Sciences et Médecine
Radiographie de la diaphyse des os longs aux urgences
Etude des critères de réussite d'une série continue de 96 incidences
ANOUMOU N. MicheJ1, DIABATÉ A.5.2, KOUAMÉ Maurice1, OUÉDÉRaphaéJ1, TRAORÉ Moctar1
KIRIOUA Bosson' , GOGOUA Raphael', OUATTARA D. Noél', VARANGO Guy'
RÉSUMÉ
Les radiographies de la diaphyse des 05 longs de 48 patients (36 hommes et 11 femmes) âgés en moyenne de 32,08 ans
(78 à
57 ans) tous admis aux urgences chirurgicales ont été revues de façon rétrospective. L'objectifétait faire une analyse
critique des critères de réussite: Les critères (incidence, centrage, qualité de l'image) ont été étudiés par un chirurgien
traumatologue et un médecin radiologue lors d'une séance commune.

Quarante huit incidences de face et 44 clichés de profil ont été réalisés. 4 incidences de profil demandées n'ont pas été
réalisées. Vingt (21,73%) incidences étaient bien centrés, 32(34,70%) étaient moyennement centrés, et 40 (43,47%) étaient
mal centré. Les clichés étaient de qualité normale dans 64 cas (69,56%), une anomalie insignifiante était retrouvée dans
-19 cas (20,65%) et dans 9 cas (9,78%) il s'aqissait d'anomalie majeure.
Au niveau du fémur (n=22) aucun cliché n'était bien centré. 68,88% étaient mal centré avec 40,90% de clichés normaux.Au
niveau de la jambe (n;'30) on retrouvait 66,66% de clichés mal centrés et 76, 66% était normaux. Au niveau de l'humérus
(n= 19) 26,31 % était mal centré et 73,68% des clichés étaient normaux. Au niveau de l'avant bras (n=21) 38,09% étaient
mal centré et 85,71 % des clichés étaient normaux.
La qualité normale de l'image des radiographies standard réalisées aux urgences semble suffisante pour permettre une

lecture des lésions. Les incidences mal centrées concernent plus le membre inférieur que le membre supérieur. Les douleurs
post-traumatiques expliquent en partie les difficultés techniques de réalisation. L'utilisation de films divisés en deux sur la
longueur et non en diagonale est source d'artéfact et de voile réduisant la qualité et le centrage correct.
En l'absence de respect de critères stricts de réussite des radiographies aux urgences, des sources d'erreurs diagnostic et
théropeutiques reste possible pour les urqentistes juniors. La nécessité d'un avis du senior est impérative au même titre
que la revue systématique au staff de tout cliché réalisé aux urgences permettrait dans notre contexte de rattraper les

erreurs éventuelles.
Mots clés: radiographie, diaphyse, incidence, centrage, qualité

ABSTRACT
Thex-rayoi the long bones shaft of 48patients (36 men and 11 women) aqed on average of 32, 08years (78 at 57 years)
ail admitted to the surgical emergencies have been teviewed in a retrospective study.The aim was a critical analysis of the
sucœsscriterias. The criterias (view, centrage, quality
of images) have been studied by a trauma surgeon and a radiologist
at the time
of a common sitting.
Forty eight antero-posterior view and 441ateral X-ray have been achieved. 41ateral X-ray have not been achieved. Twenty
(21,73%) views were centered weil,
32(34, 70%) were centered fairly, and 40 (43,47%) were centered badly. The quality of
view was normal in 64 cases (69, 56%), an insignificant abnormality was recovered in 19 cases (20,65%) and in 9 cases (9,
78%) it was about major or a significant abnormality.
According to the femoralsaft (n=22) none view was centered weil. 68, 88% were badly centered with 40, 90% of normal
quality of image. On the x-ray of the leg (n=30) we observed 66, 66% of view badly centered and 76, 66% had a normal
quality.According to the humeralsaft (n=
19) 26,31% were badly centered and 73,68% had a normal qualityofimage. On
the X-ray of the forearm (n=21) 38, 09% were badly centered and 85,71 % were normal.
The normal quality
of the x-ray standard picture achieved to the emergencies seems sufficient to permit a reading of the
lesions.The badly centered view concerns the lower limb more than the upper limb. The post - trauma tic pains explain the
technical difficulties
of realization in part. The use of films divided in two on the length and not in diagonal is source of
artefact and veil reducing the quality and the correct centrage.
ln the absence
of respect of strict criterias of success of the x-ray at the emergencies, some mistakes diaqnosis and
therapeutic remains possible for the junior doctors. The necessity of the senior's opinion is imperative for the same reason
as the systematic review to the staff of ail x-ray acbieved to the emergencies would permit in our context to avoid the
possible errors.
1: Service deTraumatologie Orthopédie chudeTreichville.
Keys-words: x-ray, shait, view, centrage, quality
01 BPv3Abidjan07.
Tel 00 (225) 21 24 9122 - Fax 00 (225) 21 252852 - anoumou@ci.refer.org
2: Service d'Imagerie Médicale CHU deTreich ville. 01BP v 3Abidjan 01
Présenté lors dela 1ère réunion dela SlvCOT (Société Ivoirienne dechirurgie
Orthopédique) - Abidjan le26Mai2006
Tirés a part adresser à : DrMichelN. Anoumou adresse ci-dessus
anoumouêcireiet.orq
Rev. CAMES - Série A, Vol. 05,2007
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Sciences et Médecine
INTRODUCTION
parties molles et osseuses avec perception des lignes
La radiographie standard constitue en pratique
graisseuses. L'anomalie insignifiante était marquée.
quotidienne un moyen de diagnostique mais surtout
par la présence de tout élément surajouté (artéfact,
d'indication thérapeutique incontournable. Malgré
tâche ... ) rendant difficile la lecture. Une anomalie
le développement de l'imagerie médicale, elle reste
signifiante était représentée par un cliché trop noir
l'examen complémentaire de base en traumatologie.
ou illisible donc pas interprétable. Un chirurgien
Il n'existe cependant pas, à l'instar du rachis cervical
traumatologue et un médecin radiologue ont étudié
de guide ou de critère de qualité bien défini pour la
tous les clichés lors d'une séance commune.
réalisation des clichés des membres. En outre, il existe
une variation inter observateur dans l'interprétation
Il. RÉSULTAT
des clichés en fonction de l'ancienneté et de la
2.1 Résultat global
compétence du chirurgien à l'origine parfois d'erreur
2. 7.7/ncidence
diagnostique (Mc LAUCHLAN et al. 1997; ROBINSON
Quarante huit incidences de face et 44 incidences
et al. 1999). Selon FREYSCHMIDT J., 1992, les causes
de profil ont été réalisées. 4 incidences de profil
d'erreurs diagnostiques en radiologie sont en rapport
demandées n'ont pas été effectuées.
avec des facteurs techniques (mauvaise technique de
réalisation de l'examen, erreur d'évaluation des films)
2.7.2 Centrage
et individuels. Le respect strict minimal des critères de
Vingt clichés (21,73%) étaient bien centrés, 32
réalisation permettrait une lecture parfaite des images
(34,78%) moyennement centrés et 40 (43,47%) étaient
et une indication chirurgicale adaptée.
mal centrés.
L'objectif de ce travail est d'apprécier les critères
2.7.3 Qualité de l'image
élémentaires de réussite des radiographies standard
Soixante
quatre
(69,56%)
incidences
étaient
des diaphyses des os longs réalisées aux urgences
normales, 18 (19,56%) présentaient une anomalie
chirurgicales du CHU de Treichville.
insignifiante et 10(10,86%)anomalies majeures étaient
retrouvées.
1. MATÉRIEL ET MÉTHODE
Entre Janvier et Mars 2006, les radiographies des os
2.2 Résultat spécifique
longs de 48 patients (36 hommes et 11 femmes) âgés
2.2.7 Au niveau du fémur (n=22)
en moyenne de 32,08 ans (18 à 57 ans) tous admis
Deux incidences n'ont pas été réalisées et aucun
aux urgences chirurgicales ont été revues de façon
cliché n'était bien centré. L'image était normale dans
rétrospective.
9 cas (40,90%). Le tableau 1 résume la qualité et le
centrage des incidences réalisées.
Les critères standards d'une bonne
Tableau 7 : Répartition de la qualité et du centragedes incidences
radiographie des membres répertoriés
des radiographies du fémur
à
partir
de
l'encyclopédie
médico
chirurgicale (BLERY et al , 1988, BLERY et
Centrage
image
al, 1998, CHEVROT et al, 1988, CHEVROT
et al.,1990) et de l'atlas des techniques
Bien centré
0
Normale
9 (40,90%)
radiologiques (MOELHER et REIF,1999)
Fémur
ont été repartis en trois groupes. Ils
(n= 22)
Centrage moyen
7 (31,18%)
Anomalie insignifiante
6 (27,27%)
concernaient l'incidence, le centrage et la
.
qualité de l'image.
Mal centré
15 (68,18%)
Anomalie majeure
7 (31,18%)
- Pour l'incidence: la face et le profil
devaient être reconnus.
2.2.2 Au niveau de la jambe
Au niveau de la jambe (n=30) on retrouvait 66,66%
- Pour le centrage: le cliché était bien centré lorsque
les articulations sus et sous jacentes étaient vues. Le
de clichés mal centrés et 76,66% de clichés de qualité
normale. Par ailleurs aucun cliché n'était bien centré.
cliché était moyennement centré lorsqu'une seule
articulation était vue et mal centré quand aucune
Le tableau 2 montre la répartition de la qualité et du
n'était visible.
centrage.
- Pour la qualité de l'image: l'image était normale
lorsqu'elle était nette et permettait une analyse des
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Rev~ CAMES- Série A, Vol. 05,2007

Sêientès èt Médeëine
Tableau 2 :Répartition de la qualitéet du centrage des
L'association d'un radiologue et d'un orthopédiste
incidences des radiographies dejambe.
à la lecture commune des différents clichés permet
d'éviter
les
erreurs
d'interprétations
centrage
image
habituellement
de
l'ordre
de
3-6%
Bien centré
0
Normale
23(76,66%)
(ROBINSON et al. 1999). En Orthopédie
Jambe
Traumatologie
la
planification
pré
(n =30)
Centrage moyen
10(33,33%)
Anomalie insignifiante
7 (23,33%)
opératoire permet de choisir un implant.
Cette indication est bien souvent basée
Mal centré
20(66,66%)
Anomalie majeure
0
sur la radiographie standard. La qualité
de celle-ci demeure donc très importante
2.2.3 Au niveau de l'humérus
pour le praticien hospitalier.
Au niveau de l'humérus (n=19) 26,31 % étaient
mal centrés et 73,68% des clichés étaient de qualité
D'une manière générale, dans notre étude, le taux
normale. Une incidence de profil n'ayant pas été
des incidences mal centrées est élevé (43,47%) ; alors
réalisée, La répartition du centrage et de la qualité est
que 69,56%des incidences avaient une qualité normale
présentée dans le tableau 3.
pouvant permettre une lecture correcte des clichés.Sur
,
. .
. ,
'
.
une diaphyse, les extrémités qui ne sont
Tableau] : Répartition de la qualitéet du centrage des incidences
,
" fi
t
iorit '
d
dioataohi
d l'h
'
pas concernees n ln uencen a prion e
es ra ioqrap les e
umerus
pas la lecture; par contre L'éventualité
centrage
image
d'une lésion associée oblige à utiliser
des artifices soit par la réalisation des
Bien centré
7(36,84%)
Normale
14 (73,68%)
Humérus
incidences des articulations sur d'autres
(n =19)
Centrage moyen
7(36,84%)
Anomalie insignifiante
3 (15,89%)
films soit par l'utilisation en diagonale
des films,
Mal centré
5(26,31%)
Anomalie majeure
2 (10,52%)
Les
clichés
mal
centrés
étaient
2.2.4 Au niveau de l'avant bras
observés beaucoup plus au niveau du
Au niveau de l'avant bras (n=21) 38,09% étaient mal
membre inférieur avec plus de 35 clichés dont 15 au
centrés et 85,71% des clichés étaient normaux. Une
niveau du fémur et 20 au niveau de la jambe, Une
incidence de profil n'ayant pas été réalisée. Le tableau
meilleure qualité de l'image était obtenue au niveau
4 montre la répartition en fonction de la qualité et du
de la jambe. Les douleurs post traumatiques expliquent
centrage.
en partie ces difficultés techniques de réalisation des
incidences, L'utilisation de films divisés en deux sur
Tableau 4: Répartition de laqualitéet du centrage des incidences
la longueur et non en diagonale est source
des radiographies de l'avant bras
d'artéfact et de voile réduisant la qualité et le
centrage correct.
centrage
image
18(85,71%)
Bien centré
13 (61,90%)
Normale
Cinq cas de centrage correct ont été
observés
au
niveau
de
l'humérus,
Les
3 (14,28%)
Avant bras
Centragemoyen
8 (38,09%)
Anomalie insignifiante
meilleures qualités d'images sont obtenues
(n =21)
0
au niveau de l'humérus et de l'avant bras avec
Mal centré
0
Anomalie majeure
respectivement 73,68% et 85,71% d'images
normales ne présentant donc pas d'anomalies,
Les traumatismes
du
membre
supérieur
III.DISCUSSION
semblent moins contraignants pour la réalisation
La sélection de critères stricts et rigoureux de
des clichés. La station débout offre au technicien une
radiographies est difficile à établir au niveau des
manipulation plus aisée dans la réalisation des clichés
membres. La définition de la qualité peut poser en
contrairement à un traumatisé du membre inférieur.
pratique selon (ROBINSON et al, 1999) des problèmes
L'équipe de garde parfois en sous effectif n'arrive pas à
d'interprétations. En l'absence de normes de lecture des
installer correctement les blessés.
clichés, la précision de diagnostic doit être reconnue
ou entreprise par différents praticiens. C'est pour quoi
La réussite de la radiographie repose sur la
dans cette étude le choix des critères a été à la fois très
technique par le choix d'une part du format du film
large et souple.
et des paramètres de l'écran et, d'autre part sur la
Rev. CAMES - Série A, Vol. 05, 2007
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Sciences et Médecine
préparation et la position du patient. Dans le cadre
3- CHEVROTA, DHENY S, VALLEE C, GIRES F,WYBER
de la traumatologie les règles, les variantes, les trucs
M et PALLARDY G., 1988. Radiologie du fémur
et astuces conçues par (MOELHER et REIF., 1999) nous
et de la cuisse. Encyl Med Chir (Paris, France)
paraissent d'une grande utilité pour réaliser de bons
radiodiagnostic 1,304440 A10 ,6.
clichés dans le contexte d'urgence. L'utilisation de sac
de farine pour compenser les différences de densité,
4- CHEVROT A, DHENY S, L'HUILIER F, DUPONT AM,
le maintien de la rotation du membre avec des sacs
RICHARD 0
et VALLEE C., 1990.
Explorations
de sables et une ouverture des champs à partir des
d'imagerie de la jambe. Editions techniques. Encyl
articulations sont des règles à observer. (VOLK M
Med Chir (Paris, France) radiodiagnostic 1, 30 410
et al, 2003) conseille une réduction de 50% de la
A10,12.
valeur de l'ampérage. Ce dosage de moitié permet
habituellement en routine d'obtenir une qualité
5- FREYSCHMIDT J.,1982. Possibilities of errors in
d'images cliniquement acceptable.
radiological diagnostics ofskeleton. Rontgenblatter.,
35 (8) : 309 - 422.
CONCLUSION
La qualité de l'image des radiographies standard
6- Mc LAUCHLAN CA, JONES K, GULY HR., 1997.
réalisées
aux
urgences
semble
suffisante
pour
Interpretation of trauma radiographs by junior in
permettre une lecture des lésions. Les incidences mal
accident and emergency departments : a cause for
centrées concernent plus le membre inférieur que le
concern ? J Accid Emerg Med., 14 (5) : 295-298.
membre supérieur.
7- MOELHER T.B, REIF E., 1999. Atlas des techniques
En l'absence de respect de critères stricts de
radiologiques. Maloine (edition , Paris- France).
réussite des radiographies aux urgences, des erreurs
diagnostiques et thérapeutiques restent possibles
8- ROBINSON PJ, WILSON D, CORAL A, MURPHY A,
pour les urgentistes juniors. La nécessité d'un avis du
VEROW P.,1999. Variation between experienced
senior devrait être impérative au même titre que la
observers in the interpretation of accident and
revue systématique au staff de tout cliché réalisé aux
emergency radiographs. Br J Radio.,n (856) : 323-
urgences permettrait dans notre contexte de rattraper
330.
les erreurs éventuelles.
9- VOLK M, PAETZEL C, ANGELE P, SElTZ JS,
BIBLIOGRAPHIE
FUNCHTMEIER B, HENTE R, FEUERBACH
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STROZER M., 2003. Routine skeleton radiography
1- BLERY M, CHAGNON
S et JACQUEMOD
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using a flat-panel detector : Image quality and
1988. Avant bras. Encyl Med Chir (Paris, France)
c1inical acceptance at 50% dose reduction. Invest
radiodiagnostic 1,30330 A10, 14.12.1 2,4p
Radiol., 38 (4) :230-5
2- BLERY M, CHAGNON
S et JACQUEMOD
P.,
1988. Humérus. Encyl Med Chir (Paris, France)
radiodiagnostic 1,30350 A10,6.
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