Sciences et Médecine
Activités antimicrobiennes des extraits aqueux totaux
de Detarium microcarpum [Cesalpinaceae (Gu!!! et Perrj]
sur huit espèces bactériennes impliquées dans certaines
maladies infectieuses au Burkina Faso
B. C. LOUBAKI', A. s. OUATTARA', C. A. T. OUATTARA',
R. OUEDRAOGOffRAORE', A. s. TRAORE'
1. Faculté des sciences et techniques, Centre de recherches en sciences biologiques alimentaires et nutritionnelles, B.P. 7021,
université de Ouagadougou, Burkina Faso. Tél. / Fax (226) 33 73 73.
2. Faculté des sciences de la santé, B.P. 7021, université de Ouagadougou, Burkina Faso.
-
·'''4SWifi*AWW'.
yr i '
Introduction
de nouvelles molécules biologiques pour lutter contre le
phénomène d'apparition des résistances à l'usage fré-
L'utilisationdesplantessupérieuresàdesfinsthé- quentdes antibiotiques(PENGE, 1992;NACOULMA,
rapeutiques est une pratique courante depuis des
1996).
millénaires. Ce phénomène a eu un regain d'inté-
Plusieurs travaux ont été publiés sur la composition
rêt avec les premières recherches sur les propriétes
en substances chimiques de O. microcarpum,
antibactériennes des plantes pour tenter de donner une
(AQUINO et al., 1992 ; CHUKWU, 1992 ; IKHIRI et
base
scientifique
à
ces
pratiques
empiriques
ILAGOUMA, 1995 ; LAJIDE et al., 1995 ; MOORE et
(ATINKSON, 1946 ; MELA, 1950 ; OSBORN, 1943).
PIZZA, 1992). Des propriétés antivirales chez des
Actuellement, l'intérêt pour la phytochimiothérapie se
extraits de cette plante ont été rapportées (MOORE
retrouve partout dans le monde (De SOUZA et al.,
et PIZZA, 1992).
1993 ; DO, 1984 ; EMLIRAWA, 1982 ; NACOULMA,
Cependant, à notre connaissance, aucun travail
1996). Au Burkina Faso, plusieurs plantes utilisées en
n'existe sur les propriétés antibactériennes de 0.
médecinetraditionnelle contre les maladies infectieuses
microcarpum, plante à laquelle on attribue une vertu
ont fait l'objet de nombreuses publications (BABA-
thérapeutique vis-à-vis de plusieurs maladies infec-
MOUSSA et al., 1997 ; KABORÉ et al., 1995; KABORÉ
tieuses, parmi lesquelles la méningite, la furonculose,
et al., 1997; KUMULUNGUI, 1997).
les panaris, la dysentérie, le paludisme, la jaunisse, la
Ces travaux, réalisant un screening microbiologique et
blennorragie et la syphilis (ADJANOHOUN et al.,
chimique, revêtent une grande importance. Ils contri-
1986 ; NACOULMA, 1996). Ce travail rapporte l'étude
buent à l'orientation de nos populations vers les
des effets antibactériens des extraits aqueux de O.
plantes ayant un réel pouvoir de guérison, leur offrant
microcarpum par la détermination des Concentrations
ainsi des remèdes à faible coût en cette période de
minimales inhibitrices (CMI) et des concentrations
dévaluation où les réalités financières ne mettent plus
minimales bactéricides (CMB). Les tanins et les sapo-
les antibiotiques vendus en pharmacie à la portée de
nosides, molécules mises en évidence dans les extra-
tous. Ces travaux, en étudiant les principes actifs des
its, sont susceptibles de justifier les propriétés anti-
plantes ou nouveaux agents antimicrobiens, offrent un
bactériennes observées. Une étude comparative entre
grand avantage pour l'antibiothérapie qui, dans sa
ces extraits aqueux et certains antibiotiques commer-
bataille contre les microbes pathogènes, doit disposer
ciaux est également rapportée.
66
Rev. CAMES - Série A, vol. 01,1999

Sciences et Médecine
Hinton, on ajoute des volumes variables d'extraits de plantes
Matériels et méthodes
de façon à ce que le gradient de concentration en substances
Matériel végétal
végétales suive une progression géométrique de raison
2 et varie de °à 30 mg/ml. Ces tubes, contenant des
Les feuilles, les fruits et les écorces de racines de
solutions limpides sont incubés à 37° C pendant 24 heures
D. microcarpum Cesalpinaceae (Guill et Perr) ont été
afin de contrôler la stérilité des préparations. Ensuite,
récoltés dans la région de Bobo-Dioulasso en saison sèche,
chaque tube de l'une des séries est ensemencé avec 0,1 ml
pendant le mois de mars. Les différents organes de la plante
d'un inoculum de 18 à 24 heures dont la densité bacté-
ont été abondamment lavés à l'eau puis transportés au labo-
rienne est de 5 106 bactéries/ml environ tandis que les
ratoire après que les racines aient été écorcées.
tubes de l'autre série reçoivent O,lml de milieu de
culture stérile. On incube ensuite tous les tubes à l'étuve
Méthode d'extraction
à 37° C pendant 24 heures puis on procède à leur obser-
Les parties récoltées ont été séchées au laboratoire à
vation à l'oeil nu : l'appréciation de la croissance se fera
température ambiante pendant trois mois avant d'être
sur la base de la turbidité en prenant la série de tubes
réduites en poudre à l'aide d'un broyeur à lame. 50 g de
sans suspension bactérienne comme témoin.
poudre végétale ont été introduits dans un erlenmeyer
La CMI a été définie comme étant la plus petite concen-
contenant 350 ml d'eau. L'ensemble a été porté à ébul-
tration qui inhibe toute croissance visible à l' œil nu en
lition pendant 20 minutes. La suspension a été ensuite
24 heures. La CMB a été déterminée par étalement de
filtrée à chaud successivement sur coton hydrophile et sur
O,lml du contenu de chaque tube de concentration supé-
papier filtre. Le filtrat obtenu constitue le décocté. Les
rieure ou égale à la CMI sur milieu solide. A partir de
décoctés sont ensuite placés à l'étuve à 90° C pendant
la CMI, la plus petite concentration, qui ne laisse sur-
10 minutes afin de prévénir toute contamination due à des
vivre qu'au plus 0,01 % des bactéries de la suspension
cellules végétatives.
de départ en 24 heures, correspond à la CMB. L'effet anti-
Cette procédure a été préférée à la lyophilisation pour être
bactérien a été jugé bactéricide ou bactériostatique en
le plus proche possible des conditions d'utilisation de la
fonction du rapport :
CMB
plante par les tradipraticiens. La concentration en matière
CMI
sèche de chaque décocté est déterminée par évaporation
CMB
totale de l'eau à 60° C sous vide. Les rendements des
En effet, si
=1 à 2, l'effet est bactéricide
CMI
extractions définis comme étant les rapports de la quan-
CMB
tité de substances végétales extraites sur la quantité de
et si
=4 à 16, l'effet est bactériostatique
CM.
(BERCHE et al., 1991).
poudre végétale (50 g) utilisée sont calculés. Ces rende-
ments sont : 11,44 % pour les écorces de racines,
Détermination des diamètres
26,85 % pour les fruits et 11,00 % pour les feuilles.
des zones d'inhibition
Souches bactériennes
Ces diamètres ont été déterminés selon la méthode de dif-
fusion en milieu solide en utilisant le milieu de Müeller-
Huit souches bactériennes ont été isolées et identifiées
Hinton. Pour la détermination des zones d'inhibition des
par le laboratoire de bactériologie du Centre hospita-
extraits de plantes, des disques de papier Whatman n? 1
lier national Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou. Elles
de 9 mm de diamètre préalablement imprégnés avec 50 IL!
proviennent de produits pathologiques prélévés sur
de décocté d'écorces de racines à 14,3 mg/ml ont été
des malades (tableau I).
déposés à la surface d'un milieu solide ensemencé avec
une suspension bactérienne de 18 à 24 heures. En ce qui
Détermination des Concentrations mini-
concerne les diamètres des zones d'inhibition des anti-
males inhibitrices (CMI) et des Concentra-
biotiques commerciaux, la même procédure a été uti-
tions minimales bactéricides (CMB)
lisée en remplaçant les disques de papier Whatrnan n? 1
par des disques préimprégnés d'antibiotiques du labora-
La détermination des CMI et des CMB a été réalisée par
toire Bio-Mérieux. Les antibiotiques suivants ont été choisis
la technique de dilution en milieu liquide couplée à l'éta-
en raison de leur spectre d'action assez large et de leur
Iement sur milieu solide telle que décrite par Chabert
utilisation fréquente en milieu hospitalier pour le
(CHABERT et DAGUET, 1985). Les milieux solide et
traitement des infections causées par la plupart des germes
liquide utilisés sont respectivement l'agar de Müeller-
de notre étude: Pénicilline G (10 VI), Tétracycline
Hinton et le bouillon Müeller-Hinton. Pour la CMI, à deux
(30 UI), Spectinomycine (100 JLg), Ticarcilline (75 JLg)
séries de tubes contenant 5 ml de bouillon de Müeller-
Rev. CAMES
Série A, vol. 01, 1999
67

Sciences et Médecine
et Virginiamycine (15 j.tg). Les boîtes de Pétri sont incu-
K. pneumoniae et Pr mirabilis, l'activité antibactérienne
bées à l'étuve à 37° C pendant 24 heures, puis on mesure
du
décocté d'écorces de
racines est supérieure
les diamètres des éventuelles zones d'inhibition observées
(figure 1). En considérant les CMB, l'activité du décocté
autour des disques.
de feuilles est égale à celle du décocté d'écorces de racines
dans le cas de N. meningitidis A., E. coli, Pr mirabilis,
Screening chimique
P. aeruginosa et S. typhi. Pour les autres germes, l'activité
La présence de tanins a été déterminée avec une solu-
antibactérienne du décocté d'écorces de racines est supé-
tion diluée de chlorure ferrique qui réagit avec ces com-
rieure (figure 2).
.
posés pour donner une coloration bleue ou noir-verdâtre.
Vis-à-vis des antibiotiques commerciaux, la plus grande
La mise en évidence de saponosides a été effectuée par
sensibilité est présentée par N. meningitidis A et E. coli
agitation au Vortex pendant 15 minutes d'une solution
sur lesquels quatre des cinq produits testés sont actifs.
de décocté diluée de moitié: l'apparition d'une colonne
La plus grande résistance est observée avec P. aeruginosa
de mousse d'au moins 1 cm de hauteur pendant 15 minutes
qui n'est sensible à aucun des antibiotiques de notre étude.
indique la présence de saponosides.
L'action du décocté d'écorces de racines vis-à-vis des
germes de notre étude est comparable à celle des anti-
Les alcaloïdes ont été recherchés à l'aide du réactif de
biotiques testés même si la charge en principe actif du
Dragendorff ou du réactif de Mayer après acidification du
décocté n'est pas connue (tableau III).
milieu réactionnel à l'acide acétique à 5 %. Une solu-
Le screening qualitatif des constituants chimiques des
tion de décocté de Mitragyna inermis,plante riche en alca-
organes de D. microcarpum a permis de mettre en
loïdes, a servi de témoin positif.
évidence la présence de tanins et de saponosides et
l'absence d'alcaloïdes dans les écorces de racines, dans
Résultats
les feuilles et le fruit. L'intensité de la coloration, observée
lors des tests qualitatifs, permet de conclure qu'il Ya
On observe une activité antibactérienne significative des
plus de tanins et de saponosides dans les écorces de racines
décoctés de feuilles et d'écorces de racines vis-à-vis des 8
et les feuilles que dans les fruits (tableau IV).
souches testées (tableau II). Dans la plupart des cas, l' ac-
tion est bactéricide si on considère le rapport CMB/CM!.
L'action du décocté d'écorces de racines est bactéricide
Discussions
sur toutes les espèces à l'exception de Pr mirabilis pour
Des activités antibactériennes significatives vis-à-vis de
laquelle elle est bactériostatique (tableau Il). L'action
la presque totalité des germes étudiés ont été mis en évi-
du décocté de feuilles est bactéricide sur toutes les espèces
dence pour les extraits totaux de feuilles et d'écorces de
à l'exception de S. typhi pour laquelle elle est bactério-
racines de D. microcarpum. A notre connaissance, c'est
statique (tableau II). Le décocté de fruits n'a agit que
la première fois que de tels résultats sont ainsi claire-
sur N. meningitidis A aux concentrations comprises entre
o
ment démontrés pour cette plante. Nos travaux ayant été
et 30 mg/ml. On note une plus grande sensibilité de
réalisés à partir de décoctés, ceci pourrait justifier donc
N. meningitidis A par rapport aux autres souches quel que
certaines utilisations thérapeutiques de cette plante en
soit le décocté. En tenant compte à la fois des CMI et
médecine traditionnelle. La présence de tanins et de sapo-
des CMB, le degré de sensibilité diminue dans l'ordre
nosides dans les extraits de plante pourrait justifier les pro-
suivant:
priétés antimicrobiennes observées car ces substances ont
- décocté de feuilles: N. meningitidisA > E. coli> P. aeru-
des propriétés antibactériennes connues (NACOULMA,
ginosa > Pr mirabilis> S. typhi > St aureus = K. oxy-
1996; SCALBERT, 1991). Cependant, à défaut d'un seree-
toca > K. pneumoniae ;
ning chimique complet, nous ne pouvons écarter la pos-
- décocté d'écorces de racines: N. meningitidis A >
sibilité de l'existence d'agents antibactériens apparte-
E. coli> Pr mirabilis> P. aeruginosa > St aureus =
nant à d'autres familles moléculaires (lKHIRI et
K. oxytoca > S. typhi > K. pneumoniae.
ILAGOUMA, 1995; LAJIDE et al., 1995 ; MOORE et
Pour le décocté d'écorces de racines, l'évolution du degré
PIZZA, 1992).
de sensibilité en fonction des diamètres des zones d'in-
La sensibilité des Entérobactéries comme E. coli, Pr mira-
hibition est presque similaire à celle déterminée à l'aide
bilis et S. typhi au décocté d'écorces de racines pourrait
des CM! et CMB (tableau II).
..
expliquer l'emploi des écorces de racines de D. micro-
Sur la base des CM!, l'activité du décocté de feuilles et
carpum dans le traitement des diarrhées au Togo
celle du décocté d'écorces de racines sont similaires dans
(ADJANOHOUN et al., 1986) et des maux de ventre
le cas de N. meningitidis A, E. coli, P. ae ruginosa, K. oxy-
au Burkina Faso (NACOULMA, 1996). La consomma-
toca et St aureus. Contrairement à S. typhi, pour
tion accrue des fruits de D. microcarpum pendant les
68
Rev. CAMES - Série A, vol. 01,1999

Sciences et Médecine
périodes d'épidémie de méningite à titre préventif et/ou
bactéricide. Les concentrations auxquelles les décoctés
curatif sejustifierait aussi par l'action du fruit sur N. menin-
demeurent acti fs et les spectres d'action assez larges
gitidis. La sensibilité de ce germe aux extraits de plante
observés pour les extraits de feuilles et d'écorces de
pourrait aussi expliquer l'usage des feuilles dans le trai-
racines nous conduisent à affirmer que D. microcarpum
tementdes maladiessexuellementtransmissiblesen général
est une plante intéressante dans la lutte contre les mala-
(NACOULMA, 1996) et celle des écorces contre la blen-
dies infectieuses. Bien qu'ayant noté la présence de tanins
norragie (NACOULMA, 1996) si j'on tient compte des
et de saponosides, il serait important de faire un seree-
caractères communs existant entre N. meningitidis et
ning plus complet des principaux groupes chimiques
N. gonorrhoeae, J'agent responsable de la blennorragie.
potentiellement actifs, d'identifier et d'isoler le ou les
La sensibilité de St aureus, montrée lors de notre étude,
principes actifs, ce qui pourrait, après des études com-
pourrait justifier l'usage des graines de D. microcarpum
plémentaires, renforcer l'antibiothérapie en pathologie
contre les panaris et les furonculoses. L'usage des écorces
médicale. Cette étude justifie ainsi l'usage traditionnel
dans le traitement de la pneumonie (NACOULMA, 1996)
de D. Microcarpum dans le traitement de bon nombre
pourrait s'expliquer par la sensibilité de K. pneumoniae et
de maladies. La consommation massive des fruits de
K. oxytoca aux extraits de cette plante. Le pouvoir anti-
cette plante en période d'épidémies de méningite pour-
septique des feuilles de D. microcarpum, signalé par cer-
rait être une bonne mesure préventive.
tains auteurs (NACOULMA, 1996), se trouve aussi jus-
tifié car en usage externe, les concentrations auxquelles
sont sensibles les souches de P. aeruginosa et St aureus,
Remerciements
germes de surinfection des plaies, peuvent être facilement
Nousexprimons notrereconnaissance auxresponsables et aux
atteintes et même dépassées.
techniciens de laboratoire du Service de bactériologie de
Comparativement, les activités antimicrobiennes des
l'hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou qui nous ont
feuilles et des écorces de racines sont similaires. Elles sont
gracieusement fourni les souches testées. Nous remercions
Issa Nébié et Nadine Cuzin du Centre national de recherche
supérieures à celles des fruits. De tels résultats pourraient
et de formation sur le paludisme pour leur assistance tech-
s'expliquer par une différence de concentration en
nique et l'évaluation critique du manuscrit.
substances chimiques entre ces parties, comme suggéré
par les résultats de notre screening chimique qualitatif.
Références bibliographiques
L'action du décocté d'écorces de racines est comparable
à celle des antibiotiques testés même si la charge en prin-
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cipe actif du décocté n'est pas connue. Les disques de
671 p.
décocté ont des charges en molécules totales de 700 /lg,
AQUINO R., CIAVATTA M. L., DE TOMMASI N.,
leur charge en principe actif doit être logiquement infé-
GACS-BATZ E., 1992. Tetranorditerpen from Detarium micro-
rieure à cette valeur. Une étude plus approfondie devrait
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permettre de mieux comparer les activités sur la base
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Activité antibactérienne des extraits aqueux totaux de Combretum
et d'écorces de racines revêt une grande importance
micranthum, Lawsonia inermis et walteria indica, plantes de
car les souches de Pseudomonas présentent de grandes
la pharmacopée ouest-africaine. Revue de Médecines &.
résistances aux antibiotiques utilisés en pratique cou-
Pharmacopées africaines, Vol. 11-12, pp. 197-202.
rante. Aussi, tout agent antibactérien auquel elles sont
BERCHE P., GAILLARD J. L., SIMONET M.,1991. Les bac-
sensibles mérite-t-il une attention particulière.
téries des infections humaines. Editeur: Flammarion, Médecine &
Sciences. 660 p.
Le souci de sauvegarde de l'espèce D. microcarpum
nous conduit à préconiser l'usage des feuilles, en par-
CHABBERT Y. A.,DAGUET G. L., 1985. Techniques en bac-
tériologie : antibiotiques en bactériologie médicale. Editeur:
ticulier dans le cas des maladies dont les germes pré-
Flammarion, Médecine & Sciences, Sérologie bactérienne.
sentent des sensibilitéscomparables vis-à-vis des décoctés
244 p.
de feuilles et des écorces de racines.
CHUKWU A., 1992. Studies on Detarium microcarpum
gum 1 : comparative evaluation as a binder in tablets containing tar-
Conclusion
trazine dye. STP Pharma Sciences, Vol. 2, pp. 463-468.
DE SOUZA C., AMEGAVI K. K., KOUMAGLO K. et
Nos travaux ont permis de mettre en évidence des pro-
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extraits aqueux totaux de dix plantes médecinales. Revue de
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Médecines et Pharmacopées africaines, Vol. 7, pp. 109-115.
Rev. CAMES - Série A, vol. 01, 1999
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pp. 1101-1104.
université de Ouagadougou, Burkina Faso. 142 p.
Les activitésantibactériennesdes décoctés d'écorces
Ü Antibacterial activities of root cortex, leaves and
de racines, de feuilles et de fruits de Detariurri micro-
CO
fruit of Detarium microcarpum Cesalpinaceae (Guill
...
carpum ont été étudiées sur Nelssetie meningitidisA,
-
et Perr) were tested on 8 bacterial strains involved
Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa
~ in infectious diseases. Minimal Inhibition
et 5 espèces d'Enterobacteriaceae. Les CMI et les
« Concentration (MIC) and Minimal Bactericide
CMB ont révélé des activités antibactériennes signi-
Concentration (MBC) revealed significant anti-
ficatives des extraits totaux de racines et de feuilles.
bacterial activities for the root cortex and leaves
Les décoctésd'écorcesde racineset de feuillesétaient
crude extracts on ail the strains tested. Fruit decoc-
actifs sur les 8 souches bactériennes. Le décocté de
tion exhibited antibacterial activity on Neisseria
fruits n'a agi que sur la souche de N. meningitidis
meningitidis A only. N. meningitidis A and E. coli
A. Les souches N. meningitidis A et E. coli. sont
were the most sensitive strains to plant crude
les plus sensibles à l'action des extraits de plantes.
extracts. The recorded activities of D. Microcarpum
Les fortes activitésantibiotiques observées pourraient
justify its use in traditional medicine for diarrhoea
s'expliquer en partie par la présence des tanins et
and meningitis treatment.
des saponosides mis en évidence dans les décoctés.
Keywords : antibacterial activites ; Detarium microcarpum
Les activités antibactériennes des extraits pourraient
Cesalpinaceae (Guill et Perry, E. coli, Proteus mirabilis,
justifier les indications thérapeutiques de cette plante
Klebsiella pneumoniae & K. oxytoca, Salmonella typhi,
en médecine traditionnelle dans le traitement de la
Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Neisseria
méningite, des diarrhées, des panaris.
meningitidis A, traditional pharmacopoeia, Burkina Faso.
Mots-clés: activités antibactériennes, Proteus mirabilis,
Klebsiella pneumoniae & K. oxytoca, Salmonella typhi,
Staphylococcusaureus, Pseudomonas aeruginosa, Neisseria

meningitidis A, pharmacopée traditionnelle, Burkina Faso.
70
Rev. CAMES - Série A, vol. 01,1999

Sciences et Médecine
Tableau J. Identification et origine des souches.
Souches bactériennes
Abréviation dans le texte
Origine
Neisseria meningitidis A
N. meningitidis
Liquide céphalo-rachidien
Staphylococcus aureus
St aureus
Pus
Escherichia coli, Proteus mirabilis,
E. coli, Pr mirabilis,
Selles
Klebsiella oxytoca, Klebsiella pneumoniae
K. oxytoca, K. pneumoniae
Salmonella typhi
S. typhi
Sang
Pseudomonas aeruginosa
P. aeruginosa
Prélèvement vaginal
Tableau II. Activité biologique des différents décoctés sur les huit souches bactériennes'.
Ecorces de racines
Feuilles
Fruits
CMI*
CMB
oZ I**
CMI*
CMB
CMI*
CMB
(mg/ml)
(mg/ml)
(mm)
(mg/ml)
(mg/ml)
(mg/ml)
(mg/ml
N. meningitidis A
0,156
0,156
30,3±ü,8
0,156
0,156
0,625
0,625
E. coli
0,312
0,312
19,0±ü,5
0,312
0,312
>30
> 30
Pr mirabilis
0,312
1,25
22,5±2,0
0,625
1,25
> 30
> 30
P. aeruginosa
0,625
0,625
13,5±1,0
0,625
0,625
> 30
> 30
St aureus
1,25
1,25
12,0±0,6
1,25
2,5
> 30
> 30
S. typhi
1,25
2,5
12,4±ü,6
0,625
2,5
> 30
> 30
K. oxytoca
1,25
1,25
13,O±1,6
1,25
2,5
> 30
> 30
K. pneumoniae
2,5
2,5
1O,5±1,0
10
10
> 30
> 30
1. La densité bactérienne des inocula est d'environ 5.106 bactéries/ml pour les cultures en milieu liquide.
CMI* : CMI en milieu liquide;
oZ.1** : diamètre des zones d'inhibition. Ces résultats sont issus d'au moins trois expériences ayant données des valeurs
identiques de CMI et de CMB pour chaque décocté vis-à-vis de chaque souche bactérienne. Pour les diamètres des zones
d'inhibition, il s'agit des moyennes de trois (03) essais.
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Sciences et Médecine
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Souches bactériennes
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Figure 1 : Action comparée des décoctés de feuilles et d'écorces de racines vis-à-vis des 8 germes testés (en ordonnée: CM!. en mg/m).
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Souches bacœrYnnes
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Figure 2 : Action comparée des décoctés de feuilles et d'écorces de racines vis-à-vis des 8 germes testés (en ordonnée: CMB. en mg/m).
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Tableau III. Diamètres des zones d'inhibition observées avec des disques d'antibiotique et les extraits d'écorces
de racines de Detarium microcarpum.
Gennes
TE
P
TIC
SA
SPE
Extraits de racines
E. coli
26 mm
19 mm
0
14 mm
12 mm
19 mm
N. meningitidis A
26 mm
0
15 mm
21 mm
21 mm
30 mm
S. typhi
0
0
0
0
11 mm
12 mm
Pr mirabilis
25 mm
0
0
0
0
23 mm
P. aeruginosa
0
0
0
0
15 mm
10 mm
St aureus
0
0
0
0
15 mm
10 mm
K. pnemoniae
0
0
0
0
15 mm
10 mm
Klebsialla oxytoca
13 mm
0
0
0
22 mm
13 mm
TE: Tétracycline (30UI)
P: Pénicil1ine G (10UI)
TIC: Ticarcil1ine (75 Ilg)
SA : Virginiamycine (15 Ilg)
SPE: Spectinomycine (100 Ilg)
0: Pas de zone d'inhibition
Tableau IV. Screening des constituants chimiques des parties de D. microcarpum.
Groupe chimique
Ecorces de racines
Feuilles
Fruits
Tanins
+++
+++
++
Saponosides
+++
++
+
Alcaloïdes
+++ : abondant
++ : assez abondant
+ : peu abondant
- : absent ou traces
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