Prospection des cuItivars
traditionnels de riz du Burkina Faso
Moussa SIÉ* , Jean Didier ZONGO** , Dona DAKOUO*
Introduction
importante de variabilité pour les sélectionneurs ce qui justifie
leur collecte systématique (CAUDERON, 1986) et leur évalua-
L e riz est la quatrième céréale du Burkina. Sa culture tion.
couvre une superficie relativement réduite (environ
En 1967, au moment où devaient se mettre en place les structures
40 000 ha) par rapport aux autres céréales de base que
d'encadrement de l'Organisme régional de Développement de
sont le mil, le sorgho et le maïs (environ 2 000 000 ha). La pro-
Banfora (ORD de la Comoé), une prospection systématique des
duction du riz se fait en irrigué, en bas-fond et en pluvial. La rizi-
variétés cultivées a été menée dans 23 villages.
culture de bas-fond est la forme traditionnelle de riziculture au
En 1976, une double équipe de l'Institut de recherches agrono-
Burkina Faso. Cette dernière occupe la majorité des superficies
miques tropicales et des cultures vivrières (IRAT) et l'Institut
et combine les caractéristiques des rizicultures pluviale et irri-
français de recherche scientifique pour le développement en
guée (INERA, 1994).
coopération (ORSTOM) effectuait la seconde prospection dans
Elle est caractérisée par la remontée brusque et temporaire de
le Sud et l'Ouest du pays. En plus des espèces cultivées, cette
la nappe phréatique au milieu de la saison des pluies, suivie par
mission s'intéressait également aux autres espèces du genre
un abaissement lent et régulier de celle-ci à la fin des pluies
Oryza.
(DUMONT, 1966). Cette nappe phréatique assure une alimenta-
En 1978, une équipe de l'Institut international d'agronomie tro-
tion en eau convenable ou optimale lorsqu'elle est très proche
picale (lITA) effectuait une prospection sur les différentes cul-
(sub-affleurante) ou affleurante.
tures dont le riz dans le Sud du pays (SIÉ, 1991). La mauvaise
Les variétés traditionnelles ont été longtemps modelées dans
conservation de ces prospections a justifié une prospection por-
chaque région par les paysans en vue de leur adaptation à leurs
tant sur l'ensemble du territoire burkinabè.
besoins ainsi que par les pressions de sélection liées aux tech-
La présente étude traite des critères de dénomination des varié-
niques culturales (HARLAN, 1987
; Le BLANC 1978
;
tés par les paysans et propose une classification des échantillons
PERNÈS, 1978). Ces variétés constituent ainsi une réserve
recueillis sur la base de caractères qualitatifs.
Matériel et méthode
mois humides et qui comprend les DRA
Conditions expérimentales
du Sahel, du Yatenga et du Centre Nord
Un essai a été mis en place à la Vallée
Matériel végétal
(figure 1).
du Kou en hivernage 1984 pour observer
La collecte a ressemblé 527 échantillons
Une prospection a couvert l'ensemble du
le matériel collecté. Chaque variété a été
qui font l'objet de la présente étude. lis se
territoire burkinabè qui comporte trois
semée en micropépinière suivi d'un repi-
répartissent en 475 échantillons de type
zones climatiques selon SIVAKUMAR et
quage 21 jours après semis à un plant
Oryza sativa et 52 de type O. glaberrima.
GNOUMOU (1987) : la savane sèche ou
par poquet. Chaque variété a été repiquée
Ces échantillons ont été collectés sur un
zone 1 avec trois à quatre mois de mois
sur trois lignes de 5 m.
total de 263 sites repartis sur l'ensemble
humides qui comprend les Directions
du territoire du Burkina Faso (tableau 1).
Les écartements entre les poquets ont
Régionales de l'Agriculture (DRA) de la
La plupart des échantillons ont été collec-
été de 25 cm sur la ligne et entre les
Comoé, des Hauts Bassins et du Sud-
tés directement au champ. Une collecte
lignes.
Ouest; la zone tropicale sèche ou zone II
complémentaire a été effectuée sur les
La fumure minérale a été apportée sous
avec trois mois humides qui englobe les
marchés et dans les greniers.
forme de 300 kg/ha NPK (14-23-14) au
DRA du Mouhoun, du Centre, du Centre-
'Institut de l'Environnement et de Recherches agricoles - Station de Farako-Bâ
Est, de l'Est et du Centre Sud; la zone
01 B. P. 910 Bobo-Dioulasso 01
semi-aride ou zone III avec un à deux
"Université de Ouagadougou - FAST - 03 B.P. 7121 Ouagadougou 03
Revue CAMES
Volume W 00 - 1998

/
....
J,If,m : zones climatiques
Figure 1. Répartition géographique des nombres d'échantillons collectés au Burkina Faso (SIÉ, 1991).
Tableau r. Distribution géographique des variétés de riz collectées au Burkina Faso.
repiquage et de 35 et 65 kg / ha d'urée
(46 %) respectivement à 14 jours après et
à l'initiation paniculaire.
Directions régionales
Nombre de
Nombre
Nombre
de l' Agricul ture
sites de collecte
d'échantillons
d'échantillons
O. Saliva
O. glaberrima
Caractères étudiés
Comoé
40
137
23
Les données ont été obtenues à partir des
Bougouriba
30
73
10
fiches de prospection pour les informa-
tions fournies par les paysans (commen-
Hauts-Bassins
30
35
4
taires sur la description du cultivar) ct des
Mouhoun
30
56
4
observations au champ en station. Les
Centre Ouest
34
80
3
mesures
ont
été
effectuées
sur
un
Yatenga
10
6
3
ensemble de cinq plantes par échantillon.
L'analyse a porté sur six caractères: le
Centre Nord
10
14
1
cycle (SE), la taille du grain (LOOR), les
Centre*
15
Il
1
couleurs de la glumelle, (COLO), de
Centre Est
30
32
2
l'apex (APEX), du caryopse (CARY) et
Est
30
25
1
l'aristation de la graine (ARI). Le codage
des différentes mesures sous forme de
Sahel
4
6
variables qualitatives a permis de définir
Total
263
475
52
des classes au sein de la population. Une
analyse factorielle discriminante pas à pas
* Le Centre Sud et le Centre sont confondus
(AFD) a été utilisée.
Revue CAMES
Volume N° 00 - 1998

Tableau II. Description des caractères.
Caractères
Sigle
Classe 1
Classe 2
Classe 3
Classe 4
Cycle
SE
Très Précoce
Précoce
Tardif
Très Tardif
SE < 70 jours
71 <SE<90 jours
90<SE<115 jours
115<SE
Longueur du grain
LOGR
Grain court
Grain long
<8,1 mm
>8,1 mm
Couleur de la glumelle
COLG
Couleur fauve
Couleur paille
Autre couleur
Couleur de l'apex
APEX
Apex coloré
Apex non coloré
Couleur du caryopse
CARY
Caryopse rouge
Caryopse blanc
Aristation
ARr
Grains aristés
Grains non aristés
Le tableau II présente la liste de ces
Les critères de dénomination
La longueur du cycle
caractères et les classes correspondantes.
du riz par les paysans
Le terme" kalosaba " qui signifie "trois
Les analyses ont été effectuées à l'aide du
Chaque variété est désignée chez les pay-
mois" en dioula est utilisé pour désigner
logiciel NDMS (NOIROT et al., 1987).
sans par un nom générique ct un nom
une variété précoce dans les
Hauts
spécifique (HAMON,
1987). Le nom
Bassins. "Maloguani " ("riz hâtif "en
dioula) et "bra " (" riz hâtif" en bissa)
Résultats
générique varie selon les différentes eth-
nies mais permet toujours de différencier
désignent encore des variétés précoces
le riz des autres cultures. Quelques
cultivées à l'Ouest et dans le Centre-Est
Analyse des données
exemples de noms génériques sont don- . du Burkina Faso. Dans le Mouhoun, " lui-
nés dans le tableau III. Les noms géné-
limoui " ("riz des oiseaux " en moré)
de prospection
riques ont été assimilés à tort à des noms
désigne une variété dont la précocité pré-
Les résultats montrent que 54 % des
de variétés et le nom spécifique quant à
dispose
à
l'attaque
des
oiseaux.
échantillons collectés proviennent du
lui permet l'identification des variétés
"Malosoumani " ("riz lent" en dioula)
Sud-Ouest (DRA des Hauts Bassins, de la
(HAMON, 1987). Les noms spécifiques
désigne une variété caractérisée par un
Comoé, et de la Bougouriba), 36 % du
décrivent des caractéristiques particu-
cycle long.
Centre (DRA du Mouhoun, du Centre,
lières de la plante. Il peut s'agir de son
du Centre-Est, de l'Est et du Centre Sud)
cycle, de son port, de la couleur ou de la
Le port végétatif
et 10% du Nord du Pays (DRA du Sahel,
taille de son grain, etc.
du Yatenga et du Centre Nord). L'espèce
Les termes de " maloba " ou de " mal-
Tableau III. Noms génériques du riz recensés
O.
glaberritna
est
sous-rewésentée
au Burkina Faso
odiounga " également utilisés en dioula
avec 10 % seulement de l'effectif total
pour désigner des variétés, décrivent sur-
Noms
Ethnies
(tableau I, figure 1).
tout leur port végétatif abondant.
Les données collectées montrent que la
Moui
Mossi/gourounsi
En dioula, le terme " Kounsourou" qui
majorité des échantillons appartiennent à
Miri
Bobofing
signifie "riz qui courbe la tête" est utili-
la riziculture de bas-fond et très peu au riz
sé pour désigner l'espèce O. sativa. Dans
Malo
Dioula/Samo
pluvial. La variété la plus répandue est la
la Comoé, "gonigoni " chez les gouins et
Sintane Diofor que l'on rencontre dans
Maro
Marka
" tomienla " chez les sénoufos, décrivent
tous les DRA sous des noms différents.
Maaro
Peuhl
également le port retombant de la panicu-
Cette variété aurait été introduite à partir
MaJé
Lobi
le chez cette même espèce. Cette caracté-
de la Casamance (Sénégal) par la SATEC
ristique paniculaire particulière à l'espèce
Mahin
Turka
(Société d'Assistance Technique) dans
sativa est ainsi utilisée pour la désigner.
les années soixante.
Mouhi
Bissa
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Volume N° 00 - 1998

La couleur du grain
Identification des types variétaux
Discussion - conclusion
Le
terme
"gonigonidegnon"
("paddy
L'évaluation préliminaire a permis de
Les types pluviaux sont peu représentés de
rouge qui
courbe la tête" en gouin)
diviser certains échantillons hétérogènes
même que l'on observe une prédominance
désigne une variété de l'espèce saliva à
ct d'obtenir un total de 573 écotypes
de l'espèce O. saliva par rapport à l'espè-
glumelle fauve. "Marofing", (riz noir en
(518 saliva et 55 glaberrimay à partir des
ce O. glaberrima. Un nombre important
dioula) désigne une variété de l'espèce O.
527 échantillons collectés. Certains échan-
des variétés serait introduit à partir des
glaberrima qui présente des glumelles
tillons constituaient des mélanges de plu-
pays voisins, notamment la Côte d'Ivoire
noires. Chez les bobos mandarê dans les
sieurs écotypes.
et le Mali. La présence de périmètres amé-
Hauts Bassins "zarnbla guê" et "zambla
Sur la collection de 518 écotypes d'O.
nagés dans certains DRA (ceux des Hauts
ou lé" désignent respectivement d ~ varié-
saliva, 44 phénotypes ont été identifiés sur
Bassins et du Centre) a favorisé la substi-
tés à paddy de couleur paille ou fauve. Sur
la base d'une combinaison de six carac-
tution des variétés traditionnelles tardives
le plateau central, "alkam pelga" ou
tères : cycle semis-épiaison (SE), (lon-
de type Garnbiaka par les variétés amélio-
"alkam miougou" désignent en moré les
gueur du grain (LOGR), la couleur du
rées plus précoces. La durée du cycle
variétés
caractérisées
par
la
couleur
grain
(COLO), la couleur de
l'apex
constitue le critère le plus important pour
blanche ct rouge de leur glumelle.
(APEX), l'aristation (ARI) et la couleur
l'adoption des variétés par les paysans. La
du caryopse (CARI). Sur l'ensemble de
réduction de la pluviométrie impose de
La taille du grain
ces phénotypes, 15 étaient représentés par
trouver des variétés toujours plus pré-
un seul échantillon. Ces 44 phénotypes se
coces. Certaines variétés à caryopse rouge
On rencontre souvent des dénominations
répartissent en quatre groupes de précoci-
réussissent à se maintenir surtout dans le
basées sur la taille du grain. Ainsi pour
té : très précoce (TP), précoce (P), tardif
DRA du Centre en raison de leurs qualités
une variété a grains courts, on utilise dans
(T) et très tardif (TT). Ces groupes de pré-
gustati ves.
Ces variétés semblent être
le Mouhoun le terme de "cotocoto" (court
cocité ont des effectifs respectifs de sept,
proches de O. glaberrima par leur phéno-
en dafing) ct dans le Gourma, le terme de
148,353 ct la individus (tableau IV). La
type.
" diaeoucouni " (court en gourmatchéma).
majorité des échantillons est représentée
L'espèce O. glaberrima cst moins repré-
par les tardifs (68 %) contre 29 % pour les
sentée dans la partie Nord du pays (8 % de
Les qualités technologiques
précoces. Les groupes extrêmes (TP ct
l'effectif total de cette espèce) pourtant
Dans la Comoé les termes "moussokoro-
TT) ont les effectifs les plus faibles. Le
proche de la Vallée du Niger qui est son
nisoussou" (pilé par les vieilles) ou "sous-
Sud se caractérise par la présence des
aire
de
domestication
(PORTÈRES,
soukélé'' (se pile une seule fois) en dioula,
quatre groupes de précocité avec une pré-
1956). Dans l'ensemble, on note un recul
désignent des variétés caractérisées par la
dominance des tardi ['S ; le Centre est sur-
très net de l'espèce O. glaberrima soit
facilité de leur décorticage.
tout représenté dans le groupe des pré-
pour des raisons de pluviosité soit pour
coces (P) et le Nord (la région la moins
des raisons commerciales. Les variétés
favorable à la riziculture) se caractérise
Autres critères de dénomination
appartenant à cette espèce étant cultivées
par un faible effectif (figure1) et une
surtout en condition pluviale ou en immer-
De nombreux autres critères servent à la
absence totale de cultivars appartenant
sion profonde, elles sont plus exposées à
dénomination de variétés. On rencontre
aux 2 groupes extrêmes (TP ct TI).
la baisse de la pluviométrie. Si leur valeur
notamment le nom
de
l'introducteur.
Une analyse discriminante pas à pas effec-
nutritive est reconnue dans la plupart des
"Dernbélé'' désigne la variété Pharcomen
tuée sur les 518 individus en prenant en
régions, certains défauts les rendent diffi-
vulgarisée en 1961 par la SATEC ct qui a
compte les six caractères montre que 3
cilement cornmercialisables. Elles accu-
été introduite dans la Comoé par un insti-
d'entre eux (SE, COLO ct APEX) discri-
sent en effet un fort taux d'égrenage spon-
tuteur du nom de Dembélé. La variété peut
minent les groupes et que l'on a 96 % des
tané, une faible productivité et une mau-
également être désignée par le nom de
individus qui sont bien classés.
vaise présentation du grain. Ce faible
l'organisme qui l'a introduite: "SATEC",
La même analyse menée sur l'espèce 0.
niveau d'amélioration qui semble justifier
"ORD", etc. Les noms "passeport" et
glaberrima constituée de 55 échantillons
son abandon, pourrait trouver son origine
"transport" désignent la variété Sintane
fait ressortir 25 phénotypes différents dont
dans le dépeuplement des vallées des
Diofor dont la précocité permet aux pay-
14 sont représentés par un seul échantillon
fleuves (zone favorable à sa culture) pour
sans dans le DRA du Centre-Ouest d'utili-
(tableau V). Une troisième classe s'est
cause d'onchocercose. La recherche agro-
ser le produit de sa vente pour payer leur
avérée nécessaire pour la caractérisation
nomique a également travaillé à supprimer
transport pour l'émigration saisonnière.
de la couleur de la glumelle (COLO). Il
cette espèce (IRAT, 1967) au profit de
Cette même variété est appelée "bwang
s'agit de la couleur noire souvent rencon-
l'espèce asiatique jugée plus productive.
rnoui" ou "riz de l'âne" en moré parce
trée chez 0. glaberrima et absente chez
En plus du cycle, les caractères du grain
qu'elle a été introduite en même temps
O. saliva. Les individus présentant la cou-
jouent un grand rôle dans la dénomination
que la charrue à traction asine connue sous
leur noire de la glumelle constituent 33 %
des variétés du riz par les paysans. Ces
le nom de "houe manga".
de l'effectif des O. glaberrima. Ceux qui
deux caractères (cycle et caractéristiques
possèdent les grains aristés représentent
du grain) permettent de nommer environ
62 % des écotypes de cette espèce.
22 % des variétés du Burkina.
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Volume W 00 - 1998

Tableau IV. Description des 44 phénotypes et13 groupes variétaux à partir de six caractères qualitatifs chez 0. saliva.
SE
LOGR
COLG
APEX
ARI
CARY
EFFECTIF
SE
LOGR
COLG
APEX
ARI
CARY
EFFECTIF
1
2
1
2
2
1
1
3
1
1
2
2
2
8
3
1
1
1
2
2
2
1
2
1
2
2
2
1
3
1
1
1
1
2
1
3
1
2
1
2
]
2
1
2
2
1
2
1
1
3
1
2
1
2
2
13
.
1
2
2
2
1
2
1
3
1
2
2
1
2
1
.
3
1
2
2
2
1
2
1
2
2
2
2
2
2
3
1
2
2
2
2
16
3
2
2
2
1
2
4
1
2
2
1
2
2
1
3
2
2
2
2
1
1
3
2
2
2
2
2
130
2
1
1
1
2
2
2
3
2
2
]
1
1
1
3
2
2
1
1
2
4
2
1
2
2
2
2
5
3
2
2
1
2
2
29
3
2
1
2
1
2
3
2
]
2
2
2
1
3
3
2
1
2
2
2
127
2
1
2
1
]
2
1
3
2
1
1
2
2
9
4
2
1
2
1
2
1
2
1
9
2
1
2
2
2
4
2
2
2
2
2
4
4
2
1
2
2
2
4
2
1
2
2
1
2
1
4
1
1
2
2
2
1
2
2
2
2
2
1
4
Effectif
518
total
2
2 .
2
2
1
2
9
SE: 1 =t rès précoce. 2 = précoce. 3 = tardif, 4 = très tardifs,
2
2
2
2
2
2
58
LOGR : 1 = grain court, 2 = grain long >8.1 mm. APEX: 1 = coloré,
2
2
2
1
.2
1
3
2 : non coloré. AR 1 : 1 = aristé, 2 = non aristé, TP = très précoce,
P = précoce, T = tardif., TT = très tardif, COLG : 1 = glumelle fauve,
2
2
2
1
2
2
5
2 = glumelle paille. CARY: 1 caryopse rouge, 1 : caryopse blanc.
2
2
2
1
1
2
2
2
2
]
1
2
1
1
2
2
1
1
]
2
1
2
2
1
1
2
2
3
2
2
1
2
1
2
4
2
2
1
2
2
2
44
Revue CAMES
Volume W 00 - 1998

Tableau V. Description des groupes variétaux à partir des critères de reconnaissances du paysan
la présence des échantillons appartenant à
chez O. glaberrima.
tous les groupes de précocité.
Caractères
effectif
La répartition géographique des échan-
tillons appartenant à l'espèce 0. glaberri-
CLASSELOGR
COLG
ARI
CARY
APEX
ma est conforme à l'importance de la rizi-
Très précoce (1)
culture: 71 % des échantillons collectés
TPI
2
1
2
1
1
se trouvent dans le sud du pays. Les deux
TP2
2
3
2
1
1
autres zones comportent respectivement
TP3
21 % des échantillons pour la zone Centre
2
3
2
2
J
et 8 % pour la zone Nord. Cette tendance
TP4
2
3
1
1
3
semble s'opposer au sens de propagation
TP5
2
2
1
1
1
de l'espèce O. glaberrima qui serait des-
TP6
2
2
2
1
1
cendue
du
Nord
vers
le
Sud.
Précoce (II)
(BESANÇON,
1993).
Sa
raréfaction
pourrait s'expliquer par la désertification
PI
2
3
2
1
1
3
qui a favorisé le recul de la riziculture. En
P2
2
2
2
1
1
8
effet, cette espèce continue de peupler les
P3
1
2
2
1
1
1
bas-fonds d'immersion profonde, mais a
P4
2
1
2
1
1
2
disparu des plaines pluviales.
P5
2
2
1
]
1
10
P6
2
2
2
2
1
2
La prédominance des cultivars précoces
P7
1
3
1
1
1
3
chez l'espèce africaine O. glaberrima (15
et 56 % de l'effectif pour les très précoces
P8
2
2
2
1
2
1
et les précoces) et l'absence des cultivars
P9
1
3
2
1
1
1
très tardifs rendent cette espèce moins
Tardive (III)
sujette aux caprices de la pluviométrie
TI
1
3
2
1
1
2
contrairement à l'espèce asiatique 0. sali-
Va. Ce sont autant de facteurs qui militent
T2
2
1
2
1
]
2
en faveur de son maintien.
T3
2
2
2
1
2
]
Les 518 écotypes de O. sativa se regrou-
T4
2
2
2
2
1
1
pe en 44 phénotypes distincts alors que
T5
2
3
2
1
1
1
les 55 écotypes donnent 25 phénotypes.
T6
2
2
2
1
1
4
O. glaberrima n'est donc pas aussi moins
T7
2
2
1
1
1
1
diversifiée que l'on a tendance à affirmer
(SECOND,
1984
MIÉZAN . et
T8
2
3
1
1
1
2
GHESQUIÈRE, 1985; SIÉ, 1991). Cette
T9
2
1
1
1
1
1
diversité est enrichie par la présence de
TIO
1
2
2
1
1
1
nombreuses qualités telles la capacité de
O. glaberrima à étouffer les adventices,
sa tolérance à la sécheresse, aux insectes
Effectif total
55
et aux maladies dont la plus sévère est la
bigarrure jaune du riz ou RYMV (Rice
(LOGR: 1 =grain court; 2 =grain long; COLG : 1 =couleur fauve; 2 =couleur paille;
Yellow Mottle Virus) (SÉRÉ et SY,
3 =autre couleur, TP =très précoce, P =précoce, T = tardif, AR]: 1 = mutique; 2 = aristé ;
1995
; DINGKUHN et al.,
1996 ;
CAR Y : J =caryopse rouge ; 2 = caryopse blanc; APEX: 1 =apex coloré; 2 = apexnon coloré)
SINGH, 1996).
Cette étude confirme le recul des variétés
locales traditionnelles surtout du type O.
glaberrima ce qui nécessite de les préser-
Le changement de la variété vise toujours
La distribution des variétés à travers le
ver. 0
à adapter le cycle végétatif à la disponibi-
pays suit la répartition de la pluviométrie.
lité hydrique. Le paysan conservera par
Le Sud étant la zone la plus arrosée, est le
contre le plus Jongtemps possible les
plus favorable à la riziculture pluviale qui
Remerciements
variétés dont les grains correspondent à
nécessite des variétés très précoces pour
Nous tenons à adresser nos sincères
son goût: le riz étant considéré comme
les plaines et des variétés tardives photo-
remerciements à l'IPGRI qui nous a per-
une céréale de luxe en milieu rural.
sensibles pour les bas-fonds. C'est donc
mis de réaliser celte mission de prospec-
la région la plus diversifiée en raison de
tion.
Revue CAMES
El Volume W 00 - 1998

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Plus de 500 échantillons de riz (Oryza sativa L. et Oryza
« More than 500 rice samples of O. sativa L. and 0. gla-
berrima Steud. were collected throuqhout Burkina Faso.
glaberrima Steud.) traditionnels cultivés ont été collectés
From the samples collecte d, 54
lors d'une prospection à travers le Burkina Faso. Des échan-
% of total amount were from
the South, 36 % from the Centre and 10% from the North part
tillons recueillis, 54 % proviennent du Sud-Ouest, 36 % du
of the country.
Centre et 10 % du Nord du pays. Ces échantillons ont fait l'ob-
jet d'une évaluation en vue de la caractérisation des types
These samples have been characterized. The results showed
variétaux.
the substitution of 0. glaberrima by 0. sativa. Farmers' criteria
Les résultats démontrent une prédominance de l'espèce 0.
have been used to characterized the plants materials. Four
sativa par rapport à 0. glaberrima. Les critères de reconnais-
maturity groups within 0. sativa (very early, early, late and very
sance des paysans se sont révélés intéressants pour décrire le
late) and three maturity groups within O. glaberrima (very early,
matériel. Les critères basés sur la durée du cycle ont permis
early and late) have been identified.
d'identifier quatre groupes chez 0. sativa : très précoce (TP),
précoce (P), tardif (T) et très tardifs (TI). Chez 0. glaberrima,
Keys words: Rice - Oryza sativa - O. glaberrima - Traditional
trois des quatre groupes sont représentés avec une absence
cultivars - Rainfed lowland rice.
des très tardifs.
Mots clés: Riz - Ci.ryze. sativa - Oryza glaberrima - Cultivars
traditionnels - Riziculture de bas-fond.
Revue CAMES
Volume N° 00 - 1998