Complémentarité d'actions entre le parasite
Epidinocarsis lopezi (Hymenoptera : Encyrtidae) et un prédateur
Scymnus couturieri (Coleoptere : Coccinellidae) sur la cochenille
du manioc Phenacoccus manihoti en Côte d'Ivoire
OBAME MINKO 0. 1, FOVA-BI K.2
RESUME
Le manioc représente une denrée alimentaire vitale pour les populations d'Afrique subsaharienne. Mais depuis les années 7970, les

cultures du manioc sont attaquées par la cochenille Phenacoccus manihoti, dont les dégâts sont de plus en plus croissants. A cause de
l'incapacité du parasite exotique Epidinocarzis lopezi à réguler tout seul le ravageur, nous avons testé en Côte d'Ivoire, un prédateur
coccinellidae local non antagoniste, Scymnus couturieri.

.
Le parasite attaque les troisième et quatrième stades (L et L) de la cochenille. La coccinelle se révèle par contre prédatrice des
3
œufs, des premier et deuxième stades larvaires (LI et L) du ravageur. Les deux auxiliaires développent donc des actions régulatrices
complémentaires sur leur hôte commun.
Mots-clés: cochenille - complémentaire - Côte d'Ivoire - manioc.
SUMMARY
Cassava represents a vital foodstuff for ail the populations of subsaiiarian Africa. But since 7970's, cassava cultivations have been
affected by the cochineal Phenacoccus manihoti, wbose damage keeps increasinq. Because of the exotic parasite Epidinocarsls lopezi
incapability to regulate itself the damage, we have tested, in Ivory Coast, a local non antaqonistic coccinellidae predator, Scymnus
couturieri.

The parasite attacks the third and the fourth steps ( L3 and L4 Jof the cochineal. On the other band, coccinella reveals itselfa predator
of the destroy's eggs and its tirst and second larvat steps ( L 7 and L2 J. Both auxiîlaries develop complementary regulating actions on
their common visitor.
Key-words: cochineal- complementarity -Ivorv Coast - cassava.
INTRODUCTION
.(1997) rapportent-ils- que, même si des lâchers de E.lopezi
La cochenille Phenacoccus manihoti est le principal
ont été étalés dans le temps et dans plusieurs sites en
ravageur du manioc en Afrique (Cox et Williams 1981),depuis
Afrique, mais il n'en demeure pas moins que la variabilité
son apparition vers les années 70 (Fabres et Boussienguet
intrapopulationnelle qui confère à l'entomophage son
1981; Nwanzé 1982). Cette cochenille provoque sur des
efficacité et un grand pouvoir d'adaptation aux conditions
cultures de manioc en Afrique subsaharienne, des dégâts
variables, y a été largement modifiée.
importants sur le feuillage, sans oublier les conséquences
. sur la production en tubercules.
Dans le souci de renforcer le complexe entomophage de
P. manihoti en Afrique, divers projets de recherche d'autres
Produit de réserve pour la plupart des régions arides du
agents biologiques se sont développés (Herren et Lema
continent (Herren et Bennett 1984), le manioc est un produit
1982).Ainsi,outre E./opezi,des auxiliaires locaux, notamment
alimentaire très énergétique avec environ 40% de l'ensemble
des prédateurs, semblant jouer un rôle régulateur plus ou
des calories consommées en Afrique (Boussienguet 1984;
moins important, ont été signalés (Fabres et Matile-Ferrero
Békon 1998).11 est largement intégré dans l'alimentation des
1980). Mais, une cocurrence active entre E.lopezi et certains
.Africains au sud du sahara où il occupe une place de choix
de ces prédateurs 'l également été relevée (Neuenshwander
dans les ménages (Foua-Bi 1982; Almozan 1990)..
et 01.1987) .
. Pour sauver cette culture d'importance inégalée, par
En Côte d'Ivoire, une coccinelle indigène, Scymnus
la gestion de l'abondance des effectifs de la cochenille, les
couturieri, se révèle comme étant 'un grand prédateur de la
recherches se sont focalisées entre autres sur l'utilisation
cochenille P. manihoti (Obame Minko et at; 1998).
des ennemis naturels du ravageur (parasites et prédateurs).
Dans ce contexte, l'Hyménoptère Encyrtidae Epidinocarsis
ï-Département de biologie, Université des Sciences et Techniques de
lopezi, importé de l'Amérique du sud par l'liTA (International
Masuku, B.P. 913 Franceville, Gabon
Institute for Tropical Agriculture), a été largement utilisé,
Tél :(00241) 07-35-83-81 ;Fax: (00241) 67-75-78:
depuis 1981 (Nénon et Fabres 1987). Mais, après un
email: obame_minko@yahoo.com
succès total. l'utilisation de cet agent est secondairement
2-Département de biologie, Université de Cocody, 22 B.P. 582 Abidjan
-devenue inefficace sur le terrain. Aussi, Fabres et Nénon
22, Côte d'Ivoire
Rev. CAMES - Série A, Vol. 06,2008
53

Sciences et Médecine
Aussi,
dans
la
perspective
d'une
utilisation
Afin de fournir en permanence de la matière alimentaire
complémentaire des entomophages contre P. manihoti,
fraîche aux cochenilles, les jeunes feuilles de manioc étaient
avons-nous étudié l'action du prédateur local (S. couturieri)
renouvelées tous les deux jours. Et la photopériode naturelle
et celle du parasite exotique (E.lopezl) sur fa cochenille.
a été utilisée au cours des essais qui, ont été effectués
simultanément, dans les mêmes conditions écologiques.
I.MATÉRIEL ET MÉTHODES
1.1. Matériel

1.2.1. Essaiavec E.lopezi
Le matériel animal que nous avons utilisé comprend la
On dispose de 15 boîtes d'élevage réparties en 5 groupes
cochenille P. manihoti, l'Hyménoptère E.lopezi et la coccinelle
de 3. Dans les 3 boîtes du 1er groupe, contenant chacune10
S. couturieri. Les souches entomologiques ont été récoltées
œufs de cochenille, on introduit un couple de E.lopezi nourri
dans la zone sud de la Côte d'Ivoire, principale productrice
au miel (source alimentaire),avant de déposer les couvercles.
du manioc, en particulier aux alentours de la ville d'Abidjan.
La même opération a été faite avec des larves de cochenille
Le manioc cultivé Manihot esculenta Grantz, de la variété
de 1er stade (L), de 2ème stade (L), de 3ème stade (L ) et de 4ème
3
"bonoua", récolté aux alentours d'Abidjan a constitué le
stade (L ) . Soit en définitive, 30 œufs.Bül., 30 L , 30 L3 et 30 L
4
2
4
matériel végétal. Nous avons obtenu des boutures, à partir
de la cochenille,sur lesquels étaient déposés respectivement
des tiges âgées de 4 mois; et les feuilles épanouies des
3 couples de E.lopezi.
plants ont constitué le support alimentaire de la cochenille.
Le matériel technique était composé des cages en bois
Le complexe hôte-parasite a été ainsi abandonné
de D,7m2 xl rn, présentant chacune 3 côtés couverts de toile
pendant 24 heures, avant les observations, le lendemain
de mousseline à mailles fines. Les manipulations à l'intérieur
matin. A travers cet essai, nous avons calculé le taux de
des cages étaient possibles grâce à une ouverture pouvant
parasitisme journalier par E. lopezi sur P. manihoti, qui est
être refermée, aménagée sur le contre plaqué couvrant le
égal au rapport entre le nombre de cochenilles parasitées
4ème côté.
sur le nombre total de cochenilles testées multiplié par 100.
Des boîtes d'élevage de 13 cm de diamètre et 2cm de
hauteur,grillagées et aérées au niveau des couvercles à l'aide
L'incidence
du
parasitisme
sur
la
fécondité
du
de la toile de mousseline, une loupe binoculaire de marque
déprédateur, a été évaluée à partir de 3 types de cochenilles,
Wild MS et des aiguilles de laboratoire pour le prélèvement
qui ont été introduits dans 3 boîtes d'élevage différents.
des œufs et des larves de 1er stade de la cochenille ont été
Il s'agit de 80 cochenilles saines matures (CS.), 80 jeunes
utilisées.
femelles infestées (J.F), c'est-à-dire non encore pourvues
Un aspirateur d'insectes a permis
la récolte
des
d'ovisac, et 80 femelles matures infestées (F.M), avec un
entomophages dans leurs cages d'élevage et leur dépôt
début d'apparition d'ovisac. L'infestation était marquée par
dans des boîtes d'élevage. Enfin, un thermohygromètre,
la présence à la face dorsale de la cochenille, d'une tache
placé dans la serre, a permis les mesures continues de la
sombre. La fécondité individuelle a été établie au terme
température et de l'hygrométrie.
complet de la ponte.et les fécondités moyennes respectives
des 3 lots de cochenilles ont été ainsi déterminées.
1.2. Méthodes
150 boutures de manioc de 25 à 30 cm de long ont été
1.2.2. Essaiavec S. couturieri
enfouies aux 2/3 de leur longueur, dans la terre appropriée,
Nous disposions de 15 boîtes d'élevage réparties en
contenue dans des sachets de polyéthylène noirs de 20
3 groupes de 5. Dans les 5 boîtes du l " groupe, contenant
cm de hauteur et 10 cm de diamètre. Ces sachets étaient
chacune10
œufs de cochenille, nous avons introduit
perforés des trous d'aération à la base pour évacuer l'excès
respectivement 1 S.couturieri à ses différents stades actifs:
d'eau d'arrosage. Le substrat était maintenu humide à l'aide
1 larve L1, 1 larve L2, 1 larve L3, 1 larve L4 et 1 imago, avant
d'un arrosage tous les deux jours. Le manioc a été cultivé
de déposer les couvercles. Cette opération a été répétée 2
selon la même technique et avec le même substrat, pour
fois, soit au total 3L" 3L , 3L], 3L et 3 imagos de S. coututieti,
2
4
assurer une standardisation certaine. Après l'enracinement,
qui ont été déposés respectivement sur 30 œufs, 30 L , 30 L ,
1
2
les premières feuilles sont apparues au bout de deux
30 L] et 30 L de cochenille.
4
. semaines.dans nos conditions d'étude.
Le complexe hôte-prédateur a été abandonné pendant
24 heures, avant les observations, le lendemain matin.
Lemanioc ainsi planté a été placé dans 3 cages d'élevage
différentes, à raison de 50 sachets par cage. 2 cages servent
1.2.3.
Complémentarité
d'actions
entre
les
respectivement à l'élevage des entomophages, alors que la
entomophages
3ème, à fa produ-ction des jeunes feuilles saines sur lesquelles
Elle a été établie à partir des niveaux journaliers de
sont déposées les cochenilles pour les différents essais.
consommation du ravageur par le prédateur et de réduction
de la fécondité par le parasite d'une part; et à partir de
Les essais sur l'action des entomophages sur leur hôte
l'évolution des effectifs des auxiliaires et ceux de la cochenille
ont été faits dans des boîtes d'élevage, disposées dans une
d'autre part ( Annexe, p. 22).
serre ouverte, en conditions naturelles, où la température
et l'hygrométrie moyennes étaient respectivement 2rc et
65%.
54
Rev. CAMES - Série A, Vol. 06,2008

Sciences et Médecine
1.2.4. Analyse statistique
2.2. Action de E./opezi sur P. manihoti
Pour l'analyse des différences des valeurs expérimentales,
2.2.1. Effets du parasitisme sur la fécondité et la ponte
le test ANOVA a été utilisé pour le traitement des différences
de la cochenille
de fécondités (tableau IV, p.18).
Notre étude révèle que E. /opezi n'attaque que les
-la variance intergroupe= 26126,45
troisième et quatrième stades de la cochenille, épargnant
-la variance intragroupe= 228,91
ainsi les œufs, les premier et second stades larvaires du
- Fischer, avec k-1 et N-k ddl, F= 114,13416
ravageur. les résultats acquis (tableau IV) indiquent que,
- probabilité critique p,proche de 0 :p<O,OS ,donc différences
contrairement aux cochenilles l), celles du quatrième stade
significatives; F>S.
.
(l.), réparties en jeunes femelles (J.F.), c'est-à-dire non encore
pourvues d'ovisac et femelles matures (F.M.), avec ovisac,
Il. RÉSULTATS
pondent des œufs, même étant parasitées. Mais,la fécondité
2.1. Action de S. couturieri sur P.manihoti
diminue significativement entre les cochenilles saines (CS.)
Des résultas obtenus, il ressort que seule, la coccinelle
et celles qui sont parasitées d'une part; et entre les jeunes
imaginale attaque les l2 de la cochenille. S. couturieri dévore
femelles infestées et les femelles matures parasitées d'autre
les œufs, les larves II et l2 du ravageur; tandis que les larves
part.
l) et l. sont épargnées par le prédateur (tableau 1).
Tableau IV: Incidence du parasitisme sur la fécondité de la
cochenille
Tableau 1 : Taux de consommation de la cochenille par S.
Etat de la cochenille
Nombre d'œufs
Observa tion
couturieri
pondus
a
Stades Cocc.
L,
L,
L
L.
Imago
cochenille saine (CS)
347,74±2,n
3
femelle mûre parasitée (F.M)
80,11 ±18, 18
b
%Œufs
9,33
13.77
20,66
10,66
40
jeune femelle parasitée (J.F)
56,89±2,05
c
%L,
1,33
5,55
12,66
7,33
30
NB: Les moyennes ayant des lettres différentes sont slqrïiiicativement
%L,
0
0
0
0
2,66
différences
%Total
10,66
19,32
33,32
17,99
72,66
De ces résultats, l'analyse, par le test ANOVA, révèle que
la probabilité critique p est proche de zéro, soit p<0,05. Ce
les larves de 1er stade de S. couturieri, les moins agressives,
qui signifie que les différences de fécondité observées sont
consomment les œufs et les L, de P. manihoti.
significatives entre elles, c'est-à-dire entre les cochenilles
la larve de quatrième stade (l) semble se nourrir très
saines (CS) et les femelles matures parasitées (F.M), entre les
peu par rapport à la larve de troisième stade (l)). Cest la
CS. et les jeunes femelles parasitées (J.F) ; et entre les J.F. et
voracité de l'imago qui se révèle beaucoup plus importante,
les F.M.
avec 72,66%.
Nos résultats montrent que l'action de E./opezi provoque
la consommation journalière moyenne de la cochenille
globalement une chute de la fécondité à 23,04% et 16,36%
(tous stades confondus)
est de l'ordre de 15 cochenilles
au niveau de la femelle mature et de la jeune femelle
(tableau Il).
respectivement.
Tableau Il: Consommation journalière de P. manihoti par
Les cochenilles saines (CS) présentent les niveaux de
chaque stade actif de S. couturieri
pontes les plus élevés (figure 1).avec une durée plus étalée
du phénomène,et ceci,comparativement auxjeunes femelle
Stades de développement de S. couturieri
P.manihoti
(J.F) et aux femelles matures (F.M) parasitées. Infestées,
1"
2eme
3èm['
4eme
Imago
Total
les femelles mûres présentent les niveaux intermédiaires
stade
stade
stade
stade
de ponte entre les cochenilles indemnes et les jeunes
Oeufs
1
1,37
2,06
1,06
4
9,49
femelles parasitées. Mais la durée de la période de ponte
L,
0,13
0,55
1,26
0,73
3
5,67
des cochenilles parasitées reste dans tous les cas réduite à
L,
0
°
°
0
0,26
0,26
5 ou 6 jours au maximum. Ce qui correspond globalement à
Total
1,13
1,92
3,32
1,79
7,26
15,42
un raccourcissement de 42,85 à 64,29% de la durée normale
des pontes (environ 2 semaines).
.
En tenant compte de la durée de ses différents stades
actifs, S. couturieri peut détruire dans sa vie, une population
I-~--~----~--------~------'
de cochenilles d'environ 425 individus (tableau III).
~.
1
~
1
1
Tableau IIJ : Consommation totale de la cochenille par un S.
:~
1
1
couturieri
20
r.:;=-C5.l
15
i
,1
10
l-a-F,Mi.
Stades de vie
L1
L2
L3
L4
imago
Total
L..oal
s
(1
,
2
J
4
5
6
7
8' 9
10 11 12::,j '14 1S 16 17 18 19
Consommation
7
6
18
13
381
425
-------------------~--
n:M'S{""'-"SJ
1
Agur.1 . ponte ch.z les femelles matures IF.M) parôllslten etJeunes
1
r.mell., (J.F) Infu«eu et les cochenilles salnes(C.S)
1
L _
------.J
Rev. CAMES - Série A, Vol. 06,2008
55

Sciences et Médecine
2.2.2. Parasitisme journalier de E.lopezi sur P. manihoti
effet, les espèces introduites, à haut seuil thermique (dont
Les résultats enregistrés indiquent qu'un E.lopezi parasite
la température optimale de développement est élevée)
environ 25 cochenilles en moyenne par j (tableau V).
présentent un important ralentissement de la vitesse de
développement aux faibles températures (Kiyindou et Fabres
Tableau V : Parasitismejournalier de E.lopezi sur P. manihoti
1987). Ce qui ne leur permet pas d'intervenir plus tôt, par
rapport aux espèces locales, dans la régulation des effectifs
Essais
1
2
3
4
Total
Moyenne
de P manihoti, dont la gradation s'amorce pendant les mois
Nbre de cochenilles
24
21
29
25
99
24,75±3,3
Taux parasitaire
34,28
30
41,42
35,71
141,4
35,35±4,71
frais de la saison sèche. Doutt et Debach (1964) soulignent
à ce sujet que, l'intervention d'un prédateur, en terme de
régulation des populations du ravageur, est d'autant plus
2.2.3. Complémentarité d'actions entre E./opezi et S.
efficace qu'il intervient assez tôt dans la régulation de celui-
couturieri.
ci. Ce qui lui permet ainsi de développer ses capacités de
L'action des entomophages induit les profils d'abondance
prédation, sur de faibles effectifs de la proie. Par ailleurs, il
de la cochenille (figure 2, page 21). Les courbes obtenues
n'y a pas de concurrence pour la nourriture car,la coccinelle
montrent une action régulatrice plus importante, lorsque
se nourrit de la cochenille, alors que E.lopezi adulte vit aux
les deux entomophages sont associés.
dépens du miellat excrété par son hôte.
--_._~-~~.~-----~---~~--~~-
45
'.
_actlondtlE1cpoZ1
15 40
De plus, S. couturieri attaque les œufs, les larves
J:
LI et L
35
2
Z
aclo'ldtl s. couturiefi
~ 30
du ravageur. En revanche, E.lopezi ne parasite que les stades
.:
25
L et L de la cochenille, abandonnant les œufs et les L, et L
3
4
2
actionde s.
i
~ 20
cOl.lturillrl+E bpezl
de Pmanihoti. De ce fait, il est clairement établi que les deux
,
. ~
15
_
P. rmntloll &8M
w
10.
entomophages ont des niveaux d'intervention différents sur
l
llntOlmpl1.
~
1
..J
5,
leur hôte commun. Toutefois, la concurrence pourrait être
1
0
indirecte car, la population des œufs, L, et L consommées
2
o
30
60
90
par le prédateur, pourrait entraîner une réduction des L et L
lEM PS(JOURS)
3
4
Flguf1I 2: Evolution d. l'abondance de P. manlhot! en abuence et en
de la cochenille, donc un manque d'hôte pour le parasite.
p,j8lilnce des entomophagès
1
Comme on le voit, les résultats obtenus suggèrent la
possibilité d'une complémentarité d'actions effective dans
III. DISCUSSION
la régulation de la cochenille.
Le contrôle de la pullulation d'un insecte dévastateur
Quoi qu'il en soit, et au regard du faible taux de
de culture à l'aide de ses ennemis naturels reste toujours
reproduction des entomophages par rapport à celui du
complexe (Obame Minko, 1993).
ravageur,des élevages de masse des entomophages doivent
Dans la protection du manioc contre la cochenille P.
précéder des lâchers aux champs.
manihoti, l'association et l'utilisation simultnée de E.lopezi
La lutte biologique, dont il est question ici, a le mérite
et S.couturieri peut être salvatrice.
de garantir la conservation de l'équilibre écologique des
La zone intertropicale où a eu lieu notre étude, offre des
écosystèmes. Elle prend ici toute son importance, d'autant
conditions écologiques favorables au développement et
plus qu; les feuilles de manioc sont largement consommées
à la prolifération des insectes, notamment P. manihoti. La
et très appréciées en Afrique subsaharienne.
pullulation de ce ravageur en saison sèche, et surtout les
dégâts qu'il engendre, suscitent des inquiétudes, quant à
Le travail que nous avons réalisé, loin d'être considérer
la pérennité du manioc, denrée d'importance capitale en
comme une solution miracle, apporte néanmoins une
Afrique noire.
contribution à la protection etau développement du manioc.
Au regard des résultats obtenus, nous pensons que les
Il s'inscrit dans la participation aux recherches portant sur
deux entomophages réunis, peuvent incontestablement
l'utilisation complémentaire des entomophages associés à
assurer la régulation des populations du phytophages
un ravageur ( Fabres et Kiyindou, 1985; Kiyindou et Fabres,
au cours de l'année. En effet, l'étude des rapports « hôte-
1987).
entomophage» a montré que le parasite ou le prédateur
Pour s'assurer définitivement de l'efficacité de cette
exerce chacun, une influence non négligeable sur le
complémentarité d'actions sur le terrain, des études
développement du ravageur.
destinées à déterminer la présence ou non des espèces
La pression parasitaire développée par E. ïopezi, induit
concurrentes ou d'entomophages de cesagents biologiques
chez les cochenilles, une réduction significative de la
sont nécessaires.
fécondité et de la durée de la période de ponte.
Par ailleurs, la consommation alimentaire constitue
REMERCIEMENTS
une
caractéristique
bioéthologique
essentielle,
dans
Je voudrais remercier le Professeur Karamoko Diarra de
l'appréciation de l'efficacité des prédateurs utilisés en lutte
l'Université Cheickh Anta Diop, pour son soutien technique,
biologique (Iperti et al. 1991).5. couturieri présente des
ses précieux conseils et ses encouragements.
avantages liés aux espèces de coccinelles indigènes. En
56
Rev. CAMES - Série AIVol. 06 /2008

Sciences et Médecine
Temps (j)
0
30
60
90
action de S.couturien
4,60
4,56
13,82
32,24
Ln effectifs cochenille
action de E./opezi
-4,60
4,49
18,42
32,24
actions S.cout. + E./op.
4,60
4,44
11,51
29,93
P. manihoti seule
4,60
9,21
18,42
38,84
Annexe: Influence de l'action des entomophages sur l'évolution des effectifs de P. manihoti
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