Sciences et Médecine
Performances techniques et économiques de l'embouche
ovine en exploitation traditionnelle de la région sahélienne
au Burkina Faso

1. B.GNANDA * ,A.J. NIANOGO**,J.S.ZOUNDI ***,J.SOMDA * et S. KOANDA ****
o •
.,
R~SUM~
Un suivi technique et financier des activités d'embouche a pu se faire dans deux villages du Sahel burkinabé: Lelly et
N'diahoye. Auplan technique, le travail a consisté à comparerles performances d'une ration amélioréeà celles des rations
traditionnelles des producteurs de ces deuxvillages. Les aspects financiers ont été abordés à travers un suivide l'évolution

deprix du béliersur les marchés à bétail (marché de Gorgadjipour le village de Lellymarché de Déoupour celuide N'dia-
hoye)
et l'établissement d'une analyse rapprochée entreces prix et les résultats des marges bénéficiaires qui ont étééva-
. luées auprès des ateliers d'embouche au niveaudes exploitations. Les résultats zootechniques mesurés en termedegains
moyens quotidiens (GMQ), ont étéde 99 ± 55 et 127± 55 9 pour la ration amélioréecontre 84 ± 53 et 100 ± 60 9 pour la
ration paysanne respectivement à Lellyet à N'diahoye. Lorsque l'on prend en compte la valeur monétaire de tousles in-
trants alimentaires, il ressort que la ration améliorée rentabilise mieux les activitésd'embouche: en moyenne
2926 f CFA
de marges brutespour la ration améliorée contre en moyenne 774 f CFA pour la ration paysannelorsque l'on considère
les résultats des deuxvillages. Le suivi des marchés à bétail a montré que les animaux qui ont étéachetés avecpou; desti-
nation,un marché terminal de consommation, ont bénéficié des meilleurs prix comparativement à leurs homologues qui
ont servià approvisionnerles marchés secondaires (intermédiaires).
A cause donc de cettedonne, les marges bénéficiaires
obtenues des ateliers de production sesont révélées plus intéressantes à Lellypar le fait que la totalité des béliers achetés
surle marchédeGorgadji ont étédestinés aux marchés terminaux.

Motsclés:Embouche ovine, performances, rentabilité financière, BurkinaFaso
SliMMARY
A technical and financial monitoring of fattening activities has been carried out in rwo villages of Sahelian region of
Burkina Faso:Lellyand N'diahoye. The technicalmonitroring has consisted in doing a comparativestudy of the perfor-
mances from a improveddiet to traditionnel diet offarmerof those two villages. The finandal aspecthad been madebya
studyofthe evolution of the ram's prieeon the livestock markets near the two vil/ages (Gorgadjimàrket for Lellyand Déou
markefor N'diahoye) and the establishment of understanding analysis between thosepriee and margins mesured from
fatttening unities. The zootechnicalresults which had been measured in daily weight gain (DWG) were99 ± 55 and 127±
53qtor improveddiet against84 ± 53 and 100 ± 66 9 peasantonerespectiely in Lellyand N'diahoye.ln N'diahoye village,
the use of fodder of the bestquality had allowed partly bestdaily weight gains. When we consider the monetary valueof
the whole food; the improveddiet ameliorates the finanèial rentability of the fattening : on average 2 926 FCFA ofgross
marginsfor the improveddiet aqainst 774 FCFA for the peasantone on average when we considere the results of the two
villages. The results of livestock market monitoring indicate that the rams buyed to final market (consumption markets),
had benefit from better price than those buyed
to supplysecondary markets. Because of thot situation, beneficiary mar-
ginsestimatedfrom fattening unitiesof farmers, had been more interestingin Lellyvillage by the fact that ail of the rams
who had been buyedin livestock market of Gorgagjiweredestined
to final markets.
keywords
: sheep fattening, performances, financial rentability, BurkinaFaso
INTRODUCTION
économique de l'activité reste mitigée. A propos de ce
La contribution du secteur de l'élevage à l'éco-
dernier aspect, des études antérieures (Abba, 1998; Ly,
nomie du Burkina a été estimée à 8,57 milliards de
1997 ; Traoré et Jôrg, 1996) permettent de retenir les
francs CFA en 1994 (Gesliri, 1996). Ce qui représente
principaux facteurs explicatifs suivants: le faible niveau
plus de 12 % du produit intérieur brut (PIB) et cons-
titue plus du tiers des recettes d'exportation du pays.
Institut de l'Environnementet de Recherches Agricoles (INERA)/CRREA-Sohel,
BPBO Dori Burkina Faso
Malgré cette importance de l'élevage au Burkina, c'est
•• Institut du DéveloppementRural (lDR)/Université Polytechnique de Bobo
une filière dont le développement est limité par beau-
(UPB), BP'09' Bobo, Burkina Faso
••• Institut de l'Environnementet de Recherches Agricoles.(INERA), 04 BP 8645
coup d'entraves. Pour l'embouche, outre les problèmes
Ouagadougou04 Burkina Faso
•••• Projet de Développement des Ressources animales dans le Gourma
techniques de production, la question de la rentabilité
(PDRAG"), Burkina Faso
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03,2005
49

Sciences et Médecine
de technicité des emboucheurs, la très forte variabi-
1.1. ~tude du prix du bélier
lité de la durée des opérations d'embouche (3 mois à
Les quatre localités qui ont abrité cette étude
2 ans, souvent plus), le critère d'âge dan~ le choix des.
sont: Déou, Gorgadji, Gorom-Gorm et Mansila. Le choix
animaux, les possibilités très minces de débouchés, la
de ces quatre localités a tenu compte de la répartition
très forte fluctuation des prix du bétail sur les marchés
géographique et de la typologie des marchés à bétail
tout au long de l'année, le manque de catégorisation
de la région. Ainsi, dans cette région du Burkina Faso,
dans la fixation des prix des animaux. Cependant, on
on distingue essentiellement trois principaux types de
sait que l'activité d'embouche est exercée dans beau-
marché à bétail (Traoré et Jôrg, 1996) :
coup de villages sahéliens et qu'elle intéresse presque
tous les groupes socioprofessionnels de ces villages
- Les marchés de collecte primaire: ils sont rés plus
qui la pratiquent surtout sous forme traditionnelle en
nombreux et sont animés par les producteurs, les
utilisant les ressources localement disponibles (BuId-
propriétaires revendeurs locaux, les intermédiaires et
gen et aL, 1992).Plusieursétudes récentes (Abba, 1998 ;
de façon moins importante, les marchands de courtes
Buldgen et al.,1992 ;Tiendrebéogo, 1993; Zoundi et al,
distances et rarement les marchands de longues dis-
1996) ont été consacrées à l'évaluation et au contrôle
tances.lls ont un rythme de trois jours; ce qui permet
des performances zootechniques et/ou économiques
et facilite l'écoulement des animaux vers d'autres
individuelles des animaux d'embouche soit dans les
marchés d'échanges plus importants (marchés de
ateliers de production, soit sur les marchés d'écoule-
collecte secondaire). Une des caractéristiques impor-
ment. Cependant, peu d'auteurs ont abordé de façon
tantes de ces marchés, c'est qu'ils sont difficilement
. intégrée les données relatives aux conditions de pro-
. accessiblesen saison des pluies. Pendant ces périodes
duction et celles se rapportant aux conditions d'écou-
défavorables, les marchands sont rares sur ces mar-
lement.
chés alors que l'activité reste animée par les proprié-
taires revendeurs locaux. Les marchés de Gorgadji et
.La présente étude analyse, d'une part, quelques
de Mansila appartiennent à ces types de marchés dits
facteurs techniques limitatifs de la promotion de l'ac-
primaires.
tivité d'embouche au niveau villageois du Sahel bur-
kinabé et d'autre part, l'influence de l'environnement
- Lesmarchés de collecte secondaire :dans cestypes de
socio-économique d'écoulement des animaux des zo-
marchés, "offre est importante et est formée à partir
nes de production sur la rentabilité économique de
des apports des propriétaires revendeurs locaux et
cette activité.
de ceux des producteurs. Les acheteurs sont princi-
palement des marchands venant des localités situées
1. MAT~RIElET M~THODES
à moins de 200 km avec pour objectif d'y constituer
Cette étude a été conduite courant l'année 1999
leurs troupeaux de vente; des marchands venant
et a abordé deux aspects:
des régions très éloignées qui, très ponctuellement;
. - un aspect portant sur l'étude du prix du bélier au ni-
y cherchent des animaux pour compléter leurs trou-
veau des marchés locaux d'écoulement des animaux
peaux d'exportation ou encore des collecteurs des
qui a concerné quatre localités du Sahel burkinabé;
. grands marchés de redistribution. Le marché de Déou
- un aspect consacré à l'étude des conditions de pro-
est classé parmi ces types de marchés.
duction où les questions techniques de la conduite
de l'activité d'embouche ainsi que les dépenses con-
- Les marchés de regroupement et de redistribution:
senties dans la mise en place des unités de produc-
Ils sont animés par des marchands de bétail toute ca-
tion ont été appréciées. Cette partie de l'étude a été
tégorie confondue qui y constituent des troupeaux
.traitée dans deux villages sites de production dépen-
pour les représenter sur les autres marchés nationaux
dant étroitement du point de vue de l'écoulement de
(Pouytenga, Kaya, Ouagadougou, Bobo...) et côtiers
leur bétail, de deux dés quatre localités retenues pour·
(Abidjan, Bouaké...). Parmi ces marchands, on rencon-
.l'étude du prix du bélier.
tre des nationaux comme des étrangers. Les proprié-
taires revendeurs locaux et lesintermédiaires (logeurs
Une analyse intégrée a permis, à partir des résul-
courtiers ou encore acheteurs revendeurs) sont plus
tats du suivi des marchés à bétail, de discuter et d'éta-
nombreux sur ces types de marchés. Les producteurs
blir un rapprochement entre la rentabilité, notamment
sont également présents sur ces marchés mais ne
financière des ateliers d'embouche des villages sites de
sont pas très actifs. Le marché de Gorom-Gorom cor-
production et le régime des prix des marchés d'écoule-
respond à cette description de type de marché.
ment où les animaux ont été vendus.
50
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03,2005
-

..~
.Sciences et Médecine
Dans les quatre marchés (Déou, Gorgadji Gorom-
plus utilisés au Sahel,ont été retenus: fanes de niébé
Gorom et Mansila), les conditions d'écoulement des
(32 % des apports en MS) ; pailles de milou du sorgho
animaux ont été étudiées pendant 12 mois (de janvier
. f
(14 % des apports en MS);foin de Schoenefeldia graci-
i
à décembre 1999) en collectant les données suivan-
lis (14 % des apports en MS).Cependant, sur le terrain, il
tes:
n'a pas été possible d'instruire que l'utilisation de seuls
- Relevés des prix de vente ou d'achat des animaux (in- .
types de fourrage au regard des très fortes différences
terviews une foispar mois),
constatées dans les types d'aliments composant 'Ies
- Pesée des animaux (une fois par mois), .
stocks de fourrage constitués par les producteurs. Pour.
- Enregistrement par des interviews des motifs d'achat
les rations paysannes, les quantités et les types d'ali-
des animaux, la destination des sujets achetés pour
ments utilisés ont été laissés à la seule discrétion des
les cas d'achats rentrant dans le.cadre de la commer-
emboucheurs eux-mêmes. Néanmoins, des suivis ont
..
.
cialisation. Par ailleurs, une fonction de régression
pu être effectués une fois par semaine et ont permis
linéaire du prix par le poids vif a été construite suivant
d'établir un inventaire- des différents aliments utilisés
le modèle suivant:
et d'évaluer leur contribution dans les rations appli-
quées ainsi que les quantités moyennes de ces rations.
Prix (f CFA) = a x [poidsvif (kg)] + b;
Pour ce qui est de la distribution dela ration améliorée
(a =effet poids et b =résidu aléatoire)
. qui, d'ailleurs, a été assurée par leséleveurs, seule la
part de concentré (tourteau de coton et son de blé), a
1.2. ~tude de l'embouche paysanne
fait l'objet de quanti1ication.
Les deux villages qui ont permis de réaliser cette
partie technique de l'étude- sont: N'diahoye dans de
Cela a été possible grâce à l'utilisation des instru-
Déou et lelly dans celle de Gorgadji (1igure 1). Dans
ments de mesure volumique telles que les boîtes vides
chacun des deux villages, une comparaison des perfor-
de tomate concentrée. Par contre, pour la composante
mances d'une ration améliorée avec celles des rations
fourrage de cette ration améliorée, il n'a pas été possl- .
traditionnelles des producteurs (lots témoins) a été ini-
ble d'amener les producteurs à apporter aux animaux
tiée.
les mpemes quantités de fourrage nécessaires. C'est
simplement grâce aux suivis hebdomadaires de la
1.2.1.Animaux et mode de conduite
conduite ,alimentaire que l'on a pu apprécier la varia-
Deux lots de 30 béliers (mâles entiers) ont été
bilité des quantités apportées. Par ailleurs, pour facili-
constitués à Lelly, l'un pour la ration améliorée et
ter et permettre aux emboucheurs de se retrouver 'par'
l'autre pour les rations paysannès.A N'diahoye, chacun
rapport à la quantité de concentré à donner à chaque
des deux lots comptait 20 béliers (mâles entiers. Ces
animal par jour, les animaux ont été sériés selon leiir
animaux de race peul avaient un âge qui variait entre
poids de départ, en quatre (4) classes de poids: [25-30[
. 13 et 18 mois. Cette variabilité de l'âge a été prise en
; [30-35[ ; [35-40[; > 40 kg. Ainsi, sur la base d'un poids
compte dans la répartition des animaux entre les lots
moyen de la classe, on a déterminé des quantités stan-
de sorte que dans chaque lot, on y trouve les différents
dard de concentré à apporter à chaque animal de la .
âges.
classe.
1.2.2.Mode d'alimentation
1.2.3~ Mesures pondérales des animaux
Dans chacun des deux villages, une seule et même
Les pesées ont été faites dès la mise en lots des
ration améliorée a été testée en comparaison avçc les
animaux, puis à 30,60 et 80 jours de suivi. Ces pesées
. rations locales des producteurs. Les apports théori-
ont eu lieu les matins, avant la distribution de la nou-
ques pour la ration améliorée ont été 1ixés à 0,64 UF et
velle ration quotidienne.
118 g MAD/kg MS.Ces apports ont été couverts à 51 %
pour l'énergie (UF) et 81 % pour les MAD grâce à un
1.2.4. Analyse financière
mélange de tourteaux de coton et de son de blé dans
L'analyse financière a porté sur la détermination
les proportions respectives de 51 et 49 %. Ce mélange
des marges brutes (MS) par animal et par lot en con-
assurait une couverture de 40 % des besoins en MS des
sidérant les recettes issues de la vente des animaux
animaux qui ont été fixés à 4 % de leur poids vif. Le
comme seul produit et en retenant comme charges de
reste des besoins (60 % pour les MS,49 % pour l'éner-
production, les dépenses réalisées sur l'alimentation
gie et 19 % pour l'azote) était apporté par du fourrage
-~ (concentré, fourrage) et l'achat des animaux. Les prix
localement disponible. Dans la proposition initiale de
d'achat et de vente des animaux qui ont été utilisés
la ration améliorée, trois fourrages supposés être les
pour l'analyse sont ceux déclarés par les embaucheurs.
Rev. CAMES - Série A, Vol. 0:3,2005
51

Lecoût de l'alimentation a été déterminé en seservant
Tabaski le 08 avril 1999). La remontée des prix du kg de
des prix des aliments pratiqués au niveau des marchés
poids vif du bélier pendant la période post-pluvieuse
locaux.
(octobre et novembre) tient du fait que cette période
correspond à celle d'acquisition des animaux maigres
1.3. Analyses statistiques'
pour l'embouche (Nianoqo et al, 1997), Pendant cette
L'analyse de variance a été réalisée à l'aidedu lo-
période, il ya donc une augmentation de la demande
giciel GENSAT et la comparaison des moyennes s'est
due non seulement au besoin local en animaux mai-
faite selon le test t.
.
.
gres des fonctionnaires résidant sur place, mais aussi
à l'importante affluence des commerçants de bétail
Il. R~SULTATS ETDISCUSSION
d'autres régions du pays qui viennent pour non seu-
2. 1. ~tude du prix du bélier
lement constituer des animaux d'embouche destinés
2. J. J; Dynamique mensuelle du prix du bf!Iier sur les
à la Tabaski mais aussi pour collecter dès sujets à re-
marchf!s f!tudif!s
vendre pour lesfestivités de Noêl.Cepèndantcette pé-
riode qui coïncide également avecles récoltes, est une
Figure 1. Evolution du prix moyen du kg vif du bélier au cours de l'annee
1999·

période où les éleveurs vendent moins leurs animaux;
Ainsi, cette baisse de l'offre contribue à faire grimper
550
les prix.
> 500
;450
.'i; 400
2.1.2. Influence des conditions des marchés·
Il: 350
,
d'écoulement sur le prix du Wlier .:
300
Les Tableaux 1 et i qui rapportent la synthèse des' '
250
résultats du prix du bélier sur les marchés enquêtés,
M
A
M
~
~
. A
S
0
. N
D
montrent bien que ce prix a été influencé par lesmotifs
MJis
[-=P;;;-;;;;;y;;;,
d'achat et la typologie des marchés de destination des
du béüe~!
sujets achetés. Les béliersachetés pour être acheminés
Le prix a été plus intéressant durant les trois pre-
verslesmarchés terminaux (Ouagadougou, Bobo, Abi-
miers mois de l'année (Figure 1). A l'issue de ces trois
djan...) ont bénéficié des prix plus intéressantsà l'achat.
premiers mois, le prix a connu une baisse notable en
Une des raisons est que lesanimaux destinésaux mar-
particulier. durant la saison hivernale pour ne remon-
chés terminaux sont sélectionnés par lescommerçants
ter léqèrerrient que pendant le mois d'octobre et de
en fonction de leur capacité à résister aux conditions
novembre. Les résultats plus intéressants enregistrés
de transport. Par conséquent, leur préférence va aux
au cours trois premiers mois de l'année s'expliquent
animaux en bonne conformation qui reçoivent les
par le fait que c'est dans cette période de l'année que
meilleurs prix. Bien d'autres facteurs identifiés ont été
.. se sont déroulés les préparatifs des grandes fêtes reli-
également indexés dans les travaux antérieurs. Ai
gieuses musulmanes (Ramadan le 30 janvier 1999 et
Ariza-ninô et al.(1981) ont montré de façon théorique
Tableau 1 : Influence de la typologie des marchés de destination sur Je prix du kg de poids vif des béliers au cours de l'année 1999
,
-
Marchés suivis
Marchés de destination et typologie
Prix (fCFA) du kg des béliers achetés
Marchés
Typologie
en direction de ces marchés (u±ET)
Djibo (72,73 %)
Marché de regroupement et de redistribution
502±93 a
Déou
Abidjan (12,72%)
Marché terminal 1
.
583±72 b
Ouagadougou (14,55 %)
Marché terminal
567±52 b
Gorgadji
Abidjan (86,84 %)
Marché terminal
552±82 a
Ouagadougou (13,16 %)
Marché terminal
617±47 a
Déou (07,02 %)
Marché de collecte secondaire
395±24a
Ouagadougou (61,40 % )
Marché terminal
491±90 b
Gorom,Gorom Abidjan (05,26 %)
Marché terminal
622±49 cb
Bobo (10,53 %)
Marché terminal
473±51 b
.Tasmakatt (05,26 %)
Marché de collecte secondaire
347±97 a
Pouytenga (10,53 %)
Marché de regroupement et de redistribution
495±86 b
Pouytenga (81,48 %)
Marché de regroupement et de redistribution
537149 a
Mansila'
Ouagadougou (07,41 %)
Marché terminal
691±33 b
Fada Gounna (11,11 %)
Marché de regroupement et de redistribution
664±113 ab
-
NB: (x) irrdioue le pourun/age lÛS aninlOux ade/es en direction du morell; en que$hon
rj: marclleoù l'unimal quine le cin:uitde bétail pour celui de la viamie
. -
Par marcllé à bêtai/sui.,,:. les prix d'aclwt indexés par des lettres difJi'rentes d!f1èrent sign!licatiliement uu seuil de 5%
52
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03, 2005

Sciences et MédeCine
que les facteurs tels que le-volume de la liquidité des-
Toutefois, il a été noté dans cette étude que les
tinée à l'achat et l'étatde l'animal influençaient lesprix
prix de vente ou d'achat des animaux sont restés si-
du bétail. De même, il apparaît que la structure des prix
, gnificativement corrélés aux poids vifs de ces derniers.
de bétail dépend en partie des types d'acheteurs ac-
L'équation de régression établie à cet effet se présente
tifs sur le marché (Staatz, '979). Les animaux pouvant
comme suit:
être utilisés pour plusieurs buts, les prix servent à les
allouer dans leurs utilisations alternatives: commercia-
Prix (f CFA) =6",57 x [poids vif (kg) )] - 38 ;
lisation, boucherie, reproduction, trait etc. Ce qui expli-
(R2= 0,60 avec n = 200)
que en partie les résultats du Tableau 2. Globalement,
les animaux achetés dans le cadre de la commercia-
2.2. ~tude de l'embouche paysanne
lisation subissent donc une sélection et reçoivent un
2.2.1. Conduite del'alimentation
prix plus intéressant. Ceux de la boucherie locale font
Aussi bien à Lelly comme à N'diahoye, seuls les ani-
également l'objet d'un certain choix visant à offrir aux
maux soumis à la ration améliorée ont bénéficié d'une
consommateurs de la viande d'une certaine qualité eu
distribution individuelle de leurs aliments notamment
égard surtout qu'au Sahel,la grillade est une pratique
la fraction concentrée, les autres animaux ont été plu-
assez développée. Ce qui peut justifier le niveau des
tôt alimentés de façon collective.
prix sur ces sujets. Par contre, les animaux achetés pour
Tableau 2 : Prix moyen du kg de poids vif (PV) du bélier suivant les motifs d'achat et la typologie du marché de destination
Intitulé
Prix (fCFA) du kg vif(~±ET)
Représentativité
Par classe (%)
Totale (%)
Prix du kg vif du bélier acheté dans un but commercial
538±97 a
84,3
Prix du kg vif du bélier acheté pour être embouché
372±104 b
9,5
100
Prix du kg vif du bélier acheté pour un abattage local
466±179 a
,6,2
Prix du kg vif du bélier destiné à un marché terminal
575±71 a
56
100
Prix du kg vif du bélier destiné à un marché secondaire
491±112 a
44
-
NB : Par motif d'achat et par type de marché de destination des animaux achetés, les prix d'achat indexés par des lettres différentes significativement au seuil de j %
l'embouche sont en général des animaux maigres qui
Pour ce qui est de la quantité de fourrage appor-
ne présentent pas une valeur marchande à prendre ou
tée aux animaux recevant la ration améliorée, elle a
à laisser. Nyaribo et al. (1996), relèvent également l'im-
varié entre 0,8 et ',2 kg de matière sèche (MS) pour
portance de l'apparence, de la robe des cornes et de
tous fourrages confondus. Lesrations paysannes distri-
l'âge dans la formation des prix du bétail.
buées quotidiennement ont été évaluées entre ',86 et
2,72 kg de MS par animal en fonction des producteurs
avec des proportions de concentré (son
Tableau 3 : Nature et contribution des différents aliments utilisés dans les rations
local et sous produits agro-industriels)
paysannes des deux sites
, qui ont varié en moyenne entre 27 et 30
% de ces rations (Tableau 3).
Contribution (%)'
Aliments
Lelly
N'diahoye
Parmi les types de fourrage qui ont
Paille de sorgho
36,72
0
été utilisés dans le rationnement des
Sonlocal
23,67
27,30
animaux, ceux utilisés à N'diahoye, com-
Fanes d'arachide
14,20
0
prenaient une proportion plus impor-
Fanes de niébé
10,18
23,77
Glumes de sorgho
04,92
0
tant d'aliments de qualité comparative-
Foin(graminées 1 et iègumineuses <)
06,43
18,91
ment à ceux utilisés à LeUy. En effet, plus
Feuilles vertes de Pterocarpus lucens
0
19,59
de 45 % de fourrage utilisés à N'diahoye
Julbes de nenuphars
"
0
07,63
étaient constitués de légumineuses (fa-
Sous Produits Agro-Industriels (SPAIJ)
03,88
02,80
nes de niébé, feuilles de Pterocarpus lu-
Tous aliments confondus
100
100
cens,Alysicarpus ovalifolius) reconnues
pour leur qualité nutritive (Tableaux 3 et
NB : t!) : graminées: Schoenefeldta gracili .. Panicum taetum
ri: Légumineuses: Alysicorpus oval/folius
4). Par contre, à LeUy, ce type de fourrage
(1: SPAI: Toul1eaux de Calan;Sonde blé cubé
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03,-2005
53

Sciences et Médecine
n'a participé qu'environ 25 % dans l'alimentation des
d'autres travaux, les résultats de la présente étude res-
animaux.
tent limités. En effet, Nianogo et al. (1997) ont pu rap-
porter auprès de certains emboucheurs spécialisés de
Tableau" : composition chimique desaliments utilisés selon la table de
Pouytenga, des GMQ de 140 à 147 g/jour en 70 jours
Rivière (1991 )
.
de suivi sur les animaux dé même race que celle de la
présente étude mais avec des rations qui étaient pro-
.. '[-~--'~,~1S-- ... ... MXOr---UFlkgMS--
] Aliments
pres à chaque éleveur. Les auteurs ont cependant no-
1
(%)
.(%)
i
Paille de sorgho
i
77,4
O.
i
0,30
tifié que les rations utilisées par les emboucheurs de
! Sonlocal
i
92,3
9
0,86, .
Pouytenga étaient excédentaires en azote et limitées
i
Fanes d'arachide
!
89,8
3,4
0,30
en énergie.
1
Fanes de niébé
1
89
9,2
0,60
!~~~l~~~Z~~~h~- ·t-~;5~i:~.~~_!1~·=L=·-=-:=~fL:-:--
2.2.3. ivaluation financière des activités d'em-
·i S~hiJ.e~efi!J.dia_g!!!.c.~is.I __·__gL __....._2_·_i____ 0}2__~_
bouche
~,t:u~{~:[~~-i:-re()'iUS---+---~H-· ------?f9~1------~~~~·----
Malgré le fait que les animaux des deux villages
i
aient été vendus à la même période (fin mars-début
Pterocarpus lucens
1
1
!-- 'Bulbësdenen~pha~-~·:I------I1.d---
'--n~d-:---i=-'------n:d:--'-­
L ••..
avril 1999), les marges financières par animal ont été
;~-Tourteaûx'de coton--' -i~---9C8- ---- -~-35TT --------o~8i--·--
plus intéressantes pour le village de Lelly aussi bien
! Sonde blécubé
88,9
Il,8:
0,80
1
pour la ration améliorée que pour la ration paysanne:
NB: n.d. . nondùI10nih!('
4536 et 3 285 FCFA à Lelly contre 1 325 et -1 737 FCFA
à N'diahoye pour respectivement la ration améliorée et
2.2.2. Influence de la ration sur les gains moyens
la ration paysanne. En effet, il a été montré dans la par-
quotidiens (GMQ) des animaux d'embouche
tie concernant l'étude du prix bu bélier que le marché
Quel que soit le village, la ration améliorée a offert
de Gorgadji où ont été vendus les animaux de LeIly, a
les meilleurs résultats en terme de gains de poids (Ta-
enregistré les meilleurs prix comparativement à ceux
bleau 5).
du marché de Déou où ont été vendus les animaux de .
Tahleau 5: Dispositifexpérimental dusuivi technique de l'activité d'embouche
N'diahoye. Cette situation s'est jus-
·
.
tifiée par le fait que dans le marché
Variations
Variations de
Effectifs des animaux
Poids moyens des
de Gorgadji, la quasi-totalité des
-
~
.~-
achats commerciaux s'est faite en
1
des effectifs
l'âgedes
suivis par régime
animaux par régime
Village.
des animaux
animaux
d'alimentation
alimentaire (kg)
direction des marchés terminaux de
L
:
consommation (les 87% en direc-
'.
"
dans les
embouchés
Rations
Rations
Rations
Rations
'".,
.
tion d'Abidjan et les 13% en direc-
" ..
ateliers
1
(mois)
améliorées 1paysannes
améliorées 1 paysannes
1
tion de Ouagadougou). Or, le (ours
1 Lelly
i
2-10
14-18
30
30
35,519,8
34,0±8,4
1
. N'diahoye i
2·6
du marché de Déou a été influencé
1
13-18
L
20
20
32,0±8,3
28,0±5,8
par la présence du marché de Djibo
·'.,. _.p~r. ailleurs,il ressort que la croissance desanimaux
qui est un important marché de collecte secondaire et
de. N'diahoye a été dans l'ensemble plus performante
de redistribution vers qui les 73 % des sujets achetés à
qu~ celle des animaux de Lelly. Ce qui pourrait s'expli-
Déou ont été acheminés. Alors que comme l'ont prou-
quet, parl'utilisation en proportion plus importante
vé les résultats d'enquêtes de marchés (Tableau 1),les
des légumineuses comme fourrage dans le rationne-
prix d'achat des animaux ont été plus intéressants lors-
ment des animaux (Tableau 4).
que ces derniers étaient achetés pour être acheminés
vers un marché terminal que vers un marché intermé-
·
.'.:,
,;; Les résultats obtenus dans les deux villages sont
diaire.
.
rnellleurs à ceux rapportés au Sénégal (Buldgen et al.,
1992) sur les' animaux de race peul-peul embouchés
Sur cette question de la rentabilité économique de
enstabulatlon libre en station d'une part, et d'autre
l'embouche ovine, la littérature montre que de nom-
par! en-milieu réel (66 à 83 g/jour). Toutefois, ils sont
breuses études y ont été consacrées avec des résultats
comparables à ceux obtenus par (Bourzat et al., 1987)
très variés. Ainsi, à l'issue d'une conduite améliorée,
qui. ont varié de 86 à 126 g/jour.lls sont égal~ment èn
Tiendrebéogo (1993) a enregistré sur des animaux de
concordance avec les résultats de (Thys,1989) qui a en-
même race, des marges bénéficiaires de 2 500 à 5 200
reqistré grâce.à l'utilisation des coques de graines de
f CFA par animal et en fonction des lots. Un suivi d'ate-
coton, un ~MQ de 122,4 g /jour en 75 jours de mesure
liers d'embouche paysanne ayant utilisés également
sur les moutons Poulfouli. Cependant, par rapport à
des béliers de race peul, a permis de dégager des mar-
~4
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03, 2005

.",."
'Sciences et Médecine
Tableau 6 : Influence de la ration sur les gains moyens quotidiens (GMQ) des animaux embouchés
GMQ à Lelly(ldET)
GMQ à N'diahoye (Il±ET)
Paramètres
Ration
Ration paysanne Ration améliorée
Ration paysanne
améliorée
Poids départ (kg) 35,5 ± 9,8a
34,0 ± 8,4 a
32,0± 8,3 a
28,0± 5,8 a
Poids final (kg)
44,0± 7,8 a
40,7± 8,8 a
42,1 ± 8,5 a
36,0± 7,4 b
GMQ(g)
99 ± 55 a
84±53 a
127 ± 55 a
100±66 a
NB.' Pourchaque"ji/age, les moyennes par parairètresfigurant sur la mêmeligneet portantles même.' lettresne sont pas significutivement différentes au sel/ilde 5%
ges brutes variant de 1 882 à 3 739 f CFA par animal
BIBLIOGRAPHIE
embouché (Nianogo et al., 1997). Des marges brutes
de 2 300 à 2 700 f CFA par tête ont été enregistrées
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sur des moutons Djallonkés type Mossi et du Sud du
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, CONCLUSION
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Au cours de l'année 1999, le prix du bélier au Sahel
Volta Tome 1'). CRED (Université ,de Michigan), Lansing,
burkinabé a été influencé par le mois et la saison de
52 p.
l'année, les raisons d'achat et la typologie des marchés"
3. BOURZAT D., BONKOUNGOU E., RICHARD D., SANFO R.,
de destination des sujets achetés. Il ressort également
1987. Essais d'intensification de la production animale
de l'étude que la rentabilité financière de l'embouche
en zone Sahélo-Soudanienne : alimentation intensive de
paysanne est restée presque entièrement dépendante
jeunes ovins dans le nord du Burkina. Elev.Méd. Vét. pays
des conditions des prix du bélier sur les marchés 10-'
trop., 40 : 151-54
caux qui environnent les sites de production.
4. BUlDGEN A., DETIMMERMAN F.,PIRAUX M., COMPÈRE
R., 1992. Les techniques d'embouche de moutons en
Par ailleurs, l'étude a démontré que lorsque l'on
région Soudano-Sahélienne Sénégalaise. Elev. Méd. Vét.
prend en compte la valeur monétaire de tous les in- ,
pays trop, 45 : 321-28
trants, les rations améliorées paraissent plus indiquées
pourgarantir lesmeilleures performances aux animaux
5. GESLIN J. D., '996. Un grand projet de couloir Soudano-
Guinien enquête de financement. Afrique Agriculture,
notamment pour ce qui est de la rentabilité financière
242-Elevage : 19-23
des activités d'embouche. De même, l'etude de marché
à démontré que cette rentabilité financière peut éga-
6.lY c., 1997. Le mouton de Tabaski à Dakar. Facteurs expli-
Iement être améliorée en s'appuyant sur une bonne
catifs du prix de vente.Tropicultura, 15: 105-08
maîtrise des opportunités qu'offrent certains marchés
, 7. NIANOGO A. J., OUÉDRAOGO O., DEUSON R., GNOU~ ,
en matière de prix plus intéressants. Ce qui demande
MOU B., NASSA S., KABORÉ D., 1997. Ëtude des sys-'.
une bonne organisation des producteurs pour exploi-
tèmes d'embouche commerciale dans la région de',.,.
ter de façon stratégique ces opportunités. Pour leur
Pouytenga (Burkina Faso) ln : Actes de colloque de Déve-
utilisation optimale au plan technique, les rations amé-
loppement des filières petits ruminants en régions chau-
liorées ont besoin à ce qu'il y ait un étalonnage entre
des: le rôle des organisations d'éleveurs. UCARDEC/Of~> "
les quantités recommandées et les instruments locaux
fice de l'Elevage et des Pâturages, Djerba, pp 121-27
de mesure afin de permettre aux producteurs, d'assu-
8. NYARIBO F., ZOUNDI J. S., KABORÉ D., 1996. Livestock
rer un meilleur contrôle du distribué.
..-
production Perceied trends in resources conditions and
expectations for the future in Donsin : A focus group sur-
L'étude semble montrer que pour le processus de
vey anlysis. Agricultural economies, 99-1
vulgarisation des rations améliorées, il est souhaitable
qu'il y ait plusieurs offres de rations afin de permettre
9. RIVIÈRE R., 1991. Alimentation des ruminants domesti-
à chaque producteur de pouvoir choisir sa ration en
ques en milieu tropical. Institut d'élevage et de médecine
fonction de la composition de son stock fourrager.
vétérinaire des pays tropicaux (IEMVT),Paris,529 p.'
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