Sciences et Médecine
Analyse temporelle de l'hydrodynamisme du secteur estuarien
de la ~agune Ebrié à Abidjan (Côte d'Ivoire). Impact de la
vélllriabnüté climatique
MONDE Sylvain, AFFIAN Kouadio, AMANI E. Mireille, WOGNIN Valérie A.,
COULIBALY Aoua S., AKA Kouamé
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RÉSUMÉ
Les baies estuariennes présentent des morphologies symétriques par rapport à l'axe central de la lagune Ebrié. Dans
les chenaux étroits, les courants sont exclusivement alternatifs. Durant un cycle de marée, le déchet présente un niveau

d'eau moyen de 0,93 m. Lescourants du flot et du jusant durent respectivement 5 et 7 h avec un marnage de 0,60 m. Par
contre, le revif
se caractérise par un niveau moyen de 0,96 m. Les variations de salinité en lagune s'agencent dans les
saisons lagunaire, continentale et marine et dépendent des fortes précipitations et des crues fluviales. L'évolution de la

température des eaux est sujette aux précipitations et aux débits fluviaux.
Mots-clés: baies,estuaire, hydrodynamisme, lagune Ebrié, Côte d'Ivoire
ABSTRACT
Estuarine bays present symmetrical morphologies according to the central axis of the Ebrié lagoon. Inside the narrow
cbannels, streams are exclusively alternatives. During one tide cycle, waste presents an average water level of 0.93
m.
Flood and ebb streams, with a marling of 0.60 m, last for approximateïy 5 and 7 bours.respectivety. On the other band, a
mean level of 0.96
m characterizes the revif. Lagoons salinity variations are arranged in laqoon, continental and marines
seasons. Also they depend on strong precipitations and rivers floods. The evolutions of water temperatures are prone to
precipitations and river flows.
Key-words: bays, estuary, hydrodynamic, Ebrié lagoon, Côte d'Ivoire

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NTRODUCTION
la carte des lagunes de Côte d'Ivoire (Tastet, 1979)
Les baies constituent des milieux de réception des
et les minutes de sondes du port d'Abidjan (Paa,
matières en suspension et des matières dissoutes.
1999) ont servi de support à l'établissement de la
En dehors des échanges sédimentaires convoyés
carte bathymétrique du secteur d'étude. A partir des
depuis l'arrière pays continental, les apports d'origine
minutes de sondes le logiciel de cartographie (Surfer)
anthropique constituent une part importante des
a généré des isobathes et permis ainsi de quantifier les
flux sédimentaires qui comblent les baies. Les baies
phénomènes sédimentaires.
constituent un milieu relativement renouvelé depuis
l'ouverture du canal de Vridi. Les apports d'eaux
Un courantomètre à Effet Doppler de type DCM12
continentales sont constitués pour les 2/3 de ceux du
(anderaa) a été utilisé pour déterminer la vitesse
Comoé.Ce fleuve qui débouche à l'extrémité orientale
d'écoulement dans une colonne d'eau à différente
de la lagune, eu égard à l'importante fluctuation du
profondeur d'une station donnée et durant un cycle de
volume de sa crue, contribue à une forte variabilité
marée,au sein des baies concernées.Ce courantomètre
interannuelle (Durand et Guiral, 1994).
donne, en outre, la variation du niveau de l'eau en
temps réel et la direction du courant. Ainsi, les vitesses
Les caractéristiques morphologiques de la lagune
de courant mesurées pendant la montée du niveau
Ebrié (contour des baies et bathymétrie) lui confèrent
d'eau, au-dessus du courantomètre, sont comptées
une circulation complexe. La présente étude traite de
positives. Ces
vitesses sont comptées négatives
l'hydrodynamisme de la baie de Biétri, située dans un
pendant la descente du niveau d'eau.
environnement confiné ainsi que la baie de Cocody et
la bathymétrie de l'ensemble de la lagune du secteur
L'utilisation d'un sondeur OBS-3A pour l'acquisition
du grand Abidjan (Figure 1).
de données hydrodynamiques en continu pendant
1. M~THODOlOGIE
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32
Rev. (AMIES - Série A, Vo~. 05,2007

Sciences et Médledne
20 mois, s'est faite dans le port d' Abidjan. Il est équipé
la dépression lagunaire à l'Est de l'exutoire actuel
de capteurs (température, pression et salinité), dont
du fleuve en créant ainsi la zone de hauts-fonds de
le seuillage a été défini, en usine en fonction des
l'unité morphologique.
caractéristiques hydrologiques de la lagune.
- Dans la région d'Abidjan,la configuration des chenaux
lagunaires profonds montre une convergence vers le
Il.R~SllLTATS
canyon du Trou sans fond. Ceci indique que le bassin
2.1 Carte bathymétrique de la lagune Ebrié
central de la lagune Ebrié (bassin central) est en fait,
le «bassin de réception» du canyon sous-marin. Ces
Figurel : La lagune Ebrié et les baiesestuariennes d'Abidjan
La carte bathymétrique de la lagune Ebrié permet
Figure 2 : Morphostruetures (M) dans les chenaux dela lagune Ebrié
de distinguer plusieurs unités:
morphostructures (Figure 2) s'observent à l'entrée
(i) de l'île Deblay à l'île Boulay, elle est principalement
du chenal Sud de l'île Boulay (M2) et près des quais
constituée d'un chenal principal orienté globalement
(Sud et Nord) du port d'Abidjan (M3 et M4). Les
Est-Ouest qui représente les 3/5 de la lagune
morphostructures M3 et M4 ont une direction N1800
Ebrié. Les profondeurs variables permettent de
distinguer des hauts fonds et des creux. L'élément
et se localisent dans le chenal principal de navigation
portuaire (Tableau). Ce secteur est très souvent
topographique caractéristique de ce chenal est une
morphostructure qui se localise au large de la région
dragué en raison du trafic maritime. Ainsi, les fortes
de Dabou (Figure 1).C'est une dépression de 20 km
pentes se localisent à proximité des quais et les plus
de long. Sa largeur est comprise entre 1 et 3 km. Cette
faibles, dans le chenal de navigation.
morphostructure (Ml) à une direction N90° avec une
Tableau:Caractéristiques dequelques morphostructures
profondeur supérieure à 12 m. Les pentes varient
entre 0,1 et 2,5%. Les faibles pentes s'observent au
de lalagune Ebrié
large de Dabou où les apports de l'Agnéby créent
M1
M2
M3
M4
M5
(Dabou)
(1. Boulay)
(0. Sud) (Q.Nord)
(1. Désiré)
une zone de haut-fond (Tastet, 1979). Par contre, les
fortes pentes se localisent avant l'embouchure de
Longueur (km)
3
1,65
1,65
1,55
12,5
l'Agnéby.
Largeur (km)
1
0,2
0,3
0,2 -0,8
1-6
(ii) de "île Boulay à l'île Désirée, la lagune est peu
Profondeur (m)
-12
-4,75
+2,35
-4,70
·5
profonde (5 m) avec de grandes morphostructures
dans le bassin central et;
Pente du
0,1
0,7 -7
0,6 - 2,5
0,23
0,3
rebord (%)
-2,5
- 2,3
(iii) de l'île Désirée à l'He Vitré, le chenal central Est a
une profondeur qui varie de 2 à 5 m.
Le chenal central Est de la lagune Ebrié est parsemé
Interprétations
d'îles (îles Désirée, Vitré, etc). Il a une profondeur
- de l'île Désirée à l'île Vitré: Ces unités lagunaires
moyenne comprise entre 2,5 et 5 m. En outre, il
correspondraient à des vallées ennoyées lors de la
présente une grande dépression à proximité de l'île
transgression holocène et comblées partiellement
Désirée. Cette morphostructure (MS) est longue de
par les apports fluviaux (Tastet, 1979).
12,5 km avec une largeur variant entre 1 et 6 km. Sa
- de l'île Deblay à l'île Boulay: Celong chenal occupe un
profondeur est de 20 m et son inclinaison de 0,3%.
compartiment structural bas emprunté par l'Agnéby.
Aussi, le chenal central Est présente un grand nombre
Les apports de ce dernier ont comblé partiellement
de petites dépressions (Monde 2004).
Rev. CAMES - Série A,Vol. 05,2007
33

Sciences et Médecine
2.2. Hydrodynamisme en lagune Ebrié
hauteur jusqu'au 108ème jour avant de décroître pour
2.2. 1.Marnage et hauteur d'eau
atteindre la valeur 1,0 m. La dénivelée calculée est de
L'analyse des variations de hauteur d'eau des
0,15 m.
pleines et des basses mers quotidiennes, montre que
le niveau moyen est de 1,01 m. Le marnage en vive eau
Le troisième domaine de la courbe part de la fin juin
varie de 0,55 à 0,80 m. En morte eau, le marnage est
à août soit 120ème jour au 200ème jour. Dans cette
plus faible puisqu'il varie de 0,30 à 0,35 m. Le déchet
partie de la courbe, on observe une pente croissante
dure 8 jours tandis que le revif est plus court, il dure 7
qui passe de 1,05 à 1,07 m pour se stabiliser ensuite à
jours (Figure 3).
1,06 m du 160ème jour.
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1.5
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1 .4
Cette courbe montre en définitive une évolution
selon une allure sinusoïdale du niveau de la lagune.
1.3
il
Les variations de la hauteur d'eau présentent des
:[ 1.2
«anomalies», entre le 70ème (fin avril) et 80ème jour
" 1.1
..
(début mai), dues à la surcote fluviale produite après
•Gl
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les crues de l'Agnéby et La Mé (Durand et Guiral, 1994).
~
"s 0.9
De février à juin, la hausse progressive de la hauteur
"..J: 0.8
d'eau est due aux précipitations (période de transition
entre les saisons de pluie continentale et lagunaire) et
0,7
aux apports de La Mé et de l'Agnéby. De juin à août,
0.6
la baisse de la hauteur du plan d'eau lagunaire est
0.5
due à la rareté des précipitations. En effet, la petite
o
5
10
'5
20
saison sèche continentale débute et la saison de pluie
Temps Uours)
lagunaire s'achève.Toutefois,la crue du Comoé permet
Figure 3: Evolution de la hauteur d'eau (mesures 085)
un marnage moyen de 0,10 m.
en lagune Ébrié
2.2.2. Salinité des eaux lagunaires
La courbe d'évolution de la moyenne journalière de
L'allure de la courbe (figure 5) est en général
la hauteur d'eau en lagune Ebrié sur une période de
sinusoïdale. Elle présente trois parties essentielles:
200 jours présente trois domaines (Figure 4).
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Figure 4: Evolution de la hauteur d'eau,à différentes
fréquences, en lagune Ebrié
Figure 5 : Salinité de la lagune Ebrié
De °à 65 jours, la courbe évolue dans les valeurs
Defévrier à avril (1 er-40èmejour),elle part d'un niveau
maximales de salinité (30,5 PSU). Dès les 28ème jours, la
relativement bas (0,95 ml, passe par un maximum (1,05
courbe part de 27 PSU,passe à 29 PSU et descend à 25
1 m) et redescend à une faible hauteur (0,90 m) au bout
PSU. Elle croit progressivement pour atteindre la valeur
. , du 40ème jour. La dénivelée engendrée est de 0,10 m.
maximale de 30,5 PSU au 22ème puis décroît à 16 PSU
au 28ème. Dans l'intervalle de 28 à 40 jours, la salinité
D'avril à juin, soit du 40ème jour au 120ème jour, la
augmente et diminue alternativement pour descendre
courbe est d'abord croissante, puis elle passe 0,90 à
à 1'0 PSU. Entre le 40 ème jour et 64 ème jour, elle oscille
1,09 m au bout du 65ème jour. Elle se stabilise à cette
entre les valeurs de 17 à 25.5 PSU avant d'accéder à un
34
Rev. CAMES - Série A, Vol. 05,2007

Sciences et Médecine
taux relativement faible de 6 PSU au 64ème jour.
De 0 à 60 jours, l'allure de la courbe évolue dans
De 64 à 130 jours, l'allure de la courbe évolue dans
un domaine de température moyenne. Elle vacille
les valeurs moyennes de la salinité. Elle oscille entre 5 et
entre les valeurs de 27,5°C à des valeurs au dessus
16 PSU avant de baisser à 6 PSU au 130ème jour. Dans
de 29Se.
cette deuxième partie le taux maximal de la salinité
De 60 à 140 jours la courbe atteint les valeurs
atteint est de 16 PSU et le minimum est de 5 PSU.
maximales de la température au dessus de 30,5°e.
Dans l'intervalle de 60 à 125 jours, l'allure de la
De 130 à 200 jours, l'allure de la courbe évolue dans
courbe croît et décroît respectivement et de façon
les plus faibles taux de salinité. Elle vacille entre 2 PSU,
alternative entre les températures au dessus de 28,5
/
le taux minimum et 6P~U, taux maximal.
et 30,5°e. Au 125ème jour, elle diminue jusqu'en
Les variations de salinité en lagune se présentent
dessous de 27,5°e.
en «marche d'escalier». Ces paliers coïncident avec les
. Du 140 à 200ème jour, c'est le domaine de faible
saisons lagunaire, continentale et marine de la Côte
température. La courbe oscille entre 25,5 et 28Se.
d'Ivoire. Le premier palier (février - avril) est le plus
élevé.La forte salinité due à l'absence des précipitations
La température augmente durant la première phase
(saison sèche),auxfaibles apports fluviaux liés à l'étiage
où elle passe de 28 à 30,50°e. Cette augmentation
du Comoé et surtout aux apports marins (saison
est due aux saisons sèches lagunaire et continental.
marine forte salinité). La seconde «marche d'escalier»
Pendant ces périodes, les précipitations sont faibles
s'observe d'avril à août. La salinité est faible car non
et les apports du Comoé sont presque nuls (période
seulement les précipitations sont abondantes mais
d'étiage). Dans le second domaine, la courbe est
aussi, c'est la période de crue de l'Agnéby et de La Mé.
décroissante. Cette baisse de température s'explique
La fin de ce dernier palier correspond aux dernières
par les abondantes précipitations (des saisons des
grandes précipitations et surtout à la crue du Comoé
pluies lagunaire et continentale) et par la crue de La
,(Monde, 2004; Girard et al., 1971 ; Brenon et al., 2004)
Mé et de l'Agnéby. La dernière phase présente une
.d'où l'observation d'une salinité encore plus faible.
évolution
monotone.
Les températures oscillent
Ces résultats confirment l'impact des précipitations et
entre 26 et 2re. Ce palier s'étend de la mi-juillet à
des apports fluviaux (crue et étiage des fleuves et des
août. La baisse des températures est due aux fortes
rivières forestières) sur la salinité des eaux de la lagune.
précipitations et à la crue du Comoé (Monde, 2004).
En effet, les fortes précipitations, les domaines lagu-
naire et continental, et les crues des fleuves réduisent le
Outre les apports fluviaux, la mer contribue à
taux de salinité. Par contre, la rareté des précipitations
l'évolution des températures (Durand et Guiral, 1994 ;
et l'étiage des fleuves permettent des taux élevés.
Eldin. 1971 ; Pages et al., 1979 ; Am etaI., 1989 ; Affian,
2003). En effet, de la mi-mars et la mi-juin, les alizés du
2.2.3. Évolution de la température
Sud-Ouest franchissent l'Équateur.lls atteignent la Côte
La figure 6 présente l'évolution de la moyenne
d'Ivoire et engendrent la mousson. Ces vents réguliers
journalière de température en lagune Ebrié. L'allure
sont générateurs de remontées des eaux froides vers la
de la courbe est généralement sinusoïdale. Elle est
surface ou upwellings. En juillet, la mousson remonte
subdivisée en trois domaines:
vers le Nord du pays: Les pluies cessent et les vents se
..... "':'~~,I ..;_..-
stabilisent ainsi que les upwellings. Pendant la période
1
]I.~ H~-+---+--+-
d'upwellings, une masse d'eau profonde se met en
place. Au terme de cette période, les eaux guinéennes
)0.50 t-+----'--+--'--f--'-+_
se répandent le long du littoral ivoirien qui se trouve
~
~ n.• t-+--+-./-
ainsi baigné par des eaux chaudes de l'ordre de 28°C
:
(Morliere et Rebert, 1972).
: ZI.'
.
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III-INTERACTION DES PARAMÈTRES HYDRO-
•~
DYNAMIQUES
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3-1 Corrélation Salinité 1Hauteur d'eau
La variation de la salinité en fonction de la hauteur
1
l
"
1 1
d'eau en lagune Ebrié présente deux phases (figure 7).
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1 • • , . Ii_UII)
La première phase part de décembre à avril. Aux fortes
salinités correspondent les faibles hauteurs d'eau.
Figure
Cela est dû à la grande saison sèche,à l'étiage du Comoé,
6 : Température de la lagune Ebrié à différentes
fréquences
de la Mé et de l'Agnéby et à la petite saison froide
Rev. CAMES - Série A, Vol. 05,2007
35

Sciences et Médecine
marine. Dans la seconde phase (avril à juillet), lorsque
les fortes hauteurs d'eau et inversement. Les saisons
la hauteur d'eau croît, la salinité décroît et inversement.
marines froides et les saisons sèches expliquent les
Par exemple, d'avril à juillet, la hauteur d'eau est faible
baisses de températures et de hauteurs d'eau. Par
contrairement à la salinité qui est élevée. Cela est dû à
contre, les hausses de températures et de hauteurs
la grande saison des pluies, à la grande saison chaude
d'eau sont dues aux grandes saisons chaudes et aux
marine et aux crues de la Mé et de l' Agnéby, D~ juillet à
grandes saisons de pluies (figure 9).
décembre, la salinité est faible lorsque la hauteur d'eau
\\
est forte, c'est la période de crue du Cornoé, de la petite
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saison sèche suivie de la petite saison des pluies.
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1 32 63 94 125156187218249280
Temps Uours)
';",.,',
-
- lemperalure(C)
-
hauteur d'eau (m) 1
30 59 88117146175204233262291
Figure 9: Interaction entre la hauteur d'eau et la
température
1 . .
·
salinite(pSU) -hauteur d'eau (m)1
Figure 7: Interaction entre la salinité et la hauteur d'eau
IV- DISCUSSIONS
L'étude
des
corrélations
entre
les différents
3-2 Corrélation Température 1Salinité
paramètres hydrodynamiques montre que durant la
Lavariation de la salinité en fonction de la température
saison de pluie, la température de la lagune Ebrié est
présente deux phases.Dans la première, de décembre
inférieure à celle de l'atmosphère. Les apports fluviaux
à avril, la salinité et la température présentent defortes
et l'abondance des précipitations vont réduire le taux
1
valeurs à cause de la grande saison sèche, de la petite
de salinité de la lagune, tout en augmentant la hauteur
saison froide marine et de l'étiage du Comoé, de la
de l'eau. Ainsi on observe durant la saison sèche
Mé et de l'Agnéby. Dans la seconde phase, lo~sque la
l'augmentation de la salinité, de la température et la
salinité croît, la température décroît et inversement.
baisse de la hauteur d'eau. Les données de décembre
1
Par exemple, d'avril à juillet, la température attèlnt son
2002 à décembre 2003 ont été comparées à celle de
1
minimum lorsque la salinité augmente légèrement.
février 2002 à septembre 2002 (Monde, 2004). Ces'
Cela s'explique par la présence de la grande saihon des
analyses présentent les moyennes mensuelles déduites
pluies, à la crue de la Mé et de l'Agnéby et à laigrande
des mesures journalières.
saison chaude marine. Aussi, de juillet à décembre, la
salinité atteint son minimum puis croît à nouveau alors
4-1 Température
que la température augmente progressivement. Cette
La température TI (février à septembre 2002)
période correspond à la crue du Comoé, à I~ petite
croît de 28,45 à 30,32°C de février en mai. Elle
saison sèche et à la petite saison chaude marine (fi~ure 8).
décroît progressivement jusqu'à 26,56°C en août. La
température Til (décembre 2002 - décembre 2003)
35
35
croît de 28,69 à 30,76°C de février à avril. Elle décroît
progressivement jusqu'à 25,66°C en août. Les courbes
ont sensiblement la même allure. La variation entre TI
et Til est de l'ordre de 0,85°C (figure 10),ce qui est très
faible.
Figure 10: Évolution des moyennes mensuel/es de
"
'
-v.". .»,'
température
1
30 59 88 117 146 175204 233262291
E
4-2 Salinité
températureCC) .. ',. salinitè(PSu)1
Dans la figure 11, l'évolution de la salinité SI est
Figure 8: Interaction entre la salinité et la température
décroissante. Elle passe de 27,46 à 8,22 PSU de février
à mai. Ensuite elle présente un palier à 8,88 PSU en
3-3 Corrélation Température 1Hauteur d'eau
juin, puis décroît pour atteindre 2,85 PSU en août. La
La température et la hauteur d'eau évoluent en
salinité 511 décroît de février à juin (24,58 à 3,64 PSU).
dent de scie. Aux fortes températures correspondent
36
Rev. CAMES - Série A, Vol. 05,2007

Sciences et Médecine
serait lié aux changements climatiques (Jancovki,
32
2000) et il se présente comme suit:
31
- une grande saison sèche (décembre-mars), les
9' 30
-; 29
précipitations sont rares, les températures sont
a28
maximales avec une salinité élevée avec l'étiage du
.~ 27
... 26
Comoé;
~ 25
- une période de transition (mars-avril) les températures
1- 24
23 +---...,----.---...,.---.----r----.-----,
sont faibles;
FE~IER MARS A~IL
M;.J
JUIN
JUILLET
AOÛT
- une
grande
saison des pluies
(avril-juin), les
Temps (mois
[ - T i l
-
-TI
[
précipitations sont élevées, les températures sont
minimales avec la crue de la Mé et de l'Agnéby ;
- une petite saison sèche (iuin-août), les précipitations
sont faibles, les températures sont minimales avec
une salinité nulle et la crue du Comoé ;
30
- une petite saison des pluies
(août-décembre),
5" 25
"
les précipitations sont faibles, les températures
~ .20
"
augmentent avec une salinité faible et la crue du
.! 15
"-,
Comoé.
'ë 10
'1ij
"
(J)
5
L'étude
comparative
des
paramètres
hydro-
O+--.-----,--.,..--r---,----...,-~
dynamiques de la lagune Ebrié donne des informations
F~IER MARS AVRIL
MIlJ
JUIN JUILLET
AOÛT
Temps (mois)
d'une année à une autre. En effet, les variations de
[ -511
--SI 1
température (0,85°C), de hauteur d'eau (0,1 m) et de
salinité (7 PSU) sont très faibles. En outre, un décalage
Figure 11: Évolution des moyennes mensuelles de la
du cycle saisonnier a été mis en évidence. Il est de
salinité
l'ordre de 1 mois.
Toute fois à partir de juin, les salinités SI etSII varient
de façon inverse.
CONCLUSION
La lagune Ebrié présente un chenal irrégulier de
4-3 Hauteur d'eau
-12 m avec de nombreuses morphostructures. Le
La hauteur d'eau HI passe de 0,97 à 1,2 m (mars à
dynamisme de la lagune est très complexe. Dans
juin) puis, elle décroît jusqu'à 1,01 m de juin à août. La
un cycle de marée, le déchet présente un niveau
hauteur d'eau HII connaît aussi la même évolution. Elle
moyen de 0,93 m. Le jusant prédomine sur le flot
auqrnente de 0,99 à 1,11 m de février à juin, puis baisse
en durée et en intensité dans les baies, permettant
jusqu'à 1,04 m (août). Les hauteurs d'eau des deux
ainsi le renouvellement des eaux lagunaires. Dans
études restent très proches car elles présentent une
les baies estuariennes, les directions du courant sont
variation de 0,lm (figure 12).
généralement alternatives. Dans la baie de Cocody les
vitesses des courants sont proportionnelles à l'allure
1.4
de l'onde de marée serni-diurne.Par contre dans la baie
:[1,2
.....
de Biétri, le caractère alternatif n'apparaît pas.Ainsi, les
"
1
.'l, 08
courants sont alternatifs dans les chenaux étroits et
"Cl

;; 0.6
giratoires dans les zones étendues.
;
0.4
:r 0,2
L'hydrodynamisme dans les baies estuariennes
O+--~-r-.......,....--r--~-~-
FE~IER
montre que la variation de salinité sont synchrone des
MAAS A~IL MAJ
JUIN JUILLETAJJÛT Temps (mols)
cycles saisonniers. Mais, les fortes précipitations et les
1
- H I !
-
-HI
1
crues des fleuves la réduisent. Les températures des
Figure 12: Évolutior: des moyennes mensuelles de la
eaux en lagune présentent une hausse lors des faibles
hauteur d'eau
précipitations et de l'étiage du Comoé. Par contre,
la baisse de température est due aux abondantes
4-4 Rythme saisonnier
précipitations et aux débits fluviaux.
L'analyse comparative des cycles saisonniers, de
la présente étude avec celles de Dufour (1982) et de
L'étudedel'évolution de la salinité,delatempérature
Monde (2004),met en évidence un léger décalage. Cet
et de la hauteur d'eau dans la lagune Ebrié est régie
écart saisonnier est de l'ordre d'un mois. Ce décalage
par les apports fluviaux (crue et étiage du Comoé, de
Rev. CAME.5 - Série A,Vol. 05, 2007
37

Sciences et Médecine
l'Agnéby, de la Mé), les saisons marines (grande et
7. GALLARDO Y. 1978. Assymetry and anomalies of
petite saison chaude, grande et petite saison froide)
circulation and vertical mixing in the branching of
et les saisons continentales (grandes et petites saisons
lagoon-estuary. Hydrodynamics of estuaries and
sèches, grandes et petites saisons de pluies).
fjords, Oceanography Ser. 197-206.
Ces différents paramètres hydrodynamiques sont
8.
GIRARD G., SIRCOULON J., TOUCHEBOEUF P.,
dépendants les uns des autres. Durant la saison des
1971. Aperçu sur les régions hydrologiques. ln : Le
pluies, les fleuves en crue se déversent dans la lagune.
milieu naturel de la Côte d'Ivoire. Mémoire Orstorn,
Il va s'en suivre, la baisse de la température et de la
50 :109-156
salinité, tandis que la hauteur d'eau va augmenter. La
saison sèche est marquée par l'étiage des fleuves, de la
9.GUIRAL O.,LANUSSE A.1984.Contribution à l'étude
croissance de la température et de la salinité puis de la
hydrodynamique de la baie de Biétri, lagune Ebrié,
baisse du niveau de la hauteur d'eau. Les abondantes
Côte d'Ivoire. Document. Scientifique du Centre de
précipitations et les apports fluviaux, continentaux,
Recherche Océanographique (CRO) Abidjan, 15(1-
marins augmentent le niveau
d'eau. Ces mêmes
2) 1-18.
phénomènes, conditionnent aussi l'évolution des
températures dans le milieu lagunaire, lors de la saison
1O.JANCOVICI J.M.2000. Lerechauffement climatique
des pluies, les températures baissent. Ce qui montre
(le changement climatique) reponse à quelques
l'étroite relation entre la température et la salinité.
questions élémentaires. http :www.manicore.com/
documentation/serre/
Les variations de température, de hauteur d'eau et
de salinité sont très faibles. En outre, un décalage du
11.LEMASSON L.,PAGESJ.,DUFOUR P.,CREMOUXJ~L.
cycle saisonnier a été mis en évidence.
1981. Matière organique particulaire et biomasse
dans une lagune tropicale. Revue Hydrobiologie
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