Sciences et Médecine
Pr~duct!vité du maïs (Zea mars L.) assoclé au karité
.
(Vltellar,a paradoxa Gaertn.) élans un systeme agroforestler
G.ZOMBOUDRE1,G.ZOMBRE1, M. B.OUEDRAOGQ1, S.GUINKO et H.MAC~ULEY2.
RESUME
Le comportementd'une culturede maïs ensituation de sécheresse a étéétudiédans un parc à karité.Trois zones dela sur-
face sous influence de l'ombragede chacune des deux formes de houppierde
ce parc (boule et balai) ontété comparées à
la zonesituée horshouppier. La teneuren
ea~ et la fertilité du sol, le taux d'assimilation chlorophyllienne, la croissance et
la productivité du maïsont été évalués dansces zones. Les précipitations sont plus élevées sous le houppier en balai que
sous le houppieren boule. La teneurpondérale eneaudu sols'est révélée par contreplus élevée sous le houppieren boule
aussi bien enaoût qu'en septembre, à cause del'importance de l'ombrage contribuant à réduire la transpiration des cul-

tures sous-jacentes et l'évaporation du sol. Les sols sont restés plus fertiles sous les houppiers qu'en dehors du houppier.
Laréduction de croissance du maïssous les houppiers, par rapport à la zone hors houppier,seraitdue à l'effet négatif de
l'ombrage. L'effet estplus excessif au voisinage des houppiers en boule que sous
et près des houppiers en balai. Le taux
d'assimilation estplus élevé dans les zones horshouppier. Laproduction du maïs, tant en grain qu'en tige et en épis, a été
statistiquementplus élevée hors du houppierque sous le houppier. Elle est relativement plus élevée sous le houppier en
balai quesous le houppier en boule.
.
Mots clés:Karité, maïs, sécheresse, interaction arbre-culture, croissance, productivité,
SUMMARY
Hydrous relationsand productivity of thecultures in a traditionel agroforestiersystem:case ofmaize(Zea maysL.) asso-

. ciated the shea tree(viteûaria paradoxa Gaertn.) in the zoneis of BurkinaFaso.
This study was conductedon the behaviourofcorn cultivated in a forestpark of shea butter tree. The surface under the
influence of shading orthe two forms of canopy of this species, termed bail and brush were compared with the zone
located outside the shade of the canopy. Soil water content, fertility and deficit, growth and productivity of corn were

evaluatedin these zones. Rainfallwas higherunder the brush canopy than under the bail canopy. The soil water content
appeared
to behigher under the bail canopythan the brushcanopyin Augustand September, because ofthe importance .
of the shading due to the bail canopy, which contributes to reducing transpiration of the crop and evaporation ofwater
from the soil. Soil watet matrix potential variationwas higher both under the brusncanopy and outside the shadeof the

canopy. The soil was found to be more fertile under the canopy than outside the canopy. Grain and ear yield as weil as
stem biomass wererelatively higher. under the brushcanopy thon the bail canopy. Howeverthey werelower under than
outside the canopy.

Key words: Shea butter tree, corn, interactiontree-crop, growth, productivity,
INTRODUCTION
demeurés de type traditionnel et itinérant, basés sur
l'exploitation des ressources naturelles (SOME, 1989).
Au Burkina Faso, l'agriculture est largement domi-
née par les cultures pluviales dont les plus importantes
Cette agriculture itinérante, très consommatrice
.en production restent le sorgho, le mil et le maïs.Selon
d'espace, évolue dans un contexte de faible niveau de
les estimations de 'la EA.O (2000), près de 2,9 millions
fertilité des sols et de climat très défavorable caracté-
d'hectares sont mis en culture chaque année au Bur-
risé par l'insuffisance et la mauvaise répartition spatio-
kina.le maïs occupe 8 à 9% de cette superficie et re-
temporelle des pluies. De nos jours avec la persistance
présente 14% de la production nationale.
de la sécheresse, les rendements des cultures E1l: parti-
culièrement ceux du maïs ont tendance à se plafonner
Jadis effectuée autour des cases où elle bénéficie
et dépassent rarement 0,7 à 1 tonne/ha en milieu pay-
de la matière organique provenant des ordures mé-
nagères et des déjections du petit bétail, la culture du
1-Universitéde Ouagadougou,UFR-SVT BP7011
maïs est pratiquée actuellement en plein champ. Dans
1- CERAAS, Thies Escale SENEGAL
ce milieu de production, où il n'y a pratiquement pas
Auteur principal: GérardZOMBRE, Universitéde Ouagadougou,UFRlSVT03 BP
7011OUAGADOUGOU 03 Burkina Faso
d'apport de fertilisation, les systèmes agricoles sont
Tél.: (116) 76 6538 14.e-mail:g.zombre@univ-ouaga.bf
Rev. CAMES - Série Ai Vol. 03,2005 '
19

Sciences et Médecine
rangement spatial aléatoire (SINCLAIR, 1999; BOFFA,
Lè climat de la zone d'étude est de type nord-souda-
2000). L'avantage de l'intégration de l'arbre dans les
nien et comprend deux saisons principales: une saison
systèmes de production a été souligné par plusieurs
sèche d'octobre àmai et une saison pluvieuse de juin à
auteurs (MAIGA, 1987 ; NYBERG et HOGBERG, 1995 ;
septembre avec une pluviométrie moyenne en année
BOFFA, 1995,2000; JONSSON et al., 1999).
normale variant de 850 mm à 1050 mm et en année de
sécheresse entre 550 mm et 850 mm. La distribution
Par contre, les effets de l'arbre sur les cultures en
des pluies est de nature uni modale (SIVAKUMAR et
association semblent contradictoires.
GNOUMOU, 1987).
Dans la zone d'influence de l'arbre, les rendements
des cultures sont tantôt meilleurs (YOUNG, 1986 ; DIA-
Les sols de la zone d'étude sont de type ferrugi-
KITE, 1995) et tantôt réduits (MAIGA, 1987; KESSLER,
neux tropicaux lessivés indurés peu profond (INERA,
1992 ; BOFFA, 1995). Dans ce dernier cas de figure, la
1993). La fraction granulométrique est dominée' par
compétition entre' l'arbre et la culture pour l'utilisation
le limon en surface (52%) et en profondeur (33%). Les
de \\'èau et de la lumière a été souvent mise en cause.
fractions de sable et d'argile sont respectivement de
27% et 21 % en surface et de 50,5% et 16,6% en profon-
La compétition pour l'eau se manifeste générale-
deur. Le sol présente une carence moyenne en Potas-
ment en début de saison, lorsqu'une partie des pluies,
sium (1639 ppm) et en Phosphore (302 ppm).
est interceptée par le houppier. La quantité d'eau qui
atteint le sol situé sous houppier peut s'avérer insuf-
Le matériel végétal est composé des pieds de ka-
fisante du fait qu'ensemble, l'arbre et la culture sous-
rité dont les ports sont en boule et en balai (planche 1)
jacente, absorbent plus d'eau que la composante cul-
et d'une variété de maïs de 90 jours de cycle, commu-
turale unique (BOFFA, 2000).
nément appelée KPB (Kamboinsé Précoce Blanç).
Dans les zones à pluviométrie irrégulière, cette in-
suffisance d'eau sous le couvert des arbres. peut per-
sister une bonne partie de la saison des pluies. Mais, à
mesure que la saison avance,les sites arborés tendent à
devenir plus humides que les zones découvertes à cau-
se de l'effet d'ombrage (JONSSON, 1995 ; BOFFA, 2000).
Cette hurnldité accrue des sites arborés en milieu de
saison ne semble pas se justifier totalement (DIAKITE,
1995).En casde sécheresse, les horizons superficiels du
sol sous le couvert arboré s'assèchent progressivement
et de manière uniforme (BOFFA, 2000). Ainsi, au cours
d'une saison de végétation, l'alimentation en eau des
cultures dans un site arboré sera bonne ou déficitaire
selon l'importance et la distribution des précipitations.

Le présent travail a pour but de mieux comprendre
le comportement d'une culture en situation de con-
trainte hydrique naturelle dans une formation végé-
tale, d'évaluer dans cette formation végétale, la teneur
en eau du sol, le niveau du stress hydrique du maïs et sa
. productivité selon le port de l'arbre dans la zone d'in-
fluence de l'ombrage du houppier.
1. MAT~RIEL ET M~THODES
1.1. Le site d'étude
La formation végétale étudiée est un parc à karité.
Planche'. Formes de houppier retenues pour l'étude (Bouleet Balai)
:lIe couvre une superficie de 1 ha et est localisée à l'in-
térieur de la station de recherche agricole de Kouaré
1.2. Mise en place de la culture
dans la province du Gourma. La station de Kouaré est
Lestravaux de terrain ont consisté à réaliser Un la-
située à 305m d'altitude et s'inscrit en parallèle entre·
bourà plat suivi du hersage au tracteur dès le début'
12°5'N et 11°55'S et en méridien entre 0°10' et 0025'W.
du mois de juillet, date à laquelle les premières pluies
20
Rev.'CAMES- Série A, Vol. 03,2005·,

Sciences et Médecine
sonttombées. Lessemis se sontdéroulés dans le même
mois (11 et 12 juillet) à des écartement de OAOm entre
.les poquets et 0.80m entre les lignes. Deux sarclages
ont été effectués, le premier étant intervenu au mo-
ment du démariage et le second 15 jours plu tard. La
récolte est intervenue dans la première quinzaine du
mois d'octobre.
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1.3.le Dispositif expérimental
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(I}.M v 1/11) pllID
La formation végétale de l'aire étudiée est domi-
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1'1l....... l'hml~idl....
t
i
IR
~H
née par le karité. Elle couvre une superficie del ha avec
un effectif de 33 pieds de karité. Les arbres voisins et
IR
· distants de moins de Sm représentent 42% des pieds
et leur houppier est presque fusionné. 58% des arbres
.m.m_
IFJiIIfXTiT!'li.!i ~Wl,'i'f' ,""lj'
sont suffisamment dispersés sur l'aire d'étude et l'es-
h M 'fUj!iif@j1W.ctrnrIl$1W,m,iIJ.<mi11l1\\lt
pacement entre deux arbres voisins varie de 15 à 20m.
Figure 1 : Dispositif expériental
Le port du houppier est du type balai chez 60% des
karités et le volume du houppier est compris entre 26
Z,: zonehors houppier (cultureen permanence au soleil) .
et 116m3. Parmi les karités à port en boule, seulement
Zl: zonesous houppier (culture enpermanence à l'omBre)
30% des pieds ont un volume de houppier compris en-
Z3:zone intermédiaire 7 (culture au soleil le matin et à l'ombre
· tre 200 et 500m3. Selon DIAKITE(1995) ce peuplement
dans l'après-midi)
· pourrait être jeune car la totalité des karités présente
Z4:zoneintermédiaire 2 ( culture à l'ombre lé matin et au soleil
un houppier de faible volume (inférieur à 500m3). Les
dans l'après-midi).
- .
caractéristiques des 08 sujets retenus pour la présente
étude sont regroupées dans le tableau 1. Un inventaire
Pour une meilleure influence de l'ombrage du
r ........I; CllA<tâilliquct~o&iq- _
dOl'" choia. ,_1· .....
houppier sur la culture, .ces distances ont été rame-
...
. CIr<--'du
_4"
~
H_lië
V_du
nées à R/2 pour la zone Z2 età 2R 'pour les zones Zl,
""'.. _.lJll..tml ......_ .... ......1iO'J ....- 011 t.w- f/Ih
Z3 et Z4.
r-
lOS
9.7
. 74.
4.l
21/)

1S7
9.6
7)
S,9
289

III
10.4
U
M
)1)
Chaque placette, de dimensions 4m xSm.aété di-

177
9.4
.1ll
'.4
m
visée entrois sous-placettesiuriesous-placette centra-
2-
lOS
S.\\
S3
4.S
9d
le/de 2 x3m, pour la mesure dé la biomasse aérienne
l -
...
UO
1.'
H
la
du maïs et deux sous-placettes latérales; l'urie de 0,5 x
6-
UO
1.4
44
'.0
an
,-
124
8,)
3m, utilisée pour déterminer lè potentiel hydrique du
·u
U
Il'
MO]'OIIl!l
132'
maïs et l'autre, de 1,5 x 3in, pOur l'étude de l'humidité
"S
62
SA
ltJ
• ua
'air. •-llEiIt
Ill!( ail hœtIIilf!ll
D'!e 1II . . . .1II11ü
du sol. La position de l'une et l'autre des sous-placettes
• _.0.
latérales par rapport àla sous-placette centrale a été
suivi de mensurations des arbres présents a été réalisé
déterminée au hasard.' '.. ..
avant le démarrage de la campagne. Les résultats de
cet inventaire ont-permis d'opérer un choix au hasard
Il. lES METHODES DE MESURE
de 8 pieds de Karité dispersés à l'intérieur du parc et
Les mesures prises sur les karités de la zone étu-
· suffisamment distants les uns des autres de façon à ce
diée comprennent: la circonférence
que l'ombre projetée des houppiers ne se recoupe pas.
à 1,30m de hau-
teur ou
Les 8 pieds de karité sont composés de 4 pieds avec
à hauteur de poitrine à l'aide d'un mètre ruban
un port en boule et de 4 autres avec un port en balai.
(GOUNOT 1969) ; la hauteur totale, la hauteur du fût
Parmi les deux ports, chaque pied a été considéré com-
et la hauteur du houppier, mesurées avec une perche
me une répétition, et fait partie d'une parcelle dont le .
'.télescopique: le diamètre du houppier mesuré avec un
centre est le point central de laprojection verticale du
ruban d~'3·Om. La forme du houppier a été déterminée
houppier au sol. Dans chacune des parcelles, quatre
par observation visuelle et en se référant aux trois ca-
zones d'interaction arbre-culture représentées par des
tégories de port (boule, balai et parasol) décrites par
placettes, ont été délimitées de part et d'autre des ar-
RUYSSEN (1957).
bres, sur les axes est-ouest et nord-sud passant par le
centre de la projection du houppier et à des distances
Le volume du houppier a été calculé à partir de
qui étaient fonction du rayon (R) de cette projection'
deux formules proposées par RONDEUX (1993) suivant
(figure 1).Les zones d'interaction sont les suivantes:
la forme architecturale du houppier:
Rev. CAMES~ Série A, Vol. 03,2005
21

.Sciences et Médecine
- port en boule et fuseau
Les mesures de la hauteur des plants et le comptage
V =4/31t X (diamètre est-ouest) /2 x (diamètre nord-sud)/2 X
du nombre de feuilles apparentes ont été effectués par
(hauteur du houppier) 12
décade, sur Spieds de maïs pris au hasard dans chaque
N.B.:
V =volume du houppier
placette.
.
1t = 3,14
- port en parasol.
Le taux d'assimilation chlorophyllienne a été me-
V =1t/1 0 X (diamètreest-ouest) X (diamètre nord-sud) X (hau-
surée sur des disques foliaires prélevées à l'aide d'un'
teur du houppier)
emporte pièce le matin avant le levée du soleil (S heu-
res) et le soir après le couché du soleil (18 heures) sur
2.1. Analyses des échantillons de sol
la 3e feuille à partir du sommet de la tige (OUEDRAO-
. Des échantillons de sol ont été prélevés à 10 cm
<ïO,2000 ).
de profondeur, dans les sous-placettes de 2 x 3m du.
dispositif expérimental, pour la caractérisation physi-
Le taux d'assimilation exprimé en Jlg/mm2/heure
que et chimique.
a été calculé selon la formule suivante:
T.A =(Ps.s - Ps.m) 1S.D.F 1D,
Les trois échantillons de chaque placette ont été
T.A = taux d'assimilation
mélangés pour former un échantillon composite. Le
Ps.s = Poids sec du soir,
carbone (C) organique a été déterminé par oxydation
Ps.m = Poids sec du matin,
du sol dans une solution aqueuse de bichromate de
S.D.F = surface disquefoliaire,
. potassium et d'acide sulfurique et par titrage avec une
D = durée d'insolation du jour de mesure.
solution de sulfate ferreux (BUNASOL, 1987). L'azote
(N) total a été déterminé par digestion selon la mé-
A la fin ducycle et dans chacune des sous-placet-
thode Kjeldahl :digestion des sols à 4200
te, les variables tels que le nombre d'épis, le poids des
(
en présence'
d'acide sulfurique et d'un catalyseur, suivie d'une dis-
épis, le poids des tiges, le poids des grains et le poids'
tillation et d'un titrage de N.Le phosphore (P)total et le
de 1000 grains ont été mesurées.
potassium (K)total ont été respectivement déterminés
III. R~SULTATS
par la méthode Bray Il par colorimétrie et par spectre-
photométrie.
Les données collectées ont été soumises à une
analyse de variance (ANOVA) à l'aide du logiciel STA-
2.2. Humidité du sol
TITCF version S. Les moyennes ont été comparées par
L'évolution de l'humidité du sol sous le couvert
le test de NEWMAN et KEUILS au seuil de S % (niveau
des deux ports du karité et dans la zone découverte a
de probabilité retenu pour parler d'effet significatif).
été suivie en août et en septembre par la méthode di-
. recte de gravimétrie et la tensiométrie. Par la méthode
3.1. Lesteneurs en éléments nutritifs du sol
directe de gravimétrie, des échantillons de sol ont été
Evaluées dans l'horizon 0-10cm, elles n'ont pas
prélevés dans les sous-placettes de i.sm x 3m, à 30cm
varié significativement en fonction de la forme du
de profondeur, à l'aide d'une tarière. La différence en-
houppier. Elles sont restées un peu plus élevées pour
tre le poids frais et le poids sec,représente la quantité
le houppier en boule que pour celui en balai, excep-
d'eau pondérale et, en la divisant par le poids sec, on
. tées les teneurs en potassium (K) et en phosphore (P).
obtient le pourcentage d'humidité en équivalent du
Les teneurs moyennes en carbone ((), en azote (N) et
poids sec.
en phosphore (P) étaient respectivement de 6,8 g kg-
1 ,0,49 g kg-l, 97,38 mg kg-
au niveau des houppiers
'
La méthode tensiométrique renseigne sur l'état
en boule, contre 6,19 g kq:', 0,46 g kg-' et 111 mg kg-'
du potentiel hydrique du sol. Pour la présente étude,
au niveau des houppiers en balai. Dans les zones d'in-
les tensiomètres ont été installés dans le sol à 30cm de
fluence de l'ombrage de l'arbre les teneurs en éléments
profondeur. Leslectures de potentiel ont été effectuées
nutritifs ont été significativement plus élevées dans Z2
tous les matins pour élimlner les effets thermiques.'
(P< O,OS) située en permanence dans l'ombre, sous les
karités que' dâ~s' Z3, Zl et Z4 situées hors houppier (ta-

0""
2.3. Croissance et productivité
bleau 11). L'analyse des résultats du tableau Il montre
La hauteur des plants a été mesurée à l'aide d'une
que les teneurs en éléments nutritifs dans Z4 bien que
règle graduée au millimètre en prenant la distance en-
légèrement plus élevées, demeurent statistiquement
tre le pied d'ancrage (au niveau du sol) et le sommet
équivalentes à celles de Zl et de Z3.
d'apparition des dernières feuilles pour la phase végé-
tative, et l'extrémité de la panicule après la floraison.
Effet.de l'arbre sur l'eau de pluie et l'humidité du sol.
22
Rev.CAMES - Série A,Vol. 03,2005

Sciences et Médecine
Table'!ôlu Il : Caract!ri stiques chimiques de .'horiz:on 0-10 cm du sol de 1"essai selon le type de houppi el" et les zones d-Înteraction entre 1e Kari~
etleMaïa
Zones d"interaction
variable.
Zl
Z2
Z3
Z4
Moyenne
Houppier m boule
""
Carbone (g kg" :! SI!:)
5.88:1: 1.45
9.83:1: 3.92
5.13 :1:0,92
6.38:1: 1.39
6.80:1: 2.01
MO (%:!SI!:)
I.ln:l: 0.2$
1,70:1: 0.63
0.88:1: 0.1 $
I.IO:!: 0,77
1,18:1:0.36
N-total (g kg" :! SE)
0.44 ±0.05
0.155 ±O,20
0.38 ± 0.07
0,48 ±O.I 0
0.49 ± 0.11
p·total (mg kg'l :! SE)
76.$0:1: 24,$3
140;2$ :!: 23.13
81.jf):!: 1$.61
91.2$:!: 18.14
97.38 ± 18.49
K-total (mg kg"
~ SI!:)
1 j44,7j ± 122.8$
:2$38.2$ ± 6$3.92
1870.7$ ± 218,$
2042,$0 ± 183.91
1999.06 ± 323.81
Houppier en balai
Carbone (g kg"' : SE)
$.6$:1: 0.78
7.1l6 :1:0.98
4, 8$:1: 0,28
CI.ClO:l: 0,40
CI.11l± O.CIO
MO(%~ SE)
0,97:1: 0.17
1.33 ± 0.1$
0.8$ :1:"0.06
1.13:1: 0.0$
1.07:1: 0.11
N·total (g k~-1 : SE)
0.44 ± 0)]$
O." ± 0.06
0.34 ± 0)]3
0.$0 ± 0.03
0.46 ± 0)14
" P-total (mg kg 1 ~ SE)
96,$0 ± 14,62
132,2$ ± 26.87
104,00 ± 13,$2
111,2.$ ± 2$.20
111 ± 18.73
K·total (mg kg" : SE)
1934.$ .± 4Jll,32
217$,2j ± 248.03
179j." ± 364.03
2116.2j ± 462.83
200$.44 ± 342.03
ZI: ZOM hot1lhoupp. (c ....a.. enpsrmanence auaOJ.eO)
Zt: Ecnr SOUS! houpper (Cl:4ture en. pemu&nence ll"omtwe)
Z): zone inLerm.Idi~.l (cult
aUlIIOleO 1. mlldJn et..·l"OIftM.• d8lcl·e.pr69-mt~)
z.: sono ir4 ..m4dioi.. 2e Mt
U·"",bnl. mOlinet _ ...loiI . . . . I· . . . . .micl.;l.
(40e au 50e JAS), à 30cm de profondeur, a 'été de 12%
pour les sols situés sous le houppier en boule,de 11,2%
Pour quantifier le déficit hydrique, l'humidité du sol
pour les sols situés sous le houppier en balai et enfin
a été mesurée ainsi que les précipitations reçues au sol
de 10,6% pour les sols hors houppier.
sousle karité et en dehors du karité, Comme l'indique la
figure 2, les pluies reçues au sol sous le houppier en ba-
En septembre (60e au 70e JAS), avec la diminution
lai entre juillet et octobre sont nettement plus élevées
de la pluviosité, la teneur en eau pondérale dusol a été
que celles reçues hors houppier et sous le houppier en
de 10,7% sous le houppier en boule, de 8,860/0 sous le
boule. Par contre sous le houppier en boule les pluies
houppier en balai et de 7,5% en zone hors houppier
(figure 3), La teneur en eau du sol a moins varié sous
'.Ll)
9:J
le houppiér en boule entre août et septembre et cela
8J
;0

s'est manifesté au niveau de tension de J'eau dont les
! ~~
valeurs sont restées élevées pendant cette même pé-
~ 1O
riode.
";-,.
)J.
1')
10
o-\\--.-~~
~
1
t-
g
~
M
M
M"
;:;
14
Figure 2 : Variation des précipitations moyennes pentàdaires
(mm) relevées pendant l'expérimentation sous houppie
. (Boules et Balai) et hors houppier.
reçues au sol ont été plus faibles qu'en zone décou-
verte. Entre juillet et octobre le cumul pluviométrique
a été de 524,7 mm sous le houppier en balai, 420,5mm
sous le houppier en boule et 475,8 mm hors houppier.
Comparativement à la pluviométrie hors houppier, on
O+----,---.--~---,r--,---,------,
note une réduction moyenne de 12% des pluies sous
30
40
"50
60
70
le houppier en boule et un excédent moyen de 10,3%
Jours Après
sous le houppier en balai. Du point de vue réparti-
Figure 3 : Teneur en eau (%) du sol sous houppier (Boule et
tion, la figure 2 indique également que les pluies ont
" Balai) et hors houppier
. été mal réparties entre juillet et octobre. Elles ont été
abondantes entre la mi-juillet et août et se sont un peu
Les effets de l'arbre sur l'humidité du sol sont tra-
raréfiées en septembre et en octobre.
duits par ('évolution des potentiels matriciels de l'eau
dans le sol. Lesévolutions des tensions à 30cm de pro-
Rev. CAMES - Série A, Vol. 03,2005
23

Sciences et Médecine
fondeur (figure 4) montrent que les variations ont été
b Boule ~- Balai -<>- HorsHouppierl
- plus accentuées pour les sols situés sous le houppier
en balai et hors houppier. En effet avant une pluie, les
200
valeurs extrêmes du potentiel pour ces sols descen-
180
dent souvent en dessous de -30 KPa. Cependant, pour
160
les sols situés sous le houppier en boule, les tensions
'2 140
oscillent autour de -20 KPa.Ceci montre bien que le sol
E 120
:=
sous le houppier en boule est toujours plus humide
2 100
que les sols hors houppier et sous houppier en balai.
~
80
:t:
60
Si l'humidité du sol varie très peu sous le houppier en
boule, cela s'explique en partie par l'importance de
40
l'ombrage qui contribueà réduire la transpiration des
20
. cultures sous-jacentes et l'évaporation du sol. la figure
O+-----.-----r----'---r----r----.
4 montre également que le potentiel hydrique des sols
30
40
50
60
70
situés sous le houppier en balai ne remonte à des va-
Jour après senlis
leurs élevées (-10 KPa) qu'après une pluie ~ 40 mm. Ce
(JAS)
potentiel est rarement atteint au niveau des sols situés
Figure 5 : Evolution de la hauteur(cm)desplants de maïs
hors houppier en raison.de l'importance de l'évapora-
sous houppier (Boule et Balai) et fors houppier
tion du sol et de I~ transpiration des cultures provo-
quée par le rayonnement et le vent.
[ - - . -
1
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J011rs après semis(JAS) .
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Figure' : Evolutipn du nombre
-.-,...,,...,,.
defe~iIIes fo~ées aucours
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de la croissance du maïs soushouppier (Boule et
--+-s...H~ ... ~
Balai) et fors houppier
figure 4: Evolution destensionsde l'eau (KPa) du sol à
feuilles, elle a été significativement plus élevée hors
30 cm de profondeur sous houppier (Boule et
Balai) et fors houppier
houppier (p= 0.0019) que sous le houppier .Les diffé-
rences en nombre de feuilles par plante sont égaie-
3.2. La croissance du maïs
ment significatives (p =0.04) entre le houppier en bou-
les variables concernant la croissance des plan-
le et le houppier en balai. L'excès d'ombrage sous le
tes sont la hauteur des plants et le nombre de feuilles.
houppieren boule explique en partie ces résultats. le
les mesures ont été effectuées par décade et dans les
nombre moyen de feuilles par plante à 60JAS a été de.
zones d'interaction suivant le type de houppier. les
12 dans la zone hors houppier, de 11 sous le houppier
données ont permis de procéder à une analyse de va-
en balai et de 10 sous le houppier en boule. la diffé-
riance et de présenter graphiquement les moyennes
rence des hauteurs et le nombre de feuilles constatée
(figure 5 et 6). On constate que les hauteurs des plants
sous houppier et hors houppier confirme bien que le
à maturité ne diffèrent pas significativement entre les
mais est une plante de lumière.
deux formes de houppier. Par contre dans les zones
d'interaction, elles ont été significativement plus éle-
3.3. Taux d'assimilation chlorophyllienne et
vée en dehors des houppiers (P = 0,0055) que sous les
produdivité du maïs
, houppiers. la hauteur des plants à maturité était en
les taux d'assimilation chlorophyllienne ont été
moyenne de 189cm en dehors du houppier, de 162 cm
évalués à 30, 40, 50 et 60 JAS. les résultats sont por-
sous le houppier en balai et de 143cm sous le houppier
tés sur le tableau 111.11 ne diffère pas significativement
en boule: En ce qui concerne la variable nombre des
entre les deux types de houppier. Par contre, en com-
24
Rev. CAMES- Série A,Vol. 03, 2005

Sclenceset Médecine
parant les taux d'assimilation relevés dans les différen-
Quant au poids des tiges, il a augmenté régulière-
tes zones d'interaction, on constate que le taux rele-
ment dans Zl, Z4 et Z3 avant de décroître dans n. On
. dans Z2 est significativement moins élevé que les
relève que le poids des grains sous houppier en balai
taux relevés dans Zl, Z3 et Z4 aussi bien à 40 JAS (P =
est de 40% supérieur au poids des grains sous houppier
0,003) qu'à 50 et 60 JAS (P < 5%).Dans le tableau III,on .
en boule (153 contre 109 g rn"), C'est également sous
constate que les taux relevés dans les zones d'interac-
ce dernier que le poids des tiges a fortement baissé.
h'.III: i'trlI.';"miI• • ~1l'tfh9'lbIMf{1D'-tIl''"·.-') Il clftft'thCJ"DiJrwlft.l"S 1I!I.ltlqcier6lm.
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IV. DISCUSSIONS
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synthétique comme le cas du carbone (YOUNG,1986).
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Ce niveau de fertilité élevé sous le houppier pourrait
tion augmentent régulièrement depuis le 30ème JAS
également être attribué à une exportation moins im-
jusqu'au 40ème JAS où ils atteignent leur maximum
portante des nutriments par la culture associée dont
(461 x 10-2 I1g mm? ho') avant de décroître vers le 60
la croissance et le rendement se sont révélés moins
JAS (92 x 10-2119 mm? h-1).En comparant les moyennes,
élevés que hors houppier. Nous pensons aussi que les
on remarque également que malgré l'effet d'ombrage
phénomènes de ruissellement des eaux de pluie, sou-
momentané sur Z3 et Z4,leur taux est resté statistique-
vent très réduits sous les arbres pourraient occasion-
ment équivalent au taux de Zl à 40 et 50 JAS. A 60 JAS
ner moins de pertes d'éléments nutritifs et contribuer
le taux moyen relevé dans Zl est par contre plus élevé.
ainsi à creuser davantage l'écart entre ce milieu et les
que les taux moyens de Z3 et Z4.
zones découvertes.
Les résultats du rendement et de ses composan-
En ce qui concerne les précipitations; leur inter-
tes (tableau IV) indiquent que d'une manière générale
ception par les arbres varie en fonction dé leurinten-
les poids des épis, des tiges et des grains sont plus'éle-
sité et de la taille du houppier (BaFFA, 2000). L'inter-
vés dans les zones d'interaction Zl, Z3 et Z4 que dans
ception sera d'autant plus importante que la pluie est
Z2. L'analyse statistique révèle que ces résultats sont
moins violente et le vent plus faible. Au cours de l'essai,
significativement différents dans les zones d'interac-
la quantité de pluie reçue au sol hors houppier a été
tion. Dans le classement des moyennes, Zl présente
augmentée de 10,3% sous le houppier en balai et dimi-
le meilleur rendement en grains (236 g rn") suivi de
nuée de 12% sous le houppier en boule Cette différen-
Z3 (217 g rn") et Z4 (200 g rn") et en dernière position
ce entre les houppiers peut être en partie attribuée à
n (131 g rn"), Le poids des grains obtenu dans Zl est
l'orientation des vents dominants par rapport à la posi-
de 80% supérieur au poids des grains obtenu dans n
tion des pluviomètres ou à la nature des deux types de
(236 contre 131 g m').
houppier. Selon RUYSSEN (1957) le houppier en balai
est généralement plus aéré et plus perméable à l'eau
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que le houppier en boule qui semble beaucoup plus
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compact et moins perméable à l'eau. BALDY et STIG-
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auteurs soulignent que cette distribution de la pluie
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au voisinage des troncs assure une suralimentation lo-
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calisée du sol en eau.
Rev. CAMES - Série A,Vol. 03,2005
2S

Sciences et Médecine
Ce phénomène s'est traduit au cours de l'essai par
élevée à la floraison (40 JAS) et plus faible à la matura-
une nette amélioration de l'humidité du sol sous les
tion (60 JAS). Selon PRIOUL (1984), cette demande en
houppiers qu'en dehors du houppier. L'humidité ac-
phase de reproduction est due à la mise en place de
crue sous les houppiers peut en outre être attribuée
certains organes (tige, spathes, rafles) qui vont servir
à l'effet ombrage qui selon JONSSON (1995) contribue
de réservoirs pour alimenter les épis au cas ou l'appro-
à modérer la température ambiante et à augmenter
visionnement serait défaillant au niveau dés feuilles. La
l'humidité de l'air. Cet effet ombrage permet de ré-
baisse du taux d'assimilation à 60 JAS peut être attri-
1
.
duire l'évaporation du sol et la transpiration des cul-
buée à la contrainte hydrique observée au moment de
tures sous-jacentes.Toutefois, au fur et à mesure que
la maturation et dans ce cas, la plante met à profit ses
les pluies se raréfient, le déficit de pression de vapeur
réservoirs afin d'assurer le remplissage de l'épis.
d'eau augmente et l'humidité du sol sous houppier di-
minue.
Concernant la productivité, les résultats ont révélé
que le poids des grains, le poids des tiges et celui des
L'excès de l'humidité du sol et l'insuffisance de
épis ont été significativement plus élevés dans les zo-
l'éclairement sous houppier ont par ailleurs entraîné
nes hors houppier que sous houppier. Le rendement
un mauvais développement des plants du maïs. La
du maïs a été réduit de 35% sous le port en balai conte
hauteur et le nombre de feuilles par plante ont été re-
54% sous le port en boule. On remarque que malgré
lativement plus élevés en dehors du houppier que sous
l'importance de l'humidité et la fertilité du sol sous les
le houppier. Cet écart entre les deux milieux s'explique
houppiers, la production du maïs est restée bien infé-
en partie par la modération des températures sous
rieure à celle relevée hors houppier. Des observations
l'effet d'ombrage. Selon BONHOMME (1984) l'émission
semblables ont été faites sur une culture de sorgho as-
des feuilles de maïs est beaucoup influencée .par la
sociée au néré etau karité où les rendements avaient
température de l'air et celle du sol. Dans un milieu où
fléchi dans les parcelles sous houppier (MAïGA, 1987,
la température du sol est plus basseque celle de l'air, le
KESSLER,1992). Cesauteurs soulignent que cette dimi-
rythme d'apparition des premières feuilles est très lent.
nution de rendement est fortement corrélée à une di-
Ce rythme estsouventà l'origine de la réduction de la
minution régulière de l'intensité lumineuse constatée
hauteur des plants.
sous les arbres.
• La photosynthèse, facteur primaire de la produc-
CONCLUSION
tion totale en matière végétale, constitue un meilleur
Il ressort de ce travail que la présence du karité
indicateur du fonctionnement hydrique de la plante
dans les parcelles agricoles crée un environnement
au cours d'une sécheresse. Pendant les poches de sé-
agroécologique favorable à la croissance des cultures.
cheresse, le maïs régule ses pertes en eau par la fer-
Sous les karités, bien qu'une partie des précipitations
meture des stomates ou par réduction de ses surfaces
soit interceptée par le houppier.le taux d'humidité du
transpirantes en enroulant ses feuilles (HEMA, 1990).
sol est resté plus élevé dans le temps, par rapport à ce-
Cetteréqulation influe sur la photosynthèse. Selon
lui du sol hors houppier. Cette humidité accrue du sol
ROBELIN (1984) la diminution de la perméabilité aux
sous les houppier a permis de réduire le stresshydrique
gaz de la feuille à la suite de la fermeture des stoma-
du maïs à la maturation des grains, période au cours de
tes freine l'entrée du gaz carbonique et par consé-
laquelle les pluies étaient rares et insuffisantes. L'étude
quent réduit l'activité photosynthétique. Les résultats
a aussi révélé que l'accumulation de la litière sous le
obtenus au cours de cette étude révèlent que le taux
karité a permis d'améliorer le niveau de fertilité des
d'assimilation chlorophyllienne sous le houppier est si-
sols.Cet effet bénéfique sur le sol n'a cependant pas pu
gnificativement moins élevé que le taux hors houppier.
combler les effets négatifs de l'ombrage induits par les
Ce niveau bas du taux d'assimilation constaté sous les
houppiers puisque la croissance et la productivité du
houppiers ne peut être attribué à l'effet d'un déficit hy-
mais sont demeurées moins bonnes sous le karité qu'à
drique car sous les karités,le sol est resté constamment
découvert. L'effet ombrage a contribué également à
humide pendant une bonne partie de la saison.IL peut
réduire l'activité photosynthétique sous les karités.
être dû à l'effet d'ombrage. En effet, selon des auteurs
(KESSLER, 1992 ; BAYALA et al. 2002), la réduction de la
Lorsqu'on analyse les composantes de rendement
production de la matière sèche sous les arbres serait
en relation avec les différents ports du karité, on peut
en partie due à l'insuffisance de la quantité d'éclaire-
affirmer que l'ombrage des houppiers en balai affecte
ment. Au cours de la croissance et du développement
moins à la baisse la croissance et la productivité du
du maïs on constate que la demande d'assimilats se
maïs que celui des houppiers en boule. Dans les zones
modifie sans cesse. Elle se trouve particulièrement plus
sous influènce de l'ombrage le matin ou l'après-midi,
26
Rev. CAMlES - Série'A, Vol. 03,2005

Sciences et Médecine
les rendements ont certes été réduits mais pas de fa-
tique de quelques caractères agrophysiologiques. Thèse
çon significative par rapport à la zone hors houppier.
Doct. Univ. Nat. de Côte d'Ivoire, 151p.
12.INERA, 1993. Caractérisation des stations de recherches
agronomiques de Di, Katchari et Kouaré. Rapport techni-
Danscette étude, nous avons cherché à compren-
que, pp 69-82.
dre le comportement d'une culture de mais en situa-
13.JONSSON K., 1995. Agroforestry in dry savanna areasin
tion de contra inte hydrique naturelle dans une associa-
Africa : interactions between trees, soils and crops. Ph.D.
tion avec le karité .mais, la bonne pluviosité constatée
Dissertation. Swedish Univ. of Agricultural science,Umea,
cette année, a réduit la durée de la contrainte hydrique
Sweden, 92p.
au moment de la floraison et de la maturation du mais
14. JONSSON K.,ONG C.K. and ODONGOS J.C.W., 1999•
.Les résultats que nous avons obtenus l'ont donc été
Influence of scattered nere and karite on microdlmate,
. dans des conditions de sécheresse modérée.
soil fertility and millet yield in Burkina Faso. Expérimental
Agriculture, 35, pp 39-53.
Remerciements
15. KESSLER J.J., 1992. The influence of karité (Vitellaria
Nous exprimons notre sincère reconnaissance au
paradoxal and néré (Parkia biglobosa) trees on sorghum
CERAAS pour nous avoir associés à leur programme de
production in Burkina Faso. Agroforestry systems, 17,pp
recnercbe: nous remercions l'Association des Universités
'97-118.
Africaines (AUA) qui a financé notre équipement et nos
16. MAIGA A., 1987. L'arbre dans les systèmes agrofores-
activitésde recherche.
tiers traditionels dans la province du Bazèga. Influence
du karité, du néré et de Acacia albida sur le sorgho et le
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+ annexes.
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