées d'Italie et de Gaule, d'abandonner toutes les îles entre l'Italie et l'Afrique ; de livrer tous leurs vaisseaux, sauf vingt, et de
.payer cinq mille talents. Scipion doubla les .indemnités de guerre réparties en cinquante annuités.
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Sciences sociales et humaines
Les Patres, n'étant pas à même d'apprécier la situa-
A partir du second siècle, Rome ne négocia plus de traités,
tion, ont préféré renvoyer les députés carthaginois sans
elIe les imposa à la fin des guerres dans lesquelles elIe
conclure, et charger Scipion adjoint de dix ambassa-
était impliquée. P.Ducrey d'ailIeurs remarque que « l'équi-
deurs, de décider de cette paix, au mieux des intérêts
libre que supposait l'application de procédures telIes que
romains. Si Rome ne profita pas de sa victoire pour s'ins-
l'échange de prisonniers, fut définitivement rompu,
talIer en Afrique, elIe désarma sa rivale, qui devait rendre
dès que Rome s'engagea dans la Méditerranée
aux Romains, prisonniers et déserteurs, remettre ses élé-
Orientale »38. Nous l'avons déjà évoqué, Philippe V,
phants, ainsi que tous ses vaisseaux sauf dix. Ordre
les Étoliens ou Antiochos III, furent contraints de se sou-
fut donné à Carthage de "ne faire la guerre ni en Afrique,
mettre aux volontés signifiées par Rome, dans des traités
ni hors d'Afrique sans la permission du peuple Romain"
inégaux qu'ils furent contraints d'accepter. Rome les
"Rome usant de sa supériorité militaire cherchait à tenir
somma de livrer sans contrepartie leurs prisonniers,
Carthage à jamais "confinée" en Afrique. Mieux, par ce
les transfuges, et même les ennemis de Rome qu'ils
traité elle sonnait le glas de son adversaire, réduite au
avaient accueilIis auprès d'eux". Une autre innovation
rang d'une cité vassale. Certes elIe conservait un terri-
importante peut être décelée dans le traité qui fut imposé
toire africain, mais le traité suscita contre elle un rival,
aux Étoliens en 189. La confédération fut tenue dans un
en Afrique même: Masinissa, prince numide allié de
état de sujétion totale, les Étoliens devant reconnaître
Rome, à qui Carthage devait rendre ses territoires et ceux
« l'imperium maiestatemque Populus Romanus ».
qui avaient appartenu à ses ancêtres. Ainsi pour éprouver
Leur nation désormais « ne fournira passage à aucune
la docilité de Carthage, Rome pouvait à son gré, grâce
armée marchant contre les alliés et amis de Rome;
à ce traité, appuyer ou contenir les prétentions que le
elIe ne lui fournira aucun secours, elIe aura pour ennemis
Numide était désormais en droit de nourrir, sur les ter-
les ennemis du peuple romain, elle prendra les armes
ritoires autrefois occupés par sa famille. Rome pou-
contre eux, elle leur fera la guerre »40. Dans ce traité appa-
vait ainsi, si l'occasion d'intervenir à nouveau contre
raît pour la première fois « la clause de Majesté» carac-
la Vaincue s'avérait nécessaire, se forger un casus belli
téristique des traités inégaux qui donnait en quelque sorte
sérieux",
« une forme légale au statut d'État-client »41. En effet,
En Orient, les mêmes ambiguïtés pouvaient être déce-
cette clause implique la reconnaissance d'une inéga-
lées, dans les conventions qui ponctuèrent les divers
lité fondamentale entre les parties contractantes, dont
conflits entre Rome et les États grecs. Le traité de
l'une devait toujours céder à l'autre. Il s'agit là d'un
Phoiniké qui en 205, mit fin à la première guerre de
instrument d'une pure domination. Car Rome a désor-
Macédoine, est la seule convention que Rome signa grâce
mais, un droit de regard sur les relations diplomatiques
à des médiateurs".
que la confédération étolienne aura à nouer.
J5 T. L., XXX, 37, 3-5.
36.
A propos de la politique impérialiste de Rome dont l'appétit des conquêtes s'enfle au fil des conquêtes, excitant ainsi l'envie ou soulevant la haine: voir
Saliou Ndiaye « Rome et l'opinion publique internationale à l'époque républicaine» Ann. Fac. Lettr. Sc Hum. Dakar, n? 2 4,1994, p.31-44.
37. Si l'on en croit Tite Live, le proconsul P. Sempronius aurait demandé aux Epirotes de dire à Philippe V, qu'il était prêt à le rencontrer afin de faire, au nom
de Rome, la paix avec lui. Cela ressort nettement dans ce passage du padouan : Epirotae templata prius Romanorum voluntate legatos de paie commun! ad
philippum misere salis confidere conventuram eam ad firmantes. si ad conloquium cum P. Sempronio venisset ; T. L. Cette paix du reste ne fut sincère ni
d'un coté ni de l'autre. A la différence des précédentes, cette convention posa un délicat problème, celui des [oedari adscripti. Même si les modernes sont
très partagés sur cette question J. L. Ferrary, in Rome et. .. , Vol.lI, p.736-737 nous sommes certains que les Athéniens ne furent pas associés, sinon ils
auraient fournis un prétexte de guerre en 200, lorsque Rome rouvrit, pour la seconde fois, les hostilités contre le roi macédonien. C'est parce qu'ils étaient occupés
en Occident par la guerre contre les Puniques, qu'ils avaient en 205, momentanément accepté ce compromis.
Ji.
P. Ducrey, Le traitement des prisonniers de guerre dans la Grèce antique: Des origines à la conquête romaine, Paris, De Boccard, 1968, p. 270.
19 Cf. Sénatus-consulte de 197/6 : Pol., 44; T. L., XXXIII, 30. Paix avec l'Étolie; Pol., XXI, 32, 5-6 ; T. L., XXXVIII, ! 1,4; Paix d'Aparnée Pol., XXI, 42,
10; T. L., XXXVIII, 38, 7 Nabis dut aussi remettre aux Romains et à leurs alliés prisonniers et déserteurs.
<0 Pol, XXI, 32 ; T. L., XXXVIII, Il.
,1. CL. Nicolet, Rome et la conquête ... T. Il, p. 750 ; également Saliou Ndiaye " Le recours aux otages à Rome sous la République" Dialogues D'Histoire
Ancienne, Besançon, n° 21, l, 1995, p.149-165.
Rev. CAMES - Série B, vol. 01, 1999
39

Sciences sociales et humaines
Dans la convention signée avec Antiochos et qui est
La seule loi qui, par conséquent présidait à la signa-
connue sous le nom de traité d'Apamée:", Rome usa
ture de ces traités, était celle du plus fort, le respect
de sa toute puissance, en imposant au vaincu les condi-
du formalisme juridique de ces conventions ne fut en
tions auxquelles il devait se soumettre non seulement
réalité qu'apparent.
à Rome mais aussi à Eumène, aux Rhodiens ainsi qu'aux
autres alliés romains. C'est Rome qui négocia à leur place
les actes diplomatiques obtenus
sans avoir même, auparavant, discuté avec eux des
clauses qui les concerneraient ainsi que du détail de leur
en temps de paix
application. L'urbs exerçait ainsi sur eux « une domi-
nation impériale »43,
L'accord d'amitié
La clause d'amitié stipulait « qu'il Y aura amitié éter-
En temps de paix, d'autres types d'accords comme les
nelle entre les Romains et Antichos dans la mesure où
traités d'amitié ou d'alliance pouvaient être conclus,
celui-ci observera les clauses du traité ». Ces clauses,
Un peuple pouvait se « lier d'amitié» avec Rome ou
bien entendu, ne sont pas bilatérales car la non-obser-
recevoir d'elle le titre « d'ami du peuple romain ». Mais
vance n'entraînerait de conséquences que pour
il importe d'ores et déjà de souligner que ces mots bien
Antiochos; même si le traité stipule, qu'en cas de contes-
que proches n'avaient pas le même contenu et avaient
tation d'une des clauses par l'une des parties contrac-
des significations distinctes. Dans cette perspective,
tantes, celle-ci « fera appel à un arbitrage »44. Certes l'ar-
la qualité d'ami pouvait être favorable ou défavorable
bitrage était une pratique courante durant l'Antiquité.
au peuple ou au souverain qui en bénéficiait. Le traité
Mais en général l'arbitre choisi devait être, comme le
signé en 2 12 avec la confédération étolienne stipulait
souligne Polybe, plus fort que la plus forte des deux par-
clairement « les conditions dans lesquelles les Éto-
ties". Or nous ne connaissons, au cours de cette période,
liens deviendraient les amis et les alliés du peuple
d'arbitre plus fort que Rome.
romain ». Ils étaient tenus de faire la guerre sur terre
A partir de la signature du traité d'Apamée, l'Urbs eut la
à Philippe, et sur mer avec l'aide au moins de vingt
même conduite à l'égard des vaincus et même de ses
cinq quinquérèmes romains. Dans ces conditions, une
alliés. Les conventions qu'elle négociait, privaient désor-
partie du butin leur reviendrait. Les peuples qui s'as-
mais ses alliés comme ses ennemis, de toute initiative
socieraient à eux contre le roi de Macédoine, devien-
sur la scène internationale et de toute action sans la béné-
draient aussi à leur tour, les alliés de Rome et auraient
diction romaine". D'ailleurs ces paroles d'Isocrate, illus-
leur part de Yamicitia romaine" .
trent à merveille la véritable nature des conventions que
Quand Tigrane d'Arménie se rendit seul, à pied, au camp
Rome imposa à ses adversaires : « Qui ignore qu'il y
romain pour se livrer à Pompée, celui-ci fit bon accueil,
a traité quand les clauses sont égales et impartiales pour
le rassura en lui rendant tous les domaines héréditaires
les deux parties, ordre quand elles placent l'un d'eux
de sa famille. Le proconsul lui donna le titre « d'allié
en état d'infériorité contrairement à la justice »47.
et d'ami du peuple romain », mais exigea qu'il remette
Même rédigés et conçus conformément à ses propres
« six mille talents, cinquante drachmes à chaque soldat,
intérêts, ces traités seront violés chaque fois que Rome
mille à chaque centurion et dix mille à chaque tribun
sentit le besoin de sévir à nouveau contre tel ou tel vaincu.
militaire »49.
"Cf. T. L., XXXVIII, 38, sur les différentes clauses de ce traité, sur le règlement, cf. l'étude très détaillée de E. Will., op. cit., T. JI, p. 187-192 et J. L.
Ferrary, in : Rome et la conquête" " Vol. Il, p. 747-749.
" Pour reprendre l'expression heureuse de M. C. Préaux, Le monde hellénistique: La Grèce et l'Orient (323 /146 AV. 1. C.), Vol. JI, p. 351.
" Pol., XXI, 46 et T. L., XXXVI 11, 38, 17 qui contrairement à Polybe note que « toute contestation entre les parties sera réglée conformément au droit par
procédure judiciaire ou si toutes les deux consentent par les armes ». Le Romain, encore une fois, tente de donner une justification rétrospective de la reprise
des hostilités.
4l
Pol., V, 67.
46. Rome a peu tenu compte des doléances des populations dont elle disposait, par exemple en
189, les Lyciens et Cariens furent donnés aux Rhodiens, en
récompense de leur dévouement (Pol., XXII, 5), Les premiers protestèrent en vain auprès des commissaires du Sénat.
"'Isocrate, Panég., IV, 176 (trad. G. MATHIEU-E. BREMOND).
"T. L., XXVI, 24, 8, 10.
" App., Mithr., 104.
40
Rev. CAMES - Série B, vol. 01,1999

Sciences sociales et humaines
L'amicitia entre un roi étranger pouvait être conclu
donc, après les hostilités, en une « construction positive
par un imperator ou le représentant du peuple romain
de type pacifique, chargée d'obligations réciproques: le
sur le territoire conquis. Ainsi lorsque Salluste nous parle
mot latin pax et peut-être aussi le mot grec eirène évo-
de Masinissa, rex Numidarum, in amicitiam receptus
quent, du point de vue étymologique, l'établissement
a P. Scipione", nous ne pouvons nous rendre compte
d'un nouvel état de chose »55. César employait les expres-
avec certitude qu'il s'agit de l'amicitia officielle que parce
sions amicitiamfacere et venire in amicitiam pour rendre
qu'il déclare quelques lignes plus bas: Igitur amicitia
compte de ce genre de rapports internationaux. Faisant
Masinissae bona atque honesta nobis permansit".
allusion aux Ubiens, il écrivit qu'ils « avaient lié amitié
avec lui, lui avaient donné des otages, (et) le priaient très
César lui, ne se contentait pas de faire entrer les peuples
instamment de leur porter secours, parce que les Suèves
gaulois dans l'amitié de Rome, mais il s'était attaché, par
menaçaient leur existence» : Ubii ... amicitiamfecerant,
les liens de Yamicitia Priuata, un certàin nombre de chefs
obsides lederant, mangnopere orabant ut sibi auxilium
qui lui apportèrent ensuite leur appui lors de la guerre
ferret, quod graviter ab Suebis premerentut", Dans un
civile". Cet aspect de ïamicitia n'était en fait que la forme
autre passage, l'auteur du Bellum Gallicum notait éga-
prise par la clientela, lorsqu'elle s'appliquait à des étran-
lement que l'Eburon Ambiorix s'était lié, par un traité
gers d'un certain rang. L'emploi du terme amicitla ména-
d'amitié aux « Germains », devenant ainsi leur client:
geait simplement leur susceptibilité en même temps qu'il
César « savait. .. que par l'entremise des Trévires il s'était
correspondait à la considération plus grande que l'on
lié d'amitié avec des Germains ». Per Treveros venisse
devait à des personnages qui, chez eux, constituaient
germanis in amicitiam cogneverat",
l'aristocratie".
Ainsi Yamicitia, selon la conception romaine, sous-enten-
Mais lorsque le peuple romain, par le biais de son repré-
dait naturellement une dépendance politique, un rap-
sentant, concluait, avec un souverain étranger un traité
port de sujétion que Rome ne manqua pas d'entretenir
d'amitié, cet accord n'était pas perpétuel et devenait même
avec les nations qui la sollicitèrent. En 193, les ambas-
caduc à la mort du souverain avec lequel il avait été
sadeurs d'Antiochos III, envoyés à Rome pour y conclure,
conclu. Aussi, était-il de règle constante, qu'il soit
au nom de leur roi unfoedus amicitiam, furent étonnés
confirmé par chacun de ses successeurs. Quand un chan-
quand on leur fit savoir que leur demande était sou-
gement de règne survenait dans une dynastie amie de
mise à certaines conditions. Mais le chef de l'ambassade
Rome, le prince héritier, ne manquait pas à son avè-
séleucide Menippos les rejeta. Après avoir dans sa
nement ou peu après, de renouveler l'amitié ou l'alliance :
réponse, énuméré les différents traités que pouvaient
« renovare amicitiam; societatem », qui unissait au peuple
conclure les peuples et souverains selon les circons-
romain le ou les rois dont il était l'héritier. D'ailleurs des
tances, il en déduisit que son maître, n'ayant jamais
exemples de cette nature ne manquent pas: Persée renou-
été en guerre contre Rome, ne saurait par conséquent
vela le traité conclu avec Philippe V de Macédoine",
contracter avec elle de traité, que sur la base d'une par-
tout comme Antiochos IV de Syrie, le fit pour celui signé
faite égalité". En 58 également, des députés romains,
par son père Antiochos III ; certainement, son frère
porteurs d'une dépêche de César qui mettait l'accent
Seleucos IV lui aussi, le prorogea.
sur l'amitié romano-germaine, vinrent pour la deuxième
Le pacte d'amitié conclu en général avec un peuple
fois, trouver Arioviste. Dans celle-ci, le proconsul lui
étranger, découlait naturellement de l'accord de capi-
reprochait surtout de ne pas se conformer à cette amitié,
. tulation et en était comme le prolongement. Il consistait
en se refusant à un « échange de vues sur les affaires qui
50. Sall., Iug., V, 4.
". Id., ibid., V, 5, pourtant Salluste emploie pour parler de ïaniicitia personnelle l'expression priuata amicitia (XIV, 20). Il s'agit des relations personnelles
que Jugurtha a établies, dans son intérêt, avec un certain nombre d'hommes politiques influents à Rome .
.IO. César, Bellum. Civile, Texte établi et traduit par P. Fabre,CUF, Belles Lettres, Paris, 1969: III, 59, 1-3.
". Hellegouarc'h (J.). Le vocabulaire latin des relations et des partis politiques sous la République, Belles Lettres, Paris, 1963. Réed.,1972, p.51-55.
-. Pol., XXV, 3. l, Diod., XXIX, 30, T. L., 58, 1 ; XLI, 24, 6.
"Y. Garlan, op. cit., p. 36.
-. César, B. G., IV, 16,5.
l'. Id., ibid., IV, 5. 4.
16. T. L, XXXIV, 57, 7-9: esse autem tria genera foederum : - unum, cwn bello victis dicerentur leges -; alterum. CI/III pares bello aequo foedere in pacem
atque amicitiam venirent - ; tertiutn esse genus, cum, qui numquam hostesfuerint, ad amicitiam socialifoedere inter se iungendam coeant ; eos neque dicere
Ilec accipere leges
; id enim vietoris et victi esse. Ex eo genere cum Antiochus esset, mira ri, se, quod romani aequum conseant leges ei dicere eqs.
Rev. CAMES - Série B, vol. 01, 1999
41

~Sciences sociales et humaines
leur étaient communes »59. Le Romain lui présenta ensuite
quelles que fussent les circonstances. Les devoirs du
cette amitié comme un « grand bienfait », dont il aurait
peuple protecteur, en l'occurrence Rome, consistaient
dû être reconnaissant à Rome; avant de lui adresser
à défendre, au besoin par les armes, les intérêts de
un ultimatum en bonne et due forme. Mais seulement,
«ses amis» de moindre condition. En 218, Rome décida
Arioviste n'avait pas la même conception de l'amitié que
d'intervenir contre Carthage, afin de protéger ses alliés
le proconsul, et d'ailleurs, il le fit connaître. Pour lui,
sagontins". En 212la convention passée avec la confé-
une amitié de bon aloi consistait, pour sa part, « à s'abs-
dération étolienne, stipulait que Rome se garderait, en
tenir de prescrire aux.Romains l'usage qu'ils devaient
signant un traité avec Philippe V, de lui laisser « le droit
faire de leur droit» et pour ces derniers à ne pas entraver
d'attaquer les Étoliens et leurs alliés »"3. César, tout au
l'exercice du sien: « César lui faisait un tort grave en
long de ses campagnes en Gaule, s'ingénia à défendre
provoquant, par son arrivée, une diminution de ses
ses amis de moindre condition.
revenus ... »60.
D'ailleurs, un sénatus-consulte de 61 avant]. c., dis-
Les positions de Menippos et d'Arioviste sont donc sans
posait que « tout gouverneur de la province de Gaule
équivoque: une véritable amitié suppose, au-delà de
devrait autant que le permettait le bien de l'État, protéger
la coexistence pacifique, un respect mutuel ainsi qu'une
les Héduens et les autres amis de Rome »64. Rome avait
réelle égalité politique. Elle supposait aussi la non-
aussi des devoirs à assumer à l'endroit de ces peuples,
ingérence de l'une des parties dans la politique intérieure
si elle voulait bénéficier du respect et de la considéra-
de l'autre. C'est du moins la même interprétation, que
tion de ses partenaires. Ceux-ci en revanche, avaient
les ambassadeurs usipètes et tencthères donnèrent au
à supporter des charges qui pesaient bien lourd sur la
mot « amitié », lorsqu'ils s'adressèrent à César en ces
termes. « ... Si les Romains acceptaient leur amitié, ils
balance de l'amicitia. Celles-ci étaient aussi nombreuses
pouvaient être d'utiles amis: qu'ils leur assignent des
que variées. Avant tout, ils devaient se garder d'apporter
terres ou qu'ils les laissent conserver celles qu'ils avaient
toute assistance aux ennemis de Rome. Le bellum

61
conqUIses ... » .
Gallicum recèle de nombreux passages, où César envoya
des ultimatums à ses alliés les mettant en garde contre
En réalité, cette conception romaine de l'amicitia condui-
toute forme d'assistance à ses ennemis".
sait naturellement Rome à établir des rapports de sujé-
tion, aussi bien avec les peuples amis qu'avec ses anciens
L'amicitia astreignait également les peuples assujettis à
ennemis, vaincus par la force des armes. Dans les deux
Rome, à lui venir en aide en lui livrant tantôt du ravi-
cas, c'est toujours le peuple le plus puissant qui com-
taillement, tantôt du matériel militaire ou même des
mandait et celui qui était en position de faiblesse, obéis-
troupes. Micipsa, roi de Numidie mit beaucoup de zèle
sait. Cependant, ces liens de dépendance entraînaient
pour venir en aide aux Romains. Il leur envoya du blé,
des obligations bilatérales qui permettaient d'entre-
des éléphants qui frayèrent la marche des légions
tenir et de consolider ces relations « amicales ». Il ne
d'Espagne en 141, et de Gaule en 121"". Scipion, pour
suffisait pas non plus de nouer des relations amicales de
chasser les Puniques d'Espagne, se servit des frondeurs
peuple à peuple; il fallait également les entretenir et les
baléares et des cavaliers ibères". En ] 31, l'expédition
consolider.
contre Aristonicos dirigée par Crassus, était composée
L'accord d'amitié obligeait les parties qu'il liait à se porter
par les troupes des rois alliés: Mithridate III roi du Pont,
mutuellement assistance et à partager le même sort,
Nicomède II de Bithynie et Ariarathe V de Cappadoce".
".César, B. G., l, 35, 2.
/iIJ. César, ·B. G., l, 36, 4.
'1 Id., ibid., IV, 7, 4.
"Voir Astin (A. E.), "Saguntum and the origins of the second Punie war" Latomus, XXVI,1967,p.577-596.
" T. L., XXVI, 24, 8-13.
'" César, B. G., 1,35,4, cf. également VIII, 49, 1 el VII, 5, 1-3.
"César, B. G., l, 26, 6 ; 28, 1 ; VIlI, 44, 3-4.
M. App., Lib., 67 et 89 ; Sail., VII, 2, Florus, l, 35. 5.
ct T. L., XXIV, 30,
6B. Eutrope,IV, 9. Rome abandonna d'ailleurs, pour prix de leur sacrifice, la Phrygie Majeure à Mithridate III, la Lyaconie à Ariarathe VI, qui succéda à son
père tombé en même temps que Crassus. Voir: Bloch (R.), Carcopino (1.), Histoire romaine.Tll, Des Gracques à Sulla, PUF,1952, p. 241.
42
Rev. CAMES - Série B, vol. 01, 1999

Sciences sociales et humaines
Quant aux alliés, anciens ennemis vaincus, ils étaient en
velles, les rapports de domination des grandes puissances
plus tenus de verser à Rome une redevance, signe de
sur les anciennes colonies. Une fois de plus, l'histoire
leur assujettissement, symbole de la victoire romaine et
s'est répétée.
châtiment de la guerre: Quasi victoriae praemium ac
L'organisation des territoires vaincus, soumis, ou alliés
poena belli".
dévoile ainsi un chef d'œuvre d'empirisme et de pers-
Enfin la garde des otages était une autre obligation
picacité de la diplomatie romaine qui a été la clé de réus-
qui incombait également au peuple client, de Rome.
site de la politique extérieure. Toutefois pour être val ide,
En 53, avant que César eût vaincu les Sénons, il reçut
ces accords internationaux devaient être garantis par un
d'eux des otages dont il confia la garde à ses « amis»
serment. Celui qui le prononçait encourrait, en cas de
héduens'".
manquement à la foi jurée, non seulement la colère
Les obligations découlant de l'accord d'amitié étaient
des hommes, mais aussi la malédiction des dieux".
donc aussi nombreuses que draconiennes, pour le peuple
Cependant cette validité, à l'époque républicaine a
client, comme pour le farouche résistant de naguère;
surtout dépendue non pas du respect du serment, mais
obligé de coopérer, à son corps défendant, avec plus
pour l'essentiel, des rapports de forces. D'ailleurs Rome,
puissant que lui. Cette forme de traité n'est pas, somme
à chaque fois qu'elle a eu à rompre un engagement inter-
toute, sans faire penser à certains « accords d'amitié
national a toujours su trouver les moyens juridiques pour
et de coopération» de notre époque qui, sous des dehors
le contourner donnant ainsi J'illusion de lui demeurer
anodins, perpétuent en réalité, avec des structures nou-
toujours fidèle72• 0
"Cic .. Verr., II, Ill, 6, 12. C'est le stipendium, ainsi nommé parce qu'il a d'abord servi à la solde des troupes. Suivant les pays, il s'acquittait en espèces
comme en Macédoine, ou en nature comme en Espagne en Sardaigne. en Afrique: Stipendintiuin vectigal -
(Cie .. Pro Balbo, XVIII, 81 : QUlId si Afris, si
Sardis, si Hispanis ... Stipendia mu/taris ... ) -
ou bien, il variait d'année cn année cn fonction des récoltes comme en Sicile les decumae.
70. César, VI, 4, cf. également VI, 6, 4.
"Voir T. L., XXI, 10,35; 40,11. Au sujet de la prestation du serment ct les problèmes qu'elle a soulevés. voir: Raoul LONIS« La valeur du serment dans
les accords internationaux en Grèce classique» Dialogue d'Histoire Ancienne, Besançon, 6. 1980, p. 267-286
" Voir Saliou Ndiaye , ;' Rome et l'opinion ... " p. 37-42.
Rev. CAMES - Série B, vol. 01, 1999
43

SLÙ;uu;S scciuies er numaines
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Fragments des histoires, texte établi et traduit par A. Ernout, CUF,
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Belles Lettres, Paris, 1980.
Dialogues
D' Histoire Ancienne,
Besançon, n°
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TITE-LIVE, Histoire romaine, texte établi par J. Bayet et traduit
p.149-165.
C'
,_ \\
par G. Baillet, CUF, Belles Lettres, Paris, 1985.
Id~ ,« te traitement des populations dans les villes prises d'assaut
par Rome durant les Guerres Puniques » Revue sénégalaise
Ouvrages généraux
d'Histoire, Nouvelle série, n° 1, 1995,.p. 47-56.
ADCOCK F. E., MOSLEY D. J.,Diplomaty in ancient Greece,
SAULNIER C;.« Le rôle des prêtres fétiauxet ]' application du ius
London, 1975.
fetiale à Rome» , Rev. Hist. Dr., LVIII, 1980, p. 171-199.
,--.'
Cet article se propose d'étudier la nature des nom-
-
"; The aim of this article ;s to analyse the form and;
breux actes diplomatiques conclus, à l'époque'
r
....g content of the variaous diplomatie.actions taken
Républicaine (509-27 avant J. C. par une Rome
, .:::
in the Republican epoch (509- 27 b.c.), by an ever
toujours victorieuse. Nous analyserons d'abord les
~ victorious Rome. We shall study, in the first
accords conclus en temps de guerre (les différents
<C instance, the agreements which were m_Ci.pe in war
types de trêves et traités de paix) ensuite
times (the various periods of truce and peace
les conventions conclues en temps de paix (accords
streaties), as weil as the conventions taken in peace
d'alliance).
times (alliance-agreements).
Notre attention portera sur leur contenu ainsi que
Our attention will focus on the contents as weil
sur les obligations réciproques qui découlaient
as the recipracal obligations which stemmed from
de ces conventions.
those very conventions.
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Rev. CAMES - Série B, vol. 01,1999